tag:theconversation.com,2011:/global/topics/couple-30520/articlescouple – The Conversation2024-02-20T14:43:59Ztag:theconversation.com,2011:article/2236592024-02-20T14:43:59Z2024-02-20T14:43:59ZLes féministes ont-elles une sexualité plus épanouie ? Une étude canadienne assure que oui<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575884/original/file-20240208-26-s9dix2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C260%2C7551%2C4784&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Contrairement aux mythes et clichés toxiques, les femmes féministes ont une vie sexuelle agréable.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>C’est un stéréotype bien connu depuis les années 1970 : les féministes ne sont que des femmes en colère qui ont juste besoin de trouver un homme capable de les satisfaire sexuellement.</p>
<p>Malheureusement, alors que nous pensions avoir tourné le dos à ces mythes toxiques, Le sénateur américain Ted Cruz a tenté de raviver ce cliché dans des <a href="https://twitter.com/RonFilipkowski/status/1737220576190873699">commentaires récents lors d’une conférence conservatrice</a>, déclarant : « Si vous étiez une femme de gauche et que vous deviez coucher avec ces mauviettes [sous-entendu, des hommes qui partagent vos convictions], vous seriez également en colère. » Il a laissé entendre que les femmes ne pouvaient obtenir de satisfaction sexuelle qu’en se soumettant à des hommes dominateurs.</p>
<p>J’ai mené des recherches sur le thème de l’identité féministe et du comportement sexuel, et j’ai des informations à fournir à Cruz et à tous ceux qui s’inquiètent de la satisfaction sexuelle des féministes : elles font l’amour aussi souvent que les non-féministes. Mieux, elles déclarent que leurs rapports sexuels sont plus affectueux et plus agréables que ceux des femmes qui ne sont pas féministes.</p>
<p>Merci de vous inquiéter, sénateur Cruz, mais nous nous en sortons très bien.</p>
<h2>Les féministes déclarent avoir de meilleures relations sexuelles</h2>
<p>En 2022, <a href="https://doi.org/10.1007/s10508-021-02158-7">j’ai interrogé un échantillon représentatif de 2 303 adultes au Canada</a> et j’ai analysé les réponses des 1 126 femmes qui ont participé. Les participantes ont été interrogées sur leurs activités sexuelles, seules ou avec un partenaire.</p>
<p>J’ai constaté que les femmes qui s’identifiaient comme féministes et non féministes déclaraient toutes deux des niveaux élevés de satisfaction sexuelle. Cependant, les femmes qui revendiquent une identité féministe sont plus susceptibles de déclarer que leur dernier rapport sexuel comprenait des baisers et des câlins que les femmes non féministes.</p>
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<p>Parmi les femmes, 57 % des non-féministes ont déclaré que leur dernier rapport sexuel comprenait des baisers et des câlins, contre 68 % des féministes. Ces données suggèrent que les féministes ne sont pas tristes et solitaires, mais qu’elles s’engagent dans des relations sexuelles amoureuses et agréables dans une plus large mesure que les non-féministes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Deux femmes souriant et s’embrassant" src="https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574539/original/file-20240208-16-9k7ay3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les femmes féministes sont plus susceptibles de se trouver dans des cercles sociaux où on parle de sexe de manière décomplexée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>Le clitoris, au centre des préoccupations</h2>
<p>L’une des différences entre les femmes féministes et non féministes qui est ressortie le plus clairement de mes recherches concerne le centre du plaisir du corps féminin : le clitoris. Les féministes sont plus nombreuses à déclarer avoir reçu une stimulation clitoridienne sous forme de sexe oral de la part de leur partenaire : 38 % des femmes féministes, contre 30 % des femmes non féministes, ont déclaré avoir reçu du sexe oral lors de leur dernière rencontre.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1080/0092623x.2017.1346530">La stimulation clitoridienne est la voie du plaisir sexuel et de l’orgasme pour les femmes</a>, qu’elles soient féministes ou non. Cependant, il arrive que les rapports sexuels – en particulier dans les couples hétérosexuels – accordent plus d’attention au plaisir masculin, en se concentrant principalement sur la stimulation du pénis par la pénétration vaginale. La stimulation du clitoris, par la bouche, les mains ou les jouets sexuels, reçoit moins d’attention. La stimulation clitoridienne peut être reléguée aux préliminaires ou en l’excluant d’une manière ou d’une autre de ce que l’on considère comme des « rapports sexuels normaux ».</p>
<p>Les femmes ne devraient-elles pas avoir autant accès au plaisir sexuel que les hommes ? Il existe de nombreuses preuves, dans le cas des couples hétérosexuels, qu’il y a un <a href="https://doi.org/10.1177/08912432211073062">écart entre les sexes en matière d’orgasmes</a>, les femmes ayant moins d’orgasmes que les hommes. Si l’on a une sensibilité féministe, il semble naturel de considérer qu’il est évident que les femmes devraient avoir autant de plaisir sexuel que les hommes, et que leurs comportements sexuels devraient refléter cet idéal.</p>
<h2>Pourquoi les féministes auraient-elles de meilleures relations sexuelles ?</h2>
<p>De nombreuses femmes considèrent le <a href="https://www.psychologytoday.com/ca/blog/social-lights/202103/the-joy-feminism">féminisme comme une source d’accomplissement personnel et d’autonomisation</a>, et le lien entre l’identité féministe et une meilleure sexualité pourrait être assez simple : Les féministes savent ce qu’elles veulent au lit et se sentent plus à même de le demander.</p>
<p>Les féministes sont plus susceptibles de fréquenter d’autres amies féministes, à l’aise pour parler de sexe et de plaisir, ce qui leur donne une chance de découvrir ce qu’elles attendent d’une rencontre sexuelle. En effet, mon enquête a également révélé que les femmes féministes se donnent plus souvent du plaisir que les non-féministes.</p>
<p>Peut-être ont-elles plus de chances d’avoir des partenaires sexuelles qui sont également féministes. Nous savons que les <a href="https://brighterworld.mcmaster.ca/articles/men-who-identify-as-feminists-are-having-more-and-more-varied-sex/">hommes féministes ayant des rapports sexuels avec des femmes</a> sont plus enclins à pratiquer le sexe oral avec leurs partenaires et à stimuler davantage le clitoris de leurs partenaires sexuelles que les hommes non féministes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme et une femme sont allongés dans un lit et se serrent dans les bras." src="https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574496/original/file-20240208-30-gsx5ri.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les femmes qui revendiquent une identité féministe sont plus susceptibles de déclarer que leur dernier rapport sexuel comprenait des baisers et des câlins que les femmes non féministes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Les femmes féministes hétérosexuelles sont peut-être plus susceptibles d’avoir des partenaires masculins féministes que les non-féministes, ce qui leur permet d’avoir un meilleur accès à des amants plus généreux. Les femmes qui ont des relations sexuelles avec des femmes sont également plus susceptibles de recevoir des fellations que les femmes ayant des partenaires masculins.</p>
<p>Que ce soit grâce à leur autonomie personnelle, à une meilleure communication ou à des partenaires sexuels prêts à leur donner ce dont elles ont besoin, les féministes ont des relations sexuelles qui sont affectueuses et stimulantes.</p>
<p>Contrairement aux déclarations de Cruz sur le sujet, les féministes ont des relations sexuelles aussi souvent que les non-féministes, et les relations sexuelles qu’elles ont sont souvent agréables. Il est temps d’abandonner les stéréotypes haineux. Penchons-nous plutôt sur l’idée qu’une sexualité satisfaisante devrait être accessible à tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223659/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tina Fetner a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p>La recherche montre que les femmes féministes sont plus susceptibles d’avoir des relations sexuelles plus amoureuses et plus agréables.Tina Fetner, Professor, Sociology, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2224412024-02-12T16:10:53Z2024-02-12T16:10:53ZApplications de rencontres : comment en faire bon usage<p>Les rencontres amoureuses peuvent s’accompagner de nouveaux défis, et sont parfois source de frustration. Par le passé, les relations étaient souvent <a href="https://www.ucpress.edu/ebook/9780520917996/consuming-the-romantic-utopia">arrangées par les familles et guidées par les normes sociétales</a>, ce qui limitait les options mais nous épargnait le supplice lié à la nécessité de faire des choix. Aujourd’hui, les célibataires ont à leur disposition une infinité de partenaires potentiels. Une étude réalisée en 2019 par le Pew Research Center a montré que les couples qui se sont rencontrés en ligne sont <a href="https://www.pewresearch.org/short-reads/2019/06/24/couples-who-meet-online-are-more-diverse-than-those-who-meet-in-other-ways-largely-because-theyre-younger/">plus diversifiés</a>, que ce soit en termes de revenus, d’éducation, d’orientation politique ou d’appartenance ethnique.</p>
<h2>Le coût de la liberté</h2>
<p>Selon le <a href="https://www.amazon.fr/Escape-Freedom-Erich-Fromm/dp/0805031499">psychanalyste Erich Fromm</a>, la liberté peut parfois susciter un sentiment d’impuissance, voire d’isolement. Notre équipe de chercheurs en marketing explore le monde des rencontres en ligne pour déterminer dans quelle mesure le marché des rencontres amoureuses, qui s’appuie sur des principes de liberté et de choix infinis, s’étend à tous les aspects de la vie humaine. Nos <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0267257X.2022.2033815">recherches révèlent</a> que les sentiments d’anxiété et de frustration des utilisateurs découlent d’un conflit entre la perception de la marchandisation des relations et les valeurs sociétales.</p>
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<p>Certains participants à l’étude ont qualifié les rencontres en ligne d’« épuisantes », exprimant l’espoir de pouvoir « enfin » terminer le processus. Didier, un ingénieur de 51 ans vivant à Paris, qualifie les rencontres en ligne de « manipulation de masse » ; Ella, une rédactrice de 25 ans, déclare qu’au début, les rencontres en ligne étaient « excitantes et nouvelles », mais qu’au fil du temps, elle a trouvé l’expérience déprimante.</p>
<p>Alors pourquoi, face aux promesses d’options amoureuses illimitées, avons-nous parfois l’impression que l’amour a tendance à s’éloigner ?</p>
<h2>La modernité « liquide » et la montée du capitalisme émotionnel</h2>
<p>Dans son livre <a href="https://www.amazon.fr/Liquid-Love-Frailty-Human-Bonds/dp/0745624898"><em>L’amour liquide</em></a>, le sociologue britannique Zygmunt Bauman affirme que le monde moderne a inauguré l’ère de « l’individu sans attaches », qui privilégie la liberté et la flexibilité à l’attachement. Cela a transformé les notions traditionnelles d’amour et de relations en des formes plus éphémères et « liquides ».</p>
<p>La sociologue franco-israélienne Eva Illouz <a href="https://www.fnac.com/a5926310/Eva-Illouz-Why-love-hurts">fait écho à ces observations</a>, affirmant que nos sociétés capitalistes d’aujourd’hui sont confrontées à de nouveaux défis en raison de l’évolution des normes et des valeurs. Certes, nous avons désormais un plus grand contrôle de nos vies amoureuses et nous pouvons aspirer à une plus grande égalité entre les sexes. Mais les injonctions sociales continuent de véhiculer des normes irréalistes en matière d’amour, ce qui n’encourage pas à s’investir dans le travail émotionnel nécessaire à l’établissement de liens plus profonds.</p>
<h2>Des valeurs mal alignées</h2>
<p>Dans le cadre des rencontres en ligne, que se passe-t-il lorsque les valeurs ou les attentes de deux personnes en matière de relations amoureuses ne sont pas les mêmes ? Comme le montre notre <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0267257X.2022.2033815">étude</a>, ces décalages peut être source de frustration. Par exemple, un participant peut être à la recherche d’une relation à long terme, tandis qu’un autre est plus intéressé par des relations occasionnelles ou par l’élargissement de ses horizons. Tous deux perçoivent alors les actions de l’autre comme inappropriées.</p>
<p>Mark, un consultant en gestion de 26 ans, fait part de son sentiment de frustration lorsque les femmes qu’il a rencontrées sur une application voulaient se connecter avec lui sur les médias sociaux ou l’appeler fréquemment, car il préférait établir des limites. En revanche, Alice, une administratrice de 54 ans, déclare que certains des hommes qu’elle a rencontrés en ligne n’étaient souvent pas clairs quant à leur état civil. Elle a même mis au point des techniques pour savoir si un partenaire potentiel était en couple, par exemple s’il raccrochait le téléphone très rapidement ou payait toujours en liquide.</p>
<p>Il arrive même que ces désirs contradictoires traversent une seule et même personne : elle peut aspirer à l’engagement, à la confiance et à la proximité, tout en ne voulant pas ou en ne pouvant pas renoncer au choix illimité de partenaires. Derek, un entrepreneur de 38 ans, a réfléchi à l’écart entre ses attentes en matière de relations et son expérience des rencontres en ligne :</p>
<blockquote>
<p>« Pour moi, les relations à long terme sont une question de valeurs – de valeurs humaines. Mais si j’ai un rendez-vous et que le lendemain matin, avec un nouveau profil, je me dis “Oh, super”, et la personne que j’ai vu hier soir se retrouve en bas de la liste. »</p>
</blockquote>
<p>Ce décalage peut conduire à des expériences négatives, à de mauvais traitements, voire à des abus en ligne. Rose, maître de conférences de 23 ans, déclare que les rendez-vous galants lui font peur en raison des « histoires horribles » qu’elle a entendues. En effet, les récits d’autres participants à l’étude (dont nous avons choisi de taire les noms) font état d’expériences allant de la détresse au traumatisme, y compris des agressions verbales, des rencontres avec des personnes qui ne ressemblent pas du tout à leur photo, et même une agression sexuelle commise par une personne utilisant un faux profil.</p>
<h2>La gamification des rencontres</h2>
<p>Le cadre social désinstitutionnalisé des rencontres en ligne peut conduire à des situations où il n’y a parfois que peu ou pas de liens sociaux partagé entre les partenaires. Les personnes rencontrées en ligne sont perçues comme moins « réelles » que celles rencontrées par l’intermédiaire d’amis ou de membres de la famille. Ce rapport déformé de la réalité peut rendre les comportements moins prévisibles, car il n’y a pas de sanctions spécifiques pour ce qui serait normalement considéré comme un comportement contraire à l’éthique.</p>
<p>Si de nombreux participants à l’étude apprécient le choix offert par les applications de rencontres, certains hésitent à dire qu’ils les utilisent – ou prétendent qu’ils n’y ont recours que de manière exceptionnelle. La peur du jugement social est encore très présente : certaines personnes se disent que si elles trouvent un partenaire de cette manière, les membres de leur cercle social se diront qu’il s’agit d’un échec, parce qu’elles n’ont pas réussi à trouver un partenaire dans la « vraie vie » par des moyens traditionnels.</p>
<p>L’incertitude survient lorsque nous ne sommes pas sûrs des codes en vigueur et des résultats de nos interactions sociales. Cela peut se produire lorsque le cadre dans lequel se déroule l’interaction n’est pas bien défini. Comme les termes de la relation ne sont pas clarifiés, les deux parties se sentent vulnérables et préfèrent ne pas trop s’ouvrir pour éviter d’être potentiellement blessées. Les codes de communication sont également souvent peu clairs, ce qui donne lieu à de <a href="https://www.reddit.com/r/OnlineDating/">multiples discussions dans les communautés en ligne</a>, où les utilisateurs demandent des conseils pour expliquer les comportements de leurs partenaires.</p>
<h2>Quelques stratégies de survie</h2>
<ul>
<li>Choisissez l’authenticité.</li>
</ul>
<p>Si vous utilisez une application de rencontre, envisagez une stratégie audacieuse : l’authenticité. L’autopromotion, c’est bien, c’est même nécessaire, mais la conviction, le réalisme et l’honnêteté le sont tout autant. De cette façon, vous pouvez essayer de rencontrer des partenaires qui vous voient comme la personne que vous êtes et non comme celle que vous projetez. Choisissez des photos flatteuses et mettez en valeur vos traits de caractère, mais montrez aussi vos convictions et votre vraie personnalité.</p>
<ul>
<li>Utilisez les fonctions de l’application pour affiner votre choix</li>
</ul>
<p>Lorsque vous cherchez une relation en ligne, il est important de tirer le meilleur parti des ressources disponibles, afin de ne pas passer à côté de connexions potentielles. Pensez à utiliser des filtres et des outils de recherche pour affiner votre recherche de partenaires compatibles. Précisez vos préférences, telles que l’âge, le lieu de résidence et les centres d’intérêt communs, afin d’augmenter vos chances de trouver une relation sérieuse.</p>
<ul>
<li>Appréciez les petites choses</li>
</ul>
<p>Il est essentiel d’adapter votre approche et de redéfinir ce qui a de la valeur dans ce contexte unique. Au lieu de juger le succès à l’aune d’un seul critère, envisagez de le redéfinir pour y inclure d’autres aspects – par exemple, des conversations enrichissantes ou des intérêts partagés. Cette flexibilité vous permettra de recalibrer vos attentes et de découvrir la valeur de votre expérience de l’application, même si elle ne correspond pas à vos objectifs initiaux. L’amour se construit sur des émotions partagées.</p>
<ul>
<li>Parlez, mais écoutez aussi</li>
</ul>
<p>N’ayez pas peur de discuter de vos attentes avec des partenaires potentiels. Plus important encore, lorsqu’une personne dit qu’elle ne cherche pas une relation sérieuse, croyez-la, plutôt que d’essayer de la changer ou d’espérer qu’elle revienne sur sa décision. Montrez-lui que vous l’écoutez et que vous ne vous contentez pas d’émettre des idées préconçues.</p>
<ul>
<li>Continuez à explorer, mais sachez quand vous arrêter</li>
</ul>
<p>Enfin, n’abandonnez pas. Les rencontres en ligne étant de mieux en mieux acceptées, un nombre croissant de personnes trouvent de vraies relations en ligne. Malgré tous les obstacles, <a href="https://www.pewresearch.org/internet/2020/02/06/the-virtues-and-downsides-of-online-dating/">plus de 12 % des mariages</a> commencent en ligne, selon une étude du Pew Research Center. Considérez les applications de rencontres non pas comme une recherche sans fin, mais comme un moyen de parvenir à une fin – et potentiellement à une fin heureuse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les applications de rencontre sont de plus en plus utilisées et offrent une multitude de choix. Mais face à tant d’options, certains utilisateurs peuvent se sentir dépassés et épuisés.Alisa Minina Jeunemaître, Associate Professor of Marketing, EM Lyon Business SchoolJamie Smith, Director of Undergraduate Programmes, ISC Paris Business SchoolStefania Masè, Associate professor of marketing and communication, IPAG Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2196702024-01-08T16:58:37Z2024-01-08T16:58:37ZLa société française reste-t-elle centrée sur l’idéal du couple ?<p>Combien d’années de votre vie avez-vous passées <a href="https://theconversation.com/vivre-celibataire-aujourdhui-loin-des-idees-recues-152261">sans partenaire</a> ? En France, depuis les années 1970, la vie hors couple cohabitant s’est largement diffusée parmi les moins de 65 ans. <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2012-4-page-657.htm">Cela s’explique principalement par le recul de l’âge à la première union co-résidente et par la multiplication des</a> <a href="https://theconversation.com/separes-mais-sous-le-meme-toit-148937">séparations</a>. En tenant compte de toute relation amoureuse jugée « importante », qu’elle soit cohabitante ou non, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm">21 % des individus âgés de 26 à 65 ans en 2013 déclaraient ne pas avoir de partenaire</a>. Cette progression du célibat témoigne-t-elle d’une <a href="https://theconversation.com/sans-valentin-ou-lavenement-du-post-amour-199809">remise en question du couple</a> ?</p>
<p>Deux enquêtes, réalisées en France métropolitaine par l’Ined et l’Insee, permettent d’obtenir une vision globale de la durée pendant laquelle diverses générations (de l’après-guerre à nos jours) ont vécu en dehors d’une relation de couple « cohabitant » – c’est-à-dire le temps passé sans vivre en couple au sein d’un même logement (<a href="https://erfi.site.ined.fr/">ERFI</a> en 2005 auprès de 10 079 individus et <a href="https://epic.site.ined.fr/">EPIC</a> en 2013-2014 auprès de 7 825 autres). <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2023-2-page-271.htm">Leur analyse combinée</a> suggère que cette remise en question s’observe bien plus dans la forme que dans le fond.</p>
<h2>Une progression récente et modérée de la durée de vie hors couple</h2>
<p>Au fil des générations, les ruptures sont non seulement plus fréquentes mais aussi plus précoces. À l’âge de 65 ans, seuls 17 % des hommes et 13 % des femmes nés à la fin des années 1930 se sont séparés de leur premier conjoint. C’est autant que ce qui s’observait déjà dès l’âge de 35 ans pour les hommes nés au début des années 1950, et dès l’âge de 25 ans pour les femmes nées à la fin des années 1970.</p>
<p>Pour autant, tous les couples ne se séparent pas, bien au contraire. Et vivre en couple toute sa vie avec son premier partenaire demeure jusqu’à présent la situation conjugale la plus répandue. Quels que soient l’âge et la génération, cela concerne toujours au moins 57 % des hommes et 49 % des femmes (plus fréquemment soumises au veuvage).</p>
<p>La durée de vie hors d’un couple cohabitant n’a pas tant évolué que pourrait le laisser supposer la multiplication des situations de <a href="https://theconversation.com/la-residence-alternee-est-elle-toujours-dans-linteret-de-lenfant-196678">monoparentalité</a> ou de recomposition familiale. Quel que soit l’âge, la tendance est toujours la même : elle diminue des générations du début des années 1930 aux premières générations du baby-boom puis remonte légèrement ensuite.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-population-2023-2-page-271.htm">Les générations charnières sont celles nées sur la période 1945-1955</a>. Ce sont pour elles que la vie passée en solo est la plus rare. Elles n’ont connu que 10 années de vie solitaire en moyenne entre leurs 18 et 65 ans.</p>
<p>Plusieurs facteurs ont globalement atténué l’élévation du temps passé à vivre seul. Comme les séparations, les remises en couples sont également plus fréquentes et plus précoces qu’avant. Le célibat tardif et le veuvage avant 65 ans ont par ailleurs durablement baissé. Enfin, l’âge à la première union a temporairement baissé. Tous les individus n’ont cependant pas été concernés de la même manière par ces phénomènes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-polyamour-entre-bricolage-au-quotidien-communication-et-critique-sociale-du-couple-199126">Le polyamour, entre « bricolage » au quotidien, communication et critique sociale du couple</a>
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<h2>Des spécificités liées au genre ou aux diplômes</h2>
<p>De l’ensemble des caractéristiques sociodémographiques considérées, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2023-2-page-271.htm">c’est le sexe qui distingue le plus les individus à l’égard de leur durée de vie hors couple</a>. Le net recul du célibat prolongé et du veuvage précoce ont avant tout bénéficié aux femmes, ce qui a induit une baisse plus marquée de leur durée de vie hors couple pour les générations les plus anciennes.</p>
<p>Pour les générations suivantes, les interactions entre les composantes de la vie hors couple sont plus complexes. À 25 ans, les femmes sont déjà plus souvent en couple cohabitant que les hommes, et le célibat prolongé jusqu’à 35 voire 45 ans se raréfie chez les femmes, alors qu’il progresse au fil des générations masculines.</p>
<p>À l’inverse, après la première union co-résidente, les périodes de vie solitaire sont plus fréquentes pour les femmes. Sachant que, quel que soit leur parcours conjugal antérieur, les <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm">femmes hors couple déclarent plus souvent que les hommes que leur célibat est un choix</a>.</p>
<h2>Les « paradoxes » genrés du cycle de vie</h2>
<p>Ces constats font écho à ce que le sociologue <a href="https://web.stanford.edu/%7Emrosenfe/Rosenfeld_gender_of_breakup.pdf">Michael Rosenfeld</a>, aux États-Unis, considère comme un des « paradoxes » genré du cycle de vie : les jeunes femmes semblent désirer plus fortement et précocement l’engagement au sein d’une union que les hommes, mais s’avèrent être plus tard moins satisfaites de leurs expériences conjugales. Étant donné la progression plus rapide chez les hommes de la durée de vie hors couple au fil des générations, il s’avère que la plus forte aspiration à la conjugalité des femmes avant 30 ans couplée à un recul plus important pour elles du veuvage précoce, ont jusqu’à présent plus que compensé leur retard à la remise en union. Quelques nuances doivent toutefois être apportées à ce constat général.</p>
<p>Pour les femmes, le temps passé à vivre seule progresse avec l’élévation du niveau de diplôme. Ainsi, les détentrices d’un CAP ou d’un BEP vivent en moyenne un trimestre de plus hors couple que les femmes sans diplôme. C’est un peu plus d’un an de plus pour les femmes ayant le niveau baccalauréat et près de deux ans pour celles qui ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur. Ces différences s’atténuent à partir des générations nées dans les années 1980. Les femmes pas ou peu diplômées pourraient être plus nombreuses qu’auparavant à arbitrer en faveur de l’autonomie ou de la « liberté retrouvée » plutôt qu’en faveur <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm">d’une amélioration de leur bien-être financier</a>.</p>
<p>Pour les hommes, la relation entre diplôme et temps de vie en solo est moins forte. Il y a en moyenne moins d’un an de vie de célibat de différence qui tienne à leur niveau de diplôme. Elle est également moins linéaire car l’entrée dans la vie de couple est généralement contrainte par l’existence d’une activité professionnelle stable. Ainsi, ce sont les hommes qui détiennent un diplôme professionnalisant qui ont la durée de vie hors couple la plus faible.</p>
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<p>Les hommes issus du milieu agricole se détachent du reste de la population. Malgré le recul constaté tout au long du XX<sup>e</sup> siècle, les fils d’agriculteurs qui obtiennent les diplômes techniques nécessaires s’engagent souvent dans l’agriculture, tandis que les moins diplômés empruntent une voie plus proche du milieu ouvrier. Une part importante des enfants de milieu agricole font alors partie des agriculteurs, particulièrement confrontés au célibat.</p>
<p>Les enfants de séparés connaissent plus souvent la séparation de leur couple. Néanmoins, le temps passé hors couple à l’issue de ces ruptures est compensé par leur entrée dans la conjugalité plus précoce. Ainsi, au cours de leur vie, ils ne vivent ni plus ni moins que les autres sans conjoint.</p>
<h2>Les baby-boomers ont connu l’« âge d’or » de la vie conjugale</h2>
<p>Les premières générations de baby-boomers ont finalement connu un <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2023-2-page-271.htm">« âge d’or » de la conjugalité</a>. Pour eux, le veuvage précoce et le célibat définitif avaient déjà atteint des niveaux particulièrement bas, l’âge à la première union était plus précoce, et les ruptures d’union encore peu répandues. Le destin de ces générations ne saurait donc faire figure de norme, mais bien d’exception.</p>
<p>Pour les générations suivantes, la progression des séparations et de l’âge à la première union vont impulser une remontée de la durée de vie hors couple. Cette dernière, par ailleurs relativement lente, doit également être nuancée : on assiste à l’émergence de formes de conjugalité durables qui ne se matérialisent pas <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-73.htm">par une vie commune sous le même toit</a>.</p>
<p>Dès lors, la complexification des trajectoires conjugales apparaît certes comme le signe d’une transformation des normes de conjugalité, mais nullement comme leur rejet. Le fait que le temps de vie hors couple des dernières générations du XX<sup>e</sup> siècle soit assez proche de celui des générations des années 1930 indique que la société française reste centrée sur l’idéal du couple.</p>
<p>Ainsi, La norme conjugale est plus diffuse, mais elle continue d’agir en adoptant simplement d’autres voies que la voie traditionnelle. Deux études qualitatives <a href="https://archined.ined.fr/view/AWY6EBWAdQi8TdNCmyQ2">récemment</a> <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm">menées</a> montrent que la vie reste encore jalonnée d’incitations diverses et répétées à se (re)mettre en union, et que le couple est toujours fortement associé au bonheur et à l’épanouissement personnel. Ainsi, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm">« l’ouverture des possibles en matière de vie affective semble avoir renforcé plutôt qu’affaibli la norme conjugale »</a>.</p>
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<p><em>Ce texte est adapté d’un article publié par les auteurs et Lyem Britah, Zoé Delœil, Inès Munoz-Bertrand, Axel Redonnet et Margaux Tocqueville dans « Population » 2023/2 Vol. 78, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2023-2-page-271.htm">« Le temps passé sans vivre en couple : une analyse au fil des générations en France »</a></em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219670/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment la durée de vie en solo a-t-elle évolué en France, au fil des générations ? Constate-t-on une réelle remise en question de la relation de couple cohabitant ?Nicolas Cauchi-Duval, Maître de conférences en Démographie, Université de StrasbourgNicolas Rebière, Maître de conférences en Démographie, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2186442023-11-30T16:48:07Z2023-11-30T16:48:07Z« Le cerveau du jugement est inhibé au moment de la passion amoureuse. » Conversation avec Bernard Sablonnière<p>_Professeur émérite de biologie moléculaire et de biochimie, médecin biologiste, chercheur, Bernard Sablonnière est aussi auteur de plusieurs ouvrages sur les maladies du cerveau. Lors de son passage aux Tribunes de la presse 2023, il a évoqué les mécanismes biologiques de la passion amoureuse, des hormones et neurotransmetteurs impliqués jusqu’aux effets sur le cerveau et le comportement. _</p>
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<p><strong>Considérez-vous avoir la passion de la transmission et du partage ? Est-ce que transmettre vos connaissances est ou était un impératif pour vous dans votre métier ?</strong></p>
<p><strong>Bernard Sablonnière</strong> : Je crois que oui. J’ai commencé ma carrière de professeur de médecine en 1993, il y a longtemps et tout de suite, j’ai eu des amphithéâtres remplis de 600 étudiants en première et deuxième année de médecine. À force de faire de la transmission un peu trop académique, j’ai essayé d’améliorer ma pédagogie afin d’être un bon professeur qui transmet bien avec beaucoup d’exemples. Cela m’a incité, plusieurs années plus tard, à mettre en forme mon expérience sous forme de livre grand public. Mon premier livre s’appelait « L’odyssée moléculaire » et en tant que biochimiste, j’y racontais tout un tas de molécules du vivant. Et puis après, j’en ai écrit d’autres.</p>
<p><strong>À propos de la passion amoureuse, quelles sont les mécaniques cérébrales à l’œuvre lorsqu’on tombe amoureux ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : Il y a encore beaucoup de mystères autour du fonctionnement de ce sentiment d’amour chez l’homme. Mais l’étude du fonctionnement du cerveau nous a déjà apporté des éléments de compréhension, nous avons quelques clés chimiques dans le cerveau qui permettent aux neurones de communiquer entre eux. Ces clés sont au nombre de sept ou huit, mais expliquent 90 % des comportements chez l’homme. Dans certaines régions du cerveau, la dopamine est l’hormone de l’envie, du désir et au sujet de la passion, c’est elle qui va être le moteur chimique des informations.</p>
<p><strong>Quels sont les éléments qui vont déclencher la dopamine ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : C’est tout le mystère du déclenchement de l’envie. Nous avons évidemment des besoins vitaux : boire, se nourrir, dormir. Mais d’un point de vue anthropologique, ce n’est pas très romantique, le besoin de se reproduire est aussi inscrit dans le cerveau humain. Dans son évolution, l’espèce humaine a développé le cerveau limbique – le cerveau émotionnel –, et tout autour du cerveau reptilien – le cerveau du système instinctif. C’est pour essayer de donner à l’homme cette capacité de développer des comportements extrêmement spécialisés pour initier cette envie de se reproduire. D’où la complexité de l’amour d’ailleurs. </p>
<p>Il existe des gens qui ne tombent jamais amoureux, qui n’ont jamais de relations sexuelles. Cela peut être en raison de freins dans le cerveau liés à une éducation, un traumatisme dans l’enfance, etc., qui font que certains comportements sont inhibés complètement. Cela arrive, mais ce sont des circonstances pathologiques. Mais l’envie d’amour, l’envie de relation avec une ou un partenaire est finalement un besoin quasiment vital.</p>
<p><strong>Quelles réactions, chimiques et corporelles, le déclenchement de la dopamine va-t-il provoquer ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : La dopamine est responsable de la passion, un accélérateur extrêmement fort. Il faut que la relation aboutisse. L’espèce dit au cerveau « il faut que certains comportements marchent, sinon l’espèce va disparaître ». Le cerveau du jugement est inhibé au moment de la passion amoureuse ; la pensée du partenaire nous obsède et domine notre vie. Cela est dû à un déséquilibre des accélérateurs et des freins dans le cerveau. On est stressé au début, on ne mange plus, on ne dort plus… c’est la noradrénaline. Mais elle dure peu de temps. </p>
<p>Dès que la dopamine, hormone du désir, prend le dessus, débute le moment où nous sommes obnubilés par la passion. Lorsque la relation va commencer, si bien sûr il n’y a pas d’échec après, le cerveau va ensuite chercher à retrouver un équilibre entre les accélérateurs et les freins. La sérotonine, hormone régulatrice, va contribuer à baisser les hormones du stress. La libération de l’ocytocine survient ensuite et va permettre l’attachement. Les anthropologues considèrent que ce fonctionnement hormonal est fait pour permettre à la formation d’un couple de durer au moins deux/trois ans. Dans l’évolution de l’espèce, le cerveau a calibré ça avec une forte sécrétion d’ocytocine à ce moment-là pour permettre éventuellement à un bébé de naître et pour qu’il puisse être sevré dans de bonnes conditions.</p>
<p><strong>À partir de quel moment peut-on vraiment parler de passion, est-ce le cœur ou le cerveau qui décide ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : Le cœur n’a aucun rôle, c’est juste une pompe. Mais il est souvent associé à l’amour car il s’agit d’un organe exprimant très fortement les émotions et sensible à ces hormones stressantes telles que la noradrénaline, à l’origine des palpitations. Mais ces réactions cardiaques servent simplement à alerter le cerveau qu’une réaction corporelle se met en jeu. Le cerveau interprète ensuite l’émotion pour la traduire en quelque chose de plus mental, d’exprimable qu’est le sentiment. La phase de passion peut être déréglée chez certaines personnes. Dans les relations amoureuses, les gens peuvent continuer d’avoir une vie normale en dehors des périodes où ils sont avec l’être aimés. D’autres sont obsédés, à un niveau compulsionnel. C’est un déséquilibre entre les accélérateurs et les freins et ça dépend génétiquement de la façon dont le cerveau s’est créé puis s’est construit, et si on a des récepteurs ou des transporteurs de dopamine plus ou moins actifs dans notre cerveau.</p>
<p><strong>Comment est-il possible d’entretenir la passion ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : Tous les couples savent que si on veut remettre un peu de sel dans sa relation il faut innover. Il faut trouver des nouvelles situations où on va susciter un désir qui donnera un plaisir qui n’est pas connu chez le partenaire. Ne pas toujours lui acheter le même parfum, l’emmener dans le même resto… Il faut être plus spontané. Lorsque le cerveau se trouve face à une situation d’activation du circuit de désir-plaisir qu’il ne connaît pas, ça peut susciter une perception de plaisir qui est d’une intensité plus forte. Il faut donc varier les plaisirs. Et souvent je dis « petit désir, petit plaisir ». Si vous voulez augmenter l’intensité du plaisir, il faut essayer de changer la circonstance qui mène à cette activation de l’envie.</p>
<p><strong>Ces mécanismes que nous avons évoqués pour la passion amoureuse s’appliquent-ils aussi aux passions pour une activité comme que l’art, la musique… aux domaines matériel et immatériel finalement ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : Oui, car la passion est une envie d’intensité extrêmement forte. On va concentrer cette énergie sur cette activité-là et on va délaisser les autres. C’est cela le caractère passionnel, un peu compulsif. On va peut-être même se fatiguer, mais on aime ça parce qu’on perçoit ce plaisir et à ce moment-là, ça devient un peu comme une drogue. Cela correspond à la passion de la suractivité. On trouve aussi ce mécanisme chez un certain nombre d’hommes de pouvoir ou d’hommes politiques qui suractivent leur envie de tout. Et cela se termine par une envie de dominer qui est liée à une perception du plaisir assez importante.</p>
<p><strong>Que se passe-t-il dans notre cerveau lors d’une rupture ?</strong></p>
<p><strong>B. S</strong> : La rupture est un état de manque extrêmement instantané. Dans le circuit désir-récompense, un désir est émis mais la récompense n’arrive pas et le cerveau n’aime pas du tout ça, car le désir n’est pas calmé. Très vite, l’axe du stress est activé. Le cerveau envoie un signal à la petite région du cerveau appelée l’amygdale, qui se dit « ça y est, j’ai une émotion négative très forte. Je dois donner une alerte à l’ensemble du corps comme quoi ça ne marche plus ». Les hormones du stress – le cortisol – sont activées : on pleure, on dort mal parce que la noradrénaline nous met en état d’alerte permanent et on est désorienté. </p>
<p>Il y a un dérèglement de cet équilibre entre les accélérateurs et les freins au niveau émotionnel, et le cerveau va essayer de retrouver un équilibre. Le cortisol va pousser le corps humain à se reposer et reconstituer ses réserves de clés chimiques. L’hormone de la sérotonine va agir avec une molécule du cerveau appelée la diméthyltryptamine, elle permet d’avoir deux façons de réagir. Au début, la sérotonine va entraîner un comportement de calme. C’est une sorte de frein entraînant un comportement soumis par rapport à ce qui nous arrive. Et si la situation perdure dans d’autres neurones du cerveau, la sérotonine va provoquer un coup de fouet pour essayer de réagir et on va vouloir repartir, revivre.</p>
<p><strong>Le cerveau a-t-il révélé tous ses secrets ? À votre avis, quels sont les domaines inexplorés sur lesquels il faudrait axer en priorité les recherches ?</strong></p>
<p><strong>B. S.</strong> : Alors non, on ne connaît pas tout. Ce n’est aujourd’hui qu’un balbutiement, mais avec les techniques d’imagerie actuelles et les systèmes d’interactions entre puces électroniques puis neurones, il est possible de repérer les circuits de façon extrêmement fine, afin de mieux comprendre comment la régulation des influx se forme. Je pense que ce qui étonne de plus en plus les scientifiques, ce sont les capacités d’adaptation du cerveau, ce qui est appelé la plasticité. Les conséquences des recherches sur ce sujet pourraient être de nouvelles pistes pour traiter les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer autrement qu’avec des médicaments. Ce sont des pistes intéressantes.</p>
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<p><em>Propos recueillis par Loéva Claverie et Agathe Courret, étudiantes en master professionnel de journalisme à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218644/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Sablonnière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dopamine, cortisol, ocytocine… Notre cerveau déborde d’hormones lorsque l’on est amoureux (ou que l’on subit une rupture).Bernard Sablonnière, Neurobiologiste, professeur des universités − praticien hospitalier, faculté de médecine, Inserm U1172, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2167572023-11-23T17:55:49Z2023-11-23T17:55:49ZViolences conjugales : et si l’on cessait de considérer les victimes uniquement comme « publics vulnérables » ?<p><a href="https://www.coe.int/fr/web/portal/25-november-against-domestic-violence">La journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes</a>, le 25 novembre, est l’occasion de rappeler l’universalité de ces violences, géographiquement et socialement.</p>
<p><a href="https://virage.site.ined.fr/fichier/s_rubrique/29712/plaquette.result.virage.2020_violences12mois.fr.pdf">L’enquête Virage</a> (violences et rapports de genre), menée en 2015 par l’Ined (Institut national d’études démographiques), a confirmé que les femmes de tous les milieux sociaux peuvent subir des violences conjugales. En revanche, il existe une forte corrélation entre les faits de violences et l’absence et la recherche d’emploi, tant de la femme victime que du conjoint. Pourtant l’insertion professionnelle des victimes n’est que peu, voire pas, abordée dans la politique de lutte contre les violences conjugales.</p>
<p>Ce constat peut paraître d’autant plus paradoxal que l’autonomie, à savoir l’indépendance financière des femmes, est au cœur de la <a href="https://pur-editions.fr/product/1502/l-etat-et-les-droits-des-femmes">politique d’égalité femmes-hommes</a>. Nous avons analysé cinq plans d’action interministériels depuis 2003, les <a href="https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/2022-09/dossier-de-presse-septembre-2022-grenelle-des-violences-conjugales-trois-ans-d-action-et-d-engagement-du-gouvernement.pdf">mesures du Grenelle</a> de 2019 et réalisé 30 entretiens avec des acteurs institutionnels au niveau national et dans les territoires de La Réunion et des Antilles.</p>
<p>Les victimes sont systématiquement catégorisées en tant que « publics vulnérables » ce qui les réduit à être dans un état durable de vulnérabilité, à être accompagnée pour une insertion sociale mais pas professionnelle qui pourrait viser l’émancipation, davantage compatible avec une approche en termes d’égalité femmes-hommes.</p>
<h2>Refonte de l’administration</h2>
<p>L’administration en charge de mettre en œuvre la politique d’égalité femmes-hommes est rattachée aux questions sociales depuis une quinzaine d’années. Le Service des droits des femmes et de l’égalité (SDFE) a été intégré dans la Direction de la cohésion sociale (DGCS) en 2007 alors qu’auparavant il était indépendant. La DGCS conçoit et pilote les politiques publiques de solidarité qui ont pour rôle de <a href="https://www.cairn.info/les-politiques-sociales-en-france--9782100778690-page-1.htm">protéger les catégories vulnérables</a> (personnes en situation de précarité, personnes âgées, personnes en situation de handicap, enfants et familles, majeurs protégés). </p>
<p>La transversalité du champ d’action du Service des droits des femmes et de l’égalité (l’égalité femmes-hommes touchant tous les champs de la société) s’en est donc trouvée réduite. Outre un personnel divisé par deux, les liens du SDFE avec le ministère du Travail, par exemple, ont été plus difficiles à maintenir alors que l’égalité professionnelle était au cœur de son action.</p>
<p>Ainsi, en même temps que la politique de lutte contre les violences se développait <a href="https://pur-editions.fr/product/1502/l-etat-et-les-droits-des-femmes">dans les années 2000</a>, les questions d’égalité se retrouvaient institutionnellement associées à celles liées à la vulnérabilité. Cet étiquetage « social » a conduit à une moindre légitimité pour assurer les échanges et solidarité entre ministères, indispensable à cette politique qui mobilise le ministère de l’Égalité femmes-hommes mais également les ministères de l’Intérieur, de la Justice et dans une moindre mesure de la Santé et de l’Éducation nationale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quels-outils-juridiques-et-administratifs-pour-lutter-contre-les-feminicides-164337">Quels outils juridiques et administratifs pour lutter contre les féminicides ?</a>
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<p>Au niveau territorial il en est de même. Le réseau des directrices régionales et déléguées départementales aux droits des femmes et à l’égalité (DRDFE) est rattaché depuis 2007 au sous-préfet en charge de la cohésion sociale. Cette intégration a eu des conséquences sur les fonctions que les DRDFE assuraient auprès du préfet. Les initiatives partenariales doivent maintenant être discutées et validées par le sous-préfet chargé de la cohésion sociale. La dépendance à la sensibilité personnelle de ces derniers est devenu un élément déterminant du travail des DRDFE.</p>
<h2>La question de l’autonomie dans l’accompagnement</h2>
<p>Les ministères de l’égalité femmes-hommes qui se sont succédé pensent l’autonomie des femmes par <a href="https://www.pug.fr/produit/1282/9782706125492/la-cause-des-femmes-dans-l-etat">l’égalité professionnelle</a> mais cette dernière n’est qu’exceptionnellement abordée dans les plans d’action interministériels de lutte contre les violences faites aux femmes. Plus précisément, cette dimension est présente dans le plan global de 2001 et de 2004, puis a disparu après le rattachement du SDFE à la DGCS. L’insertion professionnelle a fait un bref retour dans le <a href="https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/wp-content/uploads/2016/11/5e-plan-de-lutte-contre-toutes-les-violences-faites-aux-femmes.pdf">5ᵉ plan</a> (2017-2019), considérant que « les violences peuvent avoir un impact durable sur leur accès à l’emploi ». Néanmoins, la thématique est à nouveau absente du Grenelle organisé à l’automne 2019 si ce n’est par la prise en compte dans la santé au travail de l’impact des violences.</p>
<p>Sans impulsion nationale, la question de l’autonomie est appréhendée différemment selon que l’accompagnement est effectué par des travailleurs sociaux « classiques » ou au sein d’associations féministes comme l’a bien montré la sociologue <a href="https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2012-1-page-116.htm">Elisa Herman</a> : le travail social féministe participe d’une conscientisation des inégalités subies par les femmes et fait de l’autonomie sa priorité.</p>
<p>Sur notre terrain nous avons pu constater que les intervenants sociaux en commissariats et gendarmeries, les forces de l’ordre et les magistrats orientent les victimes vers des associations généralistes, avec lesquelles des partenariats nationaux ont été conclus, comme <a href="https://www.france-victimes.fr/">France Victimes</a> qui porte « 3 temps de l’accompagnement : juridique, psychologique, social ».</p>
<p>L’accompagnement social porte sur le logement d’urgence, puis l’accès à un logement social. Les dispositifs de droit commun réservés aux populations vulnérables priment sur les hébergements spécialisés. Effectivement, les lieux d’hébergement d’urgence sont généralement destinés aux populations vulnérables et marginales (toxicomanes, SDF, migrants…).</p>
<h2>Des difficultés à reconnaître la spécificité des violences faites aux femmes</h2>
<p><a href="https://www.coe.int/fr/web/istanbul-convention/-/grevio-publishes-its-firs-baseline-report-on-france">Le rapport du Groupe d’experts du Conseil de l’Europe</a> sur l’action contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique pointe également l’insuffisance en France de dispositifs d’hébergement spécialisés destinés aux femmes victimes de violences. Il estime que cette lacune est le reflet de politiques qui peinent à reconnaître la spécificité des violences faites aux femmes et tendent à les assimiler à d’autres problématiques sociales. De même, le <a href="https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_violences_conjugales_2020_-_vpubliee.pdf">Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes</a> plaide pour que les places d’hébergement soient gérées par des associations spécialisées, dans des centres non mixtes, sécurisés, dotés de professionnels formés aux questions de violences faites aux femmes.</p>
<p>Dans le contenu des formations adressées aux forces de l’ordre et aux magistrats, tels qu’ils nous ont été rapportés, la vulnérabilité des victimes est un indicateur de l’emprise, c’est-à-dire de leur aliénation face au contrôle et à la domination exercés par l’auteur des faits de violence. Mais n’est-ce pas circonscrire les violences conjugales seulement au phénomène de l’emprise ?</p>
<p>En 2008, le sociologie états-unien <a href="https://books.google.com/books/about/A_Typology_of_Domestic_Violence.html?id=alLur9raDCwC">Michael P. Johnson</a> dans une réflexion sur la manière de « compter » et donc de « qualifier » les violences conjugales en avait énoncé trois formes : le terrorisme intime (potentiellement toutes les formes de violences et le comportement contrôlant), la résistance violente (stratégie de légitime défense qui peut être verbale et physique) et la violence de couple situationnelle (les actes peuvent être graves mais l’intention n’est pas de contrôler et de dominer, le conflit a « dérapé »).</p>
<p>Cette typologie n’est pas enseignée dans les formations, finalement très centrées sur l’emprise qui peut renvoyer à la première, le terrorisme intime. Or, <a href="https://interieur.gouv.fr/Interstats/Actualites/Interstats-Analyse-n-53-Les-violences-conjugales-enregistrees-par-les-services-de-securite-en-2021">l’augmentation significative des interventions</a>, signalements et plaintes correspondraient essentiellement à la dernière, la violence situationnelle.</p>
<h2>Une hiérarchie des violences</h2>
<p>Les forces de sécurité que nous avons rencontrées précisent que les femmes viennent désormais déposer des plaintes pour des situations pour lesquelles elles ne seraient pas venues auparavant comme une gifle, être poussée violemment, etc. Selon eux, les femmes qui sont dans des situations d’extrêmes violences ne viendraient pas plus qu’avant. Cette perception interpelle car ces femmes sont désignées à plusieurs reprises comme celles qui subissent les « vraies violences ».</p>
<p>Implicitement une hiérarchie semble être faite entre des catégories de violences qui peuvent interroger le traitement des dossiers. A de nombreuses reprises nos interlocuteurs des forces de sécurité et de la justice ajoutent que les violences sont réciproques, que « madame a aussi donné des coups », voire a été à l’origine du conflit qui a dégénéré.</p>
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<p>Sans nier les violences que peut subir un homme au sein d’un couple, les violences subies peuvent être réactives à des violences qu’ils exercent comme dans la typologie de Johnson (violence réactive). L’hypothèse est pourtant peu posée. Les violences conjugales demeurent ainsi enfermées dans un scénario « d’école » : une victime sous emprise, vivant dans la peur et passive face à la violence de son conjoint.</p>
<p>Bien qu’inscrite dans la politique d’égalité femmes-hommes, la question des violences conjugales s’articule davantage à la question de la vulnérabilité qu’à celle de l’émancipation. Organisation institutionnelle et pratiques des acteurs convergent. Au lieu de voir les victimes comme fragilisées par une situation de violences issue d’un rapport de domination, elles sont perçues comme vulnérables, c’est-à-dire à risques de subir des violences. Le souci est alors la construction d’une image de la victime et de ses besoins qui ne correspond pas à la diversité des situations rencontrées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216757/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sandrine Dauphin a reçu des financements de l'ANR pour cette recherche. </span></em></p>La question des violences conjugales devrait s’articuler davantage à la question de l’émancipation plutôt qu’à celle de la vulnérabilité.Sandrine Dauphin, Docteure en sciences politiques, directrice de projet, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2177072023-11-15T21:18:55Z2023-11-15T21:18:55ZApplis de suivi menstruel et autres innovations « FemTech » : quels enjeux éthiques et sociétaux ?<p><a href="https://theconversation.com/fiabilite-securite-ethique-quels-risques-derriere-les-failles-des-applications-de-suivi-menstruel-190115">Applications de suivi menstruel</a> ou de grossesse, solutions digitales pour accompagner les femmes atteintes d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/endometriose-105698">endométriose</a>… Depuis une dizaine d’années, des technologies numériques dédiées à la <a href="https://theconversation.com/fr/search?q=sant%C3%A9+des+femmes">santé des femmes</a> se développent. </p>
<p>Ces « FemTech » (pour <em>female technologies</em>) ont pour objectif de proposer des services aux femmes en matière de santé et de bien-être, en s’appuyant sur les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/nouvelles-technologies-20827">nouvelles technologies</a> (applications santé, appareils connectés, télémédecine, intelligence artificielle, etc.). </p>
<p>Mais elles peuvent aussi interroger quant à l'utilisation qui est faite des données et la protection de la vie privée des femmes qui y ont recours. </p>
<h2>Des failles dans la protection des données personnelles</h2>
<p>La grande majorité des entreprises de la FemTech ont ainsi pour point commun de <a href="https://www.consumerreports.org/privacy/popular-apps-share-intimate-details-about-you-a1849218122/">partager leurs données avec des « tierces parties »</a> (sociétés partenaires extérieures telles que Google, Facebook, Amazon, Apple, etc.), le <a href="https://www.consumerreports.org/electronics-computers/privacy/popular-apps-share-intimate-details-about-you-a1849218122/">plus souvent à l’insu des usagères</a>.</p>
<p>C’est en particulier le cas des applications de suivi menstruel dont les <a href="https://www.hal.inserm.fr/inserm-03798828/document">failles</a> dans les procédures de protection des données personnelles ont été dénoncées. Aux États-Unis, les associations se sont ainsi mobilisées pour inciter les Américaines à désinstaller leurs apps, face au risque de voir utilisées, par les autorités judiciaires, les données des calendriers menstruels pour repérer les femmes qui ont avorté ou qui souhaitent le faire.</p>
<p>Des <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/8786118">publications</a> alertent aussi sur ce que l’on appelle l’Internet des objets connectés (IoT). Elles mettent en garde contre les risques de vols des données personnelles ou de manipulations d’objets depuis l’extérieur (hacking), avec des conséquences pour la santé quand ces objets touchent à l’intégrité physique et mentale.</p>
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<h2>Des technologies qui répondent à une demande des femmes</h2>
<p>Les entreprises de la FemTech sont en plein essor, ce qui rend ces questions autour de la protection des données personnelles et du respect de la vie privée et intime des femmes d'autant plus criantes. </p>
<p>Ainsi, le <a href="https://analytics.dkv.global/FemTech/Teaser-Q2-2022.pdf">marché global des FemTech</a>, estimé à 25 milliards de dollars en 2021, pourrait avoisiner les 100 milliards en 2030. En 2021, on comptait 1 400 start-up de FemTech dans le monde, dont 51 % aux États-Unis, 27 % en Europe et 9 % en Asie. En France, l’association FemTech France, créée en 2022, a répertorié <a href="https://www.femtechfrance.org/cartographie-start-up">115 start-up françaises de FemTech</a>.</p>
<p>Les entreprises de la FemTech visent en effet des domaines propres aux femmes (santé reproductive, périnéale, sexuelle, contraception, stérilité, ménopause, bien-être sexuel, endométriose, maternité/postpartum…) et aussi des pathologies plus générales mais qui affectent les femmes de façon différenciée (cancer, dépression, etc.).</p>
<p>À l’évidence, l’essor de ce marché correspond à une demande des femmes pour diverses raisons.</p>
<p>D’abord, ce marché se développe dans un contexte de <a href="https://www.senat.fr/questions/base/2019/qSEQ190409911.html">pénurie de gynécologues médicaux</a> – qui entraîne des errances thérapeutiques et diagnostiques – et de prise de conscience des expériences de <a href="https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2021-5-page-629.html">violences gynécologiques et obstétricales</a>.</p>
<p>De plus, les acteurs de la Femtech répondent aux préoccupations et aspirations actuelles des femmes. Ils conçoivent des services personnalisés dédiés à la santé et au bien-être intime (douleurs menstruelles, vulvaires, rééducation périnéale, libido, ménopause, etc.), des sujets peu ou pas considérés par la médecine classique.</p>
<h2>Des applis dédiées à la santé sexuelle et reproductive</h2>
<p>La grande majorité des services proposés sont des applications sur téléphone mobile : gestion des donnés personnelles liées à la santé, conseils d’expert, téléconsultations, documentation, forums de discussion, etc. Les applications les plus populaires concernent la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13691058.2014.920528">santé sexuelle et reproductive</a> : <a href="https://estsjournal.org/index.php/ests/article/view/655">suivi menstruel</a>, grossesse, ménopause, endométriose…</p>
<p>Ces entreprises bénéficient aussi du fait que l’usage des technologies numériques est perçu comme un vecteur d’autonomisation des femmes dans le contrôle de leur corps et de leur vécu intime, avec l’avantage d’une commodité d’utilisation et d’un coût minimal.</p>
<p>Cependant, on notera que tous les sites d’aide et de conseils personnalisés aux utilisatrices, ou patientes, proposent systématiquement des offres commerciales : huiles essentielles, compléments alimentaires, produits cosmétiques, stages de fitness, yoga, méditation, sophrologie, etc.</p>
<h2>En entreprise, gérer les congés maternité ou les arrêts maladie</h2>
<p>Ces plates-formes numériques s’adressent aussi aux entreprises dans le but de gérer au mieux la santé des employé·e·s, réduire l’absentéisme, les coûts de santé et augmenter la productivité. Les femmes sont les plus concernées, car <a href="https://newsroom.malakoffhumanis.com/assets/barometre-absenteisme-malakoff-humanis-2023-presse-a834-63a59.html">leur taux d’absentéisme est supérieur à celui des hommes</a> (du fait des charges domestiques et familiales, de la santé reproductive…). Les domaines ciblés sont la gestion des congés maternité, le retour au travail et la prévention pour réduire les arrêts maladie.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sexisme-en-entreprise-comment-les-hommes-peuvent-sallier-aux-femmes-pour-changer-les-choses-202561">Sexisme en entreprise : comment les hommes peuvent s’allier aux femmes pour changer les choses</a>
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<p>Ces offres sont surtout développées aux États-Unis où la plupart des grandes sociétés assument une majeure partie des primes de santé versées aux assureurs. C’est le cas de la <a href="https://www.mavenclinic.com/">« Maven Clinic »</a>, une plate-forme virtuelle qui permet aux entreprises d’offrir à leurs employées un vaste réseau de services en ligne dans différents domaines : la procréation (fertilité, congélation d’ovocytes, procréation médicalement assistée ou PMA, gestation pour autrui ou GPA – une pratique non autorisée en France -), la grossesse et le suivi postpartum, la parentalité, la maternité et la pédiatrie, ou encore la ménopause.</p>
<p>En France, les plates-formes numériques dédiées à la santé des femmes en entreprise sont encore au stade de projets. Il est probable qu’elles devront dans un proche avenir affronter la concurrence américaine qui dispose de gros moyens pour se développer en Europe. La Maven Clinic a déjà des partenariats avec de nombreuses entreprises internationales, dont Amazon, Microsoft et l’Oréal, réparties dans 175 pays sur tous les continents.</p>
<h2>Une vigilance qui concerne la santé numérique en général</h2>
<p>En France, le sujet de la protection des données personnelles dans les FemTech, rejoint les <a href="https://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/2023-05/CCNE-CNPEN_GT-PDS_avis_final27032023.pdf">questions éthiques posées par la santé numérique en général</a> (e-santé). De plus, des questions spécifiques se posent concernant les données de santé sexuelle et reproductive, notamment dans le cadre de leur exploitation en entreprise.</p>
<p>Le fait que des informations intimes (projets de grossesse, PMA, endométriose, règles douloureuses…) puissent être portées à la connaissance de l’employeur pose un problème éthique face au risque de discriminations, à l’embauche et durant l’ensemble du parcours professionnel. Les <a href="https://www.senat.fr/leg/exposes-des-motifs/ppl22-537-expose.html">débats contradictoires sur la pertinence d’instaurer un congé menstruel</a> en sont l’illustration.</p>
<p>A noter aussi que depuis mars 2023, le <a href="https://www.legifrance.gouv.dfr/jorf/id/JORFTEXT000043884445">dossier médical en santé au travail</a> (DMST) qui doit être constitué pour chaque travailleur, est créé obligatoirement sous format numérique sécurisé. L’objectif est de faciliter le partage d’informations issues notamment du <a href="https://www.ameli.fr/paris/medecin/sante-prevention/dossier-medical-partage/dmp-en-pratique">dossier médical partagé</a> (DMP). Celui-ci comprendra à terme un volet santé au travail accessible via <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/mon-espace-sante/mon-espace-sante-carnet-sante-numerique">Mon espace santé</a>, l’espace numérique personnel mis en place par l’Assurance maladie et le ministère de la Santé.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/conges-menstruels-neuroatypisme-maladies-chroniques-et-si-lentreprise-tenait-compte-de-nos-differences-biologiques-206321">Congés menstruels, neuroatypisme, maladies chroniques : et si l’entreprise tenait compte de nos différences biologiques ?</a>
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<p>Le croisement de ces données entre professionnels de santé pose question, en termes de protection de la vie privée et de respect des droits du salarié·e. Par exemple, en cas de projets de maternité, le fait que le médecin traitant bénéficie d’informations sur la santé au travail peut contribuer à un meilleur suivi médical vis-à-vis de risques professionnels susceptibles d’interférer avec la grossesse.</p>
<p>Mais réciproquement, la possibilité d’accès du médecin du travail (non choisi, imposé par l’employeur) à des informations de santé que la femme salariée veut tenir confidentielles, appelle à la vigilance concernant le respect du secret médical.</p>
<h2>Les menaces sur la vie privée sous-estimées par les femmes</h2>
<p>Depuis 2022, le groupe « Genre et recherches en santé » du Comité d’éthique de l’Inserm alerte sur les <a href="https://www.hal.inserm.fr/inserm-03798828/document">enjeux éthiques des technologies numériques des FemTech</a>, concernant notamment le manque de validation scientifique et les failles dans la protection des données.</p>
<p>Il s’avère que les usagères ne sont pas toutes conscientes que leurs données de santé sont gérées par des services extérieurs et peuvent être exploitées par des tiers. Pour celles qui le sont, <a href="https://www.jmir.org/2019/6/e12505/">le bénéfice qu’elles déclarent tirer des outils numériques</a> l’emporte sur leur perception des menaces pour la vie privée.</p>
<p>Ce constat renvoie au besoin urgent de mettre en place des programmes d’éducation au numérique qui permettent au plus grand nombre de femmes (et d’hommes) d’en <a href="https://academic.oup.com/medlaw/article/30/3/410/6575319">évaluer les bénéfices et les risques</a>. Pour nombre de femmes, les conditions socio-économiques défavorables font obstacle à la possibilité d’opérer des arbitrages en connaissance de cause dans les services numériques qui leur sont proposés.</p>
<h2>Un programme sur la santé des femmes et des couples</h2>
<p>Pour répondre à ce besoin d’informations, fiables et accessibles, l’Inserm est potentiellement un levier de poids, notamment à travers le <a href="https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/deuxieme-comite-de-pilotage-de-la-strategie-nationale-de-lutte-contre-l">programme national prioritaire de recherche (PEPR 2023) intitulé « Santé des femmes, santé des couples »</a>. L’objectif est de <a href="https://presse.inserm.fr/cest-dans-lair/semaine-europeenne-de-prevention-et-dinformation-sur-lendometriose-6-12-mars-2023/">développer les connaissances sur l’endométriose</a>, la fertilité, l’assistance médicale à la procréation (AMP) et les effets de l’exposition in utero aux antiépileptiques.</p>
<p>Le projet vise aussi à mieux communiquer, former et informer sur la santé des femmes via des campagnes de formation et d’information destinées aux professionnels de santé et au grand public. Ce programme pourrait inclure un volet d’information sur l’usage et le mésusage des outils numériques dédiés à la santé sexuelle et reproductive des femmes, et la protection des données personnelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217707/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Catherine Vidal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les FemTech, ces technologies numériques dédiées à la santé des femmes, sont en plein essor. Mais les utilisatrices sous-estiment parfois les menaces qu’elles peuvent faire peser sur leur vie privée.Catherine Vidal, Neurobiologiste, membre du Comité d’éthique de l’Inserm, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2041572023-04-27T18:03:44Z2023-04-27T18:03:44ZAmour et téléréalité, un succès télévisuel inoxydable ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522792/original/file-20230425-18-u4yhd0.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C0%2C1072%2C610&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans « Mariés au premier regard », les futurs époux ne se rencontrent que le jour de leur mariage. Ici, Anabel s'avance vers l'autel, dans la saison 7. </span> <span class="attribution"><span class="source">M6 / Julien Theuil</span></span></figcaption></figure><p>Il y a quelques semaines, les portraits des nouveaux candidats de <em>L’amour est dans le pré</em> ont enfin été diffusés. Le 30 janvier, entre 21h11 et 22h04, ce sont ainsi 3,39 millions de téléspectateurs qui sont tombés sous le charme des agriculteurs et des agricultrices de cette nouvelle saison. En France, cette émission de <em>dating</em> est bientôt sur le point de célébrer ses noces de porcelaine puisqu’elle est diffusée depuis 18 ans sur la chaîne M6.</p>
<p>Plus récemment encore, le 20 Mars 2023, M6 a également lancé la septième saison de l’émission <em>Mariés au premier regard</em>, et ce sont « en moyenne 2,08 millions de téléspectateurs [qui] ont été séduits par le programme » peut-on lire dans un <a href="https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-accueil-pour-maries-au-premier-regard-sur-m6-face-au-telefilm-avec-tomer-sisley-sur-tf1/629468">article</a> de presse spécialisée – dont 25,1 % de FRDA-50 autrement dit de « femmes responsables des achats de moins de cinquante ans ». Le coup d’envoi de la saison précédente avait réuni quant à lui 2,32 millions de téléspectateurs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-leconomie-des-sites-de-rencontres-sans-jamais-oser-le-demander-140490">Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’économie des sites de rencontres (sans jamais oser le demander)</a>
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<p>Les émissions de <em>dating</em> sont les émissions de télé-réalité qui s’emparent du sujet de l’amour et qui placent au cœur de leurs mécaniques narratives la rencontre amoureuse, le mariage, la conjugalité ou encore la sexualité. Alors que le nombre de mariages baisse en France (on comptait par exemple 305 234 mariages de personnes de sexe différent en 2000 contre 237 000 en 2022, selon l’Insee) et que certaines invitations à en <a href="https://usbeketrica.com/fr/article/2039-fin-couple-utopie-dystopie">finir avec le couple</a> et à <a href="https://www.binge.audio/podcast/le-coeur-sur-la-table/la-revolution-romantique-nest-pas-un-diner-de-gala">déconstruire le mythe de l’amour romantique</a> fleurissent, le succès que rencontre encore ce genre d’émissions peut sembler surprenant. Cela dit, si les chiffres d’audience de certaines émissions comme celles-ci peuvent diminuer avec le temps, le <em>dating</em> à la télévision n’est pas un genre qui s’essouffle.</p>
<h2>Une économie mondialisée</h2>
<p>C’est en 1965 que l’Américain Chuck Barris développe le premier format de <em>dating</em> : il s’agit de <em>The Dating Game</em>, une émission dans laquelle une jeune femme célibataire pose des questions à trois hommes qu’elle ne voit pas. À l’issue de ces échanges, elle choisit celui qui l’accompagnera à un rendez-vous galant. Le format américain donne lieu en 1985 à la production de l’émission française <em>Tournez Manège !</em> diffusée pendant huit ans sur la chaîne TF1.</p>
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<p>Souvent le public ignore que la majorité des programmes qu’il regarde sont des contenus adaptés de formats étrangers. Aujourd’hui, le nombre de formats de <em>dating</em> circulant sur le marché ne peut être calculé précisément mais il est possible toutefois d’affirmer que ce genre représente l’un des plus populaires à la télévision.</p>
<p>Il a d’abord massivement proliféré sur les écrans des pays occidentaux, et aujourd’hui, des formats de <em>dating</em> s’exportent aussi dans d’autres parties du monde. Par exemple, l’émission <em>Love is Blind</em> diffusée sur Netflix depuis 2020 a été récemment adaptée au Japon et <em>The Bachelor</em> en Afrique du Sud en 2022.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>En France, on a vu défiler sur nos écrans un nombre considérable d’émissions de ce genre telles que <em>Bachelor, le gentleman célibataire</em> (2003), <em>Qui veut épouser mon fils ?</em> (2010), <em>L’amour est aveugle</em> (2010), ou encore l’une des plus récentes, l’émission <em>Cosmic Love</em> diffusée en 2022 et présentée par la star de télé-réalité Nabilla Vergara et dans laquelle les participants s’en remettent entièrement au cosmos pour trouver l’amour.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=345&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522793/original/file-20230425-1294-xcfypv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=434&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’émission « Love is Blind » Japan est diffusée sur Netflix depuis 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran, Netflix</span></span>
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<h2>Et si c’était vrai ?</h2>
<p>Certaines émissions de <em>dating</em> – que les producteurs appellent en anglais les « bikinis shows » – reposent sur un casting de jeunes adultes, hommes et femmes, aux plastiques standardisées et dont les narrations se construisent sur des idylles éphémères aux allures de mélodrames. On pense par exemple en France à l’émission <em>L’île de la tentation</em> (diffusée en 2002 sur TF1) ou désormais à l’émission <em>Séduction haute tension</em> (diffusée depuis 2020 sur la plate-forme de streaming Netflix). Les émissions dites de télé-réalité, et notamment le <em>dating</em>, sont donc des genres hybrides qui regroupent un large éventail d’émissions.</p>
<p>Dans ces conditions, les producteurs opposent par exemple au caractère superficiel des « bikinis shows » les émissions de <em>dating</em> qui font de l’amour le support d’expériences dites « sociales » mettant en scène des gens dits « ordinaires ». On pense par exemple d’abord à <em>L’amour est dans le pré</em> mais aussi aux émissions qui s’emparent du mariage et dont plusieurs titres ont été importés en France comme <em>Quatre mariages pour une lune de miel</em> (2011), <em>La robe de ma vie</em> (2017) ou encore <em>Mariés au premier regard</em> (2016).</p>
<p>Pour ce type d’émissions, les producteurs s’efforcent de mettre au centre de leurs préoccupations le <a href="https://theconversation.com/comment-sexplique-le-succes-des-emissions-de-tele-realite-immobilieres-185436">caractère « réel »</a> du contenu qu’ils produisent. Il serait par ailleurs trop simpliste de réduire les émissions de <em>dating</em> à des contenus scénarisés, où toute action serait mise en scène de façon millimétrée – car il s’agit surtout, pour les participants, d’individus qui s’engagent dans des expériences dont les étapes sont « programmées » – provoquant de fait des réactions plus ou moins attendues de leur part.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-applications-de-rencontre-nous-deshumanisent-elles-184672">Pourquoi les applications de rencontre nous déshumanisent-elles ?</a>
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<p>Cela dit, toutes les personnes engagées dans la production de ce type d’émissions ne peuvent se détacher d’un impératif majeur : capter l’attention du public et l’émouvoir. Que ce soit pour les mariés qui ressentent des émotions et qui se doivent de les exprimer derrière la caméra, ou encore pour le monteur qui décide de sélectionner une séquence qu’il considère comme émouvante.</p>
<h2>Ce que veulent les femmes</h2>
<p>Les histoires d’amour qui sont proposées aux téléspectateurs se doivent alors d’être romantiques, mais pas trop, pour qu’elles puissent apparaître comme suffisamment réalistes. Les discours soutenus explicitement ou en creux par la plupart de ces dispositifs de téléréalité ne dépendent finalement que peu du registre de l’amour romantique, même si celui-ci représente l’ingrédient indispensable à la réactualisation des fantasmes liés à la conjugalité hétérosexuelle. Néanmoins, ces émissions en reprennent les codes visuels et narratifs.</p>
<p>De fait, les émissions de <em>dating</em> s’éloignent plutôt de l’idéal d’amour romantique en proposant un modèle réaliste d’amour et de conjugalité. Ce modèle s’appuie notamment sur une forte psychologisation des rapports amoureux. Par exemple, dans l’émission <em>Mariés au premier regard</em> – dans laquelle des inconnus se découvrent le jour de leur mariage – les jeunes mariés sont accompagnés par des psychologues dans cette aventure matrimoniale (et télévisée) pour les aider à construire des « relations véritables », pour reprendre leurs mots.</p>
<p>Quant à Karine Le Marchand, la présentatrice de <em>L’amour est dans le pré</em>, elle enjoint par exemple l’un des agriculteurs (Thierry) à ne pas « reproduire les erreurs du passé » dans l'un des premiers épisodes de la saison diffusée en 2022. Les émissions de <em>dating</em> participent de cette façon à une forme de régulation morale de l’expression du sentiment amoureux et continuent à diffuser des modèles amoureux qu’elles contribuent à normaliser et légitimer.</p>
<p>Enfin, soulignons que tout comme les comédies romantiques, les <em>soaps operas</em> ou les <em>telenovelas</em>, les émissions de <em>dating</em> invitent finalement les femmes à surinvestir le terrain de l'amour. Que ce soit alors du côté des téléspectatrices, qui constitue la principale cible des diffuseurs, ou du côté des participantes, qui derrière l'écran occupent un rôle important dans la réactualisation des fantasmes liés à la conjugalité hétérosexuelle. Fantasmes qui dans une société qui demeure profondément patriarcale, semblent encore résister à l'érosion.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204157/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aziliz Kondracki ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que le mythe de l’amour romantique semble avoir du plomb dans l’aile, les émissions de « dating » rencontrent un succès qui ne se dément pas. Comment expliquer ce paradoxe ?Aziliz Kondracki, Doctorante en anthropologie, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1998092023-02-13T20:38:32Z2023-02-13T20:38:32ZSans Valentin, ou l’avènement du « post-amour »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/509750/original/file-20230213-20-n9amuo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=63%2C45%2C5951%2C3967&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le « post-amour » c’est l’avènement d'une valse-hésitation très contemporaine. </span> <span class="attribution"><span class="source">Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La Saint-Valentin est devenue un événement commercial et médiatique incontournable, servi par un cadre romantique bien marketé. Pour autant, comment croire encore à « l’amour-toujours » en 2023 ? Le couple post #MeToo traverse une zone de turbulences peu commune, et bien des certitudes amoureuses se trouvent <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/reinventer_l_amour-9782355221743">remises en question</a>. Je propose ici de d'explorer une nouvelle hypothèse : vivons-nous à l'ère du « post-amour » ?</p>
<p>Notre époque a accouché du « post-amour », hybride sentimental et sexuel d’un genre nouveau. « Post-amour » ? La nouvelle forme du sentiment amoureux, caractérisé par la <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/reinventer_l_amour-9782355221743">fin des certitudes et des idéaux</a> qui ont défini l’amour comme <a href="https://www.fondationderougemont.org/ouvrages/lamour-et-loccident/">récit majuscule de l’Occident</a>, aux origines mythologiques et religieuses, romanesques et morales. Le « post-amour » est surtout un sentiment ressenti par celles et ceux vivant l’amour tout en hésitant sur ses formes, son genre, son avenir. Il est transitoire, flexible, <a href="https://www.editions-observatoire.com/content/Dating_Fatigue">désillusionné</a>. Il est clair qu’il percute de plein fouet la Saint-Valentin, ses clichés, son business sulpicien et son romantisme mièvre.</p>
<p>Ce « post-amour » fait son lit dans le terreau de l’individualisme, de la judiciarisation des rapports de genres, de la nouvelle guerre des sexes et de la « confusion des sentiments » caractérisant l’époque.</p>
<h2>Le « post-amour », valse-hésitation et « rêve party »</h2>
<p>Le « post-amour » c’est l’avènement de cette valse-hésitation, sur fond de « je t’aime moi non plus » et de « Fuir le bonheur avant qu’il ne se sauve » selon les chansons-prophéties de Gainsbourg ; ou encore de la sublime « Brandt rhapsodie », fredonnée par Benjamin Biolay et Jeanne Cherhal. Leur duo, en forme de slam entêtant, raconte une histoire d’amour – rencontre, passion, désamour et séparation – sur fond de Post-its collés de-ci de-là, et montre <a href="https://theconversation.com/saint-valentin-pourquoi-quelques-mots-valent-mieux-quune-rose-rouge-199749">combien le langage trahit nos affects</a>. En clair, tout est bien qui finit mal. Les Rita Mitsouko nous avaient prévenus : « les histoires d’amour finissent mal, en général… ». C’est un amour mis à distance, disséqué, analysé, théorisé, espéré, détesté, autant qu’espéré, secrètement. Combien de séries, de films, de pièces de théâtre, de spectacles de stand up ont fleuri depuis une vingtaine d’années sur le thème « c’est compliqué ».</p>
<p>Dans son essai <em>La fin de l’amour</em>, la <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/la-fin-de-l-amour-eva-illouz/9782021430349">sociologue Eva Illouz</a> propose la notion féconde de « relations négatives », pour caractériser ces histoires avortées dès leur genèse. Rangeons-y ces couples qui secrètent les conditions de la rupture très vite, entre ressentiment, hypersensibilité, exigences trop élevées et fatalisme voire cynisme assumé. Elles sont pléthore, « ces relations négatives » voyant leurs protagonistes saborder consciencieusement ce qui aurait pu donner « quelque chose de bien ensemble », mais qui s’avère mort-né. Car des pressions convergentes sabotent le couple, le font imploser de l’intérieur, en mode Blitzkrieg, ou de guerre lasse. En tout cas, selon Illouz toujours, « elles n’évoluent pas vers une forme sociale stable mais sont appréciées pour leur caractère éphémère et transitoires : elles sont pratiquées malgré les pertes et les souffrances qu’elles provoquent ».</p>
<h2>Récit de soi et réflexivité</h2>
<p>Saint-Valentin ? Pensons-en ce jour aux millions de célibataires, pour qui l’amour est un espoir, mais le couple un <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-ex-ologie-une-vie-de-celibataire">repoussoir</a>. Et sont désormais régulièrement de retour sur le marché du célibat des individus qui, auparavant, seraient restés unis, puisque leurs relations étaient cimentées par les institutions et les conventions.</p>
<p>Internet et les applis constituent en fait un immense second marché de la rencontre, le <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-applications-de-rencontre-nous-deshumanisent-elles-184672">rendez-vous des naufragés du cœur</a> et des parcours de vie compliqués qui aspirent à (se) reconstruire, en se recomposant. Ou « à s’éclater » en cumulant.</p>
<p>Sur le <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/les_nouvelles_lois_de_l_amour-9782707198945">« Net sentimental »</a>, on parle énormément de ses peines, de ses déceptions, de ses blessures, et bien sûr, de ses espoirs. Finalement, on s’y raconte bien plus encore qu’on ne s’y rencontre. Sur les sites de rencontre, on parle beaucoup et l’on écrit plus encore. Cet espace est tout à la fois un exutoire, un atelier d’écriture collectif, le refuge des « obsédés textuels » qui jettent là l’encre permettant de fixer un peu l’expérience intime de leurs dérives, de leurs naufrages, d’îles désertes et de moments fastes aussi, ceux durant lesquels le corps exulte, ou les cœurs s’exaltent.</p>
<p>Certains se complaisent dans ce récit de soi, sur fond de blessures, de fantasmes et d’aspirations. Ce qui pourrait relever de l’intime, ordinairement dit sur le mode de la confidence à des proches, est très vite mis en mots et jeté à Toile ouverte. Sans par ailleurs que l’on sache si c’est vrai ou si c’est du storytelling, permettant de mieux « se vendre ».</p>
<p>Le « post-amour » induit une impitoyable réflexivité de tout ce qui est donné à vivre, ensuite théorisé, disséqué, partagé, commenté. <em>L’Obs</em> a su tirer le parti de ce besoin de parole. Ainsi, la rubrique numérique <a href="https://www.nouvelobs.com/les-series-de-rue89/20220511.OBS58333/324-nuances-de-tinder-surprise.html">« Tinder Surprise »</a>, adaptée en de savoureuses <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/RC-019644/l-amour-a-ses-reseaux/">pastilles vidéo sur Arte</a>, permet l’expression cathartique de plans souvent foireux, juxtaposition de bien des bizarreries sexuelles et séquences tellement exotiques que la chose prête à rire, et déjà de soi.</p>
<p>La matrice technologique console, épanche, elle sert de déversoir, de défouloir, mais aussi de terrain de jeu et d’espace de séduction tous azimuts. Et combien sont-ils à avouer avoir une revanche à prendre sur les hommes (ou les femmes), et sur la vie ? On croise en ligne pléthore de personnes blessées du cœur, qui surfent entre sentiments et ressentiment, qui sont des « post-amoureux ».</p>
<p>Le post-amour, c’est l’amour du fast sex et du « polygaming », c’est l’amour des « cumulards du cœur », qui adorent les comédies sentimentales autant qu’ils aimaient la série « Bref ». Ils utilisent ces technologies relationnelles que sont les sites et les applis avec pragmatisme, espoir et désillusion. L’amour est plus aveugle que jamais, et on navigue à vue. Mais le « fast sex » uberisé a un GPS intégré, et il est rarement question de s’attarder – ce ne serait d’ailleurs <a href="https://theconversation.com/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-leconomie-des-sites-de-rencontres-sans-jamais-oser-le-demander-140490">pas dans l’intérêt</a> desdites applications.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/geoffrey-chaucer-et-les-origines-litteraires-de-la-saint-valentin-153346">Geoffrey Chaucer et les origines littéraires de la Saint-Valentin</a>
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<p>Aux distorsions imposées au romantisme comme cadre idéologique, s’ajoutent les troubles introduits dans les rapports de genres et aussi la conscience diffuse que le couple est devenu une denrée périssable. On rejoint là <a href="https://www.gallimardmontreal.com/catalogue/livre/amour-liquide-de-la-fragilite-des-liens-entre-les-hommes-bauman-zygmunt-9782841566020">« l’amour liquide » du philosophe Zygmunt Bauman</a>. Avec toujours une perception duale de tout cela : le côté radieux du caractère facile, décomplexé, de rencontres possiblement standardisées, mais aussi l’intuition de la duplicité probable des uns et des autres. Un jeu de poker menteur, où l’as de pique ressort plus souvent que l’as de cœur.</p>
<p>Certains doivent désormais aussi composer avec la crainte d’être considérés à tort comme des harceleurs sexuels, ou d’avoir des comportements inappropriés, dans une société post-#MeToo qui ne transige plus – heureusement – avec la notion de consentement et les <a href="https://usbeketrica.com/fr/comment-le-applis-de-rencontre-luttent-elles-contre-les-cyber-violences-sexuelles">violences dans les rapports de genre</a>, sachant que les réseaux sociaux exhument d’abord, et relaient ensuite.</p>
<p>Enfin, ces millions de célibataires ne peuvent ignorer les pesantes prescriptions sanitaires qui enjoignaient il y a peu encore de se tenir à bonne distance, de se méfier de toute promiscuité, et donc de l’intimité, possiblement dangereuse. Ceci complexifie encore la donne relationnelle. La carte du Tendre, en 2023, est parsemée d’embûches nouvelles, qui rendent la quête plus difficile encore. Saint-Valentin pour beaucoup, sans Valentin pour un grand nombre aussi, pour qui cette soirée particulière évoque Tantale plus que Vénus ou Cupidon !</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1091&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1091&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1091&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1371&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1371&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/509811/original/file-20230213-22-fteoz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1371&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pascal Lardellier est l’auteur de <a href="https://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/saimer-a-lere-des-masques-et-des-ecrans/">« S’aimer à l’ère des masques et des écrans »</a> (L’Aube, 2022).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199809/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Lardellier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Saint Valentin ? Pensons en ce jour aux millions de célibataires pour qui l’amour est un espoir, mais le couple, parfois, un repoussoir.Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1991262023-02-13T20:37:09Z2023-02-13T20:37:09ZLe polyamour, entre « bricolage » au quotidien, communication et critique sociale du couple<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507899/original/file-20230202-7442-x2e5wd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C432%2C5155%2C2932&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les relations polyamoureuses se fondent sur une communication permanente entre les partenaires.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pixel-Shot</span></span></figcaption></figure><p>On souhaite peut-être qu’il en soit autrement, mais le sentiment de l’amour n’est pas universel ; il est tributaire des normes de la société dans laquelle nous vivons. Notre conception actuelle de l’amour est en partie <a href="https://www.fayard.fr/pluriel/letrange-histoire-de-lamour-heureux-9782818500057">héritée du romantisme du XIXᵉ siècle</a>.</p>
<p>Ainsi, le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/couple-30520">couple</a> binôme tel qu’il est envisagé dans l’amour romantique se pense comme la rencontre entre deux individus, destinés à vivre ensemble. De cette idéologie, découle une vision de la relation amoureuse standard : un couple hétérosexuel liant deux personnes tombées amoureuses au premier regard, après s’être croisées dans la vraie vie et non sur une <a href="https://journals.openedition.org/lectures/34477">application de rencontre</a>. Celle-ci valorise un couple stable, cohabitant, <a href="https://theconversation.com/lideal-du-couple-parental-mis-a-mal-par-la-rupture-124563">qui souhaite avoir des enfants</a>, dont les partenaires sont engagés dans des <a href="https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2011-3-page-59.htm">rapports à visée égalitaire</a> et pratiquent une <a href="http://www.epel-edition.com/publication/239/surveiller-et-jouir.html">sexualité dite conventionnelle</a>.</p>
<p>Dans la réalité, on sait pourtant que les usages <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2017510/COUFAM15e_D4_Parcours-conjugaux.pdf">s’écartent de ce modèle</a>.</p>
<p>Plus théoriquement, ensuite, les fondements idéologiques du couple binôme ont été questionnés, notamment par les utopistes et révolutionnaires, au nombre desquels on peut citer Charles Fourier (1772-1837) ou Alexandra Kollontaï (1872-1952) ainsi que, plus récemment, <a href="https://journals.openedition.org/sociologie/9599">par les féministes des années 70</a>.</p>
<h2>Des relations émotionellement impliquantes</h2>
<p>Ce que l’on désigne aujourd’hui par polyamour constitue, pour ceux qui le pratiquent, l’une des alternatives possibles au modèle du couple. Cette alternative consiste à entretenir plusieurs relations amoureuses, émotionnellement impliquantes, sans dissimuler ses multiples liens à ses partenaires.</p>
<p>En ce sens, elle se distingue de la relation adultère (avec mensonge au partenaire « trompé »), des relations amicales et sexuelles sans mise en couple, des couples « ouverts » ou « libertins » (dans lesquels les relations extraconjugales sont plutôt envisagées comme des activités sexuelles, souvent dépourvues de sentiment amoureux).</p>
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<p>Dans le cadre d’une recherche sociologique menée sur cette forme de non-monogamie en France, j’ai suivi, de 2020 à 2022, une quinzaine de « cafés poly » se déroulant pour certains en présentiel à Paris et en région, pour d’autres en distanciel. Au sein de ces groupes de paroles mensuels, 15 à 30 personnes concernées se retrouvent pour échanger dans un cadre qui se veut bienveillant.</p>
<p>À ces observations participantes s’ajoute une analyse de contenus en ligne (essentiellement des blogs, des forums de discussion, des comptes Instagram, des témoignages audio ou vidéo) ainsi qu’une quinzaine d’entretiens, réalisés avec des personnes concernées, et au cours desquels nous avons échangé sur leur trajectoire affectivo-sexuelle.</p>
<h2>« Un truc qui nous ressemble vraiment »</h2>
<p>Le polyamour revêt de multiples formes. Il peut s’agir d’un couple « socle » sur lequel se greffent des relations périphériques, d’un « trouple » (un « couple » de trois personnes), de relations plurielles non hiérarchisées, cohabitantes ou non, etc. Les modalités du lien s’inventent en fonction des configurations.</p>
<p>Ainsi, à l’instar de toutes les pratiques affectives s’édifiant dans les marges, l’une des caractéristiques de ce type de relation réside dans la part de bricolage qu’elle suppose.</p>
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<p>« On a expérimenté, comme tous les gens, on est dans cette expérience » (Inès, 45 ans, une relation de couple stable, une relation amoureuse en construction, une relation amicale et sexuelle)</p>
</blockquote>
<p>Au-delà, les polyamoureux et polyamoureuses cherchent à donner à leurs relations des formes qui leur correspondent.</p>
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<p>« On construit un truc qui nous ressemble vraiment, là ouais, vraiment ! On fait quelque chose qui est à notre image et qui nous ressemble. » (Inès)</p>
</blockquote>
<h2>Distance critique et éthique</h2>
<p>L’un des plus célèbres guide pratique du polyamour s’intitule <a href="https://blogs.mediapart.fr/edition/aux-lecteurs-et-lectrices-emancipe-es/article/130521/l-ethique-des-amours-plurielles-de-dossie-easton-et-janet-w-ha"><em>La salope éthique</em></a>. Ceci paraît emblématique du fait que chez les personnes polyamoureuses, la distance critique et réflexive à l’égard de l’amour conjugal conventionnel implique un attachement de premier plan à l’éthique.</p>
<p>« Honnêteté », « bienveillance mutuelle », « intégrité » figurent, à cet égard, parmi les valeurs cardinales auxquelles Deborah Taj Anapol, psychologue clinicienne américaine, consacre plusieurs sections de <a href="https://archive.org/details/polyamorynewlove0000anap"><em>Polyamory. The New Love Without Limits</em></a>, son ouvrage précurseur.</p>
<p>Au cours de nos échanges, l’une des organisatrices d’un « café poly » en ligne explique, qu’à ses yeux, le polyamour,</p>
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<p>« c’est la possibilité de relations plurielles dans un cadre éthique. Ça […] veut dire grossièrement : je prends soin de moi, je prends soin de l’autre et je tiens compte de l’autre, de ses émotions et je prends soin de ma relation avec elle ou lui et des relations de manière générale. »</p>
</blockquote>
<p>Le souci porté à soi et à l’autre se retrouve aussi dans le fait que les partenaires cherchent à tisser des liens affectifs les reconnaissant comme des êtres multiples et désirants.</p>
<h2>Potentielles situations conflictuelles</h2>
<p>Ce type de relation délivre de la nécessité de combler la totalité des attentes de l’autre – ce qui prévaut dans un couple classique, configuration dans laquelle l’autre est à la fois partenaire économique, sexuel, ami, co-parent, etc. En cela, le polyamour s’éloigne de la vision romantique d’un alter ego.</p>
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<p>« J’adore Clara, elle est drôle et avec elle, j’aime plein de trucs, mais on peut pas aller au ciné ensemble. Elle parle tout le temps, elle mange, elle bouge. Elle n’est pas cinéphile du tout. »
(Matthieu, 44 ans, une relation régulière, des « plans d’un soir »)</p>
</blockquote>
<p>Comme dans n’importe quelle relation inter-indivuelle, mésententes et dissensions se manifestent parfois. Le fait même de multiplier le nombre de partenaires peut alors rendre les situations conflictuelles, ce dont ont témoigné certaines des personnes au cours de ma recherche.</p>
<p>Il n’est pas surprenant, dès lors, que le mot « communication » revienne si souvent concernant les manières de résoudre les conflits.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507905/original/file-20230202-2164-ussmzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="source">GoodStudio</span></span>
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<p>« Ça va se faire dans l’échange et la communication. En écoutant l’autre, ses besoins et ses ressentis. En laissant de la place pour la parole. »
(Claire, 42 ans, en couple stable, des relations ponctuelles sur quelques mois)</p>
</blockquote>
<h2>Contribuer au mouvement de transformation de la société</h2>
<p>En cherchant à entretenir des relations riches, singulières et calquées sur leurs propres attentes, en plaçant les sentiments et les émotions au centre de leur vie, les polyamoureux et polyamoureuses souhaitent ainsi contribuer, à leur manière, au mouvement de transformation de la société.</p>
<p>À ce sujet, mon travail de terrain confirme les observations réalisées par d’autres universitaires à l’étranger (Suède, Angleterre, États-Unis).</p>
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<p>« Si ton modèle théorique il est complètement claqué, ta remise en question, c’est bullshit. Si c’est juste une question de communication non-violente, on va rapidement régler le problème (rires). Il faut tout prendre à bras le corps, ce sont des problèmes bien plus structurels. » (Clémence, 28 ans, en couple stable, une relation amoureuse, une relation amoureuse en construction)</p>
</blockquote>
<p>Comme le montre par exemple la sociologue américaine Elisabeth Sheff, le polyamour est rarement le « first step outside of the box » : il s’inscrit dans un style de vie <a href="https://rowman.com/ISBN/9781442253100/The-Polyamorists-Next-Door-Inside-Multiple-Partner-Relationships-and-Families">globalement critique à l’égard des oppressions et des privilèges</a> (blancs, masculins, hétéronormés, capitalistes, etc.).</p>
<p>Qui, dans notre société, peut s’autoriser à consacrer un temps significatif au sentiment amoureux ? Qui est en mesure, au quotidien, de mettre des mots sur ses émotions ? Qui peut entretenir plusieurs relations amoureuses aussi riches et denses que souhaitées ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507902/original/file-20230202-10513-iwyq0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des adeptes du polyamour défilent lors de la gaypride de Toronto (Canada), en juin 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shawn Goldberg</span></span>
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</figure>
<p>Dans leur grande majorité, les personnes rencontrées au cours de ma recherche ont fait des études supérieures, sont férues de culture, participent à la vie associative, sont engagées politiquement (dans des syndicats, des collectifs féministes ou en faveur de l’écologie, etc.) et exercent des professions qui leur permettent de disposer de temps.</p>
<p>Le polyamour concernerait donc plutôt une population <a href="https://www.jstor.org/stable/24713313">politisée, éduquée</a>, et <a href="https://www.forewordreviews.com/reviews/loves-not-color-blind/">plutôt non racisée</a>.</p>
<h2>Un « travail acharné » pour toutes et tous ?</h2>
<p>Le « travail acharné » que nécessite le polyamour – pour reprendre le concept de « hard work » <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09589236.2022.2098094">que l’anthropologue Rahil Roodsaz a développé à l’issue d’un travail de recherche mené aux Pays-Bas</a> ne semble cependant pouvoir concerner qu’une minorité de personnes.</p>
<p>Il n’existe que très peu de données quantitatives sur le polyamour, néanmoins, Jennifer Rubbin et ses coauteurs estiment que seule 4 à 5 % de la population des États-Unis <a href="https://journal-fuer-psychologie.de/article/view/324/355">est concernée par la non-monogamie consensuelle</a>.</p>
<p>En France, où peu de recherches sont menées sur ce sujet, l’Étude des parcours individuels et conjugaux (Epic) menée par l’Ined et l’Insee en 2013-2014 indique que 71 % des 25-65 ans considèrent <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-173.htm">que l’on ne peut pas être amoureux de plusieurs personnes à la fois</a>. Le modèle du couple binôme a la vie dure.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199126/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphanie Tabois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Aux antipodes de la quête d’un unique alter ego, héritée de l’amour romantique, le polyamour revêt des formes multiples. Ses adeptes placent la communication au centre des relations.Stéphanie Tabois, Sociologue et anthropologue, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1966412022-12-19T15:18:12Z2022-12-19T15:18:12ZLes serpents ont un clitoris<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/501397/original/file-20221215-21-nnxaqr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1899%2C1260&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La découverte de ce qui semble être un clitoris fonctionnel offre une nouvelle perspective sur l'accouplement des serpents.
</span> <span class="attribution"><span class="source">(Luke Allen)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les serpents ont un clitoris – et, pour la première fois, nous en avons donné une description anatomique complète.</p>
<p>Dans <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2022.1702">notre étude</a>, publiée dans la revue scientifique <em>Proceedings of the Royal Society B</em>, nous décrivons la taille et la forme du clitoris (ou hémiclitoris) des serpents chez neuf espèces.</p>
<p>Nous avons également étudié de près la composition cellulaire du clitoris des couleuvres de la mort australiennes (<em>Acanthophis antarcticus</em>), et constaté qu’il était composé de tissu érectile et de faisceaux de nerfs.</p>
<p>La découverte de ce qui semble être un clitoris fonctionnel offre une nouvelle perspective sur l’accouplement des serpents.</p>
<h2>Trouver le clitoris des serpents</h2>
<p>Dans le cadre de ses recherches doctorales, notre étudiante Megan Folwell, de l’Université d’Adélaïde, avait disséqué des spécimens de serpents dans des musées. Elle est tombée sur une structure en forme de cœur dans la queue de la femelle, nichée entre deux glandes odorantes, qu’elle pensait être le clitoris (ou l’hémiclitoris, comme on l’appelle chez les serpents). Comme elle n’était pas certaine, elle m’a demandé d’y jeter un coup d’œil.</p>
<p>Comme j’avais également certains doutes, nous avons contacté Patricia Brennan du Mount Holyoke College aux États-Unis, qui est une experte de l’évolution des organes génitaux chez les vertébrés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une animation montrant un dessin filaire de la moitié inférieure du corps d’un serpent avec le clitoris mis en évidence" src="https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500876/original/file-20221213-151-bqi4g7.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le clitoris du serpent est une structure en forme de cœur, située dans la queue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Folwell et al</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En y regardant de plus près, nous avons constaté qu’il s’agissait d’une structure pleine de globules rouges et de tissu nerveux, comme on pourrait s’y attendre pour un tissu érectile. Cela suggère qu’il s’agit bien du clitoris, qui peut gonfler et être stimulé pendant l’accouplement.</p>
<p>Nous avons ensuite examiné neuf espèces différentes de serpents représentant les principales branches de l’évolution. Toutes avaient un clitoris, bien que la taille et la forme variaient.</p>
<h2>Pourquoi ne le savions-nous pas déjà ?</h2>
<p>Chez toutes les espèces, historiquement, les chercheurs ont accordé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35353194/">beaucoup</a> <a href="https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1001851">moins</a> d’attention aux organes génitaux féminins que ceux des mâles.</p>
<p>De plus, il est difficile d’avoir un bon aperçu des organes génitaux des serpents. Toutes les structures sont internes à la queue du serpent, pour la plupart, bien que le pénis du serpent (ou hémipénis) se gonfle pour l’accouplement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=788&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=788&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500912/original/file-20221214-13-kq7mqq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=788&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le clitoris d’une vipère de la mort australienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Folwell et al</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le pénis des serpents a fait l’objet de nombreuses recherches, mais le clitoris des serpents a été oublié.</p>
<p>Bien qu’il existe des rapports antérieurs, la plupart se réfèrent en fait à des lézards, ou décrivent par erreur le pénis ou les glandes odorantes, ou encore ne comportent que de vagues descriptions sans références anatomiques. Des études portant sur des espèces chez lesquelles les individus hermaphrodites sont relativement courants ont accentué cette confusion.</p>
<p>Cependant, nous avons montré que le clitoris du serpent, bien qu’il partage ses origines développementales avec le pénis, est très différent de ce dernier – et notre description anatomique détaillée devrait permettre d’éviter ce type de confusion à l’avenir.</p>
<h2>Un élément crucial de l’anatomie</h2>
<p>Chez d’autres espèces, nous savons que le clitoris a des <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/articleSelectSinglePerm?Redirect=https%3A%2F%2Fwww.sciencedirect.com%2Fscience%2Farticle%2Fpii%2FS0065345420300012%3Fvia%253Dihub&key=22f7498e0cabf6da1cbf5bbec791b299065c7bd7">fonctions importantes</a> dans la reproduction.</p>
<p>De nombreux scientifiques ont supposé que les serpents femelles n’avaient pas de clitoris, et donc aucune capacité d’excitation. Il a donc généralement été présumé que l’accouplement chez les serpents est en grande partie une question de mâles contraignant les femelles.</p>
<p>Mais un élément crucial de l’anatomie était absent de cette conversation. Notre découverte suggère que l’excitation féminine – et une certaine forme de séduction – pourrait jouer un rôle.</p>
<p>Nous avons encore beaucoup à apprendre. Il se peut que les variations du clitoris d’une espèce à l’autre soient corrélées aux comportements de parade nuptiale et d’accouplement et nous aident à comprendre comment les femelles choisissent leurs compagnons.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196641/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jenna Crowe-Riddell ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La première description du clitoris des serpents pourrait changer ce que nous pensons savoir sur l’accouplement et la parade nuptiale chez les reptiles rampants.Jenna Crowe-Riddell, Postdoctoral Researcher in Neuroecology, La Trobe UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1748912022-01-18T18:29:13Z2022-01-18T18:29:13ZLa gestion de l’argent au sein du couple, un reflet de la conception d’une relation amoureuse<p>L’argent reste généralement, dans l’idéal collectif, décorrélé du sujet de l’amour. Pourtant, comme le soulignait le poète <a href="https://citations.ouest-france.fr/citation-charles-baudelaire/malheureusement-bien-vrai-sans-loisir-24398.html">Charles Baudelaire</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Il est malheureusement bien vrai que, sans le loisir et l’argent, l’amour ne peut être qu’une orgie de roturier ou l’accomplissement d’un devoir conjugal. »</p>
</blockquote>
<p>La gestion des finances dans le couple apparaît comme un sujet délicat, probablement parce qu’il s’agit d’un aspect directement lié à <a href="https://academic.oup.com/jcr/article-abstract/45/2/298/4756471?redirectedFrom=fulltext">l’intimité</a> de la relation. Selon la sociologue Janine Mossuz-Lavau, en France « l’argent est <a href="https://www.cairn.info/revue-dialogue-2008-3-page-15.htm?contenu=article">encore plus tabou que la sexualité</a> ».</p>
<p>Dans <a href="https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre-2021-1-page-13.htm">nos travaux</a>, nous avons voulu aborder cette boîte noire de la prise de décision des conjoints en identifiant les facteurs d’influence qui expliquent les modes de fonctionnement des couples en matière de gestion des finances. Le thème est loin d’être anecdotique dans la mesure où des conflits liés à l’argent émergent souvent dans les couples, pouvant déboucher sur des <a href="https://www.financialplanningassociation.org/article/journal/MAY17-tightwads-and-spenders-predicting-financial-conflict-couple-relationships">séparations et des divorces</a>.</p>
<h2>Liberté, égalité, ou fraternité</h2>
<p>La gestion financière du couple touche en effet à <a href="https://journals.openedition.org/rccs/6467">différentes décisions quotidiennes</a> ayant trait à l’argent comme l’épargne, les investissements et les dépenses courantes. Dès le premier rendez-vous d’un couple, des règles commencent à s’établir entre les partenaires qui vont poser les premières pierres à l’édifice de la relation : l’addition est-elle partagée ou payée par l’un d’eux ? Puis, les <a href="https://www.persee.fr/doc/caf_2101-8081_2011_num_105_1_2617">routines mises en place</a> dès la première cohabitation façonnent le mode de gestion de l’argent du couple qui s’inscrit dans le temps.</p>
<p>Un aspect important concerne le choix du <a href="https://journals.openedition.org/terrain/3530">mode d’organisation des comptes bancaires</a>. Selon l’Insee, seulement <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281044">3 couples sur 5</a> environ optent pour un fonctionnement en compte commun uniquement, acceptant ainsi que toutes les entrées d’argent soient partagées au sein du ménage. Parmi les nombreux couples qui rejettent ce mode de fonctionnement en commun en matière d’argent, environ la moitié utilisent des comptes séparés, et l’autre moitié optent pour un mode mixte combinant des comptes individuels avec un compte joint. Mais qu’est-ce qui pousse les couples à privilégier une organisation plutôt qu’une autre ?</p>
<p><iframe id="UgWq6" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/UgWq6/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Dans une étude en cours, nous montrons que la façon dont les couples organisent leurs comptes bancaires et leurs dépenses est le reflet de leur conception d’une relation amoureuse. Les motivations des individus concernant leur choix de gestion de l’argent peuvent se traduire, en écho à la devise de la République française, par le triptyque <a href="https://www.vie-publique.fr/dossier/276089-liberte-egalite-fraternite">« liberté, égalité, fraternité »</a>.</p>
<p>Les couples qui optent pour un compte commun sont le plus souvent dans une logique d’idéal fusionnel et refusent d’adopter une logique comptable au sein de leur relation avec leur partenaire. Ainsi, un des répondants interrogés explique :</p>
<blockquote>
<p>« Quand on s’est mis ensemble, on a décidé de tout penser à deux et de tout partager et de ne pas commencer à compter chaque petit centime. Pour moi, s’aimer c’est tout mettre en commun dont l’argent ! »</p>
</blockquote>
<p>Les couples qui optent pour des comptes individuels cherchent généralement à garder leur indépendance financière, à s’offrir une certaine autonomie décisionnelle, et à limiter les difficultés en cas de séparation future. À ce dernier sujet, une répondante indique d’ailleurs :</p>
<blockquote>
<p>« Mon compte personnel me permet de penser à moi, de faire des achats que j’aime et que mon partenaire n’aime pas forcément. Et puis finalement, de ne pas discuter pour un oui ou pour un non pour la moindre petite chose dont j’ai envie. »</p>
</blockquote>
<p>Le mode de gestion des comptes bancaires retenu reflète donc les valeurs qui caractérisent chaque couple. Les comptes individuels sont fréquemment associés à des notions d’indépendance et de liberté, alors que les comptes communs sont liés à la recherche de solidarité et de partage, faisant écho à la fraternité. Enfin, la quête d’égalité guide vers une répartition proportionnelle des dépenses, en intégrant des disparités de revenus.</p>
<h2>Un « non directeur financier » plus exposé</h2>
<p>La prise de décision du couple en matière de gestion des finances peut refléter l’exercice de relations de pouvoir entre conjoints et générer des sentiments d’<a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0192513X19891463">insatisfaction</a>. Plusieurs répondants ont évoqué ainsi un sentiment d’injustice ou un système imposé par leur conjoint qui ne leur convient pas.</p>
<p>De façon surprenante, le mode de gestion financière évolue relativement peu au cours du temps au sein du couple, même si un des partenaires le demande explicitement. Cette tendance peut s’expliquer par la difficulté de remettre en cause le contrat de départ, tacite ou officiellement discuté entre les conjoints. En conséquence, les partenaires doivent veiller à ce que leur point de vue soit pris en compte sur le plan financier dès les premières phases de leur relation amoureuse.</p>
<p>Des <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/parler-d-argent-pour-mieux-continuer-a-s-aimer-20211107">échanges formels entre les conjoints</a>, visant à prendre en compte les valeurs de chacun et trouver un terrain d’entente bénéfique pour le couple, apparaissent donc être une condition sine qua non pour une relation équilibrée.</p>
<p>Mieux comprendre les modes d’organisation des couples autour de l’argent peut aider à proposer des solutions visant à améliorer le <a href="https://www.lefigaro.fr/actualite-france/couple-et-argent-les-comptes-separes-sont-ils-la-cle-du-bonheur-20210129">bien-être</a>, à accompagner le <a href="https://www.pleinevie.fr/conso-argent/budget/quel-budget-pour-bien-vieillir-a-la-retraite-8209.html">bien vieillir</a> et à renforcer les compétences individuelles en matière de gestion financière pour les partenaires les plus vulnérables lors de périodes difficiles (maladie ou décès du conjoint, chômage, divorce, etc.).</p>
<p>À ce dernier sujet, le <a href="https://academic.oup.com/jcr/article/45/5/1013/4985189">« non directeur financier »</a> d’un ménage, c’est-à-dire le partenaire qui préfère se décharger des décisions relatives à l’argent sur son conjoint, va être particulièrement exposé lors de ces étapes de vie délicates. Aussi, des entreprises spécialisées en gestion de patrimoine, comme <a href="https://groupe-quintesens.fr/actualite/protection-du-conjoint-retraite-et-solution-de-financement-etude-cas">Quintésens</a>, proposent aux couples d’analyser leur situation financière afin d’identifier la solution d’accompagnement la plus adaptée pour préparer la retraite et protéger le conjoint survivant. Le secteur bancaire, à l’instar de <a href="https://www.fortuneo.fr/cote-finances/decryptage-epargner-a-deux-et-epargner-pour-deux-160318">Fortuneo</a>, fournit également des conseils personnalisés pour épargner à deux en fonction du statut matrimonial.</p>
<p>La gestion des finances des couples peut aussi se caractériser par de <a href="https://academic.oup.com/jcr/article/47/1/1/5610529">l’infidélité financière</a>, lorsqu’un des partenaires cache volontairement des informations financières à son conjoint. Si cet aspect est associé à des comportements à risque, comme, par exemple, les jeux d’argent, il apparaît important que des solutions réglementaires d’accompagnement soient proposées afin d’éviter que le ménage se retrouve dans une situation financière trop délicate et nuisible au bien-être des partenaires. Des <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F790">mesures d’urgence légales</a>, à la demande d’un des époux, comme interdire de vider un compte bancaire, restent ainsi possibles.</p>
<p>Appréhender les différents contours de l’organisation pratique des couples français permet, par ailleurs, de nourrir le débat public en matière de politiques sociales. Le débat sur la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) à l’Assemblée nationale à l’automne 2021 en est un exemple frappant. Une <a href="https://lcp.fr/actualites/handicap-l-assemblee-repousse-une-nouvelle-fois-la-deconjugalisation-de-l-aah-92085">députée</a> membre de la Commission des affaires sociales, sous-entendant une conception du couple où une mise en commun totale des ressources s’opère, a ainsi expliqué :</p>
<blockquote>
<p>« Nous pensons que l’individualisation de l’AAH remettrait en cause l’ensemble de notre système socio-fiscal qui est fondé sur la solidarité familiale, conjugale et nationale. »</p>
</blockquote>
<p>Or, la prise en considération de <a href="https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre-2021-1-page-13.htm">l’hétérogénéité des modalités de gestion des finances</a> par les couples apparaît centrale pour les accompagner de façon réaliste et pertinente au cours du temps et selon les différents challenges de vie possibles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174891/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le compte commun traduit une logique d’idéal fusionnel, tandis que le choix de conserver des comptes individuels exprime la volonté de conserver une certaine autonomie décisionnelle.Sarah Benmoyal Bouzaglo, Maitre de conférences, Université Paris CitéCorina Paraschiv, Professeur en sciences de gestion, Université Paris CitéMaïva Ropaul, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1679232021-09-23T20:17:05Z2021-09-23T20:17:05ZBonnes feuilles : « Femmes d’élus, sociologie d’un second rôle »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/421597/original/file-20210916-23-mpom6n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C3%2C1753%2C1355&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Emmanuel Macron et Brigitte Macron visitant le cimetière national d'Arlington aux Etats-Unis.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/arlingtonnatl/40969701274/in/photolist-25qmqPU-2gd9kqU-26rAsMY-2gd98ef-2gd9ydY-2gd988Z-21aQnd3-2ga21PY-2h6tbJ2-2h6QwNJ-2h6teMG-2h6vM5M-2h6v3pk-2gd9m1C-2gd8TRg-2jMx5HU-25avc38-23MgfHC-26wV9er-25qmt7E-2h6tbCa-VrAiem-2c9u9Jw-2c9u9ff-2bRVcGD-Wygzpm-VSZ1VJ-2dfFT4y-Wygzyj-FxRK8f-Puj1o2-29d9bzX-2ffUW9u-NsPCdb-Ww9Pkz-WX1KGD-2jC88Lz-2cSGAWx-Wydg9u-VrAdXq-NrzfpA-2jMzpXG-2jMAfq4-2jMzpSw-2jMvSiT-2jMvSjQ-2jMvTk2-2jMvSmU-2jMzq1h-2jMAfjY">Arlington National Cemetery/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>A l’orée d’une nouvelle campagne présidentielle, certains candidats à l’élection n’hésiteront pas à dévoiler une partie de leur vie privée afin de construire et présenter un récit familial séduisant. Christelle Gris, chercheuse associée au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne publie en septembre 2021 <a href="https://www.editionsbdl.com/produit/femmes-delus-sociologie-dun-second-role/">Femmes d’élus. Sociologie d’un second rôle</a> aux éditions Le Bord de l’eau. Au-delà de la communication politique, elle analyse dans cet ouvrage le rôle essentiel et méconnu que jouent les conjointes d’hommes politiques dans la carrière élective de ces derniers. En nouant concepts issus de la sociologie de la famille et de la sociologie politique, Christelle Gris brise l’image de l’élu coupé de ses attaches privées et sans affects tout en mettant en lumière l’importance de ces femmes impliquées de fait dans la vie politique. Extraits choisis.</em></p>
<hr>
<p>Bien que le mouvement de « peopolisation » de la vie politique révèle l’imbrication des sphères publique et privée des élus les plus professionnalisés, les travaux sur le métier d’élu continuent pourtant de reposer, de manière essentiellement implicite, sur un principe plutôt inverse. Selon un postulat tacite, la professionnalisation politique s’accompagnerait d’une séparation entre les scènes domestiques et les scènes politiques : plus la professionnalisation serait avancée et plus cette distinction serait stricte comme je le montre dans un article à paraître prochainement, « Repenser la frontière public/privé dans le processus de professionnalisation. L’exemple de l’implication des conjointes d’élus au cours de la carrière élective ».</p>
<h2>Les hommes politiques, jamais vraiment seuls face au pouvoir</h2>
<p>De même que les recherches en science économique se fondent largement sur l’hypothèse d’un entrepreneur rationnel et déconnecté de tout entourage d’influence, la science politique a en effet longtemps alimenté le mythe de l’homme politique solitaire, coupé de toutes attaches privées ou de tout cercle d’appui professionnel. Ce n’est que très récemment que la discipline s’est tournée vers l’étude des « entourages politiques », entendus comme l’ensemble des personnes qui, par la fréquentation de l’élu, participent de façon directe ou indirecte à l’activité politique. C’est toutefois uniquement sous l’angle de la <a href="http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=3466">sociologie du travail</a> que ces <a href="https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?gcoi=27246100058410">« entourages »</a> sont <a href="https://www.academia.edu/31965437/Courty_Guillaume_Dir_Le_travail_de_collaboration_avec_les_%C3%A9lus_Paris_Michel_Houdiard_%C3%A9diteur_2005">analysés</a>.</p>
<p>L’ouverture de ce nouveau champ d’investigation n’a donc pas encore permis d’engager une étude spécifique des « entourages privés » : le rôle de la famille n’est tout au plus qu’évoqué et à la condition que ses membres soient des collaborateurs rémunérés.</p>
<p>Surtout, leur présence ne remet pas en cause le postulat initial d’une stricte séparation public/privé au cours de la professionnalisation politique : même lorsque l’imbrication des deux sphères est finalement constatée par des auteurs, elle est interprétée comme une limite à la professionnalisation politique, sans jamais remettre en question l’hypothèse de base.</p>
<p>Dans une telle perspective, il apparaît donc impossible d’envisager le soutien des conjointes comme un des moteurs de l’ascension élective. Si l’élu est dépeint seul dans la conquête et l’exercice du pouvoir, il est en plus souvent présenté dans les <a href="https://journals.openedition.org/lectures/1797">recherches</a> comme un individu calculateur et cynique.</p>
<p>Aussi, les émotions et l’amour peinent à trouver une place dans les analyses. La prise en compte des affects et des relations conjugales n’est pourtant pas dénuée d’intérêt lorsqu’il s’agit de comprendre des trajectoires d’engagement : même dans un univers concurrentiel ou dans un contexte de rationalisation des pratiques par leurs acteurs, la sociabilité et le soutien affectif demeurent importants dans la construction d’une carrière.</p>
<p>Les <a href="https://www.cairn.info/revue-politix-2014-3-page-143.htm">travaux</a> récents consacrés aux cas spécifiques des militants engagés en couple dans un même parti politique ou pour une même cause en donnent déjà quelques illustrations : la division sexuelle du travail politique au sein de ces couples, les usages stratégiques des relations matrimoniales au sein de l’univers politique ou encore la gestion conjugale des ambitions électives sont autant de thématiques désormais appréhendées afin de restituer plus finement les carrières politiques de ces couples et de témoigner d’un brouillage entre la sphère domestique et la sphère privée. (Pour une perspective historique des « conjugalités » en politique, voir <a href="https://www.cairn.info/revue-parlements-2019-2-page-141.htm">ce numéro de Parlement(s)</a>.)</p>
<h2>La famille, une question réservée aux femmes élues</h2>
<p>Mais si la contribution des conjointes à la carrière politique demeure aujourd’hui encore largement inexplorée dans les travaux scientifiques, c’est sans doute également en raison de l’attention tardive de la science politique française aux études de genre. Un renouveau des approches n’est en effet observé que depuis les années 2000, selon quatre axes de développement mis en exergue par Catherine Achin et Sandrine Lévêque, dans leur ouvrage <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/femmes_en_politique-9782707147417">Femmes en politique (2006)</a> : l’accès des femmes à la citoyenneté (droit de suffrage, comportements électoraux) ; les femmes dans les politiques publiques (définition des politiques familiales, de l’emploi, etc.) ; l’engagement des femmes dans les mouvements sociaux et les partis politiques ; les femmes et le métier politique (leur sous-représentation au-delà de la « loi sur la parité » ; l’apprentissage de leur rôle d’élue et les usages du genre en politique).</p>
<p>Ces deux derniers domaines d’analyse traitent des entourages familiaux ; mais les responsabilités domestiques qui pèsent sur les femmes y apparaissent surtout comme un facteur explicatif de leur moindre participation à la vie politique : afin de s’engager dans des fonctions électives, les femmes délèguent nécessairement tout ou partie du travail domestique à leur conjoint, voire à une aide extérieure. Les difficultés d’articulation entre vie politique et vie familiale se traduisent alors par une surreprésentation des femmes élues célibataires et/ou sans enfants à charge par rapport à leurs homologues masculins.</p>
<p>En plus du travail domestique, les différentes formes, ou plus précisément les différents degrés, de soutien affectif du conjoint de militantes sont également mis en évidence pour éclairer l’engagement des femmes (voir notamment le travail pionnier mené dans les années 1970 aux États-Unis par Jeane J. Kirkpatrick, dans lequel elle identifie quatre idéaux types de positionnements des époux à l’égard de la carrière de leur femme, du plus encourageant au plus réfractaire. Pour une traduction française, et une comparaison avec la situation canadienne, voir l’<a href="https://www.pulaval.com/produit/le-parlementarisme-canadien-6e-edition">ouvrage</a> de Manon Tremblay et Réjean Pelletier).</p>
<p>Ainsi, <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/sp/2009-sp04855/1064231ar/">Yannick Le Quentrec</a> identifie deux idéaux types de couple à partir de dix-sept portraits de maris de militantes (politiques ou syndicales). Dans le premier modèle, présenté comme dominant, la division traditionnelle des tâches au sein du couple entrave l’engagement de la femme : le conjoint reproche à la militante une désertion de l’espace privé, tout en ne participant lui-même que faiblement au travail ménager. Dans le second modèle en revanche, c’est notamment à la faveur d’un partage plus égalitaire des tâches domestiques que la militante peut s’autoriser un investissement politique ou syndical plus marqué.</p>
<p>Si ces recherches ouvrent une réflexion sur les fonctions tenues par les conjoints dans les entourages politiques, elles reposent trop souvent sur une vision essentialiste des rapports sociaux de sexe – qui croise insuffisamment le sexe et la classe – et/ou se focalisent sur les femmes élues. Dès lors, les comparaisons avec les hommes élus sont limitées voire absentes des raisonnements de sorte que la méthodologie mise en œuvre empêche bien souvent de saisir le <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2005-2-page-51.htm">rôle des conjointes</a> : les hommes élus sont rarement interrogés au sujet de leur vie familiale alors que les femmes élues le sont systématiquement. Il est en effet désormais acquis que la vie privée influence davantage la carrière politique des femmes que celles des hommes. À ce titre, certains <a href="https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_2002_num_43_1_5476">auteurs</a> observeraient dès lors, chez les « hommes publics », une « tendance à militer sans compter et à cloisonner les sphères publique et privée » puisqu’ils sont dégagés des contraintes ménagères.</p>
<h2>La contribution <em>des</em> femmes d’élus</h2>
<p>Quelques travaux viennent toutefois apporter certaines nuances à ces constats. C’est le cas notamment de la <a href="https://www.pulaval.com/produit/le-parlementarisme-canadien-6e-edition">recherche</a> menée par Manon Tremblay et Réjean Pelletier sur les parlementaires québécois. Selon eux, certes « la vie familiale exerce une influence plus manifeste sur la carrière politique des femmes que sur celle des hommes ; [mais] la vie privée intervient aussi dans la réflexion des hommes de s’engager en politique et, comme leurs collègues féminines, ils jouissent alors de l’aval de leur conjointe dans la très grande majorité des cas ».</p>
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<img alt="Couverture du livre Femmes d’élus, sociologie d’un second rôle. Un élu politique vêtu d’une écharpe tricolore monte les marches d’une mairie accompagné de sa femme" src="https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=836&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=836&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=836&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1051&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1051&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421617/original/file-20210916-13-1hgdo0l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1051&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ce texte est issu de Femmes d’élus, sociologie d’un second rôle, qui vient de paraître aux éditions Le Bord de l’eau.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Mais si l’entourage familial est ici considéré comme un appui déterminant dans la carrière politique des hommes, ce soutien n’est pas pour autant analysé : il n’est finalement que suggéré. Tout se passe alors comme si les femmes d’élus s’inscrivaient dans un modèle unique de réaction et de soutien à l’engagement de leur conjoint : une approbation, ou du moins un accommodement, de l’entrée en politique et une prise en charge mécanique et uniforme de la sphère privée.</p>
<p>Si tant est qu’il soit envisagé, le soutien de la femme à la carrière politique de l’homme est donc réduit, de manière plus ou moins explicite, à des pratiques homogènes et immédiatement consenties en raison d’évidentes contraintes de genre.</p>
<p>Pourtant, les <a href="http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=3708">travaux sur l’intersectionnalité</a> ont depuis longtemps montré que le genre variait en fonction des propriétés sociales des agents.</p>
<p>C’est pourquoi la contribution <em>des</em> femmes à la carrière politique – et non de « la » femme – mérite d’être examinée au cours d’une étude spécifique. En plus de contribuer à combler un vide scientifique relatif et d’affiner les analyses amorcées dans les recherches sur les femmes en politique, ce travail permet d’éclairer sous un nouvel angle les conditions d’exercice du métier politique.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.editionsbdl.com/produit/femmes-delus-sociologie-dun-second-role/">« Femmes d’élus. Sociologie d’un second rôle »</a>, de Christelle Gris, parution en septembre 2021 aux éditions Le Bord de l’eau.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christelle Gris ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au-delà des clichés sur les conjointes d’élus, Christelle Gris analyse dans son dernier ouvrage, avec les outils de la sociologie, l’importance méconnue de ces femmes dans le champ politique.Christelle Gris, Sociologue, chercheuse associée, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1590852021-04-26T17:11:07Z2021-04-26T17:11:07ZLes rénovations peuvent briser des couples… voici comment éviter le pire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/396407/original/file-20210421-13-iry3be.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=45%2C9%2C5961%2C3998&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le printemps et l'été sont les saisons les plus populaires pour les rénovations. Pour ne pas y laisser son couple, il est important d'établir des règles avant de commencer. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Après un an de télétravail et de confinement, pour récupérer de l’espace – au sens propre comme au figuré – plusieurs personnes <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/covid-home-renovations-1.5856136">se sont lancées dans des projets de rénovation</a>, ce qui peut être pénible pour la vie de couple. Alors que s’amorce la haute saison des rénovations, voici quelques règles de base pour renforcer les fondations de son couple avant de commencer.</p>
<p>L’augmentation de l’espace habitable, l’aménagement d’un bureau à domicile ou l’amélioration de la cuisine peuvent certes atténuer la pression que la pandémie a exercée dans les foyers et sur les familles. Or le processus de rénovation <a href="https://www.psychologytoday.com/ca/blog/life-after-50/201811/renovation-and-couples-conflict">met aussi les relations à l’épreuve</a> et peut ajouter un stress sur des conjoints qui ploient déjà sous le poids de l’année écoulée.</p>
<p>La croissance des travaux de rénovation est réelle. Les entrepreneurs en construction et les architectes affirment recevoir jusqu’à cinq fois plus d’appels par jour qu’avant la pandémie. Et selon une récente <a href="https://abacusdata.ca/home-renovations-covid-19/">enquête d’Abacus Data</a>, 44 % des ménages canadiens ont effectué ou prévoient effectuer des rénovations cette année. La plupart disent qu’ils font ces travaux pour se sentir plus à l’aise dans leur maison.</p>
<p>Parallèlement, les <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/ottawa/couples-counselling-covid19-1.5557110">téléphones sonnent également plus souvent dans les bureaux de consultation matrimoniale et de droit de la famille</a>, car un nombre croissant de personnes cherchent de l’aide professionnelle pour préserver ou être accompagné dans une séparation.</p>
<p>« Les couples subissent toute une série de stress – garde d’enfants, gestion du ménage, défis personnels, problèmes dans la relation – et la tension est montée d’un cran pendant la pandémie », explique <a href="https://tribecatherapy.com">Matt Lundquist, thérapeute à New York</a>. Il pense que si le stress de la pandémie n’est peut-être pas la cause des problèmes conjugaux, il révèle des fissures déjà présentes.</p>
<h2>Le fossé se creuse</h2>
<p>Les rénovations peuvent contribuer à creuser davantage un fossé déjà présent dans la relation, car les couples doivent faire face à des tensions financières, à des perturbations prolongées de leur quotidien et à des tonnes de petites décisions – partant du budget disponible pour l’aménagement du sous-sol jusqu’au choix des poignées pour les nouvelles armoires de cuisine.</p>
<p>Le processus peut amplifier les conflits inhérents à la <a href="https://doi.org/10.9790/1684-1305064448">prise de décision, les habitudes de communication malsaines et les tensions latentes dans les relations</a>.</p>
<p>Ces tensions sont visibles sur <a href="https://www.reddit.com/r/relationship_advice/">Reddit</a>, où des utilisateurs désespérés cherchent des conseils pour résoudre les conflits liés à la rénovation avec leur partenaire.</p>
<p>On y retrouve des commentaires tels que « nous rénovons et nous nous disputons tellement que j’ai peur que notre relation ne s’en remette jamais » et « la rénovation prend beaucoup plus de temps que prévu, BF le prend personnellement lorsque j’essaie d’accélérer le processus. Nous sommes à un point de rupture ».</p>
<p>Gloria Apostolu, architecte principale chez <a href="https://www.postarchitecture.com/">Post Architecture</a> à Toronto, hésite un instant lorsqu’on lui demande comment les couples gèrent les exigences liées aux nombreuses décisions à prendre lors d’une rénovation. « Chaque client a son talon d’Achille », dit-elle. « Et ce n’est jamais là ou l’on s’y attend ».</p>
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<img alt="Avant et après une rénovation de maison" src="https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=560&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=560&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/394578/original/file-20210412-15-e54mhy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=560&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les rénovations de maison sont en hausse pendant la pandémie, mais leurs répercussions négatives le sont aussi.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>Différents points de rupture</h2>
<p>Certains des clients d’Apostolu n’arrivent pas à s’entendre sur le carrelage. D’autres s’obstinent devant le prix d’une porte d’entrée ou sont dépassés par l’obligation de choisir un type de robinet pour la salle d’eau du rez-de-chaussée, et ce avant même que l’entrepreneur n’arrive pour démolir.</p>
<p>Prendre des décisions importantes en couple, explique de son côté Matt Lundquist, exige des compétences avancées, comme de savoir peser le pour et le contre, évaluer le niveau de risque acceptable et être capable de décider sous pression.</p>
<p>Il faut aussi ce qu’il appelle de la relationalité – écouter et être ouvert, attendre son tour, faire preuve d’empathie et s’efforcer de comprendre le point de vue de son partenaire, même si l’on n’en voit pas la logique ou si l’on n’est pas d’accord avec lui.</p>
<p>« Il est extrêmement difficile de ne pas réagir lorsque notre partenaire dit quelque chose avec laquelle nous ne sommes pas d’accord ou qui ne correspond pas à nos attentes », explique Matt Lundquist. Ce qui nourrit vraiment une relation, ajoute-t-il, c’est l’ouverture et l’empathie envers son partenaire. Il faut tenter de comprendre ce qui l’amène à penser ainsi et résister à la tentation de le faire taire ou de contre-argumenter avant d’avoir bien saisi son point de vue.</p>
<p>D’un autre côté, il rencontre souvent des partenaires qui, en essayant de maintenir la paix, ne sont <a href="https://www.quickanddirtytips.com/health-fitness/mental-health/let-go-resentment">pas assez fermes sur ce qu’ils veulent, ce qui peut aussi entraîner une insatisfaction et un ressentiment persistants</a>.</p>
<p>La dernière chose dont un couple a besoin, plaisante Lundquist, c’est de se retrouver assis côte à côte chaque soir dans une nouvelle pièce aménagée et coûteuse, mais remplie de regrets et de ressentiment.</p>
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<img alt="Famille de trois personnes faisant une rénovation" src="https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/394579/original/file-20210412-19-1wijd6o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Instaurer un mécanisme de résolution des conflits avant même de commencer est la meilleure approche pour une rénovation harmonieuse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<h2>L’honnêteté et pour une rénovation en douceur</h2>
<p>Il est nécessaire de faire preuve d’ouverture pour que la rénovation se déroule sans heurts, selon Gloria Apostolou. Elle suggère de mettre en place dès le départ un mécanisme pour résoudre les inévitables conflits qui surviendront. Il peut prévoir pour les conjoints de se relayer ou de donner un droit de veto à la personne qui occupe le plus cette partie de la maison. Par exemple, la personne qui cuisine le plus a le dernier mot sur les détails de la cuisine.</p>
<p>Selon elle, le plus important est de tout concevoir, sur papier, avant de commencer. « Ne précipitez pas le processus de conception. Vous ne voulez pas prendre des décisions qui sont plus coûteuses qu’elles ne l’auraient été si elles avaient été planifiées. »</p>
<p>L’approche sans surprise d’Apostolu lui a valu des éloges (<a href="https://www.houzz.com/professionals/architects-and-building-designers/post-architecture-inc-pfvwus-pf%7E847407266">cinq étoiles</a>) de la part de ses clients sur le site Web de décoration et d’amélioration de l’habitat Houzz.</p>
<p>L’un d’eux est celui de Stephanie Nickson, consultante en services financiers, et de son partenaire David Raniga, qui dirige maintenant son cabinet de massothérapie dans le sous-sol lumineux de leur maison récemment rénovée dans le quartier Wychwood de Toronto.</p>
<p>David Raniga dit que la partie la plus difficile du processus a été de vivre avec la difficulté de sa conjointe à prendre des décisions. Mais comme ils sont restés ouverts aux besoins de l’autre tout au long du processus et qu’ils s’en sont tenus à la vision et au budget établis au départ, ils disent être satisfaits du résultat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159085/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emily Waugh ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une architecte et un thérapeute partagent des conseils pour améliorer votre maison sans sacrifier votre relation.Emily Waugh, Dalla Lana Fellow, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1553402021-03-02T18:00:17Z2021-03-02T18:00:17Z50 ans et plus : du nouveau dans leur vie amoureuse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/387256/original/file-20210302-15-zuqpru.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C1200%2C695&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La vie sentimentale et conjugale des quinquagénaires est en train de se transformer.</span> <span class="attribution"><span class="source">Bertrand Guay/AFP</span></span></figcaption></figure><p>Les divorces et ruptures d’union sont devenus beaucoup plus fréquents depuis un demi-siècle, comme les remises en couple ensuite. Qu’en est-il pour les personnes de 50 ans et plus ? S’appuyant sur différentes sources, j’examine les différences de parcours conjugal que femme et hommes de 50 ans ont connu au fil des générations, ainsi que leur risque de rupture et de remise en couples au-delà de 50 ans.</p>
<p>Les classes nombreuses issues du baby-boom qui ont atteint 50 ans au XXI<sup>e</sup> siècle ont connu des histoires conjugales différentes des générations qui les ont précédées. Elles se sont moins souvent mariées, du fait de l’augmentation de la cohabitation à partir des années 1970, et leurs unions ont été plus souvent rompues et renouvelées.</p>
<p>Continuent-elles à se différencier au-delà de 50 ans ? Vont-elles connaître d’autres événements conjugaux aux âges avancés, formations de couple, ou ruptures ? La survenue de tels événements après 50 ans varie-t-elle selon l’histoire conjugale passée ?</p>
<h2>Des histoires conjugales différentes au fil des générations</h2>
<p>Il y a 20 ans, les personnes qui atteignaient l’âge de 50 ans avaient connu pour la plupart une <a href="https://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe1-2005-2-page-69.htm">seule union</a> : partenaires au sein d’un couple marié avec enfants, les époux franchissaient unis le cap du cinquantième anniversaire de l’un d’eux. À 50 ans l’état matrimonial des individus est plus diversifié aujourd’hui qu’il y a vingt ans (figure 1).</p>
<p>Alors qu’à cet âge 79 % des hommes et 75 % des femmes étaient mariés dans la cohorte née en 1945, ils ne sont plus que 57 % des hommes comme des femmes dans la cohorte née vingt ans après. On dénombre un peu plus de personnes divorcées mais surtout beaucoup plus de personnes jamais mariées (célibataires à l’état civil). C’est le cas de 30 % des hommes et 25 % des femmes pour la dernière génération observée, née en 1965.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384273/original/file-20210215-13-7hvqia.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">État matrimonial à 50 ans par cohorte de naissance.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">Anne Solaz/Population et Sociétés</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La majorité des personnes ayant le statut matrimonial de célibataire à 50 ans ont vécu une ou plusieurs unions cohabitantes. Ces unions non mariées sont toutefois plus difficiles à étudier que les unions légales. <a href="https://www.demogr.mpg.de/en/publications_databases_6118/publications_1904/mpidr_working_papers/harmonized_histories_manual_for_the_preparation_of_comparative_fertility_and_union_histories_3737">L’enquête</a> européenne Génération et Genre permet de reconstituer ces unions corésidentes, qu’il y ait eu mariage ou non, et qu’elles aient été fécondes ou non, et de comparer l’histoire conjugale de générations successives à plusieurs moments de leur cycle de vie. L’enquête française <a href="https://epic.site.ined.fr/">Epic</a> a permis d’actualiser les données pour les générations les plus récentes.</p>
<h2>Un tiers des quinquagénaires ont vécu au moins deux unions</h2>
<p>À 50 ans, la part des personnes ayant déjà rompu au moins une union co-résidente, cohabitante ou mariée, augmente de génération en génération. Les hommes nés entre 1926 et 1935 sont 4 % dans ce cas, ceux nés juste après-guerre, un quart, et ceux nés entre 1956 et 1964, plus d’un tiers (figure 2). Une évolution comparable s’observe pour les femmes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=835&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=835&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=835&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1049&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1049&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384276/original/file-20210215-17-16jomxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1049&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Proportion de personnes à 50, 60 et 70 anspar sexe et génération en France ayant connu une séparation d’une union corésidente.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">Anne Solaz/Population et Sociétés</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les individus sont également plus nombreux à avoir vécu en couple à plusieurs reprises. Parmi ceux nés dans les années 1930, seuls 4 % des hommes et 5 % des femmes étaient dans cette situation à 50 ans. Du fait des remises en couple, les proportions augmentent un peu ensuite avec l’âge, mais cela ne concernait encore qu’environ 8 % des hommes et des femmes à l’âge de 70 ans dans cette génération. Une grande majorité ne connaissait donc au cours de sa vie qu’une seule union corésidente, le plus souvent mariée. Le paysage est très différent pour les générations nées trente ans après, dans les années 1960 : un quart des hommes et des femmes de 50 ans ont déjà connu au moins deux unions.</p>
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<figcaption><span class="caption">Bande-annonce de « Pas si simple » (VOST).</span></figcaption>
</figure>
<p>Notons que si les proportions de personnes ayant déjà connu plusieurs unions à l’âge de 50 ans sont assez similaires pour les hommes et pour les femmes, les écarts entre sexes sont plus prononcés à 60 ans en raison d’une moindre probabilité de reformer une union au-delà de 50 ans pour les femmes.</p>
<h2>Des intentions diverses de former un couple tardivement…</h2>
<p>L’augmentation massive des séparations, associée à une moindre désapprobation sociale vis-à-vis des personnes séparées et divorcées, change les perspectives pour les plus de 50 ans qui peuvent plus facilement qu’auparavant reformer un couple après une rupture conjugale.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le divorce touche aussi les seniors.</span></figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, les intentions de former ou reformer une union pour les personnes vivant seules diminuent très vite avec l’âge au-delà de 50 ans (figure 3). Ainsi, 29 % des cinquantenaires interrogés en 2005 pensent probablement ou certainement reformer une union dans les 3 ans, contre 8 % des sexagénaires et seulement 3 % des septuagénaires. Ces intentions sont nettement plus fortes pour les hommes : 37 % des hommes entre 50 et 59 ans déclarent probablement ou certainement avoir l’intention de former une nouvelle union contre 24 % des femmes aux mêmes âges. Entre 70 et 79 ans, ils sont encore 10 % contre seulement 1 % des femmes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=534&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=534&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=534&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=672&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=672&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384280/original/file-20210215-21-zo5rqe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=672&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Intentions de former un couple corésident dans les trois ans, par âge et sexe, en 2005.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">Anne Solaz/2021</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les intentions de former une union sont aussi liées à l’histoire conjugale passée. Les personnes n’ayant jamais vécu d’union corésidente, hommes comme femmes, sont très peu désireuses d’en connaître une dans les trois prochaines années, soit parce qu’elles y ont renoncé, soit parce qu’elles ne l’ont jamais souhaité.</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">Le Hérisson – Bande-annonce.</span></figcaption>
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<p>À âge donné, les personnes seules suite au décès de leur conjoint sont également moins enclines à former une nouvelle union que les personnes dont la dernière union a pris fin suite à une rupture conjugale. C’est particulièrement vrai pour les femmes qui ne sont que 9 % à désirer reformer une union après le décès de leur partenaire (2 % certainement et 7 % probablement) dans les années à venir. Les hommes sont deux fois plus nombreux (18 %).</p>
<h2>… et des réalisations inégales pour femmes et hommes</h2>
<p>Les comportements observés confirment les intentions différenciées selon l’âge et le sexe. Former une union devient un événement de plus en plus rare au fil des âges (figure 4).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=565&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=565&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=565&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=709&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=709&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384282/original/file-20210215-19-m8yv0o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=709&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Probabilité de former une union corésidente après 50 ans selon le sexe et l’âge en 2017.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">Anne Solaz/Population et Sociétés</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les hommes seuls de 70 ans ont plus de deux fois moins de chances de reformer une union que les hommes de 50 ans, et cet écart est encore plus important pour les femmes qui ont presque cinq fois moins de chances de reformer une union à 70 ans qu’à 50 ans. Les hommes reforment plus fréquemment un couple à tous les âges que les femmes.</p>
<p>Ces écarts sexués se creusent avec l’avancée en âge : ils ont un quart de chances de plus à 50 ans, trois fois plus de chances à 73 ans, quatre fois plus à 86 ans. Il est difficile de dire si les différences d’intentions intègrent les plus faibles chances ou une volonté moindre de vivre en couple pour les femmes, qui ont peut-être « moins à gagner » que les hommes, du fait de la répartition inégale des tâches domestiques entre sexes au sein du couple, particulièrement marquée dans ces générations. À ces âges, elles pourraient préférer une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs12126-002-1015-z">relation conjugale</a> qui préserve leur autonomie, par exemple <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10680-017-9446-0">sans partage</a> du même toit, comme le montre Lewin dans plusieurs pays européens.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/vk0Sl0G6kH8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Est-ce possible de refaire sa vie à 60 ans, et plus ?</span></figcaption>
</figure>
<p>De plus le nombre de « partenaires potentiels » est de plus en plus déséquilibré selon le sexe avec l’avancée en âge. S’il existe à peu près autant d’hommes que de femmes de 50 ans vivant sans partenaire, on compte trois femmes sans partenaire pour un homme à 75 ans et cinq femmes pour un homme à 90 ans.</p>
<p>Cette asymétrie du « marché des unions » est accentuée par des écarts d’âges entre nouveaux partenaires à l’avantage des hommes, qui s’unissent avec des conjointes en moyenne plus jeunes qu’eux. Pour toutes ces raisons, les hommes ont effectivement nettement plus de chances que les femmes de former ou reformer une union à tous les âges.</p>
<p>Enfin, à âge donné, les personnes n’ayant jamais connu d’union à 50 ans sont celles qui ont le plus de chances de rester seules durant leur vieillesse, en raison d’un moindre attrait pour la vie conjugale ou de caractéristiques inobservées qui les rendent moins attractives comme un problème de santé par exemple. En revanche, les personnes séparées (après un mariage ou une cohabitation) sont en meilleure posture sur le marché des <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4263344">secondes unions</a> que les personnes veuves.</p>
<h2>Les divorces de seniors en hausse</h2>
<p>Les divorces sont moins fréquents avec l’avancée en âge. Toutefois, le nombre de divorces impliquant un homme ou une femme de plus de 50 ans a récemment beaucoup augmenté. En 1996, les divorces impliquant un homme de plus de 50 ans représentaient 17 % de l’ensemble des divorces, en 2016 ils en représentent 38 %. Pour les femmes, ces divorces représentaient 11 % du total des divorces en 1996 et 29 % vingt ans plus tard. L’augmentation relative est encore plus marquée si l’on considère les divorces impliquant un homme ou une femme de plus de 60 ans : leur part a triplé dans l’ensemble des divorces (tableau 1).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=351&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=351&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384284/original/file-20210215-19-rh3530.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=351&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Part des divorces de séniors parmi l’ensemble des divorces en 1996 et 2016 (%).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">Anne Solaz/Population et Sociétés</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette hausse des <a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/67/6/731/614154">divorces de seniors</a> (appelés par certains « divorces gris » – <em>grey/gray divorces</em> ou <em>silver splitters</em> –, en raison de la couleur des cheveux à ces âges), s’explique pour beaucoup par la taille des générations concernées, plus nombreuses, mais pas uniquement. La propension à divorcer continue à augmenter à ces âges alors qu’elle s’est stabilisée aux âges antérieurs, voire a décru pour les plus jeunes générations depuis les années 2000 (figure 5).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=601&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=601&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=601&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=755&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=755&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384283/original/file-20210215-17-1q6vjwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=755&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution du taux de divorce selon l’âge.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">Anne Solaz/Population et Sociétés</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Outre le pic des années 2005 et 2006, qui correspond à l’introduction d’une loi de simplification des procédures pour divorcer, effective début 2005, le divorce entre 50 et 60 ans poursuit donc sa progression pour les hommes comme pour les femmes.</p>
<p>Dans un contexte général de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2121566">baisse</a> de la propension à divorcer depuis les années 2000 en France, cette tendance à la hausse des divorces de seniors détonne. Elle a d’abord été mise en évidence aux États-Unis, mais est maintenant également bien observable en France. Il est difficile à ce stade de dire s’il s’agit d’un effet propre à l’arrivée de la génération des baby-boomers à ces âges avancés, ou si la hausse se poursuivra avec les générations suivantes lorsqu’elles atteindront à leur tour 50 ans.</p>
<hr>
<p><em>Ce texte est adapté de <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2021-2-page-1.htm">« La hausse des ruptures et des remises en couple chez les cinquante ans et plus »</a> publié dans Population et Sociétés n°586.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155340/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Solaz a reçu des financements de l'agence nationale de la recherche (ANR) pour son projet "Vieillir à deux" . </span></em></p>Coup d’œil sur la vie sentimentale et conjugale des quinquagénaires d’hier et d’aujourd’hui. Des schémas conjugaux qui se transforment et des différences en fonction du genre.Anne Solaz, Directrice de recherche, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1550822021-02-10T19:11:46Z2021-02-10T19:11:46ZVoyez-vous le meilleur ou le pire chez votre partenaire ? Tout dépend de la couleur de vos lunettes !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/383579/original/file-20210210-23-wwbo49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=75%2C21%2C7065%2C5247&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nos perceptions de notre partenaire agissent comme une paire de lunettes teintées qui colorent notre relation de couple.</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pour certains, la pandémie de Covid-19 est l’occasion de passer plus de temps ou de renouer avec son conjoint ou sa conjointe. Pour d’autres couples, le confinement a amplifié des difficultés relationnelles déjà présentes avant la pandémie, entraînant plus de stress et d’insatisfaction dans la relation.</p>
<p>Les ruptures, les divorces et même la violence domestique <a href="https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/tout-un-matin/segments/entrevue/339369/separation-couple-divorce-covid-confinement">ont augmenté</a> depuis le début de la pandémie.</p>
<p>Étant donné qu’avoir des relations stables et satisfaisantes <a href="http://dx.doi.org/10.1177/1745691614568352">est essentiel au maintien d’une bonne santé</a>, il est nécessaire de comprendre les causes de la détresse relationnelle et comment y remédier. C’est l’un des objectifs du laboratoire <em>Breaking Sad</em> de la <a href="http://dozoislab.com/#">Western University</a>. Les recherches menées dans ce laboratoire se concentrent sur la façon dont les pensées négatives contribuent à la dépression et influencent nos relations.</p>
<p>Nos études récentes suggèrent que les croyances que nous avons au sujet de nos partenaires peuvent être particulièrement déterminantes pour comprendre ce qui cause les relations dysfonctionnelles.</p>
<h2>L’importance des perceptions</h2>
<p>Lors d’une <a href="https://doi.org/10.1521/jscp.2018.37.5.356">étude récente</a>, nous avons constaté que les individus engagés dans une relation intime se créent une image mentale sophistiquée de leur partenaire. De plus, ces représentations sont stockées dans notre mémoire et <a href="https://doi.org/10.1016/j.cpr.2019.03.003">influencent la façon dont nous comprenons, interprétons et réagissons</a> aux paroles et actions de nos partenaires. Dans un sens, elles agissent comme une paire de lunettes aux verres teintés qui colorent l’expérience que nous vivons avec notre partenaire.</p>
<p>Lorsque l’image que vous avez de votre partenaire est positive (par exemple, vous la percevez comme une personne attentionnée, réfléchie et bien intentionnée), c’est comme si vous portiez une paire de lunettes roses. Vous serez plus enclin à interpréter ce que votre partenaire fait de manière plus positive ou à excuser plus facilement certains comportements : « Il n’a pas répondu à mon message texte parce qu’il était occupé en réunion. Je sais qu’il ne m’ignore pas et qu’il répondra dès qu’il en aura l’occasion ».</p>
<p>En revanche, si la représentation que vous vous faites de votre partenaire est en général négative (« Elle est égoïste et ne se soucie pas de mes besoins »), vous aurez peut-être tendance à voir ses actions à travers une paire de lunettes beaucoup moins roses. Vous pouvez penser : « Elle n’a pas répondu à mon message texte parce qu’elle m’ignore et ne se soucie pas de ce que j’ai à dire ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Homme regardant son téléphone" src="https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les pensées négatives à propos d’un partenaire affectent notre interprétation de ses gestes. Un message texte sans réponse sera perçu comme un manque de considération, par exemple.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Plus nous percevons les gestes d’un partenaire sous un jour défavorable, plus nos représentations négatives se consolident – et plus nos « verres teintés » s’assombrissent.</p>
<p>Ainsi, entretenir des pensées négatives à l’égard de notre partenaire peut nous mettre en colère, nous déprimer et nous amener à mal interagir avec lui ou avec elle, par exemple en critiquant ou en nous éloignant. En fin de compte, les deux partenaires se sentent insatisfaits et moins soutenus dans la relation.</p>
<p>Malheureusement, pour plusieurs personnes, les convictions positives à l’égard d’un partenaire, qui sont prédominantes au début d’une relation, <a href="https://books.google.ca/books/about/Love_Is_Never_Enough.html?id=-okmCV9PfKoC&redir_esc=y">ont tendance à devenir plus négatives avec le temps</a>. Le trait de caractère qui nous attirait autrefois devient souvent l’élément qui nous irrite le plus. Au début, nous trouvons sa spontanéité excitante, mais après un certain temps, nous pouvons aussi interpréter cette qualité comme un manque de planification et de fiabilité de sa part.</p>
<h2>Changer les pensées négatives</h2>
<p>Que faire si vous avez une image trop négative de votre partenaire de vie ? Comment pouvez-vous voir un peu plus clairement à travers les lunettes de votre couple ?</p>
<p>Vous pouvez d’abord faire l’effort conscient de vous appuyer davantage sur les faits lorsque vous réfléchissez à votre relation de couple.</p>
<p>Les recherches montrent que la <a href="https://books.google.ca/books/about/Mind_Over_Mood.html?id=omJwsphImoYC&redir_esc=y">réflexion fondée sur des faits</a> contribue de manière importante au bien-être psychologique. Ainsi, lorsque vous tentez de comprendre une situation, basez votre réflexion sur des preuves tangibles en constatant les faits plutôt que de vous fier aux pensées négatives qui surgissent immédiatement dans votre esprit.</p>
<p>Au lieu de tirer des conclusions hâtives et croire que votre partenaire est égoïste et ne se soucie pas de vous parce qu’il n’a pas rapporté de lait comme vous lui aviez demandé, faites une pause et posez-vous la question : qu’est-ce qui me prouve que mon partenaire est égoïste et ne se soucie pas de moi ? Sur quels faits puis-je m’appuyer pour soutenir cette idée ?</p>
<p>Non seulement cet exercice peut vous aider à vous sentir mieux sur le moment, mais il vous permettra de voir les choses un peu plus clairement et de réagir de manière plus appropriée aux gestes ou paroles de votre partenaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme souriante avec sa tête sur l’épaule d’un homme" src="https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Donner un câlin à son partenaire au lieu de le critiquer peut changer la façon dont vous le percevez.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unsplash</span></span>
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<p>En plus de changer la façon dont vous percevez votre partenaire, <a href="https://doi.org/10.1037/a0033823">il est important de changer les interactions que vous avez avec elle ou lui</a>.</p>
<p>Et, aussi difficile à croire que cela puisse paraître, changer la façon dont vous réagissez, en faisant un câlin à votre partenaire, par exemple, au lieu de le critiquer lorsqu’il arrive à la maison sans pinte de lait, peut modifier vos sentiments et vos pensées à son sujet. S’efforcer de créer des interactions positives avec son partenaire peut contribuer à changer les perceptions négatives que vous avez développées à son sujet au fil du temps ou à les empêcher de se développer.</p>
<p>Aujourd’hui, plus que jamais, alors que le stress est élevé et que les relations amoureuses sont sous tension en raison de la pandémie, il est important de faire tout le nécessaire pour entretenir nos relations les plus intimes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155082/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David J. A. Dozois a reçu un financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour les travaux liés à cet article. Il est membre du Comité consultatif médical et scientifique d'Otsuka Pharmaceutical. Le Dr. Dozois a également publié des livres sur la thérapie cognitivo-comportementale. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David J. A. Dozois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’image que l’on se fait de notre partenaire influence nos interactions et la façon dont nous interprétons ses comportements. La relation dépend de nos lunettes, qui sont sombres ou teintées de rose.Jesse Lee Wilde, PhD Student, Clinical Psychology, Western UniversityDavid J. A. Dozois, Professor of Clinical Psychology, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1532362021-01-20T20:12:37Z2021-01-20T20:12:37ZFemmes au foyer et fières de l’être : féministes ou « réac » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/379288/original/file-20210118-15-117qipz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C32%2C1196%2C765&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Passer du temps chez soi avec ses enfants ou seule: une autre façon de reprendre contrôle sur sa vie ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/783773">pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Récemment les <a href="https://www.courrierinternational.com/article/le-mot-du-jour-tradwife-ces-femmes-qui-pronent-le-retour-de-la-femme-au-foyer-traditionnelle">réseaux sociaux</a> ont mis en avant la notion de <a href="https://www.dailymail.co.uk/femail/article-7920179/Tradwife-admits-pretended-feminist-outside-world-meeting-husband.html">« tradwives »</a> femmes traditionnelles en français, expression aussi apparue dans la <a href="https://www.telegraph.co.uk/women/life/proud-tradwife-dont-regret-paid-wife-bonus-husband/">presse anglo-saxonne</a>.</p>
<p>Elle désigne des femmes qui choisissent, malgré leur(s) diplôme(s), de renoncer à leur emploi et de <a href="https://fr.style.yahoo.com/nous-avons-rencontre-des-tradwives-fieres-detre-femmes-au-foyer-et-devouees-a-leur-conjoint-132302002.html">rester au foyer</a>.</p>
<p>En réifiant ces comportements et en les assimilant à une idéologie anti-moderniste (<a href="https://www.theguardian.com/fashion/2020/jan/27/tradwives-new-trend-submissive-women-dark-heart-history">retour à la tradition</a>) et <a href="https://www.terrafemina.com/article/-tradwife-le-mouvement-reac-des-femmes-au-foyer-parfaites_a352141/1">anti-féministe</a> (contre la libération de la femme), une analyse trop hâtive risque de considérer ces comportements comme autant d’actes étranges et irrationnels dictés par une soumission automatique aux hommes.</p>
<p>Or, certains d’entre eux ne peuvent-ils être motivés par des choix complètement rationnels et motivés par une autre conception féministe de la vie ?</p>
<h2>Un voile de suspicion</h2>
<p>La presse qui traite de ces nouveaux modes de vie adopte jusqu’ici une perspective critique, visant à dévoiler les motifs – a priori irrationnels – de ces femmes, leurs souffrances, et la signification rétrograde de leur comportement.</p>
<p>Le phénomène est présenté comme un mouvement anti-féministe, voire même <a href="https://www.opendemocracy.net/en/countering-radical-right/tradwives-sexism-gateway-white-supremacy/">d’extrême droite</a>, valorisant le retour au foyer de fashionistas dévouées à la lessive, à l’époussetage et à la cuisine dans le seul but de plaire à leurs maris.</p>
<p>Les réseaux sociaux favorisent la visibilité de cette attitude en offrant un espace de témoignage pour les <a href="https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/usages-par-genre/tradwife-femmes-foyer-cuisine-mari/">tradwives blogueuses</a> rassemblées sous la bannière du <a href="https://twitter.com/hashtag/tradwife?lang=en">hashtag</a>.</p>
<p></p>
<p>Si anachroniques qu’ils puissent paraître, ces comportements s’inscrivent-ils tous dans un seul et même courant visant à détricoter les acquis d’une société moderne enfin libérée ? Le discours médiatique critique n’oublie-t-il pas de comprendre certaines raisons pouvant présider à des comportements hétérogènes ?</p>
<h2>Une réaction générationnelle</h2>
<p>Les femmes d’aujourd’hui sont les héritières d’un réel mouvement de libération sexuelle et professionnelle opéré entre les années 1970 et 1990. Elles connaissent depuis lors un meilleur accès aux emplois jusqu’alors réservés aux hommes : avocat·e·s, médecins, journalistes, architectes, ingénieur·e·s, élu·e·s politiques, professeur·e·s d’université, électricien·ne·s, fermières etc.</p>
<p>Les femmes des années 1970 et 1990 ont connu la croissance et la <a href="https://books.google.be/books?hl=en&lr=&id=oeLjvqx4WTUC&oi=fnd&pg=PA95&dq=Ir%8Fne+th%8Ery">mutation des modèles familiaux</a>. Plusieurs recherches prenant en exemple des femmes <a href="https://www.taylorfrancis.com/books/e/9781315201245">italiennes</a> et <a href="https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2017-1-page-71.htm">suédoises</a> ont ainsi montré comment certaines privilégiaient leur carrière à la maternité, par désir ou nécessité.</p>
<p>Et si ces deux générations post-baby-boomers constituent un modèle pour les femmes d’aujourd’hui, on observe que certaines d’entre elles donnent désormais la <a href="https://theconversation.com/tradwives-the-women-looking-for-a-simpler-past-but-grounded-in-the-neoliberal-present-130968">priorité à leur vie familiale</a>. S’opposent-elles par-là aux générations précédentes qui ont libéré leur accès au travail ?</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AuIhidC_U88?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">50 ans du MLF, INA.</span></figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, les configurations conjugales et du couple ont évolué, avec nombre de couples recomposés et de familles mono-parentales. Mais contrairement a ce qu’on pourrait croire, ces changements de modèles familiaux et l’accès libéré au monde du travail n’ont pas diminué l’importance primaire que les femmes (et les hommes) accordent à la famille dans leurs priorités de vie, comme le montrent des <a href="https://repositorio.iscte-iul.pt/bitstream/10071/4517/1/TrilogiaCIES03Ingles-MDG1.pdf">études européennes</a>.</p>
<p>D’ailleurs, on peut supposer que le choix de rester au foyer – posé par des femmes mais aussi par des hommes – est négocié au sein du couple, où la domination du <a href="https://www.researchgate.net/publication/236713262_Changing_Attitudes_toward_the_Male_Breadwinner_Female_Homemaker_Family_Model_Influences_of_Women%27s_Employment_and_Education_over_the_Lifecourse">« breadwinner »</a> n’est plus systématique, comme cela a davantage pu être le cas par le passé (l’homme qui soutenait la famille en termes économiques).</p>
<h2>Des carrières vécues différemment</h2>
<p>Les périodes d’engagements professionnels sont également plus courtes : on ne parle plus de carrière continue et linéaire et les contrats de travail sont de plus en plus flexibles, voire précaires.</p>
<p>Ces durées entre deux contrats de travail ou durant une reconversion professionnelle peuvent aussi être des périodes au foyer que certaines femmes (et hommes) peuvent vivre de manières différentes ; comme une période de reconstruction identitaire ou un <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociologie-2005-2-page-311.htm">« turning point »</a> (un moment décisif dans la vie de basculement vers autre chose) autant pour la vie professionnelle que personnelle.</p>
<p>De plus, les femmes ont peut-être un maigre et rare privilège par rapport à leurs homologues masculins : leurs congés parentaux ne subissent pas la pression des <a href="https://www.persee.fr/doc/caf_2431-4501_2016_num_122_1_3163?pageid=t7_76">stéréotypes masculins</a> qui continuent de persister. Prendre un congé parental ou de paternité reste encore un tabou dans un monde du travail vorace.</p>
<h2>Le refus de participer à des organisations voraces</h2>
<p>Aujourd’hui, les étudiantes sont majoritaires sur les bancs des <a href="https://op.europa.eu/en/publication-detail/-/publication/9540ffa1-4478-11e9-a8ed-01aa75ed71a1">universités européennes</a>. Mais une fois dans l’emploi, on observe la permanence <a href="https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal%3A209191/datastream/PDF_01/view">d’un plafond de verre et d’un « sol gluant</a> ». Cela signifie que de nombreuses femmes ne parviennent pas à gravir les échelons hiérarchiques et restent figées dans des statuts précaires et dans des emplois peu valorisés.</p>
<p>Elles peuvent donc accéder aux métiers hautement qualifiés, mais sont souvent pénalisées en termes de <a href="https://www.rtbf.be/info/economie/detail_egalite-hommes-femmes-dans-le-milieu-professionnel-les-promotions-toujours-un-peu-plus-destinees-aux-hommes?id=10673175">promotion</a>, de statut et de responsabilité. Nombreuses sont celles qui font face à divers obstacles en matière d’intégration dans leurs unités de travail et à une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0001839219832310">surcharge de travail accrue</a>.</p>
<p>Malgré les progrès forgés par les générations précédentes, le monde de travail reste encore fortement marqué par une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1474904117701143">logique masculine</a>. Et nombre d’hommes souffrent aussi de cette surcharge de travail à l’heure où la technologie et le télétravail brouillent la frontière entre vie privée et vie <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1474904117701143">professionnelle</a>.</p>
<p>Les travailleurs sont désormais tenus d’être joignables en tout temps et en tout lieu, de <a href="https://www.cairn.info/revue-negociations-2016-1-page-119.htm">répondre</a> en temps réel aux <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/acceleration-9782707154828">accélérations</a> des projets et aux ordres des clients et des actionnaires.</p>
<p>La <a href="https://www.lalibre.be/debats/opinions/l-ideologie-mobilitaire-51b8ba99e4b0de6db9bb09be">mobilité</a> est aussi devenue une norme exigeante.</p>
<p>L’expérience du travail peut alors entrer en tension avec diverses expériences familiales et personnelles (repos, jeunes enfants, parents âgés, proches souffrants, temps libre, etc.) et mener à des <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/souffrance-en-france-la-banalisation-de-l-injustice-sociale-christophe-dejours/9782020323468">souffrances</a> telles que le burn-out, <a href="https://www.rts.ch/info/economie/9972629-les-bullshit-jobs-le-brownout-ou-quand-le-travail-perd-tout-son-sens.html">brown out</a> (quand le travail perd son sens) etc. D’autant plus lorsque règnent sans partage les normes capitalistes de <a href="http://www.sciencepublishinggroup.com/journal/paperinfo?journalid=323&doi=10.11648/j.ash.20200602.13">productivité et d’omniprésence</a>.</p>
<h2>Une manière de dire non aux normes socio-économiques dominantes</h2>
<p>Si de plus en plus de femmes reviennent – temporairement au moins – au foyer, ne peut-on y voir un signe d’insatisfaction et de <a href="https://www.scienceshumaines.com/defection-et-prise-de-parole_fr_13077.html">défection</a> face aux normes socio-économiques dominantes, où la vie privée ne doit être qu’une variable d’ajustement ?</p>
<p>Par exemple, certaines femmes ayant quitté le monde universitaire indiquent avoir choisi de fuir des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03612759.1974.9946454">institutions voraces</a> qui exigent un engagement exclusif au travail, empiétant sur la vie de couple et de famille, le temps de loisirs et de qualité.</p>
<p>Là où des emplois à temps partiels (<a href="http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/3517/1/2002.02-08.2.pdf">réels et pas fictifs</a>) sont accessibles pour les femmes des classes moyennes et supérieures, une conciliation satisfaisante semble envisageable.</p>
<p>Ceci invite à considérer le retour au foyer comme un privilège réservé à celles qui peuvent se l’offrir… Notons par ailleurs que <a href="https://www.researchgate.net/profile/Andrea_Doucet/publication/242366828_It%E2%80%99s_Almost_Like_I_Have_a_Job_but_I_Don%E2%80%99t_Get_Paid_Fathers_at_Home_Reconfiguring_Work_Care_and_Masculinity/links/02e7e52a132277ff19000000.pdf">certains hommes</a> opèrent des choix similaires, mais sans les exposer sur le web.</p>
<h2>« Exit » et « Care » : deux attitudes critiques ?</h2>
<p>Que certaines femmes – et certains hommes – accordent la priorité à leur vie de famille et au <a href="https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/2517">« care »</a> constitue-t-il systématiquement un frein à leur épanouissement personnel et à leur pouvoir d’achat ? Certains de ces choix ne peuvent-ils être appréhendés comme une critique de la modernité avancée ?</p>
<p>Nous supposons qu’il existe une diversité d’expériences qui s’accommodent mal des stéréotypes et des hashtag réifiants de « tradwives ». Pour éviter de tomber dans le piège de la victimisation de ces femmes, pourquoi ne pas postuler que leurs choix sont le plus souvent collectifs et proposés par des individus intelligent·e·s et stratégiques ?</p>
<p>Certaines femmes posent ce choix pour une variété de raisons. Certaines pour sortir (<em>exit</em>) d’un monde du travail trop vorace qui les obligerait à sacrifier leur vie privée et parentalité. D’autres pour favoriser une réorientation professionnelle ou individuelle, permettant de passer aussi plus de temps au foyer.</p>
<p>Mais ces choix politiques restent associés à la fois à un privilège probablement réservé à la classe moyenne ou supérieure, en nécessitant des revenus alternatifs (travail à temps partiel, <a href="https://www.rtbf.be/info/economie/detail_coronavirus-la-popularite-du-teletravail-a-augmente-de-50 ?id=10606478">télétravail</a>, épargne, ou revenu partagé en couple), et à un monde de travail inadapté aux besoins familiaux et personnels. Des études scientifiques qui associeraient ces dimensions pour creuser la question de ce choix du retour au foyer sont nécessaires.</p>
<p>La prudence invite à ne pas généraliser les craintes relatives à ces choix de vie, tout en essayant de saisir la dimension critique des choix étudiés. En outre, ne poser le regard que sur les femmes sortant de la vie professionnelle constitue une problématisation genrée, ce qui va à l’encontre d’un regard féministe et critique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153236/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Farah Dubois-Shaik ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une analyse trop hâtive du phénomène des « néo » ménagères risque-t-elle de rater les raisons profondes de choix de vie aussi rationnels que politiques ?Farah Dubois-Shaik, Sociologue du genre, de l'éducation et de la diversité, Université de LiègeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1522612021-01-10T19:11:35Z2021-01-10T19:11:35ZVivre célibataire aujourd’hui, loin des idées reçues<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/376695/original/file-20201228-23-1qbab4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C0%2C1599%2C1065&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">The Lobster </span> <span class="attribution"><span class="source">Copyright Sony Pictures Home Entertainment</span></span></figcaption></figure><p>Si pendant longtemps on a pointé les célibataires du doigt, de la vieille fille au célibataire endurci, on s’aperçoit finalement que la vie en solo résulte parfois d’un choix.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-12-page-1.htm">Vivre célibataire</a> – ne pas ou ne plus être en couple – est une situation fréquente aujourd’hui et souvent même, renouvelée au cours de la vie. Quelles perceptions et quelles expériences en a-t-on, selon le milieu social ou le genre notamment ?</p>
<p>L’analyse de <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/vivre-celibataire-des-idees-recues-aux-experiences-vecues/">l’enquête Epic</a> sur les parcours individuels et conjugaux et d’entretiens approfondis auprès de célibataires éclaire, de façon parfois inattendue, la diversité des célibats contemporains et de leurs vécus.</p>
<h2>Vivre à deux, vivre heureux ?</h2>
<p>Dans l’enquête Epic, menée par l’Ined et l’Insee en France métropolitaine en 2013-2014, une personne sur cinq âgée de 26 à 65 ans déclarait ne pas être en couple (21 %) et une personne sur deux avait connu au moins un épisode de vie hors couple (d’un an ou plus) depuis sa première relation amoureuse importante. Fréquent, ce célibat concerne tout autant les hommes que les femmes (21 %).</p>
<p>Néanmoins, la vie à deux est très majoritaire entre 26 et 65 ans et elle reste le <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm">modèle</a> socialement valorisé. Les expériences rapportées par les célibataires ré-interviewés suite à l’enquête Epic en témoignent et convergent : quels que soient leur milieu social, leur sexe ou leur âge, leur histoire conjugale ou leurs aspirations, tous sont ou ont été incités par leur entourage à faire ou à refaire couple.</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">THE LOBSTER Bande Annonce (Cannes – 2015).</span></figcaption>
</figure>
<p>La vie à deux reste bel et bien la norme et le couple tient une place centrale dans les images sociales du bonheur. Un homme (36 ans, ouvrier, célibataire) explique ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« C’est ancré dans la société que, pour être heureux, il faut vivre à deux. »</p>
</blockquote>
<p>Des propos qui font écho à d’autres, comme ceux de cette femme (53 ans, cadre, séparée et mère d’un enfant) :</p>
<blockquote>
<p>« Je pense que les gens ont envie de vous voir heureux, votre famille et vos amis. Et donc, bien souvent dans la tête des gens, être en couple… enfin, être seul, c’est pas être heureux. »</p>
</blockquote>
<p>Pour autant, la vie célibataire n’est ni expérimentée, ni appréciée de la même façon par toutes et tous.</p>
<h2>Le sexe du célibat</h2>
<p>Les hommes se mettent en couple plus tard que les femmes ; ils sont plus nombreux à être célibataires lorsqu’ils sont jeunes. Inversement, les femmes entrent plus tôt dans la conjugalité, et en sortent plus précocement aussi.</p>
<p>Passée la trentaine, qui constitue un temps fort de la vie conjugale pour les deux sexes – le taux de vie hors couple est alors très bas – les séparations, les divorces et les veuvages n’affectent pas les femmes et les hommes de la même façon (figure 1).</p>
<p>À partir de la quarantaine, le taux de vie hors couple augmente pour les femmes sans jamais plus diminuer. Les parcours des hommes sont moins sensibles à l’âge. Moins touchés par le <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/cahiers/histoires-de-familles/">veuvage</a>, ils se remettent aussi plus souvent et plus rapidement en couple après une <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/cahiers/histoires-de-familles/">rupture</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=561&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=561&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=561&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/375677/original/file-20201217-21-3foa3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Source : figure reprise de Marie Bergström et Géraldine Vivier, 2020, Vivre célibataire : des idées reçues aux expériences vécues, Population et Sociétés, n° 584 https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-12-page-1.htm.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie Bergström et Géraldine Vivier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On le voit, au fil de la vie, célibats masculins et célibats féminins ne se ressemblent pas. Ils ne sont pas non plus appréciés de la même façon : certes, femmes et hommes célibataires déclarent en majorité que leur célibat est « un choix » (46 % des femmes et 34 % des hommes) ou que « sans être vraiment un choix, leur situation leur convient » (25 % des femmes et 28 % des hommes), mais les femmes sont plus affirmatives que les hommes qui, eux, sont plus nombreux à aspirer à une relation amoureuse importante (28 % contre 24 % des femmes) ou à souhaiter une ou des relations sans s’engager (7 % contre 4 %).</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/PxVV3rMDIe4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Peut-on être célibataires et heureux ? (Je t’aime etc.).</span></figcaption>
</figure>
<p>Ces résultats renouvellent le regard sur la vie célibataire et les aspirations qui l’accompagnent, très souvent observées – dans la recherche comme dans les médias – sous le seul angle du <a href="https://journals.openedition.org/genrehistoire/2382">célibat des femmes</a>, nous privant ainsi de la comparaison.</p>
<h2>Le célibat subi n’est pas là où on le croit</h2>
<p>La vie célibataire est plus courante dans les milieux modestes. C’est vrai pour les hommes et pour les femmes, bien que moins marqué pour ces dernières. De façon graduelle, les proportions de personnes hors couple diminuent lorsque l’on s’élève dans l’échelle sociale (figure 2). Ainsi, 29 % des ouvriers et 24 % des ouvrières sont célibataires, contre 13 % des hommes cadres et 18 % des femmes cadres.</p>
<p>De nouveau toutefois, la vie célibataire ne s’inscrit pas de la même façon dans les parcours des femmes et des hommes de milieux modestes. Les hommes célibataires ouvriers, employés ou agriculteurs sont plus nombreux à n’avoir jamais été en couple tandis que les femmes célibataires employées ou ouvrières célibataires ont, elles, plus souvent un passé conjugal, marqué par un veuvage ou un divorce. Autrement dit, on observe chez les hommes une différence sociale d’accès à la conjugalité, alors que chez les femmes, la différence s’exprime plutôt en termes de sortie de la vie conjugale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=627&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=789&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=789&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/375678/original/file-20201217-13-qiricu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=789&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure reprise de Marie Bergström et Géraldine Vivier, 2020, <em>Vivre célibataire : des idées reçues aux expériences vécues</em>, Population et Sociétés, n° 584.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie Bergström et Géraldine Vivier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Selon le milieu social, les appréciations portées sur le célibat contrastent aussi : les personnes employées ou ouvrières plus que les personnes cadres ou appartenant aux professions intellectuelles supérieures affirment que « c’est un choix » (43 % contre 33 %). Moins satisfaites de la vie célibataire, ces dernières déclarent davantage s’être – parfois ou souvent – senties exclues du fait de ne pas être en couple.</p>
<p>La moindre fréquence du célibat dans les classes supérieures semble coïncider avec une norme conjugale plus forte. Inversement, dans les classes populaires où la vie hors couple, la monoparentalité et le célibat définitif sont plus répandus, ces situations sont peut-être moins stigmatisées et excluantes. Ces différences de vécus et de perceptions de la vie célibataire sont particulièrement marquées chez les femmes.</p>
<h2>Prix et primes du célibat féminin</h2>
<p>Les ouvrières et les employées présentent beaucoup plus souvent leur célibat comme un choix (50 %) que les femmes cadres et professions intellectuelles supérieures (25 %). Elles considèrent aussi plus souvent que la vie hors couple « ne change rien » à leur vie de tous les jours (43 % contre 34 %) alors que les femmes cadres répondent davantage que le célibat rend leur quotidien « plus difficile » (42 % contre 30 %).</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">1975 : Qui sont les femmes célibataires ? | Archive INA.</span></figcaption>
</figure>
<p>Ces différences se renforcent encore lorsque l’on tient compte de la parentalité : les mères célibataires des milieux favorisés déclarent bien plus de difficultés associées à la vie hors couple que les mères ouvrières ou employées.</p>
<p>C’est donc dans les milieux modestes, et même en situation de monoparentalité – une situation que l’on sait <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2017508?sommaire=2017528">appauvrissante</a> – que les femmes s’accommodent le mieux de la vie hors couple.</p>
<p>De premier abord surprenant, ce résultat s’éclaire à l’aune des témoignages des femmes employées et ouvrières interviewées. D’abord lorsqu’elles soulignent la continuité de leur rôle et de leur travail, domestique et éducatif : avec ou sans conjoint, il leur faut « tout faire », « tout gérer ». Ensuite lorsqu’elles pointent l’autonomie de décision trouvée ou retrouvée dans la vie hors couple : seules, elles sont désormais libres de décider, certes sous contraintes mais sans comptes à rendre, des dépenses ou de l’éducation des enfants. La gestion de l’argent est emblématique de cette autonomie nouvelle.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/376167/original/file-20201221-23-4xguc0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une femme et ses enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pexels/Alex Green</span></span>
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</figure>
<p>Alors que l’inégale répartition du travail parental et ménager marque aussi la vie conjugale des femmes cadres, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281044">l’indépendance financière</a> des conjoints est plus grande dans les couples au statut social élevé. Gérer son budget sans avoir à négocier constitue donc une différence et un gain plus significatifs pour les femmes ouvrières et employées que pour les autres. Et c’est à cette liberté de décision, gagnée ou regagnée, qu’elles sont attachées.</p>
<h2>Refaire couple, autrement</h2>
<p>Vivre célibataire de façon satisfaisante n’exclut pas l’idée de (re)vivre en couple et déclarer que ne pas être en couple est « un choix », comme l’ont fait 40 % des personnes célibataires au moment de l’enquête Epic (en 2013-2014), ne signifie pas qu’il s’agisse d’un choix de vie, définitif.</p>
<p>Les choses ne sont pas figées et les remises en couple, fréquentes, en témoignent aussi. Deux ans après une rupture, plus de la moitié des personnes séparées se sont déjà <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2017508?sommaire=2017528">remises en couple</a>.</p>
<p>En revanche, ce qu’on observe de façon nouvelle, c’est que les périodes de vie célibataire – souvent négligées comme des « périodes creuses » où il ne se passerait rien – affectent bel et bien la façon d’envisager la conjugalité. Les expériences de vie célibataire changent la façon de faire ou de refaire couple. De ce point de vue, préserver son espace personnel apparaît comme un idéal fort, voire un enjeu, qui influence le fonctionnement et le type d’union envisagés (concubinage ou couple non cohabitant plutôt que (re)mariage, notamment).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/376195/original/file-20201221-19-7dpa2j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Parmi les personnes n’ayant connu aucune période de célibat (d’au moins un an) depuis leur première relation amoureuse, 49 % considèrent qu’« être en couple, c’est tout faire ensemble ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Elly Fairytale/Pexels</span></span>
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<p>Cette question de l’autonomie dans le couple apparaît à la fois dans les représentations de la vie à deux mais aussi dans les pratiques. Plus on a vécu de périodes célibataires, moins on adhère à l’idée qu’« être en couple, c’est tout faire ensemble ».</p>
<p>Parmi les personnes n’ayant connu aucune période de célibat (d’au moins un an) depuis leur première relation amoureuse, 49 % considèrent qu’« être en couple, c’est tout faire ensemble » contre 34 % de celles ayant vécu deux périodes de célibat ou plus depuis leur première relation. De même, au sein des couples, plus on a vécu de périodes célibataires auparavant, moins on vit dans une relation fusionnelle, où les pratiques de sociabilité (voir les amis, la famille, ou passer des vacances) se font la plupart du temps ensemble. L’expérience du célibat se traduit par une plus grande indépendance au sein du couple.</p>
<hr>
<p><em>Ce texte est adapté d’un article publié par les autrices dans Population et Sociétés n° 584, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-12-page-1.htm">« Vivre célibataire : des idées reçues aux expériences vécues »</a> et d’un article publié par les autrices et Françoise Courtel dans Population, 2019/1 Vol. 74, <a href="https://www.cairn.info/revue-population-2019-1-page-103.htm.">« La vie hors couple, une vie hors norme ? Expériences du célibat dans la France contemporaine »</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152261/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Vivre célibataire, une angoisse pour certains, un choix pour d’autres. Les Bridget Jones d’aujourd’hui bousculent nos idées reçues et restituent au phénomène du célibat son entièreté.Marie Bergström, Chercheuse en sociologie du couple et de la sexualité, Institut National d'Études Démographiques (INED)Géraldine Vivier, Ingénieure de Recherche, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1511372020-12-10T14:10:18Z2020-12-10T14:10:18ZComment votre comportement durant l’enfance peut prédire votre capacité à être en couple à l’âge adulte<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/373362/original/file-20201207-17-39im5w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les enfants aimables et respectueux ont plus de chance de développer une relation de couple durable, tandis que les enfants anxieux risquent de ne pas trouver de partenaires au début de l’âge adulte.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.psychologytoday.com/gb/blog/communication-success/201302/7-predictors-long-term-relationship-success">Comment trouver la relation de couple qui va durer ?</a> Il s’agit là d’une des plus vieilles interrogations de l’être humain. Les traits de caractère, tels que la chaleur humaine, la capacité de faire attention à l’autre, la sociabilité, et la confiance <a href="https://www.psychologytoday.com/us/blog/the-science-love/201903/the-3-things-people-look-in-ideal-partner">semblent être importants</a>.</p>
<p>Mais notre comportement, lorsque nous étions enfants, pourrait-il présager de nos chances de rencontrer l’être cher?</p>
<p><a href="https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jcpp.13329">Une nouvelle étude que mes collègues et moi-même avons publiée dans le <em>Journal of Child Psychology and Psychiatry</em> </a> démontre que les enfants repérés par leurs enseignants à l’école élémentaire comme souffrant d’anxiété ou d’un déficit d’attention étaient plus susceptibles de rester seuls entre 18 et 35 ans. Et que les enfants agressifs oppositionnels — c’est-à-dire ceux ayant tendance à se battre, à intimider et à désobéir — avaient plus de chance de rompre et de se retrouver sans partenaire. À l’inverse, les enfants faisant preuve de gentillesse, capables d’aider les autres, et respectueux se retrouvent dans des relations durables dès le début de l’âge adulte.</p>
<p>Notre étude donne à penser que les germes de nos relations futures se mettent en place et sont repérables dès avant l’adolescence. </p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">On associe la relation romantique à une vie plus longue et plus heureuse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pexels/Nappy</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il y a bien des avantages à vivre une relation de bonne qualité. Soutien émotionnel, partage des responsabilités parentales, sécurité socio-économique, tout ça pouvant <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20433633/">mener à la maturité</a> et diminuer ainsi les névroses tout en améliorant l’estime de soi.</p>
<h2>Pourquoi cette étude?</h2>
<p>Nous avons basé notre analyse sur un échantillon de près de 3 000 enfants canadiens qui avaient été évalués par leurs professeurs en termes de déficits d’attention, d’hyperactivité, d’agressivité, d’opposition, d’anxiété et de pro-socialité et ce, aux âges de 10, 11 et 12 ans. Nous les avons ensuite suivis jusqu’à l’âge adulte afin de pouvoir examiner leurs déclarations de revenu (rendues anonymes).</p>
<p>Puisque Revenu Canada exige que les personnes mariées ou vivant avec un conjoint communiquent leur situation familiale, nous avons pu identifier statistiquement les groupes d’individus répondant à des schémas relationnels spécifiques. Nous avons ensuite recoupé ces résultats avec leur évaluation comportementale antérieure. Nous avons tenu compte du niveau socio-économique des participants, car certaines études ont prouvé <a href="https://europepmc.org/article/pmc/pmc4907882">leur influence sur le comportement des couples</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Graph with multiple lines showing different partnership trajectories." src="https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution des relations chez les 18 à 35 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Francis Vergunst</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Nous avons découvert que les sujets qui étaient anxieux durant leur enfance étaient plus susceptibles de ne pas être en couple entre les âges de 18 et 35 ans. Et que ceux qui se séparaient tôt (vers 28 ans) et redevenaient célibataires étaient plus susceptibles d’avoir présenté des signes d’agressivité et d’opposition dans leur enfance. Il est intéressant de noter que les enfants inattentifs avaient plus de chance de se retrouver dans les groupes célibataires ou s’étant séparés tôt.</p>
<p>On ne devrait pas évaluer cette étude comme un débat normatif sur le bien-fondé de la vie de couple, ce qui impliquerait que les gens devraient être en relation de couple, ou que « durer, c’est mieux ». Il s’agit de décisions éminemment personnelles et qui dépendent avant tout de préférences individuelles, d’objectifs dans la vie, du contexte financier, des ambitions professionnelles, etc.</p>
<h2>Soutenir nos enfants</h2>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00787-018-1258-1">Les comportements sont relativement stables au cours d’une vie</a>: il est donc probable que la persistance d’un comportement d’enfant — comme l’agressivité ou l’anxiété — persiste à l’âge adulte, d’où des difficultés à former et à entretenir des relations durables.</p>
<p>Il n’est donc pas surprenant que les enfants prosociaux se retrouvent dans des relations stables et de longue durée. Ils ont tendance à mieux s’entendre avec leurs pairs, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1111/1467-9280.00260">à mieux réussir leur scolarité</a>, et à gagner davantage, ce qui <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0956797620904154">augmente leur désirabilité auprès de partenaires potentiels</a>.</p>
<p>Les partenariats réussis dépendent d’une <a href="https://www.psychologytoday.com/us/blog/insight-therapy/201412/laws-attraction-how-do-we-select-life-partner">multitude de facteurs, tant individuels que contextuels</a>, et le comportement d’un individu durant son enfance ne représente qu’un élément d’un ensemble beaucoup plus large. Notre étude démontre que les problèmes comportementaux chez l’enfant représentent des défis qui se répercutent partout dans leur vie, incluant les relations de couple.</p>
<p>Un suivi et un soutien précoces sont essentiels. Les programmes qui ciblent les enfants aux <a href="https://ebmh.bmj.com/content/21/2/45">comportements perturbateurs, anxieux, et souffrant d’un déficit d’attention</a> et mettent en avant les <a href="https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-8624.2010.01564.x">compétences socio-émotionnelles</a> peuvent être bénéfiques et durables tant pour l’individu que pour sa famille, et la société en général. Après tout, il y a bien des raisons d’encourager la bonne conduite!</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151137/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Francis Vergunst reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et du Fonds de recherche du Québec Santé (FRQS).</span></em></p>De nouvelles recherches suggèrent que les comportements dans l’enfance indiquent quels genres de relations sentimentales une personne saura construire.Francis Vergunst, Postdoctoral Fellow in Developmental Public Health, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1487472020-11-09T16:01:48Z2020-11-09T16:01:48ZComment votre comportement durant l’enfance peut prédire votre capacité à être en couple à l’âge adulte<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/366883/original/file-20201101-14-1do2d7k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les enfants aimables et respectueux ont plus de chance de développer une relation de couple durable, tandis que les enfants anxieux risquent de ne pas trouver de partenaires au début de l’âge adulte.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Comment trouver la relation de couple qui va durer : il s’agit là d’une des plus vieilles interrogations de l’être humain. Et de ce fait, nous nous intéressons grandement aux facteurs <a href="https://www.psychologytoday.com/gb/blog/communication-success/201302/7-predictors-long-term-relationship-success">qui pourraient prédire la réussite du couple</a>. Les traits de caractère, tels que la chaleur humaine, la capacité de faire attention à l’autre, la sociabilité, et la confiance <a href="https://www.psychologytoday.com/us/blog/the-science-love/201903/the-3-things-people-look-in-ideal-partner">semblent être importants</a>.</p>
<p>Mais notre comportement, lorsque nous étions enfants, pourrait-il présager de nos chances de rencontrer l’être cher ?</p>
<p><a href="https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jcpp.13329">Une nouvelle étude que mes collègues et moi-même avons publiée dans le <em>Journal of Child Psychology and Psychiatry</em> </a> démontre que les enfants repérés par leurs enseignants à l’école élémentaire comme souffrant d’anxiété ou d’un déficit d’attention étaient plus susceptibles de rester seuls entre 18 et 35 ans. Et que les enfants agressifs oppositionnels — c’est-à-dire ceux ayant tendance à se battre, à intimider et à désobéir — avaient plus de chance de rompre et de se retrouver sans partenaire. À l’inverse, les enfants faisant preuve de gentillesse, capables d’aider les autres, et respectueux se retrouvent dans des relations durables dès le début de l’âge adulte.</p>
<p>Notre étude donne à penser que les germes de nos relations futures se mettent en place et sont repérables dès avant l’adolescence. Il y a là des répercussions importantes pour les enfants souffrant de difficultés comportementales : ces derniers devront déjà <a href="https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jcpp.12850">faire face à des défis importants</a>, allant du <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2736346">chômage aux emplois mal rémunérés</a>. S’ils pouvaient être repérés par leurs professeurs, il serait possible de leur offrir une évaluation et le soutien nécessaire afin d’améliorer leurs chances dans la vie.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363809/original/file-20201015-15-dzbvim.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On associe la relation romantique à une vie plus longue et plus heureuse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pexels/Nappy</span></span>
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<p>Il y a bien des avantages à vivre une relation de bonne qualité. Soutien émotionnel, partage des responsabilités parentales, sécurité socio-économique, tout ça pouvant <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20433633/">mener à la maturité</a> et diminuer ainsi les névroses tout en améliorant l’extraversion et l’estime de soi.</p>
<p>Être en relation tempère les <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-12-66">effets nuisibles du stress</a>, nous protège des <a href="https://jech.bmj.com/content/71/3/232">effets de l’alcool et du tabagisme</a> à l’âge mûr, améliore notre santé mentale et <a href="https://www.pnas.org/content/100/19/11176">notre bien-être</a>, et nous permet de <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1000316">vivre plus longtemps</a> en bonne santé. Bien que le lien de causalité ne suffise pas à lui seul à expliquer ces résultats sur la santé, puisque des gens déjà heureux et en bonne santé peuvent déjà avoir été « sélectionnés » dans une relation, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352250X16300252?via%3Dihub">il n’en demeure pas moins que ce lien y contribue</a>.</p>
<h2>Pourquoi cette étude ?</h2>
<p>Des études précédentes ont démontré que les troubles mentaux chez l’enfant comme le <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1087054715587099">trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité</a> (TDAH) et les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10802-011-9565-8">troubles du comportement</a> sont associés à d’éventuelles difficultés relationnelles, y compris la violence conjugale ainsi qu’à un taux de satisfaction moindre dans le cadre de la relation. Nous nous sommes attachés à découvrir si les comportements usuels des enfants — y compris les traits prosociaux — pouvaient présager de la stabilité des relations futures chez les enfants n’ayant pas reçu de diagnostic clinique.</p>
<p>Nous avons basé notre analyse sur un échantillon de près de 3 000 enfants canadiens qui avaient été évalués par leurs professeurs en termes de déficits d’attention, d’hyperactivité, d’agressivité, d’opposition, d’anxiété et de pro-socialité et ce, aux âges de 10, 11 et 12 ans. Nous les avons ensuite suivis jusqu’à l’âge adulte afin de pouvoir examiner leurs déclarations de revenu (rendues anonymes).</p>
<p>Puisque Revenu Canada exige que les personnes mariées ou vivant avec un conjoint communiquent leur situation familiale, nous avons pu identifier statistiquement les groupes d’individus répondant à des schémas relationnels spécifiques. Nous avons ensuite recoupé ces résultats avec leur évaluation comportementale antérieure. Nous avons tenu compte du niveau socio-économique des participants, car certaines études ont prouvé <a href="https://europepmc.org/article/pmc/pmc4907882">leur influence sur le comportement des couples</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Graph with multiple lines showing different partnership trajectories." src="https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363801/original/file-20201015-21-145ex2a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution des relations chez les 18 à 35 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Francis Vergunst</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Nous avons découvert que les sujets qui étaient anxieux durant leur enfance étaient plus susceptibles de ne pas être en couple entre les âges de 18 et 35 ans. Et que ceux qui se séparaient tôt (vers 28 ans) et redevenaient célibataires étaient plus susceptibles d’avoir présenté des signes d’agressivité et d’opposition dans leur enfance. Il est intéressant de noter que les enfants inattentifs avaient plus de chance de se retrouver dans les groupes célibataires ou s’étant séparés tôt.</p>
<p>Les sujets des groupes célibataires et séparés ont également obtenu de mauvais résultats à d’autres niveaux : ils avaient davantage tendance à quitter le secondaire sans diplôme, de moins bien gagner leur vie et d’être bénéficiaires de l’assistance sociale. Ce qui soulève des interrogations importantes sur les facteurs sous-jacents qui pourraient expliquer le lien entre le comportement des enfants et leur comportement dans le cadre d’une relation adulte.</p>
<h2>Mise en garde</h2>
<p>On ne devrait pas évaluer cette étude comme un débat normatif sur le bien-fondé de la vie de couple, ce qui impliquerait que les gens devraient être en relation de couple, ou que « durer, c’est mieux ». Il s’agit de décisions éminemment personnelles et qui dépendent avant tout de préférences individuelles, d’objectifs dans la vie, du contexte financier, des ambitions professionnelles, etc.</p>
<p>Nous constatons plutôt que la <a href="https://www.childtrends.org/publications/young-adult-attitudes-about-relationships-and-marriage-times-may-have-changed-but-expectations-remain-high">majorité des gens</a> désirent être en relation, et que cette relation peut avoir des impacts bénéfiques sur la santé et le bien-être et que la persistance des comportements difficiles non diagnostiqués ne devrait pas devenir un obstacle à des relations saines à l’âge adulte.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1133&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1133&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363811/original/file-20201015-17-s16kgc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1133&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les enfants considérés comme gentils, serviables et respectueux se sont retrouvés plus tôt dans des relations durables durant leur jeune vie d’adulte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pexels/CDC</span></span>
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<p>Notre étude se heurte à ses limites puisque nous n’avons examiné que des cas qui étaient en relation, et non la qualité de ces relations. Ceci devrait faire l’objet d’études subséquentes, puisque les enfants au comportement difficile courent le risque de se retrouver au cœur de relations moins stables et moins satisfaisantes.</p>
<h2>En quoi le comportement est-il important dans le cadre d’une relation ?</h2>
<p>Les comportements de l’enfant peuvent influencer sa capacité à s’associer à un partenaire de façon soit directe, soit indirecte. <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00787-018-1258-1">Les comportements sont relativement stables au cours d’une vie</a> : il est donc probable que la persistance d’un comportement d’enfant — comme l’agressivité ou l’anxiété — persiste à l’âge adulte, d’où des difficultés à former et à entretenir des relations durables.</p>
<p>Les études démontrent que les adultes ayant des faiblesses <a href="https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev.psych.57.102904.190127">au niveau de l’amabilité, du sérieux et de a stabilité émotionnelle</a>, telles que mesurées sur les <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Famp0000503">cinq grandes catégories de personnalité</a>, vivent des relations moins satisfaisantes et plus tumultueuses, et dont la stabilité peut conséquemment être mise en péril.</p>
<p>Les influences indirectes sur les relations comprennent des événements intermédiaires, tels que la situation professionnelle ou les revenus, qui ont des répercussions sur la construction du <a href="https://www.jstor.org/stable/2657557?seq=1">capital humain</a> qui participe à l’attirance que l’on peut avoir pour un partenaire. Par exemple, les enfants qui affichent des comportements perturbateurs et inattentifs ont généralement <a href="https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1467-8624.00013">moins d’amis</a>, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00787-016-0843-4">sous-performent à l’école</a>, sont plus susceptibles d’avoir des <a href="https://www.nature.com/articles/mp201287">problèmes de toxicomanie</a> et de gagner moins et de bénéficier plus de l’assistance sociale à l’âge adulte — tout ceci faisant obstacle à leur aptitude à former une relation romantique durable.</p>
<p>Il n’est donc pas surprenant que les enfants prosociaux se retrouvent dans des relations stables et de longue durée. Ils ont tendance à mieux s’entendre avec leurs pairs, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1111/1467-9280.00260">à mieux réussir leur scolarité</a>, et à gagner davantage, ce qui <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0956797620904154">augmente leur désirabilité auprès de partenaires potentiels</a>.</p>
<h2>Soutenir nos enfants</h2>
<p>Les partenariats réussis dépendent d’une <a href="https://www.psychologytoday.com/us/blog/insight-therapy/201412/laws-attraction-how-do-we-select-life-partner">multitude de facteurs, tant individuels que contextuels</a>, et le comportement d’un individu durant son enfance ne représente qu’un élément d’un ensemble beaucoup plus large. Notre étude démontre que les problèmes comportementaux chez l’enfant représentent des défis qui se répercutent partout dans leur vie, incluant les relations de couple.</p>
<p>Un suivi et un soutien précoces sont essentiels. Les programmes qui ciblent les enfants aux <a href="https://ebmh.bmj.com/content/21/2/45">comportements perturbateurs, anxieux, et souffrant d’un déficit d’attention</a> et mettent en avant les <a href="https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-8624.2010.01564.x">compétences socio-émotionnelles</a> peuvent être bénéfiques et durables tant pour l’individu que pour sa famille, et la société en général. Après tout, il y a bien des raisons d’encourager la bonne conduite !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148747/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Francis Vergunst reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et du Fonds de recherche du Québec Santé (FRQS).</span></em></p>De nouvelles recherches suggèrent que les comportements dans l’enfance indiquent quels genres de relations sentimentales une personne saura construire.Francis Vergunst, Postdoctoral Fellow in Developmental Public Health, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1489372020-11-05T20:03:32Z2020-11-05T20:03:32ZSéparés mais sous le même toit<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/366199/original/file-20201028-19-jba85a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C8%2C5560%2C3654&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si les facteurs et les conséquences de la rupture des couples sont souvent étudiés, on sait en revanche peu de choses sur le processus de séparation.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels/Cottonbro</span></span></figcaption></figure><p>Lorsqu’un couple se sépare, il arrive que les deux conjoints continuent à vivre sous le même toit un certain temps. Cette situation est-elle fréquente ? Combien de temps dure-t-elle ? Quelles en sont les raisons ? La présence d’enfants a-t-elle une influence ? La possession de biens en commun également ? Notre analyse de <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-10-page-1.htm">l’enquête EPIC</a> nous renseigne sur une situation de cohabitation mal connue jusqu’ici.</p>
<h2>La séparation comme objet d’étude</h2>
<p>Si les facteurs et les conséquences de la rupture des couples sont souvent étudiés, on sait en revanche peu de choses sur le processus de séparation. De la même manière que la <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/hors-ined/la-formation-du-couple/">formation des couples</a> se fait par étapes (rencontre, relations sexuelles, vie commune, officialisation de l’union), lesquelles sont de plus en plus déconnectées les unes des autres, la « dé-formation » des couples est souvent progressive et structurée autour de <a href="http://bibliothequeucm.educassist.mg/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=49885">différents jalons</a> : décision de se séparer, décohabitation, partage des biens, rupture légale le cas échéant.</p>
<p>On se sépare rarement du jour au lendemain, ce qui conduit à des périodes plus ou moins longues durant lesquelles les ex-conjoints continuent à vivre ensemble, bien que séparés. <a href="https://www.ined.fr/fichier/rte/General/Publications/Population/2019/1-2/Epic_Rault-Regnier.pdf">L’enquête</a> <em>Étude des parcours individuels et conjugaux</em> conduite par l’INED et l’Insee en 2014 offre pour la première fois la possibilité d’estimer la fréquence de ces situations et les facteurs qui leur sont associés.</p>
<h2>La cohabitation post-séparation, plus courante qu’il n’y parait</h2>
<p>Un tiers des personnes séparées entre 1984 et 2013 déclarent avoir continué à vivre sous le même toit une fois prise la décision de se séparer. Cela inclut parfois des périodes très brèves, de quelques jours voire quelques semaines. Ces épisodes de courte durée concernent davantage les séparations les plus récentes, moins sujettes à l’oubli. En ne considérant comme cohabitations post-séparation que celles ayant duré au moins deux mois (seuil retenu ici), continuer à vivre ensemble après avoir pris la décision de se séparer concerne une rupture sur quatre (23 %). Les femmes ont une plus forte propension que les hommes à relater une période de vie sous le même toit après la séparation (26 % contre 19 %). Cela tient au fait que les initiateurs de la rupture, le plus souvent les femmes, tendent à la dater plus précocement.</p>
<p>Si ce type d’arrangement est le plus souvent temporaire (de 2 mois à moins de 6 mois), 20 % des couples qui ont continué à vivre ensemble l’ont fait durant au moins un an (tableau).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365748/original/file-20201027-17-a50ndy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Wilfried Rault, Arnaud Régnier-Loilier, 2020, « Continuer à vivre sous le même toit après la séparation », _Population et Sociétés_.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La proportion de séparations suivies d’une période où les ex-partenaires continuent à cohabiter n’a que très peu évoluée au cours des trente dernières années même si, en termes de nombre, cela concerne de plus en plus de couples en raison de la fréquence plus élevée des séparations. Notamment, aucune augmentation significative du phénomène n’est observée pour les cohortes de séparation postérieures à 2008, alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que la crise économique de 2008, en affectant les conditions de vie des ménages, allonge le processus de décohabitation des partenaires (difficultés à prendre des logements séparés par exemple).</p>
<h2>Il est plus fréquent de poursuivre la vie commune quand on a des enfants</h2>
<p>Poursuivre la vie commune après la séparation est d’abord étroitement lié à la situation familiale (figure 1), en particulier au fait <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/CRAPE-SARRI/halshs-00798749v1">d’avoir ou non des enfants</a> et, le cas échéant, de leur âge. La probabilité d’avoir continué à vivre ensemble pendant au moins deux mois est plus fréquente lorsque les ex-conjoints ont des enfants dont le plus jeune a moins de quinze ans.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Avoir des enfants augmente la probabilité de cohabiter à la suite de la séparation" src="https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/366202/original/file-20201028-19-v03t7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=444&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Avoir des enfants augmente la probabilité de cohabiter à la suite de la séparation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Samer Daboul/Pexels</span></span>
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</figure>
<p>Lorsque les enfants sont jeunes, la poursuite de la vie commune permet éventuellement de maintenir le couple parental, de préparer les enfants à la séparation et de redéfinir l’organisation quotidienne de la famille (résidences, changement d’école, etc.). Lorsque les enfants sont plus âgés, donc plus autonomes, ces enjeux sont moins prégnants.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=981&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=981&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=981&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1232&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1232&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365750/original/file-20201027-14-1l4dfub.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1232&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Wilfried Rault, Arnaud Régnier-Loilier, 2020, « Continuer à vivre sous le même toit après la séparation », _Population et Sociétés_.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Union et biens en commun</h2>
<p>Indépendamment de la présence d’enfants, la forme de l’union a également un effet en tant que tel (figure 1). Les personnes mariées (qu’il s’agisse d’un mariage civil ou religieux) sont plus enclines à continuer à vivre ensemble que celles en union libre ou pacsées.</p>
<p>Cette différence peut tenir aux démarches préalables à un divorce, nécessitant la consultation d’un avocat voire l’attente d’un jugement, contrairement à une union consensuelle ou à un pacs dont la dissolution ne nécessite que l’envoi d’un courrier.</p>
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<img alt="Les personnes ayant des biens en commun ont une probabilité ajustée d’avoir continué à vivre ensemble de 26 % contre 12 % pour celles qui n’en ont pas" src="https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/366211/original/file-20201028-17-jhmk1d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les personnes ayant des biens en commun ont une probabilité ajustée d’avoir continué à vivre ensemble de 26 % contre 12 % pour celles qui n’en ont pas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Karolina Grabowska/Pexels</span></span>
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<p>La possession de biens mobiliers ou immobiliers communs, qui concerne les trois quarts des couples séparés, exerce un effet important. Lorsque des biens sont partagés, la probabilité d’avoir continué à vivre ensemble sous le même toit est plus de deux fois supérieure (26 % contre 12 % en l’absence de biens communs). La décision de savoir qui va quitter le logement (l’un des deux, ou les deux), la vente éventuelle de celui-ci ou le partage des biens mobiliers sont autant d’éléments qui contribuent à allonger le processus de séparation et favorisent la poursuite de la cohabitation.</p>
<h2>La cohabitation, plus courante après une longue vie commune</h2>
<p>En écho aux facteurs familiaux et matériels, la vie commune post-séparation est plus fréquente lorsque la relation a duré longtemps. Seuls 11 % des personnes ayant eu une relation de couple de moins de trois ans l’expérimentent, contre 38 % lorsque la relation a duré au moins quinze ans.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Poursuivre la vie commune dépend de l’âge de la personne" src="https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/366219/original/file-20201028-15-1xbokep.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Poursuivre la vie commune dépend de l’âge de la personne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gustavo Fring/Pexels</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’âge auquel survient la séparation joue aussi positivement sur le fait de continuer à vivre ensemble. À caractéristiques comparables, plus la personne est âgée lorsqu’elle se sépare, plus la probabilité d’avoir poursuivi la vie commune augmente : c’est le cas de 19 % des personnes séparées avant trente ans contre 30 % à quarante ans ou plus (figure 1). Une longue vie commune s’accompagne d’habitudes quotidiennes dont il peut être difficile de se détacher. L’emprise de ces routines est susceptible d’être plus importante <a href="https://books.openedition.org/pur/23850?lang=fr">avec l’âge</a> et la crainte de l’isolement pourrait favoriser la poursuite de la vie à deux aux âges plus avancés.</p>
<h2>Contraintes financières et parentalité</h2>
<p>Les personnes ayant continué à vivre ensemble après avoir décidé de se séparer étaient interrogées sur les raisons qui les avaient conduites à cette situation (plusieurs raisons pouvaient être avancées). Le motif le plus fréquent est d’ordre « pratique ou logistique, le temps de s’organiser » (70 %). « Pour les enfants » arrive ensuite (24 % de l’ensemble des couples séparés, 33 % de ceux ayant eu au moins un enfant ensemble) devant les raisons d’ordre « financier » (21 %).</p>
<p>Raisons et durée de la période de vie commune sont étroitement liées (figure 2). Les co-résidences de courte durée (de 2 mois à moins de 6 mois) répondent très majoritairement à des raisons « pratiques ou logistiques ». Mais, plus la poursuite de la vie commune a été longue, plus elle est associée à la présence d’enfants et à des considérations financières telles que la difficulté et/ou le coût de logements séparés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=582&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=582&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365751/original/file-20201027-23-enacga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=582&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Wilfried Rault, Arnaud Régnier-Loilier, 2020, « Continuer à vivre sous le même toit après la séparation », _Population et Sociétés_.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De nombreux facteurs sociodémographiques sont ainsi corrélés au fait de vivre ensemble sous le même toit après la séparation. D’autres aspects plus relationnels tels la qualité de l’entente conjugale juste avant la rupture semblent également liés à cette expérience. Le fait pour les ex-conjoints d’estimer que leur <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jomf.12613">relation était bonne</a> avant la séparation favorise à la fois l’expérience de la cohabitation post-séparation et sa durée. Des indicateurs plus subjectifs dans de futures enquêtes permettront de mieux étudier la manière dont les personnes vivent ces situations.</p>
<p><em>Ce texte est adapté d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2020-10-page-1.htm">article</a> publié par les auteurs dans Population et Sociétés n° 582</em>, « Continuer à vivre sous le même toit après la séparation ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148937/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Alors que nous rentrons dans un deuxième confinement, la perspective de cohabiter avec une personne non désirée nous semble inenvisageable, jetons à œil sur ces couples séparés qui vivent ensemble.Arnaud Régnier-Loilier, Chercheur à l'INED , Institut National d'Études Démographiques (INED)Wilfried Rault, Chercheur à l'INED, Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1434852020-08-18T17:53:06Z2020-08-18T17:53:06ZConfinement : des ménages en surmenage<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/350826/original/file-20200803-22-1m20vm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C60%2C6709%2C4355&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les ménages explosent suite au confinement qui a révélé le poids des tâches domestiques inégalement réparties.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/multicolored-socks-drying-on-rope-with-clothespins-in-open-air-4495756/">karolina grabowska/pexels </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Violences conjugales en hausse – plus de 30 % de signalements selon les <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/30/hausse-des-violences-conjugales-pendant-le-confinement_6034897_3224.html">autorités françaises</a> – divorces et séparations en <a href="https://www.globaltimes.cn/content/1181829.shtml">Chine</a>, en <a href="https://www.elmundo.es/espana/2020/05/18/5ec25baafdddffe03e8b4575.html">Espagne</a> ou en <a href="https://www.ifop.com/publication/etat-des-lieux-de-la-vie-sexuelle-et-affective-des-francais-durant-le-confinement/">France</a> : le confinement a eu raison de nombreuses vies de couple.</p>
<p>Nous reposant sur une <a href="https://forms.gle/3T6CfgcfaCNcBuop6">enquête en ligne</a> menée en France du 21 avril au 10 mai, nous avons analysé sur un échantillon de plus de 3 000 couples hétérosexuels les effets du confinement. Ce questionnaire a déjà fait l’objet d’un premier article dans <a href="https://theconversation.com/comment-le-confinement-a-t-il-bouscule-lemploi-du-temps-des-enfants-141153">The Conversation</a> au sujet des effets du confinement sur l’apprentissage des enfants.</p>
<p>Afin que nos résultats soient représentatifs, et faute de participation suffisante des hommes à notre enquête, nous avons uniquement sélectionné les couples pour lesquels la femme est le répondant de l’enquête.</p>
<h2>Le temps passé aux tâches domestiques s’est accru</h2>
<p>Le confinement, de par sa nature et sa temporalité relativement imprévisible et soudaine, a projeté de nombreux couples dans une situation délicate, jonglant entre travail, enfants et partenaire, et entraînant potentiellement bon nombre de tensions autour de la gestion de la vie quotidienne. Cette situation particulière s’est aussi illustrée sur le partage des tâches domestiques, celles-ci augmentant nécessairement avec la multiplication du temps passé à domicile.</p>
<p>Le confinement imposant pour la plupart des couples une quarantaine à domicile, et supprimant la possibilité d’externaliser les activités (avec l’aide à domicile par exemple), le temps passé aux tâches domestiques s’est logiquement accru.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349630/original/file-20200727-29-1kmhnjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 : Temps passé aux tâches ménagères et éducations des enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, la Figure 1 nous montre que toutes les femmes avec ou sans enfant ont connu une augmentation notable du nombre d’heures par semaine consacrées aux activités de nettoyage, de cuisine et de blanchisserie.</p>
<p>Pour les couples avec enfant, le temps passé par les mères avec leurs enfants sur des activités éducatives et pédagogiques s’est multiplié passant de deux à huit heures par semaine en moyenne pendant le confinement. La charge de l’école à domicile a donc pesé sur l’emploi du temps des femmes concernées, déjà accaparées par un temps accru à l’entretien du ménage.</p>
<h2>Un écart d’investissement entre partenaires</h2>
<p>En étudiant la part individuelle de travail accompli par rapport à la charge totale de travail domestique du ménage, nous pouvons établir les écarts d’investissement aux tâches entre les partenaires.</p>
<p>La comparaison des situations avant et après le confinement nous permet de retracer l’évolution de la distribution de ces tâches au sein des ménages.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349631/original/file-20200727-15-dtsj86.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2 : Évolution de la distribution des tâches entre homme et femme dans le ménage.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La Figure 2 nous montre que tous les couples avec ou sans enfant ont connu une légère redistribution des tâches domestiques entre les époux pendant le confinement. Si ces tâches restent largement de l’apanage des femmes, le confinement a cependant réduit l’écart d’investissement sur ces activités entre les partenaires.</p>
<p>Nous pouvons noter que les écarts entre homme et femme de participation aux tâches domestiques sont systématiquement plus élevés – la femme assume plus de charge – pour les couples avec enfants que sans enfants.</p>
<p>Néanmoins, en analysant pour chacune des activités domestiques, nous remarquons que cette réduction n’est significative que pour l’activité relative aux achats et autres commissions à l’extérieur du domicile.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/d1K3Bmp5fd0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Après 55 jours de confinement, 5 couples racontent comment leur relation a évolué, dans le bon ou le mauvais sens. Une chose est sûre : chacun a appris beaucoup sur son partenaire pendant cette période.</span></figcaption>
</figure>
<p>Les hommes ont globalement maintenu une faible participation sur la plupart des tâches ménagères sauf lorsque celle-ci se passe en dehors de la sphère familiale (faire les courses). Nous avançons deux points pour expliquer le mécanisme sous-jacent à cette évolution.</p>
<p>Le premier est que cette activité est devenue plus risquée en raison de la pandémie, et que les hommes prennent un « rôle de protection » vis-à-vis des autres membres du ménage en prenant le risque pour eux-mêmes. L’autre raison réside sur le caractère exceptionnel des sorties en confinement.</p>
<p>Le fait est que cette activité devient parfaitement bien identifiée par les autres membres du ménage, et que l’homme peut ainsi se targuer de participer aux tâches domestiques. En outre, le caractère monotone et contraignant du confinement offre à cette activité un potentiel de loisirs, celle-ci étant l’occasion de sortir du foyer sans durée limitée.</p>
<h2>Évolution des conflits et tâches ménagères</h2>
<p>Durant le confinement, la majorité des couples ont déclaré ne pas connaître une hausse des conflits. Pour autant, comme illustrée par la Figure 3, la part de ceux déclarant une hausse est légèrement plus importante pour les couples avec enfants.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349632/original/file-20200727-21-l8wq8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure 3 : Part des répondants sur l’occurrence des conflits.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De par un modèle économétrique, nous réalisons une relation entre le partage des tâches et l’occurrence des conflits pendant le confinement. Les résultats de ce modèle nous montrent qu’il existe une relation significative entre un partage des tâches déséquilibré et la hausse des conflits durant la même période uniquement pour les couples avec enfant.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1285123622147850240"}"></div></p>
<p>Lorsqu’on analyse de plus près les raisons de cette augmentation, on peut voir que la hausse du conflit intervient principalement lorsque le partage des tâches sur le nettoyage du foyer est déséquilibré pendant le confinement.</p>
<p>Pour les couples sans enfant, malgré qu’ils connaissent eux aussi une hausse des conflits, celle-ci n’a cependant pas de lien avec la distribution des tâches.</p>
<p>Cette tâche, qui cristallise les tensions au sein du couple en confinement, est d’ailleurs celle qui concentre plus de la moitié du temps total passé aux tâches domestiques selon <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/operation/s1362/processus-statistique">l’enquête Emploi du Temps effectuée en France en 2009-2010</a>.</p>
<p>En définitive, le confinement a été une période où, malgré l’afflux de travail, peu de tâches ménagères ont été rebalancées dans les ménages. Pourtant, lorsqu’il y a des enfants, la répartition de celles-ci semblent jouer un rôle significatif dans l’occurrence des conflits entre les partenaires. Si pour certains, le confinement fut l’occasion de <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/tribune-nouslespremiers-elus-personnalites-publiques-ou-citoyens-ils-s-adressent-a-emmanuel-macron-pour-dessiner-le-monde-dapres_3937031.html">penser le monde de demain</a> dans les ménages, le quotidien des femmes ressemblait pour beaucoup au monde d’hier.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143485/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude récente montre que confinement et tâches domestiques n’ont pas fait bon ménage pour les couples, avec et sans enfants.Hugues Champeaux, Doctorant en économie du développement, Université Clermont Auvergne (UCA)Francesca Marchetta, Maîtresse de conférences en économie, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1350592020-07-26T17:16:36Z2020-07-26T17:16:36ZSe mettre en couple ne doit plus rien au hasard<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/346905/original/file-20200710-18-k2pyai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2049%2C1369&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pourquoi se met-on en couple ? Et si tout était calculé d'avance. </span> <span class="attribution"><span class="source">Mayur Gala/Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les expériences de confinement et déconfinement <a href="https://www.liberation.fr/france/2020/04/19/les-amours-contrariees-du-covid_1785737">l’ont montré</a> : les couples n’ont cessé de se faire et de se défaire, malgré la crise, via Tinder, Meetic ou d’autres réseaux sociaux.</p>
<p>Si l’épidémie a élevé la peur des contacts physiques, a renforcé la virtualisation des relations, elle a semble-t-il, amplifié l’exigence de sincérité et un désir de sélection attentive des partenaires, qu’on connaît parfois seulement virtuellement avant de les rencontrer en face à face.</p>
<p>Cela renouvelle les questions sur ce que l’on attend de la relation, et impose en quelque sorte de formuler plus explicitement des critères de choix.</p>
<p>Dans ce contexte, il est intéressant de revenir sur l’évolution contemporaine de la construction des relations de couple. Sommes-nous attachés à trouver l’âme sœur nonobstant nos différences, ou au contraire cherchons-nous un appariement traduisant une similitude ? Les études sur le couple montrent en effet que depuis plusieurs décennies, dans un monde compétitif, s’opère une quête de partenaires dont les valeurs, le mode de vie, le niveau d’éducation sont similaires aux nôtres.</p>
<p><a href="https://www.puf.com/content/Les_maladies_du_bonheur">Est-ce l’affirmation d’un désir de distinction</a>, la volonté de mettre toutes les chances de son côté lorsqu’il y va de la formation d’une relation durable et d’un projet familial, ou un calcul économique ?</p>
<h2>Une homogamie éducative croissante</h2>
<p>Aux États-Unis, mais aussi en Europe, dans la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle, la sélection de partenaires éduqués a été en partie motivée par les différences de revenus associées au niveau d’éducation. Les plus éduqués perçoivent en effet des rémunérations beaucoup plus élevées que ceux qui ont des <a href="http://scholar.harvard.edu/files/goldin/files/career_and_marriage_in_the_age_of_the_pill.pdf">niveaux intermédiaires</a>.</p>
<p>Au cours des années 1960-1970, le mariage entre individus de même niveau scolaire, était surtout lié à la diminution du nombre de mariages hétérogènes sur le plan éducatif parmi les personnes relativement instruites ; après cette date, l’augmentation continue de l’homogamie est passée par la diminution du nombre de mariages hétérogènes à la fois en bas et en haut du spectre éducatif.</p>
<p>Au cours des dernières décennies du XX<sup>e</sup> siècle, un premier indice de cette différenciation des exigences éducatives dans les strates les plus éduquées a été donné par la comparaison des niveaux d’éducation au sein du couple dans les cohortes de naissance successives de deux groupes distincts.</p>
<p><a href="https://www.cambridge.org/core/journals/spanish-journal-of-psychology/article/role-of-personality-and-intelligence-in-assortative-mating/42533AC8F3C5C83BF7CC103AB2A4DBF2">Les corrélations entre les niveaux scolaires</a> des époux appartenant au groupe « très éduqué » s’élèvent des cohortes nées vers 1920 à celles nées vers 1950 (carrés gris), tandis que parallèlement la similitude des niveaux scolaire des époux au sein du groupe « peu éduqué » diminue légèrement (points noirs), mais dans l’ensemble il y a un rapprochement de la similitude des niveaux d’éducation entre époux.</p>
<p>Plusieurs pays d’Europe connaissent un tel rapprochement éducatif dans le couple. Au Danemark, au sein d’une cohorte suivie au cours des vingt-cinq dernières années, les mariages révèlent aussi l’importance des appariements fondés sur l’éducation dans les strates les plus éduquées.</p>
<p>À l’autre extrémité du spectre éducatif, les hommes restent longtemps célibataires, se marient moins facilement et sont amenés à être moins exigeants quant au niveau d’éducation de leur partenaire que ne l’étaient les hommes qui se marièrent dans les années 1970, la femme étant alors généralement plus éduquée que son mari.</p>
<p>En Espagne, comparant les raisons du choix des partenaires entre 2000 et 2010, Escorial et Martín-Buro indiquent que la sélection repose <a href="http://ftp.iza.org/dp6379.pdf">dans les couches cultivées</a> sur une « similitude des capacités à comprendre l’environnement […] plutôt même que sur une similitude de personnalité ». La concentration d’aptitudes cognitives élevées, dans les milieux qui en possèdent déjà le plus, augmente donc.</p>
<h2>Du phénotype au génotype</h2>
<p>La similitude recherchée dans le couple reste cependant liée à des qualités sensibles. Si statistiquement, et donc sociologiquement, les rapprochements s’opèrent sur la base du niveau éducatif, et non plus comme autrefois du statut social, ceux qui se mettent en couple peuvent encore concevoir leur choix comme le produit d’une affinité basée sur une impression sensible.</p>
<p>Or, ces proximités éducatives n’impliquent pas nécessairement une similitude plus forte des membres du couple s’agissant du segment du génotype qui contribue à déterminer les aptitudes cognitives. Ceci mérite une précision. Le génotype de l’enfant associe aléatoirement des qualités distinctes codées par le génotype de chaque parent d’où, en l’absence de similitude génétique des parents pour les aptitudes cognitives, le fait qu’ils donnent à <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-economic-history/article/education-and-income-in-the-early-twentieth-century-evidence-from-the-prairies/0F5357717F81B36ADFDB9B8DC0C0A848">leurs enfants de ce point de vue des dons inégaux</a>.</p>
<p>Il faut en effet distinguer dans les traits observables chez les enfants, ce qui découle du niveau d’éducation des parents et des gènes reçus. Si, dans les milieux aisés, les deux parents portent des séquences génétiques très similaires, il n’y a pas de distribution au hasard des aptitudes. Quel que soit le parent « transmetteur », la mère ou le père, les gènes transmis prédisposent les enfants dans ces milieux à de fortes performances cognitives.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/348361/original/file-20200720-92332-1xq9ehm.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quand les deux partenaires du couple sont très éduqués, leurs enfants, qu’ils reçoivent les gènes codant des aptitudes cognitives du père ou de la mère, héritent des gènes performants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/jrOPyEXA8DE">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Selon <a href="https://www.pnas.org/content/113/24/6647">Dalton Conley</a>, il n’y a pas eu de rapprochement significatif des génotypes des époux dans les cohortes récentes. D’autres études appuient l’idée que la similitude entre époux n’est pas seulement observable au niveau phénotypique, mais au niveau génotypique.</p>
<p>Ainsi, au Royaume-Uni <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160289616301854?via%3Dihub">David Hugh-Jones et d’autres professeurs d’économie</a> ont observé des niveaux plus élevés d’assortiment génétique que leurs collègues américains précités.</p>
<p>Dès lors, quand les deux partenaires du couple sont très éduqués, leurs enfants, qu’ils reçoivent les gènes codant des aptitudes cognitives du père ou de la mère, héritent des gènes performants puisque les deux parents les possèdent. La volonté des familles de pousser leur avantage sur le plan génétique est une volonté en acte.</p>
<p>Certes, pour les générations nées avant 1960, les exigences éducatives n’étaient pas aussi grandes qu’elles le sont devenues pour celles qui arrivent à l’âge adulte dans les dernières décennies du XX<sup>e</sup> siècle ou les premières du suivant, mais depuis des indices suggèrent qu’elles ont inscrit des écarts dans le ‘dur du dur’, le génome.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/katFC0-sh7c?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bébés OGM : peut-on modifier le génome humain ?</span></figcaption>
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<p>Beaucoup de gens ont fait séquencer leur ADN et, si c’est plutôt la recherche des origines que les motive, rien n’interdit de consulter les bases de données publiques permettant de savoir si le partenaire qu’on est en train de choisir a les gènes désirables comme de connaître ses origines.</p>
<p>En raison de la baisse des prix du séquençage génétique, la connaissance du génotype de chacun est devenue très accessible. Un eugénisme, qu’on qualifie aujourd’hui bien imprudemment de « positif » au sens où il ne vise pas à éliminer, mais cherche à produire un individu augmenté, pourrait bien en résulter.</p>
<h2>Vers le « meilleur des mondes » ?</h2>
<p>Qu’en sera-t-il des comportements d’appariement si ces données génotypiques personnelles sont utilisées, dans les milieux où les individus comme les familles, à travers le choix de bonnes écoles, de bonnes fréquentations s’attachent déjà de façon systématique à augmenter les atouts dont ils disposent ?</p>
<p>Est-ce que les individus les mieux pourvus ne vont pas envisager ainsi d’avoir une progéniture dotée de meilleures aptitudes ? Les données observées n’interdisent pas de le penser. Si la lenteur des évolutions génétiques fait encore obstacle à la matérialisation d’un tel eugénisme, il reste que pour construire un monde équitable, il faudra affronter sans détour l’impact de ces comportements distinctifs.</p>
<p>L’école et les biens culturels publics n’ont pas vraiment le pouvoir d’unifier : ce sont typiquement des libertés créances, en ce sens que le bénéfice qu’on en retire ne résulte pas automatiquement d’un droit, mais du recours effectif à ce droit – typiquement celui d’étudier – dont l’usage varie selon les capacités. Les institutions publiques ont donc beaucoup à faire pour éviter de trop grands déséquilibres qui trouvent aujourd’hui une origine dans la formation du couple.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135059/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugues Lagrange ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Sommes-nous attachés à trouver l’âme sœur nonobstant nos différences, ou au contraire cherchons-nous un appariement traduisant une similitude ?Hugues Lagrange, Directeur de recherche en sociologie CNRS à l’Observatoire sociologique du changement, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1357472020-04-07T18:53:25Z2020-04-07T18:53:25ZÀ la maison avec votre conjoint ? Inspirez-vous des retraités !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/326234/original/file-20200407-33428-t03bcc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Écoutez l’avis des couples âgés qui savent comment bien faire les choses.</span> <span class="attribution"><span class="source">Geber86/E+ via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>Partout sur la planète, une quantité incroyable de couples passent désormais chaque heure de la journée ensemble.</p>
<p><a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fa0019087">C’est ce que font beaucoup de couples de retraités</a>, et ce, même lorsqu’il n’y a pas de pandémie. Il serait avisé de s’inspirer de leur expérience, car de nombreuses études psychologiques montrent que les couples de plus de 65 ans <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0022-3514.79.4.644">sont les plus heureux</a> parmi <a href="https://doi.org/10.1177/000312240807300202">toutes les cohortes d’âge</a>.</p>
<p>Un examen des recherches sur le sujet révèle que le <a href="https://doi.org/10.1037/0022-3514.88.1.189">bonheur conjugal forme une courbe en U au cours de la vie</a>. Les jeunes relations ont beaucoup de moments positifs, mais aussi de nombreux conflits, tandis que les couples âgés jouissent d’une grande complicité avec moins de disputes. Les couples dans la quarantaine qui élèvent des enfants se situent au bas du U. L’appréciation de leur conjoint a tendance à diminuer et leurs conflits, à augmenter.</p>
<p>Il est possible qu’en ce moment, vous rêviez d’être à la retraite avec un conjoint, surtout si vous êtes seul. Faire du télétravail ou se retrouver au chômage tout en dirigeant une classe multiâge à la maison, en planifiant la nourriture pour trois repas par jour et en s’inquiétant de la santé de sa famille peut faire passer la retraite pour des vacances de rêve.</p>
<p>Il existe toutefois des similitudes importantes entre la retraite et l’isolement qu’engendre la distanciation sociale. Les réseaux sociaux sont réduits. Quand on n’a ni rencontres professionnelles ni la possibilité de retrouver ses amis au resto ou à la salle de sport, un partenaire nous paraît plus essentiel que jamais. <a href="https://scholar.google.com/citations?user=sh-v7eQAAAAJ&hl=en&oi=ao">En tant que thérapeute</a>, je reçois des couples à toutes les étapes de la vie depuis près de trente ans, et je suis aujourd’hui témoin des défis relationnels que fait naître cette pandémie, une sorte de loupe qui peut faire ressortir le meilleur et le pire dans les relations.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/325345/original/file-20200403-74255-12eb4un.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les couples âgés se soutiennent dans la tempête.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/senior-couple-looking-out-the-window-leaning-on-royalty-free-image/1141290546">Niyani Lingham Green/DigitalVision via Getty Images</a></span>
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<h2>Je suis là pour toi</h2>
<p><a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/56/6/P321/610647">Les couples âgés et retraités</a> se concentrent principalement sur le soutien mutuel : puis-je compter sur toi quand j’ai besoin d’aide, que j’ai peur, que je suis préoccupé par la mort ou que je ne me sens pas bien ? Et puis-je devenir cette source de réconfort et de stabilité lorsque tu as besoin de moi ?</p>
<p>Quel que soit l’âge ou le stade du couple, la pandémie actuelle crée une dépendance mutuelle accrue. Puis-je compter sur toi pour te protéger et, ainsi, nous protéger lorsque tu fais l’épicerie ? Si j’ai peur pour la santé de mes parents ou pour la mienne, puis-je t’en parler ? Si le fait d’enseigner l’algèbre (une matière qui m’a fait souffrir à l’école) à nos enfants me rend impatient, prendras-tu la relève gentiment et sans me faire les gros yeux ?</p>
<p>C’est le moment idéal pour développer sa capacité à demander de l’aide et, en retour, à accueillir la vulnérabilité de son partenaire. Voici une belle occasion de s’entraîner pour les années à venir, lorsqu’on aura besoin de vivre une dépendance mutuelle accrue — quand il faudra pouvoir compter sur l’autre et lui offrir du soutien dans les instants difficiles ou de fragilité.</p>
<h2>Moins de conflits</h2>
<p>Mon collègue, le psychiatre Bob Waldinger, <a href="https://doi.org/10.1037/a0019087">invite des couples octogénaires dans son laboratoire</a> pour étudier leurs conflits. Il m’a raconté avoir souvent du mal à les faire reconstituer une dispute. Ayant vécu les mêmes querelles pendant des décennies, les couples plus âgés s’ennuient à l’idée de revivre ça. Ils connaissent par cœur les répliques de l’autre. Faut-il vraiment recommencer ?</p>
<p><a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0003-066X.54.3.165">Lorsque des couples âgés se disputent</a>, ils vont généralement <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2F0882-7974.10.1.140">mieux gérer les conflits que les plus jeunes</a>. Ils sont plus enclins à exprimer de l’affection et ont moins tendance à exprimer du dégoût et de l’agressivité ou à se lamenter. Comme leur relation est au centre de leur vie, ils sont plus enclins à pardonner à leur partenaire ou à laisser tomber leurs doléances.</p>
<p>Une bonne tactique est de tenter de repérer les querelles à leurs débuts et de proposer à son conjoint : « Est-ce qu’on pourrait parler de quelque chose de plus intéressant ? On sait probablement déjà tous les deux comment ça va se dérouler. »</p>
<p>Ou, s’il y a une insatisfaction qui doit absolument être exprimée, il est bon de se rappeler que dire un mot gentil ne signifie pas qu’on abdique, et qu’on peut sourire ou toucher tendrement l’autre personne.</p>
<p>Il est également conseillé de s’abstenir de tout commentaire méprisant ou méchant. Les chercheurs qui étudient les couples recommandent de suivre le <a href="https://www.lesmotspositifs.com/blogue/comment-predire-le-succes-futur-de-votre-couple/">« ratio magique » de 5 pour 1 (cinq choses positives pour chaque commentaire négatif)</a> lors d’une dispute afin d’assurer l’équilibre de la relation. Ce ratio, qui peut sembler exagéré, repose sur le fait que les <a href="https://www.lorientlejour.com/article/468519/Saint-Valentin_-_Les_scientifiques_etudient_les_interactions_entre_epoux%252C_les_expressions_de_leur_visage_et_leurs_pulsations_cardiaques_Amour%252C_con.html">remarques négatives ont plus de poids que les positives</a>. [</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/325348/original/file-20200403-74206-1luvyl5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Quand « pour le meilleur et pour le pire » se vit 24 heures sur 24.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/senior-married-couple-eating-healthy-food-for-royalty-free-image/1207315875">Drazen_/E+ via Getty Images</a></span>
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<h2>Le présent, d’abord et avant tout</h2>
<p>Des études montrent que les couples âgés <a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/56/6/P321/610647">se concentrent sur le présent</a> et sont plus à même d’accepter la relation telle qu’elle est plutôt que de se tourner vers l’avenir, en imaginant une éventuelle transformation.</p>
<p>Même si les couples âgés ne discutent pas forcément de leur mort, <a href="https://link.springer.com/article/10.1023/A:1024569803230">leurs perspectives sont façonnées</a> par un horizon temporel plus court. Ils accordent généralement plus d’attention aux expériences positives, veulent mieux comprendre leurs émotions et mettent leur énergie sur un groupe restreint d’amis proches et de membres de la famille.</p>
<p>Essayez de vous concentrer sur ce qui est bon dans votre relation. Qu’admirez-vous chez l’autre et qu’est-ce qui fait naître la gratitude en vous ? Les recherches montrent que si vous vous concentrez sur le soutien que vous offre votre conjoint, vous et votre conjoint <a href="https://econtent.hogrefe.com/doi/10.1024/1662-9647/a000077">vous sentirez mieux dans la relation</a>. On a beaucoup d’occasions d’observer ses émotions pendant une pandémie qui fait naître de puissants sentiments de colère, de peur, d’inquiétude, de chagrin, d’amour et de gratitude. Que pouvez-vous apprendre que vous ne connaissiez pas déjà sur les forces de votre conjoint, sa capacité et ses difficultés d’adaptation ?</p>
<p>En se retrouvant en confinement à la maison avec un conjoint, on pourrait avoir envie de dire « Pour le meilleur et pour le pire, d’accord, mais pas à chaque instant de la journée. » Mais peut-être en ressortirez-vous mieux outillé ? Pas besoin d’attendre la retraite pour avoir une relation solide.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135747/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Fishel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il existe des similitudes importantes entre la retraite et l’isolement qu’engendre la distanciation sociale. Les couples nouvellement confinés doivent s'inspirer de l'expérience des plus âgés.Anne Fishel, Associate Clinical Professor of Psychology at Harvard Medical School, Harvard UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1316032020-02-13T14:46:12Z2020-02-13T14:46:12ZBesoin de pimenter votre relation de couple ? Faites du sport ensemble !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/314821/original/file-20200211-146696-ln07rq.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C19%2C4243%2C2803&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes actives se déclarent plus satisfaites de leur relation de couple. Et c'est encore plus vrai pour celles qui font du sport en compagnie de leur conjoint.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>C’est connu, l’activité physique a de nombreux avantages pour la santé. Ce qui l’est moins est qu’elle peut aussi améliorer nos relations amoureuses et augmenter l’attirance entre deux partenaires.</p>
<p>En général, les personnes actives se déclarent plus satisfaites de leurs relations intimes. Et c’est encore plus vrai pour celles qui font du sport en compagnie de leur conjoint. Les conjoints mariés et actifs ont déclaré moins de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/fare.12307">problèmes conjugaux</a> que ceux qui sont plus sédentaires.</p>
<h2>Une question d’hormones</h2>
<p>Durant l’exercice, le corps libère des hormones telles que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22990628-exercise-induced-endocannabinoid-signaling-is-modulated-by-intensity/?from_term=Exercise-induced+endocannabino%C3%AFde+signalisation+est+modul%C3%A9+par+intensit%C3%A9&de_pos=1">endocannabinoïdes</a> et les <a href="https://link.springer.com/article/10.2165%2F00007256-199724010-00002">endorphines</a>. Ces hormones agissent sur le système de récompense du cerveau – le même que celui affecté par la consommation de marijuana – et améliorent l’humeur. Les endorphines sont des opioïdes naturels qui bloquent la douleur.</p>
<p>Grâce à ces hormones, les gens actifs <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10902-018-9976-0">se sentent plus heureux, même après une seule séance d’exercice</a>. L’effet de l’activité physique est durable et est associé à des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0191886917302027">relations sociales plus positives</a>.</p>
<p>Cela peut s’expliquer par le fait que les personnes plus heureuses sourient davantage et les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02699931.2013.817383">personnes souriantes sont considérées comme plus attirantes</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314311/original/file-20200209-27548-d7xbx5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’exercice a de nombreux avantages pour la santé, et peut également améliorer les liens et l’attirance mutuelle entre les gens.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/black-couple-doing-exercise-outdoors-1121986655">(Shutterstock)</a></span>
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<p>L’activité physique permet également aux glandes surrénales de libérer de l’adrénaline, ce qui fait augmenter le rythme cardiaque. La respiration accélère et la pression sanguine augmente. Toutes ces réactions sont similaires à celles provoquées par l’excitation sexuelle.</p>
<p>Une étude réalisée dans les années 1970 a placé des groupes d’hommes dans des situations engendrant de fortes montées d’adrénaline et d’anxiété. Les chercheurs ont noté chez les participants une <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fh0037031">corrélation entre l’anxiété et l’excitation sexuelle</a>.</p>
<p>On parle alors d’une « mauvaise attribution de l’excitation », qui consiste à attribuer une réaction aux mauvais stimuli. Ainsi l’anxiété ou l’augmentation du rythme cardiaque causée par l’exercice peuvent être interprétées à tort par le cerveau comme le résultat d’une stimulation sexuelle.</p>
<p>En effet, après une séance d’exercice de 15 minutes, des adultes ont signalé une <a href="https://www.mckendree.edu/academics/scholars/issue17/mckinney.htm">plus grande attirance</a> pour des images du sexe opposé par rapport à ceux qui n’avaient pas fait d’exercice. L’attirance augmentait en fonction de l’intensité de l’exercice.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314865/original/file-20200211-146686-h0zc85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les couples qui s’inscrivent ensemble dans un centre de conditionnement physique déclarent un nombre plus élevé de séances d’entraînement et moins d’abandons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>L’exercice physique améliore également la confiance et l’image que nous avons de nous-mêmes, ce qui peut nous rendre plus attirants pour les autres. Notre confiance en nos propres capacités tend à être liée à la <a href="https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/60/5/P268/585472">quantité d’activités que nous faisons</a>.</p>
<p>L’estime de soi et la satisfaction par rapport à son image corporelle sont également <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5068479/">plus grandes chez les personnes sportives</a>, et plus <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1359105309338977">elles font de l’exercice fréquemment</a>, plus l’estime de soi est grande.</p>
<h2>Des couples plus soudés</h2>
<p>Les bienfaits peuvent être encore <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/fare.12307">plus importants lorsque l’on fait du sport avec son conjoint</a>. Le temps de qualité passé ensemble peut expliquer ces résultats, mais il y a plus. Le type d’activité compte.</p>
<p>En effet, les couples qui font des activités nouvelles et stimulantes font état d’une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10707334-couples-shared-participation-in-novel-and-arousing-activities-and-experienced-relationship-quality/">meilleure qualité de leur relation</a> que ceux qui accomplissent ensemble des tâches plus banales. Le temps passé ensemble n’est donc pas le seul facteur de bien-être.</p>
<p>Cela correspond aux conclusions selon lesquelles faire de l’exercice avec une autre personne est <a href="https://link.springer.com/article/10.1023/A:1011339025532">plus amusant</a> que de faire de l’exercice seul.</p>
<p>Il n’est pas nécessaire de connaître la personne qui fait du sport avec soi pour obtenir cet effet. Faire de l’exercice avec un étranger peut également entraîner une attirance réciproque.</p>
<p>Cette hypothèse a été vérifiée dans une expérience où des partenaires de sexe opposé ont été choisis et jumelés au hasard pour effectuer ensemble un travail physique de faible ou de forte intensité. Une fois la tâche accomplie, chacun des participants devait répondre à des questions concernant leur attirance pour leur partenaire. Les participants ayant effectué le travail le plus exigeant ont déclaré avoir une <a href="https://www.sbp-journal.com/index.php/sbp/article/view/1335">plus grande attirance pour leur partenaire</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314869/original/file-20200211-146686-spblo8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’attrait pour les autres peut être encore plus grand lorsque l’on fait une activité qui nécessite de synchroniser ses mouvements, comme la danse ou la marche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Lors d’expériences en laboratoire, les personnes qui ont imité les mouvements de leur partenaire ont ressenti un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19646328-mimicry-in-social-interaction-benefits-for-mimickers-mimickees-and-their-interaction/">lien émotionnel plus fort</a>.</p>
<p>Une étude ultérieure comparant deux groupes de marcheurs a montré que l’ajout d’un effort physique amplifiait ces sentiments. Le groupe marchant de manière synchrone, mais à un rythme plus rapide a ressenti <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5760525/">plus d’influence réciproque et de coopération entre les personnes</a> que l’autre groupe qui marchait à un rythme plus lent.</p>
<p>L’exercice est également une forme de jeu. Il suffit de regarder les enfants jouer pour s’en convaincre. Leurs jeux consistent à courir, grimper et sauter, des activités inhérentes à plusieurs sports. Dans de nombreux cas, le jeu est inhérent à l’activité et le plaisir qui en découle <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2946511/">libère également des endorphines</a>.</p>
<h2>Le cercle vertueux de l’exercice</h2>
<p>En plus d’être plus amusantes, les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs12160-012-9367-4">séances d’entraînement à deux ou à plusieurs durent souvent plus longtemps</a>, ce qui entraîne encore plus de bénéfices pour la santé. Faire de l’activité physique avec un partenaire, des amis ou une équipe ajoute une motivation supplémentaire et apporte une constance à la pratique d’un sport.</p>
<p>Les couples qui s’inscrivent ensemble dans un centre de conditionnement physique déclarent un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8775648-twelve-month-adherence-of-adults-who-joined-a-fitness-program-with-a-spouse-vs-without-a-spouse/">nombre plus élevé de séances d’entraînement et moins d’abandons</a> sur une période d’un an, que les conjoints qui s’inscrivent seuls.</p>
<p>En somme, l’exercice physique en couple est comme un cercle vertueux. Il apporte une motivation et une discipline, renforce la relation et procure plus de plaisir, ce qui permet de continuer à faire du sport et ainsi de répéter le cycle.</p>
<hr>
<p><em>Scott Lear écrit le blogue hebdomadaire <a href="https://drscottlear.com/">Feel Healthy with Dr. Scott Lear</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131603/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Scott Lear a reçu des fonds de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation des maladies du cœur, de Novo Nordisk, de Hamilton Health Sciences et de la Fondation Robert Wood Johnson.</span></em></p>C'est connu, l'activité physique a de nombreux avantages pour la santé. Mais elle peut aussi améliorer nos relations amoureuses. Les couples actifs se déclarent plus satisfaits de leur relation.Scott Lear, Professor of Health Sciences, Simon Fraser UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1281732019-12-10T21:06:01Z2019-12-10T21:06:01ZLa précarité économique, frein à l’émancipation des femmes par l’entrepreneuriat<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/305437/original/file-20191205-39028-1r9t22o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C19%2C962%2C642&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les majorité de femmes entrepreneurs dépendent encore sur revenus de leurs conjoints pour vivre.</span> <span class="attribution"><span class="source">Wayhome studio / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Indéniablement, la quête de l’émancipation des femmes, que les historiens font démarrer à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle, a été un des événements du XX<sup>e</sup> siècle, en France mais aussi dans tous les États dits développés. En 1918, les « suffragettes » britanniques profitent de la place qu’elles ont dû occuper dans la vie civile pour obtenir le droit de vote. En France, ce droit ne sera octroyé aux femmes qu’une guerre plus tard, en 1945. Il aura fallu attendre 1965 et la loi du 13 juillet pour que la capacité juridique des femmes mariées soit reconnue et qu’elles puissent disposer d’un simple compte bancaire en leur nom propre.</p>
<p>Cette autorisation d’émancipation de la femme sur un plan sociétal s’est accompagnée d’une émancipation sur le plan économique tout aussi lente. Une émancipation qui pourrait d’ailleurs ralentir à l’avenir, si les doutes des collectifs féministes concernant la mise en place d’une <a href="https://www.france24.com/fr/20191209-les-femmes-grandes-perdantes-de-la-r%C3%A9forme-des-retraites">situation pénalisante pour les femmes</a> dans le projet de réforme des retraites venaient à se confirmer.</p>
<p>Certes, la femme contribue à l’économie de la famille depuis de nombreux siècles mais son accès à des métiers considérés comme prestigieux n’a été que très récemment gagné. Concernant, l’égalité des salaires à travail égal, l’actualité témoigne du combat qui reste encore à mener et de nombreuses recherches attestent de la difficulté des femmes à briser le « plafond de verre » pour atteindre des postes de direction…</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/318976455" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le plafond de verre, état des lieux (José de Sousa, ancien directeur du RITM, laboratoire d’économie-gestion de l’Université Paris-Sud, dans l’émission « Fenêtres ouvertes sur la gestion », 2019).</span></figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui toutefois, pour les femmes qui ne parviennent pas à s’émanciper dans le monde du salariat, l’entrepreneuriat offre des solutions : la mère de famille peut concilier sa vie familiale et sa vie professionnelle ; la femme qui perd son emploi peut en recréer un nouveau ; la femme salariée qui sent sa carrière stagner peut réaliser son potentiel… Pour autant, et ce, au-delà des plaidoyers pour la création/reprise d’entreprises par des femmes, seules <a href="https://www.infogreffe.fr/etude-infogreffe-les-femmes-et-l-entrepreneuriat-en-2019">27,2 % des femmes</a> sont inscrites comme dirigeantes aux greffes.</p>
<h2>Les femmes entrepreneurs gagnent moins</h2>
<p>Selon une <a href="http://renouveau-economique-entrepreneuriat-feminin.fr/etude-tour-de-france-de-lentrepreneuriat-feminin/">étude</a> réalisée par l’entreprise, <a href="https://www.bougetaboite.com/">« Bouge ta boîte »</a>, en collaboration avec la <a href="http://renouveau-economique-entrepreneuriat-feminin.fr/">chaire</a> Femmes et renouveau économique (FERE) durant la période septembre–octobre 2019 à l’occasion de son tour de France de l’entrepreneuriat féminin, la volonté de créer sa propre entreprise est avant tout motivée par une forme d’émancipation. En effet, sur les 504 femmes entrepreneures interrogées, 60 % des répondantes affirment vouloir avant tout « être libres ».</p>
<p>À quoi renvoie cette liberté ? Surtout à la capacité de mieux concilier les temps de vie, en particulier le temps personnel et le temps professionnel (47 % des réponses). L’émancipation perçue et déclarée passerait donc surtout par l’affranchissement des conditions de travail proposées par un système, celui des entreprises qui proposent un temps et un lieu de travail fixe, ou parfois ne proposent même plus de travail.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/305849/original/file-20191209-90580-163vu36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Extrait de l’étude « Tour de France de l’entrepreneuriat féminin ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://renouveau-economique-entrepreneuriat-feminin.fr/wp-content/uploads/2019/12/Etude-Tour-de-France-de-l%E2%80%99entrepreneuriat-f%C3%A9minin.pdf">Bouge ta boîte (Chaire FERE, 2019)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour autant, la promesse d’émancipation est-elle viable pour le moment ? Sur un plan économique, les résultats d’études qualitatives menées sur l’entrepreneuriat féminin nous permettent d’en douter…</p>
<p>Une femme entrepreneure témoigne ainsi dans l’étude :</p>
<blockquote>
<p>« Je ne peux décemment pas témoigner et encourager des jeunes à entreprendre dans le domaine de l’artisanat d’art. Moi, c’est un choix de maturité mais je ne gagne que 400 – 500 euros par mois, même avec mon statut de meilleure ouvrière de France… »</p>
</blockquote>
<p>Une autre, en larmes, décrit les difficultés de cette précarité économique :</p>
<blockquote>
<p>« J’en ai assez de cette vie de précarité. Mon mari commence à me rappeler qu’on a le crédit de la maison à rembourser et que ce serait bien que je gagne des sous. »</p>
</blockquote>
<p>Peu de chiffres sont communiqués en France au sujet des revenus réels des entrepreneurs et des entrepreneures. Tout au mieux sait-on que les femmes entrepreneurs gagneraient un <a href="http://www.epsilon.insee.fr/jspui/handle/1/400">tiers de moins</a> que leurs homologues masculins.</p>
<h2>Pas encore affranchies financièrement…</h2>
<p>Dans l’étude « Bouge ta boîte », 85,3 % de ces femmes déclarent vivre en couple. Une grande majorité n’a donc donc pas à assumer seule la charge d’une famille ou d’elles-mêmes. Pour autant, 44 % de ces femmes déclarent que leur entreprise dégage un revenu mensuel supérieur à 1 500 euros et 38 % d’entre elles estiment que leur entreprise a un revenu mensuel inférieur à 1 000 euros.</p>
<p>Pire, seuls 4,5 % des répondantes déclarent se verser un salaire mensuel ! Il est vrai que dans 45,8 % des cas, les activités ont été créées sans aucune mise de départ. Ces constats sont généralisables à l’ensemble des territoires avec des résultats légèrement meilleurs dans les régions Auvergne Rhône-Alpes et Ile-de-France. Dans ce contexte, ces femmes dépendent, entre autres, des revenus de leur conjoint pour vivre.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/305426/original/file-20191205-38984-oqgyy2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Or, sans émancipation économique, c’est l’émancipation tout court de la femme qui pourrait être remis en question… « L’argent ne fait pas le bonheur » dit l’adage, mais comment concilier émancipation entrepreneuriale sans émancipation financière pour la <a href="https://journals.openedition.org/lectures/27675">femme « non liée »</a>, qualificatif emprunté à la sociologue Nathalie Heinich pour désigner la femme qui s’est affranchie de la dépendance financière, morale et physique de son père, de son mari ou de son amant qui l’ont longtemps entretenue ?</p>
<h2>Trois pistes pour une émancipation économique</h2>
<p>Alors, comment concilier les deux ? Pour répondre à cette question, nous pouvons envisager trois pistes qui répondent à des obédiences idéologiques différentes.</p>
<p>La première piste est l’émancipation de la femme grâce au marché et à une présélection des femmes entrepreneurs en fonction de leur projet et de leur potentiel économique. Les projets ne seraient alors soutenus que s’ils sont générateurs de revenus économiques pour la femme entrepreneur. Soutenir une telle logique reviendrait à orienter la promotion de l’entrepreneuriat comme source d’émancipation aux femmes qui, certes, expriment un désir d’émancipation, mais qui ont des projets ambitieux, avec du capital investi et une bonne préparation entrepreneuriale, quitte à laisser de côté les petits projets portés par les autres femmes.</p>
<p>La seconde solution revient à penser l’émancipation de la femme entrepreneur par la société. Si on considère que la femme doit pouvoir rester indépendante, en particulier de son conjoint, et que toute femme a droit à l’émancipation, la société pourrait prendre à sa charge cette émancipation. Tout comme l’éducation nationale pense l’accompagnement et la croissance de l’enfant pour qu’il s’intègre dans la société, la société pourrait tout autant penser l’émancipation de la femme pour qu’elle puisse apprendre à prendre sa place dans le monde entrepreneurial. Pour autant, à l’heure où les soutiens apportés par l’Aide à la création d’entreprise (ACRE) sont discutés, voires amendés pour les auto-entrepreneurs, cette situation est-elle vraiment possible ?</p>
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<figcaption><span class="caption">L’ACRE menacée par un décret ! (La Fédération des auto-entrepreneurs, septembre 2019).</span></figcaption>
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<p>Enfin, dernière piste, penser l’émancipation de la femme entrepreneur… en la laissant penser elle-même son émancipation et les conditions de son émancipation… Cela passe par une renégociation du lien qui la lie à son conjoint et à sa famille. Dans le cadre du couple dans une logique entrepreneuriale, il peut s’agir d’un partage de tâches domestiques mais aussi d’un soutien moral, affectif dans tel ou tel contexte. Notons que cette émancipation ne peut toutefois être permise que si le conjoint, masculin, est lui-même ouvert à la négociation…</p>
<p>Au moment où le monde politique français entame une réflexion sur l’émancipation des femmes, il est donc bon de repenser ces trois directions qui ne reposent pas sur les mêmes idéologies, ni sur les mêmes principes. L’émancipation des femmes reste en effet un choix de société. Espérons que les femmes citoyennes, désormais plus présentes dans le monde politique, pourront peser dans ce choix.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128173/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Séverine Le Loarne-Lemaire conseille Bouge ta Boite en tant que chercheur et titulaire de la Chaire "Femmes et Renouveau Economique" hébergé à Grenoble Ecole de Management, sous l'égide de la Fondation de France. Elle a signé les résultas de l'étude "Tour de France de l'entrepreneuriat féminin 2019 - Bouge ta Boite" </span></em></p>Seuls 4,5 % des femmes entrepreneures déclarent se verser un salaire mensuel, selon une étude.Séverine Le Loarne-Lemaire, Professeur Management de l'Innovation & Management Stratégique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.