tag:theconversation.com,2011:/global/topics/dengue-38487/articlesdengue – The Conversation2023-10-04T18:39:57Ztag:theconversation.com,2011:article/2147792023-10-04T18:39:57Z2023-10-04T18:39:57ZMaladies transmises par les moustiques, météo et climat : des liaisons dangereuses<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551419/original/file-20231002-17-o3uqig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C1024%2C671&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aedes aegypti est une espèce d'insectes diptères, un moustique qui est le vecteur principal de la dengue, de l'infection à virus Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune.</span> <span class="attribution"><span class="source">U.S. NAVY </span></span></figcaption></figure><p>Lors de la crise sanitaire liée au SARS-CoV-2, nos sociétés ont pris conscience de l’importance et de l’utilité des outils mathématiques et statistiques pour <a href="https://theconversation.com/comment-estimer-levolution-du-Covid-19-malgre-des-donnees-de-contaminations-de-qualite-limitee-177777">caractériser la propagation d’une maladie</a> dans la population générale, prévoir ses conséquences en termes de santé publique et anticiper les répercussions économiques à court terme. Au-delà du Covid-19, les maladies propagées par les moustiques, dont <a href="https://theconversation.com/podcast-zootopique-des-maladies-qui-sacclimatent-208678">l’aire de répartition s’élargit régulièrement</a> sous l’influence du changement climatique, représentent aujourd’hui une menace émergente. </p>
<p>Dans notre dernier travail, récemment publié dans la revue <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adf7202"><em>Science Advances</em></a>, nous avons revisité l’analyse des liens entre maladies transmises par des moustiques, météorologie et climat. À la clé, un enjeu de santé publique : la mise en place de systèmes d’alerte précoce aiderait à mieux se préparer à ces épidémies.</p>
<h2>Dengue et chikungunya de plus en plus au nord</h2>
<p>Avec le réchauffement climatique et la survenue <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">d’évènements El Niño</a> plus fréquents, l’augmentation des cas de <a href="https://theconversation.com/les-changements-globaux-aggravent-le-risque-dexpansion-du-paludisme-115951">maladies transmises par des moustiques</a> devient un sujet brûlant. Longtemps cantonnées dans les régions tropicales ou équatoriales, elles commencent à pointer leur nez sous des latitudes plus tempérées.</p>
<p>Quelques exemples :</p>
<ul>
<li><p>Épidémie de chikungunya <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/chikungunya">dans le nord de l’Italie en 2007 et en 2017</a></p></li>
<li><p>Flambée de <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/dengue">dengue en 2012 sur l’archipel de Madère</a> avec de nombreux cas de dengue importés en Europe</p></li>
<li><p><a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Invasion du sud de la France</a> par <em>Aedes Albopictus</em>, le célèbre moustique tigre, connu pour transmettre des <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=arbovirose">arboviroses</a> c’est-à-dire des maladies, transmises par des arthropodes dont les moustiques, comme la dengue, Zika ou le chikungunya.</p></li>
</ul>
<p>Tous ces exemples témoignent d’une montée de risques sanitaires qui nous étaient jusque-là étrangers. En 2022, Santé Publique France, a recensé <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/dengue/documents/article/surveillance-des-arboviroses-en-france-metropolitaine-nette-augmentation-des-cas-de-dengue-autochtone-en-2022">près de 70 cas autochtones de dengue dans le sud de la France</a>.</p>
<p>Il y a quelques jours à peine, les Parisiens du 15<sup>e</sup> ont eu dû faire face à une <a href="https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/cas-de-dengue-a-paris-une-operation-de-demoustication-prevue-dans-la-nuit_60085898.html">démoustication en règle de leur arrondissement</a> pour réduire les risques de transmission, du virus de la dengue importé, par les nombreux moustiques tigres qui ont colonisé cet arrondissement. </p>
<h2>Climat, météo, facteurs socio-économiques… des épidémies complexes</h2>
<p>Pour anticiper les épidémies de maladies propagées par les moustiques et mettre en place des systèmes d’alerte précoce efficaces, nous devons comprendre le rôle que jouent les principaux facteurs environnementaux dans les épidémies passées, notamment celles qui ont été observées dans les pays où ces maladies sont endémiques.</p>
<p>Or, la dynamique de ces maladies résulte de relations complexes entre vecteurs (moustiques), humains, leur statut immunitaire, les facteurs socio-économiques, les effets de l’environnement sur les moustiques… Malgré cette complexité, il existe un consensus dans la communauté scientifique sur le fait que les facteurs climatiques, la température, l’humidité et les précipitations sont des déterminants importants de ces épidémies. </p>
<ul>
<li><p>Les précipitations sont nécessaires pour créer des habitats propices aux larves de moustiques. </p></li>
<li><p>Une humidité adéquate permet une activité élevée des moustiques adultes et améliore les taux de survie.</p></li>
<li><p>La température affecte aussi le taux de piqûre et le développement du pathogène dans les populations de moustiques, ce qui va influencer le taux de transmission de la maladie.</p></li>
</ul>
<p>En plus de ces variables climatiques locales, le climat global, notamment les oscillations à grande échelle de type El Niño, influence aussi la dynamique de ces maladies.</p>
<h2>Des maladies cycliques</h2>
<p>Pour mieux comprendre les dynamiques épidémiques de ces maladies, l’approche méthodologique consiste à suivre dans le temps l’évolution du nombre d’individus atteints, ce qui est souvent fait par les systèmes de santé. Cela permet, dans un second temps, d’analyser les motifs temporels récurrents. </p>
<p>Et de fait, l’étude de nombreuses séries temporelles a montré que ces dynamiques sont marquées par une forte saisonnalité : on observe une épidémie chaque année, plus ou moins au même moment de l’année, mais d’intensité variable. De manière tout aussi systématique, des composantes multiannuelles de deux à quatre ans ont été mises en évidence.</p>
<p>Une fois ces composantes périodiques estimées, des approches statistiques vont permettre de déterminer la présence de corrélations avec les composantes trouvées sur les séries temporelles météorologiques et/ou climatiques.</p>
<h2>Quand la corrélation ne suffit pas</h2>
<p>Au cours de notre recherche, nous avons été confrontés à deux problèmes méthodologiques. Le premier est qu’il n’est pas toujours simple de quantifier ces liens, notamment parce qu’ils peuvent fortement évoluer dans le temps. Par exemple, en utilisant les données mensuelles de cas de dengue en Thaïlande sur 34 années, nous n’avons pas détecté de corrélations significatives entre le nombre de cas et les oscillations El Niño, car ces corrélations apparaissent seulement lors des évènements El Niño de forte ampleur. </p>
<p>Pour pallier ce problème, des outils statistiques appropriés sont nécessaires. Nous avons proposé d’utiliser la <a href="https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/apprentissage-face-la-malediction-de-la-grande-dimension/transformees-et-bases-ondelettes">décomposition en ondelettes</a>, qui permet de déterminer quelles sont les composantes récurrentes dans un signal et surtout comment ces composantes évoluent dans le temps. L’approche peut se généraliser avec deux signaux, et permet de déterminer quelles composantes et quelle récurrence temporelles ils partagent, <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.0020106">comme l’expliquait notre article paru en 2005</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551476/original/file-20231002-29-ujdhq9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=153&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Graphe de gauche : Incidence de la dengue en Thaïlande entre 1982 et 2016. Graphe de Droite : Composantes périodiques obtenues. Ce graphe représente le spectre d’ondelette, c’est-à-dire la répartition de la variance simultanément dans le domaine temporel (axes des abscisses) et dans le domaine des périodes (axe des ordonnées). Les fortes variances sont codées en rouge et les faibles en blanc. Les valeurs statistiquement significatives sont à l’intérieur des courbes pointillées. Cette figure montre qu’il y a une forte composante périodique à 1 an, la composante saisonnière, présente pendant quasiment toute la période d’observation, mais aussi des composantes temporelles récurrentes à 2-3 ans et à 3-4 ans qui sont elles plus discontinues.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le second problème est que l’analyse d’ondelette met en évidence des liens aussi bien avec les variables climatiques locales qu’avec les variables climatiques globales, sans pouvoir distinguer le rôle de chacune. Il est bien connu en statistiques que si A est corrélé à B et si A est corrélé à C, alors B et C sont corrélés, du fait qu’ils sont tous les deux corrélés à A. Pour regarder le véritable lien entre B et C, il faut donc corriger l’effet de A en faisant appel à la « corrélation partielle ».</p>
<h2>Distinguer l’influence locale et globale du climat</h2>
<p>Nous avons généralisé cette démarche en utilisant la « cohérence partielle », calculée avec les ondelettes. Cela nous a permis de quantifier les liens non stationnaires (c’est-à-dire, évoluant dans le temps) entre le nombre de malades observés et une variable climatique locale donnée, en contrôlant les effets des variables climatiques globales. Et inversement, de quantifier les liens non stationnaires entre le nombre de malades et une variable climatique globale en contrôlant les effets des variables climatiques locales.</p>
<p>Une fois ces deux problèmes techniques résolus, nous avons appliqué notre méthodologie à plus de 200 séries temporelles de dengue et de malaria observées à travers le monde (Asie, Amérique Centrale, Amérique du Sud, Afrique subsaharienne). Nous avons ainsi analysé les composantes temporelles de ces séries, que nous avons comparées avec les facteurs climatiques globaux et locaux. Et nous montrons que le climat local (température, précipitations ou humidité) influence seulement la composante saisonnière de la maladie, alors que les composantes multiannuelles sont, quant à elles, associées au climat global (El Niño par exemple).</p>
<p>Ce résultat est très général : il se vérifie quel que soit la maladie étudiée (dengue, malaria), quel que soit le continent considéré, quel que soit l’échelle géographique utilisée (ville, sous-provinces, provinces, sous-régions, régions, pays) et reste vrai pour quasi tous les nombreux couples de variables climatiques locale-globale analysés.</p>
<p>En plus d’une approche méthodologique originale, ce travail met en lumière qu’il y a des informations complémentaires dans les variables climatiques locales et les variables climatiques globales comme El Niño. Ces informations devront être prises en considération dans l’amélioration des systèmes d’alerte précoce. Par exemple, avec nos résultats, nous nous attendons à ce que la température ait des effets différents lors d’une année El Niño par rapport à une année La Niña.</p>
<p>Bien sûr, il faut garder à l’esprit que ces facteurs climatiques ne sont pas les seuls à fortement influencer ces épidémies. Les facteurs socio-économiques comme la disponibilité de l’eau courante et l’urbanisation, ainsi que le statut immunitaire de la population sont importants. Toutes ces informations devront être prises en considération pour l’amélioration des systèmes d’alerte précoce.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214779/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Cazelles a reçu des financements de l'Agence National de la Recherche (ANR). </span></em></p>Les maladies transmises par les moustiques progressent sous l’influence du climat. Des analyses statistiques poussées des données épidémiologiques permettraient de mieux prévoir les flambées.Bernard Cazelles, Ecologie, Epidemiologie, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2093392023-07-19T19:12:41Z2023-07-19T19:12:41ZVirus de la dengue en France métropolitaine : à quoi faut-il s’attendre cette année ?<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfers ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de <a href="https://theconversation.com/virus-de-la-dengue-en-france-metropolitaine-a-quoi-faut-il-sattendre-cette-annee-209339">transmettre des virus tropicaux</a>, en passant par les <a href="https://theconversation.com/serie-1-des-draps-a-la-telecommande-tele-la-verite-sur-les-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">dangers microbiologiques méconnus des hôtels</a>, les « traditionnels » <a href="https://theconversation.com/le-retour-douloureux-des-coups-de-soleil-et-leurs-consequences-209059">coups de soleil</a>, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
<hr>
<p>De l’avis de tous les spécialistes, l’année 2022 a été exceptionnelle en France métropolitaine sur le front de la circulation des arbovirus, ces virus transmis par les arthropodes se nourrissant de sang, comme les tiques ou les moustiques. </p>
<p>Cette année est-elle annonciatrice de ce qui nous attend à l’avenir ? Ou s’agit-il plutôt d’une anomalie pour notre pays, habituellement très peu coutumier de ces virus, plutôt considérés comme <a href="https://theconversation.com/virus-exotiques-en-france-un-sujet-plus-que-jamais-dactualite-186324">« exotiques »</a> ?</p>
<h2>2022, l’année de tous les records en France métropolitaine</h2>
<p>Retour en arrière. 2022, au milieu de l’été, un premier cas « autochtone » de transmission de dengue est rapporté dans l’Hexagone. Cet adjectif qualifie une infection détectée sur le territoire national, sans que le malade n’ait voyagé en zone contaminée auparavant. À l’inverse des cas « importés » depuis l’étranger, cela signifie donc que le virus circule dans le pays. </p>
<p>Cela n’avait alors rien de très surprenant : la dengue, maladie arbovirale la plus répandue dans le monde, qui touche chaque année entre 100 et 400 millions de personnes, a déjà été responsable de cas autochtones ces dernières années en France métropolitaine. Le virus avait notamment été détecté dans les Alpes Maritimes, le Var, les Bouches du Rhône, l’Hérault ou encore le Gard, totalisant une trentaine de cas depuis 2010. Pas vraiment de quoi s’inquiéter initialement, donc. </p>
<p>Mais voilà, 2022 ne s’est pas passée comme prévu, et les cas autochtones se sont enchaînés. Neuf épisodes de transmission autochtone de dengue ont été répertoriés, totalisant 66 cas au total, dans les régions Occitanie (12 cas), Provence-Alpes-Côte d’Azur (52 cas) et Corse (deux cas). Par ailleurs, le virus a touché de nouveaux départements dans lesquels aucun cas de dengue n’avait jamais été identifié, comme la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées ou encore les Pyrénées-Orientales. </p>
<p>66 cas autochtones cela peut paraître peu, mais cela représente, en une seule année, plus du double des cas répertoriés en 12 ans, depuis le premier cas de dengue autochtone identifié en France en 2010 dans les Alpes Maritimes. </p>
<p>Or, la dengue est une maladie qui ne doit pas être prise à la légère.</p>
<h2>La dengue, une maladie potentiellement grave</h2>
<p>Si la dengue est asymptomatique dans une grande proportion des cas (dans 50 % à 90 %, en fonction des études), elle peut néanmoins se traduire, dans environ 1 % des cas, par une forme potentiellement mortelle : la dengue dite « hémorragique », qui s’accompagne de saignements multiples, notamment gastro-intestinaux, cutanés et cérébraux.</p>
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<p>Chez les autres personnes symptomatiques, la maladie se manifeste principalement par des symptômes assez proches de ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires… On estime que chaque année, 500 000 personnes sont hospitalisées dans le monde pour des formes graves de la maladie, qui entraînent entre 10 000 et 15 000 décès. Au-delà de ce coût en vies humaines, la prise en charge de la maladie <a href="https://www.guadeloupe.franceantilles.fr/le-cout-de-lepidemie-50-000-jours-darret-maladie-619686.php">a un coût certain pour la communauté</a>. </p>
<p>Limiter le nombre de cas est important, car la maladie risque de se propager à chaque piqûre de moustique.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Carte de présence du moustique tigre au 1er janvier 2023 -" src="https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537586/original/file-20230715-24731-qotrqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=639&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Au 1er janvier 2023, sur 96 départements de France métropolitaine, 71 départements sont colonisés par le moustique vecteur Aedes albopictus (moustique tigre).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Ministère de la Santé et de la Prévention - Direction générale de la Santé</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Quels moyens de lutte ?</h2>
<p>Quand un moustique vecteur pique un hôte infecté, le virus se multiplie dans son organisme. Lors de la piqûre suivante, il passera dans le sang d’une autre personne, où il pourra être prélevé par un autre moustique, et ainsi de suite.</p>
<p>Le meilleur moyen de limiter la propagation d’un foyer d’infection est donc de lutter contre le vecteur principal de ce virus : à savoir <em>Aedes albopictus</em>, plus connu sous le nom de moustique tigre. </p>
<p>Une tâche très compliquée, car l’aire de répartition de ce moustique ne cesse de s’étendre en France ces dernières années, ce qui augmente sensiblement le nombre de départements à risque.</p>
<p>Chaque foyer identifié implique la mise en place d’une infrastructure assez lourde pour briser le cycle de circulation des virus dans la population humaine : opérations de démoustication à proximité des cas détectés (afin d’éliminer les moustiques adultes ainsi que leurs larves), actions de sensibilisation auprès du public et des professionnels de santé, enquêtes de porte-à-porte menées en collaboration avec les Agences régionales de Santé (ARS), Santé publique France et des agences de démoustication (Altopictus ou l’Entente interdépartementale de démoustication). </p>
<h2>À quoi s’attendre pour les années à venir ?</h2>
<p>Il est très difficile d’anticiper la circulation des arbovirus, car leur cycle de transmission est influencé par des paramètres multiples. </p>
<p>Difficile, donc, de savoir si 2023 et les années suivantes seront du même tonneau, ou pire, que 2022. Difficile également de prévoir quelle arbovirose, entre la dengue, le Zika, ou le chikungunya, occupera le devant de la scène. La dengue étant l’arbovirose la plus présente à la surface du globe, la probabilité est néanmoins forte d’observer de plus en plus de cas de cette maladie en métropole dans les années à venir. </p>
<p>Une seule chose est certaine : il est désormais clairement établi que nous devons nous attendre à une augmentation des cas de transmission arbovirale en France métropolitaine au cours des prochains étés. D’autant plus que la situation exceptionnelle observée en France l’année passée n’est pas un cas isolé au niveau mondial. </p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-moustiques-nous-piquent-et-les-consequences-186325">Comment les moustiques nous piquent (et les conséquences)</a>
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<p>Dans les Amériques, 2,8 millions de cas de dengue ont été identifiés en 2022, ce qui représente plus du double des cas signalés en 2021. Et 2023 est déjà synonyme, pour certains pays, d’épidémie de dengue sans précédent : le Pérou est victime de la vague la plus intense depuis la réapparition de cette maladie dans le pays en 1990. </p>
<p>Autre indicateur inquiétant, l’Organisation mondiale de la Santé se prépare à la probabilité que le phénomène El Niño, prévu pour les années 2023 et 2024, puisse accroître la transmission non seulement de la dengue, mais aussi des autres arbovirus. </p>
<p>Enfin, le changement climatique va aussi impacter la prolifération des moustiques vecteurs de ces maladies, en allongeant la période d’activité des moustiques, dont le pic s’étend pour l’instant de mai à septembre. Par ailleurs des températures élevées favorisent la multiplication des virus dans les moustiques et donc leur transmission.</p>
<h2>Des réseaux de surveillance à la limite de leurs capacités</h2>
<p>Bien que constituant un record absolu, le nombre de cas de dengue recensés en 2022 reste donc probablement très limité par rapport à ce que nous devons nous attendre dans les années à venir. Par ailleurs, la France va accueillir des évènements sportifs majeurs ces prochaines années, dont les Jeux olympiques en 2024, ce qui pourrait contribuer à renforcer la dynamique de circulation des arbovirus… </p>
<p>Face à l’émergence de ces maladies arbovirale, la France, a mis en place des réseaux actifs de surveillance. Ils regroupent des experts aux différentes compétences (vétérinaires, cliniciens, entomologistes, chercheurs) qui participent tous à mieux comprendre ces virus. </p>
<p>L’explosion des cas de l’an passé les a cependant localement mis à rude épreuve, tout comme les réseaux de démoustication, qui fonctionnent à la limite de leur capacité. Cette situation met en lumière la nécessité d’investir davantage dans ces domaines. C’est dès aujourd’hui que nous devons nous préparer afin d’être en mesure de contrôler au mieux les épidémies à venir. En ce sens, 2022 est un avertissement que nous devons tous prendre au sérieux…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209339/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yannick Simonin a reçu des financements de l'ANRS-MIE, de l'ANR et de l'Université de Montpellier.</span></em></p>Les nombres de cas de dengue contractés en France métropolitaine ont explosé en 2022. Cette année restera-t-elle exceptionnelle, ou marque-t-elle plutôt l’entrée dans une nouvelle normalité ?Yannick Simonin, Virologiste spécialiste en surveillance et étude des maladies virales émergentes. Professeur des Universités, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2086782023-06-28T20:06:51Z2023-06-28T20:06:51ZPodcast « Zootopique » : Des maladies qui s’acclimatent ?<iframe src="https://embed.acast.com/7f7f5b1b-ba8f-4be1-833e-f8c62a47f850/64944f3c7e0c0d0010ec50bd" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une première saison portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison.</p>
<p>Pour ce dernier épisode de la saison, intéressons-nous à ces maladies tropicales qui finissent par s’acclimater et se développer sur notre territoire en raison du changement climatique. Par exemple, en 2022, 65 cas de dengue autochtones ont été enregistrés dans le sud de la France.</p>
<p>D’autres maladies humaines ou animales émergeront à l’avenir. Alors, de quelles maladies parle-t-on ? Le changement climatique est-il vraiment l’unique facteur en cause ? Comment faire face à ces nouvelles menaces ?</p>
<p>Avec Stéphan Zientara, vétérinaire et virologiste, directeur de l’unité mixte de recherche Anses-Inrae-Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort et Éric Cardinale, vétérinaire spécialisé dans les domaines de la microbiologie et de l’épidémiologie, directeur adjoint de l’Unité mixte de recherche ASTRE Cirad-Inrae.</p>
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<p><em>Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : <a href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>. Animation : Benoît Tonson.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208678/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En raison du changement climatique et des comportements humains, certaines maladies, comme la dengue, pourraient devenir un problème en France métropolitaine.Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceÉric Cardinale, Vétérinaire spécialisé dans les domaines de la microbiologie et de l’épidémiologie,, CiradStéphan Zientara, Vétérinaire et virologiste, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1928812022-11-17T17:26:53Z2022-11-17T17:26:53ZLutte contre les moustiques : améliorer l’efficacité des insecticides tout en réduisant leurs doses<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495900/original/file-20221117-21-16mv6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1597%2C1053&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Moustique Aedes aegypti, vecteur de la dengue.</span> <span class="attribution"><span class="source"> James Gathany, CDC/Wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies humaines provoquées par des parasites, des virus ou des bactéries transmis par des vecteurs (moustiques ou tiques par exemple) encore appelées maladies à transmission vectorielle représentent, au niveau mondial, environ 17 % des maladies infectieuses.</p>
<p>Certaines de ces maladies sont transmises par des insectes hématophages comme les moustiques. Elles peuvent infecter l’homme par l’intermédiaire de virus (arbovirus), c’est le cas de la dengue, du chikungunya et de Zika ou de parasites (plasmodium) pour le paludisme.</p>
<p>Dans ce cas, le <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/malaria/world-malaria-reports/world-malaria-report-2021-global-briefing-kit-fre.pdf">dernier rapport de l’OMS</a> fait état d’un nombre de décès dus au paludisme estimé à 627 000 en 2020. Ce qui correspond à 69 000 décès de plus que l’année précédente. Les régions d’Afrique sont les plus impactées avec 96 % de tous les décès dus au paludisme en 2020, les enfants de moins de 5 ans sont les principales victimes (80 % des décès).</p>
<p>De plus, <a href="https://www.who.int/fr/news/item/19-05-2021-who-issues-new-guidance-for-research-on-genetically-modified-mosquitoes-to-fight-malaria-and-other-vector-borne-diseases">l’incidence de la dengue</a>, par exemple, continue d’augmenter et la maladie touche désormais les populations de plus de 129 pays d’après la Dre Mwele Malecela, Directrice du Département de l’OMS de lutte contre les maladies tropicales négligées.</p>
<p>Au niveau national et dans plusieurs régions françaises, en particulier dans les territoires ultra-marins (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Mayotte, La Réunion) et les collectivités d’outre-mer (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis et Futuna, le contrôle des populations moustiques vecteurs des genres <em>Aedes</em>, <em>Anopheles</em> et <em>Culex</em> pose un réel problème en matière de santé publique. De plus, des <a href="https://www.codes06.org/actualites/actualites-a-la-une/chikungunya-dengue-et-zika-donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-france-metropolitaine-en-2022/">cas autochtones</a> de dengue en France métropolitaine ont été rapportés avec 9 foyers de transmission de dengue qui représentent 65 cas autochtones identifiés au 16 octobre 2022 en région Occitanie, Paca et Corse.</p>
<p>Enfin, l’émergence et la réémergence de ces maladies vectorielles transmises par les moustiques, dues aux changements climatiques et à la globalisation des échanges au niveau mondial renforcent l’urgence de développer de nouvelles stratégies essentielles pour gérer et contrôler ces populations de moustiques vecteurs d’agents pathogènes.</p>
<h2>Des moyens de lutte variés mais imparfaits</h2>
<p>Aujourd’hui, les objectifs de la lutte antivectorielle (LAV) sont de diminuer mais aussi de contrôler les populations de moustiques vecteurs. Parmi les moyens de lutte utilisés (biologiques, mécaniques et/ou génétiques), la lutte chimique par l’utilisation de biocides comme les insecticides,reste une stratégie largement utilisée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-lachers-de-moustiques-modifies-pour-lutter-contre-la-dengue-le-chikungunya-ou-la-fievre-jaune-189573">Les lâchers de moustiques modifiés pour lutter contre la dengue, le chikungunya ou la fièvre jaune</a>
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<p>Cependant, le développement des mécanismes de résistance aux insecticides classiques par les moustiques et d’autres mécanismes physiologiques de compensation (surexpressions de récepteurs cibles spécifiques) qui limitent le coût biologique généré par le développement de ces résistances par ces mêmes moustiques modifie l’effet insecticide et rend les traitements de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2020SA0029Ra.pdf">moins en moins efficaces</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, pour limiter l’apparition de résistances chez les moustiques vecteurs d’agents pathogènes et diminuer la concentration d’insecticide utilisée afin d’éviter les effets secondaires sur les organismes non-cibles (comme des insectes auxiliaires ou des mammifères), nous avons développé au sein du laboratoire SiFCIR de l’Université d’Angers en collaboration avec l’IRD de Montpellier (F. Chandre) et la SATT-Ouest valorisation de Rennes, une stratégie innovante de lutte contre les moustiques sensibles et résistants aux insecticides.</p>
<h2>L’agent synergisant</h2>
<p>Cette stratégie est basée sur l’utilisation d’une association de deux composés de familles chimiques différentes ayant des modes d’action indépendants, à savoir un agent synergisant et un insecticide. L’agent synergisant, défini aujourd’hui dans le cadre du <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2020SA0029Ra.pdf">rapport d’expertise collective de l’Anses</a> (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), est un composé chimique de synthèse ou naturel qui ne possède pas lui-même de propriétés insecticides, mais qui, lorsqu’il est associé et appliqué avec un insecticide renforce considérablement son activité tout en réduisant les concentrations utilisées. L’avantage majeur de cette association qui agit sur des cibles différentes rompt le cycle de développement de résistance observé pour un insecticide.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2214574518300890?via%3Dihub">Cette stratégie</a>, permet d’intensifier l’effet d’un insecticide donné, qui s’il avait été utilisé seul n’aurait pas eu une action aussi importante.</p>
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<p>Dans ces conditions et parce que l’agent synergisant est utilisé à très faible concentration, il n’occasionne pas d’actions néfastes sur les organismes vivants et l’environnement. Il a pour effet d’activer des voies de signalisation intracellulaire impliquées dans l’augmentation de la sensibilité des cibles membranaires aux insecticides. Ces voies de signalisation, lorsqu’elles sont sollicitées, sont responsables d’un changement de conformation de la cible. Cet effet augmente l’action de l’insecticide tout en réduisant les concentrations utilisées et permet de contourner des phénomènes de résistance aux insecticides.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Représentation schématique du principe de l’utilisation d’un agent synergisant associé à un insecticide. Ce « tandem » permet de changer la conformation de la cible à l’insecticide via des mécanismes intracellulaires dépendants du calcium. Dans ces conditions, l’effet insecticide est potentialisé à plus faible concentration (vert) par rapport au traitement classique sans agent synergisant (rouge)" src="https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/495903/original/file-20221117-17-600cgk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Ce nouveau concept basé sur l’utilisation d’un agent synergisant a fait l’objet de brevets. Il a retenu récemment l’intérêt d’industriels dans les domaines d’applications liés à l’utilisation des produits phytosanitaires. Cet intérêt s’inscrit dans le cadre des nouvelles procédures d’homologations concernant l’utilisation des biocides à plus faibles concentrations dans un contexte à la fois de santé environnementale mais aussi de santé publique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192881/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bruno Lapied a reçu des financements de la SATT-Ouest Valorisation, de la Région Pays de la Loire et de la Direction Générale de l’Armement, l’Agence de l’Innovation de Défense (Ministère des Armées).
Il travaille en tant qu'expert pour l'Anses.
Le travail de recherche a été réalisé en collaboration avec C. Deshayes, E. Moreau, S. Perrier (laboratoire SiFCIR, Université d'Angers), F. Chandre (IRD de Montpellier), la SATT-Ouest Valorisation, le Vectopole Sud Network (Montpellier) du LabEx CeMEB (ANR-10-LABX-04-01) et W. Nowak, Institute of Physics, Faculty of Physics, Astronomy and Informatics, N. Copernicus University, Torun, Poland.</span></em></p>Les moustiques vecteurs de pathogènes sont un problème de santé publique, une nouvelle approche basée sur la chimie permettrait de rendre les traitements plus efficaces.Bruno Lapied, Professeur de Neurophysiologie, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1907292022-09-19T18:41:45Z2022-09-19T18:41:45ZLes cas de dengue explosent en France métropolitaine : que faut-il savoir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485365/original/file-20220919-875-o6su2s.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C3600%2C2349&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les pupes de moustiques tigres, qui donneront naissance à des adultes pouvant transmettre la dengue et d’autres maladies, vivent en milieu aquatique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=26036">CDC/ Amy E. Lockwood, MS / Lauren Bishop</a></span></figcaption></figure><p>Un nombre sans précédent de cas de dengue a été identifié en France métropolitaine depuis le milieu de l’été. En effet, près d’une quarantaine de cas « autochtones » – autrement dit, des infections contractées sur le territoire national, sans que les malades n’aient voyagé à l’étranger – avaient déjà été rapportés à la mi-septembre, ce qui est plus que le total cumulé des 10 dernières années.</p>
<p>La maladie s’est par ailleurs déclarée dans des départements où elle n’avait jamais été détectée jusqu’à présent. Alors que le nombre d’infections continuera probablement à augmenter dans les jours et semaines à venir, quelles régions sont concernées ? Quelles sont les causes les plus plausibles de cette situation exceptionnelle ? Cette situation peut-elle s’avérer préoccupante ?</p>
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<h2>Dans les Alpes-Maritimes, le foyer le plus important jamais identifié en France métropolitaine</h2>
<p>Actuellement, sur les cinq départements touchés par la maladie, trois sont situés en région Occitanie et deux en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA).</p>
<p>En Occitanie, quatre cas ont été identifiés dans le même habitat, sur la commune de Salvetat Saint-Gilles, à 20 km à l’ouest de Toulouse, en Haute-Garonne ; 3 cas ont été rapportés dans la commune d’Andrest et celle, distante de 15 km, de Rabastens-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées ; 1 cas a été détecté à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. Jamais le virus de la dengue n’avait été identifié dans ces deux derniers départements.</p>
<p>En région PACA, les deux départements touchés sont le Var, avec 7 cas identifiés à Fayence et, surtout, les Alpes Maritimes avec 31 cas identifiés dans trois communes situées à moins de 10 km de distance les unes des autres : Saint Jeannet, Gattières et La Gaude. La proximité géographique et temporelle – ils se sont déclarés sur un mois – de ces nouveaux cas penche en faveur d’un seul et même épisode de circulation du virus sur ces trois communes. Ce foyer est d’ores et déjà le plus important jamais identifié en France métropolitaine. Il est toujours actif, les derniers cas ayant été identifiés début septembre. D’autres cas seront probablement identifiés prochainement.</p>
<iframe title="Cas d’infections autochtones de dengue identifiés depuis 2010 en France métropolitaine, au 20 septembre 2022" aria-label="Carte" id="datawrapper-chart-Dy85f" src="https://datawrapper.dwcdn.net/Dy85f/14/" scrolling="no" frameborder="0" style="width: 0; min-width: 100% !important; border: none;" height="766" width="100%"></iframe>
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<p>Jusqu’à présent, le nombre d’infections autochtones de dengue restait très limité en France métropolitaine. Il était estimé à moins d’une trentaine depuis le premier cas rapporté en 2010, avec bien souvent seulement quelques infections identifiées par an. Le nombre de cas rapportés cette année dépasse donc déjà l’ensemble des cas identifiés ces 15 dernières années.</p>
<p>Soulignons par ailleurs que la dengue étant souvent asymptomatique (dans environ 70 % des cas), elle peut passer largement inaperçue. En outre, avec la pandémie Covid-19, le diagnostic des autres maladies virales a probablement été sous-évalué au cours des deux dernières années. Cela a pu concerner notamment différentes arboviroses, dont la dengue. Le nombre de cas réel est donc probablement fortement sous-estimé.</p>
<p>Pourquoi une telle explosion ? S’il était difficile d’anticiper une hausse de la circulation de la dengue telle que celle que nous vivons en 2022, ces dernières années plusieurs éléments précurseurs laissaient présager une augmentation des maladies à transmission vectorielle.</p>
<h2>Le moustique vecteur a envahi notre territoire</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte de la répartition du moustique tigre en France métropolitaine et en Corse, en janvier 2022" src="https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=523&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=523&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=523&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485308/original/file-20220919-24-nbrb4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=657&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Répartition du moustique tigre en France métropolitaine et en Corse, en janvier 2022.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Ministère des Solidarités et de la Santé</a></span>
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<p>Le virus à l’origine de la dengue est transmis par les espèces de moustiques appartenant au genre <em>Aedes</em>, dont fait partie le moustique tigre (<em>Aedes albopictus</em>). Or, depuis sa première détection sur notre territoire, en 2004 à Menton, ce petit moustique noir au corps et aux pattes rayées de blanc originaire d’Asie du Sud-Est et de l’océan Indien n’en finit pas d’augmenter son aire de répartition française.</p>
<p>En moins de 20 ans, il a envahi 67 départements métropolitains sur 96 (contre seulement 58 en 2020 !). Sa propagation sur l’ensemble du territoire est inexorable.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Photo en gros plan d’une femelle moustique tigre en train de se nourrir" src="https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485299/original/file-20220919-2659-k04roy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le moustique tigre est notamment reconnaissable à ses pattes rayées de blanc.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1412612">Pxhere</a></span>
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<p>À l’origine d’une gêne importante en période estivale (certaines zones touristiques en sont infestées), le moustique tigre est capable de transmettre, en plus du virus de la dengue, <a href="https://theconversation.com/virus-exotiques-en-france-un-sujet-plus-que-jamais-dactualite-186324">divers virus responsables de maladies chez l’être humain, dont le virus Zika ou celui du chikungunya</a>. Son extension sur notre territoire augmente le risque de propagation des maladies qu’ils provoquent.</p>
<p>Actuellement, parmi ces trois virus responsables de maladies tropicales, le virus de la dengue est le plus présent en France métropolitaine, en particulier dans les régions du sud, où la densité de moustiques tigres est la plus importante.</p>
<h2>Un risque augmenté par les changements environnementaux et climatiques</h2>
<p>Les conditions météorologiques, en particulier la température, l’humidité de l’air et les précipitations, affectent la répartition géographique et l’activité des moustiques. Elles augmentent notamment dans certains cas leur prolifération et leur durée de vie.</p>
<p>L’été que nous avons vécu, exceptionnel par son alternance de chaleurs caniculaires et d’épisodes pluvieux intenses, notamment dans les régions du sud, a entraîné une augmentation importante du nombre de moustiques.</p>
<p>En effet, si leurs œufs ont besoin d’eau pour achever leur processus de développement, ils sont néanmoins très résistants dans l’environnement. En cas de sécheresse, ils peuvent rester viables jusqu’à plusieurs années, ce qui leur permet de survivre en attendant que les conditions de leur éclosion redeviennent favorables.</p>
<p>Cette explosion des populations de moustiques a augmenté le risque de transmission du virus de la dengue, lui-même déjà accru par la reprise des échanges internationaux et du tourisme.</p>
<h2>Tourisme et échanges commerciaux favorisent la dissémination des pathogènes</h2>
<p>Les échanges commerciaux ou touristiques, qui progressent de façon exponentielle depuis quelques décennies, peuvent faciliter la dissémination de maladies virales, et notamment des maladies propagées par des vecteurs comme le moustique.</p>
<p>Preuve de l’importance de ces facteurs, durant la pandémie de Covid-19, le nombre de cas d’infections de dengue provenant de personnes revenant de voyage hors Antilles a considérablement diminué, essentiellement en raison de la baisse drastique du transport aérien international. Avec la nette reprise du trafic aérien cette année, une hausse des cas importés a été observée : du 1<sup>er</sup> mai au 20 septembre 2022, Santé publique France a dénombré <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/chikungunya/articles/donnees-en-france-metropolitaine/chikungunya-dengue-et-zika-donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-france-metropolitaine-en-2022">182 cas importés de dengue en France</a>, soit déjà autant que pour l’ensemble de l’année 2021…</p>
<p>Ces cas importés sont autant de risque d’apparition de foyers « locaux », dès lors que le moustique vecteur de la maladie est présent sur place. Et ce, d’autant plus que la dengue est l’arbovirose la plus fréquente et la plus répandue dans le monde.</p>
<h2>Comment se transmet la dengue ?</h2>
<p>Originaire d’Afrique, le virus de la dengue est un <em>arbovirus</em>, de l’anglais « ARthropod-BOrne VIRUS », virus transmis par des insectes se nourrissant de sang. Il appartient au genre <em>Flavivirus</em>, comme le virus Zika, ou les virus de la fièvre jaune et du Nil occidental, d’autres arbovirus.</p>
<p>Lorsqu’un moustique pique une personne infectée, il ingère le sang dans lequel le virus de la dengue est présent. Ce dernier va alors se multiplier dans le corps du moustique, lequel le transmettra à un autre individu lors d’une nouvelle piqûre.</p>
<p>Les premiers cas de dengue ont été répertoriés au XVIII<sup>e</sup> siècle sur le continent américain. Cette affection est bien connue dans de nombreuses régions tropicale et subtropicale du globe, de l’Afrique, à l’Asie en passant par l’Amérique latine. Les territoires français d’outre-mer ne sont pas épargnés : la Réunion, la Guadeloupe ou la Martinique ont subi des épidémies récurrentes ces dernières années.</p>
<h2>Une maladie souvent asymptomatique, mais parfois grave</h2>
<p>La dengue est parfois qualifiée de « grippe tropicale », car ses symptômes sont le plus souvent de type pseudogrippal : les malades ont de la fièvre, des maux de tête, des courbatures… Ils peuvent également parfois développer une éruption cutanée.</p>
<p>Les manifestations de la maladie surviennent entre 3 et 14 jours après la piqûre par le moustique, avec une moyenne de 4 à 7 jours. Le malade guérit généralement spontanément en quelques jours, mais une fatigue importante persiste pendant plusieurs semaines.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image en microscopie électronique à transmission de particules du virus de la dengue" src="https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=588&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=588&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=588&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=739&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=739&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485369/original/file-20220919-2934-5jrfc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=739&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les particules du virus de la dengue, rondes et sombres, sont bien visibles sur cette image prise au microscope électronique à transmission.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=12493">Frederick Murphy/CDC</a></span>
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</figure>
<p>À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement spécifique contre la dengue. Un vaccin existe (Dengvaxia), mais il reste peu utilisé en raison de nombreuses limitations concernant son utilisation. Ce vaccin présente en effet l’inconvénient <a href="https://www.mesvaccins.net/web/diseases/31-dengue">d’augmenter le risque d’hospitalisation et de dengue grave chez les personnes non antérieurement infectées par le virus de la dengue</a>. Il est surtout prescrit à des personnes vivant dans des zones d’endémie, et <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/dengue">qui ont déjà été infectées par le virus de la dengue</a>.</p>
<p>La prise en charge de la maladie consiste principalement à soigner les symptômes, notamment de la douleur et de la fièvre. L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont formellement contre-indiqués du fait du risque hémorragique.</p>
<p>Le principal problème associé à la dengue est le risque de développer ce qu’on appelle une dengue sévère ou dengue hémorragique, qui peut se compliquer d’un état de choc souvent mortel. La dengue hémorragique se manifeste notamment par une détresse respiratoire associée à des hémorragies multiples.</p>
<p>Heureusement, cette forme de dengue ne touche qu’un petit pourcentage des personnes infectées : 1 % à 5 % d’entre elles sont concernées. Il arrive que certains individus développent également des atteintes neurologiques sévères, telles que des encéphalites, mais ces complications sont extrêmement rares.</p>
<h2>Quatre types de virus différents, mais pas d’immunité croisée</h2>
<p>On distingue quatre types de virus de dengue différents, qui se différencient les uns des autres par de subtiles modifications dans leurs antigènes (les antigènes sont des structures dont la détection par le système immunitaire entraîne sa réaction et la production d’anticorps – il peut s’agir de protéines, de lipides, de sucres, etc.).</p>
<p>Ces quatre sérotypes de virus de dengue, nommés DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4, bien que relativement similaires, sont suffisamment différents pour ne pas conférer une protection croisée à long terme. Autrement dit, si l’infection par l’un des sérotypes nous immunise contre lui, elle n’offre pas de protection contre les trois autres. On peut donc être consécutivement infecté par les 4 sérotypes de dengue au cours de sa vie.</p>
<p>En France métropolitaine, au moins deux sérotypes, DENV-1 et DENV-3, ont été identifiés cette année. Cela signifie que le virus de la dengue a été introduit cet été sur le territoire à plusieurs reprises.</p>
<h2>La lutte contre les moustiques comme moyen de prévention</h2>
<p>Après la découverte de cas d’infection, le même scénario se met en place : des opérations de démoustication sont menées à proximité des cas détectés, accompagnées d’actions de sensibilisation auprès du public et des professionnels de santé (ainsi que lors d’enquêtes de porte-à-porte), menées en collaboration avec les ARS, Santé publique France et des agences de démoustication telles que <a href="https://www.altopictus.fr/">Altopictus</a> ou l’<a href="https://www.eid-med.org/">Entente interdépartementale de démoustication</a>.</p>
<p>Actuellement les meilleures façons d’éviter la propagation des virus tels que celui de la dengue, transmis par les moustiques, est de limiter la prolifération de ces insectes et de se protéger de leurs piqûres.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/d1CpWPDjVvU?wmode=transparent&start=24" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le cycle de vie des moustiques passe par le milieu aquatique.</span></figcaption>
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<p>Pour réduire le développement des larves de moustique, il est recommandé de vider tous les récipients d’eau stagnante, notamment les coupelles des pots de fleurs et les arrosoirs, et de couvrir les réceptacles d’eau de pluie, surtout en période de fortes précipitations. Pour limiter le risque de se faire piquer, il est recommandé d’utiliser des répulsifs adaptés, et de porter des vêtements amples et couvrants.</p>
<p>Le renforcement des réseaux de surveillance reste actuellement une des meilleures stratégies pour lutter contre ces nouvelles menaces difficiles à anticiper.
Fort heureusement, dans notre pays, la menace des arbovirus, dont la dengue, demeure pour l’heure sporadique et le risque d’épidémie, limité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190729/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yannick Simonin a reçu des financements de l'ANR, de l'université de Montpellier, de la Kim RIVE.</span></em></p>Un nombre sans précédent de cas de dengue a été recensé en France métropolitaine à la mi-septembre, et le décompte n’est pas terminé. Pourquoi une telle explosion ?Yannick Simonin, Virologiste spécialiste en surveillance et étude des maladies virales émergentes. Professeur des Universités, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1895732022-09-07T18:02:06Z2022-09-07T18:02:06ZLes lâchers de moustiques modifiés pour lutter contre la dengue, le chikungunya ou la fièvre jaune<p>Les maladies à transmission vectorielle, dont la plupart sont transmises par les moustiques (paludisme, dengue, Zika, chikungunya…), sont responsables de plus de 17 % des maladies infectieuses humaines et provoquent plus <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/vector-borne-diseases">d’un million de décès chaque année dans le monde</a>.</p>
<p>Malgré les progrès réalisés dans la prévention de ces maladies, on ne dispose ni de traitement médical efficace ni de vaccins adaptés. La lutte antivectorielle (LAV) reste donc une priorité.</p>
<p>Parallèlement à la recherche de traitements médicaux et à l’amélioration des moyens classiques de LAV (insecticides, <a href="https://theconversation.com/les-pieges-a-moustiques-sont-ils-vraiment-efficaces-182239">pièges</a>…), de nouveaux modes d’action ont émergé depuis une quinzaine d’années. Parmi les options possibles se trouvent les moustiques génétiquement modifiés et d’autres types de moustiques modifiés, rendus stériles par irradiation ou par la technique de l’insecte incompatible (TII). Ces techniques visent à réduire une population de moustiques par des lâchers récurrents et massifs de moustiques stérilisants.</p>
<p>Quelles sont les <a href="http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/sites/www.hautconseildesbiotechnologies.fr/files/file_fields/2020/01/24/aviscshcbmoustiques170607rev180228erratum191007.pdf">différentes techniques</a> pour obtenir des moustiques modifiés ? Où en sont les essais en cours en France ? Et quels sont les enjeux environnementaux et sanitaires liés à ces lâchers ?</p>
<h2>Les moustiques génétiquement modifiés</h2>
<p>À ce jour, une seule technique basée sur des moustiques génétiquement modifiés est développée à un niveau opérationnel, il s’agit de la technique RIDL (<em>release of insects carrying a dominant lethal gene</em>, ou lâcher d’insectes porteurs d’un gène de létalité dominant). Des moustiques mâles qui, contrairement aux femelles, ne piquent pas, sont génétiquement modifiés. Leur descendance meurt avant d’atteindre l’âge adulte.</p>
<p>Cette technique a reçu une <a href="https://beyondpesticides.org/dailynewsblog/2022/03/epa-permits-experimental-release-of-2-5-billion-genetically-engineered-mosquitoes-in-california-and-florida/">autorisation</a> de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Au printemps dernier, la société privée Oxitec a débuté un essai en Floride consistant à disséminer des œufs de moustiques <em>Aedes aegypti</em> (connu pour être vecteur de nombreux virus tels que ceux de la dengue, de la fièvre jaune, du chikungunya et du Zika) génétiquement modifiés dans la nature pendant trois mois.</p>
<p>Il s’agit de la première étude relâchant des moustiques transgéniques aux États-Unis, ce qui n’a pas été sans soulever <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/en-floride-les-moustiques-genetiquement-modifies-font-polemique-20210505">quelques inquiétudes</a> chez certains habitants. Reste à savoir quels seront les résultats de cet essai et s’ils seront plus concluants que le précédent réalisé entre 2013 et 2015 au Brésil, qui a conduit à la <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-49660-6">diffusion de gènes</a> de la souche mutante dans les populations naturelles d’<em>Aedes aegytpi</em>.</p>
<p>D’autres techniques de moustiques génétiquement modifiés en sont à un stade plus précoce de recherche et de développement et reposent sur la technique du forçage génétique, qui vise à propager un caractère génétique dans une population naturelle, soit pour rendre les moustiques incapables de transmettre des agents pathogènes, soit pour éliminer cette population par propagation d’un gène de stérilité femelle.</p>
<h2>La technique de l’insecte stérile (TIS)</h2>
<p>C’est une méthode de lutte contre les moustiques qui consiste à élever des moustiques mâles, à les stériliser par irradiation aux rayons X et à les lâcher sur le terrain où ils vont s’accoupler avec les femelles sauvages. Ces dernières ne s’accouplant qu’une seule fois, elles n’auront pas de descendance (voir Figure 1).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1261&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1261&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482482/original/file-20220902-21-z6ue34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1261&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Figure 1 : Technique de l’insecte stérile.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Collectif TIS</span></span>
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<p>La TIS est un outil de gestion des populations d’insectes largement diffusés dans de nombreux pays, notamment en agriculture. Son utilisation en est à ses prémices en France.</p>
<p>Depuis 2009, l’IRD (Institut de recherche pour le développement) conduit des recherches visant à étudier la faisabilité de la TIS pour lutter contre le moustique tigre (<em>Aedes albopictus</em>), responsable de plus de 30 000 cas de dengue à La Réunion depuis 2018. Des <a href="https://www.reunion.gouv.fr/autorisation-du-1er-lacher-de-moustiques-steriles-a5365.html">lâchers hebdomadaires</a> de mâles stériles ont débuté dans une zone pilote en 2021. Ces lâchers sont suivis par des indicateurs entomologiques, environnementaux et socio-économiques permettant d’évaluer l’efficacité et l’impact des interventions par la TIS.</p>
<p>D’autres essais pilotes sont à l’étude en France métropolitaine, dans la région montpelliéraine.</p>
<h2>Les techniques utilisant la bactérie Wolbachia</h2>
<p>Une autre technique, dite de l’insecte incompatible (TII) repose sur l’utilisation de la bactérie Wolbachia. Cette bactérie infecte naturellement 60 % des arthropodes et est transmise de la mère aux descendants via les cellules sexuelles femelles. Si des moustiques mâles porteurs de Wolbachia sont libérés dans l’environnement et qu’ils s’accouplent avec des femelles n’ayant pas la bactérie ou ayant une bactérie différente, les œufs n’écloront pas. Relâcher en grande quantité des mâles porteurs de la bactérie Wolbachia permet ainsi de réduire très fortement des populations d’<em>Aedes aegypti</em> (stratégie de « suppression » sur la Figure 2).</p>
<p>Par ailleurs, des scientifiques ont observé que la présence de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2848556/">certaines Wolbachia</a> empêchait la transmission des virus de la dengue, de Zika ou du chikungunya. Une seconde stratégie consiste à relâcher en masse des femelles porteuses de Wolbachia. Celles-ci vont pondre des œufs et transmettre la bactérie à toute leur descendance, peu importe que le mâle soit lui-même porteur ou non (stratégie de « remplacement » sur la Figure 2). Les femelles porteuses de Wolbachia ont un avantage sélectif sur celles non infectées, car leurs descendants sont viables avec les deux types de mâles, contrairement aux femelles sans Wolbachia, qui n’auront une descendance qu’avec les mâles non infectés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=322&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=322&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482484/original/file-20220902-21-e0i2ua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=322&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2 : Technique de l’Insecte Incompatible (TII).</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Fite, Anses</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>A Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, des moustiques porteurs de Wolbachia ont été lâchés en 2019. L’essai est toujours en cours et depuis début 2022, un <a href="https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/les-moustiques-porteurs-de-la-wolbachia-s-imposent-a-noumea-a-dumbea-et-au-mont-dore-1289520.html">seul cas de dengue</a> a été confirmé, contre plus de 1 500 par an au lancement du programme.</p>
<h2>Questions soulevées par les lâchers de moustiques modifiés</h2>
<p>Les lâchers de moustiques modifiés permettent de limiter l’usage des insecticides, qui constituent encore l’outil de lutte principal en cas d’épidémie. Or, on a atteint les limites de leur utilisation : d’une part parce que ces molécules toxiques pour les autres insectes finissent dans l’environnement et les chaînes alimentaires, d’autre part parce que les moustiques développent rapidement des résistances. Les techniques mentionnées dans l’article sont spécifiques des espèces de moustiques relâchées et n’ont pas d’impact sur d’autres espèces non cibles.</p>
<p>Les méthodes basées sur la TIS, la TII ou le RIDL d’Oxitec, nécessitent des infrastructures lourdes sur le long terme pour l’élevage de masse des mâles qui sont relâchés régulièrement et en continu sur le terrain (environ quelques dizaines ou centaines de milliers par semaine). Elles présentent toutefois l’avantage d’être ajustables en fonction des données de surveillance entomologique.</p>
<p>D’autres techniques comme celles basées sur le forçage génétique ou la stratégie de remplacement avec la bactérie Wolbachia nécessitent moins de ressources pour la production de moustiques, mais présentent l’inconvénient, du fait du caractère héréditaire de la modification induite (transgène, bactérie), de modifier irréversiblement les populations de moustiques (<a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/VECTEURS2020SA0044.pdf">voir avis de l’Anses sur le forçage génétique</a>) et d’être moins contrôlables, soulevant la question de leur transfert potentiel à d’autres espèces.</p>
<p>Par ailleurs, ces techniques sont d’autant plus efficaces que la densité de moustiques est faible (Figure 3). Si les moustiques modifiés devaient s’inscrire dans une perspective de prévention ou de contrôle, ce serait sur le long terme après des lâchers répétés sur plusieurs semaines et non comme un outil d’urgence en cas d’épidémie, situation dans laquelle les lâchers de moustiques se révèleraient à eux seuls inefficaces.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482485/original/file-20220902-19-ixmx6f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Figure 3 : Optimisation de l’efficacité d’une intervention de lutte antivectorielle par la combinaison de la technique de l’insecte stérile avec des techniques classiques de lutte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après Feldmann and Hendrichs, 2001</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>La Lutte anti vectorielle exige de s’appuyer sur une palette de solutions variées</h2>
<p>Au final, la LAV exige de s’appuyer sur une palette de solutions variées combinant différentes approches complémentaires – y compris les mesures qui impliquent activement les populations – et sans bâtir une stratégie de lutte qui ne reposerait que sur l’une d’entre elles.</p>
<p>Aussi, il est nécessaire que les pouvoirs publics analysent l’ensemble des options de LAV, y compris celles qui font appel à des solutions biotechnologiques, pour réduire la résistance des populations de moustiques aux insecticides, minimiser l’utilisation de molécules délétères pour l’environnement, contrôler l’aire de répartition des moustiques vecteurs de pathogènes et prévenir l’émergence de nouveaux virus dans des territoires pour l’instant indemnes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189573/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les maladies transmises par les moustiques causent un million de décès chaque année dans le monde.Johanna Fite, Chef de projets scientifiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Fabrice CHANDRE, Directeur de Recherche en Entomologie médicale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1863242022-08-21T16:20:26Z2022-08-21T16:20:26ZVirus « exotiques » en France : un sujet plus que jamais d'actualité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/480163/original/file-20220820-3756-j9djhi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">shutterstock</span> </figcaption></figure><p>Virus <a href="https://theconversation.com/en-france-les-moustiques-transmettent-aussi-le-virus-usutu-97944">Usutu</a>, virus Zika, virus du chikungunya ou de la dengue… Au cours des dernières années, ces noms aux consonances exotiques se sont fait une place dans les médias français.</p>
<p>Et pour cause : responsables de maladies qui ne sévissaient jusqu’à présent que dans des régions éloignées, ces virus sont en train de s’extraire des régions où ils ont longtemps été endémiques pour partir à la conquête de notre planète. La France n’est pas à l’abri de cette menace, ni dans les outre-mer ni dans les régions métropolitaines, comme en témoignent les implantations en cours de certains de ces virus autour de l’arc méditerranéen.</p>
<p>Alors que l’année 2022 a vu <a href="https://theconversation.com/virus-de-la-dengue-en-france-metropolitaine-a-quoi-faut-il-sattendre-cette-annee-209339">exploser en France métropolitaine les infections de dengue « autochtones »</a> (autrement dit contractée en métropole), et que 8 cas d’infection par le virus du Nil occidental - elles aussi autochtones - <a href="https://www.sudouest.fr/sante/virus-du-nil-occidental-un-premier-cas-d-infection-en-gironde-d-autres-cas-en-cours-d-investigation-16140799.php">ont été détectés pour la première fois en Nouvelle-Aquitaine</a> (ainsi que 3 cas d’infection par le virus Usutu), où en est la situation ? Quels sont les virus à surveiller en priorité ? </p>
<p>Voici ce que les travaux des réseaux de surveillance et des laboratoires de recherche qui étudient ces virus nous ont appris ces dernières années.</p>
<h2>Des maladies transmises de l’animal à l’humain</h2>
<p>Bon nombre de maladies infectieuses émergentes sont transmises à l’être humain par l’intermédiaire d’un animal « vecteur », souvent un arthropode suceur de sang tels que les moustiques, les moucherons culicoides, les phlébotomes ou encore les <a href="https://theconversation.com/au-dela-de-lyme-les-autres-maladies-transmises-par-les-tiques-116313">tiques</a>.</p>
<p>Dans un tel cas, si la maladie est causée par un virus, on parle d’« arbovirose », et le virus impliqué est décrit comme un « arbovirus » (de l’anglais « arthropod-borne virus », « virus transmis par les arthropodes »).</p>
<p>Dans la <a href="https://www.who.int/activities/prioritizing-diseases-for-research-and-development-in-emergency-contexts">liste des maladies prioritaires</a> que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) établit chaque année depuis 2015, ne figurent que des maladies virales, parmi lesquelles trois arboviroses (sur neuf maladies recensées) : maladie à virus Zika, fièvre hémorragique de Crimée-Congo et fièvre de la vallée du Rift.</p>
<p>Un point important à souligner concernant les arboviroses est qu’il s’agit pour la plupart de zoonoses. Autrement dit, elles proviennent initialement d’animaux domestiques ou sauvages porteurs de l’agent de la maladie. Celui-ci est transmis dans un second temps à l’être humain, lorsque ce dernier est piqué par un arthropode vecteur qui a auparavant prélevé le sang d’un animal infecté. Ce qui se passe ensuite dépend notamment de l’arbovirus transmis.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-moustiques-nous-piquent-et-les-consequences-186325">Comment les moustiques nous piquent (et les conséquences)</a>
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<p>Certains peuvent passer d’un être humain à l’autre, toujours par l’intermédiaire d’un vecteur. D’autres pourront aussi se propager en parallèle grâce à d’autres modes de transmission (le virus Zika peut être transmis par les moustiques et par voie sexuelle, par exemple). Il arrive aussi que certains arbovirus ne se transmettent pas entre êtres humains : on dit alors que l’humain est une « impasse épidémiologique ». C’est le cas par exemple du virus West Nile ou du virus de la vallée du Rift.</p>
<p>Parmi les principaux acteurs de la propagation des arboviroses figurent les moustiques, en particulier le moustique tigre (<em>Aedes albopictus</em>). Parti récemment à l’assaut de notre territoire, il s’y est rapidement installé. Or, à lui seul, il est en mesure de propager plusieurs virus « exotiques ».</p>
<h2>Le moustique tigre poursuit sa fulgurante expansion</h2>
<p>Catalysée par le commerce international, l’expansion du <a href="https://www.anses.fr/fr/content/le-moustique-tigre">moustique tigre (<em>Aedes albopictus</em>)</a>, vecteur de plusieurs virus « exotiques » s’est avérée très rapide.</p>
<p>Originaire d’Asie, ce petit moustique noir au corps et aux pattes rayés de blanc à été détecté pour la première fois dans le sud de la France en 2004, à Menton. Moins de vingt ans plus tard, <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">il est présent dans 71 départements métropolitains</a> sur 96 (contre 64 en 2021 et <a href="https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/moustique-tigre-france-58-departements-vigilance-rouge">58 en 2020</a>). Dans les années à venir, l’extension de son territoire sera inexorable.</p>
<p>En moins de deux décennies, le moustique tigre a envahi la majeure partie du territoire français métropolitain. <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">Ministère des Solidarités et de la Santé – Direction générale de la Santé</a></p>
<p>Une des particularités de ce moustique est sa capacité à transmettre divers virus responsables de maladies, dont les plus connus sont probablement le virus Zika, celui du chikungunya, ou encore celui de la dengue.</p>
<h2>La dengue : une tendance à la hausse des cas autochtones</h2>
<p>Le virus de la dengue semble avoir trouvé dans les régions du sud de notre pays un terrain de jeu propice. En effet, si le nombre de cas de dengue reste limité en France métropolitaine, estimé à moins d’une trentaine ces dernières années, la tendance à la hausse se confirme néanmoins.</p>
<p>En témoigne la multiplication des cas dits « autochtones », ce qui signifie que la maladie a été contractée sur notre territoire, contrairement aux infections importées, qui se déclarent en France mais ont été contractés à l’étranger, lors d’un voyage. Les départements du sud et du sud-est de la France tels que l’Hérault, le Gard, le Var ou les Alpes-Maritimes sont les plus exposés à la maladie notamment en raison de la conjonction d’une forte densité de moustiques tigres et de zones fortement urbanisées.</p>
<p>L’année 2022 a été exceptionnelle en termes de circulation de la dengue dans l’hexagone : 66 cas ont été identifiés au cours de neuf épisodes de transmission autochtone ayant touché 6 départements.</p>
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<img alt="Photo du moustique tigre Aedes albopictus" src="https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/480184/original/file-20220821-16-sl08bo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le moustique tigre Aedes albopictus est reconnaissable aux bandes blanches qui strient ses pattes. Il est notamment le vecteur des virus de la dengue et du chikungunya ainsi que du virus Zika.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aedes_Albopictus.jpg">Wikimedia Commons / Centers for Disease Control and Prevention</a></span>
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<p>Mais ce nombre de cas est certainement largement sous-estimé, car la dengue est largement asymptomatique (dans 50 % à 90 % des cas selon les épidémies). Par ailleurs, chez les personnes symptomatiques, les symptômes de la maladie (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires…) peuvent facilement être confondus avec ceux de la grippe ou plus récemment du Covid.</p>
<p>Si l’affection provoquée par le virus de la dengue est le plus souvent bénigne, celui-ci peut néanmoins entraîner une forme potentiellement mortelle, dans environ 1 % des cas. Cette forme de dengue est dite « hémorragique », car s’accompagnant de saignements au niveau de multiples organes. Par ailleurs, certaines atteintes neurologiques ont également été rapportées.</p>
<h2>Le chikungunya se fait discret</h2>
<p>Identifié pour la première fois en Tanzanie en 1952, le virus du chikungunya a circulé pendant plusieurs décennies en Afrique, en Inde et en Asie, ainsi que dans l’océan Indien. C’est d’ailleurs l’épidémie qui a frappé la Réunion, l’Île Maurice, Mayotte et les Seychelles en 2005 qui a participé à le faire connaître du public français.</p>
<p>La <a href="https://www.inserm.fr/dossier/chikungunya-maladie-homme-courbe/">« maladie de l’homme courbé »</a> (traduction possible de « chikungunya », un terme issu du Makondé, langue bantoue parlée en Tanzanie) se caractérise notamment par l’apparition de fièvre et de douleurs articulaires sévères. Très invalidantes, ces dernières touchent souvent les mains, les poignets, les chevilles ou les pieds. <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/chikungunya">Des maux de tête et des douleurs musculaires, ainsi que des saignements des gencives ou du nez ont été fréquemment décrits</a>. La convalescence peut durer plusieurs semaines, et les douleurs peuvent persister parfois pendant plusieurs années.</p>
<p>Les deux premiers cas autochtones de chikungunya ont été détectés en France en 2010, dans le Var. Depuis, une trentaine de cas autochtones ont été répertoriés dont deux foyers importants, un dans la ville de Montpellier en 2014 (11 cas confirmés et 1 cas probable) et le second dans le var en 2017 avec 17 cas répertoriés.</p>
<p>Le virus du chikungunya se fait discret en France ces dernières années, avec <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/chikungunya/articles/donnees-en-france-metropolitaine/chikungunya-dengue-et-zika-donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-france-metropolitaine-en-2021">3 cas importés en 2021</a> et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/chikungunya/articles/donnees-en-france-metropolitaine/chikungunya-dengue-et-zika-donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-france-metropolitaine-en-2022">5 pour l’année en cours</a>, selon le décompte de Santé publique France. Cependant, ce virus reste très surveillé, notamment parce que sa dissémination par le moustique tigre dans les régions européennes tempérées n’est pas à exclure.</p>
<h2>Dans l’attente d’une réémergence du virus Zika</h2>
<p>Le <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/zika">virus Zika</a> avait quant à lui a défrayé la chronique en 2015-2016. Il avait été à l’origine d’une épidémie de très grande ampleur, principalement en Amérique latine. Plus d’un million de personnes avaient été infectées. L’atteinte la plus grave associée à ce virus est le développement d’une microcéphalie (réduction du périmètre crânien du fœtus) chez les femmes enceintes infectées.</p>
<p>En France <a href="https://theconversation.com/virus-zika-premiers-cas-de-transmission-en-france-metropolitaine-par-le-moustique-tigre-125675">deux cas autochtones avaient été identifiés en 2019</a>, dans le département du Var, sans que les chaînes de transmission, notamment vectorielles, n’aient pu être clairement établies.</p>
<p>Figurant toujours sur la liste des 10 maladies les plus à risque établie par l’Organisation mondiale de la santé, ce virus a cependant mystérieusement quasiment disparu des radars depuis quelques années. Son retour sur le devant de la scène virale est toutefois très loin d’être exclu : il a notamment fait à nouveau parler de lui très récemment en Thaïlande, et <a href="https://promedmail.org/promed-post/?id=8704233">5 voyageurs ont développé la maladie</a> en Allemagne, Royaume-Uni et Israël, après avoir visité ce pays d’Asie du Sud-Est.</p>
<p>Même si les mécanismes favorisant l’émergence du virus Zika sont peu connus, des études de séroprévalence (présence d’anticorps dans le sang) montrent qu’il circule toujours activement dans certains territoires (<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35889987/">notamment sur le continent africain</a>).</p>
<p>Sa surveillance nécessite une vigilance particulière de la communauté scientifique, afin de se préparer à une réapparition potentielle.</p>
<h2>Le bon vieux Culex n’est pas en reste</h2>
<p>Un de nos moustiques « traditionnels », <em>Culex pipiens</em>, présent sur l’ensemble du territoire français, est également capable de nous transmettre des virus « exotiques ». C’est notamment le cas des virus <a href="https://theconversation.com/virus-west-nile-et-usutu-vont-ils-senraciner-en-france-114488">West Nile (virus du Nil occidental) et Usutu</a>, deux virus très proches pouvant occasionnellement engendrer des atteintes neurologiques sévères telles qu’encéphalites (inflammation du cerveau), méningites (inflammation des méninges) ou encore méningo-encéphalites (inflammation des méninges et du cerveau) chez l’humain.</p>
<p>Une étude menée par notre équipe et publiée en 2022, en collaboration avec l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), a montré que ces deux virus <a href="https://agritrop.cirad.fr/601300/7/601300.pdf">sont en train de s’installer durablement sur certaines zones de notre territoire</a>, plus particulièrement dans la grande région camarguaise.</p>
<p>On les retrouve en effet de façon régulière non seulement dans des échantillons de sang humain, mais aussi chez des animaux tels que les oiseaux (leurs réservoirs naturels), les chiens, les chevaux et les moustiques.</p>
<p>Jusqu’à présent, leur impact sur la santé humaine demeure faible : deux infections par le virus Usutu ont été identifiées en France, à Montpellier en 2016 et dans les Landes en 2022, à quoi s’ajoutent trois nouveaux cas identifiés en 2023 en Nouvelle-Aquitaine, tandis qu’une trentaine de cas de West Nile ont été dénombrés sur les cinq dernières années.</p>
<p>Il est néanmoins important de surveiller la dynamique de propagation de ces virus, car plusieurs lignées possédant des degrés de virulence plus ou moins importants circulent actuellement, ce qui incite à la prudence. D’autant plus qu’une épidémie importante a frappé l’Europe en 2018, <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/news-events/epidemiological-update-west-nile-virus-transmission-season-europe-2018">avec plus de 2 000 cas identifiés et plus de 180 décès rapportés</a>. En 2022 le sud de l’Europe a été à nouveau touché : l’Italie a notamment répertorié 723 cas et 51 décès associés.</p>
<p>En France, fin août 2023, huit cas d’infection par le virus West Nile ont été détectés en Nouvelle-Aquitaine, ce qui témoigne d’une tendance à la propagation de ce virus plus au nord de l’Hexagone. En effet, les précédents cas d’infection de ce virus avaient été détectés uniquement sur le pourtour méditerranéen (en régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie).</p>
<h2>Activités humaines et émergences</h2>
<p>Le passage d’une maladie de l’animal à l’être humain n’est pas forcément synonyme de flambée épidémique, ni d’épidémie à large échelle, de pandémie ou d’implantation dans de nouveaux territoires. Pour que cela se produise, de nombreux événements doivent entrer en conjonction.</p>
<p>Le problème est que les échanges commerciaux ou <a href="https://theconversation.com/faire-du-tourisme-vert-et-nourrir-les-animaux-quels-risques-pour-notre-sante-et-la-leur-181277">touristiques</a>, qui progressent de façon exponentielle dans notre monde hyperconnecté, peuvent faciliter la dissémination de certains vecteurs et donc le risque de propagation des maladies.</p>
<p>Ce risque est encore <a href="https://theconversation.com/comment-les-changements-environnementaux-font-emerger-de-nouvelles-maladies-130967">augmenté par les changements environnementaux et climatiques</a>. Les conditions météorologiques, en particulier la température, l’humidité de l’air et les précipitations, affectent la répartition géographique, l’activité, le taux de reproduction et la survie de ces vecteurs, notamment des moustiques.</p>
<p>Par ailleurs les modifications du climat et l’impact de l’être humain sur son environnement influencent parfois le comportement animal, en modifiant par exemple l’aire de répartition de certaines espèces, ce qui peut <a href="https://theconversation.com/les-echinococcoses-des-maladies-parasitaires-en-expansion-181276">favoriser les interactions entre animaux et humains</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-echinococcoses-des-maladies-parasitaires-en-expansion-181276">Les échinococcoses, des maladies parasitaires en expansion</a>
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<p>De tels changements environnementaux ont été à l’origine d’épidémies de fièvre hémorragique argentine, due au virus Junin. Dans les années 1950, pour intensifier la culture du maïs, des défrichages massifs ont été effectués grâce, notamment à l’emploi d’herbicides. Ce changement d’environnement a entraîné une prolifération de rongeurs dont certains étaient porteurs du virus, <a href="https://books.openedition.org/irdeditions/3360?lang=fr">faisant passer la maladie au stade épidémique, notamment parmi les travailleurs agricoles</a>. Des milliers de personnes ont alors été contaminées. Une situation similaire a aussi été observée en Asie de l’Est <a href="https://books.openedition.org/irdeditions/3360?lang=fr">lors de la conversion de terres pour la culture du riz, avec le virus Hantaan responsable de la « fièvre hémorragique de Corée »</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/faire-du-tourisme-vert-et-nourrir-les-animaux-quels-risques-pour-notre-sante-et-la-leur-181277">Faire du tourisme vert et nourrir les animaux : quels risques pour notre santé… et la leur ?</a>
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<p>Parmi les autres facteurs favorisant les émergences de nouvelles maladies, citons notamment les facteurs socio-économiques, tels que l’augmentation des transports de bien et de personnes, notamment via le transport aérien intercontinental, ou encore l’essor toujours croissant des zones urbaines. Les fortes densités de population, qui favorisent la transmission rapide de maladies, ainsi que les difficultés d’adduction d’eau liées à l’urbanisation rapide, <a href="https://theconversation.com/laugmentation-de-la-population-mondiale-responsable-des-crises-sanitaires-174983">contribuent notamment à la prolifération de moustiques potentiellement porteurs de virus</a>.</p>
<p>Preuve de l’importance de ces facteurs, durant la pandémie de Covid-19, le nombre de cas d’infections « exotiques » importés (autrement dit, rapportées de voyage) a considérablement diminué, essentiellement en raison de la baisse drastique du transport aérien international. Avec la nette reprise dudit trafic, une hausse de ces cas est en revanche attendue en 2023.</p>
<p>Cette situation pourrait avoir un impact sur l’apparition de foyers de cas en France, car une personne infectée arrivant sur notre territoire peut en effet transmettre à son tour la maladie à d’autres personnes, notamment si les vecteurs transmetteurs de la maladie sont présents.</p>
<h2>La prévention, première arme contre les virus « exotiques »</h2>
<p>En l’absence d’antiviral efficace ou de vaccin, comme dans le cas du chikungunya ou du Zika, ou lorsque le vaccin présente certaines limites (comme dans le cas de la dengue, contre laquelle le seul vaccin actuellement homologué présente l’inconvénient <a href="https://www.mesvaccins.net/web/diseases/31-dengue">d’augmenter le risque d’hospitalisation et de dengue grave chez les personnes non antérieurement infectées par le virus de la dengue</a>), la seule solution est d’anticiper l’émergence de ces pathogènes.</p>
<p>Le meilleur moyen d’y parvenir est de mettre en place des réseaux adaptés et réactifs, au plus près du terrain, afin d’étudier efficacement les interactions entre les animaux, les humains et leurs divers environnements, selon une approche qualifiée de <a href="https://theconversation.com/le-concept-one-health-doit-simposer-pour-permettre-lanticipation-des-pandemies-139549">One Health (« Une seule santé », humaine et environnementale)</a>.</p>
<p>Depuis la pandémie de Covid-19, les réseaux de surveillance des maladies virales nationaux et internationaux se sont développés. Leurs capacités restent malheureusement bien en deçà de ce qui est nécessaire pour effectuer un suivi efficace de la circulation des virus à risque, non seulement dans les pays endémiques, mais aussi dans les pays où ils émergent.</p>
<p>L’émergence, puis la propagation rapide en 2020, du coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19, a eu un impact majeur sur notre santé, nos comportements et nos vies quotidiennes. Cette situation nous a fait brutalement prendre conscience de l’importance de surveiller et d’étudier les « nouveaux » virus.</p>
<p>Au-delà de ces virus jusque-là « inédits », il est aussi essentiel de se pencher sur les virus « négligés » car responsables de maladies sévissant loin de nos territoires. La propagation <a href="https://theconversation.com/variole-du-singe-cette-circulation-de-la-maladie-est-completement-nouvelle-183517">hors du continent africain</a>, et en particulier en Europe, du virus <em>Mpox</em>, anciennement appelé variole du singe, est venu nous rappeler les enjeux liés à une telle surveillance…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186324/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yannick Simonin a reçu des financements de REACTing, de l'ANR, de l'Université de Montpellier, de la Kim RIVE.</span></em></p>Des virus qui circulaient dans des régions éloignées sévissent désormais de plus en plus souvent en France métropolitaine. Avec à la clé un risque d’implantation de certaines maladies « exotiques » ?Yannick Simonin, Virologiste spécialiste en surveillance et étude des maladies virales émergentes. Professeur des Universités, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1690472021-10-03T17:05:06Z2021-10-03T17:05:06ZDe Zika au SARS-CoV-2, récits et défis de chercheurs en Polynésie française<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science, qui a lieu du 1<sup>er</sup> au 11 octobre 2021 en métropole et du 5 au 22 novembre 2021 en outre-mer et à l’international, et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Eureka ! L'émotion de la découverte ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Voilà 15 ans que je travaille sur l’émergence des virus dans le Pacifique. Virus de la dengue, chikungunya, Zika, SARS-CoV-2 aujourd’hui… avec mon équipe du <a href="https://www.ilm.pf/recherche/maladie-infectieuses/">laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses à transmission vectorielle</a>, à l’Institut Louis Malardé (à Papeete, Tahiti), nous les avons tous vus arriver. Mais le plus marquant pour nous a été cette succession de deux événements épidémiologiques exceptionnels en moins de dix ans : l’arrivée du virus Zika et du nouveau coronavirus. Un 100 m émotionnel où surprises, exaltation, doutes, angoisse et soulagement se sont enchaînés à un rythme effréné…</p>
<p>Comment réagit-on quand la situation devient hors-norme ? Comment fait-on pour comprendre ce qui est en train de se passer ? Comment construit-on de nouvelles procédures de travail ? Cette tranche de vie, que nous avons vécue avec mon équipe rodée à la surveillance de tel phénomène d’émergence de nouveaux pathogènes, je vais la partager ici.</p>
<p>Le premier choc eut lieu en octobre 2013. Cela fait alors quelques semaines que le réseau de médecins sentinelles de Polynésie française rapporte une recrudescence des consultations pour des symptômes évoquant une infection par le virus de la dengue. Rien de surprenant, la saison des pluies vient de commencer et le contexte est favorable aux deux espèces de moustiques capables de transmettre cet agent pathogène en Polynésie française, <em>Aedes aegypti</em> et <em>Ae. polynesiensis</em>.</p>
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<img alt="Vue au microscope de moustiques A. aegypti gorgés de sang" src="https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/424152/original/file-20211001-25-31r9za.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les femelles <em>Aedes aegypti</em> gorgées de sang sont les vecteurs de transmission du virus Zika.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ILM Photo</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Toutefois, quelque chose ne colle pas. Les symptômes décrits par les patients diffèrent de ceux d’une phase aiguë classique de dengue : l’épisode fébrile est modéré voire inexistant, l’éruption cutanée est particulièrement forte, les démangeaisons sont persistantes, etc. Autre anomalie, nous voyons arriver des patients natifs ou résidents de longue date qui devraient être immunisés.</p>
<p>Bientôt, le doute n’est plus permis : un nouveau pathogène est en train de s’installer. Tout juste pouvons-nous estimer qu’il s’agit d’un arbovirus (virus transmis par des arthropodes se nourrissant de sang, souvent des insectes comme le moustique). Nous décidons alors de reprendre les échantillons des patients testés négatifs par RT-PCR pour la dengue afin d’y rechercher d’autres arbovirus : celui du chikungunya (un bon candidat, car détecté dans plusieurs îles du Pacifique depuis un peu plus d’un an), le virus de la Ross River (à l’origine d’épidémies saisonnières en Australie), le virus du Nil occidental (ou West-Nile virus, régulièrement détecté sur le continent nord-américain)… mais nos tentatives sont vaines.</p>
<h2>Le précédent Zika</h2>
<p>Reste une dernière hypothèse. Le virus Zika, qui a été à l’origine d’une épidémie sur l’île de Yap dans les États fédérés de Micronésie (nord-ouest du Pacifique).</p>
<p>Classée « maladie tropicale négligée », l’infection par Zika est à cette époque peu étudiée, donc peu connue. <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/20/6/14-0138_article">Un cluster familial va nous donner l’occasion d’en avoir le cœur net</a>.</p>
<p>Les analyses RT-PCR révèlent bien la présence de l’ARN du virus chez un patient. Sur les deux décennies écoulées, soit depuis que les techniques de biologie moléculaire sont utilisées dans notre laboratoire, c’est la première fois qu’une infection par un arbovirus autre que celui de la dengue est détectée en Polynésie française…</p>
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<img alt="Une scientifique procède à un séquençage d’ADN pour identifier un virus (Zika)" src="https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/424153/original/file-20211001-27-erektk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans le cadre du Zika comme du SARS-CoV-2, la confirmation de l’émergence d’un nouveau pathogène en Polynésie française s’est faite à l’appui du séquençage génomique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ILM Photo</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’enjeu est énorme, l’erreur inenvisageable. Nous devons donc consolider notre résultat. Je contacte le Dr Amadou Sall, de l’Institut Pasteur de Dakar, qui est scientifique référent sur Zika. Il nous fait parvenir en urgence des échantillons de contrôle, une séquence de l’ARN du virus stabilisée permettant comparaison et identification – elle correspondra bien au fragment de génome du virus suspect que nous séquençons. Nous pouvons donc confirmer, en une dizaine de jours, qu’il s’agit bien du Zika. Quelques jours après notre identification du premier cas, d’autres sont découverts. L’épidémie de Zika sera déclarée deux semaines plus tard.</p>
<p>En Polynésie française, l’épidémie de Zika durera cinq mois. Mais pour notre équipe, ce n’est que le début d’un marathon scientifique de trois ans… Durée pendant laquelle l’équipe s’attellera à améliorer le test de diagnostic (RT-PCR), documenter les <a href="https://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0005024">caractéristiques de transmission vectorielle (moustiques)</a> et non-vectorielle (transmission par voie sexuelle, materno-fœtale) et décrire la survenue de formes cliniques sévères. En particulier, nous passerons avec nos collaborateurs, dont l’équipe du Pr. Arnaud Fontanet de l’Institut Pasteur, deux années à compléter les données et réaliser les analyses qui conduiront à <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)00562-6/fulltext">démontrer pour la 1<sup>ère</sup> fois le lien entre infection Zika et syndrome de Guillain Barré</a>.</p>
<p>Lorsque nous sommes prêts à publier nos résultats, l’épidémie de Zika <a href="https://theconversation.com/lhistoire-de-zika-virus-emergent-transmis-par-les-moustiques-53774">explose au Brésil entre 2015 et 2016</a>. La portée de nos travaux se mesurera pleinement lorsque, après s’être étendue à toute l’Amérique latine, cette maladie est qualifiée par l’OMS d’« urgence de santé publique de portée internationale ».</p>
<h2>SARS-CoV-2, la nouvelle menace</h2>
<p>Comme les autres pays du globe, sept ans plus tard, la Polynésie française allait être frappée – quoique plus tardivement – par le SARS-CoV-2, agent de la Covid-19.</p>
<p>Fin juin 2020. Cela fait maintenant 3 mois que les frontières internationales sont fermées. Un mois s’est écoulé depuis la détection du dernier des 62 cas de Covid-19 rapportés depuis mars. Alors que l’épidémie flambe partout ailleurs, la Polynésie française fait partie des quelques oasis exemptes du fléau. Pour relancer l’économie, primordiale pour la région, il est décidé qu’à partir du 15 juillet il serait à nouveau possible d’entrer et de circuler librement.</p>
<p>Devant le risque élevé d’importation de nouveaux cas d’infection par le SARS-CoV-2, un protocole de surveillance des voyageurs est mis en place. Une plate-forme numérique de suivi de l’itinéraire des arrivants est créée, en outre, les adultes et enfants de plus de 11 ans devront présenter un résultat négatif à un <a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-fonctionnent-les-tests-et-quelles-sont-leurs-utilites-135398">test RT-PCR de détection du SARS-CoV-2</a> réalisé dans les 72 heures qui précèdent l’embarquement.</p>
<p>Mais quid des personnes en phase d’incubation au moment de la réalisation du test ? Des risques d’infection lors des trois jours qui précèdent ou durant le voyage ? Avec la levée du dispositif de quarantaine, comment détecter et isoler ces cas potentiels ?</p>
<p>Pour anticiper, nous proposons un dispositif de dépistage inédit (CoV-Check Porinetia) prenant en compte les contraintes de la reprise touristique (libre circulation dans les archipels de la Polynésie française) et les ressources locales limitées en termes de personnel de soin, de capacité d’accueil des centres médicaux et de capacité technique des laboratoires.</p>
<h2>Un choix audacieux</h2>
<p>Nous optons pour l’<a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0256877">autoprélèvement et le groupage d’échantillons</a>. De quoi s’agit-il ? Afin de pallier aux ressources limitées, nous remettons à chaque voyageur, à son arrivée à l’aéroport, un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1477893921001393?via%3Dihub">kit contenant le matériel nécessaire à la réalisation d’un autoprélèvement 4 jours plus tard</a> (soit le délai moyen d’incubation du SARS-CoV-2, entre le moment où une personne se contamine et où elle peut à son tour contaminer les autres – données disponibles en juillet 2020).</p>
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<img alt="Kit d’autotest pour le suivi de virus de la Covid, contenant le matériel et la notice d’utilisation" src="https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/424157/original/file-20211001-19-115cahx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans le cadre de la détection précoce du SARS-CoV-2, et le suivi de l’introduction éventuelle de nouveaux variants, un kit d’autotest remis aux voyageurs à leur arrivée en Polynésie française.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ILM Photo</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Chaque kit est identifié par un code-barres unique et relié au numéro d’enregistrement du voyageur sur la plate-forme en ligne où a été déclaré son itinéraire. Il contient deux écouvillons (pour les prélèvements en fosse nasale et buccal), un tube de milieu de conservation pour les stocker, un sac de transport d’échantillon biologique et une notice d’utilisation (français-anglais).</p>
<p>Une fois les autoprélèvements réalisés, le kit doit être remis par le voyageur à la réception de son hébergement ou déposé dans un centre de santé. Il est ensuite acheminé vers le laboratoire, où les échantillons sont organisés en groupes (pool) de dix puis testés par RT-PCR. Lorsqu’un pool est détecté positif pour le SARS-CoV-2, les 10 échantillons sont retestés individuellement et le code-barres du (ou des) positif(s) est communiqué au bureau de veille sanitaire du ministère de la Santé. Le bureau se charge de contacter le voyageur pour un test de confirmation.</p>
<h2>Innover pour gagner du temps</h2>
<p>Les critiques pleuvent : « Ce n’est pas fiable ! Ce n’est pas publié ! Ça ne marchera pas ! »… jusqu’à la détection du premier cas.</p>
<p>Si nous savions que nous n’avions pas la maîtrise des autoprélèvements (qualité, réalisation, etc.), nous n’avions pas de doute sur la traçabilité des échantillons ni sur la sensibilité du protocole de RT-PCR en groupage d’échantillons. Nous utilisons déjà le système de code-barres et l’appairage numérique dans le cadre de nos enquêtes de terrain, quant au protocole de groupage cela faisait déjà trois mois que nous travaillions à la question, pour anticiper toute rupture d’approvisionnement en réactifs ou flambée de cas dépassant la capacité technique de nos laboratoires.</p>
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<img alt="Une scientifique fait un prélèvement dans un échantillon pour lancer la PCR" src="https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/424158/original/file-20211001-15-1mjeo1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Préparation des pools des échantillons remis par les voyageurs avant extraction et RT-PCR suivant le protocole de surveillance du SARS-CoV-2.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ILM Photo</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le premier cas de Covid-19 est détecté le samedi 1<sup>er</sup> août 2020, en fin d’après-midi, et nous transmettons nos données (avec numéro de code-barres du prélèvement) au bureau de veille sanitaire. Je découvre le lendemain que l’information fait les gros titres… Il s’agit d’une touriste sur un bateau de croisière, lequel vient de faire demi-tour pour rejoindre le port de Papeete chargé de ces 340 passagers et membres d’équipage.</p>
<p>Dans les mois qui suivront, plusieurs centaines de voyageurs positifs pour le SARS-CoV-2 seront ainsi identifiés. Si le dispositif CoV-Check Porinetia n’a pas suffi à empêcher la réintroduction du virus puis sa diffusion, il aura néanmoins permis la détection des premiers clusters (groupes de personnes exposées) sur l’île principale Tahiti, permettant aux autorités de santé de se préparer à la première vague épidémique et de tenter de limiter sa diffusion aux 71 autres îles habitées de Polynésie française.</p>
<p>Dès février 2021, nous complétons le dispositif pour être capables de détecter les variants. À bon escient, puisque nous en trouvons rapidement, d’abord essentiellement Alpha (variant un temps dit « britannique ») puis de plus en plus de Delta (identifié en Inde pour la première fois). Nous savons que ce n’est qu’une question de temps avant qu’un cas importé n’échappe au dispositif de surveillance. Début juillet, le variant Delta est en effet détecté dans la population. Le tout premier cluster est lié à un voyageur non vacciné, qui n’avait respecté aucune des mesures de quarantaine.</p>
<h2>Comprendre le rôle de la recherche</h2>
<p>Dans les semaines qui suivent, l’augmentation fulgurante des cas submerge les capacités d’accueil des structures hospitalières et des unités de soins intensifs et de réanimation. Un couvre-feu rapidement renforcé d’une période de confinement sont mis en place. L’effort de vaccination s’accélère, la réserve sanitaire vient en renfort.</p>
<p>Au plus fort de l’épidémie, la Polynésie compte 426 hospitalisations, dont 48 en réanimation. Au total, de <a href="https://www.service-public.pf/dsp/wp-content/uploads/sites/12/2021/09/BEH-N63.pdf">mi-juillet (début de la vague) à fin septembre 2021, 461 décès liés à la Covid-19 sont survenus en milieu hospitalier</a>.</p>
<p>Ces évènements nous ramènent à la réalité et aux limites de notre contribution en tant que chercheurs, à notre rôle : celui de donner de la connaissance, des outils et un délai de préparation aux soignants et à tous ceux qui travaillent en support. Bref, à celles et ceux sur qui nous comptons pour sauver des vies, et accompagner celles qui s’éteignent…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169047/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Van-Mai Cao-Lormeau a reçu des financements pour un contrat de projets Etat-Polynésie française (2017, 2018) ; Fonds Pacifique/Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères (2016-2020).
Van-Mai Cao-Lormeau est membre du panel d’experts du réseau Arbo-France (<a href="https://arbo-france.fr/">https://arbo-france.fr/</a>)</span></em></p>Découvrez, avec les équipes de recherche en première ligne, comment la Polynésie française traque les virus. Zika hier, SARS-CoV-2 aujourd’hui… Un témoignage entre défi, rigueur et passion.Van-Mai CAO-LORMEAU, Director of the Laboratory of research on Infectious Vector-borne diseases (LIV), Institut Louis Malardé (ILM), Institut Louis MalardéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1412982020-09-15T20:44:35Z2020-09-15T20:44:35ZLa pandémie de Covid-19 ne doit pas nous faire oublier la dengue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/354661/original/file-20200825-18-2437gy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le moustique de la fièvre jaune Aedes aegypti prenant un repas de sang.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aedes_aegypti_bloodfeeding_CDC_Gathany.jpg">James Gathany/Wikimedia</a></span></figcaption></figure><p>En mobilisant aujourd’hui, à juste titre, l’attention du monde entier, la pandémie de Covid-19 liée au nouveau virus SARS-CoV-2 éclipse d’autres maladies infectieuses. Or cette situation est d’autant plus alarmante qu’en détournant l’attention des gestionnaires, des décideurs et du public sur ces maladies, elle peut aggraver leur impact.</p>
<p>Dans de nombreux pays – en Afrique, en Asie et en Amérique latine – la pandémie de Covid-19 pourrait ainsi nuire aux campagnes de lutte et de prévention contre la <a href="https://www.theglobalfund.org/fr/news/2020-06-24-global-fund-covid-19-report-deaths-from-hiv-tb-and-malaria-could-almost-double-in-12-months-unless-urgent-action-is-taken/">tuberculose, le Sida et le paludisme (principales cibles du Fonds mondial)</a>, ainsi qu’<a href="https://www.who.int/news-room/detail/22-05-2020-at-least-80-million-children-under-one-at-risk-of-diseases-such-as-diphtheria-measles-and-polio-as-covid-19-disrupts-routine-vaccination-efforts-warn-gavi-who-and-unicef">aux campagnes de vaccination contre la diphtérie, la polio et la rougeole</a>.</p>
<p>Les maladies virales transmises par les moustiques <em>Aedes</em> – comme la dengue, le Zika, le chikungunya et la fièvre jaune – sont elles aussi concernées.</p>
<p>La situation est d’autant plus inquiétante que leurs incidences ont augmenté de façon spectaculaire <a href="https://gh.bmj.com/content/3/Suppl_1/e000530">au cours de la dernière décennie</a>, et qu’elles sont responsables de graves épidémies touchant actuellement l’<a href="https://www.paho.org/data/index.php/en/mnu-topics/indicadores-dengue-en/dengue-nacional-en/252-dengue-pais-ano-en.html">Amérique latine</a>, l’<a href="https://www.theguardian.com/global-development/2019/dec/30/asias-hardest-year-for-dengue-fever-in-pictures">Asie du Sud-Est</a> et l’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/la-lutte-contre-le-covid-19-ne-doit-pas-occulter-les-risques-li%C3%A9s-aux-%C3%A9pid%C3%A9mies-de-dengue">océan Indien</a>.</p>
<h2>Des épidémies de dengue en série</h2>
<p>L’Amérique latine connaît cette année l’une des plus importantes épidémies de dengue jamais enregistrée dans la région. Le Brésil, très affecté par l’épidémie de <a href="https://covid19.who.int/region/amro/country/br">Covid-19</a>, a par exemple recensé plus d’un million de cas et environ 400 décès <a href="https://www.paho.org/data/index.php/en/mnu-topics/indicadores-dengue-en/dengue-nacional-en/252-dengue-pais-ano-en.html">imputés à la dengue entre janvier et juin 2020</a>. Les départements de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/ocean-indien/documents/bulletin-regional/2020/covid-19-point-epidemiologique-a-mayotte-du-25-juin-2020">Mayotte</a> et de la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/guyane/documents/bulletin-regional/2020/covid-19-point-epidemiologique-en-guyane-du-2-juillet-2020">Guyane</a> – qui font toujours face à une circulation importante de SARS-CoV-2 – sont également dans une situation préoccupante.</p>
<p>Plus largement, les territoires français d’outre-mer connaissent des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/recherche/#search=dengue&regions=Antilles%7CGuyane%7COc%C3%A9an%20Indien">épidémies de dengue importantes</a>, avec plus de 30 000 cas signalés dans les îles de l’océan Indien depuis 2017 (<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/ocean-indien/documents/bulletin-regional/2020/surveillance-de-la-dengue-a-mayotte.-point-au-25-mai-2020">Mayotte</a> et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/ocean-indien/documents/bulletin-regional/2020/surveillance-de-la-dengue-a-la-reunion.-point-au-7-juillet-2020">La Réunion</a>) et plus de 15 000 cas dans les îles des Caraïbes (<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/antilles/documents/bulletin-regional/2020/surveillance-de-la-dengue-en-guadeloupe-et-les-iles-du-nord.-point-au-26-juin-2020">Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy</a> et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/antilles/documents/bulletin-regional/2020/surveillance-de-la-dengue-en-martinique.-point-au-26-juin-2020">Martinique</a>) depuis la fin de l’année 2019.</p>
<p>Les régions tempérées de l’hémisphère nord (États-Unis et Europe), particulièrement touchées par la pandémie de Covid-19, sont aussi à risque pour ces <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbovirose#:%7E:text=Les%20arboviroses%20sont%20des%20maladies,anglais%20%3A%20ARthropod%2DBOrne%20virus.">arboviroses</a> durant l’été, dans les zones où les moustiques vecteurs <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/aedes-aegypti-current-known-distribution-may-2020"><em>Aedes aegypti</em></a> et/ou <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/aedes-albopictus-current-known-distribution-may-2020"><em>Aedes albopictus</em></a> sont établis. Une transmission autochtone de dengue a par exemple été détectée cet été en France, dans le <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/chikungunya/articles/donnees-en-france-metropolitaine/chikungunya-dengue-et-zika-donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-france-metropolitaine-en-2020">département de l’Hérault</a>. Aux États-Unis, une vingtaine de cas ont été recensés en <a href="https://www.cdc.gov/dengue/statistics-maps/2020.html">Floride</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, en avril 2020, le ministère français de la Santé a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l’environnement et du travail (ANSES) pour évaluer d’une part l’impact potentiel de la pandémie de Covid-19 et du confinement sur la surveillance et la lutte contre la dengue, et d’autre part la balance bénéfices/risques de l’arrêt ou de la poursuite de certaines actions de lutte antivectorielle. Ce travail d’évaluation a fait l’objet d’un rapport disponible en 3 langues (français, anglais et espagnol) sur le <a href="https://www.anses.fr/fr/content/la-lutte-contre-le-covid-19-ne-doit-pas-occulter-les-risques-li%C3%A9s-aux-%C3%A9pid%C3%A9mies-de-dengue">site de l’ANSES</a>, dont nous vous présentons ici une courte synthèse.</p>
<h2>Covid-19 et dengue dans le même temps</h2>
<p>La circulation simultanée de la Covid-19 et de la dengue peut entraîner un retard de diagnostic, et donc impacter les soins et les mesures spécifiques à chacune de ces deux maladies.</p>
<p>Les deux infections partageant certaines <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7195023/">caractéristiques cliniques</a> (fièvre, fatigue, maux de tête…), un diagnostic différentiel est nécessaire. Par ailleurs, la mise en évidence de résultats sérologiques de dengue <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7128937/">faussement positifs</a> chez des personnes atteintes de Covid-19 suscite des inquiétudes. Il faut tout faire pour éviter les erreurs de diagnostic ou d’interprétation des tests, aux conséquences dramatiques tant pour les patients que pour les interventions de santé publique (par exemple, le traçage et le dépistage des contacts pour la Covid-19, et la lutte contre les insectes vecteurs pour la dengue).</p>
<p>Ces co-infections ne sont naturellement à redouter que dans les pays où les deux virus circulent. Pour l’heure, la Guyane a déclaré le décès d’un adolescent atteint de <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/guyane-deces-d-un-adolescent-atteint-du-covid-19-et-de-la-fievre-jaune_146167">Covid-19 et de fièvre jaune</a>. La co-infection par le virus de la dengue et le SARS-CoV-2 n’a pour l’instant été documentée que sporadiquement, notamment en <a href="https://www.channelnewsasia.com/news/asia/thailand-records-first-covid-19-death-coronavirus-12487738">Thaïlande</a>, à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7128937/">Singapour</a> et à <a href="https://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0008476">La Réunion</a>. On peut néanmoins la redouter dans les pays les plus touchés par la dengue, en <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7218187/">Asie du Sud-Est</a> et en <a href="https://www.scidev.net/america-latina/salud/noticias/dengue-avanza-en-america-latina-en-plena-pandemia-de-covid-19.html">Amérique du Sud</a>.</p>
<p>Cette co-circulation des virus augmente en effet les risques sanitaires. Et dans des pays comme le <a href="https://www.mdpi.com/2414-6366/5/2/75">Brésil</a>, où les services de santé sont encore perturbés, voire débordés par la pandémie de Covid-19, la <a href="https://reliefweb.int/report/world/dengue-cases-americas-top-16-million-highlighting-need-mosquito-control-during-covid-19">coexistence des deux maladies</a> aggrave la situation. Sans compter que plusieurs sérotypes de dengue peuvent circuler en même temps, comme c’est le cas en <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/guyane/documents/bulletin-regional/2020/situation-epidemiologique-de-la-dengue-en-guyane.-point-au-19-juin-2020">Guyane</a> ou <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/regions/ocean-indien/documents/bulletin-regional/2020/surveillance-de-la-dengue-a-la-reunion.-point-au-15-juin-2020">à La Réunion</a>, d’où la possibilité d’infections secondaires ou même tertiaires et donc de cas cliniques graves.</p>
<h2>Les impacts sur la surveillance de la dengue</h2>
<p>La surveillance épidémiologique de la dengue est également affectée par la mobilisation autour de la Covid-19. On l’a constaté dans tous les territoires français d’outre-mer, où une baisse des cas de dengue notifiés et déclarés juste après le démarrage du confinement a été décrite, alors même que le nombre de cas avait nettement <a href="https://www.anses.fr/fr/content/la-lutte-contre-le-covid-19-ne-doit-pas-occulter-les-risques-li %C3 %A9s-aux- %C3 %A9pid %C3 %A9mies-de-dengue">augmenté au cours des semaines précédentes</a>.</p>
<p>Cette sous-déclaration des cas de dengue, notamment pour les cas qui, sans signes cliniques de gravité, contribuent de manière importante à la transmission du virus, s’explique non seulement par le confinement et les difficultés de déplacements, mais aussi par l’inquiétude du public quant au risque d’être infecté par la Covid-19 dans les établissements de santé, ou encore par la fermeture de certains dispensaires et un accès au diagnostic rendu difficile.</p>
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<a href="https://theconversation.com/revenez-vous-faire-soigner-137748">Revenez vous faire soigner !</a>
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<h2>Lutte contre les moustiques et directives Covid-19</h2>
<p>Dernier constat alarmant : les interventions de lutte antivectorielle, et particulièrement celles concernant l’espèce <em>Aedes</em>, ont été considérablement affectées par la mobilisation de l’attention sur la Covid-19. <a href="https://www.anses.fr/fr/content/la-lutte-contre-le-covid-19-ne-doit-pas-occulter-les-risques-li %C3 %A9s-aux- %C3 %A9pid %C3 %A9mies-de-dengue">À titre d’exemple</a>, pendant le confinement, ces interventions ont été réduites <a href="https://www.naccho.org/blog/articles/the-impact-of-covid-19-on-local-vector-control-response">aux États-Unis</a> et dans tous les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/la-lutte-contre-le-covid-19-ne-doit-pas-occulter-les-risques-li %C3 %A9s-aux- %C3 %A9pid %C3 %A9mies-de-dengue">territoires français d’outre-mer</a>.</p>
<p>De fait, nombre d’interventions contre les moustiques s’opposent a priori aux directives de prévention et de contrôle de la Covid-19, en requérant parfois un contact étroit entre les agents qui en sont chargés et la population : c’est le cas notamment lors des campagnes de sensibilisation ou les pulvérisations d’insecticides au sein de domiciles. Or en l’absence de vaccins et de traitements, la prévention et le contrôle de la dengue et d’autres maladies virales transmises par les <em>Aedes</em> <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/dengue-and-severe-dengue">reposent largement</a> sur le contrôle des populations de moustiques vecteurs, à travers une lutte antivectorielle durable, synergique et proactive – son efficacité <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6283470/">pouvant se trouver réduite</a> faute d’une mise en œuvre appropriée et intégrée.</p>
<p>Dans ces conditions, il est crucial de renforcer la communication autour de l’importance et de la nécessité des interventions de lutte antivectorielle : nous devons pour ce faire nous appuyer sur Internet et les réseaux sociaux, en diffusant conjointement des informations sur la Covid-19 et sur la prévention des maladies virales transmises par des moustiques (par exemple, l’élimination de leurs gîtes de reproduction en restant chez soi). Enfin il est nécessaire d’adapter les directives existantes pour les agents en charge de la lutte antivectorielle, notamment par des gestes barrières et une distanciation physique, pour prévenir toute transmission de Covid-19.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/demoustication-comment-larrivee-du-moustique-tigre-a-change-la-donne-100467">Démoustication : comment l’arrivée du moustique tigre a changé la donne</a>
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<p>L’impact négatif de la crise induite par la Covid-19 sur la surveillance et le contrôle de la dengue est évident dans les zones tropicales touchées par la dengue. Quant aux régions tempérées, les restrictions de voyage limitent en théorie les possibilités d’importation d’arbovirus. Le risque est néanmoins présent, comme en témoignent les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/la-lutte-contre-le-covid-19-ne-doit-pas-occulter-les-risques-li %C3 %A9s-aux- %C3 %A9pid %C3 %A9mies-de-dengue">quatorze cas de dengue</a> observés dans l’Hexagone pendant le confinement, nonobstant le très faible nombre de vols provenant de zones touchées.</p>
<p>La reprise du transport aérien, même si elle est partielle, pourrait accroître ce risque dans les régions d’Europe <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/aedes-albopictus-current-known-distribution-may-2020">où <em>Aedes albopictus</em> est installé</a>. Entre le 1<sup>er</sup> mai et le 21 août 2020, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/chikungunya/articles/donnees-en-france-metropolitaine/chikungunya-dengue-et-zika-donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-france-metropolitaine-en-2020">Santé publique France</a> a enregistré 155 cas importés de dengue et 4 cas importés de chikungunya.</p>
<p>Notons au passage que la circulation simultanée de ces maladies a nécessairement des effets délétères sur les plans économique et social. Les inégalités sociales liées à la dengue et à d’autres arbovirus, tel que le Zika, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17441692.2018.1532528">ont déjà été mises en évidence</a>. On sait aussi que la pandémie de Covid-19 exacerbe ces inégalités, comme on a pu le constater à La Réunion ou aux <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1090198120922942">États-Unis</a>.</p>
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<a href="https://theconversation.com/a-la-reunion-la-pandemie-aggrave-les-inegalites-sociales-133809">À la Réunion, la pandémie aggrave les inégalités sociales</a>
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<p>Dans un tel contexte, nous devons souligner l’importance de la mobilisation sociale et du maintien, voire du renforcement de la gestion intégrée des maladies transmises par les moustiques. Et nous recommandons par ailleurs d’améliorer les pratiques pour réduire au minimum l’exposition au SARS-CoV-2 dans le cadre de la lutte antivectorielle.</p>
<p>Partout dans le monde, et en particulier dans la zone intertropicale, la menace représentée par les maladies que peuvent transmettre les moustiques – à l’instar de la dengue, du chikungunya, de la maladie à virus Zika et de la fièvre jaune – pourrait être accentuée en raison d’une détérioration de la surveillance et de la lutte contre les moustiques. Or ce risque est susceptible d’aggraver la situation due à la seule pandémie de Covid-19.</p>
<p>En somme, il y a donc urgence pour les acteurs de santé publique et les décideurs politiques d’élaborer des politiques proactives, et d’allouer les ressources adéquates pour prévenir et gérer la dissémination de ces maladies en période de crise sanitaire. D’autant plus que dans les décennies à venir, on craint de voir surgir d’autres nouvelles maladies à fort potentiel épidémique et pandémique…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lemergence-des-nouvelles-epidemies-saccelere-comment-y-faire-face-140568">L’émergence des nouvelles épidémies s’accélère, comment y faire face ?</a>
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<p><em>L’évaluation a été menée par le « Groupe d’expertise collective dans l’urgence sur l’impact de la pandémie de Covid-19 et du confinement sur la surveillance de la dengue et les interventions de lutte antivectorielle » de l’ANSES. Ce groupe a été présidé par Thierry BALDET (CIRAD), coordonné par Johanna FITE (ANSES) et Elsa QUILLERY (ANSES), et il était composé de James DEVILLERS (CTIS), Marie-Marie OLIVE (IRD), Marie-Claire PATY (Santé publique France), Christophe PAUPY (IRD), Philippe QUENEL (EHESP), Jocelyn RAUDE (EHESP), David ROIZ (IRD), Jean‑Paul STAHL (CHU Grenoble Alpes), Marie THIANN-BO-MOREL (Université de La Réunion), toutes ces personnes ayant contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141298/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La co-circulation des virus de la dengue et du SARS-CoV-2 peut avoir nombre d’effets pervers : retard dans la prise en charge, sous-déclaration des cas, détérioration de la lutte anti-moustiques…Marie-Marie Olive, Post-doctorante, Institut de recherche pour le développement (IRD)David Roiz, Investigador en ecologia de enfermedaes emergentes transmitidas por mosquitos, Institut de recherche pour le développement (IRD)Johanna Fite, Chef de projets scientifiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Thierry Baldet, Chercheur, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1004672018-07-26T22:18:05Z2018-07-26T22:18:05ZDémoustication : comment l’arrivée du moustique tigre a changé la donne<p>Depuis une dizaine d’années, une nouvelle espèce de moustique s’implante dans le <a href="https://ecdc.europa.eu/en/publications-data/aedes-albopictus-current-known-distribution-january-2018">Sud de l’Europe</a> et en <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">France métropolitaine</a>.</p>
<p>Il s’agit d’<em>Aedes albopictus</em>, le « moustique tigre ». Il est appelé ainsi du fait des zébrures noires et blanches qui ornent son abdomen et ses pattes. Reconnu comme l’une <a href="https://be.anses.fr/sites/default/files/BEP-mg-BE66-art9_0.pdf">des cent espèces les plus invasives au monde</a>, il prolifère dans les espaces (péri)urbains où il génère parfois de très fortes nuisances.</p>
<p>Contrairement aux autres moustiques urbains – comme les <em>Culex pipiens molestus</em>, présents dans toutes les agglomérations –, le moustique tigre pique au début du jour et en fin d’après-midi. Aux nuisances nocturnes que l’on subissait déjà s’ajoute ainsi une nuisance diurne dont on se serait bien passé.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout ! <em>Aedes albopictus</em> est une espèce potentiellement vectrice de virus tels que la dengue, le chikungunya ou le zika. Ces virus ne circulent pas dans nos zones tempérées mais peuvent être importés par les voyageurs en provenance des zones tropicales. Entre 2010 et 2017, <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cas_autochtones_cartes_2010_-_2017.pdf">39 personnes</a> ont ainsi contracté les virus de la dengue ou du chikungunya sur le territoire métropolitain.</p>
<h2>« Monsieur le maire, démoustiquez ! »</h2>
<p>Le sentiment de subir une nuisance excessive ajouté aux compétences vectorielles du moustique tigre, responsables d’épidémies d’ampleur à l’échelle internationale ces dernières années, entraînent des réactions d’inquiétude et de mécontentement auprès d’une partie de la population.</p>
<p>L’été dernier, un habitant de Toulouse interpellait ainsi à l’aide d’une <a href="https://www.change.org/p/jl-moudenc-maire-de-toulouse-mr-jl-moudenc-d%C3%A9moustiquez-avant-que-le-moustique-tigre-n-infeste-et-n-infecte-toulouse">pétition en ligne</a> le maire de la ville.</p>
<p>Cette pétition, signée par plus de 7 500 personnes et <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/toulouse-pas-demoustication-massive-contre-moustique-tigre-1493437.html">relayée par les médias</a> locaux et nationaux, a créé un véritable buzz. Cet élan traduisait le ras-le-bol d’habitants excédés par une nuisance jugée « envahissante » et face à laquelle une réaction des autorités locales était espérée. Appuyée par des arguments sanitaires (« insalubrité », « problème de santé publique »), la plainte des Toulousains se doublait d’une demande explicite de démoustication mettant en œuvre des « solutions écoresponsables ».</p>
<p>L’exemple toulousain illustre bien les représentations collectives ambivalentes qui existent autour du principe de démoustication.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"997353545501376513"}"></div></p>
<h2>Quand démoustiquer = pulvériser</h2>
<p>Pensée comme une solution réflexe, la démoustication est souvent perçue comme un moyen radical de venir à bout des moustiques. En France, les politiques d’aménagement du territoire ont contribué à inscrire cette idée dans l’imaginaire collectif.</p>
<p>Dans les années 1960, le développement du littoral méditerranéen et la création des stations balnéaires du Languedoc-Roussillon ont appelé à d’importants travaux d’infrastructures et les opérations de démoustication de ces espaces infestés sont apparues comme un prérequis à l’accueil du tourisme de masse qui caractériserait bientôt les lieux.</p>
<p>À cette époque, la démoustication participait d’une logique d’embellissement. Avec elle s’érigeait la promesse de domestiquer des zones humides et lacustres pour offrir des espaces urbanisés dédiés aux loisirs ; autant de valeurs positives auxquelles se rapportait le principe de démoustication.</p>
<p>Jusqu’aux années 2000, qui marquent l’arrivée du moustique tigre sur le territoire métropolitain, les efforts à entreprendre pour lutter contre les moustiques sont relégués à la puissance publique. La démoustication par pulvérisation constitue alors aux yeux de la population une démonstration visible de la <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=GbW3DQAAQBAJ&oi=fnd&pg=PA187&dq=Duret+Reilhes,+2016&ots=inDmlrOpB6&sig=X4DG8qi7y7KU9XpvcuZgSkfjG7M">réactivité des autorités</a>.</p>
<p>Ce procédé est ancré dans la mémoire collective, au point parfois de résumer à lui seul le principe de démoustication. Les épandages aériens ont, par exemple, particulièrement marqué les esprits des populations d’outre-mer et du sud de la France.</p>
<p>Jusqu’en 2006, en périodes épidémiques, des pulvérisations aériennes d’adulticide étaient systématiquement réalisées dans les îles outre-marines. Autour du bassin méditerranéen, l’<a href="http://www.eid-med.org/">EID Méditerranée</a> recourt à l’épandage aérien pour 70 % des traitements réalisés sur sa zone d’action (de l’étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône à Cerbère dans les Pyrénées-Orientales). En Camargue, une <a href="http://old.tourduvalat.org/fr/documentation/dossiers_thematiques/la_demoustication_de_la_camargue">démoustication expérimentale</a> est menée sur une petite partie du territoire, par voie aérienne et terrestre.</p>
<p>Enfin, de nombreuses villes mandatent des entreprises prestataires pour réaliser des traitements insecticides par pulvérisation terrestre. Aussi, ces traitements laisseraient-ils penser que la démoustication est l’affaire de grands moyens…</p>
<h2>Des collectivités locales en retrait</h2>
<p>L’introduction du moustique tigre en France métropolitaine bouscule cette vision de la démoustication. Elle invite à se défaire de l’association « démoustication = pulvérisation » et à réintégrer l’individu à l’effort de lutte contre cette nuisance.</p>
<p>Toute surface d’eau stagnante située dans l’environnement de l’Homme (espaces verts, voiries, jardins, terrasses et balcons arborés) constitue un possible habitat pour le moustique tigre. Ses lieux de ponte sont donc essentiellement urbains, multiples, diverses, souvent temporaires et difficiles d’accès. Des traitements de démoustication systématiques s’avéreraient peu efficaces et non soutenables. Ils accentueraient le risque de résistance de l’espèce aux insecticides et impacteraient l’écosystème du fait de la non-sélectivité des substances utilisées dans les traitements.</p>
<p>De plus, avec la visibilité croissante des préoccupations environnementales dans le débat public, l’<a href="https://journals.openedition.org/vertigo/16940">acceptabilité sociale</a> de telles mesures serait probablement de plus en plus <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/pyrenees-orientales/banyuls-des-viticulteurs-s-opposent-une-operation-de-demoustication-492797.html">discutée</a> par l’opinion. Enfin, le coût financier des produits et matériels nécessaires à de telles mesures explique, entre autres raisons, l’absence d’actions « visibles » initiées par les collectivités locales dont les dotations globales de financement ont régulièrement <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/17/les-reformes-qui-ont-bouleverse-les-collectivites-territoriales-en-dix-ans_5161711_823448.html">baissé depuis 2013</a>.</p>
<p>L’implantation du moustique tigre a achevé d’instituer une distinction nette entre la démoustication de confort et la lutte antivectorielle. Si cette différence est depuis longtemps admise par les experts et autorités publiques, elle semble moins évidente aux yeux de la population.</p>
<h2>Des solutions à portée de main</h2>
<p>L’efficacité limitée à très court terme de la démoustication classique (basée sur des pulvérisations d’adulticide) contre le moustique tigre a été <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/system/files/2018-05/Guide_Moustiques_Collectivites.pdf">mise en évidence</a> dans le cadre de la lutte de confort. Elle demeure toutefois le principal recours en cas de suspicion de cas de dengue, chikungunya ou zika.</p>
<p>Depuis 2006, un <a href="http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2018/04/cir_43264.pdf">plan national</a> prévoit que face à une suspicion de cas, et si des moustiques tigres (larves ou adultes) sont repérés autour de la personne malade, des mesures antivectorielles, au premier rang desquelles des traitements de démoustication par pulvérisations d’insecticides, soient mis en œuvre pour éviter toute transmission locale du virus. En clair, les traitements chimiques contre le moustique tigre sont réservés à des situations sanitaires exceptionnelles.</p>
<p>Cela signifie-t-il qu’une démoustication de confort est impossible à l’encontre du moustique tigre ? Aucunement.</p>
<p>Des moyens de lutte existent, 100 % « écoresponsables ». La traque des eaux stagnantes, lieux de reproduction du moustique, constitue en effet le meilleur moyen de contrôler leur présence et de limiter son exposition à leurs piqûres. Cela suppose de rompre avec les représentations de la démoustication qui ont longtemps prévalu et de reconsidérer la <a href="https://theconversation.com/ce-que-chacun-peut-faire-pour-surveiller-le-moustique-tigre-77284">participation individuelle</a> comme un moyen de démoustication.</p>
<p>Cela doit-il dédouaner les institutions locales d’engager des mesures ? Pas davantage !</p>
<p>L’exemple toulousain illustre bien l’importance pour les autorités locales, souvent interpellées par la population, de diffuser une information claire sur les enjeux (sanitaires, environnementaux, de démoustication) liés à la présence du moustique tigre… sachant que les gîtes larvaires ne concernent pas uniquement les environnements privés des personnes. La lutte intégrée apparaît ainsi comme l’élément central de la redéfinition du principe de démoustication à l’égard du moustique tigre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100467/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marion Le Tyrant a reçu des financements du programme « Investissement d’avenir » Labex DRIIHM (ANR-11-LABX-0010), CNRS. </span></em></p>Si la pulvérisation d’insecticides est envisagée par beaucoup comme la solution la plus efficace pour venir à bout des moustiques, Aedes albopictus oblige à repenser les stratégies de démoustication.Marion Le Tyrant, Doctorante en anthropologie, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/878802018-06-25T20:51:20Z2018-06-25T20:51:20ZVirus du Nil occidental : avec l’été, peut-il revenir en France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/222652/original/file-20180611-191962-vsm0fr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C22%2C4906%2C2254&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chevaux en Camargue, dans le sud de la France. Une région à risque, pour le virus du Nil Occidental. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/white-horses-camargue-france-1101379118?src=0_kDH6j3FDq_hWK3a-uzxw-3-25">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>L’an dernier, deux cas de fièvre du Nil occidental <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/cas-fievre-du-nil-occidental-detecte-nice-1353451.html">ont été déclarés dans le sud-est de la France</a>, près de Nice. Cette maladie transmise par des moustiques frappe régulièrement dans les pays du pourtour méditerranéen et ceux d’Europe de l’Est, en été et à l’automne. Cette année, la surveillance est de mise avec l’arrivée des fortes chaleurs. </p>
<p>Le virus du Nil occidental est moins connu que les virus proches de la dengue, de Zika, ou encore <a href="https://theconversation.com/en-france-les-moustiques-transmettent-aussi-le-virus-usutu-97944">d’Usutu</a>, également transmis par des moustiques. Jusqu’ici, il n’a entraîné que rarement des formes sévère de la maladie chez l’homme en France, raison pour laquelle il est moins redouté. Les précautions pour s’en protéger sont cependant communes et consistent pour l’essentiel… à tenir les moustiques à distance. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-second-cas-autochtone-dinfection-par-le-virus-usutu-detecte-en-france-que-faut-il-savoir-97944">Un second cas autochtone d’infection par le virus Usutu détecté en France : que faut-il savoir ?</a>
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<p>Les conditions climatiques et environnementales laissent penser que le virus du Nil occidental ne va pas disparaître de si tôt. Aussi il est bon de connaître ses particularités, pour savoir comment réagir si un nouvel épisode de la maladie se présentait. </p>
<h2>Un virus transmis par le moustique commun, du genre <em>Culex</em></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/224128/original/file-20180620-137741-1s9wpmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un moustique du genre Culex.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvie Lecollinet</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La fièvre du Nil occidental est une maladie causée par le virus du même nom, ou <em>West Nile</em> pour les anglophones. La transmission de ce virus est assurée par des moustiques « communs », appartenant principalement au genre <em>Culex</em>. Les virus Zika et celui de la dengue, par contre, sont transmis en France par un moustique plus récemment implanté, le moustique tigre reconnaissable à ses rayures, <em>Aedes albopictus</em>. </p>
<p>La fièvre du Nil occidental est une maladie ancienne en France, déjà repérée en Camargue dans les années 1960. A l’époque, elle a été décrite à plusieurs reprises chez l’homme. Les scientifiques ont aussi observé des difficultés à se mouvoir chez des chevaux infectés par le virus, ce qui a valu le nom de « lourdige » à cette pathologie du cheval. </p>
<p>Les plus sensibles à cette pathologie sont les humains et les équidés, c’est à dire les chevaux, les ânes ou les poneys. Elle est transmise principalement par piqûre, par un moustique infecté après avoir piqué un oiseau lui-même infecté. Cependant, des cas de transmission d’humain à humain ont été décrits <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa030969">après une transfusion sanguine</a> ou une greffe d’organes - parce que le sang transféré ou les organes transplantés étaient porteurs du virus. </p>
<p>Ce risque de transmission par le sang explique les précautions prises dans les pays de l’Union Européenne lors d’épisodes de fièvre du Nil occidental. Les donneurs de sang rentrant d’une région où un épisode est en cours sont refusés pendant les 28 jours suivant leur séjour. Une recherche du virus avec résultat négatif peut être imposée avant tout transfert de sang ou greffe d’organe. </p>
<h2>Une maladie qui peut déclencher une « grippe estivale »</h2>
<p>L’infection passe le plus souvent inaperçue. Elle peut aussi être responsable de ce qu’on appelle une « grippe estivale », par opposition à la grippe classique qui se déclare l’hiver. Celle-ci se caractérise par une fièvre, de la fatigue, des faiblesses musculaires. Elle se déclare lorsque les moustiques pullulent, à la fin de l’été et au début de l’automne - les mois d’août, septembre et octobre étant les plus à risque. </p>
<p>Dans de rares cas, la fièvre du Nil occidental peut évoluer vers une forme nerveuse, comme une encéphalite ou une méningite, associée par exemple à des difficultés à se mouvoir, une modification du comportement ou à des maux de tête. Cela concerne <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025712508000965">moins d’une infection sur cent chez l’humain</a> - chez le cheval, la fréquence est dix fois plus importante. </p>
<p>La forme nerveuse de la maladie peut conduire à la mort du patient infecté - ou celle du cheval. Plusieurs facteurs sont décrits comme <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4939899/">pouvant contribuer au développement de cette forme sévère</a>, comme l’âge plus avancé (au-delà de 65 ans), l’existence d’une immunodépression ou de pathologies sous-jacentes comme une hypertension artérielle ou un diabète. </p>
<h2>Eliminer l’eau stagnante dans les soucoupes sous les pots de fleurs</h2>
<p>Que se passera-t-il si, en France, un épisode de fièvre Nil occidental se déclare cet été ou cet automne ? Des opérations de communication seront organisées à destination des médecins et des personnes résidant dans les zones à risque, pour les aider à mieux s’en protéger. </p>
<p>Plusieurs mesures pourront être préconisées pour éviter l’infection chez l’humain, comme chez le cheval. Parmi les plus efficaces, il y a l’élimination régulière, tous les 3 à 4 jours maximum, de l’eau stagnante dans les soucoupes sous les pots de fleur, dans les piscines non entretenues, dans les gouttières bouchées ou tout autre endroit creux à proximité des habitations ou des bâtiments d’élevage. Une telle inspection vise à empêcher le développement des larves de moustiques.</p>
<p>Autre mesure efficace, le port de vêtements longs est recommandé, tout particulièrement au lever et coucher du soleil, moments de la journée les plus favorables aux piqûres par les moustiques transmettant le virus. On peut aussi utiliser des produits répulsifs sur les vêtements.</p>
<p>Des opérations de démoustication pourront également être déployées par les autorités afin de détruire les larves de moustiques et d’empêcher le développement de nouveaux spécimens adultes. Ces opérations, par contre, auront une efficacité retardée dans le temps.</p>
<h2>Un épisode récent en Camargue, près d’Arles</h2>
<p>L’histoire de la fièvre du Nil occidental montre qu’elle a été identifiée en Afrique de l’Est dès 1937. Elle semblait, jusqu’en 2008, se limiter à un nombre restreint de pays d’Europe orientale (en particulier la Roumanie le long du delta du Danube, et la Hongrie), mais elle semble s’être désormais installée durablement en Europe du Sud. Elle est régulièrement décrite dans les pays du pourtour méditerranéen, depuis le Portugal jusqu’à la Grèce. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222260/original/file-20180607-137309-i86h8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte des zones avec des cas répertoriés de fièvre du Nil occidental en Europe. Source : Organisation Mondiale de la Santé Animale et publications scientifiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvie Lecollinet</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>En France, deux épisodes récents ont été détectés. Le premier en 2015, en Camargue, autour de la ville d’Arles, dans les départements du Gard et des Bouches-du-Rhône. Le second en 2017, dans les Alpes Maritimes, près de Nice. Ces deux épisodes n’ont été responsables que de formes grippales chez un faible nombre de patients. Cependant, dans l’épisode camarguais, une quarantaine de formes nerveuses sont survenues chez les équidés de la région. </p>
<p>Par ailleurs, plusieurs épisodes sans conséquence ni pour l’humain ni pour le cheval, ont été identifiés aux Antilles, en Guadeloupe, cette dernière décennie. </p>
<h2>Un virus qui circulerait « silencieusement » des oiseaux aux moustiques</h2>
<p>En France métropolitaine, les épisodes de fièvre du Nil occidental antérieurs à celui de 2015 remontent aux années 2000 à 2006. On a donc observé une période de presque 10 ans sans cas identifié. Cependant, les données accumulées par les chercheurs sur cette maladie en France semblent indiquer que le virus <a href="https://www.liebertpub.com/doi/10.1089/vbz.2012.1166">pourrait circuler « silencieusement »</a>, c’est à dire sans être repéré. Il pourrait en effet se transmettre entre des oiseaux sauvages et des moustiques dans les régions du pourtour méditerranéen à risque, <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01606855">en particulier en Camargue</a>. </p>
<p>Heureusement, ni l’humain ni le cheval infecté ne peuvent transmettre le virus à des moustiques qui les piqueraient à nouveau. L’humain, comme le cheval, constitue ce qu’on appelle une « impasse » pour le virus (en dehors des dons du sang ou des greffes d’organe évoqués plus haut). Il s’agit d’une situation très différente de celles de la dengue et de Zika, pour lesquelles il est crucial d’identifier rapidement les patients infectés afin d’éviter de nouvelles chaînes de transmission entre humains. </p>
<p>On peut s’attendre à une augmentation des cas de fièvre du Nil occidental en France à l’avenir, comme pour <a href="http://www.snjmg.org/blog/post/arboviroses-et-moustique-tigre/1065">d’autres pathologies transmises par les moustiques</a>, par exemple le Chikungunya, la dengue, Zika ou Usutu. L’émergence de ces maladies tient à la combinaison de facteurs climatiques et environnementaux, comme <a href="https://theconversation.com/lyme-fievre-du-nil-ebola-comment-lerosion-de-la-biodiversite-favorise-virus-et-bacteries-54320">l’érosion de la biodiversité</a>. Elle est liée aussi à <a href="https://theconversation.com/grippes-sida-ebola-la-pandemie-face-sombre-de-la-mondialisation-73383">l’intensification des échanges commerciaux et de la circulation des personnes</a>, favorisant l’implantation de différentes espèces de moustiques dans de nouvelles régions du globe. </p>
<p>Les <em>Culex</em>, les moustiques transmettant la fièvre du Nil occidental, sont déjà répartis sur tout le territoire français. Il est donc important de maintenir une surveillance efficace et réactive de cette pathologie à la fois chez l’humain, les chevaux et le moustique. Cette mission de surveillance est assurée par <a href="http://www.respe.net/node/3067">des instituts d’origines très diverses</a> comme Santé Publique France, les Agences Régionales de Santé, l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), l’Entente Interdépartementale de démoustication-Méditeranée, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (ANSES), le Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine (RESPE), ou encore les Directions Départementales de la Protection des Populations. Sur le terrain, elle s’appuie sur la vigilance des praticiens dans les hôpitaux ainsi que des vétérinaires, qui sont souvent les premiers à donner l’alerte.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87880/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvie Lecollinet a reçu des financements des Fonds Eperon et de l'institut Français du Cheval pour la réalisation de projets de recherche.</span></em></p>L'an dernier deux cas de fièvre du Nil Occidental étaient déclarés en France. La menace de cette maladie, transmise par le moustique le plus commun, persiste cet été et cet automne.Sylvie Lecollinet, Virologue et vétérinaire, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/979442018-06-17T20:21:02Z2018-06-17T20:21:02ZUn second cas autochtone d’infection par le virus Usutu détecté en France : que faut-il savoir ?<p>Le 10 novembre 2022, <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/communique-de-presse-confirmation-dune-infection-autochtone-virus-usutu-secteurs-des-landes-et-de">un cas d’infection par le virus Usutu a été confirmé dans le département des Landes</a>, en Nouvelle-Aquitaine. Il s’agit du premier cas d’arbovirose (virus transmis par des insectes hématophages - autrement dit, se nourrissant de sang - tels que les moustiques) identifié dans cette région. C’est aussi seulement le second cas d’infection au virus Usutu répertorié en France. </p>
<p>Après avoir développé des symptômes pseudogrippaux (fièvre, maux de tête, courbatures), <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/communique-de-presse-un-premier-cas-darbovirose-autochtone-detecte-en-nouvelle-aqutaine">la patiente a totalement récupéré de l’infection</a>.</p>
<p>Avec le virus du <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/chikungunya">chikungunya</a>, celui de la <a href="https://theconversation.com/les-cas-de-dengue-explosent-en-france-metropolitaine-que-faut-il-savoir-190729">dengue</a>, le virus <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/zika">Zika</a> et celui du <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/west-nile">Nil occidental</a>, Usutu fait désormais partie des virus transmis par les moustiques ayant provoqué au moins un cas autochtone en France – c’est-à-dire chez une personne n’ayant pas voyagé dans un pays étranger. </p>
<p>Si Usutu n’est pas le plus redoutable de ces virus que les Français doivent apprendre à côtoyer, il mérite cependant l’attention des scientifiques et des autorités sanitaires.</p>
<h2>Un virus déjà à l’origine d’une infection en 2016</h2>
<p>Un premier cas d’infection au virus Usutu en France avait déjà été identifié en 2016, mais les études ne l’ont mis en évidence que 2 ans plus tard. Le 10 novembre 2016, un homme de 39 ans avait été hospitalisé trois jours en neurologie au CHU de Montpellier en raison d’une paralysie soudaine de la moitié de son visage. Le patient a récupéré toutes ses facultés en quelques semaines, sans séquelle. Des analyses menées par la suite ont montré qu’il avait été infecté par ce Usutu.</p>
<p>Ce sont les travaux réalisés par <a href="https://www.umontpellier.fr/recherche/unites-de-recherche/pathogenese-et-controle-des-infections-chroniques-pcci">notre équipe</a> de biologistes de l’université de Montpellier, de l’Inserm et du CHU de Montpellier, qui avaient permis de comprendre l’origine des troubles présentés par ce patient. Nous avions alors analysé 666 prélèvements de liquide céphalo-rachidien réalisés (puis congelés) chez des patients hospitalisés en 2016 à Montpellier et à Nîmes. Un seul a révélé la présence du virus Usutu : le sien.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-moustiques-nous-piquent-et-les-consequences-186325">Comment les moustiques nous piquent (et les conséquences)</a>
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<p>Le scénario le plus probable est que cet homme, comme la patiente identifiée dans les Landes, a été infecté par un moustique, après que celui-ci a piqué un oiseau, réservoir de ce virus. Transmis à l’humain principalement par le moustique <em>Culex</em>, commun en France, ce virus circule activement dans notre pays depuis au moins 2015, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/pmid/27869608/">étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail</a> (Anses). </p>
<h2>Du Swaziland à la France métropolitaine</h2>
<p>Le virus Usutu était un illustre inconnu jusqu’à peu, mais il a récemment retenu l’attention de la communauté scientifique en raison de sa propagation importante en Europe. Cet arbovirus appartient à la famille des <em>Flaviviridae</em> et au genre <em>flavivirus</em>, composé de plus de 70 membres. </p>
<p>Parmi ceux-ci, on retrouve quelques-uns d<a href="https://theconversation.com/virus-exotiques-en-france-un-sujet-plus-que-jamais-dactualite-186324">es arbovirus les plus dangereux pour l’être humain</a>, comme le virus Zika, ou celui de la dengue, de la fièvre jaune, ou de la fièvre du Nil occidental (<em>West Nile virus</em>). </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=469&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=469&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223399/original/file-20180615-85849-pbpknf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=469&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Figure 1.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Clé et coll. Médecine et Sciences.</span></span>
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<p>Usutu a été baptisé d’après la rivière du même nom, située dans le Swaziland, petit pays d’Afrique ayant une frontière commune avec l’Afrique du Sud. Il y a été́ identifié pour la première fois en 1959.</p>
<p>Peu de choses sont connues concernant les cellules cibles d’Usutu. Néanmoins notre équipe <a href="http://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0005913">a décrit récemment</a> sa capacité, comme d’autres flavivirus, à infecter <em>in vitro</em> (dans des cultures en laboratoire) non seulement des cellules du système nerveux, mais aussi le système nerveux de rongeurs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223402/original/file-20180615-85825-dct6p6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Salinas et coll., PLoS Negl Trop Dis., 2017 sep 5 ;11(9) :e0005913.</span></span>
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<h2>Des oiseaux pour hôtes, des moustiques pour vecteurs</h2>
<p>Le cycle naturel de transmission d’Usutu est un cycle enzootique, c’est-à-dire localisé dans une zone donnée. Il implique principalement les oiseaux passériformes (par exemple les merles ou les pies) et strigiformes (par exemple, les chouettes laponnes) comme hôtes « amplificateurs », c’est-à-dire permettant la multiplication active du virus. </p>
<p>Ce sont les moustiques ornithophiles (piquant les oiseaux) qui lui servent de vecteurs lors de la transmission à l’humain. Différents travaux ont démontré l’implication de plusieurs espèces de moustiques dans l’entretien du cycle d’Usutu au sein de l’avifaune, c’est-à-dire les oiseaux occupant un même lieu. </p>
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<span class="caption">Figure 3.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Clé et coll. Médecine et Sciences.</span></span>
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<p>Le virus ainsi été isolé chez les moustiques <em>Aedes albopictus</em> (plus connu sous le nom de moustique tigre), <em>Aedes caspiuis</em>, <em>Anopheles maculipennis</em>, <em>Culex quinquefasciatus</em>, <em>Culex perexiguus</em>, <em>Culex perfuscus</em>, <em>Coquillettidia aurites</em>, <em>Mansonia Africana</em> et <em>Culex pipiens</em>. Ces différentes espèces sont ornithophiles, mais piquent aussi l’humain.</p>
<p>Les moustiques transmettent également le virus aux chevaux. Mais cet animal, comme l’être humain, est considéré comme un hôte accidentel : ces espèces sont sensibles à Usutu, mais considérées comme des « impasses » épidémiologiques – c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas transmettre le virus à un congénère.</p>
<h2>Une mortalité importante chez les oiseaux</h2>
<p>Usutu a été mis en évidence chez de nombreuses espèces d’oiseaux, et plusieurs espèces migratrices seraient responsables de l’introduction de ce virus en Europe. D’autres seraient plutôt responsables de sa propagation. Au nombre des espèces sensibles à l’infection par Usutu figure le merle noir (<em>Turdus merula</em>), qui présente le taux de mortalité le plus élevé connu.</p>
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<p>Chez les oiseaux contaminés par Usutu, l’infection se traduit par des troubles nerveux centraux. Ils se manifestent par une prostration, une désorientation, une incoordination motrice et une perte de poids. L’autopsie révèle fréquemment une inflammation du foie (hépatomégalie) et de la rate (splénomégalie).</p>
<p>Des lésions ont également été signalées dans le cœur, le foie, les reins, la rate et le cerveau des oiseaux infectés. La virulence d’Usutu le rend hautement pathogène pour l’avifaune, en raison notamment de sa réplication dans un grand nombre de tissus et d’organes. Usutu est à l’origine d’une mortalité aviaire importante dans différentes régions d’Europe.</p>
<h2>Un virus découvert pour la première fois en Europe en 2001</h2>
<p>Le virus Usutu <a href="https://www.cdc.gov/ncidod/EID/vol8no7/02-0094.htm">a été repéré pour la première fois</a> en Europe en 2001, en Autriche, sur des cadavres d’oiseaux. Ensuite il a été signalé dans de nombreux pays européens, dans des moustiques ou des oiseaux.</p>
<p>L’augmentation, en 2015, de la mortalité des merles noirs communs dans les départements du Haut-Rhin et du Rhône avait alerté les autorités. Les investigations de l’Anses et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont alors permis d’identifier le virus Usutu. </p>
<p>Durant l’été 2016, une grande épizootie d’Usutu touchant les oiseaux a été enregistrée en Europe, avec une large activité du virus en Belgique, Allemagne, France et pour la première fois aux Pays-Bas. Ce phénomène révèle non seulement une propagation géographique continue d’Usutu, mais aussi l’apparition de nouvelles niches écologiques.</p>
<p>Par ailleurs <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1567-1348(18)30120-5">il a été depuis établi</a> que le virus Usutu circule <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2018/08/msc180154/msc180154.html">chez les moustiques <em>Culex pipiens</em> de Camargue depuis au moins 2015</a>.</p>
<p>La récurrence de l’infection à Usutu dans différents pays européens suggère un cycle de transmission persistant dans les zones affectées. Ce constat peut s’expliquer soit par l’existence de moustiques hivernants infectés (le froid ralenti leur organisme et ils ne bougent plus jusqu’au printemps), soit par une réintroduction multiple du virus, par le biais d’oiseaux migrateurs en provenance d’Afrique.</p>
<h2>Des symptômes à mieux caractériser</h2>
<p>Le risque de transmission du virus Usutu de l’animal à l’être humain a initialement été décrit en Afrique. Le premier cas humain fut rapporté en République centrafricaine dans les années 1980, le second au Burkina Faso en 2004. Pour ces deux cas, les symptômes étaient modérés, avec notamment une éruption cutanée et une légère atteinte du foie.</p>
<p>En Europe, on dénombre à ce jour un peu moins de 80 cas d’infection humaine aiguë par Usutu, principalement en Italie. Par ailleurs, plus de 100 personnes présentant des anticorps contre ce virus ont été répertoriées, démontrant que ces individus ont été exposés au pathogène. </p>
<p>L’infection humaine est probablement le plus souvent sans symptôme, ou présentant une expression clinique bénigne. Toutefois des complications neurologiques de type encéphalites (inflammation de l’encéphale, partie du cerveau logée dans la boîte crânienne) ou méningo-encéphalites (inflammation de l’encéphale et des méninges,les membranes qui l’enveloppent), ont été décrites, totalisant une trentaine de cas en Europe. </p>
<p>À noter que la plupart de ces atteintes neurologiques sont liées à une seule lignée d’Usutu, appelée Europe 2 (sur les 8 lignées existantes). Une attention toute particulière devant être apportée au risque spécifique que pourrait provoquer cette lignée qui, pour le moment, n’a pas encore été identifiée en France.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=517&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=517&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=517&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=650&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=650&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496016/original/file-20221117-21-al6fkk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=650&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tableau récapitulant le nombre de cas d’Infection aiguë d’Usutu identifiés chez l’être humain (LCR : liquide céphalorachidien ; Encéphalite : Inflammation de l’encéphale ; Méningo-encéphalite : inflammation de l’encéphale et des méninges ; Ictère fébrile : jaunisse (atteinte du foie) associé à une fièvre).
Paralysie a frigire : paralysie faciale péripherique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>La description par notre équipe de la présence atypique d’une paralysie faciale, apparue chez le premier cas français, suggère que l’étendue des symptômes des infections dues au virus Usutu n’est pas complètement connue.</p>
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<h2>Un virus dont l’aire de répartition s’étend</h2>
<p>L’histoire récente de flambées épidémiques impliquant d’autres arbovirus invite la communauté scientifique à la plus grande vigilance concernant le virus Usutu. Son aire de répartition s’étend désormais en effet à un grand nombre de pays européens. Les épizooties de mortalité aviaire dues à ce virus sont fréquentes, et des souches très différentes sur le plan génétique circulent au même moment. Autant de signes qui doivent alerter.</p>
<p>Bien que trop rares, quelques études de séroprévalence (présence dans le sang d’anticorps dirigés contre le virus) viennent étayer l’hypothèse que l’être humain est davantage exposé au risque d’infection par Usutu qu’on ne l’imagine.</p>
<p>Les connaissances concernant la physiopathologie de ce virus émergent sont pour l’heure très sommaires. Les travaux en cours visent notamment à mieux appréhender sa biologie et les mécanismes associés aux atteintes neurologiques. Dans ce contexte, des travaux de recherche accompagnés de mesures de surveillance et de <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/epidemie-dengue-chikungunya-zika-france-metropolitaine.pdf">prévention</a> devraient être mises en place en France, en particulier dans les zones les plus à risque.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97944/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yannick Simonin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En France, des moustiques ont déjà transmis le Zika, et ceux de la dengue, du chikungunya ou du Nil occidental. La liste s’allonge, avec la découverte du premier cas autochtone d’infection par Usutu.Yannick Simonin, Virologiste, maître de conférences en surveillance et étude des maladies émergentes, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/931992018-03-12T21:11:09Z2018-03-12T21:11:09ZMaladies infectieuses en Inde : ce fléau qui pourrait aider le développement urbain<p>Si les sociétés humaines ont été au cœur d’une baisse de mortalité relative au recul des maladies infectieuses pendant presque d’un siècle, nous faisons dorénavant non seulement face au maintien de pathologies que l’on croyait en phase de contrôle (maladies diarrhéiques, tuberculose, peste… etc.) tout en observant depuis une trentaine d’années l’émergence de nouveaux virus (virus du sida, Ebola, dengue, <a href="http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs354/en/">West-Nile virus</a>, H1N1, etc.). Par l’ampleur qu’elles prennent, les <a href="https://theconversation.com/grippes-sida-ebola-la-pandemie-face-sombre-de-la-mondialisation-73383">épidémies mondiales</a> interrogent les territoires desquels elles émergent.</p>
<p>En Inde, les épidémies de dengue et de chikungunya – deux maladies émergentes transmises par le <a href="http://www.who.int/denguecontrol/mosquito/fr/">moustique aedes</a> – s’accélèrent. On estime par exemple à plus de <a href="https://www.nature.com/articles/nature12060">30 millions</a> le nombre de nouveaux cas de dengue par année tandis que le nombre de cas de chikungunya aurait augmenté de <a href="http://www.nvbdcp.gov.in/chik-cd.html">390 %</a> ces trois dernières années. Selon ces récentes estimations, le sous-continent indien serait le pays concentrant le plus de cas de ces deux maladies.</p>
<p>L’émergence de ces maladies infectieuses est très souvent posée en termes de processus biologiques. Cependant, la lecture de ces épidémies ne peut se réduire à cette dimension : si plusieurs facteurs s’associent dans l’émergence mondiale de ce type de maladie nul doute que l’<a href="https://www.springer.com/gp/book/9788132236146">urbanisation croissante, les mutations urbaines et ses multiples déclinaisons</a> y jouent un rôle crucial.</p>
<h2>Moustique urbanophile</h2>
<p>Or, le moustique qui transmet la dengue, le virus Zika et le chikungunya est particulièrement urbanophile.</p>
<p>L’accroissement constant de l’épidémiologie de ces virus peut donc être directement perçu comme une conséquence directe de la transition urbaine engagée en Inde depuis une trentaine d’années.</p>
<p>Un autre facteur entre également en compte : l’intensité sans précédent des mobilités humaines dans l’espace urbain. Ainsi, quotidiennement, on compte ainsi plus de <a href="https://edition.cnn.com/2017/10/06/asia/india-mumbai-deadly-commute/index.html">7 millions de voyageurs</a> dans les trains reliant Mumbai à sa périphérie et <a href="http://www.delhimetrorail.com/press_reldetails.aspx?id=D56csDWRltIlld">2,5 millions dans le métro de la capitale, New Delhi.</a></p>
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<figcaption><span class="caption">Le quotidien de millions d’habitants à Mumbai.</span></figcaption>
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<p>Des études réalisées en collaboration par le CNRS, l’Institut Pasteur et le National Institute of Malaria Research montrent que près de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26433076">40 % de la population</a> de New Delhi, à été infecté au moins une fois dans sa vie par le virus de la dengue.</p>
<p>Par ailleurs, nous avons pu mettre en avant une épidémiologie de virus qui touche tous les types de quartiers de la ville, quartiers favorisés –traditionnellement plus protégés- comme <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0146539">quartiers précaires</a>.</p>
<p>Au travers des mobilités journalières croissantes, espaces favorisés/défavorisés, urbains/ruraux, centraux/périphériques sont dorénavant hyper connectés et partagent les risques sanitaires.</p>
<p>Cette ubiquité sociale et spatiale constitue une remise en cause d’un modèle géographique qui pose de lourds problèmes de santé publique, puisque l’on ne sait trop comment et surtout où contrecarrer ces nouvelles maladies qui affectent la totalité de la planète.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=257&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=257&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/209875/original/file-20180312-30969-1v7gdg5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=257&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Densité des cas de dengue recensés à New Delhi en 2008, 2009 et 2010 (Telle et coll., 2016).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Telle</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Or, si les évolutions urbaines sont la matrice des maladies infectieuses émergentes, on attend également des territoires qu’ils soient résilients vis-à-vis de ces nouveaux virus. Il apparaît ainsi qu’ils n’ont pas pu s’adapter : non seulement la diffusion des pathogènes continue sur les territoires à risques, mais les émergences et la diffusion de nouvelles pathologies ne cessent de s’accélérer.</p>
<p>Se pose donc la question de la gouvernance de ces maladies et les errements ayant conduit à ce manque de résilience avec comme perspective principale les inégalités de gestions de ces maladies.</p>
<h2>Comment agir contre une maladie que l’on ne voit pas ?</h2>
<p>Les inégalités sont en effet particulièrement criantes au sein même des grandes villes et également entre elles.</p>
<p>New Delhi est officiellement la ville la plus affectée d’Inde parce qu’un système de surveillance d’envergure y a été implémenté. <a href="https://www.credihealth.com/hospitals/delhi-ncr/malaria">Plus de 35 hôpitaux sentinelles</a> recensent aujourd’hui le nombre de patients atteints par la dengue ou le chikungunya. C’est sept fois plus qu’à Mumbai ou à Chennai – qui sont donc officiellement peu affectées malgré une diffusion du virus soutenue.</p>
<p>À l’échelle intra-urbaine, ce réseau de surveillance est principalement orienté dans le cœur du tissu urbain. Les maladies infectieuses sont ainsi beaucoup mieux gérées à New Delhi que dans les autres municipalités périphériques pourtant totalement prises dans le tissu métropolitain (Gurgaon, Noida, Faridabad).</p>
<p>Par ailleurs, les petites villes et villes moyennes restent exclues de ce système de surveillance alors qu’elles émergent comme des espaces <a href="https://theconversation.com/les-petites-villes-lautre-visage-de-lurbanisation-en-inde-93036">d’habitation</a> importants (40 % de la population urbaine réside dans des villes de moins de 100 000 habitants).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/209900/original/file-20180312-30958-oxqjuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le Dr. Santanu Sen, CDC Global, conduit un entretien en 2013 avec des habitants du Jharkhand, une région à majorité tribale du centre-est de l’Inde, où les épidémies de malaria sont fréquentes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/cdcglobal/17192148880/in/photolist-5ZvdHG-4RLiBD-7AqPWo-kh6DAs-scdfU1-dZiUm-hAx6De-hAvAn2-hAvLC3-6fV1VZ-JyvgDZ-hAx658-WZMfH5-6fV1W2-5nWbdr-hAvKvo-hAx7Uv-4eVCHg-dTpdYP-eQZL1L">Santanu Sen</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les territoires et les maladies infectieuses se trouvent ainsi prises dans une forme de <a href="http://journals.openedition.org/confins/90#tocto2n8">« mondialisation locale »</a> impliquant une remise en cause des frontières, une hypermobilité, une diffusion de modèle de ville particulière, etc.</p>
<p>Ce processus s’oppose à une gestion efficace des épidémies : plus les maladies deviennent universelles, plus leurs gestions sont fragmentées, dépendante de l’intégration des territoires et des populations dans les politiques sanitaires nationales, régionales et urbaines.</p>
<h2>Adaptabilité et réduction des inégalités : les clefs d’une résilience à long terme</h2>
<p>Cette question de la gouvernance des maladies infectieuses est pour l’instant relativement absente des études de santé, d’autant plus quand on les approche au niveau des municipalités.</p>
<p>Si ces administrations sont en première ligne quand il s’agit de contrôler la diffusion des maladies infectieuses, elles sont pourtant complètement délaissées par les scientifiques ou les organismes internationaux lorsqu’il s’agit de mettre en place des solutions viables.</p>
<p>Or, si l’émergence de ces nouvelles maladies est le produit de phénomènes complexes (hausse des mobilités locales/mondiales, réchauffement climatique, évolutions virales…), la résilience des territoires se situe précisément dans leur capacité à maintenir une relative équité spatiale et sociale vis à vis de ce type de maladie.</p>
<p>En effet, les inégalités de gestions conduisent inexorablement à une diffusion accrue des virus, et ce à n’importe quelle échelle (locale, régionale et mondiale), même dans les espaces a priori les moins vulnérables. Le premier défi majeur de l’Inde et l’ensemble des pays faisant face à ces risques nouveaux sera ainsi de rendre visibles les maladies dans des espaces pour l’instant invisibles.</p>
<p>À l’échelle internationale, seules des coopérations pérennes permettront d’endiguer les épidémies auxquels nous faisons face. L’autre défi de taille est scientifique. Après avoir étudié l’ensemble des facteurs qui agissent sur la maladie – dans une perspective évidemment pluridisciplinaire, il s’agit en effet de proposer des modalités de contrôle adapté à la complexité des villes : dans les mégalopoles, on ne peut agir partout.</p>
<h2>Innover avec les villes</h2>
<p>En Inde, un <a href="http://www.cprindia.org/events/6672">projet</a> soutenu par le CNRS et le Center for Policy Research associant virologues, entomologues, géographes et politologues- propose ainsi une double action. Il s’agit dans un premier temps de proposer des modalités de contrôle du moustique innovant utilisable par les services municipaux.</p>
<p>En analysant dans un second temps les mobilités de millions de citoyens (grâce aux big data) et en les comparant avec la diffusion des virus, il s’agira ensuite de pointer les espaces à contrôler. En localisant au mieux ces dispositifs, il est possible qu’ils aient un impact au-delà du niveau local. Pour autant, ces modalités de contrôle n’apparaissent viables qu’à court terme.</p>
<p>En effet, pour contrôler durablement ces maladies, il faudra replacer la santé des habitants au cœur du développement urbain. C’est-à-dire reformer la gouvernance des maladies et donc des centres urbains, développer les infrastructures urbaines dans une perspective plus équitable, et surtout développer la ville pour tous. Bref, investir.</p>
<p>La tâche et le coût sont d’envergure, mais en proposant une nouvelle approche et de nouveaux programmes – la <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/02/09/l-inde-lance-un-programme-pour-creer-des-villes-intelligentes_4862058_3244.html"><em>smart cities</em></a>, ou la ville durable par exemple- peuvent favoriser le contrôle de ces épidémies.</p>
<p>Il s’agira pourtant de s’assurer que ces programmes ne soient pas concentrés aux territoires les plus favorisés, au risque de n’avoir qu’un impact modéré. Considérons ces épidémies comme un fléau, mais aussi comme une chance : dans un contexte ou celles-ci ne reconnaissent plus de frontières administratives et surtout sociales, il est possible que ces maladies infectieuses puissent finalement impacter positivement le développement urbain vers la ville pour tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93199/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oliver Telle dirige l'axe dynamiques territoriales au CSH de Delhi et est chercheur affilié au CPR, New Delhi.</span></em></p>L’émergence des maladies infectieuses comme le Chikungunya est étroitement liée aux mobilités urbaines : les petites villes indiennes pourraient jouer un rôle crucial dans le processus de résilience.Olivier Telle, Research scientist at CSH, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/796362017-06-20T19:11:45Z2017-06-20T19:11:45ZAvec quels médicaments faut-il partir en voyage ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/174270/original/file-20170617-1205-1wrkgse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C216%2C3072%2C2087&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trousse d'une jeune femme préparant son voyage pour la Nouvelle-Zélande. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nataliedowne/2250387160/in/photolist-4qRPGC-iYXt5H-9ovudD-cjL17C-cXhJ31-edmX2J-5yFLsQ-8sswjQ-qsufvJ-8VYGY3-4sfEau-u1SP7-8fQ7H1-hyB3Q-5PmrBr-8spwd6-dqVWdk-8spxRt-bUnfxp-dqVW5i-ED52A-6PAMRX-5WN7DA-7CGq5L-edghPz-75GAhy-bUnfv2-9FufXu-bUnfz6-dqVWsv-5iGSe-9ovvUg-dRVca-u7KS9-eicLjx-8ePN69-5L94bA-55WjWv-4aUPEq-8sMsx-cdcz8U-9oyx3E-edgitp-edgiBx-7wG9Us-bYALr-dqW6wE-bWQDTF-cbJtdJ-2TV3S">Natalie Downe/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Dans l’extrait du livre <a href="https://www.tallandier.com/livre-9791021020856.htm">« Les médicaments en 100 questions »</a> (éditions Tallandier) que nous publions ici, l’auteur, professeur de pharmacie, recense ceux qui sont utiles à emporter lors d’un départ en vacances, en fonction de la destination. Et fait le point sur les vaccinations nécessaires.</em></p>
<hr>
<p>Quels sont les médicaments à prendre avec soi lorsqu’on part en voyage ? La bonne réponse est… ça dépend où ! Partir en Allemagne visiter la Bavière ou descendre le Niger en pinasse – la pirogue traditionnelle – ne comporte pas les mêmes enjeux pour qui veut préserver sa santé.</p>
<p>La première question à régler est la mise à jour des vaccinations, qu’il faut anticiper un à deux mois avant le départ. Quelles que soient la destination et les conditions du séjour, il faut mettre à jour les vaccinations obligatoires ou recommandées pour les enfants et les adultes, notamment diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche et rougeole. Le calendrier des vaccinations est consultable <a href="http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1175.pdf">sur Santé publique France</a>.</p>
<p>La vaccination contre la fièvre jaune, une maladie transmise par un moustique, est obligatoire pour entrer dans certains pays de zone intertropicale d’Afrique ou d’Amérique du Sud, ainsi qu’en Guyane. Ce vaccin est disponible uniquement dans les centres de vaccination contre la fièvre jaune, dont la liste est consultable <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/vaccination-fievre-jaune">sur le site du ministère de la Santé</a>.</p>
<h2>Des vaccinations recommandées en fonction de la destination</h2>
<p>D’autres vaccinations peuvent être recommandées <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/preparer-son-voyage">en fonction des zones visitées et des conditions du séjour</a>, contre l’encéphalite japonaise, l’encéphalite à tiques, la fièvre typhoïde, la grippe, les hépatites A et B, les infections invasives à méningocoques, la rage, la tuberculose. Ces informations figurent dans les <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=659">Recommandations sanitaires 2018 pour les voyageurs</a>, publiées par le Haut conseil de la santé publique.</p>
<p>La seconde question est celle de la prévention du paludisme, si l’on se rend dans une zone dans laquelle il sévit. Elle doit s’organiser à deux niveaux. Premier niveau : éviter de se faire piquer par des moustiques. Car sans piqûre, pas de risque de paludisme !</p>
<p>Les moustiques qui transmettent le paludisme piquent habituellement la nuit. Pour s’en prémunir, il faut :</p>
<ul>
<li><p>porter des vêtements couvrants et, si nécessaire, imprégnés d’insecticide ;</p></li>
<li><p>appliquer un répulsif sur toutes les parties du corps non couvertes, visage compris (sauf les yeux et la bouche), à l’exception des mains pour les enfants (pour éviter qu’ils ingèrent le produit). Pour les jeunes enfants et les femmes enceintes, s’assurer que le répulsif leur est adapté en lisant attentivement la notice et respecter les précautions d’emploi. Utiliser des répulsifs permet également de se protéger des moustiques qui transmettent d’autres maladies comme le chikungunya, la dengue ou <a href="http://invs.santepubliquefrance.fr/fr/Publications-et-outils/Bulletin-de-veille-sanitaire/Tous-les-numeros/Antilles-Guyane/Bulletin-de-veille-sanitaire-Antilles-Guyane.-n-4-Decembre-2016">Zika</a>. Pour ces trois pathologies, le guide <a href="http://www.cespharm.fr/prevention-sante/catalogue/chikungunya-dengue-zika-voyagez-en-adoptant-les-bons-gestes-brochure"><em>Voyagez en adoptant les bons gestes</em></a> donne toutes les informations utiles ;</p></li>
<li><p>dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide ;</p></li>
<li><p>utiliser des insecticides à l’intérieur des habitations (bombes, diffuseurs électriques).</p></li>
</ul>
<h2>Un traitement préventif contre le palu</h2>
<p>Second niveau de protection : comme on n’est jamais sûr de ne pas être piqué sans s’en apercevoir, un ou deux mois de traitement préventif par les médicaments, appelé chimioprophylaxie, valent mieux que… vingt ans de paludisme. Les traitements préventifs obtenus sur prescription médicale varient en fonction des zones visitées, de la durée du voyage et de l’âge de la personne. Les médecins les connaissent et choisiront celui adapté à votre cas. Certains doivent être pris avant le départ.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=506&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=506&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=506&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=636&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=636&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174268/original/file-20170617-17634-1g2kkn6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=636&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains traitements préventifs contre le paludisme nécessitent de s’organiser bien avant le départ.</span>
<span class="attribution"><span class="source">François Chast</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Quelle que soit la destination, il convient d’emporter avec soi une trousse contenant quelques médicaments « passe-partout » : paracétamol, antidiarrhéique type lopéramide (Imodium), antiallergique (antihistaminique H1), antiseptique cutané (PVP iodée c'est à dire Bétadine), collyre antiseptique (monodose), <a href="https://voyage.gc.ca/voyager/sante-securite/rehydratation">sachets de réhydratation orale</a>, sérum physiologique, crème pour les brûlures, pansements stériles, bande de contention, gel ou solution hydroalcoolique pour l’hygiène des mains, produit de désinfection de l’eau de boisson ou de rinçage des dents.</p>
<p>Pour préparer votre trousse, vous pouvez consulter également les <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/bons-gestes/quotidien/preparer-trousse-medicaments-voyage">recommandations de l’assurance maladie</a>, ou <a href="https://voyage.gc.ca/voyager/sante-securite/trousse">celles du gouvernement canadien</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Couverture du livre, paru le 15 septembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tallandier</span></span>
</figcaption>
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<p>Il faut emporter ses médicaments habituels en quantité suffisante pour couvrir la durée du séjour. Après le départ, il faudra les prendre en tenant compte du décalage horaire pour certains médicaments comme l’insuline, les anticoagulants, les antihypertenseurs ou les contraceptifs oraux. Il peut être utile, avant de partir, se faire préciser par son médecin ou son pharmacien le nom de ses médicaments en dénomination commune internationale (DCI), si possible en les faisant noter sur l’ordonnance. Demander à son pharmacien d’éditer <a href="http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-Dossier-Pharmaceutique/Qu-est-ce-que-le-DP">son dossier pharmaceutique</a> (DP) peut également se révéler utile. Si vous avez donné votre accord pour qu’un tel dossier soit ouvert, celui-ci contient l’historique de tous les médicaments qui vous ont été délivrés au cours des quatre derniers mois dans différentes officines.</p>
<p>Enfin, un voyageur averti en vaut deux : les préservatifs, seule prévention efficace contre les infections sexuellement transmissibles, ne sont pas encombrants et peuvent se révéler utiles selon les circonstances. On n’est jamais à l’abri d’une belle rencontre !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/79636/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Chast ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Avec le paludisme ou Zika, il est utile de savoir quoi emporter dans sa trousse à pharmacie selon sa destination de vacances. Et d’anticiper, bien avant le départ, sur les vaccinations nécessaires.François Chast, Professeur de pharmacie, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/772842017-05-11T22:40:36Z2017-05-11T22:40:36ZCe que chacun peut faire pour surveiller le moustique tigre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/168628/original/file-20170509-11023-138lzuf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Michel Dukhan/IRD</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le dispositif de lutte contre le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/moustiques-24430">moustique</a> tigre, dit <em>Aedes Albopictus</em>, est activé depuis le 1<sup>er</sup> mai en France métropolitaine. Il restera en place jusqu’au 30 novembre. Dès à présent, les scientifiques et les autorités sanitaires comptent sur les citoyens pour vérifier si cet insecte, susceptible de transmettre les virus de la dengue, du chikungunya ou encore <a href="https://theconversation.com/lhistoire-de-zika-virus-emergent-transmis-par-les-moustiques-53774">Zika</a>, est présent près de chez eux. Et chacun peut aider.</p>
<p>L’observation par les habitants est devenue un outil essentiel pour détecter le moustique tigre dans des zones nouvellement colonisées. Les informations transmises via le portail national de signalement, <a href="http://www.signalement-moustique.fr/">signalement-moustique.fr</a>, permettent en effet de suivre la progression de l’insecte à la trace depuis trois ans.</p>
<p>Au cours des deux premières années, 2014 et 2015, plus de 10 000 personnes ont fait un signalement sur le portail. 1 764 d’entre elles se trouvaient dans une zone qui n’était pas considérée comme colonisée. Et parmi leurs signalements, 438 ont été identifiés comme correspondant bel et bien à des <em>Aedes albopictus</em>, après vérification par les opérateurs publics en charge de la surveillance. Ainsi, en seulement deux ans, la vigilance des habitants a révélé la présence de l’espèce dans 254 communes supplémentaires. Un bel exemple de sciences dites participatives, où l’avancée des connaissances repose sur la collaboration entre les chercheurs et les citoyens.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=928&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=928&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/168944/original/file-20170511-32624-whgedv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=928&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les signalements du moustique tigre sur le portail national durant l’année 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CNEV</span></span>
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<p>Le moustique tigre dispose de quelques atouts pour étendre ainsi régulièrement son territoire. Originaire du sud-est asiatique, <em>Aedes albopictus</em> est une espèce particulièrement invasive du fait de certains avantages biologiques. Ses œufs présentent la particularité de résister au dessèchement (dessiccation), ce qui augmente leur durée de vie et leur permet de survivre durant le transport, en particulier maritime via les porte-conteneurs.</p>
<p>De plus, l’espèce est capable de diapause, c’est-à-dire que le développement de l’insecte s’arrête en réponse à des variations défavorables de l’environnement. Cela permet à ses œufs de survivre durant l’hiver dans les zones tempérées comme la métropole. Le moustique tigre s’est ainsi implanté dans plus de 80 pays sur les cinq continents au cours des 30 dernières années et ceci à la faveur du développement du commerce international, en particulier celui des pneus usagés.</p>
<h2>Des Alpes-Maritimes jusqu’à l’Aisne</h2>
<p>La première implantation de l’espèce en France métropolitaine a été mise en évidence en 2004 à Menton (Alpes-Maritimes). Depuis, son aire de répartition n’a cessé de s’accroître, avec 42 départements colonisés <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">lors du dernier relevé au 1er janvier 2018</a>, selon la direction générale de la Santé. L'espèce s'est installée dans l'Aveyron, le Gers et le Haut-Rhin en 2016, et dans l'Aisne, l'Ariège, la Corrèze, les Hautes-Alpes, les Hauts-de-Seine, les Hautes-Pyrénées, l'Indre, la Lozère et le Maine-et-Loire en 2017.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"990162815196549121"}"></div></p>
<p>Connaître cette aire aussi précisément que possible est important. Cela permet aux autorités sanitaires de mettre en place les mesures appropriées de gestion des risques : démoustiquer certaines zones, informer les habitants des <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-moustiques-ciblent-certaines-personnes-et-pas-dautres-62712">gestes de prévention</a>, surveiller les cas de <a href="http://social-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/moustiques-vecteurs-de-maladies">maladies transmises par ce vecteur</a> pour contenir d’éventuelles épidémies. Rappelons, à cet égard, qu’un unique spécimen n’est pas forcément dangereux pour la santé. La plupart ne sont pas porteurs de virus. C’est seulement <a href="https://theconversation.com/piqures-dinsectes-attention-a-linflammation-61931">s’ils ont piqué d’abord un individu infecté</a> qu’ils sont susceptibles de transmettre une maladie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xGWr81gqfgg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Pas si facile de reconnaître un moustique tigre ! L’insecte ne fait pas plus de 5 millimètres. Une fois posé, cependant, on peut voir ses rayures blanches sur son corps noir, caractéristiques. Si vous pensez tenir un suspect, le premier réflexe doit être de le prendre en photo avec votre téléphone ou mieux, un appareil photo. L’idéal étant de l’immortaliser de dos et de profil. Des conseils pour obtenir une photo exploitable <a href="http://www.signalement-moustique.fr/signalement_albopictus/sinformer/reussirphoto">sont dispensés sur le portail</a>.</p>
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<span class="caption">Le moustique tigre, un insecte de petite taille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IRD</span></span>
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<p>C’est encore mieux si vous réussissez à capturer un spécimen. S’il est vivant, vous pourrez le placer au congélateur pour le tuer. Ensuite, vous pourrez l’envoyer par la poste à l’opérateur public territorialement compétent (celui-ci vous sera indiqué lors de votre signalement sur le portail). Afin que le moustique reste dans le meilleur état de conservation possible, il convient de le placer soit dans une boîte incassable en plastique ou en carton, soit dans une feuille de papier ou de carton repliée. Il ne faut pas le scotcher directement sur une feuille de papier, cela risquerait de l’abîmer.</p>
<h2>Trois questions pour chaque signalement</h2>
<p>Une fois sur le portail de signalement, vous devrez répondre à trois questions destinées à limiter la confusion avec d’autres espèces. La première porte sur la taille du spécimen observé ; la deuxième, sur sa couleur ; et la troisième, sur la présence d’un appareil piqueur (un long appendice en prolongement de la tête) qui permet au moustique de se nourrir.</p>
<p>Le déclarant est invité à laisser ses coordonnées et à préciser la localisation de l’observation. Si le signalement porte sur une zone où la présence de l’espèce n’est pas encore connue, une enquête plus poussée sera menée par les scientifiques.</p>
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<span class="caption">Un piège pondoir destiné à repérer le moustique tigre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thibault Vergoz/IRD</span></span>
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<p>Hormis les citoyens, le système de surveillance du moustique tigre repose également sur un réseau de pièges pondoirs. Il s’agit de petits seaux noirs contenant de l’eau ainsi qu’un morceau de polystyrène flottant (support de ponte), offrant un site de ponte attractif pour l’espèce. Ces pièges pondoirs sont installés à proximité des zones colonisées et le long des principaux axes de communication comme les autoroutes et les voies de chemin de fer. Par ailleurs, les importateurs de pneus usagés, principale voie d’introduction du moustique tigre dans un nouveau territoire, font l’objet d’une surveillance ciblée.</p>
<h2>Un suivi quartier par quartier dans les agglomérations</h2>
<p>Complémentaires au réseau de pièges pondoirs, les signalements des citoyens permettent un suivi plus fin de l’extension de l’aire d’implantation de ce vecteur de maladies, par exemple à l’échelle de tel ou tel quartier dans une agglomération. Dans l’est de la France, le portail de signalement a même permis de rapporter à plusieurs reprises la présence d’une autre espèce invasive de moustique, <em>Aedes japonicus</em>.</p>
<p>Ainsi, les habitants jouent un rôle déterminant dans le suivi de la progression d’<em>Aedes albopictus</em>. Pour des raisons logistiques et économiques, il n’est pas possible de couvrir l’ensemble du territoire métropolitain avec des pièges. La vigilance citoyenne se révèle particulièrement utile dans les zones où la présence de l’homme est forte, comme les zones urbaines et périurbaines. Dans ces territoires, les pièges pondoirs fonctionnent moins bien car ils se retrouvent en compétition avec une multitude d’autres gîtes potentiels. Des bidons de récupération d’eau de pluie, par exemple, des soucoupes sous des pots de fleurs, ou encore le réseau pluvial où l’eau peut stagner.</p>
<p>Surtout, les habitants avertis se révèlent indispensables pour traquer le moustique tigre là où on ne l’attend pas. Quand l’espèce s’introduit dans un nouveau territoire, à une grande distance des zones déjà colonisées, c’est-à-dire à plus de 50 km, celui-ci n’est pas forcément couvert par le réseau de pièges. Citoyens, ouvrez l’œil !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77284/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Jourdain travaille pour l'Institut de recherche pour le développement. Il a reçu des financements des ministères chargés de la santé et de l'agriculture.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yvon Perrin travaille pour l'Institut de Recherche pour le Développement. Il a reçu des financements du Ministère de la Santé et du ministère de l'Agriculture. </span></em></p>En signalant la présence d’Aedes albopictus, l’espèce susceptible de transmettre le chikungunya ou la dengue, les citoyens apportent une aide précieuse aux chercheurs.Frederic Jourdain, Ingénieur d'études, Centre national d'expertise sur les vecteurs, Institut de recherche pour le développement (IRD)Yvon Perrin, Ingénieur d'études, Centre national d'expertise sur les vecteurs, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.