tag:theconversation.com,2011:/global/topics/energie-hydraulique-22951/articlesénergie hydraulique – The Conversation2022-06-13T19:13:15Ztag:theconversation.com,2011:article/1801652022-06-13T19:13:15Z2022-06-13T19:13:15ZLes défis de l’innovation dans le domaine des énergies marines renouvelables<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/460808/original/file-20220502-20-d0xv7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1161&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bouée WaveGEM et Eolienne flottante FLOATGEN.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00723/83468/">O.Dugornay/Ifremer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Avec près de <a href="http://observatoires-littoral.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-r9.html">20 000 km de côtes</a>, le littoral français est l’un des plus étendus au monde. Cette situation offre un potentiel de développement inédit pour les énergies marines renouvelables (<a href="https://theconversation.com/limmense-potentiel-des-energies-marines-renouvelables-90714">EMR</a>), qui regroupent l’ensemble des technologies permettant de produire de l’électricité à partir des ressources renouvelables du milieu marin.</p>
<p>Ces dernières apportent, selon la ressource considérée, une certaine complémentarité par rapport aux énergies renouvelables « terrestres », de par l’importance des ressources disponibles, leur bonne prédictibilité ou l’espace disponible.</p>
<h2>Des technologies variées</h2>
<p>Plusieurs technologies, exploitant différents types de ressources, ont ainsi été développées pour collecter l’énergie des océans :</p>
<ul>
<li><p>L’énergie éolienne offshore utilise l’énergie cinétique (liée à la vitesse) des vents marins, plus forts et plus stables que les vents terrestres. Elle nécessite le déploiement d’éoliennes, soit <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/23/au-large-de-saint-nazaire-le-premier-parc-eolien-sort-de-mer_6095761_3244.html">posées sur le fond marin</a>, soit sur <a href="https://sem-rev.ec-nantes.fr/sem-rev/actualites/leolienne-en-mer-floatgen-bat-de-nouveaux-records-de-production-en-2020">support flottant</a>.</p></li>
<li><p>L’énergie marémotrice utilise la différence de hauteur d’eau engendrée par le passage d’une onde de marée. C’est donc une énergie potentielle (liée à la gravité) utilisée pour remplir et vider le réservoir d’un <a href="https://www.edf.fr/usine-maremotrice-rance/presentation">barrage</a> à travers une turbine hydraulique.</p></li>
<li><p>L’énergie hydrolienne est l’énergie cinétique associée aux courants de marée. En effet, en certains endroits proches des côtes, les marées génèrent des courants pouvant atteindre des vitesses élevées (jusqu’à 4,5m/s) et susceptibles d’entraîner des <a href="https://www.hydroquest.fr/retour-en-images-sur-le-projet-de-demonstration-oceanquest/">turbines</a>.</p></li>
<li><p>L’énergie houlomotrice correspond à <a href="https://www.emec.org.uk/marine-energy/wave-devices/">l’énergie des vagues</a> générées par le vent et qui se propagent à la surface des océans.</p></li>
</ul>
<p>On peut également citer l’énergie thermique des mers (ETM), l’exploitation de la biomasse marine, le solaire flottant ou encore l’énergie osmotique.</p>
<h2>L’exploitation des EMR aujourd’hui</h2>
<p>L’océan demeure toutefois un milieu relativement exigeant et hostile (tempêtes, corrosion, colonisation par des micro-organismes, pression de l’eau…) et les développements technologiques nécessaires à son exploitation sont coûteux. La récupération de l’énergie des mers n’a ainsi pas été sérieusement envisagée avant la crise pétrolière des années 1970, et ne se développe réellement que depuis les années 2000, dans le contexte de la transition énergétique.</p>
<p>En dépit de leur potentiel, les EMR ne représentent en 2020 que <a href="https://www.iea.org/data-and-statistics/data-tools/energy-statistics-data-browser">0,4 % de la production électrique mondiale</a>, soit moins de 0,1 % du mix énergétique. Or, en Europe, les objectifs du <a href="https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr">« pacte vert »</a> nécessitent une multiplication par un facteur 30 de la capacité actuelle de production à partir des EMR d’ici à 2050.</p>
<p>Pour parvenir à ce résultat, le développement de l’exploitation des EMR bénéficie des recherches réalisées dans d’autres domaines, comme les énergies éoliennes et hydrauliques terrestres ou les énergies fossiles offshores. Il existe cependant de grandes disparités entre les différentes technologies EMR, tant au niveau de la maturité de développement que de l’intérêt économique ou des enjeux sociaux et environnementaux.</p>
<p>S’il existe déjà un <a href="https://windeurope.org/data-and-analysis/product/offshore-wind-in-europe-key-trends-and-statistics-2020">grand nombre</a> d’éoliennes offshores, raccordées au réseau et contribuant à la production d’électricité, les hydroliennes et convertisseurs houlomoteurs ne sont pas encore tout à fait au stade du développement industriel, en dépit d’un nombre grandissant de <a href="https://www.oceanenergy-europe.eu/wp-content/uploads/2021/05/OEE-Stats-Trends-2020-3.pdf">prototypes en fonctionnement</a>.</p>
<p>Pour ce qui est des convertisseurs houlomoteurs en particulier, il existe un grand nombre de systèmes s’appuyant sur des technologies variées, et un consensus quant au choix du concept optimal n’a pas encore été atteint.</p>
<h2>Le développement des systèmes EMR</h2>
<p>La démarche qui prévaut dans le développement des systèmes EMR consiste à concevoir un procédé ayant un bon rendement de production, ne nécessitant que peu d’opérations de maintenance (complexes et coûteuses en mer), et assez robuste pour résister aux plus fortes tempêtes.</p>
<p>Les études de conception et de dimensionnement de ces systèmes s’appuient à la fois sur la modélisation numérique et sur l’approche expérimentale, et ce à toutes les étapes du développement technologique. Leur niveau de maturité technologique est caractérisé par un <a href="https://www.emec.org.uk/services/provision-of-wave-and-tidal-testing/pathway-to-emec/technology-readiness-levels/%5d">indicateur appelé TRL</a> (pour <em>Technology Readiness Level</em>), basé sur l’évaluation des capacités démontrées d’une technologie.</p>
<p>L’approche expérimentale est menée à différentes échelles en fonction du TRL. Des maquettes à échelle réduite pour valider un concept dans l’environnement contrôlé d’un laboratoire, comme une soufflerie ou un bassin d’essais (TRL 1 à 3), en passant par des prototypes ou des sous-éléments à échelles intermédiaires que l’on cherche à optimiser lors d’essais en mer dans des sites protégés (TRL 4 à 6), jusqu’à l’échelle réelle sur un prototype industriel déployé sur un site d’essais en mer instrumenté, afin d’en confirmer l’efficacité et la fiabilité (TRL 7 à 9).</p>
<p>Ces différentes étapes de développement, et notamment l’expérimentation, nécessitent des moyens importants. Il faut une capacité à reproduire précisément en environnement contrôlé des phénomènes naturels comme le vent, les vagues ou les courants ; et aussi une capacité à mener des expérimentations sur prototype en environnement réel, ce qui réclame des infrastructures importantes et coûteuses et la mise en place d’opérations à plus haut risque.</p>
<h2>Les infrastructures expérimentales</h2>
<p>Dans leur démarche de soutien à l’innovation, des instituts de recherche comme l’Ifremer, Centrale Nantes et l’Université Gustave Eiffel opèrent des équipements scientifiques tels que des <a href="https://wwz.ifremer.fr/rd_technologiques/R-D-Technologiques/Equipements/Bassins-Canal-d-Essais">bassins à houle et/ou à courant</a>, des <a href="https://wwz.ifremer.fr/rd_technologiques/R-D-Technologiques/Equipements/Caissons-d-essais-hyperbares">caissons</a> <a href="https://wwz.ifremer.fr/rd_technologiques/R-D-Technologiques/Equipements/Caissons-d-essais-hyperbares">hyperbares</a>, une <a href="https://www.univ-gustave-eiffel.fr/universite/nos-equipements-remarquables/">centrifugeuse géotechnique</a> ou encore des <a href="http://theorem-infrastructure.org/version-francaise/navigation/les-sites-dessaism">sites d’essais en mer</a>.</p>
<p>Ces infrastructures servent non seulement aux études de recherche académique, au développement d’outils de mesure océanographique, mais aussi à tester des technologies innovantes, comme des prototypes de système EMR.</p>
<p>Regroupés au sein de l’infrastructure de recherche <a href="http://theorem-infrastructure.org/">THeoREM</a>, les trois instituts opèrent ces installations pour répondre aux besoins des développeurs à chaque étape de leur projet : les bassins à houle et à courant permettent de tester des modèles réduits (TRL 1-4), la centrifugeuse, les caissons de vieillissement et les bancs de traction permettent de tester des composants (TRL 4-5), la plate-forme d’essai de Sainte Anne du Portzic est adaptée à la validation en mer de prototypes à échelle intermédiaire (TRL 5-6), tandis que le site d’essai du SEM-REV permet de valider des démonstrateurs à taille réelle, en opération (TRL 7 et au-delà).</p>
<h2>L’exemple du développement d’une éolienne flottante</h2>
<p>Ces dernières années, les équipes de l’Ifremer ont accompagné de nombreux projets EMR, comme ce concept d’éolienne flottante appelée <a href="http://eolink.fr/fr/">EOLINK</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Éolienne supportée par une pyramide formée par 4 pieds, en appui sur une bouée flottante" src="https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Éolienne flottante Eolink (échelle 1/10ᵉ) en rade de Brest.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00728/83994/">O. Dugornay/Ifremer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dès 2016, les premiers tests en bassin sont conduits sur une maquette à l’échelle 1/50<sup>e</sup>. En 2018 et 2019, un prototype est testé sur le site d’essais en mer de Sainte-Anne du Portzic. Les caractéristiques de la machine déployée représentent avec fidélité à l’échelle 1/10<sup>e</sup> celles d’une éolienne de 12 MW. En 2020, un programme de déploiement d’une éolienne flottante Eolink sur le site du SEM-REV au large du Croisic est contractualisé.</p>
<p>L’éolienne sera remorquée sur le site en 2022 pour une phase de test de puissance. En augmentant progressivement sa production, elle devrait atteindre la puissance nominale de 5 MW à l’horizon 2023.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Maisondieu a reçu des financements de l’Union européenne pour ses travaux de recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martin Träsch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le développement des infrastructures liées aux énergies marines renouvelables repose à la fois sur des modèles informatiques et sur des tests grandeur nature, nécessitant des équipements conséquents.Christophe Maisondieu, Chercheur en comportement des structures en mer, IfremerMartin Träsch, Ingénieur essai mer, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1799092022-03-31T17:54:13Z2022-03-31T17:54:13ZLa nouvelle stratégie énergétique de la Chine en Afrique : enjeux et défis<p>Le huitième <a href="http://www.focac.org/fra/">Forum sur la coopération sino-africaine</a> (FOCAC), qui s’est tenu en novembre 2021 à Dakar, s’est conclu par l’annonce de l’ouverture d’une « nouvelle ère » de la coopération Chine-Afrique dans divers domaines, dont celui de l’énergie. Objectif annoncé : orienter cette coopération vers un développement « de qualité » associant soutenabilité financière et environnementale.</p>
<p>Aujourd’hui, la présence chinoise dans le domaine énergétique en Afrique est avant tout concentrée dans les énergies fossiles et hydrauliques. Quels pourraient être les contours d’une mutation vers des projets moins risqués et moins polluants ? Et quels sont les <a href="https://ferdi.fr/publications/la-nouvelle-strategie-energetique-de-la-chine-en-afrique-enjeux-et-defis">enjeux</a> d’une telle évolution pour les banques et investisseurs chinois ?</p>
<h2>Un engagement dans l’énergie hydraulique et fossile</h2>
<p>La ventilation des financements des banques dans le secteur de l’énergie sur la dernière décennie montre la <a href="https://www.oecd.org/publications/boosting-the-power-sector-in-sub-saharan-africa-9789264262706-en.htm">prédominance de l’hydroélectricité</a> (principale énergie renouvelable), suivie par les énergies fossiles (pétrole puis charbon) et les projets de transmission et de distribution (T&D) (Graphique 1). La forte présence de la <a href="https://africanclimatefoundation.org/wp-content/uploads/2021/11/800539-ACF-NRDC-Report.pdf">Chine dans le secteur de l’hydroélectricité</a> s’explique notamment par le fait que les entreprises et bailleurs chinois aient profité du vide laissé par les autres bailleurs étrangers au tournant des années 2000.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455512/original/file-20220331-21-d72h0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 1 : Répartition des financements des banques de développement chinoises en Afrique (43 Mds USD) sur 2010-2020. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calcul des auteurs à partir des bases de données CGEF de Boston University et CAL de l’institut John Hopkins</span></span>
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<p>La présence chinoise dans le pétrole et le gaz s’est développée dans les années 1990, avec la stratégie <a href="https://www.diplomaticourier.com/posts/china-s-going-out-strategy">« Going Out »</a>. Les deux objectifs poursuivis par celle-ci étaient l’apprentissage dans la conduite de projets d’énergie en Afrique pour les entreprises chinoises et la sécurité énergétique, le continent africain représentant 20 % des importations de gaz et de pétrole de la Chine. Cependant, la présence de l’Empire du Milieu s’est manifestée surtout en amont, au stade de l’extraction, faute d’expertise sur certaines composantes des centrales thermiques.</p>
<p>Depuis les années 2000, les incitations à l’investissement du secteur privé chinois dans les énergies se succèdent. L’ambition portée par les Nouvelles routes de la soie(Belt and Road Initiative – BRI) est d’inciter le secteur privé à investir dans la production des énergies renouvelables – en particulier solaires et éoliennes, dans lesquelles la Chine est le leader mondial.</p>
<p>Cependant, sur la dernière décennie, on constate que les investissements dans le domaine de l’énergie en Afrique sont restés peu diversifiés (Graphique 2). Ceux alloués aux projets pétroliers et gaziers des entreprises d’État chinoises dominant largement en volume et en nombre de projets.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453930/original/file-20220323-27-1gyefz5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphique 2 : Répartition des investissements chinois dans l’énergie en Afrique (32Mds) sur 2010-2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calcul des auteurs à partir des bases de données CGEF de Boston University et CAL de l’institut John Hopkins</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les financements des banques dirigés vers d’autres énergies renouvelables que l’hydraulique ne dépassent pas 3 % des volumes engagés. Les investissements des entreprises dans ces énergies renouvelables ne représentent aussi que 3 % de l’investissement total. Bien que la Chine soit numéro un sur la planète pour la production d’énergie solaire ou éolienne, il n’existe pas de consortium spécialisé dans le développement à l’étranger de projets de cette nature, et la RPC agit principalement en tant qu’équipementier (fourniture de <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/15/chine-il-n-est-pas-sain-que-la-production-mondiale-de-panneaux-solaires-ne-depende-a-ce-point-d-un-seul-pays_6084165_3232.html">panneaux photovoltaïques</a>).</p>
<h2>Des engagements chinois en baisse</h2>
<p>Les engagements pour des <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/11/28/la-chine-face-au-probleme-de-dettes-africaines-insoutenables_6103914_3212.html">prêts chinois en Afrique</a>, tous secteurs confondus, se réduisent. Les données disponibles de la Boston University ou celles de John Hopkins utilisées dans le graphique 3 <a href="https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/finances-quand-les-etats-africains-tentent-de-reduire-le-poids-de-leur-dette-vis-vis">attestent de cette diminution</a> depuis 2017.</p>
<p>Ce ralentissement s’explique par plusieurs facteurs : endettement croissant des pays africains, qui a limité leur capacité à emprunter pour financer de grands projets d’infrastructures ; ralentissement de la croissance domestique de la Chine, qui impose une évolution de sa projection à l’étranger ; <a href="https://ferdi.fr/publications/la-nouvelle-strategie-energetique-de-la-chine-en-afrique-enjeux-et-defis">changement de stratégie</a> énergétique et de mobilisation des instruments de financement de la Chine dans les différents secteurs énergétiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=276&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=276&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=276&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=347&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=347&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453931/original/file-20220323-13-1r08jv1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=347&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 3 : Evolution des financements chinois dans l’énergie en Afrique sur 2010-2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calcul des auteurs à partir des bases de données CGEF de Boston University et CAL de l’institut John Hopkins</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La fin du financement de projets d’envergure peu rentables ou polluants</h2>
<p>Récemment, la stratégie de projection chinoise a évolué et l’on distingue deux mutations qui sont déjà enclenchées en Afrique. Tout d’abord, une inflexion vers une politique de gestion des risques plus restrictive. Ensuite, la conscience croissante de <a href="https://ideas4development.org/chine-transition-ecologique/">l’importance de promouvoir le développement vert</a> et de relever les défis de la protection de l’environnement et du changement climatique.</p>
<p>En Afrique, cela se matérialise par un ralentissement des financements publics et l’abandon des projets d’envergure polluants aux profils de risques trop marqués. Ces décisions ont naturellement des implications majeures sur les contours de la coopération énergétique avec le continent.</p>
<p>La Chine a annoncé en septembre 2021 souhaiter se <a href="https://information.tv5monde.com/info/la-chine-relance-sa-production-de-charbon-malgre-ses-engagements-sur-le-climat-420186">désengager du charbon</a>. Le minerai est devenu moins rentable, indésirable politiquement, et l’Afrique n’est qu’un fournisseur secondaire.</p>
<p>Il reste cependant à définir les modalités de ce retrait. Les succès mitigés dans le secteur pétrolier sur la décennie écoulée (chute des cours) ont fait subir quelques déconvenues aux entreprises pétrolières nationales sur le continent. Ainsi, l’approvisionnement de la Chine en pétrole africain décroît (de 30 % des importations totales en 2008 à 18 % en 2018) – une tendance qui devrait se poursuivre avec la raréfaction des projets sur les années à venir.</p>
<p>En revanche, les enjeux stratégiques autour du gaz augmentent, dans un contexte où vingt pays occidentaux se sont engagés <a href="https://www.carenews.com/carenews-info/news/cop26-entre-promesses-et-engagements-que-faut-il-retenir">dans le cadre de la COP26</a> à ne plus financer de projets dans le domaine des énergies fossiles. La déclaration du FOCAC de Dakar soutenant des investissements et financements verts pour des projets gaziers l’illustre parfaitement.</p>
<p>La Chine pourrait combler le vide créé. Car l’Afrique dispose des plus importants gisements de gaz découverts sur la décennie, une donnée à mettre en parallèle avec les chiffres de la consommation chinoise de gaz, en augmentation constante.</p>
<h2>Mutations dans le secteur des énergies renouvelables</h2>
<p>La dernière décennie a vu le financement de grands projets hydrauliques risqués, généralement d’une capacité de plus de 50 MW. Le verdissement de la BRI pourrait amener à réduire leur dimensionnement. En effet, ces grands projets mettent du temps à se mettre en place, et l’appréhension de plus en plus forte des conséquences environnementales et sociales leur fait perdre de leur attrait.</p>
<p>Cependant, l’hydraulique d’envergure continuera d’être au cœur de la présence chinoise en Afrique. En attestent les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (IEA) qui anticipe que 70 % des capacités hydrauliques additionnelles sur la période 2021-2030 en Afrique devraient être le fait d’opérateurs chinois. L’enjeu dans ce secteur est donc de garantir des études environnementales et sociales préliminaires solides, et des mécanismes de transparence crédibles pour réduire le profil de risque de ces projets.</p>
<p>Les rares projets d’énergies renouvelables chinois sont portés par le secteur privé. La taille réduite des projets coïncide parfois avec celle des entreprises, tandis que leurs coûts de transaction sont rédhibitoires pour les larges entreprises d’État chinoises, qui privilégient les projets d’envergure hydrauliques.</p>
<p>Cependant, un rapprochement de terrain entre entreprises privées et entreprises d’État peut parfois être observé, et la multiplication des initiatives de verdissement de la BRI, l’application plus drastique des normes environnementales et sociales devrait aider les entreprises publiques et privées chinoises à mieux se projeter dans les secteurs des énergies renouvelables non hydrauliques.</p>
<h2>Impliquer davantage les banques commerciales et les entreprises privées chinoises</h2>
<p>Deux banques de politique stratégique dominent le secteur du financement, et six entreprises d’État celui de l’investissement. Sur les 43,4 Mds USD de financements énergétiques chinois recensés sur la décennie 2010-2020 en Afrique, la China Eximbank et la China Development Bank pèsent respectivement 60 % et 37 %. Les banques commerciales seules ont une part marginale (3 %, avec 3,3 Mds USD).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"788337557549428736"}"></div></p>
<p>Les entreprises d’État sont les autres acteurs économiques chinois majeurs, à la fois bénéficiaires des financements des banques comme contractants, mais aussi présentes dans l’investissement sur des projets d’envergure (30Mds USD depuis 2010). Le gouvernement table aussi sur la participation des entreprises privées comme investisseurs ou contractants, principalement pour les projets éoliens et solaires, mais les projets restent confidentiels jusqu’à présent (2Mds USD depuis 2010).</p>
<p>La plupart de ces prêts souverains suivent le modèle dit projet clé en main. Le contractant s’occupe de l’ensemble de l’ingénierie, du design jusqu’à l’installation, en passant par le choix des matériaux. Il s’adresse ensuite aux banques chinoises pour le financement, mais cela n’implique pas une présence de l’entreprise sur la phase d’opération.</p>
<p>Or ce modèle est en perte de vitesse pour deux raisons. Tout d’abord, parce que cette situation est vecteur d’aléas moraux, puisque les entreprises ont intérêt à « survendre » l’intérêt des projets, exploitant le <a href="https://static1.squarespace.com/static/5652847de4b033f56d2bdc29/t/6099cc5d267fb10016b82045/1620692064252/WP+47+-+ZHANG%2C+Hong+-+Chinese+Intl+Contractors%27+Market+Power+Africa.pdf">manque de visibilité des banques</a>. Ensuite, parce que ce système de prêts accordant peu d’importance à la viabilité des projets comprend généralement une clause contraignant les développeurs à souscrire une assurance coûteuse. Ces dernières sont taillées à larges montants de financement pour les énergies fossiles, car les primes d’assurance n’évoluent pas graduellement, mais pas pour les énergies renouvelables.</p>
<p>Ce qui est en jeu, c’est l’entrée dans un <a href="https://www2.deloitte.com/cn/en/pages/about-deloitte/articles/deloitte-perspective-v5-chapter2.html">« nouvel âge de l’internationalisation »</a> des entreprises d’État et des entreprises privées chinoises. Du statut de constructeurs, elles devraient évoluer vers celui de développeurs-investisseurs avec des capacités d’évaluations du risque et des impacts environnementaux et sociaux accrues, pour ne plus dépendre de garanties très coûteuses.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1398891919917215748"}"></div></p>
<p>La faible incitation du modèle existant à la création de capacités d’analyse, et les préférences pour les accords de gouvernement à gouvernement, ont limité leur capacité d’évaluation des risques, et donc de compétitivité sur ces projets. Pour monter en compétence, les acteurs chinois doivent s’ouvrir davantage à des co-financements extérieurs ou à des sources de financement multiples.</p>
<h2>Le verdissement de la BRI comme tremplin</h2>
<p>Avec la multiplication des <a href="https://www.afd.fr/fr/actualites/chine-les-nouvelles-routes-de-la-soie-sur-le-chemin-du-developpement-durable-0">initiatives de verdissement de la BRI</a>, les publications incitant au respect de normes environnementales et sociales plus strictes ont <a href="https://chinadialogue.net/en/business/rhetoric-meet-reality-how-to-green-the-belt-and-road-initiative/">essaimé</a>. Afin d’attirer des investisseurs et de développer les co-financements, ces mesures doivent maintenant être opérationnalisées.</p>
<p>Le verdissement de la BRI, mais surtout du mix énergétique et de la politique industrielle de la Chine, redéfinit la diplomatie des ressources menée par Pékin et devrait soutenir sa transition vers un modèle moins carboné. Ce tournant vers des <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2019-3-page-127.htm">« Nouvelles routes de la soie » plus durables</a>, qui suppose des évolutions importantes, pourrait ouvrir la voie à un dialogue et à une coopération renforcée entre les acteurs financiers chinois et leurs homologues dans le secteur de l’énergie.</p>
<p><em>Matthys Lambert et Achille Macé sont co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179909/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Gourdon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Très présente dans le secteur énergétique en Afrique, la Chine peut-elle vraiment proposer au continent un modèle de développement durable ?Julien Gourdon, Economiste, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1753952022-01-24T21:13:53Z2022-01-24T21:13:53ZQuelles politiques publiques pour soutenir les énergies renouvelables ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/442001/original/file-20220121-17-ijwpec.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1129%2C785&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les budgets visant à favoriser l’adoption de nouveaux systèmes peuvent être utilisés de plusieurs manières.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1028805">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP26, s’est conclue mi-novembre avec l’engagement à financer l’action climatique à hauteur de plusieurs milliards de dollars, à promouvoir la durabilité environnementale et à abandonner progressivement l’utilisation du charbon. Le Conseil de la transition énergétique de la COP26 <a href="https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=The+COP26+Energy+Transition+Council+stated+the+aim+of+doubling+the+rate+of+investment+in+clean+power+by+2030.">a acté</a> l’objectif de doubler les investissements dans les énergies vertes d’ici 2030.</p>
<p>L’urgence de ces questions a été soulignée par John Kerry, émissaire américain pour le climat, qui a <a href="https://www.bbc.com/news/uk-scotland-58914524">qualifié</a> la COP26 du « meilleur et dernier espoir » d’éviter les pires conséquences du changement climatique.</p>
<p>Toutefois, les effets des politiques publiques sur la création et la diffusion des innovations sont, de longue date, sujets à débat. Comment faut-il précisément dépenser l’argent public ?</p>
<p>Dans nos <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10098-021-02048-5">recherches</a>, nous nous sommes attachés à étudier cette question, en analysant plus particulièrement les moyens de stimuler au mieux l’innovation et la diffusion des énergies renouvelables, au regard des données de 15 pays européens.</p>
<h2>Trois possibilités</h2>
<p>Supposons qu’un pays, l’Allemagne par exemple, dispose de 200 millions d’euros à investir pour promouvoir l’adoption de systèmes utilisant des énergies renouvelables, comme les panneaux photovoltaïques. Ce budget pourrait être affecté de différentes manières.</p>
<p>Première option : le gouvernement pourrait octroyer des incitations fiscales aux entreprises qui investissent dans l’innovation, c’est-à-dire dans la recherche et le développement de solutions plus efficaces destinées à être commercialisées et, potentiellement, adoptées. Mais une telle option de « coup de pouce technologique » (« technology-push ») pourrait ne porter ses fruits qu’au bout de quelques années, une fois la nouvelle technologie développée et commercialisée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442005/original/file-20220121-15-1vhagmg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En novembre dernier, la COP26 a acté l’objectif de doubler les investissements dans les énergies vertes d’ici 2030.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/186938113@N07/51644536654">Cop26/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>L’Allemagne pourrait également utiliser cette enveloppe pour verser des aides aux foyers prêts à installer des systèmes photovoltaïques déjà disponibles sur le marché et garantir un tarif avantageux sur la réinjection dans le réseau du surplus d’électricité produit – ce que l’on appelle les tarifs garantis de rachat (une stratégie que l’Allemagne a d’ailleurs mise en œuvre). Ce mécanisme de « traction par la demande » (« demand-pull ») favorise logiquement les technologies en place, déjà présentes sur le marché, et n’encourage pas nécessairement l’innovation radicale, qui ne serait disponible qu’au bout de quelques années.</p>
<p>Ou, troisième possibilité, le gouvernement pourrait décider de stimuler l’économie globale, par exemple en baissant les taxes, en partant de l’hypothèse que plus un pays est riche, plus il est disposé à adopter des solutions utilisant des énergies renouvelables, en particulier si elles sont plus chères que les technologies utilisant des combustibles fossiles. (Si l’on veut faire un parallèle au niveau individuel, on peut dire qu’il est peu probable que les consommateurs investissent dans un véhicule électrique cher s’ils ne disposent pas d’un certain niveau de revenus).</p>
<h2>Conjuguer diverses mesures</h2>
<p>Pour comprendre quelle option serait la plus efficace, nous avons analysé des données sur les énergies renouvelables de 15 pays européens sur une période de 13 années. Nous avons étudié dans quelle mesure l’investissement en R&D, les politiques publiques et le produit intérieur brut par habitant se répercutaient sur la diffusion des énergies renouvelables (la part des énergies renouvelables dans l’énergie électrique totale) et l’innovation (mesurée par le nombre de brevets déposés dans ce domaine).</p>
<p>Nos conclusions ont largement confirmé nos hypothèses : la mise en place d’incitations fiscales pour les entreprises qui investissent dans la R&D stimule l’innovation radicale, tandis que des interventions plus en aval, comme les tarifs garantis de rachat, encouragent l’utilisation des technologies disponibles.</p>
<p>En effet, le programme de tarifs de rachat actuellement appliqué par l’Allemagne, l’un des premiers en Europe, a entraîné des changements structurels permanents dans l’industrie de l’énergie. L’impulsion initiale a aidé le secteur des énergies renouvelables à gagner en rentabilité, à un point tel que, lorsque l’Allemagne a récemment baissé ses tarifs de rachat, le marché des énergies renouvelables n’a globalement pas été touché.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442004/original/file-20220121-19-llrw6h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mise en place d’incitations fiscales pour les entreprises qui investissent dans la R&D stimule l’innovation radicale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/paspog/5789292528">Pascal Poggi/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Il est à noter que nous avons constaté qu’un PIB par habitant élevé ne se répercute pas de manière significative sur l’innovation, mais a bien un effet positif sur l’adoption des systèmes disponibles sur le marché.</p>
<p>Nous recommandons donc aux pays d’appliquer une approche multi-facettes à leur politique et leurs investissements en faveur des énergies renouvelables : créer des marchés de niche avec des politiques basées sur la demande, tout en soutenant la R&D afin de financer la croissance du marché à la fois à court et à long terme. Les décideurs politiques ne doivent par ailleurs pas négliger l’importance du niveau de richesse et de la croissance du PIB.</p>
<p>Il convient cependant d’interpréter nos travaux de recherche avec une certaine prudence dans la mesure où la corrélation entre les politiques mises en œuvre et la diffusion des énergies renouvelables peut être surestimée, comme nous l’avons indiqué dans un précédent <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02018566">article</a> consacré aux limites des données de panel.</p>
<p>Nous tenons également à souligner que notre étude a porté sur 15 pays européens uniquement. Néanmoins, compte tenu des différences importantes entre ces pays, nos résultats peuvent probablement être appliqués à d’autres contextes avec un degré de précision raisonnable.</p>
<hr>
<p><em>Cette contribution est co-publiée (en anglais) sur le site <a href="https://www.hec.edu/en/faculty-research/knowledge">Knowledge@HEC</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175395/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>De nouveaux travaux de recherche éclairent sur la meilleure façon de mobiliser l’investissement public privilégier pour servir au mieux les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.Andrea Masini, Professeur associé, HEC Paris Business SchoolSam Aflaki, Professeur associé, HEC Paris Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1460792020-10-28T22:07:26Z2020-10-28T22:07:26ZTransition énergétique : la Californie est-elle aussi bonne élève qu'elle le dit ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363201/original/file-20201013-13-5yaav6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C13%2C935%2C579&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur le terrain de golf de Mountain House, près du parc éolien d'Altamont Pass, le 16 mai 2007.</span> <span class="attribution"><span class="source">JUSTIN SULLIVAN / Getty Images North America / Getty Images via AFP</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Lorsque Donald Trump a annoncé le 1<sup>er</sup> juin 2017 le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, plusieurs États américains ont affirmé leur désaccord. La prérogative environnementale relevant en partie des États fédérés, certains <a href="https://theconversation.com/aux-etats-unis-la-resistance-des-defenseurs-de-lenvironnement-sorganise-106349">ont affiché des objectifs ambitieux en matière de transition énergétique</a> et de lutte contre les dérèglements climatiques.</p>
<p>La Californie a été, le 17 juillet 2017, le premier État à prendre le contre-pied du président Trump et <a href="https://www.foreignaffairs.com/articles/2017-08-04/california-dreaming?cid=int-lea&pgtype=hpg">s’est érigée en exemple de la transition énergétique et écologique</a>.</p>
<p>Cette prise de position s’inscrit dans la droite ligne de l’histoire du Golden State qui, en matière de réglementations <a href="https://newsroom.haas.berkeley.edu/new-book-prof-vogel-explores-california-green-streak/">a joué un rôle décisif dans la défense de l’environnement et du climat</a>.</p>
<p>De la création du premier espace naturel protégé en 1864 (qui deviendra en 1890 le <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012-4-page-6.htm">parc national de Yosemite)</a>, aux premières régulations des émissions automobiles dans les années 1960, la Californie fait depuis longtemps figure de bonne élève en matière d’environnement.</p>
<p>Cependant, le Golden State incarne aussi la liberté, le véhicule individuel, les longs déplacements à la conquête des grands espaces… Le bilan carbone moyen d’un Californien (9,5 tonnes en 2016), <a href="https://www.eia.gov/environment/emissions/state/analysis/">même s’il est beaucoup plus bas que la moyenne nationale</a> (14 tonnes), est cinq fois supérieur à ce que l’Accord de Paris exigera en 2050 (2 tonnes par habitant).</p>
<p>L’État oscille également entre un effort réel pour réduire la part des énergies fossiles dans son mix énergétique et une dépendance historique à ces dernières.</p>
<p>Alors, la Californie sera-t-elle à la hauteur de ses engagements ?</p>
<h2>Un État engagé dans la transition énergétique de longue date</h2>
<p>Frappée durement par les crises pétrolières des années 1973 et 1979 qui laissaient entrevoir une raréfaction drastique des énergies fossiles, la Californie a très tôt misé sur l’efficacité énergétique et a voté trois lois (1977, 1979, 1982) <a href="https://www.vox.com/energy-and-environment/2019/5/31/18646906/climate-change-california-energy-efficiency">pour limiter la consommation d’énergie</a> dans les secteurs de l’électroménager, du bâtiment et de la production d’énergie.</p>
<p>Le mot d’ordre : produire des biens et des services qui soient le moins énergivores possible. La grande « success story » est celle des réfrigérateurs, dont la consommation a diminué de 85 % entre 1970 et 2010.</p>
<p>Et il en va de même pour les télévisions, les ordinateurs, les lave-vaisselles, les climatiseurs ou encore les ampoules. Mises bout à bout, ces mesures ont eu un impact majeur sur la consommation énergétique californienne et une <a href="https://www.nrdc.org/resources/california-stars-lighting-way-clean-energy-future">étude récente</a> montre que si tous les États fédérés avaient procédé de la sorte, le bilan carbone des États-Unis serait aujourd’hui 25 % inférieur à ce qu’il est.</p>
<p>En parallèle, et pour répondre aux enjeux climatiques, le Golden State a dès le tournant des années 2000 cherché à accroître la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Il peut se targuer aujourd’hui d’avoir développé un des plus grands parcs éoliens au monde (Alta Wind Energy Center), plusieurs parcs solaires de renommée mondiale (Solar Star Projects, Ivanpah Solar).</p>
<p>La Californie produit 34 % de son électricité à partir des énergies renouvelables et elle est le premier productrice d’électricité du pays pour ce qui est du solaire, de la géothermie et de la biomasse, et le <a href="https://www.eia.gov/state/?sid=CA">quatrième pour l’hydroélectrique</a>. Notons enfin que les anti-nucléaires ont eu voix au chapitre et que Diablo Canyon Power Plant, la dernière centrale californienne située dans le comté de San Louis Obispo, <a href="http://large.stanford.edu/courses/2018/ph241/balabanis1/">sera fermée en 2025</a>.</p>
<p>Le California Air Resources Board notait en juillet 2018 que la Californie avait vu ses émissions de CO<sub>2</sub> descendre en dessous du niveau de 1990 tout en nourrissant un taux de croissance de 26 % sur la même période.</p>
<p>On retiendra par exemple que sous l’impulsion de ces réformes et entre 2006 et 2015, le PIB par habitant a augmenté de 5000 dollars et que <a href="https://www.nrdc.org/experts/lara-ettenson/california-10-years-climate-commitment-growth">l’industrie des renouvelables a créé 300 000 emplois</a>.</p>
<p>Fidèle à l’image qu’elle cultive sur la scène internationale, la Californie serait le lieu où le rêve d’une transition énergétique réussie commencerait à voir le jour.</p>
<h2>Un bilan carbone en demi-teinte</h2>
<p>La réalité est cependant plus complexe. Le mix énergétique californien (72 % d’énergies fossiles, 14,5 % de renouvelables, 2,5 % de nucléaire et 11 % d’électricité importée d’autres États) reste en effet largement dominé par les énergies fossiles. Aussi, si la part des renouvelables dans le mix électrique <a href="https://www.eia.gov/state/analysis.php?sid=CA">augmente d’année en année</a>, le Golden State est encore loin de consommer une énergie décarbonée.</p>
<p>Par ailleurs, une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301421519308018">étude publiée en 2019</a> par des universitaires californiens montre que les émissions de CO<sub>2</sub> de cet État varient grandement en fonction de la méthode de calcul utilisée. La méthode la plus répandue aujourd’hui consiste à ne prendre en compte que les émissions directes d’une région et à écarter les émissions indirectes.</p>
<p>Or, une éolienne installée en Californie peut être perçue comme produisant une énergie 100 % verte si, et uniquement si, on ne prend pas en compte toutes les émissions liées à l’extraction des matières premières et au transport.</p>
<p>En optant pour une méthode qui intègre les coûts indirects, cette étude présente une autre réalité : les émissions annuelles de la Californie sont 24 % supérieures <a href="https://encyclo-ecolo.com/CO2">à ce qu’annonce le gouvernement californien</a> (445 Mt de CO<sub>2</sub>éq contre 550 pour cette étude).</p>
<p>Cette même étude souligne par ailleurs le fait que certains Californiens polluent beaucoup plus que d’autres. Les foyers les plus aisés ont ainsi un bilan carbone plus lourd que la moyenne. À titre d’exemple, dans le grand San Francisco, on trouve un <a href="https://www.cogitatiopress.com/urbanplanning/article/view/1218">écart de un à sept entre les résidents les plus riches et les résidents les plus pauvres</a> (104 tonnes de CO<sub>2</sub>éq par an pour les premiers contre 15 pour les seconds).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363224/original/file-20201013-23-3qalp0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cette carte permet de mesurer les écarts de l’empreinte carbone moyenne des îlots urbains du grand San Francisco.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://coolclimate.org/index">Cool Climate Network</a></span>
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<p>C’est donc un bilan en demi-teinte. En matière d’énergie, l’efficacité ne remplacera pas la sobriété.</p>
<h2>Plus sobres et plus en phase avec les engagements</h2>
<p>La notion de sobriété (« sufficiency » en anglais) n’appartient pas au vocabulaire du gouvernement californien, qui préfère celle d’efficacité. Trop politisée (elle évoque historiquement la gauche de la gauche), la sobriété est l’apanage des mouvements citoyens, des écovillages et des écoquartiers.</p>
<p>Les adeptes de ce concept militent pour un changement profond des comportements individuels et collectifs et une diminution drastique des consommations pour vivre dans le respect des limites planétaires.</p>
<p>L’efficacité fait quant à elle la part belle aux inventions technologiques qui permettront, selon ses défenseurs, de trouver la solution aux problèmes climatiques.</p>
<p>En Californie, bien qu’elle ne soit pas portée par l’exécutif, la sobriété gagne du terrain. En témoignent les cent-trente <a href="https://www.ic.org/directory/search-results/?community_status=&frm_search=california">communautés intentionnelles</a> (des communautés dont les habitants partagent un haut niveau de cohésion sociale autour de valeurs communes) qui ont été créées aux quatre coins du Golden State. Les modes de vie alternatifs ont le vent en poupe.</p>
<p>Il existe certes une grande diversité dans l’interprétation de ce que devrait être un mode de vie en phase avec les limites planétaires (certains groupes sont plus proches du New Age que de l’engagement écologique), mais la mobilisation autour de la sobriété est indéniable.</p>
<p>Exemple emblématique : dans la banlieue est de Los Angeles, le <a href="http://laecovillage.org/home/about-2/">LAEV (pour « Los Angeles Eco-Village »</a>) existe depuis 1993 et regroupe aujourd’hui une quarantaine de personnes issues de différents milieux socioculturels.</p>
<p>Le LAEV fonctionne comme un laboratoire de la transition énergétique : on y partage les lieux de vie communs (jardin, potager, atelier vélo) et les véhicules (la plupart des habitants se déplacent à pied ou à vélo et ne possèdent pas de voiture), on apprend à connaître et cultiver les fruits et légumes endémiques et on contribue à <a href="https://ecovillage.org/wp-content/uploads/drupal_files/images/los-angeles.jpg">relocaliser l’économie en consommant le plus localement possible</a>.</p>
<p>À LAEV, on cherche à créer du lien à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté. Ces acteurs de la transition posent discrètement les jalons d’une vie plus sobre, plus inclusive et plus en phase avec les <a href="https://www.jstor.org/stable/j.ctt1zk0mpz.12?seq=1#metadata_info_tab_contents">enjeux climatiques et environnementaux</a>. Le bilan carbone de LAEV n’a pas été mesuré jusque-là, mais les études qui ont été menées sur <a href="https://www.jstor.org/stable/j.ctt1zk0mpz.12?seq=1#metadata_info_tab_contents">l’impact environnemental des écovillages</a> montrent que ces communautés ont en moyenne un bilan carbone 35 % inférieur aux zones non-engagées dans la transition.</p>
<p>Qu’elles fassent partie du réseau des écovillages, des écovilles, des villes en transition, ces initiatives sont nombreuses (plusieurs centaines en Californie et plusieurs milliers aux États-Unis) et elles forment un ensemble significatif dans le champ de la transition énergétique.</p>
<p>Néanmoins, en confrontant ces chiffres au <a href="https://livingplanet.panda.org/fr/about-the-living-planet-report">rapport Planète Vivante du WWF</a> (rapport qui propose une étude approfondie des tendances de la biodiversité mondiale et qui calcule en hectares globaux la <a href="https://atlasocio.com/classements/environnement/biocapacite/classement-etats-par-capacite-biologique-monde.php">capacité biologique de la planète</a>), force est de constater que même les efforts de ces communautés intentionnelles ne suffiraient pas à vivre de manière durable et dans les limites planétaires : la grande majorité de ces communautés dépassent la capacité biologique de la planète (1,5 hectare global par habitant).</p>
<p>Les communautés intentionnelles montrent que <a href="http://www.carbone4.com/publication-faire-sa-part/">« faire sa part »</a> est essentiel mais insuffisant, et que les transitions locales doivent impérativement s’accompagner de réformes structurelles aux niveaux régional, national et international.</p>
<p>Le chemin vers une économie mondiale bas carbone sera long, mais, en Californie comme dans l’ensemble des économies développées, il semble important que ces initiatives citoyennes nourrissent les politiques publiques, puisque ce sont elles qui se tiennent au plus proche d’une transition énergétique réussie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Roncato Tounsi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La Californie oscille entre un effort réel pour réduire la part des énergies fossiles dans son mix énergétique et une dépendance historique à ces dernières.Christophe Roncato Tounsi, Maître de conférences, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1232452019-09-17T19:01:59Z2019-09-17T19:01:59ZL’avenir du solaire est-il dans le flottant ?<p>En juin dernier, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) inaugurait une centrale photovoltaïque flottante dans les Monts du Lyonnais. Deux mois plus tard, c’est celle de Piolenc, dans le Vaucluse, qui vient d’être mise en service par l’entreprise Akuo Energy. D’une puissance de 17 MW, elle est dotée de 47 000 panneaux solaires et constitue la plus grande installation solaire sur l’eau de France.</p>
<p>De moins en moins chère à produire, l’énergie photovoltaïque jouit aussi grâce aux dernières innovations d’un <a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2014/september/how-solar-energy-could-be-the-largest-source-of-electricity-by-mid-century.html">bilan environnemental bien meilleur</a>. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit qu’en 2022 la capacité photovoltaïque mondiale atteindra <a href="https://www.iea.org/publications/renewables2017/">entre 740 et 880 GW</a> – le parc photovoltaïque mondial a passé la <a href="https://www.lechodusolaire.fr/le-volume-pv-total-installe-dans-le-monde-a-passe-la-barre-des-500-gw/">barre des 500 GW</a> en termes de volume total installé à la fin 2018 – pour une production qui pourrait dépasser 1 000 TWh/an, contre <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/chiffres-cles-production-d-energie">100,4 TWh en 2012</a>.</p>
<p>En France, le lancement <a href="https://www.youtube.com/watch?v=e9lIrCWD3KY">du plan gouvernemental « Place au soleil »</a> en juin 2018 prévoit de libéraliser le solaire et d'accélérer son déploiement en métropole et en outre-mer. Le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publié début 2019 prévoit de multiplier par 4 ou 5 la capacité de production d’énergie photovoltaïque en moins de 10 ans. En 2018, cette source d’énergie a fourni <a href="https://www.rte-france.com/sites/default/files/be_pdf_2018v3.pdf">1,9 % de la production nationale d’électricité</a>.</p>
<p>Dans ce contexte de <a href="https://about.bnef.com/blog/global-electricity-demand-increase-57-2050/">forte demande en énergie « propre »</a> et d’expansion du solaire, la question de l’espace nécessaire devient donc cruciale. Le solaire flottant, qui se développe dans plusieurs régions du monde, entend répondre à ce défi.</p>
<h2>Une réponse à un manque d’espace</h2>
<p>Au regard des surfaces qu’il nécessite, le développement des centrales solaires peut engendrer des conflits d’usage avec les terres agricoles et affecter la biodiversité. Les processus d’innovation énergétique se sont d’ailleurs toujours heurtés à des résistances dans l’histoire. Ainsi, le <a href="https://books.google.fr/books/about/Medieval_Technology_and_Social_Change.html?id=xa7zPNkxswQC&redir_esc=y">moulin à eau</a> ne s’est largement diffusé que sept siècles après son apparition, pour des raisons économiques mais aussi d’acceptabilité sociale.</p>
<p>Les <a href="https://mitpress.mit.edu/books/power-density">transitions énergétiques du passé</a> ont développé des sources d’énergie toujours plus concentrées (bois, charbon, pétrole et gaz, puis uranium), limitant considérablement les surfaces mobilisées par les systèmes énergétiques. La transition énergétique actuelle s’inscrit dans un schéma inverse : remplacer les énergies fossiles à forte densité énergétique par des énergies renouvelables bien moins denses – qui mobilisent plus de surface. <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/centrale-solaire-photovoltaique-cestas-bordeaux-24900.php4">La centrale solaire la plus puissante de France</a> (300 MW) est ainsi implantée à Cestas, près de Bordeaux, sur 260 hectares (soit l’équivalent de 370 terrains de football). Trouver de nouveaux terrains pour développer des projets est donc devenu la principale préoccupation des développeurs d’énergies renouvelables.</p>
<p>Il est donc tout naturel qu’en Chine, au Japon, en Indonésie et maintenant en Europe, de plus en plus d’industriels installent leurs centrales solaires sur des plans d’eau tranquillisés – pour ne pas consommer de trop grandes surfaces de terres utiles. L’objectif étant d’intégrer le solaire flottant à des espaces déjà artificialisés pour répondre aux deux grands défis écologiques que connaissent les sociétés : la préservation des terres agricoles et la production d’énergie décarbonée.</p>
<p>Une <a href="https://www.worldbank.org/en/topic/energy/publication/where-sun-meets-water">étude de la Banque mondiale de 2018</a> évalue à 400 GW le potentiel du solaire flottant, soit l’équivalent de la puissance photovoltaïque installée au sol dans le monde à la fin de l’année 2017. Un potentiel limité mais néanmoins non négligeable. La capacité mondiale totale d’énergie solaire flottante a d’ailleurs été multipliée par plus de 100 entre 2014 (10 MW) et 2018 (1,1 GW), témoignant d’un intérêt croissant pour cette technologie. D’une capacité de 40 MW et mise en service il y a deux ans, la plus grande centrale sur l’eau se trouve aujourd’hui à Anhui, dans l’est de la Chine.</p>
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<figcaption><span class="caption">Aux États-Unis, des panneaux solaires flottants ont été installés dans les vignobles de la Napa Valley, sur des canaux d’irrigation. Source : AFP.</span></figcaption>
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<h2>Combiner solaire flottant et hydraulique</h2>
<p>Ces problématiques encouragent donc les développeurs à faire preuve d’imagination et à valoriser le patrimoine existant. Notamment en intégrant le solaire flottant à des « zones délaissées », lacs, bassins, canaux d’irrigation ou réservoirs de traitement d’eau, afin de donner une « deuxième vie » à ces espaces. Il s’agit ensuite de combiner ces centrales photovoltaïques à d’autres activités, afin d’optimiser l’espace. La centrale flottante inaugurée en août dans le Vaucluse par Akuo Energy est établie dans une ancienne carrière de granulats. Mais elle est associée à un projet plus vaste, une ferme basée sur l’agro-écologie et le maraîchage bio, elle aussi créée et exploitée par l’entreprise.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les panneaux solaires flottants d’Akuo Energy. (France 2/Youtube).</span></figcaption>
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<p>Les installations solaires, notamment sur l’eau, permettent aussi de moderniser les « anciennes » installations énergétiques du XX<sup>e</sup> siècle, telles que les barrages hydrauliques ou les usines marémotrices, en s’y associant. Chaque transition énergétique passe par une période de coexistence entre énergies dominantes et solutions émergentes, <a href="http://vaclavsmil.com/2016/12/14/energy-transitions-global-and-national-perspectives-second-expanded-and-updated-edition/">ces dernières progressant peu à peu jusqu’à prendre le relais</a>. L’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais d’additions successives de <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00956441">nouvelles sources d’énergie primaire</a>. Il s’agit donc désormais d’entretenir ces patrimoines énergétiques, de les faire évoluer, de les réinventer, au prisme des nouvelles énergies vertes.</p>
<p>L’association du solaire flottant et de l’hydroélectricité permet aux installations photovoltaïques de profiter des infrastructures offertes par les centrales hydroélectriques, comme les stations et les lignes de transmission. D’un autre côté, le solaire flottant réduit l’évaporation des lacs de barrage, accroissant de facto la production des barrages hydroélectriques. À ce titre, le solaire flottant permet aux industriels de l’hydraulique de mieux adapter les barrages au changement climatique, la montée des températures <a href="https://www.lepoint.fr/economie/malgre-la-secheresse-les-barrages-tiennent-le-choc-06-09-2019-2334044_28.php">entraînant une plus forte évaporation de l’eau</a>. Enfin, les panneaux peuvent être démantelés rapidement sur l’eau, limitant l’empreinte écologique des installations.</p>
<p>EDF, qui exploite 20 GW de barrages hydrauliques, dispose de centaines de retenues d’eau, dont certaines ne sont pas directement en conflits d’usage (notamment ceux où la pêche et la baignade sont interdites pour des raisons de sécurité). Dans le département des Hautes-Alpes, un projet de centrale flottante d’une puissance de 19,8 MW est porté par le groupe EDF. Engie quant à elle a identifié un <a href="http://c2ime.eu/2017/04/28/energies-renouvelables-engie-innove-azimuts/#.XXuHWGfmOTY">potentiel d’environ 200 MW</a> sur des rétentions d’eau lui appartenant. S’inscrivant dans cette logique d’optimisation inter-technologique, la Corée du Sud envisage de construire d’ici à 2020 la plus grande ferme solaire flottante du monde (102,5 MW) à proximité de la plus puissante centrale marémotrice du monde (254 MW). Ces différents exemples témoignent du caractère modernisateur, cumulatif et combinatoire, des transitions énergétiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Panneaux photovoltaïques flottants installés sur le réservoir d’eau du barrage du Alto Rabagão.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ciel et Terre</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Les principaux objectifs de ces projets pionniers sont de montrer leur compatibilité avec d’autres usages, de mieux étudier les éventuels impacts environnementaux des installations (notamment sur les frayères à poisson), tout en permettant de déployer la technologie à une échelle plus industrielle.</p>
<h2>La marinisation des systèmes énergétiques</h2>
<p>Si la baisse des coûts se poursuit, le photovoltaïque devrait évoluer vers des applications offshore. La mer a l’avantage d’offrir un meilleur rendement aux technologies de l’énergie : l’ensoleillement est plus important au large que sur terre et l’eau permet d’améliorer l’efficacité des panneaux par son effet rafraîchissant.</p>
<p>Par ailleurs, associé à l’aquaculture et à l’énergie éolienne offshore, le solaire flottant peut conduire à une utilisation optimisée de l’espace : les panneaux sont placés entre les éoliennes offshore, là où la navigation est rendue impossible. <a href="https://www.marin.nl/multi-use-concept-development-for-seaweed-and-floating-solar-energy-production-around-wind-turbines">L’idée de faire fonctionner ces deux sources en synergie</a> permettra de brancher les panneaux photovoltaïques sur le réseau électrique déjà existant.</p>
<p>Ce processus de « marinisation » des technologies de l’énergie n’est pas nouveau. Depuis plus de cinquante ans, la mer est devenue progressivement un terrain libre et immense qui prend le relais d’un espace terrestre en cours de saturation : dès les années 1950 avec les plates-formes pétrolières offshore et à partir des années 1990 avec l’éolien marin (d’abord « posé » puis désormais « flottant »). Même l’électronucléaire ne semble pas aujourd’hui échapper <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/un-monde-d-avance/une-inquietante-centrale-nucleaire-flottante-dans-l-arctique-russe_3443493.html">à cette vague marinisante</a> – avec tous les risques technologiques et environnementaux que cela comporte.</p>
<p>L’enjeu environnemental, celui de la montée du niveau de la mer et du risque de submersion, couplé aux nouvelles exigences énergétiques, pousserait l’homme vers une « colonisation » de la mer, nouvelle frontière pour répondre aux problèmes énergétiques, affronter les défis de surpopulation et de pollution. Désormais, « le monde est un polder », comme l’écrivait en 2005 le biologiste Jared Diamond dans son ouvrage <a href="https://livre.fnac.com/a2511049/Jared-Diamond-Effondrement"><em>Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie</em></a>. Il faut en effet rappeler que 71 % de la surface terrestre est maritime.</p>
<h2>Pour les Pays-Bas, un enjeu vital</h2>
<p>Ce mouvement de « marinisation » a un pays pionnier, les Pays-Bas, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=lcBHIztx2Gw">dont la relation à l’eau est unique au monde</a>. Les bouleversements climatiques assaillent de toutes parts ce petit pays de 41 528 km<sup>2</sup> de superficie, dont 26 % des terres se trouvent sous l’altitude zéro. Une menace qui vient d’abord du large, puisque le niveau de la mer du Nord pourrait, selon une étude publiée fin 2017 par des chercheurs de l’Université d’Utrecht, s’accroître d’un <a href="https://www.nat-hazards-earth-syst-sci.net/17/2125/2017/">mètre à un mètre quatre-vingts d’ici à 2100</a>.</p>
<p>Dans ce pays dont un quart de la surface se trouve sous le niveau de la mer, le changement climatique et l’impératif énergétique obligent les ingénieurs à réfléchir à de nouvelles solutions face à une possible montée des eaux. L’intérêt des Pays-Bas répond donc à un objectif systémique de long terme : celui de l’aménagement intelligent, optimisé et hydrophile <a href="https://photo.geo.fr/pays-bas-face-a-la-montee-des-eaux-les-hollandais-se-preparent-32984">du territoire néerlandais</a>. Les autorités néerlandaises ont ainsi annoncé un potentiel de 8 GW simplement en installant des systèmes PV flottants le long de leurs digues protectrices (les digues étant des infrastructures très intenses en termes d’innovations technologiques et architecturales). <a href="https://gca.org/solutions/the-netherlands-is-building-solar-islands-to-fight-rising-sea-levels">Un archipel de 15 îles</a> constituées de 73 500 panneaux solaires flottants orientables doit voir le jour d’ici 2020 au large d’Andijk. Un algorithme météorologique permettra aux panneaux de se repositionner automatiquement pour minimiser les potentiels dégâts provoqués par la houle et le vent.</p>
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<p>Comprendre l’intérêt soudain pour le solaire flottant nécessite donc de replacer cette technologie dans un phénomène plus vaste de marinisation des innovations et de nos sociétés. Le solaire flottant s’interconnecte aux grands systèmes techniques existants (énergie, logement, transport…) – tout en invitant à les repenser, à les réinterpréter au regard du défi énergétique et maritime. Il rejoint ainsi un vieux rêve de l’humanité, celui de se réfugier vers la mer. Avant de prendre, un jour peut-être, le <a href="https://www.lepoint.fr/sciences-nature/energie-bientot-des-centrales-solaires-dans-l-espace-28-02-2019-2297168_1924.php">chemin des étoiles</a> ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123245/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Roche a réalisé une thèse CIFRE au sein de la Région Nouvelle-Aquitaine</span></em></p>Aujourd’hui pour le solaire comme hier pour l’éolien et le pétrole, la mer apparaît comme le nouvel eldorado lorsque l’espace manque pour produire de l’énergie.Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques, spécialiste des énergies marines et de la croissance bleue, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1191962019-07-07T18:33:55Z2019-07-07T18:33:55ZÉolien marin : la France se jette enfin à l’eau<p>Édouard Philippe s’y est engagé le mercredi 12 juin dans son <a href="https://twitter.com/EPhilippePM/status/1133384998055288836">discours de politique générale</a> et François de Rugy l’a confirmé : le parc éolien offshore de Saint-Nazaire sera mis en service d’ici 2022. Il comportera 80 éoliennes, permettant de fournir l’équivalent de 20 % des besoins en électricité du département de Loire-Atlantique.</p>
<p>Au même moment, le ministre de l’Environnement annonçait que le groupement EDF Renouvelables, Innogy et Enbridge, était retenu pour la construction et l’exploitation du <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/edf-decroche-le-projet-eolien-en-mer-de-dunkerque-1029272">parc éolien offshore au large de Dunkerque</a>. D’une puissance de près de 600 MW, ce parc éolien d’environ 45 éoliennes doit permettre de fournir en électricité 500 000 foyers à partir de 2026, pour un prix inférieur à 50 euros du mégawattheure (MWh). « Il s’agit d’un tarif comparable aux meilleurs résultats européens, qui démontre la compétitivité de la filière française de l’éolien marin » estimait François de Rugy. À titre de comparaison, pour le nouveau réacteur nucléaire de 3<sup>e</sup> génération (EPR), les estimations <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/lelectricite-nucleaire-ruineuse-ou-bon-marche-le-debat-fait-rage-1292683">varient entre 60 et 90 euros du MWh</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1139592835555086341"}"></div></p>
<p>Ces dernières nouvelles marquent-elles un tournant décisif dans le développement des énergies marines en France ?</p>
<h2>Un défi pour le système énergétique français</h2>
<p>À l’heure où l’énergie solaire connaît un virage sans précédent en France, avec le lancement d’un <a href="https://www.edfenr.com/actualites/gouvernement-lance-plan-solaire-grande-ampleur/">plan solaire « Place au soleil »</a> qui se veut ambitieux, les énergies marines restent toujours quant à elles dans le domaine de l’abstrait. Aucune installation d’envergure ne marque visuellement le littoral français (hormis le <a href="https://www.20minutes.fr/planete/2259867-20180423-brest-prototype-eolienne-flottante-marine-inaugure">prototype de la société Idéol</a>) alors que la filière éolienne en mer connaît un boom généralisé à l’échelle européenne, comme l’illustre le tableau ci-dessous.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cartographie de l’éolien offshore en Europe à la fin de l’année.</span>
<span class="attribution"><span class="source">WindEurope, 2019</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Que ce soit au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, le développement de l’éolien marin est avant tout présenté comme un relais de croissance pour une industrie du pétrole et gaz offshore en <a href="https://www.youtube.com/watch?v=AJ38SiVOD78">perte de vitesse</a>. C’est dans ce cadre qu’un consensus existe dans ces pays sur l’idée que la prochaine vague d’investissements dans le secteur énergétique proviendra des énergies renouvelables, notamment des synergies et des interactions pouvant se réaliser entre l’industrie du pétrole et gaz offshore et celle des énergies marines renouvelables.</p>
<p>L’éolien en mer est de plus présenté comme la solution la plus efficace pour décarboner l’économie, à l’heure où ces pays sont contraints de fermer rapidement leurs centrales à charbon. Au Royaume-Uni, la part du charbon dans la production d’électricité a chuté de 40 % en 2012 à 5 % en 2018.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1126872019205799936"}"></div></p>
<p>En France, ces impératifs ne se posent pas. La France ne dispose pas d’une industrie pétrolière qui aurait pu inciter à la « marinisation de son système énergétique » (et l’industrialisation d’un littoral dédié globalement aux activités récréatives), tout en encourageant les transferts entre l’offshore pétrolier et l’éolien en mer. Depuis les barrages hydrauliques de montagne au choix du solaire aujourd’hui, en passant par le lancement du programme nucléaire dans les années 1970, la France s’est construit une trajectoire énergétique qui se veut résolument terrestre.</p>
<p>Hormis pour les liaisons électriques transmanche, le système énergétique français terrestre n’a pas été conçu, organisé et dimensionné pour recevoir de grosses infrastructures électriques. À ce titre, la marinisation du système énergétique nécessite de repenser la configuration du réseau, voire du système – dont le cas des énergies les plus décentralisatrices comme l’hydrolien. Le développement des énergies offshore en France passe par un lent et délicat processus de marinisation de son système énergétique, qui a débuté dès le début des années 2000.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/UdoKG0X62nY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Cette transition est de nature systémique (autant technique que politique, autant culturel que juridique), puisque l’éolien en mer transversalise des politiques publiques et territorialise des enjeux émergents. Pensons ici à la problématique de partage de l’espace maritime, qui est un point clef des politiques maritimes.</p>
<h2>S’imposer face au nucléaire</h2>
<p>À côté de ça, le nucléaire, énergie peu émettrice de CO<sub>2</sub>, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2003/08/19/la-monoculture-nucleaire-penalise-le-developpement-des-energies-renouvelables_330982_3244.html">rend le discours promotionnel moins vendeur</a>, et ceci depuis les années 2000. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont engagés comme la France dans une transition énergétique mais avec des points de départ différents : 55 % de l’électricité du Royaume-Uni en 2016 est d’origine fossile, et 21 % d’origine nucléaire. Aux Pays-Bas, 70 % des émissions de C02 du secteur de l’électricité provenaient du charbon en 2016.</p>
<p>Pour comparer, <a href="https://bilan-electrique-2018.rte-france.com/">86 % du secteur électrique français</a> était décarboné par l’utilisation du nucléaire et des énergies renouvelables en 2018 (le parc nucléaire assurant 71,1 % de la production de l’électricité française). L’opportunité du changement climatique et du paradigme de la décarbonisation a ainsi servi au nucléaire pour <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/contre-le-rechauffement-climatique-la-solution-nucleaire_2057530.html">s’affirmer face aux énergies renouvelables</a> sur le même terrain.</p>
<p>C’est à ce titre que le développement des énergies marines (et plus particulièrement de l’éolien offshore), va directement se heurter en France au système énergétique nucléaire. Et à la <a href="https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/07/est-il-vrai-qu-il-faudrait-7000-eoliennes-pour-remplacer-fessenheim_1656464">comparaison entre nucléaire et énergies renouvelables</a>, élément historiquement construit du <a href="https://www.amazon.fr/L%C3%A9nergie-France-histoire-programme-nucl%C3%A9aire/dp/2849412139">système énergétique français</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"983261105375141888"}"></div></p>
<h2>L’un des parcs éoliens les moins chers d’Europe</h2>
<p>Présenté comme une vitrine low-cost de l’éolien marin français, l’appel d’offres de Dunkerque devait pouvoir répondre aux exigences économiques de la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppe">nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)</a>, en s’alignant sur les prix compétitifs des autres filières énergétiques.</p>
<p>Les appels d’offres de 2011 et 2013 s’inscrivaient dans un discours technopolitique où les aspects économiques et énergétiques étaient secondaires (les tarifs de rachat de l’électricité des six futurs parcs éoliens offshore ont d’ailleurs été <a href="https://www.lesechos.fr/2018/06/eolien-en-mer-macron-annonce-une-economie-de-15-milliards-sur-les-aides-997060">renégociés en 2018</a>, permettant de diminuer de 40 % la subvention publique et d’avoir un ajustement des tarifs de 30 %). Il s’agissait alors d’impulser la construction d’une filière industrielle nationale autour de champions nationaux. Certes, il est toujours plus simple de réécrire l’histoire après coup, mais en tout état de cause, aucun champion national de l’éolien en mer n’a toujours émergé en France. Les deux fabricants de turbines qui devaient devenir la vitrine de l’éolien offshore français à l’international ont été vendus à des multinationales étrangères. D’un côté Alstom, qui devait produire les turbines d’EDF EN, a été rachetée par General Electric en 2015. De l’autre, la société Adwen (la filiale d’Areva pour l’éolien en mer), qui devait fournir les turbines pour Engie et Iberdrola, a été acquise en 2016 par Gamesa, entreprise elle-même détenue par Siemens.</p>
<p>Dunkerque s’inscrit quant à lui dans une logique avant tout économique et budgétaire, dans un modèle qui se veut plus libéral et européen. Et à ce titre, il fut le premier appel d’offres à intégrer le processus dit <a href="https://www.cre.fr/Documents/Appels-d-offres/Dialogue-concurrentiel-n-1-2016-portant-sur-des-installations-eoliennes-de-production-d-electricite-en-mer-dans-une-zone-au-large-de-Dunkerque">« de dialogue concurrentiel »</a>, censé contribuer à une forte baisse des coûts de production et à sécuriser les projets. Dunkerque marque un saut d’étape technologique qui témoigne d’une trajectoire française singulière. La France n’a toujours pas d’éolienne installée sur son littoral mais elle va probablement obtenir l’un des parcs les moins chers d’Europe, ou du moins l’un des meilleurs rapports qualité-prix.</p>
<p>Outre cette maturité technico-économique, la concurrence entre les opérateurs pour Dunkerque fut l’autre indicateur de ce dynamisme. Huit consortiums se sont positionnés sur le projet (<a href="https://www.cre.fr/Documents/Deliberations/Decision/Instruction-des-offres-du-dialogue-concurrentiel-n-1-2016-Installations-eoliennes-de-production-d-electricite-en-mer-Dunkerque">tous ont été notés sur 100 points, dont 80 sur le critère prix</a>), témoignant que les industriels continuent à croire que la France reste une opportunité à saisir pour l’éolien en mer. La présence de grandes multinationales du pétrole (elles étaient absentes lors des appels d’offres de 2011 et 2013) est par ailleurs symbolique de <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/eolien-en-mer-a-dunkerque-alliance-elicio-oersted-et-total-20190218">cette rupture dunkerquoise</a>.</p>
<p>Si la phase 2009-2019 semble avoir mis l’éolien offshore dans une impasse, Dunkerque paraît aujourd’hui le remettre sur le droit chemin.</p>
<h2>Des prix qui chutent</h2>
<p>La trajectoire française n’a pas suivi un enchaînement classique d’étapes de maturation de la filière (celle-ci a débuté dès les années 1990 dans le pays d’Europe du Nord). Ce sont les expériences étrangères et la dynamique européenne (le marché extérieur) qui ont fait maturer l’éolien en France, et non la dynamique interne (le marché national). Dunkerque nous confirme que le processus industriel basé sur les économies d’échelle (l’objectif étant de faire baisser les coûts des technologies par le nombre de projets afin d’aboutir à des prix de l’énergie compétitifs) s’est réalisé à une échelle européenne et non nationale. Le prix reflète à la fois la grande maturité de la filière éolienne en mer, un coût du capital en baisse, la compétitivité sans cesse croissante, mais aussi l’évolution constante des technologies.</p>
<p>Cette baisse des coûts de l’éolien offshore à l’international fut si brutale qu’elle remet aujourd’hui en question la crédibilité des scénarios réalisés il y a seulement quelques mois. Dans son étude <a href="https://www.ademe.fr/trajectoires-devolution-mix-electrique-a-horizon-2020-2060">« Trajectoires d’évolution du mix électrique 2020-2060 »</a> présentée en décembre 2018, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) tablait sur un coût de 100 euros du MWh pour 2025 et de 60 euros du MWh pour 2040.</p>
<p>Avec des prix annoncés autour de 50 euros du MWh, les professionnels de l’éolien marin ont convaincu le gouvernement de réviser à la hausse les objectifs de la PPE pour cette filière (jugés jusqu’ici défavorables pour un <a href="https://fee.asso.fr/cdp/volet-eolien-en-mer-de-la-ppe-la-profession-demande-des-objectifs-plus-ambitieux-et-devoile-sa-contre-proposition/">développement harmonieux de l’éolien en mer</a> en France), en misant sur le succès de l’appel d’offres de Dunkerque. Les objectifs de déploiement de l’éolien en mer sont revus à la hausse, passant de 750 MW initialement prévus à 1 GW par an. Le lancement d’un prochain appel d’offres éolien en mer au large d’Oléron (Charente-Maritime) témoigne de <a href="https://www.sudouest.fr/2019/06/14/projet-eolien-au-large-d-oleron-un-appel-d-offres-va-etre-lance-6211236-4628.php">cette dynamique porteuse post-dunkerquoise</a>.</p>
<h2>Prochaine étape, l’éolien flottant</h2>
<p>La trajectoire française dans l’éolien s’inscrit jusqu’ici dans une récurrence d’opportunités industrielles manquées. Opportunité manquée en France dans les années 1990 autour de l’éolien terrestre. Opportunité manquée dans les années 2000-2010 autour de l’éolien en mer posé. La question est désormais de savoir si la France prendra la vague de l’éolien offshore flottant dans les prochaines années.</p>
<p>La conquête de la côte par l’éolien posé n’ayant toujours pas été réussie en France, il est déjà opportun d’aller vers le large par des techniques de plus en <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6YyTtqiztgo">plus pointues et sophistiquées</a>. <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/les-vraies-promesses-de-leolien-flottant-1030382">Les promesses se porteraient désormais sur l’éolien flottant</a>, technologie émergente capable d’impulser la construction d’une nouvelle filière industrielle française.</p>
<p>L’éolien flottant est de plus une technologie bien adaptée à la façade méditerranéenne, incitant les régions littorales <a href="https://www.lepoint.fr/economie/la-mediterranee-theatre-privilegie-de-l-experimentation-de-l-eolien-flottant-05-07-2018-2233416_28.php">à se positionner sur cette technologie prometteuse</a> à fort potentiel énergétique et marchand (à l’échelle mondiale, 80 % des ressources éoliennes offshore se trouvent dans des mers de plus de 60 mètres de profondeur, de sorte qu’elles ne peuvent être exploitées qu’en utilisant des éoliennes flottantes.)</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1121039587818786816"}"></div></p>
<p>Il n’y a plus qu’à espérer que cette dynamique de l’éolien flottant ne connaisse pas en France les mêmes difficultés et péripéties qu’a connu son grand frère durant près de 20 ans (raccordement des parcs de production au réseau électrique, délais de traitement des contentieux, problématiques locales d’intégration, notamment liées aux intérêts des pêcheurs et des acteurs du tourisme, etc.).</p>
<p>Il en va de la crédibilité d’un gouvernement qui cherche aujourd’hui à faire de l’écologie un marqueur fort de sa politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119196/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Roche a reçu un financement de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre d'une convention CIFRE</span></em></p>Selon les dernières annonces du gouvernement, la France devrait désormais se lancer pleinement dans l’éolien offshore. Un tournant dans sa politique énergétique, jusqu’ici résolument terrestre.Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques, spécialiste des énergies marines et de la croissance bleue, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1109312019-03-31T19:11:02Z2019-03-31T19:11:02ZLes renouvelables vont-elles créer une nouvelle dépendance au béton ?<p>Éoliennes, batteries électriques ou panneaux photovoltaïques : la plupart des nouvelles technologies liées à l’énergie bas carbone nécessitent une quantité importante de ressources minérales, en particulier certaines « terres rares » ou encore des métaux dits technologiques (cadmium, cobalt, indium ou lithium, par exemple). Une demande trop importante à satisfaire pourrait limiter la diffusion à grande échelle des technologies « vertes ».</p>
<p>Mais d’autres matériaux de base, comme le cuivre, pourraient devenir tout aussi stratégiques dans le contexte de la transition énergétique. C’est également le cas du béton. Matériau structurel le plus utilisé aujourd’hui dans le monde, sa « criticité » est régulièrement évoquée.</p>
<p>En France, par exemple, certaines études montrent qu’il faudrait 30 millions de tonnes de béton pour implanter 20 000 nouvelles éoliennes (pour ajouter une puissance de <a href="https://fee.asso.fr/eolien-terrestre/">80GW</a>, au regard des 14GW déjà implantés). Ce chiffre n’a pas manqué de faire réagir des <a href="https://www.contrepoints.org/2018/08/06/321834-30-millions-de-tonnes-de-beton-pour-implanter-20-000-eoliennes">associations anti-éoliennes</a>.</p>
<p>En portant ces besoins en béton à l’échelle mondiale, les interrogations, voire des craintes, émergent. Mais qu’en est-il réellement ? Va-t-on manquer de béton dans les prochaines décennies ?</p>
<h2>10 milliards de tonnes produites chaque année</h2>
<p>Le béton est un mélange, dont les proportions varient, d’un liant hydraulique (traditionnellement le ciment), de granulats (dont le gravier ou le sable), d’eau, d’adjuvants et parfois de fibres. L’eau provoque une réaction chimique de prise avec le ciment qui, en durcissant à l’air, lie tous les composants en un ensemble homogène et résistant.</p>
<p>Durable et bon marché, le béton est aujourd’hui le matériau de construction le plus utilisé au monde. S’il est difficile d’en connaître le niveau de production, les estimations s’établissent autour de 10 milliards de tonnes chaque année (soit l’équivalent de plus d’une tonne par Terrien par an !).</p>
<p>Mais le béton reste un matériau « hostile » à la transition énergétique : sa production nécessite beaucoup d’énergie et contribue aux émissions de gaz à effet de serre (GES) dont l’accumulation dans l’atmosphère perturbe le climat. Ces émissions représentent ainsi 8 à 9 % des émissions d’origine humaine globales de GES. Et la fabrication du béton mobilise <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-017-0009-5">plus de 2,5 %</a> de la demande d’énergie primaire mondiale.</p>
<p>Plus précisément, c’est la production du clinker – composant essentiel du ciment résultant de la cuisson à très haute température d’un mélange composé principalement de calcaire et d’argile – qui s’avère majoritairement responsable de ces émissions, en raison de la combustion de combustibles fossiles, mais également de la chimie de la réaction qui libère du CO<sub>2</sub>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=182&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=182&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=182&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=229&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=229&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256672/original/file-20190131-110834-pl8h2d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=229&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma simplifié de production du béton.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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<h2>Vers un béton plus « propre » ?</h2>
<p><a href="https://www.iea.org/tcep/industry/cement/">Selon les estimations</a> de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), chaque tonne de ciment émet 540 kg de CO<sub>2</sub>. Ce nombre varie en fonction de la composition du ciment et de la région du monde où il est produit. Étant donné sa faible valeur commerciale et son poids important à transporter, le marché reste très régionalisé, avec peu d’échanges au <a href="https://resourcetrade.earth/data?year=2016&category=143&units=weight">niveau international</a>. Par conséquent, il est rare que soient délocalisées les externalités négatives (pollution locale et émissions de GES) qui lui sont associées.</p>
<p>Aujourd’hui, de nombreuses solutions existent pour réduire les émissions liées à la production du ciment. L’AIE prévoit ainsi une diminution de 24 % des émissions directes liées à l’<a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2018/april/cement-technology-roadmap-plots-path-to-cutting-co2-emissions-24-by-2050.html">industrie cimentière</a> grâce à la diminution de la part de clinker, à l’amélioration de l’efficacité énergétique des procédés, à l’utilisation de combustibles alternatifs ou encore à l’usage de technologies de capture et de stockage du CO<sub>2</sub> (<em>carbon capture and storage</em>).</p>
<p>Si certaines entreprises sont déjà bien engagées dans des objectifs de réduction de leur empreinte carbone, la mise en œuvre de ces mesures reste très incertaine à l’échelle mondiale. D’autant qu’avec la croissance de la population, l’AIE estime que la production de ciment pourrait <a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2018/april/cement-technology-roadmap-plots-path-to-cutting-co2-emissions-24-by-2050.html">augmenter de 23 %</a> d’ici 2050.</p>
<p>En parallèle de ces considérations climatiques émergent d’autres problématiques, comme la demande en eau dans certaines régions en <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-017-0009-5">stress hydrique</a> et la demande croissante en sable ; son prélèvement à proximité des côtes engendre l’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=O5tNEyxTgbY">érosion du littoral</a> et le retrait des plages, menaçant le tourisme, l’agriculture et les écosystèmes marins.</p>
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<h2>Des technologies plus ou moins gourmandes</h2>
<p>On le voit, la production du béton concentre les objectifs en matière de réduction des émissions de GES. Mais qu’en est-il du béton nécessaire à la transition énergétique, et plus précisément dans le secteur électrique ? Nous avons tenté de <a href="https://www.researchgate.net/publication/330425337_The_impact_of_Future_Generation_on_Cement_Demand_An_Assessment_based_on_Climate_Scenarios">quantifier cette demande</a> future.</p>
<p>À l’avenir, les besoins seront intimement liés aux technologies déployées, mais ils varient considérablement de l’une à l’autre : les barrages hydrauliques et les éoliennes sont très consommateurs de béton, les panneaux photovoltaïques beaucoup moins.</p>
<p>Les demandes en béton – donc en eau, en ciment et en granulat – seront, on le comprend, intrinsèquement liées aux futurs mix électriques développés par les États.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/266414/original/file-20190328-139377-skvsok.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Contenu béton des différentes technologies de production électrique.</span>
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<p>Pour estimer ce volume nécessaire à l’implantation du nouveau mix électrique mondial à l’horizon 2050, les scénarios prospectifs du secteur énergétique (comme ceux fournis par l’AIE) permettent de déterminer les volumes de matériaux nécessaires à leur réalisation. Le rapport <a href="https://www.iea.org/etp/">Energy Technology Perspective de 2017</a> décrit par exemple trois mix électriques mondiaux et régionaux pour les décennies à venir, en fonction de l’élévation globale des températures d’ici 2100 : +2,7 °C (scénario RTS) ; +2 °C (scénario 2DS) ; +1,75 °C (scénario B2DS).</p>
<p>Il faut également prendre en compte la durée de vie plus courte des installations renouvelables – 25 ans en moyenne pour l’éolien et le solaire contre 35 ans en moyenne pour les centrales thermiques traditionnelles, et leur démantèlement. On peut alors déduire la somme des capacités à installer d’ici à 2050 pour répondre au besoin des scénarios de l’AIE.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256670/original/file-20190131-109820-1ajs3p0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nouvelle puissance installée cumulée (GW) par scénario entre 2014 et 2050 : répartition par technologie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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<h2>Une part relativement faible dans la demande globale de béton</h2>
<p>En associant à chaque technologie un contenu matière (kg/MW) – et en multipliant celui-ci par les capacités nouvelles à installer sur la période 2014-2050 –, il devient alors possible d’estimer les quantités de matériaux nécessaires à la transition énergétique dans le secteur électrique.</p>
<p>La production de ciment étant le principal responsable de l’impact du béton sur le climat, il constitue la base des calculs suivants. Dans les hypothèses retenues, le ciment représente 15 % en moyenne de la <a href="http://www.ecocem.fr/beton/">masse du béton</a>.</p>
<p><a href="https://www.researchgate.net/publication/330425337_The_impact_of_Future_Generation_on_Cement_Demand_An_Assessment_based_on_Climate_Scenarios">Selon notre étude</a> –, les scénarios pour 2050 exigent une demande croissante de ciment. Au niveau global, la part du ciment consacrée à l’installation des nouvelles capacités entre 2014 et 2050 ne représente toutefois que 0,8 % de la demande cumulée de ciment d’ici à 2050 – soit environ un tiers de la production mondiale actuelle, la majorité du ciment étant utilisé dans le secteur de la construction.</p>
<p>Les émissions de CO<sub>2</sub> liées à la production de ciment pour le secteur électrique sont également négligeables au regard de la baisse des émissions attendues grâce au nouveau parc électrique mondial composé d’énergies renouvelables. Le ciment ne devrait donc pas limiter le déploiement des nouvelles capacités nécessaires aux trois scénarios proposés par l’AIE.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=202&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=202&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=202&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=254&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=254&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256669/original/file-20190131-110834-1k1mi4p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=254&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Demande cumulée de ciment d’ici 2050 et émissions de CO₂ associées.</span>
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<h2>Une demande en ciment inégalement répartie</h2>
<p>La Chine, premier producteur mondial, représente environ un quart de la demande globale de ciment, soit l’équivalent de tous les pays de l’OCDE confondus. Elle est suivie de l’Inde, deuxième pays possédant la croissance de la demande d’électricité la plus forte d’ici 2050.</p>
<p>Mais, pour traduire la dépendance d’un mix électrique à une ressource, il faut recourir à un autre indicateur : la demande par capacité installée (Mt ciment/GW installé), dite ici « intensité-ciment ». On peut également traduire cette information pour les émissions de CO<sub>2</sub> liées à la production du ciment (Mt CO<sub>2</sub>/GW installé).</p>
<p>La moyenne mondiale quasi constante est ici aussi biaisée par le poids de la Chine et il existe parfois de grandes disparités entre régions. Par exemple, l’intensité ciment du Brésil est trois fois plus importante que celle du Mexique. Au sein d’une même région, on observe également une différence de demande significative selon les scénarios. Le mix électrique russe consommerait 30 % de plus de ciment dans un scénario à 1,75 °C qu’à 2,7 °C.</p>
<p>Le ciment nécessaire à la transition énergétique est également à mettre en relation avec la production annuelle régionale : en Russie ou au Brésil, il pourrait en représenter plus de 85 %, contre 12 % en Chine. Dans les pays en développement marqués par une forte urbanisation, l’impact de la production de ciment liée à la transition dans le secteur de l’électricité demeure donc significatif.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256668/original/file-20190131-112314-sh40jr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
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<h2>Pas d’obstacle au développement des ENR</h2>
<p>Nos travaux démontrent donc plutôt une absence de criticité sur la ressource béton – et plus particulièrement ciment – à l’horizon 2050 dans le cadre de la transition du secteur électrique. En revanche, le contexte d’urbanisation croissante et de réduction des émissions de CO<sub>2</sub> implique des enjeux bien plus forts pour l’industrie du béton au niveau global, et invite à la réflexion sur la coordination des politiques urbaines et énergétiques.</p>
<p>Si les seules productions et consommations de béton nécessaires au développement des énergies renouvelables peuvent difficilement apparaître comme des aspects limitants dans le futur, d’autres aspects, comme la dégradation des paysages ou la consommation d’eau, pourraient être soulevés dans le déploiement des énergies renouvelables.</p>
<hr>
<p><em>Samuel Carcanague, chercheur à l’Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS) et Aymen Jabberi, étudiant à l’École centrale de Lyon, ont participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110931/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Hache est chercheur associé au laboratoire Economix de l’université Paris Nanterre et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Cet article a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche dans le cadre du projet GENERATE (Géopolitique des énergies renouvelables et analyse prospective de la transition énergétique).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Clément Bonnet a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gondia Sokhna Seck et Marine Simoën ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les infrastructures de la transition énergétique nécessitent une quantité conséquente de béton, très émetteur de CO₂.Emmanuel Hache, Économiste et prospectiviste, IFP Énergies nouvelles, Auteurs historiques The Conversation FranceClément Bonnet, Économiste, IFP Énergies nouvelles Gondia Sokhna Seck, Spécialiste modélisation et analyses des systèmes énergétiques, IFP Énergies nouvelles Marine Simoën, Ingénieure de recherche en économie, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1099612019-02-07T22:05:47Z2019-02-07T22:05:47ZLes énergies renouvelables, un secteur aux contours trop flous<p>La COP24 en Pologne a déçu et inquiété, apparaissant bien loin de la gravité des enjeux climatiques. Le mouvement des gilets jaunes illustre de son côté combien la fiscalité sur l’énergie est politiquement et socialement sensible.</p>
<p>La transition énergétique dans laquelle sont engagées nos sociétés est pourtant indispensable. Il s’agit de sortir des énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon) ou présentant de forts risques de catastrophes (nucléaire) pour aller vers des énergies renouvelables.</p>
<p>Mais qu’entend-on exactement par « énergies renouvelables » ? Le secteur englobe en effet des <a href="http://www.annales.org/gc/2018/gc134/2018-12-1.pdf">réalités très diverses</a>, aux effets parfois contradictoires.</p>
<h2>Une multiplicité de définitions</h2>
<p>Dès que l’on cherche à établir ce que recouvre exactement l’expression « énergies renouvelables », on bute sur une multiplicité de définitions.</p>
<p>Dans ses statuts, L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) les <a href="https://irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2018/May/IRENA_Corporate_sourcing_2018.pdf">définit par exemple</a> ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Toute forme d’énergie produite à partir de sources renouvelables et de manière durable. »</p>
</blockquote>
<p>Dans une telle définition, le bois constitue donc une énergie renouvelable. Encore faut-il qu’il soit exploité de manière durable, ce qui n’est pas forcément le cas. Plus problématique encore, le <a href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/47204/LETURCQ.pdf?sequence=1">bois peut constituer une énergie carbonée</a>, puisque l’exploitation de cette ressource s’accompagne nécessairement d’émissions de gaz à effet de serre, réduisant le pouvoir « capteur de CO<sub>2</sub » des arbres de la forêt ainsi exploitée. Cela va donc à l’encontre des objectifs fixés dans le cadre de la transition énergétique, en l’occurrence la réduction des émissions de carbone.</sub></p>
<p>De son côté, l’Observatoire des énergies renouvelables (<a href="http://www.energies-renouvelables.org/accueil-observ-er.asp">Observ’ER</a>) désigne comme « renouvelables » les énergies qui :</p>
<blockquote>
<p>« […] n’engendrent pas ou peu de déchets ou d’émissions polluantes, participent à la lutte contre l’effet de serre et les rejets de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, génèrent des emplois ».</p>
</blockquote>
<p>Le nucléaire émet peu de CO<sub>2</sub> et fournit un grand nombre d’emplois locaux : faut-il alors le placer dans la catégorie des énergies renouvelables ?</p>
<h2>Les impacts environnementaux</h2>
<p><a href="https://www.greenpeace.fr/energies-renouvelables-france/">Greenpeace</a> a introduit un nouvel aspect dans la définition de ces énergies : la dimension catastrophique (liée en partie à leur dimension locale). Celle-ci est incomparablement plus faible pour les renouvelables que pour les fossiles – on pense ici aux incendies de plates-formes pétrolières <em>offshore</em> par exemple – ou dans le nucléaire.</p>
<p>Nouveau cas problématique, celui de l’hydroélectricité ; car la construction de barrages modifie profondément – voire détruit – les écosystèmes locaux, pose des questions aux scientifiques quant à son <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-016-1039-3">impact sur la biodiversité</a>. Certains estiment donc que cette forme d’énergie, même si elle repose sur l’eau qui apparaît comme un facteur renouvelable, doit être <a href="https://www.fne.asso.fr/dossiers/barrages-hydrauliques-trop-d%E2%80%99obstacles-pour-la-vie-des-cours-d%E2%80%99eau">limitée dans la taille de ses exploitations</a>, voire être exclue de la liste.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"940125465859239936"}"></div></p>
<p>Un problème de nature similaire se pose avec la méthanisation, qui recouvre des aspects <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/fiche-technique-methanisation-201502.pdf">tant favorables que défavorables</a> pour l’environnement, puisqu’il s’agit d’une production d’énergie à partir de ressources renouvelables (les intrants étant composés de déchets organiques, agricoles ou issus de l’industrie alimentaire). Si elle permet la valorisation des déchets et la réduction des émissions, la méthanisation reste un procédé délicat, et l’installation ainsi que les aires de stockage des intrants et des digestats (c’est-à-dire ce qui reste une fois le processus achevé) doivent être éloignés des sources d’eau potable et des habitations.</p>
<p>D’un acteur à l’autre, la liste des énergies renouvelables pourra ainsi considérablement varier, à mesure qu’elle intégrera, ou non, l’hydroélectricité, le bois, la méthanisation et, surtout, le nucléaire. Et cela sans que l’on dispose de critères parfaitement clairs pour opérer ou non l’inclusion ou l’exclusion.</p>
<h2>Des acteurs et des technologies hétérogènes</h2>
<p>On peut donc douter de l’existence d’un secteur des renouvelables aux frontières bien définies.</p>
<p>Cette hétérogénéité en rejoint une autre, interne. Prenons, par exemple, le solaire qui se divise entre thermique (qui consiste à utiliser la chaleur du soleil pour réchauffer directement l’eau ou un gaz, ou pour produire indirectement de l’électricité par la condensation que l’échauffement du liquide ou du gaz provoque) et photovoltaïque (qui consiste à transformer les rayons du soleil en électricité grâce à des cellules composées d’un minerai spécial, majoritairement du silicium), et dont les technologies et les acteurs sont très différents. Il en va de même, à un degré moindre, des différences entre éolien terrestre et marin.</p>
<p>De plus, la taille des acteurs économiques impliqués dans ce secteur varie elle aussi fortement. On y trouve de grands groupes industriels internationaux (comme EDF-énergies nouvelles ou Vestas) et des PME (bureaux d’études, firmes de services, petits installateurs de panneaux solaires, etc.).</p>
<p>Les problèmes d’acceptabilité sociale créent une autre forme d’hétérogénéité entre énergies renouvelables. Ils se posent surtout pour l’hydraulique, pour des raisons de biodiversité́, et pour l’éolien (<em>onshore</em> comme <em>offshore</em>), notamment en raison de la protection des paysages et des effets possibles sur la faune, qu’elle soit aérienne ou marine.</p>
<h2>Un nouveau mix énergétique, mais lequel ?</h2>
<p>C’est dans ce contexte aux contours flous que les États doivent faire des choix en matière de transition énergétique.</p>
<p>La difficulté tient ici à ce que l’on connaît l’état de départ dont on veut se sortir – à savoir les énergies carbonées et à terme, probablement, le nucléaire – sans savoir vers quoi l’on se dirige exactement. Il s’agit d’élaborer un nouveau « mix énergétique » pour faire face aux défis du changement climatique. </p>
<p>En janvier 2019, le nucléaire représente ainsi plus de 70 % de la production d’électricité, l’hydraulique 12 %, le gaz (énergie fossile et importée) 10 %, contre environ 5 % pour l’éolien, le solaire, et les bioénergies, selon les chiffres publiés en direct <a href="https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique">par RTE</a>. Engagé dans une transition écologique, notamment avec la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031044385&categorieLien=id">(LTECV)</a> du 18 août 2015, le gouvernement français cherche à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation énergétique, et notamment la consommation d’énergies fossiles, et à lutter contre la précarité énergétique. </p>
<p>Concernant le mix énergétique, ces objectifs sont certes chiffrés : la part des énergies renouvelables doit atteindre 23 % en 2020 et 32 % en 2030, et celle du nucléaire, dont la position dans le mix et l’avenir sont toujours sujet à débat, à 50 % d’ici 2025. </p>
<p>Mais ce nouveau mix énergétique poserait plusieurs problèmes. D’une part, on ne sait pas comment ces besoins seront couverts, et notamment par quelles sources d’énergies renouvelables et dans quelle proportion. L’incertitude porte, d’autre part, sur les conséquences industrielles de cette transition. En effet, il n’existe plus de constructeur industriel français dans le secteur (les entreprises françaises font seulement de l’installation et de l’exploitation). Le soutien public en faveur d’une meilleure intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique s’opère donc au prix d’un déficit de la balance commerciale. </p>
<p>Enfin, le développement de l’autoconsommation en électricité fait émerger de nouveaux acteurs – les ménages, les quartiers, les collectivités locales, qui deviennent des producteurs-consommateurs.</p>
<p>Les États doivent donc composer avec de multiples composantes. La France présente de ce point de vue une originalité : s’est constitué depuis 1993 un <a href="http://www.enr.fr/">Syndicat des énergies renouvelables</a> (SER) sans qu’il soit possible de dire si ce syndicat « représente » le secteur ou si le secteur existe parce qu’un syndicat le constitue !</p>
<p>On retrouve au sein de cette structure la même diversité avec de multiples filières (bioénergies, énergie éolienne, solaire, du sous-sol, hydroélectricité, énergies marines renouvelables), chacune d’entre elles étant subdivisées en sous-secteurs. Certaines sont entrées dans le syndicat puis ont repris leur indépendance, comme l’éolien pour lequel il existe désormais une organisation syndicale indépendante, France Énergie Éolienne.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1057071286118158336"}"></div></p>
<h2>Une transition incertaine</h2>
<p>Le développement d’une filière industrielle ne s’est pour le moment pas vraiment réalisé. En effet, les objectifs environnementaux de réduction des émissions de CO<sub>2</sub> ont plaidé pour un développement des renouvelables tout en encourageant un maintien fort du nucléaire dans le mix énergétique hexagonal et la Chine s’est assurée un quasi-monopole sur les panneaux photovoltaïques. </p>
<p>Les politiques énergétiques locales se développent quant à elles à un rythme très modéré : en atteste le « cas d’école » de la ville de Loos-en-Gohelle, engagée dans un projet de ville durable depuis 2001. Cette évolution laborieuse des pratiques s’explique probablement par la lente évolution du cadre juridique, l’autoconsommation collective demeurant par exemple à ce jour très <a href="http://www.photovoltaique.info/L-autoconsommation-collective.html">encadrée</a> en France.</p>
<p>Organiser la transition énergétique suppose donc aujourd’hui de faire converger plusieurs logiques : la politique énergétique nationale, la défense de l’environnement et une politique industrielle territoriale associant l’État et les acteurs économiques. En pratique, cette convergence reste hautement problématique pour les énergies renouvelables en France.</p>
<p>La transition est un jeu collectif dont l’État est un élément important, mais sans doute pas le pilote au sens fort. Elle s’opérera plutôt sur la base d’une négociation entre les différents joueurs de cette transition définissant ensemble un cadre juridique novateur, créatif et réactif face aux évolutions en cours.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109961/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’orientation vers un mix énergétique plus « vert » est compliquée par la définition délicate des « énergies renouvelables ».Hervé Dumez, Professeur à l’École polytechnique, directeur du Centre de recherche en gestion (École polytechnique) et de l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, président de la Société Française de Management, École polytechniqueSandra Renou, Doctorante et chargée d'enseignement en sciences de gestion, École polytechniqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1075452018-12-18T21:25:31Z2018-12-18T21:25:31ZLes énergies renouvelables, vecteur du décollage économique et social de l’Afrique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/247067/original/file-20181123-149335-hz35yi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C155%2C5184%2C3290&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le potentiel d’énergie renouvelable du continent africain n’est utilisé qu’à 0,3 %. </span> <span class="attribution"><span class="source">Guinée Solidarité Provence</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Dans un contexte où, selon la Banque mondiale, la demande électrique africaine devrait atteindre en 2030 le double de la production actuelle, répondre à l’initiative <a href="https://www.afdb.org/fr/topics-and-sectors/initiatives-partnerships/sustainable-energy-for-all-se4all/">Énergie durable pour tous</a> (SE4ALL) nécessitera de nombreux investissements. Pour le seul accès à l’électricité, la Banque mondiale avait chiffré les besoins, en 2014, à environ 34 milliards de dollars par an au niveau mondial et à 20 milliards de dollars par an, soit <a href="https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/16537">près de 60 % du total, pour la seule Afrique subsaharienne</a>. Hors investissements chinois réalisés depuis 2010, la valeur totale de l’investissement dans le secteur électrique en Afrique subsaharienne entre 1990 et 2012, n’a jamais dépassé <a href="https://www.afd.fr/sites/afd/files/imported-files/21-papiers-recherche.pdf">600 millions de dollars par an</a>.</p>
<p>Le potentiel d’énergie renouvelable du continent est sous-exploité actuellement, <a href="https://afrique.latribune.fr/entreprises/la-tribune-afrique-de-l-energie-by-enedis/2018-07-27/les-chiffres-des-energies-renouvelables-sur-le-continent-africain-785949.html">notamment la géothermie et l’hydraulique</a> : les progrès technologiques rendent pourtant les solutions renouvelables de plus en plus intéressantes financièrement, compte tenu du manque d’infrastructures et de réseaux en place.</p>
<h2>L’off-grid solaire : un potentiel naturel et économique inédit</h2>
<p>D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), <a href="https://www.iea.org/access2017/">60 % de la nouvelle électrification d’ici à 2030</a> se réalisera via l’off-grid (mini-réseau électrique), bénéficiant de coûts de plus en plus faibles.</p>
<p>L’Afrique subsaharienne souffre, d’une part, d’un manque de couverture réseau et de la vétusté de celui-ci : en résultent des coûts d’entretien et d’élargissement élevés, en particulier dans les régions les plus reculées. La production électrique africaine demeure d’autre part <a href="https://www.enerdata.fr/">très carbonée (70 %)</a>, les EnR ne comptant que pour 27 % (dont 24 % d’hydraulique) et le nucléaire pour 3 %, avec une centrale installée en Afrique du Sud, qui est dépendante des importations de pétrole raffiné étranger.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/250020/original/file-20181211-76959-1rsvdv2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Mix électrique (production) en Afrique subsaharienne en 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Enerdata</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le continent africain <a href="https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/Brochure_New_Deal_2_red.pdf">possède néanmoins un potentiel sans égal</a> pour les EnR, notamment le solaire (10 TW) et l’hydraulique (350 GW, soit 10 % du potentiel mondial) qui, allié à des technologies off-grid, peut réduire rapidement et à faible coût le problème de l’accès à l’électricité en zone rurale.</p>
<p>Ces technologies sont constituées d’un petit système de production électrique – souvent solaire photovoltaïque, parfois hydraulique – couplé à un système de distribution de courte portée et des batteries de stockage. Les plus petits, les Solar Home Systems (SHS) alimentent entre un et cinq foyers, tandis que les plus gros peuvent alimenter jusqu’à un village d’un millier de foyers – <a href="https://www.pwc.fr/fr/assets/files/pdf/2017/07/solutions_off-grid.pdf">capacité de 5 kW à 1 MW selon le système</a>.</p>
<p>Leur mise en place nécessite un environnement naturel propice, une capacité d’investissement initiale et de paiement de la consommation. <a href="http://www.africa-solar-energy.com/lenergie-solaire-afrique/">L’ensoleillement important du territoire</a> couplé à une densité de population assez faible (43,8 habitants/km<sup>2</sup> en moyenne, contre 144 en Chine et 403 en Inde) facilite le déploiement de panneaux solaires.</p>
<p>De plus en plus d’entrepreneurs locaux s’associent à des entreprises étrangères – EDF au Sénégal et en Côte d’Ivoire par exemple – pour transférer les technologies, installer les dispositifs et former la population locale.</p>
<p>L’investissement de départ nécessaire à la construction d’un système a beaucoup diminué ces dernières années pour le photovoltaïque. Ainsi, d’après l’<a href="https://www.irena.org/publications/2016/Sep/Solar-PV-in-Africa-Costs-and-Markets">IRENA</a>, le solaire est l’énergie dont la production serait la moins chère dans la majorité des États africains.</p>
<p>L’éclairage d’un ménage coûterait entre 4 $ et 15 $ par mois avec un générateur diesel, contre 2 $ par mois avec du solaire PV, selon l’<a href="https://www.irena.org/publications/2013/Feb/LAfrique-et-les-nergies-renouvelables--la-voie-vers-la-croissance-durable">IRENA</a>. Toutefois, cette estimation ne prend pas en compte le surcoût engendré par l’acquisition d’un moyen de stockage – la batterie – pour le ménage, même si sa valeur devrait diminuer dans les années qui viennent.</p>
<p>L’investissement initial reste ainsi plus important pour un système solaire, mais la répartition des coûts sur la durée de vie le rend plus intéressant sur le long terme.</p>
<p>Le marché de la téléphonie mobile a explosé au cours des cinq dernières années, avec 420 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne <a href="https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download">(soit un taux de pénétration de 43 % en 2016)</a> et selon Deloitte, <a href="https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/presse/2018/des-foyers-africains-connectes-a-Internet-via-les-technologies-mobiles.html">660 millions d’Africains seront équipés d’un smartphone en 2020</a>, soit un quasi-doublement. Cette dynamique devrait permettre de résoudre en partie le problème du financement. Le principe du « pay as you go consiste » pour le consommateur à réaliser un premier paiement à l’installation du dispositif, dans la mesure de ses moyens, puis d’acheter l’électricité dont il a besoin au fur et à mesure de l’utilisation du dispositif.</p>
<p>Un autre modèle, promu par le leader mondial du off-grid solaire, l’entreprise kényane <a href="http://www.m-kopa.com/">M-Kopa</a>, consiste à installer ces systèmes chez les particuliers puis de leur proposer un paiement régulier, adapté à leurs moyens, jusqu’à ce qu’ils deviennent propriétaires du système. Si l’acheteur manque une échéance, le fournisseur peut couper l’alimentation du foyer à distance. M-Kopa a distribué des milliers de systèmes dans toute l’Afrique de l’Est et se prévaut d’électrifier environ 500 nouveaux foyers chaque jour.</p>
<h2>Un potentiel renouvelable considérable</h2>
<p>Outre l’ensoleillement, le territoire possède un immense potentiel pour plusieurs types d’EnR. L’hydraulique, par exemple, s’avère prometteur, grâce notamment aux fleuves Nil, Zambèze ou Congo. Ses capacités ne sont pourtant utilisées <a href="https://www.irena.org/publications/2015/Oct/Africa-2030-Roadmap-for-a-Renewable-Energy-Future">qu’à 8 %</a>, malgré sa part déjà importante dans le mix électrique. Vient ensuite la biomasse, grâce à la forêt primaire d’Afrique centrale et à la bagasse, résidu fibreux issu des plantations de canne à sucre au sud. Puis la géothermie dans la vallée du Rift et l’éolien sur les côtes et les îles.</p>
<p>Depuis les années 1990, investisseurs internationaux et gouvernements profitent de ce potentiel et développent des centrales utilisant ces ressources renouvelables. La Chine a déjà installé 5 GW de production hydraulique sur le territoire africain, ses ingénieurs devenant des experts mondiaux dans le domaine. Les Independent power projects, initiés par les acteurs privés et les projets cofinancés par les gouvernements et organismes d’aide au développement se multiplient.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=620&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=620&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=620&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=780&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=780&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/250024/original/file-20181211-76965-14se24v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=780&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Potentiel renouvelable en Afrique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Irene d’après l’Atlas mondial 2013.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le Kenya a ainsi inauguré en 2014 de nouvelles unités de production de géothermie, Olkarya IV d’une capacité de 140 MW. Avec une capacité totale installée de près de <a href="https://www.usaid.gov/sites/default/files/documents/1860/Kenya_Power_Sector_report.pdf">593 MW en 2015</a>, le champ d’Olkaria est ainsi la plus grande usine de géothermie d’Afrique. Le Sénégal par exemple compte depuis début 2018 quatre centrales solaires pour une capacité totale de 102 MW.</p>
<p>La Banque africaine de développement <a href="https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/Perspectives_economiques_en_Afrique_2017.pdf">encourage</a> par ailleurs le déploiement des infrastructures hydrauliques, le secteur ayant de fortes externalités positives en matière de développement économique et de création d’emplois.</p>
<p>Les infrastructures hydrauliques se distinguent des autres investissements dans les énergies renouvelables par la possibilité de réaliser des interconnexions transfrontalières et ainsi de créer des externalités positives fortes en matière de développement et de coopération régionale.</p>
<p>Outre les impacts environnementaux et sociaux créés par ces grands projets, ces derniers permettent d’améliorer la sécurité énergétique d’un ensemble régional. La République démocratique du Congo avec le barrage Inga (<a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/817971468245430631/text/774200REPLACEM0140Box382121B00OUO90.txt">dont le potentiel est estimé à environ 100 GW selon la Banque Mondiale</a>) ou les pays dans la vallée du Rift au potentiel géothermique important (<a href="https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Events/2018/Jan/Geothermal-financing/S1-p1-IRENA-IGA-Presentation-31-01-2018.pdf?la=en&hash=52618994FFFF6833CFF3B51C6199982BC042741C">plus de 20 GW selon l’IRENA</a>) souhaitent, par exemple, distribuer leur électricité au-delà de leurs frontières.</p>
<p>La Banque mondiale a estimé que la création d’un marché d’échanges d’énergie entre les pays d’Afrique de l’Ouest permettrait d’économiser <a href="https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2018/04/20/regional-power-trade-west-africa-offers-promise-affordable-reliable-electricity">5 à 8 milliards</a> de dollars par an, et garantirait l’accès à une énergie plus abordable, plus fiable et plus propre pour tous. La région a d’ailleurs créé un marché régulé de l’électricité en juin 2018, une initiative qui pourrait s’étendre à l’ensemble du sous-continent. Un tel développement nécessite toutefois des investissements importants, un cadre légal propice et une main-d’œuvre compétente sur le terrain.</p>
<hr>
<p><em>Rebecca Martin, étudiante à l’École Centrale de Lyon, a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107545/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Hache est chercheur associé au laboratoire Economix de l’université Paris Nanterre et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gondia Sokhna Seck ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les énergies renouvelables jouissent d’un potentiel immense en Afrique, encore largement sous-exploité.Emmanuel Hache, Économiste et prospectiviste, IFP Énergies nouvelles, Auteurs historiques The Conversation FranceGondia Sokhna Seck, Spécialiste modélisation et analyses des systèmes énergétiques, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1037282018-10-21T19:33:40Z2018-10-21T19:33:40ZProjets citoyens dans les renouvelables, où en est la France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/237935/original/file-20180925-149973-1crnb0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Inauguration du parc éolien de Béganne en Bretagne en 2014. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.eolien-citoyen.fr/accueil-begawatts.html">Éolien citoyen</a></span></figcaption></figure><p>Comme nombre d’autres pays, la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, dont l’accumulation dans l’atmosphère perturbe l’équilibre climatique. Cet effort passe notamment par le développement des énergies renouvelables (éolien, biomasse, solaire, géothermie, hydraulique, marines) pour diminuer le recours aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).</p>
<p>Si les grands axes de cette transition se décident au niveau gouvernemental – on pense aux objectifs fixés en 2015 par la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-transition-energetique-croissance-verte">loi de transition énergétique</a> –, son succès nécessite une forte implication des collectivités et des citoyens.</p>
<h2>Près de 300 projets citoyens recensés</h2>
<p>La participation aux projets de déploiement des renouvelables peut prendre différentes formes. Le terme de « projets participatifs » englobe cette diversité, désignant tout projet pour lequel des particuliers ont pu s’investir dans le financement, le montage et/ou la gouvernance. Ces initiatives peuvent avoir été impulsées par des citoyens, des collectivités et/ou des professionnels du secteur portant des projets.</p>
<p>Au sein de ces projets participatifs, ceux dits « citoyens » impliquent directement la population et/ou les collectivités au capital. Ces derniers deviennent alors des actionnaires du projet, ce qui leur permet de maîtriser les décisions stratégiques sur le long terme afin d’orienter le projet vers l’intérêt du territoire.</p>
<p>Selon la <a href="https://energie-partagee.org/energie-citoyenne/la-charte-energie-partagee/">Charte des acteurs de l’énergie citoyenne</a>, un projet se définit comme « citoyen » si, en plus de la participation locale majoritaire des collectivités et/ou habitants au capital, l’initiative remplit des conditions de finalité non spéculative, de gouvernance démocratique, et bien sûr de respect de l’environnement.</p>
<p>Plus courants dans d’autres pays, <a href="https://theconversation.com/energies-renouvelables-les-cooperatives-citoyennes-gagnent-du-terrain-88725">comme en Allemagne ou au Danemark</a>, les projets portés par des collectivités et collectifs citoyens commencent à se multiplier en France.</p>
<p>Entre 2014 et 2017, le nombre de projets citoyens a par exemple triplé dans 7 régions (Bretagne, Occitanie, Pays-de-la-Loire, Centre-Val-de-Loire, Auvergne-Rhône-Alpes,PACA, Nouvelle-Aquitaine), passant de <a href="https://enrcit.fr/qu-est-ce-qu-un-projet-citoyen/">62 à 192</a>, selon un sondage (non publié) réalisé par l’Ademe en mai 2017 auprès des structures d’animation régionales concernées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=294&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=294&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=294&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/237896/original/file-20180925-149970-zmt3kx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Recensement des projets citoyens conduits en Bretagne, Occitanie, Pays de la Loire, Centre Val de Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, PACA et Nouvelle Aquitaine, entre 2014 et 2017.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ademe</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le dernier recensement effectué par l’association Énergie partagée – qui rassemble au niveau national la plupart des acteurs de l’énergie citoyenne – indique ainsi <a href="http://www.wiki.energie-partagee.org/wakka.php?wiki=ProjetS2">près de 300 projets citoyens</a> répartis sur tout le territoire hexagonal (297 exactement, dont 102 en exploitation, 105 en développement et 90 en émergence).</p>
<p>Toujours selon les données d’Énergie partagée, on compte pour ces projets 122 MW de puissance électrique installée en production et 243 MW en développement ; 165 GWh/an sont produits et injectés dans le réseau par des installations citoyennes, ce qui représente un peu moins de 0,2 % de la production annuelle d’électricité renouvelable en France <a href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab/2018/datalab-35-cc-des-energies-renouvelables-edition-2018-mai2018.pdf#page=8">pour l’année 2016</a> ; 170 millions d’euros ont été engagés dans les énergies renouvelables grâce aux citoyens. On compte 10 770 « actionnaires citoyens » recensés en France.</p>
<h2>À la recherche de l’ancrage social</h2>
<p>Par comparaison aux projets « classiques », les bénéfices d’un projet citoyen constituent une ressource nouvelle directement captée par le territoire, en plus des taxes obligatoires reversées à la collectivité.</p>
<p>La rentabilité de l’investissement <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/quelle-integration-territoriale-enr-participatives-2016-rapport.pdf#page=42">n’est pas la principale motivation</a> des citoyens qui s’engagent. Même si la dimension économique des projets ne peut être niée – les projets doivent être viables pour pouvoir être reproduits ailleurs –, l’objectif n’est pas de générer une manne financière pour les investisseurs, mais de créer de la richesse pour le territoire.</p>
<p>De plus, les bénéfices peuvent être réorientés pour mener des actions locales, comme des <a href="https://www.eolien-citoyen.fr/activites-de-lassociation/les-projets-enr-citoyens.html">actions de sensibilisation</a> par exemple. Le portage collectif de ces actions, avec des personnes qui en sont acteurs et non simples participants, rend plus facile l’engagement sur la voie des économies d’énergie.</p>
<h2>De nouveaux outils</h2>
<p>Des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables citoyennes – que ce soit en matière d’accompagnement méthodologique ou financier – ont vu le jour aux niveaux national et territorial depuis une dizaine d’années.</p>
<p>En 2015, on recensait ainsi 49 structures d’animation, fonds, programmes d’appels à projets, sociétés publiques locales contribuant d’une manière ou d’une autre au déploiement de ces initiatives. L’Ademe accompagne cette dynamique depuis 2007, généralement en collaboration avec des conseils régionaux. Dans ce cadre, des guides pratiques à l’attention <a href="https://presse.ademe.fr/2017/01/guide-projets-participatifs-et-citoyens-denergies-renouvelables.html">des collectivités</a> et <a href="https://energie-partagee.org/guide-projets-d-energie-renouvelable-et-citoyenne-sorienter-pour-bien-demarrer/">des collectifs</a> souhaitant se lancer ont été publiés.</p>
<p>Depuis 2016, l’État a instauré dans les procédures d’appel d’offres pour les énergies renouvelables électriques, un bonus lié à la participation des citoyens au financement, en distinguant plus récemment un <a href="https://www.cre.fr/">bonus pour l’investissement participatif</a>, c’est-à-dire pour les projets « citoyens ». La région Occitanie a été pionnière dans le domaine avec la mise en place depuis quatre ans d’un <a href="https://www.laregion.fr/Appel-a-projets-Energies-Cooperatives-et-Citoyennes-2018">appel à projets dédié</a>.</p>
<p>L’association Énergie partagée a également développé dans le cadre d’une convention avec l’Ademe un <a href="https://energie-partagee.org">centre de ressource national</a> qui contient, par exemple, un ensemble de <a href="https://energie-partagee.org/outils/formations/">webinaires et de formations</a> ouvert à tous. Dans les territoires, des structures d’animation régionales orientent les collectifs à structurer leur projet et assurent une mise en relation entre les acteurs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=271&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=271&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=271&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240480/original/file-20181013-109213-10ok3hc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=341&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les différentes phases des projets.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://energie-partagee.org/guide-projets-d-energie-renouvelable-et-citoyenne-sorienter-pour-bien-demarrer/">Énergie partagée</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Début 2018, un nouvel outil – <a href="http://enrcit.fr/">EnRCiT</a> – est venu compléter cette offre pour soutenir les projets citoyens lors de la phase de développement, la plus risquée. Il s’agit en effet de la phase où des investissements relativement importants sont réalisés pour conduire des études détaillées, avec un risque de ne pas obtenir les autorisations indispensables à la réalisation concrète du projet. La mise en œuvre de cet outil fait suite à une étude de préfiguration (non publiée) qui a été menée conjointement par l’Ademe et la Caisse des Dépôts et consignations.</p>
<p>EnRciT, en tant que société d’investissement (SAS), co-investit aux côtés des citoyens, des collectivités et des autres actionnaires. L’objectif est d’apporter les moyens financiers adéquats lors de la phase de développement, afin de mener les études technico-économiques et règlementaires des projets en vue d’obtenir les autorisations requises avant la construction.</p>
<p>Doté de 10 millions d’euros par la Caisse des Dépôts, l’Ircantec et le Crédit coopératif, cet outil doit permettre de financer environ 150 projets sur 10 ans.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103728/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lilian Carpenè ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Près de 300 projets citoyens sont conduits en France dans le domaine des énergies renouvelables. Une cinquantaine de structures soutiennent cette dynamique dans les territoires.Lilian Carpenè, Ingénieur économiste, service « réseaux et énergies renouvelables », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/982122018-09-03T20:52:06Z2018-09-03T20:52:06Z50 % de nucléaire sans coupures d’électricité, c’est possible ?<p>Après le départ de Nicolas Hulot du gouvernement Macron, nombre d’articles sont <a href="https://theconversation.com/nicolas-hulot-face-au-mur-des-lobbies-102300">revenus sur le bilan</a> du ministre démissionnaire. Parmi les dossiers difficiles qu’il aura eus à aborder, figure la question de la baisse du nucléaire à atteindre à l’horizon 2025-2035. Cet objectif figure dans la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-transition-energetique-croissance-verte">loi de transition énergétique</a> votée en 2015. Mais fin 2017, Nicolas Hulot admettait qu’il serait « difficile » d’atteindre un tel objectif pour 2025.</p>
<p>La prise en compte de cette difficulté intervenait après la publication par RTE, le service public qui gère le réseau de transport d’électricité en France, de <a href="http://www.rte-france.com/fr/actualite/bilan-previsionnel-cinq-scenarios-possibles-de-transition-energetique">plusieurs scénarios</a> imaginant cette transition énergétique dans l’Hexagone ; l’un des principaux objectifs étant donc de faire baisser la part du nucléaire à 50 % d’ici 2035 (elle est aujourd’hui de 75 % environ) dans le mix électrique français – en fermant des centrales nucléaires et en développant les énergies renouvelables.</p>
<p>Pourquoi cet objectif de 50 % ? On ne peut pas ici invoquer l’Accord de Paris sur le climat puisque la production d’électricité nucléaire émet très peu de gaz à effet de serre. Inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015, cet objectif était l’un des soixante <a href="http://discours.vie-publique.fr/notices/123000628.html">engagements du candidat Hollande</a> à la présidentielle de 2012. Après la catastrophe de Fukushima, qui a frappé le Japon en 2011, la dépendance de la France vis-à-vis du nucléaire et les questions de sûreté (des centrales vieillissantes au stockage des déchets) liées à cette exploitation s’étaient posées avec une acuité renouvelée.</p>
<p>À l’heure où la relance de la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/08/30/nucleaire-un-rapport-preconise-la-construction-de-six-epr_5348004_3244.html">construction des centrales nucléaires</a> revient dans l’actualité, il est intéressant de reprendre ces différentes hypothèses proposées par RTE.</p>
<h2>Quatre scénarios pour 2035</h2>
<p>Baptisés Ampère, Hertz, Volt et Watt, ces scénarios concernent donc l’année 2035 (un autre, appelé Ohm, s’intéressait spécifiquement à l’année 2025). Ces quatre hypothèses prévoient essentiellement de remplacer une partie du parc nucléaire par des éoliennes et des panneaux solaires. Deux des quatre scénarios prévoient une stabilité de la consommation d’électricité française, deux autres une baisse de 9 % environ. Certains se permettent une hausse de la production d’électricité d’origine fossile émettrice de CO<sub>2</sub>, d’autres envisagent une baisse.</p>
<p>L’électricité se stockant difficilement, on doit adapter en permanence la production à la consommation grâce à des moyens pilotables : la puissance des centrales nucléaires, fossiles et hydrauliques est ainsi ajustée de façon continue selon les besoins des utilisateurs.</p>
<p>Remplacer ces sources d’énergie par des moyens dont la production dépend du vent et du soleil constitue un réel challenge et nécessite de les multiplier. RTE considère en effet pouvoir compter la plupart du temps sur 10 % de la puissance éolienne installée. Il faut donc installer 10 éoliennes pour espérer avoir en permanence au moins la puissance d’une seule.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"992390306510327810"}"></div></p>
<h2>Tripler le rythme d’installation des éoliennes</h2>
<p>Ampère est le plus commenté des scénarios, notamment parce qu’il aboutit à une baisse des émissions de CO<sub>2</sub> sans baisse de la consommation électrique des ménages français ; il prévoit une production d’électricité à 46 % nucléaire, 50 % renouvelable et 4 % fossile.</p>
<p>Dans cette hypothèse, la production d’électricité augmenterait de 20 % malgré une stagnation de la consommation. Car l’objectif vise 50 % de la production d’origine nucléaire, et non 50 % de la consommation. En augmentant les exportations, la production nucléaire représenterait encore 61 % de la consommation française mais moins de 50 % de la production</p>
<p>Certains voient dans ce dispositif l’influence du lobby nucléaire qui aurait trouvé là un moyen de fermer le moins possible de réacteurs. Mais l’irrégularité de la production éolienne et solaire nécessitant de multiplier les moyens de production pour en avoir toujours un minimum quand il y a peu de vent/soleil, il y aurait aussi des moments où cette production serait trop importante et devrait donc être exportée. L’augmentation de 213 TWh de la production renouvelable ne permettrait ainsi qu’une baisse de 90 TWh de la production nucléaire.</p>
<p>La puissance totale installée, qui désigne le nombre de dispositifs de production d’électricité, augmenterait de 62 % (passant de 129 GW à 209 GW) ! Il faudrait donc augmenter considérablement les moyens de production pour une même consommation. Les éoliennes et panneaux solaires ajoutés viendraient essentiellement rejoindre, et non remplacer, les autres moyens de production. Il faudrait ainsi tripler le rythme d’installation des éoliennes et doubler celui du photovoltaïque. RTE souligne qu’il s’agit là d’une « trajectoire ambitieuse », nécessitant « un changement de dimension par rapport à l’état actuel ».</p>
<p>La consommation d’électricité annuelle stagnerait malgré la croissance de la population, une croissance économique de 2 % par an et plus de 15 millions de véhicules électriques à recharger. Le principal argument invoqué est l’amélioration de l’efficacité énergétique, c’est-à-dire l’usage de technologies moins consommatrices. Pourtant la consommation française stagne depuis 2008 mais ne baisse pas, alors que la croissance économique a été bien inférieure à 2 % et que le véhicule électrique s’est très peu développé. Il est d’ailleurs souhaitable, pour diminuer les émissions de CO<sub>2</sub> et autres polluants, de remplacer des consommations d’énergie sous forme de pétrole et de gaz par des consommations d’électricité.</p>
<p>RTE considère également dans ce scénario 700 000 rénovations de logements par an qui seraient mieux isolés. En 2012, l’État français avait fixé l’objectif de rénover 500 000 logements chaque année, cet objectif a été repris en 2015 et récemment en novembre 2017. Mais il n’a jamais été atteint : on rénove moins de 400 000 logements chaque année, et à un niveau généralement bien insuffisant.</p>
<p>La pointe de consommation, c’est-à-dire la consommation maximale à un moment donné lorsque de nombreux appareils électriques fonctionnent, devrait diminuer car la production éolienne et solaire ne serait pas forcément présente au bon moment. RTE donne l’exemple d’un jour d’hiver peu venté où la puissance consommée par la France s’élèverait à 84GW : il serait alors nécessaire d’importer 9 GW d’électricité produite à l’étranger. On suppose donc que nos voisins seraient en mesure d’exporter… or il y a de fortes chances que la production éolienne et solaire soit également faible chez eux.</p>
<h2>Des risques de défaillances</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=869&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=869&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=869&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1092&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1092&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/234518/original/file-20180901-195319-6fzn1m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1092&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le scénario Ampère.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://bpnumerique.rte-france.com/">RTE</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Dans le scénario Ampère, RTE souligne que les épisodes de températures très faibles, entraînant une pointe de consommation, s’accompagnent souvent d’une production éolienne réduite. Malgré cela, RTE précise que « l’équilibre offre-demande durant les situations de consommation forte repose nécessairement sur une contribution de l’éolien », que la probabilité de défaillance peut atteindre 30 % pour des puissances appelées supérieures à 94 GW et de 60 % pour une consommation supérieure à 101 GW. Or la pointe de l’année 2017 a été de 94 GW et la pointe historique française à 102 GW ne date que de 2012.</p>
<p>RTE confirme d’ailleurs qu’il y aura des coupures d’électricité et que « le système électrique français n’est plus en situation de « passer » une <a href="https://www.rte-france.com/sites/default/files/rex_vague_froid-2012.pdf">vague de froid comme celle de février 2012</a> sans appel aux leviers exceptionnels voire au délestage. » On peut également lire qu’« en 2035, sur les 1000 cas simulés, 44 % présentent au moins une heure de défaillance et 5 % contiennent plus de 10h de défaillance ».</p>
<h2>La question des émissions de CO<sub>2</sub></h2>
<p>Le scénario Volt est celui qui utilise le moins le gaz, et permet donc de diminuer davantage les émissions de CO<sub>2</sub>. Mais il suppose une consommation d’électricité annuelle en baisse de 9 % et, surtout, il maintient la part du nucléaire dans la production à un niveau plus élevé de 56 %. On le comprend, le risque de défaillance du réseau électrique est ici plus faible.</p>
<p>Le scénario Hertz prévoit moins de production nucléaire, mais davantage de production s’appuyant sur le gaz, d’où des émissions de CO<sub>2</sub> proches du niveau actuel et un risque de défaillance plus élevé.</p>
<p>Le scénario Watt aboutit à seulement 11 % de nucléaire, supposant une baisse importante de la consommation (-15 %) et un doublement de la production fossile, donc une nette hausse des émissions de CO<sub>2</sub> (+45 %). Il nécessite les effacements de consommation les plus importants (on rémunère de gros consommateurs industriels pour qu’ils décalent leur consommation), ce qui n’empêche pas un risque de défaillance très élevé – de 85 % – lors de pics de consommation à seulement 89 GW.</p>
<p>En résumé, pour remplacer une partie des centrales nucléaires ou fossiles par des moyens éoliens et solaires, il faudrait accepter davantage d’effacements de consommation et parfois des coupures, augmenter considérablement la puissance totale installée et les lignes de transport, réduire la consommation annuelle et les pointes, et que nos voisins puissent nous acheter de l’électricité lorsque nous en produisons trop et nous en vendre lorsque nous en manquons. En comparant les scénarios, on constate que plus on diminue la part du nucléaire, plus on émet de CO<sub>2</sub> et plus le risque de coupure est élevé.</p>
<hr>
<p><em>Bertrand Cassoret a fait paraître, en mars 2018, <a href="https://www.deboecksuperieur.com/auteur/bertrand-cassoret">« Transition énergétique, ces vérités qui dérangent »</a> aux éditions Deboeck.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/98212/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bertrand Cassoret a reçu des financements publics (France, Europe) et privés dans le cadre de certains travaux de recherche portant sur l’efficacité énergétique et la réduction du bruit des machines électriques.</span></em></p>Réduire la dépendance de la France vis-à-vis du nucléaire et des énergies fossiles réclame une réorganisation profonde et pas seulement le déploiement d’installations solaires et éoliennes.Bertrand Cassoret, Maître de conférences en génie électrique, Université d'ArtoisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/992542018-07-10T20:58:20Z2018-07-10T20:58:20ZLe barrage de Volgograd va-t-il priver les Russes de caviar ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/226258/original/file-20180705-122256-4ieuv2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3408%2C2325&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/reset-water-hydroelectric-power-station-on-323073725?src=VHE_2UTJqzr69lo-0hvGjw-4-22"> Aleksandr Kurganov/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>À Volgograd, en Russie, l’énergie qui alimente les projecteurs du stade de la Coupe du monde vient de la station hydroélectrique. Plus grande centrale du genre en Europe, elle comprend un immense barrage responsable de la situation dramatique dans laquelle se trouve l’esturgeon, ce poisson dont les œufs servent à élaborer le caviar noir, une spécialité culinaire russe mondialement connue.</p>
<p>Long de 725 mètres, haut de 44 mètres, le barrage de Volgograd ressemble à un géant de béton situé à environ 20 km du centre-ville ; il intervient sur le fleuve le plus long et le plus puissant d’Europe, la Volga.</p>
<p>Sa construction démarre dans les années 1950, dans le cadre d’initiatives d’industrialisation d’après-guerre appelées « grands projets de construction du communisme ». À l’époque, Volgograd s’appelle Stalingrad, théâtre de l’une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale. Achevé en 1961, le barrage produit par an 12 milliards de kilowatts-heures.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223358/original/file-20180615-85834-1bx7gf4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La Volga coule à 3 500 km au nord de la mer Caspienne. Un de ses affluents atteint même Moscou.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Volga_River#/media/File:Volgarivermap.png">kmusser/wiki</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Station révolutionnaire par sa taille et sa capacité, elle fut même quelques années durant la plus grande centrale électrique <a href="http://www.volges.rushydro.ru/hpp/hpp-history/">au monde</a>. Mais malgré les avantages d’une énergie hydroélectrique « propre », la station de Volgograd nuit gravement aux esturgeons qui tentent de migrer depuis la mer Caspienne pour se reproduire en amont de la Volga.</p>
<h2>Fierté russe</h2>
<p>L’esturgeon, surnommé affectueusement <a href="https://www.reuters.com/article/us-russia-sturgeon/caviar-poaching-kills-russias-noble-tsar-fish-idUSTRE6581SF20100609">« poisson tsar »</a>, est sans doute le groupe d’espèces le <a href="https://www.iucn.org/content/sturgeon-more-critically-endangered-any-other-group-species">plus menacé</a> de la planète. On en dénombre 27 espèces, dont quatre évoluent dans la Volga : l’esturgeon russe, le sterlet, l’étoilé et le béluga, réputé pour produire le meilleur caviar au monde.</p>
<p>Ces poissons sont souvent décrits comme des « fossiles vivants ». Apparus à la même période que les dinosaures, il y a 150 millions d’années, chaque poisson peut vivre plus d’un siècle ! Au fil du temps, l’esturgeon a acquis une signification culturelle et historique en Russie et constitue aujourd’hui une source de <a href="https://www.independent.co.uk/news/world/europe/sturgeon-on-the-edge-of-extinction-1999213.html">fierté nationale</a>.</p>
<p>Mais les changements socio-économiques du pays ont été désastreux pour ces poissons. Leurs rivières ont été polluées, fragmentées et endiguées. Ajoutés à cela la surpêche et le braconnage du caviar, le nombre d’esturgeons de la Volga a irrémédiablement plongé, <a href="https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=131069052">diminuant de 90 % depuis les années 1970</a>.</p>
<p>Les esturgeons ayant un cycle de reproduction lent, ces populations de poissons ne peuvent se renouveler rapidement. Les femelles ne portent en effet pas d’œufs chaque année et elles mettent plusieurs années à atteindre leur <a href="http://animaldiversity.org/accounts/Huso_huso/">maturité sexuelle</a> ; sur les 250 000 à 400 000 œufs qu’elles libèrent en même temps, seuls deux ou trois poissons <a href="https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=131069052">survivent</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223360/original/file-20180615-85830-18t2wct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les bélugas sont classés comme « en danger critique d’extinction ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>Barrage et déclin</h2>
<p>La centrale hydroélectrique de Volgograd constitue la dernière des huit centrales hydroélectriques de la série de barrages de la Volga-Kama. Elle est donc la première barrière aux esturgeons qui migrent en amont de la mer Caspienne. En théorie, si l’on s’en réfère à la conception originale de la structure, l’esturgeon est capable de passer le barrage grâce à une <a href="https://books.google.co.uk/books?id=gjj7vDnIhl0C&pg=PA15&lpg=PA15&dq=fish+elevator+volgograd+dam&source=bl&ots=L_NRY7QG5q&sig=PrFW12B4C1LLxH24kACttDlR6DU&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwiBwanI0svbAhWqLsAKHblCBogQ6AEIVTAJ#v=onepage&q=fish%20elevator%20volgograd%20dam&f=false">nacelle hydraulique</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, il reste cependant difficile de savoir si ce dispositif est toujours opérationnel ; et si tel est le cas, ses bénéfices sont compromis par les autres barrages construits en amont. Quand bien même le poisson parviendrait à traverser, le retour s’avérerait fatal, car cela nécessite de passer au travers de turbines aussi imposantes que celles d’un <a href="https://www.hakaimagazine.com/news/underestimating-turbines-death-toll/">747</a>.</p>
<p>La centrale de Volgograd bloque non seulement la migration de l’esturgeon, mais modifie également le débit naturel et la température du fleuve. Or les esturgeons sont très sensibles : ils dépendent de signaux tels que la vitesse d’écoulement et la température de l’eau pour établir la période et le lieu de leur reproduction.</p>
<p>Le barrage aurait ainsi directement réduit les frayères (les lieux de reproduction) de l’esturgeon, passant de <a href="https://books.google.co.uk/books?id=58L0CAAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=3600&f=false">3600 à seulement 430 hectares</a>. En ce qui concerne l’esturgeon béluga, 90 % de ses frayères naturelles ont <a href="http://www.oceanconservationscience.org/publications/files/documents/SturgeonEnglish.pdf">disparu</a> à la suite de la construction du barrage.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223359/original/file-20180615-85849-1iaa6zy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le caviar est produit à partir des œufs de l’esturgeon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>Commerce illégal florissant</h2>
<p>C’est indéniable : la station de Volgograd a joué un rôle clé dans le déclin de l’industrie du caviar russe. En raison de la baisse rapide des populations d’esturgeons sauvages, la Russie a en effet interdit la pêche commerciale de l’esturgeon et le caviar noir en 2002. Aujourd’hui, le pays ne vend plus annuellement que <a href="https://www.independent.co.uk/news/world/europe/sturgeon-on-the-edge-of-extinction-1999213.html">9 tonnes</a> de cette spécialité sur son marché intérieur.</p>
<p>Les fermes ne pouvant produire assez de caviar pour répondre à la demande russe – et encore moins mondiale – un commerce illégal s’est développé : <a href="https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=131069052">250 tonnes de caviar illégal</a> seraient produits chaque année.</p>
<p>Il n’est donc pas surprenant que presque tous les migrateurs soient pêchés <a href="http://ec.europa.eu/environment/cites/pdf/reports/caspian_sea_sturgeon.pdf">sous le barrage de Volgograd</a>. Le braconnage illégal de l’esturgeon et le commerce du caviar en découlant sont devenus <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs12117-016-9264-5">monnaie courante</a>, atteignant <a href="http://www.iucnredlist.org/news/sturgeons-highly-threatened">10 000 dollars le kilo</a> pour le caviar de beluga. Les impacts écologiques sont dramatiques : lorsque les esturgeons sont enlevés à cet endroit de la rivière, les poissons n’ont pas eu l’opportunité de se reproduire.</p>
<h2>Sauvez l’esturgeon</h2>
<p>La situation semble assez désespérée. Malgré les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/19934270.2007.9756489">50 millions d’esturgeons d’élevage</a> relâchés par la Russie, le succès du repeuplement n’est pas vraiment au rendez-vous. Un <a href="https://books.google.co.uk/books?id=58L0CAAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=snippet&q=hatcheries&f=false">déclin général</a> a même été observé au cours de la dernière décennie. Alors que le barrage de Volgograd empêche leur migration et leur fraie, et que le braconnage en aval est courant, libérer des millions d’esturgeons juvéniles paraît presque absurde.</p>
<p>Une plus forte répression contre la pêche illégale serait un bon point de départ, accompagnée de mesures pour aider les poissons à se déplacer le long de leurs rivières naturelles (comme l’aide apportée aux <a href="https://phys.org/news/2015-11-century-endangered-shortnose-sturgeon-historic.html">esturgeons à museau court</a> aux États-Unis, par exemple).</p>
<p>Aux fans de foot en visite à Volgograd pour la Coupe du monde 2018, essayez de ne pas céder à la tentation du caviar noir si le sort des esturgeons vous préoccupe. Et si la tentation est trop forte, assurez-vous au moins de respecter les réglementations douanières et que le caviar provienne bien de sources d’élevage fiables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99254/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hannah Dickinson a reçu des financements de l’European Research Council dans le cadre du projet BIOSEC. </span></em></p>L’esturgeon béluga a vu sa migration contrariée par le plus grand barrage hydroélectrique d’Europe.Hannah Dickinson, PhD Researcher in Wildlife Trafficking, University of SheffieldLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/975952018-06-06T21:18:30Z2018-06-06T21:18:30ZAnkara-Téhéran-Moscou, axe énergétique et géopolitique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/221348/original/file-20180601-142089-1kmnhle.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le tracé du gazoduc Turkish Stream qui doit relier la Turquie à la Russie via la mer Noire. </span> <span class="attribution"><span class="source">DR</span></span></figcaption></figure><p>Parmi les sept plus grandes économies émergentes (le groupe des EM7), la Turquie connaît une <a href="http://theconversation.com/parmi-les-grands-emergents-la-turquie-affiche-une-dependance-energetique-record-96831">dépendance énergétique record et croissante</a>, malgré la relative sobriété de sa consommation. Cela tient à la croissance soutenue de son économie et à la pauvreté endémique de ses ressources énergétiques propres.</p>
<p>L’analyse de sa consommation par sources d’énergie et pays fournisseurs révèle les enjeux géostratégiques de cette dépendance dans la région eurasienne.</p>
<h2>Le gaz naturel fait jeu égal avec le pétrole et le gaz</h2>
<p>En 1965, le charbon et le pétrole représentaient respectivement <a href="https://www.bp.com/content/dam/bp/en/corporate/excel/energy-economics/statistical-review-2017/bp-statistical-review-of-world-energy-2017-underpinning-data.xlsx">47 et 46 % des sources d’énergie consommées</a> en Turquie (voir le graphique ci-dessous), le solde (7 %) provenant des énergies renouvelables, presque exclusivement d’origine hydraulique.</p>
<p>Rapidement, la part du pétrole s’est faite très prépondérante, représentant 67 % en 1973. Mais les deux chocs pétroliers des années 1970 ont conduit le pays à optimiser ses ressources propres, à savoir l’énergie hydraulique et, surtout, le charbon, alors massivement utilisé pour le chauffage urbain. D’où une forte pollution de l’air dans les villes au début des années 1980 qui, alliée à une forte augmentation des besoins énergétiques, a motivé le recours au gaz naturel, moyennant l’installation progressive d’infrastructures de distribution.</p>
<p>Aujourd’hui, 71 des 81 provinces turques sont desservies par le réseau gazier et cette source d’énergie fait pratiquement jeu égal avec le charbon et le pétrole : respectivement 27, 28 et 30 % de la consommation nationale ; l’hydraulique et les autres énergies renouvelables (éolienne, photovoltaïque, etc.), dont la production a décollé ces dernières années, constituent les 15 % restant.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=538&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=538&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=538&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=676&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=676&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222004/original/file-20180606-137322-pyzucn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=676&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La consommation de pétrole est en tonnes, celles des autres sources sont en tonnes-équivalent pétrole.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Deniz Unal/CEPII (à partir de « Statistical Review of World Energy », BP, June 2017)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Dépendance accrue vis-à-vis de Moscou et Téhéran</h2>
<p>La production énergétique nationale – qui se répartit à parité entre énergies renouvelables et combustibles fossiles (charbon, pour l’essentiel) –, <a href="https://webstore.iea.org/energy-policies-of-iea-countries-turkey-2016-review">ne couvre qu’un quart des besoins</a>. Le pays importe la quasi-totalité du pétrole et du gaz qu’il consomme. Seuls 5 % du pétrole brûlé en Turquie y sont produits (voir la partie A du graphique ci-dessous).</p>
<p>Durant la période 2005-2017, pour laquelle l’Autorité nationale de régulation du marché de l’énergie (EPDK) <a href="http://www.epdk.org.tr/Detay/Icerik/3-0-107-1008/petrolyillik-sektor-raporu">détaille les approvisionnements</a>, la Turquie s’est fournie auprès de 68 pays et, principalement, en 2017, auprès de l’Iran (26 %), de la Russie (18 %), de l’Irak (16 %), de l’Inde (8 %) et de l’Arabie saoudite (5 %), soit 77 % au total pour ces cinq pays.</p>
<p>En matière gazière, la Turquie ne pourvoit qu’à 1 % de ses besoins qui sont couverts par des importations issues d’un <a href="https://www.epdk.org.tr/Detay/Icerik/3-0-94/yillik-sektor-raporu">nombre très réduit de pays</a> (voir la partie B du graphique ci-dessous). En 2017, 80 % sont provenues, via des gazoducs et en vertu de contrats de fourniture portant sur plusieurs décennies, de la Russie (52 %), de l’Iran (17 %) et de l’Azerbaïdjan (12 %).</p>
<p>La Turquie, dans le cadre aussi de contrats à long terme, achète encore du gaz naturel liquéfié (GNL), acheminé par des méthaniers, à l’Algérie (8 %) et au Nigéria (2 %). Elle se fournit enfin sur le marché spot, autrement dit au comptant et à court terme, auprès de quelques fournisseurs (9 % dont 3 % auprès du Qatar).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222006/original/file-20180606-137315-ei0mwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans le panel A, l’approvisionnement en pétrole brut et produits raffinés est en tonnes ; dans le panel B, l’approvisionnement en gaz naturel est en mètres cubes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Deniz Unal/CEPII (à partir de « Turkish Natural Gas Market Report, 2017/2010 » et « Turkish Petroleum Market Report, 2017/2005-2006 »)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>La Turquie a une forte dépendance à l’égard de la Russie et de l’Iran, ses principaux fournisseurs de gaz et de pétrole. Lesquels ont partie liée avec elle en raison de sa situation stratégique, au carrefour de gazoducs et d’oléoducs entre l’Eurasie et le Moyen-Orient vers l’Europe.</p>
<p>Une situation que, dans son ambition de devenir une plate-forme clé de la distribution de gaz et de pétrole, Ankara s’applique à conforter avec ses deux grands voisins, en particulier la Russie, qui y voient des avantages, tant économiques que géopolitiques. En sorte qu’on aboutit à une imbrication croissante des économies des trois pays.</p>
<h2>Des enjeux qui dépassent la Turquie</h2>
<p>Les détroits du Bosphore et des Dardanelles, par où transitent des cohortes de tankers depuis la mer Noire jusqu’à la Méditerranée via la mer de Marmara, sont parmi les plus exposés aux <a href="https://www.youtube.com/watch?v=xQc4ZOXrqrs">catastrophes maritimes</a>. Afin de réduire leur <a href="https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=32552">encombrement</a> mais aussi de mieux satisfaire ses besoins énergétiques et de s’imposer comme un axe majeur entre l’Orient et l’Occident, la Turquie a favorisé des projets d’oléoducs et de gazoducs traversant et desservant son territoire.</p>
<p>Ces équipements impliquent des firmes multinationales qui construisent et gèrent les couloirs et agissent le plus souvent en fonction de la politique étrangère de leurs pays d’origine à l’instar du groupe russe Gazprom. Et certains de ces projets, comme le gazoduc <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/12/02/gazoduc-south-stream-pourquoi-la-russie-a-decide-de-jeter-l-eponge_4532731_3234.html">South Stream</a> ont été abandonnés pour des raisons géopolitiques. La carte ci-dessous (réalisée à partir des données 2017 de l’<a href="http://www.enerji.gov.tr/File/?path=ROOT%2f1%2fDocuments%2fEnerji%20ve%20Tabii%20Kaynaklar%20G%c3%b6r%c3%bcn%c3%bcm%c3%bc%2fSayi_15.pdf">ETKB</a> et l’<a href="https://www.eia.gov/beta/international/analysis.php?iso=TUR">AIEA</a>) montre les couloirs opérationnels ou en cours de construction.</p>
<p>Trois oléoducs principaux desservent le port turc de Ceyhan, situé sur la Méditerranée : celui qui, depuis Bakou et Tbilissi, achemine le pétrole brut d’Azerbaïdjan (ainsi, parfois, que du Kazakhstan et du Turkménistan) et le double couloir par lequel, depuis Kirkouk, transite du pétrole irakien.</p>
<p>Ce double couloir – le premier est en service depuis 1976, le second depuis 1987 – n’est plus complètement opérationnel : il a subi l’usure du temps et de nombreux attentats. La Turquie a alors conclu, en 2014, un accord avec le gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK) pour acheminer chez elle du pétrole de Kirkouk par un tronçon construit à cet effet. Puis est survenue la reprise de contrôle du Kurdistan irakien par Bagdad, suite au référendum de septembre 2017 sur l’indépendance de cette région.</p>
<p>Depuis, les approvisionnements de la Turquie via les champs pétrolifères du nord de l’Irak ont sensiblement diminué. Le gouvernement de Bagdad a lancé des appels d’offres visant la construction d’un nouvel oléoduc jusqu’à la frontière turque, tout en envisageant de faire raffiner le pétrole de Kirkouk en Iran. La situation s’est encore compliquée depuis que le groupe russe Rosneft a signé, en octobre dernier, un contrat d’exploitation de cinq gisements de pétrole avec le GRK. En tout état de cause, la Turquie doit désormais tenir compte, en Irak, des stratégies russes et iraniennes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=542&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=542&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=542&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=682&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=682&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222012/original/file-20180606-137288-1ko13aw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=682&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’oléoduc Kirkouk-Ceyhan est un couloir double. GRK : gouvernement régional du Kurdistan irakien.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Deniz Unal/CEPII (à partir de ETKB 2017 et AIEA 2017)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les gazoducs de transit international sont plus nombreux que les oléoducs sur le territoire turc. À l’est, ils sont deux à acheminer le gaz vers la Turquie depuis la mer Caspienne : le Trans-caucasien depuis l’Azerbaïdjan (qui dessert au passage la Géorgie) et un gazoduc depuis l’Iran.</p>
<p>Un autre couloir issu d’Azerbaïdjan, le Trans-anatolien (TANAP), est en construction pour desservir aussi bien la Turquie que l’Europe via une extension transadriatique. Au nord, la Russie alimente la Turquie (son deuxième marché pour le gaz après l’Allemagne) via le Blue Stream qui traverse la mer Noire. Elle le fait aussi à l’ouest via le couloir Ukraine-Moldavie-Roumanie-Bulgarie (Ouest transbalkanique).</p>
<p>Ce couloir sera bientôt remplacé par le Turkish Stream en cours de construction. Il s’agit d’une décision stratégique pour la Russie ; elle permet de contourner le territoire de l’Ukraine et les règles de concurrence que la Commission européenne voulait lui imposer pour la construction, désormais abandonnée, du couloir South Stream.</p>
<p>Les enjeux stratégiques au Moyen-Orient et en Eurasie ont conduit à une alliance entre la Russie, l’Iran et la Turquie qui est particulièrement manifeste sur le plan énergétique.</p>
<p>L’alliance de la Turquie avec son puissant voisin russe – ou sa dépendance à son égard – s’approfondit avec la construction, qui vient de démarrer, de la première centrale nucléaire du pays par le groupe Rosatom à Akkuyu, sur les bords de la Méditerranée, où Moscou renforce ainsi sa présence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97595/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Deniz Unal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Carrefour d’oléoducs et de gazoducs, la Turquie, dont la dépendance énergétique à l’égard de l’Iran et de la Russie va croissant, s’oriente vers une alliance géopolitique avec ses grands voisins.Deniz Unal, Économiste, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/892082018-04-09T04:15:00Z2018-04-09T04:15:00ZÉolien offshore : la France peut-elle rattraper son retard ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/204610/original/file-20180202-162077-qeamcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C33%2C2044%2C1131&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ferme éolienne de Middelgrunden au large des côtes danoises. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/criminalintent/29576872772/in/photolist-2yjvYo-9mxpkS-7N5BGV-nJGpW9-bLcZ5K-6odsDF-6odsLP-XjsVPy-8g3VTS-M4BcQh-7mEuGP-7mEw9Z-7mEzWp-7mJkxf-7mEruH-7mEyDP-6odszv-6odsdK-6odst6-6ohDbW-6ohCYw-6ohD7h-3PFPh-SCm47a-RkKBFm-SCm5A2-R6S3pm">Lars Plougmann/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Longtemps cantonnée aux installations sur la terre ferme, l’énergie éolienne investit désormais le territoire marin. Si la plupart des éoliennes en mer sont posées sur des fonds à moins de 30 kilomètres des côtes, les éoliennes offshore flottantes prennent le large pour bénéficier de vents plus puissants et plus réguliers.</p>
<p>Alors que Paris s’est fixé un objectif de <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0575.asp">40 % d’énergies renouvelables</a> dans la production d’électricité pour 2030, l’éolien offshore français semble promis à un grand avenir. Comment alors expliquer le retard dans ce domaine ? À ce jour, aucun des projets de fermes d’éoliennes offshore attribués entre 2012 et 2014 n’est en effet opérationnel.</p>
<h2>L’éolien en France</h2>
<p>L’énergie éolienne représente <a href="http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique">4 % de la production d’électricité</a> française et environ <a href="http://www.rte-france.com/sites/default/files/panorama_enr20161231.pdf">20 % des énergies renouvelables</a> produites dans le pays. Ces dernières sont encore dominées par l’hydroélectricité, qui utilise la force motrice des cours d’eau. Mais le potentiel de l’énergie hydroélectrique plafonne, les principales ressources étant déjà exploitées.</p>
<p>L’énergie éolienne n’en est qu’à ses débuts et ouvre des perspectives intéressantes. D’ailleurs, si la moyenne mondiale est proche des 4 % constatés en France, certains pays vont bien plus loin. En Europe, le Danemark produit ainsi <a href="https://uk.reuters.com/article/uk-denmark-renewables-windpower/denmark-sets-record-with-43-percent-of-power-from-wind-in-2017-idUKKBN1F01VD">plus de 40 %</a> de son électricité grâce à des éoliennes, suivi de l’Espagne <a href="https://www.aeeolica.org/en/about-wind-energy/wind-energy-in-spain/">(environ 20 %)</a> et du Royaume-Uni <a href="https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/669723/Renewables.pdf">(près de 13 %)</a>.</p>
<p>En France, le parc éolien se compose aujourd’hui exclusivement d’éoliennes terrestres installées au cours des 10 à 15 dernières années. Sa capacité, de 13,4 GW à fin 2017, augmente d’environ 1 GW par an. Un développement continu, mais inférieur aux objectifs fixés par l’État.</p>
<p>La Programmation pluriannuelle de l’énergie <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppe">(PPE)</a> – qui constitue la feuille de route de la transition énergétique française – prévoit en effet une cible de 15 GW d’énergie éolienne terrestre à fin 2018 et entre 22 et 26 GW à fin 2023.</p>
<p>Cet écart s’explique notamment par les nombreux recours déposés augmentant significativement le temps de développement des projets, et qui freinent l’essor de cette source d’énergie renouvelable.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Mix énergétique de l’électricité française pour l’année 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.rte-france.com/sites/default/files/2016_bilan_electrique_synthese.pdf">RTE</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’émergence de l’éolien offshore</h2>
<p>En parallèle de l’éolien terrestre, une nouvelle filière a émergé dans le monde ces dernières années : l’éolien offshore, dont le type d’installation varie selon l’emplacement. Jusqu’à 50 mètres de profondeur d’eau, ces éoliennes sont fixées au sol marin ; on parle alors d’éoliennes offshore « posées ». Au-delà de 50 mètres, ce type d’implantation devient trop coûteux. Les éoliennes sont alors reliées à un support flottant à la surface de l’océan ou juste en dessous de celle-ci. On parle d’éoliennes offshore « flottantes ».</p>
<p>Une éolienne offshore se compose d’un socle supportant un mât, au sommet duquel se trouve une nacelle équipée de pales. Ces dernières sont mises en rotation par le vent, tandis qu’une génératrice située dans la nacelle transforme l’énergie cinétique en électricité. Les pales tournant autour de leur axe, elles peuvent ainsi être orientées en fonction du vent, ce qui présente non seulement l’intérêt d’augmenter l’énergie produite, mais aussi d’éviter des dommages mécaniques en cas de tempêtes.</p>
<p><a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/eolien-en-mer">L’objectif fixé</a> par la PPE pour les éoliennes offshore posées (technologie la plus mature à ce jour) est de 500 MW à fin 2018 et de 3 GW à fin 2023, auxquels doivent s’ajouter, à hauteur de 0,5 à 6 GW, des projets attribués dans le cadre d’appels d’offres, mais non encore installés.</p>
<p>Cette cible modeste reflète le démarrage récent de cette industrie : les premiers projets ont été <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/eolien-en-mer">attribués entre 2012 et 2014</a> pour un total de six parcs éoliens, d’une capacité de 3 GW. En Europe, le champion de l’éolien offshore est le Royaume-Uni, suivi de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Danemark.</p>
<p>L’éolien offshore flottant, quant à lui, n’en est qu’à ses balbutiements. Quatre projets de fermes pilotes ont été attribués fin 2016 en Méditerranée et en Atlantique, pour une capacité totale de 100 MW et une installation prévue à l’horizon 2020-2021.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les éoliennes offshore du Crosby Coastal Park (Royaume-Uni).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/VtWnN9bKCRg">Craig Cooper/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un développement terrestre limité</h2>
<p>Si l’éolien terrestre est plus facile à mettre en œuvre – ce qui explique qu’il ait été exploité en premier –, il est toujours soumis à des questions d’acceptabilité sociétale qui restent un frein.</p>
<p>Notons aussi que les vents sont plus forts et plus constants en mer. À puissance installée égale, on produit donc plus d’électricité et de façon plus régulière, ce qui facilite l’intégration sur le réseau.</p>
<p>Enfin, depuis deux à trois ans, le développement de l’éolien offshore a enclenché une dynamique de réduction de coûts qui devraient rejoindre à horizon 2025 ceux de l’éolien terrestre. Cette tendance s’explique à la fois par la plus grande puissance des machines (et donc un coût unitaire d’installation réduit), une concurrence de plus en plus forte (notamment pour la fabrication des éoliennes) et des taux de financement plus attractifs. Si les technologies suivent, l’argument économique ne sera bientôt plus un frein au développement de l’éolien offshore. Un premier parc financé sans subvention devrait ainsi voir le jour en 2022 au Pays-Bas.</p>
<h2>Plusieurs défis à relever</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=632&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=632&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=632&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Avec ses façades maritimes, la France possède un fort potentiel pour le développement de l’éolien offshore.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré des atouts remarquables (11 millions de km<sup>2</sup> de surface maritime, soit le deuxième potentiel européen en termes de côtes), la France est en retard, même si une première éolienne offshore a été <a href="https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/saint-nazaire-la-premiere-eolienne-flottante-en-france-baptisee-5310526">inaugurée en octobre 2017</a> à Saint-Nazaire. De tous les projets attribués en 2012-2014, aucun n’a été mis en service.</p>
<p>Pourquoi ? D’une part, pour des raisons politiques. Longtemps axée sur le nucléaire, la stratégie énergétique française n’a entamé que tardivement une dynamique de rééquilibrage du mix énergétique intégrant les énergies renouvelables. Le cadre administratif et réglementaire français doit également être simplifié.</p>
<p>À l’avenir, des <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-172236-eolien-en-mer-le-permis-enveloppe-pour-une-baisse-reelle-des-couts-2103932.php">« permis enveloppes »</a> pourraient permettre aux porteurs de projets de définir une gamme de solutions techniques pouvant être affinées à mesure que les technologies évolueront. Aujourd’hui, ils doivent énumérer les caractéristiques techniques précises des éoliennes dès le début du projet.</p>
<p>Enfin, comme pour l’éolien terrestre, une concertation avec les usagers de la mer est incontournable avant tout projet et allonge les délais de réalisation.</p>
<p>Ces caractéristiques laissent entrevoir quels axes doivent guider les efforts des chercheurs et les industriels. <a href="http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/Axes-de-recherche/Energies-nouvelles/Developper-l-eolien-offshore-et-les-energies-marines">Les chercheurs d’IFP Énergies nouvelles</a> travaillent par exemple actuellement sur un flotteur léger et à faible tirant d’eau, qui sera testé dans le cadre du projet de démonstration Provence Grand Large au large de Fos-sur-Mer.</p>
<p>Au-delà de la réduction des coûts de fabrication, d’installation et production qui sous-tendent les projets de recherche en cours, un ultime défi devra également être relevé : celui de l’intégration sur le réseau électrique.</p>
<p>À l’heure actuelle, ce dernier n’est pas dimensionné pour accueillir les fortes puissances fournies par les éoliennes offshore. En outre, bien que la constance des vents en mer limite les problèmes d’intermittence (ce qui n’est pas le cas d’autres énergies renouvelables, comme l’énergie solaire), l’énergie éolienne reste fluctuante et nécessitera probablement à terme des solutions de flexibilité comme le stockage massif au-delà d’une certaine puissance connectée au réseau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89208/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Aucun des projets de fermes d’éoliennes offshore attribués entre 2012 et 2014 n’est à ce jour opérationnel.Daniel Averbuch, Program Manager, Wind Energy / Energy storage, IFP Énergies nouvelles Pierre Marion, Ingénieur en études économiques, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/884892017-12-11T05:06:19Z2017-12-11T05:06:19ZÉnergies renouvelables et biodiversité, les liaisons dangereuses<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/197861/original/file-20171205-23018-1m6arej.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les impacts des éoliennes sur les populations d’oiseaux et de chauves-souris commencent à être documentés. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/download/confirm/585645956?src=oc1TrehKQv-NAcj3WnFdMw-2-3&size=huge_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Dans un monde aux ressources finies, déjà fortement mises à contribution pour nos besoins, il est essentiel d’évaluer l’impact potentiel sur la biodiversité de nouvelles activités humaines, et notamment des technologies qui accompagnent le développement des énergies renouvelables.</p>
<p>En France, ce débat est régulièrement ouvert : ce fut le cas, par exemple, avec la <a href="http://www.lefigaro.fr/societes/2017/06/08/20005-20170608ARTFIG00382-gardanne-la-centrale-biomasse-interdite-d-exploitation.php">centrale thermique de Provence</a>, à Gardanne, une installation susceptible d’exploiter une grande quantité de bois, local ou d’importation, pour son fonctionnement.</p>
<p>Chez nos voisins d’outre-Manche, ces réflexions sur la pertinence d’utiliser le bois comme source d’énergie (pour produire de la chaleur ou de l’électricité) a alimenté de multiples controverses ; à l’origine de ces polémiques, les informations fournies par les associations environnementales puis les scientifiques. Ces derniers ont ainsi mis en évidence que le Royaume-Uni importait des millions de tonnes de bois pour faire fonctionner ses centrales et que ces importations généraient des pressions extrêmement fortes sur des <a href="https://www.nrdc.org/sites/default/files/southeast-biomass-exports-report.pdf">forêts du sud des États-Unis</a>.</p>
<p>Nous sommes ici confrontés à un paradoxe : des évolutions technologiques nous permettant de délaisser les énergies fossiles (ce qui est en soi positif pour l’environnement) ont en fait des <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/images/documents/Evenements/CR_JFRB.pdf">impacts majeurs</a> sur les écosystèmes naturels.</p>
<p>Il est ainsi important de s’intéresser à l’ensemble de ces impacts… et pas seulement à leur bilan carbone !</p>
<h2>Pas assez de données précises</h2>
<p>Un <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809">récent article</a> paru dans la revue scientifique <em>Plos One</em>, montrant très clairement que plus des trois quarts des insectes volants avait disparu en Allemagne ces trente dernières années, est venu compléter toute une série d’études et de prospectives (basées en particulier sur les listes rouges) établissant qu’une large part des vertébrés, oiseaux et mammifères, allait voir leurs populations <a href="http://www.pnas.org/content/114/30/E6089">décroître drastiquement</a> au cours des 30, 40, ou 50 prochaines années.</p>
<p>La biodiversité est ainsi déjà gravement menacée, tant à l’échelle des populations, des espèces que des communautés ou des écosystèmes ; elle le sera encore plus dans le futur en raison de pressions humaines croissantes avec l’augmentation démographique : intensification des processus de changement d’usage des terres, incluant la déforestation, surexploitation des ressources, pollutions multiples…</p>
<p>La littérature scientifique souligne aussi que l’ensemble des filières d’énergie renouvelable a des <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364032116304622?via%3Dihub">effets négatifs</a> sur cette biodiversité.</p>
<p>Bien évidemment, ces impacts varient selon les filières ; et il est pour l’heure encore difficile d’évaluer au plan quantitatif leur incidence négative, faute de données suffisamment précises. Pour les éoliennes, par exemple, seule une très faible proportion des rapports annuels de suivi de mortalité est transmise aux autorités. Par ailleurs, ces filières ne sont qu’au début de leur déploiement et nul ne sait comment vont évoluer leurs impacts sur une <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364032116304622?via%3Dihub">très grande échelle</a>.</p>
<h2>Les éoliennes</h2>
<p>Mais revenons plus précisément aux éoliennes et à leur impact environnemental.</p>
<p>Aujourd’hui, la mortalité des oiseaux et des chauves-souris induites par le déploiement de ces installations est encore difficile à établir. Aux États-Unis, la littérature indique toutefois de 234 000 à 573 000 morts par an pour les oiseaux. Ces chiffres sont actuellement faibles par rapport aux mortalités causées par <a href="http://www.cell.com/trends/ecology-evolution/fulltext/S0169-5347(17)30238-0">d’autres facteurs anthropogéniques</a>, comme les collisions avec les lignes à haute tension (22,8 millions), les voitures (200 millions) ou les immeubles (600 millions) ; mais ce facteur de mortalité peut avoir une incidence significative sur les populations de certains rapaces comme cela a été montré dans plusieurs pays ; par ailleurs, ces chiffres devraient augmenter à mesure du développement des parcs éoliens.</p>
<p>D’autres données, concernant cette fois les chauves-souris, indiquent de 600 000 à 900 000 morts annuelles aux États-Unis et <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10344-015-0903-y">250 000 morts</a> pour l’Allemagne.</p>
<p>Les oiseaux meurent de chocs directs avec les pales des éoliennes ; les chauves-souris subissent des traumatismes internes associés à des réductions soudaines de la pression de l’air à proximité des pales. Il existe également des perturbations des voies migratoires pour certaines espèces.</p>
<p>Enfin – et cela fait l’objet d’une étude en cours au Muséum national d’histoire naturelle –, il existe des <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/images/documents/Evenements/CR_JFRB.pdf">impacts indirects</a> sur certaines chauves-souris qui cherchent à éviter les parcs éoliens. Cela conduit à une réduction significative de leur habitat.</p>
<p>Les réglementations peinent à prendre en compte ces récentes avancées scientifiques. Ainsi, dans ses recommandations, l’Union européenne préconise de positionner les éoliennes à 200 mètres des espaces boisés, alors qu’il faudrait au minimum 1 000 mètres pour que le phénomène d’évitement des paysages éoliens ne se produise pas.</p>
<p>Face à cette situation complexe, liée aux difficultés de quantification des effets négatifs, il n’est pas étonnant de constater l’inefficacité des études d’impact réalisées en amont de la mise en place de parc éolien ; celles-ci peinent à renseigner sur la réalité des mortalités une fois l’infrastructure développée.</p>
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<h2>Bois et hydraulique</h2>
<p>Les deux filières les plus impactantes pour la biodiversité restent à ce jour le bois-énergie et l’hydraulique.</p>
<p>Pour la première, l’affirmation même de sa neutralité carbone est actuellement <a href="https://www.chathamhouse.org/publication/impacts-demand-woody-biomass-power-and-heat-climate-and-forests">remise en question</a>. Cette neutralité n’est en effet assurée sur le long terme que si les forêts coupées peuvent intégralement repousser et qu’elles ne seront pas victimes d’artificialisation ou de mise en culture.</p>
<p>Quant à l’énergie hydraulique, ses infrastructures massives constituent de véritables barrières écologiques, générant la disparition d’écosystèmes et la fragmentation des habitats naturels. Ainsi, plusieurs milliers de grands barrages d’une capacité de plus d’un mégawatt sont prévus ou en cours de construction.</p>
<p>À terme, seules 21 % des grandes rivières mondiales devrait échapper à la mise en place d’installations hydro-électriques et les constructions futures <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00027-014-0377-0">pourraient affecter globalement</a> des régions parmi les plus fragiles au plan écologique telles que les bassins de l’Amazonie, du Mékong et du Congo, sans oublier en Europe les Balkans.</p>
<h2>Mobiliser scientifiques et acteurs économiques</h2>
<p>Personne ne doute de la nécessité du développement des énergies renouvelables. Personne ne doute non plus que nous ne sommes qu’au début de leur déploiement. Considérant que toutes les filières d’énergie renouvelable ont en général des impacts négatifs sur la biodiversité, il apparaît nécessaire de mieux intégrer les connaissances existantes en matière d’écologie, de biologie et de comportement des espèces impactés dans les projets de développement des énergies renouvelables.</p>
<p>Il faut également essayer de faire preuve de bon sens : les méthodes d’évaluation des impacts de ces activités sur l’environnement doit évoluer afin de mieux prendre en compte la biodiversité. Et il semble évident d’éviter l’implantation de parcs éoliens ou de champs de panneaux solaires dans des zones très riches en biodiversité ou sur les parcours de migration d’oiseaux ou de chauve-souris.</p>
<p>Il faut certainement réfléchir de même à l’utilisation d’indicateurs plus variés que la simple comptabilité du bilan carbone dans les décisions de gestion. Ne pas raisonner qu’en termes de diminution nette des émissions de CO<sub>2</sub>, mais réfléchir aussi en termes de compensation de ces émissions, comme cela a été proposé par l’<a href="https://theconversation.com/linitiative-4-pour-1-000-quest-ce-que-cest-54425">initiative « 4 pour 1000 »</a>.</p>
<p>Pour éviter des décisions prises dans l’urgence, il peut aussi être avantageux de raisonner un mix énergétique composé, au moins temporairement, de sources renouvelables et de ressources fossiles (incluant éventuellement une part d’énergie nucléaire).</p>
<p>Il est enfin clair que toutes ces évolutions doivent être basées sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles et dans certains cas, il faut pouvoir mobiliser chercheurs et acteurs industriels pour surmonter des contraintes techniques majeures lorsqu’elles sont à l’origine des impacts sur la faune ou la flore. Cela doit se faire au niveau national, mais aussi très probablement à travers des programmes européens ou internationaux.</p>
<hr>
<p><em><a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/helene-soubelet.html">Hélène Soubelet</a>, directrice de la <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/">Fondation pour la recherche sur la biodiversité</a> est co-auteure de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88489/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Silvain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quels sont les impacts du développement des énergies non fossiles sur les écosystèmes naturels ?Jean-François Silvain, Directeur de recherche, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/788052017-09-04T20:42:36Z2017-09-04T20:42:36ZStocker de l’électricité, comment ça marche ?<p>Stocker de l’énergie n’a rien d’une nouveauté, et l’on stocke du pétrole et du gaz depuis des décennies. Mais ce besoin a pris ces dernières années une nouvelle dimension avec l’essor des <a href="http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/html/inventaire/pdf/15e-inventaire-Chap01-Fr.pdf">énergies renouvelables (ENR)</a>, porté par la volonté de limiter le réchauffement climatique en réduisant les émissions de <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a>.</p>
<p>L’éolien et le photovoltaïque – deux filières électriques dont les sources sont inépuisables – sont en effet des énergies dites « intermittentes » : elles dépendent des conditions météorologiques locales (un panneau photovoltaïque ne produit pas d’électricité sans soleil et les pales d’une éolienne ne tournent pas sans vent) et affichent donc une production variable.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=275&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=275&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=275&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=346&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=346&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183801/original/file-20170829-10424-174454l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=346&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_KeyFindings_FRENCH.pdf">REN21</a></span>
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<h2>Conserver l’énergie produite</h2>
<p>Ces contraintes réclament de développer des méthodes de stockage souples et fiables pour répondre aux demandes du réseau électrique ; car tout système électrique doit être équilibré entre production et consommation, non pas seulement en moyenne mais à chaque instant. Le stockage permet alors de garder l’énergie produite en excédent à certaines périodes (pendant une belle journée ensoleillée d’été) pour la restituer en période ou la source n’est pas effective (en soirée).</p>
<p>L’intérêt du développement du stockage électrique est déjà bien perçu dans certaines régions du monde : au <a href="http://www.nippon.com/fr/column/g00061/">Japon</a>, par exemple, il est vu comme nécessaire par la nature insulaire et régionale de son réseau électrique ; en Allemagne, la forte pénétration des énergies renouvelables se situe au Nord, alors que la consommation est au sud du pays ; inversement, en Italie, les ENR se développent au Sud, mais la consommation industrielle est au Nord. Dans ces deux pays, le manque de réseaux Nord-Sud constitue un moteur important pour le stockage dans le but de réguler la production sans engorger les réseaux. Autre exemple, aux <a href="https://www.france-science.org/La-resilience-du-reseau-electrique.html">États-Unis</a>, où les réseaux sont globalement vieillissants et où le développement rapide des ENR intermittentes dans certains États, comme la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CEDDCEDD%20-%20Ref%20025.pdfRef025.pdf">Californie</a>, commencent à poser des problèmes de fiabilité.</p>
<h2>Pas de stockage direct</h2>
<p>Le stockage prend aujourd’hui plusieurs formes, emploie diverses technologies et intervient à différents endroits de la chaîne énergétique. Ses finalités sont également très variées : récupération de production excédentaire, apport en cas d’insuffisance de l’offre ou de pic de demande, ou encore lors de défaillance du système d’approvisionnement.</p>
<p>Mais à ce jour, le stockage direct de l’énergie électrique n’est pas possible de façon efficace et durable, car si l’on sait capturer et utiliser un courant électrique, on ne sait pas comment garder les électrons en mouvement qui le constituent ; il faut donc d’abord transformer l’énergie électrique en une autre énergie qui sera stockée ; celle-ci sera ensuite récupérée et retransformée en électricité en vue de son utilisation.</p>
<p>Dans le stockage de l’énergie électrique, il faut distinguer les <a href="http://www.ademe.fr/feuille-route-strategique-systemes-stockage-denergie">systèmes stationnaires des systèmes embarqués</a> : les premiers sont fixes et viennent en appui aux réseaux électriques et aux sites de production, ils sont généralement de grande échelle (du MW au GW) ; les seconds sont de plus petite capacité et intégrés dans un système mobile (voiture par exemple) ou même de très faibles capacités dans les appareils électroniques (batteries de téléphone, etc.).</p>
<p>Les capacités de stockage stationnaire dans le monde sont estimées à environ 145 GW ; c’est-à-dire environ 3 % des capacités électriques mondiales. L’Agence internationale de l’énergie (IEA) a <a href="https://www.iea.org/etp/tracking2017/energystorage/">estimé</a> qu’il faudrait au moins 20 GW de plus d’ici à 2025 pour accompagner le développement des ENR et limiter l’augmentation des températures à 2 °C.</p>
<h2>Les principaux modes de stockage</h2>
<p>On a aujourd’hui recours à quatre formes d’énergie en lesquelles on transforme l’électricité pour la stocker ; chacune d’elle implique des technologies spécifiques. Il y a l’énergie mécanique/cinétique associée au stockage gravitaire par pompage (STEP), au stockage par air comprimé (CAES) et aux volants d’inertie ; l’énergie électrochimique/électrostatique associée aux batteries, aux condensateurs et aux super-condensateurs ; l’énergie chimique associée à l’hydrogénation et à la méthanation ; enfin, l’énergie thermique permettant de transformer l’électricité en chaleur, cette dernière étant stockable directement.</p>
<p>L’essentiel des capacités de stockage actuellement disponibles concerne des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=cOKSst-un8c">stations de transfert d’énergie par pompage (STEP)</a> ; les autres technologies représentent moins de 2 % du total et concernent essentiellement les batteries – lithium, sodium/soufre et plomb – ainsi que quelques CAES (stockage par air comprimé).</p>
<p><strong>• Les stations de transfert d’énergie par pompage</strong></p>
<p>Il existe aujourd’hui plus de 400 STEP dans le monde, dont près de la moitié en Europe. Fondamentalement, une STEP se compose de 2 bassins de retenue qui échangent l’eau qu’ils contiennent en consommant de l’électricité par pompage en période de surproduction (nuit, été) ou, au contraire, en produisant de l’électricité par turbinage en période de surconsommation (pointe de consommation du soir, par exemple). Leur capacité se mesure en plusieurs dizaines de MW, voire en GW.</p>
<p>Cette technologie mature nécessite cependant un contexte géographique spécifique : il faut un dénivelé entre les deux réserves d’eau. Si les STEP ont été utilisées majoritairement pour apporter de la flexibilité dans la génération d’énergie classique (hydraulique et nucléaire), elles peuvent également être associées à de grandes installations d’énergies renouvelables ; notamment pour réguler et lisser la production de grosses fermes éoliennes via le creusement de bassins artificiels.</p>
<p>C’est ainsi le cas de la centrale de pompage turbinage hydroéolienne d’<a href="http://www.futura-sciences.com/planete/actualites/energie-renouvelable-100-energies-renouvelables-2050-ce-serait-possible-139-pays-selon-etude-59333/">El Hierro</a> dans les îles espagnoles des Canaries. Ici, l’énergie produite en surplus par les éoliennes permet de pomper l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur et, en l’absence de vent, l’eau du bassin supérieur est relâchée et alimente des turbines hydrauliques pour produire de l’électricité. Les éoliennes et les turbines peuvent également produire de l’électricité en même temps pour gérer les pics de consommation.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le fonctionnement d'une STEP en vidéo (EDF, 2014).</span></figcaption>
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<p><strong>• Les batteries</strong></p>
<p>Les batteries constituent un autre mode de stockage « stationnaire » mais de plus petite capacité ; elles permettent de fournir plusieurs centaines de kW, voire quelques MW lorsqu’elles sont mises en série.</p>
<p>Le fonctionnement de la batterie repose sur une double réaction chimique à chaque pôle de la batterie qui va opérer un transfert d’électrons : l’anode cède des électrons et la cathode les récupère. Durant cette réaction d’oxydo-réduction, les électrons passent d’un pôle à l’autre de la batterie grâce aux ions. Les ions sont échangés dans la batterie via des couples de métaux spécifiques chargés d’ions positifs pour l’un et négatifs pour l’autre. Une batterie est à plat lorsque tous les ions positifs ont quitté l’anode ; pour recharger la batterie, il suffit de renvoyer un courant électrique qui redonne des électrons à l’anode.</p>
<p>Du fait de leur capacité modérée, les batteries représentent un moyen de stockage décentralisé. Elles s’inscrivent ainsi pleinement dans le besoin local pour l’autoconsommation photovoltaïque (individuel, bâtiment) ou pour les microgrids – notamment dans les régions ne disposant pas de réseaux bien maillés – ainsi qu’en complément du développement des réseaux électriques dits intelligents.</p>
<p>Un réseau électrique intelligent (<em>smart grid</em>) désigne un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_%C3%A9lectrique">réseau de distribution d’électricité</a> qui favorise la circulation d’information entre les fournisseurs et les consommateurs en vue d’ajuster le flux d’électricité en temps réel et permettre une gestion plus efficace du réseau électrique. Ils utilisent des technologies informatiques pour optimiser la production, la distribution, la consommation, et éventuellement le stockage de l’énergie afin de mieux coordonner l’ensemble des mailles du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_%C3%A9lectrique">réseau électrique</a>, du producteur au consommateur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_finale">final</a>. Un microgrid désigne quant à lui un réseau de distribution d’énergie qui repose sur des moyens locaux de production d’électricité. Il est conçu pour fonctionner en autonomie et peut aussi fonctionner en synchronisation avec le réseau national, à l’intérieur d’une zone définie.</p>
<p>L’avantage des batteries réside dans la possibilité d’ajuster l’offre en fonction de la demande par une mise en parallèle de plusieurs batteries et une mise en service très rapide (de l’ordre de la seconde).</p>
<p><strong>• Le stockage par air comprimé</strong></p>
<p>La technologie CAES consiste à comprimer de l’air lors d’un excès de production d’électricité puis d’injecter cet air sous pression dans un réservoir pour le restituer par turbinage lors du besoin d’énergie. Comme la compression entraîne un réchauffement de l’air qu’il faut refroidir avant l’injection et que la décompression nécessite un réchauffement avant d’être envoyé à la turbine de génération d’électricité ; un principe, dit d’AA CAES (advanced adiabatic CAES), est maintenant en cours de développement afin de s’affranchir des deux phases de refroidissement et de réchauffement qui consomment de l’énergie extérieure.</p>
<p>Ces systèmes ne sont pas encore très utilisés alors qu’ils apparaissent vertueux sur le plan écologique, ne nécessitant aucun métal, contrairement aux batteries.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/tLSNIWyQPHg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un exemple de stockage d'électricité par compression adiabatique en Suisse (FNSinfo, 2016).</span></figcaption>
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<h2>Des solutions encore coûteuses</h2>
<p>On l’a vu, de nombreux facteurs plaident en faveur du développement du stockage de l’électricité : les contraintes technologiques d’intégration des énergies intermittentes dans le réseau, la diminution des impacts environnementaux, la volonté de développer un mix énergétique décarboné, un marché de l’électricité de plus en plus volatil.</p>
<p>Si le stockage stationnaire de l’électricité semble un moyen évident d’assurer l’équilibre de l’offre et de la demande sur le système électrique, il existe encore de nombreux obstacles techniques, réglementaires et économiques qui freinent son déploiement vis-à-vis d’autres solutions de flexibilité (interconnexions, maîtrise de la demande, production flexible).</p>
<p>Un effort important en recherche et développement est encore à fournir dans la plupart des familles technologiques que nous avons décrites ici pour parvenir à des solutions économiquement viables. Et des progrès sont par exemple à conduire concernant la simplification des mises en œuvre, la limitation des pertes (comme limiter l’autodécharge des batteries), l’augmentation de la durée de vie des systèmes en limitant leur vieillissement… À l’heure actuelle, les solutions de stockage restent encore coûteuses et réclament des investissements supplémentaires, pas toujours faciles à consentir dans un contexte de pétrole peu cher.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78805/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Avec l’essor de l’éolien et du solaire, qui souffrent d’une production variable, se pose la question du stockage de l’électricité pour garantir l’alimentation continue du réseau.Catherine Ponsot-Jacquin, Responsable « Expertise et évaluation scientifique », direction scientifique, IFP Énergies nouvelles Pierre Le Thiez, Responsable des programmes « Stockage de l’énergie », « Captage-stockage du CO2 », IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/769042017-05-02T21:43:38Z2017-05-02T21:43:38ZLe long chemin de l’électrification de l’Afrique<p>L’Afrique est faiblement électrifiée. Près de <a href="http://www.africaprogresspanel.org/wp-content/uploads/2015/06/APP_FR_2015_Web_FINAL_PRINT.pdf">621 millions de personnes</a>, soit deux Africains sur trois, ne bénéficient pas d’électricité. L’Afrique subsaharienne affiche un taux d’électrification de 43 % alors que l’Afrique du Nord est à un taux de 99 %. Ce manque d’électrification cause au continent une perte annuelle de 2 à 4 % de PIB et stoppe les investissements et la création d’emplois. Or, l’Afrique est « riche en ressources énergétiques » comme le souligne l’<a href="https://www.iea.org/">Agence Internationale de l’Énergie</a> (AIE).</p>
<p>L’électrification constitue un moyen d’accélération de l’industrialisation du continent en facilitant l’innovation, la créativité, la mise en place d’un entreprenariat social et en libérant les potentialités de développement. Elle peut permettre au continent africain de procéder à sa révolution industrielle via la progression des énergies renouvelables (hydraulique, biomasse, énergie des vagues et marées, éolien, solaire, etc.). S’offre dès lors pour les États africains une perspective d’industrialisation rapide en intégrant le changement climatique et la durabilité dans le <a href="http://www.africaprogresspanel.org/wp-content/uploads/2017/03/Lumiere_Puissance_Action_Infographies_FR.pdf">processus</a> d’industrialisation.</p>
<iframe id="datawrapper-chart-62rxn" src="https://datawrapper.dwcdn.net/62rxn/3/" width="100%" height="600" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<p><em>Taux d’accès à l’électricité dans les pays africains des populations urbaines et rurales Cliquer sur l’onglet pour changer entre les deux.</em></p>
<p>La figure ci-dessus illustre la politique d’électrification des États africains. Les États d’Afrique du Nord sont en tête au regard de leur politique de diversification et de <a href="http://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/qu-est-ce-que-le-mix-energetique">« mix énergétique »</a>. Par exemple, au Maroc, <a href="http://www.noorouarzazate.com/">le projet Noor</a> – une centrale photovoltaïque –, permet au pays de diversifier tout en continuant d’utiliser les énergies fossiles (pétrole à environ 62 %, charbon 20 % et gaz 5 %). Le pays a également <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/developpement-durable/le-maroc-poursuit-l-extension-de-sa-centrale-solaire_111906">mis en place</a> une douzaine d’installations hydroélectriques – transformation de l’énergie du courant d’eau en énergie électrique – ayant généré 2,523 térawatts-heure en 2015, ainsi qu’une quinzaine de parcs éoliens dont la puissance cumulée en 2016 était de 787 mégawatts.</p>
<p>L’<a href="http://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/era_2016_fre_web.pdf">Angola</a> occupe une bonne place également au regard de sa politique d’investissement dans des secteurs stratégiques non pétroliers, tels que l’électricité (les centrales hydroélectriques produisent les 2/3 de l’électricité du pays). L’hydroélectrique permet au Mozambique de devenir une véritable <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/405832">« puissance régionale en matière de production d’électricité »</a>. On retrouve le modèle hydroélectrique combiné avec des énergies renouvelables en RDC (projet Grand Inga), au Soudan (l’hydroélectrique constitue 68 % de la production d’énergie), et au niveau des parcs éoliens en Éthiopie. Le <a href="http://www.ipdc.gov.et/index.php/en/industrial-parks/hawasa">parc éco-industriel de Hawassa</a>, en Éthiopie, inauguré en juillet 2016, recycle l’eau, emploie une diode électroluminescente avec des méthodes d’éclairage ingénieux. Il s’agit de l’un des seuls parcs industriels au monde qui a adopté le modèle de <a href="http://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/era_2016_fre_web.pdf">« zéro rejet de liquide »</a>, avec des énergies renouvelables à 100 %.</p>
<p>Des États comme le Sénégal, le Gabon, le Burkina-Faso ou encore la Côte d’Ivoire, qui intègrent la question de l’électrification dans leur politique nationale d’émergence occupent également une place de choix dans le palmarès. Mais, l’on note un gap considérable entre le taux d’électrification en zone urbaine et en zone rurale.</p>
<p>Enfin, des pays en proie à des conflits internes comme le Soudan du Sud ou encore la Centrafrique voient leur électrification contrariée par la dispersion des ressources et la question du retour à la paix.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76904/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Abdou Hassan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’électrification du continent africain est un prérequis pour l’accélération de son développement. Les situations sont très diverses selon les pays, et les régions.Adam Abdou Hassan, Enseignant chercheur, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/735882017-03-06T20:31:57Z2017-03-06T20:31:57ZConversation avec Stéphanie Monjon : le tout renouvelable est-il possible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/158277/original/image-20170224-32718-p0elt3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Barrage et Lac de Roselend, en Savoie. L’hydroélectricité constitue la première source d’électricité renouvelable en France.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Roselend#/media/File:Barrage_et_Lac_de_Roselend.JPG">Nonovlf/Wikipedia </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la série du CEPII « L’économie internationale en campagne », un partenariat CEPII–La Tribune–The Conversation–Xerfi–Canal. Stéphanie Monjon, économiste au CEPII, maître de conférences en sciences économiques (Université Paris Dauphine), est spécialiste des politiques climatiques. Elle répond aux questions d’Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran.</em></p>
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<p><strong>Tout le monde en parle. L’enjeu est décisif. Pourriez-vous nous préciser ce que sont les énergies renouvelables ?</strong></p>
<p>Il s’agit de l’ensemble des ressources énergétiques issues de la nature, inépuisables à l’échelle de temps humain, utilisables dans le secteur de la production d’énergie ou des transports. Certaines, comme l’énergie hydraulique, l’énergie marine ou l’énergie éolienne ne peuvent servir qu’à produire de l’électricité. D’autres ont plusieurs usages possibles : l’énergie solaire, l’énergie géothermique, ou encore la biomasse (par exemple, le bois ou les déchets) permettent de produire de l’électricité ou de la chaleur ; le biogaz peut servir à la production électrique ou alimenter des véhicules adaptés, et les biocarburants peuvent être ajoutés aux carburants traditionnels.</p>
<p><strong>Quelle est leur importance ?</strong></p>
<p>Au niveau mondial, dans la consommation énergétique finale, la part des énergies renouvelables a atteint près de <a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_Full_Report.pdf">20 %</a> en 2014. C’est dans la production électrique mondiale que les énergies renouvelables ont le plus fortement progressé : leur part a atteint <a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_Full_Report.pdf">23 %</a> en 2014 avec près de <a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_Full_Report.pdf">17 %</a> pour l’hydraulique, loin devant l’énergie éolienne (<a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_Full_Report.pdf">2,3 %</a>), les bioénergies (<a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_Full_Report.pdf">1,2 %</a>) et le solaire photovoltaïque (<a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/06/GSR_2016_Full_Report.pdf">1,2 %</a>).</p>
<p>Bien que la part du solaire photovoltaïque et de l’éolien soit encore faible dans la production électrique mondiale, il y a dans ce domaine des progrès remarquables : entre 2011 et 2015, les capacités de production installées ont augmenté de respectivement <a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/10/REN21_GSR2016_FullReport_en_11.pdf">42 %</a> et <a href="http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2016/10/REN21_GSR2016_FullReport_en_11.pdf">17 %</a> par an. C’est là que le potentiel de croissance des capacités électriques est le plus important, même si les installations ne permettent pas de produire de l’électricité de façon continue, ce qui ne rend pas facile leur intégration dans les réseaux électriques. En matière d’hydraulique, le potentiel est plus faible, car il n’y a plus beaucoup de sites dans le monde permettant d’accueillir de tels projets.</p>
<p><strong>Qu’est-ce qui a permis cet essor des énergies renouvelables ?</strong></p>
<p>Cet essor doit beaucoup aux engagements et aux soutiens publics. L’Union européenne a, par exemple, décidé en 2007 de doubler la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie d’ici à 2020 (en les portant de <a href="https://ec.europa.eu/energy/sites/ener/files/documents/1_en_act_part1_v7_1.pdf">10,4 % à 20 %</a>) et d’atteindre au moins 27 % d’ici à 2030. D’après l’<a href="http://www.irena.org/News/Description.aspx?NType=%C3%80&mnu=cat&PriMenuID=16&CatID=84&News_ID=413">Agence internationale pour les énergies renouvelables</a>, 164 pays ont désormais au moins un objectif en matière d’énergie renouvelable, contre 43 en 2005.</p>
<p>Différentes politiques ont permis à ces engagements publics de se concrétiser. En France, par exemple, la mise en place de nouvelles capacités renouvelables a été possible grâce à un tarif de rachat de l’électricité supérieur aux prix de marché et garanti sur plusieurs années. Aux États-Unis, les modes de soutien ont différé selon les États, mais, au niveau fédéral, les nouvelles capacités éoliennes et photovoltaïques ont bénéficié d’un crédit d’impôt. Même si le coût des installations renouvelables a beaucoup baissé ces dernières années, les soutiens publics restent indispensables pour assurer la viabilité des nouveaux projets.</p>
<p><strong>Cette tendance devrait-elle se poursuivre ?</strong></p>
<p>À n’en pas douter. D’après l’<a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2016/october/medium-term-renewable-energy-market-report-2016.html">Agence internationale de l’énergie</a> (AIE), la baisse du coût des équipements et les forts retours d’expérience dans l’éolien et le photovoltaïque devraient permettre une réduction des coûts de production électrique de 15 % pour l’éolien terrestre et de 25 % pour le photovoltaïque d’ici à 2021. Une hausse de 42 % des capacités électriques renouvelables, reposant essentiellement (75 %) sur l’éolien ou le solaire photovoltaïque pourrait alors porter la part des renouvelables dans la production électrique mondiale de 23 % en 2015 à 28 % en 2021.</p>
<p><strong>Comment se situe la France dans ce domaine ?</strong></p>
<p>En France, la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale est passée de <a href="http://ec.europa.eu/transparency/regdoc/rep/1/2013/EN/1-2013-175-EN-F1-1.Pdf">10,3 %</a> en 2005 à <a href="http://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:4f8722ce-1347-11e5-8817-01aa75ed71a1.0001.02/DOC_2&format=PDF">14,2 %</a> en 2013 et de <a href="http://ec.europa.eu/energy/en/topics/renewable-energy/progress-reports">11 %</a> à <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Article_22_France_report_FR.pdf">17 %</a> dans la consommation intérieure brute d’électricité. L’objectif européen, négocié et accepté par la France pour 2020, est d’atteindre <a href="http://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:4f8722ce-1347-11e5-8817-01aa75ed71a1.0001.02/DOC_2&format=PDF">23 %</a> d’énergies renouvelables dans sa consommation énergétique finale. Mais selon toute probabilité la France n’atteindra pas cet objectif. En cause, le lancement tardif des programmes de soutien à l’électricité d’origine renouvelable dans un pays où le nucléaire occupe une place prépondérante (voir le graphique ci-dessous), les nombreux recours juridiques des riverains dont ont fait l’objet les projets éoliens terrestres et le retard pris par l’éolien en mer.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/158184/original/image-20170223-32705-kpcy3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.rte-france.com/sites/default/files/bilan_electrique_2014.pdf">Eurostat/RTE (2015)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p><strong>En dépit de ce retard, arrivera-t-on à ce que d’ici quelques décennies, l’énergie que nous consommons soit exclusivement d’origine renouvelable ?</strong></p>
<p>Il faut ici distinguer énergie et électricité. Dans les transports, le pétrole restera probablement la source d’énergie la plus utilisée, même dans les scénarios les plus optimistes. Le 100 % renouvelable à un horizon de quelques décennies n’est envisageable que pour l’électricité. Il faudra toutefois d’importants progrès dans les technologies de stockage pour parvenir à développer un parc électrique majoritairement renouvelable. Comme les potentiels les plus importants reposent sur des sources d’énergie intermittentes, il faudra développer, dans le même temps, des installations pour stocker l’électricité qui aura été produite à un moment de la journée pour pouvoir la consommer ultérieurement. Ce type d’installations n’est pas encore au point, mais les progrès technologiques sur ces équipements sont continus. Restera alors la question du coût de ces installations pour envisager de déployer les capacités renouvelables. Ce coût sera d’autant plus supportable que nous saurons modérer nos besoins !</p>
<p>Propos recueillis par <strong>Isabelle Bensidoun & Jézabel Couppey-Soubeyran</strong></p>
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<p><em><strong>Pour aller plus loin :</strong><br>
<a href="https://ec.europa.eu/energy/en/topics/renewable-energy">La page consacrée aux énergies renouvelables</a> sur le site de la Commission européenne.<br>
<a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2016/october/iea-raises-its-five-year-renewable-growth-forecast-as-2015-marks-record-year.html">Medium-Term Renewable Energy Market Report 2016, Market Analysis and Forecasts to 2021</a>, Agence internationale de l’énergie, 2016.<br>
<a href="http://www.ren21.net/Portals/0/documents/activities/Topical%20Reports/REN21_10yr.pdf">The First Decade : 2004-2014</a>, REN21, 2016.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73588/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’Union européenne s’est fixée comme objectif d’atteindre d’ici à 2020, 23 % d’énergies renouvelables dans sa consommation énergétique finale. Il est peu probable que la France y parvienne.Isabelle Bensidoun, Économiste, CEPIIJézabel Couppey-Soubeyran, Maître de conférences en économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et conseillère éditoriale, CEPIIStéphanie Monjon, Maître de conférences en sciences économiques, chargée de recherche au CEPII – Recherche et expertise sur l'économie mondiale, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/702262017-01-25T08:23:27Z2017-01-25T08:23:27ZÉnergies renouvelables : l’éolien, le solaire et le bois sont les plus compétitifs<p>Pour limiter le recours aux énergies fossiles et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre qui perturbent le climat, les <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-loi-relative-a-la-transition-.html">politiques publiques</a> soutiennent, en France et dans le monde, le développement de la production d’énergie renouvelable. Une multiplicité de filières – l’hydraulique, l’éolien, le solaire, les pompes à chaleur, la géothermie, les biocarburants, etc. – produisent ainsi chaleur, électricité, gaz et carburants renouvelables.</p>
<p>La part de ces énergies renouvelables <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/les_energies_renouvelables_en_France_en_2015.pdf">représente actuellement 14,9 %</a> de la consommation énergétique française. L’objectif, pour les années à venir, est de porter cette part à <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/Politique-de-developpement-des,13554.html">23 % en 2020</a> puis à 32 % en 2030.</p>
<h2>Des coûts en baisse</h2>
<p>Le développement de cette production d’énergie renouvelable passe par une compétitivité accrue de ces filières pour représenter de véritables alternatives aux <a href="http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/chiffres-cles-production-d-energie">énergies fossile et nucléaire</a>. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’électricité et la chaleur produites par les filières des renouvelables sont-elles accessibles, bon marché ?</p>
<p>Dans <a href="http://www.ademe.fr/couts-energies-renouvelables-france">sa dernière étude</a> – dont les résultats sont rendus publics ce mercredi 25 janvier 2017 –, l’Ademe propose un panorama du coût des énergies renouvelables en France. Pour chaque filière concernée, une plage de variation théorique de ces coûts en fonction des paramètres les plus significatifs est proposée.</p>
<p>Ces travaux montrent que les coûts diminuent significativement en France, jusqu’à atteindre pour certaines filières comme l’éolien, le bois énergie ou le photovoltaïque, un niveau compétitif avec les technologies conventionnelles. En voici les principaux enseignements.</p>
<h2>Du côté de l’électricité</h2>
<p>C’est l’<a href="http://fee.asso.fr/politique-de-leolien/eolien-terrestre/">éolien terrestre</a> qui s’avère le plus compétitif au regard des moyens conventionnels (et notamment des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=foVS6DF22nI">centrales à gaz à cycle combiné</a> qui ont été prises ici comme référence).</p>
<p>Sa fourchette de coûts de production est comprise entre 57 et 91 €/MWh (contre <a href="https://www.lenergieenquestions.fr/wp-content/uploads/2013/07/source-d%C3%A9nergie-et-diff%C3%A9rences-de-co%C3%BBt-%C2%A9-EDF.jpg">70-100 €/MWh</a> pour les centrales à gaz à cycle combiné), selon la technologie retenue et la vitesse de vent moyenne de son site d’implantation ; la fourchette basse ne pouvant être atteinte que si les meilleures conditions sont réunies. En prenant en compte des conditions de financement très favorables, les coûts pourraient même atteindre 50 €/MWh.</p>
<p>Cette technologie apparaît donc mature, mais un potentiel d’innovation existe encore sur l’ensemble de la chaîne de valeur des projets et notamment sur la conception des rotors et de leur contrôle. Avec le développement de la filière, l’optimisation logistique (amélioration des technologies de transport, de gestion des chantiers et de montage des équipements, par exemple) et la mise en œuvre des innovations, les coûts de production des machines standards devraient baisser d’environ 10 à 15 % à l’horizon 2025.</p>
<p>Une autre filière se distingue : le photovoltaïque. Avec un coût total de production des <a href="http://www.photovoltaique.info/-Parcs-photovoltaiques-au-sol-.html">centrales au sol</a> estimé entre 74 et 135 €/MWh, les meilleures d’entre elles entrent donc également en compétition avec les moyens conventionnels ; et les marges de progrès sont ici encore très importantes. Soulignons que les coûts d’investissements pour ces centrales au sol ont été divisés par six entre 2007 et 2014. On peut ainsi estimer qu’ils devraient continuer à baisser d’environ 35 % à l’horizon 2025.</p>
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<figcaption><span class="caption">La géothermie (AFP, 2012).</span></figcaption>
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<h2>Pour la chaleur</h2>
<p>Chez les particuliers, les solutions <a href="http://www.energies-renouvelables.org/bois_energie.asp">« bois énergie »</a> offrent des coûts de revient moins élevés que leurs concurrents conventionnels (gaz et chauffrage électrique) : entre 48 et 103 €/MWh, contre 84 € pour le gaz et 153 € pour le chauffage électrique. Les pompes à chaleur air/eau sont également assez compétitives. Néanmoins, le coût d’investissement initial élevé de ces équipements et les contraintes d’usage pour le bois restent des barrières importantes pour faire adopter ces nouvelles techniques.</p>
<p>Les énergies renouvelables peuvent également alimenter en chaleur des bâtiments collectifs, industriels ou des réseaux de chaleur. Pour ces installations de grande taille, les renouvelables (notamment le « bois énergie » avec 48-110 €/MWh et la géothermie avec 74-99 €/MWh) sont des solutions proches de la rentabilité ; et elles permettent de s’affranchir du risque lié, sur le long terme, à l’évolution des cours du gaz (même s’il est actuellement particulièrement compétitif). Cette situation explique notamment le maintien de systèmes de soutien, comme le <a href="http://www.ademe.fr/expertises/energies-renouvelables-enr-production-reseaux-stockage/passer-a-laction/produire-chaleur/fonds-chaleur-bref">« fonds chaleur »</a>.</p>
<h2>Une forte marge de progression</h2>
<p>Qu’il s’agisse d’électricité ou de chaleur, ces baisses de coûts et la compétitivité croissante qui en résulte sont un des résultats positifs et attendus des politiques de soutien mises en place ces dernières années. Les renouvelables représentent désormais une opportunité économique, énergétique et écologique. La grande diversité des filières permet de répondre et de s’adapter aux différents besoins ; il faut aussi prendre en compte la très importante marge de progression de ces filières.</p>
<p>Des innovations technologiques importantes peuvent en effet aboutir à une baisse des coûts significative, tout particulièrement pour les filières les moins matures, comme l’<a href="http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/05/31/eoliennes-hydroliennes-ou-en-sont-les-energies-marines-en-france_4929642_1653054.html">hydrolien</a> ou l’éolien flottant par exemple).</p>
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<figcaption><span class="caption">Les hydroliennes (Arte, 2014).</span></figcaption>
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<p>Et, dans la majorité des autres filières, des innovations continuent de faire évoluer les coûts de façon plus progressive.</p>
<p>On peut notamment citer les avancées en cours sur l’obtention de silicium quasi-monocristallin qui vont permettre la fabrication de <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/25_-_L_energie_solaire.pdf">cellules photovoltaïques</a> à haut rendement et à moindre coût. D’autres innovations pourront servir à amoindrir le coût des solutions adaptées aux gisements de moins bonne qualité. Par exemple, les progrès effectués sur les matériaux composites permettent de concevoir aujourd’hui des pales pour des éoliennes de plus grands diamètres, pouvant fonctionner sur des sites moins ventés, qui représentent aujourd’hui la majorité des zones à équiper en France.</p>
<p>Enfin, il ne faut pas oublier les innovations liées au numérique, qui devraient permettre de réduire les coûts d’intégration des renouvelables au réseau électrique, grâce à l’amélioration des prévisions de production, à la réduction des coûts de raccordement ; ou encore au déploiement de nouvelles technologies permettant d’éviter des travaux de renforcements de réseau quand les besoins ou la production renouvelable augmentent…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70226/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Marchal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans sa toute dernière étude, l’Ademe étudie l’évolution des coûts de production des énergies renouvelables en France. Plusieurs filières rivalisent désormais avec les moyens conventionnels.David Marchal, Directeur adjoint « Productions et énergies durables », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/705082016-12-21T22:16:24Z2016-12-21T22:16:24ZRDC : la promesse de l’électricité pour tous les Congolais peut être tenue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/150826/original/image-20161219-24310-6a0d79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le barrage d’Inga produit environ 1 000 MW d’électricité.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/internationalrivers/9144975491">International Rivers/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avec la <a href="https://theconversation.com/la-republique-democratique-du-congo-peut-elle-echapper-a-son-histoire-70468">fin constitutionnelle</a> du mandat de Joseph Kabila et la grave crise qui agite ces dernières semaines la République Démocratique du Congo (RDC), on peut craindre que la promesse du président congolais de fournir de l’électricité à tous les habitants reste lettre morte.</p>
<p><a href="http://www.se4all-africa.org/fileadmin/uploads/se4all/Documents/Country_RAGAs/Democratic_Republic_of_Congo_FR_Released.pdf">À peine 16 %</a> de la population dispose d’un accès à l’électricité, issue à 99 % de l’<a href="http://www.cd.undp.org/content/rdc/fr/home/library/environment_energy/atlas-interactif-2014/">hydroélectricité</a>. Les matières organiques, utilisées comme combustible, représentent la principale source d’énergie pour cuisiner et se chauffer.</p>
<p>Le secteur de l’énergie joue un rôle essentiel pour l’évolution économique de la RDC et l’amélioration des conditions de vie de la population. Quelles sont les pistes pour le développer en RDC ?</p>
<h2>Miser sur les énergies renouvelables</h2>
<p>Des projets de taille modeste autour des énergies renouvelables sont susceptibles aujourd’hui d’accroître de façon significative l’électricité disponible.</p>
<p>Ces projets peuvent permettre d’augmenter l’accès à l’électricité pour les Congolais, particulièrement dans les zones rurales. Ces dispositifs, de petites unités générant moins d’1 MW, n’ont en effet pas besoin d’être connectés au réseau de distribution national ; ils peuvent donc être développés rapidement pour répondre aux besoins locaux.</p>
<p>À <a href="http://www.snv.org/public/cms/sites/default/files/explore/download/biocaburant_gemena_rdc_snv_sm.pdf">Gemena</a> par exemple, un projet pilote a permis la mise en place d’une unité de production locale à base de biocarburant, issu de matières végétales, pour alimenter en électricité le réseau local. Ce système fournit aujourd’hui de l’électricité en continu à 72 ménages.</p>
<p>Ces projets de petite envergure, particulièrement flexibles, sont bien adaptés aux conditions en RDC, où le territoire est très étendu, avec un taux d’accès à l’électricité dans les zones rurales <a href="http://www.se4all-africa.org/fileadmin/uploads/se4all/Documents/Country_RAGAs/Democratic_Republic_of_Congo_FR_Released.pdf">d’à peine 6 %</a>, soit parmi les plus faibles du monde. Dans ce contexte, étendre la couverture du réseau électrique national, alors que les lignes électriques sont peu nombreuses et disparates, risquerait de prendre des décennies et nécessiterait des investissements massifs.</p>
<p>Les unités de petite taille à partir de sources d’énergie renouvelable paraissent bien plus viables.</p>
<h2>Des projets mais peu de réalisations</h2>
<p><a href="http://www.radiookapi.net/2016/03/07/emissions/parole-aux-auditeurs/bilan-de-lexecution-des-5-chantiers-et-de-la-revolution-de">Le plan de développement</a> quinquennal de Kabila s’attardait sur cinq priorités : les infrastructures, l’emploi, l’éducation, les services et la santé. Accroître l’accès à l’électricité et assurer un approvisionnement stable au secteur industriel congolais figuraient parmi ces priorités. Réhabiliter les unités de production hydroélectriques et en construire de nouvelles à partir du potentiel inachevé du fleuve Congo étaient également au cœur des intentions politiques nationales.</p>
<p>Mais peu de choses ont été achevées au cours de la dernière décennie. Depuis 2008, la capacité de production d’électricité de la RDC n’a pas beaucoup augmenté. Elle demeure <a href="http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=39742&Actualiteit=selected">autour de 2 400 MW</a>, dont seulement 1 281 MW sont opérationnels aujourd’hui. Pourtant, la RDC a connu une <a href="http://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview">croissance économique annuelle d’environ 6 %</a> durant la dernière décennie : le secteur de l’énergie aurait donc du croître davantage.</p>
<p>Si le gouvernement congolais a bien identifié 217 sites pour développer davantage son potentiel hydroélectrique, aucun projet n’a encore vu le jour. Le développement d’un <a href="http://www.cd.undp.org/content/rdc/fr/home/library/environment_energy/atlas-interactif-2014/">Atlas</a> des énergies renouvelables en 2014, grâce à l’appui du Programme des Nations unies, a permis de sélectionner 780 sites, y compris pour développer le potentiel solaire et éolien du pays. C’est maintenant au tour du gouvernement et des provinces de trouver des partenaires pour mener à bien ces projets.</p>
<h2>Les mésaventures des barrages « Inga »</h2>
<p>L’hydroélectricité est considérée comme une source fiable d’approvisionnement en électricité en RDC et dans la région de l’Afrique australe. C’est la raison pour laquelle un projet de large envergure, le Grand Inga, a reçu autant d’écho ces dernières décennies.</p>
<p>Celui-ci a évolué au cours du temps et se présente aujourd’hui comme un projet en plusieurs étapes, proposant la construction progressive de huit barrages sur le fleuve Congo et ses affluents. Les barrages d’Inga 1 et 2 existent déjà, respectivement depuis 1972 et 1982. Ils devraient produire environ 1 770 MW, malheureusement leurs turbines étant régulièrement entre maintien et réfection, leurs capacités combinées atteignent à peine 1 000 MW.</p>
<p>La construction d’un troisième barrage, Inga 3, faisait partie des chantiers prioritaires de Kabila. Malgré la <a href="https://www.internationalrivers.org/fr/campaigns/le-barrage-grand-inga-rd-congo">promesse</a> d’une pose de la première pierre en octobre 2015, ce projet n’a pas beaucoup avancé suite à de nombreux déboires. Parmi ces derniers, le manque de financement et de confiance vis-à-vis de la RDC de la part de ses partenaires a joué un rôle non négligeable. La longue remise en marche et les surcoûts associés à la réhabilitation des barrages d’Inga 1 et 2 ont ainsi été de mauvais augure pour les partenaires de développement du pays. Inga 3 ne produira donc pas son premier kilowatt en octobre 2020 comme promis.</p>
<h2>Des projets de taille moyenne</h2>
<p>Suite aux difficultés rencontrées pour développer plus avant le site d’Inga, les énergies renouvelables et les projets de plus petite taille associés à ces dernières ont piqué la curiosité du gouvernement congolais et de ses partenaires de développement, comme le PNUD et la Banque Mondiale.</p>
<p>Des projets autour d’unité de production d’électricité de petite et moyenne taille, comme le barrage de <a href="http://www.radiookapi.net/2016/07/21/actualite/en-bref/matata-ponyo-inspecte-les-travaux-de-construction-du-barrage-de">Kakobola</a> dont la capacité de production est de 9 MW, ont ainsi été mis en œuvre.</p>
<p>D’autres alternatives sont également considérées, autour du solaire et des biocarburants, notamment dans la perspective d’accroître l’accès à l’électricité dans le pays. <a href="http://www.radiookapi.net/2016/07/18/actualite/societe/joseph-kabila-inaugure-une-centrale-solaire-kananga">L’installation solaire de Kananga</a>, dans la province du Kasaï Central a ainsi été inaugurée cette année et produit aujourd’hui environ 1 MW.</p>
<h2>La nécessite d’une stratégie double</h2>
<p>Les projets hydroélectriques, quelle que soit leur envergure, sont souvent évalués par rapport aux économies d’échelle, en fonction des bénéfices tirés de leur rapport taille/production.</p>
<p>Pourtant, d’autres critères, par exemple socio-environnementaux, devraient être également pris en compte. En 2014, une <a href="http://leganet.cd/Legislation/Droit%20economique/Energie/Loi.14.011.17.06.2014.htm">nouvelle loi sur l’électricité</a> a été adoptée en RDC, permettant d’ouvrir davantage le secteur de l’énergie aux producteurs indépendants et aux énergies renouvelables. Cette dernière va changer la donne pour ouvrir ce secteur et développer des partenariats public-privé autour des énergies renouvelables.</p>
<p>Le chemin est encore long et semé d’embûches avant que la RDC puisse fournir des services modernes d’accès à l’électricité à l’ensemble de sa population. Il est clair que pour ce faire, une double stratégie est nécessaire : inclure non seulement des projets nationaux de grande taille mais aussi des projets plus modestes, permettant au pays de valoriser la diversité de ses sources d’énergie, en particulier renouvelables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70508/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Agathe Maupin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Associer de grands projets hydroélectriques à des dispositifs plus petits devrait permettre de fournir en électricité les zones rurales congolaises.Agathe Maupin, Research Associate at the South African Institute of International Affairs (SAIIA) and at a research unit on Les Afriques dans le Monde (LAM), University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/641932016-08-24T04:44:30Z2016-08-24T04:44:30ZEn Afrique, la multiplication des barrages fait le lit du paludisme<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/134827/original/image-20160819-30366-1563mkl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1024%2C677&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le réservoir de Koka, situé dans le centre de l’Éthiopie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/davidstanleytravel/11379418344/in/photolist-ikyuC1-imekjJ">David Stanley/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Plus de 2 000 grands barrages ont été bâtis et plus de 200 sont actuellement en construction, ou en projet, en <a href="http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00027-014-0377-0">Afrique sub-saharienne</a>. L’objectif principal de ces grands travaux vise à améliorer la sécurité alimentaire, à augmenter la production hydroélectrique, à gérer la variabilité des précipitations et à soutenir la croissance économique.</p>
<p>En 2012, les chefs de gouvernement et les États du continent ont mis sur pied un <a href="http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/PIDA%20brief%20closing%20gap.pdf">ambitieux plan</a> sur le long terme pour rattraper le retard africain en matière d’infrastructures. L’Éthiopie s’est ainsi dotée de plusieurs barrages au cours des dernières années pour satisfaire des besoins énergétiques grandissants. La République démocratique du Congo a quant à elle lancé la construction de plusieurs projets le long de la rivière Congo, aux chutes d’Inga. Au Malawi, le barrage de Kamuzu a été agrandi.</p>
<p>Le renouvellement récent d’aides internationales au développement dans le domaine des <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2014/10/141024082615.htm">ressources en eau</a> a encouragé des études de faisabilité, actuellement en cours, pour bien d’autres barrages à travers le continent.</p>
<p>Mais la construction de ces barrages a un effet inattendu : une augmentation des cas de paludisme dans les zones environnantes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=667&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=667&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=667&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=838&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=838&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/132214/original/image-20160727-21574-1fe79hw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=838&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Barrages existants et prévus en Afrique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jonathan Lautze</span></span>
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<h2>Le risque de paludisme autour des barrages</h2>
<p>L’Afrique abrite <a href="https://theconversation.com/how-the-world-can-cut-malaria-cases-by-90-in-the-next-15-years-47146">90 % des cas de paludisme</a> dans le monde, avec 174 millions de personnes touchées par cette maladie. Une estimation prudente évalue à plus d’un million par an le nombre de cas induits par la présence de barrages en Afrique. Des exemples précis de cette recrudescence à proximité de ces installations <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25894956">ont été rapportés</a> au Cameroun, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Sénégal et au Zimbabwe. On peut aussi évoquer la <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-3156.2012.03077.x/epdf">situation du réservoir de Koka</a> dans le centre de l’Éthiopie.</p>
<p>L’eau retenue dans les réservoirs conduit à l’augmentation du nombre de sites – et les flaques en premier lieu – où les larves du moustique <em>Anopheles</em> porteur du paludisme prospèrent. Ceci conduit à une augmentation considérable du nombre de moustiques adultes. Ces derniers piquent en général en soirée et au cours de la nuit, multipliant le taux de transmission de la maladie parmi les populations vivant à quelques kilomètres des réservoirs.</p>
<p>Les flaques qui offrent des sites de reproduction aux moustiques sont situées dans des zones d’infiltration en aval des barrages, autour des rives des réservoirs et dans les zones construites par les hommes, tels les canaux d’irrigation.</p>
<p><a href="https://malariajournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12936-015-0873-2">Nos travaux</a> indiquent que les berges constituent les sites de reproduction les plus importants pour les moustiques porteurs de la maladie. Les réservoirs créent ces flaques lorsque le niveau de l’eau baisse ; ces dernières deviennent alors l’endroit idéal pour se reproduire.</p>
<h2>Que faire ?</h2>
<p>De multiples approches pour lutter contre la maladie existent. Celles-ci comprennent des mesures conventionnelles et non conventionnelles. Si ces dernières ont été employées ponctuellement, ou pouvaient l’être, elles ne le sont pas encore systématiquement.</p>
<p>L’incidence globale du paludisme sur le continent a décru ces dernières années. En Afrique sub-saharienne, des efforts importants entrepris pour lutter contre la maladie depuis le début du XXI<sup>e</sup> siècle ont permis la réduction de 45 % de la mortalité liée au paludisme. On a ainsi compté 1,6 million de morts en moins <a href="http://www.who.int/malaria/publications/world-malaria-report-2015/report/en/">entre 2001 et 2015</a>. Ces chiffres montrent à quel point les mesures conventionnelles, quand elles sont conduites correctement, offrent une base solide pour lutter contre la propagation de la maladie.</p>
<p>Cependant, la prévalence du paludisme à proximité des barrages où ces mêmes efforts ont été conduits suggèrent que les stratégies conventionnelles ne sont peut-être <a href="http://motherboard.vice.com/read/mosquitoes-have-developed-resistance-to-every-one-of-our-malaria-fighting-tools">pas suffisantes</a>. C’est pour cette raison qu’il devient essentiel de considérer des options inédites et de les associer aux approches qui ont déjà fait leurs preuves.</p>
<p>Ces options concernent :</p>
<p><strong>• La localisation du barrage</strong></p>
<p>La décision de placer un barrage à tel ou tel endroit d’un bassin hydrographique peut avoir une incidence sur le paludisme, en variant d’un site à l’autre.</p>
<p>Il devient de <a href="http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10393-015-1029-0">plus en plus clair</a> que l’effet de la construction d’un barrage varie en fonction de la présence de la maladie dans la région concernée. L’eau qui se trouve retenue dans des zones de transmission moins forte, plus irrégulière ou saisonnière de la maladie aura ainsi un effet négatif plus marqué que dans le cas d’une eau conservée dans des zones où la transmission est plus soutenue et plus régulière tout au long de l’année.</p>
<p>Cette dimension peut être aisément prise en compte dans le choix du site d’installation.</p>
<p><strong>• La conception des barrages et la taille des réservoirs</strong></p>
<p>La conception des barrages et la taille des réservoirs auront un effet sur la propagation du paludisme dans les communautés avoisinantes.</p>
<p>La façon dont un barrage a été conçu peut, par exemple, influencer le degré de suintement en aval. La possibilité de créer des flaques propices au développement des larves dans les berges des réservoirs peut dès lors être traitée en décidant de la hauteur des futures constructions.</p>
<p>Quant à la taille des réservoirs, elle commandera celle des berges permettant aux moustiques de nicher ; les barrages plus petits possèdent des berges plus étroites que les ouvrages plus imposants – ce qui diminue d’autant la propagation de la maladie.</p>
<p><strong>• La gestion des réservoirs</strong></p>
<p>Les niveaux d’eau des réservoirs peuvent être ajustés pour offrir un environnement le moins favorable possible au développement des larves d’<em>Anopheles</em>.</p>
<p>On sait ainsi qu’une décharge d’eau plus soudaine au cours de la haute saison de transmission de la maladie permet d’éradiquer la propagation des moustiques en desséchant les flaques présentes sur les berges.</p>
<p><a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2010WR010166/epdf">Des actions</a> menées en ce sens autour du réservoir de Koka en Éthiopie ont montré qu’il était possible de mieux gérer les infrastructures pour lutter contre le paludisme sans pour autant remettre en cause le projet même du barrage.</p>
<p><strong>• Des poissons se nourrissant de larves</strong></p>
<p>Une dernière option consiste à introduire des poissons se nourrissant des larves dans les barrages.</p>
<p>En Inde, de telles espèces ont été intégrées comme un élément clé du <a href="http://icmr.nic.in/ijmr/2008/january/0103.pdf">programme de lutte antipaludique</a>.</p>
<h2>Envisager le problème sous un nouveau jour</h2>
<p>Il est temps de réfléchir aux effets de la construction des barrages sur le paludisme d’une nouvelle manière.</p>
<p>De tels effets devraient être envisagés autrement que comme des problèmes strictement locaux à combattre par des moyens traditionnels. Il faut bien davantage s’engager dans des stratégies à long terme et globales qui prennent cette question pour ce qu’elle est : un défi majeur qui ne va pas se résoudre facilement.</p>
<p>Promouvoir cette nouvelle approche permettra de s’assurer que cette lutte inédite contre le paludisme recevra toute l’attention nécessaire au moment de la planification, de la conception et de la réalisation de ces ouvrages.</p>
<p>On l’a vu, les options ne manquent pas pour intégrer la question du paludisme dans de tels projets. Il est grand temps de les mettre en œuvre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64193/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthew McCartney receives funding from the Water Land and Ecosystems and previously the Challenge Program for Water and Food program, both of the CGIAR.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jonathan Lautze et Solomon Kibret ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>La multiplication des ouvrages hydroélectriques en Afrique sub-saharienne a vu l’inquiétante augmentation des cas de paludisme dans les zones avoisinantes.Jonathan Lautze, Senior Researcher, Water Resources Management, CGIAR System OrganizationMatthew McCartney, Principal Researcher, CGIAR System OrganizationSolomon Kibret, Postdoctoral Researcher, University of California, IrvineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/515492015-12-01T05:38:08Z2015-12-01T05:38:08ZLe Canada va-t-il sortir de sa schizophrénie climatique ?<p>Ces dix dernières années, les Canadiens ont surtout montré leurs mauvais côtés en matière de lutte contre le changement climatique. Nous nous sommes non seulement retirés du Protocole de Kyoto en 2011, mais nous avons aussi affaibli la protection de l’environnement, en débattant sans fin sur la construction d’oléoducs pour acheminer le pétrole brut depuis les <a href="http://www.anl.gov/articles/argonne-analysis-shows-increased-carbon-intensity-canadian-oil-sands">sables bitumineux</a>, riches en carbone.</p>
<p>Si l’engagement du Canada à réduire ses émissions est assez comparable à celui d’autres pays industrialisés, on lui a néanmoins <a href="https://theconversation.com/canadas-climate-target-is-a-smokescreen-and-full-of-loopholes-42167">reproché d’être insuffisant</a> par rapport à ceux de l’Union européenne notamment.</p>
<p>Parmi les points positifs, citons néanmoins la Colombie-Britannique, qui est parvenue à mettre en place <a href="http://www.fin.gov.bc.ca/tbs/tp/climate/carbon_tax.htm">une taxe carbone</a> sans que cela affecte ses recettes, et l’Ontario, qui a abandonné progressivement <a href="http://e360.yale.edu/feature/how_ontario_is_putting_an_end_to_coal-burning_power_plants/2635/">les centrales au charbon</a> et adopté le système des quotas, à la suite du Québec et de la Californie, afin de continuer à réduire ses émissions.</p>
<p>À l’échelle des villes, l’ancien maire de Toronto, David Miller, a présidé le C40, un groupe d’action international sur le climat réunissant les maires de grandes villes. Le Canada est l’un des pays les plus avancés en matière de recherche et développement autour des technologies à faible intensité carbonique, notamment dans le secteur de la <a href="https://www.concordia.ca/research/zero-energy-building.html">construction d’habitations passives</a>. Il utilise également des sources d’électricité à faible intensité carbonique, plus propres que la plupart des autres pays, grâce à sa forte production d’énergie hydraulique.</p>
<p>La question est maintenant de savoir si le nouveau gouvernement libéral saura tirer parti de l’optimisme et de la détermination du Premier ministre, Justin Trudeau, pour faire évoluer les comportements canadiens et nos relations avec le reste du monde. La composition du nouveau cabinet est un premier signe de ce changement : il inclut <a href="http://www.thestar.com/news/canada/2015/11/09/canadas-new-environment-minister-backs-climate-change-science-in-paris.html">une ministre</a> de l’Environnement et du Changement climatique. Le prédécesseur de Justin Trudeau, Stephen Harper, était quant à lui un <a href="https://theconversation.com/is-lagging-on-climate-change-a-political-liability-49574">fervent défenseur</a> des intérêts de l’industrie pétrolière.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/101140/original/image-20151107-16239-n3cjtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des sables bitumineux à Alberta : le pétrole contenu dans l’asphalte est extrait à l’aide d’un procédé encore plus polluant que celui des puits de pétrole.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/howlcollective/6544064931/in/photolist-aYh3vH-r2P69j-ufTvft-ufKYAB-tj1xgg-tiKf9b-ufoyoN-tiRdwk-tX3fS3-tYazRY-tYbChL-tYhsyX-ufzvGd-tiTTNc-tiYaQq-tYg7ES-ug1M9e-tiXQq3-ug88Y8-ufyYuo-tj8DPc-tYiV7V-ufRtWF-kDwHyR-kDBs8b-tiZg5R-thnXSb-uexFM6-8k4DSx-tiRKp2-tY86XU-thF92L-ufxUMW-thJ2Fy-kDuuLk-kDuC4r-kDtRkD-8BiMmC-6XCD7G-8BiMoN-8BiMtW-7HDaZ4-6XyG3P-kDCXuq-ufv5PW-tYnvGm-ucj9Fh-8jzTsn-8jzTXT-tiRMj5">howlcollective/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Encore beaucoup à faire</h2>
<p>Il est aujourd’hui bien possible qu’au sortir de la COP21 notre position soit sensiblement différente de ce qu’elle aurait été avec Stephen Harper.</p>
<p>À mon sens, les libéraux peuvent changer la donne à deux niveaux. Tout d’abord, le Canada devrait adopter des réglementations plus strictes, tout en tirant profit des dépenses gouvernementales consacrées à l’infrastructure. Il poursuivrait ainsi son engagement de réduction des émissions et sortirait des seuls mécanismes du marché du carbone. Ensuite, si Justin Trudeau fait preuve d’audace, il pourrait tenter de sortir de l’impasse de la réduction des <a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-cop21-gaz-a-effet-de-serre-50156">GES</a> en incitant les autres dirigeants à s’intéresser davantage aux sources d’électricité propres.</p>
<p>Il est important de rappeler que l’objectif canadien d’une réduction de 30 % des émissions de GES d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005 n’est pas une mince affaire. Pour atteindre cet objectif, <a href="http://news.gc.ca/web/article-en.do?nid=974959">le pays prévoit</a> d’adopter une réglementation visant à diviser par deux la consommation et les émissions des voitures et camionnettes entre 2008 et 2025. Quelques améliorations sont également prévues pour les camions.</p>
<p>L’industrie pétrolière et chimique (y compris la production d’engrais) n’échappera pas aux réductions de ses émissions, en particulier d’hydrofluorocarbures, qui participent au réchauffement climatique. Le Canada a déjà interdit la construction de nouvelles centrales au charbon. Il souhaite à présent <a href="http://news.gc.ca/web/article-en.do?nid=974939">améliorer le rendement</a> des centrales au gaz naturel.</p>
<h2>Un prix du carbone fixé au niveau national ?</h2>
<p>Avant son élection, Justin Trudeau avait déclaré vouloir suivre l’exemple de certaines provinces, en instaurant <a href="http://www.theglobeandmail.com/news/politics/trudeau-vows-to-adopt-carbon-pricing-if-liberals-win-election/article22842010/">un prix du carbone</a> au niveau national. Cette stratégie pourrait s’avérer payante, mais les libéraux devront éviter les débats interminables sur les <a href="http://www.env-econ.net/carbon_tax_vs_capandtrade.html">mérites respectifs</a> des quotas et de la taxe carbone. Si l’on veut vraiment réduire les émissions, il faudra probablement taxer le carbone au même taux qu’en Suède, soit environ 140 euros par tonne, un prix cinq fois supérieur à celui pratiqué en Colombie-Britannique. Reste à savoir si les Canadiens accepteront de payer ce surcoût indispensable pour s’assurer que les mesures seront vraiment efficaces.</p>
<p>Les libéraux pourraient mettre en place d’autres mesures et stratégies d’investissement afin de dépasser l’engagement initial d’une réduction de 30 %. Les normes de construction pourraient être durcies, par exemple, en imposant un meilleur rendement énergétique, proche de celui des bâtiments passifs.</p>
<p>En promettant, pendant la campagne, d’investir davantage dans l’infrastructure des villes et communautés canadiennes, les libéraux ont peut-être créé des opportunités que le gouvernement précédent n’avait pas saisies. Les transports en commun à faible intensité carbonique, les véhicules électriques et les normes plus contraignantes de consommation énergétique des logements publics sont autant de dépenses en infrastructures qui participent à limiter les changements climatiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/101141/original/image-20151107-16242-natpw0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La production d’électricité canadienne ne nécessite que peu de carbone, car elle repose en grande partie sur l’énergie hydraulique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aeriel_picture,_Revelstoke_Dam.jpg">Arsenikk</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Le Canada pourrait cependant aller beaucoup plus loin grâce à son large parc de production d’électricité propre. La plupart de ses provinces, dont les plus peuplées – la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec – s’appuient en effet largement sur l’énergie hydraulique, les énergies renouvelables et, dans le cas de l’Ontario, le nucléaire. Dans un monde où le carbone n’a plus bonne presse, c’est un avantage économique incontestable.</p>
<p>Car la réduction des émissions de GES passera nécessairement par le secteur de l’électricité, responsable de 30 % des émissions dans les pays développés. Comme elle est inhérente à la croissance économique, ce chiffre va continuer à grimper.</p>
<p>Pour se détacher des combustibles fossiles, <a href="http://www.iea.org/etp/etp2014/">l’électricité</a> offre les meilleures perspectives. Cela implique, par exemple, de remplacer les moteurs et chaudières à combustion par des véhicules et des pompes à chaleur électriques. Néanmoins, une réduction sensible des émissions de GES ne se fera que si cette électricité provient de sources propres, comme c’est déjà le cas dans la plupart des provinces canadiennes.</p>
<h2>Vers une électricité moins polluante</h2>
<p>Pendant la COP21, les participants vont négocier la quantité totale de GES qu’ils sont autorisés à émettre, principalement en fonction des tonnes de CO<sub>2</sub> émises par chaque pays.</p>
<p>Dans un autre article, j’avais <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v5/n3/full/nclimate2494.html">évoqué une unité de mesure</a> universelle qui pourrait servir aux États afin de calculer leur contribution effective à la lutte contre le changement climatique. Il s’agit de l’intensité carbone de la production électrique, c’est-à-dire la quantité d’émissions générée par unité de production d’électricité.</p>
<p>Pourquoi le Canada se contenterait-il d’être à l’avant-garde de la production d’électricité propre, alors qu’il peut s’engager à diminuer l’intensité carbone de ses ressources, et encourager ses homologues à en faire de même ?</p>
<p>Justin Trudeau est, sans nul doute, bien mieux placé que son prédécesseur pour mettre en avant les actions positives du Canada en matière de gestion des changements climatiques. Mais il ne peut faire oublier que son pays compte parmi ceux qui émettent le plus de GES par habitant.</p>
<p>Pour améliorer son image, le Canada ne pourra pas se contenter de sa promesse de réduire ses émissions de 30 %. Les libéraux devraient tirer profit du programme de dépenses du pays dans les infrastructures. Mais Justin Trudeau pourrait aller encore plus loin et renforcer notre position dans les négociations, en tant que producteurs d’électricité propre.</p>
<p><br>
<em>Traduit de l’anglais par Maëlle Gouret/<a href="http://www.fastforword.fr/">Fast for Word</a></em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/51549/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christopher Kennedy receives funding from the Natural Sciences and Engineering Research Council of Canada to research on low carbon cities, infrastructure and buildings in a global context. </span></em></p>Le Canada, héraut des mesures à prendre pour limiter le changement climatique, est paradoxalement l’un des États les plus à la traîne en la matière.Christopher Kennedy, Professor of Civil Engineering, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/498262015-11-26T05:40:27Z2015-11-26T05:40:27ZCrises sismiques (2) : en Europe aussi, les activités humaines font trembler la terre<p>La crise sismique de l’Oklahoma, objet de notre précédent <a href="https://theconversation.com/crises-sismiques-le-petrole-fait-trembler-loklahoma-50037">article</a>, affecte aussi d’autres États du centre des États-Unis, tels que le Colorado, l’Arkansas et le Texas. Ce problème, lié à l’injection massive dans le sous-sol des fluides produits par l’extraction du pétrole, a pris une <a href="http://www.sciencedaily.com/releases/2015/06/150618145901.htm">ampleur continentale</a> à laquelle les autorités américaines doivent désormais faire face. Qu’en est-il ailleurs, notamment en Europe, en France ? D’autres activités humaines peuvent-elles provoquer des séismes ?</p>
<p>On sait depuis longtemps que la mise en eau des grands barrages induit de la sismicité et peut avoir des effets dramatiques. À Koyna, en Inde, le tremblement de terre de 1967 (<a href="http://musee-sismologie.unistra.fr/comprendre-les-seismes/notions-pour-petits-et-grands/notions-de-base/magnitude-dun-seisme/">magnitude</a> 6,3) fit environ 200 victimes, l’activité sismique se poursuivant dans cette zone durant des dizaines d’années. Même si les liens de cause à effet sont plus difficiles à établir, un déclenchement induit est aussi évoqué à propos du séisme catastrophique de Latur en 1993 (magnitude 6,3), toujours en Inde, qui fit presque 10 000 victimes ; c’est aussi le cas de celui qui frappa, en 2008, la province chinoise du Sichuan (magnitude 7,9), faisant 70 000 morts. Pour les barrages, les facteurs physiques en cause concernent le poids de l’eau dans la retenue ainsi que son infiltration progressive en profondeur. Comme pour l’injection des eaux pétrolières usées, ces facteurs modifient en profondeur les contraintes ainsi que la résistance des failles au glissement, ce qui peut amener certaines à rompre en avance par rapport à leur évolution naturelle.</p>
<p>Toute activité humaine modifiant significativement les forces en jeu dans le sous-sol peut donc induire des séismes parfois catastrophiques. Examinons deux autres cas récents, proches de la France.</p>
<h2>En Suisse, un projet géothermique stoppé</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=501&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=501&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=501&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=629&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=629&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/103203/original/image-20151125-23813-u5ywxn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=629&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Google</span></span>
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<p>À la jonction des structures géologiques jeunes et actives du fossé d’Alsace et du Jura, la ville de Bâle (Suisse) possède une histoire sismique préoccupante. Elle a été partiellement détruite au Moyen-âge par <a href="http://musee-sismologie.unistra.fr/comprendre-les-seismes/notions-pour-petits-et-grands/la-sismicite/le-seisme-de-bale-1356/">le séisme de 1356</a>, le plus puissant qu’ait connu l’Europe hors domaine méditerranéen, dont la magnitude a été estimée entre 6,7 et 7,1. La région abrite donc des failles d’ampleur suffisante pour produire de telles magnitudes. La magnitude d’un séisme dépend de la taille de la faille : si elle est longue d’une à plusieurs dizaines de kilomètres, elle pourra rompre avec des magnitudes entre 6 et 7. Le risque sismique est ainsi sérieux pour la région de Bâle où vivent plus de 700 000 personnes et qui abrite de nombreux laboratoires et centres de production chimiques et pharmaceutiques.</p>
<p><br></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/103196/original/image-20151125-23847-1judrif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le tremblement de terre à Bâle en 1356.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ASebastian_M%C3%BCnster_Cosmographia_-_Erdbeben_Basel_1356.jpg">wikipedia</a></span>
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<p><br></p>
<p>Fin 2006, la consortium Geopower Basel AG, débute à Bâle un projet de géothermie. Il s’agit de forer jusqu’à 5 kilomètres sous la partie industrielle de la ville. Après avoir atteint les roches granitiques du socle cristallin, Geopower Basel commence à injecter de l’eau sous-pression dans le forage pour provoquer de la fracturation hydraulique, le <em>fracking</em>. Ce procédé vise à créer une multitude de fractures permettant à l’eau de circuler dans les roches chaudes et d’extraire ainsi cette chaleur. En plus des microséismes normalement provoqués par la création des fractures, on se met alors à enregistrer des séismes de plus en plus forts. Cette sismicité n’étant pas attendue, on stoppe l’injection d’eau. Quelques heures après, un séisme de magnitude 3,4, est largement ressenti par la population, car très peu profond. Préoccupés par le risque de secousses plus fortes, les autorités et le consortium décident d’arrêter provisoirement le projet. <a href="http://srl.geoscienceworld.org/content/80/5/784">Les études sismologiques</a> menées par la suite ont montré que l’injection d’eau a activé une petite portion d’une faille préexistante, et que le <a href="http://www.bfe.admin.ch/php/modules/enet/streamfile.php?file=000000010350.pdf&name=000000290173">risque d’un séisme de magnitude 4.5</a> existe en cas de poursuite des travaux ayant recours aux mêmes techniques. Le projet n’a pas repris depuis.</p>
<h2>En Espagne, pompage, irrigation et… séisme</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=619&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=619&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=619&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=778&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=778&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/103202/original/image-20151125-23837-13jl4zc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=778&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Google</span></span>
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<p>Mai 2011 : un séisme de magnitude 5,1 frappe la ville de Lorca dans la province de Murcie, au sud-est de l’Espagne, faisant neuf victimes. La faille d’Alhama de Murcia qui a rompu en partie lors de ce séisme était déjà reconnue comme active et capable de produire des magnitudes 5 à 6. Le séisme de Lorca n’était donc pas inattendu. Plus surprenant, en revanche, sa très faible profondeur (environ 3 km), alors que ce type de ruptures sismiques se déclenchent en général à une dizaine de kilomètres sous nos pieds. De très forts mouvements du sol ont ainsi affecté la ville de Lorca, située juste au-dessus du séisme, provoquant la mort de neuf personnes et d’importants dégâts matériels malgré une magnitude modérée.</p>
<p>Depuis plusieurs décennies, on exploite intensément la nappe d’eau souterraine de la plaine de Lorca pour l’irrigation. <a href="http://www.nature.com/ngeo/journal/v5/n11/full/ngeo1610.html">Une étude</a>, publiée et objet d’un <a href="http://web.gps.caltech.edu/%7Eavouac/publications/AvouacNGEO_2012.pdf">commentaire</a> dans la revue <em>Nature Geosciences</em>, a relié le déclenchement du séisme et ses caractéristiques – localisation, profondeur, ampleur – à l’abaissement extrême (250 mètres depuis 1960) du niveau de la nappe souterraine. Comme pour les autres exemples de sismicité induite, l’effet du pompage d’eau aurait modifié les contraintes sur la faille, provoquant la nucléation de la rupture sismique au plus près de la zone de pompage et cela très superficiellement. Il s’agirait donc, à Lorca, d’un séisme attendu, mais probablement avancé dans le temps et dont les spécificités pourraient être en lien avec les activités humaines.</p>
<h2>En France ?</h2>
<p>On vient de le voir, l’Europe n’est pas à l’abri des séismes induits ou déclenchés par des activités industrielles, bien que ce soit avec un taux d’activité beaucoup plus faible qu’aux États-Unis*. Dans le prochain et dernier article de cette série sur les crises sismiques, nous verrons plus précisément ce qu’il en est pour la France.</p>
<p><br>
*<em>Depuis la publication du premier <a href="https://theconversation.com/crises-sismiques-le-petrole-fait-trembler-loklahoma-50037">article</a> de cette série, la situation évolue très rapidement en Oklahoma. En seulement deux semaines, plusieurs séismes supérieurs à 4 se sont produits, le plus gros atteignant la <a href="https://twitter.com/DanielEMcNamara/status/667307307705892864">magnitude de 4,7</a>. Les experts des services sismologiques n’hésitent plus à envisager le <a href="http://kfor.com/2015/11/23/only-a-matter-of-time-before-the-big-one-shakes-oklahoma/">risque du <em>« Big One »</em></a> en Oklahoma… toute proportion gardée tout de même (ce n’est pas la Californie !). On parle ici de possibles <a href="http://www.tulsaworld.com/news/state/usgs-oklahoma-has-unheard-of-seismicity-that-might-produce-quake/article_fc8cf769-4846-5ef0-82a5-787391a8fee1.html">séismes de magnitude 6</a>, relativement modérés mais potentiellement destructeurs dans une région des États-Unis qui n’y est pas préparée. Pour tenter de contrôler cette évolution, des <a href="https://twitter.com/DanielEMcNamara/status/666410723191353347">mesures de régulation</a> plus strictes concernant l’injection des eaux usées viennent d’être appliquées à quelques forages.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/49826/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Robin Lacassin a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR, projet MegaChile), de la communauté européenne (programme FP7-PEOPLE-2013-ITN), du CNRS-INSU et du Labex UNIVEARTHs (USPC).</span></em></p>Les séismes induits par l’homme ne sont pas l’apanage des États-Unis. En Inde, en Chine, et aussi en Europe, de la Suisse à l’Espagne, des activités industrielles peuvent perturber les sous-sols.Robin Lacassin, Directeur de recherche, Institut de physique du globe de Paris (IPGP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.