tag:theconversation.com,2011:/global/topics/halloween-77936/articleshalloween – The Conversation2023-10-30T19:09:19Ztag:theconversation.com,2011:article/2162842023-10-30T19:09:19Z2023-10-30T19:09:19ZComment les sorcières sont devenues des icônes féministes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556306/original/file-20231027-17-4bj4it.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C1020%2C590&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Femmes accusées d'être sorcières brûlées sur le bûcher à Derenburg en 1555</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Zeitung_Derenburg_1555_crop.jpg">Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Halloween oblige, les sorcières réapparaissent, aux côtés d’autres figures d’épouvante convoquées pour l’occasion. Pourtant, contrairement aux citrouilles, zombies et autres <em>poltergeists</em>, elles n’ont jamais tout à fait quitté l’actualité ces dernières années – et surtout, elles se rapportent à une réalité historique.</p>
<p>Des personnalités contemporaines, comme la députée Sandrine Rousseau, ont par exemple signé des <a href="https://www.lejdd.fr/Societe/lappel-de-200-personnalites-sorcieres-de-tous-les-pays-unissons-nous-3928922">tribunes associant cette figure à leurs revendications</a>. Présentées comme des femmes persécutées en raison de leur genre, dans la lignée des <a href="https://entremonde.net/caliban-et-la-sorciere">travaux de la philosophe Silvia Federici</a> et de <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/sorcieres-9782355221224">l’ouvrage de Mona Chollet</a>, les sorcières irriguent le débat public.</p>
<p>En effet, la répression de la sorcellerie peut être vue comme une <a href="https://www.nonfiction.fr/article-9624-la-sorciere-metaphore-de-la-condition-feminine.htm">métaphore de la condition féminine à travers l’histoire</a>, manifestation violente de l’hégémonie patriarcale.</p>
<p>Pour les historiennes et les historiens spécialistes, le <a href="https://www.cambridge.org/core/books/abs/witchcraft-in-early-modern-europe/many-reasons-why-witchcraft-and-the-problem-of-multiple-explanation/8E67EE2828CB2F730F9E5D1DDB1B31A4">constat est plus contrasté</a>, <a href="https://books.openedition.org/pul/7157?lang=en">sans minimiser l’impact des discours et des imaginaires misogynes à l’œuvre dans ces accusations</a>, ni la réalité des dizaines de milliers de femmes persécutées et tuées pour crime de sorcellerie.</p>
<p>Finalement, de quoi parle-t-on lorsque nous évoquons les « sorcières » ? De trois objets, complémentaires, mais distincts. La persécution réelle d’individus accusés de sorcellerie d’abord. D’une figure symbolique ensuite, s’appuyant sur cette dernière, mais construction culturelle au fil des siècles sur laquelle se sont bâtis et appuyés des discours puissants et encore actifs aujourd’hui. D’une nouvelle réalité, enfin, celle d’individus s’identifiant comme « sorcières » et dont les pratiques comme les croyances se revendiquent des accusées du passé, notamment les adeptes des <a href="https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1997_num_100_1_1181_t1_0106_0000_3">mouvements néo-païens</a>.</p>
<h2>La répression de la sorcellerie, une réalité historique</h2>
<p>De l’Antiquité, le Moyen Âge conserve le souvenir d’une législation <a href="https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1976_ant_27_1_2009">romaine</a> et impériale rigoureusement sévère contre les magiciens et la magie, <a href="https://www.jstor.org/stable/283219">qu’elle condamnait à mort lorsque celle-ci était destinée à nuire</a>. Héritier de ces conceptions, le Moyen Âge chrétien organise une lutte contre toutes formes de réminiscences du paganisme – pratiques magiques et divinatoires, culte des idoles, etc. – que l’Église englobe dans le champ des superstitions.</p>
<p>Les premiers procès de sorcellerie apparaissent, dans les sources, <a href="https://www.binge.audio/podcast/pop-culture/maxime-et-les-proces-de-sorcellerie-partie-1">dès le début du XIIIᵉ siècle, notamment en Italie du Nord</a>. Ils se rencontrent de plus en plus fréquemment en raison, notamment, d’un changement de perception.</p>
<p>De fait, la sorcellerie est progressivement considérée comme un crime plus grave. Dès les années 1280, elle tend à être assimilée à une hérésie, dans le cadre d’une mouvement plus large. En effet, à la même période, l’Église inaugure un vaste projet de lutte contre toutes les hérésies, dans un contexte de crise politique et d’affirmation du pouvoir pontifical. Elle se dote d’une institution spécifiquement dédiée à ce projet, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-lundis-de-l-histoire/heresie-et-inquisition-9253397">l’Inquisition</a>.</p>
<p>Dans ce nouveau paradigme, la sorcellerie impliquerait explicitement un pacte avec le diable et l’invocation des démons. De ce fait, les accusés encourent la peine réservée aux hérétiques : la <a href="https://journals.openedition.org/medievales/1087">condamnation au bûcher</a>. Un des moments clefs de cette nouvelle définition est la promulgation, en 1326, de la bulle <em>Super illius specula</em> <a href="https://www.cairn.info/satan-heretique--9782738113665-page-17.htm">par le pape Jean XXII (1316-1334)</a>. La sorcellerie est considérée comme une menace tangible pour la société chrétienne.</p>
<p>Pour la combattre, l’Église n’est pas seule. Les pouvoirs laïcs – les rois, les seigneurs, mais aussi les villes – et leur justice participent également à la répression.</p>
<p>Les procès se rencontrent de plus en plus fréquemment en Europe et se multiplient jusqu’à la fin du XV<sup>e</sup> siècle, sans être toutefois un phénomène de masse.</p>
<p>Bien qu’associées dans l’imaginaire collectif au Moyen Âge, les grandes « chasses aux sorcières » ne démarrent véritablement qu’à l’époque moderne.</p>
<p>L’approche quantitative de la répression de la sorcellerie est complexe. La conservation des sources est incomplète, leur étude non exhaustive. Néanmoins, un consensus se dégage. En Europe, entre les XIII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles, le nombre de procès en sorcellerie se situerait entre <a href="https://www.kaggle.com/datasets/michaelbryantds/witch-trials">100 000 et 120 000 pour 30 000 à 50 000 exécutions</a>.</p>
<h2>Entre 1550 et 1650, 80 à 85 % des personnes poursuivies sont des femmes</h2>
<p>Parmi les individus accusés, les femmes occupent une part prépondérante sur l’ensemble de la période de criminalisation.</p>
<p>Celles-ci ont des profils très divers. Contrairement aux idées reçues, l’étude des procès révèle que ce ne sont <a href="https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1993_num_12_2_1668">pas exclusivement des femmes marginalisées, vieilles, célibataires ou veuves</a>. Toutes les catégories sociales se rencontrent devant les tribunaux, y compris les mieux insérées et les plus fortunées.</p>
<p><a href="https://www.cath.ch/newsf/la-chasse-aux-sorcieres-sest-developpee-comme-une-fake-news/">Personne n’est à l’abri d’une accusation de sorcellerie</a>, souvent issue d’une dénonciation, qui peut découler d’une rumeur ou de tensions.</p>
<p>À l’origine, la machine judiciaire n’est pas spécifiquement dirigée contre les femmes, mais la persécution se concentre sur elles <a href="https://books.openedition.org/pul/7157?lang=en">à partir de la fin du Moyen Âge et tout au long de l’époque moderne</a>.</p>
<p>Ainsi, si cette criminalisation touche à l’époque médiévale <a href="https://hal.science/hal-03296671/">autant les femmes que les hommes</a> – avec parfois des particularismes régionaux où peuvent s’observer <a href="https://journals.openedition.org/crm/11507?lang=es">certaines nuances</a>, <a href="https://www.routledge.com/The-Witch-Hunt-in-Early-Modern-Europe/Levack/p/book/9781138808102">entre 1550 et 1650, 80 à 85 % des personnes poursuivies auraient été des femmes</a>.</p>
<p>Pour comprendre cette évolution, il faut se pencher sur le concept novateur du sabbat, sur lequel se sont appuyées les chasses aux sorcières. Cet imaginaire, qui se construit au XV<sup>e</sup> siècle, englobe, en apparence, autant les hommes que les femmes. Toutefois, dès le départ, comme l’indiquent les historiennes Martine Ostorero et Catherine Chêne, il diffuse les ferments d’une misogynie destinée à s’amplifier par la suite, dans une <a href="https://shs.hal.science/halshs-03394529">période de circulation intense de stéréotypes contre les femmes</a>. Selon ce paradigme, les femmes, plus faibles, sont davantage susceptibles de <a href="https://journals.openedition.org/crm/768">céder au diable que les hommes</a>.</p>
<p>Avant toute chose, c’est du fait de la croyance en la réalité de leur pacte avec les démons que ces femmes, mais aussi ces hommes et ces enfants, font l’objet de poursuites judiciaires et, dans un cas sur deux, sont susceptibles d’être condamnés, le plus souvent à mort.</p>
<h2>La sorcière, de la répression à la figure « mythique »</h2>
<p>Plusieurs coups d’arrêts marquent la fin des procès et amorcent la décriminalisation de la sorcellerie (édit du Parlement de Paris de 1682, <em>Witchcraft Act</em> de 1736). Ainsi, en Europe, <a href="https://www.slate.fr/societe/femmes-coupables/anna-goldi-proces-injuste-sorciere-condamnee-mort-histoire-suisse">Anna Göldi</a> fut la dernière personne exécutée pour sorcellerie en 1734 à Glaris, en Suisse.</p>
<p>Désormais dépénalisé, le phénomène devient un objet d’études et de fascination.</p>
<p><em>La Sorcière</em> de Jules Michelet (1862) marque une rupture importante dans la réhabilitation du personnage. En insistant sur sa dimension symbolique et mythique dans le discours historique national, la sorcière ne serait plus simplement une création de l’Église et de l’État pour justifier leur pouvoir. C’est l’incarnation du peuple, auquel il attribue un génie particulier, et de sa <a href="https://books.openedition.org/septentrion/13577?lang=fr">révolte contre les oppressions du Moyen Âge</a>.</p>
<p>Une nouvelle approche de la sorcellerie émerge en parallèle, mettant l’accent sur ses éléments folkloriques. Certains auteurs, comme les frères Grimm, cherchent à démontrer les liens entre la <a href="https://publikationen.sulb.uni-saarland.de/handle/20.500.11880/23635">sorcellerie et les anciennes croyances païennes</a>. Leurs œuvres ont contribué à la circulation de la <a href="https://www.24heures.ch/comment-ma-sorciere-est-devenue-bien-aimee-259859275274">figure de la sorcière dans la culture populaire</a>, où l’on a assisté à son <a href="https://leclaireur.fnac.com/article/66475-sorcieres-des-icones-de-la-pop-culture-entre-bouc-emissaire-et-stars-des-reseaux-sociaux/">« réenchantement »</a>.</p>
<h2>Sorcières et paganisme</h2>
<p>Au tournant du XX<sup>e</sup> siècle, Alphonse Montague Summers suggère que les sorcières étaient membres d’une organisation secrète, hostile à l’Église et à l’État, qui poursuivrait des <a href="https://www.academia.edu/79069952/The_History_OF_Witch_Craft_And_Demonology_Montague_Summers_Complete_Edition_Ultra_Rare_Book_Exhaustive_Annalysis_on_Demons_to_the_Occult_ETC">cultes païens antérieurs au christianisme</a>. On lui doit surtout la traduction du <em>Marteau des sorcières</em>, traité du dominicain Heinrich Kramer, composé entre 1486-1487, dans lequel il appelle à la lutte contre l’hérésie des sorcières, que Summers produit pour donner une <a href="https://www.jstor.org/stable/43446479">nouvelle actualité à son contenu et à ses théories misogynes, auxquelles il adhère</a>.</p>
<p>En 1921, Margaret Alice Murray propose des <a href="https://books.openedition.org/pur/52872?lang=fr">interprétations nouvelles et controversées sur le paganisme des sorcières</a>.</p>
<p>Dans <em>The Witch-Cult in Western Europe</em> (1921), elle suppose l’existence continue d’un culte archaïque de la fertilité dédiée à la déesse Diane dont les sorcières avaient prolongé la pratique ainsi que l’existence réelle, partout en Europe, au sein de sectes de sorcières (des <em>covens</em>). En 1931, dans <em>God of Witches</em>, elle postule encore que ce culte rendrait hommage à un « dieu cornu », diabolisé au Moyen Âge, et que les sorcières avaient été persécutées, après que ces <em>covens</em> furent découverts, vers 1450, puisqu’elles auraient formé une résistance souterraine opposée à l’Église et à l’État.</p>
<p>Ses théories sont <a href="https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1997_num_100_1_1181_t1_0106_0000_3">à l’origine des mouvements néo-païens comme la Wicca</a>. Les adeptes de cette religion se nomment sorcières et sorciers. Initiée au Royaume-Uni par Gerald Gardner en s’inspirant des travaux de Murray, la Wicca fait partie d’un mouvement païen contemporain plus vaste fondant leurs pratiques <a href="https://theconversation.com/as-witchcraft-becomes-a-multibillion-dollar-business-practitioners-connection-to-the-natural-world-is-changing-209677">sur l’idée d’une réactivation d’une culture qualifiée de préchrétienne</a>.</p>
<p>Le nombre d’adeptes de cette religion fait l’objet de discussions intenses, mais on estime qu’il pourrait y avoir <a href="https://www.newsweek.com/witchcraft-wiccans-mysticism-astrology-witches-millennials-pagans-religion-1221019">environ 1,5 million de « sorcières » et de « sorciers » aux États-Unis</a>.</p>
<h2>Sorcières et féminisme</h2>
<p>Dès la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, dans la première vague féministe, la célèbre autrice et suffragette américaine <a href="https://www.jstor.org/stable/25163624?searchText=Matilda%20Joslyn%20Gage&searchUri=%2Faction%2FdoBasicSearch%3FQuery%3DMatilda%2BJoslyn%2BGage&ab_segments=0%2Fbasic_search_gsv2%2Fcontrol&refreqid=fastly-default%3A62c5b4843b71d8780360c10391a32089">Matilda Joslyn Gage</a> voit en la sorcière le symbole de la science réprimée par l’obscurantisme et l’Église.</p>
<p>Dans le cadre du mouvement de libération des femmes, l’œuvre de Murray inspire un <em>Witches Liberation Movement</em> qui donne naissance à de nombreux groupes féministes aux États-Unis <a href="https://www.jstor.org/stable/3173832">tout particulièrement à New York, à partir d’octobre 1968</a>.</p>
<p>En proposant de réhabiliter le terme « sorcière » grâce à la déconstruction des stéréotypes négatifs associés à ce terme, le mouvement le réinterprète comme une figure de résistance féminine.</p>
<p>Dans les milieux américains, en 1973, Barbara Ehrenreich et Deirdre English, journalistes et écrivaines, signent <em>Sorcières, sages-femmes et infirmières</em>. Elles avancent une théorie controversée. Si les femmes ont été persécutées comme sorcières, c’est en raison d’un savoir accumulé qui mettrait en péril la norme et la domination de genre, et plus spécifiquement la communauté médicale masculine concurrencée par leur connaissance du corps féminin. S’il est vrai que les <a href="https://theconversation.com/la-disparition-progressive-des-femmes-medecins-du-moyen-age-une-histoire-oubliee-192360">professions médicales se structurent au profit des hommes</a> à la fin du Moyen Âge, rien n’établit une corrélation entre un savoir détenu par les femmes et leur condamnation pour sorcellerie. L’historien David Harley parle même de <a href="https://academic.oup.com/shm/article-abstract/3/1/1/1689119">« mythe » de la sorcière sage-femme</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Tremate, tremate le streghe son tornate ! » (Tremblez, tremblez, les sorcières sont de retour !).</span></figcaption>
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<p>Dans le même temps, en Italie, les mouvements militants en faveur de la légalisation de l’avortement et engagés dans l’« Unione Donne Italiane », une association féministe italienne créée en 1944, s’inspirent de la vision de Michelet et utilisent pour slogan « Tremate, tremate, le streghe son tornate » (<em>Tremblez, tremblez, les sorcières sont de retour !</em>).</p>
<p>Issues de ces luttes, la sociologue Leopoldina Fortunati et la philosophe Silvia Federici proposent une lecture nouvelle de Karl Marx pour expliquer l’émergence du capitalisme. Selon elles, la naissance de ce système a nécessairement impliqué l’apport d’une <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/dictionnaire/definition/96548">accumulation primitive de capital</a> permise par la dépossession sytématique par les hommes du travail non payé des femmes, de leurs corps, de <a href="https://journals.openedition.org/grm/783">leurs moyens de production et de reproduction</a>. En somme, pour les autrices, le <a href="https://www.lemonde.fr/livres/article/2014/07/09/le-corps-terrain-originel-de-l-exploitation-des-femmes_4454118_3260.html">capitalisme n’aurait pas pu se déployer sans le contrôle des corps féminins</a>. L’institutionnalisation du viol, de la prostitution et de la chasse aux sorcières auraient été des manifestations de l’assujettissement méthodique des femmes par les hommes <a href="https://journals.openedition.org/grm/783">et de l’appropriation de leur travail</a>.</p>
<p>Dans cette perspective, Françoise d’Eaubonne, grande figure du MLF et de l’écoféminisme français, dans <em>Le sexocide des sorcières</em> (1999), analyse la chasse aux sorcières comme une « guerre séculaire contre les femmes ».</p>
<p>Très largement médiatisée, la sorcière entre définitivement dans le langage commun comme une figure devenue incontournable de l’<em>empowerment</em> féminin.</p>
<p>Il existe donc un écart manifeste entre la compréhension historique d’un phénomène de répression et les discours et interprétations qui mobilisent la figure de la sorcière depuis le XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Ces réinvestissements – <a href="https://theyorkhistorian.com/2017/03/11/the-european-witch-hunts-a-mass-murder-of-women/">sans être exempts d’approximations ou d’anachronismes</a> – ne possèdent pas moins de valeur, tant sur le plan symbolique qu’analytique. Ils témoignent des préoccupations actuelles, politiques, sociales et culturelles.</p>
<p>Plus généralement, comme l’annonçait dès 1975 la <a href="https://femenrev.persee.fr/issue/sorci_0339-0705_1975_num_1_1">revue féministe française <em>Sorcières</em></a>, ils expriment le combat pour la cause des femmes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216284/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maxime Gelly-Perbellini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De quoi parle-t-on lorsque nous évoquons les « sorcières » ? Et quels imaginaires convoque cette figure historique devenue mythique ?Maxime Gelly-Perbellini, Doctorant en histoire du Moyen Âge, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1707372021-10-27T20:41:09Z2021-10-27T20:41:09ZHalloween, une nuit à tombeaux ouverts<p>Halloween, fête automnale des morts, des fantômes et des sortilèges, connaît un destin troublé : de retour dans la « vieille Europe » au milieu des années 1990 et promue dans l’Hexagone par des instigateurs zélés – parc d’attraction et chaîne de fast-food à l’appui – cette fête suscite l’engouement ou le dédain. Regain festif et païen pour les uns, cheval de Troie de « l’impérialisme culturel américain » pour les autres, cette célébration paganiste ne laisse pas indifférent. L’Église catholique, émue de « l’influence néfaste » de la bacchanale, <a href="https://www.lapresse.ca/vivre/dossiers/halloween/201010/27/01-4336718-holyween-une-alternative-chretienne-a-halloween.php">a même créé « Holyween »</a> (soirée de prières en réaction), afin de donner un coup de balai aux histoires de sorcières.</p>
<p>Le premier intérêt d’Halloween, c’est la pluralité d’analyses auxquelles ce « néo-rite païen » donne lieu.</p>
<p>Halloween marque le retour de « vieilles lunes » et de fêtes oubliées, ou qui étaient simplement en sommeil… attendant qu’on les exhume en quelque sorte. Ses origines sont tout <a href="https://www.france24.com/fr/20161031-origines-dhalloween-samain-fete-celtique-morts-vivants">à la fois celtiques</a> et <a href="https://www.geo.fr/histoire/les-5-choses-a-savoir-sur-la-fete-des-morts-198400">mexicaines</a>. A l’origine, la même volonté de célébrer les morts, et de manifester aussi sa peur conjuratoire, avant d’entrer dans l’hiver et le cycle des nuits courtes, période anxiogène s’il en est.</p>
<h2>La mort comme continuation de la vie</h2>
<p>Les conquistadors espagnols découvrant le Mexique furent impressionnés par un rituel aztèque pratiqué de très longue date et qui leur paraissait sacrilège. Car, à l’inverse des Espagnols qui voyaient la mort comme la fin de la vie, les Aztèques la considéraient comme sa continuation. Ils gardaient des crânes comme des trophées et les exhibaient durant ces fêtes pour symboliser la renaissance et pour honorer les morts qui revenaient selon eux en visite à cette époque de l’année. Ne parvenant pas à éliminer ce rite, les Espagnols en fixèrent la date en même temps que celle d’une fête chrétienne : la Toussaint.</p>
<p>C’est le Jour des Morts, « el Dia de los Muertos ». C’est une fête joyeuse, moment où les âmes de ceux qui sont partis viennent rendre visite aux vivants. Cette fête dure deux jours, les 1<sup>er</sup> et 2 novembre.</p>
<p>A cette occasion, les Mexicains édifient des autels en souvenir de ceux qu’ils aimaient et déposent des offrandes sur leurs tombes. Et nombre de lieux publics sont décorés avec des représentations ironiques de la mort, des squelettes dansant et chantant comme des vivants, avatars exotiques et mouvants des danses macabres médiévales. Ces processions lancinantes ont été immortalisées (si l’on peut dire) par l’ouverture impressionnante du James Bond 007 <em>Spectre</em> en 2016.</p>
<p>C’est sur une base mythique et festive similaire que s’est développée l’Halloween européenne. Il était encore question de célébrer les défunts en parodiant la mort sous la forme de courges. Le rite est à tous égards païen, et il est compréhensible qu’il ne pût être en odeur de sainteté : on célèbre bruyamment les morts et les sorcières, on joue à faire (se) peur, on se grime de manière effrayante.</p>
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<p>Outre-Atlantique, cette fête est célébrée depuis longtemps, puisqu’importée par les premiers immigrants au XVII<sup>e</sup> siècle. Tous les 31 octobre, les enfants grimés en sorcières, fantômes et revenants déambulent en petits groupes dans les rues de leurs quartiers. Ils sonnent aux portes des maisons et exigent des friandises, au cri de « treat or trick », « une faveur ou un sort ». En échange de menus présents, ces enfants, dont les masques effrayants symbolisent des âmes en peine, garantissent la tranquillité aux foyers visités. Halloween bénéficie d’un emblème fort, ces citrouilles évidées, édentées et emplies de bougies, qui exposées aux fenêtres et dans les vitrines, donnent à la soirée son côté inquiétant, irréel et morbide.</p>
<h2>Un rite d’inversion</h2>
<p>D’un point de vue anthropologique, Halloween exprime des angoisses à l’œuvre dans toutes les sociétés, même les plus rationnelles en apparence : la peur de la mort et l’exorcisation de celle-ci via des pratiques ritualisées, durant une parenthèse festive conjuratoire : ainsi, les masques représentent des revenants et des fantômes, à un moment de l’année où l’hiver et la nuit s’installent pour quelques longs mois. Dans l’esprit, il s’agit de s’accommoder la sphère des morts, de pactiser avec ceux-ci, via offrandes et travestissements. Et le rite théâtralise ces peurs, il leur donne un tour parodique qui en une parenthèse impartie, constitue une soupape.</p>
<p>Même dans sa forme contemporaine, Halloween continue à être essentiellement un rite d’inversion, puisqu’il s’agit de la nuit où tout est renversé, inversé, à commencer par les rapports d’autorité. Et les parents y jouent le rôle de dupes, encourageant leurs enfants à quêter et manger des friandises, allant là à l’encontre des principes de politesse et de modération inculqués en temps ordinaire.</p>
<p>Faire des enfants les acteurs principaux d’Halloween est très américain : ceci aboutit à une version ludique, néo-païenne et scénarisée, parenthèse carnavalesque dédramatisant le rapport ambigu que cette société entretient à la mort et à l’au-delà.</p>
<p>Elle n’est revenue sur le Vieux Continent qu’assez récemment, au tournant des siècles. Il semble qu’il y ait plusieurs raisons à ce retour en grâce (in)attendu.</p>
<h2>Une fête « marketée »</h2>
<p>Halloween se soutient depuis quelques années d’une promotion médiatique et publicitaire conséquente, en partie portée par des firmes américaines, sur fond de menus, cadeaux, animations et soirées spéciales. Et pour les commerçants, à l’affût de journées spéciales favorisant la décoration thématique et les promotions, Halloween constitue un moment idéal, entre la fin de l’été et la période des fêtes de fin d’année.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428830/original/file-20211027-19-16q26ef.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les festivités d’Halloween à Disneyland Paris.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://disneylandparis-news.com/halloween2021/">Disneyland Paris</a></span>
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<p>Et Dieu dans tout ça ? Avec Halloween, il est question de rites, de mythes, de morts, de surnaturel après tout. Le sacré auréole cette fête de son nimbe pâle. Et il est important de constater que cette journée jouxte deux autres fêtes des morts et du souvenir, puisqu’elle s’est immiscée entre la Toussaint et le 11 Novembre ; pour lentement se substituer à celles-ci en les phagocytant dans l’esprit des jeunes générations. Pour les jeunes enfants, spontanément, Halloween, c’est « la fête des morts ».</p>
<p>L’émergence d’Halloween confirme qu’un calendrier économique et/ou néo-païen se substitue aux fêtes religieuses et républicaines traditionnelles, ou se fait une place à côté d’elles. Plus largement, ceci entérine la mondialisation de nombre de fêtes, alors qu’on fête ici de plus en plus le Nouvel An chinois, et que Noël connaît un réel succès dans nombre de pays asiatiques.</p>
<h2>De petits carnavals païens</h2>
<p>Déplorer (pour les conservateurs) ce déplacement du religieux vers la sphère plus vaste du sacré, ou son renoncement en un « néo-paganisme », ne sert pas à grand-chose. Les évolutions de la notion de fête, de sacré, de rites sont des questions autrement plus intéressantes. Notre société productiviste, qui n’a plus le temps de s’arrêter quelques jours pour festoyer, a inventé de nouveaux types de liens courts, ludiques, mièvres et kitsch (la Saint-Valentin). Tous ces néo-rites païens ne durent qu’une soirée. Les rites traditionnels exigeaient du temps, un temps spécifique, long et lent. Ainsi, le Carnaval, et sa semaine de célébrations et de festivités. Halloween ou le beaujolais sont de petits carnavals automnaux permettant à peu de frais (une soirée) une trouée de liesse, de partage et de rire dans un début d’hiver morose et froid.</p>
<p>Mais le grotesque et le morbide revendiqués d’Halloween, épousant la fascination de l’époque pour zombies et morts-vivants (cf. le succès de <em>Walking Dead</em> et le revival des films d’épouvante) recouvrent un travestissement plus profond.</p>
<p>Le temps d’une soirée, les générations se mêlent et jouent ensemble, faisant semblant d’éprouver de l’effroi, <a href="https://www.erudit.org/en/journals/ethno/2011-v33-n1-ethno5006173/1007796ar.pdf">tout en exprimant dans ce « jeu profond »</a> quelque chose d’obscur, mêlant rire et angoisse, peur et joie ; quelque chose de précisément anthropologique, interrogeant les structures profondes, et les systèmes symboliques permettant de les lire en filigrane.</p>
<hr>
<p>Pascal Lardellier a fait paraître <em>Sur les traces du rite</em> (ISTE, Londres) en 2019, et il a dirigé l’édition de <em>Rites et civilités à l’épreuve de la Covid</em> (Aracné, Rome) en 2021.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170737/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Lardellier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La fête païenne vise à célébrer les morts et à conjurer la peur, avant d’entrer dans l’hiver et le cycle des nuits courtes, période anxiogène s’il en est.Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1261762019-10-31T14:21:24Z2019-10-31T14:21:24ZLes horribles symptômes de la rage ont inspiré les loups-garous, vampires et autres monstres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/299571/original/file-20191030-165458-yzbdmi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La morsure d'un chien enragé peut donner l'impression qu'une personne a des caractéristiques animales.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En 1855, le <em>Brooklyn Daily Eagle</em> rapportait le meurtre horrible d’une épouse par son nouveau mari. L’histoire se passait dans la campagne française, où les parents de la femme avaient d’abord empêché les fiançailles du couple « en raison de l’étrangeté de la conduite parfois observée chez le jeune homme », alors qu’il « était par ailleurs un très bon parti ».</p>
<p>Les parents ont finalement consenti et le mariage a eu lieu. Peu de temps après que les jeunes mariés se soient retirés pour consommer leur lien, des « cris de peur » sont venus de leurs quartiers. Les gens ont vite accouru et trouver « la pauvre fille… dans les souffrances de la mort – sa poitrine déchirée et lacérée de la manière la plus horrible, et le misérable mari dans un accès de folie débridée et couvert de sang, ayant en fait dévoré une partie du sein de la malheureuse fille ».</p>
<p>La mariée est morte peu de temps après. Son mari, après « une résistance des plus violentes », est également décédé.</p>
<p>Qu’est-ce qui a pu causer cette horrible histoire ? On se souvient alors, en réponse à des questions posées par un médecin, que le marié avait déjà été « mordu par un chien étranger ». Le passage de la folie du chien à l’homme semblait être la seule raison possible de la tournure effroyable des événements.</p>
<p>Le <em>Brooklyn Daily Eagle</em> a décrit l’épisode comme « un triste et pénible cas d’hydrophobie », ou, dans le langage d’aujourd’hui, de <a href="https://www.cdc.gov/rabies/index.html">rage</a>.</p>
<p>Mais le récit se lisait comme une histoire d’horreur gothique. C’était essentiellement un récit de loup-garou : la morsure du chien fou a provoqué une métamorphose hideuse, qui a transformé sa victime humaine en un monstre infâme dont les pulsions sexuelles vicieuses ont conduit à une violence obscène.</p>
<p>Mon nouveau livre, <a href="https://jhupbooks.press.jhu.edu/title/mad-dogs-and-other-new-yorkers"><em>Mad Dogs and Other New Yorkers : Rabies, Medicine, and Society in an American Metropolis, 1840-1920</em></a>, (La rage, la médecine et la société dans une métropole américaine, 1840-1920) explore les significations cachées derrière les récits sur la rage. Des variantes de l’histoire du marié enragé ont été racontées encore et encore dans les journaux de langue anglaise en Amérique du Nord depuis au moins le début du XVIII<sup>e</sup> siècle, et elles ont continué aussi tard que dans les années 1890.</p>
<p>Le récit du <em>Eagle</em> est essentiellement un conte populaire sur les chiens enragés et la mince ligne de démarcation entre l’humain et l’animal. La rage a engendré une peur viscérale car il s’agissait d’une maladie qui semblait capable de transformer les gens en bêtes enragées.</p>
<h2>Une maladie terrifiante et mortelle</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=774&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=774&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=774&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=973&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=973&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298838/original/file-20191027-113991-1gz753x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=973&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un loup-garou fait des ravages dans cette gravure sur bois de Lucas Cranach the Elder, datant de 1512.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Werwolf.png">Herzogliches Museum/Wikimedia</a></span>
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<p>L’historien Eugen Weber a un jour observé que les paysans français du XIX<sup>e</sup> siècle craignaient <a href="https://www.sup.org/books/title/?id=3200">« surtout les loups, les chiens fous et le feu »</a>. La folie canine – ou la maladie que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de rage – a alimenté les cauchemars pendant des siècles.</p>
<p><a href="https://www.rutgersuniversitypress.org/hives-of-sickness/9780813521589">D’autres maladies infectieuses</a> – comme le choléra, la typhoïde et la diphtérie – <a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uc1.b3546115&view=1up&seq=493">ont tué beaucoup plus de gens</a> au 19<sup>e</sup> et au début du XX<sup>e</sup> siècle. Le cri de « chien fou » suscitait néanmoins un sentiment immédiat de terreur, car une simple morsure de chien pouvait signifier une longue épreuve suivie d’une mort certaine.</p>
<p>La médecine moderne sait que la rage est causée par un virus. Une fois qu’il pénètre dans le corps, il atteint le cerveau par le système nerveux. Le délai typique de plusieurs semaines ou mois entre l’exposition initiale et l’apparition des symptômes signifie que la rage n’est plus une sentence de mort si un patient reçoit rapidement des <a href="https://www.mayoclinic.org/drugs-supplements/rabies-immune-globulin-intramuscular-route/description/drg-20065738">injections d’anticorps immunitaires</a> et un vaccin, afin de renforcer son immunité après avoir rencontré un animal suspect. Bien qu’il soit rare que des gens meurent de la rage en Amérique du Nord, la maladie <a href="https://www.who.int/publications-detail/who-wer9207">tue encore des dizaines de milliers de personnes dans le monde chaque année</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298839/original/file-20191027-114011-1yx3lh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le virus affecte le cerveau, comme on le voit avec les inclusions violettes plus foncées, appelées corps de Negri, dans les cellules cérébrales d’une personne morte de la rage.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rabies_negri_bodies_brain.jpg">CDC/Dr. Makonnen Fekadu</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
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<p><a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uiuo.ark:/13960/t77t2vj2d&view=1up&seq=85">Selon des sources du XIXᵉ siècle</a>, après une période d’incubation de quatre à 12 semaines, les symptômes peuvent commencer par un vague sentiment d’agitation. Ils progressent ensuite vers des épisodes spasmodiques caractéristiques de la rage, de l’insomnie, de l’excitation, de la fébrilité, un pouls rapide, de la bave et une respiration laborieuse. Il n’est pas rare que les victimes aient des hallucinations ou présentent d’autres troubles mentaux.</p>
<p>Les efforts visant à atténuer les accès de violence par la drogue ont souvent échoué, et les médecins n’ont pu faire autre chose que d’observer puis de témoigner. La maladie suit son cours inévitablement fatal, généralement sur une période de deux à quatre jours. Aujourd’hui encore, la rage reste essentiellement <a href="https://doi.org/10.1017/cjn.2015.331">incurable dès l’apparition des signes cliniques</a>.</p>
<p>Il y a des siècles, la perte de contrôle corporel et de rationalité déclenchée par la rage semblait être une attaque contre l’humanité fondamentale des victimes. D’une véritable maladie redoutée transmise par les animaux sont apparues des visions épineuses de forces surnaturelles qui ont transféré les pouvoirs des animaux malveillants et transformé les gens en monstres.</p>
<h2>Des morsures qui transforment l’humain en animal</h2>
<p>Les récits américains du XIX<sup>e</sup> siècle n’ont jamais invoqué directement le surnaturel. Mais la description des symptômes indiquait des hypothèses tacites sur la façon dont la maladie transmettait l’essence de l’animal infecté à l’être humain souffrant.</p>
<p>Les journaux décrivaient souvent ceux qui ont contracté la rage par des morsures de chien comme aboyant et grognant comme des chiens, tandis que les victimes de morsures de chat se grattaient et crachaient. Les hallucinations, les spasmes respiratoires et les convulsions incontrôlables découlaient de l’empreinte maléfique de l’animal enragé.</p>
<p>Les mesures préventives traditionnelles ont également montré comment les Nord-Américains ont discrètement supposé une frontière floue entre l’humanité et l’animalité. Les remèdes populaires soutenaient que les victimes de morsures de chien pouvaient se protéger de la rage en tuant le chien qui les avait déjà mordues, en appliquant les poils du chien incriminé sur la blessure ou en lui coupant la queue.</p>
<p>De telles mesures préventives impliquaient la nécessité de couper un lien invisible et surnaturel entre un animal dangereux et sa proie humaine.</p>
<p>Parfois, la maladie a laissé des traces étranges. Lorsqu’un habitant de Brooklyn est mort de la rage en 1886, le <em>New York Herald</em> a signalé une terrifiante apparition : quelques minutes après le dernier souffle de l’homme, « l’anneau bleuâtre sur sa main – la marque de la morsure mortelle du Terre-Neuve… a disparu. » Seule la mort a brisé l’emprise pernicieuse du chien fou.</p>
<h2>Les racines des vampires chez les chiens enragés</h2>
<p>Il est possible qu’en plus des loups-garous, les histoires de vampires aient aussi pour origine la rage.</p>
<p>Le médecin Juan Gómez-Alonso a souligné le <a href="https://doi.org/10.1212/WNL.51.3.856">lien entre le vampirisme et la rage</a> dans les symptômes capillaires de la maladie – les sons déformés, les apparences faciales exagérées, l’agitation et parfois les comportements sauvages et agressifs qui faisaient paraître les personnes atteintes plus monstrueuses que les humains.</p>
<p>De plus, dans différentes traditions folkloriques d’Europe de l’Est, les vampires ne se sont pas transformés en chauves-souris, mais en loups ou en chiens, les vecteurs clés de la rage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298934/original/file-20191028-114011-1wmvy3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le plaisir d’un loup-garou d’Halloween fait allusion à la peur d’une personne de devenir un animal.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.apimages.com/metadata/Index/Associated-Press-Domestic-News-New-Jersey-Unite-/d8ea2a1fbbe5da11af9f0014c2589dfb/1/0">Daniel Hulshizer/AP</a></span>
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<p>Alors que des loups-garous, des vampires et d’autres monstres descendent dans la rue pour l’Halloween, rappelez-vous que derrière le rituel annuel de la cueillette de bonbons et de déguisements, se cachent les recoins les plus sombres de l’imagination. Ici, les animaux, la maladie et la peur s’entremêlent, et les monstres se matérialisent dans ce subtil point de croisement entre l’animalité et l’humanité.</p>
<p><em>Cave canem</em> – attention au chien.</p>
<hr>
<p>[<em>Vous aimez ce que vous avez lu ? Vous en voulez plus ?</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=like">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126176/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jessica Wang reçoit des fonds de recherche de l'Université de la Colombie-Britannique. Au cours de la dernière décennie, elle a également reçu des subventions et des bourses du Conseil de recherches en sciences sociales du Canada, de la National Science Foundation (États-Unis), du Hampton Fund (UBC), des Killam Trusts, de l'Université Harvard et d'autres sources.</span></em></p>La peur de la rage, une maladie qui semblait transformer les gens en bêtes, a inspiré la croyance en des êtres surnaturels comme les vampires ou les loups-garous.Jessica Wang, Associate Professor of U.S. History, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1260062019-10-30T14:37:44Z2019-10-30T14:37:44ZHalloween: quand les enfants peuvent-ils faire la tournée des bonbons sans adultes?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/299329/original/file-20191029-183098-1qi64zq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Élever des enfants aujourd'hui peut être source d'anxiété. Avec l'essor de la technologie et des médias sociaux, <a href="https://doi.org/10.1080/14733285.2018.1492702">les histoires semblent abonder sur les dangers</a>, mais la prévalence de la criminalité et sa gravité sont aujourd'hui plus faibles <a href="https://globalnews.ca/news/5667325/canada-crime-rate-2018-statistics-canada/">qu'il y a une décennie environ</a> au Canada. </p>
<p>Mais cela n'empêche pas les parents de ressentir la peur et la vulnérabilité.</p>
<p>Les normes de la société relativement à la sécurité des enfants ont changé et <a href="https://www.cpha.ca/parental-perceptions-play">le temps non structuré des enfants et celui passé à l'extérieur ont diminué</a>. Les enfants aspirent à la liberté, mais nous ne sommes plus dans les années 1980. Les enfants d'aujourd'hui voient bien la différence des normes lorsqu'ils regardent des émissions comme <em><a href="https://www.netflix.com/ca/title/80057281">Stranger Things</a></em>, où les jeunes prennent leur vélo et parcourent les rues sans surveillance. Mon propre enfant m'a demandé : « C'était réel ? Est-ce que tu t'es baladée sans que personne ne sache où tu étais ? » C'était réel. C'était génial. Vraiment.</p>
<p>Sans tomber dans la nostalgie, les parents peuvent-ils et devraient-ils lâcher du lousse ? </p>
<p>Nos enfants ont besoin d'apprendre <a href="https://www.cpha.ca/sites/default/files/uploads/resources/play/play_5reasons_infographic_e.pdf">à devenir indépendant et résilient</a>. Un risque raisonnable est <a href="http://www.children.gov.on.ca/htdocs/English/documents/middleyears/On-MY-Way-Middle-Years.pdf">important pour leur développement</a>. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/299002/original/file-20191028-114011-1t0oqzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Lorsque des enfants plus âgés peuvent assumer la responsabilité de faire la tournée des bonbons avec des enfants plus jeunes, les deux peuvent en bénéficier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Les enfants apprennent en étant indépendants</h2>
<p>L'âge idéal pour un Halloween non supervisé est très discutable, mais les parents doivent prendre le temps d'y réfléchir.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3299351/">Permettre à votre enfant</a> de faire l'expérience de <a href="https://www.journalofplay.org/sites/www.journalofplay.org/files/pdf-articles/3-4-interview-marano-skenazy.pdf">la liberté et de l'indépendance</a> lui donne l'occasion d'acquérir de l'assurance à travers <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5886742/">de nouveaux défis et de nouvelles craintes</a>. </p>
<p><a href="https://raisingchildren.net.au/pre-teens/communicating-relationships/family-relationships/privacy-trust-teen-years">Faites confiance à l'instinct de votre enfant</a>, à son jugement et à sa capacité d'apprendre de ses erreurs. </p>
<p><a href="https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2014/04/hey-parents-leave-those-kids-alone/358631/">Les risques raisonnables</a> peuvent accroître les capacités de résolution de problèmes, d'écoute, de prise de décision et de compassion. </p>
<p>Les enfants peuvent être confrontés à des défis et le fait d'être sans adultes leur permet d'apprendre à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK216783/">négocier la dynamique de groupe</a>. Ils pourraient avoir à décider quelles maisons éviter ou ce qu'il faut faire si des membres de leur groupe veulent prendre des chemins différents.</p>
<p>Les enfants trouvent aussi des occasions d'apprendre à <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2015/09/150908135101.htm">exprimer leurs besoins et décider quoi faire</a>, s'ils ne sont pas d'accord avec le groupe. Et ils s'amuseront à inventer des histoires sur des maisons qui leur font peur.</p>
<p>Ils apprennent à explorer et à maîtriser de nouvelles situations ou à vaincre leurs peurs par le jeu. Cela peut leur permettre <a href="https://doi.org/10.1111/cdep.12310">de mieux s'en sortir plus tard dans la vie</a>. Certaines recherches établissent un lien entre le déclin du jeu libre et les avantages qu'il procure sur le plan du développement et <a href="https://www.journalofplay.org/sites/www.journalofplay.org/files/pdf-articles/3-4-article-gray-decline-of-play.pdf">l'augmentation de l'anxiété et de la dépression</a>. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/299003/original/file-20191028-114005-180vpyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Si votre enfant n'est pas prêt à faire la tournée des bonbons sans surveillance, préparez le terrain pour l'avenir.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Quand votre enfant est-il prêt ?</h2>
<p>Il se rend seul à l'école à pied, connait le quartier, les rues et la communauté. </p>
<p>Vous avez confiance dans votre communauté.</p>
<p>Vous faites confiance aux familles ou aux voisins pour aider votre enfant si nécessaire.</p>
<p>Votre enfant peut comprendre et suivre les règles.</p>
<p>Il comprend les conséquences d'enfreindre ces règles.</p>
<p>Vous pouvez discuter et mettre en œuvre vos règles (par exemple l'heure du retour).</p>
<p>Si vous ou votre enfant n'êtes pas prêts, donnez-lui de petits niveaux de liberté adaptés à son développement. Peut-être est-il prêt à courir à la porte de son propre chef et vous demeurez derrière tout en le gardant dans votre champ de vision. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/299005/original/file-20191028-113953-2a7mrv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vous pouvez discuter et mettre en œuvre vos règles, y compris l'itinéraire et le moment du retour.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Conseils parentaux pour votre enfant</h2>
<p><a href="https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/tween-and-teen-health/in-depth/parenting-tips-for-teens/art-20044693">Parlez d'abord avec votre enfant des règles, des attentes et même de vos craintes</a>. </p>
<p>Si vous avez peur de quelque chose en particulier, comme de manger des bonbons sans les regarder d'abord, expliquez-lui pourquoi. Il est important qu'il ne pense pas que vous craignez qu'il soient incompétent, ou pire, que vous ne lui faites pas confiance.</p>
<p>Faites-lui savoir que vous avez confiance et que vous croyez en lui. Pour lui aussi, c'est une expérience à la fois excitante et épeurante.</p>
<p>Discutez avec lui de ce qu'il doit faire s'il se passe quelque chose, par exemple se séparer du groupe. </p>
<p>Il est parfois utile de suggérer ce qu'il peut dire à ses amis ou à d'autres parents s'il a besoin d'aide.</p>
<p>Laissez-le s'amuser. </p>
<h2>… Et pour vous</h2>
<p>Sachez que <a href="https://www.familycircle.com/teen/parenting/communicating/letting-go-of-your-kids/">laisser partir votre enfant et ne pas pouvoir le protéger en tout temps angoisse</a> la plupart des parents, surtout au début.</p>
<p>Pensez à la façon dont vous allez gérer votre propre anxiété.</p>
<p>Il y a <a href="https://theconversation.com/why-parents-should-think-twice-about-tracking-apps-for-their-kids-114350">des controverses au sujet des parents qui suivent leurs enfants avec un GPS</a>. Votre enfant pourrait avoir un cellulaire et vous pourriez regarder le GPS de temps en temps - mais si vous le faites, assurez-vous qu'il soit au courant, car la confiance est importante.</p>
<p>Il existe toute une gamme de points de vue sur le <a href="https://journals.rcni.com/nursing-children-and-young-people/evidence-and-practice/childrens-and-parents-views-about-using-mobile-phones-to-support-outdoor-play-ncyp.2019.e1026/full">rôle des téléphones et la question de savoir s'ils aident ou nuisent</a> aux jeux et aux activités de plein air des enfants. Vous pourriez demander à votre enfant qu'il vous envoie un message texte ou téléphone à une heure précise. </p>
<p>Parlez avec lui et <a href="https://jyd.pitt.edu/ojs/jyd/article/view/19-14-01-FA-03">laissez-le prendre part aux décisions et aux conversations</a> (https://jyd.pitt.edu/ojs/jyd/article/view/19-14-01-FA-03). Faites confiance à votre enfant et à vous-même. Vous avez mis en place un plan et vous êtes disponible au besoin.</p>
<p>Lorsque votre enfant arrive en courant avec un sac plein de bonbons à la fin de la soirée avec un grand sourire, débordant de confiance, vous pouvez être fier d'élever quelqu'un qui apprend à gérer la vie. </p>
<p>Permettre à nos enfants de prendre des risques calculés, que ce soit à l'Halloween ou au terrain de jeux, selon leur niveau de développement, favorise leur croissance. C'est une victoire pour les parents. </p>
<p>[ <em>Vous aimez ce que vous avez lu ? Vous en voulez plus ?</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=like">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126006/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L'âge idéal pour un Halloween non supervisé est très discutable. Mais un certain risque raisonnable est important pour le développement des enfants.Nikki Martyn, Program Head of Early Childhood Studies, University of Guelph-HumberElena Merenda, Assistant Program Head of Early Childhood Studies, University of Guelph-HumberLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1259852019-10-28T19:25:17Z2019-10-28T19:25:17ZPodcast : Pourquoi aimons-nous nous faire peur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298985/original/file-20191028-113998-1qrr20l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C159%2C1200%2C727&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/photos/foggy-mist-forest-trees-spooky-545838/">ArtTower/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Pour essayer d’un peu mieux comprendre pourquoi nous aimons nous faire peur et éventuellement afin d’identifier les bénéfices tirés de ce type de pratique, des chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont réalisé une <a href="https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Femo0000470">expérience</a>. Mais ces travaux scientifiques ont été pour le moins inhabituel. En effet, cette expérience ne s’est pas déroulée dans le cadre classique d’une salle de laboratoire, mais dans les sous-sols d’une attraction de maison hantée.</p>
<p>À l’aide de questionnaires et de mesures de l’activité électroencéphalographique, les chercheurs ont pu mettre en lumière que passer par une attraction effrayante semble avoir un certain nombre de conséquences à la fois sur l’état subjectif mais également sur l’activité cérébrale des participants. Des modifications qui permettraient de se sentir globalement mieux.</p>
<p>En 10 minutes, avec cet épisode, découvrez en détail les résultats de cette étude liant, assez paradoxalement en apparence, bien-être et expérience effrayante.</p>
<hr>
<p><em>Un podcast en partenariat avec <a href="https://soundcloud.com/latetedanslecerveau">La tête dans le cerveau</a> dont toutes les références scientifiques sont à retrouver sur <a href="https://cervenargo.hypotheses.org/2880">Cerveau en Argot</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125985/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Rodo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La peur est une sensation pénible, mais pourquoi des gens aiment regarder des films d’horreur et jouer à se faire peur ?Christophe Rodo, Jeune chercheur ATER terminant une thèse en neurosciences, au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives, de l’Institut de Neurosciences des Systèmes et de l’Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.