tag:theconversation.com,2011:/global/topics/hygiene-21474/articleshygiène – The Conversation2024-01-24T16:29:39Ztag:theconversation.com,2011:article/2209232024-01-24T16:29:39Z2024-01-24T16:29:39ZÀ quelle fréquence devez-vous laver vos draps et vos serviettes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568705/original/file-20231109-17-a2kns6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7536%2C5026&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsque vous vous séchez, vous déposez des milliers de cellules cutanées et des millions de microbes sur la serviette</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/laundry-fresh-woman-smelling-towel-after-2246392501">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Tout le monde semble avoir un avis différent sur la fréquence de lavage des serviettes et des <a href="https://7news.com.au/video/lifestyle/cleaning/dr-karl-on-how-often-you-should-wash-our-sheets-bc-6320410318112">draps</a>. Alors que de nombreuses personnes se demandent si quelques jours ou quelques semaines suffisent, une enquête menée au Royaume-Uni a révélé que <a href="https://www.bbc.com/news/newsbeat-61259074">près de la moitié des hommes célibataires</a> ne lavaient pas leurs draps pendant une période pouvant aller jusqu’à quatre mois d’affilée.</p>
<p>Il est évident que quatre mois, c’est trop long, mais quelle est la fréquence idéale ?</p>
<p>La literie et les serviettes sont des articles très différents et doivent donc être lavées à des intervalles différents. Alors qu’une semaine ou deux suffisent généralement pour les draps, il est préférable de changer les serviettes tous les deux jours.</p>
<p>De toute façon, qui n’aime pas la sensation que procurent des draps propres ou l’odeur d’une serviette fraîchement lavée ?</p>
<h2>Pourquoi vous devriez laver vos serviettes plus souvent</h2>
<p>Lorsque vous vous séchez, vous déposez des milliers de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.02362/full">cellules cutanées</a> et des millions de <a href="https://www.ajicjournal.org/article/S0196-6553(23)00402-9/fulltext">microbes</a> sur la serviette. Et comme vous utilisez votre serviette pour vous sécher après une douche ou un bain, elle reste souvent humide.</p>
<p>Chaque nuit, vous laissez également une grande quantité de peaux mortes, de microbes, de sueur et d’huiles <a href="https://theconversation.com/your-bed-probably-isnt-as-clean-as-you-think-a-microbiologist-explains-163513">sur vos draps</a>. Mais à moins que vous ne produisiez une transpiration nocturne excessive, votre literie n’est pas mouillée après une nuit de sommeil.</p>
<p>De plus, les serviettes sont fabriquées dans un matériau plus épais que les draps et ont donc tendance à rester humides plus longtemps.</p>
<p>En quoi l’humidité pose-t-elle problème ? Les serviettes mouillées sont un terrain propice à la prolifération des bactéries et des moisissures. <a href="https://www.qld.gov.au/housing/public-community-housing/public-housing-tenants/looking-after-your-home/safety/mould">Ces dernières</a> adorent les environnements <a href="https://www.asthmaandlung.org.uk/living-with/indoor-air-pollution/allergies">humides</a>. Et bien qu’elles ne soient pas nécessairement visibles (il faudrait une croissance importante pour pouvoir les voir), elles peuvent donner lieu à une odeur désagréable.</p>
<p>Outre les odeurs, l’<a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/infections/can-clothes-and-towels-spread-germs/">exposition à ces microbes</a> dans vos serviettes et draps peut provoquer de l’<a href="https://aafa.org/allergies/types-of-allergies/insect-allergy/dust-mite-allergy/">asthme</a>, des irritations cutanées allergiques ou d’autres <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/11/4/04-1094_article">infections cutanées</a>.</p>
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<img alt="Un couple en train de changer les draps de leur lit." src="https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les gens ne sont pas toujours d’accord sur la fréquence à laquelle il faut changer les draps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/black-couple-changing-bed-sheet-together-1051726535">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Quelle est donc la fréquence idéale ?</h2>
<p>Pour la literie, cela dépend de plusieurs facteurs, par exemple si vous prenez un bain ou une douche juste avant de vous coucher, ou si vous vous mettez au lit après avoir transpiré pendant une longue journée et que vous prenez votre douche le matin. Dans ce dernier cas, vous devrez laver vos draps plus fréquemment. Règle générale, une fois par semaine ou toutes les deux semaines suffisent.</p>
<p>Les serviettes devraient idéalement être changées plus fréquemment – environ tous les deux jours – alors que vous devriez remplacer votre débarbouillette après chaque utilisation. Comme elle est complètement mouillée, elle le restera plus longtemps et retiendra davantage de cellules cutanées et de microbes.</p>
<p>En lavant vos serviettes à une température élevée (par exemple, 65 °C), vous <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34465009/">éliminerez de nombreux microbes</a>. Si vous souhaitez économiser de l’énergie, vous pouvez utiliser une température plus basse et ajouter une tasse de vinaigre à l’eau de lavage. Le vinaigre tuera les microbes et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8231443/">empêchera les mauvaises odeurs</a> de se développer.</p>
<p>Nettoyez régulièrement votre machine à laver et séchez le pli dans le caoutchouc après chaque lavage, car c’est un autre endroit où les microbes aiment proliférer.</p>
<h2>Serviettes malodorantes</h2>
<p>Vous lavez régulièrement vos serviettes, mais les mauvaises odeurs persistent ? Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que vous les avez laissées dans la machine à laver trop longtemps après le lavage. Surtout s’il s’agit d’un cycle à l’eau chaude, la période pendant laquelle les serviettes restent chaudes et humides permet aux microbes de se développer. En <a href="https://textbookofbacteriology.net/growth_3.html">laboratoire</a>, le nombre de ces bactéries peut doubler toutes les 30 minutes.</p>
<p>Il est important de suspendre votre serviette pour la faire sécher après utilisation et de ne pas la laisser dans la machine à laver après la fin du cycle. Si possible, étendez vos serviettes et votre literie au soleil. Elles sécheront ainsi complètement rapidement et conserveront cette agréable odeur de coton frais et propre. La sécheuse est une bonne option en cas de mauvais temps, mais il est toujours préférable de les étendre dehors dans la mesure du possible.</p>
<p>Par ailleurs, même si votre serviette est destinée à être lavée, ne la jetez pas dans la corbeille à linge si elle est encore mouillée, car elle constitue un endroit idéal pour la prolifération des microbes. Le temps que vous fassiez votre lessive, la serviette et le reste des vêtements à proximité risquent d’avoir acquis une senteur désagréable. Et il peut être difficile de redonner à vos serviettes une odeur de propreté.</p>
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<img alt="Une jeune femme chargeant une machine à laver." src="https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6709%2C4476&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les serviettes doivent être lavées plus souvent que les draps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-woman-taking-laundry-out-washing-1727564893">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Qu’en est-il des serviettes et des draps « autonettoyants » ?</h2>
<p>Certaines entreprises vendent des serviettes « à séchage rapide » ou des serviettes et des draps « autonettoyants ». Les serviettes à séchage rapide sont fabriquées à partir de matériaux synthétiques tissés de manière à sécher rapidement. Cela permet d’éviter la prolifération des microbes et des mauvaises odeurs qui se développent lorsque les serviettes restent humides pendant de longues périodes.</p>
<p>Mais la notion de produits autonettoyants est plus complexe. La plupart de ces produits contiennent du <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/chem-2016-0005/html">nanoargent</a> ou du cuivre, des métaux antibactériens qui tuent les micro-organismes. Les composés antibactériens stoppent la croissance des bactéries et peuvent être utiles pour limiter les odeurs et réduire la fréquence à laquelle vous devez nettoyer vos draps et serviettes.</p>
<p>Cependant, ils n’élimineront pas la saleté comme les huiles, les squames et la sueur. Même si j’aimerais beaucoup que les draps et les serviettes se nettoient tout seuls, la réalité est tout autre.</p>
<p>En outre, l’emploi excessif d’antimicrobiens <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6636436/pdf/idr-12-1985.pdf">tels que le nanoargent</a> peut <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.652863/full">favoriser la résistance des microbes</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220923/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rietie Venter a reçu des fonds de divers organismes de financement nationaux et internationaux.</span></em></p>Alors qu’une semaine ou deux suffisent généralement pour les draps, il est préférable de laver les serviettes tous les deux jours. Voici les explications d’un microbiologiste.Rietie Venter, Associate professor, Clinical and Health Sciences, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209272024-01-15T16:46:38Z2024-01-15T16:46:38ZLaver son linge à la main rejette autant de microfibres que le lavage en machine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568708/original/file-20231023-17-xkvoz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=91%2C68%2C1074%2C781&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La plupart des habitants de la planète lavent leurs vêtements à la main.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/photos/woman-washing-river-female-water-3447847/">elJad/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0233332">13 000 tonnes de microfibres</a> issues des machines à laver, soit l’équivalent de deux camions poubelles par jour, sont rejetées chaque année dans les milieux marins européens. Des chiffres aux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0269749119340552">conséquences dévastatrices</a> pour les animaux et les environnements aquatiques.</p>
<p>De quoi attiser la colère des groupes de défense de l’environnement au <a href="https://bills.parliament.uk/bills/3077">Royaume-Uni</a>, dans l’<a href="https://www.forbes.com/sites/jamiehailstone/2023/04/21/eu-urged-to-mandate-microplastic-filters-in-new-washing-machines/">UE</a> et en <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/filters-on-laundry-machines-lead-to-significant-cut-in-microfibre-pollution-ontario-study-finds-1.6241689">Amérique du Nord</a>. Ces derniers font campagne pour rendre obligatoire l’installation de filtres capturant les microfibres dans toutes les nouvelles machines à laver.</p>
<p>Mais la pollution par les microfibres ne se limite pas au lavage en machine. Notre <a href="https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2023.139391">nouvelle étude</a> montre que les vêtements lavés à la main peuvent disperser autant de microfibres que le linge lavé en machine.</p>
<p>C’est un problème de taille à l’heure où plus de la moitié de la population mondiale <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652623035497">n’a pas d’accès régulier à une machine à laver</a> et lave donc son linge « hors réseau », à la main par exemple. Or le lavage du linge à la main implique souvent beaucoup de frottement et d’abrasion, qui éliminent les fibres. Et les eaux usées du lavage à la main peuvent souvent s’écouler directement dans les rivières ou ruisseler sur le béton et la pierre, au risque de contourner les installations de traitement des eaux usées même lorsque de telles installations existent.</p>
<p>Pour résoudre le problème de la pollution par les microfibres, il ne suffit donc pas d’installer des filtres sur les machines à laver, il faut modifier la façon dont les textiles sont conçus, fabriqués et commercialisés à l’échelle mondiale.</p>
<h2>Les fibres rejetées lors du lavage à la main</h2>
<p>La recherche scientifique sur les pertes de fibres textiles néglige souvent les personnes qui lavent leurs vêtements à la main, l’accent étant mis principalement sur les fibres éliminées au cours du lavage en machine conventionnel. Bien que les scientifiques des pays où de nombreuses personnes lavent leurs vêtements à la main <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fevo.2023.1020919/full">aient observé</a> que ces méthodes entraînent aussi une perte de fibres, ils ont rarement reçu le soutien nécessaire pour mesurer ou comparer la quantité de fibres perdues.</p>
<p>Nos recherches ont été menées avec des collègues de l’Université d’État d’Isabela aux Philippines, de l’Université de Wollongong en Australie et de sept autres universités du Royaume-Uni. Nous avons organisé un atelier et observé les pratiques de lavage à la main dans la vallée du fleuve Cagayan, dans le nord des Philippines. Nous avons ensuite reproduit en laboratoire ces gestes pratiqués par les communautés locales.</p>
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<p>Nos expériences ont permis de mesurer la part de fibres rejetées en lavant des pantalons 100 % polyester achetés dans un grand magasin britannique, à la fois pour des modèles prélavés et pour des modèles neufs. Ces pantalons ressemblaient beaucoup aux vêtements en polyester que nous avons retrouvés sur les étals des marchés philippins ainsi qu’aux vêtements dont nous avons observé le lavage à la main dans le pays.</p>
<p>Nous avons constaté que le lavage à la main de ces pantalons à l’aide d’une brosse à récurer en plastique entraînait des niveaux de perte de fibres compris entre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652623035497">6 499 et 64 500</a> fibres individuelles par vêtement. Ces niveaux sont comparables à ceux rapportés pour le lavage en machine. Il apparaît dès lors que le lavage à la main n’est pas nécessairement plus doux pour les textiles que le lavage en machine.</p>
<h2>Mesurer la perte de fibres textiles</h2>
<p>Les personnes qui lavent leurs vêtements à la main utilisent différentes techniques, en fonction des textiles et de l’usage des vêtements. Les vêtements couverts de poussière ou de boue, comme ceux portés pour les travaux agricoles, peuvent par exemple nécessiter un lavage particulièrement vigoureux.</p>
<p>Nos recherches n’ont pas permis de recréer toutes les méthodes de lavage à la main. Nous n’avons pas non plus pu étudier l’impact de toutes les variations possibles en matière de confection textile sur la perte de fibres, comme la méthode de coloration, le type de teinture, la structure spécifique du tricot ou du tissage ou encore les finitions mécaniques ou chimiques.</p>
<p>Parmi les variables que nous avons étudiées, nos résultats montrent que c’est la structure des textiles qui avait l’effet le plus prononcé sur la perte de fibres, davantage que le type de fibre en lui-même. Le type de fibre n’a pas d’influence significative sur la perte de fibres. Les textiles tissés perdent moins de fibres que les textiles tricotés.</p>
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<p>Les textiles synthétiques ne sont donc pas les seuls à perdre des fibres problématiques. Les textiles à base de plantes comme le coton et les textiles à base d’animaux comme la laine perdent des fibres en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652623035497">quantités similaires</a> aux fibres plastiques. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2022.991650/full">Certaines recherches</a> suggèrent même que les fibres à base de cellulose telles que le coton peuvent avoir des conséquences comparables, voire plus graves, sur les organismes qui les ingèrent que les microfibres synthétiques.</p>
<p>Bien qu’elles soient souvent présentées comme « biodégradables », les fibres de coton <a href="https://www.britannica.com/technology/mercerization">subissent des modifications</a> qui altèrent la structure de la cellulose dont elles sont composées pour être utilisées dans l’industrie textile. La plupart des cotons subissent également des <a href="https://oecotextiles.blog/2012/12/05/what-does-mercerized-cotton-mean/">teintures chimiques</a> et d’autres traitements de finition.</p>
<p>Par conséquent, les fibres textiles de coton ne se dégradent pas facilement dans un environnement naturel. Et toute dégradation effective libérera probablement les produits chimiques utilisés au cours de la production des textiles, quelle que soit la méthode de lavage utilisée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/textiles-toxiques-pour-lenvironnement-et-la-sante-les-designers-ont-un-role-a-jouer-214322">Textiles toxiques pour l'environnement et la santé : les designers ont un rôle à jouer</a>
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<h2>Les microfibres, un problème à résoudre</h2>
<p>Le problème de la perte de fibres textiles est bien plus vaste qu’il n’y paraît. Prenons par exemple le commerce mondial de vêtements de seconde main, d’une valeur d’environ <a href="https://oec.world/en/profile/hs/used-clothing">cinq milliards de dollars américains (environ 4,6 milliards d’euros) par an</a>. Même lorsque les étiquettes d’entretien et les <em>designers</em> recommandent le lavage en machine, le recours à des filtres ainsi que le traitement des eaux usées, l’exportation des vêtements de seconde main dans d’autres zones du globe va éloigner ces textiles de ces infrastructures établies.</p>
<p>Or, les personnes que nous avons observées en train de laver des vêtements à la main ont besoin de vêtements de travail peu coûteux et solides, que ce commerce de vêtements usagés leur fournit. Cela signifie que pour résoudre le problème de la perte de fibres textiles, il faut repenser complètement non seulement la façon dont nous lavons nos vêtements, mais aussi la façon dont les vêtements sont fabriqués.</p>
<p>Car le problème fondamental ne réside pas dans le commerce des vêtements de seconde main, mais dans la conception des textiles eux-mêmes. Pour progresser dans la résolution du problème des microfibres, il nous faut concevoir des tissus qui perdent moins de fibres au lavage. Une autre approche consiste à développer de <a href="https://www.scientificamerican.com/article/the-environments-new-clothes-biodegradable-textiles-grown-from-live-organisms/">nouvelles fibres véritablement biodégradables</a> qui se décomposeront naturellement dans l’environnement.</p>
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<img alt="A secondhand clothing store" src="https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/555259/original/file-20231023-19-alhu6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un magasin de vêtements de seconde main aux Philippines.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/dumaguete-philippines-9-september-2017-cheap-713736202">Davdeka/Shutterstock</a></span>
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<p>En attendant, ceux qui se targuent d’éviter les tissus synthétiques devraient reconnaître que le problème des microfibres <a href="https://wires.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/wat2.1490">s’étend bien au-delà des produits que nous portons</a>. Le marketing textile ne devrait pas faire de greenwashing en confondant « naturel » et « biodégradable ». Et les filtres des machines à laver ne suffiront pas à résoudre le problème de la perte de microfibres.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour aider à accélérer et à partager les recherches scientifiques sur des enjeux sociaux majeurs, le Fonds d’Axa pour la recherche soutient près de 700 projets dans le monde mené par des chercheurs issus de 38 pays. Pour en savoir plus, visiter le site ou bien suivre sur Twitter <a href="https://twitter.com/AXAResearchFund">@AXAResearchFund</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220927/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Deirdre McKay est financée par la British Academy, le Leverhulme Trust et l'UKRI via le Conseil de recherche en arts et sciences humaines et le Fonds de recherche sur les défis mondiaux.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kelly Sheridan est financée par l'UKRI (NERC / AHRC / Innovate UK) par le biais de son financement Circular Fashion and Textiles Network Plus. Outre l'université de Northumbria, elle travaille également pour le Consortium des microfibres.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thomas Stanton bénéficie d'un financement de l'AXA Research Fund et de l'UKRI (NERC / AHRC / Innovate UK) par le biais de leur financement Circular Fashion and Textiles Network Plus.</span></em></p>Éviter les vêtements synthétiques ou rendre obligatoires les filtres à microfibres pour les machines à laver ne résoudra pas le problème de la pollution par les microfibres.Deirdre McKay, Professor of Sustainable Development, Keele UniversityKelly Sheridan, Associate Professor in Forensic Science, Northumbria University, NewcastleThomas Stanton, Axa Research Fund Fellow, Loughborough UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2200682024-01-11T16:41:37Z2024-01-11T16:41:37ZJapon, Inde, Haïti et ailleurs : ce que les toilettes publiques disent des sociétés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568829/original/file-20240111-17-fnevuh.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C7%2C2556%2C1216&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Scène issue de _Perfect Days_ de Wim Wenders, dont le personnage principal est un nettoyeur de toilettes publiques à Tokyo.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.youtube.com/watch?v=kLYFBhcwYj4">Wim Wenders, « Perfect Days », Master Mind</a></span></figcaption></figure><p>Le 6 décembre dernier, sortait en salle le film de Wim Wenders <a href="https://www.perfectdays-movie.jp/en/"><em>Perfect Days</em></a>, qui met en scène le quotidien d’un employé municipal de Tokyo, Hirayama, chargé de nettoyer les toilettes publiques. Ce film met en évidence, s’il en était encore besoin, les différences sociales et culturelles dans les façons d’appréhender ce petit coin, sa visibilité dans l’espace public, mais également les questions d’<a href="https://theconversation.com/que-risque-t-on-en-sasseyant-sur-des-toilettes-publiques-105465">hygiène</a> et d’assainissement.</p>
<p>Il rend partiellement compte d’une expérience développée par le <a href="https://tokyotoilet.jp/en/">Tokyo Toilet Project</a> lancé par l’ONG <a href="https://www.nippon-foundation.or.jp/en/what/projects/thetokyotoilet">The Nippon Foundation</a>, qui vise à réhabiliter 17 toilettes publiques de l’agglomération de Shibuya en œuvres d’art, toutes gratuites et utilisables par tous et toutes indépendamment du sexe, de l’âge ou du handicap.</p>
<p>L’une d’entre elles, réalisée par <a href="https://tokyotoilet.jp/en/yoyogifukamachi_mini_park/">Shigeru Ban</a>, est d’ailleurs équipée de cabines colorées et transparentes qui deviennent opaques quand on ferme la porte. Un dispositif qui permet, selon l’architecte, de répondre à deux préoccupations que peuvent avoir les utilisateurs concernant les toilettes : vérifier leur état de propreté et s’assurer que personne ne se trouve déjà à l’intérieur.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/1GcyTKfj_wQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Toilettes transparentes, Shibuya.</span></figcaption>
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<p><a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/26/les-toilettes-publiques-au-japon-des-sanctuaires-de-paix-et-d-hygiene_6207661_3210.html">En esthétisant les toilettes</a> et en en faisant un élément ostensible du décor urbain, c’est-à-dire un outil de requalification de certains îlots de l’arrondissement de la capitale, ce projet donne à voir la place singulière que ces dernières occupent dans la culture nippone.</p>
<p>Néanmoins, s’il a vu le jour, c’est parce ce qu’un certain nombre de stéréotypes (les toilettes publiques étaient considérées comme sombres, malodorantes et effrayantes) en limitaient l’utilisation. Aujourd’hui encore, de nombreuses femmes hésitent à employer les commodités au Japon. Même au sein du pays leader des toilettes de haute technologie – où l’entreprise <a href="https://www.jstage.jst.go.jp/article/jmhr/1/1/1_118/_pdf/-char/ja">Toto</a> participe au rayonnement de cette expertise synonyme de soft power –, ces stratégies d’évitement expriment à des degrés divers des processus de différenciation et d’exclusion.</p>
<h2>Une préoccupation sociétale</h2>
<p>Cet exemple permet de soulever des questions essentielles qui dépassent la singularité japonaise. Quelles stratégies adopter en matière d’implantation des toilettes publiques ? Quels choix de localisation ? Quelles dialectiques du visible et de l’invisible – de ceux qui les utilisent, ceux qui les entretiennent et des flux qui y sont rassemblés puis dispersés – se jouent dans et à travers ces lieux ?</p>
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<p>Cette perspective incite à dire que toute action envers les toilettes ne peut se contenter de se baser sur une seule unité géographique (comme un îlot ou un village), mais doit prendre en compte tous les effets que les toilettes, de leur localisation à leur entretien, ont sur la société. D’autant plus lorsque des toilettes, sublimées par l’art, en viennent à renforcer la centralité de Tokyo.</p>
<p>Partout dans le monde, les toilettes publiques témoignent de la complexité des espaces publics partagés. En Europe, les toilettes publiques sont souvent synonymes de saleté et de désagréments, et évoquent des <a href="https://journals.openedition.org/brussels/7154">espaces utilisés à des fins pour lesquelles ils n’ont pas été conçus</a> : consommation de drogues, supports de graffitis et de tags, rencontres sexuelles ou <a href="https://actu.fr/bretagne/vannes_56260/a-63-ans-vit-dans-toilettes-publiques-depuis-deux-ans_31502471.html">abris</a> (pour les personnes qui en sont privées), par exemple.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567460/original/file-20231229-27-h271tj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Size matters », centre commercial Palladium, Prague.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/marcussen/2744676587/">Erik Marcussen/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Ce sont des espaces polyvalents qui matérialisent notamment des inégalités de genre. <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.18574/nyu/9780814759646.003.0006/html">Les femmes ont davantage besoin de se rendre aux toilettes que les hommes</a> (spécialement en période de grossesse et de menstruations) et elles y passent plus de temps, mais les toilettes fermées sont moins nombreuses que les urinoirs.</p>
<p>Par ailleurs, la présence de certaines catégories de populations (migrants, toxicomanes sans domicile fixe) peut susciter des <a href="https://www.heidi.news/explorations/la-revolution-des-toilettes/dans-les-toilettes-de-la-riponne-flambant-neuves-et-autonettoyantes">réactions des pouvoirs publics</a> donnant à voir des mécanismes de domination. Plus généralement, dans nos sociétés qualifiées de développées, savoir qui nettoie les toilettes au sein de la sphère domestique, sur le lieu de travail et dans l’espace public en dit souvent beaucoup <a href="https://lafabrique.fr/un-feminisme-decolonial/">sur les rapports de domination et la reproduction des rôles genrés</a>.</p>
<h2>Un tabou mondial ?</h2>
<p>La question des excréments est souvent <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-01-20-Le-tabou-des-excrements">taboue</a>. Pourtant, la préoccupation est telle que l’ONU célèbre depuis 2013 une <a href="https://www.un.org/fr/observances/toilet-day">« Journée mondiale des toilettes »</a>, rappelant qu’un tiers de la population mondiale ne bénéficie pas de lieu approprié pour ses besoins, ce qui engendre de nombreux problèmes : violences, exclusion d’activités sociales (notamment pour les femmes et les enfants), conséquences sanitaires (y compris la diffusion d’épidémies telle que le <a href="https://www.cnrseditions.fr/catalogue/biologie-et-sante/cholera-haiti-2010-2018-histoire-d-un-desastre/">choléra)</a>. Une organisation spécialisée à but non lucratif promeut cette journée et de nombreux projets à travers le monde : la <a href="https://worldtoilet.org/">World Toilet Organization</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567461/original/file-20231229-17-b9o0q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Campagne de sensibilisation contre la défécation en plein air (Kanadukathan, Tamil Nadu, Inde). En Inde, l’OMS a estimé qu’environ 520 millions de personnes déféquaient régulièrement à l’air libre en 2015. Le problème est particulièrement préoccupant dans les zones rurales, où 69 % des ménages ont déclaré ne pas posséder de latrines en 2011. Néanmoins, la situation s’est considérablement améliorée : le pourcentage de ménages pratiquant la défécation à l’air libre a diminué, passant de 39 % en 2015-2016 à 19 % en 2019-2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anthony Goreau-Ponceaud</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Ainsi, les questions logistiques et techniques sont multiples : <a href="https://lepetitjournal.com/bombay/comprendre-inde/ramasser-les-excrements-est-hereditaire-base-sur-le-systeme-de-castes-293128">fosses septiques à évacuer</a>, façons dont on peut développer les toilettes sèches ou s’adapter au phénomène de défécation à l’air libre, systèmes de traitement et de recyclage des excreta, voire <a href="https://journals.openedition.org/rac/11042">réutilisation des excréments pour l’agriculture</a>…</p>
<h2>Le reflet de hiérarchies sociales</h2>
<p>Les attitudes envers les toilettes peuvent être le reflet de hiérarchies sociales (entre ceux qui les utilisent, ceux qui les nettoient, ceux qui évacuent les déchets). En Haïti, posséder des toilettes est devenu un signe de prestige, surtout après le séisme de 2010, quand de nombreuses ONG ont aidé à leur construction. Toutefois, leur entretien est dédié aux <a href="https://ayibopost.com/etre-bayakou-peut-rapporter-beaucoup-plus-que-vous-croyez/">bayakous</a>, des vidangeurs qui effectuent leur travail sans aucune mesure de sécurité ni d’hygiène, et qui sont particulièrement méprisés par la société – bien que ce métier indispensable leur permette de vivre, ainsi qu’à toute leur famille, a priori sans risquer le chômage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567462/original/file-20231229-29-d5yz8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cité Soleil, agglomération de Port-au-Prince, Haïti. Ces toilettes installées par des ONG suite au séisme de 2010 ont été rapidement démontées pour être revendues ou reconverties en abris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alice Corbet, mai 2011</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dans toute l’Inde rurale, l’évacuation manuelle des déchets reste la plus dégradante des pratiques. Alors même que l’interdiction de cette activité a été renforcée à travers une loi en 2013 (<a href="https://www.indiacode.nic.in/handle/123456789/2119?sam_handle=123456789/1362"><em>The prohibition of employment as manual scavengers and their rehabilitation Act</em></a>), cette profession, essentiellement réservée aux basses castes et Dalits (Scheduled Castes) et aux tribus répertoriées (Scheduled Tribes) perdure.</p>
<p>Depuis 1993, l’ <a href="https://www.indiacode.nic.in/bitstream/123456789/1581/1/199346.pdf">« Employment of Manual Scavengers and construction of Dry Latrines (prohibition) »</a> interdit la construction de toilettes sèches mais ces dernières existent toujours et sont même paradoxalement remises au goût du jour pour des raisons d’accessibilité dans les zones non connectées aux réseaux d’égouts, parfois par des ONG des Nords.</p>
<p>Les toilettes sèches permettent la séparation des flux, la valorisation de ressources perdues et des économies substantielles en eau. À ce titre, cet assainissement écologique et décentralisé incarne en Occident une certaine idée de la transition écologique. Pourtant, en Inde, le caractère problématique de leur gestion (évacuation des excreta) est loin d’être synonyme de transition pour les populations les plus marginalisées. Cet exemple soulève tout le paradoxe lié à la circulation des dispositifs d’assainissement.</p>
<p>En pratique, le nettoyage manuel des latrines (<a href="https://www.outlookindia.com/magazine/story/india-news-the-truth-about-manual-scavenging-in-india/305414">« manual scavenging »</a>) continue, avec l’aval des municipalités, dans les égouts bouchés des grandes villes. Les femmes, principalement, <a href="https://www.bbc.com/news/world-asia-india-67191131">continuent à utiliser leurs mains</a> pour nettoyer les matières fécales et les transporter loin des habitations. Le chemin de fer indien est l’autre grand employeur de femmes et hommes travaillant comme éboueurs manuels. En Inde, déféquer le long des rails est fréquent, notamment en ville.</p>
<p>Au sein des <a href="https://hal.science/hal-02477087">camps de réfugiés maliens</a>, au Niger, des toilettes collectives ont été installées par les <a href="https://reliefweb.int/report/niger/gestion-du-camp-de-r%C3%A9fugi%C3%A9s-d%E2%80%99abala-d%C3%A9partement-de-filingu%C3%A9-r%C3%A9gion-de-tillab%C3%A9ri-niger">ONG dès 2012</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567463/original/file-20231229-29-xh6giv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Latrine installée dans le camp de réfugiés d’Abala, au Niger. En raison des difficultés d’accès à l’eau, les latrines étaient rarement nettoyées mais bouchées une fois pleines puis déplacées, ce qui entraînait des problèmes d’hygiène et de contamination de la nappe phréatique. Lors de cette visite d’agents du UNHCR, les réfugiés demandaient d’adapter les latrines à leur culture, notamment en installant des patères pour que les habits ne traînent pas par terre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alice Corbet, août 2014</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Elles ont été rapidement privatisées par les Touaregs nobles (Imajaghan) grâce à un cadenas sur les portes pour en interdire l’accès aux groupes sociaux moins valorisés. Toutefois, ces toilettes sont entretenues par les Bella (ou Iklan), considérés dans cette <a href="https://ruor.uottawa.ca/handle/10393/34649?mode=full">société très hiérarchisée</a> comme des esclaves ou des serviteurs ayant peu de droits et de rémunérations et qui, eux, vivent aux marges des camps et n’ont pas le droit de les utiliser. Ils vont faire leurs besoins dans le désert. Censées être accessibles à tous, ces toilettes qui visent à préserver l’hygiène du camp en toute équité sont donc récupérées pour reproduire les mécanismes d’exclusion et de domination.</p>
<h2>Des processus de hiérarchisation spatiale</h2>
<p>Les toilettes peuvent également donner à voir des processus de hiérarchisation spatiale entre quartiers centraux des métropoles et les périphéries, entre espaces urbains et espaces ruraux.</p>
<p>Par exemple, si les grandes métropoles, en étroite filiation avec la révolution hygiéniste, ont largement développé des réseaux techniques d’égouts, le paradigme des toilettes reliées à un réseau centralisé semble désormais inadapté à la morphologie des villes des Suds.</p>
<p>Trop étalées, trop morcelées, trop polycentriques, elles ont également pour particularité d’accueillir une importante population flottante qui occupe des zones d’habitats informels et qui n’a pas le « droit » à être raccordée aux réseaux d’égouts.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-villes-africaines-vont-elles-exploser-130581">Les villes africaines vont-elles exploser ?</a>
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<p>Ces villes dépendent donc d’infrastructures décentralisées ou temporaires qui, finalement, se pérennisent via différents arrangements pour leur maintenance. Ou alors, à l’instar de la zone d’habitats spontanés (ou slum) de Kibera (Nairobi), ce sont d’autres pratiques qui se développent comme les <a href="https://www.aljazeera.com/features/2017/4/3/how-to-deal-with-kiberas-flying-toilets">« flying toilets »</a> qui consistent à se soulager dans des sacs en polyéthylène pour ensuite les jeter.</p>
<h2>Des lieux violents</h2>
<p>Les toilettes peuvent également être esquivées par crainte de violences ou d’insécurité, spécialement pour les <a href="https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/11/ESSITY_RAPPORT_Hygiene_des_toilettes_a_lecole.pdf">enfants</a> et les adolescents ou encore les femmes.</p>
<p>À travers le monde, l’absence de toilettes dans les écoles ou leur insalubrité excluent de nombreux enfants de l’éducation. C’est particulièrement vrai pour les filles qui, lors de leurs <a href="https://blogs.worldbank.org/fr/voices/les-menstruations-source-d-absenteisme-scolaire-dans-le-monde">menstruations</a>, ne peuvent se changer et restent chez elles, ce qui les exclut encore plus de la société. Le besoin d’uriner dans l’espace public pose également des enjeux autour du <a href="https://silogora.org/la-pratique-du-pipi-sauvage-dans-lespace-public-parisien-entre-representations-et-assignations-de-genre/?print-posts=pdf">corps des femmes</a>. Les femmes, ne peuvent pas aussi facilement que les hommes, uriner dans l’espace public. Lorsqu’elles le font, elles sont vulnérables, face au risque accru d’agressions sexuelles.</p>
<p>Entre l’espace privé ou public, quand elles sont partagées ou impensées comme dans le cadre des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7907573/">soins hospitaliers</a> – les effets sociaux et émotionnels de la défécation dans un contexte hospitalier sont tout aussi répugnants, tant pour les patients que pour les professionnels et autres prestataires de soins –, l’installation et la gestion des toilettes prennent une importance réelle et peuvent même également être des enjeux de richesse.</p>
<h2>Un enjeu hautement politique</h2>
<p>Au-delà des tabous, des non-dits ou encore des processus d’<a href="https://www.liberation.fr/livres/1998/07/02/alain-roger-tout-paysage-est-un-produit-de-l-art_242859/">artialisation</a>, les toilettes sont au cœur de nos pratiques quotidiennes mais aussi des politiques publiques. Elles constituent donc un objet d’étude qui, loin d’être anecdotique, se trouve au croisement des enjeux du corps et de l’intimité, des mécanismes de différenciation et de hiérarchisation sociale, d’économies importantes et de questionnements éthiques.</p>
<p>Qu’elles soient visibles ou non, de haute technologie ou rudimentaires, qu’on en parle au pluriel (« les toilettes »), de manière plus hygiéniste (« le sanitaire ») ou avec familiarité (le « petit coin »), la question des toilettes est à la fois universelle et encore peu envisagée par les sciences humaines, même s’il y a récemment eu une relative vivacité académique pour le sujet Nous pouvons citer par exemple un <a href="https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100723760">essai</a> sur les toilettes publiques, le <a href="https://www.leesu.fr/ocapi/">programme de recherche et action</a> sur les systèmes alimentation/excrétion et la gestion des urines et matières fécales humaines, ou encore <a href="https://calenda.org/1094070">l’appel à textes</a> pour un numéro spécial de la revue <a href="https://journals.openedition.org/suds/"><em>Suds</em></a>. Un début pour voir le petit coin plein de non-dits comme un grand témoin des enjeux de notre époque.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220068/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans les différents pays du monde, l’implantation des toilettes publiques se fait selon des modalités qui reflètent les rapports sociaux et économiques existants.Anthony Goreau-Ponceaud, Géographe, enseignant-chercheur, UMR 5115 LAM, Université de BordeauxAlice Corbet, Anthropologue, LAM, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209622024-01-11T16:38:39Z2024-01-11T16:38:39ZEn papier ou en tissu, quels mouchoirs privilégier pour notre santé et pour la planète ?<p>Au moment où vous lisez ces lignes, votre nez subit peut-être les assauts du <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">rhume</a>, de la grippe, du Covid-19 ou d’une crise d’allergie, vous obligeant à garder à portée de main un mouchoir en papier ou en tissu.</p>
<p>Vous vous demandez probablement lequel de ces deux objets est le plus efficace pour empêcher la propagation des infections, et lequel a l’impact environnemental le moins important. Est-ce le mouchoir en tissu, qui existe au moins depuis l’époque romaine ? Ou le mouchoir en papier, développé plus récemment sous sa forme contemporaine, mais qui a rapidement envahi nos vies ? Les conclusions des scientifiques à ce sujet pourraient vous surprendre. Les voici.</p>
<h2>Une brève histoire du mouchoir en tissu et du mouchoir en papier</h2>
<p>Si simples soient-ils, les mouchoirs que nous utilisons pour nous moucher ou capturer nos éternuements et autres quintes de toux sont les fruits d’une longue et complexe histoire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-enfants-sont-ils-si-souvent-enrhumes-131085">Pourquoi les enfants sont-ils si souvent enrhumés ?</a>
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<p>Parmi leurs ancêtres figurent le <em>sudarium</em> qu’utilisaient, au I<sup>er</sup> siècle de notre ère, les Romains afin d’éponger la sueur de leur visage ou pour masquer leur bouche. Au fil du temps, des pièces de tissus du même genre, que l’on considérerait aujourd’hui comme des mouchoirs, ont été utilisées comme couvre-chef, voile, déguisement, ou encore pour se nettoyer les mains, assainir des plaies, ou stopper le saignement.</p>
<p>Au sein des catégories les plus aisées de la population, elles constituaient un marqueur de classe sociale et de bonnes manières, employées notamment pour se débarrasser discrètement des expectorations. Les familles royales les ont par exemple utilisés comme signes extérieurs de richesses et de pouvoir, offrant des mouchoirs de lin ou de soie ornés d’or et d’argent à leurs sujets les plus privilégiés. Le roi Henri VIII en possédait par exemple une vaste collection.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un soldat ramasse le mouchoir qu’une jeune dame a laissé tomber et le lui rend" src="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548254/original/file-20230914-27-p9amxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Laisser tomber son mouchoir pour qu’on le ramasse constituait autrefois un gage d’amour.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomecollection.org/works/enpm4vak/images?id=mwb4mevj">Wellcome Collection</a></span>
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<p>Les mouchoirs ont également servi à manifester ses sentiments, qu’il s’agit d’exprimer son amour, de faire montre de sa fidélité, voire d’indiquer discrètement ses préférences sexuelles. À la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, le « code du mouchoir », un système de codage des couleurs et de placement des mouchoirs, était utilisé à cet effet. Il est d’ailleurs <a href="https://www.refinery29.com/en-au/lgbtq-secret-handkerchief-code-language">encore employé aujourd’hui</a> dans les communautés LGBTQ+.</p>
<p>Les origines du mouchoir en papier semblent encore plus anciennes, puisqu’elles <a href="https://www.euppublishing.com/doi/epub/10.3366/cult.2020.0214">remonteraient à la Chine du II<sup>e</sup> siècle avant notre ère</a>. Toutefois, ce n’est qu’à partir des années 1920 que le mouchoir en papier tel que nous le connaissons aujourd’hui <a href="https://www.kleenex.co.uk/kleenex-history">a été développé</a>, comme ustensile de démaquillage et pour essuyer les nez qui coulent à cause du rhume des foins.</p>
<h2>Pour la santé, mouchoir en tissu ou en papier ?</h2>
<p>Voici plus de 100 ans, le mouchoir en tissu était parfois considéré comme <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5248216/pdf/hosplond73063-0008b.pdf">« le petit pavillon de la Mort »</a>, en raison des germes qu’il transportait et de sa propension supposée à contaminer les poches dans lesquelles il était laissé. Plus tard, cependant, l’argumentaire a évolué, et les gens se sont vu recommander d’utiliser des mouchoirs, <a href="http://resource.nlm.nih.gov/101449736">car</a> « les toux et les éternuements propagent des maladies ».</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Affiche promouvant l’emploi de mouchoirs, car les toux et les éternuements propagent des maladies" src="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548255/original/file-20230914-17-yogj0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cette affiche des années 1960 de Nouvelle-Zélande encourage à utiliser un mouchoir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/archivesnz/21665866709/in/photolist-238NiVN-z1xem2-2jmC8YU-2iFV9CP-2iEYm5C-2iLnkGm-2iLkHAp-2iJP3pk-2iLL4Wc-JrEbjz-2iLnkTP-2iLhUHs-2iLhUKG-2iLkHHo-2iLhUJE-2iLhULy-2iLkHzn-2iLnkRe-DoShu-e6nLop-e6nLkz-e6toYU-e6tp2j-2iLkHN8-2iLhUNN-e6toVu-4mEw9J">Archives New Zealand</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, nous savons que les sécrétions nasales contiennent des virus tels que ceux des rhumes, qui survivent effectivement dans l’environnement et peuvent être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jmv.22027">transférés</a> sur <a href="https://www.abc.net.au/health/talkinghealth/factbuster/stories/2011/06/02/3231404.htm">diverses surfaces</a> (mains, mouchoirs en tissu ou en papier, poignées de porte, claviers, etc.) où ils sont capables de survivre parfois <a href="https://doi.org/10.1093/oxfordjournals.aje.a113473">longtemps après</a> la contamination initiale.</p>
<p>Il existe un risque de voir ces virus se propager lorsque l’on se mouche dans un mouchoir en coton, puis que l’on touche un autre objet. Même si vous ne gardez pas votre mouchoir utilisé dans votre poche, et le mettez immédiatement au lavage, une contamination des surfaces touchées peut se produire en chemin (poignées de portes, machine à laver…).</p>
<p>Les choses sont un peu différentes avec les mouchoirs en papier, car les virus qui s’y trouvent ne <a href="https://doi.org/10.1093/infdis/146.1.47">survivent généralement pas aussi longtemps</a> que sur les mouchoirs en tissu. Tant que vous jetez les mouchoirs immédiatement après les avoir utilisés et ne les laissez pas traîner, le risque de transmettre des germes à d’autres personnes est plus faible.</p>
<p>Une autre question qui se pose est celle de l’efficacité des mouchoirs en papier ou en tissu lorsqu’il s’agit de faire barrière à la toux et aux autres projections respiratoires. Certes, les protections en tissu basiques, telles que les mouchoirs ou les bandanas, sont capables de retenir les expectorations, tout comme les mouchoirs en tissu. Cependant, plusieurs études ont montré qu’elles ne <a href="https://doi.org/10.1021/acs.nanolett.0c02211">filtreraient pas efficacement</a> les <a href="https://aaqr.org/articles/aaqr-13-06-oa-0201.pdf">aérosols respiratoires</a>, et empêchent moins <a href="https://doi.org/10.1177/153567601001500204">d’inhaler</a> certains polluants, agents pathogènes ou <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijheh.2018.03.012">petites particules en suspension dans l’air</a>.</p>
<h2>Et pour la planète, papier ou tissu ?</h2>
<p>La société américaine Ecosystem Analytics a <a href="https://ecosystem-analytics.com/wp-content/uploads/2013/10/Complete-LCA-Facial-Tissue-Handkerchief.pdf">comparé</a> l’impact environnemental de mouchoirs en coton réutilisables à celui de mouchoirs en papier jetables en effectuant une <a href="https://doi.org/10.1007/BF02978505">analyse de cycle de vie</a>, une méthode d’évaluation visant à quantifier les impacts environnementaux des produits et services. Pour ce faire, elle a pris en compte quatre types d’impacts environnementaux liés à la production, au transport, à l’utilisation et à l’élimination :</p>
<ul>
<li><p>Les impacts sur le changement climatique (somme des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, vapeur d’eau, oxyde nitreux et CFC) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la qualité de l’écosystème (pollution chimique des sols et des eaux) ;</p></li>
<li><p>Les impacts sur la santé humaine (toxicité cancérogène et non cancérogène pour les humains) ;</p></li>
<li><p>Les impacts en matière de ressources (besoins énergétiques totaux en énergie non renouvelable et extraction minérale).</p></li>
</ul>
<p>Le verdict ? Sur les quatre mesures, un mouchoir en coton avait un impact cinq à sept fois plus important qu’un mouchoir en papier équivalent. Les différences d’impact les plus importantes étaient liées aux étapes de production de chacun de ces produits, plutôt qu’à celles concernant leur utilisation ou à leur élimination.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Mouchoirs en coton sur une corde à linge" src="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548258/original/file-20230914-17-rgpxzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les mouchoirs en coton sont-ils meilleurs pour la planète que les mouchoirs en papier ? Pas si sûr…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/using-reusable-textile-pure-cotton-colourful-1107810197">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Si vous tenez toujours à utiliser un mouchoir en tissu, mieux vaut opter pour du coton biologique, dont <a href="https://www.sei.org/publications/ecological-footprint-water-analysis-cotton-hemp-polyester/">l’empreinte écologique est plus faible que celle d’un coton standard produit au même endroit</a>. Cependant, la production de coton biologique ayant des <a href="https://www.nytimes.com/wirecutter/blog/is-organic-cotton-better-for-the-environment/">rendements plus faibles</a> que son équivalent conventionnel, il faut une surface de terre agricole plus importante pour produire une quantité équivalente, ce qui augmente aussi l’impact environnemental.</p>
<p>Pour avoir moins mauvaise conscience lorsque l’on se mouche, opter pour des mouchoirs fabriqués à partir de matériaux recyclés peut être une solution. Leur fabrication s’accompagne en effet d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s11367-013-0597-x">moindre émission de gaz à effet de serre</a>. Se moucher avec des mouchoirs en papier que l’on élimine correctement après utilisation (et que l’on ne garde pas dans sa poche), fabriqués à partir de matériaux recyclés, est donc préférable tant du point de vue de la santé que de l’environnement.</p>
<p>Mais ces mouchoirs ont un défaut : ils n’ont pas tout à fait le même panache que leurs ancêtres en tissus fins, ni la même polyvalence…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor est un employé à temps plein de l'EPA (Environment Protection Authority) Victoria, nommé au poste statutaire de scientifique en chef de l'environnement. Il est également professeur honoraire à l'université Macquarie de Sydney.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hester Joyce ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En matière d’impact environnemental, les mouchoirs en papier n’ont pas forcément un bilan moins bon que les mouchoirs en tissu. Et concernant l’hygiène, le tissu ne fait pas mieux non plus.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityHester Joyce, Adjunct Associate Professor, Creative Arts, La Trobe UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2175742023-11-20T17:14:08Z2023-11-20T17:14:08ZLe lisse et le dru : ce que notre rapport à la pilosité dit de nous<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/560370/original/file-20231120-21-jkuiqn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=68%2C15%2C5031%2C3922&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Fantaisie érotique montrant une femme nue portant un diadème, s'épilant le pubis sous le regard d'un angelot. 18e siècle. </span> <span class="attribution"><span class="source">Wikipédia</span></span></figcaption></figure><p>Dans l’histoire de l’Occident comme dans celle du monde méditerranéen et proche-oriental, le paradigme historique de la beauté associe la peau lisse, épilée, au genre féminin, tandis que la pilosité est réservée au genre masculin, à quelques exceptions près. Le cas de l’Iran est, à ce titre, exemplaire. La veille du mariage, la <em>bandandaz</em> (l’épilatrice), maniant avec dextérité fil, pâte dépilatoire à base de chaux, rasoir et cire transforme le corps poilu de fille en corps entièrement lisse de femme. L’épilatrice porte une attention particulière aux sourcils devant désormais former des arcs fins et parfaits. Aux « pattes de chèvre » (<em>pâtche bozi</em>) touffues des adolescentes se substituent deux courbes jugées plus harmonieuses.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1522259164575191041"}"></div></p>
<p>Dans le quotidien, l’état des sourcils des Iraniennes renseigne sur le statut de l’interlocutrice et invite d’emblée à employer tel terme d’adresse ou telle formule de politesse. Mais, dans leur souci d’émancipation, de jeunes filles intrépides brouillent ce code de reconnaissance ; anticipant sur le rite de passage et voulant se conformer aux canons de la beauté juvénile occidentale, elles se font épiler les sourcils, ce qui entraîne, dans les milieux conservateurs, la réprobation de leurs parents.</p>
<h2>Des pratiques fluctuantes</h2>
<p>Les exceptions historiques et ethniques à ce schéma général opposant le lisse au dru ne manquent pas. Le christianisme a prôné, avec plus ou moins de succès, le respect de la nature créée par Dieu, les poils ayant, en outre, pour vertu, de cacher les « parties honteuses », tandis que l’épilation du pubis et des aisselles est la norme, pour les deux sexes, dans les sociétés islamiques, les poils qui retiennent les sécrétions (le sang, l’urine, la sueur, les matières fécales) étant considérés comme impurs. On ne saurait, dans ces conditions, effectuer ses obligations religieuses couvert de poils et il est significatif que la pâte dépilatoire soit appelée en persan <em>vâjebi</em> (« obligatoire »).</p>
<p>En France, du Moyen-âge au XVI<sup>e</sup> siècle, les femmes aisées pratiquaient l’épilation intégrale, un usage qu’avaient découvert les Croisés en Orient. On comptait ainsi 26 bains chauds ou étuves à Paris en 1292. Puis, la pratique de l’épilation s’estompe pendant les siècles qui suivent la Renaissance ; l’eau, et surtout l’eau chaude, a alors mauvaise réputation ; elle est censée amollir les chairs et rendre les pores de la peau perméables aux microbes.</p>
<p>Malgré une réhabilitation partielle des bains chauds à la fin du XVIII<sup>e</sup> et au XIX<sup>e</sup> siècle, il faut attendre le XX<sup>e</sup> siècle pour que l’épilation retrouve une pleine légitimité : la disparition des robes longues, l’apparition des décolletés, le dénudement progressif des corps en période estivale, puis l’apparition des bas transparents en nylon en 1946 contribuent à ce retour, voire à une dictature du lisse (« a depilatory age », dit une historienne américaine), qui connote, en outre, la désanimalisation, le net, l’hygiénique et l’inodore. Franchissons l’océan atlantique : au Mexique, dans les zones de frontière ethnique, comme l’a démontré l’anthropologue Jimena Paz Obregon, les femmes d’origine espagnole mettent un point d’honneur à ne pas s’épiler les jambes pour se démarquer des Indiennes à la peau naturellement glabre. Le souci de manifester son appartenance ethnique l’emporte ici sur celui d’exhiber les signes de féminité communément admis en montrant des jambes lisses.</p>
<h2>Des normes en voie de redéfinition</h2>
<p>Chez les femmes d’aujourd’hui, dans le sillon de la récente vague féministe initiée avec le mouvement #MeToo, la <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/le-sens-du-poil-9919696">rébellion contre le lisse</a> correspond au refus de se plier aux normes de genre et de <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/a-l-origine-de-l-epilation-comme-injonction-feminine-6638853">consacrer du temps à des injonctions</a> liées au seul désir masculin dans un cadre hétéronormé, mais aussi au refus d’une forme d’infantilisation ou d’hypersexualisation… sans compter le caractère douloureux et coûteux de l’opération.</p>
<p>En France, les <a href="https://www.charles.co/blog/etudes-et-sondages/sondage-ifop-pratiques-depilatoires/">femmes qui ne s’épilaient pas</a> le pubis étaient 15 % en octobre 2013, contre 28 % en janvier 2021. Plus globalement, la proportion de femmes épilées diminue : 85 % en octobre 2013, contre 72 % en janvier 2021.</p>
<p>Mais la barbe, dira-t-on. Voilà un attribut pileux qui manifeste l’appartenance au genre masculin – quoiqu’elle puisse faire l’objet d’un jeu queer avec le genre, comme en témoigne le chanteur drag queen Conchita Wurst, gagnant de l’Eurovision en 2014. La barbe d’aujourd’hui n’a rien à voir avec la barbe des « poilus » de 1914, avec la moustache drue du temps passé que vantaient les héroïnes de Maupassant (dans un court texte intitulé « La moustache »). La barbe d’aujourd’hui n’est pas non plus celle, hirsute, du révolutionnaire mais une barbe entretenue avec une tondeuse à sabots – la « hype » autour des barbiers pointus en témoigne.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559346/original/file-20231114-21-42im9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Conchita Wurst lors de la conférence de presse des vainqueurs, juste après avoir gagné le Concours Eurovision de la chanson 2014 Copenhague.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Conchita_Wurst#/media/Fichier:ESC2014_winner's_press_conference_06.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>La barbe est de nos jours un signe d’entrée dans la vie adulte (d’après l’enquête Opinion Way de 2018, 92 % des 24-35 ans la portent) alors que, négligée, ce fut longtemps un signe d’entrée dans la vieillesse. Ce qui frappe, c’est donc cette inversion des usages et des significations. Cette différence de génération se reflète aussi dans les appréciations des femmes : d’après la même enquête, les jeunes femmes en couple sont peu séduites par des visages complètement rasés (17 %), alors que 42 % des femmes de plus de 35 ans apprécient ce style. Autre témoignage de cette inversion : 44 % des plus de 50 ans se rasent tous les jours, 6 % seulement des moins de 35 ans.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1084850521196900352"}"></div></p>
<p>Nous sommes passés, chez les hommes, d’une génération au visage lisse à une génération valorisant le poil sur le visage, d’une esthétique faciale glabre à une esthétique pileuse – bien que domptée. Dans les années 1980-1990 caractérisées par un minimalisme esthétique et où dominaient les idéologies modernistes, tout était lisse : le glabre, le clean, la coupe rase des garçons, se sont accordés avec le gris froid de l’ordinateur, la simplicité lisse du mobilier et la nudité des façades ; seuls sur les visages une « mouche » ou quelques poils en bordure des lèvres rappelaient la différence de genre.</p>
<p>Chez les femmes aussi, cette idolâtrie du lisse semble avoir vécu – mais pouvons-nous prévoir l’avenir ? – et les mannequins les plus en vue n’hésitent pas à exhiber des aisselles velues, tandis que certaines influenceuses assument des jambes poilues. Ce mouvement fut initié par Julia Roberts et Milla Jovovich qui exhibaient fièrement en 1999 leurs aisselles dont elles avaient laissé repousser les poils. Serait-ce l’annonce d’un – improbable – retour vers <a href="https://www.nova.fr/news/salvador-dali-larchitecture-du-futur-sera-comestible-et-poilue-143384-26-05-2021/">« une esthétique poilue »</a>, une expression que Salvador Dali employait pour caractériser l’architecture de Gaudi ?</p>
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<p>La mise en relation de la manière d’entretenir ses poils et des dominantes stylistiques est manifeste à d’autres périodes de l’histoire. Ainsi à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle. L’exubérance des jardins baroques, la prolifération ornementale des chapelles de la même époque et les extraordinaires coiffures : perruques du règne de Louis XVI, ornées de plumes, de rubans, de bateau… participent d’un même schème esthétique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1065&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1065&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/560462/original/file-20231120-17-gkbvzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1065&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Typologie des perruques présentée dans l’Encyclopédie méthodique, 1785.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Perruque#/media/Fichier:Perruques_-_Encyclop%C3%A9die_m%C3%A9thodique.png">Wikimedia</a></span>
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<p>Scruter une société par ses recoins pileux peut paraître a priori bien futile. Mais ces jeux de l’apparence qui semblent détourner de l’essentiel nous y ramènent brutalement quand on considère les passions, les polémiques, les interdits, les violences qu’ils peuvent susciter. Comme souvent, l’accessoire (ici le lisse et le dru) est une fenêtre privilégiée pour humer l’air du temps.</p>
<hr>
<p><em>Pour aller plus loin : Christian Bromberger, <a href="http://www.editions-creaphis.com/fr/catalogue/view/1093/les-sens-du-poil/">« Les sens du poil »</a>, Creaphis éd.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217574/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bromberger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les critères de beauté évoluent, et la pilosité n’échappe à la règle, nous renseignant au passage sur les rôles de genre dans la société.Christian Bromberger, Anthropologue, professeur émérite, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2083292023-07-17T19:21:33Z2023-07-17T19:21:33ZDes draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les <a href="https://theconversation.com/serie-1-des-draps-a-la-telecommande-tele-la-verite-sur-les-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">dangers microbiologiques méconnus des hôtels</a>, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
<hr>
<p>Pour la plupart d’entre nous, séjourner dans une chambre d’hôtel est soit une nécessité – si vous êtes en voyage d’affaires – soit quelque chose de plus exotique, attendu avec impatience puisque synonyme de vacances ou d’une excursion plus large. </p>
<p>Je suis microbiologiste, mon regard est un peu différent… Et si je vous disais qu’il y a de fortes chances que votre chambre d’hôtel, malgré son état apparemment impeccable (à l’œil nu), <a href="https://www.eurekalert.org/news-releases/922575">ne soit pas si propre que cela</a> ? Ce n’est pas une question de prix. Une chambre dans un établissement coté ne sera pas forcément moins sale.</p>
<p>En effet, la personne qui a séjourné dans « votre » chambre avant vous (et tous ceux qui vous auront précédé) aura déposé des bactéries, des champignons et des virus sur tout le mobilier, les tapis, les rideaux et les diverses surfaces. Combien il reste de ces germes abandonnés un peu partout dépend de l’efficacité avec laquelle votre <a href="http://www.europeancleaningjournal.com/magazine/articles/european-reports/bacteria-that-breed-in-hotel-rooms">chambre est nettoyée</a> par le <a href="https://www.today.com/money/hotel-maids-how-much-how-little-do-they-really-clean-1D80287464">personnel de l’hôtel</a>. Et, de façon plus générale, soyons honnêtes, ce qui est considéré comme propre par un hôtel peut être différent de <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/dirty-spots-in-hotel-rooms_n_5ae09906e4b061c0bfa4356d">ce que <em>vous</em> considérez comme propre</a>.</p>
<p>En général, l’évaluation de la propreté d’une chambre d’hôtel est basée sur <a href="https://www.jstor.org/stable/26330308">des observations visuelles et olfactives</a> – et non sur la microbiologie des lieux… Tout invisible qu’elle soit, c’est d’elle que viennent les éventuels risques d’infection. Je vous invite à petit tour dans le monde des germes, des insectes et autres virus pour découvrir ce qui pourrait se cacher là.</p>
<h2>Tout commence à l’ascenseur…</h2>
<p>Avant même d’entrer dans votre chambre, considérez les boutons d’ascenseur de l’hôtel comme des foyers microbiens… Ils sont pressés en permanence par une foule de gens différents, qui n’ont pas forcément eu l’occasion de se laver les mains récemment. Ils ont ainsi pu déposer au passage une fraction des micro-organismes présents au bout de leurs doigts ; micro-organismes qui gagneront ensuite les doigts de la personne qui vient de le toucher. </p>
<p>Même chose pour les poignées de porte, qui peuvent être tout aussi contaminées si elles ne sont pas désinfectées régulièrement. Avant de vous toucher le visage, de manger ou de boire, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25005587/">lavez-vous les mains</a> ou utilisez un gel désinfectant !</p>
<p>Les <a href="https://www.rd.com/list/ways-your-hotel-room-could-be-making-you-sick/">infections les plus courantes attrapées dans les chambres d’hôtel</a> sont les maux de ventre – diarrhées et vomissements. Mais l’on peut aussi être contaminé par divers <a href="https://www.everydayhealth.com/cold-and-flu/surprising-ways-hotels-can-make-you-sick.aspx">virus respiratoires</a>, et développer rhume, une pneumonie… ainsi que le nouveau venu qu’est le <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/28/3/21-2318_article?ACSTrackingID=USCDC_333-DM72795&ACSTrackingLabel=Latest%20Expedited%20Articles%20-%20Emerging%20Infectious%20Diseases%20Journal%20-%20December%2029%2C%202021&deliveryName=USCDC_333-DM72795">Covid</a>.</p>
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<img alt="Porte d’entrée d’un hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bienvenue au paradis des germes…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/bedroom-door-entrance-guest-room-271639/">Pexels/Pixabay</a></span>
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<p>De façon contre-intuitive peut-être, <a href="https://ami-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jam.15121">les toilettes et salles de bains sont un espace relativement plus sûr</a>. Elles sont en effet généralement nettoyées plus soigneusement que le reste de la chambre et s’avèrent ainsi souvent être les environnements les moins colonisés sur le plan bactériologique dans les hôtels. </p>
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<p>Seuls points à surveiller de la salle de bains : le verre à dents, déjà. S’il n’est pas jetable, lavez-le avant de l’utiliser (le gel douche ou le shampoing font parfaitement l’affaire). On ne peut jamais être vraiment sûr qu’il a été nettoyé correctement. Et à nouveau les poignées de porte, qui peuvent également être colonisées par des agents pathogènes provenant de mains non lavées ou de gants de toilette sales…</p>
<h2>Où se cache le danger ?</h2>
<p>Toute la literie peut évidemment elle aussi accueillir des visiteurs indésirables. <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/9/20-1435_article">Une étude réalisée en 2020</a> a montré qu’après l’occupation d’une chambre par un patient présymptomatique atteint de Covid-19, de nombreuses surfaces étaient fortement contaminées par le virus. Les draps, la taie d’oreiller et la housse d’édredon étaient particulièrement touchés. </p>
<p>Si <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">les draps et les taies d’oreiller</a> sont normalement changés entre deux occupants, ce n’est pas le cas des couvre-lits : ce qui signifie que ces tissus peuvent devenir des réservoirs invisibles d’agents pathogènes – <a href="https://www.indy100.com/science-tech/beds-more-germs-than-toilet">autant sinon plus qu’un siège de toilettes</a>. Cependant, <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">parfois</a>, <a href="https://www.insideedition.com/investigation-finds-sheets-werent-changed-between-guests-at-some-new-york-hotels-60419">les draps</a> ne sont <a href="https://www.frommers.com/tips/health-and-travel-insurance/hotels-dont-always-change-the-sheets-between-guests#:%7E:text=Sheets%20are%20usually%20changed%20between,they%20aren%E2%80%99t%20washed%20regularly.">pas changés entre les hôtes</a>, et là… il peut donc être préférable d’apporter les vôtres.</p>
<p>Mais une chambre d’hôtel, ce n’est pas qu’un lit. On pense moins à ce qui se trouve sur le bureau, la table de nuit, le téléphone, la bouilloire, la <a href="https://www.nature.com/articles/srep17163?utm_medium=affiliate&utm_source=commission_junction&utm_campaign=CONR_PF018_ECOM_GL_PHSS_ALWYS_DEEPLINK&utm_content=textlink&utm_term=PID100087244&CJEVENT=7cf55981c74311ed82a0034b0a18ba73">machine à café</a>, l’interrupteur ou la <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/hotel-room-tests-uncover-high-levels-of-contamination-1.1160859">télécommande de la télévision</a>… Or toutes ces surfaces ne sont pas toujours désinfectées entre les clients.</p>
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<img alt="Télécommande sur un lit d’hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À manipuler avec attention : les télécommandes font partie des objets les plus contaminés des chambres d’hôtel !</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/remote-control-on-pink-fabric-5202948/">Pexels/Karolina grabowska</a></span>
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<p>Des virus (norovirus responsable de diarrhées, SARS-CoV-2 du Covid, etc.) peuvent subsister sous forme infectieuse pendant des jours sur les surfaces dures. Et l’intervalle de temps typique entre les changements de chambre est souvent <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">inférieur à 12 heures</a>.</p>
<p>Les tissus d’ameublement des coussins, chaises, rideaux ou stores sont, enfin, difficiles à nettoyer et peuvent n’être désinfectés que lorsque l’hôtellerie doit enlever des taches visibles.</p>
<h2>Les invités non sollicités</h2>
<p>Si tous ces germes et ces surfaces sales ne suffisent pas, il faut aussi penser aux <a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-apprendre-a-les-detecter-pour-eviter-les-piqures-184437">punaises de lit</a> (<em>Cimex lectularius</em>). Ces insectes suceurs de sang ont un aspect brun-argenté et mesurent généralement de un à sept millimètres de long. Ils sont experts dans l’art de se cacher dans de petits espaces étroits et sont capables de rester dormants sans se nourrir pendant des mois.</p>
<p>Les petits espaces en question comprennent les fissures et les crevasses des bagages, des matelas et de la literie. <a href="https://www.cdc.gov/parasites/bedbugs/faqs.html">Les punaises de lit</a> sont répandues en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Asie – et sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0278431920301201">souvent présentes dans les hôtels</a>. Et ce n’est malheureusement pas parce qu’une chambre a l’air propre et sent bon qu’il n’y a pas de punaises de lit dans ses entrailles…</p>
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<img alt="Femme de chambre préparant un lit." src="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Merci de ne pas utiliser les coussins d’ornement comme oreiller…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/woman-in-black-blazer-and-white-dress-shirt-arranging-the-bed-6466496/">Pexels/Cottonbro studio</a></span>
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<p>Heureusement, les <a href="https://www.nhs.uk/conditions/bedbugs/">piqûres de punaises de lit</a> ne semblent pas susceptibles de transmettre de maladies à notre espèce… Par contre, les zones de piqûre peuvent s’enflammer et s’infecter.</p>
<p>Pour détecter la présence de punaises de lit, des piqûres rougeâtres découvertes au matin et des taches de sang sur les draps sont les signes d’une infestation active (utilisez une crème antiseptique sur les piqûres). D’autres signes peuvent être trouvés sur le matelas, derrière la tête de lit et à l’intérieur des tiroirs et de l’armoire : des taches brunes peuvent être des restes d’excréments. </p>
<p>Informez l’hôtel si vous pensez qu’il y a des punaises de lit dans votre chambre. Et pour éviter de les emporter avec vous lors de votre départ, nettoyez soigneusement vos bagages et vos vêtements avant de les ouvrir chez vous.</p>
<p>Étant donné que les chambres des hôtels de haut standing sont généralement utilisées plus fréquemment, une chambre plus chère dans un hôtel cinq étoiles n’est pas nécessairement synonyme de plus grande propreté, car les frais de nettoyage des chambres réduisent les marges bénéficiaires. Quel que soit votre lieu de séjour, emportez un paquet de lingettes antiseptiques et utilisez-les sur les surfaces dures de votre chambre. </p>
<p>Les consignes d’hygiène basiques restent de mise même en vacances ! Lavez-vous ou désinfectez-vous souvent les mains, surtout avant de manger ou de boire. Enfin, emportez des pantoufles ou des chaussettes épaisses afin d’éviter de marcher pieds nus sur les moquettes des hôtels, connues pour être un autre <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">point chaud de la saleté</a>…</p>
<p>Avec ces quelques précautions en tête, profitez tout de même de votre séjour !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Elles nous paraissent être des havres de paix, le point de chute idéal en vacances. Mais les chambres d'hôtel sont surtout un nid douillet pour les microbes ! Le point de vue d'une microbiologiste…Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2045882023-05-02T20:23:13Z2023-05-02T20:23:13ZDes chiffons aux tampons : une brève histoire des protections menstruelles<p>En 2023, les règles sont encore taboues. Bien qu’il soit <a href="https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2662647-20191202-regles-art-artistes-represente-menstruations">évoqué, par exemple, dans l’art contemporain</a>, cet événement physiologique qui concerne les femmes pendant une bonne partie de leur vie n’est toujours pas un sujet de conversation ordinaire.</p>
<p>Les menstruations sont généralement considérées comme quelque chose qu’il faut contenir – les fuites menstruelles étant estimées <a href="https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2011-1-page-33.htm">honteuses</a> malgré des <a href="https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2022/08/15/monstrueuses-menstrues-ou-le-tabou-publicitaire-des-regles_6138053_3451060.html">campagnes</a> visant à aider les jeunes à se sentir plus à l’aise pour en parler.</p>
<p>Pour de nombreuses femmes, cette période se traduit par une perte de sang équivalente à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279294/">deux ou trois cuillères à soupe</a> au cours des quatre à cinq jours que durent leurs règles. Elles ont donc recours à des tampons, à des serviettes hygiéniques ou à des coupes menstruelles.</p>
<p>Mais une <a href="https://www.theguardian.com/global-development/2019/apr/13/cloth-cow-dung-cups-how-the-worlds-women-manage-their-periods">étude de 2019</a> sur la façon dont les femmes du monde entier gèrent ces périodes délicates a montré que beaucoup utilisent encore des feuilles, de la laine de mouton, du papier journal, de l’herbe ou même de la bouse de vache comme substance absorbante. </p>
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<p>Un <a href="https://blogs.worldbank.org/fr/voices/les-menstruations-source-d-absenteisme-scolaire-dans-le-monde">rapport de l’Unesco</a> a révélé en 2016 que 10 % des jeunes femmes africaines n’allaient pas à l’école pendant leurs règles. En effet, l’un des moyens d’éviter les fuites est tout simplement de ne pas sortir de chez soi lorsqu’on a ses règles, ce qui explique pourquoi les menstruations ont encore des conséquences importantes sur l’éducation des femmes.</p>
<h2>Les règles dans l’histoire</h2>
<p>Cependant, les femmes n’ont pas toujours eu le même rapport à leurs menstruations.</p>
<p>Il est probable qu’à d’autres époques, les <a href="https://www.sudouest.fr/societe/histoire-comment-les-femmes-ont-gere-leurs-regles-au-cours-des-si%C3%A8cles-11099346.php">femmes avaient moins de règles</a>, avec des <a href="https://helloclue.com/articles/culture/what-was-it-like-to-get-your-period-in-ancient-greece">saignements plus légers</a>, non seulement parce qu’elles passaient une plus grande partie de leur vie enceintes, mais aussi parce que leur <a href="https://www.theguardian.com/society/2022/jan/06/women-losing-their-periods-because-of-restrictive-diets-and-excessive-exercise">alimentation était plus pauvre qu’aujourd’hui</a>.</p>
<p>Pourtant, des textes médicaux datant de la <a href="https://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2005-4-page-25.htm">Grèce antique</a> affirment que le saignement idéal doit être abondant. Cela s’explique par la croyance selon laquelle les menstruations se produiraient parce que le corps des femmes a une texture plus spongieuse que celui des hommes. Leur chair absorbant davantage de ce qu’elles mangent et de ce qu’elles boivent, le saignement était alors vu comme bénéfique pour la santé des femmes. On pensait même que le sang qui ne sortait pas pouvait leur causer des maladies mentales.</p>
<p>Jusqu’au XIX<sup>e</sup> siècle, les textes médicaux reprenaient les idées héritées de la Grèce antique ; mais au début de l’Europe moderne, les hommes semblaient à l’aise pour parler des menstruations. Samuel Pepys, homme de lettres du XVII<sup>e</sup> siècle, mentionnait par exemple le cycle menstruel de sa femme <a href="http://earlymodernmedicine.com/review-menstruation-and-the-female-body/">dans son journal</a>.</p>
<p>En ce qui concerne les saignements, l’historienne <a href="http://earlymodernmedicine.com/review-menstruation-and-the-female-body/">Sara Read</a> a conclu qu’à cette époque, la plupart les femmes se contentaient de saigner sur leurs vêtements ou utilisaient occasionnellement des chiffons placés entre les cuisses ou attachés aux vêtements.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une ceinture hygiénique représentée en noir et blanc" src="https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522748/original/file-20230425-14-3hj3h.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ceinture menstruelle commercialisée au début du XXᵉ siècle. Illustration de 1911.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Feminine_hygiene">Wikimedia</a></span>
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<p>Au XIX<sup>e</sup> siècle, le marché des protections menstruelles s’est développé, des ceintures et serviettes hygiéniques au <a href="http://www.mum.org/sanapron.htm">« tablier hygiénique »</a>, porté sur les fesses pour empêcher les fuites sur les vêtements lorsque l’on s’assoit. Mais jusqu’à la mise au point des tampons en coton jetables à la fin des années 1890, ces protections devaient toujours être lavées et séchées (bien que les tampons réutilisables aient récemment fait leur retour).</p>
<p>À partir de la fin des années 1960, l’utilisation d’une bande adhésive a permis de fixer les protections dans les sous-vêtements plutôt que de les attacher à une ceinture spéciale.</p>
<h2>L’apparition de nouvelles protections hygiéniques</h2>
<p>Dans les années 1930, les <a href="http://www.mum.org/faxAd.htm">premiers tampons</a> sont apparus sur le marché. Ils étaient décrits comme des « serviettes hygiéniques internes ». Les coupes menstruelles en caoutchouc remontent également aux années 1930, bien qu’elles aient été largement remplacées de nos jours par des coupes en silicone disponibles dans une <a href="https://www.nytimes.com/wirecutter/reviews/best-menstrual-cup/">large gamme de tailles</a>. Le risque de fuite avec une coupe de bonnes dimensions semble <a href="https://www.nytimes.com/wirecutter/reviews/best-menstrual-cup/">être plus faible</a> qu’avec une serviette ou un tampon.</p>
<p>Ces nouvelles protections ont, selon l’historienne <a href="https://muse.jhu.edu/article/399411/pdf">Lara Freidenfelds</a>, contribué à faire accepter les menstruations comme une partie normale de la vie – ne nécessitant plus quelques jours de repos comme c’était le cas auparavant. Au XX<sup>e</sup> siècle, les protections menstruelles sont progressivement devenues des marqueurs sociaux.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Diagramme montrant un tissu plié" src="https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1731&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1731&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1731&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=2176&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=2176&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522751/original/file-20230425-2394-ff4dto.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=2176&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Instructions sur la façon de plier un morceau de tissu pour une serviette hygiénique. En bas, on montre comment attacher la serviette à la ceinture à l’aide d’un cordon. Extrait du livre allemand « La femme en tant que médecin de famille », 1911.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Feminine_hygiene">Wikimedia</a></span>
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<h2>Vers le retour de la réutilisation ?</h2>
<p>Les applicateurs et les emballages des tampons contiennent des matières plastiques, de même que les serviettes hygiéniques : la consommation de ces produits n’est pas sans conséquences sur l’environnement. Les <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/tampons-et-serviettes-hygieniques-y-t-il-vraiment-un-risque-les-utiliser-6232056">risques liés aux produits chimiques</a>, tels que les dioxines, utilisés dans les tampons et les serviettes hygiéniques, sont aussi de plus en plus connus. Ces deux raisons ont contribué à stimuler le marché des produits naturels.</p>
<p>Il existe également des disques menstruels jetables ou réutilisables – il s’agit d’un disque rond en silicone qui recueille le sang. Enfin, les culottes hygiéniques, inventées en 2017, sont vendues comme étant « meilleures pour la planète ».</p>
<p>Plutôt que de commercialiser des produits dans les pays les plus pauvres du monde, des organisations caritatives telles qu’<a href="https://www.actionaid.org.uk/our-work/period-poverty/reusable-sanitary-pads-and-sustainability">ActionAid</a> organisent des sessions de formation à la fabrication de serviettes hygiéniques. Les femmes des pays riches ont été <a href="https://www.actionaid.org.uk/blog/2019/06/05/would-you-make-and-wear-your-own-reusable-sanitary-pads?gclid=Cj0KCQjwuLShBhC_ARIsAFod4fJvB_9i5cFjtYAvqacKtiWwfevD7n4TRyl4XGdWfgAIeE9fzkpK7e0aAqWBEALw_wcB">surprises</a> de constater le confort de ces serviettes.</p>
<p>La promotion actuelle des serviettes hygiéniques réutilisables ou des pantalons hygiéniques est un retour à une façon traditionnelle de gérer les menstruations, même s’il est aujourd’hui beaucoup plus facile pour la plupart des femmes de laver et de sécher ces vêtements de protection.</p>
<p>Leur utilisation suggère que notre attitude à l’égard du sang menstruel est en train de changer. L’idée selon laquelle les produits menstruels sont des « déchets » qui doivent être cachés et éliminés de manière « hygiénique » ne va pas de pair avec l’idée de laver ses serviettes et de les faire sécher sur un fil.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204588/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Helen King ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La vision des règles est passée d’une période de vulnérabilité mal comprise à une étape naturelle dans la vie d’une femme grâce aux évolutions des protections hygiéniques.Helen King, Professor Emerita, Classical Studies, The Open UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2022602023-04-11T17:00:45Z2023-04-11T17:00:45ZCe que les toilettes scolaires nous apprennent sur la vie des élèves<p><em>Que se passe-t-il dans les toilettes des établissements scolaires ? Selon qu’ils sont « filles » ou « garçons », « grands » ou « petits », quel regard portent les enfants sur ces espaces collectifs et individuels ? Comment les occupent-ils à mesure qu’ils grandissent, que les portes se ferment, que des murs s’élèvent et que la possibilité leur est offerte de se retrouver seuls à l’abri du regard des autres ?</em></p>
<p><em>Loin d’être des « petits coins » rejetés aux marges de l’école, les toilettes sont un lieu central où se construisent des apprentissages informels au fil de la scolarité. C’est ce que montrent les chercheurs Aymeric Brody, Gladys Chicharro, Lucette Colin et Pascale Garnier à partir d’enquêtes qualitatives menées de la maternelle au lycée, rassemblées dans <a href="https://www.editions-eres.com/ouvrage/5028/les-petits-coins-a-lecole">« Les “petits coins” à l’école. Genre, intimité et sociabilité dans les toilettes scolaires »</a>, un ouvrage publié en janvier 2023 aux éditions Érès. En voici trois extraits, tirés de la conclusion.</em></p>
<hr>
<h2>Des sanitaires en mauvais état</h2>
<p>Le diagnostic des <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-11-17/vetuste-salete-manque-d-intimite-l-etat-des-toilettes-dans-les-ecoles-rebute-les-eleves-bdc774ed-56a6-424d-b74d-c235c5fc974d">toilettes scolaires</a> est pourtant connu et identifié. Il est encore revenu sur le devant de la scène de manière criante avec la dernière crise sanitaire puisque, par exemple, <a href="https://www.lemonde.fr/education/article/2020/06/08/apres-la-crise-du-Covid-19-repenser-la-question-des-sanitaires-dans-les-etablissements-scolaires_6042170_1473685.html">24 % des écoles n’avaient même pas un nombre de points d’eau suffisant</a> pour répondre à l’exigence du <a href="https://theconversation.com/ces-savons-qui-font-la-peau-au-virus-134414">lavage des mains</a>. « En cinquante ans la situation a peu évolué, faute d’intérêt et d’engagement collectif », <a href="https://www.huffingtonpost.fr/life/article/pourquoi-les-toilettes-a-l-ecole-sont-toujours-un-sujet-tabou-en-france-en-2019_155219.html">constatait un an plus tôt Marc Sanchez</a>, soulignant qu’aucun « adulte ne serait prêt à endurer cette situation dans son milieu de travail », avec en conclusion un appel à agir rapidement pour le bien-être de nos enfants.</p>
<p>Les toilettes sont non seulement un analyseur de l’institution scolaire du corps, mais aussi du rapport que l’adulte entretient avec le sujet enfant à l’école, réduit par une contrainte par corps à un sujet apprenant qui intéresse au regard de ses seuls capacités et développement cognitifs. Qui plus est, l’expérimentation dans des établissements de pédagogie alternative de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/toilettes-52629">toilettes</a> exclusivement mixtes et communes aux adultes et aux enfants interroge le type de rapport à l’élève, la modalité de relation adulte-enfant, enseignant-élève, le rapport à la vie quotidienne que matérialise cette séparation des espaces qui va de soi dans l’école classique. […]</p>
<h2>Des modes de sociabilité différents entre filles et garçons</h2>
<p>Nous nous sommes demandé si les toilettes n’étaient pas une <a href="https://theconversation.com/le-long-chemin-de-la-mixite-dans-la-cour-de-recreation-65760">cour de récréation</a> à la puissance dix, tout en constatant que les recherches menées sur cet espace étaient restées à leurs portes, avaient gommé ce lieu de leur champ d’observation. Objet de recherche encore tabou, pas assez sérieux, enjeux ne concernant pas les sciences humaines et sociales, et laissés au regard médical et hygiéniste, compte tenu de ce que les enfants et les jeunes sont censés y faire ?</p>
<p>Les toilettes situées dans la cour ou dans son prolongement direct font pourtant partie à part entière du moment scolaire de la récréation pour tous les élèves, seul temps légitime pour y aller faire ses besoins, ce qui en fait une de leurs activités obligées de récréation puisqu’il faut y passer et/ou que leurs pairs proches y passent, impliquant de les y accompagner. Elles partagent avec la récréation ce moment d’échappatoire possible (et exclusif dans le quotidien scolaire) à l’univers ordonné de la classe et de ses énergies contenues.</p>
<hr>
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<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-corps-a-lecole-une-dimension-oubliee-152562">Le corps à l’école : une dimension oubliée</a>
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</p>
<hr>
<p>Nous y avons en effet retrouvé les <a href="http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100974760">modes de sociabilité enfantine et juvénile</a> déjà mis en lumière dans les recherches portant sur les <a href="https://hal.science/hal-02510259">récréations</a> où, malgré la coexistence qui y est instaurée (contrairement aux toilettes), une ségrégation des sexes se déplie à partir d’un choix d’activités différentes et exclusives. Pour les garçons, celles qui privilégient mouvement, action, expression motrice, avec peu d’échanges langagiers, s’exerçant le plus souvent en grands groupes constitués autour de leaders. Ce qui n’est pas sans répercussion sur la <a href="https://theconversation.com/mixite-scolaire-que-peuvent-apporter-les-cours-de-recreation-non-genrees-183502">répartition spatiale de la cour</a>, les garçons se retrouvant au centre, bien visibles et bien audibles, dans leurs jeux de ballon par exemple.</p>
<p>Les garçons continuent aux toilettes à y privilégier les activités physiques, celles qui justement doivent se dérouler avec plus de discrétion que dans la cour, de par leur nature transgressive. Les filles sont décrites plus statiques dans ce qu’elles y font, avec des jeux plus calmes et privilégiant a contrario la communication verbale au sein de petits groupes affinitaires. Reléguées à la périphérie de la cour, plus discrètes, avec leurs jeux de rôle, leur corde à sauter ou leurs « ateliers » de coiffure, elles conçoivent les toilettes, à l’abri en plus de la présence des garçons, comme le recoin privilégié qu’offre cette cour de la récréation, pour des échanges entre amies, pour y partager secrets et problèmes de filles, pour y protéger une intimité entre pairs.</p>
<p>À ce niveau, les toilettes font écho à l’importance de la récréation pour y expérimenter une autonomie de l’entre-enfants, une socialisation horizontale, porteuses d’opportunités en matière d’apprentissages informels. Apprendre « ce qu’il convient de faire pour <a href="https://theconversation.com/comment-les-enfants-choisissent-ils-leurs-amis-142319">avoir des amis</a> » et comment « se protéger des ennemis », expérimenter les codes sociaux, les valeurs comme la solidarité, l’entraide, la loyauté, et par là même <a href="https://www.puf.com/content/Apprendre_de_la_vie_quotidienne">donner sens à des apprentissages sociaux</a> (Delalande, 2009), se déplient aussi, comme nous l’avons vu, dans les toilettes, où l’entre-pairs affinitaire chez les filles s’avère crucial pour gérer en plus les dysfonctionnements auxquels elles se confrontent, pour y développer une capacité d’agir qui s’appuie sur du collectif, sur des liens amicaux : que ce soit l’échange des serviettes hygiéniques ou des mouchoirs, voire d’un élastique pour les cheveux ou d’un mascara pour le maquillage, tenir le manteau à tour de rôle pendant que l’autre va faire pipi, ou encore la porte de la cabine lorsque les verrous dysfonctionnent ou pour qu’elle se sente en sécurité sans prendre le risque de s’y enfermer, surveiller que les garçons ne viennent pas, faire du bruit pour couvrir le bruit de l’urine, etc. C’est en tout cas, comme d’ailleurs le remarquent les garçons, ce qui se joue dans cette occupation particulière des toilettes des filles et qui n’est pas la leur. La masculinisation des corps des garçons éradique tout partage de cet ordre entre pairs, car associé à une féminité rimant encore par trop avec homosexualité ; ne pas perdre son image masculine se fait donc au prix d’une solitude et d’une mise au silence du rapport au corps intime. […]</p>
<h2>Un espace de transgression, loin de la surveillance adulte</h2>
<p>Que ce soient les toilettes des filles ou les toilettes des garçons, la singularité des toilettes reste d’être plus protégés de la surveillance adulte que ne l’est la récréation ; la présence contrôlante même relative est continuelle et surtout autorisée dans tout l’espace de la cour, alors qu’elle convoque une tension conflictuelle irréductible de par les limites que pose ce droit des élèves à l’intimité, ce qui revient a minima à échapper au regard de l’adulte. Les toilettes représentent donc le lieu des transgressions possibles, qui matérialisent des modes spécifiques de socialisation horizontale selon les classes d’âge, avec leurs comportements, leurs pratiques, leur culture ludique, pour « être tout sauf des toilettes ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Plaidoyer pour des toilettes dignes à l’école (La Maison des maternelles, 2023).</span></figcaption>
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<p>C’est dans ces jeux de transgression aussi que l’on devient amis, que l’on fait partie d’un groupe, d’une bande, de par la solidarité qu’implique de devoir y déjouer la surveillance institutionnelle et de ne pas dénoncer les meneurs du jeu. À ce niveau, de manière plus exacerbée que dans la cour, les toilettes sont « le lieu d’apprentissage de la gestion des contradictions entre les demandes de l’adulte et celles des camarades » (<a href="http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100974760">Gayet, 2003, p. 22</a>). Il s’agit d’abord de faire à l’école ce que l’on fait ailleurs, comme le fait d’y <a href="https://theconversation.com/fr/topics/tabac-21029">fumer</a> qui accompagne l’entrée dans ladite adolescence, mais aussi d’y utiliser le téléphone non sans complicité d’ailleurs avec les parents.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-bonbons-un-moyen-de-creer-du-lien-social-entre-collegiens-159934">Les bonbons, un moyen de créer du lien social entre collégiens ?</a>
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<p>L’eau mise à disposition présente une opportunité en matière d’activités ludiques, pour la panoplie de jeux qu’elle permet de la maternelle au collège, éveillant une nostalgie chez les lycéens qui nous souligne son importance. Pour ces derniers, l’eau sert d’ailleurs encore à préparer les munitions pour des batailles d’eau, mais qu’il est de bon ton désormais d’effectuer en toute liberté dans l’espace social hors école. De même, pour eux, fumer s’affiche et ne se dissimule plus comme pour les plus jeunes du collège, vu l’autorisation de sortir de l’établissement. Dans une association avec l’eau, le papier toilette est également bien investi parce qu’il permet de faire des boulettes, qui collent en plus au plafond, mais aussi de boucher les évacuations, ce qui légitime pour les acteurs éducatifs du primaire et du collège son retrait en libre-service.</p>
<p>Comme on pourrait le dire de toutes les activités auxquelles se livrent les enfants et les jeunes pendant la récréation, ce qui se joue dans les toilettes interroge les frontières fluctuantes entre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas par la communauté éducative, mais de façon plus aiguë. C’est d’abord la définition même du jeu que ne partagent pas jeunes et adultes. Les jeux d’eau, ce plus qu’apportent les toilettes pendant le temps récréatif, sont combattus par la communauté éducative au nom du danger encouru (les glissades étant associées à des blessures toujours possibles), au nom aussi d’un gaspillage de l’eau qui fait partie d’une sensibilisation éducative en matière d’éducation civique et écologique, voire tout simplement, en maternelle, parce qu’ils impliquent de devoir changer les enfants mouillés pour qu’ils ne prennent pas froid ou pour ne pas avoir de problèmes avec les parents.</p>
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<p>Cet angle sécuritaire se nuance au sein même des acteurs éducatifs, dont certains perçoivent dans ces transgressions une culture enfantine et juvénile pleine de créativité, avec ses moments festifs inéluctables qui ont existé de tout temps contre l’ordre scolaire. Les âges de la vie et leurs spécificités, comme l’incontournable crise d’adolescence, apportent a contrario une vision plus psychologique de ces manifestations. Les enseignants, en particulier dans les petites classes, reconnaissent également l’importance du jeu chez l’enfant puisqu’il y est associé à des apprentissages au sein même de leur pédagogie ; il s’agirait donc seulement d’éviter que des dégradations en découlent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202260/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Loin d’être des « petits coins » rejetés aux marges de l’école, les toilettes sont un espace stratégique de la cour de récréation et jouent un rôle dans la socialisation des élèves.Pascale Garnier, docteur en sociologie, professeur en sciences de l’éducation, Université Sorbonne Paris NordAymeric Brody, Sociologue et docteur en Sciences de l'Education, EpitechGladys Chicharro Saito, Maîtresse de conférences, Département des sciences de l’éducation, Université Paris 8 – Vincennes Saint-DenisLucette Colin, Chercheuse associée au laboratoire EXPERICE, Université Paris 8 – Vincennes Saint-DenisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2023812023-04-05T19:22:28Z2023-04-05T19:22:28ZPeut-on être contaminé par un savon ?<p>La récente pandémie de Covid a bouleversé notre quotidien et fait évoluer nos rituels d’hygiène… en imposant le port du masque, comme en remettant sur le devant de la scène le nettoyage des mains. Ainsi, les communications de Santé publique France rappellent à nouveau depuis trois ans l’importance de se laver régulièrement et soigneusement les mains pour limiter les risques d’infection.</p>
<p>Savons et gels hydroalcooliques ont dans le même temps réinvesti les lieux d’accueil du public. Des légions de mains se sont ainsi relayées aux distributeurs collectifs placés aux entrées des magasins et autres savons solides des sanitaires.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1492105401625677836"}"></div></p>
<p>La prise de conscience de l’impact environnemental incite en parallèle les consommateurs à favoriser des produits d’hygiène solides ou commercialisés en vrac afin de limiter les emballages, notamment en plastique.</p>
<p>Face à ces nouvelles pratiques, existe-t-il de nouveaux risques de contaminations microbiologiques ? Dans quelle mesure les produits d’hygiène mis à disposition dans un lieu public peuvent-ils être infectés et nuire à la santé ?</p>
<p>Comprendre ces risques et leurs enjeux implique de revenir sur les propriétés et la composition des produits d’hygiène, de rappeler les réglementations ainsi que les sources de contamination potentielles.</p>
<h2>Un peu d’histoire…</h2>
<p>C’est en 1847 que le médecin Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865) démontre l’utilité du lavage des mains au savon dans la prévention des cas de fièvre puerpérale.</p>
<p>En 1961, le Service de Santé publique des États-Unis publie une recommandation ordonnant au personnel de santé de se laver les mains avec du savon et de l’eau pendant 1 à 2 minutes avant et après contacts avec les patients, afin de réduire la propagation des microorganismes pathogènes.</p>
<p>C’est ainsi que l’utilisation du savon s’est étendue sous l’influence des épidémies à transmission manuportée telles que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16553905/">grippes</a>, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18254044/">gastroentérites</a>, <a href="https://theconversation.com/comment-lutter-contre-les-cinq-principales-bacteries-responsables-des-intoxications-alimentaires-en-france-189755">toxi-infections alimentaires et communautaires (TIAC)</a> et plus récemment le Covid-19. L’hygiène des mains limite considérablement la circulation des agents infectieux, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18556606/">réduisant de façon conséquente la consommation d’antibiotiques</a> – et la probabilité de voir apparaître des résistances dont prise en charge et traitement sont difficiles et coûteux. Malgré cela, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24889816/">cet usage est encore trop limité</a>.</p>
<h2>Les grands types de savons aujourd’hui</h2>
<p>Produit d’hygiène ancré dans les pratiques quotidiennes, privées et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12418624/">médicales</a>, le savon ou plutôt « les » savons se déclinent aujourd’hui sous différentes formes, solide, liquide et même sous forme de mousse, selon le procédé de fabrication et la composition.</p>
<p>Un savon est obtenu par réaction chimique de saponification entre un composé basique et des corps gras, huiles ou graisses. C’est la nature du composé basique qui définit la texture du savon : solide avec la soude, liquide avec la potasse.</p>
<ul>
<li><p>Un <strong>savon solide</strong> est obtenu par réaction de saponification d’huile (olive, palme, coco…) et de soude, à froid ou à chaud. Anhydre, son pH est basique, compris entre 8 et 10.</p></li>
<li><p>Un <strong>savon liquide</strong> renferme des composés obtenus par réaction de saponification d’huile et d’hydroxyde de potassium dilué dans de l’eau. Constitué d’une quantité importante d’eau, son pH est neutre à basique, compris entre 7 et 9.</p></li>
<li><p>Un <strong>gel moussant</strong> est obtenu par un procédé classique de mélange de différents ingrédients : de l’eau, des tensioactifs synthétiques ou naturels ayant des propriétés nettoyantes et moussantes, des gélifiants et des agents conservateurs. Son pH est neutre, compris entre 6 à 7.</p></li>
</ul>
<p>Le savon n’a eu de cesse de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7985184/">changer de statut</a>, considéré soit comme un produit cosmétique, soit comme un produit d’hygiène, un excipient ou encore une substance active – dans la mesure où il pouvait être utilisé dans des préparations destinées à traiter la gale, les brûlures ou dans des purges.</p>
<p>Considéré depuis le XIX<sup>e</sup> siècle comme un médicament, c’est la loi de 1975 puis la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000695248">directive 76/768 CEE (4)</a> qui reclassifient le savon en produit cosmétique, interdisant de fait les revendications d’actions thérapeutiques. Ainsi, le savon parfume, nettoie et protège la peau, permet de limiter les odeurs corporelles mais il ne soigne pas.</p>
<p>À côté des savons grand public, les <strong>savons dits antiseptiques</strong> sont des dispositifs médicaux. Ils combinent un détergent et un antiseptique, qui leur confèrent des propriétés nettoyantes et anti-microbiennes. La réglementation leur impose de répondre à des exigences précises en termes d’efficacité bactéricide, fongicide et virucide, excluant de fait le risque de contamination.</p>
<p>Enfin, les <strong>gels et solutions hydroalcooliques</strong> sont quant à eux des biocides. Constitués majoritairement d’eau distillée et d’alcool (à raison de 65 à 75 %), ce sont d’excellents désinfectants destinés à éliminer les microbes de la peau saine, avec un très large spectre d’action contre les microorganismes, excluant de fait le risque de contamination.</p>
<h2>Peut-on être contaminé par un savon ?</h2>
<p>La probabilité de contamination d’un savon est intrinsèquement liée à sa composition, qui détermine son pH et sa teneur en eau libre. La plupart des bactéries pathogènes se développent à un pH proche de la neutralité (pH~ 7) avec une tolérance entre 6 et 9. A contrario, un milieu dont le pH est très acide ou très basique ralentit leur croissance.</p>
<p>Les savons solides, basiques, présentent donc un risque de contamination faible. Ils ne peuvent héberger des microorganismes ni dans leur masse, ni en surface, tant et si bien que la législation en cours via la <a href="https://www.boutique.afnor.org/en-gb/standard/nf-en-iso-29621/cosmetics-microbiology-guidelines-for-the-risk-assessment-and-identificatio/fa060113/59234">norme ISO 29621</a> a établi que l’ajout de conservateurs n’était pas nécessaire. Ainsi, il n’y a pas de risque à utiliser un savon solide qui s’éterniserait sur un évier ou un lavabo dans les conditions classiques d’utilisation.</p>
<p>La teneur en eau libre (AW= <em>activity of water</em>), susceptible d’être utilisée par les enzymes du métabolisme microbien, a également un impact sur la prolifération microbienne. Plus l’AW d’un produit est élevée et plus ce dernier sera propice au développement de microorganismes. De pH neutre, avec une AW élevée, les gels moussants et les savons liquides sont à risque de contamination, et c’est pour cela que les fabricants industriels y ajoutent des conservateurs. Leur efficacité est évaluée grâce à un test standard normatif (challenge test, norme ISO 11930), afin de garantir que la croissance microbienne est limitée dans des conditions normales de stockage et d’utilisation pendant la durée de vie du produit.</p>
<p>Quelle que soit la forme du savon, leur fabrication industrielle requiert de respecter de bonnes pratiques de fabrication (BPF), qui comprennent des contrôles microbiologiques et des tests quand c’est nécessaire, pour évaluer les agents conservateurs. Ainsi, il n’y a pas de risque à utiliser des savons industriels.</p>
<p>Que penser des ventes de savon liquide en vrac ? Un vrai défi pour les points de vente qui assurent le conditionnement et se doivent de garantir le <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/denrees-alimentaires-la-vente-en-vrac-besoin-dun-peu-dordre">respect de la règlementation</a> ! Ils doivent eux aussi appliquer les bonnes pratiques de fabrication (BPF), disposer de Dossiers d’Information sur les Produits (DIP), notifier les produits et mettre leur nom sur les étiquettes.</p>
<p>Depuis la <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16390">loi AGEC relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire</a>, les professionnels sont tenus d’accepter les contenants des consommateurs dès lors qu’ils ne sont pas sales ou inadaptés. Le Code de la consommation, article L.120-1, autorise la vente en vrac de produits de consommation courante, sauf exception justifiée par des raisons de santé publique. L’article <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000041557387">L.120-2</a> prévoit quant à lui qu’un affichage en magasin informe les consommateurs sur les règles de nettoyage et d’aptitude des contenants réutilisables.</p>
<p>Voilà pour la théorie, qui sous-entend des gérants au fait de la législation, et une attention particulière des autorités sanitaires.</p>
<h2>Des cas de contaminations très rares</h2>
<p>De rares contaminations peuvent toutefois survenir. Elles trouvent leur origine au niveau industriel, en lien avec des dysfonctionnements des procédés de production, de conditionnement et de stockage qui favorisent le développement de souches de bactéries résistantes en milieu basique comme <em>Cellulosimicrobium</em>, <em>Dietzia</em>, <em>Arthrobacter</em> et <em>Micrococcus</em> (dont le potentiel virulent est peu étudié). L’installation d’équipements de purification d’air et de filtration de l’eau peut apporter un réel bénéfice pour éliminer ce risque.</p>
<p>Quelques rares cas ont été documentés. Des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ics.12401">contaminations de <em>Nesterenkonia lacusekhoensis</em> (Micrococcus)</a> ont par exemple été observées en 2016 au Canada sur des savons de Castille, suite à un changement d’odeur. Ces bactéries aérobies vivent dans des environnements extrêmes à des températures supérieures à 30 °C, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12148619/">sols et eaux hypersalés alcalins, sols désertiques</a>. Bien qu’elles soient peu pathogènes, les savons ont été retirés du marché à la demande du gouvernement canadien.</p>
<p>Les savons de Castille sont spécifiques car fabriqués selon la technique de saponification à froid, lente et moins polluante en comparaison de la saponification à chaud utilisée pour les savons de Marseille et d’Alep. Ce qui en a fait un milieu de choix pour <em>N. lacusekhoensis</em>. Cependant, à l’heure actuelle, aucune étude ne démontre l’influence de la technique de saponification à froid ou à chaud sur le niveau de risque de contamination.</p>
<p>D’autres cas de contaminations ont été observés dans des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21421792/">distributeurs de savons liquides et de gels moussants</a> dans l’espace collectif (restaurants ou toilettes publiques). Ici, c’est l’étape de rechargement des distributeurs qui est critique, dans la mesure où elle favorise la pollution par des bactéries fécales dont certaines, <a href="https://theconversation.com/aliments-contamines-par-la-bacterie-e-coli-quels-effets-sur-la-sante-et-comment-prevenir-les-infections-185176">comme <em>Escherichia coli</em>, peuvent être responsables de gastro-entérites</a>. Pour éviter ce phénomène, les autorités sanitaires préconisent le nettoyage et la désinfection des distributeurs avant le rechargement.</p>
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<h2>Un risque très limité</h2>
<p>En synthèse, les contaminations de tous ces produits d’hygiène des mains sont très rares, tout comme les risques de transmission de maladies infectieuses par leur biais.</p>
<p>Les savons ont un rôle nettoyant et enlèvent l’ensemble des matières organiques à la surface de la peau, y compris les microorganismes. Leur rôle est donc bien différent de celui des produits hydroalcooliques, qui ne lavent pas mais désinfectent (quand la peau est débarrassée des saletés).</p>
<p>Le savon reste ainsi le moyen le plus simple et le plus efficace pour prévenir la propagation des infections… À utiliser tout de même avec modération, car les lavages excessifs fragilisent le <a href="https://theconversation.com/le-microbiote-cutane-notre-premiere-barriere-protectrice-183503">microbiote cutané</a> et le film hydrolipidique de la peau, qui aura plus de difficulté à lutter contre les invasions microbiennes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202381/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L’EBI est au conseil d’administration de l’association Cosmetic Valley, pôle de compétitivité de la filière cosmétique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Houda Morakchi-Goudjil et Selcan Tokgoz ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Pain de savon, savon liquide ou gel moussant… Le savon refait l’actualité depuis le Covid. Mais risque-t-on d’être infecté par un savon contaminé en se lavant les mains ?Selcan Tokgoz, Responsable Axe Recherche Galénique et Ecoconception, École de Biologie Industrielle (EBI) Delphine Hermouet, Responsable Relations Industrielles et Institutionnelles, Pilote du Comité Recherche, École de Biologie Industrielle (EBI) Houda Morakchi-Goudjil, Enseignante-Chercheure en Biologie, École de Biologie Industrielle (EBI) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2017152023-03-28T19:36:00Z2023-03-28T19:36:00ZComment le gel hydroalcoolique tue les microbes ?<p>Depuis le début de l’épidémie de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/Covid-19-82467">Covid-19</a>, le <a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-le-gel-hydroalcoolique-182979">gel hydroalcoolique</a> est devenu incontournable pour se désinfecter les mains. Mais au fait, comment ça marche ?</p>
<p>Chaque jour lors de nos différentes activités, nous touchons plein de surfaces différentes avec nos mains que d’autres personnes ont touchées (dans les transports en commun par exemple), la main de quelqu’un d’autre ou encore un mouchoir par exemple.</p>
<p>Sur ces surfaces, il y a des saletés (poussières, graisses, tâches…), mais aussi des microorganismes qu’on appelle communément des microbes. Ce sont de petits organismes microscopiques (invisibles à l’œil nu), comme des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bacteries-22006">bactéries</a> et des virus, qui peuvent nous rendre malades (comme le fameux virus qui provoque le Covid).</p>
<p>Donc quand nos mains vont être en contact avec les surfaces, des saletés et des microbes vont s’y déposer, et si nous nous touchons ensuite le visage par exemple les microbes peuvent rentrer dans notre organisme et l’infecter.</p>
<h2>Le savon et le gel ne servent pas à la même chose</h2>
<p>On peut se laver les mains avec de l’eau et du savon. Les molécules de savon ont une extrémité qui adhère à l’eau et l’autre extrémité qui colle à la graisse des saletés : le savon fait comme un pont entre l’eau et les saletés.</p>
<p>En se frottant les mains, le savon décolle les saletés des surfaces et les molécules de savon qui ont accroché les saletés partent avec l’eau de rinçage, nos mains sont propres. Le savon peut aussi agir sur les microbes : ils sont entourés d’une enveloppe (appelée aussi paroi chez les bactéries) qui est là pour les protéger. Comme cette enveloppe est aussi composée de gras (comme les saletés), le savon va s’accrocher à l’enveloppe qui entoure le microbe, le décoller des surfaces et tout part avec l’eau de rinçage. Cet accrochage peut aussi abîmer cette enveloppe et certains microbes, comme des virus, ne pourront pas survivre avec une enveloppe abîmée.</p>
<p>De son côté, le gel hydroalcoolique désinfecte les mains, c’est-à-dire qu’il tue les microbes, mais il ne lave pas les mains et ne décolle pas les saletés qui seraient ensuite éliminées par le rinçage, comme le ferait un savon.</p>
<p>Si les mains sont sales, il ne faut pas utiliser de gel car il ne retire pas les saletés et il sera aussi moins efficace, la saleté va « cacher » les microbes en faisant une barrière autour d’eux.</p>
<h2>De l’alcool pour se débarrasser des microbes</h2>
<p>Le savon est déjà très utile et doit donc être utilisé en priorité. Mais quand nous sommes à l’extérieur, il n’est pas possible d’utiliser de l’eau et du savon. Dans ces cas-là, nous pouvons utiliser du gel hydroalcoolique.</p>
<p>Ce gel, c’est un mélange principalement d’eau et de composés chimiques qu’on appelle des alcools (facile pour les reconnaître, ils ont des noms en « -ol » comme l’éthanol ou l’isopropanol). Quand on se frotte les mains avec le gel, les molécules d’alcool vont se coller aux microbes.</p>
<p>Nous avons déjà vu que l’enveloppe des microbes est composée de gras, mais il y a aussi d’autres composés appelés protéines. Les molécules d’alcool vont modifier la structure des enveloppes des microbes en abîmant ces protéines, c’est-à-dire que les protéines vont se désorganiser et laisser passer les molécules d’alcool à l’intérieur des microbes. Les microbes seront alors complètement détruits.</p>
<h2>Comment bien utiliser le gel hydroalcoolique</h2>
<p>Pour qu’il soit bien efficace, le gel doit contenir au moins 65 % d’alcool (à vérifier sur l’étiquette), il faut mettre l’équivalent d’une grosse noisette dans le creux des mains (qui doivent être visiblement propres) et bien se frotter les doigts, les paumes et le dos des mains jusqu’au début des poignets pendant 30 secondes, les mains doivent être sèches à la fin.</p>
<p>Le gel hydroalcoolique reste un produit chimique qu’il ne faut pas tout le temps utiliser, car il va abîmer la peau, de plus le contenant en plastique peut polluer l’environnement.</p>
<p>Enfin le gel n’aime pas la chaleur donc il faut éviter de laisser le flacon au fond d’une poche ou en plein soleil, les composés alcools vont s’évaporer et le gel sera moins efficace.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201715/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Attig ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Contre le virus du Covid ou les bactéries, le gel hydroalcoolique est très utile pour se désinfecter, mais attention, il ne lave pas les mains.Isabelle Attig, Chef d'unité Evaluation Efficacité Biocides et Résistance, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2021572023-03-27T14:11:28Z2023-03-27T14:11:28ZTchad : la méconnaissance des informations scientifiques freine l'accès à l'eau<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517387/original/file-20230324-22-vu2ybd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des femmes se déplacent à dos d'âne pour remplir leurs bidons au seul puits du campement nomade de Toukra à N'Djamena, au Tchad, le 10 juin 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo ; Aurélie Bazzara-Kibangula/AFP via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p><em>L’accès à une eau de qualité est une préoccupation dans beaucoup de pays d’Afrique, dont le Tchad. Le Tchad fait partie <a href="https://tchadinfos.com/le-tchad-fait-partie-des-10-pays-africains-dont-des-crises-liees-a-leau-menacent-la-vie-de-190-millions-denfants/">des pays africains</a> où l’inadéquation des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène exposent les enfants à des risques extrêmement élevés.</em> </p>
<p><em>Le chercheur Abdallah Mahamat Nour explique à Aliou Niane de The Conversation Afrique les raisons de la faiblesse du taux d’accès à l’eau dans ce pays sahélien et ce qui doit être fait pour améliorer la qualité et la disponibilité de cette ressource pour les populations.</em></p>
<p><strong>L'accès à l'eau - pour la boisson et les usages domestiques - est un grand défi au Tchad. Quelle est la gravité de la situation ?</strong></p>
<p>La répartition de cet accès est très inégale sur le territoire, certaines zones étant plus alarmantes que d'autres en raison de facteurs géologiques, climatiques et autres.</p>
<p>Dans les zones de socle (dans ces zones, les <a href="https://www.u-picardie.fr/beauchamp/cours.qge/du-7.htm#:%7E:text=Un%20aquif%C3%A8re%20est%20un%20corps,de%20quantit%C3%A9%20d'eau%20appr%C3%A9ciable.">aquifères</a> sont discontinus et les eaux sont localisées dans les structures géologiques) notamment, où les forages ont un taux de réussite relativement faible, l'accès à l'eau est particulièrement difficile. Les points d'eau existant en milieu rural réalisés par l’Etat tchadien ou par les partenaires sont souvent partagés entre plusieurs villages, obligeant les habitants à parcourir de longues distances et à consacrer des heures de marche pour y accéder. </p>
<p>Dans certaines régions comme la <a href="https://www.humanitarianresponse.info/sites/www.humanitarianresponse.info/files/documents/files/tcd_viz_profilprovince_lac_20190418.pdf">province du lac Tchad</a>, la population se sert de l'eau prélevée directement des puits à ciel ouvert ou dans les mares, sans aucun traitement. Dans ces zones, les femmes et les filles sont souvent chargées de la collecte de l'eau pour les usages domestiques. Ce qui les oblige à parcourir de longues distances pour trouver de l'eau, occasionnant ainsi des problèmes de santé et de sécurité. </p>
<p>La qualité de l'eau est également problématique dans les grandes villes comme par exemple <a href="https://www.pseau.org/outils/organismes/organisme_detail.php?org_organisme_id=17357">Moundou</a>, ou dans certains quartiers de la capitale N'Djamena et de ses périphéries qui sont alimentés par des forages individuels qui ne sont pas contrôlés et peuvent être situés à proximité de latrines ou de puisards, ce qui augmente les risques de contamination de l'eau et de propagation de maladies hydriques.</p>
<p>Enfin, les défis liés à l'accès à l'eau sont aggravés par les changements climatiques qui ont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969722052512">une incidence </a>sur les ressources en eau dans la région sahélienne. Les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes et les ressources en eau de plus en plus limitées. Cela a un impact direct sur la sécurité alimentaire et la santé des populations locales.</p>
<p>En somme, la situation de l'accès à l'eau au Tchad est très préoccupante et nécessite une attention urgente pour améliorer la qualité et la disponibilité de cette ressource vitale pour les populations locales.</p>
<p><strong>Que fait le gouvernement à ce sujet ? Cela fonctionne-t-il ?</strong></p>
<p>Le gouvernement tchadien a élaboré plusieurs plans stratégiques et documents d'orientation, particulièrement le <a href="https://www.pseau.org/outils/biblio/resume.php?d=4329">Schéma directeur de l’eau et d’assainissement en 2003</a>, le <a href="https://fr.scribd.com/document/512165674/Politique-Et-Strategie-Nationale-Dassainissement-Du-Tchad-2013-Republique-Du-Tchad">Code de l’eau et la Politique et stratégie nationale d’assainissement</a> en 2013, pour améliorer l'accès à l'eau dans le pays. Cependant, malgré les efforts déployés, les résultats sont mitigés. La mise en œuvre des programmes est souvent entravée par des contraintes techniques – manque des études détaillées, des prestataires non qualifiés – et financières, ainsi que par une coordination insuffisante entre les différents acteurs impliqués dans le secteur de l'eau. De plus, la gestion des ressources en eau est complexe et nécessite une connaissance scientifique approfondie, ce qui peut également constituer un obstacle à la mise en place de politiques efficaces.</p>
<p><strong>Quelles sont les solutions envisageables pour répondre aux besoins en eau du Tchad ?</strong></p>
<p>Le Tchad dispose de <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers16-01/010063402.pdf">ressources en eau considérables</a> tant de surface que souterraines, mais celles-ci sont limitées par le manque de connaissances sur ces ressources. Les échecs constatés dans la plupart des programmes visant à améliorer l'accès à l'eau sont en partie dûs à l'absence d'études scientifiques récentes et à une sous-exploitation des connaissances disponibles. La principale raison est que dans la zone d'étude, il n'y a pas des études récentes à cause de moyens limités et de l'étendue de la zone.</p>
<p>Ainsi, avant toute mise en œuvre d'actions dans le domaine de l'eau, il est primordial de consulter les <a href="https://unitar.org/sites/default/files/uploads/pprs/evaluation_prospective_de_la_1e_phase_du_projet_de_cartographie_des_ressources_en_eau_reseau_tchad.pdf">connaissances scientifiques</a> disponibles pour réduire les risques d'échec.</p>
<p>Les études que nous menons actuellement dans le cadre du programme pilote <a href="https://www.aasciences.africa/aesa/programmes/african-research-initiative-scientific-excellence-arise#:%7E:text=ARISE%20is%20a%20Euro%2025,the%20African%20Union%20(AU).&text=Grant%20awards%20for%20ARISE%20are,ARISE%20Fellowships%20in%20May%202022.">African Research Initiative for Scientific Excellence</a> (ARISE) sur les <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/2022-03/010057680.pdf">hydrosystèmes</a> du bassin du lac Tchad permettent de mieux comprendre la vulnérabilité de la ressource en eau dans une région où l'accès, la potabilité et la durabilité de l'eau sont cruciales. </p>
<p>Les résultats de ces études non encore disponibles pourront être utilisés pour développer un nouveau cadre conceptuel pour l'interprétation des données <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/hydrogeologie/">hydrogéologiques</a> dans la région du bassin du lac Tchad et dans l'ensemble de la région du Sahel. Ils pourraient également aider les gestionnaires des ressources en eau à prendre en compte les données hydrologiques et hydrogéologiques dans le processus d'évaluation des ressources en eau.</p>
<p>En améliorant les informations hydrologiques disponibles dans la région, on peut garantir une meilleure connaissance de la situation réelle et de la dynamique des processus hydrogéologiques. Cela peut fournir des informations et des caractéristiques importantes sur la capacité de renouvellement des processus <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/rseau/1992-v5-n2-rseau3266/705131ar/">hydrogéologiques</a> de manière efficace, rapide et économique. Ce qui est essentiel pour les gestionnaires des ressources en eaux souterraines pour assurer la durabilité à long terme de cette ressource socio-économique très importante pour l'ensemble de la région d'Afrique centrale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202157/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Abdallah, Mahamat Nour does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Les défis liés à l'accès à l'eau sont aggravés par les changements climatiques qui ont une incidence sur les ressources en eau dans la région sahélienne.Abdallah, Mahamat Nour, Enseignant-chercheur, Géo-scientiste et hydro(géo)logue, Université de N'Djamena (Tchad)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1994782023-02-17T14:55:09Z2023-02-17T14:55:09ZChampignons, virus, bactéries… Voici ce qu’a trouvé une microbiologiste dans les spas – et ce n’est pas ragoûtant<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/510131/original/file-20230214-22-2mqek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C21%2C3600%2C2376&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand on entre dans un jacuzzi, tout ce qu'on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pendant des siècles, les humains se sont baignés dans des eaux publiques. Parfois pour se laver, mais plus souvent pour le plaisir. Dans la Grèce antique, les bains étaient pris dans de l’eau douce, ou dans la mer, perçue comme un lieu sacré dédié aux dieux locaux et s’y baigner était considéré comme un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2557448/pdf/medhistsuppl00037-0011.pdf">acte de culte</a>.</p>
<p>Ce sont toutefois les Romains qui ont créé des aqueducs d’État pour permettre la construction de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11830439/">bains publics à grande échelle</a>. Ceux-ci étaient principalement utilisés pour la relaxation, mais aussi pour des plaisirs intimes. Eh oui, c’est souvent dans les bains publics que les Romains s’adonnaient à des <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-399017/The-steamy-truth-Roman-Bath.html">actes coquins</a>, parfois avec les esclaves préposés aux bains.</p>
<p>Deux millénaires plus tard, nous aimons toujours les bains publics, même si beaucoup de gens ont désormais leur propre spa, ou bains à remous, dont les ventes ont connu une <a href="https://www.theguardian.com/news/2021/apr/12/bubble-trouble-thieves-hot-tub-craze-whirlpool-baths">forte hausse</a> <a href="https://www.lesoleil.com/2022/05/14/un-autre-gros-ete-pour-les-pisciniers-db7abfb1597e6c86e82a82ff805b6f7a">pendant la pandémie</a>.</p>
<p>Pour ceux qui n’en ont pas à la maison, il y a la salle de sport ou le spa du coin. Et de nombreux hôpitaux en possèdent un. En effet, les bains à remous sont communément utilisés à des fins thérapeutiques pour soulager et traiter l’inflammation des articulations chez des personnes atteintes de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1754027/">rhumatisme ou d’arthrose</a>. L’usage d’un spa est souvent considéré comme une expérience de luxe, à la fois relaxante et régénératrice.</p>
<p>La chaleur de l’eau du bain dilate naturellement les vaisseaux sanguins, ce qui aide les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4049052/">muscles à se détendre</a> et soulage les articulations douloureuses. En plus d’être apaisantes physiquement, l’eau chaude bouillonnante et la compagnie de personnes qui partagent l’expérience avec nous peuvent également engendrer un bien-être psychologique.</p>
<h2>Bactéries, virus et champignons</h2>
<p>Il ne faut toutefois pas oublier que quand on entre dans un bain à remous, tout ce qu’on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous. <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/hot-tub-germs_n_5268919">Cela inclut</a> les quelque 100 mg de <a href="https://www.cuh.nhs.uk/patient-information/bowel-control/">matières fécales</a> qui se trouvent généralement entre nos fesses. Ainsi, lorsqu’on se détend dans l’eau chaude, il est fort probable qu’on respire ou avale les <a href="https://www.medicinenet.com/what_diseases_can_you_get_from_a_hot_tub/article.htm">bactéries, les virus et les champignons</a> du corps de son compagnon de spas.</p>
<p>Plus il y a de personnes dans le bain, plus le taux de matières fécales et de sueur (et d’urine si quelqu’un a fait pipi dans l’eau) est élevé. Et ces dépôts servent de nutriments aux bactéries.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme prend des photos dans un bain à remous" src="https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507856/original/file-20230202-4223-3a6cvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">« J’adore quand on échange des matières fécales. ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.alamy.com/small-group-of-female-friends-enjoying-a-weekend-away-they-are-taking-a-group-selfie-while-sitting-in-a-hot-tub-image244340274.html?imageid=B3F3C810-62AA-4E14-B14A-5B0EF34D7C59&p=386705&pn=1&searchId=1766fcdba780ec00b8395ff08531181f&searchtype=0">(DGLimages/Alamy Stock Photo)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme on recommande aux propriétaires de spas de ne changer l’eau que <a href="https://www.piscinespa.com/actualites-reportages/comment-changer-leau-de-son-spa#:%7E:text=La%20r%C3%A8gle%20est%20de%20changer,utilis%C3%A9%20de%20fa%C3%A7on%20tr%C3%A8s%20r%C3%A9guli%C3%A8re.">tous les trois mois</a> environ, les bactéries se développent. Pour la sécurité microbiologique, la plupart de bains à remous qui font recirculer l’eau sont équipés de filtres qui éliminent les microbes et leur eau est traitée avec des microbicides (pour éliminer les germes) tels que le chlore, le brome ou d’autres désinfectants qui <a href="https://www.canada.ca/content/dam/canada/health-canada/migration/healthy-canadians/publications/healthy-living-vie-saine/water-recreational-recreative-eau/alt/pdf/water-recreational-recreative-eau-fra.pdf">contrôlent le nombre de bactéries</a>.</p>
<p>Ces produits chimiques sont toxiques et peuvent irriter la peau et les yeux. C’est pourquoi il est conseillé de prendre une douche après le bain à remous (avant aussi). La température de l’eau dans un bain à remous (environ 40 °C) peut également causer des problèmes de santé potentiellement graves, comme une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8548817/">surchauffe du corps</a>, qui peut entraîner une sensation de faiblesse ou même une perte de conscience, voire la noyade.</p>
<p>C’est particulièrement risqué pour les <a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/pregnancy/is-it-safe-to-use-a-sauna-or-jacuzzi-if-i-am-pregnant/">femmes enceintes</a> et les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8548817/">enfants</a>, ainsi que les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents, qui doivent toujours consulter leur médecin avant d’utiliser un spa. C’est pourquoi l’on conseille de ne pas faire des séances de plus de 15 minutes dans un spa et jamais sans surveillance.</p>
<h2>Sale ou dégoûtant ?</h2>
<p>Si les bains à remous privés sont relativement sûrs d’un point de vue microbiologique, les spas publics (dans des hôtels ou spas) peuvent être contaminés <a href="https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/960_ContaminationMicroSpasQc.pdf">par des bactéries infectieuses</a> (germes), surtout si l’eau est recyclée.</p>
<p>Le problème provient du fait que les usagers ne respectent pas les consignes d’hygiène personnelle et que le traitement de l’eau est inadéquat. Les bains publics mal entretenus peuvent causer des épidémies d’infections dues à des bactéries associées au corps humain qui survivent dans l’eau.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11095998/">Parmi celles-ci</a> figurent <a href="https://www.cdc.gov/ecoli/index.html">E.coli</a>, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK441868/#:%7E:text=Staphylococcus%20aureus%20is%20a%20gram,acquired%20and%20hospital%2Dacquired%20settings."><em>Staphylococcus aureus</em></a>, <a href="https://www.gov.uk/government/collections/pseudomonas-aeruginosa-guidance-data-and-analysis#:%7E:text=Pseudomonas%20aeruginosa%20is%20a%20Gram,it%20rarely%20affects%20healthy%20individuals."><em>Pseudomonas aeruginosa</em></a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK7619/"><em>Legionella pneumoniae</em></a>. Ces agents pathogènes du bain à remous <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/rwi.html">peuvent provoquer</a> des infections intestinales, des diarrhées, des septicémies, des <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/rwi/rashes.html">infections cutanées</a>, des infections des voies urinaires et respiratoires, telles que la maladie du légionnaire. La <a href="https://www.cdc.gov/legionella/wmp/control-toolkit/hot-tubs.html">bactérie Legionella</a> se retrouve régulièrement dans les gouttelettes d’eau présentes dans la vapeur des spas, et l’inhalation de cette vapeur contaminée peut causer une pneumonie potentiellement fatale.</p>
<p>Le risque d’infection lié aux spas est si important que les Centers for Disease Control américains ont publi des <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/swimming/swimmers/hot-tub-user-information.html">recommandations</a> sur la manière de s’en prémunir.</p>
<p>Si l’on souhaite quand même profiter d’un bain à remous, peut-on vérifier s’il est sans danger pour la santé ? Certains signes manifestes nous permettent de savoir qu’un bain à remous est rempli de germes. Lorsque de l’urine et d’autres fluides corporels tels que la sueur se mélangent au chlore utilisé pour désinfecter l’eau des spas, cela crée un irritant, un produit chimique à l’odeur âcre appelé chloramine, qui provoque des douleurs aux yeux quand on se baigne dans une <a href="https://piscineinfoservice.com/traitement-eau/comment-eliminer-chloramines">piscine publique</a>.</p>
<p>Plus il y a de personnes qui laissent leurs fluides corporels dans l’eau, plus l’odeur de la <a href="https://poolonomics.com/chloramines/">chloramine</a> (semblable à celle de l’eau de Javel) sera forte et plus il y a de risques que le spa ne contienne pas assez de désinfectant et trop de bactéries. Par conséquent, si une forte odeur se dégage d’un bain à remous, il vaut peut-être mieux ne pas y entrer, même si l’eau semble propre et claire, bien que l’eau finit par devenir plus trouble quand elle n’est pas suffisamment traitée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199478/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Lorsqu’on se détend dans l’eau chaude d’un spa, il est fort probable qu’on respire ou avale les bactéries, les virus et les champignons des personnes qui partagent le bain avec vous.Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1964372022-12-14T18:42:32Z2022-12-14T18:42:32ZLes toilettes crachent des aérosols invisibles à chaque fois que l’on tire la chasse – la preuve en laser…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/500468/original/file-20221212-108656-r7u1jo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C598%2C923%2C465&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les panaches d'aérosols éjectés par des toilettes commerciales peuvent s'élever à 1,5 m au-dessus de la cuvette.</span> <span class="attribution"><span class="source">John Crimaldi/Scientific Reports</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>C’est l’action qui conclut tout passage aux toilettes : vous actionnez la chasse et celle-ci, en remplissant avec fracas la cuvette, libère à votre insu des panaches de minuscules gouttelettes d’eau dans l’air ambiant. Des gouttelettes qui peuvent sembler bien anodines… Mais ces <a href="https://doi.org/10.1063/5.0040310">aérosols</a> (fines particules, solides ou liquides, en suspension dans l’air) peuvent en fait propager des agents pathogènes – selon, entre autres, ce qu’il y avait dans la cuvette.</p>
<p>Dans des toilettes publiques, cela signifie que les personnes de passage vont potentiellement se trouver exposées à des maladies contagieuses (ou apporter son lot de pathogènes)…</p>
<p>Or, si de nombreux travaux ont établi que la plupart des contaminations impliquent un <a href="https://theconversation.com/que-risque-t-on-en-sasseyant-sur-des-toilettes-publiques-105465">transfert des bactéries et autres pathogènes vers la bouche via les mains</a>, des recherches équivalentes sur les risques associés aux aérosols font défaut alors que l’on sait depuis des décennies que les chasses d’eau peuvent <a href="https://doi.org/10.1016/j.gsf.2021.101282">libérer des particules dans l’air</a>.</p>
<p>La compréhension scientifique de la propagation de ces panaches d’aérosols – et la sensibilisation du public à leur existence – a été entravée par le fait qu’ils sont invisibles. Nous avons résolu ce problème.</p>
<p>Mes collègues <a href="https://scholar.google.com/citations?user=cGGI4QcAAAAJ&hl=en">Aaron True</a>, <a href="https://scholar.google.com/citations?user=uAS7KNUAAAAJ&hl=en">Karl Linden</a>, <a href="https://scholar.google.com/citations?user=BpJEifoAAAAJ&hl=en">Mark Hernandez</a>, Lars Larson, Anna Pauls et moi-même avons utilisé des <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-022-24686-5">lasers de grande puissance pour les éclairer</a>. Une mise en lumière qui nous a permis d’imager et de mesurer l’emplacement et le mouvement des panaches d’aérosols qui se propagent à partir des toilettes commerciales à chasse d’eau, avec un niveau de détails saisissant.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oC_f0UAGwMU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Cette vidéo compare la visibilité d’un panache d’aérosol après une chasse d’eau sans et avec des lasers dans un laboratoire.</span></figcaption>
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<h2>Des modélisations aux résultats concrets</h2>
<p>Les toilettes sont conçues pour vider efficacement le contenu de la cuvette par un mouvement descendant de l’eau vers le tuyau d’évacuation. L’eau provenant de la chasse mise en action entre donc en contact violemment avec ledit contenu pour le repousser… ce qui crée en réaction une projection diffuse de particules qui va rester en suspension dans l’air.</p>
<p>Nous avons constaté qu’une toilette commerciale typique provoque une forte projection d’air chaotique ascendant à des vitesses dépassant 2 mètres par seconde. Dans les huit secondes suivant le début de la chasse d’eau, les particules générées (issues notamment de nos matières fécales, etc.) sont transportées jusqu’à 1,5 mètre au-dessus de la cuvette.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Diagramme d’une toilette à jet avec siphon" src="https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499624/original/file-20221207-11419-91m3jz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’eau coule avec force dans la cuvette des toilettes pendant un cycle de chasse.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Diagram_of_a_jet-siphonic_WC_bowl.svg">SouthHamsian/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour visualiser ces panaches, nous avons installé dans notre laboratoire une toilette commerciale sans couvercle typique, équipée d’une <a href="https://doi.org/10.1080%2F02786826.2013.814911">soupape de type chasse d’eau</a> que l’on trouve partout en Amérique du Nord. Les valves présentes utilisent la pression au lieu de la gravité pour diriger l’eau dans la cuvette. Afin de ne pas créer de perturbation par notre présence, nous avons installé un mécanisme pour déclencher la chasse à distance électriquement.</p>
<p>Nous avons utilisé des optiques spéciales pour créer une fine « feuille » verticale de lumière laser afin d’illuminer la zone allant du haut de la cuvette au plafond. Les particules d’aérosols diffusant suffisamment de lumière laser pour devenir visibles avec ce type dispositif, nous avons pu utiliser des caméras pour visualiser le panache qu’elles allaient former.</p>
<p>Même si nous nous attendions à voir ces particules, nous avons été surpris par la force du jet les éjectant de la cuvette.</p>
<p>Une <a href="https://doi.org/10.1063/5.0013318">étude connexe</a> avait utilisé un modèle de calcul d’une toilette idéalisée pour prédire la formation de panaches d’aérosols. Mais, avec un transport ascendant de particules à des vitesses au-dessus de la cuvette proches du mètre par seconde, elle n’arrivait qu’à environ la moitié de ce que nous avons observé avec une vraie toilette.</p>
<h2>Pourquoi des lasers ?</h2>
<p>Jusqu’ici, les <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-02938-0">études expérimentales menées</a> se sont largement appuyées sur des dispositifs qui échantillonnaient l’air à des endroits fixes pour déterminer le nombre et la taille des particules produites par les toilettes.</p>
<p>Si ces approches pouvaient indiquer la présence d’aérosols, elles ne fournissaient que peu d’informations sur la physique des panaches générés : à quoi ils ressemblent, comment ils se répandent et à quelle vitesse ils se déplacent. Or, ces informations sont essentielles pour élaborer des stratégies visant à atténuer leur formation et à réduire leur capacité à transmettre des maladies. La question n’a donc rien d’anodin…</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ReSTeXwcfYw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Cette vidéo montre Aaron True surveillant les données d’image en direct d’un panache de chasse d’eau sur un écran d’ordinateur.</span></figcaption>
</figure>
<p>En tant que <a href="https://scholar.google.com/citations?user=wn_f7y0AAAAJ&hl=en">professeur d’ingénierie</a>, mes recherches portent sur les interactions entre la physique des fluides et les processus écologiques ou biologiques. <a href="https://www.colorado.edu/lab/ecological-fluids/">Mon laboratoire</a> est spécialisé dans l’utilisation de lasers pour déterminer comment diverses choses sont <a href="https://doi.org/10.1017/jfm.2015.113">transportées par des flux de fluides complexes</a>. Dans de nombreux cas, ces éléments sont invisibles jusqu’à ce que nous les éclairions avec des lasers.</p>
<p>Un avantage de l’utilisation de la lumière laser pour mesurer les flux de fluides est que, contrairement à une sonde physique, la lumière n’altère pas ou ne perturbe pas la chose que vous essayez de mesurer. En outre, l’utilisation de lasers pour rendre visibles des choses invisibles nous aide, nous qui <a href="https://doi.org/10.2147%2FEB.S64016">nous appuyons tant sur notre système visuel</a>, à mieux comprendre les complexités de l’environnement fluide dans lequel nous évoluons.</p>
<h2>Aérosols et maladies</h2>
<p>Les particules d’aérosols contenant des agents pathogènes sont d’<a href="https://doi.org/10.1097/JOM.0000000000000448">importants vecteurs de maladies humaines</a>, principalement de deux façons :</p>
<ul>
<li><p>Les petites particules qui restent en suspension dans l’air pendant un certain temps peuvent <a href="https://theconversation.com/Covid-comment-se-proteger-simplement-de-la-transmission-aerienne-du-virus-167222">exposer les gens par inhalation à des maladies respiratoires</a> – comme la <a href="https://doi.org/10.1126/science.abd9149">grippe et le Covid-19</a> pour être dans l’actualité.</p></li>
<li><p>Les particules plus grosses qui se déposent rapidement sur les surfaces peuvent, elles, propager des maladies intestinales (diarrhées, vomissements… provoqués notamment par le <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-02938-0">norovirus</a>) par contact avec les mains et la bouche.</p></li>
</ul>
<p>L’eau des toilettes contaminée par des matières fécales peut présenter des concentrations d’agents pathogènes qui <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5890808/">persistent après des dizaines de chasses d’eau</a>. Mais la question complémentaire de savoir si les aérosols des toilettes présentent un risque fort de transmission reste <a href="https://doi.org/10.2166/wh.2021.182">ouverte</a>.</p>
<p>Bien que nous ayons pu décrire visuellement et quantitativement la manière dont les panaches d’aérosols se déplacent et se dispersent, nos travaux ne traitent pas directement de la manière dont les panaches de toilettes transmettent les maladies : il s’agit là d’un aspect de la recherche toujours en cours.</p>
<h2>Limiter la diffusion du panache potentiellement contaminé</h2>
<p>Notre méthodologie expérimentale et nos résultats (quantification des panaches de toilettes et vitesses d’écoulement associées) fournissent toutefois une base pour de futurs travaux visant à tester les stratégies qui permettront de minimiser le risque d’exposition à des maladies diffusées par la chasse d’eau des toilettes. Il pourrait s’agir d’évaluer les modifications des panaches d’aérosols émanant de nouveaux modèles de cuvettes de toilettes spécialement conçus ou de valves de chasse d’eau qui modifient la durée ou l’intensité du cycle de chasse.</p>
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<p>En attendant, il existe déjà des moyens de réduire notre exposition à ces panaches aussi invisibles que chargés… Une stratégie évidente consiste à <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.142575">fermer le couvercle</a> avant de tirer la chasse. Cependant, cela n’élimine pas complètement les émanations d’aérosols. De plus, de nombreuses toilettes dans les établissements publics, commerciaux et de santé ne sont pas équipées de couvercles.</p>
<p>Les systèmes de ventilation ou de <a href="https://doi.org/10.1111/ina.12752">désinfection par UV</a> pourraient également atténuer l’exposition aux panaches d’aérosols. Nos données pourraient également être utiles pour aider à désinfecter les agents pathogènes qu’ils contiennent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196437/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Crimaldi a reçu des financements de la National Science Foundation, des National Institutes of Health et de l'US Army DEVCOM Chemical Biological Center.</span></em></p>Les toilettes éjectent des gouttelettes d’aérosol, parfois porteuses de pathogènes… Savoir comment ces particules se déplacent pourrait aider à réduire notre exposition dans les toilettes publiques.John Crimaldi, Professor of Civil, Environmental and Architectural Engineering, University of Colorado BoulderLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1887912022-08-31T13:05:54Z2022-08-31T13:05:54ZVoici comment gérer vos crottes de nez, selon la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/479217/original/file-20220815-704-uvaclw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=71%2C35%2C5901%2C3952&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Outre le fait que manger une crotte de nez est dégoûtant, cela revient à ingérer des germes contenus dans le mucus, des métaux toxiques et des contaminants environnementaux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Allez, avouez que vous le faites.</p>
<p>Que ce soit en compagnie d’un conjoint ou en cachette quand on croit que personne ne regarde, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7852253/">nous nous fouillons tous dans le nez</a>. Et les autres <a href="https://www.science.org/content/article/video-monkey-uses-tool-pick-her-nose">primates</a> le font aussi.</p>
<p>La stigmatisation sociale autour du curage de nez est très répandue. Mais devons-nous vraiment le faire… et où devons-nous mettre nos crottes de nez ?</p>
<p>En tant que scientifiques qui avons effectué des recherches sur les contaminants environnementaux – dans nos maisons, nos lieux de travail, nos jardins –, nous avons une bonne idée de ce que vous manipulez réellement lorsque vous glissez avec satisfaction votre doigt dans votre narine.</p>
<p>Voici ce que vous devez savoir avant de passer à l’action.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471502/original/file-20220629-26-nfo4ow.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les enfants, qui n’ont pas encore appris les normes sociales, réalisent rapidement que la compatibilité entre un doigt et une narine est plutôt bonne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Qu’y a-t-il dans une crotte de nez ?</h2>
<p>Se curer le nez est une habitude tout à fait naturelle ; les enfants, qui n’ont pas encore appris les normes sociales, réalisent rapidement que la compatibilité entre un doigt et une narine est plutôt bonne. Mais il y a bien plus que de la morve là-dedans.</p>
<p>Pendant les <a href="https://www.lung.ca/lung-health/lung-info/breathing">quelque 22 000 cycles respiratoires quotidiens</a>, le mucus formant des crottes de nez constitue un filtre biologique essentiel pour capturer la poussière et les allergènes avant qu’ils ne pénètrent dans nos voies respiratoires, où ils peuvent provoquer une inflammation, de l’asthme et d’autres <a href="https://www.npr.org/sections/health-shots/2020/05/27/862963172/how-the-lost-art-of-breathing-can-impact-sleep-and-resilience">problèmes pulmonaires à long terme</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/savez-vous-ce-que-vous-ramenez-chez-vous-avec-vos-chaussures-dechaussez-vous-avant-dentrer-179416">Savez-vous ce que vous ramenez chez vous avec vos chaussures ? (Déchaussez-vous avant d’entrer…)</a>
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</p>
<hr>
<p>Les cellules de vos voies nasales, appelées <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK553208/">cellules caliciformes</a> (ainsi nommées en raison de leur aspect en forme de coupe), produisent du mucus pour piéger les virus, les bactéries et la poussière contenant des <a href="https://doi.org/10.1006/toxs.1998.2549">substances potentiellement dangereuses</a> comme le <a href="https://wwwn.cdc.gov/TSP/ToxFAQs/ToxFAQsDetails.aspx?faqid=93&toxid=22">plomb</a>, l’amiante et le pollen.</p>
<p>Le mucus nasal et ses anticorps et enzymes constituent le système de <a href="https://erj.ersjournals.com/content/49/1/1601709">défense immunitaire de première ligne de l’organisme contre les infections</a>.</p>
<p>La cavité nasale possède également son propre microbiome. Parfois, ces populations naturelles peuvent être perturbées, ce qui entraîne diverses affections, telles que la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2152656720911605">rhinite</a>. Mais en général, les microbes de notre nez aident à repousser les envahisseurs, en les combattant sur un champ de bataille de mucus.</p>
<p>La poussière, les microbes et les allergènes capturés dans votre mucus finissent par être ingérés lorsque celui-ci s’écoule dans votre gorge.</p>
<p>Ce n’est généralement pas un problème, mais cela peut exacerber l’exposition environnementale à certains contaminants.</p>
<p>Par exemple, le <a href="https://theconversation.com/the-verdicts-in-we-must-better-protect-kids-from-toxic-lead-exposure-41969">plomb</a> – une neurotoxine répandue dans la <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.1c04494">poussière domestique</a> et la <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2021.106582">terre à jardin</a> – pénètre le plus efficacement dans le corps des enfants par ingestion et digestion.</p>
<p>Ainsi, vous risquez d’aggraver des expositions toxiques environnementales particulières si vous reniflez ou mangez des crottes de nez au lieu de les expulser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471513/original/file-20220629-20-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Se décrotter le nez est officiellement connu sous le nom de rhinotillexomanie, et le terme mucophagie est utilisé pour désigner l’ingestion de ces crottes de nez poisseuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que dit la science sur les risques qu’entraîne la chasse aux crottes de nez ?</h2>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.1086/506401">staphylocoque doré</a> (<em>Staphylococcus aureus</em>, parfois abrégé en S. aureus) est un germe qui peut causer une variété d’infections légères à graves. Des études montrent qu’on le retrouve souvent <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejm200101043440102">dans le nez</a> (on parle de portage nasal).</p>
<p>Voici ce qu’une <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/infection-control-and-hospital-epidemiology/article/abs/nose-picking-and-nasal-carriage-of-staphylococcus-aureus/DC21FFA771693C772308530D2B1A1452">étude</a> a révélé :</p>
<blockquote>
<p>Le curage de nez est associé au portage nasal du S. aureus. Son rôle dans le portage nasal pourrait bien être un facteur déterminant dans certains cas. Surmonter l’habitude de se mettre le doigt dans le nez pourrait faciliter les stratégies de décolonisation du S. aureus.</p>
</blockquote>
<p>Se fouiller dans le nez peut également être associé à un <a href="https://cdn.mdedge.com/files/s3fs-public/CT106004010_e.PDF">risque accru</a> de transmission du staphylocoque doré vers les plaies, où il présente un risque plus grave.</p>
<p>Les antibiotiques ne fonctionnent pas toujours sur cette bactérie. Un article a <a href="https://cdn.mdedge.com/files/s3fs-public/CT106004010_e.PDF">montré</a> que :</p>
<blockquote>
<p>La résistance croissante aux antibiotiques exige des prestataires de soins de santé qu’ils évaluent les habitudes de leurs patients à se mettre les doigts dans le nez et qu’ils les éduquent sur les moyens efficaces de prévenir cette pratique.</p>
</blockquote>
<p>Le curage de nez pourrait également être un vecteur de transmission du <em>Streptococcus pneumoniae</em>, une cause fréquente de <a href="https://doi.org/10.1183/13993003.00599-2018">pneumonie</a> parmi <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7500738/">d’autres infections</a>.</p>
<p>En d’autres termes, se planter un doigt dans le nez est un excellent moyen d’enfoncer davantage les germes dans votre corps, ou de les répandre dans votre environnement avec votre doigt d’une propreté douteuse.</p>
<p>Il existe aussi un risque de lésions et d’abrasions à l’intérieur des narines, qui peuvent permettre aux bactéries pathogènes d’envahir votre corps. Le fait de se curer le nez de façon compulsive au point de se mutiler est appelé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2173573521000855#:%7E:text=Rhinotillexomania%20is%20a%20term%20that,pathological%20habit%20of%20nose%20picking.&text=Nose%20picking%20is%20common%20in,injury%20in%20children%20and%20adolescents.">rhinotillexomanie</a>.</p>
<h2>Eh bien, je l’ai fait. Et maintenant ?</h2>
<p>Certains les mangent (le terme technique est <a href="https://www.healthline.com/health/eating-boogers#risks">mucophagie</a>, ce qui signifie « se nourrir de mucus »). Outre le fait que manger une crotte de nez est dégoûtant, cela revient à ingérer tous ces germes contenus dans le mucus, ces métaux toxiques et ces contaminants environnementaux dont nous avons parlé plus haut.</p>
<p>D’autres les essuient sur l’objet le plus proche, un petit cadeau que découvrira plus tard une autre personne. Répugnant… et c’est un excellent moyen de propager les germes.</p>
<p>Certains plus soucieux de l’hygiène et plus respectables utilisent un mouchoir en papier pour récupérer le tout, puis le jettent ensuite dans une poubelle ou dans les toilettes.</p>
<p>C’est sans doute l’une des options les moins mauvaises, si vous devez à tout prix vous curer le nez. Veillez simplement à vous laver les mains avec soin après vous être mouché ou vous être fouillé dans le nez, car tant que le mucus n’a pas complètement séché, les virus infectieux peuvent <a href="https://journals.asm.org/doi/full/10.1128/mSphere.00474-19">subsister</a> sur les mains et les doigts.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471515/original/file-20220629-12-s0d62b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Certaines personnes plus soucieuses de l’hygiène et plus respectueuses utilisent un mouchoir en papier pour procéder au ramassage, puis le jettent ensuite dans une poubelle ou dans les toilettes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Aucun conseil au monde ne vous empêchera de poursuivre votre quête</h2>
<p>En secret, dans la voiture ou sur des serviettes de table, nous le faisons tous. Et à vrai dire, c’est vraiment satisfaisant.</p>
<p>Mais rendons hommage au travail inlassable accompli par nos remarquables nez, mucus et cavités sinusales, ces adaptations biologiques étonnantes. Et n’oublions pas qu’ils s’efforcent de nous protéger.</p>
<p>Votre nez fait des heures supplémentaires pour vous garder en bonne santé, alors ne lui rendez pas la tâche plus difficile en y coinçant vos doigts sales. Ne jouez pas les trouble-fêtes. Soufflez discrètement, jetez le mouchoir en papier de manière réfléchie et lavez-vous les mains tout de suite après.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188791/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor a reçu des financements via une subvention du gouvernement australien pour la science citoyenne (2017-2020), CSG55984 'Citizen insights to the composition and risks of household dust' (le projet DustSafe). Il est également bénéficiaire d'un financement du Conseil australien de la recherche. Il est professeur honoraire à l'Université Macquarie et employé à temps plein de l'EPA Victoria, nommé au rôle statutaire de scientifique environnemental en chef.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michael Gillings a reçu des financements du Conseil australien de la recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Filippelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En secret, dans la voiture ou sur des serviettes de table, nous le faisons tous. Et pour être franc, c’est très satisfaisant.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityGabriel Filippelli, Chancellor's Professor of Earth Sciences and Executive Director, Indiana University Environmental Resilience Institute, IUPUIMichael Gillings, Professor of Molecular Evolution, Macquarie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1816282022-06-01T19:26:16Z2022-06-01T19:26:16ZSous l’impact des dérèglements climatiques, les arbres vont manquer de sève !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462704/original/file-20220512-17-vuyhck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1800%2C1191&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La sève des érables est récoltée pour être transformée en sirop d'érable.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/lapstrake/25609942561/">Tom Gill/flickr</a></span></figcaption></figure><p>Les changements climatiques en cours provoquent, de par le monde, des dépérissements forestiers spectaculaires. Les plus connus sont associés <a href="https://academic.oup.com/treephys/article/33/7/672/1703733">au manque d’eau et aux températures élevées des canicules estivales</a>.</p>
<p>Cependant, ils ne sont pas les seuls : d’autres dépérissements, comme ceux du <a href="https://www.researchgate.net/profile/Paul-Arp-2/publication/10844148_Effects_of_xylem_caviation_and_freezing_injury_on_dieback_of_yellow_birch_Betula_alleghaniensis_in_relation_to_a_simulated_winter_thaw/links/0c960538b328ff22bb000000/Effects-of-xylem-caviation-and-freezing-injury-on-dieback-of-yellow-birch-Betula-alleghaniensis-in-relation-to-a-simulated-winter-thaw.pdf">bouleau jaune au Canada</a>, sont eux liés au réchauffement hivernal.</p>
<h2>L’embolie gazeuse chez les arbres</h2>
<p>Dans les deux cas, le responsable est un arrêt du flux d’eau liquide provenant du sol (la <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-plantes-ont-elles-besoin-deau-145869">sève brute</a>) à cause d’intrusion de bulles d’air dans le circuit hydraulique : on parle d’embolie gazeuse.</p>
<p>Cette embolie gazeuse est le principal facteur du dépérissement des arbres. En interrompant la continuité hydraulique entre les racines et les feuilles, par aspiration d’air dans la sève brute (embolie estivale) ou par prise en glace de cette même sève et formation de bulle de gaz (embolie hivernale), elle interrompt l’irrigation des tissus aériens et peut ainsi conduire à leurs morts par déshydratation.</p>
<p>Depuis 40 ans, notre capacité à quantifier l’embolie dans les arbres a fortement progressé, grâce à différentes méthodes directes (coloration, mesure de flux hydrauliques…) ou indirectes (visualisation par micro-tomographie X, détection des formations de bulles par méthode acoustique…).</p>
<p>Ces nouvelles méthodologies ont permis de suivre en conditions naturelles la progression de l’embolie en fonction des contraintes hydriques et climatiques. On a ainsi découvert que la <a href="http://bio.mq.edu.au/%7Eiwright/pdfs/Choat12Nat.pdf">vulnérabilité à l’embolie variait fortement entre espèces</a>, permettant d’expliquer les grands profils de distributions des espèces d’arbres en fonction de l’aridité de leurs habitats.</p>
<p>Ainsi, le taux d’embolie létale (c’est-à-dire le pourcentage de réduction du flux d’eau dans les tissus conducteurs) est d’environ 50 % pour les conifères aux feuilles persistantes. Il est de 90 % pour les angiospermes, chez qui la chute des feuilles permet de limiter la déshydratation en situation extrême. Jusqu’à très récemment, ces taux létaux n’étaient atteints que pour des sécheresses centennales… mais sont maintenant malheureusement plus fréquents.</p>
<h2>Le cas de l’embolie hivernale</h2>
<p>Ces études ont également permis de découvrir qu’un autre type d’embolie, se produisant chaque année, est provoqué par des cycles gel/dégel : l’embolie hivernale.</p>
<p>La vulnérabilité à l’embolie hivernale dépend de l’anatomie du bois et notamment de la <a href="https://academic.oup.com/plphys/article/132/2/979/6111789?login=true">dimension des conduits du xylème</a>.</p>
<p>Ainsi, un seul cycle gel/dégel est suffisant pour emboliser les arbres possédant de très gros vaisseaux. C’est par exemple le <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00883041/document">cas des chênes</a>, dont tous les vaisseaux de gros diamètres sont pleins d’air au printemps.</p>
<p>Heureusement, la plupart des feuillus ont des moyens de lutter contre cette embolie hivernale. Ainsi, l’absence de feuilles durant cette période freine le dessèchement des tissus.</p>
<p>Ils développent également des stratégies de contournement et/ou de réparation au printemps pour reconstruire une <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00883041/document">continuité hydraulique entre les racines et les jeunes feuilles produites</a>.</p>
<p>Le chêne, par exemple, fabrique de nouveaux vaisseaux en démarrant sa croissance secondaire (production de nouveaux vaisseaux fonctionnels au sein d’un nouveau cerne de croissance) avant le développement des nouvelles feuilles.</p>
<p>D’autres espèces (bouleau, érable, hêtre, noyer, vigne…) réparent leur système hydraulique en <a href="http://www.esalq.usp.br/lepse/imgs/conteudo_thumb/Winter-embolism--mechanisms-of-xylem-hydraulic-conductivity-recovery-and-springtime-growth-patterns-in-walnut-and-peach-trees.pdf">augmentant la pression dans la sève du bois</a>. Concrètement, cette mise sous pression chasse les bulles d’air et reconnecte l’ensemble des colonnes d’eau entre le sol et l’extrémité des branches.</p>
<p>Cette pression s’observe empiriquement lorsque l’on sectionne une branche, par un écoulement de sève à l’extrémité coupée. On dit que ces ligneux « pleurent à la taille » et le jardinier parlera de montée de sève, alors que c’est seulement un changement d’état hydrique. Car si la sève monte et peut re-remplir des vaisseaux du bois embolisés, elle n’est jamais réellement descendue !</p>
<p>À l’opposé, les conifères s’avèrent très résistants à l’embolie hivernale grâce à la faible dimension de leurs conduits, ce qui limite la propagation de l’air dans le système conducteur. Cela leur permet d’alimenter en eau leurs aiguilles persistantes tout au long de l’année.</p>
<p>C’est pourquoi les conifères se <a href="https://academic.oup.com/treephys/article/33/9/891/1736055">retrouvent en montagne</a>, là où les gels sont sévères et fréquents.</p>
<h2>L’impact du changement climatique</h2>
<p>Les modifications des conditions environnementales liées au dérèglement climatique (augmentation des sécheresses et canicules) risquent de conduire à une plus grande fréquence des situations rapprochant les plantes de leurs seuils létaux d’embolie estivale.</p>
<p>En effet, plus de 70 % des arbres de la planète ont une <a href="https://www.nature.com/articles/nature11688.">marge de sécurité vis-à-vis de l’embolie gazeuse trop faible</a> pour leur permettre de résister à des sécheresses plus intenses.</p>
<p>L’embolie hivernale semblait jusqu’à présent moins problématique, notamment avec une diminution de la prédiction du nombre de jours de gels. Pourtant, là encore, les changements climatiques risquent d’amplifier les dommages liés à l’embolie hivernale.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue aérienne de deux parcelles remplies d’arbres munis de capteurs ; il y a beaucoup d’arbres morts dans la parcelle de droite, mais peu à gauche" src="https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462698/original/file-20220512-23-jtxvhj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Expérimentation de suivi d’arbres ligneux (érable, pin, genévrier, mélèze, épicéa) en conditions hivernales, la photo a été prise au printemps suivant. À gauche : parcelle témoin, sans intervention. La majorité des arbres sont toujours vivants. À droite : parcelle test, la couverture neigeuse a été régulièrement retirée pour simuler l’impact du changement climatique. On observe des dommages importants et, même, des arbres morts.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Katline Charra Vaskou</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est le cas en montagne, où l’augmentation des alternances de gel/dégel liées aux plus fortes amplitudes thermiques en hiver accentuera les taux d’embolie à la fin de l’hiver.</p>
<p>De plus, la couverture neigeuse a un rôle protecteur vis-à-vis de l’intégrité des racines. La diminution de son épaisseur et de sa durée de présence liées au réchauffement limitera donc les capacités de réparation de l’embolie par pression racinaire.</p>
<p>Enfin, les contraintes hydriques estivales et la diminution de la photosynthèse et des capacités de stockage des réserves carbonées font craindre également une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpls.2015.00259/full">diminution des capacités de réparer l’embolie hivernale avant le développement des nouvelles feuilles</a>. En effet, ces réserves de carbone sont essentielles à la production de nouveaux vaisseaux ou pour produire une pression de la sève du bois réparatrice de l’embolie hivernale.</p>
<p>Qu’il s’agisse d’embolie estivale ou hivernale, les arbres mal acclimatés aux modifications induites par le changement climatique risquent ainsi de « manquer de sève » dans le futur, ce qui accélérera leur dépérissement…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181628/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les arbres souffrent de la sécheresse… mais ils souffrent aussi des cycles de gel ou de dégel, ou de la fonte précoce des neiges. Autant d’éléments que le changement climatique ne fera qu’accentuer.Thierry Ameglio, Directeur de recherche en écophysiologie de l'arbre, InraeGuillaume Charrier, Chercheur en écophysiologie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1829792022-05-26T18:55:09Z2022-05-26T18:55:09ZPodcast « Objets cultes » : Le gel hydroalcoolique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522965/original/file-20230426-24-zryo6v.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C531%2C433&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nous avons intégré un nouveau rituel à nos routines quotidiennes. </span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels</span></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404efe5e83d830010608b4a" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p><iframe id="tc-infographic-818" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/818/2cb911d7f5dde27b26b0d660b5a8acba1b0830e6/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
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<p>Objets inanimés, avez-vous donc une âme? demandait le poète.</p>
<p>S'ils ont une âme, il s'agit bien de la nôtre. C'est ce que démontrait le sémiologue Roland Barthes dans ses <em>Mythologies</em>, publiées en 1957. L'intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révélaient l'esprit d'une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique… rien n'échappait à sa sagacité.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Nos modes, nos mythes, nos rites, éditions EMS (2013).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd'hui, ces objets ne sont plus les mêmes et la globalisation à grandement changé la donne. Mais l'exercice lui, n'a pas pris une ride et c'est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l'université de Bourgogne, auteur entre autres de <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/societing/ouvrage/236-nos-modes-nos-mythes-nos-rites.html"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em></a> qui se penche sur nos objets cultes.</p>
<p>Dans cet épisode, on se frotte les mains avec du gel hydroalcoolique. Inscrit dans la panoplie des objets qui nous protègent du Covid-19 et des autres virus, ce gel nous accompagne depuis le tout début de la pandémie. À l'entrée des magasins, sur la table des restaurants, dans nos poches et nos sacs, ce produit qui était réservé aux environnements médicalisés et aux professions où l'hygiène n'est pas en option a envahi notre espace et imposé avec lui une série de gestes et de rituels dont nous explorons les significations symboliques.</p>
<p><strong>Extraits</strong><br>
● « Scaffold of Repeated Addition », One Man Book, 2022.<br></p>
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<p><em>Crédits, Conception et Animation Sonia Zannad, Réalisation Romain Pollet, Chargé de production, Rayane Meguenni</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182979/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Avec la pandémie de Covid-19, de nouvelles pratiques d'hygiène sont apparus, comment questionnent-elles notre rapport à la sensorialité ?Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FrancePascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1818122022-04-28T14:40:21Z2022-04-28T14:40:21ZLes changements climatiques modifient le rythme saisonnier du cycle de vie des plantes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/459535/original/file-20220425-21-kvdazx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C7%2C4868%2C3260&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
Les changements climatiques influencent le calendrier des différentes étapes du cycle de vie des plantes, notamment la floraison au printemps et le flétrissement des feuilles à l’automne.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>« <em>Si sta come d’autunno sugli alberi le foglie.</em> »</p>
<p>« Nous sommes comme des feuilles d’automne sur des arbres », écrivait le <a href="https://cultura.biografieonline.it/soldati-ungaretti/">poète italien Giuseppe Ungaretti en 1918, dans son poème <em>Soldati</em></a> (Soldats), sur la tragédie de la vie humaine et de la guerre.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/nous-sommes-responsables-du-stress-queprouvent-les-plantes-178825">Nous sommes responsables du stress qu’éprouvent les plantes</a>
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</p>
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<p>Si l’automne nous fait <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/039219216201003804">penser au déclin et invite à la nostalgie</a> après la chaleur de l’été, le printemps est la saison de la renaissance après l’obscurité et le froid de l’hiver. Le passage des saisons a toujours incarné une image puissante, riche en symbolisme. La chronologie saisonnière des événements biologiques est également un aspect essentiel de <a href="https://doi.org/10.1016/j.tree.2007.04.003">l’adaptation des plantes</a> et peut revêtir une grande <a href="https://doi.org/10.1007/978-90-481-3335-2_4">importance sur le plan économique</a>.</p>
<p>En tant qu’écologistes des forêts, nous avons observé que les changements climatiques modifient le calendrier des événements récurrents du cycle de vie des plantes, ce qui affecte gravement les écosystèmes.</p>
<h2>L’horloge des plantes</h2>
<p>Au printemps, les fleurs éclosent. À l’été, les fruits mûrissent. À l’automne, les feuilles changent de couleur et tombent. Et, l’hiver, les plantes se reposent. Cela constitue la <a href="https://www.phaenonet.ch/fr/Quest-ce_que_la_phenologie/">phénologie</a> – l’étude de la chronologie des phénomènes périodiques du cycle de vie.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/W0jjyf7sRY8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le cycle de vie des plantes, des animaux et de toutes les formes de vie dépend du milieu qui les entoure.</span></figcaption>
</figure>
<p>Mais comment les plantes reconnaissent-elles le passage du temps et le moment opportun pour leur croissance et leur reproduction ? Comme les humains, elles fonctionnent selon un calendrier. L’horloge d’une plante est rythmée par les cycles des conditions environnementales, et les événements phénologiques sont <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.14619">régulés par le climat</a>.</p>
<p>Plus précisément, les plantes utilisent un ensemble de déclencheurs pour synchroniser les moments de croissance et de reproduction avec des conditions favorables.</p>
<p>Selon les espèces, les événements phénologiques sont déclenchés par la température (refroidissement en automne et en hiver et réchauffement au printemps), la photopériode (durée du jour), les précipitations ou, souvent, une combinaison de ces facteurs.</p>
<h2>Quand le climat change, la phénologie change aussi</h2>
<p>La phénologie est l’un des indicateurs biologiques les plus sensibles aux changements climatiques. Sous l’effet de l’augmentation progressive des températures du dernier siècle et des variations de la répartition saisonnière des précipitations, les déclencheurs environnementaux surviennent généralement de <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.14619">plus en plus tôt</a>.</p>
<p>C’est pourquoi des décalages phénologiques ont été observés dans le monde entier, et il semble que les événements phénologiques tendent à se produire plus tôt d’année en année.</p>
<p>La saison des Sakura, ou fleurs de cerisier, au Japon est l’une des <a href="https://doi.org/10.1007/s00484-019-01719-9">preuves les plus manifestes</a> de cette évolution. On célèbre cette floraison depuis le IX<sup>e</sup> siècle, et la date du festival a dû être devancée au cours du dernier siècle à cause de la hausse des températures moyennes.</p>
<h2>Quel est le problème ? Le printemps, c’est chouette, non ?</h2>
<p>Selon la poétesse américaine <a href="https://www.goodreads.com/quotes/136895-if-we-had-no-winter-the-spring-would-not-be">Anne Bradstreet</a>, « s’il n’y avait pas d’hiver, le printemps ne serait pas si agréable. » Il s’agit bien sûr d’une hyperbole, mais il faut tout de même considérer que le moment de la floraison, du mûrissement des fruits et d’autres événements phénologiques de ce type résulte d’une adaptation de chaque espèce à son milieu.</p>
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<img alt="Une plante verte isolée dans une terre stérile, remplie de plantes séchées" src="https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458682/original/file-20220419-18-z0vdiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les changements dans l’environnement peuvent avoir des conséquences économiques, car ils affectent la quantité et la qualité des produits agricoles et forestiers.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Le calendrier des événements phénologiques s’est développé de manière à assurer les conditions parfaites pour l’accomplissement des cycles annuels de la vie d’une plante tout en <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2020.118483">minimisant les risques de dommages</a>. Des changements dans ces conditions peuvent avoir des répercussions écologiques et économiques, car ils affectent la quantité et la qualité des produits agricoles et forestiers.</p>
<p>À la fin de la période végétative, les plantes forment des bourgeons dormants afin de protéger la <a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Meristeme-page-2.html">couche des cellules méristématiques</a> – tissu dans lequel les cellules conservent la capacité de se diviser tout au long de la vie de la plante – et de suspendre toute activité. La dormance est un mécanisme d’adaptation qui a évolué dans les climats où l’on observe des saisons pour échapper aux plus rudes conditions hivernales.</p>
<p>Les températures chaudes du printemps (<em>forcing</em>), l’augmentation de la durée du jour au printemps (photopériode), la durée et l’intensité des températures hivernales (<a href="https://doi.org/10.1098/rstb.2011.0186"><em>chilling</em></a>) influencent la croissance des <a href="https://www.aquaportail.com/definition-3174-bourgeon-apical.html">bourgeons apicaux</a> – les bourgeons situés au sommet de la plante – au printemps. De toute évidence, la température joue un rôle central et prépondérant dans ce processus. C’est pourquoi le réchauffement peut déclencher une <a href="https://doi.org/10.1093/treephys/tpaa096">réactivation précoce</a> au printemps et une fin tardive à l’automne, ou les deux, ce qui <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2019.01.005">allonge la période de végétation</a>.</p>
<p>Certains considèrent qu’une saison de croissance prolongée pourrait améliorer l’absorption du carbone et, par conséquent, la productivité des forêts. Dans certains endroits, comme les régions situées dans les latitudes nordiques ou en altitude, les arbres bénéficient d’une <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2020.118483">plus longue saison de croissance</a> et, de façon générale, de conditions climatiques plus propices découlant du réchauffement climatique.</p>
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<img alt="Couverture de neige et de glace sur un cerisier en fleurs" src="https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458260/original/file-20220414-26-5wo0gn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le gel tardif au printemps et le gel précoce en automne, qui accompagnent souvent des saisons de croissance plus longues, augmentent le risque de dommages aux plantes et aux arbres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Carolyn Kaster)</span></span>
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<p>Cependant, une réactivation précoce de la croissance augmente le risque de dommages dus au <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2019.01.005">gel de fin de printemps, et l’allongement de la période de végétation augmente le risque de dommages dus au gel du début de l’automne</a>.</p>
<p>Si les arbres ne peuvent pas adapter, ou réadapter, leur phénologie aux nouvelles conditions climatiques, la santé et la croissance des certaines populations pourraient être gravement affectées.</p>
<h2>Quand la phénologie change, l’interaction entre les espèces change aussi</h2>
<p>Les écosystèmes sont généralement complexes, et les espèces qui les composent interagissent entre elles ainsi qu’avec leur environnement. Les espèces ne réagissent pas toutes de la même façon à l’évolution des conditions climatiques, ce qui peut conduire à des synchronismes ou à des asynchronismes phénologiques potentiellement dangereux.</p>
<p>Ainsi, les conditions climatiques actuelles créent de nouveaux synchronismes phénologiques entre les proies et les prédateurs. Les épinettes noires pourraient devenir un <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.14991">excellent hôte pour la tordeuse des bourgeons de l’épinette</a>, car le moment où les larves sont les plus actives pourrait être mieux synchronisé avec la formation annuelle des pousses, ce qui augmente le risque de sévères défoliations pour l’une des essences boréales les plus rentables en Amérique du Nord.</p>
<p>Les changements climatiques peuvent également entraîner des asynchronismes entre les plantes et leurs pollinisateurs. Les bourdons constituent <a href="https://doi.org/10.1126/science.aaa7031">l’un des plus importants pollinisateurs</a> de plusieurs espèces sauvages et de nombreuses variétés présentant un énorme intérêt agricole. Compte tenu de leur faible tolérance à la chaleur et au froid, les bourdons sont particulièrement sensibles aux conditions environnementales. Pour cette raison, le risque climatique anticipé pour cette espèce <a href="https://doi.org/10.1126/science.aaa7031">est extrêmement élevé</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un bourdon se pose sur une fleur sauvage" src="https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458284/original/file-20220414-14135-yes4wi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les bourdons sont extrêmement sensibles aux changements climatiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La relation mutuellement bénéfique entre les plantes et les pollinisateurs est un service écosystémique essentiel, surtout si l’on considère que la pollinisation par les insectes contribue à <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2008.06.014">9,5 % de la production alimentaire mondiale</a>.</p>
<h2>Il faut agir</h2>
<p>Avec les changements climatiques qui affectent différents écosystèmes, nous devons être conscients de la phénologie des plantes et réfléchir à la manière dont ces transformations risquent de toucher nos vies et nos entreprises.</p>
<p>De nos jours, les scientifiques utilisent des données d’observation pour déterminer la vulnérabilité des espèces, des populations et des communautés aux changements climatiques actuels et futurs. Cette recherche peut servir de base à une intervention humaine essentielle, susceptible d’influencer la <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2019.01.005">distribution des plantes par le biais de la migration assistée</a>, soit le déplacement par l’humain d’espèces vers des zones situées bien au-delà de leur aire de répartition établie. Cela permettra à diverses essences d’arbres de resynchroniser leur phénologie en fonction des conditions climatiques actuelles.</p>
<p>La phénologie des plantes est le résultat d’une adaptation. Cependant, l’adaptation nécessite du temps, temps dont nous ne disposons pas compte tenu de l’ampleur et du rythme associés aux changements climatiques. Une surveillance constante des changements phénologiques à l’échelle mondiale nous permettra d’élaborer des stratégies pour protéger les écosystèmes les plus vulnérables ainsi que nos entreprises.</p>
<p>Même si nous sommes comme des feuilles d’automne sur des arbres, nous devrions essayer de ne pas tomber !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181812/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Roberto Silvestro a reçu la bourse d'excellence pour les doctorants internationaux (PBEEE) attribuée par le Fonds de Recherche du Québec - Nature et Technologies (FRQNT).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sergio Rossi a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie et du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.</span></em></p>Les changements climatiques modifient le calendrier des événements récurrents du cycle de vie des plantes, engendrant des conséquences critiques sur le plan écologique et économique.Roberto Silvestro, PhD Candidate, Biology, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Sergio Rossi, Professor, Département des Sciences Fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1794162022-03-23T19:19:25Z2022-03-23T19:19:25ZSavez-vous ce que vous ramenez chez vous avec vos chaussures ? (Déchaussez-vous avant d’entrer…)<p>Vous nettoyez probablement autant que faire se peut vos chaussures si vous marchez dans quelque chose de boueux, visqueux ou ragoûtant (merci de ramasser derrière votre chien !)… Mais quand vous rentrez chez vous, est-ce que vous vous déchaussez toujours à la porte ?</p>
<p>La majorité ne le fait pas… Qui pense à ce qu’il <a href="https://sfamjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jam.13250">traîne sous ses semelles</a> en rentrant enfin chez lui ?</p>
<p>Je fais partie d’une équipe de chimistes de l’environnement et nous avons passé une décennie à étudier les espaces intérieurs et les contaminants auxquels les gens sont exposés dans leur propre maison. Bien que notre examen de l’environnement intérieur, via notre <a href="https://www.360dustanalysis.com">programme DustSafe</a>, soit encore loin d’être complet, sur la question de savoir s’il faut chausser et se déchausser à la maison, la science a tout de même déjà une idée.</p>
<p>Il est préférable de laisser vos saletés à l’extérieur de la maison.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme ôte ses chaussures à l’entrée de chez elle" src="https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Il est préférable de laisser ses chaussures à l’entrée pour préserver son intérieur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>D’où viennent les contaminants retrouvés dans nos intérieurs ?</h2>
<p>Les gens passent jusqu’à 90 % de leur temps à l’intérieur. La question de savoir s’il faut ou non porter des chaussures à la maison n’est donc pas anodine.</p>
<p>Les politiques se concentrent généralement sur l’environnement extérieur pour ce qui est des sols, de la qualité de l’air et des risques environnementaux pour la santé publique. Toutefois, la réglementation s’intéresse désormais aussi de plus en plus à la <a href="https://ncc.abcb.gov.au/sites/default/files/resources/2021/Handbook-Indoor-Air-Quality.pdf">question de la qualité</a> de <a href="https://www.euro.who.int/en/media-centre/sections/press-releases/2021/new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">l’air intérieur</a>.</p>
<p>La matière qui <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09603123.2018.1457141?journalCode=cije2">s’accumule</a> à l’intérieur de votre maison ne comprend pas seulement la poussière et la saleté apportée par vos visiteurs, ou les poils abandonnés par vos animaux domestiques : environ un <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/es9003735">tiers proviennent de l’extérieur</a>, amenée soit par le vent, soit par les <a href="https://www.washingtonpost.com/health/how-the-dust-in-your-home-may-affect-your-health/2019/07/19/9f716068-a351-11e9-bd56-eac6bb02d01d_story.html">semelles de chaussures sales</a> – capables de ramasser tout ce qui traîne sur le sol.</p>
<p>Pour ces dernières, on ne parle pas de simples saletés mais parfois de micro-organismes tels des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-infection/article/mechanisms-for-floor-surfaces-or-environmental-ground-contamination-to-cause-human-infection-a-systematic-review/37BF6318BD1473C4918A23C843B25D05">agents pathogènes résistants aux médicaments</a>, notamment des agents infectieux (germes) associés aux hôpitaux très difficiles à traiter.</p>
<p>Ajoutez à cela les toxines cancérigènes des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408444.2018.1528208">résidus d’asphalte</a> et les perturbateurs endocriniens des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23273747.2016.1148803">produits chimiques pour pelouses</a>, et vous verrez peut-être d’un autre œil vos chaussures.</p>
<h2>Petit tour des pires contaminants intérieurs</h2>
<p>Nos travaux ont consisté à mesurer et à évaluer l’exposition à toute une série de substances nocives présentes à l’intérieur des habitations, dont les suivantes :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.newscientist.com/article/2231210-antibiotic-resistance-genes-can-be-passed-around-by-bacteria-in-dust/">Gènes résistants aux antibiotiques</a> (gènes qui rendent les bactéries résistantes aux antibiotiques),</p></li>
<li><p><a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.estlett.0c00587">Produits chimiques désinfectants dans l’environnement domestique</a>,</p></li>
<li><p><a href="https://doi.org/10.1016/j.envpol.2021.117064">Microplastiques</a>,</p></li>
<li><p><a href="https://bmjopen.bmj.com/content/11/5/e044833.citation-tools">Produits chimiques perfluorés</a> (ou <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0105.pdf">PFAS</a>, surnommés <a href="https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/10/les-pfas-ces-substances-nocives-omnipresentes-dans-nos-emballages-alimentaires">« produits chimiques éternels »</a> en raison de leur longue durée de vie et de leur tendance à rester dans le corps sans se dégrader) utilisés de manière omniprésente dans une multitude de produits industriels, domestiques et d’emballages alimentaires.</p></li>
<li><p><a href="http://hdl.handle.net/1959.14/1276977">Éléments radioactifs</a>.</p></li>
</ul>
<p>L’évaluation des niveaux de <a href="https://theconversation.com/house-dust-from-35-countries-reveals-our-global-toxic-contaminant-exposure-and-health-risk-172499">métaux potentiellement toxiques (tels que l’arsenic, le cadmium et le plomb)</a> dans les habitations de <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.1c04494">35 pays (dont l’Australie et la France)</a> constitue un axe majeur de notre travail.</p>
<p>Ces contaminants – et surtout le plomb, neurotoxine dangereuse – sont inodores et incolores. Il n’y a donc aucun moyen de savoir si les dangers de l’exposition au plomb se trouvent uniquement dans vos <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2021.106582">sols à l’extérieur</a> ou vos <a href="https://www.abcb.gov.au/sites/default/files/resources/2020/Lead_in_Plumbing_Products_and_Materials.pdf">canalisations d’eau</a> ou s’ils se trouvent également sur le <a href="https://theconversation.com/house-dust-from-35-countries-reveals-our-global-toxic-contaminant-exposure-and-health-risk-172499">parquet de votre salon</a>.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/house-dust-from-35-countries-reveals-our-global-toxic-contaminant-exposure-and-health-risk-172499">Nos études</a> suggèrent tout de même l’existence d’un lien très fort entre le plomb présent dans votre <a href="https://www.mapmyenvironment.com">maison et celui présent dans le sol de votre jardin</a>.</p>
<p>La raison la plus probable de cette relation ? Les courants d’air, les chaussures et autres pattes de chien et de chat qui les rapportent à l’intérieur…</p>
<h2>Anticiper les problèmes pour les éviter</h2>
<p>D’où l’important de s’assurer que les matières provenant de votre environnement extérieur restent là où elles se trouvent (nous avons des conseils <a href="https://www.360dustanalysis.com/pages/interpreting-your-results">ici</a>, par exemple passez une serpillière ou un torchon humide au lieu de balayer ou dépoussiérer à sec, lavez à part les vêtements de travail ou chargés de poussière, etc.)</p>
<p>Un <a href="https://www.wsj.com/articles/heres-why-ill-be-keeping-my-shoes-on-in-your-shoeless-home-11644503227">article récent du Wall Street Journal</a> soutient que les chaussures à la maison ne sont pas si mauvaises. L’auteur soulignait qu’<em>E. coli</em> – une bactérie potentiellement dangereuse qui se développe notamment dans les intestins de nombreux mammifères, y compris les humains – est tellement répandue qu’elle est présente partout. Il n’est donc pas surprenant qu’elle puisse être prélevée sur des semelles de chaussures (96 % des semelles de chaussures, comme le souligne l’article).</p>
<p>Mais soyons clairs. Même s’il est agréable d’être scientifique et de s’en tenir au terme <em>E. coli</em>, cette bactérie, pour le dire crûment, est associée au caca…</p>
<p>Que ce soit la nôtre ou celle de Médor, elle peut nous rendre très malades si nous y sommes exposés à des niveaux élevés. Et avouons-le, c’est tout simplement dégoûtant.</p>
<p>Pourquoi la promener à l’intérieur de votre maison si vous avez une alternative très simple : enlever vos chaussures à la porte ?</p>
<h2>Préférez le « sans chaussures »</h2>
<p>Y a-t-il des inconvénients à avoir une maison sans chaussures ?</p>
<p>Au-delà de l’<a href="https://www.washingtonpost.com/lifestyle/wellness/feet-toes-broken-pain-covid/2021/01/11/470d2efa-4a05-11eb-a9f4-0e668b9772ba_story.html">orteil occasionnellement écrasé</a>, du point de vue de la santé environnementale, il n’y a pas beaucoup d’inconvénients à abandonner bottes et escarpins à l’entrée de son chez-soi. En laissant vos chaussures sur le paillasson, vous laissez également à la porte des agents pathogènes potentiellement dangereux.</p>
<p>Nous savons tous que la prévention est bien meilleure que le traitement. Enlever ses chaussures est une activité de prévention basique et facile pour beaucoup d’entre nous.</p>
<p>Vous avez besoin de chaussures, de semelles pour soutenir vos pieds ? C’est simple : privilégiez le chausson ou la « chaussure d’intérieur » jamais portée à l’extérieur.</p>
<p>Reste la question du « syndrome de la maison stérile », qui fait référence à l’augmentation des taux d’allergies chez les enfants. Certains affirment qu’il est lié à des foyers trop stériles.</p>
<p>En effet, un <a href="https://www.jacionline.org/article/S0091-6749(10)00907-3/fulltext">peu de saleté est probablement bénéfique</a>, puisque des études indiquent qu’elle contribue à développer le système immunitaire et à réduire le risque d’allergies.</p>
<p>Mais il existe des moyens plus efficaces et moins dégoûtants d’y parvenir que de se promener à l’intérieur avec des chaussures sales… Sortez, faites une promenade dehors, profitez du grand air !</p>
<p>Inutile donc de ramenez chez vous particules polluées, de déjections animales ou de pathogènes divers qui viendront s’accumuler et contaminer cuisines et chambres perçues comme des havres de paix et de sécurité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179416/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor a reçu un financement via une subvention du gouvernement australien pour la science citoyenne (2017-2020), CSG55984 'Citizen insights to the composition and risks of household dust' (le projet DustSafe). Il est professeur honoraire à l'Université Macquarie et employé à temps plein de l'EPA Victoria, nommé au rôle statutaire de scientifique environnemental en chef.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Filippelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>C’est désormais prouvé : nos chaussures sont de véritables nids à microbes ramenés de l’extérieur. Se déchausser à l’entrée est la meilleure façon de protéger son intérieur d’infections, plomb, etc.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityGabriel Filippelli, Chancellor's Professor of Earth Sciences and Executive Director, Indiana University Environmental Resilience Institute, Indiana UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1795822022-03-22T19:38:38Z2022-03-22T19:38:38ZQuels sont les risques d’attraper le Covid en pratiquant un sport ?<p>En France comme ailleurs, la pandémie de Covid perturbe notre quotidien depuis plus de deux ans maintenant. Avec un impact plus ou moins grand selon le niveau de circulation du virus : les vagues successives ont entraîné des mesures de confinement initialement très strictes puis plus permissives. Selon les pays, ces mesures ont différé, notamment en ce qui concerne la pratique sportive – par ailleurs plébiscitée pour ses bienfaits.</p>
<p>S’il existait en 2019 une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-018-1822-8">littérature sur les risques de contagion pour différents virus</a><a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0363546505285385"> dans les milieux sportifs</a>, cette dernière était relativement pauvre sinon inexistante pour un nouveau venu comme le virus SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. Ce qui ne permettait pas de connaître réellement les risques encourus en cas de pratique en milieu clos, en cas d’utilisation de matériel collectif ou dans les sports de proximité, comme le football, ou les sports de combat.</p>
<p>Quant aux pratiques en extérieur individuelles, si elles ont toujours semblé être à faible risque, encore fallait-il s’en assurer… En effet, nous ne connaissions pas alors la durée de vie du virus sur différentes surfaces ou dans l’atmosphère. Des études ont donc été menées au cours des années 2019-2021 afin d’apporter des réponses à ces interrogations.</p>
<h2>Des risques liés à la transmission aérienne du virus</h2>
<p>À l’effort, nous exhalons de <a href="https://theconversation.com/covid-comment-se-proteger-simplement-de-la-transmission-aerienne-du-virus-167222">nombreuses particules de diverses tailles, la plupart étant des aérosols (particules de quelques millièmes de µm à 100 µm)</a>. Ces particules peuvent se propager autour de nous à des distances plus ou moins faibles (jusqu’à plus de 2m pour les aérosols) et se <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34625166/">déposer sur les surfaces alentour ou rester en suspension</a>. Or elles peuvent être porteuses de virus, dont le SARS-CoV-2… Et il a été montré que ce dernier peut <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2004973">rester infectieux sous forme d’aérosols pendant des heures, et sur les surfaces pendant plusieurs jours</a>.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012369221007686">Lors d’efforts physiques intenses, ce phénomène est encore amplifié</a>. Le nombre d’aérosols exhalés par la bouche ou le nez peut être multiplié par 30 comparé au repos, et cela uniformément autour du sportif – y compris derrière lui. Plus le sportif respire fort, plus la quantité d’aérosols générée est importante. La quantité d’aérosols produite en pleine activité est également extrêmement variable selon les individus : certains sont ainsi des « super-propagateurs » d’aérosols, peut-être du fait d’une production importante de salive, d’une toux, de leur façon de respirer à l’effort…</p>
<p>Devant tous ces constats, il était important de savoir quelles pratiques étaient les plus risquées, pourquoi et comment se protéger. Nous disposons désormais de données à la fois pour les sports collectifs et individuels, en salle comme à l’extérieur : c’est ce que nous vous résumons ici.</p>
<p>Seuls les sports individuels de pleine nature ne seront pas développés. De fait, il n’y a pas d’études spécifiques les concernant car ceux-ci ne semblent pas poser de problèmes de transmission. Ceci à la condition bien sûr que cette activité soit vraiment pratiquée en individuel, à cause de la production d’aérosols évoquée précédemment… ou de l’utilisation ou du partage de matériel qui serait potentiellement « contaminé ».</p>
<h2>En salles de sport et de fitness</h2>
<p>Des taux de contamination de 20 à 68 % ont été observés dans ces environnements, probablement selon le nombre de personnes fréquentant la salle, l’efficacité et le type de ventilation, la taille du local, l’activité effectuée, les mesures d’hygiène prises… La contamination peut venir des sportifs, du staff ou des entraîneurs. Des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-infection/article/possible-indirect-transmission-of-covid19-at-a-squash-court-slovenia-march-2020-case-report/B48D7B5B251D5174178B46FA280ED2F0">contaminations ont également été observées en squash</a>, malgré l’absence de partage du matériel individuel.</p>
<p>Équiper ces salles de filtres à particules de haute efficacité (HEPA), associés à un renouvellement de l’air efficace, permet de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0012369221007443">réduire drastiquement le pic de concentration des aérosols : jusqu’à 98 % dans une étude récente)</a> (selon la taille de la pièce et le taux de renouvellement de l’air). Ce type de filtre permet également de réduire de moitié le temps nécessaire à l’élimination de quasiment tous les aérosols.</p>
<p>Cependant, le moyen le plus sûr d’éviter la propagation du virus reste d’éviter de propager les aérosols durant l’effort, en sus de respecter une distanciation suffisante (2m et plus). C’est pourquoi le port du masque est suggéré en période de pandémie, en suivant les règles d’hygiènes – se laver les mains avant l’entrée en salle, ne pas partager sa bouteille d’eau…</p>
<p>Les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32632523/">masques considérés sont de type N95/FFP2</a> ou chirurgicaux, mais rappelons qu’ils ne sont pas adaptés à l’effort d’endurance encore moins pour des efforts intenses – ils ne sont pas demandés en compétition, et il n’existe aucune donnée sur leurs effets lors d’exercices ou d’entraînements prolongés et intenses. En revanche, les tests d’effort à visée médicale réalisés en laboratoire (tests d’effort cardiopulmonaires) montrent qu’ils semblent <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33901405/">sans danger dans ce cadre</a>, malgré un plus grand essoufflement et une perception plus pénible de l’effort.</p>
<p>L’idéal est donc, pour toute pratique sportive, de porter un masque en salle lors des entraînements d’intensité faible à modérée mais pas pour un effort intense. Si le masque n’est pas supporté (dyspnée ou sensation de respiration gênante, perception dégradée de l’effort fourni, etc.), il faut diminuer l’intensité pour revenir à un niveau tolérable.</p>
<p>Notons que la mise en place et le respect strict des mesures d’hygiène et de distanciation dans les salles de sport et de fitness en Europe ont permis aux pratiquants de reprendre leurs activités sportives <a href="https://www.ehfa-membership.com/sites/europeactive.eu/files/THiNKActive/SafeACTiVE-2-v1-web.pdf">sans risque majoré de contamination</a>. Ainsi, une étude européenne a montré que le taux d’incidence du Covid a été réduit à 0,88 cas pour 100 000 visites et n’a pas été modifié par les vagues de Covid. </p>
<h2>À la piscine</h2>
<p>Contrairement à certaines idées reçues, les piscines ne sont pas des bouillons de culture propice au Covid. S’il a des défauts, le chlore est un désinfectant très efficace face aux virus et bactéries. Des études montrent que le SARS-CoV-2 n’échappe pas à la règle, et que la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34619607/">chloration de l’eau aux doses indiquées par la législation est efficace contre sa propagation</a>. Pour les piscines utilisant d’autres techniques bactéricides, les données manquent.</p>
<p>Une étude danoise s’est penchée sur la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34606662/">transmission du SARS-CoV-2 au sein de populations de nageurs de clubs dans tout le Danemark</a>. Les auteurs estiment que le risque d’être positif au SARS-CoV-2 chez un nageur, si l’un des autres nageurs est positif, n’est que de 1 % – ce qui est assez faible comparé à la population générale danoise (attention, les règles d’hygiène spéciales Covid étaient en vigueur lors de cette enquête). Un résultat qui correspond à 19,5 contaminations pour 100 000 heures d’activité.</p>
<p>Les auteurs suggèrent également que les nageurs de compétition semblent plus à risque de se transmettre le virus que les nageurs de loisirs. Deux raisons possibles à cela : peut-être parce qu’ils sont plus nombreux par ligne à l’entraînement, et parce qu’ils se connaissent très bien en général et sont ainsi plus susceptibles d’être proches en piscine.</p>
<h2>Sports collectifs en extérieur (rugby, foot…)</h2>
<p>Pour ces activités, il faut dissocier le risque de contamination avant et après la mise en place des mesures d’hygiène générales et spécifiques aux sports de haut niveau.</p>
<p>La transmission du SARS-CoV-2 a été étudiée chez des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33574043/">joueurs professionnels lors des matchs de la Super League de Rugby</a>, au moment où les mesures d’hygiène étaient en vigueur. Malgré leur proximité, et la positivité de certains d’entre eux au Covid, le jeu en lui-même ne semble pas avoir contribué significativement à la propagation du virus. Les cas positifs observés qui sont apparus étaient davantage liés au co-voiturage, à l’environnement ou aux activités sociales.</p>
<p>La <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35077316/">même chose a été observée en football</a>, tant chez des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34663570/">joueurs professionnels et amateurs</a>, où le contact physique entre deux participants ne durait généralement pas plus de trois secondes.</p>
<p>Il ne semble pas non plus y avoir de contamination par les surfaces des différents locaux (vestiaires, toilettes, garde-manger…) dans les clubs où elles sont régulièrement désinfectées.</p>
<p>Il s’agit cependant de joueurs soumis aux règles d’hygiène anti-Covid dans des structures où les surfaces sont régulièrement désinfectées. On ne peut donc généraliser ni à avant l’instauration des mesures d’hygiène ni à ce qui peut se produire chez des publics d’enfants.</p>
<h2>Sports de combat</h2>
<p>Il n’y a pas d’étude spécifique sur la transmission du SARS-CoV-2 au sein des structures accueillant les sports de combat.</p>
<p>Toutefois, du fait de la proximité des participants, pour les raisons évoquées précédemment de production d’aérosols, ces activités comportent des risques importants de propagation. Ce qui fait qu’elles ont <a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Entre-perte-de-licencies-et-absence-de-competitions-plusieurs-federations-tirent-la-langue/1220561">très vite (et longtemps) été impactées par les mesures liées au Covid-19</a>, que ce soit par les distanciations imposées (le contact étant inhérent à la plupart de ces disciplines) ou la fermeture des salles spécialisées.</p>
<h2>Pratiquer le sport de haut niveau en contexte épidémique</h2>
<p>Pour les athlètes de haut niveau, la pratique s’accompagne d’événements spécifiques, potentiellement propices aux contaminations : ce sont les compétitions, tels les Jeux olympiques d’hiver de Pékin qui viennent de se terminer.</p>
<p>En cas de vague épidémique, ou de prévalence élevée, les taux de contamination au SARS-CoV-2 sont importants chez les sportifs comme dans la population générale. Ce qui augmente de fait les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34226184/">contaminations au sein des équipes</a> : un système sévère de test (des sportifs et du staff) et de « bulles » a donc été instauré. Au niveau des compétitions internationales et nationales, comme lors des récents Jeux olympiques, cela constitue un casse-tête tant pour les participants que pour les organisateurs…</p>
<p>Le système de « bulles », inhérent au protocole sanitaire adapté au sport, a été mis en place par les commissions médicales des fédérations sportives internationales afin de garantir le déroulement des compétitions avec un minimum de contagions. Les gouvernements et fédérations, en <a href="https://sports.gouv.fr/IMG/pdf/fedeslienscovid.pdf">France notamment</a>, ont également mis en place un protocole sanitaire inhérent à la continuation de la pratique sportive.</p>
<p>Une bulle consiste souvent en une équipe, staff et athlètes, testés négatifs au SARS-CoV-2, vaccinés ou non, qui doit éviter les contacts avec les personnes qui n’en font pas partie.</p>
<p>Les mesures d’hygiène et de distanciation s’appliquent dans et en dehors de cet ensemble, y compris hors de la compétition elle-même. Le groupe est testé par qPCR avant la compétition – en général 72h à 24h avant selon les sports, le type d’évènement et le règlement du pays – et pendant si nécessaire. Ce système a été pensé pour des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34969914/">sports de contact (de combat, etc.)</a>, pour des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34221444/">sports collectifs (football)</a>, mais également adopté par une grande majorité des sports olympiques.</p>
<p>Leur intérêt est double : d’une part, limiter au maximum les contaminations des sportifs, mais aussi faciliter le traçage des cas positifs le cas échéant et cibler les mesures à prendre. Ceux qui sont positifs sont mis en quarantaine à l’extérieur de la bulle.</p>
<p>Lors des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35113161/">JO d’été de Tokyo 2020</a>, pour lesquels on a maintenant du recul, les sportifs devaient présenter un test qPCr négatif au départ de leur pays et à leur arrivée au Japon. Ensuite, la bulle sanitaire imposait que les sportifs négatifs ne quittent pas le village olympique, sauf pour s’entraîner ou pour la compétition.</p>
<p>Pour quelle efficacité ? Au total, parmi les 54 250 tests qPCr qui ont été réalisés à l’arrivée à Tokyo sur la période olympique, seuls 55 ont été positifs – et les sportifs concernés ont aussitôt été mis en quarantaine stricte. Au cours des jeux olympiques et paralympiques, ce ne sont pas moins de 1 014 170 de tests qui ont été réalisés, avec 299 cas positifs (cas contacts) soit 0,03 %.</p>
<p>De quoi dire que le système de bulles a bien fonctionné, même s’il n’était pas infaillible. Un plus pour la santé des athlètes… que leur bonne condition physique ne rend pas invulnérable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179582/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Bougault a participé au groupe de travail du Comité International Olympique sur les maladies respiratoires chez les sportif, en vue des J.O. de Tokyo 2021. </span></em></p>Natation, sports de combat ou collectif… En amateur ou au haut niveau. La pratique sportive a été frappée de plein fouet par le Covid. De premières données permettent maintenant d’évaluer les risques.Valérie Bougault, Maître de Conférences, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1761962022-02-07T20:26:58Z2022-02-07T20:26:58ZVente de produits en vrac : comment la mettre en place en toute sécurité ?<p>Depuis plusieurs années, en réponse à une demande croissante des consommateurs, les <a href="https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/5064-panorama-et-evaluation-environnementale-du-vrac-en-france.html">produits vendus en vrac ont conquis les rayons des magasins</a>. C’est le cas, par exemple, de certains aliments (fruits secs, céréales) mais également des produits d’hygiène (shampoings, savons), d’entretien (lessive, nettoyant ménager) ou des aliments destinés aux animaux (friandises à mâcher, croquettes).</p>
<p>L’offre devrait s’étendre sous peu à une plus grande diversité de produits, puisque la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043974916">« loi AGEC »</a>) permettra la vente en vrac de tout produit de consommation courante. Pour être qualifié de « vente en vrac », le produit doit respecter trois conditions : être présenté sans emballage, vendu dans la quantité choisie par le consommateur et conditionné dans des contenants réemployables ou réutilisables.</p>
<p>L’<a href="https://www.anses.fr/fr">Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail</a> (Anses) a rendu fin 2021 une note identifiant les produits dont la <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2021SA0051.pdf">vente en vrac est incompatible avec la sécurité sanitaire pour le consommateur</a>. L’Agence a également émis des recommandations pour la mise en œuvre de la vente en vrac dans des conditions permettant de garantir la sécurité sanitaire des produits.</p>
<p>Si ces recommandations sont principalement destinées aux distributeurs et aux pouvoirs publics, certaines concernent aussi les consommateurs.</p>
<p>La gestion des risques sanitaires des produits est avant tout fondée sur la prévention des contaminations le plus en amont possible, donc avant la remise du produit au consommateur. Cependant, ce dernier est un acteur à part entière de sa sécurité sanitaire – il a la maîtrise du produit de son achat jusqu’à sa préparation et sa consommation ou son utilisation.</p>
<p>Dans le cas des aliments, environ un tiers des foyers de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) sont déclarés suite à des repas familiaux (<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/toxi-infections-alimentaires-collectives/donnees/#tabs">entre 27 % et 35 % selon les années</a>). Ils sont, entre autres, dus à de mauvaises pratiques au domicile.</p>
<p>Autre exemple de l’importance du rôle du consommateur, des cas d’intoxications accidentelles domestiques sont régulièrement signalés aux centres antipoison, notamment liées à l’<a href="https://vigilanses.anses.fr/sites/default/files/VigilansesN5_Dosettes_1.pdf">ingestion de lessive liquide provenant de dosettes</a>.</p>
<h2>Acheter en vrac en toute sécurité, est-ce possible ?</h2>
<p>La vente en vrac responsabilise donc encore plus le consommateur car sa contribution en tant que maillon de la maîtrise de la sécurité sanitaire des produits est encore plus importante.</p>
<p>L’achat d’un produit en vrac implique que le conditionnement soit effectué sur le lieu de distribution, par le consommateur ou un opérateur dédié. Le contenant doit protéger le produit contre les contaminations extérieures, prévenir le gaspillage lors du remplissage et du transport… Mais il doit également communiquer des informations sur la nature du produit et ses risques éventuels (ingrédients, composition du produit, caractère irritant pour la peau par exemple).</p>
<p>Plusieurs éléments sont à prendre en compte lors de la mise en œuvre de la vente en vrac. Par exemple, si l’application des bonnes pratiques d’hygiène (nettoyage du matériel manipulé par les clients ou maintien des conditions de conservation des produits) est une obligation réglementaire pour le distributeur, le consommateur devra se saisir de ce sujet lui aussi.</p>
<p>Il lui revient d’éviter les risques de contaminations croisées, c’est-à-dire le transfert involontaire d’un danger (biologique, chimique ou physique) d’un produit, d’une personne ou d’un objet à l’autre. Pour cela, il doit s’abstenir de toucher directement les produits et privilégier l’utilisation des pelles ou pinces mises à disposition. Il convient également d’éviter de les intervertir.</p>
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<img alt="Plateau où sont présentés des gâteaux, avec une pince spécifique mise à disposition" src="https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443839/original/file-20220201-27-1shaz0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le consommateur ne doit pas toucher les produits directement, mais utiliser les ustensiles mis à sa disposition (sans les intervertir entre deux produits).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Josh Sorenson/Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Quels contenants pour les produits ?</h2>
<p>La loi AGEC indique qu’un contenant peut être apporté et utilisé par le consommateur s’il est <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000041557387">« visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté »</a>. Cependant, la qualification de « visiblement propre » n’est pas suffisante pour garantir son hygiène. Par exemple, un séchage insuffisant peut contribuer à une prolifération microbienne ou à des réactions chimiques avec certains produits. Le contenant n’assurera plus sa fonction protectrice attendue.</p>
<p>Actuellement, pour les produits disposant d’une évaluation préalable des dangers (pathogènes, substances présentes dans leur composition pour les mélanges ou matériaux), seules sont prises en compte les conditions prévisibles d’utilisation par le consommateur. Elles n’intègrent pas les mésusages possibles tel l’achat dans de mauvaises conditions d’hygiène, avec contenants non compatibles, etc.</p>
<p>Dans sa note, l’Anses a donc émis des recommandations qui concernent aussi bien le contenant de distribution en magasin (bac, silo, distributeur) que celui apporté par le consommateur (bouteille, boite, bocal).</p>
<p>Ainsi, certains contenants sont réglementés afin de contenir des produits donnés, et leurs utilisations sont encadrées et évaluées dans ce cadre. Par exemple, la nature chimique du contenant et son aptitude au contact alimentaire sont importants à considérer. Dans le cas des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/mat%C3%A9riaux-au-contact-des-aliments-d%C3%A9finition-et-encadrement">matériaux au contact des aliments (MCDA)</a>, ils ne doivent pas présenter de danger pour la santé humaine, ni entraîner de modification inacceptable de la composition des denrées ni altérer leurs propriétés organoleptiques.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=606&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=761&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=761&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443843/original/file-20220201-15-4a19kj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=761&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains logos ou mentions permettent de s’assurer qu’un contenant vide, n’ayant pas été mis au préalable en contact avec des denrées alimentaires, est bel et bien adapté à un usage alimentaire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Union européenne</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les aliments ne peuvent être conditionnés que dans des contenants affichant une des <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02004R1935-20210327&from=EN#tocId17">trois indications suivantes</a> : le symbole « verre à pied/fourchette » (ci-contre), la mention « convient pour aliment » ou encore une mention spécifique relative à l’utilisation envisagée (telle que bouteille de vin, machine à café).</p>
<p>Apparemment anodine, parfois plébiscitée, la réutilisation de contenants pour conditionner un produit différent de celui pour lequel il était initialement prévu peut poser des problèmes. En particulier, il y a un risque de contamination des aliments par des résidus de substances chimiques si celui-ci a servi à des produits non alimentaires.</p>
<p>La réutilisation inverse, c’est-à-dire de contenants d’origine alimentaire pour des produits non alimentaires (comme une bouteille en plastique) a aussi été à l’origine d’accidents potentiellement graves : en raison de l’absence d’étiquetage précisant la nature réelle du produit contenu, mais aussi de la confusion notamment pour les jeunes enfants. La vigilance quant à la gestion des contenants est donc de mise.</p>
<h2>L’information du consommateur, un élément essentiel</h2>
<p>Pour accompagner le déploiement de la vente en vrac et garantir la sécurité du consommateur, une bonne information est essentielle. L’Anses a proposé que des informations supplémentaires soient communiquées.</p>
<p>En effet, la réglementation sur l’étiquetage des denrées alimentaires ou en alimentation animale diffère si le produit est proposé « préemballé » ou « non préemballé ». Certaines informations ne sont ainsi plus obligatoirement fournies au consommateur dans le second cas.</p>
<p>En plus des informations obligatoires (telles que la <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/letiquetage-des-allergenes-imperatif-sante-publique">déclaration des allergènes pour les aliments</a>), d’autres devraient être transmises lors de la vente en vrac. Il s’agit notamment de :</p>
<ul>
<li><p>La durée de conservation (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/date-limite-de-consommation-dlc-et-date-de-durabilit%C3%A9-minimale-ddm">date limite de consommation ou date de durabilité minimale</a>),</p></li>
<li><p>Du mode d’emploi (conservation à une température spécifique, modalités de cuisson ou d’utilisation),</p></li>
<li><p>Des éléments d’identification permettant des procédures de rappels de produits.</p></li>
</ul>
<p>Par ailleurs, les réglementations relatives aux substances et produits chimiques imposent, entre autres : un étiquetage indiquant la nature des substances présentes, des avertissements sur les dangers pour la santé, un identifiant unique de formulation pour identifier sans ambiguïté le nom commercial à sa composition.</p>
<p>Ces catégories de produits nécessiteront un déploiement progressif permettant leur vente en vrac, associé à une analyse au cas par cas.</p>
<p>Les distributeurs auront divers moyens pour transmettre ces éléments au consommateur, comme une étiquette à coller sur le contenant ou l’utilisation d’affichettes placées à proximité immédiate du produit.</p>
<h2>Le rôle du consommateur</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="Une femme transvase des produits achetés en vrac dans des bocaux vierges" src="https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443840/original/file-20220201-17-1ctibig.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Afin d’assurer la sécurité sanitaire des produits, le consommateur doit reporter et conserver les informations normalement transmises lors de l’achat.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sarah Chai/Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans tous les cas, un report fiable de ces informations par le consommateur devra se faire, ce qui va demander un changement d’habitude de ce dernier, et une prise de conscience de la nécessité d’être plus vigilant sur certains points.</p>
<p>Ainsi, lors d’un rappel de lots, l’alerte du consommateur serait rendue beaucoup plus difficile, voire impossible, en l’absence de ces informations notamment le libellé exact du produit, le numéro de lot ou la date d’achat.</p>
<p>Le consommateur doit donc être proactif pour récupérer mais aussi conserver les informations essentielles qui lui permettront de s’assurer que le produit acheté demeure sain.</p>
<p>Une stratégie de sensibilisation en ce sens devrait être mise en œuvre par les pouvoirs publics, appuyée par une communication active (médias, corps médical, associations de consommateurs, lieux d’achat, école). Autant d’éléments nécessaires pour accompagner au mieux le déploiement de la vente en vrac.</p>
<hr>
<p><em>Elissa Khamisse, Stéphane Leconte, Pauline Kooh, coordinateurs scientifiques d’expertise à la Direction d’évaluation des risques (DER), et Cécilia Solal, chargée d’étude de toxicovigilance à la Direction des alertes et vigilances sanitaires de l’Anses, ont également participé à la conception de cet article, relu par Nathalie Arnich, adjointe au chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux aliments (DER).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176196/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Estelle Chaix ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que la vente en vrac explose, l'Anses rappelle les précautions à prendre lors qu'on y a recourt. Contenant adapté, durée de conservation, risque de contamination : à quoi faut-il être vigilant ?Estelle Chaix, Coordinatrice scientifique d’expertise - Unité d'évaluation des risques liés aux aliments, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1753882022-01-31T19:08:16Z2022-01-31T19:08:16ZMasques chirurgicaux et FFP2 : deux enquêtes pour vérifier leur innocuité<p>Depuis bientôt deux ans, le Covid s’est imposé dans nos vies et nombre de nos habitudes ont dû être adaptées pour faire barrière à la dissémination de son agent infectieux : le virus SARS-CoV-2. <a href="https://theconversation.com/covid-comment-se-proteger-simplement-de-la-transmission-aerienne-du-virus-167222">La transmission de ce dernier par voie aérienne étant confirmée</a>, une des protections les plus utilisées pour se protéger et surtout protéger les autres s’avère être les masques.</p>
<p>Plusieurs types de masques sont désormais disponibles sur le marché français, à savoir :</p>
<ul>
<li><p>Les masques chirurgicaux, qui sont des dispositifs médicaux répondant à des exigences européennes de sécurité et de santé vérifiées par la norme <a href="https://www.afnor.org/masques-de-protection-normalisateurs-initiatives-face-au-coronavirus/">NF EN 14683</a> (ou normes étrangères reconnues comme équivalentes). En évitant la projection de gouttelettes émises par le porteur du masque, ce type de masque limite la contamination de l’environnement extérieur et des autres personnes.</p></li>
<li><p>Les masques de protection respiratoire (FFP, pour « Filtering Facepiece Particles ») constituent des équipements de protection individuelle (EPI) plus poussés. Ils répondent à des exigences européennes de sécurité et de santé vérifiées par la norme <a href="https://www.afnor.org/masques-de-protection-normalisateurs-initiatives-face-au-coronavirus/">NF EN 149</a> (ou normes étrangères reconnues comme équivalentes). Ce type de masque protège le porteur du masque contre l’inhalation à la fois de gouttelettes et de particules en suspension dans l’air.</p></li>
<li><p>Les masques « textiles », qui sont eux-mêmes de plusieurs types. Ceux dits « grand public » se sont développés en France pendant le premier confinement de la pandémie Covid-19. Il s’agit de masques textiles, avec des propriétés de filtration comprises entre 70 et 90 % selon la taille des particules (respectant en cela les spécifications de l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament), et qui sont la plupart du temps lavables et réutilisables. Ils sont réservés à un usage hors du système de santé. La production de ces masques est encadrée par une note des autorités du 29 mars 2020, mise à jour le 26 avril 2020.</p></li>
</ul>
<p>D’autres sont fabriqués par des professionnels du textile ou « faits maison » dans le respect de la spécification AFNOR (<a href="https://www.afnor.org/faq-masques-barrieres/">AFNOR SPEC S76-001:2020</a>) en utilisant des matériaux testés ou choisis selon les experts conformément à la spécification AFNOR. À noter que dans certains cas, les performances ne sont pas encadrées ou testées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Tableau regroupant les différentes catégories de masques et leurs conditions d’usage" src="https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/441779/original/file-20220120-9188-go75e2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=339&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Principaux usages de différents types de masques dans la prévention de la transmission de la Covid-19 (INRS, 2021).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anses/INRS</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Deux enquêtes pour vérifier l’innocuité des masques</h2>
<p>Compte tenu de l’utilisation massive et quotidienne des masques chirurgicaux depuis le début de la pandémie, et non en raison de problèmes antérieurs, la DGCCRF (<a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf">Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes</a>) a mené deux enquêtes successives, chacune sur une vingtaine de références de masques chirurgicaux.</p>
<p>Réalisées en 2020 puis 2021, ces enquêtes avaient pour objet de rechercher la présence de substances chimiques dans des masques chirurgicaux destinés au grand public. L’Anses (<a href="https://www.anses.fr/fr">agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail</a>) a été saisie pour <a href="https://www.anses.fr/fr/content/masques-chirurgicaux-pas-de-d%C3%A9passement-des-seuils-sanitaires-en-contaminants-chimiques">évaluer les risques sanitaires éventuels liés à l’inhalation de ces substances ou à leur contact avec la peau</a>.</p>
<p>En parallèle, suite au retrait du marché canadien des masques FFP2 contenant du graphène, les autorités françaises en ont suspendu la distribution le temps que l’Anses <a href="https://www.anses.fr/fr/content/privil%C3%A9gier-la-mise-sur-le-march%C3%A9-de-masques-sans-graph%C3%A8ne">évalue les potentiels risques sanitaires</a> – sachant que seuls certains masques FFP2 contiennent du graphène.</p>
<h2>Masques chirurgicaux : des résultats rassurants dans des conditions strictement respectées</h2>
<p>La DGCCRF a fait prélever deux fois une vingtaine de masques chirurgicaux disponibles sur le marché français, de façon à couvrir le plus de types de modèles possibles : aussi bien destinés aux enfants qu’aux adultes, colorés ou non, etc.</p>
<p>Plusieurs familles de substances ont été recherchées, sélectionnées d’après l’expertise de la DGCCRF – basée sur de précédentes analyses menées sur d’autres produits de consommation. Il s’agissait d’allergènes (tels que le linalool, le citral, la coumarine, etc.), des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), du glyphosate (herbicide potentiellement cancérogène) et son métabolite principal (l’acide aminométhylphosphonique ou AMPA), du formaldéhyde, des dioxines, des furanes, des PCB DL (polychlorobiphényles-dioxin-like), des COV (composés organiques volatils), de résidus de pesticides, de certains colorants (bleu clair, bleu foncé et noir) et de la colophane.</p>
<p>Les résultats des analyses ont mis en évidence la présence de plusieurs substances chimiques dans les masques chirurgicaux : des dioxines, des furanes, des PCB-DL, des HAP et des COV. Aucun des colorants recherchés n’a par contre été retrouvé.</p>
<p>Puis, l’Anses, au travers d’une expertise collective regroupant des experts chimistes, toxicologues et médecins dermatologues, a évalué les potentiels risques sanitaires des substances présentes. L’objectif était de définir si ces dernières pouvaient engendrer un risque pour la population, aussi bien chez les adultes que chez les enfants, ayant une peau saine ou une peau lésée. L’efficacité de filtration des masques n’a pas été investiguée.</p>
<p>Les experts ont en premier lieu étudié les dangers de chaque substance puis défini les scénarios d’exposition les plus probables et calculé les risques associés. Ces scénarios s’appuyaient sur les <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=943">recommandations du Haut Conseil de Santé Publique</a> concernant le port du masque – ils mettaient en œuvre des masques neufs, portés maximum 4h sur le nez et la bouche, non souillés, mis dans le bon sens, etc. Il a été estimé qu’un maximum de quatre masques par jour pouvait être porté par un adulte ou un enfant.</p>
<p>En conclusion de cette évaluation de risques, les <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2021SA0087.pdf">résultats ont été rassurant</a>. L’Anses indique que les expositions aux substances chimiques retrouvées dans les masques ne dépassent pas les seuils sanitaires, aussi bien pour les adultes que pour les enfants dès lors que les recommandations du HCSP sont respectées.</p>
<h2>Masques FFP2 : privilégier des masques sans graphène</h2>
<p>En parallèle, une seconde expertise était requise par les autorités françaises sur les masques FFP2 contenant du graphène. En effet, en avril 2021, des masques de protection FFP2 contenant cette particule étaient retirés du marché canadien, ce qui a incité les autorités françaises à suspendre également la distribution des références incriminées, le temps que collectif interdisciplinaire d’experts de l’Anses évalue, en urgence, les risques sanitaires liés à leur port chez l’adulte comme chez l’enfant.</p>
<p>Le graphène, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un matériau bidimensionnel, composé d’atomes de carbone organisés en une simple couche dans un réseau cristallin hexagonal. En Europe, son utilisation en tant que substance biocide n’est pas autorisée aujourd’hui, quel que soit le type d’application envisagée.</p>
<p>Les experts ont étudié les données toxicologiques disponibles sur le graphène et tenté de définir son utilité dans les masques. Un travail d’évaluation des différentes études publiées quant à l’exposition aux particules de graphène, principalement par inhalation et par contact cutané, a aussi été mené. L’Anses s’est ainsi basée sur le rapport publié par Santé Canada, l’<a href="https://www.irsst.qc.ca/covid-19/avis-irsst/id/2874/evaluation-rapide-de-risque-toxicologique-pour-la-sante-humaine-du-port-de-masques-de-procedure-contenant-de-la-biomasse-de-graphene">IRSST</a>, l’université autonome de Madrid et le LNE.</p>
<p>Les experts n’ont pu que constater le <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2021SA0089.pdf">manque d’information concernant les effets à long terme du graphène sur la santé humaine</a>. Il a également été difficile de déterminer la nature exacte du graphène ainsi que les raisons de son utilisation dans les masques FFP2. Compte tenu de ces carences, il n’a pas été possible de mener une évaluation de risques sanitaires, tant pour les enfants que les adultes même si les données d’exposition disponibles à ce jour ne mettent pas en évidence de situations préoccupantes. (<em>Les lots concernés ont été rappelés et sont <a href="https://rappel.conso.gouv.fr/fiche-rappel/508/Interne">consultables en ligne</a>, ndlr</em>)</p>
<h2>Quelques conseils pour un usage optimal</h2>
<p>Il était important de s’assurer de l’absence de risque dans l’utilisation des différents masques que l’on se trouve désormais à porter régulièrement, en intérieur voir en extérieur. C’est ce qui a été fait.</p>
<p><a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/covid-19-faire-barriere-aux-masques-non-conformes">Pour les masques les plus courants</a>, les masques chirurgicaux, aucun risque sanitaire n’a été identifié malgré la détection de la présence de substances chimiques si les conditions de port préconisées par le HSCP sont respectées. Et ce, que ce soit pour les adultes ou les enfants.</p>
<p>Voici deux réflexes utiles à adopter lors de tout achat de masques : le premier est de vérifier que la boite choisie porte bien le marquage CE (sigle CE), la référence datée de la norme NF EN 14683 et le type du masque (type I, II, IIR). Le second est d’ouvrir leur boite et emballage avant de les porter, ce qui permet de diminuer la quantité de composés organiques volatils présents.</p>
<p>Pour les masques FFP2, il n’est pas possible de conclure quant au potentiel risque lié au graphène. Il convient donc de privilégier des masques ne contenant pas de graphène – emballage ou notice étant tenu d’indiquer sa présence.</p>
<p>Dans tous les cas de figure, respecter les préconisations de port des masques est le meilleur moyen d’assurer leur efficacité et une protection optimale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175388/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Céline Dubois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Y a-t-il un risque à porter masques chirurgicaux et FFP2 en raison de substances chimiques qu’ils contiendraient ? Deux analyses de l’Anses viennent de conclure que non.Céline Dubois, Ingénieur Chimiste - Chef de projets scientifiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1734442021-12-16T20:11:40Z2021-12-16T20:11:40ZLa précarité menstruelle en Afrique subsaharienne : une question taboue<p>Chaque jour, dans le monde, environ <a href="https://www.wateraid.org/ng/media/periods-dont-stop-for-pandemics-wateraid-implores-stakeholders-to-take-urgent-action-on-water">800 millions</a> de femmes et de filles ont leurs règles. Un tiers d’entre elles n’ont pas accès à de l’eau propre, à des toilettes privées, décentes et qui leur sont adaptées, ni à des protections pour vivre cette période avec dignité.</p>
<p>La question de la précarité menstruelle, c’est-à-dire de la difficulté pour des filles et des femmes à avoir accès à des protections hygiéniques, émerge depuis quelques années, notamment grâce aux médias. En 2019, une <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/02/precarite-menstruelle-combien-coutent-ses-regles-dans-la-vie-d-une-femme_5484140_4355770.html">étude du journal <em>Le Monde</em></a> a révélé que, en France, une femme dépense en moyenne 3 800 euros dans sa vie pour son hygiène menstruelle (cette somme inclut les protections hygiéniques et autres frais directement liés aux menstruations, tels que les antidouleurs ou les consultations chez un gynécologue). Ces dépenses pénalisent particulièrement les femmes les plus vulnérables (les femmes pauvres, sans domicile fixe, réfugiées, etc.), creusant un peu plus les inégalités dont elles sont victimes.</p>
<p>En Afrique subsaharienne, près de <a href="https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/34496/211602ovFR.pdf">40 % de la population</a>, dont une majorité de femmes, vit sous le seuil de pauvreté. Cependant, la précarité menstruelle reste taboue, peu prise en compte par les politiques publiques et mal étudiée par les scientifiques. <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002803">Dans toutes les cultures</a>, les règles ont été ou sont encore stigmatisées et considérées comme quelque chose de « sale » ou d’« impur ». Ainsi, les sujets relatifs aux menstruations doivent être tus et ne sont pas discutés ouvertement. Il a pourtant été démontré que le coût des protections est trop élevé dans cette région du monde et empêche les jeunes filles et les femmes de vivre leurs périodes menstruelles dans la dignité.</p>
<h2>Des protections bien trop chères</h2>
<p>À Kédougou, au Sénégal, plus de la moitié des femmes <a href="https://menstrualhygieneday.org/wp-content/uploads/2016/12/UN-Women-GHM-Comportements-et-Pratiques-K%C3%A9dougou-S%C3%A9n%C3%A9gal.pdf">utiliseraient du tissu comme protection hygiénique durant leurs règles</a>. La majorité d’entre elles précisent qu’elles y ont recours à cause du coût trop élevé des serviettes hygiéniques jetables. Or, ces tissus, s’ils ne sont pas adaptés et lavés correctement, peuvent provoquer des infections. C’est ainsi que près d’un quart des femmes interrogées dans cette région déclarent en avoir déjà eu au cours de leur période menstruelle.</p>
<p>Au <a href="https://www.pseau.org/outils/ouvrages/unicef_l_hygiene_menstruelle_dans_les_ecoles_de_deux_pays_francophones_d_afrique_de_l_ouest_2013.pdf">Niger et au Burkina Faso</a>, faute de production locale, les protections hygiéniques, comme les tampons, doivent être importées à des coûts exorbitants. Elles restent inabordables pour beaucoup de femmes.</p>
<p>Une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0144321">étude au Kenya</a> a même révélé que certaines jeunes filles scolarisées avaient des rapports sexuels tarifés dans le but de payer leurs protections hygiéniques, trop chères pour être prises en charge par leur famille.</p>
<p>Dans son livre <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-stop_la_precarite_menstruelle_le_combat_pour_l_avenir_des_filles_aissatou_ndahte_cisse-9782343232409-70977.html"><em>Stop La précarité menstruelle : Le combat pour l’avenir des filles</em></a> paru en septembre 2021, Aïssatou Ndahté montre les conséquences désastreuses que peut avoir la précarité menstruelle en Afrique de l’Ouest pour l’éducation des filles.</p>
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<figcaption><span class="caption">Togo : des serviettes lavables pour lutter contre la précarité menstruelle (TV5 Monde, 11 avril 2021).</span></figcaption>
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<p>Pourtant les pouvoirs publics et les communautés peuvent agir. Le <a href="https://www.unfpa.org/fr/events/journee-mondiale-de-lhygiene-menstruelle-0">Parlement autonome d’Écosse</a> est devenu en février 2020 le premier à voter une loi pour la gratuité des produits d’hygiène menstruelle. Récemment, plusieurs pays ont suivi ce mouvement, dont la Nouvelle-Zélande, la France et la Namibie, qui ont mis en place des réformes visant à rendre gratuites ou à détaxer les protections hygiéniques en vue de lutter contre la précarité menstruelle.</p>
<p>En Afrique de l’Ouest, de nombreuses initiatives émergent mais viennent principalement du milieu associatif. On peut citer par exemple <a href="https://information.tv5monde.com/video/sante-la-precarite-menstruelle-en-afrique">celle de la militante togolaise Hamdiya Katchirika</a>, présidente et fondatrice de l’association Empower Ladies (donner du pouvoir aux femmes), qui vise à sensibiliser les jeunes filles togolaises à l’hygiène menstruelle et leur offre des serviettes réutilisables ou jetables.</p>
<p>Par ailleurs, l’initiative <a href="https://www.wateraid.org/ca/herwash-menstrual-health-and-sexual-and-reproductive-health-and-rights">HerWASH</a> de l’organisation <a href="https://www.wateraid.org/us/">WaterAid</a> a pour objectif d’améliorer l’accès à l’hygiène menstruelle des femmes et des adolescentes au Burkina Faso, au Liberia, en Sierra Leone et au Pakistan, et effectue également des actions de plaidoyer auprès des décideurs politiques.</p>
<h2>Un problème qui persiste durant le post-partum</h2>
<p>Les problématiques liées à l’hygiène menstruelle rejoignent celles des mères après leur accouchement. Les lochies, ou saignements post-partum, peuvent être abondantes et durent, en moyenne, de trois à six semaines. Malgré le nombre important de femmes concernées par ces saignements, peu d’informations sont disponibles sur ce sujet en Afrique subsaharienne et nombre de mères ne savent pas comment se protéger durant cette période. Or une hygiène inadaptée après l’accouchement peut avoir de lourdes conséquences pour la santé des femmes, comme la survenue d’une infection dite puerpérale.</p>
<p>Le projet <a href="http://www.qualidec.com/">Quali-Dec</a> a pour objectif d’améliorer la prise de décision concernant le mode d’accouchement en Argentine, au Burkina Faso, en Thaïlande et au Vietnam. Pour démarrer ce projet au Burkina Faso, près de 700 femmes ont été interrogées sur les conditions de leur accouchement. Une partie du questionnaire s’intéressait aux dépenses effectuées par les femmes ou leur famille au cours de l’accouchement.</p>
<p>Depuis 2016, l’hospitalisation, les traitements, ou encore le transport du domicile jusqu’à l’hôpital sont <a href="https://reliefweb.int/report/burkina-faso/sant-au-burkina-faso-les-mesures-de-gratuit-des-enfants-de-moins-cinq-ans-et-des">théoriquement pris en charge par l’État burkinabé</a>. Lorsqu’il leur a été demandé si elles avaient rencontré des frais supplémentaires qui n’avaient pas été pris en compte, plus d’un quart des femmes interrogées ont fait référence aux protections hygiéniques, pour des dépenses allant de 1 000 francs CFA (1,5 euro) à 20 000 francs CFA (30 euros). Le programme de gratuité de l’accouchement au Burkina Faso n’a pas inclus les protections hygiéniques lors du séjour à l’hôpital.</p>
<p>Cette question des coûts associés à la gestion des lochies n’a jamais été abordée dans la littérature scientifique, et aucune autre politique publique sur les questions du financement de la santé maternelle dans les pays d’Afrique subsaharienne ne prend en compte ces dépenses, pourtant inéluctables.</p>
<p>Alors, combien les femmes dépensent-elles réellement pour ces protections ? Quelles difficultés rencontrent-elles pour assurer une bonne hygiène et un confort après l’accouchement ? Comment prendre en compte ces dépenses dans les politiques publiques et les interventions mises en œuvre ?</p>
<p>Pour améliorer la capacité des femmes et des mères à avoir accès à une hygiène menstruelle décente, que ce soit pendant leurs règles ou durant le post-partum, davantage de recherche est nécessaire. La question de la précarité menstruelle en Afrique subsaharienne, et dans le monde en général, doit être mise en avant pour sensibiliser la société et les pouvoirs publics. L’hygiène menstruelle reste en effet une question taboue et un sujet difficile à aborder, alors même que les inégalités dont sont victimes les femmes sont encore creusées par la précarité menstruelle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173444/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marion Ravit travaille sur le projet Quali-Dec (<a href="https://www.qualidec.com/">https://www.qualidec.com/</a>), financé par le programme Horizon 2020 de la Commission européenne.</span></em></p>La précarité menstruelle est encore un sujet difficile à aborder en France. En Afrique subsaharienne, c’est tout simplement un impensé. Or ce phénomène pose de gros problèmes de santé publique.Marion Ravit, Docteure en Santé Publique, Postdoctoral research fellow, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1723662021-11-23T20:07:07Z2021-11-23T20:07:07Z« Dis moi, pourquoi il faut se protéger contre le Covid-19 ? »<iframe src="https://embed.acast.com/616d319f6b128c0018f49c05/619c91bb4e4d730012b87ff4" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p>Le Covid-19 est la maladie provoquée par le virus appelé SARS-CoV-2. Les enfants peuvent l'attraper, mais heureusement, dans l'immense majorité des cas, ce n'est pas grave : on parle de forme asymptomatique. C'est à dire que la personne qui a la maladie ne s'en rend même pas compte. Mais, même dans ce cas, elle peut tout de même la transmettre. C'est pourquoi il est essentiel de bien respecter les gestes barrières : porter le masque lorsque c'est demandé, bien se laver les mains, et aérer les pièces régulièrement. </p>
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<p><em>Les enfants posent naturellement beaucoup de questions, ce qui correspond à un besoin essentiel de comprendre l’environnement dans lequel ils évoluent. Depuis 2019, notre média propose des articles de vulgarisation scientifique à destination des plus petits et de leurs parents. Réalisés avec des chercheurs, ils répondent à des questions posées par les enfants et apportent des explications claires et ludiques à leurs interrogations. Retrouvez l’ensemble des réponses à ces questions dans « Dis-moi, pourquoi… ? » Le podcast qui répond simplement aux questions des enfants.</em></p>
<p><em>Crédits : Une production Making Noise par Making Waves et The Conversation France. Conception, Benoît Tonson et Fabrice Rousselot. Direction artistique, Alexandre Plank. Coordination, Hervé Marchon. Réalisation, Romain Masson assisté de Rodrigue Dibanzila et Momar Fall. Musique, Emma Esdourrubailh. Mixage, Martin Delafosse.</em></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science, qui a lieu du 1<sup>er</sup> au 11 octobre 2021 en métropole et du 5 au 22 novembre 2021 en outre-mer et à l’international, et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Eureka ! L’émotion de la découverte ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172366/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Goffard est Virologue membre de l'Université de Lille et médecin au CHU de Lille. Elle a reçu des financements de l'I-Site ULNE, de l'ANR, du CNRS et du CHU de Lille. Elle est adjointe au maire de Lille en charge des Universités, de la Recherche, des Etudiants et de la Gestion du risque pandémique. </span></em></p>Généralement, les enfants ne souffrent pas de formes sévères du Covid-19, il est tout de même très important de bien respecter les gestes barrières.Anne Goffard, Médecin, Professeure des Universités – Praticienne Hospitalière, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1665822021-09-08T19:35:48Z2021-09-08T19:35:48ZCovid-19 : après les gestes barrières, l’ère des gestes du « bien vivre » ?<p>Au début de la crise de la Covid, le philosophe des sciences Bruno Latour nous invitait à imaginer « les <a href="http://www.bruno-latour.fr/fr/node/849">gestes barrières</a> contre le retour à la production d’avant-crise ». Nous nous proposons de repartir ici de cette notion de <a href="https://journals.openedition.org/rechercheseducations/1977">« geste »</a>. Cette dernière nous permet de nous extraire de la binarité entre le corps et l’esprit en considérant la dimension incarnée des activités.</p>
<p>Le philosophe Jean‑François Billeter, dans son livre <em>Un paradigme</em>, souligne que chaque geste est une connaissance nouvelle – une « <a href="http://www.translaboration.fr/wakka.php?wiki=BilleteR">puissance agissante</a> » – qui a été acquis par un effort volontaire visant à répéter de manière coordonnée des mouvements du corps (y compris mentaux). Une fois acquis, un geste se fait « comme de lui-même ». Nous ne percevons pas toutes ces activités acquises qui s’impriment dans notre corps. La petite part que nous en percevons est ce que nous appelons « la conscience ».</p>
<p>À notre sens, cette notion de « geste » dans sa dimension de puissance agissante peut être utile pour cerner certains enjeux que soulève la crise de la Covid en termes de « bien vivre ». La pandémie souligne donc en creux l’importance des <a href="https://theconversation.com/indicateurs-de-bien-etre-gouvernance-locale-et-paix-economique-73030">indicateurs de bien vivre</a> pour accompagner les nécessaires transformations à venir.</p>
<p>La réflexion sur le bien vivre articule une réflexion sur le bien-être individuel, le bien commun, la soutenabilité sociale (liens sociaux, inégalités, redistribution) et la soutenabilité environnementale. Une société du bien vivre correspondrait alors à une situation soutenable socialement et écologiquement où chaque personne disposerait des ressources matérielles et immatérielles pour se réaliser en fonction de ses aspirations et pour contribuer au bien commun.</p>
<h2>Un rapport au temps et aux autres transformé</h2>
<p>Tout d’abord, la crise a modifié notre rapport au temps avec des impacts très différents en <a href="http://ftp.iza.org/dp13183.pdf%20">fonction des catégories socio-professionnelles, du sexe</a>, etc. <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11205-016-1489-9">L’inégalité par rapport au temps reste en outre une inégalité fondamentale</a>. Les gestes de soin destinés à soi, aux autres ou à la nature nécessitent de disposer de son temps : or, cette capacité à jouir de ce temps pour pouvoir acquérir et réaliser ces gestes qui font sens pour la personne et le collectif a été particulièrement mise à mal par la période récente – notamment dans un <a href="https://objectifaquitaine.latribune.fr/politique/2020-06-05/barbara-stiegler-l-etat-est-devenu-l-instrument-d-un-neoliberalisme-qui-detruit-la-societe-849472.html">contexte de néolibéralisation du service public</a>.</p>
<p>Ensuite, on a vu à quel point la crise avait joué sur notre rapport aux autres avec des phénomènes d’entraide, de solidarité, mais aussi de solitude, de repli sur soi. Cela allait déjà mal avant la crise de la Covid, comme en témoignait la crise sociale, environnementale et démocratique déjà présente. Mais la crise a accentué certains maux : les inégalités sociales, les inégalités de santé, la concentration des entreprises, les inégalités entre les genres, les violences, etc.</p>
<p>On assiste aujourd’hui à une explosion des inégalités : pendant que les riches devenaient plus riches, pendant que les <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/pourquoi-les-marches-financiers-ont-deja-oublie-la-crise-1321952">marchés étaient euphoriques</a>, la situation des plus pauvres s’est dégradée. Il faudra, selon le <a href="https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2021/01/Rapport_Oxfam_Davos_inegalites_2021.pdf">dernier rapport d’Oxfam</a>, plus de dix ans à ceux-ci pour panser les impacts économiques de la crise de la Covid.</p>
<h2>Le corps objet et sujet de contamination</h2>
<p>La crise a ainsi modifié en profondeur le type de rapports sociaux entretenu par les personnes. Elle a transformé profondément nos gestes physiques, ne serait-ce que par l’imposition des gestes barrières, et a donc joué sur notre manière de rentrer en relation avec les autres. La crise a en outre influé sur notre rapport corporel aux choses et aux êtres : notre corps est devenu objet et sujet de contamination. La crise a aussi influé sur nos gestes mentaux en cassant nos routines mentales, nos habitudes et en nous plongeant dans l’incertitude.</p>
<p>Enfin, la crise a amené la montée de gestes de résistance et d’engagement de diverses sortes (contestation des mesures prises lors de la gestion de crise, critiques de l’absence de débats sur les mesures sanitaires, retraits, constitution de collectifs pour faire face aux enjeux de la pandémie et penser « l’après », mouvements sociaux) et a révélé nos <a href="https://theconversation.com/quels-secteurs-strategiques-pour-lavenir-de-la-france-138831">interdépendances matérielles</a> (avec des ruptures des chaînes d’approvisionnements), sociales et affectives.</p>
<p>D’un <a href="https://journals.openedition.org/etudesrurales/9330">geste isolé de révolte</a>, tel que nous le rappelle le professeur américain de sciences politiques James Scott, peut surgir une mobilisation collective de grande ampleur – ainsi, de multiples formes de résistance politique ou infrapolitique se sont développées.</p>
<h2>Construire de nouveaux gestes</h2>
<p>La <a href="https://journals.openedition.org/rechercheseducations/1977">maîtrise d’un geste</a> est la capacité à faire une chose sans réinterroger l’ensemble des processus permettant à celui-ci d’être effectué, mais en s’adaptant également à la spécificité situationnelle. L’habileté à faire certains gestes adaptés réside dans <a href="https://www.persee.fr/doc/oroc_0754-5010_2005_num_27_27_1204">l’oubli de la méthode par laquelle ce geste a été acquis</a>. Lorsque quelqu’un s’avère « spontanément » bienveillant vis-à-vis de quelqu’un d’autre, il ne se figure plus quel processus d’apprentissage lui a permis de développer cette empathie.</p>
<p>La notion de geste nous permet de rappeler ce processus d’apprentissage qui repose sur l’oubli et fait de certains comportements de nos comportements une « seconde nature » pourtant bien acquise dans un environnement institutionnel donné. Autrement dit, les étapes d’acquisition du geste s’oublient au profit d’un mouvement unifié remobilisable à l’envie et adaptable en fonction des spécificités de la situation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1234298650538520577"}"></div></p>
<p>Par exemple, la capacité à s’indigner provient de processus corporels (dont mentaux) répétés amenant à identifier de manière incarnée des situations d’injustice (matériellement bien concrète) et à en ressortir une émotion qui est la part immergée de cet apprentissage de la justice. S’occuper d’un enfant ou d’une personne âgée nécessite de développer certains gestes dont où on oublie rapidement qu’ils pouvaient ne pas aller de soi dans les premiers moments.</p>
<p>Or, on a aujourd’hui une difficulté à maîtriser ou à valoriser les gestes qui nous permettraient de faire face à la situation de crises dans laquelle nous nous trouvons – nous observons une multiplication de gestes qui traduisent le dysfonctionnement d’ensemble de notre organisation socioéconomique (défiance, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=KTdAJBUBpwI">ressentiment</a>, stress), mais les gestes favorables à une société du bien vivre restent peu valorisés (bienveillance, justice, confiance, sublimation, etc.).</p>
<p>Pour comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons, les indicateurs de bien vivre sont donc essentiels, car ils peuvent nous indiquer ce qui importe le plus à considérer collectivement lorsqu’on agit et ils peuvent nous aiguiller vers ce que seraient des gestes à valoriser ou à développer pour une société du bien vivre.</p>
<h2>Gérer les paradoxes de notre rapport au temps</h2>
<p>Mais les gestes acquis et les représentations associées à ceux-ci ont la vie dure. La <a href="https://sms.hypotheses.org/27700">guerre économique a meilleure presse que la « paix économique »</a>, tout le monde parle du <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/le-gouvernement-releve-de-5-a-6-sa-prevision-de-croissance-pour-2021-1331841">retour de la croissance</a> à la défaveur de la création d’une société du bien vivre.</p>
<p>Il y a des rapports de force liés à des réalités matérielles et à des imaginaires qui restent redoutables : celui de la croissance économique, de la guerre économique, de la <a href="https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2004-1-page-312.htm">recherche de l’intérêt égoïste</a>… et s’extirper de ceux-ci requiert du temps et beaucoup de coopérations, d’échanges, de travail avec les autres et sur soi.</p>
<p>Or, le paradoxe est précisément que la période contemporaine nous ôte ce temps de l’arrêt, de la conscience à soi, aux autres, à la nature, au vivant au profit de la recherche d’une performance effrénée et normalisée. Le temps devient morcelé, facturable, profitable et très difficilement collectif, partagé, voire politique. Pourtant, les <a href="https://chaire-philo.fr/wp-content/uploads/2016/03/SOIN1103.pdf%20">gestes de soin</a> nécessitent de prendre le temps d’être en lien avec soi, les autres et avec la nature.</p>
<h2>Imaginer collectivement de nouveaux gestes</h2>
<p>Le travail de déconstruction du geste (s’il est nécessaire) peut être plus long que celui, initial, de construction du geste. Il ne requiert pas forcément de comprendre l’ensemble des dysfonctionnements du geste acquis, mais de prendre conscience de certains mécanismes de sa construction et surtout d’imaginer d’autres mécanismes. Le terme « imaginer » est ici essentiel, car le travail d’établissement de nouveaux gestes ne peut reposer uniquement sur une volonté rationnelle, mais sur l’imagination qui ouvre des possibles impensables dans le cadre des mécaniques rationnellement incarnées.</p>
<p>L’imagination permet une <a href="https://www.la-croix.com/Culture/Sandrine-Roudaut-semer-nouveaux-imaginaires-2021-01-09-1201133951">reprise de conscience d’autres horizons</a>. C’est aussi pour nourrir cet autre imaginaire collectif que les indicateurs de bien vivre sont utiles, car ils permettent de tracer les pourtours d’un tel horizon de sens (à l’instar du <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/apr/08/amsterdam-doughnut-model-mend-post-coronavirus-economy">donut à Amsterdam</a> ou d’<a href="https://www.obsy.fr/bien-etresoutenable">IBEST</a> à Grenoble).</p>
<p>En guise d’illustration, les indicateurs de bien-être soutenable territorialisés (IBEST) développés dans la métropole grenobloise montrent l’importance des gestes d’entraide dans la manière dont se sentent les personnes. Une prise de conscience collective de l’importance de tels gestes peut nourrir notre imaginaire et amener par exemple à soutenir des structures favorisant de telles formes d’entraide (SEL, Accorderie) ou nous pousser à en inventer d’autres.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166582/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fiona Ottaviani ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En bouleversant notre rapport au temps et aux autres, la pandémie donne l’occasion d’imaginer ce que serait une situation soutenable socialement et écologiquement.Fiona Ottaviani, Enseignante-chercheuse en économie - Grenoble Ecole de Management, F-38000 Grenoble, France - Chaire Paix économique, Mindfulness, Bien-être au travail - Chaire Territoires en Transition - Chercheuse associée au CREG - Université Grenoble Alpes, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1646562021-07-25T16:33:12Z2021-07-25T16:33:12ZLes risques de l’avènement de nouvelles formes numériques de surveillance sanitaire<p>Les conséquences directes de la crise sanitaire sur nos sociétés et nos modes de vie ont été particulièrement visibles lorsqu’il s’est agi de restreindre nos déplacements, de substituer à la présence physique le désormais reconnu « distanciel » ou encore de <a href="https://www.lci.fr/societe/video-covid-19-arreter-les-bises-ca-me-va-tres-bien-le-virus-aura-t-il-la-peau-de-cette-tradition-francaise-2189282.html">renoncer aux traditionnelles embrassades</a>.</p>
<p>Pourtant, une autre transformation s’est jouée ces derniers mois, moins évidente, mais tout aussi importante : l’avènement de nouvelles formes numériques de contrôle et de surveillance, et leur extension au biologique.</p>
<p>Parmi les outils utilisés par le gouvernement français (et bien d’autres) pour tenter de lutter contre la propagation de l’épidémie, les mesures reposant sur ces techniques ont effectivement été nombreuses.</p>
<h2>De nouveaux fichiers de traçage</h2>
<p>Dès le début de la crise sanitaire, ce sont ainsi <a href="https://www.ameli.fr/assure/covid-19/tester-alerter-proteger-comprendre-la-strategie-pour-stopper-lepidemie/contact-covid-et-si-dep-des-outils-au-service-du-depistage">plusieurs fichiers qui ont été créés</a> pour permettre, de façon inédite, la gestion à grande échelle du <em>contact tracing</em>. En complément, est ensuite apparue une <a href="https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/tousanticovid">application aux finalités identiques</a>, d’abord appelée StopCovid puis TousAntiCovid. </p>
<p>Ce sont également les nombreuses expérimentations de vidéosurveillance tentant là de <a href="https://lesjours.fr/obsessions/deconfinement-coronavirus/ep11-surveillance-coronavirus/">détecter les malades par leur chaleur corporelle</a>, ou ici de <a href="https://www.europe1.fr/technologies/letude-video-du-port-du-masque-dans-les-transports-en-commun-va-pouvoir-reprendre-4030833">vérifier le bon port du masque</a>. Enfin, et plus récemment, la création du <a href="https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/pass-sanitaire">passe sanitaire</a> puis sa généralisation ont achevé ce continuum en s’intégrant dans la « vie d’après ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1417430912409784344"}"></div></p>
<p>Partant de ce constat, plusieurs observations peuvent être faites sur notre rapport à la technologie, mais aussi sur l’acceptabilité sociale de ces mesures de surveillance.</p>
<h2>Une nouvelle appplication du solutionnisme technologique</h2>
<p>Tout d’abord, le recours à des dispositifs numériques était-il absolument nécessaire ? Si la question a été soulevée <a href="https://www.liberation.fr/france/2020/10/12/stopcovid-le-gouvernement-remue-le-couteau-dans-l-appli_1802189/">pour l’application de traçage</a>, bien que les débats se soient rapidement concentrés sur des <a href="https://www.developpez.com/actu/300891/StopCovid-l-INRIA-devoile-ROBERT-un-protocole-mis-au-point-pour-la-construction-d-applications-mobiles-de-suivi-de-contacts-en-reponse-a-celui-d-Apple-et-Google/">enjeux techniques</a>, elle a été quasiment absente ensuite.</p>
<p>Le <a href="https://www.nextinpact.com/article/46143/trois-pistes-pour-en-finir-avec-solutionnisme-technologique">« solutionnisme » technologique</a> a ici trouvé une application nouvelle : face à une difficulté majeure, biologique donc difficilement contrôlable, et inédite, le <a href="https://theconversation.com/certificat-vert-tousanticovid-passeport-sanitaire-la-technologie-peut-elle-nous-aider-a-sortir-de-la-crise-sanitaire-159834">recours au numérique apparaît comme évident</a>.</p>
<p>Pourtant, aucune des technologies utilisées par ces dispositifs n’est neutre. Lorsque des caméras de surveillance sont <a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/l-utilisation-des-cameras-pour-mesurer-le-port-du-masque-dans-les-transports-encadree-par-un-decret-20210311">mises en place dans le métro parisien</a> pour vérifier le bon port du masque par les usagers, tout doit être pris en compte : quelles caméras sont utilisées, et fabriquées par quel opérateur ? Où sont envoyées les données et par qui sont-elles traitées ? Que deviennent les images filmées et les résultats ? La CNIL est d’ailleurs <a href="https://www.cnil.fr/fr/avis-sur-le-decret-video-intelligente-port-du-masque">très vigilante sur ces questions</a>.</p>
<p>Ces questions, relatives notamment au respect de la vie privée et au traitement des données personnelles, mais aussi aux risques du <a href="https://www.laquadrature.net/2021/01/03/technopolice-villes-et-vies-sous-surveillance/">conflit entre intérêts privés et publics</a>, sont intrinsèques au recours à ces technologies, mais pourtant peu soulevées dans le débat public. Si des dispositifs de suivi des cas positifs <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-a-declaration-obligatoire/liste-des-maladies-a-declaration-obligatoire">existaient ainsi déjà pour certaines maladies</a>, le création inédite pour le coronavirus de fichiers nationaux et centralisés n’est pas anodine.</p>
<h2>Des outils de contrôle inédits</h2>
<p>Plus fondamentalement, ces systèmes apparaissent avant tout comme des <a href="https://theconversation.com/fichiers-sanitaires-un-destin-trace-vers-la-surveillance-generalisee-141894">outils de contrôle et de surveillance des individus</a>, à un niveau sans doute rarement égalé dans nos sociétés modernes, au moins à une aussi large échelle. La très récente <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/pass-sanitaire-cinq-questions-qui-se-posent-sur-une-eventuelle-generalisation-du-dispositif_4694471.html">généralisation du passe sanitaire</a> à de nombreux lieux culturels ou de vie sociale systématise ainsi l’idée d’un contrôle inédit, car mise en œuvre essentiellement par ceux qui ne disposent habituellement pas de ce pouvoir (gérants ou directeurs d’établissements par exemple) et donc par les citoyens eux-mêmes. La <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/sommes-nous-entres-dans-une-societe-de-vigilance">« société de vigilance »</a> trouve ici peut-être une nouvelle traduction. L’espace public perd encore un peu plus de son anonymat.</p>
<p>L’idée d’un contrôle par la technologie n’est pourtant pas nouvelle. Elle s’incarne depuis plusieurs années en matière sécuritaire par le <a href="https://journals.openedition.org/champpenal/10843">développement des fichiers de police</a>, mais aussi des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030931899">outils de surveillance</a> à la disposition des forces de police judiciaire voire administrative. Elle est également appuyée par les grandes entreprises du numérique (qui en font la source de leur rentabilité, grâce au développement du « capitalisme de surveillance » <a href="https://www.franceculture.fr/oeuvre/lage-du-capitalisme-de-surveillance">dénoncé par Shoshana Zuboff</a>).</p>
<h2>Le triomphe du biopolitique</h2>
<p>La perspective originale des processus actuels se trouve alors peut-être dans leur lien étroit et nouveau avec la dimension biologique. Par ces outils, le politique se saisit encore un peu plus des enjeux de santé, non pas à la manière des <a href="https://www.ined.fr/fichier/rte/2/Publications/Manuels/chapitre106_origine_politiques_sante.fm.pdf">siècles passés en exerçant une emprise directe sur le corps</a>, mais par une forme plus insidieuse de contrôle, de <a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/120420/biosurveillance-sortir-de-la-prison-molle-de-nos-interieurs?onglet=full">« biosurveillance »</a>.</p>
<p>Ces dispositifs deviennent ainsi ceux de la « biopolitique » <a href="https://www.franceculture.fr/oeuvre-naissance-de-la-biopolitique-de-michel-foucault">telle qu’exposée par Michel Foucault à la fin du siècle passé</a>. Celle-ci ne s’adresse plus au corps individuel, mais « à la multiplicité des hommes comme masse globale affectée de processus d’ensemble qui sont propres à la vie », c’est-à-dire à la population conçue comme un tout.</p>
<p>Or, la technologie permet précisément de répondre à ces impératifs, puisqu’elle assure une prise en compte globale de la population, chaque individu se trouvant réduit à un ensemble de données, dont la gestion peut être opérée quasi-automatiquement.</p>
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<figcaption><span class="caption">Conférence à l’ENS Ulm sur l’application du concept de biopolitique au monde numérique.</span></figcaption>
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<h2>Une coopération pleine et consciente de l’individu</h2>
<p>Dans cet équilibre, le rôle des <a href="https://www.europe1.fr/societe/nudges-ils-sont-partout-mais-a-quoi-servent-ils-3506750">nudges</a> ne doit pas être écarté. Ils participent pleinement à la surveillance en s’assurant de la complète coopération de l’individu, et en évitant le plus possible le recours à la contrainte.</p>
<p>Si la vaccination n’est pas obligatoire, la présentation du passe sanitaire l’est devenue. Plus subtilement, si le recours à l’application TousAntiCovid n’est pas strictement nécessaire, <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/tousanticovid-un-cahier-de-rappel-numerique-pour-securiser-le-retour-dans-les-lieux-clos-1317800">tout est rendu plus facile pour son utilisateur</a>. D’ailleurs, la communication des chiffres de téléchargement est en elle-même aussi un nudge, car <a href="https://www.strategemarketing.com/nudge-marketing-exemples/">elle incite par le nombre</a>.</p>
<p>L’ensemble de ces outils apparaît comme particulièrement intrusif. Rarement autant de dispositifs de contrôle et de surveillance auront concerné une part aussi importante de la population. Pourtant, leur acceptabilité sociale a progressé très rapidement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1416074622982836228"}"></div></p>
<p>Sur ce point, l’exemple du passe sanitaire est particulièrement révélateur : d’une <a href="https://www.nicematin.com/sante/passeport-sanitaire-ces-mesures-compliqueraient-encore-plus-la-vie-des-travailleurs-transfrontaliers-cuneo-nizza-unisce-505848">mesure inenvisageable à l’été 2020</a>, il est devenu <a href="https://www.lefigaro.fr/actualite-france/extension-du-pass-sanitaire-vaccination-obligatoire-le-calendrier-des-annonces-de-macron-20210713">quasi obligatoire</a> un an plus tard.</p>
<h2>Le phénomène d’accoutumance</h2>
<p>Les nudges ne sont pas seuls responsables de cette apparente absence de contestation. C’est ici le phénomène d’accoutumance (le terme est <a href="https://journals.openedition.org/conflits/2051">notamment employé par le sociologue Armand Mattelart</a>) qui doit être observé, facilité par l’impatience de sortir enfin un jour de la crise sanitaire et celle du tant promis retour à la vie antérieure. La technologie est partout dans notre quotidien, et les mesures de surveillance tendent également, qu’elles soient sanitaires ou sécuritaires, <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/20164?lang=fr">à se banaliser</a>. Le fichier sanitaire devient un parmi d’autres, le passe sanitaire un contrôle de plus lors de déjà fastidieux passages aux frontières, tandis que l’application trouve sa place au milieu de toutes celles installées chaque jour sur nos téléphones.</p>
<p>Face à ce développement, les remparts juridiques sont souvent bien impuissants : <a href="https://actu.dalloz-etudiant.fr/focus-sur/article/les-etats-durgence-letat-durgence-et-letat-durgence-sanitaire/h/d4412a04b3db44b2e0a38537200d5d8b.html">états d’urgence à répétition</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/07/20/stopcovid-la-cnil-demande-au-gouvernement-de-regler-plusieurs-irregularites_6046773_4408996.html">absence de tout pouvoir de véto de la Commission nationale informatique et libertés</a> (CNIL, chargée du contrôle des outils numériques et de la protection des données personnelles), modifications législatives régulières et <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/31/le-conseil-constitutionnel-valide-le-passe-sanitaire-et-la-sortie-de-l-etat-d-urgence-sanitaire_6082260_3224.html">action timide du Conseil constitutionnel</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1414918093235703834"}"></div></p>
<h2>La technique du « pied dans la porte »</h2>
<p>Ce constat est d’autant plus vrai qu’on assiste au recours fréquent à un simulacre de la technique marketing du « pied dans la porte ». Si le passe sanitaire a pu être validé par la <a href="https://www.cnil.fr/fr/covid-19-la-cnil-rend-son-avis-sur-les-conditions-de-mise-en-%C5%93uvre-du-passe-sanitaire">CNIL</a> et le <a href="https://www.conseil-etat.fr/actualites/actualites/le-conseil-d-etat-ne-suspend-pas-le-passe-sanitaire">Conseil d’État</a>, c’est avant tout grâce à son champ d’application limité. Pourtant, quelques mois plus tard, il est très largement étendu. Trop tard : l’outil est déjà en place.</p>
<p>La même technique avait déjà été à l’œuvre pour l’application TousAntiCovid, <a href="https://www.cnil.fr/fr/la-cnil-revient-sur-la-nouvelle-fonctionnalite-tousanticovid-signal">dont les fonctionnalités n’ont fait que croître</a>, et est très largement mise en application pour <a href="https://www.nextinpact.com/article/28939/107290-fnaeg-cnil-salarme-extension-fichier-national-empreintes-genetiques">certains fichiers sécuritaires</a>.</p>
<p>Cette habitude peut être <a href="https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/04/covid-19-surveillance-threat-to-your-rights/">dangereuse</a>. Elle conduit en effet à progressivement <a href="https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/surveillance-de-masse-on-a-largement-depasse-1984-pendant-la-pandemie-20210710_YPBBWJH6V5EKFH27V4LHXI34F4/">déplacer la barrière de l’intolérable</a>, et à accepter <a href="https://www.publicsenat.fr/article/societe/covid-19-un-rapport-du-senat-preconise-la-collecte-de-donnees-personnelles-pour">toujours plus de dispositifs de surveillance dans nos vies</a>.</p>
<p>Si la période exceptionnelle peut bien sûr justifier certaines atteintes aux libertés et des outils inédits, il faut sans doute ici plus que jamais rappeler les risques de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_cliquet">effet « cliquet »</a>, <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/04/03/l-espace-public-quasi-militarise-devient-un-laboratoire-securitaire_1784168/">bien connu en matière sécuritaire</a>, qui interdit tout retour en arrière.</p>
<p>Prenons garde à ce que l’ensemble de ces dispositifs, entre technologies et biopouvoirs, ne créent pas un périlleux précédent en constituant un pas de plus vers la société de contrôle, dans laquelle le risque, pour inhérent à tout système libéral, <a href="https://chaire-philo.fr/wp-content/uploads/2021/03/Philo-Soins-849_Fleury.pdf">semble de moins en moins bien toléré</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164656/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yoann Nabat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une transformation profonde s’est jouée ces derniers mois : l’avènement de nouvelles formes numériques de contrôle et de surveillance, et leur extension au biologique.Yoann Nabat, Doctorant en droit privé et sciences criminelles, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.