tag:theconversation.com,2011:/global/topics/norvege-22151/articlesNorvège – The Conversation2024-02-18T15:48:19Ztag:theconversation.com,2011:article/2230282024-02-18T15:48:19Z2024-02-18T15:48:19ZComprendre l’histoire de l’UE par ses élargissements successifs : de 1957 à 1973<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/583200/original/file-20240320-28-xzpwsb.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C4%2C1423%2C1073&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En vert, les trois pays (Danemark, Irlande, Royaume-Uni) qui rejoignent en 1973 les six pays (en bleu) membres de la CEE depuis sa création en 1957.</span> <span class="attribution"><span class="source">The Conversation</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Les élections au Parlement européen se tiendront du 6 au 9 juin prochain. Vingt-sept pays sont concernés. Si l’on s’est habitué, ces dernières années, à la formule « les Vingt-Sept » pour désigner les membres de l’Union, ce nombre n’a en réalité cessé de varier : de six en 1957, il est passé à neuf en 1973, dix en 1981, douze en 1986, quinze en 1995, vingt-cinq en 2004, vingt-sept en 2007, vingt-huit en 2013… et à nouveau vingt-sept en 2016 avec la sortie du Royaume-Uni. Dans la perspective du scrutin de juin prochain, nous avons demandé à l’historien Sylvain Kahn, chercheur au Centre d’histoire de l’Europe de Sciences Po et auteur, entre autres nombreuses publications, d’une <a href="https://youtu.be/spoWemEOoYU?si=cZRyNRn4WxaUE2pW">Histoire de la construction de l’Europe depuis 1945</a> (PUF, 2021), de revenir sur ces différents élargissements, dans une série d’articles dont nous vous proposons ici le premier épisode.</em></p>
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<p>L’élargissement est constitutif de l’histoire de l’intégration européenne. La Communauté économique européenne comptait six membres lors de sa création en 1957. Entre 1973, année de l’adhésion du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Danemark, et 2013, année de l’adhésion de la Croatie, vingt-deux pays supplémentaires ont rejoint la CEE puis l’Union européenne.</p>
<p>L’histoire des élargissements commence à la fin des années 1960 : De Gaulle parti, l’histoire de l’intégration européenne se poursuit sans dirigeant souverainiste. Son successeur élu le 15 juin 1969, Georges Pompidou, avait été l’un de ses plus proches collaborateurs puis son premier ministre. Dès son arrivée à l’Élysée, il prit son monde par surprise en <a href="https://www.georges-pompidou.org/projet-leurope-georges-pompidou-construction-europeenne">proposant une relance de la construction européenne</a>.</p>
<h2>Le sommet de La Haye, première étape d’un processus long de plusieurs décennies</h2>
<p>À l’initiative de Pompidou, les 1<sup>er</sup> et 2 décembre 1969, <a href="https://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/d1cfaf4d-8b5c-4334-ac1d-0438f4a0d617/01b8a864-db8b-422c-915e-a47d5e86593e">La Haye accueillit un sommet européen des six chefs d’État et de gouvernement</a>. Le président français y annonça son fameux <a href="https://www.cairn.info/france-europe--9782804160166-page-93.htm">triptyque</a> : « achèvement » (de la PAC), « élargissement » (au Royaume-Uni), « approfondissement » (par <a href="https://www.ecb.europa.eu/ecb/history/emu/html/index.fr.html">l’Union économique et monétaire</a> d’une part et la coopération en politique étrangère d’autre part).</p>
<p>Avec le recul, ce sommet de La Haye donna le « la » d’un mouvement qui allait se déployer sur la durée. Entre 1973 et 2013, il y eut <a href="https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/les-elargissements-de-l-union-europeenne-de-6-a-27-etats-membres/">quatre vagues d’élargissement</a> : aux pays industrialisés du nord-ouest dans les années 1970 ; aux pays méditerranéens, plus agricoles, en sortie de dictature, dans les années 1980 ; aux pays plus périphériques, très prospères, neutres et sociaux-démocrates du nord-est dans les années 1990 ; et aux pays d’Europe centrale et orientale ex-communistes, devenus démocratiques et capitalistes, dans les années 2000.</p>
<p>Chacune de ces vagues s’est déroulée de façon intriquée à des réformes institutionnelles allant dans le sens d’un approfondissement du système politique européen, selon quatre tendances fortes : des augmentations (relatives) du budget communautaire ; un accroissement des prérogatives tant du Parlement que du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement ; une extension et une simplification de la prise de décision à la majorité qualifiée ; et un achèvement toujours plus affiné des politiques communautaires.</p>
<p>Sanctuariser la politique agricole et intégrer le Royaume-Uni (sommet de La Haye) vont de pair dans les années 1970 ; démultiplier la politique régionale et intégrer les pays ibériques se font ensemble par la Commission Delors dans la décennie suivante ; pour le tandem Kohl-Mitterrand, rendre l’euro irréversible avec <a href="https://www.ecb.europa.eu/ecb/history/emu/html/index.fr.html">l’Union économique et monétaire</a> et lancer l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale sont les deux faces d’une même politique ; aujourd’hui, c’est le couplage entre, d’une part, le développement d’une défense et d’une diplomatie européennes et, d’autre part, <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/292425-lue-decide-douvrir-les-negociations-dadhesion-avec-lukraine-et-la-mo">l’élargissement à l’Ukraine et à la Moldavie</a> qui est en cours avec la Commission Von der Leyen.</p>
<h2>Les calculs de Georges Pompidou</h2>
<p>Revenons au sommet de La Haye de décembre 1969. Derrière le slogan du « triptyque » le changement proposé par Pompidou est un approfondissement dans la continuité.</p>
<p>Achever la PAC était dans la logique du traité de Rome et de la politique qu’il mena comme premier ministre de De Gaulle.</p>
<p>La coopération en politique étrangère proposait une démarche analogue à celle du <a href="https://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/02bb76df-d066-4c08-a58a-d4686a3e68ff/a70e642a-8531-494e-94b2-e459383192c9">plan Fouchet de 1961</a> : des consultations formalisées entre ministres des Affaires étrangères. Le plan est cette fois un rapport, rendu en 1970 et le diplomate qui lui donne son nom est cette fois belge : <a href="https://mjp.univ-perp.fr/europe/docue1970davignon.htm">Étienne Davignon</a>.</p>
<p>Le projet d’Union économique et monétaire est, lui, une vraie nouveauté. Le premier ministre luxembourgeois Pierre Werner et le vice-président de la Commission Raymond Barre sont chargés de concevoir sa mise en œuvre concrète, dans le respect des lignes rouges de la France pompidolienne : ne pas donner à l’institution supranationale qu’est la Commission un rôle plus important que celui des gouvernements des États membres.</p>
<p>Dans cette opération politique par laquelle Pompidou se démarque, le nouveau président français misait surtout sur l’élargissement au Royaume-Uni ; c’est ce qui l’intéressait le plus. Sur la scène politique communautaire, en ouvrant la CEE au Royaume-Uni, Pompidou escomptait compliquer toute évolution de la construction européenne vers davantage de supranationalité, sans que la France n’en soit rendue responsable. Il pensait aussi apporter un contrepoids à la RFA, dont il <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-europeenne-2003-3-page-163.htm">observe avec une pointe d’inquiétude</a> le rôle renouvelé – même si lors des célébrations du dixième anniversaire du traité de l’Élysée en janvier 1973, il assure Willy Brandt du soutien plein et entier de la France à l’<em>Ostpolitik</em>, ce nouveau cours de la politique étrangère ouest-allemande.</p>
<p>Accessoirement, sur la scène politique hexagonale, le président Pompidou a donné des gages aux centristes favorables à la construction européenne qu’il a jugé bon de faire revenir au gouvernement (Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Duhamel et René Pleven, le chef du gouvernement de la déclaration Schuman et du <a href="https://books.openedition.org/psorbonne/46061">plan pour une Communauté européenne de défense en 1950</a> !). La nomination de Maurice Schumann au poste de ministre des Affaires étrangères est un choix très habile : ce dernier est à la fois un gaulliste historique, un européiste exempt de tout reproche et un anglophile.</p>
<p>Florentin, Pompidou met en porte-à-faux le tout nouveau Parti socialiste qui se veut plus européen que la majorité gaulliste. Le PS <a href="https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00054/francois-mitterrand-defend-une-europe-democratique.html">appelle à voter blanc ou à s’abstenir</a> lors de la ratification de ce premier élargissement par référendum. Tenu en 1972, il se soldera par une victoire du oui à 68 % (la question posée était : « Approuvez-vous, dans les perspectives nouvelles qui s’ouvrent à l’Europe, le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République, et autorisant la ratification du traité relatif à l’adhésion de la Grande-Bretagne, du Danemark, de l’Irlande et de la Norvège aux Communautés européennes ? »</p>
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<figcaption><span class="caption">Information première du 24 avril 1972, référendum sur l’Europe (Archive INA).</span></figcaption>
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<p>À un autre niveau d’analyse, plus structurel, l’entrée du Danemark, du Royaume-Uni et de la République d’Irlande (les Norvégiens, pour leur part, <a href="https://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/02bb76df-d066-4c08-a58a-d4686a3e68ff/8bf94809-5b45-4840-8a90-9a33b4479419">rejettent par référendum</a> l’adhésion proposée par leur gouvernement) parachève cette association politico-économique qu’est la CEE du traité de Rome de 1957. Ces pays furent historiquement les berceaux de trois mouvements majeurs : le décollage économique de l’Europe d’une part ; l’émancipation du politique et de l’individu d’autre part, notamment par rapport à la sphère religieuse et à l’Église ; et la démocratie moderne.</p>
<p>Ce premier ensemble élargi est celui de l’Europe des plus fortes densités, de la diversité sociale, économique et culturelle, des centres de décision où s’invente et se développe le capitalisme. Roger Brunet, dans un <a href="https://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M202/Brunet.pdf">article devenu célèbre</a>, a expliqué ce phénomène de la dorsale européenne, baptisée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9galopole_europ%C3%A9enne">« banane bleue »</a> par les médias. En schématisant, l’Europe des Six (1957) puis des Neuf (1973) est l’Europe la plus urbaine, auréolée de ses périphéries plus rurales, arrière-pays moins urbanisés, moins métropolitains, moins industrialisés et agricoles. Dans l’histoire pluriséculaire des Européens, ces périphéries ont été agrégées à ces centres par des États déterminés et coercitifs, d’abord princiers ou royaux, puis s’étant parés du drapeau de la nation au cours de leur processus historique de consolidation et d’extension.</p>
<h2>Le Royaume-Uni, un État membre peu commode</h2>
<p>À un troisième niveau d’analyse, l’adhésion du Royaume-Uni réparait un accroc à l’histoire récente de ces Européens. Les Six fondateurs avaient bien cherché à être sept, tant dans la <a href="https://www.touteleurope.eu/histoire/qu-est-ce-que-la-ceca/">Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca, 1951)</a> que dans la CEE (traité de Rome 1957). Les Britanniques avaient snobé cette Europe communautaire, lui préférant le Commonwealth et pensant la mettre en difficulté en créant en 1960, <a href="https://www.efta.int/about-efta">l’AELE</a>, une zone de libre-échange comprenant l’Autriche, le Danemark, la Norvège, le Portugal, la Suède et la Suisse.</p>
<p>Finalement, leurs dirigeants s’étaient convaincus que leur pays, alors à la peine économiquement (<a href="https://www.cairn.info/une-histoire-du-royaume-uni--9782262044275-page-347.htm">« l’homme malade de l’Europe » disait-on du Royaume-Uni</a>), avait plus à gagner ou moins à perdre en se trouvant dans le Marché commun plutôt qu’en dehors. Pour autant, les <a href="https://laviedesidees.fr/L-anomalie-Brexit">spécificités britanniques n’avaient pas disparu comme par enchantement</a> avec ce revirement de Londres.</p>
<p>La première de celles-ci était que l’agriculture avait au Royaume-Uni une place bien moindre que dans les autres pays membres. Une autre était que la souveraineté du Parlement avait dans la culture politique britannique une place particulièrement prégnante qui s’accommodait mal avec la supranationalité. À la fin des années 1970, le Royaume-Uni finançait 20 % des ressources communautaires et était destinataire de moins de 10 % de ses dépenses. Dans la mesure où son PNB représentait 16,5 % de celui de la CEE, et où la politique agricole commune était le principal poste du budget européen, cette répartition lui paraissait injustifiée.</p>
<p>Le problème était délicat. Du point de vue de la spécificité de l’économie britannique, il y avait clairement une anomalie. Mais du point de vue de l’esprit et du fonctionnement d’ensemble, la démarche communautaire excluait les comptes d’épicier ou d’apothicaire ; elle reposait sur une solidarité d’ensemble dont chacun, au final, tirait un grand bénéfice. D’autant plus que les Britanniques savaient tout cela en candidatant, et que les montants en jeu étaient modestes. Les dépenses de la CEE étaient de l’ordre de 1 % du PNB de la zone CEE.</p>
<p>En votant à une large majorité pour le parti conservateur de Margaret Thatcher le 3 mai 1979, les Britanniques font de ces deux éléments un conflit politique au sein de la CEE. <a href="https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2010-3-page-69.htm">Thatcher souhaitait une rupture radicale avec trente-cinq années d’État-providence</a>, voulait en finir avec le secteur public, le pouvoir syndical et la récurrence des grèves ; elle disait vouloir déréguler le marché du travail pour lutter contre le chômage. Elle promettait de casser l’inflation pour redonner à l’épargne sa valeur et prônait la fierté patriotique et les valeurs victoriennes. En cohérence avec sa doctrine, elle voyait dans les décisions supranationales de la CEE résultant des négociations entre États et des compétences qu’ils avaient dévolues à la Commission à la fois une extension contre-productive de la bureaucratie et une limitation illégitime de la souveraineté parlementaire britannique. Intransigeante, indifférente aux sondages et aux pressions, on la surnommait la « Dame de fer ».</p>
<p>À son premier conseil européen, <a href="https://www.consilium.europa.eu/media/20741/dublin_novembre_1979__fr_.pdf">celui de Dublin des 29 et 30 novembre 1979</a>, Margaret Thatcher demande comme ses prédécesseurs une réduction de la contribution britannique au budget communautaire, dont les trois quarts sont alors alloués à la politique agricole commune. Mais, à la différence de ceux-ci, elle refuse tout compromis. Dans une conférence de presse célèbre, en marge dudit conseil, expliquant longuement et patiemment la position du gouvernement britannique, elle eut cette formule restée fameuse : « We are asking for a very large amount of our own money back ». En France, cette formule est passée à la postérité sous une forme remaniée : <a href="https://www.lemonde.fr/europe/article/2005/05/11/30-novembre-1979-margaret-thatcher-i-want-my-money-back_648386_3214.html">« I want my money back. »</a></p>
<p>Commence alors un autre chapitre de l’histoire de la construction européenne…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223028/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Kahn ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pendant ses seize premières années, la CEE a compté six membres : la France, la RFA, l’Italie et les trois pays du Bénélux. En 1973, elle est rejointe par le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark.Sylvain Kahn, Professeur agrégé d'histoire, docteur en géographie, européaniste au Centre d'histoire de Sciences Po, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2146002023-10-04T18:38:54Z2023-10-04T18:38:54ZRSE : les pays nordiques, un modèle à suivre pour les entreprises françaises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550957/original/file-20230928-25-v92w2u.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C13%2C1185%2C815&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près de trois entreprises sur 10 en France sont «&nbsp;bien engagées dans une trajectoire responsable&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1444091 ">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’<a href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">étude</a> sur les performances en matière de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-societale-des-entreprises-rse-21111">responsabilité sociale et environnementale</a> (RSE) des entreprises françaises, européennes, de l’OCDE et des BICS (sans la Russie donc pour cette dernière édition) publiée début septembre 2023 par le Médiateur des entreprises et la plate-forme de notation EcoVadis confirme l’essentiel des résultats et tendances présentés à l’occasion des études précédentes, tout en apportant des informations inédites essentielles.</p>
<p>Cette cinquième étude (après les éditions de 2015, 2017, 2019 et 2021) met en effet en évidence une performance extra financière remarquable des entreprises françaises, performance améliorée par rapport à celles observées précédemment, notamment il y a deux ans.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/rse-la-performance-remarquable-des-entreprises-francaises-en-2021-175376">RSE : la performance remarquable des entreprises françaises en 2021</a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<p>Les progrès, significatifs, reposent sur de véritables « locomotives » qui représentent une part en nette augmentation des « entreprises bien engagées dans une trajectoire responsable » (selon les termes employés dans l’étude, soit les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/entreprises-20563">entreprises</a> dont le score global RSE s’avère supérieur à 65). Cette part représente ainsi 28 % des entreprises évaluées en 2022 en France, à comparer à la moyenne européenne de 19,8 %. Avec un score global moyen de 57,6, ses entreprises permettent à la France de se classer au 4<sup>e</sup> rang derrière un trio constitué de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/norvege-22151">Norvège</a>, de la Finlande et de la Suède.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<h2>Les performances remarquables de la catégorie « Nordics »</h2>
<p>Les performances des pays qui la constituent ont conduit les réalisateurs de l’étude à créer une nouvelle catégorie de pays, à côté des traditionnelles catégories que sont l’OCDE ou les BICS. Cette catégorie dite « Nordics » partage avec la France le fait de voir les plus fortes progressions sur les deux dernières années. L’« avance » prise par les entreprises de ces pays a donc tendance à s’accroître. </p>
<p>De façon générale, il est possible de conclure de ces observations que plus une entreprise (et au niveau agrégé un pays) est engagée dans le développement et le déploiement de pratiques RSE, plus elle (ou il) a tendance à aller plus loin, comme si les bénéfices récoltés (en partie émergents ou induits, c’est-à-dire allant au-delà des effets attendus, bien compris au départ) encourageaient les « plus avancées » à produire davantage d’efforts.</p>
<h2>Des progrès dans tous les secteurs</h2>
<p>En France, des progrès en matière de RSE sont ainsi observés pour toutes les tailles d’entreprises françaises, avec des améliorations particulièrement fortes pour les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises (PME)</a> et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette tendance témoigne du fait que les « locomotives » évoquées plus haut, encore souvent des grandes entreprises, ne sont pas les seules à progresser. Les plus grandes organisations ont en effet embarqué progressivement dans leur démarche leurs partenaires, notamment leurs fournisseurs.</p>
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<p>Les progrès sont également notables dans tous les secteurs observés (de l’agroalimentaire, à la construction ou aux transports). Plus intéressant encore, toutes les dimensions de la RSE enregistrent des progrès, ses entreprises permettant même à la France de se classer à la deuxième place (derrière la Finlande) sur le thème « Social et droits humains ».</p>
<p>La France gagne également deux places (se classant 6<sup>e</sup>) sur le thème « Éthique » et une sur le thème « Environnement » (se classant 4<sup>e</sup>). Les « Achats responsables », qui constituent le 4<sup>e</sup> thème observé voient la France <a href="https://index.ecovadis.com/country?regions=EU&regions=Denmark&regions=Finland&regions=France&regions=Norway&regions=Sweden&size=All&theme=SUP">reculer d’une place (4ᵉ) au profit de la Norvège</a>. Cette dernière dimension, qui voit pourtant le score de la France progresser de façon non négligeable par rapport à 2020 (en dépit de la perte d’une place) reste néanmoins essentielle pour la diffusion des pratiques responsables dans toute l’économie. Nous retrouvons bien ici le rôle de « locomotive » des entreprises les plus avancées, rôle que nous évoquions dans un précédent article.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-grandes-entreprises-un-role-de-locomotive-a-assumer-pour-leconomie-francaise-113863">Les grandes entreprises, un rôle de locomotive à assumer pour l’économie française</a>
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<p>Essentielles du point de vue de la bonne santé des entreprises et de l’économie en général, les pratiques responsables observées dans le cadre de cette étude s’appuient sans doute sur des leviers différents d’un pays à l’autre.</p>
<p>Le rôle de la réglementation reste fondamental et tire incontestablement de façon importante les pratiques vers plus de responsabilité. Citons ici, par exemple, le rôle du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034290626/">devoir de vigilance</a> en vigueur en France depuis 2017 que l’on peut lier à un certain nombre de progrès mesurés par l’étude. Reposant sur une démarche volontariste, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/labels-33624">labels</a> (comme le <a href="https://www.economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprises/label-relations-fournisseurs-et-achats-responsables">label Relations fournisseurs et achats responsables</a>) amènent en outre les entreprises qui entrent dans une démarche de labellisation à ajouter des contraintes à des contraintes légales qui se renforcent. Ces organisations y gagnent souvent de façon non négligeable en visibilité et s’appuient généralement sur des convictions fortes et les valeurs de leurs dirigeants.</p>
<h2>Pragmatisme nordique</h2>
<p>Les pays nordiques nous montrent une autre voie, plus pragmatique, dans le sens où elle repose sur des intérêts économiques mieux compris, bien plus que sur les valeurs des dirigeants (ce qui ne les exclut pas bien entendu). En matière d’achats responsables, les progrès réalisés par les pays nordiques reposent ainsi en grande partie sur des démarches très poussées en termes d’analyse et d’évaluation des risques (RSE).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<p>La cartographie des risques liés aux achats est en effet en place au sein de 20 % des entreprises évaluées sur la zone Nordics contre 14 % en France. La différence provient essentiellement des niveaux de pratiques des grandes entreprises de 1000 salariés et plus (53 % contre 40 % en France). Les intérêts visés se définissent alors de façon précise en termes de réduction de risque, mais aussi de capacité à saisir des opportunités.</p>
<p>Il ne s’agit bien sûr pas ici d’opposer les valeurs et les intérêts économiques bien compris, mais plutôt de permettre aux seconds de renforcer la mise en pratique des premières. Il est souvent important, en effet, pour les dirigeants d’entreprise, de prendre conscience du fait que si les pratiques responsables coûtent généralement (même si de nombreux exemples montrent qu’elles s’avèrent de réelles <a href="https://formation-professionnelle.lemonde.fr/guide/articles/la-rse-levier-de-performance-pour-les-entreprises-22393">sources d’économies</a>), ne pas les mettre en œuvre risque de coûter beaucoup plus cher. Forts d’arguments financiers robustes et particulièrement utiles dans les discussions avec les actionnaires, ils ont alors la possibilité de décider et d’agir en meilleure cohérence avec leurs valeurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugues Poissonnier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude mondiale sur la performance en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises classe la France au 4ᵉ rang derrière la Norvège, la Finlande et la Suède.Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1704082021-10-26T18:27:38Z2021-10-26T18:27:38ZLes prix Nobel de la paix controversés, signe d’une réforme nécessaire ?<p>Le prix Nobel de la paix 2021 a été décerné à deux journalistes, le Russe Dmitri Mouratov et la Philippine Maria Ressa, récompensés pour « leur combat courageux pour la liberté d’expression ». Une surprise, car ces deux militants étaient assez peu connus du grand public. On peut saluer le fait que ces deux lauréats, courageux militants pour la liberté d’expression dans des pays où celle-ci n’est pas garantie, sont tous deux issus de pays non occidentaux. En effet, longtemps, le prix a récompensé essentiellement des Européens et des Nord-Américains.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-fermeture-de-la-nova-a-gazeta-dernier-clou-dans-le-cercueil-de-la-liberte-dexpression-en-russie-170029">La fermeture de la Novaïa Gazeta, dernier clou dans le cercueil de la liberté d’expression en Russie</a>
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<p>Créé en 1901, le prix Nobel de la paix, selon le testament manuscrit d’Alfred Nobel, exposé au musée Nobel de Stockholm depuis 2015, récompense chaque année « la <a href="https://www.vie-publique.fr/eclairage/271285-le-prix-nobel-de-la-paix">personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples</a>, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». La liberté d’expression est parmi les causes les plus fréquemment récompensées par le Nobel depuis les années 1970, avec par exemple en 1975 le dissident soviétique Andrei Sakharov et en 1977 l’ONG Amnesty International.</p>
<p>Alfred Nobel aurait, selon l’écrivain autrichien Stefan Zweig dans ses mémoires <em>Le monde d’hier</em>, créé ce prix pour compenser les conséquences néfastes de son invention de la dynamite, brevetée en 1866._</p>
<p>Ainsi, des hommes et des femmes ayant oeuvré à la paix mondiale, milité pour les droits humains, ou agi pour l’aide humanitaire et la liberté dans le monde, sont récompensés par cette prestigieuse distinction. Ils sont choisis par un comité nommé par le parlement norvégien.</p>
<p>Au fil du temps, des grandes personnalités pacifistes et humanistes ont été distinguées, comme <a href="https://www.croix-rouge.fr/Actualite/henry-dunant-1219">Henry Dunant</a>, le fondateur de la Croix-Rouge, en 1901, la femme pacifiste autrichienne <a href="https://histoireparlesfemmes.com/2013/11/11/bertha-von-suttner-premiere-prix-nobel-de-la-paix/">Bertha von Suttner</a> en 1905, le chirurgien missionnaire français <a href="http://museeskaysersberg.e-monsite.com/pages/musees/musee-du-docteur-schweitzer/qui-est-albert-schweitzer.html">Albert Schweitzer</a> en 1952, le Suédois <a href="https://www.un.org/fr/memorial/hammarskjold50.shtml">Dag Hammarskjöld</a>, Secrétaire général de l’ONU, en 1961, le militant américain des droits civiques <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-ephemeride/10-decembre-1964-martin-luther-king-recoit-le-prix-nobel-de-la-paix_1770603.html">Martin Luther King</a> en 1964, la religieuse humanitaire d’origine albanaise <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8re_Teresa">Mère Teresa</a> en 1979, ou encore, plus récemment, le militant des droits de l’homme chinois <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/qui-etait-liu-xiaobo-dissident-chinois-et-nobel-de-la-paix-mort-apres-huit-ans-de-detention_2281971.html">Liu Xiaobo</a> en 2010.</p>
<h2>Critiques et polémiques</h2>
<p>Plusieurs critiques ont été formulées à l’encontre de ce prix.</p>
<p>Tout d’abord, il a été longtemps donné qu’à des Occidentaux, et bien davantage à des hommes qu’à des femmes. Cependant, avec 18 femmes lauréates, le Nobel de la Paix est le Nobel qui totalise le plus de récipiendaires féminines. Parmi ces rares femmes, on peut citer par exemple en 1992 la militante autochtone guatémaltèque Rigoberta Menchu, récompensée pour ses efforts en faveur « de <a href="https://clubquetzal.org/decouvrir-le-club-quetzal/rigoberta-menchu-sa-vie-son-oeuvre/">la justice sociale et de la réconciliation ethnoculturelle</a> basée sur le respect pour les droits des peuples autochtones ».</p>
<p>On a pu aussi relever d’injustifiables absences, comme Gandhi. Icône de la lutte pacifiste et non violente pour <a href="https://www.herodote.net/15_ao%C3%BBt_1947-evenement-19470815.php">l’indépendance de l’Inde</a>, il n’a jamais reçu le prix. Toutefois, assassiné en 1948, il est possible qu’il l’aurait obtenu s’il avait vécu plus longtemps.</p>
<p>Surtout, plusieurs prix Nobel de la Paix ont été <a href="https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-monde/20121012.RUE3108/retour-sur-cinq-prix-nobel-de-la-paix-controverses.html">controversés</a>. Ainsi, le président américain <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/theodore-roosevelt-ou-la-naissance-de-l-empire-americain_2131747.html">Theodore Roosevelt</a> l’a reçu en 1906, pour saluer ses efforts en faveur de la fin de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, alors qu’il était un militariste convaincu, adepte de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Doctrine_du_Big_Stick">doctrine du « Big Stick »</a>, c’est-à-dire de la pression exercée par la menace militaire.</p>
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<figcaption><span class="caption">Theodore Roosevelt, la présidence au pas de charge (1901–1909), France Inter, 2 novembre 2020.</span></figcaption>
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<p>Il n’a d’ailleurs pas hésité à tancer son successeur le Démocrate <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Thomas_Woodrow_Wilson/149909">Woodrow Wilson</a> pour avoir ébauché le projet de <a href="https://www.un.org/fr/about-us/history-of-the-un/predecessor#:%7E:text=Pr%C3%A9curseur%20de%20l%E2%80%99Organisation%20des,la%20paix%20et%20la%20s%C3%A9curit%C3%A9%20%C2%BB.">« Société des Nations »</a>, futur temple du multilatéralisme et du pacifisme, et préfiguration de l’ONU, durant son discours d’acceptation du prix en 1910. Theodore Roosevelt était en effet hostile au multilatéralisme.</p>
<h2>1973, le scandale Kissinger : le prix Nobel de la Paix décerné à un criminel de guerre ?</h2>
<p>En 1973, c’est un autre Américain, le secrétaire d’État <a href="https://www.liberation.fr/culture/livres/henry-kissinger-diplomate-de-fer-20211021_FJOAPM4PFZB6FLS4LBKLZPOTXA/">Henry Kissinger</a>, qui est lauréat du prix. C’est sans doute le cas le plus choquant et scandaleux, étant donné sa responsabilité dans l’<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/ABRAMOVICI/1729">« opération Condor »</a>, campagne secrète d’assassinats de leaders démocrates et de coups d’État militaires conduite sous l’égide de la CIA dans plusieurs pays d’Amérique latine (Chili, Argentine, Bolivie, Paraguay, Uruguay notamment) pendant la guerre froide et en particulier dans les années 1970.</p>
<p>Kissinger est ainsi l’un des maîtres d’œuvre du <a href="https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20210911-au-chili-le-11-septembre-marque-le-coup-d-%C3%A9tat-militaire-de-pinochet-en-1973">coup d’État du 11 septembre 1973</a> au Chili, qui a vu le renversement – et la mort – du président socialiste Salvador Allende et la prise de pouvoir par le général Pinochet qui a instauré alors une sanglante dictature d’extrême droite qui a duré jusqu’en 1990.</p>
<p>Kissinger est aussi responsable de <a href="https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2018-3-page-63.htm">bombardements meurtriers au Cambodge</a> pendant la guerre du Vietnam. C’est donc un véritable scandale qu’il ait été récompensé par le prix Nobel de la Paix, car selon certains il est bien plutôt un <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2001/10/WARDE/7946">« criminel de guerre »</a>, responsable de <a href="https://www.letemps.ch/opinions/henry-kissinger-juge-crimes-contre-lhumanite">« crimes contre l’humanité »</a>. D’ailleurs, le diplomate nord-vietnamien Le Duc Tho, récompensé la même année pour avoir été l’un des négociateurs des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_paix_de_Paris">accords de paix de Paris</a> mettant fin à la guerre du Vietnam, a refusé sa part du prix, par mesure de protestation.</p>
<p>En 1991, la femme d’État birmane Aung San Suu Kyi, militante de l’opposition <a href="https://ras-nsa.ca/fr/publication/la-non-violence-comme-strategie-de-resistance-au-myanmar/">non violente</a> à la dictature militaire de son pays, devient à son tour lauréate du prix Nobel de la paix. Or, plus tard, alors qu’elle est <em>de facto</em> chef du gouvernement, de 2016 à 2021, la presse va lui reprocher son inaction et son absence de condamnation des discriminations et des <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/09/deux-ex-soldats-birmans-avouent-des-crimes-contre-les-rohingya_6051476_3210.html">massacres commis par l’armée birmane à l’encontre des Rohingyas</a>, minorité musulmane persécutée de Birmanie.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/en-birmanie-la-junte-militaire-renoue-avec-ses-vieux-demons-154430">En Birmanie, la junte militaire renoue avec ses vieux démons</a>
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<p>Ces massacres sont même <a href="https://news.un.org/fr/story/2019/09/1051712">qualifiés de « génocide » par l’ONU</a>. <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-58828791">Des appels ont alors été lancés pour qu’elle soit privée de son prix</a>, mais les règles régissant les prix Nobel ne permettent pas une telle démarche.</p>
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<figcaption><span class="caption">Nobel de la Paix : à quel prix ? France 24, 10 décembre 2019.</span></figcaption>
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<h2>1994, polémique autour du choix de Yasser Arafat</h2>
<p>Trois ans plus tard, en 1994, le prix Nobel de la paix a été attribué conjointement aux deux hommes politiques israéliens <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/shimon-peres-ancien-president-israelien-et-dernier-pere-fondateur-d-israel_1834965.html">Shimon Peres</a> et <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Yitzhak_Rabin/140127">Yitzhak Rabin</a> et à l’homme politique palestinien <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Muhammad_Abd-al_Rauf_Arafat_dit_Yasser_Arafat/105896">Yasser Arafat</a>, fondateur de <a href="https://www.lesclesdumoyenorient.com/Organisation-de-Liberation-de-la-Palestine-OLP.html">l’Organisation pour la libération de la Palestine</a> (OLP), pour leur rôle à tous les trois dans la signature des <a href="https://www.amnesty.fr/focus/accords-oslo">accords d’Oslo</a>, étape importante en direction d’une paix dans le conflit israélo-palestinien. Plusieurs observateurs ont critiqué le choix d’Arafat, le considérant comme un terroriste en raison de l’action violente menée par l’OLP. <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/K %C3 %A5re_Kristiansen">Kare Kristiansen</a>, homme politique norvégien, membre du comité Nobel a ainsi <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-58828791">démissionné en signe de protestation</a>.</p>
<p>En 2004, la militante kényane Wangari Mathai, aujourd’hui décédée, est devenue la première femme africaine à recevoir un prix Nobel. Or, <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-58828791">elle a ensuite été critiquée pour ses propos sur les origines du VIH</a>. En effet, elle a laissé entendre que le virus du VIH aurait été créé artificiellement comme une arme biologique, conçue pour détruire les Noirs, ce qui n’est en aucune manière étayé scientifiquement.</p>
<h2>2009, Barack Obama : un prix Nobel pour rien ?</h2>
<p>En 2009, c’est Barack Obama qui se voit attribuer la précieuse distinction. Il a lui-même été très surpris, comme il le confie dans le premier tome de <a href="https://www.fayard.fr/documents-temoignages/une-terre-promise-9782213706122">son autobiographie</a>, étant alors au pouvoir depuis moins d’un an. Il a même cru à une blague au début. En réalité, le comité Nobel a, en choisissant de distinguer Obama, eu l’intention de récompenser <a href="https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/10/09/barack-obama-prix-nobel-de-la-paix_1251573_3222.html">« le nouveau climat dans la politique internationale »</a> créé par l’arrivée d’Obama au pouvoir, et sa « vision pour un monde sans arme nucléaire ».</p>
<p>Cette attribution a suscité des critiques, car Obama représentait les États-Unis, qui étaient alors en guerre à la fois en Afghanistan et en Irak, et qui maintenaient le <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/11/les-20-ans-du-11-septembre-guantanamo-l-impasse-du-non-droit_6094265_3210.html">camp de Guantanamo</a> en service, dans lequel des prisonniers étaient <a href="https://www.amnesty.org/fr/latest/press-release/2021/01/usa-report-human-rights-violations-guantanamo/">torturés et incarcérés sans jugement et sans avocat dans des conditions indignes des droits humains</a>, comme l’ont dénoncé de nombreuses ONG et notamment Amnesty International.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1204305549900296193"}"></div></p>
<p>En 2011, le Prix Nobel de la Paix a été décerné à <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/ellen-johnson-sirleaf/">Ellen Johnson Sirleaf</a>, Présidente du <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Liberia/129821">Liberia</a> (ainsi qu’à deux autres personnalités). Dans son pays, ce prix a divisé la population.</p>
<p>Selon certains, cette récompense serait <a href="http://www.slateafrique.com/52395/ellen-johnson-sirleaf-Liberia-nobel">« inacceptable et non méritée »</a> car cette femme politique aurait « commis de la violence dans ce pays » et aurait été corrompue, offrant à ses enfants des postes très lucratifs.</p>
<p>Confirmant ces soupçons, la <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Commission_V %C3 %A9rit %C3 %A9_et_R %C3 %A9conciliation/185922">Commission vérité et réconciliation</a>, responsable de faire la lumière sur la guerre civile libérienne, a recommandé qu’il soit interdit à Ellen Johnson Sirleaf d’exercer tout mandat politique pendant trente ans en raison du rôle négatif qu’elle a joué dans ce conflit.</p>
<p>Enfin, en 2019, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a été distingué à son tour par le prix Nobel de la Paix, pour saluer ses efforts en vue de résoudre le conflit frontalier de longue date avec l’Érythrée voisine.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/tigre-tombeau-de-lethiopie-151082">Tigré : tombeau de l’Éthiopie ?</a>
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<p>Pourtant, peu après, la communauté internationale a critiqué le déploiement de troupes par Abiy Ahmed dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, qui a engendré des combats qui ont provoqué des milliers de morts et ont été <a href="https://news.un.org/fr/story/2021/10/1106172">dépeints par l’ONU comme une terrible dévastation, ayant de plus entraîné une famine</a> et une situation humanitaire catastrophique pour les habitants.</p>
<h2>Un prix impossible ?</h2>
<p>À l’aune de tous ces cas, il apparaît que le prix Nobel de la Paix est l’un des prix les plus controversés depuis sa création en 1901. Mais en cela, il est bien à l’image des relations internationales.</p>
<p>Il reflète le fait que chaque acteur des relations internationales comporte plusieurs facettes, et a parfois à son actif à la fois des actions très louables et des actions répréhensibles.</p>
<p>Cela dit, au vu de l’évident scandale qu’a constitué l’attribution du Prix à Henry Kissinger – aujourd’hui âgé de 98 ans –, ainsi que des autres attributions controversées, il apparaît souhaitable que le comité Nobel adopte une disposition permettant de retirer la récompense <em>a posteriori</em>, afin de corriger les erreurs les plus notables et de lui permettre de conserver une certaine légitimité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170408/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chloé Maurel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Kissinger, Abyi Ahmed, Obama, Aung San Suu Kyi, Theodore Roosevelt… La liste des Nobel de la paix polémiques est longue, bien plus que pour tout autre prix. Peut-être est-il temps de le réformer ?Chloé Maurel, SIRICE (Université Paris 1/Paris IV), Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1563472021-03-15T13:38:53Z2021-03-15T13:38:53ZPourquoi il faut se méfier des dépressions polaires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/389149/original/file-20210311-13-4g84zi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C52%2C4386%2C3156&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pendant des siècles, les marins des mers nordiques ont raconté des rencontres inattendues avec des tempêtes violentes sortant de nulle part et qui semaient le chaos sur les mers.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Bien connues des populations côtières de la Norvège, les dépressions polaires passent souvent inaperçues au Canada. Courtes, mais intenses et difficiles à prévoir, elles n’en sont pas moins dangereuses et peuvent causer des dégâts importants. Il est impératif de savoir mieux les prévoir.</p>
<p>Le 28 février dernier, l’Institut météorologique norvégien a émis un <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1365998630356873221/photo/1">avertissement de dépression polaire</a>, prévenant la population de s’attendre à des changements abrupts de la météo. Une semaine plus tard, une <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1368170775182778371/photo/1">autre dépression polaire menaçait la Norvège</a>.</p>
<p>Plus près de nous, le phénomène serait sans doute passé inaperçu. À titre d’exemple, le 7 mars 2019, une majestueuse dépression polaire s’est formée au-dessus de la mer du Labrador, sans que les communautés côtières en aient connaissance. Si les dépressions polaires sont bien connues des Norvégiens et fréquentes là-bas chaque hiver, elles le sont moins dans <a href="https://www.grida.no/resources/13337">cette région peu peuplée</a>.</p>
<p>Mes recherches en tant que doctorante en sciences de l’atmosphère se concentrent sur ces phénomènes météorologiques, pour lesquels il reste encore beaucoup de questions à répondre. Je réalise des simulations de dépressions polaires avec le Modèle régional canadien du climat au sein du <a href="https://escer.uqam.ca/">Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale</a> (ESCER), et je constate que ces phénomènes sont particulièrement difficiles à prévoir du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-18 le 7 mars 2019. On peut voir la signature nuageuse (en blanc) d’une dépression polaire qui se trouve à l’est de la région du Labrador.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Environnement et Changements climatiques Canada</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plusieurs questions vont probablement vous venir à l’esprit : qu’est-ce qu’une dépression polaire ? Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler d’elles alors qu’elles se développent parfois près du Canada ? Après avoir fait une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/16000870.2021.1890412">révision exhaustive de la littérature sur les dépressions polaires</a>, je crois être en mesure de répondre à la majorité de ces questions sur ces mystérieux systèmes météorologiques.</p>
<h2>Petites, mais intenses !</h2>
<p>Les dépressions polaires sont des tempêtes maritimes intenses qui se développent près des pôles pendant la saison froide. Avec un diamètre de moins de 1000 km et une durée de vie qui normalement ne dépasse pas 48 heures, les dépressions polaires sont des tempêtes plus petites et de plus courte durée que les tempêtes hivernales qui frappent souvent le Québec.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Images infrarouge acquises par les instruments (a) AVHRR et (b) MODIS. En fonction de la forme de leur signature nuageuse, on peut diviser les dépressions polaires en deux types principaux : (a) nuage en forme de virgule et (b) nuage spiraliforme. Image tirée de Tellus A : 2021, 73, 1890412. Article sous licence CC BY-NC 4.0.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Taylor & Francis Group</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les dépressions polaires sont associées à des conditions météorologiques sévères, notamment des vents forts (atteignant parfois la force d’un ouragan !) et des chutes de neige importantes. Les <a href="https://www.barentswatch.no/en/services/polar-lows-explained/">changements de météo</a> associés aux dépressions polaires sont abrupts.</p>
<p>Par conséquent, elles posent un risque pour les populations côtières, le transport maritime et aérien, et les plates-formes pétrolières et gazières. À tel point qu’il y a quelques cas documentés de dépressions polaires qui ont causé la perte de vies humaines. Par exemple, en octobre 2001, la <a href="https://projects.met.no/polarlow/polar_lows/torsvaag/">dépression polaire Torsvåg</a>, qui s’est développée près de la Norvège, a provoqué le chavirage d’une embarcation et le décès d’un de ses deux membres d’équipage.</p>
<h2>Plus près qu’on pense</h2>
<p>Les dépressions polaires se développent <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/qj.3309">dans les hémisphères nord et sud</a>, entre les pôles et une latitude d’environ 40°N et 50°S, respectivement. Elles se forment près de la lisière des glaces (démarcation entre la glace marine – la glace qui se forme sur les océans – et l’eau libre de glace) et près des continents enneigés, quand l’air très froid situé au-dessus de la surface se déplace au-dessus de l’océan, qui est relativement chaud.</p>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=H5VNPfHIgpE">L’océan fournit de la chaleur et de l’humidité à cet air froid</a>, ce qui constitue une source d’énergie pour le développement des dépressions polaires. Les dépressions polaires se dissipent quand elles arrivent sur terre ou sur la glace marine, car cette source d’énergie disparaît.</p>
<p>Près du Canada, on observe des dépressions polaires qui se développent au-dessus de la mer de Labrador, du détroit de Davis et de la baie d’Hudson. Ces régions étant de faible densité démographique, le risque d’impact sur la population est faible. Cependant, dans d’autres parties du globe, les dépressions polaires peuvent vite s’avérer dangereuses. Par exemple, la Norvège et le Japon sont les principaux pays qui subissent les impacts de ces tempêtes, car ils ont d’importants bassins de population situés dans les zones côtières affectées par ces tempêtes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-19, le 1ᵉʳ mars 2021. L’image montre la dépression polaire qui s’est développée à l’ouest de la Norvège (en blanc).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Meteorologisk institutt</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avec les changements climatiques, on peut s’attendre à ce que la distribution spatiale des dépressions polaires et leur fréquence soient modifiées. Les résultats de quelques études indiquent que dans l’Atlantique Nord, les régions de formation de dépressions polaires se déplaceront vers le nord avec le retrait de la lisière des glaces, et la <a href="https://doi.org/10.1175/JCLI-D-16-0255.1">fréquence des dépressions polaires diminuera</a>. Cependant, il reste encore beaucoup de questions à répondre sur l’impact des changements climatiques sur la fréquence et la distribution spatiale des dépressions polaires.</p>
<h2>Des tempêtes difficiles à prévoir</h2>
<p>Bien prévoir les dépressions polaires est indispensable afin d’éviter, dans la mesure du possible, les dommages et les dégâts. Malheureusement, la prévision des dépressions polaires est un vrai défi du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<p>Comme pour toute prévision météorologique, les <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-un-impact-sur-les-previsions-meteo-137046">ingrédients essentiels pour la prévision correcte</a> des dépressions polaires sont un modèle atmosphérique performant et de bonnes conditions initiales. Or le manque d’observations conventionnelles (comme les observations des stations de surface) au-dessus des océans et près des pôles fait en sorte que les conditions initiales ne sont pas toujours assez bonnes.</p>
<p>Grâce au développement des modèles atmosphériques à haute résolution, les dépressions polaires sont mieux capturées qu’auparavant. Cependant, ces modèles doivent être améliorés afin de mieux représenter certains processus clés pour la formation des dépressions polaires, tels que les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte d’analyse du Centre météorologique canadien (CMC) correspondante au 1ᵉʳ mars 2021 à 06:00 UTC. Les flèches montrent la direction et l’intensité du vent, et les couleurs montrent l’intensité du vent en km/h. Les lignes noires continues sont des isobares, qui rejoignent des points de pression égaux. Les cercles concentriques avec un « L » au centre représentent des cyclones. La dépression polaire est représentée par le petit cercle à l’ouest de la côte nord de la Norvège.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MétéoCentre</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré le fait que les modèles à haute résolution nous permettent de prévoir correctement certaines dépressions polaires, il reste du travail à faire pour réussir à prévoir correctement tous ces systèmes météorologiques. D’ici là, restez à l’affût : la saison des dépressions polaires dans l’hémisphère nord n’est toujours pas finie !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156347/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marta Moreno Ibáñez est membre individuel du Conseil de l'Association of Polar Early Career Scientists (APECS) et membre de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie (SCMO). Elle a reçu une bourse d'excellence de la Fondation familiale Trottier.</span></em></p>Les dépressions polaires, qui sont des tempêtes maritimes intenses et parfois dangereuses, se forment près du Canada sans que personne ne s’en rende compte. Comment les prévoir ?Marta Moreno Ibáñez, PhD candidate in Earth and atmospheric sciences, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1287362020-01-28T17:31:39Z2020-01-28T17:31:39ZEn Laponie, les conséquences paradoxales du tourisme sur le peuple Sami<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312255/original/file-20200128-81341-ehi8re.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C5114%2C3274&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les codes traditionnels de la culture sami sont récupérés par les acteurs (non samis) du tourisme pour vendre des objets sous couvert d’« authenticité ».</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/collection-saami-dolls-dressed-traditional-lapland-747594760">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Comptant parmi les derniers peuples aborigènes du Grand Nord, les Samis sont établis en Norvège, en Suède, en Finlande et dans le nord-ouest de la Russie. Ce groupe vit pour la majorité sur le cercle polaire arctique. Il compterait autour de 100 000 personnes réparties entre la Finlande, la Norvège, la Suède et la Russie. Uni par la langue finno-ougrienne et doté d’une culture propre, ce peuple fort d’une histoire de 10 000 ans est engagé depuis les années 1970 dans un fort processus de (ré)acquisition de sa conscience identitaire et de recherche de légitimité.</p>
<p>Dans le contexte finlandais, les Samis ont été progressivement privés de leur droit exclusif de l’usage de leur terre tout au long du processus de colonisation à partir <a href="https://www.veli-pekkalehtola.fi/UserFiles/files/ArcticAnthropology%20Lehtola%281%29.pdf">du XVIIIᵉ siècle et ce, jusqu’à nos jours</a>.</p>
<p>La Finlande <a href="https://arctic-council.org/index.php/en/our-work/arctic-peoples">abrite approximativement 10 000 Samis</a>, divisés en trois groupes : les Samis du Nord, les Samis d’Inari et les Samis de Skolt.</p>
<p>Les touristes du monde entier viennent visiter la région de Laponie finlandaise pour y admirer les attractions géoclimatiques locales, les aurores boréales ou le soleil de minuit, ou incités par le goût de l’aventure. Un afflux qui n’est pas sans conséquence sur la culture sami.</p>
<h2>Père Noël, Husky et aurores boréales</h2>
<p>En Laponie finlandaise, le tourisme tourne principalement autour des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/15022250600562154">conditions atmosphériques dites « extrêmes »</a>. Longues journées ensoleillées en été, longues nuits en hiver, aurores boréales, froid… Les activités de divertissement sportif y sont nombreuses, de la randonnée au ski en passant par la pêche et la chasse. Sans parler des attractions animalières, comme les rennes ou les fermes de husky, et du célèbre village du père Noël, à Rovaniemi.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312256/original/file-20200128-81362-oo860u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Renne en Laponie finlandaise.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/rovaniemi-finland-march-3-2017-man-611630744">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ce riche panorama, l’intérêt culturel qui entoure les Samis est devenu secondaire, un secteur de soutien plus que l’attraction principale. À la fin de la guerre froide, la reconstruction des routes de Laponie, détruites par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, a ouvert la voie au tourisme dans la région.</p>
<p>Certes, les symboles de ce peuple demeurent visibles. Il est très courant de croiser dans la région des tentes samis ou des boutiques d’artisanat. Mais les objets, qui sont souvent produits ailleurs, sont vendus aux touristes par des non-Samis, qui les présentent comme des objets authentiques.</p>
<h2>Une folklorisation de la culture sami</h2>
<p>De la même manière, des attractions culturelles existent dans la région : le musée Siida à Inari, la <a href="http://www.nationalparks.fi/skoltsamiheritagehouse">maison patrimoniale sami de Skolt</a> à Sevettijärvi ou le festival Ijahis idja de musique sami, qui est organisé <a href="http://www.ijahisidja.fi/en/updates.php">à Inari depuis 2004</a>.</p>
<p>Les Samis de Finlande, de Scandinavie et de Russie y participent mais cette organisation attire également les <a href="https://biblio.co.uk/book/tourism-indigenous-peoples-issues-implications-butler/d/1177227030">touristes nationaux et internationaux</a>. Cette quête d’authenticité culturelle factice a atteint une telle dimension commerciale que le bâtiment du Parlement sami à Inari, ce lieu sensible acquis au terme d’un processus très difficile, est aujourd’hui loué pour des congrès, des conférences, des réunions et des événements commerciaux.</p>
<p>Le développement du tourisme dans la région a donc un double effet. Il fait revivre des traditions culturelles en phase de disparition pour cause de modernisation et d’assimilation. Parfois, dans une <a href="http://psi424.cankaya.edu.tr/uploads/files/Hobsbawm_and_Ranger_eds_The_Invention_of_Tradition.pdf">démarche de l’invention de tradition</a>, mais il folklorise et uniformise aussi les objets et comportements culturels, surtout au bénéfice des <a href="http://www.diva-portal.org/smash/record.jsf?pid=diva2%3A1263860&dswid=4957">non-Samis de la région</a>.</p>
<h2>Le tourisme, une arme à double tranchant</h2>
<p>Les touristes veulent voir des couleurs, des figures et des tentes samis lorsqu’ils viennent en Laponie. Les Samis entrent par conséquent dans leur jeu, en utilisant leurs symboles traditionnels pour accroître l’attrait de leur région, comme c’est le cas à Rovaniemi, Sydokkola, Ivalo, Inari et Sevettijärvi.</p>
<p>Bien entendu, cette instrumentalisation des symboles n’est pas le fruit d’une quelconque naïveté, elle répond à la loi du marché. Cela permet néanmoins aux Samis de faire perdurer certaines traditions et objets qu’ils ne fabriqueraient plus autrement.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312257/original/file-20200128-81357-u1mz68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Boutique de souvenirs vendant des objets « samis ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/rovaniemi-finland-march-2-2017-couple-1106023499">Shutterstock</a></span>
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<p>En revanche, si les Samis vendent leurs produits culturels, ils n’approuvent pas que d’autres utilisent leurs ressources culturelles (tels que les costumes, les chapeaux ou les yoiks). Cette recherche de légitimité et d’exclusivité se traduit par une tension interne à la région, où les Samis n’ont toujours pas de droits exclusifs territoriaux.</p>
<p>Jean Malaurie, qui a parcouru toute sa vie le Groënland, a souvent exprimé ce paradoxe. D’un côté, il regrettait la contamination de la culture inuit par le contact avec les Qallunaat (hommes blancs) ; de l’autre, il reconnaissait que ce rapprochement facilitait les <a href="https://www.abebooks.fr/rechercher-livre/titre/les-derniers-rois-de-thule/">conditions de vie difficiles des Inuits</a>. Cette tension se pose encore aujourd’hui. Qu’attendent les Samis du tourisme ? Des retombées financières ? Ou peut-être une reconnaissance, voire du respect ?</p>
<h2>Revendications foncières</h2>
<p>Quoi qu’il en soit, la culture sami n’est pas le principal motif de tourisme en Laponie finlandaise. Par conséquent, les avantages ou les dommages du tourisme sur la culture sami doivent être considérés comme collatéraux. Que se passerait-il si un jour Père Noel mourait ? En d’autres termes, quels pourraient être les effets de l’absence ou de la baisse drastique du tourisme dans la région, sur la culture sami ?</p>
<p>Changement climatique, industrialisation incontrôlée, construction du chemin de fer pourraient changer à l’avenir les valeurs de l’attraction de la Laponie.</p>
<p>Dans tous les cas, les droits fonciers revendiqués – dont ils ont progressivement été privés depuis plus de deux siècles – par les Samis finlandais semblent indispensables pour assurer une vie culturelle riche et pérenne, où les comportements et les objets sont non seulement authentiques, mais aussi des exemples pour d’autres cultures sur la façon de traiter avec la nature, dans un contexte <a href="https://www.arcticcentre.org/loader.aspx?id=75ede629-b6d5-4426-91b7-6bfbf4948c05">où ces expériences deviennent vitales</a>.</p>
<p>Rappelons que contrairement à la Norvège, la Finlande n’a toujours pas ratifié la Convention no 169 d’ILO <a href="https://www.idunn.no/ntmr/2012/02/why_not_commit_-_norway_sweden_and_finland_and_the_ilo_">sur les droits des peuples autochtones</a>.</p>
<p>Le tourisme dont profitent les Samis étant une ressource conjoncturelle et secondaire, ces derniers revendiquent davantage des droits fonciers pour garantir la perpétuation de la culture indigène spécifique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128736/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eda Ayaydin a reçu des financements de l'Institut des hautes études de défenses nationale et de la Région Ile de France.</span></em></p>Tout en soumettant sa culture à la loi du marché, le tourisme permet à ce peuple autochtone de faire perdurer des traditions en voie de disparition.Eda Ayaydin, Doctorante en sciences politiques, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1170672019-05-23T22:13:17Z2019-05-23T22:13:17ZLa série « Occupied », une dystopie européenne ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/274688/original/file-20190515-60545-18hsz58.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C1247%2C785&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Henrik Mestad, dans le rôle du premier ministre Jesper Berg</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19558380&cserie=12175.html">Allociné</a></span></figcaption></figure><p>A quelques semaines des élections européennes, du 23 au 26 mai 2019, il est particulièrement plaisant et stimulant de voir (ou de revoir) la série <em>Occupied</em> (<em>Okkupert</em> en norvégien) diffusée sur Arte depuis 2015. Cette production franco-suédo-norvégienne tend en effet un miroir bien sombre à l’Europe et à ses voisins sur leur futur proche.</p>
<p>Les géopoliticiens savent désormais que la culture populaire en général et les séries télévisées en particulier illustrent et façonnent les représentations collectives qui jouent un rôle essentiel dans les relations internationales. Depuis <em>La Géopolitique des séries</em> publiée par Dominique Moïsi en 2016, l’analyse géopolitique des séries télévisées a même gagné le grand public. De même que <em>Homeland</em> a révélé aux Américains plusieurs aspects inconnus ou occultés de la « global war on terror », de même, <em>Occupied</em>, diffusée peu après l’annexion de la Crimée par la Russie, peut avoir un effet de révélation sur eux-mêmes pour les Européens. Mais une dystopie est bien souvent l’envers d’une utopie… ou une utopie qui a mal tourné. <em>Occupied</em> n’est ni un réquisitoire radical contre l’Europe ni une déploration sur le sort de la Norvège.</p>
<h2>Du cauchemar au réquisitoire</h2>
<p>L’épisode inaugural de la série donne le ton. Conçu par le romancier norvégien Jo Nesbo, il plonge en quelques minutes le téléspectateur dans le cauchemar de la guerre hybride. Voici les éléments essentiels de cette exposition magistrale : dans un futur proche, les États-Unis ont quitté l’Alliance atlantique et se murent dans l’isolationnisme, comme les premières minutes de l’épisode nous l’apprennent. Les éléments se sont conjurés contre le Royaume de Norvège : le réchauffement climatique vient de produire inondations dans le pays, comme le montrent les images du générique. Ces événements ont conduit à l’élection de Jesper Berg au poste de premier ministre sur un programme de transition énergétique radicale : arrêter complètement la production et l’exportation d’hydrocarbures qui alimentent l’Europe et font la richesse du royaume. L’objectif est de remplacer toutes les énergies fossiles par des centrales au thorium.</p>
<p>Le décor géopolitique est planté : le futur de l’Europe est marqué par l’abandon d’États-Unis isolationnistes, par le retrait de l’OTAN et par une transition énergétique rendue drastique par les effets dévastateurs du réchauffement climatique. Les risques structurels inhérents à la présidence Trump constituent la donne géopolitique et géoéconomique de notre continent.</p>
<p>Toutefois, l’Union ne reste pas longtemps dans un statut de victime passive : au moment où il inaugure la grande centrale au thorium, le premier ministre Berg est enlevé par des forces spéciales russes et reçoit, lors de cet enlèvement, un avertissement vidéo de la part du commissaire européen français : la Norvège doit reprendre la production et l’exportation d’hydrocarbures vers l’Europe, faute de quoi, l’Union demandera à la Russie d’intervenir militairement en Norvège pour rétablir la production. Le tragique du dilemme est souligné par la violence physique : le commando russe assassine un civil norvégien sur son passage. L’engrenage qui structure la série s’enclenche alors : les forces armées russes s’engagent dans une occupation graduelle, l’Union européenne utilise la menace russe comme instrument de chantage, la population civile norvégienne hésite entre collaboration pour réduire les dommages et résistance armée… la Norvège sombre dans la guerre civile et dans un conflit international.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/9GxM5j1jvaY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Les origines du cauchemar ne sont donc pas seulement exogènes à l’Europe : elles lui sont internes. C’est la soif de ressources naturelles de l’Europe qui la conduisent à fouler aux pieds le choix souverain des électeurs norvégiens et à sous-traiter la violence militaire envers le territoire du royaume. Victime du réchauffement climatique et de l’abandon américain, l’Europe est elle-même un prédateur écologique, politique et militaire. La dystopie révèle crûment les principaux chefs d’accusation brandis depuis des mois contre l’Europe : mépris pour les souverainetés nationales, politiques de voisinage cyniques, dépendance à l’égard des États-Unis, etc.</p>
<p>La série n’est toutefois pas seulement un réquisitoire contre l’Europe. Comme toutes les dystopies subtiles, elle évite le manichéisme et révèle les ambiguïtés.</p>
<h2>L’Union européenne entre cynisme et revendication de puissance</h2>
<p>À première vue, l’Union européenne d’<em>Occupied</em> est la caricature qu’en présentent ses détracteurs. Le Commissaire européen incarné par Hippolyte Girardot a tous les vices imputés à la construction européenne : soumis à une Chancelière allemande dont le nom n’est jamais prononcé, il exécute tous ses ordres destinés à répondre aux besoins de l’industrie allemande ; indifférent au sort d’une démocratie voisine et partenaire, il soumet le premier ministre norvégien à un chantage permanent ; ne visant que l’accroissement de son pouvoir, il utilise la violence militaire russe pour soumettre un État souverain. La suite de la série montre même qu’il n’a que peu d’égards pour l’intégrité physique des dirigeants avec lesquels il négocie. Technocratie hors sol et méprisante pour les souverainetés nationales et populaire, l’Union semble démasquée.</p>
<p>Toutefois, la série n’est pas seulement à charge. Si le téléspectateur surmonte le dégoût qu’il éprouve pour le personnage qui incarne l’Union, il peut découvrir une image inversée de l’Union actuelle où ses faiblesses chroniques ont trouvé leur remède. Régulièrement accusée d’idéalisme, de pacifisme et de naïveté, notamment par Hubert Védrine, l’Union européenne apparaît dans la série comme prête et capable de défendre ses intérêts vitaux. Soucieuse de défendre ses capacités industrielles et ses lignes d’approvisionnement en matière première, l’Union met en œuvre les attributs de la puissance sur la scène internationale en exerçant une pression diplomatique sur ses partenaires et ses voisins. Prenant acte de l’abandon américain, elle se refuse à nourrir la chimère d’une Pax Americana et sous-traite son action extérieure à la seule puissance militaire disponible, la Russie.</p>
<p>Concernant l’Union européenne, la dystopie d’<em>Occupied</em> pourrait bien en réalité répondre au souhait d’une Europe puissance. Reste à savoir si les Européens sont prêts à la promouvoir.</p>
<h2>La Russie entre opportunisme et impérialisme</h2>
<p>La figure de la Russie est elle aussi présentée sous une forme apparemment caricaturale : puissance militaire sans égard pour la vie humaine, imperium en reconstruction, elle n’hésite pas à déclencher des opérations clandestines pour occuper les plates-formes pétrolières norvégiennes, traquer les opposants à l’occupation jusque dans les rues d’Oslo et faire disparaître les résistants. L’ambassadrice russe à Oslo, incarnée par l’actrice Ingeborga Dapkūnaitė, rendue célèbre par <em>Soleil trompeur</em> de Mikhalkov, reprend avec brio ce mélange de froideur, de calcul, de dureté et de cruauté prêté au président russe (réel) dans les relations internationales. Exécutrice des basses œuvres de l’Union européenne, prise dans une spirale impérialiste, la Russie d’<em>Occupied</em> est celle de la guerre dans le Donbass et de l’annexion de la Crimée. Plusieurs autorités publiques russes ont d’ailleurs protesté contre la série.</p>
<p>En réalité, la série est plus nuancée. D’une part, l’ambassadrice Sidorova, victime d’une tentative d’assassinat durant le premier épisode, n’est pas la plus radicale des impérialistes. La suite de la série souligne qu’elle agit pour un équilibre entre occupation des plates-formes pétrolières et respect minimal des institutions norvégiennes. Les concepteurs de la série rappellent au public européen que Vladimir Poutine peut être perçu comme un centriste dans son propre pays. D’autre part, les forces d’occupation russes sont elles aussi prises dans la spirale et les dilemmes de l’occupation. Soit elles prennent entièrement la maîtrise de la Norvège mais suscitent un rejet complet et manquent leur objectif. Soit elles respectent a minima les institutions du pays et elles risquent d’apparaître comme faibles. Dans la série comme dans la réalité, l’action extérieure de la Russie paraît aventureuse. Loin de la stratégie mondiale qu’on lui prête.</p>
<p>La russophobie attribuée à <em>Occupied</em> pourrait bien se révéler plus complexe que prévu : moins qu’un empire en reconstitution, la Russie apparaît comme une puissance fragile, opportuniste et subordonnée aux latitudes laissées par l’Union européenne.</p>
<h2>La Norvège et sa mauvaise conscience européenne</h2>
<p><em>Occupied</em> apparaît comme un cauchemar norvégien : longtemps en conflit avec la Russie pour la délimitation de sa zone économique exclusive dans le Grand Nord, poste avancé de l’OTAN durant toute la guerre froide malgré une tradition de neutralisme et de pacifisme, cible d’incursions navales et aériennes, ce pays de 5 millions d’habitants se sait dépendant de l’extérieur pour assurer sa sécurité. <em>Occupied</em> le présente comme une victime de son environnement naturel et politique. Sans le soutien des États-Unis et de l’Union, la Norvège se considère elle-même comme une Ukraine aisément la proie des impérialismes environnants.</p>
<p>La série est en réalité bien plus critique envers le royaume nordique que le téléspectateur français ne pourrait le penser. La Norvège est victime d’elle-même. En effet, le premier ministre Jesper Berg provoque la crise et l’amplifie par sa naïveté politique. Il décrète unilatéralement la cessation de la production d’hydrocarbures, fort du vote populaire mais sans avoir préparé ses voisins et partenaires internationaux. La série pointe la naïveté de cette démocratie opulente et exemplaire. On peut même percevoir dans la mise en scène du personnel politique norvégien une certaine mauvaise conscience : forts de leurs convictions écologiques, assurés de leur prospérité économique et confiants dans les règles de droit, ils négligent l’alliance avec l’Union. Le pays a en effet refusé à deux reprises d’adhérer à l’Union européenne, en 1972 et 1994. Soucieux de préserver tout à la fois le modèle de protection sociale, sa souveraineté nationale et son alliance avec les États-Unis, la Norvège est dans une situation précaire à l’égard de l’Europe : la solidarité ne peut pleinement s’exercer pour un État partenaire mais non membre.</p>
<p>La Norvège d’<em>Occupied</em>, victime idéale, ne paie-t-elle pas les conséquences de son refus de l’Europe ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117067/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cyrille Bret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>A quelques semaines des élections européennes, il est tout à la fois plaisant et stimulant de voir ou de revoir les deux saisons de la série « Occupied ».Cyrille Bret, Géopoliticien et philosophe, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1173452019-05-23T22:13:00Z2019-05-23T22:13:00ZElections européennes : six pays vus par six experts<p><em>Dimanche 26 mai, les Français voteront pour désigner leurs représentants aux élections parlementaires européennes. The Conversation France a demandé leur point de vue à des spécialistes originaires de six pays européens : la République tchèque, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède, ainsi que la Norvège, où vivent de nombreux citoyens de l’UE et qui fait partie de l’Espace économique européen. Ils se sont penchés sur la façon dont l’UE était perçue par les citoyens et résidents de leur pays, leurs préoccupations et les perspectives du scrutin.</em></p>
<hr>
<h2>La République tchèque : eurosceptique, mais pas pressée de s’en aller</h2>
<p><em>Vít Hloušek, Université Masaryk, Brno.</em></p>
<p>Très eurosceptique lors de son adhésion, en 2004, la République tchèque reste encore aujourd’hui critique vis-à-vis de l’Union européenne. D’après un sondage datant d’avril dernier, organisé par le Centre de recherche sur l’opinion publique tchèque, seulement <a href="https://cvvm.soc.cas.cz/en/press-releases/political/international-relations/4621-public-opinion-on-the-czech-republic-s-membership-in-the-european-union-april-2018">36 % des personnes interrogées se déclaraient satisfaites d’appartenir à l’UE</a>, 32 % <a href="http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/ResultDoc/download/DocumentKy/84930">ont « plutôt confiance » dans l’UE</a> et <a href="http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/getChart/chartType/gridChart/themeKy/9/groupKy/23/savFile/661">38 % des électeurs font confiance au Parlement européen</a>. Néanmoins, malgré ces doutes, 62 % des sondés estiment que leur pays doit rester dans l’UE.</p>
<p>Depuis longtemps, les <a href="https://shop.budrich-academic.de/produkt/europeanised-defiance-%c2%96-czech-euroscepticism-since-2004/?v=928568b84963">partis eurosceptiques</a> <a href="https://www.researchgate.net/publication/301637130_Narratives_of_European_Politics_in_the_Czech_Republic_A_Big_Gap_between_Politicians_and_Experts">dominent le débat</a>. À la Chambre basse du Parlement, le parti d’extrême droite Liberté et Démocratie directe occupe 11 % des sièges, les partis eurosceptiques modérés (parti démocratique civique, communistes, ANO) en contrôlent 59 % – ce qui laisse aux pro-UE seulement 30 %.</p>
<p>Autre spécificité, le <a href="https://www.kas.de/c/document_library/get_file?uuid=d3b13d4c-81ad-5926-f2eb-d41cbc81f95b&groupId=252038">taux d’abstention aux européennes est en général extrêmement élevé</a> : en 2014, seulement 18,2 % des inscrits se sont rendus aux urnes.</p>
<p>La campagne n’a commencé véritablement que trois semaines avant le 26 mai, date des élections. La principale thématique à l’ordre du jour est la réforme souhaitée de l’UE, en général présentée de façon très floue. Les programmes se sont rapprochés des sujets européens depuis 2004, mais les partis méconnaissent les enjeux réels du Parlement européen ou les ignorent.</p>
<p>Les débats se concentrent d’abord sur les problématiques nationales, ensuite sur celles de l’UE. En matière <a href="http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/ResultDoc/download/DocumentKy/84930">d’immigration et de terrorisme</a>, les eurosceptiques vont sûrement jouer sur les inquiétudes des électeurs. Jusqu’à présent, seuls les partis déjà installés à la Chambre des députés <a href="https://www.politico.eu/2019-european-elections/czech-republic/">semblaient avoir des chances de remporter des sièges</a> « là-bas », dans ce lieu lointain qu’est Bruxelles.</p>
<p><br></p>
<h2>L’Allemagne : cœur europhile de l’Europe qui bat plus lentement</h2>
<p><em>Kai Arzheimer, Université Johannes Gutenberg, Mayence.</em></p>
<p>En 2019, l’Allemagne reste l’un des phares des europhiles dans l’UE. Seule l’<a href="https://theconversation.com/germanys-afd-how-to-understand-the-rise-of-the-right-wing-populists-84541">Alternative pour l’Allemagne</a> (AfD), parti d’extrême droite radicale, peut être considéré comme eurosceptique. Et encore : son programme mentionne une série de tests que l’UE devrait rejeter avant que l’AfD ne puisse avancer sur la voie d’un « Dexit » (une sortie de l’Allemagne de l’UE). Les dirigeants du parti ont même changé d’avis sur l’appartenance de l’Allemagne dans l’Union, passant d’une opinion « négative » à « neutre » sur l’application semi-officielle des consignes de vote du gouvernement allemand – le <a href="http://wahl-o-mat.de/">Wahl-o-mat.de</a> – quelques jours après sa mise en ligne.</p>
<p>À l’autre extrémité du spectre politique, les Verts mènent, tambour battant, une campagne au soutien de l’UE dont les fers de lance sont deux éminents membres du Parlement : <a href="http://www.europarl.europa.eu/meps/fr/96734/SKA_KELLER/home">Ska Keller</a> et <a href="https://www.europarl.europa.eu/meps/fr/96730/SVEN_GIEGOLD/home">Sven Giegold</a>. Les campagnes des autres partis sont plus discrètes et reflètent leur idéologie générale. Chacun s’accorde à dire que l’UE est une bonne chose. Les partis martèlent leurs messages clés habituels, plaidant pour une meilleure redistribution des ressources, davantage de libéralisme ou, simplement, la même chose en mieux… Sans plus de précisions.</p>
<p>Pour encourager les électeurs à se rendre aux urnes, 10 des 16 Länder – les États fédérés allemands – organisent des élections locales le même jour que les européennes. À en juger par les affiches, les premières pourraient bien éclipser les secondes.</p>
<p>Si l’on fait confiance aux sondages, les résultats des élections européennes devraient refléter ceux des récents scrutins régionaux et le climat politique actuel : l’alliance CDU-CSU (droite démocrate-chrétienne) récolterait 30 % des voix, les Verts et le SPD (parti social-démocrate) devraient en obtenir de 15 à 20 % chacun, le FDP (parti libéral-démocrate) et <a href="https://en.die-linke.de/welcome/">Die Linke</a> (parti d’extrême gauche), 7 % chacun.</p>
<p>Le soutien à l’AfD reste stable, entre 10 et 14 %, depuis des mois. Dans le cas de l’Allemagne, les rumeurs d’une rébellion de grande ampleur contre l’UE menée par l’extrême droite ne semblent donc que des exagérations.</p>
<p><br></p>
<h2>L’Italie : État fondateur aujourd’hui fragmenté</h2>
<p><em>Gioacchino Garofoli, Université de l’Insubrie, Varèse.</em></p>
<p>En 1957, l’Italie fut l’un des <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Inner_Six">six membres fondateurs</a> de la Communauté économique européenne (CEE), future UE. A l’époque, le pays méditerranéen était plus europhile que d’autres : en 1998, 73 % d’Italiens avaient encore une opinion favorable de l’UE. Toutefois, la <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2011/08/04/crise-de-la-dette-comment-l-italie-en-est-elle-arrivee-la_1556018_3234.html">crise économique de 2007-2008</a> a transformé la plupart des citoyens transalpins en eurosceptiques : en 2018, seuls 36 % des Italiens se déclaraient favorables à l’UE.</p>
<p>Les <a href="http://www.csroggi.org/xi-rapporto-dellosservatorio-europeo-sulla-sicurezza-da-demospi-e-fondazione-unipolis/">préoccupations majeures des Italiens</a> aujourd’hui sont l’immigration (66 %), le chômage des jeunes (60 %) et la situation économique du pays (57 %).</p>
<p>En février dernier, les deux principaux partis ou mouvements anti-européens, la Ligue (Lega) et le Mouvement 5 étoiles (M5S), ont gagné les élections législatives. Ces deux partis sont davantage souverainistes qu’europhobes. Quitter la zone euro ou l’Union ne fait pas ou plus partie de leurs programmes. <a href="https://www.cnbc.com/2019/02/26/italy-m5s-could-be-headed-for-political-disaster-after-regional-collapse.html">Le soutien au M5S s’est, par ailleurs, reduit</a>, déstabilisant le gouvernement. Sur l’autre bord, Nicola Zingaretti, nouveau chef élu du <a href="https://www.theguardian.com/world/2019/mar/03/italy-heads-to-the-polls-to-elect-new-leader-for-democratic-party">Parti démocrate</a> (centre-gauche), est plus europhile mais peine à rassembler à grande échelle.</p>
<p>En dehors des partis politiques, des mouvements sociaux et culturels cherchent à mobiliser les citoyens et à développer le concept d’une Europe sociale, plus fédérale et unie, qui réduirait les inégalités et garantirait les droits fondamentaux de chacun. Ces mobilisations à travers les réseaux – au niveau des villes, mais aussi des régions et à l’échelle européenne, devraient théoriquement combler le « déficit démocratique » perçu face à l’UE.</p>
<p><br></p>
<h2>Les Pays-Bas : l’irruption du populisme dans la majorité libérale</h2>
<p><em>Jacques Paulus Koenis, Université de Maastricht.</em></p>
<p>Les Pays-Bas subissent toujours les répercussions de l’ascension fulgurante de <a href="https://www.politico.eu/article/thierry-baudet-forum-for-democracy-netherlands-5-things-to-know-about-dutch-far-rights-new-figurehead/">Thierry Baudet et de son Forum pour la démocratie</a> (FvD), le dernier-né de la famille des partis populistes néerlandais. Le Forum a obtenu le plus grand nombre de voix aux élections provinciales du mois de mars, coiffant au poteau le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) du <a href="https://www.government.nl/government/members-of-cabinet/mark-rutte">premier ministre Mark Rutte</a>.</p>
<p>Le FvD fait même de l’ombre au Parti pour la liberté (PVV), mouvement d’extrême droite de Geert Wilders, et obtiendra probablement un grand nombre des voix lors de ces élections européennes.</p>
<p>En dépit de l’issue du scrutin de mars, l’opinion publique est plus favorable à l’UE qu’il y a cinq ans, semblant vouloir s’en remettre davantage à Bruxelles pour trouver des solutions à des problématiques comme les flux migratoires internationaux, le changement climatique et le sentiment d’insécurité.</p>
<p>Il est frappant de constater que l’appel au « Nexit » (une sortie des Pays-Bas de l’UE) se fait entendre bien moins souvent aujourd’hui que lors des précédentes élections européennes. Même Thierry Baudet, populiste, n’en fait pas une priorité. Ce sont ses prises de position climato-sceptiques qui attirent davantage l’attention.</p>
<p>Des partis centristes comme le VVD et le CDA (Démocrates chrétiens) se montrent plus europhiles. Dans ses discours à l’étranger, le premier ministre Mark Rutte clame sa fierté d’être européen. Devant le Parlement néerlandais, en revanche, il affirme que les élections européennes n’ont que <a href="https://www.politico.eu/article/dutch-pm-mark-rutte-chides-white-wine-sipping-elites-for-us-president-donald-trump-bashing/">« peu d’intérêt »</a>, pour ne pas céder trop de terrain aux populistes.</p>
<p>Le VVD de M. Rutte devrait remporter la majorité des voix, suivi par le FvD de Thierry Baudet et par <a href="https://verkiezingen.groenlinks.nl/bas-eickhout">GroenLinks, le parti écologiste de Bas Eickhout</a> qui est, avec l’Allemande Ska Keller, l’une des <a href="https://www.politico.eu/article/manfred-weber-spitzenkandidat-system-unconcerned/"><em>Spitzenkandidaten</em></a> (tête de liste) des Verts européens.</p>
<p>Frans Timmermans, le candidat des sociaux-démocrates, n’obtiendra dans son pays que peu de suffrages, car le Parti travailliste est très affaibli. En revanche, il peut espérer récolter des voix en toute l’Europe, car il est le <em>Spitzenkandidat</em> du <a href="https://www.pes.eu/en/">Parti socialiste européen</a> (PES).</p>
<p><br></p>
<h2>Suède : Les jeunes pour l’environnement</h2>
<p><em>Anamaria Dutceac Segesten, Université de Lund.</em></p>
<p>La protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique sont au centre des préoccupations des électeurs suédois, selon les <a href="https://www.aftonbladet.se/nyheter/samhalle/a/8mPqj1/klimat-och-miljo-i-topp-infor-eu-valet">derniers sondages d’opinion</a>. Le sujet a été mis sur le devant de la scène par Greta Thunberg, une adolescente désormais connue dans le monde entier, mais aussi du fait des <a href="https://www.nytimes.com/2018/07/19/world/europe/heat-wave-sweden-fires.html">nombreux incendies de forêt</a> qui ont dévasté le pays l’an dernier.</p>
<p>L’intérêt pour l’environnement n’est pas récent en Suède. Lors des précédentes élections européennes, cette problématique figurait déjà parmi les cinq préoccupations principales des citoyens. <a href="https://www.kantarsifo.se/rapporter-undersokningar/valjarbarometern-eu">En seconde et troisième positions</a>, ces derniers souhaiteraient voir l’UE s’attaquer au problème des réfugiés et à la lutte contre le terrorisme et la criminalité.</p>
<p>Toujours d’après les derniers sondages, un tiers des électeurs suédois n’a pas encore choisi son camp. La participation devrait être plus importante (autour de 58 %) cette année qu’en 2014 (51 %), en partie à cause des inquiétudes relatives au climat. Un problème essentiel pour les plus jeunes, qui seront sûrement nombreux à voter. Selon un sondage de l’institut Novus, 66 % des 18-29 ans font confiance à l’UE, plus que l’ensemble de la population : 59 % d’après l’<a href="http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinionmobile/index.cfm/Survey/getSurveyDetail/surveyKy/2215">Eurobaromètre</a>).</p>
<p>Bien que les Verts soient les hérauts de la protection de l’environnement, leur parti semble en <a href="https://www.kantarsifo.se/rapporter-undersokningar/valjarbarometern-eu">perte de vitesse</a>, avec seulement 11 % d’intentions de vote (une baisse de 4 % par rapport au 2014). Toutefois, le prix de la « plus grosse perte d’électeurs » revient aux libéraux : ils glissent sous la barre des 4 %, avec seulement 3,6 % d’intentions de vote. Pour la première fois depuis 1999, ce parti europhile risque de n’obtenir aucun siège au Parlement européen.</p>
<p>À l’autre extrémité du spectre politique, les Démocrates de Suède, parti anti-immigration et eurosceptique, tablent sur 16,9 % d’intentions de vote, 7 % de plus qu’en 2014, où ils avaient obtenu deux sièges au Parlement européen.</p>
<p><br></p>
<h2>La Norvège : spectateurs « impactés » du scrutin</h2>
<p><em>John Erik Fossum, Université d’Oslo.</em></p>
<p>La Norvège n’est pas membre de l’Union européenne et n’élit donc pas de représentants au parlement. Néanmoins, deux facteurs font de ces élections un événement important pour le pays. Tout d’abord, <a href="https://www.ssb.no/en/befolkning/statistikker/innvbef">plus de 7 % de ses résidents sont citoyens de l’UE</a> et ont donc le droit de participer au scrutin. Deuxièmement, la Norvège fait partie de l’Espace économique européen : elle est donc concernée par 75 % des directives de l’UE.</p>
<p>Les principaux médias du pays font fréquemment référence à <a href="https://www.aftenposten.no/sok?query=macron+">certains des acteurs de premier plan de la scène politique européenne</a>, dont Emmanuel Macron, Angela Merkel et Annegret Kramp-Karrenbauer ou encore Viktor Orban. En revanche, en dehors de l’Allemand Manfred Weber, président du Parti populaire européen, quasiment aucun député européen ne bénéficie de la moindre attention en Norvège.</p>
<p>Finalement, le manque de représentation directe au Parlement influence l’engagement et la nature des débats autour des élections. Les partis politiques norvégiens ne bataillent pas dans un contexte électoral. Ce qui se reflète dans la couverture irrégulière des médias norvégiens, déconnectés par rapport au cycle des élections du Parlement.</p>
<p>L’absence de sondages d’opinion amplifie ce sentiment. Les Norvégiens ont le sentiment d’être tenus à l’écart de la campagne. Ils ne s’estiment donc pas en mesure d’envoyer des représentants à Bruxelles, et sont donc réduits au rôle de spectateurs des événements à venir, qui vont pourtant avoir un impact sur leur pays non négligeable.</p>
<hr>
<p><em>Les élections au Parlement européen se tiendront du 23 au 26 mai. Plus d’information est disponible sur le site <a href="https://europeelects.eu/ep2019">europeelects.eu/ep2019</a>.</em></p>
<p><em>Traduit de l’anglais par Iris Le Guinio pour <a href="http://www.fastforword.fr/">Fast ForWord</a>, Daniel Peyronel et Thomas Hofnung.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117345/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Erik Fossum reçoit un financement en tant que coordinateur du projet Eu3 H2020</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vít Hloušek reçoit un financement de la Fondation tchèque pour la science.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anamaria Dutceac Segesten, Gioacchino Garofoli, Jacques Paulus Koenis et Kai Arzheimer ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Comment l'Union européenne est-elle perçue, de Rome à Oslo, en passant par Berlin, Amsterdam, Stockholm et Prague ? A l'occasion du renouvellement du Parlement européen, six experts répondent.Anamaria Dutceac Segesten, Senior Lecturer in European Studies, Lund UniversityGioacchino Garofoli, Professeur d’économie, Università degli Studi dell’InsubriaJacques Paulus Koenis, Professor of Social Philosophy, Maastricht UniversityJohn Erik Fossum, Professor, ARENA Centre for European Studies, University of OsloKai Arzheimer, Professor of Political Science, Johannes Gutenberg University of MainzVít Hloušek, Associate Professor of Political Science, Masaryk UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1157752019-04-25T19:05:38Z2019-04-25T19:05:38ZLa taxation sur la fortune disparaît en Europe, mais revient dans le débat aux États-Unis<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/270121/original/file-20190419-28103-3793b3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=28%2C110%2C892%2C552&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'ancien candidat à la présidentielle Bernie Senders propose d'alourdir les droits de succession pour réduire les inégalités.</span> <span class="attribution"><span class="source">A. Katz/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Aux États-Unis, les inégalités ont fortement crû au cours des 40 dernières années puisque <a href="https://www.lepoint.fr/economie/face-a-la-montee-des-inegalites-le-modele-europeen-resiste-tant-bien-que-mal-02-04-2019-2305191_28.php">1 % des ménages captent désormais 20 % des revenus</a> avant impôts contre 10 % en 1980 (en France les 1 % les plus riches n’engrangent que 8 % des revenus avant impôts comme en 1980). Même si la fiscalité y est – comme en France – redistributive, les inégalités après impôts mesurées par l’<a href="http://www.bsi-economics.org/288-%E2%98%86-le-coefficient-de-gini">indice de Gini</a> y restent beaucoup plus fortes (outre-Atlantique, l’indice passe de 0,47 avant impôts à 0,41 après impôts, en France de 0,45 et 0,29).</p>
<p>Pour y remédier, les élus démocrates veulent <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/05/aux-etats-unis-le-concours-lepine-des-democrates-pour-taxer-les-plus-riches_5445965_3210.html?xtmc=ron_wyden&xtcr=1">user de l’outil fiscal</a>. Début avril, la sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren a préconisé une taxe de 2 % par an sur les fortunes comprises entre 50 millions et 1 milliard de dollars (soit 75 000 ménages), et même 3 % au-delà. La députée Alexandria Ocasio-Cortez a de son côté suggéré une tranche marginale de l’impôt sur le revenu (IR) à 70 % sur les revenus annuels au-delà de 10 millions de dollars concernant 16 000 foyers (en 2019, elle est de 37 % au niveau fédéral mais peut atteindre 49 % à New York ou en Californie avec l’impôt des États et des municipalités).</p>
<p>Enfin, concernant les droits de succession, actuellement de 40 % mais seulement au-delà de 11 millions de dollars, le sénateur du Vermont et ancien candidat à la présidentielle Bernie Senders a proposé de les passer à 45 % au-delà de 3,5 millions de dollars (soit 8 000 personnes par an), et même à 77 % au-delà du milliard de dollars.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270123/original/file-20190419-191664-dzep4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Aux États-Unis, les inégalités se creusent depuis 40 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gabriel12/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, à la différence des pays qui avaient établi un impôt sur la fortune englobant les <a href="https://www.nielsen.com/eu/en/solutions/high-net-worth-individuals.html"><em>high net worth individuals</em></a> (les détenteurs de patrimoines dépassant la barre du million de dollars), on remarquera que ces propositions se limitent aux <a href="https://www.nielsen.com/eu/en/solutions/high-net-worth-individuals.html"><em>ultra high net worth individuals</em></a> (les détenteurs de patrimoines supérieurs à 30-50 millions de dollars) ou aux très hauts revenus.</p>
<p>Ces propositions ont déclenché un vif débat, alimenté entre autres par les conclusions de <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-03-28/democrats-love-a-wealth-tax-but-europeans-are-ditching-the-idea">mes recherches</a>. Comme pour l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en France, l’intention est louable mais elle se traduirait inévitablement par une expatriation de milliardaires ou par la mobilisation des meilleurs avocats pour traquer les failles d’une des fiscalités les plus complexes au monde.</p>
<h2>Un impôt en voie de disparition</h2>
<p>Si l’abrogation de l’ISF en 2018 est un symbole politique fort en France, elle n’est que le dernier avatar de l’effacement progressif de l’impôt sur la fortune depuis 25 ans dans l’Union européenne (UE), initié par l’Autriche en 1994, suivi du Danemark en 1995, de l’Allemagne et de l’Irlande en 1997, des Pays-Bas en 2001, de la Finlande en 2006 et enfin de la Suède de 2007.</p>
<p>En 2019, <em>l’impuesto sobre patrimonio</em> espagnol est le seul véritable vestige de cet effacement. En effet, après l’avoir supprimé en 2007 et face à la dégradation de ses comptes publics, l’Espagne l’a rétabli en 2011 dans une configuration très proche du précédent (qui s’inspirait lui-même très largement de l’ISF français) avec huit taux généralement compris entre 0,2 % à 2,5 % (variables selon les régions), mais plafonné à 70 % du revenu imposable et avec de nombreuses exonérations (œuvres d’art, droits intellectuels, valeur nette des entreprises, etc.).</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270124/original/file-20190419-1403-1y4x2il.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Face à ses problèmes budgétaires, Madrid a rétabli en 2011 l’impôt sur le patrimoine supprimé quatre ans plus tôt.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marcos del Mazo Valentin/Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Seule inflexion notable de la nouvelle mouture, le seuil d’imposition a été substantiellement relevé de 100 000 à 700 000 euros réduisant le nombre d’assujettis d’1 million à 160 000.</p>
<p>Quant à la Belgique, si elle a introduit à compter du 1<sup>er</sup> janvier 2019, un prélèvement fiscal de 0,15 % sur les seuls comptes-titres supérieurs à 500 000 euros, ce dernier comporte de nombreuses exemptions, comme les contrats d’assurance-vie, les fonds d’épargne-pension ou encore les actions au nominatif pur. Il ne peut donc que difficilement être qualifié d’impôt sur la fortune…</p>
<h2>Luxe de pays riches</h2>
<p>Ailleurs en Europe, l’impôt sur la fortune ne concerne plus que trois pays très riches : la Suisse, la Norvège et… le Liechtenstein.</p>
<p>En Suisse, il s’agit d’un vieil impôt cantonal qui fait office de droits de succession quasi inexistants (sauf dans quatre cantons et à des taux toujours inférieurs à 4 % du patrimoine) : il varie donc d’un canton à l’autre, certains l’ignorant totalement. Le seuil d’imposition de la « fortune » est en général très bas (parfois dès 30 000 francs suisses – 26 300 euros – de patrimoine net) mais le taux, progressif, est très faible et ne dépasse jamais 1 % par an.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270125/original/file-20190419-28116-igdui8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Suisse a mis en place un double bouclier fiscal pour limiter l’imposition globale sur la fortune.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Roman Babakin/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, dans le canton de Vaud, le seuil d’imposition est de 50 000 francs suisses – 44 000 euros –, le taux d’imposition passant de 0,09 % à 0,30 % (le barème officiel comporte 20 pages) au-delà de 2 millions de francs suisses – 1 754 000 euros. Un des principes fiscaux helvétiques postulant que l’imposition sur le patrimoine ne doit grever que le revenu découlant de ce patrimoine, un double bouclier fiscal a été mis en place pour limiter l’imposition globale sur la fortune à 60 % des revenus ou à 0,6 % de la valeur du patrimoine. Frappant une large base à un taux faible, l’impôt sur la fortune suisse est un modèle d’efficacité budgétaire, représentant 4,4 % des produits fiscaux (et 1 % du PIB, soit quatre fois plus que le défunt ISF français).</p>
<p>En Norvège, on trouve un impôt communal sur le patrimoine de 0,7 % maximum auquel s’ajoute un impôt national de 0,4 % sur une base également très large d’environ 75 000 euros. Enfin, et à titre anecdotique, le Liechtenstein impose également le patrimoine avec des taux allant de 0,16 % à 0,85 % par an en lieu et place de l’impôt sur les revenus du capital.</p>
<h2>Emmanuel Macron suit ses voisins</h2>
<p>Dans un espace économique de libre circulation des hommes et des capitaux, le faible rendement de l’impôt sur la fortune et surtout le coût de l’expatriation des capitaux qu’il génère a eu raison d’un impôt parfois plus que centenaire (1892 pour les Pays-Bas et 1893 pour l’Allemagne). Si le coût de la collecte de l’ISF était modeste (<a href="https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-prelevements-obligatoires-sur-le-capital-des-menages">autour de 2 % des recettes</a>, selon le Conseil des prélèvements obligatoires), j’ai montré dans une <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1268381">étude</a> parue en 2007 et actualisée en 2016 que le manque à gagner de l’expatriation des patrimoines, indéniable mais très difficile à estimer, était de deux ordres : budgétaire (pour les finances publiques), et économique (pour l’économie française).</p>
<p>Selon mes estimations, depuis sa création en 1988 l’ISF a généré une expatriation légale de capitaux supérieure à 200 milliards d’euros représentant en 2017 (dernière année de perception) une perte de recettes fiscales de l’ordre de 7,5 milliards d’euros par an, soit supérieure à des recettes de 5 milliards d’euros. Le départ de ces capitaux a privé l’économie française de dizaines de milliers d’emplois et réduit la croissance d’environ 0,2 % de PIB chaque année. En supprimant l’ISF et écartant la possibilité de le rétablir dans l'immédiat <a href="https://theconversation.com/isf-et-gilets-jaunes-pourquoi-macron-ne-peut-pas-ceder-108621">malgré certaines revendications</a>, le président Emmanuel Macron n’a donc fait qu’appliquer une logique budgétaire et économique déjà suivie par nos voisins. Il a toutefois annoncé, lors de sa conférence de presse sur les conclusions du grand débat national, que l'efficacité de cette réforme sera évaluée en 2020.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1121454165039951873"}"></div></p>
<h2>La fiscalité immobilière la plus élevée d’Europe</h2>
<p>Si la fin de l’ISF et la création de la <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/impots/impots/budget-quatre-questions-pour-comprendre-la-flat-tax-adoptee-par-l-assemblee-nationale_2428749.html"><em>flat tax</em></a> sur les revenus du capital en 2018 abaissent la fiscalité du patrimoine (les impôts sur le capital des ménages, stocks et flux inclus) qui était de 6,1 % du PIB en 2015, elle se situe toujours aujourd’hui <a href="https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/20180125-rapport-particulier5-prelevements-obligatoires-capital-des-menages.pdf">au-dessus de la moyenne de l’UE</a> (3,9 %) et surtout de notre principal partenaire allemand (1,8 %).</p>
<p>Quant à la fiscalité de l’immobilier, elle reste de loin la plus élevée en Europe, la France étant le seul grand pays à pratiquer 6 types d’imposition patrimoniale à chaque étape du cycle économique : sur l’acquisition (et la vente) via les droits d’enregistrement, la détention avec les impôts fonciers et l’IFI, les revenus du patrimoine, les mutations avec les droits de succession et de donation, et enfin les plus-values.</p>
<p>Trois de ces impôts étant progressifs (le taux marginal d’imposition des revenus fonciers est de 62 %, l’IFI de 1,5 % et les droits de succession à 45 % en ligne directe et 60 % sans lien direct), le rendement locatif après impôts est souvent négatif pour les gros patrimoines. Au total, selon Eurostat, la France est le <a href="https://ec.europa.eu/taxation_customs/business/economic-analysis-taxation/data-taxation_en">pays qui taxe le plus l’immobilier</a> à 4,9 % du PIB en 2017 contre 2,6 % dans l’UE et 1,1 % en Allemagne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115775/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Pichet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour réduire les inégalités, les élus américains du Parti démocrate veulent mobiliser cet outil fiscal qui a été progressivement abandonné ces dernières années dans les pays européens.Éric Pichet, Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1147972019-04-14T19:41:39Z2019-04-14T19:41:39ZLa saga du prion : après la vache folle, les élans et les rennes fous ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268990/original/file-20190412-76856-1ev26sz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le renne norvégien, première espèce de cervidés victime d'une maladie à prion en Europe.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/reindeers-natural-environment-tromso-region-northern-234537685?src=c0H8P-ZrQrYcSvDue485dg-1-6">Dmitry Chulov/Shutterstock.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Depuis le printemps 2016, une <a href="https://veterinaryresearch.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13567-016-0375-4">épidémie inédite</a> a commencé à toucher les élans et les rennes en Norvège. Au mois de mars 2018, c’était au tour d’un élan finlandais d’être atteint, suivi d’un élan suédois en mars 2019. Cette progression inquiète, à juste titre, les autorités locales et la communauté scientifique tout entière.</p>
<p>La maladie en question a déjà sévi sous une autre forme en Europe, et plus particulièrement au Royaume-Uni durant les années 1985-2010. Il s’agit de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), une <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/maladies-prions-maladie-creutzfeldt-jakob">maladie à prion</a> plus populairement dénommée maladie de la vache folle.</p>
<p>Les maladies à prion sont des maladies neurodégénératives provoquant des troubles neurologiques progressifs d’issue fatale, après une période d’incubation longue et silencieuse. Elles touchent l’Homme (<a href="https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/Disease_Search.php?lng=FR&data_id=697">maladie de Creutzfeldt-Jakob</a>, <a href="https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=466">Insomnie fatale familiale</a>) et les animaux d’élevage (maladie de la vache folle, tremblante du mouton et de la chèvre, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29652245">maladie à prion du dromadaire</a>) ou sauvages (maladie du dépérissement chronique des cervidés).</p>
<p>Les symptômes peuvent être d’ordres locomoteurs, sensoriels et comportementaux.</p>
<h2>Un agent pathogène vraiment atypique</h2>
<p>Contrairement aux virus, les bactéries ou des parasites, un prion ne dispose pas d’acide nucléique (ADN ou ARN) comme matrice de l’information infectieuse. L’agent responsable est composé exclusivement de particules protéiques. Tel un Janus aux deux visages ou un Dr Jekyll et Mr Hyde, chaque protéine du prion existe sous deux formes : une forme normale associée à des fonctions biologiques, et une <a href="https://www.researchgate.net/publication/233978592_Le_phenomene_prion_differents_aspectsd%27un_nouveau_concept_en_biologie">forme mal repliée infectieuse</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268964/original/file-20190412-76853-1aqszd7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Visualisation du changement de structure de la protéine normale en protéine pathologique, et type de dépôt que l’on peut visualiser dans un cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>La propagation du prion se fait par contact entre la forme anormale et la forme normale. Ceci induit un changement de l’architecture de la protéine normale qui devient pathogène. Par un effet domino, ce phénomène se propage de protéine en protéine, par un mécanisme autoréplicatif au sein du tissu nerveux et conduit, à une mort neuronale.</p>
<h2>Le cas de la maladie de la vache folle</h2>
<p>Si la maladie de la vache folle a été maîtrisée grâce aux mesures prises par les autorités (épidémiosurveillance, interdiction des farines animales vecteurs de la maladie, abattage, retrait et élimination des tissus à risque des carcasses destinées à l’alimentation : cerveau, moelle épinière) et grâce aux avancées scientifiques (tests de diagnostic à l’abattoir et à l’équarrissage depuis janvier 2001 en Europe), le passage des prions de l’ESB à l’homme en donnant le <a href="https://www.nature.com/articles/383685a0">variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob</a> (v-MCJ) a fait trembler toute l’Europe en 1996.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268967/original/file-20190412-76846-n56p2m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La maladie de la vache folle a entraîné une véritable crise sanitaire à la fin des années 1990 en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">M. Moudjou</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/269051/original/file-20190412-76856-1vik9kh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Répartition et nombre de cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) dans le monde en 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/situation-de-lesb-dans-le-monde-et-taux-dincidence-annuel/">M. Moudjou, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé animale</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce franchissement de la barrière d’espèce a été en apparence peu efficace. En effet moins de 250 cas de v-MCJ sont actuellement recensés dans le monde, principalement au Royaume-Uni (<a href="https://www.cjd.ed.ac.uk/">178 cas au RU</a>, <a href="http://invs.santepubliquefrance.fr">27 cas en France</a>). Cependant, il est possible que des infections humaines par ces prions d’origine bovine puissent demeurer silencieuses et affecter un nombre plus important de personnes, selon <a href="https://www.bmj.com/content/347/bmj.f5675.long">des études britanniques</a> récentes.</p>
<p>La prévalence de ces porteurs dits asymptomatiques se situerait autour d’1 personne sur 2 000 dans la population à risque au Royaume-Uni. Ces chiffres suggèrent un risque non négligeable de transmission interhumaine liée à ces porteurs sains, notamment par la voie de dons d’organes ou celle de la transfusion sanguine. Quatre cas de transmission du v-MCJ par transfusion sanguine ou don de plaquettes ont été comptabilisés en Angleterre avant la mise en place de mesure de sécurisation de la transfusion sanguine, démontrant les risques associés à cette voie.</p>
<h2>Une autre maladie à prion sévit outre-Atlantique</h2>
<p>Si les États-Unis ne recensent que très peu de cas d’ESB (quatre cas jusqu’en 2016), ils sont touchés par une autre maladie à prion : la maladie du dépérissement, ou débilitante, chronique (MDC) des cervidés (élans, rennes, wapiti), appelée aussi <em>chronic wasting disease</em> (CWD). C’est la seule maladie à prion recensée qui touche les animaux sauvages.</p>
<p>La première description de la MDC aux États-Unis remonte à 1967 dans l’État du <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1617203">Colorado</a>. Depuis, elle a été recensée dans 25 autres États américains ainsi que dans deux provinces canadiennes (Alberta au Saskatchewan, et au Québec à la frontière de l’Ontario) et en <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=29887133&dopt=Abstract">Corée du sud</a>. La MDC est plutôt proche de la tremblante du mouton dans la mesure où l’agent responsable peut se disséminer, en sus du tissu nerveux dans différents organes périphériques (tissus lymphoïdes, muscle…). On retrouve également des traces du prion MDC dans la plupart des liquides biologiques (sang, salive, urine) et dans les excréments.</p>
<p>Le prion est connu pour sa grande résistance à la dégradation. Ainsi, un pâturage infecté par un animal malade ou un cadavre peut résister aux conditions environnementales extrêmes et reste infectieux durant de très nombreuses années. Il présente alors un risque de contamination pour d’autres animaux de la faune sauvage. Par conséquent, le prion de la MDC est l’un des prions dont la transmissibilité horizontale (par contact) est la plus redoutable, participant à la contagiosité de cette maladie et à son extension, jugée incontrôlable en Amérique du Nord.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268979/original/file-20190412-76846-8jnhns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’élan, en Amérique du Nord, a été l’une des premières espèces touchées par le prion de la MDC.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/MVIqwQvkwG4">Shivam Kumar/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des premiers cas apparus en Europe</h2>
<p>Les premiers cas de MDC européens ont été <a href="https://veterinaryresearch.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13567-016-0375-4">reportés en Norvège</a> en 2016. Un renne et trois élans se sont trouvés atteints. Les principaux symptômes d’une maladie à prion y ont été décrits : apathie, salivation, perte de poids, agressivité, difficulté à rester debout. Le cas du renne se trouvait dans une région distante de 400 km de celle où les élans malades ont été trouvés, ce qui exclut une transmission entre les deux espèces.</p>
<p>Les premières analyses montrent que si le prion de la MDC du renne norvégien ressemble aux plans biochimique et immunohistochimique à celui identifié en Amérique et au Canada, le prion identifié chez les élans norvégiens semble, lui, différent. L’origine de leur apparition en Norvège n’est toujours pas connue. S’agit-il d’une forme sporadique de prion, comme il en existe chez l’homme pour la maladie de Creutzfeldt-Jakob ? La détection d’une MDC chez le renne montre que celui-ci représente une autre espèce de cervidé susceptible à cette maladie. En effet, seuls les élans, le wapiti, le cerf-mulet et le cerf de Virginie étaient <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/24/12/18-0702_article">décrits comme espèces vulnérables</a> aux États-Unis et au Canada.</p>
<p>Cette émergence de la MDC en Norvège, puis en <a href="http://www.promedmail.org/post/20180313.5684473">Finlande</a> (mars 2018) et récemment chez un autre élan en <a href="https://www.plateforme-esa.fr/article/suede-declaration-d-un-premier-cas-de-maladie-du-deperissement-chronique-des-cervides">Suède</a> (mars 2019) ou encore pour la première fois chez un cerf rouge sauvage en <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30920905">Norvège</a> (mars 2019) montre que cette maladie peut potentiellement se propager assez rapidement à d’autres territoires européens et représenter un <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/7890/MS_2012_06-07_565.html?sequence=19">risque de transmission à d’autres espèces</a> d’animaux sauvages ou d’élevage.</p>
<p>Il est aussi possible que cette maladie soit présente depuis longtemps dans les pays scandinaves mais sous-estimée, du fait de l’absence de tests à grande échelle.</p>
<h2>Un fort impact socio-économique potentiel</h2>
<p>L’impact socioéconomique dans des pays où l’élevage des rennes fait partie des traditions ancestrales pourrait être très important. La population <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Samis">Sami</a>, dont une grande partie vit de cette activité se situe autour de 80 000 en Norvège, 20 000 en Suède, 6 400 en Finlande et de 2 000 en Russie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268987/original/file-20190412-76862-1hplxro.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La vie du peuple Sami, ici dans la région de Tromso, en Norvège, est étroitement liée à l’élevage de rennes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/tromso-norway-march-12-2018-unidentified-1063620899?src=QBTGssQlIVkY2j3mp0kqmQ-1-1">Suwipat Lorsiripaiboon/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des efforts à l’échelle européenne seront nécessaires afin de bloquer ou de limiter la propagation de ce nouvel agent pathogène (appelé Nor-16CWD pour le prion des élans) dans le reste du continent. En mars 2019, on recensait 19 cas de MDC chez les rennes, 4 chez les élans, 1 cas chez les cerfs en Norvège, plus les 2 cas d’élans finlandais et suédois.</p>
<p>Qu’en est-il des risques de transmission de la MDC à l’homme ? Il est connu qu’en Amérique du Nord, la chasse et la consommation de cervidés se pratique régulièrement. La surveillance épidémiologique aux États-Unis et au Canada n’a reporté aucun cas de transmission de la MDC à l’homme chez la population à risque, les chasseurs. Il reste néanmoins possible que la maladie chez l’homme puisse être confondue avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob classique. Les cas de MDC reportés en Europe sont trop récents pour que l’évaluation de leur risque zoonotique – transmission de l’animal à l’humain – ait été reportée.</p>
<p>Au-delà des aspects du concept « one health » (une seule santé animale et humaine) ou des considérations économiques, il est essentiel de réagir face à ces nouveaux pathogènes émergents qui touchent un patrimoine ancestral de l’humanité et menacent la faune sauvage.</p>
<hr>
<p><em>Pour en savoir plus sur les maladies à prion, l’auteur a écrit un livre de vulgarisation, <a href="http://www.edilivre.com/le-mouton-la-vache-et-le-vieux-papou-l-histoire-d-1e80563954.html/#.Vpii_1JxJaU">« Le mouton, la vache et le vieux Papou, l’histoire d’une mauvaise graine »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114797/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mohammed Moudjou est impliqué dans des projets de recherches ayant reçu des financements de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM), de la région Ile de France (DIM/MALINF), de la fondation Alliance Biosecure, de l'ANSM.</span></em></p>Rappelant la douloureuse crise de la vache folle, une nouvelle maladie à prion détectée chez les cervidés en Europe du Nord fait craindre une épidémie, questionnant aussi une possible transmission à l’humain.Mohammed Moudjou, Ingénieur de recherche à l'Inra. Biochimiste, spécialiste des maladies à prion, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1038592018-09-30T18:41:47Z2018-09-30T18:41:47ZLes indicateurs de richesse, insuffisants pour comprendre les inégalités<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238173/original/file-20180926-48634-d8hjlj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C10%2C988%2C652&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) met à disposition des indicateurs qui permettent de mieux saisir les différentes situations entre les pays. </span> <span class="attribution"><span class="source">Prazis Images/ Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En matière d’inégalités entre les pays, on présente généralement des moyennes de revenu par habitant. Mais cette méthode a ses limites. Par exemple, ces comparaisons « horizontales » peuvent cacher de grands écarts internes. Dans un pays très riche comme le Qatar, il y a quand même des gens pauvres. Dans un pays très pauvre comme le Mali, il y a quand même des familles qui prospèrent.</p>
<p>Certes, ces moyennes révèlent des écarts externes très significatifs entre les pays. Un Norvégien touche ainsi un revenu annuel moyen quarante fois supérieur à celui d’un Haïtien. Mais il nous semble important, pour obtenir une photographie plus complète, de mobiliser d’autres indicateurs.</p>
<h2>Quatre indicateurs pour mieux comprendre les inégalités</h2>
<p>Le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) nous permet justement de disposer de plusieurs indicateurs complémentaires :</p>
<ul>
<li><p>RNB/h : Le revenu annuel par habitant pour l’économie ;</p></li>
<li><p>IDH : l’indicateur de développement humain pour l’enseignement et la santé ;</p></li>
<li><p>Satisfaction : un indice global de satisfaction pour le bonheur perçu ;</p></li>
<li><p>Démocratie : un indicateur de démocratie pour la politique.</p></li>
</ul>
<p>Avec ces quatre indicateurs, on sait ainsi qu’il y a des pays où l’on est pauvre mais heureux. Ou encore que, dans d’autres, on est bien soigné mais on vit sous une dictature ; etc.</p>
<p>Pour montrer tout l’éventail des situations, le <a href="http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=60029">sociologue Gabriel Langouët et le professeur Dominique Groux, spécialiste des questions d’éducation</a>, viennent d’extraire un échantillon de 20 pays, aux situations particulièrement contrastées, pour les classer des cas où tout va mal vers ceux où tout semble aller pour le mieux.</p>
<p>Nous proposons ici de réduire encore leur liste à cinq pays à la population comparable, plus la France pour nous situer. Déjà, des contrastes saisissants apparaissent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238133/original/file-20180926-48653-16foloc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>On lit en direct l’écart des revenus par habitant en dollars : Un Haïtien est en moyenne dix fois plus pauvre qu’un Mauricien, qui est lui-même un peu au-dessus de la moyenne mondiale, mais qui reste deux fois plus pauvre qu’un Français.</p></li>
<li><p>On lit tout aussi directement l’écart des indices de développement humain : en matière de soins et d’éducation, un Haïtien est loin derrière un Mauricien qui, lui, dépasse la moyenne mondiale. On retrouve en fait la même hiérarchie que pour le revenu par habitant.</p></li>
<li><p>L’indice de satisfaction global semble cohérent avec les deux indicateurs précédents : on est peu satisfait d’être pauvre et mal soigné ou éduqué. On est plus heureux dans un pays riche à fort développement humain. Bref, la qualité de vie apparaît comme meilleure en Norvège qu’en Haïti. On remarquera au passage que La Havane ne publie pas de données sur le « bonheur » d’être cubain.</p></li>
<li><p>Mais l’indicateur de démocratie révèle, lui, qu’un pays riche n’est pas nécessairement une démocratie, ou inversement, comme l’illustre le cas de l’île Maurice. Il indique aussi que, s’il y a effectivement une spirale de la misère, du manque d’éducation et de l’instabilité politique en Haïti, un pays non démocratique comme Cuba peut assurer des soins corrects et une éducation convenable.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238169/original/file-20180926-48653-1c2xkgg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le revenu annuel moyen par habitant en Norvège est 40 fois supérieur à celui enregistré en Haïti.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fivepointsix/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des écarts importants entre pays similaires</h2>
<p>Bien sûr, le « petit » pays qu’est la Norvège bénéficie d’une manne pétrolière qui l’aide à prospérer. Encore lui faut-il s’organiser pour atteindre des scores aussi exemplaires que ceux mesurés sur les quatre critères. Pour ce qui est des autres pays, il est troublant de constater de tels les écarts alors qu’ils comptent des atouts et des handicaps similaires, ainsi que des histoires ayant parfois des traits analogues :</p>
<ul>
<li><p>Maurice fait figure ici du bon élève qui se développe dans tous les domaines : économiques, sociaux, psychologiques et politiques. Bref, sur les quatre indices retenus.</p></li>
<li><p>Cuba y parvient dans le domaine socio-économique mais par une voie autoritaire qui ne laisse même pas à une éventuelle satisfaction le droit de s’exprimer.</p></li>
<li><p>Enfin, le cas d’Haïti reste dramatiquement celui du cumul de tous les échecs. Les obstacles au développement de l’esprit d’entreprise en Haïti restent aujourd’hui très nombreux : politiques, éducatifs, voire religieux. Je vous invite à ce sujet à lire la <a href="https://journals.openedition.org/edso/4805">préface du livre</a> de Langouët et Groux, judicieusement rédigée par Obrillant Damus, brillant jeune professeur d’université de Port-au-Prince.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238167/original/file-20180926-48653-hfk4mo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Haïti semble pris dans une spirale de la misère et de l’instabilité politique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michelle D. Milliman/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Trois réflexions pour ouvrir le débat</h2>
<p>D’abord, nous vivons dans un monde où les 20 % les plus riches (1,4 milliard de personnes) possèdent 95 % des richesses. Nous venons de mesurer que les contrastes entre pays sont impressionnants, avec un revenu annuel moyen qui va de 1 à 40 entre un Haïtien et un Norvégien. Il y a plus encore entre un Malien et un Qatari. Il va de soi que cette répartition paraît injuste. Langouët et Groux ont eu raison de titrer : « Réveillons-nous ». À condition de ne pas présenter Cuba comme une voie désirable de développement…</p>
<p>Pour autant, on ne peut pas dire que « c’était mieux avant ». Sur des moyennes mondiales, l’humanité a progressé depuis un siècle : espérance de vie, prospérité, éducation, santé, démocratie, qualité de vie… tout cela s’est amélioré pour le plus grand nombre de personnes, dans le plus grand nombre de pays. Il faut regarder la démonstration du conférencier suédois Johan Norberg <a href="https://www.contrepoints.org/2017/08/01/295781-non-netait-mieux-de-johan-norberg">« Non, ce n’était pas mieux avant »</a>, pour s’en convaincre.</p>
<p>Enfin, il ne suffit plus de comparer des pays pour mesurer des inégalités de richesse. Peut-être faut-il se tourner aussi vers de grandes entreprises, prospères et influentes, qui deviennent des lieux de pouvoir et de stratégie plus lourds que certains pays. On pense bien sûr aux GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon. Dans son livre <a href="http://www.thefourbook.com">« The Four »</a>, Scott Galloway, professeur à l’Université de New York, montre bien qu’avec un nombre de salariés équivalent à la taille d’une métropole française, les GAFA cumulent à eux quatre une capitalisation qui dépasse le PIB de la France (2 700 milliards de dollars en 2017). Finalement, il y a des entités plus riches que des pays et qui ont du poids pour faire valoir leurs stratégies de développement. Un élément à ajouter aux comparaisons entre pays.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103859/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Michel Morin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au-delà du revenu, les indicateurs relatifs au niveau d’éducation ou encore au bien-être permettent des comparaisons plus précises entre les pays.Jean-Michel Morin, Maître de conférences en sociologie, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/778902017-05-23T19:26:39Z2017-05-23T19:26:39ZYves Meyer et l’aventure des ondelettes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/170626/original/file-20170523-5743-isakqe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Yves Meyer à Oslo pour recevoir le prix Abel</span> <span class="attribution"><span class="source">Stéphane jaffard</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Chaque année, la Norvège récompense un mathématicien remarquable par le prix Abel, qui pallie l’absence de prix Nobel en mathématiques. Ce 23 mai, c’est un Français qui est célébré : le roi de Norvège a remis à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Meyer">Yves Meyer</a> le prix Abel « for his pivotal role in the development of the mathematical theory of wavelets ». C’est-à-dire en reconnaissance de son rôle essentiel dans le développement de la <a href="http://smf4.emath.fr/Publications/Gazette/2011/130/smf_gazette_130_19-36.pdf">théorie mathématique des ondelettes</a>.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/170627/original/file-20170523-5752-5f7ndy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Yves Meyer reçoit le prix Abel des mains du roi de Norvège dans la grande salle des cérémonies de l’université d’Oslo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphane Jaffard</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Qui est Yves Meyer ? Né en 1939, il a passé sa jeunesse à Tunis. Après des études brillantes à l’École normale supérieure, il enseigne trois ans en lycée, où il commença une thèse. Il est alors influencé par Jean‑Pierre Kahane, grande figure de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_harmonique_%28math%C3%A9matiques%29">analyse harmonique</a> (ou « analyse de Fourier »). Ce domaine des mathématiques étudie la décomposition des fonctions comme superposition d’ondes sinusoïdales.</p>
<p>De cette proximité scientifique, Yves Meyer gardera une préférence pour la résolution de problèmes précis, l’étude d’objets mathématiques remarquables, plutôt que la construction de théories générales. Ultérieurement, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Louis_Lions">Jacques-Louis Lions</a>, fondateur de l’école de mathématiques appliquées française, le sensibilisera à la richesse du lien entre mathématiques et applications.</p>
<h2>Quasi-cristaux</h2>
<p>Une caractéristique d’Yves Meyer est son éclectisme dans le choix de ses thèmes de recherche. Jeune, il s’intéressa à l’interface entre l’analyse harmonique et la théorie des nombres. Ses premiers travaux ont ouvert la voie aux <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/denis-gratias-des-cristaux-plein-les-yeux">quasi-cristaux</a> ; il s’agit de construire des pavages de l’espace avec des objets réguliers, et pour lesquels les pavages périodiques sont interdits. Ainsi, on ne peut pas paver le plan avec des pentagones réguliers, mais cela est possible avec des pentagones et des losanges. Ces travaux fondamentaux ont trouvé des applications inattendues en chimie.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=518&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=518&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=518&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=650&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=650&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/170545/original/file-20170523-5786-1ul6tq2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=650&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Représentation mathématique d’une ondelette.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphane Jaffard</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>En 1984, après avoir travaillé plus de 20 ans sur des questions très théoriques, Yves Meyer se lance dans une nouvelle aventure : les ondelettes. Cette théorie est basée sur l’intuition de <a href="http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?17,509009,page=1">Jean Morlet</a>, ingénieur qui travaillait dans la détection pétrolière ; il étudiait les signaux obtenus en sismique par réflexion : une vibration émise vers l’intérieur de la terre se réfléchit sur les différentes couches du sous-sol ; le but est de reconstituer la nature du sous-sol à partir de l’étude de signal reçu.</p>
<p>Morlet proposait d’écrire ce signal comme somme de composantes élémentaires simples, toutes de même forme, et il formalise cette idée en collaboration avec le physicien Alex Grossman. Yves Meyer découvre leur article au hasard d’une discussion avec un collègue physicien autour d’une photocopieuse, et il perçoit immédiatement le lien avec les théories mathématiques qu’il avait précédemment explorées.</p>
<p>Il sera le catalyseur de cette aventure qui allait révolutionner le traitement du signal et de l’image, la statistique, et avoir une influence profonde sur l’ensemble de l’analyse mathématique. En effet, si les décompositions multi-échelles étaient un outil familier pour les spécialistes du traitement d’image (elles correspondent à l’idée naturelle d’une image observée simultanément à plusieurs résolutions), la formalisation mathématique qu’en donnent les bases d’ondelettes leurs donne une puissance incomparable ; une telle base a une structure algorithmique très simple : ses éléments ont tous la même forme, et se déduisent les uns des autres par une famille de translations-dilatations (on « joue à l’accordéon » avec l’ondelette de base).</p>
<p>En 1986, dans un article en collaboration avec Pierre-Gilles Lemarié, Yves Meyer construit les premières bases d’ondelettes régulières ; puis, avec Stéphane Mallat, il établit le lien avec les algorithmes pyramidaux utilisés auparavant en traitement du signal et de l’image. Son apport fondamental a été de comprendre la pertinence de cet outil dans de multiples problèmes mathématiques, et pour de nombreuses applications. À ses côtés, outre Mallat, qui introduisit les algorithmes de décomposition rapide, il faut citer <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ingrid_Daubechies">Ingrid Daubechies</a> qui découvrit les ondelettes à support compact, à l’origine des algorithmes numériques aujourd’hui utilisés.</p>
<h2>Traitement du signal</h2>
<p>Les décompositions en ondelettes sont devenues un outil incontournable en traitement du signal, de l’image et de la vidéo : elles ont permis la reconstruction des images floutées émises durant les premières années de fonctionnement du télescope spatial Hubble ; le standard JPEG 2000, utilisé comme norme en compression d’image, est basé sur une variante des bases d’ondelettes ; elles sont aussi présentes dans les formats de compression audio MP3 et MPEG2AA utilisés dans les iPod et iPhone. Enfin, en 2015, la détection de l’onde gravitationnelle générée par la collision de deux trous noirs a nécessité l’<a href="http://smf4.emath.fr/Publications/Gazette/2016/148/smf_gazette_148_61-64.pdf">utilisation</a>, dans l’algorithme numérique de traitement du signal, d’une autre variante des bases d’ondelettes.</p>
<p>Yves Meyer a toujours partagé sans compter ses idées et ses intuitions. Ainsi, l’émergence et le rayonnement actuel de l’école d’analyse mathématique espagnole doit beaucoup à l’aide fraternelle qu’il lui a constamment prodiguée. Il a été le centre d’un réseau où intervenaient des scientifiques issus de très nombreuses disciplines.</p>
<p>La science est aujourd’hui de moins en moins cloisonnée, et de grandes percées sont obtenues par mises en contact de communautés très différentes. Le succès des ondelettes, dont Yves Meyer a été le moteur, en est un exemple éclatant. Son parcours montre aussi que la distinction entre science fondamentale et appliquée s’est évanouie : il a donné la preuve que des idées profondes, qui ont montré leur pertinence sur des problèmes mathématiques théoriques, peuvent être la clef d’applications spectaculaires. Éloigné des chapelles et groupes de pression, il a toujours montré son attachement à la transmission de la science et aux valeurs d’humanisme et de tolérance qui y sont liées. À une époque largement repliée sur les seules valeurs matérielles, l’exemple d’intégrité intellectuelle qu’il donne n’en est que plus remarquable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77890/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Jaffard a reçu des financements de l'IUF et de l'ANR. Il est membre de la SMF et de la SMAI</span></em></p>Les maths françaises une nouvelle fois récompensées : Yves Meyer est le nouveau lauréat du prix Abel. Retour sur la théorie des ondelettes.Stéphane Jaffard, professeur de Mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/618302016-07-06T04:35:30Z2016-07-06T04:35:30ZBrexit et dépendances<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/128831/original/image-20160630-30625-gl545z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour surmonter les difficultés économiques qui suivront sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni devra s’aligner politiquement et juridiquement sur l’UE.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/brexit-angleterre-br%C3%BBler-l-argent-1484307/">WolfBlur/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>« Victoire de la liberté ! » Telle est la formule utilisée sur Twitter par Marine Le Pen pour célébrer le vote en faveur du « Leave » au référendum britannique du 23 juin. Quitter l’Union européenne, c’est, croit-on, retrouver son autonomie, le commerce à ses conditions, sa liberté, sa démocratie nationale… En bref, sa souveraineté. À grand renfort de comparaisons avec la Norvège, certains prédisent un avenir radieux à un Royaume-Uni redevenu voisin de l’Union.</p>
<p></p>
<p>Mais il y a une différence entre un divorcé et un célibataire. La Norvège n’a jamais adhéré à l’Union, et n’a donc jamais eu à s’en séparer. Comme l’a annoncé Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne : le Brexit ne sera pas un <a href="http://www.rfi.fr/europe/20160625-royaume-uni-ue-union-europeenne-juncker-brexit-lettre-demission-divorce">« divorce à l’amiable »</a>.</p>
<p>Il faut pourtant bien respecter l’avis exprimé dans les urnes : les Britanniques ont librement choisi de sortir de l’Union, qui doit désormais négocier avec eux cette sortie, conformément à l’<a href="http://eur-lex.europa.eu/summary/glossary/withdrawal_clause.html?locale=fr">article 50</a> du Traité sur l’Union européenne. Si la procédure reste encore largement à inventer, une certitude demeure : les liens juridiques et les intrications économiques qui unissent le Royaume-Uni à l’Union sont forts, et leur rupture ne laissera qu’une marge de manœuvre limitée au premier dans la négociation des termes de ce divorce, Londres se retrouvant dorénavant isolé face à ses 27 anciens partenaires.</p>
<h2>Sans revanche…</h2>
<p>Même si Angela Merkel balaye toute rancœur en rappelant qu’il n’y a <a href="http://www.lepoint.fr/europe/brexit-angela-merkel-veut-prendre-son-temps-27-06-2016-2050038_2626.php">« aucune raison de se montrer trop dur »</a> avec les Britanniques, les chefs d’États européens risquent d’accélérer le processus de sortie du Royaume-Uni afin que l’incertitude des marchés financiers entourant le Brexit ne se propage pas au reste du bloc européen.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/w649HxrtdTQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Et il est probable que la sortie du Royaume-Uni s’opère selon les termes posés par l’UE. La sortie est désormais inéluctable ; à l’Union de la concevoir sans aliéner la liberté d’un partenaire commercial majeur, mais qui n’est déjà plus un partenaire politique. Le premier ministre britannique, quel qu’il soit, est dans une posture bien moins enviable que David Cameron quand il a négocié l’<a href="http://www.lemonde.fr/international/article/2016/02/19/brexit-donald-tusk-annonce-un-accord_4868772_3210.html">arrangement</a> qui devait empêcher le Brexit en février 2016.</p>
<p>L’Union a tout intérêt à ne faire aucune concession, pour ne pas ouvrir la voie aux revendications nationalistes qui ont émergé en Pologne et en Hongrie. Londres ne peut pas se retrouver avec tous les avantages du « in » tout en se mettant hors Europe, c’est à dire hors jeu… Si le Royaume-Uni obtenait un statut privilégié, à l’exemple de celui de la Norvège, membre de l’<a href="http://www.europarl.europa.eu/atyourservice/fr/displayFtu.html?ftuId=FTU_6.5.3.html">Espace économique européen</a> (EEE), il pourrait faire des envieux et encouragerait d’autres retraits pour des États réclamant leur souveraineté tout en restant dans le marché intérieur.</p>
<p>Cette situation est d’autant plus difficilement concevable que la Norvège a obtenu cet accord pour couronner un rapprochement avec l’Union, et non pour en négocier un retrait. L’EEE permet de diffuser les interconnexions qui naissent de l’appartenance au marché intérieur. Difficilement concevable aussi parce qu’elle interrogerait la démocratie britannique qui, à en croire les partisans du « Leave », devrait précisément sortir grandie d’un retrait de l’UE. Or, l’EEE est un accord de bon voisinage aux conditions de l’UE. La Norvège n’a finalement démocratiquement accepté que ce mécanisme de diffusion, sans pouvoir en déterminer les termes, ni lors de la négociation, ni maintenant.</p>
<h2>…ni concession</h2>
<p>Pour surmonter les difficultés économiques qui suivront sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni devra ainsi sûrement opter pour la même solution que celle adoptée il y a quarante ans pour y entrer : s’aligner politiquement et juridiquement sur l’UE. Retrouver les logiques européennes lui donnerait un accès indispensable au plus proche marché intégré.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128970/original/image-20160701-18310-1olrr0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Contrairement à ce que les partisans du « Leave » désiraient, Londres dépendra toujours de l’UE.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/armydre2008/27302476153/">Frankieleon/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Pour maintenir son économie à flot, Londres va donc devoir accepter de nouveaux accords de libre-échange qu’elle négociera peu. D’autant que l’Union dispose d’une certaine expérience quand il s’agit d’utiliser l’accès à son marché intérieur comme levier politique pour exiger des réformes juridiques au sein d’<a href="http://europedia.moussis.eu/books/Book_2/3/8/1/3/index.tkl?lang=fr&term=%CE%9C&s=1&e=10">États tiers</a> supposément indépendants de toute influence européenne.</p>
<p>L’UE ne négocie un accès à son marché intérieur avec les États tiers qu’à la condition qu’ils acceptent d’adopter et de respecter l’ensemble des règles européennes en matière de libre circulation. Elle ne rencontre un obstacle à cette exportation normative que lorsque son partenaire est plus puissant sur le plan économique ou géopolitique. La pertinence des arguments du « Leave » rencontre là sa première limite : la dépendance de l’économie britannique au marché intérieur l’empêche de peser dans une négociation avec l’UE.</p>
<h2>Le paradoxe norvégien</h2>
<p>Ironiquement, il est donc probable qu’en tant qu’État tiers, le Royaume-Uni soit contraint – par nécessité – de continuer à appliquer et transposer les législations européennes en matière de libre circulation pour assurer la viabilité de sa balance commerciale extérieure.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/128967/original/image-20160701-18321-tqyuwt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’Espace économique européen.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/European_Economic_Area#/media/File:European_Economic_Area_members.svg">Wikimédia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les Norvégiens les avaient pourtant prévenus, eux qui savent ce que c’est que d’être lié à l’Union sans pourtant en être membre. L’accord sur l’EEE leur garantit un libre accès au marché européen, mais leur impose d’effectuer des réformes juridiques constantes. Un peu moins de mille actes législatifs par an sont ainsi transposés dans l’ordre juridique norvégien, sans que la législation soit préalablement votée par le Parlement norvégien.</p>
<p>Il est vain d’imaginer aujourd’hui, alors même que la mondialisation devient un phénomène total, que l’autonomie juridique et politique soit autre chose qu’une formule incantatoire et fantasmée. Par exemple, alors que les mastodontes énergétiques norvégiens étaient fortement opposés à la transposition des directives de libéralisation du secteur du gaz, la Norvège a quand même fini par se plier à la logique d’organisation des marchés du gaz de l’UE.</p>
<p>Le débat est intense en Norvège autour du déficit démocratique qu’a engendré un alignement normatif voulu par le rapprochement politique et juridique engagé au sein de l’EEE. Elle n’est pas un simple pays « tiers », mais elle n’est pas non plus tout à fait « membre » – ce qui lui donne presque logiquement les inconvénients de ses avantages. L’alignement sur l’acquis communautaire est tel qu’il fait presque disparaître l’autorité législative que le Parlement norvégien aurait, finalement, volontairement abdiqué sur l’autel de l’efficacité de la liberté de circulation. En tant qu’État tiers, la Norvège n’a aucune influence sur l’écriture des normes, alors même qu’elle doit les appliquer à la lettre.</p>
<p>Il est facile de voir dans l’exemple norvégien les esquisses de ce qui risque d’occuper le débat public britannique à moyen terme. Aujourd’hui, se tenir en dehors de l’Union, c’est en accepter, par nécessité économique, un effet pervers : appliquer des lois qui n’ont été ni décidées, ni écrites, ni votées par le Parlement national.</p>
<p>Le Brexit n’est donc pas la victoire de la liberté. Le peuple britannique a tranché la question de son appartenance à l’Union en toute liberté, mais sans mesurer que cette même appartenance rend difficile, voire illusoire, la liberté d’une action unilatérale, que ce soit un retrait ou une décision nationale prétendument souveraine pour un État membre. Le retrait de l’Union aura donc des effets auxquels les Britanniques n’ont démocratiquement jamais consenti.</p>
<p>C’est sans doute la première fois dans l’Histoire, et le paradoxe est raisonnablement triste, qu’un peuple vote et consent à abandonner son pouvoir de décision.</p>
<p><em>Clément Louis Kolopp a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61830/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon Jean-Claude Juncker, le « Brexit » ne sera pas un « divorce à l’amiable ». Le Royaume-Uni restera quoi qu’il en soit très dépendant de l’UE politiquement, économiquement et juridiquement.Antoine Ullestad, Doctorant en droit de l'Union européenne, Université de StrasbourgFrédérique Berrod, Professeure de droit public, Sciences Po Strasbourg – Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/498242015-10-29T01:25:14Z2015-10-29T01:25:14ZL’écosophie, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/100128/original/image-20151029-15351-1hs9sn6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Stetind, la montagne nationale de Norvège. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/103069738@N06/9912050686/in/photolist-g6TRkC-g6Uwwk-g6Uw7c-g6TDaK-g6TD5V-g6U6x3-g6Uadj-g6Ua5U-g6TSeb-g6TX5y-g6Ub8L-g6TDLK-g6U6tW-g6UzLM-g6THf8-g6TR2b-g6TCuM-g6U5Vw-g6UvDZ-g6UAaT-g6TQT5-g6U4XE-g6Ub5j-g6UagW-g6UvjF-g6U6dW-g6UANX-g6U8Sd-g6U6qj-g6TGk2-g6TU4d-g6UyZM-g6UxtR-g6TSoE-g6TK5R-g6TRG9-g6UyPX-g6TFwZ-g6TF3c-g6UwMa-g6TVAS-g6U9Xu-g6U6hU-g6TT8W-g6U8ju-g6TXrf-g6U68f-g6U8ys-g6UCwM-g6UAsX">Frode Jenssen/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>L’écosophie ou <em>deep ecology</em> est, dans une large mesure, l’œuvre d’un seul homme : Arne Naess (1912-2009). Figure philosophique majeure en Norvège, Arne Naess est l’auteur d’une œuvre volumineuse qui lui aura valu une reconnaissance internationale et un certain nombre de distinctions honorifiques en tant qu’intellectuel, pacifiste, résistant de la Seconde Guerre mondiale et militant de la cause écologique. L’élaboration de la <em>deep ecology</em> constitue la dernière étape d’une longue vie de labeur, au cours de laquelle le philosophe se sera consacré successivement à l’empirisme sémantique, à la philosophie des sciences, à la logique et à la philosophie de la communication, à l’étude de la doctrine des sceptiques grecs, de la pensée de Baruch Spinoza, de Gandhi.</p>
<p>La <em>deep ecology</em> désigne principalement deux choses sous la plume d’Arne Naess : une philosophie de l’environnement, et un mouvement sociopolitique qui détermine les lignes directrices d’un engagement des citoyens en faveur de l’environnement. </p>
<h2>Un monde sans division</h2>
<p>À l’origine, prétend Arne Naess, rien n’existe si ce n’est un champ relationnel. Nous avons l’habitude d’introduire des distinctions, de découper le tissu de l’expérience, en isolant ici un « objet », là-bas un « sujet », ici quelque chose qui « vit », là-bas quelque chose qui est « inerte », etc. On admettra aussi qu’il peut y avoir des relations entre un « sujet » et un « objet », entre un « sujet » et un autre « sujet », entre l’« inerte » et le « vivant », mais l’on dira que la relation n’est pas très importante, qu’elle est accidentelle, contingente, parce que ce qui existe réellement existe toujours de manière séparée. </p>
<p>À l’inverse, Arne Naess défend l’idée que rien n’existe de manière séparée, qu’une chose n’existe qu’en vertu des relations qu’elle soutient avec le milieu dans lequel elle est plongée. Il existe un seul monde, sans division, parcouru de bout en bout de relations, peuplé de termes relatifs les uns aux autres, de telle sorte que toutes les distinctions que l’on introduit après coup constituent des falsifications de l’expérience telle qu’elle est donnée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/100042/original/image-20151028-21090-1icvxss.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mer est grise… vraiment ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mtip/5029966003/in/photolist-8EtTDM-zhZzbj-zXvFg2-Af273i-zXr3kA-Af25Bc-zXr7fE-vngz9c-v5GhHJ-v5GhTS-v5Gcgw-vjXMob-v5PxT8-vjXXoG-v5PydB-v5PJkF-uqr5Cx-vnBmWT-uqgeEb-uqga3L-vnBvy2-uqr8U2-v5GcmE-vjY2K7-vnBp2V-vnBCc2-uqqZRD-uqgdzA-uqr2yg-vjXSAL-vmJUPd-vjXPd3-vmK4nf-vjXLX1-vnBuCV-v5PHaK-v5GeVh-uqr8rt-vngyKB-vnBrjv-vjXVj1-uqg5Wu-uqraJz-uqr6HZ-uqg6iG-uqgo6u-v5Pwsn-vnBAuz-uqr7xK-v5G1qd">CelloPics/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Arne Naess donne un exemple éclairant pour montrer qu’il n’y a pas de différence entre ce que le monde est et la façon dont nous en faisons l’expérience (Naess, 2012). Si nous contemplons la mer par un jour de mauvais temps et que nous nous disons à nous-mêmes : « la mer est grise ». L’on dira que, en l’occurrence, considérée en elle-même, la mer n’est pas grise : elle n’est ni grise, ni verte, ni bleue, parce qu’elle n’a pas de couleur du tout. Ce que nous appelons une « couleur » n’existe pas dans la nature. Tout ce qui existe et que nous prenons pour des couleurs ne sont que des ondes électromagnétiques transversales qui, lorsqu’elles frappent un oeil humain, ébranlent des fibres nerveuses à l’intérieur de l’oeil et finissent par être enregistrées par le cerveau comme sensation de telle ou telle couleur. </p>
<p>L’on dira encore qu’il faut bien distinguer entre ce que les choses sont en elles-mêmes (les qualités premières des choses), et ce dont un sujet fait l’expérience à leur contact comme étant leur couleur, leur chaleur, leur odeur, etc. (qualités secondes), lesquelles n’existent pas vraiment puisqu’elles dépendent de notre appareil de perception. Arne Naess considère que c’est exactement le contraire qui est vrai : les qualités premières des choses (leur forme, leur grandeur, tout ce qui est susceptible d’être mathématisé) sont de pures constructions intellectuelles, tandis que les qualités secondes, elles, existent véritablement.</p>
<h2>Tout est relation</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/100045/original/image-20151028-21122-1pr7k3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/andresmusta/8502423414/in/photolist-dXk9g9-g6UAaT-g6UvDZ-g6TQT5-g6U4XE-g6TK5R-g6Ub5j-g6UANX-g6UagW-g6TGk2-g6U8Sd-g6UyZM-g6UyPX-7FjtNe-4oXS4-5p3F5B-5p3FZe-5p3Fxz-7FonAE-qk35r3-9u3qLH-9u3qLK-9u3qLB-9u3qLD-qBr2tv-4BR91F-qzjAUQ-8Sk9uD-8Sk7dr-4oXSB-4oXSe-dCWBsU-8Skb4x-g6TU4d-g6TFwZ-g6TF3c-g6UxtR-g6TSoE-g6U6qj-g6U6dW-g6TRG9-g6UvjF-g6UCwM-g6TXrf-g6TWS9-g6UaEG-g6UAsX-g6U9Xu-g6TVAS-g6TH1k">andres musta/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La géométrie du monde n’est pas dans le monde, mais les qualités sensibles sont réelles, précisément parce que ce sont des propriétés relationnelles, qui émergent de la rencontre entre un sujet et un objet. Arne Naess va également s’efforcer de montrer que l’on peut dire la même chose des jugements de valeur que l’on prononce au sujet des choses. Les valeurs sont réelles parce qu’elles ne sont pas indépendantes de l’objet qui est évalué, il s’agit là aussi d’une propriété relationnelle. Tout ce qui est de l’ordre de la relation ou du processus détermine en tant que tel une position d’existence. </p>
<p>Quel est le bénéfice de ce genre de spéculation pour l’élaboration concrète d’une philosophie de l’environnement ? Si l’on parvient à montrer qu’il n’y a pas de rupture entre la manière dont nous expérimentons le monde et ce qu’il est véritablement, alors toute atteinte portée contre le monde constitue une atteinte portée contre soi-même. Détruire la nature, c’est appauvrir l’expérience que nous faisons du monde, c’est déchirer le tissu même de l’expérience : moins il y a de choses dont nous pouvons faire l’expérience dans leur diversité et dans la multiplicité des qualités qui sont les leurs, et plus notre propre vie se rabougrit, se recroqueville comme un escargot dans sa coquille, parce qu’il n’y a plus de dehors. </p>
<p>L’idée d’Arne Naess est de lier la protection de la nature, dans la diversité de ses composantes, à l’accomplissement de soi, à ce qu’il appelle la réalisation de Soi. Les êtres humains sont d’autant plus tout ce qu’ils peuvent être que la nature s’épanouit dans la richesse inépuisable de ses composantes. Il faut élargir le champ relationnel d’expériences, faire en sorte que les relations se multiplient, qu’elles se croisent, se prolongent, s’interpénètrent, ce qui implique de porter la nature à son plus haut degré d’épanouissement. Moyennant quoi cette position métaphysique permet effectivement de déterminer un programme écologique.</p>
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<p><em>Retrouvez ce texte dans son intégralité en consultant l’ouvrage collectif <a href="http://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100453190">« Guide des humanités environnementales »</a> (édité par Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Presses universitaires du Septentrion, 640 p., 40 €), 2015.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/49824/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hicham-Stéphane Afeissa ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En élaborant sa « deep ecology », le penseur Norvégien Arne Naess avance que rien n’existe de manière séparée et que toute atteinte contre le monde est une atteinte contre soi-même.Hicham-Stéphane Afeissa, Chercheur associé du laboratoire « Logiques de l’agir », Université de Franche-Comté – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.