tag:theconversation.com,2011:/global/topics/technologies-21576/articlestechnologies – The Conversation2024-03-24T17:53:09Ztag:theconversation.com,2011:article/2255872024-03-24T17:53:09Z2024-03-24T17:53:09ZDroit à la réparation : l’Europe s’attaque aux millions d’appareils électroniques qui dorment dans nos tiroirs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/581265/original/file-20240312-24-gnxqw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/top-view-old-computers-digital-tablets-2109892556">Veja/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>C’est un tiroir que l’on est beaucoup à avoir, souvent dissimulé dans un coin de notre bureau ou de notre chambre, archive involontaire à notre époque de surconsommation. Car ce tiroir sert de « nécropole » à une variété d’appareils électroniques et d’accessoires devenus obsolètes ou cassés. Il s’agit notamment de téléphones portables qui ont été remplacés par des modèles plus récents, de chargeurs qui ne correspondent plus à nos appareils actuels, d’écouteurs qui ne fonctionnent plus depuis longtemps, ou même de câbles divers dont l’utilité est depuis longtemps oubliée.</p>
<p>Les chiffres sont là, implacables, révélant l’ampleur de l’accumulation des déchets électroniques et leur impact dévastateur sur l’environnement. En moyenne, les Français accumulent chez eux environ 20 % d’appareils électriques qu’ils n’utilisent plus. Cela représente environ 178 millions d’appareils sur les 846 millions que les Français possèdent au total. En plus de cela, 21 millions d’appareils sont cassés. Derrière ce chiffre se trouve une véritable mine d’or de matières premières inutilisées dans nos foyers. D’autant plus que, selon une récente étude menée par l’ADEME, notre penchant pour la technologie ne va pas en diminuant, avec une moyenne de cent équipements électriques et électroniques par foyer, allant de l’essentiel au superflu.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-mines-urbaines-ou-les-ressources-minieres-insoupconnees-de-nos-dechets-electroniques-214398">Les « mines urbaines », ou les ressources minières insoupçonnées de nos déchets électroniques</a>
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<h2>Derrière cette accumulation d’objets électroniques non utilisés</h2>
<p>Alors pourquoi ne vidons-nous pas ce tiroir ?</p>
<p>La réponse est multiple. D’abord, il y a une forme d’attachement émotionnel profond à ces appareils qui ont partagé des moments de notre vie. Ensuite, certains se disent qu’ils s’en resserviront peut-être un jour, sans savoir vraiment comment. Et puis il y a ceux qui, devant l’incertitude sur la manière de les recycler de manière appropriée, décident finalement de ne pas s’en séparer. Enfin, il y a ceux aussi qui renoncent à le faire réparer, tant le parcours peut être semé d’embûches.</p>
<p>En effet, si l’intention de désencombrer est louable, la réalité du recyclage et de la réparation se heurte à des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652621002225">obstacles économiques non négligeables</a>. Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652621002225">chercheurs du Ratio Institute</a> en Suède ont ainsi recensé plusieurs barrières telles que le coût comparativement plus faible des nouveaux produits, la réduction de la durée de vie des produits, la complexité croissante de la conception des produits, et l’augmentation du coût de la main-d’œuvre dans les pays industrialisés.</p>
<p>La recherche d’un service de réparation compétent représente un défi supplémentaire. Dans un marché dominé par la vente de produits neufs, les services de réparation spécialisés et de confiance sont parfois difficiles à localiser. Les consommateurs doivent souvent se lancer dans un véritable parcours du combattant pour trouver un <a href="https://www.ecosystem.eco/reparer/">réparateur qualifié</a>, disposé à s’attaquer à leur modèle spécifique d’appareil.</p>
<p>Dans la même veine, l’économiste néerlandais <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800917317573">Julian Kirchherr</a> et ses co-auteurs expliquent que la perception de la qualité moindre des matériaux recyclés et leurs coûts plus élevés font que les consommateurs ont naturellement davantage tendance à se tourner vers du neuf. </p>
<p>Enfin, la disponibilité des pièces détachées est un autre point de friction majeur. Car les fabricants ne fournissent pas toujours les pièces nécessaires au-delà d’une certaine période après la production de l’appareil. Même lorsque les pièces sont disponibles, leur coût, ajouté à celui de la main-d’œuvre, peut rendre la réparation économiquement irréaliste.</p>
<h2>Réparer : le consommateur au centre de l’équation ?</h2>
<p>En France, bien que les consommateurs aient une image positive de la réparation, qu’ils associent principalement à un acte écologique, cette pratique reste minoritaire. En effet, selon une étude de 2019 intitulée <a href="https://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2020/06/rapport-francais-reparation-perception-pratique-2020.pdf">Les Français et la réparation : Perceptions et pratiques</a> réalisée par Harris Interactive pour le compte de l’ADEME, 54 % des Français interrogés choisissaient de remplacer un produit tombé en panne plutôt que de le réparer. Le coût de la réparation est le principal frein à la réparation, cité par 68 % d’entre eux.</p>
<p>Mais réparer ou non un objet, n’est pas non plus qu’une affaire de prix, de confiance en la qualité du produit réparé et de disponibilité. Comme le rappelle la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652620356900">sociologue Nazli Terzioglu</a>, la réparation est également affaire d’émotions et de valeurs, et diverge de fait en fonction de notre savoir-faire technique, du temps et de l’effort requis, des coûts financiers, des préoccupations environnementales, du plaisir perçu dans l’acte de réparation, et de la valeur symbolique ou fonctionnelle attribuée aux objets.</p>
<p>Par exemple, l’attachement émotionnel à un objet peut servir de puissante motivation à sa réparation, alors que le manque de confiance dans l’objet réparé en termes de sécurité peut représenter une barrière.</p>
<h2>Rien ne se perd, tout se répare : reprendre le contrôle des objets du quotidien</h2>
<p>Au-delà de ces considérations personnelles, enfin, la réparation est également devenue une affaire de législateurs. Dans sa quête pour une Europe plus verte, la Commission a récemment introduit de nouvelles règles communes visant à promouvoir la réparation des biens. Intitulée <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_24_608"><em>Right to Repair</em></a>, cette nouvelle directive renforce le droit à la réparation sur une multitude d’appareils tels que le lave-linge, le lave-vaisselle, le réfrigérateur, l’aspirateur et le téléphone portable. En mettant l’accent sur la durabilité et l’accessibilité de la réparation, l’Europe espère non seulement réduire les déchets électroniques mais également lutter contre l’<a href="https://theconversation.com/vos-appareils-electroniques-sont-ils-obsoletes-de-plus-en-plus-rapidement-169765">obsolescence programmée</a>. La réussite de cette initiative pourrait marquer un tournant décisif dans notre rapport aux biens de consommation, si le texte, en cours de finalisation, reste fidèle à sa première ambition.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En plus de cette condition, il est également possible de s’interroger sur un potentiel bras de fer entre les fabricants de pièces détachées et les réparateurs indépendants. Si les fabricants de pièces détachées ne parviennent pas à proposer des prix raisonnables pour ces pièces, cela pourrait finalement entraîner une augmentation des coûts de réparation. En conséquence, cela pourrait donc dissuader les consommateurs de faire réparer leurs produits, ce qui va à l’encontre de l’objectif principal du <em>Right to Repair</em> qui est de faciliter l’accès à la réparation et de prolonger la durée de vie des produits. </p>
<p>Par ailleurs, les réparateurs indépendants doivent également prendre en compte les coûts de stockage des produits, de la main-d’œuvre, du transport, ainsi que des équipements et de leur maintenance. Par conséquent, il est probable que la réparation d’objets de faible valeur devienne économiquement peu viable.</p>
<p>Pourtant, on voit naître dans le secteur de la réparation un certain nombre d’initiatives inspirantes. Startups, associations, et plates-formes dédiées offrent des solutions pratiques et accessibles pour ceux désireux de réparer plutôt que de remplacer. Par exemple, porté par Grenoble-Alpes Métropole, le nouveau site métropolitain <a href="https://www.grenoblealpesmetropole.fr/actualite/189/45-pole-r-le-lieu-totem-du-reemploi-a-ouvert-ses-portes.htm">Pôle R</a> d’une superficie de 8 000 m<sup>2</sup> dédié à l’économie circulaire, abrite la <a href="https://www.grenoblealpesmetropole.fr/actualite/174/45-la-nouvelle-donnerie-depose-minute-simple-rapide-et-pratique.htm">Donnerie</a>, un service qui permet aux habitants de déposer des objets en bon état ou facilement réparables dont ils n’ont plus besoin.</p>
<p>La réparation à distance par visioconférence fait également de plus en plus d’adeptes. Après un pré-diagnostic par téléphone, la start-up <a href="https://start.lesechos.fr/innovations-startups/tech-futur/pivr-la-startup-pour-reparer-a-distance-son-electromenager-1174815#:%7E:text=Lanc%C3%A9e%20il%20y%20a%20seulement,avec%20l'aide%20de%20professionnels.&text=Les%20rouages%20des%20machines%20%C3%A0,plus%20de%20secrets%20pour%20elles.">Pivr</a> met en relation ses clients avec des réparateurs professionnels. Si une pièce détachée est nécessaire, une seconde visioconférence est programmée à la réception de la pièce détachée pour diriger le consommateur sur le changement de la pièce. La start-up <a href="https://www.lesechos.fr/start-up/deals/spareka-mise-sur-le-filon-de-lautoreparation-1912260">Spareka</a> propose, quant à elle, un chatbot, des tutoriels vidéo pour faciliter les diagnostics et l’autoréparation ainsi qu’un accès à 8 millions de pièces détachées pour réparer ses appareils.</p>
<p>D’autres initiatives visaient à créer du lien tout en donnant une seconde vie à un objet. C’est par exemple l’objectif du mouvement <a href="https://www.repaircafe.org/fr/">Repair Café</a>, un concept instauré en 2009 aux Pays-Bas par la journaliste et militante écologiste Martine Postma et largement déployé depuis. </p>
<p>D’après une étude récente publiée dans le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jiec.13451">Journal of Industrial Ecology</a> analysant les pratiques de réparation de 922 personnes ayant déjà fréquenté des Repair Cafés, l’acte de réparation est motivé par plusieurs raisons. Leur décision est influencée non seulement par leur évaluation personnelle de ce que signifie réparer – par exemple, la satisfaction de prolonger la vie d’un produit ou la fierté de contribuer à la réduction des déchets – mais aussi par la dimension sociale liée à l’acte de réparation. Ces aspects sociaux comprennent l’interaction avec d’autres personnes partageant les mêmes idées, l’apprentissage auprès d’experts en réparation et le sentiment d’appartenance à une communauté qui valorise des actions pro-environnementales. Par ailleurs, les interrogés expliquent également qu’ils se rendent dans des Repair Cafés pour des raisons de facilité et de commodité de la réparation de produits (accès aux outils, aux pièces détachées et aux connaissances requises).</p>
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<figcaption><span class="caption">Vidéo du Parlement Européen faisant la promotion de la réparation des objets, en mettant notamment à l’honneur un Repair Café d’Amsterdam.</span></figcaption>
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<h2>Réparer ou racheter : un bilan contrasté en France</h2>
<p>En France, cette directive Right to Repair vient s’ajouter au <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/bonus-reparation">Bonus réparation</a> proposé par le Gouvernement pour allonger la durée de vie des équipements. Les consommateurs peuvent bénéficier d’une réduction sur leur facture de réparation (en moyenne 17 % du coût total pour une aide allant de 15 à 60 €), à condition de se rendre chez <a href="https://annuaire-qualirepar.ecosystem.eco/">l’un des 4 700 réparateurs agréés QualiRépar</a>.</p>
<p>Un an après son lancement, le bilan reste mitigé : le bonus n’a été mobilisé que pour 0,2 % des pannes et 1,7 % des réparations hors garantie en 2023. C’est ce que révèle <a href="https://www.halteobsolescence.org/wp-content/uploads/2024/01/Rapport-HOP-Bonus-reparation.pdf">l’étude menée par l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP)</a>, qui met en évidence d’autres manquements tels que le faible nombre de réparateurs (74 % des réparateurs non labellisés considèrent le coût de labellisation trop élevé, et 52 % d’entre eux trouvent le délai de remboursement trop long), la complexité des procédures, une communication trop discrète, et des montants de prise en charge insuffisants.</p>
<p>Le succès de la directive européenne <em>Right to Repair</em> dépendra dès lors de sa mise en œuvre effective et de l’engagement des parties prenantes à tous les niveaux. Les fabricants devront s’adapter à ces nouvelles exigences qui seront définies par le futur <a href="https://eeb.org/ecodesign-eu-one-step-closer-to-making-sustainable-products-the-norm/">règlement sur l’éco-conception</a> (Ecodesign for Sustainable Products Regulation – ESPR) en cours de négociation, tandis que les consommateurs devront être sensibilisés à l’importance de la réparation et du recyclage. Un modèle économique viable de la réparation est également crucial pour rendre celle-ci attractive auprès des acteurs du secteurs comme des consommateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225587/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le Parlement Européen tâche de se doter d'une politiques ambitieuses en matière de réparation des objets. Mais pour que celle-ci se généralise, il faut encore que cette action soit économiquement viable.Sebastien Bourdin, Professeur de Géographie économique, Titulaire de la Chaire d'excellence européenne "Economie Circulaire et Territoires", EM NormandieNicolas Jacquet, Assistant de Recherche ∙ Chaire d'excellence européenne « Économie circulaire et Territoires », EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2250702024-03-18T15:49:55Z2024-03-18T15:49:55ZGemini de Google intègre les dernières avancées technologiques, mais on est encore loin d’une IA surhumaine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579693/original/file-20240229-28-s0hsi8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5775%2C3682&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La nouvelle suite de produits d'intelligence artificielle de Google présente l'IA formée sur différentes modalités.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>En décembre 2023, <a href="https://blog.google/technology/ai/google-gemini-ai">Google a annoncé le lancement</a> de son nouveau grand modèle de langue appelé <a href="https://deepmind.google/technologies/gemini">Gemini</a>. Gemini constitue la nouvelle fondation technologique d’intelligence artificielle (IA) des produits de Google. Il est également le concurrent direct de <a href="https://openai.com/research/gpt-4">GPT-4 d’OpenAI</a>. </p>
<p>Mais pourquoi Google considère-t-il Gemini comme un jalon d’importance, et qu’est-ce que cela signifie pour les utilisateurs des services de la compagnie ? Et de façon plus générale, qu’est-ce que cela signifie dans le contexte des développements effrénés de l’IA que l’on observe actuellement ? </p>
<h2>L’IA à tout vent</h2>
<p>Google mise sur Gemini pour transformer la plupart de ses produits en améliorant les fonctionnalités actuelles et en créant de nouvelles, pour des services tels que ses moteurs de recherche, Gmail, YouTube et sa suite bureautique. Cela permettrait également d’améliorer son service de publicité en ligne — sa principale source de revenus — ainsi que le système d’exploitation des téléphones Android, avec des versions épurées de Gemini fonctionnant sur des dispositifs de capacité limitée.</p>
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<figcaption><span class="caption">Une vidéo de Google présentant les capacités de Gemini.</span></figcaption>
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<p>Pour les utilisateurs, Gemini est synonyme de nouvelles fonctionnalités et d’améliorations à celles actuelles qui rendront les services de Google encore plus incontournables, renforçant ainsi une position déjà dominante dans des domaines tels que les moteurs de recherche. Le potentiel et les opportunités pour Google sont considérables, étant donné que la majeure partie de leurs logiciels sont de l’infonuagique, pouvant facilement être mis à jour.</p>
<p>Mais l’énorme <a href="https://www.nytimes.com/2023/02/03/technology/chatgpt-openai-artificial-intelligence.html">et inattendu</a> succès de ChatGPT a attiré beaucoup d’attention et a donné une crédibilité à OpenAI, auparavant assez peu connue hors des cercles de spécialistes. Gemini permettra à Google de redevenir un acteur majeur de l’IA aux yeux du public. Google est une puissance dans le domaine de l’IA, avec de grandes et réputées équipes de recherche à l’origine de nombreuses avancées majeures de la dernière décennie. </p>
<p>Ces nouvelles technologies font l’objet de discussions publiques, tant sur les avantages qu’elles procurent que sur les bouleversements qu’elles entraînent dans des domaines tels que <a href="https://theconversation.com/should-ai-be-permitted-in-college-classrooms-4-scholars-weigh-in-212176">l’éducation</a>, la conception et les <a href="https://theconversation.com/faster-more-accurate-diagnoses-healthcare-applications-of-ai-research-114000">soins de santé</a>.</p>
<h2>Une IA plus forte</h2>
<p>Le cœur technologique de Gemini repose sur les <a href="https://proceedings.neurips.cc/paper_files/paper/2017/hash/3f5ee243547dee91fbd053c1c4a845aa-Abstract.html">réseaux autoattentifs</a>. Conçue à l’origine par une équipe de recherche de Google, cette technologie est utilisée pour d’autres grands modèles de langue tels que GPT-4. </p>
<p>Un élément distinctif de Gemini est sa capacité à traiter des données de différentes modalités : texte, audio, image et vidéo. Cela permet au modèle d’IA d’exécuter des tâches portant sur plusieurs modalités, comme répondre à des questions concernant le contenu d’une image ou effectuer une recherche par mots-clés sur le contenu discuté dans des balados. </p>
<p>Mais plus encore, le fait que les modèles puissent traiter des modalités distinctes permet de former des modèles d’IA globalement plus performants comparativement à des modèles distincts entraînés séparément pour chaque modalité. En effet, ces modèles multimodaux sont considérés comme plus forts puisqu’ils sont exposés à différentes perspectives des mêmes concepts. </p>
<p>Par exemple, le concept d’oiseaux peut être mieux compris en apprenant à partir d’un mélange de descriptions textuelles, de vocalises, d’images et de vidéos d’oiseaux. Cette idée de réseaux autoattentifs multimodaux a été explorée dans des <a href="https://doi.org/10.48550/arXiv.2205.06175">recherches antérieures</a> <a href="https://proceedings.mlr.press/v229/zitkovich23a.html">d’équipes de Google</a>, Gemini étant la première mise en œuvre commerciale complète de l’approche.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une volée de petits oiseaux colorés qui s’envolent" src="https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579303/original/file-20240301-16-2k1tt5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une IA comprendrait mieux le concept d’oiseaux à partir d’un mélange de descriptions textuelles, de vocalises, d’images et de vidéos d’oiseaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Un tel modèle est considéré comme un pas de plus vers des modèles d’<a href="https://doi.org/10.2478/jagi-2014-0001">IA générale</a> plus puissants.</p>
<h2>Les risques des IA générales</h2>
<p>Compte tenu de la vitesse à laquelle l’IA progresse, le fait que l’on s’attende à ce que des IA dotées de capacités surhumaines soient conçues dans un avenir proche suscite des discussions au sein de la communauté des chercheurs et, plus largement, de la société. </p>
<p>D’un côté, certains anticipent le risque d’événements catastrophiques si une IA générale puissante tombe entre les mains de groupes mal intentionnés, et demandent un <a href="https://futureoflife.org/open-letter/pause-giant-ai-experiments/">ralentissement des développements</a>. </p>
<p>D’autres affirment que nous sommes encore très loin d’une IA générale déployable, que les approches actuelles permettent une modélisation insuffisante de l’intelligence, <a href="https://doi.org/10.1145/3442188.3445922">imitant les données sur lesquelles elles sont entraînées</a>, et qu’elles ne disposent pas d’un <em>modèle du monde</em> performant — une compréhension détaillée de la réalité — nécessaire pour parvenir à une intelligence comparable à celle d’un humain.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une représentation numérique d’un cerveau" src="https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579302/original/file-20240301-22-tkfnxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">D’autres percées technologiques sont nécessaires pour produire de l’intelligence artificielle générale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>D’autre part, on pourrait faire valoir que centrer la conversation sur le risque existentiel détourne l’attention d’impacts plus immédiats provoqués par les récentes avancées de l’IA, notamment la <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMms2004740">reproduction des préjugés</a>, la production de contenus incorrects et trompeurs — <a href="https://www.cbc.ca/news/business/google-ai-tool-historical-inaccuracies-portraits-1.7122704">ce qui a incité Google à suspendre son générateur d’images Gemini</a>, <a href="https://www.scientificamerican.com/article/ais-climate-impact-goes-beyond-its-emissions/">l’intensification des impacts environnementaux</a> et le <a href="https://www.technologyreview.com/2023/12/05/1084393/make-no-mistake-ai-is-owned-by-big-tech">renforcement de la domination des GAFAM</a>.</p>
<p>La voie à suivre se situe quelque part entre toutes ces préoccupations. Nous sommes encore loin de l’avènement d’une IA générale exploitable — d’autres percées sont nécessaires, notamment par l’introduction de capacités de modélisation et de raisonnement symboliques plus puissantes.</p>
<p>Dans l’intervalle, nous ne devons pas perdre de vue les incidences éthiques et sociétales importantes de l’IA moderne. Ces considérations sont majeures et doivent être abordées par des personnes aux compétences diverses, issues des milieux technologiques et des sciences sociales. </p>
<p>Néanmoins, bien qu’il ne s’agisse pas d’une menace à court terme, l’obtention d’une IA dotée de capacités surhumaines est un sujet de préoccupations. Il est important que nous soyons collectivement prêts à gérer de manière responsable l’émergence d’IA générales, lorsque cette étape importante sera franchie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225070/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Gagné reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, des Instituts de recherche en santé du Canada, du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie, du Fonds de recherche du Québec - Santé, de Mitacs, de CIFAR et de Mila.</span></em></p>Quelle est la signification du lancement récent de Gemini de Google et quelle est sa portée face à l’évolution rapide de la technologie de l’intelligence artificielle et à ses impacts anticipés.Christian Gagné, Professeur, génie électrique et génie informatique, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2207342024-03-13T15:15:26Z2024-03-13T15:15:26ZCapturer, stocker et utiliser le carbone par la technologie : option sérieuse pour le climat ?<p>Face à un changement climatique plus sévère qu’attendu, <a href="https://theconversation.com/les-emissions-de-co-dorigine-fossile-ont-atteint-un-nouveau-record-en-2023-219133">atteindre les objectifs</a> de l’accord de Paris – c’est-à-dire <a href="https://theconversation.com/cop28-un-accord-inedit-mais-sans-lurgence-dagir-218087">limiter le réchauffement climatique</a> à moins de 2 °C, idéalement 1,5 °C à l’horizon 2100 – impliquera sans doute d’utiliser toutes les <a href="https://erf.org.eg/publications/technologies-and-innovation-in-the-gcc-energy-sector-differences-between-the-scope-and-the-direction-of-technological-change/">options technologiques possibles</a> à ce jour.</p>
<p>L’Agence internationale de l’énergie (AIE) est, sur le sujet, <a href="https://www.iea.org/reports/ccus">formelle</a> : plusieurs solutions existent d’ores et déjà, il convient désormais de les mettre en pratique à grande échelle.</p>
<p>Parmi ces options se distingue celle du <a href="https://theconversation.com/des-recherches-pour-convertir-le-co-emis-vers-latmosphere-en-carburant-152833">captage, du stockage et de la réutilisation du dioxyde de carbone</a> (CCUS en anglais). Elle pourrait participer à hauteur de 19 % aux réductions des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.</p>
<p>Sans cela, le coût de la tonne de CO<sub>2</sub> augmenterait de 70 % au même horizon, estime l’AIE. D’une solution théorique il y a quelques années, cette technologie est devenue l’une des options les plus prometteuses pour combattre le changement climatique. Le principal frein étant son coût élevé.</p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<hr>
<p>De façon très simplifiée, il existe de nos jours <a href="https://theconversation.com/la-capture-et-le-stockage-du-carbone-comment-ca-marche-192673">trois techniques de capture et de séparation du CO<sub>2</sub></a> :</p>
<ul>
<li><p>la capture post-combustion (après le processus de production),</p></li>
<li><p>la capture pré-combustion (avant le processus de production)</p></li>
<li><p>et la combustion d’oxygène-combustible.</p></li>
</ul>
<p>Ces trois technologies sont employées aujourd’hui par diverses industries et la tendance est à leur généralisation dans le monde.</p>
<p>En 2023, 392 installations commerciales de CCUS étaient recensées dans le monde, avec une <a href="https://www.globalccsinstitute.com/wp-content/uploads/2024/01/Global-Status-of-CCS-Report-1.pdf">capacité moyenne totale de captage de CO₂ de 361 Mtpa</a>. La plupart des usines qui ont mis en œuvre la technologie CCUS sont basées en <a href="https://research.chalmers.se/publication/534849/file/534849_Fulltext.pdf">Amérique du Nord, en Europe et en Asie de l’Est et Pacifique</a>, qui représentent respectivement 63 %, 22 % et 9 % de la capacité de captage mondiale.</p>
<p>Mais la technologie suscite de l’intérêt dans le monde entier et en particulier dans les pays émergents. Revenons donc sur l’état de développement des CCUS, leur potentiel mais également les principaux défis à venir.</p>
<h2>Des technologies coûteuses</h2>
<p>Les technologies CCUS sont au centre d’enjeux économiques majeurs. D’une part, l’analyse coût-bénéfice est défavorable en raison d’une tarification carbone encore trop faible. D’autre part, la rentabilité des investissements est incertaine, retenant ainsi les investissements à grande échelle. Enfin, des incertitudes sur les <a href="https://theconversation.com/donner-une-valeur-economique-a-la-nature-un-changement-de-paradigme-217752">externalités environnementales</a> limitent l’engagement des parties prenantes.</p>
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<p>Ces technologies ont en effet des coûts encore élevés. Moderniser des installations existantes et les doter de capacités CCUS est coûteux en raison de la nature sur mesure de l’intégration technologique requise pour chaque industrie et pour chaque entreprise.</p>
<p>Malgré cela, investir dans ces technologies est jugé crucial pour atteindre les objectifs climatiques à long terme. À mesure que nous nous approchons de 2030 (date à laquelle la plupart des engagements des contributions domestiques déterminées au niveau national doivent être respectés), la nécessité de ces options s’impose.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568284/original/file-20240108-19-n3bj1x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Courbe des coûts de séquestration du carbone (USD/tCO2) et potentiel de réduction des émissions.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dziejarski et coll. (2023)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Faisabilité économique</h2>
<p>Sur le terrain du financement des CCUS, la dynamique de marché est encore faible. Certes, le financement privé pour les start-up utilisant le CO<sub>2</sub> a bondi, atteignant près d’un milliard de dollars dans la dernière décennie. Mais il reste insuffisant pour combler l’écart entre les plans actuels et les niveaux de déploiement requis pour une transition plus véloce vers le net zéro. Le pipeline mondial de CCUS, bien qu’en expansion rapide, est confronté à un déficit important de financement à grande échelle.</p>
<p>La faisabilité économique du CCUS doit tenir compte des coûts technologiques liés à la séparation du CO<sub>2</sub>, des coûts du transport (compresseurs et pipelines) et à l’injection. Des concentrations élevées de CO<sub>2</sub> peuvent en outre poser des problèmes de santé et de sécurité, notamment la corrosion et la dégradation des joints des réservoirs et les impuretés présentes dans le CO<sub>2</sub>. Une évaluation approfondie de ces facteurs est donc nécessaire <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30704089/">pour garantir la faisabilité économique des CCUS</a>.</p>
<p>Pour pallier ces problèmes, des solutions politiques à ces obstacles commencent à émerger, telles que la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/fiscalite-ecologique-62508">fiscalité écologique</a> – en particulier aux États-Unis –, la tarification du carbone, les mesures axées sur la demande et l’atténuation des risques.</p>
<h2>Des réformes réglementaires nécessaires</h2>
<p>Les considérations autour des CCUS sont très influencées par les politiques et les cadres fiscaux. Ces derniers ont un impact sur le niveau et les sources de financement d’investissement disponibles, l’adoption de la technologie et les délais de déploiement.</p>
<p>Le manque de politiques et de réglementations claires et cohérentes qui soutiennent les investissements dans le CCUS constitue un défi persistant. Tout comme l’absence de mécanismes efficaces de tarification du carbone ou d’incitations dans de nombreux pays. Il devient, dans ce contexte, difficile pour les industries de justifier les investissements initiaux importants requis pour établir une infrastructure CCUS à long terme aux échelles nécessaires.</p>
<p>Plusieurs pays ont mis en œuvre des politiques et des incitations pour promouvoir le CCUS, comme le crédit d’impôt américain 45Q, qui offre des incitations financières allant jusqu’à 85 dollars par tonne pour le CO<sub>2</sub> stocké en permanence, et 60 dollars par tonne pour le CO<sub>2</sub> utilisé pour des activités telles que la récupération assistée du pétrole (EOR) ou à d’autres fins commercialement viables, à condition qu’il existe des preuves établies que les émissions de CO<sub>2</sub> soient réduites par les projets bénéficiant d’incitations.</p>
<p>Il existe en effet des risques de fuites lors du transport et du stockage du CO<sub>2</sub>, susceptibles de polluer les sols et détériorer la qualité de l’eau locale et nuire à la population locale. Ce qui affecterait aussi l’acceptation par le public de la technologie CCUS.</p>
<p>Les pays devraient créer des fonds spéciaux pour le CCUS, introduire des incitations économiques et des politiques fiscales préférentielles et aider les entreprises à réduire les coûts de fonctionnement du CCUS. Sans soutien gouvernemental, les projets actuels peineront à être rentables dont pousseront peu les entreprises à s’y lancer.</p>
<h2>Un réel espoir en dépit de nombreux défis ?</h2>
<p>Le passage à l’échelle des CCUS se heurte ainsi à plusieurs défis : économiques, politiques et technologiques. En dépit de ces obstacles, plusieurs étapes importantes ont déjà été franchies.</p>
<p>L’ouverture des projets <a href="https://unfccc.int/fr/node/10285">Boundary Dam</a> et <a href="https://www.energy.gov/fecm/petra-nova-wa-parish-project">Petra Nova</a> en Amérique du Nord a prouvé la viabilité du captage du CO<sub>2</sub> à grande échelle sur des centrales électriques alimentées aux combustibles fossiles et connectées au réseau. Les projets d’In Salah (Algérie), de Santos Basin (Brésil), d’Abu Dhabi National Oil Company (EAU), d’Uthmaniyah (Arabie saoudite) et de Jilin (Chine) illustrent que les CCUS sont possibles dans les économies émergentes.</p>
<p>Les estimations montrent que les émissions mondiales de dioxyde de carbone s’élevaient à <a href="https://theconversation.com/fossil-co-emissions-hit-record-high-yet-again-in-2023-216436">40 milliards de tonnes en 2023</a>, dont près de 36,8 milliards de tonnes provenant des combustibles fossiles. Or, depuis 2017, la capacité des installations de CCUS a augmenté d’environ 35 % par an. Cette situation s’est accélérée en 2023 avec une augmentation de 50 % par rapport à 2022. Cela représente la <a href="https://www.globalccsinstitute.com/wp-content/uploads/2024/01/Global-Status-of-CCS-Report-1.pdf">plus forte augmentation depuis le début de la dynamique ascendante en 2018</a>.</p>
<p>En parallèle, les initiatives pour se « préparer » au CCUS fleurissent, comme le <a href="https://fossil.energy.gov/archives/cslf/index.html">Carbon Sequestration Leadership Forum</a>, le <a href="https://www.iea.org/policies/11690-the-world-bank-carbon-capture-and-storage-capacity-building-trust-fund">Fonds de renforcement des capacités CCS de la Banque mondiale</a>, le <a href="https://www.globalccsinstitute.com/">Global carbon capture and storage Institute</a> et de nombreuses autres initiatives bilatérales et régionales. Il y a donc des raisons pour les partisans de ces technologies de rester optimistes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220734/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adel Ben Youssef est membre de l'Economic Research Forum (Caire)</span></em></p>Jugées par certains incontournables dans la lutte climatique, ces technologies doivent cependant lever des obstacles économiques, technologiques et politiques pour se déployer.Adel Ben Youssef, Associate professor, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2229032024-03-13T14:51:33Z2024-03-13T14:51:33ZÉliminer le CO₂ grâce au puits de carbone océanique, une bonne idée ?<p>Encore peu connu, le rôle des <a href="https://theconversation.com/que-sont-les-puits-de-carbone-et-comment-peuvent-ils-contribuer-a-la-neutralite-carbone-en-france-201420">puits de carbone océaniques et continentaux</a> est pourtant majeur dans la lutte pour atténuer le changement climatique : en absorbant d’importantes quantités de CO<sub>2</sub> chaque année, ils contribuent en effet à <a href="https://hal.science/hal-03336145">ralentir la vitesse</a> à laquelle le <a href="https://doi.org/10.5194/essd-14-4811-2022">climat se réchauffe</a>.</p>
<p>La concentration de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère est passée de 285 parties par million (ppm) au début de l’ère industrielle (1850) à 417 ppm en 2022. Sans l’existence de ces puits de carbone, elle atteindrait environ 600 ppm.</p>
<p>Ce sont 32 % des émissions anthropiques de CO<sub>2</sub> depuis 1850 qui ont déjà été absorbées par les plantes et les sols (appelés ensemble « puits de carbone continental »). Pour les océans, <a href="https://doi.org/10.5194/essd-14-4811-2022">cette proportion s’éleverait à environ 26 %</a> (« puits de carbone océanique »).</p>
<p>Compte tenu de la difficulté à décarboner les activités anthropiques et l’économie mondiale, renforcer ces puits de carbone naturels apparaît indispensable si l’on ne veut pas dépasser les seuils de réchauffement de 1,5 ou 2 °C.</p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Ces techniques, regroupées sous le terme de « Carbon Dioxide Removal » (CDR), comprennent des approches conventionnelles telles que le reboisement, ainsi que des <a href="https://theconversation.com/harnessing-the-oceans-to-bury-carbon-has-huge-potential-and-risk-so-nz-needs-to-move-with-caution-217553">propositions controversées</a> visant à améliorer le <a href="https://research.manchester.ac.uk/en/publications/the-state-of-carbon-dioxide-removal-1st-edition">puits de carbone marin</a> (on les appelle « Marine Carbon Dioxide Removal », ou mCDR).</p>
<h2>Dans l’océan, une capacité de stockage colossal</h2>
<p>Une partie de l’intérêt à <a href="https://theconversation.com/et-si-les-oceans-tropicaux-piegeaient-plus-de-co-que-prevu-191722">renforcer le puits de carbone océanique</a> découle de l’ampleur de ce stock : l’océan contient 38 000 milliards de tonnes (ou gigatonnes, Gt) de carbone, soit 50 fois plus que l’atmosphère et <a href="https://hal.science/hal-03336145">17 fois plus</a> que le puits de carbone de la biosphère continentale.</p>
<p>Sa capacité de stockage s’explique par le fait que le CO<sub>2</sub> absorbé se transforme en deux autres formes inorganiques (les ions bicarbonate (HCO<sub>3</sub>⁻) et carbonate (CO<sub>3</sub><sup>2</sup>⁻) qui représentent ensemble environ 98 % du stock de carbone océanique et n’interagissent pas avec l’atmosphère. Dans les océans, les organismes vivants ne représentent qu’une infime fraction du carbone total (0,01 %).</p>
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<p>Contrairement à la biosphère continentale, où le <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/climatologie-climat-retroactions-question-cle-sensibilite-climatique-1436/page/4/">contact avec l’atmosphère est constant</a>, les flux de CO<sub>2</sub> entre l’atmosphère et l’océan <a href="https://hal.science/hal-03336145">sont pilotés par des processus physico-chimiques déterminés par le gradient de CO₂ à l’interface air-mer</a>.</p>
<p>Deux propriétés chimiques de l’océan sont essentielles pour comprendre les différentes techniques de mCDR proposées :</p>
<ul>
<li><p>La première est sa capacité à stocker le carbone sous forme de carbone inorganique dissous (ou DIC) : c’est la somme des trois formes qui existent dans l’océan (CO<sub>2</sub> + HCO<sub>3</sub>⁻ + CO<sub>3</sub><sup>2</sup>⁻).</p></li>
<li><p>La seconde est l’alcalinité de l’océan, c’est-à-dire la capacité de l’eau à neutraliser les acides – soit l’équilibre entre les ions capables de céder ou recevoir un proton <a href="https://doi.org/10.1016/0304-4203(92)90047-E">présents dans l’océan</a>. C’est elle qui explique la répartition du carbone inorganique dissous entre ses trois formes possibles.</p></li>
</ul>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mesurer-linvisible-la-dure-tache-de-calculer-le-stock-et-le-flux-de-carbone-dune-foret-212810">Mesurer l’invisible : la dure tâche de calculer le stock et le flux de carbone d'une forêt</a>
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<h2>La théorie de l’élimination directe du carbone</h2>
<p>Les approches qui veulent renforcer les puits de carbone marins se concentrent sur la réduction de la concentration de CO<sub>2</sub> dans les eaux de surface, afin d’amplifier le flux de carbone en provenance de l’atmosphère.</p>
<p>Pour y parvenir, il est possible de <a href="https://nap.nationalacademies.org/catalog/26278/a-research-strategy-for-ocean-based-carbon-dioxide-removal-and-sequestration">réduire la concentration de carbone inorganique dissous</a>, par exemple en augmentant la quantité d’organismes marins pratiquant la photosynthèse, comme le phytoplancton ou les macroalgues.</p>
<p>On peut également y parvenir en augmentant l’alcalinité de l’eau de mer. On peut par exemple ajouter de la soude. Au final, cela permettrait d’augmenter la part de carbone inorganique dissoute <a href="https://doi.org/10.1016/0360-5442(95)00035-F">sous forme de bicarbonate et de carbonate</a>.</p>
<p>En théorie, chacune de ces approches permettrait d’augmenter les quantités de carbone stocké dans les océans :</p>
<ul>
<li><p>Soit en augmentant les flux dans les régions océaniques qui absorbent le CO<sub>2</sub> atmosphérique (par exemple, l’Atlantique Nord et l’océan Austral),</p></li>
<li><p>Soit en diminuant les flux dans les régions où le <a href="https://books.openedition.org/editionscnrs/11361">dégazage de CO₂ dans l’atmosphère se produit</a> (par exemple, le Pacifique équatorial).</p></li>
</ul>
<h2>Une efficacité sous conditions</h2>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1029/2005GB002591">simulations numériques</a> pour les propositions de mCDR précedentes ont néanmoins <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-021-22837-2">mis en lumière</a> plusieurs <a href="https://doi.org/10.1038/s41559-022-01722-1">contraintes physico-chimiques et biologiques</a>. Elles ont revu leur potentiel à la baisse.</p>
<p>L’amélioration de l’absorption biologique du carbone inorganique dissous, à travers par exemple la culture d’algues, semble prometteuse. Mais son efficacité varie énormément d’une région à l’autre et ne produit souvent pas les <a href="https://doi.org/10.5194/esd-14-185-2023">résultats attendus</a> en <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/acb06e">termes</a> d’élimination <a href="https://doi.org/10.5194/esd-14-185-2023">du carbone</a>.</p>
<p>Contrairement au puits de carbone continental, où une augmentation de la production primaire nette de carbone entraîne une réduction équivalente du CO<sub>2</sub> atmosphérique, ce n’est pas le cas dans les océans.</p>
<ul>
<li><p>D’abord parce que le carbone inorganique dissous dans l’eau par des processus biologiques ne réduit pas toujours les concentrations de CO<sub>2</sub> dans l’eau.</p></li>
<li><p>Et d’autre part parce que la circulation des masses d’eau signifie que les temps de résidence de l’eau de mer de surface sont souvent insuffisants pour maximiser le transfert de CO<sub>2</sub> de l’atmosphère vers l’océan.</p></li>
</ul>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576187/original/file-20240216-16-wc76at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Phytoplancton.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phytoplancton#/media/Fichier:Phytoplankton_-_the_foundation_of_the_oceanic_food_chain.jpg">NOAA MESA Project</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/acb06e">simulations</a> globales réalisées, seuls 70 à 80 % du carbone inorganique dissous capturé par par d’hypothétiques fermes de macroalgues sont effectivement remplacés par du carbone provenant de l’atmosphère.</p>
<p>Cette part peut même descendre à moins de 60 % lorsque les simulations prennent en compte les nutriments que doivent absorber les algues et les impacts sur le phytoplancton marin naturel, qui contribue également à <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/acb06e">réduire les concentrations de CO₂</a> dans la partie supérieure de l’océan.</p>
<h2>Surveillance, reporting et vérification : un casse-tête</h2>
<p>La plus grande difficulté concernant le recours aux techniques de mCDR réside probablement dans la surveillance, le reporting et la vérification de l’augmentation du stockage de carbone dans l’océan dans le monde réel.</p>
<p>C’est pourtant une condition préalable avant l’attribution de crédits carbone, l’intégration dans les contributions déterminées au niveau national (<em>ou CDN, NDC en anglais, qui représentent les engagements des États dans le cadre de l’accord de Paris, ndlr</em>), ou même l’actualisation des stocks de carbone à l’échelle mondiale.</p>
<p>Il n’est pas surprenant que l’eau de mer se déplace et que des actions comme la culture d’algues ou l’alcalinisation à un endroit donné puissent influencer <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/acb06e">l’absorption</a> et le <a href="https://doi.org/10.5194/bg-20-27-2023">stockage du carbone océanique</a> à des <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/ad08f9">centaines de kilomètres</a> de là.</p>
<p>Ces effets à distance, ainsi que la dissociation entre les flux de CO<sub>2</sub> air-mer en surface et le stockage du carbone dans l’océan en profondeur (contrairement à ce qui se produit sur terre) signifient que des réseaux d’observation étendus, des traceurs d’échanges gazeux et des simulations numériques seront <a href="https://doi.org/10.1038/s41559-022-01722-1">probablement nécessaires</a> pour permettre un tel <a href="https://doi.org/10.5194/sp-2-oae2023-12-2023">ce suivi</a>.</p>
<p>Même dans ces conditions, tout accroissement du stockage de carbone en mer serait une goutte d’eau dans l’océan, étant donné la quantité de carbone qui y est naturellement présente, et serait donc extrêmement difficile à quantifier.</p>
<h2>Et dans la réalité ?</h2>
<p>Reste la question : quelle quantité de carbone ces méthodes pourraient-elles extraire de l’atmosphère et quelles pourraient en être les implications ?</p>
<p>L’augmentation de l’alcalinité des océans à l’aide d’un minéral alcalin abondant tel que l’olivine a été estimée, dans le meilleur des cas, à un accroissement du stockage de carbone dans l’océan d’environ un <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/11/2/024007">Gt de CO<sub>2</sub></a> <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/8/1/014009">par Gt</a> d’<a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/ad08f9">olivine ajoutée</a>.</p>
<p>Si l’on voulait accroître l’absorption du carbone atmosphérique par les océans de 1 Gt de CO<sub>2</sub> par an (ce qui représente une augmentation d’environ 10 % par rapport au puits océanique en 2023), il faudrait donc transporter 1 Gt d’olivine vers les régions océaniques d’intérêts, soit 13 fois le <a href="https://doi.org/10.4060/cc0461en">poids de la pêche marine mondiale actuelle</a> !</p>
<p>Compte tenu des émissions humaines actuelles, qui sont de <a href="https://doi.org/10.5194/essd-14-4811-2022">40 Gt de CO₂</a> par an, et de la nécessité d’atteindre des émissions nettes nulles <a href="https://doi.org/10.1038/s41558-023-01848-5">au cours des prochaines décennies pour stabiliser le réchauffement à un niveau acceptable</a>, l’élimination du dioxyde de carbone par les techniques de mCDR ne pourra pas se substituer à des réductions drastiques des émissions. Cette élimination pourrait permettre cependant de compenser des émissions résiduelles dans des secteurs difficiles à décarboner.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222903/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lester Kwiatkowski a reçu des financements de l'ANR et du programme Horizon 2020 de l'UE. </span></em></p>Sur le papier, l’idée semble bonne, mais dans les faits, son potentiel est moins prometteur qu’imaginé. En tout cas, la méthode ne se substituera jamais à une baisse drastique de nos émissions.Lester Kwiatkowski, Research scientist, CNRS, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2253912024-03-08T15:11:17Z2024-03-08T15:11:17ZLa côte de l'Afrique de l'Ouest était un paradis pour la piraterie et la pêche illégale : comment la technologie change la donne<p><a href="https://nemrod-ecds.com/?p=4193">Le golfe de Guinée</a> - une région côtière qui s'étend du Sénégal à l'Angola - est doté de vastes réserves d'hydrocarbures, de minéraux et de ressources halieutiques. Il s'agit également d'une voie importante pour le commerce international, ce qui le rend essentiel au développement des pays de la région.</p>
<p>Cependant, pendant longtemps, les pays du golfe de Guinée n'ont pas surveillé correctement ce qui se passait dans leurs eaux. Cela a permis aux <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/12/12/le-golfe-de-guinee-mer-de-tous-les-dangers-et-royaume-de-la-piraterie-mondiale_6105768_3212.html">menaces pour la sécurité en mer</a> de se développer. Parmi ces menaces, figurent la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, le trafic de drogue, la piraterie et les vols à main armée, ainsi que le déversement de déchets toxiques.</p>
<p>Par exemple, en 2020, le <a href="https://www.icc-ccs.org/icc_test/index.php/1305-latest-gulf-of-guinea-piracy-attack-alarming-warns-imb#:%7E:text=IMB%20data%20shows%20that%20the,in%202019%20from%2017%20incidents.">Bureau maritime international</a> a signalé que la région avait connu le plus grand nombre d'enlèvements d'équipages jamais enregistré : 130 membres d'équipage enlevés lors de 22 incidents. En 2019, 121 membres d'équipage ont été enlevés lors de 17 incidents.</p>
<p>Des mesures régionales sont prises pour contrer ces menaces. En 2013, les chefs d'État ont signé le <a href="https://www.gouv.bj/article/2504/securite-maritime-dans-golfe-guinee-cmmc-celebre-anniversaire-code-conduite-yaounde/#:%7E:text=Le%20Code%20de%20conduite%20de%20Yaound%C3%A9%20est%20un%20processus%20dont,en%20mer%2C%20notamment%20la%20piraterie">code de conduite de Yaoundé</a> - une déclaration visant à travailler ensemble et à faire face aux menaces. Cela a également entraîné la mise en place d'un grand centre, connu sous le nom d’<a href="https://icc-gog.org/?page_id=1575">Architecture de Yaoundé</a> (composé de différentes divisions), qui coordonne et partage les informations sur ce qui se passe en mer. </p>
<p>Depuis la signature du code de conduite de Yaoundé en 2013, des progrès ont été réalisés. Comme nous l'avons constaté dans <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X23005092?ref=pdf_download&fr=RR-2&rr=848184a42c0160f6">une nouvelle étude</a>, les outils technologiques ont joué un rôle essentiel dans la lutte contre les menaces à la sécurité en mer dans les pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale. </p>
<p>Par exemple, le Nigeria a été désigné comme un foyer de la piraterie mais, en 2022, il a été <a href="https://www.vanguardngr.com/2022/05/nigeria-exits-nations-of-high-piracy-risks-robbery-in-international-waters-imu/#:%7E:text=For%20fighting%20Sea%20Piracy%20headlong%20through%20the%20Nigerian,has%20exited%20Nigeria%20from%20the%2020B%20Piracy%20List.">retiré de la liste</a> grâce, en grande partie, à l'utilisation de la <a href="https://guardian.ng/business-services/maritime/nigeria-delisted-from-sea-piracy-list-says-navy/">technologie</a>.</p>
<p>Les outils technologiques ont permis aux pays de gérer et de surveiller plus efficacement l'environnement marin. Ils favorisent également le partage d'informations entre les organismes chargés de l'application des lois. Cela a conduit à des opérations d'interception réussies et a permis de poursuivre des pirates dans la région.</p>
<h2>Les outils technologiques</h2>
<p>Les navires de <a href="https://www.imo.org/en/OurWork/Safety/Pages/AIS.aspx">cargaison</a> et de <a href="https://www.fao.org/3/w9633e/w9633e.pdf">pêche</a> sont tenus, en vertu du droit international, d'être équipés de systèmes qui transmettent des données indiquant où ils se trouvent. </p>
<p>Depuis la signature du code de conduite de Yaoundé, nous avons <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X23005092">découvert</a> que de nouvelles technologies utilisent désormais ces données de localisation pour aider les pays du golfe de Guinée à surveiller leurs eaux. </p>
<p>Des outils et des systèmes - tels que Radar, le système d'information régional de l'architecture de Yaoundé (<a href="https://www.gogin.eu/plateforme-yaris/">Yaris</a>), <a href="https://info.seavision.volpe.dot.gov/">Sea-Vision</a>, <a href="https://www.skylight.global/">Skylight</a> et <a href="https://globalfishingwatch.org/">Global Fishing Watch</a> - intègrent des informations provenant de divers systèmes de surveillance et de contrôle de la localisation, ainsi que des données satellitaires, afin d'identifier les comportements suspects. Cela a permis d'améliorer considérablement les efforts déployés pour lutter contre les menaces à la sécurité. </p>
<p>Les pays du Golfe de Guinée ont désormais une meilleure connaissance de l'activité des navires dans leurs eaux et sont en mesure de réagir en connaissance de cause dans les situations d'urgence, telles que la piraterie, les vols à main armée et les vols de pétrole. </p>
<p>Par exemple, en 2022, le <a href="https://shipsandports.com.ng/mt-heroic-idun-captain-issued-false-piracy-alert-says-gambo/">pétrolier Heroic Idun</a> a échappé à une arrestation au Nigeria pour comportement suspect, puis s'est rendu en Guinée équatoriale. Utilisant le système de l'architecture de Yaoundé, la Guinée équatoriale a retenu le navire à la demande du Nigeria et il a ensuite été <a href="https://www.reuters.com/world/africa/detained-oiltanker-equatorial-guinea-return-nigeria-officials-2022-11-11/">condamné à une amende</a>. </p>
<p>Sans le code de conduite de Yaoundé et les nouvelles technologies qu'il a introduites, le partage d'informations, la collecte de preuves et la coopération entre les pays n'auraient pas été possibles.</p>
<h2>Les avancées technologiques du Nigeria</h2>
<p>Le Nigeria est un exemple typique d'un pays où les investissements dans les infrastructures technologiques ont aidé à faire face aux menaces à la sécurité et au développement. </p>
<p>Au cours des trois dernières années, le Nigeria a déployé une série d'outils technologiques. Par exemple, la marine a déployé le <a href="https://www.defenceweb.co.za/sea/sea-sea/regional-maritime-awareness-capability-rmac-programme-rolling-out-across-africa/">Regional Maritime Awareness Capability facility</a>, qui reçoit, enregistre et distribue des données, ainsi que le système de surveillance de masse <a href="https://www.defenceweb.co.za/sea/sea-sea/nigeria-commissions-falcon-eye-maritime-domain-awareness-system/#:%7E:text=Nigeria%20has%20commissioned%20the%20Israeli-designed%20Falcon%20Eye%20maritime,July%20at%20the%20Nigerian%20Naval%20Headquarters%20in%20Abuja">Falcon Eye</a>.</p>
<p>L'Agence nigériane d'administration et de sécurité maritimes a également progressé grâce à son <a href="https://nimasa.gov.ng/president-buhari-launches-deep-blue-project-in-lagos/#:%7E:text=Le%20Projet%2C%20qui%20a%20%C3%A9t%C3%A9%20initi%C3%A9%20par%20le%20f%C3%A9d%C3%A9ral,les%20eaux%20nig%C3%A9rianes%20jusqu'au%20Golfe%20de%20Guin%C3%A9e.">projet Deep Blue</a>. Il s'agit notamment d'un centre de renseignements et de collecte de données qui travaille avec des navires de mission spéciale (comme des véhicules aériens sans pilote) pour prendre des mesures contre les menaces. </p>
<p>Depuis, le Nigeria a enregistré une <a href="https://www.icc-ccs.org/index.php/1342-new-imb-report-reveals-concerning-rise-in-maritime-piracy-incidents-in-2023#:%7E:text=Malgr%C3%A9%20la%20continuit%C3%A9%20de%20la%20restriction%20,deux%20%C3%A9quipes%20bless%C3%A9es%20en%2023">réduction</a> des actes de piraterie et des vols à main armée en mer. Autrefois désigné comme un point chaud de la piraterie, le pays a été <a href="https://nimasa.gov.ng/piracy-nigeria-removed-from-ibf-unsafe-waters-list/">retiré de la liste des points chauds</a> en 2022. </p>
<h2>Un optimisme prudent</h2>
<p>Il est évident que la technologie a un rôle important à jouer dans l'amélioration de la sûreté et de la sécurité en mer. Mais elle n'est pas sans poser des problèmes, comme nous l'avons identifié dans notre étude.</p>
<p>Tout d'abord, une dépendance excessive à l'égard des outils technologiques externes a entraîné un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X23005092?ref=pdf_download&fr=RR-2&rr=848184a42c0160f6#sec0035">manque d'appropriation</a> de la technologie. Cela affecte la durabilité des projets. Par exemple, lorsque le financement de l'UE pour YARIS expirera, les coûts d'exploitation seront transférés de l'UE aux États de l'architecture de Yaoundé. Mais les États régionaux n'ont toujours pas de plans clairs sur la manière de soutenir YARIS.</p>
<p>Deuxièmement, l'utilisation de la technologie nécessite des personnes disposant d'une expertise spécifique. Or, de nombreux pays n'ont pas les moyens de les embaucher ou ne produisent pas de ressources humaines dotées de cette expertise. Même lorsque le personnel a reçu une formation, il peut ne pas avoir accès aux outils (qui ne sont pas disponibles au niveau national) pour appliquer ce qu'il a appris. </p>
<p>Troisièmement, les systèmes de surveillance existants tels que le Système d'identification automatique (AIS) et le Système de surveillance des navires (VMS) peuvent être désactivés, une vulnérabilité que les criminels continuent d'exploiter. Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9286260/pdf/pone.0269490.pdf">systèmes radar</a> peuvent combler ces lacunes, mais la couverture RADAR est insuffisante le long des côtes. Dans le même ordre d'idées, la rareté des <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/data-center">centres de données</a> nationaux pour l'identification et le suivi des navires à longue distance (en raison d'un manque d'investissement) rend difficile l'utilisation de la technologie existante.</p>
<p>Cinquièmement, il existe des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X23005092?ref=pdf_download&fr=RR-2&rr=848184a42c0160f6#sec0025">défis</a> liés aux difficultés de communication, à l'absence de connexions internet à bord de certains navires ou à la faible vitesse de l'internet. </p>
<p>Enfin, les opérateurs privés comme l'industrie du transport maritime n'utilisent pas les services fournis par l'Architecture de Yaoundé. Cela semble lié à des considérations politiques et au manque de confiance dans les solutions régionales. </p>
<p>Les opérateurs de navires signalent plutôt les incidents à des agences extérieures à la région, telles que <a href="https://www.mica-center.org/en/agreements-supporting-the-action-of-the-mica-center/">Maritime Domain Awareness for Trade - Gulf of Guinea</a> (basée en France) ou le <a href="https://www.icc-ccs.org/icc/imb">Bureau maritime international</a> en Malaisie. Ces agences diffusent souvent des informations sans les confirmer auprès de l'architecture régionale, ce qui empêche les agences régionales de travailler efficacement.</p>
<p>Il est dans l'intérêt des pays de l'Atlantique de coopérer et de se coordonner pour relever les défis de la sécurité maritime. </p>
<p>La technologie peut jouer un rôle clé à cet égard. Mais il est essentiel que les pays améliorent leur savoir-faire technologique et veillent à ce que les partenaires extérieurs et les entreprises utilisent les services technologiques disponibles. Ce sera un grand pas vers un environnement maritime sûr et collaboratif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225391/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ifesinachi Okafor-Yarwood reçoit des fonds du Scottish Funding Council et du PEW Charitable Trust.</span></em></p>Les technologies sont essentielles pour contrer les menaces à la sécurité en mer dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du CentreIfesinachi Okafor-Yarwood, Lecturer, University of St AndrewsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2244562024-03-06T16:13:38Z2024-03-06T16:13:38ZFaut-il avoir peur des écrans ? Retour sur une annonce présidentielle<p>Lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024, le président de la République Emmanuel Macron dénonçait les dangers de la surexposition des jeunes enfants aux <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/01/16/conference-de-presse-du-president-emmanuel-macron">« écrans qui, trop souvent, enferment là où ils devraient libérer »</a>.</p>
<p>Il annonçait la création d’un groupe d’experts dont les analyses et les propositions sont attendues fin mars. Objectif : prendre des mesures pour réguler les pratiques numériques juvéniles « à la maison comme en classe, parce qu’il en va de l’avenir de nos sociétés et de nos démocraties ».</p>
<p>Si ces préoccupations sont partagées depuis longtemps par tous les acteurs de l’éducation, le vocabulaire employé par le chef de l’État, son constat de situation, le comité qu’il a mis en place et les pistes d’action qu’il a évoquées méritent un décryptage.</p>
<h2>Dépasser la polarisation des opinions</h2>
<p>Il est évident depuis plusieurs dizaines d’années que les techniques numériques transforment la plupart des activités humaines. Pourtant, beaucoup semblent découvrir que ce mouvement affecte tout autant nos comportements, croyances, valeurs, coutumes et imaginaires.</p>
<p>Fortement empreints d’une idéologie qui subordonne le progrès social à une croissance économique dépendante de l’innovation technique, les discours en faveur du numérique ont longtemps balayé analyses critiques, réserves et craintes. Il en va autrement aujourd’hui, alors que <a href="https://e-enfance.org/etude-association-e-enfance-3018-caisse-depargne-sur-le-cyberharcelement-des-8-18-ans/">67 % des enfants de 8 à 10 ans disposent déjà de comptes sur un ou plusieurs réseaux sociaux</a>, que 20 % d’entre eux déclarent avoir été confrontés à une situation de cyberharcèlement et que 83 % des parents reconnaissent ne pas savoir ce que leurs enfants font sur Internet.</p>
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<figcaption><span class="caption">Réseaux sociaux, tous accros ? (Décod’actu, Lumini, 2018).</span></figcaption>
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<p>Toute une jeunesse se transforme sous nos yeux. On peut affirmer sans exagérer qu’une véritable panique morale s’empare du discours des élites et sature l’espace public. Elle invisibilise nombre de pratiques, d’analyses, d’arguments, de points de vue et confisque la parole de certains acteurs. Celle des plus jeunes en particulier. Certaines de leurs pratiques numériques nourrissent légitimement les craintes des adultes alors que d’autres présentent un intérêt culturel, éducatif ou social indéniable.</p>
<p>Cette radicalisation des postures laisse malheureusement peu de place au débat et à la controverse. Pourtant, la recherche scientifique, dans sa diversité et sa pluridisciplinarité, attire l’attention sur la complexité d’un tableau tout en nuances où l’usage du numérique se révèle autant émancipateur qu’aliénant. Dans ce contexte, l’enjeu n’est pas seulement d’échapper aux risques du numérique mais aussi de pouvoir en réaliser les promesses.</p>
<h2>« Danger des écrans » : une formulation inadaptée</h2>
<p>À la fin des années 90, évoquant la télévision et les jeux vidéo, Monique Brachet-Lehur interpellait déjà les parents dans un ouvrage au titre provocateur : <a href="https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/les-ecrans-devorent-ils-vos-enfants--9782307589099/"><em>Les écrans dévorent-ils vos enfants ?</em></a>. Les risques d’addiction, de désocialisation, de sédentarisation, d’exposition à la violence et à la pornographie étaient alors opposés aux arguments enthousiastes de ceux pour qui la télévision était potentiellement l’instrument d’une démocratisation du savoir et d’un nouveau rapport au monde. Une « école parallèle » comme le théorisaient <a href="https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1967_num_10_1_1147">Georges Friedmann</a> et <a href="https://www.persee.fr/doc/memor_1626-1429_2006_num_18_1_1189_t17_0091_0000_2">Louis Porcher</a>.</p>
<p>À l’époque déjà, la référence insistante aux « écrans » divisait car cette essentialisation masque les autres dimensions des pratiques télévisuelles d’hier et numériques d’aujourd’hui. Pierre Chambat et Alain Ehrenberg déconstruisaient d’ailleurs en 1988 la <a href="https://www.cairn.info/revue-le-debat-1988-5-page-107.htm?contenu=resume">« supposée fascination des écrans »</a>. Ils montraient combien ce stéréotype se nourrit d’une confusion entre l’écran (le support), l’image (le contenu) et le spectacle (la pratique). Si fascination il y a, et si l’écran y joue un rôle, c’est bien l’activité qu’il contribue à instrumenter qui doit être interrogée.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les enfants accrocs à la télé… dès les années 70 (Franceinfo INA).</span></figcaption>
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<p>Incriminer les écrans équivaut en quelque sorte à redouter la nocivité du papier ou celle de la langue quand c’est le texte et l’usage qui en est fait qui méritent d’être questionnés. On peut bien sûr attribuer aux écrans certains risques sanitaires, indépendamment des contenus qu’ils médiatisent, mais convenons que l’essentiel est ailleurs !</p>
<h2>Temporalité des activités numériques : durées, instants et fréquences</h2>
<p>Différentes études considèrent le temps d’utilisation des équipements comme principal indicateur des pratiques numériques. Nous sommes d’ailleurs tous invités à prendre connaissance de cette métrique de nos activités numériques lorsque nos smartphones notifient nos « temps d’écran ».</p>
<p>En dépit des limites déjà énoncées de cette synecdoque qui confond l’écran (la partie) avec la pratique numérique (le tout), la temporalité des usages constitue l’un des éléments descriptifs des pratiques numériques et des risques potentiellement associés. Pour lui donner du sens, il convient de ne pas se limiter à des valeurs moyennes de durées.</p>
<p>Ainsi <a href="https://www.elfe-france.fr/">l’étude pluridisciplinaire ELFE</a> (Étude longitudinale française depuis l’enfance) qui porte sur une cohorte d’environ 18000 enfants français nés en 2011 montre que le « temps d’écran » quotidien moyen des enfants de 5 ans et demi, tous types d’écrans confondus, était d’environ 1h30 en 2017 et qu’il dépassait 4h pour près de 5 % d’entre eux. Une autre enquête, <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/les-plus-petits-passent-6-heures-par-semaine-sur-internet-autant-que-sur-la-television-1394549">réalisée par Ipsos en 2022</a> indique un temps moyen d’écran quotidien de 3h30 pour les enfants de 7 ans à 12 ans à douze ans et de plus de 5 heures pour les 13-19 ans.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ces-ecrans-qui-retardent-le-coucher-des-enfants-et-adolescents-196415">Ces écrans qui retardent le coucher des enfants et adolescents</a>
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<p>Ces valeurs nous impressionnent. Pour autant, la durée quotidienne d’utilisation d’un smartphone dit intrinsèquement peu des dangers encourus. La temporalité des activités numériques se caractérise aussi par un positionnement temporel précis (horodatage) et une fréquence (nombre d’utilisations par unité de temps). Ainsi, durées, instants et fréquences ont-ils des implications spécifiques et des effets combinés.</p>
<p>Si l’allongement des durées moyennes d’utilisation, les horaires inappropriés (durant la nuit, les repas, le temps scolaire…) et les fréquences élevées inquiètent, c’est en raison des activités dont elles témoignent mais aussi de celles qu’elles sont susceptibles de remplacer : se distraire au lieu d’étudier, veiller au lieu de dormir, s’engager dans des activités individuelles au lieu de s’investir dans des pratiques sociales… La question du temps est donc tout autant qualitative que quantitative.</p>
<h2>Usages et mésusages</h2>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/pour-mieux-gerer-le-temps-decran-distinguer-bonnes-et-mauvaises-pratiques-169565">mésusages numériques</a> sont assez bien connus, décrits et analysés. Il est possible de dresser un inventaire, sans doute incomplet et discutable, mais éloquent des dangers qu’ils induisent : manipulation, harcèlement, radicalisation, dépendance, déréalisation, exposition de la vie privée, troubles de l’identité, troubles du sommeil, déficits attentionnels, <a href="https://theconversation.com/dans-la-vraie-vie-aussi-jaimerais-bien-porter-un-filtre-les-reseaux-sociaux-vus-par-les-8-12-ans-151790">dégradation de l’estime de soi</a>, réduction de <a href="https://theconversation.com/enseigner-lempathie-aux-enfants-204155">l’empathie</a>, altération de la perception de la violence, troubles du comportement, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/stress-20136">stress</a>, altération de la perception du corps, difficultés de construction des relations amoureuses ou sexuelles…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sur-les-ecrans-aider-les-enfants-a-devenir-des-consommateurs-avertis-174004">Sur les écrans, aider les enfants à devenir des consommateurs avertis</a>
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<p>Longue liste, très hétérogène, dont l’étendue et la profondeur croissent à l’aune de la prégnance du numérique dans notre société. Comme le souligne justement le président de la République, il est urgent de s’en occuper sérieusement. Pour autant, il est tout aussi essentiel de prendre connaissance des pratiques numériques effectives des jeunes et d’en reconnaître la valeur et les vertus. Favoriser les pratiques vertueuses (qui ne sont pas celles des adultes ou celles dont ils rêvent pour leurs enfants) est tout aussi important.</p>
<p>De nombreux travaux de recherche documentent et analysent les pratiques des jeunes. Notons <a href="https://cfeditions.com/grandir-informes/">ceux d’Anne Cordier</a> ou de <a href="https://emi.enssib.fr/interview-carine-aillerie">Carine Aillerie</a> sur les pratiques informationnelles ; ceux de <a href="https://www.cairn.info/revue-reseaux-2020-4-page-9.htm">Dominique Pasquier</a>, <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2015-2-page-23.htm">Pascal Plantard</a>, ou de <a href="http://www.inatheque.fr/publications-evenements/publications-2022/l-adolescence-au-c-ur-de-l-conomie-num-rique-sophie-jehel.html">Sophie Jehel</a> sur la sociabilité des adolescents et l’apport des réseaux sociaux à leur construction identitaire ; ceux aussi de <a href="https://journals.openedition.org/lectures/16914">Sylvie Octobre</a> sur le renouvellement des pratiques culturelles. Entre bien d’autres !</p>
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<figcaption><span class="caption">Les « jeunes » ont ils arrêté de s’informer ? Non, répond Anne Cordier, enseignante-chercheuse (<em>Ouest-France</em>, 2023)</span></figcaption>
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<p>Notons que la plupart de ces recherches partagent une approche compréhensive et qu’elles ne projettent pas systématiquement les normes et les valeurs des adultes sur les pratiques des jeunes.</p>
<h2>Régulation, autorégulation, ce que (ne) peut (pas) l’État</h2>
<p>Comment contribuer à diminuer les risques et maximiser les opportunités ? Les « leviers » disponibles sont bien connus mais pas toujours aisés à actionner. Il y a d’abord tout le volet légal avec des dispositions nationales qui s’inscrivent souvent dans des démarches européennes.</p>
<p>Même si l’espace européen est bien plus protecteur que la plupart des autres régions du monde, on observe combien le lobbying joue efficacement contre la régulation. Rappelons ici l’exemple du cheminement décevant de la <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/283359-loi-studer-2-mars-2022-controle-parental-sur-internet-par-defaut">loi Studer</a>, votée le 2 mars 2022, sur l’installation obligatoire et l’activation automatique d’un système de contrôle parental sur les équipements numériques des mineurs. Loi dont les décrets d’application sont venus amoindrir la portée du projet initial, pourtant salué de toutes parts.</p>
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<p>Ainsi, comme le soulignent plusieurs avis de la CNIL, l’inscription de <a href="https://www.cnil.fr/fr/la-cnil-rend-son-avis-sur-les-decrets-relatifs-au-controle-parental">ce contrôle parental</a> au Code des postes et communications électroniques est imprécise et peu exigeante : le contrôle du temps d’utilisation et de la vérification d’âge n’est pas obligatoire, les obligations concernant le filtrage de la navigation Internet sont minimales et conditionnées par leur faisabilité technique.</p>
<p>L’autre levier est constitué de tout ce qui peut favoriser l’autorégulation des usages, autrement dit <a href="https://www.cnil.fr/fr/la-cnil-et-le-collectif-educnum-appellent-les-pouvoirs-publics-developper-leducation-au-numerique">l’éducation au numérique</a>, aux médias et à l’information, en lien avec une éducation au comportement éthique et responsable. Cela suppose de penser plus largement les places et rôles respectifs des parents et de l’école.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ce-que-les-enfants-comprennent-du-monde-numerique-214295">Ce que les enfants comprennent du monde numérique</a>
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<p>Cela suppose des dispositifs et ressources d’accompagnement à l’e-parentalité. Cela suppose également une institutionnalisation plus importante et plus exigeante de <a href="https://theconversation.com/education-aux-medias-et-a-linformation-la-generalisation-et-apres-177372">l’éducation au numérique et à l’information</a>, donnant encore plus d’ampleur au travail engagé depuis longtemps par des services de l’État comme le <a href="https://www.clemi.fr/">CLEMI</a>. Tout ceci suppose enfin une démarche collégiale et un débat citoyen pour construire un véritable projet éducatif équilibré.</p>
<p>Pour ce faire, le principe de la constitution du groupe d’experts annoncée le 16 janvier est positif. Cependant, il est regrettable que la présence de la recherche soit aussi faible et que les jeunes, les familles et les associations dont l’expérience de terrain est si précieuse n’y participent pas.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224456/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour les travaux de recherche qui ont permis la rédaction de cet article, l'unité de recherche Techné où travaille Jean-François Cerisier, a reçu des financements de collectivités territoriales (Région Nouvelle-Aquitaine, Grand-Poitiers), de l'État (MENJ, SGPI), de la Fondation MAIF et de la Banque des territoires .</span></em></p>En janvier dernier, le président de la République s’est élevé contre les dangers des écrans et a mis en place un comité d’experts pour réfléchir à la régulation des usages numériques. Qu’en attendre ?Jean-François Cerisier, Professeur de sciences de l'information et de la communication, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2239372024-03-05T16:01:37Z2024-03-05T16:01:37ZL’avenir des médias et de l’influence repose-t-il sur les newsletters ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579848/original/file-20240305-24-y5flwb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=81%2C90%2C5925%2C3917&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les newsletters, une stratégie payante pour les médias?</span> </figcaption></figure><p>Faites-vous partie des abonnés aux newsletters proposées par <a href="https://secure.lemonde.fr/newsletters"><em>Le Monde</em></a>, <a href="https://www.lesechos.fr/newsletters"><em>Les Echos</em></a>, ou <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/">The Conversation</a> ? Ces envois réguliers par mail – quotidiens, hebdomadaires ou mensuels – ne se limitent pas à une simple transmission périodique d’informations, mais correspondent à une stratégie de diffusion de l’information, dans un contexte où il est de plus en plus difficile de capter et de retenir l’attention.</p>
<p>Sur les réseaux sociaux, les préférences des utilisateurs sont en constante évolution. Sursollicités, ils expriment une <a href="https://www.meta-media.fr/2022/06/17/reuters-digital-news-report-la-news-fatigue-sinstalle.html">forme de lassitude</a>. Au fil du temps, <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-42412-1_15">l’attention</a> du public se fait de plus en plus rare et précieuse, en raison de la concurrence permanente des réseaux sociaux, qui contribuent à brouiller la frontière entre les journalistes et les influenceurs. Les algorithmes orchestrent les préférences et régulent l’accès aux articles produits par les médias et aux autres contenus. Dès lors, malgré un grand nombre d’abonnés à sa page Facebook ou de followers sur Instagram, aucun média ne peut s’assurer de la visibilité et de la lecture effective de ses articles, même lorsque les lecteurs ont manifesté de l’intérêt en « likant » la page.</p>
<h2>Le retour en force des newsletters</h2>
<p>Dans ce contexte, les nouvelles entreprises médiatiques exclusivement numériques (les pure players) ont <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/19312431211037681">compris l’intérêt des newsletters</a>, qui font un <a href="https://www.statista.com/statistics/812060/email-marketing-revenue-worldwide">retour</a> en force avec quelques améliorations par rapport à leurs versions précédentes des années 2000.</p>
<p><a href="https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/people/nic-newman">Selon Nic Newman</a>, auteur du rapport de 2024 de Reuters et de l’Université d’Oxford sur l’avenir et la consommation des médias, <a href="https://www.statista.com/forecasts/1143723/smartphone-users-in-the-world">l’essor croissant de l’usage des appareils mobiles</a> joue un rôle déterminant dans le regain de popularité des newsletters par e-mail. Au sein de cette enquête, 77 % des auteurs interrogés déclarent leur intention de renforcer leurs efforts dans le développement de liens directs avec les consommateurs à travers des sites web, des applications, des newsletters et des podcasts.</p>
<p>Selon une <a href="https://www.statista.com/statistics/1376934/email-marketing-campaign-objectives/">enquête menée en 2023</a> auprès de spécialistes du marketing, l’envoi de newsletters est l’un des principaux usages des campagnes par e-mail, juste après la sensibilisation aux produits et les promotions.</p>
<p>Considérées comme un outil puissant par les médias qui les utilisent, les plates-formes qui permettent d’envoyer des newsletters comme Mailjet, Sarbacane, Brevo et Mailchimp offrent un moyen direct et efficace de communication avec les abonnés, permettant une large diffusion d’informations, fidélisation de l’audience et création d’une communauté. L’e-mail garantit une relation continue et permet d’afficher un bouton « répondre » ; il offre des opportunités qui contribuent à <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/19312431211037681">réduire la distance entre l’auteur et le lecteur</a>.</p>
<p>La personnalisation, la fréquence d’envoi et la valeur ajoutée du contenu sont des éléments clés pour le succès d’une newsletter. Écrivains, journalistes et créateurs de contenu l’ont bien compris et utilisent beaucoup Substack, une application américaine.</p>
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<p>En France, il existe un équivalent : Kessel Media, une start-up créée en juin 2022 pour aider les créateurs de contenu à se développer et à générer des revenus. Sur cette application, les contributeurs restent propriétaires de leur newsletter et de leur liste d’abonnés, rejoignant une communauté d’auteurs prêts à échanger des conseils et à s’entraider.</p>
<p>Ces newsletters indépendantes sont rédigées par des individus qui se concentrent sur des niches spécifiques dont ils ont une expertise approfondie. Citons parmi les plus populaires Hugo Clément (« actualité écolo et culturelle »), Louise Aubery (influenceuse qui prône l’acceptation de soi) ou encore Rose Lamy (sexisme ordinaire dans les médias). Ils proposent des idées, des analyses et des commentaires ciblés qui arrivent directement dans la boîte de réception des abonnés, selon une fréquence régulière, généralement hebdomadaire ou mensuelle, et proposent différentes formules d’abonnement (payant, gratuit, ou mixte).</p>
<h2>Personnaliser son offre</h2>
<p>Les études montrent que les organisations médiatiques grand public, en <a href="https://www.digitalnewsreport.org/survey/2020/the-resurgence-and-importance-of-email-newsletters/">France et ailleurs,</a> ont réaffecté une part de leurs ressources vers la création de newsletters dans le but d’élargir leur base d’abonnés, de fidéliser leur audience actuelle et <a href="https://www.niemanlab.org/2016/11/there-are-at-least-eight-promising-business-models-for-email-newsletters/">d’incorporer davantage de personnalisation dans leurs offres numériques</a>.</p>
<p>Les médias ont compris l’importance de rester directement connectés à leurs lecteurs, à l’instar du <em>New York Times</em>. Côté lecteurs, il peut être difficile de trouver des informations fiables et des analyses pertinentes parmi la multitude d’informations disponibles. C’est pourquoi, pour favoriser ses abonnés, le journal américain a migré en 2021 des newsletters gratuites vers des contenus exclusivement réservés aux abonnés.</p>
<p>Toutefois, la newsletter <a href="https://www.nytimes.com/series/us-morning-briefing">« The Morning »</a>, très appréciée, reste gratuite, probablement pour continuer d’attirer de potentiels abonnés. Emboîtant le pas au <em>New York Times</em>, des auteurs de renom se tournent depuis 2021 vers des plates-formes de newsletter et les médias s’orientent vers un contenu plus axé sur le destinataire. En recevant des newsletters, les lecteurs n’ont plus besoin de consulter régulièrement un site web pour découvrir de nouveaux articles : les actualités leur parviennent directement dans leur boîte de réception. Les interactions entre auteurs et lecteurs dans le cadre des newsletters établissent alors des <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/youtubeurs-podcasteurs-nos-relations-parasociales-avec-ces-amis-qui-nous-ignorent-5081620">relations parasociales</a>, créant une connexion directe et personnelle qui influe sur la nature et le contenu des newsletters.</p>
<p>D’après l’enquête menée par Reuters et l’Université d’Oxford, qui couvre 56 pays et territoires, dans un scénario optimiste, les producteurs de newsletters envisagent une ère où leur dépendance envers les géants de la technologie serait moindre, et où ils établiraient de plus en plus de relations plus directes avec leurs abonnés fidèles. La chute significative du trafic de référence en provenance de Facebook et de X (anciennement Twitter) réduit progressivement les flux d’audience vers les sites d’actualités établis et accroît la pression sur leur rentabilité.</p>
<p>Néanmoins, ces stratégies risquent de marginaliser les médias et les influenceurs en compliquant <a href="https://theconversation.com/medias-les-jeunes-ont-envie-dune-information-qui-leur-ressemble-218264">l’accès à des utilisateurs plus jeunes</a> et moins éduqués, nombre d’entre eux étant déjà familiarisés avec les actualités générées de manière algorithmique et ayant des liens plus faibles avec les médias traditionnels.</p>
<p>Il est donc indispensable d’adopter une stratégie de diffusion de l’information inclusive et diversifiée, tout en maintenant une veille active sur les réseaux sociaux <a href="https://fr.statista.com/statistiques/570930/reseaux-sociaux-mondiaux-classes-par-nombre-d-utilisateurs/">où les jeunes sont plus présents</a> (Instagram ; Snapchat et TikTok).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223937/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ali Ahmadi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment anticiper l’avenir des médias, quand les technologies s’emballent et que l’IA s’en mêle ? Les newsletters offrent une piste.Ali Ahmadi, Enseignant-chercheur, spécialiste des plateformes numériques, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2215192024-03-03T15:56:34Z2024-03-03T15:56:34Z« L’envers des mots » : Illectronisme<p>La crise sanitaire du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/Covid-19-82467">Covid-19</a> a fait ressortir certaines carences profondes au sein de la société française, mettant particulièrement en avant deux enjeux critiques : les défaillances de notre système de santé et l’exclusion numérique touchant une partie de la population. L’essor sans précédent du télétravail, de <a href="https://theconversation.com/Covid-19-ce-que-la-continuite-pedagogique-nous-apprend-de-lecole-138340">l’éducation en ligne</a> et des procédures administratives dématérialisées a mis en évidence l’incapacité de nombreux individus à s’équiper ou à maîtriser les outils numériques nécessaires.</p>
<p>Ce déficit de compétences et d’accès numériques a engendré des disparités dans l’utilisation de services éducatifs, professionnels et essentiels. Certaines familles, en particulier celles issues de milieux défavorisés, ont rencontré des difficultés significatives pour accéder aux ressources éducatives et juridiques en ligne, mettant en lumière l’impératif d’adopter une politique nationale visant à assurer l’inclusion numérique universelle et à pallier cette vulnérabilité spécifique. Cette forme de précarité est connue sous le nom d’illectronisme.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-numerisation-des-administrations-produit-tensions-et-exclusion-207049">La numérisation des administrations produit tensions et exclusion</a>
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<p>Ce concept trouve ses racines dans une notion plus ancienne, celle de <a href="https://hal.science/hal-01084077/document">fracture numérique</a>. Née au début des années 1990, elle se concentrait initialement sur la disparité d’accès aux technologies, soulignant une fragmentation principalement basée sur des critères matériels et géographiques. Toutefois, avec le temps, cette notion s’est enrichie pour englober non seulement l’accès aux outils numériques, mais aussi la capacité à les utiliser efficacement : prendre en main le clavier et la souris, naviguer sur Internet, etc. Cette dimension est devenue centrale dans la compréhension de l’illectronisme.</p>
<p>Aujourd’hui, <a href="https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2022-1-page-33.htm">l’illectronisme englobe un ensemble complexe de difficultés et de carences dans le domaine numérique</a>. Il concerne les situations où les individus font face à des obstacles, non seulement dans l’utilisation des technologies, mais aussi dans leur compréhension de l’architecture globale du système. Cela inclut des défis liés à la manipulation d’interfaces numériques, comme la maîtrise du bureau ou du navigateur.</p>
<p>Au-delà des compétences techniques, ce concept révèle également un manque d’acculturation au référentiel numérique. Cela se traduit par une méconnaissance et une incompréhension des symboles, des codes et des éléments de langage – comme l’icône wifi, le symbole hashtags ou les émoticônes – qui constituent le tissu de la culture numérique. Cette dimension est tout aussi importante, car elle influence la manière dont les individus perçoivent et interagissent avec le monde numérique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/en-images-acces-usages-intelligence-artificielle-les-trois-fractures-numeriques-171191">En images : accès, usages, intelligence artificielle, les trois fractures numériques</a>
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<p>Cependant, définir l’illectronisme dans sa globalité est complexe. Au vu de la grande diversité des compétences numériques et des inégalités en œuvre dans les usages, cette notion souffre d’un déficit théorique. <a href="https://dictionnaire.lerobert.com/definition/illectronisme">Le Robert définit l’illectronisme</a> comme l’« état d’une personne qui ne maîtrise pas l’usage des ressources électroniques ». Résumer ce concept en une non-maîtrise des usages électroniques revient à considérer ce problème comme binaire et stipule que les personnes sont, ou ne sont pas, en situation d’illectronisme.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Dans un contexte de numérisation croissante où les démarches administratives, la recherche d’emploi et l’accès au soin se font de plus en plus en ligne, l’illectronisme soulève des questions cruciales d’inclusion sociale et économique. Son émergence en tant que problème public reflète une prise de conscience collective de son impact sur l’équité et l’accessibilité dans une société toujours plus connectée.</p>
<hr>
<p><em>Cet article s’intègre dans la série <strong><a href="https://theconversation.com/fr/topics/lenvers-des-mots-127848">« L’envers des mots »</a></strong>, consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?</em></p>
<p><em>De <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-validisme-191134">« validisme »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-silencier-197959">« silencier »</a>, de <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-bifurquer-191438">« bifurquer »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-degenrer-191115">« dégenrer »</a>, nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public. À découvrir aussi dans cette série :</em></p>
<ul>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-flow-195489"><em>« L’envers des mots » : Flow</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-ecocide-200604"><em>« L’envers des mots » : Écocide</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-agisme-215353"><em>« L’envers des mots » : Âgisme</em></a></p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/221519/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Jarousseau est membre de l'association Emmaüs Connect. Il a reçu des financements de l'ANRT. </span></em></p>Né de la fracture numérique, l’illectronisme s’étend au-delà de l’accès matériel, englobant défis d’utilisation et compréhension des technologies.Guillaume Jarousseau, Doctorant au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaires sur les médias (CARISM), Université Paris-Panthéon-AssasLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2223572024-02-12T14:09:52Z2024-02-12T14:09:52ZCancer du poumon : une découverte pourrait mieux prédire les patients à risque de récidive et raffiner le traitement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/573525/original/file-20240205-29-abkjt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La chimiothérapie est utilisée comme traitement à tous les patients atteints d'un cancer du poumon. Or, plusieurs n'auraient pas besoin d'un traitement aussi invasif si les diagnostics sur les risques de récidive étaient plus raffinés. Une nouvelle technologie pourrait changer la donne.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le cancer du poumon <a href="https://cancer.ca/en/research/cancer-statistics/cancer-statistics-at-a-glance">cause plus de décès que les cancers du sein, du côlon et de la prostate réunis</a>. </p>
<p>Toutefois, grâce aux progrès réalisés dans son dépistage, davantage de patients vont être diagnostiqués à un stade plus précoce, ce qui leur permettra de subir une intervention chirurgicale. Celle-ci constitue la principale modalité de traitement pour les patients avec un cancer du poumon de stade précoce. </p>
<p>Malheureusement, une proportion significative de patients connaîtront une récidive de leur cancer après la résection, une chirurgie pour enlever la tumeur, et les protocoles cliniques actuels ne permettent pas de prédire quels sont les patients à risque. En le sachant mieux, des traitements ciblés pourraient leur être offerts. </p>
<p>Pour trouver des solutions à ce problème, notre groupe de recherche à l’Université McGill, en collaboration avec l’Université Laval, a entamé un projet <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-022-05672-3#MOESM1">dont les premiers résultats ont été publiés dans la revue <em>Nature</em></a>. Nous avons découvert que l’utilisation d’une nouvelle technologie d’imagerie, ainsi que l’intelligence artificielle, pourraient changer la donne.</p>
<h2>Trop, ou pas assez d’interventions</h2>
<p>Ce dilemme clinique a des implications importantes sur le choix du traitement, tel que la chimiothérapie. Ainsi, les patients atteints de cancer du poumon qui seraient guéris par la chirurgie pourraient être épargnés des toxicités de la chimiothérapie, et les patients qui auraient un risque de récidive de leur cancer pourraient bénéficier d’interventions thérapeutiques supplémentaires.</p>
<p>Ainsi, la prédiction de la récidive pour les patients atteints d’un cancer du poumon de stade précoce représente un défi avec des implications importantes pour les 31 000 Canadiens qui continuent d’être diagnostiqués avec cette terrible maladie chaque année.</p>
<h2>Imagerie par cytométrie de masse</h2>
<p>Pour relever ce défi clinique, nous avons utilisé l’<a href="https://www.mcgill.ca/gci/fr/plateformes/cytometrie-de-masse#:%7E:text=La%20cytom%C3%A9trie%20de%20masse%20par,prot%C3%A9ines%20au%20niveau%20des%20cellules.">imagerie par cytométrie de masse</a> (ICM), une nouvelle technologie qui permet une caractérisation complète du microenvironnement tumoral. </p>
<p>Il s’agit d’un écosystème complexe composé d’interactions entre les cellules tumorales, les cellules immunitaires, notamment les lymphocytes, et diverses cellules structurelles. L’ICM permet de visualiser jusqu’à 50 marqueurs à la surface de cellules, soit beaucoup plus que ce qui était possible auparavant. </p>
<p>Cette technologie permet d’identifier différents types de cellules et de déterminer leur organisation spatiale, c’est-à-dire comment elles interagissent les unes avec les autres. L’ICM produit des images qui peuvent être analysées pour déterminer la fréquence des principales sous-populations cellulaires, leurs états d’activation, les autres types de cellules avec lesquelles elles interagissent et leur localisation dans des regroupements de cellules. </p>
<p>Nos résultats publiés dans <em>Nature</em> ont révélé que divers types de cellules peuvent interagir dans des communautés de cellules, et que les communautés avec des lymphocytes B étaient fortement associées à une plus longue survie chez les patients atteints d’un cancer du poumon. Notre étude souligne qu’au-delà de la fréquence des cellules, les interactions cellulaires et la localisation spatiale ont également une corrélation très forte avec d’importants résultats cliniques comme la survie.</p>
<h2>L’intelligence artificielle pour de meilleures prédictions</h2>
<p>À partir de nos résultats initiaux, nous avons émis l’hypothèse que des caractéristiques spatiales importantes, comme les interactions cellulaires, intégrées dans les images ICM pourraient être importantes pour prédire des résultats cliniques. </p>
<p>Notre ensemble de données, composé de 416 patients et de plus de 1,6 million de cellules, a fourni suffisamment de puissance pour effectuer des prédictions à l’aide de l’intelligence artificielle. Nous avons cherché à prédire quels patients atteints d’un cancer du poumon d’un stade précoce auraient une récidive de leur cancer après la chirurgie, ce qui nous permettrait d’adapter l’utilisation de la chimiothérapie. </p>
<p>En utilisant des échantillons tumoraux de 1 mm2, matériel facilement disponible à partir de résections chirurgicales ou de biopsies, nous avons utilisé des algorithmes d’intelligence artificielle pour faire nos prédictions. En utilisant les informations spatiales contenues dans les images ICM, notre algorithme a pu prédire avec une précision de 95 % quels patients connaîtraient une récidive du cancer. </p>
<h2>Six marqueurs peuvent faire toute la différence</h2>
<p>L’un des défis pour l’utilisation de nos résultats dans les hôpitaux est que l’ICM n’est pas disponible dans les milieux cliniques. Les services de pathologie clinique utilisent généralement des technologies moins complexes telles que l’immunofluorescence, qui sont souvent limitées à l’utilisation de trois marqueurs ou moins à la fois. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="image obtenue grâce à immunofluorescence" src="https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573537/original/file-20240205-17-2oj4zm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Image d’immunofluorescence d’une tumeur traitée par immunothérapie. Cette technologie moins complexe est souvent limitée à l’utilisation de trois marqueurs ou moins à la fois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour relever ce défi, nous avons cherché à identifier le nombre minimum des marqueurs nécessaires pour faire des prédictions significatives sur la récidive des patients atteints de cancer du poumon après une intervention chirurgicale. En utilisant six marqueurs, nous avons obtenu une précision de 93 % pour la prédiction de la progression, un résultat qui se rapproche de la précision de 95 % obtenue avec l’utilisation de 35 marqueurs. </p>
<p>Ces résultats suggèrent qu’en exploitant la puissance de l’intelligence artificielle avec les technologies disponibles dans les hôpitaux, nous pourrions être en mesure d’améliorer la gestion clinique post-chirurgicale des patients atteints d’un cancer du poumon d’un stade précoce. Notre objectif ultime est d’augmenter les taux de guérison pour les personnes présentant un risque élevé de récidive du cancer, tout en minimisant la toxicité pour ceux qui peuvent être guéris par la chirurgie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222357/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Sorin a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec et des bourses d'études supérieures
du Canada Vanier.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Logan Walsh a reçu des financements de l'initiative interdisciplinaire en infection et immunité de l’Université McGill, du Brain Tumour Funders’ Collaborative, des instituts de recherche en santé du Canada (CIHR; PJT-162137), de la fondation canadienne pour l'innovation et est titulaire de la chaire de recherche Rosalind Goodman sur le cancer du poumon.</span></em></p>Le traitement pour les patients atteints d’un cancer du poumon est le même pour tous, indépendamment des risques de récidive. L’utilisation d’une nouvelle technologie pourrait raffiner le diagnostic.Mark Sorin, Étudiant au MD-PhD, chercheur en cancer du poumon, McGill UniversityLogan Walsh, Assistant Professor, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2224762024-02-05T15:34:07Z2024-02-05T15:34:07ZPlus haut, plus vite : qu’est-ce qui influence l’aérodynamisme du ballon de football ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/573218/original/file-20240203-27-i63qjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3579&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au-delà du talent des joueurs à lancer un ballon, plusieurs facteurs influenceront son vol, à commencer pas ses dimensions, sa pression et sa texture.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Avec <a href="https://www.nfl.com/news/super-bowl-lvii-averages-audience-of-113-million-viewers-fox-sports">113 millions de téléspectateurs et téléspectatrices aux États-Unis</a> et 40 millions d’autres à travers le monde, le Super Bowl est la grand-messe sportive la plus prisée en Amérique du Nord. L’événement de dimanche, avec en sus une <a href="https://www.lapresse.ca/sports/football/2024-01-31/chiefs-de-kansas-city/travis-kelce-remercie-taylor-swift-d-avoir-embarque-dans-le-club.php">idylle sous les projecteurs</a>, s’annonce tout aussi suivi.</p>
<p>Au Canada, la plus récente finale de la Coupe Grey a pour sa part atteint une <a href="https://twitter.com/RDS_RP/status/1726722586816430330">audience record</a> de 3,7 millions de personnes, rivées à leur téléviseur en novembre dernier pour voir la victoire des Alouettes de Montréal.</p>
<p>Les deux ligues n’ont pas la même popularité, tant s’en faut, ni les mêmes règles. Mais il y a une autre différence : bien que similaires en apparence, les fameux ballons ovales présentent, de part et d’autre de la frontière, certaines particularités qui affectent leur aérodynamisme, c’est-à-dire les forces exercées par l’air sur le ballon tout au long de son vol. La conception et les caractéristiques du ballon ont un impact sur l’ampleur de ces forces.</p>
<p>N’en déplaise aux joueurs, malgré leur talent à lancer le ballon le plus loin possible, son aérodynamisme variera non seulement en raison de sa fabrication et du niveau de son gonflement, mais aussi en fonction de plusieurs autres facteurs.</p>
<p>Professeur au Département de génie mécanique de l’École de technologie supérieure, je m’intéresse à la dynamique des fluides expérimentale. J’étudie la physique des écoulements de fluides et certaines applications (par exemple, la propulsion de véhicules aquatiques, les applications aérodynamiques). La dynamique des fluides est un vaste domaine et affecte de nombreux aspects de nos vies. Qu’il s’agisse du flux sanguin dans le cœur, du vol des avions, des magnifiques motifs tourbillonnants de l’atmosphère de Jupiter ou… d’un lancer de football impeccable pour un touché.</p>
<h2>La dimension du ballon a un effet sur la stabilité du vol</h2>
<p>La NFL et la LCF disposent des mêmes <a href="https://cfldb.ca/faq/equipment/#:%7E:text=The%20CFL%20football%20dimensions%20are,to%2028%201%2F2%20inches.">règlements</a> concernant les dimensions du ballon. Celui-ci doit mesurer entre 11 po et 11,25 po de long. Il doit aussi être gonflé à une pression comprise entre 12,5 psi et 13,5 psi, ce qui doit lui conférer une circonférence maximale allant de 28 po à 28,5 po pour ce qui est de sa longueur, et de 21 po à 21,25 po pour sa largeur.</p>
<p>Ces dimensions ont leur importance. Le ballon de football agit, en fait, comme un gyroscope. Plus la vitesse de rotation est élevée, plus le ballon sera stable pendant son vol. Des dimensions différentes peuvent donc avoir un certain effet sur la stabilité du vol du ballon.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un joueur de football américain attrape un ballon en plein vol sur un terrain" src="https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573219/original/file-20240203-25-y5at9n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La dimension du ballon de football a son importance. Le ballon agit comme un gyroscope. Plus la vitesse de rotation est élevée, plus le ballon sera stable pendant son vol..</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une circonférence plus grande suggère qu’une plus grande partie de la masse du ballon est éloignée de sa ligne centrale. Cela signifie qu’il a un moment d’inertie (résistance à la rotation) plus élevé et, donc, que la même force appliquée pour le faire tourner entraînera une vitesse de rotation plus faible.</p>
<h2>Deux bandes et un lacet qui font une différence</h2>
<p>On trouve deux bandes blanches sur le ballon canadien, en plus d’un lacet : le règlement américain ne prévoit rien à ce propos.</p>
<p>Ces différences entre les ballons canadien et américain ont un effet sur sa traînée. Une force de traînée est la résistance qui s’oppose à un objet en mouvement dans un fluide. Dans ce cas-ci, il s’agit principalement de la résistance entraînée par l’air (qui est un fluide), qu’on appelle la traînée de forme ou de pression.</p>
<p>Prenons l’exemple d’une balle de golf. Ses alvéoles favorisent les turbulences, qui permettent au flux d’air de rester collé à la balle et d’en réduire la traînée totale. Moins de traînées signifie que la balle pourrait voler plus loin pour la même force appliquée.</p>
<p>Les lacets d’un ballon de football et toute autre modification importante de sa surface (un logo, une valve), en combinaison avec la rotation du ballon, auront le même effet dans une certaine mesure. Il serait intéressant d’étudier en quoi <a href="https://www.engineering.com/story/the-aerodynamics-of-a-football">ces différences</a> entre les ballons de football de la NFL et de la LCF affectent leur traînée respective.</p>
<h2>NFL ou LCF, quel ballon est meilleur ?</h2>
<p>Pour ce faire, nous pourrions, dans une soufflerie (une installation expérimentale sous forme de tunnel avec soufflage d’air contrôlé), simuler le mouvement de l’air (écoulement du fluide) autour des deux ballons qui seraient fixés dans l’espace, puis mis en rotation avec une poussée d’air servant à imiter la vitesse de vol du ballon.</p>
<p>Une balance aérodynamique mesurerait les différences de traînée entre les deux ballons, soumis aux mêmes conditions. Idéalement, les deux ballons auraient les mêmes dimensions pour supprimer d’autres facteurs de variabilité.</p>
<p>Le passage de l’air autour du ballon pourrait être visualisé à l’aide de la fumée ou de la technique de vélocimétrie par image ou par suivi de particules. C’est une ne méthode où on ensemence l’air avec des particules (des gouttelettes ou bulles de savon). Le mouvement de ces particules pourrait être capté à l’aide d’une caméra pour quantifier la vitesse de l’air en tous points autour du ballon. Cela permettrait de voir des régions de décollement et de recirculation d’air et d’avoir une idée de la répartition des forces aérodynamiques autour du ballon.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une main gantée tient un ballon de football sur une surface gazonnée" src="https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573221/original/file-20240203-21-3s2qf1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un ballon sur le point d’être botté. Plusieurs facteurs vont influencer l’aérodynamisme du ballon..</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Différentes vitesses de rotation et vitesses de vol pourraient être examinées, car il existe toujours la possibilité de développer des instabilités d’écoulement de l’air, ce qui entraînerait une modification de son comportement autour du ballon. </p>
<p>On pourrait ainsi déterminer quel ballon, celui de la NFL ou celui de la LCF, est le meilleur.</p>
<h2>La texture du ballon influence sa traînée</h2>
<p>Il existe un autre type de traînée, attribuable celle-là au frottement de l’air avec la surface du ballon. On l’appelle traînée de frottement.</p>
<p>Elle dépend pour sa part principalement de la texture du ballon et de sa vitesse. Plus la texture du ballon est rugueuse, plus la traînée de frottement est élevée pour une même vitesse. De même, une vitesse de ballon plus rapide aura une traînée de frottement plus élevée.</p>
<p>En réduisant la traînée de forme, on réduit davantage la traînée totale du ballon, qui peut ainsi aller plus loin et plus vite sur le terrain de football.</p>
<h2>Et puis il y a… la météo !</h2>
<p>La météo joue aussi un rôle sur l’aérodynamisme du ballon de football.</p>
<p>Les températures froides ou chaudes peuvent affecter la taille du ballon en diminuant ou en augmentant la pression de l’air à l’intérieur de celui-ci.</p>
<p>De même, la température peut avoir un certain effet sur les propriétés matérielles du ballon, une température plus froide le rendant plus rigide et une température plus chaude, plus souple.</p>
<p>La température et l’humidité jouent également un rôle dans les propriétés physiques de l’air en modifiant sa masse volumique et sa viscosité.</p>
<p>La pluie affectera également directement la traînée puisque, dans un sens, elle affecte la texture de la surface du ballon telle que ressentie par l’air.</p>
<p>Mais la question ne se posera pas à Las Vegas, dimanche, pour le match du Super Bowl, puisque le stade Allegiant est couvert.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222476/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giuseppe Di Labbio ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dimensions du ballon de football, sa pression et sa texture affectent son aérodynamisme, c’est-à-dire les forces exercées par l’air sur le ballon tout au long de son vol.Giuseppe Di Labbio, Professeur adjoint, École de technologie supérieure (ÉTS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2217692024-01-28T16:05:48Z2024-01-28T16:05:48ZUne nouvelle arme laser permet d'abattre des drones à distance – et à bas coût<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570837/original/file-20240121-38659-1vateu.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C3%2C589%2C363&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tir de test du système anti-drone britannique, le _DragonFire_.</span> <span class="attribution"><span class="source">UK Ministry of Defence/wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Un flash de lumière s’envole vers un minuscule drone volant à une vitesse vertigineuse. Quelques instants plus tard, le drone désactivé s’écrase dans la mer. Pas un bruit, pas de victimes humaines, pas d’explosions désordonnées. Un drone mortel coûtant plusieurs millions de dollars a été proprement éliminé par un tir qui a coûté moins cher qu’une bonne bouteille de vin.</p>
<p>Si vous pensez qu’il s’agit d’une scène tirée d’un film de science-fiction, détrompez-vous. Il y a quelques jours à peine, une équipe de scientifiques et d’ingénieurs britanniques a réussi à <a href="https://www.gov.uk/government/news/advanced-future-military-laser-achieves-uk-first">démontrer qu’il s’agit d’une technologie viable</a>, qui pourrait trouver sa place sur le champ de bataille dans cinq ou dix ans.</p>
<p><em>DragonFire</em> est un programme de haute technologie lancé en 2017, financé à hauteur de 30 millions de livres sterling, et impliquant l’agence gouvernementale britannique <em>Defence Science and Technology Laboratory</em>, le fabricant de missiles MBDA, l’entreprise aérospatiale Leonardo UK et l’entreprise de technologie de défense QinetiQ. Ce programme a réussi son premier test sur le terrain en abattant plusieurs drones au large des côtes écossaises à l’aide de faisceaux laser.</p>
<p>Les drones sont des aéronefs sans pilote, semi-automatiques, capables d’infliger des dégâts mortels avec une grande précision. Ils sont <a href="https://theconversation.com/armes-autonomes-et-soldats-augmentes-quel-impact-sur-les-valeurs-des-armees-168295">très présents sur les champs de bataille modernes</a>, notamment lors de la guerre d’Ukraine et sur les routes navales commerciales de la mer Rouge.</p>
<p>Il n’est pas facile de les abattre : il faut généralement tirer des missiles qui coûtent jusqu’à 1 million de livres sterling pièce. Bien qu’ils soient généralement efficaces, les systèmes défensifs de ce type sont coûteux et comportent un risque important de dommages collatéraux. Si un missile manque sa cible, il finira par atterrir quelque part et explosera quand même.</p>
<p>Mais il n’est pas nécessaire de provoquer une explosion spectaculaire pour désactiver un drone… il suffit d’interférer avec ses systèmes de contrôle et de navigation.</p>
<p>Et un rayon laser est un très bon candidat pour s’acquitter de cette tâche. Les <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/physique/le-laser-et-le-renouveau-de-l-optique-2490.php">lasers sont des faisceaux lumineux particulièrement directionnels, qui peuvent être très intenses</a>. Un laser suffisamment puissant peut interférer avec n’importe quel appareil électronique et provoquer son dysfonctionnement.</p>
<p>Comparé aux missiles classiques, un système laser de grande puissance présente de nombreux avantages stratégiques. Pour commencer, il est étonnamment peu coûteux à utiliser : faire fonctionner le <em>DragonFire</em> pendant dix secondes coûte autant que d’allumer un chauffage pendant une heure (soit moins de 10£ par tir).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Le système laser DragonFire" src="https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le système laser <em>DragonFire</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.mbda-systems.com/press-releases/dragonfire-proving-trials-underway">MDBA</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Les lasers ne présentent pas non plus de risque de dommages collatéraux. Même si un laser manque sa cible, il continuera à se propager dans la même direction et finira par être absorbé et dispersé dans l’atmosphère. Un laser étant un faisceau lumineux, il se propage en ligne droite, indépendamment de la gravité. Finalement, la section d’un faisceau laser est généralement toute petite, de l’ordre de quelques millimètres carrés. Leur utilisation s’apparente ici à une intervention chirurgicale.</p>
<p>Les lasers sont donc une arme défensive par excellence : ils peuvent répondre à une menace, mais ne peuvent pas causer de dégâts importants. Ils sont aussi très peu sensibles aux contre-mesures, puisque les faisceaux lumineux se déplacent à la plus grande vitesse qui soit… celle de la lumière. En d’autres termes, une fois qu’un flash laser est lancé, rien ne peut le rattraper et le neutraliser.</p>
<p>Les rayons laser sont utilisés sur le champ de bataille depuis un certain temps. Côté défensif, ils sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214914719312231">principalement utilisés pour le suivi des cibles, la télédétection et la visée de précision</a>. Mais c’est la première fois qu’ils sont utilisés efficacement afin de perturber une action ennemie.</p>
<h2>Des défis à relever</h2>
<p>La mise au point du <em>DragonFire</em> comme arme a pris beaucoup de temps. C’est parce que pour neutraliser un drone, il faut un faisceau laser d’une grande intensité.</p>
<p>Mais si le faisceau laser est trop puissant, il peut fortement interagir avec l’air dans l’atmosphère, <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/7/918">ce qui entraîne son absorption ou sa dispersion</a>. Il faut trouver l’équilibre parfait entre les paramètres du faisceau, tels que <a href="https://scholar.harvard.edu/files/schwartz/files/lecture10-power.pdf">sa puissance, sa longueur d’onde et sa forme</a>, pour s’assurer qu’il peut se propager sur de longues distances sans se dégrader significativement.</p>
<p>Un faisceau laser est aussi particulièrement sensible aux conditions atmosphériques, et la présence de brouillard, de pluie ou de nuages <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/7/918">peut affecter de manière significative ses performances</a>.</p>
<p>Les drones et les missiles subsoniques représentent une menace croissante à l’échelle mondiale. C’est pourquoi le ministère britannique de la Défense accélère actuellement le développement du <em>DragonFire</em>, dans l’espoir de l’embarquer sur des navires de guerre dans les cinq à dix prochaines années.</p>
<p>Pour cela, plusieurs questions techniques et scientifiques doivent encore être résolues.</p>
<p>Par exemple, il n’est pas facile de maintenir la stabilité du pointage du laser sur une plate-forme en mouvement (comme un croiseur dans des eaux agitées). C’est comme si l’on essayait d’atteindre une cible de fléchettes en se tenant debout sur une planche d’équilibre – mais ceci n’affecte que la précision de l’arme, pas le risque de dommages collatéraux.</p>
<p>Il faudra également découpler les performances du système laser des conditions météorologiques. Comme les gouttelettes d’eau et les courants d’air peuvent diffuser ou absorber le faisceau laser, et réduire sa puissance et donc ses effets, il faudrait pouvoir tenir compte des conditions météorologiques lors de la préparation du faisceau. Cette tâche n’est pas impossible, mais techniquement difficile.</p>
<p>Un programme de formation doit également être mis en place pour que les soldats puissent utiliser efficacement un tel système de haute technologie.</p>
<p>Néanmoins, ces premiers essais ont démontré la viabilité et l’efficacité de cette arme laser, qui pourrait révolutionner la guerre moderne dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221769/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gianluca Sarri a reçu des financements de l'EPSRC (Engineering and Physical Sciences Research Council), de InnovateUK, et du DSTL (Defence Science and Technology Laboratory). </span></em></p>Le nouveau système de défense laser britannique permet des tirs coûtant 10 livres sterling – soit l’équivalent d’une heure de chauffage.Gianluca Sarri, Professor at the School of Mathematics and Physics, Queen's University BelfastLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2211892024-01-25T15:49:10Z2024-01-25T15:49:10ZLe Canada doit mettre en œuvre des mesures de sécurité pour protéger les enfants en ligne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569360/original/file-20240109-19-9s4t5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6720%2C4476&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le nombre de cas de cyberprédation a été multiplié par dix au cours des cinq dernières années au Canada.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La récente législation sur la vérification de l’âge sur les sites proposant du contenu pour adultes a donné lieu à une situation intéressante au Parlement canadien. Le 13 décembre dernier, le <a href="https://www.parl.ca/legisinfo/en/bill/44-1/s-210">projet de loi S-210</a>, soit la Loi limitant l’accès en ligne des jeunes au matériel sexuellement explicite, a en effet été adopté en deuxième lecture à la Chambre des communes à l’issue d’un <a href="https://www.ourcommons.ca/Members/en/votes/44/1/609">vote de 189 voix contre 133</a>.</p>
<p>Étonnamment, la plupart des députés libéraux ont voté contre, car le gouvernement travaille sur son propre <a href="https://www.canada.ca/en/canadian-heritage/campaigns/harmful-online-content.html">projet de loi sur les préjudices en ligne</a>. Ce projet de loi a été promis pour la première fois en 2019, mais n’a pas encore été déposé en raison des <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/online-protection-act-1.7042880">complications plus vastes</a> qu’il soulève.</p>
<p>Avec le plein appui des conservateurs, du NPD, du Bloc Québécois et de certains députés libéraux, le projet de loi S-210 a pu faire l’objet d’un examen en comité. Il a par ailleurs été adopté par le Sénat au printemps 2023.</p>
<p>Le projet de loi S-210 prévoit qu’avant d’accéder à des sites proposant du contenu pour adultes, toute personne doive obligatoirement passer par un processus de vérification de l’âge afin de prouver qu’elle est adulte. La vérification de l’âge est déjà obligatoire pour accéder aux sites de jeux de hasard et à ceux qui vendent des produits tels que l’alcool, le tabac et le cannabis.</p>
<h2>Protéger les mineurs</h2>
<p>Une législation semblable au projet de loi S-210 a été adoptée ou mise en œuvre avec succès dans diverses parties du monde, dont <a href="https://euconsent.eu/">l’Union européenne</a>, le <a href="https://www.internetmatters.org/resources/uk-age-verification-law-for-pornography-sites-explained-parent-guide/">Royaume-Uni</a> et <a href="https://www.nytimes.com/2023/04/30/business/louisiana-kids-age-porn-law.html">plusieurs États</a> américains.</p>
<p>Pourtant, les législateurs canadiens sont divisés quant au projet de loi S-210. Les détracteurs du projet de loi ont en effet émis de <a href="https://www.cbc.ca/news/politics/porn-site-age-verification-proposed-bill-1.7060841">vives inquiétudes</a> au sujet de la protection de la vie privée et de la liberté d’expression.</p>
<p>Mes recherches doctorales portent sur les systèmes anonymes de vérification de l’âge visant à protéger la vie privée des personnes utilisatrices. Je collabore aussi volontairement avec le Conseil de gouvernance numérique du Canada à l’élaboration de <a href="https://dgc-cgn.org/standards/find-a-standard/">normes techniques pour les technologies de vérification de l’âge</a>.</p>
<p>Toute discussion sur la protection de la vie privée et la sécurité dans le cadre de la vérification de l’âge en ligne doit tenir compte de certains facteurs clés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un jeune garçon fixe l’écran d’un ordinateur portable dans l’obscurité" src="https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568639/original/file-20240110-27-bcyhld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les partisans du projet de loi S-210 affirment qu’il protégera les enfants, tandis que ses détracteurs ont émis de vives inquiétudes au sujet de la protection de la vie privée et de la liberté d’expression.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Vérification de l’âge en ligne</h2>
<p>Bien qu’il existe <a href="https://avpassociation.com/avmethods/">différents mécanismes</a> de vérification de l’âge en ligne, les méthodes les plus populaires sont la comparaison de pièces d’identité, la reconnaissance faciale et la vérification par un tiers.</p>
<p>La comparaison de pièces d’identité est une méthode courante de vérification de l’âge dans le cadre des transactions en personne. Par exemple, on doit présenter une pièce d’identité délivrée par le gouvernement, comme un permis de conduire ou une carte d’assurance maladie, lorsqu’on achète de l’alcool en magasin. De même, lors d’une transaction en ligne, une personne peut téléverser une image de sa pièce d’identité.</p>
<p>La technologie de <a href="https://www.britannica.com/technology/OCR">reconnaissance optique de caractères</a> permet ensuite d’extraire les données du document, en particulier la date de naissance. En outre, une <a href="https://www.incognia.com/the-authentication-reference/what-is-liveness-detection">vérification de légitimité</a> peut être effectuée en comparant la photo du document avec une photo instantanée de la personne afin d’en garantir l’authenticité.</p>
<p>Une personne peut également prouver son âge par l’intermédiaire d’un tiers autorisé, tels que sa société de carte de crédit ou sa banque. Cette méthode s’appuie sur les relations existantes avec ces entités de confiance et sur les informations qu’elles détiennent pour confirmer l’âge de la personne.</p>
<p>La vérification de l’âge basée sur la biométrie est un domaine émergent depuis une dizaine d’années, grâce à l’intelligence artificielle. Les chercheurs examinent <a href="https://doi.org/10.1109/MS.2020.3044872">différentes données biométriques</a> pour estimer l’âge, notamment les <a href="https://www.yoti.com/blog/yoti-myface-liveness-white-paper/">images faciales et les vidéos</a>, la <a href="https://doi.org/10.1109/ICPCSN58827.2023.00082">parole</a>, les <a href="https://doi.org/10.1109/ICACC-202152719.2021.9708286">empreintes digitales</a>, les <a href="https://doi.org/10.1109/RTSI55261.2022.9905194">signaux cardiaques</a> et <a href="https://doi.org/10.1049/ic.2013.0258">l’iris</a>.</p>
<p>Durant l’analyse faciale, une personne est invitée à fournir un égoportrait en direct sous la forme d’une image ou d’une vidéo, qui est ensuite analysée par des outils d’intelligence artificielle afin d’estimer son âge. Cette méthode a été <a href="https://iapp.org/news/a/how-facial-age-estimation-technology-can-help-protect-childrens-privacy-for-coppa-and-beyond/">testée de manière exhaustive</a> et est à présent déployée dans différents pays par diverses entités, notamment <a href="https://www.telegraph.co.uk/business/2023/12/15/google-develops-selfie-scanning-block-children-porn/">Google</a> et <a href="https://www.bbc.com/news/technology-63544332">Meta</a>.</p>
<h2>Une option moins invasive</h2>
<p>Lorsque plusieurs options sont disponibles, une personne peut choisir celles avec lesquelles elle se sent le plus à l’aise. Le projet euCONSENT est un réseau fondé par la Commission européenne pour protéger les enfants en ligne. Ce réseau a récemment mené un <a href="https://euconsent.eu/a-summary-of-the-achievements-and-lessons-learned-of-the-euconsent-project-and-what-comes-next/">projet pilote approfondi</a> sur la vérification de l’âge en ligne auprès de 2 000 enfants et adultes dans cinq pays européens.</p>
<p>Les réactions des personnes participantes ont montré que l’estimation faciale était le premier choix, préféré par 68 % d’entre elles. Les répondants la considéraient en effet comme une option facile, rapide et moins invasive. La vérification par un tiers (par l’intermédiaire d’une société de carte de crédit) était l’option la moins populaire, préférée par seulement 3 % des participants.</p>
<p>Les données personnelles des utilisateurs (pièces d’identité, images faciales ou renseignements bancaires) doivent être protégées par l’application de règlements stricts, semblables aux politiques de l’Union européenne en matière de <a href="https://gdpr-info.eu/">réglementation générale sur la protection des données</a>.</p>
<p>Le projet de loi S-210 propose de mettre en œuvre des méthodes fiables de vérification de l’âge qui collecteront les informations personnelles des utilisateurs uniquement aux fins de vérification, après quoi les données seront immédiatement détruites.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="le visage d’un homme est numérisé par son téléphone cellulaire" src="https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568643/original/file-20240110-17-nwjjlf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’analyse faciale peut permettre de déterminer l’âge d’un utilisateur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des RPV qui posent des défis</h2>
<p>Les <a href="https://www.pcmag.com/how-to/what-is-a-vpn-and-why-you-need-one">réseaux privés virtuels</a> (RPV) sont souvent utilisés pour échapper à la vérification de l’âge. Les personnes utilisatrices font transiter le trafic Internet par des serveurs situés dans différents endroits, ce qui donne l’impression qu’elles accèdent au contenu à partir d’une région où il n’y a pas de restrictions d’âge.</p>
<p>Ce problème peut être résolu par les <a href="https://www.apnic.net/ip-geolocation-service-providers/">services de géolocalisation IP</a>, qui comparent la localisation déclarée d’une personne avec son adresse IP réelle, ce qui permet d’identifier toute divergence.</p>
<h2>Protéger les enfants</h2>
<p>Outre la préparation technologique, la sensibilisation de la société s’avère également cruciale pour garantir l’adoption appropriée de mesures de vérification de l’âge, ce qui nous ramène aux aspects législatifs.</p>
<p>Le nombre de cas de cyberprédation <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/manitoba/social-media-online-child-luring-reports-spike-canada-1.6739824">a été multiplié par dix</a> au cours des cinq dernières années au Canada. Des incidents tragiques sont survenus où des enfants se sont suicidés après avoir été victimes d’abus en ligne. En octobre dernier, un <a href="https://urldefense.com/v3/__https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/police-link-suicide-of-12-year-old-prince-george-b-c-boy-to-online-sexual-extortion-1.7041185__;!MtWvt2UVEQ!DF5HkrmBKV19KkIeKL-ea2wsl0zQDjXailbkNU8v_hglKA5S_bli3hS-fFnKq-jM1tMU5hYhryCzTQawM4J5fnd%24">garçon de 12 ans s’est suicidé en Colombie-Britannique</a> après avoir été victime de sextorsion virtuelle.</p>
<p>La question est donc la suivante : combien de temps devrons-nous attendre avant que des mesures ne soient mises en place pour protéger les enfants ? Le Canada ne peut plus se permettre de rester à la traîne. Le moment est venu d’aller de l’avant et de sécuriser les espaces en ligne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221189/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Azfar Adib a reçu des financements de MITACS.</span></em></p>La cyberprédation des enfants est en forte hausse au pays. Le Canada ne peut plus se permettre de rester à la traîne. Le moment est venu de sécuriser les espaces en ligne.Azfar Adib, Public Scholar & PhD Candidate, Electrical and Computer Engineering, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2212342024-01-24T17:16:59Z2024-01-24T17:16:59ZLes politiques climatiques : entre techno-optimisme et déni de réalité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/569497/original/file-20240116-23-p0wej7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=89%2C17%2C1721%2C1098&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre planète est actuellement placée sur une trajectoire de réchauffement de +2,7 °C d'ici 2100.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/a-city-covered-in-smog-15629829/">Vladyslav Puzyrov/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>En 2015, 195 pays adoptaient <a href="https://theconversation.com/fr/topics/accord-de-paris-23135">l’accord de Paris</a> et s’engageaient à limiter, avant la fin du siècle, le réchauffement climatique <a href="https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/contributions-determinees-au-niveau-national-ndcs">entre +1,5 °C et +2 °C</a> par rapport à l’ère préindustrielle. La COP21 marquait donc une avancée historique dans la lutte contre les effets catastrophiques induits par le changement climatique.</p>
<p>Or, une <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/rechauffement-climatique-l-objectif-de-1-5-c-de-l-accord-de-paris-est-desormais-inatteignable-selon-une-etude_6223338.html">majorité de scientifiques</a> juge déjà ces objectifs <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-021-02990-w">inatteignables</a>. En effet, le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que le respect du seuil de +1,5 °C exige une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 43 % d’ici 2030 et de 60 % d’ici 2035 avant d’atteindre des émissions nettes nulles pour 2050. Pourtant, les Contributions déterminées au niveau national (CDN) prévues dans l’accord de Paris ne prévoient qu’une baisse de 2 % des émissions d’ici 2030. Ce qui place notre planète sur une trajectoire de réchauffement de +2,7 °C au cours de ce siècle.</p>
<p>Notre incapacité à imposer une régulation contraignante sur l’extraction des combustibles fossiles, <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/29/valerie-masson-delmotte-et-sonia-seneviratne-la-faiblesse-des-engagements-de-la-cop28-implique-la-poursuite-du-rechauffement-au-dela-de-1-5-c_6208240_3232.html">responsables de 90 % des émissions mondiales de CO<sub>2</sub> et d’un tiers de celles de méthane</a>, illustre à elle seule notre échec de gouvernance. En 2023, un total de 425 projets d’extraction de combustibles fossiles capables chacun d’émettre > 1 Gt de CO<sub>2</sub> ont été recensés. Si l’on additionne les émissions de ces projets, celles-ci <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301421522001756">dépassent déjà d’un facteur deux</a> le budget carbone permettant de rester sous les +1,5 °C.</p>
<h2>Une stratégie techno-optimiste…</h2>
<p>Lors de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cop28-147549">COP28</a> qui s’est tenue fin 2023 à Dubaï, la sortie des énergies carbonées aurait donc dû constituer la priorité absolue. C’est pourtant une tout autre stratégie qui a été défendue par le président, le Sultan Ahmed Al-Jaber, et qui s’est imposée au terme de débats houleux.</p>
<p>Dans sa <a href="https://www.cop28.com/en/letter-to-parties">Lettre aux parties</a> ainsi que dans ses <a href="https://edition.cnn.com/2023/12/03/climate/cop28-al-jaber-fossil-fuel-phase-out/index.html">interventions publiques</a>, Al-Jaber a clairement exposé des ambitions très éloignées des objectifs de sobriété énergétique :</p>
<blockquote>
<p>« Montrez-moi la feuille de route d’une sortie des énergies fossiles qui soit compatible avec le développement socio-économique, sans renvoyer le monde à l’âge des cavernes. »</p>
</blockquote>
<p>Il évoque d’ailleurs explicitement une <a href="https://www.cop28.com/en/letter-to-parties">« économie de guerre »</a>, c’est-à-dire un engagement total des États à financer massivement le développement des infrastructures industrielles nécessaires à la production et à l’usage d’énergies renouvelables ainsi que de projets de captation et de stockage du carbone.</p>
<p>Aux yeux des entreprises et des décideurs politiques, cette stratégie est particulièrement attractive car elle :</p>
<ul>
<li><p>n’exige aucune sobriété des populations ;</p></li>
<li><p>assure une forte croissance économique associée à des promesses d’emplois ;</p></li>
<li><p>ne pose aucune contrainte sur l’exploitation des énergies fossiles au plus grand bonheur des pays producteurs de pétrole qui en avaient fait une <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/12/09/a-la-cop28-le-chef-de-l-opep-demande-aux-membres-de-refuser-tout-accord-ciblant-les-energies-fossiles_6204825_3244.html">ligne infranchissable</a> ;</p></li>
<li><p>évite tout dirigisme étatique en déléguant la gouvernance au marché.</p></li>
</ul>
<h2>… à l’épreuve du principe de réalité</h2>
<p>Or, d’aucuns pourraient légitimement douter du réalisme de ce scénario techno-optimiste. La possibilité d’une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/transition-energetique-23303">« transition énergétique »</a> reste, en effet, à démontrer puisque nous n’avons qu’ajouté de nouvelles sources énergétiques à celles que nous exploitons <a href="https://ourworldindata.org/energy-production-consumption">depuis les débuts de l’ère industrielle</a>. Après 70 ans de développement, le nucléaire ne couvre actuellement que 3,7 % de la consommation mondiale d’énergie. Le charbon, le pétrole et le gaz en représentent toujours respectivement 25,1 %, 29,6 % et 22 %.</p>
<p><iframe id="F7GI1" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/F7GI1/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>La transition par l’électrification de la société pose aussi de nombreuses questions, que le véhicule électrique illustre parfaitement. Une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/voitures-electriques-31974">voiture électrique</a> nécessite près de <a href="https://doi.org/10.3989/revmetalm.197">4 fois plus de métaux</a> qu’une voiture conventionnelle, dont une grande quantité de métaux <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A52023PC0160">définis par l’Union européenne (UE) comme « critiques »</a> du fait de leur rareté ou de leur importance stratégique. Des métaux dont l’extraction pose de <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/11/forte-de-ses-reserves-en-nickel-l-indonesie-parie-sur-l-industrie-de-la-voiture-electrique_6137756_3234.html">graves problèmes sociaux et écologiques</a> dans les pays du Sud.</p>
<p><iframe id="HLZmp" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/HLZmp/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le « dopage métallique » nécessaire à la fabrication de ces véhicules nous amène à une première impasse, dans la mesure où, à technologie constante, les réserves connues de plusieurs métaux, <a href="https://www.iea.org/reports/the-role-of-critical-minerals-in-clean-energy-transitions/executive-summary">comme le cuivre</a>, seront quasi épuisées dès 2050. Sans même parler des conflits d’usage, et de l’inflation qui en découlera fatalement, puisque les mêmes métaux sont nécessaires à la fabrication d’autres biens électroniques ainsi qu’à <a href="https://www.iea.org/reports/the-role-of-critical-minerals-in-clean-energy-transitions/executive-summary">l’éolien et au solaire</a>. Il y aura donc inévitablement une intense compétition pour l’acquisition de ces métaux, ce qui devrait favoriser les <a href="https://www.latribune.fr/supplement/la-tribune-now/vehicules-electriques-et-batteries-il-n-y-aura-pas-de-metaux-pour-tout-le-monde-948409.html">pays les plus riches</a>. En pratique, la stratégie d’une transition massive au véhicule électrique conduira vraisemblablement à émettre du CO<sub>2</sub> et à polluer les eaux et les sols des pays extracteurs avec pour seul bénéfice de réduire la pollution locale des métropoles occidentales.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/automobile-est-il-devenu-moins-couteux-dopter-pour-une-voiture-electrique-211958">Automobile : est-il devenu moins coûteux d’opter pour une voiture électrique ?</a>
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<p>Ajoutons à ce tableau les problèmes liés à notre dépendance aux pays producteurs de métaux et à leurs raffinages (notamment la Chine qui maitriserait <a href="https://www.strategyand.pwc.com/fr/fr/publications/la-souverainete-sur-les-metaux-de-la-transition-energetique.html">40 % de la chaine de valeur</a> des métaux utilisés dans les batteries électriques), à la production et au stockage à grande échelle d’énergie décarbonée pour alimenter les véhicules électriques ou encore les incertitudes quant à la recyclabilité de certains composants polluants issus des batteries, et d’aucuns pourraient légitimement interroger le bien-fondé des multiples subventions sur l’offre et la demande décidées par nos dirigeants pour forcer la transition du thermique à l’électrique.</p>
<h2>La chimère de la captation carbone</h2>
<p>L’autre problème posé par le scénario de la COP28 réside dans la place centrale accordée à la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/captation-du-carbone-118939">captation et la séquestration du CO<sub>2</sub></a> (CSC). Si ces techniques sont bien présentées par le GIEC comme des <a href="https://theconversation.com/faut-il-commencer-a-sacclimater-au-rechauffement-ou-redoubler-defforts-pour-le-limiter-218187">options d’atténuation essentielles</a>, elles ne peuvent constituer le cœur des politiques climatiques. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) fixe ainsi le niveau de captage du carbone par les CSC à seulement <a href="https://www.iea.org/reports/ccus-in-clean-energy-transitions/ccus-in-the-transition-to-net-zero-emissions">15 % des efforts de réduction des émissions</a> si on souhaite atteindre la neutralité du secteur de l’énergie en 2070.</p>
<p>Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, actuellement les CSC auraient plutôt tendance à augmenter les émissions de CO<sub>2</sub>. Historiquement, <a href="https://www.netl.doe.gov/sites/default/files/netl-file/co2_eor_primer.pdf">ces technologies ont été développées par les pétroliers</a> dans les années 1970 à la suite du constat que l’injection de CO<sub>2</sub> à haute pression dans des puits de pétrole vieillissants forçait le brut résiduel à remonter à la surface. Ainsi, la plupart des installations de CSC en activité dans le monde utilisent le CO<sub>2</sub> qu’elles captent (le plus souvent depuis des gisements souterrains) pour extraire… <a href="https://status22.globalccsinstitute.com/wp-content/uploads/2023/03/GCCSI_Global-Report-2022_PDF_FINAL-01-03-23.pdf">davantage de pétrole</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-capture-et-le-stockage-du-carbone-comment-ca-marche-192673">La capture et le stockage du carbone, comment ça marche ?</a>
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<p>Faire subventionner ces projets de CSC par les États revient donc à leur faire financer indirectement l’extraction de pétrole. Et s’il existe bien des usines de captation de CO<sub>2</sub> atmosphérique, la technologie du Direct Air Capture reste <a href="https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/explore/climat-developpement-durable/le-captage-et-le-stockage-du-carbone.html">loin de la maturité</a>. La plus grande usine au monde de ce type stocke <a href="https://www.reuters.com/sustainability/climate-energy/how-icelands-carbfix-is-harnessing-power-turning-co2-into-stone-2023-10-30/">4 000 tonnes de CO<sub>2</sub> par an</a>, soit <a href="https://electrek.co/2022/06/28/worlds-largest-direct-air-carbon-capture-facility-will-reduce-co2-by-0001/">environ 0,001 % des émissions annuelles mondiales</a>. Une goutte d’eau dans l’océan.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1541861049200267273"}"></div></p>
<p>L’Agence internationale de l’énergie prévoit que, d’ici 2030, la capacité annuelle mondiale de capture du carbone pourrait s’élever à <a href="https://www.iea.org/energy-system/carbon-capture-utilisation-and-storage">125 millions de tonnes</a>, soit < 0,5 % des émissions mondiales actuelles. Très loin de l’objectif d’une réduction de 43 % d’ici 2030. Ainsi, les projets de CSC actuels, bien que très coûteux, ne constituent qu’une infime fraction de ce qui serait nécessaire pour ralentir le changement climatique.</p>
<h2>La légitimité des gouvernements en question</h2>
<p>Comme indiqué en amont, le scénario « business as usual » établi par le GIEC nous mène vers un monde à <a href="https://www.carbone4.com/publication-scenarios-ssp-adaptation">+2,7 °C en 2100</a>. Mais où nous mènera l’« économie de guerre » prônée par la COP28 si elle augmente la consommation d’énergie, tout en échouant à réduire significativement les émissions de CO<sub>2</sub> via la transition énergétique et les projets de CSC ? Les scénarios avec des émissions élevées et très élevées nous mènent à dépasser les +2 °C dès 2050 et à +4-5 °C en 2100.</p>
<p>Il faut comprendre que le changement climatique n’est ni linéaire ni réversible. Le dépassement de certains <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abn7950">points de basculement</a> peut induire des mécanismes d’emballement du système climatique vers une trajectoire dite de <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1810141115">« terre chaude »</a> qui persisterait plusieurs millénaires. Celle-ci pourrait entrainer, dans plusieurs régions des sécheresses extrêmes et des pics de température dépassant les <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate3322">capacités de thermorégulation humaine</a>.</p>
<p>Ainsi, dans les 50 prochaines années, un tiers de la population mondiale pourrait connaître une température annuelle moyenne > 29 °C, ce qui entrainerait la <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1910114117">migration forcée de plus de 3 milliards d’individus</a>. Des modèles mettent aussi en garde contre un possible effondrement de la circulation océanique profonde suite au réchauffement des océans avec pour effet un <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-023-39810-w">refroidissement de l’Europe</a> pouvant réduire drastiquement sa <a href="https://www.nature.com/articles/s43016-019-0011-3">production agricole</a>.</p>
<p>Ces scénarios catastrophes risquent d’induire une augmentation des conflits entre pays, mais également au sein même des sociétés, ce qui rendra peu probable la coopération internationale ou le déploiement d’innovations techniques complexes.</p>
<p>Il est tentant d’attribuer à Al-Jaber la responsabilité de cette stratégie techno-optimiste déconnectée de la réalité et risquant de nous mener à la catastrophe. Sa qualité de dirigeant de l’Abu Dhabi National Oil Company alimente déjà les <a href="https://www.bbc.com/news/science-environment-67508331">soupçons de conflit d’intérêts</a>. Toutefois, on ne peut attribuer ce nouvel échec collectif d’une COP à une simple erreur de casting. Tout comme on ne peut attribuer l’inadéquation des Contributions déterminées au niveau national de l’accord de Paris aux seuls décideurs politiques actuellement en fonction.</p>
<p>Nous devons reconnaitre que l’incapacité à lutter efficacement contre le changement climatique prend sa source dans les principes mêmes de la gouvernance actuelle, qui s’avère <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.902724/full">incapable de privilégier le bien commun et d’intégrer le consensus scientifique</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-le-magnat-du-petrole-qui-preside-la-cop28-compte-porter-les-ambitions-des-pays-du-sud-216655">Comment le magnat du pétrole qui préside la COP28 compte porter les ambitions des pays du Sud</a>
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<h2>La piste d’une agence internationale indépendante</h2>
<p>Il y a urgence. La légitimité des gouvernements repose sur le respect des procédures légales mais aussi, et surtout, sur leur capacité à <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/american-political-science-review/article/political-legitimacy-authoritarianism-and-climate-change/E7391723A7E02FA6D536AC168377D2DE">protéger les citoyens</a>. Quand cette condition ne sera plus remplie, les gouvernements perdront leur légitimité ce qui rendra impossible toute action collective d’envergure.</p>
<p>Nous préconisons une stratégie mêlant sobriété, solutions technologiques, et une gouvernance volontariste et profondément repensée. Une <strong>agence climatique internationale indépendante</strong>, aux pouvoirs contraignants sur les États, serait mieux à même d’intégrer les consensus scientifiques, de planifier la transition écologique et énergétique et de gérer les biens communs de l’Humanité, en évitant soigneusement les conflits d’intérêts et tentatives de capture économique ou idéologique, qu’elles proviennent d’États, d’entreprises ou d’organisations non gouvernementales (ONG).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570572/original/file-20240122-23-pnbclg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Cette contribution est publiée en partenariat avec le <a href="https://www.printempsdeleco.fr/">Printemps de l’Économie</a>, cycle de conférences-débats qui se tiendront du mardi 2 au vendredi 5 avril au Conseil économique social et environnemental (Cese) à Paris. Retrouvez ici le <a href="https://www.printempsdeleco.fr/12e-edition-2024">programme complet</a> de l’édition 2024, intitulée « Quelle Europe dans un monde fragmenté ? »</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221234/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Muraille a reçu des financements de Fonds de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS), Belgique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julien Pillot et Philippe Naccache ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les stratégies d’électrification des sociétés et de développement des technologies de capture du carbone restent largement insuffisantes pour atteindre les objectifs internationaux.Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste. Directeur de recherches au FNRS, Université Libre de Bruxelles (ULB)Julien Pillot, Enseignant-Chercheur en Economie (Inseec) / Pr. associé (U. Paris Saclay) / Chercheur associé (CNRS), INSEEC Grande ÉcolePhilippe Naccache, Professeur Associé, INSEEC Grande ÉcoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2218052024-01-23T16:38:03Z2024-01-23T16:38:03ZIl y a 40 ans, le premier Macintosh d’Apple : l’expérience utilisateur comme innovation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570938/original/file-20240123-19-88x9j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2047%2C1363&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le 1er Macintosh a été présenté le 24 janvier 1984.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mwichary/2179402603/in/photolist-4jA1sX-5xyQnU-cW6GSY-xJSq61-UDonFr-VCgaHQ-vrRi8L-atodWa-2ntaUh6-Pogq7-parskb-Giixaa-e7jHSE-7cXf3L-Tjc7M-e6aQnQ-GtJ5K-2pqy4Xb-6z5XRo-63FWHY-2nWo5Fe-5ZkeiW-QfcWhm-63FVyj-2kGbdUZ-5UFnvW-6r1K1T-5HXpik-HpdyXR-atB8CB-4nnkNJ-8tqgkd-mGXCwS-dh33RF-UqEC5L-FtFUYY-jsyiTL-Em3Ezy-9cLyER-63BE9k-pcpDx-8RbXWg-FZ2W6Q-GoTb62-Gp9jDV-XpGWiY-FtBnp2-FYQWZq-KKiCe-8g5iGp">Marcin Wichary/FlickR</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>L’innovation technologique exige de résoudre des problèmes techniques difficiles… mais pas que ! Le Macintosh d’<a href="https://theconversation.com/topics/apple-20332">Apple</a> fête ses 40 ans, et son concept mou d’« expérience utilisateur », priorité de la marque dans son produit phare de 1984, est, aujourd’hui, clairement devenu la clef du succès de tous les produits que la firme a fabriqués depuis. Penser les objets pour leur facilité d’utilisation, leur efficacité, leur accessibilité, leur élégance et le plaisir de les utiliser a été un choix payant. La capitalisation boursière d’Apple avoisine aujourd’hui les 3 000 milliards de dollars (l’équivalent du PIB de la France), et sa marque est associée au terme <em>design</em> au même titre que les plus prestigieuses maisons de couture de New York ou de Milan. Apple a fait de la <a href="https://theconversation.com/topics/technologies-21576">technologie</a> une mode, et ce grâce à l’expérience utilisateur.</p>
<p>Tout a commencé avec le Macintosh. La <a href="https://invention.si.edu/remembering-apple-s-1984-super-bowl-ad">publicité télévisée</a> qui présentait cet ordinateur personnel lors du Super Bowl XVIII, le 22 janvier 1984, ressemblait davantage à une bande-annonce de film surfant sur un imaginaire orwellien (on est en 1984) qu’à un lancement de technologie. Le spot avait d’ailleurs été réalisé par le cinéaste Ridley Scott. Le fondateur <a href="https://theconversation.com/topics/steve-jobs-21679">Steve Jobs</a> savait bien qu’il ne vendait pas seulement de la puissance de calcul, du stockage ou une solution d’édition informatique. Il vendait plutôt un produit destiné à être utilisé par des êtres humains, installé à leur domicile et qui intègrerait leur vie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2zfqw8nhUwA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Spot publicitaire présentant le Macintosh lors du Superbowl le 22 janvier 1984.</span></figcaption>
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<p>Il ne s’agissait plus d’informatique. IBM, Commodore et Tandy faisaient de l’informatique. En tant que spécialiste de l’interaction personne-machine, je pense que le premier Macintosh a permis aux humains de se sentir à l’aise avec une nouvelle extension d’eux-mêmes, non pas en tant qu’amateurs d’informatique, mais en tant que personnes ordinaires. Tous les « trucs informatiques » – circuits, fils, cartes mères et écrans séparés – étaient soigneusement emballés et cachés dans une boîte intégrée élégante. Vous n’étiez pas censé fouiller dans cette boîte, et vous n’aviez pas besoin de le faire, pas avec le Macintosh. L’utilisateur lambda ne pensait pas plus au contenu de cette boîte qu’il ne pensait aux coutures de ses vêtements. Au lieu de cela, il se concentrait sur les <a href="https://doi.org/10.1016/j.intcom.2010.04.002">sensations</a> que lui procurait cette boîte.</p>
<h2>Quelle innovation ?</h2>
<p>Alors que les ordinateurs disposaient généralement de séquences d’entrée complexes sous forme de commandes à saisir (Unix, MS-DOS) ou de souris à boutons multiples (Xerox STAR, Commodore 64), le Macintosh utilise une métaphore de bureau dans laquelle l’écran de l’ordinateur est une représentation de la surface physique d’un bureau. Les utilisateurs pouvaient cliquer directement sur les fichiers et les dossiers du bureau pour les ouvrir. Il disposait également d’une souris à un seul bouton qui permettait aux utilisateurs de cliquer, de double-cliquer et de glisser-déposer des icônes sans avoir à taper de commandes.</p>
<p>Néanmoins, si le Macintosh était innovant dans le paysage des ordinateurs, ce n’était pas pour une avancée informatique particulière. Il n’a en fait pas été le premier ordinateur à disposer d’une interface utilisateur graphique ou à utiliser la <a href="https://everest-pipkin.com/writing/beautiful_house.pdf">métaphore du « bureau »</a> : icônes, fichiers, dossiers, fenêtres… C’est le <a href="https://spectrum.ieee.org/xerox-alto">Xerox Alto</a> qui avait présenté pour la première fois le concept d’icônes, inventé par David Canfield Smith en 1975 dans sa <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-0348-5744-4">thèse doctorale</a>. Le <a href="http://dl.acm.org/citation.cfm?id=66893.66894">Xerox Star</a> de 1981 et l’<a href="https://doi.org/10.1145/242388.242405">Apple Lisa</a> de 1983 ont utilisé des métaphores de bureau. Mais ces systèmes étaient lents à utiliser et encore encombrants dans de nombreux aspects de leur conception de l’interaction.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570933/original/file-20240123-27-jwdv0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Xerox Alto, premier ordinateur à avoir utilisé le concept d'icônes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mratzloff/9171564932/in/photolist-LbLGD-h39teX-Gqyh5F-KkUfr-2pkj63Q-9ZndQ6-h38guZ-eYsEHS-4v4yGN-2uGLv5-Ck3ny-D5Vun-PK6fT4-58g9Zo-eYsE5m-925Uhm-gTKRYv-QpCquu-7jJCmF-7BXecR-aUWiR6-2ibJT7m-4BAbWQ-89hT9a-4U3UyS-6jBw9-pQpmYm-4eZpiM-udyCG-6u47Um-quap7k-FEdsU9-47nc3N-c1u6Xb-2nsKkWk-2DUu4N-47nc3S-m3Fvy-7YbKWz-4cQRsC-2nt16Vd-9eWvxn-72p9X5-23ocSxm-eYsEr7-kDMCzy-2nKnweC-5mDtZb-766CEE-p5HSNr">Matthew Ratzloff/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Le Macintosh n’était pas le premier ordinateur personnel destiné à une utilisation domestique, bureautique ou éducative. Il n’a pas été le premier ordinateur à utiliser une souris. Ce n’était même pas le premier ordinateur d’Apple à avoir l’une de ces caractéristiques. L’Apple Lisa, sorti un an plus tôt, les possédait tous.</p>
<p>Le Macintosh n’a pas été le premier à faire une chose technique en particulier. Mais le Macintosh a rassemblé de nombreuses avancées qui visaient à donner aux gens un accessoire. Il n’était pas destiné aux geeks ou aux techno-hobbyistes, mais aux mères et pères de famille, aux élèves de quatrième qui l’utilisaient pour rédiger des documents, éditer des feuilles de calcul, faire des dessins et jouer à des jeux. Le Macintosh a révolutionné l’industrie de l’informatique personnelle et tout ce qui allait suivre, car il mettait l’accent sur une expérience utilisateur satisfaisante et simplifiée.</p>
<p>Le Macintosh a simplifié les techniques d’interaction nécessaires à l’utilisation d’un ordinateur tout en proposant des vitesses de fonctionnement raisonnables. Les commandes complexes du clavier et les touches dédiées ont été remplacées par des opérations de pointer-cliquer, des menus déroulants, des fenêtres et des icônes pouvant être déplacées, ainsi que des fonctions d’annulation, de coupe, de copie et de collage à l’échelle du système. Contrairement au Lisa, le Macintosh ne pouvait exécuter qu’un seul programme à la fois, mais cela simplifiait l’expérience de l’utilisateur.</p>
<p>Le Macintosh a également fourni une boîte à outils d’interface utilisateur à destination des développeurs d’applications. Cela a permis aux programmes d’avoir une apparence et une sensation standard en utilisant des widgets d’interface communs, boutons, menus, polices, boîtes de dialogue, fenêtres… Avec le Macintosh, la courbe d’apprentissage des utilisateurs s’est aplatie, ce qui leur a permis de devenir rapidement compétents. L’informatique, comme les vêtements, était désormais à la portée de tous.</p>
<h2>À l’origine d’une obsession</h2>
<p>Bien que j’hésite à utiliser les termes « naturel » ou « intuitif » lorsqu’il s’agit de mondes fabriqués sur un écran – personne ne naît en sachant ce qu’est une fenêtre de bureau, un menu déroulant ou un double-clic – le Macintosh a été le premier ordinateur personnel à faire de l’expérience de l’utilisateur le moteur de l’accomplissement technique. Il était en effet <a href="https://www.computerhistory.org/revolution/personal-computers/17/303">simple à utiliser</a>, surtout par rapport aux ordinateurs à ligne de commande de l’époque.</p>
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<figcaption><span class="caption">Steve Jobs présente le Macintosh.</span></figcaption>
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<p>Alors que les systèmes précédents privilégiaient les capacités techniques, le Macintosh était destiné aux utilisateurs non spécialisés – au travail, à l’école ou à la maison – pour qu’ils fassent l’expérience d’une sorte de convivialité prête à l’emploi qui est aujourd’hui la marque de fabrique non seulement de la plupart des produits Apple, mais aussi de toute une industrie d’électronique grand public, d’appareils intelligents et d’ordinateurs de toutes sortes.</p>
<p>Selon le cabinet d’études <em>Market Growth Reports</em>, les entreprises spécialisées dans la fourniture d’outils et de services d’expérience utilisateur valaient <a href="https://www.marketgrowthreports.com/global-user-experience-ux-market-26446759">548,91 millions de dollars en 2023</a> et devraient atteindre 1,36 milliard de dollars d’ici 2029. Les entreprises spécialisées du secteur fournissent des logiciels permettant de mener des tests de convivialité, connaître les utilisateurs, ou de développer les initiatives émanant du client.</p>
<p>Aujourd’hui, il est rare que les produits de consommation réussissent sur le marché sur la base de leur seule fonctionnalité. Les consommateurs attendent une bonne expérience utilisateur et sont prêts à <a href="https://doi.org/10.1111/j.1948-7169.2006.tb00027.x">payer le prix fort</a> pour cela. Le Macintosh est à l’origine de cette <a href="https://biztechmagazine.com/article/2019/01/original-apple-macintosh-revolutionized-personal-computing">obsession</a> et a démontré sa centralité.</p>
<p>Il est ironique de constater que la technologie Macintosh qui fête ses 40 ans en janvier 2024 n’a jamais vraiment été une question de technologie. Il a toujours été question de personnes. C’est une source d’inspiration pour ceux qui cherchent à réaliser la prochaine percée technologique, et un avertissement pour ceux qui considèrent que l’expérience de l’utilisateur n’est qu’une préoccupation secondaire dans l’innovation technologique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221805/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Deux de ses doctorants ont reçu une bourse Apple Ph.D. AI/ML. Ce financement ne soutient pas l'auteur personnellement, mais soutient deux de ses étudiants en doctorat. Ils ont obtenu ces bourses par le biais de soumissions concurrentielles à Apple sur la base d'un appel d'offres ouvert.</span></em></p>Le Macintosh présenté par Steve Jobs le 24 janvier 1984 ne présentait pas d’innovations technologiques particulières : l’expérience utilisateur était pour la première fois érigée en priorité numéro 1.Jacob O. Wobbrock, Professor of Information, University of WashingtonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2214502024-01-22T10:59:55Z2024-01-22T10:59:55ZUn flou, un fond virtuel, des plantes ou votre salon… Comment habiller vos arrière-plans lorsque vous êtes en visio ?<p>Le <a href="https://theconversation.com/topics/teletravail-34157">télétravail</a> a facilité à bien des égards vos <a href="https://theconversation.com/topics/entretien-58370">entretiens</a> d’embauche et vos débuts dans un nouvel emploi. Lorsque tout se déroule sur <a href="https://theconversation.com/topics/visio-conference-120890">Zoom, Microsoft Teams ou Google Meet</a>, vous n’avez pas à vous soucier d’un train raté ou d’un café renversé qui mènerait sur de mauvais rails un rendez-vous avec un nouvel employeur. Néanmoins, il reste que vous devez tout de même impressionner votre interlocuteur.</p>
<p>L’environnement dans lequel vous vous trouvez aide à montrer votre personnalité à la personne qui se trouve de l’autre côté de l’écran. Celles et ceux qui ont jugé les <a href="https://www.nytimes.com/2020/05/01/arts/quarantine-bookcase-coronavirus.html">bibliothèques des politiciens et des célébrités</a> pendant les premiers jours des confinements l’ont bien souligné.</p>
<p>Mes collègues et moi-même avons récemment mené une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0291444">étude</a> qui a révélé que les objets de votre arrière-plan numérique peuvent influencer la façon dont les gens vous perçoivent. Certes, il est déjà bien établi que les individus forgent leur première impression en se référant au <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.857511/full">visage</a> et à la <a href="https://www.sciencefocus.com/news/hardwired-trust-confident-voices">voix</a> de leur interlocuteur. Mais une table en désordre derrière vous peut être perçue comme une indication à propos de votre caractère et de vos capacités. Un lit défait témoigne d’un manque d’attention aux détails. En revanche, les plantes que vous avez gardées en vie témoignent de votre sens des responsabilités et de votre maturité.</p>
<p>Pour explorer le phénomène plus finement, nous avons créé des images fixes d’hommes et de femmes aux expressions souriantes et neutres devant divers arrière-plans lors d’un appel Zoom. Nous avons ensuite demandé à 167 personnes d’évaluer les visages à l’aide d’une échelle de sept points sur le degré de confiance et de compétence qu’elles leur accordaient. Nous n’avons volontairement pas mentionné les arrière-plans, ce qui nous a permis de déterminer si le même visage serait évalué différemment en fonction de ce qui se trouvait derrière lui.</p>
<h2>Des plantes ou une bibliothèque font bonne impression</h2>
<p>Nous avons ainsi constaté que des plantes ou une bibliothèque en arrière-plan augmentaient de manière significative les évaluations de la confiance et de la compétence. À l’inverse, un salon ou un fond virtuel plus ou moins fantaisiste entraînait une baisse des évaluations. Un arrière-plan vide ou flou se situe entre les deux. Nous avons également constaté que les visages souriants et les femmes étaient généralement considérés comme <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0243230">plus dignes de confiance et plus compétents</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=795&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=795&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=795&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=999&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=999&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570116/original/file-20240118-17-sdm2xg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=999&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Grille soumise aux enquêtés, avec différents arrières plans (des plantes, une bibliothèque, un salon flouté ou non, un mur blanc et un fond virtuel fantaisiste).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Lorsque nous avons examiné spécifiquement les visages aux expressions neutres, nous n’avons pas trouvé de différence entre les sexes dans les évaluations de la confiance ou de la compétence lorsqu’ils étaient assis devant les plantes et la bibliothèque. En revanche, les visages masculins ont été jugés nettement moins compétents lorsqu’ils se trouvaient devant un salon, un arrière-plan « original » ou un mur blanc.</p>
<p>Tous les visages de la base de données que nous avons utilisée sont blancs, ce qui évite d’éventuels biais liés à la couleur de peau et nous permet de nous concentrer sur l’effet des arrière-plans Zoom. En effet, d’autres recherches nous ont appris que des <a href="https://harvest.usask.ca/items/668b2e7e-2c70-4052-859c-f0f6a7b7ea28">préjugés inconscients</a> concernant cette variable, la classe sociale ou le handicap peuvent affecter la manière dont les candidats à l’emploi sont perçus. Les arrière-plans Zoom peuvent donner lieu à des interprétations quant à l’héritage, le handicap ou le statut socio-économique d’une personne, et c’est tout un effort que doivent fournir les intervieweurs pour rester impartiaux.</p>
<h2>Surtout, souriez !</h2>
<p>Beaucoup d’entre nous consacrent du temps et de l’énergie à soigner leur apparence lors d’une réunion ou d’un entretien sur Zoom. Néanmoins, il faut bien garder en tête que ce qui est capté par notre webcam, c’est en grande partie ce qui se trouve derrière nous.</p>
<p>Nos recherches montrent qu’il est possible de procéder à de petits ajustements pour faire une bonne première impression virtuelle. Mettre des plantes derrière soi ou tournez son bureau de manière à ce qu’il soit encadré par une bibliothèque et ce sont des points de gagner.</p>
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<p>Bien sûr, l’inconvénient du travail à domicile est que de nombreux facteurs échappent à notre contrôle. Il se peut que vous deviez partager une pièce de travail avec un colocataire ou un compagnon/une compagne, ou qu’il y ait des travaux de construction à proximité. Comme le montrent nos résultats, si vous n’avez pas beaucoup de contrôle sur votre environnement, le sourire peut vous aider. Il existe également des <a href="https://www.theverge.com/2023/11/15/23961943/microsoft-teams-ai-decorate-background-voice-isolation">outils d’intelligence artificielle</a> qui vous permettent de « ranger » virtuellement ou d’ajouter un peu d’éclat à votre espace d’arrière-plan.</p>
<p>Ainsi, après avoir révisé vos notes et enfilé des vêtements élégants (au moins sur la partie supérieure de votre corps), regardez votre vidéo avant de rejoindre la visioconférence ou par-dessus votre épaule. L’arrière-plan donne-t-il la meilleure impression possible ? Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à regarder à quelle distance se trouve la jardinerie la plus proche ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221450/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paddy Ross ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude montre que tous les cadres ne se valent pas pour inspirer confiance et compétence par écrans interposés.Paddy Ross, Associate Professor, Department of Psychology, Durham UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2178752024-01-08T17:06:13Z2024-01-08T17:06:13ZMusique : du streaming à l’Auto-Tune, comment le numérique a tout changé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/565221/original/file-20231212-25-66z0uj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=90%2C18%2C5871%2C3944&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> </figcaption></figure><p><em>Quelle pourrait être la signature musicale des années 2000 ? Loin de voir émerger un mouvement caractéristique, elles sont plutôt marquées par le bouleversement des modes de production et de consommation, permis par l’avènement des outils numériques et d’Internet. Désormais, on « fabrique » plus facilement sa musique, et musiciens comme mélomanes puisent avec gourmandise dans l’immense catalogue des musiques passées mis à disposition. Le spectacle vivant trouve toute sa place dans cette évolution, en témoignent les impressionnantes tournées d’artistes comme Beyoncé ou Taylor Swift.</em></p>
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<p>De <a href="https://theconversation.com/a-la-recherche-du-systeme-daft-punk-155907">Daft Punk</a> au rappeur marseillais <a href="https://www.liberation.fr/apps/2017/12/jul-en-cinq-actes/?redirected=1">Jul</a>, qui a émergé bien plus tard, nombre de groupes et de musiciens emblématiques ont puisé dans les outils numériques pour réinventer la production musicale. Il faut dire que ces outils se sont démocratisés à la vitesse grand V dans les années 2000, décennie au cours de laquelle l’avènement d’Internet a facilité l’échange d’informations de nature diverse (texte, images, son) avec le monde entier. Le rapport à la musique des mélomanes âgés aujourd’hui de 30 à 45 ans, appartenant à la génération dite Y, en fut bouleversé.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/random-access-memories-le-coup-de-maitre-des-daft-punk-fete-ses-10-ans-201222">« Random Access Memories » : le coup de maître des Daft Punk fête ses 10 ans</a>
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<p>Durant la décennie précédente, d’autre évolutions majeures avaient eu lieu. Citons le disque compact (1982), permettant une fidélité de restitution du son enregistré supérieure aux disques vinyles ou cassettes audio, ou encore le synthétiseur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Q1Ha0MMT0aA">Yamaha DX7</a> (1983), s’appuyant sur la puissance de calcul des nouvelles puces numériques pour autoriser une nouvelle forme de synthèse par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Synth%C3%A8se_FM">modulation de fréquence</a>. On peut également mentionner la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Musical_Instrument_Digital_Interface">norme MIDI</a> (1983) faisant communiquer les instruments électroniques entre eux et (surtout) avec des ordinateurs personnels, et l’échantillonneur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=QInuIGqp1Z8">Akai MPC 60</a> (1988), facilitant considérablement l’usage de fragments musicaux pour susciter de nouvelles œuvres.</p>
<h2>Avec le numérique, créer de la musique depuis chez soi</h2>
<p>Ces technologies ont permis de renouveler, en premier lieu, le hip-hop et la musique électronique, et plus largement, l’ensemble des musiques populaires.</p>
<p>L’art des DJ s’était alors déplacé de l’usage des platines (analogiques) à celui de l’échantillonneur (ou sampleur), que le philosophe Ulf Poschardt, l’un des premiers à étudier sérieusement la « culture DJ », qualifie de <a href="https://www.google.fr/books/edition/DJ_culture/P3XqUZ9CvLkC?hl=fr&gbpv=1&pg=PA245&printsec=frontcover">« caisse de disques numérique »</a>.</p>
<p>Le sampling s’était alors imposé, progressivement et non sans heurts, dans le paysage musical. Déclinaison technologique d’une longue tradition de l’emprunt musical, il consiste à créer de nouvelles œuvres à partir de fragments de musique enregistrée.</p>
<p>Lorsque la génération née dans les années 1980 se met à créer sa propre musique, elle dispose de ce nouvel environnement technologique. L’ordinateur personnel des années 2000 est devenu individuel, portable et plus puissant.</p>
<p>Il peut désormais intégrer tous les outils nécessaires à la création musicale. Les stations audionumériques, logiciels spécialisés en création musicale, permettent d’enregistrer, d’arranger, de jouer des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Instrument_virtuel">instruments virtuels</a>, d’appliquer des effets, de mixer et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mastering">masteriser</a>.</p>
<p>Il devient possible de réaliser chez soi toutes les étapes de la production d’une œuvre musicale enregistrée, quel qu’en soit le style, pour un coût et avec des compétences limitées – une entreprise jusque-là impossible ou très compliquée sans l’appui d’une maison de disques.</p>
<h2>Usage détourné d’Auto-Tune</h2>
<p>Le logiciel Auto-Tune, un effet virtuel destiné à être utilisé sur ces stations audionumérique, est l’un marqueurs sonores les plus caractéristiques de la musique des années 2000 et 2010. Commercialisé à partir de 1997 par Antares, Auto-Tune fut conçu à l’origine pour corriger discrètement les imperfections d’intonation vocale : en somme, il permet de chanter (plus) juste.</p>
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<p><em>Comment habiter ce monde en crise, comment s’y définir, s’y engager, y faire famille ou société ? Notre nouvelle série « Nos vies modes d'emploi » explore nos rapports intimes au monde induits par les bouleversements technologiques, féministes et écologiques survenus au tournant du XXIe siècle.</em></p>
<p><em>À lire aussi :</em></p>
<ul>
<li><p><a href="https://theconversation.com/tous-en-salle-comprendre-lobsession-contemporaine-pour-les-corps-muscles-217329"><em>Tous en salle ? Comprendre l’obsession contemporaine pour les corps musclés</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/les-amis-notre-nouvelle-famille-217162"><em>Les amis, notre nouvelle famille ?</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/donnees-personnelles-comment-nous-avons-peu-a-peu-accepte-den-perdre-le-controle-218290"><em>Données personnelles : comment nous avons peu à peu accepté d’en perdre le contrôle</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/contraception-est-on-sorti-du-tout-pilule-219364"><em>Contraception : est-on sorti du « tout pilule » ?</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/yoga-chamanisme-sorcellerie-etes-vous-ouvert-aux-nouvelles-spiritualites-217164"><em>Yoga, chamanisme, sorcellerie… Êtes-vous ouvert aux nouvelles spiritualités ?</em></a></p></li>
</ul>
<hr>
<p>Cette fonctionnalité s’est rapidement généralisée dans les studios professionnels, <a href="https://www.liberation.fr/musique/2011/09/03/comment-auto-tune-a-tue-les-fausses-notes_757750/">contribuant à accroître l’intolérance à la moindre fausseté</a> au risque d’aseptiser – encore davantage – la pop mainstream.</p>
<p>Mais Auto-Tune marque surtout son époque par un usage détourné, expérimenté d’abord par Cher dans quelques passages de sa chanson « <a href="https://youtu.be/nZXRV4MezEw?si=gsDLmDl5nBMs2Us0">Believe</a> », puis par les Daft Punk sur l’intégralité de leur tube « <a href="https://youtu.be/FGBhQbmPwH8?si=x7caNKv3twDWrxqL">One More Time</a> », sorti fin 2000 et enfin par le rappeur américain <a href="https://www.youtube.com/watch?v=dBrRBZy8OTs">T-Pain</a> qui en a fait sa signature vocale et a contribué à populariser ce procédé.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/fxzracJ9PFg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Auto-Tune : de Cher à PNL, le Photoshop de la voix | Arte.</span></figcaption>
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<p>En exagérant l’effet, ces artistes ont obtenu (et assumé) une déformation sonore typiquement numérique qui donne à la voix un son robotique comparable à celui d’un vocodeur (un instrument de synthèse vocale utilisé notamment par Kraftwerk ou les Daft Punk). Cette sonorité typique s’est généralisée, non sans controverse, jusqu’à devenir une norme dans le rap et la pop urbaine des années 2010.</p>
<h2>Génération nostalgique ?</h2>
<p>Mis à part l’Auto-Tune, les premiers sampleurs et les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Synth%C3%A8se_FM">synthétiseurs à modulation de fréquence</a>, peu d’outils musicaux numériques ont un son spécifique, révélateur de leur nature.</p>
<p>Une large part des applications du numérique consiste plutôt à « modéliser » ou « émuler », c’est-à-dire à imiter le son, l’interface et le comportement de machines classiques, souvent analogiques.</p>
<p>Un instrument comme le Clavia Nordstage, très répandu sur les scènes professionnelles des années 2000-2010, illustre bien ce paradoxe : sa conception numérique alliant modélisation et échantillonnage lui permet de jouer tous les sons « classiques » de la musique populaire des années 1950 à 1990, des <a href="https://youtu.be/8lMptvFzbSY?si=GtocRY1AxZ2XGsQv&t=169">orgues Hammond aux pianos Fender Rhodes en passant par les synthétiseurs Moog</a>, ainsi que quantité d’autres instruments électroniques ou acoustiques <a href="https://www.nordkeyboards.com/sound-libraries/nord-sample-library-30">mis à disposition des utilisateurs dans une bibliothèque en ligne</a>.</p>
<p>Dans <a href="https://www.slate.fr/story/48853/retromania-simon-reynolds-bonnes-feuilles">Retromania</a>, l’influent critique britannique Simon Reynolds regrette que les années deux mille, si longtemps demeurées le symbole de l’horizon futuriste, ne soient au final qu’une synthèse de « toutes les décennies précédentes à la fois ».</p>
<p>Le retour en grâce du disque vinyle et, dans une moindre mesure, de la cassette audio, illustrent bien cette nostalgie. En dénonçant l’« anarchivage », un archivage anarchique et systématique permis par des outils de stockage et de consultation en ligne comme YouTube, Reynolds met le doigt sur une autre caractéristique de la génération née dans les années 1980 : elle a grandi avec toutes les références musicales possibles à sa disposition, sur des CD-rom gravés, des disques durs puis directement en streaming.</p>
<p>La facilité d’accès et de manipulation de ces multiples fichiers musicaux a mené à un paroxysme de la culture de l’emprunt : le sampling et les remixes se sont généralisés, juxtaposant des sources toujours plus hétéroclites et improbables. Citons par exemple le goût inattendu de certains rappeurs pour Charles Aznavour, qui a été abondamment samplé !</p>
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<figcaption><span class="caption">De Dr Dre à Passi, quand le rap sample Aznavour.</span></figcaption>
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<p>De nouveaux instruments à interface percussive sont inventés : composés de nombreux pads jouables au doigt, ils sont couplés à un ordinateur pour « jouer » des fragments sonores comme on jouerait des notes sur un piano.</p>
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<figcaption><span class="caption">Dans ce clip qui a cartonné en 2011, le DJ français Madeon compile les samples de trente-neuf morceaux sur un « launchpad », une tablette conçue pour les concerts de DJ.</span></figcaption>
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<h2>Une nouvelle économie de la musique</h2>
<p>La génération Y a contribué à un ébranlement majeur de l’économie de la musique : la chute vertigineuse des ventes de disques entre 1999 et 2012. Les fondements de cette crise sont directement liés à la révolution numérique.</p>
<p>Le format de compression MP3, inventé en 1993, qui permet de réduire considérablement la taille des fichiers musicaux, le succès de <a href="https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/12/02/fermeture-definitive-de-napster-le-pionnier-du-telechargement-en-p2p_1612728_651865.html">Napster</a>, l’un des premiers services de partage de fichiers de pair à pair (peer-to-peer) à partir de 1999, et la démocratisation de l’informatique personnelle et des connexions Internet à haut débit à la fin des années 1990, ont permis conjointement de généraliser le partage gratuit, incontrôlé et illégal de fichiers musicaux à grande échelle.</p>
<p>Cette génération a connu la joie de pouvoir découvrir n’importe quelle musique gratuitement après quelques minutes de téléchargement, de transporter partout l’équivalent d’une discothèque entière sur un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=X7FXa-0IKr0">iPod</a> ou autre lecteur MP3 de quelques centimètres – rendus obsolètes par les smartphones et le streaming –, d’archiver frénétiquement des centaines d’albums – parfois jamais écoutés – sur des CD gravés ou des disques durs.</p>
<p>Elle a vu également se multiplier les messages moralisateurs des pouvoirs publics et de l’industrie musicale dénonçant sans grands effets les affres du piratage. Malgré le semblant de compensation apporté par les faibles revenus du téléchargement légal puis des services de streaming par abonnement,le <a href="https://larevuedesmedias.ina.fr/universal-music-renforce-par-la-crise-du-disque">marché de la musique enregistrée a perdu plus de 40 % de sa valeur au cours des années 2000</a>.</p>
<p>Il s’est opéré de ce fait une inversion des pôles de l’industrie musicale. Jusqu’aux années 2000, les tournées de concerts étaient envisagées comme une forme de promotion du disque, véritable produit vendu par les artistes. Désormais, c’est la musique enregistrée, peu rentable, qui sert de produit d’appel au spectacle vivant, plus rémunérateur.</p>
<p>Au cours des dernières années, les entreprises exploitant le spectacle vivant musical ont acquis un pouvoir économique considérable, à l’instar du leader du marché <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/04/24/la-france-conquise-par-live-nation-no1-du-spectacle_1342192_3246.html">Live Nation</a>. Et pour cause : ce sont à la fois le nombre de places vendues (+10 %), leur prix (+5 %), et le chiffre d’affaires global des tournées de concert (+16 %) qui ont progressé rapidement au cours des années 2010, au point de représenter <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/grace-aux-concerts-la-vieille-garde-musicale-reste-la-plus-bankable-136800">80 % des revenus des 50 artistes les mieux rémunérés</a> (les chiffres donnés concernent uniquement l’année 2017).</p>
<p>Ainsi, cette année encore, la <a href="https://www.ouest-france.fr/culture/musiques/taylor-swift-de-la-musique-au-cinema-la-popstar-mondiale-qui-bat-tous-les-records-71726286-65e2-11ee-a884-b3b8776af523#:%7E:text=Au%20total%2C%20ce%20sont%20pr%C3%A8s,de%20revenus%2C%20un%20record%20historique.">tournée de Taylor Swift a battu des records économiques historiques</a> et les ventes de places pour les concerts français de Beyoncé ont été soldées en quelques minutes.</p>
<p>Toujours sur le plan économique, la <a href="https://www.cairn.info/revue-l-observatoire-2014-1-page-50.htm">révolution numérique a favorisé l’émergence de l’artiste-entrepreneur</a>. Les progrès de l’informatique musicale ont permis à de nombreux musiciens des années 2000 et 2010 de produire leur musique en toute indépendance financière et artistique, mais aussi de se faire connaître et d’interagir avec le public directement sur Internet via de nombreuses plates-formes en ligne généralistes (MySpace, puis Facebook, Instagram, TikTok) ou plus spécialisées (SoundCloud, Bandcamp), de réaliser leurs projets les plus coûteux grâce au financement participatif, et de diffuser et vendre internationalement leur musique enregistrée en streaming ou en vente par correspondance. C’est par exemple ce qu’a fait Radiohead, <a href="https://www.slate.fr/story/236474/musique-prix-libre-radiohead-streaming-industrie-musicale-crowdfunding-artiste">proposant une participation libre pour son album In Rainbows</a>, en 2007. De nombreux artistes moins célèbres leur ont emboîté le pas.</p>
<p>Pour résumer, le rapport à la musique de la génération Y aura été marqué, comme bien d’autres aspects de leurs vies d’adultes, par le bouleversement de la révolution numérique.</p>
<p>Les technologies numériques ont engendré une révolution d’usage, plus que réellement esthétique : l’accessibilité facilitée à la quasi-intégralité de la matière sonore préexistante.</p>
<p>Alors que la critique guettait une révolution musicale comparable à celles du rock’n’roll et de la culture DJ dans les générations précédentes, les années 2000 ont créé la surprise en se tournant vers le passé, ou plutôt vers des passés mêlés, imbriqués et juxtaposés à l’outrance. Au paroxysme de la culture de l’emprunt, qui se décline visuellement dans les mèmes et les gifs des réseaux sociaux, c’est l’idée même de la modernité, une certaine conception de l’auteur unique et identifié, qui est mise à mal.</p>
<p>Dans le même temps, la création de musique enregistrée s’est libérée des contraintes économiques et démocratisée au point de devenir pour beaucoup un loisir. Elle a perdu au passage de sa valeur, une évolution qui a contribué à redessiner les contours de la filière musicale, recentrée sur le spectacle vivant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217875/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Lebray ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au cours des années 2000, la production et la consommation de musique ont été bouleversées par l’avènement du numérique.Sébastien Lebray, musique (populaire), Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2182902023-12-11T20:43:57Z2023-12-11T20:43:57ZDonnées personnelles : comment nous avons peu à peu accepté d’en perdre le contrôle<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/563997/original/file-20231206-15-l9fpxn.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La génération née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, plus optimiste face au développement des technologies abandonne probablement plus facilement une part de contrôle sur ses données personnelles.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/photographie-de-silhouette-de-lhomme-1tnS_BVy9Jk">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Dans quelle mesure les différentes générations sont-elles plus ou moins sensibles à la notion de surveillance ? Un regard sur les personnes nées au tournant des années 80 et 90 montre que ces dernières abandonnent probablement plus facilement une part de contrôle sur les données personnelles et n’ont sans doute pas eu totalement conscience de leur grande valeur.</em></p>
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<p>Peut-être qu’à l’approche des <a href="https://lcp.fr/actualites/jeux-olympiques-gerald-darmanin-defend-l-usage-de-la-videosurveillance-algorithmique">Jeux olympiques de Paris</a>, avez-vous vaguement protesté lors de la mise en place d’un fichier vidéo algorithmique ? Et puis avez-vous haussé les épaules : un fichier de plus. Peut-être par résignation ou par habitude ? Comme d’autres, vous avez peut-être aussi renseigné sans trop vous poser de questions votre profil MySpace ou donné votre « ASV » (âge, sexe, ville) sur les chats Caramail au tournant des années 1990-2000 et encore aujourd’hui vous cliquez quotidiennement sur « valider les CGU » (conditions générales d'utilisation) sans les lire ou sur « accepter les cookies » sans savoir précisément ce que c’est.</p>
<p>En effet, peut-être, faites-vous partie de ce nombre important d’individus nés entre 1979 et 1994 et avez-vous saisi au vol le développement de l’informatique et des nouvelles technologies. Et ce, sans forcément vous attarder sur ce que cela impliquait sur le plan de la surveillance des données que vous avez accepté de partager avec le reste du monde…</p>
<h2>World Wide Web</h2>
<p>Pour se convaincre de l’existence de cette habitude rapidement acquise, il suffit d’avoir en tête les grandes dates de l’histoire récente de l’informatique et d’Internet : Apple met en 1983 sur le marché le premier ordinateur utilisant une souris et une interface graphique, <a href="https://www.macg.co/aapl/2019/11/quand-apple-france-presentait-la-souris-de-lisa-en-1983-109435">c’est le Lisa</a>.</p>
<p>Puis le World Wide Web est <a href="https://home.cern/fr/science/computing/birth-web">inventé par Tim Berners-Lee en 1989</a>, <a href="https://www.c3iparis.fr/histoire-internet/">36 millions d’ordinateurs sont connectés à Internet en 1996</a>, Google est <a href="https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/09/27/32001-20180927ARTFIG00001-google-a-20-ans-1998-cette-annee-si-speciale-pour-l-industrie-des-nouvelles-technologies.php">fondé en 1998</a> et Facebook <a href="https://www.europe1.fr/technologies/En-2004-Facebook-ressemblait-a-ca-643360">est lancé en 2004</a>. L’accélération exponentielle d’abord des machines elles-mêmes, puis des réseaux et enfin du partage de données et de la mobilité a suivi de très près les millennials.</p>
<p>La génération précédente, plus âgée, a parfois moins l’habitude de ces outils <a href="https://sites.ina.fr/cnil/focus/chapitre/2/medias">ou s’est battue contre certaines dérives initiales, notamment sécuritaires</a>. La suivante, qui a été plongée immédiatement dans un monde déjà régi par l’omniprésence d’Internet et des réseaux, en connaît plus spontanément les risques (même si elle n’est pas nécessairement plus prudente).</p>
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<p><em>Comment habiter ce monde en crise, comment s’y définir, s’y engager, y faire famille ou société ? Notre nouvelle série « Nos vies modes d'emploi » explore nos rapports intimes au monde induits par les bouleversements technologiques, féministes et écologiques survenus au tournant du XXIe siècle.</em></p>
<p><em>À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-amis-notre-nouvelle-famille-217162">Les amis, notre nouvelle famille ?</a></em></p>
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<h2>Un certain optimisme face à l’informatique</h2>
<p>Probablement du fait de ce contexte, la génération née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990 est aussi celle qui est la plus optimiste face au développement des technologies.</p>
<p>Cet état de fait apparaît d’autant plus clairement que la « génération Z », plus jeune, est <a href="https://www.alrc.gov.au/publication/for-your-information-australian-privacy-law-and-practice-alrc-report-108/67-children-young-people-and-attitudes-to-privacy/generational-differences-in-attitudes-to-privacy/">marquée généralement par une plus grande apathie voire un certain pessimisme</a> notamment quant au devenir des données personnelles.</p>
<p>En effet, aujourd’hui, les plus jeunes, déjà très habitués à l’usage permanent des réseaux sociaux et aux surveillances de toute part, se trouvent très conscients de ses enjeux mais font montre d’une forme de résignation. Celle-ci se traduit notamment par le « privacy paradox » <a href="https://www.jstor.org/stable/44820900">mis en lumière par certains sociologues</a> et qui se traduit par une tendance paradoxale à se réclamer d’une défense de la vie privée tout en exposant très largement celle-ci volontairement par l’utilisation des réseaux sociaux.</p>
<p>A contrario, cette confiance en la technologie se manifeste spécialement par une forme de techno-optimisme, y compris lorsqu’il s’agit de <a href="https://journals.openedition.org/ress/623">l’usage de données personnelles</a>. Cet état d’esprit se traduit dans de nombreux domaines : lorsqu’il s’agit de <a href="https://acteurspublics.fr/articles/sondage-pour-2-francais-sur-3-le-numerique-est-une-priorite-pour-ameliorer-notre-systeme-de-sante">l’usage des données de santé</a> par exemple ou plus généralement quant à l’utilisation des technologies pour régler des problèmes sociaux ou humains <a href="https://www-cairn-info.docelec.u-bordeaux.fr/revue-green-2022-1-page-27.htm">comme le réchauffement climatique</a>.</p>
<h2>La priorisation de valeurs différentes</h2>
<p>Cet optimisme est aussi visible lorsqu’il s’agit d’évoquer les <a href="https://theconversation.com/fiches-s-et-autres-fichiers-de-police-de-quoi-parle-t-on-vraiment-148640">fichiers policiers ou administratifs</a>. S’il n’existe pas de données précises sur l’acceptation des bases de données sécuritaires par chaque tranche d’âge, il n’en demeure pas moins que la génération des 30-45 ans n’est plus <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/data/sous-giscard-la-creation-de-la-cnil-apres-un-safari_149753">celle de l’affaire Safari</a> dont l’éclatement, après la révélation d’un projet de méga-fichier par le ministère de l’Intérieur, <a href="https://www.gouvernement.fr/partage/9870-creation-de-la-commission-nationale-de-l-informatique-et-des-libertes-cnil">a permis la naissance de la CNIL</a>.</p>
<p>Cette génération a, au contraire, été marquée par des événements clés tels que les attentats du 11 septembre 2001 ou la crise économique de 2009.</p>
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<figcaption><span class="caption">La CNIL fête ses 40 ans.</span></figcaption>
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<p>Ces événements, et plus généralement le climat dans lequel cette génération a grandi et vit aujourd’hui, la conduisent à être, d’après les études d’opinion récentes, <a href="https://www.leparisien.fr/politique/notre-grande-enquete-sur-les-francais-la-famille-et-la-securite-au-coeur-de-leurs-preoccupations-21-10-2023-FOGHMCJXUNEKZLYAJJOENJMKLM.php">plus sensible aux questions de sécurité que d’autres</a>. Elle entretient ainsi un rapport différent à la sécurité, moins encline à subir des contrôles d’identité répétés (<a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/13/controles-d-identite-les-jeunes-7-fois-plus-controles-que-le-reste-de-la-population_5079101_4355770.html">qui sont bien plus fréquents chez les plus jeunes</a>) mais plus inquiète pour l’avenir et plus sensible aux arguments sécuritaires.</p>
<p>Cet état d’esprit favorise en conséquence une plus grande acceptation encore des fichiers et aux dispositifs de sécurité qui sont perçus comme des outils nécessaires à l’adaptation aux nouvelles formes de délinquance et de criminalité, par exemple à <a href="https://leclaireur.fnac.com/article/237256-jo-2024-les-francais-largement-favorables-a-lutilisation-de-cameras-intelligentes/">l’occasion de l’organisation des futurs Jeux olympiques et paralympiques en France</a> ou rendus utiles pour <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/04/03/l-espace-public-quasi-militarise-devient-un-laboratoire-securitaire_1784168/">permettre la gestion d’une pandémie comme celle du Covid-19</a>.</p>
<h2>De l’acceptation à l’accoutumance</h2>
<p>Les deux phénomènes – optimisme face au développement des technologies et sensibilité à la question sécuritaire – sont d’autant plus inextricables qu’il existe un lien important entre usages individuels et commerciaux des technologies d’une part et usages <a href="https://theconversation.com/la-reconnaissance-faciale-du-deverrouillage-de-telephone-a-la-surveillance-de-masse-184484">technosécuritaires d’autre part</a>. En effet, les expériences en apparence inoffensives de l’utilisation récréative ou domestique des technologies de surveillance (caméras de surveillance, objets connectés, etc.) favorisent l’acceptabilité voire l’accoutumance à ces outils qui renforcent le sentiment de confort <a href="https://esprit.presse.fr/actualites/asma-mhalla/un-etat-de-surveillance-permanent-43127">tant personnel que sécuritaire</a>.</p>
<p>La génération des trentenaires et quadra actuelle, très habituée au développement des technologies dans tous les cadres (individuels, familiaux, professionnels, collectifs, etc.) et encore très empreinte du techno-optimisme de l’explosion des possibilités offertes par ces outils depuis les années 1990 est ainsi plus encline encore que d’autres à accepter leur présence <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/zoom-zoom-zen-du-mardi-04-avril-2023-7028156">dans un contexte de surveillance de masse</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/563313/original/file-20231204-29-jez5b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cet état d’esprit favorise en conséquence une plus grande acceptation encore des fichiers et aux dispositifs de sécurité qui sont perçus comme des outils nécessaires à l’adaptation aux nouvelles formes de délinquance et de criminalité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.moon-event.fr/les-nouvelles-tendances-technologies/maxim-hopman-iayklkmz6g0-unsplash/">Maxim Hopman/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>La <a href="https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/cge/barometre-numerique-2022.pdf?v=1675075293">pénétration très importante de ces dispositifs</a> dans notre quotidien est telle que le recours aux technologies même les plus débattues comme l’intelligence artificielle peut sembler à certains <a href="https://www.lepoint.fr/societe/menace-ou-progres-les-francais-face-a-l-intelligence-artificielle-18-04-2023-2516712_23.php">comme le cours normal du progrès technique</a>. Comme pour toutes les autres générations, l’habituation est d’autant plus importante que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_cliquet">l’effet cliquet</a> conduit à ne jamais – ou presque – remettre en cause des dispositifs adoptés.</p>
<h2>L’existence de facteurs explicatifs</h2>
<p>Partant, la génération des 30-45 ans, sans doute bien davantage que celle qui la précède (encore marquée par certains excès ou trop peu familiarisée à ces questions) que celle qui la suit (davantage pessimiste) développe une forte acceptabilité des dispositifs de surveillance de tous horizons. En cela, elle abandonne aussi probablement une part de contrôle sur les données personnelles dont beaucoup n’ont sans doute pas totalement <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/de-l-importance-de-la-valeur-de-nos-donnees-837808.html">conscience de la grande valeur</a>.</p>
<p>Au contraire, les réglementations (à l’image du <a href="https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees">Règlement général sur la protection des données</a> adopté en 2016 et appliqué en 2018) tentant de limiter ces phénomènes sont parfois perçues comme une <a href="https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/atoms/files/barometre_ifop_rgpd-2018.pdf">source d’agacement</a> au quotidien voire comme un <a href="https://www.institutmontaigne.org/publications/donnees-personnelles-comment-gagner-la-bataille">frein à l’innovation</a>.</p>
<p>Sur le plan sécuritaire, l’acceptabilité de ces fichages, perçus comme nécessaires pour assurer la sécurité et la gestion efficace de la société, pose la question de la confiance accordée aux institutions. Or, là encore, il semble que la génération étudiée soit moins à même de présenter une défiance importante envers la sphère politique <a href="https://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/83-des-jeunes-francais-n-ont-pas-confiance-en-la-politique-17729/">comme le fait la plus jeune génération</a>.</p>
<p>Demeurent très probablement encore d’autres facteurs explicatifs qu’il reste à explorer au regard d’une génération dont l’état d’esprit relativement aux données personnelles est d’autant plus essentiel que cette génération est en partie celle qui construit le droit applicable aujourd’hui et demain en ces matières.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218290/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yoann Nabat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les expériences en apparence inoffensives des technologies de surveillance ont favorisé l’acceptabilité voire l’accoutumance à ces outils.Yoann Nabat, Enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2181862023-11-30T16:51:11Z2023-11-30T16:51:11ZLa tour Eiffel, muse du cinéma muet français<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/562467/original/file-20231129-23-ho3n03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C1151%2C869&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photogramme de _La Course à la perruque_ de Georges Hatot, 1906.</span> </figcaption></figure><p>Le 27 décembre 2023 marque le centenaire de la disparition de Gustave Eiffel. De nombreuses études abordent la façon dont la tour qui porte son nom a inspiré les peintres (Bonnard, Chagall, Delaunay, De Staël, etc.) et les poètes (Apollinaire, Cendrars, Cocteau, Queneau, etc.) depuis sa construction en 1889 à l’occasion de l’Exposition universelle du centenaire de la Révolution française. Mais sa présence dans le cinéma muet, contemporain de la construction du monument, est restée dans l’ombre.</p>
<p>Pourtant, quand le cinématographe voit le jour en 1895, six ans donc après la dame de fer, ce nouveau moyen d’expression est d’emblée happé par la tour qui devient sa muse. Dans le catalogue numérisé GP Archives, 121 entrées sur 2 091 sont par exemple proposées pour « tour Eiffel » entre 1895 et le début du parlant en France. Et il s’agit pourtant d’une période pour laquelle beaucoup de bobines ne sont pas parvenues jusqu’à nous, notamment parce que la pellicule 35mm était en nitrate de cellulose, donc inflammable et fragile.</p>
<h2>Dans le cinéma documentaire dès 1897</h2>
<p>En 1897, un appareil de prises de vue Lumière est embarqué pour la première fois dans l’ascenseur de la tour et nous propose un panorama ascensionnel vertigineux de 42 secondes du palais du Trocadéro, avec en premier plan l’ossature métallique de la tour. Cette première n’est peut-être pas très surprenante de la part des Lumière, friands de capturer des images de lieux emblématiques, mais l’originalité réside dans la forme de la séquence, qui superpose audacieusement premier et deuxième plan pour mieux « embarquer » les spectateurs.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/D6gAGCNNjow?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>La présence de la tour est plus surprenante dans les créations de Georges Méliès, mieux connu pour ses fééries et ses films à trucs. En effet, Méliès a réalisé une trentaine de films d’environ une minute consacrés à Paris, entre 1896 et 1900, dont certains donnent à voir le Champ-de-Mars et la tour Eiffel durant l’Exposition universelle de 1900.</p>
<p>La même année, les Lumière testent un format expérimental, le 75mm, et mettent à nouveau la tour Eiffel à l’honneur.</p>
<p>Leur idée un peu folle consiste à projeter cette bande sur un gigantesque écran de 720 m<sup>2</sup> durant l’Exposition universelle – pour repère, le plus grand écran d’Europe est aujourd’hui le « grand large » du Grand Rex, 282 m<sup>2</sup>. Malheureusement, la construction du projecteur adéquat n’est pas terminée à temps et la projection n’eut pas lieu.</p>
<p>Conservés aux archives du film du CNC à Bois-d’Arcy, ces négatifs extraordinaires ont été restaurés et numérisés en 8K sur un appareil conçu exprès. Projetés uniquement deux fois depuis 123 ans, ils le seront à l’université Gustave Eiffel le mardi 12 décembre 2023 à 19h, <a href="https://my.weezevent.com/2-soiree-cine-depoque-centenaire-gustave-eiffel">lors de la Soirée Ciné d’époque du Centenaire Eiffel</a>.</p>
<h2>Dans la fiction dès 1900</h2>
<p>En 1906, Georges Hatot met en scène pour Pathé frères <em>La Course à la perruque</em>, une bande comique de 6 minutes truffée de rebondissements, avec une séquence qui transporte le spectateur devant, puis dans la tour Eiffel.</p>
<p>Tous les genres cinématographiques semblent alors contaminés. Ainsi le pionnier du cinéma d’animation, Émile Cohl, créé en 1910 un film d’animation plein d’imagination et de poésie, <em>Les Beaux-Arts mystérieux</em>, une pépite d’inventivité tournée image par image, dans laquelle la tour Eiffel prend forme <em>via</em> un objet du quotidien… des allumettes !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/562468/original/file-20231129-21-gfc98v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Photogramme des <em>Beaux-Arts mystérieux</em> de Émile Cohl, 1910.</span>
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<p>Quelques années plus tard, l’engouement ne s’est pas éteint. Durant l’été 1923, René Clair, jeune cinéaste proche de l’avant-garde, tourne <em>Paris qui dort</em>, moyen métrage produit par les films Diamant qui se déroule majoritairement dans la tour Eiffel. Son gardien se réveille et découvre que les rues de la capitale sont vides… Et Clair récidivera cinq ans plus tard avec <a href="https://www.cinematheque.fr/henri/film/47521-la-tour-rene-clair-1928/"><em>La Tour</em></a>, 14 minutes d’une sorte de poème cinématographique qui offre des vues aux angles variés sur la dame de fer.</p>
<p>C’est dans les dernières années du muet que sort <em>Le Mystère de la tour Eiffel</em> de Jean Duvivier, film dans lequel le chef d’une mystérieuse organisation internationale de criminels cagoulés, nommée Ku-Klux Eiffel, envoie des signaux, <em>via</em> la tour Eiffel, à ses membres dispersés en Europe.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/562469/original/file-20231129-29-tw435f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Photogramme du <em>Mystère de la tour Eiffel</em> de Jean Duvivier, 1928.</span>
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<h2>La puissance inspiratrice de la tour Eiffel</h2>
<p>Ces exemples variés montrent bien à quel point la tour Eiffel inspire les pionniers du cinématographe et les metteurs en scène du muet.</p>
<p>S’ils l’insèrent dans des vues documentaires, c’est pour rendre compte de cette prouesse architecturale, construite en 26 mois, et pour signifier combien elle marque les esprits comme le paysage parisien. Rappelons que la tour ne fit pas l’unanimité et qu’elle n’était pas destinée à rester en place. En effet, sa construction a déclenché une <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Protestation_des_artistes_contre_la_tour_de_M._Eiffel_du_14_f%C3%A9vrier_1887">levée de boucliers</a> de la part de certains artistes qui sont allés jusqu’à clamer leur protestation le 14 février 1887 dans le grand quotidien <em>Le Temps</em>, publiant une lettre adressée à M. Adolphe Alphand, directeur des travaux de l’exposition universelle. Parmi ces signataires figurent François Coppée, Charles Garnier ou encore Guy de Maupassant.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1661&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1661&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1661&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=2088&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=2088&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/562471/original/file-20231129-17-1mmcgl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=2088&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"><em>Incipit</em> de l’article publié dans <em>Le Temps</em> le 14 février 1887.</span>
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</figure>
<p>Malgré cette opposition, la tour Eiffel a été érigée et a survécu à sa destruction programmée grâce à la dimension scientifique et stratégique insufflée par Gustave Eiffel : installation d’une station météorologique en 1889 et positionnement d’antennes pour la télégraphie sans fil à partir de 1903.</p>
<p>Quant à la présence de la tour dans les films de fiction, elle témoigne de l’impact de son audace architecturale, de son aura esthétique mystérieuse et de sa modernité ; la tour inspire des histoires atypiques, filmées grâce à des plans novateurs, montés de manière ingénieuse.</p>
<h2>Un éclairage sur l’histoire du cinéma muet</h2>
<p>Si l’on fait si peu état, dans les recherches historiques, de la présence de la dame de fer dans le cinéma muet, c’est sans doute par manque de considération et de légitimation du médium cinématographique lui-même.</p>
<p>Les premiers films, appelés des vues, sont très courts, quelques secondes puis quelques minutes. Ces vues sont projetées dans les foires, sur les places des villes et des villages, dans les cafés et dans certaines salles de théâtre… Le cinématographe est alors un divertissement très populaire, souvent méprisé par l’élite. Les bandes de pellicule sont achetées par des forains qui les usent jusqu’à la corde. Quand elles cassent, ils les coupent, les recollent, si bien que ce ne sont jamais tout à fait les mêmes bandes qui sont projetées.</p>
<p>À partir de 1907 se produit une révolution économique. La puissante société Pathé frères remplace la vente des copies par un système de location. Ce changement modifie l’organisation de la diffusion, et par ricochets la façon de faire et de voir des films. L’exploitation des films donne lieu à une industrie autonome ; des salles dédiées aux projections sont construites et la durée des films s’allonge.</p>
<p>On parle alors de métrage ; de 20 mètres, soit environ 60 secondes, on passe à 740 mètres soit 30 minutes en 1909 ; à 1 500 mètres soit une heure en 1912 ; on atteint même 3 000 mètres soit deux heures en 1913. Les spectacles cinématographiques hybrides mêlent bandes courtes (actualité, comique, animation…) avant ou autour d’un film plus long, noyau dur de la séance. L’ensemble contient des attractions, du jongleur au poète en passant par l’acrobate, et est accompagné de musique, d’un seul instrument à un orchestre, en fonction de l’importance de la salle. Si le cinéma était certes muet (le sonore et parlant n’arrivant qu’à partir de 1927), le cinéma était donc tout sauf silencieux !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218186/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carole Aurouet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Appréhender la présence de la tour Eiffel dans le cinéma muet permet de mieux comprendre les débuts du cinématographe, entre prouesses techniques et avènement d’un nouvel imaginaire.Carole Aurouet, Enseignante-Chercheuse en Etudes cinématographiques et audiovisuelles, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2179652023-11-27T17:15:34Z2023-11-27T17:15:34ZCapturer l’eau des nuages pour lutter contre la pénurie d’eau dans les déserts<p>En 2022, 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable. Avec le réchauffement climatique, la rareté de l’eau potable est devenue un <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/water-and-sanitation/">défi majeur pour notre avenir</a>, et cette problématique s’intensifie bien sûr en premier lieu dans les régions arides et surpeuplées. Un <a href="https://www.unwater.org/publications/un-water-analytical-brief-on-unconventional-water-resources/">récent rapport des Nations unies</a> souligne l’importance cruciale d’explorer les sources d’eau « non conventionnelles » telle que l’eau atmosphérique, car les ressources actuelles sont surexploitées et insuffisantes.</p>
<p>Pour trouver des solutions originales, la nature peut être une incroyable source d’inspiration. En effet, au cours de l’évolution, certaines espèces d’arbres et d’insectes ont développé des moyens ingénieux pour capter l’eau qui se trouve dans l’atmosphère sous forme de vapeur ou de brouillard.</p>
<p>Citons par exemple les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s004420050683">séquoias géants</a> de Californie, qui captent plus d’un tiers de l’eau qu’ils consomment grâce au brouillard intercepté par leurs aiguilles et égoutté à leur pied. Le <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00425-020-03433-y">Dragonnier de Socotra</a>, lui, capte et ingère l’eau du brouillard directement par ses feuilles en forme de rosette. Certains <a href="https://theconversation.com/images-de-science-sinspirer-des-cactus-pour-recolter-de-leau-douce-151318">cactus</a>, <a href="https://phys.org/news/2016-06-moss-ultimate-toolkit.html">mousses</a> et <a href="https://www.nature.com/articles/262284a0">coléoptères du désert</a> jouent sur leur structure, leur géométrie ou l’affinité de leur surface avec l’eau pour favoriser la collecte du brouillard.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561370/original/file-20231123-19-aspm0w.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un dragonnier de Socotra.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/un-arbre-etrange-au-milieu-dune-zone-rocheuse-siq3xkHUhSg">Andrew Svk/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des filets pour capturer le brouillard</h2>
<p>Face à ces solutions fascinantes, l’homme n’est pas en reste : des filets pour capturer le brouillard sont utilisés depuis le début des années 90 notamment par l’<a href="https://fogquest.org/project-information/projects/">ONG Fog Quest</a>. Nous cherchons à développer des manières frugales de fabriquer des filets qui soient à la fois plus efficaces, plus économes, et plus faciles à fabriquer que ceux qui existent actuellement.</p>
<p>Dans certaines zones désertiques telles qu’au Chili ou au Maroc, les populations font usage de « filets à brouillard » pour capturer les gouttelettes d’eau des <a href="https://cloudatlas.wmo.int/fr/advection-fog.html">« brouillards d’advection »</a> qui se forment et se déplacent au-dessus de certains déserts montagneux proches des côtes océaniques. Poussé par les vents dominants, l’air chaud et humide des océans se condense en petites gouttes d’eau lorsqu’il se refroidit au contact de l’atmosphère plus fraîche de ces régions montagneuses.</p>
<p>Depuis plusieurs décennies, les progrès scientifiques et techniques pour concevoir de grands filets à un coût abordable ont conduit de <a href="https://www.courrierinternational.com/article/innovation-au-maroc-la-collecte-du-brouillard-pour-pallier-les-penuries-d-eau">nombreuses communautés dans le besoin à déployer des filets pour capturer le brouillard transporté par le vent</a>. Ces filets « à nuages » ou « à brouillard » ressemblent à des filets de pêche tendus dans les airs. Pour les meilleurs filets, ils peuvent avoir une efficacité de collecte allant jusqu’à 15 % de la quantité d’eau contenue dans le brouillard. Dépendant du lieu où sont placés ces filets, ils peuvent récolter entre 10 et 100 litres d’eau par mètre carré et par jour.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="coléoptère récoltant de l’eau dans le désert" src="https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561371/original/file-20231123-23-wrtsrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les <em>Onymacris unguicularis</em> se positionnent sur les crêtes des dunes, lèvent la face dorsale de l’abdomen face au vent et baissent la tête. Dans cette position presque verticale, ils attendent que le brouillard se dépose sur leurs élytres, dont les sillons canalisent les gouttelettes d’eau jusqu’à leur appareil buccal.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jamesharrisanderson/5727784452">James Anderson/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Dans les régions en stress hydrique qui sont propices aux brouillards d’advection, le véritable enjeu est de développer de filets à brouillard abordables, efficaces et durables. Les filets peu coûteux, tels que les filets « à patates » (ou <em>raschel mesh</em>) utilisés pour l’emballage alimentaire, sont certes accessibles, mais leur efficacité est limitée et ils ne résistent pas aux vents violents. Les filets plus robustes et performants, comme le <a href="https://www.aqualonis.com/">filet commercial Aqualonis FogCollector</a>, sont plus difficiles à produire et beaucoup plus coûteux.</p>
<p>Face à ces défis scientifiques et techniques, des chercheurs se mobilisent pour explorer ces solutions passives permettant d’améliorer les filets en travaillant sur leur efficacité, leur aérodynamisme ou encore sur la nature du matériau qui constitue le filet et son affinité avec l’eau. L’aspect « passif » signifie qu’il ne faut pas d’apport d’énergie supplémentaire (électrique ou d’origine fossile) à l'énergie fournie par le soleil pour faire évaporer l'eau et mettre les masses d'air en mouvement, contrairement à d’autres méthodes pour récolter de l’eau douce, souvent très énergivores comme <a href="https://theconversation.com/le-dessalement-des-eaux-quand-lutiliser-et-a-quel-prix-207232">certaines méthodes de dessalement de l’eau de mer</a>.</p>
<h2>Améliorer les filets à nuage en adaptant la géométrie de leurs fibres</h2>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/s41545-023-00266-6">Nos récentes recherches</a> ont ainsi abouti à des filets à brouillard en kirigami, conçus par de simples découpage et pliage de feuilles plastique. Ce type de filet est peu coûteux, doté d’une géométrie simple, dont l’efficacité surpasse celle de la plupart des filets existants.</p>
<p>L’origine de cette efficacité vient de la géométrie de la fibre employée. Alors que la plupart des filets à brouillard emploient des fibres cylindriques, nous employons des fibres plates.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561379/original/file-20231123-17-sptqoe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mousse est passée maître dans l’art de collecter l’eau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/mousse-gouttes-brins-dherbe-gazon-3021192/">susannp4/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Une goutte posée sur une surface va prendre une forme qui équilibre les pressions interne et externe de la goutte, ainsi que le surplus de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pression_de_Laplace">pression (de Laplace)</a> venant de la courbure de l’interface liquide de la goutte.</p>
<p>La fibre cylindrique présentant une courbure, une goutte ne pourra pas s’étaler, car pour compenser la courbure de la fibre, elle devra garder la forme d’une perle. Grâce à la géométrie plane des fibres employées dans nos filets, les gouttes de brouillards s’étalent complètement, forment rapidement un fin film liquide très stable sur toute la surface du filet, ce qui favorise la collecte d’eau.</p>
<p>Ainsi, nos tests ont démontré que, dans des conditions expérimentales équivalentes, notre filet à brouillard Kirigami avait collecté huit litres par mètre carré en une heure, tandis que les filets en harpe de fibres et en mailles <em>rashel mesh</em> couramment utilisés n’avaient récolté que trois et deux litres par mètre carré respectivement.</p>
<p>Comparé à l’un des meilleurs filets à brouillard du marché (l’<a href="https://www.aqualonis.com/">Aqualonis FogCollector 3D-2013</a>), notre filet Kirigami affiche une efficacité stationnaire comparable, mais se révèle nettement plus performant sur le plan dynamique, c’est-à-dire lors de brouillards de courte durée ou de faible intensité.</p>
<h2>Une approche conçue pour être aisée à mettre à l’échelle dans des conditions frugales</h2>
<p>La simplicité et la scalabilité du kirigami en font un candidat prometteur pour des applications à faible coût sur le terrain (il ne s’agit en effet que d’une feuille de plastique percée de découpes). Actuellement, nous testons des prototypes à grande échelle en collaboration avec l’<a href="https://darsihmad.org/fr/acceuil/">ONG marocaine Dar Si Hmad</a> qui possède le plus grand champ de filets à brouillard au monde, et les premiers résultats sont très encourageants.</p>
<p>En plus de cette nouvelle méthode de fabrication, nous avons aussi développé, en laboratoire, une méthode d’essai précise et bien contrôlée permettant de quantifier l’efficacité de notre filet à brouillard Kirigami et de le comparer à d’autres filets dans les mêmes conditions.</p>
<p>En effet, la mesure de l’efficacité d’un filet à brouillard est souvent subjective et n’est pas encore standardisée.</p>
<p>Notre banc d’essai consiste en une soufflerie produisant un écoulement d’air laminaire dans lequel un brouillard est généré et envoyé à l’aide de transducteurs piézoélectriques. Les échantillons de filets, placés dans l’écoulement sur des balances ultra-précises, nous permettent de mesurer l’efficacité de collecte en temps réel. Nous pouvons ainsi distinguer de manière dynamique les différentes contributions à l’efficacité.</p>
<h2>Une recherche sous contraintes créatives pour relever les défis sociétaux</h2>
<p>Afin de garantir l’accessibilité et l’évolutivité des solutions développées, nous avons travaillé sous contraintes : dans le contexte de la <a href="https://125.stanford.edu/frugal-science/">« science frugale »</a> (science qui vise à concevoir des solutions évolutives et créatives tout en prenant en compte le rapport coût/performance) <a href="https://fablab.ulb.be/">au sein d’un environnement « fab lab »</a> (un laboratoire de fabrication numérique).</p>
<p>Les fab labs, en favorisant la collaboration interdisciplinaire et le prototypage, jouent un rôle clé dans la création d’innovations pour relever des défis mondiaux, conformément aux <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">objectifs de développement durable des Nations unies</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217965/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Denis Terwagne a reçu des financements belges du Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS (Bourse n° PDR-WISD-12). </span></em></p>Avec des filets à brouillard, on peut capturer l’eau des nuages, comme le font certaines plantes. Une nouvelle méthode utilise maintenant la technique japonaise du « kirigami ».Denis Terwagne, Physicien et expérimentateur de l'interdisciplinaire, Professeur, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2167222023-11-27T15:14:39Z2023-11-27T15:14:39ZVoici pourquoi les jeux vidéo compétitifs doivent être pris plus au sérieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/559683/original/file-20231115-25-zcd5l2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C0%2C980%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aujourd’hui, l’industrie du sport électronique représente plusieurs milliards de dollars à l’échelle mondiale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Jouer à des jeux vidéo de manière compétitive, est-ce vraiment sérieux ? </p>
<p>Cette question ne se pose pas pour les milliers d’adeptes du jeu <a href="https://www.leagueoflegends.com/en-us/"><em>League of Legends</em></a> qui ont convergé en Corée du Sud en octobre dernier pour assister aux championnats du monde (<a href="https://youtu.be/tHMcncCS-XE?si=KFfNbrcjaTSCaCB6"><em>Worlds 23</em></a>) de ce jeu ultra populaire. Le grand prix ? Un <a href="https://lol.fandom.com/wiki/2023_Season_World_Championship">montant de 2 225 000 $ US</a>. </p>
<p>Nous sommes spécialistes en droit des jeux vidéo. Cet événement, encore très méconnu du grand public, est l’occasion pour nous de montrer pourquoi les jeux vidéo compétitifs devraient être pris plus au sérieux. </p>
<h2>Le sport électronique, un phénomène social, culturel et économique mondial</h2>
<p>La notoriété des ligues de sports nord-américaines telles que la NHL ou la NFL n’est plus à faire. Ni celle des grandes compétitions sportives traditionnelles comme la coupe du monde de football ou les Jeux olympiques. Or, on ne peut en dire autant des compétitions de jeux vidéo. Et pourtant, il existe tout un monde de compétitions professionnelles dans l’univers des jeux vidéo qui, tout comme dans les sports traditionnels, possède des ligues, des compétitions internationales bien établies, son lot d’athlètes célèbres et ses <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/jeux-video/e-sport-des-salles-remplies-et-des-fans-conquis-la-pratique-reunit-de-plus-en-plus_5838317.html">hordes d’admirateurs</a>. C’est ce qu’on appelle des sports électroniques, ou esports.</p>
<p>Les sports électroniques peuvent être décrits aussi simplement que des jeux vidéo qui sont pratiqués dans un environnement compétitif.</p>
<p>Bien qu’il ne bénéficie pas toujours du même niveau de reconnaissance que son homologue sportif traditionnel, le sport électronique est un secteur qui s’est largement développé <a href="https://youtu.be/B_59wZ27ROE?si=4OWyy6Klh40POwwJ">ces 10 dernières années</a> et qui attire régulièrement des <a href="https://www.statista.com/statistics/490480/global-esports-audience-size-viewer-type/">millions de téléspectateurs simultanés</a>. </p>
<p>Une très grande variété de jeux sont aujourd’hui pratiqués de manière compétitive. Dans les jeux comme <a href="https://lolesports.com/"><em>League of Legends</em></a> ou <a href="https://www.dota2.com/home"><em>Dota</em></a>, deux équipes de joueurs s’affrontent dans des arènes de combat en ligne multijoueurs (MOBA). Ces jeux d’action-stratégie s’apparentent à des jeux d’échecs survitaminés dans lesquels l’objectif est de détruire la base adverse. </p>
<p>Il existe également de nombreux jeux de tir à la première personne comme <a href="https://valorantesports.com/"><em>Valorant</em></a>, <a href="https://pro.eslgaming.com/csgo/proleague/"><em>CSGO</em></a>, <a href="https://overwatchworldcup.com/en-us/"><em>Overwatch</em></a> ou encore <a href="https://www.fortnite.com/competitive"><em>Fortnite</em></a>, qui sont très populaires. </p>
<p>Bref, dans le domaine du sport électronique, il y en a pour tous les goûts, y compris pour celles et ceux qui préfèrent la <a href="https://www.ea.com/fr-fr/games/fifa/compete/fgs-23">pratique (virtuelle !) des sports traditionnels</a>. </p>
<h2>Un secteur en plein essor</h2>
<p>En termes d’audience et de popularité, le esport est un secteur qui, au cours des 10 dernières années, a <a href="https://www.insiderintelligence.com/insights/esports-ecosystem-market-report/">commencé à dépasser les sports traditionnels</a>. La pandémie de Covid-19 a contribué à ce phénomène. </p>
<p>Le esport a également vu l’émergence de superstars de renommée internationale telles que <a href="https://youtu.be/wU-1ZaT0hIg?si=vLKp_Krn37NSmKFV">Faker</a>, un athlète souvent considéré comme le plus grand joueur de <em>League of Legends</em> de tous les temps en raison de son <a href="https://www.scmp.com/sport/china/article/3236384/asian-games-2023-south-koreas-league-legends-esports-gold-without-goat-faker-earns-military-service">succès compétitif</a> massif et constant au cours de la dernière décennie. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1544343462476402688"}"></div></p>
<p>Aujourd’hui, <a href="https://www.fortunebusinessinsights.com/esports-market-106820">l’industrie</a> du esport représente plusieurs <a href="https://www.statista.com/statistics/490522/global-esports-market-revenue/#:%7E:text=The%20term%20%E2%80%9CeSports%E2%80%9D%20is%20characterized,over%201.38%20billion%20U.S.%20dollars.">milliards de dollars à l’échelle mondiale</a>. </p>
<p>Dès lors, le esport sera-t-il un jour reconnu au même titre que les sports traditionnels, voire organisés lors d’événements tels que les Jeux olympiques ? </p>
<p>On peut le penser, dans la mesure où cette pratique se démocratise et s’est vue ajouter au programme de grandes compétitions régionales et internationales récemment. Présents dans le cadre d’évènements de démonstration aux <a href="https://olympics.com/en/news/esports-historic-medal-debut-19th-asian-games-hangzhou-schedule-live">Jeux asiatiques depuis 2018</a>, plusieurs jeux ont rejoint le programme officiel lors des <a href="https://olympics.com/en/news/asian-games-2023-overall-medal-table-complete-list">Jeux asiatiques de 2023 organisés à Hangzhou en Chine</a>. À cette occasion, la <a href="https://www.koreatimes.co.kr/www/nation/2023/10/600_360240.html">Corée du Sud a remporté la médaille d’or</a> dans la compétition de <em>League of Legends</em>, ce qui a permis à Faker d’obtenir une <a href="https://www.reuters.com/sports/korean-gamers-cusp-gold-avoiding-military-service-2023-09-28/">rare exemption du service militaire obligatoire sud-coréen</a>. Cette dérogation démontre la reconnaissance dont jouissent aujourd’hui les athlètes de esports dans certains pays. </p>
<p>En ce qui concerne l’inclusion des esports dans les Jeux olympiques, les jeux vidéo ont été inclus dans le cadre du <a href="https://olympics.com/en/esports/"><em>Olympic e-sport Series</em></a> en 2023. Un évènement organisé par le comité international olympique (CIO).</p>
<p>Ce comité, qui cherche régulièrement à rajeunir l’image des Jeux olympiques et à attirer de nouveaux publics, a par ailleurs engagé des réflexions sur la <a href="https://olympics.com/cio/news/annonce-par-le-president-du-cio-dans-son-allocution-d-ouverture-de-la-141e-session-du-cio-a-mumbai-de-son-intention-de-creer-des-jeux-olympiques-d-e-sport">création de Jeux olympiques d’esports</a>. </p>
<h2>Des opportunités de carrières, mais peu d’infrastructures de soutien</h2>
<p>Tout comme les sports traditionnels, l’opportunité de s’impliquer dans le sport électronique n’est pas réservée qu’aux joueurs professionnels qui compétitionnent sur la scène. </p>
<p>Comme pour tout événement compétitif, une équipe professionnelle de gestion et de soutien sont des éléments essentiels pour obtenir les meilleures performances. </p>
<p>Le développement des sports électroniques ouvre ainsi un <a href="https://esportslane.com/esports-job-profiles-non-gaming/">vaste champ de possibilités de carrières</a> pour les amateurs de jeux : organisateurs et gestionnaires d’événements, journalistes, nutritionnistes <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/791808/jeux-olympiques-rio-athletes-preparation-psychologique">consultants en préparation mentale</a>, physiothérapeutes et même avocats pour organiser les relations entre tous ces acteurs.</p>
<p>Cependant, malgré la popularité et l’immense potentiel des sports électroniques, le développement d’infrastructures et de programmes demeure très insuffisant au Canada. Ce manque est surtout flagrant au sein des institutions d’éducation, lieux qui comptent pourtant de nombreux jeunes amateurs de sport électronique. </p>
<p>Idéalement, les infrastructures adaptées aux sports électroniques devraient inclure des ordinateurs performants, une salle dédiée aux sports électroniques, une équipe de soutien, des compétitions intercollégiales et, surtout, une atmosphère qui promeut l’inclusion et la participation de tous dans les sports électroniques.</p>
<p>Certaines institutions postsecondaires ont tout de même créé des espaces dédiés aux esports sur leur campus. Ces espaces contribuent au recrutement des étudiants. C’est le cas par exemple du <a href="https://www.stclaircollege.ca/news/2022/nexus-esports-arena-unveiled-opening-don-france-student-commons">St. Clair College en Ontario</a> qui a créé, en 2022, un espace flambant neuf et à la pointe de la technologie – avec un budget de 23 millions de dollars. </p>
<p>De son côté, l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a investi $100,000$ en équipement pour créer un <a href="https://globalnews.ca/news/3001912/ubc-esports-club-opens-online-gaming-lounge/">salon dédié aux sports électroniques</a>. </p>
<p>D’autres organisations, comme la <a href="https://www.osea.gg/fr">Fédération ontarienne des associations scolaires de sports électroniques (FOASSE)</a>, vise à promouvoir activement l’intégration d’un programme de esports dans le curriculum scolaire. </p>
<p>Dans un futur proche, si ces efforts s’amplifient, nous pouvons imaginer que les jeunes amateurs de esports auront la chance de jumeler leurs passions pour les jeux vidéo avec une carrière professionnelle – qu’il s’agisse de la compétition de haut niveau ou toute autre carrière dans le champ des jeux vidéo.</p>
<h2>La santé des pratiquants</h2>
<p>Au-delà de la croissance et de la popularité fulgurante du secteur ces dernières années, tout n’est pas rose au royaume du esport.</p>
<p>D’une part, le quotidien des athlètes professionnels du esport n’est pas de tout repos. En effet, leur <a href="https://gaming.gentside.com/jeux-video/consoles-et-pc/league-of-legends-decouvrez-l-emploi-du-temps-millimetre-de-faker_art28843.html">emploi du temps</a> est particulièrement chargé et ils passent une grande partie de leur journée à <a href="https://youtu.be/uyF6ZwtLonM?si=IcG1dt7zjtHxtKZR">s’entraîner</a> ou à <a href="https://www.youtube.com/@T1_Faker">produire du contenu en ligne</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/uyF6ZwtLonM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Les saisons sont particulièrement éprouvantes et les carrières des joueurs peuvent être, sauf exception, très courtes. Ces dernières années, de plus en plus de joueurs se sont ouverts à propos de leurs problèmes de <a href="https://www.esports.net/news/industry/hidden-struggles-of-esports-athletes-mental-health-crisis/">santé mentale</a>. D’autres ont tout simplement <a href="https://www.rtbf.be/article/esport-nouvelle-polemique-autour-du-burn-out-dun-joueur-11159774">disparu des radars</a>, après avoir fait une percée tonitruante sur la scène professionnelle. </p>
<p>Des recherches et du soutien en lien avec les conditions de travail des athlètes sont nécessaires afin de s’assurer qu’ils <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/franceinfo-esport/des-chercheurs-italiens-compilent-toute-la-litterature-scientifique-sur-la-sante-des-joueurs_5678096.html">ne mettent pas en danger leur santé</a> et qu’ils ne soient pas exploités par les équipes et les ligues professionnelles. </p>
<h2>Prévention et traitement des phénomènes de dépendance</h2>
<p>La pratique du esport peut également entraîner chez les joueurs professionnels, les aspirants athlètes ou le grand public, des effets délétères découlant d’un temps de jeu et/ou de dépenses excessifs. </p>
<p>Ces phénomènes sont encouragés et exacerbés par la présence de mécanismes ou stratégies appelés <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/301007767.pdf"><em>Dark patterns</em></a>, largement utilisés dans <a href="https://www.darkpattern.games/">certains jeux vidéo</a>. </p>
<p>Ces <em>Dark Patterns</em> peuvent être temporels, en encourageant les joueurs à s’investir pendant une période prolongée. Des récompenses pour progresser dans le jeu peuvent par exemple être offertes aux joueurs qui jouent de manière régulière, à tous les jours. </p>
<p>Les <em>Dark patterns</em> peuvent également être monétaires, en maximisant les dépenses que les joueurs vont effectuer dans un jeu. On parle par exemple de mécanismes qui permettent de payer pour débloquer du contenu esthétique ou certaines parties supplémentaires d’un jeu. </p>
<p>Face à ces mécanismes, il est primordial de surveiller et d’encadrer les pratiques des compagnies de jeux vidéo qui y ont recours. </p>
<h2>Le train est en marche</h2>
<p>Le sport électronique est une pratique relativement récente qui a pris une ampleur incroyable durant les 10 dernières années. Or, ce développement est largement passé inaperçu pour une large partie du grand public. </p>
<p>Le esport est néanmoins en mesure d’offrir des <a href="https://youtu.be/mP3fGkpmVM0?si=x6d7Pk9xr7BPOPTz">événements d’envergure</a> qui n’ont rien à envier aux plus grands événements sportifs traditionnels. Ce serait une erreur de sous-estimer le esport, tant il attire les foules et les talents. </p>
<p>Au contraire, il est important d’accompagner et de soutenir celles et ceux qui aspirent à travailler dans ce domaine. </p>
<p>Et il importe surtout de s’intéresser sérieusement aux défis et problèmes auxquels le esport aujourd’hui confronté, dans sa pratique professionnelle et amateur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216722/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le sport électronique est une pratique dont l’univers est souvent méconnu, voire méprisé. Il s’agit pourtant d’un phénomène global d’une ampleur incroyable, actuellement en pleine croissance.Thomas Burelli, Professeur en droit, Section de droit civil, Université d’Ottawa (Canada), membre du Conseil scientifique de la Fondation France Libertés, L’Université d’Ottawa/University of OttawaHaoran Liu, Reaserch Assistant, L’Université d’Ottawa/University of OttawaMarie Dykukha, Research Assistant, L’Université d’Ottawa/University of OttawaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143542023-11-21T14:39:16Z2023-11-21T14:39:16ZLes médias sociaux, une arme à double tranchant pour l’image des syndicats<p>L’image des syndicats est souvent évoquée pour expliquer <a href="https://doi.org/10.25318/36280001202201100001-eng">l’érosion du taux de syndicalisation au Canada au cours des quatre dernières décennies</a>, qui a passé de 38 % en 1981 à 29 % en 2022. Les travailleurs peinent à <a href="https://doi.org/10.1177/102425890701300204">s’identifier aux syndicats, perçus comme des organisations vieillissantes, et donc à s’y engager</a>.</p>
<p>Les médias sociaux font naître <a href="https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---actrav/documents/publication/wcms_875935.pdf">l’espoir d’un vent de renouveau pour le mouvement syndical</a>. Ces plates-formes leur offrent en effet – au moins en théorie – la possibilité d’améliorer leur image en fluidifiant la communication avec leurs membres, en adoptant de nouvelles méthodes de mobilisation et en s’adressant à un public plus jeune et connecté.</p>
<p>Néanmoins, les espoirs suscités par les médias sociaux pour redorer l’image des syndicats s’avèrent en partie déçus. <a href="https://doi.org/10.1177/00221856231192322">Nos recherches récentes</a> révèlent quatre effets de distorsion que les médias sociaux peuvent avoir sur l’image des syndicats. Si ces effets peuvent contribuer à revitaliser leur image publique, ils peuvent également aboutir au résultat inverse et représenter une menace tout à fait sérieuse : celle de les rendre invisibles.</p>
<h2>Facteur de division</h2>
<p>Une première conséquence des médias sociaux est qu’ils peuvent exacerber les clivages entre les syndicats et les employeurs ou les gouvernements. Un phénomène qui n’est pas sans rappeler la <a href="https://www.pewresearch.org/politics/2014/06/12/political-polarization-in-the-american-public/">polarisation qui frappe la sphère politique</a>.</p>
<p>Selon les responsables syndicaux avec lesquels nous nous sommes entretenus, cette polarisation en ligne est en partie attribuable aux normes de communication sur les médias sociaux, marquées notamment par une <a href="https://theconversation.com/its-not-just-bad-behavior-why-social-media-design-makes-it-hard-to-have-constructive-disagreements-online-161337">grande tolérance à l’égard des postures virulentes et agressives</a>. L’incitatif à communiquer de manière plus clivante en ligne découlerait également de la concurrence féroce à laquelle doivent se livrer les communicants pour capter l’attention fugace des utilisateurs des médias sociaux.</p>
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<img alt="Images of social media likes, follows, and comments float above a hand scrolling on a cell phone screen" src="https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548897/original/file-20230918-21-ek67qz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La structure et la culture associées aux médias sociaux incitent certains syndicats à adopter des styles de communication plus brefs, moins nuancés et plus affirmatifs, dans le but de rallier leurs partisans et d’amplifier la portée de leurs messages.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La structure et la culture associées aux médias sociaux incitent ainsi certains syndicats à adopter des styles de communication plus brefs, moins nuancés et plus affirmatifs, dans le but de rallier leurs partisans et d’amplifier la portée de leurs messages.</p>
<p>L’effet de polarisation en ligne n’affecte pas tous les syndicats de la même manière. Nos résultats indiquent que les syndicats les plus touchés par cet effet sont souvent ceux les plus militants.</p>
<h2>Tout à l’égo</h2>
<p>Les médias sociaux peuvent également contribuer à déformer l’image numérique des syndicats en encourageant des comportements autocentrés. Il a déjà été démontré que les médias sociaux <a href="https://doi.org/10.1037/ppm0000137">encouragent les individus à adopter des comportements narcissiques</a>. Notre étude révèle que cette tendance se manifeste également pour des organisations comme les syndicats.</p>
<p>Les médias sociaux encouragent en effet les syndicats à mettre en scène leurs membres de manière extrêmement positive. Cette survalorisation de l’effectif syndical s’explique essentiellement par les règles du jeu algorithmique des médias sociaux. En d’autres termes, le contenu faisant l’éloge des membres d’un syndicat aurait tendance, selon les responsables syndicaux, à susciter davantage d’engagement (likes, commentaires ou partages). Par conséquent, certains gestionnaires de médias sociaux privilégient les contenus célébrant les mérites des membres afin de maximiser la viralité de leur communication en ligne. </p>
<p>Cette tendance au « tout à l’égo » semble le plus prononcée dans les syndicats dont l’effectif est homogène et l’identité professionnelle forte, où il est incidemment plus aisé d’encourager un sentiment de fierté professionnelle. </p>
<h2>Grossir ses traits jusqu’à la caricature</h2>
<p>La troisième façon dont les médias sociaux peuvent déformer l’image en ligne des syndicats est en exagérant certains de leurs caractéristiques ou traits identitaires au point de les rendre grotesques ou caricaturales.</p>
<p>Ce type de distorsion découle notamment du sentiment d’obligation perçu par certains syndicats d’alimenter régulièrement leurs comptes de média sociaux. À cet égard, soulignons que tous les syndicats de notre étude publient entre cinq et sept messages par semaine sur leurs pages Facebook. </p>
<p>Cependant, tous les syndicats ne disposent pas de contenu nouveau ou attrayant à partager sur une base aussi régulière. Pour satisfaire à la boulimie des médias sociaux, certains syndicats se rabattent sur le partage en ligne d’activités aussi routinières que des réunions, formations ou assemblées syndicales. Répétées à l’envi, ces scènes banales de la vie syndicale finissent par grossir exagérément les caractéristiques bureaucratiques de ces organisations. </p>
<p>C’est donc sans surprise que les syndicats ayant une <a href="https://www.oxfordreference.com/display/10.1093/oi/authority.20110803110716472">culture bureaucratique</a> prononcée sont les plus susceptibles de s’autocaricaturer en ligne.</p>
<h2>Noyés dans l’actualité</h2>
<p>L’effet d’effacement est la dernière distorsion que les médias sociaux peuvent faire subir aux images numériques des syndicats. Un phénomène identique se produit lorsque les gestionnaires de médias sociaux abreuvent les comptes des syndicats de flots d’articles de presse et de republications, plutôt que de partager du contenu directement lié au syndicat.</p>
<p>Dans pareille situation, la visibilité numérique du syndicat décline, au point de rendre son identité diaphane. Cet effet est encore plus prononcé lorsque le partage d’article ou la republication n’est accompagné d’aucun texte introductif qui tisse un lien entre la nouvelle et le syndicat ou ses membres. </p>
<p>Les syndicats les plus exposés à l’effet d’effacement sont ceux dont les responsables des médias sociaux manquent d’expertise ou ceux dont le modèle de syndicalisme est axé sur la <a href="https://www.oxfordreference.com/display/10.1093/oi/authority.20110803100456590">prestation de services</a></p>
<p>plutôt que sur la mobilisation active des membres.</p>
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<img alt="An laptop open to a news article is seen over the shoulder of a young woman" src="https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548903/original/file-20230918-27-77a0sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les syndicats dont les médias sociaux sont noyés sous un flot d’articles de presse et de republications risquent de brouiller leur image au point de devenir invisibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Les risques de l’invisibilité numérique</h2>
<p>Les médias sociaux apparaissent donc comme une arme à double tranchant pour les syndicats. Si certains effets de distorsion peuvent avoir des résultats positifs, d’autres apparaissent comme clairement négatifs. La polarisation et l’égocentrisme, par exemple, peuvent être bénéfiques parce qu’ils augmentent l’engagement en ligne. Au contraire, les effets de caricature et d’effacement conduisent à réduire le nombre de réactions.</p>
<p>Un contenu peu engageant tend à devenir invisible en raison du fonctionnement des algorithmes des médias sociaux. Les syndicats <a href="https://doi.org/10.1177/0022185620979337">soumis à ces effets</a> courent ainsi le risque d’être marginalisés de la sphère publique numérique.</p>
<p>La communication étant un levier essentiel du pouvoir syndical, il est donc à craindre que les médias sociaux n’affaiblissent leur capacité à défendre les droits des travailleurs, au lieu de la renforcer. Notre étude souligne alors la nécessité pour les syndicats de réfléchir à la manière dont ils peuvent construire une image en ligne qui soit à la fois efficace, engageante et alignée sur leur identité organisationnelle. À l’ère numérique, les syndicats doivent trouver le bon dosage entre l’engagement et la visibilité algorithmique pour redorer leur image.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214354/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Lévesque a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec- Société et culture. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marc-Antonin Hennebert et Vincent Pasquier ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Si le paysage numérique offre aux syndicats des possibilités d’engagement et de mobilisation de leurs membres, il présente également des défis, notamment le risque d’être marginalisé dans le vaste univers virtuel.Vincent Pasquier, Professeur en GRH et relations professionnelles, HEC MontréalChristian Lévesque, Professeur de Relations du Travail, HEC MontréalMarc-Antonin Hennebert, Professor of Human Resources Management, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2177632023-11-20T17:11:38Z2023-11-20T17:11:38ZDyslexie, quelle police choisir ?<p>Le gouvernement a présenté récemment une nouvelle stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement, qui comprennent l’autisme, le <a href="https://theconversation.com/dyslexique-hyperactif-hpi-ces-diagnostics-qui-se-multiplient-en-milieu-scolaire-161530">trouble du déficit de l’attention</a> et les troubles « dys » (<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/troubles-langage-ecrit/symptomes-detection-diagnostic">dyslexie</a>, <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/dyspraxie-enfant/definition-mecanismes">dyspraxie</a>, <a href="https://cenop.ca/troubles-apprentissage/dysphasie/">dysphasie</a>). Ces derniers touchent <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2822893/fr/comment-ameliorer-le-parcours-de-sante-d-un-enfant-avec-troubles-specifiques-du-langage-et-des-apprentissages">6 à 8 % de la population française</a>, soit environ 1 personne sur 14. Cette prévalence pourrait même atteindre 20 % selon <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0022219420920377">certaines estimations</a>.</p>
<p>Les causes de la dyslexie <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/03054985.2020.1765756">restent mal connues et sa définition est encore débattue</a>. Il est difficile d’identifier des critères clairs qui permettent de distinguer la dyslexie d’une faible compétence en lecture. En conséquence, les critères diagnostiques varient d’un cadre théorique à l’autre. Néanmoins, la dyslexie peut être résumée à des difficultés dans l’écriture et la lecture du langage. <a href="https://psycnet.apa.org/record/2013-14907-000">Les diagnostics</a> notent généralement une <a href="https://theconversation.com/peut-on-progresser-en-lecture-quand-on-est-dyslexique-169299">vitesse de lecture lente</a>, ainsi qu’une gêne dans la reconnaissance des mots et dans leur épellation, sans qu’il y ait de problème dans d’autres tâches cognitives.</p>
<p>L’essor d’internet, notamment des réseaux sociaux, a largement augmenté la quantité de nos interactions écrites, et ainsi l’importance de la lecture dans notre quotidien. Cela peut perturber l’accès à l’information des personnes touchées par la dyslexie, ainsi que la qualité de leurs relations sociales médiées par ordinateur.</p>
<p>Pour pallier ces problèmes, des <a href="https://theconversation.com/que-fait-la-police-le-pouvoir-dinfluence-insoupconne-de-la-typographie-170648">polices d’écriture</a> particulières ont été conçues. Parmi les plus connues, on compte OpenDyslexic, une police libre d’utilisation ; Dyslexie, créée par Christian Boer ; et EasyReading, conçue par Federico Alfonsetti. Mais sont-elles vraiment efficaces ? Quels critères permettent de déterminer si une police d’écriture est réellement adaptée et inclusive ?</p>
<h2>Est-ce que les polices d’écriture dédiées fonctionnent vraiment ?</h2>
<p>En 2017, des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11881-016-0127-1">chercheuses</a> ont comparé OpenDyslexic à deux polices très populaires : Arial et Times New Roman. Elles ne trouvent ni amélioration ni détérioration de la lecture en utilisant la nouvelle police. L’année suivante, une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11881-017-0154-6">autre étude</a> fait le même constat avec Dyslexie (toujours comparée à Arial et Times New Roman). Les personnes ayant participé à l’étude ont même préféré Arial et Times (sans que cela modifie leur performance).</p>
<p>Deux autres recherches sont plus encourageantes. <a href="https://aes.amegroups.org/article/view/5209/html">La première</a>, effectuée de 2019, observe que l’utilisation d’OpenDyslexic aide à la lecture et à la compréhension pour les personnes dyslexiques et non-dyslexiques. <a href="https://discovery.ucl.ac.uk/id/eprint/10173561/">La seconde</a>, menée en 2023, montre un bénéfice d’OpenDyslexic pour la lecture, mais sans amélioration concernant la compréhension. En somme, les résultats sont mitigés et penchent plutôt vers une absence d’amélioration.</p>
<h2>Une question d’espacement plus que de police ?</h2>
<p><a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/dys.1527">Certaines</a> <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11881-020-00194-x">études</a> montrent un léger bénéfice de l’utilisation de Dyslexie (7 % de vitesse de lecture gagnée, comparés à Arial). Mais cette amélioration disparait lorsque l’espacement intra-mot (entre les lettres) et l’espacement inter-mot (entre les mots) de la police Arial sont réglés comme ceux de la police Dyslexie. Finalement, ce ne serait pas la police elle-même qui aiderait à la lecture, mais de simples questions d’espacement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1359814744631296004"}"></div></p>
<p>Parmi les trois polices citées (OpenDyslexic, Dyslexie et EasyReading), seule la dernière parait avoir un réel bénéfice. Du moins, c’est ce qu’a observé une <a href="https://www.mdpi.com/2076-3425/8/5/89">équipe de chercheurs</a> en 2018, en la comparant à Times New Roman. Malheureusement, il ne s’agit que d’une étude isolée, dont le résultat mériterait d’être confirmé par d’autres. De plus, EasyReading est sous licence commerciale. La question qui se pose alors est de savoir s’il est vraiment nécessaire de sortir son porte-monnaie pour avoir une police d’écriture inclusive.</p>
<p>Les études citées précédemment laissent penser que la bonne vieille Arial serait au moins aussi efficace que Dyslexie ou OpenDyslexic. Concernant EasyReading, des recherches supplémentaires sont requises. Mais a-t-on seulement besoin d’une police d’écriture spéciale ?</p>
<h2>Opter pour une police d’écriture courante ?</h2>
<p>Si le bénéfice réel des nouvelles polices d’écriture proposées parait faible, la recherche scientifique montre que des polices d’écriture déjà couramment utilisées pourraient faire l’affaire. Les chercheurs en psychologie, <a href="https://dl.acm.org/doi/abs/10.1145/2897736">Rello et Baeza-Yates</a> ont identifié les critères qui font qu’une police sera plus facile à lire pour des personnes concernées par la dyslexie. Les polices sans empattement, à chasse fixe et de romaines améliorent significativement les performances de lecture par rapport aux polices avec empattement, proportionnelles et italiques.</p>
<p>Les empattements sont ces petites décorations qu’on peut observer sur les lettres de certaines polices. Par exemple, la lettre <em>F</em> majuscule peut avoir de petites barres verticales au bout de ses barres horizontales ; ce sont des empattements. Times New Roman est une police avec empattements et Arial est sans empattement. On retrouve parfois l’équivalent anglais <em>serif</em> dans le nom de certaines polices.</p>
<p>Les polices d’écriture à chasse fixe (ou monospace) voient tous leurs caractères occuper le même espace. Elles se différencient des polices proportionnelles où les caractères ont des largeurs variables : le <em>i</em> prendra moins de place que le <em>o</em>, par exemple. Des polices comme Courrier ou Lucida Console sont à chasse fixe. Elles sont surtout utilisées en codage informatique.</p>
<p>Le qualificatif <em>romaine</em> réfère simplement à une écriture verticale (l’écriture « normale ») comparée à l’écriture italique qui est oblique. Beaucoup de polices d’écriture ont une version romaine, italique et grasse.</p>
<p>Plusieurs polices courantes rassemblent ces critères qui facilitent la lecture aux personnes dyslexiques : Anonymous Pro, Cascadia Code, Comic Mono, Consolas, Cousine, DejaVu Sans Mono, Droid Sans Mono, Everson Mono, Liberation Sans, Lucida Console, Monaco, Noto Mono, Oxygene Mono, Source Code Pro, Ubuntu Mono, etc.</p>
<p>Dans un monde où l’information passe en grande partie par l’écrit, les personnes rencontrant des difficultés de lecture sont particulièrement désavantagées. Les recherches scientifiques sur l’effet des polices d’écriture sur les troubles « dys » restent peu nombreuses, mais les premières conclusions suggèrent un moyen simple et gratuit de soutenir les personnes concernées par la dyslexie au quotidien : changer de police.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217763/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Pastorelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les recherches montrent que le bénéfice des polices d’écriture dédiées aux personnes touchées par la dyslexie est faible… mais d’autres polices communes, elles, peuvent faciliter la lecture !Benjamin Pastorelli, Docteur en psychologie, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2167792023-11-14T13:48:15Z2023-11-14T13:48:15ZLes utilisateurs de X doivent lutter seuls contre la désinformation qui y sévit<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/558711/original/file-20231109-19-8ft176.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C988%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans une optique de gestion de la désinformation, la plateforme X a déployé graduellement une nouvelle fonctionnalité à partir de décembre 2022: « les notes de la communauté». </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Après <a href="https://theconversation.com/rachat-de-twitter-par-elon-musk-le-risque-sous-estime-dune-fuite-des-utilisateurs-194033">l’acquisition de Twitter par Elon Musk</a> en octobre 2022, la plate-forme, rebaptisée X, a connu d’importants changements. Et ils vont bien au-delà de son nom et de son logo. </p>
<p>Ces modifications incluent l’introduction d’un abonnement Premium X qui offre un badge d’authentification à ceux qui le souhaitent, la réactivation de comptes auparavant suspendus pour non-respect des conditions d’utilisation, une fonctionnalité pour sauvegarder les tweets, ainsi qu’un compteur de vues affiché sous chaque publication.</p>
<p>Résultat ? X est devenu un champ de bataille où fausses nouvelles et désinformation foisonnent. Si bien que le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2017603/union-europeenne-desinformation-israel-hamas">ouvert une enquête sur le sujet</a>. En réponse à ce fléau, la plate-forme délègue désormais une partie de cette responsabilité à ses utilisateurs et utilisatrices, les plaçant en première ligne de la lutte contre la désinformation.</p>
<p>Cette initiative a-t-elle véritablement le potentiel d’être efficiente dans la lutte quotidienne contre la désinformation en ligne ?</p>
<p>Doctorante et chargée de cours à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, j’étudie les médias socionumériques ainsi que la circulation et les troubles de l’information en ligne. Dans cet article, je propose une analyse critique du fonctionnement de X.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/voici-comment-elon-musk-favorise-la-desinformation-sur-x-214206">Voici comment Elon Musk favorise la désinformation sur X</a>
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<h2>Impliquer les utilisateurs</h2>
<p>Dans une optique de gestion de la désinformation, la plate-forme X a déployé graduellement une nouvelle fonctionnalité à partir de <a href="https://twitter.com/CommunityNotes/status/1601753552476438528">décembre 2022</a> : <a href="https://communitynotes.twitter.com/guide/fr/about/introduction">« les notes de la communauté »</a> (anciennement connue sous le nom de <a href="https://blog.twitter.com/en_us/topics/product/2021/introducing-birdwatch-a-community-based-approach-to-misinformation"><em>Birdwatch</em></a>, qui représentait la phase pilote du programme).</p>
<p>Bien que les motifs n’aient pas été énoncés, il y a une corrélation à faire avec les <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2022-11-05/twitter-a-licencie-pres-de-4000-employes-sans-preavis-vendredi.php">licenciements de novembre 2022</a> et le <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/11/16/elon-musk-reporte-le-lancement-du-nouvel-abonnement-controverse-de-twitter_6150034_4408996.html">premier lancement désastreux de <em>Twitter Blue</em></a> (maintenant Premium X). Ce dernier avait généré un lot important de fausses nouvelles et d’identités usurpées. </p>
<p>Les notes de la communauté permettent aux utilisateurs de X de contribuer activement à la lutte contre la désinformation en fournissant un contexte aux tweets potentiellement trompeurs. Si des évaluateurs suffisamment nombreux et aux avis diversifiés jugent ces notes utiles, elles deviennent alors publiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1720544745200484667"}"></div></p>
<p>N’importe quelle personne peut évaluer les notes. Mais, pour devenir un <a href="https://communitynotes.twitter.com/guide/fr/contributing/writing-notes">rédacteur</a> de contexte, il faut respecter certains critères : ne pas avoir contrevenu aux règles de X récemment, être membre de la plate-forme depuis au moins six mois, avoir un numéro de téléphone vérifié par un opérateur fiable et ne pas être associé à d’autres comptes de contributeurs.</p>
<p>Le programme s’appuie sur la transparence : les notes ne sont pas modifiées par X et les employés ne sont pas impliqués dans le processus, sauf en cas de violation des conditions d’utilisation ou de la politique de confidentialité. En outre, toutes les contributions sont publiées quotidiennement, et l’algorithme de classement des notes est disponible en ligne et accessible à tous.</p>
<h2>Une contribution bénévole</h2>
<p>Les notes de la communauté sont avant tout une forme de <a href="https://larevuedesmedias.ina.fr/quest-ce-que-le-digital-labor"><em>digital labour</em></a>, ou « travail numérique ». En d’autres termes, c’est une forme de travail non rémunéré qui est dissimulé dans les actions des utilisateurs de médias socionumériques, qui créent de la valeur pour le réseau social.</p>
<p>Ici, X délègue à moindres coûts le travail dont il est responsable, au lieu d’investir dans les ressources nécessaires et les technologies appropriées.</p>
<p>D’emblée, même si X continue de proposer un abonnement gratuit à ses membres, l’utilisation de cette plate-forme n’est pas dénuée de coûts. En effet, les utilisateurs investissent leur temps dans l’utilisation de la plate-forme et dans la création de contenu. Ce contenu est ensuite consommé sur X grâce à un système de recommandation algorithmique, qui suggère des contenus susceptibles d’intéresser l’utilisateur. Cette captation de l’attention est précieuse, car elle est par la suite monétisée auprès des annonceurs pour le placement publicitaire. Ce processus génère des revenus pour X, s’inscrivant ainsi dans un modèle économique basé sur <a href="https://www.worldcat.org/fr/title/892725761">l’économie de l’attention</a>.</p>
<p>De ce fait, une exigence accrue est imposée à la communauté de contributeurs aux notes : celle de contextualiser davantage les publications. Cette tâche supplémentaire s’inscrit dans la volonté de la plate-forme d’optimiser l’engagement des utilisateurs et, par conséquent, sa rentabilité. </p>
<p>Le tout est offert aux utilisateurs dans un emballage de belles valeurs : <a href="https://communitynotes.twitter.com/guide/fr/contributing/values">« contribuer de manière authentique et constructive à l’information des autres utilisateurs »</a>. </p>
<p>Mais cet apport bienveillant a un prix : temps et efforts de recherche. La vérification des faits est un travail méticuleux et méthodique, qui devrait être rémunéré.</p>
<h2>Accroître la méfiance envers les médias</h2>
<p>Bien que le concept des annotations puisse sembler séduisant et donne une première impression de libre arbitre, il est crucial de reconnaître que X a lui-même engendré la nécessité de contextualiser certaines publications. <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2017338/titres-article-presse-aveugle-twitter">Depuis le 4 octobre 2023, les publications contenant des articles de presse n’affichent plus les titres et sous-titres desdits articles</a>. Seuls l’image de l’article ainsi qu’un lien vers le média en question sont visibles en vignette.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1720434929933423093"}"></div></p>
<p>Non seulement cette censure entrave le repartage des articles et leur contextualisation, mais <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2017338/titres-article-presse-aveugle-twitter">elle crée un problème d’accessibilité pour les personnes atteintes de cécité utilisant des lecteurs d’écrans</a>. Le tout a pour effet de nuire à la circulation d’information journalistique provenant d’organes de presse sur X.</p>
<p>De plus, en s’appuyant sur un consensus d’amateurs très engagés plutôt que sur des journalistes professionnels ou des modérateurs de contenu pour identifier et démystifier le contenu problématique, X accentue le manque de confiance envers l’institution du journalisme. Et il s’agit principalement d’un choix économique. </p>
<p>Le 12 novembre 2022, Twitter a supprimé une grande partie de ses capacités de modération après avoir mis fin aux contrats de <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/11/14/twitter-supprime-une-grande-partie-de-ses-capacites-de-moderation_6149773_4408996.html">4 400 prestataires, sur un total de 5 500</a>. </p>
<h2>Les dérives potentielles des notes</h2>
<p>Plusieurs possibilités de dérives des notes de la communauté sont envisageables : harcèlement, mobilisation opportune, critiques non constructives, annotations destinées à dénaturer le contenu original.</p>
<p>Prenons pour exemple cette annotation ajoutée à une publication du quotidien <em>Le Parisien</em>, qui révèle une autre forme de déviation de l’utilité des notes. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1692088046181654759"}"></div></p>
<p>Cette contextualisation fournit des informations supplémentaires, qui ne sont pas divulguées dans la publication X originale du <em>Parisien</em>, qui exige un abonnement pour la lecture intégrale de l’article en question. L’hyperlien de la note redirige le lecteur vers un site web que l’on peut qualifier d’« amateur », qui résume et cite le texte payant du <em>Parisien</em>. Comme l’auteur de la note et les évaluateurs demeurent anonymes, il est difficile de déterminer si ces personnes sont biaisées et ont un intérêt à orienter les lecteurs intéressés par le sujet vers un autre site Internet.</p>
<p>Nous retrouvons également les notes sur les contenus publicitaires. L’évaluation de tout type de « contenu » ouvre la voie non pas à la vérification factuelle, mais à l’expression d’opinions. Ce risque est exacerbé dans le cas des publicités politiques payantes qui sont de retour sur la plate-forme. </p>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/08/30/twitter-autorise-a-nouveau-les-publicites-politiques_6187055_4408996.html">X a en effet levé l’interdiction sur ce genre de contenu publicitaire</a> le 30 août 2023, d’abord pour les États-Unis. Twitter avait initialement proscrit ces publicités en 2019 sous la direction de Jack Dorsey, alors PDG. Il affirmait à l’époque que « la portée des messages politiques devrait être gagnée, pas achetée ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1189634360472829952"}"></div></p>
<h2>Une défaite contre la désinformation</h2>
<p>Les chercheurs qui analysent les origines et la diffusion de la désinformation ne peuvent plus traquer automatiquement les <em>hashtags</em>, les mots-clés et d’autres données en temps réel. En février 2023, Twitter <a href="https://theconversation.com/voici-comment-elon-musk-favorise-la-desinformation-sur-x-214206">a révoqué l’accès gratuit à son interface de programmation d’application (API)</a> pour les recherches académiques. Cet outil était crucial pour la récolte et l’analyse des données.</p>
<p>Les utilisateurs de Twitter doivent désormais lutter seuls contre les troubles de l’information, et à leurs frais. </p>
<p>Les notes de la communauté ne sont qu’un accessoire supplémentaire de X pour amasser des données, entraîner ses algorithmes, maintenir la présence d’utilisateurs actifs, capter leur attention et vendre cette dernière aux annonceurs. </p>
<p>Sur la base de ce constat, la <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/fr/agenda/briefing/2023-10-16/6/appliquer-la-loi-de-l-ue-pour-lutter-contre-la-diffusion-de-contenus-illicites">décision de X</a> de se désengager du <a href="https://digital-strategy.ec.europa.eu/fr/policies/code-practice-disinformation">code de bonnes pratiques contre la désinformation en ligne de l’Union européenne</a> apparaît comme rationnelle, compte tenu du manque de détermination manifeste à lutter efficacement contre ce fléau. Toutefois, cette démarche met également en lumière les préoccupations légitimes exprimées par le commissaire Thierry Breton face à cette situation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216779/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Grondin-Robillard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La plateforme X délègue désormais une partie de la lutte contre la désinformation à ses utilisateurs et utilisatrices, les plaçant en première ligne. Cette stratégie n’est pas exempte de dérives.Laurence Grondin-Robillard, Chargée de cours à l'École des médias et doctorante en communication, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2171512023-11-09T16:42:58Z2023-11-09T16:42:58ZLa Chine : de l’imitation à l’innovation ?<p>Le 1<sup>er</sup> mars 2023, plusieurs articles se sont fait l’écho d’une <a href="https://www.aspi.org.au/report/critical-technology-tracker">étude de l’Institut stratégique australien</a> qui affirme que dans 37 technologies émergentes sur 44, la <a href="https://theconversation.com/topics/chine-20235">Chine</a> dispose d’une « avance stupéfiante ». Ce texte reflète une crainte de plus en plus répandue dans les milieux occidentaux, à savoir que nos démocraties seraient sur le point d’être dépassées par le modèle de croissance chinois, fondé sur une alliance inédite entre <a href="https://theconversation.com/topics/capitalisme-23342">capitalisme</a> de marché et <a href="https://theconversation.com/topics/communisme-26345">régime politique communiste</a>.</p>
<p>Cette crainte est-elle fondée ? Si la Chine a réalisé des progrès considérables en matière d’innovation, nos <a href="https://www.college-de-france.fr/sites/default/files/media/document/2023-05/Does%20Chinese%20Research%20Hinge%20on%20US%20Coauthors%20Evidence%20from%20the%20China%20Initiative%20Philippe%20Aghion.pdf">travaux</a> montrent qu’elle reste dépendante de l’Occident et qu’elle devra surmonter plusieurs limites encore avant de pouvoir s’affirmer comme leader en matière d’innovation.</p>
<h2>Des capacités d’innovation accrues</h2>
<p>À partir de 1978, sous l’impulsion de Deng Xiaoping, le modèle chinois a d’abord privilégié les projets tournés vers l’exportation et le développement de substituts aux produits importés. Les autorités ont encouragé les investissements comportant d’importants transferts de technologie et une part élevée de composants fabriqués localement. En raison de l’avantage comparatif fondé sur le faible coût de sa main‑d’œuvre, la Chine est ainsi devenue l’atelier du monde, fondé sur la séquence importation – transformation – réexportation, grâce aux firmes multinationales qui ont participé au développement des activités d’assemblage.</p>
<p>Le succès du modèle de croissance chinois réside ainsi pour partie dans l’ampleur des transferts de technologie des pays développés. Au début des années 2000, les entreprises à capitaux étrangers ont contribué à près du tiers de la production manufacturière.</p>
<p>Depuis deux décennies, le développement des capacités d’innovation chinoises a été fulgurant : le nombre de citations de brevets chinois par les étrangers a connu une croissance de 33 % par an entre 1995 et 2005. Il a atteint <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/jep.31.1.49">51 % par an</a> entre 2005 et 2014. Comme le soulignent Antonin Bergeaud, professeur associé à HEC, et Cyril Verluise, chercheur associé au Collège de France, depuis deux décennies, la Chine a réalisé une <a href="http://longtermproductivity.com/perso/Techdiff.pdf">forte percée</a> dans sa contribution aux technologies de rupture : impression 3D, blockchain, édition du génome, vision artificielle, stockage de l’hydrogène et véhicules sans chauffeurs par exemple.</p>
<h2>La Chine, encore dépendante des États-Unis</h2>
<p>Cependant, si la Chine a réalisé des progrès significatifs en termes de qualité des brevets, son influence sur le développement des technologies considérées reste limitée. Cela vaut en particulier pour ce qui concerne la recherche fondamentale à l’origine des innovations de rupture, où les laboratoires américains continuent d’être leaders.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1706759603852128603"}"></div></p>
<p>Les <a href="https://www.college-de-france.fr/sites/default/files/media/document/2023-05/Does%20Chinese%20Research%20Hinge%20on%20US%20Coauthors%20Evidence%20from%20the%20China%20Initiative%20Philippe%20Aghion.pdf">travaux que nous menons au Collège de France</a> confortent l’idée d’une Chine qui se trouve dans une forme de dépendance asymétrique vis-à-vis des États-Unis. À partir de la base de données Scopus, nous avons analysé les effets sur la recherche de la <em>China Initiative</em> mise en place par Washington fin 2018 pour lutter contre l’espionnage technologique chinois. Dans la pratique, celle-ci s’est traduite par des procédures administratives plus complexes ainsi que par des financements plus restreints pour des projets communs entre chercheurs chinois et américains, allant même jusqu’à interdire la poursuite de certains projets.</p>
<p>Si notre étude confirme bien une tendance au rattrapage technologique des États-Unis par la Chine, elle conforte également la vision d’un Empire du Milieu pour longtemps encore dépendant de son rival : en résumé, les chercheurs chinois ont davantage besoin de collaborer avec des chercheurs américains que l’inverse.</p>
<p>Nous constatons notamment que la <em>China Initiative</em> a fait sensiblement baisser la qualité moyenne des publications des chercheurs chinois ayant préalablement travaillé avec des co-auteurs américains. Cet effet négatif a été plus marqué sur les sujets dominés par les États-Unis avant le choc. Par ailleurs, la <em>China Initiative</em> a obligé ces chercheurs chinois à se réorienter vers des partenariats scientifiques hors des États-Unis, notamment vers l’Europe, mais cela ne leur a pas permis de maintenir la qualité de leurs publications.</p>
<p>Comme l’écrit Gérard Roland, professeur à l’Université de Berkeley, la Chine produit certes de nombreux brevets, mais ils concernent essentiellement des <a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674270367">innovations incrémentales</a> et non des innovations de rupture. Entre 1998 et 2018, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11127-020-00850-1">aucune des nouvelles molécules découvertes dans l’industrie pharmaceutique</a> ne l’a été en Chine, contre 56 % aux États-Unis.</p>
<h2>Des faiblesses persistantes</h2>
<p>En Chine, l’État est à la fois directement entrepreneur et planificateur, un modèle radicalement différent du modèle schumpétérien occidental dans lequel l’innovation repose sur des d’entrepreneurs et un écosystème favorisant l’initiative privée. Autant le modèle chinois apparaît-il efficace pour combler le retard technologique dans une économie en rattrapage, autant celui-ci implique plusieurs faiblesses qui empêchent la Chine de devenir un leader en matière d’innovation.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=929&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=929&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=929&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1168&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1168&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557842/original/file-20231106-21-jqrqq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1168&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>La centralisation du pouvoir et le manque de liberté individuelle ne contribuent pas à attirer les talents et les capitaux étrangers – contrairement aux États-Unis. Comme le montre notre <a href="https://www.college-de-france.fr/sites/default/files/media/document/2023-05/Does%20Chinese%20Research%20Hinge%20on%20US%20Coauthors%20Evidence%20from%20the%20China%20Initiative%20Philippe%20Aghion.pdf">étude</a>, le développement de collaborations scientifiques avec des chercheurs américains jusqu’en 2018 avait permis aux chercheurs chinois, non seulement de profiter de l’excellence académique américaine, mais également de bénéficier à travers leurs coauteurs d’une liberté qu’ils ne trouvaient pas chez eux. Par ailleurs, le système éducatif chinois encourage peu à la créativité.</p>
<p>La méthode chinoise, où l’État investit massivement en R&D avec le secteur privé, peut se révéler efficace dans une économie de rattrapage. Cependant, stimuler les dépenses n’est pas suffisant pour permettre l’innovation. L’omniprésence de l’État dans le système bancaire chinois engendre une allocation non optimale du capital en favorisant le financement des entreprises publiques et liées à l’État – y compris les entreprises non rentables – au détriment des entreprises privées. En Chine, les entreprises qui investissent en R&D ont la <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/economie-et-finance/pouvoir-de-la-destruction-creatrice_9782738149466.php">même croissance que celles qui ne le font pas</a>.</p>
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<p>Enfin, la Chine pâtit d’une insuffisante protection des droits de propriété intellectuelle et de faibles normes de qualité : en 2023, elle se situe au <a href="https://www.internationalpropertyrightsindex.org/country/china">50ᵉ rang (sur 125 pays) pour l’indice international de la propriété intellectuelle</a>. Or, les réformes économiques améliorant la protection des investisseurs et l’indépendance du système judiciaire sont des conditions préalables pour nourrir une économie de l’innovation.</p>
<p>Si elle a connu un développement technologique plus affirmé que certains ne le prévoyaient il y a encore deux décennies, la Chine n’a pas encore atteint le stade où elle peut pleinement jouer le rôle de leader scientifique et technologique. Pour devenir une économie capable d’initier des innovations de rupture, la Chine doit s’ouvrir davantage au lieu de se fermer. Elle risque sinon de connaître le « syndrome argentin », celui des économies qui, à l’issue d’un rattrapage très dynamique, s’arrêtent au milieu du gué.</p>
<hr>
<p><em>Cette contribution à The Conversation France est publiée en amont des Jéco 2023 qui se tiendront à Lyon du 14 au 16 novembre 2023. Retrouvez ici le <a href="https://www.journeeseconomie.org/affiche-conference2023">programme complet</a> de l’événement.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217151/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Par imitation, la Chine a su rattraper son retard technologique à une vitesse vertigineuse ; son modèle économique l’empêche néanmoins encore d’émerger comme un leader en matière d’innovation.Philippe Aghion, Professeur à l'INSEAD, professeur invité à la LSE et titulaire de la Chaire Économie des institutions, de l'innovation et de la croissance, Collège de FranceCéline Antonin, Chercheur à Sciences Po (OFCE) et chercheur associé au Collège de France, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2171302023-11-06T17:00:47Z2023-11-06T17:00:47ZLa musique des Beatles, une longue histoire d’amour avec la technologie<p>Ces dernières semaines, Paul McCartney était en tournée en Australie. Au programme de ces concerts, trois heures de nostalgie – des hits des Beatles et des Wings aux morceaux en solo, en passant par des morceaux plus inattendus.</p>
<p>Parmi les moments les plus émouvants de ces concerts, il y eut l’enchaînement de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=RuuOAA9ekbg">« In Spite of All the Danger »</a> (la première chanson que le groupe a enregistrée sous le nom de The Quarrymen) et celle de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=12R4FzIhdoQ">« The End »</a> – l’une des dernières chansons que les Beatles ont enregistrées ensemble.</p>
<p>Le rappel comprenait <a href="https://www.youtube.com/watch?v=fTZ804WxpGg">« I’ve Got a Feeling »</a>, dans laquelle McCartney et son défunt compagnon de groupe John Lennon « chantent ensemble », tandis que défilent sur l’écran des images de la « rooftop performance » dans le documentaire de Peter Jackson, <a href="https://theconversation.com/the-beatles-get-back-review-peter-jacksons-tv-series-is-a-thrilling-funny-and-long-treat-for-fans-172404"><em>Get Back</em></a>. Entendre la voix actuelle de McCartney mêlée à celle de Lennon dans les années 1960 est poignant, tant pour le public que pour McCartney.</p>
<p>La sortie du nouveau, et dernier, single des Beatles, « Now and Then », s’inscrit dans cette même logique, en « ressuscitant » la voix de Lennon.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AW55J2zE3N4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>« Now and Then » est l’une des quatre chansons d’une cassette démo de Lennon fournie par Yoko Ono et offerte à Paul McCartney en 1994, avec un titre manuscrit : « For Paul ». Les autres Beatles ont complété les démos de Lennon sur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ODIvONHPqpk">« Free as a Bird »</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ax7krBKzmVI">« Real Love »</a> pour la sortie de l’album <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Beatles_Anthology"><em>Anthology</em></a> en 1995.</p>
<p>Bien que ces chansons aient manqué un peu de la magie originale, la voix de John semblant plus distante et moins présente que celle de Paul, la rareté du nouveau matériel a permis aux fans d’apprécier les chansons, malgré leurs imperfections. À l’époque, « Now and Then » avait été jugé trop difficile à achever, la voix de John étant enfouie dans le mixage mono de son piano enregistré à la maison. Il est resté enfoui pendant 28 ans.</p>
<p>En 2021, un nouvel outil d’intelligence artificielle mis au point par le cinéaste Peter Jackson pour séparer les sources audio dans le documentaire <em>Get Back</em> pouvait être utilisé sur la vieille démo de Lennon. La voix de John est désormais claire, présente et libre d’être intégrée de manière transparente dans n’importe quel nouvel arrangement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1720109663079793148"}"></div></p>
<p>Sa voix sonne de façon naturelle, et l’on sent qu'elle a été capturée au moment encore balbutiant et spontané d'une démo. </p>
<p>La prise de guitare acoustique de George – archivée – a été ajoutée, tandis que Paul a mis à jour le piano, la guitare slide et la basse. Ringo a ajouté sa touche distinctive à distance depuis Los Angeles. </p>
<p>Giles Martin, fils de George en charge de la production, apporte un arrangement de cordes digne des Beatles qui reprend de nombreux traits stylistiques appréciés de son père. </p>
<p>On y entend des montées insistantes de pulsations sur un rythme régulier, des mélodies à la sitar, et un passage final de quatre temps à trois temps dans une mesure, qui rappelle <em>The End</em> de l'album <em>Abbey Road</em>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1719994413957468302"}"></div></p>
<h2>Est-ce une chanson des Beatles ?</h2>
<p>En raison de l'utilisation d'outils d'intelligence artificielle pour terminer « Now and Then », et du fait que la chanson a été enregistrée sans que les Beatles ne soient réunis dans une pièce, certains peuvent se demander s'il s'agit vraiment d'une chanson des Beatles.</p>
<p>Avec la sortie de <em>Get Back</em>, le public a pu ressentir l'ébullition créative au sein du groupe, observer les idées des Beatles se former, les voir plaisanter et rire, mais aussi percevoir les tensions qui surviennent dans un groupe d'artistes qui ont vécu beaucoup de choses ensemble.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/the-beatles-get-back-review-peter-jacksons-tv-series-is-a-thrilling-funny-and-long-treat-for-fans-172404">The Beatles: Get Back review – Peter Jackson's TV series is a thrilling, funny (and long) treat for fans</a>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les quatre Beatles devant Big Ben" src="https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557379/original/file-20231103-25-tvzm08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">‘Les quatre musiciens jouant ensemble : une donnée qui semble indispensable à la qualité de leur son.’</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/search/the-beatles">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>La première version cinématographique de ces séquences, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Let_It_Be_(1970_film)"><em>Let It Be</em></a>, réalisé par le réalisateur Michael Lindsay-Hogg, est sortie brièvement en 1970, en même temps que l’album du même nom, montrant les derniers jours du groupe comme une période sombre et acrimonieuse, donnant à Yoko Ono le rôle de « méchante » présumée dans l’histoire des Beatles.</p>
<p>La nouvelle version de <em>Get Back</em> par Peter Jackson a changé la perception habituelle de la séparation des Beatles, des relations entre les membres survivants et de l’héritage qu’ils ont laissé. Dans les années 1990, le film et les albums <em>Anthology</em> ont conquis une nouvelle génération de fans adeptes de la Britpop, et la sortie du documentaire <em>Get Back</em> et du titre « Now and Then » pourraient jouer le même rôle pour une autre génération.</p>
<p>La présence des « Fab four » dans une pièce, jouant ensemble, semble essentielle à leur son. Cependant, les Beatles ont toujours été fascinés par la technologie de l’enregistrement – de l’inversion des boucles dans « Taxman », à l’utilisation de la voix de Lennon à travers une enceinte Leslie pour « Tomorrow Never Knows », en passant par la musique concrète « Revolution 9 ».</p>
<p>L’utilisation des technologies musicales a toujours fait partie de la créativité du groupe, et avec « Now and Then », les Beatles continuent à utiliser la technologie pour faire de la nouvelle musique, même si c’est d’une manière légèrement différente.</p>
<p>Ce titre restera-t-il dans les mémoires avec la même force que les autres chansons du groupe ? Difficile à dire. Mais ce n’est pas là l’essentiel. John et George sont partis, mais il reste Ringo et Paul sont toujours là, et ils ont pu compléter cette nouvelle et dernière chanson des Beatles.</p>
<p>Par-delà le temps passé, la distance géographique et l’usage de la technologie, « Now and Then » conclut une conversation longue et sinueuse qui a commencé au début des années 1960 et qui s’achève aujourd’hui de manière musicale.</p>
<p>Un titre qui permet aux fans de relire la lettre d’amour de John à Yoko comme un message à Paul, au groupe et même aux fans du groupe.</p>
<p>C’est peut-être ce qui fera sa valeur sur le temps long : « Je sais que c’est vrai… Et si je m’en sors, c’est grâce à toi ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217130/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les Beatles ont sorti un nouveau morceau, grâce à une nouvelle technologie qui a permis d’extraire la voix de Lennon d’une vieille cassette démo. Un futur classique ?Jadey O'Regan, Lecturer in Contemporary Music, Sydney Conservatorium of Music. Co-author of "Hooks in Popular Music" (2022), University of SydneyPaul (Mac) McDermott, Lecturer in Contemporary Music, Sydney Conservatorium of Music, University of Sydney, University of SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.