tag:theconversation.com,2011:/global/topics/vaccins-32106/articlesvaccins – The Conversation2024-03-05T16:08:16Ztag:theconversation.com,2011:article/2251252024-03-05T16:08:16Z2024-03-05T16:08:16ZLa rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus mortelles et les plus contagieuses. Elle est aussi l’une des plus faciles à prévenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579897/original/file-20240228-16-96qj3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2119%2C1414&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées sont parmi les plus vulnérables à la rougeole.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/measles-royalty-free-image/534079149">(CHBD/E+ via Getty Images)</a></span></figcaption></figure><p>« On ne compte pas ses enfants tant que la rougeole n’est pas passée. »</p>
<p>Le <a href="https://www.nytimes.com/2022/11/05/health/samuel-katz-dead.html">Dr Samuel Katz</a>, l’un des pionniers du premier vaccin contre la rougeole à la fin des années 1950 et au début des années 1960, entendait régulièrement cette déclaration tragique de la part de parents vivant dans des pays où le vaccin contre la rougeole n’était pas encore disponible. Ils étaient en effet habitués à voir des enfants mourir à cause de cette maladie.</p>
<p>Je suis <a href="https://som.cuanschutz.edu/Profiles/Faculty/Profile/25677">pédiatre et expert en médecine préventive</a> et j’observe avec inquiétude l’augmentation du nombre de cas de rougeole dans le monde. <a href="https://www.cdc.gov/media/releases/2023/p1116-global-measles.html">Les taux de vaccination ont chuté</a> depuis les premiers jours de la pandémie de Covid-19 en raison des perturbations de l’accès aux vaccins, et de la diffusion d’informations erronées sur eux.</p>
<p>Rien qu’en 2022, il y a eu <a href="http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm7246a3">plus de 9 millions de cas de rougeole et 136 000 décès dans le monde</a>, soit une augmentation de 18 % et 43 % par rapport à l’année précédente, respectivement. L’Organisation mondiale de la santé a averti que <a href="https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/more-than-half-world-faces-high-measles-risk-who-says-2024-02-20/">plus de la moitié des pays du monde</a> courent un risque élevé d’épidémies de rougeole cette année.</p>
<p>Les États-Unis sont en voie de connaître l’une des pires années de rougeole depuis 2019, année où les Américains ont connu la <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">plus grande épidémie de rougeole en 30 ans</a>. À la mi-février 2024, <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">au moins 15 États</a> ont signalé des cas de rougeole et de multiples flambées en cours, non maîtrisées.</p>
<p>Au Québec, une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2054053/huit-cas-rougeole-quebec-vaccination#:%7E:text=Cas%20de%20rougeole%20au%20Canada&text=L%27Enqu%C3%AAte%20nationale%20sur%20la,ans%20ont%20re%C3%A7u%20deux%20doses.">dizaine de cas ont été confirmés ces derniers jours</a>, et la Santé publique est sur un pied d’alerte. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/QUFqJwcKlh0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La rougeole est à nouveau en augmentation aux États-Unis, bien qu’elle ait été éliminée en 2000.</span></figcaption>
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<p>Tandis que les foyers d’épidémie se multiplient, les taux de vaccination aux États-Unis sont à leur <a href="http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm7245a2">plus bas niveau depuis 10 ans</a>. Au Canada, les taux demeurent élevés, mais <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole/surveillance-rougeole.html">ils sont inférieurs au niveau requis pour atteindre l’immunité communautaire dans certaines régions</a>, dont Montréal. </p>
<p>La diffusion de <a href="https://www.nbcnews.com/health/health-news/measles-outbreaks-anti-vaccine-misinformation-rcna136994">fausses informations et de désinformation</a> par des militants anti-vaccins, notamment sur les réseaux sociaux, renforce l’idée erronée que la rougeole n’est pas une menace sérieuse pour la santé et que la vaccination n’est pas essentielle. </p>
<p>Pourtant, les faits sont clairs : la rougeole est <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole.html">extrêmement dangereuse</a> pour tout le monde, en particulier pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Mais il existe des outils simples et efficaces pour la prévenir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-tiers-des-parents-hesitent-a-faire-vacciner-leurs-enfants-trois-pistes-pour-les-convaincre-116879">Le tiers des parents hésitent à faire vacciner leurs enfants : trois pistes pour les convaincre</a>
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<h2>La rougeole est une maladie grave</h2>
<p>La rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité. Avant qu’un vaccin ne soit disponible en 1963, environ 30 millions de personnes étaient infectées par la rougeole et <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2024.102502">2,6 millions de personnes mouraient de la maladie</a> chaque année dans le monde. Aux États-Unis, la rougeole a été responsable d’environ 3 à 4 millions d’infections. Parmi les cas déclarés, on compte 48 000 hospitalisations, 1 000 cas d’encéphalite (gonflement du cerveau) et 500 décès <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/history.html">chaque année</a>.</p>
<p>La rougeole est également l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses. Selon les Centers for Disease Control and Prevention, <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/parents-top4.html">jusqu’à 9 personnes sur 10</a> exposées à une personne infectée le deviendront si elles ne sont pas protégées par les vaccins. Le virus de la rougeole peut rester dans l’air et infecter d’autres personnes jusqu’à deux heures après qu’une personne contagieuse a quitté la pièce. La rougeole peut également demeurer silencieuse chez une personne pendant une <a href="https://www.cdc.gov/vaccines/pubs/surv-manual/chpt07-measles.html">à deux semaines et parfois jusqu’à 21 jours</a> avant que les symptômes ne se manifestent. Les personnes infectées peuvent <a href="https://www.cdc.gov/measles/transmission.html">propager la rougeole</a> jusqu’à quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée caractéristique, et jusqu’à quatre jours après.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan de l’abdomen avec éruption rouge de la rougeole" src="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’un des symptômes caractéristiques de la rougeole est une éruption cutanée qui s’étend du visage au reste du corps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/details.aspx?pid=3168">(CDC/Heinz F. Eichenwald, MD)</a></span>
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<p>Les <a href="https://www.cdc.gov/measles/symptoms/signs-symptoms.html">premiers symptômes</a> de la rougeole sont similaires à ceux de nombreuses autres maladies virales courantes : fièvre, toux, écoulement nasal et yeux rouges. Plusieurs jours après le début des symptômes, de minuscules taches blanches caractéristiques se développent à l’intérieur de la bouche et une éruption cutanée, qui débute au niveau du visage, s’étend au reste du corps. </p>
<p>Bien que les symptômes s’atténuent dans la plupart des cas, un enfant non vacciné sur cinq sera hospitalisé, un sur mille développera un gonflement du cerveau pouvant entraîner des lésions cérébrales, et <a href="https://www.cdc.gov/measles/symptoms/complications.html">jusqu’à 3 sur mille en mourront</a>. Pour les femmes enceintes non vaccinées, l’infection par la rougeole peut entraîner une fausse couche, une mortinaissance, une naissance prématurée et un faible poids à la naissance.</p>
<p>Le risque de complications graves dues à la rougeole persiste même après la guérison. Dans de rares cas, les personnes atteintes peuvent souffrir d’une maladie cérébrale appelée <a href="https://www.ninds.nih.gov/health-information/disorders/subacute-sclerosing-panencephalitis#">panencéphalite sclérosante subaiguë</a> qui se développe sept à dix ans après l’infection. Elle entraîne des pertes de mémoire, des mouvements involontaires, des crises d’épilepsie, la cécité et, finalement, la mort.</p>
<p>Au-delà de ces effets individuels sur la santé, le <a href="https://www.idsociety.org/science-speaks-blog/2022/estimating-the-impact-how-much-does-a-measles-outbreak-cost/#/+/0/publishedDate_na_dt/desc/">coût financier</a> pour la société, lorsqu’elle doit endiguer des flambées de rougeole, est important. Par exemple, on estime qu’une épidémie de rougeole survenue en 2019 dans l’État de Washington a coûté <a href="https://doi.org/10.1542/peds.2020-027037">3,4 millions de dollars</a>. Les efforts nécessaires pour lutter contre les épidémies de rougeole mobilisent des millions de dollars de ressources qui ne sont pas consacrées à d’autres fonctions essentielles de la santé publique, telles que la sécurité alimentaire, la prévention des blessures et des maladies chroniques, et la réponse aux catastrophes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-biais-cognitifs-influencent-lhesitation-vaccinale-172374">Comment les biais cognitifs influencent l'hésitation vaccinale</a>
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<h2>Les vaccins protègent contre la rougeole</h2>
<p>Pourquoi mettre les communautés en danger et provoquer de tels coûts alors que des outils efficaces et sûrs sont disponibles pour protéger tout le monde ?</p>
<p>Les vaccins contre la rougeole ont été si efficaces, offrant une protection à vie à <a href="https://www.cdc.gov/measles/vaccination.html">plus de 97 % des personnes</a> qui ont reçu deux doses de vaccin, qu’ils sont victimes de leur propre succès. La vaccination généralisée contre la rougeole a permis de réduire de 99 % le nombre de cas par rapport à la période précédant la mise à disposition du vaccin. Par conséquent, la plupart des Nord-Américains ne sont pas conscients de la gravité de cette maladie.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Personne regardant la fiche d’information de Florida Health sur la rougeole et le vaccin ROR" src="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La rougeole est une maladie hautement évitable.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/measles-information-sheet-is-seen-posted-at-the-orange-news-photo/1141724959">(Paul Hennessy/NurPhoto via Getty Images)</a></span>
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<p>Malgré le succès des programmes de vaccination très efficaces en Amérique du Nord, n’importe qui peut encore entrer en contact avec la rougeole dans sa communauté. La rougeole est le plus souvent introduite en Amérique du Nord par des <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/parents-top4.html">voyageurs non vaccinés</a> qui rentrent chez eux, et parfois par des visiteurs étrangers. Pour les personnes qui voyagent à l’étranger, le risque d’exposition à la rougeole est encore plus grand, des flambées épidémiques se produisant dans de <a href="https://wwwnc.cdc.gov/travel/notices/level1/measles-globe">nombreuses destinations de voyage</a>.</p>
<p>Les responsables de la santé publique qui adoptent et encouragent la vaccination et appliquent des mesures simples et éprouvées d’endiguement des maladies infectieuses peuvent contribuer à prévenir la propagation de la rougeole. Chaque maladie, complication, hospitalisation ou décès évitable dû à la rougeole est un cas de trop.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225125/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Higgins est affilié à Immunize Colorado, une organisation à but non lucratif qui s'efforce de protéger les familles, les écoles et les communautés du Colorado contre les maladies évitables par la vaccination (membre bénévole non rémunéré du conseil d'administration) et à l'American Academy of Pediatrics (représentant bénévole non rémunéré de la section du Colorado chargée de l'immunisation).</span></em></p>Un pédiatre explique comment les vaccins contre la rougeole sont devenus les victimes de leur propre succès, et le risque que l’augmentation des épidémies représente pour tous et toutes.David Higgins, Research Fellow and Instructor in Pediatrics, University of Colorado Anschutz Medical CampusLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2184652023-11-27T14:00:40Z2023-11-27T14:00:40ZPaludisme : deux vaccins révolutionnaires ont été mis au point, mais l'accès et le déploiement restent des obstacles majeurs<p>_L'approbation de deux vaccins contre le paludisme - le vaccin RTS,S/AS01 en 2021 et le vaccin R21/Matrix-MTM en 2023 - permettra de contrôler et, à terme, d'éradiquer une maladie qui cause plus de <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/malaria#:%7E:text=Disease%20burden&text=cases%20in%202020.-,The%20estimated%20number%20of%20malaria%20deaths%20stood%20at%20619%20000,63%20000%20more%20malaria%20deaths.">600 000 décès</a> annuellement.
Près de <a href="https://www.who.int/initiatives/malaria-vaccine-implementation-programme#:%7E:text=Le%20premier%20vaccin%2C%20RTS,Programme%2C%20MVIP%2C%20sur%202019.">2 millions d'enfants</a> au Ghana, au Kenya et au Malawi ont été vaccinés avec le vaccin <a href="https://www.who.int/initiatives/malaria-vaccine-implementation-programme">RTS,S/AS01</a>. Il sera étendu à d'autres pays africains à partir du début de l'année prochaine.</p>
<p>_Le deuxième vaccin, <a href="https://www.ox.ac.uk/news/2023-10-02-oxford-r21matrix-m-malaria-vaccine-receives-who-recommendation-use-paving-way-global">R21/Matrix-MTM</a>, approuvé par l'Organisation mondiale de la santé en octobre, sera prêt à être déployé à la <a href="https://www.who.int/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization#:%7E:text=Haute%20efficacit%C3%A9%20lorsque%20donn%C3%A9%20juste,apr%C3%A8s%20a%203%2Dose%20s%C3%A9rieuse">mi-2024</a>.</p>
<p>Rose Leke, lauréate du <a href="https://virchowprize.org/2023-laureate/">Prix Virchow 2023</a>pour l'ensemble de son œuvre en faveur de la santé mondiale et figure de proue des protocoles vaccinaux, nous éclaire sur ces avancées.__</p>
<h2>Pourquoi les vaccins sont-ils importants pour l'Afrique ?</h2>
<p>Environ <a href="https://theconversation.com/we-could-eradicate-malaria-by-2040-says-expert-after-revolutionary-vaccine-is-approved-by-who-214798">40 millions d'enfants</a> nés chaque année dans les régions d'Afrique touchées par le paludisme pourraient bénéficier d'un vaccin. </p>
<p>Le vaccin RTS,S/AS01 réduit les décès dus au paludisme de <a href="https://www.who.int/news/item/06-10-2021-who-recommends-groundbreaking-malaria-vaccine-for-children-at-risk">30 %</a> et est particulièrement important pour les enfants, qui sont les plus exposés au risque de paludisme. Si 100 enfants peuvent mourir de paludisme grave, on pourrait en sauver 30. </p>
<p>Les mères qui ont fait vacciner leurs enfants au cours de la phase pilote ont exprimé leur reconnaissance pour le vaccin car il a empêché la mort de leurs enfants de <a href="https://www.who.int/news-room/feature-stories/detail/mothers-in-malawi-value-the-first-malaria-vaccine">paludisme grave</a>. </p>
<p>Le deuxième vaccin, <a href="https://www.who.int/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization">R21/Matrix-M</a>, est très efficace car il réduit les cas de paludisme de 75 %. Des <a href="https://theconversation.com/we-could-eradicate-malaria-by-2040-says-expert-after-revolutionary-vaccine-is-approved-by-who-214798">centaines de millions</a> de doses de ce vaccin peuvent être produites chaque année. </p>
<p>Il sera prêt à être déployé dès <a href="https://www.who.int/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization#:%7E:text=Haute%20efficacit%C3%A9%20lorsqu'il%20est%20donn%C3%A9%20juste,apr%C3%A8s%20a%203%2Dose%20s%C3%A9rie">la mi-2024</a>.</p>
<p>Ces deux vaccins sont de nouveaux outils, mais ils doivent être utilisés en complément avec les autres mesures dont nous disposons pour lutter contre le paludisme. Il s'agit notamment des moustiquaires et de l'administration d'antipaludiques aux enfants les plus exposés au risque de paludisme à des moments précis de l'année. </p>
<p>Si on ajoute le vaccin à ces mesures de manière efficace, on pourra progresser davantage vers <a href="https://theconversation.com/we-could-eradicate-malaria-by-2040-says-expert-after-revolutionary-vaccine-is-approved-by-who-214798">l'élimination du paludisme</a>. </p>
<h2>Comment toutes les communautés peuvent-elles en bénéficier ?</h2>
<p>Il y a une forte demande de vaccins antipaludiques, estimée entre <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">40 et 60 millions de doses</a> pour la seule année 2026. </p>
<p><a href="https://www.gavi.org/">Gavi</a>, l'Alliance du vaccin, a donné son feu vert au Bénin, à la République démocratique du Congo et à l'Ouganda parmi les 12 pays d'Afrique qui recevront les premières doses du vaccin. Ils se verront attribuer un total de <a href="https://cdn.who.int/media/docs/defaultsource/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">18 millions</a> de vaccins pour la période allant jusqu'à 2025. </p>
<p>Gavi est une organisation internationale créée en 2000 pour améliorer l'accès aux vaccins nouveaux et sous-utilisés pour les enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde.</p>
<p>Comme on peut le constater, la demande a été beaucoup plus importante que l'offre. Lorsque nous n'avions qu'un seul vaccin, le RTS/S, les quantités étaient limitées et l'OMS a dû développer un cadre équitable pour la distribution des doses limitées. </p>
<p>Les pays ont été classés par catégories. Ceux de la catégorie 1 étaient les plus nécessiteux et les premiers à être vaccinés.</p>
<p>Cela me préoccupait un peu. Si quelqu'un venait dans mon pays, pour administrer des vaccins dans un village de catégorie 1 et qu'à 20 km de là, dans un village de catégorie 2, un enfant ne pouvait pas être vacciné, cela poserait un problème sur le plan social et même politique. </p>
<p>J'étais <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/framework-for-allocation-of-limited-malaria-vaccine-supply.pdf?sfvrsn=35b12e4_2&download=true">coprésident</a> du groupe d'experts de l'OMS chargé d'étudier la question. Nous avons passé beaucoup de temps sur l'élaboration du <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">cadre</a>, en essayant de déterminer qui reçoit le vaccin et qui ne le reçoit pas. </p>
<p>Voici les principes que nous avons suivis :</p>
<ul>
<li><p>Les zones où les besoins sont les plus importants : là où la charge de morbidité due au paludisme est la plus élevée chez les enfants et où le risque de décès est le plus élevé.</p></li>
<li><p>Là où l'impact attendu sur la santé est le plus important : là où le plus grand nombre de vies peuvent être sauvées avec les doses limitées disponibles.</p></li>
<li><p>Les pays qui se sont engagés à faire preuve d'équité dans leurs programmes de vaccination.</p></li>
</ul>
<p>L'un des critères était qu'une fois le nouveau vaccin était introduit par les services de santé publique de routine dans une région donnée, l'accès <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/immunization/mvip/first_malaria_vaccine_allocation_explained_may2023.pdf?sfvrsn=248c4624_4">continu et durable</a> devait être maintenu. </p>
<h2>Pourquoi la fabrication locale est-elle si importante ?</h2>
<p>Pendant le <a href="https://www.wipo.int/wipo_magazine/en/2022/04/article_0005.html">COVID</a>, nous avons constaté que l'Afrique était en queue de peloton. Le meilleur moyen de garantir l'approvisionnement est de le fabriquer soi-même.</p>
<p>C'est pourquoi la fabrication de vaccins en Afrique est l'une des principales priorités des <a href="https://africacdc.org/news-item/a-new-deal-for-african-health-security/">Centres africains de contrôle des maladies</a>. </p>
<p>J'espère que de mon vivant, je verrai certains de ces vaccins produits sur le continent.</p>
<h2>Tous les gens ne veulent pas être vaccinés, n'est-ce pas ?</h2>
<p>D'après mon expérience en Afrique, la couverture vaccinale de routine est encore assez <a href="https://www.afro.who.int/health-topics/immunization#:%7E:text=Approximately%201%20in%205%20African,VPDs">faible</a>. Nous allons maintenant ajouter ce nouveau vaccin contre le paludisme. Si les taux de vaccination sont faibles, nous n'obtiendrons jamais l'impact souhaité. </p>
<p>Nous devons donc toujours encourager les mères à faire vacciner leurs enfants, et il faut vraiment mettre fin à l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/366944062_The_impact_of_information_sources_on_COVID-19_vaccine_hesitancy_and_resistance_in_sub-Saharan_Africa">hésitation vaccinale</a>. </p>
<p>Il y a la <a href="https://journals.co.za/doi/full/10.10520/ejc-ajgd_v10_n1_1_a4">croyance</a> que ces vaccins étrangers vont tuer les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8115834/">enfants</a>. Mais que n'avons-nous pas importé ? Le lait ? Le savon ? Les sardines ? </p>
<h2>Pourquoi ces théories ne concernent-elles que les vaccins ?</h2>
<p>Les vaccins ont été tellement efficaces et <a href="https://www.afro.who.int/health-topics/immunization">l'impact</a> sur le continent africain a été tellement important.</p>
<p>La plupart d'entre nous, même vous et moi, aurions pu disparaître sans les vaccins. Nous devons informer les gens pour qu'ils se débarrassent de cette réticence à l'égard des vaccins qui existe sur tout le continent.</p>
<p><em>Cet article fait partie d'un partenariat médiatique entre The Conversation Africa et la Conférence 2023 sur la santé publique en Afrique.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218465/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rose Leke does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>En deux ans, des avancées majeures contre le paludisme ont été réalisées avec deux nouveaux vaccins. Mais la demande excède largement l'offre, nécessitant une gestion délicate des déploiements.Rose Leke, Professor of Immunology and Parasitology, Faculty of Medicine and Biomedical Sciences, Université de Yaounde 1Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2162072023-10-23T18:08:16Z2023-10-23T18:08:16Z« Nous pouvons éradiquer le paludisme d’ici 2040 », se projette Adrian Hill dont le vaccin vient d’être approuvé par l’OMS<p><em>L’Organisation mondiale de la santé <a href="https://www.who.int/fr/news/item/02-10-2023-who-recommends-r21-matrix-m-vaccine-for-malaria-prevention-in-updated-advice-on-immunization">vient d’approuver</a> un nouveau vaccin qui, selon les spécialistes, va changer la donne dans la lutte contre le paludisme, une maladie qui tue chaque année un demi-million de personnes en Afrique.</em></p>
<p><em>Les essais ont montré que le <a href="https://www.ox.ac.uk/news/2023-10-02-oxford-r21matrix-m-malaria-vaccine-receives-world-health-organization-recommendation">vaccin R21/Matrix</a>, développé par l’Université d’Oxford en collaboration avec le Serum Institute of India, réduit jusqu’à 75 % le nombre de cas symptomatiques. Il peut être fabriqué à moindre coût et à grande échelle. The Conversation s’est entretenu avec Adrian Hill, investigateur en chef des essais, qui est également directeur de l’Institut Jenner à l’Université d’Oxford, au sujet de son vaccin très prometteur. Vous trouverez ci-dessous des extraits du <a href="https://theconversation.com/the-long-road-to-a-new-malaria-vaccine-told-by-the-scientists-behind-the-breakthrough-podcast-214885">podcast</a>.</em></p>
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<h2>Pourquoi le vaccin R21/Matrix change-t-il la donne ?</h2>
<p>Nous constatons une efficacité d’environ 75 % concernant la réduction du nombre d’épisodes de paludisme sur un an. Le meilleur vaccin utilisé jusqu’à présent présentait une efficacité d’environ 50 % sur un an, l’efficacité devenant plus faible sur trois ans.</p>
<p>Il s’agit là d’une amélioration concrète, mais ce n’est pas le principal progrès. La grande différence réside dans la manière de fabriquer le vaccin à l’échelle qui est vraiment nécessaire pour protéger la plupart des enfants qui ont besoin d’un vaccin contre le paludisme en Afrique.</p>
<p>Il y environ 40 millions d’enfants qui naissent chaque année dans les zones impaludées en Afrique et qui pourraient bénéficier d’un vaccin. Le nôtre est un vaccin que l’on injecte en quatre doses sur une période de 14 mois, ce qui signifie qu’environ 160 millions de doses sont nécessaires. Nous pouvons y parvenir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-la-fonte-de-la-calotte-glaciaire-groenlandaise-pourrait-deplacer-le-paludisme-en-afrique-180167">Comment la fonte de la calotte glaciaire groenlandaise pourrait déplacer le paludisme en Afrique</a>
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<p>Le Serum Institute of India, notre partenaire pour la fabrication et pour la commercialisation de ce vaccin, peut produire des centaines de millions de doses chaque année, alors que le vaccin précédent ne pouvait être fabriqué qu’à raison de six millions de doses par an entre 2023 et 2026, selon les informations de l’Unicef.</p>
<p>Le troisième avantage réel de ce vaccin réside dans son coût. Nous savions pertinemment que nous ne pourrions pas produire un vaccin à 100 dollars (<em>l’équivalent de 94 euros, ndlr</em>). Cela n’aurait pas été acceptable pour les agences internationales qui financent l’achat et la distribution du vaccin dans les pays à très faibles revenus.</p>
<p>Nous sommes donc parvenus à un prix qui variera en fonction de l’échelle à laquelle il sera fabriqué, mais qui devrait se situer à 5 dollars (<em>un peu moins de 5 euros, ndlr</em>) la dose pour une production à un volume important.</p>
<h2>Pourquoi la mise au point d’un vaccin contre le paludisme a-t-elle été si difficile ?</h2>
<p>Cela fait plus de 100 ans que l’on essaie de mettre au point des vaccins contre le paludisme. Plus d’une centaine de vaccins ont fait l’objet d’essais cliniques chez l’Homme. Très, très peu d’entre eux ont donné de bons résultats.</p>
<p>Le paludisme n’est ni un virus, ni une bactérie. Il s’agit d’un parasite protozoaire, plusieurs milliers de fois plus grand qu’un virus classique. Le nombre de gènes qu’il possède en est un bon indicateur. Le Covid a 13 gènes, le paludisme en a environ 5 500. C’est l’une des raisons pour lesquelles le paludisme est extrêmement complexe.</p>
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<p>Le parasite du paludisme prend plusieurs formes. Les formes initiales sont injectées par le moustique dans la peau et se dirigent rapidement vers le foie. Elles se multiplient dans le foie pendant une semaine avant de passer dans la circulation sanguine. Au cours de ces différentes étapes, les formes du parasite sont extrêmement différentes. Elles se développent activement, en se multipliant dix fois par 48 heures.</p>
<p>Lorsque la densité parasitaire devient très élevée, <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme">vous êtes très malade</a>. Si vous n’avez pas de chance, vous mourrez, généralement suite à des symptômes cérébraux, un coma ou une anémie sévère car les parasites brisent les globules rouges.</p>
<p>S’ensuit une autre étape au cours de laquelle le parasite se transforme à nouveau. Il prend la forme qui permettra au moustique de l’absorber lors de sa prochaine piqûre. En allant ensuite infecter quelqu’un d’autre, le moustique poursuivra ainsi le cycle de vie du parasite.</p>
<p>On voit à quel point le cycle de vie des agents pathogènes infectieux est complexe.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-piqures-de-moustiques-cette-tres-longue-histoire-198941">Les piqûres de moustiques, cette très longue histoire !</a>
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<p>Le paludisme passe généralement par quatre cycles de vie, qui sont tous différents. Si l’on parvient à mettre au point un très bon vaccin qui vise l’un d’entre eux, on rompt le cycle de transmission. C’est ce que nous essayons de faire.</p>
<p>Nous nous efforçons de cibler les formes du parasite dites « sporozoïtes », qui correspondent aux formes du parasite que le moustique inocule dans la peau. Nous essayons de piéger ces formes sporozoïtes avant qu’elles n’atteignent le foie et qu’elles ne poursuivent leur cycle de vie.</p>
<p>Heureusement, il n’y a pas de symptômes du paludisme à ce stade. Le paludisme est une infection silencieuse jusqu’à ce que le parasite pénètre dans le sang et commence à se multiplier à l’intérieur des globules rouges.</p>
<p>La forme sporozoïte est donc une cible naturelle pour essayer de tuer le parasite avant qu’il ne commence à se multiplier activement.</p>
<h2>Parlez-nous des tentatives passées de mise au point d’un vaccin contre le paludisme</h2>
<p>Très tôt dans l’Histoire de la vaccination, on a essayé d’utiliser le microbe entier, de la même manière que le pionnier de la vaccination Edward Jenner utilisait le virus entier pour vacciner contre la variole. Puis, le microbiologiste français Louis Pasteur est arrivé avec des vaccins bactériens, et ainsi de suite. Vers 1943, un candidat vaccin contre le parasite entier du paludisme a été testé à New York mais il n’a eu aucune efficacité. Cela a découragé les scientifiques pendant un certain temps.</p>
<p>Ce n’est que dans les années 1980, lorsque nous avons pu commencer à séquencer les gènes du parasite, que de nouveaux candidats vaccins sont apparus. En l’espace de dix ans, nous avons eu 5 000 candidats vaccins, car toutes les équipes espéraient que le gène qu’elles avaient séquencé pourrait être un vaccin contre le paludisme. Et bien sûr, presque tous ces vaccins ont échoué.</p>
<h2>Pourquoi les vaccins contre les parasites entiers ne sont-ils pas efficaces contre le paludisme ?</h2>
<p>L’explication est la même que celle qui permet de comprendre pourquoi le fait d’avoir été infecté une première fois par le paludisme ne vous protège pas contre l’infection suivante.</p>
<p>Dans les zones où sévit le paludisme où nous testons nos vaccins en Afrique, certains enfants présentent jusqu’à huit épisodes de paludisme en trois ou quatre mois. Ils sont très malades lors du premier épisode, puis trois semaines plus tard, ils font un deuxième épisode de paludisme, et ainsi de suite. L’immunité naturelle ne fonctionne pas tant que l’on n’a pas connu un grand nombre d’infections différentes. C’est pourquoi les adultes sont généralement protégés contre le paludisme et sont moins malades.</p>
<p>Ceux qui meurent du paludisme dans les régions endémiques sont les <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/malaria">jeunes enfants</a> qui n’ont peut-être jamais été infectés auparavant. Ils meurent lors de leur première infection à l’âge d’un an, ou alors qu’ils ont peut-être déjà connu un ou deux épisodes de paludisme. Mais cela n’a pas suffi à leur donner une immunité stérilisante.</p>
<p>Le paludisme existe depuis des dizaines de millions d’années. Pas seulement chez l’Homme, mais aussi chez les espèces que nous étions avant de devenir des humains.</p>
<p>C’est un parasite très rusé qui a développé toutes sortes de <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/40/2/208/2570118">mécanismes d’échappement immunitaire</a>.</p>
<p>Quand vous essayez de vacciner, vous comprenez soudainement que ce n’est que lorsque l’organisme de la personne vaccinée atteint des niveaux d’anticorps extraordinairement élevés – des niveaux d’anticorps que le parasite n’a jamais rencontrés auparavant et contre lesquels l’évolution ne l’a pas préparé – que le vaccin devient efficace.</p>
<h2>Pourra-t-on un jour éradiquer complètement le paludisme ?</h2>
<p>Le paludisme figure en très bonne place sur la liste des maladies que nous voulons éradiquer. Je ne pense pas que cela se produira dans cinq ou dix ans, mais plutôt dans une quinzaine d’années. 2040 serait donc un objectif raisonnable.</p>
<p>Personne ne suggère d’arrêter ce que nous faisons actuellement dans la lutte contre le paludisme, en utilisant les moustiquaires, les pulvérisations et les médicaments. Mais nous disposons aujourd’hui d’un nouvel outil qui pourrait être individuellement plus protecteur que n’importe lequel des outils que nous utilisons actuellement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216207/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adrian Hill reçoit des fonds du gouvernement britannique et d'organisations caritatives qui financent le développement de vaccins contre le paludisme. Il a bénéficié d'un financement accordé à l'Université d'Oxford par le Serum Institute of India pour soutenir les essais cliniques du vaccin R21/Matrix-M. Il pourrait bénéficier d'une partie des royalties versés à l'Université d'Oxford pour ce vaccin. </span></em></p>Les scientifiques de l’Université d’Oxford tentent d’élaborer un vaccin contre le paludisme depuis 100 ans. Le vaccin R21/Matrix pourrait contribuer à l’éradication de cette maladie d’ici 2040.Adrian Hill, Director of the Jenner Institute, University of OxfordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2082072023-09-21T16:31:27Z2023-09-21T16:31:27ZL’antivax, cet ennemi trop fantasmé<p>La pandémie de Covid-19 a suscité un grand intérêt pour ce qu’on appelle « l’hésitation vaccinale », non seulement de la part des autorités et des experts, mais aussi d’un public soucieux de mettre fin à la pandémie. La figure de l’« antivax », souvent représenté comme un être profondément irrationnel, complotiste, chevillé aux réseaux sociaux, s’est érigée comme un épouvantail, s’inscrivant dans l’imaginaire collectif.</p>
<p>Cette image caricaturale <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2019-2-page-221.htm">sert souvent de miroir</a> à celles et ceux qui se revendiquent de la méthode scientifique. En sachant qui sont nos adversaires, nous pouvons mieux identifier qui nous sommes…</p>
<p>Pourtant, de nombreuses enquêtes d’opinion ont tenté d’identifier les attitudes du public par rapport à la vaccination et de peindre cette réalité sous un jour plus nuancé. Nous avons contribué à ces efforts, notamment à travers le <a href="https://motivationbarometer.com/">« baromètre de la motivation »</a>, une recherche de grande ampleur menée en Belgique pendant toute la durée de la pandémie.</p>
<p>Sur base de l’expérience acquise dans ce cadre, et plus largement sur foi de la littérature récente sur ces questions en sciences psychologiques, nous aimerions tirer quelques leçons dans le domaine de la psychologie de la vaccination.</p>
<h2>De « l’antivax » à « l’hésitant vaccinal »</h2>
<p>L’hésitation vaccinale correspond au fait de refuser de se faire vacciner, ou de tarder à le faire, en dépit de la disponibilité d’un vaccin. Il s’agit donc souvent d’un comportement « par omission », ce qui le rend d’autant plus difficile à cerner pour les psychologues.</p>
<p>En effet, ce non-comportement peut découler d’une variété de facteurs qui ne correspondent pas forcément à une opposition radicale à la vaccination, comme tendrait à le suggérer l’image caricaturale de l’antivax évoquée plus haut.</p>
<p>On peut, par exemple, être favorable au principe de la vaccination, mais ne pas se faire vacciner (ou ne pas faire vacciner son enfant) pour des raisons logistiques : manque de temps, infrastructures non disponibles, difficultés de mobilité… Ou encore parce qu’on se sent <a href="https://europepmc.org/article/ppr/ppr552049">« peu à risque »</a>, parce que l’on a l’impression que « ça ne sert à rien », etc.</p>
<p>Par ailleurs, certaines personnes sont opposées à un vaccin spécifique, mais pas à un autre. D’autres peuvent considérer que le vaccin est sûr pour la plupart des gens, mais pas pour elles (étant donné leur histoire médicale ou leurs expériences précédentes…). Bref, ce qu’on appelle l’hésitation vaccinale correspond à des réalités psychologiques fort variées.</p>
<p>Ce préalable étant posé, est-il légitime d’associer hésitation vaccinale et conspirationnisme ?</p>
<h2>Les hésitants vaccinaux sont-ils des complotistes ?</h2>
<p>Une vaste <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352250X22001105">étude</a> internationale révèle un lien solide entre l’adhésion à des théories du complot sans rapport direct avec la vaccination (par exemple, à propos de la mort de Lady Di) et l’hésitation vaccinale.</p>
<p>Comment interpréter une telle association ? Il est tentant de voir le conspirationnisme comme la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953622002325">source des attitudes d’opposition à la vaccination</a>. Après tout, la vaccination de masse est une vaste entreprise impliquant de nombreuses institutions et organisations (industries pharmaceutiques, organes de veille sanitaire, médecins…) qui ont le don de susciter la méfiance des personnes attirées par des théories du complot.</p>
<p>Toutefois, à l’inverse, l’adhésion à des théories conspirationnistes permet aussi de rationaliser le refus de se faire vacciner. En d’autres termes, on se trouve face au problème de « l’œuf ou la poule » : si l’hésitation vaccinale peut découler du conspirationnisme, ce dernier peut aussi justifier la non-vaccination a posteriori.</p>
<p>Il se peut ainsi que l’on hésite à se faire vacciner en <a href="https://theconversation.com/us/topics/needle-phobia-31925">raison de la peur des seringues, très commune</a>. Dans le cas d’une telle crainte – bien ancrée, mais dont on admettra aisément le caractère irrationnel, les supposées manigances de « Big Pharma » peuvent agir comme un paravent utilisé pour masquer une réelle panique à l’idée de voir une aiguille pénétrer dans ses muscles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo d’une personne en train de recevoir une injection" src="https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546967/original/file-20230907-29-ba1i96.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La crainte des piqûres peut dans certains cas expliquer l’hésitation vaccinale, sans que cette motivation soit clairement exprimée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/jWPNYZdGz78">Steven Cornfield/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span>
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<p>La question de la poule et de l’œuf n’est donc pas toujours évidente à démêler quand on envisage les relations entre vaccination et complotisme. Cependant, une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/19485506231181659">étude récente</a> suggère que la fonction de rationalisation jouée par le conspirationnisme est plus importante que celle de déterminant.</p>
<p>Bref, il serait simpliste de réduire les causes de l’hésitation vaccinale au conspirationnisme.</p>
<h2>Croire et « croiver »</h2>
<p>Lorsque les gens expriment leur positionnement par rapport à la vaccination, ou par rapport à une théorie conspirationniste, ils ne font pas que révéler une attitude fermement ancrée. Ils expriment aussi la façon dont ils se situent dans leur univers social. Dire « je suis contre la vaccination », peut signifier « je suis libre »/« je ne me laisserai pas faire ». On l’oublie souvent : les attitudes ont une fonction expressive.</p>
<p>Sur la base d’entretiens menés dans un quartier populaire bruxellois, le sociologue Renaud Maes constate que l’opposition à la vaccination chez les jeunes reflète en fait une <a href="https://revuenouvelle.be/La-spirale-de-la-desaffiliation">forme de défiance vis-à-vis du monde médical</a> (qui facturerait des soins non nécessaires) et des autorités (qui chercheraient à les surveiller).</p>
<p>Imaginons quelqu’un qui réponde « tout à fait d’accord » à l’affirmation « les vaccins à ARN messager sont dangereux », dans un questionnaire. Cela reflète-t-il une croyance ? Sebastian Dieguez <a href="https://eliotteditions.fr/10-croiver/">propose</a> la distinction entre « croire » et « croiver » pour caractériser la différence entre deux sens possibles de ce verbe : comme conviction de l’existence d’une réalité (penser que ces vaccins sont effectivement dangereux) d’une part, comme posture manifestant une identité (par ex. son refus d’être un « mouton ») d’autre part.</p>
<p>Ces deux postures n’appellent pas les mêmes réponses. Pour démonter une « croyance », on pourra s’armer de faits. En revanche, s’attaquer à une « croivance » demandera d’en identifier les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0963721420969364">racines</a>. À quelle motivation plus profonde répond l’expression de cette affirmation ? Est-il possible de concilier cette motivation et la vaccination (qui, après tout, n’est ici qu’un prétexte) ?</p>
<p>Bien sûr, plutôt que de voir la croyance et la « croivance » comme des réalités dichotomiques, on peut les envisager comme les extrêmes d’un continuum.</p>
<h2>Réactance</h2>
<p>Nous n’avons pas pris l’exemple de l’affirmation « je suis libre » au hasard. Ce qu’on appelle la réactance ou la volonté d’affirmer sa liberté, en réagissant à des injonctions visant à la contraindre, est une des variables psychologiques les <a href="https://psycnet.apa.org/buy/2018-03974-001">plus intimement associées</a> à l’hésitation vaccinale.</p>
<p>À bien des égards, l’opposition à la vaccination est, pour certains de celles et ceux qui la revendiquent, analogue au comportement du célèbre manifestant chinois bravant seul une colonne de chars sur la place Tien Anmen, en 1989…</p>
<p>La théorie de la <a href="https://books.google.be/books?id=6ZxGBQAAQBAJ">réactance</a> postule que les individus sont attachés à leur liberté et sont dès lors susceptibles de réagir à des messages vécus comme contraignant celle-ci de façon opposée à ce que prescrivent ces messages. Ce faisant, ils espèrent recouvrer leur liberté menacée.</p>
<p>Une <a href="https://psycnet.apa.org/record/2018-03974-001">étude menée dans 24 pays</a> montrait en 2018 que la tendance à la réactance était l’un des principaux corrélats psychologiques des attitudes d’opposition à la vaccination. Une autre met en évidence que cette réactance explique fort bien les <a href="https://iaap-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/aphw.12285">réponses de personnes hésitantes à des politiques d’obligation vaccinale</a>.</p>
<p>Exprimer des attitudes ou croyances contraires à des normes vécues comme contraignantes peut ainsi répondre à une telle motivation. On se situera alors clairement, là encore, dans le domaine de la « croivance ». À la lumière de ces résultats, les travaux sur la réactance et sur la réalité de l’effet de retour de flamme gagneraient à être davantage intégrés pour mieux appréhender l’impact des attitudes vaccinales sur la réaction aux messages de santé.</p>
<h2>L’hésitation vaccinale : une attitude fluctuante</h2>
<p>Lorsqu’on consultait les <a href="https://motivationbarometer.com/fr/portfolio-item/18-vaccinatiebereidheid-en-motivatie/">résultats</a> du baromètre de motivation en décembre 2020, alors que le vaccin n’était pas disponible, il était légitime de s’interroger sur l’enthousiasme de la population belge à se faire vacciner (le même constat s’applique dans de <a href="https://www.mdpi.com/2076-393X/9/8/900">nombreux pays</a>). Une proportion considérable de répondants hésitait ou s’opposait à la vaccination.</p>
<p>En revanche, lorsque nous avons interrogé ces mêmes personnes <a href="https://motivationbarometer.com/fr/rapporten-2/">quelques mois plus tard</a>, la plupart manifestaient des attitudes bien plus favorables. C’était un cas classique de « bandwagoning » (« prise du train en marche ») : à mesure que les personnes de leur entourage se faisaient vacciner, bon nombre d’hésitants de la première heure tendaient à faire de même. Pourquoi ?</p>
<p>L’influence du comportement des autres membres de sa communauté joue ici un rôle capital. Dans une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10410236.2021.1973702">étude</a> ingénieuse, les auteurs ont présenté un site web de prise de rendez-vous en vue d’une vaccination. Selon la condition, soit 25 %, soit 75 % des places étaient déjà prises.</p>
<p>Les répondants s’inscrivaient bien davantage dans cette dernière condition.</p>
<p>Les normes sociales – ce que les membres de notre groupe font ou jugent désirable de faire – jouent un rôle déterminant dans nos attitudes. En situation d’incertitude, elles sont un puissant guide, une preuve sociale, permettant d’orienter nos conduites. Pour vous en convaincre, imaginez-vous en présence d’une foule s’enfuyant devant un nuage de fumée dont vous ignorez l’origine. Ne serez-vous pas tenté de courir avec elle ?</p>
<p>Et de fait, des <a href="https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/bjhp.12550">études récentes</a> montrent que le lien entre conspirationnisme et l’intention de se faire vacciner s’annulait si on prenait en compte les normes perçues. Autrement dit, si on croit que son entourage trouve important de se faire vacciner, on se fait vacciner bien plus, quel que soit le niveau de conspirationnisme. Ce dernier ne prédit l’intention de se faire vacciner que lorsque l’on ne perçoit pas de norme provaccination dans son entourage.</p>
<h2>Rapport à la science et attitudes vaccinales</h2>
<p>Étant donné les résultats spectaculaires de la vaccination, qui constitue l’une des réponses les plus efficaces apportées par la science pour lutter contre les maladies infectieuses, on peut se demander si l’opposition à la vaccination se nourrit d’un manque de culture scientifique.</p>
<p>Une fois encore, la réponse à cette question est plus nuancée qu’il n’y paraît. Certes, l’adhésion à des systèmes de croyances concurrents peut expliquer en partie les attitudes d’opposition à la vaccination. Ainsi l’adhésion à certaines croyances religieuses, telle que la providence divine, <a href="https://www.editions-vendemiaire.com/catalogue/collection-chroniques/antivax-francoise-salvadori-et-laurent-henri-vignaud/">a pu jouer un rôle</a> dans la résistance à la vaccination (et continue à le faire dans certaines communautés).</p>
<p>En Occident, d’un autre côté, une forme de spiritualisme laïque, selon lequel seule l’expérience personnelle, voire l’intuition, seraient plus « vraies » que des propositions générales et abstraites, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X22014633">semble autrement plus important</a>. Son effet sur la vaccination s’explique par une confiance plus faible dans la science.</p>
<p>Dans le même temps, de nombreuses personnes opposées à la vaccination manifestent une véritable foi en la science et <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2019-2-page-221.htm?ref=doi">se réclament de celle-ci</a> pour justifier leurs attitudes. Dans leur esprit, la pratique de la science aurait été pervertie par des intérêts financiers ou politiques. Celles et ceux qui promeuvent la vaccination (des experts universitaires aux autorités) ne pratiqueraient donc pas une science « neutre » et « véritable », dont eux se revendiquent être garants.</p>
<p>En ce sens, c’est moins une absence de culture scientifique, qu’une absence de confiance dans les institutions scientifiques qui nourrit leur défiance.</p>
<h2>Le messager souvent plus important que le message</h2>
<p>Pour un public incertain, peu sûr de ses connaissances médicales, le contenu des messages centrés sur les bénéfices de la vaccination est souvent moins important que leur source – puis-je lui faire confiance ou pas ?</p>
<p>Ainsi, dans une étude menée aux États-Unis auprès de participants chrétiens non vaccinés, un message provaccination s’avérait beaucoup plus efficace si sa source (le directeur d’une importante agence de santé) <a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.2106481118">mettait en exergue sa foi chrétienne que s’il ne le faisait pas</a>. En fait, on constate même qu’un même message de santé peut être accepté ou rejeté selon que ceux qui le professent proviennent d’un groupe auquel on s’identifie ou pas…</p>
<p>Par exemple, aux États-Unis, des électeurs républicains <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/13684302221118534">adhéraient</a> plus à des mesures sanitaires si elles étaient recommandées par des élus républicains que démocrates alors que l’inverse se produisait pour des démocrates… quand bien même cette appartenance politique n’avait aucune pertinence par rapport à leurs compétences médicales.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1426921538083856387"}"></div></p>
<p><em><sub>Ce tweet de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris avait plus de chance d’être entendu par les sympathisants démocrates que républicains… </sub></em></p>
<p>Ces résultats soulignent le fait que la confiance dans les autorités, nécessaire pour mettre en œuvre des comportements de santé comme la vaccination, est ancrée dans l’appartenance à une collectivité dont on se définit comme membre. On a confiance en un message dans la mesure où sa source représente bien un groupe auquel on s’identifie.</p>
<h2>Hésitation vaccinale et rationalité</h2>
<p>Il importe de souligner que les processus psychologiques mis en évidence s’appliquent tout autant aux personnes qui sont favorables à la vaccination.</p>
<p>Lorsque ces dernières font part de leur enthousiasme pour la vaccination, elles aussi répondent à des motivations bien plus diverses qu’une simple adhésion à un message de santé. Il peut s’agir de revendiquer une <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2019-2-page-221.htm">image de « rationalité »</a>, de démontrer son <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S027795362100527X">altruisme</a>, de maintenir un <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/07334648221081982">sentiment de contrôle sur sa destinée</a> ou la croyance que le monde est <a href="https://academic.oup.com/tbm/article/12/2/284/6509471?login=false">juste</a>, etc.</p>
<p>Elles aussi sont sujettes <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10810730.2021.1899346">à des normes sociales</a> et à l’<a href="https://www.ssph-journal.org/articles/10.3389/ijph.2021.636255/full">influence d’autorités en qui elles ont confiance</a>. Et elles aussi tendent à rationaliser leurs choix de santé dans un sens qui les arrange…</p>
<p>Et si un anti-vaccin peut finir par se ranger à la vaccination, le mouvement inverse peut se produire, <a href="https://theconversation.com/vaccination-une-hesitation-francaise-150773">lors d’une crise sanitaire mal gérée par exemple</a>. En matière de lutte contre l’hésitation vaccinale, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/09636625211011881">il ne sert donc à rien de ridiculiser</a> ceux qu’on désigne comme « antivax », car cela risquerait de renforcer leurs postures.</p>
<p>On sera mieux avisé d’essayer de cerner les mécanismes qui motivent les prises de position de chacun, afin mieux comprendre l’origine de ces attitudes et ce qui est susceptible de les (et de nous) faire évoluer…</p>
<hr>
<p><strong><em>Pour aller plus loin :</em></strong></p>
<p><em>- Olivier Klein et Vincent Yzerbyt sont les auteurs de <a href="https://www.editions-ulb.be/fr/book/?GCOI=74530100520450">« Psychologie de la vaccination »</a>, un livre de vulgarisation scientifique présentant les recherches sur l’hésitation vaccinale, paru en 2023 aux Éditions de l’Université de Bruxelles.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208207/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Klein est membre du think thank INES (<a href="https://inesthinktank.be">https://inesthinktank.be</a>). Il a reçu des financements du FRS-FNRS (fonds national belge de la recherche scientifique) et de l'institut national d'assurance malade invalidité (Belgique). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vincent Yzerbyt est membre du think tank InES (<a href="https://inesthinktank.be/">https://inesthinktank.be/</a>). Pour les travaux dans le cadre de la pandémie, il a reçu des financements du Fonds National de la Recherche scientifique (FWB, Fédération Wallonie-Bruxelles, Belgique), de l'INAMI (INAMI Institut national d'assurance maladie-invalidité, Belgique) et du ministère de l'enseignement supérieur de la FWB.</span></em></p>Comprendre les ressorts de l’hésitation vaccinale est essentiel pour mieux convaincre. Loin du cliché de l’antivax complotiste, les recherches de ces dernières années dépeignent un tableau nuancé.Olivier Klein, Professeur de psychologie sociale, Université Libre de Bruxelles (ULB)Vincent Yzerbyt, Professeur de Psychologie sociale, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2078612023-06-28T20:06:33Z2023-06-28T20:06:33ZPoulets soldats et éleveurs sentinelles, alliés dans la vaccination contre la grippe aviaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/533142/original/file-20230621-17-eg40ue.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C70%2C4243%2C2752&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France en 2022, 21 millions de volailles ont été abattues dans les zones infectées par la grippe aviaire. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://get.pxhere.com/photo/chicken-rooster-bird-comb-fowl-galliformes-poultry-beak-livestock-adaptation-neck-1616035.jpg">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le virus H5N1 de grippe aviaire hautement pathogène (HPAI) a été détecté pour la <a href="https://academic.oup.com/cid/article/34/Supplement_2/S58/459477">première fois</a> à Hongkong en 1997, d’où il s’est diffusé au reste de la planète, avec une mortalité de 52 % lorsqu’il se transmet des oiseaux aux humains <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON461">(873 cas, 456 décès)</a>. </p>
<p>Depuis 2021, une souche de ce virus circule chez les oiseaux sauvages et les volailles domestiques en Europe et dans les deux Amériques, avec une forte mortalité aviaire, mais peu de cas humains (5 depuis début 2023). Les autorités internationales en charge de la santé animale et humaine sont particulièrement attentives aux mutations de ce virus, et prescrivent des mesures prophylactiques sévères pour en contrôler la diffusion.</p>
<p>En 2022, 21 millions de volailles ont été abattues en France dans les zones infectées par la grippe aviaire, notamment dans le Gers, les Landes, la Vendée, la Sarthe et la Bretagne, avec un coût estimé à 1,5 milliard d’euros en indemnisations pour l’État. </p>
<p>Les services sanitaires venus pour « dépeupler » les bâtiments au gaz carbonique ont été débordés par l’ampleur de l’épizootie de H5N1, et beaucoup d’éleveurs ont dû euthanasier leurs volailles eux-mêmes, parfois sans autre moyen que de couper la ventilation dans les bâtiments. Ces abattages sanitaires ont porté atteinte non seulement à la viabilité de la filière avicole mais <a href="https://theconversation.com/grippe-aviaire-quelles-alternatives-a-labattage-des-animaux-66788">aussi au moral des éleveurs et aux règles de bien-être animal</a>.</p>
<h2>De fortes disparités selon les élevages</h2>
<p>Des mesures de confinement, appelées « mises à l’abri », et des gestes d’hygiène, dits de « biosécurité », ont été imposés aux éleveurs de volailles pour les protéger du risque de transmission de la grippe aviaire par les oiseaux sauvages. </p>
<p>Comme le souligne un rapport de l’Assemblée nationale, les petits élevages en plein air ont été fortement impactés par ces mesures, dont le coût économique est plus facile à intégrer dans les <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/organes/commissions-permanentes/affaires-economiques/missions-de-la-commission/mi-grippeaviaire">grands élevages industriels</a>. La Confédération paysanne a dénoncé ces mesures et négocié avec les autorités sanitaires leur aménagement pour les <a href="https://www.confederationpaysanne.fr/mc_nos_positions.php?mc=956">petits élevages en plein air</a>.</p>
<p>Les rapporteurs de l’Assemblée comme les syndicats paysans soulignent que la biodiversité des élevages peut être un facteur d’immunité contre les virus émergents, qui sont atténués lorsque plusieurs espèces animales coexistent, alors que les mesures de biosécurité dans des élevages clos peuvent accentuer la vulnérabilité des volailles, fragilisées par la consommation d’antibiotiques et la standardisation génétique.</p>
<p>Dans ce contexte, les éleveurs de volailles ont demandé aux autorités sanitaires de rendre accessible la vaccination contre la grippe aviaire. La régulation européenne interdisait jusque là cette vaccination, car elle empêche de contrôler si les volailles exportées sont indemnes du virus, mais elle a levé cette interdiction par un <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=uriserv%3AOJ.L_.2023.052.01.0001.01.FRA&toc=OJ%3AL%3A2023%3A052%3ATOC">règlement du 20 février 2023</a>.</p>
<h2>Des vaccins en expérimentation</h2>
<p>En Asie, les pays qui ont une forte consommation nationale de volailles, comme la Chine et le Vietnam, vaccinent leurs élevages contre la grippe aviaire, tandis que les pays à forte exportation, comme la Thaïlande, ne le font pas. En France, 40 % de la valeur produite par le secteur avicole vient de l’exportation, alors même que la moitié de la viande de volaille consommée est importée. Seuls les oiseaux élevés dans des parcs zoologiques français sont vaccinés contre la grippe.</p>
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<p>L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a conduit des expérimentations sur la vaccination des palmipèdes à foie gras, qui portent les virus de grippe aviaire de façon asymptomatique et produisent une <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/SABA2022SA0165.pdf">forte valeur ajoutée</a>. </p>
<p>Ces expérimentations ont d’abord été menées dans des fermes du Sud-Ouest, puis dans des animaleries du laboratoire de référence à Ploufragan (Côtes-d’Armor). Les résultats ont été jugés suffisamment positifs pour que le ministère de l’Agriculture annonce une campagne de vaccination des canards d’élevage à l’automne 2023, en tenant compte <a href="https://agriculture.gouv.fr/experimentation-de-vaccination-des-canards-mulards-en-elevage-contre-un-virus-iahp">d’un délai de fabrication de 6 à 8 mois</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Transport de poulets… à bicyclette (Suzhou, Chine).,8 juin 2009. La forte consommation de volaille en Asie a favorisé l’usage des vaccins après les épidémies de grippe aviaire" src="https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532939/original/file-20230620-21-e74oss.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Suzhou, en Chine en juin 2009. La forte consommation de volaille en Asie a favorisé l’usage de la vaccination après les épidémies de grippe aviaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bicyclette_et_poulets_%28Suzhou,_Chine%29.jpg">Gérald Tapp/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La difficulté technique de la vaccination des volailles élevées pour la viande tient à leur courte durée de vie par comparaison avec d’autres animaux d’élevage (environ 60 jours), alors qu’il faut deux doses pour que le vaccin soit efficace.</p>
<p>Les éleveurs soulignent que la première dose peut être injectée dès la naissance (comme cela se fait pour la vaccination contre la maladie de Newcastle), mais les laboratoires pharmaceutiques, d’après le rapport de l’Assemblée nationale, estiment que le coût de la vaccination tient pour 75 % à la manipulation du vaccin et au suivi post-vaccinal. </p>
<p>La vaccination ne pourra être menée en France à grande échelle du fait de la diversité des espèces aviaires élevées et des souches virales concernées. Elle est recommandée par l’Anses pour les canards à titre préventif et expérimental, et pour les volailles en cas de flambée de H5N1 HPAI comme mesure d’urgence. Dans une zone vaccinée, l’Anses recommande l’abattage du seul élevage touché par la grippe aviaire, et non des élevages situés à proximité comme pour les élevages non vaccinés.</p>
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<figcaption><span class="caption">La grippe aviaire, nouvelle pandémie humaine ? (France24/Youtube, mars 2023).</span></figcaption>
</figure>
<p>Les experts des virus de grippe aviaire soulignent en effet que la vaccination ne permettra pas aux autorités sanitaires qui la prescrivent d’éviter les autres mesures sanitaires : la surveillance des souches de virus en temps ordinaire et l’abattage des volailles en <a href="https://www.science.org/content/article/wrestling-bird-flu-europe-considers-once-taboo-vaccines">cas d’urgence</a>. Des accidents de vaccination risquent en effet de laisser passer des souches de H5N1 HPAI qui peuvent muter et s’amplifier dans la niche écologique ouverte par la destruction des autres souches.</p>
<h2>Des poulets soldats pour prévenir de la présence du virus</h2>
<p><a href="https://www.epizone-eu.net/en/home/show/faq-diva-vaccines-and-diagnostics.htm">Le système DIVA</a> (pour <em>differentiating infected from vaccinated animals</em>) est prescrit par les autorités sanitaires pour distinguer les virus introduits par la vaccination de ceux qui annoncent un nouveau foyer d’infection. </p>
<p>Ce système peut s’inspirer des mesures adoptées à Hongkong, où des volailles non vaccinées sont placées à l’entrée des fermes pour servir de sentinelles, car elles portent les anticorps des virus qui entrent dans la ferme et peuvent parfois en mourir, alors que les volailles vaccinées invisibilisent ces virus. Le terme chinois <em>shaobingji</em> signifie littéralement que ces poulets sont des soldats qui lancent l’alerte quant à <a href="https://limn.it/articles/hong-kong-as-a-sentinel-post/">présence du virus</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=658&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=658&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=658&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=826&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=826&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/534754/original/file-20230629-27-u2e936.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=826&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vaccination de volailles à Hong Kong.</span>
<span class="attribution"><span class="source">F.Keck</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La vaccination offre ainsi aux éleveurs, entre l’angoisse au quotidien de trouver une volaille malade et la désolation de devoir abattre tout un « lot » en cas de crise, un espoir de renouer le <a href="https://hal.science/hal-01207044/file/C30Larrere.pdf">« contrat domestique »</a> qui les lie à leurs animaux, dont ils échangent la chair et les œufs contre du soin.</p>
<p>Les termes du débat sur la grippe aviaire – entre confinement et vaccination – semblent en effet rejouer celui qui eut lieu autour du Covid-19 trois ans auparavant, comme si les populations humaines et aviaires étaient soumises à la même « biopolitique » consistant, selon les mots de Michel Foucault, à « faire vivre et laisser mourir » les <a href="https://journals.openedition.org/lhomme/29305">populations</a>. </p>
<p>Lorsqu’ils sont vaccinés, les animaux cessent d’être perçus comme des marchandises qu’on peut envoyer à l’équarrissage en cas de défaut, pour apparaître à nouveau comme des vivants dont on prend soin parce qu’on partage certaines de leurs maladies. L’Anses recommande ainsi fortement aux éleveurs de volailles de se vacciner contre la grippe.</p>
<h2>Des éleveurs sentinelles pour identifier les oiseaux malades</h2>
<p>L’insistance des experts sur la nécessité de continuer à surveiller les oiseaux sauvages et les volailles domestiques montre aussi que la vaccination, si elle peut alléger la charge morale qui pèse sur les éleveurs, ne résout nullement les problèmes écologiques que pose un élevage industriel à forte valeur ajoutée, tourné vers l’exportation.</p>
<p>Dans un contexte de changement climatique, qui affecte aussi les <a href="https://www.nationalgeographic.fr/animaux/le-rechauffement-climatique-bouleverse-la-migration-des-oiseaux">trajectoires migratrices des oiseaux sauvages</a> et les conduit à rester plus longtemps en France, les éleveurs de volailles peuvent jouer le rôle de sentinelles en reportant les cas d’oiseaux malades trouvés dans leurs champs. </p>
<p>L’<a href="https://www.ofb.gouv.fr/ce-quil-faut-savoir-sur-linfluenza-aviaire">Office français de la biodiversité</a> et la <a href="https://www.lpo.fr/la-lpo-en-actions/agir-pour-la-faune-en-detresse/faq-grippe-aviaire">Ligue de protection des oiseaux</a> ont ainsi souligné que le nombre d’oiseaux sauvages porteurs de la grippe aviaire avait tellement augmenté que les spécialistes de la faune sauvage ne suffiront pas à les compter.</p>
<p>On ne parle pas encore de vacciner les oiseaux sauvages contre la grippe, ce qui serait techniquement impossible et moralement douteux, car cela pousserait très loin le projet humain de domestiquer les animaux sauvages. Mais la grippe aviaire, en obligeant les autorités sanitaires à innover dans les stratégies prophylactiques jusque-là appliquées aux épizooties (abattage, vaccination et surveillance), brouille déjà la coupure entre le domestique et le sauvage, qui a séparé dans les sociétés industrialisées la gestion de l’élevage et la surveillance de la faune.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207861/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Keck a reçu des financements du Fonds Axa pour la recherche, de l’Agence nationale de la recherche, du DIM One Health et de l’Institut canadien pour la recherche avancée. </span></em></p>La vaccination contre la grippe aviaire offre aux éleveurs un espoir, plutôt qu’être pris entre l’angoisse de trouver un oiseau malade et la désolation de devoir abattre tout son élevage.Frédéric Keck, Anthropologie, EHESS, CNRS, Laboratoire d'anthropologie sociale, Collège de France, Auteurs historiques The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2055542023-05-26T14:05:02Z2023-05-26T14:05:02ZLe sexe oral est devenu le principal facteur de risque du cancer de la gorge<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/525745/original/file-20230511-19-88mm2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C988%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le virus du papillome humain (VPH), premier responsable du cancer du col de l’utérus, est la cause principale du cancer de la gorge.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cancers de la gorge a connu une augmentation rapide dans les pays occidentaux, au point qu’on en est venu à parler d’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3294514/pdf/10-0452_finalS.pdf">épidémie</a>. Cette hausse est imputable à un type particulier de cancer, le cancer oropharyngé (qui touche la zone des amygdales et de l’arrière de la gorge). Le <a href="https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/oropharyngeal/risks#:%7E:text=L%E2%80%99infection%20au%20virus%20du,du%20cancer%20de%20l%E2%80%99oropharynx.">virus du papillome humain</a> (VPH), premier responsable du cancer du col de l’utérus, en est la cause principale. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, le cancer de l’oropharynx est désormais plus fréquent que celui du col de l’utérus.</p>
<p>Le VPH est transmis par voie sexuelle. Pour le cancer de l’oropharynx, le plus important facteur de risque est le nombre de partenaires avec qui une personne a eu des rapports sexuels buccogénitaux. Les personnes qui en ont eu avec six partenaires ou plus au cours de leur vie ont <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa065497">8,5 fois plus</a> de risques de développer un cancer de l’oropharynx que celles qui ne pratiquent pas ce type de sexualité.</p>
<p>Les études sur les tendances comportementales montrent que la sexualité orale est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3901667/pdf/pone.0086023.pdf">très répandue dans certains pays</a>. Dans une étude que mes collègues et moi-même avons menée au Royaume-Uni auprès d’un millier de personnes ayant subi une amygdalectomie pour des raisons non liées au cancer, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6763631/pdf/ciy1081.pdf">80 % des adultes ont déclaré avoir eu des rapports buccogénitaux</a> à un moment ou à un autre de leur vie. Heureusement, seul un faible nombre de ces personnes développent un cancer de l’oropharynx. On ne sait pas très bien pourquoi.</p>
<p>La théorie la plus répandue est que la plupart des gens attrapent des infections à VPH et sont capables de les éliminer. Cependant, un petit nombre de personnes ne peuvent pas s’en débarrasser, peut-être en raison d’une déficience d’un aspect de leur système immunitaire. Chez elles, le virus peut se répliquer continuellement et, au fil du temps, il s’insère à des positions aléatoires dans l’ADN de l’hôte, ce qui peut engendrer un cancer.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Graphique montrant un cancer de l’oropharynx" src="https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522308/original/file-20230421-2957-le0097.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’oropharynx est le segment central de la gorge (pharynx).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.scientificanimations.com/wiki-images/">(Wikimedia)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La vaccination des jeunes filles contre le VPH a été mise en place dans de nombreux pays pour prévenir le cancer du col de l’utérus. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6763631/pdf/ciy1081.pdf">Des preuves</a> de plus en plus nombreuses, bien qu’indirectes, indiquent qu’elle pourrait aussi être efficace pour prévenir l’infection de la gorge par le virus. Certaines données suggèrent également que les garçons sont protégés par <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6763631/pdf/ciy1081.pdf">l’immunité collective</a> <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2749588">dans les pays</a> où la couverture vaccinale des filles est importante (plus de 85 %). Tous ces éléments devraient permettre, d’ici quelques décennies, de réduire la prévalence du cancer de l’oropharynx.</p>
<p>Du point de vue de la santé publique, c’est une bonne chose, mais uniquement si la couverture est élevée chez les filles – plus de 85 % – et si l’on reste dans la « collectivité » couverte. Cela ne garantit toutefois pas une protection individuelle – surtout à l’ère des voyages internationaux – dans les cas où quelqu’un a des rapports sexuels avec une personne originaire d’un pays où la couverture est faible. Et cela n’offre assurément pas de protection dans les pays où la couverture vaccinale des filles est faible, comme <a href="https://progressreport.cancer.gov/prevention/hpv_immunization">aux États-Unis, où seulement 54,3 %</a> des adolescentes âgées de 13 à 15 ans avaient reçu deux ou trois doses de vaccin contre le VPH en 2020.</p>
<h2>Vacciner les garçons</h2>
<p>Cela a conduit plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Australie et les États-Unis, à étendre leurs recommandations en matière de vaccination contre le VPH aux jeunes garçons, ce que l’on appelle une politique de vaccination neutre sur le plan du sexe.</p>
<p>Une politique de vaccination universelle ne garantit toutefois pas une bonne couverture. Une proportion importante de certaines populations est opposée à la vaccination contre le VPH pour des raisons de sécurité, de nécessité ou, plus rarement, parce qu’elle craint que cela encourage la promiscuité sexuelle.</p>
<p>Parallèlement, des études sur la population montrent qu’il arrive que de jeunes adultes, dans le but de s’abstenir de rapports sexuels avec pénétration, vont commencer par avoir des rapports sexuels oraux.</p>
<p>La pandémie de coronavirus a également engendré son lot de défis. Tout d’abord, il n’a pas été possible de sensibiliser les jeunes dans les écoles pendant un certain temps. Ensuite, on observe dans de nombreux pays une croissance de la réticence vis-à-vis des vaccins, ou des attitudes « antivax », ce qui peut contribuer à une réduction de la couverture vaccinale.</p>
<p>Comme toujours, lorsqu’il s’agit de populations et de comportements, rien n’est simple ni évident.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205554/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hisham Mehanna est consultant pour MSD et Merck. Il reçoit des financements de Cancer Research Uk, du National Institute for Health Research et du MRC, ainsi que d'Astra Zeneca, de GSK et de GSK Bio. Il est conseiller auprès de l'Oracle Trust, une organisation caritative de défense des patients atteints de cancer de la tête et du cou.</span></em></p>Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cancers de la gorge a connu une augmentation rapide dans les pays occidentaux, au point qu’on en est venu à parler d’épidémie. Le VPH est en cause.Hisham Mehanna, Professor, Institute of Cancer and Genomic Sciences, University of BirminghamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2042932023-04-21T12:43:25Z2023-04-21T12:43:25ZDossier : Les 1 001 destins de la double hélice d’ADN<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522336/original/file-20230421-28-efi9sh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C16%2C5463%2C3399&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La double hélice d'ADN est aussi devenue une icône culturelle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1528177">pxhere</a></span></figcaption></figure><p>En 1953, James Watson et Francis Crick publiaient leur <a href="https://www.nature.com/articles/171737a0">légendaire article</a> sur la structure de l’ADN, la fameuse double hélice. </p>
<p>Ces recherches ont marqué l’histoire de la biologie, et bien au-delà, l’histoire des êtres vivants, nous offrant une fenêtre sur la variété des formes de vie sur Terre et leur évolution, mais nous donnant aussi les moyens d’intervenir intentionnellement dans le code de programmation du vivant.</p>
<p>Soixante-dix ans plus tard, les applications de cette découverte ont complètement changé la société. Voici une sélection d’applications très différentes de la génétique et de la génomique, qui permet de mieux en comprendre les enjeux.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/edition-genomique-humaine-quels-espoirs-et-quelles-peurs-203215">Édition génomique humaine : quels espoirs et quelles peurs</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Image en carte à gratter de Bill Sanderson, 1990" src="https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522329/original/file-20230421-881-1qhoo2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La famille de Laocoon en proie à des doubles hélices d’ADN.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomecollection.org/works/n5nyj788/images?id=ap3d2z87">Wellcome Trust Limited 1990</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Soixante-dix ans après la découverte de la structure de l’ADN, on sait modifier les génomes humains. Zooms sur trois enjeux majeurs : héritabilité, régulation, équité dans l’accès aux soins.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/decouvrir-de-nouvelles-especes-grace-a-ladn-quelles-laissent-derriere-elles-181861">Découvrir de nouvelles espèces grâce à l’ADN qu’elles laissent derrière elles</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Poissons, planctons, méduses, et autres espèces colorées, sur fond noir" src="https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522330/original/file-20230421-28-pdoiw1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La biodiversité marine est toujours méconnue. Ici, des espèces d’eaux intermédiaires, qui pourraient être affectées par les activités minières dans les abysses.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pnas.org/cms/10.1073/pnas.2011914117/asset/3571810c-ff7e-4751-b5b4-32680272f70e/assets/images/large/pnas.2011914117fig01.jpg">E. Goetze, K. Peijnenburg, D. Perrine, B. Takenaka, J. Kaneko, S. Haddock, J. Drazen, B. Robison, Danté Fenolio, avec l’autorisation de l’Université de Hawaii.)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’ADN environnemental révèle que la biodiversité des grands fonds est bien plus importante que ce que l’on pensait, avec plus d’un tiers des espèces encore inconnues.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/comment-fabriquer-de-ladn-et-creer-de-nouveaux-genomes-203249">Comment fabriquer de l’ADN et créer de nouveaux génomes</a></h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Double hélice en forme de 53" src="https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=404&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=404&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522333/original/file-20230421-18-1o6rtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=404&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La double hélice d’ADN a été découverte en 1953, il y a 70 ans. Depuis, on sait fabriquer de l’ADN à partir de ses briques de base, et même créer de nouveaux génomes (de petites tailles, mais quand même).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://wellcomecollection.org/works/hg3eqrjd">Peter Artymiuk, Wellcome Trust Images</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis la découverte de la double hélice, on a appris à lire, modifier et écrire l’ADN – jusqu’à créer des génomes nouveaux.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/comment-fonctionnent-les-vaccins-a-arn-et-a-adn-125267">Comment fonctionnent les vaccins à ARN et à ADN ?</a></h2>
<p>Le laboratoire Pfizer a mis au point un vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2, qui a été le premier a être administré dans plusieurs pays dont la France. Retour sur son principe de fonctionnement.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/ladn-sera-t-il-lavenir-du-stockage-de-donnees-159387">L’ADN sera-t-il l’avenir du stockage de données ?</a></h2>
<p>Peut-on se servir de la double hélice d’ADN pour stocker la quantité croissante de données que nous générons ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204293/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Depuis la découverte de la structure de l’ADN, de nombreuses applications ont vu le jour. Une sélection des articles de la rédaction.Elsa Couderc, Cheffe de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2013482023-04-17T15:55:02Z2023-04-17T15:55:02ZPropagation du Covid, évolution du virus, vaccins… Le point sur les connaissances en 2023<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520858/original/file-20230413-28-ejb219.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C25%2C3462%2C2481&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le nombre de variants du SARS-CoV-2 témoigne de son adaptation à notre espèce.</span> <span class="attribution"><span class="source">MinMaj7th</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Si la pandémie de Covid semble marquer le pas, elle n’en est pas terminée pour autant… Après trois ans, il est toutefois possible de prendre du recul sur cinq points majeurs qui ont soulevé beaucoup de questions et de débats, tant à propos du virus que des moyens de le combattre.</p>
<h2>La pathogénicité du virus</h2>
<p>Tous les virus évoluent dans le temps, y compris le SARS-CoV-2. De nombreux variants ont été identifiés et sont classés par l’OMS en tant que <a href="https://www.who.int/fr/news/item/16-03-2023-statement-on-the-update-of-who-s-working-definitions-and-tracking-system-for-sars-cov-2-variants-of-concern-and-variants-of-interest">« variants préoccupants » (VOC, pour « variants of concern ») ou « variants à suivre » (VOI, pour « variant of interest »)</a> – ce sont les fameux Alpha, Delta ou plus récemment Omicron… qui ont scandé l’actualité en 2021 et 2022, et aujourd’hui considérés comme « anciennement préoccupants ».</p>
<p>Depuis début 2022, le variant Omicron domine dans le monde, avec le sous-lignage BA.5. La force de ce dernier réside dans sa capacité à échapper à la protection immunitaire induite par une première infection (par BA.1…) et/ou une vaccination antérieure. Il tend à être remplacé par le sous-lignage XBB.1.5, venu des États-Unis et classé VOI.</p>
<p>Les variants dont le nom commence par la lettre « X » sont dits recombinants, car ils résultent du mélange génétique de deux variants précédents – en l’occurrence entre deux sous-lignages de BA.2 pour XBB.1.5. La recombinaison est un moyen d’évolution du virus au même titre qu’une mutation « simple », qui correspond à une modification génétique du virus.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1608875608096006146"}"></div></p>
<p>Les variants ont longtemps été caractérisés par leur lieu d’émergence. Les typologies par alphabet grec (VOC) et par alphabet composé (VOI) ont ensuite remplacé la dénomination géographique initiale stigmatisante (variants « anglais », « indien », etc.). Bien que les lieux d’émergence des nouveaux variants soient variés, leur diffusion rapide à l’échelle planétaire occulte cet aspect.</p>
<h2>Le public le plus vulnérable</h2>
<p>Les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/hsr2.657">personnes âgées</a> et vulnérables sont <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-95565-8">plus à risque de développer des complications</a>, des comorbidités et des formes graves de la maladie. Mais le Covid-19 peut affecter tout le monde, quel que soit l’âge ou la condition physique.</p>
<p>Des études, françaises et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7234789/">internationales</a>, ont mis en évidence que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7234789/">précarité était également associée à un risque accru d’infection et de Covid sévère</a>. Le travail de l’Observatoire régional de la santé (ORS) Île-de-France et de l’Insee a notamment mis en évidence dès avril 2020 une surmortalité dans les territoires les plus pauvres, <a href="https://www.ors-idf.org/nos-travaux/publications/la-surmortalite-durant-lepidemie-de-Covid-19-dans-les-departements-franciliens/">particulièrement marquée en Seine-Saint-Denis</a>. Bien qu’aucun lien de causalité ne soit encore clairement établi, des corrélations avec des facteurs environnementaux, urbains, sociaux et relatifs aux systèmes de soins sont envisageables.</p>
<p>Par ailleurs, il a été décrit certains facteurs associés au Covid long tel que la sévérité initiale ou le nombre de symptômes présents à la phase aiguë. Cependant des <a href="https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/long-term-effects/">individus en bonne santé peuvent expérimenter un Covid long</a> avec des symptômes tels que la fatigue, des douleurs thoraciques et des céphalées, ressentis des mois après guérison de l’infection aiguë.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-long-quen-savent-les-scientifiques-aujourdhui-179817">Covid long : qu’en savent les scientifiques aujourd’hui ?</a>
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<h2>Prévenir la propagation du virus</h2>
<p>La transmission du SARS-CoV-2 est largement liée à la « charge virale », soit la quantité de virus présente dans l’organisme des personnes infectées ou malades. Elle est généralement soit aérienne (via des gouttelettes, aérosol) ou bien par contact (direct ou indirect).</p>
<p>L’application de mesures de <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-67362031142-9/fulltext">distanciation physique permet donc de réduire le risque de transmission</a>.</p>
<p>Et du fait qu’elle est majoritairement aéroportée, la ventilation régulière des espaces fermés (renouvellement de l’air) et le port du masque sont également pertinentes pour réduire la transmission du virus. Une revue récente de la littérature a mis en évidence qu’une <a href="https://www.bmj.com/content/377/bmj-2021-068743">transmission longue distance (>2m) du SARS-CoV-2 était possible dans des endroits confinés comme le restaurant, le bureau</a> et que celle-ci était associée à une aération inadéquate de ces espaces.</p>
<h2>L’intérêt des masques</h2>
<p>Le port du masque est une des mesures clefs pour réduire la propagation du SARS-CoV-2 – et des infections respiratoires de façon plus large. En effet, le <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-67362031142-9/fulltext">port du masque permettrait de réduire l’exposition virale</a> si porté de façon adéquate (principalement en ce qui concerne le masque FFP2).</p>
<p>Plusieurs études ayant examiné son impact sur la dynamique épidémique du SARS-CoV-2 avaient peiné à conclure à un effet significatif sur la propagation du virus… Cependant, les auteurs ont modéré ces résultats, notamment à cause d’un grand nombre de biais existant dans les essais menés et d’un nombre relativement faible de personnes ayant suivi les directives sur le port du masque. <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD006207.pub6/full">Ce qui a pu affecter les résultats des études</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/utiles-ou-non-le-point-sur-lefficacite-des-masques-contre-le-covid-199548">Utiles ou non : le point sur l'efficacité des masques contre le Covid</a>
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<p>Une revue de la littérature portant sur 172 études a, elle, conclu que les masques étaient <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32497510/">efficaces pour prévenir la transmission des virus respiratoires (SARS-CoV-2, du SRAS ou du MERS)</a>.</p>
<h2>L’impact des vaccins</h2>
<p>La <a href="https://www.nature.com/articles/s41562-021-01122-8">mise au point de plusieurs vaccins efficaces contre le SARS-CoV-2</a> a constitué une avancée majeure en 2020. Jamais auparavant, une campagne de vaccination n’avait démarré aussi rapidement après l’identification d’un nouvel agent pathogène.</p>
<p>La vaccination a eu un impact significatif sur l’évolution de la pandémie en réduisant la charge virale, l’incidence (nombre de nouveaux cas d’une maladie pour une période et une population données), les hospitalisations et les décès – sauvant ainsi des dizaines de millions de vies dans le monde. Selon une étude, la <a href="https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(22)00320-6/fulltext">vaccination aurait évité 15 millions de décès entre décembre 2020 et décembre 2021</a>. Ces effets bénéfiques se sont principalement concentrés dans les pays à haut revenu.</p>
<p>Les effets secondaires sont dans la grande majorité des cas mineurs. Les plus courants sont la fièvre, les céphalées et les myalgies (douleurs musculaires), qui semblent être davantage observées avec les vaccins à ARNm.</p>
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<p>Les <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.121.056135">rares cas de myocardite</a> (13 cas pour 1 million de doses) sont majoritairement constatés avec les vaccins à ARNm (Pfizer, Moderna). Tandis que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33863748/">cas de thromboses</a> (10 cas pour 1 million de doses) sont quant à eux observés avec les vaccins à adénovirus (AstraZeneca et Janssen).</p>
<p>La vaccination est <a href="https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/efficacite-rappels-omicron/">restée efficace en cas d’infection par les sous-variants Omicron BA.4 et BA.5</a>, qui prédominent encore à ce jour. L’efficacité de la vaccination est la plus élevée dans les deux premiers mois suivant l’injection puis diminue de moitié au-delà de neuf mois.</p>
<p>L’<a href="https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(22)00801-5/fulltext">immunité hybride, obtenue après vaccination et infection naturelle au SARS-CoV-2, confère une protection plus durable</a>, l’infection pouvant susciter une réponse immunitaire plus diversifiée.</p>
<h2>Des questions demeurent</h2>
<p>Après trois années d’une pandémie suivie presque en direct, nous avons aujourd’hui une vision plus claire sur ses cinq points, allant de la pathogénicité du virus à l’impact des vaccins.</p>
<p>Bien que la pandémie semble actuellement être contenue, elle est encore présente comme le montrent les chiffres toujours fluctuants des infections… Le SARS-CoV-2 ne semble donc pas prêt de disparaître et l’évolution à venir de l’épidémie reste imprévisible. De très nombreuses questions demeurent, et par conséquent, de nombreux travaux restent à mener sur le Covid.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201348/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Intérêt du masque et du vaccin, propagation du virus… Plusieurs débats ont émaillé ces dernières années de Covid. Les études scientifiques permettent désormais de trancher sur ces cinq points clefs.Nicolas Pulik, Chargé de développement international - ANRS|Maladies infectieuses émergentes, InsermArmelle Pasquet-Cadre, Infectiologue - Responsable du pôle dispositf de crise, ANRS | Maladies infectieuses émergentes, InsermClaveau Nathan, Chargé de mission, dispositif de crise et animation scientifique, ANRS-MIE, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2011202023-03-14T20:01:07Z2023-03-14T20:01:07ZDormir moins de six heures par nuit diminue la réponse immunitaire induite par la vaccination<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514925/original/file-20230313-24-tnn95d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C33%2C7360%2C4869&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Mieux vaut avoir son quota de sommeil lorsque l’on se fait vacciner.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/uN8TV9Pw2ik">CDC / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>À ce jour, la pandémie de SARS-CoV-2 a entraîné plus de <a href="https://covid19.who.int/">750 millions de cas confirmés et plus de 6,8 millions de décès</a>. La vaccination a joué un rôle majeur pour contenir la pandémie, protéger les systèmes de soins, et sauver des vies.</p>
<p>Dans des sociétés de plus en plus mondialisées, les virus émergents constituent des menaces croissantes. De nouvelles souches de grippe, de nouveaux variants du SARS-CoV-2 sont continuellement identifiés. Dans un tel contexte, la vaccination constitue un outil majeur de santé publique.</p>
<p>Au-delà de la mise au point de nouveaux vaccins, serait-il possible d’améliorer l’efficacité vaccinale de ceux qui existent en jouant sur certains facteurs comportementaux ? La réponse pourrait être positive. En effet, divers travaux de recherche suggèrent que la durée du sommeil influence l’efficacité de la vaccination.</p>
<h2>De quoi dépend la protection vaccinale ?</h2>
<p>La protection conférée par un vaccin dépend de l’ampleur de la réponse immunitaire. Le taux d’anticorps produits suite à la vaccination, aussi appelée « réponse humorale », constitue un témoin de cette réponse immunitaire. Il est considéré comme un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33674800/">biomarqueur clinique de protection et un indicateur précoce de l’immunité</a>.</p>
<p>Plusieurs études ont démontré que la production d’anticorps après une vaccination pouvait être réduite en présence de divers facteurs démographiques et cliniques. Ainsi, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34117873/">être de sexe masculin</a>, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33955644/">avoir un âge avancé, présenter un surpoids ou une obésité, avoir des antécédents de tabagisme, souffrir d’hypertension</a> sont autant de facteurs de risque qui peuvent influer négativement sur l’efficacité de la vaccination.</p>
<p>Malheureusement, aucun d’entre eux ne peut être modifié rapidement dans l’optique d’optimiser la réponse humorale. Mais d’autres facteurs pourraient également entrer en jeu, comme la durée de sommeil.</p>
<h2>Les effets du sommeil sur la réponse à la vaccination</h2>
<p>En 2002, nous avions rapporté dans le Journal of the American Medical Association que la <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/1032061">réponse des anticorps suite à une vaccination contre la grippe était réduite de moitié chez des volontaires à qui nous faisions subir une restriction de sommeil en laboratoire</a>, par rapport à des témoins.</p>
<p>Si un tel effet du sommeil était confirmé, nous aurions donc la possibilité de modifier relativement aisément ce comportement, en vue d’optimiser la réponse vaccinale, notamment dans le contexte de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Suite à nos travaux, d’autres équipes ont ensuite mené des études pour déterminer les effets d’une durée de sommeil insuffisante sur la production d’anticorps suite à des vaccinations contre la grippe et l’hépatite. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14508028/">Leurs résultats</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21632713/">ont cependant été</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22217111/">quelque peu mitigés</a>, probablement en raison de différences méthodologiques, notamment en ce qui concernait les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3397812/">tailles d’échantillon</a>, qui pour certaines, étaient limitées.</p>
<p>De façon à mieux informer la communauté scientifique et le public sur ce sujet, nous avons décidé d’effectuer une méta-analyse des données existantes sur le sujet, afin de les résumer et d’estimer avec précision la « taille de l’effet ». Cette mesure statistique permet de déterminer si <a href="https://www.utstat.toronto.edu/%7Ebrunner/oldclass/378f16/readings/CohenPower.pdf">l’effet d’un sommeil insuffisant sur la réponse humorale est faible, moyen ou fort</a>.</p>
<p>Une méta-analyse est en quelque sorte une <a href="https://theconversation.com/meta-analyses-de-lart-de-bien-melanger-torchons-et-serviettes-81286">« analyse d’analyses »</a>. Ce travail consiste à effectuer une revue systématique de la littérature afin de recenser toutes les études jugées pertinentes sur le sujet, puis à utiliser des techniques statistiques afin de combiner leurs résultats. Cela permet d’obtenir des estimations plus robustes que celles issues d’une unique étude.</p>
<p>Les résultats de nos travaux ont été <a href="https://doi.org/10.1016/j.cub.2023.02.017">publiés dans la revue scientifique <em>Current Biology</em></a>.</p>
<h2>Des résultats clairs pour les vaccins contre la grippe et l’hépatite</h2>
<p>Le principal résultat de notre travail est qu’une durée insuffisante de sommeil, autrement dit inférieure à six heures par nuit, chez les adultes âgés de 18 à 60 ans, est associée à une forte diminution de la réponse à la vaccination (la durée du sommeil auto-rapportée, c’est-à-dire estimée par les participants, n’étant que modestement corrélée à la durée du sommeil objective, nous présentons ici les résultats obtenus lorsque le sommeil a été mesuré de façon objective).</p>
<p>Ce résultat a été obtenu à partir d’études ayant examiné le lien entre la durée du sommeil et les réponses immunitaires aux vaccins contre la grippe et l’hépatite.</p>
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<p>À l’heure actuelle, il n’existe pas de données comparables pour les vaccins Covid-19. Néanmoins, afin d’obtenir une comparaison pertinente pour la pandémie de SARS-CoV-2, nous avons comparé nos résultats à la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34614326/">décroissance au cours du temps des taux d’anticorps suite au vaccin à ARNm Pfizer-BioNTech contre le Covid-19</a>, un effet qui rend nécessaire les rappels vaccinaux.</p>
<p>La diminution des taux d’anticorps lors d’un sommeil insuffisant était identique à l’affaissement des anticorps observé deux mois après inoculation du vaccin Pfizer/BioNTech.</p>
<h2>Des différences entre hommes et femmes</h2>
<p>Lorsque les données étaient analysées séparément pour les hommes et les femmes, un sommeil insuffisant était associé à une forte réduction des taux d’anticorps chez les hommes.</p>
<p>En revanche, chez les femmes, cette association n’était pas significative, probablement en raison des grandes variations des taux d’hormones sexuelles observées au cours de la vie d’une femme, qui dépendent notamment <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28992436/">du cycle menstruel, de la prise de contraception hormonale, du statut ménopausique, et de l’hormonothérapie substitutive au cours de la ménopause</a>.</p>
<p>Fait important, aucune des études incluses dans notre méta-analyse ne tenait compte de l’influence des taux d’hormones sexuelles de la femme sur la réponse immunitaire au vaccin, alors que les effets des hormones sexuelles sur la fonction immunitaire sont bien connus. La testostérone, les œstrogènes et la progestérone, en particulier, sont présentes à des concentrations différentes selon le sexe. Or, les œstrogènes stimulent la réponse humorale, alors que la testostérone et la progestérone ont des effets immunosuppresseurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Représentation schématique des effets de la durée du sommeil sur la réponse des anticorps à la vaccination" src="https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514926/original/file-20230313-24-x6vdql.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La durée du sommeil a des effets sur la réponse immunitaire humorale à la vaccination.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
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<h2>Quelles sont les prochaines étapes ?</h2>
<p>Notre méta-analyse suggère que s’assurer d’une durée de sommeil suffisante aux alentours de la vaccination peut améliorer la réponse humorale à diverses souches de virus.</p>
<p>On peut réalistement espérer que cette recommandation serait suivie d’effets, car des approches comportementales visant à étendre la durée du sommeil à domicile se sont déjà avérées <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34507028/">faisables, acceptées et efficaces au sein de diverses populations</a>.</p>
<p>De nombreuses questions doivent encore être élucidées. Des études à grande échelle sont notamment indispensables pour définir la fenêtre temporelle durant laquelle l’optimisation de la durée du sommeil est la plus bénéfique, avant et après la vaccination. Il faudra aussi déterminer l’impact des hormones sexuelles dans la relation entre la durée du sommeil et la réponse des anticorps à la vaccination chez les femmes. Enfin, il sera nécessaire d’estimer avec plus de précision l’ampleur de la dette de sommeil susceptible d’avoir un effet délétère sur la réponse immunitaire.</p>
<p>Des millions de personnes seront encore vaccinées contre le coronavirus SARS-CoV-2 et d’autres virus, ou recevront des rappels. Ces campagnes constituent une occasion sans précédent de recueillir de données sur la durée du sommeil au moment de la vaccination, ainsi que sur les niveaux d’hormones sexuelles, afin d’étudier en détail le rôle joué par la durée du sommeil dans la réponse immunitaire à la vaccination.</p>
<p>Une chose est certaine, nos résultats indiquent que dormir suffisamment est essentiel pour le bon fonctionnement de notre organisme. Comme le soulignent les experts de la National Sleep Foundation, une organisation américaine visant à promouvoir l’importance du sommeil, il est recommandé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29073412/">aux adultes de moins de 65 ans de dormir entre 7 et 9 heures par nuit, et 7 à 8 heures pour les adultes de plus de 65 ans</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201120/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eve Van Cauter n'a pas de conflit d'intérêt financier à déclarer en lien avec ce travail.
Elle est membre du conseil consultatif scientifique de Sleep Number Corporation (Minneapolis, MN, USA), consultante pour Calibrate Health, Inc (Delaware, USA) et directrice d'un projet de recherche sur le thème « Circadian Misalignment in Adrenal Insufficiency » financé par Takeda Pharmaceutical Company.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Karine Spiegel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une méta-analyse récente révèle que, chez les adultes âgés de 18 à 60 ans, une durée de sommeil inférieure à six heures par nuit est associée à une forte diminution de la réponse à la vaccination.Karine Spiegel, Chercheuse, Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon Inserm U1028 - CNRS UMR5292 - UCBL - UJM, InsermEve Van Cauter, Professor Emeritus, Department of Medicine Section of Endocrinology, Diabetes and Metabolism Committee on Molecular Metabolism Committee of Clinical and Translational Science, University of ChicagoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1988012023-02-02T19:10:21Z2023-02-02T19:10:21ZCovid-19 : non, notre système immunitaire n’a pas été affaibli par les mesures sanitaires<p>À l’automne 2022, une épidémie de bronchiolite précoce et d’une ampleur inhabituelle a touché la France et d’autres pays de l’hémisphère nord, comme le Canada ou les États-Unis. Diverses explications ont été proposées pour rendre compte de ce phénomène exceptionnel.</p>
<p>Une théorie a été avancée en particulier : celle de la « dette immunitaire ». Dans sa version initiale, elle a été présentée par ses auteurs comme la conséquence d’un « défaut de stimulation » du système immunitaire, en l’absence d’agents pathogènes. Trop protégé et « inactif », notre système immunitaire « s’affaiblirait », à la manière d’un muscle non sollicité. Dans le cas présent, un tel état serait la conséquence des mesures sanitaires (masques, distanciation, confinement, etc.) mises en œuvre en 2020 et 2021. </p>
<p>Mais cette théorie, séduisante par sa simplicité, achoppe sur plusieurs incohérences. Explications.</p>
<h2>La théorie de la dette immunitaire</h2>
<p>Elle a été proposée pour la première fois au printemps 2021 par des pédiatres français dans un <a href="https://doi.org/10.1016/j.idnow.2021.05.004">article publié dans la revue <em>Infectious Diseases Now</em></a>. Précisons qu’il s’agissait d’un article d’opinion, et non d’une publication proposant un modèle épidémiologique solide ou des données expérimentales relevant de la microbiologie et de l’immunologie.</p>
<p>Dans son principe, elle s’inspire <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.299.6710.1259">de l’hypothèse hygiéniste</a>, formulée initialement <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.299.6710.1259">à la fin des années 1980 par l’épidémiologiste David P. Strachan</a>. Selon ce chercheur, dont l’hypothèse <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.38069.512245.fe">ne fait toujours pas consensus dans le milieu scientifique</a>, la propension à développer des allergies (atopie) serait liée à la diminution d’infections virales (notamment respiratoires) dans l’enfance, en raison du renforcement des normes sociales d’hygiène.</p>
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<p>Or, pendant la pandémie de Covid-19, les mesures sanitaires non pharmaceutiques
prises par les autorités pour limiter la circulation du coronavirus SARS-CoV-2 ont aussi impacté d’autres maladies. Ainsi, les cas d’infections par le virus influenza (<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-grippe.-bilan-de-la-surveillance-saison-2020-2021">grippe</a>), le virus respiratoire syncytial (VRS, significativement impliqué dans les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/bronchiolite-bilan-de-la-surveillance-hivernale-2020-2021">bronchiolites</a> et pneumonies du nourrisson) ou d’<a href="https://doi.org/10.1016/j.lana.2021.100015">autres pathogènes respiratoires</a> ont beaucoup diminué, ou ont été modifiés dans leur temporalité, comparativement aux années prépandémiques. </p>
<p>Établissant un parallèle avec l’hypothèse hygiéniste de Strachan, les promoteurs de la théorie de la dette immunitaire affirment que, dans une telle situation, le système immunitaire serait « comptable » d’une « dette » à l’égard des agents infectieux. Le retard pris dans le calendrier vaccinal, associé à une moindre exposition aux virus et bactéries, se serait traduit, une fois les mesures sanitaires levées, par d’importantes vagues épidémiques. </p>
<p>Selon les tenants de cette hypothèse, ce mécanisme expliquerait non seulement la recrudescence des bronchiolites, mais également d’autres infections, comme celles à <a href="https://www.telegraph.co.uk/news/2022/12/07/strep-kills-children-Covid-did-first-year/">streptocoque</a>, dont une multiplication de cas graves (formes invasives) <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON429">a été rapportée</a>.</p>
<p>La théorie de la dette immunitaire a largement circulé, reprise par <a href="https://www.wsj.com/articles/post-Covid-19-world-risks-having-to-pay-off-immunity-debt-11624863679">les médias</a> et par des <a href="https://www.liberation.fr/checknews/olivier-veran-a-t-il-raison-de-lier-la-virulence-de-lepidemie-de-bronchiolite-a-levitement-du-virus-pendant-deux-ans-en-raison-du-port-du-masque-20221116_ET67SCPBIRDBLOULU6FW6TRROU/">personnalités politiques</a>. Pourtant, plusieurs arguments mettent à l’épreuve sa solidité.</p>
<h2>Lacune immunitaire</h2>
<p>Comme le montre <a href="https://doi.org/10.1016/j.idnow.2021.05.004">le titre de leur article</a>, les promoteurs de la notion de dette immunitaire tendent à superposer celle-ci avec le phénomène - bien documenté - de lacune immunitaire (« <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/347965">immunity gap</a> » en anglais). Ils les assimilent même complètement pour <a href="https://doi.org/10.1016/j.idnow.2022.12.003">soutenir que la théorie de la dette immunitaire est confirmée</a>.</p>
<p>Le concept populationnel et statistique de lacune immunitaire a été décrit dès les années 1960 : si, au sein d’une population, une proportion d’individus immunitairement « naïfs » vis-à-vis d’un pathogène (autrement dit, qui n’y ont jamais été exposés) se retrouve en contact avec lui, alors le risque est de voir émerger une épidémie avec explosion des cas.</p>
<p>Il faut souligner que, dans ce modèle, l’augmentation des cas ne résulte pas d’un changement de la virulence du pathogène, ni d’un système immunitaire « affaibli » : la propagation du microbe est simplement facilitée, car il n’existe pas de mémoire immunitaire spécifique préexistante le concernant, puisque les individus naïfs ne l’ont jamais croisé.</p>
<p>Une telle situation peut aussi se produire dans le cas d’une persistance limitée de la mémoire immunitaire spécifique (qui résulte du <a href="https://theconversation.com/comment-notre-corps-se-defend-il-contre-les-envahisseurs-143072">système immunitaire adaptatif</a>, basé sur les anticorps). Elle peut aussi être le fait d’une couverture vaccinale insuffisante, un problème également pointé par les auteurs de la théorie de la dette immunitaire. </p>
<p>Il faut cependant bien comprendre que la théorie de la dette immunitaire se distingue de la lacune immunitaire, et ce pour deux raisons. D’une part, elle postule un affaiblissement non seulement du système immunitaire adaptatif, mais également du système immunitaire inné. D’autre part, cette théorie postule que la dette qui résulterait de cet affaiblissement se situerait à l’échelle de l’individu, et non à l’échelle de la population. </p>
<h2>Notre système immunitaire ne connaît pas de « pause »</h2>
<p>L’idée sous-jacente à la théorie de la dette immunitaire, qui est celle d’une discontinuité de l’activité du système immunitaire, fait écho à une représentation de ce dernier qui n’est plus d’actualité. </p>
<p>La conception d’un système immunitaire qui devrait être « formé » et « renforcé » trouve en effet son origine dans le premier quart du 20e siècle. À cette époque, l’immunologie était <a href="https://doi.org/10.1590/S0104-59701996000200006">réduite à l’opposition anticorps/antigènes (terme désignant un élément reconnu comme étranger par l’organisme)</a>, les premiers n’étant supposés actifs qu’à l’occasion de la rencontre des seconds.</p>
<p>Or, on sait aujourd’hui que les systèmes immunitaires inné et adaptatif sont déjà fonctionnels <a href="https://doi.org/10.1126/scitranslmed.3008748"><em>in utero</em></a>, sans qu’ils aient préalablement rencontré de pathogènes. Certes, les nouveau-nés développent leur répertoire immunologique après la naissance, mais ils ne sont pas dépourvus de toute défense immunitaire lorsqu’ils viennent au monde. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-notre-corps-se-defend-il-contre-les-envahisseurs-143072">Comment notre corps se défend-il contre les envahisseurs ?</a>
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<p>Rappelons aussi que le système immunitaire inné reconnaît non seulement <a href="https://doi.org/10.1038/ni.1863">les organismes étrangers</a>, mais aussi l’immense diversité des micro-organismes qui vivent en nous (notre microbiote) ou sont ingérés avec notre alimentation, qui le stimulent eux aussi. Il est donc capable d’un premier niveau (faiblement) spécifique de réponse immunitaire.</p>
<p>En outre, quand bien même une « dette immunitaire » existerait, personne n’a vécu depuis février 2020 dans un environnement aseptique. Les micro-organismes, pathogènes ou non, sont partout : dans notre environnement, dans l’air, dans les objets que nous manipulons, les personnes qui nous entourent, nos aliments, nos boissons… L’isolement complet n’existe pas, ni l’absence de stimulation, ainsi que le montrent les <a href="https://ourworldindata.org/explorers/coronavirus-data-explorer?facet=none&Metric=Confirmed+cases&Interval=Cumulative&Relative+to+Population=false&Color+by+test+positivity=false&country=%7EOWID_WRL">centaines de millions d’individus</a> infectés par le SARS-CoV-2 depuis 3 ans, dont <a href="https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/donnees-de-laboratoires-pour-le-depistage-a-compter-du-18-05-2022-si-dep/">28 millions rien qu’en France en 2022</a>, incluant des réinfections. </p>
<p>Autrement dit, notre système immunitaire (adaptatif comme inné) ne connaît pas de « pause » : <a href="https://doi.org/10.1016/j.cell.2018.03.013">il fonctionne en permanence</a>, y compris en l’absence de pathogènes, qu’il n’a donc pas « besoin » de rencontrer pour demeurer actif. </p>
<p>Soulignons par ailleurs que, même en temps normal, l’immunité conférée par certains virus après une infection ne dure pas suffisamment longtemps pour éviter la réinfection après quelques mois. C’est bien entendu le cas du SARS-CoV-2, mais aussi du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2010624/">VRS</a>. Fin 2022, la protection procurée par les infections des années précédentes aurait de toute façon déjà décliné.</p>
<p>Un autre argument vient fragiliser la théorie de la dette immunitaire : plusieurs pays qui avaient adopté des mesures sanitaires moins contraignantes ont aussi été touchés par des épidémies de bronchiolites atypiques.</p>
<h2>De précédentes épidémies de bronchiolite</h2>
<p>Si une dette immunitaire existait, les pays dans lesquels les mesures de protection n’ont pas été généralisées ne devraient pas en faire les frais. </p>
<p>Or, la recrudescence de cas de bronchiolites liés à une infection virale a également été enregistrée dans les pays n’ayant pas appliqué de politique de santé publique forte en faveur du port du masque chez les enfants. C’est par exemple le cas du <a href="https://www.gov.uk/government/publications/emergency-department-weekly-bulletins-for-2022">Royaume-Uni</a>, de la <a href="https://sweden.postsen.com/news/57867/Epidemiologist-The-RS-virus-could-be-widespread-this-year.html">Suède</a>, ou de <a href="https://www.cdc.gov/surveillance/nrevss/rsv/natl-trend.html">certains états américains</a>).</p>
<p>Par ailleurs, des vagues épidémiques importantes de bronchiolite avaient déjà eu lieu en 2021, durant l’été puis l’automne, non seulement en <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bronchiolite/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-bronchiolite-semaine-15.-saison-2021-2022">France</a>, mais aussi au <a href="https://www.clinicaltrialsarena.com/comment/rsv-uk-children/">Royaume-Uni</a> et dans d’autres pays. </p>
<p>Pourquoi une telle situation ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, sans qu’il soit besoin de recourir à la théorie de la dette immunitaire.</p>
<h2>D’autres virus impliqués</h2>
<p>Si l’on a beaucoup parlé du VRS et de son implication dans la bronchiolite, il ne faut pas oublier que cette maladie peut être causée par divers autres virus (SARS-CoV-2 et autres coronavirus, metapneumovirus, adénovirus, etc.).</p>
<p>Dans le cas présent, il pourrait être intéressant de vérifier, par des tests de dépistage, quels virus ont été à l’origine de ces vagues épidémiques, et de déterminer si des co-infections se sont produites.</p>
<p>C’est d’autant plus important que la question des interactions entre virus constitue une autre piste qui pourrait expliquer au moins en partie la situation de ces derniers mois. Il est en effet possible d’envisager pour expliquer ce phénomène une augmentation de la sévérité clinique lors de <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(22)00383-X">co-infections associées au SARS-CoV-2</a>. </p>
<p>On connaît encore mal la façon dont les virus interfèrent les uns avec les autres, mais ce type de piste n’est pas à écarter, tout comme celle de l’impact du SARS-CoV-2 sur notre immunité, qui est aussi à explorer.</p>
<h2>Un système immunitaire épuisé ?</h2>
<p>La recrudescence de formes éventuellement plus fréquemment sévères d’infections virales respiratoires ou bactériennes, voire fongiques, sont à l’étude. Ces recherches s’intéressent notamment à la <a href="https://doi.org/10.1038/s41590-021-01113-x">perturbation du système immunitaire résultant d’une infection par le SARS-CoV-2</a>, qui pourrait <a href="https://doi.org/10.3389/fimmu.2022.1034159">affecter le fonctionnement des lymphocytes B impliqués dans la mémoire immunitaire notamment</a>.</p>
<p>Les découvertes des quinze dernières années en immunologie/immuno-oncologie ont aussi montré qu’une inflammation chronique ou des infections répétées <a href="https://doi.org/10.1016/j.celrep.2020.108078">épuisent le système immunitaire et induisent un risque autoimmun</a>.</p>
<p>Il ne s’agit pour l’instant que de pistes qui doivent être approfondies, mais qui paraissent solides, car reposant sur des mécanismes biochimiques immunitaires documentés survenant après une infection virale. Par ailleurs, elles sont compatibles avec la survenue, durant l’année 2021, d’autres épidémies que celles de Covid-19 (épidémies de bronchiolite notamment, comme mentionnée précédemment).</p>
<p>Certes, un « rattrapage » lié à une moindre exposition des jeunes enfants durant la pandémie ou à un retard vaccinal (soulignons toutefois qu’il n’existe pas à ce jour de vaccin contre le <a href="https://science.gc.ca/site/science/fr/blogues/anciens-blogues/resumes-articles-scientifiques-laboratoire-national-microbiologie/decouvrir-mecanismes-biologiques-vaccin-vrs">VRS</a> ni contre le <a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/streptocoques-b#vaccin">streptocoque A</a>), sur le modèle de la lacune immunitaire, pourrait avoir été une composante des vagues d’épidémies inhabituelles observées récemment. Cependant, la théorie de la dette immunitaire, qui apparaît très spéculative, n’est pas confirmée, et ne peut donc pas être mobilisée comme si elle était validée scientifiquement pour expliquer cette situation. </p>
<p>Non seulement les mesures barrière n’ont pas affaibli notre système immunitaire, mais elles ont permis de <a href="https://doi.org/10.1093/jtm/taac055">limiter la circulation d’un virus émergent</a> dont les conséquences à long terme sur la santé humaine restent largement méconnues. Il convient désormais de poursuivre les recherches cliniques, physiopathologiques et épidémiologiques pour mieux les appréhender.</p>
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<p><em>Ont également participé à la rédaction de cet article : Éric Billy, chercheur en immuno-oncologie (salarié du NIBR à Bâle, il s’exprime en son nom propre), Franck Clarot, médecin légiste et radiologue, Jérôme Guison, médecin interniste, Alexander Samuel, docteur en biologie moléculaire.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198801/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon la théorie de la « dette immunitaire », l’ampleur des épidémies survenues fin 2022, telle que celle de bronchiolite, serait la conséquence des mesures anti-Covid-19. Une hypothèse peu plausible.David Simard, Docteur en philosophie, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Frédéric Fischer, Maître de conférences en biochimie et biologie moléculaire, Université de StrasbourgLonni Besançon, Phd en Human Computer Interaction, Linköping UniversityMichaël Rochoy, Docteur en médecine générale, chercheur associé, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1980242023-01-19T17:54:13Z2023-01-19T17:54:13ZLes vaccins à ARN, une nanotechnologie en plein essor<p>Mardi 17 janvier, Moderna a annoncé avoir obtenu des résultats préliminaires positifs lors d’un essai de phase 3 visant à évaluer l’efficacité, chez les personnes âgées, <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/maladie-enfant/bronchiolite-moderna-annonce-des-resultats-intermediaires-positifs-pour-un-vaccin_168866">d’un vaccin à ARN messager (ARNm) dirigé contre le virus respiratoire syncytial (VRS)</a>, responsable de la bronchiolite.</p>
<p>La pandémie due au coronavirus SARS-CoV-2 avait déjà révélé le formidable potentiel de ce type de vaccins. Développés en quelques mois, ils ont rapidement permis de contenir les vagues successives de Covid-19, et de limiter leurs dégâts.</p>
<p>Au cœur de ce succès se trouve, bien entendu, la molécule d’ARNm. Mais tout le crédit ne lui revient pas : d’autres actrices, moins connues, contribuent largement à l’efficacité de ces vaccins. Il s’agit des nanoparticules lipidiques, qui non seulement « encapsulent » l’ARNm pour le protéger et le transporter, intact, à l’intérieur des cellules, mais exacerbent aussi la réponse immunitaire. Ce qui présente des avantages, mais également certains inconvénients. Explications.</p>
<h2>L’ARN ne fait pas tout</h2>
<p>Alors que les vaccins classiques contenaient des fragments du virus contre lequel on cherchait à « éduquer » le système immunitaire (ou bien ledit virus « inactivé » ou « atténué »), les vaccins à ARNm <a href="https://theconversation.com/comment-fonctionnent-les-vaccins-a-arn-et-a-adn-125267">ne contiennent qu’un « plan de montage »</a> : la molécule d’ARNm. Après injection, celle-ci pénètre dans les cellules où elle sera lue et utilisée pour fabriquer un fragment de virus qui stimulera les défenses immunitaires (l’« antigène », terme désignant un élément reconnu comme étranger par l’organisme). Ainsi « éduqué », le système immunitaire sera prêt à réagir s’il devait, plus tard, croiser le virus lui-même.</p>
<p>Les molécules d’ARNm sont donc centrales dans les vaccins à ARN. Mais seules, elles ne serviraient pas à grand-chose. Très fragiles, elles se dégradent en effet très rapidement, en particulier en présence d’enzymes, très nombreuses dans notre organisme.</p>
<p>Pour les protéger et s’assurer qu’elles arrivent à bon port après injection, les ARNm sont « emballés » dans de minuscules « nanocapsules » lipidiques. Les vaccins à ARN sont donc des « nanovaccins ». Précisons que ces nanoparticules lipidiques <a href="https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr-les-vaccins-a-arn-contiennent-des-nanoparticules-dangereuses-faux/">n’ont rien à voir avec les nanoparticules toxiques qui font actuellement débat</a>.</p>
<p><a href="https://www.mdpi.com/2076-393X/9/1/65">Les nanoparticules vaccinales sont constituées de quatre éléments essentiels</a> :</p>
<ul>
<li><p>des lipides ionisables, chargés positivement, qui se lient aux charges négatives de l’ARN messager ;</p></li>
<li><p>des phospholipides (des constituants essentiels des membranes cellulaires) ;</p></li>
<li><p>du cholestérol (autre constituant essentiel des membranes cellulaires, en association avec les phospholipides) ;</p></li>
<li><p>des lipides conjugués à des chaînes de polyéthylène glycol, qui stabilisent l’ensemble.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=859&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=859&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505210/original/file-20230118-11-a8h93s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=859&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Structure d’une particule lipidique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.mdpi.com/2076-393X/9/1/65">Michael D. Buschmann M. D. et al (2021) « Nanomaterial Delivery Systems for mRNA » -- Vaccines</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>In vivo</em>, les lipides ionisables qui constituent les nanoparticules vaccinales permettent à celles-ci d’entrer dans la cellule en étant internalisées dans des sortes de vésicules appelées endosomes. Une fois dans la cellule, l’ARN est libéré, lu et traduit en protéines. Reconnues étrangères par l’organisme, ces dernières déclenchent la réponse vaccinale.</p>
<p>Les nanoparticules lipidiques protègent donc l’ARN d’une dégradation rapide et assurent sa captation par les cellules au site d’injection. Elles exercent aussi d’autres actions déterminantes pour l’efficacité des vaccins à ARN. Mais elles sont aussi impliquées dans certains de leurs effets indésirables.</p>
<h2>Effet adjuvant et stimulation des réponses immunes</h2>
<p>Comme tout vaccin, les vaccins à ARN doivent stimuler les cellules immunitaires appelées « cellules présentatrices d’antigène » pour qu’une réponse immune efficace se développe.</p>
<p>Dans les vaccins classiques basés sur des protéines antigéniques, cette action de stimulation des cellules présentatrices d’antigène est exercée par un adjuvant présent dans le vaccin. Les vaccins à ARN sont quant à eux dépourvus d’adjuvant, car <a href="https://www.cell.com/immunity/fulltext/S1074-7613(22)00555-6">ce rôle est joué par les lipides chargés positivement</a> qui font partie des nanoparticules.</p>
<p>L’effet adjuvant des nanoparticules lipidiques aboutit à une stimulation robuste des lymphocytes spécifiques de l’antigène dans les ganglions lymphatiques qui drainent le site d’injection. Ces réponses immunes <a href="https://www.cell.com/immunity/fulltext/S1074-7613(21)00490-8">sont plus puissantes que celles obtenues avec les adjuvants classiques</a> et impliquent notamment des cellules immunitaires appelées « lymphocytes T folliculaires », qui orchestrent la production d’anticorps capables de neutraliser le virus avec une très grande efficacité.</p>
<p>Des études menées chez des individus vaccinés ont révélé que ces lymphocytes T folliculaires spécifiques de l’antigène vaccinal <a href="https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(21)01489-6?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS0092867421014896%3Fshowall%3Dtrue">peuvent persister plusieurs mois dans les ganglions d’individus vaccinés</a>.</p>
<p>Les mécanismes précis de l’activité adjuvante des nanoparticules lipidiques n’ont été que partiellement élucidés pour l’instant. On sait qu’ils reposent notamment sur la stimulation de différentes populations de globules blancs, en particulier les cellules dendritiques qui présentent les antigènes aux lymphocytes T, et sur la production d’hormones du système immunitaire nécessaires à l’activation des réponses immunes (cytokines et de chimiokines).</p>
<p>Ces messagers chimiques entraînent en parallèle une réaction inflammatoire à l’origine d’effets indésirables, qui définissent la <a href="https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=r%C3%A9actog%C3%A9nicit%C3%A9">réactogénicité</a> du vaccin, autrement dit sa propension à produire des réactions adverses, le plus souvent bénignes et transitoires.</p>
<h2>Effets indésirables avérés et supposés</h2>
<p>La <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa2034577">réactogénicité des vaccins à ARN</a> se traduit par des symptômes tels que douleur au site d’injection, fièvre, maux de tête, fatigue. Ils surviennent fréquemment, mais disparaissent en quelques jours.</p>
<p>Des travaux récents suggèrent que le polyéthylène glycol pourrait engendrer une réactogénicité plus importante, qui surviendrait chez des individus sensibilisés par une exposition préalable à ce composant via certains produits pharmaceutiques ou cosmétiques. Cependant, le <a href="https://www.nature.com/articles/s41565-021-01001-3">rôle du polyéthylène glycol dans de rares réactions allergiques graves est controversé</a>.</p>
<p>Il arrive aussi que la réaction inflammatoire au vaccin gagne les ganglions des aisselles et du cou qui drainent le site d’injection des vaccins à ARN messager. Ils sont alors le siège d’un gonflement perceptible et parfois gênant. Ce phénomène, très vraisemblablement attribuable aux nanoparticules lipidiques s’observe le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468294222000375?via%3Dihub">plus fréquemment après la deuxième dose du vaccin Moderna</a>.</p>
<p>Dans la très grande majorité des cas, le gonflement disparaît en quelques jours. Lorsqu’il persiste plus de deux semaines, des examens complémentaires sont indispensables pour ne pas retarder le diagnostic <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2022.963393/full">d’une pathologie maligne préexistante</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/securite-des-vaccins-anti-sars-cov-2-pourquoi-il-ne-faut-pas-relacher-la-vigilance-172641">Sécurité des vaccins anti-SARS-CoV-2 : pourquoi il ne faut pas relâcher la vigilance</a>
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<p>Enfin, la myocardite-post-vaccinale est une complication très rare des vaccins ARN anti-Covid-19, reconnue par les autorités réglementaires. <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(22)00059-5/fulltext">Son pronostic est heureusement favorable, avec une guérison rapide dans la majorité des cas</a>. Si l’implication des nanoparticules lipidiques n’a pas été démontrée, elle est plausible. En effet, ces myocardites font intervenir une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00392-022-02129-5">importante réaction inflammatoire et une infiltration du cœur par des lymphocytes T</a>. Il pourrait en être de même dans les <a href="https://www.journal-of-hepatology.eu/article/S0168-8278(22)00234-3/fulltext">quelques cas d’hépatite rapportés après vaccination</a>.</p>
<h2>Aux confins de la nanomédecine et de l’immunologie</h2>
<p>Les vaccins à ARN présentent de nombreux avantages. Ils peuvent être développés très rapidement et produits en masse dès que l’on a déterminé la séquence génétique permettant de produire l’antigène qu’ils contiennent. C’est ainsi que les nouveaux vaccins anti-Covid-19 dirigés contre des sous-variants du variant Omicron ont pu être rendus disponibles en quelques mois seulement.</p>
<p>Autre avantage : un même vaccin peut contenir plusieurs ARNs protégeant contre différents virus ou variants viraux. Ainsi, une équipe américaine vient de produire un vaccin contenant les ARNs codants pour 20 variants de l’hémagglutinine du virus influenza (la protéine qui lui permet de s’arrimer aux cellules qu’il infecte), <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abm0271">ouvrant la voie vers un vaccin antigrippe universel</a>. Pour prévenir les infections respiratoires les plus fréquentes, un <a href="https://www.pharmacytimes.com/view/combination-flu-Covid-19-rsv-mrna-vaccine-could-change-immunizations-landscape">vaccin ARN qui protège simultanément contre le Covid-19, la grippe et le VRS</a> est aussi en développement.</p>
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<p>La capacité des vaccins ARN à induire des <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-med-042420-112725">réponses immunitaires puissantes</a> constitue un autre atout majeur. Cela permet d’envisager leur utilisation pour le contrôle de virus qui n’ont pu être maîtrisés par des vaccins traditionnels, comme le VIH et le cytomégalovirus. Pour cette même raison, les scientifiques espèrent qu’ils permettront aussi des avancées majeures dans la lutte contre le cancer. Des résultats très prometteurs <a href="https://www.merck.com/news/moderna-and-merck-announce-mrna-4157-v940-an-investigational-personalized-mrna-cancer-vaccine-in-combination-with-keytruda-pembrolizumab-met-primary-efficacy-endpoint-in-phase-2b-keynote-94/">contre le mélanome malin avancé ont d’ailleurs déjà été rendus publics</a>.</p>
<p>Les vaccins ARN anti-Covid ont donc ouvert une nouvelle ère en vaccinologie, celle des « nanovaccins ». Leur optimisation implique de nouvelles recherches, aux confins de la nanomédecine et de l’immunologie. Les vaccins déployés durant la pandémie de Covid-19 présentaient une balance bénéfice-risque indubitablement positive. Les futurs vaccins à ARN devront quant à eux continuer à faire l’objet d’une surveillance attentive, afin d’identifier les patients à risque de développer des réactions indésirables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198024/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Goldman est membre des conseils d'administration de la Tuberculosis Vaccine Initiative et de Friends of the Global Fund Europe. Il représente la Fédération Européenne des Académies de Médecine au Civil Society Forum de l'agence européenne HERA. Il a fondé l'Institut d'Immunologie Médicale de l'Université libre de Bruxelles en partenariat avec GlaxoSmithKline et a été directeur exécutif de l'Innovative Medicines Initiative. Il est membre de l'Advisory Board d'AstraZeneca sur les anticorps monoclonaux.</span></em></p>Les vaccins à ARN ont permis de rapidement modifier le cours de la pandémie de Covid-19. Leur efficacité est due non seulement à la molécule d’ARN, mais aussi aux nanocapsules qui la protègent.Michel Goldman, Président de l'institut I3h, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1965292022-12-19T16:42:54Z2022-12-19T16:42:54ZAtouts et défis de la vaccination nasale anti-Covid : les promesses d’une approche française<p>Contrairement aux idées reçues encore largement partagées, le but premier des vaccins actuels contre le Covid-19 est de protéger contre les formes graves de la maladie afin de prévenir les risques d’hospitalisations et de décès… et non de bloquer la transmission entre individus. Pour ce faire, il faudrait viser une vaccination dite « stérilisante » : ce n’est qu’alors que le cercle des contaminations pourrait être interrompu, seule possibilité pour stopper la pandémie.</p>
<p>Comment passer de l’un à l’autre ?</p>
<p>De façon générale, la vaccination permet l’induction d’une réponse immunitaire basée sur deux types de cellules : les lymphocytes T, capables de détruire les cellules infectées, et les lymphocytes B qui produisent des anticorps capables de neutraliser le virus (SARS-CoV-2 dans le cas du Covid) pour l’empêcher d’infecter de nouvelles cellules saines.</p>
<p>Les vaccins actuels (y compris à ARNm) sont administrés par voie intramusculaire et sont dits « systémiques » : ils permettent l’activation des cellules immunitaires au niveau du corps entier <em>via</em> un pool de cellules circulant dans le sang, qui peuvent ensuite gagner les organes infectés. Si efficace qu’elle soit, cette immunité systémique ne permet pas d’avoir un niveau élevé de lymphocytes B et T dans la cavité nasale et les poumons – qui favoriserait une protection rapide et efficace contre le virus, en le bloquant dès son arrivée.</p>
<p>À l’inverse, une vaccination par voie intranasale induit une réponse immunitaire non seulement systémique mais également locale – directement, donc, au niveau de la porte d’entrée du SARS-CoV-2.</p>
<p>L’activation des cellules immunitaires de la muqueuse nasale permettrait ainsi de s’affranchir de la course contre la montre entre le virus (qui se multiplie dans notre système respiratoire) et notre système immunitaire systémique (qui doit se mobiliser jusqu’aux organes les plus concernés) : concrètement, cela permettrait de stopper rapidement le virus et de bloquer ses possibilités de dissémination et réplication dans notre organisme. De quoi éviter sa transmission et les contaminations.</p>
<h2>Les spécificités de la vaccination nasale</h2>
<p>Premier constat, on l’a dit, la vaccination nasale agit en priorité au niveau de la zone d’entrée du virus. Mais on peut également constater que les cellules immunitaires qu’elle y active (lymphocytes T et B résidents au niveau du nez, de la bouche et des voies respiratoires supérieures) diffèrent de celles activées par la vaccination intramusculaire classique.</p>
<p>Autre remarque : la vaccination nasale induit des lymphocytes B producteurs d’anticorps particuliers, les IgA (Immunoglobulines de type A), qui ne sont que très faiblement induits par voie intramusculaire – qui induit principalement la production d’IgG (Immunoglobulines de type G). Or les IgA ont une capacité supérieure aux IgG à « capturer » les virus pour les neutraliser. Autre atout des IgA, ils sont plus « polyvalents » que les IgG et conservent leur efficacité malgré les variations possibles du virus.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Synthèse des effets du vaccin nasal (qui entraine la formation d’IgA au niveau des voies respiratoires, et IgG au niveau des poumons) et intramusculaire (IgG dans tous le corps)" src="https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=562&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=562&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500751/original/file-20221213-16682-j2i3sx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=562&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les vaccins intramusculaire et nasal n’entraînent pas le même type d’immunité. Le second (à gauche) a une action systémique et locale, plus à même de bloquer la transmission du virus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LoValTech</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Pour toutes ces raisons, la vaccination « muqueuse » permettrait de prévenir les formes mêmes modérées de la maladie et de bloquer la transmission inter-individus, pour atteindre l’immunité stérilisante.</p>
<p>Le vaccin <a href="https://www.vidal.fr/actualites/27066-Covid-19-les-promesses-de-la-vaccination-intranasale.html">FluMist est le seul exemple de vaccin intranasal en santé humaine</a> ayant reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM). Vaccin contre la grippe basé sur une forme atténuée du virus responsable (<em>influenza</em>), il est approuvé aux États-Unis et en Europe, et possède une <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa065368">efficacité qui surpasse celle du vaccin intramusculaire chez les jeunes enfants</a>.</p>
<p>Cependant, son efficacité est moindre chez les adultes en raison de leur immunité muqueuse déjà acquise, du fait des infections précédemment contractées. Constitué d’une version atténuée du virus, le vaccin est rapidement bloqué par l’immunité locale en place : ce qui lui laisse moins de chance d’agir.</p>
<h2>Nouvelle approche de vaccin nasal anti-Covid</h2>
<p>Notre équipe de recherche (laboratoire BioMAP, Unité mixte de recherche Université-INRAE ISP 1282), dirigée par le professeur Isabelle Dimier-Poisson, possède une expérience reconnue en immunologie et vaccination par voie muqueuse.</p>
<p>En nous basant sur cette expertise, nous avons travaillé à une stratégie innovante de vaccin muqueux anti-Covid afin de faire face à ses multiples spécificités. Notre candidat vaccin s’appuie sur trois innovations :</p>
<ul>
<li><p><strong>L’antigène :</strong> Cible du virus, il est au cœur du vaccin. Il s’agit d’une protéine de fusion originale, conçue dans notre laboratoire, composée de la <a href="https://theconversation.com/Covid-du-diagnostic-au-controle-de-lepidemie-la-revolution-du-sequencage-des-virus-175254">désormais célèbre protéine Spike (S)</a> associée à une autre protéine du virus, la Nucléoprotéine (N). Cette stratégie permet à notre vaccin de maintenir son efficacité contre différents variants car il cible d’autres parties du virus, conservées, indépendantes des variations de la protéine S.</p></li>
<li><p>Afin d’optimiser l’activation de la réponse immunitaire muqueuse, notre antigène est enveloppé dans des « <strong>nano-carriers</strong> » (que l’on pourrait traduire par « nano-transporteurs »). Il s’agit de molécules de type sucres, qui confèrent des propriétés originales d’adhésion à la muqueuse et permettent d’optimiser la prise en charge de notre vaccin. Aucun besoin d’adjuvant (susceptible de créer des inflammations), ce qui limite les risques d’effets secondaires.</p></li>
<li><p>Enfin, dernier élément clé, un <strong>système de délivrance, ou spray</strong>, capable de déposer efficacement notre vaccin dans la cavité nasale, précisément au niveau des zones capables d’induire la réponse immunitaire muqueuse.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Synthèse des trois innovations développées : vue 3D de la protéine vaccinale, de son nano-porteur et du spray" src="https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=259&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=259&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=259&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500763/original/file-20221213-20652-g5huck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Trois innovations ont été nécessaires à l’élaboration de notre candidat vaccin : au niveau de l’antigène, de son enveloppe protectrice et du système d’injection..</span>
<span class="attribution"><span class="source">LoValTech</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Vaccination nasale anti-Covid : où en est-on ?</h2>
<p>D’autres équipes se sont lancées dans ce type d’approches privilégiant une délivrance du vaccin par voie muqueuse. Il existe toutefois encore peu de candidats vaccins disponibles chez l’Homme. Nous pouvons citer deux exemples récents (septembre 2022), en Chine et en Inde – en gardant à l’esprit qu’ils n’utilisent pas la voie intranasale au sens strict.</p>
<p>Un premier vaccin, <a href="https://www.reuters.com/world/china/china-rolls-out-first-inhalable-Covid-vaccine-2022-10-28/">actuellement en essai en Chine</a>, est administré par inhalation. Le vaccin de CanSino Biologics a été approuvé par les autorités sanitaires chinoises comme dose de rappel pour protéger contre les symptômes du Covid-19. Il est basé, comme son homologue intradermique, sur un adénovirus recombinant exprimant la protéine S du SARS-CoV-2 et est délivré à l’aide d’un nébuliseur par la bouche. Il demande donc un dispositif médical particulier et, de par sa nature virale, même atténuée, présente un risque d’effets secondaires de type inflammation pulmonaire.</p>
<p>Le second a été approuvé par les autorités sanitaires indiennes. Il s’agit d’iNCOVACC, <a href="https://www.bharatbiotech.com/intranasal-vaccine.html">développé par la société Bharat Biotech</a>, pour la primo-vaccination en deux doses administrées par le nez. Ce vaccin nasal utilise également un adénovirus modifié et atténué pour délivrer la protéine Spike du SARS-CoV-2.</p>
<p>Ce vaccin, <a href="https://infectiousdiseases.wustl.edu/michael-s-diamond-md-phd-creates-worlds-first-nasal-Covid-19-vaccine-approved-in-india/">créé par Michael S. Diamond, David T. Curiel (Université de Washington)</a>, a fait l’objet d’une <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.01.26.428251v1">publication récente présentant des essais précliniques chez le chimpanzé, et montrant des résultats prometteurs</a>. Cependant, ce résultat n’est pas représentatif d’une « vraie » vaccination nasale car il utilise une double voie de vaccination : intranasale et intrabronchique. Le vaccin est administré jusqu’aux poumons, avec un risque potentiel d’inflammation. Ce résultat préclinique est donc à considérer avec prudence.</p>
<p>Il est également à noter que ni la Chine ni l’Inde n’ont encore publié les résultats d’études cliniques humaines soutenant leur décision d’approuver ces vaccins.</p>
<p>Quel que soit le candidat considéré, la capacité à administrer la formulation vaccinale de manière efficace par voie nasale est un challenge.</p>
<p>La société AstraZeneca vient ainsi d’annoncer en octobre les <a href="https://www.ox.ac.uk/news/2022-10-11-intranasal-Covid-19-vaccine-candidate-s-clinical-data-highlights-need-further">résultats décevants de ses premiers essais cliniques de vaccin nasal</a>. Cette version administrable par voie nasale tirée de son vaccin injectable (développée avec des chercheurs de l’université d’Oxford) n’a montré que de faibles réponses en anticorps dans la muqueuse nasale. L’explication serait qu’une grande partie du vaccin, qui utilise un virus désactivé, n’aurait pas atteint sa cible et se serait retrouvé en grande partie dans le tube digestif avant d’avoir pu activer le système immunitaire des muqueuses.</p>
<p>Un point clef, que souligne d’ailleurs l’équipe de ce dernier candidat vaccin, est l’importance du système de spray. La vaccination par administration nasale nécessite clairement de prendre en considération l’optimisation de la délivrance du produit <em>in situ</em>.</p>
<h2>Dernières étapes pour notre candidat vaccin</h2>
<p>Notre candidat vaccin a donné d’excellents résultats face à de multiples variants du SARS-CoV-2, avec protection contre la maladie et limitation de sa transmission, sur des modèles précliniques de référence (souris et hamsters). Notre objectif est à présent de valider cette efficacité lors des essais cliniques chez l’Homme, programmés dès 2023.</p>
<p>Le challenge, pour passer du préclinique animal à l’Homme, est d’obtenir une réponse immunitaire efficace malgré une délivrance du vaccin différente : en effet, sur les modèles type souris et hamster, le volume et la voie de délivrance à la micropipette induisent une immunisation dans la cavité nasale mais également jusque dans la partie supérieure des poumons.</p>
<p>Or, chez l’Homme, nous voulons rester au niveau de la cavité nasale afin de limiter les risques de réaction immunitaire non maîtrisée pouvant conduire à une <a href="https://theconversation.com/Covid-19-les-pistes-pour-comprendre-pourquoi-lobesite-est-un-facteur-de-risque-168451">réaction inflammatoire trop forte</a> (les <a href="https://presse.inserm.fr/plusieurs-formes-dorages-cytokiniques-sont-associes-a-la-severite-et-la-mortalite-dans-la-Covid-19/42738/">« orages cytokiniques »</a>) : l’objectif est d’optimiser la stimulation du système muqueux nasal uniquement.</p>
<p>Pour ce faire, nous voulons que notre vaccin soit intégralement déposé dans les zones critiques du nez : là où le virus se niche pour infecter et se multiplier, et là où se situent les cellules immunitaires qui doivent répondre au vaccin (au niveau du NALT, ou <em>Nasal Associeted Lymphoid Tissus</em>, où sont concentrés les lymphocytes B producteurs d’IgA et les lymphocytes T).</p>
<h2>Développer un système de spray adapté à la vaccination nasale</h2>
<p>Petite subtilité : un spray vaccinal est différent d’un spray thérapeutique, à usage multiple et répété. Il lui faut délivrer une dose unique, très précise et ciblant le système immunitaire muqueux.</p>
<p>Dès le début du développement de notre projet, nous avons commencé à travailler sur cette question et mis en place des collaborations de recherche et développement avec deux sociétés spécialisées dans les systèmes de délivrance par voie intranasale : les sociétés <a href="https://www.aptar.com/products/pharmaceutical/nasal-vaccines/">Aptar pharma</a> et <a href="https://medspray.com/cases/nasal-atomiser-adapter/">Medspray</a>.</p>
<p>L’efficacité potentielle de ces systèmes de spray est évaluée par deux méthodes :</p>
<ul>
<li><em>In vitro</em>, à l’aide d’un <strong>modèle artificiel</strong> (<em>nasal cast</em>) qui reproduit la cavité nasale humaine et permet d’évaluer, après ajout d’un colorant fluorescent, comment se dépose notre formulation vaccinale dans les différents compartiments. Ce modèle nous permet de corriger le spray pour qu’il cible de façon optimale les zones clés du système immunitaire de la muqueuse nasale.</li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photos du modèle artificiel permettant de visualiser la diffusion du vaccin après injection dans le nez" src="https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500784/original/file-20221213-21971-576dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ce modèle artificiel permet de pallier à l’impossibilité de s’appuyer sur les modèles précliniques animaux classiques. Il reproduit la cavité nasale humaine et le candidat vaccin peut y être administré afin de vérifier sa bonne diffusion.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LoValTech</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><em>In vivo</em>, nous réalisons des tests comparatifs d’efficacité des différents systèmes de spray chez le lapin (modèle animal de référence) pour évaluer leur capacité à induire une réponse vaccinale optimale dans les muqueuses nasales (dans le cadre des tests réglementaires de toxicologie).</li>
</ul>
<p>Notre objectif est de sélectionner le système de délivrance intranasal optimal pour les essais cliniques à venir, en termes d’efficacité biologique (activation de la vaccination par délivrance réduite à la cavité nasale). Mais, dans l’idée de concevoir un spray accessible aux pays à faibles revenus, nous sommes attentifs aux contraintes économiques et veillons à ce qu’il puisse être produit en masse et à coût réduit.</p>
<hr>
<p><em>Pour accompagner notre candidat vaccin, notre équipe a créé la <a href="https://lovaltechnology.com/">start up LoValTech</a> en 2022 afin de prendre le relais de la recherche académique et de poursuivre son développement industriel jusqu’à sa commercialisation.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196529/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Epardaud fait partie des cofondateurs de la société LoValTech, pour laquelle il exerce un rôle de consultant scientifique (non rémunéré).</span></em></p>La vaccination est souvent associée à une piqure. Elle peut également prendre la forme d’un spray nasal : une approche encore rare, mais qui pourrait être efficace contre le Covid. Voici pourquoi.Mathieu Epardaud, Research Associate, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1945862022-11-18T14:45:08Z2022-11-18T14:45:08ZGrippe, rhume et Covid-19 : que nous réserve la saison des virus respiratoires ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495753/original/file-20221116-24-tht0wu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C31%2C3000%2C1841&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tout comme l'ensemble des urgences pédiatriques du pays, celle du CHEO, à Ottawa, est bondée par les temps qui courent, en raison notamment du VRS. </span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Adrian Wyld</span></span></figcaption></figure><p>Les experts en santé publique de l’hémisphère nord <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1931732/virus-respiratoire-debut-saison-actif-Covid-grippe-canada">prévoient un automne et un hiver exceptionnels pour les virus respiratoires</a>, ce qui fait ressortir l’importance des efforts de surveillance mondiale et des vaccins comme outils de lutte contre l’influenza (grippe) et la Covid-19.</p>
<h2>Les effets de la Covid-19 sur la grippe saisonnière</h2>
<p>Avant la pandémie de Covid-19, la saison annuelle des virus respiratoires dans les hémisphères nord et sud était une sorte d’épidémie, caractérisée par une augmentation rapide du taux d’influenza et de maladies de type grippal à partir du milieu de l’automne, avec un pic au milieu de l’hiver et un déclin au milieu du printemps.</p>
<p>Le schéma de l’activité grippale, qui était auparavant prévisible dans les deux hémisphères, ne l’est plus vraiment depuis la fin des mesures de confinement.</p>
<p>Aux États-Unis, on a signalé environ 36 millions d’infections, 390 000 hospitalisations et 25 000 décès dus à la grippe <a href="https://www.cdc.gov/flu/about/burden/past-seasons.html">au cours de la saison 2019-2020</a>. En 2020-2021, on a observé une activité grippale très faible, tandis qu’en 2021-2022, on a compté quatre fois moins d’infections que pendant les saisons prépandémiques.</p>
<p>La mise en œuvre de mesures de santé publique strictes pendant la pandémie de Covid-19 a contribué à réduire l’incidence de l’influenza et des maladies de type grippal au cours des deux dernières saisons de virus respiratoires dans les deux hémisphères. Toutefois, <a href="https://doi.org/10.1016/S2214-109X(22)00358-8">l’assouplissement de ces mesures</a> risque d’entraîner une très forte recrudescence des infections virales respiratoires dans les semaines à venir.</p>
<p>Ces infections comprennent <a href="https://doi.org/10.1016%2Fj.ijid.2022.08.002">l’influenza</a>, le <a href="https://covid19.healthdata.org/global?view=cumulative-deaths&tab=trend">SARS-CoV-2</a> et le <a href="https://www.cdc.gov/surveillance/nrevss/rsv/natl-trend.html">virus respiratoire syncytial</a> (VRS), qui touche particulièrement les <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/palivizumab-infection-virus-respiratoire-syncytial-nourrissons.html">enfants</a>.</p>
<h2>L’influenza dans l’hémisphère sud</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Quatre taches circulaires rouges sur un fond bleu" src="https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494631/original/file-20221110-19-jsi5eg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue microscopique de particules du virus de l’influenza B.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré l’incidence de la Covid-19 sur la santé mondiale et une saison grippale presque négligeable au cours des deux dernières années, l’hémisphère sud a vu l’activité grippale changer de façon radicale en 2022.</p>
<p>Au <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7143a1.htm?s_cid=mm7143a1_w">Chili</a>, la saison a commencé par une flambée de grippe B en janvier, suivie d’une accalmie relative en mars et avril, puis d’une montée de la grippe A qui a atteint un pic en juin. En comparaison, en <a href="https://www.health.gov.au/sites/default/files/documents/2022/10/aisr-fortnightly-report-no-7-20-june-to-3-july-2022.pdf">Australie</a>, la saison de la grippe a commencé en mars, a connu un pic record en juin et a été dominée tout au long par la grippe A.</p>
<h2>Que nous réservent l’automne et l’hiver ?</h2>
<p>Contrairement à la grippe saisonnière, la Covid-19 se comporte essentiellement comme un virus pandémique, avec une transmission virale simultanée et importante partout sur la planète. L’activité de la Covid-19 peut être « saisonnière » à certains égards, avec des taux de transmission plus élevés pendant les mois d’automne et d’hiver, lorsque les gens, qui sont plus souvent à l’intérieur, pratiquent moins la distanciation sociale.</p>
<p>L’expérience de l’hémisphère sud en 2022 est un indicateur de ce qui attend les climats nordiques pour la saison 2022-2023 des virus respiratoires.</p>
<p>Dans l’hémisphère nord, les virus respiratoires ont fait leur apparition de manière précoce et fulgurante, en particulier aux <a href="https://www.cdc.gov/flu/weekly/index.htm">États-Unis</a> et au <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/grippe-influenza/surveillance-influenza/rapports-hebdomadaires-influenza.html">Canada</a>, et semblent voués à faire des ravages dans les <a href="https://www.lesoleil.com/2022/11/10/virus-respiratoires-la-sante-publique-appelle-les-canadiens-a-redoubler-de-prudence-06385505df1e72817a0456a6f860830f">systèmes de soins de santé</a> déjà malmenés par les répercussions de la Covid-19.</p>
<h2>L’importance de la vaccination contre la grippe</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="Taches circulaires vertes avec des marques noires sur un fond bleu" src="https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494632/original/file-20221110-12-2iphk0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue au microscope de particules du virus de la grippe H1N1.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La vaccination constitue une des mesures de santé publique les plus efficaces dans la lutte contre l’influenza et la Covid-19. Les recommandations sur la composition des vaccins contre la grippe sont formulées deux fois par an par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs mois avant la saison des virus respiratoires dans chaque hémisphère.</p>
<p>Cependant, l’homologation des vaccins contre la grippe relève généralement des juridictions nationales. Des formulations semblables de vaccins sont approuvées aux <a href="https://www.cdc.gov/flu/professionals/acip/2022-2023/acip-table.htm">États-Unis</a>, au <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/guide-canadien-immunisation-declaration-vaccination-antigrippale-2022-2023.html">Canada</a>, au <a href="https://www.gov.uk/government/publications/flu-vaccines-for-the-current-season/flu-vaccines-for-the-2022-to-2023-season">Royaume-Uni</a> et dans d’autres pays du Nord, et sont maintenant largement accessibles.</p>
<p>La <a href="https://www.who.int/news/item/25-02-2022-recommendations-announced-for-influenza-vaccine-composition-for-the-2022-2023-northern-hemisphere-influenza-season">composition du vaccin contre l’influenza</a> pour la saison 2022-2023 dans les latitudes septentrionales est basée sur la surveillance des souches virales en circulation pendant la dernière saison dans l’hémisphère sud. L’OMS a recommandé le vaccin quadrivalent (quatre souches) et le vaccin trivalent (trois souches), sans accorder de préférence à l’un ou l’autre.</p>
<p>Le vaccin quadrivalent contient deux <a href="https://www.mcgill.ca/oss/article/health/what-does-it-mean-when-vaccine-contains-inactivated-virus">souches inactivées</a> de la grippe A (H1N1 et H3N2) et deux souches inactivées de la grippe B. Le vaccin trivalent est similaire, sauf qu’il ne contient qu’une seule souche inactivée de la grippe B.</p>
<h2>L’efficacité des vaccins contre la grippe</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des mains gantées faisant une injection dans une épaule" src="https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494637/original/file-20221110-20-4mq02t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On peut recevoir le vaccin contre l’influenza en même temps que celui contre la Covid-19.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Rogelio V. Solis)</span></span>
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</figure>
<p>La protection vaccinale contre l’infection, les formes graves de la grippe et les décès a d’immenses répercussions sur la santé publique, mais elle est souvent mal comprise. <a href="http://doi.org/10.1183/16000617.0258-2020">L’efficacité du vaccin</a> varie d’une saison à l’autre et <a href="https://www.cdc.gov/flu/vaccines-work/effectivenessqa.htm">dépend de plusieurs facteurs</a>, notamment le degré de correspondance entre le vaccin et les souches en circulation, l’utilisation de vaccins à forte dose ou à dose standard, les antécédents de maladie grippale ou de vaccination, l’âge, l’état de santé général et les mesures de santé publique telles que la distanciation sociale ou le port du masque médical.</p>
<p>Les vaccins contre la grippe tendent à offrir une <a href="https://www.cdc.gov/flu/vaccines-work/vaccineeffect.htm">meilleure protection contre les sous-types de la grippe B et de la grippe A H1N1</a>, mais une efficacité moindre contre le sous-type A H3N2.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1093/cid/ciab462">La recherche</a> a démontré que, aux États-Unis, l’efficacité des vaccins antigrippaux à dose standard pour prévenir les formes graves de grippe pendant la saison 2019-2020 était plus élevée pour les jeunes adultes (60 %), relativement faible chez les adultes d’âge moyen (20 %) et faible ou négligeable pour les personnes âgées.</p>
<p>Les vaccins à haute dose permettent d’obtenir une efficacité de 30 % chez les personnes âgées. Par conséquent, les personnes âgées de 65 ans et plus devraient recevoir un vaccin quadrivalent à haute dose. Les vaccins contre la grippe doivent être accompagnés d’autres précautions de prévention des infections, notamment la distanciation sociale, le port du masque à l’intérieur et le lavage fréquent des mains.</p>
<h2>Ai-je besoin d’un vaccin contre la grippe ?</h2>
<p>On peut se faire vacciner en même temps <a href="https://www.cdc.gov/flu/prevent/coadministration.htm">contre la grippe et contre la Covid-19</a>.</p>
<p>Les vaccins contre l’influenza sont considérés comme sûrs et efficaces chez pratiquement tous les individus, malgré <a href="https://www.scientificamerican.com/article/flu-shots-may-not-protect-the-elderly-or-the-very-young/">l’absence de preuves solides de protection chez les très jeunes enfants et les personnes âgées</a>. Leur usage est comparable à la protection qu’offre le port de la ceinture de sécurité : on ne sera peut-être pas impliqué dans un accident, mais si on l’est, les chances de survie et de protection contre les blessures graves sont plus élevées avec que sans ceinture.</p>
<p>Au cours de la <a href="https://www.cdc.gov/flu/prevent/flushot.htm">saison 2019-2020 de virus respiratoires aux États-Unis</a>, la vaccination contre la grippe a permis d’éviter plus de 100 000 hospitalisations et plus de 6 000 décès. Compte tenu de la pression que la grippe et la pandémie de Covid-19 risquent d’exercer sur les soins de santé, les avantages de la vaccination seront probablement plus importants pendant la saison actuelle que pour les années précédentes.</p>
<p>À quoi servent les doses de rappel contre la Covid-19 ?</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Masses orange constellées de petits points verts" src="https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=515&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494633/original/file-20221110-3879-pcpp93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=647&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue microscopique de particules de la souche Omicron du virus SARS-CoV-2 (colorées en vert) sur une cellule humaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour la Covid-19, <a href="https://doi.org/10.1136/bmj-2022-072141">l’efficacité d’une primovaccination de deux doses avec une seule dose de rappel</a> est de près de 90 % pour prévenir l’hospitalisation, mais elle chute progressivement à environ 65 % au cours des quatre à cinq mois suivant la dernière dose. Les rappels avec le vaccin bivalent pourraient <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(22)00692-2">préserver l’immunité induite par la vaccination</a> contre les nouveaux variants du SARS-CoV-2.</p>
<p>Les vaccins contre la Covid-19 font partie d’une bonne stratégie pour contrer la prochaine vague d’infection. Les derniers <a href="https://secure.medicalletter.org/TML-article-1660c">vaccins bivalents</a> de Pfizer et de Moderna sont recommandés pour les doses de rappel des personnes ayant reçu au moins deux doses de primovaccination contre la Covid-19.</p>
<p>On pense que les vaccins bivalents sont meilleurs contre les souches dominantes BA.4 et BA.5 d’Omicron que les vaccins à ARNm originaux, mais qu’ils sont <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/vaccines-immunization/summary-national-advisory-committee-immunization-november-3-2022-recommendations-use-moderna-spikevax-bivalent-mrna-50-mcg-Covid-19-booster-vaccine-adults.html">aussi efficaces que les vaccins bivalents de première génération</a> qui ciblent la souche originale et le sous-variant BA.1 d’Omicron. Les <a href="https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/coronavirus-Covid-19-update-fda-authorizes-moderna-and-pfizer-biontech-bivalent-Covid-19-vaccines">États-Unis</a>, le <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/resume-comite-consultatif-national-immunisation-3-novembre-2022-recommandations-utilisation-adultes-vaccin-rappel-arnm-spikevax-bivalent-50-mcg-moderna-contre-Covid-19.html">Canada</a> et l’<a href="https://www.ema.europa.eu/en/news/comirnaty-spikevax-ema-recommendations-extra-doses-boosters">Europe</a> ont des critères d’éligibilité légèrement différents en fonction de l’âge et des délais pour ces doses de rappel.</p>
<p>On s’attend à ce que l’influenza et la Covid-19 gagnent du terrain pendant la saison des virus respiratoires dans les climats nordiques. La vaccination, associée à des mesures de protection individuelle, constitue le meilleur moyen de préserver sa santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194586/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sameer Elsayed ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Après une accalmie en raison des confinements, la grippe, le VRS et la Covid-19 devraient progresser au cours de la saison actuelle des virus respiratoires.Sameer Elsayed, Professor of Medicine, Pathology & Laboratory Medicine, and Epidemiology & Biostatistics, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1909422022-09-20T13:36:34Z2022-09-20T13:36:34ZDes scientifiques canadiens ont contribué au vaccin ARNm. Mais la recherche fondamentale est en péril au pays<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485346/original/file-20220919-3936-x562fz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C0%2C5000%2C2806&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le financement de la recherche est essentiel pour relever les défis futurs en matière de santé.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le prix Nobel de physiologie ou médecine sera décerné le 3 octobre. Le Canada sera de nouveau à l’honneur grâce à la participation de scientifiques canadiens au développement d’un vaccin à ARNm.</p>
<p>Le <a href="https://gairdner.org/laureats/laureats-actuels/?lang=fr">prix international Canada Gairdner</a>, offert à cinq chercheurs qui ont excellé dans les sciences médicales, est souvent considéré comme un prédicteur du prix Nobel.</p>
<p>Or, cette année, ce prix a récompensé un de nos chercheurs, <a href="https://gairdner.org/laureats/laureats-actuels/?lang=fr#Pieter_Cullis">Pieter Cullis</a>, de l’Université de Colombie-Britannique, ainsi que ses collègues Katalin Karikó, de BioNTech, en Allemagne, et Drew Weissman, de l’Université de Pennsylvanie. Cullis a été reconnu pour la mise au point de l’emballage de nanoparticules lipidiques enveloppant l’ARNm conçu par Karikó, ainsi que par Weissman, pour les composantes du vaccin de la Covid-19.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/22op-qa7xBc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">The 2022 Canada Gairdner International Awards.</span></figcaption>
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<h2>Développement d’un vaccin à ARNm</h2>
<p>La contribution du Canada au développement de vaccins à ARNm fonctionnels comprend également Nahum Sonenberg, un <a href="https://www.mcgill.ca/gci/article/sante-gala-road-rna-therapies">pionnier de la recherche sur l’ARNm</a> qui a été consulté en lien avec le développement du vaccin à ARNm de Moderna. Sonenberg a reçu un <a href="https://gairdner.org/award_winners/nahum-sonenberg/">Prix international Gairdner en 2008</a> pour avoir découvert comment l’ARNm est construit pour permettre la synthèse des protéines.</p>
<p>Moderna a elle-même été cofondée par <a href="https://www.utoronto.ca/news/lab-saving-lives-moderna-co-founder-derrick-rossi-becoming-serial-entrepreneur">Derrick Rossi de l’Université de Toronto</a>, et <a href="https://mcgillnews.mcgill.ca/s/1762/news/interior.aspx?gid=2&pgid=2347">Noubar Afeyan de l’Université McGill</a>.</p>
<h2>Vaccins contre les adénovirus</h2>
<p>En 2021, le Canada avait approuvé non seulement les vaccins à ARNm de BioNTech et Moderna, mais également le vaccin d’Oxford utilisant un virus connu sous le nom d’adénovirus. Ce vaccin utilise un adénovirus pour insérer le gène de la protéine de pointe du virus Covid-19. La vaccination conduit à l’immunité au Covid-19.</p>
<p>C’est le biologiste moléculaire <a href="https://brighterworld.mcmaster.ca/articles/analysis-how-the-puzzle-of-viral-vector-vaccines-was-solved-leading-to-todays-Covid-19-shots/">Frank Graham</a> qui a été le pionnier de l’utilisation de l’adénovirus pour générer ce type de vaccins.</p>
<p>La recherche a estimé que <a href="https://doi.org/10.1016/S1473-3099(22)00320-6">19,8 millions de vies ont été sauvées grâce aux vaccins en 2021</a>, avec plus de 310 000 vies au Canada seulement.</p>
<h2>Sous-estimer l’importance de la recherche</h2>
<p>La reconnaissance de scientifiques exceptionnels par le comité du prix Nobel n’est malheureusement pas une valeur partagée par notre gouvernement fédéral aujourd’hui. En 2017, la <a href="http://www.revuescience.ca/eic/site/059.nsf/fra/accueil">ministre des Sciences Kirsty Duncan</a> a souligné la nécessité d’augmenter le financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) pour inverser le déclin de la recherche canadienne.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-financement-de-la-recherche-scientifique-fondamentale-est-crucial-pour-faire-face-a-la-pandemie-de-coronavirus-134719">Le financement de la recherche scientifique fondamentale est crucial pour faire face à la pandémie de coronavirus</a>
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<p>En 2017, le financement des IRSC ne représentait que 2,5 % de celui des National Institutes of Health (NIH) correspondants aux États-Unis. En 2022, le financement des IRSC était proportionnellement inférieur, à <a href="https://cihr-irsc.gc.ca/f/52798.html">2,3 %</a> à celui des <a href="https://www.aip.org/fyi/2022/nih-budget-fy22-outcomes-and-fy23-request">NIH</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1392118457861386241"}"></div></p>
<p>Les États-Unis reconnaissent l’importance de la recherche en investissant cinq fois plus par habitant que le Canada. Au fur et à mesure que chaque budget fédéral est annoncé, tous les scientifiques du Canada attendent avec impatience une augmentation des budgets à des niveaux compétitifs à l’échelle internationale. Malheureusement cette croissance ne vient jamais.</p>
<p>L’écart entre le Canada et les autres pays du G7 et de l’OCDE, signifie que <a href="https://www.timeshighereducation.com/news/large-surpluses-post-lockdown-blip-say-canadian-universities">nos futurs scientifiques canadiens formés en recherche fondamentale iront ailleurs pour poursuivre des opportunités de carrières fructueuses</a>.</p>
<p>La perte de nos scientifiques aura un effet nuisible sur la santé des Canadiens et sur l’économie.</p>
<h2>La culture scientifique au Canada</h2>
<p>Pendant la pandémie, les Canadiens ont suivi les mises à jour et les nouvelles concernant les messages de santé publique qui affectent leur vie quotidienne. Nous avons observé et examiné comment la recherche scientifique est menée et communiquée.</p>
<p>La pandémie semble avoir suscité une soif et une curiosité pour la science. Plus les gens s’informent, plus ils sont protégés des fausses informations qui pourraient leur nuire ainsi qu’à leurs proches.</p>
<p>Jamais il n’a été aussi nécessaire de promouvoir la pertinence de la science auprès de tout le Canada et particulièrement auprès de nos décideurs aux niveaux fédéral et provincial.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 nous a ouvert les yeux sur le fait que le Canada n’était pas préparé pour contrer les grandes pandémies. Du <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-020-2012-7">premier séquençage de l’ARN viral du SARS-CoV-2</a> à la <a href="https://www.england.nhs.uk/2020/12/landmark-moment-as-first-nhs-patient-receives-Covid-19-vaccination/">première inoculation du vaccin requis pour atténuer la menace</a>, la rapidité de la réponse des scientifiques fondamentaux et appliqués du monde entier, a démontré pourquoi la recherche scientifique est si pertinente pour tous. Avec de multiples menaces sanitaires, investir dans la recherche ne doit plus être considéré comme un luxe.</p>
<h2>Compétition mondiale</h2>
<p>Alors que l’inflation apparemment incontrôlable et les problèmes économiques s’installent, les <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-student-scientists-demand-action-on-federal-scholarships/">scientifiques canadiens, leurs étudiants et leurs postdoctorants sont gravement touchés par le manque de financement pour soutenir les laboratoires</a>. Sans un investissement accru dans les budgets des trois organismes subventionnaires de la recherche scientifique, le <a href="https://montrealgazette.com/opinion/opinion-montreal-aids-conference-steeped-in-legacy-and-hope">Canada ne pourra pas être compétitif sur le plan scientifique</a>. Cette situation est une menace pour la santé et l’économie du Canada.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/prix-nobel-les-chercheurs-canadiens-aspirent-a-plus-148417">Prix Nobel : les chercheurs canadiens aspirent à plus</a>
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<p>Avec la compétition mondiale pour recruter des chercheurs, il nous faut retenir, recruter et soutenir nos scientifiques de grands talents. Le Canada se doit de relever les défis qui proviendront de nouvelles pandémies, de l’augmentation de la résistance aux antibiotiques contre les infections bactériennes, du traumatisme et de la dévastation du cancer, de la crise des pathologies liées à l’âge, y compris la maladie d’Alzheimer et d’autres neurodégénératives, et bien sûr, contre le diabète. Cette dernière est un exemple de réussite. C’est en effet la découverte de l’insuline qui nous a valus <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/1923/summary/">notre premier prix Nobel de physiologie ou médecine</a> en 1923.</p>
<p>La recherche sauve les vies.</p>
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<p><em>John Bergeron remercie Kathleen Dickson en tant que coauteure et Michel L. Tremblay (Université McGill) pour la lecture du texte.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190942/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Bergeron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les scientifiques canadiens ont contribué à la lutte contre la Covid-19, notamment dans le développement des vaccins. Mais le sous-financement de la science au pays menace son futur.John Bergeron, Emeritus Robert Reford Professor and Professor of Medicine, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1880972022-08-03T17:56:35Z2022-08-03T17:56:35ZMVA-Imvanex : les atouts d’un « vieux » vaccin antivariolique contre la variole du singe<p>1977, le dernier cas connu de variole était enregistré. Trois ans plus tard, le 8 mai 1980, l’OMS prononçait l’éradication mondiale de la maladie. On aurait pu penser que les recherches sur les vaccins dirigés contre le virus responsable de cette infection allaient prendre fin…</p>
<p>Cela n’a pas été le cas, et ce pour plusieurs raisons.</p>
<p>Tout d’abord parce que bien que la maladie ait été éradiquée, le virus de la variole (VARV), lui, ne l’était pas. Des souches existaient (et existent) toujours, conservées dans des laboratoires dédiés et sécurisés – alimentant ainsi la crainte de les voir utilisées comme arme biologique.</p>
<p>Ensuite parce que si la variole dans sa « version » spécifiquement humaine a disparu, d’autres infections ont émergé au cours du XX<sup>e</sup> siècle, provoquées par des pathogènes de la même famille (poxvirus) : les virus de la Vaccine (VACV), Cowpox (CPXV) et Horsepox qui sont proches et dont les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2133.1994.tb04969.x">infections restent assez anecdotiques</a>, et le virus Monkeypox (MXV), <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35148313/">responsable depuis les années 1970 d’épidémies régulières dont la fréquence tend à augmenter avec le temps</a>.</p>
<p>Enfin parce qu’on a découvert, au début des années 1980, que les vaccins antivarioliques pouvaient être utilisés comme des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28057259/">« plateformes vaccinales » de nouvelle génération, très utiles en vaccinologie moderne</a>. On introduit dans le génome du virus utilisé dans le MVA un bout d’ADN codant pour une protéine d’un autre pathogène (spicule du SARS-CoV-2 par exemple) : après injection du vaccin, cette protéine virale va être exprimée, ce qui va permettre à l’organisme de développer une réponse anticorps protectrice contre celle-ci. Cette technique a été utilisée pour les vaccins anti Covid-19 d’Astra Zeneca et Janssen, qui se sont servis d’adénovirus utilisés comme « plateformes ».</p>
<h2>Aux origines d’un vaccin devenu incontournable</h2>
<p>Le vaccin contre la variole est, historiquement, considéré comme le premier depuis qu’Edward Jenner en 1798 a recouru à l’injection du virus présent chez la vache (Cowpox) pour protéger contre la variole humaine. Il imaginait ainsi une alternative plus sure et plus efficace à la variolisation (inoculation du « vrai » virus de la variole).</p>
<p>Les techniques de production des vaccins antivarioliques vont ensuite s’industrialiser et abandonner le virus Cowpox pour le VACV. Cultivées sur des peaux d’animaux autres que leur hôte habituel, ces souches virales vont certes conserver leur capacité à provoquer une réaction immunitaire mais devenir moins virulentes : on parle de virus « atténués ». Elles conservent également, malheureusement, la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21198662/">capacité de se répliquer et peuvent poser des problèmes de tolérance et de sécurité des vaccins qui les emploient</a> – tel Dryvax.</p>
<p>La variole étant associée à une lourde mortalité et une lourde morbidité, ces inconvénients ne sont devenus problématiques que lorsque l’incidence de la maladie a commencé à décroître. Ce qui a poussé à rechercher des vaccins plus sûrs.</p>
<p>Dans les années 1970-1980, il n’existait toutefois qu’un seul autre type de vaccin : les vaccins à virus inactivés, sans agent infectieux vivant. Or si ces derniers sont mieux tolérés, ils sont de moins bons immunogènes – l’inactivation (par la chaleur, produits chimiques…) dénaturant ici les éléments viraux nécessaires à l’établissement d’une bonne réponse immunitaire. La technique ne fut donc pas retenue.</p>
<p>L’amélioration des techniques d’atténuation a donc été privilégiée, aboutissant à des <a href="https://theconversation.com/variole-du-singe-le-point-sur-les-vaccins-et-traitements-antiviraux-183964">vaccins de deuxième puis de troisième générations</a>.</p>
<p>Les <strong>vaccins de deuxième génération</strong> (tel ACAM 2000) ont été produits via des cultures cellulaires ayant enfin les conditions de stérilité nécessaires. Leur profil de tolérance reste toutefois non optimal, et ils ne peuvent être utilisés chez les sujets immunodéprimés ou souffrants d’eczéma par exemple. Ils représentent cependant la majorité des stocks de vaccins antivarioliques disponibles (les États-Unis ont commandé plus de 200 millions de doses en 1999-2001).</p>
<p>La poursuite des efforts d’atténuation des souches initiales ont conduit à la production de deux souches utilisées pour les <strong>vaccins de troisième génération</strong> : LC16m8, développé par Kaketsuken au Japon, et MVA (Modified Ankara Vaccine), développé par la société Bavarian Nordic au Danemark.</p>
<p><em>[Plus de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>.]</em></p>
<h2>MVA : un vaccin de troisième génération contre la variole humaine…</h2>
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<img alt="Dose d’Imvanex « suspension for injection, Smallpox vaccine »" src="https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=973&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=973&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=973&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1223&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1223&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/477390/original/file-20220803-11-hia8e7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1223&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le MVA (Modified Ankara Vaccine), commercialisé en Europe sous le nom Imvanex, utilise une souche du virus de la vaccine atténuée, ce qui permet de supprimer les effets secondaires des générations de vaccins plus anciennes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Daniel Lelièvre</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>La souche virale utilisée dans le MVA a vu sa virulence largement atténuée suite à sa longue mise en culture sur des cellules d’embryon de poulet. Elle y a <a href="https://www.microbiologyresearch.org/content/journal/jgv/10.1099/0022-1317-72-5-1031">perdu une grosse partie de son génome</a>… et la majeure partie de ses effets indésirables.</p>
<p>Bien que produit peu de temps avant l’annonce de l’éradication de la variole, le vaccin a pu être utilisé sur le terrain, ayant obtenu en 1977 une autorisation de mise sur le marché en Bavière (Allemagne). Il est actuellement disponible sous différentes appellations selon les régions/pays : Imvanex en Europe, Imvamune au Canada et Jynneos aux États-Unis.</p>
<p>Son excellent profil de tolérance a ainsi pu être observé chez les plus de 120 000 personnes auxquelles il a été administré avant l’arrêt de la vaccination antivariolique. Contrairement aux vaccins des générations précédentes, le MVA n’induit pas de réaction cutanée lorsqu’il est administré par scarification. Les études cliniques ont toutefois montré que la méthode optimale était l’injection sous-cutanée.</p>
<p>Mais sa bonne tolérance allait-elle de pair avec une bonne efficacité ? Des <a href="https://www.fda.gov/media/131870/download">études d’immunogénicité ont été effectuées dans un deuxième temps</a>. Sept essais cliniques ont ainsi été réalisés (essais Pox-MVA-005, 006, 008, 011, 013, 023, 024). Ils ont permis d’inclure près de 7500 sujets d’âge différents, ayant ou non déjà été vaccinés avec un produit d’une génération antérieure, présentant ou non des problèmes de santé (482 sujets infectés par le VIH inclus dans l’essai Pox-MVA-011), recevant une ou deux (la plupart du temps) doses de vaccin – administré alors 28 jours après la première.</p>
<p>L’objectif principal de ces essais était d’analyser la capacité d’induire une réponse anticorps neutralisante. Les résultats ont été positifs : une seule dose suffisait chez les sujets ayant été vaccinés dans l’enfance contre la variole, deux étaient nécessaires chez les sujets vierges de vaccination (chez eux, une dose permettait d’induire une réponse anticorps au bout de deux semaines, mais elle n’atteignait son plateau que deux semaines après la deuxième dose).</p>
<p>À noter que s’il n’a pas été possible d’apprécier son efficacité clinique réelle, elle a pu être abordée de manière indirecte : dans l’essai MVA-Pox-006, la réaction cutanée induite par un autre vaccin (ACAM 2000) a été atténuée par l’injection du MVA.</p>
<h2>… efficace aussi contre la variole dite « du singe »</h2>
<p>L’<a href="https://theconversation.com/symptomes-evolution-traitement-ce-quil-faut-savoir-de-la-variole-du-singe-186277">efficacité du MVA contre la variole dite du singe</a> (provoquée par le virus Monkeypox) a d’abord été suggérée de manière indirecte.</p>
<p>Elle pouvait être suspectée, sachant que le vaccin utilisé contre la variole humaine est déjà dérivé d’un virus présent chez l’animal. Puis, un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2396013/">premier cas d’infection par le virus Monkeypox a été observé scientifiquement</a> : survenue chez un enfant non vacciné contre la variole, la maladie ne s’est pas propagée chez ses proches vaccinés dans le passé.</p>
<p>Cette protection s’est ensuite amenuisée au fil du temps, à mesure que les dernières campagnes de vaccination contre la variole s’éloignaient. Ainsi, si on estimait la protection induite par la vaccination antivariolique à environ 85 % en Afrique dans les années 1980 (soit environ cinq ans après l’arrêt de la vaccination antivariolique), une <a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/CVI.00148-07">étude de 2003 aux États-Unis</a> (soit 33 ans après) menée après une épidémie a montré que la protection avait largement chuté. Seuls 24 % des cas ayant contracté le MKP avaient été vaccinés contre la variole.</p>
<p>Les données d’efficacité du MVA ont ensuite été obtenues dans les modèles animaux, notamment chez les macaques. <a href="https://www.microbiologyresearch.org/content/journal/jgv/10.1099/vir.0.010207-0">Vaccinés, ces singes sont protégés de toute issue fatale</a>.</p>
<p>Enfin, entre 2017 et 2019, <a href="https://cdn.who.int/media/docs/default-source/blue-print/day-2_-brett-petersen_drc-vaccine-study_monkeypox-meeting_03june2022.pdf">1600 volontaires ont été inclus dans un essai de phase 2 en République démocratique du Congo visant à étudier la réponse immunitaire anti-virus Monkeypox du MVA</a>. Outre la confirmation de la très bonne tolérance du vaccin, l’essai a prouvé l’induction d’une réponse d’anticorps neutralisants anti-virus Monkeypox efficace avec un pic de production au jour 42 (14 jours après la deuxième dose). Il était suivi d’une diminution rapide chez les participants jamais vaccinés, et d’un maintien à des niveaux plus stables chez ceux qui avaient été vaccinés dans l’enfance avec diminution lente jusqu’à deux ans après l’injection.</p>
<h2>Quelle stratégie vaccinale adopter ?</h2>
<p>Si le vaccin MVA semble efficace contre l’infection par le virus Monkeypox, la question se pose de son utilisation pratique dans le contexte d’une flambée épidémique telle que nous la connaissons actuellement : <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/response/2022/world-map.html">plus de 25 000 cas à l’échelle mondiale</a>, dont 2239 en France début août.</p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X11009546">stratégies de vaccination développée contre la variole</a>, notamment celle dite « en anneau », ont également été utilisées avec les vaccins contre le <a href="https://www.bmj.com/content/1/6123/1317">méningocoque</a>, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22108037/">oreillons</a> et, plus récemment, <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)32621-6/fulltext">Ebola</a>.</p>
<p>L’objectif de cette stratégie est de stopper la propagation de la maladie en ne vaccinant que les individus les plus susceptibles d’être infectés. Elle passe par l’identification de qui une personne contaminée est susceptible d’infecter ou d’avoir infecté, et d’avoir à disposition pour ces contacts des vaccins fournissant une prophylaxie post-exposition – c’est-à-dire capable d’induire une réponse immunitaire protectrice rapide (pour leur éviter de développer la maladie s’ils ont été contaminés).</p>
<p>Les stratégies de vaccination en anneau intègrent généralement également les contacts des contacts, pour essayer de contenir au mieux l’infection.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Plus on inclut de contacts et de contacts secondaires, plus l’efficacité attendue est haute" src="https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/477376/original/file-20220803-22-r88iag.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=649&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La stratégie de vaccination en anneau consiste à ne vacciner que l’entourage des personnes à risque et/ou infectées : leurs contacts, et les contacts de leurs contacts.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Daniel Lelièvre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Quel est le niveau de protection obtenu ?</h2>
<p>Les données disponibles montrent que les anticorps antivarioliques administrés par voie intramusculaire permettent de <a href="https://academic.oup.com/cid/article/39/6/819/358180">prévenir l’infection chez les sujets qui avaient des contre-indications à la vaccination avec des vaccins de première et deuxième générations</a>.</p>
<p>Ce rôle important des anticorps a été confirmé chez le macaque, chez qui la déplétion des lymphocytes B – aboutissant à celle des anticorps – après vaccination <a href="https://www.nature.com/articles/nm1261">abolit la protection contre une infection par le virus Monkeypox</a>.</p>
<p>Nous avons vu que la réponse anticorps n’atteignait son pic qu’après la deuxième dose. Or, cela semble impliquer qu’une vaccination post-infection n’a pas d’intérêt… puisque le délai d’induction de la réponse optimale (42 jours) est supérieur au temps d’incubation de la maladie (5 à 21 jours).</p>
<p>Plusieurs éléments permettent de tempérer cette première conclusion hâtive.</p>
<p>Tout d’abord, un délai important ne remet pas en cause la stratégie en anneau. Si la réponse anticorps est maximale à J+42, cela ne veut pas dire qu’elle n’apparaît pas plus tôt et n’est pas efficace plus précocement chez certains sujets.</p>
<p>Par ailleurs, pour importante qu’elle soit, la réponse anticorps n’est pas la seule à prendre en compte. La protection suite à une vaccination peut aussi être portée par une réponse anticorps non neutralisante (non étudiée dans le contexte Monkeypox mais pour laquelle on dispose de données pour les vaccins contre le Covid-19), la réponse lymphocytaire T ou la réponse immunitaire innée. L’injection du MVA est aussi associée à l’induction d’une forte réponse immunitaire innée de type interféron (efficace contre les infections virales) <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21198662/">bien supérieure à celle suivant l’administration de vaccins antivarioliques de deuxième génération</a>.</p>
<p>Une dose unique de MVA s’est avérée susceptible de protéger les macaques contre une infection sévère avec le virus Monkeypox <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0804985105">dès le quatrième jour suivant la vaccination</a>.</p>
<p>Toutefois, deux éléments importants sont à prendre compte. Premièrement, la dose de vaccin utilisée est importante puisqu’elle est la même que chez l’Homme et le macaque, alors que le poids de ce dernier est en moyenne dix fois inférieur. Deuxièmement, si la première dose protège d’une l’évolution fatale, <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0804985105">elle ne protège pas de l’infection comme le montrent les lésions cutanées développées</a>.</p>
<p>Dès lors, il est difficile de conclure quant à l’efficacité de la seule vaccination en anneau.</p>
<p>Devant la difficulté de sa mise en place et la nécessité de l’induction d’une protection tant individuelle que collective, une <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3351443/fr/monkeypox-une-vaccination-preventive-proposee-aux-personnes-les-plus-a-risque-d-exposition">vaccination des populations les plus touchées</a> actuellement (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ou HSH, personnes trans avec des partenaires sexuels multiples, personnes en situation de prostitution, professionnels des lieux de consommation sexuelle) a rapidement été mise en place. (<em>Le <a href="https://twitter.com/FrcsBraun/status/1554911757520588800?cxt=HHwWgMC-waqAlJQrAAAA">ministre de la Santé, François Braun,</a> ayant déclaré que « la France avait de quoi vacciner la population cible</em> (…)<em>, à savoir 250 000 personnes » ; plus de 16 000 injections ont déjà été réalisées, ndlr</em>).</p>
<h2>Quel futur pour la vaccination anti-Monkeypox ?</h2>
<p>Le MVA s’impose donc comme un acteur déterminant de la lutte contre l’infection par le virus Monkeypox.</p>
<p>Si son efficacité biologique est plutôt bien évaluée, la vaccination large de la population actuellement la plus concernée par l’infection permettra d’apprécier précisément son efficacité clinique et aidera à déterminer les corrélats de protection induits par la vaccination, c’est-à-dire définir si un dosage biologique (anticorps neutralisant le plus souvent) permet de prédire la protection clinique.</p>
<p>Des études restent à mener pour préciser les modalités les plus pertinentes de la vaccination. Si les études chez l’animal ont montré qu’un intervalle trop court entre deux doses était <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32218996/">préjudiciable à l’induction d’une bonne réponse anticorps</a>, on ne connait pas le délai optimal entre celles-ci. Il faudra également déterminer le nombre de doses nécessaires chez les sujets immunodéprimés, et préciser comment générer une réponse à long terme.</p>
<p>Il n’est pas à exclure non plus, enfin, que la recherche doivent <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0042353">envisager la mise au point de nouveaux vaccins</a>, malgré les difficultés inhérentes à ce virus. L’émergence de nouvelles épidémies restant en effet possible…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188097/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Daniel Lelièvre a reçu des fonds de l'ANRS et de l'Inserm.</span></em></p>Alors que l’épidémie de Monkeypox (variole dite du singe) se développe en Europe, un ancien vaccin contre la variole confirme son efficacité. Comment le sait-on ? Comment fonctionne-t-il ?Jean-Daniel Lelièvre, PU-PH chef de service - directeur du département clinique du VRI - Expert vaccin HAS, OMS, EMA, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1868052022-08-01T18:10:19Z2022-08-01T18:10:19ZCovid-19 : une quatrième dose de vaccin pour qui, pourquoi ?<p><em>Judith Mueller est médecin épidémiologiste, professeur à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et chercheur à l’Institut Pasteur. Elle revient sur l’intérêt de la quatrième dose (second rappel), 18 mois après le lancement de la vaccination contre le Covid-19 et à la suite de la <a href="https://theconversation.com/reprise-de-lepidemie-de-covid-pourquoi-les-variants-omicron-ba-4-et-ba-5-gagnent-la-france-184615">septième vague de l’épidémie avec les variants Omicron BA.4 et BA.5</a>, et fait le point sur l’efficacité des vaccins actuels contre les variants Omicron.</em></p>
<hr>
<p><strong>The Conversation : Les vaccins utilisés actuellement ont été conçus à partir de la souche initiale du SARS-CoV-2 qui a émergé à Wuhan. À l’heure actuelle, que sait-on de leur efficacité contre les variants Omicron ?</strong></p>
<hr>
<p><strong>Judith Mueller :</strong> Des recherches immunologiques ont montré que les <a href="https://www.science.org/doi/epdf/10.1126/science.abq1841">variants Omicron, et notamment BA.4 et BA.5, échappent davantage aux anticorps neutralisants et même, un peu, à l’immunité liée aux lymphocytes T</a>, développés suite à la vaccination. Un phénomène identique s’observe pour les anticorps acquis suite une infection.</p>
<p>C’est un <a href="https://theconversation.com/emergence-des-variants-du-sars-cov-2-que-peut-on-esperer-ou-craindre-dans-un-futur-proche-174069">mécanisme naturel normal</a> : les virus évoluent en fonction des anticorps qu’ils rencontrent, et plus spécifiquement des anticorps donnés protégeant contre cette infection. L’évolution génétique chez ces virus sélectionne des structures moins bien reconnues par les anticorps, avec pour conséquence de maintenir la capacité d’infection dans une population immunisée – c’est l’échappement immunitaire.</p>
<p>Par contre, il n’est pas « utile » pour un virus comme le SARS-CoV-2 d’être plus dangereux. Cela correspond à l’observation que, pour l’instant, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9221361/pdf/main.pdf">variants successifs n’ont pas vraiment diminué la protection contre le risque de forme sévère de Covid-19 que procure la vaccination</a>.</p>
<p>La question est donc plutôt celle-ci : pourrait-on, dans l’avenir, du fait de ces adaptations génétiques, voir émerger un variant contre lequel la vaccination ne protégeait plus ou peu des formes sévères ? Ce serait plutôt un hasard malheureux – on ne peut pas l’exclure, mais c’est peu probable.</p>
<p><strong>T.C. : Il ne faut donc pas confondre protection contre les formes sévères de Covid-19 et protection contre l’infection…</strong></p>
<p><strong>J.M. :</strong> Effectivement, ce sont deux choses différentes et cela peut être source de confusion. La protection contre l’infection (souvent appelé « infection symptomatique » dans les études) diminue assez rapidement après la vaccination face aux variants Omicron : <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9221361/pdf/main.pdf">elle est inférieure à 30 % (<30 % des épisodes sont évités) au-delà de trois mois</a>.</p>
<p>Par contre, la <a href="https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S0140-6736%2822%2900462-7"><strong>protection contre l’hospitalisation ou décès en cas d’infection bouge très peu</strong> avec le temps et les variants</a>. Il en résulte que la protection globale contre les formes sévères (qui inclut la protection contre l’infection) <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9221361/pdf/main.pdf">reste bonne face aux variants Omicron et ne diminue que légèrement depuis la vaccination</a>.</p>
<p>Les seules exceptions sont les personnes de grand âge et celles touchées par un affaiblissement de leur système immunitaire : leur protection vaccinale diminue plus rapidement <a href="https://www.bmj.com/content/376/bmj-2021-068632.long">car ils développent moins d’anticorps après leur vaccination</a>. Ce ne sont pas des cas si rares dans notre société : disposition génétique, maladie chronique ou traitement en cours contre un cancer entraînent une telle insuffisance immunitaire.</p>
<p><strong>T.C. : Pourquoi parle-t-on de l’importance des doses de rappel ?</strong></p>
<p><strong>J.M. :</strong> Il faut avoir conscience que cette protection globale contre les formes sévères – que je qualifie de bonne contre Omicron et dans le temps – est loin d’être parfaite, puisqu’elle se situe aux alentours de 60 à 70 % après le schéma initial (sans rappel). Autrement dit, 6 cas sur 10 de Covid-19 avec complications peuvent être évités par la vaccination. Mais les 4 autres épisodes surviendront néanmoins. Cela peut faire beaucoup de monde au même temps dans les hôpitaux, dès qu’il y a à nouveau une hausse des infections.</p>
<p>Après une dose de rappel, cette <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9221361/pdf/main.pdf">protection augmente à environ 80 %</a>. Cette protection complémentaire est d’autant plus intéressante qu’on est âgé (à partir de 50 ans) et qu’on est exposé à un risque élevé d’infection (comme pendant une vague épidémique).</p>
<p>On considère aujourd’hui que le rappel fait partie du schéma complet de vaccination pour obtenir une bonne protection contre les formes sévères. Le même raisonnement s’applique aussi aux personnes pas encore vaccinées qui ont été infectées – une <a href="https://doi.org/10.1016/j.cell.2022.01.011">dose de vaccin complète la protection immunitaire, la rend plus durable et plus solide contre les variants</a>.</p>
<p><strong>T.C. : Il y a eu des discussions pour savoir s’il fallait diminuer l’âge pour ce second rappel. Pourquoi ?</strong></p>
<p><strong>J.M. :</strong> Une deuxième dose de rappel <a href="https://www.bmj.com/content/378/bmj-2022-071502.long">permet d’augmenter encore la protection contre une forme sévère</a>. C’est intéressant notamment pour les personnes plus âgées, chez qui le risque de complications est plus élevé. Il n’y a pas de seuil précis – c’est pourquoi la recommandation de la quatrième dose est actuellement peu homogène entre les pays.</p>
<p>Un rappel supplémentaire permet aussi de fortement diminuer son risque d’être infecté (et d’infecter d’autres) pour environ trois mois. Pour les personnes de grand âge ou immunodéprimées, cela veut dire optimiser leur protection. Pour les adultes plus jeunes vivant ou travaillant à côté de personnes vulnérables, cela permet de sécuriser les contacts pour une certaine période.</p>
<p>Une campagne plus large de quatrième dose serait – c’est mon avis personnel – à réserver pour une situation exceptionnelle : une vague épidémique avec un variant plus dangereux, face à laquelle il faudrait absolument et rapidement réduire la transmission pour éviter le pire.</p>
<p><strong>T.C. : Qui est concerné aujourd’hui par cette quatrième dose, ou deuxième rappel ?</strong></p>
<p><strong>J.M. :</strong> <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3352538/fr/avis-n2022-0043/ac/sespev-du-13-juillet-2022-du-college-de-la-haute-autorite-de-sante-relatif-a-la-place-d-une-dose-de-rappel-additionnelle-des-vaccins-contre-la-covid-19-dans-la-strategie-vaccinale">Selon le nouvel avis de la HAS</a>, elle est recommandée à partir de 60 ans et pour les personnes immunodéprimées. La recommandation couvre maintenant également les adolescents et adultes de moins de 60 ans avec facteur de risque pour une forme sévère (diabète, obésité…), y compris les femmes enceintes dès le premier trimestre de grossesse.</p>
<p>La quatrième dose est aussi recommandée pour les personnes dans l’entourage de personnes vulnérables.</p>
<p>Comme expliqué précédemment, l’idée est ici de fermer « la fenêtre » de risque en étant au-delà des 80 % de protection.</p>
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<p><strong>T.C. : Dans ce contexte, fin juin l’Agence européenne du médicament (EMA) a autorisé un <a href="https://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Covid-19">vaccin supplémentaire, celui du laboratoire français Valneva</a>. Quel est l’intérêt de ce vaccin supplémentaire, qui porte à six le nombre de vaccins disponibles dans l’Hexagone ?</strong></p>
<p><strong>J.M. :</strong> Ce vaccin est basé sur une technologie similaire à celle utilisée pour produire la plupart des vaccins contre la grippe saisonnière. Cela pourrait éventuellement convaincre des gens qui seraient encore réticents à utiliser la technologie des vaccins à ARN messager.</p>
<p>Il est pour l’instant autorisé chez les adultes âgés de 18 à 50 ans seulement, car il n’a pas encore été évalué chez les personnes plus âgées. Étant donné sa technologie et les données présentées par l’EMA, ce vaccin devrait apporter une protection substantielle. Son <a href="https://www.vidal.fr/actualites/29529-covid-19-vaccine-inactivated-adjuvanted-valneva-sixieme-vaccin-autorise-dans-l-union-europeenne.html">efficacité devrait être probablement aussi bonne que celle du vaccin Vaxzevria (d’Astra Zeneca) ou des vaccins à ARNm</a>.</p>
<p>Reste à évaluer à quel niveau ce vaccin protège contre les variants Omicron, car les essais cliniques ont été menés sur la souche Wuhan. Et bien sûr, il faudra observer de près la durée de protection contre l’infection et les formes sévères.</p>
<p>Les données de pharmacovigilance vont aussi être scrutées attentivement, car il s’agit d’un vaccin récent pour lequel nous n’avons pas encore d’informations à très grande échelle, contrairement aux précédents vaccins (ARNm, vecteur viral) qui ont été administrés à des millions de personnes depuis 18 mois.</p>
<p><strong>T.C. : À ce propos, il n’y a pas eu de nouveaux effets secondaires identifiés concernant les vaccins à ARN ?</strong></p>
<p><strong>J.M. :</strong> Non, rien d’essentiellement nouveau depuis l’été dernier. Ce qui n’est pas étonnant, car le nombre de doses administrées et la durée d’observation étaient déjà très importants l’an dernier à la même époque.</p>
<p>Le <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-022-31401-5">risque de myocardite chez les personnes jeunes dans la semaine après vaccination a été observé depuis avec plus de précision</a> – ces myo – ou péricardites évoluent habituellement sans complication ou séquelles. Surtout, on sait maintenant que <strong>c’est le <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa2110475">Covid-19 qui augmente le risque de myocardites et de péricardites</a></strong>.</p>
<p>Il reste quelques interrogations concernant les <a href="https://ansm.sante.fr/actualites/troubles-menstruels-apres-la-vaccination-contre-le-covid-19-etat-des-connaissances-et-conseils-aux-femmes-concernees">troubles menstruels signalés par un bon nombre de femmes après la vaccination</a>. Pour conclure sur un effet de la vaccination, il faut bien sûr <a href="https://theconversation.com/virus-vaccins-comment-la-pandemie-a-perturbe-les-regles-feminines-178221">comparer la fréquence de ces perturbations chez les femmes vaccinées à celle des femmes pas (encore) vaccinées</a>, par exemple lors d’un essai clinique ou dans une étude épidémiologique après utilisation à large échelle.</p>
<p>Selon l’EMA, le données disponibles permettent d’écarter un lien entre la vaccination et l’absence de règles, mais des <a href="https://www.ema.europa.eu/en/news/meeting-highlights-pharmacovigilance-risk-assessment-committee-prac-7-10-june-2022">données sont encore attendues pour un éventuel lien avec des saignements plus abondants</a>.</p>
<p>Si elles sont passagères, les irrégularités de règles impactent la qualité de vie mais ne représentent pas un problème de santé ou de fécondité. Je trouve toutefois intéressant qu’avec la vaccination contre le Covid-19, cette qualité de vie reçoive l’attention des autorités de santé. Elle sera peut-être davantage prise en compte et évaluée lors des essais cliniques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186805/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Judith Mueller est membre de la Commission technique des vaccinations (CTV) à la HAS. Elle ne reçoit pas de financements, subventions ou soutiens en lien avec le contenu de l'article.</span></em></p>Alors que la France vient de connaître une nouvelle vague de Covid, la Haute autorité de santé recommande une quatrième dose (second rappel) pour certaines catégories de personnes. Explications.Judith Mueller, Professeur en épidémiologie, École des hautes études en santé publique (EHESP) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1859722022-07-07T18:12:48Z2022-07-07T18:12:48ZRemède anti-Covid à Madagascar : une expression du panafricanisme sanitaire<p>Le 21 juillet 2021, les médias rapportaient que l’actuel président de Madagascar, Andry Rajoelina, avait <a href="https://www.france24.com/fr/afrique/20210722-madagascar-affirme-avoir-d%C3%A9jou%C3%A9-une-tentative-d-assassinat-de-son-pr%C3%A9sident-deux-fran%C3%A7ais-arr%C3%AAt%C3%A9s">survécu à une tentative d’assassinat</a>. C’est moins le contexte particulier de l’histoire politique et militaire malgache qui a retenu l’attention que le rôle joué par Rajoelina dans la lutte anti-Covid en Afrique.</p>
<p>Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes expliquent que c’est du fait de son action contre la pandémie que Rajoelina a failli être <a href="https://thecovidblog.com/2021/07/21/why-have-so-many-african-leaders-died-of-covid-19">victime d’un sort tragique</a>, comme l’ont été avant lui de nombreux présidents africains et afro-descendants. Voilà qui témoigne de l’image de l’île auprès de nombreux Africains : celle d’un pays qui a su résister à la pandémie par ses propres moyens, sans se plier aux injonctions occidentales.</p>
<h2>Face au Covid, l’exception africaine ?</h2>
<p>Il est vrai que la diplomatie sanitaire mise en œuvre par Madagascar au commencement de la crise sanitaire fit forte impression, projetant au-devant de la scène politique et médiatique africaine, voire mondiale l’île et son président Andry Rajoelina, <a href="https://information.tv5monde.com/afrique/madagascar-ceremonie-d-investiture-du-nouveau-president-andry-rajoelina-280782">élu président en 2019</a> à l’issue d’une <a href="https://www.courrierinternational.com/article/presidentielle-la-revanche-des-deux-freres-ennemis-malgaches">crise électorale violente</a> l’ayant opposé au président sortant Marc Ravalomanana.</p>
<p>En mars 2020, alors que l’Europe est déjà durement affectée par la pandémie de Covid-19, des discours alarmistes annoncent l’imminence d’une <a href="https://www.sciencemag.org/news/2020/03/ticking-time-bomb-scientists-worry-about-coronavirus-spread-africa">catastrophe humanitaire africaine</a>, reproduisant une vision pessimiste imaginant toujours <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/05/08/coronavirus-le-catastrophisme-annonce-reflet-de-notre-vision-de-l-afrique_6039110_3212.html">« l’Afrique à la place du mort »</a></p>
<p>La même logique est à l’œuvre 18 mois plus tard après la détection en Afrique australe du variant baptisé Omicron. L’Afrique du Sud et sept autres pays sont <a href="https://www.nytimes.com/live/2021/11/26/world/covid-vaccine-boosters-variant?smid=url-share">mis à l’isolement</a>.</p>
<p>Toutefois, l’idée selon laquelle les pays africains pourraient être mieux préparés que l’Europe ou les États-Unis à affronter la crise sanitaire commence à émerger. Comme ses voisins africains, Madagascar aurait le bénéfice de la jeunesse de sa population et l’expérience de la médecine communautaire, en plus de la protection qu’offre <a href="https://theconversation.com/madagascar-face-au-coronavirus-les-possibilites-dune-ile-136871">son insularité</a>.</p>
<p>Le 9 avril 2020, le président de Rajoelina <a href="https://www.madagascar-tribune.com/Vers-un-test-d-un-medicament-traditionnel-malgache-pour-guerir-le-Covid-19.html">déclare</a>, lors d’une intervention télé et radiodiffusée, qu’une plante issue de la pharmacopée malgache, l’artemisia (<em>Artemisia annua</em>), fournirait le principe actif d’un traitement du Covid-19. Une dizaine de jours plus tard, il annonce lors d’une seconde <a href="https://www.jeuneafrique.com/931620/societe/madagascar-andry-rajoelina-lance-son-remede-contre-le-coronavirus/">intervention</a> la distribution prochaine du Covid-organics (CVO) à la population de son pays. Andry Rajoelina fait, ce jour-là, la démonstration de l’innocuité de ce remède en absorbant publiquement quelques gorgées du breuvage. Le CVO, mis au point par l’Institut malgache des recherches appliquées (IMRA), prend la forme de sachets d’herbes sèches à infuser et de boissons embouteillées.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/NGggvTQRwig?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Andry Rajoelina défend bec et ongles le Covid-organics (Africanews, 13 mai 2020).</span></figcaption>
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<h2>La médiatisation du Covid-organics</h2>
<p>L’opération médiatique devient diplomatique le 29 avril 2020, lorsque le président malgache présente le CVO à l’issue d’une <a href="https://au.int/sites/default/files/pressreleases/38450-pr-sc26734_f_-_communique_of_the_teleconference_of_the_hosg_with_recs_on_29_april_2020.pdf">réunion du bureau de l’Union africaine</a>. À la suite de la rencontre, des dirigeants africains et caribéens affrètent des avions à destination d’Antananarivo pour recevoir des doses de CVO : la <a href="https://www.aa.com.tr/fr/afrique/madagascar-le-covid-organics-%C3%A0-la-rescousse-des-malades-du-covid-19-dans-15-pays-africains-/1825985">Guinée</a>, la République démocratique du Congo, le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad, les Comores et Haïti comptent parmi les premiers récipiendaires du remède malgache.</p>
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<p>Cette opération de solidarité interafricaine, organisée à partir d’un pays souvent bénéficiaire de l’aide internationale, fit date. Les médias et réseaux sociaux en Afrique et en Europe commentèrent abondamment l’initiative malgache. Les réactions favorables semblaient venir principalement du continent africain ; la distribution du CVO s’inscrivait dans des débats sur l’autonomie sanitaire et l’indépendance politique et économique de l’Afrique. À Madagascar cependant, journaux et réseaux sociaux ne manquèrent pas de caricaturer la geste diplomatique présidentielle, manifestant des inquiétudes, voire des oppositions, face à la stratégie sanitaire naissante.</p>
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<img alt="« Il n’y a pas de cure miracle », dans l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian" src="https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472024/original/file-20220701-22-wdb5bj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Il n’y a pas de cure miracle ». En avril 2020, l’hebdomadaire sud-africain <em>Mail & Guardian</em> rapporte les doutes d’experts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dès l’automne 2020, la diplomatie du CVO est rendue obsolète par l’arrivée des vaccins. Fin novembre 2020, le gouvernement malgache, refusant un alignement sur le nouvel ordre sanitaire, annonce son refus de participer au <a href="https://www.rfi.fr/fr/afrique/20201127-covid-19-%C3%A0-madagascar-le-gouvernement-refuse-les-vaccins-et-pr%C3%A9f%C3%A8re-les-rem%C3%A8des-locaux">Covax Facility</a>, l’initiative globale destinée à immuniser les populations des pays les plus pauvres. Toutefois, le 20 mars 2021, Andry Rajoelina cède finalement en <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/covid-19-madagascar-decide-finalement-de-recourir-au-vaccin_4348161.html">autorisant</a> les vaccins contre le Covid-19 à Madagascar – non sans déclarer que lui-même et sa famille continueront à faire exclusivement confiance au CVO.</p>
<h2>Le soin par les plantes à Madagascar</h2>
<p>Dès le début de la crise du Covid-19 à Madagascar, les ventes de plantes médicinales augmentent ; <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/01/les-malgaches-se-ruent-sur-les-plantes-medicinales-traditionnelles-pour-eviter-le-coronavirus_6035223_3212.html">leurs prix s’envolent</a>.</p>
<p>Dans l’île, elles sont couramment employées comme remèdes. Il existe de multiples manières de se les procurer et de les préparer. Elles sont simplement récoltées aux abords des villages dans le cadre d’une médecine familiale, prescrites par les devins-guérisseurs <em>ombiasy</em>, vendues sur les marchés ou au bord des routes ; elles sont aussi transformées et conditionnées par l’industrie pharmaceutique locale.</p>
<p>Les itinéraires thérapeutiques combinent souvent différents types de soins, faisant du <a href="https://www.researchgate.net/publication/287813513_The_Place_of_Healers-Diviners_Ombiasa_in_Betsileo_Medical_Pluralism">pluralisme thérapeutique</a> la norme. Dès le XIX<sup>e</sup>, les thérapeutes dits traditionnels se sont approprié les traitements de la médecine européenne, comme l’a montré l’historien <a href="https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1992_num_32_127_1543">Gwyn Campbell</a>.</p>
<p>Madagascar est dotée d’une flore endémique exceptionnelle. Des enquêtes ethno-pharmacologiques révèlent régulièrement les molécules efficaces et prometteuses extraites des plantes déjà en usage dans la pharmacopée malgache. Ironiquement, la plante devenue célèbre à la faveur de la crise sanitaire n’est, elle, pas endémique de Madagascar. Le CVO a pour principal composant actif l’<em>artemisia annua</em> – en fait originaire de l’Est de l’Asie et appartenant à la pharmacopée chinoise. Connue pour ses vertus antipyrétique et anti-inflammatoire, elle est utilisée depuis plusieurs années à Madagascar en traitement symptomatique du paludisme.</p>
<h2>L’artemisia, principale substance active du Covid-organic</h2>
<p>La culture et l’usage de l’artemisia sont soutenus sur le continent africain par une ONG française à travers un réseau de <a href="https://maison-artemisia.org/l-association/">« maisons de l’artemisia »</a>, fondé par une <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/18/lucile-cornet-vernet-la-femme-qui-croyait-en-l-artemisia_6043325_3212.html">humanitaire française</a>. En octobre 2020, le chef de l’État <a href="https://www.aa.com.tr/en/africa/madagascar-opens-first-herbal-medicine-factory/1993916">annonce</a> la création d’une entreprise de production de médicaments phytothérapeutiques, <a href="https://www.opinion-internationale.com/2020/10/12/pharmalagasy-ou-de-la-progression-de-lindustrie-pharmaceutique-a-madagascar_79812.html">Pharmalagasy</a>, spécialisée en produits « non chimiques », avec l’objectif premier de commercialiser le CVO en Afrique. Une stratégie industrielle et commerciale se dessine alors.</p>
<p>Plusieurs instances, comme <a href="http://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-artemisia-et-covid-19/">l’Académie française de médecine</a>, ont <a href="https://presse.inserm.fr/lartemisia-plante-miracle-vraiment/40111/">rejeté</a> l’efficacité curative et préventive de l’artemisia, principale substance active du CVO, dans la lutte contre le Covid. Les évaluations positives et négatives du CVO ont été souvent interprétées à travers le prisme des relations internationales. La rumeur selon laquelle le président russe Vladimir Poutine avait exprimé son soutien au CVO connut un certain succès avant d’être <a href="https://factuel.afp.com/la-russie-commande-la-tisane-malgache-censee-guerir-le-coronavirus-il-nexiste-aucune-trace-dune">démentie</a>. Dans un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=0fc5e9d-cws">entretien accordé à France 24</a>, le président malgache assurait que les critiques européens du CVO trahissaient une incapacité à admettre un remède proposé par un pays plus pauvre.</p>
<h2>Décoloniser la diplomatie ?</h2>
<p>C’est à l’Afrique que la « mission » sanitaire malgache s’adresse d’abord. Cette posture diplomatique interroge au vu de l’ambivalence historique des relations de l’île au continent. La saga malgache du CVO a permis une reformulation momentanée des relations de Madagascar à l’Afrique – relations longtemps informées par les appartenances à la sphère d’influence française (désignée de manière élusive par le terme <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-empire-qui-ne-veut-pas-mourir-collectif/9782021464160">« Françafrique »</a></p>
<p>Les rapports entre Madagascar et l’Afrique ont été vécus dans une triangulation postcoloniale – la France faisant office de force médiatrice ou d’adversaire commun.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CIyhHIzm1_c?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Andry Rajoelina : « Le problème, c’est que ça vient d’Afrique » (France 24, 11 mai 2020).</span></figcaption>
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<p>En 1963, Madagascar fait bien partie des membres fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), mais la diplomatie malgache s’est poursuivie dans la première décennie postindépendance dans une coopération étroite avec l’ancien pouvoir colonial. Comme le note <a href="https://books.google.fr/books/about/Madagascar_et_l_Afrique.html?id=KaYwAQAAIAAJ&redir_esc=y">Didier Nativel</a>, Madagascar a fait le choix d’une proximité conservée avec la France, avant de s’engager dans un rapprochement avec l’Afrique de l’Ouest à travers ses institutions naissantes. La <a href="https://books.google.fr/books/about/Madagascar_et_l_Afrique.html?id=KaYwAQAAIAAJ&redir_esc=y">révolution socialiste de 1972</a> marque à ce titre un tournant dans la diplomatie malgache. Madagascar entre dès lors dans le camp des non-alignés sous l’impulsion de <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/03/28/didier-ratsiraka-l-ex-president-de-madagascar-est-mort_6074752_3212.html">Didier Ratsiraka</a>, futur président alors ministre des Affaires étrangères.</p>
<p>Des acteurs mieux connus, comme <a href="https://theconversation.com/cuba-face-au-coronavirus-dans-lile-et-dans-le-monde-135455">Cuba</a>, ont depuis longtemps montré la voie d’un internationalisme médical à partir du Sud. La « doctor diplomacy » cubaine s’est ainsi distinguée dans des théâtres d’intervention en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Au cours de la première vague de la pandémie de Covid-19 au printemps 2020, les médecins cubains se rendirent d’ailleurs tant <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/may/06/doctor-diplomacy-cuba-seeks-to-make-its-mark-in-europe-amid-covid-19-crisis">au Nord et que dans le Sud global</a>. Ces déploiements humanitaires constituent des répliques efficaces à la colonialité des instruments diplomatiques (qu’ils relèvent de la religion, des droits humains ou de la santé globale).</p>
<p>Les discussions sur les brevets des vaccins contre le Covid-19 et les luttes d’influences entre puissances détentrices de ceux-ci, ont, <em>a contrario</em>, rappelé les termes scandaleux de l’<a href="https://www.lecre.umontreal.ca/capitalist-philanthropy-and-vaccine-imperialism/">impérialisme vaccinal</a>. Les aléas de la campagne vaccinale à Madagascar, recourant au Covishield – un vaccin de composition identique à AstraZeneca mais fabriqué en Inde – ont fait craindre l’émergence de nouvelles frontières et illégalités en entravant les déplacements des vaccinés. En effet, la reconnaissance du vaccin Covishield par les pays européens fut retardée de plusieurs mois – la <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/le-vaccin-covishield-d-astrazeneca-utilise-dans-de-nombreux-pays-africains-reconnu-par-la-france_4708375.html">France ne le reconnaissant qu’au mois de juillet 2021</a>. L’impact de ces tergiversations sur le <a href="https://lexpress.mg/19/07/2021/immunisation-la-france-reconnait-le-vaccin-covishield/">scepticisme vaccinal</a> à Madagascar n’a pas été négligeable.</p>
<p>La proposition diplomatique nouvelle se produit autour de l’héroïsation du président malgache. Andry Rajoelina a été présenté par certaines publications africaines comme un <a href="https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200512-madagascar-le-panafricanisme-sanitaire-rajoelina-trouve-%C3%A9chos-favorables">« nouveau Sankara »</a>. Le président-martyr burkinabé, assassiné en 1983, prôna une défiance à l’encontre des aides extérieures et demeure aujourd’hui l’apôtre posthume d’une Afrique solidaire, émancipée et autosuffisante. À la fin du mois d’août 2020, le quotidien malgache <a href="http://www.midi-madagasikara.mg/politique/2020/08/27/panafricanisme-et-developpement-andry-rajoelina-dans-le-top-5-des-presidents-africains/"><em>Midi Madagasikara</em></a> reprenait un sondage réalisé au Bénin dans lequel le président malgache était placé dans le top cinq des « visionnaires qui inspirent les jeunes générations » en Afrique. Les termes de « fierté » et de « dignité », rapportés à l’intervention présidentielle malgache, étaient alors récurrents dans les publications africaines et sur les réseaux sociaux sur le continent.</p>
<h2>De l’usage des symboles d’indépendance</h2>
<p>La séquence malgache de résistance à l’ordre sanitaire mondial a mobilisé différents aspects de l’imaginaire politique en Afrique et à Madagascar. L’opération panafricaine engagée par le président Rajoelina s’est inscrite dans une véritable stratégie de conquête et de consolidation du pouvoir. Dans leur livre <a href="https://www.editions.ird.fr/produit/453/9782709924108/l-enigme-et-le-paradoxe"><em>L’énigme et le paradoxe</em></a>, M. Razafindrakoto, F. Roubaud et J. M Wachtsberger relèvent une manipulation des symboles royaux dans la fabrication du charisme de Rajoelina, confirmée après son élection.</p>
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<img alt="Retour de la couronne du Dais de Ranavalona II à Antananarivo, la capitale de Madagascar" src="https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472027/original/file-20220701-12-foi3zg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Retour de la couronne du Dais de Ranavalona II à Antananarivo, la capitale de Madagascar.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>La <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/05/25/sur-les-hauteurs-d-antananarivo-le-colisee-de-la-discorde_6040710_3212.html">construction controversée d’un « colisée »</a> au site du <em>Rova</em> d’Antananarivo, l’ancienne enceinte royale, siège de l’empire merina, destinée à promouvoir la fierté nationale malgache, constitue un exemple d’appropriation de l’histoire royale modelée sur un symbole politique et culturel très eurocentré. Un article de novembre 2020 revient de façon critique sur la rétrocession par la France de la pièce décorative d’un dais royal, présenté comme le <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/05/la-france-remet-a-madagascar-la-couronne-ornant-le-dais-de-la-reine-ranavalona-iii_6058610_3212.html">retour de la couronne</a>de Ranavalona II. Nommant l’affaire <a href="https://www.koolsaina.com/couronnavirus-analyse-malgache-pret-coiffe-dais-royal-ranavalona/">« courronnavirus »</a>, l’auteur semble suggérer par l’usage de cet amalgame lexical fantaisiste un lien entre le recours aux symboles royaux et l’instrumentalisation de la pandémie.</p>
<p>L’opportunisme politique et économique a donné naissance à la saga du Covid-organic, une concoction devenue symbole de la résistance africaine. La stratégie diplomatique malgache a réussi à faire de Rajoelina un porte-étendard éphémère d’une autonomie sanitaire légitimement désirée dans un contexte d’inégalités globales accrues. Au risque toutefois de renforcer un scepticisme vaccinal déjà <a href="https://www.coronatimes.net/scepticism-fake-news-africa-vaccination-drive/">important sur le continent</a>.</p>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre du partenariat avec le <a href="https://blogterrain.hypotheses.org/">blog de la revue Terrain</a>. Retrouvez une version plus longue de ce texte <a href="https://blogterrain.hypotheses.org/18505">ici</a></em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185972/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Somda est un fellow de la Carnegie Corporation of New York. (Cette publication est rendue possible grâce au soutien de la Carnegie Corporation of New York. Les points de vue exprimés sont uniquement de la responsabilité de l’auteure.)</span></em></p>Les Malgaches utilisent couramment les plantes médicinales pour se protéger des maladies. Face au Covid, le président s’est fait le porte-étendard de l’artemisia, devenu un enjeu diplomatique.Dominique Somda, Anthropologue, HUMA (Institute for Humanities in Africa), University of Cape TownLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1845962022-06-09T13:09:53Z2022-06-09T13:09:53ZVariole du singe : comment se transmet-elle ? D’où vient-elle ? Quels sont les symptômes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/467862/original/file-20220608-15337-iee6bx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2096%2C1804&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Particules du virus de la variole du singe agrandies et colorisées. Depuis début mai, plus de 550 cas confirmés d'infection humaine par le virus ont été signalés dans 30 pays. </span> <span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/variole-du-singe/variole-du-singe-1-000-cas-signales-dans-le-monde-l-oms-craint-que-le-virus-s-installe-dans-les-pays-non-endemiques_5185189.html">Avec un millier de cas signalés dans plusieurs pays</a>, l’infection humaine par le virus de la variole du singe suscite l’intérêt et l’inquiétude en tant que menace de maladie infectieuse émergente, et ce, alors que la pandémie de Covid-19 s’atténue lentement.</p>
<p>Au Québec, en date du 6 juin, <a href="https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/variole-du-singe">90 cas de variole du singe ont été déclarés</a>.</p>
<h2>Qu’est-ce que le virus de la variole du singe ?</h2>
<p>La variole du singe fait partie d’un groupe de virus étroitement apparentés au genre Orthopoxvirus, qui comprend la variole, la vaccine de la vache et la variole du chameau. Le virus de la variole du singe a été <a href="https://doi.org/10.1111/j.1699-0463.1959.tb00328.x">découvert pour la première fois au cours de l’été 1958</a>. Il se manifestait par une maladie cutanée non mortelle, semblable à la variole, chez des singes en captivité dans un institut de recherche au Danemark.</p>
<p>Le nom de « variole du singe » est inapproprié, car les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2491157/pdf/bullwho00071-0068.pdf">rongeurs terrestres africains (rats et écureuils)</a>] constituent le réservoir naturel du virus. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2631782/pdf/11384521.pdf">En revanche, les singes et autres primates ne seraient que des hôtes accidentels</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/epidemie-de-variole-du-singe-ce-quon-doit-savoir-183507">Épidémie de variole du singe : ce qu’on doit savoir</a>
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<h2>Quand la variole du singe a-t-elle été signalée pour la première fois chez l’humain ?</h2>
<p>Le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2480792/pdf/bullwho00192-0028.pdf/?tool=EBI">premier cas connu d’infection humaine par la variole du singe</a> a été signalé en République démocratique du Congo en 1970, chez un garçon de neuf mois souffrant d’une maladie bénigne ressemblant à la variole.</p>
<p>Depuis lors, des <a href="https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON385">cas humains sporadiques sont apparus dans de nombreux pays d’Afrique centrale et occidentale</a>, les infections étant <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON381">plus fréquentes chez les enfants</a> et les jeunes adultes. Dans les pays où la variole du singe est endémique (c.-à-d. là où elle est généralement présente), l’augmentation récente des cas serait liée <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5857192/pdf/mm6710a5.pdf">au changement climatique, à la déforestation</a>, <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijid.2018.11.008">aux guerres, à la mobilité accrue de la population</a> et <a href="https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2020.04.062">à la diminution de l’immunité collective due à la vaccination contre la variole</a>.</p>
<h2>Comment se transmet la variole du singe ?</h2>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.ijid.2018.11.008">La transmission survient</a> par contact physique étroit avec des <a href="https://doi.org/10.3390%2Fv12111257">animaux</a> ou des <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010141">humains</a>, leurs liquides organiques, des gouttelettes contaminées provenant de sécrétions respiratoires ou de lésions cutanées infectées. Elle se fait aussi indirectement par l’intermédiaire de <a href="https://doi.org/10.3201/eid2604.191164">matières contaminées</a> (objets inanimés tels que les draps, les serviettes et les surfaces dures qui peuvent être chargés de particules virales infectieuses). c</p>
<p>Les morsures d’animaux et la consommation de <a href="https://doi.org/10.3390%2Fv12111257">viande</a> représentent des <a href="https://doi.org/10.1053/j.spid.2004.09.001">modes de transmission</a> fréquents dans les zones endémiques. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2395797/pdf/bullwho00425-0002.pdf">Les infections secondaires entre proches non vaccinés</a> surviennent dans <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2491157/pdf/bullwho00071-0068.pdf">environ 12,3 % des contacts familiaux et 3,3 %</a> avec le reste de la population.</p>
<h2>Quand la variole du singe a-t-elle été signalée pour la première fois à l’extérieur de l’Afrique ?</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Chien de prairie" src="https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/467015/original/file-20220603-12-8ivjid.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La première éclosion de variole du singe aux États-Unis s’est produite en 2003 lorsque plusieurs personnes ont été infectées après avoir été en contact avec des chiens de prairie domestiqués porteurs du virus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pixabay)</span></span>
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</figure>
<p>La première grappe d’infections humaines liées à la variole du singe en dehors de l’Afrique <a href="https://www.science.org/doi/epdf/10.1126/science.300.5626.1639a">s’est déclarée aux États-Unis en 2003</a>. Une éclosion touchant 87 enfants et jeunes adultes dans plusieurs États a été attribuée à un contact étroit avec des chiens de prairie infectés acquis comme animaux de compagnie auprès d’un distributeur d’animaux. La source originelle de l’infection s’est avérée être des <a href="https://www.cdc.gov/mmwr//preview/mmwrhtml/mm5224a1.htm">cricétomes des savanes importés, qui l’ont transmise aux chiens de prairie</a>. Aucun décès humain n’est survenu, bien que trois enfants aient été gravement malades.</p>
<p>Avant 2022, plusieurs <a href="https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2020.04.062">cas associés à des voyages</a> avaient été signalés au Royaume-Uni, en Israël, à Singapour et aux États-Unis <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8989376/pdf/mm7114a1.pdf">chez des personnes qui avaient visité le Nigeria</a>.</p>
<h2>Que savons-nous de l’éclosion mondiale de variole du singe dans les pays non endémiques ?</h2>
<p>Le 7 mai 2022, les autorités de santé publique du Royaume-Uni ont été informées d’un <a href="https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON385">cas importé d’infection humaine par le virus de la variole du singe</a> chez un voyageur revenant du Nigeria. Depuis lors, plus de 550 cas confirmés d’infection humaine <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON381">ont été signalés au Royaume-Uni et dans 29 autres pays</a>. La fréquence des cas est considérablement plus élevée <a href="https://news.un.org/en/story/2022/06/1119472">chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes</a>, bien que le virus ne soit pas connu pour être transmis sexuellement.</p>
<h2>Quels sont les symptômes de la variole du singe ?</h2>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1053/j.spid.2004.09.001">manifestations cliniques</a> de <a href="http://dx.doi.org/10.3390/v12111257">l’infection humaine par la variole du singe</a> ressemblent à <a href="http://dx.doi.org/10.3390/v9120380">celles de la variole</a>, mais sont généralement beaucoup plus bénignes. Contrairement à la variole du singe, la variole est une maladie éradiquée ; elle n’a pas de réservoir animal et ne touche généralement pas les ganglions lymphatiques.</p>
<p>La période d’incubation de la <a href="https://doi.org/10.3201/eid2604.191164">variole du singe chez l’humain</a> varie de 4 à 21 jours et est suivie d’une phase de 1 à 5 jours de fièvres, de frissons, de sueurs, de fatigue et de ganglions hypertrophiés et douloureux dans le cou et l’aine.</p>
<p>La phase suivante se caractérise par une <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijid.2018.11.008">éruption en plusieurs étapes</a> qui passe de petites taches cutanées à des papules (petites bosses sur la peau), puis à des vésicules (petites bosses remplies de liquide clair) et enfin à des pustules (petites bosses remplies de pus). Celles-ci se retrouvent surtout sur le visage, les paumes des mains et la plante des pieds. Les pustules disparaissent en formant une cicatrice ou une croûte dans les 2 à 4 semaines qui suivent.</p>
<p>Les personnes exposées peuvent également présenter un mal de gorge, une toux ou une éruption cutanée sur les muqueuses de la bouche.</p>
<h2>Quelle est la gravité de l’infection par la variole du singe ?</h2>
<p>La maladie est généralement bénigne, bien que des cas graves et mortels puissent survenir. Il existe deux variantes génétiques communes du virus de la variole du singe : la variante centrafricaine et la variante ouest-africaine. <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010141">Des taux de mortalité</a> de 3,6 % pour la variante ouest-africaine et de 10,6 % pour la variante centrafricaine ont été signalés dans les régions endémiques.</p>
<p>Toutefois, <a href="https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON385">aucun décès n’a été enregistré à ce jour</a> dans les cas signalés en <a href="https://www.cdc.gov/mmwr//preview/mmwrhtml/mm5224a1.htm">dehors de l’Afrique</a>. Tous les cas confirmés de l’éclosion de 2022 dans les 30 pays non endémiques provenaient de la <a href="https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON381">variante ouest-africaine</a>.</p>
<h2>La santé publique a-t-elle d’autres recommandations concernant la variole du singe ?</h2>
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<img alt="Rectangles verts aux coins arrondis sur fond beige" src="https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=549&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=549&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=549&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=690&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=690&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/467017/original/file-20220603-24-vj11au.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=690&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Particules colorisées et agrandies du virus de la variole du singe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(NIAID)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><a href="https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010141">Les personnes infectées par la variole du singe</a> doivent porter des masques chirurgicaux et les lésions cutanées doivent être couvertes jusqu’à leur guérison. Les articles à usage personnel tels que les serviettes et les draps ne doivent pas être partagés. Les surfaces fréquemment touchées doivent être régulièrement désinfectées, les vêtements contaminés doivent être lavés et les contacts avec les membres du foyer et les autres personnes doivent être évités jusqu’à la guérison de la maladie.</p>
<p><a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/variole-singe/professionnels-sante/lignes-directrices-provisoires-prevention-controle-infections-etablissements-sante.html">Les travailleurs de la santé</a> doivent utiliser des gants, des blouses et une protection respiratoire avec des masques N95 et des écrans faciaux, et maintenir une excellente hygiène des mains lorsqu’ils soignent des patients infectés par la variole du singe. Les patients hospitalisés chez qui la maladie est confirmée ou suspectée doivent rester en isolement avec des précautions contre la transmission par voie aérienne, par gouttelettes et par contact jusqu’à ce qu’ils ne soient plus contagieux.</p>
<h2>Le vaccin contre la variole protège-t-il contre la variole du singe ?</h2>
<p>Le <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/smallpox-vaccine.html">vaccin antivariolique</a> — administré avant ou après <a href="https://doi.org/10.1086/595552">l’exposition à la variole du singe</a> — peut prévenir ou réduire les effets de <a href="https://doi.org/10.1093/ije/17.3.643">l’infection humaine par la maladie</a>. Toutefois, des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1069029/pdf/ClinMedRes0102-0087.pdf">effets indésirables rares, mais graves</a> ont été observés avec les vaccins antivarioliques d’ancienne génération. Un vaccin vivant de nouvelle génération, non réplicatif, est maintenant disponible et est <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vie-saine/guide-canadien-immunisation-partie-4-agents-immunisation-active/page-21-vaccin-contre-variole.html">considéré sans danger pour toutes les populations, y compris celles dont le système immunitaire est affaibli</a>.</p>
<p>Le <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/71/wr/mm7122e1.htm">U.S. Centers for Disease Control and Prevention’s Advisory Committee on Immunization Practices</a> recommande une prophylaxie préexposition (vaccination avant l’exposition au virus) avec le vaccin de nouvelle génération pour le personnel de laboratoire effectuant des tests de diagnostic de la variole du singe, ainsi que pour le personnel de santé administrant le vaccin antivariolique ou soignant des patients atteints de la variole du singe. (Son <a href="https://www.cdc.gov/smallpox/clinicians/vaccines.html">appellation commerciale</a> est Jynneos aux États-Unis, Imvamune au Canada et Imvanex en Europe.)</p>
<p>Au Canada et dans d’autres pays développés, les personnes nées avant 1972 ont probablement été <a href="https://doi.org/10.1016/j.amjmed.2008.08.019">vaccinées contre la variole</a>. Bien que l’immunité consécutive à la vaccination ait tendance à s’affaiblir avec l’âge, l’immunité à vie semble être la norme après la vaccination antivariolique chez des personnes en bonne santé, et l’efficacité de la protection croisée contre la variole du singe serait de <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/smallpox-vaccine.html">85 %</a>.</p>
<h2>La variole du singe sera-t-elle la prochaine pandémie virale ?</h2>
<p>L’émergence de maladies infectieuses telles que la variole du singe dans des zones non endémiques a suscité beaucoup d’inquiétude à la lumière de notre expérience avec la Covid-19.</p>
<p>Avant l’éclosion actuelle dans les pays occidentaux, la variole du singe était considérée comme une maladie tropicale négligée. Cependant, la trajectoire de ces cas, associée au schéma de transmission en Afrique, <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010141">suggère que le virus ne deviendra pas pandémique</a>.</p>
<p>Le taux de reproduction de base (R0), une mesure de la contagiosité virale, où R0 représente le nombre d’infections secondaires transmises à partir d’un seul cas dans une population non immunisée, est de 0,6 à 1,0 pour la variante centrafricaine, <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010141">et beaucoup plus faible pour la variante ouest-africaine</a>.</p>
<p>En comparaison, le R0 de la variante Omicron du SARS-CoV-2 est d’environ 10, et le R0 de la rougeole <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9113689/pdf/germs-12-01-7.pdf">varie de 11 à 18</a>. Le R0 de la variante ouest-africaine du virus de la variole du singe <a href="https://doi.org/10.18683/germs.2022.1301">pourrait être trop faible pour permettre une transmission de personne à personne</a> en dehors des zones endémiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184596/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sameer Elsayed ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Voici les réponses aux questions les plus courantes sur ce virus apparenté à la variole, notamment sur sa transmission, ses symptômes et l’efficacité du vaccin antivariolique.Sameer Elsayed, Professor of Medicine, Pathology & Laboratory Medicine, and Epidemiology & Biostatistics, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1839642022-05-29T15:38:04Z2022-05-29T15:38:04ZVariole du singe : le point sur les vaccins et traitements antiviraux<p>Si impressionnante qu’elle soit, avec sa fièvre et ses éruptions cutanées, la variole du singe (<em>monkeypox</em>) <a href="https://www.nhs.uk/conditions/monkeypox/">ne nécessite habituellement pas de traitement spécifique</a>. Longue à guérir (plusieurs semaines), la maladie est toutefois <a href="https://www.gov.uk/guidance/monkeypox#treatment">généralement bénigne</a> et la plupart des personnes infectées se rétablissent spontanément – hors complications (déshydratation, surinfections bactériennes…)</p>
<p>Il existe toutefois des vaccins qui peuvent être utilisés pour contrôler les épidémies de <em>monkeypox</em>, et certains pays les utilisent déjà. Il existe également des traitements pour les personnes qui tombent gravement malades à cause du virus.</p>
<p>La variole du singe appartient au genre de virus <a href="https://wwwnc.cdc.gov/travel/yellowbook/2020/travel-related-infectious-diseases/smallpox-and-other-orthopoxvirus-associated-infections"><em>Orthopoxvirus</em></a>, tout comme celui de la variole (petite vérole, <em>smallpox</em> en anglais). Redoutable (<em>300 millions de morts au XX<sup>e</sup> siècle, ndlr</em>), la variole a été déclarée éradiquée en 1980 suite à une <a href="https://www.who.int/fr/news/item/08-05-2020-commemorating-smallpox-eradication-a-legacy-of-hope-for-covid-19-and-other-diseases">campagne de vaccination mondiale menée par l’OMS</a>. S’il n’y a pas de vaccin spécifique contre le virus du <em>monkeypox</em>, grâce à ce que l’on appelle la protection croisée, les vaccins contre la variole fonctionnent aussi contre la variole du singe (<em>comme avoir été malade du Covid suite à l’infection par un variant offre une protection, réelle mais dégradée, contre un autre variant, ndlr</em>).</p>
<h2>L’intérêt des vaccins contre la variole</h2>
<p>Aujourd’hui, <a href="http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/39258/a41464_fre.pdf;jsessionid=1D017B9014140F51CFD59686C417D575?sequence=1">42 ans après la libération du monde de la variole</a>, de nombreux pays conservent des stocks de vaccins antivarioliques en cas d’urgence (<em><a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_variole_2006-2.pdf">dont la France, qui dispose de vaccins</a> des <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/28/variole-du-singe-l-arme-vaccinale-pour-tenter-d-endiguer-l-epidemie_6128030_3244.html">trois générations</a>, ndlr</em>). Ils sont notamment utilisés pour protéger les <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/148501/Green-Book-Chapter-29-dh_063660.pdf">travailleurs de laboratoires de recherche</a> qui entrent accidentellement en contact avec des poxvirus (comme celui de la variole du singe ou de la <a href="https://theconversation.com/monkeypox-some-countries-are-protecting-contacts-with-the-smallpox-vaccine-which-uses-humanitys-only-domesticated-virus-183551">vaccine</a> – un poxvirus similaire à la variole mais moins dangereux). Ils sont également conservés en cas d’<a href="https://www.parliament.uk/globalassets/documents/post/pn166.pdf">attaques terroristes</a> qui pourraient utiliser la variole comme <a href="https://www.cdc.gov/smallpox/bioterrorism/public/index.html">arme biologique</a>.</p>
<p>Le vaccin antivariolique peut être efficace jusqu’à <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1077678/Recommendations-for-use-of-pre-and-post-exposure-vaccination-during-a-monkeypox-incident.pdf">85 %</a> au maximum pour stopper l’infection par le virus de la variole du singe, s’il est administré avant exposition au virus.</p>
<p>Il existe <a href="https://www.mesvaccins.net/web/diseases/29-variole">deux types de vaccin antivariolique</a> déjà utilisables, tous deux basés sur le virus de la vaccine :</p>
<p>● Le premier est un type de vaccin antivariolique ancien, qui contient le virus de la vaccine « vivant » cultivé en laboratoire (vaccin de seconde génération). Le principal vaccin de ce groupe est le <a href="https://www.fda.gov/vaccines-blood-biologics/vaccines/acam2000">ACAM2000</a>, qui est autorisé aux États-Unis.</p>
<p>Bien qu’ACAM2000 ne puisse pas provoquer la variole, le virus qu’il contient peut se répliquer après l’administration du vaccin et se <a href="https://www.cdc.gov/smallpox/vaccine-basics/who-gets-vaccination.html">transmettre</a> de la personne vaccinée à une personne non vaccinée qui entre en contact avec le site d’injection ou tout liquide qui s’en écoule, et ce jusqu’à 21 jours après.</p>
<p>De par sa nature même, l’ACAM2000 peut également provoquer de nombreux <a href="https://www.cdc.gov/smallpox/vaccine-basics/vaccination-effects.html">effets secondaires</a>. Il ne doit donc pas être administré aux groupes à risque, tels que les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli (par exemple atteintes du <a href="https://www.bhiva.org/file/NriBJHDVKGwzZ/2015-Vaccination-Guidelines.pdf">VIH</a>) – qui peuvent être très malades suite à l’injection.</p>
<p>Un autre vaccin est basé sur le virus de la vaccine « vivant » : l’<a href="https://www.cdc.gov/smallpox/clinicians/vaccines.html">Aventis Pasteur Smallpox Vaccine (APSV)</a>. Il n’est pas officiellement approuvé, mais peut être mis à disposition si les autres stocks sont épuisés (aux États-Unis).</p>
<p>● Un nouveau type de vaccin antivariolique, de troisième génération, appelé Imvanex (ou Imvamune), contient lui aussi une forme vivante mais modifiée pour atténuer sa dangerosité du virus de la vaccine, appelée vaccinia Ankara. L’Imvanex, fabriqué par la société de biotechnologie danoise Bavarian Nordic, a été <a href="https://www.ema.europa.eu/en/medicines/human/EPAR/imvanex">autorisé dans l’Union européenne</a> pour la prévention de la variole.</p>
<p>Aux États-Unis, le vaccin porte le nom de marque <a href="https://www.fda.gov/vaccines-blood-biologics/jynneos">Jynneos</a> et est autorisé pour la prévention de la variole et de la variole du singe chez les adultes exposés. Jynneos a été utilisé <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1077678/Recommendations-for-use-of-pre-and-post-exposure-vaccination-during-a-monkeypox-incident.pdf">au Royaume-Uni</a> dans des cas antérieurs de <em>monkeypox</em>.</p>
<p>Parce que les vaccins de Bavarian Nordic utilisent une forme modifiée du virus de la vaccine, ils sont considérés comme sûrs pour les personnes appartenant à des groupes à risque.</p>
<p>Il faut généralement entre cinq et 21 jours pour qu’une personne en contact étroit avec une autre qui a été infectée par le virus <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/850059/Monkeypox_information_for_primary_care.pdf">présente des symptômes</a> (et plus probablement sept à 14 jours) ; il est donc difficile de dire si l’administration du vaccin après exposition fournira une protection totale.</p>
<p>Cependant, la recommandation des <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/smallpox-vaccine.html">États-Unis</a> et du <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1077678/Recommendations-for-use-of-pre-and-post-exposure-vaccination-during-a-monkeypox-incident.pdf">Royaume-Uni</a> est que, après évaluation du risque, les personnes exposées reçoivent une dose dès que possible, idéalement dans les quatre jours, mais jusqu’à 14 jours après. (<em>En France, la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2022/cas-de-monkeypox-point-de-situation-au-28-mai-2022">surveillance est renforcée</a>. La Haute autorité de santé « <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3340419/fr/monkeypox-vacciner-les-adultes-et-professionnels-de-sante-apres-une-exposition-a-la-maladie">recommande la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive en post-exposition avec le vaccin de 3<sup>e</sup> génération uniquement […], administré idéalement dans les quatre jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard</a>, ndlr</em>)</p>
<h2>Quand utiliser les antiviraux</h2>
<p>Outre les vaccins, <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/treatment.html">plusieurs médicaments</a> pourraient être utilisés pour traiter la variole du singe ou limiter son impact.</p>
<p>● L’un d’eux est le <a href="https://www.sps.nhs.uk/medicines/tecovirimat/">tecovirimat (TPOXX)</a>, qui arrête la propagation de l’infection en interférant avec une protéine présente à la surface des <em>Orthopoxvirus</em>.</p>
<p>Le Tecovirimat est <a href="https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/fda-approves-first-drug-indication-treatment-smallpox">approuvé</a> aux États-Unis pour le traitement de la variole uniquement. Il a été <a href="https://www.cdc.gov/smallpox/prevention-treatment/index.html">testé sur des humains en bonne santé</a> et s’est avéré capable de stopper le virus en laboratoire. Cependant, il n’a pas été testé sur des personnes atteintes de la variole ou d’autres <em>Orthopoxvirus</em>. Néanmoins, en Europe, le <a href="https://www.ema.europa.eu/en/medicines/human/EPAR/tecovirimat-siga">tecovirimat</a> a été autorisé pour traiter la variole, la variole du singe et la variole de la vache dans des circonstances exceptionnelles.</p>
<p>● Un autre antiviral potentiellement utilisable est le cidofovir, un médicament injectable autorisé au Royaume-Uni <a href="https://bnf.nice.org.uk/drug/cidofovir.html">contre une grave infection virale de l’œil</a> chez les individus atteints du Sida.</p>
<p>Dans l’organisme, le <a href="https://ansm.sante.fr/tableau-atun/cidofovir">cidofovir</a> est transformé en un composé aux propriétés antivirales, le cidofovir diphosphate. Le cidofovir ayant stoppé la variole en laboratoire, il pourrait être autorisé en cas d’urgence lors d’épidémies de <a href="https://www.cdc.gov/smallpox/prevention-treatment/index.html">variole</a> ou de <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/treatment.html">variole du singe</a>. Cependant, le cidofovir est un médicament assez puissant qui peut <a href="https://www.medicines.org.uk/emc/product/11151/smpc#gref">endommager les reins</a>.</p>
<p>● Une meilleure alternative pourrait être le <a href="https://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2021/214460s000,214461s000lbl.pdf">brincidofovir</a>, un médicament très proche, qui a été <a href="https://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2021/214460s000,214461s000lbl.pdf">approuvé</a> aux États-Unis pour le traitement de la variole.</p>
<p>Le brincidofovir (nom commercial Tembexa) est <a href="https://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2021/214460s000,214461s000lbl.pdf">administré par voie orale</a> et peut être prescrit à des personnes de tout âge. Sa conception permet de faire pénétrer la bonne quantité de médicament dans les cellules pour libérer le cidofovir, ce qui le rend <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166354203001104 ?via %3Dihub">moins dommageable</a> pour les reins.</p>
<p>Le brincidofovir a été <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT02439957 ?term=brincidofovir&draw=2&rank=7">testé chez l’humain</a> pour d’autres affections virales. Son autorisation d’utilisation dans le traitement de la variole aux États-Unis provient d’<a href="https://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2021/214460s000,214461s000lbl.pdf">études de laboratoire</a> montrant qu’il est efficace contre les <em>Orthopoxvirus</em>. Pour cette raison, il figure également sur la liste des médicaments potentiels pour le traitement de la <a href="https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/treatment.html">variole du singe</a>.</p>
<p>Ce qui nous manque encore, donc, ce sont des données sur l’efficacité de ces trois antiviraux (cidofovir, brincidofovir et tecovitimat) dans le traitement des infections par le virus de la variole du singe chez l’être humain.</p>
<p>Un article récent, publié dans <a href="https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(22)00228-6/fulltext">The_Lancet_Infectious Diseases</a> a étudié l’efficacité du brincidofovir (trois patients) et du tecovirimat (un patient) dans les cas de variole du singe entre 2018 et 2021 au Royaume-Uni. Les chercheurs ont rapporté une faible efficacité du brincidofovir et ont appelé à davantage d’études sur le tecovirimat dans l’infection humaine par le <em>monkeypox</em>. (<em>D’où le lancement de <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/infectiologie/variole-du-singe-lancement-dune-cohorte-internationale-pour-evaluer-le-tecovirimat">cohortes d’évaluations internationales</a> pour leur meilleure évaluation, ndlr</em>)</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183964/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Parastou Donyai ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la variole a été éradiquée en 1980 grâce à la vaccination, des maladies proches circulent toujours comme la variole du singe. Quels vaccins et traitements a-t-on ? Quelles sont leurs limites ?Parastou Donyai, Head of the Department of Pharmacy, King's College LondonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1802172022-04-22T13:57:31Z2022-04-22T13:57:31ZCovid-19 : la désinformation est mortelle, surtout celle véhiculée par les professionnels de la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/458025/original/file-20220413-14-aeczs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C0%2C7693%2C5187&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un manifestant tient une pancarte sur laquelle on peut lire «ARNaqueur, voleur, tueur, Pfizer» lors d'une manifestation contre le pass vaccinal et le vaccin contre la Covid-19 devant le siège de Pfizer, à Paris en janvier 2022. </span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Thibault Camus)</span></span></figcaption></figure><p>Au plus creux du confinement, la majorité de la population se tournait vers les différentes plates-formes de réseaux sociaux pour se divertir et s’informer. Or, parmi les multiples capsules humoristiques circulaient également des vidéos accrocheuses, parfois créées par des gens se présentant comme des médecins prestigieux, insinuant que les vaccins à ARN messager contre la Covid-19 sont dangereux et détruisent nos neurones.</p>
<p>Cela a fait réagir Mathieu Nadeau-Vallée, médecin résident en anesthésiologie et détenteur d’un baccalauréat en sciences biomédicales ainsi que d’un doctorat en pharmacologie. Le médecin, qui débute également une maîtrise en épidémiologie à l’automne prochain, s’est donné comme mission de combattre la désinformation qui sévit sur les réseaux sociaux, armé de la plate-forme TikTok et de son bagage scientifique.</p>
<p>Selon lui, décortiquer intelligemment les études scientifiques est une tâche très complexe, tant pour le grand public que pour les experts. Cette barrière au niveau des capacités d’interprétation de la littérature scientifique fondamentale amène certaines personnes, dont des travailleurs de la santé, à partager de fausses nouvelles.</p>
<p>Bien qu’en situation de minorité, ces « experts » minent la confiance du public envers la science et envers les professionnels de la santé. Leur permettre de développer un regard critique pourrait, ultimement, sauver des vies.</p>
<p><strong>Selon vous, est-ce que les médecins au Québec sont bien formés pour déchiffrer la littérature scientifique ?</strong></p>
<p>Ils sont bien formés, et même de façon exemplaire, sur le plan de la science clinique et épidémiologique. Or, on ne les forme pas nécessairement à devenir des scientifiques de laboratoire, des experts des sciences fondamentales. Dans le cadre du parcours de formation en médecine, on n’enseigne pas comment lire et interpréter la littérature scientifique en biologie moléculaire, en immunologie expérimentale, en génomique, ou encore celle liée aux processus de développement de médicaments. Ces compétences requièrent une formation supplémentaire aux cycles supérieurs, que certains médecins chercheurs effectuent de leur plein gré, mais pas tous.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1500894522888409096"}"></div></p>
<p>C’est entre autres pour cette raison, selon moi, que certains médecins partagent de fausses nouvelles. Il importe de rappeler que c’est rare, et que les médecins concernés se font rappeler à l’ordre. Afin de limiter ce phénomène, il est nécessaire d’enseigner davantage la science fondamentale à l’école de médecine. Ce sont d’ailleurs mes études doctorales en pharmacologie qui m’ont fourni le bagage nécessaire à mes activités de vulgarisation. J’y ai appris à faire une analyse critique de la littérature scientifique et à identifier des bonnes sources d’information en ce qui a trait aux expériences scientifiques en laboratoire. Quand on parle de vaccin, de virus et d’ARN, ce type de compréhension est primordial.</p>
<p><strong>Quel effet a eu la pandémie sur la confiance du public envers la science, d’après vous ?</strong></p>
<p>J’aimerais bien le savoir ; j’espère que les gens continuent à avoir confiance en leurs professionnels de la santé, malgré qu’une minorité d’entre eux aient participé à propager de fausses nouvelles. Le problème est que leur voix est amplifiée, leur message est diffusé très rapidement. Les médecins sont compétents à effectuer leur travail, mais ce n’est pas parce qu’une personne est médecin qu’elle est experte en virologie fondamentale ou en génétique. La plupart des médecins ont heureusement la rigueur de spécifier qu’ils ne peuvent pas répondre à une question qui est en dehors de leur domaine de spécialisation. Le Collège des médecins a précisé à maintes reprises que ses membres ne devaient pas propager des nouvelles qui ne sont pas appuyées par la science.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1515845237297627136"}"></div></p>
<p><strong>Pensez-vous que cette minorité vient détruire le travail que les autres experts tentent de réaliser en combattant la désinformation ?</strong></p>
<p>Oui, ils minent la confiance du public envers les professionnels de la santé et envers le vaccin, qui sauve des vies. Par exemple, le médecin québécois René Lavigueur a fait le tour de plusieurs émissions de radio pour parler <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-10-28/replique-au-dr-lavigueur/des-faussetes-et-des-demi-verites-a-corriger.php">contre le vaccin et répandre de fausses informations à son sujet</a>. Certains médecins et scientifiques sont également sortis publiquement, par exemple via le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1839522/reinfo-covid-quebec-collectif-groupe-facebook-site-web">collectif controversé Réinfo Covid</a>, pour répandre des absurdités. Une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1839390/conference-de-presse-3-novembre-medecins-travailleurs-sante-reinfo-covid-quebec-fact-check">pharmacienne québécoise</a> y a même prétendu, arborant son sarrau et écusson professionnel, que des dizaines d’enfants allaient mourir à cause du vaccin. Mon équipe a dû travailler des heures pour <a href="https://vulgamag.ca/?p=608">déboulonner ces mythes</a>.</p>
<p>Il y a plusieurs exemples aussi en Europe, par exemple avec <a href="https://www.ledevoir.com/monde/europe/645483/france-le-controverse-didier-raoult-entendu-par-ses-pairs-lors-d-une-audience-disciplinaire">Didier Raoult</a>, et aux États-Unis, avec <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1849872/dr-robert-malone-dernier-avertissement-vaccins-arnm-covid-enfants">Robert W. Malone</a>. Les fausses déclarations de ces travailleurs de la santé sont irresponsables et pourraient mettre en danger la vie des gens. Dans ce contexte, la désinformation peut être mortelle.</p>
<p><strong>Quelle fausse nouvelle avez-vous trouvé la plus difficile à déboulonner ?</strong></p>
<p>La généticienne française <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/14/alexandra-henrion-caude-caution-scientifique-des-covido-sceptiques_6084016_3224.html">Alexandra Henrion-Caude</a> est une scientifique de renom. Elle a contribué à la littérature scientifique de manière illustre. Or, depuis le début de la pandémie, elle déclare que le vaccin est une thérapie génique, qu’il modifie nos gènes, ce qui est <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1766046/decrypteurs-vaccin-arn-modifie-arn-pfizer-biontech-therapie-genique-alexandra-henrion-caude-vih-2-7-cdc">absolument faux</a>. Selon elle, il ne faut absolument pas se faire administrer ces « injections », qui ont le pouvoir de reprogrammer nos gènes et de détruire nos cellules. Ses affirmations sont plus difficiles à déboulonner, puisqu’elle a un titre crédible. En tant qu’experte, on s’attend donc à ce qu’elle sache de quoi elle parle. Les gens lui font confiance. Voilà pourquoi ses propos sont dangereux.</p>
<p><strong>Comment le grand public peut-il détecter ce type de désinformation ?</strong></p>
<p>Il faut impérativement identifier les sources qui sont utilisées pour vérifier l’information. Parfois, ces sources ne font référence qu’à une vidéo YouTube, une publication Facebook ou même aux dires d’une seule personne. D’accord, cette personne a dit ça, mais sur quelles données s’est-elle basée ? Est-ce que ce sont des publications scientifiques révisées par les pairs ? Ou alors des interprétations libres de l’individu lui-même ? C’est ce que j’essaie de faire dans mes capsules, et j’étais l’un des premiers au Québec à le faire. À l’aide d’un écran vert, je mets mes sources derrière moi ; des tableaux, des graphiques tirés de publications scientifiques. Tout ce que j’affirme est vérifiable par des sources scientifiques crédibles.</p>
<p><strong>Qu’est-ce qui vous a motivé à combattre la désinformation sur les réseaux sociaux ?</strong></p>
<p>Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie, notamment en période de confinement. J’ai réalisé que les gens avaient vraiment besoin de rire et de se divertir. J’ai donc commencé à faire des capsules d’humour sur TikTok. Après plus d’un an sur TikTok, je me suis rendu compte que beaucoup de désinformation y circulait. Au départ, je me contentais de commenter les vidéos en tentant de démentir ces fausses nouvelles, et en mentionnant que j’étais étudiant en médecine. Au lieu de me remercier de les rassurer, les gens disaient que j’étais vendu, que les compagnies pharmaceutiques me payaient pour dire de telles choses. J’étais très surpris et j’ai voulu en faire davantage. J’ai donc commencé à faire des capsules de lutte contre la désinformation, qui ont eu beaucoup de succès. Avec le temps, j’ai cumulé plus de 1,3 million de mentions « j’aime », plus d’une centaine de milliers d’abonnés sur mes différentes plates-formes, des dizaines de millions de visionnements, ainsi que des centaines de témoignages de personnes hésitantes qui ont décidé de se faire vacciner grâce à mes efforts de déboulonnage.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1514025233564454917"}"></div></p>
<p><strong>Avez-vous un exemple qui illustre jusqu’où peut se rendre une fausse nouvelle ?</strong></p>
<p>À l’automne 2021, des rumeurs circulaient que le médecin et microbiologiste-infectiologue Richard Marchand, de l’Institut de cardiologie de Montréal, reconnu mondialement, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2021-09-20/oui-le-dr-richard-marchand-est-doublement-vaccine.php">n’était pas vacciné</a> et que les vaccins étaient dangereux. Afin de soutenir leur propos, les auteurs de ces vidéos s’étaient basés sur une entrevue que le Dr Marchand avait accordée en février 2021, donc au tout début de la vaccination. Au cours d’une discussion, il avait mentionné à Paul Arcand qu’il n’était pas encore vacciné. Cet extrait a par la suite été repris en septembre 2021, pour faire croire qu’à ce moment, pas si lointain, il n’était pas encore vacciné. J’ai alors pris la décision d’écrire au Dr Marchand, afin de l’informer que ces fausses nouvelles à son sujet étaient en train de circuler. Il était outré et très étonné ! Il a donc rédigé une longue publication pour dire que c’était faux, et j’ai également fait une vidéo TikTok pour rétablir les faits et rassurer les gens.</p>
<p><strong>En terminant, à votre avis, est-ce inévitable, de nos jours, d’avoir recours aux médias sociaux afin de combattre la désinformation ?</strong></p>
<p>Oui, il s’agit de la meilleure façon de le faire. C’est là que les gens sont, c’est aussi là que circulent les fausses nouvelles.</p>
<p>Comme le dit si bien Christie Wilcox, journaliste scientifique américaine,</p>
<blockquote>
<p>les plates-formes de médias sociaux […] sont le moyen par lequel le monde se met en réseau et communique. Elles sont le moyen et le lieu où nous partageons des informations – avec nos amis, nos collègues, nos connaissances et tous les autres.</p>
</blockquote>
<p>Pour cette raison, la science se doit d’être sur les réseaux sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180217/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathieu Nadeau-Vallée ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Décortiquer intelligemment des études scientifiques n’est pas chose simple. Cette barrière de compréhension amène certaines personnes, dont des professionnels de la santé, à propager de fausses nouvelles.Mathieu Nadeau-Vallée, Médecin résident en anesthésie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1795932022-03-31T17:53:12Z2022-03-31T17:53:12ZCovid : les sportifs sont-ils plus à risque ou protégés ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/455321/original/file-20220330-5685-1w1c0a0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=42%2C25%2C5482%2C3699&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si avoir une bonne condition est un plus indéniable, il ne garantit pas d'éviter ni l'infection ni les effets secondaires du Covid.</span> <span class="attribution"><span class="source">Kamil Macniak / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le sport est bon pour la santé, qui ne l’a pas entendu dire ? Il est effectivement établi qu’une activité physique suffisante et régulière n’apporte quasiment que des bienfaits… y compris en termes d’immunité. Des vertus protectrices qui s’étendent jusqu’au Covid ?</p>
<p>Un niveau d’activité physique au moins modéré (telle la marche régulière) permet en général d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34430796/">améliorer l’immunité</a> comme la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33877614/">réponse aux vaccins et de diminuer le risque d’infections</a>. Dans le cas du Covid, il a été suggéré que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33849909/">personnes sédentaires</a> présentaient des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33558839/">formes plus sévères de la maladie</a>, tandis que celles en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33413833/">meilleure condition physique étaient moins hospitalisées</a>.</p>
<p>Pourquoi ? Du fait des bienfaits de l’activité physique sur les paramètres inflammatoires, des auteurs suggèrent qu’une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32324968/">bonne condition physique aérobie pourrait protéger de la tempête inflammatoire</a> observée chez certains patients atteints du Covid-19. Si cette hypothèse est tentante, et parait presque évidente, elle n’est pour l’heure démontrée clairement par aucune étude.</p>
<h2>Quand un effort trop intense crée une baisse immunitaire</h2>
<p>Comme souvent, le mieux est l’ennemi du bien. Une pratique « trop » intense pourrait <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32139352/">créer des périodes temporaires de baisse immunitaire et de plus grandes susceptibilités aux infections</a> – même si cette <a href="http://eir-isei.de/2020/eir-2020-008-article.pdf">théorie est controversée</a>.</p>
<p>Pas d’alerte, toutefois : une étude américaine semble montrer qu’il n’y a <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2788852">pas plus de risques d’attraper le SARS-CoV-2 chez les jeunes sportifs universitaires</a> que chez leurs pairs non-sportifs, voire peut-être moins. Mais là encore, pour le moment, nous ne disposons pas de preuves incontournables.</p>
<p>Reste que cette baisse immunitaire peut bien être constatée. D’où vient-elle ? La théorie de la « fenêtre ouverte » stipule que la mobilisation importante des cellules inflammatoires après une épreuve longue et intense, comme un marathon, conduirait à une diminution de leur efficacité (de leur capacité de phagocytose) quelques heures après la fin de l’effort. Ce qui entraîne une susceptibilité accrue aux infections. Sont donc <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20839496/">essentiellement concernés les sportifs d’endurance</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une groupe de marathoniens est en plein effort" src="https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455317/original/file-20220330-16292-169iayj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pratique sportive trop intense peut entraîner, temporairement, une baisse de l’immunité. Un phénomène qui s’observe notamment chez les athlètes d’endurance (ici, marathon de Londres).</span>
<span class="attribution"><span class="source">IR Stone/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il n’y a pas de seuil fixé établi concernant le volume ou l’intensité d’entraînement à partir desquels cette diminution transitoire de l’immunité peut être effective. Ce phénomène s’observe toutefois chez des sportifs s’entraînant plus de 10h par semaine avec des efforts prolongés (sachant que certains s’entraînent 30h/semaine), ou après la réalisation d’efforts trop intenses pour un sportif de loisirs.</p>
<p>En conséquence, l’augmentation potentielle du risque de contamination au SARS-CoV-2 à cause d’une baisse d’immunité après un entraînement de haute intensité est une préoccupation réelle, mais principalement chez les athlètes non élites. Pendant le Covid, les athlètes de haut niveau, bien suivis, ont pu poursuivre leurs entraînements sans risque accru de contamination à condition qu’il n’y ait pas d’augmentation soudaine de la charge de l’effort.</p>
<p>Moment charnière, la <a href="https://www.acaps.asso.fr/sante-respiratoire-du-sportif-et-covid-19/">sortie de confinement fut par contre particulièrement sensible, avec des consignes de reprise progressive</a> pour éviter ce risque.</p>
<p>Bien sûr, d’autres facteurs comme la nutrition, le sommeil, le stress, la vaccination, les voyages long-courriers, la présence d’infections ou la génétique jouent également un rôle dans l’efficacité des défenses immunitaires du sportif – comme chez tout un chacun. Il est <a href="http://eir-isei.de/2020/eir-2020-008-article.pdf">difficile de dissocier leurs rôles respectifs</a>.</p>
<h2>Impact du SARS-CoV-2 chez les sportifs</h2>
<p>Une bonne pratique sportive a donc des atouts, mais elle ne garantit pas de passer entre les mailles du Covid, ni de « bénéficier » <em>de facto</em> d’une forme asymptomatique en cas de contamination du fait de sa bonne condition physique.</p>
<p>Une étude menée chez 147 sportifs anglais olympiens ou paralympiens positifs au Covid (environ 6 % de l’équipe de Grande-Bretagne) montre tout de même que leurs <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34340972/">symptômes étaient généralement légers (95 % d’entre eux)</a>. Aucun n’a été hospitalisé. La durée moyenne entre le début de ces derniers et leur résolution était de dix jours. Ces données sont <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33753345/">similaires à celles obtenues chez des sportifs d’Afrique du Sud</a>.</p>
<p>La fatigue excessive est en général le principal symptôme (chez 57 à 75 % des sportifs) ; c’est elle qui détermine très souvent le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33753345/">moment où la reprise du sport</a> devient possible.</p>
<h2>Se faire vacciner ou pas ?</h2>
<p>Au vu de ces bons chiffres, cette question a préoccupé beaucoup d’athlètes. Du fait notamment des <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(21)00082-5/fulltext">potentiels effets secondaires associés aux vaccins sur leur capacité à s’entraîner et performer en compétition</a>. Une étude menée par la même équipe de recherche s’est donc intéressée à ces effets chez 127 sportifs olympiques et paralympiques qui ont reçu leurs deux doses entre mai et septembre 2021 (Pfizer-BioNTech).</p>
<p>Le principal effet secondaire ressenti par 94 % de sportifs a été une douleur au bras qui a duré en moyenne 2 jours (de 1 à 3 jours). Un constat qui a conduit à proposer aux athlètes paraplégiques ou qui utilisent majoritairement leur membre supérieur de changer le site d’injection. C’est alors un membre inférieur ou un endroit moins crucial qui était sélectionné.</p>
<p>Une fatigue généralisée a été observée chez 28 % des sportifs après la première vaccination, sur un à deux jours le plus souvent ; et chez 37 % des sportifs après la seconde vaccination, durant un à trois jours cette fois.</p>
<p>Plusieurs effets secondaires ont été plus fréquemment signalés après la deuxième vaccination : fièvre ou frissons (2 % après la première vaccination contre 18 % après la seconde), douleurs musculaires (7 % contre 33 %), et maux de tête (16 % contre 34 %).</p>
<p>Pour 73 % des sportifs (soit 93 d’entre eux), la vaccination n’a pas eu d’effet sur leur capacité à s’entraîner. 6 % (huit) des athlètes se sont par contre sentis complètement incapables de s’entraîner pendant toute une journée, mais sept d’entre eux avaient repris l’entraînement le lendemain.</p>
<p>Ceci confirme qu’une pratique sportive est le plus souvent possible après vaccination, sans interrompre l’entraînement. Cependant, des études sont nécessaires pour savoir si la charge de travail peut être conservée ou doit être réduite brièvement post-vaccination. Actuellement, ce sont surtout les symptômes perçus qui dictent, de manière empirique, la modulation de l’intensité post-vaccination d’un sportif.</p>
<p>L’efficacité du vaccin chez les sportifs contre les différents variants de SARS-CoV-2 n’est pas répertoriée. Ainsi, si on perd a priori en moyenne moins de jours d’entraînement en étant vacciné qu’en ayant le Covid, la recherche ne permet pas encore de savoir si un athlète vacciné qui contracterait le SARS-CoV-2 aurait moins de symptômes et un retour à l’entraînement plus rapide que s’il avait évité le vaccin.</p>
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<img alt="La sprinteuse brésilienne Rosangela Santos reçoit une injection" src="https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455323/original/file-20220330-5413-17d1dat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Se faire vacciner ou risquer l’infection a interrogé beaucoup de sportifs de haut niveau. Toutes les équipes nationales ont fait vacciner leurs athlètes (ici, la sprinteuse brésilienne Rosangela Santos, avant les Jeux de Tokyo).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Salty View/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un rappel toutefois sur les confinements stricts qui ont précédé les mises sur le marché des vaccins… La <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33290516/">santé mentale</a> des sportifs, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34502010/">élites et professionnels</a>, a <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34711711/">aussi été touchée</a> et étudiée, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32762510/">essentiellement en lien avec ces périodes d’isolement forcé</a>. Pandémie et confinements ont favorisé le stress, la fatigue et la dépression, et détérioré la qualité du sommeil.</p>
<p>Les changements de condition physique inhérents aux confinements ont également eu un impact sur les évaluations des sportifs de leur bien-être général, les femmes étant plus vulnérables. Toutefois, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32762510/">continuer à faire du sport pendant le confinement</a> (en intérieur) a permis de limiter stress et anxiété.</p>
<h2>Quand les conséquences de l’infection sont lourdes</h2>
<p>Nous n’avons jusqu’à présent abordé que les effets les plus légers du Covid. Or ces effets ne sont pas toujours aussi anecdotiques, surtout pour un athlète de haut niveau. Ce qui amène à considérer différemment la vaccination.</p>
<p>Le spectre du Covid long, également observé chez ce public, reste déjà un risque majeur pouvant réduire à néant des mois d’entraînement. Au mieux. Une étude montrait ainsi qu’un <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(21)00082-5/fulltext">quart des 147 sportifs suivis n’avaient toujours pas repris un entraînement complet un mois après le début des symptômes</a>. La perte de temps (et donc d’entraînement) estimée était en moyenne de 28 jours… et pouvait monter jusqu’à 275 jours pour les symptomatologies les plus longues ! Elle était de plus de 17 jours chez 51 % des sportifs.</p>
<p>Il n’y a malheureusement pas de données dissociant les disciplines sportives. Mais a priori, il n’y a pas de raison de trouver des différences de récupération entre elles.</p>
<p>Le délai de récupération du Covid a un impact majeur pour les athlètes – notamment pour ceux ayant préparé les JO de Tokyo et Pékin. Une perte de 28 jours et plus d’entraînement est très lourdement préjudiciable pour ces compétitions emblématiques, où la préparation est planifiée sur des mois, des années afin d’arriver à son meilleur niveau au jour J.</p>
<p>Il existe également une préoccupation de longue date concernant le risque potentiel, pour les athlètes souffrant d’une infection des voies respiratoires, de développer d’autres complications lors de leur reprise : le SARS-CoV-2 étant en effet connu pour sa capacité de toucher de nombreux organes. Les atteintes cardiaques (myocardites, péricardites, troubles du rythme, etc.) sont les plus étudiées chez les sportifs touchés.</p>
<p>Chez les sportifs élites, en général, la prévalence des troubles cardiaques post-Covid est faible, atteignant à peine les 3 %. De plus, les <a href="https://www.internationaljournalofcardiology.com/article/S0167-5273(21)00899-8/fulltext">atteintes sont généralement légères</a> et <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamacardiology/fullarticle/2780548">transitoires</a>.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33223496/">Quelques études observent toutefois</a> des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33474768/1">prévalences plus élevées</a>, avec 19 à 33 % d’anomalies cardiaques post-Covid <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33223496/">chez des sportifs légèrement symptomatiques ou asymptomatiques</a>. Lorsque les sportifs ne sont pas régulièrement suivis pour leur santé cardiaque, contrairement aux sportifs de haut niveau, il est difficile de conclure sur l’origine des modifications cardiaques : adaptations dues aux entraînements, liées au Covid ? Ainsi cela pourrait expliquer les différences de prévalence.</p>
<p>Cela soulève l’importance de s’assurer que les sportifs positifs au Covid, indépendamment de leurs symptômes, n’aient pas de contre-indication cardiaque à la reprise de l’entraînement.</p>
<h2>L’étonnant manque de suivi sur les risques respiratoires</h2>
<p>Étonnamment, il existe peu d’études sur les effets du Covid sur le système respiratoire des sportifs, en dehors des symptômes, alors que l’on connaît les effets potentiellement destructeurs du SARS-CoV-2 sur les poumons.</p>
<p>Il est probable que les conséquences sont similaires à celles observées au sein de la population non sportive. Mais on ne sait pas si, suite au Covid, certains ont développé de l’asthme ou d’autres pathologies. Le sujet n’est pas anecdotique.</p>
<p>Dans certains sports d’endurance, les sportifs présentent en effet des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22196771">bronches ressemblant à celles d’asthmatiques légers, avec de l’inflammation et de la fibrose</a> – sans que cela ne soit forcément symptomatique. La <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34872908/">fréquence des pathologies respiratoires</a>, dont l’« asthme d’effort » est la plus célèbre, est également plus élevée chez eux (en dehors de toute considération de dopage) que dans la population non sportive <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22522585/">du fait des effets physiologiques de leur pratique intense sur leur système respiratoire</a>.</p>
<p>Malgré cette vulnérabilité, ce n’est que si les symptômes comme la toux persistent après un Covid qu’il est aujourd’hui conseillé d’<a href="https://bjsm.bmj.com/content/54/19/1157">investiguer le système respiratoire des sportifs</a>.</p>
<h2>Un Covid… et après ?</h2>
<p>Cette pandémie a soulevé la question du suivi post-infection chez les athlètes, de manière générale, et du délai à respecter avant la reprise d’activité. Se baser sur des symptômes est insuffisant, puisque même chez des sportifs asymptomatiques il a pu être observé des anomalies cardiaques transitoires notamment. Il serait donc plus sûr de pratiquer des examens sanguins, cardiaques et respiratoires attestant que tout est effectivement redevenu normal.</p>
<p>Chez les sportifs de haut niveau, ceux atteints par des douleurs thoraciques ou des symptômes touchant les voies aériennes inférieures (bronches, poumon) ont connu les absences les plus prolongées et les retours à l’entraînement les plus tardifs. Par comparaison, les athlètes ayant rapporté des symptômes nasaux ou pharyngés ont pu reprendre l’entraînement plus rapidement. Une reprise du travail qui, on le verra, doit se faire dans de bonnes conditions !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179593/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Bougault est membre de l'Association des Chercheurs en Activités Physiques et Sportives (ACAPS).
Valérie Bougault fait partie du groupe de travail sur la santé respiratoire du sportif pour la commission médicale du Comité International Olympique.</span></em></p>Les bienfaits prêtés à l’activité physique face au Covid ont fait douter certains de l’intérêt de se faire vacciner… Voici le point sur les impacts respectifs du virus et des vaccins chez le sportif.Valérie Bougault, Maître de Conférences, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1782212022-03-15T18:36:59Z2022-03-15T18:36:59ZVirus, vaccins… Comment la pandémie a perturbé les règles féminines<p>Au cours de ces deux dernières années, le coronavirus a eu de nombreux impacts, y compris, semble-t-il, sur les règles. De nombreuses femmes ont <a href="https://academic.oup.com/ije/advance-article/doi/10.1093/ije/dyab239/6447179">signalé des perturbations</a> de leur cycle menstruel, certaines ayant remarqué des changements <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8452349/">après avoir attrapé le virus</a>, d’autres <a href="https://www.bmj.com/content/374/bmj.n2211">après la vaccination</a>.</p>
<p>Pour certaines, toutefois, des perturbations suffisamment marquées pour être perceptibles <a href="https://www.theguardian.com/society/2021/mar/25/pandemic-periods-why-womens-menstrual-cycles-have-gone-haywire">n’ont suivi ni l’un ni l’autre</a>.</p>
<p>Avant d’essayer de déterminer les causes de ces changements, il est important de noter que, de façon naturelle, les cycles menstruels varient. Bien qu’il soit communément admis qu’un cycle prévisible de 28 jours avec cinq jours de saignement est normal, il ne s’agit que d’une moyenne. Pour la plupart des femmes qui ont leurs règles, ça ne correspond pas à ce qui est réellement vécu.</p>
<h2>Un cycle naturellement variable</h2>
<p>En effet, la longueur, l’abondance et la durée des saignements menstruels sont <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijgo.12666">toutes variables</a> – non seulement d’une personne à l’autre, mais également chez une même personne au fil du temps. Selon la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique, une <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/ijgo.12666">variation de la durée du cycle allant jusqu’à huit jours est normale</a>.</p>
<p>Le cycle menstruel est contrôlé par un mélange d’hormones régulées par les ovaires et par l’ensemble situé dans le cerveau hypothalamus-hypophyse (une glande). Des perturbations de l’organisme peuvent modifier la libération des hormones, ce qui peut à son tour avoir un impact sur différents aspects du cycle menstruel, comme la durée et les symptômes.</p>
<p>Par exemple, un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1521690X00900526">exercice physique intense</a> ou un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149291820300527">régime extrême</a> entraîner parfois une interruption des règles. Ce phénomène est néanmoins réversible une fois que la consommation alimentaire augmente ou que l’exercice physique diminue. Nous devons donc être prudents lorsque nous évaluons les changements de cycles menstruels autodéclarés, car de nombreuses influences peuvent être en jeu.</p>
<p>Néanmoins, dans le cas présent, il se passe bien « quelque chose ».</p>
<h2>L’impact de la pandémie</h2>
<p>Le stress lié à la pandémie pourrait être encore un autre facteur. Le stress est en effet connu pour altérer le système de régulation présenté précédemment (hypothalamus-hypophyse), et des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jne.12179?saml_referrer">études antérieures ont trouvé des associations entre le stress</a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4413117/">l’irrégularité menstruelle</a> ou la <a href="https://www.jstage.jst.go.jp/article/indhealth/45/5/45_5_709/_article">durée des saignements</a>.</p>
<p>Or nous savons que la santé mentale a été impactée lors du premier confinement. Au Royaume-Uni, elle s’est <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32707037/">détériorée</a> avec augmentation du stress et de la dépression.</p>
<p>Dans une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fendo.2021.642755/full?sp_sn=twitter&spclid=071676D2-8BE5-492D-8F98-4EA8D299A7E6#h11">enquête en ligne</a>, 46 % des personnes interrogées ont ainsi déclaré avoir constaté une modification de leur cycle menstruel pendant la pandémie, notamment au niveau de la gravité des symptômes prémenstruels ou de la durée du cycle. Le stress est une cause plausible, mais non confirmée.</p>
<p>D’autres changements liés à la pandémie pourraient également avoir une influence. La <a href="https://www.bbc.co.uk/news/health-57968651">prise de poids</a> et l’augmentation de la <a href="https://ahauk.org/news/alcohol-harm-on-the-rise-during-covid-19-pandemic/">consommation d’alcool</a>, effectivement signalées pendant la pandémie, sont là encore des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/BF03345694">facteurs connus</a> pour contribuer aux <a href="https://www.acog.org/womens-health/faqs/alcohol-and-women">modifications des cycles</a>.</p>
<h2>Qu’en est-il des vaccins ?</h2>
<p>Peu après la mise sur le marché des vaccins contre le Covid, des rapports ont commencé à faire état de leur impact sur les cycles menstruels – en particulier sur la longueur des cycles, qu’ils pouvaient notamment rendre plus courts et plus longs.</p>
<p>Malheureusement, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8690231/">questions relatives aux menstruations n’ont guère été traitées lors de la plupart des recherches et essais</a> sur les vaccins, de sorte qu’il n’y a pas beaucoup de données fiables.</p>
<p>Quelques études se sont tout de même penchées sur le sujet.</p>
<p>Une étude américaine portant sur près de 4 000 femmes (<em>2403 vaccinées et 1556 non-vaccinées ; 55 % ont reçu le vaccin Pfizer-BioNTech, 35 % le Moderna 35 % et 7 % le Johnson & Johnson/Janssen, ndlr</em>) a montré que la <a href="https://journals.lww.com/greenjournal/Fulltext/9900/Association_Between_Menstrual_Cycle_Length_and.357.aspx">première dose du vaccin n’avait aucun impact sur le déclenchement des prochaines règles</a>. Mais après la deuxième dose, certaines ont connu un léger retard – un peu moins d’une demi-journée en moyenne. Cette différence avait disparu au troisième cycle post-vaccinal.</p>
<p>Il est intéressant de noter que les personnes qui ont reçu deux doses en un seul cycle ont vu la durée de leur cycle augmenter de deux jours. Suivi d’un retour à la normale au troisième cycle après le vaccin.</p>
<p>Il est toutefois difficile de dissocier les effets du vaccin de l’impact de la pandémie. Dans une étude norvégienne portant sur plus de 5 500 personnes, 41 % des participantes ont signalé des troubles menstruels après avoir reçu leur deuxième vaccin. Mais surtout <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/653642">38 % ont signalé des troubles avant même d’avoir été vaccinés</a>. Le symptôme le plus courant étant des règles plus abondantes que d’habitude.</p>
<p>Cela suggère soit que les perturbations des cycles menstruels sont normales ; si la pandémie entraîne des modifications des cycles, les impacts des vaccins sont faibles. Ces études valident les expériences des femmes décrivant des changements menstruels, mais fournissent également l’assurance que ces changements sont transitoires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une jeune femme se fait vacciner contre le Covid" src="https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La vaccination en général (et pas uniquement contre le Covid) peut jouer sur les hormones qui contrôlent le cycle menstruel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/practitioner-vaccinating-woman-patient-clinic-doctor-1921596446">Chaay_Tee/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Comment et pourquoi les vaccins pourraient-ils affecter les cycles menstruels ? Il y a plusieurs explications, notamment le fait que la réponse immunitaire de l’organisme suite à un vaccin quel qu’il soit peut influencer les hormones contrôlant le cycle menstruel. De fait, le constat que des changements du cycle menstruel peuvent être observés après une vaccination n’est pas nouveaux.</p>
<p>Dès 1913, un médecin new-yorkais établissait un <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/653642">lien entre le vaccin contre la typhoïde et des modifications menstruelles</a>. Une étude plus récente a révélé une probabilité accrue de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405852117300708?via%3Dihub">modifications du cycle menstruel à court terme après l’administration du vaccin contre les Papillomavirus humains</a>.</p>
<p>Avec les vaccins contre le Covid, lorsqu’il y a des changements, ils semblent être de courte durée. Il conviendrait peut-être de préciser ce point afin que les femmes sur le point de se faire vacciner puissent s’organiser en conséquence.</p>
<p>Surtout, il n’a pas été démontré que ces vaccins avaient un impact sur la fertilité.</p>
<p>Signaler les perturbations menstruelles comme un effet secondaire pourrait encourager entreprises pharmaceutiques et chercheurs à accorder une place plus centrale à la santé menstruelle et reproductive dans la recherche médicale. Cela permettrait de disposer à l’avenir de meilleures données pour les vaccins et les médicaments. Toute personne au Royaume-Uni qui connaît des changements dans ses cycles est encouragée à les signaler au <a href="https://coronavirus-yellowcard.mhra.gov.uk/">système de carte jaune</a>, qui consigne les effets secondaires potentiels des vaccins.</p>
<p>(<em>En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament indique que « dans le cadre de la surveillance renforcée des vaccins utilisés contre la Covid-19, une <a href="https://ansm.sante.fr/actualites/point-de-situation-sur-la-surveillance-des-vaccins-contre-la-covid-19-periode-du-16-07-2021-au-22-07-2021">enquête de pharmacovigilance est mise en place pour surveiller en temps réel</a> le <a href="https://www.vidal.fr/actualites/28433-vaccins-arn-m-et-troubles-menstruels-les-donnees-de-pharmacovigilance-francaises.html">profil de sécurité des vaccins disponibles en France</a> à partir des déclarations réalisées par les professionnels de santé, les personnes vaccinées ou leur entourage. » <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/signalement-sante-gouv-fr/">Toute personne peut faire remonter un signalement</a>, ndlr</em>)</p>
<h2>Conséquences d’une infection au SARS-CoV-2</h2>
<p>Il a également été suggéré que, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8690231/">face à une maladie grave comme le Covid</a>, le corps réduit temporairement l’ovulation – ce qui peut avoir un impact sur les saignements menstruels. Ceci afin de rediriger l’énergie de la reproduction vers la lutte contre l’infection.</p>
<p>Une autre cause pourrait être les effets inflammatoires massifs que le Covid a sur le corps, ce qui là encore a un impact sur le cycle menstruel. (<em>À noter que le <a href="https://presse.inserm.fr/en/la-covid-19-a-un-impact-sur-la-fertilite-vraiment/43403/">risque de naissances prématurées ou de fausses couches existe en cas d’infection au Covid</a>, ndlr</em>)</p>
<p>Des données sont disponibles qui confirment bien l’influence du Covid, (<em>des travaux complémentaires sont également demandés pour permettre comprendre l’étendue des effets, et notamment l’<a href="https://postcovidcenters.com/blog/long-covid-affects-menstrual-cycle/">impact du Covid long</a>, ndlr</em>). Une étude <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1472648320305253">comparant les cycles menstruels de 237 malades à leurs cycles antérieurs</a> a révélé que 18 % des patientes légèrement malades et 21 % des patientes gravement malades avaient eu des cycles plus longs qu’auparavant.</p>
<p>Les choses étaient revenues à la normale dans les deux mois suivant la sortie de l’hôpital.</p>
<p>Il semble donc que vaccins et infection puissent affecter le cycle menstruel. Et bien que cela demande des travaux complémentaires, il est plausible que le stress de la pandémie le puisse également. Les perturbations ne sont que temporaires (quelques mois pour les cas les plus longs), mais si vous rencontrez de nouveaux problèmes avec votre cycle menstruel ou si les changements de vos cycles sont durables, veuillez en discuter avec votre médecin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178221/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriella Kountourides ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le constat est réel : chez un certain nombre de femmes, le cycle menstruel a été perturbé. Mais par quoi ? Voilà comment vaccination, infection et pandémie elle-même peuvent jouer…Gabriella Kountourides, PhD Candidate in Biological Anthropology, University of OxfordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1752542022-02-08T21:03:58Z2022-02-08T21:03:58ZCovid : du diagnostic au contrôle de l’épidémie, la révolution du séquençage des virus<p>La surveillance des mutations du coronavirus susceptibles d’aggraver la pandémie ou d’atténuer l’efficacité vaccinale est un enjeu majeur pour le pilotage des mesures de contrôle sanitaire.</p>
<p>Augmenter les capacités de séquençage des virus, qu’ils soient prélevés chez des patients ou dans des échantillons environnementaux ou animaux, puis partager ces données est donc indispensable pour comprendre les origines des épidémies actuelles et pour mieux se préparer à celles qui émergeront demain. Mais pas seulement.</p>
<h2>Accélérer la recherche, le diagnostic et la mise au point de traitements</h2>
<p>Avec les techniques d’aujourd’hui, il est possible à partir d’un prélèvement respiratoire ou nasopharyngé d’obtenir la séquence (le « texte génétique ») d’un virus responsable d’une nouvelle maladie en un à cinq jours – on parle de séquençage. La séquence des 30 000 lettres qui forme le génome du SARS-CoV-2, agent du Covid-19, a été déterminée <a href="https://www.straitstimes.com/asia/east-asia/how-early-signs-of-the-coronavirus-were-spotted-spread-and-throttled-in-china">fin 2019</a> et rendue publique le <a href="https://twitter.com/edwardcholmes/status/1215802670176276482?s=20&t=Bl9hBECa-M-YTUTbw4Z5SA">11 janvier 2020</a>.</p>
<p>Son analyse a permis de comprendre que l’épidémie en cours dans la ville de Wuhan était liée à un coronavirus inconnu mais apparenté au SARS de 2003. Forts de ces informations, les virologistes en ont déduit qu’il devait probablement se transmettre par gouttelettes, aérosols et manuportage et pénétrer dans nos cellules via le récepteur ACE2 présent à leur surface.</p>
<p>La séquence à également permis la mise en place de tests diagnostiques PCR avec une célérité inédite. Ainsi, dès janvier 2020 en Chine, les patients ont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7233365/">bénéficié</a> de tests PCR. De plus, les méthodes de biologie synthétique ont permis aux laboratoires de recherche de produire, sans avoir besoin d’isoler le virus infectieux, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35076256/">certaines protéines du pathogènes pour étudier leur structure</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34280951/">capacité de neutralisation par des anticorps issus du sang de patients infectés ou vaccinés)</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Infographie alignant les régions codantes principales du génome du SARS-CoV-2 et leur taille respective" src="https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/444772/original/file-20220207-19-hnwfd4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dès janvier 2020, l’organisation du génome du SARS-CoV-2 était déterminée à Wuhan et partagée. En rouge : les différentes régions du génome, correspondant notamment au gène de la protéine Spike (S). À gauche leur taille, en paires de bases, et le nombre d’acides aminés (aa) correspondant pour la protéine codée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après GenBank, A novel coronavirus associated with a respiratory disease in Wuhan of Hubei province, China</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les virologistes ont quant à eux utilisé la séquence pour synthétiser des clones de ce virus en quelques semaines, afin de pouvoir l’étudier au laboratoire, en infectant des cellules humaines ou des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34531831/">animaux modèles (souris, hamsters, etc.)</a>. Leur but était de comprendre comment il perturbe l’organisme, et de tester l’effet de vaccins ou de médicaments potentiels.</p>
<p>Dans une chronologie inédite, le tableau clinique de la maladie Covid-19 avec ses différents symptômes a été dressé par les médecins chinois plusieurs semaines après le séquençage du virus responsable… Et le virus responsable (SARS-CoV-2) de la pandémie a même été nommé avant la maladie (Covid-19) !</p>
<p>Les compagnies pharmaceutiques ont développé des vaccins en un <a href="https://www.adioscorona.org/questions-reponses/2021-02-07-vaccin-developpement-va-vite-bacler-urgence-rapide.html">temps record</a> (quelques mois) en utilisant seulement une petite partie du génome : celle qui code la protéine Spike, qui recouvre la surface du coronavirus. C’est elle que notre corps rencontre quand il est infecté par le SARS-CoV-2, et contre laquelle notre système immunitaire produit la majorité des anticorps de défense. La plupart des vaccins actuels visent ainsi à induire l’immunité contre cette protéine.</p>
<p>En conclusion, l’obtention rapide des premières séquences de ce nouveau virus a permis la mise au point rapide de tests de diagnostic, a accéléré la recherche et a facilité le développement d’antiviraux et de vaccins.</p>
<h2>Identifier les nouveaux variants problématiques</h2>
<p>C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un virus est séquencé autant de fois.</p>
<p>La base de données <a href="https://www.gisaid.org/">GISAID (Global Initiative on Sharing Avian Influenza Data)</a>, reconnue par la communauté internationale et d’accès libre, comprend actuellement plus de sept millions de séquences de SARS-CoV-2. Comme tous les virus, le coronavirus responsable du Covid-19 <a href="https://theconversation.com/de-delta-a-omicron-pourquoi-un-variant-chasse-lautre-173532">mute avec le temps</a> : il accumule environ deux mutations par mois avec parfois des accélérations, comme avec l’apparition des variants Delta ou Omicron.</p>
<p>La plupart des mutations ont peu ou pas d’incidence sur les propriétés du coronavirus. Certaines, toutefois, peuvent avoir un effet sur sa transmission, sa pathogénicité, l’efficacité des vaccins ou des médicaments voire sur l’efficacité des tests de diagnostic. Or, quand on découvre une nouvelle mutation, on ne peut pas déduire directement son effet : il faut analyser le comportement du nouveau variant – à l’échelle de la population humaine (est-ce qu’il rend les personnes plus malades ? Se propage plus vite ?) ou bien au laboratoire sur des animaux ou des cellules en culture.</p>
<p>Les nouveaux outils d’analyse des données de séquence permettent d’identifier l’origine géographique des variants qui ont une diffusion préoccupante autour de foyers épidémiques. Mais également de les classer (<em>Variant of interest</em> ou VOI, et <em>variant of concern</em> ou VOC, selon la terminologie de l’OMS) en fonction de leur cinétique de diffusion et de leur impact potentiel sur la suite de l’épidémie.</p>
<p>Ces analyses indiquent que les mutations ne sont pas réparties aléatoirement le long du génome du coronavirus : elles sont surtout concentrées dans la région codant la protéine Spike.</p>
<p>Certaines de ces mutations permettent au virus d’échapper aux contrôles immunitaires et d’infecter des personnes qui ont déjà attrapé le Covid-19 ou qui sont vaccinées. Cela indique qu’en plus de son rôle capital dans l’entrée du virus dans la cellule, la protéine Spike joue un rôle clef dans l’échappement du virus aux contrôles immunitaires. Les immunologistes ont confirmé ce fait en démontrant qu’elle contient les principaux domaines reconnus par les anticorps capables de neutraliser le virus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Structure en 3D de la protéine Spike du SARS-CoV-2" src="https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=905&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=905&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=905&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1137&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1137&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/444776/original/file-20220207-25-fh2kq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1137&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Connaître la structure tridimensionnelle de la protéine Spike permet d’évaluer comment le virus va réagir avec nos anticorps et nos cellules. En gris : la Spike complète. En couleur : un des trois monomères qui la constitue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">5-HT2AR</span></span>
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</figure>
<p>De plus, des études de biologie structurale permettent de visualiser la structure tridimensionnelle de la protéine Spike liée avec les anticorps neutralisants, et d’analyser leurs domaines d’interactions. Or c’est précisément dans ces domaines que le taux de mutation sélectionné est le plus important, ce qui suggère que l’échappement au système immunitaire est un puissant moteur de l’évolution de ce coronavirus. Des modèles informatiques de ces structures 3D permettent de « prédire » l’effet des mutations sur l’échappement immunitaire.</p>
<p>L’étape suivante consiste à prédire comment les différentes mutations observées sur les varient affectent la transmission du virus, la gravité de la maladie et à prédire le plus rapidement possible le comportement d’un nouveau variant.</p>
<p>Dans un contexte où le coronavirus évolue rapidement et échappe à la protection conférée par les vaccins, il devient nécessaire d’<a href="https://www.nature.com/articles/d41586-022-00199-z">adapter ces derniers aux nouvelles souches virales circulantes</a>. Cette stratégie a démontré son efficacité dans le cas de la grippe, dont le vaccin est remis à jour tous les ans en fonction des séquences collectées des virus en circulation. Des vaccins adaptés au variant Omicron sont en cours d’essais cliniques, et nous espérons qu’ils démontreront la pertinence de cette stratégie dans la lutte contre cette infection virale.</p>
<p>Afin que les vaccins soient adaptés aux nouvelles souches à fort potentiel d’échappement immun, le suivi de l’épidémie par séquençage des virus circulants est absolument nécessaire.</p>
<p>En résumé, le séquençage des souches virales en circulation permet d’identifier les variants préoccupants, qui se transmettent plus vite ou échappent au système immunitaire. Il est également une source d’information essentielle pour adapter les vaccins.</p>
<h2>Suivre l’évolution de l’épidémie en temps réel</h2>
<p>En comparant les séquences, on peut établir des arbres de parenté qui retracent l’ordre d’apparition des mutations dans différentes branches – ces arbres généalogiques sont dits « phylogénétiques ».</p>
<p>Au tout début de la pandémie, le séquençage des virus SARS-CoV-2 montrait toujours des génomes identiques, à deux à cinq lettres près. Ce qui indiquait que l’ancêtre commun à tous ces virus remontait à quelques mois. Aujourd’hui, le variant Omicron comporte plus de 60 mutations par rapport à la forme initiale observée à Wuhan en décembre 2019.</p>
<p>L’analyse des séquences issues des premiers patients Covid-19 détectés aux États-Unis début 2020 a montré qu’elles ressemblaient plus aux séquences obtenues en Europe (qui avaient commencé à diverger de la séquence de Wuhan) qu’à celles observées en Chine. Ces analyses ont permis de conclure qu’il y avait eu plusieurs introductions indépendantes du virus dans le pays, à partir de voyageurs venus d’Europe, et que la fermeture des frontières avec la Chine avait limité les introductions depuis ce pays.</p>
<p>Le site <a href="https://nextstrain.org/">nextstrain</a> analyse en temps réel toutes les nouvelles séquences obtenues par les pays qui partagent leurs données et permet de visualiser leur évolution. Ce partage mondial est extrêmement important, car c’est en recoupant toutes les données disponibles qu’on peut extraire le plus d’informations possible – et notamment identifier les variants préoccupants.</p>
<p>L’analyse des séquences à plus petite échelle permet également de reconstituer les chaînes de transmission locales. Par exemple, en <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4017393">janvier 2022 à Hongkong</a>, une vendeuse et une cliente d’un magasin animalier ont été infectées par le variant Delta, alors que celui-ci ne circulait pas dans la région. La comparaison des séquences virales des deux patientes a révélé cinq différences, excluant une transmission directe de l’une à l’autre. Le séquençage de prélèvements effectués sur les animaux vendus dans le magasin a montré que le coronavirus provenait en fait de hamsters syriens importés des Pays-Bas, et que vendeuse et cliente avaient été infectées indépendamment par deux hamsters porteurs de souches virales légèrement différentes !</p>
<p>Enfin, il faut noter que le virus est maintenant détectable à partir des eaux usées. Par ce moyen, il est possible de repérer une flambée épidémique quelques semaines avant d’observer la montée des cas à l’hôpital. Ces techniques sont prometteuses, même si le séquençage des virus à partir de ce type d’échantillon reste complexe car le signal est faible et donc sujet à beaucoup de bruit de fond.</p>
<h2>Retracer les origines des épidémies</h2>
<p>L’analyse des séquences est aussi un outil précieux pour rechercher les origines des épidémies.</p>
<p>Même si au moment de l’émergence d’une nouvelle maladie, on ne dispose pas des virus ancêtres les plus proches, un travail d’échantillonnage et de séquençage minutieux permet généralement de préciser l’histoire évolutive d’un virus. En 2020 et 2021, les autorités chinoises ont analysé <a href="https://www.who.int/publications/i/item/who-convened-global-study-of-origins-of-sars-cov-2-china-part">plus de 80 000 prélèvements</a> d’animaux sauvages, d’animaux d’élevage et d’échantillons environnementaux et n’ont malheureusement pas réussi à trouver un virus progéniteur de l’épidémie de Covid-19.</p>
<p>Par contre, le séquençage d’échantillons anciens prélevés sur des chauves-souris dans le sud de la Chine ou dans les pays limitrophes comme le Laos, a mis en évidence des <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-021-02596-2">cousins du SARS-CoV-2</a> avec une similarité de séquence allant jusqu’à 97 %. En se basant sur leur rythme de mutations, on a pu en déduire qu’il y a environ 20 à 40 ans, l’ancêtre du SARS-CoV-2 circulait dans les populations naturelles de chauves-souris.</p>
<p>Toutefois, les estimations temporelles sont imprécises. D’une part parce que le rythme de l’évolution n’est pas linéaire, d’autre part parce que ces virus sont sujets à de multiples recombinaisons : lorsque plusieurs coronavirus différents co-infectent un même animal, ils ont tendance à échanger des fragments de leur génome. Sporadiques, ces événements jouent un rôle clé dans leur évolution et dans le franchissement de la barrière d’espèce.</p>
<p>Malheureusement, cela complique les analyses phylogénétiques. D’où l’incertitude importante dans l’estimation du temps séparant deux virus proches. Ce qu’il s’est passé en 20 à 40 ans entre le virus circulant chez les chauves-souris et son avatar détecté chez les humains fin 2019 reste un mystère.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/origine-de-la-covid-19-lhypothese-de-laccident-de-laboratoire-doit-elle-etre-etudiee-dun-point-de-vue-scientifique-160825">La résolution de l’énigme de l’origine du SARS-CoV-2</a> nécessiterait un échantillonnage plus important des virus circulants actuellement dans la faune sauvage, dans les élevages et dans les laboratoires. Contrairement à d’autres virus comme le HIV qui persistent pendant des années dans les individus infectés, ceux responsables d’infection aiguë comme le SARS-CoV-2 ne restent que quelques jours dans leurs hôtes, ce qui complique ces opérations.</p>
<p>De plus, comme ces virus sont capables d’infecter plusieurs espèces de mammifères, l’infection des animaux par les humains (on parle alors de zoonose inverse) complique les analyses. L’idéal serait de disposer de deux types d’échantillons anciens : prélevés sur des patients (sang, urine, prélèvements respiratoires, etc.) puis congelés pour rechercher les premiers infectés (patient Zéro), et sur des animaux congelés pour détecter les virus ancêtres présents avant l’émergence du SARS-CoV-2.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Arbre généalogique où sont reliés, en cercle, les nombreuses versions du SARS-CoV-2" src="https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=640&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=640&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=640&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=804&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=804&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/444783/original/file-20220207-23-sdut0j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=804&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">En compilant les séquences obtenues par de nombreux laboratoires, les chercheurs sont capables de dessiner un arbre phylogénétique du virus, qui met en évidence les liens de parenté entre les nombreux variants (ici, arbre de fin 2021 avec les variants Alpha, Delta, Gamma…) Au centre, l’origine du SARS-CoV-2 reste mystérieuse par manque de données.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MinMaj7th, d’après cov-lineages.org/lineage_list</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si les échantillonnages sont suffisants et l’accessibilité aux données garantie, alors les analyses des séquences, couplées aux informations spatio-temporelles, permettent de mieux localiser les origines géographiques des épidémies et de mieux comprendre comment le virus a franchi la barrière d’espèce et commencé à infecter notre espèce.</p>
<p>Ces conditions ne sont malheureusement pas réunies dans le cas de l’émergence du SARS-CoV-2. L’enjeu pour le futur est de mettre en place des collectes et stockages systématiques de prélèvements effectués chez des patients, et d’échantillons environnementaux et animaux. Ceci pour une meilleure surveillance épidémiologique et une compréhension des mécanismes d’émergence virale.</p>
<h2>Enjeux pour le contrôle des futures épidémies</h2>
<p>Avec la baisse des coûts et une sensibilité accrue, le séquençage est devenu en quelques années une méthode puissante pour le suivi des épidémies et la prédiction de leur trajectoire. L’épidémie de Covid-19 illustre l’intérêt du séquençage accru des virus circulants pour une meilleure gestion des épidémies comme la surveillance de nouvelles émergences.</p>
<p>Mais notre <a href="https://theconversation.com/origine-de-la-covid-19-lhypothese-de-laccident-de-laboratoire-doit-elle-etre-etudiee-dun-point-de-vue-scientifique-160825">difficulté à identifier son origine</a> indique que des efforts supplémentaires sont nécessaires. Plusieurs axes pourraient être renforcés :</p>
<ul>
<li><p>Une collecte et un séquençage plus systématique d’échantillons environnementaux (eaux usées…) et d’origine animale, d’élevage et sauvages, permettraient de mieux suivre l’émergence des pathogènes. En ce qui concerne l’échantillonnage des animaux de la faune sauvage, les risques de contamination des expérimentateurs et les <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2022/02/CANARD/64333">risques liés à la construction de virus chimériques</a> doivent être mieux pris en compte.</p></li>
<li><p>Des outils devraient être développés afin d’exploiter les résultats des séquençages effectués dans le monde entier. En effet, ces données contiennent systématiquement des traces de contaminations environnementales (par l’air ambiant du laboratoire par exemple) et, actuellement, une fraction non négligeable des « reads » issus du séquençage d’un échantillon quelconque (plante, bactérie, etc.) correspond au SARS-CoV-2.</p></li>
<li><p>Le dépôt des informations de séquençage et le développement d’outils informatiques permettant leur analyse sont nécessaires pour la gestion des futures pandémies. Le libre accès aux données est capital afin d’éviter tout contrôle par des entreprises privées ou des États.</p></li>
<li><p>Dans la mesure où l’émergence du SARS-CoV-2 dans les populations humaines <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-question-de-lorigine-du-sars-cov-2-se-pose-serieusement">pourrait impliquer un accident de recherche</a>, une autorité internationale devrait avoir la copie des séquences de virus manipulés en laboratoire. Les laboratoires eux-mêmes devraient être dotés de <a href="https://www.jle.com/fr/revues/vir/e-docs/le_rapport_de_la_mission_oms_peine_a_retracer_les_origines_de_lepidemie_de_sars_cov_2_320163/article.phtml">boîtes noires biologiques</a>.</p></li>
</ul>
<p>Le séquençage est devenu un outil incontournable pour la surveillance épidémiologique et le contrôle des futures épidémies. Il faut se féliciter que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère son développement comme une priorité internationale. Pour compléter ce système de surveillance, nous pensons que l’OMS devrait se doter d’une <em>task force</em> spécialisée intervenant systématiquement sur les lieux d’épidémies nouvelles et dont le rôle serait de collecter des échantillons pour en comprendre les causes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175254/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Virginie Courtier a reçu un financement du labex "Who I am?" pour élucider les origines proximales du virus SARS-CoV-2.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Etienne Decroly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Jamais un virus n’avait été autant étudié… Voici comment le séquençage massif du génome du SARS-CoV-2 a éclairé son évolution et aidé à la conception de traitements et de vaccins.Etienne Decroly, Directeur de recherche en virologie, Aix-Marseille Université (AMU)Virginie Courtier, Directrice de recherche CNRS, génétique et évolution, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1751862022-01-19T15:05:52Z2022-01-19T15:05:52ZCovid-19 et myocardite : le virus est plus dangereux que le vaccin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441548/original/file-20220119-15-1gf2ig5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=61%2C0%2C6816%2C4540&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La myocardite est une inflammation du muscle cardiaque habituellement provoquée par un virus. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Dès les premiers cas de Covid-19, il est apparu que le <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCRESAHA.121.317997">cœur était une cible de choix</a> du coronavirus, avec des risques de troubles cardiovasculaires sérieux. Un nombre important de patients hospitalisés présentent ainsi des signes de lésions cardiaques, et beaucoup demeurent affectés même après la fin de leur infection.</p>
<p>Que l’on débatte de la sécurité des vaccins anti-Covid et de leur risque pour la santé cardiovasculaire n’est guère étonnant. <a href="https://www.sports.fr/football/mercato/eriksen-de-retour-premier-league-520036.html">L’arrêt cardiaque très médiatisé du footballeur danois Christian Eriksen</a> en plein tournoi de l’Euro a lancé un mythe persistant sur les <a href="https://www.science20.com/w_glen_pyle/a_false_start_for_sudden_cardiac_death_in_athletes_and_covid19_vaccines-255817">dangers de la vaccination pour les athlètes</a>.</p>
<p>La polémique à propos des vaccins anti-Covid <a href="https://www.sfcardio.fr/publication/myocardite-et-covid-19-mythe-ou-realite">se concentre sur le risque de myocardite après la vaccination</a>, en particulier chez les jeunes. Mais que disent les données ?</p>
<h2>Qu’est-ce qu’une myocardite ?</h2>
<p>La myocardite est une inflammation du muscle cardiaque habituellement causée par un virus comme <a href="https://www.nature.com/articles/s41569-020-00435-x">l’influenza, le coxsackie, l’hépatite ou l’herpès</a>. Les autres causes comprennent les bactéries, les mycoses, les toxines, la chimiothérapie et les maladies auto-immunes.</p>
<p>Certains virus provoquent des lésions directes au cœur, tandis que d’autres l’endommagent indirectement via le système immunitaire. En effet, ce dernier réagit aux infections en libérant dans l’organisme des molécules appelées <a href="https://www.passeportsante.net/fr/parties-corps/Fiche.aspx?doc=cytokines-role-dans-communication-cellules">cytokines</a> qui régulent la réponse immunitaire. Or, il arrive que les taux de cytokines atteignent des niveaux trop élevés, et cette « vague de cytokines » va venir abîmer le muscle cardiaque.</p>
<h2>La myocardite en chiffres</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un joueur de soccer en action" src="https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440920/original/file-20220114-28-6aopnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Alphonso Davies, 21 ans, de l’équipe nationale de foot canadienne, a subi une inflammation cardiaque après avoir contracté le Covid-19.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Efrem Lukatsky)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avant le Covid-19, l’incidence de la myocardite se situait <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0735109716364658?via%3Dihub">entre un et dix cas pour 100 000 personnes par an</a>. Fait intéressant, le risque le plus élevé touchait les hommes de 18 à 30 ans, et <a href="https://www.myocarditisfoundation.org/about-myocarditis/">plus particulièrement les individus actifs et en bonne santé</a>.</p>
<p>Selon <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/70/wr/mm7035e5.htm">l’Agence américaine de santé publique (CDC)</a>, le risque après une infection au Covid-19 est de l’ordre de 146 cas pour 100 000 personnes. Le risque le plus important concerne les hommes, principalement les adultes de plus de 50 ans et les enfants de moins de 16 ans. Un cas typique est celui du footballeur Alphonso Davies, 21 ans, de l’équipe nationale du Canada, qui a subi une inflammation cardiaque après avoir contracté le coronavirus.</p>
<h2>Myocardite post-vaccinale</h2>
<p>La myocardite consécutive à la vaccination anti-Covid est rare et le risque est beaucoup plus faible que pour les myocardites liées au Covid-19.</p>
<p>Selon une <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2110737">étude israélienne</a>, le taux de myocardite post-vaccinale est de 2,13 cas pour 100 000 vaccinés, c’est-à-dire à l’intérieur de la fourchette normale de fréquence pré-Covid-19. Ce résultat concorde avec d’autres études américaines et israéliennes qui situent <a href="https://www.nature.com/articles/s41569-021-00662-w">l’incidence globale de la myocardite post-vaccinale entre 0,3 et 5 cas pour 100 000 personnes</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une jeune personne portant un masque reçoit un vaccin" src="https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440922/original/file-20220114-22-icdnc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les myocardites postvaccinales sont rares et la grande majorité des cas, bénins, guérissent rapidement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Après une vaccination à ARN messager, l’incidence la plus élevée de myocardite post-vaccinale est survenue chez les <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2109730">hommes de moins de 30 ans</a> trois à quatre jours après la deuxième dose. Chez les mineurs, les données pédiatriques indiquent un âge médian de 15,8 ans, à 90,6 % de sexe masculin, blancs (66,2 %) ou hispaniques (20,9 %). Pour ce groupe d’âge, on ne dispose pas encore de données fiables sur les injections de rappel.</p>
<p>La plupart des études montrent un bénéfice clair de la vaccination par ARNm en ce qui concerne la myocardite. Une seule étude, réalisée par <a href="https://www.nature.com/articles/s41591-021-01630-0">l’équipe de Martina Patone de l’Université d’Oxford</a>, conclut de manière plus équivoque en ce qui concerne les individus de moins de 40 ans. Celle-ci se base uniquement sur les taux de myocardite. Toutefois, si l’on tient compte de tous les effets néfastes, cardiaques ou non, du Covid-19, il demeure très avantageux d’immuniser les personnes plus jeunes avec des vaccins autres que Moderna – ce dernier, <a href="https://www.bmj.com/content/375/bmj-2021-068665">selon les recherches, présenterait tout de même un risque de myocardite plus élevé que celui de Pfizer</a>.</p>
<h2>Réparer les dommages</h2>
<p>Le <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCRESAHA.118.313578">traitement de la myocardite</a> varie selon sa gravité. Dans sa forme légère, il suffit à un adulte de prendre du repos et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène. Les cas plus graves nécessitent des médicaments ou même une assistance ventriculaire, un dispositif mécanique implanté par chirurgie. Si ce traitement ne marche pas, il faut alors recourir à la transplantation cardiaque.</p>
<p>Dans le cadre d’une <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.121.056583">étude multicentrique de patients de moins de 21 ans</a>, ceux atteints de symptômes légers ne recevaient aucun traitement anti-inflammatoire ou seulement des AINS. Les patients présentant des symptômes plus graves pouvaient se voir administrer des traitements plus puissants, par immunoglobuline intraveineuse, aux glucocorticoïdes ou à la colchicine, en plus des AINS.</p>
<h2>C’est grave, docteur ?</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="Illustration du cœur" src="https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=720&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=720&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=720&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=905&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=905&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440924/original/file-20220114-28-2c4vs6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=905&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les adultes qui développent une myocardite suite à une infection à la Covid-19 s’en tirent moins bien que ceux qui ont une myocardite sans lien avec la Covid-19. Leur taux de décès est plus élevé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pixabay)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plus de 80 % des cas de myocardite non liés à la Covid-19 ou à la vaccination guérissent sans problème, tandis que 5 % des patients en meurent à moins de recevoir une transplantation cardiaque dans l’année qui suit.</p>
<p>Les adultes qui développent une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/eci.13679">myocardite suite à une infection à la Covid-19 s’en tirent moins bien</a> que ceux qui ont une myocardite sans lien avec la Covid-19. Leur taux de décès est plus élevé.</p>
<p>Il convient de noter qu’en plus de la myocardite, le Covid-19 provoque d’autres maladies cardiaques et leur pronostic, par ailleurs, est moins favorable que pour les cas non associés à l'infection.</p>
<p>Quant aux myocardites post-vaccinales, la grande majorité des cas sont légers et guérissent rapidement. Chez les adultes, <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2109730">95 % des cas sont considérés comme légers</a>. De même, chez les enfants – avec <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.121.056583">98,6 % de cas bénins</a> et aucun besoin d’assistance cardiaque mécanique. Tous les enfants touchés au cœur ont vu leur fonction cardiaque se normaliser complètement lors du suivi et on ne note aucun décès.</p>
<h2>Le message à retenir</h2>
<p>Compte tenu de l’évolution constante de la pandémie mondiale et des connaissances, il peut être difficile pour le public d’assimiler toutes les informations sur les risques et les avantages des vaccins.</p>
<p>C’est pourquoi il est utile de se tourner vers les conseils des organisations médicales dont le mandat est de protéger la santé et le bien-être de la société.</p>
<p>Compte tenu de toutes les recherches disponibles, des organisations comme <a href="https://www.heart.org/en/coronavirus/coronavirus-questions/questions-about-covid-19-vaccination">l’Association américaine de cardiologie</a> (AHA), la <a href="https://ccs.ca/app/uploads/2021/04/CCS_Vaccine_Info_FR_v2.pdf">Société canadienne de cardiologie</a>, la <a href="https://www.coeuretavc.ca/comment-vous-pouvez-aider/militez-pour-la-sante/vaccins-contre-la-covid-19--ce-que-nous-faisons">Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada</a>, la <a href="https://cps.ca/fr/documents/position/le-vaccin-contre-la-covid-19-pour-les-enfants">Société canadienne de pédiatrie</a> et <a href="https://www.aap.org/en/pages/2019-novel-coronavirus-covid-19-infections/children-and-covid-19-vaccination-trends/">l’Académie américaine de pédiatrie (APA)</a> encouragent toutes les personnes admissibles à se faire vacciner contre le Covid-19.</p>
<p>C’est ce message que nous devrions tous prendre à cœur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175186/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Glen Pyle reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation des maladies du cœur du Canada et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Il est co-responsable de COVID-19 Ressources Canada "La science expliquée", membre de Science Up First, et fait partie du conseil consultatif de Royal City Science.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jennifer H. Huang ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La myocardite consécutive à la vaccination contre la Covid-19 est rare, et les conséquences peu graves. Le risque de lésions cardiaques plus lourdes est tout autre en cas d'infection au Covid-19.Glen Pyle, Professor, Laboratory of Molecular Cardiology, University of GuelphJennifer H. Huang, Associate Professor of Pediatric Cardiology, Oregon Health & Science UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1749292022-01-19T15:03:52Z2022-01-19T15:03:52ZL’adhésion aux complots et aux populismes, une question d’éducation ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441368/original/file-20220118-17-13umdoo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C41%2C5506%2C3557&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un manifestant anti-vaccins et une manifestante pro-vaccins se côtoient devant un hôpital montréalais, en septembre 2021. Des études démontrent que le niveau d'éducation entre en jeu lorsqu'il est question d'adhésion à des mouvements complotistes.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson </span></span></figcaption></figure><p>On entend fréquemment que si les gens étaient plus éduqués, ils adhéreraient moins au complotisme ou à des partis populistes.</p>
<p>Le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28163371/">niveau d’éducation</a> a en effet une incidence sur l’intention de voter pour un parti populiste ou sur l’adhésion à des idées complotistes. Cependant, c’est une variable dont les effets sont équivoques. D’autres variables, cognitives et sociales, viennent complexifier cette relation.</p>
<p>Professeur de sociologie politique, je m’intéresse aux dynamiques politiques au Québec, au Canada et en Europe, avec un intérêt particulier pour l’étude comparative des nationalismes et des populismes de droite.</p>
<h2>Pourquoi y a-t-il une relation entre le populisme et le complotisme ?</h2>
<p>Cette relation réside dans le type de <a href="https://www.pum.umontreal.ca/catalogue/entre_peuple_et_elite_le_populisme_de_droite">cadrage politique que le populisme met de l’avant</a>. En divisant le monde entre un peuple, présumé honnête, moral et homogène, et une élite, présumée immorale, corrompue et cosmopolite, le populisme favorise les raisonnements complotistes à propos de cette élite. Par exemple, on présume qu’elle est l’instrument de l’exécution d’un grand plan caché.</p>
<p>En Allemagne, la corrélation entre l’appui à la droite radicale populiste (<em>Alternativ Für Deutschland</em>) et la vigueur de la contamination à la Covid-19 a pu être mesurée à la décimale près. <a href="https://www.spiegel.de/international/germany/covid-in-germany-study-finds-link-between-far-right-and-high-corona-rates-a-d06da9f9-0674-4925-b71a-ff12e924d6d2">L’étude documentant cette corrélation</a> se concentrait cependant sur la spatialité du phénomène sans se pencher sur ses causes.</p>
<p>Au Canada, lors de l’élection fédérale de 2021, la sympathie envers le mouvement contre la vaccination a également <a href="https://theconversation.com/who-voted-for-the-peoples-party-of-canada-anti-vaXXers-and-those-opposed-to-vaccine-mandates-171575">été identifiée</a> comme la variable déterminante dans l’appui au Parti populaire du Canada de Maxime Bernier.</p>
<p>Au Québec, le mouvement anti-vaccin a <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-anti-mask-movement-qanon-covid-19-1.5737040">fédéré une coalition contre-intuitive</a> constituée d’éléments de la droite radicale, de libertariens et d’évangélistes. Ces acteurs proviennent de milieux socioéconomiques diversifiés. Le mouvement n’est cependant pas représentatif de l’ensemble des non-vaccinés. Durant les dernières semaines, le retour du couvre-feu annoncé par la CAQ <a href="https://lactualite.com/politique/la-caq-recule">a grandement bénéficié au Parti conservateur du Québec</a>, dirigé par Éric Duhaime.</p>
<h2>L’impact de l’éducation et du revenu</h2>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28163371/">Deux études</a> dont les résultats ont été publiés en 2017 indiquaient qu’un niveau d’éducation élevé diminuait l’adhésion aux théories du complot. Un des mécanismes au cœur de cette relation était le développement de capacités analytiques diminuant le recours à des solutions simples pour résoudre des problèmes complexes. Ces résultats sont intuitifs, mais ils restent très généraux.</p>
<p>Une étude menée au <a href="https://www.jstor.org/stable/3791630">New Jersey en 1994</a> mettait en évidence une plus forte propension à croire à des conspirations chez les individus ayant moins de relations interpersonnelles stables et ayant un emploi précaire. Elle testait la corrélation avec le niveau d’éducation sans y trouver de variations significatives.</p>
<p>Une <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/bas-les-masques-sociologie-des-militants-anti-masques/">étude menée en France à l’été 2020</a> chez les opposants au port du masque ne concluait pas que le niveau d’éducation était une variable décisive dans l’adhésion à cette opposition.</p>
<p>Bien entendu, l’hésitation vaccinale peut être attribuée à d’autres facteurs que le complotisme. L’information de la santé publique sur la pandémie a parfois été contradictoire. Elle s’est développée au fur et à mesure. Ces développements ont parfois contredit des consignes précédentes, ce qui pouvait alimenter un certain cynisme.</p>
<h2>Une méfiance des élites et des institutions publiques</h2>
<p>Ceci étant dit, l’étude française indiquait une forte propension des antimasques à se méfier des institutions et des représentants politiques. Cette méfiance est importante en France en général et chez les antimasques encore plus. L’étude indiquait aussi une propension plus importante chez les antimasques à croire en l’existence d’une influence occulte des <a href="https://www.letemps.ch/societe/illuminati-complot-explique-autres">Illuminati</a> (+25 %), d’une conspiration sioniste (+35 %), à la <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/samedi-et-rien-d-autre/segments/entrevue/113036/grand-remplacement-immigration-benjamin-ducol-">théorie du grand remplacement</a> (+21 %), sur la pseudo invasion migratoire, ou encore, à un complot des pharmaceutiques et du gouvernement pour cacher les effets nocifs du vaccin (+47 %).</p>
<p>De façon plus contre-intuitive, cette étude identifiait une forte présence d’attitudes libertaires et « des cadres et des professions intellectuelles supérieures » parmi les antimasques. Le chercheur l’expliquait par l’attrait plus élevé des idées libertaires chez les diplômés aux salaires plus élevés. Cette sous-population constituerait donc une brèche dans l’explication en fonction du niveau d’éducation, du moins en France.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Manifestants portant des pancartes" src="https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/441377/original/file-20220118-19-1e2ozaw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des manifestants anti-vaccins, lors d’une manifestation à Paris, en août 2021. En France, plusieurs facteurs, dont la méfiance envers les élites et l’attrait d’idées libertaires, expliquent l’important mouvement anti-vaccins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Adrienne Surprenant)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les non-vaccinés, plus nombreux à adhérer aux théories complotistes</h2>
<p>Des <a href="https://www.insightswest.com/news/conspiracy-april-2021/?utm">données</a> canadiennes comparent également l’adhésion à différentes croyances complotistes au Canada à propos de la Covid et d’autres enjeux. Elles indiquent la présence de croyances similaires : 15 % croient que l’industrie pharmaceutique a répandu le virus et 9 %, en l’existence d’une puce électronique inoculée par le vaccin.</p>
<p>Ces croyances, clairement complotistes, ne sont pas du même registre que la discussion publique concernant l’efficacité de telle ou telle politiques publiques ou du questionnement sur les volte-face de la santé publique.</p>
<p>En contraste avec certaines idées reçues, une <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vaccins-immunisation/enquete-couverture-vaccinale-contre-covid-19/rapport-complet-cycle-2.html">enquête canadienne sur les récalcitrants à la vaccination</a> indiquait que les individus ayant reçu au moins une dose de vaccin étaient proportionnellement plus nombreux parmi les gens ayant des revenus inférieurs à 60 000$, que chez ceux ayant des revenus supérieurs à 60 000$ ou à 120 000$.</p>
<p>Une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/21645515.2021.1947096?needAccess=true&fbclid=IwAR26dULBiGkGxQsteKqF4-hKkoUKoGlchTaoHLcLjnq3y3OOis-sP5T9_A0">importante étude</a> menée au Québec indiquait que les non-vaccinés avaient plus de chance d’adhérer à des conspirations que le reste de la population (+27 %), qu’ils étaient plus nombreux chez les 25-44 ans et moins nombreux chez les universitaires (-14 %), que chez les détenteurs d’une éducation secondaire ou moins (données de la fin de l’année 2020). Il était cependant impossible de dégager un profil politique des non-vaccinés à partir de cette étude.</p>
<p>Ces études indiquent donc qu’un niveau d’éducation élevé tend à diminuer l’adhésion à des idées complotistes, mais que dans le cadre de la pandémie actuelle d’autres facteurs comme l’âge ont eu une plus grosse incidence sur le fait de se faire vacciner ou non. Le revenu semble également une variable, mais il ne permet pas de procéder à des conclusions hâtives.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Manifestants tenant une immense bannière et des drapeaux" src="https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/441374/original/file-20220118-23-1uj3dta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des manifestants brandissent des messages dénonçant un « génocide » en raison de l’obligation. vaccinale défilent à Kiev, en Ukraine. Les opposants à la vaccination et les complotistes sont présents partout sur la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Efrem Lukatsky)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La gauche, immunisée contre le complotisme ?</h2>
<p>Une autre impression tenace est que les gens ayant une éducation universitaire et se situant à la gauche du spectre politique seraient immunisés contre les raisonnements complotistes.</p>
<p>Un <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2021/sep/22/leftwingers-far-right-conspiracy-theories-anti-vaXXers-power?CMP=Share_iOSApp_Other&fbclid=IwAR1rn1jyoPjJGGPiilPFDhYQSp5mzfaKqnFqhnKVSVbbQ77T4lTmAbA35jk">chroniqueur du Guardian</a> se surprenait ainsi récemment qu’autant de ses collègues succombent à de telles idées. Les gens ayant une éducation universitaire sont effectivement moins portés à voter pour des partis populistes de droite radicale. Mais l’histoire de l’antisémitisme nous rappelle aussi que la gauche n’a jamais été immunisée contre le complotisme.</p>
<p>Au Canada, un <a href="https://lactualite.com/politique/pour-qui-votent-les-antivaccins/">sondage Abacus mené en mai 2021</a> indiquait que le pourcentage cumulé des répondants affirmant « je ne me ferai pas vacciner » ou « je préfère attendre/je pourrais être convaincu » était le même chez les électeurs potentiels du Parti conservateur que chez ceux du Parti vert.</p>
<p>Au début de l’actuelle pandémie, le philosophe Giorgio Agamben, gourou d’une certaine gauche, a <a href="https://www.chronicle.com/article/giorgio-agambens-coronavirus-cluelessness/">nié, banalisé et relativisé la réalité de la pandémie</a>, voyant dans les mesures sanitaires des caprices d’un nouvel État répressif. Ce thème de la résistance à une « dictature sanitaire » a alimenté des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1057610X.2021.1923188?scroll=top&needAccess=true">mouvements incels et de droite radicale</a> et des <a href="https://icct.nl/publication/assessing-the-threat-of-covid-19-related-extremism-in-the-west-2/">manifestations violentes</a> préoccupants les agences et <a href="https://www.isdglobal.org/wp-content/uploads/2021/12/The-Conspiracy-Consortium.pdf">experts</a> en sécurité nationale à travers le monde occidental.</p>
<h2>L’éducation, mais encore ? Quelques mécanismes cognitifs en cause</h2>
<p>D’autres <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13546783.2015.1051586?journalCode=ptar20">études</a> se sont penchées sur le type de raisonnements fortement corrélés sur la pensée complotiste. Leurs résultats sont intéressants.</p>
<p>Elles ont indiqué une corrélation entre l’adhésion à des théories complotistes et les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropomorphisme">raisonnements anthropomorphiques</a>, c’est-à-dire des raisonnements qui attribuent un comportement humain à des objets inanimés ou des entités abstraites qui ne peuvent pas avoir d’intentions par elles-mêmes.</p>
<p>Ceci constitue une piste intéressante pour expliquer la propension des individus éduqués, les libertaires par exemple, à formuler des raisonnements complotistes. Ces derniers ont tendance à attribuer une intentionnalité à des macro-entités : « État », « système », « capitalisme », « gouvernement mondial ». Ces raisonnements sont souvent au cœur de la <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/socsoc/2010-v42-n2-socsoc3977/045364ar/">logique politique du complotisme</a>. Les études indiquaient que le conservatisme politique était également corrélé à l’adhésion à ce type de croyances.</p>
<p>Un autre type de raisonnement alimente fortement la pensée complotiste, notamment chez les antisémites, soit l’inversion de la cause et de l’effet : parce qu’un événement donné a bénéficié à un groupe ou une organisation donnée, ces derniers doivent forcément en être à l’origine, ou la fameuse cause <em>cachée</em>.</p>
<h2>L’éducation, qu’est-ce que ça donne ?</h2>
<p>L’éducation supérieure, le revenu, ou le fait de se situer sur la gauche du spectre politique ne constituent donc pas des antidotes infaillibles contre l’adhésion à des complots ou à une politique populiste.</p>
<p>Cependant, l’éducation aide à réfléchir et donc, comprendre que certaines hypothèses peuvent être fausses. Elle permet de débusquer les raisonnements qui attribuent des intentions cachées ou inconscientes à des entités macrosociales ou dont l’existence ne peut pas être démontrée. Elle force les chercheurs à préciser le lieu d’une action et des mécanismes causaux.</p>
<p>Enfin, plusieurs mécanismes sociaux favorisent la pensée complotiste et le populisme : la crainte d’être déclassé socialement, l’affaiblissement des réseaux de confiances, le sentiment d’impuissance, les inégalités économiques, la désinformation, etc. L’interaction de ces dimensions sociales, avec celles liées à l’éducation, ne doit pas être minimisée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174929/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédérick Guillaume Dufour ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plus on est éduqué et moins on adhère aux théories du complot. Le développement de capacités analytiques diminue le recours à des solutions simples pour résoudre des problèmes complexes.Frédérick Guillaume Dufour, Professeur en sociologie politique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.