tag:theconversation.com,2011:/id/topics/agro-ecologie-33625/articlesagro-écologie – The Conversation2024-02-22T08:35:28Ztag:theconversation.com,2011:article/2224252024-02-22T08:35:28Z2024-02-22T08:35:28ZLa méthanisation est-elle vraiment un levier
pour l’agroécologie ?<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1036&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1036&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1036&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1302&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1302&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574464/original/file-20240208-26-qytx19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1302&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Couverture de l’ouvrage Idées reçues sur la méthanisation agricoles, paru le 12 octobre 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Le Cavalier Bleu Editions</span></span>
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<p><em>C’est l’un des débouchés industriels de la <a href="https://theconversation.com/dechets-alimentaires-a-quoi-va-servir-le-nouveau-tri-a-la-source-221052">collecte des biodéchets</a> obligatoire depuis le 1er janvier 2024. Ce sont les agriculteurs qui ont été les premiers pionniers de la méthanisation, qui constitue aujourd’hui un enjeu sociétal, à la croisée de l’économie, du social et de l’environnemental.</em></p>
<p><em>L’ouvrage <a href="http://www.lecavalierbleu.com/livre/idees-recues-methanisation-agricole/">« Idées reçues sur la méthanisation agricole »</a>, paru en octobre 2023 au Cavalier Bleu Éditions et dirigé par Aude Dziebowski, Emmanuel Guillon et Philippe Hamman, entreprend de démystifier les idées reçues véhiculées tant par les pro que par les anti méthanisation.</em></p>
<p><em>Nous en reproduisons ci-dessous un chapitre. Malgré son intérêt, la méthanisation agricole ne se résume pas à une « énergie verte » et questionne les évolutions des mondes ruraux dans leur globalité. C’est notamment le cas pour l’agroécologie, où la méthanisation est généralement vue comme levier. La réalité, comme souvent, est plus complexe.</em></p>
<p><em>L’ouvrage a également fait l’objet d’une présentation lors d’une journée d’étude dédiée, dont une captation est <a href="https://www.youtube.com/live/D5PLwpAwKsE?si=x_a7M1vQOrqi3aAy">accessible en ligne</a>.</em></p>
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<p>Les articles scellant l’union de la méthanisation avec l’agroécologie se multiplient dans les médias professionnels agricoles (par exemple <a href="https://www.entraid.com/articles/methanisation-agroecologie-engie">ici</a> ou <a href="https://www.agrosolutions.com/agroecologie-developpement-methanisation/">là</a>), en même temps que le sujet s’immisce dans les canaux grand public <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/agroecologie-les-limites-de-la-methanisation-8324437">comme la radio</a> et justifie l’émergence de programmes de recherche dédiés, à l’instar de <a href="https://solagro.org/images/imagesCK/files/methalae_10_pages.pdf">MéthaLAE</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lobligation-de-tri-des-biodechets-va-t-elle-enfin-faire-decoller-la-methanisation-en-france-221272">L’obligation de tri des biodéchets va-t-elle enfin faire décoller la méthanisation en France ?</a>
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<h2>Agroécologie : de quoi parle-t-on ?</h2>
<p>D’importants débats épistémologiques demeurent sur la polysémie de l’agroécologie et les conditions de sa mise en œuvre, a fortiori puisque la notion n’embarque pas les mêmes implications selon l’échelle de gouvernance considérée. Au niveau international, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) <a href="https://www.fao.org/family-farming/detail/fr/c/1263888/">décrit l’agroécologie comme</a> :</p>
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<li><p>« une solution qui peut contribuer à transformer les systèmes alimentaires en appliquant les principes écologiques à l’agriculture et en veillant à une utilisation régénérative des ressources naturelles et des services écosystémiques, tout en répondant au besoin de systèmes alimentaires socialement équitables. »</p></li>
<li><p>« L’agroécologie réunit une science, un ensemble de pratiques et un mouvement social : elle se présente maintenant comme un domaine transdisciplinaire qui couvre l’ensemble des dimensions écologique, socio-culturelle, technologique, économique et politique des systèmes alimentaires. »</p></li>
<li><p>« Les pratiques agroécologiques mettent à profit, préservent et améliorent les processus biologiques et écologiques dans la production agricole, afin de réduire l’utilisation d’intrants commerciaux (combustibles fossiles…) et de constituer des écosystèmes agricoles plus diversifiés, plus résilients et plus productifs »</p></li>
</ul>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Tout en concluant qu’« il n’existe pas de limite claire universellement admise quant à ce qui est agroécologique et ce qui ne l’est pas », la FAO précise ce qu’elle considère comme 13 principes agroécologiques : le recyclage, la réduction des intrants, la santé du sol, la santé et le bien-être animal, la biodiversité, les effets de synergie, la diversification économique, la production conjointe de connaissances autochtones et scientifiques, les valeurs sociales, l’équité, la connectivité, la gouvernance des terres et ressources naturelles, et enfin la participation.</p>
<h2>D’abord un cas d’étude pour pays émergents</h2>
<p>En France, la définition proposée par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire converge. Pour les deux instances, l’agroécologie consiste aussi, au-delà de l’intensification des systèmes naturels, à l’intégration de nouvelles technologies innovantes… une orientation high-tech bien loin du modèle de développement socio-économique promu à la genèse de l’agroécologie, dès les années 1970.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560">Une vraie souveraineté alimentaire pour la France</a>
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<p>En effet, c’est à cette période qu’émergent les premières recherches (par exemple en <a href="https://portals.iucn.org/library/node/21358">France en 1983</a> ou au <a href="https://books.google.fr/books/about/A_Handbook_on_Appropriate_Technology.html?id=ZwYoAAAAMAAJ&redir_esc=y">Canada en 1979</a>) de synergies entre agroécologie et méthanisation. On retrouve plusieurs cas d’études dans les pays en voie de développement, qui sont à la recherche de nouveaux modèles pour s’assurer une autosuffisance alimentaire de qualité et adaptée aux milieux, tout en cherchant à produire leurs propres énergies dans un monde où les pays développés imposent leurs dépendances au pétrole, au charbon et au nucléaire.</p>
<p>À présent, l’agriculteur issu de pays développés s’engage dans cette voie, particulièrement en France. Il se retrouve ainsi au cœur de la transition écologique en cherchant à dégager un équilibre entre ses intérêts économiques et la préservation du milieu naturel.</p>
<h2>Le développement d’une filière européenne</h2>
<p>En Europe, le recours à la méthanisation répond d’abord à la volonté de produire de l’énergie « verte » et, ensuite, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en particulier pour les méthanisations à base d’effluents. L’usage de l’agroécologie convoque d’autres critères, comme la gestion des adventices (mauvaises herbes) sans produits phytosanitaires, le bouclage des cycles de l’azote et du phosphore, ainsi que l’impact sur la biodiversité. Bien qu’important, ce dernier point reste encore mal compris.</p>
<p>Les synergies requièrent inévitablement de l’espace pour se déployer, tout en reposant sur de nouveaux itinéraires techniques qui peuvent modifier les rotations, à l’image de l’introduction des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), des dates de semis et de récolte, ainsi que les traitements phytosanitaires et fertilisations associés. Une modification spatio-temporelle s’observe sur les paysages, qui affecte la disponibilité des ressources pour la faune et la flore (par exemple, types et périodes de couvert, d’alimentation).</p>
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<p>De fait, le vivant s’adapte plus ou moins facilement à ces nouvelles modalités d’exploitation de l’espace au risque d’influencer les dynamiques des populations (par exemple, répartition, attractivité/ répulsion spécifique, risques de mortalité issue de dates précoces de fauche).</p>
<p>Au-delà de l’aspect écologique, trois opportunités de compétitivité apparaissent, qui instaurent un nouvel équilibre en matière de création de profits, de rentes et de filières face aux pressions exercées par les filières puissantes et stabilisées, comme les coopératives dominantes multinationales financiarisées.</p>
<p>– Premièrement, comme l’a démontré le <a href="https://shs.hal.science/halshs-02886217/document">projet de recherche Métha’Revenus</a>, la production énergétique accorde un complément de revenu et un gain d’autonomie à l’agriculteur. Avec la cogénération, il obtient en plus de la chaleur qui lui permet de sécher sa biomasse à faible coût sur son exploitation (exemple des céréales).</p>
<p>– Deuxièmement, les économies d’intrant se perçoivent aussi en récupérant du digestat (soit la matière obtenue après digestion anaérobie dans un méthaniseur). Les rendements sont améliorés de 20 à 25 % sur les cultures en agriculture biologique (AB) (céréales, prairies), ainsi que la fertilité des sols (davantage de vers de terre et de matières organiques). Elles permettent d’assurer la transition vers l’AB, dont l’objectif est d’atteindre les 25 % de surface agricole si l’on se réfère à la stratégie européenne Farm to Fork. Cependant, son usage se heurte au potentiel de fertilisation en azote et en phosphore qui peut limiter fortement les rendements des sols.</p>
<p>– Troisièmement, les certifications environnementales qui se rattachent à ces initiatives constituent une nouvelle forme de segmentation du marché permettant de capter de nouvelles sources de profit et de gagner en indépendance financière. Il conviendra tout de même de rester prudent car tous ces avantages peuvent inciter à l’intensification de l’agroécologie et engendrer des effets pervers.</p>
<p>Pour bénéficier de ces opportunités, l’agriculteur se doit de complexifier considérablement la gestion de son exploitation <a href="https://www.cairn.info/l-agriculture-francaise-une-diva-a-reveiller--9782759222391.htm">à partir de nouvelles compétences </a> : l’expérimentation et l’apprentissage, individuels ou « de paysans à paysans », deviennent des <a href="https://www.cairn.info/revue-pour-2018-2-page-193.htm">facteurs clés de réussite</a>.</p>
<p>Ils permettent une résilience singulière de chaque exploitation, qui devient plus agile pour faire face aux anticipations et répondre aux pressions systémiques subies. Cela n’est possible que grâce à une réorganisation du travail de l’agriculteur qui aspire à une meilleure qualité de vie. Certes, mais à quel prix ?</p>
<h2>Une méthanisation chronophage</h2>
<p>Deux craintes omniprésentes dans la culture agricole peuvent s’objectiver avec la mise en œuvre et le suivi d’un projet de méthanisation agricole individuel : le coût et la disponibilité de la main d’œuvre, et la difficulté à se libérer du temps. Si elle peut permettre de gagner du temps sur la conduite de certaines activités (par exemple, la manutention du fumier et du lisier), voire même alléger considérablement la charge de travail des agriculteurs insérés dans des projets collectifs, la méthanisation peut au contraire se révéler chronophage dans le cas de projets individuels, a fortiori s’agissant des éleveurs, puisque sa mise en œuvre exige une vigilance et une disponibilité de tous les instants.</p>
<p>Pris en étau entre la gestion de leur ferme et la maintenance de leur unité de méthanisation, il n’est pas rare que les agriculteurs doivent engager un nouveau salarié à plein temps, dans une dynamique de supervision constante ; ici, la mobilisation du temps de gestion peut être conséquente, alors que certains des bénéfices attendus n’arriveront qu’à moyen/long terme. Cette forme d’agriculture articulée autour des compétences des agriculteurs est <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2013-4-page-76.htm">« intensive en main d’œuvre »</a> : encore faut-il trouver du personnel qui soit à la fois formé et compétent en matière de méthanisation, un obstacle couramment rencontré dans l’activité agricole.</p>
<p>D’où la nécessité d’apprendre également à s’organiser et travailler en collectif afin d’avoir accès à certaines ressources cruciales, parmi lesquelles l’insertion dans des réseaux d’agriculteurs pour la circulation de connaissances et l’accompagnement rigoureux d’interlocuteurs qualifiés – on pense à la création d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-economie-rurale-2018-2-page-73.htm">réseau national de fermes de référence avec l’Association des méthaniseurs de France</a>.</p>
<p>En résumé, ce nouveau modèle de développement se heurte à celui, dominant, qui souhaite conserver ses propres standards en matière de financement, d’assurance, de taille critique acceptable selon le droit de l’environnement. Les enjeux en matière d’innovation sont importants. L’alliance méthanisation et agroécologie, reposant sur des techniques d’expérimentation singulières, de partage d’information communautaire et des innovations sur mesure – incluant high- et low-tech –, se confronte aux institutions financières et juridiques qui prônent la standardisation.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oZTvMaRgYyM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une approche sociologique de la méthanisation agricole (Aude Dziebowski/Youtube, 2023)</span></figcaption>
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<h2>De l’agriculture à l’énergiculture</h2>
<p>Il existe cependant un large spectre de profils d’agriculteurs qui évoluent entre deux paradigmes opposés, des modèles alternatifs – non productivistes – jusqu’au modèle d’énergiculture. Dès lors, certains modèles privilégiés en France sont là pour contribuer à la transition énergétique, mais non forcément écologique.</p>
<p>Dans de telles conditions, ceux souhaitant profiter de ces synergies sont à l’heure actuelle en minorité et leurs faibles revenus <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2013-4-page-76.htm">les rendent inaudibles</a> pour ces institutions. Se pose alors la question de l’intervention des politiques publiques pour contrer cette vision monolithique de la transition.</p>
<p>En effet, le tandem méthanisation-agroécologie porte à la fois des enjeux identitaires, culturels et de territorialité, interrogeant la sphère démocratique. Ce faisant, il s’agit de penser de nouvelles structures de gouvernance décentralisées laissant une place de choix à chacun dans la réappropriation des outils techniques et dans la prise de décision collective en matière de « bonnes trajectoires » de gestion des ressources.</p>
<p>Un cadre multiscalaire permettrait à l’agriculteur de restaurer son image professionnelle et sa relation à la société civile par le biais de son engagement dans la transition écologique.</p>
<h2>Le risque de contestation locale</h2>
<p>Pour autant, son intégration à échelle micro-locale peut s’avérer à double tranchant : cette visibilité renouvelée peut, dans le cas où son projet de méthanisation devient un <a href="https://www.cairn.info/revue-economie-rurale-2022-3-page-21.htm">objet de politisation contestataire locale</a>, l’exposer à de vives critiques au sein du tissu territorial de proximité, entraîner sa mise au ban et renforcer une solitude professionnelle, une pression réglementaire et socio-environnementale et une défection populaire <a href="https://hal.science/hal-03449707">déjà largement déplorées au sein du monde agricole</a>.</p>
<p>En butte à l’hostilité de certains de leurs pairs et/ou à la contestation citoyenne puisqu’ils façonnent un paysage des énergies renouvelables déjà en proie à une acceptabilité sociale fragile, les agriculteurs engagés dans la méthanisation courent également un risque social.</p>
<p>Des verrous sociotechniques demeurent, qui nous rappellent l’importance de penser toute l’intrication des différentes échelles de gouvernance des pratiques agroécologiques, de l’exploitation au territoire, sans oublier le rôle prégnant des organismes professionnels agricoles (négoces, coopératives, syndicats agricoles, Chambres d’agriculture) et des systèmes alimentaires et énergétiques.</p>
<p>Devant de telles tensions, on assiste à une montée en puissance du lobbying de la part des agriculteurs minoritaires pour faire face aux décisions politiques : des communautés d’intérêt s’organisent en syndicats et réseaux d’agriculteurs (par exemple, le <a href="https://www.civam.org/civam-oasis/">CIVAM de l’Oasis</a>) de manière à créer leurs propres standards et références, et proposer un encadrement technique conforme aux règles de l’agroécologie autour d’un système d’échange adapté (par exemple, approvisionnement contre digestat) pour pallier la hausse des coûts des coproduits et renforcer l’autonomie.</p>
<p>Finalement, cette réappropriation du pouvoir d’agir permet aux agriculteurs investis dans l’agroécologie de renforcer leur modèle productif, de monter en qualité et de trouver une symbiose entre leur environnement et leur activité économique, facilitant leur conversion à une activité plus intégrée (la méthanisation, l’agriculture biologique, etc.) dans laquelle ils sont autonomes et maîtrisent tous les outils… à l’inverse de l’énergiculteur qui, bien qu’initialement animé par une recherche d’autonomie, devient un prestataire de services.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222425/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La méthanisation agricole ne se résume pas à une « énergie verte ». Parfois vue comme un levier pour l'agroécologie, la réalité est, comme souvent, est plus complexe.Aude Dziebowski, Doctorante en sociologie des mondes ruraux, Université de StrasbourgEmmanuel Guillon, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Romain Debref, Maître de conférences, Université de Reims Champagne Ardenne, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Yves Leroux, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2224382024-01-31T17:17:30Z2024-01-31T17:17:30ZLa FNSEA, syndicat radical ? Derrière le mal-être des agriculteurs, des tensions plus profondes<p>Le mouvement des agriculteurs français de 2023-2024 est singulier par son ampleur et par la radicalité de ses actions. Un « siège » de Paris par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et Jeunes Agriculteurs (JA), sa branche jeunes, voire des blocages des marchés de gros appelés par la Coordination rurale (CR), la Confédération paysanne (CP) et envisagés par les JA d’Île-de-France, sont des mises en scène qui empruntent au registre militaire, ce qui est inédit à cette échelle.</p>
<p>On peut également s’étonner de cette radicalité affichée, de la part de la FNSEA et des JA qui sont associées depuis des dizaines d’années par l’État à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, et qui disposent de capacités importantes de lobbying auprès des responsables politiques et des acteurs économiques. Comment comprendre cette évolution ?</p>
<p>Le discours syndical, assez similaire entre syndicats dans ce mouvement, pointe des facteurs d’insatisfaction extérieurs aux agriculteurs français : l’État, l’Union européenne, la concurrence étrangère, les écologistes, les citadins. Certains commentateurs voient dans ce mouvement une occasion de célébrer une <a href="https://theconversation.com/loin-de-leternel-paysan-la-figure-tres-paradoxale-de-lagriculteur-francais-169470">figure mythifiée du paysan</a> comme incarnation de classes populaires vertueuses, voire de « la France éternelle ». D’autres y lisent une autonomisation de « la base » contre les appareils syndicaux, qui s’inscrirait dans la lignée du mouvement des « gilets jaunes ».</p>
<p>Mais ces analyses passent sous silence les évolutions et tensions internes aux mondes agricoles, qui contribuent pourtant à expliquer comprendre la mobilisation en cours.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/colere-des-agriculteurs-ce-qui-etait-coherent-et-cohesif-est-devenu-explosif-222066">Colère des agriculteurs : « Ce qui était cohérent et cohésif est devenu explosif »</a>
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<h2>Une évolution graduelle des formes de mobilisation agricoles</h2>
<p>Si le « blocus de Paris » actuel est une innovation tactique, il trouve ses origines dans l’histoire des actions d’agriculteurs plus que dans d’autres mouvements comme celui des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/gilets-jaunes-118981">« gilets jaunes »</a> – même si ce mouvement peut aussi être source de réflexions et d’emprunts.</p>
<p>La FNSEA et les JA ont l’habitude d’agir de façon sectorielle : ils ne se joignent quasiment jamais à des mouvements d’autres groupes professionnels et n’appellent pas à être rejoints par d’autres. La manifestation est pensée comme un complément à des négociations plus feutrées, techniques, qui occupent la majorité de l’activité syndicale.</p>
<p><em>[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</em></p>
<p>Les manifestations de la FNSEA dans les départements et les régions sont historiquement célèbres pour leurs violences symboliques et matérielles, largement tolérées par les pouvoirs publics. Longue est la liste des dégradations de l’espace urbain, avec des déversements de produits agricoles ou de matière organique (lisier, fumier), ou bien des saccages de bâtiments administratifs.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ePbOom6Nh8U?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Des agriculteurs déposent du fumier devant la préfecture à Agen le 24 janvier 2024.</span></figcaption>
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<p>Toutefois, sur le long terme, ces actions <a href="https://journals.openedition.org/conflits/209">tendent à devenir moins violentes</a>, et sont progressivement remplacées par des actions symboliques, comme l’étiquetage de produits en supermarché pour dénoncer certaines marques ou provenances.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-mouvements-de-contestation-des-agriculteurs-servent-ils-a-quelque-chose-221889">Les mouvements de contestation des agriculteurs servent-ils à quelque chose ?</a>
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<p>Les dirigeants syndicaux visent à <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/11/04/la-fnsea-s-apprete-a-entrer-dans-l-arene_4518105_3234.html">limiter les dégradations et violences</a>. Leurs raisons en sont l’augmentation de la sensibilité de l’opinion publique, la diminution du nombre de militants qui rend les manifestations d’agriculteurs plus faciles à encadrer, et la perception que des actions symboliques peuvent représenter un meilleur rapport coût/efficacité.</p>
<p>Quant aux manifestations nationales organisées à Paris par la FNSEA et JA, elles ont été historiquement pacifiques et symboliques. Citons par exemple la manifestation de <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab8200556601/manifestation-agriculteurs">« cent mille agriculteurs » à Paris en 1982</a>, la couverture des Champs-Élysées par un <a href="https://www.gpmetropole-infos.fr/la-grande-moisson-sur-les-champs-elysees-1990/">grand champ de blé en 1990</a>, un rassemblement à la Concorde en 2014, ou un <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/5562709_001_163/manifestation-des-agriculteurs-a-paris">défilé de tracteurs en 2015</a>.</p>
<p>Les opérations de blocages de routes ou d’institutions publiques à Paris se sont développées depuis une dizaine d’années : blocage d’axes routiers franciliens en 2013, manifestation devant le Conseil d’État en 2015, blocage des Champs-Élysées en 2017…</p>
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<figcaption><span class="caption">L’accès aux Champs-Élysées bloqué le 23 septembre 2017 par des agriculteurs venus protester contre la réglementation liée au glyphosate.</span></figcaption>
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<p>Ces actions étaient à l’initiative de fédérations départementales ou régionales d’Île-de-France, de la FNSEA et des JA, pas des directions nationales. Le fait que le <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/crise/blocus-des-agriculteurs/cultivateur-grand-patron-maire-six-choses-a-savoir-sur-arnaud-rousseau-le-puissant-president-de-la-fnsea_6327027.html">président de la FNSEA depuis 2023</a> soit issu d’Île-de-France a possiblement facilité l’adoption de ce mode d’action par la direction nationale.</p>
<p>Mais c’est sans doute aussi le contexte européen, marqué par des mouvements d’<a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/allemagne/allemagne-des-agriculteurs-bloquent-l-acces-a-plusieurs-ports-pour-protester-contre-la-suppression-d-un-avantage-fiscal_6332551.html">agriculteurs en Allemagne</a> avec des files de tracteurs à Berlin, <a href="https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/pays-bas-roumanie-allemagne-la-colere-des-agriculteurs-essaime-sur-tout-le-continent-20240121_6K7BRQN4ONGDNNBLTRVYZ6GMG4/">aux Pays-Bas et en Roumanie</a> avec des blocages de grands axes routiers, qui a été une source d’inspiration pour le mouvement français.</p>
<h2>La conjoncture seule n’explique pas tout</h2>
<p>Concernant l’ampleur du mouvement, il serait tentant de l’expliquer par la conjoncture et les revendications des agriculteurs. Les mots des agriculteurs mobilisés expriment des revendications variées, qu’on peut classer en quatre catégories :</p>
<ul>
<li><p>reconnaissance sociale,</p></li>
<li><p>administration,</p></li>
<li><p>environnement,</p></li>
<li><p>et économie.</p></li>
</ul>
<p>Si selon chacune de ces dimensions, le contexte peut être difficile, à l’examen, peu de facteurs semblent exceptionnels.</p>
<p>Une première revendication est celle de la reconnaissance sociale, la dignité, la considération. Il est difficile de connaître les sentiments de la population française, tant coexistent d’un côté un attachement symbolique à l’agriculture, et de l’autre la hausse des conflits d’usages des espaces ruraux.</p>
<p>On peut aussi y voir une protestation contre l’effacement de l’agriculture dans les débats politiques. Peut-être que ce mouvement en lui-même, ainsi que l’attention unanime que lui portent le gouvernement, les partis politiques, les médias et la population, est un début de réponse à cette revendication diffuse.</p>
<p>Une deuxième revendication concerne la simplification administrative ainsi que l’accélération des procédures de versement d’aides publiques. Comme beaucoup de groups professionnels, les agriculteurs sont confrontés à la <a href="https://journals.openedition.org/terrain/13836">bureaucratisation du gouvernement de leur travail</a>. Sachant que pour beaucoup d’entre eux, les aides représentent la grande majorité du revenu, on comprend que les délais de paiement ou d’instruction des dossiers soient des sujets particulièrement sensibles.</p>
<p>Les mesures environnementales représentent une troisième cible. Les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/16/pesticides-les-distances-de-securite-autour-des-zones-traitees-jugees-largement-insuffisantes-pour-proteger-les-riverains_6211049_3244.html">zones de sécurité pour la pulvérisation de pesticides</a>, les jachères, les interdictions de produits toxiques, contre lesquelles portent certaines revendications syndicales, existent pourtant depuis des décennies, à des niveaux comparables à aujourd’hui.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/glyphosate-et-apres-ou-va-le-droit-des-pesticides-219999">Glyphosate et après : où va le droit des pesticides ?</a>
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<p>Quatrième domaine de revendications : les revenus. Sont mis en avant des facteurs conjoncturels (hausse des charges liée à la guerre en Ukraine, conséquences de maladies animales), des inquiétudes liées à l’organisation des marchés (accords de libre-échange, relations commerciales avec les industriels et la grande distribution) et des difficultés structurelles.</p>
<p>Certes, le coût de production (carburants, engrais, alimentation animale) s’est envolé et n’est que peu redescendu. Les prix des produits agricoles avaient aussi flambé, contribuant à une <a href="https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Pri2314/Primeur2023-14_Rica2022.pdf">excellente année 2022</a> ; mais ils sont retombés plus vite que les <a href="https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/LetConj2304/Lettre%20de%20conjoncture_T4-%202023.pdf">coûts de production</a>. Concernant le commerce international, l’extension des zones de libre-échange est continue depuis des décennies, et l’accord avec le Mercosur a été négocié en 2019.</p>
<p>Les revenus des agriculteurs sont très variables <a href="https://agriculture.gouv.fr/evolution-du-revenu-agricole-en-france-depuis-30-ans">selon les productions</a> et territoires, certains étant très bien rémunérés de leur travail, d’autres très mal et depuis de nombreuses années, comme les producteurs de viande bovine, de moutons, voire de lait, ou de manière générale les petits exploitants.</p>
<p>Pour expliquer la mobilisation actuelle, il faut mettre tous ces facteurs en regard de la capacité des syndicats agricoles à y répondre.</p>
<h2>La FNSEA toujours dominante mais moins hégémonique</h2>
<p>Or, la FNSEA a démontré son efficacité pour traiter un ensemble des sujets qu’elle priorise. Depuis des années, elle a lutté avec succès contre des mesures environnementales, comme les réductions d’utilisation des pesticides (plans <a href="https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20210119_pesticides.pdf">Ecophyto</a>, <a href="https://aoc.media/analyse/2020/09/01/retour-des-neonicotinoides-limpossible-reduction-des-pesticides/">interdictions de molécules</a>), la réduction du cheptel porcin en Bretagne considéré responsable de la production d’<a href="https://journals.openedition.org/etudesrurales/8988">algues vertes</a>, ou le développement des « méga-bassines » de rétention d’eau pour l’irrigation.</p>
<p>Sur le court terme, elle avait anticipé et accompagné le mouvement, obtenant dès la fin d’année 2023 des réductions de taxes sur le carburant ou sur les pollutions dites diffuses, et des mesures techniques du même ordre (réductions de taxes, affaiblissement des contrôles environnementaux) au fil du mouvement.</p>
<p>Plus largement, la FNSEA reste largement le syndicat agricole dominant. Elle est majoritaire en nombre d’adhérents (212000 revendiqués, 50000 pour les JA, contre 10000 à 15000 pour la CR et la CP), en voix aux élections professionnelles (55 % de moyenne nationale avec JA en 2019, contre 20 % à 25 % pour la CR et la CP), en ressources économiques (budget annuel de 20 millions d’euros, contre environ quatre millions d’euros respectivement pour la CR et la CP), en réseaux politiques et en capacités de lobbying. Les syndicats minoritaires gagnent régulièrement les élections professionnelles dans quelques départements, mais manquent de ressources pour pérenniser leur emprise et plus s’institutionnaliser.</p>
<p>Cependant, la FNSEA éprouve des difficultés croissantes à <a href="https://theconversation.com/colere-des-agriculteurs-ce-qui-etait-coherent-et-cohesif-est-devenu-explosif-222066">représenter tous les agriculteurs</a>. Si sa base d’adhérents reste importante, elle tend à s’effriter, en perdant les agriculteurs les plus avant-gardistes et qui ont fait sa force.</p>
<p>Ces leaders techniques se sont en effet engagés dans des démarches d’exploitation innovantes, comme la réduction des intrants, la production sous signe de qualité et d’origine, la vente en circuits courts, ou différentes formes de diversification. Ces stratégies leur permettent de capter de la valeur ajoutée en se démarquant, et en profitant du fait que les aides PAC soient attribuées sans lien avec la production depuis les réformes des années 1992 à 2003.</p>
<p>Dans le même temps, la majorité des agriculteurs continuent à produire, selon des techniques dites conventionnelles, des produits de qualité standard vendus à l’industrie agro-alimentaire. La FNSEA tend à plus adopter une posture défensive de ce style d’agriculture et du <em>statu quo</em> pour la distribution des aides PAC sachant que sa base d’adhérents est composée en majorité de ce style d’exploitants.</p>
<p>Elle capte moins les leaders techniques, qui pour une partie d’entre eux s’engagent dans les syndicats minoritaires, mais beaucoup sont également non-encartés. Ils forment ainsi un groupe influent, mais peu aligné ni docile par rapport à la FNSEA.</p>
<p>Également, si le pouvoir à la FNSEA est traditionnellement partagé entre les céréaliers et les éleveurs de bovins, les équilibres internes sont remis en cause au détriment des éleveurs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572484/original/file-20240131-29-86e7f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Traditionnellement, le pouvoir à la FNSEA se partage entre les céraliers et les éleveurs de bovins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nicolas Duprey/CD78</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Au cours des dernières décennies, les céréaliers ont gagné beaucoup de pouvoir grâce à la structuration du <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/retour-d-avril-a-la-tete-de-la-fnsea.N2128431">groupe Avril</a>, consortium industriel possédé par la branche de la FNSEA spécialisée sur les oléagineux et protéagineux. Cette puissance industrielle leur a permis de conquérir la présidence de la FNSEA pour la première fois depuis les années 1960, en 2010 et à nouveau en 2023.</p>
<p>La FNSEA tend à devenir un atout politique pour Avril, qui se pose en pilote de la « ferme France » et déclare viser structurer l’ensemble des filières végétales et animales, plutôt que l’inverse. Certes, Avril peut jouer un rôle d’instrument de solidification des filières d’élevage, mais depuis 2018 sa stratégie s’est recentrée sur les produits végétaux, revendant une partie de ses industries de transformation animale. Les filières d’élevage bovin sont ainsi affaiblies à la fois économiquement et politiquement dans la FNSEA.</p>
<p>En conclusion, ce mouvement est certes animé par des difficultés conjoncturelles, mais son ampleur et sa radicalité peuvent s’expliquer par une crise de la représentation des agriculteurs. Ces derniers possèdent un poids politique important, qu’il s’agisse des exploitants avant-gardistes, un groupe petit mais influent, ou des éleveurs bovins, un des groupes agricoles les plus nombreux en France.</p>
<p>La réponse aux revendications économiques nécessiterait une vision d’avenir pour solidifier les filières, notamment l’élevage, et garantir qu’elles répondent aux grands <a href="https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560">enjeux alimentaires</a> et environnementaux. Ce travail prospectif reste à faire. Le moment est aussi une occasion pour les organisations syndicales de démontrer leur capacité à s’y engager.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560">Une vraie souveraineté alimentaire pour la France</a>
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<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Hobeika ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour expliquer l'ampleur et la radicalité des manifestations des agriculteurs, il faut comprendre la crise de la représentativité au sein du syndicat dominant de la profession, la FNSEA.Alexandre Hobeika, Chercheur en science politique CIRAD, UMR MoISA, Montpellier, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2101402023-11-14T18:55:05Z2023-11-14T18:55:05ZSi écologie et capitalisme sont incompatibles, comment « re-naturer » les humains ?<p>« Des forêts, pas des faux rêves », ont inscrit les militants qui luttent contre le <a href="https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/211023/les-opposants-l-a69-reussissent-leur-ramdam">projet de l’A69 Toulouse-Castres</a> à l’entrée de la nouvelle zone à défendre, la Cremzade, qu’ils ont créée le 21 octobre dernier, avant d’être délogés dès le lendemain. Ce jour-là, plusieurs milliers de personnes ont rejoint la grande mobilisation « Ramdam sur le macadam » pour réclamer l’arrêt des travaux. Écologie contre capitalisme, capitalisme contre écologie, une fois de plus.</p>
<p>Depuis 2022, <a href="https://www.stockholmresilience.org/download/18.8615c78125078c8d3380002197/ES-2009-3180.pdf">six des neuf limites planétaires</a> qui définissent un espace de développement sûr pour l’humanité sont dépassées, notamment le changement climatique et l’intégrité de la biosphère, contre <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.1c04158">trois en 2009</a>. Face à ce constat, dans notre système capitaliste, quelle entreprise n’affirme pas participer à l’objectif de <a href="https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris">l’accord de Paris</a> de maintenir nettement en dessous de 2 °C la hausse des températures mondiales d’ici 2100 ? Partout foisonnent des pratiques de développement durable dont l’engagement écologique constitue l’un des trois piliers (avec la dimension économique et la dimension sociale). Pourtant, la crise écologique continue de mettre à mal la légitimité du capitalisme et les initiatives pour y répondre ne suffisent pas à entériner les désastres.</p>
<p>Des initiatives comme les <a href="https://theconversation.com/les-zad-et-leurs-mondes-89992">ZAD</a>, ou des mouvements tels que les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion, ou Attac s’indignent, se révoltent et luttent pour mettre en évidence l’antagonisme entre capitalisme et écologie. Mais quelle est la nature cet antagonisme ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/extinction-rebellion-a-la-clusaz-quand-la-zad-gagne-la-montagne-174358">Extinction Rebellion à La Clusaz, quand la ZAD gagne la montagne</a>
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<h2>Une incompatibilité matérielle</h2>
<p>Le capitalisme est décrit en 1999 par les sociologues français <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/Le-nouvel-esprit-du-capitalisme">Luc Boltanski et Eve Chiapello</a> comme un processus d’accumulation du capital dénué de justification propre, mais qui est toujours parvenu à se justifier et à mettre en place des pratiques « correctives » pour répondre aux critiques qui lui étaient adressé, et pour, in fine, qu’elles ne constituent plus un danger pour la légitimité et la longévité du capitalisme.</p>
<p>Comme le développe quelques années plus tard <a href="https://academic.oup.com/book/12730">Eve Chiapello</a>, la critique écologique apparaît d’une autre nature : elle interroge la capacité du système capitaliste à garantir l’avenir de l’humanité, à commencer par sa reproductibilité et dénonce le capitalisme comme potentiellement destructeur pour notre civilisation.</p>
<p>La question écologique invite effectivement à s’interroger sur les limites structurelles du capitalisme. En mettant en exergue le fait que les ressources naturelles sont limitées, la crise écologique pointe du doigt l’incompatibilité matérielle entre l’écologie et le capitalisme, un système d’accumulation sans limite.</p>
<p>La notion de <a href="https://doi.org/10.3917/mouv.063.0099">« capitalisme vert »</a> comporte alors une contradiction matérielle fondamentale. Mais l’antagonisme entre écologie et capitalisme est-il uniquement matériel ? Ou plutôt, que traduit la vision matérialiste de la nature des sociétés capitalistes ? Au-delà de l’évidente incompatibilité matérielle entre écologie planétaire et capitalisme, comment interpréter l’opposition entre écologie et capitalisme ?</p>
<h2>Une nature « ressource » ou une nature « vivante » ?</h2>
<p>Dans le système capitaliste, la nature est majoritairement appréhendée, à travers <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/13505084221098249">sa fonction pour l’entreprise</a>, comme un ensemble de ressources. Son caractère vivant n’est pas nécessairement nié mais les pratiques organisationnelles visent à gérer la ressource, à l’exploiter, voire à la protéger, dans un contexte de crise écologique.</p>
<p>Cette appréhension de la nature comme une ressource séparée et à la disposition de l’homme, bien qu’engageant la <a href="https://editions.flammarion.com/le-principe-responsabilite/9782081307698">responsabilité morale</a> de ce dernier, notamment pour assurer la survie des générations futures, continue de séparer humanité et nature et conserve une distance entre ce qui devrait pourtant être rapproché dans un contexte de crise écologique.</p>
<p>Parallèlement à la multiplication des ZAD et des luttes écologiques, le contexte de crise écologique favorise l’émergence en Occident d’initiatives qui invitent à <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/13505084221098249">revoir radicalement l’appréhension de la nature dans les entreprises</a>. En particulier, certaines agroécologies, comme la permaculture, la biodynamie ou certaines agricultures biologiques ou durables, s’appuient sur la croyance en une nature vivante, variable et singulière, qui inclut et met en relation les hommes, les plantes, les animaux, les minéraux au sein d’écosystèmes non hiérarchisés et communicants.</p>
<h2>Les agroécologies en Occident : des expériences de re-naturation de l’homme</h2>
<p>Les agroécologies prônent des solutions techniques, elles refusent les intrants chimiques, leur préférant le compost, le fumier ou les assemblages bénéfiques entre plantes et animaux dans une logique d’équilibre interne de la ferme. Mais aussi et surtout, elles proposent une approche des organisations humaines qui permettent de ré-inclure l’homme dans le vivant, de le <a href="http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2862">« re-naturer »</a>, c’est-à-dire de restaurer sa conscience qu’il n’est pas séparé de la nature mais qu’il en fait partie.</p>
<p>Par exemple, les agriculteurs de la biodynamie, méthode agricole alternative à l’origine de l’agriculture biologique née en 1924 dans les pays germaniques, considèrent la <a href="https://www.demeter.fr/wp-content/uploads/2023/03/Cahier-des-charges-Demeter-France-version-2023.pdf">ferme comme un organisme vivant</a> auquel les hommes, les plantes et les animaux contribuent de manière collaborative. La vache se nourrit de l’herbe et produit à son tour de la bouse qui est travaillée et répandue par l’homme pour nourrir le sol et les cultures. Cette approche de la ferme comme organisme vivant implique de conserver des parcelles « à taille humaine ».</p>
<p>À l’inverse des tendances agricoles au <a href="https://theconversation.com/climat-biodiversite-le-retour-gagnant-des-arbres-champetres-174944">remembrement</a>, c’est-à-dire à la constitution de plus grandes exploitations agricoles d’un seul tenant dans le but de faciliter l’exploitation des terres, les fermes agroécologiques ont tendance à préférer les fermes de petite taille et des modes de croissance par essaimage, c’est-à-dire par l’acquisition de petites parcelles autonomes plutôt que par l’agrandissement d’une parcelle unique.</p>
<p>Ainsi, les agriculteurs travaillent la terre sur des lieux singuliers, dans lesquels ils peuvent <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/1556349">s’ancrer écologiquement</a>, connaître le lieu et ses spécificités, les êtres vivants qui le composent, s’y identifier et développer à leur égard un attachement, cet ancrage écologique étant favorisé par la petite taille. <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/AMBPP.2020.11608abstract">L’essaimage</a> permet en outre à la ferme de travailler des terroirs diversifiés et de se prémunir contre les aléas naturels en répartissant les risques sur plusieurs parcelles indépendantes.</p>
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<p>Enfin, le rapport sensible à la terre, aux plantes et aux animaux est fondamental dans ces fermes. L’agriculteur déambule sur ses parcelles, il observe, il sent, il écoute. Le temps passé dans ces lieux à l’éprouver par ses sens est à la fois un outil de diagnostic avant la prise de décisions agricoles, un moyen de collecter de l’information et de connaître de lieu, mais aussi un facteur d’approfondissement de la relation et de l’attachement au vivant. Les agroécologies convoquent ainsi la corporalité de l’homme à travers l’expérience d’une relation sensorielle à une nature non séparée et non étrangère à lui. Une expérience quotidienne par laquelle <a href="http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2862">l’homme se reconnait comme faisant partie de la nature</a>. Une expérience qui lui révèle ou lui rappelle l’impossibilité du vivant à s’adapter à des formes d’organisation industrielle et capitaliste.</p>
<h2>Quelles définitions de l’homme et de la nature ?</h2>
<p>La crise écologique ne soulève pas uniquement la question de savoir ce qui est juste, mais aussi de savoir ce qui est. Autrement dit, quelles définitions de l’homme et de la nature souhaitons-nous adopter ? La conception de l’homme et de la nature véhiculée par les agroécologies, et les pratiques qu’elles proposent, amènent à questionner la distinction supposée fondamentale en Occident entre <a href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Bibliotheque-des-Sciences-humaines/Par-dela-nature-et-culture">nature et culture</a> et à envisager d’autres modes d’identification et de lien. Prenant la question écologique à sa racine, elles permettent d’envisager des façons d’habiter la terre radicalement autre.</p>
<p>Les agroécologies proposent des expériences concrètes d’inclusion des hommes dans le vivant au sein des organisations agricoles. La posture écologique des êtres humains peut certes être alimentée par l’indignation et les luttes face aux désastres écologiques, mais les métamorphoses du capitalisme prennent également leur source dans la multiplication d’expériences sensibles, situant l’homme dans sa relation avec les êtres vivants non humains et avec les écosystèmes auquel il appartient. Au-delà des solutions techniques et matérielles, la ré-intégration de l’homme dans la nature comporte un fondement sensible et une portée radicale qui questionne les définitions capitalistes de la nature et de l’homme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210140/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claire-Isabelle Roquebert ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le contexte de crise écologique favorise l’émergence d’initiatives qui invitent à revoir radicalement le rapport entre les hommes et la nature.Claire-Isabelle Roquebert, Chercheuse en organisations - durabilité, ancrage écologique, responsabilité sociale de l'entreprise, agroécologies, Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1943702022-12-07T16:43:14Z2022-12-07T16:43:14ZLes secrets des racines et des sols, clefs de l’agroécologie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499104/original/file-20221205-18-d7vnoj.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4089%2C2304&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Diversité végétale d’une culture en réponse à la diversité d’éléments minéraux (nature et formes chimiques) du sol.</span> <span class="attribution"><span class="source">Julien Guidet</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’envolée des prix des engrais azotés (<a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/286457-penurie-dengrais-des-propositions-contre-linsecurite-alimentaire">augmentation de 400 % en 18 mois</a>) et le risque de pénurie projeté au printemps prochain au vu des difficultés d’approvisionnement en énergie pourraient accentuer les problèmes de sécurité alimentaire dans de nombreuses régions du monde. Dans ce contexte, les questions autour des interactions sol-racine connaissent un regain d’intérêt aujourd’hui.</p>
<p>Cachés, ces organes souterrains indispensables à la vie des plantes et de nombreux organismes du sol sont au cœur des recherches en agroécologie. L’objectif : miser sur la complémentarité des racines pour l’occupation de l’espace et l’acquisition de l’eau et des nutriments afin de mieux exploiter les ressources naturelles hétérogènes du sol, et réduire l’apport d’intrants (l’apport de matières exogènes à l’agrosystème comme les fertilisants de synthèse ou d’origine minière) et les émissions de gaz à effet de serre associées à leur utilisation tout en favorisant le stockage du carbone dans les sols.</p>
<p>Les sols par définition sont hétérogènes physiquement, chimiquement, biologiquement, horizontalement et verticalement. Cette hétérogénéité existe de l’échelle de l’infinitésimal à celle du paysage et plus encore, en passant par celle du pédon (unité tridimensionnelle à la surface de la terre considérée comme sol) ou de la parcelle.</p>
<p>À l’échelle microscopique, les sols sont hétérogènes de par la diversité de formes chimiques des éléments minéraux qu’on y rencontre mais aussi en raison de la variation de la taille des agrégats du sol (quelques dixièmes de millimètres à quelques millimètres) formés par l’association de minéraux, de bactéries ou d’hyphes de champignon et de matières organiques, et dont l’ensemble constitue le sol.</p>
<p>Les sols offrent une diversité d’habitats et de niches écologiques pour les organismes vivants. Cette diversité de niches écologiques chez les végétaux s’explique par la diversité de racines, leur capacité à modifier leurs caractéristiques vis-à-vis des changements des propriétés des sols et leur hétérogénéité (appelée plasticité phénotypique). </p>
<p>Cette large diversité de caractères fonctionnels racinaires (morphologique, architecturale, physiologique, interactions biotiques) apparaît plus importante qu’au niveau des parties aériennes (tiges et feuilles) au sein du règne végétal. <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0019992">Elle serait même le fruit de l’évolution des interactions sol-plantes</a>, et de la réponse des végétaux à l’hétérogénéité des sols. La connaissance du rôle fonctionnel des racines et de leurs réponses vis-à-vis des propriétés du sol et de leur hétérogénéité s’est approfondie depuis une décennie.</p>
<h2>Des racines pour une diversité de formes chimiques d’éléments minéraux</h2>
<p>Les plantes possèdent une diversité de stratégies d’acquisition des nutriments souvent à la base de la différenciation de leur niche écologique en réponse à la variabilité chimique des sols (par exemple, la variation spatiale des concentrations en nutriments et de leurs formes chimiques).</p>
<p>Cette <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-2745.2012.02014.x">variation des propriétés du sol constitue un facteur important dans la formation des communautés</a> (assemblages d’espèces) végétales, animales et microbiennes du sol, particulièrement dans les contextes de sols présentant une faible fertilité (des carences en nutriments) où la compétition pour la lumière n’est pas le principal facteur responsable de la structuration des communautés.</p>
<p>Par exemple, une faible disponibilité en azote dans les sols constitue une condition favorable pour les légumineuses étant donné leur symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote atmosphérique qui assure leur autonomie azotée. Inversement, les zones riches en azote sont occupées préférentiellement par des espèces ne bénéficiant pas de cette symbiose (les graminées, les espèces de la famille du chou…) et qui sont donc davantage dépendantes de l’azote disponible dans le sol. Ces plantes maximisant l’acquisition de l’azote présentent des stratégies communes à l’acquisition de l’eau puisque l’azote disponible est mobile et est transporté par les flux d’eau verticaux dans les sols. Elles présenteront une architecture racinaire spécifique avec notamment des racines plus profondes.</p>
<p>Bien qu’essentiel aux plantes, le phosphore est souvent peu disponible dans les sols. Pour pouvoir se le procurer et en bénéficier, les espèces et variétés ont ainsi développé différents mécanismes permettant de mobiliser les formes de phosphore non disponibles dans le sol : certaines mobilisent les formes organiques du phosphore, d’autres les formes inorganiques associées aux minéraux du sol.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-mieux-recycler-le-phosphore-present-dans-les-sols-177101">Comment mieux recycler le phosphore présent dans les sols ?</a>
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<p>La diversité et la proportion des formes chimiques de phosphore varient d’un sol à l’autre et peuvent expliquer la coexistence d’espèces végétales dans des conditions déficientes en nutriments. À l’échelle d’un volume de sol de quelques centimètres cube ou d’une parcelle, une hétérogénéité spatiale des teneurs en nutriments (notamment en azote et phosphore, nutriments majeurs pour les plantes) existe.</p>
<p>Grâce à la diversité morphologique et architecturale de leurs racines, certaines plantes (comme de nombreuses espèces de graminées) pourront explorer préférentiellement les microzones les plus riches en phosphore disponible ; c’est notamment le cas de celles développant une longueur racinaire importante et une densité élevée de poils absorbants (le blé, le seigle, l’avoine, les graminées des prairies…). </p>
<p>En revanche, celles qui n’investissent pas dans la longueur racinaire occupent les espaces les moins fertiles en mobilisant le phosphore non disponible (les espèces de la famille du chou : la moutarde, le radis…) ou en s’associant avec des champignons symbiotiques (les mycorhizes), par exemple, les plantes de la famille du pois (les trèfles, les luzernes…). Cette diversité de stratégies d’acquisition des nutriments implique une complémentarité entre les espèces végétales, voire une facilitation quand l’une rend service à sa voisine. </p>
<p>Pouvoir capitaliser sur ces interactions positives entre espèces végétales rendues possibles grâce à l’hétérogénéité chimique des sols constitue une opportunité pour développer des systèmes de culture diversifiés en espèces, productifs et économes en intrants.</p>
<h2>Une hétérogénéité des minéraux pour le stockage du carbone dans les sols</h2>
<p>L’hétérogénéité des minéraux du sol en profondeur modifie la structure du sol et induit une hétérogénéité dans la répartition du carbone organique stable dans le sol puisque ce sont les molécules de carbone fixées par les minéraux (comme les argiles et les oxydes de fer) qui sont les plus stables dans le temps constituant une fraction clef pour la séquestration du carbone dans le sol et l’atténuation des changements climatiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499577/original/file-20221207-1298-d8ttv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Racine épaisse (diamètre supérieur à 2 mm) d’une plante conservant ses ressources (sucres et nutriments), le fragon petit houx.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Julie Loiseau</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Cette hétérogénéité du sol peut être accentuée par <a href="https://theconversation.com/stocker-le-carbone-dans-les-sols-pour-limiter-les-impacts-du-changement-climatique-191384">l’apport de carbone en profondeur par les racines directement</a> ou par les <a href="https://theconversation.com/les-mycorhizes-reseaux-sociaux-des-ecosystemes-terrestres-146335">champignons mycorhiziens en association avec la plupart des plantes</a>,à l’exception des plantes de la famille du chou et du colza, et de la famille des betteraves et épinards, et quelques variétés modernes de céréales qui ont perdu cette capacité naturelle lors du travail de sélection par l’Homme. </p>
<p>Ces plantes grâce à leurs champignons mycorhiziens sont capables d’explorer en profondeur le sol (parfois au-delà d’un mètre) et ainsi apporter du carbone par la libération de petites molécules organiques ou le remplacement des hyphes des champignons (filaments cylindriques qui constituent la structure du corps des champignons multicellulaires). Ce carbone apporté en profondeur dans le sol par les champignons sera stable dans le temps étant donné les faibles teneurs en oxygène.</p>
<h2>Pour une diversité de solutions agroécologiques</h2>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1360138517300195">La connaissance sur le rôle fonctionnel des racines s’est intensifiée depuis une décennie</a> et commence à intéresser les agronomes, sélectionneurs et semenciers qui y perçoivent un levier pour adapter les cultures aux changements climatiques et à la réduction de fertilisant de synthèse (onéreux et présentant des externalités négatives sur l’environnement). Elle constitue un socle pour le développement de l’agroécologie puisqu’elle participe à la conservation des sols et permet de repenser les pratiques de fertilisation en réduisant les apports d’engrais de synthèse ou d’origine fossile.</p>
<p>La mise en évidence du rôle que joue l’hétérogénéité des sols dans les interactions sol-plantes amène à repenser la sélection des variétés des plantes cultivées. Historiquement, celle-ci s’est surtout focalisée sur les parties aériennes dans des conditions homogènes et conventionnelles de culture sans déficit d’eau et de nutriments et sous apport d’engrais.</p>
<p>Le défi actuel est de mobiliser cette nouvelle connaissance pour sélectionner des caractères racinaires favorables à une croissance des plantes peu consommatrice d’intrants. L’enjeu est bien de cultiver en réduisant les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant les coûts de production.</p>
<p>Nous pouvons repenser les pratiques agricoles en combinant dans une même culture différents types de plantes fixés génétiquement pour explorer l’hétérogénéité du sol et en bénéficier, ou plusieurs espèces complémentaires dans leurs caractéristiques et fonctions (apportant de l’azote naturellement, mobilisant le phosphore du sol, favorisant la structure du sol…).</p>
<p>Ces cultures associant plusieurs espèces sont actuellement mises en place par quelques agriculteurs expérimentés dans le cadre d’associations de cultures annuelles simultanées, de cultures pérennes et annuelles (c.-à-d., l’agroforesterie), de cultures en relais (par exemple avec l’implantation de soja dans une culture d’orge d’hiver avant sa récolte), et de cultures intermédiaires (comme engrais vert, ou culture récoltée pour le fourrage ou la méthanisation). Le développement de ces cultures diversifiées en espèces ou variétés requiert une connaissance technique fine et une adaptation des machines agricoles (semoirs, tracteurs…).</p>
<p>Par exemple, la coexistence de ces espèces nécessite une faible compétition pour la lumière, qui sera gérée par une bonne définition de la densité de semis de chacune de ces espèces (les espèces les plus hautes seront semées moins densément) et/ou de la distance entre les rangs de semis. Toutes ces connaissances et applications dépendent des travaux interdisciplinaires produits grâce à l’intelligence collective entre les scientifiques du sol, les écologues, les agronomes, les agriculteurs expérimentateurs, les spécialistes des techniques et machines agricoles et les semenciers sélectionneurs. La densification de ces travaux collectifs entre les scientifiques et acteurs du développement agricole accélérera la transition agroécologique dans ce contexte de raréfaction des ressources et de changements climatiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194370/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel-Pierre Faucon a reçu des financements de VIVESCIA, SEDE, AGCO et de la Région Hauts de France</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Houben a reçu des financements de VIVESCIA, SEDE, Bpifrance et de la Région Hauts de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Murilo Veloso ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour diminuer l’utilisation des engrais et stocker au mieux le carbone dans les sols, intéressons-nous aux relations subtiles entre les racines et les sols.Michel-Pierre Faucon, Enseignant-chercheur en écologie végétale et agroécologie - Directeur à la recherche UniLaSalle Beauvais, UniLaSalleDavid Houben, Enseignant-chercheur en science du sol et Directeur du Collège Agrosciences, UniLaSalleMurilo Veloso, Enseignant-chercher en Science du Sol, Unité AGHYLE, Campus de Rouen, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1934702022-11-23T20:16:10Z2022-11-23T20:16:10ZPhotoreportage : Au Burkina Faso, un laboratoire à ciel ouvert pour la transition agroécologique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/492285/original/file-20221028-53481-9x1dnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les paysans du Burkina Faso sont inquiets pour leur avenir. Pour cause, l'insécurité grandissante, la pression foncière et la surexploitation des terres.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.raphaelbelminphotography.com/">Raphael Belmin / Cirad</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Un petit matin de septembre 2022 : Hamado Sawadogo et son équipe d’agronomes ont quitté la ville de Ouagadougou aux aurores. Ils filent vers le nord-ouest rejoindre un groupe de paysans de la commune d’Arbollé.</p>
<p>Le pick-up abandonne le goudron puis progresse en zigzag sur une piste de latérite, contournant les flaques boueuses et les ornières profondes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497032/original/file-20221123-22-nqsmy9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=641&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Burkina Faso se trouve en Afrique de l’Ouest.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Google Maps</span></span>
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<p>Comme chaque année au mois de septembre, les pluies de l’hivernage ont transformé les savanes arborées du centre Burkina en parcs humides verdoyants. Tout autour du convoi, les épis de sorgho surgissent en larges bouquets entre les bosquets d’acacias, les herbes folles et les arbres à beurre de karité.</p>
<p>Hamado Sawadogo est agronome à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (<a href="http://www.cnrst.bf/index.php/inera/">INERA</a>). Depuis 1993, il accompagne des paysans burkinabè en testant avec eux toutes sortes d’innovations.</p>
<p>Mais, il y a quelques années, son travail a été profondément bouleversé lorsque des <a href="https://theconversation.com/burkina-faso-negocier-pour-eteindre-les-foyers-insurrectionnels-156680">groupes djihadistes armés</a> ont envahi une grande partie du pays. Certains terrains d’intervention ont dû être abandonnés ; d’autres sont restés accessibles, mais au prix d’expéditions courtes.</p>
<p>Par chance, la commune d’Arbollé est pour le moment épargnée. Ces nouvelles conditions de travail n’ont pas pour autant découragé Hamado Sawadogo :</p>
<blockquote>
<p>« En dépit du contexte d’insécurité, les recherches se poursuivent au côté des paysans pour proposer des solutions agroécologiques adaptées aux changements climatiques. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=601&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=601&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=601&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492308/original/file-20221028-53244-yb5jqv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Hamado Sawadogo, agronome à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso, accompagne les producteurs de sorgho burkinabè depuis 30 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492287/original/file-20221028-37112-gma71f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue panoramique de la route menant à Arbollé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>Un champ-école où chercheurs et paysans travaillent ensemble</h2>
<p>Le groupe de paysans attend les chercheurs au niveau du « champ central » d’Arbollé. Cette parcelle de 1 hectare est utilisée depuis 2021 comme lieu d’expérimentation agronomique et de co-apprentissage.</p>
<p>Avec l’appui du <a href="https://www.fair-sahel.org/">projet Fair Sahel</a>, pas moins de 15 innovations agronomiques ont été mises à l’épreuve en 2022 : cultures associées, rotations, nouvelles variétés, jachères améliorées, nouvelles variétés de sorgho et de niébé, etc. Les options techniques à tester ont été sélectionnées en juin 2022 via une démarche participative.</p>
<p>Trois mois plus tard, les idées qui avaient germées lors de l’atelier ont pris vie dans un patchwork coloré de petites placettes.</p>
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<span class="caption">Le champ central de Saaba (Arbollé) est constitué d’une multitude de petites placettes où sont testées diverses innovations agronomiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=599&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=752&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=752&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492289/original/file-20221028-18054-1ks5uv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=752&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Visite du champ central de Banounou (Arbollé).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>Intensifier écologiquement les cultures</h2>
<p>Le groupe progresse rapidement dans les allées du champ central. Des feuilles A4 accrochées à des piquets indiquent aux visiteurs les options techniques en cours d’expérimentation : zaï, demi-lunes, labour, mucuna, bracharia… autant de noms vernaculaires ou exotiques qui résonnent comme des promesses pour l’avenir de l’agriculture burkinabè.</p>
<p>Dans cet essai conduit sur le terrain, on cherche avant tout à « intensifier écologiquement » les systèmes de culture. Il faut intensifier, car l’agriculture doit répondre aux besoins alimentaires croissants d’une population en constante augmentation ; mais le faire écologiquement, sans quoi les ressources de base dont dépend l’agriculture pourraient bien disparaître.</p>
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<p>Traditionnellement les systèmes agricoles à base sorgho étaient équilibrés grâce à la jachère, une pratique qui consiste à laisser les champs en friche pendant une à plusieurs années. Elle permettait de reconstituer la fertilité naturelle des sols et de réduire la pression parasitaire.</p>
<p>L’équilibre reposait aussi sur la rotation des cultures, le sorgho étant précédé par le niébé, le sésame ou encore l’arachide.</p>
<p>Mais, au cours des dernières décennies, l’agriculture de la région a été fragilisée, la jachère tendant à disparaître en raison de la pression foncière. Il en résulte une baisse de fertilité des sols que les producteurs cherchent tant bien que mal à compenser avec des engrais chimiques. L’utilisation systématique de ces produits provoque en retour une dévitalisation des sols agricoles.</p>
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<span class="caption">Un groupe de femmes lors de la visite d’une parcelle de sorgho à Arbollé. Le sorgho revêt une importance capitale pour la sécurité alimentaire des populations du centre Burkina Faso.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=598&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=598&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=598&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=751&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=751&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492290/original/file-20221028-58735-i2v7cv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=751&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cultivées en rotation avec le sorgho, les « plantes de service » améliorent la fertilité des sols, produisent du fourrage et parfois même des aliments consommables. De gauche à droite et haut en bas : mucuna (mucuna bracteata), arachide (arachis hypogea), haricot mungo (vigna radiata), centurion (centrosema pascuorum), crotalaire rétuse (crotalaria retusa), indigotier (indigofera), pois sabre blanc (canavalia ensiformis), bracharia (brachiaria ruziziensis), crotalaire (crotalaria spectabilis).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>Un vote et des débats</h2>
<p>Après la visite du champ central, les paysans et paysannes se réunissent à l’ombre d’un grand arbre et procèdent, à l’invitation des chercheurs, au vote : il s’agit d’élire les options agronomiques qui leur semblent les plus prometteuses.</p>
<p>Ils doivent également motiver leur choix, ce qui ouvre des débats contradictoires : à la grande surprise des chercheurs, les participants optent majoritairement pour les cultures « pures », c’est-à-dire celles qui correspondent aux usages locaux. Un comble pour un projet d’appui à l’innovation agroécologique qui prône les associations culturales ! Comment interpréter ce vote paysan ?</p>
<p>Il faut d’abord reconnaître que certaines des innovations testées ne sont pas encore agronomiquement au point. Les associations culturales n’ont pas toutes bien fonctionné en raison de phénomènes de compétition pour les nutriments et la lumière. Ensuite, il semble que les agriculteurs évaluent les innovations agroécologiques en se limitant à un critère de rendement à court terme. Le regain de fertilité et de biomasse fourragère que les plantes de service apportent n’a visiblement pas suffi à les convaincre, eux qui cherchent avant tout à sécuriser leur alimentation.</p>
<p>Accompagner la <a href="https://theconversation.com/defis-globaux-solutions-locales-au-senegal-avec-les-pionniers-de-lagroecologie-africaine-178352">transition agroécologique</a> ne doit donc pas se limiter à de simples expérimentations, aussi participatives soient-elles ; encore faut-il apporter de nouveaux cadres d’évaluation des performances agronomiques et se donner du temps pour progresser par essai et erreur dans la conception des systèmes de culture. Il faut enfin apporter des filets de sécurité alimentaire afin que les paysans puissent persister sans crainte dans l’innovation.</p>
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<span class="caption">Hamado Sawadogo et son équipe animent un atelier de co-évaluation des options agronomiques à Arbollé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<span class="caption">Lors de l’atelier de co-évaluation, les paysans votent pour les options d’intensification écologique les plus prometteuses. Les résultats du vote sont inscrits sur un tableau et engagent les débats.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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</figure>
<h2>Un réseau de producteurs-pilotes</h2>
<p>Dans les villages environnants, ce sont les paysans eux-mêmes qui prennent les rênes des essais agronomiques.</p>
<p>À l’issue de la première année du projet, ils ont sélectionné des innovations issues du champ central et ont testé ces dernières directement dans leurs parcelles. Les 15 producteurs engagés ont ainsi formé un réseau de « champs satellites » (par opposition au « champ central » évoqué plus haut). Fati Sawadogo, productrice à Arbollé, partage son expérience :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai découvert plusieurs associations culturales dans le champ central, et j’ai décidé de les répliquer chez moi à ma convenance […]. J’ai alterné deux lignes de sésame et deux lignes de niébé et comparé le résultat avec le niébé seul […]. Les nouvelles connaissances apportées par le projet me permettront à terme d’améliorer mes pratiques culturales. »</p>
</blockquote>
<p>Ce type d’essai multi-local facilite l’appropriation des innovations par les communautés paysannes.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Les champs satellites font l’objet d’un suivi régulier par les chercheurs et les techniciens du projet Fair Sahel. Après la récolte du niébé, les techniciens de l’AMSP et de l’INERA effectuent une pesée de la biomasse résiduelle afin d’estimer la valeur fourragère de la parcelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492295/original/file-20221028-27-mxa7qq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans les champs satellites, des agriculteurs expérimentent diverses techniques agroécologiques qui leur ont été présentées dans le champ central.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>Une base arrière pour l’innovation</h2>
<p>À 100 km d’Arbollé, dans la banlieue de Ouagadougou, la station agronomique de Gampela abrite des recherches agronomiques de pointe qui alimentent les dynamiques d’innovation conduites en milieux paysans.</p>
<p>Ici, des chercheurs du Cirad et de l’INERA testent une large gamme de « plantes de services » : mucuna, arachide, haricot mungo, crotalaire, bracharia… La majorité de ces espèces se trouvent déjà dans le milieu naturel en Afrique, mais leur intérêt agronomique n’avait jamais été étudié auparavant.</p>
<p>Lorsqu’elles sont cultivées en rotation ou en association avec le sorgho, ces plantes enrichissent les systèmes de culture en améliorant la fertilité des sols, en produisant du fourrage et/ou des denrées consommables. Une manière d’encourager les paysans à adopter des « jachères améliorées ». La station de Gampela est également un lieu de conservation et de sélection de variétés locales de sorgho.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492297/original/file-20221028-53112-sv6gb2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Haut : Louis Marie Raboin est agronome au Cirad, en poste à l’INERA au Burkina Faso depuis 2017. Il coordonne le programme de recherche de la station expérimentale de Gampela. Bas : David Boundaogo, technicien à la station expérimentale de Gampela, met en sac les panicules de sorgho destinées à la production de semences. Les sacs sont placés sur les inflorescences de sorgho afin de permettre l’autofécondation et donc conserver la pureté du patrimoine génétique des semences.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<p>Les essais de la station de Gampela ainsi que les champs centraux et satellites d’Arbollé ne sont qu’une composante d’un dispositif bien plus large. Le projet Fair Sahel soutient en effet des démarches de co-conception similaires dans d’autres régions du Burkina, ainsi que dans deux autres pays sahéliens, le Sénégal et le Mali.</p>
<hr>
<p><em>Amélie d’Anfray (Cirad) est co-autrice de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193470/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Belmin est membre du projet Desira Fair Sahel financé par l’Union européenne et l’AFD. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Amélie d’Anfray a reçu des financements de l’Union européenne et de l’AFD pour le projet FAIR Sahel. </span></em></p>Au Burkina Faso, malgré un contexte sécuritaire difficile, une équipe d’agronomes accompagne des producteurs de sorgho vers une agriculture plus intelligente et résiliente.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradAmélie d’Anfray, Agronome, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1900922022-09-14T18:08:45Z2022-09-14T18:08:45ZAu Sénégal, mobilisation pour protéger le plus grand gisement forestier du pays<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/484659/original/file-20220914-9486-bt5hhv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans la partie Sud-Est du Sénégal (ici à Medina Yoro Foulah), les forêts sont menacées par des feux de brousse et la coupe abusive. Les acteurs de la DyTAES se mobilisent pour enrayer la déforestation.</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Du 7 février au 12 mars 2022, la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES) – réseau qui fédère l’ensemble des acteurs de l’agroécologie du pays – <a href="https://theconversation.com/fr/topics/la-caravane-de-lagroecologie-126986">a entrepris une grande caravane</a> pour rencontrer les agriculteurs et agricultrices du pays.</p>
<p>Après un périple de 25 jours ponctué de multiples étapes, les caravaniers ont atteint les départements de Kolda, Velingara et Tambacounda, situés dans le sud-est du Sénégal, une zone forestière de première importance soumise à de multiples pressions.</p>
<h2>Face à face avec des coupeurs de bois clandestins</h2>
<p>Cette forêt, Oumar Dème la connaît depuis son enfance. Il l’a vue se dégrader d’année en année, sous l’agression des feux de brousse et des machettes. En 2014, lorsqu’il est devenu maire de sa commune, Ndoga Babacar (département de Tambacounda), il a décidé de consacrer son mandat à lutter contre le fléau de la déforestation illégale.</p>
<p>Un pari particulièrement risqué dans cette zone frontalière du Sénégal, en proie à la pauvreté, à la corruption et à la circulation des trafiquants de tous genres. Avec l’appui des habitants, le nouveau maire a construit un réseau de surveillance communautaire qui lui permet de savoir ce qui se passe dans chaque parcelle forestière de sa commune.</p>
<p>Un jour d’août 2019, ses informateurs lui ont révélé la présence d’un camp illégal de coupeurs de bois dans une zone reculée, à seulement quelques kilomètres de la frontière gambienne. Il prend alors une décision frappante : se rendre lui-même sur site accompagné de la presse et d’une poignée de militants afin de surprendre les exploitants clandestins !</p>
<p>Arrivé sur place, le groupe découvre une cinquantaine de jeunes hommes et femmes épuisés, le regard hagard, certains semblant en très mauvaise santé. En face des caméras, le maire sermonne le chef de camp et lui rappelle les règles d’utilisation de la forêt en vigueur dans sa commune.</p>
<p>Trois années plus tard, en 2022, alors que la nouvelle caravane de la DyTAES sillonne le pays, le constat est amer : à Ndoga Babacar comme dans tout le sud-est du Sénégal, la situation des forêts s’est dégradée.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482997/original/file-20220906-4758-cd3fh8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les ouvriers d’un camp illégal de coupe de bois et de charbonnage, dans une zone isolée du Sénégal oriental à la frontière sénégalo-gambienne. Ces jeunes hommes originaires de Guinée forestière vivent avec leur famille dans des conditions précaires, sans accès à l’eau ni aux soins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD</span></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482998/original/file-20220906-24-361j37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Camp illégal de coupe de bois (charbonnière, ouvrier et fagots) dans la forêt aménagée de la commune de Ndoga Babacar (département de Tambacounda) ; en août 2019, Oumar Dème (en bleu), maire de la commune, a organisé une conférence de presse dans ce camp.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD</span></span>
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</figure>
<h2>Une région forestière menacée par les activités humaines</h2>
<p>La région Sud-Est du Sénégal est pourtant gâtée par la nature. Contrastant drastiquement avec le reste du pays, cette zone subtropicale bénéficie de précipitations abondantes, en moyenne 730 mm/an.</p>
<p>Ce climat clément permet de maintenir le plus grand gisement forestier du pays. La région est connue pour ses forêts classées, dont le parc national du Niokolo-Koba, inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’Unesco, abritant une faune et flore très riches. Cependant, à travers la fenêtre des voitures, les caravaniers observent le long des routes des tapis de cendres noires et une savanisation galopante. Triste conséquence du charbonnage, des feux de brousse anthropiques, de l’exploitation forestière et de la mise en culture de nouvelles terres.</p>
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<span class="caption">Producteur maraîcher dans une zone de front pionnier de Medina Yoro Foulah (département de Kolda).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<p>Malgré une volonté politique de protéger les forêts, ces dernières disparaissent à un rythme effréné. Entre 1990 et 2015, les <a href="https://inondations-dakar.org/dataset/rapport-sur-l-etat-de-l-environnement-au-senegal-2015/resource/4c161442-52bd-4770-9b5d-f063452929ab">forêts sont passées de 9,3 à 8,2 millions d’hectares au Sénégal</a>, enregistrant une perte moyenne annuelle de 40 000 ha.</p>
<p>Mactar Diop, préfet du département de Kolda, est conscient du désastre environnemental qui se joue : « la coupe du bois, les défrichements irréguliers pour la production agricole et les feux de brousse anthropiques causent la disparition de beaucoup d’espèces animales et végétales ». Le commerce illicite de bois entre le Sénégal et la Gambie contribue à la disparition progressive d’espèces forestières comme le vène (<em>Pterocarpus erinaceus</em>) et le kapokier (<em>Ceiba pentandra</em>).</p>
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<span class="caption">Parcelle forestière après un feu de brousse dans le département de Kolda.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD</span></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484590/original/file-20220914-16-v5bblw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Chaque année, les populations du département de Kolda mettent le feu aux forêts et aux jachères. Le brûlage permet de défricher rapidement les sous-bois et de stimuler la croissance de la biomasse herbacée pour nourrir le bétail. Cette pratique, lorsqu’elle n’est pas bien maîtrisée, peut également tuer les arbres et dégrader les sols.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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</figure>
<h2>Une agroécologie protectrice des forêts</h2>
<p>Lors de son passage dans le sud-est du Sénégal, la caravane DyTAES a mis en lumière plusieurs initiatives de lutte contre les feux de brousse anthropiques et la coupe abusive des arbres.</p>
<p>À Kolda, deux communes contiguës (Niaming/Médina Yoro Foulah) se sont coordonnées depuis 2020 pour mettre en défens une parcelle forestière de 20 hectares. Bien que de petite échelle, cette initiative a montré qu’avec un engagement fort des collectivités territoriales, il était possible de mettre un coup d’arrêt rapide à la déforestation.</p>
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<p>Dans le département de Vélingara, plusieurs comités de gestion des catastrophes naturelles ont été créés avec l’appui de l’ONG World vision. Ces comités organisent un réseau de surveillance et d’alerte contre l’élagage illégal des arbres. Ils implantent également des haies « pares-feux » en privilégiant l’anacardier, une essence qui produit les délicieuses noix de cajou et qui constitue une excellente barrière naturelle contre la propagation des incendies.</p>
<p>À Tambacounda, l’ONG Enda Pronat fait la promotion à grande échelle de la régénération naturelle assistée, une pratique qui consiste à protéger les jeunes arbres qui apparaissent spontanément (plutôt que de planter de nouveaux arbres).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/484592/original/file-20220914-1785-zlu3u9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le secrétaire du comité environnemental de veille de la forêt de Niaming/Médina Yoro Foulah, dans le Sud-Est du Sénégal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=203&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=203&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=203&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=255&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=255&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483003/original/file-20220906-18-e9yk9u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=255&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Visite par les caravaniers de la forêt mise en défens de Niaming/Médina Yoro Foulah ; L’anacardier, en plus de produire des noix, permet de construire des haies vives pare-feux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD ; Malick Djitté/FONGS</span></span>
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<h2>Semer les graines du changement</h2>
<p>Lutter contre la déforestation passe également par une sécurisation et une diversification des moyens d’existence des populations. Dans le sud-est du Sénégal, ces dernières dépendent principalement de l’élevage, de la production de coton, de la riziculture et des cultures d’autosubsistance (niébé, fonio, mil, maïs, etc.).</p>
<p>Malheureusement, ces spéculations subissent de plein fouet les effets négatifs de la révolution verte. En particulier, le coton est en proie à une utilisation importante et abusive de pesticides parfois non homologués ; une situation rendue possible par le manque d’encadrement des producteurs et la porosité de la frontière sénégalo-gambienne.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483004/original/file-20220906-16-t31vm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Culture conventionnelle de coton à Koussanar (département de Tambacounda) ; moissonneuses-batteuses utilisées en riziculture intensive à Anambe (département de Velingara) ; Élevage intensif de volailles à Medina Yoro Foulah (département de Kolda).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD</span></span>
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<p>Lors des étapes sud-est de la caravane, les participants ont rencontré plusieurs initiatives agroécologiques visant à réduire la dépendance des paysans et paysannes vis-à-vis des intrants extérieurs (pesticides, engrais et semences).</p>
<p>Dans le département de Vélingara, par exemple, la ferme agroécologique Biolopin à Djimini intègre intelligemment l’arboriculture, le maraîchage bio, l’élevage et la production de plantes médicinales. La ferme produit, améliore et diffuse des « semences paysannes » en collaboration avec l’Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes (ASPSP).</p>
<p>Rustiques, résistantes et peu coûteuses, ces semences paysannes offrent une alternative précieuse aux semences distribuées par les compagnies agrosemencières, particulièrement gourmandes en intrants chimiques et dont la productivité diminue à chaque cycle cultural.</p>
<p>Lamine Biaye, fondateur de Biolopin, rappelle qu’« en agroécologie, il ne faut pas dépendre des semences extérieures […] ; il faut au contraire les produire soi-même pour être autonome. Il y a un grand vent de transition agroécologique à travers le monde, mais il n’y a pas de transition agroécologique sans semences paysannes ».</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/483005/original/file-20220906-26-oak4z6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Visite d’un « grenier traditionnel amélioré » avec l’appui de Am Be Koun – Solidarité ; Semences et farine de mil ; Lamine Biaye, fondateur de Biolopin, présente sa collection de « semences paysannes ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD ; Malick Djitté/FONGS</span></span>
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<p>Dans le département de Tambacounda, les producteurs sont également sur la voie de l’autonomisation semencière. Des banques céréalières villageoises ont été créées par l’ONG CARITAS dans 20 villages, bénéficiant à 1020 producteurs et productrices sur une superficie totale de 213 hectares.</p>
<p>À Koussanar, l’ONG ActionAid et la Fédération Yakar Niani Wouli ont mis en place une production écologique de semences bénéficiant à 40 femmes issues de 6 villages. À Saré Nopi, l’organisation Am Be Koun-Solidarité (ABK-S) a modernisé le grenier traditionnel « kourou-kourou » afin d’améliorer les conditions de conservation et de préservation des semences.</p>
<p>Après leur périple de 34 jours à travers le Sénégal, les acteurs de la caravane DyTAES vont se consacrer à la capitalisation des résultats obtenus sur le terrain et à l’ouverture d’un nouveau cycle de dialogue avec le gouvernement sénégalais. Une manière de porter la voix des ruraux du pays et d’alimenter le « plan Sénégal Émergent Vert » en cours d’élaboration.</p>
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<p><em>Laure Diallo est co-autrice de cet article. Retrouvez tous les articles sur la grande caravane de l’agroécologie au Sénégal en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/la-caravane-de-lagroecologie-126986">cliquant ici</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190092/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les étapes de la caravane évoquées dans cet article ont été organisées par les membres de la DyTAES avec l’appui financier du projet Fair Sahel (Union Européenne), de MISEROR, de Action Aid, de l’Agence Française de Développement, du Cadre National de Concertation des Ruraux (CNCR) et de Bel Fondation d’Entreprise.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Raphaël Belmin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour la dernière étape de la grande caravane de l’agroécologie 2022, cap sur la plus grande zone forestière du pays.Marie-Liesse Vermeire, Chercheuse en écologie du sol, CiradRaphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1840972022-07-25T19:54:39Z2022-07-25T19:54:39ZAgriculture, alimentation, environnement, santé : à quand des politiques enfin cohérentes ?<p>Les acteurs des politiques publiques se disent conscients de l’urgence à lutter contre les pollutions, la perte de biodiversité, le changement climatique et contre les maladies chroniques liées à l’alimentation et à l’environnement. Les politiques propres à chaque ministère n’abordent cependant souvent qu’une facette de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0306919220300336">ces problèmes, très interdépendants</a>.</p>
<p>Ces politiques en silo échouent souvent à atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés ou génèrent des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301479720308732">effets rebonds</a>, c’est-à-dire des effets indésirables dans un autre domaine.</p>
<p>C’est pourquoi des politiques plus transversales, à l’image de ce qui est initié pour la planification écologique, devraient être renforcées, et étendues aux enjeux de santé. La coordination de ces différentes politiques est aussi à renforcer à l’échelle des territoires où il plus facile de mobiliser les différents acteurs du système alimentaire.</p>
<h2>Une agriculture révisée pour le climat et l’énergie</h2>
<p>Pilotée par le Ministère de la transition écologique, la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc">stratégie nationale bas carbone</a> comprend un volet agricole pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, augmenter la séquestration de carbone dans les sols et produire de l’énergie.</p>
<p>L’objectif fixé en 2015 était de diviser les émissions par deux <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/2020-03-25_MTES_SNBC2.pdf">pour 2050</a>. Le Haut Conseil pour le climat <a href="https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2021/06/HCC-rappport-annuel-2021.pdf">alerte aujourd’hui</a> sur le rythme de réduction insuffisant au vu des enjeux d’atténuation. Les <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/full_html/2021/01/cagri200229/cagri200229.html">recherches</a> montrent que les bonnes pratiques agricoles ne suffiront pas à elles seules à atteindre les objectifs ; il faudrait par exemple réduire d’environ 50 % la consommation de viande, ce qui nécessiterait un redimensionnement de l’élevage.</p>
<p>Depuis peu, les agriculteurs se saisissent du <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/label-bas-carbone">label « bas carbone</a> » pour stocker du carbone dans les sols moyennant rétribution. Sachant que pour aboutir à de la matière organique stable encapsulant ce carbone il faut apporter 100 g d’azote par kg de carbone, cet apport d’azote devrait provenir des légumineuses plutôt que des engrais de synthèse dont la fabrication nécessite du gaz naturel et contribue à d’importantes émissions de protoxyde d’azote dans l’atmosphère.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-francais-ont-delaisse-les-legumes-secs-62757">Pourquoi les Français ont délaissé les légumes secs</a>
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<p>Par ailleurs, la <a href="https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/dechets/passer-a-laction/valorisation-organique/methanisation">méthanisation</a> alimentée par des déjections animales risque de créer un appel à plus d’élevage, maintenant l’objectif productiviste de l’agriculture.</p>
<p>Pour éviter ces déviances, il faut donc concevoir une politique répondant conjointement aux trois objectifs : production alimentaire et énergie, séquestration de carbone.</p>
<h2>Une agriculture repensée pour une alimentation saine</h2>
<p>Le programme national nutrition santé recommande aujourd’hui de consommer plus de légumineuses, de fruits et légumes, si possible bio, et moins de viande (limitée à 500 grammes de viande rouge et 150 grammes de charcuteries/semaine).</p>
<p>Tout en respectant [la <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-prot%C3%A9ines">recommandation de 1 gramme de protéines par kg de poids corporel pour un adulte</a>] sédentaire (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-%C3%A9tudes-inca">contre 1,4 d’après les études INCAs</a>), il est possible de diviser en moyenne par deux la quantité de viande consommée, voire plus en ne consommant qu’un tiers de protéines animales grâce à une <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/fr/articles/cagri/abs/2021/01/cagri200229/cagri200229.html">plus grande végétalisation de l’assiette</a>.</p>
<p>Les ministères concernés doivent l’encourager pour la santé des consommateurs et de l’environnement, tout en accompagnant la transformation requise des <a href="https://www.lafabriqueecologique.fr/les-prairies-et-lelevage-de-ruminants-au-coeur-de-la-transition-agricole-et-alimentaire">filières</a>.</p>
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<p>Consommer des légumineuses deux fois par semaine nécessiterait, par exemple, de quintupler leur surface cultivée ! Or le ministère de l’Agriculture ne précise pas comment libérer ces surfaces, alors même qu’il veut réduire les importations de tourteaux de soja américain. Or, sans réduction préalable de l’élevage et sans réattribution des terres à la culture de légumineuses, il est impossible de répondre aux enjeux de santé et de climat.</p>
<p>Soulignons que notre consommation de fruits et légumes frais est en grande partie importée – à <a href="https://www.interfel.com/wp-content/uploads/2018/01/dp-interfel_importation-fruits-exotiques-agrumes_29112017.pdf">31 % pour les légumes et 60 % pour les fruits</a>. Pour les noix, par exemple, décupler les surfaces couvrirait à peine plus de 50 % des besoins théoriques des Français en fruits à coque. La production de fruits et légumes doit donc être bien plus soutenue qu’elle ne l’est par les politiques publiques (0,11 %) de <a href="https://www.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=11568&PHPSESSID=u51dkomb619fjl0ka94t341386">la PAC</a>.</p>
<p>Le programme national nutrition santé encourage aussi la consommation de céréales complètes bio pour leur apport en fibres et leur qualité sanitaire, mais nous en importons déjà 75 000 tonnes alors que 90 % des Français ne consomment pas suffisamment de fibres et d’antioxydants.</p>
<p>Il est dès lors évident que la proposition du gouvernement de soutenir dans un premier temps l’agriculture biologique (AB) et la certification haute valeur environnementale (HVE) au même niveau témoigne du manque d’ambition pour une forte transition agroécologique comme le souligne la <a href="https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/food-farming-fisheries/key_policies/documents/observation-letter-france-annex_fr.pdf">Commission européenne dans un récent avis</a>.</p>
<p>En effet, l’HVE réduit bien moins <a href="https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/food-farming-fisheries/key_policies/documents/observation-letter-france-annex_fr.pdf">l’exposition aux pesticides</a>. D’autre part, il est prévu de <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/opendata/AVISANR5L15B0264-tIII.html">supprimer les aides au maintien de l’agriculture biologique</a>.</p>
<p>Enfin, les programmes actuels de financement de la recherche poussent à investir sur <a href="https://agriculture.gouv.fr/plan-proteines-vegetales">l’ultra-transformation des protéines végétales, au lieu de favoriser la transformation sobre des graines entières</a>.</p>
<p>Mais cette ultra-transformation (cause) – <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00394-021-02786-8">associée le plus souvent à de l’« ultra-formulation » (effet) pour corriger la dégradation excessive des matrices alimentaires d’origine</a> (ajout de nombreux agents cosmétiques type arômes, modificateurs de goûts, texturants, colorants…) – s’accompagne de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/consumption-of-ultraprocessed-foods-and-health-status-a-systematic-review-and-metaanalysis/FDCA00C0C747AA36E1860BBF69A62704">risques accrus de maladies chroniques</a>.</p>
<h2>Pesticides et azote : une vision trop restrictive</h2>
<p>Les différents plans Ecophyto (2015, 2018, 2020) ne sont pas parvenus à leur objectif de diviser par deux l’utilisation des pesticides malgré un <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/note_de_suivi_plan_ecophyto_2019-2020.pdf">soutien financier conséquent</a>.</p>
<p>Les efforts ont porté sur l’amélioration de l’efficience (le bon produit, au bon moment, à la bonne dose) ou la substitution (remplacer un pesticide de synthèse par un produit de biocontrôle), et non sur une reconception des systèmes permettant une <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/full_html/2017/01/cagri160188/cagri160188.html">diversification des cultures et de notre alimentation</a>.</p>
<p>Pour renforcer la protection des cultures par les « ennemis » naturels, la recherche souligne la nécessité de combiner <a href="https://hal.inrae.fr/hal-0279095">plusieurs leviers</a> : diversité des espèces cultivées, des sols en bonne santé, des surfaces des parcelles réduites et 20 % d’infrastructures paysagères… Or ces leviers sont encore peu pris en compte dans les politiques agricoles.</p>
<p>En outre, les normes actuelles sur les limites maximales de résidus de pesticides <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006498">ne suffisent pas</a> : leur danger pour notre santé provient des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/15592294.2020.1853319">effets cocktails</a> qui sont plus qu’additifs, ainsi que des effets non considérés <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02282298">sur notre microbiote intestinal</a>.</p>
<p>Malgré les <a href="https://programme-nitrate.gouv.fr/comprendre/reglementation-ancienne-reduire-pollutions-leau-sa-conception-a-sa-mise-oeuvre-ses-effets">politiques dédiées depuis 1991</a>, les émissions d’azote dans l’environnement (nappes phréatiques autant qu’eaux de surface) restent à un niveau critique.</p>
<p>Entre <a href="https://programme-nitrate.gouv.fr/comprendre/lazote-est-element-indispensable-a-lagriculture-il-peut-entrainer-pollutions">2000 et 2018</a>, le nombre de captages abandonnés pour cause de pollution a doublé. Repenser la place de l’élevage et des légumineuses est urgent : pour produire 100 g de protéines, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749111001941">pertes d’azote</a> sont de 250 g pour le bœuf contre 4,5 g pour les légumineuses !</p>
<h2>Les limites de l’étiquetage nutritionnel et environnemental</h2>
<p>Le ministère de la Santé ne prend pas certaines mesures essentielles pour atteindre ses propres objectifs. Le 4<sup>e</sup> programme national nutrition santé propose de <a href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=648">réduire de 20 %</a> la consommation d’aliments ultra-transformés <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/13/7433">(35 % des calories chez les adultes et 46 % chez les enfants)</a>, mais le NutriScore, pilier des politiques de santé censé accompagner le consommateur dans ses choix, ne tient pas compte de cette caractéristique en premier choix, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09637486.2022.2060951">alors que 57 % des produits industriels notés A et B sont des aliments ultra-transformés</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-peut-on-repenser-leducation-a-lalimentation-157375">Comment peut-on repenser l’éducation à l’alimentation ?</a>
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<p>Autrement dit, les objectifs de santé publique ne peuvent être atteints.</p>
<p>Par ailleurs, l’objectif de <a href="https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/etude/affichage-environnemental-alimentaire-reveler-les-visions-pour">l’affichage environnemental</a> en cours d’élaboration est louable : sensibiliser les consommateurs aux impacts environnementaux de leur alimentation, notamment la consommation trop élevée de protéines animales. Mais des divergences existent selon le <a href="https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/etude/affichage-environnemental-alimentaire-reveler-les-visions-pour">modèle de production</a>.</p>
<p>Ainsi, un modèle agroécologique s’affranchissant au maximum des intrants conduira à favoriser un élevage à l’herbe, cohérent avec les enjeux environnementaux, alors qu’un modèle basé sur les technologies de la robotique, du numérique et de la génétique favorise des animaux élevés en bâtiment.</p>
<h2>Pour des politiques territorialisées</h2>
<p>Ces politiques publiques « en silos », sectorielles (agriculture, alimentation, environnement, santé) et réductionnistes, ne permettent donc pas structurellement de relever les défis sanitaires et environnementaux : elles ne les traitent chacune qu’en partie et génèrent des effets rebond.</p>
<p>L’excès d’utilisation d’azote, de pesticides, de consommation de viande et d’aliments ultra-transformés, entraîne des coûts cachés non <a href="https://up-magazine.info/securite-alimentaire-2/98069-les-couts-caches-de-notre-alimentation/">payés directement</a> par le consommateur : pour 1 euro dépensé en alimentation, la société doit en dépenser presque 2 pour <a href="https://issuu.com/chaireunescoadm/docs/01-sowhat-19_2022-fr_23mai">réparer la santé et l’environnement</a></p>
<p>Pour la nécessaire refonte de notre système alimentaire, il faut donc dépasser les outils classiques d’action publique (subventions et taxes, normes et étiquetages) en les coordonnant au sein d’un pôle composé par <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02864749">ces quatre domaines d’action</a>.</p>
<p>Pour cela, seules des politiques territorialisées permettront de décliner les ambitions nationales pour tenir compte à la fois des spécificités des territoires (sol, climat, entreprises…) et faciliter la concertation entre la <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02465471">société civile</a> et les acteurs économiques. En ce sens, les <a href="https://agriculture.gouv.fr/comment-construire-son-projet-alimentaire-territorial">projets alimentaires territoriaux</a> constitueraient une échelle d’action privilégiée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184097/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Duru est membre des comités scientifiques de SIGA et de PADV (Pour une Agriculture Du Vivant). Il est au conseil d'administration de l'association Solagro.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anthony Fardet est membre des comités scientifiques de Siga, Wuji & co, MiamNutrition, Complexus Care, Regenerative Society Foundation, Centre européen d'excellence ERASME Jean Monnet pour la durabilité, Projet Alimentaire Territorial Grand Clermont-PNR Livradois Forez, Collectif Les Pieds dans le Plat et Association Alimentation Durable. Il est aussi adhérent et membre des associations auvergnates GREFFE, AuSI et ANIS Etoilé.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Pierre Sarthou est membre du conseil scientifique de Pour une Agriculture du Vivant (PADV)
Cofinancement d'une bourse de thèse par PADV</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Benoît Magrini a reçu des financements de l'ANR et de programmes européens H2020.</span></em></p>Pollutions, perte de biodiversité, changement climatique, mais aussi maladies chroniques liées à l’alimentation et à l’environnement : autant de problématiques à aborder de façon transversale.Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), InraeAnthony Fardet, Chargé de recherche, UMR 1019 - Unité de Nutrition humaine, Université de Clermont-Auvergne, InraeJean-Pierre Sarthou, Professeur INP-ENSAT en agronomie et agroécologie, InraeMarie-Benoît Magrini, Économiste, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1801782022-06-08T17:47:44Z2022-06-08T17:47:44ZNumérique et agroécologie font-ils bon ménage ? Le cas de l’élevage<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/464975/original/file-20220524-13-atjvta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1920%2C1281&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Suivre les vocalises des cochons pourrait permettre de repérer des changements de comportements.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/les-cochons-animaux-3967549/">Peggychoucair/pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Contrairement à certaines idées reçues, les agriculteurs possèdent en moyenne <a href="https://labo.societenumerique.gouv.fr/2019/07/02/les-agriculteurs-de-plus-en-plus-connectes/">plus d’équipements numériques que le reste de la population en France</a>. Ainsi, 67 % d’entre eux possèdent un ordinateur fixe, 60 % un ordinateur portable, 42 % une tablette et 71 % un smartphone.</p>
<p>Le secteur de l’élevage est par ailleurs le plus équipé parmi tous les secteurs de la production agricole : capteurs, logiciels de gestion de troupeau, robots de traite, d’alimentation ou de nettoyage… Les caméras fixes pour la surveillance des animaux constituent par exemple l’équipement le plus répandu dans les fermes.</p>
<p>Que faut-il en penser, quand on connaît les controverses actuelles autour des activités d’élevage ?</p>
<p>Les technologies du numérique seront-elles un levier pour opérer la nécessaire transition agroécologique des systèmes d’élevage, en permettant un suivi plus fin, plus individualisé, en limitant voire en supprimant les traitements curatifs ?</p>
<p>Ou bien sont-elles au contraire incompatibles avec la transition agroécologique, dans la mesure où elles ont un coût élevé, contribuent au réchauffement climatique et se substituent aux compétences humaines (surveillance, pilotage) ?</p>
<p>L’idée d’une possible synergie entre le numérique et <a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-science-a-comme-agroecologie-165114">l’agroécologie</a> ne fait ainsi pas l’unanimité, y compris au sein de la communauté scientifique.</p>
<h2>D’un élevage de clones à un élevage « sur mesure »</h2>
<p>Les promoteurs du numérique au service de la transition agroécologique des élevages et de l’agriculture en général défendent l’idée selon laquelle les technologies permettent désormais de tirer parti de la diversité des individus au sein d’un troupeau, et non plus de la subir.</p>
<p>Depuis quelques années, le modèle ultime visé par certains chercheurs était celui d’un troupeau composé de clones, individus tous identiques. Cela était censé permettre de maximiser les performances, tout en simplifiant la conduite.</p>
<p>Il est désormais admis que la <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02930201">diversité est un atout</a>, à condition de savoir la maîtriser.</p>
<p>Grâce à l’évolution des connaissances et aux outils du numérique, il devient possible de suivre les processus biologiques en temps réel, pour chaque individu (pour certaines espèces) et non plus systématiquement sur l’ensemble d’un groupe. C’est le concept d’élevage « sur mesure ».</p>
<h2>L’agriculture à l’heure du big data</h2>
<p>Rappelons que l’agroécologie repose sur la mobilisation des mécanismes biologiques naturels (processus écologiques), dans l’objectif d’éviter les intrants indésirables, en particulier ceux dont la production fait appel à des ressources non renouvelables, comme les hormones ou les engrais de synthèse, ou encore les médicaments, dont les antibiotiques.</p>
<p>Par exemple, le recours aux légumineuses dans les prairies (trèfle, luzerne…) permet d’économiser des engrais chimiques, grâce à leur aptitude à capter l’azote atmosphérique. Des plantes aux vertus thérapeutiques dans les parcours des volailles élevées en plein air contribuent à préserver la santé des animaux, etc.</p>
<p>Pour appliquer ces principes, le numérique permet la production de données en très grandes quantités (les « big data »), mises en relation entre elles dans le cadre d’une approche systémique. Ce processus d’acquisition de données en grand nombre est appelé le <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/animal/article/opinion-paper-monitoring-te-salutant-combining-digital-sciences-and-agroecology-to-design-multiperformant-livestock-farming-systems/FEFFAA889D330A8DC19B424D5AABDB8F">phénotypage à haut débit</a>.</p>
<p>Ces données sont ensuite traitées par des bioinformaticiens, des statisticiens ou encore des spécialistes de l’intelligence artificielle, dont l’objectif est d’identifier des relations entre elles.</p>
<p>Par exemple, des chercheurs ont montré que les porcs ont un répertoire vocal étendu, certains sons pouvant être associés à des émotions positives et d’autres à des émotions négatives. Cela pourrait être utilisé à des fins de <a href="https://www.inrae.fr/actualites/bien-etre-animal-quand-lintelligence-artificielle-traduit-vocalisations-porcs">surveillance des animaux dans les élevages</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/DnjYW7hcakk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Des capteurs connectés peuvent également permettre une meilleure détection des chaleurs des vaches. INRAE, YouTube.</span></figcaption>
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<p>Le recours massif au numérique n’est toutefois pas sans impact du point de vue environnemental : les infrastructures dont il dépend sont en effet très gourmandes en ressources, et notamment en terres rares.</p>
<p>Les estimations actuelles prévoient ainsi un <a href="https://www.greenly.earth/blog-fr/pollution-numerique">épuisement de certaines ressources nécessaires au numérique</a> à échéance de moins de 20 ans.</p>
<h2>Éviter le risque d’un métier vidé de son contenu</h2>
<p>Pour l’éleveur, l’enjeu du numérique en élevage réside dans la plus-value générée par les informations mises à sa disposition.</p>
<p>Ainsi, il est très important d’identifier celles qui sont utiles au pilotage de son système d’élevage, de mieux cerner les usages possibles du numérique et d’éviter de submerger les éleveurs avec des informations. Ils peuvent ainsi garder du sens dans leur métier, et voir leurs compétences valorisées.</p>
<p>Le numérique permet alors aux éleveurs de prendre des décisions éclairées grâce à des données pertinentes, sans laisser des robots décider à leur place.</p>
<p>Les relations humain-animal sont en effet au cœur des activités d’élevage et l’affectivité en <a href="http://journals.openedition.org/ruralia/278">fait partie intégrante</a>, avec des notions de plaisir ou au contraire de souffrance au travail. Le recours au numérique ne doit pas faire disparaître ces dimensions au fondement du métier d’éleveur.</p>
<p>Le risque du numérique est de voir son activité vidée de contenu et de sens, les tâches de surveillance des animaux étant transférées vers la surveillance des équipements de monitoring. Cela peut engendrer du stress (alarmes trop nombreuses, pannes, dysfonctionnements) et implique des compétences nouvelles.</p>
<p>En corollaire, la possibilité d’insérer de nouvelles technologies en élevage constitue aussi une source de motivation potentielle pour les jeunes et un moyen de susciter des vocations.</p>
<h2>Quel gain économique à terme ?</h2>
<p>Le coût parfois élevé de ces technologies constitue un argument majeur contre leur déploiement, en particulier dans les structures de petite taille.</p>
<p>Pour que les éleveurs les intègrent dans leur système, il est nécessaire qu’elles permettent des économies par ailleurs, et que le revenu soit au final au moins égal et si possible supérieur à la situation antérieure (avec un travail plus facile).</p>
<p>Les pistes d’économie permises par ces nouvelles technologies portent essentiellement sur l’aliment et sur les médicaments.</p>
<p>Pour l’alimentation des porcs, par exemple, <a href="https://doi.org/10.1093/af/vfz006">l’économie potentielle est estimée</a> à 8 % pour les coûts de production, 25 % pour la consommation d’azote et de phosphore, 40 % pour les rejets azotés et 6 % pour les émissions de gaz à effet de serre, si l’on ajuste les apports aux besoins individuels de chaque animal.</p>
<p>Pour les médicaments, un enjeu majeur est de réduire l’usage des antibiotiques et donc le risque <a href="https://theconversation.com/porcelet-bacteries-et-antibioresistance-un-trio-dangereux-pour-la-sante-humaine-104723">d’antibiorésistance</a>, y compris pour les humains. Une détection précoce des anomalies, avant l’apparition de symptômes détectables par l’éleveur, aiderait à aller dans ce sens.</p>
<p>La surveillance des élevages porcins sur la base des vocalisations des animaux, présentée précédemment, en est un exemple. Des systèmes de caméras vidéo dans les étables de vaches laitières, ou dans les bâtiments hébergeant des volailles, permettent également de détecter des anomalies comportementales très précoces, <a href="https://productions-animales.org/article/view/2478">avant que l’éleveur ne puisse les repérer lui-même</a>.</p>
<h2>Des applications aussi pour les systèmes agropastoraux</h2>
<p>Les systèmes agropastoraux sont des systèmes dans lesquels les animaux explorent des espaces ouverts, avec une végétation spontanée, très diversifiée (les surfaces pastorales incluent les estives, les broussailles, les sous-bois, etc.).</p>
<p>Il est alors très difficile d’avoir une connaissance fine de l’état du système, par exemple la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23257276/">valeur alimentaire de ce que prélèvent les animaux</a>.</p>
<h2>Inclure les utilisateurs dans les réflexions</h2>
<p>L’évaluation des impacts humains et sociétaux (compétences des éleveurs, pression de surveillance, acceptabilité sociale d’une surveillance de l’animal potentiellement perçue comme « déléguée aux machines ») devra nécessairement être réalisée en collaboration avec les disciplines des sciences sociales et humaines.</p>
<p>Ces travaux doivent bien évidemment inclure les éleveurs eux-mêmes, dans la cadre de suivis, d’enquêtes et surtout de démarches participatives, garante de l’acceptabilité et de l’appropriation des innovations générées. Le développement actuel des réflexions sur les recherches participatives trouve ici un domaine d’application particulièrement adéquat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180178/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Ingrand ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’utilisation accrue du numérique pourrait permettre un meilleur suivi individuel des animaux d’élevage. Cette digitalisation a cependant un coût financier et environnemental.Stéphane Ingrand, Chef adjoint du département de recherche « Physiologie animale et systèmes d’élevage », InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1817402022-04-27T18:20:07Z2022-04-27T18:20:07ZEn Casamance, le pari de l’agroécologie pour endiguer l’exode de la jeunesse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/459479/original/file-20220425-18-ovv7cz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En Basse Casamance, la pauvreté rurale et la dégradation de l’environnement conduisent chaque année de nombreux jeunes à tout quitter pour s’aventurer sur les routes de l’émigration.</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Du 7 février au 15 mars 2022, la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (<a href="https://dytaes.sn/">DyTAES</a>) – réseau qui fédère la plupart des acteurs de l’agroécologie du pays – a entrepris une <a href="https://theconversation.com/au-senegal-la-grande-caravane-de-lagroecologie-reprend-la-route-176575">grande caravane pour rencontrer les agriculteurs et agricultrices sénégalais</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte des 45 départements du Sénégal de 2008 à 2021.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9partements_du_S%C3%A9n%C3%A9gal#/media/Fichier:Senegal,_administrative_divisions_in_colour_2.svg">Amitchell125/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Après les <a href="https://theconversation.com/avec-la-caravane-de-lagroecologie-au-senegal-dans-la-zone-des-niayes-pour-aborder-la-gestion-de-leau-177076">Niayes</a>, le <a href="https://theconversation.com/quelle-agroecologie-pour-le-sahel-rencontre-avec-les-agropasteurs-du-nord-senegal-177850">Nord-Sénégal</a> et le <a href="https://theconversation.com/dans-le-bassin-arachidier-du-senegal-lagroforesterie-tente-de-retrouver-sa-place-179850">Bassin arachidier</a>, les caravaniers ont fait escale dans le département de Bignona en Basse Casamance.</p>
<p>Ici, la jeunesse se cherche un avenir et hésite entre émigration et retour à la terre.</p>
<h2>Le difficile retour des émigrés</h2>
<p>À force de travail acharné, Ousmane Sambou a réussi un pari que beaucoup pensaient impossible : transformer 1,5 hectare de friche stérile en un verger verdoyant et productif. Les limettiers et les orangers sont encore juvéniles, mais ils assureront bientôt un revenu stable pour le jeune homme, son épouse et leur nouveau-né.</p>
<p>Ousmane Sambou revient pourtant de loin. Comme beaucoup de jeunes de la Basse Casamance, il avait décidé de fuir un monde qu’il jugeait sans avenir, tentant le tout pour le tout sur les routes de l’exil. Mais son voyage pour l’Europe a tourné au cauchemar lorsqu’il était tombé entre les mains d’un groupe libyen malveillant. Secouru par un programme des Nations unies, Ousmane Sambou est parvenu à rentrer chez lui en 2016. Depuis, il se bat pour se reconstruire et aller de l’avant :</p>
<blockquote>
<p>« Ce que j’ai vécu là-bas, il est préférable que vous ne le sachiez pas… »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/459482/original/file-20220425-79183-yzy9b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ancien migrant, Ousmane Sambou a pris un nouveau départ en s’installant en agriculture.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le groupe de visiteurs de la DyTAES écoute silencieusement son histoire, les yeux rougis par l’émotion. Le doyen Abdou Hadji Badji, qui guide la visite, explique que le cas d’Ousmane Sambou n’a rien d’exceptionnel.</p>
<p>En Basse Casamance, comme partout au Sénégal, les jeunes se détournent de l’agriculture pour partir tenter leur chance en ville, dans les mines, ou encore sur les routes de l’émigration. Ce phénomène est le résultat du taux élevé de pauvreté rurale et des contraintes fortes qui pèsent sur l’agriculture sénégalaise : difficultés d’accès à la terre, cultures peu productives et sous-valorisées, dégradation des sols et des ressources en eau, etc. La crise des vocations révèle aussi un problème d’image vis-à-vis du métier d’agriculteur.</p>
<p>Face au désintéressement des jeunes, l’État sénégalais a créé des programmes de formation agricole, des agences et des fonds pour l’emploi. Mais les besoins restent forts. L’exode rural et l’émigration clandestine sont encore loin d’être endigués.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=602&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/459486/original/file-20220425-31363-qe6xib.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=756&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Fromager géant (haut), madd (en bas à gauche) et pommes de cajou (en bas à droite). Les populations rurales de la Basse Casamance dépendent en grande partie des ressources forestières pour leur vie quotidienne : fourrage, bois, racines, écorces et fruits forestiers comme le madd, le cajou, le karité ou le jujube… Cette dépendance est exacerbée par la pauvreté.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad, Malick Djitte/Fongs</span></span>
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<h2>Quand la forêt nourricière offre ses derniers fruits</h2>
<p>Le renoncement de la jeunesse casamançaise prend racine dans la dégradation rapide et généralisée des agroécosystèmes. Par le passé, la région regorgeait de richesses naturelles.</p>
<p>La Basse Casamance constitue une zone tropicale à forte densité forestière qui bénéficie de précipitations abondantes. Située au sud du Sénégal, entre l’enclave gambienne et la Guinée-Bissau, la région est irriguée par les eaux du fleuve Casamance qui s’ouvrent en delta vers l’océan.</p>
<p>Dans les vallées fluviales, les communautés diola pratiquent encore une riziculture pluviale traditionnelle. Sur les plateaux, on trouve des cultures de céréales sèches, du maraîchage et des systèmes agroforestiers de cueillette (anacardiers, manguiers, agrumes, palmiers à huile, etc.).</p>
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<span class="caption">Manguiers, fromagers, baobabs, sapotiers, madds, anacardiers, rôniers, palmiers à huile… En sélectionnant les arbres qui entourent leurs villages, les habitants de la Basse Casamance ont construit au cours des millénaires une véritable « forêt comestible ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<p>Comme partout ailleurs au Sénégal, la Basse Casamance subit de plein fouet les impacts du changement climatique. L’élévation du niveau des océans entraîne une érosion côtière, une dégradation des mangroves et des intrusions marines qui aboutissent à une salinisation des cours d’eau, des nappes et de certaines rizières.</p>
<p>Le conflit armé qui a démarré en 1982 a également pénalisé les activités agricoles, forestières et halieutiques. Il a entraîné des déplacements de populations et un net recul de l’activité économique, en particulier le tourisme. La pauvreté et l’insécurité alimentaire ont alors rendu les communautés particulièrement dépendantes des produits forestiers. Ce qui, en retour, a contribué à accentuer la déforestation.</p>
<p>La couverture forestière en Casamance est aujourd’hui gravement menacée par les défrichements, les feux de brousse et la coupe illégale du bois.</p>
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<span class="caption">La Basse Casamance est riche en ressources halieutiques. La pêche et l’ostréiculture sont pratiquées le long du fleuve Casamance et de ses affluents.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>L’agroécologie, une alternative pour « retenir » les jeunes</h2>
<p>En Basse Casamance, plusieurs projets portés par des organisations de la société civile accompagnent des jeunes dans leur (ré)insertion par l’agriculture. Ces derniers bénéficient de formations, d’accompagnement et parfois même d’un appui financier pour aménager un terrain et installer un puits et une pompe à eau.</p>
<p>Samba Sow, ancien migrant aujourd’hui installé en agriculture, a bénéficié du projet Terre et Paix, qui l’a formé et financé à hauteur de 1 900 000 FCFA (environ 2900 euros). Convié à un atelier par la DyTAES, il lance un appel à l’attention des autorités du Sénégal :</p>
<blockquote>
<p>« Grâce à l’agroécologie, nous pouvons éviter que d’autres jeunes ne s’en aillent ou ne déversent dans le terrorisme ou la rébellion. »</p>
</blockquote>
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<span class="caption">Dans sa ferme à Diouloulou, Samba Sow (ici avec sa famille) exploite un hectare de terre et gagne dignement sa vie. Dans le département de Bignona, les projets Terre et Paix, Économie migrante et Certitudes Jeunes accompagnent l’installation des anciens migrants en agriculture.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierno Sall/Enda Pronat</span></span>
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<h2>Des initiatives de formation pour changer la donne</h2>
<p>En périphérie de la ville de Bignona, le lycée technique agricole Émile Badiane s’emploie à préparer les futurs cadres supérieurs du développement agricole et rural.</p>
<p>Seul et unique lycée agricole du Sénégal, il a déjà formé 16 promotions d’ingénieurs agronomes. L’établissement offre également des formations de type BTS, CAP ou baccalauréat, préparant ainsi les jeunes à la conduite d’une exploitation agricole ou d’une unité de transformation agroalimentaire. Pour Ibrahima Abdoul Aziz Ficou, directeur du lycée, ces formations professionnalisantes contribuent à stabiliser les jeunes dans la région :</p>
<blockquote>
<p>« Nous luttons contre la déperdition scolaire et l’émigration clandestine en proposant des filières courtes de qualification professionnelle. »</p>
</blockquote>
<p>Le lycée accompagne l’insertion des nouveaux diplômés grâce à une parcelle d’incubation et un appui dans l’obtention de terres.</p>
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<span class="caption">Des jeunes diplômés du lycée technique agricole Émile Badiane s’affairent sur une parcelle d’incubation. L’agroécologie ne fait pas l’objet d’un module d’enseignement, mais se veut plutôt transversale dans les différents parcours de formation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<span class="caption">Le lycée technique agricole Émile Badiane met à disposition des parcelles pédagogiques pour les jeunes en formation. Le lycée accueille également des projets expérimentaux, à l’instar de ce système d’aquaponie en circuit fermé (en bas à droite). L’eau est recyclée après avoir été filtrée, et l’ammoniac transformé en nitrates.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<p>À une trentaine de minutes de la ville de Bignona, au bout d’une longue piste de latérite, la ferme-école agroécologique <a href="https://www.eco-from-africa.com/">Eco From Africa</a> fait de plus en plus parler d’elle.</p>
<p>Fondée en 2016 par Clément Sambou, cette ferme de conception holistique sert de support de formation à de nombreux apprentis venant du lycée Émile Badiane et d’autres centres de formation du pays. On y développe des activités diversifiées allant de l’agroforesterie à l’élevage en passant par le maraîchage, l’apiculture et la sensibilisation communautaire.</p>
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<span class="caption">Visite par la DyTAES de la ferme-école agroécologique Eco From Africa en compagnie de son fondateur, Clément Sambou.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<span class="caption">La ferme concentre de nombreuses essences agroforestières aux propriétés fertilisantes, alimentaires et/ou médicinales à l’instar du ditakh (<em>Detarium senegalense</em>), du pois d’angole (<em>Cajanus cajan</em>), du néré (<em>Parkia biglobosa</em>), de l’acacia (<em>Melifera senegalensis</em>), du nebedaye (<em>Moringa oleifera</em>) ou encore du kadd (<em>Faidherbia albida</em>). On y trouve aussi des produits non ligneux typiques des systèmes agroforestiers de la Basse Casamance comme le toll (<em>Landolphia heudelotii</em>), le madd (<em>Saba senegalensis</em>) ou le kinkéliba (<em>Combretum micranthum</em>).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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</figure>
<h2>Bignona en route vers l’agroécologie</h2>
<p>Le passage de la caravane DyTAES en Basse Casamance a été l’occasion de célébrer le lancement officiel de la Dynamique pour une transition agroécologique locale (DyTAEL) de Bignona.</p>
<p>Les DyTAEL offrent des cadres locaux de dialogue politique et de planification stratégique en matière de transition agroécologique. Ce sont des territoires pilotes, des laboratoires grandeur nature qui permettront d’expérimenter de nouvelles manières de produire, échanger et consommer. Cette nouvelle DyTAEL a pour ambition de renverser le processus de dégradation des ressources naturelles en faisant de Bignona un département entièrement agroécologique d’ici 2036 et classé au patrimoine mondial de l’Unesco.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">A leur arrivée à Thionck Essyl, les caravaniers de la DyTAES ont été accueillis par le Maire et les habitants à l’occasion d’une fête traditionnelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=199&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/459498/original/file-20220425-29880-6679tf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=250&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le « esiba » est une danse festive féminine très populaire dans les sociétés diola. Les femmes font des mouvements très rapides des jambes tout en battant le rythme à l’aide de « nicelingue » (petits fers à main) et de bâtonnets de bois citronnier très résonnants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
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<p>Prochaine étape de la caravane : la Haute Casamance et le Sénégal oriental pour aborder le problème de la déforestation.</p>
<hr>
<p><em>Laure Brun Diallo (Enda Pronat) et Sidy Tounkara (IPAR) sont co-autrice et co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181740/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les étapes de la caravane évoquées dans cet article ont été organisées par les membres de la DyTAES avec l’appui financier de l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), de la Fédération des ONG du Sénégal (FONGS), de Eco From Africa et du Conseil national de concertation et de coopération des cadres ruraux (CNCR). Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Liesse Vermeire ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Nouvelle étape, dans le sud du pays, pour la caravane de la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradMarie-Liesse Vermeire, Chercheuse en écologie du sol, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1798502022-03-30T18:13:40Z2022-03-30T18:13:40ZDans le bassin arachidier du Sénégal, l’agroforesterie tente de retrouver sa place<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/454730/original/file-20220328-23-16kmxhu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un agriculteur dans sa parcelle d’arachide en cours de reboisement grâce à la technique de régénération naturelle assistée (RNA). Les jeunes arbres qui poussent spontanément dans les parcelles sont sélectionnés, marqués et élagués afin de stimuler une croissance verticale, permettant le déploiement des cultures sous la canopée en saison des pluies.</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Du 7 février au 15 mars 2022, la <a href="https://theconversation.com/au-senegal-la-grande-caravane-de-lagroecologie-reprend-la-route-176575">Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal</a> (DyTAES) – réseau qui fédère l’ensemble des acteurs de l’agroécologie du pays – a entrepris une grande caravane pour rencontrer les agriculteurs et agricultrices du pays.</p>
<p>Après les <a href="https://theconversation.com/avec-la-caravane-de-lagroecologie-au-senegal-dans-la-zone-des-niayes-pour-aborder-la-gestion-de-leau-177076">Niayes</a> et la <a href="https://theconversation.com/quelle-agroecologie-pour-le-sahel-rencontre-avec-les-agropasteurs-du-nord-senegal-177850">zone sahélienne du Nord-Sénégal</a>, la caravane DyTAES a parcouru le bassin arachidier, une vaste zone d’agriculture pluviale située au centre du pays.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455335/original/file-20220330-5922-u2qc18.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte des 45 départements du Sénégal de 2008 à 2021.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9partements_du_S%C3%A9n%C3%A9gal#/media/Fichier:Senegal,_administrative_divisions_in_colour_2.svg">Amitchell125 / Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au cours des cinq étapes réalisées dans la zone – Ndiob, Fatick, Kaolack, Koungheul et Bambey –, les personnes rencontrées ont souligné l’urgence de lutter contre la salinisation des terres et de replacer l’arbre au cœur des systèmes de culture.</p>
<h2>Le bien nommé « bassin arachidier »</h2>
<p>Quittant la zone sahélienne et pastorale, la caravane progresse vers le sud le long d’un gradient bioclimatique marqué par une pluviométrie croissante et des paysages de plus en plus arborés. Passé la ville sainte de Touba, s’ouvre le bassin arachidier, une zone d’agriculture pluviale où les communautés Sérères cultivent des céréales sèches (mil, maïs, sorgho) et des légumineuses (arachide, niébé) en intégrant des activités d’élevage.</p>
<p>Traditionnellement, l’arbre constituait le véritable pivot du terroir du bassin. Les champs étaient constellés d’espèces ligneuses de différentes familles (Mimosacées, Bombacacées, Combrétacées) qui fertilisaient les sols, guérissaient les populations et alimentaient le bétail.</p>
<p>En particulier, les acacias de l’espèce <em>Faidherbia albida</em> (appelés aussi Kaad) fournissent des gousses nourrissantes en saison sèche et stimulent le développement des cultures de mil et d’arachide en saison des pluies. Olivier Roupsard, chercheur au Cirad, étudie les propriétés de cet arbre depuis de nombreuses années :</p>
<blockquote>
<p>« Faidherbia est l’arbre emblématique par excellence de l’agroforesterie des zones sèches : grâce à son cycle inversé, il garantit un fourrage très apprécié des animaux au moment crucial (en saison sèche) et n’entre pas en compétition avec les cultures en saison humide, ni pour l’eau, ni pour la lumière : au contraire, il les fertilise ! »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454732/original/file-20220328-17765-1ojbzlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une parcelle d’arachide dans la commune de Ndiob. Une fois les fleurs fécondées, l’arachide enterre ses gousses où se développent les précieuses cacahuètes. L’essor des exportations d’huile d’arachide à partir des années 1960 a fait du bassin arachidier la première région agricole du Sénégal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454733/original/file-20220328-19-1lb9sw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">De haut en bas et de gauche à droite : Chandelles de mil prêtes à être récoltées au mois d’octobre. Pilage du mil pour séparer les grains du rachis. Récolte de l’arachide au mois d’octobre. À Niakhar, au cœur du bassin arachidier, une équipe de chercheurs Cirad-ISRA-IRD étudie l’impact du kaad (en arrière-plan sur la photo) sur les rendements du mil et de l’arachide. Conséquence de la pression démographique croissante, les kaad subsistent mais ne sont pas renouvelés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le flan sud-ouest du bassin arachidier est bordé par les fleuves Sine et Saloum, dont les eaux rejoignent la mer au niveau du delta du Saloum. Classé patrimoine mondial de l’Unesco, ce delta est un refuge pour les oiseaux migrateurs venus d’Europe et l’un des plus grands réservoirs de mangrove d’Afrique. Il sert également de lieu de reproduction et de croissance juvénile pour de nombreuses espèces de poissons. À chaque marée haute, l’eau salée fait incursion dans les terres et se mélange à l’eau douce dans un dense réseau de chenaux, jusqu’à 100 km dans les terres. Les populations des villes de Fatick et de Kaolack exploitent abondamment le sel qu’ils commercialisent partout au Sénégal.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=210&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=210&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=210&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=263&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=263&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454735/original/file-20220328-13-f2tu37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=263&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une pirogue s’enfonce dans un dédale de boolong formé par les palétuviers. Les mangroves du Sine Saloum abritent une diversité exceptionnelle d’espèces d’oiseaux et poissons. Elles protègent également les terres contre les intrusions marines et l’érosion côtière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad ; Marie-Liesse Veirmeire/Cirad</span></span>
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</figure>
<h2>Déforestation, surpompage et salinisation… une note salée pour le bassin arachidier</h2>
<p>Les personnes consultées par la DyTAES ont souligné une régression significative des savanes arborées et des mangroves du bassin arachidier. Avec l’augmentation de la population, les besoins en bois-énergie et en terres cultivables ne cessent de croître. La dégradation des ressources forestières a été amorcée par la politique d’intensification de la culture de l’arachide menée par l’État sénégalais à partir des années 1960 : abattage des arbres, recours à la monoculture et aux engrais minéraux… ces changements ont entraîné une importante dégradation de la fertilité des sols et une vulnérabilité accrue face au changement climatique.</p>
<p>Dans les zones attenantes au delta du Sine Saloum, la montée des océans a provoqué des intrusions marines qui ont transformé des pans entiers du territoire en zones stériles. Dans l’arrondissement de Tattaguine, le pourcentage de terres salinisées atteint plus de 40 %. Le déficit vivrier qui s’est installé a engendré une pauvreté et un exode massif des populations vers les centres urbains.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454947/original/file-20220329-19-jce9gx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans la région de Fatick, le surpompage a provoqué la baisse et la salinisation des nappes phréatiques. Les sols salés occupent plus de la moitié des terres arables. Mal utilisée, l’eau devient source de déséquilibres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À partir des années 1990, la crise du secteur de l’arachide a conduit le gouvernement sénégalais à construire de nombreux forages et à promouvoir le maraîchage dans le bassin arachidier. Cette politique de diversification économique et alimentaire a abouti à la multiplication de petits périmètres irrigués en marge des zones habitées. Le recours au maraîchage a apporté une indéniable amélioration du cadre de vie des populations, en particulier des femmes. Il dépend toutefois d’une ressource en eau dont l’avenir se révèle plus qu’incertain. Hamet Diallo, chef de projet pour l’ONG Gret, nous alerte :</p>
<blockquote>
<p>« Dans 25 ans, il n’y aura plus d’eau pour l’agriculture si nous continuons ainsi. »</p>
</blockquote>
<p>Le surpompage entraîne une baisse progressive des nappes phréatiques et par endroit leur salinisation, diminuant ainsi l’accès à l’eau dans les périmètres irrigués. Un diagnostic réalisé par le Gret a estimé que la consommation en eau des populations des communes de Notto Diobass et Tassette dépasse de 593 % ce que le rechargement naturel des nappes permet.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454738/original/file-20220328-17748-9jjoy8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En marge des cultures pluviales, des périmètres d’agriculture irriguée se développent autour des 1200 forages qui composent le bassin arachidier, comme ici à Pout Ndoff, près de la ville de Thiès. La privatisation récente des forages étatiques a abouti à une augmentation du prix de l’eau agricole. Cela a conduit un nombre croissant de producteurs et productrices à réduire, voire abandonner, leur activité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<span class="caption">Visite par la DyTAES du périmètre maraîcher agroécologique de Nderep (département de Bambey). Dans ce périmètre de 4 hectares, l’ONG AgriSud International accompagne 123 productrices et producteurs en transition vers l’agroécologie. Parmi les techniques promues par l’ONG, on peut citer les haies d’acacia melifera, le compostage, l’intégration des arbres fertilitaires, l’utilisation de biopesticides, les pépinières sur pilotis (en bas à gauche) et l’utilisation de filets anti-insectes (en bas à droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laure Diallo/Enda Pronat, Thierno Sall/Enda Pronat</span></span>
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<h2>S’appuyer sur la « régénération naturelle assistée »</h2>
<p>Pour reconstituer les parcs agroforestiers du bassin arachidier, plusieurs projets ont recours à une technique appelée « régénération naturelle assistée » (RNA).</p>
<p>La RNA consiste à encourager les communautés à mettre en défens et accompagner la croissance des jeunes arbres qui apparaissent spontanément dans les parcelles cultivées. Oumar Sylla, représentant de l’ONG Symbiose, a présenté une expérience en RNA réalisée dans les départements de Nioro et de Kaffrine :</p>
<blockquote>
<p>« Nous avons abandonné le reboisement qui mobilisait beaucoup de ressources et avait un taux de réussite très faible, pour adopter la RNA. »</p>
</blockquote>
<p>De 2016 à 2021, le projet a permis de protéger 10 000 arbres sur une surface de 998 ha, avec moins de 800 euros par ans. Le retour de l’arbre dans les terroirs s’accompagne de nombreux effets bénéfiques : amélioration de la fertilité des sols, diminution de l’érosion, régénération de la biodiversité et retours des pluies.</p>
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<span class="caption">Entre 2016 et 2021, l’ONG Enda Pronat a accompagné la régénération naturelle assistée (RNA) de 944 hectares de terres dans trois communes du bassin arachidier (Tattaguine, Diouroup, Diarrere). Des conventions locales de gestion durable des ressources naturelles ont été mises en place afin que les populations protègent les arbres issus de la RNA.</span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454744/original/file-20220328-27-xy6a28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Ngouloul Sérère (département de Fatick), Diatta Diouf utilise des pneus recyclés pour concentrer les apports de fumier et d’eau au niveau des racines de ses pieds de piment. La cherté et la rareté de l’eau a conduit certains producteurs du bassin arachidier à innover pour économiser la moindre goutte d’eau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>L’agroécologie comme projet holistique</h2>
<p>Les caravaniers ont rencontré des pionniers qui abordent l’agroécologie dans sa globalité. Ils interviennent de façon coordonnée dans des domaines complémentaires – agriculture, élevage, énergie, formation – à l’échelle de leur ferme ou de leur territoire.</p>
<p>Lors de l’étape de Kaolack, l’agroécologiste Moustapha Mbow a offert une visite du Grenier du Saloum, une ferme-école qui forme les agricultrices et agriculteurs de demain à l’arboriculture fruitière, l’élevage (bovins, caprins, oies, poulets locaux…), le maraîchage, les grandes cultures (mil, maïs, arachide) et la transformation et commercialisation des produits agricoles.</p>
<p>À Ndiob, les caravaniers ont été accueillis par Oumar Ba, un maire qui a fait de sa commune une référence internationale en matière d’agroécologie. Oumar Ba a exposé clairement sa vision et son engagement :</p>
<blockquote>
<p>« Je souhaite faire de Ndiob une commune verte et résiliente à travers un processus de développement endogène, inclusif et respectueux des droits des personnes vulnérables. »</p>
</blockquote>
<p>La commune promeut un large éventail de leviers : RNA, reboisement, énergie solaire, fourneaux améliorés, « Tolou Kër », technique du « Zaï », unités artisanales de transformation de produits locaux et conventions locales de gestion durable des ressources naturelles. L’action holistique du maire de Ndiob a été primée à Rome par la FAO et à Marrakech lors du sommet Africacités.</p>
<p>À Fatick, les chercheurs de l’ISRA et du Cirad ont réalisé une prospective territoriale à l’issue de laquelle ils ont identifié 8 scénarios pour l’avenir du département. La méthode prospective s’appuie sur une vision systémique des facteurs de changement d’un territoire. Elle permet de replacer la transition agroécologique dans un processus de changement plus vaste.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454748/original/file-20220328-15-1onub9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Tolou Kër (ici à Tiaffoura, région de Fatick) est un modèle de ferme intégrée qui se multiplie au Sénégal, avec le soutien de l’Initiative pour la relance de la grande muraille verte. Sur une série de cercles concentriques, on trouve de l’élevage (poulailler central), du maraîchage, des cultures de plantes aromatiques et médicinales et de l’arboriculture (agrumes, arbres fertilitaires). Ces différentes composantes se complètent pour construire un écosystème riche et nourrir plusieurs familles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad</span></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454750/original/file-20220328-27-1q6ql8j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De haut en bas et de gauche à droite : Une femme transformatrice de Ndiob présente à la DyTAES les savons naturels qu’elle fabrique. La technique du Zaï permet de doubler les rendements du mil en semant ce dernier dans des poquets amendés avec du fumier. Oumar Ba, maire de Ndiob, a su attirer de nombreux financements extérieurs pour donner vie à sa vision d’une commune verte et résiliente. Lors de l’étape de Fatick, les caravaniers ont découvert les résultats d’une prospective participative menée par le Cirad et l’ISRA. La future DyTAES locale de Fatick s’appuiera sur ce travail pour construire un plan territorial de transition agroécologique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/Cirad ; Malick Djitté/Fongs</span></span>
</figcaption>
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<p>Des idées plein les têtes, la caravane quitte le bassin arachidier et continue sa progression vers le Sud. Prochaines et dernières étapes : la Casamance et le Sénégal oriental.</p>
<hr>
<p><em>Laure Brun Diallo (Enda Pronat), Mame Farma Ndiaye Cissé (Isra), Banna Mbaye (Isra), Dienaba Sall Sy (Isra), Louis-Étienne Diouf (AgriSud International), Ousseynou Dieng (AgriSud International), Jean-Michel Sene (Enda Pronat), Thierno Sall (Enda Pronat), Mamadou Sow (Enda Pronat) et Malick Djitté (Fongs) ont collaboré à l’élaboration de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179850/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les étapes de la caravane évoquées dans cet article ont été organisées par les membres de la DyTAES avec l’appui financier du projet Desira fair Sahel (Union Européenne / AFD) de AgriSud International (ENABEL, AFD, Région Nouvelle Aquitaine) et de MISEREOR, Union Européenne, WFD, Caritas France, Broederlijk Delen, FAO. Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Astou Diao Camara et Marie-Liesse Vermeire ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Nouvelle étape de notre découverte de l’agroécologie sénégalaise en compagnie de la DyTAES.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradMarie-Liesse Vermeire, Chercheuse en écologie du sol, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1771012022-03-21T20:04:29Z2022-03-21T20:04:29ZComment mieux recycler le phosphore présent dans les sols ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/448167/original/file-20220223-12782-1064tg5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C169%2C1037%2C700&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Communauté de plantes (lentille, féverole de printemps, pois fourrager, avoine de printemps, moutarde blanche et phacélie) cultivées pour recycler le phosphore des sols. </span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Comme tous les organismes vivants, les plantes ne peuvent pas se passer de phosphore, qui constitue un élément majeur pour leur nutrition et la productivité des agroécosystèmes. Mais par la nature de ses formes chimiques, le phosphore est peu disponible dans les sols pour les plantes. La fertilisation des cultures en phosphore a ainsi représenté un élément essentiel au développement de l’agriculture ; de nos jours, cette fertilisation est toujours requise pour maintenir la production alimentaire.</p>
<p>La fertilisation phosphatée constitue toutefois une source de contamination – en métaux toxiques, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10653-009-9273-2">avec notamment le cadmium et l’uranium</a> – des sols cultivés ; cela principalement en raison des impuretés présentes dans certaines roches phosphatées utilisées pour la fabrication de ces engrais. On en consomme en France chaque année, qui représentent <a href="https://ree.developpement-durable.gouv.fr/themes/pressions-exercees-par-les-modes-de-production-et-de-consommation/usages-de-matieres-potentiellement-polluantes/fertilisants/article/les-livraisons-d-engrais-en-france">environ 410 000 tonnes (et 2,6 millions de tonnes pour l’Union européenne)</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1014127931201908736"}"></div></p>
<p>Or le cadmium s’accumule dans la chaîne alimentaire. Et l’on sait que l’exposition au cadmium chez les humains (non-fumeurs) provient principalement de la <a href="https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2903/j.efsa.2009.980">contamination des sols par les engrais phosphatés</a>.</p>
<p>Classé cancérogène pour l’être humain par l’Organisation mondiale de la santé, plusieurs pays de l’Union européenne ont adopté une réglementation fixant une limite inférieure ou égale allant de <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/en/press-room/20181119IPR19407/fertilisers-cadmium-parliament-and-council-negotiators-reach-provisional-deal">60 à 20 mg de cadmium par kg</a> d’engrais phosphaté.</p>
<h2>Recycler le phosphore accumulé dans les sols</h2>
<p>Les ressources minières de roches phosphatées présentant de faibles teneurs en cadmium constituent des ressources finies et épuisées en Europe ; elles sont également devenues rares à l’échelle mondiale (un gisement est présent en Russie). Face à cette rareté, de nouveaux systèmes <a href="https://agronomie.asso.fr/fileadmin/user_upload/revue_aes/aes_vol6_n1_juin2016/pdf/aes_vol6_n1_09_faucon_et_al.pdf">d’économie circulaire et de nouvelles pratiques</a> sont à mettre en place pour sécuriser la production agricole.</p>
<p>Un des défis actuels concerne le recyclage du phosphore au sein de nos territoires, en valorisant notamment les excréments animaux et humains, mais aussi l’accroissement de la disponibilité du phosphore accumulé dans les sols cultivés suite à une longue histoire de fertilisation. Il s’agit de réduire les apports en phosphore minéral d’origine fossile et les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0065211315001121">pertes par les eaux de ruissellement</a>.</p>
<p>Le premier objectif le plus durable – avant d’effectuer de nouveaux apports de phosphore renouvelable impliquant du transport et des émissions de gaz à effet de serre – consiste donc à recycler le phosphore accumulé dans les sols en améliorant sa disponibilité, c’est-à-dire sous une forme chimique assimilable par la plante.</p>
<p>Il existe divers moyens d’y arriver, grâce à certaines pratiques agroécologiques notamment.</p>
<h2>Valoriser le génie des plantes et des micro-organismes du sol</h2>
<p>Les pratiques qui s’appuient sur les principes de l’agroécologie (qui propose <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1360138517300195">d’examiner le fonctionnement des agrosystèmes et d’intégrer des processus écologiques</a>) peuvent offrir une opportunité de limiter les pertes en phosphore et d’en améliorer la disponibilité dans les sols cultivés pour rendre son utilisation plus efficace.</p>
<p>Avant de mobiliser ce phosphore non disponible dans les sols, une des priorités consiste à en limiter les pertes par le ruissellement dans un objectif à la fois d’économie et de réduction de pollution des eaux de surface (ce qu’on appelle le phénomène d’eutrophisation).</p>
<p>Lors des saisons pluvieuses, les plantes, et plus globalement les cultures couvrant entièrement le sol, limitent l’énergie des gouttes d’eau et la formation d’un ruissellement intense. Celles avec une forte densité de racines fines par volume de sol favorisent la perméabilité et l’infiltration de l’eau, provoquant ainsi la réduction du ruissellement et du transfert de phosphore dans les eaux de surface.</p>
<p>Les plantes présentant une densité de tiges et de feuilles verticales constituent aussi une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ldr.3812">barrière végétale réduisant le ruissellement</a> et donc les pertes du phosphore associées. Les cultures présentant toutes ces caractéristiques sont donc préconisées pour réduire les pertes par ruissellement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453315/original/file-20220321-14810-ts4bmw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Lupin blanc.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lupinus_albus#/media/Fichier:Lupinus_albus_000_223_259_O.jpg">Jean-Claude Echardour/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plusieurs espèces et variétés, adaptées aux faibles teneurs disponibles en phosphore ou moyennement exigeantes (comme le lupin blanc), augmentent la longueur de leurs racines, la densité de poils absorbants et s’associent avec des champignons symbiotiques (les mycorhizes) afin de répondre à l’hétérogénéité spatiale du phosphore dans le sol, améliorant l’exploration de ce dernier et son absorption.</p>
<h2>Miser sur la complémentarité</h2>
<p>Les microorganismes du sol, et plus particulièrement du sol adhérant aux racines, sont capables d’améliorer la disponibilité du phosphore.</p>
<p>Ils existent ainsi des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2452219822000064">bactéries qui minéralisent le phosphore organique</a> (peu disponible) grâce à l’activité de leurs enzymes (appelées phosphatases ou phytases) ou qui solubilisent des formes non disponibles.</p>
<p>Des champignons peuvent participer à cette mobilisation en exsudant de petites molécules organiques prenant la place du phosphore fixé (bloqué) sur les constituants du sol. Ces phénomènes microbiologiques sont donc à exploiter pour recycler le phosphore stocké dans les sols. Lorsque le sol ne présente pas ces fonctions microbiologiques, ces micro-organismes peuvent être appliqués au niveau des graines semées afin de rechercher ce service d’amélioration de la disponibilité du phosphore.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/conversation-avec-le-biologiste-edward-farmer-ce-que-parvient-a-faire-une-plante-est-absolument-fabuleux-103464">Conversation avec le biologiste Edward Farmer : « Ce que parvient à faire une plante est absolument fabuleux »</a>
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<p>Certaines espèces et variétés cultivées – comme la féverole, la vesce velue, la lentille – présentent des caractéristiques particulières au niveau de leurs racines pour augmenter la disponibilité du phosphore et son prélèvement. Ces caractéristiques ont été mises en évidence au cours de la dernière décennie et constituent aujourd’hui une base de connaissances pour composer des cultures favorisant cette disponibilité et donc son recyclage au sein de l’agroécosystème.</p>
<p>Cependant, la « super plante » <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1365-2435.13823">qui mobiliserait du phosphore dans le sol n’existe pas</a> : les végétaux ne peuvent mobiliser tout à la fois les caractéristiques morphologiques, symbiotiques et chimiques nécessaires à cette fin. Ce sont, par exemple, les plantes avec des racines plus épaisses (comme la féverole et la lentille ou des graminées) et présentant une plus faible longueur qui s’associent avec les champignons mycorhiziens engagés dans l’exploration du sol. Les plantes avec une longueur de racines élevées et fines (comme la phacélie, le trèfle d’Alexandrie, l’avoine rude) seront moins associées avec ces champignons et libéreront donc moins d’exsudats favorisant la disponibilité du phosphore.</p>
<p>Penser la complémentarité à l’échelle d’une communauté végétale cultivée semble donc s’imposer.</p>
<h2>Associer les cultures</h2>
<p><a href="https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/nph.12778">Plusieurs études</a> ont mis en évidence le rôle des cultures composées de plusieurs espèces ou variétés dans l’amélioration rapide de la disponibilité du phosphore au sein des agroécosystèmes ; diversité des variétés, association de deux cultures récoltées, cultures en relais et cultures compagnes (implantées pour fournir certains services).</p>
<p>L’intégration de cultures intermédiaires, implantées entre deux cultures pour couvrir le sol et éviter les pertes en azote et la pollution de l’eau, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11104-020-04584-3">composées d’espèces efficaces pour acquérir le phosphore</a> constitue une des pratiques pouvant augmenter la disponibilité du phosphore. Ces cultures absorbent une quantité de phosphore ensuite libérée lors de la minéralisation de leurs résidus, bénéficiant à la culture suivante et permettant la réduction d’apport de fertilisant phosphaté.</p>
<p>Il s’agira désormais de combiner l’utilisation des ressources en phosphore renouvelables présentes à l’échelle du territoire et le développement de cultures et variétés répondant aux exigences des filières agricoles et à l’amélioration de la disponibilité du phosphore dans les sols.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177101/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Trinsoutrot Gattin a reçu des financements dans le cadre de projets de la Région Normandie et de projets européens. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Honvault a reçu des financements de l'ANRT dans le cadre d'une convention de doctorat CIFRE avec le groupe coopératif agricole et agroalimentaire Vivescia. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Houben et Michel-Pierre Faucon ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Certaines plantes et micro-organismes peuvent aider à accroître la disponibilité du phosphore, essentiel à la productivité végétale, dans les sols cultivés.Michel-Pierre Faucon, Enseignant-chercheur en écologie végétale et agroécologie - Directeur à la recherche UniLaSalle Beauvais, UniLaSalleDavid Houben, Enseignant-chercheur, science du sol, UniLaSalleIsabelle Trinsoutrot Gattin, Directrice Unité de recherche Agroécologie, UniLaSalleNicolas Honvault, Post doctorant, agroécologie, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1778502022-03-09T19:12:38Z2022-03-09T19:12:38ZQuelle agroécologie pour le Sahel ? Rencontre avec les agropasteurs du Nord-Sénégal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/450490/original/file-20220307-85970-2bl1l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un éleveur peul vient abreuver ses bêtes à proximité d’un forage dans le Ferlo. </span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Du 7 février au 12 mars 2022, la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES) – réseau qui fédère l’ensemble des acteurs de l’agroécologie dans ce pays d’Afrique de l’Ouest – a entrepris <a href="https://theconversation.com/au-senegal-la-grande-caravane-de-lagroecologie-reprend-la-route-176575">d’aller à la rencontre des agriculteurs et agricultrices</a> dans les différents terroirs.</p>
<p>Aujourd’hui, la caravane DyTAES explore le Nord-Sénégal, une zone aride où agriculture et élevage pastoral coexistent de plus en plus difficilement.</p>
<p>L’agroécologie pourrait-elle ouvrir de nouvelles perspectives aux acteurs de la zone ?</p>
<h2>Cap sur la zone pastorale du Ferlo</h2>
<p>Après une étape dans la <a href="https://theconversation.com/avec-la-caravane-de-lagroecologie-au-senegal-dans-la-zone-des-niayes-pour-aborder-la-gestion-de-leau-177076">zone maraîchère des Niayes</a>, direction le Nord-Est. À mesure que le convoi progresse, les champs de mil cèdent la place à des savanes sèches parsemées d’arbres chétifs.</p>
<p>Pour la quatrième étape de son périple, la DyTAES s’arrête à Linguère, au cœur du Ferlo, une région sahélienne où les pluies sont rares et incertaines. Le Ferlo est le territoire des Peuls, peuple d’éleveurs semi-nomades qui est parvenu à subsister jusqu’à nos jours grâce au pastoralisme. En saison sèche, les Peuls transhument avec leurs troupeaux sur de longues distances – parfois jusqu’au Mali et en Guinée – pour chercher de l’eau et des pâtures.</p>
<p>Autrefois en phase avec son milieu, ce mode de vie pastoral est aujourd’hui en crise dans un contexte de croissance démographique et de pression foncière : surpâturage, déboisement, brûlis et morcellement du foncier sont autant de facteurs qui déstabilisent l’écosystème du Ferlo et rendent les éleveurs de plus en plus vulnérables.</p>
<p>Ardo Sow, agent de l’ONG Enda Pronat originaire du Ferlo, pointe du doigt un paysage de savane ouverte qui s’étire au loin :</p>
<blockquote>
<p>« Quand j’étais enfant, cette zone était une forêt. Je suis triste en voyant ce que nos terres sont devenues. »</p>
</blockquote>
<p>Les difficultés des éleveurs transhumants sont exacerbées par le changement climatique. La diminution et l’irrégularité des pluies entraînent une réduction des ressources fourragères et un tarissement précoce des points d’eau. Les éleveurs sont ainsi contraints de faire évoluer leur stratégie, en commençant la transhumance de plus en plus tôt et en allant de plus en plus loin.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450477/original/file-20220307-126107-173v3qc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paysage de savane sèche arborée caractéristique du Ferlo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450478/original/file-20220307-126102-16webqc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le territoire du Ferlo est jalonné de mares temporaires et de forages construits par l’État avec l’appui de l’aide internationale. Ces points d’eau sont autant de refuges et de lieux de passage qui dessinent des routes de transhumance pour le bétail. Autour des forages, les femmes peules développent de petits jardins où elles expérimentent le maraîchage et les cultures fourragères, comme ici (photo en bas à droite) dans la ferme de Awa Alassane Sow à Barkedji.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad, Thierno Sarr/Enda Pronat</span></span>
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</figure>
<h2>L’impossible sédentarisation des éleveurs peuls</h2>
<p>Au-delà de Linguère, le bitume s’efface, laissant place à un réseau réticulaire de pistes de sable toutes semblables.</p>
<p>L’équipe locale de l’ONG AVSF qui guide le convoi semble connaître chaque recoin de ce vaste territoire. Les caravaniers s’enfoncent dans la savane en direction du village de Widou, à la rencontre d’une communauté d’éleveurs qui expérimente un mode de vie sédentaire.</p>
<p>Là-bas, depuis des décennies, de nombreux projets ont cherché en vain à sédentariser et intensifier les systèmes d’élevage : parcage, cultures fourragères, amélioration génétique du bétail… les tentatives se succèdent et les échecs s’accumulent. Et pour cause, le pastoralisme ne s’est pas installé ici par hasard.</p>
<p>C’est le déplacement du bétail au gré des pluies qui permet de maintenir des troupeaux dans des conditions climatiques changeantes. Samba Mamadou Ba, président de l’organisation d’éleveurs Adid, nous guide vers une parcelle clôturée, où les hautes herbes jaunies contrastent avec la terre nue piétinée des alentours :</p>
<blockquote>
<p>« Nous avons mis en défens cette zone afin de constituer une réserve de fourrage pour que le bétail puisse traverser la saison sèche. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450479/original/file-20220307-83257-1fmq3z6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cheikh Djigo, coordonnateur de l’ONG AVSF Linguère, anime la discussion entre les caravaniers et les éleveurs peuls de la commune de Widou. Ici, l’agence de coopération allemande a mené une expérimentation pilote de sédentarisation entre 1981 et 1992. Partant d’un forage central, de nouvelles parcelles étaient clôturées chaque année et attribuées à des familles d’éleveurs. Les bénéficiaires du projet s’efforcent de maintenir ce mode de vie sédentaire, mais font part de leurs difficultés à entretenir le réseau de clôtures et des tensions communautaires provoquées par cette privatisation d’une portion de territoire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450480/original/file-20220307-83891-1b85a2j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">De haut en bas, de gauche à droite : relevés de la pluviométrie et de la biomasse à Widou entre 1981 et 1992. Pendant les années de sécheresse de 83-84, les éleveurs sédentarisés ont été obligés d’utiliser des compléments alimentaires. Plus tard, la sécheresse de 1992 les a forcés à repartir en transhumance et tout le bétail est mort : les animaux n’étaient plus habitués à marcher sur de longues distances. En route avec les éleveurs de Widou. Rencontre avec un éleveur de dromadaires mauritanien qui a traversé la frontière pour passer la saison sèche dans le Ferlo. Pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs, les Peuls leur offrent un verre de Touffam, un mélange de lait, eau et sucre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad, Malick Djitte/Fongs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une vallée fertile qui irrigue le Sahel</h2>
<p>Après 160 km de pistes, la caravane DyTAES atteint la cité de Podor sur les rives du fleuve Sénégal, lieu de sa cinquième étape.</p>
<p>Coincée entre deux bras du fleuve, Podor est l’ancienne capitale du royaume de Tekrour, établi au XI<sup>e</sup> siècle, au cœur de la région historique du Fouta-Toro. Pendant la période coloniale, la ville est devenue un important comptoir commercial par lequel transitaient la gomme arabique et l’or destinés à l’export.</p>
<p>La vallée du fleuve Sénégal consiste en une bande intensément cultivée qui s’étire depuis l’océan Atlantique vers l’intérieur des terres sur 800 km, le long des frontières mauritanienne puis malienne.</p>
<p>En fin de saison des pluies, le fleuve se retire progressivement, laissant derrière lui des bancs de terre fertile imbibés d’eau. Les sols limono-argileux du Walo retiennent suffisamment d’eau pour alimenter des cultures comme le sorgho, le mil ou le maïs, souvent cultivés en association avec le niébé (une légumineuse qui enrichit les sols en azote). Les parcelles sont fertilisées naturellement par les animaux laissés en vaine pâture dans les jachères.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450474/original/file-20220307-126102-1c61m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Marquant la frontière avec la Mauritanie, le fleuve Sénégal fait jaillir la vie au sein des terres arides surpâturées du Ferlo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450481/original/file-20220307-130118-hwaghy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Visite d’une parcelle de sorgho dans une zone de décrue près de Podor.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<p>Ce système de culture traditionnel dit « de décrue » est aujourd’hui en déclin. Depuis les années 1930, il est progressivement remplacé par une nouvelle forme d’agriculture, à la fois irriguée et intensive, qui se déploie dans de grands périmètres aménagés aussi appelés « casiers ».</p>
<p>Les infrastructures hydrauliques – barrages, pompes, réseaux de canaux – sont construites et gérées par une société étatique dont le but est la « mise en valeur de la vallée du fleuve Sénégal ». C’est dans ces casiers que des agro-industriels et des unions d’agriculteurs pratiquent la monoculture à grand renfort de fertilisants et de pesticides chimiques. Ils produisent l’essentiel du riz sénégalais, de l’oignon, de la tomate industrielle, de la canne à sucre et des cultures maraîchères d’exportation, comme la tomate cerise ou le haricot vert.</p>
<p>L’essor de cette agriculture fortement capitalisée s’accompagne de problèmes de pollution, d’une diminution de la fertilité des sols (causée par des phénomènes de salinité, d’érosion et d’acidification) et de tensions avec les autres usagers des ressources naturelles. En particulier, les éleveurs issus de la zone pastorale du Ferlo sont affectés par la réduction des parcours et des couloirs de transhumance.</p>
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<span class="caption">Zone de contact entre les casiers du Walo et les dunes arborées du Diéri.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450484/original/file-20220307-130118-r5bzgj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">De haut en bas, de gauche à droite : la station de pompage de Guédé Chantier achemine l’eau du fleuve vers un large réseau de canaux d’irrigation. Le canal principal d’approvisionnement en eau du périmètre irrigué villageois de Guédé Chantier. Un producteur d’oignon de Guédé Chantier. Un ouvrier agricole en train de faire circuler l’eau d’irrigation dans une parcelle de monoculture d’oignon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<h2>Les femmes du fleuve ouvrent la voie de l’agroécologie</h2>
<p>En marge des zones de monoculture, les caravaniers de la DyTAES ont rencontré des groupes de femmes qui pratiquent l’agroécologie dans des jardins collectifs. Un peu partout aux abords des villages, elles ont fait naître de véritables oasis de vie et de diversité qui contrastent avec les terres desséchées du Walo.</p>
<p>On y rencontre une grande diversité de plantes, bien souvent cultivées en association afin de perturber les bioagresseurs et d’optimiser l’usage de l’eau. Légumes, aromates et plantes médicinales se mélangent dans chaque planche de culture pour former un carnaval de couleurs et de senteurs.</p>
<p>Les parcelles sont quadrillées d’arbres fruitiers ou fertilitaires qui forment une strate protectrice et nourricière au-dessus du sol. Les parcelles sont amendées avec du fumier ou du compost et les traitements phytosanitaires sont limités à l’usage de décoctions à base de plantes (par exemple neem, ail, piment). Les femmes du fleuve ont préféré l’agroécologie à l’agriculture chimique, car elles disent produire d’abord pour nourrir leur famille.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450485/original/file-20220307-109389-1mhwj12.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le périmètre maraîcher agroécologique de Wouro Madiw est géré par un groupement de femmes, soutenu par l’ONG Andando. Dans la vallée du fleuve Sénégal, les « jardins de femmes » sont des lieux d’émancipation, d’entre-aide et de renforcement du lien social. Celles qui s’y engagent peuvent alimenter leur famille et apporter un précieux complément de revenu au foyer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450486/original/file-20220307-51485-r45o2g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">De haut en bas, de gauche à droite : tomate, laitue, menthe, chou, piment, navet, gombo, poivrons, oignons, betteraves… À Mafré, les planches maraîchères contiennent de nombreuses associations culturales. Aissata Moussa Diack, secrétaire générale du GIE du périmètre de Wordé, où l’ONG 3D a formé et accompagné 136 femmes. Visite de la mare de Danki au village de Fondé Ass, où les populations ont mis en place une charte locale pour améliorer la gestion des ressources en poisson. Oulimata Ly et Aissata Sow, deux représentantes de l’Union des jeunes agriculteurs du Koyli Wirnd, ont porté le projet de protection des mares.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad ; Malick Djitte/Fongs</span></span>
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</figure>
<p>Les prochaines étapes de la caravane nous conduiront dans la zone centrale du Sénégal, où les producteurs de mil et d’arachide s’emploient à protéger leurs arbres afin de reconstruire les parcs agroforestiers traditionnels.</p>
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<p><em>Jean-Michel Sene (Enda Pronat), Laure Brun Diallo (Enda Pronat), Thierno Sall (Enda Pronat), Ardo Sow (Enda Pronat), Mamadou Sow (Enda Pronat), Alice Villemin (Avsf), Cheikh Djigo (Avsf) et Malick Djitté (Fongs) sont co-autrices et co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177850/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les étapes de la caravane évoquées dans cet article ont été organisées par les membres de la DyTAES avec l’appui financier de MISEREOR, l’Union européenne, Solidaridad Internacional, Junta de Andalucia, Weltfriedensdienst, l’Agence française de développement et le Fond français pour l’environnement mondial. Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Liesse Vermeire ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Jusqu’au 12 mars 2022, la grande caravane de l’agroécologie fait le tour du Sénégal. Aujourd’hui, on s’arrête dans le Nord du pays où agriculture et élevage pastoral tentent de coexister.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradMarie-Liesse Vermeire, Chercheuse en écologie du sol, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1783522022-03-03T19:57:31Z2022-03-03T19:57:31Z« Défis globaux… solutions locales » : Au Sénégal, avec les pionniers de l’agroécologie africaine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/449770/original/file-20220303-23-l6pt06.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À Podor (vallée du fleuve Sénégal), on pratique le maraîchage agroécologique dans de petits périmètres irrigués (février 2022).</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/601af61a46afa254edd2b909/6220a97e4a72e900128122ac" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p><iframe id="tc-infographic-569" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/569/0f88b06bf9c1e083bfc1a58400b33805aa379105/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p>Que ce soit la lutte contre le réchauffement climatique ou la protection de la biodiversité, les défis environnementaux de notre époque impressionnent souvent par leur ampleur et leur caractère systémique. Il peut alors être bon de partir sur le terrain pour voir comment des équipes de recherche tentent de répondre concrètement à de tels enjeux.</p>
<p>C’est l’objectif de notre série « Défis globaux… solutions locales ! », réalisée en partenariat avec le <a href="https://www.cirad.fr/">Cirad</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/449772/original/file-20220303-15-1c0iayp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Irrigation à la lance à Mboro, dans la zone des Niayes, principal bassin de production maraîcher du Sénégal (novembre 2020).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=707&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=707&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=707&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=889&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=889&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/449785/original/file-20220303-27-gbm2ur.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=889&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Google Maps</span></span>
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</figure>
<p>Dans ce nouvel épisode, nous rejoignons à Dakar le chercheur en agronomie Raphael Belmin pour évoquer la transition agroécologique au Sénégal. Depuis 2019, le pays affiche sa volonté de développer des pratiques agricoles innovantes et durables. Il s’agit de mieux gérer les ressources naturelles, <a href="https://theconversation.com/avec-la-caravane-de-lagroecologie-au-senegal-dans-la-zone-des-niayes-pour-aborder-la-gestion-de-leau-177076">l’eau principalement</a>, dans un contexte de dérèglements climatiques et de croissance démographique.</p>
<p>Cet élan est notamment <a href="https://theconversation.com/au-senegal-la-grande-caravane-de-lagroecologie-reprend-la-route-176575">porté par la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES)</a>, un réseau très actif dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, dont Raphaël Belmin nous présente les différentes actions.</p>
<hr>
<p><em>Crédits : Conception, Jennifer Gallé. Réalisation, Romain Pollet. Chargé de production, Rayane Meguenni</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178352/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jennifer Gallé ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Rencontre avec Raphael Belmin, chercheur agronome au Cirad, pour évoquer le déploiement de pratiques agricoles durables dans les terroirs sénégalais.Jennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation FranceRaphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1770762022-02-23T18:38:01Z2022-02-23T18:38:01ZAvec la Caravane de l’agroécologie au Sénégal : dans la zone des Niayes pour aborder la gestion de l’eau<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447076/original/file-20220217-13-1tomqg6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Irrigation à la lance à Mboro, dans la zone des Niayes. L'eau est mise sous pression grâce à une motopompe et déversée en abondance sur la parcelle.</span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Pour sa première semaine d’itinérance, la <a href="https://theconversation.com/au-senegal-la-grande-caravane-de-lagroecologie-reprend-la-route-176575">grande caravane de la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal</a> (DyTAES) a parcouru la zone horticole des Niayes (située le long du littoral entre Dakar et Saint Louis) en s’arrêtant dans trois communes : Bambilor, Mboro et Thiès. Les populations consultées sont unanimes : il est urgent d’agir face au déclin des ressources hydriques.</p>
<p>Lundi 7 février 2022, l’équipe d’organisation s’est retrouvée à Bambilor, lieu de la première étape de la caravane. Tout le monde s’affaire dans une atmosphère joyeuse, après des mois de préparation à distance. Sous la tente, on déploie banderoles et kakémonos, on déballe les cartons de T-shirts et casquettes floqués aux couleurs de la caravane 2022.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447740/original/file-20220222-19-hfodfv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Retrouvailles dans la joie pour les caravaniers, à Bambilor. Ici, l’équipe de l’association Cicodev Afrique, organisatrice de cette première étape.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">L’équipe de l’ONG Eclosio, co-organisatrice avec Agrecol Afrique de l’étape de Thiès, découvre les T-shirts de la caravane.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Malgré l’excitation, un léger doute plane : y aura-t-il du monde pour cette journée de lancement ? Hasard de calendrier, la veille au soir, les Lions du Sénégal ont remporté leur première Coupe d’Afrique des nations. Le Sénégal tout entier vibre football et le président Macky Sall a fait de ce lundi un jour férié…</p>
<p>Mais la tente se remplit et le maire de Bambilor, Ngagne Diop, peut donner le go :</p>
<blockquote>
<p>« Tout le monde a le droit de bien manger, quel que soit son niveau de revenu […]. Nous allons pouvoir porter ce plaidoyer avec la DyTAES. »</p>
</blockquote>
<p>Se succéderont au micro les représentant·e·s du Conseil départemental de Rufisque, du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural, du représentant des producteurs et de plusieurs organisations membres de la DyTAES. Des journalistes de la presse nationale sont au rendez-vous pour couvrir l’événement.</p>
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<span class="caption">De haut en bas et de gauche à droite : ouverture officielle de la caravane par le maire de Bambilor. Prise de parole de Selbe Faye, de la Calebasse verte, lors de l’étape de Thiès. Présentation de la DyTAES par Mamadou Sow, membre du Comité technique de la DyTAES au démarrage de l’étape de Mboro. Lors de la journée d’ouverture de la caravane, la presse nationale interviewe de Fatou Ndoye, représentante du Conseil départemental de Rufisque.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad, Malick Djitte/Fongs</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Un moment crucial pour l’agriculture sénégalaise</h2>
<p>Bambilor constitue la première d’une série de 14 étapes au cours desquelles la DyTAES a entrepris de consulter les ruraux du Sénégal. Chaque étape se déroule sur 1 à 3 jours, émaillés de discours officiels, de conférences de presse, d’ateliers en salle et de visites de terrains.</p>
<p>À chaque fois, une soixantaine d’acteurs représentatifs d’un territoire sont rassemblés : agropasteurs, consommateurs, transformateurs, formateurs, chercheurs, élus, services techniques, médias locaux, ONG…</p>
<p>Cette caravane intervient à un moment crucial de l’agenda politique du pays. Le gouvernement étant en train d’élaborer le plan Sénégal émergent (PSE) vert, principal cadre qui va orienter l’action publique en matière d’environnement et d’agriculture pour les 15 prochaines années. La DyTAES, invitée à participer à la structuration de ce plan, compte s’appuyer sur cette campagne de consultation pour être force de proposition.</p>
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<span class="caption">Les travaux de groupe sont organisés pour recueillir des recommandations politiques opérationnelles pour alimenter plusieurs cadres de concertation : PSE Vert, Forum mondial de l’eau, COP15 sur la désertification. Le travail est axé sur 4 thématiques : la protection et la restauration des sols ; l’accès et gestion durable de l’eau ; la réintroduction de l’arbre dans les systèmes de production ; la réduction de la dépendance aux intrants chimiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">Dans les travaux de groupe, les participants commencent par identifier les options techniques et organisationnelles permettant de mieux gérer les ressources naturelles comme l’eau et les sols. Ils définissent ensuite, pour chacune des options proposées, les rôles et responsabilités de l’État et des acteurs locaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Au cœur des débats, l’avenir de l’eau dans les Niayes</h2>
<p>Les premières étapes de la caravane se sont déroulées à Bambilor, Mboro et Thiès, trois communes de la zone horticole des Niayes. Située entre Dakar et Saint Louis, cette bande côtière très peuplée est constituée de dunes et de dépressions inter-dunaires où se développent le maraîchage (oignon, pomme de terre, tomate, choux, etc.), l’arboriculture fruitière (mangue, agrumes, papaye, anacarde) et l’élevage de volailles et de petits ruminants.</p>
<p>En tant que premier bassin de production horticole du Sénégal, la zone des Niayes revêt une importance majeure pour l’économie et la sécurité alimentaire du pays.</p>
<p>Les témoignages recueillis ont mis l’accent sur les changements profonds qui questionnent la disponibilité et la qualité des ressources en eaux. La prolifération des forages entraîne une surexploitation des eaux souterraines et, par endroits, une avancée du biseau salin issu de la nappe maritime. À Mboro, Thierno Sarr, agriculteur, se souvient :</p>
<blockquote>
<p>« Il y a vingt ans, cette cuvette maraîchère était encore une mare permanente. »</p>
</blockquote>
<p>Entre changement climatique, surpompage et pollution chronique, les agricultrices et agriculteurs des Niayes assistent impuissants à la disparition programmée de leur eau si précieuse.</p>
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<span class="caption">Le trou dans lequel se trouve cet agriculteur de Mboro est une mare asséchée depuis une dizaine d’années. À cause du surpompage, les producteurs maraîchers des Niayes doivent pomper de plus en plus profond pour atteindre la nappe phréatique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">Ces ouvriers agricoles de Mboro raccordent des tuyaux pour guider l’eau d’irrigation à travers la parcelle. L’eau est pompée dans la nappe superficielle, stockée dans un bassin de décantation puis mise sous pression grâce à une deuxième motopompe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Créer une émulation au niveau local</h2>
<p>Partout au Sénégal émergent des initiatives prometteuses, proposant des manières alternatives de produire, échanger et consommer. Fédérés autour de la caravane 2022, les acteurs de la DyTAES se sont fixé de répertorier, documenter et valoriser ces projets.</p>
<p>Lors des trois premières étapes de la caravane, des présentations orales et des visites de terrain ont été organisées pour mettre en lumière des projets innovants dans les domaines du maraîchage, de l’élevage, de la transformation et de la distribution des produits. Il s’agissait de présenter ces pionniers comme autant d’exemples à suivre pour créer une émulation au niveau local. Avec, pour objectif à terme, de faire apparaître des groupes autonomes comme autant de Dynamiques pour une transition agroécologique locale (DyTAEL).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447103/original/file-20220217-3064-1tm98j6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Visite par la DyTAES du périmètre maraîcher agroécologique de Pout Ndoff (région de Thiès) dont l’objectif est de freiner l’exode dans les territoires.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447104/original/file-20220217-2069-1trsvjo.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">De haut en bas et de gauche à droite : visite d’une unité de transformation agroalimentaire pilotée par le groupe de femmes Takku Liguey, à Mboro. Centre polyvalent de promotion des personnes vivant avec un handicap à Mont-Rolland (Thiès), où sont formées des jeunes et des femmes à la fabrication de produits artisanaux et agroalimentaires, à la couture et à l’agroécologie. Au centre de formation Seddo Ndam à Darou Ndiaye (commune de Touba Toul), on forme des jeunes à la modernisation de l’élevage caprin et on les soutient dans leur projet d’installation. Visite du marché de producteurs bio du REFABEC à Thiès.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierno Sall/Enda Pronat, Raphaël Belmin/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Pour ses prochaines étapes, la caravane trace sa route vers le nord, en direction de la zone sylvopastorale à Linguére, puis dans la vallée du fleuve Sénégal à Podor. Dans ces territoires, le changement climatique et la pression anthropique déstabilisent le mode de vie des cultivateurs et des communautés d’éleveurs nomades.</p>
<hr>
<p><em>Marie-Liesse Vermeire (Cirad), Mame Farma Ndiaye Cissé (Isra), Banna Mbaye (Isra), Dienaba Sall Sy (Isra), Jean-Michel Sene (Enda Pronat), Laure Brun Diallo (Enda Pronat), Thierno Sall (Enda Pronat), Mamadou Sow (Enda Pronat), Fatou Diouf (Eclosio), Alice Villemin (Avsf), Malick Djitté (Fongs), Khady Thiané Ndoye (Cicodev Afrique) sont co-autrices et co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177076/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les trois étapes de la caravane mentionnées dans cet article ont été organisées par les membres de la DyTAES avec le soutien financier des projets Fair (Union européenne, AFD), Costea (AFD), Feeding urbanization (FAO), Yessal Sunu Mabye (CEDEAO, AFD), Apsu (Enabel, Union européene), programme Renforcer l’Agroécologie et la Résilience des Communautés d’Afrique de l’Ouest (Vibrant Village Fondation), Agenda Transformateur 2030 (Union européenne), Sewoh (MISEREOR), PMA/TAE (WFD). Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Liesse Vermeire ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Du 7 février au 12 mars 2022, la grande caravane de l’agroécologie fait le tour du pays pour rencontrer les populations rurales et développer d’autres façons de produire, échanger et consommer.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradMarie-Liesse Vermeire, Chercheuse en écologie du sol, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1765752022-02-09T20:49:25Z2022-02-09T20:49:25ZAu Sénégal, la grande caravane de l’agroécologie reprend la route !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/445682/original/file-20220210-19-rcmsvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour s’adapter à la raréfaction de l’eau, Mame Ngor (Ngoé, Sénégal) a déployé une batterie d’innovations : irrigation localisée, associations culturales, fumier, compost, paillages avec son de mil et coques d’arachide. </span> <span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Trois années après sa première « grande caravane », <a href="https://dytaes.sn/">la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES)</a> – ce large réseau qui fédère depuis 2019 l’ensemble des acteurs de l’agroécologie sénégalaise dans un but de plaidoyer, de sensibilisation et d’accompagnement des territoires en transition – entame en ce début février 2022 un nouveau périple à travers le pays. </p>
<p>Au programme : une expédition de 34 jours (du 7 février au 12 mars 2022) et 14 étapes au cœur du Sénégal rural dans le but de consulter les actrices et acteurs engagés dans la transition agroécologique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445679/original/file-20220210-48821-zwlo4t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La caravane DyTAES en 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Une immersion dans l’agroécologie africaine</h2>
<p>Depuis sa création, la DyTAES cherche à fédérer l’ensemble des acteurs de l’agroécologie sénégalaise dans le but d’accompagner l’État dans la construction d’une politique de transition agricole. Il s’agit à ce jour du plus important mouvement africain dans ce domaine. </p>
<p>La DyTAES est ainsi devenue une interlocutrice privilégiée du ministère de l’Agriculture, de plusieurs groupes parlementaires et du Bureau opérationnel de suivi du plan Sénégal émergent (PSE). Au niveau international, la DyTAES a été représentée dans diverses arènes de discussion ou de décision – One Planet Summit, Sommet Afrique France, Congrès international d’horticulture, Conférence intensification durable et COP26.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445353/original/file-20220209-17-bn8m4n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Visite des terres dégradées de Keur Moussa (caravane DyTAES 2019).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445352/original/file-20220209-15-1y5vfuu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Visite de la forêt autogérée de Djilor (caravane DyTAES 2019).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Consulter les ruraux pour alimenter le dialogue politique</h2>
<p>Acte fondateur de l’alliance DyTAES, une première caravane a sillonné tout le Sénégal entre les mois d’aout et d’octobre 2019 dans le but de mieux comprendre les problèmes des ruraux et de recueillir leurs recommandations politiques. </p>
<p>Une trentaine de membres de la DyTAES ont à cette occasion parcouru les 6 zones éco-géographique du Sénégal – Casamance, Niayes, Vallée du fleuve, Ferlo, Sénégal oriental et Bassin arachidier – et consulté des milliers de personnes issues de plus de 500 organisations. Un participant se rappelle : </p>
<blockquote>
<p>« Les nombreuses rencontres et visites de terrain m’ont fait prendre conscience de la fragilité de notre agriculture, de la violence du changement climatique et du niveau avancé de dégradation des ressources naturelles. » </p>
</blockquote>
<p>Dans un monde rural africain confronté à de multiples difficultés, l’agroécologie offre une alternative crédible, en permettant de s’inspirer du fonctionnement des écosystèmes pour concevoir des systèmes agricoles et alimentaires plus durables et plus résilients face au changement climatique notamment. </p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Rose associe manguiers, agrumes, papayes et cultures maraichères sur sa parcelle afin d'optimiser l'usage de l'eau (Casamance, Sénégal). Avec ce mode de culture en strates verticales, chaque goutte d'eau apportée profite à plusieurs cultures.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445684/original/file-20220210-27-vbycm5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ce producteur de la commune de Guédé (vallée du fleuve Sénégal) inspecte sa parcelle afin de détecter les foyers de ravageurs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>En construisant des synergies entre les plantes cultivées, les animaux et les arbres, on peut accroître la production et limiter les fertilisants et pesticides chimiques. </p>
<p>Au Sénégal, l’introduction de certaines espèces légumineuses (niébé, moringa ou faidherbia alibidia) dans les assolements permet par exemple une fixation biologique de l’azote, ce qui contribue à une meilleure santé des sols et à des économies sur l’achat d’engrais azotés.</p>
<p>Le diagnostic et les recommandations émanant des zones visitées par la DyTAES ont été synthétisés dans un <a href="https://www.divecosys.org/actualites/dytaes-rapport-2020">rapport</a> remis en main propre au gouvernement du Sénégal lors des Journées de l’agroécologie 2020. </p>
<p>Ce rapport souligne que l’agriculture sénégalaise est affectée par un déséquilibre structurel. Les communautés rurales paient un lourd tribut face à la dégradation généralisée de leurs ressources naturelles comme l’eau, les sols et les forêts. </p>
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<span class="caption">Des dizaines de tuyaux reliés à des motopompes assèchent progressivement la nappe phréatique à Darou Khoudoss. Si rien n’est fait pour enrayer ce processus, l’eau risque de manquer dans quelques années.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<img alt="Raphael Belmin / Cirad" src="https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445348/original/file-20220209-17-1iqsrzs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Au Sénégal, la zone maraîchère des Niayes est menacée par le surpompage, la baisse de fertilité des sols et l’utilisation excessive de pesticides chimiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>14 étapes pour la caravane 2022</h2>
<p>Jusqu’au 12 mars 2022, la DyTAES arpente à nouveau le pays pour rencontrer les populations au cours de 14 étapes. Si le mode d’action n’a pas changé (visites de sites, focus group et ateliers), les objectifs sont eux différents. </p>
<p>Il s’agit de préparer la construction d’un nouveau document de contribution politique qui tirera le bilan des dernières avancées du gouvernement en matière d’agroécologie, à l’image de la récente réforme de subvention des engrais organiques. Ce bilan alimentera également la construction du PSE Vert (le PSE constituant le principal cadre de programmation politique à l’horizon 2035 pour le pays). </p>
<p>Les témoignages recueillis lors des consultations seront partagés lors du prochain Forum mondial de l’eau (qui se tiendra fin mars 2022 à Dakar) et de la COP15 sur la désertification (en mai 2022 à Abidjan), deux évènements clés de l’agenda international pour l’environnement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445355/original/file-20220209-13-6wrwfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte du trajet de la caravane 2022.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Provoquer un « sursaut » des territoires</h2>
<p>Devant l’urgence d’agir, la DyTAES a fait le choix de parier sur les territoires comme acteurs majeurs de la transition agroécologique dans le pays. La caravane a ainsi pour objectif de renforcer ou impulser la mise en place de cadres locaux (sous l’appellation Dynamique pour une transition agroécologique locale, DyTAEL) dans les différents territoires visités. </p>
<p>« La caravane doit susciter un sursaut général, une responsabilisation des territoires ruraux du Sénégal », souligne l’une des scientifiques impliquées dans l’organisation de la caravane 2022.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445350/original/file-20220209-25-79kdvp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme inscrit une recommandation politique pour la transition agroécologique pendant un atelier de consultation de la DyTAES (2019).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin / Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Cette mobilisation au sein des territoires a été initiée dès 2021, avec la construction de DyTAEL dans trois départements du Sénégal – Tambacounda, Podor et Bignona. Ces structures ont été conçues comme autant de lieux de dialogue politique local, de planification territoriale, d’expérimentation et de mise en synergie entre les initiatives agroécologiques présentes au sein d’un territoire donné. </p>
<p>Leur rôle est de démontrer que la transition agroécologique est possible à l’échelle de zones pilotes dès lors que les acteurs coordonnent leurs efforts et mutualisent leurs ressources. </p>
<p>Les DyTAEL doivent produire des connaissances et des approches susceptibles d’alimenter le dialogue politique national et international conduit par la DyTAES, à l’image du projet <a href="https://www.fair-sahel.org/">Desira Fair Sahel</a> qui propose notamment des expérimentations agronomiques en milieu paysan. </p>
<p>Pour sa première semaine d’itinérance, la grande caravane rejoindra Bambilor, Mboro et Thiès, trois communes situées dans la zone horticole des Niayes, un bassin de production de légumes, d’agrumes et de mangues affecté par le déclin des ressources en eau et les risques sanitaires liés à l’utilisation inappropriée des pesticides chimiques.</p>
<hr>
<p><em>Laure Brun Diallo, conseillère en suivi évaluation de l’<a href="https://www.endapronat.org/">ONG Enda Pronat</a>, est co-autrice de cet article.</em> </p>
<p><em>Pour retrouver la caravane de 2019 en photos, <a href="https://storymaps.arcgis.com/stories/3bba510c317a41bcae8a7513274d8ba2">rendez-vous ici</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176575/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphael Belmin accompagne le développement de la DyTAES en tant que scientifique et photographe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Astou Diao Camara ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Jusqu’au mois de mars 2022, nous vous proposons de suivre le périple des membres de la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal sous la forme d’un journal de bord.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradAstou Diao Camara, Sociologue, chercheure et directrice du bureau d’analyse macroéconomique (BAME), Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1704932021-10-24T15:23:41Z2021-10-24T15:23:41ZL’inquiétante flambée des prix des matières agricoles<p>À la COP26 de Glasgow, la transition énergétique et la sortie des énergies fossiles ont été au cœur des débats. Les enjeux agricoles n’ont guère été abordés.</p>
<p>La hausse des prix des matières agricoles rappelle pourtant combien réchauffement climatique, résilience agricole et sécurité alimentaire sont liés.</p>
<h2>Des prix agricoles proches de leurs plus hauts historiques</h2>
<p>La FAO, l’organisation onusienne en charge des questions agricoles et alimentaires, publie chaque mois un <a href="https://www.fao.org/worldfoodsituation/foodpricesindex/en/">indice du prix</a> des denrées agricoles assurant l’alimentation de base. Depuis un an, cet indice ne cesse de grimper.</p>
<p>En novembre 2021, l’indice a encore progressé de 1,2 % du fait de la poussée des céréales et des produits laitiers. Sur un an, les prix des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ol%C3%A9agineux">oléagineux</a> ont doublé. Ceux des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Paille">céréales à paille</a> (hors riz) sont proches de leurs plus hauts historiques. Le renchérissement des produits animaux est un peu moins marqué. Le riz, qui joue un rôle central dans les approvisionnements de l’Asie, échappe à la surchauffe des marchés agricoles. C’est une différence importante avec la précédente crise de 2008-2009.</p>
<p>Exprimé en pouvoir d’achat relativement aux biens industriels, le prix de ces matières agricoles a dépassé les pics atteints au lendemain de la crise financière de 2008-2009. Il s’approche de son plus haut historique, atteint lors de la crise de 1973 lorsque les États-Unis avaient imposé leur embargo sur le soja et l’OPEP celui sur le pétrole.</p>
<p>Peu d’observateurs s’attendent aujourd’hui à un reflux rapide des tensions sur ces marchés. Dans son dernier bilan sur les <a href="https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Food%20Outlook%20-%20Biannual%20Report%20on%20Global%20Food%20Markets%2C%20November%202021.pdf">perspectives des marchés agricoles</a>, la FAO n’anticipe pas de reconstitution rapide des stocks. Elle souligne également que les prix agricoles continueront de subir l’influence du renchérissement des prix de l’énergie.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/435405/original/file-20211202-19469-9ziwdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">C. de Perthuis à partir des données FAO</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Perturbations climatiques et redémarrage chinois</h2>
<p>Côté offre, les perturbations climatiques ont tendance à se multiplier avec le réchauffement global. Elles ont touché cette année très sévèrement les récoltes au Canada, dans l’Ouest américain, au Brésil et en Russie.</p>
<p>Les difficultés logistiques perturbent de nombreux circuits d’approvisionnement et accroissent les pertes de récolte. Le prix de l’énergie se répercute sur les coûts de production agricole (engrais et machinisme principalement).</p>
<p>Côté demande, le regain d’activité plus rapide qu’anticipé dans les pays émergents dope la demande. Les besoins sont considérables en Chine, qui cherche notamment à reconstituer son cheptel porcin <a href="https://theconversation.com/de-leurope-a-lasie-le-role-cle-des-elevages-de-porcs-dans-lemergence-des-pandemies-155617">décimé entre 2018 et 2020 par l’épidémie de peste porcine</a>. La demande pour les grains et tourteaux nourrissant le bétail est très forte.</p>
<p>Un autre facteur tirant la demande concerne la désorganisation des circuits alimentaires locaux provoquée par la crise du Covid dans nombre de pays moins avancés.</p>
<h2>Ceux qui tirent leur épingle du jeu…</h2>
<p>À court terme, les gagnants sont les producteurs et exportateurs des denrées agricoles de base et les grands opérateurs de négoce.</p>
<p>Côté producteurs figurent en premier lieu les exportateurs de grains (céréales et oléagineux) qui valorisent mieux leur récolte, à l’exception de ceux ayant subi de fortes pertes pour raisons climatiques. Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bl%C3%A9_tendre">blé tendre</a> exporté depuis le port de Rouen a par exemple franchi la barre historique des 300 €/t fin novembre avant de légèrement fléchir.</p>
<p>Comme la moisson a été bonne, cela permet de reconstituer les trésoreries des céréaliers après quelques campagnes difficiles. L’Indonésie double ses recettes d’exportation d’huile de palme, mais pas la Malaisie où les règles sanitaires anti-Covid ont bloqué la main-d’œuvre et fait chuter la récolte. Les gros exportateurs de viande et de produits laitiers (Brésil, Argentine et Nouvelle-Zélande, à titre principal) tirent également leur épingle du jeu, ainsi que ceux de sucre.</p>
<p>Les produits tropicaux (café, thé, cacao) qui ne figurent pas dans l’indice FAO des produits de base ont connu depuis un an une hausse de même ordre de grandeur. Les producteurs des pays concernés travaillant pour l’exportation ont également bénéficié de la remontée des cours. Ils ne constituent toutefois qu’une minorité des agriculteurs des pays moins avancés sur le plan économique.</p>
<p>Le commerce mondial de produits agricoles est dominé par quatre <a href="https://www.economist.com/business/2021/07/29/as-food-prices-soar-big-agriculture-is-having-a-field-day">compagnies de négoce</a> – ADM, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus – qui sont toutes plus que centenaires. Rompues aux arbitrages entre marchés, elles tirent profit de ces tensions multiformes sur les prix. Signe qui ne trompe pas, les cours boursiers de celles qui sont cotées (ADM et Bunge) ont plus que doublé en un an.</p>
<h2>… et ceux qui subissent</h2>
<p>Les perdants se trouvent du côté des consommateurs ou des producteurs qui n’ont pas eu accès aux marchés pour mieux valoriser leurs produits.</p>
<p>Dans les pays riches, la tension sur les denrées agricoles de base n’a que modérément impacté les budgets des ménages. En France, l’Insee a certes relevé une certaine accélération des <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/001759964">prix de produits frais</a> au détail (hausse de l’ordre de 7 % sur un an), mais pas sur les autres produits. Cela pourrait changer dans les prochains mois, avec la hausse annoncée du prix de la baguette.</p>
<p>Il en va tout autrement dans les pays moins avancés où l’alimentation représente une composante bien plus importante du budget des familles. Dans ces pays, la <a href="https://www.economist.com/graphic-detail/2021/09/22/high-food-prices-are-here-to-stay">« facture alimentaire »</a> importée s’est accrue bien plus rapidement que le PIB. Au plan macroéconomique cela a fragilisé leur balance commerciale. Le choc des prix importés a lourdement frappé les ménages. Il aggrave l’insécurité alimentaire.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428053/original/file-20211022-15-barzr5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.economist.com/graphic-detail/2021/09/22/high-food-prices-are-here-to-stay">The Economist</a></span>
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<h2>Menaces sur la sécurité alimentaire</h2>
<p>D’après le <a href="https://www.fao.org/documents/card/fr/c/cb4474en/">dispositif de suivi</a> de la FAO, d’importants progrès ont été obtenus dans la lutte contre la faim dans le monde. En 1970, la sous-nutrition affectait un tiers de la population mondiale. En 1990, cette proportion était ramenée à 20 % pour passer en dessous de 10 % vers 2010.</p>
<p>Depuis 10 ans, ces progrès sont interrompus. La FAO a observé une lente remontée du nombre de personnes souffrant de la faim à partir de 2015. Le déclenchement du Covid a aggravé les choses. En 2020, le nombre de personnes affectées par le fléau est probablement remonté aux alentours de 800 millions de personnes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/428056/original/file-20211022-9803-1i6a7dx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.fao.org/3/ca9692en/online/ca9692en.html#chapter-1_1">FAO</a></span>
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<p>La tension sur les prix agricoles intervient ainsi dans un contexte déjà fortement fragilisé par la pandémie. Elle affecte en premier lieu les budgets des familles vivant dans les villes ou leurs périphéries. L’essentiel de la nourriture y est acheté sur des marchés où les hausses peuvent être amplifiées par des intermédiaires en situation de position dominante.</p>
<p>Dans les pays moins avancés, les pires foyers de sous-nutrition ne se trouvent pas dans les villes, mais dans le monde rural. Contrairement à une opinion commune, la hausse des prix des produits agricoles de base ne rééquilibre que marginalement la distribution des revenus au profit des campagnes. Elle contribue au contraire à y aggraver l’insécurité alimentaire.</p>
<p>Comme l’a analysé la FAO lors de la précédente crise de 2008–2009, la majorité des familles vivant hors des villes sont en effet devenu acheteuses nettes de produits agricoles. Leurs revenus monétaires sont généralement très faibles. Le renchérissement des cours agricoles affecte lourdement leur capacité d’achat.</p>
<p>Un autre paramètre important concerne les structures de production agricole. Si les exploitations agricoles tournées vers le marché mondial bénéficient de la tension des marchés agricoles, ce n’est pas le cas de la grande majorité des agriculteurs. Approvisionnant des marchés locaux aux configurations multiples, ces agriculteurs ne touchent bien souvent que des miettes de la hausse des cours mondiaux. Quand ils touchent quelque chose !</p>
<p>Dans une <a href="http://www.agrisud.org/wp-content/uploads/2021/10/Decryptage-Agrisud-systemes-alimentaires-durables-juin-2021.pdf">note d’analyse</a>, l’ONG de développement Agrisud observe ainsi de multiples cas où les prix obtenus par les producteurs en 2020 et 2021 sont laminés alors que les cours sont mieux orientés sur les marchés internationaux.</p>
<h2>Comment faire face à court terme ?</h2>
<p>Pour lutter contre la montée de l’insécurité alimentaire, il convient d’agir à court terme sur quatre leviers.</p>
<p>L’affaiblissement de la capacité financière des ménages les plus pauvres est la première cause de montée de l’insécurité alimentaire. Pour la contrer, il convient de distribuer du pouvoir d’achat sans contrepartie à ces ménages. Les conditions économiques et financières d’une telle redistribution ont été décrites par les économistes Esther Duflo et Abhijit Banerjee dans leur <a href="https://www.fondation-cdf.fr/2020/05/14/quels-enjeux-pour-les-pays-en-developpement-face-au-covid-19/">analyse</a> plus globale des conséquences du Covid.</p>
<p>Simultanément, les pays exportateurs doivent éviter d’amplifier et de propager la crise en érigeant des barrières à l’exportation. N’oublions pas les précédents de 1973 – avec l’embargo US sur le soja –, de la crise de 2008-2009 avec le contingentement des exportations de riz par l’Inde et le Vietnam, qui rebondit en 2011-2012 avec celui de la Russie sur le blé.</p>
<p>Au sein des pays moins avancés, il convient de soutenir beaucoup mieux les producteurs vivriers travaillant sur de petites structures. C’est sur eux que repose la majorité des approvisionnements. Cela exige de rééquilibrer très vite les moyens du développement agricole bien trop concentrés sur les grandes exploitations agro-exportatrices. Une difficulté majeure tient à la grande dispersion de ces unités économiques de petite taille. Concrètement, les leviers d’action passent par le relais des regroupements de producteurs et la surveillance des circuits commerciaux.</p>
<p>L’une des conditions de réussite de ces actions locales est la protection des producteurs locaux contre la concurrence des produits issus des marchés internationaux. Ce type de compétition est intenable pour les petits producteurs. Comme l’indique l’agronome Marc Dufumier dans son ouvrage paru en 2020 <a href="https://allary-editions.fr/products/marc-dufumier-de-la-terre-a-assiette"><em>De la Terre à l’assiette</em></a>, les écarts de productivité du travail peuvent aller d’un à mille entre ces producteurs vivriers et leurs concurrents situés dans les grandes puissances agro-exportatrices.</p>
<p>Il est d’autant plus crucial de manier ces quatre leviers d’action à court terme que les contraintes résultant du réchauffement seront plus rudes demain.</p>
<h2>L’incontournable variable du réchauffement climatique</h2>
<p>Comme le rappelle le <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/">premier tome</a> du 6° rapport d’évaluation du GIEC paru en août 2021, les impacts du réchauffement global vont se durcir pendant les trois prochaines décennies, quelle que soit la vitesse de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces impacts fragilisent les producteurs agricoles.</p>
<p>Le réchauffement a des effets directs : il déplace vers les hautes latitudes les zones propices à la culture et à l’élevage, ce qui est globalement défavorable aux petits producteurs vivriers majoritairement situés plus près des tropiques.</p>
<p>Il a de multiples effets indirects, plus complexes à anticiper : la perturbation du régime des précipitations qui multiplie, ici les sécheresses, là-bas les inondations ; les changements de régime des fleuves ; la multiplication des évènements extrêmes ; la montée du niveau des mers qui exerce une pression redoutable sur les agricultures de deltas (avec notamment le phénomène de salinisation des sols).</p>
<h2>A moyen et long terme, réussir la transformation agroécologique</h2>
<p>Les méthodes d’adaptation pour accroître la résilience des systèmes agricoles et alimentaires ont fait l’objet d’un examen complet dans le <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/4/2021/02/08_Chapter-5_3.pdf">rapport spécial du GIEC sur la Terre</a>, paru en 2019.</p>
<p>Elles consistent à adopter des pratiques s’appuyant au maximum sur les cycles biologiques naturels qu’on peut regrouper sous le terme générique d’agroécologie : diversification des assolements, sélection locale des semences intégrant les contraintes du réchauffement, complémentarités entre cultures et élevages (engrais organiques), protection biologique contre les attaques des cultures et des troupeaux sans passer par les produits chimiques affaiblissant la biodiversité…</p>
<iframe src="https://embed.acast.com/5f63618a37b1a24c4ff25896/60ffbea7b233780012126129" frameborder="0" width="100%" height="110px"></iframe>
<p>Dans les systèmes vivriers, ces méthodes permettent de réduire la dépendance aux intrants bien trop coûteux et généralement mal conçus pour ce type d’agriculture. Elles exigent en revanche un investissement plus lourd en capital humain et des structures de développement agricoles performantes qui font souvent défaut.</p>
<p>L’agroécologie doit également s’imposer dans les grandes exploitations qui ont su maîtriser des systèmes agro-industriels efficaces à court terme, mais dont le haut degré de spécialisation épuise les écosystèmes ce qui menace à terme les gains initiaux.</p>
<p>Les signaux se multiplient en ce sens : stagnation depuis deux décennies des rendements céréaliers en Europe de l’Ouest ; chute de la production au Canada que la position septentrionale ne protège plus contre les canicules (et l’invasion de nouveaux parasites) ; multiplication des accidents climatiques au Brésil, condamnant selon <a href="https://www.istoebresil.org/post/la-puissance-agricole-du-br%C3%A9sil-est-menac%C3%A9e">l’analyse de l’économiste Jean‑Yves Carfantan</a>, la stratégie agro-exportatrice actuelle.</p>
<p>Cette bascule vers l’agroécologie est aussi une condition requise pour réduire les émissions du secteur agricole (méthane, protoxyde d’azote et rejets de CO<sub>2</sub> liés à l’usage des sols). C’est notamment le cas du Brésil où le retour en force du lobby agro-industriel a déjà mangé depuis 2015, une partie des gains antérieurs obtenus dans la lutte contre la déforestation.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/435406/original/file-20211202-25-1ploib8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="source">C. de Perthuis à partir des données INPE</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Ainsi, le climat va doublement contraindre l’ensemble des systèmes agricoles à muter vers l’agroécologie : pour résister au durcissement des effets du réchauffement ; pour réduire les émissions qui le provoquent. En opérant cette mutation, l’agriculture participera à la fois à l’adaptation et à l’atténuation du changement climatique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170493/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian de Perthuis est administrateur de l’ONG de développement Agrisud-International. </span></em></p>Cette tension sur les prix agricoles intervient dans un contexte déjà fragilisé par la pandémie. Portée par les dérèglements climatiques, elle souligne la nécessité de développer l’agroécologie.Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1680962021-10-13T19:12:16Z2021-10-13T19:12:16ZConnaissez-vous la litière forestière fermentée, ce fertilisant prometteur utilisé en agroécologie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/424723/original/file-20211005-16-15salt.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C12%2C2012%2C1343&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Litière forestière destinée à être mélangée avec d’autres substrats d'origine agricole et fermentée pour la fabrication d'un bio-produit. </span> <span class="attribution"><span class="source">Pierre Christen</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis l’avènement de l’agriculture productiviste, au lendemain la Seconde Guerre mondiale, les sols agricoles sont sévèrement mis à mal. Des études estiment qu’en France, une surface agricole équivalente à un département moyen <a href="https://filiere-paysanne.blogspot.com/p/preservation-des-terres.html">disparaît tous les dix ans</a> : salinisation, érosion, compaction, artificialisation ou simplement déprise agricole.</p>
<p>En corollaire des pratiques agricoles « conventionnelles » qui considèrent le sol plus comme un support physique qu’un substrat vivant, la biodiversité microbienne des sols agricoles <a href="https://sciencepress.mnhn.fr/fr/collections/hors-collection/atlas-francais-des-bacteries-du-sol">est également mise à mal</a>. L’usage de pesticides, un travail du sol intensif et fréquent, un recours aux fertilisants minéraux ou de synthèse ainsi qu’une faible diversité végétale cultivée en sont, pour une large part, responsables.</p>
<p>Cette érosion de la biodiversité microbienne et de la mésofaune des sols se traduit également par une pression accrue des maladies telluriques qui fragilisent les cultures. Sans parler des émissions de gaz à effets de serre associées à ces intrants (NH<sub>3</sub> et N<sub>2</sub>O en particulier).</p>
<p>Il est donc urgent de mettre au point des pratiques culturales restauratrices de la fertilité et de la santé des sols, accessibles et économiques. Des solutions fondées sur le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31623921/">recyclage de la matière organique et/ou l’apport de micro-organismes</a> de différentes origines sont à l’étude.</p>
<p>L’une d’entre elles, sortie de la boîte à outils de l’agroécologie, met en jeu la grande <a href="https://academic.oup.com/femsre/article/41/2/109/2674172">biodiversité microbienne des litières forestières</a> : on parle de « litières forestières fermentées » (LFF), et la méthode s’apparente à celle des <a href="https://www.emrojapan.com/">« micro-organismes efficaces »</a>.</p>
<h2>Le professeur Higa et ses assemblages de micro-organismes</h2>
<p>Un peu d’histoire d’abord. Dans les années 1980 au Japon, le professeur Higa, ayant pris conscience de la dangerosité des intrants chimiques pour la santé humaine, les sols et les plantes, s’intéresse aux micro-organismes utilisés dans les fermentations alimentaires traditionnelles japonaises (miso, shôyu, tempeh, etc.).</p>
<p>Il les mélange alors à des micro-organismes de compost et à d’autres prélevés dans la rhizosphère de certains arbres. Ces « assemblages » de micro-organismes seront le point de départ de nombreuses études et applications agronomiques, d’abord au Japon, puis dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Est et en Amérique latine vers le milieu des années 1990. Ils mettront plus de temps à arriver en Europe et en Afrique, et de façon plus confidentielle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421826/original/file-20210917-27-9lfn3x.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Mélange de la litière avec des sous-produits agricoles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Terre et humanisme</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><a href="https://terre-humanisme.org/sortie-du-manuel-de-la-litiere-forestiere-fermentee/">La LFF est préparée</a> à base de litière prélevée sur des sols de forêts, puis combinée à des sous-produits agricoles riches en glucides simples (mono ou disaccharides) tels que le glucose, le fructose ou le saccharose (mélasse par exemple), en sucres plus lents contenant beaucoup d’amidon et/ou de cellulose (son de blé ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Balle_de_riz">balle de riz</a> par exemple), et en bactéries lactiques (petit lait ou lait de soja, entre autres).</p>
<h2>Utilisée comme biofertilisant</h2>
<p>Bien homogénéisé et humidifié (à environ 50 à 60 % d’eau), le tout est placé en conditions anaérobies (c’est-à-dire sans oxygène) dans un récipient hermétique, pendant un mois, afin de favoriser différents processus biologiques, dont des fermentations lactiques et alcooliques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Anaérobiose.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Terre et humanisme</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421827/original/file-20210917-48650-1vky1ou.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un mois plus tard, le mélange obtenu solidifié.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Terre et humanisme</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Passé ce délai est obtenue une matrice solide présentant une légère odeur fruitée, alcoolisée, et un pH acide. Cette litière forestière fermentée – <a href="https://bit.ly/3lDPUWQ">appelée aussi Lifofer, ou « mère solide »</a> – peut alors être « activée » en milieu liquide (courte fermentation de six jours dans un milieu aqueux sucré) puis épandue sur les sols après une dilution adéquate.</p>
<p>Généralement appliquée au sol – avec de la matière organique – comme biofertilisant, la litière forestière fermentée peut aussi avoir un rôle contre les pathogènes du sol (<em>Clostridium</em>, entérobactéries, nématodes…) grâce à la production d’acide lactique et à la subséquente acidification du milieu.</p>
<h2>Efficace contre le mildiou</h2>
<p>Mais les litières forestières fermentées contribueraient également à optimiser le drainage des sols en améliorant leur structure, à leur permettre une meilleure rétention d’eau et à y réincorporer de la matière organique.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421891/original/file-20210917-19-1cylywn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le monastère orthodoxe de Solan est réputé pour ses pratiques agroécologiques dans la culture de ses vignes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Monast%C3%A8re_de_Solan_-_raisin_treille.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans certains cas, les LFF peuvent être appliquées sur les feuilles pour lutter biologiquement contre certains bioagresseurs attaquant les plantes. Au <a href="https://monastere-de-solan.com/agroecologie/8-le-monastere-de-solan-une-aventure-agroecologique.html">monastère de Solan</a>, dans le Gard, elles sont ainsi utilisées contre le mildiou, un champignon pathogène classique de la vigne, réduisant ainsi les quantités de sulfate de cuivre qui sinon s’accumuleraient dans le sol.</p>
<p>À Cuba, où elles sont connues comme <a href="https://www.redalyc.org/pdf/2691/269121519001.pdf">« microorganismos nativos o de montaña »</a>, on les utilise aussi avec succès en élevage (probiotique, agent de cicatrisation, assainissement des bâtiments), et en traitement biologique de lagunes victimes d’eutrophisation.</p>
<h2>Des mécanismes encore incompris</h2>
<p>Si l’utilisation de ces « micro-organismes efficaces » <a href="https://plateforme-documentaire.ctifl.fr/Record.htm?idlist=1&record=19487782124912059649">a fait ses preuves en maraîchage</a>, en améliorant la croissance des plantes et leur productivité, les processus mis en jeu qui s’opèrent dans le sol et au niveau de la plante restent une boîte noire à explorer.</p>
<p>Est-ce la composante « micro-organismes » qui est « efficace », c’est-à-dire qu’elle joue un rôle fertilisant ou stimulant dans les sols ? Ou bien certaines molécules bio-actives (enzymes, hormones végétales…) produites par ces micro-organismes pendant les fermentations ? Ou bien les deux ? La littérature scientifique reste peu documentée à ce sujet et les observations de terrain doivent être validées par une approche scientifique.</p>
<p>C’est pourquoi différentes équipes de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie (IMBE, <a href="https://theconversation.com/institutions/aix-marseille-universite-amu-2179">Aix-Marseille Université</a>), <a href="https://theconversation.com/institutions/institut-de-recherche-pour-le-developpement-ird-2267">l’IRD</a> et le <a href="https://theconversation.com/institutions/cirad-2208">Cirad</a> ont entrepris de mener conjointement des recherches sur cette thématique, en collaboration avec l’association <a href="https://terre-humanisme.org">Terre et Humanisme</a>. </p>
<h2>Suivre la décomposition de la matière organique</h2>
<p>Afin de caractériser ces micro-organismes, différentes techniques d’analyse capables de déterminer leur composition sont mises en œuvre : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Spectroscopie_infrarouge">spectroscopie infrarouge</a> et la <a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/physique-rmn-1987/">résonnance magnétique nucléaire</a>. Toutes deux permettent de caractériser l’état de la matière organique et de suivre sa décomposition. La spectrométrie de masse permet la recherche et l’identification éventuelle de molécules particulières comme les hormones végétales présentes dans la LFF.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1074477091708682240"}"></div></p>
<p>En complément, des analyses biologiques sont également menées sur la préparation de ces micro-organismes (pendant la fermentation) mais également dans le sol ; l’objectif étant de comprendre comment leur application peut modifier la composante microbienne du sol en matière de diversité fonctionnelle (capacité d’assimilation de différents substrats carbonés ou azotés) et génétique (extraction d’ADN, identification des familles bactériennes et fongiques par « metabarcoding »).</p>
<h2>Des sols plus résilients à la sécheresse</h2>
<p>L’effet de l’application de la LFF sur les sols est par ailleurs suivi par des mesures classiques telles que la respiration (CO<sub>2</sub> produit), le rapport carbone/azote, le pH, l’électro-conductivité, l’humidité et la capacité de rétention d’eau.</p>
<p>L’utilisation de ce biofertilisant contribuerait par ailleurs à renforcer la résilience des sols à la sécheresse. Des expériences sont ainsi menées en mésocosme, afin de reproduire les conditions naturelles de vie du sol, en alternant des cycles de séchage et de réhydratation de sols agricoles pour simuler des épisodes de sécheresse et de précipitations.</p>
<h2>Des recherches menées à l’échelle internationale</h2>
<p>Preuve de l’engouement récent pour cette technique de fertilisation <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02629232/document">simple et peu coûteuse</a> déjà adoptée dans diverses parties du monde, elle est au cœur de partenariats internationaux associant acteurs institutionnels et acteurs de la société civile afin d’en comprendre les mécanismes d’action, d’en valider scientifiquement l’efficacité avant de pouvoir la diffuser plus largement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1407609371496833025"}"></div></p>
<p>Entre autres, un partenariat piloté par le Cirad a ainsi été conclu entre des centres de recherche en Afrique de l’Ouest, en France et à Cuba, afin de favoriser le développement de cette technique <a href="https://www.cirad.fr/dans-le-monde/cirad-dans-le-monde/projets/projet-acept-mab">auprès des acteurs de l’agriculture paysanne ouest-africaine</a>.</p>
<p>Producteurs, agriculteurs, instituts de recherches se montrent séduits par cette technique dont ils ont pu expérimenter les effets de manière empirique. Il reste néanmoins un long chemin à parcourir au niveau scientifique afin de comprendre et d’expliquer les mécanismes en jeu et d’assurer la reproductibilité des effets de ces micro-organismes sur le long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168096/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Christen est partenaire du projet ACEPT-MAB financé par la Fondation de France.
Il a également un partenariat avec l’association Terre et Humanisme dans le cadre du projet LiFoFer.
Dans les deux cas, ces modestes financements sont utilisés pour la caractérisation physico-chimique et microbiologique de la litière forestière fermentée.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paula Fernandes a reçu des financements et coordonne ou anime les activités de ces quatre projets : Acept-Mab (Fondation de France), Valimab (Fondation Olga Triballat), Agrecocaribe (MAEE FSPI) et Automar (Cirad, metaprogramme Inrae-Cirad Glofoods).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Marie Farnet Da Silva et Catherine Rébufa ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Sortie de la boîte à outils de l’agroécologie, cette technique peu coûteuse met en jeu la grande biodiversité microbienne des litières forestières afin d’assurer la fertilité des sols.Pierre Christen, Microbiologiste et animateur en agroécologie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Anne-Marie Farnet Da Silva, Maître de conférence en écologie microbienne, Aix-Marseille Université (AMU)Catherine Rébufa, Maître de conférences en biotechnologie environnementale et chimiométrie, Aix-Marseille Université (AMU)Paula Fernandes, Researcher, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1691772021-10-07T18:13:43Z2021-10-07T18:13:43ZGrande muraille verte au Sahel : les défis de la prochaine décennie<p>Longtemps considérée comme un programme de plantation d’arbres, l’initiative de la Grande muraille verte (GMV) a évolué vers un <a href="https://theconversation.com/la-grande-muraille-verte-vecteur-de-developpement-durable-au-sahel-154195">programme de développement rural</a>. Cette nouvelle vision promeut la gestion durable des écosystèmes et aspire à développer une mosaïque de systèmes d’utilisation durable des terres et de productions agropastorales diversifiées.</p>
<p>La création de l’initiative de la Grande muraille verte a été envisagée pour la première fois en 2005 lors de septième session de la conférence des chefs d’État et des gouvernements membres de la communauté des États sahélo-sahariens. Le 17 juin 2010, les 11 États de la région du Sahel (Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria, le Tchad, le Soudan, l’Érythrée, l’Éthiopie et Djibouti), situés au sud du Sahara, ont créé l’Agence panafricaine de la GMV pour coordonner la mise en œuvre de l’initiative et appuyer la mobilisation des ressources.</p>
<p>Il ne s’agit plus uniquement de lutter contre la désertification, mais également de contribuer à l’agenda de l’accord de Paris, aux enjeux de l’<a href="https://www.iucncongress2020.org/fr/programme/post-2020-global-biodiversity-framework">agenda post-2020 de la Convention sur la diversité biologique</a>, et plus largement aux objectifs de développement durable (de lutte contre la pauvreté, d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, d’emploi, d’équité, de justice…) dans les pays du Sahel.</p>
<p>Le dernier <a href="https://www.unccd.int/news-events/unccd-launch-great-green-wall-status-report">rapport d’évaluation</a> sur l’état d’avancement de la GMV (septembre 2020) a néanmoins souligné le faible avancement de cette initiative (seuls 18 % des objectifs initiaux auraient été remplis) : parmi les raisons, l’insuffisance de coordination entre l’ensemble des parties prenantes, à toutes les échelles (locales, nationales, régionales et internationales).</p>
<p>Atteindre les objectifs 2030 de la GMV, à savoir restaurer 100 Mha de terres dégradées, séquestrer 250 Mt de carbone et créer 10 millions d’emplois verts, ne sera possible qu’à condition de relever de nombreux défis, pour ne pas conclure à nouveau, dans dix ans, à un bilan mitigé.</p>
<h2>Adapter les solutions à la diversité des territoires</h2>
<p>Lors de l’ouverture du Congrès mondial de la nature à Marseille (septembre 2021), le Président Macron, après son annonce en janvier 2021 du lancement de l’accélérateur de la Grande muraille verte, qui vise à faciliter la coordination et la collaboration des donateurs et parties prenantes impliqués dans l’initiative, a rappelé le soutien de la France à la GMV en déclarant notamment : « il est important que les acteurs sur le terrain puissent avoir des projets et que l’on puisse les accompagner ».</p>
<p>La lutte contre la dégradation des terres à l’échelle de la Grande muraille verte implique nécessairement de s’appuyer sur des actions qui ciblent les populations locales, en tenant compte du fait qu’elles tirent des ressources naturelles qu’elles gèrent des produits pour leur propre consommation ou pour les vendre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1364827434516951043"}"></div></p>
<p>De Dakar à Djibouti, les contextes climatiques, pédologiques, les pratiques et les techniques de gestion durable des terres (agroforesterie, agroécologie, agro-pastoralismes, etc.) ainsi que les règles foncières sont diverses et multiformes. L’adage selon lequel « il n’existe pas de solution qui puisse s’appliquer partout » doit guider la définition des solutions à apporter aux populations des territoires.</p>
<p>Au Sénégal, la mise en <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/image-a-la-une/image-a-la-une-jardins-feminins-sahel">œuvre de jardins polyvalents villageois</a> (Widou-Thiengoly) est un exemple de solution adaptée aux conditions du milieu et aux besoins des populations.</p>
<h2>Faire participer tous les acteurs</h2>
<p>Les pays de la GMV se caractérisent aussi par une diversité de contextes culturels et d’acteurs, qu’ils soient gestionnaires de terres (agriculteurs, pasteurs…), administrateurs publics ou locaux, issus de la société civile ou du secteur privé. Il convient donc de créer les conditions favorables à la coopération de tous.</p>
<p>Il en va de leur confiance quant à la pertinence des actions à déployer sur les territoires, ainsi que de la viabilité sur le moyen et long terme de ces opérations. Cette collaboration est également un gage pour éviter les conflits d’usage des ressources naturelles (sol, eau, biodiversité), et pour une meilleure reconnaissance de la place de tous (jeunes, femmes).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1311156614934732800"}"></div></p>
<p>La mise en place de processus consultatifs multiacteurs est donc une étape primordiale pour la création de ces conditions. Ces processus doivent, à l’échelle des territoires, à la fois intégrer une évaluation systématique du potentiel des ressources en terres et en eau, une analyse des pressions qu’elles subissent et des pratiques de gestion durable à mettre en place, mais aussi une analyse des tendances en matière de gouvernance, de sécurité foncière et d’accès aux ressources.</p>
<p>Les filières, agricoles ou non (artisanat…), doivent aussi être considérées avec un appui des institutions scientifiques africaines et internationales pour renforcer les chaînes de valeur existantes, comme les filières de valorisation des aliments traditionnels et des produits locaux (pulpe de Baobab, moringa…) de <a href="http://www.anp.ne/article/sahel-delices-un-exemple-de-reussite-dans-la-transformation-des-produits-locaux-du-niger">Sahel Délices</a> pour développer des produits intéressants sur un plan nutritionnel et agroécologique.</p>
<p>Avec la pleine participation des collectivités territoriales et autorités des différents services de l’État en charge du plan et de l’aménagement du territoire, ces processus doivent conduire à la définition de plan d’aménagement durable de l’espace.</p>
<p>Le projet <a href="https://www.agriculture.bf/jcms/fra_101079/fr/beog-puuto-batir-les-champs-du-futur-par-la-recuperation-des-terres-degradees">« Beog Puuto »</a> développé au Burkina Faso par SOS Sahel dans le cadre GMV est un exemple de type de projet co-construit. Impliquant des ONG burkinabées et des structures de l’administration publique burkinabé et visant à apporter une réponse durable à la dégradation des terres et à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, il a dès sa conception mis les acteurs locaux au centre de l’action et comme acteurs du changement.</p>
<h2>Diffuser les bonnes pratiques</h2>
<p>Les pays et institutions techniques de la GMV ont pu accumuler des acquis importants en matière de connaissance et de maîtrise des techniques de conservation des eaux et des sols (les demi-lunes, le zaï, les cordons pierreux…).</p>
<p>Celles-ci sont décrites et commentées dans de nombreux rapports et initiatives d’envergure telles que <a href="http://www.fao.org/land-water/land/sustainable-land-management/terrafrica/en/">TerrAfrica</a>, programme multiacteurs de lutte contre la désertification et dans la base de données du réseau international <a href="https://www.wocat.net/en/">WOCAT</a> qui documente et assure la dissémination des techniques de gestion durable des terres (la base de données <a href="https://www.wocat.net/en/">WOCAT</a>.</p>
<p>Malgré cela, ces solutions restent encore méconnues ou peu utilisées dans les zones reculées des territoires sahéliens, peu en contact avec les structures administratives ou peu impliquées dans des projets de développement.</p>
<p>Il apparaît donc nécessaire de prioriser ces acteurs (coopératives paysannes, comités locaux de développement, organisations de la société civile, etc.), de vulgariser ces pratiques et leurs intérêts sous différents formats (numérique, vidéos, application mobile, etc.).</p>
<h2>Suivre et évaluer les progrès sur le terrain</h2>
<p>L’un des défis à relever et mis en exergue dans le rapport d’évaluation sur l’état d’avancement de la GMV, est de mettre en place un système de suivi et d’évaluation spécifique aux ambitions de la GMV. C’est l’une des <a href="https://www.greatgreenwall.org/resources2">activités</a> de l’accélérateur de la GMV.</p>
<p>Un tel travail, ancré dans les territoires et mobilise tous les acteurs (société civile, recherche, bailleurs) dans une démarche participative et de sciences citoyennes, constituera très probablement la pierre angulaire du succès de l’accélérateur de la GMV.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/J2aub5itMfE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Conclusion du Forum d’investissement de la Grande muraille verte, One Planet Summit (Élysée, 11 janvier 2021).</span></figcaption>
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<p>La recherche a un rôle tout particulier à jouer dans la définition de ce cadre de redevabilité. Il ne s’agit pas bien sûr de documenter uniquement les impacts sur le stock de carbone des territoires de la GMV, la surface de terres restaurées, la biodiversité. Il est également indispensable d’évaluer ces impacts en matière de bien-être des populations pour que les territoires GMV soient pour elles des <a href="https://www.oxfam.org/en/research/safe-and-just-space-humanity">« espaces sûrs et justes »</a>.</p>
<p>Au Sénégal et Burkina Faso, le projet <a href="https://avaclim.org/">Avaclim</a>, construit par les ONG et la recherche, vise à produire des indicateurs multidimensionnels des impacts de l’agroécologie. La recherche développe par ailleurs des outils satellitaires d’observation de la terre qui fournissent des données en temps réel et sont de formidables alliés dans le suivi des actions de la GMV (comme <a href="https://ids.equipex-geosud.fr/web/guest">Geosud</a>) et les activités autour du <a href="https://www.airbus.com/public-affairs/brussels/our-topics/space/new-space.html">New Space</a>…)</p>
<p>De grands défis nous attendent donc encore mais la multiplicité des expertises mobilisables laisse espérer qu’un succès est possible. Il nous semble également essentiel que la Grande muraille verte soit intégrée au plus haut niveau dans les stratégies politiques de chacun des pays concernés et intégrés à des programmes de recherche et d’innovation tels que <a href="https://www.vivafrik.com/2018/03/10/le-programme-parfao-au-service-de-lagro-ecologie-a16176.html">Parfao</a>.</p>
<hr>
<p><em>Maxime Thibon (United Nations Convention to Combat Desertification, Executive Direction and Management Unit) est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169177/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Luc Chotte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Vingt ans après son lancement, le bilan de ce projet de lutte contre la désertification au Sahel est décevant. Retour sur les défis à relever pour qu’il poursuive plus efficacement ses objectifs.Jean-Luc Chotte, Directeur de recherche, président du Comité scientifique français de la désertification, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1660682021-09-02T17:55:35Z2021-09-02T17:55:35ZConservation des espaces naturels : les leçons des « territoires de vie » au Maroc et en Méditerranée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/419051/original/file-20210902-15-ci1c07.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C13%2C1783%2C1166&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le lac d’Izourar, dans le Haut Atlas central au Maroc, printemps 2004. </span> <span class="attribution"><span class="source">Bruno Romagny</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Au même titre que l’huile d’olive ou la diète méditerranéenne, le <a href="http://www.pastoralisme.net/">pastoralisme</a> est emblématique des territoires d’arrière-pays de la Méditerranée ; ici, la rapidité du changement climatique est <a href="https://planbleu.org/soed/">supérieure aux tendances mondiales</a>.</p>
<p>Depuis 2011, des paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen, comme le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=SS1YJIoMdMg">Causse Méjean</a> en France, <a href="https://whc.unesco.org/fr/list/1153/">ont été inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco</a>. Depuis des siècles, voire des millénaires, des communautés d’éleveurs méditerranéens gèrent des communs pastoraux de montagne.</p>
<h2>Les « communs », un geste politique collectif</h2>
<p>Ces <a href="https://www.foncier-developpement.fr/wp-content/uploads/CTFD-Regards-sur-le-Foncier-6-Approche-par-les-communs.pdf">formes collectives d’appropriation</a> ont occupé par le passé et encore aujourd’hui une place importante : de nombreuses communautés humaines les ont utilisées pour gérer durablement l’accès à des ressources renouvelables aussi diverses que des systèmes d’irrigation, des stocks de poissons, des forêts, des pâturages et des territoires de parcours, la flore ou la faune sauvages…</p>
<p>Pour l’économiste <a href="https://gael-giraud.fr/">Gaël Giraud</a>, ces « communs » désignent :</p>
<blockquote>
<p>« les ressources, symboliques ou matérielles, qu’une communauté choisit d’administrer en se dotant de règles qui sont elles-mêmes soumises à délibération. Ce qui définit le commun n’est donc pas la nature de la ressource, mais le geste politique d’un collectif qui soumet à un discernement communautaire continue ses propres manières de faire dans la protection et la promotion de ce à quoi il tient. »</p>
</blockquote>
<p>Ainsi, il n’existe pas de « communs » par essence et les institutions que nous construisons sont déterminantes pour leur défense.</p>
<h2>Les trois principes au cœur des communs pastoraux</h2>
<p>Les communs pastoraux peuvent s’analyser grâce au cadre théorique de la <a href="https://www.resalliance.org/">résilience des systèmes socioécologiques</a>.</p>
<p>Les communs pastoraux des montagnes méditerranéennes relèvent aussi de la catégorie des <a href="http://www.iccaconsortium.org/index.php/fr/decouvrir/">« aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire »</a> (APAC), aussi appelés « territoires de vie ».</p>
<p>De nombreuses organisations internationales – <a href="https://www.iucn.org/news/mediterranean/201905/can-agricultural-practices-help-preserve-biodiversity-mediterranean-cultural-landscapes">UICN</a>, <a href="http://www.cbd.int/doc/publications/cbd-ts-64-en.pdf">CDB</a>, <a href="https://www.unenvironment.org/resources/report/handbook-indigenous-and-community-conserved-areas-registry-0">UNEP</a> ou <a href="http://www.undp.org/content/undp/en/home/presscenter/articles/2014/10/16/global-fund-supports-conservation-by-indigenous-peoples-and-local-communities.html">UNDP</a> par exemple – les considèrent comme autant d’espaces clés de conservation des écosystèmes et des paysages. Ces territoires et les systèmes de gestion collective des ressources qu’ils soutiennent se caractérisent par trois principes fondamentaux, interconnectés, qui ne sont pas sans rappeler certains des « design principles » <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/la-bibliotheque-ideale-de-leco/gouverner-les-communs-elinor-ostrom">élaborés par Elinor Ostrom</a>, prix Nobel d’économie en 2009 pour ses travaux sur les « communs ».</p>
<p>Ces trois principes peuvent s’énoncer ainsi : une communauté locale entretient des liens forts et profonds avec un territoire ; cette communauté est un acteur majeur dans les processus de prise de décision en lien avec la gouvernance territoriale des ressources ; cette gouvernance contribue à une gestion responsable et durable des écosystèmes et du patrimoine matériel et immatériel de ces mêmes communautés.</p>
<h2>Déclin, résistance ou renouveau des « territoires de vie »</h2>
<p>Ces « territoires de vie » de la Méditerranée sont plus que jamais confrontés à des défis majeurs dans un contexte de mondialisation des échanges, de changement global et de fortes transformations socio-économiques, politiques, démographiques et culturelles.</p>
<p>La biodiversité terrestre de ces espaces fait désormais face à de <a href="https://planbleu.org/soed/">multiples perturbations</a>.</p>
<p>Dans les pays de la rive nord de la Méditerranée, l’urbanisation, notamment côtière, a supprimé ou fragmenté de nombreux écosystèmes. En raison du déclin de l’agriculture et des systèmes agropastoraux, la surface boisée augmente aux dépens de ces deux secteurs.</p>
<p>Les écosystèmes semi-naturels des pays des rives sud et est sont de leur côté menacés de fragmentation ou de disparition en raison de l’urbanisation, du défrichement, de la surexploitation du bois (de chauffage, d’œuvre) et du surpâturage.</p>
<p>Le tout, sous la pression du changement climatique, de la démographie, de la pollution des milieux terrestres et aquatiques, mais aussi de l’air, sans oublier les tensions géopolitiques régionales persistantes (Maroc/Algérie, Libye, Israël/Palestine, Syrie…)</p>
<p>Autant de défis plus ou moins bien appréhendés au sein des APAC, pouvant conduire à des formes de déclin, de résistance ou de renouveau des communs selon les situations. Ces divers aspects feront l’objet, ce lundi 6 septembre 2021, d’une <a href="https://www.iucncongress2020.org/fr/programme/official-programme/session-43277">session thématique</a> dans le cadre du congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille.</p>
<h2>L’<em>agdal</em> pastoral au Maroc, un cas d’école</h2>
<p>Au Maroc, l’<em>agdal</em> constitue une pratique de gestion communautaire, reposant sur la protection de ressources spécifiques au sein d’un territoire délimité. Cette gestion sociospatiale est en général respectée par tous les acteurs des communautés locales, menacés de sanctions dans le cas contraire. L’<em>agdal</em> est donc un territoire important pour la cohésion des communautés, en particulier pastorales.</p>
<p>L’<em>agdal</em> constitue un mode gestion en bien commun emblématique de la montagne amazighe (berbère) au Maroc et dans le nord de l’Afrique. L’<em>agdal</em> s’entend le plus souvent comme un « pâturage commun soumis à des mises en défens saisonnières », qui correspond à l’<em>agdal</em> pastoral, la <a href="https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:010059469">forme la mieux documentée</a> et la plus importante en matière de superficie.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’Agdal de l’Oukaimeden au Maroc. (PNUD Maroc/Youtube, 2017).</span></figcaption>
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<p>Au cours de la longue histoire des sociétés pastorales du Maghreb et du Sahara, la nécessité de protéger les pâturages à certaines périodes de l’année a probablement joué un rôle de premier plan dans la genèse de l’institution.</p>
<p>Chaque <em>agdal</em> dispose de ses propres règles d’ouverture et de fermeture. Les dates sont déterminées par deux critères principaux : tout d’abord, les conditions climatiques et l’altitude – plus l’<em>agdal</em> est haut, plus les dates d’ouverture pour le parcours sont tardives ; ensuite, la disponibilité d’autres ressources et espaces pastoraux.</p>
<p>Les villageois organisent la transhumance et la montée vers les alpages en fonction des ressources dont ils disposent aux abords des villages et dans les forêts voisines. Ils retardent l’accès aux <em>agdals</em> pour l’été. La transhumance estivale et l’accès aux <em>agdals</em> d’altitude revêtent aujourd’hui encore une importance stratégique pour les communautés agropastorales de l’Atlas.</p>
<h2>Des pratiques anciennes adaptées au contexte actuel</h2>
<p>Longtemps considéré comme une relique du passé, l’<em>agdal</em> trouve une résonance nouvelle avec le succès du développement durable et la nécessité de réinventer des formes, adaptées au contexte actuel, de gestion concertée des ressources indispensables au maintien de l’identité et à la survie des populations de ces zones dites « marginales ».</p>
<p>Les pratiques véhiculées par l’<em>agdal</em> sont proches des notions de base en écologie concernant l’importance de la gestion différentielle selon un zonage précis. Les communautés de pasteurs, en cherchant par exemple à préserver les graminées tardives, protègent toute la biodiversité contenue dans les différents faciès des écosystèmes. Les espèces de graminées peuvent ainsi être considérées comme des espèces parasols. C’est un des principes clés de la biologie de la conservation.</p>
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<span class="caption">Session de fauchage dans les pâturages montagnards marocains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomas de Franchis</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Mais les pratiques d’<em>agdal</em> sont aujourd’hui confrontées à la transformation rapide des systèmes de production et d’activité, à l’ouverture de la petite paysannerie sur le marché prônée par les politiques publiques, à l’individualisation des comportements entraînant l’affaiblissement des régulations communautaires, à l’intervention publique instaurant de nouvelles formes institutionnelles de sécurisation et de gestion.</p>
<p>Des <a href="https://journals.openedition.org/tc/230">études de terrain</a> montrent néanmoins la résilience et la capacité de résistance de ces formes locales de gestion, la grande souplesse et l’adaptabilité de ces pratiques.</p>
<p>Il s’agit désormais d’inventer les <em>agdals</em> de demain, dans une perspective de « conservation participative », intégrant aux processus de prise de décision l’ensemble des acteurs concernés et reposant sur un concept local qui fait encore sens pour la population. Mais pour combien de temps encore ?</p>
<hr>
<p><em>Cristelle Duos (IRD) a contribué à l’élaboration de cet article.</em></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419070/original/file-20210902-21-1xopw8u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em><strong>Rendez-vous photo</strong> : L’exposition photographique <a href="https://cpm.osupytheas.fr">« Territoires de vie aux limites »</a> propose une plongée dans ces espaces méditerranéens. <a href="https://www.iucncongress2020.org/programme/official-programme/session-43277">Visible durant le congrès mondial de la nature</a>, qui se tient à Marseille du 6 au 11 septembre 2021, l’exposition voyagera ensuite autour de la Méditerranée (France, Maroc, Espagne, Monténégro, Croatie, Turquie…)</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166068/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bruno Romagny a reçu des financements de l’ANR (TRANSMED, 2013-2019).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mohamed Alifriqui et Pablo Dominguez ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Dans les territoires d’arrière-pays méditerranéens, des communautés gèrent collectivement les ressources naturelles et les paysages.Bruno Romagny, Directeur de recherche en économie des ressources renouvelables, Institut de recherche pour le développement (IRD)Mohamed Alifriqui, Professor of Ecology and Plant biodiversity, Université Cadi AyyadPablo Dominguez, Chargé de Recherche au CNRS en éco-anthropologie, Université Toulouse – Jean JaurèsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1651142021-07-29T17:14:16Z2021-07-29T17:14:16Z« Les mots de la science » : A comme agroécologie<p>Anthropocène, intersectionnalité, décroissance… Ce jargon vous dit quelque chose, bien sûr ! Mais parfois, nous utilisons ces mots sans bien savoir ce qu’ils veulent dire. Dans les Mots de la Science, on revient donc sur l’histoire et le sens de ces mots clés avec des chercheuses et chercheurs capables de nous éclairer.</p>
<p>L’épisode du jour est dédié à l’<strong>agroécologie</strong>. Ce mot clé désigne une agriculture qui se veut respectueuse de la terre, qui prend en compte les connaissances et défis écologiques et s’éloigne du modèle conventionnel et industriel.</p>
<p>Cet épisode des Mots de la science va donc moins s’attarder sur le sens du mot que sur le travail mal connu mené par des chercheurs main dans la main avec des agriculteurs et acteurs de terrain pour élaborer cette agriculture plus saine. L'agroécologie est ainsi au coeur de recherches-actions collaboratives. </p>
<p>L'agronome Laurent Hazard nous emmène dans les coulisses de ce travail de recherche. Directeur de recherche à l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement), à Toulouse, spécialiste de la transition agroécologique et de l’accompagnement des agriculteurs en la matière, lui et son équipe conçoivent et testent, collectivement, les méthodes agricoles de demain.</p>
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<p><iframe id="tc-infographic-580" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/580/79c5a87fdceb1b0efb535b241695d9bb89f1bb67/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Bonne écoute !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165114/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Hazard a reçu des financements du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, de l'Union Européenne, de l'Agence Nationale de la Recherche, de la région Occitanie, de la Fondation de France et de la Fondation Carasso. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Iris Deroeux ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L'agroécologie est au coeur de de recherches-actions collaboratives impliquant des chercheurs, des agriculteurs et collectifs de terrain. Bienvenue dans les coulisses de l'agriculture de demain.Laurent Hazard, Directeur de recherche, InraeIris Deroeux, Journaliste, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1567702021-03-28T16:37:48Z2021-03-28T16:37:48ZFace au changement climatique, les agricultures africaines au défi de la sécurité alimentaire<p>Le développement agricole et les systèmes alimentaires des pays d’Afrique subsaharienne seront inexorablement confrontés à des défis considérables dans les décennies à venir. Alors que la population mondiale devrait passer de <a href="https://www.un.org/fr/un75/shifting-demographics">7,7 à 9,7 milliards en 2050</a>, plus de la moitié de la croissance démographique planétaire d’ici à 2050 devrait se produire en Afrique, <a href="https://www.un.org/fr/un75/shifting-demographics">selon l’ONU</a>.</p>
<p>Face à cette pression, le développement agricole fait déjà face à d’immenses défis, et l’on craint que les changements climatiques ne les aggravent dans les zones vulnérables. Une majorité de la population d’Afrique subsaharienne vit en effet dans des régions rurales, où les revenus et l’emploi dépendent presque entièrement de l’agriculture pluviale.</p>
<p>Le secteur agricole emploie <a href="https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/AEB_Volume_8_Issue_3.pdf#page=2">entre 65 et 70 %</a> de la main-d’œuvre africaine et représente généralement <a href="https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/16624/769900WP0SDS0A00Box374393B00PUBLIC0.pdf;sequence=1#page=14">30 à 40 %</a> du produit intérieur brut.</p>
<p>De multiples facteurs biophysiques, politiques et socio-économiques se conjuguent pour accroître la vulnérabilité de cette région et risquent d’entraver <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar4/wg2/">sa capacité d’adaptation</a>.</p>
<h2>Précipitations, sécheresses et désertification</h2>
<p>Le climat africain est déterminé par trois phénomènes climatiques critiques qui sont liés entre eux de manière complexe et qui ne sont pas encore entièrement compris. Il s’agit du mouvement de la zone de convergence intertropicale, de l’oscillation australe El Niño et de l’alternance annuelle des moussons. Chacun de ces phénomènes interagit avec l’autre, déterminant les régimes régionaux de <a href="http://www.ask-force.org/web/Global-Warming/Convay-Science-Climate-Change-Africa-2008.pdf">température et de précipitations</a>.</p>
<p>À cela s’ajoutent les changements climatiques en cours, qui ont des répercussions sur les précipitations et l’élévation du niveau de la mer, et entraînent une augmentation modérée à extrême de la température mondiale.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1272394789850316801"}"></div></p>
<p>Au-delà des hausses de température, les changements climatiques en Afrique subsaharienne devraient entraîner des transformations <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-006-9205-4">dans l’intensité des précipitations</a>, une incidence accrue des événements extrêmes <a href="https://doi.org/10.1016/j.gloenvcha.2006.11.008">tels que les sécheresses et les inondations</a>, le <a href="https://www.ajol.info//index.php/as/article/view/1484">renforcement de la désertification</a> et l’altération de certains vecteurs de maladies entraînant des transformations dans la transmission spatiale et temporelle des <a href="https://doi.org/10.1186/1475-2875-5-17">maladies infectieuses</a>.</p>
<h2>Un quart de la population sous-nourrie</h2>
<p>L’un des plus grands défis auxquels nos sociétés sont actuellement confrontées est de fournir en permanence à tous les citoyens des aliments nutritifs tout en préservant l’environnement. Ce problème se pose avec une acuité particulière en Afrique subsaharienne, où l’on estime qu’une personne sur quatre ne dispose toujours pas d’une alimentation suffisante <a href="https://doi.org/10.1080/14735903.2017.1293929">pour mener une vie saine et active</a>.</p>
<p>Le terme « sécurité alimentaire » est défini comme l’accès physique, social et économique de tous et à tout moment à une nourriture à même de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.</p>
<p>Elle repose sur quatre piliers : la disponibilité alimentaire, l’accès à la nourriture, l’utilisation de la nourriture et la stabilité de <a href="http://www.fao.org/cfs/cfs-home/products/gsfonline/1/fr/">la disponibilité alimentaire et de l’accès aux aliments</a>. L’insécurité alimentaire quant à elle correspond à un manque d’accès <a href="http://documents1.worldbank.org/curated/en/166331467990005748/pdf/multi-page.pdf">à une nourriture suffisante</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1323855495187341312"}"></div></p>
<p>En dépit d’une incertitude sur les données climatiques, la littérature publiée permet de tirer plusieurs points saillants : partout en Afrique, l’agriculture risque d’être affectée négativement par les changements climatiques ; et dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le rendement des cultures pourrait diminuer de <a href="https://doi.org/10.1016/S0959-3780(02)00090-0">10 à 20 % d’ici à 2050</a> en raison du réchauffement.</p>
<p>Dans le cas du blé, ce rendement moyen pourrait <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/3/034032/pdf#page=2">baisser d’ici au milieu du siècle de 17 %, celui du maïs de 5 %, celui du sorgho de 15 % et celui du millet de 10 %</a>.</p>
<p>Même sans les changements climatiques, les agricultures africaines suscitent déjà de graves inquiétudes en raison de <a href="https://www.theconversation.com/en-afrique-de-lest-lagriculture-au-defi-des-secheresses-recurrentes-140599#:%7E:text=Les%20zones%20agricoles%2Dcl%C3%A9s%2C%20situ%C3%A9es,s%C3%A9v%C3%A8rement%20touch%C3%A9es%20par%20la%20s%C3%A9cheresse.">la variabilité</a> de l’approvisionnement en eau, de la dégradation des sols et des sécheresses récurrentes. Il ne fait aucun doute que l’agriculture devra changer radicalement pour répondre aux demandes futures.</p>
<p>D’autant plus si l’on tient compte des taux de croissance démographique – les plus élevés au monde – et des modifications des habitudes alimentaires liées à l’urbanisation et à l’essor de la classe moyenne africaine.</p>
<h2>Régimes moins carnés et agroécologie</h2>
<p>Le défi consiste non seulement à augmenter la production alimentaire, mais aussi à le faire de manière durable, en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre et en préservant la biodiversité.</p>
<p>En effet, la quantité de nourriture disponible pour la consommation humaine est affectée par l’attribution des cultures à d’autres utilisations non alimentaires, telles que l’alimentation animale, la bioénergie et les utilisations industrielles. Au niveau mondial, <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/8/3/034015">seulement 67 % de la récolte produite (en masse)</a> ou 55 % des calories produites sont disponibles pour la consommation humaine directe.</p>
<p>Le reste de la récolte a été allouée à l’alimentation animale (24 % en masse) et à d’autres utilisations industrielles, y compris la bioénergie <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/8/3/034015">(9 % en masse)</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Éthiopie : la permaculture, clé de la prospérité en milieu rural (France 24/Youtube, le 26 avril 2019).</span></figcaption>
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<p>Dans les pays riches, de nombreuses personnes consomment davantage de produits d’origine animale que <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0200781">ce qui est recommandé sur le plan nutritionnel</a> : c’est le cas du modèle alimentaire très carné nord-américain ou argentin. </p>
<p>Or nous avons besoin de toute urgence de nouvelles alternatives pour relever les défis actuels et futurs auxquels sont confrontés nos systèmes alimentaires. Des réformes seront donc nécessaires, notamment l’évolution vers des régimes moins carnés, ce qui pourrait augmenter la productivité alimentaire des terres cultivées et nourrir plus de personnes par hectare de terre cultivée.</p>
<p>Il est impératif de concevoir des systèmes agricoles résistants face à des chocs de plus en plus fréquents et capables de s’adapter aux nouvelles conditions imposées par ces changements. </p>
<p>Dans ce contexte, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/agro-ecologie-33625">l’agroécologie</a> – qui vise à concevoir des systèmes alimentaires impliquant moins de pressions sur l’environnement et un usage plus modéré des ressources naturelles – sera indispensable pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition ; en rétablissant et en maintenant les écosystèmes, en offrant des moyens de subsistance durables aux petits exploitants et en renforçant la résilience pour s’adapter aux changements climatiques.</p>
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<p><em>Nous proposons cet article dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie le 30 septembre et le 1er octobre 2021 et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156770/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sougueh Cheik ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La croissance démographique de l’Afrique et la vulnérabilité accrue de ses cultures face aux dérèglements climatiques mettent en péril la sécurité alimentaire dans la région.Sougueh Cheik, Docteur en sciences de l’environnement (sciences du sol), Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1487342020-11-13T15:55:11Z2020-11-13T15:55:11ZCe que la vie amoureuse du châtaignier nous enseigne de l’agroécologie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/365167/original/file-20201023-23-dx7bfe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C5%2C1290%2C859&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les insectes et notamment les coléoptères (ici le téléphore fauve, à gauche, et une trichie commune), sont de bons pollinisateurs du châtaignier.</span> <span class="attribution"><span class="source">Rémy Petit</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Quoi de plus agréable en ce début d’automne que de savourer des fruits de saison ? Mieux encore, si on a la chance de disposer d’un jardin, pourquoi ne pas les produire soi-même ? Voici quelques leçons de botanique et d’écologie utiles pour s’assurer une belle récolte.</p>
<p>Posons-nous d’abord quelques questions simples : d’où vient le pollen fécondant les fleurs et comment est-il transporté ? Pour cela, prenons l’exemple du châtaignier, l’<a href="https://www.fayard.fr/sciences-humaines/terres-de-castanide-9782213017235">« arbre à pain »</a> de nos ancêtres. Magnifique, capable de vivre des centaines d’années et d’atteindre une circonférence de plus de 10 mètres, il a subvenu aux besoins essentiels des habitants de plusieurs régions d’Europe du Sud de la fin du Moyen Âge au XIX<sup>e</sup> siècle. Mais à compter de la révolution industrielle, produire sans labourer devient contraire au nouvel idéal de progrès, et un <a href="https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1984_num_39_6_283126">mauvais procès</a> est fait au châtaignier et à sa culture. Puis au mépris des vertus du châtaigner a succédé l’oubli.</p>
<p>Malgré l’arrivée de maladies et <a href="https://twitter.com/FR_Conversation/status/1082360615522525185">ravageurs exotiques</a> entraînant des dépérissements locaux, on assiste aujourd’hui à un <a href="https://www.invenio-fl.fr/chataigne">renouveau des châtaigneraies</a>, porté par des consommateurs en quête d’authenticité. Les producteurs de châtaignes, appelés castanéiculteurs, sont confrontés à une production hétérogène et ont décidé de soutenir des recherches sur la reproduction du châtaignier afin de faire évoluer sa culture par une meilleure compréhension des mécanismes écologiques sous-jacents.</p>
<p>Ces travaux nous serviront à illustrer <a href="https://www.inrae.fr/agroecologie">quelques enjeux de l’agroécologie</a>, la science appliquant les principes de l’écologie à l’agriculture. Des principes tout aussi valables pour votre jardin ou le parc voisin !</p>
<h2>Plantez plusieurs variétés d’une même espèce</h2>
<p>Les arbres fruitiers, comme toutes les plantes à fleurs, possèdent des étamines où sont produits les grains de pollen, et des pistils contenant les ovules et équipés pour capter les grains de pollen. La pollinisation correspond au transport du pollen émis par les étamines vers les stigmates, la partie réceptrice du pistil. À première vue, un arbre pourrait donc se débrouiller seul dès lors qu’il est à la fois mâle et femelle : c’est l’autofécondation. Mais <a href="https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev.ecolsys.37.091305.110215">chez la plupart des arbres</a>, celle-ci ne fonctionne pas ou très mal : le pollen émis doit obligatoirement rencontrer les stigmates portés par les fleurs d’un autre arbre.</p>
<p>Ainsi, notre châtaignier a besoin de pollen produit par d’autres arbres compatibles pour se reproduire et porter des fruits. Or la culture de cet arbre est basée sur des variétés, c’est-à-dire des arbres aux caractéristiques particulièrement intéressantes repérés puis multipliés à l’identique par greffage. Par exemple, dans le Périgord, les variétés les plus courantes sont appelées Marigoule et Bouche de Bétizac. Deux arbres d’une même variété étant génétiquement identiques, ils sont incompatibles. Il faut donc planter des arbres appartenant à des variétés différentes pour espérer récolter des fruits.</p>
<p>« J’ai la même variété que ma cousine, mais alors qu’elle récolte plein de fruits, j’ai des rendements catastrophiques ». Peut-être que le jardin de ma cousine est situé à côté d’un autre verger ou d’un bois de châtaigniers produisant du pollen compatible en abondance et lui assurant ainsi une belle récolte. Au contraire, si mon verger est isolé et ne compte qu’une seule variété de châtaignier, le rendement ne sera jamais au rendez-vous, quelle que soit la variété choisie. Mieux vaut donc dans tous les cas planter suffisamment de variétés dans un verger et au moins deux arbres différents si c’est pour un jardin !</p>
<h2>Offrez aux insectes le gîte et le couvert</h2>
<p>Il faut aussi se poser la question du transport du pollen d’une variété à une autre : par le vent ou par les insectes ? Confier son destin au vent est si aléatoire que les arbres ainsi pollinisés doivent nécessairement produire de grandes quantités de grains de pollen de petite taille. Cela devrait rendre facile l’identification du mode de pollinisation de ces plantes.</p>
<p>Dans le cas du châtaignier pourtant, la question est restée sans réponse des botanistes <a href="https://www.jstor.org/stable/pdf/4060307.pdf">depuis plus de 140 ans</a>. Il produit une quantité gigantesque de pollen (estimée à deux mille milliards de grains de pollen par hectare), ce qui a longtemps conduit certains à penser que le vent pourrait jouer un rôle dans sa reproduction. Mais comment interpréter la forte odeur suave de ses fleurs, si ce n’est pour attirer des insectes ? Les châtaigniers ne laissent d’ailleurs pas les abeilles indifférentes, comme vous le confirmeront tous les amateurs de miel de châtaignier !</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Châtaignier couvert de fleurs dans un verger : l’extrême abondance de la production de pollen a longtemps été interprétée comme une preuve que cette espèce était pollinisée par le vent, mais si on empêche l’accès des fleurs aux insectes, très peu de fruits sont produits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémy Petit</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Nos travaux indiquent que ce n’est pas le vent mais bien les insectes qui jouent un rôle essentiel dans la pollinisation du châtaignier. En plaçant autour des fleurs des filets conçus pour empêcher les insectes d’y accéder, nous avons montré que la production de châtaignes était divisée par cinq ou par dix. Il faut donc pouvoir bénéficier de l’aide des insectes pollinisateurs pour espérer récolter des châtaignes, mais lesquels ? Les abeilles ?</p>
<h2>Laissez les fleurs duper les coléoptères</h2>
<p>Les fleurs mâles du châtaignier produisent d’énormes quantités de pollen très nutritif ainsi que du nectar.</p>
<p>Les fleurs femelles n’offrent pas de récompense aux insectes mais ont l’apparence des fleurs mâles, ce qui augmente leurs chances d’être visitées par erreur et fécondées. Tous les insectes ne sont pas dupes du stratagème : les abeilles par exemple tirent profit de l’abondance du pollen des fleurs mâles sans pour autant rendre visite aux fleurs femelles.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quand les fleurs femelles imitent les fleurs mâles. Portion de chaton de châtaignier, comportant une inflorescence femelle à la base dont les extrémités réceptrices blanchâtres et allongées (cf. cercle pointillé de gauche) ressemblent aux étamines des fleurs mâles qui produisent à leur extrémité des grains de pollen (cercle pointillé de droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémy Petit</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>À l’inverse, d’autres insectes tombent dans le panneau : c’est le cas des coléoptères, cette famille très ancienne et très diversifiée dont font partie les scarabées, coccinelles et autres hannetons. Recouverts du pollen abondant et collant d’un autre châtaignier visité plus tôt, ils sont victimes de l’illusion. Espérant à tort trouver une récompense chez les fleurs femelles, ils assurent ainsi la production des fruits.</p>
<p>Pour augmenter le rendement dans les vergers, il est donc inutile d’y installer des souffleries en espérant favoriser la pollinisation par le vent, ou même d’y multiplier le nombre de ruches. Il convient plutôt de rendre le verger et ses abords accueillants aux insectes sauvages, en leur assurant toute l’année le gîte et le couvert.</p>
<p>Nos recherches sur cet arbre confortent ainsi trois messages plus généraux de l’agroécologie.</p>
<p>En premier lieu, maintenir une diversité génétique suffisante de l’espèce cultivée est déterminant. C’est vrai à court terme, pour assurer la reproduction croisée, mais aussi à plus long terme, pour assurer la stabilité de la production dans un contexte marqué par des changements environnementaux très rapides et drastiques.</p>
<p>En deuxième lieu, maintenir une diversité d’espèces d’insectes associées et souvent auxiliaires des cultures est également crucial. En particulier, les populations d’insectes sauvages assurant la pollinisation doivent absolument être préservées. Pour les châtaigniers, il n’y a pas d’alternative possible !</p>
<p>Enfin, troisième message, en agriculture, mieux vaut chercher à comprendre ce qui se passe plutôt que de se fier à sa seule expérience. C’est la clé pour apporter des réponses adaptées quand les circonstances changent : là réside toute la beauté de la science et l’art véritable du paysan… ou du jardinier du dimanche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148734/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clément Larue a reçu des financements de l'ANRt et de la région Nouvelle-Aquitaine pour le financement de sa thèse CIFRE.
Cette thèse CIFRE est un partenariat entre une entreprise, Invenio, et une unité mixte de recherche, Biogeco. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rémy Petit ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Voici quelques leçons tirées de la reproduction du châtaignier pour planter des arbres et recevoir des fruits en abondance.Clément Larue, Doctorant en écologie et évolution - Thèse CIFRE Biogeco & Invenio, Université de BordeauxRémy Petit, Docteur en écologie et évolution, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1466482020-09-29T21:06:36Z2020-09-29T21:06:36ZPesticides : les alternatives existent, mais les acteurs sont-ils prêts à se remettre en cause ?<p>Les débats en cours autour de la réintroduction provisoire des <a href="https://theconversation.com/interdiction-des-insecticides-neonicotino-des-pourquoi-a-t-il-fallu-attendre-plus-de-20-ans-95759">néonicotinoïdes</a> – ces insecticides dits « tueurs d’abeilles » – pour la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/06/les-deputes-votent-la-disposition-cle-sur-le-retour-des-neonicotinoides_6054871_3244.html">culture de la betterave</a> le montrent une nouvelle fois : en agriculture, l’usage des produits phytosanitaires (« phytos ») fait polémique, et beaucoup de prises de position contraires se cristallisent.</p>
<p>Une grande confusion s’est progressivement installée dans l’esprit de nombreux publics, car si des dangers pour la santé sont régulièrement mis en avant dans les médias par certaines <a href="https://www.generations-futures.fr/">associations</a> et la littérature scientifique, le discours officiel reste de prôner sa confiance dans le système mis en place et souligne qu’il y a peu de véritables problèmes pour la santé.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1313547068812808192"}"></div></p>
<h2>Dose journalière et limite maximale</h2>
<p>D’un point de vue réglementaire, deux indicateurs sont utilisés pour rendre compte de la sécurité des consommateurs.</p>
<p>Il y a tout d’abord la dose journalière admissible (DJA), c’est-à-dire la consommation quotidienne possible d’une substance xénobiotique au cours d’une vie entière sans risque connu pour la santé. Elle est fixée avec une marge de sécurité très importante (facteur de 100 ou 1000) par rapport à la dose sans effet.</p>
<p>Il y a ensuite la limite maximale de résidus (LMR), déterminée de façon à ce que la quantité de résidus d’un pesticide ingérée par une population donnée ne dépasse pas la DJA ; elle est calculée dans un produit agricole de manière à ce qu’un apport journalier maximum théorique des résidus provenant d’un pesticide donné soit inférieur à sa DJA. Comme la LMR dépend des habitudes alimentaires d’un consommateur moyen, elle varie selon les pays et selon les produits. Il y a une LMR pour chaque pesticide et pour chaque production végétale.</p>
<p>La LMR est critiquée pour les pesticides qui sont des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0041008X13000549">perturbateurs endocriniens</a> car pour ceux-ci, il n’y a plus de proportionnalité des effets induits avec la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1631069117301300">dose</a>. Cette catégorie de pesticide est notamment soupçonnés d’être responsables d’une recrudescence des cas <a href="https://academic.oup.com/humrep/article-abstract/30/6/1287/616129">d’infertilité</a>, et d’être un facteur de risque pour plusieurs maladies chroniques non transmissibles.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-perturbateurs-endocriniens-une-menace-pour-notre-intelligence-74216">Les perturbateurs endocriniens, une menace pour notre intelligence</a>
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<p>En outre, il a été montré expérimentalement des effets <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02282298/">cocktails</a> entre certains pesticides ; or ces effets ne sont jamais pris en compte pour leur évaluation. Enfin, l’impact possible d’une ingestion de très faibles quantités tout au long d’une vie sur la diversité et le fonctionnement de notre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653519307416">microbiote intestinal</a>, n’est pas considéré alors que de tels effets ont été montrés expérimentalement.</p>
<h2>Accumulation, résistance</h2>
<p>Les mêmes différences de perception sont observées quant aux effets sur la biodiversité.</p>
<p>Si les pesticides sont toxiques pour les organismes qu’ils ciblent, leur effet manque parfois de spécificité et peut donc impacter aussi <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-27455-3_13">d’autres composantes de la biodiversité</a> comme les ennemis naturels des ravageurs des cultures, les bactéries, champignons, oiseaux, mammifères, amphibiens, et poissons.</p>
<p>Les insecticides et les herbicides à large spectre affectent aussi directement et indirectement la faune via la disparition des habitats et la contamination des sources de nourriture. Les pesticides qui tendent <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/fes3.108">à s’accumuler dans la chaîne alimentaire</a> posent également un risque à long terme pour les prédateurs, affaiblissant le potentiel de régulations naturelles. Ceci fragilise la gestion des ravageurs et accroît la dépendance future aux pesticides.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ce-que-notre-rapport-aux-insectes-dit-de-notre-rapport-a-la-nature-115929">Ce que notre rapport aux insectes dit de notre rapport à la nature</a>
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<p>En outre, à l’usage, des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/brv.12440">résistances aux phytos</a> peuvent apparaître chez les organismes cibles (insectes, micro-organismes ou plantes indésirables), rendant leur usage inopérant.</p>
<h2>Trois voies pour évoluer</h2>
<p>Dans ces débats complexes, il semble important de tenir compte de la perte de confiance des citoyens envers les sphères politiques et agricoles : malgré des initiatives publiques dédiées à la réduction forte des phytos (<a href="https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest">plans Ecophyto</a> 1, 2 et 2+), les <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-04/datalab-essentiel-172-plan%20de%20reduction-avril2019.pdf">dernières statistiques</a> montrent un accroissement de leur usage en dix ans.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=465&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360505/original/file-20200929-14-wid4o0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=584&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les « autres produits » désignent nématicides, rodenticides, médiateurs chimiques, molluscicides, régulateurs, répulsifs, taupicides et autres. Les traitements de semences n’ont été intégrés à la BNV-D qu’à partir de 2012 et représentent 1,6 % des substances actives vendues en 2013.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-04/datalab-essentiel-172-plan%20de%20reduction-avril2019.pdf">BNV-D, données sur les ventes au code commune Insee des distributeurs, extraites le 13 novembre 2018. Traitements : SDES, 2019</a></span>
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<p>Enfin, une bataille sémantique brouille le débat : quand certains parlent de « pesticides », d’autres parlent de produits « phytopharmaceutiques » ou produits « phytosanitaires ». Dans la première acception, il est implicite que les produits tuent le vivant, et qu’ils ne sont pas non plus sans danger pour la santé des animaux et des hommes. Dans la seconde, leur utilisation est légitimée au même titre que l’usage des médicaments l’est pour les humains.</p>
<p>Malgré ces différences de perception et de terminologie, il y a un objectif largement partagé de réduire les usages comme les impacts ; cependant <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-015-0306-1">trois voies de progrès</a> coexistent. Les deux premières ne remettent pas ou peu en cause les pratiques existantes et considèrent que les plantes sont forcément vulnérables aux bioagresseurs, contrairement à la troisième qui va s’intéresser à leur environnement pour réduire leur vulnérabilité.</p>
<h2>Faire mieux… sans viser à changer le système</h2>
<p>Les leviers les plus promus par les politiques publiques ne remettent jamais frontalement en cause la structure des systèmes agricoles intensifs et simplifiés (rotations courtes, travail du sol fréquent, absence ou insuffisance d’infrastructures agroécologiques) qui dominent aujourd’hui en France.</p>
<p>Les phytos sont encore utilisés suivant des pratiques d’assurance quasi systématique (traitement des semences indépendamment des besoins réels de protection, par exemple). Au-delà du choix de variétés résistantes, les mesures préventives visant à renforcer la santé des plantes ne sont que très peu mobilisées. Ce système s’appuie implicitement sur l’efficacité des seules solutions curatives que les phytos incarnent.</p>
<p>Deux grandes stratégies de réduction des pesticides chimiques sont à l’œuvre dans ces systèmes simplifiés. La première réside dans l’augmentation de l’efficience des traitements via l’optimisation des apports dans le temps et l’espace grâce aux technologies de l’agriculture de précision. La deuxième est basée sur l’utilisation de substituts organiques ou biologiques aux produits de synthèse (phéromones sexuelles de synthèse pour piéger des insectes, microhyménoptères parasites de nombreux ravageurs, biopesticides). L’innocuité de ces biopesticides reste à démontrer et l’utilisation d’organismes vivants pose le problème de la pérennité de la solution et des possibles effets de diffusions incontrôlées.</p>
<p>Ces deux stratégies permettent effectivement de <a href="https://agriculture.gouv.fr/les-fermes-dephy-partout-en-france-des-systemes-de-production-performants-et-economes-en-0">réduire l’utilisation des pesticides de synthèse</a>, mais elles correspondent à des formes d’agriculture où les pesticides gardent leur fonction de « parapluie » de protection. Dans cette approche, il faut protéger les plantes dont la vulnérabilité est élevée du fait des modes de culture intensifs que l’on ne cherche pas à remettre en question. Cette approche est prônée par ceux qui défendent la possibilité de maintenir une forte capacité d’exportation de denrées agricoles et soulignent le besoin de nourrir une population mondiale croissante par ce seul moyen.</p>
<h2>Pour des systèmes agricoles moins vulnérables</h2>
<p>Les recherches récentes convergent pour souligner qu’il ne sera possible de diminuer drastiquement les pesticides pour un usage en dernier recours, que si on <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02790952">combine un ensemble de leviers, chacun n’ayant qu’un effet partiel</a>, mais visant, conjointement à renforcer la régulation naturelle des bioagresseurs. Détaillons les trois principaux axes.</p>
<p>Premier axe, une diversité de plantes à l’échelle de la <a href="http://doi.org/10.1016/j.gecco.2020.e01118">parcelle</a> : succession de cultures et d’intercultures pour réprimer certains bioagresseurs, mélange d’espèces et de variétés résistantes ou tolérantes pour réduire l’amplitude des dégâts, <a href="https://agriculture.gouv.fr/lancement-du-programme-prioritaire-de-recherche-cultiver-et-proteger-autrement">espèces différentes</a> en bordure de parcelle pour favoriser certains ennemis naturels et/ou mieux contrôler certains bioagresseurs. Toutefois, cet axe complexifie la récolte et peut induire le besoin de trier la collecte.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-en-finir-avec-les-pesticides-il-faut-aussi-des-agriculteurs-dans-les-champs-106978">Pour en finir avec les pesticides, il faut aussi des agriculteurs dans les champs</a>
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<p>Second axe, un <a href="http://doi.org/10.1016/j.tree.2016.02.016">sol en bonne santé</a> : les apports organiques et un travail du sol, limité ou nul, réduisent l’oxydation du sol et favorisent son activité biologique (microorganismes, faune), rendant les plantes moins vulnérables aux bioagresseurs souterrains et aériens. Cela favorise les mycorhizes, champignons filamenteux vivant en symbiose avec la plupart des plantes, qui améliorent l’acquisition de ressources rares (phosphore, eau…) et renforcent la résistance des plantes aux stress biotiques et abiotiques (sécheresse, froid…). Leur développement nécessite cependant une non-perturbation mécanique du sol et des apports modérés de fertilisants, incompatibles avec la « quête des derniers quintaux ».</p>
<p>Troisième axe, une <a href="https://www.pnas.org/content/116/33/16442.short">surface réduite</a> pour chaque parcelle combinée à la présence d’infrastructures écologiques (haies, prairies, lisières…) alentour favorisent l’abondance et la diversité les ennemis naturels des bioagresseurs. Cet axe bute toutefois actuellement sur la standardisation et la productivité réalisées à l’aide d’équipements de grand gabarit.</p>
<p>La combinaison de ces trois familles de leviers aboutit à des agro-écosystèmes sièges de <a href="https://www.quae.com/produit/1333/9782759224128/protection-agroecologique-des-cultures">nombreuses régulations biologiques</a> dans et au-dessus du sol, porteurs de cultures moins sensibles, et donc plus résilientes. Dans ces conditions, une parcelle peut jouer le rôle d’habitat pour une partie du cycle des espèces auxiliaires (source de nourriture et lieu de ponte) et ainsi être peu voire pas traitée.</p>
<p>Cette stratégie amène aussi à raisonner de manière plus systémique, par exemple en choisissant les couverts intermédiaires en fonction de leur facilité de destruction sans recours à la chimie et pas seulement pour leur facilité d’implantation. Ces régulations peuvent mettre du temps à s’instaurer et vont nécessiter des travaux pour savoir comment en fiabiliser et renforcer les effets.</p>
<p>Ces leviers présentent l’immense mérite de fournir d’autres <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02154655">services à l’agriculture</a> (pollinisation, meilleure efficience de l’eau, fertilité des sols…) ainsi qu’à la société et la planète : régulation du climat par séquestration du carbone, préservation de la biodiversité.</p>
<p>Pour autant, ce ne sont pas les leviers les plus promus par les politiques publiques ni les plus rencontrés dans les exploitations agricoles, car, mal maitrisés, ils peuvent entrer en conflit avec la simplicité et la rentabilité de court terme des exploitations. De fait, ils n’apportent actuellement pas la reconnaissance financière qui justifierait de systématiser leur intégration dans l’évaluation des performances des exploitations.</p>
<h2>Une nouvelle approche autour du bien commun</h2>
<p>Pour n’utiliser les phytos qu’en dernier recours, comme des médicaments, la conception de la santé des plantes devra se baser sur la résilience des écosystèmes vis-à-vis des bioagressions, via le développement de la biodiversité fonctionnelle bénéfique. Cela devrait être un des tout premiers critères pour juger de la performance des systèmes mis en place.</p>
<p>Cela ne pourra pas se faire sans <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02627706">mobiliser les acteurs</a> en amont (diversification de l’offre en semences) et en aval (collecte, tri, stockage et transformation des produits), d’où de <a href="https://www6.inrae.fr/ciag/content/download/6484/47879/file/Vol68-1-D%C3%A9tang-Dessendre%20et%20al.pdf">moindres économies d’échelle, mais autant de pistes pour des économies de gamme</a>.</p>
<p>Cela nécessite également des coordinations entre agriculteurs et acteurs locaux pour <a href="http://doi.org/10.1051/ocl/2013007">diversifier</a> les cultures au sein d’un territoire et gérer les infrastructures agroécologiques. Choisir cette famille de leviers ne relève donc pas du seul libre arbitre de l’agriculteur, mais bien d’une <a href="https://ecophytopic.fr/proteger/seminaire-gerer-la-sante-des-plantes-comme-un-bien-commun">gestion collective du bien commun</a> que constitue cette biodiversité fonctionnelle et les habitats qui la favorisent à l’échelle d’un territoire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-science-des-pesticides-doit-etre-independante-plaide-un-chercheur-112034">La science des pesticides doit être indépendante, plaide un chercheur</a>
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<p>L’instauration de pratiques basées sur la biodiversité utile devra être contextualisée en fonction des caractéristiques de sol, de climat et d’histoire culturale de la parcelle. Il y a donc beaucoup moins de « recettes » que pour les voies de protection des cultures basées sur l’amélioration de l’efficience des intrants (chimiques) ou sur leur substitution.</p>
<p>Il faut donc que les marchés évoluent pour proposer des solutions portant à la fois une forme d’universalité et d’adaptation aisée aux situations locales. Cela suppose aussi de fournir un conseil moins normatif aux agriculteurs et le développement de <a href="http://doi.org/10.1007/s13593-015-0306-1">nouveaux dispositifs pour capitaliser et partager les connaissances</a>.</p>
<p>Enfin, si l’on vise le développement de systèmes agricoles moins vulnérables via la gestion d’un bien commun, il sera judicieux que les nouvelles pratiques soient reconnues par un label rémunérateur ou que les services environnementaux rendus à la société soient rémunérés. Cela n’entraînera pas nécessairement de surcoût, car la société paye déjà pour ces services via la dépollution de l’eau ou la prise en charge des dépenses de santé. La moindre productivité actuelle des exploitations qui s’essayent à l’agroécologie peut être soutenue par une demande locale (avantage apporté par une garantie de débouché), une reconnaissance via une labellisation des produits <a href="https://agriculture.gouv.fr/certification-environnementale-mode-demploi-pour-les-exploitations">mais aussi des exploitations</a>.</p>
<p>Tant qu’une partie des pesticides restent autorisée, les progrès sur les approches alternatives à la chimie restent timorés. Par ailleurs, on voit mal comment les produits issus d’une agriculture agroécologique pourraient se distinguer de ces mêmes produits issus de l’agriculture conventionnelle si tous finissent dans un même silo ou une même cuve masquant la distinction. Le consentement à payer pour, par exemple, une agriculture « zéro pesticides » ne peut se déployer qu’avec une traçabilité marquée. En effet, pour les fruits par exemple, les systèmes réduisant les pesticides ont généralement un chiffre d’affaires par hectare moins bon qu’en système conventionnel et qu’en agriculture biologique (AB), comme le souligne la figure suivante.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=217&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=217&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=217&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=273&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=273&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360507/original/file-20200929-18-10x7d8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=273&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les résultats du réseau Dephy montrent les systèmes économes en pesticides (ECO) sont actuellement moins rémunérateurs que les systèmes conventionnels (REF) ou sous cahier des charges AB (AB), car on ne tient pas compte des valeurs non marchandes comme les impacts sur la santé, les pollutions évitées et la protection de la biodiversité.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://ecophytopic.fr/concevoir-son-systeme/reseau-dephy-expe-filiere-arboriculture-synthese-des-resultats-lechelle">Ecophytopic</a></span>
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</figure>
<p>Cela pose la question de la possible coexistence de trois formes d’agricultures conventionnelle, agroécologique et biologique. Soit les pratiques agroécologiques deviennent les standards du conventionnel (renforcé par une règlementation très ferme sur les pesticides), soit le différentiel entre conduite agroécologique et AB n’est pas suffisant et mène à leur fusion.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146648/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Construite autour de leur utilisation, notre agriculture est dépendante des pesticides. Pour s’en affranchir, la conception de la santé des plantes doit se baser sur la résilience des écosystèmes.Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), InraeJean-Pierre Sarthou, Professeur INP-ENSAT en agronomie et agroécologie, InraeOlivier Therond, Ingénieur de recherche, agronome du territoire, InraeXavier Reboud, Chercheur en agroécologie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1398882020-07-16T17:24:20Z2020-07-16T17:24:20ZMiser sur les « agriculteurs innovants » pour transformer l’agriculture<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347102/original/file-20200713-54-1e8u07t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C174%2C3230%2C1881&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Soutenir et faire connaître les innovations agroécologiques. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La transition agroécologique – qui consiste à passer d’un système de production agricole néfaste pour l’environnement à un système qui n’altère pas, voire utilise les ressources naturelles pour produire des biens alimentaires – a été plébiscitée par la récente Convention citoyenne pour le climat.</p>
<p>Une grande partie des propositions de cette initiative citoyenne vise en effet à fournir à l’agriculture les <a href="https://propositions.conventioncitoyennepourleclimat.fr/se-nourrir-2/">moyens d’accélérer sa mue</a>.</p>
<p>Si on peut se féliciter que les propositions de la Convention aillent dans le bon sens, plusieurs recommandations importantes pour l’agroécologie n’ont toutefois pas été évoquées ou retenues.</p>
<p>C’est notamment le cas concernant le soutien à apporter aux entrepreneurs agricoles vertueux ; et également le financement de recherches permettant de repérer, comparer et évaluer des pratiques agroécologiques originales.</p>
<p>Dans une recherche qui sera publiée prochainement par la revue <em>Économie rurale</em> – et <a href="http://www.theses.fr/2019NORMC013">issue d’une thèse</a> portant sur l’innovation dans la filière du paysage (conception, création et entretien de jardins)–, ces deux actions paraissent pourtant essentielles à l’évolution des pratiques agricoles.</p>
<h2>Accélérer la transition agroécologique</h2>
<p>Notre recherche s’appuie sur près de 30 entretiens avec des acteurs de la filière du paysage ainsi que sur la participation à une dizaine de conférences et à la consultation d’articles de presse professionnelle publiés au cours des dix dernières années.</p>
<p>Elle montre que la transition agroécologique est loin d’être un processus simple : elle repose sur un large éventail de travaux institutionnels, allant du lobbying à la création de normes et de standards, en passant par l’éducation et la légifération.</p>
<p>L’analyse des propositions de la Convention citoyenne pour le climat montre un alignement sur les résultats de nos travaux. Certaines actions identifiées comme essentielles y figurent en bonne place : donner des droits aux agriculteurs vertueux, en leur permettant par exemple d’accéder au marché de la restauration collective ou encore leur permettre d’obtenir des aides de la politique agricole commune (PAC) ; intégrer l’agroécologie dans les programmes de formation initiale et permettre aux agriculteurs en activité de s’y former ; mettre en place un label pour les produits issus de l’agriculture agroécologique, etc.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/convention-citoyenne-pour-le-climat-la-democratie-participative-vue-de-linterieur-141571">Convention citoyenne pour le climat : la démocratie participative vue de l’intérieur</a>
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<p>Il manque toutefois encore plusieurs « briques » pour soutenir le développement de l’agroécologie en France.</p>
<h2>Soutenir les agriculteurs innovants</h2>
<p>Notre recherche montre que les solutions pratiques pour passer d’un modèle à un autre reposent sur les entrepreneurs eux-mêmes. Ces derniers peuvent être agriculteurs, paysagistes ou encore fonctionnaires ayant expérimenté de nouvelles pratiques.</p>
<p>Ce sont souvent des professionnels innovants et visionnaires ayant trouvé des solutions alternatives qui portent le changement.</p>
<p>On peut citer ici la mise au point en 2009 du sarcloir pousse-pousse, appelé également vélo-binette, par <a href="http://www.lienhorticole.fr/video/desherbage-la-binette-pousse-pousse-de-laniscat-1,6,267911619.html">deux agents techniques de Laniscat</a>, une petite commune bretonne. Cet outil, composé d’une lame et d’un cadre à vélo, permet de désherber les allées de façon écologique, sans bruit et sans effort.</p>
<p>L’écopastoralisme, qui consiste à recourir aux animaux herbivores pour entretenir certains terrains constitue un autre exemple : cette pratique ancestrale, abandonnée puis réintroduite dans certaines communes dans les années 2000 remplace les outils mécanisés de tonte, sources de pollution olfactive et auditive. En choisissant des espèces animales rares – à l’image des moutons d’Ouessant installés sur le parc du Mémorial de Caen en juin dernier – les propriétaires fonciers favorisent la biodiversité.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AS63C_P_G6k?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le mouton d’Ouessant, la tondeuse écologique (France 3 Bretagne, 2019).</span></figcaption>
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<p>Si des travaux de lobbying, comme le lancement d’alertes auprès d’élus, de légifération, à travers le dépôt et le vote de projets de lois, ou d’éducation sont nécessaires pour permettre l’évolution, les changements institutionnels se heurtent souvent à des problématiques très concrètes ; comme de trouver les bonnes pratiques agroécologiques pour permettre de remplacer à moindre coût des solutions existantes néfastes pour l’environnement.</p>
<p>Ces solutions concrètes, ce sont souvent les entrepreneurs eux-mêmes qui les proposent. L’enjeu consiste alors à identifier ces solutions et, surtout, à inciter les acteurs de terrain à être innovants. En marge de mesures juridiques et financières, il ainsi important de valoriser l’entrepreneuriat et l’innovation agricole plutôt que de stigmatiser les agriculteurs récalcitrants.</p>
<h2>Utiliser la recherche comme levier</h2>
<p>L’identification, l’évaluation et la diffusion des innovations constituent un autre aspect essentiel du développement de l’agroécologie en France. C’est ici qu’intervient la recherche, peu mise en avant dans les travaux de la Convention citoyenne sur le climat.</p>
<p>Prenons le cas du paysage : la recherche devra permettre de repérer les initiatives originales dans les territoires. Il s’agit de dénicher la « perle rare », cet entrepreneur agricole qui a expérimenté une pratique innovante, mais qui ne l’a pas fait savoir.</p>
<p>Par exemple, dans le cadre du <a href="https://www.compamed.fr/">programme CampamedZNA</a> (Comparaison des méthodes de désherbage en zone non agricole), une étude a été réalisée en 2010 sur 433 collectivités locales et entreprises. Celle-ci a permis de mieux connaître les techniques de désherbage employées par les communes ; elle a notamment fait apparaître des approches peu connues comme le désherbage thermique à infrarouge, ou le Waïpuna, un système de désherbage à partir d’eau chaude et de mousse fabriquée à partir d’ingrédients naturels.</p>
<p>Instaurer un système de veille pour scruter au plus près les territoires et permettre la diffusion de l’information au niveau national constitue l’une des actions essentielles de la recherche. Il s’agira ensuite de comparer et évaluer les solutions trouvées ; puis de diffuser les résultats d’études comparatives pour permettre aux acteurs de choisir les solutions les plus adaptées.</p>
<p>Notre recherche montre qu’il vaut mieux proposer plusieurs alternatives aux acteurs de terrain plutôt que d’imposer une seule et unique solution. En effet, chaque propriétaire foncier possède ses propres contraintes : terrain en pente ou plat, sol qui retient plus ou moins bien l’eau ou les fertilisants, zone de passage ou habitation à proximité, etc. Si une solution est bonne pour l’un, elle ne l’est pas forcément pour d’autres.</p>
<p>Un même propriétaire peut en outre avoir besoin de différentes méthodes agroécologiques. Par exemple, dans un parc public où les gens ont l’habitude de pique-niquer, l’écopastoralisme n’est pas adapté en raison des odeurs animales et de leurs déjections. Un travail mécanisé sera alors plus adapté.</p>
<p>Cette démarche non directive, consistant à proposer plusieurs solutions, semble avoir guidé les acteurs de la Convention citoyenne pour le climat. Il est nécessaire que les pouvoirs publics continuent de l’appliquer.</p>
<h2>Former les jeunes et les entrepreneurs</h2>
<p>Un dernier point fondamental concerne la formation, domaine bien mis en avant dans la Convention.</p>
<p>Nos travaux montrent que la formation des jeunes est stratégique : ce sont eux qui vont entreprendre et imposer de nouvelles pratiques ; mais ils peuvent aussi influencer les entrepreneurs en activité qui les recrutent comme alternants. Avoir des jeunes sensibilisés à l’agroécologie peut donc avoir des effets à très court terme.</p>
<p>La formation de l’agriculteur est également essentielle : celui-ci doit s’approprier les innovations et savoir comment les mettre en pratique. La Convention pour le climat évoque une formation des conseillers techniques.</p>
<p>Nous pensons qu’il faut surtout permettre aux agriculteurs de se former entre eux, en créant des communautés de pratiques locales leur permettant d’apprendre et d’expérimenter sans se sentir jugés. Ces communautés existent déjà, citons par exemple les <a href="http://www.giee.fr/quest-ce-quun-giee/">GIEE</a>, dispositif créé par l’État en 2014 et qui permet à des agriculteurs ayant une même problématique de se réunir pour co-expérimenter de nouvelles pratiques agroécologiques. Il faut encourager de déploiement de telles initiatives sur tout le territoire.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/w-0-4QLtHJU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une vidéo sur l’action du GIEE des 3 vallées (Cerfrance Seine Normandie, 2016).</span></figcaption>
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<p>Si les propositions de la Convention citoyenne vont dans le bon sens, elles risquent de se heurter une nouvelle fois à des difficultés pratiques liées aux choix des méthodes de production alternatives. Il faut donc dès maintenant inciter les acteurs de terrain à faire connaître leurs expérimentations et permettre aux territoires de les valoriser.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139888/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Roland Condor a reçu des financements de Cerfrance, Crédit Mutuel, Groupama Centre Manche, Région Normandie.</span></em></p>Repérer et diffuser les innovations agricoles non néfastes pour l’environnement constitue l’une des façons les plus efficaces d’aider l’agriculture à faire sa mue.Roland Condor, Titulaire de la chaire « Modèles entrepreneuriaux en agriculture », EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1397902020-07-03T09:17:51Z2020-07-03T09:17:51ZIl faut végétaliser et biodiversifier nos assiettes, pour notre santé et pour l’environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/343776/original/file-20200624-132996-1qujsrc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C5760%2C3819&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ZKNsVqbRSPE">Markus Spiske/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>On l’a dit et répété : manger sainement, c’est manger varié. Et cette variété s’entend en réalité du champ à l’assiette, de la fourche à la fourchette. Explications.</p>
<p>Opter pour un régime « nutritionnellement vertueux » a aussi <a href="https://www.pnas.org/content/116/46/23357">un impact positif sur l’environnement</a>. La vertu invoquée implique d’une part de favoriser le végétal plutôt que l’animal (plus gourmand en ressources) et d’autre part d’augmenter la diversité « de la fourche à la fourchette », c’est-à-dire dans les champs et, in fine, dans nos assiettes. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=CMcF0_A6VV0">Les enjeux soulevés sont nombreux</a> ; nous allons ici en souligner quelques aspects.
Suite à son émergence (<a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/pdf/10.1098/rstb.2015.0237">il y a 300 000 ans voire plus</a>), notre espèce, <em>Homo sapiens</em>, a d’abord évolué en prélevant dans la nature les calories dont elle avait besoin pour sa survie, comme le font encore aujourd’hui quelques peuples isolés (Inuits dans le Grand Nord, Pygmées en Afrique centrale). Puis très récemment, il y a 10 000 ans, l’Homme moderne a commencé à se sédentariser, passant du statut de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs à celui d’agriculteurs-éleveurs, c’est-à-dire troquant un environnement nourricier sauvage pour un environnement domestiqué, artificialisé. Mais si élever des animaux et cultiver des plantes permettent d’assurer un approvisionnement moins aléatoire que partir à la recherche de ces mêmes aliments dans la nature, cette nouvelle stratégie a des conséquences sanitaires et écologiques dont nous mesurons aujourd’hui les enjeux.</p>
<p>Côté végétal, la sélection des espèces cultivées est à l’origine d’<a href="http://www.fao.org/3/CA3129EN/CA3129EN.pdf">une chute drastique de la biodiversité alimentaire</a>, ce qui à l’aune des bouleversements climatiques en cours met en danger la sécurité alimentaire. Côté animal, la promiscuité des humains avec les animaux domestiques d’une part, et les animaux sauvages d’autre part (notamment suite à la dégradation du milieu naturel pour les besoins de l’élevage), entraîne des <a href="https://theconversation.com/maladies-emergentes-dorigine-animale-dou-viendra-la-prochaine-menace-136208">pathologies émergentes par transmission de virus</a>, comme nous le rappelle de manière flagrante <a href="https://theconversation.com/covid-19-ou-la-pandemie-dune-biodiversite-maltraitee-134712">l’émergence du SARS-COV2</a>.</p>
<p>Depuis l’après-guerre, l’accélération vertigineuse de la production agricole a certes permis d’atteindre l’abondance alimentaire grâce à laquelle les pays développés sont à l’abri du risque de famine. Mais le recours systématique à des engrais de synthèse et des traitements préventifs lourds (pesticides pour les végétaux, antibiotiques pour les animaux) est énergivore et polluant. Et il a en outre induit une <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/resistance-antibiotiques">résistance aux antibiotiques</a> de plus en plus préoccupante, tout en faisant diminuer la valeur nutritionnelle des plantes (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0889157516302113">beaucoup moins cependant que la croyance populaire ne le laisse entendre</a>).</p>
<p>Pour peu que l’être humain sache en tirer parti de manière durable, la diversité des écosystèmes offre une multitude d’environnements propices à la production alimentaire à travers le globe. Au lieu de cela, de nombreux espaces naturels sont ravagés, notamment pour alimenter les élevages, à l’instar de la forêt tropicale en Amazonie (pour cultiver le soja destiné à engraisser les animaux d’élevage) ou encore des <a href="https://www.consoglobe.com/mangrove-crevettes-aquaculture-menace-cg">mangroves d’Indonésie dévastées pour l’élevage de crevettes dont se régalent les Occidentaux</a>. </p>
<h2>Favoriser la biodiversité dans les champs</h2>
<p>Si une agriculture « traditionnelle » de subsistance, que l’on sait source de biodiversité, se maintient encore un peu partout dans le monde, la majeure partie de notre alimentation provient d’une agriculture commerciale productiviste s’appuyant sur un très petit nombre d’espèces végétales. Comme le souligne un <a href="http://www.fao.org/3/CA3129EN/CA3129EN.pdf">récent rapport de la FAO</a>, sur les quelque 6 000 espèces de plantes cultivées à des fins alimentaires, moins de 200 contribuent de manière substantielle à la production alimentaire mondiale et moins d’une trentaine fournissent 90 % des calories consommées, dont <a href="http://www.fao.org/3/a-i4009f.pdf">plus de 40 % dues au seul trio céréalier blé/riz/maïs</a>. Or ces monocultures sont particulièrement vulnérables aux attaques de ravageurs (comme nous le rappelle la dramatique famine causée en Irlande en 1840 par le mildiou de la pomme de terre), nécessitant toujours plus de pesticides. Et l’on sait par ailleurs qu’une agriculture reposant sur la coproduction d’espèces variées est <a href="https://news.stanford.edu/2020/03/18/crop-diversity-can-buffer-effects-climate-change/">plus à même de résister au changement climatique</a>. </p>
<p>Il y aurait pourtant tout intérêt à prendre exemple sur les synergies vertueuses de la nature en <a href="http://www.changeonsdagriculture.fr/les-cultures-associees-clef-du-rendement-a108249850">favorisant les cultures associées</a> et en encourageant l’installation d’une faune utile. Malheureusement, les adeptes de l’agriculture intensive perçoivent souvent la biodiversité de manière négative (insectes ravageurs, mauvaises herbes), même si cette vision commence doucement à changer, avec différents cahiers des charges qui se mettent en place pour aller vers <a href="http://agriculture-de-conservation.com/sites/agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/AEI-travaux-innovations.pdf">d’autres types d’agricultures</a> plus respectueuses de l’environnement. <a href="http://lalimentationenquestions.museedelhomme.fr/question/quels-sont-les-liens-entre-la-biodiversite-et-notre-alimentation-107">Nombre d’espèces sont en effet utiles aux cultures</a> : insectes qui transportent le pollen, lombrics et à microfaune qui fertilisent les sols, oiseaux qui consomment et donc régulent les populations de chenilles, etc. Or, pour profiter de ces organismes auxiliaires, il faut préserver les environnements semi-naturels (haies, prairies, marais) qui leur fournissent le gîte à proximité des cultures, mais aussi limiter l’utilisation de pesticides qui tuent les organismes dont ils se nourrissent. </p>
<p>En clair, il faudrait encourager les <a href="http://lalimentationenquestions.museedelhomme.fr/question/quest-ce-que-lagroecologie-101">pratiques agroécologiques</a> plus responsables, fondées sur la connaissance des écosystèmes : <a href="https://theconversation.com/lagroforesterie-ou-lart-de-mettre-des-arbres-dans-les-champs-54974">l’agroforesterie en est un bel exemple</a>. Autrement dit, il faut s’inspirer des écosystèmes naturels, et produire plus (de biomasse alimentaire) avec moins (d’intrants, d’énergie, d’eau, de surface, d’érosion, de pollution…).</p>
<h2>L’agriculture de demain ne sera pas celle d’hier</h2>
<p>S’il est vrai que certaines espèces anciennes sont plus robustes, moins exigeantes, plus résistantes aux maladies et aux conditions climatiques, car souvent plus <a href="https://www.pnas.org/content/87/19/7777.long">aptes à se protéger par elles-mêmes</a> (ce qui, soit dit en passant, est souvent corrélé à leur richesse en vitamines et antioxydants), il ne faut ni généraliser ni caricaturer : comme nous l’avons mentionné plus haut, non seulement la production actuelle reste largement assez riche en micronutriments pour que la consommation de fruits et légumes soit toujours bénéfique, mais les croisements/sélections opérés ont aussi permis l’émergence de nouvelles espèces intéressantes par leur rendement et leur qualité gustative. Aussi, au-delà de l’importance écologique d’une agriculture qui entretient un grand nombre d’espèces, l’intérêt de maintenir des variétés anciennes réside dans la diversité des goûts et des textures qu’elles offrent. Elles représentent un patrimoine qu’il faut entretenir. Et cela n’est pas incompatible avec, en parallèle, une production plus intensive d’un nombre limité de variétés modernes qui ont fait leurs preuves.</p>
<p>Ramener plus de biodiversité dans les champs ne veut pas dire revenir à l’agriculture d’antan ! Méfions nous des images d’Épinal « à l’ancienne » et du réflexe du « c’était mieux avant », car si le <a href="https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cep_document_de_travail_11_la_population_paysanne_reperes_historiques0609.pdf">nombre des travailleurs de la terre</a> a énormément diminué (il a été divisé par huit entre 1950 et 2010) dans notre pays, l’agriculture y est aujourd’hui largement exportatrice. Un agriculteur alimentait 5 personnes en 1950, il en nourrit désormais près de 100. </p>
<p>À l’opposé du « retour en arrière » que préconisent certains, l’agriculture du futur devra ainsi intégrer tout ce que l’écologie moderne peut lui apprendre, afin, en quelque sorte, de remplacer autant que possible la chimie par la biologie, tout en assurant à la fois la variété et la productivité des cultures. Quant à la question de l’agriculture biologique, son rendement est jusqu’à 30 % inférieur à celui des productions conventionnelles. Pour l’heure, sa généralisation ne permettrait donc pas de couvrir nos besoins alimentaires. Mais grâce <a href="https://www.nature.com/articles/nplants2015221">aux recherches menées dans ce domaine</a>, l’écart pourrait se réduire tout en améliorant les valeurs gustative et nutritionnelle des productions, en <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/pan3.10080">réduisant leur impact environnemental</a> et en assurant la juste rémunération du travail accompli. </p>
<p>Enfin, ne l’oublions pas. Pour que le travail des agriculteurs ne soit pas vain, il nous reste à le valoriser au mieux. Il s’agit donc pour les cuisiniers du quotidien que nous sommes de faire preuve d’inventivité et de sortir les végétaux de leur rôle de simple accompagnant d’un ingrédient carné (qui tient trop souvent la place centrale dans l’assiette). En somme, d’en faire les vedettes de l’alimentation de demain, à la fois goûteuse et durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139790/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Lavelle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On l'a dit et répété : manger sainement, c'est manger varié. Et cette variété s'entend en réalité du champs à l'assiette, de la fourche à la fourchette. Explications.Christophe Lavelle, Chercheur en biophysique moléculaire, épigénétique et alimentation, CNRS UMR 7196, Inserm U1154, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.