tag:theconversation.com,2011:/id/topics/corps-21905/articlescorps – The Conversation2024-03-25T13:47:48Ztag:theconversation.com,2011:article/2212022024-03-25T13:47:48Z2024-03-25T13:47:48ZEt si avoir des pieds plats était… normal ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582329/original/file-20240316-24-z9ht8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C2%2C985%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au fil des années jusqu'à aujourd'hui, de nombreux professionnels de la santé continuent de soutenir la théorie selon laquelle avoir les pieds plats est un facteur de risque majeur pour les troubles musculosquelettiques. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>L’idée selon laquelle les personnes ayant les pieds plats sont plus sujettes à développer divers problèmes a été largement répandue parmi les chercheurs, les professionnels de la santé et la population générale pendant de nombreuses décennies, voire des siècles.</p>
<p>Plus précisément, il était reconnu que d’avoir des pieds plats constituait une prédisposition future à des douleurs et autres problèmes musculosquelettiques (c’est-à-dire aux muscles, tendons et/ou ligaments).</p>
<p>Une sorte de bombe à retardement.</p>
<p>Or, dans un <a href="https://bjsm.bmj.com/content/57/24/1536">éditorial récent</a> publié par mon équipe de recherche dans le <em>British Journal of Sports Medicine</em>, nous remettons en question ce mythe. Nous y démontrons que la théorie selon laquelle avoir des pieds plats conduit inévitablement à des douleurs ou à d’autres problèmes musculosquelettiques est infondée.</p>
<p>Chercheur en médecine podiatrique à l’Université du Québec à Trois-Rivières, j’étayerai ici les faits saillants de notre étude.</p>
<h2>D’où cette théorie provient-elle ?</h2>
<p>L’idée que les pieds plats posent problème remonte à plusieurs siècles.</p>
<p>Elle a été ravivée dans la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle par des podiatres américains, <a href="https://books.google.ca/books/about/Normal_and_Abnormal_Function_of_the_Foot.html?id=CI-KQgAACAAJ&redir_esc=y">Merton L. Root, William P. Orien et John H. Weed</a>, qui ont popularisé le concept de pieds « idéaux » ou « normaux ».</p>
<p>Ces cliniciens-chercheurs ont avancé que les pieds ne répondant pas à des critères spécifiques de normalité (par exemple, une arche plantaire bien définie, un talon droit et aligné avec le tibia) étaient considérés comme anormaux, moins performants et plus enclins aux blessures en raison de multiples compensations biomécaniques, telles qu’un affaissement plus important du pied lors de la marche.</p>
<p>Cette théorie est devenue centrale dans les programmes éducatifs des professionnels de la santé, bien qu’elle disparaisse progressivement avec la mise à jour des cursus modernes. Elle a toutefois été enseignée pendant près de cinq décennies à travers le monde, et ce, même si les fondements scientifiques étaient faibles. En fait, la science n’a jamais validé cette théorie, la laissant toujours au stade d’hypothèse.</p>
<p>Au fil des années jusqu’à aujourd’hui, de nombreux professionnels de la santé continuent de soutenir la théorie selon laquelle avoir les pieds plats est un facteur de risque majeur pour les troubles musculosquelettiques.</p>
<p>Conséquemment, cette idée est encore solidement ancrée dans les croyances de la population générale.</p>
<h2>Est-ce que pieds plats riment avec blessures musculosquelettiques ?</h2>
<p>Contrairement à la proposition de <a href="https://books.google.ca/books/about/Normal_and_Abnormal_Function_of_the_Foot.html?id=CI-KQgAACAAJ&redir_esc=y">Root et ses collègues</a>, des méta-analyses, le plus haut niveau d’évidence scientifique, ont révélé une absence de risque accru de développer la grande majorité des blessures musculosquelettiques chez les personnes avec des pieds plats.</p>
<p>Ces <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1186/s13047-014-0055-4">méta-analyses</a> ont seulement identifié des liens faibles entre avoir des pieds plats et le risque de développer un syndrome de stress tibial médial (douleurs au niveau du tibia), un syndrome fémoro-patellaire (douleurs autour de la rotule), ainsi que des blessures non spécifiques de surutilisation des membres inférieurs.</p>
<p>C’est tout.</p>
<p>Par ailleurs, une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-019-01110-z">revue systématique</a> et une <a href="https://sportsmedicine-open.springeropen.com/articles/10.1186/s40798-022-00416-z">méta-analyse</a> ont conclu que les coureurs avec les pieds plats ne sont pas plus à risque de se blesser que ceux avec des pieds plus droits.</p>
<p>Ces analyses remettent en question l’idée selon laquelle les pieds plats constituent un risque substantiel pour les troubles musculosquelettiques.</p>
<p>Cependant, malgré ces conclusions, diverses sources telles que la littérature grise, les sites Web professionnels, les forums et d’autres médias, laissent souvent entendre que les pieds plats présentent un risque élevé de blessure, voire nécessitent un traitement, même en l’absence de symptômes.</p>
<p>Malheureusement, cette situation conduit fréquemment à des interventions inutiles, telles que l’utilisation de chaussures orthopédiques ou d’orthèses plantaires sur mesure pour des pieds plats asymptomatiques, suscitant également d’importantes préoccupations chez les patients quant à l’apparence de leurs pieds.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="goupe de personnes qui courent" src="https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/583293/original/file-20240321-16-al3tgo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les coureurs avec les pieds plats ne sont pas plus à risque de se blesser que ceux avec des pieds plus droits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Remettre les pendules à l’heure</h2>
<p>Les pieds plats asymptomatiques ne nécessitent généralement pas l’intervention des professionnels de la santé. Selon les connaissances scientifiques actuelles, évaluer si une personne a les pieds plats pour déterminer son risque de blessure est inefficace et contre-productif.</p>
<p>Par contre, il est possible qu’une personne ayant les pieds plats développe une blessure musculosquelettique. Cela ne signifie pas nécessairement que les pieds plats ont causé la blessure.</p>
<p>Il est tout à fait possible que deux variables soient présentes en même temps sans qu’il y ait pour autant un lien de cause à effet. Il y a une différence importante entre un lien de cause à effet et une corrélation. Un lien de cause à effet implique qu’un changement dans une variable (la cause) entraîne un changement dans une autre variable (l’effet). Lorsque deux variables sont corrélées, des changements dans une variable peuvent être associés à des changements dans l’autre variable, mais cela ne signifie pas que l’une cause l’autre.</p>
<p>Prenons l’exemple suivant pour mieux illustrer le concept : nous soumettons 500 enfants âgés de 6 à 12 ans au même examen de mathématiques. En effectuant des tests de corrélation, nous constatons une tendance : plus les enfants ont de grands pieds, plus leur note finale à l’examen est élevée.</p>
<p>Cela soulève la question : est-ce que la taille des pieds influence réellement les compétences en mathématiques ? Bien sûr que non !</p>
<p>Une autre variable, non prise en compte, joue un rôle majeur dans cette corrélation : l’âge ! Comme les pieds grandissent en vieillissant, nous observons une corrélation forte mais inappropriée !</p>
<p>Le même principe s’applique aux pieds plats. Si une blessure musculosquelettique survient chez une personne aux pieds plats, les recherches actuelles indiquent que ces derniers ne sont pas nécessairement en cause, et d’autres facteurs doivent être explorés.</p>
<p>Il s’agit d’un lien de corrélation et non de cause à effet.</p>
<h2>Réduisons le surdiagnostic dans les soins de santé</h2>
<p>La réduction du surdiagnostic dans les soins de santé est devenue cruciale. Ce phénomène, défini comme le diagnostic d’une condition qui n’apporte aucun bénéfice net à l’individu, constitue un fardeau mondial entraînant des effets néfastes potentiels sur les plans <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)32585-5/abstract">physique</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1836955317300164">psychologique et financier</a> des patients.</p>
<p>Sur le plan financier, il est facile de comprendre que la prescription d’orthèses plantaires sur mesure à plusieurs centaines de dollars pour prévenir les blessures musculosquelettiques associées aux pieds plats asymptomatiques a un impact négatif substantiel. Surtout dans l’optique où la présence de pieds plats n’augmente que très peu le risque de développer ces blessures.</p>
<p>Pour résoudre ce problème, les professionnels de la santé doivent contribuer à réduire le surdiagnostic des pieds plats en établissant une distinction plus claire pour leurs patients entre les variantes anatomiques inoffensives et les conditions potentiellement préoccupantes.</p>
<p>Étant donné que le surdiagnostic entraîne souvent un surtraitement, éviter les traitements non nécessaires contribuera à apaiser les inquiétudes des patients concernant leurs pieds plats.</p>
<p>Finalement, il est impératif d’abandonner l’idée dépassée, encore trop souvent répandue, selon laquelle avoir les pieds plats pose problème et expose les individus à un risque élevé de blessures musculosquelettiques. Il est temps de changer notre perspective et notre approche concernant l’importance des pieds plats, en reconnaissant leur diversité naturelle dans le contexte de la santé globale des pieds.</p>
<p>Mais surtout, il est temps de considérer les pieds plats asymptomatiques pour ce qu’ils sont… une simple variante anatomique !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221202/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriel Moisan est membre de l'Ordre des Podiatres du Québec. Il a reçu des financements du conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), des Amputés de Guerre du Canada et du réseau provincial de recherche en adaptation-réadaptation (REPAR).</span></em></p>Avoir des pieds plats asymptomatiques n’est pas problématique et ne nécessite pas de traitement. Il y a un besoin important de déboulonner ce mythe important.Gabriel Moisan, Professeur, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2264052024-03-22T12:30:46Z2024-03-22T12:30:46ZDéshydratation : les causes, symptômes et mesures à prendre<p>_ <a href="https://www.elsan.care/fr/nos-actualites/deshydratation-symptomes-causes-et-prevention">La déshydratation </a> est un problème majeur en période de <a href="https://theconversation.com/kenyas-had-unusually-hot-weather-an-expert-unpacks-what-could-be-causing-it-224348">canicule</a> inhabituelle et d'épidémies telles que le <a href="https://theconversation.com/whats-behind-the-worldwide-shortage-of-cholera-vaccines-for-starters-theyre-only-made-by-one-company-224891">choléra</a>, qui provoquent des diarrhées pouvant mettre la vie en danger. Anastasia Ugwuanyi est médecin de famille et éducatrice clinique à l'université de Witwatersrand. Nous lui avons posé des questions sur comment éviter ou gérer la déshydratation.</p>
<h2>Quelles sont les causes de la déshydratation ?</h2>
<p>La déshydratation peut être définie comme une perte d'eau à l'intérieur des cellules. Pour en comprendre les causes, il est important de présenter quelques notions de base sur notre corps en ce qui concerne la physiologie de l'eau. L'eau représente 55 à 65 % de la masse corporelle totale. La majeure partie de cette eau se trouve dans la <a href="https://inbodycanada.ca/fr/la-composition-corporelle/masse-corporelle-maigre-et-masse-musculaire-quelle-est-la-difference/">masse maigre</a>. L'autre tiers est extracellulaire.</p>
<p>La <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18519109/">déshydratation</a> peut être une perte d'eau ou une perte de sel et d'eau. L’“écosystème hydrique” du corps est régulé par des réponses aux niveaux de sel et d'eau. Des organes tels que le cerveau, la peau, le tractus gastro-intestinal et les reins sont impliqués dans la régulation de l'eau.</p>
<p>L'eau dans l'écosystème du corps est utile pour maintenir certaines fonctions, notamment : </p>
<ul>
<li><p>le transport des nutriments et des matières biologiques et chimiques autour de l'organisme</p></li>
<li><p>une partie du système de soutien des articulations, y compris la colonne vertébrale</p></li>
<li><p>un environnement permettant aux processus chimiques normaux de l'organisme de fonctionner.</p></li>
</ul>
<p>La déshydratation peut être causée par plusieurs facteurs qui font basculer les mécanismes de régulation vers un mode de perte d'eau. Ces facteurs peuvent être les suivants :</p>
<ul>
<li><p>des causes environnementales ou externes telles que les vagues de chaleur (facteurs de changement climatique) </p></li>
<li><p>les sécheresses et les privations d'eau de longue durée</p></li>
<li><p>la réduction de l'apport en liquides - chez les personnes âgées, les enfants ou les personnes souffrant de troubles mentaux</p></li>
<li><p>les pénuries municipales affectant la disponibilité ou l'accès à l'eau potable</p></li>
<li><p>la perte accrue de liquides par une miction excessive, comme dans le cas de maladies telles que le diabète</p></li>
<li><p>la perte accrue de fluides due à la diarrhée</p></li>
<li><p>une perte accrue de liquides due à la transpiration ou à l'hyperventilation.</p></li>
</ul>
<h2>Comment savoir si l'on est déshydraté ?</h2>
<p>Une perte de 5 à 10 % de l'eau corporelle est symptomatique, en particulier chez les personnes très âgées et très jeunes. Les signes à surveiller sont les suivants : maux de tête, fatigue ou lassitude, confusion inexplicable immédiatement, bouche sèche (inexplicable immédiatement), peau sèche lorsque vous la pincez et lente dans son retour élastique normal, yeux enfoncés et, chez les nourrissons, fontanelles enfoncées, absence de larmes en cas de pleurs, en particulier chez les enfants, urine concentrée - de couleur ambre foncé à sombre - et diminution de la fréquence des mictions à mesure que l'organisme passe à la conservation.</p>
<p>Parmi les autres signes à surveiller figurent les <a href="https://www.cdc.gov/disasters/extremeheat/warning.html#text">symptômes de l'épuisement par la chaleur</a>. Ils indiquent que le système cardiovasculaire est touché. Les signes peuvent être les suivants : peau froide et moite, transpiration inhabituellement abondante, pouls faible et rapide, vertiges, crampes musculaires, nausées. </p>
<h2>Que se passe-t-il dans notre organisme lorsque nous sommes déshydraté ?</h2>
<p>Plusieurs systèmes de notre corps sont affectés par la déshydratation. Les effets de la déshydratation dépendent de la quantité de liquide perdue et de la durée de la déshydratation.</p>
<p>Les effets varient en fonction du degré de déshydratation. <a href="https://www.msdmanuals.com/professional/pediatrics/dehydration-and-fluid-therapy-in-children/dehydration-in-children">La déshydratation est classée de légère à sévère selon la proportion d'eau perdue dans la masse corporelle</a>. Chez les enfants et les nourrissons, elle est particulièrement problématique car l'eau représente une part plus importante de leur masse corporelle. </p>
<p>En cas de perte importante, les symptômes peuvent comprendre une chute de la pression artérielle qui affecte la dynamique de la circulation sanguine et des signes de défaillance des organes qui ne peuvent plus fonctionner normalement les systèmes ne sont pas en mesure de faire face (comparable à un moteur de voiture en surchauffe).</p>
<p>Le système cardiovasculaire, le système gastro-intestinal, le système rénal, le système nerveux central, la peau et la couche externe du corps, le système musculo-squelettique sont tous affectés par la déshydratation en fonction du niveau de perte d'eau totale du corps.</p>
<p>Les effets de la déshydratation sur l'organisme peuvent inclure : perte de poids, constipation, délire, insuffisance rénale, plus grande prédisposition aux infections respiratoires et urinaires, crises cardiaques et convulsions <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16248421/#:%7E:text=D%C3%A9shydratation%2C%20qui%20augmente%20la%20viscosit%C3%A9%20du%sang,cause%20une%20augmentation%20de%20la%20viscosit%C3%A9">en raison de l'épaississement du sang</a>.</p>
<p>Ces effets sont encore plus débilitants chez les personnes très âgées et celles qui souffrent de maladies préexistantes comme le diabète.</p>
<h2>Comment arrêter la déshydratation ?</h2>
<p>Pour enrayer la déshydratation, il est important de prendre en compte tous les aspects de la demande et de l'approvisionnement en eau.</p>
<p>L'environnement : l'accès à l'eau potable est toujours une responsabilité collective du gouvernement et de la communauté. Cela peut aller du signalement et de la réparation des fuites et des ruptures d'approvisionnement en eau de la municipalité à l'entretien des réseaux de purification de l'eau et de distribution de l'eau. </p>
<p>Personnellement : n'attendez pas d'avoir soif pour boire. La soif est le signe que votre corps est en train de se déshydrater. Pour chaque kilogramme de poids corporel, buvez environ 30-35 millilitres (3 cuillères à soupe) d'eau par jour, surtout en période de chaleur. </p>
<p>Soyez attentif aux signes de déshydratation chez vous ou chez les personnes âgées, les enfants, les membres de votre famille ou vos amis souffrant d'une incapacité. Contrôlez-les avec des mesures simples telles que les <a href="https://www.rehydrate.org/ors/made-at-home.htm">thérapies de remplacement</a> composées d'eau, de sel et de sucre. </p>
<p>Pensez à boire davantage d'eau lorsque vous faites de l'exercice ou lorsque vous êtes malade. Il y a du sel, du sucre et de l'eau dans chaque maison. Il est essentiel de savoir comment les préparer ou de disposer d'une thérapie de réhydratation orale préemballée à la maison. Il existe un certain nombre de bons guides sur <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/pdf/global/posters/11_229310-j_ors_print-africa.pdf">la préparation d'une solution sel-sucre-eau maison </a> pour traiter la déshydratation avant de demander de l'aide médicale.</p>
<p>Prenez l'habitude de boire intentionnellement de l'eau plutôt que des boissons froides et des bières qui contiennent de l'eau mais sont riches en calories. Ces boissons aggravent la déshydratation.</p>
<p>Veillez à vous hydrater avant, pendant et après l'exercice afin de maintenir un bon équilibre entre l'eau et les sels pendant l'exercice.</p>
<p>Restez au frais en période de chaleur en portant des vêtements respirants, en nageant ou en prenant des douches rafraîchissantes s'il n'y a pas de restrictions d'eau. Des jets d'eau sont disponibles dans certains lieux publics pour aider à se rafraîchir particulièrement en période de chaleur.</p>
<p>Enfin, il existe plusieurs appareils intelligents dotés d'applications de santé qui peuvent aider à suivre la consommation d'eau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226405/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anastasia Ugwuanyi est memebre de l'Association sud-africaine des médecins de famille.</span></em></p>Environ 60 % du corps humain est constitué d'eau. Une perte excessive d'eau peut être fatale.Anastasia Ugwuanyi, Senior clinical educator, department of family medicine, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2238832024-03-04T17:01:32Z2024-03-04T17:01:32ZPourra-t-on imprimer en 3D de la peau pour soigner les grands brûlés ?<p>En France, chaque année, <a href="https://crh.cgos.info/informations/les-soins-aux-grands-brules-une-prise-en-charge-multidisciplinaire-en-france">plus de 400 000 personnes se brûlent</a> et pour 9 000 d’entre elles, ces brûlures sont graves. Quelle que soit la cause (un liquide ou un objet chaud, électricité, flammes, produits chimiques ou encore exposition aux rayons UV), ces brûlures entraînent une lésion importante de la barrière cutanée, rendant les grands brûlés particulièrement sensibles aux infections.</p>
<p>En effet, la peau, organe le plus étendu du corps humain, est aussi la première ligne de défense contre les bactéries et virus. Le tissu cutané est composé de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme (de l’extérieur vers l’intérieur de notre corps). L’épiderme, constitué de plusieurs couches de kératinocytes (cellules de peau), constitue l’enveloppe externe de la peau. C’est une couche en renouvellement permanent qui constitue le premier rempart contre les agressions extérieures : on parle de barrière cutanée. Le derme, quant à lui, est un tissu vascularisé qui confère résistance et élasticité à la peau via les fibres de collagène et d’élastine, fabriquées par des cellules appelées fibroblastes.</p>
<p>Dans le cas des grands brûlés, la perte de la barrière cutanée entraîne une perte de liquide et de chaleur ainsi qu’un risque d’infection plus important.</p>
<p>Le traitement traditionnel des brûlures profondes consiste à les recouvrir avec une peau saine prélevée sur une autre partie du corps : c’est l’autogreffe. Cette intervention ne pose pas de difficulté technique particulière, cependant, dans le cas de brûlures très étendues sur le corps, le problème vient du fait qu’il n’y a pas suffisamment de peau saine à prélever pour recouvrir l’ensemble des zones brûlées.</p>
<h2>Fabriquer de la peau en laboratoire</h2>
<p>Les chercheurs se sont donc tournés vers l’ingénierie tissulaire pour fabriquer du tissu cutané en laboratoire. La technique d’ingénierie tissulaire classique repose sur la croissance in vitro de cellules associées à un échafaudage (matériau poreux biocompatible). Pour faire simple, des cellules saines sont prélevées chez le patient puis mises en culture et en multiplication afin d’en obtenir un nombre suffisant pour l’ensemencement sur l’échafaudage. Enfin, les cellules ensemencées sont mises à maturer <a href="https://www.biotechrep.ir/article_68655_2898e38db1045ade18e39d8641fa35c3.pdf">jusqu’à formation du tissu biologique</a>.</p>
<p>Cette technique peut, néanmoins, présenter des limitations car la distribution spatiale des cellules ensemencées reste difficile à contrôler, notamment lorsque plusieurs types cellulaires sont utilisés dans une même structure.</p>
<p>En réaction, depuis plusieurs années, la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10853-019-04259-0">bioimpression</a> apparaît comme une nouvelle technique d’ingénierie tissulaire permettant de produire des tissus biologiques de manière plus précise (donc des tissus plus fonctionnels), reproductible et automatisée.</p>
<h2>La bioimpression 3D</h2>
<p>En effet, grâce à la bio-impression 3D, des chercheurs ont pu créer des structures de peau en trois dimensions par remplissage, couche par couche, d’une encre biologique contenant des cellules de peau humaine (kératinocytes et fibroblastes) suspendues dans un gel.</p>
<p>En réalité, la bio-impression 3D diffère peu de l’impression 3D ou fabrication additive utilisée dans le secteur de l’industrie par exemple. Sa spécificité vient du fait que les bio-imprimantes appliquent des couches de biomatériaux (la bio-encre), qui peuvent contenir des cellules vivantes, pour créer des structures complexes telles que des tissus de la peau.</p>
<p>Dans le cas des grands brûlés, l’objectif est d’utiliser des cellules du patient afin d’éviter tout potentiel rejet de greffe.</p>
<p>La bio-encre se compose de deux parties distinctes : une matrice et les cellules d’intérêts prélevées chez le patient. La matrice doit permettre aux cellules de vivre, se développer et s’organiser. Elle est en général composée d’hydrogels biocompatibles comme l’alginate (polymère issu des algues brunes), la gélatine et la fibrine (protéines) ou encore le collagène (protéine qui favorise l’adhésion cellulaire). Les cellules d’intérêt, fibroblastes et kératinocytes, sont quant à elles isolées à partir d’une biopsie d’un tissu sain du patient.</p>
<p>Une fois la bio-encre formulée, la fabrication de peau par bio-impression 3D nécessite différentes étapes que sont la conception assistée par ordinateur (CAO) de l’architecture du tissu à imprimer et la bio-impression en elle-même. Lors de l’étape de conceptualisation, la CAO, il faut définir l’organisation spatiale de l’ensemble des constituants des tissus (en s’inspirant de l’organisation du tissu observé par imagerie par exemple) et les paramètres d’impression des bio-encres (hauteur des couches de biomatériaux, vitesse d’impression…).</p>
<p>Vient ensuite l’étape d’impression automatisée de la peau par l’imprimante qui diffère selon la technologie utilisée. Il existe trois technologies principales : l’impression par laser, la technique de la microextrusion et la technologie jet d’encre, chacune ayant des avantages et des inconvénients.</p>
<p>La technique du jet d’encre est fortement inspirée de l’impression 2D sur papier. Le principe repose sur l’éjection de microgoutelettes de bio-encre grâce à un procédé thermique ou piézoélectrique. Dans le premier cas, une impulsion thermique entraîne la formation d’une poche de vapeur qui engendre l’éjection de gouttelettes d’encre par pression. Dans le second procédé, une tension appliquée à un cristal piézoélectrique entraîne une déformation mécanique qui va comprimer le réservoir d’encre et permettre l’éjection de gouttelettes.</p>
<p>La technique de microextrusion utilise deux têtes d’impression (microseringues), l’une dépose des couches d’un hydrogel et l’autre des cellules, en alternance. Ces constituants sont poussés mécaniquement à travers les seringues à l’image de la gouache sortant de son tube.</p>
<p>Enfin, l’impression laser est la plus récente. Cette fois, l’encre est étalée sur une lamelle de verre. Un laser vient frapper celle-ci et émettre des impulsions (de l’ordre de la nanoseconde) qui, absorbées par l’encre, permettent de détacher des microgoutelettes. Cette technologie est très précise car elle permet de contrôler le placement de la goutte à l’échelle de la cellule. De plus, elle offre la meilleure viabilité pour les cellules (95 % environ).</p>
<h2>Vers une utilisation à l’hôpital ?</h2>
<p>Suite à l’impression, le tissu imprimé est soumis à une phase de maturation où le tissu évolue tout seul dans un milieu de culture. Cette phase permet aux cellules de s’auto-organiser jusqu’à faire émerger des fonctions biologiques spécifiques en vue d’une greffe. En fait, l’étape de maturation a pour objectif de transformer un tissu vivant passif en un tissu vivant actif.</p>
<p>Cette étape de maturation est réglementée par le statut de médicament de thérapie innovante qui est contraignant.</p>
<p>Finalement, une fois la peau obtenue, il reste à la greffer sur le patient… Ce rêve n’est plus très loin. En effet, la société Poietis, spécialiste français de la bio-impression 3D par laser a installé fin 2021 la <a href="https://poietis.com/poietis-and-assistance-publique-hopitaux-de-marseille-ap-hm-annouce-the-first-installation-of-a-3d-bioprinting-platform-for-manufacturing-implantable-biological-tissues-in-hospitals/">première plate-forme de bio-impression 3D</a> pour la fabrication de tissus biologiques implantables à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille. Les premiers essais cliniques sont en cours.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223883/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coralie Thieulin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La bioimpression de peau est une technique prometteuse qui pourrait aider les grands brûlés qui ne peuvent pas bénéficier d’autogreffe.Coralie Thieulin, Enseignant chercheur en physique à l'ECE, docteure en biophysique, ECE ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2239032024-02-27T16:15:34Z2024-02-27T16:15:34ZUne expo, un chercheur : les « Transparences » d’Yves Saint Laurent dans l’œil d’un physicien<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/578335/original/file-20240227-20-6jv793.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C8%2C988%2C631&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur ces modèles iconiques, différentes matières sont employées pour obtenir des effets de transparence.</span> <span class="attribution"><span class="source">Thibaut Voisin / Musée Yves Saint Laurent</span></span></figcaption></figure><p><em>Serge Berthier est professeur de physique émérite à l’université Paris Cité et chercheur à l’Institut des NanoSciences de Paris (CNRS–Sorbonne Université). Il a publié de nombreux livres sur les structures et les couleurs des insectes ainsi qu’un essai sur la bio-inspiration (« L’éveil du Morpho », Flammarion).</em></p>
<p><em>Nous l’avons accompagné au <a href="https://museeyslparis.com/expositions/yves-saint-laurent-transparences">musée Yves Saint Laurent</a>, curieux de son regard aussi scientifique qu’émerveillé sur les effets de transparence dans la mode et les parallèles possibles avec la transparence dans la nature. Dès les années 1960, Yves Saint Laurent s’intéresse aux différentes matières qui permettent de jouer avec cet effet optique. Mousseline, organza, tulle, Cigaline, dentelle… Sensualité et élégance se conjuguent, dans une célébration toujours renouvelée de la beauté et de la liberté des corps féminins.</em></p>
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<p>Le monde universitaire n’est pas trop à cheval sur la tenue de ses employés et entrer dans le temple de la haute couture m’a procuré la même excitation, teintée d’une certaine appréhension, que lorsque je m’enfonce dans une jungle équatoriale. Surprise, étonnement, puis questionnement. En quoi la transparence de la robe en Cigaline qui nous accueille dès l’entrée de l’exposition par exemple, diffère-t-elle précisément de celle d’une aile de cigale ? Mais aussi en quoi montrer le corps féminin participe-t-il à sa libération, comme l’affirme Yves Saint Laurent ?</p>
<h2>Définir la transparence</h2>
<p>Transparence ! Le mot peut avoir de nombreuses significations. Que recouvre exactement le terme d’un point de vue scientifique ? Lorsque la lumière passe au travers de la matière, on parle de transparence ou de translucidité. Dans le cas de la transparence, les rayons lumineux ne sont ni arrêtés ni déviés. L’objet qui se trouve derrière reste visible : c’est ainsi que les blouses et les robes transparentes de Saint Laurent dévoilent le corps.</p>
<p>Quand on parle de matière translucide, en revanche, la lumière passe mais les rayons sont déviés, diffusés dans toutes les directions. C’est le cas par exemple du papier huilé des paravents japonais ou du verre dépoli. La lumière passe mais pas l’image de l’objet se trouvant derrière. Bien sûr, il existe un continuum entre le transparent et le translucide.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4031%2C3017&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576558/original/file-20240219-26-5esi3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La transparence des créations haute couture d'Yves Saint Laurent dans l'oeil de Serge Berthier.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le mouvement a également une influence sur la transparence. Lorsqu’un insecte aux ailes transparentes vole ou qu’un mannequin défile dans un vêtement transparent, l’œil humain ne perçoit pas toujours ce qui se trouve derrière la matière, car le mouvement « brouille » le message visuel.</p>
<p>Mais il peut, à l’inverse, faire apparaître ou disparaître la transparence, comme sur cette robe aux très nombreux plis où le corps n’apparaît que lorsqu’ils s’écartent au gré des déplacements.</p>
<p>Une des robes iconiques d’Yves Saint Laurent, la <a href="https://www.numero.com/fr/mode/yves-saint-laurent-dentelle-cite-de-la-mode-et-de-la-dentelle-calais-exposition-transparence">« nude dress »</a> (« robe nue »), laisse supposer une transparence quasi complète. Or, d’un point de vue physique, aucun matériau n’est à 100 % transparent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=668&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=668&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578212/original/file-20240227-16-386gj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=668&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À gauche, un croquis de Saint Laurent pour la « nude dress ». À droite, robe du soir portée par Danielle Luquet de Saint-Germain. Collection haute couture automne-hiver 1968. Photographie de Peter Caine (Sydney).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Yves Saint Laurent/Peter Caine (Sydney)</span></span>
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</figure>
<p>De même, si on superpose plusieurs épaisseurs d’un tissu transparent (comme le tulle) l’épaisseur des couches finit par annuler l’effet de transparence. C’est le cas avec la robe en tulle rouge que vous pouvez voir sur la photo en tête d’article.</p>
<p>Autre différence entre l’aile et la robe : Dans le cas des vêtements exposés ici, la transparence est obtenue grâce aux trous laissés <a href="https://orageuse.com/glossary/chaine-et-trame/">entre la trame et la chaîne</a> du tissu et non au matériau lui-même. On a en quelque sorte, retiré de la matière. Ce n’est pas ainsi que la transparence fonctionne dans la nature.</p>
<h2>La transparence, quel intérêt ?</h2>
<p>La transparence est très présente dans la nature, en particulier chez les animaux aquatiques. Sur terre, elle est beaucoup plus rare, sauf chez certains insectes, qui ont des ailes très transparentes et parfois dotées de propriétés antireflet.</p>
<p>Les lépidoptères (papillons de jour et de nuit) représentent un groupe exceptionnel pour étudier la transparence sur terre, car de nombreuses espèces ont développé des ailes partiellement ou totalement transparentes. L’efficacité de la transmission de la lumière est largement déterminée par la microstructure des ailes (forme des écailles, insertion, coloration, dimensions et densité), les nanostructures qui les recouvrent et la macrostructure (surface des ailes, taille de l’espèce ou surface de l’aile).</p>
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<figure class="align-left ">
<img alt="Vignette de présentation de la série « Une expo, un chercheur », montrant une installation artistique de l’artiste Kusama." src="https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539052/original/file-20230724-21-ipn5gj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em><em>« Une expo, un·e chercheur·euse »</em> est un nouveau format de The Conversation France. Si de prime abord, le monde de l’art et celui de la recherche scientifique semblent aux antipodes l’un de l’autre, nous souhaitons provoquer un dialogue fécond pour accompagner la réflexion sans exclure l’émotion. Cette série de rencontres inattendues vous guidera à travers l’actualité des expositions en les éclairant d’un jour nouveau.</em></p>
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<p>Chez beaucoup d’organismes vivants, la transparence est utilisée à des fins de camouflage. Le camouflage, du moins dans le domaine visible, consiste à reproduire sur soi les motifs de l’environnement proche pour se fondre dans ce dernier. Difficile quand l’environnement varie, au cours de ses déplacements par exemple. Hormis pour quelques rares organismes capables de modifier leur apparence et leur couleur comme les pieuvres et les caméléons, la transparence constitue la meilleure façon de s’adapter à un environnement changeant.</p>
<p>La transparence est plus facile à obtenir dans l’eau que dans l’air. En effet, la quantité de lumière réfléchie à la surface d’un dioptre, l’interface, dépend directement du contraste d’indice optique entre les deux matériaux : plus il est faible et moins il y a de réflexion, donc plus de transparence. Eau et tissus biologiques ont des indices très proches, ce qui supprime pratiquement les reflets. Ce n’est pas le cas sur terre où le contraste est plus élevé. Aussi, de nombreux organismes comme les cigales ou les libellules par exemple ont-ils développé sur leurs ailes des structures antireflet, appelées « moth-eye structures » car découvertes sur les yeux de certains papillons de nuit.</p>
<p>Indépendamment des reflets qu’ils peuvent générer, tous les matériaux présentent une certaine absorption lumineuse qui finit par les rendre opaques s’ils sont trop épais. Une grande finesse devient ainsi le gage d’une grande transparence : tout pour plaire à un grand couturier !</p>
<p>Mais grande transparence ne signifie pas forcément invisibilité. Un autre phénomène entre alors en jeu : les interférences !</p>
<h2>Visibles et invisibles</h2>
<p>Le camouflage a pour fonction première de faire disparaître une proie potentielle aux yeux de ses prédateurs. Mais il ne doit cependant pas entraver la reconnaissance intraspécifique entre partenaires : il faut être invisible pour les prédateurs mais rester visible pour sa propre espèce.</p>
<p>Sur un film très mince, comme la membrane d’une aile de papillon ou une bulle de savon, des interférences constructives peuvent se produire qui vont faire apparaître des patterns colorés de très faible intensité, pratiquement invisibles à nos yeux, et à ceux des prédateurs, mais parfaitement reconnaissables par les membres de l’espèce. La couleur émergente dépend à la fois de l’épaisseur du film, et de l’angle d’incidence de la lumière. Sur un corps en mouvement, ce dernier est éminemment changeant, ce qui fait apparaître de magnifiques iridescences.</p>
<p>Les fibres utilisées pour les robes d’Yves Saint Laurent sont évidemment trop épaisses pour créer de tels effets. Aussi, sur l’une des robes exposées, a-t-il cherché à les recréer à l’aide de fibre colorée par des pigments.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576565/original/file-20240219-26-aafw1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un effet faussement irisé.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cette technique est d’ailleurs également utilisée par de nombreux insectes dotés d’ailes trop épaisses pour créer des interférences mais qui contiennent des pigments. La transparence en est alors plus ou moins réduite selon la concentration en pigment.</p>
<p>Une grande transparence peut donc être utilisée comme outil de communication entre mâles et femelles. Et c’est peut-être là, d’un point de vue fonctionnel, le point commun à l’aile et à la « robe nue » ou au vêtement transparent !</p>
<p>Nous l’avons vu : la transparence des tissus est plus obtenue par leur structure ajourée que par la matière elle-même. C’est également ainsi que certains insectes laissent passer la lumière au travers de leurs ailes. Il s’agit plus alors de translucidité que de transparence.</p>
<p>Les coléoptères et les scarabées ont des ailes renforcées, épaisses et dures, et très souvent pigmentées : impossible pour la lumière de les traverser. Or tous les insectes ont besoin de la lumière du soleil pour se chauffer. Certains ont résolu le problème en la laissant passer par des puits de lumière qui parsèment l’élytre.</p>
<h2>Vivre nus : de « l’instinct primaire » à la haute couture</h2>
<p>Le vêtement est un objet multifonctionnel comme les aime la nature. Cette idée de l’homme ou, en la circonstance, de la femme nue, me fait penser à cette émission de téléréalité <em>Retour à l’instinct primaire</em> (<em>Naked and Afraid</em> en VO) dans laquelle un homme et une femme doivent survivre en milieu hostile pendant trois semaines sans nourriture, ni eau, ni vêtements… Cette idée d’un instinct primaire qui coïnciderait avec la nudité me parait un parfait contresens. Le vêtement est un artefact apparu <a href="https://www.mnhn.fr/fr/depuis-quand-porte-t-on-des-vetements">très tôt dans l’histoire de l’humanité</a>, et il y a fort à parier qu’en de telles circonstances, nos ancêtres « primaires » auraient commencé par se vêtir, non seulement pour se protéger des intempéries mais sûrement aussi par simple pudeur. La feuille de vigne existe depuis l’aube de l’humanité.</p>
<p>La transparence est donc, en théorie, incompatible avec la fonction même du vêtement, qui est censé revêtir le corps, le dissimuler et le protéger. Les effets de transparence dans la mode jouent un peu sur cette ambiguïté entre ce que l’on montre et ce que l’on cache, dans un jeu de séduction subtil – un peu comme les papillons Morpho se parent de couleurs vives et irisées pour mieux séduire les femelles.</p>
<p>La fonction de la transparence chez les humains, mise en lumière dans cette exposition, est cependant très différente de celle qu’elle remplit chez les insectes : il ne s’agit pas de se cacher mais au contraire de se faire remarquer, de se distinguer. Le raffinement du vêtement signale une certaine aisance financière, tandis que la capacité à le dévoiler montre une forme d’assurance quant à son pouvoir de séduction. Si on aperçoit des parties du corps, on remarque tout autant l’originalité du vêtement, léger et pourtant présent, qui s’éloigne au maximum de sa fonction « pratique » pour souligner sa fonction esthétique et sociale. C’est aussi un moyen de jouer sur la dialectique entre nature et culture : on dévoile la matérialité physique du corps, mais la médiation du vêtement dénote une extrême sophistication.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578339/original/file-20240227-28-59oky3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La fonction de la transparence chez les humains est très différente de celle qu’elle remplit chez les insectes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thibaut Voisin / Musée Yves Saint Laurent</span></span>
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<p><em>Merci à Serena Bucalo-Mussely, responsable des collections du musée Yves Saint Laurent et Domitille Eblé, chargée des collections arts graphiques au Musée Yves Saint Laurent, d’avoir accompagné notre visite.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223903/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Berthier a reçu des financements de l'ANR et HFSP. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sonia Zannad ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En quoi la transparence de la blouse transparente qui nous accueille dès l’entrée de l’exposition par exemple, diffère-t-elle précisément de celle d’une aile de cigale ?Serge Berthier, Professeur en physique, Sorbonne UniversitéSonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2208792024-01-21T14:38:06Z2024-01-21T14:38:06ZPourquoi est-il si difficile de peindre des mains ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568596/original/file-20231215-19-ukjy1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1618%2C1155&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Fragment du tableau "Jeune fille grecque" de Charles-Amable Lenoir.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:Lenoir,_Charles-Amable_-_Jeune_fille_grecque.jpg">Sotheby's/Wikimedia Commons</a></span></figcaption></figure><p>On dit souvent que Goya faisait payer plus cher ses portraits si le modèle souhaitait être représenté avec ses mains. Nous verrons plus loin si cela est vrai ou non… Mais l’anecdote permet d’illustrer l’un des grands défis de l’art : peindre des mains.</p>
<p>Pourquoi est-il si difficile de peindre des mains ? Physiquement, les mains sont l’une des parties les plus complexes de notre anatomie : 27 os, 6 types d’articulations, 5 types de ligaments et de nombreux muscles forment chacune de nos mains. Il est certainement compliqué d’assembler tous ces éléments dans les bonnes proportions et sous le bon angle.</p>
<p>De plus, leur petite taille et leur mobilité entraînent la formation de nombreuses ombres dans différentes directions, ce qui rend le travail encore plus difficile. Rafael Llompart, professeur d’anatomie à la faculté des beaux-arts de l’université de Séville, <a href="https://verne.elpais.com/verne/2019/05/05/articulo/1557068529_628170.html">soulignait il y a quelques années</a> une autre difficulté : « Le nombre de formes que la main peut prendre. Il y a de nombreuses façons de les placer. »</p>
<p>Mais la plus grande difficulté n’est même pas la technique. Ce qui rend la représentation difficile, c’est que la main nous définit en tant qu’êtres humains.</p>
<h2>Le système main-visage</h2>
<p>Le philosophe <a href="https://www.academia.edu/36674576/Cap_III_Sistema_Humano_manos_rostro_cabeza_Leonardo_Polo">Leonardo Polo</a> affirmait que l’homme était un système composé de deux noyaux principaux : le visage et les mains. Contrairement aux animaux, l’évolution de l’être humain a fait qu’au lieu d’avoir un museau, il a un visage, et au lieu de griffes… des mains.</p>
<p>Le film de Disney <em>Tarzan</em> nous le montre de manière poétique. Tarzan sait qu’il n’est pas un gorille comme ses parents ou ses frères adoptifs parce que ses mains sont différentes. Et il reconnaît Jane comme l’une de ses semblables en constatant qu’elle a des mains comme lui.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Dessin d’une main féminine et d’une main masculine qui se touchent" src="https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/564038/original/file-20231206-21-mzxtgd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les mains de Jane et Tarzan dans le film Disney du même nom.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Disney</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est pourquoi notre visage et nos mains sont les éléments qui aident les êtres humains à exprimer ce qu’ils ressentent.</p>
<p>Mais il semble que dans le cas du visage, tout soit un peu plus facile : si nous fronçons les sourcils, nous exprimons la colère ; si nous ouvrons les yeux, nous exprimons l’étonnement ; si nous courbons la bouche, nous exprimons le bonheur par notre sourire… Pour les mains, c’est tout sauf évident : quel est l’angle exact que doit présenter notre phalange supérieure de l’index de la main droite pour exprimer la joie ?</p>
<p>Que les mains soient expressives, qu’elles « parlent » et disent exactement ce que l’artiste veut qu’elles disent est quelque chose de beaucoup plus subtil et complexe.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image représentant plusieurs mains d’enfants et image représentant deux mains liées" src="https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565860/original/file-20231214-21-giz0gd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Études de mains de Lorenzo Delgado (1823) et Cosme Fernández (1826).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Real Academia de Bellas Artes de San Fernando</span></span>
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</figure>
<h2>Les mains de Goya</h2>
<p>Pour en revenir à Goya, est-il vrai qu’il faisait payer plus cher ses portraits si les mains devaient être incluses ? Oui. Cela signifie-t-il que Goya trouvait difficile de représenter des mains ? Non. Faire payer plus cher la représentation des mains était une norme pour tous les portraitistes : plus il y avait d’éléments du corps, plus il y avait de paysages et plus il y avait de figures, plus le prix augmentait. Cela n’a rien à voir avec le fait que Goya était maladroit dans la représentation des mains.</p>
<p><a href="https://murciaplaza.com/la-mujer-fue-uno-de-los-principales-temas-de-goya-fue-un-feminista-puro-casi-como-voltaire">Manuela Mena</a>, grande spécialiste de Goya, est catégorique à ce sujet :</p>
<blockquote>
<p>« Il était plus vertueux que d’autres peintres. Le fait qu’il ne voulait pas peindre les mains est une légende qui n’a aucun sens. Tous les artistes étaient payés pour leurs mains séparément. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les mains de Goya. De droite à gauche, de haut en bas : Saturne dévorant son fils, Le 2 mai 1808 à Madrid, Le peloton d’exécution et le Portrait de Gaspar Melchor de Jovellanos" src="https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565857/original/file-20231214-23-y9dptm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les mains de Goya. De droite à gauche, de haut en bas : <em>Saturne dévorant son fils</em>, <em>Le 2 mai 1808 à Madrid</em>, <em>Le peloton d’exécution</em> et le <em>Portrait de Gaspar Melchor de Jovellanos</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span>
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</figure>
<p>En effet, Goya est <strong>lieutenant de peinture</strong> à l’Académie royale des beaux-arts de San Fernando, ce qu’il n’aurait pas obtenu s’il n’avait pas été l’un des meilleurs dessinateurs du pays. Et son travail de lieutenant consistait précisément à enseigner comment dessiner les mains.</p>
<p>De plus, en raison de sa surdité, <a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=77167">Goya a dû apprendre la langue des signes</a>. Son ami Zapater disait dans une de ses lettres que « Goya parle à travers sa main ». Une phrase qui peut être extrapolée à sa peinture. En regardant ses images de mains, nous pouvons voir qu’elles transmettent toutes quelque chose : l’angoisse, l’impuissance, la douleur, la délicatesse…</p>
<h2>Quand les mains parlent d’elles-mêmes</h2>
<p>Les artistes s’exercent donc depuis des années à représenter des mains non seulement réalistes en apparence, mais aussi expressives. Et si les mains parlent, c’est qu’elles peuvent véhiculer des informations seules, sans avoir besoin du reste du corps. Voire en contradiction avec le reste du corps.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La main du David de Michel-Ange" src="https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=954&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=954&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=954&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1198&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1198&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565853/original/file-20231214-21-7ls517.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1198&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La main du <em>David</em> de Michel-Ange.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Michelangelo%27s_David_-_right_view_2.jpg">Commonists/Galleria dell’Accademia di Firenze</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’un des exemples les plus célèbres de l’histoire de l’art est le <em>David</em> de Michel-Ange. Le livre de Samuel, qui relate l’affrontement entre David et Goliath, raconte que David « était un beau garçon aux cheveux clairs », ce qui explique qu’il ait été méprisé par les autres soldats et par Goliath lui-même.</p>
<p>Mais David a vaincu Goliath contre toute attente. Et c’est ainsi que Michel-Ange le montre. Le corps de David est celui du beau garçon décrit dans la Bible, mais sa main révèle sa grandeur, sa force et sa puissance. En la regardant, nous savons qu’il vaincra Goliath. La main de David est un <em>spoiler</em> de sa victoire au combat.</p>
<p>Rembrandt a fait quelque chose de similaire dans son tableau <em>Le retour du fils prodigue</em>. Le prêtre <a href="http://www.ignaciodarnaude.com/textos_diversos/Nouwen,El%20regreso%20del%20hijo%20prodigo.pdf">Nouwen</a>, qui a analysé l’œuvre d’un point de vue religieux, a fait remarquer que l’une des choses qui l’avait le plus impressionné était les mains que le père pose sur le dos de son fils.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Peinture du Retour du fils prodigue, de Rembrandt, avec un détail des mains" src="https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=768&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=768&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=768&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=966&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=966&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/565851/original/file-20231214-23-ido3d2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=966&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Peinture du <em>Retour du fils prodigue</em>, de Rembrandt, avec un détail des mains.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rembrandt_Harmensz._van_Rijn_-_The_Return_of_the_Prodigal_Son.jpg">Musée de l’Ermitage/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Selon lui, les deux mains sont différentes : la main gauche, forte et musclée, est une main masculine, celle du père ; la main droite, fine, douce et tendre, est une main féminine, celle de la mère. L’amour du père pour son fils est un amour de père et de mère, et Rembrandt le représente dans ses mains.</p>
<h2>Des mains qui voient et qui parlent</h2>
<p>Henri Focillon, qui a écrit une <a href="https://www.olanetaeditor.com/titulos/elogio-de-la-mano/"><em>Eloge de la main</em></a>, dit des mains qu’elles sont « des visages sans yeux et sans voix, mais qui voient et qui parlent ». C’est pourquoi il est si difficile de peindre des mains. Dessiner cinq doigts avec des lignes droites, comme le font les enfants, et considérer cela comme une main n’est pas difficile. Dessiner la complexité physique d’une main humaine et lui donner la personnalité et l’expressivité qui peuvent être concentrées dans une vraie main… c’est le travail des génies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220879/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Myriam Ferreira no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>Les mains sont-elles l’un des défis les plus difficiles à relever pour les artistes ?Myriam Ferreira, Profesora de Historia del Arte, UNIR - Universidad Internacional de La Rioja Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2196622023-12-12T18:48:17Z2023-12-12T18:48:17ZD’où vient le point de côté ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/565009/original/file-20231211-21-t8k7r9.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=993%2C0%2C1224%2C1109&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Illustration d'un homme souffrant d'un point de côté.</span> <span class="attribution"><span class="source">Créé par les auteurs</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Imaginez que vous êtes en train de courir avec vos amis dans un parc. Vous vous sentez bien, vous êtes en forme, vous avez le sourire. Mais soudain, vous sentez une douleur vive dans votre flanc droit, juste sous les côtes. Vous avez du mal à respirer, vous ralentissez, vous vous arrêtez. Vous venez d’avoir un point de côté.</p>
<p>Il faut savoir que ce phénomène est très fréquent chez les nageurs et les coureurs, en particulier chez les jeunes de moins de 20 ans. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Et comment faire pour l’éviter ?</p>
<p>Bien que très répandu, le point de côté est un sujet qui a été <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-014-0245-z">assez peu étudié</a>, jusqu’à récemment. Les scientifiques n’ont pas encore identifié la cause exacte de cette douleur, mais une hypothèse semble être plus probable que les autres.</p>
<h2>Le péritoine impliqué ?</h2>
<p>Cette hypothèse est l’irritation du péritoine, une fine membrane qui recouvre la paroi interne de l’abdomen. Le péritoine est composé de deux couches, qui protègent les organes situés dans le ventre. Un liquide entre ces deux couches permet d’éviter les frottements.</p>
<p>Lors d’un effort physique, comme la course à pied, la quantité et la viscosité de ce liquide sont modifiées, le rendant moins efficace. De plus, à cause des mouvements liés à l’activité, ces deux couches peuvent légèrement frotter l’une contre l’autre. C’est ce léger frottement qui entraînerait une irritation et qui serait à l’origine de la douleur du point de côté. Lorsque l’on est enfant, la surface du péritoine est proportionnellement plus importante que chez l’adulte, ce qui pourrait expliquer une plus grande fréquence du point de côté chez l’enfant.</p>
<p>Les mouvements répétitifs du torse, et notamment les mouvements de haut en bas et les rotations favorisent le frottement entre les deux couches du péritoine, en particulier lorsque le torse est en extension. Cela explique pourquoi les points de côté sont fréquents lors de la course à pied, la natation et même l’équitation, et plus rares dans le cyclisme où il y a moins de mouvements.</p>
<p>Par ailleurs, le point de côté est parfois associé à une douleur vive à l’épaule lorsque l’irritation touche la zone du péritoine située sous le diaphragme. Ce serait à cause du frottement du péritoine qui irriterait le nerf phrénique (qui innerve le diaphragme). Le nerf phrénique passe par l’épaule, et le point de côté pourrait provoquer une douleur dite « référée », c’est-à-dire une douleur sur le trajet du nerf qui a pour origine un endroit autre que l’endroit où la sensation de douleur est ressentie (en l’occurrence l’irritation du péritoine sous le diaphragme cause une douleur à l’épaule par l’intermédiaire du nerf phrénique).</p>
<h2>Alors, que faire pour éviter les points de côté ?</h2>
<p>La première solution est d’éviter de faire de l’activité physique après avoir trop mangé. En effet, le gonflement de l’estomac pourrait compresser les deux couches et ainsi augmenter les frottements et donc la douleur. La deuxième solution serait d’entraîner la stabilité du tronc, et notamment le transverse, un muscle profond des abdominaux, avec des exercices de gainage par exemple.</p>
<p>Et si malgré cela vous avez quand même un point de côté, malheureusement il n’y a pas de solution miracle pour le faire passer. Vous pouvez quand même essayer de respirer profondément, ou d’appuyer sur le côté affecté, cela pourrait vous aider.</p>
<p>La meilleure solution pour le faire passer reste de ralentir voire d’arrêter l’activité physique et d’attendre que ça passe.</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a>tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219662/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clément Naveilhan a reçu des financements de l'Institute for Modeling in Neuroscience and Cognition (NeuroMod) de l'Université Côte d’Azur pour sa thèse.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Dernoncourt a reçu un financement de la part du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (bourse ministérielle) pour la réalisation de sa thèse.</span></em></p>Quelle sensation pénible que le point de côté ! Qu'est-ce qui le provoque et comment le faire passer ?Clément Naveilhan, Doctorant en sciences du mouvement humain, Université Côte d’AzurFrançois Dernoncourt, Doctorant en Sciences du Mouvement Humain, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2192442023-12-05T17:01:38Z2023-12-05T17:01:38ZPourquoi notre ventre gargouille-t-il ?<p>Notre ventre produit de temps en temps des bruits un peu bizarres qui peuvent nous mettre mal à l’aise, ces gargouillis peuvent être provoqués par différentes choses.</p>
<p>En général, ces bruits proviennent du fonctionnement normal non seulement de notre estomac, mais aussi de nos intestins. Ces derniers font partie du système digestif, qui se met en marche lorsque l’on mange. Il décompose les aliments, puis les nutriments sont absorbés par l’organisme. Ce qui reste est évacué sous forme de matières fécales.</p>
<p>L’ensemble du système digestif (qui commence par la bouche et se termine par l’anus) est un tube creux. C’est un peu comme les tuyaux d’eau dans une maison, qui peuvent être vides ou dans lesquels l’eau coule. Parfois, le système digestif est vide, parfois il est traversé par des aliments.</p>
<h2>Avant de manger, la digestion a déjà commencé</h2>
<p>En réalité, le processus de digestion commence avant que l’on mange quoi que ce soit. Lorsque l’on voit, sent ou pense à de la nourriture (en particulier celle que l’on aime), notre cerveau active des nerfs qui stimulent le système digestif, afin qu’il puisse se préparer à l’arrivée de la nourriture.</p>
<p>La première étape consiste à produire de la salive dans la bouche (on dit d’ailleurs qu’on a l’eau à la bouche). Celle-ci se mélangera aux aliments et les rendra plus faciles à mâcher et à avaler.</p>
<p>Ensuite, les cellules de l’estomac et des intestins produisent et libèrent des substances chimiques appelées enzymes pour préparer la décomposition des aliments. L’estomac commence alors à bouger pour mélanger toutes ces substances chimiques. La paroi de l’estomac bouge un peu comme une vague.</p>
<p>C’est à ce moment-là que l’on peut entendre des bruits. L’air contenu dans l’estomac peut se retrouver piégé contre la paroi. Lorsqu’une vague passe, elle peut produire un son similaire à l’éclatement d’une bulle, ou évoquer un grondement que l’on peut entendre et parfois ressentir. Le nom médical de ces bruits est borborygme.</p>
<h2>Un estomac vide peut être plus bruyant</h2>
<p>Lorsque l’estomac est pratiquement vide et qu’il se remplit de liquides provenant de la salive, de l’acide et des enzymes, il va s’agiter et émettre du bruit.</p>
<p>Lorsque l’on a faim (et que l’on pense à manger), l’estomac peut « grogner ». Pendant que l’estomac attend la nourriture, il déplace des liquides pour se préparer et crée des poches d’air qui s’écrasent, ce qui crée des bruits.</p>
<p>Plus loin dans le tube digestif, dans l’intestin, des ondes musculaires poussent tout ce qui se trouve dans le tube, en s’assurant qu’il y a de la place pour l’arrivée de nouveaux aliments. Cela peut également créer des bruits.</p>
<p>Au moment du repas, les aliments traversent l’estomac pour passer lentement dans l’intestin, où des mouvements de mélange les décomposent pour que le corps puisse les assimiler. L’air présent dans l’intestin fait du bruit lorsqu’il se déplace, comme il l’a fait dans l’estomac.</p>
<p>Même si ce bruit peut parfois être gênant ou embarrassant, le mélange qui se produit dans l’intestin est important. C’est ainsi que l’on décompose tous les nutriments des aliments (glucides, lipides, protéines, vitamines, minéraux et autres).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="girl looks hungrily at hamburger" src="https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559032/original/file-20231113-21-wg8y9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le simple fait de penser à manger peut déclencher des vagues d’anticipation dans notre estomac.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/adorable-little-girl-her-tongue-out-2142082743">Shutterstock</a></span>
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<p>Le mélange (et les bruits) signifie que les aliments se mélangent aux produits chimiques pour décomposer tout ce que l’on a mangé en petites unités, appelées molécules. Une fois que celles-ci sont suffisamment petites, les cellules qui tapissent l’intestin peuvent les absorber.</p>
<p>Une fois que les nutriments se retrouvent dans la circulation sanguine, les organes comme le cœur, les poumons, le cerveau et les reins peuvent les utiliser.</p>
<p>Ce sont les causes les plus courantes des bruits de ventre, mais ils peuvent se produire lorsque l’on avale de l’air en parlant, en buvant ou en mangeant et qu’il se propage dans l’estomac ou les intestins.</p>
<p>Les bruits produits par notre système digestif sont importants – ils signifient qu’il fonctionne correctement. Toutefois, si ces bruits s’accompagnent de douleurs ou de diarrhée, cela peut être le signe d’une intolérance alimentaire ou d’un autre problème digestif et vous devriez en parler à votre médecin.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219244/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andrea Stringer ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le processus de digestion commence avant que l’on mange quoi que ce soit. Il en va de même pour les gargouillis.Andrea Stringer, Associate professor, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2103452023-11-24T14:14:25Z2023-11-24T14:14:25ZLa biologie, et non le manque de volonté, serait à l’origine de l’épidémie d’obésité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539072/original/file-20230724-18386-l9s376.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C8%2C1902%2C1224&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour de nombreuses personnes, il est très difficile de perdre du poids sans aide professionnelle. L'obésité est un problème moderne, qui nécessite une approche novatrice.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis que l’humain a utilisé pour la première fois un outil pour faciliter sa vie, il était condamné à prendre du poids.</p>
<p>Les progrès époustouflants de l’humanité ont suivi une trajectoire parallèle à la disponibilité croissante de calories. Cela a eu des conséquences sanitaires et sociales — initialement positives.</p>
<p>Tout au long de son histoire <a href="https://doi.org/10.1146%2Fannurev-nutr-080508-141048">notre espèce a dû composer avec le manque de nourriture</a>. Il fallait se démener pour trouver suffisamment de calories pour rester en vie, et notre capacité à rivaliser et à survivre impliquait parfois de longues pauses entre de maigres repas.</p>
<p>Lorsque la nourriture était abondante, notre corps emmagasinait l’énergie excédentaire sous forme de graisse pour pouvoir l’utiliser en temps de disette.</p>
<h2>Un métabolisme ancien dans un monde moderne</h2>
<p>Notre ingéniosité nous a conduits à exploiter le feu, à créer des armes de chasse et à inventer l’agriculture. Notre intelligence a permis à notre espèce de mener une vie plus facile et plus confortable tout en assurant un approvisionnement régulier en nourriture pour soutenir la croissance de la population.</p>
<p>Au fil des progrès de l’humanité, nos ancêtres ont appris à domestiquer et à utiliser les animaux. Plus tard, nous avons inventé des machines pour nous déplacer, nous et nos biens, d’un endroit à l’autre, et la vie est devenue encore plus facile.</p>
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<img alt="Silhouettes de l’évolution commençant par un primate, se transformant en humains portant du feu ou des lances, et finalement en une personne poussant un chariot d’épicerie" src="https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Notre métabolisme reste calibré pour une vie dure et inconfortable durant laquelle chaque bouchée devait être gagnée au prix d’un effort physique intense. Notre cerveau nous dit toujours de manger plus que ce dont nous avons besoin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Aujourd’hui, des montagnes d’aliments riches en calories (et souvent pauvres sur le plan nutritionnel) de même que des boissons sucrées sont facilement accessibles partout dans le monde. Il n’est plus nécessaire de sortir de chez soi — ni même de se lever — pour accéder à cette corne d’abondance.</p>
<p><a href="https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/lascience/">Cependant, notre métabolisme n’a pas suivi nos avancées technologiques</a>. Il reste calibré pour une vie dure et inconfortable dans laquelle chaque bouchée doit être gagnée au prix d’un effort physique intense. Notre cerveau nous envoie encore le message de manger plus que ce dont nous avons besoin.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.2174%2F138920211795677895">L’obésité polygénique (la prédisposition héréditaire à consommer et à emmagasiner de l’énergie)</a> est le résultat inévitable de l’affrontement entre nos instincts primaires et l’abondance phénoménale créée par l’humain. C’est aussi ce qui rend la perte d’un excès de graisse et le maintien d’un poids sain si difficile.</p>
<h2>Le rôle du cerveau dans l’obésité</h2>
<p>Grâce à notre travail clinique et à nos recherches sur l’obésité, nous savons que certaines personnes peuvent prendre du poids et être en bonne santé. Mais d’autres développent de graves problèmes, <a href="https://doi.org/10.3390/ijms20092358">comme le diabète, l’hypertension artérielle, le cancer et l’arthrite</a>.</p>
<p>La société a trop longtemps considéré l’obésité comme un échec personnel, alors qu’il s’agit en réalité d’une <a href="https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/lascience/">maladie biologique, physiologique, environnementale et chronique</a>.</p>
<p>Pour plusieurs, essayer de perdre un excès de poids sans aide est très difficile. Le cerveau nous pousse à manger autant que possible parce qu’il croit que cela nous aide à survivre. Il a ainsi le pouvoir d’anéantir nos meilleures intentions. </p>
<p>En dépit de l’opinion courante selon laquelle les personnes à forte corpulence devraient <a href="https://theconversation.com/its-time-to-bust-the-calories-in-calories-out-weight-loss-myth-199092">simplement manger moins et bouger plus</a>, il est pratiquement impossible de lutter contre notre patrimoine génétique ou d’autres facteurs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. </p>
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<img alt="Dessin à la craie d’un cerveau dont la moitié est remplie de différents types d’aliments" src="https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le cerveau nous incite à manger le plus possible parce qu’il croit que cela nous aide à survivre, et il a le pouvoir de faire fi de nos meilleures intentions.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Notre corps défend farouchement son poids. Il modifie les niveaux de leptine et d’insuline qui régulent l’appétit. <a href="https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/lascience/">Lorsque nous nous restreignons sur le plan calorique pour perdre du poids</a>, les hormones obligent notre cerveau à signaler une augmentation de la faim et une diminution de la satiété, et elles ralentissent notre métabolisme dans le but de conserver la graisse corporelle. </p>
<p>Entre-temps, une autre partie de notre cerveau, qui régule la récompense et le plaisir, travaille également à nous faire manger davantage. </p>
<p>Le plaisir de manger est <a href="https://doi.org/10.1016%2Fj.neuron.2011.02.016">stimulé par des substances neurochimiques naturelles comme la dopamine, les opioïdes et les cannabinoïdes</a>, afin d’aider à la survie et à l’emmagasinage de l’énergie. Les personnes souffrant d’obésité peuvent avoir une prédisposition génétique à un système de récompense accru associé à la nourriture. Les emballages brillants, le marketing agressif (<a href="https://www.apa.org/topics/obesity/food-advertising-children">ciblant souvent les enfants</a>), les aliments au bon goût, mais pauvres en nutriments, les commandes au volant et les services de livraison en ligne sont autant d’éléments qui favorisent ce phénomène. </p>
<h2>Un traitement efficace</h2>
<p>De la même manière que le progrès humain est à l’origine de l’obésité, il peut contribuer à le résoudre. </p>
<p>Cela commence par l’acceptation du fait que <a href="https://obesitycanada.ca/guidelines/weightbias/">l’obésité polygénique est une maladie et non une question de volonté</a>. Plutôt que de juger la taille de tout un chacun, nous devrions être plus compréhensifs et en apprendre davantage sur ses causes.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.2105%2FAJPH.2009.159491">La société envoie des messages nuisibles relativement au poids, en particulier par le biais de la culture populaire</a>. Nous voulons donc être très clairs : notre poids ne définit pas qui nous sommes, et il ne définit pas notre état de santé non plus.</p>
<p>Il importe de reconnaître que lorsque l’obésité nuit à la santé d’une personne, elle nécessite un traitement, et il y en a de très efficaces qui sont disponibles. <a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.191707">Les lignes directrices de pratique clinique 2020 du Canada</a> reposent sur trois piliers : la chirurgie bariatrique, la médication et la psychothérapie cognitive. </p>
<p>Celle-ci est essentielle à l’efficacité tant de la chirurgie que de la prise de médicaments. La thérapie comportementale permet de répondre à des questions telles que : pourquoi est-ce que je mange comme je le fais ? Quelle est ma relation avec la nourriture ? Quelle en est l’origine ?</p>
<p>Il a été démontré à maintes reprises que ces piliers constituent les principales interventions susceptibles d’aider les personnes souffrant d’obésité à améliorer leur santé tout en réduisant leur poids et en le maintenant sur le long terme.</p>
<p>Nous avons besoin de moins de jugement et de plus de science. Le progrès est possible si nous y travaillons.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210345/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Megha Poddar est directrice médicale du Medical Weight Management Centre of Canada. Elle a participé à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une formation médicale continue avec des sociétés pharmaceutiques qui proposent des médicaments contre l'obésité, notamment Novo Nordisk et Eli Lilly.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sean Wharton est le directeur médical de la Wharton Medical Clinic et l'auteur principal des Lignes directrices canadiennes sur l'obésité. Il a reçu des fonds des IRSC, de Mitacs, de Novo Nordisk, de Bausch Health Canada Inc, d'Eli Lilly et de Boehringer Ingelheim.</span></em></p>L’humain a commencé à prendre du poids à mesure que les progrès technologiques ont rendu la nourriture abondante et disponible. Car son cerveau et son métabolisme fonctionnent comme en temps de disette.Megha Poddar, Assistant (Adjunct) professor, Deptartment of Internal Medicine, McMaster UniversitySean Wharton, Adjunct professor, Department of Medicine, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2150192023-11-16T17:12:25Z2023-11-16T17:12:25ZContre l’arthrose de la hanche, l’activité physique adaptée est votre alliée<p>L’arthrose est la maladie articulaire la plus répandue, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33560326/">touchant environ 240 millions de personnes dans le monde, dont plus de 10 millions en France</a>. Il s’agit de ce fait d’un problème majeur de santé publique.</p>
<p>Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 10 % des personnes atteintes d’arthrose en France sont concernés par la coxarthrose, autrement dit l’arthrose de la hanche.</p>
<p>Cette dernière se caractérise par une dégénérescence progressive de l’articulation affectant le cartilage, les os ainsi que les tissus mous situés autour de l’articulation.</p>
<p>L’arthrose de la hanche se traduit le plus souvent par des douleurs musculosquelettiques sévères et une limitation des mouvements articulaires qui diminuent progressivement l’autonomie et la qualité de vie des patients concernés.</p>
<p>La douleur et la raideur articulaire ont un impact direct sur leur mobilité et leur capacité à être physiquement actif : 80 % des patients présentent ainsi une perte de mobilité et 25 % se retrouvent limités dans les activités quotidiennes.</p>
<p>Marcher, en particulier, devient difficile, en raison de schémas locomoteurs altérés (tels qu’une boiterie, une asymétrie de marche, etc.), associés à une vitesse de marche réduite, à une réduction de la force musculaire de la hanche et à un coût énergétique plus élevé par rapport aux personnes ne présentant pas d’arthrose.</p>
<p>Cette situation mène les patients à devenir moins actif physiquement, ce qui a pour conséquence une importante sédentarité. Mais les effets délétères de l’arthrose de la hanche ne se limitent pas aux seuls problèmes physiques.</p>
<h2>Un handicap complexe aux conséquences multiples</h2>
<p>Marcher, monter ou descendre des escaliers, s’asseoir ou se lever, etc., sont autant d’activités du quotidien difficiles à réaliser pour les personnes souffrant de coxarthrose. Cette perte d’autonomie fonctionnelle a également d’autres conséquences, car elle en influe négativement sur la participation sociale et les motivations des malades.</p>
<p>L’arthrose est donc un handicap multifactoriel complexe. C’est la raison pour laquelle, afin d’optimiser la prise en charge des patients et de leur proposer un programme adapté et approprié, il est nécessaire de mener une analyse bio-psycho-sociale.</p>
<p>En matière de traitements non médicamenteux, la Haute autorité de santé recommande la <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-08/fiche_aps_arthroses_vf.pdf">pratique d’une activité physique régulière</a>. La prescription de programme de réadaptation basés sur de <a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">l’activité physique adaptée</a> vise notamment à redonner une autonomie fonctionnelle globale par un travail des fonctions physiques et une mobilisation adaptée de l’articulation douloureuse.</p>
<p>Cependant, malgré les preuves élevées de son efficacité, les prescriptions restent faibles. Comme le soulignent les rapporteurs de la HAS, « si 87 % des médecins généralistes promeuvent la pratique d’une activité physique adaptée dans l’arthrose, seulement 11 % d’entre eux la prescrivent. »</p>
<p>Mais qu’est-ce que l’activité physique adaptée ? Quelles activités pratiquer lors d’une arthrose de hanche ? Comment rester actif durablement ?</p>
<h2>L’activité physique adaptée, c’est quoi ?</h2>
<p>La Société française des professionnels en activité physique adaptée (SFP-APA) en donne en 2021 une <a href="https://www.sfp-apa.fr/actualites/les-articles/lenseignant-en-apa-se-dote-dune-nouvelle-definition.html">définition claire et précise</a> :</p>
<blockquote>
<p>« L’activité physique adaptée (APA) regroupe l’ensemble des pratiques physiques et/ou sportives s’adressant à toute personne n’ayant pas ou ne pouvant pas pratiquer une activité physique ou sportive dans des conditions ordinaires et qui présente des besoins spécifiques de santé, de participation sociale ou d’inclusion du fait d’une maladie, d’une limitation fonctionnelle, d’une déficience, d’une vulnérabilité, d’une situation de handicap, d’exclusion, d’une inactivité ou d’une sédentarité. »</p>
</blockquote>
<p>L’APA est donc par essence un moyen thérapeutique non médicamenteux permettant une prise en charge globale de l’usager – à savoir de l’optimisation de sa santé à sa participation sociale – par l’activité physique. Les APA peuvent être dispensées dans un but préventif, thérapeutique et éducatif.</p>
<p>Dans le cas de patients présentant une arthrose de hanche, l’APA permet, l’amélioration de la qualité de vie et de l’autonomie, tout en augmentant l’engagement et l’adhésion de ces derniers à une pratique physique régulière et durable.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<h2>Quelles activités pratiquer lors d’une arthrose de hanche ?</h2>
<p>En cas d’arthrose périphérique comme celle de la hanche, il existe des exercices spécifiques appropriés et adaptés. Leurs objectifs sont à la fois de faire bouger les articulations, <em>via</em> notamment des exercices de souplesse et de renforcements musculaires ciblés, mais également le renforcement des capacités physiques et fonctionnelles générales, en proposant des exercices aérobiques, locomoteurs, proprioceptifs, etc.</p>
<p>Le but ici est vraiment de diminuer la douleur articulaire, de redonner goût à l’activité physique et ainsi de rendre actif l’usager. L’optimisation des prises en charge est donc très importante. En effet, de nombreuses recherches scientifiques montrent la pertinence des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25313133/">programmes d’exercices structurés réalisés trois à quatre jours par semaine</a>.</p>
<p>Des activités physiques aérobiques telles que la marche, la marche nordique ou encore le vélo elliptique, proposées à raison de séances de 30 à 40 minutes, montrent un effet bénéfique avéré sur la diminution des douleurs et l’amélioration de la condition physique générale et des capacités fonctionnelles dont la mobilité articulaire.</p>
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<img alt="Photo d’une femme pratiquant la marche nordique, vue de dos." src="https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559990/original/file-20231116-24-6ooyj1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La marche nordique est une activité qui peut être compatible avec l’arthrose de la hanche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Par ailleurs, des activités comme le stretching, le Tai-chi ou encore le renforcement musculaire périarticulaire réalisées deux à trois fois par semaine offrent une réelle complémentarité avec les exercices de nature aérobique. Ces derniers permettent notamment de travailler sur l’endurance musculaire, la proprioception <a href="https://theconversation.com/la-proprioception-notre-sixieme-sens-146691">(le sens qui « décrit » notre capacité à localiser chacune de nos parties du corps et permet de le ressentir)</a> et la stabilisation musculo-articulaire.</p>
<p>La pratique physique, même modérée, est donc essentielle. Néanmoins, il est très souvent conseillé de commencer en douceur par des exercices dits analytiques, à savoir focalisés sur l’articulation, tels que des exercices de proprioception adaptée (par exemple, des exercices d’équilibre sur mousse ou avec coussin d’équilibre) ou des exercices de mobilisations douces (comme du pilates adapté, de la gymnastique douce, du gainage actif), afin de solliciter les muscles périarticulaires et de redonner de la souplesse, sans douleur, à l’articulation.</p>
<p>Puis, par la suite, de réaliser des exercices dits fonctionnels comme la marche ou le vélo elliptique afin de travailler sur les fonctions globales motrices et cardio-respiratoires.</p>
<p>En revanche, tout exercice, quel qu’il soit, ne doit en aucun cas devenir douloureux pendant ou après sa réalisation. Il faut absolument éviter la sur-douleur. C’est pourquoi toute personne souhaitant pratiquer une activité physique, adaptée ou non, doit obligatoirement consulter et en parler avec son médecin afin que ce dernier puisse la conseiller (et lui prescrire une prise en charge en APA le cas échéant).</p>
<p>Le fait de discuter avec un médecin permet de fixer des objectifs individualisés et atteignables, et ainsi de définir les exercices les plus adaptés par rapport aux symptômes arthrosiques.</p>
<h2>Comment rester actif durablement ?</h2>
<p>Pour combattre l’arthrose, bouger régulièrement est bénéfique, c’est un fait désormais largement admis. Mais pratiquer durablement une activité physique, adaptée ou non, demande une motivation constante.</p>
<p>L’efficacité étant notamment liée à la réalisation des exercices sur le long terme, il est très important non seulement de bien choisir son activité physique adaptée mais également de veiller à ce que son intensité soi appropriée, tout comme son volume, sa durée et ses variations possibles, afin d’augmenter durablement l’adhésion.</p>
<p>Pour ce faire, le programme devra être régulièrement ré-évalué par le médecin et le professionnel en APA, afin de réadapter les exercices selon les capacités et les besoins du patient.</p>
<p>Par ailleurs, pour lutter contre la démotivation et avancer à son rythme, l’utilisation des technologies numériques (telles que les montres connectées, les applications sur téléphone, etc.) peut constituer un atout. Le fait de pouvoir quantifier ses activités quotidiennes favorise par exemple l’adhésion à l’activité. Cela permet notamment d’observer sa progressivité et son évolution.</p>
<p>Ces dispositifs technologiques offrent également l’opportunité de pratiquer en groupe et ainsi de partager et d’échanger avec d’autres personnes. Car, en conclusion, il faut rappeler un point essentiel : la pratique d’une activité physique doit absolument reste dans le registre du plaisir et être source de bien-être.</p>
<hr>
<p>Pour aller plus loin :</p>
<ul>
<li>Pour trouver des cours d’APA près de chez vous : <a href="https://www.sfp-apa.fr/">sfp-apa.fr</a></li>
</ul>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215019/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’arthrose de la hanche, ou coxarthrose, est une affection particulièrement douloureuse et handicapante au quotidien. Elle peut être efficacement soulagée par une activité physique adaptée.Laura Wallard, Maitresse de conférences des Universités, chercheuse au LAMIH UMR CNRS 8201, Université Polytechnique des Hauts-de-FranceEugénie Avril, Maître de conférences des Universités, Université Polytechnique des Hauts-de-FranceMathias Blandeau, Maitre de conférences des Universités, chercheur au LAMIH UMR CNRS 8201, Université Polytechnique des Hauts-de-FranceNawel Ouendi, Doctorante en biomécanique et bio-ingénierie, Université Polytechnique des Hauts-de-FrancePhilippe Henry, PhD student, Université Polytechnique des Hauts-de-FrancePhilippe Pudlo, Professeur des Universités en Automatique, Université Polytechnique des Hauts-de-FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2170222023-11-06T17:03:17Z2023-11-06T17:03:17ZOn connaît enfin le gène à l’origine de l’ovaire<p>Alors que le gène responsable du développement des testicules était connu depuis 30 ans, la communauté scientifique ignorait encore quel était le gène qui permettait le déclenchement de la différenciation des gonades en ovaires.</p>
<p>Nos travaux ont permis de montrer que le gène WT1 est nécessaire à l’initiation du développement ovarien au cours de la vie embryonnaire. <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.add8831">Ces résultats viennent d’être publiés dans le journal Science</a>.</p>
<p>Le sexe biologique de l’individu est déterminé génétiquement par les chromosomes sexuels : un individu XX deviendra une femelle, tandis qu’un individu XY deviendra un mâle.</p>
<p>Le processus conduisant à la différenciation sexuelle est appelé « détermination du sexe » et permet à la gonade indifférenciée de se développer en ovaire chez les embryons XX ou en testicule chez les embryons XY. Chez l’humain, ce processus a lieu entre la 5<sup>e</sup> et 7<sup>e</sup> semaine de développement et chez la souris, le développement testiculaire est initié à 11,5 jpc (jour post coitum) et le développement ovarien débute à 12,0 jpc. Puis ces organes synthétiseront des hormones qui contribueront au développement sexuel de l’individu. Malgré quelques différences entre le développement de ces organes chez l’homme et la souris, les gènes clés de ce processus sont activés dans les gonades des deux espèces de façon similaire. Ainsi la souris peut servir de modèle pour comprendre les bases du développement sexuel chez l’humain.</p>
<h2>Un gène bien connu dont le rôle était mal compris</h2>
<p>Le déterminant testiculaire est situé sur le chromosome Y. Il s’agit du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1695712/">gène SRY</a> identifié <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2247149/">il y a plus de 30 ans</a>, mais de façon surprenante le déterminant ovarien n’était toujours pas connu jusqu’à aujourd’hui. Le gène Wt1, qui s’avèrera être ce déterminant ovarien, a été identifié à la même époque.</p>
<p>Cependant, étant donné la complexité du gène et du système, nous avons eu besoin des outils modernes de la génétique moléculaire pour démontrer son rôle comme le <a href="https://www.france-genomique.org/expertises-technologiques/cellule-unique/">séquençage en cellule unique</a>. Nous avons eu également besoin de meilleures connaissances sur le développement de l’ovaire pour disposer de marqueurs fiables. Or ce n’est qu’en 2001 et 2006, que deux gènes essentiels au maintien du développement ovarien ont été identifiés. Ce sont les gènes <a href="https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/7300/MS_2010_05_470.html">FOXL2</a> et <a href="https://anr.fr/en/latest-news/read/news/determination-du-sexe-et-anomalies-du-developpement-le-projet-anr-sexdiff/">R-spondin1</a>. Malgré ces découvertes, on ne connaissait toujours pas le facteur nécessaire à initier le développement ovarien.</p>
<p>Quand nous avons cherché ce déterminant ovarien, notre intérêt s’est porté sur ce gène, WT1. En effet, chez l’homme, certaines mutations du gène WT1 peuvent entraîner le <a href="https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php">syndrome de Frasier</a> qui est caractérisé par une altération de la fonction rénale et du développement des gonades. Ce syndrome touche les personnes ayant des chromosomes XX et XY, mais chez les individus XY, il se traduit par la présence des voies génitales femelles. Cela suggérait que Wt1 pourrait être impliqué dans la détermination du sexe.</p>
<p>Pour clarifier son rôle, il aura fallu la collaboration de cinq équipes européennes. Notre équipe et celle d’Andreas Schedl de l’institut de Biologie Valrose à Nice, ont utilisé des modèles génétiques de souris reproduisant les mutations du gène WT1 trouvées chez l’homme.</p>
<h2>Un gène pour plusieurs protéines</h2>
<p>Le gène WT1 produit plusieurs protéines différentes que l’on appelle isoformes car bien qu’elles sont synthétisées à partir du même gène, elles ont des structures différentes. Nous avons montré que l’une de ces isoformes est nécessaire à la détermination du sexe, car en son absence le développement de la gonade est bloqué et elle reste indifférenciée aussi bien chez les individus XX que XY.</p>
<p>En utilisant des modèles produisant une plus grande quantité d’une de ces isoformes, nous avons montré que cela accélère l’expression des gènes impliqués dans le développement ovarien dans les gonades XY, ce qui empêche le développement testiculaire. Ainsi cette isoforme induit le développement ovarien et la détermination du sexe biologique femelle.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=464&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557845/original/file-20231106-23-eeijh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=583&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Expression du marqueur des cellules de Sertoli (SOX9 en bleu) du testicule et du marqueur des cellules de la granulosa (FOXL2 en magenta) de l’ovaire montrant l’inversion de sexe dans une gonade XY produisant un niveau élevé de -KTS (XY Frasier).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie-Christine Chaboissier</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Nous venons de démontrer que l’initiation du développement ovarien nécessite une isoforme spécifique de WT1. Celle-ci est appelée WT1-KTS (dépourvue des trois acides aminés KTS (K pour Lysine, Thréonine et Serine) et dont le rôle principal est d’induire l’expression d’autres gènes (ceux du programme ovarien dans la gonade). La production de cette isoforme empêche celle d’une autre isoforme +KTS, qui elle, contient les trois acides aminés KTS. Il existe une balance entre la production de ces deux isoformes. En modifiant cette balance, c’est-à-dire en produisant plus ou moins d’une isoforme spécifique, nous avons montré que l’absence de -KTS empêche la différenciation de l’ovaire. Les cellules restent bloquées à un stade de cellules indifférenciées.</p>
<p>La surexpression de -KTS active le développement ovarien empêchant l’activation du gène Sry dans la gonade XY. Cette gonade ne devient pas un testicule mais un ovaire. Ainsi ces travaux clarifient le mécanisme conduisant au syndrome de Frasier.</p>
<p>Comme cette isoforme de WT1 agit très tôt dans la différenciation de la gonade, elle nous fournit un point d’entrée idéal pour identifier les gènes régulateurs impliqués dans l’initiation du développement ovarien. Cependant, le gène WT1 n’est pas situé sur les chromosomes sexuels, donc que l’on soit XX ou XY, on a bien ce gène, il reste maintenant a comprendre comment la production des isoformes est activée ou inhibée lors de la détermination du sexe. Ainsi, ces résultats devraient nous permettre d’identifier les bases moléculaires et génétiques des différences encore inexpliquées du développement sexuel. Un projet passionnant pour les années à venir.</p>
<hr>
<p><em>Le travail scientifique sur lequel est basé cet article a été mené par cinq équipes scientifiques : Marie-Christine Chaboissier (CNRS, iBV, France), Andreas Schedl (Inserm, iBV, France), Robin Lovell-Badge (Francis Crick Institute, RU) Serge Nef (Université de Genève, Suisse), Frédéric Chalmel (Inserm, IRSET, France).</em></p>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/fr/actualites-de-lanr/details/news/determination-du-sexe-et-anomalies-du-developpement-le-projet-anr-sexdiff/">SexDiff</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217022/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Christine Chaboissier a reçu des financements de Agence Nationale de la Recherche grant ANR-19-CE14-0022 SexDiff et ANR-20-CE14-0022 Ardigerm et de la Fondation Maladies Rares grant FONDATION-GenOmics 2018-1 181003 RNAseq .</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Élodie Grégoire ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que l’on connaissait le gène déclenchant le développement des testicules depuis 30 ans, celui à l’origine des ovaires était inconnu jusqu’à cette découverte publiée il y a quelques jours.Marie-Christine Chaboissier, Program director, Université Côte d’AzurÉlodie Grégoire, Ingénieure d'étude, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2148942023-10-04T18:40:55Z2023-10-04T18:40:55ZDouleurs pelviennes chroniques : comprendre leur origine pour mieux les traiter<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551735/original/file-20230906-20-51oc4q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6558%2C4290&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La méconnaissance des mécanismes à l'origine des douleurs pelviennes chroniques limite les options thérapeutiques pour les femmes concernées. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/beautiful-young-black-girl-suffering-severe-2190845421">Studio Romantic/ Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les douleurs pelviennes chroniques touchent entre <a href="https://bjgp.org/content/51/468/541.short">5 et 26 %</a> des femmes dans le monde. Ces douleurs peuvent être associées à une endométriose (une maladie qui se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus) ou à une cystite interstitielle (également appelée syndrome douloureux vésical).</p>
<p>(<em>On parle de cystite interstitielle ou <a href="https://www.chu-nantes.fr/le-syndrome-douloureux-vesical">syndrome douloureux vésical</a> quand des douleurs pelviennes chroniques sont associées à un inconfort au niveau de la vessie ainsi qu’à une envie persistante et forte d’uriner et/ou à un nombre élevé de mictions chaque jour, ndlr</em>).</p>
<p>Certaines femmes peuvent aussi souffrir de douleurs pelviennes chroniques sans cause apparente.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/endometriose-mieux-cibler-lorigine-des-douleurs-pour-les-soulager-plus-efficacement-173560">Endométriose : mieux cibler l’origine des douleurs pour les soulager plus efficacement</a>
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</p>
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<p>Même si de nombreuses femmes souffrent de douleurs pelviennes chroniques, nous ne comprenons pas encore totalement quels sont les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/frph.2023.1140857/full">mécanismes sous-jacents</a>. Ce qui signifie que les femmes concernées disposent d’options thérapeutiques limitées.</p>
<p>Plusieurs raisons expliquent pourquoi les mécanismes à l’œuvre dans les douleurs pelviennes chroniques restent inconnus. Entre autres, le fait qu’il existe une grande variabilité dans l’intensité comme dans le type de douleurs ressenties, et ce, même quand les douleurs sont dues à une pathologie bien spécifique.</p>
<p>Ainsi, il arrive que certaines femmes atteintes d’endométriose ne ressentent pas de douleurs pelviennes, quand d’autres vont souffrir de douleurs sévères au quotidien. D’autres encore vont connaître une situation intermédiaire. De plus, la douleur ressentie <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMra1810764">ne correspond pas</a> à la physiologie de l’endométriose.</p>
<p>Par ailleurs, en cas de douleurs pelviennes chroniques, on peut <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1521693418300324">ressentir différents types de douleurs</a> : pendant les règles, pendant les rapports sexuels, au moment d’uriner ou en allant à la selle. Les personnes qui souffrent de douleurs pelviennes chroniques peuvent être concernées par l’une ou l’autre de ces douleurs, ou par une combinaison de ces différents types de douleurs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sexualite-au-feminin-quand-les-rapports-font-mal-86415">Sexualité au féminin : quand les rapports font mal</a>
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<p>D’autres formes de douleurs chroniques (comme la <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/fibromyalgie/diagnostic">fibromyalgie</a> ou la <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/diabete/diabete-symptomes-evolution/complications-nerfs">neuropathie diabétique</a>) nous ont enseigné que les mécanismes à l’origine de la douleur diffèrent selon les sujets. Et que chacun de ces <a href="https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(21)00392-5.pdf">différents mécanismes</a> induit une réponse spécifique aux traitements.</p>
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<p>En début d’année, nous avons mené des recherches qui ont montré que les douleurs pelviennes chroniques opèrent de manière similaire. Nos travaux ont ainsi révélé que les mécanismes responsables des douleurs pelviennes chroniques semblent <a href="https://journals.lww.com/pain/fulltext/9900/comprehensive_quantitative_sensory_testing_shows.318.asp">varier d’une personne à l’autre</a>.</p>
<h2>Les mécanismes de la douleur</h2>
<p>Notre étude a porté sur 85 femmes, dont 59 souffraient de douleurs pelviennes chroniques. Parmi ces femmes, 25 souffraient d’endométriose, treize du syndrome de la douleur vésicale, quinze à la fois d’endométriose et du syndrome de la douleur vésicale et six de douleurs sans cause spécifique. Les participantes étaient originaires du Royaume-Uni, des États-Unis et du Portugal. Elles étaient âgées de 18 à 50 ans.</p>
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<img alt="A woman sitting in an office chair holds her stomach in pain." src="https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/546671/original/file-20230906-15-pa2ahh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les femmes qui souffraient de douleurs pelviennes chroniques présentaient des seuils de douleurs inférieurs en cas de pression sur le bas-ventre et le petit bassin (pelvis).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/long-hair-woman-holding-abdomen-sitting-526393795">Zetar Infinity/Shutterstock</a></span>
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<p>Pour savoir si le mécanisme qui provoque les douleurs pelviennes diffère réellement selon les personnes, nous avons effectué une série de tests sensoriels qui ont consisté à exposer les participantes à diverses sensations, telles que des vibrations, des sensations de pression, de toucher et différentes températures.</p>
<p>Nous avons également demandé aux participantes quels effets ces sensations avaient sur elles et à quel moment celles-ci devenaient douloureuses. Cela nous a permis d’observer différents circuits nerveux à l’œuvre et d’étudier leur fonctionnement.</p>
<p>Nous avons aussi regardé comment variaient les réponses chez celles qui souffraient de douleurs pelviennes chroniques et chez les autres. Les participantes ont ensuite été regroupées en fonction de leurs profils sensoriels.</p>
<p>L’un des résultats les plus frappants est le fait que les femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques présentaient des seuils de douleur inférieurs à ceux du groupe témoin lorsqu’elles étaient soumises à une pression sur le bas-ventre et le pelvis (ou petit bassin). Cela s’est avéré particulièrement vrai pour celles qui souffraient de douleurs au niveau de la vessie. Cela suggère qu’il y a une communication entre les organes pelviens et la peau qui entraîne une augmentation de la douleur.</p>
<p>Nous avons également découvert que certaines femmes avec des douleurs chroniques étaient moins que les autres à même de détecter les changements de température et qu’elles étaient aussi moins sensibles au toucher. Cette perte dans les fonctions nerveuses suggère que, dans certains cas, les douleurs pelviennes chroniques pourraient être causées par des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpain.2021.743812/full">nerfs endommagés</a>.</p>
<p>Nous avons ensuite examiné les profils sensoriels globaux du groupe souffrant de douleurs pelviennes chroniques pour voir dans quel <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5515640/">sous-groupe de douleurs chroniques</a> les personnes concernées s’inscrivaient. Nous avons constaté qu’environ 7 % d’entre elles avaient un profil sensoriel dit « en bonne santé », ce qui signifie que la façon dont elles percevaient les sensations était conforme à ce qu’on pourrait attendre d’une personne en bonne santé.</p>
<p>Environ la moitié des personnes souffrant de douleurs pelviennes chroniques ont été incluses dans le sous-groupe <a href="https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(21)00392-5.pdf">« hyperalgésie mécanique »</a>. Ce qui signifie qu’elles présentaient des modifications dans les parties du cerveau qui traitent la douleur. Cela veut dire que, chez elles, le volume de la douleur était « augmenté » par défaut.</p>
<h2>Établir des parallèles dans la douleur</h2>
<p>Ces travaux donnent un nouvel aperçu de la complexité des mécanismes à l’origine des douleurs pelviennes chroniques. Ils nous aident à établir des parallèles avec d’autres douleurs chroniques. Ce qui signifie que nous pourrons peut-être utiliser les recherches et les traitements qui ont fonctionné dans ces affections afin de déterminer de nouvelles cibles pour le traitement des douleurs pelviennes chroniques.</p>
<p>Les prochaines étapes de nos recherches consisteront à découvrir quels traitements sont efficaces et pour quelle personne, en fonction du profil sensoriel de la douleur dont la femme souffre et des mécanismes sous-jacents.</p>
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<p>Les traitements des douleurs pelviennes chroniques ont une efficacité limitée. Des études montrent, par exemple, que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28668150/">11 à 19 % des femmes atteintes d’endométriose</a> ne constatent pas de diminution de leur douleur, même après une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31718952/">intervention chirurgicale</a>. Sur la base des résultats de notre étude, une nouvelle approche pourrait permettre de choisir des traitements spécifiques pour chaque femme, en fonction des mécanismes à l’origine de la douleur qu’elle ressent. On peut espérer que cela rendra les traitements plus efficaces.</p>
<p>Étant donné que les douleurs pelviennes chroniques sont très répandues chez les femmes du monde entier et qu’elles ont un impact considérable sur leur <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32532273/">qualité de vie</a> et leur <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32532273/">bien-être</a>, adopter une approche plus personnalisée des traitements pourrait conduire à une très nette amélioration de la prise en charge pour des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33442286/">millions de femmes</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214894/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lydia Coxon est membre du Pelvic Pain Support Network (Réseau de soutien des douleurs pelviennes). Ce projet a reçu des financements de la part de Innovative Medicines Initiative 2 Joint Undertaking dans le cadre de l'accord de subvention numéro (777500). Il bénéficie du soutien du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne et de l'EFPIA.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Katy Vincent reçoit des financement de recherche des NIHR, UKRI, NIH, IMI-2 et de Bayer AG. Son institution a reçu des honoraires pour les services de conseil qu'elle a fournis à Bayer AG, Eli Lilly, AbbVie et Reckitts.</span></em></p>Nos recherches ont montré que les mécanismes à l’origine des douleurs pelviennes chroniques varient d’une personne à l’autre.Lydia Coxon, Postdoctoral Research Assistant in Pain Data Collection and Analysis, University of OxfordKaty Vincent, Associate Professor, Pain in Women Group, University of OxfordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2139932023-09-20T16:12:35Z2023-09-20T16:12:35ZVaut-il vraiment mieux travailler debout plutôt qu’assis ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/549273/original/file-20230911-17-ouo7fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=38%2C495%2C6447%2C3743&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Travailler debout présente certains avantages, mais ne résoud pas tous les problèmes liés à la sédentarité.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/shot-young-businessman-casual-clothes-modern-526395010">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les bureaux « assis-debout », comme leur nom l’indique, permettent non seulement de travailler assis, mais aussi, en se déployant grâce à un vérin ou via un simple interrupteur, de pouvoir travailler debout.</p>
<p>Ce type de mobilier transformable s’est largement démocratisé ces dernières années, au prétexte que passer sa journée de travail debout serait meilleur pour la santé. Mais est-ce vraiment le cas ? </p>
<p>Rester longtemps debout expose-t-il à d’autres risques ? Vaut-il mieux acheter un bureau assis-debout, ou se débarrasser du sien, si l’on en possède déjà un ? Voici ce que nous apprennent les dernières recherches scientifiques sur le sujet.</p>
<h2>Passer trop de temps en position assise : quels dangers ?</h2>
<p>Nous sommes nombreux à passer la majorité de nos heures de veille quotidiennes en position assise. Récemment, une <a href="https://journals.physiology.org/doi/abs/10.1152/physrev.00022.2022">revue de littérature scientifique</a> a une fois de plus enfoncé le clou quant aux effets délétères sur la santé des périodes prolongées et ininterrompues passées en position assise.</p>
<p>Les personnes qui restent trop longtemps assises courent ainsi plus de risques de <a href="https://journals.lww.com/acsm-msse/fulltext/2019/06000/sedentary_behavior_and_health__update_from_the.18.aspx">développer des maladies chroniques</a> telles que le diabète de type 2, des maladies cardiaques voire certains cancers, ou encore de voir leur espérance de vie raccourcie. Une position assise prolongée peut également entraîner des <a href="https://doi.org/10.3389/fspor.2021.760533">troubles musculosquelettiques</a>, en particulier au niveau du cou et du dos.</p>
<p>Cette situation est encore plus délétère dans le cas de personnes qui font très peu d’exercice, ou qui ne respectent pas les <a href="https://journals.lww.com/acsm-msse/fulltext/2019/06000/sedentary_behavior_and_health__update_from_the.18.aspx">recommandations en matière d’activité physique</a>.</p>
<p>Rappelons que si s’activer physiquement permet bel et bien de <a href="http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2017-098963">diminuer les risques associés à la sédentarité</a>, cela ne suffit pas systématiquement à contrebalancer complètement les effets négatifs de longues heures quotidiennes passées en position assise.</p>
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<img alt="Employés assis autour d’un grand bureau" src="https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/547402/original/file-20230911-20-p2o2yl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Passer un temps excessif en position assise est davantage nuisible pour les personnes qui font peu d’exercice.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/HXOllTSwrpM">Ant Rozetsky/Unsplash</a></span>
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<h2>Rester debout pendant de longues périodes peut aussi s’avérer délétère</h2>
<p>Passer de longues périodes en position debout peut également avoir des conséquences négatives sur la santé, en particulier <a href="https://doi.org/10.1002/rnj.166">du point de vue musculosquelettique</a>. Cela peut en effet entraîner une fatigue musculaire, un gonflement des jambes, un développement de varices, ainsi que la survenue de douleurs ou de sensations d’inconfort dans le bas du dos et les membres inférieurs (hanches, genoux, chevilles et pieds).</p>
<p>Des travaux de recherche récents suggèrent que <a href="https://doi.org/10.1016/j.gaitpost.2017.08.024">limiter la station debout à environ 40 minutes d’affilée</a> réduirait les risques de développer des douleurs musculaires et articulaires. Ceci est valable non seulement dans le cas de personnes qui ont déjà ressenti des symptômes auparavant, mais aussi pour celles qui n’ont jamais eu de douleurs. </p>
<p>Il a été constaté que les personnes qui ont déjà souffert après être restées longtemps debout ont une probabilité plus élevée d’expérimenter à nouveau des douleurs lors d’une station verticale prolongées, <a href="https://doi.org/10.1080/00140139.2014.893027">y compris si elles s’assoient régulièrement, dans l’objectif de faire une pause pour récupérer</a>.</p>
<p>Soulignons que tout le monde ne ressentira pas forcément ces symptômes musculosquelettiques après être resté debout pendant des périodes prolongées, certains individus étant plus résistants que d’autres. </p>
<h2>Rompre avec les longues périodes en position assise</h2>
<p><a href="https://journals.physiology.org/doi/abs/10.1152/physrev.00022.2022">Réduire ou interrompre les périodes passées en position assise</a> en se levant ou en se déplaçant peut permettre d’améliorer la circulation sanguine. Cela pourrait aussi influer positivement sur le métabolisme et l’état de santé du muscle cardiaque, voire sur la santé mentale et l’espérance de vie.</p>
<p>Des modélisations indiquent que s’astreindre à remplacer, chaque jour, une heure de position assise par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34201369/">une heure passée debout</a> peut conduire à des améliorations en matière de tour de taille, de niveau de graisse et de cholestérol.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/graisse-abdominale-et-deces-premature-pourquoi-il-faut-vraiment-perdre-ce-ventre-147322">Graisse abdominale et décès prématuré : pourquoi il faut vraiment perdre ce ventre</a>
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<p>Le bénéfice est encore plus important lorsque la position assise est remplacée par <a href="https://ijbnpa.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12966-015-0280-7">la marche ou par une activité physique d’intensité modérée à vigoureuse</a>.</p>
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<img alt="Personne montant des escaliers" src="https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/547407/original/file-20230911-21-rgy6c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Interrompez les périodes passées en position assise en marchant ou en pratiquant une autre activité physique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/yHH4CGF1YNk">Unsplash/Charles Deluvio</a></span>
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<p>Ainsi, interrompre de longues périodes passées en position assise par <a href="https://doi.org/10.2337/dc11-1931">deux minutes de marche toutes les 20 minutes</a> ou <a href="https://journals.lww.com/acsm-msse/abstract/2023/05000/breaking_up_prolonged_sitting_to_improve.9.aspx">cinq minutes de marche toutes les 30 minutes</a> peut aussi permettre d’améliorer la glycémie, ainsi que les niveaux de graisse et de cholestérol.</p>
<p>D’autres travaux indiquent qu’il est également efficace de pratiquer toutes les 30 minutes des interruptions basées sur <a href="https://doi.org/10.2337/dc15-2336">trois minutes de marche légère ou d’exercices de résistance simples</a>, tels que des squats ou des élévations des mollets.</p>
<h2>Les bureaux assis-debout sont-ils utiles ?</h2>
<p>Les bureaux assis-debout peuvent s’avérer efficaces pour <a href="https://doi.org/10.1016/j.apergo.2019.01.015">réduire le temps passé en position assise au cours d’une journée de travail</a>. En outre, les utilisateurs de ce type de bureaux ne restent généralement pas debout de longues heures durant. Ils ont plutôt tendance à alterner entre les postures assises et debout au cours de la journée.</p>
<p>Cependant, la mise en place de nouvelles habitudes de travail ne va pas toujours de soi, et sur le long terme, de nombreux utilisateurs de bureaux assis-debout ont tendance à revenir exclusivement à la position assise.</p>
<p>Il faut par ailleurs avoir conscience que, dans le cas des employés de bureau, le recours au mobilier assis-debout n’est pas suffisant pour réellement diminuer les effets délétères du temps passé en position assise. </p>
<p>Afin de s’assurer que les initiatives visant à « passer moins de temps assis et bouger plus » soient effectivement mises en œuvre (et maintenues de manière efficace sur le long terme) dans les entreprises, les employeurs doivent donc intégrer cet état de fait dans les politiques internes de leurs organisations, ainsi que dans la <a href="https://doi.org/10.3390/ijerph16030516">culture d’entreprise</a> et lors de la conception des environnements de travail.</p>
<h2>Se débarrasser de son bureau assis-debout ou le garder ?</h2>
<p>Si vous possédez déjà un bureau assis-debout, la décision de le conserver ou de vous en débarrasser dépendra de plusieurs facteurs. Avant tout, évaluez vos habitudes : utilisez-vous régulièrement votre bureau en position debout, ou privilégiez-vous plutôt la position assise ?</p>
<p>Votre confort entre également en ligne de compte. Lorsque vous travaillez debout (ou assis…) durant de longues périodes, êtes-vous incommodé ou ressentez-vous une fatigue, des douleurs spécifiques ? Si tel est le cas, vous devriez peut-être ajuster votre routine « assis-debout », ou changer l’ergonomie de votre bureau en ajoutant des accessoires supplémentaires (un tapis de sol pour rendre plus confortable votre station verticale, par exemple, ou un repose-pieds pour améliorer votre assise, etc.).</p>
<p>Autre conseil : livrez-vous à une évaluation de l’ergonomie de votre bureau assis-debout. <a href="https://www.worksafe.qld.gov.au/safety-and-prevention/hazards/hazardous-manual-tasks/working-with-computers/setting-up-your-workstation">Est-il correctement configuré pour travailler</a> de manière <a href="https://www.safeworkaustralia.gov.au/sites/default/files/2020-05/Working_from_home_Workstation_Setup_%20Guide-Covid-19.pdf">confortable ?</a></p>
<p>Réfléchissez aussi à vos besoins en matière de santé. Le fait de réduire le temps passé en position assise, ou d’interrompre régulièrement ces périodes en restant debout, atténue-t-il votre inconfort ? </p>
<p>Si votre objectif est d’améliorer votre santé, gardez à l’esprit que vous lever et vous déplacer régulièrement durant de votre journée de travail constitue une alternative à l’achat d’un bureau assis-debout, car cela vous permettra d’obtenir les mêmes bénéfices.</p>
<p>Si vous avez un problème de santé ou êtes sujet à des troubles musculosquelettiques persistants, consultez votre médecin ou demandez à votre employeur de faire évaluer votre poste de travail par un expert en ergonomie. Leurs conseils pourront vous aider à déterminer si passer à un bureau assis-debout peut présenter un intérêt, et, le cas échéant, ils pourront vous indiquer comment l’utiliser de la manière la plus efficace possible.</p>
<p>Enfin, il faut avoir conscience qu’acquérir un tel dispositif représente un investissement non négligeable, que ce soit en termes de coût ou d’espace. Si vous ne l’utilisez pas souvent pour travailler en station verticale, il se peut que ce type de bureau n’ait pas vraiment de valeur ajoutée pour vous.</p>
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<img alt="Femme debout à son bureau" src="https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/547403/original/file-20230911-21-7aq7zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vous devrez prendre en compte plusieurs éléments pour déterminer si cela vaut la peine de vous astreindre à travailler debout.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/side-view-african-american-female-graphic-1433983007">Shutterstock</a></span>
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<h2>Pratiquer une activité physique régulière demeure le plus important</h2>
<p>Les <a href="https://www.health.gov.au/topics/physical-activity-and-exercise/physical-activity-and-exercise-guidelines-for-all-australians/for-adults-18-to-64-years">recommandations australiennes en matière d’activité physique</a>, tout comme celles de l’<a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity">Organisation mondiale de la santé,</a> (OMS) (<em>et <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/sedentarite-au-travail-des-interventions-efficaces-existent-pour-ameliorer-la-sante-des-salaries">des autorités sanitaires françaises</a>, ndlr</em>) précisent qu’il est important de limiter le temps passé assis. </p>
<p>Interrompre les périodes passées en position assise par des périodes d’activité physique – même de faible intensité – présente clairement des avantages pour la santé.</p>
<p>L’OMS recommande en outre aux adultes d’envisager de « faire davantage que les niveaux d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse recommandés » afin de diminuer les conséquences délétères résultant des longues périodes assises.</p>
<p>C’est probablement le point le plus important : rester simplement debout à son bureau ne suffit pas à réduire les effets délétères d’une position assise prolongée. Pour cela, il est indispensable de bouger davantage.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213993/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Josephine Chau utilise un bureau assis-debout sur son lieu de travail. En revanche, elle ne travaille pas, ne consulte pas, ne possède pas de parts et ne reçoit pas de financement de la part d'une entreprise ou d'une organisation spécialisée dans les bureaux assis-debout qui pourrait tirer profit de cet article. Les recherches actuelles de Josephine en rapport avec cet article sont financées par l'Australian National Health and Medical Research Council of Australia (Conseil national australien de la santé et de la recherche médicale). Par le passé, elle a reçu des fonds de la National Heart Foundation of Australia et de l'Organisation mondiale de la santé. Josephine est co-présidente de la section NSW-ACT de l'Association australienne de promotion de la santé.</span></em></p>Les bureaux « assis-debout » ont colonisé les lieux de travail, dans la perspective de réduire le temps quotidien passé en position assise. Mais rester debout, est-ce vraiment meilleur pour la santé ?Josephine Chau, Senior Lecturer in Public Health, Macquarie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2088922023-09-20T16:09:05Z2023-09-20T16:09:05ZBreak-dance aux JO : dans l’Antiquité, sport, musique et danse étaient déjà étroitement liés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/536828/original/file-20230711-17-dna08l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=304%2C0%2C3616%2C2302&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Haltérophiles et flûtiste sur une amphore grecque, 510 av. JC.</span> </figcaption></figure><p>Lors des prochains Jeux olympiques de Paris en 2024, une nouvelle compétition est inscrite au programme, <a href="https://www.paris2024.org/fr/sport/breaking/">celle du breaking (ou break-dance)</a> : cet événement est l’illustration la plus frappante d’un phénomène qui semble connaître un développement très rapide, celui de l’alliance entre le sport et la danse, sans oublier un troisième partenaire essentiel : la musique.</p>
<p>Dans un article récent, on n’a pas manqué de rappeler les performances chorégraphiques qui <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/06/24/entre-la-danse-et-le-sport-un-nouveau-pas-de-deux_6179102_3246.html">ont accompagné les finales de Roland-Garros</a> sur des musiques de Bizet et Ravel. Et l’<a href="https://www.paris2024.org/fr/olympiade-culturelle/">Olympiade culturelle</a>, qui doit trouver sa place à côté des jeux proprement sportifs, regroupe bien d’autres manifestations du même type « mêlant les deux univers » pour reprendre le sous-titre de l’article cité.</p>
<p>Cet aspect culturel des Jeux <a href="http://www.salondesbeauxarts.com/pentathlon-muses-snba-jeux-olympiques/">répondait à la volonté de Pierre de Coubertin</a> : il y a d’ailleurs eu plusieurs concours artistiques olympiques en rapport avec le sport (en peinture, sculpture, littérature, musique et architecture) pendant les premiers Jeux olympiques de 1912 à 1948, sous le nom de « pentathlon des arts ». Un fait d’autant plus étonnant que les jeux (les concours, devrait-on dire) antiques d’Olympie n’ont jamais connu que des compétitions proprement sportives, athlétiques et hippiques : mais il est vrai que d’autres concours, à Delphes en particulier (les Jeux pythiques, les plus importants des Jeux panhelléniques après ceux d’Olympie), avaient à leur programme des épreuves musicales et artistiques.</p>
<p>Sans même évoquer le patinage artistique qui s’inscrit dans les Jeux d’hiver, le fait de mêler dans un même spectacle ou une même épreuve les mondes du sport, de la musique et de la danse n’a donc rien de très nouveau. L’Antiquité nous en offre plusieurs exemples, et on n’en sera pas étonné quand on se souvient que la musique était omniprésente dans les cités antiques, comme elle le sera encore d’ailleurs à l’époque médiévale : aussi retrouve-t-on naturellement des musiciens dans les gymnases et sur les stades de la Grèce antique.</p>
<h2>Flûte et saut en longueur</h2>
<p>Ces musiciens avaient sans doute divers rôles mais, pour s’en tenir au déroulement des épreuves sportives elles-mêmes, le saut en longueur était accompagné par un joueur d’auloi (ou <em>tibiae</em> en latin) : on traduit en général cet instrument à deux tuyaux par « flûte » ou « double flûte », <a href="https://archive.org/details/musiciensromains0000baud">mais c’est une traduction erronée</a>. Il s’agit en effet d’un « instrument à anche, et sans doute à anche double, ancêtre direct du chalumeau du Moyen Âge, et de nos différents hautbois et clarinettes… ».</p>
<p>Cette pratique est bien attestée sur les images de plusieurs vases attiques du VI<sup>e</sup> et du V<sup>e</sup> s. avant notre ère, mais elle est aussi décrite par différents auteurs grecs, dont Pausanias : « … un homme debout au milieu d’eux joue de la flûte (sic), de même qu’on a coutume de le faire actuellement, lorsque ceux qui disputent le prix du pentathle en sont à l’exercice du saut. » (5, 17,10) C’est l’occasion de signaler que le saut en longueur grec ne se disputait que dans le cadre du pentathlon, que les athlètes tenaient des haltères dans les mains et qu’il était certainement un saut sans élan – et sans doute un quintuple saut sans élan si l’on en juge par deux indications de performances exceptionnellement conservées (plus de 50 pieds, et donc autour de 15m). Et pour un saut sans élan – les premiers Jeux olympiques modernes ont connu cette épreuve – le rythme donné par le musicien pouvait fournir une aide précieuse.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549311/original/file-20230920-25-l14zqg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le saut en longueur sans éaln : Benjamin Adams aux Jeux olympiques de 1912.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Saut_en_longueur_sans_%C3%A9lan#/media/Fichier:1912_Benjamin_Adams.JPG">Wikimedia</a></span>
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<h2>Musique et boxe étrusque</h2>
<p>Mais on voudrait surtout s’attarder sur la boxe étrusque. Beaucoup de domaines de la civilisation étrusque restent mal connus car notre documentation est insuffisante, et c’est pourquoi on a souvent parlé et à tort du « mystère » étrusque. Mais il est un sujet sur lequel nos sources sont relativement nombreuses et c’est celui des jeux, du sport étrusque : ces sources sont d’abord iconographiques, car nous avons la chance d’avoir retrouvé des fresques funéraires décorant les hypogées, en particulier à Tarquinia, à 100 km au nord de Rome. Les peintures, situées dans le sous-sol, ont été conservées : Stendhal parlait de ces « petites caves peintes du Père-Lachaise de Tarquinia ». Or, les jeux funéraires sont un des thèmes principaux de ces fresques, et la boxe ou pugilat apparaît, au VI<sup>e</sup> et au V<sup>e</sup> siècle avant notre ère comme le sport favori des Étrusques, à côté des courses de chars.</p>
<p>C’est si vrai que, de façon tout à fait exceptionnelle car il y a bien peu de données textuelles sur les Étrusques, plusieurs auteurs grecs, dont Aristote, ont livré un renseignement sur l’alliance entre la boxe et la musique chez ce peuple. Ainsi d’Eratosthène qui écrivait au III<sup>e</sup> siècle avant notre ère : « Eratosthène, dans le premier livre de ses Olympioniques, affirme que les Étrusques accompagnent leurs combats de boxe au son de la « flûte » (aulos) » (Athénée de Naucratis, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Deipnosophistes">Deipnosophistes</a>, 4, 154a). Et la plupart des images étrusques, qu’il s’agisse de fresques, de reliefs, de peintures sur vases, confirment la pratique en question.</p>
<p>Cet accompagnement musical est signalé dans deux autres textes pour deux autres activités, pétrir le pain et fouetter les esclaves : ce rapprochement montre bien que la musique était là pour rythmer les assauts des athlètes, qu’elle était un adjuvant comme elle peut l’être pour des rameurs lors de joutes nautiques scandées par un petit orchestre, ou même pour insuffler du courage aux soldats marchant au combat.</p>
<p>Mais voilà qu’un autre texte grec, celui d’Alcimos, insinue que cette alliance entre boxe et musique était due à la « truphê » des Étrusques : il faut entendre par là un mode de vie fait de mollesse, de luxe et de volupté. Dans ces conditions, la boxe étrusque n’aurait-elle été qu’une boxe mimée, une danse de la boxe où le rythme comptait beaucoup, comme dans la capoeira brésilienne ? Il n’en est rien : si l’on se tourne maintenant vers la boxe thaïlandaise, on voit bien que la présence d’un orchestre traditionnel n’empêche absolument pas ce sport de connaître une extrême violence ! En réalité on sait que la truphê était un cliché souvent utilisé par les Grecs pour ruiner la réputation des Étrusques et masquer leurs propres échecs en Méditerranée par exemple sur le plan commercial : il ne faut en tenir aucun compte dans les interprétations que nous pouvons donner de la boxe étrusque en tant que compétition sportive.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/fGRRZUilldo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Boxe, musique… et danse : les Étrusques n’ont pas ignoré ces « danses de la boxe » comme on l’a bien montré à propos cette fois d’un relief sur pierre de Chiusi – une cité étrusque proche du lac Trasimène. Ce relief, conservé au musée archéologique de Florence, a été interprété à juste titre comme un ballet de trois pugilistes : avec la garde haute – mais dans l’Antiquité les coups n’étaient portés qu’à la tête – ils suivent un aulète, le musicien jouant des auloi (la « double flûte »), et il est clair qu’ils boxent et dansent en cadence. </p>
<p>On pense évidemment au <a href="https://www.numeridanse.tv/videotheque-danse/kok">magnifique ballet de la chorégraphe Régine Chopinot</a> intitulé <em>K.O.K</em> et datant de 1988 ou plus récemment, au <em>Boxe Boxe</em> de Mourad Merzouki. Il faudrait encore citer dans ce même cadre les orchestopalarii (ou orchistopalarii) – que l’on connaît surtout à l’époque romaine et qui étaient des lutteurs-danseurs, pratiquant, selon l’expression de Louis Robert, une sorte de « combinaison de danse pantomimique et de lutte. »</p>
<p>Les <a href="https://madparis.fr/Mode-et-sport">créateurs de mode</a>, eux aussi, sont de plus en plus sollicités en lien avec les pratiques sportives. La nudité athlétique grecque ne permettait sans doute pas d’aller très loin dans ce domaine, mais il suffit de voir la célèbre mosaïque romaine de Piazza Armerina aux jeunes femmes en bikini pour comprendre que la préoccupation existait : les jeunes femmes en question étant en réalité des athlètes. D’hier à aujourd’hui, de la gestuelle sportive au ballet, le tout en musique : c’est le mouvement des corps athlétiques et artistiques qui est au cœur de ces activités et de ces créations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208892/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Paul Thuillier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L'introduction du break-dance aux JO de Paris 2024 invite à penser les liens entre la danse et le sport. Dans l'Antiquité, ces disciplines étaient souvent indissociables.Jean-Paul Thuillier, Directeur du département des sciences de l’Antiquité, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2121542023-09-11T17:21:54Z2023-09-11T17:21:54ZDans la jungle des biorobots<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/544537/original/file-20230824-21-4hb17b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C2%2C1478%2C587&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">NATRIX est un robot nageur inspiré de la nage des mocassins d'eau, des serpents extrêmement agiles à la surface de l'eau. </span> <span class="attribution"><span class="source">Johann Herault, Etienne Clément, Max Roccuzzo (IMT Atlantique)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>En quelques milliards d’années, les êtres vivants sous la pression de la sélection naturelle ont déployé un extraordinaire éventail de stratégies pour survivre dans des conditions extrêmes, se mouvoir dans des milieux hostiles ou percevoir leurs environnements complexes. Paradoxalement, les systèmes mécaniques et électroniques des robots sont fondés sur une petite gamme de solutions technologiques (roue, propulseurs, caméra, etc.) dont le champ d’action est en comparaison relativement restreint. Et si les robots étaient dotés de pattes, nageoires ou ailes rétractables pour naviguer et explorer des environnements réputés difficiles tels que des décombres, le vol avec turbulences ou les fonds marins ?</p>
<p>Un des objectifs de la robotique bio-inspirée est donc d’explorer de nouveaux paradigmes technologiques en reproduisant et expliquant les mécanismes trouvés par le vivant, afin de concevoir une nouvelle génération de robots mieux adaptés aux conditions extrêmes, plus polyvalents et robustes, capables d’interagir entre eux et avec les humains.</p>
<p>Prenons l’exemple des véhicules autonomes terrestres : ils utilisent majoritairement des roues. Ces robots à roues s’enfoncent dans les zones meubles (boues ou sables), perdent de l’adhérence sur les fortes pentes ou restent bloqués devant des obstacles. S’il existe des solutions spécifiques à chacune de ces contraintes, force est de constater que certains animaux peuvent résoudre tous ces problèmes avec une fluidité de mouvement et une économie d’effort qui font rêver les ingénieurs.</p>
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<figcaption><span class="caption">En 2011, un robot monte dans un arbre en imitant le mouvement d’un serpent. Source : CMU Robotics Institute.</span></figcaption>
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<p>C’est par exemple le cas des serpents qui utilisent une <a href="https://academic.oup.com/icb/article/60/1/156/5818495">surprenante variété de modes de locomotion</a> pour se déplacer dans le sable (par enroulement latéral ou soulèvement sinusoïdal), prendre appui dans des milieux clos ou fracturés (mode concertina) ou sauter de branche en branche. Cette capacité multimodale de locomotion a motivé le développement de robots serpentiformes. Le <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/4799450">premier robot-serpent ACM-III fut conçu en 1972 par Shigeo Hirose</a> dans un laboratoire japonais.</p>
<p>Ces premiers prototypes furent initialement créés dans un but purement académique, mais les biorobots ont depuis investi des milieux réputés inaccessibles pour l’homme : on les utilise aujourd’hui à la suite de tremblements de terre <a href="https://www.science.org/content/article/searching-survivors-mexico-earthquake-snake-robots">pour retrouver des victimes sous les décombres</a> ou la <a href="https://eelume.com/">maintenance des structures off-shore</a> avec la start-up Eelume.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/accidents-industriels-apprendre-aux-robots-a-nous-aider-189157">Accidents industriels : apprendre aux robots à nous aider</a>
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<h2>Les origines de la bio-inspiration</h2>
<p>Bien que les robots bio-inspirés n’ont fait que très récemment leur apparition dans le milieu militaire, industriel ou grand public, on les retrouve aux origines mêmes de la robotique. En effet, les « animatroniques » ou autres canards de Vaucanson peuplent depuis bien longtemps les cabinets de curiosité.</p>
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<p>Le point de bascule entre ces automates et les premiers robots autonomes se joua dans la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle, conjointement à l’émergence de la cybernétique. Cette dernière discipline vise à expliquer et reproduire la complexité des systèmes vivants par des phénomènes de régulations internes. On dota alors les automates chiens ou renards de capacités à réagir en fonction de leur environnement : les premiers robots étaient nés.</p>
<p>Mais cette piste animale va décliner progressivement dans les années 60 au profit d’une robotique robuste et performante au service de la technique pour répondre aux défis de la production industrielle ou de l’exploration spatiale. L’autre raison du déclin est l’incroyable complexité des systèmes vivants encore inaccessible aux technologies de l’époque. Le <a href="https://www.cmu.edu/homepage/computing/2011/fall/vision.shtml"><em>paradoxe de Moravec</em></a> illustre bien ce point :</p>
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<p>« Le plus difficile en robotique est souvent ce qui est le plus facile pour l’homme. » (Hans Moravec)</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-marcher-est-il-si-difficile-pour-un-robot-201996">Pourquoi marcher est-il si difficile pour un robot ?</a>
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<p>Ce qui est sous-entendu ici, c’est l’incroyable capacité qu’ont les animaux (dont les humains) à effectuer des tâches simples (se déplacer, détecter et éviter un obstacle) avec un ajustement généralement parfait entre l’objectif et l’action. On sait aujourd’hui que cet accord ne repose pas seulement sur des capacités cognitives (désolé pour ChatGPT), mais sur des synergies complexes entre les structures biomécaniques et les boucles sensori-motrices.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/_luhn7TLfWU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le guépard robotique du MIT illustre les couplages entre la structure biomécanique et le contrôle moteur (Massachusetts Institute of Technology).</span></figcaption>
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<h2>Le renouveau de la biorobotique</h2>
<p>La biorobotique va néanmoins réémerger dans les années 2000 en profitant du sillage du « boom de la robotique » avec l’accroissement de la puissance de calcul embarquée. L’information peut alors être traitée parallèlement et plus rapidement. Les boucles sensori-motrices artificielles, correspondant à la réponse motrice aux stimuli sensoriels, se complexifient progressivement pour reproduire plus fidèlement les performances des systèmes nerveux.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544534/original/file-20230824-15-ytpyme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">OroBOT, le robot dévelopé à l’EPFL, est inspiré d’un fossile reptilien.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tomislav Horvat (EPFL Lausanne), Kamilo Melo (EPFL Lausanne)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>De récents travaux ont par exemple pu <a href="https://www.science.org/doi/full/10.1126/scirobotics.abf6354">reproduire l’extraordinaire résilience du système neuronal de certains vertébrés</a>. S’inspirant des lamproies, des robots nageurs anguiformes de l’École Polytechnique fédérale de Lausanne sont capables de récupérer leur fonction motrice malgré l’endommagement des modules du robot imitant les vertèbres de l’animale. En effet, ces chercheurs suisses et français ont montré que si une vertèbre du robot dysfonctionnait, empêchant le transfert de l’information motrice aux vertèbres suivantes, la fonction motrice pouvait être récupérée en utilisant des stimuli sensoriels provenant du fluide ou du corps via la proprioception.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-proprioception-notre-sixieme-sens-146691">La proprioception, notre sixième sens</a>
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</p>
<hr>
<p>Le robot peut donc maintenir sa nage malgré de sévères dommages de sa colonne vertébrale artificielle en puisant dans son environnement physique l’information nécessaire pour synchroniser son activité motrice. De tels résultats ouvrent la voie à des robots plus robustes mais aussi nous éclairent sur le fonctionnement du système nerveux des vertébrés tel que l’homme.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xqiCpvzW_zc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le robot lamproie de l’EPFL robuste aux dysfonctionnements de sa fonction motrice. Source : EPFL.</span></figcaption>
</figure>
<p>Parallèlement, une meilleure connaissance de la biomécanique animale démontre qu’il est possible de faire l’économie de lourdes tâches cognitives et numériques grâce à des éléments morphologiques adaptés. Cette <em>intelligence incarnée</em> dans la morphologie est un levier extraordinaire pour résoudre le paradoxe de Moravec.</p>
<p>Ainsi, une de ces pistes prometteuses est l’intégration de composantes déformables dans les biorobots afin d’apporter de la résilience dans la structure mécanique ou d’optimiser le transfert d’énergie du corps au mouvement. Le développement de ces systèmes déformables donne lieu à une discipline à part entière : la <a href="https://theconversation.com/cest-dur-dinventer-des-robots-souples-150207">robotique souple</a>. Les mains artificielles intègrent par exemple des <a href="https://arxiv.org/abs/2201.10883">pulpes souples aux extrémités des doigts</a> afin de diminuer la précision du calcul nécessaire à la manipulation d’objet tout en limitant la pression mécanique sur les objets manipulés.</p>
<p>Ici, la leçon de biomécanique se résume au fait qu’il vaut mieux éviter de vider une boite à œufs avec une pince anglaise.</p>
<h2>Quelle est la (future) place des bio-robots ?</h2>
<p>Grâce à leur position hybride entre machine et animal, les biorobots peuvent accomplir des tâches là où le vivant excelle, mais pour lesquelles la nature de la mission (risque, durée, contrôlabilité…) nécessite l’emploi d’un système mécatronique, par exemple <a href="https://www.bbc.com/news/in-pictures-40298569">pour trouver et inspecter le cœur de la centrale de Fukushima</a>, ou <a href="https://www.scirp.org/html/1-1380033_18956.htm">pour étudier un comportement animal ou quantifier la dynamique de la faune et de la flore avec un faible impact sur les écosystèmes</a>. Les applications sont donc multiples, même si elles restent encore cantonnées à des solutions de niche.</p>
<p>Mais la principale leçon de la robotique bio-inspirée est l’humilité qu’impose cette démarche. Reproduire le vivant nécessite non seulement une maîtrise des technologies actuelles, mais aussi une forte curiosité des avancées récentes en biologie. Ces robots peuvent ainsi se concevoir comme un média support de notre curiosité envers le monde animal. Cette discipline ouvre alors des passerelles vers le vivant nous rappelant que nous sommes encore loin d’égaler une Nature riche en diversité et complexité. Un tel patrimoine inestimable doit donc être protégé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212154/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Johann Herault a reçu des financements de l'ANR, de la région Pays de la Loire et du CNRS. </span></em></p>Les animaux ont des capacités extraordinaires… une véritable inspiration pour les roboticiens.Johann Herault, Maître-assistant en robotique bio-inspirée, Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes, IMT Atlantique – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044412023-05-12T13:46:19Z2023-05-12T13:46:19ZSyndrome du côlon irritable : la gravité en cause, selon une nouvelle étude<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522692/original/file-20230424-16-y8xuaf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C2%2C997%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les nombreux symptômes du syndrome du colon irritable comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>Je préfère ne pas essayer ce nouveau restaurant, pourquoi ne pas rester à la maison ce week-end ? </p>
<p>Je ressens à nouveau un inconfort, s’agit-il d’une crise ? </p>
<p>Cette situation me perturbe, je n’arrive pas à la contrôler… je préfère rentrer chez moi. </p>
</blockquote>
<p>Les personnes souffrant du <a href="https://cdhf.ca/fr/digestive-conditions/irritable-bowel-syndrome-ibs/">syndrome du côlon irritable</a> sont souvent confrontées à ce type de réflexion. Que ce soit votre cas ou celui de l’un de vos proches, <a href="https://cusm.ca/newsroom/article/ne-n%C3%A9gligez-pas-syndrome-du-c%C3%B4lon-irritable#:%7E:text=Le%20SCI%20est%20un%20trouble,de%20moins%20de%2050%20ans.">il s’agit de l’un des problèmes les plus courants poussant les patients à consulter un gastro-entérologue</a>. </p>
<p>Et si la cause exacte demeure inconnue, une nouvelle hypothèse, liée à la force de gravité, pourrait apporter un éclairage sur cette énigme et changer la manière dont nous la traitons. </p>
<h2>Un large éventail de symptômes</h2>
<p>D’un point de vue clinique, le syndrome du côlon irritable est défini comme un trouble fonctionnel chronique (c’est-à-dire qui ne peut être expliqué par des altérations morphologiques, métaboliques ou neurologiques) du gros intestin. Les nombreux symptômes comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal. </p>
<p>En outre, ces maux se recoupent souvent avec d’autres affections intestinales et digestives, telles que la constipation fonctionnelle, la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dyspepsie_troubles_digestifs_fonctionnels_pm">dyspepsie</a> et les brûlures d’estomac fonctionnelles. </p>
<p>Sa prévalence semble varier considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de 1 % en Inde à 10 % en Espagne et plus de 20 % aux États-Unis ou en Croatie. <a href="https://www.thelancet.com/journals/langas/article/PIIS2468-12532030217-X/fulltext">Une récente méta-analyse publiée dans la revue <em>The</em> Lancet_Gastroenterology and Hepatology_</a> a établi la fourchette entre 3,8 % et 9,2 %, selon les critères utilisés. </p>
<p>Cette étude a également montré qu’elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (12 % contre 8,6 %) et qu’elle est l’une des causes les plus importantes d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15217162/">absentéisme au travail</a>.</p>
<p>Comme il s’agit d’un trouble fonctionnel, de nombreux facteurs peuvent en déclencher l’apparition : des épisodes d’anxiété ou de stress, des événements traumatisants, une légère inflammation ou divers facteurs psychosociaux peuvent être à l’origine de l’inconfort. Le syndrome du côlon irritable a toujours été considéré comme une sorte de « tiroir fourre-tout » des symptômes abdominaux.</p>
<h2>Une hypothèse de taille</h2>
<p>En d’autres termes, il n’existe pas d’origine unique au syndrome du côlon irritable, et c’est précisément la raison pour laquelle il est si complexe de s’y attaquer. Toutefois, le tableau pourrait s’éclaircir : comme indiqué plus haut, <a href="https://journals.lww.com/ajg/fulltext/2022/12000/gravity_and_the_gut__a_hypothesis_of_irritable.15.aspx"><em>The American Journal of Gastroenterology</em></a> a avancé une théorie non conventionnelle selon laquelle le syndrome trouverait son origine dans une incapacité d’adaptation de nos systèmes gastro-intestinal, musculo-squelettique, cardiovasculaire et vestibulaire (responsable de l’équilibre et de l’orientation dans l’espace) à la gravité. </p>
<p>Selon <a href="https://researchers.cedars-sinai.edu/Brennan.Spiegel">Brennan Spiegel</a>, directeur de la recherche sur les services de santé au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles et auteur de l’étude, lorsque ces systèmes ne peuvent pas contrôler l’attraction de la gravité, cela peut entraîner des douleurs, des crampes, des vertiges, des sueurs, de la tachycardie et des problèmes de dos, qui sont tous des symptômes du syndrome du côlon irritable. Et ce phénomène peut même contribuer à la prolifération bactérienne dans l’intestin, un problème également lié au syndrome du côlon irritable. </p>
<p>L’intérêt de l’hypothèse de Spiegel est qu’elle relie les différentes explications entourant le syndrome du côlon irritable en utilisant la gravité comme fil conducteur. Des anomalies dans les mécanismes de résistance à l’attraction gravitationnelle du tractus gastro-intestinal (telles qu’un mésentère sous-développé ou faible – le pli de membranes qui relie l’intestin à la paroi abdominale) entraîneraient un affaissement des organes abdominaux et les symptômes du syndrome du côlon irritable.</p>
<h2>Sensibilité accrue à la douleur</h2>
<p>Une autre conséquence serait liée à une prolifération anormale des bactéries dans l’intestin due à un transit intestinal lent, entraînant une augmentation de la perméabilité intestinale, une inflammation et une surproduction de <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/serotonine-64573">sérotonine</a>. Ce neurotransmetteur joue non seulement un rôle clé dans la santé mentale, mais il est également lié à la motilité intestinale et à la fonction cardiovasculaire, tout en étant un puissant sensibilisateur à la douleur. </p>
<p>La colonne vertébrale, la cage thoracique, le diaphragme et les ligaments agiraient ensemble comme un « châssis » stabilisateur pour tous les viscères de la cavité abdominale. Si cette structure n’était pas en mesure de résister à la force g (l’accélération produite par la gravité terrestre sur un objet), il se produirait un étirement et un gonflement, ce qui activerait les neurones sensoriels de manière soutenue.</p>
<p>Une « sensibilisation périphérique » se produirait alors, amenant le patient à ressentir la douleur à des seuils très bas. Et ce, même en l’absence de tout stimulus apparent.</p>
<p>L’auteur de l’étude affirme que la présence de tous ces facteurs pourrait générer une émission à haute fréquence et à haute intensité de signaux de douleur vers le cerveau, et que ce dernier modifierait le comportement et l’état psychologique de la personne pour compenser l’état altéré. </p>
<p>L’existence d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Axe_intestin-cerveau">axe intestin-cerveau</a> intègre les systèmes nerveux et gastro-intestinal. Son dérèglement entraîne un cercle vicieux de sensations viscérales (douleurs, crampes, gonflements, picotements…) et d’hypervigilance. Cette dernière aggrave à son tour les symptômes gastro-intestinaux et l’anxiété liée à ces désagréments, connue sous le nom d’« anxiété viscérale ». Si l’hypervigilance est maintenue dans le temps, la personne peut atteindre un état d’épuisement vital.</p>
<h2>Facteurs de risque</h2>
<p>La susceptibilité au syndrome du côlon irritable serait donc déterminée par trois facteurs :</p>
<ol>
<li><p>La résistance de nos structures de soutien gastro-intestinales à la force g. </p></li>
<li><p>Notre capacité à détecter le stress viscéral causé par la gravité.</p></li>
<li><p>Notre niveau de vigilance par rapport à ce stress. </p></li>
</ol>
<p>Ainsi, une personne ayant une faible résistance mécanique, dont le système nerveux périphérique est très sensible à ces contraintes et qui, de surcroît, est constamment en alerte pour protéger le corps contre le stress gravitationnel – qu’il existe ou non – aura un risque plus élevé de développer le syndrome du côlon irritable.</p>
<p>Après avoir lu cette étude, on peut se demander si les astronautes souffrent de troubles gastro-intestinaux lors de leurs vols spatiaux dans des conditions de microgravité. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214552420300651?via%3Dihub">La réponse est oui</a> : ils souffrent souvent de reflux gastrique, de dyspepsie, de ballonnements, de diarrhée, de constipation et même de <a href="https://microbiomejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40168-019-0724-4">modifications de leur microbiote intestinal</a>. </p>
<p>L’idée que le syndrome du côlon irritable est une conséquence de l’intolérance à la gravité pave la voie à de nouvelles perspectives, tant dans notre perception du syndrome que dans son traitement. Nous serions enfin en mesure d’organiser tous les facteurs ou pièces de ce grand casse-tête que représente le syndrome du côlon irritable, que nous n’avons pas réussi à résoudre jusqu’à présent, malgré de grands efforts. La poursuite des recherches permettra de renforcer ou d’infirmer cette hypothèse fascinante.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204441/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Et si le syndrome du côlon irritable avait pour origine une mauvaise adaptation du corps à la force de gravité ? Si elle était confirmée, cette explication changerait la façon dont nous le traitons.Elisabet Navarro Tapia, Coordinadora del Máster de Epidemiología y Salud Pública de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de ValenciaVicente Andreu Fernández, Director del Instituto de Investigación Biosanitaria de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de ValenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044662023-05-03T14:24:54Z2023-05-03T14:24:54ZPodcast « Objets cultes » : Le scrolling<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522739/original/file-20230425-14-tugvba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=27%2C0%2C4609%2C3086&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Scroller sur un écran de téléphone, un geste devenu banal.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/644fdcf20095f9001108a8f9" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p><br> </p>
<p><iframe id="tc-infographic-818" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/818/2cb911d7f5dde27b26b0d660b5a8acba1b0830e6/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? demandait le poète.</p>
<p>S’ils ont une âme, il s’agit bien de la nôtre. C’est ce que démontrait le sémiologue Roland Barthes dans ses <em>Mythologies</em>, publiées en 1957. L’intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révèlent l’esprit d’une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique… rien n’échappait à sa sagacité.</p>
<p>Aujourd’hui, ces objets ne sont plus les mêmes et la globalisation a grandement changé la donne. Mais l’exercice, lui, n’a pas pris une ride et c’est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne, auteur entre autres de <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/societing/ouvrage/236-nos-modes-nos-mythes-nos-rites.html"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em></a> qui se penche sur nos objets cultes.</p>
<p>Je scrolle donc je suis : telle pourrait être la devise des humains du XXI<sup>e</sup> siècle, les yeux si souvent rivés sur les écrans de leur téléphone ou de leur ordinateur.</p>
<p>Nous sommes en effet devenus experts en scrolling (de l’anglais « scroll », parchemin), cet art de faire défiler des images et du texte sur un écran.</p>
<p>Mais que dit ce geste de nos besoins et de nos travers contemporains ? Aujourd’hui, on découvre qu’un geste peut aussi s’étudier comme un objet sociologique.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em>, éditions EMS (2013).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Extraits</strong></p>
<ul>
<li>« Scaffold of Repeated Addition », One Man Book, 2022.</li>
</ul>
<hr>
<p><em>Crédits : Conception et animation, Sonia Zannad. Réalisation, Romain Pollet</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204466/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Je scrolle donc je suis : telle pourrait être la devise des humains d’aujourd’hui. Que dit ce geste de nos besoins et de nos travers contemporains ?Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FrancePascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2019962023-04-06T16:26:27Z2023-04-06T16:26:27ZPourquoi marcher est-il si difficile pour un robot ?<p>La robotique, ou de façon plus générale l’art de construire des automates, bercent nos <a href="https://theconversation.com/la-science-fiction-cette-machine-a-anticiper-notre-peur-des-robots-197485">imaginaires collectifs</a> depuis plusieurs siècles déjà, de Talos, le géant de bronze des mythes antiques, au petit robot Astro d’Osamu Tezuka dont les aventures furent publiées de 1952 à 1968, en passant par le flûteur de Vaucanson construit au XVIII<sup>e</sup> siècle, capable de jouer plusieurs airs différents sur une flûte traversière.</p>
<p>Les robots modernes, tels que nous pouvons en trouver dans les usines, sont en comparaison très récents puisque le premier d’entre eux, Unimate, n’a commencé à travailler qu’au début des années 60 sur les chaînes d’assemblage de General Motors. Et ce n’est en 1972 qu’est « né » WABOT-1, le premier robot anthropomorphe capable de marcher sur deux jambes, de percevoir son environnement à travers ses senseurs visuels et de transporter des objets dans ses mains.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-la-robotique-change-le-monde-des-usines-aux-maisons-et-jusqua-nos-corps-199836">Comment la robotique change le monde : des usines aux maisons, et jusqu'à nos corps</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Au-delà de l’intérêt scientifique du problème de la marche, le développement de la robotique à pattes est motivé par plusieurs applications prometteuses : le vieillissement de la population dans les pays aisés nourrit par exemple l’idée d’une <a href="https://theconversation.com/et-si-des-robots-prenaient-soin-de-notre-sante-comme-au-japon-88598">aide médicale robotisée à domicile</a> ; certaines <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/8889461">tâches industrielles pénibles ou dangereuses</a> pourraient être allouées à des robots marcheurs, plus polyvalents et plus autonomes ; enfin, le <a href="https://theconversation.com/accidents-industriels-apprendre-aux-robots-a-nous-aider-189157">secours de personnes en zone sinistrée</a> pourrait être facilité par l’intervention de bipèdes agiles.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un robot marche sur une plate-forme" src="https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1026&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1026&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1026&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1289&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1289&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518161/original/file-20230329-20-wa9x1p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1289&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Talos, un robot marcheur développé au laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS), sur un terrain irrégulier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ewen Dantec</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En effet, pour évoluer dans des environnements conçus pour les humains (avec des portes, des escaliers, des rambardes…), ces robots auraient tout intérêt à marcher comme nous.</p>
<p>Mais malgré les récents progrès de l’ingénierie, les robots marcheurs sont toujours rares – ce qui est étonnant, en particulier si l’on considère les progrès époustouflants dans des domaines adjacents, sur les <a href="https://theconversation.com/chatgpt-pourquoi-tout-le-monde-en-parle-197544">capacités de maîtrise du langage des intelligences artificielles</a> par exemple. Alors, pourquoi est-il si difficile d’apprendre à marcher à un robot ?</p>
<h2>La bipédie, instinctive pour les vivants mais très complexe mathématiquement</h2>
<p>Chez les êtres humains en bonne santé, marcher est un processus naturel auquel nous ne prêtons guère attention au quotidien. Les premiers pas d’un nouveau-né se font en général entre 10 et 18 mois, bien avant qu’il ne soit capable d’appréhender la mécanique sous-jacente de son déplacement. La <a href="https://theconversation.com/nouvelle-decouverte-il-y-a-7-millions-dannees-lhumanite-se-tenait-deja-sur-ses-deux-pieds-188940">capacité à se mouvoir sur deux pattes</a> est une compétence que nous apprenons presque seul, en imitant notre entourage et en procédant par essai et erreur. Pour les animaux, les choses paraissent encore plus simples, puisque la majorité des quadrupèdes sont capables de marcher, sauter ou courir quelques heures seulement après leur naissance.</p>
<p>Cependant, la locomotion humaine est un problème extrêmement compliqué d’un point de vue mathématique, qui implique le contrôle en temps réel d’environ 360 articulations et 640 muscles, tout en tenant compte du centre de gravité, de l’équilibre, des appuis, de la vision…</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/g0TaYhjpOfo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une compilation de robots qui chutent au « DARPA Robotics Challenge » (IEEE Spectrum).</span></figcaption>
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<p>En définitive, si la robotique à pattes donne de très bons résultats en laboratoire, là où les chercheurs peuvent contrôler précisément l’environnement expérimental, elle n’est pas encore assez robuste pour affronter le désordre et l’imprédictibilité du monde réel.</p>
<hr>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/voici-pourquoi-nous-rions-lorsque-quelquun-tombe-selon-la-science-191556">Voici pourquoi nous rions lorsque quelqu’un tombe, selon la science</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Diviser le problème pour mieux le résoudre</h2>
<p>Les premiers résultats probants sur la locomotion bipède des robots ont été obtenus en décomposant le problème : <a href="https://hal.inria.fr/inria-00390423">planification d’une part et contrôle d’autre part</a>.</p>
<p>Dans un premier temps, on calcule la trajectoire à exécuter en se basant sur des techniques d’optimisation qui vont minimiser un coût (par exemple, un temps de trajet d’un point A à un point B) sous certaines contraintes (par exemple, ne pas tomber). Dans un second temps, on exécute cette trajectoire et on s’assure que le robot la suit même en cas de perturbations extérieures ou d’erreurs.</p>
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<p>En effet, à ses débuts, la robotique ne disposait pas d’ordinateurs assez puissants pour faire de la planification complète en temps réel, comme les humains. Pour générer certains mouvements complexes, les algorithmes d’optimisation pouvaient prendre plusieurs secondes, voire plusieurs minutes, et il fallait planifier l’intégralité du mouvement à l’avance.</p>
<h2>Prévoir ses mouvements comme le font les humains</h2>
<p>L’inconvénient de cette approche est qu’elle ne permet pas au robot de modifier son comportement en cas de transformation soudaine de l’environnement (par exemple un humain qui passe devant lui, un objet qui tombe sur le chemin…) : le système essayera de suivre la trajectoire calculée quoiqu’il arrive.</p>
<p>On sait maintenant que les humains au contraire <a href="https://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(18)30309-9">ne prennent en compte que leurs deux ou trois prochains pas quand ils évaluent leur trajectoire</a> (soit une à deux secondes d’anticipation).</p>
<p>Les roboticiens ont donc simplifié le problème de planification, en ne regardant que des horizons temporels très proches, de façon à <a href="https://sites.engineering.ucsb.edu/%7Ejbraw/mpc/">pouvoir le résoudre très rapidement</a>. Cette méthode, baptisée « contrôle prédictif », consiste à calculer une trajectoire désirée pour le robot, dont seul le premier point sera utilisé, par exemple un pas. Une fois ce point réalisé, on recalcule la nouvelle trajectoire souhaitée en prenant en compte les nouvelles informations dont dispose le robot : vision, senseurs internes, consignes de l’utilisateur, et qui pourraient indiquer l’apparition d’un obstacle par exemple.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le robot bipède Atlas et ses acrobaties. Source : Boston Dynamics.</span></figcaption>
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<p>Au cours des dernières décennies, la puissance de calcul des ordinateurs a grandement augmenté, rendant possible l’implémentation de modèles plus complexes. On peut aujourd’hui <a href="https://hal.science/hal-03724019/document">prendre en compte la dynamique complète du corps du robot</a> à l’intérieur de l’horizon de prédiction. Les méthodes de contrôle prédictif sont notamment à l’origine des impressionnantes acrobaties du robot Atlas de Boston Dynamics.</p>
<h2>Utiliser l’« apprentissage par renforcement » pour favoriser la locomotion</h2>
<p>Malgré ses avantages, le contrôle prédictif reste limité par les contraintes temps réel de la locomotion, et par la taille importante du problème à résoudre.</p>
<p>Ainsi, les roboticiens s’intéressent depuis peu <a href="https://arxiv.org/abs/1901.08652">à l’« apprentissage par renforcement » et à son application pour le contrôle de la marche</a>. L’idée consiste à fixer une fonction de récompense pertinente (par exemple, atteindre un objet derrière une porte fermée) et à laisser le robot se mouvoir sur simulateur jusqu’à ce qu’il parvienne, par essai et erreur, à trouver le comportement qui maximise sa récompense.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-motiver-une-ia-148869">Comment motiver une IA ?</a>
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<p>L’approche s’inspire largement de la façon dont les enfants apprennent à se mouvoir, d’abord par gestes hasardeux, puis de plus en plus précis, jusqu’à devenir naturels et sans effort. Malgré tout, l’apprentissage par renforcement demeure une technique coûteuse en termes de temps d’entraînement sur machine, et ses résultats sont parfois difficilement transposables à la réalité. C’est ce qu’illustre la démarche très instable calculée par l’IA DeepMind de Google, qui a appris à marcher par elle-même : la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=gn4nRCC9TwQ">solution obtenue fonctionne bien en simulation mais échouerait très certainement</a> si elle était implémentée sur un véritable robot.</p>
<p>D’autres travaux suggèrent de <a href="https://hal.science/hal-01591373/document">combiner contrôle prédictif et apprentissage par renforcement</a> : l’idée est de construire hors ligne une mémoire du mouvement dans laquelle le contrôleur pourrait piocher pour accélérer sa convergence lorsqu’il rencontre une situation nécessitant une réaction vive et complexe, comme un pas sur le côté pour éviter de percuter une voiture. Dans ce contexte, le contrôle prédictif sert à adapter aux conditions présentes un mouvement déjà connu et acquis, qu’on n’a alors plus besoin de réinventer à partir de zéro.</p>
<p>Cette dialectique entre adaptation et mémoire rappelle beaucoup le fonctionnement de l’humain, qui prend d’autant moins de temps à accomplir une tâche qu’il a répété de nombreuses fois par le passé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ewen Dantec a reçu des financements de l'Institut d'Intelligence Artificielle et Naturelle de Toulouse (ANITI, Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées)</span></em></p>Pour évoluer dans un environnement conçu pour les humains, les robots feraient bien de maîtriser la marche à pied. Équilibre et surtout capacités d’anticipation sont au programme.Ewen Dantec, Doctorant en robotique au Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes, INSA ToulouseLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2027882023-04-03T17:55:27Z2023-04-03T17:55:27ZForce, vitesse, endurance : qui est le meilleur, l’humain ou l’animal ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518724/original/file-20230331-28-w4mh75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C613%2C459&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le marathon Hommes contre Chevaux.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://rove.me/fr/to/wales/man-v-horse-marathon">Roger Kidd</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Si vous avez la chance d’être tiré au sort pour acheter des places aux Jeux olympiques 2024, il vous faudra choisir parmi les 400 épreuves qui auront lieu. « Citius, Altius, Fortius » dit la devise olympique, mais on pourrait même rajouter « <em>Diutus</em> » probablement oublié par erreur par le Baron de Coubertin. Alors : plus vite, plus haut, plus fort et plus longtemps ?</p>
<p>Oui, mais pas en même temps… Les épreuves olympiques sont aussi nombreuses que variées quant aux qualités physiques qu’elles requièrent. Alors que les sprinteurs s’affronteront dans un concours de vitesse, le volleyeur voudra sauter toujours plus haut pendant que l’haltérophile devra user de sa force et le marathonien de son endurance. Ces qualités physiques ne sont pas reliées entre elles car elles sont liées à des aspects biomécaniques et physiologiques bien différents. Chaque athlète a son profil force-vitesse-endurance. Même au sein d’une équipe ou d’une discipline, plusieurs profils de joueurs cohabitent, chacun avec ses forces et ses faiblesses.</p>
<p>Cette diversité de qualités physiques chez les humains reste anecdotique quand on regarde le règne animal. De la fourmi à l’éléphant en passant par le crabe et le serpent, tous se déplacent grâce à leurs muscles. En revanche, chacune des espèces du monde animal a développé des adaptations physiques spécifiques particulièrement adaptées à leur environnement.</p>
<h2>La force pour s’échapper</h2>
<p>Ici la question n’est pas de gagner une médaille, mais de survivre ! Prenons l’exemple des relations proies-prédateurs. A priori, le plus rapide a un avantage. S’il s’agit de la proie, le prédateur ne pourra rien se mettre sous la dent, mais dans la situation opposée on ne donnera guère de chance à la proie de s’en sortir.</p>
<p>Comme nous l’avons vu précédemment, les qualités physiques sont variées et plusieurs stratégies peuvent se mettre en place. Le plus lent pourra peut-être s’en sortir grâce à son endurance alors que le plus rapide pourrait être mis en difficulté par les capacités de force de son adversaire.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/KxFoIRQq_xg?wmode=transparent&start=1" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La conférence de Pierre Samozino « Les limites de la machine humaine » compare en détail les biomécaniques humaines et animales dans leurs performances physiques.</span></figcaption>
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<p>Commençons par la force. On voit tout de suite l’avantage d’être fort dans un affrontement au corps à corps, tels deux boxeurs sur un ring. Mais chez les animaux, la survie ne se joue pas toujours au bras de fer, c’est plus souvent une question de course-poursuite. Et à ce jeu-là, la force est tout aussi importante, ou plus précisément, la force rapportée au poids de corps. C’est elle qui déterminera l’accélération indispensable à une sauterelle qui, d’un seul bond, se sortira d’une embuscade tendue par une grenouille qui la dévorait des yeux. Grâce à ses tendons qu’<a href="https://resjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-3032.2010.00735.x">elle utilise comme catapulte</a>, la sauterelle présente des pics d’accélération hors du commun, lui permettant de sauter bien plus haut que ses prédateurs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518217/original/file-20230329-14-4wgxmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=512&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La sauterelle peut sauter 20 fois sa taille contre à peine plus d’une fois pour les champions olympiques – Crédit Roger Bruner.</span>
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<p>C’est l’arme secrète de bon nombre de petits animaux. L’allométrie, la science qui étudie l’évolution des traits biologiques au travers des différentes échelles, nous montre que le <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ecy.3369">rapport force/poids est au profit des « tout petits »</a>. C’est également grâce à ces pics d’accélérations que le lézard peut se défaire d’un chat affamé en changeant brutalement de direction et ainsi éviter de perdre à un concours de vitesse en ligne droite ou de lutte acharnée. On retrouve ces grandes capacités d’accélérations vers le haut (sauts), l’avant ou le côté (changement de direction) chez les meilleurs joueurs dans les sports de petits terrains (basketball, handball, tennis) où beaucoup d’actions se jouent sur le tout premier pas.</p>
<h2>La vitesse pour la course-poursuite</h2>
<p>Dans les plus grands espaces, certains animaux jouent plutôt sur la vitesse pour survivre. <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=2anZacrFaxoC">C’est comme cela que l’antilope peut échapper au lion</a> qui, lui, tente le tout sur le tout sur les premiers mètres grâce à une meilleure accélération. Mais à ce jeu-là, le guépard est le champion toutes catégories avec des pointes de vitesse à plus de 100 km/h ! Cette suprématie n’est pas liée à des fibres musculaires extraordinaires, mais plutôt à ses muscles fessiers surdéveloppés et positionnés sur le squelette avec des <a href="https://www.nature.com/articles/nature12295">bras de levier permettant de démultiplier la vitesse de contraction de ses muscles</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518212/original/file-20230329-24-izsj0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La quadrupédie et les puissances des muscles fessiers du guépard lui permettent de courir presque 3 fois plus vite qu’Usain Bolt – Crédit Ahmed Galal.</span>
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<p>Et pour ça, la quadrupédie est essentielle. Elle permet d’appliquer la force au sol bien plus efficacement que nous, humains, quand on est droit sur nos deux jambes. C’est d’ailleurs un élément central qui explique que certains athlètes courent le 100m plus vite que d’autres : une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00421-012-2379-8">orientation horizontale de la force au sol a été montrée comme plus importante que la force totale produite par nos jambes</a>. Les muscles situés à l’arrière de nos jambes (fessiers, ischiojambiers) associés à une gestuelle millimétrée jouent alors un rôle capital pour produire de la force vers l’arrière et nous accélérer vers l’avant, exactement comme lorsque nous faisons de la trottinette. Un atout majeur que présentait Christophe Lemaitre quand il est passé sous la fameuse barre des 10s au 100m en 2010. </p>
<p>Saviez-vous qu’Usain Bolt, lors de son record du monde du 100m en 2009, était à moins de 50 % de sa puissance maximale de propulsion sur les trois-quarts de sa course ? Il ne s’est pas donné à fond ce jour-là ? C’est peu probable… en revanche c’est sa boite de vitesse qui lui a fait défaut.</p>
<p>Imaginez-vous avoir pris l’autoroute pour rouler vite, mais devoir rester en fond de première… Chez l’humain, c’est exactement ce qu’il se passe sur un 100m, la production de puissance est bridée à cause <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/sms.14097">d’un « braquet » non adapté</a>. C’est donc à celui qui aura la 1<sup>re</sup> la plus proche de la 2<sup>e</sup>e qui va gagner, et pas nécessairement celui qui aura le plus de chevaux sous le capot. Le guépard a plus de puissance certes, mais surtout des rapports bien plus adaptés au sprint qui lui permettent de maintenir une bonne efficacité de propulsion quand la vitesse augmente.</p>
<h2>L’endurance pour épuiser ses proies</h2>
<p>La stratégie des félins est donc basée sur la vitesse maximale, mais d’autres animaux utilisent une stratégie à l’exact opposé. Les <a href="https://link.springer.com/article/10.4098/j.at.0001-7051.082.2008">loups</a>, mais aussi les <a href="https://www.int-res.com/articles/meps2007/347/m347p111.pdf">orques</a>, peuvent traquer leurs proies pendant des heures sur plusieurs dizaines de kilomètres. Leur cible est peut-être plus rapide sur des sprints, mais ces prédateurs vont jouer sur leur endurance élevée pour fatiguer petit à petit leur proie, jusqu’à l’épuisement total pour la capturer ensuite aisément.</p>
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<figcaption><span class="caption">La conférence de Baptiste Morel « Fables de la fatigue » revient sur l’influence de la fatigue et des capacités d’endurance dans le monde animal et les performances sportives.</span></figcaption>
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<p>Physiologiquement, ces prédateurs possèdent une vitesse critique (vitesse à partir de laquelle le phénomène de fatigue se déclenche) plus élevée. <a href="https://peerj.com/articles/3701/">La vitesse de traque est donc supportable pour eux, mais pas pour leur proie</a>.</p>
<p>Nous, humains, faisons partie de cette deuxième catégorie de prédateur. Depuis l’époque d’<em>Homo erectus</em> une <a href="https://anr.fr/Project-ANR-22-CE14-0073">sélection au profit de la résistance à la fatigue s’est produite dans le genre homo</a> au point de devenir des champions de l’endurance. Nous sommes même capables de rivaliser avec des chevaux ! Une course de 35 km au Pays de Galles oppose chaque année au début de l’été des humains et nos fidèles destriers. Pour la troisième fois, un <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-06-13/ce-britannique-a-remporte-un-trail-atypique-ou-les-coureurs-doivent-battre-des-chevaux-cbd1f6b2-3d09-403c-a752-b734dd97b972">humain (Ricky Lightfoot, ça ne s’invente pas) est arrivé en tête en 2022</a>. De manière moins exotique, cette qualité physique s’exprimera dans toutes les disciplines d’endurance aux prochains JO, et en premier lieu, <a href="https://theconversation.com/marathon-des-jo-2024-un-fort-denivele-pour-un-suspens-garanti-192418">lors du marathon</a>.</p>
<p>La diversité des capacités physiques du monde animal est extraordinaire. Elles ont été peu à peu sélectionnées par les mécanismes de l’évolution. Dans nos projets de recherche, nous étudions notamment comment ces capacités nous permettent de <a href="https://anr.fr/Project-ANR-22-CE14-0073">comprendre le comportement humain et plus largement animal</a>, mais aussi comment les <a href="https://anr.fr/ProjetIA-20-STHP-0006">optimiser pour gagner plus de médailles</a>. Pour nous, homo sapiens, ces qualités physiques sélectionnées par l’histoire de notre espèce ne sont plus mises en jeu pour des questions de survie. Néanmoins, elles sont pour notre plus grand bonheur mis en lumière dans les évènements sportifs tout autour de la planète et en premier lors de la grande fête quadriennale que sont les Jeux olympiques.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/fr/projets-finances-et-impact/projets-finances/projet/funded/project/anr-22-ce14-0073/?tx_anrprojects_funded%5Bcontroller%5D=Funded&cHash=b7a001b07e7057c2d8c589df4383314a">Relation force-vitesse-endurance de la locomotion animale – FOVEAL</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202788/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Baptiste Morel a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche. Il ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation privée qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pierre Samozino a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche. Il ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation privée qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche</span></em></p>Les humains sont très mauvais au sprint, aucune chance face à un guépard, mais plutôt bons en endurance. Certains sont même capables de battre les chevaux à la course sur longue distance.Baptiste Morel, Maître de conférences, Université Savoie Mont BlancPierre Samozino, Maître de conférences, Biomécanique et Sciences du sport, Université Savoie Mont BlancLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2001352023-03-30T19:24:03Z2023-03-30T19:24:03ZTroubles psychosomatiques : qu’en dit la science ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518470/original/file-20230330-27-do9hn8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C5991%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les transformations physiques du maire du Havre Édouard Philippe (ici en dédicace en juin 2021) ont fait l’objet de nombreuses spéculations, y compris concernant l’implication éventuelle du stress.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2021-06-29_13-04-17_-_Fontainebleau_-_%C3%89douard_Philippe_s%C3%A9ance_d%C3%A9dicace.jpg">Wikimedia Commons / Baidax</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Récemment, l’ancien premier ministre Édouard Philippe s’interrogeait sur les possibles <a href="https://www.bfmtv.com/politique/c-est-une-histoire-de-poils-edouard-philippe-revient-sur-son-alopecie-et-son-evolution-physique_AN-202302020679.html">effets du stress sur l’évolution singulière de sa pilosité</a>. Se pourrait-il qu’une telle modification d’apparence soit effectivement la trace des effets de l’esprit sur le corps ? Autrement dit, un trouble psychosomatique ?</p>
<p>Si, au cours des années 1960 à 1970, cette notion a connu une fortune à la fois scientifique et populaire, elle est aujourd’hui tombée dans une relative désuétude.</p>
<p>Où en est actuellement la science sur cette question ? Et quelles sont, ou devraient être, les conséquences des connaissances actuelles sur la prise en charge médicale de tels troubles ?</p>
<h2>Un concept ancien</h2>
<p>Sorti sur les écrans en 1980, le film d’Alain Resnais <em>Mon oncle d’Amérique</em> constitue une bonne illustration d’une époque où de nombreuses maladies étaient imputées au « stress ».</p>
<p>On y voit notamment le personnage incarné par l’acteur Gérard Depardieu se heurter, après une ascension sociale fulgurante, à des obstacles aux effets dévastateurs sur sa santé psychique et physique, tandis que le biologiste Henri Laborit commente les effets du stress sur l’état physique, à partir d’expériences conduites sur des rats de laboratoire.</p>
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<figcaption><span class="caption">Bande-annonce du film <em>Mon Oncle d’Amérique</em>, d’Alain Resnais (1980).</span></figcaption>
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<p>Le stress, un concept forgé par Hans Selye trois décennies auparavant, expliquait alors maladies de peau, hypertension artérielle et maladies cardiaques, ulcère gastroduodénal et maladies digestives, voire, pour certains, le cancer. Des raisons psychologiques étaient donc censées être la cause de nombreuses affections, dont la responsabilité incombait finalement au sujet lui-même, stressé qu’il était…</p>
<p>La découverte que l’ulcère gastroduodénal était dû non à l’effet du stress, mais à la présence d’une bactérie présente dans l’estomac, <em>Helicobacter pylori</em>, et pouvait donc être bien mieux traité par antibiotique que « par la parole », ébranla fortement ce discours. Finalement, les causes biologique, environnementale et/ou génétique prenaient le pas sur la cause psychologique.</p>
<p>Cependant, ce recul du psychologique ne réglait pas deux problèmes majeurs. Sur le plan théorique d’abord : disqualifier une cause psychologique pour la remplacer par une cause biologique témoignait en réalité d’un dualisme d’un autre âge, traçant une frontière artificielle et illusoire entre l’esprit et le corps.</p>
<p>Sur le plan pratique ensuite : aujourd’hui comme hier, au moins un tiers des personnes qui consultent un médecin généraliste ou un spécialiste présentent des symptômes bien réels, <a href="https://academic.oup.com/brain/article/132/10/2878/333395">qui ne sont pas explicables médicalement</a>.</p>
<h2>Vie de l’esprit et vie du corps sont liées</h2>
<p>Les états émotionnels, qui constituent d’abord des états physiques avant d’être des sentiments, ont un impact sur la régulation de nombreux systèmes, comme le développe le neurologue Antonio Damasio dans ses célèbres ouvrages <em>L’erreur de Descartes</em> et <em>Spinoza avait raison</em>. En 1884 déjà, le psychologue britannique William James abordait cette notion dans un article intitulé <a href="https://www.jstor.org/stable/2246769"><em>What is an emotion ?</em></a>.</p>
<p>De fait, les facteurs psychologiques semblent jouer un rôle, encore mal compris, mais <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2021.635708/full">objectivable par des études épidémiologiques</a>, dans la décompensation de maladies chroniques, les poussées inflammatoires, ou la modulation immunitaire.</p>
<p>Ainsi, des travaux ont permis de constater que la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10552-009-9449-1">dépression multipliait par deux le risque de tous les cancers et par quatre le risque de cancer du sein</a>. Une méta-analyse récente souligne aussi que le diagnostic clinique de <a href="https://www.nature.com/articles/s41380-019-0595-x">dépression et d’anxiété est associé à un risque accru de survenue du cancer</a>.</p>
<p>Attention cependant : il est important de souligner que le champ disciplinaire étudiant l’impact des facteurs psychologiques s’expose à des <a href="https://fad.univ-lorraine.fr/pluginfile.php/23863/mod_resource/content/2/co/Biais_Confusion.html">biais de confusion</a>. Autrement dit, une association n’est pas un lien de causalité. Dans le cas de la dépression, l’augmentation du risque de cancer pourrait par exemple ne pas être directement liée à la maladie, mais plutôt résulter du fait que les personnes dépressives font moins de cas que les autres de leur santé, et prêtent moins d’attention à leurs symptômes ou suivent moins assidûment les recommandations en matière de dépistage du cancer.</p>
<p>Lever ce type de biais est du ressort de l’épidémiologie, d’un côté, et de la recherche fondamentale, de l’autre.</p>
<h2>Des troubles inexpliqués</h2>
<p>Il persiste aujourd’hui encore des patients dont les troubles sont « médicalement inexpliqués ». Chez ces personnes, non seulement l’ensemble des explorations biologiques, fonctionnelles ou d’imagerie sont normales, mais de plus il n’existe pas d’hypothèse dysfonctionnelle valable. Par exemple, un tremblement qui touche tantôt un bras, tantôt une jambe, qui disparaît lorsque l’attention est détournée et dont la fréquence varie en fonction des mouvements, ne peut pas relever d’une altération propre des circuits moteurs. Un lien avec le monitoring des ressources attentionnelles avait déjà été <a href="https://academic.oup.com/brain/article/143/2/393/5732976">soupçonné voici plus d’un siècle par le psychologue Pierre Janet</a>.</p>
<p>« Médicalement inexpliqué » ne signifie donc pas que la médecine est impuissante à identifier correctement les symptômes, mais que les connaissances physiologiques actuelles ne permettent pas d’en expliquer les manifestations.</p>
<p>En effet, et contrairement à une vision trop répandue (y compris chez les médecins), face à ce type de troubles, le diagnostic n’est pas un diagnostic d’élimination. Le médecin ne prescrit pas toutes les explorations possibles avant de retenir comme explication finale « c’est donc dans la tête », quand tous les résultats reviennent négatifs. Au contraire, il s’agit d’établir un diagnostic positif, au sens où des arguments solides permettent de retenir l’absence de facteur organique lésionnel.</p>
<p>Il faut toutefois se garder, alors, de revenir à un dualisme qui séparerait d’un côté les maladies « organiques », trouvant leur origine dans des dysfonctionnements physiques clairs, et de l’autre des maladies fonctionnelles « psychogènes », qui seraient générées par le psychisme.</p>
<p>Non seulement parce que cette vision dualiste fait des patients les « auteurs de leur propre infortune », pour paraphraser le titre de l’ouvrage d’Angela Kennedy, activiste de la santé (<a href="https://me-pedia.org/wiki/Authors_of_our_Own_Misfortune%3F_The_Problems_with_Psychogenic_Explanations_for_Physical_Illnesses">« Authors of our own misfortune »</a>). Mais aussi parce qu’elle revient à ignorer que des facteurs psychologiques sont également inscrits dans nos structures neuronales.</p>
<h2>Des troubles mis en évidence par imagerie</h2>
<p>« C’est dans la tête » ne signifie pas que la plainte clinique est imaginaire, inventée ou simulée. En effet, l’imagerie cérébrale fonctionnelle est capable de mettre en évidence des modifications dans les activations des neurones sous l’effet de certains contextes. Les troubles fonctionnels sont donc bien associés à des anomalies dans des réseaux spécifiques.</p>
<p>C’est le cas, par exemple, d’un patient atteint d’une paralysie fonctionnelle présentant une limitation de la capacité d’être l’acteur de ses propres actions, du fait d’une moindre connectivité des zones d’intégration de l’information avec les <a href="https://www.nature.com/articles/s41582-022-00765-z">aires motrices et sensorielles du cerveau</a>. Or, le cerveau d’une personne qui simule ne présente de telles modifications.</p>
<p>Cette moindre connectivité pourrait peut-être résulter d’anomalies dans le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022399915005693">système de régulation des émotions</a>.</p>
<p>Autre exemple : voici quelques années, un homme de 29 ans avait été admis dans un état alarmant aux urgences d’un hôpital nord-américain après avoir avalé le contenu d’une boîte de médicaments antidépresseurs qu’il prenait dans le cadre d’un essai thérapeutique. Une tension artérielle très basse, des troubles de la respiration, des tremblements diffus avaient conduit l’équipe médicale à mettre en place une solution de remplissage intraveineuse.</p>
<p>Contacté en urgence, le laboratoire avait consenti à une levée d’aveugle, qui permettait de déterminer le bras dans lequel se trouvait le sujet. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0163834307000114?via%3Dihub">Résultat : il avait pris le placebo</a>. Ses symptômes pouvaient donc être imputés à <a href="https://presse.inserm.fr/canal-detox/effet-placebo-effet-nocebo-aucun-effet-vraiment/">l’effet « nocebo »</a> : la prise d’une substance sans effet pharmacologique avait engendré chez lui des effets délétères. Sitôt la nature du produit connue, les symptômes avaient disparu…</p>
<h2>Comment éviter l’errance médicale ?</h2>
<p>Lorsqu’ils sont ressentis péniblement ou qu’ils suscitent des signes cliniques (fatigue, tremblement, douleur, vertiges, etc.), les états physiques doivent être pris en charge, même si la cause médicale n’est pas évidente à première vue. En effet, ces symptômes sont réels, subis et non pas inventés.</p>
<p>Or, souvent, dans une telle situation, le patient est désappointé : le médecin, désarmé, lâche une phrase qui se veut rassurante, mais est, dans un tel contexte, particulièrement malheureuse : « il n’y a rien… ». La relation médecin-malade s’enlise. C’est la porte ouverte au nomadisme médical, au grand tour des spécialistes, jusqu’à ce qu’un résultat positif soit découvert, au décours d’un résultat d’imagerie ou après un énième bilan sérologique. Cela signifie-t-il pour autant que cette explication est la bonne ? Ce n’est pas sûr, car nous avons tous été exposés, un jour ou l’autre, à <a href="https://theconversation.com/non-vous-navez-pas-la-maladie-de-lyme-115547">des agents infectieux</a>. Mais au moins, « on a trouvé » quelque chose…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/non-vous-navez-pas-la-maladie-de-lyme-115547">Non, vous n’avez pas la maladie de Lyme !</a>
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<p>Toute la difficulté, dans la prise en charge des troubles « psychogènes », est de parvenir à penser l’intervention des facteurs psychologiques sans se résoudre à une séparation artificielle corps/esprit. Pour cela, il est souhaitable de partir du corps, des changements induits par les situations, les expériences vécues, en particulier traumatiques, et les attentes qui y sont associées.</p>
<p>Souvent, <a href="https://www.belin-editeur.com/chatouilles-et-autres-petits-tracas-neurologiques">notre corps nous échappe</a>. Il subit les impacts des évènements de vie : les émotions, qui peuvent dans certains cas s’exprimer sous forme de symptômes. Mais il s’agit moins de maladies que de souffrances. Souffrances auxquelles la médecine occidentale d’aujourd’hui a, sûrement à tort, tendance à ne donner que peu d’importance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200135/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Aujourd’hui encore, un nombre non négligeable de patients présente des symptômes qui restent « médicalement inexpliqués ». Peut-on encore parler de troubles psychosomatiques ?Laurent Vercueil, Neurologue hospitalier - CHU Grenoble Alpes (CHUGA) ; Laboratoire de Psychologie & Neurocognition. Equipe VISEMO. Université Grenoble Alpes, Université Grenoble Alpes (UGA)Christo Bratanov, Neurologue - chercheur, Université Grenoble Alpes (UGA)Pascal Hot, Professeur des universités - laboratoire de psychologie et neurocognition, équipe Vision & Émotion, Université Savoie Mont BlancLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1984352023-03-19T16:11:11Z2023-03-19T16:11:11ZLe simple fait de se tenir debout révèle d’extraordinaires capacités physiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/516028/original/file-20230317-14-dnorby.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C26%2C5991%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Se tenir debout révèle des capacités cachées.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/NumnQmIUmF8">Kylo8/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’élite sportive a coutume de dire que la performance repose sur des détails. C’est certes vrai, sur le plan de la préparation, de l’approche et du déroulement de la compétition sportive, mais c’est également vrai, sur la façon pourtant anodine dont les athlètes se tiennent debout immobile. Ceci est beaucoup moins connu non seulement du grand public, mais également de cette élite elle-même…</p>
<p>Le simple fait de rester en équilibre debout immobile sur ses jambes, ce que toute personne saine réalise constamment et facilement sans même y apporter attention, peut en effet cacher de subtils mécanismes physiologiques révélateurs de capacités physiques extraordinaires chez un athlète.</p>
<p>Contrairement à n’importe quel objet, un corps humain n’est jamais parfaitement immobile, car il oscille en permanence à cause, en autres, des mouvements respiratoires et cardiaques. On peut s’en apercevoir, lorsque l’on pratique le tir ou quand on observe quelque chose avec des jumelles.</p>
<p>Ces oscillations corporelles peuvent être quantifiées en termes de performance dite posturale, à l’aide de différents appareils qui détectent les mouvements microscopiques du moindre segment corporel et/ou du corps entier et de tests où l’on demande à une personne de rester le plus immobile possible en appui sur ses deux pieds. Dans cette condition posturale stable, plus l’amplitude et la vitesse de ces oscillations sont faibles, meilleure est la performance posturale de l’individu.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1674&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1674&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516026/original/file-20230317-26-ygkot8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1674&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de la condition posturale stable avec laquelle le sportif est évalué à l’aide d’une plate-forme de force (enregistre le déplacement du centre des pressions des pieds qui correspond au point d’application des forces de réaction du sol liées à l’action du poids du corps). Le déplacement du centre des pressions est en lien direct avec le déplacement du centre de gravité lequel correspond aux oscillations corporelles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Paillard</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1472651/">Nous avons remarqué</a> au sein de notre laboratoire qu’il existe, chez les sportifs, une relation entre leur niveau de performance posturale et leur niveau de performance sportive (ou leur niveau de compétition).</p>
<p>Cela demeure strictement indécelable à l’œil nu, mais les sportifs du niveau de compétition le plus élevé présentent de moindres oscillations corporelles que les sportifs de niveau inférieur. Nous avons en effet observé que les footballeurs professionnels oscillent systématiquement moins que les joueurs amateurs de niveau régional.</p>
<h2>Les sportifs de haut niveau sont capables de sélectionner (et de commuter) les sources d’informations</h2>
<p>La fonction physiologique qui contrôle ces oscillations corporelles peut être caractérisée en 3 grandes composantes : prise d’informations, analyse-décision et exécution motrice. Les informations relèvent de capteurs qui prélèvent des signaux émanant de l’environnement (scènes visuelles) et des changements au sein de l’organisme (longueur des muscles et tendons, mouvement des articulations, accélération de la tête, friction cutanée). Il s’agit des différents canaux d’informations.</p>
<p>Les décisions peuvent être conscientes et inconscientes et relèvent du système nerveux central qui commande et contrôle les exécutions motrices lesquelles sont principalement assurées par les muscles extenseurs de la tête, du tronc et des membres.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27894829/">Les études scientifiques</a> montrent que les différentes structures sur lesquelles reposent les prises d’informations, les décisions et les exécutions motrices des sportifs de haut niveau présentent une fonctionnalité supérieure à celles des autres athlètes.</p>
<p>Par exemple, les informations choisies sont mieux ciblées et plus précises, le temps de traitement des informations et de décision est plus court, la réponse motrice est mieux coordonnée et plus juste. En somme, la régulation de la posture et de l’équilibre est plus précise et économique, quelle que soit la situation motrice.</p>
<p>Par ailleurs, plus le niveau sportif d’un athlète est élevé plus il est capable de hiérarchiser des informations et de changer d’un canal d’information privilégié à un autre.</p>
<p>Ce phénomène est très intéressant dans des situations où les informations sont nombreuses et en perpétuelle évolution au cours d’un jeu ou d’un match.</p>
<p>Très souvent, l’athlète du niveau sportif le plus élevé demeure moins dépendant des informations visuelles pour maintenir une posture et contrôler son équilibre et accorde davantage de poids aux autres informations (les autres canaux d’informations tels que, par exemple, le canal relié à l’oreille interne qui détecte les positions et accélérations de la tête dans l’espace, le canal proprioceptif qui détecte les changements de longueur des muscles et d’ouverture des articulations significatifs de mouvements segmentaires).</p>
<p>Ceci lui permet de consacrer davantage de ressources visuelles au traitement des informations essentielles relevant de la pratique sportive elle-même. Si un footballeur sollicite moins sa vision pour réguler sa posture et son équilibre,ceci épargne ses ressources visuelles pour analyser les informations émanant directement du jeu et prendre ainsi les bonnes décisions (et plus rapidement).</p>
<h2>Des spécificités individuelles et environnementales</h2>
<p>Toutefois, la contribution des informations visuelles demeure individu-dépendant y compris chez des sportifs de niveau national, même si c’est plus rare que pour des sportifs de niveaux inférieurs. Lors d’un protocole expérimental avec des footballeurs professionnels, nous avons en effet été confrontés à un athlète de niveau national (défenseur central, 1,85 m pour 85 kg) qui était totalement incapable, à notre grande surprise, de rester en équilibre sur une jambe avec les yeux fermés (perte d’équilibre quasi instantanée). Cet athlète malgré son niveau sportif élevé, était en effet fortement dépendant aux informations visuelles dans cette situation pourtant largement accessible et réalisable même pour des sportifs de niveau de compétition nettement inférieur.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photographie d’un match de football à Barcelone" src="https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=378&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=378&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516033/original/file-20230317-2603-2gxed0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=378&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Avant de faire une passe, ce joueur doit gérer de multiples informations.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/6J7eIvNwttQ">Michael Lee/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La fonction physiologique qui contrôle les oscillations corporelles est tellement sensible que celles-ci peuvent significativement varier selon le contexte pour un même individu. Effectivement, quel que soit l’individu, les oscillations corporelles peuvent être majorées ou minorées selon son état physiologique et psychologique (frais ou fatigué, relaxé ou stressé, échauffé ou non échauffé, etc.), sa morphologie (petit ou grand, lourd ou léger, etc.), l’environnement dans lequel il se trouve (parfaitement éclairé ou dans l’obscurité, avec ou sans bruit, hyperbare ou hypobare, scène visuelle fixe ou changeante, etc.) et son expérience motrice ou sportive (faible, importante, élevée, etc.).</p>
<p>Sur le plan physiologique et psychologique, par rapport à l’état frais et relaxé, un individu oscille davantage s’il est fatigué, même temporairement, ou s’il est stressé, mais il oscille en revanche moins s’il a bénéficié d’un échauffement au préalable.</p>
<p>Sur le plan morphologique, les individus de petite taille ou de faibles masses corporelles sont avantagés par rapport aux individus de grandes tailles ou masses corporelles importantes.</p>
<p>Sur le plan environnemental, l’obscurité, le bruit assourdissant, l’altitude, les scènes visuelles changeantes et autres conditions accentuent les oscillations corporelles tandis qu’un lieu bien éclairé, sans bruit ou avec une musique agréable (encore plus favorable) situé à faible altitude, avec une scène visuelle fixe réduit les oscillations corporelles.</p>
<p>Sur le plan de l’expérience sportive ou motrice, les individus inactifs ou sédentaires oscillent en principe davantage que les individus actifs ou très entraînés. L’activité physique régulière améliore les différentes composantes de la fonction physiologique qui contrôle l’équilibre, y compris chez des personnes fragiles ou âgées. Ceci signifie que l’activité physique est non seulement favorable à un meilleur contrôle de la posture et de l’équilibre, mais également à la réduction du risque de chute chez ce type de personnes. Par ailleurs, en améliorant le contrôle de l’équilibre chez des sportifs, on diminue également leur risque de blessure au cours de la pratique sportive.</p>
<p>D’une manière générale, les sportifs du niveau de compétition le plus élevé exploitent mieux les conditions favorables et compensent également mieux les conditions défavorables que les sportifs du niveau le plus faible dans une tâche de contrôle de l’équilibre corporel. Cependant, pour juger le plus objectivement possible la performance posturale d’un individu à un moment donné, il convient d’intégrer son état physiologique et psychologique, sa morphologie, l’environnement de la mesure et son niveau d’entraînement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198435/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Paillard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Toute personne en bonne santé est capable de se tenir debout. Pourtant, le fait de pouvoir maintenir cette posture, le plus immobile possible, n'est pas donné à tout le monde.Thierry Paillard, Neurophysiologiste, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2018902023-03-15T19:58:07Z2023-03-15T19:58:07ZNez, cœur, peau, dents… Ce qui change pendant la grossesse<p>Envies alimentaires inhabituelles, teint « lumineux » ou nausées matinales… Lorsque l’on est enceinte, on s’attend à vivre un certain nombre de changements. Mais certains peuvent s’avérer déconcertants.</p>
<p>Récemment, derrière le hashtag #PregnancyNose (« nez de grossesse »), des femmes ont fait part sur les réseaux sociaux des <a href="https://www.tiktok.com/@kaylyn.hill/video/7180415277476171051?embed_source=121331973%2C120811592%2C120810756%3Bnull%3Bembed_fullscreen&refer=embed&referer_url=www.parents.com%2Fpregnancy-nose-is-trending-on-tiktok-what-is-it-7092471&referer_video_id=7180415277476171051">transformations subies par leur nez au cours de leur grossesse</a>. Photos à l’appui, elles montraient que ce dernier avait grossi et changé de forme alors qu’elles étaient enceintes. Ce phénomène, qui n’a rien d’inquiétant et n’est que temporaire, disparaît généralement six semaines après l’accouchement.</p>
<p>Il est dû à l’augmentation significative, durant la grossesse, des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2018.01091/full">niveaux d’hormones, en particulier les œstrogènes</a>. Ces derniers provoquent une dilatation des vaisseaux sanguins dans tout l’organisme. Conséquence : davantage de sang pénètre dans les tissus du nez, qui se dilate et change de forme, paraissant plus gros et plus gonflé.</p>
<p>Il est difficile de déterminer la fréquence de ce phénomène, car les niveaux d’hormones varient d’une personne à l’autre, et chacune réagit différemment aux changements qui s’opèrent. La modification est peut-être également plus visible chez certaines femmes que chez d’autres.</p>
<p>Ces changements hormonaux peuvent également provoquer un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14719986/">écoulement nasal et un nez bouché</a> (rhinite de la femme enceinte) ainsi que des saignements de nez, lesquels touchent une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6360570/">femme sur cinq pendant la grossesse</a>.</p>
<p>Mais l’augmentation de volume de votre nez n’est pas le seul changement que votre corps peut subir lorsque vous attendez un enfant. En voici quelques autres.</p>
<h2>Un cœur plus gros</h2>
<p>Le cœur subit lui aussi un certain nombre de modifications au cours de la grossesse, afin de s’adapter à la croissance du bébé.</p>
<p>Tout comme les organes abdominaux sont comprimés et déplacés pour faire de la place au fœtus en pleine croissance, le cœur est lui aussi poussé plus haut dans la poitrine.</p>
<p>Il change également de taille durant la grossesse, devenant plus épais. Le cœur doit en effet <a href="https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-019-1399-1">travailler beaucoup plus dur à ce moment-là</a>, car le volume de sang qu’il doit pomper dans l’organisme de la femme enceinte et du bébé est beaucoup plus important qu’à l’accoutumée : dans certains cas, la quantité de sang circulant dans le corps d’une femme <a href="https://www.ahajournals.org/doi/full/10.1161/CIRCULATIONAHA.114.009029">double pendant sa grossesse</a>.</p>
<p>Cette augmentation du rythme cardiaque permet de s’assurer que le bébé reçoit suffisamment d’oxygène pour son développement.</p>
<h2>Changement de couleur de peau</h2>
<p>Nous avons tous entendu parler du « teint éclatant » que confère la grossesse. La peau de certaines femmes aurait un éclat plus lumineux lorsqu’elles sont enceintes. Mais d’autres, au contraire, souffrent d’une affection connue sous le nom de mélasma, qui provoque un assombrissement de la peau autour des yeux, du nez, du menton et de la lèvre supérieure. Cette hyperpigmentation est le plus souvent due à une surproduction de mélanine.</p>
<p>Plus fréquente chez les femmes au <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK459271/">teint plus foncé</a>, cette affection extrêmement courante touche environ <a href="https://www.jaad.org/article/S0190-9622(84)80305-9/pdf">75 % des femmes enceintes</a>. Ces modifications varient d’une femme à l’autre et disparaissent généralement peu après la naissance ou à la fin de l’allaitement.</p>
<p>La cause exacte de la survenue de mélasma au cours de la grossesse est inconnue, mais on pense que l’augmentation du taux d’œstrogènes et de progestérone est en cause.</p>
<p>La peau entourant le mamelon (appelée aréole) peut également <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3183040/">s’assombrir</a> pendant la grossesse. Là encore, on ne sait pas exactement pourquoi cela se produit, mais cela pourrait aider les nouveau-nés à mieux identifier le mamelon lors de la tétée.</p>
<p>En effet, non seulement les nouveau-nés ont une distance de vision restreinte (ils ne distinguent pas nettement ce qui se situe <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/ophtalmo/comment-les-bebes-voient-ils-le-monde-de-0-a-1-an_102334">à plus d’une trentaine de centimètres de leur visage</a>), mais de plus ils ne sont pas en mesure de distinguer pleinement les couleurs – ils perçoivent seulement les choses très <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0042698994901279">saturées et rouges</a>. Ils distinguent beaucoup mieux la différence entre lumière et obscurité, de sorte que le contraste de l’aréole sombre par rapport à la peau plus claire qui l’entoure peut les aider. Chez la plupart des femmes, l’aréole peut rester définitivement un peu plus foncée après la grossesse.</p>
<h2>Pousse (et perte) de cheveux</h2>
<p>Les cheveux de nombreuses femmes enceintes <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23682615/">poussent plus et paraissent en meilleure santé</a> pendant la grossesse. Leurs follicules pileux demeurent en effet en mode « croissance », en raison de l’augmentation du niveau des œstrogènes.</p>
<p>Malheureusement, ces changements hormonaux affectent <a href="https://www.mdpi.com/1422-0067/21/15/5342">tous les follicules pileux</a>, et pas seulement ceux du cuir chevelu. Cela signifie que pendant la grossesse, des poils indésirables peuvent également pousser sur la lèvre supérieure, le haut des cuisses, l’abdomen ou le dos… Ils disparaîtront cependant après l’accouchement.</p>
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<img alt="Une femme enceinte à l’air inquiet se brosse les cheveux alors qu’elle est assise sur son lit" src="https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514690/original/file-20230310-318-rozpfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La perte de cheveux peut survenir pendant et après la grossesse.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/asian-mixed-caucasian-pregnant-woman-suffering-1663932307">Twinsterphoto/Shutterstock</a></span>
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<p>À l’inverse, certaines femmes enceintes constatent qu’elles ont plutôt tendance à perdre leurs cheveux pendant la grossesse. Cette situation est généralement le résultat du « choc » que produit la grossesse sur leur organisme : en réaction, les cheveux entrent en phase de « repos », puis tombent. Normalement, ce phénomène s’atténue au fur et à mesure que la grossesse progresse.</p>
<p>La perte de cheveux peut également survenir après l’accouchement, lorsque les niveaux d’hormones reviennent à la normale, en raison de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4606321/">baisse des œstrogènes</a>. Elle atteint généralement son maximum environ quatre mois après l’accouchement. Dans la plupart des cas, les cheveux repoussent ensuite.</p>
<h2>Changements dans la santé bucco-dentaire</h2>
<p>La grossesse peut entraîner diverses modifications de la santé bucco-dentaire.</p>
<p>En raison de l’augmentation des œstrogènes et de la progestérone, les gencives peuvent notamment devenir plus sensibles aux saignements, aux infections et aux lésions. Environ <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18481562/">70 % des femmes enceintes</a> souffrent de gingivite. Le risque de caries et de dommages dentaires est accru également pendant la grossesse, en particulier chez les femmes souffrant de nausées matinales, car l’acide gastrique peut dissoudre le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3312266/">revêtement protecteur</a> des dents.</p>
<p>Certaines femmes ont aussi l’impression que leurs dents bougent pendant la grossesse. Cela est dû à la fois au niveau d’œstrogènes et à l’augmentation d’une hormone appelée relaxine. Cette dernière <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6341375/">assouplit en effet tous les ligaments du corps</a>, ce qui facilite l’accouchement. Mais si l’utilité de la relaxine est claire dans certaines parties du corps comme le bassin, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/prd.12394?af=R">cette hormone affecte également le ligament qui maintient chaque dent en place</a>, ce qui donne l’impression que les dents se déchaussent…</p>
<p>Dans de rares cas, une perte de dents peut effectivement se produire. Si le nombre de femmes concernées est difficile à évaluer, on sait en revanche que les femmes qui ont été <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2720476/">enceintes plusieurs fois</a> sont davantage concernées, tout comme les femmes issues de milieux socio-économiques défavorisés. En général, une telle perte de dents durant la grossesse n’est pas uniquement liée à cette période particulière, mais plutôt la conséquence de plusieurs années de mauvaise santé bucco-dentaire.</p>
<p>En définitive, si certains des changements subis pendant la grossesse sont loin d’être idéaux, ils ont tous pour but d’assurer le bon développement du bébé dans l’utérus. Heureusement, la plupart d’entre eux ne sont que temporaires, et disparaissent peu après la naissance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201890/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adam Taylor ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le corps des femmes enceintes subit de nombreux changements au cours de la grossesse, dont certains permettent d’assurer le bon développement de leur bébé. Mais pas tous…Adam Taylor, Professor and Director of the Clinical Anatomy Learning Centre, Lancaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1984602023-02-02T19:05:35Z2023-02-02T19:05:35ZLes robots humanoïdes peuvent-ils nous faire croire qu’ils ressentent des émotions ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507829/original/file-20230202-3899-57ddc9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=140%2C21%2C3463%2C2377&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sophia, une création de la Hanson Robotics Ltd, s'exprimant lors du sommet mondial AI for GOOD de Genève, en 2017.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Sophia_(robot)?oldid=813372173#/media/File:AI_for_GOOD_Global_Summit_(35173300465).jpg"> ITU/R.Farrell/Wikipédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les <a href="https://www.cairn.info/robots-de-nouveaux-partenaires-de-soins-psychiques--9782749258706.htm">robots dits sociaux</a> (NAO, Cutii, PARO) investissent de plus en plus l’espace public médiatique et quelques-uns également les domiciles et/ou les établissements spécialisés (hôpitaux, Ehpad…), en particulier pour des publics spécifiques, tels que les <a href="https://cfeditions.com/paro/">enfants malades ou les personnes âgées</a> avec des bénéfices variés (rompre l’isolement, atténuer le stress…).</p>
<p>Comme les agents conversationnels de <a href="https://theconversation.com/chatgpt-pourquoi-tout-le-monde-en-parle-197544">type chatbot</a>, ils mobilisent l’intelligence artificielle, mais à la différence de ceux-ci, ils sont physiquement présents, face à nous. Ces robots dits sociaux seraient susceptibles de manifester certains états affectifs ou émotionnels par leurs expressions faciales, leur gestuelle et d’en susciter en réponse <a href="https://www.ierhr.org/serge-tisseron-des-machines-qui-obligent-a-repenser-lethique-et-la-psychologie/">chez les humains avec lesquels ils interagissent</a>.</p>
<p>Ces robots soulèvent <a href="https://cfeditions.com/paro/">d’autres questions</a> que leurs homologues industriels, le plus souvent dédiés à l’exécution de tâches répétitives et bien définies.</p>
<p>Comment éduquer à l’interaction avec ces robots susceptibles d’influencer nos comportements, au même titre que les influenceuses et influenceurs virtuels qui rencontrent <a href="https://theconversation.com/les-influenceurs-virtuels-sont-ils-plus-puissants-que-les-influenceurs-humains-178056">déjà un grand succès sur les médias sociaux ?</a></p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-influenceurs-virtuels-sont-ils-plus-puissants-que-les-influenceurs-humains-178056">Les influenceurs virtuels sont-ils plus puissants que les influenceurs humains ?</a>
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<p>L’influence robotique à visage – presque – humain peut-elle brouiller les pistes entre un humain et un être robotique ? Ce type de communication qui comporte à la fois une prise de parole scriptée et une intelligence artificielle induit un leurre technologique. À travers son discours publicitaire, l’industrie qui commercialise ces robots a pour objectif premier de les rendre accessibles (commercialisation à grande échelle mais Sophia rappelle qu’elle est un robot, voir le tweet ci-dessous) à tous dans un futur proche</p>
<h2>Le cas Sophia</h2>
<p>Alors que les influenceuses et influenceurs virtuels reproduisent les techniques marketing de leurs pendants humains, l’essentiel de la communication du robot Sophia vise un autre objectif. Cette humanoïde cherche en effet à nous familiariser avec la présence de robots dits sociaux dans notre quotidien et à nous convaincre de la réalité de son ressenti, de son identité et de l’authenticité de ses prises de position.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Ol_F9glxpaA?wmode=transparent&start=4" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Depuis 2017, Sophia est le robot humanoïde dit social le plus représenté ou présent dans les médias traditionnels et sociaux. Dévoilée officiellement en mars 2016 lors d’un salon de robotique à Austin par David Hanson, PDG de la Hanson Robotics Limited (HRL), Sophia est le robot de « représentation » de la HRL.</p>
<p>Il s’agit d’un robot genré doté de l’apparence d’une femme. Sa peau, son regard, ses expressions faciales et sa gestuelle lui permettent d’être actuellement le <a href="https://theconversation.com/le-robot-humano-de-sophia-revelateur-de-notre-rapport-a-lintelligence-artificielle-87218">robot le plus proche en apparence d’un être humain</a>. Au moment de son lancement, ce robot était stationnaire mais depuis 2018, Sophia se déplace à l’aide d’un socle à roulettes. Il en existe un seul exemplaire.</p>
<p>Sur Twitter et Instagram, Sophia se présente ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Je suis Sophia, le dernier robot humanoïde de @HansonRobotics. Ceci est mon compte officiel, géré en collaboration avec mon système de dialogue IA (intelligence artificielle) et mon équipe de médias sociaux humains ».</p>
</blockquote>
<p>On a affaire à un robot humanoïde dont la communication est un mélange d’intelligence artificielle (IA) et d’un service de communication spécialisé dans la communication numérique, en <a href="https://journals.openedition.org/ctd/5134">proportions inconnues</a>.</p>
<p>Mais comment caractériser cette forme inédite de communication ?</p>
<p>Avec Sophia, le taux d’interactivité est relativement faible : peu de conversations se produisent. La plupart de ses contributions sont en réalité des prises de parole, <a href="https://journals.openedition.org/ctd/5134">dont moins de 8 % de réponses aux commentaires</a>. De son côté, <a href="https://theconversation.com/chatgpt-pourquoi-tout-le-monde-en-parle-197544">ChatGPT</a> est en passe de parvenir à faire croire à sa sentience – évidemment illusoire –, alors que cette IA, qui n’est pas « incarnée », a un taux d’interactivité très impressionnant.</p>
<h2>Vous avez dit sentience artificielle ?</h2>
<p>Le terme <em>sentience</em>, <a href="https://www.cairn.info/revue-l-homme-et-la-societe-2019-2-page-107.htm">employé par l’utilitariste Bentham dès 1789</a>, entre dans le dictionnaire Larousse en 2020 en lien avec l’éthique animale dont elle constitue une des preuves de la légitimité :</p>
<blockquote>
<p>« Sentience (du latin “sentiens”, ressentant) : pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie. »</p>
</blockquote>
<p>Selon cette approche, les <a href="https://theconversation.com/les-animaux-ces-etres-doues-de-sentience-82777">animaux</a> posséderaient la capacité de ressentir subjectivement les expériences il serait légitime qu’ils bénéficient de droits proches ou égaux à ceux des humains. La littérature reconnaît la sentience animale et la distingue de la sentience complète, généralement attribuée aux êtres humains.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-robots-feminins-sont-les-plus-humains-pourquoi-159004">Les robots féminins sont les plus humains. Pourquoi ?</a>
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<p>En 2020, l’enseignant-chercheur en philosophie Sylvain Lavelle propose d’employer le terme de <em>sentience artificielle</em> dans le <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-030-49165-9_6">contexte de l’intelligence artificielle</a>. Cet auteur évoque un « passage des performances de l’intelligence (raison, raisonnement, cognition, jugement) à celles de la sentience (expérience, sensation, émotion, conscience) » grâce à « l’exploration et [au] transfert des fonctions et des capacités de l’expérience et des sens humains à une machine » (NDLR : traduction des auteurs).</p>
<p>La sentience artificielle correspondrait alors au résultat d’une communication « visant à créer les <a href="https://www.dhi.ac.uk/san/waysofbeing/data/communities-murphy-turkle-2007.pdf">conditions de la croyance en la « sentience robotique »</a>, sinon complète, <a href="https://www.cairn.info/revue-multitudes-2015-1-page-45.htm*">du moins « suffisante »</a>, fictionnelle mais incarnée ; mécanique, <a href="https://journals.openedition.org/ctd/5134">mais suffisamment « vivante »</a> pour être un partenaire intrigant de conversation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sentience-es-tu-la-ia-fais-moi-peur-186531">Sentience, es-tu là ? IA fais-moi peur</a>
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<p>La communication artificielle du robot Sophia cherche à nous faire croire que ce robot est un sujet autonome. En réalité, il s’agit essentiellement d’un nouvel objet <a href="https://journals.openedition.org/ctd/5134">communicant au service de la HRL</a>. Le discours publicitaire ou commercial structure et orchestre cette communication artificielle en légitimant le rôle et la place des robots dits sociaux dans nos sociétés en vue d’une prochaine commercialisation massive, en insistant sur leur supposée sentience.</p>
<p>Un <em>post</em> Facebook publié en 2019 <a href="https://www.facebook.com/realsophiarobot/photos/pb.100044253468460.-2207520000./735916550216807/?type=3&locale=fr_F">l’illustre parfaitement</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Je veux que les gens me perçoivent comme le robot que je suis. Je ne veux pas faire croire aux gens que je suis humaine. Je veux simplement communiquer avec les humains de la meilleure façon possible, ce qui inclut le fait de leur ressembler. »</p>
</blockquote>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1574408229446107136"}"></div></p>
<h2>Le robot Sophia et sa mission commerciale</h2>
<p>Avec ce projet d’envergure, la HRL, qui n’a pas de concurrents sérieux à ce niveau de technologie, <a href="https://theconversation.com/lavenir-de-la-robotique-sociale-assistance-ou-surveillance-125962">prépare le public</a> grâce aux « performances politiques pour le marché de la robotique sociale ».</p>
<p>La communication commerciale de la HRL capitalise ainsi sur l’engagement et la réputation de son ambassadrice robotique pour lancer la lignée de ses robots dits sociaux comme la <a href="https://www.hansonrobotics.com/little-sophia-2/">Little Sophia</a>, sortie en 2022. La HRL présente le projet en ces termes :</p>
<blockquote>
<p>« Little Sophia est la petite sœur de Sophia et le dernier membre de la Hanson Robotics Family. Elle mesure 14 pouces, et va devenir l’amie-robot grâce à laquelle les enfants de 8 ans et plus pourront apprendre la science, la technologie, l’ingénierie, les mathématiques, le code et la création d’intelligence artificielle en s’amusant. »</p>
</blockquote>
<p>La condition nécessaire pour obtenir une adhésion à l’idée de la sentience des robots dits sociaux et in fine leur acceptation sociale est la vraisemblance, prioritaire pour le département de recherche et développement de HRL. Dans le cas du robot Sophia, sa corporéité joue un rôle important : elle est fréquemment utilisée en situation d’interaction avec des personnalités en chair et en os (Will Smith, Jimmy Fallon), ce qui la rapproche d’une « sentience artificielle », ou du moins de l’idée que l’on s’en fait.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Bg_tJvCA8zw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Quelle place souhaitons-nous donner aux robots dits sociaux ?</h2>
<p>Les œuvres de l’industrie culturelle (<em>I, Robot</em>, <em>Her</em>, <em>Real Humans</em>, <em>Westworld</em>, ou au théâtre, la pièce <em>Contes et légendes</em> de Joël Pommerat) explorent déjà la <a href="http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/robots-dits-sociaux/">place des robots dans la société</a> et questionnent notre capacité à être dupes de leur supposée sentience.</p>
<p>La position de la société HRL pose la question de l’instrumentalisation de Sophia. Tout en clamant l’autonomie de son robot, la communication autour de l’humanoïde s’appuie paradoxalement sur les évolutions sociétales visant l’inclusion des minorités et des droits écologiques afin de préparer l’industrialisation d’un secteur de production très prometteur. La fabrication d’une « sentience artificielle ventriloque » – au sens où elle mime l’autonomie en étant « nourrie » par le marketing de HRL – rejoint ainsi la panoplie des stratégies d’influence en milieu numérique.</p>
<p>De manière générale, les robots dits sociaux, comme les influenceuses et influenceurs générés par ordinateur, <a href="https://www.cairn.info/revue-reseaux-2020-2-page-195.htm">soulèvent de nombreuses questions</a> quant à l’authenticité de leur communication, l’éthique de l’interaction homme-machine ou homme-avatar, l’éthique des communications artificielles, mais aussi la normalisation des influenceurs virtuels et leur acceptabilité sociale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198460/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les créateurs de robots d’apparence humaine veulent nous familiariser avec la présence des robots dits sociaux dans notre quotidien en les dotant d’une illusoire sentience.Cécile Dolbeau-Bandin, Maître de conférences en Sciences de l'information et de la communication, Université de Caen NormandieCarsten Wilhelm, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Université de Haute-Alsace (UHA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1958862023-01-22T16:22:53Z2023-01-22T16:22:53ZHypothermie : que se passe-t-il quand notre corps perd la bataille du froid ?<p>Le 14 septembre 2022, des alpinistes découvraient les corps, gelés et inanimés, de <a href="https://www.ouest-france.fr/region-occitanie/toulouse-31000/deux-randonneurs-toulousains-morts-d-hypothermie-dans-les-pyrenees-espagnoles-ff31f532-3816-11ed-b6f2-3ef967ad4f27">deux randonneurs dans les Pyrénées espagnoles</a>, à 2 500m d’altitude. Les victimes, un couple d’une soixantaine d’années expérimenté, ont été transférées à l’hôpital de Barcelone mais n’ont pas pu être sauvées.</p>
<p>À leur arrivée aux urgences, leur température interne était tombée à 16 °C seulement – une hypothermie trop importante pour être viable.</p>
<p>Ce dénouement tragique rappelle que l’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/froid-pathologies-sante/hypothermie">hypothermie</a> peut surprendre même les plus sensibilisés au risque et que le froid est, littéralement, mortel. Comment peut-on être victime d’un tel coup de froid ? Quels dommages l’hypothermie inflige à notre corps ? Quels sont ses signes précurseurs ?</p>
<h2>Comment nous perdons notre chaleur</h2>
<p>Nous ne sommes, heureusement, pas entièrement démunis face au froid. Notre corps fonctionne de façon optimale à une température donnée, mais dispose de techniques pour se chauffer et limiter les pertes.</p>
<p><a href="https://academic.oup.com/ofid/article/6/4/ofz032/5435701?login=false">Notre température corporelle idéale se situe aux alentours de 36,6 °C</a>. C’est le niveau auquel les cellules se développent au mieux, leurs protéines (enzymes, etc.) sont au pinacle de leur efficacité, comme leurs mitochondries – leurs usines énergétiques. Tous ces mécanismes constituent le métabolisme interne, et notre précieuse chaleur provient de son fonctionnement.</p>
<p>Mais cette chaleur interne peut facilement être <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK541107/">perdue, et ce de quatre façons principales</a> :</p>
<ul>
<li><p>Par « rayonnement », au niveau de la surface de la peau (la plus importante source de déperdition) ;</p></li>
<li><p>Par « conduction », par contact direct avec une surface froide (très utilisée quand il fait chaud) ;</p></li>
<li><p>Par « convection ». L’air forme une couche isolante autour de notre corps que le vent vient rompre ;</p></li>
<li><p>Par « transpiration ». L’eau, en s’évaporant de la surface de notre peau, emporte de la chaleur.</p></li>
</ul>
<p>Lorsque la perte de chaleur est supérieure à sa production, logiquement notre température centrale baisse… C’est là que s’activent les mécanismes d’intervention d’urgence de notre corps pour maintenir sa température (pour un temps au moins).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="L’hypothalamus est situé au centre du cerveau" src="https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505092/original/file-20230118-14-mtwnjq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’hypothalamus (ici sa localisation dans le cerveau) est le centre de contrôle de notre température corporelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Blausen.com staff (2014)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le centre de contrôle de notre température corporelle se trouve dans l’hypothalamus, une petite région située à la base du cerveau. Fonctionnant comme un thermostat extrêmement précis, il réagit aux informations reçues via des capteurs ultrasensibles situés dans la peau, la moelle épinière, l’abdomen et les grandes veines.</p>
<p>Au moindre écart par rapport aux 36,6 °C, il pousse notre chaudière interne – en l’occurrence, il <a href="https://theconversation.com/pilosite-graisse-hibernation-toutes-les-techniques-de-notre-corps-pour-resister-au-froid-195229">augmente notre production de chaleur et réduit les déperditions</a> grâce à des mécanismes involontaires connus de tous : la « piloérection » (nos poils, ou ce qu’il en reste, se redressent pour agrandir notre couche d’air isolante), le frisson (nos muscles se contractent pour <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.01088.2005">augmenter jusqu’à cinq fois le métabolisme</a> et générer davantage de chaleur) et la redirection du sang chaud loin des surfaces externes froides – d’où notre peau qui pâlit.</p>
<p>Ainsi, même si vos orteils et vos doigts sont froids lorsque vous marchez dans la neige, vos organes centraux continuent de bénéficier des fameux 36,6 °C. Les physiologistes appellent « homéostasie » cette <a href="https://theconversation.com/37-c-ete-comme-hiver-lenigme-de-notre-temperature-corporelle-163149">capacité à maintenir notre température interne constante</a>, quelles que soient les conditions extérieures.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pilosite-graisse-hibernation-toutes-les-techniques-de-notre-corps-pour-resister-au-froid-195229">Pilosité, graisse… hibernation ? Toutes les techniques de notre corps pour résister au froid</a>
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<p>Et ce n’est pas tout : le froid entraîne aussi des réponses comportementales. Outre notre corps, l’hypothalamus informe également de la situation les régions supérieures du cerveau, gérant la logique et la recherche de solutions. C’est ce qui nous pousse à chercher des endroits plus chauds, à nous abriter du vent, à boire quelque chose de chaud…</p>
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<img alt="Une rue enneigée de Oymyakon" src="https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504950/original/file-20230117-21-sho32e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Située en Russie Orientale, Oymyakon est la ville la plus froide au monde avec une température moyenne en janvier de -46,4 °C. Dans de tels environnements, sans protection contre le froid la mort est assurée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ilya Varlamov</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<h2>Quand le froid s’installe en nous…</h2>
<p>Mais notre capacité de résistance au froid a ses limites – des vêtements trop légers ou mouillés par temps glacé, rester trop longtemps dehors dans le froid, un intérieur trop frais… Lorsqu’elles sont dépassées, l’intérieur du corps commence à se refroidir. On parle d’hypothermie lorsque notre température centrale tombe en dessous de 35 °C.</p>
<p>En fonction des symptômes et de la température corporelle mesurée, on distingue quatre stades d’hypothermie (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0300957221000964">selon le système suisse</a>). Avec une température corporelle comprise entre 28 et 35 °C, on parle d’hypothermie légère à modérée ; sous les 28 °C, d’hypothermie profonde ; sous les 20 °C, d’hypothermie extrême.</p>
<p>Deux degrés de moins que notre température interne normale seulement suffisent <a href="https://www.karrasmedical.com/files/clinical%20resources/John%E2%80%99s%20Hopkin%E2%80%99s%20Normothermia.pdf">à réduire l’activité de nos protéines et à faire tomber le métabolisme de nos cellules</a> à des niveaux si bas qu’ils menacent le fonctionnement des organes vitaux. C’est comme si le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-JAXbDTIiSk">moteur du corps se mettait à bafouiller</a>…</p>
<p>Si ces signaux ne sont pris en compte à temps, la situation peut rapidement mettre notre vie en danger. <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2676112">Les effets physiques de l’hypothermie sont multiples</a> :</p>
<ul>
<li><p>Notre pompe cardiaque bat plus lentement et moins fort, ce qui entraîne un pouls faible. Les mouvements et déplacements rapides peuvent même provoquer des battements cardiaques irréguliers. Et en même temps, la coagulation sanguine diminue.</p></li>
<li><p>Notre métabolisme, réduit, affaiblit les muscles des poumons. Notre respiration (inspiration et expiration) se fait plus lente, plus superficielle.</p></li>
<li><p>Des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9375331/">frissons</a> apparaissent au début, mais comme nos mitochondries se font moins efficaces, les apports en énergie faiblissent. Passé un certain stade, une personne gravement sous-refroidie ne frissonne plus, ce qui est un important signe d’alerte.</p></li>
</ul>
<p>Notre esprit n’est pas épargné non plus. Les meilleurs indicateurs de l’hypothermie pourraient d’ailleurs être les changements de comportement : les personnes en état d’hypothermie deviennent confuses, ne se rendent pas compte qu’elles ont froid (parce que cela arrive progressivement), parlent de plus en plus difficilement et agissent bizarrement.</p>
<p>On a par exemple rapporté des cas de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/541627/">« déshabillage paradoxal »</a>. Alors que l’hypothalamus s’égare, les victimes pensent avoir chaud et commencent à se déshabiller… Elles sont retrouvées nues, mais recroquevillées dans un petit espace, vestige d’un réflexe animal de repli sur soi afin de se protéger.</p>
<p>Puis, quand le niveau d’attention est altéré, la coordination faiblit et les comportements à risque se multiplient. Survient enfin une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0300957221000964#bib0035">perte de conscience</a>, qui peut être fatale par arrêt cardiaque et un manque d’oxygène trop long dans le cerveau.</p>
<p>Dans une dernière tentative pour rester en vie, nos mécanismes de contrôle interne coupent le flux sanguin chaud vers les extrémités, comme nos mains et nos pieds. La chaleur corporelle est conservée pour les organes vitaux – cœur, cerveau, etc.</p>
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<img alt="Nigel Vardy à l’hôpital, montrant ses blessures noircies au niveau des mains et du visage (nez et joue)" src="https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=591&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=591&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=591&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=743&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=743&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504956/original/file-20230117-3073-e5a7h9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=743&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En 1999, l’alpiniste Nigel Vardy a subi d’importantes engelures après avoir été exposé à des températures de -60 °C en Alaska. Mains et pieds ont été touchés, ainsi que son nez qui a du être en partie amputé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nigel Vardy</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Tout alpiniste connaît les signes d’engelure, lorsque les tissus des mains et des pieds commencent à rougir et que des millions d’aiguilles semblent venir les torturer. Autant de signes qu’ils s’appauvrissent en sucre et en oxygène… au point, au final, de risquer la mort. Lorsque le froid persiste trop longtemps, la gangrène (ce noircissement de mauvais augure) peut s’installer, rendant inévitable l’amputation.</p>
<h2>Ce qui augmente le risque d’hypothermie</h2>
<p>Des facteurs variés favorisent l’hypothermie et la rapidité avec laquelle les choses peuvent se détériorer.</p>
<p>L’<a href="https://aapt.scitation.org/doi/10.1119/1.1531581">eau conduit ainsi la chaleur 24 fois plus vite que l’air</a>. Il faut donc éviter de transpirer (et donc de pratiquer une activité physique intense) par temps froid, sous peine d’une importante perte de chaleur. Il va sans dire qu’une chute dans un étang glacé est également à éviter…</p>
<p>L’âge est aussi une donnée à prendre en compte. Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK232852/">enfants sont plus à risques</a> car leur surface cutanée est proportionnellement grande par rapport à leur corps, ce qui leur fait perdre de la chaleur rapidement. Leurs muscles, encore peu développés, ne leur permettent pas de frissonner efficacement. Les plus jeunes disposent d’un type spécial de graisse appelé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29675580/">« graisse brune »</a> (riche en mitochondries) qui produit de la chaleur supplémentaire, mais elle n’est pas très abondante.</p>
<p>Chez les personnes âgées, le risque provient du fait que leurs capteurs corporels évaluent moins bien les changements de température. Leur thermostat interne, moins efficace, ne réagit plus de façon optimale au froid.</p>
<p>Et, mauvaise nouvelle pour les plus de 18 ans : vous serez déçu d’apprendre que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1811578/">l’alcool… augmente la perte de chaleur</a> en dilatant les vaisseaux sanguins de la peau ! Plus connu, une consommation abusive altère les facultés de raisonnement et augmente les conduites à risque. Certaines drogues et médicaments, notamment les antidépresseurs, peuvent avoir des effets similaires.</p>
<p>Enfin, <a href="https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/hypothermia/symptoms-causes/syc-20352682">certains troubles</a> comme l’anorexie ou l’hypothyroïdie peuvent également réduire notre résistance au froid.</p>
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<h2>Que faire ?</h2>
<p>N’hésitez pas à administrer les <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2676112">premiers soins à une personne qui semble hypothermique</a>. Chaque minute compte !</p>
<p>Appelez un médecin et emmenez-là vers un endroit plus chaud tout en évitant un réchauffement trop rapide, dangereux. Si possible, enlevez les vêtements mouillés. Donnez-lui une boisson chaude, non alcoolisée, et couvrez-la de couvertures de vêtements secs. Il est préférable de ne pas frotter la peau et de ne pas l’exposer directement à une forte chaleur, comme un bain d’eau chaude (qui peut provoquer des brûlures). Dans les cas les plus sévères, avec perte de conscience, un passage en unité de réanimation est nécessaire.</p>
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<figcaption><span class="caption">Quelle prise en charge à l’hôpital en cas d’hypothermie ?</span></figcaption>
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<p>En 1999, à la suite d’un accident de ski, la Suédoise Anna Bågenholm est restée 80 minutes dans une eau glacée. Lorsqu’elle a été secourue, les médecins ont mesuré la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673600010217">température corporelle la plus basse jamais enregistrée, soit 13,7 °C</a>. À la surprise générale, elle s’est rétablie. Une hypothermie brutale semble parfois « cryoprotéger » les tissus, ce qui a amené la médecine d’urgence à conclure que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0300957214005243">personne ne peut être déclaré mort tant qu’il n’est pas chaud et mort</a>.</p>
<p>Ces connaissances sont désormais appliquées pour mieux préserver les organes transplantables et mieux protéger les organes vitaux lors d’une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8297075/">opération cardiaque</a> prolongée, en injectant un liquide frais dans le sang.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le cas extrême d’Anna Bågenholm.</span></figcaption>
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<p>Lors de vagues de froid, veillez donc à <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/froid-pathologies-sante/savoir-proteger-froid">vous protéger et à protéger les personnes vulnérables, jeunes et moins jeunes</a>. Restez couvert avec des vêtements secs, protégeant du vent et repoussant l’eau, en particulier autour du visage et de la tête – par laquelle nous nous refroidissons beaucoup. Pour les personnes sans abri, seules ou incapables de prendre soin d’elles, les services d’aide sociale peuvent être d’un grand secours, et vous aussi.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195886/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pieter Vancamp ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le coup de chaud est connu, le coup de froid beaucoup moins. Il est pourtant tout aussi mortel… Voici les signes à surveiller et ses effets sur notre corps – et notre cerveau.Pieter Vancamp, Post-doctorant, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1974402023-01-18T18:09:39Z2023-01-18T18:09:39ZDans les années folles, une mode féminine encore très corsetée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/505115/original/file-20230118-16-8t42gg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C3%2C670%2C377&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tamara de Lempicka, Jeune Fille en vert (détail), 1927-1930, huile sur contreplaqué, collection du Musée national d'Art moderne, Paris. </span> <span class="attribution"><span class="source">Jean-Pierre Dalbéra / Flickr</span></span></figcaption></figure><p>Inspirées par la lingerie des XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> siècles chez Alexander McQueen ou par la garde-robe de Frida Kahlo <a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Gaultier_Cone_bra.jpg">chez Jean-Paul Gaultier</a>, bon nombre de grandes figures de la haute couture se sont emparées du corset au cours des dernières décennies. Régulièrement, la presse spécialisée se plaît à annoncer son retour dans les <a href="https://www.vogue.fr/mode/article/corset-tendance-mode-ville">garde-robes modernes</a> où il est souvent présenté comme une pièce du vestiaire d’une féminité exacerbée, libre et assumée.</p>
<p>Pourtant, il y a cent ans, dans les <a href="https://www.palaisgalliera.paris.fr/fr/edition/les-annees-folles-1919-1929">années 1920</a>, le corset semblait s’éloigner des silhouettes à la mode. L’accès des femmes au travail et de nouvelles habitudes de vie, moins codifiées, transforment le vestiaire féminin au lendemain de la Première Guerre mondiale.</p>
<p>La journée, on constate la persistance d’une ligne droite et éloignée du corps, un attrait pour le sportswear et les formes offrant une plus <a href="https://theconversation.com/la-garconne-des-annees-1920-une-figure-ambivalente-190613">grande liberté de mouvement</a>. Dès le XIX<sup>e</sup> siècle, l’essor des stations balnéaires où l’on tolère une garde-robe moins conventionnelle et plus confortable séduit les classes bourgeoises. Les travailleuses, quant à elles, apprécient de libérer leur démarche et leurs gestes par des coupes plus courtes et leurs formes par des vêtements moins près du corps.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=786&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=786&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=786&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=987&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=987&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505159/original/file-20230118-24-iuqj2b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=987&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Louise Brooks par Russell Ball, dans les années 1920.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Louise_Brooks_Ball.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>Le soir néanmoins, la sophistication reste de mise. Les robes raccourcies et décolletées dans le dos sont embellies de perles, sequins et broderies brillantes pour les sorties mondaines et les soirées dansantes. Ce rejet des conventions anciennes, vestimentaires et morales, notamment par les jeunes femmes, est cristallisé par la figure transgressive de la garçonne.</p>
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<p>En plus d’un corps virilisé, dont les épaules et les hanches doivent désormais sembler alignées, les magazines mettent en avant la nouvelle mode des cheveux courts, en <a href="https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=LMS_1996_174_0023">apparence plus simple d’entretien</a>. Cette épure vestimentaire, associée à un corps plus largement dévoilé, signifierait donc l’abandon du <a href="https://artsandculture.google.com/story/1wWxhRUSZM-eIA?hl=fr">dessous roi depuis plusieurs siècles : le corset</a>.</p>
<h2>Une allure de jeune garçon</h2>
<p>La presse spécialisée a souvent recours au vocabulaire de l’enfance <a href="https://journals.openedition.org/apparences/1369">pour désigner la nouvelle allure androgyne</a>). On parle ainsi volontiers de « silhouette de jeune garçon » ou encore de « chevelure d’éphèbe ». Le corps fait l’objet de toutes les attentions : activités sportives, massages, rituels de beauté à pratiquer chez soi ou en salons et régimes drastiques sont vantés.</p>
<p>Pour celles qui souhaiteraient des méthodes plus rapides, de nombreux conseils nutritionnels et des publicités pour des coupe-faim sont proposés au sein des pages des revues. Pour les femmes dont les formes perdurent, le corset ou la gaine présentent l’avantage de minimiser les hanches ou la poitrine. Des bandages en tout genre permettent aussi d’amincir cous, seins et chevilles. Rappelons aussi que pour les femmes venant des milieux populaires, l’accès à ces salons de beauté est coûteux et chronophage. Quant aux produits de régime, ils représentent un achat régulier qu’elles ne peuvent se permettre. Pour les convaincre, des publicités proposent des coupe-faim dont les mérites sont à la fois de nourrir et de faire économiser de l’argent sur les repas !</p>
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<p>Ainsi, l’acquisition d’une pièce de lingerie, par l’intermédiaire des grands magasins ou de la vente par correspondance, est un investissement moins important et plus durable. Le corset continue donc d’être la solution miracle pour obtenir dans l’instant une silhouette de jeune fille moderne, mince et galbée, valorisée tout au long de la décennie. Le temps de la libération n’est donc pas encore venu !</p>
<h2>Le corset, symbole d’une morale conservée</h2>
<p>Les formes de contraintes pour le haut de l’anatomie féminine ont porté des noms différents au fil du temps : corps, corps piqué, corps à baleines ou corset.</p>
<p>La discipline corporelle des apparences, matérialisée par le port du corset, symbolise la droiture de l’esprit et de l’âme et est avant tout défendue par les milieux aristocratiques puis bourgeois. Enlever le corset, c’est faire preuve d’une très grande liberté de mœurs. Le comte Mercy-Argentau, ambassadeur d’Autriche en France, écrivait en effet régulièrement à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche qu’il fallait absolument que sa fille, Marie-Antoinette se résolve à mettre « le grand corps » car il comptait parmi les « moyens très utiles pour plaire au roi et à M. le dauphin ».</p>
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<p>Après la Révolution, une grande figure des <a href="https://www.retronews.fr/societe/echo-de-presse/2018/09/04/les-incroyables-et-les-merveilleuses-la-jeunesse-extravagante-du">Merveilleuses</a>, Madame Tallien, choque ses comparses en affirmant ne jamais avoir porté de corset. La jeunesse et la tenue de sa poitrine étaient selon ses dires, dues à des bains de fraises et de framboises écrasées. Presque deux siècles plus tard, c’est le même choc lorsque des militantes féministes brûlent leurs soutiens-gorge à l’occasion de l’élection de Miss America 1969.</p>
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<span class="caption">Madame Tallien par François Gérard, 1804, musée Carnavalet.</span>
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<p>Dans les années 1920, un changement important s’opère. Les magazines de mode tels <em>Vogue</em> et <em>Art, Goût, Beauté</em>, ou les revues pratiques diffusant des patrons de couture, destinés aux femmes de milieux plus modestes, sont bien moins enclins que les magazines plus luxueux à faire disparaître le corset de leurs pages. Dans ces titres hebdomadaires plus modestes, la place accordée aux pièces de corseterie est plus importante. Ces nouvelles habitudes liées à la liberté des mœurs se diffusent donc un peu plus lentement au sein des classes populaires.</p>
<p>Par la valorisation d’un corps mince d’adolescente, les femmes modernes nient les attributs habituellement associés à la maternité : la poitrine doit être amenuisée, les hanches et la taille désormais alignées comme sur un corps masculin. Si la minceur est prônée, la maigreur, elle, fait peur, renvoyant aux pratiques malthusiennes, dont <a href="https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/genre-et-europe/f%C3%A9minismes-et-mouvements-f%C3%A9ministes-en-europe/f%C3%A9minisme-et-n%C3%A9o-malthusianisme">plusieurs lois réaffirment l’interdiction au début des années 1920</a>. Un corps trop maigre renvoie dans l’imaginaire collectif de l’époque, à un corps incapable de porter la vie, les attributs de la maternité en étant gommés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-garconne-des-annees-1920-une-figure-ambivalente-190613">La garçonne des années 1920, une figure ambivalente</a>
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<p>Les revues les plus traditionnelles s’adressant davantage à des mères de famille, les valeurs du foyer traditionnelles y restent encore majoritairement vantées et rendent compte des nouveaux conflits entre générations.</p>
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<span class="caption">Corset-gaine vers 1927.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span>
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<p>Dans tous les journaux et magazines de mode, l’idéal de la jeune fille est érigé en modèle vestimentaire et corporel. Ce sont désormais les plus âgées qui prennent pour canon de beauté les plus jeunes et non plus l’inverse. Le corps des femmes doit rester le plus longtemps possible jeune et tonique et cela doit en plus paraître le plus naturel possible. La plupart des femmes continuent de porter des dessous contraignants : corsets, corselets, brassières et surtout le corset-gaine. Celles qui osent les enlever matérialisent ainsi un désaccord entre les grands-mères, les mères et les filles. Les revues rappellent que ne pas porter le corset, même en étant jeune et très mince, c’est prendre le risque de perdre en élégance et en chic. Celles qui l’enlèvent commettent un faux pas et se donnent ainsi une allure bien trop négligée. Le célèbre et luxueux magazine <em>Art, Goût, beauté</em> qualifie d’ailleurs le corset de « correcteur et défenseur du corps » en janvier 1926.</p>
<p>De nombreux articles mentionnent néanmoins que la plupart des femmes ne veulent désormais plus mettre de corsets, alors comment faire pour contenter les modernes ? Dans le numéro du luxueux magazine <em>Art, Goût, Beauté</em> du 1<sup>er</sup> janvier 1926, il est dit que « les femmes ne veulent plus de la contrainte du corset ».</p>
<h2>Le nouveau corset</h2>
<p>Le discours de mode peut se révéler bien ambivalent, et ce parfois au sein du même magazine. Si le corset est souvent jugé démodé et réservé aux grands-mères et aux mères, l’allure moderne nécessite de gommer tous les attributs de l’« ancienne » féminité. La « ligne simple » comme on la surnomme alors, exige de nouvelles pièces de lingerie plus adaptées au raccourcissement des jupes et à la valorisation de ce corps jeune à la poitrine et aux hanches amoindries. Ainsi, certains articles et publicités vantent les avantages du « nouveau corset ». Les noms et les formes sont très variées : ceintures-maillots, corsets-gaines mais aussi corsets assumés figurent au sein des pages.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=716&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=716&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=716&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=900&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=900&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504955/original/file-20230117-11-eqru6o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=900&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vogue France – Juin 1925.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gallica (BNF)</span></span>
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<p>Mais les exigences sont neuves. Le nouveau corset doit à la fois garantir à celle qui l’utilise une silhouette droite, aux formes gommées comme le veut la mode du temps, tout en apportant confort et souplesse pour les activités sportives. Sur toutes les publicités, des médecins signent de petites critiques bien formulées, chargées de convaincre les lectrices des bienfaits de ces nouvelles pièces. La ceinture réductive de Madame X promet ainsi la réduction d’au moins six centimètres de tour de taille ou de hanches en une semaine.</p>
<p>Pour le sport ou encore la conduite automobile, on leur conseille de recourir à de « simples ceintures de caoutchouc », emprisonnant néanmoins la taille et les hanches, voire les cuisses. Quant au laçage, trop fastidieux, il est remplacé par de petits boutons ou une bande élastiquée, jugés plus pratiques. Les années 1920 renouent aussi avec le cache-corset, une petite pièce de lingerie à bretelles, souvent porté accompagné d’un jupon et remplaçant la combinaison pour les robes plus légères. La lingerie, comme les vêtements et même les fourrures doivent néanmoins avoir une coupe et une épaisseur simplifiés à l’extrême pour éviter de rajouter trop de volume au corps.</p>
<p>La décennie 1920 est souvent présentée comme un temps d’émancipation pour les femmes. Il est vrai qu’il est de plus en plus toléré de dévoiler son corps, de pratiquer un sport, de fumer ou de conduire une voiture. Néanmoins, les femmes, malgré des décennies de combat, n’ont pas accès au droit de vote. De plus, les pratiques de contraception et d’avortement sont de nouveau formellement interdites et réprouvées. Après le traumatisme de la Grande Guerre, les femmes ont pour tâche d’aider au repeuplement de la France. Du côté du vestiaire, malgré une allure simplifiée, le corset reste, dans les années 1920, le symbole d’une morale conservée et d’un corps aux volumes maîtrisés. Les pièces s’adaptent désormais à la nouvelle silhouette en vogue ou aux nouveaux <em>hobbies</em> comme les activités sportives mais le corset n’est pas encore prêt de tirer sa révérence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197440/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marine Chaleroux ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Contrairement aux idées reçues, le corset continue d’être la solution miracle pour obtenir une silhouette de jeune fille moderne, mince et galbée, valorisée tout au long des années 1920.Marine Chaleroux, Doctorante en histoire contemporaine, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1965032022-12-13T18:58:00Z2022-12-13T18:58:00ZVictoria : « Qu’est-ce qu’un mal de tête ? Est-ce que c’est notre cerveau qui fait mal ? »<p>Les scientifiques et les médecins définissent le « mal de tête » comme une situation dans laquelle notre tête nous fait ressentir une douleur. Voilà la réponse très simple. Si on regarde un peu plus en profondeur, les choses deviennent plus intéressantes : une douleur est un type de souffrance, mais qu’est-ce que la douleur ? Et surtout, pourquoi notre tête en est-elle victime ?</p>
<p>La douleur est le moyen qu’a le cerveau de nous dire que certaines choses nous font du mal, ou ne sont pas bonnes pour notre corps. Par exemple, une plaque de cuisson encore chaude ou une porte claquée peuvent endommager notre peau ou nos muscles. Si on se brûle le doigt, des informations sur les dommages subis sont envoyées à notre cerveau. C’est à ce moment-là que l’on va ressentir de la douleur.</p>
<p>Bien sûr, la sensation peut être extrêmement désagréable, mais elle est très utile : c’est la façon qu’a notre cerveau pour nous convaincre de ne plus faire des choses qui peuvent nous blesser. On se brûlera une fois par accident mais pas deux.</p>
<h2>Venons-en au mal de tête</h2>
<p>Le cerveau en lui-même n’est pas en mesure de ressentir des dégâts comme peuvent le faire nos doigts. Pour aller plus loin, nous savons qu’il est possible de piquer, voire même couper notre cerveau sans que l’on ne ressente aucune douleur.</p>
<p>En effet, il est tout à fait possible de réaliser une opération de chirurgie cérébrale alors que le patient est éveillé. C’est même la manière la plus sûre de procéder, car le chirurgien peut vérifier, au fur et à mesure de son intervention que tout va bien. Il peut par exemple parler avec son patient.</p>
<p>Mais alors, si le cerveau ne peut pas ressentir la douleur, pourquoi pouvons-nous avoir mal à la tête ? Parce que dans notre tête, il n’y a pas que le cerveau, il y a également des muscles, des tissus, des veines, des artères et toutes ces parties peuvent ressentir la douleur.</p>
<p>Tous ces éléments qui entourent notre cerveau peuvent ressentir certaines choses comme une irritation, une inflammation ou une déshydratation. Dans ces cas-là, ils vont faire remonter ces informations au cerveau (comme dans l’exemple du doigt posé sur une plaque chaude), et ce dernier va interpréter cette information comme une douleur à l’intérieur de notre tête, on va donc ressentir un mal de tête.</p>
<p>Ces irritations, inflammations ou déshydratations peuvent se produire lorsque l’on se cogne la tête, que nous tombons malades ou quand on s’expose au soleil trop longtemps sans boire suffisamment.</p>
<p>Lorsque l’on ressent de légers maux de tête, la meilleure chose à faire est de s’allonger dans un endroit calme, frais et obscur. Si la douleur ne passe pas, il ne faut alors pas hésiter à aller voir son médecin.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196503/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Farmer ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les maux de tête peuvent être légers et passagers ou devenir handicapants s’ils sont très intenses, mais que se passe-t-il dans notre tête dans ces moments-là ?David Farmer, Researcher, The University of MelbourneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.