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digital natives – The Conversation
2021-02-09T19:30:45Z
tag:theconversation.com,2011:article/154658
2021-02-09T19:30:45Z
2021-02-09T19:30:45Z
Quand les enfants apprennent les écrans à leurs grands-parents
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/383254/original/file-20210209-19-1xsk1cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C998%2C598&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">On observe l'émergence du phénomène des «grands-parents Skype».</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les technologies numériques ont souvent semblé créer une forme de distance générationnelle dans les familles. Mais alors que l’épidémie s’envenime et que le couvre-feu s’est instauré partout en France, elles s’avèrent de plus en plus précieuses pour maintenir une communication entre grands-parents et petits-enfants et apparaissent aujourd’hui comme facteurs de « reliance ».</p>
<p>Au lieu de se voir pour le sempiternel déjeuner du dimanche, on communique par voie électronique, en échangeant des vidéos des petits-enfants. On observe l’émergence du phénomène des « grands-parents Skype ». <a href="https://bpact.be/fr/portfolio/les-grands-parents-restent-importants-pour-les-ados/">Une étude</a> révèle, par exemple, que 78 % des grands-parents ont des contacts en ligne avec leurs petits-enfants, et 50 % d’entre eux utilisent WhatsApp. Certains adoptent même TikTok, le réseau social fondé sur la vidéo, en vogue chez les adolescents.</p>
<h2>Socialisation inversée</h2>
<p>Si, classiquement, la <a href="https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1972_num_27_3_15201">transmission</a> des compétences et des savoirs est pensée comme un processus « descendant », qui va des anciens aux plus jeunes, ce schéma préétabli est remis en cause par le numérique. La transmission ne se fait pas qu’à sens unique. Ceci peut s’expliquer par un nouveau rapport au temps, qui n’est plus celui de la permanence et de la reproduction sociale, mais celui de l’instantanéité, de la mobilité et de <a href="https://jeunes.gouv.fr/IMG/pdf/Numeriques_Le_Douarin.pdf">toutes les incertitudes</a> identitaires qui en découlent.</p>
<p>Ce sont les technologies de la communication, situées désormais au cœur de la sociabilité juvénile, qui contribuent à affecter ce rapport au temps en précipitant le désir d’immédiateté. Ces jeunes – les « digital natives », nés avec Internet et grandissant dans une culture numérique, disposent d’un fort niveau de connexion et jouent un rôle privilégié dans les apprentissages de leurs grands-parents. Dès lors, ils deviennent des « agents de socialisations » de leurs aînés, notamment dans les activités les plus technologiques, pour lesquelles, dans certains milieux, leur compétence surpasse celle de leurs aînés.</p>
<p>C’est que l’on appelle la « socialisation ascendante », « la socialisation inversée », ou encore la « rétro-socialisation », des notions qui rendent compte de ce <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/076737011002500301">changement de sens</a> de la transmission.</p>
<h2>Nouvelles formes de convivialité</h2>
<p><a href="https://www.lepoint.fr/societe/coronavirus-la-france-placee-en-confinement-strict-16-03-2020-2367418_23.php">Depuis le premier confinement strict</a> en mars dernier, les parties de cache-cache entre les grands-parents et petits-enfants ont pris une autre tournure et se déroulent désormais derrière des écrans, par vidéo interposée. S’il est reconnu que les outils numériques peuvent isoler les individus, à l’ère de la Covid-19, ils créent aussi de nouvelles façons de communiquer.</p>
<p>On observe de nouvelles formes de convivialité résultant des nouveaux outils technologiques entre les grands-parents et leurs petits-enfants. Sur Tiktok, grands-parents et petits-enfants se réunissent autour de challenges et de chorégraphies amusantes, permettant de créer un moment de complicité en famille. De plus en plus de grands-parents, initiés par leurs petits-enfants, prennent aussi d’assaut Twitter, <a href="https://twitter.com/carolinemgall/status/1241382788034592769">à l’instar de</a> James, 9 ans, en train d’interpréter un morceau, de Queen « I want to break free », avec son grand-père, Paul, 73 ans.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1331526042826264580"}"></div></p>
<p>Instagram, Tiktok ou encore WhatsApp sont passés d’applications sympathiques pour ados à véritable phénomène de société : elles ont conquis les grands-parents qui envoient des photos, des messages et qui appellent leurs petits-enfants en vidéo. Pour pallier le manque de raconter des histoires aux petits-enfants, des applis, tels que Story-Enjoy, ont vu le jour permettant d’enregistrer en vidéo une histoire à envoyer aux petits-enfants.</p>
<h2>Un brouillage générationnel ?</h2>
<p>Classiquement, deux principaux <a href="https://www.association-etienne-thil.com/wp-content/uploads/2018/01/2012-Durand-megret-Vanheems-Ezan.pdf">modes d’apprentissage</a> entrent en jeu : le mode collaboratif et le mode affirmatif. La forme collaborative est basée sur l’échange et prend place dans un espace temporel et physique commun entre petits-enfants et grands-parents. L’apprentissage se fait ensemble, et les écrans des tablettes numériques et des ordinateurs servent de support aux relations réelles, en rapprocher les grands-parents et leurs petits-enfants physiquement. À l’inverse, le mode affirmatif prend place dans un espace temporel et physique dissocié du processus suivi par les grands-parents.</p>
<p>Le coronavirus oblige de nombreux grands-parents à garder leurs distances avec leurs petits-enfants, et explique pourquoi de nombreux petits-enfants adoptent un mode d’apprentissage affirmatif, en guidant leurs grands-parents pour se servir d’outils comme Zoom, Teams, Skype…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-science-g-comme-generation-154094">« Les mots de la science » : G comme génération</a>
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<p>L’avènement des nouvelles technologies contribue assez logiquement à donner davantage de pouvoir aux enfants mineurs au sein de leur famille, et notamment à l’égard de leurs grands-parents. Cette socialisation inversée tend même à estomper les frontières générationnelles. Ce transfert de compétences peut aussi amener à nous questionner aujourd’hui sur la transmission en famille.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154658/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elodie Gentina ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Si les technologies numériques ont souvent semblé creuser une forme de distance générationnelle, elles deviennent un pivot des échanges familiaux à l'heure de la Covid-19.
Elodie Gentina, Associate professor, marketing, IÉSEG School of Management
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/143102
2020-07-23T19:53:10Z
2020-07-23T19:53:10Z
La crise a révélé les aspects positifs du stress lié à la technologie
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/348578/original/file-20200721-15-1n6q8of.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=60%2C0%2C6720%2C4426&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le niveau de connaissance des outils digitaux joue un rôle crucial pour transformer le «&nbsp;technostress&nbsp;» en un défi positif à relever et non pas en contrainte.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/businessman-working-on-financial-report-600w-1077812714.jpg">NicoElNino / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En France, comme dans beaucoup de pays, le confinement généralisé a grandement réduit l’accès aux espaces publics, dont les organisations et les entreprises qui ont dû migrer rapidement vers des modes d’interaction médiés par les outils digitaux (technologies et systèmes d’information, applications Internet et mobile) afin de continuer leur activité.</p>
<p>Le contexte actuel, porteur de grandes incertitudes quant à un retour possible à la « normale », peut être vécu comme un accélérateur de la transformation digitale des firmes, voire d’une restructuration jugée nécessaire pour de nombreuses organisations <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11573-019-00956-z">non digitales natives</a> (c’est-à-dire qui ne sont pas nées avec l’ère du numérique).</p>
<p>Si la mise en place de processus digitaux inhérents au travail à distance est vectrice de plus d’efficience et d’une productivité améliorée, elle constitue également une source de stress pour de nombreux travailleurs, notamment dans un contexte d’usage contraint et dans certains cas sans apprentissage préalable – ce qui s’apparente à ce que de nombreux utilisateurs ont décrit lors de la crise sanitaire en France et dans d’autres pays.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1243184642838147074"}"></div></p>
<p>Le stress vécu par les individus du fait de l’utilisation des outils digitaux s’appelle le « technostress ». Il se caractérise par un état de mal-être physique et/ou mental que les individus peuvent vivre en raison de leur incapacité à utiliser des outils technologiques de manière appropriée.</p>
<p>Nous avons mené un travail de recherche visant à comprendre en quoi le technostress peut constituer un frein dans le processus d’<a href="https://www.researchgate.net/publication/227447282_A_Theoretical_Extension_of_the_Technology_Acceptance_Model_Four_Longitudinal_Field_Studies">acceptation et d’adoption des outils par les utilisateurs</a>, diminuant ainsi les impacts positifs des outils en matière de productivité, d’aptitude à l’innovation et de performance sur les lieux de travail.</p>
<p>Pour cela, nous avons exploré les différentes dimensions du technostress et leurs impacts sur la satisfaction au travail des collaborateurs à distance dans le contexte du confinement dû au Covid-19 durant trois premières semaines du mois d’avril 2020 en France et aux États-Unis. Notre étude s’est focalisée sur les secteurs des services interentreprises, principalement dans la formation et le conseil en stratégie et en marketing.</p>
<h2>Entre bon et mauvais stress</h2>
<p>Commençons par définir la notion de stress qui, comme le rappelle le psychologue allemand <a href="https://www.worldcat.org/title/psychological-stress-and-the-coping-process/oclc/223336">Moritz Lazarus</a>, n’est pas un phénomène contemporain ou récent.</p>
<p>L’utilisation du terme « stress » remonte au XIV<sup>e</sup> siècle et désigne l’adversité à laquelle on peut opposer une résistance. Il rappelle également qu’avant d’être appréhendé en psychologie et en sociologie, le stress caractérise la capacité d’une structure technique (tel qu’un pont ou un bâtiment) à supporter une charge.</p>
<p>Alors que la tension désigne la réaction de cette structure soumise à ce stress. C’est ce même schéma logique : charge, tension (stress), effet qui est transposé en psychologie. De ce point de vue, le stress n’est pas un état subi aux conséquences nécessairement pathologiques. Il peut être porteur de défis qui sont valorisants pour les personnes qui réussissent à les surmonter.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/348581/original/file-20200721-15-az1os7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Hans Selye a défini trois phases liées à la capacité d’adaptation au stress : la phase d’alarme avec son choc et contre-choc, la phase de résistance et pour finir la phase d’épuisement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/cc/General_Adaptation_Syndrome.jpg/800px-General_Adaptation_Syndrome.jpg">David G. Myers/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les travaux du médecin québécois <a href="https://www.worldcat.org/title/stress-without-distress/oclc/609531647">Hans Selye</a>, pionnier des études sur le stress, deux notions opposées émergent : l’eustress, c’est-à-dire le stress porteur d’émotions positives qui poussent au dépassement de soi et le distress, c’est-à-dire le stress négatif qui contraint l’action et peut s’avérer handicapant. Il est vrai en revanche que c’est le stress négatif qui est le plus connu par le grand public.</p>
<p>En raison de la très large diffusion des outils digitaux et technologiques (TIC) sur les lieux de travail, le stress vécu par les individus, notamment les travailleurs de la connaissance du fait de l’utilisation de ces outils, a lui aussi suscité l’intérêt.</p>
<p>Le technostress se manifeste de plusieurs façons et affecte les individus et les organisations de manière différenciée. Cinq dimensions ou manifestations du technostress font consensus :</p>
<ul>
<li><p>la techno-surcharge, définie comme une pression perçue comme plus lourde par l’individu lors de l’exercice de son métier : nécessité de travailler plus vite, des délais plus courts dans la réalisation des tâches et l’impératif de changer ses habitudes de travail et la mise à jour récurrente de ses connaissances ;</p></li>
<li><p>la techno-invasion, définie comme un effritement des frontières perçues entre la vie privée et la vie professionnelle ;</p></li>
<li><p>la techno-incertitude, liée à la difficulté de prévoir comment le métier est amené à évoluer sous l’impulsion de nouveaux outils TIC et si les individus peuvent s’y adapter ;</p></li>
<li><p>la techno-complexité, comme son nom l’indique, relève de la perception d’une difficulté grandissante à maîtriser les tâches à réaliser en lien avec des TIC ;</p></li>
<li><p>et enfin la techno-insécurité liée à la crainte perçue par les individus de devoir perdre leur poste s’ils n’arrivent pas à se conformer aux exigences que le digital leur impose.</p></li>
</ul>
<h2>Le Covid-19, facteur de techno-eustress ?</h2>
<p>Nos résultats montrent que les effets de la techno-invasion, techno-complexité et techno-incertitude sont ressentis de manière plus accrue dans l’échantillon des travailleurs américains, alors que les scores de techno-surcharge sont plus élevés dans l’échantillon français.</p>
<p>Nos modélisations montrent aussi clairement des effets positifs (techno-eustressants) pour les deux sous-échantillons sur la satisfaction au travail.</p>
<p>En effet, aucun facteur de technostress n’est selon nos analyses corrélé négativement avec la satisfaction au travail. En revanche, un lien positif et significatif relie la techno-complexité et la techno-incertitude à la satisfaction au travail pour les organisations présentant de hauts scores de la variable « facteurs organisationnels anti-technostress ».</p>
<p>Cette dernière est mesurée par la propension de l’organisation à favoriser des formations en TIC, à impliquer les utilisateurs dans les processus de transformation digitale et à faciliter des interactions entre le département informatique et les autres départements.</p>
<p>De plus, sans surprise, ces effets positifs sont accentués pour les représentants des générations des natifs digitaux (génération Y et Z) qui sont réputés avoir moins de difficultés que leurs aînés (générations X et baby-boomers) à s’adapter à des contextes d’usage intensifs des TIC.</p>
<p>On constate également que la crainte qui ressort le plus de nos résultats est la perte d’emploi (techno-insécurité). Cette crainte est davantage ressentie dans l’échantillon américain qui présente en outre des scores légèrement moins élevés de satisfaction au travail.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1267214375598899200"}"></div></p>
<p>Comme d’autres études menées récemment, notre recherche démontre que la crise sanitaire due au Covid-19 a été plutôt bien vécue et que le travail à distance a été relativement bien géré pour la population étudiée.</p>
<p>Ainsi, la <a href="https://journals.openedition.org/rdlc/3960">littératie numérique</a>, définie par le niveau de connaissances en TIC, joue un rôle habilitant important pour transformer l’expérience du tout digital en un défi positif à relever et non pas en contrainte.</p>
<p>Les organisations sont donc vivement invitées à s’y investir en multipliant les sessions de formation et d’apprentissage à destination de leurs collaborateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143102/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hajer Kefi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Pendant la pandémie, le télétravail contraint a généré chez certains, en particulier les plus jeunes, un « techno-eustress » en parallèle de l’angoisse liée à la situation.
Hajer Kefi, Full Professor, PSB Paris School of Business
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tag:theconversation.com,2011:article/139928
2020-06-09T18:04:47Z
2020-06-09T18:04:47Z
Adolescents : quelques clés pour éviter l’addiction au smartphone
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/340315/original/file-20200608-176542-n430vs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C18%2C2448%2C1678&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">S'ils sont enclins à transgresser les règles, les adolescents sont aussi très influencés par les comportements numériques de leurs parents.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/gadget-addiction-concept-flat-vector-illustration-1505734745">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Sous forme de smartphones, d’ordinateurs ou de tablettes, les écrans sont désormais omniprésents dans le quotidien des adolescents. À partir de 10 ans, 35 % d’entre eux possèdent leur propre console de jeu, 28 % leur propre tablette, et 11 % leur propre téléviseur. Le smartphone arrive très vite aussi : 87 % des 10-15 ans déclarent posséder un smartphone, dont 65 % depuis l’entrée en classe de sixième, d’après la dernière étude <a href="https://www.open-asso.org/actualite/2020/02/parentalite-face-au-numerique-enquete-open-unaf-mediametrie/">Médiamétrie-OPEN</a>.</p>
<p>Avant le confinement, les jeunes passaient déjà en moyenne plus de 4h par jour sur leur smartphone, selon des <a href="https://www.toute-lactu.com/2020/02/06/yubo-sondage-generation-z/">données recueillies</a> auprès de 4 000 Français âgés de 13 à 20 ans, dans un cadre normal. La période de confinement a très certainement intensifié ce lien avec le numérique, notamment chez les « digital natives », cette génération née après 1995.</p>
<p>Comment gérer alors l’accès des adolescents à leurs téléphones mobiles, pour éviter que l’engouement ou l’habitude ne vire à la dépendance ? Quel est le discours que peut tenir un parent qui n’a pas grandi dans un monde connecté, à son enfant qui, lui, est né au milieu des nouvelles technologies ? Faut-il essayer de tout contrôler et réprimander les écarts de manière stricte ou, au contraire, jouer sur le devoir de transmission et de socialisation ? Regards sur les stratégies possibles.</p>
<h2>Signaux d’alerte</h2>
<p>Si l’on ne peut pas vraiment parler d’addiction, au sens d’une dépendance qui nécessiterait un sevrage, certains adolescents peuvent développer des comportements particulièrement toxiques vis-à-vis de leur smartphone, au point de se sentir angoissés à l’idée de ne pas l’avoir à portée de main.</p>
<p>Des études scientifiques récentes sur le sujet étayent l’idée qu’une nouvelle névrose se répand dans notre société aujourd’hui, et plus particulièrement auprès des adolescents, ces <em>digital natives</em>, ultra-connectés : l’angoisse ou la phobie de se retrouver sans son smartphone, connue sous le terme de « nomophobie ».</p>
<p>La nomophobie, contraction de « no mobile phobia », désigne une forme de pathologie liée aux technologies modernes, notamment au smartphone et à la peur excessive d’être séparé de son smartphone. La personne redoute alors de ne pas être en mesure de communiquer, de perdre sa connexion, de ne pas pouvoir accéder à l’information ou de renoncer à son confort.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/vwi-sOJ_vVU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Nomophobie, définition, origine et secrets du mot (« Parlons peu, parlons bien », TV5 Monde).</span></figcaption>
</figure>
<p>Un outil de mesure de la nomophobie a été développé et publié <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0747563215001806">dans la revue scientifique</a> <em>Computers in Human Behavior</em> pour estimer à quel point un individu est accro à son smartphone.</p>
<p>La nomophobie est révélatrice d’une névrose particulièrement élevée chez les adolescents : 76 % d’entre eux déclarent être angoissés à l’idée de perdre leur smartphone. De plus, 33 % de ces jeunes <a href="https://www.csa.eu/fr/survey/observatoire-des-pratiques-numeriques-des-francais">hyperconnectés</a> consulteraient leur smartphone au moins cinquante fois par jour, et parfois même la nuit.</p>
<p>Une consommation ne peut pas être sans danger : elle provoque des troubles du sommeil, des troubles de la vision, une dépression… La chute des notes au collège/lycée doit également alerter les parents. La rupture des relations avec les copains ou encore l’isolement permanent dans sa chambre sont d’autres signes à prendre en compte.</p>
<h2>Règles et astuces</h2>
<p>Bannir le smartphone n’est pas la solution dans la mesure où il s’agit d’un outil d’intégration sociale à l’adolescence et que, pour marquer leur indépendance, les jeunes ont tendance à transgresser les interdits. Plutôt que d’interdire l’usage du smartphone, les parents ont tout intérêt à privilégier le dialogue.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1232709212393951234"}"></div></p>
<p>D’abord, il s’agit de discuter avec son enfant de ce qu’il fait avec son smartphone, de ce qu’il y trouve et de ce que cela lui procure. Ensuite, des règles claires peuvent être fixées en partenariat avec l’adolescent comme :</p>
<ul>
<li><p>instaurer des zones sans écrans à la maison (à table, dans sa chambre) et pourquoi pas une journée par semaine sans smartphone pour toute la famille,</p></li>
<li><p>installer un panier pour les smartphones de tous les membres de la famille la nuit, loin des chambres,</p></li>
<li><p>désactiver les notifications de ses applications du smartphone pour limiter les sollicitations intempestives,</p></li>
<li><p>faire porter une montre à l’adolescent pour éviter qu’il regarde constamment l’heure sur son smartphone,</p></li>
<li><p>mettre en place des activités autres que le numérique (sport, musique…), 59 % des parents le font aujourd’hui</p></li>
<li><p>limiter l’utilisation du smartphone, ce que 34 % des parents font déjà : plages horaires autorisées et temps de connexion quotidien adapté.</p></li>
</ul>
<h2>Exemplarité</h2>
<p>Les parents sont perçus comme les acteurs les plus influents dans l’éducation numérique des adolescents. Aujourd’hui, seuls 35 % des parents adapteraient leurs usages pour montrer l’exemple auprès de leurs enfants (Médiamétrie 2020). Il est important que les parents, non seulement informent leurs enfants sur les risques d’un usage excessif du smartphone, mais surtout qu’ils amènent leurs enfants à une prise de conscience des processus de dépendance.</p>
<p>Pour l’adolescent, le smartphone joue un rôle structurant : il ne représente pas seulement un objet destiné à communiquer mais un objet sur-investi de sens jouant un rôle clé dans la construction de l’identité sociale de l’adolescent.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1237919998246608897"}"></div></p>
<p>S’il occupe une place si essentielle, cela peut-il s’expliquer par le fait que les adolescents manquent de lieux de sociabilité ? N’est-ce pas parce que le dialogue entre adultes et adolescents est devenu plus difficile ?</p>
<p>La présence envahissante du smartphone interfère dans les relations familiales, au point d’altérer les liens que les parents doivent tisser avec leurs enfants, au cours de l’adolescence. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre des adolescents reprocher à leurs parents d’utiliser excessivement leur smartphone. Un vrai paradoxe !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139928/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elodie Gentina ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Une nouvelle névrose se répand dans notre société aujourd’hui : l’angoisse ou la phobie de se retrouver sans son smartphone. Quels discours tenir à des ados pour prévenir cette « nomophobie » ?
Elodie Gentina, Associate professor, marketing, IÉSEG School of Management
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/116457
2019-05-15T22:16:21Z
2019-05-15T22:16:21Z
Communication des marques de luxe sur les médias sociaux : faire rêver ne suffit plus
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/272215/original/file-20190502-103075-1l04hdl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C5%2C991%2C660&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les « millennials » ont bousculé les habitudes de consommation des marques de luxe. </span> <span class="attribution"><span class="source">Africa Studio/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article s’appuie sur la recherche <a href="https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2018.08.012">« The power of lurking : assessing the online experience of luxury brand fan page followers »</a>, menée par Hajer Kefi et Daniel Maar et publiée dans la revue Journal of Business Research.</em></p>
<hr>
<p>Le marché du luxe a profondément changé ces 20 dernières années. Le chiffre d’affaires mondial du luxe a <a href="https://www.bain.com/insights/luxury-goods-worldwide-market-study-fall-winter-2016">plus que triplé</a> entre 1995 et 2016 et devrait atteindre les 390 milliards d’euros à l’horizon 2025.</p>
<p>Cette accélération est portée par plusieurs tendances de fond. La première est bien sûr liée à l’ouverture du marché vers les pays émergents et notamment la Chine. La seconde concerne la nette augmentation des ventes réalisées sur Internet. On note ensuite un rajeunissement du profil du consommateur moyen avec l’entrée en scène de la génération Y dite aussi génération des millénaires ou « millennials » (18–35 ans). Enfin les nouvelles pratiques du <em>masstige</em> (<a href="https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2015.08.001">Chandon et coll., 2016</a>) combinant communication de masse et expérience client de prestige empreignent la dernière tendance en date.</p>
<p>Ces pratiques comprennent le marketing d’influence, avec le rôle grandissant des influenceurs, et la prolifération des pages officielles des marques de luxe sur les médias sociaux. Sur Facebook, la page officielle de la marque Louis Vuitton compte plus de <a href="https://www.statista.com/statistics/693747/luxury-brands-follower-facebook/">23 millions d’utilisateurs</a> ; Chanel en comprend plus de <a href="https://www.statista.com/statistics/483753/leading-luxury-brands-instagram-followers/">28 millions</a> sur Instagram.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272251/original/file-20190502-103049-psfl5n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La page Facebook de Louis Vuitton compte plus de 23 millions d’abonnés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/LouisVuitton/">Capture d’écran</a></span>
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</figure>
<h2>Luxe : au-delà du rêve…</h2>
<p>La recherche s’intéresse particulièrement aux pratiques des utilisateurs de ces pages sur les réseaux sociaux et leurs impacts sur le comportement d’achat en magasin physique et en ligne (<a href="https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2016.04.171">Lee & Watkins, 2016</a>).</p>
<p>Dans une recherche menée sur la marque Louis Vuitton, nous avons développé un modèle explicatif et prédictif qui relie le type de contenu consommé sur le réseau social de la marque (qui fonctionne comme une communauté virtuelle), le type d’engagement de l’utilisateur et enfin les impacts de cet engagement sur la confiance, l’affection et la loyauté envers la marque (<a href="https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2011.12.009">Albert et coll., 2013</a>).</p>
<p>Lorsqu’il s’agit de produits de luxe, deux types de contenus sont déployés sur les médias sociaux : un contenu <em>esthétique</em> qui évoque l’univers de la marque et suscite le rêve et l’imaginaire ; et un contenu <em>informatif</em> qui décrit les produits et services offerts et qui traite de considérations plus matérielles, telles que le prix, les points de vente physiques et surtout les spécificités des produits et services associés.</p>
<p>Pour ce qui est du type d’usage, la recherche mentionne deux catégories : un usage <em>passif</em> (consommer du contenu) et un usage <em>actif</em> (participer à en créer et à en diffuser) (<a href="https://doi.org/10.1016/j.paid.2017.05.034">Gerson et coll., 2017</a>).</p>
<p>Nous avons mené une enquête en ligne auprès des abonnés des pages officielles de Louis Vuitton sur les réseaux sociaux, et qui possèdent en outre au moins un produit authentique de cette marque. Environ 80 % de l’ensemble des répondants sont des femmes et près de 77 % de notre échantillon appartient à la génération des millennials ; le reste des répondants étant des représentants des générations X et baby-boomers.</p>
<p>Nos analyses aboutissent à plusieurs résultats visiblement contre-intuitifs : le premier concerne l’importance du contenu <em>informatif</em> qui génère tout autant d’engagement des utilisateurs que le contenu <em>esthétique</em>. Le second démontre le rôle significatif que jouent les utilisateurs <em>passifs</em> dans le développement et le maintien du capital affectif et de la loyauté de la communauté envers la marque de luxe.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272652/original/file-20190505-103053-1ha6crh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le contenu informatif sur les produits génère plus d’engagement que ce que l’on pourrait croire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Andersphoto/Shutterstock</span></span>
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<p>Il s’avère donc que les marques de luxe ne doivent pas se contenter de susciter le rêve et d’évoquer leurs actions de mécénat, en soutenant des actions culturelles et artistiques par exemple, mais il est aussi important de développer un contenu <em>réaliste</em> plus à même de convaincre les millénaires de casser leur tirelire et passer à l’acte d’achat.</p>
<p>En recherche, nous préconisons davantage de travaux qui décryptent par le biais des techniques analytiques du big data les comportements dits <em>passifs</em> et le profil de leurs protagonistes. La difficulté étant que ces derniers, dans leur usage du lèche-vitrine virtuel, sont parfaitement invisibles dans la communauté de la marque.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116457/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Le changement du marché du luxe, porté par plusieurs tendances de fond comme l’importance croissante des « millennials », contraint les marques à revoir leurs pratiques.
Hajer Kefi, Full Professor, PSB Paris School of Business
Daniel Maar, Associate Professor in Marketing, PSB Paris School of Business
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/116205
2019-05-15T22:16:20Z
2019-05-15T22:16:20Z
Gain d’argent et de place, consommation responsable… les raisons du succès de la location d’objets de luxe
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/271518/original/file-20190429-194606-65vodx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C14%2C979%2C651&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une robe d'exception pour une soirée ? C'est (de plus en plus) possible. </span> <span class="attribution"><span class="source">Denis Kornilov / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Louer une voiture, sa maison de vacances… voilà des habitudes bien ancrées pour nombre d’entre nous. Mais beaucoup de biens de luxe sont aussi disponibles à la location, sur des plates-formes ou dans des points de vente spécialisés ; il est ainsi possible de louer le dernier sac en vogue d’une grande maison, une robe d’un créateur connu, ou encore une montre de haute horlogerie. Sous l’impulsion de nouveaux acteurs (comme <a href="http://dressingavenue.com">Dressing Avenue</a>, <a href="http://www.sacdunjour.com">Sacdunjour</a>, ou encore <a href="https://luxotheque.com">Luxothèque</a>), la location dans le secteur du luxe se développe aujourd’hui de façon fulgurante, et bouscule les pratiques sur un marché pourtant très dynamique.</p>
<p>Ces nouvelles pratiques basées sur l’accès plutôt que l’achat soulèvent de nombreuses questions pour les acteurs du luxe. Le consommateur traditionnel serait-il en train de changer, préférant la variété à la possession à vie d’objets susceptibles d’être transmis ? Lorsque je peux accéder à une montre Tank de Cartier pour 14 euros par jour, est-ce que cela modifie mon rapport au luxe ?</p>
<h2>L’influence des « digital natives »</h2>
<p>Le modèle traditionnel de la possession est questionné dans de nombreux secteurs par le développement de l’économie collaborative (encore appelée économie du partage), qui consiste à accéder à l’usage d’un bien ou d’un service au travers d’échanges (Botsman et Rogers (2010), <a href="https://www.harpercollins.com/9780061963544/whats-mine-is-yours"><em>What Is Mine Is Yours</em></a>). Ces chercheurs montrent que ce recours aux pratiques collaboratives a toujours existé, mais qu’il s’est amplifié notamment grâce aux possibilités offertes par les technologies dans le domaine du digital, et l’émergence des réseaux pair-à-pair et des plates-formes, transformant en profondeur les pratiques de consommation des digital natives, âgés en 2019 de 19 à 37 ans.</p>
<p>L’accès au luxe des ces derniers, qui ont grandi avec le digital et ont un <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/06/22/les-henrys-nouveaux-clients-des-marquesluxe_4955727_3232.html">rapport différent à la possession</a>, amène donc le secteur à revoir ses pratiques s’il veut profiter des <a href="https://www.bain.com/about/media-center/press-releases/2018/fall-luxury-goods-market-study/">bonnes perspectives</a> attendues.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/271510/original/file-20190429-194609-189we38.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La page d’accueil de Luxotheque.</span>
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<p>Les marques font en effet face à une demande en croissance exponentielle, avec une clientèle plus large. Mais une partie de ces nouveaux clients est davantage tournée vers l’<a href="http://www.editions-ems.fr/livres/collections/regards-sur-la-pratique/ouvrage/320-marketing-du-luxe.html">émotion</a> plutôt que vers la consommation purement ostentatoire. Comme le souligne <a href="https://collaborativeeconomy.com/research/you-are-what-you-can-access-sharing-and-collaborative-consumption-online/">Russell Belk (2013)</a>, le rêve d’un individu n’est plus de posséder un jour la voiture de ses rêves, mais plutôt d’en disposer un certain temps, ou pour un certain usage.</p>
<p>Des motivations spécifiques ont pu être identifiées lors d’entretiens exploratoires, menés auprès de femmes louant des objets de luxe, que nous présentons ci-dessous.</p>
<h2>Gain d’argent, mais aussi d’espace</h2>
<p>Une motivation importante est de ne pas payer le prix d’achat, et d’avoir ainsi un budget plus large notamment pour « paraître » lors d’occasions particulières. À ceci s’ajoutent d’autres motivations : pour certaines, ce nouvel usage est motivé par une envie de liberté : selon les interviewées, la location d’objets de luxe les libère des désagréments de la propriété (entretien, frais de stockage, etc.) et permet ainsi de gagner du temps, de l’argent et de l’espace. « Je n’ai pas à gérer mes placards, cela me permet de maximiser mon budget sans m’encombrer », nous dit par exemple une interviewée.</p>
<p>Pour d’autres, il s’agit de changer plus fréquemment de vêtements et d’accessoires de mode, d’objets de luxe, notamment à cause des photos et stories présentes sur Instagram. Cela concerne particulièrement des instagrameuses et des <a href="http://www.strategies.fr/etudes-tendances/tendances/4008375W/les-nano-influenceuses-ou-comment-le-digital-a-transforme-les-reunions-tupperware-.html">nano-influenceuses</a>, qui veulent pouvoir changer régulièrement de tenue de luxe et d’accessoires pour se mettre en scène sur le réseau social : « ce n’est pas possible d’avoir le même sac, même à plusieurs semaines d’intervalles, alors c’est clair, je loue mes sacs », nous dit une influenceuse qui souhaite garder l’anonymat.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=598&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=598&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=598&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=752&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=752&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/271514/original/file-20190429-194633-1cf4s37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=752&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">S’afficher toujours avec le même sac sur Instagram ? Impossible pour une influenceuse qui se respecte… .</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.instagram.com/newyoja/">Capture d’écran Instagram.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette motivation concerne les influenceurs, comme les micro-célébrités, mais également de jeunes actifs à haut potentiel qui ne souhaitent pas être vus sur les réseaux sociaux, en portant plusieurs fois une tenue ou un accessoire : « je suis souvent prise en photo dans le cadre professionnel et il est important que j’assure », nous explique une autre interviewée.</p>
<p>Enfin, certaines clientes adeptes de cette nouvelle pratique mettent en avant une motivation de consommation responsable : la location permet la circulation des articles de luxe, qui continueront à être utilisés, même s’ils ne sont plus appréciés par leurs premiers acheteurs. La location devient ainsi pour ces clientes un mode de consommation « sustainable », à l’opposé de la « fast fashion » des marques de vêtements low cost ; ceci vient contrebalancer l’image du luxe parfois étiqueté comme peu responsable.</p>
<h2>Différenciation par le service</h2>
<p>Ce décryptage des motivations à la location dans le secteur du luxe montre que celles-ci sont multiples, et fortement en rupture avec la logique de possession statutaire et durable de l’objet. Face à cette nouvelle exigence de consommation éphémère des clients, l’élément différenciant pour les marques pourrait être celui du service (le conseil d’experts, les livraisons personnalisées).</p>
<p>Certaines enseignes prennent les devants en proposant, elles aussi, une offre de location. Le Bon Marché, grand magasin parisien, a ainsi lancé fin février un <a href="https://fr.fashionnetwork.com/news/Le-Bon-Marche-propose-un-service-de-location-de-vetements-de-luxe-avec-Armarium,1082339.html">service de location</a> des pièces de la collection printemps/été 2019 en invitant Armarium, acteur en location de prêt-à-porter très développé aux États-Unis. Une approche stratégique envisageant la location, non comme un risque de cannibalisation des ventes, mais plutôt comme un service pertinent et porteur pour l’enseigne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116205/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Sacs à main, montres… De plus en plus de produits de luxe sont proposés à la location pour répondre à une nouvelle demande. Ce qui n’est pas sans conséquence pour les marques.
Margaret Josion-Portail, Maître de Conférences, Docteur en Sciences de Gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)
Christel de Lassus, Professeur des Universités, Université Gustave Eiffel
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/94677
2018-04-10T19:38:56Z
2018-04-10T19:38:56Z
Comment les « digital natives » sont-elles devenues les entreprises les plus innovantes du monde ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/213977/original/file-20180410-114098-1yibqkg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C3854%2C2438&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le nouveau campus d'Apple, à Cupertino, Californie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/download/confirm/1028985883?src=d02N1ob1jSKEyNVVUh9KEw-1-2&size=huge_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Il ne se passe pas un jour sans que l’innovation ne soit au cœur de l’actualité des entreprises. Le cabinet Boston Consulting Group (BCG) établi d’ailleurs, depuis 2005, un <a href="https://www.bcg.com/fr-fr/d/press/17january2018-france-press-release-181180">classement des 50 entreprises</a> les plus innovantes. Les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) et NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) en occupent depuis plusieurs années les premières places, et on les retrouve souvent en tête des autres classements également. Qui plus est, leur offre de services ne cesse de s’élargir, et menace désormais les acteurs traditionnels. Ainsi Uber propose maintenant des services de livraison de produits à domicile, tandis qu’Amazon ouvre des magasins physiques très novateurs, devenant de ce fait l’épouvantail de la grande distribution…</p>
<p>Comment ces entreprises sont-elles devenues les plus innovantes du monde, en l’espace de quelques années seulement pour certaines d’entre elles ? La réponse est peut-être à chercher du côté de leur nature : sept des dix premières entreprises du classement du BCG sont considérées comme « digital natives ».</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=492&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=492&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=492&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=618&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=618&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213965/original/file-20180409-114098-hl56l4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=618&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les entreprises les plus innovantes de 2018 selon le BCG.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.bcg.com/Images/BCG-Most-Innovative-Companies-Jan-2018_tcm9-179354.pdf">Rapport du BCG</a></span>
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<h2>Raisonner en écosystème</h2>
<p>Une des forces des « digital natives » est d’avoir su dépasser la notion de produits ou de services pour penser en termes d’écosystèmes. Cette approche nécessite une culture organisationnelle particulière. En effet, ces entreprises raisonnent en création de valeur à partir d’une logique « user-centric » : besoins, attentes et caractéristiques propres aux utilisateurs finaux sont pris en compte à chaque étape du développement d’un produit. La dimension servicielle est poussée à l’extrême. Ainsi, Apple n’est plus un simple fournisseur de matériels (ordinateurs, tablettes, téléphones, etc.) mais est devenu aussi un fournisseur de contenus (musiques, séries, logiciels…). Au point même que la dimension servicielle sera sans doute prédominante dans les prochaines années : le développement d’<a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/20140911tribfabacc4ed/apple-pay-et-si-ses-futures-victimes-n-etaient-pas-les-banques-mais-les-pure-players-du-paiement-mobile.html"><em>Apple Pay</em></a> peut être interprété comme la première brique d’un positionnement en tant que futur acteur du secteur bancaire par exemple.</p>
<p>Cette stratégie de création et de maîtrise d’un écosystème entier se retrouve aussi chez d’autres acteurs tels qu’Airbnb. La célèbre plateforme de réservation de logements a noué de nombreux partenariats avec des acteurs proposant à ses clients des services connexes mais très complémentaires (conciergerie, réservation de moyens de transport, services d’immersion avec participation à des soirées, etc.). La capacité à nouer des partenariats et des alliances avec d’autres acteurs, parfois même dans une logique de <a href="https://theconversation.com/la-coopetition-et-si-votre-concurrent-devenait-votre-meilleur-allie-79704">coopétition</a>, constitue une compétence distinctive des organisations qui réussissent le mieux à innover. L’étude du BCG montre ainsi que les joint-ventures ont augmenté de 60 % sur les 4 dernières années. De nombreuses autres formes de partenariats sont également possibles, jusqu’à des stratégies d’acquisition lorsque cela s’avère nécessaire.</p>
<h2>Identifier finement les besoins</h2>
<p>L’approche par écosystème se traduit donc par une logique de co-construction de l’offre. L’entreprise innovante s’associe à des acteurs spécialisés dans des secteurs parfois très éloignés de son cœur de métier, afin d’accroître la valeur de son offre centrale en agrégeant autour d’elle des produits et services qui correspondent aux besoins concrets et immédiats de divers microsegments. Ceux-ci sont ciblés et mieux identifiés grâce à la collecte de données (<em>data</em>).</p>
<p>Cette tendance est donc considérablement renforcée par la digitalisation des processus et des réseaux, qui permet de mettre en place une offre rapidement et à moindre coût. Elle s’amplifie dans tous les secteurs, y compris dans l’industrie, où la valeur créée provient de plus en plus des services digitaux autour des produits. C’est par exemple le cas du développement des services de géolocalisation qui permettent de proposer de nouveaux services autour des véhicules, tels que les appels d’urgence automatiques en cas d’accident, la localisation de son véhicule grâce à son smartphone, une assurance « pay as you drive » etc.</p>
<h2>Adopter une orientation « data analytic »</h2>
<p>La montée en puissance des entreprises « digital natives » dans les classements des entreprises les plus innovantes s’expliquent par leur capacité à être dans une logique de capteurs de données, aussi bien internes qu’externes. Leurs organisations sont adaptées à des logiques d’exploration et d’identification fine des tendances en matière de comportements de consommation et de transformation des usages. C’est ainsi que Netflix a innové en mettant à disposition de ses abonnés tous les épisodes d’une série en une seule fois, ou que Spotify a proposé une offre de musique en ligne dans une logique d’accès et non plus d’achats avec propriété des albums.</p>
<p>Les principes sur lesquels s’appuient ces nouveaux acteurs sont la vitesse, la <a href="https://www.challenges.fr/high-tech/start-up-pourquoi-il-faut-soigner-la-scalabilite-pour-assurer-votre-montee-en-puissance_9235">« scalabilité »</a> des activités créées (capacité à changer d’échelle, à développer massivement le volume d’activité) et la production de valeur. Néanmoins, cette logique de captation des données n’est pas suffisante en elle-même. Elle est très souvent complétée par un investissement dans de nouvelles ressources et compétences en matière d’analyse et de traitement des données collectées : <a href="http://www.letudiant.fr/metiers/secteur/informatique-telecom-web/data-scientist.html">data scientists</a>, spécialistes de l’intelligence artificielle, <a href="https://www.cidj.com/metiers/architecte-big-data">architectes big data</a> etc.</p>
<h2>Pratiquer le « test and learn »</h2>
<p>La seconde caractéristique partagée par les « digital natives » est la culture du « beta test », qui consiste à faire tester par les futurs utilisateurs du produit fini des produits ou services encore en développement. Cette pratique des tests de pré-versions est systématique. Elle est facilitée par la possibilité de proposer rapidement et à moindre coût des plateformes de services (Airbnb, Spotify, Netflix, etc.). Les organisations les plus innovantes ont donc naturellement mis en place des processus orientés sur le « minimum viable product » (MVP, version simplifiée du produit) et un « time to market » (durée requise pour construire et commercialiser son offre) beaucoup plus court que celui de leurs concurrents, ce qui leur permet d’être plus rapide qu’eux.</p>
<p>Qui plus est, les données collectées (auprès des communautés de <a href="https://www.lescahiersdelinnovation.com/2016/03/lead-users-role-linnovation/"><em>lead users</em></a> – utilisateurs précoces à l’avant-garde d’une tendance – ou sur des plateformes de <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2011-1-page-254.htm"><em>crowdsourcing</em></a> etc.) peuvent être utilisées quasiment en temps réel par les entreprises dans leur processus d’innovation. GE (General Electrics) a par exemple développé un programme baptisé <a href="http://gereports.fr/post/133860327159/innover-gr%C3%A2ce-au-fastworks">Fastworks</a>. S’inspirant des pratiques des <em>start-up</em>, ce programme vise à mettre en place des procédés permettant de mieux apprendre de l’environnement et être plus efficace dans le tri des idées qui émergent, pour être capable d’en tester un maximum rapidement et ne garder que celles qui ont du potentiel. Objectif : s’adapter vite au marché.</p>
<h2>S’ouvrir à l’extérieur et sortir des silos</h2>
<p>Ce type d’approche suppose une culture facilitant l’intégration d’idées ou de solutions externes dans les organisations. Il s’agit de dépasser le fameux syndrome NIH (<em>Not Invented Here</em>), qui se traduit par le rejet des technologies externe et constitue l’un des principaux freins à l’innovation. Il permet aussi de casser les fameux <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-177235-de-lentreprise-en-silos-a-lentreprise-plateforme-bienvenue-dans-lere-de-lentreprise-intelligente-2138848.php">« silos organisationnels »</a>. Au final, avec la mise en œuvre de méthodes agiles, la digitalisation des processus modifie donc également le processus de conception innovante.</p>
<p>Enfin, les entreprises <em>digital natives</em> ont été aussi précurseurs dans la création ou la mise en place de partenariats avec des structures telles que <a href="https://www.lescahiersdelinnovation.com/2017/03/accelerateurs-incubateurs-quelles-differences/">des incubateurs, des accélérateurs</a>, des espaces de coworking, etc. Elles entretiennent ainsi leur capacité d’exploration de domaines connexes à leur cœur de métier, et favorisent la mise en concurrence régulière de leurs équipes de R&D internes.</p>
<p>Actuellement, la France ne compte que trois représentants dans le baromètre du BCG (Orange, Renault et Axa). Elle rêve d’être le prochain pays où naîtront les futurs champions économiques mondiaux du digital. Pour y parvenir, elle multiplie les initiatives : création du label <a href="http://www.lafrenchtech.com/la-french-tech/quest-ce-que-la-french-tech">FrenchTech</a>, représentation au <a href="https://www.challenges.fr/start-up/ces-de-las-vegas-la-french-tech-au-rendez-vous_558382">CES de Las Vegas</a> etc. Nul doute que l’analyse approfondie des pratiques et de la culture des « digital natives » l’aidera également à atteindre son objectif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94677/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Tran ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les entreprises digital natives (GAFA, NATU, etc.) sont désormais classées parmi les entreprises les plus innovantes du monde. Décryptage de leur stratégie et de leur culture.
Sébastien Tran, Directeur de l'École de Management Léonard de Vinci (EMLV), Pôle Léonard de Vinci
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/89187
2017-12-21T21:42:23Z
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La littérature, source d’empathie et de cohésion sociale
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/200249/original/file-20171220-4957-cwvvmj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lire des fictions améliore nos capacités d'empathie</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/woman-reading-a-book-256546/">Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Pendant les fêtes de fin d’année, il y a de fortes chances que vos proches lisent un best-seller sur leur téléphone, leur liseuse ou leur tablette. Depuis l’arrivée de l’iphone en 2007 et de <a href="https://gizmodo.com/5844662/the-history-of-amazons-kindle-so-far/">Kindle sur le marché des liseuses en 2010</a>, les nouveaux supports ont changé le rapport <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2010/oct/14/digital-reading-ebook-kindle-ipad">que nous entretenons aux livres</a>. La plupart des journaux, y compris le <em>New York Times</em>, qui existe depuis 166 ans, sont passés au numérique, et certains n’existent plus qu’en version web. Dans le monde scientifique, les articles paraissent de plus en plus sous forme numérique, et parfois ne sont plus du tout publiés sur papier. Pourtant, du côté de la littérature, le format papier montre une résistance étonnante.</p>
<h2>Des inventions révolutionnaires</h2>
<p>La révolution digitale que nous vivons aujourd’hui peut être comparée à deux autres moments cruciaux dans l’histoire de l’humanité : l’invention de l’écriture, il y a 6000 ans, avec les inscriptions cunéiformes <a href="https://www.metmuseum.org/toah/hd/wrtg/hd1/2wrtg.htm">gravées dans des tablettes d’argile, en Mésopotamie</a> puis, au XV<sup>e</sup> siècle, l’invention de l’imprimerie typographique par Gutenberg, <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2004-2-page-169.htm">avec l’utilisation des caractères métalliques mobiles</a>.</p>
<p>Ces inventions suscitèrent pourtant beaucoup de doutes à l’époque de leur apparition. Platon considérait l’écriture comme une <a href="https://books.google.co.in/books?id=7w2tAgAAQBAJ&pg=PA54&lpg=PA54&dq=Plato+considered+writing+a+threat+to+human+memory&source=bl&ots=-LpFFdtUCF&sig=aI75lZgBPbkcuGFw0jAhJQHoKlA&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwir6ubdvIjYAhXDQ48KHdvbDaAQ6AEIJjAA#v=onepage&q=Plato%20considered%20writing%20a%20threat%20to%20human%20memory&f=false">menace pour la mémoire humaine</a>, tandis que les moines s’inquiétaient de voir disparaître leur fonction de copistes. En 1492, l’abbé Johannes Trithemius écrivit même les louanges de ce travail dans <a href="http://daten.digitale-sammlungen.de/%7Edb/0003/bsb00037424/images/"><em>De laude scriptorum manualium</em></a>, qu’il fit tout de même imprimer en 1494. Et, dans les deux cas, nous savons aujourd’hui que les craintes des contemporains de ces inventions étaient fondées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=563&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=563&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=563&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=707&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=707&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199141/original/file-20171214-27583-1hfjwx9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=707&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un moine à son scriptorium.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7f/Scriptorium-monk-at-work.jpg">William Blades/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En effet, notre capacité à retenir des informations n’est plus du tout la même qu’avant l’invention de l’écriture, et l’invention de l’imprimerie a signé la fin des <a href="https://sites.dartmouth.edu/ancientbooks/2016/05/24/medieval-book-production-and-monastic-life/">scriptoriums des moines copistes</a>.</p>
<p>Naturellement, l’omniprésence des écrans et la révolution qu’elle provoque a aussi ses détracteurs, et là encore, leurs critiques s’appuient sur des éléments fondés scientifiquement. Dans le <a href="http://ereadcost.eu/">réseau de recherche E-READ</a>, au sein duquel nous travaillons, nous essayons de comprendre la fonction de la lecture à l’âge digital, tandis que la recherche ne cesse de pointer les effets négatifs des écrans.</p>
<h2>Addiction aux écrans</h2>
<p>L’utilisation des smartphones chez les adolescents est parfois comparée à l’<a href="https://www.nytimes.com/2017/03/13/health/teenagers-drugs-smartphones.html">addiction aux drogues</a>. Bon nombre d’enquêtes, partout dans le monde, tendent à <a href="http://www.abc.net.au/news/2017-09-20/teens-smartphones-resilience-adulthood/8960618">montrer que toute une génération</a> a grandi constamment connectée, vérifiant son portable jusqu’à 75 fois par jour. Ces <a href="https://www.marcprensky.com/writing/Prensky%20-%20Digital%20Natives,%20Digital%20Immigrants%20-%20Part1.pdf">« digital natives »</a> comme on les nomme, seraient, d’après une récente étude italienne, <a href="http://www.dipendenze.com/associazione">moins autonomes et moins heureux</a> que leurs prédécesseurs. Ils vivent de nouvelles formes d’anxiété sociale dénommées FOMO (« Fear Of Missing Out » ou « peur de manquer un événement ou une nouvele importante ») ou <a href="https://www.nytimes.com/2014/07/06/fashion/vamping-teenagers-are-up-all-night-texting.html">« vamping » (une pratique qui consiste à échanger des textos jusque tard dans la nuit</a>.</p>
<p>La première victime de ces pratiques connectées – encourageant une connexion continue qui favorise la distraction – c’est la <a href="https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=129348373">lecture immersive</a>, celle qui nécessite un certain niveau de concentration, qu’il s’agisse de littérature, d’essais ou de textes scientifiques.</p>
<p>Avons-nous la possibilité de contrer les <a href="https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2017/09/has-the-smartphone-destroyed-a-generation/534198">regrettables effets secondaires</a> de la révolution digitale ? La bonne nouvelle, c’est qu’il y a une solution, qui consiste – entre autres – à modifier nos habitudes pour lire plus de fiction et à sanctuariser des moments de solitude.</p>
<h2>Expérimenter la solitude</h2>
<p>Avec ses collègues de l’Université de Rochester, <a href="https://www.sas.rochester.edu/psy/people/gradstudents/nguyen1/2thuy-vy/index.html">Thuy-vy Nguyen</a> a découvert que la solitude pouvait <a href="http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0146167217733073">mener à réduire son niveau de stress et à se détendre</a>. Dans le cadre de cette expérience, les chercheurs définissent la solitude ainsi : « être seul pendant un certain temps, sans accès à aucun appareil connecté, sans interactions avec les autres, sans stimuli externes, sans activité particulière. » Dans les quatre études menées par ces équipes, l’expérience de solitude durait 15 minutes et les sujets devaient s’asseoir seuls, ne pratiquant aucune activité.</p>
<p>Pendant une des sessions de l’expérience, on proposait aux sujets de lire un article intitulé <a href="https://longreads.com/2015/02/10/glamorous-crossing-how-pan-am-airways-dominated-international-travel-in-the-1930s/">« Glamorous Crossing : How Pan-Am Airways Dominated International Travel in the 1930s » (L’art du voyage glamour : le succès de Pan-Am dans les années 1930)</a>. Avec cette variante, les résultats étaient les mêmes que dans l’expérience sans lecture : les personnes qui avaient expérimenté ce moment de solitude étaient simplement plus détendues.</p>
<p>La lecture, quand elle a lieu dans une <a href="http://www.hup.harvard.edu/catalog.php?content=reviews&isbn=9780674634633">« solitude fertile »</a>, renforce la résilience des lecteurs et les rend moins perméables à la pression sociale et aux sollicitations, en particulier celles qui émanent des médias sociaux. Mais si la lecture nous fait du bien en général, lire de la fiction est, semble-t-il, encore plus bénéfique.</p>
<h2>Révéler ce qu’il y a de meilleur en soi</h2>
<p>Les chercheurs ont en effet réussi à prouver récemment que la lecture de fiction avait des effets positifs sur la <a href="https://benjamins.com/#catalog/journals/ssol.6.1.04kid/details">cognition sociale</a>, les compétences sociales et l’<a href="https://repub.eur.nl/pub/98670">empathie</a>. Le psychologue Raymond Mar et ses collègues ont ainsi découvert que plus les gens lisaient de fiction – quels que soient les genres choisis – plus leur score était élevé quand ils étaient soumis à <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1469-7610.00715/%20%20abstract">des tests destinés à mesurer une forme d’empathie</a>.</p>
<p>Dans le cadre d’une autre expérience, le professeur de psychologie <a href="https://benjamins.com/#catalog/journals/ssol.3.1.08joh/details">Dan Johnson a mis en évidence</a> le fait que que les participants qui lisaient un extrait de roman décrivant les difficultés sociales d’une femme arabe de confession musulmane montraient, après leur lecture, une empathie plus grande pour les personnes arabes de confession musulmane en général, et se montraient plus enclins à lutter contre les préjugés touchant des personnes aux caractéristiques proches du personnage principal de cette fiction.</p>
<p>Grâce à ces effets sur l’empathie, la lecture pourrait bien contrebalancer les effets dévastateurs de la haine et de l’indifférence qui sévissent sur le Net. Dans des expériences <a href="http://www.paris-iea.fr/fr/liste-des-residents/massimo-salgaro">liées à un projet actuel de l’Institut d’études avancées de Paris</a>, nous cherchons à démontrer que les gens qui lisent de la littérature éprouvent de la compassion pour les personnages qui sont moralement bons et pas pour ceux qui sont malveillants. A l’<a href="https://www.aesthetics.mpg.de/en/research/department-of-language-and-literature/aesthetic-emotions/projects/sympathy-devil.html">Institut Max Planck pour l’esthétique empirique de Francfort</a>, nous avons mené une expérience dans ce sens, avec différentes versions d’un même texte littéraire.</p>
<p>Dans l’une des versions, le protagoniste est un médecin bénévole qui travaille sur le continent africain, et dans l’autre, il s’agit d’un nazi qui a fui en Afrique du Sud. Dans les deux versions, nous n’avons changé que quatre phrases, qui se rattachaient toutes à la moralité du héros. Nous n’avons quasiment rien changé d’autre dans le texte, ni sur le fond, ni sur la forme. Cent-vingt Allemands ont participé à l’expérience, un groupe lisant la version avec un protagoniste connoté comme « bon » et l’autre avec un protagoniste « méchant ». Il leur fallait ensuite évaluer la valeur esthétique et morale du texte, et répondre à un certain nombre de questions associées aux sentiments d’empathie/de sympathie. Bien que les résultats de cette étude n’aient pas encore été publiés, ils montrent très clairement que l’évaluation de la sympathie éprouvée envers le protagoniste est directement liée à ses qualités morales.</p>
<p>Ainsi, la littérature peut être vue comme un laboratoire moral capable de renforcer notre capacité de <a href="https://www.youtube.com/watch?time1/2continue=14&v=bmgv7VcwNjs">traiter les relations sociales</a>.</p>
<p>Mais comment faire pour que les plus jeunes – nos <em>digital natives</em> – puissent lire sans être constamment interrompus par les divers réseaux sociaux auxquels ils participent, ou par d’autres outils de communication envahissants ? Voici quelques conseils.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/199166/original/file-20171214-27572-1oyxa6b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Lire tranquillement sans être dérangé, une panacée ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/background-bench-blur-book-346735/">Porapak Apichodilok/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Apprendre à lire (vraiment)</h2>
<p>Pour s’assurer que la littérature regagne – ou gagne tout court – une place centrale dans les projets de lecture des uns et des autres, l’enseignement de la littérature à l’âge digital mérite d’être sérieusement révisé. Tandis qu’en Europe, les approches centrées sur le texte et les auteurs tendent à dominer, de <a href="http://as.wiley.com/WileyCDA/WileyTitle/productCd-0631226249.html">nouvelles études</a> montrent le besoin de mettre en place des approches « expérientielles », dans lesquelles on se concentre davantage sur ceux à qui le texte s’adresse – par exemple, les étudiants.</p>
<p>La recherche <a href="https://books.google.co.in/books?id=sT-EDAAAQBAJ&pg=PA12&lpg=PA12&dq=Experiencing+or+Interpreting+Literature:+Wording+Instructions.+In+M.+Burke,+S&source=bl&ots=c5XCjvtnH1&sig=jj5VLpGYV9witff78GlJ2nIcHoI&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwiMg6XjiIrYAhUlSo8KHeRdBhQQ6AEIKzAB#v=onepage&q=Experiencing%20or%20Interpreting%20Literature%3A%20Wording%20Instructions.%20In%20M.%20Burke%2C%20S&f=false">tend à démontrer</a> que le fait d’être attentif à ce que les étudiants aiment (plutôt que de leur imposer des textes) et de les aider à choisir le bon livre pour les accompagner à un moment-clé de leur vie provoque une implication bien plus forte de la part des jeunes lecteurs.</p>
<p>C’est de cette façon que nous parviendrons à faire en sorte que la littérature de fiction prenne toute sa place au cœur de la vie des lecteurs adolescents et optimiser les bénéfices qu’ils peuvent en tirer, à la fois dans le cadre de leur vie sociale et <a href="https://l1.publication-archive.com/publication/1/1592">pour leur développement personnel</a>.</p>
<p>Par ailleurs, le papier pourrait bien se révéler un allié de taille dans cette affaire. <a href="https://www.psychologytoday.com/blog/nature-brain-and-culture/201102/the-problem-the-web-and-e-books-is-there-s-no-space-them">La recherche prouve</a> en effet que ses propriétés matérielles sont mieux adaptées au fonctionnement de notre mémoire que les supports digitaux. Le psychologue <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21443378">Rakefet Ackermann</a>, qui est aussi un membre du réseau E-READ, explique ainsi que malgré les immenses avancées technologiques de ces dernières années, les étudiants préfèrent toujours apprendre sur des formats papier que sur des écrans d’ordinateur. Elle a démontré que, même si les performances restaient bonnes pour ceux qui avaient étudié à partir d’un document numérique, elles étaient encore meilleures pour ceux qui avaient étudié sur papier. ce sont en effet nos capacités de méta cognition qui sont affectées par la lecture sur écran. Ce type de lecture nous prépare moins bien à évaluer notre compréhension du texte – ou à évaluer à quel point on a mémorisé son contenu.</p>
<p>Ce que nos expériences autour de l’<a href="http://ereadcost.eu/the-aura-study/">attrait du livre papier ont démontré</a>, c’est que ceux qui lisent sur un support papier sont plus impliqués dans leur lecture, tandis que ceux qui utilisent des outils numériques ont tendance à lire de façon plus superficielle.</p>
<p>Notre objectif n’est pas du tout d’opposer les pratiques de lecture sur écran et sur papier, ni de dire qu’il faut arrêter de lire sur des écrans. Nous devons simplement adapter les outils que nous utilisons en fonction de nos besoins et les développer dans le but délibéré de faire de la lecture une composante essentielle de nos habitudes sociales et culturelles. Car mieux nous comprendrons comment nous lisons sur écran, mieux nous pourrons sauvegarder le précieux passé dont nous avons hérité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89187/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Massimo Salgaro reçoit des financements de la part de l'Institut d'études avancées de Paris.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adriaan van der Weel reçoit des financements du programme cadre européen COST. Il est associé à la fondation hollandaise Dr. P.A. Tiele-Stichting, qui se consacre à la recherche sur le texte, sous ses formes digitales, imprimées et manuscrites. </span></em></p>
Des chercheurs tentent de comprendre la fonction de la lecture à l’âge digital, tandis que les effets négatifs des écrans sont pointés du doigt.
Massimo Salgaro, RFIEA Fellows 2017-2018, IEA Paris, Researcher in Literary theory, University of Verona
Adriaan van der Weel, Researcher Book and Digital media studies, Leiden University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/85140
2017-10-18T21:23:59Z
2017-10-18T21:23:59Z
L’identité numérique, la face cachée de notre identité ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/190407/original/file-20171016-30962-i4rhca.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'identité numérique, un concept très difficile à définir</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/hacker-cybercriminalit%C3%A9-de-s%C3%A9curit%C3%A9-2077138/">HypnoArt/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>« Tout le monde ment : le big data, les nouvelles données, et ce que l’Internet peut nous apprendre sur qui nous sommes vraiment » est un livre de Seth Stephens-Davidowitz analysant nos <a href="http://www.lemonde.fr/big-%20browser/article/2017/07/11/ce-que-l-analyse-des-recherches-sur-google-nous-apprend-sur-la-psyche-humaine_5159228_4832693.html">recherches Google</a>. Cet ancien salarié du géant américain nous interpelle sur notre identité numérique.</p>
<p>L’existence et l’analyse de ces données cachées sous-entendent que notre identité numérique ne résulterait pas simplement de ce que nous diffuserions mais révélerait aussi notre présence masquée sur Internet. Par exemple, chaque recherche que nous effectuons dans un moteur de recherche peut donner des informations sur nos envies ou nos craintes sans que nous ne les exprimions.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/190411/original/file-20171016-31010-urf13a.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Copie d’écran d’un tweet ayant fait polémique : Florian Phillippot accusé de ne pas manger des produits français.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/K_Betesh/status/908060478433366019">Kelly Betesh/Twitter</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Or cette gestion de l’identité numérique est centrale dans notre société. Plus de la moitié des employeurs font des <a href="https://www.regionsjob.com/conseils/identite-numerique-definition.html">recherches Internet</a> sur les candidats ; les tweets des personnalités politiques ressortent avant chaque élection, la moindre trace laissée sur Internet peut parfois prendre des proportions incontrôlées.</p>
<p>L’identité numérique devient également importante dans nos établissements d’enseignement supérieur. En effet, les néo-bacheliers sont des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Enfant_du_num%C3%A9rique"><em>digital natives</em></a>, pour la plupart nés après Google (1998), qui ont découvert Facebook dès l’école primaire (2004) puis Instagram (2010) au collège.</p>
<h2>Qu’est ce que l’identité ?</h2>
<p>Dans le dictionnaire <a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/identite%CC%81/59715">Larousse</a>, l’identité est définie comme le « caractère permanent et fondamental de quelqu’un, d’un groupe, qui fait son individualité, sa singularité. »</p>
<p>Le terme d’identité trouve son origine du latin <em>idem</em>, un dérivé du verbe être, qui signifie <em>le même</em>.</p>
<p>Si la définition de l’identité fait débat en sciences sociales, un certain consensus se retrouve sur l’essence de ce concept.</p>
<p>C’est notamment le cas de la définition d’Alex Mucchielli dans son ouvrage _<a href="https://www.cairn.info/l-identite--9782130574859.htm">L’identité</a> : « ensemble de significations apposées par des acteurs sur une réalité physique et subjective, plus ou moins floue, de leurs mondes vécus, ensemble construit par un autre acteur. C’est donc un sens perçu donné par chaque acteur au sujet de lui-même ou d’autres acteurs ».</p>
<p>Ainsi l’identité serait unique, permettant de se distinguer des autres, de se reconnaître, de s’identifier à autrui.</p>
<h2>Et l’identité numérique alors ?</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/190409/original/file-20171016-30962-ke31i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Qui se cache sous le chapeau du numérique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/53272102@N06/28530796000/in/photolist-KtaMDS-5Gky-4CAgyK-RKpHLb-8ztMwu-8ZceU4-8ZfgJw-8k27gJ-bCdK4u-8jY4tH-4FAqLB-bCdKQE-9ct6s2-yaV8Qg-4QLFx5-5sGryW-2rEjUC-bCvRoj-9z6AqK-9z6vPF-aChktC-8zqHL2-rom8JC-ogLnCA-8jXWaR-oxZpRH-9z6PZR-fAwT1A-9z9ueo-8k298f-6LpepD-6Lpgdn-aCAaGT-bR8q1X-yQcRo1-4tXdEL-XwCHCc-5ugV26-6LoYET-9z6EBg-6Lp5NV-8JrjED-9kCdDu-aDqhuB-6LpCW6-foP3W9-bCvNnJ-8jXYLH-8k28uU-9z9yGJ">Abhijit Bhaduri/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La définition de l’identité numérique est, par nature, beaucoup plus récente et discutée.</p>
<p>Pour <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2011-1-page-15.htm">Julien Pierre</a>, « l’identité numérique est une représentation, c’est-à-dire la redite d’un état, structurée par des capitaux qui la composent et les supports qui la contiennent, structurant les conditions d’existence sociale des individus ». Ainsi selon ce chercheur, l’identité numérique n’est que le prolongement de l’identité réelle de l’individu. Cette identité est basée sur l’existence sociale, donc le rapport aux autres.</p>
<p>S’agissant d’Internet le rapport aux autres ne comprend que ce qui est visible par autrui, cette définition ne prend donc pas en compte les requêtes des individus.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2010-%201-page-%2013.htm?1=1&DocId=310193&hits=9330+9329+9328+3546+3545+3544+2821+2820+2819+126+125+124+3+2+1+">Pascal Lardellier</a> définit aussi l’identité numérique autour du rapport aux autres, il met en avant le développement de l’ego avec le 2.0, avec notamment l’avènement d’un « Je expressif numérique ». Cet ego se développe avec le web social et la possibilité de s’exprimer, se mettre en avant, et donc prend plus en considération ce que nous publions que ce que nous faisons sur le web.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2009-1-page-61.htm">Dominique Cardon</a>, de son côté, nous explique que l’identité numérique est « moins un dévoilement qu’une projection de soi. » Cette définition tend à contredire la définition classique de l’identité car nous sortons de l’équation A=A pour devenir A=A’.</p>
<p>Pour <a href="https://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-2-page-165.htm">Fanny Georges</a> « l’identité devient mixte elle se compose d’informations acquises en face-à-face et dans les sites sociaux ». Cette identité numérique correspond à la somme des traces conservées par le support multimédia, l’interprétation des traces de l’Autre envisagées par le sujet comme support de</p>
<p>présentation de soi dans une « présence à distance »</p>
<p>Toujours selon cette chercheuse l’identité numérique est composée de 3 identités : l’identité déclarative (description, mise en page, l’identité agissante (modification de statut et de profil) et l’identité calculée (nombre de posts, de tweets ou d’amis)</p>
<p>Cette définition est très détaillée mais reste circonscrite à la partie visible par les autres sur les réseaux sociaux, elle est néanmoins très intéressante dans sa structure en prenant en compte plusieurs niveaux d’identité.</p>
<h2>Une nouvelle définition de l’identité numérique</h2>
<p>Comme certains auteurs le montrent, nous pouvons considérer que l’identité numérique est complémentaire de l’identité réelle mais elles ne sont pas assimilables, car, sous couvert d’alias, d’avatar, de pseudo, certains individus ont une vie totalement différente <em>online</em> que dans la vie réelle. Les pratiques, elles-mêmes, sont différentes, même si une base commune existe entre ces deux identités.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/189985/original/file-20171012-31418-1h1lehl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Identité numérique/identité réelle @FrançoisNicolle.</span>
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</figure>
<p>La définition que nous proposons s’appuie sur les définitions précédemment citées en prenant en compte la dualité du visible et du masqué.</p>
<p>L’identité numérique se compose de 5 strates : <em>e-réputation</em>, <em>publications</em>, <em>activités</em>, <em>logs- in</em>, et <em>Moi</em>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/189987/original/file-20171012-31381-1jnpwa8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Typologie identité numérique @FrançoisNicolle.</span>
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<p><strong>E-réputation</strong> : ce que les autres disent de nous, cela comprend tous les articles, publications qui mentionnent notre nom. Il s’agit par exemple des résultats d’une recherche Google sur notre nom.</p>
<p><strong>Publications</strong> : ce que nous publions sur les différents sites sociaux. Par exemple nos publications sur Facebook, Instagram ou Twitter. C’est ce que nous rendons délibérément public.</p>
<p><strong>Activités</strong> : ce que nous faisons sans que les autres internautes soient au courant. Cela comprend notre historique de navigations, nos cookies, nos recherches sur les moteurs, les messages écrits non envoyés.</p>
<p><strong>Logs-in</strong> : assimilables à l’identité juridique, ce sont nos identifiants, nos mots de passes, il s’agit du processus d’identification</p>
<p><strong>Moi</strong> : le Moi est l’identité intrinsèque à l’être humain.</p>
<p>Dans cette définition, l’identité numérique n’est plus une projection mais se rapproche d’un dévoilement. En effet nous pouvons distinguer deux types d’identité numérique. Tout comme pour l’identité réelle, il y a l’identité personnelle et l’identité sociale.</p>
<p>Or, pour reprendre l’expression de Dominique Cardon, « l’identité sociale est une projection de soi. » Elle correspond à ce que nous faisons dans le jeu social, pour se donner un rôle en société et comprend notre e-réputation et nos publications, ce que nous souhaitons rendre public. Mais notre identité numérique comprend aussi nos activités, logs-in et Moi, qui nous sont propres et ne contribue pas à ce jeu d’image.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/189988/original/file-20171012-31422-2cisb3.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Identité sociale/identité personnelle @FrançoisNicolle.</span>
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</figure>
<p>Il peut d’ailleurs exister de fortes tensions entre ces identités sociales et personnelles. Pour caricaturer nous pourrions prendre l’exemple d’un hacker qui peut dans le même temps tenir un blog sur la citoyenneté en ligne.</p>
<h2>Un espace de liberté à domestiquer</h2>
<p>Cette identité numérique nous ouvre un nouvel espace de liberté au travers des alias, des avatars et autres pseudos qui nous permettent d’être perçu pour ce que nous voulons. Si cet espace de liberté est à conquérir, il est surtout à préserver. En effet en communiquant toutes nos données aux géants du web nous dévoilons une part importante de nous : nos achats, nos trajets, nos désirs… Cette concentration de données au profit de quelques acteurs et le risque de dérives potentielles qui en résulte doit nous alerter sur la nécessaire éducation à l’identité numérique.</p>
<p>D’autant plus si nous imaginons que certains <a href="http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/01/18/32001-20170118ARTFIG00135-mark-zuckerberg-veut-il-devenir-president-des-etats-unis.php">fondateurs de réseaux sociaux</a> pourront faire le choix de la politique dans un futur proche.</p>
<p>Protéger son identité c’est aussi protéger sa liberté.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/85140/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Nicolle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Si un consensus a pu être établi en sciences sociales à propos de la définition de l’identité, il n’en est pas de même pour sa version numérique. Tour d’horizon et proposition de définition.
François Nicolle, Assistant enseignant-chercheur ICD Paris, Propedia
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2016-04-29T04:39:31Z
2016-04-29T04:39:31Z
Digital natives (4) : désormais tous nomades à l’école
<p><em>Cet article vient compléter la série sur les digital natives publiée précédemment.</em></p>
<p>Dans le mythe du « natif du numérique » (<em>digital native</em>) déjà évoqué pour <a href="https://theconversation.com/digital-natives-1-demythifier-le-mythe-des-natifs-vs-immigrants-du-numerique-57312">The Conversation France</a> et qui émerge en 2001 à travers les écrits du chercheur américain Marc Prensky, le rôle central joué par le phénomène de panique générée par les médias mérite d’être approfondi.</p>
<p>Cette panique des « natifs vs immigrants » prend les médias prénumériques, avec des « contenus du patrimoine » (<em>heritage content</em>, dit Prensky) à leur propre piège. Ils se retrouvent à la fois juge et partie, devant ajuster leurs routines au déboulement d’un nouveau venu dans leur champ, Internet.</p>
<h2>Un média chasse (un peu) l’autre</h2>
<p>Dans ce double rôle, les médias ne sont plus de simples fenêtres sur le monde ou des filtres de la réalité, mais des opérateurs de changement.</p>
<p>Leur nature transformative se révèle dans la construction du problème public causé par la panique « natifs vs immigrants », à savoir le rôle de l’école et de la pédagogie.</p>
<p>Les médias interviennent tout au long du processus de la panique. Ils en font l’inventaire sens dessus dessous, ils suivent les réactions des enseignants et des décideurs acculés à faire des déclarations polarisantes, voire clivantes, puisque la panique force à se positionner du côté de la bonne ou de la mauvaise pédagogie, de la modernité ou de l’ancienneté.</p>
<p>Ils suivent en cela leur propre logique de valeur de l’actualité, avec un cadrage narratif sous la forme d’oppositions binaires concernant le système scolaire (bon/mauvais, nocif/inoffensif…).</p>
<p>Mais ils sont contraints de se mettre en scène, et se trouvent partiellement pris au piège de leur propre dispositif. Partiellement, car ils éprouvent une sorte de jubilation narcissique à donner des preuves de leur pouvoir de représentation, voire de leur propre fragilisation.</p>
<p>Car le nouveau média déplace leur propre monopole sur l’information et son agenda. La panique sur les natifs/immigrants révèle aussi une guerre larvée entre élites médiatiques : les médias de patrimoine répugnent à être déplacés dans leur pouvoir de représentation tandis que les médias avec des « contenus du futur » (<em>future content</em>, dit Prensky) visent à leur ôter leur position de monopole de fait, perçue comme hégémonique.</p>
<h2>Casser les moules</h2>
<p>L’Internet produit ses propres organes de presse, avec des modèles économiques différents – avantage accru avec l’arrivée des réseaux sociaux et le tournant <em>smart</em> (social et participatif) des années 2005-07. Pour s’imposer, la seule solution est de casser les moules de l’ancien modèle en l’obligeant, soit à reconnaître son obsolescence et à changer de pratiques, soit à partager la manne publicitaire et informationnelle.</p>
<p>La stratégie de la nouvelle élite médiatique est d’utiliser la panique pour mettre en crise permanente la société, jusqu’à obtenir gain de cause.</p>
<p>Paradoxalement, la panique attire donc aussi l’attention sur les médias et leur rôle en société. Elle fait bouger les lignes, car soudain ils semblent aussi apparaître à l’école, alors que leur présence y a toujours été très encadrée (une fois par an en France, lors de la semaine de la presse et des médias à l’école).</p>
<p>Les médias, notamment ceux du numérique, ne respectent plus le statu quo et font une concurrence frontale à l’instrument prénumérique de la socialisation, l’école. La résolution de la panique tend à intégrer, toujours sous contrôle, l’Internet dans les classes. La réforme de 2013 en France, qui a mené à la création de la Direction du numérique à l’école (DNE) laquelle a coopté à son tour l’Éducation aux médias et à l’information (EMI), est caractéristique de la tentative de résolution négociée du dilemme créé par la panique.</p>
<h2>Entrée de nouveaux acteurs</h2>
<p>À la concurrence entre élites médiatiques s’ajoutent deux facteurs nouveaux dans le moment cybériste (terme que j’ai créé pour marquer que nous sommes dans une nouvelle ère, sans toujours faire référence à la tension obsolète entre modernisme/postmodernisme) : l’évolution de la « culture jeune » dans la mondialisation et l’avènement du secteur civique.</p>
<p>L’élite médiatique cherche du soutien dans l’opinion publique, en impliquant les communautés qui lui sont acquises, les jeunes internautes natifs notamment.</p>
<p>Les grandes plates-formes du numérique ont ainsi conclu une espèce de pacte stratégique de mise en visibilité où une section du public est très impliquée. Elles donnent un accès gratuit aux jeunes (de plus de 13 ans) sur les réseaux sociaux et génèrent leurs propres héros, leurs propres influenceurs, leurs propres célébrités.</p>
<p>Culture populaire et culture élitaire y trouvent des intérêts partagés, même si chacune espère y trouver des gains séparés en sortie de panique (du travail pour les jeunes, du data mining et du profiling pour les plates-formes).</p>
<p>Les plates-formes des réseaux sociaux (qui sont des médias même si elles le nient), profitent de l’émergence de la « culture jeune » internationale, déjà nourrie de MTV et de butinage sur les vidéos YouTube ou le gameplay de leurs jeux vidéo favoris.</p>
<h2>« Culture jeune » et dimension internationale</h2>
<p>Cette « culture jeune » n’est pas fabriquée majoritairement par des jeunes mais par une cohorte issue des classes moyennes, qui éprouve un besoin authentique de créer de la nouveauté tout en ayant une peur inédite d’être déclassée.</p>
<p>Elle s’appuie sur l’arrivée de nouveaux entrants sur la scène médiatique pour se créer une identité et une visibilité. Elle montre qu’il n’y a pas qu’une seule culture de contrôle unique et omnipotente.</p>
<p>Les instances qui la constituent sont difficiles à repérer, tant se combinent à la fois des intérêts multinationaux et des pressions internes de nationaux en mal de changement qui y voient un intérêt pour contrebalancer les lenteurs de leur propre culture, notamment de l’institution scolaire.</p>
<p>La panique des «natives vs immigrants» se double donc d’une dimension internationale due au média Internet, lui-même transfrontière. La mondialisation augmente la panique parce qu’elle crée des dissonances cognitives.</p>
<p>Étant donné les flux de distribution des programmes et les flux de circulation des données sur les plates-formes, les États-Unis sont en ligne de mire, la mondialisation pouvant s’interpréter comme une américanisation.</p>
<p>Le positionnement de nombreux pays par rapport aux États-Unis et à l’exportation agressive de leur culture médiatique a ainsi joué dans l’intensité et la résolution de la panique, comme l’a montré la récente négociation du <a href="https://www.theguardian.com/technology/2016/apr/14/data-regulators-reject-eu-us-privacy-shield-safe-harbour-deal">« Privacy Shield »</a>, visant à protéger les entreprises et les citoyens européens pour le contrôle de leurs données.</p>
<h2>Société civile et sortie de crise</h2>
<p>Le positionnement par rapport à l’enfance, à la famille, à l’école conditionne le rôle de la société civile, qui émerge comme un autre acteur important.</p>
<p>La panique « natifs vs immigrants » est aussi une des rares où la fonction d’agenda de la presse a été débordée par la fonction d’agenda de la société civile, qui cherche à valider sa légitimité auprès des pouvoirs publics. Les associations qui en font partie ont bénéficié aussi du nouveau média pour s’organiser et réinventer les modes de la militance, de la mobilisation et de la désobéissance civile.</p>
<p>Elles ont adopté la stratégie de demander des commissions d’enquête, des consultations en ligne, qui donnent lieu à des rapports contenant un certain nombre de recommandations, comme dans le cas de la grande concertation nationale sur le numérique pour l’éducation, en 2014.</p>
<p>Dans cette stratégie d’action collective, elles visent à représenter les intérêts des parents face à la culture jeune et veulent générer du droit plutôt que du simple débat contradictoire.</p>
<p>En France, pays où le système d’entraide publique reste encore solide, leur tendance est de demander des comptes aux institutions sociales appropriées, en étendant leurs missions (ministère de l’Éducation, de la culture, CNIL, CSA…). Elles demandent aussi au secteur privé de s’y mettre, en incitant à la mise en place de bonnes pratiques de Responsabilité sociale des entreprises (RSE).</p>
<h2>Quinze ans après le mythe, à l’école… tous nomades ?</h2>
<p>Depuis 15 ans, la métaphore des natifs a pris en marketing (comme génération Z ou XY), pas celle des immigrants. Mais elle répugne toujours à l’école. Et de fait les usages du numérique par les « jeunes » ne se présentent plus sous la même perspective.</p>
<p>Au discours de rupture porté par la panique (entre générations, entre école et loisirs, entre travail et jeu…), se substituent plutôt des discours de suture (sur le sens à donner, sur les compétences à acquérir, sur les besoins en formation). Des enquêtes ethnographiques sur la sociabilité adolescente sur les réseaux, des observations sur les usages de l’écrit et du lu par les jeunes se multiplient qui présentent des résultats qui accentuent l’hybridité plutôt que la polarité.</p>
<p>Le temps long de la recherche a pris le dessus sur le temps court de la panique. Pour ne citer que quelques travaux en France, il faut consulter le <a href="http://paysdelaloire.e-lyco.fr/actualites/le-numerique-au-lycee-3183.htm">rapport UsaTICE sur le numérique au lycée</a>, les <a href="https://terminal.revues.org/278">travaux</a> de l’ANR INEDUC portés par Pascal Plantard sur les inégalités éducatives chez les 11-15 ans dans leurs divers espaces de vie. Plus récemment les travaux de l’<a href="http://translit.univ-paris3.fr/">ANR Translit</a>, que je porte, considèrent la situation des 15-17 ans.</p>
<p>Les publications des membres, en particulier ceux de l’axe 2 qui analyse les dispositifs et les interactions (Vincent Liquète, Élisabeth Schneider, Anne Cordier, Anne Lehmans, Karine Aillerie, Angèle Stadler, Franck Morandi, Karel Soumagnac-Colin, Nathalie Pinède, Véronique Lespinet, Françoise Tort, Béatrice Drot-Delange, Irma Velez, Frédérique Longuet, Amélie Turet, Perrine Boutin et moi-même) montrent des dispositifs hybrides (entre papier et numérique) et des usages imbriqués (dans et hors l’école, en ligne et hors-ligne).</p>
<p>Surtout ils attestent d’une translittératie en émergence, à savoir des capacités à chercher, évaluer, tester, valider, modifier l’information avec tous les outils à disposition (de l’écrit à l’image, du livre au wiki). Et ce, tant du côté des élèves que des enseignants.</p>
<p>Les élèves tout comme les enseignants sont aux prises avec la migration numérique, avec des situations très hétérogènes, qui font évoquer plutôt une situation de nomadisme partagé. Tous les natifs ne sont pas en pleine capacité de se saisir des potentialités du numérique.</p>
<p>Tous les immigrants ne sont pas réfractaires aux affordances numériques. Dans tous les cas, les besoins sont criants en formation, celle des enseignants comme celle des élèves, à l’école comme à l’université. Il y a là panique en la demeure…</p>
<p>En tout cas, la panique des « natifs vs immigrants » a eu pour effet historique d’attirer l’attention sur la socialisation des jeunes par les médias, en concurrence frontale avec l’école désormais. Un <a href="http://edition.cnn.com/2015/11/03/health/teens-tweens-media-screen-use-report/">sondage récent</a> montre que les jeunes passent plus de temps (9heures/jour) sur les écrans qu’au lit ou avec les adultes.</p>
<p>La panique révèle qu’il s’agit là d’enjeux politiques et économiques autant qu’éthiques (à en juger par les intérêts de l’éducation personnalisée à l’extrême prônée par certaines plates-formes pure players).</p>
<p>Les prochains dispositifs de gouvernance des médias, comme en attestent tous les travaux sur la gouvernance d’Internet (<a href="https://www.netmundial.org/">NetMundial</a>), seront sans doute partiellement façonnés par ces enjeux. Les maîtriser passe par une Éducation aux Médias et à l’Information (EMI) fondée sur les Droits de l’homme qui doivent eux aussi opérer leur transition dans le numérique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57850/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Divina Frau-Meigs a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche pour le projet TRANSLIT qu'elle dirige. Elle est membre de enjeux e-médias</span></em></p>
Pour les nouvelles générations du numérique, c’est dès l’école que les media fonctionnent comme des opérateurs de changement.
Divina Frau-Meigs, Professeur des sciences de l'information et de la communication, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
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tag:theconversation.com,2011:article/58377
2016-04-27T04:43:38Z
2016-04-27T04:43:38Z
Comprendre le plan numérique pour l’éducation
<p>La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem porte depuis sa mandature au ministère un « plan numérique pour l’éducation » qui concerne les collèges. Ce programme a été inauguré en 2015 avec un travail expérimental de préfiguration conduit dans plusieurs centaines d’établissements et le lancement d’un appel à projets.</p>
<p>L’objectif, hautement louable, est celui de la transmission d’une culture numérique aux futures générations et la réduction des inégalités grâce aux technologies (exclusion sociale, handicap…). Le projet devrait selon toute vraisemblance trouver son terme en 2018 autour de la mise à disposition massive d’équipements et de contenus numériques pour les élèves et les enseignants.</p>
<h2>Intégrer le numérique aux programmes</h2>
<p>Le premier axe d’intervention est incitatif. Il concerne l’usage du numérique en classe, « en particulier en français et en mathématiques » stipule le plan. Cependant, aucune indication n’est donnée quant au type de technologie à utiliser, en particulier sur la problématique “outils propriétaires/univers du libre” qui pose des questions déontologiques et de gestion des données (quels sont les droits d’usage ? Où les données sont-elles sauvegardées ?). </p>
<p>Le gouvernement demande ensuite aux collèges d’engager des actions de sensibilisation des élèves aux discours médiatiques, ce qui est une chose excellente quand on sait l’impact que les nouveaux canaux de circulation de l’information ont sur les jeunes générations (notamment les réseaux sociaux). Cependant, aucun outil concret n'est mis à leur disposition. </p>
<p>Dernier point d’achoppement : l’initiation à la programmation. Bien qu'il ne soit pas vital d'apprendre à coder, c’est un axe de compétence important qui va donner la capacité à chaque collégien de déployer un discours critique face aux processus de mise en forme et de gestion de l’information dans le numérique. Mais on regrettera, là encore, une absence de consignes et de préparation des équipes pédagogiques.</p>
<p>Il apparaît donc clairement que le choix des actions est laissé à l’appréciation des enseignants. Encore une fois, leur expertise est largement sollicitée et c’est une compétence supplémentaire qu’on leur demande de maîtriser.</p>
<h2>Former de futurs citoyens connectés</h2>
<p>La transmission d’une culture numérique dès le plus jeune âge est intimement liée au désir des pouvoirs publics de repositionner la citoyenneté et l’apprentissage des valeurs démocratiques au centre des enseignements. Cela transparaît à travers une multitude d’actions dont les plus récentes : <a href="http://www.modernisation.gouv.fr/laction-publique-se-transforme/en-ouvrant-les-donnees-publiques/gouvernement-ouvert-france-numerique-et-contribution-citoyenne">le portail de modernisation de l’action publique</a>, la commande d’<a href="http://www.renaissancenumerique.org/images/stories/Publications/lb_democratie_maj.pdf">un rapport sur les équilibres démocratiques</a> et, bien entendu, <a href="http://www.gouvernement.fr/action/l-ecole-numerique">ce plan numérique pour l’éducation</a>.</p>
<p>Mais le gouvernement se donne-t-il les moyens de mettre réellement en œuvre une révolution numérique et citoyenne dans l’enseignement ? On est en droit d’en douter.</p>
<p>Trois journées de formation et la mise à disposition de ressources en ligne ne seront pas suffisantes pour permettre aux équipes pédagogiques d’encadrer au mieux les élèves. Il importe au contraire d’entrer dans une logique réelle de formation des formateurs avant d’engager de telles réformes. Ou bien d'envisager le recrutement d'auxiliaires de vie numérique qui seront là pour mettre en place des actions.</p>
<p>Dans l'immédiat, ce sont donc les équipes des ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l'éducation), des ISFEC (Instituts Supérieurs de Formation de l'Enseignement Catholique), ainsi que les universitaires qui vont répondre aux besoins et aux demandes des futurs enseignants, puis les accompagner le plus possible dans l’usage des technologies. </p>
<p>Quant aux enseignants en poste, il convient d'ores et déjà d’imaginer un travail de sensibilisation au numérique qui fera l’objet d’un suivi au long court, au-delà des maigres actions proposées par le gouvernement.</p>
<h2>Se donner les moyens de réussir</h2>
<p>La mise à disposition de ressources pédagogiques sur un portail est un premier axe fort du plan. Cependant, une confusion demeure, car les contenus restent, pour l’heure, accessibles de manière éparse sur des sites déjà existants comme celui de <a href="https://www.reseau-canope.fr">Canopé</a> ou d’<a href="http://www.edutheque.fr/accueil.html">Eduthèque</a>. </p>
<p>Le premier portail a été fondé en 2014 sur la base d’une fusion entre les collections de centres de ressources anciens. Le second a été lancé en 2013 dans le cadre du projet d’instauration d’un service public numérique et il s'adresse indistinctement aux enseignants de collèges, de classes de primaire et de lycées. On voit donc que nous sommes dans une stratégie de récupération et que le devenir de cette proposition est incertain.</p>
<p>L’accès à ces ressources - comme la conduite d’activités - nécessitent ensuite d’équiper les enseignants et les élèves. C'est le deuxième axe d'action. Ici, l’accent est mis sur l'acquisition d'EIM (équipements individuels mobiles), car ils sont multifonctionnels (ils permettent de lire, écrire, filmer, se géolocaliser…). En outre, ils peuvent accompagner la numérisation des tâches du quotidien scolaire comme la gestion des emplois du temps ou des bulletins de notes. </p>
<p>On s’interrogera cependant sur les modes d’acquisition massifs et uniformisés de tablettes (notamment face à la question du libre arbitre et du libre équipement de chacun). </p>
<p>Enfin, le troisième axe porte sur le financement à venir de plusieurs projets de recherche sur des thématiques aussi diverses que l’écriture (manuscrite/informatisée) ou la manipulation de matériels (robots, imprimantes 3D) (appels e-FRAN et PIA). </p>
<p>Ces projets répondent aux attentes inventoriées dans le cadre de l’étude « collèges connectés » – une étude qui fait le point sur les espoirs que les élèves, les enseignants, mais aussi les parents fondent dans le numérique (2015). Reste à espérer que ces projets impulseront une dynamique et donneront de l’envergure au plan.</p>
<h2>Les limites du plan et son devenir</h2>
<p>Pour conclure, on dira que la structuration du « plan numérique pour l’éducation » est symptomatique du rapport ambigu que les pouvoirs publics entretiennent avec les technologies, à savoir : faut-il administrer la numérisation de l’enseignement ou bien faut-il entrer dans une dynamique de laisser-faire en soutenant des projets particuliers et innovants ?</p>
<p>On insistera également sur le fait que les propositions sont de qualité, mais que les objectifs à atteindre ne sont pas posés (1) par l’absence de philosophie générale (mettre en place un arbitrage au niveau national ou accompagner des projets par établissement ?) ; (2) par l’absence de méthodologie (quelle méthode d’analyse des dispositifs médiatiques doit être prônée ?) ; (3) par l’absence d’objectifs (à quoi cela peut-il servir d’apprendre à coder ?).</p>
<p>Il apparaît donc urgent de rédiger un guide ou un référentiel pour l’intégration du numérique à l’école. Sans doute les spécialistes français des EdTech (technologies de l'éducation) et du champ des Humanités Numériques devraient-ils être mobilisés ? </p>
<p>Quoi qu’il en soit, de plus en plus d’initiatives sont mises en place, à l’instar du <a href="http://hackeduparis2016.strikingly.com">HackEdu</a> Paris, de La <a href="http://www.frenchtoucheducation.com">French Touch de l’Éducation</a> ou du premier <a href="http://calenda.org/353505">Edcamp France</a> qui devront être des lieux propices à une réflexion nourrie et au redéploiement de ce « plan numérique pour l’éducation » dans un futur proche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/58377/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michaël Bourgatte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
L'objectif du plan numérique est louable mais la préparation et l'accompagnement des étudiants sont insuffisants et le gouvernement ne se donne pas les moyens de réussir.
Michaël Bourgatte, Maître de Conférences en Humanités Numériques, Institut catholique de Paris (ICP)
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2016-04-12T21:11:59Z
2016-04-12T21:11:59Z
Digital natives (3) : le monde au bout des doigts
<p>Dans la société de l’image et de l’instantané, les jeunes générations ont les pensées « kaléidoscopes ». Ils peuvent tout faire en même temps… regarder un film sur YouTube, parler avec un ami, envoyer un SMS, regarder le temps qu’il fait dehors, et imaginer la minute qui va suivre… pourvu qu’ils en changent le cours.</p>
<p>En effet, plus de 75 % des jeunes ne peuvent s’imaginer un monde sans le web](http://news.bbc.co.uk/2/hi/technology/8305731.stm).</p>
<h2>Aller vite et bien</h2>
<p>Il est vrai que depuis les années 90, les digital natives ont été nourris aux séries, à la Télé réalité, aux CD Rom, aux DVD Rom, à l’encyclopédie sur le net, à l’arrivée d’Internet et de MSM, de ICQ, des SMS, des Tatoos, Tribu et dès 2005 de Facebook.</p>
<p>Les jeunes générations ont donc pris l’habitude d’aller vite et bien… à la recherche d’informations qui somme toute étaient virtuelles. Impalpables et difficiles à mémorisées, pas de « Madeleines de Proust volatiles ».</p>
<p>Peu à peu les cahiers ont été remplacés par les organiseurs puis par les smartphones. Enfin, les enseignants se sont laissés posséder par YouTube. Le cartable est devenu sac à main après avoir été sac à dos.</p>
<h2>Le rôle des smartphones et de Google</h2>
<p>Actuellement ce sont les smartphones qui transportent les jeunes. La connaissance en poche est donc à portée de main et les idées sont à l’extérieur. Pourvu qu’elles soient téléchargées.</p>
<p>Plus besoin d’esprit de réflexion pour réfléchir… il suffit de lancer haut et fort le slogan magique : « Tapez Google ». 90 % des moins de 15 ans ont un mobile en classe.</p>
<p>Les enseignants doivent se battre pour les leur faire éteindre dès l’entrée en cours et pour les garder en poche ne serait-ce qu’une heure.</p>
<p>Les digital natives sont depuis longtemps de véritables consommateurs de savoir et pensent que se forger une idée passe forcément par leur moteur de recherche favori. Une page blanche, et hop des infos. Mais pour ce qui est de garder en mémoire les données… c’est plus difficile.</p>
<h2>Une question d’usage et de mémoire</h2>
<p>Les digital natives passent en moyennes une quinzaine d’heures par semaine sur Internet. Les jeunes générations possèdent une mémoire « haute définition » soit une mémoire implicite perceptuelle, comme le montre les <a href="http://www.maxisciences.com/souvenir/memoire-les-jeunes-possederaient-une-meilleure-definition-de-leurs-souvenirs_art31805.html">travaux de recherche</a> du professeur Philip Ko de l’Université Vanderbilt à Nashville, dans le Tennessee.</p>
<p>Comment donc, imaginer le monde peuplé d’individus forgés par des années de jeux, de zapping et de choix des « savoirs à la carte » ?</p>
<p>Je joue sur Internet et de plus en réseau, je customise ma voiture, je choisis ma résidence de vacances, je change de partenaire, je décide de supprimer de ma vie tout ce qui ne me convient pas.</p>
<p>Ou, plus encore je « zappe » le prof quand je ne le veux plus… donc je ne le vois plus… il ne fait plus partie de ma vie et je le supprime de mes amis. En fait, je n’ai plus qu’un seul ami : Google… il englobe des milliers d’amis.</p>
<p>En réalité, la connaissance depuis vingt ans a subi le sort des données virtuelles. Elles font partie de la libération de l’inconscient sous caution. S’inscrire, se localiser, accepter et hop ! ! ! Avoir un diplôme, un ami, un job, aimer et se satisfaire.</p>
<p>Les digital natives ont donc un pouvoir fulgurant : la capacité de choix et de suppression de tout ce qui dérange. J’aime : j’ingurgite… j’aime pas : je supprime. Un stage ne me convient pas… je zappe.</p>
<p>Un copain me dit ce que je ne veux pas entendre : je le trappe, le supprime, le « tège ». Mes parents ne me comprennent pas, je file. Un individu m’adresse la parole, ça ne me plaît pas : j’évite… je m’évade.</p>
<p>Tout est ici et maintenant… pourvu que j’aie vite et que je maîtrise… je contrôle !</p>
<h2>Les marques à l’assaut</h2>
<p>De plus, les marques l’ont bien compris, les digital natives confient volontiers leurs données personnelles afin de contribuer à l’expansion du monde de la consommation digitale.</p>
<p>Sur une dizaine de pages renseignées sur Facebook, des milliers de lignes de code abreuvent les marques sur les consommateurs et avant tout, les futures générations. Mieux connaître les jeunes c’est mettre au point des produits qui leur correspondront a fortiori.</p>
<p>Le syndrome de Stockholm pousse les jeunes à la dépendance et à l’acceptation de la torture psychologique. Être dépendant et en empathie avec le bourreau. Accepter la torture des marques, c’est mieux comprendre pourquoi ont joue avec le digital et comment ont s’identifie au virtuel. Les marques sont amies mêmes si elles nous torturent… pourvu qu’on soit connectés.</p>
<p>Sur les mobiles les jeunes laissent bien plus que des empreintes digitales. Ils déposent leur identité digitale.</p>
<p>Les digital natives ont aujourd’hui tout au bout des doigts. Espérons qu’ils réfléchiront avant d’appuyer sur les gâchettes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57458/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Georges Séror travaille pour l'Institut de l'Internet et du Multimédia groupe Léonard de Vinci</span></em></p>
Tout ici et maintenant. À force de vivre par Internet interposé, les jeunes générations perdent leur capacité de réflexion. Dernier article de cette série sur les digital natives.
Georges Séror, Responsable pédagogique de l’Axe Communication Digitale et Apprentissage, Pôle Léonard de Vinci
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tag:theconversation.com,2011:article/57314
2016-04-11T20:14:07Z
2016-04-11T20:14:07Z
Digital natives (2) : la génération Y, l’entreprise et le pédagogue
<p>Le sujet des générations Y/Z suscite un intérêt croissant en entreprise, où il vient « rafraîchir » des thèmes plus anciens tels que le management intergénérationnel, la reconnaissance, l’exemplarité ou encore la marque employeur. En tant que professeur de management, cette question m’a interpellé en raison de sa prégnance lors des discussions avec des managers, mais aussi lors de rencontres organisées autour des grandes questions de l’entreprise et du management.</p>
<p>Pour autant, la communauté académique ne s’est pas véritablement mobilisée pour analyser la <a href="https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=EMR_153_0012">réalité des questions sous-jacentes</a>. Ceux que l’on pourrait qualifier plus globalement de natifs digitaux (pour rassembler les Y et les Z et sortir ainsi d’une approche générationnelle étroite dont on peut déjà questionner la pertinence) interpellent pourtant managers et directions des ressources humaines en raison de postures et de pratiques qui peuvent être perçues comme étant déstabilisantes. C’est pourquoi j’ai souhaité, dans le cadre d’une <a href="http://www.talent-digital.fr/chaire-gem-orange-digital-natives/">Chaire d’enseignement & de recherche</a>, mieux comprendre ce phénomène et ses implications pour les pédagogues.</p>
<p>À l’issue d’un premier cycle de travaux réalisés avec des enseignants-chercheurs de Grenoble Ecole de Management, de l’Université de Grenoble, de l’Institut Mines Télécoms et de Télécom École de Management, cycle qui a pris la forme d’un ouvrage collectif paru en février 2015 aux Presses Universitaires de Grenoble, j’aimerais partager ici quelques réflexions avec les lecteurs. Pour chacune, nous esquisserons quelles sont nos responsabilités en tant que pédagogues.</p>
<h2>Mieux saisir les réalités des mondes du travail et de la transformation numérique</h2>
<p>Premier point, on observe que les jeunes générations sont elles-mêmes assez critiques et plutôt lucides sur leurs usages du numérique. Globalement conscientes d’être trop connectées, désireuses de mieux comprendre les logiques de l’économie digitale, sans illusions excessives en ce qui concerne les potentialités des réseaux sociaux – elles semblent leur préférer les « vrais » réseaux personnels et professionnels – les jeunes générations abordent la question du digital avec un certain recul dès lors qu’elles poursuivent des études supérieures.</p>
<p>Elles savent en effet assez peu de choses sur le digital, ses enjeux, son économie, sa géopolitique… Elles ne s’en cachent pas et elles attendent de nous que nous les accompagnions sur le chemin d’un apprentissage de ces questions. Il est ainsi indispensable de mieux les préparer aux enjeux et aux modalités de la transformation digitale des organisations pour qu’ils y prennent une place plus active et moins présupposée (« ils sont connectés, donc ils savent »).</p>
<p>Car le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont (parfois) attendus sur ces questions : Georges Sampeur, co-fondateur et président du groupe hôtelier B&B, me disait récemment lors d’un échange combien il ressentait le besoin d’être éclairé par ses jeunes collaborateurs – « car moi je n’y entends rien ! »</p>
<p>Cette prise de conscience est donc un vrai sujet pour les natifs digitaux : ils doivent comprendre que « leur » monde ne représente qu’une partie de la réalité économique et qu’ils trouveront principalement à exercer leurs talents dans des entreprises qui ne relèvent pas de l’économie numérique – ou du moins pas encore, ou pas directement.</p>
<h2>Du mythe de l’entreprise « cool » à l’entreprise « réelle », tout un apprentissage…</h2>
<p>De fait, la mythologie qui s’est construite autour de la Silicon Valley, de ses marques totémiques et de ses entrepreneurs emblématiques (songeons simplement à ces deux figures que sont respectivement Mark Zuckerberg et Steve Jobs, personnalités « sanctifiées » – certes, dans toute leur ambiguïté – par le cinéma hollywoodien), y compris dans l’hexagone – les cas de Vente Privée et de Priceminister me viennent spontanément à l’esprit – a pour limite de véhiculer l’image de <em>place to work</em> où « il fait bon vivre » quand on a 25 ans… C’est tellement vrai que les grands du CAC 40 – visitez les sièges de Carrefour à Massy et de BNP Paribas Cardif à Nanterre – s’en inspirent pour attirer en périphérie leurs jeunes (et moins jeunes) collaborateurs.</p>
<p>Or cette (re) découverte de l’économie traditionnelle est à mon sens une vraie nécessité. D’abord, parce que nous vivons dans un monde qui tend à gommer, du fait de la simplicité apparente et de la fluidité des applications numériques, les problématiques opérationnelles des métiers (commander un billet de train via une application pour smartphone est une chose, faire rouler des trains en est une autre…) ; ensuite, parce qu’il faut les préparer à un monde du travail qui n’est pas fait que de salles de sport et de baby-foot, où il est « cool » d’arriver en milieu de matinée. Les réalités du monde du travail et les difficultés qu’ils y rencontreront doivent leur être exposées dans toutes leurs nuances, y compris pour étudier avec eux les moyens les plus à même de les faire évoluer dans le sens qui leur convient – car après tout, le futur leur appartient.</p>
<p>De fait, comme l’indique l’<a href="http://chaire-immobilier-developpement-durable.essec.edu/recherches/mon-bureau-de-demain">étude</a> réalisée par la Chaire Immobilier et Développement durable auprès de 500 étudiants de l’ESSEC concernant leurs futurs espaces de travail, « à l’heure des espaces partagés et du bureau sans poste fixe, à l’heure du télétravail, l’influence des espaces de travail est aujourd’hui primordiale pour la Génération Y » : 93 % ne veulent plus travailler dans un bureau classique, 73 % privilégient des espaces de travail collectif, et 40 % d’entre eux considèrent que l’espace de travail est déterminant dans le choix du futur employeur. CQFD ?</p>
<h2>La génération Y et l’économie de l’attention</h2>
<p>Second point, ils ne sont pas multitâches (pas plus que vous ou moi d’ailleurs) et ils doivent donc apprendre à vivre déconnectés pour pouvoir produire des livrables requérant une réelle concentration. Avec Caroline Cuny et Gaël Allain, nous l’avons mesuré dans le cadre d’un cours d’étude de marché et la démonstration est sans appel : lorsqu’ils n’ont pas l’usage d’un PC, les étudiants obtiennent des résultats nettement supérieurs à l’évaluation du TD. Il convient donc de les aider à prendre conscience de cela et de la fatigue qu’entraîne chez eux le fait de se croire plus agiles qu’ils ne le sont.</p>
<p>Au global, il me semble essentiel de les aider à mieux conscientiser leurs représentations et leurs pratiques digitales pour en questionner la pertinence et les risques : ne plus se concentrer sur une seule tâche par exemple, apprendre à prioriser et gérer son temps… et donc son attention.</p>
<p>Il nous appartient donc de les amener à réfléchir sur les fondamentaux de cette « économie de l’attention » et ses modalités de captation des consciences, de la valeur économique et des données nous concernant – captation qui se joue au détriment d’autres formes d’attention (y compris la leur !) et qui doit être problématisée. Sur cette notion, nous renvoyons le lecteur vers l’ouvrage collectif coordonné par <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/lattention-un-bien-precieux">Yves Citton</a>).</p>
<h2>Et si la génération Y nous donnait finalement, à nous, l’occasion de changer ?</h2>
<p>Tout ce qui précède nous ramène in fine vers des considérations d’ordre général sur le management et sur la manière de travailler. Leur apprendre à l’école et à l’université, via leurs pratiques du digital (questionnées, problématisées), à travailler (à gérer leur temps, à ce concentrer…), et, en entreprise, à reconsidérer quelques fondamentaux du management au travers de ces mêmes pratiques et des points d’interrogation qu’elles soulèvent, est donc plutôt une chance : une chance pour eux de mieux prendre leur place dans le monde digitalisé qui s’est ouvert et une chance pour nous, qui ne sommes pas des natifs digitaux, de les voir et de nous regarder autrement – en questionnant nos pratiques managériales.</p>
<p>Il est alors essentiel de ne pas sombrer dans les clichés (« ils sont incapables de se concentrer ! » ; « ils ne sont pas engagés dans le travail ! »), ni de les surestimer (cette « présomption de compétences » relative à leurs pratiques du digital qui en feraient des champions présumés de la question) : faisons leur confiance, tout simplement, et accompagnons-les, car ils ont beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes. À travers eux, c’est le monde d’aujourd’hui qui se cristallise dans toute sa complexité. Accueillons-les avec un esprit d’ouverture et un esprit critique qui leur sera précieux – à eux autant qu’à nous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57314/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Meyronin a reçu des financements de BNP Paribas et Orange pour des chaires. Il est conseiller scientifique de la fondation de recherche ServiceLab, financée par ERDF et l'Académie du Service. </span></em></p>
La génération des « natifs digitaux » interpelle le monde de l'entreprise et la communauté académique.
Benoît Meyronin, Professeur titulaire de la Chaire BNP Paribas Cardif "Ingénierie & culture de service", Grenoble École de Management (GEM)
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tag:theconversation.com,2011:article/57312
2016-04-10T20:19:44Z
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Digital natives (1) : démythifier le mythe des « natifs vs immigrants » du numérique
<p>Le mythe du « natif du numérique » (<em>digital native</em>) émerge en 2001 sous la plume du chercheur américain Marc Prensky dans un article publié en deux volets intitulé <a href="http://www.emeraldinsight.com/doi/abs/10.1108/10748120110424816">« Digital Natives, Digital Immigrants) »</a>. Il se fonde sur une idée principale polarisante : les jeunes nés après 1980 sont des indigènes du numérique de par leurs usages et ils apprécient les contenus « du futur » (<em>future content</em>) plutôt que ceux du « patrimoine » (<em>legacy content</em>). Leur style d’apprentissage et leur façon de traiter l’information sont radicalement différents de la génération des « immigrants du numérique » (<em>digital immigrants</em>). Celle-ci se trouve confrontée au défi d’un langage obsolète pour former une population de natifs à la fois aux contenus du patrimoine et du futur… dans le langage des natifs.</p>
<h2>Un mythe en lien avec le vécu américain</h2>
<p>C’est un mythe des origines, tellurique, installé dans le vécu américain de la frontière (se lancer dans le futur, l’inconnu) et de l’immigration (laisser le patrimoine derrière soi). C’est aussi un mythe des fins, millénariste, apparu au tournant du nouveau siècle, alors que les États-Unis vivaient une série de crises qui allaient culminer avec 9/11 (crise politique avec la remise en cause des élections Bush/Gore, crise économique avec la peur du bug du millénaire et l’éclatement de la première bulle numérique…).</p>
<p>C’est aussi une période clé car elle marque la naissance de l’Internet politique suite aux attaques terroristes, après l’émergence de l’Internet commercial en 1996 avec le passage de la loi des Télécommunications.</p>
<p>C’est un mythe par ses proportions intergénérationnelles de querelle des anciens et des modernes (natifs et immigrants sont utilisés au pluriel) : les modernes natifs sont sophistiqués et appuyés par une technologie puissante tandis que les anciens immigrants sont mal préparés et dépassés. Le tout fait crise, avec un substrat où la peur collective touche à des valeurs profondes de la société, conditionnant son évolution, voire sa survie.</p>
<h2>Une société du risque et une panique médiatique</h2>
<p>La cristallisation du mythe vient du sentiment d’une modernisation très rapide, donnant naissance à ce que le sociologue allemand Ulrich Beck appelle « une société du risque », qui se préoccupe non plus de la sécurité des individus par rapport aux seules forces de la nature, mais par rapport aux forces du développement technologique.</p>
<p>Selon lui, le risque est devenu partie intégrante de notre subjectivité et sa gestion et sa prévention sont considérés comme une nécessité politique, économique et sociale. Il en résulte ce que le Polonais Zygmunt Bauman qualifie de « peur liquide », un sentiment d’insécurité qui émane du processus d’individualisation par la technologie. Celui-ci met de plus en plus la responsabilité des choix sur les individus alors même que les structures se complexifient, les oppriment et leur échappent.</p>
<p>Mais à y regarder de plus près, avec des arguments étayés par des recherches empiriques et à la lueur de la nature des débats qui s’en sont suivi, le mythe relève plutôt de la panique médiatique, définie comme une peur extrême suscitant l’engagement des individus avec les médias et relayant un sentiment de perte des repères et des valeurs sociales doublé d’une inquiétude pour l’intégrité morale et psychique des personnes impliquées.</p>
<p>Elle met en évidence un risque médiatique : celui du dépassement de l’éducation par les médias, surtout le nouveau média Internet. Elle suggère une profonde incertitude sur la réponse adéquate à lui donner : réformer le système éducatif ou pas.</p>
<h2>Les « 4 D » de la panique médiatique</h2>
<p>Une panique médiatique est en effet révélatrice de problèmes publics en mutation autour de la socialisation des jeunes, notamment dans l’engagement avec une culture en émergence, celle préfigurée par le numérique en émergence dans les années 2000.</p>
<p>Elle se caractérise par quatre étapes, les <a href="https://questionsdecommunication.revues.org/387?lang=en">« 4 D »</a> : Déclenchement, Débat autour d’un Dilemme éthique, Dénouement et Déplacement.</p>
<p>Dans le cas de la panique médiatique des « digital natives vs digital immigrants », les quatre phases sont présentes :</p>
<ol>
<li><p>Déclenchement : l’événement déclencheur, qui attire l’attention du public, est l’article d’un enseignant (immigrant) qui entérine le ressenti d’une génération d’éducateurs confrontés au phénomène de l’Internet dans sa poussée commerciale à la fois dans les foyers et à l’école, suscitant des usages inédits auprès d’une population de jeunes (natifs) en rupture. Une inquiétude collective, mêlée d’indignation, émerge, qui se cherche une définition et une explication des causes, ce qui passe par la désignation de deux camps opposés et adversaires.</p></li>
<li><p>Débat public autour d’un Dilemme éthique : la proposition de Prensky qui fait débat et dilemme est celle d’abandonner les formes traditionnelles d’enseignement de contenus patrimoniaux pour adopter des formes nouvelles pour des contenus du futur. Elle entraîne une série de polémiques sur le bien-fondé d’une telle option, avec des discussions sur la Prohibition ou la Permission d’autorisation du média incriminé (Internet) dans les classes. Se met en place une logique de positions radicalisées, alimentée par les médias traditionnels tout comme les milieux de la recherche. L’opinion publique se mobilise, notamment les parents et les enseignants, avec toutes sortes d’arguments émotionnels et intellectuels qui s’éloignent et dépassent la thèse même de Prensky. Les tonalités éthiques et morales apparaissent dans la polarisation entre la « bonne » et la « mauvaise » pédagogie. Pour les uns, l’argument d’adapter l’enseignement à ce qui convient aux natifs vient à l’encontre de toute pédagogie et contrevient à la nature même de l’apprentissage (qui doit proposer de nouveaux défis aux jeunes plutôt que de céder à la facilité). Pour d’autres, la terminologie est uni-dimensionnelle, réductrice et simpliste, donc peu utile pour gérer l’ampleur du phénomène dans sa complexité. Pour d’autres, en faveur de la réforme du système scolaire, Prensky met le doigt sur les lourdeurs de l’enseignement classique, son ignorance des besoins socio-économiques contemporains et sa nécessaire adaptation aux implications technologiques. L’inquiétude collective prend la forme de l’excès et de la disproportion, créant du trouble dans l’opinion publique et de la dissonance cognitive.</p></li>
<li><p>Dénouement : la résolution est temporairement négociée, avec une série de réformes et lois qui permettent l’intégration plus ou moins contrôlée de l’Internet à l’école. Toutes sortes de compétences et de parcours sont créés, de la maternelle à l’université. Le président Obama soutient le <a href="http://www.ed.gov/stem">programme STEM</a>, qui offre un socle commun de connaissances et de compétences intégrées et non plus séparées entre Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques, pour répondre aux besoins économiques et industriels du XXI<sup>e</sup> siècle. STEM est porté par la <a href="http://www.nsf.gov/">National Science Foundation</a> et fait même partie des critères d’éligibilité à l’immigration aux États-Unis. STEM fait tache d’huile et est adopté dans nombre de pays, fidèle en cela à la gestion du risque des sociétés en voie d’internationalisation par le réseau des réseaux. L’inquiétude collective se calme, non sans sursauts, non sans allusions à des épisodes antérieurs, non sans intimation que d’autres peuvent surgir à l’avenir. La réévaluation du statut de l’Internet s’opère, avec la permission de continuer à fonctionner, sous conditions, notamment à l’égard des jeunes.</p></li>
<li><p>Déplacement : la panique une fois passée, il n’y a pas de retour au statu quo d’origine. Les valeurs comparées du pré-numérique et du numérique font désormais partie du débat public, dans et hors l’école. L’évaluation des fonctions et missions de l’école et de l’Internet se fait de manière conjointe et les deux sphères ne peuvent plus s’ignorer. La réévaluation des forces d’autorité et de légitimité est enclenchée, avec validation ou invalidation des normes et des pratiques des uns et des autres. La panique comme peur liquide s’étend à d’autres pays qui mettent en place des programmes comme « Internet responsable »…</p></li>
</ol>
<h2>Le rôle structurant de la panique</h2>
<p>Notamment dans la phase de Déplacement, l’héritage de la panique tourne à une polémique continue entre différentes communautés. Elle a fait prendre conscience d’une question sociale en profonde mutation, qui modifie les liens familiaux, le statut des jeunes, les missions de l’école, le rôle des nouvelles technologies dans l’apprentissage. Les implications culturelles et idéologiques du nouveau média Internet s’installent dans la longue durée. Même si un retour à la routine du <em>business as usual</em> s’installe, l’atmosphère a changé : certaines contraintes subsistent à l’école (accès, connexion wifi…), de nouvelles niches sont créées (programmes pour enfants, jeux ludo-éducatifs, MOOCs…).</p>
<p>La panique médiatique « digital natives vs digital immigrants » pointe vers une renégociation du pacte culturel, avec la mise en place de ce qui ressemble à un principe de précaution médiatique. Selon les pays, le socle commun STEM ou assimilé se voit corrigé par des logiques de contrôle parental et scolaire, par l’éducation aux médias et à l’information, par le socle commun des compétences, connaissances et de culture et surtout par des programmes du type « <a href="http://www.esen.education.fr/fr/ressources-par-theme/priorites-nationales/management-du-numerique-educatif/internet-responsable/">Internet responsable</a> ». Ils visent à sensibiliser les jeunes considérés comme « naïfs » plutôt que « natifs » aux usages raisonnés et critiques des nouveaux médias. Le risque médiatique est considéré comme suffisamment dommageable à la construction de l’identité et la promotion de la culture pour mener à des politiques publiques. Et ce, d’autant que la recherche a démontré, entre temps, que les apprentissages ne sont pas aussi simples que le mythe l’a donné à croire¹.</p>
<p>Elle est utile car elle met en évidence des déplacements dans les structures de pouvoir, les institutions qui les incarnent et les discours qu’elles véhiculent. Elle fait saillir les lignes de tension entre diverses cultures de contrôle en concurrence, avec les inégalités face aux situations à risque qui s’ensuivent. Elle souligne les risques spécifiques à l’évolution de l’environnement médiatique, dans le néo-libéralisme : les incursions de plus en plus ciblées dans les premiers âges de la jeunesse, la banalisation ou la valorisation de la transgression des valeurs, le brouillage systématique des repères éthiques, le détournement de l’attention des jeunes au profit des médias comme seul dispositif de socialisation (au détriment de la famille et de l’école) et enfin la pénétration multimédia des contenus et comportements à risque malgré les pratiques d’autorégulation du secteur industriel du numérique.</p>
<p>Elle opère un travail de deuil sur le passé tout en œuvrant pour la révision du présent, permettant de débattre du sentiment de perte de repères culturels post-modernes tout en insistant sur la nécessité de refonder l’expérience, y inclus pour y inscrire plus de justice sociale par des demandes de réforme scolaire (distribuer des tablettes à tous dans les écoles par exemple). Elle a pour effet de montrer que la socialisation par les médias relève d’un projet politique et économique tout autant qu’éthique. Elle entérine l’émergence d’un nouveau média et demande la révision des scripts établis pour parvenir à un nouvel équilibre… jusqu’à la prochaine panique !</p>
<p><em>(1) Voir les travaux de Danah Boyd, d’Elisabeth Schneider, de <a href="http://translit.univ-paris3.fr/">l’ANR TRANSLIT</a>… et de Marc Prensky lui-même qui plaide désormais pour la « sagesse » numérique.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57312/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Divina Frau-Meigs a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche pour le projet TRANSLIT. Elle est membre d'enjeux e-médias. </span></em></p>
Existe-t-il une fracture entre les générations du numérique et les autres ? Comment dépasser le mythe et doit-on réformer le système éducatif ? Premier article de notre dossier « digital natives ».
Divina Frau-Meigs, Professeur des sciences de l'information et de la communication, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/49485
2015-10-22T04:41:17Z
2015-10-22T04:41:17Z
Les adolescents et Internet : en finir avec les idées reçues
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/99166/original/image-20151021-15414-19jp2rj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nés avec Internet, mais pas mutants pour autant.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kids_Holding_Possible_High_Tech_Mother%27s_Day_Gifts.jpg">Intel Free Press / Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Ils s’appellent Zoé, Mathys, Julie ou encore Loïc. Ce sont des adolescents qui n’ont pas connu « le monde sans internet ». Pour cette raison, On dit souvent d’eux qu’ils sont des <a href="https://projects.eff.org/%7Ebarlow/Declaration-Final.html">« digital natives »</a> dotés de capacités innées, inscrites même dans leur <a href="https://edorigami.wikispaces.com/file/view/PRENSKY+-+DIGITAL+NATIVES+AND+IMMIGRANTS+1.PDF">développement biologique</a> . On voit en eux aussi souvent des consommateurs passifs du numérique, aliénés aux logiques économiques déployées sur les réseaux. On va même jusqu’à les considérer comme des <a href="http://www.netpublic.fr/2012/10/enfants-mutants/">« mutants »</a>, étranges êtres d’une sphère lointaine… et pourtant si proche.</p>
<p>Bref, de Zoé, Mathys, Julie et les autres, on dit beaucoup de choses. Mais eux, que disent-ils de leur rapport au numérique, et plus largement à l’information ? Mais eux, que font-ils concrètement avec ces outils d’information et de communication qui sont constitutifs de leur environnement quotidien ? Mais eux, que pensent-ils de cette société de l’information et de la communication dans laquelle ils évoluent ? Mais eux, quels besoins, quelles envies, quelles valeurs expriment-ils, en discours et en actes, à travers leurs pratiques informationnelles et communicationnelles ?</p>
<p><strong>La parole aux adolescents</strong></p>
<p>Pour le savoir, c’est à eux qu’il faut s’adresser, c’est eux qu’il faut observer, c’est avec eux qu’il faut échanger. Plusieurs années d’enquête ont ainsi été consacrées à ces adolescents, compris comme des êtres sociaux, inscrits dans une histoire personnelle, familiale, scolaire, et dans des réseaux de sociabilités. Ces jeunes de 11 à 17 ans ont laissé voir leurs pratiques informationnelles dans des situations de recherche vécues, individuellement ou collectivement. Ils ont donné de leur temps pour faire entendre leurs voix, leurs histoires spécifiques, leurs relations à l’information, au numérique et à ces réseaux techniques et sociaux qu’ils éprouvent chaque jour.
<a href="http://cfeditions.com/grandirConnectes/"><em>Grandir connectés</em></a> leur donne la parole, et permet de dépasser ces portraits médiatiques d’« adolescents connectés » effectués à l’emporte-pièce, et biaisés par des regards d’adultes légitimants.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=892&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=892&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=892&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1121&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1121&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99087/original/image-20151020-32231-17ltk2d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1121&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">« Grandir Connectés », C&F editions.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les parcours de chacun de ces adolescents sont faits de rencontres, de points d’achoppement, de moments déclencheurs, de prises de conscience, de retournements de situations… Ils prouvent que les pratiques informationnelles et communicationnelles sont évolutives, profondément dépendantes d’un contexte, à la fois social, culturel et académique. Ils prouvent aussi que ces pratiques sont empreintes d’imaginaires, de l’information, des outils de recherche, des réseaux, et que ces imaginaires doivent être saisis et pris en compte pour un dépassement des visions mythiques du numérique ou des peurs liées à l’activité informationnelle. Ces parcours observés avec un regard scientifique et racontés par les adolescents rencontrés prouvent aussi que ces derniers tentent d’agencer l’environnement informationnel qui est le leur pour trouver une efficacité dans leurs actions, mais aussi tentent de remédier, avec plus ou moins de bonheur, à des lacunes conscientisées.
Car les « digital natives » n’existent pas, et ils souhaitent bien nous le faire savoir. <em>Grandir connectés</em> leur en donne l’occasion. Écoutons-les.</p>
<p><strong>Vérités et contre-vérités</strong></p>
<p>Écoutons Anastasia, Geoffrey ou encore Marie, nous dire combien ces discours sociaux relayés à grands renforts de formules médiatiques nuisent à la prise en compte de leurs difficultés et de leurs individualités. Il est frappant, à travers les enquêtes menées au plus près d’eux-mêmes, de constater combien ces discours agacent ces jeunes adolescents, qui se sentent bien mal à l’aise avec ce statut – lourd à assumer – de « digital natives ». L’étude de l’expertise, et plus précisément encore du sentiment d’expertise que les adolescents développent personnellement mais aussi attribuent à autrui, est riche d’enseignements.</p>
<p><strong>Une « vie numérique » (Reynald, 17 ans)</strong></p>
<p>Bien sûr, internet occupe une place importante dans l’environnement informationnel et social des adolescents. Mais là encore, laissons Reynald, Soumia ou encore William nous raconter combien le réseau familier et familial s’organise pour entourer les apprentissages non formels de l’adolescent, et permettre une autonomisation graduée des pratiques d’information-communication. Loin des discours regrettant une démission parentale, les propos tenus par les adolescents font état d’expériences partagées, qui comportent des pistes d’actions.</p>
<p><strong>Rechercher l’information</strong></p>
<p>De la même manière, loin des discours prophétisant <a href="http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres">la fin d’une « ère du savoir »</a>, les observations des pratiques de recherche d’information déployées par les adolescents laissent voir de profonds besoins en matière d’analyse et de traitement de l’information. Les imaginaires de l’information et d’Internet sont très forts, et l’activité informationnelle est parfois particulièrement difficile, voire anxiogène, pour ces jeunes chercheurs d’information.</p>
<p>Un clivage important apparaît entre ceux qui se sentent « au bord de la route » (Armelle, 17 ans), et ceux qui développent un pouvoir d’agir sur et par les réseaux, un clivage qu’il nous faut analyser pour trouver nous-mêmes des clés d’action et d’accompagnement. Les discours et pratiques liés à l’activité informationnelle relevés dans nos travaux nous invitent aussi à considérer autrement ces adolescents, et à saisir leur vision du monde et de la société de l’information, qu’ils entendent bien construire, selon des idéaux déclarés.</p>
<p><strong>Une responsabilité collective</strong></p>
<p>De ces enquêtes, qui ont consisté à observer et interroger des adolescents sur le long terme, ressort plus que jamais une responsabilité collective à laquelle nous n’avons tout simplement pas le droit de nous soustraire. Parents, enseignants, professionnels de l’information, médiateurs au sens large, mais aussi décideurs, nous avons le devoir d’accompagner ces jeunes pour qu’ils deviennent tous des acteurs et des citoyens du numérique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Anne Cordier.</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/49485/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Cordier est membre de l'ANR TRANSLIT (Translittératies) et du GRCDI (Groupe de Recherche sur les Cultures et la Didactique de l'Information).</span></em></p>
Les « digital natives » n’existent pas, et ils souhaitent bien nous le faire savoir. Grandir connectés leur en donne l’occasion. Écoutons-les.
Anne Cordier, Maîtresse de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Université-ÉSPÉ , Université de Rouen Normandie
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tag:theconversation.com,2011:article/48021
2015-09-30T04:30:52Z
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Un défi pour le monde de l'enseignement : la diffusion d’une culture numérique
<p>Une idée (fausse) circule depuis (trop) longtemps à propos des technologies du numérique à l’école qu’il convient de défaire : selon certains, elles devraient nécessairement permettre à l’élève d’obtenir de meilleurs résultats et d’avoir plus de compétences. Cette conception, on a tendance à l’oublier, est en prise avec nos modes de raisonnement et de production intellectuelle qui sont eux-mêmes assujettis à la rationalité capitaliste. Comme la formation aux usages des technologies passe par un nécessaire investissement des établissements de l’enseignement et, par extension, des pouvoirs publics, on fantasme l’idée d’un retour sur investissement. Quelque part, on se met même à l’espérer. Mais à tort.</p>
<p>En effet, en quoi un outil – aussi intelligent soit-il – pourrait-il améliorer les compétences intellectuelles des individus ? Il peut les assister, leur permettre de progresser dans leurs apprentissages, leur faciliter la tâche, démocratiser l’accès au savoir, mais d’aucune manière les <a href="http://www.education.gouv.fr/cid208/l-utilisation-du-numerique-et-des-tice-a-l-ecole.html">Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation (TICE)</a> – ces outils et produits numériques utilisés dans le cadre de l’éducation et de l’enseignement – n’ont le pouvoir d’améliorer nos capacités cérébrales.</p>
<h2>Un contexte de rupture technique et intellectuelle</h2>
<p>Quand ils sont apparus, le livre de poche, le manuel scolaire et toutes les autres formes d’imprimés à large diffusion, le stylo Bic<sup>©</sup> ou encore le Ronéotypage<sup>©</sup>, n’ont pas permis intrinsèquement aux apprenants d’accroître leurs compétences intellectuelles. Ils ont, par contre, permis une accession et une diffusion plus massive et facilitée aux connaissances ; ils ont participé à une élévation générale des esprits, à un « nivellement par le haut » des compétences.</p>
<p>La lecture, l’écriture, l’accession au savoir n’étaient plus l’apanage d’une élite. Elles étaient maintenant ouvertes à tous. Mais les effets de ces technologies de l’intellect n’ont pas été immédiats : il a fallu un temps de diffusion puis de domestication. Toutefois, dès lors qu’elles existaient, et qu’on en avait mesuré les effets positifs, elles étaient devenues incontournables. Il fallait « faire avec&nbsp » sans que cela nous dispense de continuer à enseigner des gestes de calligraphie ou à faire l’acquisition de beaux livres reliés.</p>
<p>De la même manière, les TICE marquent une rupture technique et intellectuelle dans le fonctionnement du système éducatif. Elles sont là pour accompagner, diffuser et faciliter les apprentissages. Les enseignants l’ont d’ailleurs très bien compris en l’utilisant dans des logiques de pédagogies par projets ou de pédagogies adaptées (ou différenciées). L’outil numérique remplit alors une fonction de rassembleur le temps d’une production collective (généralement un blog ou l’animation d’un réseau social pour rendre compte d’activités conduites dans la classe). Il peut aussi répondre à des besoins d’accélération ou de décélération dans les apprentissages, toutes les personnes n’ayant pas le même rythme de travail : l’outil numérique vient alors assister l’enseignant qui ne peut pas répondre aux besoins tous spécifiques de ses élèves.</p>
<h2>Pour une formation des formateurs</h2>
<p>On observe ici des effets incontestablement positifs de l’introduction du numérique à l’école qui renforce les apports des technologies de l’intellect qui ont consécutivement été intégrées dans le milieu éducatif ; il les raffine, mais il n’a aucune place à tenir en tant que vecteur d’accroissement du savoir individuel. Si tout le monde s’accorde sur la grande difficulté qu’il y a d’évoluer dans notre société sans avoir des compétences minimales liées au numérique (trouver une information pratique en ligne, réaliser des achats ; utiliser les réseaux sociaux à bon escient ; mais aussi : se cultiver, apprendre, découvrir ; avoir des comportements corrects et déontologiques ; jusqu’à la fabrication elle-même d’outils et services numériques), l’engagement du corps pédagogique dans cette voie est très variable, car il est peu ou mal formé.</p>
<p>Généralement, les initiatives sont prises à titre individuel et en fonction de compétences développées par chacun, en toute autonomie. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que l’appellation « natifs du numérique » (Digital Natives), utilisée pour désigner les jeunes générations, a connu une fortune certaine dans les milieux éducatifs pour asseoir cette rupture entre des enseignants (soi-disant) malhabiles et des élèves (soi-disant) débrouillards.</p>
<p>En ce sens, ce sont les pédagogues qui doivent d’abord acquérir les compétences nécessaires à la conduite de cette nouvelle mission qui est la leur. Une mission qui consiste à former les jeunes générations à la maîtrise de la technique, mais plus encore : à la maîtrise d’une véritable culture technique. Un besoin auquel une institution comme <a href="http://www.icp.fr">l’Institut Catholique de Paris</a> tente de répondre en cette rentrée 2015-2016 puisqu’elle a décidé d’offrir à ses personnels enseignants une formation adaptée à leurs besoins. Sans attendre les premières retombées, un tiers de son personnel statutaire s’est engagé dans cette voie pour monter en compétences au plus vite et encadrer au mieux les étudiants. La preuve que les besoins sont là et que les motivations sont grandes.</p>
<h2>De nouveaux métiers : les auxiliaires numériques</h2>
<p>Mais toutes les connaissances et les compétences nécessaires à la manipulation des technologies ne sont pas du seul ressort de l’enseignant. Il importe donc que les institutions d’enseignement se dotent urgemment d’auxiliaires numériques dont la tâche est de répondre à des besoins d’assistance technique et de production de ressources multimédiatiques.</p>
<p>Là encore, l’Institut Catholique de Paris a pris cette problématique à bras le corps avec sa direction informatique en montant un service ad hoc – l’Atelier du Numérique – composé d’une équipe qui est là pour répondre aux besoins du personnel éducatif : installation et entretien du matériel, captation de ressources vidéo, animation d’un environnement numérique de travail, sauvegarde, gestion et stockage des données, etc. Des problématiques soulevées par l’usage des technologies à l’école dont on ne peut se départir et qui se posent aussi pour les acteurs du primaire et du secondaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48021/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michaël Bourgatte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Même si les nouvelles technologies n’accroissent pas les compétences intellectuelles de l’élève, elles facilitent les apprentissages. Premier de trois articles sur la culture numérique à l’école.
Michaël Bourgatte, Maître de Conférences en Humanités Numériques, Institut catholique de Paris (ICP)
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