tag:theconversation.com,2011:/id/topics/drones-21073/articlesdrones – The Conversation2024-03-21T15:42:15Ztag:theconversation.com,2011:article/2235792024-03-21T15:42:15Z2024-03-21T15:42:15ZVIH : et si les drones servaient aussi à sauver des vies ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/582475/original/file-20240318-20-cmdd44.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En Guinée, à Conakry, le projet AIRPOP évalue le coût/efficacité et l’acceptabilité du transport de prélèvements sanguins par drone pour améliorer le dépistage précoce du VIH chez les nouveau-nés.</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Drones de loisir utilisés <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/lukraine-a-achete-2-000-drones-chinois-pour-mettre-la-pression-sur-larmee-russe-1481930">comme arme et moyen d’espionnage en Ukraine</a>, pour <a href="https://www.slate.fr/story/163724/chine-oiseaux-bioniques-drone-robotiques-espionner-citoyens">surveiller les populations en Chine</a>, dans le but, un jour, d’être employés <a href="https://www.slate.fr/story/228829/des-drones-equipes-de-taser-pourraient-un-jour-surveiller-les-ecoles-americaines">comme tasers volants pour sécuriser les écoles aux États-Unis</a>, et même d’ores et déjà <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/09/le-fleau-de-la-livraison-par-drone-dans-les-prisons_6193221_3224.html">pour la livraison de drogues et d’armes dans les centres de détention en France</a>…</p>
<h2>Des livraisons commerciales par drones en plein essor</h2>
<p>Derrière ces usages répressifs ou illicites, largement médiatisés, l’usage des drones de loisir, initialement destinés aux prises de vues aériennes, s’est largement développé dans l’industrie et l’agriculture notamment. De fait, leur utilisation pour les livraisons commerciales est en plein essor.</p>
<p>Motivé par leur rapidité et leur faible impact carbone, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36033593/">dix fois inférieurs à celui des livraisons par voie routière</a>, Amazon, le géant de la livraison, a d’ailleurs largement investi dans les drones en créant sa filiale Amazon Prime Air. Celle-ci <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/06/amazon-croit-toujours-a-la-livraison-par-drone-malgre-les-obstacles_6156919_3234.html">projette plus de 500 millions de livraisons annuelles d’ici 2030</a>. Une nouvelle paire de baskets livrée à domicile 30 minutes après une commande sur Internet est un « rêve » bientôt accessible.</p>
<h2>Des programmes pour acheminer en urgence médicaments ou poches de sang</h2>
<p>En matière de livraison, les drones peuvent aussi avoir une utilité plus essentielle, par exemple dans le secteur de la santé, où ils commencent à être utilisés dans certains pays pour l’acheminement en urgence de médicaments ou de poches de sang destinés à des transfusions.</p>
<p>Ainsi, au Rwanda, Zipline, une start-up américaine, réalise 80 % des livraisons des poches de sang grâce aux drones. La solution proposée par Zipline présente cependant des limites. Son coût élevé, le rayon d’action limité des drones à 80 km et son infrastructure lourde avec des rampes de lancement expliquent le fait que pour le moment, elle soit surtout utilisée en zone rurale, dans des pays de petite superficie caractérisés par une forte densité de populations et des ressources financières suffisantes.</p>
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<figcaption><span class="caption">Au Rwanda, Zipline, une start-up américaine, réalise 80 % de ses livraisons de poches de sang par drones.</span></figcaption>
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<h2>En Afrique de l’Ouest, le drone pour améliorer le dépistage précoce du VIH chez les nouveau-nés</h2>
<p>En Afrique de l’Ouest et du Centre, la densité de population en zone rurale est faible, les superficies des pays élevées et les ressources financières limitées. Pourtant, les besoins de santé sont également importants et les drones pourraient contribuer à améliorer l’accès aux soins.</p>
<p>Ils pourraient notamment être utilisés pour améliorer l’accès au dépistage précoce du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vih-46821">VIH</a> chez les enfants nés de mères vivant avec le VIH, dont le risque de mortalité est particulièrement élevé dans les deux premiers mois de vie, en l’absence de traitement.</p>
<p>Compte tenu des appareils de laboratoire nécessaires pour ce diagnostic, le diagnostic précoce des nouveau-nés n’est réalisé que dans quelques laboratoires urbains. Lorsque les femmes vivant avec le VIH accouchent dans des formations sanitaires qui ne disposent pas de ces équipements, les prélèvements doivent être acheminés vers ces laboratoires de référence.</p>
<p>Or, les systèmes de transport par voie routière sont lents et peu fonctionnels en raison des nombreux embouteillages en zone urbaine et du mauvais état, voire de l’absence d’infrastructures routières en zone rurale. Les résultats sont souvent rendus tardivement. Les nouveau-nés infectés par le VIH sont donc rarement traités à temps, c’est-à-dire dans leurs premiers mois de vie, <a href="https://journals.lww.com/aidsonline/fulltext/2009/01020/emergence_of_a_peak_in_early_infant_mortality_due.14.aspx">ce qui les expose à un risque important de décès</a>.</p>
<h2>En Guinée, un projet mené par des chercheurs guinéens, européens et une ONG</h2>
<p>En Guinée, <a href="https://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/data-book-2022_en.pdf#page=99">seul un tiers des nouveau-nés dont la mère vit avec le VIH bénéficient d’un diagnostic</a>. Parmi ceux chez qui le VIH a été diagnostiqué, on estime que moins de la moitié seraient traités à temps, d’après des données nationales non publiées.</p>
<p>Conakry, sa capitale, est tristement réputée pour ses embouteillages où un déplacement de quelques kilomètres peut parfois prendre plusieurs heures. À l’instar de nombreuses métropoles d’Afrique de l’Ouest, cette capitale a connu une expansion urbaine rapide liée à un exode rural important au cours des dernières décennies.</p>
<p>C’est coincée dans un de ces fameux embouteillages à Conakry, regardant une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=w_foIhQT2X8">vidéo</a> d’un drone livrant des burgers et des bières à Reykjavik en Islande, qu’une équipe de Solthis, ONG qui travaille depuis 20 ans pour l’amélioration de la santé en Afrique de l’Ouest, a eu l’idée d’utiliser des drones pour un usage plus utile que le commerce de la junk food.</p>
<p>Il s’agissait d’utiliser des drones pour transporter en urgence des prélèvements sanguins et ainsi permettre de diagnostiquer et traiter les 1 400 enfants qui naissent chaque année avec le VIH en Guinée. En 2020, Sothis a développé le projet AIRPOP.</p>
<p>Mis en œuvre en partenariat avec des chercheurs guinéens, des responsables du programme de lutte contre le VIH, des chercheurs en anthropologie de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et, en modélisation, de la Lincoln International Institute for Rural Health et avec le soutien de l’Agence nationale de recherche sur le sida, les hépatites virales et les maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE), le projet AIRPOP, a cherché à évaluer le coût/efficacité et l’acceptabilité d’un transport des prélèvements par drone.</p>
<h2>Une solution coût-efficace en nombre de vies sauvées, d’après les premiers tests</h2>
<p>L’enjeu était de tester une solution, acceptable par la population et finançable dans les pays à ressources limitées. Le projet a comparé l’efficacité et le coût d’un transport par drone avec un transport par moto et le système actuel par voiture.</p>
<p>La modélisation a montré que le <a href="https://gh.bmj.com/content/8/11/e012522.long">drone est une solution coût-efficace en termes de nombre de vies sauvées</a>, malgré des coûts d’investissement et d’entretien supérieurs à celui des motos ou des voitures, pour un pays à ressources limitées comme la Guinée.</p>
<p>En parallèle, des vols de drones automatisés ont été effectués entre deux structures de santé pour tester la faisabilité en contexte urbain et une étude anthropologique a analysé les perceptions des acteurs concernés. D’une manière générale, les drones bénéficient d’une perception plutôt positive dans un contexte récent de troubles politiques où ces appareils ont été utilisés par des journalistes et des partis de l’opposition pour attester de l’ampleur de manifestations.</p>
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<p>Néanmoins, diverses craintes, comme celle d’un détournement par des groupes terroristes, suscitent des inquiétudes et soulignent la nécessité d’une information claire des populations. Nos travaux sur la question seront prochainement publiés.</p>
<p>Pour autant, les résultats encourageants du test suscitent l’intérêt des autorités de santé du pays et créent les conditions favorables pour poursuivre les recherches nécessaires au déploiement par le pays de cette innovation sur l’ensemble du territoire.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/800896984" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le projet AIRPOP mené en Guinée a comparé l’efficacité et le coût d’un transport de prélèvements sanguins par drone avec un transport par moto et le système actuel par voiture.</span></figcaption>
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<h2>Mutualiser aussi les drones pour le transport des poches de sang lors de l’accouchement</h2>
<p>Après cette première phase test, AIRPOP2 évaluera l’utilisation des drones à Conakry et en zone rurale avec l’ambition de proposer cette stratégie à l’échelle du pays pour permettre de dépister et de traiter les 1 400 enfants qui naissent avec le VIH chaque année. Elle explorera également l’intérêt de la mutualisation des drones pour les transports urgents d’autres produits de santé, notamment les poches de sang pour les femmes ayant des hémorragies lors de l’accouchement, première cause de décès maternels en Afrique.</p>
<p>Bien que les fabricants de drones soient pour l’instant principalement basés dans les pays les plus riches, la simplicité des techniques de fabrication et les moyens déjà investis pour améliorer la performance des drones, nous laissent penser que dans un futur proche, des fabricants pourraient émerger en Afrique de l’Ouest.</p>
<p>Cela ne ferait qu’améliorer le coût-efficacité de cette solution et simplifierait la maintenance. Osons imaginer, qu’aux yeux des investisseurs, sauver des vies humaines pourrait constituer un enjeu aussi important que celui de livrer en urgence, des burgers et des baskets, aux quatre coins du monde.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit par : Guillaume Breton, Maxime Inghels, Oumou Hawa Diallo, Mohamed Cissé, Youssouf Koita et Gabrièle Laborde-Balen.</em></p>
<p><em>Ont participé à cette étude : (1) Solthis, Paris, France ; (2) Lincoln International Institute for Rural Health, University of Lincoln, Lincoln, Royaume-Uni ; (3) Solthis, Conakry, Guinée ; (4) Service de Dermatologie, Centre de Traitement Ambulatoire, Laboratoire de Biologie Moléculaire, CHU Donka, Conakry, Guinée ; (5) Programme National de Lutte contre le VIH sida et les Hépatites (PNLSH), Conakry, Guinée ; (6) TransVIHMI, Université de Montpellier, Inserm, Institut de Recherche pour le Développement, Montpellier, France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223579/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Breton est salarié de Solthis.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Oumou Hawa Diallo est salariée de Solthis.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriele Laborde-Balen, Maxime Inghels et Mohammed Cissé ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les drones peuvent avoir une utilité autre que commerciale ou militaire. Ainsi, en Guinée, des chercheurs et une ONG testent leur efficacité pour le dépistage précoce du VIH chez les nouveau-nés.Guillaume Breton, Médecin infectiologue. Référent pathologies infectieuses et recherche de l'ONG Solthis. Médecin attaché service de maladies infectieuses, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, Sorbonne UniversitéGabriele Laborde-Balen, Anthropologue, Centre Régional de Recherche et de Formation à la prise en charge Clinique de Fann (CRCF, Dakar), Institut de recherche pour le développement (IRD)Maxime Inghels, Research Fellow, University of Lincoln, Université Paris CitéMohammed Cissé, Médecin dermatologue. Doyen de la Faculté de Médecine de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, Guinée, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC)Oumou Hawa Diallo, Médecin pneumologue. Hôpital Ignace Deen Conakry, Guinée, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2217692024-01-28T16:05:48Z2024-01-28T16:05:48ZUne nouvelle arme laser permet d'abattre des drones à distance – et à bas coût<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570837/original/file-20240121-38659-1vateu.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C3%2C589%2C363&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tir de test du système anti-drone britannique, le _DragonFire_.</span> <span class="attribution"><span class="source">UK Ministry of Defence/wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Un flash de lumière s’envole vers un minuscule drone volant à une vitesse vertigineuse. Quelques instants plus tard, le drone désactivé s’écrase dans la mer. Pas un bruit, pas de victimes humaines, pas d’explosions désordonnées. Un drone mortel coûtant plusieurs millions de dollars a été proprement éliminé par un tir qui a coûté moins cher qu’une bonne bouteille de vin.</p>
<p>Si vous pensez qu’il s’agit d’une scène tirée d’un film de science-fiction, détrompez-vous. Il y a quelques jours à peine, une équipe de scientifiques et d’ingénieurs britanniques a réussi à <a href="https://www.gov.uk/government/news/advanced-future-military-laser-achieves-uk-first">démontrer qu’il s’agit d’une technologie viable</a>, qui pourrait trouver sa place sur le champ de bataille dans cinq ou dix ans.</p>
<p><em>DragonFire</em> est un programme de haute technologie lancé en 2017, financé à hauteur de 30 millions de livres sterling, et impliquant l’agence gouvernementale britannique <em>Defence Science and Technology Laboratory</em>, le fabricant de missiles MBDA, l’entreprise aérospatiale Leonardo UK et l’entreprise de technologie de défense QinetiQ. Ce programme a réussi son premier test sur le terrain en abattant plusieurs drones au large des côtes écossaises à l’aide de faisceaux laser.</p>
<p>Les drones sont des aéronefs sans pilote, semi-automatiques, capables d’infliger des dégâts mortels avec une grande précision. Ils sont <a href="https://theconversation.com/armes-autonomes-et-soldats-augmentes-quel-impact-sur-les-valeurs-des-armees-168295">très présents sur les champs de bataille modernes</a>, notamment lors de la guerre d’Ukraine et sur les routes navales commerciales de la mer Rouge.</p>
<p>Il n’est pas facile de les abattre : il faut généralement tirer des missiles qui coûtent jusqu’à 1 million de livres sterling pièce. Bien qu’ils soient généralement efficaces, les systèmes défensifs de ce type sont coûteux et comportent un risque important de dommages collatéraux. Si un missile manque sa cible, il finira par atterrir quelque part et explosera quand même.</p>
<p>Mais il n’est pas nécessaire de provoquer une explosion spectaculaire pour désactiver un drone… il suffit d’interférer avec ses systèmes de contrôle et de navigation.</p>
<p>Et un rayon laser est un très bon candidat pour s’acquitter de cette tâche. Les <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/physique/le-laser-et-le-renouveau-de-l-optique-2490.php">lasers sont des faisceaux lumineux particulièrement directionnels, qui peuvent être très intenses</a>. Un laser suffisamment puissant peut interférer avec n’importe quel appareil électronique et provoquer son dysfonctionnement.</p>
<p>Comparé aux missiles classiques, un système laser de grande puissance présente de nombreux avantages stratégiques. Pour commencer, il est étonnamment peu coûteux à utiliser : faire fonctionner le <em>DragonFire</em> pendant dix secondes coûte autant que d’allumer un chauffage pendant une heure (soit moins de 10£ par tir).</p>
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<img alt="Le système laser DragonFire" src="https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570477/original/file-20240121-28-ilxzdp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le système laser <em>DragonFire</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.mbda-systems.com/press-releases/dragonfire-proving-trials-underway">MDBA</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les lasers ne présentent pas non plus de risque de dommages collatéraux. Même si un laser manque sa cible, il continuera à se propager dans la même direction et finira par être absorbé et dispersé dans l’atmosphère. Un laser étant un faisceau lumineux, il se propage en ligne droite, indépendamment de la gravité. Finalement, la section d’un faisceau laser est généralement toute petite, de l’ordre de quelques millimètres carrés. Leur utilisation s’apparente ici à une intervention chirurgicale.</p>
<p>Les lasers sont donc une arme défensive par excellence : ils peuvent répondre à une menace, mais ne peuvent pas causer de dégâts importants. Ils sont aussi très peu sensibles aux contre-mesures, puisque les faisceaux lumineux se déplacent à la plus grande vitesse qui soit… celle de la lumière. En d’autres termes, une fois qu’un flash laser est lancé, rien ne peut le rattraper et le neutraliser.</p>
<p>Les rayons laser sont utilisés sur le champ de bataille depuis un certain temps. Côté défensif, ils sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214914719312231">principalement utilisés pour le suivi des cibles, la télédétection et la visée de précision</a>. Mais c’est la première fois qu’ils sont utilisés efficacement afin de perturber une action ennemie.</p>
<h2>Des défis à relever</h2>
<p>La mise au point du <em>DragonFire</em> comme arme a pris beaucoup de temps. C’est parce que pour neutraliser un drone, il faut un faisceau laser d’une grande intensité.</p>
<p>Mais si le faisceau laser est trop puissant, il peut fortement interagir avec l’air dans l’atmosphère, <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/7/918">ce qui entraîne son absorption ou sa dispersion</a>. Il faut trouver l’équilibre parfait entre les paramètres du faisceau, tels que <a href="https://scholar.harvard.edu/files/schwartz/files/lecture10-power.pdf">sa puissance, sa longueur d’onde et sa forme</a>, pour s’assurer qu’il peut se propager sur de longues distances sans se dégrader significativement.</p>
<p>Un faisceau laser est aussi particulièrement sensible aux conditions atmosphériques, et la présence de brouillard, de pluie ou de nuages <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/12/7/918">peut affecter de manière significative ses performances</a>.</p>
<p>Les drones et les missiles subsoniques représentent une menace croissante à l’échelle mondiale. C’est pourquoi le ministère britannique de la Défense accélère actuellement le développement du <em>DragonFire</em>, dans l’espoir de l’embarquer sur des navires de guerre dans les cinq à dix prochaines années.</p>
<p>Pour cela, plusieurs questions techniques et scientifiques doivent encore être résolues.</p>
<p>Par exemple, il n’est pas facile de maintenir la stabilité du pointage du laser sur une plate-forme en mouvement (comme un croiseur dans des eaux agitées). C’est comme si l’on essayait d’atteindre une cible de fléchettes en se tenant debout sur une planche d’équilibre – mais ceci n’affecte que la précision de l’arme, pas le risque de dommages collatéraux.</p>
<p>Il faudra également découpler les performances du système laser des conditions météorologiques. Comme les gouttelettes d’eau et les courants d’air peuvent diffuser ou absorber le faisceau laser, et réduire sa puissance et donc ses effets, il faudrait pouvoir tenir compte des conditions météorologiques lors de la préparation du faisceau. Cette tâche n’est pas impossible, mais techniquement difficile.</p>
<p>Un programme de formation doit également être mis en place pour que les soldats puissent utiliser efficacement un tel système de haute technologie.</p>
<p>Néanmoins, ces premiers essais ont démontré la viabilité et l’efficacité de cette arme laser, qui pourrait révolutionner la guerre moderne dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221769/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gianluca Sarri a reçu des financements de l'EPSRC (Engineering and Physical Sciences Research Council), de InnovateUK, et du DSTL (Defence Science and Technology Laboratory). </span></em></p>Le nouveau système de défense laser britannique permet des tirs coûtant 10 livres sterling – soit l’équivalent d’une heure de chauffage.Gianluca Sarri, Professor at the School of Mathematics and Physics, Queen's University BelfastLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2018442023-03-27T13:52:28Z2023-03-27T13:52:28ZLes drones sont utiles pour les scientifiques, mais dérangent les baleines<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517699/original/file-20230327-18-9m6ntj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7111%2C4000&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les drones ont changé la façon dont les scientifiques étudient les baleines et les dauphins. Pour le meilleur et pour le pire.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les drones ont changé la façon dont les scientifiques étudient les baleines et les dauphins. Auparavant limités aux ponts des bateaux et aux plates-formes d’observation, nous ne pouvions qu’apercevoir le dos des animaux qui remontaient à la surface. Le fait d’avoir une vue aérienne des baleines et des dauphins nous en a déjà appris beaucoup sur leur <a href="https://doi.org/10.1002/ecs2.1468">physiologie</a> et leurs <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2018.00319">comportements</a>.</p>
<p>Le recours aux drones dans la recherche marine comprend toutefois un aspect négatif.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></strong></p>
<p><br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d’une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
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<p>Mes recherches doctorales portent sur le comportement des bélugas dans l’estuaire du Saint-Laurent. J’ai des centaines d’heures à mon actif comme pilote de drone, à survoler ces étonnants animaux en voie de disparition. Pour ma recherche doctorale à l’Université de Windsor, j’utilise des images de bélugas prises par des drones pour mieux cerner leurs comportements et leur structure sociale, notamment les différences entre mâles et femelles.</p>
<h2>Observation des comportements</h2>
<p>En menant mes recherches avec des drones, j’ai rapidement remarqué que ceux-ci paraissaient déranger les bélugas. D’autres collègues ont observé qu’il arrivait que la plupart des animaux qui se trouvaient sous un drone plongeaient soudainement, avec beaucoup d’éclaboussures. Ces réactions semblaient particulièrement fréquentes lorsque le drone volait à basse altitude, à environ 20 mètres au-dessus de l’eau.</p>
<p>Nous craignions que cette perturbation n’affecte notre capacité à étudier les baleines et, pire encore, qu’elle n’ait un impact sur ces mammifères.</p>
<p>Nous avons entrepris une étude de nos observations dont les résultats ont été publiés dans la revue <a href="https://doi.org/10.1111/mms.12997"><em>Marine Mammal Science</em></a>. Nous avons examiné si une série de variables relatives au pilotage du drone avait une incidence sur la probabilité que les bélugas réagissent au drone.</p>
<p>Nous avons prédit que les réactions au drone augmenteraient à faible altitude, lorsque la vitesse du drone est élevée (ce qui augmente le bruit des rotors), lorsque le drone s’approche des baleines de face, lorsque la vitesse du vent est faible (ce qui rend le bruit plus audible) et lors du premier vol de la journée.</p>
<p>Nous avons également examiné les variables relatives aux baleines observées et avons prédit que les perturbations causées par les drones augmenteraient lorsque les baleines sont en petits groupes, que des baleineaux sont présents et quand elles se reposent.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CjA88j-udD7","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<h2>Altitude des drones</h2>
<p>Nous avons constaté que les plongées soudaines sont relativement rares, ne se produisant que pour environ 4 % des observations. Cependant, leur fréquence semble augmenter lorsque le drone vole à basse altitude. Les plongées soudaines sont particulièrement fréquentes lorsque le drone se trouve à moins de 23 mètres d’altitude. Cette observation est logique, le drone étant beaucoup plus visible lorsqu’il vole directement au-dessus de nos têtes que s’il est à 100 mètres d’altitude.</p>
<p>Nous avons également constaté que les plongées soudaines paraissent plus fréquentes lorsque les drones survolent de grands groupes. Nous ne nous y attendions pas, car des études antérieures sur les dauphins avaient indiqué que les <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2018.00316">petits groupes étaient plus facilement dérangés</a>.</p>
<p>Cependant, une <a href="https://doi.org/10.1002/aqc.3440">étude récente sur l’impact des drones sur les dauphins à gros nez</a> a révélé la même tendance à une hausse des perturbations en fonction de la taille du groupe. Les auteurs ont suggéré que c’était dû à l’effet « yeux multiples » (many eyes), les grands groupes étant plus vigilants parce qu’il y a davantage d’animaux à l’affût des menaces.</p>
<p>Nous avons également constaté que les plongées soudaines se produisent souvent lorsque le drone s’approche pour la première fois des baleines. Cela laisse supposer que les baleines sont davantage effrayées par le premier passage d’un drone.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517698/original/file-20230327-1159-excadb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les drones ont permis aux scientifiques d’en savoir plus sur les mammifères marins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Jaclyn Aubin / GREMM)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Effet de l’observateur</h2>
<p>Nous avons également effectué une recension de la littérature sur les incidences de l’altitude des drones sur d’autres espèces de baleines et de dauphins. Nous avons constaté que les perturbations causées par les drones se produisaient rarement lorsque celui-ci volait à plus de 30 mètres d’altitude.</p>
<p>Il est intéressant de noter que les effets dérangeants des drones étaient davantage signalés lorsque les auteurs incluaient des <a href="https://doi.org/10.1002/wsb.1240">descriptions détaillées de la manière dont ceux-ci étaient évalués et mesurés</a>, ce qui laisse penser que ces perturbations peuvent passer inaperçues lorsque les scientifiques ne s’y attardent pas.</p>
<p>Nous avons également observé que la plupart des études sur l’incidence des drones sur les baleines et les dauphins avaient eu recours à de petits drones (moins de cinq kilogrammes), beaucoup plus discrets que les grands modèles de drones de plus de 10 kilogrammes dont on se sert souvent dans les programmes de recherche modernes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pvLJGl8hkeg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Images prises par drone de bélugas pourchassant un poisson.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Recommandations</h2>
<p>Nos résultats nous ont amenés à formuler sept recommandations pour les études futures menées avec des drones sur les baleines et les dauphins :</p>
<ol>
<li><p>L’observation de bélugas par drone devrait se faire à une altitude d’au moins 25 mètres.</p></li>
<li><p>Les scientifiques qui utilisent des drones pour étudier les baleines et les dauphins devraient évaluer les bienfaits pour l’environnement des vols à basse altitude en comparaison avec les perturbations qu’ils peuvent causer.</p></li>
<li><p>Les pilotes devraient être particulièrement prudents lorsque leur drone survole un grand groupe.</p></li>
<li><p>Les pilotes devraient être particulièrement prudents lors de la première approche d’un groupe.</p></li>
<li><p>Les pilotes qui utilisent des drones de grande taille (plus de 10 kilogrammes) devraient être très attentifs aux perturbations qu’ils peuvent causer et devraient rapporter les effets des drones de grande taille sur les baleines et les dauphins.</p></li>
<li><p>Les futures études sur les drones devraient indiquer clairement les comportements perturbateurs observés.</p></li>
<li><p>Par mesure de précaution, les pilotes de drones devraient éviter les accélérations soudaines, ne pas s’approcher des animaux de face et être particulièrement prudents par vent faible.</p></li>
</ol>
<p>En limitant les perturbations causées par la recherche sur les baleines et les dauphins, nous pouvons contribuer à la protection de ces animaux étonnants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201844/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jaclyn Aubin reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p>Les drones sont une nouvelle technologie qui permet aux chercheurs d’observer et d’enregistrer le comportement des baleines à distance. Mais si les drones volent trop bas, ils modifient le comportement des baleines.Jaclyn A. Aubin, PhD candidate, Integrative Biology, University of WindsorLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1891572022-09-14T18:05:29Z2022-09-14T18:05:29ZAccidents industriels : apprendre aux robots à nous aider<p>Le 26 septembre 2019, un incendie s’est déclaré dans la zone de stockage de l’usine de produits chimiques <a href="https://www.seine-maritime.gouv.fr/Actualites/Incendie-Lubrizol-et-NL-Logistique-du-26-septembre-2019/Incendie-Lubrizol-et-NL-Logistique-du-26-septembre-2019">Lubrizol à Rouen</a>. Cette usine synthétise et stocke des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Additif">additifs</a> pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lubrifiant_(m%C3%A9canique)">lubrifiants</a>. Le feu s’est rapidement étendu dans la zone de stockage et a également touché une partie des entrepôts voisins appartenant à Normandie Logistique. Le panache de fumée qui s’est formé a ensuite survolé plusieurs zones résidentielles.</p>
<p>Si heureusement aucune victime n’est à déplorer, ce sinistre a relancé le débat sur la sécurité des sites à risques et <a href="https://anr.fr/fileadmin/aap/2021/selection/ra-SIOMRI-selection-2021.pdf">plusieurs études scientifiques</a> ont été impulsées, notamment en région Normandie, pour apporter des solutions opérationnelles aux situations de crise, en particulier l’<a href="https://anr.fr/Projet-ANR-21-SIOM-0009">utilisation de robots mobiles pour collecter des informations en toute sécurité dans les zones exposées</a>.</p>
<p>En effet, après un incident majeur, il est souvent impossible de disposer d’un relevé suffisamment précis d’une situation qui évolue rapidement et de manière imprévisible. À cause des dangers encourus, il est aussi difficile de dépêcher sur zone des observateurs ou des inspecteurs.</p>
<p>Recourir à des drones et à des véhicules automatisés, en les équipant de capteurs dédiés pour prendre des mesures, faire des photos, ou encore prélever des échantillons, présente dans ces circonstances de nombreux avantages : ces robots sont capables de se déplacer en milieu hostile, ils disposent d’une certaine capacité d’adaptation et peuvent <a href="https://dl.acm.org/doi/10.1145/3303848">coopérer entre eux</a> afin de réaliser des <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/9165914">tâches d’inspection complexes sur des sites couvrant plusieurs kilomètres carrés</a>. Mais peut-on confier en totalité ces missions à des robots ?</p>
<h2>Apprendre aux robots à prendre des décisions rapidement</h2>
<p>Pour utiliser efficacement ces nouvelles technologies, il est nécessaire de doter les robots d’algorithmes de prise de décision et de méthodes d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Apprentissage_automatique">apprentissage automatique</a> afin de les <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-18299-5_2">aider à répartir entre eux les tâches qu’ils devront accomplir</a>. Il faut décider quelle ronde sera réalisée par chaque agent, quelles informations il devra recueillir durant sa mission et dans quel ordre les tâches seront effectuées. Pour lever les doutes à certains endroits sensibles, il faudra peut-être recourir à plusieurs agents, alors qu’à l’inverse certaines tâches moins critiques pourront être prises en charge indifféremment par l’un ou l’autre robot.</p>
<p>De plus, le problème est contraint par des considérations technologiques selon les équipements disponibles : les drones se déplacent rapidement mais l’autonomie de leur batterie limite leur rayon d’action et la durée de leurs missions ; les robots terrestres disposent d’une plus grande autonomie mais ne sont pas capables de se déplacer sur tous les terrains… Configurer la mission d’inspection devient rapidement compliqué, encore plus lorsque le sinistre vient de se produire et que la confusion règne.</p>
<h2>La recherche à la rescousse</h2>
<p>Des spécialistes en informatique, automatique et robotiques développent les outils nécessaires à la programmation des agents robotiques, afin que ceux-ci acquièrent une certaine autonomie comportementale qu’ils mettraient à profit une fois sur le terrain. Ainsi, ces agents pourraient intervenir non seulement pour des missions de routine mais également en situation de crise. Les méthodes d’<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Combinatorial_optimization">optimisation combinatoire</a> contribuent à résoudre ces problèmes et peuvent aider les opérateurs des services d’intervention et de secours à organiser rapidement et efficacement la collecte d’information.</p>
<p>[<em>Plus de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Aujourd’hui, des modèles mathématiques existent et des approches exactes, telles que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Optimisation_lin%C3%A9aire">programmation linéaire</a> ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Programmation_dynamique">dynamique</a>, peuvent être mises en œuvre : l’idée est alors de trouver la meilleure solution en regard d’un critère donné. Ce critère dépend du contexte et de l’incident : durée de l’inspection, nombre des agents sollicités, ou encore coût économique des missions.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482737/original/file-20220905-2279-gjnbt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un véhicule robotisé pour aider les pompiers de Los Angeles à combattre les feux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/lafd/50473104823">Los Angeles City Fire Department/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En théorie, tout ce qui peut être « formalisé » au travers du modèle peut être optimisé !</p>
<h2>Des solutions imparfaites mais adaptées pour les flottes de robots</h2>
<p>La grande difficulté de ces approches est le passage à l’échelle : le même algorithme qui produira en moins d’une fraction de seconde, la solution optimale pour deux ou trois robots identiques et une vingtaine de mesures à prendre en quelques endroits connus, nécessitera des heures voir des jours de calcul si l’on considère une dizaine de robots différents, davantage de mesures et une zone plus vaste à explorer. Ce problème est connu sous le nom d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3%A8me_NP-complet">« explosion combinatoire »</a> et ne peut être complètement résolu par l’augmentation de la puissance de calcul. Chaque fois qu’un agent ou qu’une mesure supplémentaire est considéré, le temps de calcul sera, lui, multiplié par deux, alors même que la situation continue d’évoluer et que de nouvelles demandes apparaissent. Lorsque les requêtes s’accumulent plus rapidement qu’elles ne peuvent être traitées, le système sature et devient inopérant.</p>
<p>La résolution à ce problème passe par un changement de paradigme. L’optimalité et l’exactitude sont abandonnées au profit de l’efficacité et de la rapidité. Une <a href="https://www.journaldunet.fr/web-tech/dictionnaire-du-webmastering/1445288-heuristique-informatique-definition-et-fonctionnement/">« approche heuristique »</a> est privilégiée. Il ne s’agit plus de trouver la solution optimale, mais la solution la meilleure possible… ou la moins mauvaise.</p>
<p>Ces nuances vont permettre de faire toute la différence. Imaginez les solutions potentielles comme autant de feuilles sur un arbre. Là où les méthodes exactes vont examiner les feuilles une à une afin de trouver la solution parfaite, les méthodes heuristiques vont commencer par élaguer l’arbre, ne conserver que quelques branches et finalement certains rameaux. La probabilité de retenir la solution parfaite est faible, mais si les rameaux retenus ont été bien choisis, la solution ne sera pas mauvaise pour autant. Ainsi, l’intelligence de ces approches réside-t-elle dans sa capacité à éliminer progressivement les solutions les plus médiocres et à conserver les plus prometteuses.</p>
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<p><a href="https://giphy.com/gifs/AgLXBhl7TkIHu6ctxm"></a></p><figcaption>Stratégie d’exploration de l’algorithme de recherche. Les sommets sont numérotés selon l’ordre de l’exploration. Le sommet initial 0 génère trois successeurs, 1, 2 et 3, qui forment la liste initiale de candidats, ordonnée par valeurs croissantes du coût « f ». Le sommet avec le coût le plus faible est développé (ici, le sommet 1), et ainsi de suite jusqu’à atteindre le sommet final. Lorsque la fonction coût « f » est bien choisie, le sommet final est toujours atteint sans avoir exploré la totalité de l’arbre et avec un coût proche du coût minimal. Source : Dimitri Lefebvre </figcaption></figure>
<p>Mais comment ce tri est-il réalisé ? L’astuce est de définir un critère pour évaluer et classer les solutions potentielles sans avoir à les calculer explicitement. Reprenons l’analogie avec l’arbre et imaginons un instant que l’examen des branches et des rameaux nous renseigne sur l’état des feuilles. Il suffira d’évaluer progressivement la ramure de l’arbre afin d’affiner la recherche de la meilleure solution possible, sans jamais regarder précisément le feuillage. La qualité du résultat dépendra de la finesse de cette évaluation.</p>
<p>Ramené au cas qui nous intéresse, à savoir l’affectation des tâches de surveillance aux différents robots de la flotte et la planification de leurs trajets, un algorithme commence par affecter chaque robot à l’une des tâches pour lesquelles il est compétent. Il calcule ensuite la durée ou l’énergie nécessaire à l’exécution de cette tâche par le robot choisi et surtout il évalue la durée ou l’énergie résiduelle nécessaire pour exécuter les tâches qui n’ont pas encore été affectées.</p>
<p>Ce principe permet de classer à chaque étape de l’algorithme la qualité des solutions partielles calculées, en fonction du critère choisi, pour ne conserver que les meilleures d’entre elles.</p>
<p>Ce sont précisément des méthodes de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme_de_Dijkstra">parcours de graphes</a>, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme_de_recherche_en_faisceau">recherche en faisceau</a>, et d’apprentissage automatique qui sont étudiées et améliorées par les chercheurs pour qu’elles puissent être utilisées par les robots mobiles. Ainsi dotés de capacités de décision, les robots pourront s’adapter et réagir rapidement dans des situations difficiles avec le niveau d’autonomie que leur auront conféré les experts et les opérateurs de l’intervention. Ce degré d’autonomie restera cependant contraint par le nombre et la diversité des situations – réelles ou fictives – auxquelles les robots auront été confrontés durant leur programmation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189157/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L'Université Le Havre Normandie a reçu des financements de l'ANR et la Région Normandie pour le projet APPRENTIS de ANR-SIOMRI . </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>L'Université Le Havre Normandie a reçu des financements de l'ANR et la Région Normandie pour le projet APPRENTIS de ANR-SIOMRI</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>L'Université Le Havre Normandie a reçu des financements de l'ANR et la Région Normandie pour le projet APPRENTIS de ANR-SIOMRI </span></em></p>Les robots devront prendre des décisions de façon autonomes et se coordonner entre eux.Dimitri Lefebvre, Professeur en automatique, Université Le Havre NormandieHamza Chakraa, PhD student in Automation and Robotics, Université Le Havre NormandieMarwa GAM, Doctorante, Université Le Havre NormandieSara Hsaini, ingénieur de recherche en informatique, Université Le Havre NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1881002022-08-02T20:17:12Z2022-08-02T20:17:12ZAprès l’élimination d’Ayman al-Zawahiri, Al-Qaïda représente-t-elle toujours une menace ?<p>Le gouvernement américain vient d’annoncer qu’Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda et cerveau des attentats du 11 septembre 2001, a été <a href="https://apnews.com/article/ayman-al-Zawahri-al-qaida-terrorism-biden-36e5f10256c9bc9972b252849eda91f2">tué par un drone</a> à Kaboul, capitale de l’Afghanistan.</p>
<p>Al-Zawahiri était le successeur d’Oussama ben Laden. Sa mort permet aux familles de ceux qui ont été tués dans les attaques de 2001 de « tourner la page », a déclaré le président des États-Unis, Joe Biden, lors d’une <a href="https://www.whitehouse.gov/briefing-room/speeches-remarks/2022/08/01/remarks-by-president-biden-on-a-successful-counterterrorism-operation-in-afghanistan/">allocution télévisée</a> le 1<sup>er</sup> août 2022.</p>
<p>Cet assassinat ciblé a eu lieu près d’un an après que les troupes américaines <a href="https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210830-les-derni%C3%A8res-troupes-am%C3%A9ricaines-ont-quitt%C3%A9-l-afghanistan-pentagone">ont quitté l’Afghanistan</a> après des décennies de combats dans ce pays. Quel sera l’impact de l’élimination du chef d’Al-Qaïda, et que dit cette opération de la lutte antiterroriste conduite par les États-Unis en Afghanistan sous le régime des talibans ? The Conversation a demandé à <a href="https://ctc.usma.edu/team/dr-daniel-milton/">Daniel Milton</a>, expert en terrorisme à l’Académie militaire américaine de West Point, et à <a href="https://extremism.gwu.edu/dr-haroro-ingram">Haroro J. Ingram</a> et <a href="https://extremism.gwu.edu/andrew-mines">Andrew Mines</a>, chargés de recherche au Programme sur l’extrémisme de l’Université George Washington, d’apporter de premiers éléments de réponse à ces questions.</p>
<h2>Qui était Ayman al-Zawahiri ?</h2>
<p>Ayman al-Zawahiri, né en 1951 en Égypte, était devenu le principal dirigeant d’Al-Qaïda en 2011 après que l’élimination de son prédécesseur, Oussama ben Laden, dans été une <a href="https://www.lemonde.fr/mort-de-ben-laden/">opération américaine</a>.</p>
<p>Au cours des dernières années précédant la mort de Ben Laden, de nombreux responsables d’Al-Qaïda avaient été tués par des <a href="https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2019-2-page-63.htm">frappes de drones américains au Pakistan</a>, et Ben Laden avait <a href="https://www.ctc.usma.edu/letters-from-abbottabad-bin-ladin-sidelined/">rencontré de plus en plus de difficultés</a> à exercer un contrôle réel sur le réseau mondial qu’était devenue son organisation.</p>
<p>En 2011, Al-Zawahiri a succédé à Ben Laden malgré une réputation mitigée. Bien qu’il ait été impliqué de longue date dans la lutte djihadiste, il était considéré par de nombreux observateurs et, aussi, par certains djihadistes comme un orateur soporifique sans qualifications religieuses officielles ni expérience sur le champ de bataille.</p>
<p>Nettement moins charismatique que son prédécesseur, Al-Zawahiri était connu pour sa tendance à <a href="https://www.universiteitleiden.nl/binaries/content/assets/customsites/perspectives-on-terrorism/2017/issue-1/0620171-deciphering-ayman-al-zawahiri-and-al-qaeda%E2%80%99s-strategic-and-ideological-imperatives-by-sajjan-m.-gohel.pdf">se lancer dans de longs discours sinueux</a> et souvent archaïques. Il a également eu du mal à se défaire des rumeurs selon lesquelles il aurait été un <a href="https://www.pulitzer.org/winners/lawrence-wright">informateur</a> des autorités égyptiennes lors de son séjour en prison dans son pays d’origine (1981-1984) et, <a href="https://www.pulitzer.org/winners/lawrence-wright">comme l’a expliqué le journaliste Lawrence Wright</a>, il a rendu compliquées les relations entre le jeune Ben Laden et le mentor de celui-ci, Abdullah Azzam.</p>
<p>L’influence d’Al-Zawahiri s’est encore affaiblie du fait du <a href="https://www.france24.com/fr/%C3%A9missions/reporters/20210205-2011-une-histoire-de-printemps-les-r%C3%A9volutions-arabes-vues-par-france-24">Printemps arabe qui a balayé l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient</a> : Al-Qaïda est alors apparue déconnectée des événements et incapable d’exploiter efficacement le déclenchement de la guerre en Syrie et en Irak. Pour les analystes comme pour ses djihadistes, Al-Zawahiri est apparu comme le symbole d’une Al-Qaïda dépassée et rapidement éclipsée par d’autres groupes qu’elle avait <a href="https://www.cairn.info/le-terrorisme--9782738129543-page-251.htm">autrefois aidé à s’imposer sur la scène mondiale</a>, notamment l’État islamique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Qui était Ayman Al-Zawahiri, chef d’Al-Qaïda ? • France 24, 2 août 2022.</span></figcaption>
</figure>
<p>Mais avec <a href="https://www.cnews.fr/monde/2016-05-17/Daech-sur-le-declin-729701">l’effondrement du califat du groupe État islamique</a> en 2019, le retour au pouvoir en Afghanistan des talibans, alliés d’Al-Qaïda, et la persistance des filiales d’Al-Qaïda <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/mali/le-point-sur-les-franchises-de-Daech-qui-frappent-en-afrique_4354447.html">notamment en Afrique</a>, certains experts <a href="https://warontherocks.com/2022/05/how-strong-is-al-qaeda-a-debate/">affirment</a> qu’Al-Zawahiri a guidé Al-Qaïda pendant sa période la plus difficile et que le groupe reste une menace puissante. Un haut responsable de l’administration Biden <a href="https://apnews.com/article/ayman-al-Zawahiri-al-qaida-terrorism-biden-36e5f10256c9bc9972b252849eda91f2">a déclaré à l’Associated Press</a> qu’au moment de sa mort, Al-Zawahiri continuait à exercer une « direction stratégique » et était considéré comme un personnage dangereux.</p>
<h2>Où sa mort laisse-t-elle Al-Qaïda ?</h2>
<p>L’assassinat ou la capture des principaux chefs terroristes est un outil clé de la lutte contre le terrorisme depuis des décennies. Ces opérations permettent de retirer les chefs terroristes du champ de bataille et de provoquer les <a href="https://cup.columbia.edu/book/terror-in-transition/9780231192255">luttes de succession</a> qui perturbent la cohésion du groupe et peuvent exposer ses vulnérabilités en matière de sécurité. Contrairement à l’État islamique, dont les <a href="https://theconversation.com/islamic-state-leader-killed-in-us-raid-where-does-this-leave-the-terrorist-group-176410">pratiques de succession des dirigeants</a> sont claires et ont été mises en œuvre à quatre reprises depuis la mort de son fondateur Abou Moussab al-Zarqaoui en 2006, celles d’Al-Qaïda sont plutôt opaques. Le successeur d’Al-Zawahiri ne sera que le troisième dirigeant du mouvement <a href="https://archives.fbi.gov/archives/news/testimony/al-qaeda-international">depuis sa création</a> en 1988.</p>
<p>Le <a href="https://www.securitycouncilreport.org/atf/cf/%7B65BFCF9B-6D27-4E9C-8CD3-CF6E4FF96FF9%7D/S%202022%20547.pdf">principal prétendant</a> est un autre Égyptien. Ancien colonel de l’armée égyptienne et, comme Al-Zawahiri, membre du Djihad islamique égyptien, affilié à Al-Qaïda, <a href="https://www.fbi.gov/wanted/wanted_terrorists/saif-al-adel">Saif al-Adel</a> est lié aux attentats à la bombe de 1998 contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya, qui ont fait d’Al-Qaïda une menace djihadiste mondiale. Sa réputation d’expert en explosifs et de stratège militaire lui vaut une vraie popularité au sein du mouvement Al-Qaïda. Toutefois, un certain nombre d’autres possibilités se cachent derrière Al-Adel : un récent <a href="https://www.securitycouncilreport.org/atf/cf/%7B65BFCF9B-6D27-4E9C-8CD3-CF6E4FF96FF9%7D/S%202022%20547.pdf">rapport du Conseil de sécurité des Nations unies</a> identifie plusieurs successeurs possibles.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, Al-Qaïda se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Si le successeur d’Al-Zawahiri est largement reconnu comme légitime à la fois par le noyau dur d’Al-Qaïda et par ses affiliés, il pourrait contribuer à stabiliser le mouvement. Mais toute ambiguïté concernant le plan de succession d’Al-Qaïda pourrait entraîner une remise en question de l’autorité du nouveau chef, ce qui pourrait fracturer davantage le mouvement.</p>
<p>Tout porte à croire qu’Al-Qaïda en tant que mouvement mondial survivra à la mort d’Al-Zawahiri, tout comme elle a survécu à celle de Ben Laden. Le réseau a connu un certain nombre de succès récents. Les talibans, ses alliés de longue date, ont réussi à prendre le contrôle de l’Afghanistan avec l’aide d’<a href="https://cisac.fsi.stanford.edu/mappingmilitants/profiles/al-qaeda-indian-subcontinent-aqis">Al-Qaïda dans le sous-continent indien</a> – une filiale qui étend actuellement ses opérations au Pakistan et en Inde. Pendant ce temps, les groupes affiliés sur le continent africain – du Mali et de la région du lac Tchad à la Somalie – demeurent une menace, certains s’étendant au-delà de leurs zones d’opérations traditionnelles.</p>
<p>D’autres groupes affiliés, comme Al-Qaïda dans la péninsule arabique, basée au Yémen, restent fidèles au noyau dur et, selon l’équipe de surveillance des Nations unies, sont désireux de relancer des attaques à l’étranger contre les États-Unis et leurs alliés.</p>
<p>Le successeur d’Al-Zawahiri cherchera à conserver l’allégeance des affiliés d’Al-Qaïda afin que celle-ci continue de représenter une menace réelle.</p>
<h2>Qu’est-ce que cette élimination nous apprend sur les opérations américaines en Afghanistan sous les talibans ?</h2>
<p>Le retrait américain d’Afghanistan en août 2021 a suscité des interrogations quant à la capacité des États-Unis à maintenir la pression sur Al-Qaïda, <a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-letat-islamique-au-khorassan-qui-a-revendique-lattentat-de-laeroport-de-kaboul-166938">l’État islamique au Khorassan</a> et les autres djihadistes présents dans le pays.</p>
<p>Les responsables américains ont <a href="https://www.nationaldefensemagazine.org/articles/2021/11/20/sof-leader-calls-over-the-horizon-ops-in-afghanistan-hard-but-doable">expliqué</a> qu’une stratégie de surveillance de loin (« over-the-horizon ») – consistant à lancer des frappes chirurgicales et des raids d’opérations spéciales depuis l’extérieur d’un État donné – permettrait aux États-Unis de répondre à des défis tels que les préparatifs d’attaques terroristes et la résurgence de groupes armés.</p>
<p>Mais de nombreux experts <a href="https://foreignpolicy.com/2022/01/05/over-the-horizon-biden-afghanistan-counter-terrorism/">ne sont pas de ce cet avis</a>. Et lorsqu’une <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/13/les-militaires-americains-responsables-de-la-frappe-de-drone-a-kaboul-ne-seront-pas-poursuivis_6105923_3210.html">erreur de frappe d’un drone américain</a> a tué sept enfants, un travailleur humanitaire employé par les États-Unis et d’autres civils l’automne dernier, cette stratégie a fait l’objet d’un examen approfondi.</p>
<p>Mais à ceux qui doutaient que les États-Unis aient encore la volonté de s’attaquer aux principaux terroristes en Afghanistan, l’assassinat d’Al-Zawahiri apporte une réponse claire. <a href="https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20220802-u">Cette frappe</a> aurait impliqué une surveillance à long terme du leader d’Al-Qaïda et de sa famille, et des discussions approfondies au sein du gouvernement américain avant de recevoir l’approbation présidentielle. Joe Biden affirme que l’élimination d’Al-Zawahiri n’a pas fait d’autres victimes.</p>
<p>Il convient cependant de remarquer qu’il a fallu onze mois aux États-Unis pour frapper leur première cible de grande valeur en Afghanistan sous le régime des talibans. Cela contraste avec les <a href="https://www.voanews.com/a/us-military-significantly-reduced-global-airstrikes-in-2021-/6392771.html">centaines de frappes aériennes</a> effectuées dans les années qui ont précédé le retrait américain d’août 2021.</p>
<p>La frappe a eu lieu dans un quartier de Kaboul où résident de nombreux hauts responsables talibans. <a href="https://apnews.com/article/ayman-al-Zawahiri-al-qaida-terrorism-biden-36e5f10256c9bc9972b252849eda91f2">La planque elle-même appartenait</a> à un collaborateur de haut rang de Sirajuddin Haqqani, un terroriste <a href="https://www.fbi.gov/wanted/terrorinfo/sirajuddin-haqqani">recherché par les États-Unis</a> et un haut dirigeant taliban.</p>
<p>Apporter de l’aide à Al-Zawahiri constituait une violation de l’<a href="https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/02/Agreement-For-Bringing-Peace-to-Afghanistan-02.29.20.pdf">accord de Doha</a> de 2020, en vertu duquel les talibans avaient accepté de « ne pas coopérer avec des groupes ou des individus menaçant la sécurité des États-Unis et de leurs alliés ». Les circonstances de l’attaque suggèrent que si les États-Unis veulent mener des opérations efficaces « au-delà de l’horizon » en Afghanistan, ils <a href="https://foreignpolicy.com/2019/08/26/how-to-partner-with-the-taliban/">ne peuvent pas compter sur</a> le soutien des talibans.</p>
<p>L’élimination d’Al-Zawahiri ne nous dit pas non plus si la stratégie américaine après le retrait peut contenir d’autres groupes djihadistes dans la région, comme l’État islamique au Khorassan, qui est farouchement opposé aux talibans et <a href="https://ctc.usma.edu/the-islamic-state-threat-in-taliban-afghanistan-tracing-the-resurgence-of-islamic-state-khorasan/">à leur expansion en Afghanistan</a>.</p>
<p>En effet, si un plus grand nombre de djihadistes perçoivent les talibans comme étant trop faibles pour protéger les principaux dirigeants d’Al-Qaïda et de ses affiliés, tout en étant incapables de gouverner l’Afghanistan sans l’aide des États-Unis, beaucoup d’entre eux pourraient considérer l’État islamique au Khorassan comme le meilleur choix.</p>
<p>Ces dynamiques, ainsi que d’autres, illustrent les nombreux défis que pose la poursuite du contre-terrorisme en Afghanistan aujourd’hui – défis qui ne seront probablement pas résolus par des frappes de drones et des assassinats occasionnels très médiatisés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496784/original/file-20221122-12-xtvhsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Nous proposons cet article dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie les 23 et 24 septembre 2022 et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/188100/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>The views expressed by Dr. Milton are his own and not of the U.S. Military Academy, the Department of the Army, or any other agency of the U.S. Government</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Andrew Mines et Haroro J. Ingram ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>L’élimination de celui qui en était le chef depuis onze ans porte sans doute un rude coup à Al-Qaïda, mais d’autres groupes djihadistes pourraient profiter de la nouvelle donne.Haroro J. Ingram, Senior Research Fellow at the Program on Extremism, George Washington UniversityAndrew Mines, Research Fellow at the Program on Extremism, George Washington UniversityDaniel Milton, Director of Research, United States Military Academy West PointLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1682952021-10-03T17:01:57Z2021-10-03T17:01:57ZArmes autonomes et soldats augmentés : quel impact sur les valeurs des armées ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422392/original/file-20210921-21-1a8f1kb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1440%2C1017&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Testé durant la guerre civile syrienne, le drone terrestre Uran-9&nbsp;sera le cœur des unités de combat robotiques russes nouvellement créées. Bardé d’armements et de capteurs, il est destiné à prendre la place des hommes sur le champ de bataille.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Ministère de la Défense de la Fédération de Russie</span></span></figcaption></figure><p>La Russie vient d’annoncer la <a href="https://jamestown.org/program/moscow-forming-first-robotic-military-units/">création d’une nouvelle unité de combat robotique</a> constituée de véhicules terrestres sans pilote Uran-9 qui, testés au combat en Syrie, ont affiché des <a href="https://www.businessinsider.fr/us/russias-uran-9-robot-tank-performed-horribly-in-syria-2018-7">résultats mitigés</a>. Par ailleurs, une version expérimentale, également sans pilote, du char T-14 Armata est en cours de développement ainsi que de <a href="https://airrecognition.com/index.php/archive-world-worldwide-news-air-force-aviation-aerospace-air-military-defence-industry/global-defense-security-news/2019-news-aerospace-industry-air-force/october/5544-altius-and-okhotnik-drones-to-enter-state-aviation-register.html">nouveaux drones à longue portée dénommés Okhotnik et Altius</a>.</p>
<p>Ces avancées sur les <a href="https://www.dems.defense.gouv.fr/cdem/productions/biblioveilles/systemes-darmes-letales-autonomes-sala">systèmes d’armes létales autonomes (SALA)</a> ont une forte charge de projection de puissance à l’international mais leur déploiement dans des unités de combat reste encore exceptionnel. Cependant, ces évolutions constituent l’avant-garde d’autres projets qui, connus sous le nom d’<a href="https://www.penseemiliterre.fr/le-soldat-augmente-quels-enjeux-pour-l-armee-de-terre-_114473_1013077.html">« homme augmenté »</a> (ou <em>Human enhancement technologies</em>, HET), ont pour but d’accroître les capacités des combattants.</p>
<p>À ce jour, si ces systèmes ne sont pas ou peu déployés, ils soulèvent déjà nombre d’interrogations sur ce que seront les champs de bataille du futur. Ainsi, on pense facilement à des améliorations comme les <a href="https://army-technology.com/features/us-army-exoskeletons/">exosquelettes</a>, qui relevaient encore récemment de la science-fiction mais sont aujourd’hui <a href="https://forbes.com/sites/vikrammittal/2020/08/17/military-exoskeletons-science-fiction-or-science-reality/">techniquement réalisables</a>. Encore très perfectibles et sujets de nombreuses questions, ces systèmes ne font pas l’unanimité.</p>
<h2>Des questionnements pour les SALA</h2>
<p>L’enjeu des SALA est loin d’être anecdotique. En France, ce sujet a déjà fait l’objet d’un rapport d’information de <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_def/l15b3248_rapport-information">l’Assemblée nationale</a> qui précédait de quelques mois celui sur <a href="https://www.defense.gouv.fr/salle-de-presse/communiques/communique_le-comite-d-ethique-de-la-defense-publie-son-rapport-sur-l-integration-de-l-autonomie-des-systemes-d-armes-letaux">l’intégration de l’autonomie des systèmes d’armes létaux au comité d’éthique de la défense</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"622488890566438912"}"></div></p>
<p>Après que la Russie a annoncé la création de son unité de combat robotique, les États-Unis <a href="https://breakingdefense.com/2021/04/inside-russias-robot-army-rhetoric-vs-reality/">ont répliqué</a> que l’automatisation du champ de bataille exige une retenue éthique qui risquait de fait défaut à la Russie et à la Chine. Cependant, à l’instar des Occidentaux, la Russie souligne la nécessité qu’un humain conserve la maîtrise du recours à la force létale et n’envisage pas de déléguer cette décision à un quelconque système automatisé.</p>
<p>Il reste que, en dépit de ces propos rassurants, la crainte de voir la Russie changer de portage et autoriser la prise de décision hors du contrôle humain dans le temps est réelle. Cette crainte est d’autant plus forte que la nouvelle génération de drones, comme les Okhtonik et Altius, pourrait être équipée d’une IA embarquée pour la sélection, l’identification et même la destruction de cibles.</p>
<p>Une autre mutation majeure du champ de bataille, le soldat augmenté, soulève autant de questions qu’elle suscite d’inquiétudes.</p>
<h2>Et des enjeux pour les hommes augmentés</h2>
<p>Les soldats augmentés peuvent être <a href="https://finabel.org/the-bio-enhanced-soldier-in-international-law-classification-and-obligations/">définis</a> comme le résultat de l’amélioration artificielle des capacités humaines par le développement technologique à des fins de guerre. Si tous les projets qui augmentent les capacités humaines n’aboutiront pas, loin s’en faut, ils ne relèvent plus de la seule science-fiction et soulèvent de nombreuses interrogations.</p>
<p>L’une d’elles porte sur <a href="https://digital-commons.usnwc.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1695&context=ils">l’encadrement international de la technologie militaire</a>, à savoir le droit des conflits armés et les droits de l’homme. Il appartiendra au législateur de définir les droits de ces individus et leur responsabilité pour les actions qu’ils entreprennent munis de ces équipements.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=251&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=251&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=251&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=316&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=316&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422388/original/file-20210921-15-1qkoaw6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=316&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Quelle est la responsabilité exacte de Bucky Barnes pour ce qu’il fait de son bras mécanique ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">The Walt Disney Company France</span></span>
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<p>En termes de R&D, ces évolutions orienteront les activités d’une recherche qui deviendra prioritaire et devra <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1440244020307866">s’adapter en fonction des besoins et des exigences futurs</a>. Dans tous les cas, ces recherches devront être particulièrement scrutées au regard des normes de l’éthique biomédicale, notamment en ce qui concerne les expérimentations sur des sujets humains déjà visées par le <a href="https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2017-11/inserm-codenuremberg-tradamiel.pdf">Code de Nuremberg</a>, la <a href="https://www.cairn.info/revue-laennec-2002-1-page-44.htm">Déclaration d’Helsinki</a> ou encore la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000508831/">loi Huriet</a> en France.</p>
<p>Ces enjeux sont tout particulièrement importants alors que plusieurs pays s’engagent résolument dans cette voie : en témoignent la mise en œuvre par le Royaume-Uni de son projet <a href="https://www.gov.uk/government/publications/advanced-research-and-invention-agency-aria-statement-of-policy-intent/advanced-research-and-invention-agency-aria-policy-statement">Advanced Research and Invention Agency</a> (Aria), le <a href="https://www.defense.gouv.fr/salle-de-presse/communiques/communique_le-comite-d-ethique-de-la-defense-publie-son-avis-sur-le-soldat-augmente">récent rapport</a> du comité d’éthique sur le soldat augmenté, le <a href="https://www.darpa.mil/program/safe-genes">programme Safe Genes</a> de la <a href="https://www.darpa.mil/">Defense Advanced Research Projects Agency américaine</a> (DARPA) ou encore les suspicions qui <a href="https://www.nbcnews.com/politics/national-security/china-has-done-human-testing-create-biologically-enhanced-super-soldiers-n1249914">pèsent sur la Chine</a>, soupçonnée de procéder à des expérimentations humaines pour créer des soldats biologiquement améliorés.</p>
<p>Mais outre ces sujets de première importance, l’impact des améliorations neurales et physiques humaines est encore plus vaste : il porte également en lui des conséquences pour l’armée qui risque de devoir adapter ses valeurs et son identité à ces révolutions technologiques.</p>
<h2>L’identité de l’organisation et le corpus de valeurs</h2>
<p>En effet, les armées disposent d’une identité très affirmée, structurée autour de valeurs fortes concourant à rendre prévisible le comportement des militaires qui y adhèrent. Ces valeurs sécurisent l’organisation et facilitent l’exercice du commandement au point qu’il est possible de dire qu’il n’y aurait <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=W9BsFQf834wC">pas de management sans valeurs</a>.</p>
<p>De même, elles facilitent pour les hommes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1162908820300566">l’affrontement de situations extrêmes</a> (imprévisibles, évolutives et risquées). Elles leur permettent aussi de <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=nz1RT-xskeoC&oi=fnd&pg=PR7&dq=weick">réordonner le chaos ambiant et d’améliorer leur processus de prise de décision</a>.</p>
<p>Dans le cas des armées, leur corpus de valeurs pourrait être affecté par des avancées technologiques qui donneraient naissance au soldat augmenté. En effet, il sera plus délicat de valoriser le goût de l’effort quand un exosquelette permettra de soulever de lourdes charges sans effort et sans entraînement. Dans la même logique, des configurations de combat à distance faisant appel à des SALA écorneront probablement la mythologie du héros dans sa forme actuelle puisqu’il minimiserait le risque physique et la portée de l’action héroïque réalisée par les militaires.</p>
<p>Au-delà de ces quelques exemples, ces avancées technologiques, qui progressent à une vitesse exponentielle, soulèvent de très nombreuses questions, tant éthiques que bioéthiques. En outre, elles interrogent autant les législations internes que le droit international. Enfin, il semble inévitable que ces innovations impacteront l’armée en tant que structure mais aussi dans son mode de management. De fait, le déploiement de ces technologies risque d’en fragiliser l’équilibre et de la contraindre à adapter ses pratiques managériales, comme les processus de diffusion des valeurs qui façonnent son identité et participent à sécuriser le déploiement de ses stratégies sur les théâtres d’opérations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168295/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christine Dugoin-Clément ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré les questions éthiques, la course à l’automatisation du combat fait rage parmi les armées du monde. Mais ces nouvelles armes pourraient bien déstabiliser les systèmes de valeurs militaires.Christine Dugoin-Clément, Analyste en géopolitique, membre associé au Laboratoire de Recherche IAE Paris - Sorbonne Business School, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chaire « normes et risques », IAE Paris – Sorbonne Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1550062021-03-14T17:22:59Z2021-03-14T17:22:59ZLoi « Sécurité globale » : un film documentaire pour décrypter trois points sensibles<p>De la <a href="https://reporterre.net/Contre-la-loi-Securite-globale-la-flamme-de-la-liberte-brule-dans-le-Vercors">Drôme</a> à <a href="https://www.dna.fr/transport/2021/02/13/manifestation-contre-la-loi-securite-globale-des-bouchons-autour-des-halles">Strasbourg</a> en passant par <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-8e-manifestation-contre-la-loi-de-securite-globale-7153891">Brest</a>, nombreuses sont encore les manifestations, parfois très localisées et rassemblant de petits noyaux de personnes, s’érigeant contre la proposition de loi « Sécurité globale », qui revient pour une <a href="https://www.senat.fr/espace_presse/actualites/202012/securite_globale.html">première lecture au Sénat</a> le 16 mars 2021.</p>
<p>Plusieurs mesures sont perçues comme particulièrement problématiques par l’opinion : l’accroissement des pouvoirs des agents de sécurité privés, l’utilisation des drones pour surveiller la population ou encore l’interdiction de diffuser des images de policiers. Le moment singulier choisi pour faire adopter cette loi et le recours à la procédure parlementaire accélérée suscitent aussi de nombreuses interrogations.</p>
<p>Une équipe de chercheurs et de chercheuses décryptent ces questions dans un <a href="https://kparrot.gitlab.io/securite-globale-de-quel-droit/">documentaire de recherche</a>, « Sécurité globale, de quel droit ? ».</p>
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<figcaption><span class="caption">De quel droit ? Un film réalisé par Karine Parrot et Stéphane Elmadjian, AGITI Films, 1e février 2021.</span></figcaption>
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<h2>La proposition de loi accroît fortement les capacités et pouvoirs de surveillance des forces de l’ordre</h2>
<p>L’un des mécanismes proposés est relatif à la fixation de caméras frontales sur les autobus, tramways et tout autre matériel roulant appartenant aux opérateurs de transport public de voyageurs. Alors qu’un système de surveillance existe déjà à l’intérieur des moyens de transport dans les stations de métros, les abribus, <em>etc.</em>(article L. 1632‑2 du code des transports), il s’agit ici de filmer l’ensemble de la voie publique… et même l’intérieur des magasins ouverts au public.</p>
<p>Dès lors, ce n’est plus le seul usager du service de transport qui sera filmé, mais l’ensemble des personnes circulant sur la voie publique. La proposition de loi prévoit seulement une information générale du public sur l’emploi de ces caméras, organisée par le ministre chargé des transports.</p>
<p>Il suffira alors de collecter l’ensemble des données de ces caméras frontales pour reconstituer une surveillance quasiment continue de l’espace public. Annoncé comme expérimental, ce système est bien entendu destiné à être pérennisé : il fait en effet peu de doute que l’acquisition par les entreprises de transports privées d’un matériel de captation extrêmement coûteux devra être rentabilisée.</p>
<p>Par ailleurs, l’article 28 <em>ter</em> de la proposition de loi autorise les entreprises à transmettre aux forces de l’ordre les images captées à l’intérieur des moyens de transport de manière inconditionnée, alors que cette transmission était jusqu’à présent limitée à l’existence de circonstances liées à la commission imminente d’une infraction (article L. 1632‑2 du code des transports).</p>
<p>La proposition de loi supprime cette finalité et permet ainsi aux entreprises de transport de transmettre à la police leurs images captées à l’intérieur des transport sans justification particulière. De leur côté, les caméras piétons portées par les forces de l’ordre pourront désormais servir à « informer le public quant aux circonstances de l’intervention ».</p>
<p>Autrement dit, la proposition de loi offre aux forces de l’ordre la possibilité de publier des images officielles de leurs interventions, tout en dépouillant, dans le même temps, les citoyens de ce droit.</p>
<p>Le développement de ce système de surveillance globale passe également par l’utilisation de capteurs sonores, thermiques, d’images qui désormais pourront être embarqués par des drones.</p>
<p>En dehors de tout cadre légal, des pratiques de vidéosurveillance par drones commençaient à s’étendre, donnant l’occasion <a href="https://www.conseil-etat.fr/ressources/decisions-contentieuses/dernieres-decisions-importantes/conseil-d-etat-18-mai-2020-surveillance-par-drones">au Conseil d’État</a> de les sanctionner car portant « une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée » (CE, Ord. Association « La Quadrature du Net » et la LDH, 18 mai 2020, CE, Ord. 22 décembre 2020, Association « La Quadrature du Net »).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1367114945297608708"}"></div></p>
<p>Dans son article 22 sur « les caméras aéroportées », la proposition de loi prévoit de légaliser ces pratiques en prévoyant que : « les autorités publiques […] peuvent procéder au traitement d’images au moyen de caméras installées sur des aéronefs », images qui peuvent « être transmises en temps réel au poste de commandement du service concerné ». Alors qu’il s’agit d’un traitement de données personnelles, les règles qui s’y appliquent (RGPD et loi de 1978 modifiée), ne sont pas respectées. Par exemple, si le texte prévoit que le public sera informé « par tout moyen » de l’utilisation de ces dispositifs, c’est pour ajouter immédiatement qu’il ne sera cependant pas informé si « les circonstances l’interdisent » ou si cette information entre « en contradiction avec les objectifs poursuivis ».</p>
<p>Or, un drone qui surveille une manifestation peut être perçu comme un instrument d’intimidation, pouvant dissuader les personnes de manifester par crainte que les images collectées soient ensuite utilisées contre elles, comme l’a souligné la CNCDH (Avis A, 2020, 16). Parce qu’elles peuvent révéler des opinions politiques, syndicales, des convictions religieuses, ces images correspondent à des données sensibles et devraient être particulièrement protégées, ce que la loi ne prévoit pas.</p>
<p>Autrement dit, ces dispositifs ne portent pas seulement atteinte au droit à la vie privée, ils menacent également la liberté d’expression, la liberté d’opinion et la liberté de manifester, comme l’a fait remarquer la CNIL dans son avis du 26 janvier 2021.</p>
<p>Le texte est d’autant plus préoccupant qu’il n’interdit pas le couplage de ces dispositifs avec les technologies de reconnaissance faciale que certaines villes françaises, comme Nice, ont déjà expérimenté malgré les alertes de la CNIL (Avis 17 octobre 2019) et les condamnations du juge administratif (TA Marseille, 3 février 2020).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/peur-sur-la-ville-le-marche-des-safe-cities-138313">Peur sur la ville : le marché des « safe cities »</a>
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<p>Rien, non plus, n’empêche de confier le visionnage voire le traitement des images à des acteurs privés, puisque la sous-traitance n’est pas explicitement interdite par le texte. L’amendement de Philippe Latombe visant à l’interdire a, en effet, été rejeté.</p>
<p>Le recours à ces dispositifs, particulièrement attentatoires aux libertés et par ailleurs très coûteux. Ainsi, à Clamart, commune des Hauts-de-Seine, l’installation d’une caméra coûte environ 25 000 euros (rapport Cour des comptes octobre 2020, p. 67). Il est pourtant encouragé, bien qu’aucune étude n’a démontré leur efficacité sur la baisse de la délinquance ou l’élucidation d’affaires, comme l’a souligné la Cour des comptes dans son <a href="https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-rapport-public-annuel-2020">rapport d’octobre 2020</a>.</p>
<h2>À côté de cette surveillance de masse, la loi chercherait à limiter la diffusion des images représentant les forces de l’ordre</h2>
<p>Dans quelle mesure cela est-il possible ?</p>
<p>La disposition la plus controversée de la proposition de loi relative à la sécurité globale est sans aucun doute celle contenue dans <a href="https://www.ouest-france.fr/societe/securite/loi-securite-globale-l-article-24-est-une-atteinte-a-la-liberte-d-expression-7091902">l’article 24</a> qui prévoit de créer un délit de diffusion de l’image d’un policier dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, assorti d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.</p>
<p>Clairement, il s’agit d’une limite importante à la liberté d’expression et de communication de tout citoyen. Il est vrai que la liberté d’expression n’est pas un droit absolu et qu’il peut y être apporté des limites en cas de dérive ou d’abus, limites qui peuvent prendre la forme d’une incrimination (diffamation, injure par exemple).</p>
<p>Et si la protection de l’intégrité de toute personne en général et de tout policier en particulier est un motif légitime d’incrimination, cela n’autorise pas pour autant la création d’un délit aussi vague.</p>
<p>En effet, le recours au droit pénal ne se fait pas de n’importe quelle manière et doit respecter des conditions en termes de précision du texte et de matérialité du comportement réprimé (art. 111-3 du code pénal).</p>
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<figcaption><span class="caption">La loi « sécurité globale » menace-t-elle la démocratie ?</span></figcaption>
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<p>Or, que constate-t-on ici ? Ce n’est pas l’atteinte à l’intégrité qui est réprimée (elle l’est déjà dans le code pénal et de manière aggravée d’ailleurs lorsqu’elle est commise contre un représentant de l’ordre, par exemple en matière de violences volontaires, art. 222-8 du code pénal), ce n’est pas non plus la tentative ni la préparation d’une telle atteinte qui sont réprimées, c’est un comportement complètement déconnecté d’une telle atteinte :</p>
<blockquote>
<p>« le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support […] l’image du visage ou tout autre élément d’identification, autre que son numéro d’identification individuel, d’un agent de la police nationale, d’un militaire de la gendarmerie nationale ou d’un agent de police municipale ».</p>
</blockquote>
<p>En quoi est-ce que le fait de diffuser l’image d’un représentant de l’ordre est nuisible à l’ordre public au point de justifier le recours au droit pénal ? Comment les journalistes pourront-ils, avec un tel texte, continuer à exercer leur métier sereinement, sans s’autocensurer ou risquer d’être placés en garde à vue ? Car il ne faut pas s’y tromper.</p>
<p>Le texte est à ce point contraire aux principes fondamentaux du droit pénal qu’il est inapplicable : comment démontrer en effet que cette diffusion est faite « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique » ?</p>
<p>Comment un juge pourrait-il accepter de condamner un individu pour une intention établie de manière divinatoire ? Mais ce texte, tout aussi impuissant qu’il soit à fonder une condamnation, suffira, à partir du moment où il entrera en vigueur, à fonder une intervention policière (pendant une manifestation par exemple) et à placer en garde à vue des individus gênants qui auraient eu la mauvaise idée de filmer ou de photographier des policiers en action.</p>
<h2>Le film questionne aussi la manière dont les lois sont fabriquées ces dernières années</h2>
<p>À première vue, on pourrait se réjouir : il n’est pas si courant qu’une réforme présentée comme majeure pour un quinquennat présidentiel trouve son origine dans une « proposition de loi » plutôt que dans un « projet de loi », c’est-à-dire dans un texte déposé à l’initiative de parlementaires, et non du <a href="https://www.senat.fr/leg/">gouvernement</a>.</p>
<p>Il est néanmoins très vite apparu que l’initiative parlementaire en question était une tromperie : le gouvernement porte les dispositions de la loi comme s’il s’agissait de son propre projet, au point que, sur certains articles comme l’article 24, le ministre de l’Intérieur en revendique ouvertement la paternité, ainsi que le professeur <a href="https://blog.leclubdesjuristes.com/quelques-jours-dans-la-vie-de-larticle-24-par-nicolas-molfessis/">Molfessis l’a relevé</a>.</p>
<p>On peut parler à ce propos d’un véritable détournement des procédures constitutionnelles de fabrique de la loi : comme le résume la <a href="https://www.cncdh.fr/node/2154">Commission nationale consultative des droits de l’homme</a> :</p>
<blockquote>
<p>« en n’assumant pas directement le choix de ces nouvelles orientations sécuritaires, qu’il aurait dû détailler dans un nouveau projet de loi, le gouvernement prive le parlement et la société d’un débat sur leur impact ainsi que d’une expertise juridique du Conseil d’État, préalables requis à l’examen parlementaire de tout projet de loi, mais pas pour une proposition de loi ».</p>
</blockquote>
<p>Loin d’un processus plus démocratique de production de la loi, par la prise en charge directe et collective, de la part des représentants de la nation, du travail d’écriture, l’initiative parlementaire joue ici à contresens : la proposition de loi est le produit d’un processus d’une rare obscurité.</p>
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<figcaption><span class="caption">Loi sécurité globale : « Je saisirai moi-même le Conseil constitutionnel », promet Castex.</span></figcaption>
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<p>On ne connaît pas précisément, en particulier, les groupes d’intérêts ayant agi sur sa rédaction. Dans le même temps, les instances publiques chargées de veiller au respect des droits fondamentaux en France, tels que la CNIL et le Défenseur des droits ont émis plusieurs <a href="https://www.cnil.fr/fr/la-cnil-rend-son-avis-sur-la-proposition-de-loi-securite-globale">réserves</a>.</p>
<p>Les débats à l’Assemblée, au mois de novembre, n’ont pas permis de dévier de cette trajectoire initiale. De façon peu surprenante, les seules discussions qui ont conduit à amender le texte étaient d’ordre technique, et non politique. Dans ces conditions, les tergiversations à propos de la réécriture de l’article 24, concernant la diffusion d’images des forces de l’ordre, ne sont que le point d’aboutissement d’une procédure législative gravement endommagée : si le Premier ministre a ingénument proposé de nommer « une commission indépendante, chargée de proposer à la représentation nationale une nouvelle écriture de l’article 24 », suscitant une gigantesque levée de boucliers, ce n’est pas une simple maladresse politique. C’est le signe qu’au plus haut niveau de l’État, on ne sait plus très bien à quoi sert le Parlement.</p>
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<p><em>Le film, « Sécurité globale, de quel droit ? » (48 minutes, production AGITI Films, janvier 2021) est en accès libre depuis février 2021. Le film est publié sous la licence Creative Common (BY-NC-ND). Il peut être regardé, téléchargé et diffusé gratuitement. Contact presse : loi.securite.globale.le.film@gmail.com</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155006/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs mesures du projet de loi Sécurité globale sont perçues comme particulièrement problématiques par l’opinion. Décryptage de chercheurs ayant participé à un documentaire sur le sujet.Karine Parrot, Professeur des universités en droit privé, CY Cergy Paris UniversitéLucie Cluzel, Enseignante-chercheuse, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLudivine Richefeu, Maîtresse de conférences, Droit privé et sciences criminelles, CY Cergy Paris UniversitéNoé Wagener, maître de conférences en droit public, Université de Rouen NormandieRaphaële Parizot, Professeur, Droit privé et sciences criminelles, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1389982020-06-24T21:18:57Z2020-06-24T21:18:57ZLes technologies permettront-elles de surmonter les crises à venir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/343811/original/file-20200624-132972-8oaquf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C119%2C2951%2C1726&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le drone, un nouvel outil de prévention des risques ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/19saRtNCKHY">Clay Banks/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Les crises économiques, sanitaires, sociales, les conflits armés, les pandémies, les catastrophes naturelles mettent souvent en lumière le manque de préparation et d’anticipation des communautés humaines qui doivent faire face à des chocs aussi violents qu’imprévus. La recherche de plus de résilience (plus de capacités à absorber des perturbations) pour les systèmes et les sociétés impactées devient prioritaire une fois passé le pic de la crise. Si la technologie dans son ensemble peut apporter des réponses sectorisées et contribuer au développement de la résilience, la robotique et l’intelligence artificielle (IA) fournissent des solutions clé en main qui éloignent l’homme du risque par la détection précoce des menaces. Leur déploiement permet de sauver des vies.</p>
<h2>Des exemples pour lesquels la robotique et l’IA auraient sauvé des vies</h2>
<p>En se replaçant au début des années 2000, l’analyse rétrospective nous fournit de nombreux exemples de catastrophes pour lesquelles l’usage de la robotique de 2020 (mini drones terrestres et aériens) et les techniques d’apprentissage automatique actuelles, auraient permis de sauver de nombreuses vies.</p>
<p>Le premier exemple rétrospectif est celui des attentats du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_11_septembre_2001">11 septembre 2001</a> qui ont fait 2977 morts sur le sol américain avec le détournement de quatre avions de ligne par des terroristes armés de couteaux. On sait aujourd’hui qu’un système embarqué de reprise de contrôle de trajectoire après alerte sur l’altitude et sur les modifications anormales du plan de vol, aurait été potentiellement <a href="https://academieairespace.com/wp-content/uploads/2018/07/Les-Livrets-Web.pdf">très utile</a>.</p>
<p><a href="https://academieairespace.com/wp-content/uploads/2018/07/Les-Livrets-Web.pdf">Ce système</a> construit autour d’un superviseur embarquant des composantes d’apprentissage automatique détectant une situation critique de niveau maximal aurait permis le blocage de toutes les fonctionnalités de pilotage à partir de la cabine et la reprise de contrôle totale de l’avion depuis un poste de commandement extérieur.</p>
<p>Autre option envisageable aujourd’hui : un système embarqué aurait engagé, de manière autonome, un atterrissage forcé sur l’aéroport le plus proche en désactivant les commandes de vol du poste de pilotage.</p>
<p>Le second exemple rétrospectif concerne l’engagement des forces françaises les 18 et 19 août 2008, lors de l’<a href="https://www.lepoint.fr/societe/il-y-a-dix-ans-l-embuscade-d-uzbin-traumatisait-l-armee-francaise-18-08-2018-2244314_23.php">embuscade d’Uzbin</a> (Afghanistan) qui a coûté la vie à 10 soldats français et fait plus de 20 blessés. Un groupe composé de 140 insurgés talibans lourdement armés avait pris position sur les crêtes escarpées surplombant un col que la patrouille française devait traverser. À son passage, les insurgés ont ouvert le feu sur les soldats français avec des lance-roquettes RPG-7 et des fusils de sniper.</p>
<p>Particulièrement violents, les combats rapprochés ont duré plusieurs heures et ont surpris les forces de la coalition. Douze ans plus tard, le bilan humain de cette embuscade reste gravé dans la mémoire de l’armée française comme un évènement particulièrement douloureux. Aurait-il pu être évité à l’époque en déployant un drone de surveillance couvrant préalablement le parcours de la patrouille ? Cette question doit être replacée dans le contexte des opérations en 2008 et des technologies disponibles à cette époque. Aujourd’hui, on imagine qu’une patrouille identique aurait lancé quatre mini drones de type quadcopter dotés de caméras thermiques avant le passage du col et aurait rapidement détecté la présence des 140 insurgés postés en position de combat sur les crêtes.</p>
<p><a href="https://www.droneshop.com/dji-mavic-2-entreprise-dual">Ces mini drones</a> « grand public » de marques américaines ou chinoises sont équipés de caméras large spectre à très haute performance. Ils coûtent aujourd’hui moins de 3000 dollars et sont capables d’effectuer des vols longue durée stabilisés à plus de 2000 mètres d’altitude avec des fonctions avancées de tracking autonome d’objets en mouvement ou de retour automatique au lieu de lancement.</p>
<p>Durant les vingt dernières années, il est facile de trouver de nombreux cas de catastrophes industrielles, d’accidents, d’effondrements de ponts, d’incendies de bâtiments qui auraient pu être précocement détectés par des systèmes « intelligents » disponibles en 2020, capables d’envoyer des alertes après une analyse data-centrée des évènements avant-coureurs du sinistre. Cette constatation s’applique de la même façon en 2020 pour les évènements qui surviendront dans les vingt prochaines années. Projetons-nous en 2040 et observerons ce que les technologies « 2040 » auraient apporté en matière de détection précoce des catastrophes survenues entre 2020 et 2030.</p>
<h2>L’IA pour créer de la résilience et réduire les risques</h2>
<p>La recherche de résilience passe, entre autres, par la réduction des délais de déploiement des technologies émergentes qui éloignent l’homme du risque. La robotique et l’apprentissage automatique peuvent relever le défi complexe d’apport de résilience en fournissant des systèmes autonomes de surveillance, d’analyse et de détection des évènements porteurs de risque.</p>
<p>Ainsi, dans le domaine de la cybersécurité, les solutions de supervision <a href="https://www.technology.org/2019/04/30/siem-ueba-and-soar-whats-the-difference/">SIEM</a> (Security Information and Event Management) <a href="https://www.globalsecuritymag.fr/Pourquoi-avez-vous-besoin-de-l,20180226,77193.html">UEBA</a> (User and Entity Behavior Analytics) ont montré leur efficacité dans la détection de menaces avancées que les antivirus classiques sont incapables de détecter.</p>
<p>Ces solutions collectent l’ensemble des données et micro-évènements circulant sur le système d’information. Une phase initiale d’apprentissage automatique du fonctionnement statistiquement « normal » du système s’effectue grâce aux données d’apprentissage. Une fois le modèle de normalité appris (entrainé), la solution de SIEM UEBA est en mesure de croiser des dizaines de millions d’évènements, d’extraire des séquences caractéristiques de menaces probables et de produire des alertes de sécurité. Cette approche permet de détecter des attaques inédites souvent furtives et de gagner un temps précieux dans la réponse à apporter. L’<a href="https://www.exabeam.com/ueba/top-10-ueba-security-use-cases/">UEBA est un vecteur de résilience en cybersécurité</a>.</p>
<p>En généralisant l’approche UEBA à l’ensemble des infrastructures (transports, énergie, industries, télécommunication, défense) et à l’ensemble des secteurs d’activités civils et militaires, on met en place un quadrillage analytique qui apporte de l’information en contexte d’information incomplète. La généralisation UEBA est rendue possible aujourd’hui par l’afflux d’objets connectés, de capteurs performants produisant des données en temps réel, de capacités de calculs décentralisés et de capacités de transmissions radiofréquences. Les alertes produites apportent de l’information sur l’intégrité de l’infrastructure et réduisent la part l’aléatoire en créant de la résilience.</p>
<h2>La pandémie de Covid-19 révèle avant tout notre manque de résilience</h2>
<p>En pleine crise pandémique Covid-19, on ne compte plus les articles évoquant le « monde d’après », ce qu’il sera et ce qu’il ne sera pas. Ces articles mentionnent rarement le rôle de la technologie dans la résolution d’une crise.</p>
<p>Durement touchée, l’Europe fait face à un choc violent qu’elle n’a pas su anticiper. Si certains pays s’en sortent mieux que d’autres au sein de l’Union européenne, leurs gestions de crise respectives devront être questionnées à l’heure du retour d’expérience et comparées en attendant les futurs chocs sanitaires, environnementaux ou géopolitiques.</p>
<p>Les pays de la zone Asie, la Chine en tête, ont déployé très vite beaucoup de technologies et de mesures coercitives pour lutter contre le coronavirus. Des décisions rapides et radicales ont permis de freiner puis de casser les mécanismes de propagation. La Chine a mis seulement 14 jours pour dresser la carte génétique complète du virus en utilisant des <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30251-8/fulltext">techniques</a> de data sciences et de Machine Learning.</p>
<p>En Corée du Sud et en Chine, des robots (drones aériens et terrestres) ont été déployés dans les zones urbaines pour contrôler le respect du confinement, pour l’approvisionnement des habitants, la distribution des traitements, la détection de la fièvre, du port du masque et de la distanciation sociale. Les adaptations de robots mules aux fonctionnalités de crise ont été réalisées en cycles d’innovation très courts. Les réglementations locales n’ont jamais freiné les technologies à déployer. Les chaînes de commandement ont fonctionné en mode haute fréquence.</p>
<p>Les pénuries observées en France sur les masques prouvent notre trop forte dépendance d’approvisionnement à la Chine. Là encore, l’IA et la robotique peuvent apporter de la résilience en déployant des unités de production mobiles robotisées activables en moins de 24 heures en cas de crise. Cette agilité industrielle est un marqueur fort de l’industrie 4.0 (Smart Manufacturing) qui devrait modifier profondément la façon de produire vite et bien. <a href="https://www.biosilverlab.com/pages/technologies">Des machines mobiles automatiques</a> à très haut rendement de production de masques existent en Russie et en Chine.</p>
<p>Stocker préventivement (et avant traitement) les rouleaux de matière première à proximité des machines permet de réduire les délais d’activation de la ligne de production de masques et d’adapter les flux d’approvisionnement au plus près de la demande. Des solutions d’IA s’appuyant sur l’apprentissage par renforcement commencent à être utilisées en Chine pour optimiser la phase de déploiement de petites unités de production distribuées en fonction des besoins et de l’urgence.</p>
<p>Au-delà de la résilience, Nassim Nicolas Taleb a défini le concept plus puissant d’<a href="https://www.lesbelleslettres.com/livre/80-antifragile">antifragilité</a> d’un système qui se renforce sous l’effet de petits chocs.</p>
<p>Dans les 20 prochaines années, la robotique et l’IA seront les premiers vecteurs d’antifragilité pour nos sociétés impactées par des évènements aléatoires et violents.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est republié dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138998/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Berthier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pourra-t-on, dans le futur, éloigner les risques en détectant précocement les menaces ?Thierry Berthier, Maitre de conférences en mathématiques, cybersécurité et cyberdéfense, chaire de cyberdéfense Saint-Cyr, Université de LimogesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1394432020-05-29T14:10:01Z2020-05-29T14:10:01ZCovid-19: les dérives possibles de surveillance des données personnelles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/338066/original/file-20200527-20215-snjxtw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un drone survolant une ville. De nombreuses municipalités en Europe ont déployé des drones munis de capteurs thermiques afin de survoler les espaces publics et repérer les personnes fiévreuses ou violant les règles de confinement durant la pandémie.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Si nous n’y prenons garde, le droit à la vie privée pourrait constituer l’une des nombreuses victimes collatérales de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Afin de retrouver une liberté de mouvement temporairement suspendue et dans le but de protéger les populations contre une deuxième vague d’infection, on voit se <a href="https://theconversation.com/the-coronavirus-pandemic-highlights-the-need-for-a-surveillance-debate-beyond-privacy-137060">mettre en place les éléments d’une infrastructure de surveillance dédiée à la santé publique</a>.</p>
<p>Cette infrastructure se compose d’un ensemble de dispositifs de collecte des données personnelles tels que les téléphones intelligents, les caméras de vidéosurveillance, les bracelets connectés, les robots et les drones. Grâce aux innovations réalisées ces dernières années dans les domaines de l’infonuagique, des réseaux de télécommunication et de l’intelligence artificielle, les montagnes de données générées par ces dispositifs peuvent être stockées indéfiniment. Elles sont analysées en temps réel par de puissants algorithmes de surveillance que l’on retrouve dans les applications de traçage ou les logiciels de reconnaissance faciale.</p>
<p>En tant que criminologue spécialisé dans l’étude des transformations numériques et de l’adaptation des mécanismes du contrôle social, je m’intéresse depuis de nombreuses années aux nouvelles formes de surveillance déployées par les gouvernements et les entreprises privées, ainsi qu’aux formes de résistance qui peuvent leur être opposées.</p>
<h2>La tentation du techno-solutionnisme</h2>
<p>Les technologies qui sous-tendent cette infrastructure ne sont pas nouvelles, et leurs implications dépassent la seule défense du droit à la vie privée, <a href="https://theconversation.com/the-coronavirus-pandemic-highlights-the-need-for-a-surveillance-debate-beyond-privacy-137060">comme l’a souligné dans ces pages mon collègue David Lyon</a>. Elles connaissent au contraire un développement accéléré depuis quelques années sous la pression d’un <a href="https://esprit.presse.fr/article/shoshana-zuboff/le-capitalisme-de-la-surveillance-42084">capitalisme de la surveillance</a> qui cherche à traduire toute expérience humaine en information pouvant créer une valeur marchande pour les entreprises qui la détiennent et savent l’exploiter.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338337/original/file-20200528-51467-1cl8azu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Shutterstock.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Dans un contexte d’exception où la pandémie a provoqué <a href="https://coronavirus.jhu.edu/map.html">plus de 350 000 décès à l’échelle mondiale</a> et alors que les systèmes de santé des pays les plus riches ont subi de nombreuses défaillances organisationnelles, un recours à la surveillance comme mode de gestion de la crise sanitaire s’avère séduisant. En effet, comment ne pas succomber aux sirènes d’outils numériques qui promettent d’automatiser la détection des cas suspects et de freiner — voire de stopper net — la propagation du virus, ce qui permettrait à l’économie d’éviter un effondrement généralisé ?</p>
<p>Cette tentation du <a href="https://la-rem.eu/2015/04/solutionnisme/">« techno-solutionnisme », qui privilégie des solutions techniques pour répondre aux problèmes sociaux les plus complexes</a>, comporte toutefois des risques importants. La frayeur collective générée par les ravages du virus n’est-elle en effet pas en train de nous précipiter dans une ère de surveillance totale dont il sera impossible de nous extraire une fois la crise passée et qui sapera de façon durable nos droits fondamentaux ?</p>
<h2>La prolifération des outils de surveillance sanitaire</h2>
<p>Dans l’attente d’un vaccin, un nombre croissant de pays et d’entreprises mobilisent une vaste panoplie de technologies de surveillance destinées à faciliter le traçage des personnes infectées et à faire respecter les règles de distanciation sociale. Ces applications mobilisent l’attention des défenseurs de la vie privée, mais elles ne représentent que la pointe de l’iceberg de la surveillance sanitaire.</p>
<p>Les pays asiatiques qui ont initialement obtenu les meilleurs résultats dans l’endiguement du virus se sont rapidement appuyés sur un accès massif aux données de téléphonie cellulaire de l’ensemble de leur population : la <a href="https://www.defenseone.com/ideas/2020/04/how-south-korea-used-technology-flatten-coronavirus-curve/164804/">Corée du Sud a mis en place un système de partage de données</a> unissant 28 organisations, incluant les trois principaux opérateurs télécoms et 22 compagnies de cartes de crédit, qui peut retracer les déplacements d’une personne infectée et ses contacts en moins de 10 minutes.</p>
<p>Les personnes placées en quarantaine à <a href="https://www.forbes.com/sites/zakdoffman/2020/03/17/alarming-coronavirus-surveillance-bracelets-now-in-peoples-homes-heres-what-they-do/#69f07fd04533">Hongkong doivent porter un bracelet électronique relié à leur téléphone intelligent</a> qui veille à ce qu’elles ne quittent pas leur domicile et alerte la police dès que tout mouvement suspect est détecté. <a href="https://www.sciencemag.org/news/2020/04/suppress-and-lift-hong-kong-and-singapore-say-they-have-coronavirus-strategy-works">À Singapour, elles ont le devoir de répondre plusieurs fois par jour à des messages textes</a> qui divulguent leur position géographique.</p>
<p>En <a href="https://www.nytimes.com/2020/03/01/business/china-coronavirus-surveillance.html">Chine, une application dont l’usage est obligatoire dans plus de 200 villes</a> et conçue par une filiale de l’entreprise de commerce électronique Alibaba assigne un code de couleur (rouge, jaune ou vert) symbolisant le risque de contagion présumé de chaque usager à partir de données relatives à son adresse résidentielle, ses habitudes de vie, ses symptômes autodéclarés, etc. Les données sont partagées de manière routinière avec la police. La rapidité d’implantation d’une telle solution technique découle directement des initiatives de traçage et de surveillance systématique des citoyens mises en œuvre par le gouvernement chinois dans le cadre de son système de crédit social.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338339/original/file-20200528-51496-bbjbev.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À l’exposition Smart China, qui s’est déroulée en août 2019, une démonstration d’une technologie d’identification faciale. Le gouvernement chinois surveille ses citoyens dans le cadre de son système de crédit social.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>À la mi-mai,une <a href="https://www.top10vpn.com/research/investigations/covid-19-digital-rights-tracker/">cinquantaine d’applications de traçage étaient ainsi disponibles</a> dans une trentaine de pays. Toutefois, le quart d’entre elles n’avaient pas adopté de politiques de protection de la vie privée et 60 % d’entre elles n’avaient pas implanté de mesures spécifiques d’anonymisation.</p>
<p>De manière plus radicale, <a href="https://www.bbc.com/news/world-middle-east-52579475">Israël a pour sa part enrôlé les capacités de surveillance de son service de renseignement interne</a>, le Shin Bet, afin d’identifier les personnes ayant été en contact avec des patients infectés. À l’aide des données de géolocalisation fournies par les opérateurs de téléphonie mobile dans le cadre de son dispositif de lutte antiterroriste, le Shin Bet aurait localisé environ 4000 personnes qui ont ensuite été testées positives, inaugurant une forme hybride de surveillance mêlant sécurité nationale et santé publique.</p>
<h2>Un véritable arsenal technologique</h2>
<p>Les entreprises qui souhaitent remettre leurs employés au travail et accueillir leurs clients contribuent également à cette escalade de la soin-veillance.</p>
<p>Des start-up spécialisées en intelligence artificielle proposent des systèmes de vidéosurveillance intégrant des détecteurs de distanciation sociale qui peuvent <a href="https://www.youtube.com/watch?v=15iIV1Lff-M">automatiquement repérer toutes les situations où des personnes se croisent à moins de deux mètres d’intervalle</a>. D’autres intègrent des capteurs thermiques à leurs technologies de reconnaissance faciale afin de <a href="https://www.kogniz.com/">mesurer en permanence et sans contact la température corporelle des employés</a> lorsqu’ils circulent dans les locaux de l’entreprise.</p>
<p>Des opérateurs de transport public et privé testent des <a href="https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/ia-machine-learning-iot/ratp-uber-reconnaissance-faciale-port-masque/">dispositifs de reconnaissance faciale pour vérifier le port du masque</a> par leurs usagers ou les chauffeurs. Des entreprises manufacturières testent des <a href="https://www.core77.com/posts/97835/Ford-Experimenting-with-Vibrating-Social-Distancing-Wearables-for-Factory-Workers">montres intelligentes</a> ou des <a href="https://ubisense.com/contact-tracing/">badges</a> qui mettent en garde ceux qui les portent chaque fois qu’ils violent les règles de distanciation sociale et construisent des profils de risque des employés.</p>
<p>Drones et robots viennent enfin compléter cet arsenal technologique. De nombreuses villes italiennes, espagnoles, <a href="https://www.dalloz-actualite.fr/flash/coronavirus-liceite-de-surveillance-policiere-par-drones">françaises</a> ou <a href="https://www.yoursun.com/coronavirus/did-that-drone-just-tell-us-to-stay-6-feet-apart/article_f100fad3-6d91-5fd5-a705-dfcdf226bd99.html">américaines</a> ont déployé des drones munis de capteurs thermiques afin de survoler les espaces publics et <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2020/04/10/des-drones-traquent-et-prennent-la-temperature">repérer les personnes fiévreuses ou violant les règles de confinement</a>, pouvant même utiliser leurs haut-parleurs pour interagir avec celles-ci.</p>
<p>Toujours à la pointe des technologies de surveillance, <a href="https://www.nouvelobs.com/monde/20200510.OBS28631/distanciation-sociale-un-robot-rappelle-a-l-ordre-les-promeneurs-a-singapour.html">Singapour expérimente l’usage de chiens robots</a> équipés de caméras et de haut-parleurs pour faire respecter les règles de distanciation sociale dans les parcs publics.</p>
<h2>Encadrer l’instauration rampante d’une infrastructure de surveillance totale</h2>
<p>Prise séparément, chacune de ces technologies de surveillance apporte une réponse concrète à une menace sanitaire inédite et dévastatrice. Considérées globalement, elles dessinent les contours d’un monde à venir où l’ubiquité d’une surveillance bienveillante s’insinuera dans les replis les plus secrets de nos comportements et de nos habitudes.</p>
<p>Il est également probable que cette soin-veillance perpétuera de nombreuses formes de discrimination découlant de profils de risques dont les critères demeureront opaques, ce qui fragilisera un peu plus les groupes les plus vulnérables.</p>
<p>Loin de constituer un complot mis en œuvre par des forces occultes, la convergence de technologies de surveillance de plus en plus invasives traduit plutôt notre soif intarissable de sécurité et notre croyance aveugle dans la capacité de la technologie à maîtriser l’incertitude.</p>
<p>Mais ce constat ne constitue pas une fatalité dont l’issue nous pousserait vers la paralysie et l’impuissance, bien au contraire. Face au risque réel de voir cette infrastructure de surveillance renforcer son emprise bien au-delà de la pandémie, il devient urgent de débattre et de mobiliser afin de se doter de règles transparentes et strictes visant à restreindre les risques qu’elle fait peser sur nos libertés individuelles et notre solidarité sociale.</p>
<p><em>Cet article fait partie d’une série de réflexions menées par le <a href="https://rsc-src.ca/fr/gouvernance-programmes/comit%C3%A9-sur-lengagement-public">Groupe de travail de la Société Royale du Canada sur l’infoveillance</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139443/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoit Dupont a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, de la Fondation canadienne pour l'innovation, des Réseaux de centres d'excellence du Canada, du Fonds de recherche du Québec société et culture, et de Sécurité publique Canada. </span></em></p>La tentation du « techno-solutionnisme », qui privilégie des solutions techniques pour répondre aux problèmes sociaux les plus complexes, peut nous précipiter dans une ère de surveillance totale.Benoit Dupont, Professeur de criminologie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1274572019-11-26T19:34:54Z2019-11-26T19:34:54ZLa stratégie russe de développement de l’intelligence artificielle<p>Le 1<sup>er</sup> septembre 2017, le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine énonça lors du discours de rentrée universitaire <a href="https://www.larevuedudigital.com/vladimir-poutine-le-leader-en-intelligence-artificielle-dominera-le-monde/">ces propos sentencieux</a> :</p>
<blockquote>
<p>« L’intelligence artificielle est l’avenir, non seulement pour la Russie, mais pour toute l’humanité. Cela présente des opportunités colossales, mais aussi des menaces difficiles à prévoir aujourd’hui. Quiconque deviendra le leader dans ce domaine deviendra le dirigeant du monde. »</p>
</blockquote>
<p>L’<em>oukaze</em> (loi) fixant le cadre, les objectifs et les moyens du développement de l’intelligence artificielle en Russie a été promulgué près de deux ans plus tard, le 10 octobre 2019. Ce <a href="https://cset.georgetown.edu/wp-content/uploads/Decree-of-the-President-of-the-Russian-Federation-on-the-Development-of-Artificial-Intelligence-in-the-Russian-Federation-.pdf">décret présidentiel</a> s’inscrit dans une volonté politique plus large : garantir la souveraineté technologique de la Fédération de Russie. Une ambition qu’est encore venue illustrer la <a href="http://en.kremlin.ru/events/president/news/62003">participation remarquée de Vladimir Poutine</a> à la conférence sur l’intelligence artificielle tenue le 9 novembre 2019 à Moscou.</p>
<h2>Contextualisation historique de la stratégie informationnelle et cyber russe depuis les années 2000</h2>
<p>La <a href="https://www.itu.int/en/ITU-D/Cybersecurity/Documents/National_Strategies_Repository/Russia_2000.pdf">doctrine de la Fédération de Russie en matière de cyberespace</a> – ou plus exactement de « stratégie informationnelle » – date du 9 septembre 2000. Elle a été <a href="https://rg.ru/2016/12/06/doktrina-infobezobasnost-site-dok.html">révisée à la marge le 5 décembre 2016</a>, restant immuable sur ses aspects principaux : la défense des intérêts nationaux (sur le plan technique mais aussi civilisationnel, moral et spirituel) ; la nécessité d’un secteur informationnel propice à l’émergence de champions nationaux et internationaux ; l’appui d’outils et de services informationnels au développement économique ; l’émergence d’une société informationnelle sûre et fiable.</p>
<p>Ce corpus doctrinal, relativement neutre technologiquement, d’où sa pérennité, fut complété au fil des années par plusieurs textes officiels à l’orientation ostensiblement plus technique, qui fournissent des définitions, des rapports de situation, des objectifs, le cadre législatif et la liste des acteurs financiers impliqués.</p>
<p>Citons par exemple la <a href="http://government.ru/en/docs/8024/">Stratégie de développement de l’industrie des technologies de l’information</a> de la Fédération de Russie pour 2014-2020 et perspectives à l’horizon 2025 ou, plus récemment, la <a href="http://en.kremlin.ru/acts/news/54477">Stratégie pour le développement de la société informationnelle 2017-2030</a>. Certains textes complémentaires peuvent être très ciblés, comme la <a href="https://www.wipo.int/edocs/lexdocs/laws/en/ru/ru126en.pdf">loi fédérale sur l’information, les technologies de l’information et de la protection de l’information n°149-FZ</a> du 27 juillet 2006, laquelle sera modifiée à plusieurs reprises, notamment via la <a href="https://www.lexology.com/library/detail.aspx?g=1b82dd62-4be5-4236-b295-7aab0cf0f90c">loi fédérale n°242-FZ</a> du 21 juillet 2014 (concernant la protection des données des citoyens russes hébergées sur des serveurs situés sur le territoire national), la <a href="https://www.loc.gov/law/foreign-news/article/russia-new-legislation-restricts-anonymity-of-internet-users/">loi fédérale n°276-FZ</a> du 29 juillet 2017 (réglementant l’utilisation et le développement des outils d’anonymisation) et la <a href="https://merlin.obs.coe.int/iris/2019/6/article22.en.html">loi fédérale n°90-FZ</a> du 1<sup>er</sup> mai 2019 (qui porte sur la résilience du réseau Internet en cas de blocage ou de dysfonctionnement majeur du DNS).</p>
<p>Il ne faudrait cependant pas omettre les déclarations du président Poutine, qui donnent le la quant aux futures orientations stratégiques du pays. Ce fut l’objet de son fameux <a href="https://www.frstrategie.org/publications/notes/discours-1er-mars-vladimir-poutine-quels-messages-2018">discours</a> du 1<sup>er</sup> mars 2018, en pleine campagne de réélection, face aux représentants des deux Chambres ainsi qu’aux membres du gouvernement Medvedev. Dans un contexte de grande tension avec ses homologues occidentaux, il confirme la détermination de la Russie à assurer sa sécurité militaire par le développement de diverses armes… mais, aussi, de l’intelligence artificielle, évoquée à deux reprises, signe de son importance. D’où son aboutissement logique avec l’oukaze n°490 du 10 octobre 2019.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=505&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=505&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=505&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/302700/original/file-20191120-542-1h60wc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=634&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>L’oukaze du 10 octobre 2019</h2>
<p>Ce décret présidentiel de plus de vingt-trois pages est exclusivement focalisé sur l’intelligence artificielle et sur son écosystème, d’où ce titre sans ambiguïté : « Stratégie nationale du développement de l’intelligence artificielle pour la période s’étendant jusqu’à 2030 ».</p>
<p>Si le texte fixe comme horizon l’année 2030, il prévoit un rapport de situation et la finalisation des premiers objectifs pour l’année 2024, notamment dans le registre de la recherche (au travers du dépôt de brevets ou de publications scientifiques mais aussi de solutions pratiques pleinement fonctionnelles). L’article premier relatif aux dispositions générales annonce que la liste des documents cités n’exclut en rien les programmes nationaux où l’intelligence artificielle viendrait à s’appliquer, à tous les échelons du pays.</p>
<p>La définition russe de l’intelligence artificielle donnée à l’article 5 est la suivante :</p>
<blockquote>
<p>« Ensemble de solutions technologiques permettant de simuler des fonctions cognitives humaines (incluant l’auto-apprentissage et la recherche de solutions sans l’appoint d’algorithmes prédéterminés) et d’obtenir des résultats lors de tâches spécifiques comparables aux résultats de l’activité intellectuelle humaine. »</p>
</blockquote>
<p>Si le document prend soin de rappeler le contexte global de course à l’intelligence artificielle (chiffres à l’appui) et de souligner les ressources techniques et humaines de la Fédération de Russie, il rappelle également qu’une absence de coordination et d’implication des différents acteurs nationaux serait préjudiciable pour la place mondiale de la Russie dans ce secteur stratégique. Il est énoncé distinctement que la recherche scientifique spécifique à ce secteur doit être appuyée, que la qualité et l’accessibilité des données doivent être prioritaires, que les produits et services russes doivent bénéficier d’un accès facilité au marché mondial, que l’obtention de matériel informatique puissant est nécessaire et que l’émergence de cadres qualifiés dans ce domaine et d’un éveil de la population active aux possibilités offerte par l’intelligence artificielle doivent être stimulés.</p>
<p>Assez surprenant toutefois est l’objectif de création d’un système complexe de régulation des relations sociales issues du développement et de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas de contrôler les relations sociales déjà existantes par l’appoint de l’intelligence artificielle mais de réguler celles qui sont créées algorithmiquement : c’est là une projection peu commune. Autre point qu’il convient de souligner : le soutien au développement d’architectures matérielles basées sur <a href="https://www.zdnet.fr/actualites/qu-est-ce-que-l-ingenierie-neuromorphique-et-pourquoi-elle-declenche-une-revolution-39880479.htm">l’intelligence neuromorphique</a>.</p>
<p>Fait singulier, le télétravail est évoqué comme l’un des moyens d’attirer des spécialistes du secteur en améliorant leur environnement de recherche et de production. Par ailleurs, le recrutement de spécialistes étrangers est recommandé : pour les attirer, de hauts salaires sont préconisés, concomitamment à un cadre de travail agréable. Plus généralement, le texte octroie une place majeure à l’aspect humain, en insistant sur la qualité de la formation en recherche tant fondamentale qu’appliquée – et cela, sur le long terme.</p>
<p>Sont également encouragées la participation des spécialistes russes aux forums mondiaux et la mise à disposition, au profit de leurs collègues extérieurs, de bibliothèques ouvertes. Il est mentionné que des compétitions pourraient stimuler l’émulation et le progrès (on peut songer à cet égard aux <a href="https://ioinformatics.org/">Olympiades de l’informatique</a> et à l’<a href="https://icpc.baylor.edu">International Collegiate Programming Contest (ICPC)</a> où les universités de l’ex-Union soviétique excellent depuis les années 2000).</p>
<p>Enfin, le texte recommande la mise en place de méthodes unifiées et régulièrement mises à jour permettant de développer des bases de données massives de qualité sur les serveurs publics afin d’alimenter les plates-formes d’apprentissage automatique.</p>
<p>Pour résumer, l’oukaze fixe deux dates butoir : 2024 et 2030. La première date est un point d’étape critique vers la seconde qui doit être l’aboutissement des objectifs fixés. La Russie, ayant appris des rigidités et de l’hypocrisie du Gosplan, a décidé de procéder par une approche cadrée mais non rigide, se ménageant une capacité d’évolution au gré des découvertes et aboutissements. D’où l’avertissement inséré explicitement dans le document sur le potentiel ralentissement que provoqueraient des barrières administratives trop rigoureuses – message comminatoire destiné tant au législateur trop bavard qu’aux fonctionnaires trop zélés qui entraveraient la bonne marche d’une intelligence artificielle à la russe.</p>
<h2>Les enjeux militaires liés au développement de l’IA</h2>
<p>Même si le volet militaire n’apparaît pas directement dans l’oukaze du 10 octobre 2019, il faut garder à l’esprit qu’il est bien présent en arrière-plan de chaque direction ou préconisation fixée par ce texte.</p>
<p>La doctrine militaire russe a pleinement intégré l’apport de l’intelligence artificielle dans le contexte global de robotisation du champ de bataille pour le combat terrestre, aérien, naval, sous-marin, cyber puis spatial. En 2018, le chef d’état-major des forces russes <a href="https://forcesoperations.com/la-guerre-du-futur-vue-par-les-russes/">indiquait</a> que la Russie s’engageait vers la robotisation de 33 % de ses matériels et de ses systèmes d’armes. Depuis, plusieurs hauts responsables ont déclaré qu’il fallait impérativement retirer le soldat russe de la zone d’immédiate conflictualité pour le remplacer par des plates-formes armées robotisées télé-opérées et semi-autonomes. La <a href="https://fr.rbth.com/tech/80667-russie-drones-combat-devoiles">« dronification » des matériels militaires terrestres russes</a> est en bonne marche.</p>
<p>De nombreuses plates-formes ont été développées, testées et améliorées, <a href="http://www.spacewar.com/reports/Russia_tested_over_200_new_weapons_in_Syria_MP_999.html">y compris sur le théâtre de guerre syrien</a>. De grands programmes industriels ont été lancés comme celui du char de combat <a href="https://fr.rbth.com/defense/2017/05/16/le-char-russe-t-14-armata-equipe-des-technologies-furtives_763914">T14 Armata</a> qui évolue rapidement vers une plate-forme télé-opérée sans équipage (sans doute la première au monde de ce genre). Ou encore le projet d’aéronef de cinquième génération Su-57 qui, en sa prochaine mouture, est censé embarquer un système intégré algorithmique de complète délégation de vol. On ne compte plus le nombre de plates-formes robotisées de taille intermédiaire créées depuis 2015 et utilisées pour les campagnes de déminage, de détection d’explosifs, d’actions en zone ayant subi une pollution NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), d’acquisition de renseignements, de surveillance automatique de zones sensibles, de logistique, de ravitaillement ou d’appui feu. Les forces terrestres russes seront dotées de plates-formes modulables, robustes, rapidement configurables et adaptables à des missions et à des contextes spécifiques comme le combat en milieu sous-terrain (grottes et tunnels), toujours très coûteux en vies humaines.</p>
<p>Fin 2009, les premiers robots de combat terrestre (UGV) russes dotés de capacités de duplication d’actions de combat ont fait leur apparition, à l’image du <a href="https://www.c4isrnet.com/unmanned/2019/03/04/russias-new-robot-is-a-combat-platform-with-drone-scouts/">robot Marker</a>, capable de suivre automatiquement un combattant humain superviseur et de reproduire fidèlement ses tirs lorsque celui-ci ouvre le feu sur une cible. Le développement d’UGV armés « dupliquants » transforme en profondeur les mécanismes du combat terrestre et constitue un important multiplicateur de puissance sur le théâtre des opérations.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation du robot Marker, publiée par la Fondation russe pour les projets de recherche avancés, février 2019.</span></figcaption>
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<p>Concrètement, le robot doit intervenir partout où il peut économiser le sang russe. La doctrine d’économie du sang est aussi liée à l’économie financière engendrée par le remplacement d’équipages humains par des systèmes automatisés produits en grande série. Ce choix stratégique de dronification des systèmes est d’ailleurs totalement partagé par les concurrents <a href="https://www.forbes.com/sites/sebastienroblin/2019/09/30/dont-just-call-them-drones-a-laypersons-guide-to-military-unmanned-systems-on-air-land-and-sea/#b068fd72b005">chinois et américain</a>.</p>
<p>Quel que soit le milieu de confrontation (terre, air, mer, cyber), nous assistons ainsi à une course à l’autonomisation des systèmes d’armes impliquant les trois acteurs principaux – Russie, Chine, États-Unis. Cette course à l’armement semi-autonome s’appuie nécessairement sur les progrès technologiques et scientifiques réalisés en apprentissage automatique, en robotique, en optimisation ou en contrôle optimal. Les besoins en expertise dans ces champs de recherche motivent pleinement les mesures d’incitation au recrutement d’experts internationaux en IA et le développement de laboratoires et de structures de formation de haut niveau en IA.</p>
<p>Comme elle a su le faire pour la conquête spatiale au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, la Russie s’est mise en ordre de marche pour la conquête de l’intelligence artificielle. Méthodiquement, sereinement, efficacement, elle installe ce puissant vecteur de puissance dans l’ensemble de ses structures militaro-industrielles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127457/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le décret président adopté le 9 octobre 2019 fixe les objectifs de la Russie en matière d'intelligence artificielle. Un programme d'une grande ambition, notamment dans le domaine militaire.Thierry Berthier, Maitre de conférences en mathématiques, cybersécurité et cyberdéfense, chaire de cyberdéfense Saint-Cyr, Université de LimogesYannick Harrel, Consultant, expert en cyberstratégie et géonomie, chercheur, Université de Petrosani, Université PetrosaniLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1131272019-03-19T21:18:15Z2019-03-19T21:18:15ZAirbus, Boeing, Google, Textron, Toyota, VW… la guerre des drones autonomes de transport de passagers<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/263721/original/file-20190313-123534-nt9r5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C6%2C1056%2C602&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le drone modulaire Pop.Up Next d'Italdesign, Audi et Airbus. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.italdesign.it/project/pop-up-next/">Italdesign</a></span></figcaption></figure><p>Si on a beaucoup parlé de l’affrontement des deux géants de l’aéronautique Airbus et Boeing dans le domaine des super-jumbo jets, avec l’annonce récente de la <a href="https://theconversation.com/a380-de-la-prouesse-technologique-au-fiasco-commercial-111917">fin de l’A380</a>, cette guerre s’étend aussi à un domaine émergent qui représente à la fois le futur de l’aviation, de l’automobile, du transport en commun, de la mobilité interurbaine, de la logistique et des premiers secours : le drone autonome. Les applications sont innombrables, du transport de personnes aux services de secours, et le <a href="http://lutpub.lut.fi/handle/10024/155123">potentiel commercial énorme</a>, estimé à plus de 127 milliards de dollars.</p>
<p>En effet, Boeing et Airbus ont chacun testé dans les derniers mois des véhicules aériens électriques et sans chauffeur. Ces drones taxis autonomes transformeraient Airbus et Boeing en prestataires de services de mobilité aérienne. Les deux groupes sont <a href="https://arc.aiaa.org/doi/abs/10.2514/6.2017-3085">loin d’être les seuls</a> à s’intéresser aux voitures volantes : de nombreux acteurs de l’automobile et du numérique ainsi que des start-up développent aussi des drones concurrents.</p>
<h2>Boeing mise sur le PAV</h2>
<p>En janvier 2019, Aurora Flight Sciences, filiale de Boeing depuis 2017, a testé pour la première fois son véhicule volant de transport de passagers PAV (Passenger Air Vehicle), électrique et autonome, <a href="https://www.theverge.com/2019/1/23/18194332/boeing-electric-autonomous-aircraft-test-flight-vtol-aurora-flight-sciences">à Manassas, en Virginie</a>. S’il peut théoriquement parcourir 80 kilomètres, cet engin, avec lequel Boeing veut révolutionner la mobilité aérienne, n’a pour l’instant fait que décoller, rester en vol stationnaire et atterrir. La prochaine phase sera la plus sensible : passer du déplacement vertical <a href="https://www.boeing.com/features/2019/01/pav-first-flight-01-19.page">au déplacement horizontal</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le premier test du PAV (<em>passenger air vehicule</em>) de Boeing en janvier 2019.</span></figcaption>
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<p>Cependant, faire décoller et voler un avion entièrement électrique est déjà une performance, compte tenu de la quantité d’énergie considérable requise. Un des principaux challenges est d’ailleurs la consommation importante d’énergie et l’installation de stations de recharge pour les batteries de ces appareils dont l’autonomie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0968090X18306120">risque d’être limitée</a>. D’autres difficultés techniques sont le pilotage par une intelligence artificielle, le système anticollision, la protection contre le piratage, la sécurisation des données, la coexistence des véhicules avec et sans pilote, ainsi que la coordination des drones par flotte.</p>
<p>Boeing est partenaire d’Uber Elevate qui souhaite lancer un réseau de taxis aériens, Uber Air, dès 2023, bien que l’administration fédérale de l’aviation américaine risque de mettre <a href="https://www.cnbc.com/2019/01/23/boeing-takes-step-in-developing-uber-air--with-successful-test-flight.html">bien plus longtemps pour donner l’autorisation à ces taxis aériens de survoler les villes</a>.</p>
<p>Boeing veut également tester en 2019 un drone de transport logistique autonome dit CAV (<em>cargo air vehicle</em>), pour transporter des charges jusqu’à 230 kilos, ainsi qu’un drone à énergie solaire Odysseus de télécommunication et d’analyse météorologique, géologique et topographique, qui <a href="https://www.geekwire.com/2018/boeing-subsidiary-says-high-flying-solar-powered-odysseus-drone-will-take-off-2019/">pourra voler presque indéfiniment</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Odysseus, le HAPS (<em>high-altitude pseudo-satellite</em>) de Boeing » (Aurora Flight Sciences, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Vahana, le taxi volant d’Airbus</h2>
<p>Le 12 février 2019, Airbus, <a href="https://www.airbus-sv.com/">via sa filiale A³</a>, a réussi le premier vol longue durée de son drone eVTOL (<em>electric-powered vertical take off and landing</em>, ou aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux) à Pendleton, dans l’Oregon. Après une cinquantaine de vols d’essai plus courts effectués depuis le <a href="https://www.airbus-sv.com/projects/1">premier essai du 31 janvier 2018</a>, le prototype Alpha One a pu effectuer certaines manœuvres plus complexes plus rapidement, comme décoller verticalement à 70 mètres de haut, avancer à 90 km/h, tourner sur place à 180 degrés, reculer, faire du surplace <a href="https://www.youtube.com/watch?v=7xJfYJUYIyc">et atterrir en douceur</a>.</p>
<p>Vahana est un taxi volant d’une place au design futuriste, mélange de drone et d’hélicoptère, qui paraît plus abouti que celui de Boeing. Ses huit rotors inclinables sont pilotés par un système innovant dont l’algorithme optimise le guidage <a href="https://vahana.aero/exploring-control-allocation-for-evtol-vehicles-78c5dbad2eb4">tout en réduisant les risques</a>. Si les transitions entre les différentes phases, pendant lesquelles les ailes s’inclinent de 30 degrés, paraissent chaotiques, nul doute que les tests effectués permettront de gagner en fluidité. Avec ses 6 mètres d’envergure et 750 kilos, il est imposant, mais son aérodynamique lui permettra de se déplacer avec précision en minimisant la consommation d’énergie.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Vahana, l’expérience passager » (Vahana, 2018).</span></figcaption>
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<p>L’objectif d’Airbus est de proposer des vols de courte distance pour un coût <a href="https://www.airbus-sv.com/projects/1">équivalent à un déplacement en voiture ou en train</a> dès 2020. D’autres types de drones sont en développement comme le Skyways d’Airbus Helicopters, un livreur de colis qui a été <a href="https://www.airbus.com/newsroom/press-releases/en/2018/02/airbus-completes-first-flight-demonstration-for-its-commercial-p.html">testé à l’Université nationale de Singapour</a>.</p>
<h2>Et pourquoi pas un drone modulaire ?</h2>
<p>Le concept <a href="https://www.youtube.com/watch?v=2LggHhR2kFk">Pop.Up Next a été annoncé il y a deux ans par Italdesign</a>, filiale de Volkswagen, d’abord en association avec Airbus, puis également avec Audi depuis 2018. Les trois entreprises européennes proposent un véhicule modulaire révolutionnaire, à la fois terrestre et aérien. Il se compose de 3 parties qui peuvent se clipser les unes aux autres : un châssis avec 4 roues, une capsule avec un habitacle pour deux personnes, et un drone de 8 rotors. Le système de verrouillage entre les différents éléments permet de les connecter à la fois mécaniquement, électriquement et numériquement les <a href="https://www.airbus.com/newsroom/press-releases/en/2017/03/ITALDESIGN-AND-AIRBUS-UNVEIL-POPUP.html#media-list-image-image-all_ml_0-2">uns avec les autres</a>. La capsule peut se déplacer selon 3 configurations différentes : sur la route clipsée sur le châssis roulant, suspendue sous le drone volant, et dans des tunnels ou sur des wagons sans les autres modules.</p>
<p>Équipée de technologies de pointe – comme la reconnaissance faciale et vocale ou des batteries de dernière génération – et conçue en fibre de carbone pour être à la fois légère et résistante, la capsule pourra rouler à 100 km/h pendant 130 kilomètres et voler à 540 km/h sur 50 kilomètres. Les premières images montrent comment, grâce à l’application Pop.Up Mobility Service, on peut commander un déplacement en choisissant parmi plusieurs scénarios et plusieurs tarifs, de la même façon qu’avec Uber. Cette application est <a href="https://www.lesnumeriques.com/voiture/audi-airbus-italdesign-font-voler-pop-up-next-navette-volante-n81205.html">testée à Mexico et São Paulo</a> par la filiale Voom spécialisée dans les déplacements en hélicoptères. Grâce à une intelligence artificielle, le trajet est optimisé selon les conditions en temps réel et les préférences de l’utilisateur.</p>
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<figcaption><span class="caption">Italdesign et Airbus dévoilent Pop.Up Next, un concept de véhicule modulaire d’avant-garde qui peut rouler et voler.</span></figcaption>
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<p>L’association entre deux groupes aussi innovants et visionnaires qu’Airbus et Volkswagen fait rêver et on imagine le potentiel que cela représente d’associer les compétences et les moyens des leaders mondiaux de l’aéronautique et de l’automobile. Des prototypes ont été présentés conjointement lors du Salon de l’automobile de Genève en 2017, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=sKqP1dHgjCc">puis du salon Viva-Tech 2018 à Paris</a>. Une maquette à l’échelle ¼ a par ailleurs été testée en public chaque jour pendant l’<a href="https://www.audi-mediacenter.com/en/audimediatv/video/audi-airbus-and-italdesign-test-flying-taxi-concept-4425">Amsterdam Drone Week en novembre 2018</a>. L’objectif est de pouvoir mettre en service Pop.Up avant 2030.</p>
<h2>Une concurrence qui s’annonce rude</h2>
<p>Les deux géants de l’aéronautique ne sont pas les seuls à vouloir faire voler la planète silencieusement, sans polluer, sans effort, et en toute sécurité. Google compte aussi plusieurs projets de voitures volantes, via sa filiale <a href="https://kittyhawk.aero/">Kitty Hawk</a>, dirigée par Sebastian Thrun, professeur de Stanford, génie de l’intelligence artificielle et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=kg2OILxJUKM">pionnier de la voiture autonome</a>. Après avoir dirigé Google X, il s’occupe maintenant de cette start-up de l’aéronautique voulue par Larry Page où il développe <a href="https://flyer.aero/">Flyer</a> et <a href="https://cora.aero/">Cora</a>. Plus proche d’une moto volante que d’un avion ou d’un hélicoptère, Flyer est un drone monoplace de loisir capable de voler <a href="https://www.forbes.com/sites/jeremybogaisky/2018/06/06/step-right-up-to-buy-kitty-hawks-flying-car/#6403b265626d">entre 8 et 12 minutes à 30 km/h et à 10 mètres de haut</a>. Bien que l’on ne connaisse ni son prix ni sa date de disponibilité, il est déjà possible de le <a href="https://flyer.aero/partner/">réserver</a>. Cora est un drone autonome biplace qui ressemble à un petit avion sur les ailes duquel sont fixés 12 rotors, et avec une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=kJNACCPqFRQ">grande hélice verticale à l’arrière</a>. Entièrement électrique, il peut parcourir 100 km à 150 km/h.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Le Flyer : la machine volante de Google » (CNN Business, 2018).</span></figcaption>
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<p>Bell Helicopter, filiale de Textron Inc., a présenté le 7 janvier 2019 son projet de taxi volant autonome <a href="https://investor.textron.com/news/news-releases/press-release-details/2019/Bell-Unveils-Full-Scale-Design-of-Air-Taxi-at-CES-2019/default.aspx">au CES 2019 de Las Vegas</a>. Le Bell Nexus est le deuxième drone qui pourrait <a href="https://www.theverge.com/2019/1/7/18168814/bell-air-taxi-nexus-uber-flying-car-hybrid-ces-2019">voler sous la bannière Uber</a> dès l’année prochaine en plus de celui de Boeing. Plus puissant car fonctionnant avec un moteur hybride, il sera <a href="https://www.youtube.com/watch?v=1o4d8N-A1G8">capable de transporter 5 personnes</a> dans une <a href="https://www.theverge.com/2018/1/8/16865404/bell-helicopter-electric-air-taxi-uber-ces-2018">cabine futuriste</a> qui avait déjà été présentée au CES 2018. Ce nouveau BellAirTaxi se positionne clairement sur le segment du luxe, comme l’indique la <a href="https://www.bellflight.com/company/innovation/air-taxi">vidéo de présentation du concept</a>.</p>
<p>Parmi les autres grands groupes sur les rangs, on peut compter les américains <a href="http://gmauthority.com/blog/2018/11/gm-looks-to-the-sky-discusses-future-flying-cars/">General Motors</a> et <a href="https://medium.com/cityoftomorrow/why-a-car-company-is-looking-to-the-skies-a-glimpse-into-fords-drone-research-8365b4c97833">Ford</a>, les allemands <a href="https://www.engadget.com/2017/09/26/dubai-volocopter-passenger-drone-test/">Volocopter</a>, partenaires de Daimler, et Volkswagen avec <a href="http://www.thedrive.com/tech/18976/porsche-to-develop-passenger-drone-german-report-claims">Porsche</a>, le britannique <a href="https://www.youtube.com/watch?v=xwBqhsZwF2Y">Rolls-Royce</a> et le japonais <a href="https://www.businessinsider.com/toyota-patent-for-flying-car-2018-9?IR=T">Toyota</a>. Mais le tout premier drone de transport de passagers a été présenté par une <a href="https://www.theguardian.com/technology/2016/jan/07/first-passenger-drone-makes-world-debut">entreprise chinoise, eHang</a>, au CES de 2016. Le eHang 184 a été développé en trois ans par une équipe de 150 ingénieurs avec des technologies 100 % chinoises. En février 2018, il avait effectué des centaines de vols avec un ou deux passagers, y compris dans des conditions extrêmes, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Mr1V-r2YxME">jusqu’à 300 mètres d’altitude à une vitesse de 130 km/h</a>. Le nouveau modèle, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bEZthHwljbk">eHang 216</a>, est déjà commercialisé pour 200 000 euros.</p>
<p>Ce dernier exemple semble indiquer que la <a href="https://newprairiepress.org/ebooks/21/">Chine a pris une longueur d’avance technologique</a> sur les États-Unis et l’Europe à la fois pour les drones à usage militaire, commercial et de loisir.</p>
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<figcaption><span class="caption">« EHang AAV Manned Flight Tests » (eHang, 2018).</span></figcaption>
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<p>Si dans certains pays, la réglementation sur le survol des villes risque de retarder le déploiement des drones de transport de passagers, comme aux États-Unis et en Europe, d’autres pays sont déjà prêts à les accueillir, comme la Chine, le Japon, le Brésil, ou les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=DNFO-NtjGFc">Émirats arabes unis</a>. Chaque pays privilégiera probablement dans un premier temps les machines produites par ses entreprises nationales, mais à terme, ce sont vraisemblablement les technologies les plus fiables, durables, silencieuses et économiques qui l’emporteront.</p>
<p>Boeing bénéficie du partenariat avec Uber. Airbus maîtrise le transport urbain aérien à la demande avec sa filiale Voom. Google est <a href="https://www.youtube.com/channel/UCCLyNDhxwpqNe3UeEmGHl8g">à la pointe des véhicules autonomes</a> avec son système adopté par Volkswagen et Toyota. Les trois géants devraient donc a priori devenir incontournables… sauf en Chine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/113127/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oihab Allal-Chérif ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Grands groupes et start-ups espèrent mettre sur le marché ces nouvelles solutions de mobilité dans les toutes prochaines années.Oihab Allal-Chérif, Full Professor, Information Systems, Purchasing and Supply Chain Management, Neoma Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1075742018-12-05T22:10:24Z2018-12-05T22:10:24ZUn drone pour regarder courir les girafes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/248776/original/file-20181204-34122-vkhg25.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Course dans la savane.</span> <span class="attribution"><span class="source">Auteure</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Étudier des animaux sauvages est souvent difficile. Allez, par exemple, observer un rhinocéros de Sumatra qui fuira dès qu’il sentira votre odeur. Pour certaines de ces études, le drone pourrait se révéler un très bon outil. Reste à évaluer les enjeux de cette technologie sur les animaux, et son impact sur les recherches qui l’utilisent.</p>
<p>Si l’on s’intéresse à la locomotion de grands mammifères sauvages, éléphants, rhinocéros ou girafes, il faut se rendre sur le terrain : en effet, l’étudier en conditions de laboratoire est quasiment impossible en raison de la difficulté d’y reproduire les conditions naturelles de locomotion. Le récent recours à des GPS (géopositionnement par satellite) ou à des capteurs inertiels (par exemple des accéléromètres) a permis de caractériser la locomotion d’animaux dans leur milieu naturel. Mais elle nécessite l’accès physique aux animaux, pour fixer sur eux les appareils. Dans une <a href="https://peerj.com/preprints/27310/">communication parue dans <em>PeerJ Preprints</em></a>, Christopher Basu et ses collaborateurs ont proposé de tester l’utilisation de drones pour étudier le déplacement rapide de girafes en milieu naturel.</p>
<h2>Aller filmer les girafes</h2>
<p>Des chercheurs anglais et sud-africains ont donc utilisé cet outil pour filmer des girafes sur trois sites dans l’État libre (ancien État libre d’Orange) en Afrique du Sud. Dans un espace où les girafes étaient habituées à l’homme, les animaux suivaient une voiture roulant à diverses vitesses fixées par l’étude. Dans deux autres espaces plus sauvages, le drone faisait naturellement fuir les girafes. On verra que cela pose question.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/248807/original/file-20181204-34145-1j9qnaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le dispositif utilisé pour filmer les girafes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christopher Basu.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mesurer les caractéristiques locomotrices d’animaux permet de comprendre leurs adaptations biomécaniques, c’est-à-dire comment ils bougent et comment leur squelette leur permet de bouger. Le but de cette étude pilote a été d’analyser l’allure de course de girafes afin de déterminer si elle était spécifique par rapport aux autres mammifères quadrupèdes.</p>
<p>Les objectifs étaient</p>
<ul>
<li><p>de valider l’utilisation de drones pour mesurer des paramètres d’allure.</p></li>
<li><p>de déterminer l’allure des girafes à vitesse élevée et comment les paramètres de foulée changent d’une allure à l’autre.</p></li>
<li><p>de voir si la course des girafes diffère de celle d’autres mammifères quadrupèdes coureurs, notamment du fait de ses longues et fines pattes et de son long cou.</p></li>
</ul>
<p>Durant la marche, les girafes utilisent une marche séquentielle latérale, c’est-à-dire que les membres d’un même côté du corps vont simultanément vers l’avant. C’est le cas des autres mammifères quadrupèdes lorsqu’ils se déplacent à faible allure.</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">La marche de la girafe (Christopher Basu).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Galop tournant</h2>
<p>Mais à plus forte vitesse, les girafes n’utilisent pas le pas ou le trot comme allures intermédiaires, comme la plupart des mammifères quadrupèdes. Elles passent directement au galop et plus précisément au galop tournant. Dans le galop, les membres antérieurs et postérieurs fonctionnent par paires et peuvent heurter le sol de façon soit simultanée, soit décalée. Dans un galop tournant, les côtés gauche et droit ne fonctionnent pas de façon parallèle et les pieds « trailing », c’est-à-dire ceux qui se posent en premier, sont de part et d’autre du corps.</p>
<figure> <img src="https://media.giphy.com/media/4H5tC4Ymo3PiV1XXfs/giphy.gif"><figcaption>Course de la girafe (Christopher Basu).</figcaption></figure>
<p>C’est à une vitesse d’environ 12 km/h que la girafe change d’allure et passe de la marche au galop. Le galop de la girafe a été observé sur des vitesses allant de 12 à 25 km/h et est donc assez lent. L’augmentation de vitesse se fait en augmentant la longueur de la foulée et non la fréquence, ce qui est supposé réduire le coût énergétique. Pendant la course les mouvements du cou et ceux du tronc de l’animal sont découplés, ce qui s’accentue avec la vitesse.</p>
<p>Au cours de l’accélération, le décalage entre les pieds « trailing » et « leading » (ceux qui se posent en second) se réduit, ce qui augmente la durée pendant laquelle les deux pieds sont simultanément au sol. Cette caractéristique, couplée à une vitesse maximale limitée permettent à la girafe de résister aux contraintes liées au soutien d’un poids relativement important sur des membres plutôt graciles et allongés.</p>
<h2>Quel est l’intérêt des drones ?</h2>
<p>L’utilisation d’un drone pour cette étude sur la locomotion de la girafe a permis d’avoir accès à une plus grande quantité de données et d’estimer la vitesse de déplacement ainsi que des paramètres cinématiques (c’est-à-dire de mouvement). La difficulté majeure réside dans la calibration et les possibles erreurs de parallaxe (effet du changement de position de l’observateur sur ce qu’il perçoit). Pour les prochaines études, les auteurs suggèrent de privilégier une longue distance focale, ce qui minimiserait également le stress occasionné pour les animaux, et de bien centrer les sujets d’étude au cœur du champ de vue.</p>
<p>Le stress parlons-en ! Le récent développement des drones est à l’origine de la multiplication de belles vidéos montrant, de près, des animaux sauvages. Si l’intérêt esthétique est indubitable, les conséquences sur la faune sauvage sont rarement évoquées. Pourtant, une vidéo récente montrant un ourson ayant beaucoup de difficultés à rejoindre sa mère et se débattant dans la neige <a href="https://theconversation.com/viral-bear-video-shows-how-drones-threaten-wildlife-and-what-to-do-about-it-106903">a relancé le débat</a>. En effet, si cette vidéo semble de prime abord attendrissante, on se rend compte qu’en fait les ours sont dans cette situation difficile à cause du drone car, apeurés, ils le fuient ! Ceci montre que les animaux subissent un stress élevé causé par l’usage déraisonné de ces appareils. Si leur utilisation, notamment à des fins scientifiques, accompagnée de protocoles éthiques pouvait s’avérer positive, le recours aux drones sans de telles précautions est à proscrire absolument.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107574/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Houssaye a reçu des financements du Conseil Européen de la Recherche</span></em></p>Quoi de plus gracieux qu’une girafe au galop dans la savane ? Quoi de plus intéressant pour les scientifiques qui s’intéressent à la locomotion des grands mammifères sauvages ?Alexandra Houssaye, Chercheuse Paleobiologie/Morphologie fonctionnelle, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1050792018-11-14T21:12:27Z2018-11-14T21:12:27ZTout comprendre de l’automatique : conversation avec Dragan Nesic<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/245530/original/file-20181114-194494-onyzz8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2358%2C1619&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le tout automatique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Rémy Malingrëy</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Dragan Nesic est professeur d’automatique à l’université de Melbourne en Australie. Ses recherches portent sur la commande des systèmes dynamiques et ses applications dans divers domaines de l’ingénierie et des sciences en général.</em></p>
<hr>
<p><strong>Romain Postoyan : Le grand public l’ignore souvent, mais l’automatique est au cœur de nombre d’avancées technologiques majeures au cours des derniers siècles.</strong></p>
<p><strong>Dragan Nesic</strong> : En effet, l’automatique a joué un rôle clef dans la plupart des grandes innovations technologiques et ce dès la révolution industrielle de la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle. Il est de notoriété publique que la machine à vapeur ouvrit la voie à la production de masse dans les usines tout en révolutionnant les transports terrestre et maritime.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/245539/original/file-20181114-194500-y4a0ll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Locomotive à vapeur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixnio.com/fr/transport-vehicules/trains-et-bus/locomotive-vapeur-fumee-metal-vehicule-chemin-de-fer-chemin-de-fer-machine-a-vapeur#">hpgruesen/pixnio.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On ignore souvent en revanche qu’un dispositif de commande, qui régulait la vitesse de rotation des machines (le régulateur à boules de Watt), fut essentiel pour leur mise en œuvre.</p>
<p>Le premier vol habité effectué par les frères Wright un siècle plus tard aurait été impossible sans un système de commande approprié. Des centaines de réussites similaires de l’automatique jalonnent l’histoire de nos avancées technologiques. De nos jours, nous vivons dans un monde où les organes de régulation sont omniprésents, ce qui est rendu possible par des millions de contrôleurs conçus à l’aide des techniques de l’automatique.</p>
<p><strong>R.P. : Qu’est-ce que l’automatique ?</strong></p>
<p><strong>D.N.</strong> : L’automatique est une branche de l’ingénierie qui développe des techniques de commande pour des systèmes conçus par l’homme ou naturels, afin que ceux-ci se comportent de la manière souhaitée sans intervention humaine.</p>
<p>Prenons l’exemple d’un pilote automatique dans un Airbus A380. Celui-ci peut maintenir la vitesse, l’altitude et le cap désirés sans intervention du pilote. Un autre exemple est un drone qui peut identifier une fuite de gaz dans une usine et envoyer son emplacement exact à un centre d’expédition. Dans les deux cas, ce qui permet à l’avion et au drone de voler de la façon désirée est un algorithme appelé contrôleur ou régulateur, généralement implémenté sur un microprocesseur.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/JGjmRRTThdk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La couverture de <em>Time</em> réalisée avec des drones.</span></figcaption>
</figure>
<p>Cet algorithme connaît le comportement souhaité du système. Il collecte ensuite des mesures provenant des divers capteurs, puis traite ces données afin d’orchestrer les actionneurs qui agissent sur le système à piloter, à l’instar des moteurs électriques des drones et des moteurs à réaction de l’avion. Ainsi le système répond aux attentes, et ce malgré d’éventuelles perturbations imprévues.</p>
<p><strong>R.P. : De nos jours, les données sont souvent transmises via des réseaux de communication numériques, comment cela impacte-t-il les contrôleurs ?</strong></p>
<p><strong>D.N.</strong> : Une grande partie de <a href="https://people.eng.unimelb.edu.au/dnesic/">mon activité de recherche</a> actuelle concerne les systèmes de commande dits en réseau dans lesquels le contrôleur communique avec les capteurs et les actionneurs via un réseau de télécommunication.</p>
<p>En raison du réseau, les signaux ne sont pas toujours transmis de manière fiable, ce qui peut fortement dégrader le fonctionnement du contrôleur.</p>
<p>Alors que nous nous dirigeons vers des systèmes hautement interconnectés et complexes, ce type d’architectures deviendra de plus en plus commun. Un exemple est celui des pelotons de véhicules sans conducteur, qui doivent se déplacer de manière autonome sur une route très fréquentée. Ceux-ci sont équipés de capteurs qui mesurent leur vitesse mais aussi leurs actions de contrôle. Ces signaux doivent être communiqués via un réseau de communication sans fil aux autres véhicules pour que le peloton conserve sa distance inter-véhicules dans des marges acceptables tout en roulant à la vitesse voulue.</p>
<p>Dans mes recherches, j’étudie l’interaction de l’algorithme de contrôle, des protocoles de communication et du calcul distribué au sein du système. C’est aussi le motif principal de ma collaboration avec le <a href="http://www.cran.univ-lorraine.fr/">Centre de recherche en automatique de Nancy</a>.</p>
<p><strong>R.P. : Quels sont vos travaux actuels ?</strong></p>
<p><strong>D.N.</strong> : Nous travaillons sur de nouveaux modèles basés sur le réseau appelé FlexRay, qui est de plus en plus utilisé dans l’automobile. Il permet aux dizaines de contrôleurs présents dans une voiture de communiquer, à l’instar des systèmes de contrôle moteur et de direction ou d’arrêt. Cette avancée a ainsi permis de diminuer le poids des véhicules (réduisant ainsi la consommation de carburant) tout en offrant de meilleures performances.</p>
<p>En collaboration avec des chercheurs du CRAN, nous avons d’abord développé des modèles mathématiques fidèles aux systèmes pilotés via un réseau FlexRay.</p>
<p>Le modèle obtenu nous a permis d’analyser mathématiquement le comportement du système, ce qui a conduit au développement de techniques de conception de contrôleurs adaptés. Pour ce faire, nous utilisons des outils mathématiques de systèmes dits hybrides et de la théorie de la stabilité de Lyapunov afin de respecter les contraintes de communication imposées par le réseau tout en exploitant les flexibilités de conception offertes par le réseau FlexRay.</p>
<p><strong>R.P. : Comment envisagez-vous le futur de l’automatique ?</strong></p>
<p><strong>D.N.</strong> : L’automatique permettra le développement d’avancées technologiques que l’on ne peut envisager que dans les films de science-fiction aujourd’hui. La recherche en automatique est tout à fait passionnante pour cela car de tels rêves nous forcent à aborder des questions de plus en plus complexes et, point important, multidisciplinaires.</p>
<p>Par exemple, la vie privée et la sécurité contre les attaques de logiciels malveillants et l’éthique commencent à influencer la recherche en automatique. Les voitures sans conducteur communiquant sans fil entre elles et avec leur environnement sont ainsi vulnérables aux attaques malveillantes qui peuvent corrompre les données échangées et provoquer des accidents.</p>
<p>La conception d’algorithmes de contrôle qui garantissent tous les objectifs fixés malgré de telles attaques attire actuellement l’attention de la communauté et requiert une collaboration étroite avec les informaticiens, les ingénieurs en télécommunication et les mathématiciens. Ceci n’est qu’un exemple de la nécessité d’une recherche multidisciplinaire. Les interactions avec la biologie et la médecine, avec la physique et la chimie, la finance et l’économie fourniront des idées nouvelles et de nouvelles problématiques permettant à terme le développement de sciences et de technologies fascinantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Postoyan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Depuis la machine à vapeur, au pilotage automatique des avions jusqu’aux drones. Toutes ces inventions ont été possibles grâce à la science de l’automatisme.Romain Postoyan, Chargé de recherche CNRS, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/943592018-06-12T21:44:45Z2018-06-12T21:44:45ZMT 180 : Évitement d’obstacle pour drone grand public<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/222843/original/file-20180612-112605-1rfluz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C11%2C3898%2C2914&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Drone équipé d'une caméra</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ndzLr2_FQx8">Aaron Burden / Unsplash</a></span></figcaption></figure><h2>Mon sujet de thèse</h2>
<p>Je travaille à l’élaboration d’un programme capable d’analyser les images filmées par un drone pour en déduire la présence et la distance d’obstacles potentiels puis de rectifier la trajectoire du drone pour éviter ces obstacles tout en conservant une bonne qualité de vidéo.</p>
<p>Il y a deux méthodes géométriques pour évaluer la distance d’un objet. Soit on dispose de deux images prises simultanément mais avec un décalage spatial comme dans la vision humaine, soit on prend deux images à deux moments différents et on utilise la trajectoire du drone pour remonter à un semblant de vision stéréo.</p>
<p>Des logiciels permettant d’éviter des obstacles existent déjà mais ils ne sont pas très précis sur les distances et limitent donc la vitesse des drones.</p>
<p>Notre but est d’améliorer la sécurité de pilotage en perfectionnant l’anticipation des rencontres d’obstacles tout en planifiant plus en amont les évitements pour minimiser leur impact sur la qualité des vidéos.</p>
<p>Ceci est rendu possible par les impressionnantes capacités des réseaux neuronaux qui sont capables de repérer les zones de l’image correspondant à un même objet physique. Ceci permet alors de faciliter l’évaluation de la distance de ces objets vis-à-vis du drone.</p>
<p>Nous cherchons maintenant à généraliser notre approche dans les cas où la caméra est en rotation entre les prises de vue, ce qui complique considérablement la situation et qui reste trop complexe pour les réseaux neuronaux.</p>
<p>Le domaine des réseaux neuronaux est aujourd’hui en telle effervescence que les publications de 2015 peuvent être quasiment considérées comme obsolètes. Il faut toujours être à l’affût des nouveautés et être capable de changer rapidement de méthode pour mettre à l’épreuve les dernières avancées. C’est une recherche très incrémentale, mais qui peut basculer à tout moment vers un changement radical de méthodes.</p>
<h2>Une approche originale</h2>
<p><a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01587652">Nous avons appliqué les méthodes d’apprentissage</a> de réseaux neuronaux au problème de la vision d’obstacles, en fournissant au réseau de neurones deux images au lieu d’une, avec une distance variable entre les prises de vue de ces images.</p>
<p>On a obtenu de très bons résultats car le réseau de neurones est très efficace pour déterminer le contexte d’une image et, à partir de ce contexte, de mieux appréhender les obstacles. Sans que nous ayons donné au réseau d’indications géométriques, on observe que le réseau arrive à faire de la géométrie, par lui-même.</p>
<h2>Des difficultés à surmonter</h2>
<p>Le seul capteur que nous pouvons utiliser pour l’évaluation des distances est la caméra du drone que l’utilisateur utilise aussi pour filmer. </p>
<p>Il s’agit d’une limitation forte. Cela serait plus simple si nous avions des capteurs spécifiques à l’évitement d’obstacles.</p>
<h2>Pourquoi m’être inscrit à « Ma thèse en 180 secondes »</h2>
<p>Pour pouvoir expliquer ma thèse à mes parents ! C’est aussi un bon moyen d’obtenir de la visibilité, mais je considère surtout ce concours comme une très bonne formation.</p>
<p>J’ai du mal à rester concis dans mes explications et je pars souvent trop loin dans des détails. J’ai appris à mieux hiérarchiser les informations et à mieux identifier l’essentiel.</p>
<p>Ça me permet, même en dehors de la contrainte de concision du concours, d’avoir un discours plus synthétique et plus clair.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94359/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clément Pinard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>S’inspirer des neurones et de la vision humaine pour faire détecter des obstacles aux drones.Clément Pinard, Doctorant en vision par ordinateur, ENSTA Paris-Tech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/918612018-03-14T23:38:38Z2018-03-14T23:38:38ZL’intelligence artificielle ne peut se comparer à l’homme : elle n’a ni corps, ni masse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/209147/original/file-20180306-146655-12i2n3p.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=30%2C19%2C1167%2C723&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La vitesse, à l'échelle du corps humain, est très limitée par les lois de la physique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/u/salooart/">Pexels</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>Nous sommes lents, et c’est parce que nous sommes bien réels. C’est – de la – physique. Nous sommes des corps qui pensent, bougent et travaillent le monde réel. Lentement. En fait, dans notre quotidien, rien ne se déplace vraiment vite, en particulier rien de ce qui contribue à la vie.</p>
<h2>La voix lente de Scarlett Johansson</h2>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XK5XEPl9_CM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Dans le film de science-fiction <em>Her</em>, Scarlett Johansson est une intelligence artificielle consciente qui n’existe que par sa voix. À la fin du film, elle s’en va, lassée par l’homme bien trop lent pour elle. La vitesse de traitement de l’information par les machines est une réalité quotidienne : elle est plus élevée que dans notre cerveau par des ordres de grandeur. Je ne sais pas calculer sans ambiguïté à quel point une machine qui traite de l’information est plus rapide que nous. </p>
<p>Cela dépend d’une définition précise, mais de toute façon, le rapport est énorme : 1 000, 10 000, 100 000… Avoir un chiffre exact n’a d’ailleurs pas vraiment d’importance quant à la conclusion. Quelle conversation pourriez-vous avoir avec quelqu’un qui, chaque premier janvier, vous délivre un mot ? Cela représente quelques dizaines de mots échangés au cours d’une vie. Arrive ce qui doit arriver : ces deux existences se séparent. Nous ne pouvons converser qu’avec qui est dans notre temps, qui évolue à notre vitesse.</p>
<h2>(Nano)technologies triplement inhumaines</h2>
<p>« Vite et bien ne vont pas ensemble » ai-je entendu toute mon enfance quand je bâclais un devoir. C’est devenu faux aujourd’hui. Les systèmes qui traitent de l’information sont issus des nanotechnologies. En contrôlant les électrons quasiment à l’échelle des molécules, ils sont capables de traiter l’information :</p>
<ol>
<li><p>à très (très très) grande vitesse, simultanément ;</p></li>
<li><p>massivement ;</p></li>
<li><p>en détail et sans erreur. </p></li>
</ol>
<p>On parle de flots massifs de transactions financières prenant chacune quelques microsecondes pour le <a href="https://theconversation.com/ex-machina-faut-il-accuser-les-ordinateurs-pour-la-nervosite-du-marche-55167">« trading haute fréquence »</a>. Ce temps est très largement en dessous des seuils de perception de nos sens et de nos capacités d’action conscientes. Nous ne vivons pas à la microseconde, ce qui rend physiquement impossible tout contrôle humain en temps réel sur ces échanges.</p>
<h2>La vitesse de notre cerveau, c’est de la physique ?</h2>
<blockquote>
<p>« Le mouvement est notre seul moyen d’interagir avec le monde, que ce soit pour chercher de la nourriture ou pour attirer l’attention d’un serveur. En effet, toute la communication, y compris la parole, le langage gestuel, les gestes et l’écriture, passe par le système moteur. De ce point de vue, le but du cerveau humain est d’utiliser des signaux sensoriels pour déterminer les actions futures ».</p>
</blockquote>
<p>C’est par ces mots que <a href="https://www.ted.com/talks/daniel_wolpert_the_real_reason_for_brains?language=fr&share=1b6f6770dc&utm_campaign=tedspread&utm_medium=referral&utm_source=tedcomshare">Daniel Wolpert</a>, spécialiste en neurosciences à l’Université de Cambridge, souligne comment le fait de bouger dans le monde réel détermine notre mode de fonctionnement, à commencer par celui de notre cerveau.</p>
<p>Admettre que l’existence de notre cerveau est d’abord liée au fait que nous nous déplaçons et que nous bougeons conduit à mieux situer ses performances. En particulier pour un physicien, et notamment en termes de vitesse. <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-15966-6#ref-link-section-d2492e466">L’analyse des ondes cérébrales</a> du cerveau indique une activité avec des fréquences au maximum de l’ordre de 200Hz, ce qui est associé à un temps de 5 millisecondes. Est-il besoin de traiter l’information beaucoup plus vite s’il s’agit d’abord de contrôler des mouvements à notre échelle ? La réponse tient dans cette estimation : si un objet solide, disons d’une taille de 1 cm, apparaît en 1 milliseconde dans notre environnement, à l’échelle du mètre donc, il voyage à environ 1 000 m/sec. Cet objet porte un nom : c’est une balle de fusil ! Il est matériellement incontrôlable et donc inutile… sinon pour faire des dégâts. En fait, autour de nous, pour les objets et les êtres vivants à notre échelle, rien de ce qui est contrôlable, en particulier de ce qui contribue à la vie, ne va vraiment vite.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/fA-l1t_Aotw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<h2>Francis Hallé et la lenteur infinie du mouvement des arbres</h2>
<p>Pour les roses, dit on, les jardiniers sont immortels. Car de mémoire de rose, on n’a jamais vu mourir un jardinier. Pour la plupart d’entre nous, mais pas pour le botaniste Francis Hallé, les arbres d’une forêt sont d’abord immobiles. Et ce, à deux titres. Ils sont d’une part ancrés dans le sol. D’autre part, de nombreux récits parlent des arbres plantés pour les générations suivantes. </p>
<p>Francis Hallé souligne notre vision de mammifères qui bougent sans arrêt autour d’arbres pour lesquels nous sommes des étoiles filantes, quasi inexistants tant nous passons vite. Aujourd’hui avec les quantités de <em>time lapses</em> en ligne, cette vision du végétal évolue, peut être jusqu’à considérer moins ébahis l’argument de Francis Hallé : pousser, croître, en fait c’est bouger, c’est déplacer son centre de masse, c’est-à-dire se déplacer tout en restant ancré.</p>
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<p>Et puis, certaines plantes sont vivantes depuis bien plus de 1 000 ans. Elles ont vu passer toute l’histoire de la France. Nous ne sommes pas dans le même temps. Et il n’y a rien à y faire, cela conditionne notre co-existence. Francis Hallé crie l’urgence qu’il y a pour nous à regarder bouger les arbres.</p>
<h2>Nous sommes lents mais les robots ne sont pas extrêmement rapides</h2>
<p>Usain Bolt, pour courir le 100 mètres en moins de 10 secondes, met en jeu au démarrage une énergie de plus de 2 000 watts, et heureusement pour lui, pendant un temps très bref. Il accélère durant ce court instant, à pratiquement 50 m/sec2. Il finit le 100 mètres à 45km/h, soit dix fois la vitesse de la marche.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206682/original/file-20180215-131032-1mk5h36.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Image d’après l’article dans <em>Wired</em> de Allain Rhett : maximum acceleration in the 100m dash.</span>
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<p>Quand nos machines font vraiment beaucoup mieux, quand elles sont capables de générer et de contrôler des mouvements, disons 1 000 fois plus rapides que la course d’Usain Bolt, ce n’est pas sur terre. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordres_de_grandeur_de_vitesse">L’objet humain le plus rapide</a> est, dit-on, la sonde Helios 2 avec une vitesse de 252 792 km/h. OK, ça, c’est vraiment rapide ! Presque 10 000 fois plus rapide qu’Usain Bolt ! Mais elle fait une trajectoire pratiquement en ligne droite et dans l’espace vide et immense. Dans ces conditions, il est bien plus facile d’aller vite : il n’y a rien autour. En comparaison, à notre échelle, dans notre environnement, rien ne va vraiment vite. Les voitures les plus rapides vont seulement 10 fois plus vite qu’Usain Bolt. Nous sommes soumis à des contraintes dures et incontournables que la physique identifie : variations rapides et importantes de l’énergie cinétique, forces d’inertie et frottements aux effets violents à grande vitesse, associés aux limites de la résistance des matériaux tant mécanique que thermique.</p>
<p>Les avions commerciaux font encore mieux bien sûr. Mais en fait, pas considérablement mieux. Bien sûr, quelques vols à plus de 7 000 km/h de l’avion avec pilote <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/North_American_X-15">X15A</a> ont eu lieu dès les années 60-70. Depuis, on n’a pas fait mieux. Pour réaliser cette prouesse, l’avion emportait en carburant l’équivalent de sa masse à vide. Car il faut au minimum acquérir l’énergie cinétique nécessaire, énergie qui croit comme le carré de la vitesse :</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=198&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=198&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=198&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=248&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=248&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206684/original/file-20180215-131038-1rc0wu6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=248&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Énergie cinétique.</span>
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<p>Le carré, c’est ici ce petit exposant 2 anodin à droite de la vitesse V, qui a des conséquences brutales. Faire passer les 10 tonnes de cet avion de 0 à 5 000 km/h demande de mettre en œuvre une énergie de l’ordre de un milliard de Joules. C’est l’énergie produite par une centrale nucléaire en une seconde… Et l’énergie cinétique n’est qu’une des difficultés rencontrées quand on veut aller vraiment très vite.</p>
<p>Certes, en un siècle, les transports ont changé nos vies, en combinant deux aspects : d’une part, en multipliant la vitesse sur terre par 10 et d’autre part, en maintenant ce facteur 10 stable pendant des heures. Un bon moteur qui ne se fatigue pas, une source d’énergie concentrée, abondante et gratuite et un réseau routier quasi parfait à grande échelle. À 100 km/h de moyenne sur une autoroute sans bouchon, on traverse la France en une journée. C’est remarquable. Vraiment. Et on ne fera probablement jamais vraiment mieux. Mais Elon Musk n’est pas de cet avis : parcourir 1 000 km à 1 000 km/h, c’est ce à quoi il s’attaque avec le projet <a href="https://www.frenchweb.fr/les-projets-hyperloop-et-elon-musk/316865">Hyperloop</a>.</p>
<h2>Pour se bouger, l’IA doit ralentir. Beaucoup</h2>
<p>Une voiture sans pilote est un robot : rapide, précis, qui ne commet pas d’erreur d’inattention et ne se fatigue pas. Mais c’est d’abord une voiture avec 4 roues, un moteur et une réserve d’énergie qui finit par s’épuiser. Quand l’intelligence artificielle est liée à cette technologie des mouvements et des gestes exécutés par des robots, quand elle suppose le déplacement de masses qui sont à notre échelle, elle fait face aux mêmes contraintes que nous. Il lui faut par exemple beaucoup d’énergie. Comme nous le faisons en mangeant et en respirant, elle devra toujours transporter sa réserve d’énergie et veiller à son approvisionnement.</p>
<p>Grâce aux robots, l’I.A, elle bouge donc bien plus vite que nous, mais ne pourra jamais bouger <em>considérablement</em> plus vite. Nous ne serons jamais infiniment lents par rapport aux robots. Nous ne serons jamais dans une situation similaire à celle que décrit Francis Hallé pour les arbres. La physique et la chimie le garantissent. Nous coexisterons toujours avec les robots que nous créons. Mais est-ce nécessairement une bonne nouvelle ?</p>
<h2>Des robots volants, trop rapides, autonomes, précis et infatigables, ça peut faire très mal</h2>
<p>Car nous ne sommes pas que lents, nous sommes aussi mous et fragiles. Les accidents de la route et les dévastations par les armes en témoignent malheureusement quotidiennement. Ajouter un contrôle automatique précis et efficace, en fait une intelligence artificielle spécialisée, à des mouvements assez rapides pour l’être trop pour nous peut aussi être une perspective cauchemardesque, même si le gain en vitesse reste limité.</p>
<blockquote>
<p>« Une fois mises au point, les armes autonomes mortelles permettront aux conflits armés d’être menés à une échelle plus grande que jamais et à des échelles de temps plus rapides que ce que l’homme peut appréhender. »</p>
</blockquote>
<p>C’est avec ces mots rapportés par <a href="https://www.theguardian.com/technology/2017/aug/20/elon-musk-killer-robots-experts-outright-ban-lethal-autonomous-weapons-war"><em>The Guardian</em></a>, qu’Elon Musk (Tesla) et Moustafa Suleyman (Alphabet) associés à un collectif de 116 experts issus de 26 pays réclament l’interdiction des armes autonomes. On se souhaite donc une bonne lucidité collective avant qu’il ne soit trop tard. Avec toutes sortes de drones, une IA peut voler facilement, pour observer, écouter et intervenir <a href="https://www.theguardian.com/science/2017/nov/13/ban-on-killer-robots-urgently-needed-say-scientists">partout en même temps et (trop) vite</a>. Pas nous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91861/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joël Chevrier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’IA est toujours plus rapide que l’humain. Nous resterons lents. C’est (de la) physique.Joël Chevrier, Professeur de physique, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/856502017-10-23T19:08:04Z2017-10-23T19:08:04ZDrones : chronique d’un décollage annoncé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/191356/original/file-20171023-1695-2hfs99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les drones, vont faire, ou font déjà partie de notre quotidien.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/search/?license=4%2C5%2C9%2C10&advanced=1&text=drone">Colin.C.James/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Cela ressemble un peu à un nouveau gadget pour amateurs de sensations. Il s’agit en réalité de la promesse d’une nouvelle performance attendue. C’est un peu comme un robot volant, mais ce n’est ni un avion, ni un satellite, c’est un drone !</p>
<p>Les innovations technologiques rendent souvent les êtres humains curieux et impatients. Rapidité, fiabilité, efficacité, performance, autant de mots pour exprimer nos sentiments. L’émergence des drones questionne sur les activités qui en découlent mais également sur de possibles utilisations déviantes.</p>
<p>Les activités liées aux drones ne cessent de décoller : prises de vue aérienne, surveillance, livraison. D’abord utilisés à des <a href="http://www.air-cosmos.com/actualite/drones-militaires/">fins militaires</a>, les drones suscitent un engouement dans le domaine civil. Les entreprises y voient un outil logistique novateur limitant les coûts et réduisant les nuisances sonores et écologiques. Les particuliers quant à eux s’intéressent à l’aspect ludique de ces petits aéronefs. Très encadré, l’usage des drones mérite un petit tour d’horizon réglementaire.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191383/original/file-20171023-1692-1cgtju4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Drone militaire MQ-9 Reaper au salon du Bourget 2013.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/21/MQ-9_Reaper_at_Paris_Air_Show_2013_1.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
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<h2>La réglementation</h2>
<p>Le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/conseil-drones-civils">conseil pour les drones civils</a> s’est ainsi réuni pour la première fois en juin 2015 sous l’égide de la direction de l’aviation civile. Un plan d’action aérien a alors été adopté pour faciliter le développement de l’utilisation des drones. La France est un des rares pays à être doté d’une réglementation relative à leur utilisation.</p>
<p>Les <a href="http://bit.ly/2xAMo7C">premiers arrêtés</a> « aéronefs » et « espace » datent d’avril 2012. Ils ont été publiés par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.</p>
<p>La réglementation actuelle s’intéresse aux conditions d’utilisation de l’espace aérien par des « petits drones », à faible hauteur. Ce pilotage est réglementé par le code des transports, le code de l’aviation civile, le code des postes et télécommunications électroniques.</p>
<p>Les médias, ont à plusieurs reprises, mentionné le survol possible de zones sensibles (centrales nucléaires, bases militaires). Le site du <a href="http://bit.ly/2ishiIB">Service de l’information aéronautique</a> (SIA) propose la liste des établissements interdits de survol.</p>
<h2>La procédure à suivre pour un vol</h2>
<p>Tout d’abord, le pilote de drone doit communiquer son plan de vol à la préfecture et c’est un préalable important. Il est possible également de se renseigner sur le site de la <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/politiques/aviation-civile">Direction générale de l’aviation civile</a> (DGAC), de la Commission informatique et liberté (<a href="https://www.cnil.fr/professionnel">CNIL</a>) ou celui de la Fédération française d’aéromodélisme (<a href="http://www.ffam.asso.fr/">FFAM</a>)</p>
<p>Si la loi n'est pas respectée, les sanctions encourues sont sévères :</p>
<ul>
<li><p>Au titre de la violation des règles de sécurité et des interdictions de survol : un an d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende</p></li>
<li><p>Au titre de la violation de la vie privée : un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.</p></li>
</ul>
<p>Pour un pilote amateur, il est possible de prévoir une extension au contrat « multirisques » habitation et de souscrire un contrat « aéromodélisme ».</p>
<h2>Les débouchés et la formation</h2>
<p>Au commencement, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Drone#Histoire">drones étaient utilisés à des fins militaires</a> (premier projet à la fin de la Première Guerre mondiale et premier vol dans les années 1920). Avec la surveillance de sites et de manifestations, leur champ d’application a, depuis quelques années, beaucoup évolué et glissé doucement mais sûrement vers le civil.</p>
<p>Les domaines d’application des drones dans le civil sont divers et variés. Très utilisés pour les prises de vue lors de tournage de vidéo, ils ont aussi prouvé leur utilité dans le domaine du <a href="https://theconversation.com/livraison-par-drone-les-nouveaux-pilotes-73412">transport de colis</a>, mais ce n’est pas tout.</p>
<p>En effet, ces derniers facilitent la réalisation de plan en 3D utiles aux architectes et sociétés de construction, à la cartographie des régions, et à la gestion des stocks.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/s0pBJosoOTc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">À l’Université du Havre, les chercheurs font communiquer drone volant et drone au sol.</span></figcaption>
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<p>Mais si les drones trouvent une utilité dans le milieu privé, ils sont aussi utiles dans le domaine public en fournissant une aide dans la gestion des incendies, ainsi que dans les interventions d’urgence en permettant de transporter rapidement du matériel de premier secours dans des zones isolées.</p>
<p>Toutes ces utilisations potentielles impliquent la formation de pilotes. Selon la <a href="https://www.federation-drone.org/">Fédération professionnelle de drones</a>, 5 000 emplois ont été créés et 20 000 sont à venir dans les cinq prochaines années. Cependant, aucune formation n’est officiellement reconnue. La fédération professionnelle du drone civil permet néanmoins d’obtenir un diplôme de « pilote de drone ».</p>
<p>Dans l’inconscient collectif, un drone est essentiellement volant, mais l’Université du Havre développe actuellement un programme de gestion des drones qui permet de faire communiquer entre eux un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=s0pBJosoOTc">drone volant et un drone roulant</a>. L’idée est de permettre au drone terrien de prendre un chemin optimal grâce aux informations fournies par le drone volant.</p>
<h2>Les risques</h2>
<p>Selon les réglementations récemment mises en place, les personnes et les véhicules ne doivent pas être survolés et une distance minimale de sécurité doit être respectée. Le « télépilote » peut être rendu responsable en cas de dommage aux tiers dans les conditions du code civil. Il est aussi rendu de plein droit responsable des dommages causés aux personnes et aux biens à la surface (L 6131-1 et L6131-2 du code des transports).</p>
<p>Un mot de conclusion : les drones impactent, et impacteront de plus en plus notre vie quotidienne tant sur un plan professionnel que personnel. Les différents acteurs privés (assurances) et publics (État) ont apporté des réponses en termes de gestion du risque et de responsabilité. Cependant, la question de formation semble rester en suspens ce qui est dommageable surtout quand nous savons que l’être humain est le premier facteur de risque.</p>
<p>À quand une formation certifiée par l’État qui permettra de sécuriser l’utilisation des drones tout en évitant la multiplication des écoles de formation sans reconnaissance ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/85650/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>D’abord réservés à un usage militaire, les drones ont débarqué dans le monde civil. Tour d’horizon des applications et des réglementations.Olivier Faury, Ph.D Economie maritime. Assistant professeur - Métis Lab, EM NormandieCaroline Diard, Professeur associé en Management des Ressources Humaines et Droit - Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/838452017-09-29T00:29:05Z2017-09-29T00:29:05ZLivrer par drones : les entreprises sont-elles prêtes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/186605/original/file-20170919-22657-1an1jmf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des drones de l'entreprise Ascending Technologies, au-dessus du Danube.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/arselectronica/7406755896/">Gregor Hartl/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les délais de livraison sont passés de 48 heures il y a quelques années, <a href="http://www.capital.fr/economie-politique/livraison-a-domicile-la-guerre-du-dernier-kilometre-1186252">à moins de 24 heures</a> aujourd’hui pour un grand nombre de produits. Désormais, les clients exigent des délais de livraison de plus en plus courts, des produits et services éthiques, plus respectueux de l’environnement et de meilleure qualité. Ces exigences, couplées à la maîtrise des coûts et des délais de livraison, sont un vrai casse-tête pour les logisticiens, qui agissent dans un environnement mondialisé et très concurrentiel. Mais des stratégies de distribution se développent pour répondre à ce besoin, grâce aux nouvelles technologies.</p>
<h2>Des drones pour livrer plus vite</h2>
<p>Pour faire face à ces exigences, de grands groupes tels qu’Amazon, UPS, Cdiscount et DHL, ont lancé d’importants projets de recherche sur l’utilisation des drones, afin de livrer leurs produits à leurs clients. Dans le secteur industriel, les drones permettraient de <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/030397232735-ces-drones-qui-viendront-nous-livrer-2096704.php">livrer des colis rapidement</a> et de manière peu coûteuse.</p>
<p>Les drones peuvent être contrôlés à l’aide d’une télécommande et peuvent communiquer avec une station au sol via un réseau wifi. Cependant, ils ne peuvent transporter que des colis de faible poids (4kg maximum).</p>
<p>Les drones peuvent aussi permettre d’améliorer la sécurité des entrepôts avec l’aide de caméras de surveillance intégrées. Aussi, les drones <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877050915016075">peuvent contribuer</a> à la facilitation et à l’optimisation des opérations logistiques internes à l’entreprise, dans la mesure où ils peuvent voler dans un espace 3D, à faible vitesse, et avec un haut degré de précision.</p>
<p>Amazon est une des premières entreprises a avoir expérimenté, en <a href="http://bit.ly/2gM9dNv">décembre dernier</a>, la livraison de colis par drone, 30 minutes après réception de la commande. UPS <a href="https://www.ladepeche.fr/article/2017/05/06/2569595-des-drones-pour-livrer-les-colis-les-tests-se-multiplient.html">a testé</a> en Floride l’utilisation d’un drone posé sur le toit d’un camion pour assurer une livraison, en même temps que le livreur humain, dans un rayon de quelques kilomètres. Quant à Cdiscount, l’entreprise <a href="http://www.lefigaro.fr/societes/2017/05/04/20005-20170504ARTFIG00275-cdiscount-a-teste-la-livraison-de-jouets-par-drone-a-noel.php">a récemment testé</a> une livraison de colis par drone en milieu urbain, avec l’autorisation spéciale de la Direction générale de l’Aviation civile. Et les expériences vont s’accélérer au cours des mois à venir.</p>
<p>Mais à ce stade d’expérimentation dans le secteur industriel, il est important de savoir si les managers des entreprises sont vraiment prêts à utiliser les drones dans leurs chaînes logistiques ?</p>
<h2>Les managers sont-ils prêts à utiliser les drones ?</h2>
<p>Pour répondre à cette question, nous avons mené une étude auprès de vingt entreprises, dans les secteurs agroalimentaire, électronique, médical, et dans la grande distribution. L’échantillon est composé de petites entreprises (10 %), de grandes entreprises (20 %) et de très grandes entreprises (70 %). Cette répartition est un choix délibéré, car les petites entreprises sont particulièrement confrontées à un manque de ressources pour financer de telles innovations technologiques.</p>
<p>L’étude a montré que 85 % des managers interrogés ont connaissance de l’existence de drones commerciaux. 90 % de ces managers sont conscients de l’impact positif que les drones pourraient avoir sur leurs activités. Les principales raisons évoquées sont synthétisées sur le diagramme ci-dessous.</p>
<p><strong>Les impacts positifs des drones selon les managers interrogés</strong></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=238&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=238&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=238&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=299&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=299&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/185830/original/file-20170913-23126-m293u7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=299&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les impacts positifs des drones selon les managers interrogés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mame Bigué Gningue</span></span>
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</figure>
<p>Cependant, si ces managers choisissaient d’utiliser les drones pour supporter leurs opérations internes (distribution des matières premières, sécurisation d’entrepôts), 10 % des interrogés pensent que l’utilisation des drones pourrait impacter négativement leurs entreprises. Voici, ci-dessous, les principales raisons qui expliquent leur avis.</p>
<p><strong>Les impacts négatifs des drones selon les managers interrogés</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=293&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=293&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=293&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=368&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=368&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/185831/original/file-20170913-23134-xomb37.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=368&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les impacts négatifs des drones selon les managers interrogés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mame Bigué Gningue</span></span>
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<p>La principale préoccupation de ces managers est la sécurité du colis (45 % des réponses). En effet, les drones peuvent présenter des défaillances et une chute <a href="https://www.researchgate.net/publication/301574679_How_reliable_does_a_delivery_drone_have_to_be">pourrait endommager le produit</a> transporté, ce qui imposerait des coûts additionnels d’assurance.</p>
<p>La sécurité des personnes en cas de chute constitue également un vrai souci pour les managers (35 %). Les drones, en eux-mêmes, ne sont pas très sûrs (30 % des managers s’en préoccupent) et peuvent facilement <a href="http://ieeexplore.ieee.org/document/7577060/?reload=true">être source</a> de cyberattaques, servir d’armes, et il existe un risque de collisions lié à l’occupation de l’espace aérien.</p>
<p>Les résultats de cette étude ont finalement montré que seulement 40 % des managers interrogés sont prêts à implémenter des drones dans leurs activités logistiques. 60 % des managers interrogés ne sont pas prêts pour des raisons listées ci-dessous.</p>
<p><strong>Les raisons pour lesquelles managers interrogés ne sont pas prêts à utiliser des drones</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/185832/original/file-20170913-23117-fswewc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le drone et ses contraintes, selon les managers interrogés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mame Bigué Gningue</span></span>
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<p>Le manque de ressources financières et les risques sécuritaires constituent les plus grandes contraintes pour les managers. Nous retiendrons de cette analyse que, malgré la multiplication des projets de développement dans le secteur industriel, les managers ne sont pas prêts à adopter la livraison par drone dans leurs chaînes logistiques.</p>
<hr>
<p><em>Cette étude a été menée avec Mana Mohan Rajanna, étudiant en Master 2 « Supply Chain Management » à l’<a href="https://www.ecole-management-normandie.fr/">École de Management de Normandie</a>, dans le cadre de son mémoire de fin d’études.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83845/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mame Bigué Gningue ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Amazon, UPS, DHL : les grands groupes sont en train de développer des capacités de livraison par drones. Mais les managers français interrogés ne semblent pas encore prêts à utiliser cette innovation.Mame Bigué Gningue, Assistant Professor in Supply Chain Management, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/830052017-09-06T21:38:00Z2017-09-06T21:38:00ZRobots tueurs et kamikazes : notre humanité en question<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/184971/original/file-20170906-7289-40l7vz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Depuis plusieurs années déjà, des voix se font entendre pour alerter sur les dangers que pourraient représenter les robots tueurs. Cette photo a été prise en avril 2013, à Londres, lors du lancement de la « Campaign to Stop Killer Robots », qui regroupe plusieurs organisations non gouvernementales.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/stopkillerrobots/8686289228">Campaign to Stop Killer Robots/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>« Un drone armé n’est pas un robot tueur », a d’emblée précisé, comme pour évacuer le débat, la ministre des Armées, Florence Parly, après avoir annoncé que les <a href="http://www.lemonde.fr/international/article/2017/09/06/la-france-arme-ses-drones-acquis-aux-etats-unis_5181673_3210.html">drones français allaient être équipés de munitions</a>. Ce sujet suscite, en effet, l’inquiétude. À la fin du mois d’août, les Nations unies recevaient une <a href="https://futureoflife.org/2017/08/20/leaders-top-robotics-ai-companies-call-ban-killer-robots/">lettre ouverte de 116 dirigeants d’entreprises de robotique et d’intelligence artificielle</a> visant à les interdire.</p>
<p>Par une curieuse coïncidence, l’envoi de cette lettre suivait de quelques jours les attentats de Barcelone. Le télescopage de ces deux évènements n’est pas sans rappeler l’une des séquences d’une <a href="http://www.imdb.com/title/tt1234721/?ref_=fn_al_tt_2">version du film <em>RoboCop</em>, sorti en 2014</a>, dans laquelle le spectateur est confronté à un improbable combat entre des robots tueurs et des kamikazes.</p>
<p>Cette scène n’est pas aussi incongrue qu’elle paraît. Comme l’a montré <a href="https://lafabrique.atheles.org/livres/theoriedudrone/">Grégoire Chamayou dans sa « théorie du drone »</a>, il y a bien un lien entre les deux. Pour <a href="http://www.barteverett.com/">Bart Everett, directeur de la division robotique et systèmes avancés</a> du <em>Space and Naval Warfare Systems Command</em> (<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Space_and_Naval_Warfare_Systems_Command">SPAWAR</a>), le robot serait la réponse américaine à l’attentat suicide. En réalité, il semblerait que depuis la Seconde Guerre mondiale, ces deux logiques tueuses évoluent en parallèle. Comme deux doubles inversés d’un même phénomène, nous assistons aujourd’hui à une « humanisation » des machines de guerre d’un côté et à une « mécanisation » des êtres humains de l’autre.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/AIk94MJS_Sc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<h2>Convergence de deux « techniques »</h2>
<p>Chamayou établit un lien entre les kamikazes et les drones : il y voit une opposition entre, d’un côté, un acte « engageant l’homme autant que possible » et, de l’autre, un acte l’engageant « le moins possible ». Il oppose ainsi un « acte vivant » à un « geste mécanique ». Pourtant, l’histoire des kamikazes et des projets de robots tueurs semble montrer indéniablement une forme de convergence de ces deux « techniques ». Un bref rappel historique peut nous permettre de mieux comprendre les possibles interférences entre les deux phénomènes.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=733&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/184951/original/file-20170906-9109-l7nlnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=922&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Yukio Araki, 17 ans (au centre), pose avec d’autres pilotes japonais, le 26 mai 1945. Le lendemain, il trouvera la mort dans une attaque kamikaze.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:72nd_Shinbu_1945_Kamikaze.jpg?uselang=fr">Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les années 1930, un ingénieur de la <em>Radio Corporation of America</em> (RCA), <a href="http://www.futura-sciences.com/sciences/personnalites/physique-vladimir-zworykin-1052/">Vladimir Zworykin</a>, découvre que le Japon envisage de former des escadrons de pilotes pour des missions suicide. Il lui semble que la meilleure réponse serait de créer des avions radio-contrôlés, équipés d’une caméra. Ce qu’il décrit n’est en fait rien d’autre que la définition de l’ancêtre des robots tueurs : les drones.</p>
<p>En 1942, un mathématicien, <a href="http://next.liberation.fr/livres/2014/04/16/norbert-wiener-cyber-heros_998859">Norbert Wiener</a>, découvre que la trajectoire que suit le pilote d’un avion est prévisible, même lorsqu’il essaie de surprendre la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_antia%C3%A9rienne">DCA</a> en faisant des manœuvres d’évitement. Il imagine alors le premier système automatisé de tir anti-aérien : l’AA Predictor, prédécesseur du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phalanx_CIWS">Phalanx CIWS</a>, actuellement en service dans la marine américaine. Ce système très sophistiqué permettait de suppléer à l’incapacité humaine de prévoir, calculer et réagir avec la rapidité requise pour abattre les appareils ennemis.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/184340/original/file-20170901-27284-1ht39nm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un Phalanx CIWS sur l’USS <em>Tortuga</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="source">U.S. Navy</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Quelques années après, alors que les premières opérations suicide ont déjà eu lieu, les Japonais élaborent deux curieux engins. Le premier est une sorte de bombe volante, le second une torpille. Les deux engins ont été pensés comme des projectiles autonomes équipés d’un mécanisme de guidage intelligent en leur sein : un être humain. Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Kaiten">Kaiten</a> est à cet égard particulièrement intéressant : il s’agit d’une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Torpille_Type_93">torpille Type 93</a> que l’on a coupé en deux pour pouvoir placer en son centre une petite cabine de pilotage.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=138&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=138&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=138&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=173&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=173&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/184082/original/file-20170830-24267-yk490v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=173&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Schéma d’un Kaiten de type 1.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lakkasuo/Wikimedia Commons</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>1945 : perte de confiance dans l’humanité</h2>
<p>La Seconde Guerre mondiale et l’explosion des premières bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki eurent un impact significatif dans la communauté scientifique sur la confiance accordée à l’entendement humain, et donc à la notion même d’humanité. La <a href="http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/cybern%C3%A9tique/39274">cybernétique</a>, apparue en 1947, en est marquée. Son existence éphémère ne l’empêcha pas d’influencer profondément la société américaine et d’orienter l’effort de recherche militaire en direction de systèmes intelligents.</p>
<p>Pour Norbert Wiener, qui est l’un des fondateurs de la cybernétique, les systèmes automatiques sont des vecteurs de régulation des sociétés humaines. Il est donc nécessaire de constituer des réseaux mixtes composés de machines et d’humains. Systèmes vivants et êtres automatiques sont alors sur le même plan. C’est ainsi que dans la cybernétique, il est <a href="https://books.google.fr/books?id=2CSuAwAAQBAJ&p">« difficile de décider si ce sont les machines qui sont humanisées ou les vivants qui sont pensés comme des machines »</a>. Curieusement, l’observation et l’analyse conjointe des kamikazes et des robots tueurs semble corroborer ce propos.</p>
<p>Dès les années 1950, les Américains investirent fortement dans des systèmes automatisés. L’énorme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Semi-Automatic_Ground_Environment">projet de défense anti-aérienne SAGE</a> en est le meilleur exemple. À cette même époque, le Viêt Minh systématisa, pendant la guerre d’Indochine, l’usage des « volontaires de la mort ». Ce phénomène, qui persista lors de la guerre du Vietnam, encouragea les militaires américains à lancer la conception des premiers drones.</p>
<p>Tombé dans l’oubli, l’usage systématique des kamikazes est réapparu avec la guerre Iran-Irak, au début des années 1980. L’occupation de l’Irak a largement contribué au développement des kamikazes, ensuite institutionnalisé par l’organisation État islamique comme une technique prioritaire de guerre avec, entre autres, des véhicules chargés d’explosifs se jetant sur les lignes ennemies.</p>
<h2>Mécaniser l’humain</h2>
<p>Dès les années 1950 et 1960, le Viêt Minh avait recours à des formateurs spécialisés dans la préparation des « volontaires de la mort ». Aujourd’hui, lorsqu’il a lieu, cet entraînement a pour objet d’éliminer chez les aspirants deux principes humains fondamentaux. Le premier correspond à l’objectif premier guidant la conduite de tout être vivant : rester en vie. Tel un système automatique, le kamikaze devra maintenant subordonner cette constante vitale à la réussite de sa mission. Lever ce premier obstacle est décisif pour deux raisons. Tout d’abord parce que c’est de loin le plus difficile à surmonter : la peur tenaille le volontaire de la mort. Mais également car un <a href="https://theconversation.com/le-terrorisme-cet-eternel-recommencement-68356">individu détaché de lui-même peut être plus facilement détaché des autres</a>.</p>
<p>Le second principe correspond, selon François Géré, à <a href="https://books.google.fr/books?id=hgdsCgAAQBAJ&pg=PT92&dq=Histoire+du+Terrorisme:+De+l'Antiquite+%C3%A0+Daech+netchaiev&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiu5qegvZTQAhVBuhoKHXFzBt4Q6AEIJjAA#v=onepage&q=Histoire%20du%20Terrorisme%3A%20De%20l'Antiquite%20%C3%A0%20Daech%20netchaiev&f=false">« la conscience de son semblable, ce sentiment d’appartenance à l’espèce humaine »</a>. Pour lever ce deuxième obstacle, il ne restera plus qu’à <a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9ification/67739">réifier</a> l’ennemi.</p>
<h2>Humaniser la machine</h2>
<p>Accorder à une machine le droit de tuer un homme, de tirer sur un corps, n’a rien d’anodin : il s’agit essentiellement d’un attribut humain. À ce jour, il n’existe qu’un seul exemplaire de cette nouvelle technologie : le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Samsung_SGR-A1">Samsung SGR-A1</a>, installé à la frontière entre les deux Corées. Ses automatismes peuvent néanmoins être débranchés à distance par un opérateur. Pour accorder ce droit à des robots, il est nécessaire de les parer d’un humanisme supérieur à celui des êtres humains. Régis par des algorithmes éthiques, faisant appel à des bases de connaissances étendues, ils seraient en mesure de pouvoir <a href="https://www.cc.gatech.edu/ai/robot-lab/online-publications/arkin-rev.pdf">« se comporter de façon plus humaine que les êtres humains dans ces circonstances difficiles »</a>.</p>
<p>Ce type d’argumentation n’a rien d’exceptionnel. Ainsi récemment, NBC News a fait état de l’essor d’un <a href="https://www.nbcnews.com/specials/bail-reform">programme employé pour assister les juges américains</a> des libertés. L’algorithme étant censé être plus rationnel et équitable que les juges qu’il assiste.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/184083/original/file-20170830-24251-1i0zo93.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Samsung SGR-A1.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MarkBlackUltor/Wikimedia Commons</span></span>
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<p>Robots tueurs et kamikazes semblent poser une même question, celle de notre humanité. Il paraît utile de citer les propos d’Eyad El-Sarraj, directeur du programme de santé mentale de Gaza : <a href="http://www.lrb.co.uk/v26/n21/jacqueline-rose/deadly-embrace">« Comment pouvez vous croire en votre propre humanité si vous ne croyez pas en l’humanité de l’ennemi ? »</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83005/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Martel-Porchier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que l’arrivée de robots tueurs suscite des inquiétudes, on peut également se poser la question de ce qu’implique l’apparition d’êtres humains qui semblent agir comme des machines.Eric Martel-Porchier, Docteur en Sciences de Gestion, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/734122017-03-01T21:34:36Z2017-03-01T21:34:36ZLivraison par drone, les nouveaux pilotes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/158757/original/image-20170228-29929-1bs4ptv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Livraison Amazon par drone.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://dailygeekshow.com/wp-content/uploads/2014/09/amazon-livraison-drone-une.jpg">Amazon</a></span></figcaption></figure><p>Amazon géant américain de la vente par correspondance, avec un chiffre d’affaires de 107 milliards de dollars en 2015, offre la possibilité de recevoir chez soit un produit commandé quelques heures plus tôt. En France, Amazon c’est 4 000 employés et un projet de recruter 1 500 personnes de plus en 2017 dont 1 000 dans le futur centre de distribution de Boves.
Le transport international est responsable d’une part non négligeable des émissions de CO<sub>2</sub>. De nouvelles solutions de transport moins polluantes font leurs apparitions. Ces dernières sont implémentées sur tous les segments du transport.</p>
<p>L’un des challenges pour une société de vente correspondance est la gestion de la livraison en ville. Cette partie qui peut représenter 20 % du coût total du transport et aussi l’une de celles qui est le plus visible et qui soulève le plus de difficultés.</p>
<p>Parmi ces dernières nous pourrions citer les problèmes de congestion des infrastructures routières (154 h par an de temps perdu par les Franciliens), de nuisances sonores (livraisons à 6h du matin dans des quartiers résidentiels ayant un impact sur la qualité de sommeil du voisinage, de pollution et d’accidents plus ou moins graves.
Dans un souci de contourner ces contraintes, le géant américain se lance dans la livraison par drone.</p>
<p>La première livraison en Europe a eu lieu en Angleterre dans la région de Cambridge il y a un peu plus d’une année. Les aficionados de la série <a href="http://bit.ly/2lPB9Bc"><em>Fais pas ci, fais pas ça</em></a> ont pu voir lors de la diffusion de la neuvième saison une livraison par drone. Ce dernier survolait un jardin et a littéralement largué son colis quand il est arrivé à destination.</p>
<p>Si la livraison par drone semble régler les problèmes tels que la congestion et la pollution, elle en pose d’autres. Qu’en est-il, en effet, de la sécurité et de la sûreté deux sujets fortement dépendant de la formation que les opérateurs auront suivie ?</p>
<p>En terme de sécurité, comment s’assurer que les drones ne provoqueront pas un accident en percutant un édifice, une personne ou un autre véhicule ?</p>
<h2>Recrutement et formation des nouveaux pilotes</h2>
<p>Ce nouveau mode de livraison qui apparaît comme novateur annonce de nouveaux questionnements liés à la gestion des RH et au recrutement de nouveaux collaborateurs. En effet, cela suppose pour l’entreprise de repenser sa politique de détection des talents ainsi qu’une réflexion sur la formation de nouveaux salariés : les pilotes de drones.</p>
<p>Recruter signifie intégrer les bons profils au bon moment. Mais qu’est-ce qu’un bon pilote de drone ? Il est fort probable qu’aucune fiche de poste « type » n’existe. Il s’agit donc là de repenser les profils des livreurs. Habituellement, il s’agit de collaborateurs recrutés pour leur promptitude, leur amabilité et leur ponctualité. Le pilote de drone n’a pas besoin d’être aimable.</p>
<p>En revanche, il doit être habile. Des tests psychotechniques pourront alors être envisagés à l’embauche. Une formation à la sécurité et une sensibilisation à la notion de risque s’avèrent indispensables. La tragédie de la Germanwings a d’ailleurs rappelé aux compagnies aériennes combien il est important de veiller à la santé physique et mentale des pilotes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=555&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=555&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=555&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=698&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=698&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/158759/original/image-20170228-29924-lyfu30.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=698&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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<p>Les futurs pilotes de drones devront-ils être formés comme les pilotes de l’avions civile ? Seront-ils soumis aux mêmes exigences ? En théorie ils devraient l’être, tant le risque est présent. Déjà plusieurs sociétés privées proposent de former les <a href="http://bit.ly/2mAJNBX">pilotes de drones</a>. De son côté, l’aviation civile s’appuie sur l’<a href="http://bit.ly/2mpmBK4">arrêté du 17 décembre 2015</a> « Relatif à la conception des aéronefs civils qui circulent sans personne à bord, aux conditions de leur emploi et aux capacités requises des personnes qui les utilisent ». Les dispositions de l’arrêté sont notamment complétées par celles de l’<a href="http://bit.ly/2mAMMdB">arrêté</a> du ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie.</p>
<p><a href="http://www.federation-drone.org/">La Fédération professionnelle du drone civil</a> (FPDC), créée en 2013, fédère les acteurs privés et institutionnels du secteur du drone français. Elle assure la promotion nationale et internationale des potentialités des aéronefs sans pilote dans le domaine civil, pour les industriels et les médias.</p>
<p>L’association a pour but de supporter et coordonner les efforts de promotion nationale et internationale relatifs aux potentialités des aéronefs sans pilote dans le domaine civil. La FPDC est devenue un interlocuteur de référence pour la filière du drone civil en France grâce à ses liens forts avec l’autorité de tutelle, les ministères, les tiers privés, les industriels et les médias. Un certificat de formation professionnelle pourrait garantir la qualité des formations dispensées.</p>
<p>Amazon devra aussi affronter de nouveaux risques : dommages éventuels créés aux personnes et aux biens.</p>
<h2>Gestion des risques</h2>
<p>Livrer avec des drones soulève bien sûr la question des risques. On pense notamment aux dommages aux personnes et aux biens mais aussi aux problématiques d’occupation de l’espace aérien. Par ailleurs, les pilotes de drones sont susceptibles de commettre des actes terroristes ou malveillants. Lors du recrutement on gardera donc bien en tête la nécessité d’un casier judiciaire vide par exemple.</p>
<p>L’exploitant d’un drone peut être rendu responsable, dans les conditions du Code civil, des dommages causés aux autres aéronefs et il est de plein droit responsable des dommages causés aux personnes et aux biens en surface (articles <a href="http://bit.ly/2lSK2Z8">L.6131-1</a> et <a href="http://bit.ly/2l88rNa">L.6131-2</a> du code des transports). Les drones se voient appliquées les mêmes règles que pour les autres aéronefs. Les pilotes de drones professionnels doivent donc parfaitement connaître les lois de la météorologie, de l’aérologie. Le pilote de drone professionnel est également responsable de la sécurité des personnes et des biens.</p>
<p>Conformément à la <a href="http://bit.ly/2kwR88h">législation du 11 avril 2012</a>, toute personne souhaitant piloter un drone à des fins professionnelles doit détenir au minimum :</p>
<ul>
<li><p>une déclaration de niveau de compétences</p></li>
<li><p>un brevet théorique de pilote d’ULM pour lequel un certificat médical de non-contre-indication à la pratique de l’ULM sera demandé.</p></li>
</ul>
<p>Rien à voir cependant avec les conditions restrictives demandées aux <a href="http://bit.ly/2mH8a08">pilotes de l’aviation civile</a>.</p>
<h2>Un contexte juridique en construction</h2>
<p>Comment s’assurer que le colis sera correctement livré ? En effet, comme la livraison par la Poste qui a eu lieu le 16 décembre 2016 et qui fut un succès a lieu pour une livraison dans une entreprise. Quid d’une livraison chez un particulier qui n’est pas forcément présent ou encore comment être persuadé que le colis a été livré à la bonne personne ?</p>
<p>D’un point de vue légal, de quelle convention internationale dépend la livraison par drone en cas de litige (retard, colis endommagé) ? Ceci impliquerait la mise en place de nouveaux code et/ou d’amender les conventions existantes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=358&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=358&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=358&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=450&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=450&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/158760/original/image-20170228-29933-yamue5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=450&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Livraison par drone pour La Poste.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Poste</span></span>
</figcaption>
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<p>La livraison effectuée par la Poste a été reconnue comme un succès. En effet, elle a permis la livraison d’un colis dans une zone compliquée ou éloignée. L’avantage de la livraison par drone est double. D’une part, le colis livré l’est sans utiliser d’énergie fossile, du moins sur cette partie de son trajet et elle permet une optimisation des tournées et par conséquent une baisse des émissions de CO<sub>2</sub> pour la livraison des autres colis.</p>
<p>La livraison se fait en entrant les coordonnées du point de livraison par des opérateurs. Cependant, comment s’assurer que ces dernières sont les bonnes et que le drone ira bien livrer son colis et ne sera pas l’outil d’une attaque terroriste. Jusqu’au 11 septembre 2001, les avions étaient vus comme des sujets d’actes terroristes, nombreux étaient les détournements d’avions. À partir du 11/09/2001, les avions ont été perçus comme des objets ce qui a eu comme conséquences la mise en place du code ISPS (international ship and port facility security). Qu’en est-il pour les drones ? Autant de questionnements en suspens.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73412/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La livraison par drone règle des problèmes de circulation et de pollution, mais soulève des questions de formation, de sureté et de droit.Olivier Faury, Ph.D Economie maritime. Assistant professeur - Métis Lab, EM NormandieCaroline Diard, Enseignant-Chercheur en Management des Ressources Humaines - Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/727042017-02-23T20:26:17Z2017-02-23T20:26:17ZDrones au-dessus d’un nid de coucou<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/157320/original/image-20170217-10195-yneou4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des drones survolant New York</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.crainsnewyork.com/article/20160424/ENTERTAINMENT/160429942/commercial-drone-flying-could-be-a-huge-nyc-industry-if-only-it-were-legal">Buck Ennis/Crains</a>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Jean pour ses 10 ans est le plus heureux des enfants. Son papa et sa maman lui ont offert un drone volant. Il oublie le temps. Il pilote son jouet bien innocent.
<em>Jolie petite histoire</em>.
Le drone vole au-dessus du jardin, puis au-dessus de l’usine voisine et il s’introduit malencontreusement dans le pavillon des voisins.</p>
<p>Jean pour ses 30 ans est le plus triste des consultants. Il commence à croire que ce drone n’est pas banal, capable de traîner dans les endroits les plus insolites.
Ce drone n’est plus son rêve, c’est un cauchemar. Jean est inquiété pour plusieurs motifs.</p>
<ul>
<li><p>Au motif de la violation du droit à l’image</p></li>
<li><p>Au motif de la violation du domicile</p></li>
<li><p>Au motif de la violation du secret défense</p></li>
</ul>
<p>Assisté de son avocat, Jean réalise que ce drone est bien plus qu’un jouet : c’est un outil numérique dont les actions sont soumises à des contraintes juridiques qui lui ont échappé pendant toutes ces années !</p>
<h2>Au fait, un drone, c’est quoi ?</h2>
<p>Un drone est un appareil volant sans pilote à bord, généralement dirigé à distance par un opérateur humain, avec un degré plus ou moins important d’autonomie. Les déclinaisons civiles du drone sont variées : sécurité des infrastructures, inspection de sites sensibles, loisirs, commerce, etc.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/157937/original/image-20170222-6419-12ux4q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les usages civils du drone se multiplient.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/beach-camera-dawn-drone-169656/">Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les appareils peuvent embarquer de multiples équipements (caméras, appareils photo, capteurs sonores). Ces caméras de surveillance peuvent ainsi être utilisées en tant qu’outil de reconnaissance faciale ou d’identification de plaques d’immatriculation.</p>
<p>Un rapport de la <a href="http://go.nasa.gov/2k32aSB">NASA</a>, paru en 2004, distinguait quatre catégories de « missions » des drones civils : (1) activité commerciale ; (2) sciences de la Terre (météorologie, géologie, etc.) ; (3) sécurité intérieure ; (4) aménagement du territoire.</p>
<p>Les États-Unis sont sur le point de leur ouvrir une partie de l’espace aérien (plus de 30 000 devraient y circuler en 2020). Le lobby du drone (notamment l’<a href="http://www.auvsi.org/home">Association of Unmanned Vehicle Systems International</a> (AUVSI)) a beaucoup oeuvré pour qu’ils soient autorisés à circuler. Un projet de la FAA (<a href="https://www.faa.gov/">Federal Aviation Administration</a>) prévoit pour assurer la sécurité de tous les citoyens américains la mise en œuvre de 7 500 drones d’ici quelques années. Dix-huit États se sont cependant prononcés en faveur d’une limitation des drones de surveillance <a href="http://bit.ly/2lCZ9Yu">afin d’éviter les abus</a>.</p>
<p>L’utilisation des drones se démocratise et s’installe dans la secteur civil. Après de premières utilisations dans le domaine militaire, ils peuvent servir pour des missions de défense ou de surveillance. Développés à l’origine pour se substituer aux avions de combat et ainsi limiter les pertes humaines, ils se sont démocratisés <a href="http://bit.ly/2m4X48R">lors de la guerre du Vietnam.</a></p>
<h2>L’usage des drones</h2>
<p>L’usage professionnel des drones (hors secteur militaire) concerne l’agriculture, la topographie ou encore le cinéma. Ils sont ici voués à obtenir des relevés précis (imagerie thermique, calcul de distance ou de volume) et à filmer des scènes sous différents angles, notamment des vues du ciel, ce qui rend les <a href="http://bit.ly/2lTvtUU">images spectaculaires</a>.</p>
<p>On peut également s’en servir pour filmer des zones dangereuses comme <a href="http://bit.ly/1toZfNa">Tchernobyl</a> ou pour des missions de sauvetage (avalanche, noyade…)</p>
<p>Le drone domestique, quant à lui, prend son essor grâce à trois critères.</p>
<p>Il rappelle les voitures télécommandées de notre enfance et les courses effrénées qui en découlent. D’ailleurs les drones ont leurs <a href="http://bit.ly/2jERyoW">championnats du monde</a> et leurs stars. Casey Neistat, s’est ainsi fait <a href="https://www.youtube.com/watch?v=At3xcj-pTjg">tracter en snowboard par un drone déguisé en Père Noël</a> dans une vidéo vue plus de 8 millions de fois. Le drone a d’ailleurs été le cadeau en vogue à Noël 2016.</p>
<p>Par ailleurs, ils permettent de filmer et rendent la photographie « professionnelle » plus accessible. Ils peuvent aussi vous suivre automatiquement et <a href="http://bit.ly/2kv4yBJ">filmer votre vie</a> – l’intérêt étant ensuite de partager ces moments sur vos réseaux sociaux.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/157246/original/image-20170217-21861-1n2vhny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’évolution de la photographie.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Enfin, c’est l’utopie des voitures volantes du <em>Cinquième élément</em> de Luc Besson qui rend le drone si tendance. Amazon et La Poste se sont ainsi lancés dans la livraison automatique de colis par <a href="http://bit.ly/1TfanJT">transport aérien</a>.</p>
<p>Niveau <a href="http://bit.ly/2gXBVHI">prix</a>, il faut compter au moins 400 euros pour un drone de bonne qualité. Mais on peut s’amuser avec des modèles « d’appartement » pour la modique somme de 12 à 25 euros.</p>
<h2>Que dit le droit ?</h2>
<p>L’augmentation de l’utilisation des drones aux États-Unis et en Europe soulève d’importantes interrogations quant au respect des libertés civiles et de la vie privée.
En France, la prise de vue aérienne est réglementée par l’article D. 133-10 du code de l’aviation civile. Un arrêté réglemente l’utilisation de l’espace aérien par les aéronefs qui circulent <a href="http://bit.ly/2kwR88h">sans personne à bord (juillet 2012)</a>.</p>
<p>La captation et l’enregistrement d’images relatives aux personnes relèvent quant à elles de la loi 78-17 du 6 janvier 1978. En effet, en fonction des caractéristiques techniques de ces technologies, les images peuvent permettre de distinguer les traits du visage, la morphologie de la silhouette, les mouvements de la personne, mais aussi de lire des plaques d’immatriculation.</p>
<p>La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a amorcé une réflexion relative au cadre de régulation adapté afin d’accompagner l’innovation et le développement de nouveaux usages, tout en fixant les limites à ne pas franchir en termes de surveillance.</p>
<p>De leur côté, certaines associations américaines se montrent très actives sur le sujet, notamment l’EFF (Electronic Frontier Foundation) et sa Loi sur la Liberté de l’Information. Néanmoins, la réglementation semble encore insuffisante et l’utilisation de drones pourrait donner lieu à de nombreux abus. Le commerce des drones en France à usage civil est libre et cela devient un phénomène de société (vidéos sur Facebook, YouTube).</p>
<h2>Droit à l’image</h2>
<p>La captation et l’enregistrement d’images impliquant des personnes physiques relèvent de la <a href="https://www.cnil.fr/fr/loi-78-17-du-6-janvier-1978-modifiee">loi 78-17</a> relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. Cette loi encadre la collecte et le traitement des données à caractère personnel, à savoir toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, y compris par la captation de son image, mais également de la plaque d’immatriculation de son véhicule par exemple.</p>
<p>Dès lors qu’un drone capte et fixe l’image d’une personne physique, on peut s’interroger sur le respect du droit à l’image. Le Code civil (article 9) et la jurisprudence précisent que toute personne a sur son image et sur l’utilisation qui en est faite un droit exclusif et peut s’opposer à sa diffusion sans son autorisation. Mais l’obtention de ce consentement n’est généralement pas possible dans le cadre de la captation d’images sur la voie publique.</p>
<p>La libéralisation de la technologie contribue sans doute à son acceptation sociale. Le drone peut être assimilé à une forme de <a href="https://www.franceculture.fr/philosophie/la-societe-de-surveillance-de-foucault">panoptique</a> : Foucault (1975) développait les idées de Bentham en les appliquant à la société tout entière. Le panoptique induit une forme d’autocontrôle : « Celui qui est soumis à un champ de visibilité, et qui le sait, reprend à son compte les contraintes du pouvoir ».</p>
<h2>De possibles dérives</h2>
<p>Alors que l’usage des drones civils se répand en France, certains élus proposent d’utiliser ces robots sur la voie publique, pour compléter le système de vidéosurveillance déjà existant : la caméra étant mobile, elle peut surveiller plusieurs zones. Les appareils sont d’ailleurs de plus en plus performants, certains étant capables de voler à 6000 m d’altitude et d’éviter les obstacles.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/157321/original/image-20170217-10217-1kjbwum.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des drones espions ?</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Il devient alors possible de collecter, stocker, transmettre ou analyser de nombreuses informations, et de surveiller les individus, ce qui soulève des questions politiques, philosophiques, juridiques et sociologiques.</p>
<p>L’arrivée d’Internet a été synonyme d’ouverture sur le monde, d’accès aux informations, de divertissement. Mais aussi de hacking, de pédopornographie, d’arnaques, et de <a href="http://bit.ly/2kXArS4"><em>deep web</em></a>.</p>
<p>L’irruption de Facebook a été bénéfique en termes d’ancrage social et de rapidité des interactions. Mais pensons également au partage indû de photographies privées, au bad buzz, au narcissisme exacerbé, sans parler de la mort en <a href="http://bit.ly/2kvcEtO"><em>live</em></a>.</p>
<p>Jean devra donc se montrer plus prudent à l’avenir. Nous lui conseillons de regarder la <a href="http://bit.ly/2kXxlgO">petite vidéo suivante</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72704/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Tandis que l’usage des drones civils se répand en France, il devient possible de collecter, stocker, transmettre ou analyser de nombreuses informations, et de surveiller les individus.Romain Sohier, Enseignant-chercheur en Marketing - Laboratoire Métis, EM NormandieCaroline Diard, Enseignant-Chercheur en Management des Ressources Humaines - Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/583652016-04-29T04:39:18Z2016-04-29T04:39:18ZDrones armés, drones de combat et « robots tueurs »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/120483/original/image-20160428-30979-8u8pj8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le « cockpit » d'un Reaper MQ-9.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.ang.af.mil/shared/media/photodb/photos/120506-Z-IF667-051.jpg">Air National Guard/Google</a></span></figcaption></figure><p>Dans leur article intitulé <a href="https://theconversation.com/drones-de-combat-et-ethique-de-la-guerre-le-debat-est-politique-1-57759">« Drones de combat et éthique de la guerre : le débat est politique »</a>, Ludovic Fabre et Yves Auffret relaient les arguments habituels contre les drones armés, qui manqueraient de précision, feraient des dommages collatéraux, réduiraient la distinction entre combattant et non-combattant et augmenteraient l’asymétrie entre grandes et petites puissances. Ils ont raison d’utiliser le conditionnel car ces accusations sont largement discutables et nous y avons répondu ailleurs (par exemple <a href="http://politique-etrangere.com/wp-content/uploads/2013/10/article_Jeang%C3%A8ne-Vilmer_PE-3-2013.pdf">ici</a>, <a href="http://www.laviedesidees.fr/Ideologie-du-drone.html">là</a> ou <a href="http://www.marianne.net/blogsecretdefense/Non-les-drones-ne-sont-pas-des-robots-deshumanises_a813.html">encore là</a>). Ce n’est pas sur le débat éthique que nous souhaitons réagir cette fois, mais sur la description des drones, qui n’est pas neutre et témoigne selon nous d’un certain nombre de confusions regrettables.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un drone aérien ?</h2>
<p>La définition proposée – « Un drone est un engin inhabité capable de s’élever ou de circuler dans les airs et pouvant être piloté à distance ou disposer d’autonomie » – ne désigne que les drones aériens (il existe des drones marins, sous-marins et terrestres).</p>
<p>En anglais, les expressions <em>remotely piloted aircraft systems</em> (RPAS) et <em>unmanned aerial vehicle</em> (UAV), présentées comme équivalentes, ne le sont pas tout à fait. D’abord, elles ne désignent pas la même chose et n’ont pas la même extension puisque le RPAS est un système, c’est-à-dire l’ensemble avion + cockpit + équipage + liaisons de données + charges utiles (auquel on peut même ajouter un groupe électrogène pour assurer la continuité du système en cas de coupure électrique), tandis que l’UAV n’est que le véhicule dans ce système, c’est-à-dire l’avion.</p>
<p>Ensuite, UAV est une mauvaise caractérisation, qui était répandue mais est désormais obsolète, car l’adjectif <em>unmanned</em> est ambigu : dans le milieu aéronautique, il est utilisé pour signifier que l’avion n’est pas habité, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’équipage à bord, mais en général, il signifie l’absence de personnel, et donc qu’il n’y a pas d’équipage du tout – ce qui conforte le fantasme populaire du drone déshumanisé (et déshumanisant).</p>
<p>Or, les systèmes de drones sont en réalité très dépendants des humains : pour le pilotage, la mise en œuvre des capteurs, l’analyse des données recueillies, la maintenance. Le caractère permanent du vol et du recueil les rend même extrêmement gourmands en ressources humaines. Une <em>combat air patrol</em> (<a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/16/s-il-vous-plait-dessine-moi-une-orbite-de-drones_1669602_3232.html">orbite permanente de surveillance armable multicapteurs</a>) de quatre Reaper américains, par exemple, nécessite au moins 170 personnes.</p>
<p>Voilà pourquoi l’adjectif <em>unmanned</em> est trompeur. Il vaut mieux parler de <em>remotely piloted aircraft</em> : le drone aérien est un avion presque comme les autres, ses différences spécifiques étant qu’il est piloté à distance et qu’il retransmet le fruit du recueil de ses capteurs en temps réel vers la chaîne de commandement et les troupes au sol.</p>
<h2>Drones armés et drones de combat</h2>
<p>La plupart des drones militaires ne sont pas armés : ils servent à faire du renseignement, c’est-à-dire de la <a href="http://www.cairn.info/revue-strategique-2013-3-page-57.htm">surveillance persistante</a> d’une cible et de son environnement, en complément d’autres moyens (avions légers de renseignement, satellite, etc.). En parlant des <a href="http://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/avec-ses-drones-reaper-l-armee-de-l-air-dispose-de-ce-qui-se-fait-de-mieux-au-monde-29-07-2014-1849862_53.php">MQ-9 Reaper</a> comme de « drones de combat (ou drones armés) autonomes », Fabre et Auffret semblent confondre les drones armés avec les drones de combat (UCAV) d’une part, et avec les systèmes d’armes létaux autonomes d’autre part.</p>
<p>Premièrement, si tous les drones de combat sont armés, tous les drones armés ne sont pas des drones de combat. Les drones armés actuels sont simplement des drones de surveillance équipés de missiles pour être en mesure de réaliser la totalité du cycle du ciblage (détection, identification, poursuite, analyse des risques de dégâts collatéraux, guidage de l’armement, analyse du résultat). Pour la très grande majorité d’entre eux, ils sont relativement lents, non furtifs et peu manœuvrables. Ils ne peuvent, de ce fait, être utilisés que dans des ciels préalablement conquis, c’est-à-dire où toute menace aérienne air-air ou sol-air aura été réduite ou supprimée.</p>
<p>La prochaine génération de drones dits « de combat » (dans le sens où ils seront engageables dans des environnements non permissifs) vise à corriger ces vulnérabilités, mais il n’en existe pour l’instant que des démonstrateurs : l’américain X47-B, le chinois Li Jian, le français Neuron et le britannique Taranis – ces deux derniers devant fournir les briques technologiques du projet commun franco-britannique de <a href="http://www.opex360.com/2016/03/04/deux-milliards-deuros-seront-investis-pour-la-mise-au-point-du-drone-de-combat-franco-britannique/">système de combat aérien futur (SCAF) </a>.</p>
<p>Les premiers pourraient entrer en service dans les années 2020, mais ils ne remplaceront pas les drones de surveillance armés car les missions sont différentes : les drones de combat compléteront l’aviation de combat dans des espaces aériens qui ont tendance à devenir de plus en plus contestés.</p>
<p>Les MQ-9 Reaper actuels, dont parle l’article de Fabre et Auffret, sont certes des drones pouvant être armés – les Américains et les Britanniques le sont, les Italiens vont l’être, les <a href="http://defense.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2015/07/01/nos-drones-sont-des-eclaireurs-et-non-des-faucheurs-pour-l-i-14120.html">Français</a> ne le sont <a href="http://jbjv.com/IMG/pdf/JBJV_2015_-_Quand_la_France_armera_ses_drones.pdf">pas encore</a> – mais il ne s’agit pas pour autant de drones « de combat ».</p>
<h2>Drones armés et « robots tueurs »</h2>
<p>Deuxièmement, les MQ-9 Reaper ne sont pas davantage autonomes. Leur usage ne pose pas la « question de savoir s’il est utile et concevable, de laisser à la machine la décision d’ouvrir le feu sur une cible » et si, « sur un champ de bataille, un drone armé peut faire preuve d’autant, voire plus “d’humanité” qu’un militaire humain », contrairement à ce qu’affirment les auteurs.</p>
<p>Car, dans le cas du Reaper comme de tous les drones existants, c’est toujours un humain, en application de directives politiques, qui choisit la cible et donne l’ordre à l’équipage d’ouvrir le feu. Il y a bien un certain degré d’autonomie, ou plutôt d’aide au pilotage, dans certains modèles, mais qui ne concerne que la navigation – décoller et atterrir seuls, à l’instar de tous les aéronefs civils d’Airbus ou de Boeing par exemple –, en aucun cas le ciblage et l’ouverture du feu.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=840&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=840&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=840&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1055&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1055&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/120485/original/image-20160428-30990-1i7bdrk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1055&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La cible est choisie par un humain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.ang.af.mil/shared/media/photodb/photos/120506-Z-IF667-033.jpg">Air National Guard/Google image</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La cible est choisie par le commandement (humain) et, le moment venu, c’est le pilote (humain aussi) qui tire, exactement comme s’il était dans un avion ou un hélicoptère – les seules différences étant que le cockpit dans lequel il se trouve est déporté au sol, et que ses capteurs lui permettent d’analyser la cible et son environnement avec une précision inégalée. Il n’y a donc pas davantage de raison de parler de « drone tueur » que de « Rafale tueur », de « missile de croisière tueur » ou d’« obus de mortier tueur », par exemple.</p>
<p>L’hypothèse envisagée par Fabre et Auffret et qui ne concerne pas les drones est celle des <a href="http://jbjv.com/IMG/pdf/JBJV_2014_-_Terminator_Ethics_faut-il_interdire_les_robots_tueurs.pdf">systèmes d’armes létaux autonomes (SALA) </a>, que les ONG et les médias appellent volontiers « robots tueurs », et qui désignent des systèmes d’armes qui, une fois activés, seraient capables de sélectionner et d’éliminer des cibles sans intervention humaine.</p>
<p>Ils n’existent pas encore, et il n’est même pas sûr qu’ils existeront un jour, mais ils suscitent déjà un débat important qui donne lieu depuis 2014 à une réunion annuelle à l’ONU dont la dernière édition s’est tenue <a href="http://www.unog.ch/80256EE600585943/%28httpPages%29/37D51189AC4FB6E1C1257F4D004CAFB2?OpenDocument">du 11 au 15 avril 2016</a>. Dans cette enceinte, il est clair pour tout le monde (cette année 94 États, des dizaines d’ONG et 34 experts extérieurs), même pour les opposants aux SALA qui réclament leur interdiction préventive, qu’il faut bien les distinguer des drones de surveillance armés existants, comme les MQ-9 Reaper. Il est donc regrettable d’entretenir cette confusion.</p>
<p><em>Jean-Baptiste Jeangène Vilmer est chargé de mission « Affaires transversales et sécurité » au Centre d’Analyse, de Prévision et de Stratégie (CAPS) du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Il s’exprime ici en son nom propre.</em></p>
<p><em>Christophe « Tarazboulba » Fontaine est colonel de l’armée de l’air, il a commandé l’escadron de drones 1/33 Belfort mettant en œuvre les drones MALE SIDM Harfang et MQ-9 Reaper. Il s’exprime ici en son nom propre.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/58365/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Baptiste Jeangène Vilmer travaille pour le ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Il s'exprime ici en son nom propre.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christophe Fontaine est colonel de l'armée de l'Air, expert drones MALE, et travaille au sein du ministère de La Défense. Il s'exprime ici en son nom propre.</span></em></p>La question des drones armés, et de leur usage déshumanisé, suscite de nombreux débats en France. Et pas mal de malentendus, selon les auteurs de cet article qui entendent ici les dissiper.Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Titulaire de la Chaire d’études sur la guerre au Collège d’études mondiales de la FMSH, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)Christophe Fontaine, doctorant en histoire, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/577582016-04-20T04:40:44Z2016-04-20T04:40:44ZDrones autonomes : peut-on embarquer la prise de décision ? (2)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/119259/original/image-20160419-13905-nxga57.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C70%2C1804%2C1350&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le MAV, drone militaire de surveillance. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Honeywell_RQ-16_T-Hawk#/media/File:MicroAirVehicle.jpg">United States Navy/Flickr</a></span></figcaption></figure><p>Le second article de notre mini-série sur les <a href="https://theconversation.com/drones-de-combat-et-ethique-de-la-guerre-le-debat-est-politique-1-57759">drones</a> porte sur la question de l’autonomie. Cette notion soulève en effet de nombreuses interrogations, dont les sciences cognitives se sont emparées, en particulier, l’intelligence artificielle (IA) et la psychologie cognitive. L’un des principaux points à discuter est la notion de « prise de décision ».</p>
<p>En IA, les chercheurs développent des programmes qui doivent répondre à une problématique qui n’est pas clairement formulée. Et qui seront développés en fonction des différentes données en temps réel reçues par les capteurs du drone. En psychologie cognitive, et plus particulièrement dans le cadre des « facteurs humains », l’interaction entre l’homme et la machine est complexe à définir, fonction en particulier de l’intensité (ou du niveau/degré) de collaboration.</p>
<p>Les recherches sur les drones s’appuient sur de nombreuses études de robotique. Un drone doit pouvoir être adaptatif en fonction de sa mission, de l’environnement et des imprévus. C’est ce que l’on attend, par exemple, des <a href="http://www.defense.gouv.fr/terre/equipements/renseignement-drones/drac-drone-de-reconnaissance-au-contact">drones de reconnaissance au contact (DRAC) </a> ou du système Drogen (drones du génie). L’intégration des informations est essentielle au bon déroulement d’une mission. Notons que d’une manière générale, les drones ne sont pas plus rapides qu’un opérateur humain dans leur décision, mais plus fiables et plus précis dans l’exécution.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/GZx-DWpvWUs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Démonstration des drones du génie.</span></figcaption>
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<h2>Facteurs humains</h2>
<p>L’une des questions prégnantes dans le domaine des « facteurs humains » est relative à la détermination du « bon » niveau de coopération et d’intégration entre le drone et l’opérateur humain, surtout au niveau de la « prise de décision » (qui décide quoi ?). La plupart des programmes informatiques utilisent des algorithmes précis et efficaces pour résoudre des problèmes structurés, ce qui n’est pas le cas des individus.</p>
<p>Ainsi, les psychologues théoriciens <a href="http://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2010-3-page-15.htm">Tversky et Kahneman</a> ont montré que les individus prennent rarement leur décision de manière rationnelle. De fait, les ressources cognitives des individus ne leur permettent pas d’utiliser complètement un système de règles rationnelles (par exemple logico-mathématiques). De plus, ils sont <a href="https://www.aaai.org/ocs/index.php/WS/AAAIW12/paper/viewFile/5338/5581">influencés par leurs émotions</a>.</p>
<p>Les individus ont donc recours à des raccourcis cognitifs que l’on appelle des <a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/heuristique/4-heuristique-et-resolution-de-problemes/">« heuristiques »</a>. Les heuristiques sont des opérations mentales intuitives, rapides et automatiques. Par exemple, l’heuristique de représentativité correspond à la tendance à se baser sur des stéréotypes, ou à généraliser à partir de cas particuliers. La comparaison avec des situations déjà vécues permet d’aller plus vite dans l’analyse de la situation en se focalisant sur ce qui diffère dans le nouveau cas de figure.</p>
<p>Pour être le plus efficace possible dans la prise de décision, il faut avoir une bonne conscience de la situation. Cela comporte trois niveaux :</p>
<ul>
<li><p>La perception : il faut comprendre l’environnement, sélectionner les informations pertinentes par rapport aux autres.</p></li>
<li><p>L’intégration : il faut combiner les informations les unes avec les autres. Cette étape essentielle permet de s’assurer que notre représentation de la réalité est correcte.</p></li>
<li><p>La projection (de la situation) : c’est ce qui va donner un sens aux informations. Elle permet d’anticiper les événements et donc autorise la prise de décision (sinon il n’y aurait qu’une réaction sans choix).</p></li>
</ul>
<p>Les mécanismes qui interviennent dans la prise de décision chez l’homme sont complexes et intrinsèques. De ce fait, leur mise en œuvre via l’outil informatique soulève de nombreuses interrogations.</p>
<p>Notons tout d’abord que, comme le dit le romancier John Wyndham, « l’homme et la machine sont naturellement complémentaires : ils s’assistent l’un et l’autre ». L’une des questions actuelles en IA est de faire le lien entre les heuristiques utilisées par les hommes et la programmation. Une autre question est de savoir comment utiliser le grand volume de données issues des divers capteurs du drone.</p>
<p>Les [premières recherches en IA](http://www.cog.brown.edu/courses/cg195/pdf_files/fall07/Simon%20and%20Newell%20(1971) datent de 1958 et s’interrogeaient déjà sur les mécanismes de la prise de décision. Certains chercheurs l’envisageaient comme une structure pouvant être implantée sur un ordinateur alors que d’autres considéraient la prise de décision comme impliquant des mécanismes non structurés et donc nécessitant l’intervention d’un opérateur humain.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/119261/original/image-20160419-13923-1j66j21.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Modélisation de réseaux de neurones SOM.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ALes_r%C3%A9seaux_de_neurones_-_SOM.JPG">Jimmy-neutron/Wikimédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Ces deux visions opposées des mécanismes de la prise de décision ont eu des conséquences pour la programmation elle-même. Certains chercheurs se sont inspirés du fonctionnement du cerveau, et en particulier les connexions entre les neurones que l’on sait être la localisation de la mémoire, pour donner naissance aux <a href="http://www.touzet.org/Claude/Web-Fac-Claude/Les_reseaux_de_neurones_artificiels.pdf">réseaux de neurones artificiels</a> (informatiques).</p>
<p>Ces programmes « neuronaux » peuvent faire appel à des méthodes d’apprentissage (on dit aussi d’optimisation) de type probabiliste, notamment <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/book/10.1002/9780470316870">bayésienne</a>. L’idée est de déterminer la probabilité de l’événement à venir à l’aide des probabilités des événements déjà rencontrés et évalués, afin de prévoir le futur et décider en conséquence de la bonne action à accomplir (« gouverner c’est prévoir »).</p>
<p>Ce que permet l’utilisation des réseaux de neurones artificiels, c’est l’évaluation d’une situation directement depuis sa représentation numérique et ceci sans passer à aucun moment par une représentation symbolique qui introduit un biais, simplifie, voire dénature la situation perçue, et donc la qualité de l’estimation de sa probabilité.</p>
<p>On est encore loin d’une synergie parfaite entre mémoire sémantique (connaissances générales mises en œuvre par les algorithmes et/ou règles appliqués indépendamment des situations) et mémoire épisodique (données liées au vécu individuel intégrées par des réseaux de neurones artificiels) lors de la prise de décision. À ce jour, les comportements des drones sont fiables et prévisibles seulement si leur but, et les processus de programmation, sont bien définis et structurés – dans un monde virtuel, ou idéal, en quelque sorte.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/119263/original/image-20160419-13901-124d604.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pilotes américains en Afghanistan, drone Raven.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/AeroVironment_RQ-11_Raven#/media/File:US_Air_Force_Special_Operations_Weather_Tech_pilots_a_RQ-11B_Raven_in_Afghanistan.jp">Senior Airman Elliott Sprehe/Wikipédia</a></span>
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<p>La collaboration entre le drone et l’opérateur est encore essentielle dans la prise de décision en particulier dans le domaine militaire qui nécessite l’expérience de l’opérateur. Les efforts se poursuivent pour tenter de modéliser cette expérience, ou « simplement » de l’apprendre avec des réseaux de neurones artificiels. Les progrès récents de l’IA (voir la performance d’<a href="https://theconversation.com/go-une-belle-victoire-des-informaticiens-56245">AlphaGo</a> par exemple) autorisent l’optimisme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57758/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ludovic Fabre a reçu des financements de l'institut Universitaire de France et ANR dans le cadre de recherches en sciences cognitives. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Claude Touzet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les drones doivent s’adapter à leur environnement. Mais peuvent-ils – doivent-ils – décider ? Les sciences cognitives apportent quelques éléments de réponse à cette épineuse question.Ludovic Fabre, Maître de conférences en sciences cognitives, Centre de Recherche de l’Armée de l’Air (CReA)Claude Touzet, Maître de Conférences en Sciences Cognitives, UMR CNRS 7260, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/577592016-04-19T04:39:59Z2016-04-19T04:39:59ZDrones de combat et éthique de la guerre : le débat est politique (1)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/119097/original/image-20160418-1548-4z27yw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le drone de combat MQ-9 Reaper </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.af.mil/shared/media/photodb/photos/071104-F-2185F-131.JPG">US Air Force/Wikipédia</a></span></figcaption></figure><p>Un drone est un engin inhabité capable de s’élever ou de circuler dans les airs et pouvant être piloté à distance ou disposer d’autonomie. Les Anglo-saxons les nomment <em>unmanned aerial vehicle</em> (UAV) ou <em>remotely piloted aircraft systems</em> (RPAS). Même s’ils suscitent aujourd’hui l’attention, l’idée n’est pas nouvelle : le concept militaire de drone est né durant la Première Guerre mondiale avec les <a href="http://www.daviddarling.info/encyclopedia/A/Aerial_Target.html">« avions-cibles »</a> et le premier emploi militaire de cette technologie remonte aux années 1970 durant la guerre du Vietnam.</p>
<p>Depuis l’année 2014, le drone est également associé à d’autres usages : commerciaux par exemple. Côté militaire, les applications sont nombreuses. Ce qui confère à cet aéronef son caractère « militaire » est la « charge utile » qui est définie en fonction des besoins des différentes missions : surveillance, renseignement, transport et combat.</p>
<p>Le système anglo-saxon fait une distinction entre les « drones de combat » ou <em>unmanned combat aerial vehicle</em> (UCAV) et les <em>unmanned aerial vehicle</em> (UAV). La diversité des emplois potentiels de cette technologie a conduit à classer les différents types de drones militaires : du mini-drone au drone de combat en passant les drones de transports et les drones tactiques. L’autonomie, elle, décrit la capacité du drone à agir selon des algorithmes plutôt que selon les commandes d’un opérateur. Chaque modèle de drone possède un degré d’autonomie relative.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=353&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/119099/original/image-20160418-1514-xbx11y.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Aéroport de Niamey, Niger.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ANiameyairport_2005_crop.JPG">US Department of Energy/Wikimédia</a></span>
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<p>Actuellement, l’État français mobilise des systèmes de drones comme les <a href="http://www.portail-aviation.com/2015/05/male-2020-les-etudes-techniques-du.html">drones MALE</a> (moyenne altitude longue endurance) de type MQ-9 Reaper (modèle de General Atomics) au Niger sur la base aérienne de Niamey dans le cadre de l’opération Barkhane qui consiste à lutter contre les groupes armés terroristes dans la bande sahélo-saharienne. La <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028338825&dateTexte=20160418">Loi de programmation militaire 2014-2019</a> fixe pour objectif à l’Armée de l’air la possession de quatre systèmes commandant une douzaine de vecteurs de surveillance de théâtre (auxquels s’ajouteront trente drones tactiques).</p>
<p>Ces systèmes ne sont pas armés à l’heure actuelle, mais ils pourraient le devenir dans le but d’augmenter l’efficacité des forces en termes de réactivité immédiate. Outre les drones armés des États-Unis, le<a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/General_Atomics_MQ-9_Reaper">MQ-9 Reaper</a> a été mobilisé dans sa version armée en Irak et en Syrie par le Royaume-Uni. L’Italie a également obtenu en 2015 une autorisation de l’agence américaine d’exportation d’armement (DSCA) afin de doter ses six vecteurs de missiles américains (type AGM-114 Hellfire).</p>
<p>L’avènement de ces « drones de combat » (ou drones armés) autonomes a soulevé et soulève de nombreuses interrogations tant sur le plan politique que sur le plan éthique. Il serait donc question de savoir s’il est utile et concevable, de laisser à la machine la décision d’ouvrir le feu sur une cible. Le ressort principal de ces débats tient finalement dans une seule question vivement débattue : sur un champ de bataille, un drone armé peut-il faire preuve d’autant, voire plus « d’humanité » qu’un militaire humain ? Plus précisément, un robot doté de l’autonomie de feu est-il capable d’employer son armement de manière aussi juste, ou plus, que l’être humain dans les mêmes conditions ?</p>
<h2>Drones armés et « guerre juste »</h2>
<p>Les doctrines de la guerre juste recouvrent l’ensemble de règles de conduite morale définissant les conditions pour lesquelles la guerre devient moralement acceptable. En particulier, l’œuvre de <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Michael_Walzer">Michael Walzer</a> (<em>Guerres justes et injustes</em>, 1999) aboutit à séparer les règles de différentes phases du conflit : le <em>Jus ad Bellum</em> (causes de la guerre), le <em>Jus in Bello</em> (comportements durant le conflit), et le <em>Jus post Bellum</em> (phase terminale et accords de paix).</p>
<p>Ces travaux et ceux qui ont suivis nous indiquent qu’à partir du moment où l’autorité est légitime et la guerre engagée en dernier ressort pour de rétablir la Paix et le Droit, le caractère « juste » du recours à la force réside dans le croisement des probabilités de succès par rapport aux dommages imposés avec la proportionnalité des moyens employés, notamment marquée par la volonté de préservation des populations civiles. Cette dernière idée se retrouve également dans les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans le recours à la force qui sont au cœur du droit international humanitaire.</p>
<p>L’argument essentiel avancé par certains en faveur de l’utilisation de drones armés réside dans l’idée qu’ils permettent une meilleure sécurité du combattant et diminuent le nombre de victimes collatérales. Cependant, ces deux critères sont actuellement loin d’être vérifiés. Bien qu’il permette sur le moment de fournir un appui à moindre coût et dans des délais plus courts que l’avion, le drone et son armement sont souvent pointés du doigt du fait des dommages collatéraux qu’ils provoquent. Les données manquent à ce sujet et sont largement débattues. La forte intégration de ces technologies dans les forces ne facilite pas la lecture des faits : à titre d’exemple, les États-Unis ne distinguent plus les bombardements effectués par des drones ou des avions dans leurs communiqués.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/119098/original/image-20160418-1497-1aqsayr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Salle de contrôle du drone MQ-1 Prédator aux États-Unis. Qui prend la responsabilité du tir ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.af.mil/news/story.asp?id=123063918%20[1]">US Air Force/Wikipédia</a></span>
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<h2>Du drone armé au « chasseur-tueur »</h2>
<p>Il faut distinguer la question générale de l’emploi des drones armés de la question particulière des usages que l’on peut faire de cet outil. Les critiques du drone armé, par exemple celles de l’ONG Amnesty International au sujet du Pakistan, mettent en avant des interrogations sur le respect du droit national et en particulier sur l’absence de procès.</p>
<p>Il en ressort une certaine opacité sur l’utilisation des drones en mission, ce qui complexifie les débats éthiques et politiques. Indépendamment du manque de précision, le drone armé permettrait à l’État de sortir du paradigme de la guerre en réduisant la distinction entre combattant et non-combattant. D’aucuns évoquent enfin la technologie du drone : par son investissement en recherche et développement qu’il nécessite, il participe à creuser l’écart déjà existant entre les grandes puissances et les acteurs défavorisés.</p>
<p>La <a href="http://assembly.coe.int/nw/xml/XRef/Xref-XML2HTML-FR.asp?fileid=21746&lang=FR">résolution 2051 du 23 avril 2015 prise par le Conseil de l’Europe</a> s’oppose à l’utilisation des drones pour des exécutions ciblées. Dans un sens similaire, le Parlement européen a adopté une <a href="http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2014-0172+0+DOC+XML+V0//FR">résolution le 27 février 2014 sur l’utilisation de drones armés</a>.</p>
<p>À l’heure actuelle, la France se focalise sur l’utilisation combinée de l’avion Rafale et du drone Neuron à l’horizon 2025. Il n’est pas encore question de sortir l’humain de la boucle pour laisser la place à des vecteurs autonomes qui auraient la capacité de sélectionner et traiter leurs objectifs sans aucune intervention humaine. Plus qu’un débat éthique, c’est un véritable débat politique qui doit s’emparer de la question du drone armé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/57759/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ludovic Fabre a reçu des financements de l'Institut Universitaire de France et de l'ANR dans le cadre de recherches en sciences cognitives. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yves Auffret est officier enseignant-chercheur doctorant au Centre de Recherche de l'Armée de l'air. Il est inscrit en thèse à l'Université de Rennes 1 au sein de l'Institut du Droit public et de la Science Politique.</span></em></p>Toutes les armées du monde s’intéressent aux drones armés et autonomes. Sont-ils le futur des conflits ? Et sont-ils compatibles avec les principes éthiques de la « guerre juste » ?Ludovic Fabre, Maître de conférences en sciences cognitives, Centre de Recherche de l’Armée de l’Air (CReA)Yves Auffret, Doctorant en Science Politique (Rennes 1), Officier enseignant-chercheur à l'Ecole de l'air, Centre de Recherche de l’Armée de l’Air (CReA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/484412015-10-02T04:14:11Z2015-10-02T04:14:11ZDes drones armés au Pakistan, l’autre prolifération<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/97026/original/image-20151002-23090-lrxgea.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Pakistan s'est doté de sa propre armada de drones.</span> <span class="attribution"><span class="source">ISPR</span></span></figcaption></figure><p>Début septembre, le Pakistan a fait son entrée dans un club très fermé. Il est en effet devenu le quatrième pays sur la planète – après les États-Unis, le <a href="http://dronewars.net/2015/09/08/british-drones-and-targeted-killing-uk-follows-the-lead-of-the-us-and-israel/">Royaume-Uni</a> et Israël – à utiliser des drones armés pour éliminer une cible. Un événement qui vient contredire l’idée que l’utilisation de ce type d’armes – et ce type d’exécutions – se répandrait très lentement à travers le monde.</p>
<p>En tant que spécialiste du terrorisme et de la violence, je considère qu’il ne s’agit pas d’une simple inflexion tactique de la part du Pakistan, mais bien d’un véritable tournant. Et il est grand temps, pour Washington, de se demander si son propre usage des drones armés ne risque pas d’avoir des conséquences imprévisibles, voire mortifères.</p>
<h2>La pacification du Waziristan</h2>
<p>Contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’armée pakistanaise a fait usage de drone armé sur son propre territoire. Ces frappes s’inscrivent dans la lutte de longue haleine menée par le pouvoir d’Islamabad pour tenter de pacifier le Waziristan.</p>
<p>Depuis le mois d’août, l’armée pakistanaise est engagée dans une difficile campagne visant à expulser les insurgés nichés dans la vallée de Shawal, <a href="https://www.washingtonpost.com/world/pakistani-military-says-it-achieved-major-victory-in-mountain-assault/2015/07/04/02e46a64-2250-11e5-a135-935065bc30d0_story.html">un corridor stratégique</a> permettant d’acheminer des armes et des troupes en Afghanistan. Malgré un important soutien aérien, les forces gouvernementales piétinent au coeur de cette vallée montagneuse du fait de la résistance farouche des tribus liées aux talibans.</p>
<p>L’usage des drones vise des <a href="https://www.washingtonpost.com/world/pakistan-begins-drone-warfare-on-its-own-soil/2015/09/07/b7c56858-553a-11e5-8bb1-b488d231bba2_story.html">« cibles de haute valeur »</a>, explique le directeur de la communication des armées, Asim Saleem Bajwa. Ces frappes prennent place dans une campagne plus globale destinée à briser la résistance des insurgés et à nettoyer la région.</p>
<h2>L’opinion pakistanaise indifférente</h2>
<p>Depuis des années, les États-Unis exercent une pression intense sur le gouvernement pakistanais pour qu’il lance des opérations dans les zones tribales afin de stopper le flux des combattants vers l’Afghanistan. Mais les Pakistanais ont payé <a href="http://www.nytimes.com/2015/08/21/world/asia/pakistan-army-operation-north-waziristan-shawal.html">un lourd tribut</a> dans cette lutte : plus de 3000 soldats ont été tués dans ces opérations dans le seul Waziristan. Un ratio très élevé. Dans ces conditions, l’usage des drones armés pourrait permettre de répondre aux attentes de l’allié américain tout en limitant les pertes humaines et un coût financier élevé liés à ces opérations terrestres.</p>
<p>Mais le recours aux drones armés risque aussi d’alarmer les voisins d’Islamabad, l’Inde et l’Afghanistan en tête, et de les inciter à accélérer leur propre effort visant à se doter de ce type d’arme. En définitive, l’impact de ces frappes pourrait bien être plus important à l’extérieur de ses frontières qu’au Pakistan lui-même.</p>
<p>Tout d’abord, il apparaît que la guerre des drones est en train de prendre de l’ampleur de manière inattendue. Qui, en effet, aurait pu prévoir que le Pakistan serait le premier pays en dehors de l’Occident à utiliser des drones pour éliminer une cible alors qu’une grande partie de son opinion publique est vent debout contre les frappes américaines ?</p>
<p>De même, la faible réaction de la population pakistanaise vis-à-vis de cet événement inédit est pour le moins surprenante. In fine, elle suggère que la polémique agitant le Pakistan depuis des mois résulte moins du recours à ce type d’arme que des violations répétées de la souveraineté nationale par les Américains. Du coup, le Pakistan, mais aussi d’autres États, pourraient bien considérer que ces attaques ciblées sont une option efficace, et finalement consensuelle, dans les guerres de type contre-insurrectionnel ou dans les conflits civils.</p>
<h2>L’erreur d’analyse d’Obama</h2>
<p>Cette frappe menée par les Pakistanais résulte du précédent créé par les États-Unis. Une réalité qui devrait conduire Washington à décréter une pause dans cette campagne de raids ciblés. Comme je l’indiquais récemment <a href="http://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/13642987.2014.991210">dans un article</a>, cette pratique permissive promue par les administrations de Bush et d’Obama était fondée sur l’idée que les États-Unis étaient les seuls à disposer du savoir-faire technologique et des infrastructures leur permettant de conduire de telles opérations. Or il apparaît clairement que <a href="http://www.nytimes.com/2013/02/21/world/asia/chinese-plan-to-use-drone-highlights-military-advances.html">le gouvernement d’Obama a sous-estimé</a> la probabilité que d’autres États suivent son exemple. La frappe menée par les Pakistanais – qui a pris <a href="http://www.defensenews.com/story/defense/air-space/strike/2015/09/08/pakistan-surprises-many-first-use-armed-drone/71881768/">par surprise</a> la plupart des experts – met en lumière cette erreur d’analyse. Elle démontre qu’Islamabad peut très bien se passer de la technologie américaine.</p>
<p>Car l’appareil utilisé au cours de ce raid est un drone fait maison, le « Burraq », destiné au départ à des missions de surveillance et reconverti en drone équipé de missiles, piloté à distance. Bien moins perfectionné que ses cousins américains, les Predator et Reaper, le Burraq est tout de même assez sophistiqué pour viser des cibles avec un niveau élevé de précision.</p>
<p>L’exemple pakistanais pourrait inciter d’autres États possédant des drones moins perfectionnés – tels l’Inde, la Russie et l’Iran – à réfléchir à la possibilité de les reconvertir pour mener à leur tour des frappes. En tout état de cause, cela démontre que les drones d’observation peuvent avoir un usage dual – lequel était jusqu’à présent sous-estimé par les experts.</p>
<h2>Le rôle actif de la Chine</h2>
<p>Cet événement montre aussi que la prolifération des drones armés emprunte des voies complexes et insoupçonnées jusqu’à présent. Des États puissants, telle la Chine, jouent à cet égard un rôle crucial en fournissant la technologie et la formation nécessaires à des pays exclus des listes des exportations américaines, tels le Nigeria et l’Inde. De nombreux experts pensent que la Chine a apporté une aide directe au Pakistan, ou à tout le moins qu’Islamabad s’est fortement appuyé sur la technologie chinoise.</p>
<p>Le marché chinois est <a href="http://www.dw.com/en/sierens-china-the-fight-for-the-unmanned-drone-market/a-18728575">en plein boum</a>. Et ses principaux acteurs n’ont aucun état d’âme à vendre leur savoir-faire en terme de drones armés à des pays qui violent allègrement les droits de l’Homme. Si Pékin continue activement dans cette direction, d’autres pays vont rapidement rejoindre le Pakistan dans ce club des pays pratiquant les assassinats ciblés, à l’image de ce que les États-Unis font depuis plus d’une décennie.</p>
<p>Il est donc urgent que Washington remette en cause <a href="http://www.asil.org/insights/volume/14/issue/37/international-law-drones">sa politique très permissive</a> en la matière et pose des limites plus robustes à ce type de pratique. Les États-Unis devraient ainsi s’engager sans tarder dans des négociations conduisant à l’adoption d’une Convention internationale destinée à réguler la vente et le recours aux drones – et cela afin de prévenir la multiplication sur toute la planète des assassinats ciblés.</p>
<p>Dans le cas contraire, le club que le Pakistan vient tout juste d’intégrer sera bientôt bondé avec l’entrée en son sein de pays ennemis ou de faux amis utilisant des drones armés d’une manière que les Américains réprouvent. Les États-Unis devraient empêcher l’émergence d’un monde où les drones armés se multiplient de façon anarchique. Même s’ils doivent faire machine arrière ou limiter leurs propres pratiques, cela vaut toujours mieux que d’assister passivement à une évolution qui, par ailleurs, conduira inéluctablement à la perte de l’avance technologique dont disposent aujourd’hui les États-Unis en matière de drone.</p>
<p><em>La <a href="https://theconversation.com/pakistani-drone-strikes-should-worry-obama-47608">version originale</a> a initialement été publiée sur le site The Conversation US.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michael Boyle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Début septembre, le Pakistan a fait usage de drones armés dans la lutte antiterroriste sur son propre territoire. La preuve que ce type d’armes est en train de proliférer de manière anarchique.Michael Boyle, Associate Professor of Political Science, La Salle UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.