tag:theconversation.com,2011:/id/topics/jeux-paralympiques-29475/articlesjeux paralympiques – The Conversation2024-03-13T15:57:07Ztag:theconversation.com,2011:article/2227142024-03-13T15:57:07Z2024-03-13T15:57:07ZJeux paralympiques : de la rééducation des blessés de guerre à la célébration de la diversité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/581627/original/file-20240313-30-nmds78.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C12%2C1339%2C876&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 1962, la délégation française s’apprête à défiler lors de l’ouverture des Jeux de Stoke Mandeville.</span> <span class="attribution"><span class="source">Fédération française handisport</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Pour la première fois, les Jeux olympiques et paralympiques <a href="https://www.paris2024.org/fr/paris-2024-un-embleme-unique/">ont un seul et unique logo</a>. Toutefois, si, selon les dernières informations sur le sujet, chaque événement devrait avoir sa cérémonie d’ouverture et de clôture, le paralympisme et l’olympisme semblent plus étroitement associés que jamais.</p>
<p>Pourtant cela était loin d’être évident. L’histoire des Jeux paralympiques est complexe, posant la question de la définition du handicap. À partir de Jeux sportifs uniquement organisés pour des personnes blessées de la colonne vertébrale en fauteuil roulant (créés en 1948), ils concernent peu à peu, à partir des années 1970, des personnes ayant d’autres types de déficiences.</p>
<p>La forme retenue pour les épreuves parisiennes de cet été avec 22 parasports (les sports au programme des Jeux paralympiques) résulte d’un long processus <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390#:%7E:text=Les%20premiers%20Jeux%20de%20Stoke,un%20bus%20de%20transport%20adapt%C3%A9">qui commence le 29 juillet 1948</a>, quand est donné à Londres le coup d’envoi de la XIV<sup>e</sup> olympiade. À cette date, le <a href="https://www.dicolympique.fr/guttmann-ludwig-1899-1980-allemagne-grande-bretagne/">neurochirurgien Ludwig Guttmann</a> organise à l’hôpital de Stoke Mandeville tout proche une compétition de tir à l’arc entre 16 blessés de la colonne vertébrale en fauteuil roulant, vétérans de la Seconde Guerre mondiale.</p>
<p>D’origine allemande, Guttmann est l’inventeur de pratiques rééducatives à partir de jeux sportifs. Au fil des années 1950, ses Jeux de Stoke rassemblent de plus en plus de participants et commencent à s’internationaliser. Réservés aux paralysés en fauteuil roulant, ils se tiennent chaque été au sein de l’enceinte hospitalière. En 1952, ils accueillent une délégation néerlandaise, avec 5 compétitions au programme : tir à l’arc, netball, javelot, tennis de table et billard ; la natation fait l’objet de démonstrations. En 1953, des <a href="https://hal.science/hal-01681465">Français, Australiens, Canadiens, Finlandais, Israéliens et Sud-Africains rejoignent l’événement</a>.</p>
<p>Ces Jeux de Stoke continuent de s’inscrire dans une logique rééducative et Guttmann organise à cette occasion un congrès médical annuel <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390">sur les avancées dans le traitement des blessés de la colonne vertébrale</a>.</p>
<h2>Logique médicale persistante</h2>
<p>C’est leur délocalisation à Rome en 1960, dans la foulée des JO, qui va partiellement changer la donne. Si la dimension sportive s’affirme davantage, ils restent inscrits dans l’univers de la rééducation des blessés de la colonne vertébrale. Cette délocalisation est rendue possible grâce aux liens entre Ludwig Guttmann et Antonio Maglio, un confrère italien qui a fondé un centre de rééducation pour paraplégiques proche de la capitale italienne. 400 sportifs, tous en fauteuil, originaires de 23 pays, concourent dans huit disciplines. Bénéficiant des infrastructures olympiques, ils quittent l’univers hospitalier, mais restent encadrés par une logique médicale. En témoignent les ministres venus soutenir les sportifs. Ces « Jeux para-olympiques » s’ouvrent en présence du ministre de la santé italien mais sans le ministre des sports. Ce sera la même chose quatre ans plus tard à Tokyo. Reste qu’une dynamique est alors enclenchée : elle aboutira en 1989 à la création du Comité international paralympique (CIP).</p>
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<p>Les Jeux paralympiques désignent alors un événement reconnu par le CIO impliquant des athlètes ayant divers types d’incapacités (en réalité « capable autrement »). Le para ne signifie plus « pour les paralysés », <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1466424007077348">mais « parallèles » aux Jeux olympiques</a>.</p>
<p>Mais avant d’en arriver là, bien des querelles devront être dépassées.</p>
<h2>Dynamique compétitive</h2>
<p>En effet, dans les années 60, des voix s’élèvent en faveur de l’ouverture aux amputés et aux aveugles, ce que désapprouve la fédération de Stoke qui reste centrée sur le sport en fauteuil roulant des personnes blessées de la colonne vertébrale. En 1964 à Tokyo, une rencontre sportive « tous handicaps » a lieu, en marge des Jeux para-olympiques, pour les non paralysés. En 1968, les Jeux para-olympiques ont lieu à Tel-Aviv et restent encore réservés aux seuls paralysés en fauteuil. Cependant, peu à peu l’objectif initial de rééducation cède la place au désir de se rapprocher du schéma compétitif olympique et de l’image du champion.</p>
<p>Bien que Guttmann soit opposé à cette perspective compétitive pour tous les types de déficience, l’objectif des athlètes et de certaines fédérations nationales – dont la France – s’oriente inexorablement vers la mise à distance de la tutelle médicale afin de se rapprocher de l’univers sportif et de ses instances nationales et internationales.</p>
<h2>Rapprochements progressifs</h2>
<p>Les années 1970 confirment ce basculement, les compétitions accueillant progressivement de nouveaux types de déficiences en catégorisant les athlètes selon leurs capacités.</p>
<p>Il s’agit de permettre leur participation, tout en assurant l’égalité des chances et la logique compétitive du sport. Ainsi, l’intégration de nouveaux sportifs dotés de caractéristiques spécifiques implique une réflexion sur la mise en place de classifications fonctionnelles au regard de leurs capacités et de l’incidence qu’elles ont sur leurs performances.</p>
<p>En 1972, lors des Jeux paralympiques de Heidelberg (les JO se déroulent à Munich), les déficients visuels sont autorisés à participer <a href="https://www.handisport.org/les-29-sports/goalball/">à des épreuves d’exhibition en goalball</a> et au 100 mètres sprint. Parallèlement, des amputés entrent sur le stade pour manifester leur mécontentement, comme le rappelle feu <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09523367.2014.931842">l’entraîneur d’athlétisme Christian Paillard</a> de la fédération française : « Qu’est-ce que je vois arriver ? Des amputés avec de grandes banderoles ! Ils ont fait un sit-in sur la piste en disant : « Nous aussi, on veut participer aux Jeux ! »</p>
<p>Il faudra attendre quatre années supplémentaires et les Jeux de Toronto en 1976 pour qu’amputés et déficients visuels soient officiellement autorisés à concourir. Soucieuse de visibilité, chaque catégorie de handicap fonde sa propre fédération internationale et en 1982, un comité (ICC) est créé pour les coordonner et opérer un rapprochement avec le Comité international olympique (CIO).</p>
<p>Aux JO de Los Angeles en 1984, des épreuves en fauteuil hors compétition figurent au programme, dans le but de promouvoir le sport pour handicapés. Cette première représentation des pratiques paralympiques lors des Jeux olympiques provoque la colère des amputés qui se sentent exclus. Elle fait planer un risque de scission sur le mouvement.</p>
<p>Malgré une situation de crise, les Jeux paralympiques sont maintenus en 1984, mais ils scindés en deux : les sportifs en fauteuils concourent à New York, et tous les autres à Stoke. En 1986, deux fédérations internationales s’agrègent au mouvement : celle des sportifs sourds et celles pour les sportifs ayant des déficiences intellectuelles.</p>
<p>Plus de deux décennies après Tokyo (1964), les Jeux de Séoul (1988) sont l’occasion de réunir de nouveau les JO et les Jeux paralympiques sur un même site. Du jamais vu depuis 1964.</p>
<p>En 1989, la création du Comité international paralympique (CIP) achève l’alignement sur l’olympisme et la projection vers un événement unique organisé en partenariat avec le CIO : les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) se tiendront désormais obligatoirement sur le même site. Cette obligation ne sera finalement appliquée qu’à partir de 1996 à Atlanta, les Jeux paralympiques de 1992 se déroulant à la fois à Barcelone (pour les déficients physiques) et à Madrid (pour les déficients intellectuels), alors que les JO se tenaient à Barcelone.</p>
<h2>Un désir de pratiquer comme les autres</h2>
<p>Le mouvement d’intégration n’est pourtant pas achevé et reste un motif de tensions. En 1995, la fédération des sportifs sourds fait le choix de se retirer pour préférer une pratique entre personnes sourdes affirmant leur culture singulière, ou, pour les plus performantes, au sein des JO. Les sourds n’ont finalement jamais participé aux Jeux paralympiques.</p>
<p>Parallèlement, si des déficients intellectuels intègrent pour la première fois les épreuves paralympiques en 1992, leur participation n’est pas sans poser problème. Lors du tournoi de basket-ball de Sydney (2000), il s’avère que plusieurs joueurs de l’équipe espagnole ayant remporté le tournoi <a href="https://www.liberation.fr/sports/2000/11/25/de-faux-handicapes-pour-de-vraies-medailles_345658/">n’ont en réalité pas de déficience cognitive</a>. La médaille d’or est restituée et, ne sachant pas comment assurer une sélection fiable de ce type de sportifs, le CIP suspend leur participation. Il faudra attendre Londres (2012) pour qu’ils soient réintégrés.</p>
<p>Le désir de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=tuAPPeRg3Nw">pratiquer « comme les autres »</a> produit une force agrégative qui conduit peu à peu à rompre le lien avec le monde médical. L’aspiration à la norme oblige, paradoxalement, à inventer des épreuves adaptées dans lesquelles chacun peut mettre en valeur ses capacités.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222714/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Au cours des quinze dernières années, Sylvain Ferez a reçu des financements de l'ANR, l'ANRS, Sidaction, la Fondation de France, l'IReSP, la CNSA, la Fondation des maladies rares, l'Association Grégory Lemarchal et la Fédération Française Handisport pour mener ses travaux de recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dans les 20 dernières années, RUFFIE Sébastien a reçu des financements de la Fondation Maladies Rares, de la CNSA, DRESS/MIRE, de l'ANR, de l'ANRS et de la Fédération Française Handisport afin de mener ses travaux de recherche. </span></em></p>L’histoire des Jeux paralympiques est complexe, et pose la question de la définition du handicap.Sylvain Ferez, Maître de conférences (HDR), sociologie, Université de MontpellierSébastien Ruffie, Professeur des Universités en sciences sociales, Université des AntillesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2028982023-04-03T17:50:30Z2023-04-03T17:50:30ZNon, les billets pour les JO 2024 ne sont pas un privilège de riche<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518215/original/file-20230329-24-d9xcmm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C12%2C1144%2C772&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Seul 0,5&nbsp;% des billets coûtent plus de 950 euros.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/yvelines/36372594464">Flickr/Département des Yvelines</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les réactions à la mise en vente des premiers billets pour <a href="https://theconversation.com/fr/topics/paris-2024-22016">Paris 2024</a> pourraient faire croire que la billetterie des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/jeux-olympiques-21983">Jeux olympiques</a> est un attrape-gogo, une machine à exclure le peuple. « Ils nous prennent pour des gogols avec leur slogan de jeux populaires, les places sont réservées aux riches ». Pour éviter les jugements à l’emporte-pièce, un petit rappel des faits chiffrés et des principes économiques de l’émission de billets semble d’utilité publique. Parlons donc siège, coût, et prix. Nous verrons alors que ceux qui payent cher leur place financent les billets à petit montant.</p>
<p>Il ne faut jamais oublier que derrière les prix se nichent des coûts. Les dépenses du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) s’élèvent à environ 4 milliards d’euros. La réalisation des projets d’infrastructure, grands et petits, qui sont confiés à une structure ad hoc, Solideo, réclame un peu moins. Mais pour simplifier, faisons l’hypothèse qu’elle a une utilité hors des JO. Oublions donc ces dépenses qui n’ont pas besoin d’être recouvrées par la billetterie, les sponsors et les droits télévisuels, les trois sources de recettes du Cojop pour équilibrer ses dépenses.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/billetterie-des-jo-de-paris-2024-les-raisons-de-la-colere-200666">Billetterie des JO de Paris 2024 : les raisons de la colère</a>
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<p>Admettons aussi pour l’instant que chacune de ces sources participe aux dépenses du Cojop à hauteur de leur contribution à ses recettes totales, soit 31,8 % ou encore 1265 millions d’euros pour la seule billetterie. Avec cette clef de répartition et sachant que 13,4 millions de tickets seront mis en vente, le coût moyen par siège pour un spectacle sportif s’élève ainsi à environ 100 euros. Entendez ici par spectacle sportif, celui auquel donne droit un billet c’est-à-dire assister à une ou des épreuves simultanées, pour une date et un créneau horaire donnés.</p>
<p><iframe id="A5JRO" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/A5JRO/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le raisonnement par siège permet de rappeler une particularité des spectacles dans une salle ou dans un stade : le coût du siège est grosso modo le même dans toute l’enceinte. Le fait qu’ils soient plus ou moins larges et confortables n’introduit pas un grand écart. Idem pour le fait qu’ils soient plus ou moins éloignés de la scène et offrent un angle de vue plus ou moins panoramique.</p>
<p>Notez que pour les JO le coût est aussi à peu près le même quelle que soit l’étape de la compétition : il ne coûte pas vraiment plus au Cojop d’organiser la finale du 100 mètres qu’une épreuve de qualification. Les athlètes n’étant pas rémunérés, la présence de vedettes internationales n’occasionne pas de dépenses supplémentaires significatives. L’hétérogénéité des sites où se déroulent les épreuves est finalement la principale cause de variation du coût du siège car ils présentent des jauges variées et occasionnent des dépenses d’exploitation variables.</p>
<h2>Des budgets et des préférences hétérogènes</h2>
<p>La valeur d’un siège est en revanche extrêmement différente selon sa localisation dans l’enceinte et selon l’attrait du spectacle. D’où des tarifs très dispersés proposés à la vente des sièges. Ils s’échelonnent entre 25 euros et 980 euros soit un écart de 1 à 40. Rien à voir avec un écart des coûts même s’il était de 1 à 2 entre les bons et mauvais sièges par leur place ou de 1 à 10 entre les différents sites.</p>
<p>Le rapprochement entre les tarifs pratiqués et un coût moyen par siège de 100 euros conduit à observer que des billets ne peuvent être mis en vente à bas prix que si des acheteurs payent au prix fort.</p>
<p>Dit de façon plus précise, une surmarge est prélevée sur les billets à plus de 100 euros pour compenser les marges négatives de la vente de billets de moins de 100 euros. Concrètement, untel peut bénéficier d’un siège à 25 euros car 75 euros sont récupérés par la billetterie du Cojop auprès d’acheteurs plus fortunés.</p>
<p>Plus fortunés ou tout simplement mieux désireux d’assister aux épreuves. On oublie trop souvent que le montant qu’un consommateur est prêt à payer pour un bien, ici un spectacle, dépend aussi de ses préférences. Une personne qui a de petits moyens peut être prête à casser sa tirelire pour assister à une compétition des JO tandis qu’une autre ayant pourtant les moyens ne souhaitera pas mettre un centime ou en tout cas plus de 25 euros dans l’achat d’un billet. L’hétérogénéité des consommateurs s’observe dans les préférences aussi bien que dans les budgets.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/7IIpxEEMzfhWxW85rzQh8x"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="68"></a></p>
<p><a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-les-subtilit%C3%A9s-tarifaires-des-places-de-spectacle/id1516230224?i=1000476394992"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<p>Cette vertu d’une billetterie qui combine des petits prix et des prix forts n’est généralement pas perçue comme telle. Assis dans les rangées du haut des extrémités du stade, il est difficile de ne pas jalouser les privilégiés occupant les sièges des premiers rangs du milieu de l’enceinte. Il n’est pas sûr pour autant qu’une tarification uniforme strictement égalitaire remédie au problème.</p>
<p>Imaginez que tous les sièges soient mis en vente au tarif unique de 100 euros après un tirage au sort parmi tous les amateurs de spectacle olympique. Les moins bien placés ne pourront qu’invoquer la malchance mais ils lorgneront peut-être quand même du côté des sièges des plus chanceux. En tout état de cause, cette tarification éliminerait les amateurs à petite bourse, ceux qui auraient été prêts à acheter un billet à 24 euros ou même à 99 euros. Elle comporte aussi le risque de rangées de sièges vides pour les épreuves les moins courues et peut donc entraîner des recettes insuffisantes au Cojop pour couvrir ses coûts.</p>
<p>On peut aussi imaginer un prix uniforme plus faible, voire nul, mais il faut alors faire appel aux finances publiques pour équilibrer les comptes. Ce qui revient à faire payer une partie de l’organisation des Jeux par les contribuables (ou les générations futures à travers la dette). Or il est dit et répété – et finalement semble largement admis –, que les Jeux de Paris 2024 ne doivent pas être subventionnés par de l’argent public.</p>
<h2>Deux spectateurs subventionnés sur trois</h2>
<p>Les éléments chiffrés précis de la grille tarifaire, en particulier le nombre de sièges offerts dans chaque catégorie de prix, ne sont pas connus. Certaines données ont toutefois été rendues publiques : 10 % des billets à 24 euros et 50 % des billets à moins de 50 euros ; 70 % des billets à moins de 100 euros ; 10 % des billets à plus de 200 euros ; enfin, 0,5 % des billets à plus de 950 euros.</p>
<p>On ne sait pas toujours si ces pourcentages sont établis sur le même total, en particulier s’ils incluent ou non la billetterie pour les épreuves paralympiques, ni quelles inégalités sont larges (c’est-à-dire plus petit ou égal) ou strictes. On peut néanmoins essayer d’en tirer quelques observations.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Anneaux olympiques géants, situés sur la place du Trocadéro à Paris le 15 septembre 2017" src="https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518219/original/file-20230329-18-7tpbr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un total de 10 % de la billetterie affichera un tartif de 24 euros par place.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Olympic_rings_in_the_Place_du_Trocadéro_in_Paris.jpg">Anne Jea/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Regardons au milieu d’abord : la médiane (moitié de billets en dessous et moitié au-dessus) est très inférieure à la moyenne puisqu’elles s’élèvent respectivement à 50 euros contre 100 euros. Dit autrement, au moins la moitié des spectateurs payent un prix inférieur au coût moyen du siège et bénéficient donc du fait que d’autres payent plus cher. Si les 70 % mentionnés plus haut correspondent à une inégalité stricte et au total des places pour les épreuves olympiques, environ deux spectateurs sur trois bénéficient d’un tel transfert, ou subvention implicite.</p>
<p>Regardons les extrêmes ensuite. Cinquante mille spectateurs (en faisant l’hypothèse que le total correspondant au 0,5 % ne concerne que les épreuves olympiques) contribuent à payer 4 % des dépenses totales alors que 10 % (le million de spectateurs qui payent leur siège à 25 euros) contribuent à hauteur de 2 %.</p>
<h2>Mieux vaut quelques sièges vides que des caisses moins remplies</h2>
<p>Oui mais ne pourrait-on pas inverser la direction du transfert en disant que les acheteurs de billets à petit prix subventionnent implicitement les acheteurs qui payent leur siège au prix fort ? Les premiers ne contribuent-ils pas, même si c’est pour une part modeste, à la couverture des dépenses du Cojop ? Ceux qui ont les moyens auraient-ils besoin des acheteurs qui n’en ont pas beaucoup ? Non car il est très probable qu’avec une billetterie offrant uniquement des places s’échelonnant de 100 à 950 euros le risque de billets non vendus lié à l’absence éventuelle d’acheteurs pour certaines compétitions serait plus que compensé par le surcroît de recettes. Peut-être des chaises vides mais des caisses mieux remplies.</p>
<p>Un reproche parfois entendu pour dénoncer l’inégalité de la billetterie est que les amateurs fortunés peuvent évincer ceux qui le sont moins des sièges à petits prix. Il est vrai en effet qu’aucune règle n’empêche une personne à haut revenu d’acheter un billet à 24 euros, par exemple. Cependant, une contrainte budgétaire moins forte pousse logiquement vers l’achat de places offrant une meilleure visibilité, donc tarifées à un prix plus élevé. De plus, l’engouement lors de la première vague de mise en vente des places a été tel que les places à 24 ou 50 euros ont vite été épuisées, prises d’assaut par ceux qui ont été appelés en premier par le tirage au sort. La plupart de ceux qui par leurs ressources auraient été prêts à acheter des billets à plus de 100 euros n’ont vite eu pas d’autres choix.</p>
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<p>Il faut cependant noter que la vente forcée de 3 spectacles lors de cette première vague a pu conduire des amateurs à fort pouvoir d’achat à se reporter sur les billets les moins chers pour une seconde ou troisième compétition sans intérêt pour eux, peut-être même en prévoyant ne pas y assister du tout.</p>
<p>En outre, le Cojop a prévu une billetterie solidaire à travers les collectivités locales associées aux Jeux. Celles-ci bénéficient d’un accès prioritaire aux places bon marché. Un demi-million de billets à 24 euros leur est réservé (Les Échos, 1<sup>er</sup> mars 2023), soit le tiers du montant total de cette catégorie tarifaire. Les collectivités sont appelées à redistribuer ces billets aux habitants, « notamment aux enfants et aux jeunes, aux clubs sportifs locaux et aux publics prioritaires ».</p>
<p>De nombreuses collectivités ont commencé à s’organiser. À Lyon par exemple, un appel à manifestation d’intérêt de la mairie a été diffusé aux centres sociaux et éducatifs. Leurs responsables pourront obtenir et attribuer des places dans le cadre de leurs projets et activités. La discrimination tarifaire rejoint ici la discrimination positive.</p>
<h2>Le plaisir télévisuel d’un stade plein</h2>
<p>Parlons pour finir des 4 milliards de téléspectateurs attendus. Nous avons considéré jusque-là qu’il n’y avait pas de transfert implicite entre spectateurs et téléspectateurs puisque nous avons supposé que la billetterie couvre les dépenses du Cojop à proportion de ses recettes. Soit 1265 millions d’euros ; ni plus ni moins.</p>
<p>Vous pourriez vous étonner qu’il puisse y avoir une subvention croisée puisque les téléspectateurs ne payent rien. Oui mais comme il s’agit de transfert implicite et d’analyse économique – une discipline selon laquelle rien n’est jamais gratuit –, on peut avancer que les téléspectateurs à travers leur paire d’yeux de consommateurs exposés aux annonces et marques rémunèrent in fine les droits télévisuels et les sponsors. Soit en divisant le nombre de téléspectateurs par le montant des recettes du Cojop obtenues auprès des diffuseurs et des sponsors environ 1 euro par téléspectateur en moyenne.</p>
<p>Se pourrait-il alors que les spectateurs contribuent au coût total du Cojop pour une proportion inférieure à leur part dans les recettes ? Ou l’inverse, c’est-à-dire que la subvention croisée aille des spectateurs vers les téléspectateurs ? Les deux sens sont en effet possibles. Il m’est difficile de répondre car je ne sais pas comment le montant des recettes à rechercher entre billetterie, sponsors et droits télévisuels a été décidé par le Cojop.</p>
<p>Un élément pourrait toutefois laisser penser que les spectateurs sont favorisés. Il est en effet communément admis que l’attractivité des téléspectateurs pour une compétition sportive baisse quand elle se joue devant un public clairsemé. On serait en présence de ce que les économistes appellent un effet de réseau indirect : la satisfaction du téléspectateur dépendrait du nombre de spectateurs et croîtrait lorsqu’il croît.</p>
<p>Cela semble avoir été confirmé lors de l’épidémie du SARS-CoV-2. N’a-t-on pas vu apparaître dans les travées des stades, de football en particulier, des spectateurs en carton poussant des clameurs enregistrées pour faire comme si ? Mieux le stade est rempli, plus le consentement à payer des diffuseurs et sponsors est élevé. Cela devrait logiquement conduire à baisser la contribution des spectateurs aux coûts de l’organisation des Jeux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518997/original/file-20230403-28-yv16rm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pendant la pandémie de Covid, des spectateurs en carton ont fait leur apparition dans certaines tribunes, comme ici dans le stade de baseball de Cleveland aux États-Unis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/edrost88/50217379857/">Erik Drost/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En résumé, l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques passe par des dépenses de plusieurs milliards dont la plus grande partie est recouvrée auprès des téléspectateurs-consommateurs qui seront exposés aux annonces des diffuseurs et aux marques des sponsors. La partie restante est recouvrée auprès des spectateurs via la billetterie avec des tarifs qui s’échelonnent de 24 à 980 euros et avec la moitié des billets mis en vente à 50 euros ou moins.</p>
<p>En estimant à 100 euros le coût moyen du siège pour l’organisateur qu’il a à recouvrer par la vente des billets, il apparaît qu’environ deux tiers des spectateurs payent un prix en deçà. Ils bénéficient tout simplement d’un transfert du tiers restant de spectateurs qui payent leurs places au-dessus du coût.</p>
<p>Dit autrement, une surmarge est appliquée sur les billets à plus de 100 euros pour compenser les marges négatives des billets vendus à moins. C’est grâce à cette subvention implicite que le Cojop peut offrir des millions de places à 24 et 50 euros. Peut-on dès lors affirmer sans broncher que sa volonté d’organiser des Jeux populaires serait battue en brèche par une billetterie qu’il aurait réservée aux riches ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202898/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des millions de billets à 24 et 50 euros ont été ou seront mis en vente – ce qui n’aurait pas été possible sans surfacturation des meilleures places.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1693842021-10-17T15:53:48Z2021-10-17T15:53:48ZHandicap psychique au travail : comment l’adaptation est-elle pensée en milieu protégé ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/424967/original/file-20211006-19-iquhwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=462%2C165%2C1581%2C1195&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aménager une place pour chacun et l’accompagner fait partie des missions des Esat, comme ici à Poissy dans les Yvelines.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Nicolas Duprey / CD 78 - Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Avec <a href="https://www.francetvinfo.fr/jeux-paralympiques/jeux-paralympiques-2021-la-france-explose-son-objectif-de-medailles-des-novices-deja-victorieux-et-quelques-deceptions-le-bilan-des-bleus-a-tokyo_4760811.html">54 médailles dont 11 en or</a>, la France s’est montrée relativement brillante cet été aux jeux paralympiques de Tokyo. Les athlètes s’y sont affrontés dans des disciplines spécifiques (non disputées aux Jeux olympiques) ou dans des disciplines déjà existantes mais aménagées. Pour ces dernières, les règles s’adaptent aux différentes catégories de handicap reconnus par les fédérations, non sans <a href="https://www.la-croix.com/Sport/Jeux-paralympiques-casse-tete-categories-handicaps-2021-08-25-1201172173">débats</a> autour des types de handicap concernés et des évolutions proposées.</p>
<p>Ces débats font écho aux questionnements sur l’inclusion dans le monde de l’entreprise. Employeurs, managers, et collègues se trouvent souvent confrontés au dilemme du devoir de s’adapter ou non.</p>
<p>Nos travaux, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09585192.2021.1893787">publiés</a> et à venir, s’intéressent en particulier aux établissements ou service d’aide par le travail (Esat) et au rapport qu’ils entretiennent avec les handicaps psychiques. Mises en place pour des handicaps mentaux, ces structures semblent s’adapter sous différents modes à ce public particulier.</p>
<h2>Affaires d’identités</h2>
<p>Faire évoluer une organisation selon les identités des travailleurs est une question qui se pose fréquemment pour les dirigeants d’entreprise et cela ne concerne pas que le cas du handicap. Faut-il par exemple prévoir des aménagements des horaires pour permettre une <a href="https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2019/05/25856-quelle-attidude-adopter-face-a-la-religion-au-travail/">pratique religieuse</a> ?</p>
<p>Deux approches organisationnelles se distinguent, l’une appelée « identity-blind » (aveugle vis-à-vis des identités), l’autre « identity-conscious » (consciente des identités).</p>
<p>La première met en avant des pratiques égalitaires qui ignorent les différences identitaires. Son <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/256746">principe fondateur</a> est de traiter tout le monde de la même manière afin de respecter le principe de non-discrimination. La deuxième considère au contraire que les différences ne peuvent être ignorées et doivent être prises en compte par souci d’équité. Des aides, des adaptations et des supports d’accompagnement complémentaires peuvent être proposés aux personnes concernées.</p>
<p>Dans le cadre du handicap, les adaptations, appelées aménagements, sont un droit que toute personne déclarée en situation de handicap peut faire valoir. L’article L5213-6 du Code du travail stipule notamment :</p>
<blockquote>
<p>« Afin de garantir le respect du principe d’égalité de traitement à l’égard des travailleurs handicapés, l’employeur prend, en fonction des besoins dans une situation concrète, les mesures appropriées pour permettre aux travailleurs d’accéder à un emploi ou de conserver un emploi correspondant à leur qualification, de l’exercer ou d’y progresser ou pour qu’une formation adaptée à leurs besoins leur soit dispensée. »</p>
</blockquote>
<p>L’intégration du handicap dans les organisations est donc souvent traitée selon l’approche « identity conscious ».</p>
<h2>Précaution ou attention</h2>
<p>Mettre en place ou non des adaptations ? La réponse à cette question est une évidence pour les Esat. Aménager une place pour chacun fait partie intégrante de la mission de ces organisations. À leurs yeux, le travail reste un <a href="https://www.cairn.info/naitre-grandir-vieillir-avec-un-handicap--9782749252919-page-219.htm">outil d’accompagnement et de développement</a> de la personne handicapée.</p>
<p>Dans nos travaux, nous considérons la manière dont les Esat peuvent ou non développer une approche consciente du handicap psychique, un handicap dont l’importance s’accroît. Il est la conséquence de diverses maladies (psychose, schizophrénie, troubles bipolaires ou névrotiques…) et se caractérise par une altération de la cognition, des capacités de communication et de compréhension des autres.</p>
<p>Trois types de pratiques émergent de nos observations et des entretiens que nous avons réalisés. Les premières se montrent <strong>conscientes du handicap, mais ignorent les différences spécifiques du handicap psychique</strong>. Cette absence s’explique par les caractéristiques structurelles des Esat qui historiquement ont été créés pour le handicap intellectuel, le handicap psychique venant ainsi perturber le fonctionnement existant. L’absence de ressources et de personnel sensibilisé à cette catégorie particulière est aussi parfois soulignée. Durant un entretien, un accompagnateur nous explique :</p>
<blockquote>
<p>« Si nous n’avons pas de formation pour expliquer pourquoi on fait des cas particuliers, les autres travailleurs peuvent penser “lui, il fait ce qu’il veut” »</p>
</blockquote>
<p>Par précaution, l’indifférenciation des pratiques reste donc parfois de mise.</p>
<p>Un deuxième groupe adopte des <strong>pratiques conscientes prenant spécifiquement en compte le handicap psychique</strong>. Il s’agit de protéger les travailleurs, en permettant par exemple l’aménagement de temps d’isolement. Le handicap psychique demande également de porter une attention particulière au suivi de traitements médicamenteux.</p>
<p>Ces points de vigilance permettent de profiter des particularités de fonctionnement du handicap psychique, qui contrairement aux handicaps intellectuels, se caractérise par des capacités de réflexion préservées. Les professionnels tentent notamment des pratiques de montée en responsabilisation, tout en demeurant attentifs à la vulnérabilité des personnes. Une psychologue raconte par exemple :</p>
<blockquote>
<p>« Parfois, il est possible de leur donner des petites responsabilités, même managériales, sans pour autant trop s’appuyer sur eux ».</p>
</blockquote>
<h2>Espace de la « dernière chance »</h2>
<p>Viennent enfin <strong>des pratiques dépassant l’adaptation à la catégorie de handicap</strong> et s’adaptant à la manière dont l’individu réagit spécifiquement à sa maladie. Le handicap psychique renvoie en effet à une multitude de situations et nécessite parfois de s’affranchir de toute généralisation pour revenir à la prise en compte de l’individu.</p>
<p>Trois particularités du handicap psychique rendent nécessaire cette approche individualisée : l’absentéisme de ces personnes qui gêne la qualité de l’accompagnement fourni en Esat, l’impact fort de la vie privée sur le travail et la fluctuation de la maladie.</p>
<blockquote>
<p>« Lorsqu’ils ne viennent pas travailler, nous ne pouvons plus rien faire. Le problème avec le handicap psychique, c’est qu’on ne voit que le haut de l’iceberg. Peut être que quelque chose s’est passé à la maison qui explique la situation, mais on ne peut pas savoir », <em>explique un moniteur.</em></p>
</blockquote>
<p>Face à ces comportements, les postures managériales se complexifient. Les professionnels sont par exemple contraints de s’enquérir de la vie privée des personnes pour pouvoir poursuivre l’accompagnement et de dépasser les frontières classiques du rôle managérial. Les crises, qui arrivent lorsque la personne est dépassée par son environnement et qui peuvent conduire à des accès émotionnels et de violence, poussent aussi les professionnels dans leurs retranchements. Ces derniers vont mettre en place toutes les actions possibles pour maintenir la personne dans l’Esat, vu, dans ces situations, comme un espace de la « dernière chance ».</p>
<p>L’utilisation des pratiques individualisées reste, par ailleurs, davantage issue de l’initiative des professionnels que de celle de l’organisation. Elle demeure nécessaire pour poursuivre la mission d’accompagnement de l’Esat, bien qu’elle frôle parfois les limites de la légalité.</p>
<h2>Adaptation de l’organisation ou des individus ?</h2>
<p>La coexistence de ces trois types de pratiques dans ces milieux protégés invite à poursuivre la réflexion sur l’inclusion du handicap psychique, toujours très stigmatisé, sur le marché du travail classique. Bien qu’ils ne soient a priori pas conçus pour ce type de handicap, les Esat développent des pratiques plus ou moins « conscious » qui permettent de faire face à l’inattendu et de mieux intégrer les travailleurs.</p>
<p>Cette recherche montre aussi que lorsque l’organisation ne peut s’adapter, la seule approche possible est de considérer l’individu et ses besoins propres. Cela impose aux professionnels de développer une attention, une posture compréhensive et à ajuster leurs actions en fonction de la situation rencontrée.</p>
<p>Si ces pratiques managériales méritent d’être connues, elles sont pour autant discutables. En effet, elles naissent de l’absence d’une réponse au niveau de l’organisation. C’est parce que l’organisation n’est pas idéale que les professionnels sont contraints à être flexibles. Le support étant limité, les organisations fonctionnent grâce au dévouement des professionnels.</p>
<p>Or, si le dévouement des professionnels semble a priori vertueux, il peut aussi les conduire à l’épuisement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169384/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans les établissements ou service d’aide par le travail (Esat), les professionnels doivent souvent dépasser les frontières classiques du rôle managérial.Sarah Richard, Enseignant-chercheur en RH, directrice de bachelor à l'EM Strasbourg, Université de StrasbourgAmy Church-Morel, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Savoie Mont BlancCélia Lemaire, Maître de conférences HDR en sciences de gestion, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1223012019-10-22T18:42:18Z2019-10-22T18:42:18ZAccueillir des Jeux suffit-il pour qu’une nation soit plus sportive ?<p>Paris a tout juste <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/21/paris-2024-le-nouveau-logo-des-jeux-olympiques-se-devoile_6016373_3242.html">dévoilé ce lundi 21 octobre</a> le logo des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 mettant à l’honneur le visage d’une femme et qui symboliserait des jeux « plus ouverts, plus participatifs, plus inclusifs » d’après le <a href="https://www.paris2024.org/fr/">Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques</a> (Cojop) de Paris 2024.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297992/original/file-20191021-56234-1fqljqq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Logo des Jeux de Paris 2024.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Paris 2024</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Derrière cette ambition se niche aussi l’espoir de voir augmenter la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/16184742.2014.998695">participation sportive</a>, notamment de celle des plus jeunes et des groupes sous-représentés. Cet argument sert souvent à justifier l’organisation de grands évènements sportifs. Lorsque Londres avait accueilli les Jeux olympiques et paralympiques en 2012, le gouvernement souhaitait ainsi « inspirer une génération ». </p>
<p>Mais est-ce si simple ? Accueillir des Jeux entraîne-t-il automatiquement un accroissement de la participation sportive au sein de la nation hôte ? Ces dernières années, <a href="https://www.cogitatiopress.com/socialinclusion/article/view/54">plusieurs études</a> ont démontré que l’objectif fixé par le gouvernement britannique n’avait pas été atteint.</p>
<p>La <a href="https://www.sportengland.org/media/11746/1x30_sport_16plus-factsheet_aps10.pdf">participation sportive</a> n’a augmenté <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19406940.2017.1348964">ni de manière significative ni de manière pérenne</a> dans le pays depuis 2012.</p>
<p>Comment expliquer ce constat ? Pour y parvenir, nous nous sommes intéressés à l’effet de la politique d’austérité budgétaire mise en place par le gouvernement britannique à la fin des années 2000. Dans quelle mesure cette dernière a-t-elle influencé l’héritage des Jeux de Londres 2012 en termes de participation sportive, notamment au regard de son impact sur les clubs sportifs amateurs anglais ?</p>
<h2>L’influence des mesures d’austérité sur le mouvement sportif anglais</h2>
<p>L’impact des mesures d’austérité sur la participation sportive au Royaume-Uni a récemment fait l’objet de plusieurs études académiques et journalistiques. <a href="https://www.cogitatiopress.com/socialinclusion/article/view/54">Des chercheurs</a> ont montré que les inégalités structurelles croissantes générées par ces mesures ont eu un effet négatif sur la participation sportive, touchant plus sévèrement les personnes en situation de pauvreté ; le phénomène étant aggravé par des facteurs de genre, de handicap, d’âge ou d’ethnicité.</p>
<p>À titre d’exemple, les jeunes venant de familles à bas revenus (moins de 16 000 livres sterling par an, soit 18 600 euros) ont deux fois moins de chance d’être membre d’un club, de faire de la compétition ou d’être coach. Leurs possibilités de faire du volontariat est 25 % plus faible.</p>
<p>Une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/04419057.2013.820503">autre étude</a> a révélé que les programmes dédiés à renforcer la participation sportive étaient fragilisés, alors que ceux visant à élargir cette participation dans différents groupes sous-représentés (comme les femmes, les jeunes, les personnes ayant un handicap) étaient sur le point de disparaître.</p>
<p>Une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19407963.2014.968309?casa_token=IkCzhBA9S7AAAAAA:F07oNNQZBn3GIaArRQlnCREk6pcHmwGPXu3IfZIgzkOQ1Ty_AWB4Rvj3V-xz69D75VDCwFXeunb2Ig">dernière recherche</a> note un transfert de l’offre sportive du secteur public et volontaire vers le secteur privé et commercial.</p>
<p>S’inspirant de ces travaux, notre étude <a href="https://pureportal.coventry.ac.uk/en/publications/gouvernance-des-f%C3%A9d%C3%A9rations-sportives-d%C3%A9fis-actuels-dans-une-pers">tente de comprendre les mécanismes</a> par lesquels les politiques d’austérité ont pesé sur les clubs sportifs amateurs, affectant ainsi la réalisation des objectifs d’élévation de la participation sportive attendus de l’organisation des Jeux de Londres 2012. Pour ce faire, une série d’interviews a été conduite auprès de dirigeants de clubs sportifs amateurs dans le centre de l’Angleterre. Nous avons également étudié l’évolution des principales politiques et stratégies sportives menées par les gouvernements successifs au Royaume-Uni.</p>
<h2>Un environnement socio-économique changeant</h2>
<p>En 2003, lorsque le gouvernement britannique décide de supporter la candidature de Londres pour l’organisation des Jeux de 2012, le Royaume-Uni connaît une longue période de stabilité économique. De plus, le gouvernement travailliste au pouvoir investit alors massivement dans le secteur public, notamment dans différents programmes pour promouvoir la participation sportive. La crise financière de 2007-2008 change la donne. Elle entraîne une augmentation significative du déficit public, <a href="https://www.theguardian.com/news/datablog/2010/oct/18/deficit-debt-government-borrowing-data">qui atteint 156 milliards (£) (181 365 euros) en 2009</a>.</p>
<p>L’année suivante, l’élection d’une coalition formée par les Conservateurs et les Socio-Démocrates marque un tournant non seulement idéologique concernant le rôle de l’État, mais aussi politique, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23750472.2018.1550369">avec une série de mesures d’austérité budgétaire et de réduction des investissements publiques</a>.</p>
<p>Le budget des gouvernements locaux est massivement réduit, impliquant une réduction de l’offre sportive offerte ou soutenue par les services publics. La Local Government Association estime que les gouvernements locaux ont dépensé 1 milliard (£) soit 1,1 M d’euros, dans le domaine du sport en 2014, contre 1,4 milliard (1,6 M euros) en 2009-2010. Une <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/thousands-of-sports-facilities-lost-since-2012-bxfnlp8jw">autre étude</a> rapporte que le nombre d’infrastructures sportives (piscines, pistes d’athlétisme, cours de tennis, etc.) a chuté de 80 942 en 2012 à 78 270 en 2016, phénomène associé à des pertes d’emplois et une baisse des heures d’ouverture ou des offres sportives proposées. Ces restrictions budgétaires ont eu des répercussions pour les clubs sportifs amateurs, comme l’indique un des dirigeants interviewés :</p>
<blockquote>
<p>« Je sais de par mon expérience que les choses sont plutôt difficiles pour les autorités locales en ce moment, et cela complique les choses pour nous aussi car nous dépendons d’eux pour accéder à la piscine [communale]. »</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs programmes phares furent par ailleurs annulés par le gouvernement conservateur, tel que le programme de « natation gratuite » destiné à encourager la pratique pour les moins de 16 ans et les plus de 60 ans.</p>
<p>Hugh Robertson, alors ministre des Sports et de l’Olympisme, décrit soudain ce programme <a href="https://www.theguardian.com/politics/2010/jun/18/end-free-swimming-children-over-60s">« comme un luxe que l’on ne peut plus se permettre »</a>. Ce changement d’orientation politique affecte également les clubs sportifs, comme le mentionne le dirigeant d’un club de natation :</p>
<blockquote>
<p>« C’était super quand le gouvernement travailliste garantissait la natation gratuite, mais quand cela a été supprimé, il ne fait pas de doute que cela nous a fortement impacté. »</p>
</blockquote>
<h2>Des paradoxes au cœur de l’héritage des Jeux de Londres 2012</h2>
<p>Plus largement, nos résultats indiquent des contradictions profondes entre les politiques d’austérité et les objectifs de promotion de la participation sportive promus par les Jeux de Londres 2012.</p>
<p>Au moment même où le budget des Jeux été réévalué à 9 milliards de livres sterling (10,4 M euros), le gouvernement se refusant à <a href="https://www.bbc.co.uk/news/uk-16370681">des « Jeux d’Austerité »</a> (Austerity Games), les moyens donnés aux clubs sportifs locaux et aux dispositifs de promotion de la pratique se voyaient significativement amputés.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/M4JA3Lbwj5Y?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Austerity Olympics », INSEAD, 2012.</span></figcaption>
</figure>
<p>Cette contradiction inscrite au cœur de l’héritage de Londres 2012 est pointée par l’ensemble des dirigeants sportifs interviewés. Le président d’un club de natation souligne ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai été impliqué dans tout cela le [sport associatif local] depuis plus de 20 ans et la situation est pire qu’elle ne l’a jamais été. »</p>
</blockquote>
<p>Un autre dirigeant n’hésite pas à renchérir :</p>
<blockquote>
<p>« Nous perdons notre piscine et on nous parle d’héritage olympique ! Est-ce là l’héritage olympique ? ! Notre situation est bien pire qu’en 2012 ! Je ne pense donc pas qu’il y a eu un héritage… »</p>
</blockquote>
<p>Au moins deux conclusions s’imposent. Ainsi, même si le gouvernement britannique <a href="https://www.theguardian.com/business/2019/sep/05/has-the-age-of-austerity-really-come-to-an-end-sajid-javid">a annoncé la fin des mesures d’austérité</a>, leurs conséquences ne vont pas s’effacer du jour au lendemain.</p>
<p>Les clubs sportifs britanniques ont besoin d’un environnement économique et politique stable, propice à leurs activités et qui favorise non seulement l’augmentation de la participation sportive mais aussi son élargissement aux franges de la population jusqu’ici sédentaire.</p>
<p>Enfin, l’accueil de grands évènements sportifs ne peut pas contribuer à l’essor de la participation sportive sans l’accompagnement de politiques claires et durables de soutien au mouvement sportif local. Voilà le Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 averti !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122301/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’austérité budgétaire génère des inégalités croissantes avec un effet négatif sur la participation sportive.Simon Gérard, Lecturer in Sport Management, Coventry UniversityAndrew Jones, Research Assistant, Coventry UniversityIan Stuart Brittain, Research Fellow, Centre for Business in Society, Coventry UniversitySylvain Ferez, Maître de conférence, sociologie, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1077532018-12-12T22:28:03Z2018-12-12T22:28:03ZNouvelle gouvernance du sport : des incertitudes à lever d’urgence<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/250290/original/file-20181212-110243-mxdrge.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C93%2C1274%2C753&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, à l'Ecole polytechnique, le 4 septembre 2018.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/cf/Roxana_Maracineanu_%2844439543342%29.jpg/1280px-Roxana_Maracineanu_%2844439543342%29.jpg">Jérémy Barande/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Établi au terme d’une consultation de plusieurs mois, le <a href="http://www.sports.gouv.fr/autres/Gouvernance_Rapport.pdf">rapport préconisant une refonte du modèle sportif français</a> a été remis à la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, en septembre dernier. Ce document, qui comporte 57 propositions pour une nouvelle gouvernance du sport, répond à la demande du premier ministre :</p>
<blockquote>
<p>« Engager une démarche de confiance envers le mouvement sportif en donnant davantage d’autonomie aux fédérations sportives et au Comité national olympique, ainsi qu’aux acteurs locaux et en recentrant l’action de l’État sur des missions essentielles de coordination, de réglementation et de contrôle, notamment éthique ».</p>
</blockquote>
<p>Les objectifs assignés visent notamment à réussir les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, et à augmenter de trois millions le nombre de pratiquants.</p>
<h2>Une Agence pour gouverner le sport</h2>
<p>L’élément central de la nouvelle gouvernance est la <a href="http://www.sports.gouv.fr/presse/article/La-Ministre-annonce-la-creation-de-l-Agence-du-sport">création d’une Agence nationale du sport, dont le lancement est prévu pour le 1ᵉʳ mars 2019</a>, sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP). Cette structure inédite vise à regrouper l’État, les collectivités territoriales, le mouvement sportif et le monde économique pour exercer une gouvernance partagée en termes d’appui, de financement et d’évaluation, tant au titre de la haute performance que du développement des pratiques. <a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Jean%E2%80%91castex-a-la-tete-de-la-future-agence-du-sport/957307">Elle sera présidée par Jean Castex, qui conservera sa fonction de délégué interministériel aux JOP et aux grands événements sportifs</a>.</p>
<p>Au niveau territorial, des conférences régionales et des conférences des financeurs seront mises en place, en vue d’assurer une meilleure coordination des politiques et des interventions. Enfin, le mouvement sportif disposera de plus d’autonomie avec la fin de la tutelle de l’État, tandis que le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) verra son rôle renforcé en matière de contrôle de l’éthique des fédérations.</p>
<p>Dans un premier temps, l’Agence bénéficiera des fonds issus du <a href="http://www.cnds.sports.gouv.fr/">Centre national pour le développement du sport (CNDS)</a> appelé à disparaître, ainsi que du programme « sport » dédié au financement des fédérations. Mais un des points essentiels de la réforme vise à mobiliser des financements privés pour relayer les fonds publics.</p>
<h2>Une réforme radicale, des incertitudes à lever</h2>
<p>S’il est acquis que notre mode d’organisation du sport nécessite une profonde rénovation, le caractère radical de la réforme génère des incertitudes qui doivent être exprimées. En effet, le mode de gouvernance proposé n’a fait l’objet d’aucune phase d’expérimentation ni étude d’impact préalable. L’abandon d’un système éprouvé depuis des décennies pour une structure non encore testée induit une prise de risque importante. La proximité de l’échéance de Paris 2024 contribue évidemment à amplifier l’enjeu.</p>
<p>La gouvernance partagée ou collégiale qui doit remplacer le leadership étatique suppose que des acteurs aux intérêts parfois divergents puissent s’accorder sur les contours du « bien sportif commun » et les voies de son développement. Or le mouvement sportif et les collectivités territoriales sont très hétérogènes et souvent divisés, sans parler de la diversité du « monde économique ». L’une des interrogations essentielles pour l’avenir tient à la capacité des partenaires constitutifs de la future Agence à coopérer efficacement.</p>
<p>Vouloir réussir les JOP et accroître le nombre de pratiquants de trois millions, tout en réduisant les fonds publics affectés au sport, en diminuant les effectifs dédiés et en s’appuyant sur un modèle institutionnel entièrement rénové, peut s’avérer un pari à haut risque.</p>
<p>Un éventuel échec serait un scénario inacceptable, tant pour son impact national qu’au plan international. Le compte à rebours ayant démarré, il importe désormais que tous les obstacles soient levés rapidement afin que la performance attendue puisse effectivement s’accomplir.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.sportetcitoyennete.com/articles/mai-2018-position-think-tank-sport-citoyennete-gouvernance-sport">Lire la position du think tank Sport et Citoyenneté relative à la gouvernance du sport français</a> (mai 2018).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107753/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Colin Miège est président du Comité scientifique du Think tank «Sport et Citoyenneté». </span></em></p>S’il est acquis que le mode d’organisation du sport français nécessite une profonde rénovation, le caractère radical de la réforme génère des incertitudes qui doivent être exprimées.Colin Miège, Chargé de cours, AudenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/993902018-07-10T20:58:26Z2018-07-10T20:58:26ZLes Jeux paralympiques : comment tout commença, il y a 70 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/226799/original/file-20180709-122253-165c2uc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=657%2C21%2C2414%2C1271&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La cérémonie de clôture des Jeux internationaux de Stoke Mandeville, en 1962.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.mandevillelegacy.org.uk/page_id__19.aspx">Mandeville legacy</a></span></figcaption></figure><p>Le <a href="https://www.paralympic.org">Mouvement paralympique</a> s’apprête à célébrer le 70<sup>e</sup> anniversaire de la tenue des <a href="https://www.paralympicheritage.org.uk">1ers Jeux de Stoke Mandeville</a>, une épreuve sportive aujourd’hui considérée comme un épisode fondateur de son histoire. Cette compétition de tir à l’arc se déroula le 29 juillet 1948 au sein de l’hôpital de Stoke Mandeville (Aylesbury, Angleterre) et rassembla 16 archers en chaise roulante, 14 hommes et 2 femmes.</p>
<p>En s’intéressant de plus près à l’émergence des Jeux de Stoke Mandeville, il est possible d’éclairer le contexte social dans lequel ils ont pris place ainsi que les mécanismes et stratégies qui ont permis de donner naissance aux <a href="https://www.routledge.com/The-Paralympic-Games-Explained-Second-Edition-2e-Edition/Brittain/p/book/9781138927186">Jeux paralympiques</a> quelques années plus tard.</p>
<h2>Le Dr Ludwig Guttmann</h2>
<p>Le Dr Ludwig Guttmann (1899 – 1980) est reconnu comme l’un des pères fondateurs du Mouvement paralympique. Guttmann était un neurochirurgien juif qui, fuyant le régime nazi avec sa famille, s’installa en 1939 près de la ville d’Oxford en Angleterre. Il y poursuivit certaines de ses recherches scientifiques, notamment en lien avec la stimulation et la régénération du système nerveux. En septembre 1943, le gouvernement anglais le nomma directeur du National Spinal Unit Centre au sein du Ministry of Pensions Hospital à Stoke Mandeville (Aylesbury, Angleterre).</p>
<p>Guttmann vit dans cette position l’opportunité de développer de nouvelles méthodes de réadaptation des blessures médullaires mais également la possibilité de changer le regard de la société et les attitudes très largement défaitistes envers les personnes paraplégiques. La durée de vie des personnes avec une lésion de la moëlle épinière était en effet de 6 semaines durant la Première Guerre mondiale et de quelques mois durant l’entre-deux-guerres. Ces personnes étaient donc considérées comme incurables et le personnel médical n’avait que très peu d’espoir quant à leur réinsertion socio-professionnelle.</p>
<p>Guttmann était convaincu des bienfaits physiques, psychologiques et sociaux associés aux pratiques de réadaptation active et aux mouvements « ciblés » dans le traitement des blessures médullaires. Cette approche était quelque peu révolutionnaire puisqu’à l’époque, les techniques de réadaptation se composaient principalement de massages, de mouvements passifs et de repos. C’est donc sans surprise que des activités physiques et sportives adaptées ont été initiées dès la prise de fonction du Dr Guttmann et prescrites, de manière obligatoire, aux patients de l’hôpital de Stoke Mandeville.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226801/original/file-20180709-122253-1kjz4om.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Margaret Maughan, médaille d’or au tir à l’arc, Jamaïque, 1966.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.mandevillelegacy.org.uk/page_id__19.aspx">Margaret Maughan</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le tir à l’arc</h2>
<p>De nombreux sports y furent pratiqués tels que le badminton, le tennis de table, le netball puis le basketball, l’athlétisme ou encore le billard et les fléchettes. Ces activités faisaient partie intégrante du processus de réadaptation et étaient pratiquées sous un contrôle médical très sévère. Un sport en particulier, le tir à l’arc, jouait un rôle important dans ce processus. Il permet aussi de mieux comprendre le sens attribué par Guttmann et ses collaborateurs à ces pratiques sportives.</p>
<p>Selon les mots de Guttmann, le tir à l’arc était d’une immense valeur thérapeutique et permettait « de muscler, de manière naturelle, les membres supérieurs, les épaules et le tronc dont dépend la position stable et verticale de la personne paraplégique ». De plus, le tir à l’arc était l’un des rares sports dans lequel une personne en chaise roulante pouvait affronter, de manière équitable, une personne debout. Il était donc fréquent de voir des patients de Stoke Mandeville prendre part à des compétitions de tir à l’arc en dehors de l’hôpital ou, à l’inverse, de voir des clubs sportifs locaux participer à un tournoi au sein de l’hôpital. Ce sport a donc favorisé les échanges entre les patients de Stoke Mandeville et le monde extérieur et s’inscrivait dans la volonté de réintégration sociale promue par Guttmann.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226804/original/file-20180709-122262-b0o363.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le tir à l’arc, une discipline plébiscitée par le Dr Guttmann.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://paralympiques-tpe.e-monsite.com/pages/un-bon-indacteur-de-l-integration-des-handicapes/page.html">Blog</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les Jeux de Stoke Mandeville</h2>
<p>Ces différentes rencontres sportives ont favorisé l’organisation récurrente de compétitions sportives pour les personnes blessées à la moëlle épinière. Les premiers Jeux de Stoke Mandeville, sous le nom sobre de « Journée sportive », furent organisés le 29 juillet 1948 pour promouvoir le don à l’hôpital d’un bus de transport adapté. Ces Jeux ont été par la suite organisés chaque année, notamment grâce au soutien de la Fédération mondiale des vétérans de guerre et sont devenus internationaux en 1952 quand une équipe néerlandaise du Doorn Military Rehabilitation Centre prit part à la compétition. <a href="https://www.taylorfrancis.com/books/9781134440832">Ces Jeux prirent rapidement de l’ampleur</a>, que ce soit en termes d’équipes participantes ou en termes de sports pratiqués. A titre d’exemple, 350 athlètes venant de 20 pays différents s’affrontèrent dans 10 disciplines sportives lors des Jeux de Stoke Mandeville de 1958. Rappelons que ces compétitions, à l’époque, ne concernaient que les personnes ayant une lésion médullaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226803/original/file-20180709-122256-1c9gmoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les Jeux de Stoke Mandeville dans les années 1960.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.mandevillelegacy.org.uk/page_id__19.aspx">S. Haynes</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Mécanismes et stratégies d’expansion</h2>
<p>Mais comment, en seulement quelques années, ces Jeux ont-ils pu devenir la pierre angulaire du mouvement sportif international pour les personnes avec une blessure médullaire ? Il est possible d’identifier quelques mécanismes bien distincts qui sont à l’origine de ce développement.</p>
<p>Tout d’abord, les anciens patients de l’hôpital de Stoke Mandeville ont joué un rôle prépondérant, en favorisant l’émergence de ces pratiques sportives adaptées une fois transférés dans un nouvel hôpital ou de retour à la vie civile. De manière similaire, de nombreux médecins étrangers ont voyagé jusqu’à Stoke Mandeville et se sont inspirés de ce qu’ils y ont vu. Ensuite, le journal <em>The Cord</em> créé par 6 ex-patients de Stoke Mandeville pour promouvoir les intérêts des patients et pour « propager, dans la vie civile, cet esprit de camaraderie qui a germé dans les centres de réadaptation et à l’hôpital ». Ce journal facilita l’exportation à l’international des nouvelles méthodes développées par Guttmann et diffusa les principaux résultats sportifs. Aujourd’hui, seule une poignée d’éditions complètes du journal <em>The Cord</em> existe encore.</p>
<p>Le Dr Guttmann lui-même était un travailleur infatigable et un ardent défenseur du sport comme outil de réadaptation. De par son caractère obstiné, son leadership et sa détermination, Guttmann a profondément et durablement façonné le développement du Mouvement paralympique. Il participa à de très nombreuses conférences scientifiques, voyagea sans interruption et écrivit de manière prolifique pour défendre ses méthodes. Il faisait aussi preuve d’habileté pour obtenir le soutien du monde politique, associatif ou médiatique. Des représentants de l’élite politique anglaise, de la famille royale britannique ou encore des stars du cinéma étaient systématiquement invités à prendre part aux cérémonies d’ouverture ou de clôture, ainsi qu’aux remises des médailles, lors des Jeux de Stoke Mandeville.</p>
<p>A la demande des athlètes, un système de classification – connu sous le nom de système de classification médical – fut également développé pour préserver l’équité durant les rencontres sportives. Sur la base d’un diagnostic médical uniquement établi par des médecins, les athlètes étaient classés en fonction de la sévérité de leurs atteintes médullaires. Ainsi dès 1953, trois classes étaient élaborées en tennis de table en fonction de la hauteur de la lésion médullaire, une lésion haute entraînant une plus grande perte motrice : lésions cervicales, thoraciques haute ou basse. Ce système de classification, <a href="https://theconversation.com/explainer-how-the-paralympics-classification-system-keeps-things-fair-64826">qui a considérablement évolué depuis lors</a> <a href="https://theconversation.com/doping-boosting-and-other-forms-of-cheating-at-the-paralympics-9228">mais qui reste toujours contesté</a>, a permis la codification de ces rencontres sportives et donc leur pérennisation.</p>
<p>Enfin, l’une des stratégies les plus efficaces pour promouvoir les Jeux de Stoke Mandeville fut de systématiquement les associer et les comparer au Mouvement olympique et aux Jeux olympiques. Même si l’on ne connaît pas exactement le degré d’intentionnalité dans les plans de Guttmann, les Premiers Jeux de Stoke Mandeville se déroulèrent le même jour que la cérémonie d’ouverture des 14<sup>e</sup> Jeux olympiques célébrés à une trentaine de kilomètres de là, dans le stade de Wembley à Londres.</p>
<p><a href="https://www.wiley.com/en-us/Athlete+First%3A+A+History+of+the+Paralympic+Movement-p-9780470058244">Les Jeux de Stoke Mandeville</a> étaient également décris comme « Les Jeux olympiques des Paraplégiques » ou simplement les « Jeux Olympiques ». Dès 1949, Guttmann déclara lors d’un discours qu’un jour « les Jeux de Stoke Mandeville deviendraient l’équivalent des Jeux olympiques ». Guttmann poussa cette stratégie plus loin en organisant les Jeux internationaux de Stoke Mandeville de 1960 dans la ville de Rome, la même ou s’étaient tenus à peine quelques semaines auparavant les Jeux olympiques. Selon un proche collaborateur de Guttmann, le Dr Tricot, cette initiative visait à marquer ces Jeux « du sceau olympique, consacrant par-là, le rôle thérapeutique du sport dans la rééducation des paraplégiques ». Les Jeux de Stoke Mandeville de 1960 sont aujourd’hui considérés <a href="https://theconversation.com/a-brief-history-of-the-paralympic-games-from-post-wwii-rehabilitation-to-mega-sport-event-64809">comme les premiers Jeux paralympiques</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99390/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment les Jeux organisés à la fin des années 1940 à l’hôpital de Stoke Mandeville ont donné naissance aux Jeux paralympiques, sous l’impulsion du Dr Guttmann.Simon Gérard, Lecturer in Sport Management, Coventry UniversityIan Stuart Brittain, Research Fellow, Centre for Business in Society, Coventry UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/656962016-09-20T04:44:28Z2016-09-20T04:44:28ZJeux paralympiques : la complexe équation française face au classement des médailles<p>Depuis le début des années 1990, la France reculait inlassablement dans le classement des médailles des jeux paralympiques : 4<sup>e</sup> en 1992, 6<sup>e</sup> en 1996, 7<sup>e</sup> en 2000, 9<sup>e</sup> en 2004, 12<sup>e</sup> en 2008, 16<sup>e</sup> en 2012. Cette année à Rio, la chute s’est enrayée. La <a href="https://www.rio2016.com/fr/paralympiques/tableau-des-medailles-pays">France a fini 12ème</a> avec neuf médailles d’or et vingt-huit médailles au total.</p>
<p>Les <a href="http://rmcsport.bfmtv.com/mediaplayer/video/jeux-paralympiques-le-secretaire-d-etat-charge-des-sports-soutient-les-athletes-francais-855433.html">objectifs déclarés de Thierry Braillard</a>, secrétaire d’État chargé des Sports, étaient de dix médailles d’or, entre quarante et cinquante médailles et une place dans les dix meilleures nations du monde. Emmanuel Assmann, présidente du Comité paralympique et sportif français, parlait de son côté de faire mieux qu’à Londres et de <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-du-5-7/l-invite-du-5-7-07-septembre-2016">se rapprocher du top 10</a>.</p>
<p>Si les objectifs ne sont pas totalement atteints, personne ne parle d’échec. D’abord en raison de la remontée dans le classement par rapport à 2012. Ensuite parce que la place de la France dans ce classement est parfois relativisée par d’autres acteurs sportifs et politiques. Nous pouvons, à cet égard, citer la réponse de Ségolène Neuville, secrétaire d’État aux Personnes handicapées, sur le plateau de France télévision, le 17 septembre dernier alors qu’un journaliste lui demandait comment gagner plus de médailles :</p>
<blockquote>
<p>« Il y a deux choses différentes : vouloir à tout prix des sportifs paralympiques et des médailles, et le fait de vouloir des clubs qui accueillent des personnes handicapées. »</p>
</blockquote>
<h2>Une corrélation relative entre réussite aux jeux et conditions de vie des personnes handicapées</h2>
<p>Ségolène Neuville a globalement raison. Il y a quelques années, Ian Brittain montrait la corrélation partielle entre le développement socio-économique d’un pays, l’accessibilité des espaces sociaux pour les personnes handicapées et la réussite paralympique. Dans <a href="http://www.isdy.net/pdf/eng/2006_03.pdf">son article</a>, le chercheur notait ainsi l’importance de prendre en compte la situation des pays, soulignant comme a pu le faire un <a href="http://www.lemonde.fr/jeux-olympiques/article/2012/08/30/le-pays-pauvre-acteur-mineur-des-jeux-paralympiques_1753510_1616891.html">article paru dans Le Monde</a> il y a quatre ans, le faible nombre de médailles des « pays pauvres ».</p>
<p>Mais, en parallèle, Ian Brittain expliquait aussi la réussite d’un pays par l’investissement politique et financier spécifiquement sur le sport paralympique. Il citait alors l’exemple de la Chine, première au classement des médailles, mais dont les politiques en matière de handicap restent aujourd’hui limitées malgré certaines évolutions. L’exemple du Royaume-Uni peut également être cité : alors que le pays était érigé en exemple en 2012 pour l’organisation des Jeux de Londres et la réussite de ses sportifs, <a href="http://www.independent.co.uk/sport/olympics/paralympics/politics-and-the-paralympics-voters-are-against-cuts-to-disability-benefits-8100742.html"><em>The Independent</em></a> mettait en lumière certaines voix s’élevant contre l’hypocrisie gouvernementale envers les personnes handicapées et dénonçant des coupes budgétaires au niveau de certaines allocations.</p>
<p>Pour réussir aux Jeux paralympiques, les pays mentionnés ont massivement investi dans des structures de préparation pour les sportifs de haut niveau. Ils ont aussi professionnalisé leur mouvement paralympique. La recette est donc finalement similaire à celle permettant les victoires aux Jeux olympiques souvent questionnées en sociologie et économie du sport, comme l’a rappelé un <a href="https://theconversation.com/question-deconomie-politique-pourquoi-certains-pays-raflent-la-mise-au-jo-64006">article</a> de Pierre Rondeau publié ici même le mois dernier.</p>
<p>La recette est similaire… et différenciée. Les investissements pour les Jeux olympiques et pour les Jeux paralympiques ne sont pas toujours liés. Ainsi, des décalages apparaissent parfois entre la réussite olympique et paralympique. <a href="http://www.la-croix.com/Sport/Le-Bresil-et-l-Ukraine-champions-des-Paralympiques-2016-09-12-1200788471">C’est le cas avec l’Ukraine</a> dont la réussite paralympique interroge tous les deux ans (jeux d’été comme jeux d’hiver) le grand public.</p>
<h2>Sport pour tous vs sport de haut niveau</h2>
<p>L’année dernière, après la non-qualification pour les Jeux de l’équipe de France masculine de Cecifoot et de Basket fauteuil, Gérard Masson, président de la Fédération française handisport, soulevait l’intérêt de la <a href="http://www.le10sport.com/handisport/handisport-masson-faut-il-creer-un-insep-203804">création d’un INSEP</a> pour les sportifs paralympiques. Mais l’idée d’augmenter les moyens pour le haut niveau, au risque d’abaisser ceux pour les autres formes de pratique, peine à convaincre les dirigeants des fédérations spécifiques.</p>
<p>Critiques envers les modèles étrangers, ces dirigeants refusent tout autant <a href="http://archive.francesoir.fr/sport/autres-sports/jeux-paralympiques-2012-les-medailles-pas-une-obsession-232281.html">dans leur discours</a> de sacrifier certaines disciplines rapportant peu de médailles pour d’autres plus rémunératrices. Certains choix sont, néanmoins, faits dans ce sens. La Fédération française handisport a notamment décidé de « disciplines prioritaires » dans la perspective des jeux de 2020 et a lancé une nouvelle politique de détection de jeunes dans une perspective de réussite paralympique.</p>
<p>Ces choix fédéraux, qui peuvent apparaître ambigus, sont favorisés par les positionnements du ministère des Sports et de ses dirigeants. Comme l’ont montré les discours cités en introduction, l’État défend une politique sportive d’accessibilité et d’intégration en matière de handicap. L’objectif est de soutenir et financer l’ensemble des fédérations développant des actions, y compris des fédérations non paralympiques.</p>
<p>En parallèle, elle attend des résultats aux Jeux paralympiques, comme le montrent ces propos de l’ancien directeur des Sports Thierry Mosimann, lors d’une <a href="https://www.canal-sport.fr/fr_FR/insep-bilan-des-jeux-olympiques-et-paralympiques-2012/insep-26-intervention-thierry-mosimann-directeur-des-sports-au-msjepva">réunion bilan</a> des jeux de Londres, en novembre 2012 :</p>
<blockquote>
<p>« La performance des équipes de France, dans les grandes compétitions internationales et notamment aux Jeux olympiques et paralympiques, c’est en fait un enjeu national, c’est du prestige international de notre pays dont il est question. »</p>
</blockquote>
<p>Cette posture apparaît clairement dans le rapport aux fédérations. Lors d’un entretien en 2013 (réalisé dans le cadre de <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01293006">recherches doctorales</a>), un dirigeant de la Fédération française handisport décrivait la pression provenant du ministère des Sports en matière de réussite paralympique et précisait que les enjeux de la FFH étaient finalement similaires à ceux de toute autre fédération olympique :</p>
<blockquote>
<p>« Après Londres, on s’est fait démonter, y compris par le ministère des Sports alors qu’on prend 12 000 licenciés en cinq ans, 500 clubs […]. C’est comme ça, c’est l’image de la France […]. Tu es obligé de montrer que tu fais quelque chose pour redresser la barre paralympique, ça ne se discute pas dans la stratégie des fédérations. »</p>
</blockquote>
<h2>La coopération interfédérale comme solution ?</h2>
<p>Ces propos montrent bien que la situation complexe des fédérations et du ministère au regard des Jeux paralympiques n’est finalement pas si différente de celle des Jeux olympiques. Ces derniers jours, les questions d’orientation des financements pour le monde sportif sont d’ailleurs <a href="http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1558802-le-sport-victime-des-coupes-budgetaires-pourquoi-le-gouvernement-fait-une-grave-erreur.html">au cœur de controverses</a>. Faire le lien entre le sport de haut niveau valide et le sport de haut niveau handisport et sport adapté est alors peut-être une solution à l’équation.</p>
<p>Depuis plusieurs années, des coopérations se sont développées entre fédérations disciplinaires et fédérations spécifiques afin de faciliter la préparation aux Jeux paralympiques. C’est le cas <a href="http://www.lemonde.fr/tennis/article/2016/09/14/pourquoi-le-tennis-en-fauteuil-francais-est-il-le-plus-competitif-au-monde_4997510_1616659.html">au niveau du tennis</a> avec, d’un côté, la fédération handisport qui organise les règlements et le circuit national et de l’autre la fédération de tennis qui soutient les meilleurs sportifs afin qu’ils augmentent leurs chances de médailles.</p>
<p>C’est aussi le cas au niveau du canoë-kayak, du triathlon et de l’aviron, disciplines pour lesquelles la fédération handisport a délégué en 2013 l’organisation du haut niveau aux fédérations disciplinaires. Enfin, nous pouvons citer la préparation des sportifs paralympiques en judo, menée au sein de la fédération handisport, mais soutenue par la fédération française de judo et disciplines associées. Dans toutes ces disciplines, la France a été médaillée à Rio et l’investissement ne s’est pas fait au détriment d’une réduction des moyens pour la pratique pour tous. À l’heure où les bilans des jeux de Rio démarrent, ces modèles de coopération devraient a priori être au cœur des débats, pour peut-être à terme, devenir une norme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65696/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Flavien Bouttet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>C’est l’heure du bilan pour les Jeux paralympiques de Rio. Comment engranger les médailles tout en assurant un développement de toutes les disciplines handisport ? Éléments de réponse.Flavien Bouttet, Docteur, équipe de recherche "sport et sciences sociales", Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/651852016-09-13T04:37:13Z2016-09-13T04:37:13ZJeux paralympiques, une communauté des anneaux comme les autres<p>Les Jeux paralympiques sont un paradoxe, jusque dans leur dénomination. « Para » suggère en effet l’idée d’une altérité, d’un à-côté similaire, mais non semblable. « Lympique » en revanche nous invite à l’universalité, à reconnaître la force du sport, du talent, de la performance et du dépassement de soi, par-delà la situation de handicap. Ainsi, les athlètes paralympiques ne seraient pas des sportifs/ves, mais des (super)-héro(ïne)s. Une simple requête sur un moteur de recherche permet de se rendre compte de la force d’un tel jugement de valeur. Pour autant, cette vision métaphorique ne fait pas l’unanimité. Des voix s’élèvent pour dénoncer la persistance d’un préjugé tenace, qui <a href="http://www.faire-face.fr/2016/09/05/paralympiques-superheros-super-lourdaud/">réduirait l’athlète paralympique à son handicap</a>.</p>
<p>Mais alors, de quoi se plaint-on, me direz-vous ? Finalement, pourquoi ne pas se contenter de ce qu’on a et considérer qu’être un(e) super-héro(ïne), c’est plus que n’en demande le commun des mortels ? C’est pourtant ici que se situe l’argument principal. Qu’il soit positif ou négatif, le stéréotype affirme la différence, catégorise et exclut. C’est peut-être même l’essence des Jeux paralympiques qui est en cause. Créer une communauté de sportifs à part, c’est acter la différence.</p>
<p>L’exemple d’Oscar Pistorius l’avait mis au jour et sa participation aux Jeux olympiques de Londres en 2012 avait permis de <a href="http://leplus.nouvelobs.com/contribution/585625-oscar-pistorius-aux-jeux-olympiques-de-londres-la-victoire-du-handicap.html">fissurer la frontière</a>. Nous y sommes, donc. Encore une fois, le communautarisme aurait frappé. Les Jeux paralympiques seraient donc seuls responsables de leur paradoxe, ils n’avaient qu’à sortir de la logique communautaire. Vraiment ?</p>
<h2>Une affaire de communauté, et alors ?</h2>
<p>C’est avant tout le regard porté sur les Jeux paralympiques qu’il faut changer, et de deux manières : éviter la catégorisation et porter un regard ouvert sur la notion de communauté. Considérer en premier lieu les athlètes paralympiques, dans un élan de compassion mâtiné de bienveillance, bien que l’on s’en défende, comme des athlètes hors du commun reviennent à les inscrire de manière définitive et totalitaire dans une catégorie à part.</p>
<p>Deux biais de raisonnement sont décelables : l’homogénéité et la globalité. L’homogénéité revient à considérer que tous les athlètes sont les mêmes, et qu’il n’existe plus alors de disparités sociales, culturelles ou individuelles. Rien ne ressemblerait plus à un athlète paralympique qu’un autre athlète paralympique. Sauf que cette supposée homogénéité n’est pas seulement trompeuse, elle est également discutable et a pour conséquence la globalité, qui revient à réduire les athlètes à une unique inscription sociale et ainsi à leur nier toute autre forme de rapport aux autres et au monde. Les <a href="http://www.lemonde.fr/sport/article/2009/12/17/londres-2012-le-handicap-mental-reintegre-la-famille-paralympique_1270475_3242.html">péripéties multiples autour de l’intégration du handicap mental au sein des Jeux paralympiques</a> sont une illustration criante de l’absence d’homogénéité et de globalité au sein cette communauté.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=373&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=469&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=469&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137254/original/image-20160909-13356-rmo8cj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=469&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Oscar Pistorius, en 2012. L’athlète avait fissuré la frontière.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/121483302@N02/13482649445/in/photolist-mxq6Xc-akPk9L-9phtEc-9pkwC5-d7cyfN-4CF2yY-d7ceJU-d4FXmA-2tdtT3-dL9xQ5-boHckW-akxmRJ-d8xUvq-fMjDNB-cKD4eY-cKD3ML-cKD47q-oWjWvw-crrt33-cKD3YL-d9YbR8-cKD3uo-cMw2No-cP1Loy-9pkxbj-9pkvK3-9phtc4-9pkwHo-cL9dwh-bBB76D-cKD3BC-boHdHQ-cKD2F3-cKD3kA-cKD2Ss-cKD39b-bBB6J6-boHcFy-bBB1o4-bBAZHn-bBC6pF-dEtEBm-bBC7dT-dEohLR-d4zJ49-cRYJPh-cRYL8o-d8eEUf-d6G1Uy-6BPVGJ">Global panorama/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Car il s’agit bien d’une communauté, et le mot n’est pas honteux. Il n’est pas non plus dangereux comme l’air du temps le laisserait à penser. La communauté comporte même de nombreuses vertus, <a href="http://www.liberation.fr/evenements-libe/2016/09/08/une-ville-enrichie-par-le-faire-ensemble_1489656">comme le démontrent les travaux du sociologue Michel Lallement</a>. À condition qu’on ne la confonde pas avec le communautarisme. La communauté, selon Lallement, doit ainsi se concevoir comme un espace ouvert où se rencontrent à divers moments des individus partageant un intérêt, une perspective, une vision ou même un projet communs, tout en ayant souvent des identités et des inscriptions sociales multiples et différentes. Avec une telle perspective, les Jeux paralympiques deviennent ce qu’ils ont toujours été, un espace d’intégration et non pas un monde social parallèle.</p>
<h2>L’estime de soi comme lutte pour la reconnaissance</h2>
<p>On pourrait alors en rester là. Se dire que le débat est clos et que les Jeux paralympiques sont <em>une</em> part du monde et non <em>un</em> monde à part. Sauf qu’ils sont plus que cela. Ils sont une forme enthousiasmante de reconnaissance pour les personnes en situation de handicap. Ils constituent une alternative à ce que, par exemple, les entreprises ne peuvent souvent concevoir autrement que par la conformité à la loi et la discrimination positive.</p>
<p>Pour autant, le dispositif imposant un quota de personnes en situation de handicap en entreprise n’est pas optimal, <a href="http://www.liberation.fr/france/2016/04/05/baisse-des-aides-a-l-embauche-des-handicapes-une-mauvaise-nouvelle_1443944">il est même souvent menacé</a>, mais il a le mérite d’exister. Il consacre dans les faits le succès d’une forme de « lutte pour la reconnaissance », concept développé par le philosophe allemand Axel Honneth (<em>La lutte pour la reconnaissance</em>, 2013, Paris, Folio). Celui-ci distingue en effet trois formes de reconnaissance possibles de l’individu par les autres : l’amour et l’amitié (qui se rapporte aux relations interpersonnelles), le droit et les relations juridiques (en l’espèce une loi venant imposer la reconnaissance de la situation de handicap à une structure sociale telle que l’entreprise) et, en dernier lieu, la « communauté de valeurs », vecteur essentiel de « l’estime de soi » pour les personnes concernées.</p>
<p>Et c’est ici que se situe le supplément d’âme des Jeux paralympiques. La communauté – temporaire mais récurrente – que constitue l’évènement vient consacrer une nouvelle modalité de reconnaissance pour les personnes en situation de handicap, non fondée sur une prise en compte abstraite et globale de leur situation, mais sur la révélation visible de leur singularité et de leur être à part entière. Ainsi, les Jeux paralympiques constituent la possibilité d’une solidarité au sein d’une communauté à laquelle l’individu vient apporter sa contribution et est reconnu pour cela.</p>
<p>Contrairement à la discrimination positive, ce n’est pas pour ce qu’il n’a pas que l’athlète paralympique est reconnu, c’est tout le contraire. De la même façon, ce n’est pas pour ce qu’il est capable ou non de faire que l’athlète paralympique doit être reconnu, mais pour ce qu’il fait, et cela démontre sa pleine et entière intégration sociale, sans nécessaire recours à un artifice légal ou de gestion.</p>
<h2>L’imaginaire sportif comme valeur de la communauté</h2>
<p>C’est vrai, cela est plus facile par le sport que pour tout autre secteur de la vie sociale. Symbolisé par la passion, le sport constitue à la fois la résultante, mais également l’origine d’un processus de structuration de représentations et de pratiques sociales autour d’un <a href="https://theconversation.com/jeux-olympiques-que-reste-t-il-de-nos-amours-63201">imaginaire fondé sur la passion</a>. De ce fait, la communauté paralympique se fonde sur des valeurs à la fois solides, mais également en constante réinvention. Les Jeux paralympiques sont alors à la fois le réceptacle des valeurs du sport, mais également participent à leur redéfinition.</p>
<p>D’où la confusion évoquée initialement. Lorsque l’athlète paralympique est considéré comme un(e) super-héros/ïne, c’est qu’il/elle est considéré(e) à travers un prisme figé et passéiste du sport. L’athlète paralympique est un sportif comme les autres. Ce n’est pas qu’un performer, c’est aussi (surtout ?) un passionné, et c’est là que réside l’imaginaire sportif aujourd’hui.</p>
<p>On apprend que les <a href="http://rue89.nouvelobs.com/rue89-sport/2012/09/09/grace-aux-jeux-paralympiques-parle-enfin-du-handisport-et-apres-235118">athlètes paralympiques peuvent être de mauvais perdants</a>. On sait aussi <a href="http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1558067-jeux-paralympiques-et-dopage-comment-l-automutilation-permet-d-etre-plus-performant.html">qu’ils/elles peuvent être terriblement créatifs/ves en matière de dopage</a>. Enfin, comme n’importe qui, est-il encore besoin de le préciser, parce qu’ils/elles sont aussi dans le monde, ils/elles peuvent également s’illustrer tristement à la rubrique des faits divers sordides. Et c’est paradoxalement une bonne nouvelle. L’athlète paralympique est un athlète comme les autres. La communauté des anneaux paralympiques est une composante sociale et non un dispositif à part.</p>
<p>L’imaginaire sportif étant un processus, celui-ci a évolué. Les Jeux paralympiques nous démontrent que faire est aussi essentiel que réussir. La communauté paralympique est une forme innovante, stimulante et non stigmatisante de reconnaissance des personnes en situation de handicap. Elle est aussi une forme de retour aux sources de l’olympisme. « L’important c’est de participer ». Tout était dit.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65185/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Xavier Philippe ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La communauté paralympique est une forme stimulante et non stigmatisante de reconnaissance des personnes en situation de handicap. Elle est aussi une forme de retour aux sources de l’olympisme.Xavier Philippe, Professeur de management, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/606322016-08-10T19:35:16Z2016-08-10T19:35:16Z2016, année de transformation du sport paralympique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/125602/original/image-20160607-15034-qosgkr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Du 7 au 18 septembre 2016, Rio accueillera les quinzièmes Jeux paralympiques d'été.</span> <span class="attribution"><span class="source">Flavien Bouttet</span></span></figcaption></figure><p>Tous les quatre ans, c’est le même refrain. Entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques, les anneaux sont retirés et remplacés par les <a href="http://www.channel4.com/news/why-dont-the-paralympics-use-the-olympic-rings">agitos</a>. Si le phénomène suscite souvent l’interrogation du public, il est défendu par les organisateurs des deux événements et symbolise la volonté de normalisation du Comité international paralympique (CIP) vis-à-vis de son homologue – le Comité international olympique (CIO).</p>
<p>Fondé en 1989 comme une fédération internationale du sport pour les personnes handicapées motrices, le CIP <a href="https://dspace.lboro.ac.uk/dspace-jspui/bitstream/2134/8367/2/David%20Purdue%20A735312-%20PhD%20Thesis.pdf">se transforme au fil des années</a> en institution gestionnaire d’événements et vendeuse de spectacles sportifs, avec le souhait de faire des Jeux paralympiques le deuxième plus grand événement sportif planétaire. En conséquence, il délaisse peu à peu son rôle d’organisateur des disciplines et rappelle dans ses <a href="https://www.paralympic.org/the-ipc/publications">publications</a> la nécessité de « promouvoir l’autogouvernance de chaque sport paralympique » soit de manière indépendante (par exemple la <a href="http://www.iwbf.org/">Fédération internationale de basketball en fauteuil roulant</a>), soit au sein d’une fédération internationale disciplinaire (par exemple la <a href="http://www.canoeicf.com/discipline/paracanoe">Fédération internationale de canoë</a>). Les nouvelles disciplines intégrées à Rio au programme paralympique répondent d’ailleurs à cette condition.</p>
<h2>Des répercussions sur l’organisation du sport français</h2>
<p>En France, deux fédérations spécifiques organisent depuis plusieurs décennies les compétitions sportives des personnes handicapées : la <a href="http://www.handisport.org/">Fédération française handisport</a> (FFH) et la <a href="http://www.ffsa.asso.fr/">Fédération française du sport adapté</a> (FFSA). Régi par un système de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2012/12/31/SPOV1243670A/jo">délégation de service public</a> attribuée par le ministère des Sports, ce mode d’organisation rentre en tension avec les transformations internationales à deux niveaux.</p>
<p>En premier lieu, les fédérations internationales disciplinaires exigent n’avoir qu’un seul interlocuteur par pays (la fédération organisant la discipline) et refusent donc de communiquer avec les fédérations spécifiques. Ensuite, certaines fédérations internationales intègrent les résultats des compétitions pour personnes handicapées dans leurs classements généraux des pays. Ainsi, des mauvaises relations interfédérales et/ou le choix des fédérations spécifiques de ne pas organiser une pratique de haut niveau pour certains sports peuvent écarter certaines fédérations disciplinaires de la scène mondiale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/126152/original/image-20160610-17209-1rhab08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les agitos à Londres en 2012.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Flavien Bouttet</span></span>
</figcaption>
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<p>Dans ce contexte, et alors que l’organisation des pratiques compétitives est menée par les fédérations disciplinaires dans certains pays comme l’<a href="https://dspace.lboro.ac.uk/dspace-jspui/handle/2134/7694">Angleterre</a> ou le Canada, le système français a vivement été remis en cause en 2012, année des Jeux de Londres. En parallèle de certaines fédérations revendicatives telles que les fédérations françaises de canoë-kayak, de triathlon ou encore de rugby à XIII, le ministère des Sports crée cette année-là divers lieux d’échanges visant à donner des pistes d’évolution du système de délégation afin que certaines fédérations disciplinaires obtiennent plus de responsabilités dans l’organisation de la pratique des personnes handicapées. Si le ministère s’engage sur le sujet, c’est certes parce qu’on le lui demande et qu’il est le seul à pouvoir faire évoluer le système de délégation, mais aussi car ses dirigeants y voient des intérêts.</p>
<p>Lors d’entretiens, plusieurs agents du ministère insistent sur l’importance attachée par les dirigeants administratifs et politiques au classement des médailles – intérêt confirmant au passage l’usage de ce classement comme un outil de communication pour valoriser la prise en compte des personnes handicapées dans un pays. Le ministère a également l’objectif d’améliorer l’accessibilité et les opportunités de pratique pour l’ensemble des personnes handicapées. Un accroissement des responsabilités pour les fédérations disciplinaires pourrait alors entraîner un engagement plus grand, des moyens pour la formation des sportifs de haut niveau et une multiplication des actions pour l’ensemble des personnes.</p>
<h2>Les jeux de Rio comme rupture ?</h2>
<p>De leur côté, les fédérations spécifiques interrogent la nécessité de ces transformations. Rappelant régulièrement leur rôle historique dans la prise en compte des publics handicapés, les dirigeants de la FFH et de la FFSA évoquent les risques d’un transfert de responsabilités vers les fédérations disciplinaires. Elles mentionnent les lacunes de formation, un engagement qui serait partiel et centré sur les publics concernés par les Jeux paralympiques. Organisatrice de la pratique des personnes handicapées mentales et psychiques, la FFSA souligne notamment la moindre importance accordée parfois à l’encontre de ces publics. Ces fédérations soulignent aussi les possibles pertes de revenus en provenance des sponsors et du ministère des Sports si elles n’encadrent plus les sportifs paralympiques, et rappellent le besoin pour certaines personnes handicapées d’une pratique entre pairs dans un mouvement affinitaire.</p>
<p>Face à cette contestation, les délégations ont été maintenues en l’état à la fin de l’année 2012 (elles sont réattribuées tous les quatre ans). De nouvelles formes de conventions ont toutefois vu le jour au début de l’année 2013 pour l’organisation de certains sports, par exemple le <a href="http://www.ffck.org/renseigner/faire/handikayak/site/?p=373">canoë-kayak</a>. Signées par la fédération disciplinaire, la Fédération française handisport et le ministère des Sports, ces conventions visent à une gestion des pratiques de haut niveau par la fédération disciplinaire et un développement conjoint de la pratique pour tous. Dans de nombreuses autres disciplines, un travail relationnel entre techniciens permet de développer d’autres formes de coopérations.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/126153/original/image-20160610-29222-1i6to8n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le judo est l’une des disciplines dont l’organisation devrait être réinterrogée fin 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Flavien Bouttet</span></span>
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<p>Au fil des mois, l’approche des fédérations spécifiques évolue également avec la construction d’un double positionnement d’accompagnateur du développement de la pratique dans les fédérations disciplinaires et de défenseur d’un mouvement affinitaire. En quatre ans, les projets pour la pratique des personnes handicapées se sont alors multipliés, la formation des sportifs de haut niveau et la préparation aux Jeux paralympiques se sont renforcées. Certaines fédérations disciplinaires ont construit un rapport aux sportifs et une organisation de la pratique sur le modèle du sport valide et de la préparation aux Jeux olympiques.</p>
<p>Malgré ces évolutions, le maintien d’incohérences avec les institutions internationales et la remise en cause des délégations en fin d’année 2016 viennent logiquement replacer les hypothèses de transformation du système d’organisation de la pratique dans certains débats. Les agents du ministère mentionnent ainsi des discussions au niveau de leurs dirigeants et la possibilité tant d’un statu quo avec une augmentation des conventions, que d’un changement majeur au niveau de l’attribution des délégations. Il est alors pertinent de penser que les résultats des sportifs à Rio et leurs interprétations par les dirigeants du sport français participeront à ce choix, autant sportif que politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/60632/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Flavien Bouttet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le sport paralympique français – géré par de deux fédérations distinctes – est sous la pression du mouvement international qui plaide pour une évolution du modèle hexagonal.Flavien Bouttet, Docteur, équipe de recherche "sport et sciences sociales", Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.