tag:theconversation.com,2011:/id/topics/parcs-25045/articlesparcs – The Conversation2023-11-23T08:41:46Ztag:theconversation.com,2011:article/2178512023-11-23T08:41:46Z2023-11-23T08:41:46ZDans nos villes et nos campagnes, le paulownia est-il un arbre aussi « magique » qu’on le dit ?<p>C’est un arbre qui déchaîne les passions. Certains vantent ses capacités <a href="https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/video-paulownia-quel-est-cet-arbre-magique-qui-commence-a-pousser-dans-nos-regions-2273902.html">« magiques »</a> à absorber du CO<sub>2</sub> et voient en lui une solution toute trouvée au changement climatique.</p>
<p>Dans le très chic VI<sup>e</sup> arrondissement de Paris, à l’été 2023, le paulownia a également suscité <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/video-l-abattage-d-un-arbre-iconique-au-centre-de-paris-aurait-il-pu-etre-evite-2819780.html">beaucoup d’émois</a>, suite à l’abattage d’un de ses représentants iconiques sur une place de Saint-Germain-des-Prés. Devant la <a href="https://www.liberation.fr/checknews/pourquoi-les-arbres-paulownia-rue-de-furstemberg-a-paris-ont-ils-ete-abattus-20230803_SRMLF2YWOZH7REOWNYZTJGPMRI/">colère des habitants</a>, la mairie de Paris a alors <a href="https://www.paris.fr/pages/pourquoi-cinq-arbres-ont-ete-abattus-en-urgence-dans-le-6e-arrondissement-24424">communiqué</a> en assurant que le paulownia abattu était devenu trop fragile, pouvait tomber et représentait donc un danger dont il fallait se prémunir. Outre-Atlantique, aux États-Unis, mais aussi en Europe centrale, le paulownia est par ailleurs considéré comme « invasif ».</p>
<p>Alors, arbre magique, arbre fragile ou espèce invasive ? Faisons le point.</p>
<h2>D’où vient le paulownia ?</h2>
<p>Avant de s’intéresser aux possibilités comme aux limites du paulownia sous nos latitudes, regardons un peu d’où il vient. Le terme <em>paulownia</em> ne renvoie en fait pas à une seule espèce mais à un genre décrit en 1835 par les botanistes bavarois P.F. von Siebold et J.G. Zuccarini et dédié à la princesse Anna Pavlowna, fille du tsar Paul 1<sup>er</sup> de Russie, d’où son nom occasionnel d’arbre impérial ou « princess tree » en anglais.</p>
<p></p><div style="position: relative; width: 100%; height: 0; padding-top: 56.2500%; padding-bottom: 0; box-shadow: 02px 8px 0 rgba(63,69,81,0.16); margin-top: 1.6em; margin-bottom: 0.9em; overflow: hidden; border-radius: 8px; will-change: transform;"><p></p>
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<p></p></div><a href="https:/ ;/ ;www.canva.com/ ;design/ ;DAF0PiWkWdY/ ;view ?utm_content=DAF0PiWkWdY&utm_campaign=designshare&utm_medium=embeds&utm_source=link" target="_blank" rel="noopener"></a><p></p>
<p>Le <em>Paulownia tomenteux</em>, espèce la plus commune du genre, est indigène dans une vaste zone du continent asiatique, allant de la Corée au Vietnam et des contreforts du Tibet jusqu’à l’île de Taïwan. Sa présence au Japon est probablement due à l’homme.</p>
<p>Cet arbre est assez rare en milieu naturel. C’est une essence pionnière qui nécessite la pleine lumière pour croître. Ce paulownia est davantage un arbre d’ornement dans les villes et de culture dans les campagnes. Il a été introduit dans de nombreux pays.</p>
<h2>Le paulownia des villes</h2>
<p>Le <em>Paulownia tomenteux</em> a d’abord été introduit en Europe dans les villes à partir du XIX<sup>e</sup> siècle. Le premier arbre de cette espèce introduit en Europe l’a été, en provenance du Japon, en 1834 à Paris au Jardin des Plantes où il vécut jusqu’en 1956, soit pendant 122 années. Actuellement, ce sont plus de 1 300 arbres de cette essence qui sont mentionnés à Paris dans l’open data sur les arbres de la ville. On l’observe en alignement et dans des parcs et jardins d’un grand nombre de villes, où <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-main-verte/le-paulownia-1192890">ses qualités esthétiques sont</a> largement reconnues. Ce paulownia a également été retenu pour orner les parvis des 68 futures gares du <a href="https://www.constructioncayola.com/environnement/article/2017/11/20/115866/grand-paris-express-68-arbres-pour-68-gares">Grand Paris Express</a>.</p>
<p>La coupe cet été de plusieurs arbres de cette espèce, et en particulier d’un individu vénérable (plus de 80 ans) et remarquable par ses dimensions (355 cm de circonférence) rue de Furstemberg, dans le VI<sup>e</sup> arrondissement de Paris, a créé une vive polémique, certains habitants estimant que <a href="http://www.liberation.fr/checknews/pourquoi-les-arbres-paulownia-rue-de-furstemberg-a-paris-ont-ils-ete-abattus-20230803_SRMLF2YWOZH7REOWNYZTJGPMRI/">cet abattage n’était pas justifié</a>. <a href="https://www.paris.fr/pages/pourquoi-cinq-arbres-ont-ete-abattus-en-urgence-dans-le-6e-arrondissement-24424">La ville de Paris a</a> répondu que ces arbres étaient devenus dangereux pour la sécurité des habitants.</p>
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<p>Le <em>Paulownia tomenteux</em> figure toutefois sur <a href="https://www.eppo.int/ACTIVITIES/plant_quarantine/alert_list_plants/paulownia_tomentosa">« la liste d’alerte »</a> des espèces invasives de l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes, qui compte 52 membres, dont la France, l’EPPO (European and Mediterranean Plant Protection Organization). </p>
<p>Cette espèce est considérée comme <a href="https://www.researchgate.net/publication/242735292_From_ornamental_to_detrimental_The_incipient_invasion_of_Central_Europe_by_Paulownia_tomentosa">invasive en Europe centrale</a>, ainsi qu’en <a href="https://nc-ipc.weebly.com/uploads/6/8/4/6/6846349/princess_tree.pdf">Australie</a> et dans certains territoires d’Amérique du Nord, où le <em>Paulownia tomenteux</em> est <a href="http://www.iucngisd.org/gisd/species.php ?sc=440">décrit</a> comme « un arbre ornemental agressif qui pousse rapidement dans les zones naturelles perturbées » et où l’on s’inquiète par exemple d’une possible colonisation « des falaises rocheuses et des zones riveraines où il peut entrer en compétition avec des plantes rares ». Pour ce qui concerne la France, le <em>Paulownia tomenteux</em> ne figure pas actuellement sur la <a href="http://especes-exotiques-envahissantes.fr/">liste des espèces exotiques envahissantes</a> mentionnées par le centre de ressources sur les espèces exotiques envahissantes.</p>
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<img alt="Pousse spontanée de Paulownia tomenteux à Paris, 14ème" src="https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559668/original/file-20231115-27-bski9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pousse spontanée de <em>Paulownia tomenteux</em> à Paris, XIVᵉ.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Serge Muller</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Le paulownia des champs</h2>
<p>Mais le paulownia n’est pas seulement présent en ville, les espèces <em>Paulownia tomentosa</em>, <em>elongata</em>, <em>fortunei</em>, etc., et leurs hybrides améliorés sont en fait cultivés de longue date dans leur aire d’indigénat asiatique <a href="https://www.mdpi.com/1999-4907/13/5/668">pour la production de bois d’œuvre</a>. Leur intérêt est également avéré en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/agroforesterie-25133">agroforesterie</a> : avec des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6466076/">feuilles de très bonne qualité</a> pour les animaux d’élevage, du miel, et une récolte de bois très rapide produisant des revenus complémentaires aux agriculteurs chinois.</p>
<p>En Europe, <a href="https://www.mdpi.com/1999-4907/13/5/668,">principalement du sud et en Europe centrale</a> différentes espèces et hybrides, parmi lesquels seul le paulownia tomenteux est parfois considéré invasif, sont cultivées. Ils ont plus récemment été introduits pour la production de bois et la séquestration de carbone (<a href="https://www.jstage.jst.go.jp/article/jals/32/S/32_7/_article/-char/ja/">plus de 45 tonnes de CO<sub>2</sub> par hectare et par an avec de bonnes conditions de croissance</a>).</p>
<p>L’entreprise allemande <a href="https://www.wegrow.de/">WeGro</a> en vante par exemple <a href="https://www.mdpi.com/1999-4907/13/5/668">la croissance rapide</a> alliée aux qualités exceptionnelles de leur bois, ce qui en fait des arbres considérés comme « magiques ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mesurer-linvisible-la-dure-tache-de-calculer-le-stock-et-le-flux-de-carbone-dune-foret-212810">Mesurer l’invisible : la dure tâche de calculer le stock et le flux de carbone d'une forêt</a>
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<p>La société <a href="https://www.paulowniafrance.com/">Paulownia France</a> a, elle, introduit cette culture dans l’hexagone depuis quelques années, en prônant des distances de plantation adaptées à nos milieux, de 5 m x 5 m à 6 m x 6 m en plein, ou de 4 à 6 m en ligne agroforestière, selon le cultivar de paulownia sélectionné. La plantation de paulownia séduit de plus en plus d’agriculteurs par exemple dans l’ouest du pays, comme dans le <a href="https://www.letelegramme.fr/finistere/saint-pol-de-leon-29250/a-plougoulm-arbre-paulownia-une-start-up-en-pleine-croissance-6358067.php">Finistère</a>, <a href="https://actu.fr/pays-de-la-loire/fye_72139/ab-paulownia-la-start-up-qui-pousse-les-agriculteurs-a-planter-des-arbres-%E2%80%89magiques%E2%80%89_59431598.html">l’Orne</a> ou le <a href="https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/lahontan/bearn-l-une-des-premieres-plantations-de-paulownias-en-france-se-trouve-a-lahontan-14612391.php">Béarn</a>.</p>
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<span class="caption">Une plantation de <em>Paulownia elongata</em>, sept années après recépage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">David Renaud</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le paulownia apparaît bien adapté dans une <a href="https://youtube.com/watch?v=0ap45BlMHz8">démarche d’agroforesterie</a>. Il peut y participer, en compagnie d’autres espèces, à l’amélioration rapide d’un paysage vide d’arbres, qui conduira à d’autres mitigations du climat : réduction de la vitesse du vent, limitation de l’érosion, augmentation globale de la pluviométrie, amélioration des sols agricoles devenant favorables pour accueillir une certaine biodiversité.</p>
<p>Cependant, les conditions de culture de paulownia <a href="https://www.mdpi.com/1999-4907/13/5/668">limitent beaucoup</a> leur implantation potentielle. Le sol doit être profond mais ne pas retenir d’eau en excès. Un vent fort régulier lors de la croissance est rédhibitoire car cela déforme la bille de pied, c’est-à-dire la partie du tronc entre la souche et les premières branches. La vitesse de croissance doit être élevée l’année consacrée à la création de la bille de pied (2,5 ou 5 m), après le recépage, ce qui implique une disponibilité importante en eau et en nutriments, et de la chaleur estivale. L’implantation initiale est délicate, mais après récolte, le paulownia hybride repart.</p>
<p>Des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=zHE2psniVew">expérimentations récentes</a> ne comportant que quelques dizaines d’arbres ont été mises en place en Centre-Val de Loire par INRAE d’Orléans, afin d’évaluer le potentiel de divers paulownias hybrides auprès d’agriculteurs. Plus généralement, il faudra évaluer les quelques plantations de plus d’un hectare plantées depuis peu en France.</p>
<p>Toutefois, les Chambres d’Agriculture avertissent les amateurs de ces plantations qu’au-delà de 100 plants à l’hectare, les parcelles plantées en paulownia sont considérées comme des <a href="https://pays-de-la-loire.chambres-agriculture.fr/actualites/toutes-les-actualites/detail-de-lactualite/actualites/paulownia-et-boisements-en-terres-agricoles/">parcelles forestières</a>, ne pouvant donc plus bénéficier des subventions européennes de la PAC et devant respecter le code forestier.</p>
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<span class="caption">Récolte d’une plantation de Paulownia.</span>
<span class="attribution"><span class="source">David Renaud</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Quelle place accorder au paulownia dans nos villes et nos campagnes ?</h2>
<p>Dans les villes, le paulownia constitue sans aucun doute une espèce esthétique et spectaculaire qui contribue à la beauté et la diversité des paysages urbains. Cet arbre à croissance rapide est toutefois fragile et, en tant qu’espèce pionnière, n’a qu’une durée de vie limitée, ce qui justifie des interventions sanitaires de coupes de branches ou parfois d’abattage d’arbres à risque.</p>
<p>Dans <a href="http://www.lssd-journal.com/index.php/lssd/article/view/75/33">les campagnes</a>, et notamment en agroforesterie, l’espèce présente de nombreux intérêts : alimentation du bétail, production de miel, revenus complémentaires via la <a href="https://www.nepjol.info/index.php/IJASBT/article/view/20772/17366">production rapide de bois d’œuvre</a> et de biomasse. Par sa rapidité de croissance et grâce au stockage du carbone dans le sol via les racines et les feuilles, ainsi que l’usage très diversifié de son bois, cette espèce peut contribuer aux objectifs de la France de <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc">réduction des émissions de gaz à effet de serre</a> de 40 % d’ici à 2030 (par rapport à 1990) et de neutralité carbone en 2050.</p>
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<span class="caption">Paulownia en agroforesterie, la saison après recépage, avec cultures intercalaires transitoires.</span>
<span class="attribution"><span class="source">David Renaud</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Mais ne tombons pas dans les excès de monocultures étendues de cette essence, à l’image des cultures intensives de dizaines, voire centaines de milliers d’arbres, prônées dans les vidéos à fin publicitaire de <a href="https://www.wegrow.de/videos-fotos/">certains ardents promoteurs du paulownia</a> et <a href="https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/13928077-le-paulownia-un-arbre-sauveur-du-climat-qui-fait-debat-en-europe.html">source</a> d’inquiétude de la part de protecteurs d’une nature plus diversifiée.</p>
<p>De telles monocultures étendues présentent une biodiversité très réduite et comportent un risque de développement de pathogènes ou ravageurs, comme en est victime par exemple le <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-chancre-colore-du-platane-0">platane</a>. Les parcelles potentielles où les conditions de sol et de microclimat conviennent vraiment au paulownia, sans irrigation ou avec une irrigation parcimonieuse et qui n’impacte pas les autres usages de l’eau, sont de toute façon en nombre et surface limités en France.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217851/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller a présidé le Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Il est actuellement membre associé de l’Autorité environnementale de l'IGEDD et membre du Groupe sur l’urbanisme écologique (GUE) de l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Frédérique Santi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les capacités de séquestration de CO₂ de cet arbre venu d'Asie lui ont érigé une réputation d'arbre magique qu'il faudrait planter partout. Qu'en est-il vraiment ?Serge Muller, Professeur émérite, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Frédérique Santi, Chercheuse en génétique forestière, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1960792022-12-07T16:04:52Z2022-12-07T16:04:52ZPour préserver la biodiversité, il faut rendre les villes plus compactes, circulaires et vertes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C18%2C3159%2C2085&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue aérienne du Plateau Mont Royal, à Montréal, l'un des quartiers les plus densément peuplés au Canada.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Comment mieux protéger les espèces vivantes soumises aux pressions croissantes des activités humaines ? Cette question est au cœur des discussions de la <a href="https://www.canada.ca/fr/services/environnement/faune-flore-especes/biodiversite/cop15.html">COP15</a>, qui se tient actuellement à Montréal.</p>
<p>Le développement des villes fait partie de la solution, à condition de limiter leur étalement, de promouvoir l’économie circulaire et de favoriser la cohabitation entre les activités humaines et les différentes espèces végétales et animales qui y vivent.</p>
<p>Professeur en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal, mes activités de recherche portent sur les indicateurs de durabilité urbaine et les démarches de durabilité dans les petites et moyennes municipalités du Québec.</p>
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<img alt="Vu du ciel de Tokyo" src="https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tokyo, avec le temple Sensoji à l’avant-plan. La métropole japonaise est l’une des villes les plus densément peuplées au monde, mais elle conserve de nombreux espaces verts.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Les villes nuisent à la biodiversité, mais contribuent à la préserver</h2>
<p>Les villes n’occupent que <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiYhoa-kOX7AhWsjokEHaz9DqcQFnoECAsQAQ&url=https%3A%2F%2Feuropa.eu%2Fcapacity4dev%2Ffile%2F13847%2Fdownload%3Ftoken%3DohKLITsm&usg=AOvVaw0Ey2E3KL55BvY6SzzmtEMf">3 % de la superficie de la planète</a>, mais elles sont responsables d’une grande partie de la perte de biodiversité mondiale à l’extérieur de leurs frontières. On parle ici de l’extinction de nombreuses espèces vivantes dans les régions rurales et les pays tropicaux en raison de la destruction d’habitats naturels.</p>
<p>Dans quel but ? Répondre <a href="https://royalsociety.org/topics-policy/projects/biodiversity/consumption-patterns-and-biodiversity/">aux besoins en ressources naturelles et en énergie</a> afin de loger, nourrir, vêtir et prendre soin de la population. Deux tiers de ces besoins se trouvent dans les villes et ils sont <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">jusqu’à cinq fois plus élevés dans les villes des pays les plus riches</a>.</p>
<p>En même temps, les villes contribuent à préserver la biodiversité mondiale en concentrant les populations dans des zones limitées et en isolant ainsi les activités humaines des environnements où se concentrent d’autres espèces vivantes. Cela implique toutefois une cohabitation entre les activités humaines et les autres espèces qui vivent dans les villes. Et cette cohabitation n’est pas toujours facile.</p>
<p>On observe notamment des <a href="https://royalsociety.org/topics-policy/projects/biodiversity/human-impact-on-biodiversity/">problèmes</a> liés à la fragmentation des habitats naturels pour la construction de routes et de bâtiments. Ou encore, l’introduction d’espèces exotiques et envahissantes. Et c’est sans parler de la pollution urbaine (matières résiduelles, bruits), qui nuit aux habitats et à la survie de nombreuses espèces végétales et animales en ville.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Pourtant, les villes dépendent de cette biodiversité pour prospérer économiquement. Par exemple, les rendements des cultures visitées par les insectes pollinisateurs comme les abeilles <a href="https://www.openaccessgovernment.org/how-bees-can-stabilise-food-supply-and-food-prices/140342/">produisent un approvisionnement alimentaire plus stable et aident à figer les prix des denrées alimentaires</a>. La biodiversité préserve aussi la qualité des sols, ce qui limite le recours aux engrais et pesticides chimiques dont les coûts sont habituellement supportés par les habitants des villes.</p>
<p>Les villes dépendent aussi de cette biodiversité pour maintenir sa population en santé. Par exemple, les écosystèmes riches en biodiversité <a href="https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/50063/978-94-007-7088-1.pdf">filtrent l’eau et éliminent les polluants avant qu’ils ne puissent contaminer la source d’eau potable des villes</a>. Pensons aussi <a href="https://theconversation.com/en-ville-les-grands-arbres-sont-indispensables-179898">aux bénéfices psychologiques du contact avec la nature et des avantages</a> qu’offrent les espaces verts pour les activités physiques.</p>
<h2>Promouvoir et faciliter l’économie circulaire</h2>
<p>Afin de préserver cette biodiversité des plus importantes pour les activités humaines, l’un des rôles que les villes peuvent jouer est de créer sur leur territoire les dispositifs urbains propices à l’économie circulaire. On parle ici des infrastructures, de l’aménagement du territoire et des services publics qui favorisent le développement de certaines activités économiques basées sur la réduction de la quantité de ressources vierges consommées, l’intensification de l’usage des produits, le prolongement de leur durée de vie et la valorisation des ressources en leur donnant une nouvelle vie.</p>
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<img alt="un. jardin communautaire, avec un édifice à logements à l’arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un jardin communautaire au cœur de Paris, une des villes les plus densément peuplées de la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>De tels dispositifs en faveur de l’économie circulaire contribueront à freiner les taux d’extinction de la biodiversité. Comment ? En réduisant la pression qu’exerce la consommation urbaine de ressources sur les habitats naturels situés en dehors de leurs frontières. Rappelons que les villes consomment à elles seules plus de <a href="https://www.journals.elsevier.com/environmental-development/news/urban-resource-flows-and-the-governance">75 % des ressources naturelles mondiales</a> que procurent ces habitats naturels.</p>
<h2>Rendre les villes plus compactes</h2>
<p>Les villes devront aussi demeurer plus compactes, c’est-à-dire utiliser l’espace de manière à limiter l’étalement urbain sur les milieux naturels ou agricoles environnants ainsi que les besoins de transport. Cela implique notamment de créer des milieux de vie attractifs pour les individus et les familles, indépendamment de leur niveau de revenu. Il s’agit donc pour les villes de favoriser sur leur territoire des opportunités de formations et d’emplois diversifiés <a href="https://theconversation.com/la-densification-des-villes-est-bonne-pour-lenvironnement-et-leconomie-189434">permettant de maintenir et d’attirer les jeunes</a>.</p>
<p>Il s’agit aussi d’utiliser l’espace urbain de façon créative afin de colocaliser les services de proximité et les options de logements pour des niveaux de revenus différents. Elles devront également offrir diverses options de transport actif et collectif abordables, efficaces, accessibles et sécuritaires desservant les lieux de vie et de travail.</p>
<h2>Préserver et accroître la biodiversité urbaine</h2>
<p>Enfin, les villes devront accorder une plus grande priorité à la biodiversité dans leur planification, sous peine de perdre un grand nombre de bénéfices qu’elle leur procure. <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">Soulignons, par exemple, l’assainissement de l’air et de l’eau</a>, la réduction des eaux de ruissellement, l’atténuation des effets du changement climatique ou encore l’augmentation de la valeur des propriétés.</p>
<p>Il n’est pas non plus utopique de penser que les villes peuvent, elles aussi, fournir des bénéfices à la biodiversité en retour de ce qu’elle leur apporte. <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/71/2/148/6102678?login=false">Selon une étude publiée dans <em>Bioscience</em></a>, les villes contribuent plus qu’on ne le pense à la biodiversité. Par exemple, elles servent de lieu de refuge à un nombre croissant d’espèces animales qui sont de plus en plus menacées par la perte grandissante d’habitats et le changement climatique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pancarte annonce la présence de coyotes, dans un parc au nord de l’île de Montréal. De plus en plus d’animaux sauvages trouvent refuge dans les parcs urbains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Au-delà des mesures que les villes mettent de l’avant, comme la protection des espaces naturels, la plantation d’arbres et les incitatifs à réduire la pollution urbaine, elles devront déployer des stratégies pour assurer la qualité de vie des autres espèces vivantes en ville et prévenir ainsi leur extinction.</p>
<p>Par exemple, il faudra veiller à la santé des pollinisateurs en limitant l’introduction d’espèces exotiques et en favorisant une végétation diversifiée. Poursuivre les recherches susceptibles d’approfondir notre compréhension de la faune et de la flore urbaines en évolution constante sera aussi vital pour l’avenir de la biodiversité.</p>
<p>Pour amplifier les impacts des politiques nationales en matière de biodiversité, les États gagneraient donc à soutenir les initiatives pilotées par les villes. Car celles-ci auront une double responsabilité. Celle de préserver la biodiversité sur leur territoire et à l’extérieur de leurs frontières. C’est celle-là qui assure leur approvisionnement en ressources et dont dépend leur prospérité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196079/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu du financement des Fonds de recherche du Québec Société et Culture pour ses recherches sur les démarches municipales de durabilité au Québec. Il est aussi titulaire d'une subvention du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et du Réseau de recherche en économie circulaire du Québec pour ses recherche sur les villes et régions circulaires.</span></em></p>Le développement des villes constitue un levier important pour préserver la biodiversité, à condition de limiter leur étalement et de promouvoir l’économie circulaire.Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1801712022-06-02T17:41:00Z2022-06-02T17:41:00ZBien-être en ville : toutes les natures ne se valent pas<p>Si vagues de chaleur, pics de pollution et confinements successifs contribuent à nous faire collectivement <a href="https://theconversation.com/le-confinement-revelateur-de-lattrait-de-la-nature-en-ville-147147">prendre conscience</a> de l’importance de la nature – et en particulier du végétal – pour le bien-être du résident en ville, la question des <a href="https://theconversation.com/de-la-nature-en-ville-conversation-entre-une-philosophe-et-un-architecte-110370">« types » de nature présents en ville</a> et de leurs effets n’a été que rarement explorée.</p>
<p>La culture des plants de tomates cerises sur le balcon induit-elle les mêmes bénéfices, en matière de bien-être, qu’une flânerie dans un jardin public ? Cette promenade aura-t-elle des effets similaires à ceux d’une balade en forêt ?</p>
<h2>Bien-être et nature en ville</h2>
<p>En septembre 2020, nous avons réalisé une enquête par questionnaire auprès d’un échantillon représentatif – en termes d’âge, sexe, niveau de revenu et lieu de résidence – de 2 500 personnes de plus de 15 ans habitant en France en zone urbaine de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4252859">densité forte à intermédiaire</a>.</p>
<p>Un des objectifs de l’enquête était de mettre à l’épreuve une modélisation de l’influence de la nature à proximité du lieu de résidence sur le bien-être des habitants en ville. Suivant là l’OMS, nous avons retenu une conception holistique du bien-être comme qualité de vie et utilisé le <a href="https://www.who.int/mental_health/media/en/76.pdf">questionnaire de l’organisation</a> pour le mesurer.</p>
<p>Dans cette perspective, le bien-être est défini à partir d’un ensemble de dimensions incluant notamment le ressenti émotionnel et cognitif, mais également physique – ne pas ressentir de douleurs, se sentir plein d’énergie par exemple –, et social de la personne, ainsi que son appréciation de la qualité de son environnement de vie et du niveau de ressources – en termes financiers, temporels, informationnels en particulier – dont elle dispose.</p>
<p>Comprenant 88 questions, le questionnaire interrogeait successivement le répondant sur son bien-être au cours de la dernière semaine, la qualité et le « type » de nature la plus proche de son lieu de résidence – du balcon agrémenté de fleurs ou d’un potager, à la forêt –, sur sa fréquence d’exposition à différents types de nature – de la vue d’éléments naturels au visionnage d’un film intégrant de tels éléments –, et sa régularité dans des activités plus ou moins intenses – de la sieste à la course à pied – dans la nature, – et ce, toujours au cours de la dernière semaine.</p>
<h2>Quelle nature en bas de chez soi ?</h2>
<p>Quoique prenant en compte l’influence du revenu, de l’âge et de l’état de santé des répondants – facteurs dont on sait qu’ils ont une influence déterminante sur le bien-être –, la modélisation par équations structurelles montre une association des caractéristiques perçues de la nature à proximité du lieu de résidence au bien-être des habitants en ville.</p>
<p>L’environnement de nature, qu’il s’agisse d’une promenade plantée, d’un jardin public ou d’un bois – dès lors qu’il est évalué comme sûr, esthétique, bien entretenu, propre et doté d’aménagements adaptés – contribue à une appréciation positive de l’environnement du lieu de résidence, mais également de la santé physique et des « ressources » dont on dispose.</p>
<p>En favorisant les activités physiques dites douces ou contemplatives – observer la nature, flâner, se reposer, retrouver des amis, sortir le chien par exemple – la qualité de ces espaces participe aussi indirectement au bien-être psychologique en réduisant le stress et en encourageant les contacts sociaux et la joie de vivre.</p>
<h2>Une évidence qui mérite d’être rappelée</h2>
<p>Publiés dans <a href="https://authors.elsevier.com/c/1eh8M_Uo5A-8FK">Health & Place</a>, ces résultats, qui confirment un <a href="https://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/urban-health/publications/2016/urban-green-spaces-and-health-a-review-of-evidence-2016">rapport de l’OMS de 2016</a> sur la santé des résidents en ville, peuvent sembler évidents : oui, un parc bien entretenu, sûr, agréable à regarder est bien plus favorable au bien-être qu’un terrain vague abandonné aux pissenlits et aux détritus plastiques.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/FJxAf6cB5og?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Mieux comprendre les bienfaits de la nature en ville sur la santé des citadins (Plante & Cité, novembre 2021).</span></figcaption>
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<p>Celles et ceux circulant d’une ville à l’autre remarqueront cependant qu’un tel rappel n’est sans doute pas inutile, étant par ailleurs entendu que cet entretien a un coût et peut donc passer derrière d’autres priorités bien plus urgentes.</p>
<p>Ce premier résultat quant à l’importance des caractéristiques de la nature à proximité du lieu de résidence pointe vers un autre résultat, celui-là moins attendu : non, toutes les natures ne se valent pas.</p>
<h2>Forêt urbaine ou tomates cerises sur le balcon ?</h2>
<p>Les réponses des sondés sur les « types » de nature présents à proximité de leur lieu de résidence en ville ont fait apparaître trois types d’environnement : une nature « de proximité », celle de la terrasse, du balcon agrémenté de fleurs ou d’un potager, ou du jardin sur le toit ; une nature « domestiquée » comprenant les parcs urbains, les jardins publics, les aires de jeux ; et une autre peu ou moins « domestiquée » enfin, celle des forêts, des bois, des prairies ou encore des broussailles de bord de route.</p>
<p>Certes, ces trois environnements favorisent l’exposition à la nature, elle-même facteur de bien-être ; mais la contribution des parcs et jardins apparaît bien plus marginale que celle des natures de proximité ou moins domestiquées. Forêts, bois et prairies poussent, comme la présence d’un balcon ou d’une terrasse agrémentée de plantations, à des activités douces et contemplatives dans ou avec cette nature, et contribuent ainsi au bien-être psychologique.</p>
<p>Ce phénomène n’est pas constaté avec autant d’ampleur pour les parcs, jardins et espaces de jeu en ville. Sans être absents, ces effets restaurateurs dans ces espaces sont sans doute atténués par la forte fréquentation dont ils bénéficient.</p>
<p>Avec la limite liée à l’échantillon lui-même – si vous avez moins de 15 ans, l’accès aux parcs et jardins en ville participe sans aucun doute pleinement à votre bien-être –, ces conclusions encouragent tant les projets de <a href="https://theconversation.com/les-forets-urbaines-essentielles-aux-villes-de-demain-94335">forêts urbaines</a>… que la culture de tomates cerises sur votre balcon, si vous avez la chance d’en avoir un.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180171/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Allard-Poesi a reçu des financements de l’ANR et la société Eiffage dans le cadre du projet E3S soutenue par l’Isite Future. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Justine Massu a reçu des financements de l’ANR et la société Eiffage dans le cadre du projet E3S soutenue par l’Isite Future.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lorena Bezerra de Souza Matos a reçu des financements de l’ANR et la société Eiffage dans le cadre du projet E3S soutenue par l’Isite Future. </span></em></p>Des tomates cerises sur le balcon, un jardin public ou une forêt urbaine n’auront pas le même effet sur notre bien-être.Florence Allard-Poesi, Professeur des universités en Sciences de Gestion, Vice-Présidente Sciences-Société, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Justine Massu, Docteur en Psychologie des Organisations, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Lorena Bezerra de Souza Matos, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1755442022-01-26T19:23:29Z2022-01-26T19:23:29ZÉcureuil, hérisson, fouine et musaraigne… à Paris, la biodiversité méconnue des petits mammifères<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/442667/original/file-20220126-13-ji4g90.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C119%2C3062%2C2051&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un écureuil aperçu au Jardin des plantes, en mai 2007. </span> <span class="attribution"><span class="source">J.Minet</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>En ville, les espaces verts offrent des refuges pour la biodiversité. S’y côtoient des espèces natives et des espèces exotiques souvent envahissantes, ce qui peut poser problème aux premières.</p>
<p>Une meilleure connaissance de la richesse et de l’abondance en petits mammifères des grandes agglomérations urbaines doit permettre d’envisager le maintien de la biodiversité dans ces habitats très transformés.</p>
<h2>Déclin de la biodiversité mammalienne</h2>
<p>Lors du dernier congrès de l’IUCN, qui s’est tenu à Marseille en septembre 2021, les déclarations portant sur le déclin de la biodiversité des espèces se sont multipliées, alimentant un verdict sans appel : nous sommes bel et bien entrés dans la 6<sup>e</sup> extinction de masse.</p>
<p>La perte en biodiversité n’a jamais été aussi rapide ni aussi dramatique.</p>
<p>Selon le dernier <a href="https://www.researchgate.net/publication/345769396_Introduction_to_Illustrated_Checklist_of_the_Mammals_of_the_World">décompte du chercheur mexicain Connor J. Burgin et de ses collègues</a>, les mammifères rassemblent 6431 espèces. <a href="https://uicn.fr/liste-rouge-mondiale-hamster-deurope-lemuriens-et-baleine-franche-de-latlantique-nord-sont-en-danger-critique-dextinction/">Un tiers environ se trouve menacé de disparition</a> à plus ou moins court terme, des espèces les plus emblématiques – tigre, orang-outan, panda roux et ours polaire – aux plus discrètes, petites et méconnues.</p>
<p>Chez les mammifères, les rongeurs représentent environ 40 % des espèces et sont aussi fortement impactés. Le hamster d’Europe serait ainsi condamné à s’éteindre d’ici 30 ans. Ce rongeur autrefois abondant à travers l’Europe, jusqu’en Russie, a aujourd’hui disparu des trois quarts de son habitat originel en Alsace et en Europe de l’Est.</p>
<p>Une régression liée à un taux de reproduction en chute libre <a href="https://www.rtbf.be/tendance/green/detail_la-6e-extinction-de-masse-a-commence-un-million-d-especes-en-danger?id=10540095=">pour de multiples raisons</a> : extension de la monoculture, développement industriel, réchauffement climatique et pollution lumineuse.</p>
<h2>Petites bêtes des villes</h2>
<p>La biodiversité urbaine est évidemment davantage réduite que celle présente en milieux plus naturels. Néanmoins, les espèces capables de s’y adapter peuvent y trouver un environnement favorable. Souvent sans prédateurs, elles peuvent atteindre des densités élevées (pigeons, moineaux…).</p>
<p>La diversité des communautés urbaines en petits mammifères natifs n’est pratiquement pas documentée, car très peu étudiée. Or ces derniers très discrets, car souvent nocturnes ou crépusculaires, offrent un grand nombre de services : en consommant certains insectes, en contribuant à la régénération des forêts par les graines et semences qu’ils déplacent, en servant de proies pour d’autres animaux prédateurs comme les renards et les chouettes.</p>
<p>Parmi les espèces qui dominent ces communautés, le rat surmulot (<em>Rattus norvegicus</em>) constitue une espèce exotique envahissante, car originaire de l’est de la Chine ; il a été introduit fortuitement en Europe <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-qui-est-vraiment-le-rat-brun-ce-petit-mammifere-citadin-85052">lors d’échanges commerciaux maritimes, il y a plusieurs siècles</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"926354502810292224"}"></div></p>
<p>Avec la souris domestique (<em>Mus musculus</em>) également introduite, ces deux espèces sont pratiquement devenues cosmopolites cohabitant avec l’homme, entraînant souvent des effets négatifs sur la biodiversité (notamment dans les îles), mais <a href="http://theconversation.com/mieux-connaitre-les-souris-et-arreter-de-les-confondre-avec-les-rats-125607">aussi sujets d’enjeux sanitaires et de problèmes économiques</a>.</p>
<p>Le rat surmulot, le plus présent, mais aussi le plus visible dans les espaces urbains, fait l’objet de débats passionnés, parfois houleux, dont l’origine repose sur une perception contrastée de la place et du rôle de ces animaux en ville en tant que « nuisibles » ou « simples cohabitants ».</p>
<h2>Les micromammifères parisiens à la loupe</h2>
<p>Nous avons mené plusieurs études d’inventaires des communautés de micromammifères à Paris afin de vérifier la présence d’espèces natives aux côtés d’espèces envahissantes et dominantes. Pour cela, des <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02924132/document">piégeages de petits mammifères dans différents espaces verts parisiens</a> ont été réalisés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442318/original/file-20220124-23335-e4s0yy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Exemples de pièges (non vulnérants).</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Denys, A. Lalis</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les résultats obtenus nous ont permis de confirmer la présence de rongeurs natifs jusque-là uniquement supposée. C’est le cas du mulot sylvestre (<em>Apodemus sylvaticus</em>) qui a été observé avec des abondances parfois non négligeables sur pratiquement tous les sites que nous avons étudiés.</p>
<h2>Mulots et campagnols</h2>
<p>Le mulot est un peu plus gros qu’une souris. Contrairement à cette dernière, il se caractérise par un pelage dorsal fauve avec des teintes allant du jaune au brun, un ventre blanc, une très longue queue, de grands pieds longs et fins, et de gros yeux globuleux. Il est nocturne. Il se nourrit d’insectes et de graines, vit dans des terriers au pied des arbustes, dans des tas de bois ou dans la litière des feuilles mortes. Le mulot est chassé par les renards, les fouines et les rapaces diurnes et nocturnes.</p>
<p>Ce rongeur était connu en banlieue dans les parcs et jardins, mais la surprise fut de le trouver en plein cœur de Paris.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442325/original/file-20220124-19-1vw6lrf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">À gauche, un très jeune mulot relâché sans autre manipulation qu’une photo. À droite, mulot adulte capturé et marqué à l’oreille avec une bague métallique numérotée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Denys, A. Lalis</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Moins abondant dans le centre de la capitale, le campagnol agreste (<em>Microtus agrestis</em>) a été trouvé uniquement dans son habitat de prédilection fait de talus enherbés laissés en friche et de petites parcelles laissées durablement « au repos ». De petite taille avec une queue très courte, un museau busqué et des oreilles petites et rondes, il creuse de petits terriers profonds. C’est un végétarien nocturne.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=446&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442319/original/file-20220124-17-ok0ysx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’un campagnol.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Lalis</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Nos voisins commensaux</h2>
<p>La souris domestique a été essentiellement capturée à l’intérieur des bâtiments, ou dans des milieux totalement artificialisés (comme dans le métro) <a href="http://theconversation.com/mieux-connaitre-les-souris-et-arreter-de-les-confondre-avec-les-rats-125607">où elle s’adapte parfaitement</a>.</p>
<p>Le rat surmulot quant à lui creuse des terriers dans les sols meubles des squares et jardins parisiens. Il lui arrive aussi de « squatter » des jardinières de très petites tailles le long des rues et des boulevards pour peu que la nourriture y soit abondante (notamment grâce aux poubelles).</p>
<p>Tous deux dont sont dits commensaux, car ils mangent nos déchets. Leur abondance paraît très variable. Leur grand nombre semble lié aux lieux d’entrepôts de déchets à proximité de bâtiments vétustes ou bien dans des endroits spécifiquement dédiés au nourrissage des animaux domestiques (chats errants, pigeons) par le public.</p>
<p><a href="https://isyeb.mnhn.fr/fr/actualites/aude-lalis-projet-armaguedon-chronique-ndeg5-comptage-de-rats-7323">Le projet ARMAGUEDON</a>, actuellement en cours, développera plus spécifiquement cette approche afin de faire avancer les connaissances sur l’écologie et la biologie du rat surmulot à Paris pour proposer des méthodes de gestion intégrée et raisonnée.</p>
<h2>Dans les branches, au pied des arbres</h2>
<p><a href="https://ecureuils.mnhn.fr/enquete-nationale/ecureuil-roux.html">L’écureuil roux est assez fréquemment observé</a> dans les arbres des grands parcs de l’agglomération parisienne (bois de Vincennes, bois de Boulogne, parc de Saint-Cloud). Dans l’enceinte de la capitale, les observations sont plus rares et ponctuelles. Une petite population est bien présente au parc Montsouris notamment. Ces observations isolées témoignent des faibles possibilités offertes à cette espèce de pouvoir « naturellement » se déplacer et coloniser quelques (et encore trop rares) habitats qui pourraient lui être favorables à l’intérieur d’une grande ville comme Paris.</p>
<p>Chez les Eulipotyphla (encore appelés insectivores), nous avons trouvé l’espèce hérisson d’Europe (<em>Erinaceus europeus</em>) dans tous les sites que nous avons suivis, et parfois même en très grand nombre. Il vit au sol et fait son nid dans les tas de bois et dans la végétation dense. Il est nocturne et mange des escargots, des vers de terre et des limaces. Il hiberne en hiver.</p>
<p>Du même ordre et beaucoup plus discrète, la musaraigne musette (<em>Crocidura russula</em>) a également été observée. Cette dernière est de très petite taille (entre 6 et 12 grammes), d’un gris clair uniforme sur le dos et le ventre avec un poil très ras et dense, une queue très courte avec de grands poils isolés. Les yeux et les oreilles sont bien cachés dans la fourrure. Les dents sont blanches avec des pointes acérées. Elle fait son nid sous les feuilles en bordure des troncs d’arbres au sol. La musaraigne consomme essentiellement des insectes, mais aussi des vers de terre et ne dédaigne pas les cadavres de proies plus grosses. Les chouettes effraies et d’autres rapaces la consomment en grande quantité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=245&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442320/original/file-20220124-23-1flwgf6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=308&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Hérisson d’Europe et musaraigne musette.</span>
<span class="attribution"><span class="source">P. Sachot, A. Lalis</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La fouine immortalisée</h2>
<p>Enfin, les caméras posées en complément des pièges ont pu filmer un petit mammifère carnivore assez bien adapté à la vie urbaine : la fouine. Ce petit mammifère a un <a href="http://hdl.handle.net/2268/114204">régime alimentaire varié</a> et constitue, avec le renard roux, l’un des prédateurs naturels en ville.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=263&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=263&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=263&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=330&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=330&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442322/original/file-20220124-27-dbenev.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=330&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Caméra installée et exemple de clichés obtenus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Lalis</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Grâce à nos travaux de recherche d’inventaire en ville, nous montrons que les espaces verts de la capitale peuvent permettre de conserver la biodiversité native des petits mammifères terrestres de Paris et que cette dernière, bien cachée, comprend en plus du rat et de la souris au moins trois autres rongeurs, deux insectivores et deux petits carnivores.</p>
<p>Afin de mieux comprendre comment cette biodiversité survit au contact des humains, des prédateurs (chats, fouines, renards, faucons, chouettes) et résiste à la cohabitation avec le rat surmulot et la souris domestique, d’autres recherches sont nécessaires. Des suivis sur plusieurs années doivent être établis pour surveiller l’état (augmentation ? déclin ?) des populations de micromammifères notamment des mulots, campagnols et musaraignes au cœur de Paris.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175544/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aude Lalis a reçu des financements de ANR. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Benoît Pisanu et Christiane Denys ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Si les rats et les souris attirent l’attention des Parisiens, bien d’autres petits mammifères évoluent dans la capitale française.Christiane Denys, Professeure du Museum, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Aude Lalis, Maître de conférences en génétique et génomique évolutive, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Benoît Pisanu, Chargé de mission « Espèces exotiques envahissantes », PatriNat, Centre d’expertise et de données (OFB-CNRS-MNHN), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1678282021-10-21T21:12:32Z2021-10-21T21:12:32ZLes cimetières sont aussi des lieux de vie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/423293/original/file-20210927-21-3vy4m0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C0%2C3609%2C2730&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le cimetière de Montmartre à Paris : une pittoresque ville des morts, juin 2019.</span> <span class="attribution"><span class="source">Eric Sergent</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/418707/original/file-20210831-15-1io1ckg.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science, qui a lieu du 1<sup>er</sup> au 11 octobre 2021 en métropole et du 5 au 22 novembre 2021 en outre-mer et à l’international, et dont The Conversation France est partenaire. Cette édition a pour thème : « Eureka ! L’émotion de la découverte ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>S’il est évidemment le lieu où l’on inhume les morts, le cimetière est aussi un espace fort ambigu, que chacun investit de significations diverses, sans parvenir toujours à les formuler clairement. En témoignent les mots d’Edmond Texier qui, dans son <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1520041v.image"><em>Tableau de Paris</em></a>, décrit l’impression qui étreint le visiteur pénétrant dans un grand cimetière urbain, le cimetière du Père-Lachaise en l’occurrence :</p>
<blockquote>
<p>« Quand on a franchi ses portes funèbres, où sont inscrites des paroles d’espérance, la disposition de tristesse, de dévotion et de recueillement sévère que l’on apportait cède à une impression première plutôt agréable qu’attristante. »</p>
</blockquote>
<p>Lieu de tristesse et de douleur, mais également d’édification et d’apprentissage, parc de promenade en ville et musée d’art à ciel ouvert, il n’est pas aisé de définir ce qu’est vraiment un cimetière, au XIX<sup>e</sup> siècle comme de nos jours.</p>
<h2>Une ville dans la ville</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Le cimetière du Montparnasse à Paris vu du haut de la tour Montparnasse" src="https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422117/original/file-20210920-28-d11v2s.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paris XIVᵉ arrondissement – cimetière du Montparnasse, vu depuis la tour Montparnasse.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Paris_14e_arrondissement_-_cimeti%C3%A8re_du_Montparnasse.JPG">Ordifana75/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les cimetières, tels qu’ils existent aujourd’hui, sont de création récente. Un <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65324964/f103.image.r=s%C3%A9pultures?rk=21459;2">décret impérial du 23 prairial an XII (12 juin 1804)</a> fixe de nouvelles règles d’inhumation qui s’appliquent toujours, et créent les cimetières contemporains. Ce texte, complété par d’autres plus tardifs, interdit l’inhumation dans les églises, contraint les communes à déplacer leurs lieux de sépultures à l’extérieur des villes, mais ouvre également la possibilité de concéder, à ceux qui en ont les moyens, des emplacements à perpétuité dans le champ de sépulture.</p>
<p>Cette dernière disposition, qui n’était que secondaire dans le texte initial, connaît un succès imprévu. Au cours du XIX<sup>e</sup> siècle, une <a href="https://www.mollat.com/livres/516062/antoinette-le-normand-romain-memoire-de-marbre-la-sculpture-funeraire-en-france-1804-a-1914">grande vague monumentale</a> s’empare des cimetières français et des milliers de monuments, de toutes les tailles et de toutes les formes sont élevés. Cela contribue à transformer ce que l’on appelait encore « champ de repos » en une véritable « ville des morts », reflet silencieux de la ville des vivants. Car si le cimetière a ses beaux quartiers, il a aussi ses faubourgs : une ségrégation sociale et économique s’impose dans la mort comme elle existe dans la vie. <a href="https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Hugo-miserables-3.pdf">Victor Hugo</a> le dénonçait déjà vivement, accusant que « les petits, les pauvres gens, les malheureux, quoi ! on les met dans le bas, où il y a de la boue jusqu’aux genoux, dans les trous, dans l’humidité. On les met là pour qu’ils soient plus vite gâtés ! »</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p>Michel Foucault voit en ce lieu une illustration parfaite de son concept d’hétérotopie, c’est-à-dire un <a href="https://www.cairn.info/revue-empan-2004-2-page-12.htm">« lieu autre</a> […] en liaison avec l’ensemble de tous les emplacements de la cité, ou de la société […] ». Le cimetière concerne chacun, il assure et matérialise le lien entre morts et vivants, lien entretenu par la visite au cimetière.</p>
<h2>Visiter les morts</h2>
<p>Dès le début du XIX<sup>e</sup> siècle, il apparaît que le cimetière doit devenir un lieu où l’on vient certes visiter « ses » morts, mais où l’on peut aussi rencontrer les « grands hommes » et apprendre d’eux. De lieu de répugnance et d’abandon, le cimetière devient un lieu de promenade ouvert au public, visité par les vivants, source d’inspiration et d’émotions, propice à l’édification et à la méditation. Cela explique le développement d’un véritable <a href="https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1997_num_44_4_1887">« tourisme funéraire »</a>, au cours du siècle, qui se traduit par la publication de nombreux plans et guides, et même par l’édition de cartes postales des tombeaux remarquables.</p>
<p>Les artistes viennent chercher entre les murs du cimetière l’inspiration et méditent sur la condition humaine. Ainsi, à la fin du siècle, <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Nouveaux_contes_%C3%A0_Ninon/Souvenirs/Chapitre_I">Émile Zola</a> écrit-il :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai suivi lentement les allées du Père-Lachaise. Quel silence frissonnant, quelles senteurs pénétrantes, quels souffles tièdes, venus on ne sait d’où, comme des haleines caressantes de femmes qu’on ne voit pas ! On sent que tout un peuple dort dans cette terre émue et douloureuse sous le pied du promeneur. Il s’échappe de chaque arbuste des massifs, de chaque fente des dalles, une respiration régulière et douce comme celle d’un enfant, qui se traîne au ras du sol, avec toute la paix du dernier sommeil. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="Paysage funéraire « ‘urbanisé’ » du cimetière du Père-Lachaise à Paris, février 2021" src="https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423295/original/file-20210927-21-hboqt1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Paysage funéraire « ‘urbanisé’ » du cimetière du Père-Lachaise à Paris, février 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Eric Sergent</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Loin d’être un lieu de tristesse perpétuelle, le cimetière devient donc le lieu de rêverie, de repos et de promenade. Un vieillard lisant chaque jour au Père-Lachaise, interrogé par <a href="https://www.google.fr/books/edition/Anecdotes_parisiennes/keMyAQAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1">Louis Loire</a> sur le choix de ce lieu, lui répond même que « c’est l’endroit le plus gai du quartier ».</p>
<p>C’est aussi l’espace de toutes les démonstrations : architectures remarquables, signées des plus grands noms du XIX<sup>e</sup> siècle, statuaire exubérante, épitaphes envolées. Si certains critiques et <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1045594m.image">théoriciens</a> y voient « les caprices des vanités les plus vulgaires », ces monuments surprenants font le succès de ces lieux hors du commun et hors du temps.</p>
<h2>Entre parc et musée, le cimetière aujourd’hui</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une allée arborée au cimetière du Père-Lachaise à Paris" src="https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422105/original/file-20210920-28-zdjz5q.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cimetière du Père-Lachaise à Paris (Île-de-France, France).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cimeti%C3%A8re_du_P%C3%A8re_Lachaise_(Paris)_(04).jpg">Gzen92/WikimediaCommons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le deuil, qui ponctue chaque existence, conduit quasi-systématiquement au cimetière. Mais nombreux sont également celles et ceux qui y pénètrent sans tristesse. Si la dimension éducative et morale du cimetière, telle qu’elle existait au XIX<sup>e</sup> siècle, a sans doute disparu, l’attrait des personnalités qui y sont inhumées est, lui, bien réel. Les visiteurs du cimetière Montmartre veulent voir la sépulture de Dalida, ceux du cimetière Montparnasse se recueillent sur la tombe de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Au cimetière du Père-Lachaise, les curieux cherchent Edith Piaf, Jim Morrison, barricadé derrière des grilles pour éviter les excès, ou Oscar Wilde, dont le monument a dû être protégé par des parois de verre.</p>
<p>D’autres font une simple promenade de santé, dans ces espaces qui sont aussi d’immenses parcs – le Père-Lachaise fait 44 hectares, en plein Paris… – et deviennent parfois de véritables conservatoires de la faune urbaine. Les renardeaux du Père-Lachaise, photographiés par <a href="https://www.liberation.fr/societe/ville/benoit-gallot-croque-vivant-20210716_RU2HSPRN4FBZ7M2WXEEVJ2HPRY/?redirected=1">Benoît Gallot</a>, le conservateur du cimetière, l’ont démontré ! Il est en revanche hors de question de pratiquer un certain nombre d’activités, <a href="https://www.paris.fr/equipements/cimetiere-du-pere-lachaise-4080">explicitement proscrites</a> : « activités sportives telles que le jogging » ou des « activités ludiques (jeux de piste, chasse au trésor, escape games, etc.) ». Le cimetière n’est donc pas un parc public comme les autres…</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1259374779674525696"}"></div></p>
<p>Enfin, aujourd’hui encore, les cimetières sont les plus grands musées de sculpture du XIX<sup>e</sup> siècle, ouverts librement à tous, chaque jour de l’année. Ils regorgent d’œuvres remarquables, touchantes, parfois franchement surprenantes. Témoignages émouvants d’un passé disparu, ils nous conduisent à questionner notre propre rapport à la mort puisque, comme l’écrit <a href="https://journals.openedition.org/actesbranly/92">Roland Recht</a>, reprenant une idée du philosophe Johann Gottfried von Herder :</p>
<blockquote>
<p>« Il s’établit entre la sculpture et le spectateur une sorte de dialogue muet, par le truchement duquel celui-ci va à la rencontre de son propre idéal. »</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>L’auteur effectue sa thèse sous la direction de M. Laurent Baridon, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Lumière Lyon 2.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167828/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>La thèse d'Eric Sergent est financée par un contrat doctoral unique (2018-2021), accordé par l'Université Lumière Lyon 2. </span></em></p>Aussi étranges que familiers, synonymes d’épouvante ou de fantasme, les cimetières sont l’endroit où se mêlent flâneurs et endeuillés, anonymes et personnalités connues, flore et animaux sauvages.Eric Sergent, Doctorant en histoire de l'art des XIXe-XXe siècles, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1513862020-12-13T21:33:32Z2020-12-13T21:33:32ZParisiens en quête de biodiversité, promenez-vous dans les cimetières !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/372808/original/file-20201203-19-1glrz9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=217%2C21%2C1778%2C1128&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au cimetière du Père-Lachaise.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/claudiaschillinger/37964613932/">Claudia Schillinger / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span></figcaption></figure><p>Pour s’aérer pendant les heures de permission de sortie, rien de tel qu’une promenade dans la verdure. Si vous habitez à Paris, pourquoi pas un tour au parc Montsouris, au parc Monceau ou une escapade aux Buttes Chaumont ? Plusieurs articles parus cet été nous ont d’ailleurs permis de mieux connaître les arbres parisiens, comme le <a href="https://theconversation.com/quel-est-cet-arbre-dans-ma-ville-le-catalpa-commun-larbre-des-indiens-cherokee-143619">catalpa commun</a>, le <a href="https://theconversation.com/quel-est-cet-arbre-dans-ma-ville-le-sophora-du-japon-larbre-des-pagodes-142869">sophora du Japon</a> ou le <a href="https://theconversation.com/quel-est-cet-arbre-dans-ma-ville-le-micocoulier-de-provence-larbre-servant-a-fabriquer-fourches-et-cravaches-142407">micocoulier de Provence</a>.</p>
<p>Lorsqu’on observe la position géographique de plus de 200 000 arbres issus de la base <a href="https://opendata.paris.fr/explore/dataset/les-arbres/information/">OpenData Paris</a>, on constate d’abord que les arbres parisiens sont localisés dans des espaces précis : des parcs, des squares, des écoles, des cimetières ou le long des rues.</p>
<p>Ces configurations structurelles propres aux villes doivent être traitées le mieux possible pour parvenir à mesurer, de manière satisfaisante, la biodiversité urbaine.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1329487490449813509"}"></div></p>
<h2>Arbres plantés</h2>
<p>Contrairement aux forêts régénérées naturellement, les arbres en ville sont localisés très généralement de manière artificielle. Le positionnement des arbres d’alignement (le long des rues) est rarement le fruit d’une localisation naturelle, mais plutôt celui d’une décision humaine qui respecte un espacement précis entre les arbres ou le choix d’une espèce plantée, dont les principaux critères sont la résistance à la pollution et un système racinaire limité.</p>
<p>Dans son ouvrage <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6276852z/f1.image">Les Promenades de Paris</a></em> (1867-1873), l’ingénieur des Ponts et Chaussées Adolphe Alphand écrivait notamment :</p>
<blockquote>
<p>« Les voies plantées ont pris, d’ailleurs, un développement considérable dans ces dernières années. Aujourd’hui, toute voie de plus de 26 mètres de largeur est bordée, sur chaque contre-allée, d’une rangée d’arbres. À partir de 36 mètres, il y en a deux rangées. […] Dans tous les cas, les lignes d’arbres sont placées à 5 mètres au moins de la façade des maisons ; l’intervalle qui les sépare est aussi de 5 mètres, et elles sont éloignées de 1m50 de la bordure des trottoirs. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=762&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=762&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=762&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=958&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=958&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374454/original/file-20201211-24-1qfpx31.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=958&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Adolphe Alphand.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2135895/f109.item">Wikipédia</a></span>
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</figure>
<p>Peu connu aujourd’hui, Adolphe Alphand est pourtant à l’origine d’embellissements et de réalisations parisiennes remarquables comme le bois de Vincennes, le bois de Boulogne, les Buttes Chaumont, le parc Monceau, le parc Montsouris…</p>
<h2>Biodiversité locale</h2>
<p>Mesurer la biodiversité locale au sein d’un même ensemble d’arbres constitue certainement l’approche la plus parlante pour le promeneur.</p>
<p>Une première possibilité consiste à caractériser la biodiversité en retenant un découpage géographique fin, en îlots de verdure (parcs, cimetières…). Différentes mesures ont été élaborées à partir d’un décompte des arbres par espèce dans un territoire donné. Une toute première mesure mobilisable serait la richesse, c’est-à-dire le nombre d’espèces présentes.</p>
<p>Si cette approche est intuitive, cette notion n’est toutefois pas suffisante, car elle n’intègre pas l’abondance, qui est le nombre d’individus par espèce (ou, de façon équivalente, l’abondance relative qui est la proportion des individus de chaque espèce). </p>
<p>Des mesures plus sophistiquées existent et permettent de prendre en compte cette notion. Elles abordent, toutes, la diversité comme la difficulté à deviner de quelle espèce sera un individu tiré au hasard. Si les espèces sont nombreuses, cette difficulté sera plus grande. À moins qu’une espèce domine, avec des milliers d’individus, et que toutes les autres espèces ne soient représentées qu’avec un seul arbre chacune. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1235296538135531520"}"></div></p>
<p>La richesse est grande, mais l’incertitude quant à l’espèce que l’on piochera au hasard est petite. Il est par conséquent utile de compléter rapidement notre « boîte à outils ». Un indice de diversité très connu utilisant les abondances relatives <a href="https://www.nature.com/articles/163688a0">s'appelle l’indice de Simpson (1949)</a> ; il donne la probabilité qu’une paire d’arbres choisis au hasard soit d’espèces différentes.</p>
<p>Dans une forêt « monodominante », il est proche de 0 : on obtiendra presque toujours deux arbres de l’espèce dominante, alors qu’il est proche de 1 en forêt tropicale, où les espèces sont très nombreuses et leurs <a href="https://www.pnas.org/content/112/24/7472">proportions plus équilibrées</a>.</p>
<p>Pour bien comprendre les différences entre les mesures de diversité, on peut analyser le poids qu’elles donnent aux espèces rares : il est maximal pour la richesse (une espèce très rare compte autant qu’une espèce dominante), mais très faible pour l’indice de Simpson – les paires d’arbres tirées au hasard sont majoritairement constituées des espèces les plus fréquentes donc les espèces rares contribuent peu à la valeur de l’indice.</p>
<h2>Les cimetières, ces hauts-lieux de diversité</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=785&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=785&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=785&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=986&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=986&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/372813/original/file-20201203-13-1v9prla.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=986&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Diversité des arbres à Paris analysée par des boîtes à moustaches réalisées à partir de la richesse des espèces (en haut) et l’indice de Simpson (en bas).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://workshop.inrae.fr/sew2019">Paris open data/Marcon et Puech, 2019</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Retournons en ville, désormais outillés de ces deux mesures pour décrire la biodiversité parisienne : d’une part, « la richesse » qui décrit cette biodiversité comme une collection d’espèces ; d’autre part, l’indice de Simpson, qui intègre la notion d’abondance.</p>
<p>Il apparaît que les rues parisiennes sont, en général, peu diverses : leur richesse médiane est de l’ordre de 2 espèces. L’exception notable, proche de 100 espèces, se situe Allée des Cygnes, sur l’île aux Cygnes dans le XV<sup>e</sup> arrondissement ; mais cette rue s’apparente plutôt un parc…</p>
<p>Les cimetières en revanche sont les lieux les plus diversifiés en espèces d’arbres même si certaines, chargées de symboles (longévité, éternité) comme le cyprès, l’if ou encore le houx ou le buis, y sont surreprésentées.</p>
<p>Si toutefois la promenade dominicale au cimetière vous rebute, sachez que le <a href="https://theconversation.com/arbres-et-oiseaux-balade-au-parc-montsouris-ce-point-chaud-de-la-biodiversite-parisienne-139329">parc Montsouris</a> est le plus diversifié à Paris, que le parc Monceau présente une diversité plus importante que celle des Buttes Chaumont et que le parc André Citroën ne présente qu’un faible niveau de diversité.</p>
<p>Si l’approche locale est appropriée pour le promeneur, le décideur a lui besoin d’une vision plus large, qui renvoie à la notion de biodiversité globale.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/373032/original/file-20201204-17-gh7uj9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Platane (à gauche) et micocoulier (à droite) dans une rue parisienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ATP, octobre 2020</span></span>
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<h2>Biodiversité globale</h2>
<p>Une première approche serait d’agréger tous les îlots de verdure au sein des arrondissements et d’évaluer leur diversité par arrondissement. À Paris, le XVI<sup>e</sup> fait figure de grand gagnant, quel que soit le point de vue, notamment grâce à la présence de l’avenue Foch.</p>
<p>Comparer la richesse et l’indice de Simpson permet de détecter « l’effet collection ». Il est marqué pour le VIII<sup>e</sup> arrondissement, qui figure parmi les plus riches (plus de 200 espèces d’arbres, notamment grâce à la présence du parc Monceau), mais parmi les moins divers si l’on met à part les espèces peu représentées (l’indice de Simpson est égal à 0,39). En comparaison, le XI<sup>e</sup> contient deux fois moins d’espèces mais leurs abondances sont plus équilibrées (l’indice de Simpson y est égal à 0,46).</p>
<p>Les arbres parisiens se trouvent dans un environnement urbain, donc bien loin de l’idée que l’on se fait d’une forêt sauvage et luxuriante. Pourtant, le promeneur parisien sera surpris de découvrir que Paris abrite plus de 600 espèces d’arbres différentes, une richesse comparable à celle d’une forêt tropicale de taille équivalente – même si celle-ci comporte évidemment bien plus d’arbres de chaque espèce.</p>
<p>La diversité des parcs parisiens est bien plus forte que celle des forêts naturelles environnantes, car de nombreuses espèces y ont été volontairement introduites.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/373030/original/file-20201204-13-1cjwex5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un bel if du cimetière du Montparnasse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ATP, octobre 2020</span></span>
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</figure>
<p>Une seconde approche pour étudier la biodiversité globale serait de pouvoir l’analyser à plusieurs niveaux géographiques. En 1960, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Harding_Whittaker">l’écologue américain Whittaker</a> en pointait déjà la nécessité et concevait un moyen d’y parvenir : en agrégeant les données de la diversité locale d’un arrondissement (de ses rues, parcs, cimetières), on obtient sa diversité globale. Whittaker a désigné cette diversité globale par la lettre grecque γ (gamma), et la diversité locale moyenne par α (alpha). La diversité γ est forcément plus grande que la diversité α (c’est évident pour la richesse, moins pour l’indice de Simpson).</p>
<p>Il y existe deux façons d’obtenir une grande diversité globale : la première consiste à promouvoir une grande diversité à l’échelle locale, la seconde à garantir une grande différence entre les éléments qui composent la diversité locale, que Whittaker a logiquement appelée diversité β (bêta).</p>
<p>Prenons un exemple : deux parcs dont la richesse totale est de 10 espèces d’arbres peut être obtenu de deux façons : soit en créant deux parcs comprenant chacun ces 10 espèces (grande diversité locale, aucune différence entre les deux parcs), soit en concevant deux parcs comprenant chacun 5 espèces propres (diversité α plus faible que dans le premier cas, mais β maximale).</p>
<p>Les urbanistes peuvent donc maximiser la biodiversité urbaine en utilisant ces deux leviers : des rues ou des parcs plus divers, mais aussi plus différents les uns des autres. Dans le XVI<sup>e</sup> arrondissement par exemple, le nombre moyen d’espèces d’un jardin, est environ 91, alors qu’il n’est que de 26 dans le XX<sup>e</sup> arrondissement. La richesse locale y est donc presque quatre fois supérieure.</p>
<p>Toutefois, le rapport est bien inférieur pour la richesse globale : 220 espèces au total dans le XX<sup>e</sup> arrondissement, 353 dans le XVI<sup>e</sup>, moins du double donc. Pourquoi ? Parce que les parcs sont bien plus différents les uns des autres dans le XX<sup>e</sup> arrondissement. Le ratio diversité γ/diversité α (c’est-à-dire le nombre total d’espèces sur le nombre local moyen) est arrondi à 9 dans le XX<sup>e</sup> arrondissement contre 4 dans le XVI<sup>e</sup>. Ainsi, et tout bien considéré, les jardins du XVI<sup>e</sup> sont plus riches si l’on parle d’espèces, mais plus monotones que ceux du XX<sup>e</sup>.</p>
<h2>Données manquantes</h2>
<p>La biodiversité a plusieurs aspects et sa mesure ne peut pas se résumer à un chiffrage hors contexte. A contrario, différentes mesures permettent de répondre à différentes questions : le conservateur d’un jardin botanique s’intéressera au nombre d’espèces de sa collection alors que le promeneur sera plus sensible à la variété qui l’entoure, mieux mesurée par l’indice de Simpson que par la richesse. Il n’y a pas de réponse sans question.</p>
<p>Nous avons montré que l’échelle d’observation est importante, et que la diversité globale a deux composantes : la diversité locale et la différenciation entre ses éléments locaux. <a href="https://ericmarcon.github.io/MesuresBioDiv2/">D’autres indicateurs</a> complètent ceux que nous avons évoqués, qui prennent en compte la similitude entre les espèces du point de vue de leur histoire évolutive ou de leur fonctionnement pour répondre à des questions plus complexes.</p>
<p>Au-delà des mesures, la disponibilité des données est un point sensible. L’inventaire des espaces verts de la ville de Paris est un exemple remarquable de ce que peut offrir l’accès ouvert aux données, mais il ne contient que ce que gère la ville : le jardin du Luxembourg (géré par le Sénat) et celui des Tuileries en sont ainsi absents…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151386/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Marcon a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et du
Fonds Européen de Développement Régional (Feder).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florence Puech ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La diversité des espèces d’arbres présentes à Paris en surprendra plus d’un… Tout dépend néanmoins de comment on la mesure.Éric Marcon, Chargé de mission à la direction de la recherche et de la valorisation, AgroParisTech – Université Paris-SaclayFlorence Puech, Maître de conférences en sciences économiques, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1393292020-05-26T21:53:21Z2020-05-26T21:53:21ZArbres et oiseaux : balade au parc Montsouris, ce point chaud de la biodiversité parisienne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/337609/original/file-20200526-106828-1fhm5zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Eh oui, on peut trouver l’épervier d’Europe au parc Montsouris !</span> <span class="attribution"><span class="source">F.Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>À nouveau <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-parcs-et-jardins-en-zone-orange-vont-tous-rouvrir-paris-inclus_fr_5ecfdd48c5b64932f7b2ced0">accessibles au public</a>, les parcs et jardins auront montré durant cette période inédite de confinement puis de déconfinement leur <a href="https://theconversation.com/confinement-en-ville-pourquoi-lacces-a-la-nature-est-tout-simplement-vital-137500">rôle essentiel dans le quotidien des citadins</a>. Conçus comme des espaces de récréation, ils abritent également une forte biodiversité qui mérite d’être mieux connue et valorisée.</p>
<p>On désigne par « biodiversité urbaine » l’ensemble des espèces vivantes – végétales, animales et fongiques – présentes dans les villes, ainsi que les communautés qu’elles constituent et leurs interactions. Trois grandes catégories composent schématiquement cette <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-la-biodiversite-urbaine-enjeu-de-nature-ou-de-societe-90146">biodiversité urbaine</a>.</p>
<p>Il y a la composante « domestique », désignant les espèces directement sous la dépendance de l’homme – les animaux de compagnie (chien, chat, <a href="https://www.paris.fr/pages/paris-se-mobilise-pour-les-abeilles-3488/">abeille domestique</a>, etc.), les plantes d’ornement, les arbres plantés dans les rues, les squares ou les parcs…</p>
<p>La composante « spontanée », c’est-à-dire les espèces non directement dépendantes de l’homme. Dans ce groupe, on distingue les espèces « indigènes » (présentes naturellement dans la région) de celles dites « naturalisées » (introduites par l’homme, mais qui se sont acclimatées dans la région et s’y reproduisent naturellement, sans intervention humaine directe). Certaines peuvent devenir « invasives », comme la renouée du Japon ou la <a href="https://theconversation.com/perruches-a-collier-et-conures-veuves-qui-sont-nos-nouveaux-voisins-a-plumes-75239">perruche à collier</a>.</p>
<p>On distingue enfin l’« espèce ingénieur » de cette biodiversité urbaine. C’est-à-dire celle qui y a une action déterminante, l’espèce humaine.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pw6I9yAO3Rc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Biodiversité et interactions entre espèces », avec l’écologue Robert Barbault, ministère de la Transition écologique et solidaire (2011).</span></figcaption>
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<h2>Un monde d’interactions</h2>
<p>Nombre d’interactions régissent ces différentes composantes. Les arbres plantés et les espaces végétalisés constituent en ville les habitats de nombreuses espèces spontanées, fongiques (champignons, lichens), végétales (bryophytes, plantes à fleurs…) et animales (insectes, oiseaux, mammifères…).</p>
<p>Certains animaux domestiques assurent la pollinisation (comme les abeilles) et la dissémination (les chiens ou les chats, par exemple) de nombreuses espèces végétales indigènes, mais ils peuvent également être des prédateurs d’espèces animales spontanées – à l’exemple du <a href="https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-02188701">chat pour les oiseaux</a>. Enfin, en créant et entretenant la plupart des milieux urbains, l’espèce humaine a introduit ou favorisé un grand nombre d’espèces dont elle régule directement ou indirectement les populations.</p>
<p>Cette biodiversité urbaine rend de <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/comme-un-arbre-dans-la-ville-14847.php">nombreux services dits « écosystémiques »</a>, que ce soit par le stockage de carbone dans les végétaux ligneux, l’absorption et la réduction des pollutions urbaines, l’atténuation des îlots de chaleur urbain, la régulation du cycle de l’eau. Elle contribue grandement au bien-être et à la santé des populations humaines et représente de façon évidente un <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-la-biodiversite-urbaine-enjeu-de-nature-ou-de-societe-90146">vrai enjeu de société</a>.</p>
<h2>Rendez-vous au parc Montsouris</h2>
<p>D’une superficie de 15,5 hectares, le parc Montsouris est un <a href="http://blog.apahau.org/gabrielle-heywang-le-parc-montsouris-un-parc-haussmannien-histoire-de-lart-n-73-2013/">parc « haussmannien »</a> dont la création a été décidée sous le Second Empire pour offrir un lieu de promenade aux Parisiens. Sa création sur d’anciennes carrières a été <a href="https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/17295-redirection">pilotée par A. Alphand</a>, ingénieur en chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris.</p>
<p>Inauguré en 1869, mais achevé seulement au cours des années 1870, il a donc environ 150 ans d’âge. Sa topographie vallonnée présente une alternance de pelouses et de zones boisées ; il est agrémenté dans sa partie la plus basse par un lac artificiel.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Plan du parc de Montsouris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">OpenStreetMap/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Un chemin circulaire très fréquenté permet aux promeneurs de faire le tour du parc. Des compétitions sportives ou ludiques y sont régulièrement organisées. De nombreux espaces de jeux pour les enfants ont été créés, surtout dans la partie est sur l’allée de bordure du lac. Un kiosque à musique, également utilisé pour des activités de sport en groupe permet des activités musicales ou sportives. Un espace de jardin partagé a en outre été mis à la disposition du public.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Les pelouses du parc, très fréquentées dès les beaux jours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">Le jardin partagé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<figcaption>
<span class="caption">L’incontournable manège pour les enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>D’autres parties du parc sont moins fréquentées, permettant d’avoir des secteurs préservés pour les personnes recherchant le calme. Certaines zones du parc sont densément boisées, correspondant à de <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/comme-un-arbre-dans-la-ville-14847.php">petites « forêts urbaines »</a>, véritables havres de fraîcheur pendant les canicules estivales. Ce rôle a été bien reconnu par la ville de Paris puisque le parc est maintenu ouvert toute la nuit lors des épisodes caniculaires.</p>
<p>Les pelouses du parc sont ouvertes au public comme espaces de jeu, de repos et de pique-nique. Certains jours de beau temps, ce sont des centaines, voire des milliers de Parisiens qui en profitent.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Le parc Montsouris » (Tout Paris en Video, 2013).</span></figcaption>
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<h2>Des arbres et des oiseaux</h2>
<p>Le parc Montsouris apparaît comme un <a href="https://sciencesnaturelles.ch/service/publications/24610-hotspot-8-03-biodiversite-en-milieu-urbain">« point chaud » de biodiversité</a>, c’est-à-dire un site présentant une biodiversité remarquable à Paris.</p>
<p>La composante végétale y est principalement d’origine anthropique ; elle correspond aux arbres et arbustes plantés, ainsi qu’aux multiples plantes herbacées introduites et cultivées par l’homme. Les plantations initiales doivent beaucoup au <a href="https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Monuments-historiques/Ressources/Publications/Actes-de-colloque/Actes-Journee-d-etude-2017-Jean-Charles-Adolphe-Alphand-et-le-rayonnement-des-parcs-publics-de-l-ecole-francaise-du-XIXe-siecle">paysagiste J.P. Barillet-Deschamps</a>, à l’époque jardinier en chef de la ville de Paris.</p>
<p>Le parc comporte actuellement <a href="https://opendata.paris.fr/explore/dataset/les-arbres/information/">environ 1 300 arbres</a>, qui y ont été plantés au cours des 150 dernières années. Ils correspondent à plus de 140 espèces, rattachées à 37 familles végétales différentes. Ces espèces ont des origines géographiques diverses, avec principalement des espèces à distribution asiatique (36 %), nord-américaine (28 %) et méditerranéenne (20 %). Il n’y a en effet qu’une quinzaine d’espèces (soit environ 11 %) qui correspondent à des essences indigènes en Ile-de-France, dont la flore ligneuse naturelle est peu diversifiée.</p>
<p>Certains arbres du parc ne sont que rarement observables en région parisienne, comme l’arbre à gomme (<em>Eucommia ulmoides</em>), le chêne liège, le gommier noir ; certains sont remarquables par leur âge et leurs dimensions comme un superbe platane commun, âgé d’environ 180 ans et présentant une canopée exceptionnellement étendue.</p>
<p>La strate arbustive est également dense et très diversifiée, avec des espèces spectaculaires comme le chimonanthe précoce, le cornouiller du Japon ou encore le staphyllier penné. S’y ajoute de nombreuses plantes herbacées à fonction décorative.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Le tronc de l’arbre à gomme (<em>Eucommia ulmoides</em>).</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<figcaption>
<span class="caption">Le platane, âgé de presque deux siècles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Le <em>Chimonanthe précoce</em>, en fleurs dés le mois de janvier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce peuplement végétal dense et composite, formant des habitats naturels diversifiés, permet la présence d’une faune variée. Peu de données sont disponibles sur les invertébrés, mais la présence de lépidoptères, hyménoptères, coléoptères, diptères, odonates, etc., est attestée. Plusieurs espèces de poissons ont été introduites dans le lac, de même que la tortue de Floride.</p>
<p>Mais c’est l’avifaune qui est certainement la mieux connue dans le parc, d’autant plus qu’il abrite les locaux de la délégation Ile-de-France de la Ligue de protection des oiseaux (<a href="https://www.lpo.fr/">LPO</a>), qui y organise régulièrement des sorties de découverte des oiseaux. La diversité des habitats y permet la présence et la reproduction d’une trentaine d’espèces d’oiseaux indigènes franciliennes. <a href="http://www.lecerclepoints.com/ouvrage/oiseaux-nicheurs-de-paris/9782603016923">Parmi les espèces les plus remarquables</a> pour Paris, citons l’épervier d’Europe, le pigeon colombin et le pic vert.</p>
<p>S’y ajoute quelques espèces d’oiseaux exotiques introduits, comme des canards et des cygnes, ainsi que la perruche à collier qui a colonisé spontanément le parc à partir de 2008 et s’y reproduit maintenant régulièrement. Les mammifères sauvages semblent peu abondants (pipistrelle commune, écureuil roux, hérisson commun et d’autres micromammifères).</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Fauvette à tête noire (femelle).</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pic vert au nid.</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Quelle biodiversité pour les parcs urbains ?</h2>
<p>Conçu à sa création, au XIX<sup>e</sup> siècle, comme un parc d’agrément et de loisir pour les populations parisiennes, le parc Montsouris constitue aujourd’hui grâce à la richesse de sa flore ligneuse, un véritable arboretum. On l’a vu, il offre au regard des visiteurs une grande variété en essences arborescentes, dont certaines espèces peu présentes à Paris. Il constitue ainsi une vitrine sur des arbres d’origines et d’allures très diverses, allant des séquoias des Montagnes rocheuses aux pins de l’Himalaya, en passant par les tulipiers de Virginie, les cèdres du Liban et diverses espèces méditerranéennes de chênes et de sapins.</p>
<p>À l’heure des bouleversements environnementaux (climatiques particulièrement), un tel parc permet d’expérimenter et d’étudier l’acclimatation possible en milieu urbain d’essences exotiques nouvelles, susceptibles de rendre des services écosystémiques importants. Et la <a href="https://youtu.be/PMsiLmkKbZM">présence dans le parc d’une station météorologique</a> permet d’établir des corrélations précises entre les variations de températures et le développement des ligneux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">De gauche à droite : détail d’un cèdre à encens et fleur du tulipier de Virginie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>On l’a vu, la composition arborescente du parc offre des paysages remarquables en formes et couleurs et y crée aussi des îlots de fraîcheur dans ses zones les plus densément boisées. Tous ces peuplements ligneux constituent l’habitat d’une faune spontanée variée et digne d’intérêt pour les visiteurs. Un étiquetage plus important des arbres remarquables et l’installation pérenne de quelques panneaux explicatifs, associés à la publication de brochures mises à la disposition du public, permettraient de mettre encore mieux en valeur cette richesse botanique et zoologique.</p>
<p>Le parc Montsouris nous montre qu’en milieu urbain, une forte fréquentation humaine n’est pas du tout incompatible avec une grande richesse et variété d’arbres, support d’une biodiversité remarquable. Espérons que les plantations à venir continuent d’enrichir et diversifier la flore ligneuse présente, avec des essais d’acclimatation d’espèces nouvelles adaptées, en provenance de toutes les régions tempérées de la planète !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller préside actuellement le Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Il est membre associé de l’Autorité environnementale du CGEDD et membre du Groupe sur l’urbanisme écologique (GUE) de l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE).</span></em></p>Découvrons la richesse de la faune et de la flore de ce parc urbain de plus de 15 hectares dans le XIVᵉ arrondissement de Paris.Serge Muller, Professeur, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 ISYEB, CNRS, MNHN, SU, EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1375002020-04-29T17:27:47Z2020-04-29T17:27:47ZConfinement en ville : pourquoi l’accès à la nature est tout simplement vital<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/331352/original/file-20200429-51485-1qvlt2s.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Qui pour aller récolter les clochettes du 1er mai dans les bois cette année ?
</span> <span class="attribution"><span class="source">C.Réveillard/MNHN</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le 12 mars 2020, dans une <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais">adresse solennelle aux Français</a>, Emmanuel Macron annonçait la mise en place de mesures exceptionnelles destinées à freiner le développement de la pandémie du Covid-19. Des <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19">mesures précisées dans une nouvelle intervention</a> présidentielle, quelques jours plus tard.</p>
<p>Ce confinement généralisé dure depuis maintenant plus de 40 jours et l’impossibilité d’accéder à la nature se fait de plus en plus pénible pour les populations confinées. Ce vendredi 1<sup>er</sup> mai, journée traditionnelle de recherche du muguet et de sortie dans la nature et les espaces verts de proximité, risque d’être particulièrement difficile à vivre pour certains.</p>
<h2>La faune et la flore, bien présentes et visibles</h2>
<p>Confinement, restriction des contacts et de la circulation (limitée à un rayon d’un kilomètre autour du domicile) entraînent une réduction très nette de la présence humaine dans l’espace public.</p>
<p>Cela permet aux espèces sauvages de <a href="https://www.20minutes.fr/societe/2757307-20200408-video-coronavirus-paris-londres-madrid-bruxelles-animaux-reinvestissent-villes-desertees-humains">sortir de leur propre confinement</a> – habituel, lui – et d’avoir une présence plus importante, et surtout plus visible, dans les espaces habituellement monopolisés par l’espèce humaine. Les oiseaux, en pleine période de reproduction, peuvent par exemple exploiter de nouveaux sites, plus proches de leurs nids, pour nourrir leurs jeunes.</p>
<p>Cette sortie des territoires habituels est parfois motivée par la recherche effrénée de nourriture (les déchets pouvant faire l’affaire) qui n’est plus distribuée ou disponible dans les espaces désertés par les populations humaines. C’est ce que l’on a pu observer avec les <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/video-certains-animaux-sauvages-subissent-les-consequences-de-l-epidemie-de-covid-19_3876587.html">cerfs sikas à Nara (Japon), des singes à Lopburi (Thaïlande)</a> ou encore des coyotes à San Francisco (États-Unis).</p>
<p>L’entretien moindre des espaces favorise également le déploiement de la végétation. Dans les parcs et squares, des herbes hautes se frayent un chemin à travers les grilles, des bosquets de plantes généralement arrachées (orties, chardon, etc.) se forment. Parallèlement, la nature s’immisce dans les espaces publics : pieds d’arbres enherbés, jardins d’agréments foisonnants, plantes sauvages dans les failles de bitume et aux abords des immeubles…</p>
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<figcaption><span class="caption">Covid-19 : Quand les animaux sauvages investissent les villes désertées. (<em>The Sun</em>, 2020).</span></figcaption>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/331345/original/file-20200429-51489-11r2fsw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Herbes expressives au pied d’un arbre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Muller/MNHN</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Un confinement intensifié par le manque de nature</h2>
<p>Si ce temps inédit du confinement est donc propice au déconfinement d’espèces animales et à une végétation plus généreuse, il a en revanche des effets sociétaux et psychologiques non négligeables sur nous, en privant les individus d’une relation restauratrice aux espaces naturels.</p>
<p>Suite de la décision de confiner la population, la ville de Paris a décidé, dès le 16 mars, la <a href="https://www.sortiraparis.com/actualites/a-paris/articles/211694-coronavirus-fermeture-des-parcs-et-jardins-a-paris">fermeture au public des parcs et squares</a>. Elle a été rapidement suivie par des arrêtés identiques dans la <a href="https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/coronavirus-tous-les-parcs-ferment-dans-le-bas-rhin-1584736460">plupart des autres villes françaises</a>.</p>
<p>Or les parcs et jardins sont autant d’espaces publics vitaux au cœur des villes. Ils constituent le patrimoine collectif de nature de nombreux citadins qui n’en possèdent pas personnellement. Pour ces derniers, c’est la double peine : enfermés dans de petits espaces domestiques et privés d’accès au peu de nature collective disponible en ville. La fermeture des parcs et des squares renforce ainsi les inégalités. Les classes les plus aisées sont nombreuses à être parties se « confiner » à la campagne, dans leurs résidences secondaires, tandis que les classes populaires restent <a href="https://www.metropolitiques.eu/La-ville-dense-a-trahi-ses-habitants.html">captives de la « ville dense »</a>.</p>
<p>La fermeture des parcs, jardins et squares restreint d’autant plus les espaces disponibles pour la promenade, le jeu, l’aération et la contemplation, qui sont alors limitées aux rues et à leur végétalisation souvent bien restreinte.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/331370/original/file-20200429-51461-184mrmk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le parc Montsouris (Paris, XIVᵉ) déserté.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Muller/MNHN</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>L’accès à la nature, essentiel au bien-être individuel et social</h2>
<p>Les implications d’une déconnexion grandissante avec la nature, ses conséquences sur le bien-être individuel et les liens sociaux ont été clairement établies, notamment en <a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/12096">psychologie environnementale et de la conservation</a>.</p>
<p>Le confinement, alors même que le printemps fait renaître les élans vitaux, aggrave une telle déconnexion : l’impossibilité d’accès aux espaces de nature accentue le ressenti de la minéralité de nos environnements urbains.</p>
<p>On le sait, les bénéfices de la nature sont multiples, que ce soit pour la biodiversité ou l’adaptation au changement climatique des villes. La nature offre aussi une filiation avec le monde sensible, par les sensations et les sentiments qu’elle favorise, les imaginaires qu’elle suscite.</p>
<p>La littérature scientifique est également bien documentée pour souligner tous les bénéfices psychologiques de la nature sur notre bien-être ; elle nous offre de précieuses ressources pour réduire les stress urbains en <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4613-3539-9_4">favorisant les ressources adaptatives</a> des individus et en concourant au recouvrement de leurs réserves cognitives et émotionnelles.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-nature-nous-fait-du-bien-les-scientifiques-expliquent-92959">Pourquoi la nature nous fait du bien, les scientifiques expliquent</a>
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<p>Dans ce champ, les travaux de Rachel et Stephen Kaplan, professeurs de psychologie environnementale à l’université du Michigan (États-Unis), explorent depuis les années 1980 les effets restaurateurs du contact avec les environnements et éléments naturels – parcs, forêts, jardins, lacs, mais aussi des arbres ou plantes d’intérieurs. Plus particulièrement, <a href="http://willsull.net/resources/270-Readings/ExpNature1to5.pdf">ils étudient la « restauration attentionnelle »</a> – une fonction cognitive essentielle. Les stress du quotidien, la fatigue cognitive, etc., atténuent notre capacité attentionnelle et les conséquences sont importantes puisqu’elles s’accompagnent de la baisse des performances et d’une <a href="https://www.springer.com/gp/book/9783319314143">difficulté à résoudre des problèmes, à inhiber les pulsions</a>, etc.</p>
<p>Les travaux des Kaplan montrent ainsi que la contemplation de la nature offre un moyen de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0272494495900012">rendre temporairement inutile le déploiement de l’attention</a> soutenue, dirigée ou sélective, et donc de lui permettre de prendre du repos. Cette restauration est permise par le processus de fascination douce qui favorise la réflexion et permet de soutenir l’attention sans effort. La psychologue sociale Barbara Bonnefoy décrit ce phénomène comme une <a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/12096">fonction contemplative, non captivante</a> : regarder la neige tomber, les arbres, écouter le chant des oiseaux, sentir des plantes, se sentir connecté au vivant qui nous entoure…</p>
<p>Si la connexion avec des éléments naturels agit sur nos affects et nos comportements et apporte un temps de repos et une mise à distance des sources de stress, sa privation liée au confinement s’accompagne de difficultés, voire d’impossibilités, de se ressourcer, de ressentir et contrôler des émotions, d’apaiser notre stress.</p>
<p>Souffrances et désordres psychiques sont des menaces qui pourraient être évités pendant le confinement grâce à des expériences, voire des micro-expériences, restauratives de nature.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/331348/original/file-20200429-51508-10696gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jardins familiaux à Marseille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.N. Consales/AMU</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Pour une réouverture au public des espaces naturels</h2>
<p>Une pétition a ainsi été lancée il y a quelques jours pour <a href="https://reporterre.net/Il-faut-autoriser-l-acces-aux-espaces-naturels-pendant-le-confinement">solliciter l’autorisation d’accès aux espaces naturels</a> pendant le confinement. De même, la fermeture des jardins potagers collectifs et familiaux <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/coronavirus-fermeture-jardins-familiaux-seme-graines-discorde-1810422.html">a soulevé une forte opposition</a>.</p>
<p>À cet égard, le traitement différencié de la fermeture de ces potagers urbains (d’une région à l’autre, voire d’une ville à l’autre), interpelle les jardiniers qui considèrent qu’en plus d’être des espaces de nature, leurs parcelles relèvent de <a href="https://www.la-croix.com/France/Confinement-jardins-familiaux-ouvrent-ordre-disperse-2020-04-07-1201088206">l’accès à des produits de première nécessité</a>.</p>
<p>La fermeture des parcs et jardins en ville suscite également des questionnements de la part des promeneurs et amoureux des espaces verts. Ne révèle-t-elle pas, en creux, leur nombre trop faible et leur superficie insuffisante pour répondre aux besoins des citadins ? L’Observatoire des villes vertes de France <a href="http://www.observatoirevillesvertes.fr/#enseignements-tendances">révèle à ce titre des différences très marquées</a> entre agglomérations.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1224602237944467458"}"></div></p>
<p>Des mesures de distanciation et de restriction des usages ont été rapidement mises en place dans les commerces. Ne serait-il pas envisageable, de la même manière, d’expérimenter des systèmes de contrôle d’entrée dans les parcs des grandes villes (en général fermés de grilles) afin d’en autoriser l’accès et l’usage moyennant des comportements barrières et un partage de l’espace disponible ?</p>
<p>Il y a aussi sans doute une vraie réflexion à mener sur la conception et l’organisation des parcs et de leurs cheminements pour offrir des espaces d’aération, de promenade et de récréation indispensables au bien-être des populations citadines voisines, quel que soit le contexte.</p>
<p>Les propos du Premier ministre à l’Assemblée nationale, ce mardi 28 avril, ont pris en compte cette demande de réouverture des parcs urbains pour les régions les moins touchées par la pandémie. Mais le problème reste entier pour les autres…</p>
<p>De manière plus générale, ce confinement devrait nous inciter à <a href="http://www.editions-apogee.com/auteurs-1/c/philippe-clergeau.html">développer un urbanisme plus écologique</a>, se traduisant par une nouvelle alliance entre la ville et la biodiversité. Pour le bien-être de tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137500/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller préside actuellement le Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Il est membre associé de l'Autorité environnementale du CGEDD et membre du Groupe sur l'urbanisme écologique (GUE) de l'Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE), dans le cadre duquel cet article est publié.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Noël Consalès a reçu des financements de l'ANR, de l'ADEME, du PUCA. Il est membre du Groupe sur l'urbanisme écologique (GUE) de l'Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE) et de la Fédération Nationale des Jardfins Familiaux et Collectifs. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Clergeau a reçu des financements de l'Institut de la Transition environnementale pour animer le Groupe d'Urbanisme Ecologique (GUE)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dorothée Marchand, Emeline Bailly et Xavier Bonnaud ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Si le temps inédit du confinement est propice au déconfinement d’espèces animales et végétales, il a des effets sociétaux et psychologiques néfastes sur les citadins en les coupant de la nature.Serge Muller, Professeur, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 ISYEB, CNRS, MNHN, SU, EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Dorothée Marchand, Chercheure en psychologie environnementale, Centre scientifique et technique du bâtiment, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Emeline Bailly, Chercheure en urbanisme, Centre scientifique et technique du bâtiment, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Jean-Noël Consales, Maître de conférences en aménagement du territoire, urbanisme et géographie, Aix-Marseille Université (AMU)Philippe Clergeau, Professeur en écologie urbaine, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Xavier Bonnaud, Architecte, docteur en urbanisme, École d’architecture de Paris la Villette, École polytechniqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1212612019-09-05T18:38:23Z2019-09-05T18:38:23ZRetrouvons une culture commune de la nature<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/290519/original/file-20190902-175700-1a895mm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=67%2C98%2C2824%2C1832&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nos modes de vie modernes nous donnent de moins en moins d’occasions de contact avec la nature.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2NzQ0ODU3OCwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTIxMTAyMjg0NCIsImsiOiJwaG90by8xMjExMDIyODQ0L2h1Z2UuanBnIiwibSI6MSwiZCI6InNodXR0ZXJzdG9jay1tZWRpYSJ9LCJpbGVFb1RLbldrVFJZd2tVQWU4Z2dxSmY4WXMiXQ%2Fshutterstock_1211022844.jpg&pi=33421636&m=1211022844&src=-2-3">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Avant de commencer à lire ce texte, fermez les yeux et rejoignez un espace de nature qui vous est cher : une plage, une forêt, votre jardin… Pensez-vous pouvoir toujours y aller ? Pas si sûr, dans le contexte de crise que connaît la biodiversité.</p>
<p>Habitats, espèces et individus disparaissent à une vitesse vertigineuse, et les activités humaines sont les moteurs directs de cette catastrophe. L’IPBES l’a d’ailleurs réaffirmé publiquement en mai dernier à Paris, en publiant un <a href="https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr">nouveau rapport alarmant</a> sur l’état de la biodiversité.</p>
<p>Pour la première fois dans l’histoire, ces experts ont ajouté que, sans changement fondamental de nos visions du monde, de nos valeurs et de nos modèles politiques et économiques, nous ne pourrons atteindre aucun des objectifs de durabilité adoptés depuis quelques années. Même ces espaces de nature qui vous sont chers disparaîtront sans doute.</p>
<h2>De moins en moins d’expériences de nature</h2>
<p>Nos modes de vie ne nous encouragent pas à flâner dans la nature… Et même les enfants, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0885412215595441">à un âge</a> où le contact avec la nature est pourtant susceptible d’être le plus important, <a href="https://www.telerama.fr/idees/ouvrez-ouvrez-la-cage-aux-marmots,151633.php">jouent de moins en moins dehors</a>.</p>
<p>C’est pendant l’enfance que nous construisons notre cadre mental de référence, cet ensemble de notions et de valeurs à partir desquelles nous évaluerons plus tard ce qui est bien ou non. Or ce cadre de référence <a href="https://ore.exeter.ac.uk/repository/bitstream/handle/10871/18516/150802_manuscript.pdf;sequence=1">intègre de moins en moins</a> la nature dans nos quotidiens.</p>
<p>Nous oublions même que nos parents et nos grands-parents attachaient une importance bien supérieure à la nature : nous estimons souvent que la place que nous lui donnons est bonne et suffisante, sans imaginer qu’elle est plus faible qu’une ou deux générations avant. C’est ce que le psychologue Peter Kahn Jr. appelle <a href="https://theconversation.com/face-a-la-crise-ecologique-remettons-des-experiences-de-nature-dans-notre-quotidien-103556">« l’amnésie environnementale générationnelle »</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1153472224218796033"}"></div></p>
<h2>La nature écartée de nos cultures</h2>
<p>Cette perte de contact se traduit même collectivement dans notre vocabulaire. Dans l’édition 2015 du dictionnaire Oxford Junior, certains mots utiles à la description de la nature avaient disparu – comme <em>canary</em> (canari) ou <em>blackberry</em> (mûre) –, <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1745691616662473">au profit de mots courants</a> qui désignent des nouvelles technologies (comme <em>blog</em> ou… <em>Blackberry</em>). De façon générale, la culture en langue anglaise (films, romans, chansons pop), a depuis un siècle eu tendance à <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1745691616662473">écarter les mots précis</a> d’espèces de plantes ou d’animaux.</p>
<p>On retrouve ce penchant dans l’évolution de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24519887">filmographie Disney depuis 1937</a>. Bien que la nature n’ait pas disparu, on constate l’apparition depuis les années 1980 de longs-métrages où les plantes et les arbres sont absents de la plupart des paysages extérieurs : des dessins animés comme <em>Wall-E</em>, <em>Basil, Détective privé</em>, <em>Le Bossu de Notre-Dame</em>, <em>Monstres & Cie</em>, ou encore <em>Ratatouille</em>, ont quasiment éliminé la verdure.</p>
<p>Est-ce le signe que la nature perd de sa valeur à nos yeux ?</p>
<h2>Une source inépuisable pour l’imagination</h2>
<p>Ce serait oublier la <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/12924">large gamme de services</a> rendus par la nature aux sociétés humaines : de la nourriture à la purification de notre air, en passant par l’eau. Sans elle, nous ne connaîtrions pas les mêmes conditions de vie.</p>
<p>Prenons quelques exemples directs. Par exemple, la nature nous fait du bien. Les psychologues et les neurologues le confirment : se trouver dans un espace vert <a href="https://reader.elsevier.com/reader/sd/pii/0272494495900012?token=1FC9240F548978F38928445DEA2739ACDD8DB9623AC0CDE65698B108989C3AD249FB980DCD3FCB5778A5E14C59C54106">restaure notre attention mentale</a>, <a href="https://s3.amazonaws.com/academia.edu.documents/6854276/Ulrich_R_1991.pdf?response-content-disposition=inline%3B%20filename%3Dstress.pdf&X-Amz-Algorithm=AWS4-HMAC-SHA256&X-Amz-Credential=AKIAIWOWYYGZ2Y53UL3A%2F20190828%2Fus-east-1%2Fs3%2Faws4_request&X-Amz-Date=20190828T084439Z&X-Amz-Expires=3600&X-Amz-SignedHeaders=host&X-Amz-Signature=14555d4c4f44bd2867b802f08acca25f19bc5cd3c657f08ef01fd9397eef1f8c">réduit notre stress</a>, nous aide aussi à récupérer plus rapidement d’<a href="https://science.sciencemag.org/content/224/4647/420/tab-pdf">opérations</a> ou de maladies.</p>
<p>Elle constitue par ailleurs pour les enfants un incroyable stimulateur d’imagination : rappelez-vous quand vous jouiez dehors, toutes ces histoires que vous pouviez vous raconter avec un bout de bois, les défis que vous vous lanciez pour traverser la rivière (peuplée de crocodiles !), la joie que vous aviez quand vous invitiez vos parents à « prendre le thé », préparé avec un peu de cailloux, de la terre, de l’eau, un peu d’herbe et quelques feuilles…</p>
<p>Parce qu’elle n’a pas été « fabriquée » par un humain, la nature offre une infinité de possibles ; elle est ouverte à tous les défis et toutes les imaginations. Comme le rappelle <a href="https://www.cnrseditions.fr/catalogue/ecologie-environnement-sciences-de-la-terre/le-souci-de-la-nature/">Louise Chawla</a>, psychologue de l’environnement, un enfant qui joue dehors, librement et sans contrainte, prend confiance en son corps en se lançant des défis et en testant ses compétences ; il gagne en capacité et en autonomie.</p>
<p>Enfin, de façon plus intime, entrer en expérience avec la nature, dans ses dimensions cognitives mais aussi émotionnelles ou affectives, peut sans doute nous reconnecter à ce vivant non humain que nous ne maîtrisons pas, que nous ne comprenons pas, ces êtres en liens complexes et dynamiques. Cette <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/la-part-sauvage-du-monde-virginie-maris/9782021332544">« part sauvage du monde »</a>, comme l’appelle la philosophe Virginie Maris, sauvage qui est finalement partout tout autour de nous.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1044381630054494210"}"></div></p>
<h2>Osons parler de nature !</h2>
<p>Nous avons tous vécu des expériences de nature, que nous gardons généralement pour notre sphère privée. Parler de nature et de biodiversité, dans notre société moderne, c’est en effet bien souvent passer pour une rêveuse, une artiste, une enfant… <a href="https://editions-metailie.com/livre/de-la-nature/">quelqu’un de pas très sérieux</a>. Rêvasser au bord de la mer ou s’alarmer du silence assourdissant des oiseaux dans les grandes plaines céréalières, c’est être « trop émotive ».</p>
<p>Un monde sans biodiversité serait pourtant comme un monde ne connaissant qu’un seul style musical… Un monde sans mots pour décrire et parler de la nature, c’est un monde de l’oubli progressif.</p>
<p>Pourquoi ne pas se charger collectivement de remettre la nature dans notre culture commune ? Nous en avons tous des traces et des expériences. Plutôt que de les garder pour nous, pourquoi ne pas les partager avec nos enfants, nos proches, nos amis ; puis nos collègues, nos voisins… des cercles de plus en plus larges ? De la même façon que nous partageons nos dernières découvertes musicales, le dernier roman que nous avons dévoré, ou la dernière vidéo que nous avons dénichée !</p>
<p>Par tous ces témoignages, ces transmissions et ces partages, nous pourrons aider à ce que la nature et la biodiversité reviennent dans l’espace public, dans les visions collectives de <a href="https://journals.openedition.org/lectures/1262">« ce que à quoi nous tenons »</a>.</p>
<h2>Il est peut-être encore temps</h2>
<p>Car, bonne nouvelle, la biodiversité se montre très réactive : dès lors qu’on s’en soucie, à temps, elle peut se restaurer. Quand vous arrêtez de mettre des pesticides dans votre jardin, les papillons reviennent en un ou deux ans ; quand l’Union européenne décide collectivement de faire un moratoire sur la pêche au thon rouge en Méditerranée, les populations <a href="https://ec.europa.eu/dgs/maritimeaffairs_fisheries/magazine/fr/politique/2017-bluefin-tuna-season-stocks-recover-fishermen-catch-increased-opportunities">augmentent en quelques années</a>, à tel point que la pêche a pu reprendre cette année.</p>
<p>Mais il faut aller vite, avant que tout disparaisse. Voilà donc ma proposition en cette rentrée : reprenons contact avec la nature dans notre quotidien, et n’ayons plus l’impression d’y perdre notre temps ; puis parlons-en, autant que nous parlons de nos autres découvertes, positives ou négatives.</p>
<p>Tout ceci contribuera à recréer une culture commune de la nature, à remettre la nature dans notre histoire collective ; ce qui nous encouragera à se soucier de nouveau d’elle, à ne plus la détruire.</p>
<p>En 1968, Romain Gary écrivait qu’à force de ne <a href="https://www.partage-le.com/2016/01/lettre-a-lelephant-par-romain-gary/">plus se soucier du sort des éléphants</a> et des autres espèces qui ne nous servaient « à rien », nous allions devenir robots. Alors, sans plus attendre, recréons une culture de la nature ! Elle se restaurera… et nous pourrons rester vivants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/121261/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Caroline Prévot est membre du conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité (AFB). À ce titre, elle a présenté les réflexions contenues dans cet article lors de deux interventions de l’AFB dans des festivals au cours de l’été 2019.</span></em></p>Peu à peu, nous évinçons la nature du quotidien, de nos modes de vie, de notre culture, et même de notre langage. Il est urgent de la réintégrer à notre culture commune.Anne-Caroline Prévot, Directrice de recherche au CNRS, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1181652019-06-18T20:49:55Z2019-06-18T20:49:55ZParc national des Virunga : mettre fin à la « conservation policière » de la nature<p>La nomination imminente d’un nouveau gouvernement à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), après les élections générales tenues en décembre 2018, offre la possibilité de réviser plusieurs politiques publiques. L’une de celles qui méritent d’être urgemment repensée a trait à la préservation de la nature, spécifiquement dans le <a href="https://virunga.org/fr">parc national des Virunga</a>, situé dans l’est de la RDC ravagée par la guerre.</p>
<h2>Une politique de « tolérance zéro » discutable</h2>
<p>La politique actuelle, qui a largement été conçue par l’ONG britannique <a href="https://virunga.org/fr/board">Fondation Virunga</a>, co-gestionnaire du parc, n’est pas toujours tendre à l’égard de ceux qui sont les plus directement concernés localement : les populations riveraines du parc. Ces dernières entrent régulièrement dans le parc pour y ramasser des branchages, cultiver de petits lopins de terre (souvent dans les endroits qu’elles considèrent comme étant situés en dehors du parc) ou exploiter le charbon de bois, généralement en étroite collaboration avec les acteurs armés.</p>
<p>Sur la base d’une enquête de terrain menée en janvier et mars 2019 dans 11 villages autour du parc et dans la ville de Goma, ainsi que sur la base de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03066150.2016.1203307">recherches antérieures</a>, nous avons découvert le fait que le parc menait une politique très stricte envers les personnes qui y pénètrent pour assurer leur survie.</p>
<p>Pour l’administration du parc, il est visiblement préférable que ceux qui commettent ce type d’infractions soient arrêtés, incarcérés et, parfois, traduits devant la justice militaire sous le coup de l’accusation de collaboration avec des groupes armés. Dans le même temps, le poids financier et politique du parc crée un réel biais dans les procédures judiciaires qui en résultent.</p>
<p>Loin de nous l’idée d’appuyer l’impunité de ceux qui commettent des infractions, mais nous émettons des doutes sur l’efficacité sur le long terme de cette politique de « tolérance zéro ». Car elle réduit les possibilités pour la population de gagner sa vie, et alimente l’animosité envers la direction du parc. Or, sans la collaboration de la population locale, celle-ci ne peut réussir dans sa mission de préservation de la nature.</p>
<h2>Des arrestations devenues monnaie courante</h2>
<p>À Nyamilima, dans le territoire de Rutshuru (une sous-division de la province du Nord Kivu), des témoins nous ont affirmé :</p>
<blockquote>
<p>« Quand les gardes du parc effectuent des patrouilles, ils arrêtent des gens. Le 3 décembre, ils ont arrêté six personnes, qui ont été libérées au niveau de Rutshuru le [cité] moyennant 120,000 francs congolais [75 dollars]. Quand ils arrêtent des gens, les gardes s’emparent aussi des machettes, des houx et des vélos. »</p>
</blockquote>
<p>Durant notre enquête, nombre des personnes nous ont expliqué que les arrestations par des éco-gardes se faisaient souvent de manière brutale : les personnes interpellées sont frappées et ligotées, puis jetées dans un véhicule et amenées vers des sous-stations ou stations (les bases des éco-gardes). Par la suite, elles sont acheminées vers le parquet ou l’auditorat, comme on appelle le parquet militaire en RDC.</p>
<p>On peut également mentionner les arrestations violentes des pêcheurs clandestins sur le Lac Édouard. Un homme interrogé à Vitshumbi affirme :</p>
<blockquote>
<p>« Quand on les arrête, leurs yeux sont bandés avec une étoffe de couleur rouge comme quelqu’un qu’on va abattre ».</p>
</blockquote>
<p>La politique actuelle d’arrestations diffère de l’ancienne approche qui privilégiait la négociation et une forme de punition sur place, comme la confiscation d’outils pour cultiver dans le parc. Les personnes interpellées étaient ensuite rapidement libérées. En outre, dans le passé, les éco-gardes faisaient montre de plus de compréhension vis-à-vis des personnes qui traversaient des moments difficiles, comme les veuves.</p>
<p>Un homme interrogé à Kanombe confie :</p>
<blockquote>
<p>« Si votre femme avait mis au monde, vous pouviez négocier avec eux et aller collecter le bois de chauffe ou y chercher de l’eau. »</p>
</blockquote>
<p>Le parc, quant à lui, soutient que les arrestations se font dans le strict respect de droits humains et souligne les difficultés de faire respecter la loi dans un contexte de pauvreté et d’animosité envers le parc. D’ailleurs, cette animosité est souvent alimentée par des hommes politiques qui instrumentalisent les populations riveraines à des fins électoralistes.</p>
<h2>Un fort déséquilibre entre la justice et les justiciables</h2>
<p>Les personnes arrêtées ont très peu de chance de bénéficier d’un procès équitable. Les problèmes se situent déjà au niveau du procès-verbal (PV) de l’infraction établi par « l’officier de la police judiciaire » (OPJ) de l’Institut congolais de la conservation de la nature (<a href="https://www.iccnrdc.org/">ICCN</a>), l’organisation qui encadre les éco-gardes. Selon un avocat rencontré à Rutshuru :</p>
<blockquote>
<p>« Leurs OPJ de (l’ICCN), en tant que partie au conflit, ne peuvent pas bien faire leur travail. Ils peuvent même changer les déclarations de la population dans leurs PV ».</p>
</blockquote>
<p>Un avocat qui travaille souvent pour le parc nous a, toutefois, assuré que les OPJ du parc étaient bien formés et accomplissaient un « bon travail ». Mais cette opinion n’est pas partagée par d’autres professionnels de la justice interviewés par nos soins.</p>
<p>Le fait que les OPJ de l’ICCN soient soupçonnés de partis pris est aggravé par le manque de moyens financiers et de transport dont souffrent les procureurs pour effectuer leurs enquêtes sur terrain. Parfois, le parc met à leur disposition des moyens des transports, mais seulement pour les enquêtes concernant des attaques visant les gardes du parc. Les magistrats doivent, de facto, s’en remettre aux PV établis par des OPJ de l’ICCN, ne connaissant pas les zones reculées où les faits se sont déroulés.</p>
<p>Autre illustration de cette justice biaisée : bien souvent, les personnes arrêtées ne sont pas assistées d’avocat pendant la phase pré-juridictionnelle ni même pendant leur procès, ni même pro deo. Cet état de fait les empêche également d’exercer des voies de recours contre des décisions judiciaires.</p>
<p>Les magistrats que nous avons interrogés estiment aussi que certains dossiers transmis par l’Institut sont bénins. C’est le cas d’arrestations des femmes âgées qui ramassent des branchages dans le parc.</p>
<p>Selon le témoignage de l’un de ces magistrats :</p>
<blockquote>
<p>« Les gens qu’on rencontre, la plupart des prévenus, sont pauvres. Quand ils comparaissent, le ministère public ne trouve pas judicieux de les envoyer en prison et achève son instruction par un classement sans suite. »</p>
</blockquote>
<h2>Des civils devant les juridictions militaires</h2>
<p>La direction du parc semble aussi militer pour que ces dossiers soient traités par des institutions judiciaires plus répressives. Selon un officiel du parquet du territoire de Rutshuru, c’est l’une des raisons pour lesquelles les OPJ de l’ ICCN préfèrent transférer les dossiers des civils au parquet militaire, même si les accusés n’étaient pas armés au moment des faits, ou n’ont pas commis d’infraction à caractère militaire.</p>
<p>De nombreuses dispositions du Code judiciaire militaire de 2002 autorisent les tribunaux militaires congolais à poursuivre des civils – ce qui les met en <a href="https://www.amnesty.org/download/Documents/28000/afr620062011fr.pdf">contradiction</a> avec les normes internationales des droits de l’Homme.</p>
<p>Les OPJ du parc invoquent ces mêmes dispositions pour justifier le renvoi des civils devant le parquet militaire. Toutefois, d’autres juristes pensent que ces décisions ne sont pas toujours fondées. Pour eux, payer les groupes armés pour pouvoir aller pêcher illégalement sur le lac Édouard, ou transporter un sac de charbon de bois pour des réseaux économiques placés sous la coupe de groupes armés, ne veut pas dire que les personnes impliquées participent à un mouvement armé, ni qu’il s’agit d’infractions à main armée.</p>
<p>Selon un magistrat auprès du parquet militaire :</p>
<blockquote>
<p>« La politique de l’ICCN est que tous les crimes environnementaux sont renvoyés vers l’Auditorat car l’auditeur[magistrat] a un pouvoir exorbitant. […] Il peut garder le prévenu pendant 12 mois sans le présenter à un juge. »</p>
</blockquote>
<p>Et d’ajouter :</p>
<blockquote>
<p>« La politique de l’ICCN est de décourager la destruction du parc, même ceux qui cultivent, on veut qu’ils reçoivent le maximum de détention. »</p>
</blockquote>
<p>C’est ainsi qu’en 2018, selon les statistiques tirées du registre de l’auditorat à Rutshuru, pas moins de 102 civils y ont été mis en accusation par l’ICCN. Des chiffres en forte croissance par rapport à l’année précédente, où seulement 39 civils avaient été mis en accusation. Dans le même temps, on observe une légère baisse du nombre de personnes poursuivies par l’ICCN devant le parquet civil de Rutshuru : 206 accusées en 2018 contre 216 dans l’année 2017.</p>
<h2>Des relations parc-population qui s’enveniment</h2>
<p>Ces arrestations massives donnent à la population le sentiment que le parc est tout-puissant. En outre, elles pèsent lourdement sur des populations déjà très appauvries. Souvent, les paysans sont arrêtés quand ils sont en train de semer ou récolter, et leurs récoltes sont immédiatement détruites – ce qui entraîne une perte de toute une saison agricole. Une fois arrêtés, ils ne sont plus capables de générer de recettes quelconques. Pire encore, ils doivent payer des amendes de 75 à 150 dollars, ou plus. Une somme qui représente plusieurs fois ce qu’ils gagnent durant un mois complet.</p>
<p>Ceux qui sont condamnés et mis en prison doivent aussi payer pour être incarcérés dans des conditions vivables – ce qu’on appelle localement « la bougie ». Dans la prison centrale de Rutshuru, les incarcérés qui ne sont pas capables de payer la bougie sont mis dans la cellule des « gondagonda » (du mot Swahili « maigrir »), où ils risquent de mourir de faim.</p>
<p>Pour réunir les sommes permettant d’être libérés, les accusés sont obligés de demander aux membres de leur famille élargie de cotiser ou de s’endetter lourdement. Les autres sont obligés de vendre leurs biens – ce qui les prive, là encore, de la possibilité de gagner leur vie dans un futur proche.</p>
<p>Selon le chef de village de Rumangabo (territoire de Rutshuru) :</p>
<blockquote>
<p>« Les gens sont arrêtés à cause de <em>makala</em> [charbon de bois] ; ils sont ensuite obligés de vendre leurs champs et parcelles pour payer les amendes. Puis, ils n’ont pas encore un autre travail et ils vont encore entrer dans le parc pour couper le <em>makala</em>. Arrêter les gens, ça n’aide à rien. C’est un cercle vicieux. »</p>
</blockquote>
<h2>Vers une conservation réellement en commun ?</h2>
<p>Lors de notre enquête, nous avons observé que nombre de riverains du parc le percevaient comme faisant partie du patrimoine mondial et devait être protégé comme tel. Cependant, les relations entre ces deux voisins sont souvent conflictuelles.</p>
<p>Pour certains, la politique répressive du parc suscite le sentiment que rien n’a changé depuis l’époque coloniale et que la « conservation communautaire », où les communautés locales sont impliquées dans la gestion des aires protégées, ne s’est jamais traduite dans les faits. À Vitshumbi, un homme nous a dit :</p>
<blockquote>
<p>« Il n’y a pas de conservation en commun. C’est une façade. Le parc privilégie la conservation policière sur la conservation communautaire ».</p>
</blockquote>
<p>D’autres personnes nous ont soutenu que la prise de décision n’était guère participative, qu’elles étaient rarement consultées et que les projets en faveur de la communauté, par exemple les projets agricoles ou la construction des écoles, étaient trop peu nombreux et gérés de façon « descendante ».</p>
<p>La Fondation Virunga et ses partenaires, à travers l’<a href="https://virunga.org/fr/alliance">Alliance Virunga</a>, font certes des efforts pour promouvoir le développement durable autour du parc. Toutefois, pour la plupart de nos interlocuteurs, les retombées de ces investissements tardent à se faire sentir.</p>
<p>Face à ce ressentiment, le nouveau gouvernement congolais ainsi que les bailleurs du parc doivent exhorter les autorités du parc à repenser la gestion de ces espaces. Certes, des infractions doivent être punies. Mais il faut trouver un équilibre entre la nécessité de la protection du parc et le respect pour les droits socio-économiques et politiques de la population riveraine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/118165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Judith Verweijen a reçu des financements de Knowledge Management Fund du Knowledge Platform Security & Rule of Law pour mener les recherches scientifiques autour du Parc national de Virunga. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Saidi Kubuya Batundi est le secrétaire général et co-fondateur de l’organisation ASSODIP
(Association pour le développement des initiatives paysannes).</span></em></p>La politique répressive prônée par la direction du parc en direction de la population locale menace sur le long terme l’efficacité de la préservation de cet écosystème fragile.Judith Verweijen, Lecturer, University of SussexSaidi Kubuya Batundi, assistant pédagogique, Institut supérieur pédagogique et technique de GomaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/993272018-08-22T20:25:01Z2018-08-22T20:25:01ZComment (et pourquoi) aider les enfants à se rapprocher de la nature<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/230426/original/file-20180802-136646-1cpihst.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C112%2C2986%2C1832&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La contemplation de la nature stimule la créativité des enfants.</span> <span class="attribution"><span class="source">Unsplash/Caroline Hernandez</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Quand se conjuguent beaux jours et temps libre, nombre de parents rêvent de voir leurs enfants jouer en plein air. À une époque où les modes de vie s’urbanisent à la vitesse grand V, avec pour corollaire une <a href="https://mitpress.mit.edu/books/children-and-nature">diminution du temps passé en extérieur</a>, ils estiment que ce retour au vert est profitable. Et ils sont loin d’avoir tort.</p>
<p>En tant qu’espèce humaine, <a href="http://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674074422&content=reviews">notre évolution est liée au monde naturel</a>. Dès le plus jeune âge, le contact avec la faune et la flore est nécessaire à notre développement. Lorsqu’il se réduit, devenant soit trop rare, soit trop pauvre, des effets négatifs apparaissent, comme l’obésité ou l’anxiété. Ce sont ces « troubles associés au manque de nature » que soulignait dès 2008 l’auteur Richard Louv <a href="http://richardlouv.com/books/last-child/">dans son best-seller intitulé <em>Last Child in the Woods</em></a>.</p>
<h2>Une source de bien-être</h2>
<p>À l’inverse, une grande variété d’interactions avec la nature produit <a href="http://dx.doi.org/10.1177/0885412215595441">des bénéfices importants</a> et qui ont tendance à se cumuler, notamment sur le plan de la santé. Outre une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1353829215000155?via%3Dihub">augmentation de l’activité physique</a>, qui fait baisser les risques d’obésité ou de myopie chez les enfants, l’accès régulier à des parcs et espaces verts apporte également un <a href="http://willsull.net/resources/KaplanS1995.pdf">bien-être psychique</a>, en aidant par exemple à lutter contre le stress.</p>
<p>Des scènes de nature, comme le vent dans un feuillage ou les nuages passant dans le ciel, par la fascination douce qu’elles suscitent, offrent du repos à l’esprit par une attention sans effort, ce qui restaure les fonctions cognitives.</p>
<p>De telles immersions aident aussi au <a href="http://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00139160121972864">développement de nouvelles compétences</a>. Passer du temps dans la nature <a href="https://books.google.fr/books/about/Natural_Learning.html?id=h81nQgAACAAJ&redir_esc=y">stimule la créativité, le sens critique</a> et la capacité à résoudre des problèmes. Enfin, les explorations qui s’appuient sur des expériences en extérieur fortifient l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10984-013-9127-9">envie d’apprendre</a>, l’enthousiasme, ainsi que le calme et la maîtrise de soi.</p>
<h2>Un cercle vertueux</h2>
<p>Au-delà de ces effets individuels et sociaux, encourager les relations à l’environnement naturel est aussi bénéfique pour… la nature elle-même. En effet, les expériences de manipulation, d’immersion ou d’implication physique éveillent des émotions et un intérêt durable vis-à-vis de celle-ci, et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272494410000344?via%3Dihub">favorisent le sentiment d’appartenance au monde naturel</a>, aux côtés des autres espèces.</p>
<p>Ce sentiment de connexion retentit fortement sur les <a href="http://scholarlypages.org/Articles/cognitive-science/the_scientific_pages_of_cognitive_science-tspcs-1-004.php?jid=cognitive-science">choix et les comportements que les enfants, en grandissant, choisiront d’adopter</a> en faveur de l’environnement. De manière d’autant plus intéressante, il semblerait qu’il y ait un lien entre la perception de cette appartenance et les phénomènes de restauration psychologique (baisse des émotions négatives associées au stress et augmentation des émotions positives). Ainsi, plus on se sent rattaché à la nature, <a href="http://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0013916517738312">plus les expériences à son contact produisent de bénéfices</a>.</p>
<h2>La nature est au coin de la rue</h2>
<p>Si les bienfaits d’une exposition à la nature ne sont plus à prouver, de <a href="https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev-publhealth-032013-182443">grandes interrogations subsistent</a> sur les circonstances de ces mises en relation. Comment les effets varient-ils selon les groupes de population, les types d’environnement naturel ou encore les types d’interaction avec la nature (simple promenade, jardinage, etc.) ?</p>
<p>Des pistes tendent à montrer que plus l’environnement est naturel, plus notables sont les apports sur les <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/">capacités de concentration</a>, ou la <a href="https://www.omicsonline.org/open-access/how-does-psychological-restoration-work-in-children-an-exploratory-study-2375-4494-1000200.php?aid=51905">restauration psychologique</a>. Néanmoins, tout le monde n’a pas la possibilité de profiter d’un cadre naturel particulièrement riche et préservé. Si le type de nature est une variable décisive, c’est loin d’être le seul critère à influencer le contenu de l’expérience.</p>
<p>La majorité des résultats des recherches portent sur des environnements ordinaires, tels que les parcs de jeux, les cours d’école ou les jardins publics et montrent les atouts générés par leur fréquentation. Par ailleurs, les approches proposées pour découvrir un milieu naturel, quel qu’il soit, jouent aussi sur l’expérience vécue. À cet égard, le <a href="https://www.ifree.asso.fr/">champ de l’éducation à l’environnement</a> possède un vrai recul, auprès de publics d’enfants notamment, et peut nous éclairer sur les spécificités des différentes pratiques.</p>
<h2>L’expérience avant tout</h2>
<p>Il y a mille façons de découvrir la nature. Cela ne passe pas nécessairement par la transmission de connaissances savantes et l’apprentissage systématique de noms d’espèces de végétaux et d’animaux qui se trouvent sur un territoire. En éducation à l’environnement, c’est le sujet qui est au cœur de l’expérience et le but sera de varier les méthodes pour enrichir la palette des émotions ressenties et des réflexions.</p>
<p>Pour permettre à l’enfant de découvrir un milieu, on peut mobiliser une approche naturaliste comme une approche artistique et proposer une infinité de pratiques : dessin, collecte de la faune/flore, écriture, jeu libre, expression corporelle, débat…</p>
<p>D’autre part, il faut bien voir que tout milieu présentant des caractéristiques naturelles peut avoir un intérêt, qu’il s’agit d’un coin au fond du jardin, du parc de ville proche du domicile, d’un bord de mer…</p>
<h2>Une multitude d’activités possibles</h2>
<p>Une fois convaincu de la légitimité de votre rôle de parent dans cette éducation à l’environnement, reste à choisir l’activité qui vous convient :</p>
<ul>
<li><p>Dans la mesure du possible, mettez-vous en situation directe d’observation et d’immersion. Rendez-vous sur les lieux : regarder un documentaire ou un livre n’est pas sans intérêt mais, jusqu’à preuve du contraire, ne procure pas les mêmes bénéfices ;</p></li>
<li><p>N’ayez pas peur d’expérimenter (choisir de végétaliser un pied d’arbre peut représenter un projet formidable) ;</p></li>
</ul>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ckC1hA_WvJs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Végétaliser une rue à Paris, mode d’emploi.</span></figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Soyez confiants en vos capacités à découvrir et à faire ensemble : nul besoin d’avoir des compétences particulières pour l’apprivoiser un milieu. Les questionnements, le développement et la transmission de connaissances découleront de l’action et se fonderont sur l’intérêt des enfants ;</p></li>
<li><p>N’hésitez pas à vous appuyer sur un <a href="http://reseauecoleetnature.org/qui-sommes-nous/un-r-seau-des-r-seaux.html">réseau dynamique</a> pour vous tenir au courant des initiatives près de chez vous.</p></li>
</ul>
<p>On se préoccupe, à raison, de l’épanouissement physique et psychique des enfants, qu’il s’agisse de leur alimentation ou de leur exposition à la violence. Le contact avec la nature pourrait être envisagé comme une autre prescription nécessaire, tant il fournit de bénéfices structurants au développement de l’enfant. Une véritable <a href="http://richardlouv.com/">« Vitamine N »</a>, selon l’expression de Richard Louv.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99327/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alix Cosquer a reçu des financements de la Fondation de France pour développer un projet de recherche autour de la thématique du rapport des enfants à la nature.</span></em></p>A l'arrivée du printemps, même sur des territoires assez urbanisés, on peut organiser des activités permettant aux enfants de découvrir la faune et la flore. Et c’est bon pour leur développement !Alix Cosquer, Chercheuse en psychologie environnementale / psychologie de la conservation, Université de Bretagne occidentale Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/660292016-09-26T04:36:20Z2016-09-26T04:36:20ZProtection des espèces menacées : pourquoi les réponses militaires et commerciales ne mènent à rien<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/139116/original/image-20160925-13539-wvrec1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le changement climatique s’accompagne d’une <a href="http://www.greenpeace.org/international/en/campaigns/climate-change/impacts/habitat_loss/">perte à grande échelle</a> de l’habitat pour la faune et d’une <a href="http://www.iucnredlist.org/">extinction sans précédent</a> de certaines espèces. Et les marchés noirs et gris florissants qui font commerce du <a href="http://static1.1.sqspcdn.com/static/f/157301/25542141/1413203999027/W-TRAPS-Elephant-Rhino-report.pdf">rhinoceros</a>, de l’<a href="https://peerj.com/articles/2354/">éléphant</a> ou du <a href="http://news.nationalgeographic.com/2016/03/1160317-pangolins-united-states-endangered-species-act/">pangolin</a> constituent autant de facteurs aggravants.</p>
<p>Pour répondre à ces défis, tous les yeux sont tournés vers la Convention sur le commerce des espèces protégées <a href="https://cites.org/cop17">(Cites)</a> dont les membres sont réunis depuis le 24 septembre à Johannesburg, en Afrique du Sud. S’appuyant sur un accord signé par 182 pays, la <a href="https://www.cites.org/eng/disc/what.php">Cites vise</a> à « s’assurer que le commerce de la faune et la flore sauvages ne menace pas leur survie ».</p>
<p>À la conférence de Johannesburg, qui s’achèvera le 5 octobre 2016, seront discutées une soixantaine de propositions pour assouplir ou durcir les restrictions commerciales concernant 500 espèces. Il est très probable que les délégués maintiennent l’interdiction du commerce transfrontalier concernant la corne de rhinocéros et l’ivoire d’éléphant. Cependant, l’Afrique du Sud, la Namibie et le Zimbabwe demanderont à ce que le commerce de l’ivoire <a href="http://www.chronicle.co.zw/zimbabwe-sadc-brace-for-tough-cites-negotiations/">soit autorisé</a>. Ce à quoi le Botswana, le Kenya et la Tanzanie <a href="http://www.bdlive.co.za/africa/africannews/2016/09/21/botswana-breaks-ranks-with-neighbours-on-ivory-trade-ahead-of-un-meeting">sont opposés</a>. Un autre dossier encore <a href="https://cites.org/eng/cop/17/prop/index.php">plus controversé</a> porte sur la demande du roi du Swaziland, Mswati III, de mettre en vente son stock de cornes de rhinocéros.</p>
<p>Un second écueil pour la Cites, dans sa tentative de protéger les espèces menacées, concerne la <a href="http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00045608.2014.912545">militarisation</a> de cette protection, théâtre d’une course à l’armement antibraconnage. Le commerce et la militarisation pour protéger ces espèces sont des solutions foncièrement risquées. C’est la raison pour laquelle elles échouent souvent. De plus, elles travaillent rarement de concert avec les forces vives des zones concernées – tout particulièrement les populations voisines des réserves naturelles –, essentielles à la protection de ces animaux.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/1gXNZTSth5I?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La protection des éléphants et des rhinocéros au cœur de la conférence de la Cites (SABC Digital News, 2016).</span></figcaption>
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<h2>La militarisation n’est pas la réponse</h2>
<p>Pour assurer la protection des espèces, on a vu émerger en Afrique du Sud une nouvelle armée de <a href="http://www.defenceweb.co.za/index.php?option=com_content&view=article&id=14227:sandf-deploys-in-kruger-national-park&catid=87:border-security&Itemid=188">soldats</a> et de <a href="http://www.timeslive.co.za/thetimes/2013/05/20/rhino-rangers-up-their-game">rangers</a> ayant reçu une formation paramilitaire ; ils obéissent aux ordres de <a href="https://www.sanparks.org/about/news/?id=55388">responsables militaires</a> menant des campagnes antibraconnage. Les nouvelles technologies (comme les <a href="http://insideunmannedsystems.com/hunter-becomes-hunted-drone-wildlife-monitoring/">drones</a>), les <a href="https://www.sanparks.org/about/news/?id=55378">hélicoptères de combat</a> et les partenariats avec des <a href="https://www.sanparks.org/about/news/?id=56814">entreprises de sécurité militaire</a> ont fait leur entrée dans les parcs de la région, dans le but affiché de les sauvegarder.</p>
<p>On a peu discuté en public, que ce soit à la Cites ou parmi les acteurs officiels de la protection de la nature, des bénéfices d’une telle militarisation. Et cela en dépit du fait que des ONG, comme <a href="http://www.conservation.org/Pages/default.aspx">Conservation International</a>, <a href="http://www.nature.org/">Nature Conservancy</a> ou encore <a href="http://www.worldwildlife.org/">World Wildlife Fund</a> ont été <a href="http://www.worldwatch.org/system/files/EP176A.pdf">mises en cause</a> il y a déjà douze ans déjà par les travaux de Mac Chapin du WorldWatch pour leurs aventures désastreuses du côté de la protection armée. Le chercheur qualifia notamment ces épisodes de « fâcheuse négligence à l’endroit des populations indigènes dont les terres sont concernées par le business de la protection ».</p>
<p>S’il est vrai que nombre de braconniers sont armés, dangereux et appartiennent au crime organisé, nous ne sommes en rien convaincus qu’il faille être encore plus armés pour stopper le commerce illégal des espèces protégées. La militarisation « verte » est une réponse à court-terme… aux conséquences dramatiques sur le long terme.</p>
<p>Ces dernières années, plusieurs centaines de braconniers ont été abattus en <a href="http://opais.sapo.mz/index.php/sociedade/45-sociedade/24255-289-mocambicanos-mortos-e-300-detidos-por-caca-furtiva-em-africa.html">Afrique du Sud</a> et des dizaines au <a href="http://mg.co.za/article/2016-03-16-botswanas-shoot-to-kill-policy-against-suspected-poachers">Botswana</a>. Une grande part de ces décès résulte de tirs à vue et de comportements limites de la part de la police qui ont été dénoncés ; dans ces cas, les braconniers ont été abattus sans la moindre chance de se laisser appréhender.</p>
<p>Il n’est pas seulement question ici de violations des droits de l’homme ; il s’agit aussi de situations qui <a href="http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00045608.2014.912545">génèrent une hostilité</a> grandissante dans les communautés voisines, souvent marginalisées. Et c’est justement dans ces zones que la politique de protection doit s’incarner localement si elle veut être efficace.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138811/original/image-20160922-22514-1gfhwxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Jusqu’à 60 000 dollars le kilo pour la corne de rhinocéros.</span>
<span class="attribution"><span class="source">David W Cerny/Reuters</span></span>
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<p>Pire encore, la militarisation verte a ouvert la voie à la privatisation de la protection. Le cas le plus caricatural en ce domaine concerne l’entreprise <a href="http://www.paramountgroup.com/">Paramount Group</a> d’Ivor Ichikovitz, avec son désormais <a href="http://www.janes.com/article/43211/poachers-beware-parabot-is-after-you-aad141">célèbre</a> robot <a href="https://www.youtube.com/watch?v=iJji0kzrDfw">Mbombe Parabot</a>.</p>
<p>Toutes ces entreprises cherchent à créer de nouveaux marchés pour leur matériel et leurs services, et utilisent le secteur de la protection des espèces comme une vitrine pour leurs prestations et outils lors des <a href="http://www.paramountgroup.com/media-centre/news/parabot-in-jordan-to-celebrate-special-forces-protecting-our-world/">salons professionnels</a>.</p>
<p>Cela entraîne également une forme perverse de <em>greenwashing</em>. En faisant la promotion continue de leur engagement pour l’environnement, ces entreprises nous font oublier les destructions qu’elles laissent dans leur sillage sur les zones de conflit.</p>
<h2>Donner un prix à la nature ?</h2>
<p>Même impasse du côté de la <a href="http://www.foei.org/resources/publications/publications-by-subject/forests-and-biodiversity-publications/financialization-of-nature">« financiarisation de la nature »</a>, selon laquelle la meilleure façon de traiter un problème commercial – comme celui de la survie des espèces menacée par les braconniers – consiste à trouver une solution commerciale. Le commerce des espèces sauvages est particulièrement <a href="http://thestudyofvalue.org/wp-content/uploads/2014/06/WP5-Nadal-and-Aguayo-Leonardos-Sailors-2014.pdf">exposé à cette logique</a>.</p>
<p>Le Swaziland a ainsi proposé une approche marketing globale concernant les cornes de rhinocéros, ce à quoi les experts environnementaux les plus en vue sont <a href="http://blueandgreentomorrow.com/2016/09/20/calls-king-swaziland-withdraw-trade-rhino-horn/">farouchement opposés</a>. Et l’Afrique du Sud a jusqu’à présent défendu l’interdiction de ce commerce. Mais le pays subit de plus en plus la pression de certains propriétaires de ranch pratiquant l’élevage industriel, à l’image de <a href="http://www.iol.co.za/news/south-africa/kwazulu-natal/meet-the-worlds-largest-rhino-breeder-2064943">John Hume</a> qui possède quelque 1 400 rhinocéros.</p>
<p>Ni la militarisation verte, ni la légalisation du commerce transfrontalier de la corne de rhinocéros et d’ivoire ne peuvent constituer une solution durable, ni même une solution tout court, pour empêcher la disparition des espèces. Nous pouvons faire vraiment mieux, et de bien des façons.</p>
<h2>C’est le moment de repenser la protection</h2>
<p>La seule méthode qui vaille réellement pour mettre un terme au braconnage consiste à réduire radicalement la demande. La faune et la flore sauvages <a href="http://www.washingtontimes.com/news/2015/may/17/rhino-horn-considered-cure-all-and-aphrodesiac-now/">se vendent très cher</a>. La corne de rhinocéros peut ainsi s’écouler à 60 000 dollars le kilo – plus cher que l’or, les diamants ou la cocaïne. Tant que des acheteurs potentiels seront intéressés – ou qu’ils n’auront pas trouvé de nouvelle manie (comme ce fut le cas il y a un siècle <a href="http://www.forbes.com/2008/11/26/jews-feathers-fashion-oped-cx_rl_1127laneri.html">avec les plumes d’autruche</a>) – il y aura toujours des gens qui chercheront à se procurer pour les revendre, et ce même au péril de leur vie, ce type de produits.</p>
<p>La Cites, il faut le reconnaître, a beaucoup œuvré pour réduire la demande, tout particulièrement en Asie où se trouvent les plus importants marchés pour le commerce de la faune et de la flore. Et les autorités sud-africaines et namibiennes n’hésitent plus à dénoncer publiquement les contrebandiers qu’elles arrêtent. Même les partisans de la militarisation verte reconnaissent qu’agir sur la demande constitue le mode d’action le plus efficace. Mais il est essentiel de mener cette lutte en tenant compte des particularités culturelles, au risque de voir ces actions considérées comme un nouveau passage en force de l’Occident.</p>
<p>Il est de même tout aussi essentiel de traiter le braconnage mercantile de façon plus efficace et respectueuse des communautés vivant autour des parcs. Après tout, ce sont ces gens qui peuvent inscrire la lutte pour la préservation des espèces sur le long terme.</p>
<p>La conférence de la Cites représente ainsi une opportunité unique de repenser la protection des espèces, de la rendre moins abusive et plus au fait des besoins et des projets des communautés qui ont déjà souffert d’injustice lorsque les parcs ont été « prélevés » des terres indigènes.</p>
<p>D’une façon plus globale, et parce que la <a href="http://eprints.soas.ac.uk/17836/1/EoD_HD059_Jun2013_Poverty_Poaching.pdf">pauvreté</a> est un moteur puissant du braconnage, il est nécessaire de combattre les inégalités.</p>
<p>N’oublions pas qu’il y a eu d’heureux précédents. Des campagnes menées par des mouvements sociaux locaux et soutenues par des alliés globaux – et qui ont obtenu des sanctions à l’encontre des entreprises bénéficiant de politiques racistes – ont mis un terme à l’apartheid, il y a 25 ans de cela. Il y a 10 ans, les manifestations non violentes de la société civile <a href="http://quod.lib.umich.edu/p/passages/4761530.0010.011/--tac-in-the-history-of-rights-based-patient-driven-hivaids?rgn=main;view=fulltext">ont mis fin au monopole</a> de grands groupes pharmaceutiques sur les traitements contre le sida, ce qui a permis de faire passer l’espérance de vie de 52 à 62 ans rien qu’en Afrique du Sud.</p>
<p>Sauver les rhinocéros et les éléphants est tout à fait possible, à condition que des mouvements populaires voient le jour en évitant les voies de la militarisation et la commercialisation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66029/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Libby Lunstrum a reçu des financements du Social Science and Humanities Research Council of Canada (SSHRC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Patrick Bond ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que Johannesburg accueille 182 pays pour étudier les restrictions commerciales touchant 500 espèces, la militarisation des parcs naturels et la financiarisation de la faune nous interpellent.Libby Lunstrum, Associate Professor of Geography, York University, CanadaPatrick Bond, Professor of Political Economy, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/636362016-08-16T04:38:31Z2016-08-16T04:38:31ZComment on « végétalise » les villes<p>L’opposition classique entre ville et nature a aujourd’hui largement cédé la place à la « ville verte » dans les politiques de <a href="http://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782804172107-sociologie-urbaine-et-developpement-durable">développement durable urbain</a>.</p>
<p>C’est dans ce cadre que l’on assiste depuis les années 1990 à un renouvellement des actions dites de « verdissement » (ou <em>greening</em>) dans les villes. Ces dernières se fondent sur les effets prêtés à la végétalisation.</p>
<p>Il s’agit tout d’abord de faire face aux conséquences du réchauffement climatique, ce qui se traduit en zones urbaines par un objectif de réduction des <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-temperatures-grimpent-elles-en-ville-62786">îlots de chaleur urbains</a> <em>via</em> la plantation d’arbres ou les toitures végétalisées. Plus largement, le verdissement vise à susciter des perceptions positives chez les citadins, en termes d’ambiance et d’une ville qui (s’)intègre (dans) l’environnement.</p>
<p>L’idée émerge ainsi de structurer l’espace urbain par cette sorte d’« hypernature », comme en témoigne le concours de <a href="https://vertigo.revues.org/14120">projets du Grand Paris</a>. Mais de quelle nature parle-t-on ? Un balancement continu apparaît ici entre une nature « maîtrisée » et une nature « sauvage ».</p>
<h2>La place des espaces verts en ville</h2>
<p>Les « espaces verts » sont une marque directement visible de la végétalisation en ville. La multiplication des projets qualifiés de <a href="http://www.trameverteetbleue.fr">« trame verte »</a>, « poumon vert » ou « ville verte » à Bordeaux, Lille, Lyon, Strasbourg, et bien d’autres aires urbaines, en est un signe.</p>
<p>Pour autant, on observe une variété de déclinaisons.</p>
<p>Il y a, par exemple, ces bandes végétales ou forestières peu structurées, choisissant de laisser la nature « telle qu’elle », à l’exemple du parc des Coteaux à Bordeaux. La « végétalisation spontanée » ne va toutefois pas de soi, et peut être interprétée par un riverain comme une carence d’entretien de la part des services municipaux, lorsqu’elle consiste à ne pas faire disparaître certaines « herbes folles ».</p>
<p>Parler, tel nombre d’élus, de « gestion différenciée » aux abords de certains équipements, places ou cimetières, c’est reconnaître la nécessité de toute une pédagogie et de démarches avançant pas à pas.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133966/original/image-20160812-16360-f3fnyv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jardin des plantes de Montpellier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UMR Sage</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Il y aussi ces parcs, au contraire, très structurés qui s’organisent autour d’un ou plusieurs thèmes, avec des choix d’essences diversifiées : c’est le cas du parc de Borderouge à Toulouse, du jardin des Plantes de Montpellier ou de celui de Nantes. On repère également des parcs à dominante minérale, comme dans le cas du Peyrou à Montpellier.</p>
<p>La problématique du rapport entre « qualité » et « quantité » dans l’aménagement urbain végétalisé, c’est-à-dire entre les objectifs visant à proposer des sites de premier ordre et des espaces verts de proximité est un enjeu transversal. Dans plusieurs grandes villes (Nantes et Montpellier, par exemple), la « qualité » (de vie) est définie par la municipalité à travers la multiplication de petits espaces, suivant une « règle des 500 mètres » : au moins un square à moins de 500 mètres de toute habitation.</p>
<h2>Une nature octroyée</h2>
<p>Une nature octroyée apparaît ainsi. Il en va à la fois des choix de réalisation et de plantation, ainsi que des modes d’intervention de la collectivité quant à l’entretien des parcs urbains : utilisation ou non de pesticides, hauteur de tonte des pelouses permettant de préserver la faune et la flore, etc.</p>
<p>En particulier, le fait de ne plus employer de produits phytosanitaires a sensiblement progressé ces dernières années, avec une communication explicite, à l’instar de Strasbourg, où un nain de jardin proclame <a href="http://www.strasbourg.eu/environnement-qualite-de-vie/nature-en-ville/zero-pesticide">« les pesticides, on en a plein le nez ! »</a>. Les espaces verts renvoient en effet directement aux représentations de la nature, alors que les solutions avancées sont situées dans l’ordre du politique et du social.</p>
<p>Les tramways urbains l’illustrent avec netteté. Ressuscités ces dernières décennies, ils sont érigés en marqueurs incontournables d’une « mobilité durable ». La végétalisation des emprises de tramway est devenue un lieu commun (on parle de « coulées vertes » à Strasbourg, de « ligne verte » pour la ligne 2 du tramway montpelliérain), de même que le peuplement d’arbres le long des voies.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133289/original/image-20160807-488-otpgb2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des arbres le long des lignes végétalisées du tramway strasbourgeois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UMR SAGE</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Le projet de tramway passe ainsi par des <a href="https://vertigo.revues.org/13345">négociations très concrètes</a>, lorsqu’il est question d’abattre ou non des arbres, par exemple. Quant à l’engazonnement des plates-formes, il constitue également un produit transactionnel, puisque ce verdissement « visible » n’est pas synonyme de gestion écologique : le gazon est très consommateur d’eau.</p>
<h2>Initiatives citoyennes et nature appropriée</h2>
<p>Les citoyens s’organisent peu à peu comme des acteurs de la nature en ville. Le mouvement des <a href="http://lesincroyablescomestibles.fr">Incroyables Comestibles</a> développe de site en site le semis libre d’accès de plants de fruits et légumes dans des lieux ouverts et des interstices urbains.</p>
<p>L’évolution d’anciens jardins familiaux ou ouvriers en des jardins partagés, c’est-à-dire gérés en commun par un groupe d’habitants, constitue un autre exemple, appuyé aujourd’hui sur un réseau national, le <a href="http://jardins-partages.org/">Jardin dans tous ses états</a>. Dans plusieurs quartiers de Strasbourg, une convention a ainsi été conclue pour l’<a href="https://www.cairn.info/magazine-les-grands-dossiers-des-sciences-humaines-2015-9-page-15.htm">usage de l’espace</a> entre la collectivité et des habitants constitués en association, et d’autres initiatives s’agrègent : l’installation de bacs de compostage crée des lieux d’échanges ; les pieds d’arbre, fleuris et entretenus par des collectifs de riverains, donnent à voir une nature identifiante.</p>
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<figcaption><span class="caption">Reportage sur les « Incroyables comestibles » (vidéo France 5, juin 2016).</span></figcaption>
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<p>Ces initiatives et leurs porteurs traduisent <em>de facto</em> l’interdépendance de la nature et du social. D’un côté, ils semblent rompre avec les cadres urbains de la nature ordonnancée (la pelouse, l’alignement d’arbres…), voire le modèle contrôlé du jardin, à la faveur de plus de « sauvage » (de vieux plants méconnus, l’absence de tonte pour favoriser la biodiversité, etc.).</p>
<p>De l’autre côté, ils confirment un ordre social et spatial, celui, tendanciellement, de classes moyennes gentrifiées faisant d’une sensibilité écologique et d’une consommation alternative le propre <a href="https://vertigo.revues.org/15018">d’un certain entre-soi</a>, pour l’habiter comme pour l’environnement de vie.</p>
<p>La « renaturation » d’espaces urbains traduit ainsi concrètement le paradoxe du rapport socio-individuel à la nature : si, à l’échelle globale, les interactions entre société et nature sont particulièrement intenses – jusqu’à évoquer une nouvelle ère géologique, l’<a href="https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2007-1-page-141.htm">anthropocène</a>, dont les dérèglements climatiques porteraient l’empreinte –, en même temps la distance entre la plupart des citadins et la nature concrète s’impose plus que jamais.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=269&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=338&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=338&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133969/original/image-20160812-16375-oanvm3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=338&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Quelques-uns des « écogestes » recommandés pour réduire individuellement les émissions de gaz à effet de serre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">www.cop21.gouv.fr</span></span>
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<p>Détachée du quotidien, cette dernière est vécue par procuration – pensons à des émissions de télévision : <em>Ushuaïa Nature</em>, <em>Rendez-vous en terre inconnue _ou _Vu du ciel</em> – ou de manière contemplative et dans un cadre de détente, à l’occasion d’une balade dominicale en forêt. Une nature médiée et pacifiée, donc, qui fait écran à une compréhension directe du fonctionnement des écosystèmes, alors que la ville pèse lourdement dans les flux de matières (ressources, énergie, déchets…).</p>
<p>Comment dès lors concilier ville et nature hors cette connaissance pratique ? Les programmes d’« éducation » au développement durable, qui se multiplient et mettent en avant des <a href="http://www.cop21.gouv.fr/les-ecogestes/">« écogestes »</a> (tri des déchets, etc.), ne valent pas compensation à eux seuls, car ils désignent prioritairement le modèle de la nature contrôlée. C’est bien la présence pour tous d’une nature plus spontanée qui contribuerait à « reconnecter » les citadins, et c’est le défi d’une écologie populaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/63636/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Hamman ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le verdissement propose bien davantage qu’une bouffée d'oxygène pour citadins stressés. Il engage notre rapport à la nature, mettant en scène une variété d’approches ici décryptées.Philippe Hamman, Professeur de sociologie, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/551132016-02-21T23:14:53Z2016-02-21T23:14:53ZSituation explosive dans les « parcs de la paix » sud-africains<p>Bien des ouvrages ont été écrits sur la guerre et la paix. Mais promouvoir cette dernière par des actions de protection environnementale dans des zones déchirées par les conflits – comme celles qui existent entre l’Inde et le Pakistan ou la Corée du Nord et la Corée du Sud – est assez récent. Cette initiative a aussi rencontré un écho favorable dans l’Afrique du Sud post-Apartheid où elle a pris la forme de zones de conservation transfrontalières appelées « parcs de la paix ».</p>
<p>Ces parcs ont des objectifs multiples : protéger la biodiversité, permettre le développement des communautés qui y vivent et garantir la paix entre les nations. En Afrique du Sud, ces projets ont été soutenus par des personnalités influentes, des entreprises, des organisations de défense de l’environnement ainsi que par certains des plus hauts représentants du pays, à commencer par <a href="http://www.peaceparks.org">Nelson Mandela</a> lui-même.</p>
<p>Dans <a href="http://afraf.oxfordjournals.org/content/115/458/1.abstract">un article récent</a>, nous avons expliqué en quoi la campagne actuelle menée contre le braconnage intensif des rhinocéros allait à l’encontre des principes et des idéaux de ces parcs. Notre argument principal repose sur le constat que la promotion et l’instauration de ces zones se sont faites en laissant de côté l’histoire tourmentée de la région.</p>
<p>Ces blessures de l’histoire concernent les mesures prises dans le passé par l’armée sud-africaine pour tuer dans l’œuf toute potentielle insurrection : massacres et tortures eurent ainsi lieu un peu partout dans le pays et la région des actuels parcs de la paix n’y échappa pas. Le gouvernement de l’Apartheid, installé à Pretoria, fit également en sorte de détruire les infrastructures régionales pour empêcher toute velléité d’autonomie.</p>
<p>Le déni de ce passé violent a aujourd’hui des conséquences tragiquement ironiques. Car certaines des tactiques utilisées alors refont surface pour assurer la sécurité des parcs de la paix et protéger les rhinocéros. Or cette violence contredit totalement les idéaux de paix et d’harmonie que ces zones sont censées instaurer.</p>
<p>L’histoire de la région nous apprend que durant toute la Guerre froide et l’Apartheid, cette violence poursuivait <a href="https://books.google.co.za/books?id=dXidsxSqEggC&pg=PA4&lpg=PA4&dq=apartheid+war+against+neighbouring+states&source=bl&ots=1XEs5M3Qv8&sig=gDpwx4oVOWXw8T8tbkeMqCdDZd8&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwjF1NeLx_nKAhUC3iwKHesRAnAQ6AEIODAF#v=onepage&q=apartheid%20war%20against%20neighbouring%20states&f=false">un but politique</a>. L’Afrique du Sud était à l’avant-poste de cette violence, mais les atrocités commises alors dans les pays voisins n’ont, elles, jamais été abordées. Aucun processus de réparation n’a non plus été engagé, ni même évoqué, par les autorités.</p>
<p>Pour tenter de réconcilier les victimes et les responsables des atrocités commises sous le régime de l’Apartheid, la commission « Vérité et réconciliation » a été établie. Une commission d’enquête à l’échelle régionale fut nécessaire pour mettre au jour les crimes perpétrés dans la région et pouvoir envisager l’avenir. Dans ce contexte, les parcs de la paix ont proposé une tentative de réparation totalement déconnectée de la politique et de la réalité socio-économique.</p>
<h2>Des parcs de plus en plus militarisés</h2>
<p>Dans les faits, les parcs de la paix sont devenus, au fil du temps, des parcs de la guerre. Cette situation est particulièrement sensible dans le Parc national Kruger, foyer principal de la crise liée au braconnage des rhinocéros.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=453&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=569&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=569&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112252/original/image-20160221-25901-6ql2yl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=569&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cliquer sur la carte pour agrandir.</span>
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<p>Le Kruger, situé au cœur du Parc transfrontalier du Grand Limpopo reliant <a href="http://www.peaceparks.org/tfca.php?pid=19&mid=1005">l’Afrique du Sud au Zimbabwe et au Mozambique</a>, a longtemps été le symbole des parcs de la paix en Afrique du Sud. Mais l’actuelle crise du braconnage met en péril ce projet. Le Kruger a connu une militarisation rapide sous l’impulsion de <a href="http://www.defenceweb.co.za/?tag=Johan%20Jooste">Johan Jooste</a>, un ancien dirigeant des forces armées sud-africaines, qui a pris la tête les opérations anti-braconnage. On a assisté ces dernières années à une escalade de la violence armée entre militaires et braconniers : on estime ainsi que 500 ressortissants mozambicains ont été tués dans le parc entre <a href="http://www.reuters.com/article/mozambique-poachers-idUSL5N11R2OP20150921">2010 et 2015</a>. Les carcasses de rhinocéros abattus dans le Kruger par des braconniers pour leur ivoire est passé de <a href="http://wessa.org.za/get-involved/rhino-initiative/current-rhino-poaching-stats.htm">10 en 2007 à 827 en 2014</a>.</p>
<p><a href="http://blog.journals.cambridge.org/2016/02/02/whats-the-problem-with-militarising-anti-poaching-efforts/">La militarisation</a> n’est pas la seule en cause et les opérations anti-braconnage menées dans le Kruger peuvent être analysées comme les conséquences de stratégies violentes de la part de multiples acteurs. Agences gouvernementales, organisation de défense de l’environnement, personnalités influentes et bien d’autres sont impliqués dans ces <a href="http://epn.sagepub.com/content/early/2016/02/09/0308518X16630988.abstract">stratégies agressives</a>.</p>
<p>Les parcs de la paix ont longtemps été présentés comme la recette magique à toute une série de problèmes liés au développement, à la protection environnementale, à la situation économique, etc. Une ONG les a même qualifiés de <a href="http://www.peaceparks.org">« solution globale »</a>. Les défenseurs de ces zones, soutenus par les élites fortunées, les voient comme une Afrique rêvée, à la fois <a href="https://www.youtube.com/watch?v=R-Yozh22S_M">moderne, sauvage et capitaliste</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/111311/original/image-20160212-29190-tl829x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des membres de la South African Defence Force chargés de la protection des rhinocéros.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Reuters</span></span>
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<h2>Tensions dans les communautés voisines</h2>
<p>La crise du braconnage a sévèrement entamé le rêve incarné par les parcs de la paix, n’épargnant personne. C’est paradoxalement ce qui a amené un grand nombre d’acteurs à soutenir une répression musclée contre les braconniers. Mais la combinaison de cette répression aux souvenirs douloureux laissés par les atrocités et méfaits passés pourrait bien composer un mix hors de contrôle.</p>
<p>Une situation particulièrement inquiétante concerne les communautés vivant à proximité du Kruger et qui se retrouvent directement affectées par les opérations d’anti-braconnage. On estime que <a href="http://www.savingthewild.com/2014/07/un-helen-clark-rural-poverty-is-fuelling-the-poaching-crisis/">la pauvreté</a> pousse ces communautés à collaborer avec les braconniers. Mais on reconnaît tout autant que ces dernières constituent un allié incontournable dans la lutte contre ces pillages.</p>
<p>En conséquence de quoi, les membres de ces communautés voisines du Kruger et d’autres réserves de chasse privées ont été impliquées dans les efforts anti-braconnage. Mais le recrutement de certains de leurs membres comme informateurs a créé un climat de méfiance et attisé les tensions. En outre, les opérations contre le braconnage les privent d’un accès à certaines ressources naturelles essentielles.</p>
<p>Nous nageons ici en pleine contradiction : les stratégies mises en place pour sauver les rhinocéros et les parcs de la paix conduisent à une sorte d’état de guerre. Cette réalité est particulièrement tragique pour les communautés locales, déjà victimes par le passé de graves violences. Pour elles, les opportunités de développement paraissent aujourd’hui de plus en plus compromises.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55113/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bram Büscher receives funding from NWO (veni grant dossier number 451-11-010).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maano Ramutsindela receives research funding from the National Research Foundation and the University of Cape Town.</span></em></p>Conçus pour garantir la cohabitation pacifique entre les nations, ces zones font face à une situation de plus en plus tendue. En cause notamment, la militarisation de la lutte anti-braconnage.Bram Büscher, Professor of Geography, Environmental Management and Energy Studies, University of Johannesburg; Research Associate, Stellenbosch University; Professor of Sociology of Development and Change, Wageningen UniversityMaano Ramutsindela, Professor in Environmental & Geographical Science, University of Cape TownLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.