tag:theconversation.com,2011:/id/topics/pekin-21104/articlesPékin – The Conversation2023-04-20T14:04:01Ztag:theconversation.com,2011:article/2028022023-04-20T14:04:01Z2023-04-20T14:04:01ZLes pays du BRICS veulent un nouvel ordre mondial. Sera-t-il multipolaire ou sino-américain ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/521953/original/file-20230419-16-htdkgk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva serre la main du président chinois Xi Jinping après une cérémonie de signature qui s'est tenue au Grand Hall du Peuple à Pékin, en Chine, le 14 avril 2023. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Ken Ishii/Pool Photo via AP)</span></span></figcaption></figure><p>Dans son <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/08/27/discours-du-president-de-la-republique-a-la-conference-des-ambassadeurs-1">discours d’ouverture de la conférence des ambassadeurs en août 2019</a>, le président français, Emmanuel Macron, a évoqué que « nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde. » </p>
<p>Une hégémonie occidentale qui, selon lui, était vraisemblablement française au XVIII<sup>e</sup> siècle, par l’inspiration des Lumières, sans doute britannique au XIX<sup>e</sup> siècle grâce à la révolution industrielle, puis américaine au XX<sup>e</sup> siècle à la suite des deux guerres mondiales.</p>
<p>Mais avec l’émergence des pays du BRICS, acronyme regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, on assiste à une des plus importantes mutations des relations internationales depuis la révolution industrielle. Initialement créé en 2009 sous le nom de BRIC, un « S » a été ajouté en 2011 avec l’adhésion de l’Afrique du Sud.</p>
<p>La volonté affichée des pays du BRICS est de transformer la structure « occidentalo-centrée » de l’ordre économique mondial actuel vers un système international polycentrique ou multipolaire. </p>
<p>Sont-ils en train d’y parvenir ?</p>
<p>Senior fellow à la <a href="https://ferdi.fr/biographies/zakaria-sorgho">FERDI</a> et à <a href="https://acetforafrica.org/our-people/zakaria-sorgho/">ACET-Africa</a>, et chercheur associé au <a href="https://www.create.ulaval.ca/chercheurs/zakaria-sorgho">CREATE</a> à l’Université Laval, je m’intéresse à l’économie internationale et aux enjeux de développement. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les amis du BRICS : le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, à droite, inspecte une garde d’honneur avec le président chinois Xi Jinping lors d’une cérémonie de bienvenue tenue à l’extérieur du Grand Hall du Peuple à Pékin, Chine, le 14 avril 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Ken Ishii/Pool Photo via AP)</span></span>
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<h2>Des pays en forte croissance</h2>
<p>Totalisant en 2022 une population de plus de 3,2 milliards d’individus, soit plus de quatre fois celle des sept pays du G7 (environ 773 millions d’habitants), le groupe des BRICS constitue un vaste marché économique.</p>
<p>Leur place dans l’économie mondiale n’a cessé de croître ces dernières décennies, au détriment de celle du G7. Ainsi, la part du produit intérieur brut (PIB) total des BRICS dans le PIB mondial, calculé en parité de pouvoir d’achat (PPA), a surpassé celle du G7 (31,02 % contre 30,95 %) et la tendance ne semble pas s’inverser. </p>
<p>Le PIB en PPA est l’indicateur approprié pour comparer des pays, car il tient compte du fait que la même quantité d’argent ne représente pas la même richesse dans des pays différents. Il élimine donc le différentiel des pouvoirs d’achat lié aux monnaies nationales, ce qui permet de comparer des pommes avec des pommes.</p>
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<span class="caption">Figure 1.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ce résultat des pays du BRICS est particulièrement dû à la croissance économique soutenue des deux leaders asiatiques du groupe, la Chine et l’Inde, dont les parts individuelles dans le PIB (PPA) mondial sont passées respectivement de 3,29 % et 3,78 % en 1990 à 18,64 % et 7,23 % en 2022. On assiste sur la même période à un recul marqué de la contribution des deux leaders du G7 dans l’économie mondiale, les États-Unis passant de 20,38 % à 15,51 % et le Japon, de 8,56 % à 3,79 %. Les dernières prévisions de croissance économique du FMI pour la <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2023/04/11/world-economic-outlook-april-2023">Chine et l’Inde en 2023 sont 5,2 % et 5,9 % respectivement, contre 1,6 % pour les États-Unis et 1,3 % pour le Japon</a>. </p>
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<span class="caption">Des milliers d’Indiens prennent un bain sacré à l’occasion du festival Ramnavi, le 30 mars 2023. L’Inde est en voie de devenir la nation la plus peuplée du monde, dépassant la Chine de 2,9 millions d’habitants d’ici à la mi-2023, avec 1 4286 milliard d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Manish Swarup)</span></span>
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<p>Toutefois, les <a href="https://www.20minutes.fr/economie/4021526-20230201-croissance-dix-plus-grandes-economies-mondiales">États-Unis demeurent la première puissance économique</a>, avec un PIB de 25 billions de dollars en 2022, soit un peu plus du quart de l’économie mondiale. La Chine suit de près, avec un PIB de 18,3 billions de dollars, soit près de 20 % du total. </p>
<p>Par ailleurs, les pays du BRICS ont un niveau d’endettement en pourcentage de PIB et un ratio de dette publique par habitant beaucoup plus modérés en comparaison à ceux des pays du G7. En 2022, le montant moyen de la dette publique par habitant s’élevait à environ 72 303 $ dans les pays du G7, contre environ 5 950 $ dans les pays du BRICS.</p>
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<span class="caption">Figure 2.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Le dollar américain mis au défi</h2>
<p>Depuis quelques années, nombreux pays et leurs multinationales, utilisant largement le dollar américain dans les transactions internationales, font face à l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extraterritorialit%C3%A9_du_droit_am%C3%A9ricain">extraterritorialité du droit américain</a>. </p>
<p>En effet, les États-Unis se servent de plus en plus du dollar comme une « arme » de diplomatie au gré de la politique étrangère de Washington. Ainsi, les États-Unis ont su globalement contraindre les autres États à respecter une loi votée en 2017 au Congrès américain <a href="https://www.dhs.gov/news/2021/02/11/countering-america-s-adversaries-through-sanctions-act-faqs">« Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act »</a>, qui renforce les sanctions déjà existantes contre l’Iran, la Corée du Nord et la Russie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les deux poids lourds du BRICS : le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping portent un toast lors de leur dîner au Kremlin, à Moscou, le 21 mars 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pavel Byrkin, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce « chantage » du dollar exaspère des pays, notamment ceux des BRICS, et les incite à mettre en œuvre des alternatives pour assurer leurs transactions commerciales hors du contrôle de Washington. Jusqu’à maintenant, malgré les fluctuations des taux de change, la place du dollar américain contre les autres monnaies de réserve est demeurée passablement stable, selon le FMI. </p>
<p>Toutefois, toujours selon le FMI, la <a href="https://www.imf.org/en/Blogs/Articles/2021/05/05/blog-us-dollar-share-of-global-foreign-exchange-reserves-drops-to-25-year-low">part du dollar américain dans les avoirs officiels des banques centrales mondiales a chuté de 71 % en 1999 à 59 % en mai 2021, son plus bas niveau depuis 25 ans</a>, au profit d’autres devises telles que l’euro, le rouble, le yuan (ou Renminbi) ou même l’or. En décembre 2022, le billet vert a encore perdu un point de pourcentage pour s’établir à 58 % dans les avoirs officiels des banques centrales mondiales. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Figure 3.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Le yuan, la prochaine monnaie commune du BRICS ?</h2>
<p>La <a href="https://rightsindevelopment.org/notre-travail/la-nouvelle-banque-de-developpement-des-bric/?lang=fr">Nouvelle banque de développement (NBD) du groupe des BRICS</a>, basée à Shanghai, et inaugurée en 2015, vise à mettre fin à l’hégémonie de la devise américaine dans leurs transactions internationales. </p>
<p>Sa mission est de financer les infrastructures et le développement durable dans les marchés émergents et les pays en développement. Elle se veut une alternative au système de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale), plus orientée vers les pays en développement. La volonté des membres fondateurs de la NBD est de créer une monnaie commune.</p>
<p>Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2022-06-29/guerre-en-ukraine/etats-unis-et-allies-ont-gele-330-milliards-de-dollars-russes-depuis-le-debut-du-conflit.php">plusieurs centaines de milliards de dollars</a> d’avoirs de la banque centrale russe ont été gelés par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Cette sanction sans précédent contre Moscou envoie un signal fort à certains dirigeants (qui seraient tentés de mal se comporter) sur les possibilités d’action de l’Occident.</p>
<p>Cela a apporté un argument aux pays du BRICS dans leur diplomatie contre l’ordre économique actuel. Depuis, plusieurs pays ont décidé d’effectuer leurs échanges commerciaux sous autres monnaies que le dollar américain, essentiellement le yuan. </p>
<p>Dans ce contexte, la <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/04/15/la-visite-de-lula-en-chine-illustre-les-ambitions-et-les-limites-des-brics_6169645_3210.html">visite du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva en Chine le 14 avril</a> n’est pas passée inaperçue. Il s’est dit prêt à augmenter ses échanges avec la Chine réalisés désormais en yuan.</p>
<p>Outre le Brésil, la Chine a aussi conclu des ententes commerciales avec le Venezuela, <a href="https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-la-chine-et-l-iran-annoncent-un-partenariat-strategique-global">l’Iran</a>, l’Inde et la Russie, lui permettant d’utiliser le yuan (à la place du dollar) dans ses transactions avec ces pays. <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1940243/petrole-chine-arabie-saoudite-cooperation-golfe">Le président Xi Jinping a aussi participé en décembre à un sommet avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG)</a>, soit l’Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Qatar et Oman. La Chine souhaite une entente avec les pays du CCG pour régler en yuan ses importations de pétrole et du gaz. Ce qui affaiblirait davantage le dollar américain.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président Xi Jinping a participé en décembre à un sommet avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), soit l’Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Qatar et Oman. On le voit, sur cette photo prise le 9 décembre 2022, avec des dirigeants des pays du Golfe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Xie Huanchi/Xinhua via AP)</span></span>
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<p>Le projet des pays du BRICS est né de frustrations et d’exaspérations face à l’imposition d’un ordre international très occidentalo-centré du monde. Dans leur <a href="http://www.brics.utoronto.ca/docs/090616-leaders.html">déclaration commune du 16 juin 2009</a>, les dirigeants des BRICS souhaitent « un ordre mondial multipolaire plus démocratique et plus juste, fondé sur l’application du droit international, l’égalité, le respect mutuel, la coopération, l’action coordonnée et la prise de décision collective de tous les États ». </p>
<p>Cet idéal fédérateur des BRICS pourrait être mis à mal par des ambitions potentielles de Pékin de partager le leadership mondial avec Washington. L’Inde et la Russie n’appuieront pas une domination bicéphale sino-américaine du monde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202802/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Zakaria Sorgho est Senior fellow à ACET-Africa (Ghana) et du FERDI (France). </span></em></p>Les pays du BRICS souhaitent un ordre mondial multipolaire. Mais cet idéal pourrait être compromis si Pékin décide de partager le leadership mondial avec Washington.Zakaria Sorgho, Senior fellow at FERDI & ACET-Africa, and Research associate at CREATE, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2015502023-03-10T14:51:24Z2023-03-10T14:51:24ZIngérence chinoise : le gouvernement libéral en crise, la démocratie menacée<p>Une série de <a href="https://www.theglobeandmail.com/politics/article-china-influence-2021-federal-election-csis-documents/">documents divulgués par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS)</a> a révélé comment le gouvernement chinois a tenté d’interférer dans les élections canadiennes. </p>
<p>Cela confirme un certain nombre d’allégations qui circulent depuis un certain nombre d’années concernant les agissements du Parti communiste chinois (PCC). Le <a href="https://www.cbc.ca/radio/thehouse/otoole-china-interference-claims-1.6493606">Parti conservateur du Canada</a> soutient que cette ingérence chinoise lui a coûté un certain nombre de sièges lors des élections fédérales de 2021. Une enquête internationale a aussi révélé l’existence de <a href="https://www.theguardian.com/world/2022/nov/07/chinese-police-stations-toronto-canada">postes de police illégaux</a> utilisés par la Chine pour recueillir des informations sur la diaspora chinoise au Canada. <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/03/09/deux-postes-de-police-chinois-presumes-au-quebec">Il y en aurait à Toronto, à Vancouver et à Montréal</a>.</p>
<p>L’histoire est en cours de développement et de <a href="https://www.theguardian.com/world/2023/mar/07/canada-china-election-meddling-leaked-intelligence-reports">nombreux détails demeurent inconnus</a>. Il reste à déterminer, par exemple, d’où proviennent les fuites et pourquoi les informations ont été divulguées.</p>
<p>Ces fuites tendent à démontrer <a href="https://www.saltwire.com/atlantic-canada/news/trudeau-defends-toronto-liberal-mp-accused-of-benefitting-from-chinese-interference-100828843/">que ce sont les libéraux fédéraux qui ont bénéficié</a> de l’ingérence chinoise. Des motivations politiques pourraient donc être à l’origine de ces fuites. Des éléments au sein du SCRS pourraient en effet souhaiter le renversement de l’actuel gouvernement.</p>
<h2>Implications politiques</h2>
<p>Ces fuites ont d’indéniables implications politiques qui s’intensifieront au fur et à mesure qu’on en saura davantage sur ce scandale. L’opposition à Ottawa <a href="https://plus.lapresse.ca/screens/d21c7996-7efb-4fc6-87ed-08f2e917ffea%7C_0.html">a unanimement demandé une enquête publique</a> pour faire toute la lumière sur l’ingérence de Pékin. </p>
<p>Après avoir affirmé <a href="https://nationalpost.com/news/politics/trudeau-claims-inaccuracies-in-leaked-documents-about-chinese-interference">qu’aucune autre mesure n’était nécessaire</a>, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que son gouvernement <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2023-03-06/ingerence-etrangere-dans-les-elections/trudeau-s-en-remet-a-un-rapporteur-special.php">nommerait un « rapporteur spécial »</a> qui travaillera avec deux comités de sécurité nationale pour faire la lumière sur cette histoire. </p>
<p>Les détails de cette enquête, de même que la personne qui sera nommée rapporteur (« un Canadien émérite »), restent à déterminer. Mais cette personne devra savoir naviguer à travers de nombreuses magouilles partisanes. </p>
<p><a href="https://ici.radio-canada.ca/rci/fr/nouvelle/1961260/ottawa-rapporteur-special-ingerence-chine-poilievre-blanchet">L’opposition attaquera sans aucun doute l’intégrité du processus</a>, surtout si l’on tient compte du fait que c’est le gouvernement seul qui en détermine la portée. Le rapporteur <a href="https://ici.radio-canada.ca/rci/fr/nouvelle/1961113/ingerence-etrangere-trudeau-demande-enquete-comite-securite-nationale">devra ultimement déterminer si une enquête publique complète est nécessaire</a>. </p>
<h2>Les Libéraux en ont-ils bénéficié ?</h2>
<p>Les libéraux ont beaucoup à perdre à ce que le public continue de s’intéresser à ce dossier. </p>
<p>Les allégations soulèvent non seulement des questions sur l’intégrité de la démocratie canadienne elle-même, mais aussi sur la complicité du gouvernement, celui-là même qui semble avoir tiré profit de cette ingérence. Il n’a, de fait, pas répondu de manière appropriée, et semble avoir délibérément minimisé, nié ou enterré les allégations d’ingérence.</p>
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<img alt="Un homme aux cheveux foncés fait des gestes pendant qu’il parle" src="https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514312/original/file-20230308-1842-zg13m9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le premier ministre Justin Trudeau s’exprime lors d’une conférence de presse sur la Colline du Parlement à Ottawa, le 6 mars 2023, au sujet de l’ingérence de la Chine dans les élections canadiennes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Sean Kilpatrick</span></span>
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<p>Les informations disponibles montrent que le <a href="https://www.journaldequebec.com/2023/02/25/ingerence-chinoise-le-bureau-du-premier-ministre-aurait-ignore-les-avertissements-1">premier ministre et ses collaborateurs ont été informés, à de multiples reprises, des signes d’ingérence chinoise</a> lors des élections de 2019 et de 2021. </p>
<p>Le parti au pouvoir est en crise, ébranlé par des fuites qu’il n’avait pas prévues. La preuve en est dans la façon dont Justin Trudeau est rapidement passé d’une réponse initiale qui <a href="https://www.cbc.ca/news/politics/melanie-joly-foreign-interference-1.6767174">niait la gravité des rapports et insinuait que des considérations raciales pouvaient se cacher derrière les révélations</a> à l’actuelle réponse, qui tient désormais compte des multiples pressions en faveur d’enquêtes plus approfondies.</p>
<p>Les néo-démocrates, sur lesquels les libéraux comptent pour rester au pouvoir, n’ont pas exclu l’idée de <a href="https://globalnews.ca/news/9529178/ndp-public-inquiry-foreign-interference-liberal-support/">soumettre l’enquête publique à un vote de confiance</a>. Les conservateurs, qui reçoivent un appui favorable dans les sondages auprès des Canadiens, voient sans doute le pouvoir se profiler à l’horizon. </p>
<h2>Une crise de sécurité nationale</h2>
<p>Il ne s’agit pas seulement de politique, mais bien d’une véritable crise de sécurité nationale, très préoccupante. Les preuves de l’ingérence chinoise soulèvent de sérieuses questions quant à la légitimité de notre processus électoral. </p>
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<img alt="Une femme dépose un bulletin de vote dans une urne" src="https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514315/original/file-20230308-28-mkesqi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une électrice vote par anticipation lors des élections fédérales de 2021 à Chambly, au Québec.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Pékin a apparemment utilisé des ressources importantes en matière de financement ainsi que dans la production de contenu diffusé sur les médias sociaux <a href="https://www.nytimes.com/2023/03/04/world/canada/china-elections.html">pour influencer — voire carrément manipuler — les électeurs canadiens</a> afin de promouvoir ses intérêts spécifiques. </p>
<p>En 2019 et 2021, ces ressources <a href="https://globalnews.ca/news/9514853/trudeau-defends-han-dong-report-csis/">ont aidé les campagnes de plusieurs candidats du parti libéral</a> à travers une série de réseaux informels.</p>
<p>Comme le montre <a href="https://www.nytimes.com/2021/03/16/us/politics/election-interference-russia-2020-assessment.html">l’expérience américaine de l’ingérence russe</a>, il s’agit de la <a href="https://www.forbes.com/sites/nathanpettijohn/2020/10/09/election-interference-is-the-new-normal/">« nouvelle normalité »</a> dans les relations internationales.</p>
<p>Il existe désormais un certain nombre de puissances mondiales qui sont disposées à faire tout ce qu’il faut pour promouvoir leurs intérêts, y compris s’ingérer dans les politiques internes d’autres États.</p>
<h2>Des fuites nécessaires ?</h2>
<p>Les fuites récentes prouvent non seulement que cela se produit au Canada mais, encore plus grave, que les agences de sécurité du pays sont à la remorque : ils s’efforcent de trouver des moyens de gérer la situation actuelle, alors que les stratégies d’ingérence de la Chine ne cessent de se développer. </p>
<p>La politisation de la question, bien qu’inévitable, n’est pas utile. Mais tant que le gouvernement libéral donnera la priorité à sa survie électorale, le scandale ne fera que s’intensifier.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Une enseigne du Service canadien du renseignement de sécurité avec des arbres derrière elle" src="https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514319/original/file-20230308-2277-3jo6fx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un panneau indiquant le bâtiment du Service canadien du renseignement de sécurité à Ottawa.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Sean Kilpatrick</span></span>
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</figure>
<p>Les fuites n’ont pas aidé le travail du SCRS, mais plutôt <a href="https://www.theguardian.com/world/2023/mar/07/canada-china-election-meddling-leaked-intelligence-reports">nui à sa crédibilité internationale</a>. Elles rendront probablement plus difficile la cueillette d’informations sensibles par l’organisation. </p>
<p>Néanmoins, avec un gouvernement démocratique élu qui n’a fait jusqu’à maintenant que se croiser les bras, les fuites étaient sans doute nécessaires pour le bien de la démocratie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201550/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sam Routley ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les fuites concernant l’ingérence de la Chine dans les élections canadiennes vont au-delà d'une crise politique. Il s’agit d’une crise de sécurité nationale.Sam Routley, PhD Student, Political Science, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1795452022-03-23T14:27:57Z2022-03-23T14:27:57ZLes tensions sino-américaines à l’ombre de la guerre en Ukraine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/453708/original/file-20220322-15-1y54env.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=41%2C0%2C4598%2C3049&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le président Joe Biden a un entretien virtuel avec le président chinois Xi Jinping depuis la salle Roosevelt de la Maison Blanche à Washington, le 15 novembre 2021. </span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Susan Walsh)</span></span></figcaption></figure><p>Dans un récent article publié dans <a href="https://theconversation.com/invasion-russe-en-ukraine-voici-pourquoi-la-chine-pourrait-devenir-mediatrice-178567"><em>La Conversation</em></a>, j’évoquais les raisons pour lesquelles la Chine pourrait éventuellement agir comme médiatrice dans le conflit en Ukraine. J’y ajoutais que cette intervention salutaire de Pékin n’était pas imminente et qu’elle se produirait au moment où Xi Jinping jugerait qu’il y va de l’intérêt national de son pays d’agir ainsi.</p>
<p>Depuis, les <a href="https://scheerpost.com/2022/03/15/why-beijing-should-help-mediate-to-end-the-russia-ukraine-crisis/">appels pressants</a> à un <a href="https://www.ft.com/content/1e3c79e6-7d07-466b-b159-0742a8393ea7">rôle plus actif de la Chine</a> se multiplient. Spécialiste des négociations internationales, cet article poursuit deux objectifs : réévaluer la possibilité d’une intervention médiatrice de l’Empire du Milieu après près d’un mois de guerre et estimer les effets d’une telle initiative sur une réduction des tensions sino-américaines.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/invasion-russe-en-ukraine-voici-pourquoi-la-chine-pourrait-devenir-mediatrice-178567">Invasion russe en Ukraine : voici pourquoi la Chine pourrait devenir médiatrice</a>
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<h2>Deux grands pièges sur l’échiquier mondial</h2>
<p>Lors de la précédente administration américaine de Donald Trump, plusieurs analystes exprimaient des inquiétudes concernant le futur des relations économiques internationales. L’ère de coopération économique d’après-guerre risquait de s’effondrer pour laisser place à un antagonisme systémique entre les États-Unis et la Chine.</p>
<p>Cette appréhension était illustrée par <a href="https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2020-3-page-10.htm">deux grands pièges</a> qui pointaient à l’horizon des relations économiques mondiales. Jusqu’à l’invasion russe de l’Ukraine, l’attention de Joe Biden se portait surtout sur des enjeux internes. Les tensions vives entre les deux grandes puissances demeuraient inchangées.</p>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A8ge_de_Thucydide">piège de Thucydide</a>, inspiré du récit que fait le grand historien grec de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_P%C3%A9loponn%C3%A8se">guerre du Péloponnèse</a> (431-411 AD), représente une situation historique où une puissance dominante entre en guerre contre une puissance émergente sous la contrainte de la peur que suscite chez la première le surgissement de la seconde. L’avertissement de Thucydide trouve son écho dans les écrits d’universitaires, dont ceux de <a href="https://www.hks.harvard.edu/publications/destined-war-can-america-and-china-escape-thucydidess-trap">Graham Allison</a>, selon lesquels la guerre commerciale actuelle entre Washington et Pékin est motivée par un effort désespéré des Américains pour maintenir leur primauté économique mondiale, alors que leur position hégémonique décline.</p>
<p>En contrepartie, le <a href="https://nouvelles.ulaval.ca/2020/11/16/les-pieges-de-thucydide-et-de-kindleberger-55c1e9780b0b6f6005b9a6d4742fa42f">piège de Kindleberger</a> évoque, en matière de relations internationales, un état du monde où une nouvelle puissance dominante ne parvient pas (par manque de capacité ou de volonté) à procurer les biens publics internationaux qui étaient fournis par la puissance dominante précédente.</p>
<p>Tout en attribuant la longue paix d’après-guerre au rôle joué par l’hégémonie américaine, Kindleberger nous met en garde contre les <a href="https://www.ucpress.edu/book/9780520275850/the-world-in-depression-1929-1939">risques d’un retour à la décennie désastreuse des années 1930</a>, lorsque les États-Unis, la puissance économique et militaire la plus avancée, ne sont pas parvenus à combler le gouffre laissé par le déclin hégémonique relatif de la Grande-Bretagne.</p>
<p>Joseph S. Nye a qualifié de <a href="https://www.belfercenter.org/publication/kindleberger-trap">piège de Kindleberger</a> ce vide de leadership dans le système international. Sans ce leadership économique, qu’il soit exercé par une puissance hégémonique bienveillante ou par une coalition d’États qui partagent les mêmes visées, tous les efforts de coordination économiques et politiques des dernières décennies risquent d’être anéantis.</p>
<h2>La Chine répond coup sur coup</h2>
<p>Sous l’administration américaine précédente la <a href="https://www.piie.com/research/trade-investment/us-china-trade-war">guerre commerciale</a> entre Washington et Pékin a connu un crescendo. Donald Trump ne ménageait aucun effort pour freiner la montée en puissance de la Chine (une <a href="https://www.piie.com/blogs/trade-and-investment-policy-watch/why-biden-will-try-enforce-trumps-phase-one-trade-deal-china">politique qui a été largement maintenue par l’Administration Biden à ce jour</a>) La Chine <a href="https://www.piie.com/research/piie-charts/us-china-trade-war-tariffs-date-chart">répond coup sur coup</a> à chaque semonce de la Maison-Blanche.</p>
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<img alt="Des gens avec des caméras, devant un écran géant" src="https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453894/original/file-20220323-19-1p2htgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un forum organisé à Pékin en avril 2019, et auquel a assisté le président chinois Xi Jinping, fait la promotion de la nouvelle route de la soie, une série d’infrastructures permettant de relier l’Asie, l’Afrique et l’Europe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Andy Wong)</span></span>
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<p>Les risques liés au piège de Thucydide demeurent bien présents. À cela, s’ajoute le spectre du piège de Kindleberger. Aux cris du <a href="https://moveme.berkeley.edu/project/maga/">« Make America Great Again »</a> de Trump ou du <a href="https://www.whitehouse.gov/build-back-better/">« Build Back Better »</a> de Biden, les États-Unis semblent abandonner volontairement leur leadership économique, alors que la Chine n’est pas disposée à prendre le relais. En d’autres termes, on verra se creuser un immense vide susceptible d’entraîner l’économie mondiale vers le désordre et la confusion si les Américains <a href="https://amchamfrance.org/publication/chine-etats-unis-le-grand-decouplage-notre-nouvelle-realite/">découplent leur économie</a> de celle de la Chine et de la plupart des pays du monde, s’ils empruntent une <a href="https://www.economist.com/international/2022/03/14/america-returns-to-containment-to-deal-with-russia-and-china">stratégie d’endiguement</a>, et s’ils retournent à une position isolationniste d’avant-guerre,</p>
<p>L’éventualité que la Chine comble cet écart à court ou moyen terme, malgré son accent sur le pouvoir doux exprimé par les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_route_de_la_soie">nouvelles routes de la soie</a>, est peu vraisemblable. Bien qu’il soit douteux qu’un seul événement, si important soit-il, suffise à déplacer les plaques tectoniques du leadership international, la guerre en Ukraine ne pourrait-elle pas contribuer à amoindrir ou repousser les effets des deux pièges évoqués précédemment ?</p>
<h2>Une voie d’évitement des deux pièges de la géopolitique mondiale ?</h2>
<p>Le périple européen du président <a href="https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2022-03-20/guerre-en-ukraine/joe-biden-se-rendra-en-pologne-vendredi_1.php">Joe Biden à Bruxelles</a> pour y rencontrer les dirigeants de l’OTAN, du G7 et de l’Union européenne ne marque pas le premier signe d’un <a href="https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20211209-joe-biden-r%C3%A9unit-une-centaine-de-pays-pour-son-sommet-pour-la-d%C3%A9mocratie">réengagement américain</a> dans les affaires internationales. Il signale cependant la portée de la guerre en Ukraine sur le renforcement des liens transatlantiques.</p>
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<img alt="Le président Joe Biden fait un salut alors qu’il monte dans un avion" src="https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453891/original/file-20220323-19-zxobto.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président Joe Biden s’apprête à monter à bord de l’Air Force One, à la base aérienne d’Andrews, au Maryland, le 23 mars 2022, en direction de Bruxelles, afin d’y rencontrer les dirigeants de l’OTAN, du G7 et de l’Union européenne. Le périple européen du président américain signale la portée de la guerre en Ukraine sur le renforcement des liens transatlantiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Evan Vucci)</span></span>
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<p>La solidarité des membres de l’OTAN et la cohérence des actions des nations européennes et nord-américaines en soutien à l’Ukraine amenuisent les craintes d’un vide de leadership international que l’on anticipait sous la présidence Trump. Alors que le piège de Kindleberger semble être sur la voie de desserte pour le moment, c’est surtout la récente <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-03-17/biden-to-speak-with-xi-friday-about-russia-white-house-says">vidéoconférence entre Joe Biden et Xi Jinping</a> qui retient l’attention.</p>
<p>Alors que le <a href="https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2022/03/18/readout-of-president-joseph-r-biden-jr-call-with-president-xi-jinping-of-the-peoples-republic-of-china-2/">communiqué de presse américain</a> sur cette rencontre était plutôt laconique, <a href="https://www.mfa.gov.cn/eng/zxxx_662805/202203/t20220319_10653207.html">celui de la Chine</a> était beaucoup plus révélateur. Les deux interlocuteurs se sont engagés à gérer efficacement la concurrence et les désaccords qui les confrontent. Ils ont reconnu que l’évolution de leur relation façonnera le monde du XXI<sup>e</sup> siècle. Cette politique d’ouverture et un engagement à conserver des canaux de communication périodiques entre les deux chefs d’État attestent d’une volonté de repousser les craintes liées au piège de Thucydide.</p>
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<img alt="Scène de destruction dans une rue, avec une voiture incendiée en avant-plan" src="https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/453892/original/file-20220323-17-1algk40.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une scène de dévastation à Kharkiv, le 22 mars 2022. Pendant que la diplomatie s’active, l’Ukraine continue d’être bombardée par l’armée russe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Andrew Marienko)</span></span>
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<h2>Trois scénarios pour la Chine</h2>
<p>Le véritable test d’une réduction des tensions entre les deux grandes puissances passe cependant par l’implication de la Chine dans la guerre en Ukraine. Trois scénarios s’imposent.</p>
<p>Premièrement, la trame la moins vraisemblable consiste en un alignement sans équivoque de la Chine avec la Russie. Dans un tel cas, nous aurions tout à craindre du piège de Thucydide, sur une trajectoire que même Xi Jinping n’aurait pas pu entrevoir lorsque les troupes de Poutine ont franchi la frontière ukrainienne.</p>
<p>Un deuxième scénario évoque le maintien de l’ambiguïté stratégique de la Chine, dans un attentisme où le conflit se réglerait dans un sens encore inconnu. Malgré l’insistance des Chinois de leur non-belligérance, leur « pouvoir doux » et leur leadership international seraient sérieusement remis en cause.</p>
<p>Le troisième scénario me semble le plus plausible. Prenant acte des pressions croissantes en faveur de son intercession auprès de Vladimir Poutine, Xi Jinping s’engagera conjointement avec d’autres dirigeants internationaux afin de trouver une solution diplomatique au conflit.</p>
<p>Cet engagement pourrait prendre diverses formes, dont une relance de <a href="https://www.parismatch.com/Actu/International/Ukraine-Lors-d-un-appel-avec-Macron-et-Scholz-Xi-Jinping-appelle-a-la-plus-grande-retenue-1792677">l’appel à une conciliation coordonnée</a> avec Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Elle constituerait, à mon avis, la meilleure option pour non seulement trouver une solution diplomatique au conflit en Ukraine, mais aussi pour réduire l’ombre des pièges de Thucydide et Kindleberger.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179545/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Érick Duchesne ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Après un mois de guerre en Ukraine, la Chine n’a toujours pas annoncé ses couleurs. Une intervention diplomatique de Pékin dans le conflit pourrait atténuer les tensions avec les États-Unis.Érick Duchesne, Professeur, Département de science politique, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1785672022-03-07T16:17:27Z2022-03-07T16:17:27ZInvasion russe en Ukraine : voici pourquoi la Chine pourrait devenir médiatrice<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/450209/original/file-20220306-84100-1ce2cxu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C45%2C3823%2C2485&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine posent pour une photo avant leurs entretiens à Pékin, en Chine, le 4 février 2022, durant les Jeux olympiques d'hiver.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Alexei Druzhinin, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)</span></span></figcaption></figure><p>Plusieurs analystes de la géopolitique internationale et experts de la Russie évoquent le spectre d’une <a href="https://www.politico.com/news/magazine/2022/02/28/world-war-iii-already-there-00012340">déflagration nucléaire</a> dans le sillage de la guerre en Ukraine. L’urgence de la situation nécessite que toutes les avenues puissent être poursuivies pour trouver une solution négociée au conflit.</p>
<p>Comme spécialiste des négociations internationales, mon attention se porte naturellement vers les options diplomatiques aux situations de crise. L’une de ces solutions implique un rôle important de médiation de la Chine. Le but de cet article est d’expliquer pourquoi il serait dans son intérêt d’agir comme intermédiaire entre la Russie et les pays occidentaux.</p>
<h2>Un équilibre précaire pour la Chine</h2>
<p>Au sein même de la Chine, des appels fusent pour une prise de position ferme de Pékin et d'une condamnation sans équivoque de l’invasion russe de l’Ukraine. Ces cris du cœur sont illustrés par une lettre ouverte rédigée par cinq historiens chinois de renom, dont les propos ont été résumés dans le quotidien britannique <a href="https://www.theguardian.com/world/2022/feb/28/they-were-fooled-by-putin-chinese-historians-speak-out-against-russian-invasion"><em>The Guardian</em></a>.</p>
<p>Une telle disposition n’irait pas à l’encontre du principe du respect de l’intégrité territoriale des États, l’un des trois fondements centraux de la politique étrangère de Xi Jinping. L’ambassadeur chinois en Ukraine n’a pas tardé à réaffirmer ce principe en déclarant que Pékin respectait <a href="https://www.caixinglobal.com/2022-02-27/chinese-envoy-reaffirms-respect-for-ukraine-sovereignty-assures-countrymen-of-safe-evacuation-101847728.html">la souveraineté</a> ukrainienne. Cependant, l’application de ce fondement ne peut pousser Pékin jusqu’à une condamnation stricte de son alliée stratégique au sein d’instances internationales telles que le <a href="https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115222">Conseil de sécurité des Nations Unies</a>.</p>
<p>Par ailleurs, une alliance résolue avec les forces occidentales, sous un leadership américain au sein de l’OTAN, irait également à contre-courant d’une deuxième assise de la vision géopolitique de Xi Jinping, consistant en une <a href="https://www.cairn.info/revue-herodote-2013-3-page-172.htm">quête de parité géostratégique avec les États-Unis</a>. Une alliance inconditionnelle du président chinois avec les visées de l’OTAN dans ce conflit représenterait une admission que son pays ne traite pas d’égal à égal avec Washington.</p>
<p>Un alignement avec les forces opposées à Moscou renforcerait cependant le troisième pilier de sa stratégie, soit une <a href="https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/2021-11-18/la-chine-a-considerablement-accru-son-influence-dans-les-instances-mondiales.php">participation accrue dans les institutions économiques internationales</a>, afin de soutenir sa croissance interne.</p>
<p>Bref, un tel rapprochement avec les grandes démocraties de la planète, sous la guise d’une réprobation du régime Poutine, mettrait la Chine en porte-à-faux avec deux de ses grands objectifs globaux.</p>
<p>L’autre option, celle de se rallier à la Russie, conduirait la Chine à la réalisation d’un de ses trois objectifs géostratégiques : en minant l’ascendant américain sur l’ordre politique et sécuritaire mondial, cela facilite la réalisation de Xi Jinping d’une parité géostratégique avec les Américains.</p>
<p>Cette confrontation directe avec Washington et ses alliés s’inscrirait cependant en opposition aux deux autres objectifs à long terme de Pékin.</p>
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<img alt="Des femmes et des enfants marchent dans la rue, transportant des sacs" src="https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450210/original/file-20220306-85901-1eo5oie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des réfugiés, principalement des femmes avec des enfants, arrivent au poste frontière de Medyka, en Pologne, le dimanche 6 mars 2022. Près de 1,5 million d’Ukrainiens ont fui leur pays.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Visar Kryeziu)</span></span>
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</figure>
<h2>La politique de l’ambiguïté stratégique</h2>
<p>L’invasion de l’Ukraine par son alliée informelle, la Russie, vient ainsi précipiter les choses pour le Parti communiste chinois, qui poursuit méthodiquement une <a href="https://www.newswire.ca/fr/news-releases/cgtn-la-planification-a-long-terme-est-essentielle-a-la-croissance-continue-de-la-chine-805131973.html">planification à long terme</a> de ses objectifs.</p>
<p>Ces actions intempestives de Poutine en Ukraine placent Xi Jinping face à des choix difficiles. D’un côté, un appui ouvert à Moscou placerait les Chinois dans la mire des sanctions occidentales, ce qui minerait l’adhésion internationale à leur ambition de reformuler les termes de l’ordre politique mondial. D’un autre côté, se ranger fermement derrière les nations occidentales signifierait se subjuguer à une réaffirmation du rôle hégémonique des États-Unis comme garant de la stabilité planétaire.</p>
<p>Il ne reste donc qu’une solution mitoyenne pour la Chine, celle de <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20220303-entre-russie-et-occident-la-chine-confront%C3%A9e-au-dilemme-ukrainien">l’ambiguïté stratégique</a>. L’abstention est son instrument politique le plus performant à court terme. Ce n’est évidemment pas une position idéale pour achever son objectif de reformulation des termes de l’ordre économique international, mais cette politique pourrait être rentable à plus long terme. En présentant un visage conciliant et non belliqueux, Pékin préserve son principe de non-ingérence formelle, ainsi que le maintien d’un certain respect des institutions internationales contemporaines.</p>
<p>En ne prenant pas une position ferme dans un sens comme dans l’autre, Pékin pourrait ainsi parvenir à soutenir économiquement la Russie en poursuivant l’achat de ses produits pétroliers et gaziers, et en lui fournissant des biens essentiels non militaires, ce qui constituerait un certain pied de nez à l’Occident, tout en évitant toutefois une confrontation directe.</p>
<h2>Le rôle de médiateur de la Chine</h2>
<p>D’une façon plus conséquente, cette ambiguïté stratégique de la Chine pourrait avoir un effet bénéfique et permettre de dénouer le nœud gordien de la crise.</p>
<p>Malgré les bons offices du président français Emmanuel Macron, <a href="https://www.bfmtv.com/international/guerre-en-ukraine-emmanuel-macron-va-de-nouveau-s-entretenir-avec-vladimir-poutine_AD-202203060099.html">qui multiplie les appels téléphoniques avec Vladimir Poutine</a>, il est clair que ce dernier ne veut rien savoir des doléances de l’Occident. Seule la Chine détient le potentiel de lui faire entendre raison. Si cette dernière décidait de jouer le rôle de médiateur, une solution diplomatique au conflit deviendrait envisageable. Ceci permettrait à la Chine de redorer son blason et contribuer à ses objectifs à long terme.</p>
<p>Cependant, si ce rôle d’intermédiaire entre les Russes, les Ukrainiens et les puissances de l’OTAN sert les objectifs géostratégiques de la Chine, pourquoi n’a-t-elle pas déjà offert ses bons services ? La réponse se trouve éventuellement dans la situation sur le terrain. Il pourrait être dans l’intérêt de la Chine que les troupes de Poutine consolident leur position sur le territoire ukrainien. Le passage éventuel d’une invasion armée à un état de siège qui se prolonge viendrait modifier les rapports de force.</p>
<p>D’un côté, les nations occidentales seraient ainsi confrontées à une situation où les Russes imposent leur volonté sur une grande partie du territoire ukrainien. D’un autre côté, Moscou subirait le coût croissant de son occupation et des sanctions économiques. Le moment pourrait être propice à une intervention salvatrice de Pékin, afin de proposer une solution diplomatique au conflit. La nature de la résolution pacifique est inconnue et varie en fonction de la situation sur le terrain. Il serait donc présomptueux d’en définir les termes au moment présent. Il n’en demeure pas moins qu’une intervention concrète de la Chine, qu’elle soit couronnée de succès ou non, viendrait hausser son prestige sur la scène internationale.</p>
<p>Les États-Unis et leurs alliés pourraient néanmoins s’opposer à la conciliation de la Chine. Ce serait une grave erreur. Devant l’urgence de la situation, aucune option pacifique ne devrait être écartée du revers de la main.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178567/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Érick Duchesne ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La politique d’ambiguïté stratégique de la Chine pourrait lui permettre d’agir comme médiateur du conflit à un moment opportun, tout en favorisant ses objectifs géostratégiques à long terme.Érick Duchesne, Professeur, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1763112022-02-04T16:38:01Z2022-02-04T16:38:01ZPourquoi les Jeux olympiques d’hiver sont si importants pour la légitimité du Parti communiste chinois<p>Si les Jeux olympiques d’hiver qui viennent de s’ouvrir à Pékin suscitent la controverse, ce n’est pas seulement parce que les skieurs évolueront <a href="https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/les-jo-d-hiver-de-pekin-sont-les-premiers-a-dependre-entierement-de-neige-artificielle-150504.html">sur de la neige artificielle</a> ou parce que la stratégie « zéro Covid » mise en œuvre par les autorités de la République populaire de Chine depuis le début de la pandémie impose des contrôles particulièrement drastiques aux <a href="http://www.slate.fr/story/222927/jeux-olympiques-pekin-2022-boycott-diplomatique-covid-zhang-yimou-repousser-chine">sportifs et à leurs accompagnateurs</a>, ainsi qu’aux <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-m/l-edito-m-du-mardi-01-fevrier-2022">journalistes</a> et aux <a href="https://www.ledevoir.com/sports/661056/coronavirus-seuls-des-spectateurs-selectionnes-pourront-assister-aux-jo-de-pekin">rares spectateurs autorisés</a>.</p>
<p>Au-delà de ces aspects, les Jeux représentent un symbole politique majeur des ambitions et de l’autorité de l’État chinois. Un an à peine après la <a href="https://www.letemps.ch/monde/xi-jinping-celebre-renaissance-chine-lors-centenaire-parti-communiste">célébration triomphale</a> du centième anniversaire de la fondation du Parti communiste, le secrétaire général Xi Jinping veut profiter des Jeux pour montrer aussi bien à ses concitoyens qu’au reste du monde que la Chine est devenue un État surpuissant en voie de réaliser son rêve de renaissance nationale.</p>
<h2>Des interprétations concurrentes</h2>
<p><a href="https://theconversation.com/how-china-is-remaking-the-world-in-its-vision-155377">Certains observateurs</a> considèrent que la montée en puissance de la Chine génère un conflit de pouvoir stratégique et <a href="https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2019/02/FP_20190227_us_grand_strategy_chhabra.pdf">menace l’ordre libéral mondial</a>.</p>
<p>D’autres <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09692290.2019.1709880">estiment que l’essor de la Chine n’est pas si alarmant</a>, voire approprié pour un pays fort de 4 000 ans d’histoire et ayant réalisé des progrès économiques spectaculaires au cours des 50 dernières années.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/2001-2021-vingt-ans-de-renforcement-strategique-et-economique-pour-la-chine-167846">2001-2021 : vingt ans de renforcement stratégique et économique pour la Chine</a>
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<p>Ces interprétations contrastées suscitaient déjà des débats bien avant les Jeux. Les <a href="https://www.ledevoir.com/monde/597390/repression-des-ouighours-serie-de-sanctions-contre-la-chine">violations choquantes des droits de la minorité ouïghoure</a> et la répression sévère de la société civile, <a href="https://www.cfr.org/backgrounder/hong-kong-freedoms-democracy-protests-china-crackdown">notamment à Hongkong</a>, ont incité plusieurs pays occidentaux à décréter un <a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/pekin-2022/jo-2022-une-ceremonie-d-ouverture-marquee-par-un-boycott-diplomatique_4940166.html">boycott diplomatique</a> des Jeux.</p>
<p>L’image de la Chine s’est encore dégradée avec <a href="https://theconversation.com/what-the-peng-shuai-saga-tells-us-about-beijings-grip-on-power-and-desire-to-crush-a-metoo-moment-172375">l’affaire de la tenniswoman Peng Shuai</a>, qui aurait été la victime d’une agression sexuelle de la part d’un haut dignitaire du régime chinois.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1487197217253470213"}"></div></p>
<p>À l’intérieur du pays, les Jeux olympiques sont présentés comme un événement <a href="https://www.fmprc.gov.cn/ce/cein/eng/zgbd/t513960.htm">bénéfique pour le peuple chinois</a>, qui permettra aux athlètes chinois d’accéder à la gloire et au PCC de démontrer sa capacité à organiser un événement sportif mondial de première importance. Le discours officiel fait des Jeux un moment de glorification du régime et légitime les institutions et les pratiques du PCC.</p>
<h2>Le rôle central du Parti dans le Rêve chinois</h2>
<p>Les médias chinois ont riposté aux critiques étrangères en affirmant que les États-Unis avaient fait preuve de « <a href="https://www.globaltimes.cn/page/202201/1250095.shtml">stupidité et méchanceté</a> » en s’en prenant à la politique chinoise de tolérance zéro à l’égard de la Covid, et que les Américains <a href="https://www.washingtonpost.com/world/2021/12/28/china-winter-olympics-2022-diplomatic-boycott/">n’avaient pas été invités</a> aux Jeux de toute façon.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1468218991038513155"}"></div></p>
<p>L’objectif interne de ces récits agressifs est de réaffirmer la primauté du parti communiste en tant que meilleur protecteur de la Chine et de son peuple contre les éléments provocateurs de la communauté internationale.</p>
<p>Ces formulations violentes visent principalement à réaffirmer auprès de l’opinion chinoise la primauté du PCC et son rôle de protecteur du pays et de son peuple face aux « provocateurs étrangers ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1289535954978590720"}"></div></p>
<p>Dans le même temps, les Jeux représentent pour Xi Jinping une occasion de désamorcer les critiques internationales visant la Chine en affirmant que la RPC accueille le monde dans des Jeux « <a href="https://www.globaltimes.cn/page/202111/1238928.shtml">intelligents et respectueux de l’environnement</a> ».</p>
<p>Conscient que la diplomatie agressive dite « des loups guerriers » a plutôt desservi les intérêts chinois, le président a <a href="https://www.nytimes.com/2021/06/08/world/asia/china-diplomacy.html">demandé</a> aux membres du Parti, aux diplomates et aux médias de son pays de tempérer leur discours. À contrecœur, ceux-ci ont accepté d’adopter une posture plus modeste et plus humble, afin de promouvoir une image du pays plus « crédible, aimable et respectable ».</p>
<p>Xi Jinping a besoin de compter à la fois sur l’obéissance et sur l’approbation du parti. L’appui du PCC est indispensable pour que le secrétaire général puisse tenir sa grande promesse de réaliser le « Rêve chinois » qu’il a promis à son peuple.</p>
<h2>Le « Rêve chinois »</h2>
<p>Si le « Rêve chinois » a souvent été comparé au « Rêve américain », il en est en réalité très éloigné.</p>
<p>Le rêve américain met l’accent sur les libertés individuelles, la mobilité sociale et la réussite matérielle que l’individu obtient par ses propres efforts. Dans le rêve chinois, en revanche, le bien-être national prime les aspirations et les réalisations individuelles. Et qui peut réaliser ce rêve pour le peuple chinois ? <a href="http://www.npc.gov.cn/englishnpc/c23934/202005/1ea4ce6a31714887a17412cb8f9f30cc.shtml">Le PCC, bien sûr</a> – et c’est le Parti lui-même qui le dit.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/444416/original/file-20220203-19-1amauux.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Discours de Xi Jinping diffusé sur la place Tiananmen à Pékin le 1ᵉʳ juillet 2021 à l’occasion du centième anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wang Zhao/AFP</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est pour cette raison que le régime réagit avec une telle virulence dès que quiconque remet en question la centralité du Parti. Lorsque certains Occidentaux ont évoqué la <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-021-01529-3">possibilité que le Covid ait pu être fabriqué dans un laboratoire chinois</a>, le ministère des Affaires étrangères a répliqué brutalement en avançant une théorie du complot d’après laquelle c’est <a href="https://www.nytimes.com/2020/03/13/world/asia/coronavirus-china-conspiracy-theory.html">l’armée américaine qui aurait introduit le virus à Wuhan</a>.</p>
<p>Lors du <a href="http://www.npc.gov.cn/englishnpc/c23934/202107/6ff93d39da7548fbae37cbed01184c34.shtml">discours</a> qu’il a prononcé à l’occasion de la célébration du centième anniversaire du PCC, Xi Jinping a rappelé aux membres du parti que la direction du PCC, rassemblée autour de sa personne, est :</p>
<blockquote>
<p>« Le fondement et l’élément vital du parti et donc du pays, et par conséquent la base sur laquelle repose le bien-être de l’ensemble des Chinois. »</p>
</blockquote>
<h2>Les Jeux du peuple ?</h2>
<p>La manière dont les prochains Jeux sont présentés aux Chinois est donc essentielle pour la cohérence du récit global que Xi Jinping et le parti tentent de diffuser. L’objectif est que les Chinois adhèrent au Rêve chinois et s’approprient pleinement cette ambition nationale.</p>
<p>Les formules employées par Xi Jinping dans ses déclarations publiques en attestent. Il a recours à de nombreuses métaphores pour exhorter les citoyens à <a href="http://www.npc.gov.cn/englishnpc/c23934/202006/32191c5bbdb04cbab6df01e5077d1c60.shtml">marcher avec le parti</a> sur le chemin semé d’embûches qui conduit à un avenir dont tous partagent la même vision.</p>
<p>Alors que la Chine continue de développer son économie et de redorer son blason de grande puissance à travers des événements hypermédiatisés comme ces Jeux olympiques d’hiver, elle cherche aussi à démontrer au monde la supériorité de son modèle de gouvernance.</p>
<p>Ces jeux sont donc une vitrine géante pour le PCC. Ils illustrent la capacité d’un gouvernement autoritaire et rompu aux nouvelles technologies à organiser des événements de cette ampleur. Ils peuvent également mettre en évidence l’efficacité du gouvernement en matière de lutte contre la pandémie, <a href="https://www.washingtonpost.com/world/2021/12/30/china-covid-lockdown-xian/">même au prix de l’enfermement de millions de gens chez eux</a> et du <a href="https://www.hrw.org/fr/news/2020/05/05/chine-discrimination-contre-les-africains-dans-le-contexte-du-covid-19">traitement discriminatoire des Africains vivant en Chine</a>.</p>
<p>On l’aura compris : au cours des deux prochaines semaines, que cela leur plaise ou non, en acclamant leurs héros à skis ou en patins les spectateurs du monde entier acclameront aussi le PCC…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176311/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’organisation d’un événement planétaire comme les JO d’hiver est l’occasion pour le pouvoir de réaffirmer sa détermination et sa capacité à conduire la population sur la voie du « Rêve chinois ».Yan Bennett, Assistant Director for the Paul and Marcia Wythes Center on Contemporary China, Princeton UniversityJohn Garrick, University Fellow in Law, Charles Darwin UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1759642022-02-02T14:55:39Z2022-02-02T14:55:39ZChangement climatique : les Jeux olympiques d’hiver sont-ils amenés à disparaître ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/443825/original/file-20220201-19-1dqilnf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=67%2C0%2C7467%2C4951&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des skieuses de l'équipe canadienne de ski freestyle s'entraînent sur le site de compétition olympique de Zhangjiakou, en Chine, le 1er février. Faute de neige naturelle, ce sont des canons à neige qui sont utilisés pour assurer la tenue des sports de glisse, provoquant une surconsommation d’eau dans une région qui vit un stress hydrique majeur.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Francisco Seco)</span></span></figcaption></figure><p>Y aura-t-il encore des Jeux olympiques d’hiver en 2046 ou en 2080 ? Et quelles villes pourront encore les accueillir ?</p>
<p>Les Jeux d’hiver, qui démarrent le 4 février à Pékin, font l’objet de nombreuses critiques environnementales. <a href="https://theconversation.com/verra-t-on-la-fin-du-ski-des-2050-107246">Faute de neige naturelle</a>, ce sont des canons à neige qui sont utilisés pour assurer la tenue des sports de glisse, <a href="https://ici.radio-canada.ca/jeux-olympiques/nouvelle/1850887/jeux-pekin-canons-neige-environnement-hiver-chine">provoquant une surconsommation d’eau</a> dans une région qui vit un stress hydrique majeur. Une <a href="https://www.nature.com/articles/nature.2015.18174">réserve naturelle</a> est mise en danger à la suite de la construction des infrastructures olympiques. Les enjeux autour de la soutenabilité des Jeux olympiques d’hiver et d’été ne sont pas nouveaux (températures positives, pluies, déplacement de population, pollution des eaux, déchets).</p>
<p>Ces Jeux sont une occasion de se poser la question du sens et de la possibilité d’organiser un événement sportif d’envergure mondiale dans un monde bouleversé par les changements climatiques. Notre équipe de chercheurs en Sciences de l’activité physique et du sport a publié une <a href="https://theconversation.com/le-sport-et-lactivite-physique-seront-bouleverses-par-le-changement-climatique-voici-comment-attenuer-ses-effets-167935">revue de la littérature sur les changements climatiques et l’activité physique</a>. Cela nous a permis de comprendre que faire de l’activité physique ou du sport en 2030 ou 2040 risque d’être de plus en plus compliqué par manque de glace, ou en raison de températures trop douces.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Skieurs de fond derrière une affiche des JO de Pékin" src="https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443828/original/file-20220201-19-1koozij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des skieurs de fond s’entrainent sur la neige articielle du site olympique de Zhangjiakou, en Chine, le 1ᵉʳ février.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/John Locher)</span></span>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-sport-et-lactivite-physique-seront-bouleverses-par-le-changement-climatique-voici-comment-attenuer-ses-effets-167935">Le sport et l’activité physique seront bouleversés par le changement climatique. Voici comment atténuer ses effets</a>
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<h2>Où organiser les prochains Jeux ?</h2>
<p>Le constat pour les Jeux olympiques d’hiver est simple : il va devenir de plus en plus compliqué de trouver un lieu pour les organiser.</p>
<p>Déjà, de nombreuses villes ont décliné l’invitation du CIO de tenir les JO d’hiver ces dernières années, dont Lillehammer, en Norvège, pour des raisons économiques.</p>
<p>Mais, désormais, ce sont des raisons environnementales qui pourraient dicter les choix. Des études, dites de <a href="https://doi.org/10.1080/13683500.2017.1410110">modélisation</a>, permettent de prédire avec un bon niveau de précision les conditions d’enneigement et de température partout dans le monde en fonction de scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>Pour simplifier, le scénario avec de très basses émissions nous permettrait de limiter les conséquences climatiques graves. Le scénario avec de très fortes émissions de gaz à effet de serre <a href="https://theconversation.com/climat-le-rapport-du-giec-est-bouleversant-il-est-maintenant-temps-dagir-165851">entraîne des conséquences graves et irréversibles pour l’accès à l’eau, l’agriculture, la qualité de l’air et l’intensité des catastrophes naturelles</a>. À ce jour, les émissions mondiales suivent <a href="https://ourworldindata.org/greenhouse-gas-emissions">ce scénario</a>.</p>
<p>Quelles villes parmi celles qui ont déjà accueilli les Jeux olympiques d’hiver pourraient le faire à nouveau en 2050 ou 2080 avec des températures négatives et un enneigement d’au moins 30 cm ?</p>
<p>Si nous mettons un coup d’arrêt à nos émissions de gaz à effet de serre dès maintenant, environ la moitié seulement des 21 villes qui ont organisé les Jeux au cours des 100 dernières années pourraient avoir des <a href="https://doi.org/10.1080/13683500.2018.1436161">conditions relativement bonnes</a> pour organiser des compétitions, selon une étude internationale menée par Daniel Scott, de l’Université de Waterloo.</p>
<p>Si nous continuons de faire croître nos émissions, moins de la moitié des villes organisatrices pourraient accueillir les Jeux en 2050 et à peine le quart en 2080.</p>
<p>Mais les résultats s’aggravent si on se concentre uniquement sur les Jeux paralympiques d’hiver. En effet, ils se déroulent après les Jeux olympiques, donc en mars. Or, les changements climatiques risquent fortement de réduire la durée de l’hiver. Autrement dit, avoir beaucoup de neige et des températures négatives en mars va devenir de plus en plus rare. Il y a donc encore moins de villes « disponibles » en 2050 et 2080 pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver.</p>
<h2>Pire pour les sports de glisse</h2>
<p>Dans les villes qui ont déjà accueilli les Jeux olympiques d’hiver, lesquelles pourraient le faire à nouveau en 2050 ou 2080, selon les athlètes ?</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1080/13683500.2021.2023480">La même équipe de recherche citée plus haut</a> a aussi mené une enquête en ligne internationale chez plus de 300 athlètes et entraîneurs de haut niveau dans les sports de glisse d’hiver afin de leur demander d’identifier les conditions de pratiques sécuritaires et propices à leur sport.</p>
<p>Une faible épaisseur de neige, une neige trop humide, de la pluie et des températures trop douces s’avèrent être des conditions inacceptables pour eux.</p>
<p>Les chercheurs ont donc posé la même question, utilisé la même méthode, mais en utilisant ces critères plus précis. Pour un scénario de très faibles émissions de gaz à effet de serre, les résultats sont similaires : moins de la moitié des villes pourraient accueillir les Jeux 2050 ou 2080. En revanche, pour le scénario de gaz à effet de serre actuel, seulement quatre villes d’accueil ont été identifiées en 2050 (Lake Placid, Lillehammer, Oslo et Sapporo), et une seule en 2080 (Sapporo). Les résultats sont sans appel.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un skieur dans les airs, lors d’une compétition olympique" src="https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=519&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=519&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443829/original/file-20220201-20-1r6dxyg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=519&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le sauteur à ski Stein Gruben durant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Lillehammer, en Norvège, en 1994. Ces jeux sont considérés comme les plus réussis de tous les temps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Michael Euler, File)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, lorsqu’on prend en compte les critères de pratique des sports de glisse dans de bonnes conditions, les résultats sont encore plus alarmants que la première étude, qui identifiait au moins une dizaine de villes d’accueil en 2050.</p>
<h2>En finir avec l’écoblanchiment du CIO</h2>
<p>On pourrait penser que les efforts affichés par le Comité international olympique pour réduire l’empreinte écologique, hydrique et carbone des futurs Jeux vont permettre d’atténuer les conséquences des changements climatiques. À titre d’exemple, des <a href="https://olympics.com/ioc/news/beijing-2022-pre-games-sustainability-report-outlines-climate-solutions-development-of-winter-sports-and-regional-regeneration-in-china">arbres ont été plantés</a> en Chine pour « compenser » certaines émissions. Or cette mesure s’avère <a href="https://theconversation.com/face-au-rechauffement-climatique-la-reforestation-nest-quune-partie-de-la-solution-121060">peu efficace</a> dans la lutte contre le changement climatique.</p>
<p>La soutenabilité peut être déterminée par une série d’indicateurs qui intègrent les enjeux écologiques, économiques et sociaux des Jeux olympiques. Quand on cumule l’ensemble de ces indicateurs, la <a href="https://doi.org/10.1038/s41893-021-00696-5">soutenabilité des Jeux olympiques d’été comme d’hiver décroît</a> depuis ceux d’Albertville en 1992. Les Jeux de Vancouver étaient très moyens par exemple, et ceux de Sotchi, en Russie, les pires. <a href="https://avuer.hypotheses.org/2940">Ils ont eu un impact négatif majeur</a> sur les forêts anciennes, les terres arables, les populations de saumon environnantes et les réserves naturelles proches.</p>
<p>Si nous souhaitons pouvoir vivre des moments inoubliables devant la finale de slalom géant de snowboard dans les prochaines décennies, nous devrions réduire de manière draconienne les émissions de gaz à effet de serre dès aujourd’hui, tel qu’on l’a vu <a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">dans le dernier rapport du GIEC</a>.</p>
<p>Il faut repenser l’organisation des Jeux olympiques pour qu’ils soient plus soutenables, avec deux villes d’accueil qui resteraient les mêmes. Par exemple, les Jeux d’hiver pourraient systématiquement être organisés à Oslo puis, quatre ans plus tard, à Sapporo, pour ensuite revenir à Oslo. De plus, il faut aussi accentuer la pression sur le Comité olympique international pour qu’il cesse d’utiliser des <a href="https://avuer.hypotheses.org/2940">stratégies trompeuses d’écoblanchiment</a>.</p>
<p>Les Jeux olympiques de Londres, en 2012, ont été présentés comme les plus verts de l’histoire. Pour la première fois, les <a href="https://actiphysetc.wordpress.com/2020/01/04/lecoblanchiment-dans-le-sport-2-2/">organisateurs développaient une nouvelle catégorie de partenaires</a>, les partenaires durables (BP, BMW ou General Electrics), mais ne demandaient pas de réelles contreparties environnementales. Les Jeux de Vancouver, annoncés comme les premiers jeux durables, ont entraîné la destruction de parties importantes des <a href="https://doi.org/10.1080/02614367.2012.716077">Eagleridge Bluffs</a>. Sans oublier tous les sites olympiques laissés à l’abandon, <a href="https://www.slate.fr/grand-format/sites-abandonnes-jeux-olympiques-athenes-2004-photos">comme à Athènes</a> ou à <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1018125/jeux-olympiques-stades-rio-janeiro-decrepitude">Rio de Janeiro</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un groupe de personnes avec des casques de construction observent une maquette" src="https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443827/original/file-20220201-23-169lrn2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président français Emmanuel Macron en visite sur le site du village olympique, à Paris, le 14 octobre 2021. Les organisateurs de ces jeux veulent en faire un exemple sur le plan environnemental.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sarah Meyssonnier/Pool Photo via AP</span></span>
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<p>La ville de Paris, hôtesse des Jeux olympiques 2024, joue à fond la carte de la durabilité. Tony Estanguet, le co-président du Comité de candidature de Paris, <a href="https://www.lefigaro.fr/sports/jeux-olympiques/jo-2024/fil-infos/le-developpement-durable-au-coeur-du-projet-parisien-781878">a déclaré en novembre</a> que « le développement durable n’est pas un objectif, c’est l’ADN même de la candidature que nous construisons avec les athlètes et l’ensemble de nos partenaires ».</p>
<p>Mais peut-être devrions-nous en douter à la vue de la soutenabilité déclinante des Jeux ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175964/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Paquito a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Santé, et de la Fondation du cancer du sein du Québec</span></em></p>Les JO de Pékin font la démonstration, une fois de plus, que les grands événements sportifs ont un impact négatif majeur sur l’environnement. Avec le réchauffement climatique, ont-ils un avenir ?Paquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1687982021-09-28T17:13:13Z2021-09-28T17:13:13ZMeng contre les deux Michael : des leçons pour le Canada et le monde<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/423593/original/file-20210928-15-ekl3fv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6654%2C4439&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Michael Kovrig avec sa femme Vina Nadjibulla à son arrivée à Toronto.
</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Frank Gunn</span></span></figcaption></figure><p>Alors que le Canada <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1827030/michael-kovrig-michael-spavor-retour-canada">célèbre le retour des « deux Michael »</a>, il faut se demander ce que <a href="https://www.ledroit.com/opinions/prise-dotages-diplomatique-26a7b9d0944b93d5da6db79cd6d64701">cette saga de diplomatie des otages</a> nous enseigne sur les relations du Canada avec la Chine — et le monde.</p>
<p>Michael Kovrig et Michael Spavor ont pu prendre l’avion dès que Meng Wanzhou, cadre de Huawei détenue à Vancouver, a conclu un « accord de poursuites suspendu » avec le gouvernement des États-Unis.</p>
<p>La Chine et le Canada peuvent se targuer d’avoir atteint leur objectif — accueil des deux Michael par le premier ministre Justin Trudeau et <a href="https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/2021-09-25/retour-triomphal-de-meng-wanzhou-en-chine.php">retour triomphal de Meng Wanzhou en Chine</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1441567074338451456"}"></div></p>
<p>Mais la Chine, qui signalait discrètement <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/624879/chine-pour-en-finir-avec-la-diplomatie-d-otages-de-la-chine">son intention d’échanger les prisonniers depuis un certain temps</a>, en sort grande gagnante.</p>
<p>Dès l’arrestation de Meng en 2018, Pékin avait riposté en détenant Kovrig puis Spavor peu après. La plupart des spécialistes s’attendaient à voir la Chine prétendre encore quelques mois que les deux Canadiens avaient été arrêtés pour des crimes véritables. Leur libération aussi rapide a surpris tout le monde. C’était donnant-donnant : Meng contre les deux Michael.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1441582582093729792"}"></div></p>
<p>Par ce retournement très rapide, le parti communiste chinois envoie un message plus important au monde : ne nous cherchez pas !</p>
<h2>Jouer selon ses propres règles</h2>
<p>La Chine veut désormais figurer sur le même pied que les États-Unis. C’est que dans <a href="https://www.canada.ca/fr/affaires-mondiales/nouvelles/2017/06/discours_de_la_ministrefreelandsurlesprioritesducanadaenmatiered.html">« l’ordre international fondé sur les règles »</a> que chérit le Canada et un bon nombre d’autres pays, le gouvernement américain joue sur deux tableaux — dans le respect des règles quand ça fait son affaire, quitte à les enfreindre quand l’intérêt national le dicte.</p>
<p>Le gouvernement chinois veut jouer dans la même ligue. Après une <a href="https://ecfr.eu/paris/publication/de_grands_desseins_la_chine_a_t_elle_une_grande_strategie/">ascension pacifique</a> sur la scène mondiale, il veut désormais inspirer la crainte et le respect à travers la même capacité de jouer selon ses propres règles.</p>
<p>Les responsables politiques canadiens doivent accepter ce fait pour en tirer les leçons et élaborer une stratégie envers la Chine plus efficace.</p>
<p>Depuis un siècle, la politique étrangère canadienne <a href="https://oxfordre.com/view/10.1093/acrefore/9780199329175.001.0001/acrefore-9780199329175-e-609">s’appuie sur la bonne entente avec les Américains</a>. Il faut désormais appliquer les leçons apprises pour mieux gérer les relations avec un pays devenu l’autre superpuissance.</p>
<p>Avec du recul, on constate que la diplomatie d’otages et de représailles n’est pas du tout nouvelle.</p>
<p>En 1967, alors que les autorités britanniques à Hongkong <a href="https://www.fcchk.org/correspondent/fifty-years-on-the-riots-that-shook-hong-kong-in-1967/">réprimaient les manifestants</a>, interdisait trois journaux procommunistes et emprisonnait certains employés, dont des Chinois, les autorités chinoises ont immédiatement riposté en ciblant le seul journaliste britannique présent en Chine. Le correspondant de Reuters, Anthony Grey, <a href="https://www.nouvelles-du-monde.com/les-prisons-secretes-chinoises-a-lhonneur-sur-les-canadiens-detenus-depuis-2018/">a passé 777 jours en résidence surveillée</a>. Et lors de la libération des employés des journaux deux ans plus tard, Anthony Grey a immédiatement retrouvé la liberté.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Norm Webster dans un habit foncé" src="https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423231/original/file-20210926-125361-1rtlain.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Norman Webster, le père de l’auteur, présente le prix portant son nom qui récompense le meilleur reportage international au Concours Canadien du journalisme à Toronto en 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Galit Rodan</span></span>
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<p>À l’époque, le premier ministre Zhou Enlai <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-detainee-drama-in-china-1960s-style-a-former-globe-correspondent-looks/">avait déclaré aux journalistes incluant le correspondant du <em>Globe and Mail</em> en Chine</a> (mon père, incidemment) qu’Anthony Grey serait le bienvenu pour reprendre son travail. Il plaisantait ouvertement sur sa capacité de détenir le correspondant à volonté.</p>
<p>La diplomatie des otages n’a donc rien de nouveau.</p>
<h2>50 ans de liens diplomatiques</h2>
<p>Depuis lors, les efforts du Canada ont visé à faire entrer la Chine dans « l’ordre international fondé sur des règles ». Dès 1971, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau avait défié les vœux du gouvernement américain en <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1331706/chine-canada-relations-histoire-archives">établissant des relations diplomatiques avec la Chine populaire</a>.</p>
<p>Dans la continuité des <a href="https://www.rcinet.ca/fr/2013/07/23/jesuites-quebecois-en-chine-au-debut-du-20e-siecle-a-la-fois-pretres-et-intermediaires-culturels/">efforts des missionnaires canadiens œuvrant en Chine entre 1892 et 1950</a>, u compris une longue histoire des <a href="http://www.edvlb.com/lys-lotus/serge-granger/livre/9782890058415">relations entre le Québec et la Chine</a>, l’aide canadienne visait à reconstruire la Chine.</p>
<p>Depuis 1971, la politique chinoise du gouvernement canadien alterne entre l’élan missionnaire et l’appât du gain à travers le commerce. Dans les deux cas, le but visé était <a href="https://thecic.org/research-publications/reports/issues-in-canada-china-relations/">d’amener la Chine à se conformer aux normes internationales</a>.</p>
<p>Puis en 1997, le gouvernement de Jean Chrétien a fait un virage à 180 degrés en <a href="https://vancouversun.com/opinion/op-ed/david-webster-china-cites-human-rights-in-spat-with-canada">retirant son soutien à une résolution des Nations unies sur les droits de la personne en Chine</a>. Le Canada et la Chine sont alors entrés dans l’ère des « dialogues bilatéraux sur les droits de la personne ».</p>
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<img alt="Chretien inspecte une haie d’honneur à Pékin" src="https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423230/original/file-20210926-124744-1q4ybel.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Premier ministre Jean Chrétien inspectant la garde d’honneur lors des cérémonies d’accueil au Grand Hall du Peuple en 2003 à Pékin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme l’a fait valoir Charles Burton, spécialiste de la Chine, le <a href="https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2160014?docref=ZEzn8Y1ix-Eew3tQc7rWGQ">seul résultat de cette approche confidentielle</a> aura été <a href="https://www.researchgate.net/publication/254249666_Canada_and_Bilateral_Human_Rights_Dialogues">d’écarter les groupes de défense des droits de la personne</a>.</p>
<p>Si le Canada <a href="https://policyoptions.irpp.org/magazines/november-2020/canada-must-play-a-role-in-renewing-multilateralism-for-a-changing-world/">refusait de bousculer la Chine en matière de droits</a>, c’est en partie parce qu’il cherchait à doubler les autres pays sur le commerce, devenu le principal enjeu. Le Canada <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2000/06/08/mission-economique-en-chine-pilotee-par-jean-chretien">a commencé à y envoyer d’énormes missions commerciales</a>, trop heureux de récolter les miettes.</p>
<h2>Impunité implicite</h2>
<p>En conséquence, les responsables chinois se sont sentis en position d’arrêter et de détenir les deux Michael sans risque de représailles. Faut-il s’en étonner ? Quelques décennies leur avaient montré qu’ils n’avaient rien à craindre.</p>
<p>Déjà, en 2006, la Chine avait arrêté un citoyen canadien, Huseyin Celil, sans faire de cas de la diplomatie « discrète » à la canadienne. L’ambassadeur était si peu préoccupé <a href="https://www.cbc.ca/player/play/1694598211978">qu’il a même oublié que le détenu était canadien</a>.</p>
<p>À l’évidence, dans le cas des deux Michael, les diplomates canadiens ont trouvé une astuce. Mais on ne peut guère parler d’une approche intégrée <a href="https://www.theglobeandmail.com/politics/article-even-as-political-relations-worsen-canada-china-trade-thrives/">puisque le commerce bilatéral s’est poursuivi à un rythme soutenu</a>.</p>
<p>Déjà, des voix canadiennes s’élèvent <a href="https://www.cbc.ca/news/business/meng-huawei-column-don-pittis-1.6188272">pour réclamer un retour au statu quo</a> avec la Chine.</p>
<p>Mais d’autres <a href="https://www.journaldemontreal.com/2021/09/26/la-chine-na-aucune-morale">réclament d’Ottawa une posture beaucoup plus ferme</a>, et <a href="https://theconversation.com/canadas-exclusion-from-the-aukus-security-pact-reveals-a-failing-national-defence-policy-168235">qu’il intègre la nouvelle alliance militaire AUKUS</a> entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, qui vise à contenir les Chinois.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-canada-doit-revoir-sa-strategie-avec-la-chine-et-sinspirer-de-laustralie-168453">Le Canada doit revoir sa stratégie avec la Chine et s’inspirer de l’Australie</a>
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</p>
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<p>Mais ce qu’il faudrait réellement au Canada, ce serait une politique chinoise s’appuyant sur l’histoire et la compréhension aussi habile que celle établie vis-à-vis du voisin américain.</p>
<p>Chez les responsables chinois, l’histoire compte pour beaucoup. Leurs intentions se révèlent souvent à travers des analogies historiques.</p>
<p><a href="https://www.lefigaro.fr/international/la-chine-marquee-par-un-siecle-d-humiliation-20200726">Après le « siècle d’humiliation »</a> qui a permis aux puissances occidentales de lui dicter sa conduite, la Chine postrévolutionnaire a cherché à se faire respecter. Désormais <a href="https://www.visualcapitalist.com/2000-years-economic-history-one-chart/">au centre de l’économie mondiale</a>, elle émerge maintenant en position de force.</p>
<h2>Que peut faire le Canada ?</h2>
<p>Le Canada <a href="https://www.cbc.ca/news/world/tiananmen-square-canada-sinologist-reflects-1.5166976">devrait rétablir le poste de sinologue</a> à son ambassade à Pékin. Les universités canadiennes pourraient enseigner davantage l’histoire chinoise. Les médias pourraient assurer une couverture plus approfondie, comme ils le font pour les affaires américaines.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Bin Salman regarde Justin Trudeau" src="https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423232/original/file-20210926-124735-1hr2i8k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Au sommet du G20 en Argentine en 2018, le Premier ministre Justin Trudeau devant le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Bin Salman.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Sean Kilpatrick</span></span>
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<p>En même temps, les responsables canadiens doivent cesser de faire le contraire de ce qu’ils prêchent. Les Chinois, qui observent également le Canada, voient des premiers ministres qui déchirent leur chemise en public sur les droits de la personne pour ensuite les supplier d’accroître les échanges commerciaux. Sur Twitter, ils se gargarisent sur le féminisme de leur politique étrangère tout en <a href="https://amnistie.ca/sinformer/2020/canada/lettre-ouverte-au-premier-ministre-justin-trudeau-concernant-lexportation-des">livrant des armes à l’Arabie saoudite</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/canadas-checkered-history-of-arms-sales-to-human-rights-violators-91559">Canada’s checkered history of arms sales to human rights violators</a>
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<p>Au lieu de <a href="https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1445">jouer les tigres de papier</a>, le Canada devrait s’engager dans une politique cohérente <a href="https://policyoptions.irpp.org/fr/magazines/septembre-2016-2/put-human-rights-at-the-core-of-the-canada-china-relationship/">fondée sur les droits humains</a> intégrant tous les ressorts de la diplomatie et du commerce.</p>
<p>Sans pour autant négliger sa politique intérieure. Car le Canada, comme la Chine, présente un bilan catastrophique à l’égard des peuples autochtones – cris ou ouïgours, tibétains ou atikamekw. Dans les deux pays, le <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/idees/621786/idees-optons-pour-la-transparence-en-ce-qui-concerne-les-genocides">génocide historique se poursuit</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/how-canada-committed-genocide-against-indigenous-peoples-explained-by-the-lawyer-central-to-the-determination-162582">How Canada committed genocide against Indigenous Peoples, explained by the lawyer central to the determination</a>
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<p>Il est temps que le Canada joigne la parole aux actes. En espérant que les célébrations du retour des deux Michael inspireront une politique qui saura éviter que l’histoire se répète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168798/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Webster a déjà reçu des fonds du Conseil de recherches en sciences humaines. Il est également professeur adjoint de recherche à l'Université Carleton.
</span></em></p>La rapidité de l’action chinoise pour libérer les deux Michael envoie un message important au reste du monde par le parti communiste au pouvoir : ne nous cherchez pas.David Webster, History & Global Studies professor, Bishop's UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1533322021-01-14T21:03:08Z2021-01-14T21:03:08ZComment la Chine tente de réécrire l’histoire sur les origines de la Covid-19<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/378927/original/file-20210114-14-10gervv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C18%2C6002%2C3992&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un militant pro-démocratie à Hong Kong tient une photo de Zhang Zhan, une journaliste citoyenne condamnée à quatre ans de prison en Chine pour ses reportages sur l'épidémie de Covid-19 à Wuhan. </span> <span class="attribution"><span class="source">Miguel Candela/EPA</span></span></figcaption></figure><p>Un peu plus d’un an s’est écoulé depuis <a href="https://www.who.int/csr/don/12-january-2020-novel-coronavirus-china/fr/">l’apparition du nouveau coronavirus</a> dans la ville de Wuhan, en Chine. Depuis, le monde entier se pose encore beaucoup de questions sur ses origines.</p>
<p>L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1763069/coronavirus-oms-wuhan">envoyé une équipe en Chine</a> cette semaine pour enquêter sur les origines du virus – qui a maintenant fait <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/coronavirus-death-toll/">près de 2 millions</a> de victimes dans le monde. Mais l’expert en santé Dale Fisher, président du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie, affilié à l’OMS, <a href="https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-asia/dont-expect-a-conclusion-from-whos-china-visit-says-expert-idUSKBN29G0XL">prévient de ne pas s'attendre à de grandes conclusions de cette visite</a>.</p>
<p>Le gouvernement chinois a fortement freiné toute tentative <a href="https://www.liberation.fr/planete/2021/01/12/covid-19-les-experts-de-l-oms-sous-haute-surveillance-de-pekin_1810857">d’enquêter sur les origines de la Covid-19</a> – tant à l’interne que par des experts étrangers – tout en faisant circuler <a href="https://www.la-croix.com/Monde/Chine-reecrit-encore-lhistoire-coronavirus-Wuhan-2020-11-26-1201126791">d’autres hypothèses</a> selon lesquelles la pandémie aurait pris naissance ailleurs qu’en Chine.</p>
<p>Pour les hauts dirigeants chinois, <a href="https://www.scmp.com/news/china/politics/article/3115886/coronavirus-tributes-pour-li-wenliang-chinese-doctor-who-first">contrôler l’information</a> sur les origines de la pandémie est nécessaire pour conserver l’emprise du gouvernement sur la population et redorer la réputation de la Chine à l’échelle internationale.</p>
<p>Les enjeux sont importants pour la Chine, car le gouvernement central <a href="https://www.scmp.com/economy/china-economy/article/3115555/chinas-coronavirus-success-boosts-confidence-its-system-best">attribue</a> son succès dans le contrôle de la pandémie au pouvoir centralisé du Parti communiste, venant ainsi renforcer sa légitimité.</p>
<p>Cette situation contraste avec les efforts désastreux déployés pour contrôler la propagation de la maladie aux États-Unis, sous l’administration du président Trump. Le <em>Global Times</em>, journal d’État chinois, a décrit les États-Unis comme l’<a href="https://www.globaltimes.cn/content/1209123.shtml">« enfer sur terre »</a> en parlant des impacts de la Covid-19.</p>
<p>Compte tenu de ces tensions, <a href="https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-china-who/china-doubles-down-on-covid-narrative-as-who-investigation-looms-idUSKBN29A0LU">Yanzhong Huang</a>, chercheur principal au Conseil des relations étrangères, un groupe de réflexion américain non partisan, est d’avis que l’équipe d’enquête de l’OMS devra user de stratégies politiques et tirer des conclusions acceptables pour toutes les parties.</p>
<h2>Faire disparaître les dissidents</h2>
<p>Le Parti communiste chinois a contrôlé l’information en arrêtant de nombreux journalistes citoyens qui ont sonné l’alarme sur le virus dès son apparition. Ils ont exposé les tentatives du gouvernement pour étouffer l’histoire et ont critiqué sa manière radicale de contrôler l’épidémie.</p>
<p>À la fin de décembre 2020, l’une de ces journalistes citoyennes, Zhang Zhan, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1759857/chine-coronavirus-covid-19-journaliste-prison-condamnation-zhang-zhan">a été condamnée à quatre ans de prison</a> pour « provocation aux troubles ».</p>
<p>Cette ancienne avocate s’était rendue à Wuhan en février pour interviewer les habitants sur leurs habitudes de confinement. Elle a partagé des vidéos, y racontant <a href="https://www.cbsnews.com/news/china-coronavirus-wuhan-citizen-journalist-zhang-zhan-detained-may-not-survive/">ce qu’elle observait</a>, et entre autres que les gens craignaient plus les agissements du gouvernement que le virus lui-même.</p>
<p>Dans une interview donnée avant sa détention, <a href="https://www.scmp.com/news/china/diplomacy/article/3115749/eu-demands-china-release-citizen-reporter-zhang-zhan-and-12">elle a révélé</a> :</p>
<blockquote>
<p>Peut-être que j’ai une âme rebelle… Je ne fais que documenter la vérité. Pourquoi je ne peux pas montrer la vérité ?</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ccWjl0spgMs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Certains des reportages vidéo de Zhang de Wuhan.</span></figcaption>
</figure>
<p>Zhang Zhan n’est qu’une des nombreuses critiques que le gouvernement a tenté de faire taire.</p>
<p>Un professeur de droit chinois, Xu Zhangrun, a été <a href="https://theconversation.com/the-rot-goes-right-up-to-beijing-why-detained-professor-xu-zhangrun-is-such-a-threat-to-chinas-leadership-142074">détenu par la police</a> pendant une semaine après avoir écrit des articles critiquant le président chinois Xi Jinping, puis licencié de son poste dans une université. Il reste sous surveillance et s’est vu interdire de quitter Pékin, mais il <a href="https://supchina.com/2020/12/17/cyclopes-on-my-doorstep/">continue d’écrire</a>.</p>
<p>D’autres ont tout simplement disparu. L’avocat et journaliste citoyen <a href="https://www.voanews.com/press-freedom/dont-forget-chen-qiushi-friend-chinese-journalist-says?amp">Chen Qiushi</a> est disparu après avoir fait un reportage à Wuhan en février et n’est réapparu qu’à la fin de septembre. Il demeure sous la <a href="https://www.bbc.com/news/world-asia-china-54277439">« surveillance stricte »</a> des autorités.</p>
<p>Enfin, on est toujours <a href="https://www.hrw.org/news/2021/01/06/china-seekers-covid-19-redress-harassed">sans nouvelle</a> de l’homme d’affaires de Wuhan <a href="https://qz.com/1801361/wuhan-virus-citizen-journalists-fang-bin-chen-qiushi-go-missing/">Fang Bin</a>, qui a été arrêté au début de février après avoir publié des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=cgMzy-5f-qw">vidéos</a> tournés dans des hôpitaux et montrant des patients infectés par la Covid-19.</p>
<h2>Utiliser le système de sécurité et les tribunaux pour cibler la société civile</h2>
<p>Sous la direction de Xi Jinping, la <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3553049">propagande officielle</a> de l’idéologie du Parti communiste chinois a retrouvé une nouvelle vigueur et s’érige contre toute forme de critique.</p>
<p>Dans un discours prononcé en 2013, <a href="http://www.xinhuanet.com/politics/2013-08/20/c_117021464_3.htm">Xi soulignait</a> l’importance de la propagande et de la « direction idéologique » pour le pays. La pandémie aura permis à l’État chinois d’étendre son contrôle idéologique sur les tribunaux, éliminant ainsi toute leur prétention à l’autonomie.</p>
<p>Cette manipulation de l’appareil juridique se manifeste par la poursuite de journalistes citoyens comme Zhang Zhan et de toute autre personne qui remet en question ou critique la ligne officielle du parti.</p>
<p>Les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14672715.2016.1263803">universitaires marxistes</a> et les <a href="http://www.chinahumanrights.org/html/2017/MAGAZINES_0307/7571.html">propagandistes du Parti</a> affirment qu’il n’y a pas de contradiction entre l’idéologie du Parti et « l’État de droit ».</p>
<p>En Chine, disent-ils, il n’est pas nécessaire d’avoir une séparation juridique des pouvoirs pour garantir la justice, car le Parti est <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40803-015-0003-9">l’expression ultime de la volonté du peuple</a> en matière d’ordre public. En substance, pour eux, le Parti communiste <em>est</em> l’État de droit, avec des caractéristiques chinoises.</p>
<p>Le Parti a longtemps utilisé les forces de l’ordre et les tribunaux de cette manière pour « tuer le poulet pour effrayer les singes » (une maxime chinoise signifiant « punir un individu pour donner un exemple aux autres »).</p>
<p>Dans le passé, les cibles étaient généralement des dissidents politiques importants, tels que <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Liu_Xiaobo">Liu Xiaobo</a> et <a href="https://chinadigitaltimes.net/china/wei-jingsheng/">Wei Jingsheng</a>, et des <a href="https://www.nytimes.com/2015/07/23/world/asia/china-crackdown-human-rights-lawyers.html">avocats des droits humains</a>.</p>
<p>Ce qui est nouveau et inquiétant, c’est l’utilisation de cette tactique pour éradiquer <em>toute</em> dissidence et menace perçues dans la société civile à l’encontre du pouvoir du Parti. Parmi les personnes visées ces dernières années figurent <a href="https://theconversation.com/why-democracy-peddler-yang-hengjun-has-been-detained-in-china-and-why-he-must-be-released-120751">l’écrivain sino-australien Yang Hengjun</a>, le magnat des médias de Hongkong <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/dec/31/hong-kong-activist-jimmy-lai-returned-to-jail-until-at-least-february">Jimmy Lai</a> et le journaliste sino-australien <a href="https://www.bbc.com/news/world-australia-53980706">Cheng Lei</a>, ainsi que de <a href="https://theconversation.com/china-has-a-new-way-to-exert-political-pressure-weaponising-its-courts-against-foreigners-141195">nombreux étrangers</a>.</p>
<h2>Le silence imposé ne signifie pas la croyance du public</h2>
<p>Ce contexte politique national pourrait rendre la tâche des chercheurs de l’OMS plus difficile. Il est peu probable qu’ils soient autorisés à étudier pleinement toutes les hypothèses quant aux origines du coronavirus, comme celle voulant qu’une fuite à l’Institut de virologie de Wuhan soit en cause.</p>
<p>Bien que la virologiste chinoise Shi Zhengli, dite <a href="https://www.scientificamerican.com/article/how-chinas-bat-woman-hunted-down-viruses-from-sars-to-the-new-coronavirus1/">« la femme chauve-souris »</a>, ait déclaré qu’elle serait heureuse que l’équipe de l’OMS <a href="https://www.bbc.com/news/world-asia-china-55364445">se rende au laboratoire</a>, des documents gouvernementaux ayant fait l’objet d’une fuite racontent une autre histoire.</p>
<p>Selon ces documents <a href="https://www.smh.com.au/world/asia/china-s-top-secret-search-for-the-origins-of-coronavirus-20210102-p56rar.html">publiés par l’Associated Press</a>, le gouvernement surveille les résultats des scientifiques et exige que toute recherche soit approuvée par un groupe de travail sous l’autorité directe du président Xi Jinping avant d’être publiée.</p>
<p>Le cas de Zhang Zhan révèle comment les contestations des récits officiels sont désormais traitées en Chine. Il montre également que les citoyens chinois ne se rangent pas toujours du côté des récits officiels et qu’ils n’avalent pas l’idéologie des propagandistes sans les critiquer. Le silence imposé ne veut pas dire que les gens croient à la ligne officielle du Parti.</p>
<p>Les citoyens chinois – et le monde entier – méritent de connaître la vérité sur les origines de la Covid-19, et non de faire les frais d’une propagande politiquement utile.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153332/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’enjeu est de taille pour la Chine alors que des équipes de l’OMS arrivent pour enquêter sur les origines du coronavirus. Pékin projette une image de réussite – et n’acceptera aucune critique.John Garrick, University Fellow in Law, Charles Darwin UniversityYan Bennett, Assistant Director, Princeton UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/953102018-04-20T13:51:57Z2018-04-20T13:51:57ZEn Chine, une Journée de la Terre sur fond de pollution massive<p>C’est en 1970 qu’a été célébrée pour la première fois la <a href="http://www.un.org/fr/events/motherearthday/">Journée de la Terre</a>, sous l’impulsion du sénateur américain Gaylord Nelson et d’un groupe d’étudiants. Depuis, chaque 22 avril rappelle la naissance de ce mouvement porté par la société civile.</p>
<p>En Chine, cette journée a été fêtée pour la première fois en 2011, attestant d’une prise de conscience grandissante des citoyens chinois à l’égard de l’environnement. Mais si Pékin semble vouloir prendre en charge les défis environnementaux qui s’imposent au pays, les effets des réformes amorcées tardent à venir, exposant la population à des niveaux de pollution extrêmement préoccupants.</p>
<h2>Plus d’un million de morts chaque année</h2>
<p>La crise environnementale en Chine est inédite en raison de la simultanéité et de l’intensité des problèmes. Aucun pays n’a en effet exposé sa population à de tels niveaux de pollution sur des durées aussi longues.</p>
<p>L’épisode de pollution atmosphérique longtemps considéré comme le plus meurtrier, le « Great Smog » de Londres, a causé la mort d’environ 12 000 personnes en quatre jours durant l’hiver 1952 ; soit 3 000 morts par jour. Le nombre quotidien de personnes décédées prématurément du fait de la pollution de l’air ambiant était à peu près équivalent en Chine en 2015, aboutissant à un total de <a href="https://bit.ly/2J8s679">1,1 million de morts précoces</a> sur l’année.</p>
<p>Dans l’empire du Milieu, les problèmes environnementaux se juxtaposent. On connaît bien sûr ceux relatifs à la qualité de l’air ; ils ont focalisé l’attention des médias et ému l’opinion internationale ces dernières années.</p>
<p>Mais d’autres pollutions, moins visibles car touchant l’eau et les sols, sont tout aussi importantes. Certains experts les considèrent même comme <a href="https://www.economist.com/news/briefing/21723128-and-fixing-it-will-be-hard-and-costly-most-neglected-threat-public-health-china">plus problématiques</a> car la dépollution de ces milieux est extrêmement complexe et nécessite un temps souvent très long.</p>
<h2>Des sols pollués par les métaux lourds</h2>
<p>Ce n’est qu’à partir de 2005 que le ministère de la Protection de l’environnement (MEP) et le ministère du Territoire et des Ressources chinois ont mené conjointement une enquête nationale sur la pollution des sols. Avant cette date, la Chine n’avait pas de statistiques officielles sur leur état ; la publication des résultats de cette étude a été repoussée à plusieurs reprises du fait de la sensibilité du sujet.</p>
<p>Depuis la fin des années 2000, plusieurs scandales sanitaires ont touché le pays, avec notamment la découverte de niveaux dangereux de métaux lourds dans certaines denrées alimentaires, suscitant beaucoup d’émoi dans la population. En 2013, les responsables de la sécurité alimentaire du Guangzhou ont ainsi trouvé du <a href="https://www.reuters.com/article/china-environment-farmland/china-says-over-3-mln-hectares-of-land-too-polluted-to-farm-idUSL3N0K90OY20131230">cadmium dans plusieurs échantillons de riz</a>. Le MEP estime que la contamination par les métaux lourds affecte 12 millions de tonnes de céréales en Chine chaque année, ce qui correspond à une production permettant de nourrir 24 millions de personnes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"735421914160726016"}"></div></p>
<p>Finalement publiés en 2014, les <a href="http://english.sepa.gov.cn/Events/Special_Topics/AGM_1/2015nh/document/201605/P020160524149463335883.pdf">résultats de l’enquête</a> sont particulièrement préoccupants : 16 % des sols étudiés ont été classés comme pollués au-delà des normes acceptables et 19 % des terres arables totales contaminées par des métaux lourds.</p>
<p>La distribution spatiale des résultats n’a pas été rendue publique, mais il a été précisé que la pollution dans la partie sud de la Chine était plus préoccupante qu’au nord. Les deltas du fleuve Yangtze et de la rivière des Perles ainsi que le nord-est de la Chine sont ainsi particulièrement pollués en raison des activités de l’industrie lourde dans ces zones. Les niveaux de métaux lourds sont d’autre part particulièrement élevés dans le sud-ouest et le centre-sud du pays, principales régions d’extraction et de fusion des métaux.</p>
<p>Le vice-ministre chinois des Terres et des Ressources, Wang Shiyuan, a annoncé en 2014 qu’environ 3,33 millions d’hectares de terres agricoles chinoises étaient trop pollués pour être cultivés, soit 2 % des terres arables (une superficie un peu plus grande que celle de la Belgique). Or, la part de terres arables par habitant en Chine est déjà inférieure de moitié à celle de la moyenne mondiale.</p>
<p>Cette décision accentue les difficultés du pays à atteindre l’autosuffisance alimentaire, une priorité pour les autorités chinoises depuis les années 1950, période de famine. Cet objectif a conduit à augmenter de façon continue la superficie des terres agricoles, ce qui a parfois abouti à cultiver des terres à proximité d’usines chimiques, de mines ou d’autres installations industrielles.</p>
<p>La mise en jachère de terres trop polluées pour être exploitées pourrait également freiner le reboisement conduit dans le pays depuis plusieurs décennies. Des sols qui avaient été dédiés à la couverture forestière pourraient être de nouveau utilisés pour de la production agricole. La politique de reboisement a permis d’augmenter la superficie des forêts de <a href="https://data.worldbank.org/indicator/AG.LND.FRST.ZS?locations=CN">17 % du territoire en 1990 à 22 % en 2010</a>.</p>
<h2>Une qualité de l’eau dégradée</h2>
<p>La qualité de l’eau est généralement mauvaise en Chine, et <a href="http://hdl.handle.net/11540/880">souvent pire qu’il y a 20 ans</a>. Quelques progrès récents ont néanmoins été enregistrés : une baisse des eaux de très mauvaise qualité <a href="https://think-asia.org/bitstream/handle/11540/880/toward-environmentally-sustainable-future-prc.pdf?sequence=1">(catégorie V +)</a> et une hausse des eaux de relative bonne qualité (classes I à III) ont été constatées dans les eaux de surface et souterraines du pays.</p>
<p>Les progrès sont néanmoins à apprécier selon les régions et restent fragiles. Les différences sont en effet marquées entre les rivières du Nord et du Sud, ce qui s’explique principalement par des ressources en eau moindres dans le Nord et donc une moindre capacité à absorber les rejets polluants. La nature plus concentrée du développement dans le Nord joue également un rôle. Entre 2015 et 2016, la part des eaux de surface de mauvaise et très mauvaise qualités y ont augmenté dans certains bassins.</p>
<p>Le Sud de la Chine est beaucoup plus abondant en eau, tandis qu’une grande partie de la population et des terres arables se trouvent dans le Nord : s’y concentrent seulement <a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/996681468214808203/Addressing-Chinas-water-scarcity-recommendations-for-selected-water-resource-management-issues">20 % des ressources en eau</a> naturellement disponibles, mais 47 % de la population et 65 % des terres arables.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"945650441320370176"}"></div></p>
<h2>Stress hydrique et changement climatique</h2>
<p>Les problèmes de mauvaise qualité de l’eau accentuent le stress hydrique que connaissent régulièrement entre 400 et 600 grandes villes. Le fleuve Jaune, sixième fleuve de la planète, connaît ainsi des <a href="https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/8708">périodes d’assèchement de plus en plus longues</a>. Les problèmes de disponibilité d’eau risquent par ailleurs de s’accentuer en raison d’une demande croissante. Entre 2007 et 2014, elle a fortement augmenté, conduisant à une intensification des prélèvements d’eau douce (<a href="http://www.wri.org/sites/default/files/Baseline_Water_Stress_-_China.pdf">environ +10 % sur la période</a>).</p>
<p>Le stress hydrique a également été accentué par une forte baisse des précipitations, entre <a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/537531468221676912/Addressing-Chinas-water-scarcity">-2,6 % et -10,4 %</a> au cours des deux dernières décennies, tout particulièrement dans les bassins fluviaux Huai, Hai, Huang et du fleuve Liao, tous situés dans le Nord, là où les problèmes de disponibilité en eau sont les plus critiques.</p>
<p>Cette forte baisse des précipitations a été en partie <a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/537531468221676912/Addressing-Chinas-water-scarcity">attribuée aux changements climatiques</a>. Sous l’effet conjugué des facteurs climatiques et des activités humaines, la désertification progresse par ailleurs : depuis 1949, la Chine a perdu <a href="http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/livre/?GCOI=27246100704720">129 000 km²</a> (soit un cinquième de la superficie de la France).</p>
<p>Une autre conséquence de la surexploitation des eaux souterraines est l’affaissement des terres dans certaines régions. Le phénomène se produit lorsque des quantités importantes d’eau souterraine ont été retirées d’un <a href="https://www.bgr.bund.de/EN/Themen/Zusammenarbeit/TechnZusammenarb/Politikberatung_GW/Downloads/Module_8_fr.pdf?_blob=publicationFile&v=7">aquifère poreux</a> ; ce dernier se compacte alors, ce qui peut entraîner un abaissement de la surface du sol. D’après des enquêtes menées par <a href="https://www.iges.or.jp/en/">Institute for Global Environmental Strategies</a>, des affaissements de terrain se produisent dans les 50 plus grandes villes de la Chine. La superficie totale affectée est de 90 000 km<sup>2</sup>. Les régions les plus touchées sont la région du delta du Yangtze (autour de Shanghai), la plaine de Chine du Nord et le bassin de la rivière Fen-Wei (province de Shanxi).</p>
<p>Le stress hydrique pourrait donc s’accentuer en Chine dans les prochaines décennies et constituer l’un des plus grands défis de développement pour le pays.</p>
<p>La crise environnementale à laquelle est confronté l’empire du Milieu pose à nouveau la question de la conciliation entre développement et protection de l’environnement. Et les solutions apportées par les autorités seront cruciales pour les pays émergents et en développement qui, sans avoir connu le succès économique de la Chine, sont déjà victimes de situations extrêmement critiques en matière de pollution.</p>
<p>Pékin semble avoir enfin pris conscience de la gravité de la situation, mais aussi de sa complexité. Reste que le pouvoir chinois a beaucoup tardé à agir, laissant s’installer sur son territoire des infrastructures très énergivores et restant prisonnier d’un système de gouvernance ne permettant pas d'adaptations rapides. L’effet bénéfique attendu des mesures portées par le dernier plan quinquennal (2016-2020) et la nouvelle loi fiscale sur la protection de l’environnement risque en outre d’être écrasé par les méfaits induits par la poursuite de la trajectoire de croissance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95310/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À quelques heures de la Journée de la Terre, retour sur cette crise environnementale, inédite par sa gravité et son ampleur, qui touche l’empire du Milieu.Stéphanie Monjon, Maître de conférences en sciences économiques, chargée de recherche au CEPII – Recherche et expertise sur l'économie mondiale, Université Paris Dauphine – PSLSandra Poncet, Professeure d’économie, chercheuse associée au CEPII, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/883772017-12-11T05:06:16Z2017-12-11T05:06:16ZComment la protection de l’environnement est devenue un instrument politique pour Pékin<p>La Chine est le <a href="https://cn.ambafrance.org/I-Contexte-energetique-chinois">premier consommateur d’énergie du monde</a> et le premier émetteur de dioxine de carbone, l’un des principaux gaz à effet de serre mis en cause dans le dérèglement climatique. Son développement est très coûteux en termes environnementaux et l’on constate dans ce pays un véritable désastre écologique : pollution de l’air, de l’eau, du sol.</p>
<p>Structurellement, la production comme la consommation dépendent largement d’activités polluantes. Dès les années 1980, Pékin a préconisé des mesures de protection de l’environnement et de nombreuses lois ont été promulguées sans que cela soit véritablement suivi d’effets. Sa position s’est durcie lors du 11<sup>e</sup> plan (2005-2010) et de réels efforts sont menés actuellement. Les plans quinquennaux sont un héritage du système d’économie centralement planifiée et s’ils ne sont plus aussi précis et directifs qu’il y a quelques années, ils demeurent une sorte de feuille de route qui définit les priorités du gouvernement pour les 5 ans à venir.</p>
<p>La Chine est ainsi devenue un acteur majeur des engagements internationaux sur le climat et des objectifs quantitatifs précis ont été fixés, notamment <a href="http://www4.unfccc.int/submissions/INDC/Published%20Documents/China/1/China%27s%20INDC%20-%20on%2030%20June%202015.pdf">atteindre un pic d’émissions</a> de CO<sub>2</sub> en 2030. Pourtant, ce n’est pas nécessairement l’inquiétude sur le changement climatique ou la prise de conscience de la nécessité de protéger les générations futures qui explique cette attitude du gouvernement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197873/original/file-20171205-22996-ot2msq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les 15 pays les plus émetteurs de CO₂ (exprimé en millions de tonnes).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.globalcarbonatlas.org/fr/CO2-emissions">Global Carbon Atlas</a></span>
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</figure>
<h2>L’économie avant l’environnement</h2>
<p>Bien sûr, la gravité de la situation justifie amplement la mise en place d’une politique environnementale, mais pour comprendre cette évolution, il faut se référer à l’organisation du système décisionnel chinois.</p>
<p>La plupart des politiques sont définies au niveau du gouvernement central et appliquées aux niveaux inférieurs de la hiérarchie, en premier lieu par les gouverneurs des provinces. Ceux-ci sont nommés par le gouvernement central et promus ou récompensés en fonction des résultats <a href="https://doi.org/10.1007/s10644-017-9215-4">obtenus dans leur province</a>.</p>
<p>Or, les lois édictées depuis les années 1980 en matière de lutte contre la pollution n’entraient pas dans les critères d’évaluation des gouverneurs jusqu’au 11<sup>e</sup> plan. Il était ainsi plus risqué pour eux de ne pas suivre les objectifs économiques du gouvernement que de ne pas respecter la loi. Ils étaient donc incités à donner la priorité à la croissance économique et ont sacrifié l’environnement.</p>
<p>La crise de 2007 a retardé une meilleure prise en compte de la politique environnementale puisqu’il fallait avant tout soutenir cette croissance et éviter le ralentissement qui aurait pu résulter de la baisse du commerce extérieur. Cela a été l’objectif du plan de stimulation mis en place par le gouvernement central en sollicitant fortement les gouvernements locaux qui ont accru leurs investissements, notamment en infrastructures, aggravant la situation environnementale.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"695045382783393793"}"></div></p>
<h2>Une question de légitimité</h2>
<p>Ce n’est qu’à partir du 12<sup>e</sup> plan (2011-2015) et surtout du 13<sup>e</sup> (2016-2020) que la politique environnementale évolue, notamment avec une modification du système d’allocation des objectifs de baisse de l’intensité énergétique entre les provinces et une multiplication des négociations, afin de donner une <a href="https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2016.01.014">plus grande légitimité</a> aux décisions prises.</p>
<p>Pourquoi cette détermination a-t-elle été aussi tardive ?</p>
<p>En fait, la politique environnementale <a href="http://harvardelr.com/wp-content/uploads/2013/09/Wang-9-2.pdf">sert d’autres fins</a> ; c’est un prétexte pour maintenir la stabilité sociale et la légitimité de l’État.</p>
<p>Bien que s’appuyant sur un régime autoritaire, le gouvernement doit maintenir sa légitimité ; celle-ci ne repose pas sur des élections et dépend assez largement de son aptitude à satisfaire les besoins de la population. Il espère aussi utiliser cette reconversion industrielle pour améliorer sa technologie et éviter de tomber dans la trappe des pays à revenu intermédiaire.</p>
<p>Depuis l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978, la recherche de légitimité s’est appuyée sur la croissance économique. L’amélioration des niveaux de vie a permis de maintenir la stabilité sociale dans un pays ayant un gouvernement autoritaire et une société sous contrôle, mais où les manifestations de mécontentement sont très nombreuses.</p>
<h2>Des Chinois inquiets et mobilisés</h2>
<p>Dès la deuxième moitié des années 1990, les effets négatifs de la croissance sont apparus, notamment en termes d’inégalités, générant beaucoup d’insatisfaction de la part de la population. Conscient de ces problèmes, le président Hu Jintao a annoncé en 2004 que l’objectif du gouvernement était désormais de développer une « société harmonieuse ». Le message est que la croissance économique n’est plus la seule priorité, et que l’accent doit être mis désormais sur des considérations plus sociales, et prenant mieux en compte les dimensions humaine et environnementale dans la politique économique. Mais la crise de 2007 a retardé la réalisation de ces objectifs.</p>
<p>Or, depuis quelques années, les morts et les maladies liées à la pollution, mais aussi les <a href="https://www.lesechos.fr/03/12/2015/lesechos.fr/021529578793_les-fraudes-alimentaires-s-envolent-en-chine.htm">scandales alimentaires</a> souvent dus à la corruption, ont entraîné de forts mécontentements, ce qui a convaincu le gouvernement de l’urgence à agir dans ce domaine s’il ne voulait pas risquer de devoir gérer des troubles sociaux, souvent déstabilisants dans un aussi grand pays.</p>
<p>Bien que le gouvernement tente de limiter la liberté d’expression de la population, l’importance de l’utilisation des <a href="http://www.jstor.org/stable/44133953">réseaux sociaux</a> facilite l’organisation de manifestations ; celles-ci sont nombreuses contre des projets tels que l’installation d’un incinérateur ou la construction d’une usine polluante. Les habitants sont inquiets des risques qui pèsent sur eux et sont désormais des milliers à descendre dans la rue pour exprimer leur opposition, ce qui inquiète les maires, les gouverneurs des provinces et le gouvernement central.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"491501827876474880"}"></div></p>
<p>Cette inquiétude explique largement le fait que les responsables politiques à tous les niveaux soient désormais évalués en fonction de leurs résultats en matière environnementale, alors même que cela est parfois contradictoire avec leurs objectifs en termes d’emplois. En Chine, entre la hiérarchie administrative et la loi, c’est la première qui l’emporte et elle détermine très largement l’application de la politique économique. C’est un moyen de maintenir la loyauté des gouverneurs vis-à-vis du gouvernement. La politique environnementale est employée à des fins de stabilisation sociale bien qu’étant très largement justifiée par l’urgence de la situation.</p>
<h2>Protéger pour innover</h2>
<p>La Chine est de plus arrivée à un stade de sa croissance où celle-ci doit être plus qualitative, ce qui implique notamment une amélioration de la technologie, plus d’innovations et une montée en gamme dans la qualité des produits. Ainsi, le développement d’une « économie verte » repose sur l’innovation, jusqu’à présent essentiellement importée.</p>
<p>Citons à titre d’exemple, le projet des « Industries stratégiques innovantes », sous l’égide de la NDRC (National Development Reform Commission), qui concerne 20 industries essentiellement liées aux énergies nouvelles et à la protection de l’environnement. C’est un moyen pour la Chine de rattraper son retard technologique en investissant dans des secteurs relativement nouveaux.</p>
<p>La lutte contre la pollution ou le changement climatique représente ainsi un instrument politique dont dispose le gouvernement grâce à son pouvoir sur la hiérarchie administrative et au système de « fédéralisme à la chinoise », alliant centralisation politique et décentralisation économique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88377/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mary-Françoise Renard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si les dernières décennies ont été marquées par un développement économique chinois indifférent aux questions environnementales, les choses changent dans l’empire du Milieu.Mary-Françoise Renard, Professeur d’économie, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/860122017-10-22T21:06:00Z2017-10-22T21:06:00Z19ᵉ Congrès du PCC : comment la Chine aménage son territoire pour mieux affirmer sa souveraineté<p>Le 18 octobre s’est ouvert le 19<sup>e</sup> Congrès du Parti communiste chinois (PCC), un temps particulièrement fort pour la politique intérieure de la Chine : il permet le renouvellement du Comité central et des principales instances dirigeantes du pays.</p>
<p>Le décorum participant au Congrès est à son apogée : sécurité renforcée, affichages accrus dans l’espace public, rumeurs politiques sur le leader, blocage de certains axes de communication, mise à l’arrêt d’usines autour de Pékin pour laisser apparaître le ciel bleu…</p>
<p>Au cœur des décisions, des réformes pour la montée en puissance de la Chine sont égrenées jour après jour.</p>
<p>Parmi les grands axes de modernisation, l’aménagement du territoire tient une place toute particulière.</p>
<p>En effet, au regard des échelles et des enjeux géographiques de ce géant territorial, Pékin poursuit l’aménagement territorial visant à un triple rééquilibrage : réduire les écarts de développement entre les régions côtières, centrales et de l’Ouest ; développer le monde rural et son agriculture en parallèle de la poursuite de l’urbanisation et enfin, développer dans les territoires un système financier moderne.</p>
<h2>Aménager la Chine à son échelle</h2>
<p>Le lancement des réformes à la fin des années 1970 avait fait du bandeau littoral chinois le cœur de la mondialisation chinoise, en particulier dans la constitution de <a href="https://etudesgeostrategiques.com/2014/05/19/le-corridor-maritime-de-la-mediterranee-asiatique-axe-majeur-de-la-mondialisation/">trois grandes façades portuaires</a> :</p>
<p>Dalian-Weihai pour le golfe de Bohai ; le delta du Yangzi centré sur Shanghai-Yangshan-Ningbo et le delta de la rivière des Perles centré sur Shenzhen-Hong Kong-Canton-Zhuhai.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191210/original/file-20171020-13963-1z0bq5e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La rivière des Perles, dans le delta de Shenzhen-Hong Kong-Canton-Zhuhai.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/hu%C3%A9-bateau-rivi%C3%A8re-des-perles-782972/">DEZALB/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis 1980, les régions littorales ont ainsi accumulé investissements, fonctions géoéconomiques décisives et savoir-faire tandis que les régions centrales et occidentales restaient dans l’ombre du développement fulgurant.</p>
<p>Le rééquilibrage territorial – renforcé durant la gouvernance Xi Jinping – voit la continuité du désenclavement et du développement économique de ces immenses régions pourvoyeuses jusqu’alors d’une main d’œuvre à bas coût (issue des régions intérieures).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=406&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191209/original/file-20171020-13966-1j1ix6v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=510&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Découpage régional et culturel de la Chine, 2014.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Emmanuel Véron</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Le projet des routes de la soie (<a href="http://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2017/10/Asias-Focus-45-octobre-2017.pdf">OBOR, One Belt One Road, aujourd’hui nommé BRI, Belt and Road Initiative</a>) vient prendre le relais de politiques d’aménagement initiées dans les années 1990 – aménagement du bassin versant du fleuve Yangzi, développement du grand Ouest, développement du réseau de trains à grande vitesse – afin de connecter ces régions littorales aux régions de Chongqing, du Sichuan, du Shaanxi, du Gansu et celles du Tibet, du Qinghai et du Xinjiang.</p>
<p>Ces stratégies territoriales répondent à un double enjeu de pleine maîtrise du territoire par Pékin et de réorientation du développement économique et financier de la Chine.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=643&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=643&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191193/original/file-20171020-22964-fozgp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=643&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte datant de 2016 des principaux réseaux ferroviaires en Chine (en couleur, les voies à très grande vitesse), administrés par le gouvernement central en Chine métropolitaine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Rail_transport_in_China#/media/File:Rail_map_of_PRC.svg">Howchou/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Sinisation forcée des territoires</h2>
<p>Dans un effort d’expansion, se poursuivent le développement d’infrastructures de transport et une <a href="https://meridianes.org/2015/06/29/la-sinisation-du-tibet-et-de-la-mongolie/">sinisation forcée</a> de territoires « non-Han ». Il s’agit notamment du Tibet, Gansu, Qinghai et <a href="https://echogeo.revues.org/11244?lang=en">Xinjiang</a> où la situation sécuritaire est un enjeu prioritaire. Dans cette région, la population ouïghoure est ainsi prise <a href="http://www.liberation.fr/planete/2017/02/24/entre-repression-et-jihad-les-ouighours-pris-au-piege_1550917">entre des menaces djihadistes et la politique de Pékin</a>.</p>
<p>Ces régions sont particulièrement riches en ressources naturelles (charbon, gaz, pétrole, minerais, etc.) et en espace disponible, ouverts à l’ouest. Elles permettraient le déplacement des activités industrielles et agricoles polluantes et créeraient de nouveaux fronts pionniers agricoles.</p>
<p>Par ailleurs, les régions transfrontalières, notamment sino-russe (dans le nord-est du pays), sino-kazakhe et sino-Sud-est asiatiques joueront un rôle fort dans le recyclage des surcapacités chinoises (acier et charbon) et d’implantations d’entreprises dans les secteurs de l’agriculture, de l’extraction minière (plus exploitation du bois) et touristique. À titre d’exemple, la région de Sibérie russe <a href="http://geopolis.francetvinfo.fr/russie-lavenir-de-la-siberie-orientale-passe-par-la-chine-68347">accueille plusieurs centaines de milliers de travailleurs chinois</a> dans l’agriculture (plusieurs dizaines de milliers d’hectares), sur des chantiers et dans la restauration.</p>
<p>Le tourisme chinois continuera de jouer un rôle majeur dans l’injection de devise dans ces territoires. La semaine de <a href="https://www.lesechos.fr/03/10/2016/lesechos.fr/0211352728184_cette-nuit-en-asie---boom-du-tourisme-chinois-----en-chine.htm">la fête nationale</a> (le 1<sup>er</sup> octobre) attire ainsi plus de de 700 millions de déplacements, <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/tourisme/TourScient3.htm">produisant plusieurs centaines de milliards de dollars de recette</a>. Corrélé au développement du patrimoine matériel (monuments, sites historiques et patrimoines naturels) et de la meilleure visibilité des parcs nationaux (naturels ou culturels), le tourisme participera d’autant plus à la construction du <a href="https://www.cairn.info/revue-herodote-2007-2-page-43.htm"><em>soft power</em> chinois</a>.</p>
<h2>Agriculture productive et ruraux modernes</h2>
<p>Le PCC rappelle avec fierté les chiffres de la réduction de la pauvreté, surtout dans les campagnes chinoises souvent perçues comme le parent pauvre du développement chinois. Fin 2016, le nombre de pauvres (en dessous du seuil de pauvreté soit 2 300 yuans ou 344 dollars par an) s’élevait <a href="http://french.xinhuanet.com/2017-10/17/c_136686668.htm">à 43,35 millions de ruraux selon l’agence de presse Xinhua</a>. La modernisation des campagnes passe par la <a href="http://www.inalco.fr/sites/default/files/asset/document/transformations_des_campagnes_des_agricultures_chine_2.pdf">mutation en profondeur</a> des agricultures et de l’élevage.</p>
<p>Subventionnées et bénéficiant de meilleurs équipements et infrastructures, les <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2016-3-page-55.htm">espaces ruraux sont plus que jamais dans les priorités stratégiques du Parti-État</a>, afin de maintenir le seuil minimum des 122 millions d’hectares de terres cultivables, de poursuivre la recherche agronomique (biotechnologies) dans la sélection des semences et des produits phytosanitaires.</p>
<p>Aussi, et ce depuis l’automne 2016, plusieurs milliers d’hectares de terres arables (provinces du centre) ont été <a href="http://www.questionchine.net/pollution-des-sols-exode-rural-et-revenus-agricoles">mis en repos servant de test au renouvellement des capacités physico-chimiques et de fertilité</a>.</p>
<h2>Urbains hyperconnectés</h2>
<p>Les villes se voient investir de nouvelles fonctions. L’avenir urbain de la Chine se situe très précisément dans l’intelligence artificielle. La stratégie globale vise à faire des cités pilotes dans le digital, les nouvelles technologies, le <em>smart grid</em> et des aménagements écologiques.</p>
<p>Les géants chinois du numérique y jouent déjà un jeu important (Tencent, WeChat, Alibaba, etc.). L’exemple de la <a href="https://www.reuters.com/article/us-china-economy-property/chinas-new-economic-zone-to-focus-on-technology-innovation-media-idUSKBN1760PR">ville nouvelle de Xiong’an</a> (à une centaine de kilomètres de Pékin) est un exemple fort de la capacité de conduire un projet de déconcentration et de décongestion de la capitale, en dotant cette cité d’activités variées et de pointe. <a href="http://www.scmp.com/tech/enterprises/article/2116178/what-will-china-build-xi-jinpings-dream-city-it-biotech-new-energy">Projet phare de Xi Jinping</a> lancé début 2017, Xiong’an est le fruit d’un regroupement de plusieurs territoires de la province du Hebei. La ville devrait être directement reliée à Pékin par une voie à très grande vitesse.</p>
<p>Dans ce cadre, les grands centres urbains du centre sont des compléments connectés aux grandes régions urbaines de la côte qui accumulent fonction financière, décisionnelle et high-tech.</p>
<p>Wuhan, Chongqing, Chengdu, mais aussi Xi’an et prochainement Urumqi (région du Xinjiang) ou Lanzhou (province du Gansu) seront des pôles urbains voulant rayonner sur la profondeur continentale chinoise et les pays voisins (Asie centrale, du sud et du sud-est). Ceci passe par la promotion active dans les innovations technologiques destinées à un régime de croissance interne afin de créer de l’emploi pour la décennie 2020-2030.</p>
<h2>Rééquilibrage financier</h2>
<p>Pour compléter la palette de son aménagement territorial, Pékin entend faire de la finance un secteur clé de sa montée en puissance. Chaque province et chaque région sont concernées. Pour sortir du surendettement actuellement autour de 250 % du PIB, la <a href="http://ab-2000.com/fr/archives/2017/09/13/comment-va-la-chine-suite/">transformation du système financier interne est déjà amorcée</a>.</p>
<p>Le risque de crise annoncée – notamment du fait de la bulle immobilière et de l’endettement- n’a toujours pas eu lieu. Au contraire, dès 2015, en conséquence des remous de la bourse (fortes spéculations entre 2014 et 2015), le <a href="http://www.latribune.fr/economie/international/le-banque-centrale-chinoise-stabilise-le-yuan-498306.html">yuan a été stabilisé</a> ainsi que les différents marchés financiers. La banque centrale dispose de réserve très importante qui permettra de prévenir d’éventuelles difficultés. La libéralisation des mouvements de capitaux assurera la <a href="https://www.lesechos.fr/17/04/2015/LesEchos/21921-132-ECH_la-longue-marche-du-yuan-vers-la-convertibilite.htm">convertibilité accrue du yuan</a> à l’extérieur de la Chine.</p>
<p>Depuis 2009 les autorités centrales et politiques ont initié un gigantesque plan de relance interne visant la stabilité économique et politique d’une Chine de plus en plus présente sur le <a href="https://www.frstrategie.org/publications/notes/la-politique-etrangere-de-la-republique-populaire-de-chine-depuis-la-crise-evolutions-et-contraintes-02-2011">plan diplomatique, financier, voire militaire</a>.</p>
<p><a href="https://fr.reuters.com/article/companyNews/idFRL8N1L13WH">Le ralentissement économique chinois</a> caractérisé par une croissance à 6,5 % par an pour 2020, est bien intégré au dispositif d’aménagement du territoire et de réorientation des objectifs économiques, sociaux et financiers.</p>
<p>Une nouvelle phase est en train de s’écrire, le 19<sup>e</sup> Congrès en donne les grandes lignes directrices.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86012/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Véron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Parmi les grands axes de modernisation évoqués durant le 19ᵉ Congrès du Parti communiste chinois, l’aménagement du territoire tient une place toute particulière dans la politique de Xi.Emmanuel Véron, Enseignant-chercheur, responsable de la géographie et de la géopolitique à l’Inalco, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/484552015-10-02T04:15:15Z2015-10-02T04:15:15ZUn million de Chinois victimes du smog chaque année<p>La plupart des habitants d’Europe occidentale se préoccupent peu de la pollution de l’air. Elle passe souvent inaperçue, sauf à être coincé dans les embouteillages ou à regarder au loin l’horizon brouillé.</p>
<p>Jusqu’au mitan du siècle dernier, il en était tout autrement : l’industrie lourde et le chauffage domestique saturaient l’air des villes de fumée, de gaz nocifs et d’ozone. Ce sont ces polluants atmosphériques qui contribuent à la formation du smog, cette combinaison dangereuse de gaz et de particules qui irrite les poumons et cause à terme de sérieux dommages pour la santé. Dans nombre de pays en développement, des niveaux importants de pollution de l’air accompagnent aujourd’hui une expansion économique et industrielle débridée.</p>
<p>Une <a href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/nature15371">étude</a> récente portant sur les impacts sanitaires de la pollution de l’air extérieur suggère que celle-ci serait responsable du décès prématuré de plus de 3 millions de personnes chaque année dans le monde. Un nombre qui pourrait doubler d’ici à 2050. L’étude examine notamment comment les principales sources de polluants atmosphériques – la circulation automobile, l’industrie, l’agriculture et certaines activités domestiques – contribuent à des niveaux de pollution dans différentes parties du monde ; elle estime de même les incidences de cette pollution sur le taux de mortalité provoqué par des maladies pulmonaires et cardiaques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/97010/original/image-20151001-23098-zuly8r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mortalité causée par la pollution de l’air en 2010 (nombre de morts dans un rayon de 100 km2).“ />
Sans surprise, les effets les plus dévastateurs se rencontrent dans les pays qui connaissent un développement économique rapide, à l’image de l’Inde et de la Chine. Malgré une forte activité industrielle, une production d’énergie accrue et une circulation dense, l’étude souligne que c’est la consommation d’énergie dans un but domestique et commercial – à travers le chauffage et la cuisson – qui contribue le plus à polluer l’air dans ces régions.
Situation critique à Pékin
C’est la Chine qui paie le plus lourd tribut avec 1,3 million de décès liés à la pollution atmosphérique, soit 40 % des décès de ce type dans le monde. Dans ce pays très peuplé à l’agriculture intensive et à l’industrialisation lourde, le coût environnemental du développement économique est élevé.
Les grandes villes telles que Pékin ont connu une détérioration rapide de la qualité de leur air au gré de leur croissance économique et de l’évolution des modes de vie des classes moyennes urbanisées. Les traditionnels éventails de papier ont depuis longtemps été remplacés par l’air conditionné pour combattre la chaleur estivale. Au tournant du siècle, Pékin comptait un million de véhicules ; aujourd’hui, c’est <a href=</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/nature15371">Lelieveld et al.</a></span>
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</figure>cinq fois plus. Résultat : un air lourd des gaz d’échappement et des rues engorgées. Le haut des grattes-ciel disparaît dans une brume de pollution qui donne au ciel une couleur blanchâtre et contraint les habitants à adopter des masques de protection.<p></p>
<p>Les citoyens chinois sont bien conscients du problème : les questions environnementales arrivent ainsi en tête des <a href="http://usa.chinadaily.com.cn/2015-03/03/content_19703316.htm">préoccupations</a> du public et sont débattues sur les forums de discussion en ligne. À l’échelle nationale, ce sont 1 000 sites qui servent de lieux d’étude et l’on ne compte plus les applications pour <a href="https://theconversation.com/how-smartphones-can-lead-the-fight-against-air-%20pollution-35458">mobiles</a> qui permettent de connaître en temps réel les niveaux de pollution de l’air. Admettre l’existence de ce problème a représenté un véritable progrès pour ce pays. Y faire face sans gêner la croissance économique représente un véritable casse-tête.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=735&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=735&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=735&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=924&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=924&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/97011/original/image-20151001-13364-1e0kicl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=924&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pékin recouvert par la brume.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/gsfc/11800905406/in/photolist-iYNJ3j-bceY88">Nasa</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</p><p>La géographie de Pékin n’arrange rien. La pollution générée par les innombrables usines, fermes et habitations situées dans la plaine de Chine du Nord – un territoire vaste et fertile, le cœur économique traditionnel du pays – se trouve piégée par les vents du Sud contre les montagnes qui entourent la ville, au nord et à l’ouest. Les polluants s’additionnent, se combinant pour former une brume qui s’étend sur des centaines de kilomètres et que l’on peut voir sur les images satellites ; elle ressemble à une couverture sombre qui cache le sol.</p>
<h2>Des mesures concrètes</h2>
<p>Le gouvernement chinois, soucieux de se présenter sous son meilleur jour aux yeux du monde, a imposé des contrôles stricts de la pollution de l’air en 2008 lors des Jeux olympiques d’été, à l’automne dernier pour le forum de l’APEC et plus récemment pour un défilé militaire à l’occasion de l’anniversaire marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. À chaque fois, la brume a disparu, montrant de façon claire ce qui peut être atteint.</p>
<p>Mais les changements nécessaires à long terme pour obtenir ce ciel bleu réclament de plus grands efforts. Des plans sont ainsi en cours pour relocaliser des industries polluantes, produire une énergie plus propre et suivre de près l’application des réglementations environnementales.</p>
<p>C’est ainsi que l’aciérie de Pékin a été déplacée en dehors de la ville avant les Jeux olympiques, dans la province du <a href="http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Tangshan-la-capitale-chinoise-de-l-acier-en-plein-ralentissement-2015-08-27-1348796">Hebei</a> voisin ; ce fut aussi plus récemment le cas d’autres usines. Les nouvelles installations, plus propres et plus efficaces devraient permettre de réduire les sources de pollution. Cependant, avec une population de plus de 100 millions d’habitants et une production du quart de l’acier chinois, Hebei doit déjà faire face aux défis de sa propre pollution de l’air, avec des contrôles qui sont moins stricts qu’a Pékin.</p>
<p>Le passage du <a href="http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/La-Chine-ferme-les-centrales-a-charbon-situees-a-Pekin-2015-03-31-1297408">charbon</a> au gaz pour produire de l’électricité est également en cours, ce qui constitue une bonne nouvelle pour la qualité de l’air. La Chine a aussi pris les devants sur le front des énergies renouvelables à coup d’<a href="http://www.unep.org/greeneconomy/SuccessStories/RenewableEnergyinChina/tabid/29865/">investissements gigantesques</a> dans les énergies solaire, éolienne et hydroélectrique. Celles-ci ne couvrent aujourd’hui que 10 % des besoins énergétiques du pays, mais elles sont censées atteindre les 16 % d’ici à 2020. Tous ces changements constituent la clé pour contrôler et réduire la pollution de l’air, mais il faut désormais faire un sort aux productions domestiques et agricoles pour être en mesure de voir le ciel bleu.</p>
<p>”</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=374&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/97012/original/image-20151001-23065-1sh6gjs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=470&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Augmentation de la mortalité liée à la pollution de l’air extérieur, de 2010 à 2050 selon le scénario « <em>business as usual</em> ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/nature15371">Lelieveld et al.</a></span>
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<p>C’est tout l’équilibre entre développement économique et protection de l’environnement qui est en train de se réorganiser, à l’image de ce qui se passa en Occident il y a un demi-siècle. On peut dire que les nouvelles politiques destinées à être adoptées devraient placer la Chine sur une trajectoire plus propre que celle supposée dans l’étude publiée dans <em>Nature</em> (voir ci-dessus). Si les auteurs ont mis en évidence le coût humain de la pollution de l’air et ont tiré la sonnette d’alarme par rapport aux futurs dangers du scénario « <em>business as usual</em> », on peut également souligner qu’en Chine, on voit émerger les signes d’un vrai désir de lutter contre la pollution atmosphérique et ses conséquences fatales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48455/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oliver Wild works for Lancaster University. He receives funding from the UK Natural Environment Research Council, and currently holds a visiting scientist position at the Institute of Atmospheric Physics of the Chinese Academy of Sciences.</span></em></p>Une situation dramatique dont les autorités et les citoyens de l’empire du Milieu prennent de plus en plus conscience.Oliver Wild, Reader in Atmospheric Science, Lancaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.