tag:theconversation.com,2011:/id/topics/therapies-comportementales-32149/articlesthérapies comportementales – The Conversation2023-09-19T13:50:50Ztag:theconversation.com,2011:article/2012572023-09-19T13:50:50Z2023-09-19T13:50:50ZContre la dépression, l’exercice peut être plus efficace que les thérapies ou la médication<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/518032/original/file-20230328-14-6q6w90.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’exercice physique peut s'avérer plus efficace contre la dépression que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Anupam Mahapatra)</span></span></figcaption></figure><p>Les problèmes de santé mentale, dont la dépression ou l’anxiété, affectent des millions de personnes à travers le monde. Depuis la Covid-19, les personnes disant avoir une excellente ou une très bonne santé mentale a diminué au Canada, passant de 55 % en juillet 2020 à 68 % en 2019. De manière générale, la pandémie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33794717/">a exacerbé la détresse psychologique</a> dans le monde. </p>
<p>Les troubles de santé mentale <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673615003906">coûtent cher tant à l’individu qu’à la société</a>. </p>
<p>Si les traitements traditionnels tels que la thérapie et la médication peuvent être efficaces, notre <a href="https://bjsm.bmj.com/content/early/2023/02/16/bjsports-2022-106195?rss=1">nouvelle recherche</a> souligne l’importance de l’exercice physique dans la prise en charge des problèmes de santé mentale.</p>
<p>Publiée dans le <a href="https://bjsm.bmj.com/content/early/2023/02/16/bjsports-2022-106195?rss=1"><em>British Journal of Sports Medicine</em></a>, notre étude a recensé plus d’un millier d’essais cliniques portant sur les effets de l’activité physique sur la dépression, l’anxiété et la détresse psychologique. Elle a montré que l’exercice physique est un moyen efficace de traiter les problèmes de santé mentale.</p>
<h2>Plus dur, plus rapide, plus fort</h2>
<p>Nous avons recensé 97 articles, qui portaient sur 1 039 essais cliniques comptant 128 119 participants. Nous avons constaté qu’une activité physique de 150 minutes par semaine (marche rapide, haltérophilie, yoga, etc.) réduit considérablement la dépression, l’anxiété et la détresse psychologique.</p>
<p>Les améliorations les plus importantes (telles que déclarées par les participants) ont été observées chez les personnes souffrant de dépression. Mais des bénéfices évidents ont aussi été observés pour toutes les populations, en santé ou pas.</p>
<p>Nous avons constaté que plus l’intensité de l’exercice est élevée (marcher à un rythme soutenu, par exemple), plus il est bénéfique. De plus, les bénéfices de la pratique de l’exercice physique s’accroissent après six à douze semaines. L’amélioration de la santé mentale profite d’une pratique à long terme.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1627380770233876480"}"></div></p>
<h2>Quel est le degré d’efficacité ?</h2>
<p>Nos résultats suggèrent que l’exercice physique est environ 1,5 fois plus efficace que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4804177/">médicamention</a> ou la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29451967/">thérapie cognitivo-comportementale</a> pour combattre la dépression et l’anxiété. </p>
<p>En outre, l’exercice physique est moins <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-psychiatric-sciences/article/excess-costs-of-depression-a-systematic-review-and-metaanalysis/8F8EE6D5D23F62C56A302EAB378F7B4D">coûteux</a> que la médication, il provoque moins d’<a href="https://www.healthdirect.gov.au/antidepressant-medicines#side-effects">effets secondaires</a> et offre au contraire des gains supplémentaires pour la <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-13-813">santé physique</a> : contrôle du poids, santé cardiovasculaire, osseuse et cognitive. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512772/original/file-20230228-4453-nl8frz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’exercice est moins coûteux que les médicaments et présente moins d’effets secondaires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://images.unsplash.com/photo-1580058572462-98e2c0e0e2f0?ixlib=rb-4.0.3&ixid=MnwxMjA3fDB8MHxwaG90by1wYWdlfHx8fGVufDB8fHx8&auto=format&fit=crop&w=1742&q=80">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Pourquoi ça marche</h2>
<p>L’exercice physique aurait un impact à court et à long terme sur la santé mentale pour de multiples raisons. Tout d’abord, des endorphines et de la dopamine sont libérées dans le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5928534/">cerveau</a> tout juste après la séance d’exercices. </p>
<p>À court terme, cela contribue à améliorer l’humeur et à atténuer le <a href="https://psycnet.apa.org/record/2006-10949-005">stress</a>. À long terme, la libération de neurotransmetteurs <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31586447/">favorise les changements dans le cerveau</a> qui contribuent à l’humeur et à la cognition. Cela fait diminuer l’inflammation et renforce la fonction immunitaire. </p>
<p>L’exercice régulier peut permettre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1087079218301023">d’améliorer le sommeil</a>, qui joue un rôle essentiel dans la dépression et l’anxiété. Il permet de développer une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0134804">meilleure estime de soi et un sentiment d’accomplissement</a>, bénéfiques pour les personnes qui luttent contre la dépression. </p>
<p>Les résultats corroborent donc le rôle crucial de l’exercice dans la gestion de la dépression, de l’anxiété et de la détresse psychologique. </p>
<p>Certaines directives cliniques reconnaissent déjà le rôle de l’exercice — par exemple, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353391/">directives cliniques australiennes et néo-zélandaises</a>, qui suggèrent des médicaments, une psychothérapie et des changements dans le mode de vie, telle la pratique d’exercices.</p>
<p>Les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0004867412466595">médicaments</a> et la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353391/">psychothérapie</a> demeurent plus souvent prescrits que l’exercice physique. Cela peut s’expliquer par le fait que l’exercice est difficile à prescrire et à contrôler en milieu clinique. De plus, les patients peuvent être réticents, parce qu’ils manquent d’énergie ou de motivation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/netflix-psychiatrist-phil-stutz-says-85-of-early-therapy-gains-are-down-to-lifestyle-changes-is-he-right-195567">Netflix psychiatrist Phil Stutz says 85% of early therapy gains are down to lifestyle changes. Is he right?</a>
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<h2>Ne faites pas cavalier seul</h2>
<p>Il est important de noter que si l’exercice physique peut être un outil efficace pour recouvrer ou maintenir la santé mentale, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale devraient travailler avec un professionnel de la santé pour élaborer un plan de traitement complet — plutôt que de se lancer seules dans un nouveau programme d’exercice. </p>
<p>Un plan de traitement peut inclure une combinaison d’approches liées au style de vie, telles que l’exercice régulier, une alimentation équilibrée et la socialisation, ainsi que des traitements tels que la psychothérapie et les médicaments. </p>
<p>L’exercice physique est un outil puissant et accessible pour gérer les problèmes de santé mentale — et le mieux, c’est qu’il est gratuit et qu’il s’accompagne de nombreux autres avantages pour la santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201257/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ben Singh reçoit un financement de la Société internationale du comportement, de la nutrition et de l'activité physique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carol Maher reçoit des fonds du Medical Research Future Fund, le National Health and Medical Research Council, la National Heart Foundation, le SA Department for Education, le SA Department for Innovation and Skills, Healthway, le Hunter New England Local Health District, le Central Adelaide Local Health Network et LeapForward.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jacinta Brinsley ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Faire de l’exercice physique 150 minutes par semaine serait environ 1,5 fois plus efficace contre la dépression que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.Ben Singh, Research fellow, University of South AustraliaCarol Maher, Professor, Medical Research Future Fund Emerging Leader, University of South AustraliaJacinta Brinsley, Postdoctoral research fellow, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2043002023-04-25T22:49:21Z2023-04-25T22:49:21ZSanté mentale et soins psychiques de l'enfant : les psychothérapies sont-elles vraiment efficaces ?<p>La souffrance psychique des enfants est une problématique de santé publique majeure en France et au niveau international. De nombreux rapports publics pointent toutefois un <a href="https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/hcfea_sme_rapport_13032023.pdf">déficit chronique de l’offre de soin, des difficultés d’accès aux pratiques psychothérapeutiques, éducatives et sociales ainsi qu’une augmentation des prescriptions de médicaments psychotropes</a>.</p>
<p>Après avoir documenté la <a href="https://theconversation.com/sante-mentale-et-soins-psychiques-de-lenfant-la-surmedication-depasse-toutes-les-bornes-scientifiques-201639">hausse de la consommation de médicaments psychotropes chez l’enfant et l’adolescent</a> ces dix dernières années, ainsi que les <a href="https://theconversation.com/sante-mentale-et-soins-psychiques-de-lenfant-les-impasses-du-tout-biologique-202032">impasses des approches purement biomédicales de la souffrance psychique</a>, nous nous intéressons ici à l’efficacité des psychothérapies – recommandées en première intention dans le soin psychique des enfants comme des adultes par l’OMS.</p>
<h2>Psychothérapies : de quoi parle-t-on ?</h2>
<p>Le terme de psychothérapie regroupe une large diversité de pratiques. S’il est classique de les définir par les noms des différentes méthodes disponibles (psychanalyse, pratiques psychodynamiques, psychologie clinique, approche systémique, thérapies cognitives et comportementales (TCC), psychothérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), méditation en pleine conscience, <em>Eye Movement Desensitization and Reprocessing</em> (EMDR)…), on peut aussi en donner une définition générique. Celle que propose le <a href="https://psycnet.apa.org/record/2001-00819-000">psychologue américain Bruce Wampold</a> est assez consensuelle :</p>
<blockquote>
<p>« La psychothérapie est un traitement à dominante interpersonnelle qui se fonde sur des principes psychologiques et implique un ou une thérapeute et une personne présentant un trouble mental, un problème ou une plainte. Il est conçu par le/la thérapeute pour y remédier, et est adapté ou singularisé pour cette personne spécifique et son trouble, problème ou plainte. »</p>
</blockquote>
<p>Combiner les psychothérapies est fréquent. Le soin psychique de l’enfant doit en effet prendre en compte la spécificité et la diversité des approches qui font sa richesse pour s’adapter à chaque cas. Il est adressé au plus près des lieux de vie du patient, qui est considéré dans sa parole, son histoire, son rapport au corps, au langage, aux autres – et dans le respect de ses droits. D’autant qu’il y a interaction entre la sensibilité, « le tempérament » de l’enfant, et la manière dont il va traiter les données de son contexte familial, culturel et social, ainsi que son état de santé ou celui de ses proches.</p>
<p>De manière générale, les psychothérapies impliquent un accueil, une présence, une protection, une écoute et un espace de parole, à partir desquels s’établit une conversation. Le cadre thérapeutique devient un espace lui offrant les moyens de témoigner et de mettre au travail sa souffrance, par sa parole comme ses non-dits, ses symptômes – y compris corporels.</p>
<p>Le travail du thérapeute consiste à permettre que s’installe la relation au sein de laquelle l’enfant doit parvenir à trouver ou inventer ses propres solutions. Le lieu, la séance (cadre thérapeutique) et le lien (relation thérapeutique) sont les bases opératoires minimales par lesquelles s’engagent les différentes formes de psychothérapies.</p>
<p>Les psychothérapies se fondent donc sur la prise en compte de la singularité de l’enfant. La complexité, les détours et le temps inhérents à ce travail impliquent de multiplier les regards sur la souffrance de l’enfant, en articulant des approches pluridisciplinaires et pluriprofessionnelles, afin de porter une lumière renouvelée sur ses difficultés et son parcours.</p>
<h2>L’évaluation des psychothérapies</h2>
<p>Les psychothérapies ont toujours disposé de modalités d’évaluation et d’exposition propres et en adéquation à leurs fondements théoriques et cliniques. Mais le déploiement de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9decine_fond%C3%A9e_sur_les_faits">médecine fondée sur les preuves (ou <em>evidence-based medicine</em>)</a> et du <em>New Management</em> des institutions publiques a imposé la recherche d’une validation scientifique de leur efficacité.</p>
<p>Dès leur début, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont mis en avant le caractère scientifique de leur méthode. Une démarchefacilitée par leurs fondements expérimentaux et leur affinité avec le concept d’efficacité et la statistique.</p>
<p>Pour la psychanalyse ou les thérapies familiales et systémiques, cette démarche a été beaucoup plus tardive : ces approches ne sont pas fondées sur la statistique, et si les présentations cliniques constituent bien une méthode reconnue scientifiquement, elles n’emportent pas le même niveau de preuve que les études randomisées. Aujourd’hui, elles disposent cependant d’<a href="https://theconversation.com/fake-news-resultats-peu-fiables-comment-distinguer-bonne-et-mauvaise-recherche-biomedicale-195262">évaluations issues d’essais contrôlés randomisés (ECR)</a> qui leur permettent de revendiquer publiquement, avec les polémiques afférentes, une efficacité sur des bases scientifiques.</p>
<p>Pour autant, malheureusement, l’efficacité des psychothérapies mesurées selon les critères de la médecine dite factuelle reste faible.</p>
<h2>Une efficacité limitée</h2>
<p>Telle est la conclusion d’une importante étude de l’équipe de Falk Leichsenring (University of Giessen) dédiée à l’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/wps.20941">efficacité des psychothérapies et des traitements médicamenteux en psychiatrie</a>, publiée fin 2022 dans la prestigieuse revue <em>World Psychiatry</em>. Ce travail vient en parachever de nombreux autres, menés au cours des dernières décennies.</p>
<p>Plus précisément, cette étude inclut 102 méta-analyses de 3782 ECR comparant l’efficacité des pharmacothérapies et des psychothérapies de 650514 adultes présentant un trouble mental (stress post-traumatique, insomnie, hyperactivité, troubles dépressifs, anxieux, obsessionnels compulsifs, alimentaires, liés à l’utilisation de substances, du spectre de la schizophrénie et bipolaires) face à des placebos ou à des traitements habituels.</p>
<p>Toutes ont été publiées après 2014, et leur présentation permettait une <a href="https://www.bmj.com/content/358/bmj.j4008">évaluation de la qualité</a> et des <a href="https://jbi.global/sites/default/files/2019-05/JBI_Critical_Appraisal-Checklist_for_Systematic_Reviews2017_0.pdf">risques de biais</a>. Ceci comprenait 26 comparaisons entre psychothérapies et placebo ou traitement habituel, 11 comparaisons de psychothérapies par rapport à des pharmacothérapies et 13 comparaisons de psychothérapies et pharmacothérapies combinées à une monothérapie.</p>
<p>L’ampleur de cette étude, et sa publication dans un journal prestigieux, en font une référence incontournable.</p>
<p>Toutes les études montraient une efficacité supérieure des traitements psychothérapiques par rapport au placebo, mais avec une <a href="https://theconversation.com/sante-mentale-et-soins-psychiques-de-lenfant-la-surmedication-depasse-toutes-les-bornes-scientifiques-201639.">taille d’effet faible : la différence standardisée des moyennes était en moyenne de 0,34</a> – 0,31 pour la dépression, sachant que 20 % des études présentaient un faible risque de biais, et que, lorsque ces risques étaient pris en considération, les tailles d’effet étaient systématiquement plus faibles.</p>
<p>Seules les psychothérapies des syndromes de stress post-traumatique et des troubles limites de la personnalité obtenaient des scores légèrement supérieurs à 0,5, ainsi que celles des troubles obsessionnels compulsifs (légèrement supérieur à 1), ce dernier résultat étant cependant difficile à interpréter en raison de nombreuses co-prescriptions de psychotropes.</p>
<p>Concernant l’efficacité, pour la dépression, la rémission était obtenue chez 43 % des patients en thérapie, 33 % des patients en traitement habituel, et 23 % des patients dans un groupe placebo. Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les différents types de psychothérapies, un <a href="https://www.routledge.com/The-Great-Psychotherapy-Debate-The-Evidence-for-What-Makes-Psychotherapy/Wampold-Imel/p/book/9780805857092">résultat déjà connu</a> <a href="https://psycnet.apa.org/record/2008-07548-000">par ailleurs</a>.</p>
<p>Dans les comparaisons en face à face psychothérapie-pharmacothérapie, les tailles d’effet étaient globalement très faibles mais toutes en faveur des psychothérapies. Pour les troubles dépressifs, anxieux et des syndromes de stress post-traumatique, aucune différence n’était observée entre psychothérapies et pharmacothérapies.</p>
<p>S’agissant des traitements combinés psychothérapie-pharmacothérapie versus monothérapie, les tailles d’effet étaient à un nouveau uniformément faibles, et toutes en faveur des traitements combinés.</p>
<h2>Quel bénéfice clinique ?</h2>
<p>Ces chiffres sont difficiles à interpréter pour les non spécialistes. Des équivalences avec des échelles cliniques et l’interprétation des seuils à partir desquels les tailles d’effet peuvent être considérées comme significatifs ont donc été proposées, par exemple avec la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0197245689900056">MCID (<em>Minimal Clinically Important Difference</em>)</a>.</p>
<p>Pour la dépression, une amélioration est considérée comme cliniquement significative lorsqu’elle est supérieure à 7 sur l’échelle de Hamilton, qui mesure la symptomatologie dépressive sur un score allant de 0 à 52 (plus la note est élevée, plus la dépression est grave). Ceci correspond à une taille d’effets de 0,88, soit très au-delà des efficacités expérimentalement observées, tant pour les pharmacothérapies que pour les psychothérapies : les 0,3 à 0,5 observé correspondent à des scores Hamilton de 2 à 4 points, à peine décelables par les cliniciens (et sans grand effet pour les patients).</p>
<p>Quasiment tous les résultats pris en compte dans la somme publiée dans <em>World Psychiatry</em> pourraient être considérés comme « cliniquement non importants ». Et les auteurs concluent que leur étude met en évidence « un gain supplémentaire limité pour les psychothérapies et les pharmacothérapies […] ». Ils ajoutent qu’« un plafond semble avoir été atteint avec des taux de réponse inférieurs à 50 % et la plupart des différences standardisées des moyennes ne dépassant pas 0,40 ».</p>
<p>Pour autant, précisent-ils, « il ne faut pas y voir une conclusion nihiliste ou dédaigneuse, car il ne fait aucun doute que certains patients bénéficient des traitements disponibles ». On observe en effet une variabilité notable dans les résultats individuels, certaines personnes bénéficiant nettement plus que d’autres des approches thérapeutiques proposées.</p>
<h2>Vers un changement de paradigme ?</h2>
<p>Considérant la faible efficacité des résultats obtenus, Falk Leichsenring et ses collègues estiment qu’« un changement de paradigme dans la recherche semble nécessaire pour réaliser de nouveaux progrès ».</p>
<p>Ils ne sont pas les premiers. En 1976, le psychiatre britannique Robert Evan Kendell écrivait dans le <em>British Journal of Psychiatry</em> : « Au cours des cinquante dernières années, et particulièrement des vingt dernières, d’<a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/abs/classification-of-depressions-a-review-of-contemporary-confusion/CEE430E22758B2508E74792B9C8A7C82">innombrables classifications différentes</a> de la dépression ont été proposées, et plusieurs querelles couvent entre les protagonistes d’écoles rivales. » Le <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/classification-of-depression-are-we-still-confused/EC867D4D250FD51ADF417E8E7FA4C250">même constat de confusion était porté en 2008 par James Cole (King’s College London)</a>, qui ajoutait que « nos nosologies (partie de la médecine qui étudie les critères servant à définir les maladies afin de le classer) restent des “hypothèses de travail” et n’ont pas plus de validité que les définitions de la dépression qui existaient lorsque Kendell a écrit en 1976. Par conséquent, la “vraie” classification de la dépression reste aussi insaisissable qu’il y a 30 ans ».</p>
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<p>En 2019, ce constat était toujours d’actualité, comme le pointaient <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/wps.20661">Pim Cuijpers</a> (professeur en psychologie clinique, Amsterdam Public Health Research Institute), ainsi que le <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1910603">psychiatre Caleb Gardner (Cambridge) et le spécialiste en anthropologie médicale Arthur Kleinman (Harvard)</a> dans des travaux que nous avons cités dans notre précédent article : <a href="https://theconversation.com/sante-mentale-et-soins-psychiques-de-lenfant-les-impasses-du-tout-biologique-202032">se baser exclusivement sur des altérations biologiques pour comprendre et traiter un trouble mental est une approche que l’on sait désormais trop limitée</a>.</p>
<p>Mais, souvent, « le message qui prévaut pour le grand public et une partie du corps médical, est encore que la solution aux troubles mentaux consiste à faire correspondre le bon diagnostic au bon médicament ».</p>
<p>Ces propos concernaient les pharmacothérapies… Mais ils valent tout autant pour les psychothérapies ! Car l’épistémologie des troubles qui prévaut dans ce champ repose majoritairement sur le même modèle biomédical que celui du médicament : faire correspondre le bon diagnostic à la bonne psychothérapie.</p>
<p>Or c’est précisément cette logique (cause biologique simple = traitement simple) qui pose problème.</p>
<p>La réalité des problématiques de souffrance et de soin psychique de l’enfant est complexe et multifactorielle. Elle implique les différentes facettes de l’enfant – sa personnalité, ses éprouvés et ses émotions, son rapport à lui-même, ses liens familiaux et son environnement, son parcours scolaire et ses attaches culturelles… D’où la faible efficacité mesurée des approches thérapeutiques simplistes de court terme, protocolisées, et mises en œuvre par des professionnels peu ou mal formés.</p>
<p>L’ontologie des troubles mentaux, qui est au principe de l’évaluation des psychothérapies, est contrainte par les méthodologies de la la médecine fondée sur les preuves, dont les exigences légitimes de preuves statistiques ont pour effet de bord malheureux qu’elles <a href="https://www.cairn.info/revue-topique-2013-2-page-23.htm">empêchent le développement même des approches efficaces qu’elles souhaitaient évaluer</a>. Autrement dit, les critères de la médecine basée sur les faits ne sont pas les outils les plus adaptés pour saisir la complexité à l’œuvre dans les pratiques de soin psychique à destination des enfants.</p>
<p>Ces limites inhérentes se doublent de critiques récurrentes : inconsistance des résultats de la recherche, qui plus est inapplicables aux pratiques <em>in situ</em>, biais scientifiques et médiatiques, conflits d’intérêts, collusion entre recherche, médecine factuelle et politiques de réduction des coûts de santé…</p>
<h2>Ouverture et perspectives : éduquer, accompagner, prévenir…</h2>
<p>Ce n’est rendre service à personne que d’écarter la complexité. Et les troubles mentaux sont irréductiblement complexes et singuliers… D’une part ils rassemblent de facteurs en interactions multiples au sein d’une même personne et, d’autre part, ils relèvent de plusieurs niveaux explicatifs : biologiques, psychologiques, biographiques, relationnels, contextuels, sociaux, environnementaux…</p>
<p>Les théories et les pratiques inhérentes aux pathologies et aux thérapeutiques psychiques doivent en tenir compte, pour ouvrir le champ des possibles. C’est ce qu’on voit émerger dans la littérature scientifique internationale autour d’approches plus personnalisées, reposant moins sur des protocoles standardisés, et tirant profit des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0005796722000675?via%3Dihub">nouvelles possibilités d’observation et d’évaluation offertes par des traitements statistiques et des outils technologiques innovants</a>.</p>
<p>De façon pragmatique, il faudra mettre en œuvre des dispositifs et des politiques de soin adaptés aux difficultés rencontrées par les enfants et les familles, et soutenir la diversité des pratiques thérapeutiques sérieuses. Ces approches sont mobilisables et leur bonne articulation serait à même de répondre à la complexité des problématiques de santé mentale.</p>
<p>Ayant pour point commun de mettre l’enfant, sa famille, son histoire et son environnement au cœur de l’offre de soin, elles devraient s’inscrire dans un temps qui ne serait pas déterminé à l’avance, mais établi selon la singularité des situations…</p>
<p>Autant de perspectives vers lesquelles, de <a href="https://www.who.int/fr/news/item/17-06-2022-who-highlights-urgent-need-to-transform-mental-health-and-mental-health-care">l’avis même de l’Organisation Mondiale de la Santé en 2022</a>, l’effort doit désormais être porté.</p>
<hr>
<p><em>Tous les articles de la série « Santé mentale et soins psychiques de l'enfant » sont co-ecrits par Sébastien Ponnou et Xavier Briffault ; l'ordre des auteurs n'emporte aucune conséquence sur l'importance de leurs contributions respectives.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204300/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Ponnou est personnalité qualifiée au sein du Conseil de l'Enfance et de l'Adolescence du HCFEA. Il dirige plusieurs recherches pour lesquelles le CIRNEF et l'Université de Rouen Normandie ont perçu des financements d'organismes publics et de fondations mutualistes : Institut de Recherche Interdisciplinaire Homme et Société (IRIHS), Fondation EOVI - Fondation de l'Avenir, FEDER - Région Normandie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Xavier Briffault est, en tant que sociologue et épistémologue de la santé mentale, personnalité qualifiée au sein du Conseil de l'Enfance et de l'Adolescence du HCFEA.</span></em></p>Les psychothérapies recouvrent de nombreuses pratiques différentes, basées sur l’échange avec un thérapeute. Leur efficacité peut-elle être évaluée ? Et que disent les résultats ?Sébastien Ponnou, Psychanalyste, professeur des universités en sciences de l'éducation - CIRCEFT-CLEF, EA 4384, Université Paris 8 – Vincennes Saint-DenisXavier Briffault, Chercheur en sciences sociales et épistémologie de la santé mentale au Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3), Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1298832020-01-27T17:10:59Z2020-01-27T17:10:59ZConnaissez-vous les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/311699/original/file-20200123-162204-5rvfaa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C130%2C7951%2C5166&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/NQexDDK9P9w">Rhett Wesley/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p><em>Notre auteur, psychiatre et psychothérapeute, directeur d’enseignement à l’université Lille Nord Europe, n’est pas un comportementaliste radical ni un opposant farouche aux thérapies psychanalytiques. Pour lui, les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles (TCCE) représentent aujourd’hui le courant majeur de la psychothérapie, et le mieux adapté pour le traitement des troubles psychiques les plus fréquents (anxiété, phobies, troubles obsessionnels compulsifs, dépression, addictions, troubles de la personnalité…). Elles restent pourtant mal connues et sont parfois considérées à tort comme une simple méthode de changement des comportements.</em></p>
<hr>
<p>Plus d’un siècle durant, des chercheurs en psychologie et des psychiatres cliniciens ont proposé de nouveaux modèles des troubles psychiques (anxiété, dépression) et de nouvelles psychothérapies. On peut schématiquement dire que trois courants se sont succédé : le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9haviorisme">béhaviorisme</a> (ou comportementalisme), la thérapie cognitive et les approches centrées sur les émotions comme la méditation de pleine conscience.</p>
<h2>À l’origine, le béhaviorisme</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=863&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=863&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=863&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1084&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1084&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311560/original/file-20200123-162246-sjhuiv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1084&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">John Broadus Watson.</span>
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<p>Le béhaviorisme est né aux États-Unis, peu après la psychanalyse. Et c’est <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Broadus_Watson">John Broadus Watson</a> (1878-1958) qui est considéré comme l’inventeur du terme et le père du béhaviorisme (ou comportementalisme), avec la publication en 1913 d’un <a href="https://elmirmohammedmemorypsy.files.wordpress.com/2014/12/la-psychologie-telle-que-le-bc3a9havioriste-la-voit.pdf">article</a> dans <em>Psychological Review</em>.</p>
<p>Le psychologue américain défend l’idée selon laquelle la psychologie ne peut devenir une science que si elle s’en tient à l’étude des comportements observables et teste ses hypothèses par des expériences réplicables. Le béhaviorisme se définit ainsi comme une science du comportement basée sur l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Empirisme">empirisme</a>. En opposition avec la méthode de l’introspection psychologique et le courant psychanalytique pour lequel les phénomènes inconscients ne pouvant pas être observés, les démonstrations reposent sur des cas singuliers.</p>
<p>D’après John B. Watson, tous les comportements sont issus d’un conditionnement, et il donc possible de les désapprendre. Une hypothèse qu’il va tester avec son assistante <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Rosalie_Rayner">Rosalie Rainer</a> en menant une expérience peu éthique et peu concluante d’apprentissage suivie de déconditionnement d’une peur des rats blancs chez un enfant de 11 mois, le petit Albert. Et malgré les critiques justifiées, le béhaviorisme aura une influence très importante sur la psychologie américaine entre les années 1930 et 1950.</p>
<h2>Le comportementalisme à visage humain</h2>
<p>C’est le psychiatre américain <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Wolpe">Joseph Wolpe</a> qui propose le premier traitement comportemental chez l’humain en 1962, par la méthode de désensibilisation systématique des phobies. Elle s’appuie sur le principe de « l’inhibition réciproque », qui consiste à induire une réponse antagoniste à la peur et l’anxiété non pas par la nourriture, comme chez l’animal de laboratoire, mais par la relaxation.</p>
<p>En pratique, il s’agit de s’exposer graduellement à la phobie en faisant appel à l’imagination, puis de contrer la réponse anxieuse au moyen de la relaxation. Une thérapie comportementale que Joseph Wolpe définit comme </p>
<blockquote>
<p>« l’utilisation, dans le but de modifier un comportement, des principes de l’apprentissage établis expérimentalement. Les habitudes inadaptées sont affaiblies et éliminées, les habitudes adaptées sont installées et renforcées ».</p>
</blockquote>
<p>Offrant une alternative à la psychanalyse dans la prise en charge des phobies et plus largement des névroses, une telle thérapie est aussi plus courte et dirigée vers le problème actuel, plutôt que sur le passé et l’inconscient. Reste qu’elle est critiquée non seulement par le courant psychanalytique dominant en psychiatrie jusqu’aux années 1970, mais aussi par la psychologie cognitive : on lui reproche d’avoir délaissé les états mentaux au profit des seuls comportements.</p>
<h2>De la rationalité aux TCC</h2>
<p>La thérapie cognitive est née aux États-Unis entre la fin des années 1950 et le début des années 1960 des travaux fondateurs de deux Américains : le psychologue <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Ellis">Albert Ellis</a> (1913-2007) et le psychiatre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aaron_Temkin_Beck">Aaron Temkin Beck</a> (1921-).</p>
<p>Pour Albert Ellis, les problèmes psychologiques et émotionnels viennent de nos pensées illogiques et irrationnelles : nous pouvons donc les changer et tendre vers le rationnel. Et s’inspirant des philosophes grecs et des stoïciens, il met en cause notre interprétation des faits : dans le Manuel d’Epictète, n’est-il pas écrit que « Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les jugements qu’ils portent sur les choses » ?</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311647/original/file-20200123-162194-rr2vjt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Aaron Beck.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aaron_Beck_2016.jpg">Slicata</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Influencé par son compatriote, Aaron Beck part d’un constat : tous les patients déprimés expriment des pensées négatives sur eux-mêmes, sur le monde extérieur et sur l’avenir. Et d’après lui, cette façon négative de traiter les informations est inconsciente et sous-tendue par ce qu’il appelle le « schéma cognitif ». À savoir, une sorte de disque dur de notre psychisme, qui contiendrait l’ensemble de nos connaissances et se construirait tout au long de la vie au gré de nos expériences et de nos apprentissages.</p>
<p>Pour le mettre à jour, le psychiatre va d’abord chercher à connaître les monologues intérieurs – ou « pensées automatiques » – de ses patients. Puis, il leur proposera de les rendre plus réalistes et moins négatives. Il s’agira de substituer à une pensée du type « je suis nul(le), je ne m’en sortirai jamais, je suis un poids pour mes proches… » une autre du genre « être déprimé(e) ne veut pas dire que l’on ne vaut rien, avec le temps je vais guérir, ma famille me soutient comme je le ferai pour eux ». Car selon ses dires, c’est par la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cognition">cognition</a> que l’on accède à l’émotion et au comportement.</p>
<p>In fine, traduisant la confluence de deux courants plus complémentaires qu’opposés, le terme de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9rapie_cognitivo-comportementale">thérapie comportementale et cognitive</a> (TCC) (en anglais, <em>cognitive behavioral therapy</em>) fait son entrée au début des années 1980 dans la littérature scientifique anglophone. De nombreuses études vont alors montrer l’efficacité de ces TCC, principalement dans la dépression, le trouble panique et les phobies, l’anxiété généralisée, les troubles obsessionnels compulsifs, ou encore les addictions. Au point d’en faire en psychothérapie l’approche de première intention pour ces pathologies très fréquentes (environ une personne sur cinq touchée au cours de sa vie), et un bon moyen de diminuer la consommation d’antidépresseurs et d’anxiolytiques.</p>
<h2>Se comprendre pour changer sa vie</h2>
<p>On reproche parfois au TCC d’être centrées sur les symptômes et les troubles psychiques actuels, sans prendre en compte le passé et l’histoire de l’individu. C’est ignorer la thérapie des schémas, une approche développée par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeffrey_Young">Jeffrey Young</a> (1950-), ancien étudiant d’Aaron Beck.</p>
<p>Ce sont aux schémas constitués très précocement dans l’enfance, à l’occasion de traumatismes et de carences affectives, que s’intéresse ce psychologue. La prise en charge qu’il propose, plus longue que la thérapie cognitive, s’attelle donc à chercher les origines du problème ciblé (par exemple, la dépression) dans les schémas de l’enfance, c’est-à-dire des traits de personnalité comme la dépendance, la peur de l’abandon, l’isolement, la peur de perte le contrôle, le sentiment de ne pas être à la hauteur…</p>
<p>S’il utilise les principes de la thérapie cognitive, Jeffrey Young y incorpore le passé : les événements et les émotions anciennement vécus sont réactualisés par visualisation mentale ou jeu de rôle – s’inspirant alors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestalt-th%C3%A9rapie">Gestalt-thérapie</a>. En ce sens, son approche est centrée sur la personne, et non sur les syndromes ou les troubles. Elle prend en compte l’histoire et les blessures de l’enfance, et propose de changer la structure psychologique et les traits de personnalité à l’origine de souffrance : il s’agit de modifier sa façon d’être et d’agir, comme l’indique le titre de son ouvrage grand public <em>Je réinvente ma vie</em>.</p>
<h2>Troisième vague</h2>
<p>À la fin des années 1990 des chercheurs en psychologie cognitive pointent le rôle central des émotions pour expliquer les troubles psychiques. Et s’ils remettent en cause certains principes fondamentaux des TCC, c’est sans les renier totalement, d’où l’appellation « 3<sup>e</sup> vague ».</p>
<p>Au lieu de vouloir changer pensées et émotions, ces psychologues s’intéressent au rapport qu’une personne entretient avec elles. Chez l’anxieux par exemple, le fait de s’inquiéter sans cesse sur les risques de l’existence (peur d’avoir un accident, une maladie) est vu comme une vaine tentative pour empêcher la survenue des imprévus. Plutôt que de chercher à modifier le contenu de son discours de façon rationnelle, ce qui est somme toute difficile le danger étant bien réel et l’avenir imprévisible, il s’agit d’accepter l’émotion irrationnelle d’anticipation et de revenir au moment présent.</p>
<p>De fait, cette 3<sup>e</sup> vague de thérapies se réfère à deux concepts du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zen">bouddhisme zen</a> : la pleine conscience et l’acceptation. La souffrance (dukkha) y est vue comme inévitable car inhérente à l’existence humaine, mais voulant être accueillie, plutôt que rejetée, en s’ancrant dans le moment présent. Cette manière de voir les choses rappelle la philosophie stoïcienne. Il ne s’agit pas cependant de se soumettre, mais bien de s’extraire de la souffrance des émotions, à travers différentes approches.</p>
<p>Parmi elles, on peut citer la méditation de pleine conscience, la dialectique qui invite à reconnaître et accepter les opposés et rechercher le juste milieu, l’acceptation des émotions, l’observation et la prise de distance, l’action dirigée vers son bien-être et ses valeurs personnelles plus que ses souffrances. Mais on recense aussi des méthodes comportementales et cognitives classiques, d’où l’appellation de thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles (TCCE).</p>
<h2>Une psychothérapie efficace</h2>
<p>A l’origine, le béhaviorisme s’écartait de la conscience, de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Insight_(psychologie)">insight</a> et des conflits intrapsychiques qui trouvent leurs racines dans l’histoire du sujet. Il se décrivait comme une thérapie du présent délaissant le passé, centrée sur les comportements réflexes, et non sur l’affect ou le subjectif. Or sans trahir ces fondements, les approches cognitives puis émotionnelles ont enrichi la compréhension des troubles psychiques et apporté de nouveaux et efficaces outils thérapeutiques.</p>
<p>Ainsi, les TCC ont fait leurs preuves tant sur la phobie que sur un manque d’affirmation de soi ou sur des troubles psychiatriques caractérisés (dépressifs, anxieux, addictifs, psychotiques…) où elles semblent faire mieux que des médicaments. Des approches plus récentes, comme les thérapies des schémas ou de 3<sup>e</sup> vague ont ensuite ciblé davantage la souffrance que le trouble psychiatrique. Et elles ont acquis une certaine reconnaissance dans la prise en charge des stress et des traumatismes, des histoires personnelles et familiales douloureuses, ou encore des troubles de personnalité marqués par l’impulsivité et les émotions négatives et destructrices.</p>
<p>Ces TCCE ne cherchent pas à démontrer qu’elles sont plus efficaces que les autres psychothérapies. Elles revendiquent simplement le fait d’être ouvertes à différents modèles de psychologie et en constante évolution. Et elles peuvent se prévaloir de bienfaits reconnus, tant pour soulager la souffrance que pour traiter de nombreux troubles psychiques.</p>
<hr>
<p><strong><em>Pour en savoir plus :</em></strong></p>
<p><em>- Dans <a href="https://www.elsevier-masson.fr/les-therapies-comportementales-cognitives-et-emotionnelles-en-150-fiches-9782294766619.html">« Les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles en 150 fiches »</a>, Clément Lecomte et Dominique Servant nous révèlent l’étendue et la diversité des TCCE et proposent aux psychothérapeutes un ouvrage de référence pour leur pratique.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129883/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Servant ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Né au début du XXᵉ siècle, le béhaviorisme a évolué vers différentes approches de psychothérapie. Les plus récentes portent le nom de thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles, ou TCCE.Dominique Servant, Psychiatre, responsable de l’unité stress et anxiété du CHRU de Lille, directeur d'enseignement, Université de Lille - initiative d'excellenceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1259962019-10-30T19:03:19Z2019-10-30T19:03:19ZMégots jetés au sol : quand l'effet des nudges part en fumée…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/299044/original/file-20191028-113962-1prkear.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C80%2C986%2C585&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon l'OMS, les cigarettes représentent 30 à 40 % des articles ramassés lors du nettoyage des villes.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Pcess609 / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Apposer un sticker en forme de mouche pour inciter les hommes à mieux viser dans les urinoirs (et ainsi abaisser les dépenses de nettoyage), réduire la taille des assiettes dans les cantines pour <a href="http://www.nudgingforkids.com/a-small-nudge-against-obesity/">diminuer les portions consommées</a> ou encore coller au sol des stickers en forme de pas pour inciter à jeter les détritus dans une poubelle (visuel 1), toutes ces actions sont des exemples de nudges. L'objectif du nudge (« coup de pouce ») est de mettre les individus dans un contexte de choix les incitant à adopter, en douceur, un comportement spécifique recherché.</p>
<p>Depuis ces dix dernières années, les organisations ont de plus en plus recours à ces nudges. Ils ont d'abord été utilisés par les pouvoirs publics, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni où des <a href="https://www.independent.co.uk/news/uk/politics/first-obama-now-cameron-embraces-nudge-theory-2050127.html"><em>Nudge Units</em></a> ont été mises en place. Depuis, les collectivités, publiques et privées, s'en sont emparées dans des domaines d'application variés : <a href="https://econpapers.repec.org/article/eeejeeman/v_3a76_3ay_3a2016_3ai_3ac_3ap_3a1-13.htm">environnement</a>, <a href="https://www.researchgate.net/publication/290386787_Whether_Smaller_Plates_Reduce_Consumption_Depends_on_Who%27s_Serving_and_Who%27s_Looking_A_Meta-Analysis">social</a>, <a href="https://www.modernisation.gouv.fr/outils-et-methodes-pour-transformer/le-nudge-au-service-de-laction-publique">politique</a>, etc.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/299045/original/file-20191028-113962-1gpk8xi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La mouche dans l'urinoir, l'un des nudges les plus célèbres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">P. Fabian/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Effet contre-productif</h2>
<p>Mais comment réagissent les personnes visées par les nudges ? L'une des critiques les plus vigoureuses adressées à ces incitations douces réside dans leur caractère potentiellement <a href="https://www.forbes.fr/management/les-entreprises-adoptent-le-nudge-coup-de-pouce-habile-ou-manipulation-des-consciences/">manipulatoire</a>.</p>
<p>Nous avons donc cherché à vérifier si cet aspect de manipulation était ressenti comme tel au travers d'une étude sur un nudge cendrier (visuel 2) dont l'objectif est d'inciter les fumeurs à y jeter leur mégot en votant pour répondre à une question (dans ce cas : « êtes-vous plutôt vacances à la mer ou à la montagne ? »).</p>
<p>Selon l'OMS, jusqu'à 10 des 15 milliards de cigarettes vendues chaque jour sont jetées dans l'environnement et représentent <a href="https://www.who.int/fr/news-room/detail/30-05-2017-world-no-tobacco-day-2017-beating-tobacco-for-health-prosperity-the-environment-and-national-development">30 à 40 % des articles ramassés</a> lors du nettoyage des côtes ou des villes. Les nudges pourraient donc permettre aux pouvoirs publics de réduire ce fléau… si les fumeurs ne se sentent pas manipulés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/299175/original/file-20191029-183103-83dlnp.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le nudge cendrier censé réduire le nombre de mégots jetés au sol.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le nudge a été placé sur le quai d'un arrêt de tramways dans une agglomération française de taille moyenne. La collecte de données a été réalisée pendant plusieurs semaines, sur des créneaux horaires variés. L'échantillon final est composé de 75 répondants : 30 individus ayant jetés leurs mégots dans le nudge, et 45 au sol. La moyenne d'âge est de 33 ans et l'échantillon est composé à 47% de femmes. À noter que tous les fumeurs interrogés avaient bien vu et compris l'objectif du nudge.</p>
<p>Il en ressort que seuls 40% des individus de notre échantillon observé, composé de 75 répondants et dont la moyenne d'âge est de 33 ans, ont effectivement adopté le comportement suscité par le nudge. Un pourcentage relativement faible qui invite les praticiens à s'interroger sur l'efficacité des nudges.</p>
<p>Au-delà de ce chiffre, trois principaux résultats émergent de la recherche :</p>
<ul>
<li><p>Les fumeurs ayant jeté leur mégot dans le nudge déclarent avoir une attitude plus favorable envers le nudge que ceux l'ayant jeté au sol.</p></li>
<li><p>Moins l'individu a une attitude favorable envers le nudge, plus il a tendance à en dénoncer le caractère manipulatoire.</p></li>
<li><p>Si un individu se considère comme manipulé, il aura moins tendance à adopter le comportement suscité par le nudge, et jettera finalement son mégot à terre.</p></li>
</ul>
<h2>Manipulation ?</h2>
<p>La théorie du <a href="https://www.nytimes.com/2011/11/27/books/review/thinking-fast-and-slow-by-daniel-kahneman-book-review.html">double processus</a> définie par l'économiste et psychologue Daniel Kahneman peut ici être mobilisée pour comprendre le caractère manipulatoire du nudge étudié.</p>
<p>Cette théorie affirme que le cerveau utilise deux systèmes de pensée (système 1 et système 2) pour émettre des jugements et prendre des décisions. Le système 1 est la pensée intuitive (réactions automatiques, peu conscientes et délibérées), le système 2 renvoie à la pensée analytique (plus rationnelle et réfléchie).</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/SHaWAny4sqQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Système 1, système 2, les deux vitesses de la pensée (CompetencePro.net).</span></figcaption>
</figure>
<p>Dans notre étude, le nudge mobilisé s'appuie sur le système 2 au sens de Kahneman et son caractère transparent prédomine : les fumeurs comprennent aisément l'objectif du nudge. Les soupçons de manipulation sont donc <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2555337">plus susceptibles de survenir</a>. A contrario, les nudges non transparents manipulent le comportement de manière non consciente (pour le système 1) ou ils relèvent d'une manipulation psychologique du choix (pour le système 2). Ils sont donc plus problématiques sur le plan éthique.</p>
<p>La mise en place de ce nudge à un arrêt de tramway correspond à un changement visible de l'environnement dans lequel les individus ont l'habitude d'évoluer, ce qui suscite des réactions très diverses. Si certains individus ne changent pas leur comportement initial, d'autres peuvent laisser émerger des réponses défensives pour maintenir une liberté d'action qu'ils estiment menacée (ce que les psychologues définissent comme la <a href="https://psycnet.apa.org/record/1967-08061-000">réactance</a>). Ces derniers, se sentant limités dans leur liberté de choix, n'adopte donc pas le comportement souhaité. En effet, les options non suggérées par le nudge deviennent plus attractives à leurs yeux.</p>
<p>Notre étude souligne donc que le nudge est un outil qui montre une certaine efficacité (il y a effectivement moins de mégots au sol, puisque 40% des individus ont adopté le comportement suggéré), mais qui doit venir en complément d'actions d'éducation (dès le plus jeune âge) et de sensibilisation à la problématique soulevée. Pour qu'elles soient efficaces, ces actions de sensibilisation doivent notamment mettre en évidence les bénéfices que les individus peuvent retirer (pour eux ou pour la collectivité) du comportement souhaité et souligner la dimension altruiste dudit comportement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>S'il se sent manipulé, l'individu peut adopter un comportement contraire à celui visé par l'incitation. La preuve par le cas d'un cendrier au visuel particulier placé à un arrêt de tramway.Jessica Gérard, Maitre de Conférences, Grenoble IAE Graduate School of ManagementSoffien Bataoui, Maître de conférences, Grenoble IAE Graduate School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/953502018-05-01T21:37:47Z2018-05-01T21:37:47ZÊtes-vous perfectionniste ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/216698/original/file-20180427-135830-lampxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photo by Cherry Laithang on Unsplash</span> </figcaption></figure><p><em>Cette chronique est dans la droite ligne et se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site <a href="http://www.cahiersdelimaginaire.com/">Les cahiers de l’imaginaire</a>.</em></p>
<hr>
<h2>Souffrez-vous de perfectionnisme ?</h2>
<p>Si oui, soyez sur vos gardes, car le perfectionnisme peut éventuellement ouvrir la porte à la dépression. Heureusement, il existe peut-être une façon inattendue d’y remédier.</p>
<p>Une récente étude australienne menée auprès d’adultes et d’adolescents a tenté d’évaluer de quelle manière l’autocompassion pouvait atténuer le lien qui existe entre le perfectionnisme et la dépression.</p>
<p><strong>La dépression est en forte hausse un peu partout dans le monde.</strong> Elle a une influence sur le taux d’absentéisme, la productivité, en plus bien sûr de constituer un fardeau pour les individus qui en sont affectés.</p>
<p><strong>Le perfectionnisme est l’un des principaux mécanismes pouvant déclencher et nourrir un état dépressif.</strong> Les perfectionnistes connaissent la trépidation nerveuse provoquée par la pression sociale et qui se traduit par des niveaux d’exigence souvent inatteignables et un niveau d’anxiété et de stress qui les rendent vulnérables à la dépression.</p>
<p><strong>Le perfectionnisme inadapté tire son origine loin dans l’enfance.</strong></p>
<p>C’est ce qui le rend particulièrement redoutable, car les comportements et les attitudes qui le caractérisent sont profondément ancrés dans la personnalité de l’individu.</p>
<p>L’étiologie du perfectionnisme inadapté durant les premières années de la vie a été peu étudiée. Une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/jopy.12249">étude récente</a> tente de pallier cette lacune.</p>
<p>De quoi s’agit-il ? Le perfectionnisme inadapté présente deux aspects essentiels :</p>
<ul>
<li><p>Une préoccupation excessive par rapport aux erreurs commises et à ce qui est considéré par l’individu comme étant des imperfections.</p></li>
<li><p>La conviction qu’autrui a des attentes très élevées et souvent irréalistes.</p></li>
</ul>
<p>Plusieurs facteurs contribuent à l’apparition du perfectionnisme inadapté durant l’enfance. Un facteur est tout particulièrement important : des parents contrôlants qui exigent de la part de leurs enfants un niveau de performance élevé et tolèrent difficilement l’échec.</p>
<p>L’étude, menée par une équipe de chercheurs de Singapour auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans, issus de 317 familles, tente de déterminer les causes et les modalités du développement du perfectionnisme inadapté.</p>
<p>Les conclusions de l’étude confirment l’hypothèse selon laquelle <strong>les premières années de la vie jouent un rôle majeur dans la structuration des attitudes et des comportements reliés au perfectionnisme inadapté</strong> :</p>
<ul>
<li><p>Le perfectionnisme inadapté prend effectivement racine durant l’enfance. Par la suite, à la puberté, des différences individuelles dans la manière dont le perfectionnisme est perçu et intégré dans la vie quotidienne font alors leur apparition.</p></li>
<li><p>L’environnement social et culturel dans lequel l’enfant grandit, indépendamment des spécificités propres à la cellule familiale, a un impact important. La forte proportion des enfants singapouriens souffrant de perfectionnisme inadapté s’expliquent par la culture autochtone qui privilégie l’excellence académique.</p></li>
<li><p>Des parents envahissants qui exigent de leurs enfants un niveau excessif de performance demeure le principal indicateur favorisant l’émergence d’un perfectionnisme exagérément autocritique.</p></li>
</ul>
<p>L’apparition du perfectionnisme inadapté dans la vie d’un individu se fait rapidement. Il suffit d’une année seulement pour que le comportement se manifeste.</p>
<p>Il s’agit d’une situation qui est particulièrement préoccupante, car les adolescents sont les plus susceptibles de subir de fortes pressions sociales. Ils ont plus tendance que les adultes à internaliser les attentes d’autrui.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/216699/original/file-20180427-135825-cwcycv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Joey Yu/Unsplash.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’autocompassion pourrait constituer une mesure préventive</h2>
<p>L’autocompassion peut être définie comme la capacité de s’émouvoir de ses propres souffrances, de comprendre ce qui nous affecte, sans poser de jugements hâtifs sur nos déficiences et nos échecs, et de reconnaître que ce qui nous arrive fait partie intrinsèque de la vie.</p>
<p>L’autocompassion est constituée de trois composantes essentielles :</p>
<ul>
<li><p>Être bienveillant envers soi-même (au lieu de constamment s’autocritiquer).</p></li>
<li><p>Reconnaître que nous sommes, en tant qu’humains, des être grégaires (et lutter ainsi contre l’isolement et le replis).</p></li>
<li><p>Faire preuve de détachement (au lieu de s’identifier trop fortement avec une expérience douloureuse ou inconfortable).</p></li>
</ul>
<p>Une <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0192022">expérience</a> a été menée auprès de 515 participants : 357 femmes et 158 hommes, âgés de 18 à 72 ans. Le niveau de perfectionnisme a été évalué à partir de quatre échelles de mesure : le degré de préoccupations face aux erreurs ; le niveau des attentes parentales ; les critiques parentales ; le niveau de doute face à l’action. L’état dépressif a été évalué en se basant sur une échelle standard qui établi, à partir de 21 paramètres, le niveau de dépression, d’anxiété et de stress. L’évaluation de l’autocompassion s’est faite à partir de la mesure de 26 composantes.</p>
<p>Les résultats démontrent que l’autocompassion peut être un complément et même une alternative aux interventions qui tentent d’aider les perfectionnistes à reconsidérer l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Par exemple, la formule qui consiste à affirmer qu’une erreur n’est pas en soi épouvantable et qu’en fait elle nous aide dans notre processus d’apprentissage, serait moins efficace que la pratique de l’autocompassion, en particulier pour les adolescents.</p>
<p>Les perfectionnistes souffrant de dépression se trouvent souvent coincés dans une boucle infernale. Ils tentent, sans succès, de se sentir mieux dans leur peau en occultant leurs échecs et en se poussant à bout afin de prouver ce dont ils sont capables. Cette réaction ne fait qu’exacerber l’impression d’être inadéquat ou inutile. Durant une thérapie, paradoxalement, le seul fait d’essayer de contrer les sentiments négatifs qu’ils éprouvent envers eux-mêmes ne fait qu’éclairer de manière plus crue encore la position sociale qui est la leur et qu’ils jugent décevante.</p>
<p><strong>À l’inverse, la pratique de l’autocompassion permet au perfectionniste d’assumer ses faiblesses qui sont alors considérées non pas comme des tares mais comme le lot de toute vie humaine.</strong> Enfin, l’autocompassion incite le perfectionniste à faire part à autrui de ses faiblesses et des erreurs qu’il a commises.</p>
<p>En écrivant ce texte, je me disais que nous pouvions tous jouer un rôle pour prévenir le perfectionnisme inadapté. Dans les médias, nous valorisons souvent les super gagnants, ceux qui brillent avec un tel naturel ! Changeons un peu nos modèles. Choisissons des personnes pleines d’humanité. Mais surtout, apprenons à être bienveillants envers les autres et indulgents envers soi-même.</p>
<p><a href="http://www.cahiersdelimaginaire.com/cahier-d-exercices/exercice-80-pratiquez-l-autocompassion">L’exercice de la semaine</a>, 20 minutes pour pratiquer l’autocompassion. Vous m’en donnerez des nouvelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95350/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Une étude australienne menée auprès d’adultes et d’adolescents a tenté d’évaluer de quelle manière l’autocompassion pouvait atténuer le lien qui existe entre le perfectionnisme et la dépression.Sylvie Gendreau, Chargé de cours en créativité et innovation, Polytechnique MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/950012018-04-22T19:39:48Z2018-04-22T19:39:48ZPetit guide des médicaments à l’usage des anxieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/214729/original/file-20180413-566-yzwwt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C189%2C5988%2C3647&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les troubles anxieux touchent une personne sur cinq. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/yy3GonY48N0">Ben White/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p><em>Notre auteur, psychiatre et directeur d’enseignement à l’université Lille Nord Europe, consulte et enseigne sur le traitement de l’anxiété depuis 25 ans. Dominique Servant n’est pas un adepte des médicaments, mais il les connaît bien et les remet à leur juste place. « L’anxiété ne se soigne pas seulement, elle se maîtrise : on apprend à l’accepter pour qu’elle ne soit plus un obstacle dans notre vie », écrit-il dans <a href="https://www.tallandier.com/livre-9791021026254.htm"><em>Se libérer de l’anxiété et des phobies en 100 questions</em></a> (éditions Tallandier), l’ouvrage dont nous publions ci-dessous un extrait</em>.</p>
<hr>
<p>Nous ressentons tous une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/anxiete-30927">anxiété</a> face aux incertitudes et aux peurs de l’existence. Nous avons peur de tomber malade, de perdre des êtres chers, nous devons faire face à l’incertitude. L’anxiété est normale, et l’on peut considérer qu’elle joue un certain rôle dans notre capacité à nous adapter à ce qui nous arrive.</p>
<p>Mais pour beaucoup d’entre nous, l’anxiété n’est plus raisonnable, elle n’obéit plus à la logique, elle devient envahissante et nous rend vulnérables. Il nous est alors difficile de trouver le sommeil, de nous concentrer. Notre esprit s’accroche à des pensées que nous n’arrivons pas à mettre à distance de notre cerveau. Elle se dresse devant nous sans prévenir, et tout d’un coup la panique s’abat sur nous. Nos proches ne comprennent pas toujours cette souffrance qui ne relève pas d’une anomalie observable ou d’un problème concret. Mais l’anxiété est bien là et nous gâche la vie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ZC0EbdLC8G0">Stefano Pollio/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On distingue les <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Anxiete">troubles anxieux</a> de l’anxiété normale par la présence de plusieurs symptômes intenses, durables, qui entraînent un vrai mal-être et une gêne dans la vie de tous les jours, dans le travail ou les loisirs. Ces troubles touchent environ une personne sur cinq.</p>
<h2>Les médicaments, pas une fin en soi</h2>
<p>On prescrit des médicaments pour soulager les symptômes s’il n’est pas possible immédiatement de le faire par des moyens non médicamenteux. Les médicaments ne sont pas une fin en soi. Il est nécessaire de s’engager en parallèle dans un autre traitement impliquant un engagement personnel comme les <a href="http://www.aftcc.org/">thérapies comportementales et cognitives</a> (TCC). Les études montrent en effet que leur efficacité est comparable à celle des antidépresseurs sur le court terme (deux à trois mois) et qu’elle est supérieure sur le long terme (un an et plus). Avec les techniques de relaxation, cet ensemble alternatif ou complémentaire permettra de soulager les symptômes. Il a une efficacité équivalente aux médicaments, avec l’avantage de mieux éviter la rechute et de ne pas provoquer de dépendance.</p>
<p>Deux principales classes de médicaments sont indiquées dans l’anxiété et les troubles anxieux : les <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Anxiolytiques">anxiolytiques</a> et – cela peut paraître surprenant – les <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Antidepresseurs">antidépresseurs</a>, qui sont avant tout prescrits pour la dépression. Les autorités sanitaires ont accordé depuis les années 2000 aux antidépresseurs l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de fond des troubles anxieux dits caractérisés (c’est-à-dire bien définis par des critères diagnostiques). En fait, si les deux types de médicaments peuvent l’un et l’autre être utilisés, ils n’ont pas les mêmes indications, et les effets recherchés ne sont pas tout à fait les mêmes.</p>
<p>Les anxiolytiques ne doivent pas être prescrits dans le traitement de fond. Ils sont indiqués dans le traitement symptomatique de l’anxiété, pour des périodes courtes d’exacerbation anxieuse. Leur prescription est en théorie (si l’on suit les recommandations) limitée à douze semaines, sevrage inclus. Autant dire que beaucoup de personnes sortent complètement de ce cadre.</p>
<p>Les anxiolytiques appartiennent principalement à la classe des benzodiazépines. Ils sont aujourd’hui essentiellement prescrits sous leur forme générique, c’est-à-dire sous le nom de la molécule chimique. Voici une liste de benzodiazépines commercialisées en France par nom de marque (la molécule, c’est-à-dire le nom générique, est entre parenthèses) : Lexomil (Bromazépam), Lysanxia (Prazépam), Nordaz (Nordazépam), Seresta (Oxazépam), Temesta (Lorazépam), Tranxène (Clorazépate dipotassique), Urbanyl (Clobazam), Valium (Diazépam), Veratran (Clotiazépam), Victan (Loflazépate d’éthyle), Xanax (Alprazolam).</p>
<p>D’autres anxiolytiques qui appartiennent à d’autres classes chimiques que les benzodiazépines sont utilisés. Ce sont les médicaments suivants : Atarax (Hydroxyzine), Stresam (Etifoxine), pour l’indication de « manifestations psychosomatiques de l’anxiété », et moins fréquemment : Buspar (Buspirone).</p>
<h2>Les antidépresseurs en traitement de fond des troubles anxieux</h2>
<p>Les antidépresseurs utilisés depuis plusieurs décennies dans les cas de dépressions ont été autorisés comme traitement de fond des troubles anxieux. Ils agissent comme une sorte de filtre des émotions négatives. Ils sont indiqués dans les différents troubles anxieux et ils ont remplacé les benzodiazépines comme traitement de fond.</p>
<p>Il existe deux classes d’antidépresseurs de nouvelle génération, distinguées selon leur mécanisme d’action sur les deux principaux neuromédiateurs impliqués dans l’anxiété, la sérotonine et la noradrénaline. Ce sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : Deroxat (Paroxétine), Fluoxétine (Prozac), Seroplex (Escitalopram), Zoloft (Sertraline) ; et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) : Cymbalta (Duloxétine), Effexor (Venlafaxine).</p>
<p>On débutera les antidépresseurs à demi-dose pendant trois à cinq jours, puis à dose efficace minimum (le plus souvent un comprimé/jour en une prise). Au bout de quatre à six semaines, on évaluera l’efficacité et l’on pourra augmenter les doses si l’effet est insuffisant. On augmente généralement d’un demi-comprimé pour doubler la dose. Les résultats des études montrent 50 à 75 % de réponse positive environ à trois mois pour les troubles anxieux, contre 35 à 50 % de réponse placebo, ce qui est assez élevé dans cette indication et montre bien l’effet bénéfique de la prise en charge et du simple fait de prescrire un remède.</p>
<p>À douze semaines, s’il n’y a pas d’efficacité, on pourra changer d’antidépresseur, car comme pour d’autres traitements (par exemple les antihypertenseurs), un médicament peut être plus ou moins efficace pour chaque patient. Une fois les symptômes anxieux stabilisés, on considère qu’il faut maintenir les antidépresseurs pendant six mois ou un an, parfois plus dans des formes plus sévères, récidivantes ou compliquées de dépressions. Il n’y a pas vraiment de preuves scientifiques concernant la durée du traitement.</p>
<h2>Phytothérapie, homéopathie, compléments alimentaires</h2>
<p>À côté de ces deux types de médicaments dits allopathiques, d’autres médicaments peuvent être utilisés comme les médicaments à base de plantes (phytothérapie), homéopathiques, et des compléments alimentaires. Ils sont considérés comme des traitements complémentaires de l’anxiété mineure et n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans les troubles anxieux.</p>
<p>Pour trois troubles anxieux, l’efficacité des médicaments allopathiques proposés (antidépresseurs et anxiolytiques, principalement benzodiazépines) a été démontrée par des essais thérapeutiques : anxiété généralisée, trouble panique et anxiété sociale. Il y a peu d’études qui comparent médicaments et psychothérapie. Ces médicaments ont des effets secondaires.</p>
<p>Schématiquement, les recommandations de la Haute Autorité de santé concernant les traitements médicamenteux pour chaque trouble sont les suivantes :</p>
<ul>
<li><p>Attaques de panique (trouble panique avec ou sans agoraphobie) : Deroxat (Paroxétine), Effexor (Venlafaxine), Seroplex (Escitalopram), Seropram (Citalopram), Zoloft (Sertraline).</p></li>
<li><p>Anxiété généralisée (inquiétude quasi permanente touchant tous les domaines de la vie) en traitement de fond : Cymbalta (Duloxétine), Deroxat (Paroxétine), Effexor (Venlafaxine), Seroplex (Escitalopram).</p></li>
<li><p>Phobie spécifique (concernant un objet ou une situation précise : peur des araignées, de l’avion, <a href="https://theconversation.com/phobie-jai-peur-de-conduire-89597">peur de conduire</a>…) : aucun traitement n’a apporté la preuve de son efficacité, et aucun médicament n’a obtenu l’AMM.</p></li>
</ul>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Couverture du livre paru aux éditions Tallandier, le 12 avril 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tallandier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Anxiété sociale : le traitement recommandé (Paroxétine) est très critiqué. Il s’agit probablement d’une médicalisation excessive d’un trait de caractère. Il est bien spécifié que l’anxiété sociale ne doit en rien être confondue avec la timidité. En traitement de fond, les antidépresseurs doivent être réservés aux formes sévères avec retentissement important sur la vie professionnelle ou personnelle. Leur efficacité est relative. Ceux ayant l’AMM en France sont les suivants : Deroxat (Paroxétine), Effexor (Venlafaxine), Seroplex (Escitalopram), Seropram (Citalopram), Zoloft (Sertraline). Les benzodiazépines peuvent être prescrits en association avec le traitement de fond sur de courtes durées en cas d’anxiété aiguë invalidante. De façon ponctuelle, le Propranolol (bêta-bloquant) peut être utilisé pour des situations d’anxiété de performance, comme un entretien d’embauche.</p></li>
<li><p>Trouble de l’adaptation avec anxiété (survenant à la suite d’un événement de vie difficile) : il n’y a pas d’AMM. Compte tenu du caractère transitoire du stress, on pourra s’orienter vers un anxiolytique s’il faut vraiment un traitement. Le Stresam (Etifoxine) qui n’a pas l’AMM peut être une alternative aux benzodiazépines pour éviter la dépendance.</p></li>
<li><p>Syndrome de <a href="https://theconversation.com/quel-risque-de-developper-un-etat-de-stress-post-traumatique-a-la-suite-dun-attentat-50734">stress post-traumatique</a> : deux antidépresseurs ont obtenu l’AMM, Deroxat (Paroxétine) et Zoloft (Sertraline).</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/95001/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Servant ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il est difficile de vivre, au quotidien, avec un niveau élevé de peur. Si les médicaments ne sont pas la meilleure façon de surmonter l’anxiété ou les phobies, ils peuvent cependant jouer leur rôle.Dominique Servant, Psychiatre, responsable de l’unité stress et anxiété du CHRU de Lille, directeur d'enseignement, Université de Lille - initiative d'excellenceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/907972018-03-13T22:29:44Z2018-03-13T22:29:44ZComment mieux évaluer l'efficacité des médecines douces<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/209587/original/file-20180308-30989-91l850.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C0%2C3484%2C1907&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Toutes les méthodes pour se soigner sans médicament ne se valent pas, comme le montrent les études scientifiques. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-rolling-her-mat-after-yoga-311457659?src=aI3gcNQBM3USK9HTuIQSUw-1-15">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les mots ont été choisis pour frapper les esprits. En qualifiant les médecines alternatives de « fausses » médecines, les auteurs de <a href="http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/03/18/31003-20180318ARTFIG00183-l-appel-de-124-professionnels-de-la-sante-contre-les-medecines-alternatives.php">la tribune parue le 19 mars dans <em>Le Figaro</em></a> ont suscité <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/des-medecins-partent-en-guerre-contre-les-medecines-alternatives_2664718.html">de nombreuses réactions</a>. S'il fallait retenir un seul point consensuel dans ce texte intitulé « Comment faire face à la montée des “fake médecines” ? », ce serait l'un des tout derniers. Les signataires, 124 professionnels de santé, y appellent à « encourager les démarches d’information sur la nature des thérapies alternatives, leurs effets délétères et leur efficacité réelle. »</p>
<p>Le moment est venu, en effet, de se donner davantage de moyens pour les évaluer de manière scientifique. Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/medecines-alternatives-31418">médecines douces</a> sont aujourd’hui plébiscitées, en France comme ailleurs. Un complément alimentaire, des tisanes, du tai chi, des méthodes d’hypnose, des psychothérapies, des thérapies manuelles, des jeux vidéo, des objets connectés pour la santé, des oreillers ergonomiques… La liste des produits et des méthodes proposés pour se soigner semble infinie.</p>
<p>Des médecines douces sont désormais accessibles dans les hôpitaux et dans les cabinets de généralistes ou de spécialistes. Plus de 100 millions de personnes y ont recours en Europe, selon l’enquête menée par le <a href="http://www.cambrella.eu">programme européen CAMBrella</a> en 2012.</p>
<p>Ces solutions à nos problèmes de santé sont le plus souvent présentées comme efficaces et sans danger. Pourtant, toutes ne se valent pas. Partout dans le monde, des chercheurs ont entrepris d’évaluer leurs bénéfices et leurs risques sur la santé. Avec, déjà, <a href="http://blogensante.fr/">des résultats solides</a>.</p>
<p>Pour rendre ces connaissances plus accessibles, <a href="http://www.plateforme-ceps.fr/">notre équipe des universités de Montpellier</a> a lancé en février le tout premier moteur de recherche dédié à ces « interventions non médicamenteuses » (INM), baptisé <a href="http://www.motrial.fr/">Motrial</a>. Une sorte de « Google des études sur les médecines douces ». Fonctionnant exclusivement en anglais, il est destiné aux chercheurs. Mais un médecin peut aussi s'en servir pour identifier les études pertinentes à lire face à <a href="https://theconversation.com/contre-le-mal-de-dos-bouger-plus-ne-suffit-pas-88417">un patient qui souffre du dos</a>, par exemple, et trouver quoi lui proposer.</p>
<h2>Médecines complémentaires ou médecines alternatives ?</h2>
<p>La demande d’évaluation rigoureuse des médecines douces se fait de plus en plus pressante au fil des années. En 2011, la Haute autorité de santé (HAS) a appelé au <a href="https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1059795/fr/developpement-de-la-prescription-de-therapeutiques-non-medicamenteuses-validees">« développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées »</a>. En 2013, l’Académie de médecine a réclamé une utilisation plus pertinente <a href="http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2013/07/4.rapport-Th%C3%A9rapies-compl%C3%A9mentaires1.pdf">des « thérapies complémentaires »</a>.</p>
<p>Les citoyens s’en préoccupent aussi, comme le montre l’<a href="http://cam-europe.eu/cam-2020-the-contribution-of-complementary-and-alternative-medicine-to-sustainable-healthcare-in-europe.php">enquête publiée en 2014 par Eurocam</a>, une fondation pour les médecines complémentaires et alternatives.</p>
<p>Car les questions qui se posent sont nombreuses : quels sont les bénéfices réels de ces interventions ? Quels risques font-elles courir à leurs utilisateurs ? Sont-elles des compléments ou des alternatives aux traitements conventionnels ? Offrent-elles une porte d’entrée à des abus, par exemple des arnaques financières, à une emprise psychologique amenant la personne à refuser les soins classiques, au recrutement par des sectes ? Doivent-elles être prescrites par un médecin ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Panorama de l’ensemble des interventions non médicamenteuses possibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plateforme CEPS Universités de Montpellier</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un programme d’ostéopathie efficace contre le mal de dos</h2>
<p>Parce que ce serait plus simple pour tout le monde, on aimerait que la science puisse trancher de manière globale et définitive sur l’efficacité de chaque discipline. L’ostéopathie, par exemple. Cette technique de manipulation des articulations et des muscles est maintenant bien connue. Alors, nous demande-t-on, ça marche, ou ça ne marche pas ?</p>
<p>Il n’existe pas de réponse sérieuse à une telle question. Par contre, nous pouvons attester des effets positifs d’une méthode précise d’ostéopathie dans un trouble donné, autrement dit une « intervention non médicamenteuse ». Ainsi, une étude britannique portant sur deux mois de séances prodiguées à des personnes souffrant d’une lombalgie (mal de dos) a pu montrer une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14701889">diminution de l’intensité des douleurs</a>.</p>
<p>De même, au lieu d’évoquer « les compléments alimentaires » en général, il faut se pencher sur un produit en particulier, avec un certain dosage sur une certaine durée, en rapport avec un problème de santé précis. Une équipe de chercheurs iraniens s’est ainsi intéressée <a href="http://blogensante.fr/2014/09/15/laloe-vera-complement-alimentaire-contre-diabete-type-2/">au gel d’aloe vera</a>. Ils ont observé qu’une capsule de 300 mg toutes les douze heures durant deux mois chez les personnes diabétiques (type 2) améliorait leur taux de sucre dans le sang – mais pas le taux de gras (lipides) dans le sang.</p>
<h2>Des médecines douces… fondées sur les preuves</h2>
<p>On assiste aujourd’hui à l’avènement d’une médecine <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8555924">fondée sur les preuves</a>, avec des pratiques étayées par la science. Ce courant incite à sortir de la nébuleuse « médecines douces ». Les interventions non médicamenteuses (INM) doivent être étudiées avec la même exigence que les médicaments. A terme, chaque INM s’accompagnera d’une appellation reconnue à l’échelle mondiale, d’une description de son contenu, d’objectifs portant sur des indicateurs de santé, d’une population cible, d’une théorie explicative, de professionnels qualifiés prêts à la mettre en œuvre et de publications scientifiques la validant.</p>
<p>Les chercheurs qui évaluent ces interventions ont recours, déjà, aux essais cliniques – exactement comme pour une future chimiothérapie dans le cancer. Un essai clinique est une étude expérimentale qui compare les bénéfices et les risques sur la santé d’une solution chez un groupe de personnes à un ou plusieurs autres groupes appelés contrôle, ou placebo. Il permet de rompre avec la pensée magique, les effets de mode et les discours marketing qui accompagnent trop souvent les médecines douces.</p>
<p>Le nombre de ces essais ne cesse d’augmenter dans les INM depuis le début du siècle. Chaque année, plus de 50 000 nouvelles publications concernent des études cliniques ne portant pas sur des médicaments. Leur qualité méthodologique progresse aussi, à l’initiative notamment de collectifs de chercheurs. En France, le Collège universitaire interdisciplinaire de médecine intégrative et thérapies complémentaires (CUMIC) a été créé dans ce but en 2018, avec la coordination de deux professeurs de médecine <a href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/63787/HEGEL_2017_04_12.pdf">Julien Nizard et Jacques Kopferschmitt</a>.</p>
<h2>Une méta-analyse sur l’activité physique et le cancer du sein</h2>
<p>Un autre outil permet aux chercheurs d’évaluer les INM : la méta-analyse. Il s’agit d’une revue systématique de la littérature scientifique, doublée de techniques statistiques. En combinant les données provenant de toutes les études pertinentes, ces méta-analyses fournissent des estimations plus fiables des effets d’une stratégie de soin ou de prévention <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19621070">que celles issues d’une seule étude</a>. Les autorités de santé, les agences nationales et les sociétés savantes s’appuient fortement sur ces méta-synthèses pour émettre leurs recommandations.</p>
<p>Par exemple, la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23041586">méta-analyse publiée en 2013</a> par notre laboratoire, Epsylon, a porté sur la dose d’activité physique utile pour réduire la fatigue durant les traitements du cancer du sein. Ce travail montre une diminution de la fatigue ressentie par les femmes, si leur pratique d’activité physique est inférieure à 2 heures par semaine. Cette méta-analyse repose sur 17 études ayant inclus au total 1380 patientes.</p>
<p>Toujours dans le cancer du sein, un autre exemple porte sur la psychothérapie. Une méta-analyse <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28686520">publiée en 2017 par une équipe allemande</a> s’est intéressée à la méditation en pleine conscience, pratiquée en complément des traitements biologiques de la tumeur. Il s’agit de la méthode de l’américain John Kabat-Zinn, un programme de 8 semaines destiné à réduire le stress (<em>Mindfulness Based Stress Reduction</em> ou MBSR). Conclusion : comparativement aux soins courants seuls, ce programme apporte des bénéfices supplémentaires en agissant sur l’anxiété et la dépression. Cette méta-analyse a été réalisée à partir de 10 études ayant inclus 1709 patientes au total.</p>
<h2>La thérapie comportementale, plus efficace contre la dépression que la luminothérapie</h2>
<p>Cet outil permet aussi de comparer des INM entre elles. Ainsi, la méta-analyse d’une équipe néerlandaise <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28938015">publiée en 2017</a> a réuni 11 études (incluant 1041 patients) portant sur différentes manières de soigner une dépression en médecine générale. Entre une thérapie cognitivo-comportementale (TCC), un programme d’activité physique, une psychothérapie fondée sur la résolution de problème, un programme de changement comportemental et une luminothérapie, les auteurs concluent qu’une TCC semble être préférable – tout en encourageant de nouvelles études pour confirmer ce résultat.</p>
<p>Ce travail de méta-analyse, cependant, s’avère particulièrement long et difficile à mener quand il s’agit d’INM. C’est pourquoi nous avons lancé le méta-moteur de recherche Motrial, dans l’idée de faire gagner du temps aux chercheurs.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"961154581232279553"}"></div></p>
<p>Motrial trie et organise les publications scientifiques en identifiant la publication principale, le numéro de déclaration au comité d’éthique, le numéro d’enregistrement du protocole aux autorités compétentes, les sources de financement, le nom du promoteur et le pays de réalisation de chaque étude. Il réalise automatiquement, en six minutes, ce qui peut prendre 6 mois manuellement.</p>
<p></p>
<p>Ainsi, les scientifiques se dotent peu à peu d’outils capables de les aider à distinguer le vrai du faux quant à l’efficacité des différentes médecines douces. Les espoirs qu’elles suscitent sont immenses. Ne serait-ce que pour cette seule raison, elles doivent pouvoir être évaluées avec autant de rigueur que des médicaments ou des traitements issus des biotechnologies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/90797/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gregory Ninot a reçu des financements de l'Etat français, de la Région Occitanie, de la Métropole de Montpellier, de l'INCa, de la Ligue contre le Cancer et de l'ARC pour le développement de ses recherches interventionnelles non pharmacologiques. Ces fonds ont été gérés par les universités de Montpellier.</span></em></p>Les études scientifiques montrent que toutes les méthodes pour se soigner sans médicament ne se valent pas. Les chercheurs s’attachent à les évaluer et même, à les comparer entre elles.Gregory Ninot, Professeur en santé, psychologie et sciences du sport, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/884172017-12-07T21:42:34Z2017-12-07T21:42:34ZContre le mal de dos, bouger plus ne suffit pas<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/197843/original/file-20171205-23037-rtznai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certaines méthodes de yoga figurent parmi les interventions validées par les études scientifiques dans la lombalgie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/yoga-concept-close-woman-meditates-while-760566325?src=MYKwKIfYbQJuY7QMka3JYw-1-49">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>« Mal de dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement ». Le slogan est martelé depuis deux semaines à la télévision et sur des affiches. L’Assurance-Maladie <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/sante-au-travail/une-campagne-pour-lutter-contre-le-mal-de-dos_2472660.html">a lancé sa première campagne nationale</a> pour encourager les personnes souffrant de lombalgie à l’activité physique.</p>
<p>L’objectif de <a href="https://www.ameli.fr/paris/medecin/actualites/lombalgie-lancement-de-la-campagne-mal-de-dos-le-bon-traitement-cest-le-mouvement">cette campagne</a>, programmée jusqu’au 18 décembre, est de lutter contre une idée reçue, selon laquelle rester couché est le meilleur moyen de se remettre d’un tour de rein. Bouger plus est certes bénéfique, mais est-ce si simple ?</p>
<p>Le mal de dos touche <a href="http://ard.bmj.com/content/early/2014/02/14/annrheumdis-2013-204428">environ 1 personne sur 10</a>. Cette douleur persistante au niveau des vertèbres lombaires, situées un peu au-dessus du coccyx, est appelée lombalgie bénigne ou non spécifique. Elle provoque une limitation des mouvements, une sédentarité accrue, des pensées négatives récurrentes, des difficultés émotionnelles et des arrêts de travail à répétition, comme l’établit une <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1521694210000884?via%3Dihub">étude publiée en 2010</a>.</p>
<p>Certaines personnes se sentent désemparées, près de 60 % des personnes souffrant de lombalgie <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2758336/">pensant ne pas pouvoir récupérer</a>. Elles multiplient les traitements et les soins, sans en tirer de bénéfice durable. Et les coûts de prise en charge pour l’Assurance-maladie s’envolent. Ainsi, une <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1472-8206.2009.00730.x/epdf">étude française sur une cohorte de personnes suivies en médecine générale</a> a montré que la durée de la lombalgie était supérieure à un an chez 81 % des patients, avec un coût moyen total par patient sur six mois de 715 euros, en 2007.</p>
<p>Le reste à charge pour les patients augmente, lui aussi, car l’Assurance-Maladie ne rembourse que 35 à 70 % des soins, selon les cas.</p>
<h2>Le mouvement est nécessaire</h2>
<p>Pour soigner le mal de dos, le mouvement est nécessaire, comme le souligne la <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/sante-au-travail/une-campagne-pour-lutter-contre-le-mal-de-dos_2472660.html">campagne</a>. Prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, s’arrêter une station de métro ou de tramway plus tôt, utiliser un vélo dès que possible pour se déplacer, nager sont un début de réponse. Ces efforts physiques sont un mal pour un bien, bien plus efficaces que le repos pour venir à bout des douleurs lombaires.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"934063328590213120"}"></div></p>
<p>Le repos est un mauvais réflexe, acquis lors de maladies épisodiques comme une grippe. En pensant soigner la lombalgie par le repos, on l’aggrave, au contraire. Moins les personnes bougent et moins elles se sentent capables de bouger. L’inactivité physique les rend plus vulnérables à d’autres problèmes de santé. La lombalgie se complique et devient chronique. Ce processus se nomme le <a href="http://blogensante.fr/2013/09/20/definir-la-notion-de-deconditionnement/">cercle vicieux du déconditionnement</a>.</p>
<p>À l’opposé, le danger serait d’aller trop loin, trop vite, trop fort. Prendre des traitements masquant la douleur, pratiquer du sport à outrance ou « faire avec » (en accusant le vieillissement, le surmenage professionnel, le burn-out, les contraintes familiales…) permet d’oublier le mal mais ne règle rien.</p>
<h2>Bouger plus, mais pas n’importe comment</h2>
<p>Bouger plus, oui, mais pas n’importe comment. La recherche explore de plus en plus le domaine, très riche, des <a href="http://blogensante.fr/2013/09/16/definir-la-notion-dintervention-non-medicamenteuse/">interventions non médicamenteuses</a>. La <a href="https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-06/developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_rapport.pdf">Haute Autorité de Santé (HAS)</a>, l’<a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0ahUKEwi4iOTK6-jXAhUsCcAKHShoCa8QFggnMAA&url=https%3A%2F%2Fwww.inserm.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F75074%2F592913%2Ffile%2FOst%25C3%25A9opathie.pdf&usg=AOvVaw2pEGAWSwE-VW2xX4knlKv9">Inserm</a> comme l’<a href="http://www.academie-medecine.fr/publication100100025/">Académie de Médecine</a> s’y intéressent.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Panorama de l’ensemble des interventions non médicamenteuses possibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plateforme CEPS Universités de Montpellier</span></span>
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<p>Des interventions non médicamenteuses (INM) spécifiques à la lombalgie vont cibler des aspects musculaires (comme le renforcement des muscles posturaux), neuromusculaires (comme la souplesse), neurologiques (comme la gestion de la douleur), posturaux (comme la station de travail), psychologiques (comme la désensibilisation à la douleur et la régulation du stress), sociaux (comme l’organisation du travail) et environnementaux (comme la literie).</p>
<p>Ces INM vont faire appel à des professionnels formés, masseur kinésithérapeute, ostéopathe, acupuncteur, professeur en activité physique adaptée (APA), psychologue ou professionnel en éducation thérapeutique.</p>
<p>Définir la dose, l’intensité et la fréquence de ces INM pour chaque personne est essentiel pour obtenir des résultats satisfaisants.</p>
<p>Des interventions non médicamenteuses ont fait l’objet d’études cliniques évaluant leur efficacité dans le traitement et la prévention des lombalgies. Il s’agit notamment du <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4077575/pdf/pone.0100402.pdf">Pilates</a>, du dru yoga (une <a href="http://blogensante.fr/2016/03/01/le-dru-yoga-un-remede-contre-stress-et-le-mal-de-dos-au-travail/">forme de yoga</a> notamment pratiquée en Grande-Bretagne), du tai-chi, des programmes en activité physique adaptée, de l’ostéopathie, de la chiropraxie, de l’acupuncture, d’une cure thermale, de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2328760/pdf/iowaorthj00030-0073.pdf">méthode Back School</a> (une « école du dos » d’origine américaine, née en 1969), de la <a href="http://blogensante.fr/2016/02/15/deux-inm-a-letude-pour-soigner-la-lombalgie/">méthode McKenzie</a> (d’origine néo-zélandaise, née en 1981) et enfin de l’éducation thérapeutique du patient.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des programmes d'acupuncture ont fait leurs preuves dans la lombalgie chronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/jmRbgqXLCI0">Antonika Chanel/Unsplash</a></span>
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<h2>Un programme d’ostéopathie spécifique à la lombalgie</h2>
<p>Certaines études sont particulièrement intéressantes. Ainsi, l’essai clinique <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14701889">mené par l’équipe du médecin et chercheur britannique Nefyn Howard Williams</a> a évalué les <a href="http://blogensante.fr/2015/11/01/losteopathie-previent-le-mal-de-dos/">bénéfices d’une méthode d’ostéopathie</a> chez des personnes souffrant de douleurs rachidiennes aiguës et subaiguës (c’est-à-dire de faible intensité). L’<a href="http://blogensante.fr/2013/09/07/definir-la-notion-dessai-randomise-controle/">essai randomisé contrôlé</a> a inclut 201 personnes âgées de 16 à 65 ans. Elles avaient consulté leur médecin généraliste pour des douleurs dans le cou ou dans le dos apparues entre 2 et 12 semaines auparavant.</p>
<p>Des comparaisons entre le groupe recevant seulement les soins courants et celui suivant 3 à 4 séances d’ostéopathie par un médecin formé ont été réalisées à trois reprises : avant le début de l’intervention, en fin d’intervention (soit 2 mois plus tard) et six mois après l’intervention. Les mesures concernaient l’état de santé lié aux douleurs rachidiennes, la qualité de vie, les dimensions sensorielles et affectives de la douleur et le rapport entre le coût et l’efficacité des soins reçus.</p>
<p>Les séances d’ostéopathie étaient espacées d’une à deux semaines, dans un intervalle de temps maximal de deux mois. Le programme incluait des techniques manuelles et des conseils sur la pratique régulière d’activité physique. Les résultats montrent, à la fin des deux mois d’intervention ostéopathique, une diminution de l’intensité de la douleur rachidienne et une amélioration de la qualité de vie par rapport au groupe servant de contrôle.</p>
<p>Au bout de six mois, la qualité de vie est restée supérieure au groupe contrôle. Par contre, les niveaux de douleur ne différaient plus entre les deux groupes. Les coûts de soins de santé spécifiques aux douleurs rachidiennes ont été significativement supérieurs pour le groupe bénéficiant de l’intervention en ostéopathie (88 euros par patient au total).</p>
<h2>Une psychothérapie adaptée à la lombalgie</h2>
<p>Autre étude, cette fois avec une psychothérapie. L’essai mené <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10926-015-9596-z">par l’équipe du chercheur suédois Steven Linton</a>, publié en 2015, évalue l’efficacité d’une intervention menée auprès de travailleurs et de leurs employeurs pour <a href="http://blogensante.fr/2015/12/08/prevenir-le-mal-de-dos-et-le-mal-de-cou/">prévenir les invalidités dues à un mal de dos</a>. L’intervention est comparée à une prise en charge habituelle des lombalgies.</p>
<p>140 personnes de 27 à 65 ans ont participé à cette étude, réalisée dans une maison de santé suédoise. Elles souffraient d’une douleur lombaire, avec un risque élevé de développer un trouble musculo-squelettique chronique. Les chercheurs ont comptabilisé pour chaque personne les jours d’arrêt de travail liés aux troubles musculo-squelettiques, le recours aux soins, l’état de santé perçu et l’intensité des douleurs. Les mesures ont été faites avant et après l’intervention, puis six mois après l’intervention.</p>
<p>Les participants du groupe test ont reçu, en plus, une intervention psychologique brève basée sur les principes <a href="http://www.aftcc.org/les-therapies-comportementales-et-cognitives">des thérapies cognitivo-comportementales</a> (TCC). Ils ont participé à trois séances en face à face avec un psychologue clinicien. Chaque séance durait entre 60 et 90 minutes. L’objectif principal de l’intervention était d’accroître la capacité des travailleurs à gérer eux-mêmes au quotidien, et notamment sur leur lieu de travail, les difficultés liées à leur expérience de la douleur.</p>
<p>L’étude montre une réduction par deux de la moyenne des jours d’arrêt de travail six mois après l’intervention (38 jours, au lieu de 17). La différence est statistiquement significative par rapport au groupe contrôle. Les chercheurs constatent également une amélioration de l’état de santé perçue et une diminution de l’utilisation des soins pour le groupe test. L’intensité de la douleur ressentie est réduite de manière identique dans les deux groupes.</p>
<h2>Le yoga, une intervention non médicamenteuse pertinente</h2>
<p>Le yoga fait partie, lui aussi, des interventions non médicamenteuses pertinentes contre les lombalgies. Une <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD010671.pub2/abstract">méta-analyse publiée en janvier 2017</a> passe en revue l’ensemble des études scientifiques sur l'utilisation du yoga dans la lombalgie et indique des bienfaits. Ces programmes de yoga comprennent des exercices physiques, des exercices de respiration, des techniques de relaxation et de méditation. Ils favorisent la pleine conscience et renforcent le lien entre le corps et l’esprit.</p>
<p>À qui s’adresser pour espérer venir à bout d’un mal de dos ? Le rôle du médecin généraliste et/ou spécialiste consiste à cerner l’origine de la douleur, sa gravité et son évolution. Il peut ainsi proposer l’intervention non médicamenteuse la plus adaptée à la lombalgie du patient – voire en proposer plusieurs. Celle-ci peut venir en complément de médicaments antidouleur. Ce choix se fait sur la base de la meilleure balance entre les bénéfices et les risques issue des données de la science, de l’expérience du médecin, de la préférence du patient et de la faisabilité de l’intervention.</p>
<p>Les médecins généralistes et spécialistes <a href="http://blogensante.fr/2017/11/22/linnovation-medecine-generale-lapproche-globale-chemin-vers-inm/">connaissent de mieux en mieux les INM</a> et le réseau local des professionnels qui les animent. Des mutuelles commencent à rembourser certaines d’entre elles. Contre le mal de dos, il faut bouger plus, mais surtout bouger mieux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88417/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gregory Ninot a reçu des financements de l'Etat français, de la Région Occitanie, de la Métropole de Montpellier, de l'INCa, de la Ligue contre le Cancer et de l'ARC pour le développement de ses recherches interventionnelles non pharmacologiques. Ces fonds ont été gérés par les universités de Montpellier.</span></em></p>La campagne nationale contre le mal de dos incite à ne pas rester inactif pour en guérir. Mais tous les mouvements ne se valent pas. Revue des méthodes validées par des études scientifiques.Gregory Ninot, Professeur en santé, psychologie et sciences du sport, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/860722017-10-29T23:17:31Z2017-10-29T23:17:31ZParler en public : les dix commandements contre le trac<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/191271/original/file-20171022-13963-ilf9bg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Boule dans le ventre, légers tremblements des mains ou des jambes, bouffées de chaleur et palpitations, des signes caractéristiques avant la prise de parole en public. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/FzFH41IucIY">Paul Bergmeir/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p><em>« Je n’ai rien contre les psys, et pour cause ! écrit notre auteur, professeur de psychiatrie, en préambule de son livre <a href="http://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/psychologie-et-developpement-personnel/vous-etes-votre-meilleur-psy!">« Vous êtes votre meilleur psy ! »</a> (Editions Flammarion). Il a rassemblé dans cet ouvrage des principes dont l’efficacité est scientifiquement reconnue et que l’on peut appliquer par soi-même pour surmonter certaines difficultés. L’extrait que nous publions ci-dessous porte sur le trac en public.</em></p>
<p>À une jeune comédienne qui se vantait de ne pas avoir le trac avant de monter en scène, Sarah Bernhardt <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Bernhardt">répondit sèchement</a> : « Ça vous viendra avec le talent ! ». Comme quoi cette appréhension du public est bien inhérente à notre condition humaine, et peut témoigner de véritables qualités. D’autres personnalités étaient connues pour leur crainte de la scène ou des caméras : Frédéric Chopin, Ella Fitzgerald, Jacques Brel ou, dans un autre domaine, Steve Jobs.</p>
<p>Avoir le trac, c’est ressentir un certain stress, ou un stress certain, avant une prestation en public. Les symptômes sont assez classiques : boule dans le ventre ou dans la gorge, légers tremblements des mains ou des jambes à cause des muscles qui se tendent, bouffées de chaleur et, toujours, les fameuses palpitations. Ces sensations, en général légères et passagères, sont plus fortes chez certaines personnes, notamment les plus émotives. Il n’existe pas d’enquête très précise sur la question, mais on estime qu’environ une personne sur deux ressent le trac régulièrement dans les situations qui s’y prêtent.</p>
<h2>La scène du crime</h2>
<p>Qu’appelle-t-on « prestation en public » ? Évidemment, on pense tout de suite à une assemblée de 3 000 personnes, devant laquelle il faudrait prendre la parole… Une épreuve, voire un cauchemar, pour la plupart d’entre nous. Mais, avouons-le, ça n’est pas une situation très courante. On peut ressentir pourtant le même type de symptômes devant un groupe d’une vingtaine ou d’une trentaine de personnes : une classe d’école, une assemblée générale de copropriétaires ou d’association, une réunion professionnelle ou un petit public de théâtre ou de conservatoire.</p>
<p>L’éducation française donne peu l’habitude aux enfants et aux adolescents de parler en public. Les éléments déclencheurs du trac sont principalement le fait de se trouver au centre de l’attention d’un groupe, avec une tâche particulière et pas forcément facile à réaliser, comme un discours, un exercice, un morceau de musique, etc.</p>
<p>Même si ça n’est pas le cas, cette configuration est alors vécue comme une situation d’examen au cours de laquelle le public devient un groupe de juges. S’entrechoquent ainsi deux anticipations négatives : peur de mal faire et peur d’un jugement négatif de l’auditoire. L’appréhension est majorée par le fait que, dans ce type de situation formelle, la communication est unidirectionnelle : vous devez faire votre prestation, tandis que le public ne fait que vous regarder, sans échange et donc sans partage des efforts ni témoignage d’approbation (avant les applaudissements du moins !).</p>
<p>Ces craintes ne sont pas toujours consciemment présentes, et souvent les symptômes physiques du trac surviennent de manière automatique, échappant à toute tentative de raisonnement, comme tous les symptômes de stress.</p>
<h2>Le pire, c’est avant !</h2>
<p>Le trac s’exprime surtout avant le début de la prestation, dans les minutes ou les heures qui le précèdent. Tout se passe généralement beaucoup mieux si on vous donne la parole tout de suite, sans avoir eu le temps de « cogiter ». En revanche, vous vous souvenez peut-être de l’attente dans le couloir avant de passer votre premier oral du bac, en voyant défiler les camarades qui passaient avant vous, et sortaient de la salle d’examen en affichant une mine variable.</p>
<p>Les sensations sont les mêmes lors d’un tour de table au cours d’une réunion, ou dans l’heure précédant l’entrée en scène pour une représentation de théâtre ou de musique. Le corps s’affole un peu (le ventre, la chaleur, le cœur) et on ne peut rien faire car ce n’est pas encore le moment. Beaucoup de questions tournent alors en boucle dans la tête : « Vais-je être à la hauteur ? », « Comment sera le public ? », « Pourvu que je n’aie pas un trou de mémoire ! », etc. Sans réponse bien sûr puisqu’on n’y est pas encore.</p>
<p>Typiquement, le niveau de trac augmente progressivement jusqu’à atteindre son maximum lors du début de la prestation. Cela peut durer encore quelques minutes, mais rapidement les choses se calment : d’une part l’esprit est concentré sur le travail à réaliser et le corps joue le rôle prévu, donc il ne reste plus beaucoup d’attention à consacrer à autre chose, et d’autre part les questions sans réponses jusqu’à présent s’éteignent d’elles-mêmes. À moins d’une catastrophe, le fait de constater que vous vous en sortez correctement, qu’aucun spectateur ne se lève en vous jetant des tomates (ce qui devient rare de nos jours…), et que vous maîtrisez donc la situation, permet de désamorcer le trac.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191272/original/file-20171022-13979-hlxytb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Après quelques minutes de présentation, généralement, le trac diminue voire disparaît.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/bzdhc5b3Bxs">teemu paananen/unsplash</a></span>
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<p>Une certaine tension peut durer pendant toute la « séance », témoin d’une vigilance accrue et d’une motivation à bien faire, mais elle n’est en général ni gênante ni vraiment pénible. Et elle se transforme en soulagement, voire en vraie euphorie, quand l’exercice se termine. Ouf, ça n’était que cela ! Mais dommage de devoir passer par ce couloir sombre du trac avant de voir la lumière de la réussite…</p>
<h2>Les dix commandements anti-trac</h2>
<p>Voici dix conseils à suivre pour que ce tunnel devienne de moins en moins long et pénible au fur et à mesure.</p>
<p><strong>1. Déculpabilisez</strong></p>
<p>Chassez de votre esprit l’idée que le trac est un signe de faiblesse ou d’incompétence. Plus de la moitié des adultes se plaignent de ressentir un trac excessif avant une prestation en public, vous n’êtes donc pas seul, et personne ne vous considérera comme un extraterrestre si on vous sent un peu ému dans ce type de situation. Le trac est avant tout un signe de motivation, d’envie de bien faire et une marque de respect pour l’auditoire. Rien de pire qu’un étudiant qui vient passer un examen oral les mains dans les poches, sans aucune attention portée à sa présentation et à l’attitude des examinateurs.</p>
<p><strong>2. Évitez de surestimer les enjeux de la situation</strong></p>
<p>En dehors de moments exceptionnels (oral décisif dans un concours, entretien d’embauche pour un poste important, etc.) pour lesquels on est généralement très entraîné, la plupart des réactions de trac surviennent dans des situations qui ne sont pas gravement déterminantes. Même si vous être très motivé par le but à atteindre, essayez de répondre objectivement aux questions suivantes : si je ne suis pas parfait, est-ce si important ? Même si je rate cette fois-ci, est-ce vraiment ma dernière chance ? Que se passerait-il réellement si tout ne marchait pas comme je le souhaite ? Pensez à ce que vous diriez à votre meilleur ami dans la même situation. Vous verrez vite qu’il est possible de relativiser, pour éviter de vous mettre une pression digne de celle d’un tireur de penalty en finale de la coupe du monde…</p>
<p><strong>3. Préparez correctement vos interventions</strong></p>
<p>Cela peut paraître une évidence mais autant le rappeler malgré tout. Le trac est en grande partie lié à la nouveauté d’une situation difficile et à un manque de confiance dans ses capacités à la gérer. Le seul moyen de réduire ces deux facteurs est de <a href="https://www.ted.com/talks/chris_anderson_teds_secret_to_great_public_speaking?language=fr#t-519466">bien maîtriser son sujet</a> : réviser, relire, approfondir, etc. Et, surtout, s’entraîner à le présenter, soit seul soit avec des spectateurs bienveillants. Plus vous aurez automatisé certaines aptitudes, plus vous aurez confiance en vous, et plus votre esprit pourra se concentrer sur les points sensibles lors de la situation réelle. Donc, répétez, répétez et répétez encore, sans honte car même les professionnels travaillent ainsi, en s’aidant si besoin d’enregistrements audio ou vidéo.</p>
<p>S’il s’agit d’un discours ou d’une intervention orale, même si vous ne préférez pas apprendre l’ensemble de votre texte par cœur, mémorisez malgré tout quelques passages clés, comme la première phrase, la dernière et quelques articulations importantes. Vous ne les restituerez pas forcément de manière exacte, mais vous serez rassuré par ce filet de sécurité pour les phases essentielles de votre présentation ; ce sont celles que le public retiendra d’ailleurs en priorité.</p>
<p><strong>4. Apprenez à utiliser votre respiration comme un calmant naturel</strong></p>
<p>L’avantage de cet anxiolytique est qu’on peut l’avoir toujours sur soi ! Et, ce qui ne gâche rien, il n’a aucun effet secondaire.</p>
<p>L’objectif est de vous concentrer durant deux minutes sur votre respiration, en essayant de la rendre lente et plutôt contrôlée par le « ventre » (les muscles de l’abdomen agissent directement sur le diaphragme et donc les poumons). Inspirez lentement, pas trop profondément, puis prenez bien conscience de l’expiration, en soufflant lentement par le nez ou par la bouche peu ouverte. À chaque expiration, percevez le relâchement des muscles du corps qui l’accompagne. Positionnez une main sur votre ventre pour bien sentir les mouvements de l’abdomen, et les amplifier si besoin. En vous entraînant régulièrement à froid à ce petit exercice, vous pourrez l’appliquer facilement à chaud, notamment dans les phases de préparation et d’attente avant la prise de parole.</p>
<p><strong>5. Visualisez la scène mentalement avant qu’elle ne commence</strong></p>
<p>Concentrez-vous uniquement sur vos propres actions : je dis ceci, je prends cela, je fais ça, je parle à untel, etc. À la manière d’un skieur qui visualise sa descente et chacun des virages les yeux fermés avant de se lancer sur la piste. Cette répétition virtuelle vous rassurera sur votre connaissance du sujet, et vous évitera les pensées parasites stressantes.</p>
<p><strong>6. « Forcez le passage » avec des images positives</strong></p>
<p>Durant l’attente, vous pouvez visualiser un souvenir précis de réussite dans un exercice similaire antérieur, ou les encouragements ou compliments de vos amis. Il ne s’agit pas là de vous convaincre que vous êtes le (ou la) meilleur(e), mais simplement d’occuper le terrain pour chasser la propagande négative de votre anxiété. Comme sur un ordinateur, il n’y a de la place que pour un seul « fond d’écran » dans votre esprit, donc faites en sorte qu’il vous soit favorable. Utilisez les minutes d’attente pour vous créer une image mentale favorable, par exemple en visualisant vos proches vous encourageant et affirmant qu’ils adorent ce que vous faites. Quitte à forcer le trait, il vaut mieux que vous commenciez votre intervention dans un climat intérieur optimiste plutôt que pessimiste.</p>
<p><strong>7. Pendant votre intervention, concentrez-vous sur le contenu de votre action</strong></p>
<p>C’est la condition essentielle de la réussite, puisque votre auditoire s’intéresse avant tout à ce que vous avez à lui dire ou à lui montrer. Donc au moins 80 % de votre concentration doit porter sur votre discours ou votre action. Il vous faut réserver 10 à 20 % de votre attention sur deux autres points : votre <a href="https://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your_body_language_shapes_who_you_are?language=fr">expression non verbale</a> (votre position, regarder le public, sourire, parler fort et distinctement, etc.) et l’attitude du public (repérer par exemple une incompréhension manifeste ou une demande particulière).</p>
<p>Cette tâche supplémentaire est difficile, car on ne passe pas aisément d’une cible à l’autre sans perdre le fil de ses actions, mais j’insiste sur le fait que la priorité reste le contenu de votre prestation. Entre chaque paragraphe ou entre chaque séquence de votre intervention, vous pouvez donc faire un bref focus, de quelques secondes, sur votre manière de parler ou de sourire, et sur le public. Mais ne placez pas la barre trop haute sur ces points qui ne sont pas les plus importants. Ils participent à la qualité globale de votre prestation mais de manière partielle, et ils s’amélioreront mécaniquement avec l’entraînement et l’habitude.</p>
<p><strong>8. Choisissez dès le début quelles personnes vous allez principalement regarder</strong></p>
<p>Dans une grande assemblée, il est important de regarder souvent le public, mais il n’est pas indispensable ni facile de regarder chaque personne avec la même intensité. Choisissez donc quelques visages qui vous paraissent sympathiques, parce que vous les connaissez ou parce qu’ils semblent souriants et bienveillants, et tournez-vous vers eux à tour de rôle (sans les fixer en permanence bien sûr). Essayez aussi de balayer régulièrement les différentes parties du public, afin que personne ne se sente exclu de votre intérêt et finisse par ne plus vous suivre. Pour cela, sélectionnez des visages « cibles » relativement dispersés dans l’assemblée, ou au moins regardez vers le fond de la salle si vous avez du mal à repérer les personnes directement.</p>
<p><strong>9. Si la situation s’y prête, n’hésitez pas à dire quelques mots sur votre trac en début de prestation</strong></p>
<p>C’est le meilleur moyen de dédramatiser ce sujet probablement un peu tabou pour vous, voire d’en sourire. En effet, vous n’aurez ainsi <a href="https://www.ted.com/talks/megan_washington_why_i_live_in_mortal_dread_of_public_speaking?language=fr">plus besoin de le dissimuler au public</a>, puisqu’il sera déjà au courant ! Et personne ne vous en voudra d’être un peu stressé lors d’un exercice de ce type. Vous pouvez préparer des formules comme « Je suis toujours un peu stressé quand je dois monter en scène ! », ou encore « Vous m’impressionnez beaucoup, je suis très ému de vous parler, n’y prêtez pas attention… »</p>
<p><strong>10. Évitez l’autodénigrement à la fin de l’intervention ou après</strong></p>
<p>Après un exercice relativement difficile, vous risquez toujours de vous trouver médiocre ou moyen. Mais ce jugement négatif ne fera que vous déstabiliser pour la fois suivante, et vous aurez déployé beaucoup d’efforts pour rien. Pour faire baisser votre trac, repérez objectivement et gardez en mémoire après chaque prestation les éléments qui se sont bien passés, il y en a forcément.</p>
<h2>Osez !</h2>
<p>En vous exerçant régulièrement et en suivant ces conseils, votre trac devrait vite diminuer et quasiment disparaître. Pour ne pas perdre la main, prenez le parti de vous exposer au public le plus souvent possible, en osant surmonter votre petite inhibition initiale. Vous verrez, vous y trouverez probablement du plaisir.</p>
<p>Si vous ne parvenez pas à appliquer ces conseils dans les situations naturelles de votre vie, vous pouvez choisir de créer des conditions plus favorables et plus régulières. Il peut s’agir de vous inscrire à des cours de théâtre ou à une autre activité artistique, ce qui vous permettra de vous entraîner devant de petits publics initialement sans pression particulière puisque dans le cadre d’un apprentissage. Les cours de chant et les chorales sont également d’excellents moyens de combiner une activité plaisante et épanouissante, la rencontre d’autres personnes, et l’expression de soi, facilitée par le fait au début de ne pas être « seul en scène ». Il existe aussi des cours spécifiques de <a href="http://www.toastmasters.org/">prise de parole en public</a>, avec un coaching et une entreaide très utiles entre les participants.</p>
<p>Enfin, si le blocage est plus sérieux et que votre peur de la scène ou du public est trop forte et vous empêche de vous épanouir, c’est peut-être que vous souffrez d’une anxiété sociale excessive. Il s’agit d’une <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Phobies">angoisse phobique</a> qui ne permet pas d’appliquer complètement les conseils des dix commandements anti-tracs, ou qui les rend inefficaces car le stress est trop intense et occupe trop de place dans l’esprit. La <a href="http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/Phobie-sociale-vivre-dans-la-peur-de-l-autre">phobie sociale</a> est un trouble fréquent, qui touche près de 5 % de la population, et qui apparaît généralement dans l’enfance ou l’adolescence. Elle peut s’atténuer progressivement, mais son impact sur la qualité de vie et sur les activités personnelles et professionnelles est important. Il est donc préférable de se faire aider par un professionnel pour en venir à bout, d’autant que les méthodes des <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Therapie-cognitivo-comportementale-TCC">thérapies comportementales et cognitives</a> sont très efficaces pour cela.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=947&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=947&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=947&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1190&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1190&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194013/original/file-20171109-13303-ayue18.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1190&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Couverture du livre, paru le 1er novembre 2017.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Flammarion</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/86072/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Pelissolo a reçu ces trois dernières années des financements (rémunérations pour des travaux de recherche ou de formation, ou invitations à des réunions scientifiques) des laboratoires pharmaceutiques Biocodex, Lundbeck, Servier, Janssen-Cilag, Astra-Zeneca, Medtronic France.</span></em></p>Relativiser l’enjeu, répéter à l’avance, confier son trac une fois devant le public : voici plusieurs techniques qui ont fait leurs preuves pour surmonter le stress avant une prise de parole.Antoine Pelissolo, Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/767142017-06-06T20:22:12Z2017-06-06T20:22:12ZAntidouleurs : attention à la dépendance !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/172162/original/file-20170604-20593-1nqlfea.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C166%2C5847%2C3450&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parmi les médicaments les plus puissants contre la douleur, les patchs de fentanyl (à gauche), les comprimés de morphine (à droite).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/loei-thailand-sep-4-2016-drug-480532210?src=cq2so38-4iKaZQ5Ox8Es5Q-1-1">Jes2u.photo/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Cinq cas d'intoxication grave à la codéine, dont deux décès, ont été signalés chez des adolescents depuis le début de l'année, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament. Ces médicaments antidouleur (Klipal, Codoliprane), en vente libre dans les pharmacies, sont détournés de leur usage par des jeunes qui l'utilisent comme drogue, sans mesurer le risque d'addiction et de surdosage mortel. La mère de la dernière victime, une jeune fille de 16 ans habitant les Yvelines, a expliqué <a href="http://www.leparisien.fr/fait-du-jour/alerte-a-la-codeine-medicament-detourne-en-nouvelle-drogue-a-la-mode-09-06-2017-7032417.php">dans le quotidien <em>Le Parisien</em> du 9 juin</a> qu'elle n'avait rien soupçonné de cette consommation. </p>
<p>De leur côté, des patients auxquels on a prescrit d'autres médicaments contre la douleur, plus puissants et délivrés seulement sur ordonnance, se retrouvent eux aussi dans la dépendance. Le phénomène, qui existe en France, est plus marqué encore aux États-Unis. Un état américain, l’Ohio, a ainsi porté plainte le 31 mai contre cinq fabricants d’antidouleurs à base d’opaciés, les accusant d’avoir <a href="http://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/etats-unis-cinq-laboratoires-auraient-cache-les-risques-lies-aux-opiaces-5032502">dissimulé les risques d’addiction</a> – en particulier pour l'oxycodone (Oxycontin).</p>
<p>De tels médicaments, généralement prescrits pour les suites d’une opération chirurgicale ou contre une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/douleur-20649">douleur</a> chronique, comportent en effet un risque d’addiction certain. Ils peuvent également provoquer la mort par surdosage.</p>
<p>Mieux connaître les différents antalgiques, également appelés analgésiques, permet à chacun de rester vigilant, notamment s’il est amené à utiliser les plus forts d’entre eux. Certains signes doivent alerter le patient. Ils sont des indices que sa consommation devient « problématique » – terme utilisé par les addictologues pour désigner l’entrée dans la zone rouge précédant la véritable addiction.</p>
<h2>La douleur chronique, un mal répandu</h2>
<p>Ce sont les <a href="http://www.sfetd-douleur.org/definition">douleurs</a> chroniques, persistant au-delà de 3 à 6 mois, qui peuvent entraîner un problème de dépendance – et non les douleurs aiguës comme celle d’un abcès dentaire. Plus de 30 % des Français souffrent de douleur chronique, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17888574">étude publiée en 2008</a>. Dans les deux tiers des cas, ces douleurs sont d’intensité modérée à sévère – une qualification subjective, puisqu’il n’existe pas de moyen de mesurer la douleur. Elles affectent davantage les femmes et les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées.</p>
<p>Si le niveau de la douleur est subjectif, on peut néanmoins suivre ses variations dans le temps chez une personne donnée, grâce à des échelles d’<a href="http://www.sfetd-douleur.org/evaluation">auto-évaluation chez les adultes</a>, ou des échelles comme Dompoplus ou <a href="http://www.doloplus.fr/travaux/travaux4.php">Algoplus</a> pour les personnes incapables de communiquer. Ces outils permettent notamment de vérifier que le traitement est parvenu à la réduire.</p>
<p>En fonction de l’<a href="https://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/douleur">intensité de la douleur</a>, trois groupes d’antalgiques peuvent être utilisés, selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour les douleurs d’intensité légère à modérée, on aura recours aux antalgiques de palier I, dits périphériques (car ils n’ont pas d’action sur les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3444724/">récepteurs opioïdes</a> de notre système nerveux). Il s’agit du paracétamol, de l’acide acétylsalicylique (aspirine) et des autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que l’ibuprofène, à dose modérée.</p>
<h2>Des antalgiques pour les douleurs modérées à intenses</h2>
<p>Pour les douleurs d’intensité modérée à intense, on passe aux antalgiques de palier II. Ils regroupent les opioïdes (substance opiacée de synthèse ayant des effets similaires à ceux de l’opium tiré du pavot) dits faibles, commercialisés pour la grande majorité en association avec un antalgique périphérique, le plus souvent le paracétamol. On y trouve la codéine associée au paracétamol et/ou à l’acide acétylsalicylique, ou à l’ibuprofène ; le tramadol seul ou associé au paracétamol ; la poudre d’opium associée au paracétamol ; et la dihydrocodéine.</p>
<p>Les douleurs intenses ou rebelles sont traités par les antalgiques de palier III. Ils regroupent les opioïdes forts, la morphine, la péthidine, le <a href="http://www.lepoint.fr/ces-gens-la/prince-s-est-fait-prescrire-des-medicaments-sous-le-nom-d-un-ami-17-04-2017-2120393_264.php#xtmc=antidouleur&xtnp=1&xtcr=1">fentanyl</a>, l’hydromorphone, l’oxycodone, le buprénorphine ou le nalbuphine.</p>
<p>Dans les douleurs dites <a href="http://www.sfetd-douleur.org/la-douleur-neuropathique">« neuropathiques »</a>, souvent liées à une atteinte du système nerveux, les antalgiques sont moins efficaces et génèrent de nombreux effets secondaires. Les anti-épileptiques et les antidépresseurs peuvent alors être proposés, car ils entraînent moins d’effets indésirables. Cependant, ils n’ont qu’une efficacité modérée, et observable chez seulement 50 % des patients environ, comme le montre une <a href="http://www.sfetd-douleur.org/sites/default/files/u3/docs/main.pdf">étude de 2010</a>.</p>
<h2>Le cannabis thérapeutique, pas encore accessible en France</h2>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/bienfaits-et-risques-du-cannabis-ce-que-dit-la-science-71184">cannabis thérapeutique</a>, quant à lui, n’est pour l’instant pas accessible sur simple prescription médicale en France. Le Sativex a bien obtenu son autorisation de mise sur le marché dans la sclérose en plaques, mais il n’est toujours pas commercialisé faute d’<a href="http://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sciences-et-ethique/Prudence-francaise-2017-03-21-1200833560">accord sur le prix avec le fabricant</a>.</p>
<p>Contre la douleur, plusieurs techniques fournissent des alternatives aux médicaments. Les <a href="http://social-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/douleur/les-structures-specialisees-douleur-chronique/article/les-structures-specialisees-douleur-chronique-sdc">Centres d’évaluation et de traitement de la douleur</a> (CEDT), structures publiques spécialisées, proposent notamment l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24547802">hypnose</a>, l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27935777">acupuncture</a>, la sophrologie, la relaxation, les thérapies cognitives et comportementales ou <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1769449308700165">TCC</a>, l’homéopathie, l’art-thérapie, la <a href="https://theconversation.com/la-musique-adoucit-les-douleurs-47733">musicothérapie</a>.</p>
<p>On peut aussi citer des techniques nouvelles de stimulation du cerveau à l’aide d’électrodes placées sur le crâne, dites de <a href="http://www.cochrane.org/CD008208/SYMPT_stimulating-the-brain-without-surgery-in-the-management-of-chronic-pain">neuromodulation non invasive</a>. La neurostimulation électrique transcutanée (TENS), le matelas magnétique, la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) et la stimulation transcrânienne par courant continue (tDCS), par exemple, sont pratiquées au <a href="http://www.chu-grenoble.fr/content/centre-de-la-douleur">CETD du CHU de Grenoble</a>. Elles permettent de moduler, à la hausse ou à la baisse, l’activité de certaines régions cérébrales, celles dont le dysfonctionnement est à l’origine des douleurs chroniques chez le patient.</p>
<h2>Usage problématique ou réelle addiction ?</h2>
<p>Qui est concerné, aujourd’hui en France, par une addiction aux antidouleurs les plus puissants ? Difficile de répondre avec précision. Le sujet a été mis sur la table en 2015 lors du congrès international d’addictologie <a href="http://www.congresalbatros.org/archives-2015">L’Albatros</a>, à Paris. Le neurologue <a href="http://histoire.inserm.fr/les-femmes-et-les-hommes/didier-bouhassira">Didier Bouhassira</a> et le président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur, le rhumatologue <a href="http://www.sfetd-douleur.org/conseil-dadministration">Serge Perrot</a>, ont tenu une conférence au titre éloquent : « L’addiction aux antalgiques opioïdes, mythe ou réalité ? »</p>
<p>La difficulté pour mesurer le phénomène tient notamment à « la diversité des critères de définition utilisés dans les études, en l’absence de distinction entre usage problématique et réelle addiction » a expliqué Serge Perrot. De fait, chez l’adulte, le taux de prévalence d’addiction aux opiacés varie selon les études entre… 0 et 50 % dans les douleurs chroniques non cancéreuses, et entre 0 et 7,7 % dans les douleurs chroniques cancéreuses, selon une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17070082">revue de la littérature scientifique de 2007</a>.</p>
<p>Un questionnaire permet de se tester quant à une éventuelle addiction aux médicaments antalgiques. Baptisé le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18657935">Pomi</a> pour <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18657935">« Prescription opioid misuse index »</a>, il repose sur six questions simples.</p>
<ul>
<li><p>Vous arrive-t-il de prendre plus de médicaments que ceux qui vous sont prescrits ?</p></li>
<li><p>Vous arrive-t-il de prendre plus souvent vos médicaments ?</p></li>
<li><p>Vous arrive-t-il de faire renouveler votre traitement contre la douleur plus tôt que prévu ?</p></li>
<li><p>Vous arrive-t-il de vous sentir bien ou euphorique après avoir pris votre antalgique ?</p></li>
<li><p>Vous arrive-t-il de prendre votre médicament antalgique parce que vous êtes tracassé, pour faire face à d’autres problèmes que la douleur ou les surmonter ?</p></li>
<li><p>Vous arrive-t-il de consulter plusieurs médecins et les urgences pour obtenir vos antalgiques ?</p></li>
</ul>
<p>Si vous avez deux réponses positives ou plus, le réflexe doit être d’en parler à votre médecin prescripteur. On peut aussi s’adresser à un CETD ou à un addictologue dans un centre spécialisé, un <a href="http://www.drogues-info-service.fr/Tout-savoir-sur-les-drogues/Se-faire-aider/L-aide-specialisee-ambulatoire">Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie</a>.</p>
<h2>Un risque de surdosage mortel</h2>
<p>La dépendance peut en effet augmenter le risque d’un surdosage mortel avec ces médicaments. Aux États-Unis, le nombre de décès attribuables aux <a href="https://www.drugabuse.gov/related-topics/trends-statistics/overdose-death-rates">médicaments à base d’opiacés</a> ne cesse de croître, atteignant au total plus de 200 000 personnes entre 2002 et 2015.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/172160/original/file-20170604-20608-euc8xv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nous n’avons pas d’Oxycontin en stock, est-il indiqué dans la vitrine de cette pharmacie, en Californie (États-Unis), pour décourager les utilisateurs en manque d’oxycodone.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/travelinlibrarian/186507448/in/photolist-6399m7-6YHhUa-dArXLx-dArWtD-dArXZv-dArYcB-dArYoi-dAxpAY-dArYyg-dAxntb-dArU74-9ovsFK-aZ24z6-EemuD-MFZxSJ-634TGr-dAxnU3-dArUvF-dAxkUJ-dAxonE-dArT76-dArRXX-dAxkHJ-dAxmhu-dArThV-dAxn3A-dAxngo-dAxmsy-dArSye-dAxoLq-dAxoz3-75TVqg-e7JwSd-9ovudD-d8kB6-dAxpcy-a5syG-e8TBNQ-dAxp1w-m62xYT-9ovvUg-9oyx3E-4gZNMe-gY5vS-75TTKz-htUaE-4ffTLY-zfjFR-2jwH3J-Bkc3nJ">Michael Sauers/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans un article publié dans le <a href="http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1614972"><em>New England Journal of Medicine</em></a> en avril 2017, les addictologues Bruce Psaty et Joseph Merill constatent qu’une génération entière de médecins a été formée aux États-Unis à prescrire fréquemment des opioïdes quand leurs patients leur parlaient de douleur. La stratégie de l’industrie pharmaceutique pour augmenter les prescriptions et mondialiser, en particulier, l’oxycodone (Oxycontin, sous son nom commercial), est dénoncée dans une enquête du <a href="http://www.latimes.com/projects/la-me-oxycontin-part3/"><em>Los Angeles Times</em></a> publiée le 18 décembre 2016 et reprise en français dans la revue médicale indépendante <a href="http://rvh-synergie.org/images/stories/pdf/e-dito_13.pdf"><em>Le Flyer</em></a>. Les journalistes y décrivent le rôle joué par <a href="http://www.purduepharma.com/healthcare-professionals/">Purdue Pharma</a> et « la volonté de cette firme de développer une stratégie planétaire d’incitation à la prescription d’oxycodone ».</p>
<h2>Le marketing efficace des fabricants</h2>
<p>Si la France n’est pas touchée dans les mêmes proportions par ces surdosages, « personne ne souhaite que l’oxycodone, sous la pression d’un marketing efficace, devienne la première drogue mortelle en France, comme elle l’est aujourd’hui aux États-Unis », soulignaient dans la revue <a href="http://www.rvh-synergie.org/images/stories/pdf/e-dito_5.pdf"><em>Le Flyer</em></a> le pharmacien Stéphane Robinet et le rédacteur en chef Mustapha Benslimane.</p>
<p>On dénombre en France quelques centaines de décès chaque année liés à un opioïde médicamenteux, selon les chiffres présentés par le psychiatre <a href="http://sos-addictions.org/l-association/comite-scientifique/pr-nicolas-authier">Nicolas Authier</a>, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand. Citées dans <a href="http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/04/24/opiaces-en-france-des-centaines-de-morts-par-an_5116633_1650684.html"><em>Le Monde</em> du 24 avril 2017</a>, ses données indiquent une augmentation de 128 % entre 2000 et 2014.</p>
<p>À Dinan (Côtes-d’Armor), un <a href="http://www.ouest-france.fr/bretagne/dinan-22100/dinan-le-lyceen-est-decede-l-internat-d-une-surdose-de-morphine-4841137">lycéen de 16 ans</a> est mort le 2 mars d’une overdose, après avoir utilisé un <a href="http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Douleur/Soulager-avec-des-medicaments/La-morphine">patch de morphine</a>. L’enquête est en cours pour savoir comment il s’était procuré ce puissant antidouleur, disponible uniquement sur ordonnance. À l’évidence, les dangers des médicaments contre la douleur sont loin d’être suffisamment connus de tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76714/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Arvers a reçu des financements de Lundbek SAS, PierreFabre Médicament, RB Pharmaceuticals France, Novartis Santé Familiale SAS.</span></em></p>Les médicaments antalgiques les plus puissants sont à base d’opiacés. Ils font courir aux patients le risque de développer une addiction, d’où la nécessité de les utiliser avec vigilance.Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/708022017-01-02T20:56:17Z2017-01-02T20:56:17ZComment tenir (vraiment) vos bonnes résolutions en 2017<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/151530/original/image-20170102-29222-1lcs6i8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si vous voulez que vos bonnes résolutions du nouvel an durent plus longtemps que le réveillon, il est nécessaire d'adopter de nouvelles habitudes. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/531462046?src=NZXtLM_X8pdNRwxSydPDTA-1-8&id=531462046&size=medium_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Chaque année vous vous jurez de tenir les bonnes résolutions prises à l’occasion du Nouvel An. Mais une année après l’autre, vous déviez de la trajectoire que vous vous êtes fixée et, très vite, vous abandonnez la partie. Pourquoi les bonnes résolutions sont-elles si difficiles à appliquer ?</p>
<p>Ce dont il est question, avec les bonnes résolutions du Nouvel An, c’est de rompre avec les mauvaises habitudes. C’est difficile, mais pas impossible.</p>
<p>Si nos comportements habituels sont tenaces, c’est parce qu’ils sont <a href="http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17437199.2011.603640">automatiques, faciles et gratifiants</a>. Pour changer une habitude, il faut bouleverser nos agissements pour laisser s’installer de nouveaux réflexes, plus souhaitables. Mais comme l’indique le nombre élevé de bonnes résolutions jamais suivies d’effet, rompre avec les vieilles habitudes pour en <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1469029207000039">forger de meilleures pour notre santé</a> peut s’avérer ardu.</p>
<p>Et malheureusement, ce n’est pas seulement une question de motivation, comme le comportementalisme permet de le comprendre.</p>
<h2>Derrière les mauvaises habitudes, des éléments déclencheurs</h2>
<p>Cette théorie de la psychologie est plus connue par sa principale application, les <a href="http://www.aftcc.org/les-therapies-comportementales-et-cognitives">thérapies comportementales et cognitives</a>(TCC). Elle tente de comprendre le comportement humain et animal en étudiant le comportement observable et le contexte dans lequel il se produit. D’après le comportementalisme, les habitudes sont motivées initialement par les effets ou les conséquences du comportement, comme se procurer de la nourriture ou gagner de l’argent. Elles sont déclenchées par <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0896627313008052">des signaux liés à l’environnement</a>, par exemple un moment de la journée, l’endroit où vous vous tenez, ou les objets autour de vous.</p>
<p>Cette approche se différencie d’autres manières d’analyser comment se forgent nos habitudes, centrées quant à elles sur des expériences intérieures et subjectives, comme les humeurs, les pensées et le ressenti. Le comportementalisme se préoccupe davantage de ce qui peut être observé de façon objective.</p>
<p>Les comportementalistes <a href="http://www.psycom.org/Soins-accompagnements-et-entraide/Therapies/Therapie-comportementale-et-cognitive-TCC">bouleversent les schémas habituels de comportement</a> et s’efforcent d’en forger de nouveau en appliquant ce qu’on pourrait appeler le B-A-BA du changement comportemental :</p>
<ul>
<li>définir clairement le comportement que vous voulez changer</li>
<li>identifier les éléments déclencheurs</li>
<li>agir sur les conséquences résultant de ce comportement.</li>
</ul>
<h2>Quantifiez votre objectif</h2>
<p>Si vous ne définissez pas précisément le comportement visé, ce que vous devez changer devient sujet à interprétation, offrant le moment venu de nombreuses échappatoires.</p>
<p>Nommez le comportement en question et quantifiez votre objectif. Par exemple, « J’aimerais marcher cinq kilomètres trois fois par semaine » constitue une définition précise, contrairement à « J’aimerais faire davantage d’exercice ».</p>
<p><a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195666311005265">Certains signaux de notre environnement</a> déclenchent généralement <a href="http://psycnet.apa.org/journals/psp/88/6/918/">nos comportements habituels</a>. Les comportementalistes les désignent comme les <em>stimuli</em>. Prenons un exemple : à quel moment êtes-vous le plus susceptible de craquer pour une bière bien fraîche ? Plutôt le vendredi après-midi, en vous arrêtant au bistrot ? Ou bien le dimanche matin, en vous rendant à la messe ?</p>
<p>La réponse va de soi. Parce que, par le passé, nous avons apprécié de prendre un verre au comptoir une fois terminée la semaine de travail, nous allons plus facilement boire une bière ou deux quand nous nous retrouvons dans ce lieu. Cela risque peu de se produire dans une église où, à part le vin de messe, vous n’allez pas trouver beaucoup d’alcool. L’environnement du bistrot plante le décor induisant le comportement de boire. Pas celui de l’église.</p>
<h2>Emporter une bouteille d’eau au travail</h2>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=W1eYrhGeffc&app=desktop">Pour forger une nouvelle habitude</a>, vous devez à la fois maximiser les signaux qui entraînent la réponse désirée et éviter ceux qui induisent la réponse indésirable.</p>
<p>Par exemple, si vous voulez boire plus d’eau et que vous remarquez que vous buvez davantage quand vous avez une bouteille à portée de main, vous pouvez emporter chaque jour une bouteille d’eau pleine au travail. Utilisez la bouteille comme un signal visuel.</p>
<p>Les conséquences d’un comportement vont, pour une large part, déterminer si vous serez <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780123705099000875">susceptible ou non de répéter ce comportement</a>. De façon assez évidente, si un nouveau comportement produit un effet agréable, vous avez davantage de chances de le renouveler.</p>
<p>Cela conduit au renforcement, un concept important dans le comportementalisme qui fait référence au processus d’encouragement d’une réponse donnée. Le renforcement peut être utilisé par chacun pour établir une nouvelle habitude.</p>
<h2>Trouvez une vraie récompense</h2>
<p>Le renforcement positif est sans doute un terme familier pour beaucoup de nos lecteurs. On l’utilise lorsqu’un comportement est suivi d’une récompense. La nourriture et l’argent sont des sources évidentes de renforcement, mais ils ne sont pas forcément appropriés… si votre résolution est de faire un régime ou d’économiser ! Interrogez-vous plutôt sur le genre de choses que vous désirez particulièrement mais que vous obtenez rarement. Là, vous tiendrez une vraie récompense.</p>
<p>Qu’en est-il du renforcement négatif ? Contrairement à une idée reçue, cela ne signifie pas que le comportement est suivi d’un événement négatif. Ce terme fait référence à un comportement suivi par la <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1901/jaba.1987.20-361/abstract">disparition d’une situation négative pour l’individu</a>, avec pour conséquence le fait qu’il se sent mieux.</p>
<p>Pensez à ce qui arrive quand vous vous ennuyez ou que vous êtes stressé. Une façon de vous débarrasser de cet état émotionnel peut consister à manger du chocolat. La suppression du sentiment d’ennui ou de stress vous fait vous sentir mieux et la consommation de chocolat est renforcée négativement. Alors, soyez attentif à la manière dont vous vous sentez juste avant d’opérer selon une vieille habitude. Ce comportement est-il déclenché par la présence puis la disparition d’une humeur maussade ?</p>
<h2>Oubliez la punition</h2>
<p>Il y a une troisième option parmi les conséquences possibles à un comportement, la punition. N’y pensez même pas. La punition est délicate à manier, et personne de sensé ne va se punir lui-même régulièrement pour avoir fait quelque chose qu’il aime.</p>
<p>Connaître le B-A-BA du changement de comportement (<em>stimuli</em>, réponse, conséquences) est utile pour les personnes qui procrastinent – c’est à dire qui remettent facilement au lendemain ce qu’elles pourraient faire le jour même – et celles qui réfléchissent trop. En agissant sur les <em>stimuli</em> et les conséquences d’un comportement, vous pouvez, en quelque sorte, contrecarrer les tentatives de sabotage de votre propre cerveau.</p>
<p>Identifier puis agir sur les stimuli et les conséquences d’un comportement peut d’ailleurs être utile à chaque fois qu’un comportement pose problème, et pas seulement pour tenir ses bonnes résolutions du Nouvel An.</p>
<p>Vous pouvez souhaiter changer votre propre comportement, mais peut-être aussi celui d’un proche ou même celui de votre animal domestique. Si des étudiants peuvent apprendre à des rats à jouer au basket en utilisant le renforcement positif, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=jAQSEO25fa4">comme l’ont fait des étudiants américains en psychologie</a>, vous pouvez certainement vous entraîner vous-même à sortir faire une marche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70802/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Swinbourne reçoit des financements du NHMRC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bek Boynton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plus de sport, moins d’alcool : les bonnes résolutions du Nouvel An sont difficiles à tenir dans la durée. Sauf à s'appliquer, à soi-même, les principes de la thérapie comportementale.Bek Boynton, PhD Candidate, James Cook UniversityAnne Swinbourne, Senior Lecturer, Psychology, James Cook UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/681202016-11-06T19:52:24Z2016-11-06T19:52:24ZRougir et en avoir honte : l’enfer de l’éreutophobie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144474/original/image-20161103-25335-1scftx2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'actrice Isabelle Carré incarne un personnage à la timidité maladive dans le film _Les émotifs anonymes_. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm-129640/photos/detail/?cmediafile=19598489">StudioCanal</a></span></figcaption></figure><p>Rougir des joues, voilà une réaction tout à fait normale et universelle. Pourtant, certaines personnes développent une véritable obsession autour de la crainte de rougir devant les autres, et <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Phobies">cette phobie</a> peut se transformer en calvaire. Les médecins la nomment « éreutophobie », et cela depuis le XIX<sup>e</sup> siècle. Elle est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense.</p>
<p>Un peu d’anatomie, pour commencer. Le rougissement du visage s’explique par un afflux de sang dans les petits vaisseaux présents sous la peau, qui peuvent se dilater sous le contrôle du système nerveux. Il s’agit d’une réaction normale, que tout le monde peut ressentir même si sa visibilité est variable selon la couleur et l’épaisseur de la peau. De même, l’intensité de cette réaction peut être différente d’une personne à l’autre, comme la plupart des phénomènes biologiques du corps.</p>
<p>Deux types de mécanisme peuvent expliquer l’apparition d’un rougissement. Le premier est purement physique : il vise à rafraîchir le corps, en évacuant un peu de chaleur excessive, lors d’un effort physique en particulier. En effet, la circulation du sang sous la peau permet d’augmenter la surface de contact avec l’air ambiant, et donc d’évacuer de la chaleur. Le maintien d’une température stable, autour de 37 °C, fait partie des priorités de notre organisme car il conditionne le fonctionnement de tous nos systèmes internes. À tel point que ce rougissement de « climatisation » est une réaction complètement automatique, comme la transpiration qui poursuit le même but, contre laquelle la volonté ne peut absolument rien.</p>
<h2>Sous l’effet des émotions fortes</h2>
<p>Le second mécanisme du rougissement <a href="https://theconversation.com/quand-lemotion-viendra-aux-robots-61651">est lié aux émotions</a>. Toutes les émotions fortes, positives (plaisir) ou négatives (colère) peuvent en effet s’accompagner de rougissements. Cela s’explique par l’activation du système nerveux, avec libération de l’adrénaline qui agit sur le cœur, mais aussi sur les vaisseaux du visage. Et une gamme d’émotions est particulièrement en cause : celle de l’embarras, qui va de la simple gêne à la plus forte honte. On les ressent quand on est touché ou perturbé par la présence et surtout le regard de l’autre sur soi-même, que ce soit positivement (compliments reçus, envie de plaire) ou négativement (idée de culpabilité, crainte d’un jugement dévalorisant).</p>
<p>Comme le rougissement de chaleur, le rougissement « social » est un pur réflexe, ancré très profondément dans notre cerveau, et donc inaccessible à la volonté. Si l’on se fie au déterminisme, on peut penser que cette réaction a une fonction essentielle pour la vie en société : en montrant à l’autre, même sans langage, qu’on est conscient de sa présence et de son point de vue, on évite un rapport de force et une agressivité qui pourraient être délétères pour les deux individus et donc ainsi pour l’ensemble de l’espèce. Les émotions fondamentales ont en effet préexisté au langage, et se retrouvent dans beaucoup d’espèces de mammifères. Elles s’accompagnent toujours d’une partie visible aux autres qui sert à la communication : mimique du visage, attitude corporelle, etc.</p>
<p>Un accès de rougissement social dure normalement quelques secondes, et n’est qu’un (petit) mauvais moment à passer que l’on oublie vite. Pour certaines personnes très sensibles au regard de l’autre, qui se sentent vulnérables et/ou souhaitent donner une certaine image très assurée d’elles-mêmes, un tel épisode peut se transformer en cauchemar. La sensation de rougeur, ou plus exactement de chaleur – car on ne peut pas constater soi-même la couleur de ses joues – déclenche chez elles une angoisse très forte, une hyperfocalisation sur soi, et l’envie de fuir le regard des autres considéré comme porteur de moqueries ou au moins de jugement.</p>
<h2>Un rougissement auto-entretenu</h2>
<p>Hélas, toutes ces réactions ne font qu’augmenter le malaise et donc… le rougissement. Vouloir l’arrêter ou même le dissimuler ne fait qu’aggraver la situation, comme quand on essaie de casser une alarme programmée pour sonner encore plus fort quand quelqu’un cherche à l’éteindre sans en avoir le code. Ainsi auto-entretenu comme un feu que l’on arrose d’huile, l’épisode de rougissement peut durer de longues minutes, voire plus, en général jusqu’à l’interruption de l’échange avec l’interlocuteur. Il laisse ensuite une trace quasi-traumatique dans la mémoire émotionnelle de la personne, entourée d’un sentiment de honte et d’une obsession à long terme : « Plus jamais ça ! »</p>
<p>À la suite d’expériences de ce type, en général dans l’enfance ou l’adolescence et surtout quand des moqueries ont bel et bien été exprimées, la crainte de rougir peut devenir envahissante. Elle risque de perturber gravement le bien-être et surtout la vie sociale. L’éreutophobie est en fait un mélange de phobies sociales, du fait de la peur et de l’évitement des autres, et un trouble obsessionnel, car l’idée de rougir se transforme en idée fixe, avec l’impression qu’un « flush » peut arriver à tout moment.</p>
<p>Et, effectivement, du fait du stress et de l’hyperattention que l’on y porte, ces épisodes peuvent se répéter de plus en plus. Les rougissements se déclenchent alors dans les situations sociales sensibles (enjeu de séduction, examen, etc.), mais aussi dans les circonstances les plus banales comme en famille ou lors d’une rencontre inopinée. La personne modifie alors ses activités, sort moins, fait des choix de vie contraints par cette peur, et recherche diverses stratégies de dissimulation (maquillage, vêtements couvrants, préférence pour les lieux frais ou sombres, etc.).</p>
<p>L’éreutophobie apparaît en général à l’adolescence ou un peu après. Elle <a href="http://pelissolo.over-blog.com/article-mesurer-votre-ereutophobie-97998977.html">peut durer quelques mois, mais, parfois, beaucoup plus</a>. Dans les cas sérieux, une dépression peut en découler, ou d’autres complications comme une consommation excessive d’alcool ou d’autres addictions.</p>
<h2>Les extravertis ne sont pas épargnés</h2>
<p>Il n’existe pas de statistiques précises sur les personnes touchées par cette phobie. Mais si l’on considère qu’environ un quart des personnes <a href="http://www.psycom.org/Troubles-psychiques/Troubles-anxieux">souffrant d’anxiété sociale</a> (soit 4-5 % de la population) ont, entre autres, une certaine peur de rougir, on peut estimer à 1 % la fréquence de l’éreutophobie, soit plus de 600 000 personnes en France (touchées actuellement ou l’ayant été dans le passé). Le nombre de femmes est supérieur au nombre d’hommes, mais ceux-ci ne sont pas épargnés. Tous les profils de personnalité peuvent être concernés (même des célébrités, très différentes, comme Tennessee Williams, Johnny Hallyday ou Frédéric Beigbeder ont dit en avoir souffert) et pas seulement les tempéraments timides. Car certaines personnes initialement très extraverties et à l’aise en société ne voulant surtout pas apparaître comme timides – signe assimilé, à tort, à de la faiblesse et de l’incompétence – sont réellement traumatisées par des expériences humiliantes de rougissement. Elles deviennent alors durablement évitantes des autres et de leurs propres émotions.</p>
<p>Heureusement, il existe des solutions pour se libérer de la peur de rougir. Paradoxalement, ces solutions passent d’abord <a href="http://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/guides-pour-s-aider-soi-meme/ne-plus-rougir-et-accepter-le-regard-des-autres_9782738123251.php">par une phase d’acceptation</a>, car s’interdire totalement de rougir mène à l’impasse. Même si la sensation peut être pénible sur le moment, et même si ça n’est pas l’image que l’on souhaite donner de soi, il faut admettre une certaine dose d’émotivité et de sensibilité au jugement de l’autre, qui constitue plutôt une qualité humaine appréciable. En acceptant cela, et même en osant en parler à certains proches, un travail de dé-dramatisation peut commencer utilement. Car le tabou et la honte ne font qu’aggraver le sentiment de solitude et d’incapacité.</p>
<p>Il faut ensuite réussir à se persuader que le rougissement, même s’il est parfois visible par autrui, attire beaucoup moins l’attention et l’intérêt que ce que l’on imagine. La manière de s’exprimer, en parlant posément et fort, le contenu du discours et l’attitude générale comptent beaucoup plus pour transmettre des informations sur soi-même et être apprécié que la couleur des joues. Il est donc nécessaire « d’oublier » le rougissement pour se concentrer le plus possible sur ce que l’on souhaite dire et sur les réponses et les questions de l’interlocuteur. Inutile de chercher à deviner comment celui-ci nous juge : il est impossible de le savoir vraiment. Il s’agit d’un effort essentiel de contrôle de son attention. L’exercice demande de l’entraînement, mais permet d’améliorer nettement son aisance relationnelle. Tout en étant indulgent et même amical envers soi-même, il faut surtout ne pas obéir au rougissement, c’est-à-dire ne pas fuir le contact avec autrui et ne pas chercher à cacher son émotivité de manière artificielle.</p>
<h2>La respiration, la méditation, l’affirmation de soi</h2>
<p>Des exercices progressifs d’exposition au regard de l’autre permettent d’accroître la confiance en soi, de réduire la peur et, <em>in fine</em>, de briser le cercle vicieux des rougissements. D’autres techniques, basées sur la respiration, la méditation ou l’affirmation de soi complètent bien cet entraînement. Le résultat attendu n’est pas de ne plus jamais rougir, mais de ne ressentir, dans certaines situations, que de brèves montées de chaleur auxquelles on ne prête plus attention et qui, ainsi, s’éteignent aussi rapidement qu’elles sont venues.</p>
<p>À coté des soins des professionnels, le soutien d'autres personnes touchées <a href="http://www.atoute.org/n/forum/forumdisplay.php?f=32">qu'on trouve sur les forums de discussion spécialisés</a> peut aider. Des mises en situation permettant d’apprivoiser ses peurs et de s’habituer à s’exprimer en public sont aussi de très bonnes voies : théâtre, chorales, ou encore <a href="http://mediagoras.fr/">associations proposant des groupes de parole et d’entraide</a> pour les personnes timides ou anxieuses (illustrés dans l’excellent film <a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=129640.html"><em>Les émotifs anonymes</em></a> de Jean-Pierre Améris).</p>
<p>Dans les formes les plus graves et durables d’éreutophobie, la consultation d’un spécialiste peut être utile, avec surtout un recours possible <a href="http://www.aftcc.org/">aux thérapies comportementales et cognitives</a>, seul ou en groupe. Une aide complémentaire par une prescription médicamenteuse, essentiellement <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Antidepresseurs">des antidépresseurs</a> (même en dehors d’une dépression), peut être également très bénéfique dans les formes sévères.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68120/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Pelissolo a reçu ces trois dernières années des financements (rémunérations pour des travaux de recherche ou de formation, ou invitations à des réunions scientifiques) des laboratoires pharmaceutiques Biocodex, Lundbeck, Servier, Janssen-Cilag, Astra-Zeneca, Medtronic France et de la société de communication en santé Pascaleo. </span></em></p>La peur de rougir touche en majorité les grands timides, mais cette phobie n’épargne pas les personnalités extraverties. Il existe des moyens pour en venir à bout.Antoine Pelissolo, Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/668162016-10-12T19:49:56Z2016-10-12T19:49:56ZS’arracher les cheveux : parfois ce n’est pas qu’une expression<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/141136/original/image-20161010-3906-1hhjzvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C437%2C2758%2C2002&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/idhren/8561756693/in/photolist-e3zeYH-8UsCmM-5iUhB2-9HPdFW-7JcHa6-e1LdxT-dB7RA2-bRHAfk-e3zdGk-cC5jHW-p6bWRx-qDBJMY-p855Fm-99Z3Pw-bYaSUU-bmLCAj-3YLfE8-5FdGPo-SX3YQ-dhzoag-bkF6TV-4WyXfH-kkvcWe-aggLDM-9FT1Er-676DF7-4ywEv6-6cLo5q-73N1PP-5TdRX-927PfN-6i5s7o-71KE2U-6j8WdG-9cCm39-5jMt8m-qW2QR-4p3Dkf-7rQLMh-dwqKaE-7ursAB-4zJo9P-fm6FeZ-7YHn8B-4WVSQC-dgWdwN-4KBT4r-7YHn1c-b39Jj4-6xHxB1">Maria Morri/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Face aux problèmes de la vie courante, nombreuses sont les personnes à s’arracher les cheveux, au sens figuré. On sait moins que certaines le font vraiment. Au sens propre. Répertorié sous le nom de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Trichotillomanie">trichotillomanie</a>, ce geste peut être rangé dans la catégorie plus vaste des actes auto-agressifs, où l’individu porte atteinte à lui-même. Se gratter la peau à répétition, se laver les mains compulsivement au point de s’abîmer la peau, se scarifier : il existe des degrés de gravité divers dans ces comportements. Certains peuvent paraître – à tort – anodins. Tous méritent de s’en préoccuper.</p>
<p>Pourquoi diable s’arracher les cheveux ? Par masochisme ? Cette explication triviale, sans être complètement absurde, est un peu courte. Les « manies corporelles » et les automutilations sont des conduites pathologiques relevantes de mécanismes variés, mêlant neurobiologie et psychopathologie. Un décryptage de ces comportements troublants peut être utile pour mieux les comprendre et tenter de les modifier.</p>
<h2>Tics ou TOC</h2>
<p>Beaucoup de conduites répétitives et excessives, centrées sur le corps, pourraient s’apparenter à des tics ou éventuellement à des <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Trouble-obsessionnel-compulsif-TOC">troubles obsessionnels-compulsifs</a> (TOCs). En simplifiant, les tics sont des gestes répétitifs, réalisés consciemment mais de manière presque automatique, et sans objectif précis autre que de soulager le besoin de le faire ; une sensation de tension précède en effet l’exécution du tic.</p>
<p>Dans les TOCs, les actes <a href="https://www.youtube.com/watch?v=2hAfoE8oPCg">sont réalisés de manière excessive et inadaptée</a>, mais avec une intention assez bien définie : nettoyer, vérifier, ranger, compter, etc. On parle de compulsion car ces actions sont volontaires, bien que la personne les considère comme absurdes et inutiles, utilisant volontiers l’expression « c’est plus fort que moi ». Elle connaît ainsi un déchirement interne, avec une partie de sa volonté qui lutte contre une autre partie de celle-ci pour faire ou ne pas faire ces gestes.</p>
<h2>Monsieur Propre</h2>
<p>Dans le cadre d’un TOC, les compulsions ou les rituels parfois néfastes pour le corps sont initialement des actes de protection, qui deviennent dangereux à force d’être répétés exagérément. L’exemple le plus courant est celui des rituels de nettoyage et de toilette, comme le lavage des mains. À cause d’une impression intolérable de souillure, les malades se sentent obligés de se laver les mains un très grand nombre de fois dans la journée, et sur des durées très longues, parfois jusqu’à 2 ou 3 heures au total.</p>
<p>L’exposition prolongée à l’eau et au savon et la propension à frotter fort sont rapidement dommageables et abrasives pour la peau. Surtout en cas d’utilisation de produits particulièrement détergents comme des antiseptiques ou de l’eau de javel – ce qu’on voit parfois. Les mains et les avant-bras sont alors à vif en permanence, et peuvent présenter des gerçures ou des crevasses en période hivernale. Ces lésions peuvent être aggravées par d’autres compulsions de ménage très répétitives, avec manipulations de produits nettoyants et frottages énergiques prolongés.</p>
<p>De la même manière, certains tics peuvent être dangereux pour leur auteur. C’est le cas surtout des personnes souffrant du <a href="https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/GillesdelaTourette-FRfrPub43.pdf">syndrome de Gilles de la Tourette</a>, qui se manifeste par des tics complexes, c’est-à-dire plus élaborés et longs que les tics banals. En plus de proférer des bruits de gorge ou des insultes, la fameuse « coprolalie », certains tics sont constitués de véritables séquences de mouvements dirigés vers un but.</p>
<p>Une composante auto-agressive peut être présente, comme le fait de taper sur une surface dure, se frapper soi-même au visage, se mordre ou encore s’enfoncer les doigts dans les yeux. Ces gestes, dangereux quand ils se répètent violemment, sont réalisés sans aucun objectif ni mentalisation, ce qui les différencie des compulsions liées aux TOCs, effectuées avec un but précis.</p>
<h2>S’auto-crêper le chignon</h2>
<p>D’autres symptômes, à la frontière entre TOC et tics, portent directement sur la peau et les phanères : cheveux, poils, sourcils. Le syndrome le mieux décrit est la trichotillomanie, qui consiste à s’arracher les cheveux de manière répétitive, sans but réel, avec parfois quelques manipulations (jouer avec les cheveux avant ou après, cheveu par cheveu ou par mèches entières, les porter à la bouche, etc.). Les arrachages ont lieu en général par crises de quelques minutes à quelques heures, surtout dans les moments d’ennui ou de stress.</p>
<p>Ces gestes sont parfois accompagnés d’une sensation de plaisir, et le besoin d’arracher est vécu comme irrépressible, ce qui ressemble assez fortement à des tics. La trichotillomanie touche en majorité des femmes, plutôt jeunes en général, et peut s’intégrer à une pathologie psychique comme une dépression, un trouble de la personnalité voire à une schizophrénie. Mais elle peut être aussi isolée, sans autre symptôme. Les conséquences physiques sont souvent très importantes, certaines patientes perdant des plaques entières ou la quasi-totalité de leurs cheveux. Elles cherchent le plus souvent à dissimuler cette alopécie particulière, vécue dans la honte et la culpabilité, sous des perruques ou des couvre-chefs.</p>
<p>L’arrachage peut également concerner d’autres phanères comme les poils du corps, notamment du pubis, les cils ou les sourcils. Là aussi, ces gestes sont réalisés de manière presque automatique, consciente mais sans raison particulière. L’anxiété ressentie est plus ou moins forte. Dans certains cas, se rapprochant plus des TOCs que des tics, les personnes décrivent le besoin de rendre leur apparence « propre » en faisant disparaître toute trace de poil, cette obsession s’accompagnant aussi de vérifications permanentes.</p>
<h2>Se triturer la peau</h2>
<p>La dermatillomanie est un diagnostic nouvellement intégré à la classification d’origine américaine des troubles psychiques, le DSM-5, au carrefour des troubles impulsifs et compulsifs. Il s’agit là aussi d’un besoin irrépressible de gratter ou de « triturer » la peau et plus particulièrement toute imperfection à sa surface, comme des boutons, des croûtes ou des irrégularités. Ces actes sont précédés d’une vérification minutieuse et quasi-obsessionnelle de la peau, directement ou à l’aide d’un miroir quand il s’agit du visage, et d’une tension nerveuse qui n’est soulagée que par le triturage ou l’excoriation.</p>
<p>Ces troubles se rapprochent des <a href="http://www.psycom.org/Troubles-psychiques/Troubles-anxieux">dysmorphophobies</a>, autres obsessions corporelles basées sur la conviction erronée d’avoir une anomalie physique inesthétique. Ces comportements peuvent paraître banals. En fait, on parle de réelle pathologie quand ils sont à l’origine d’une souffrance forte pour la personne ou de conséquences délétères certaines : niveau d’angoisse élevé, sentiment de honte, beaucoup de temps perdu, lésions cutanées persistantes et à risque de mauvaise cicatrisation ou de surinfections.</p>
<p>L’onychophagie, tendance compulsive à se ronger les ongles, s’apparente à la trichotillomanie ou à la dermatillomanie, en moins problématique généralement, et peut leur être associée. On regroupe aussi sous l’appellation « comportements répétitifs centrés sur le corps » (CRCC) les habitudes obsessionnelles de morsure des lèvres ou de l’intérieur des joues, l’arrachage et la morsure de la peau des ongles (onychotillomanie), et aussi l’étonnant syndrome du « refoulement maniaque de la cuticule ». Il s’agit d’une des causes comportementales des lésions de l’ongle du pouce, liées à la pression régulière de l’index ou du majeur pour repousser la petite peau (cuticule) présente à la base de l’ongle.</p>
<h2>Des gestes instinctifs</h2>
<p>Les comportements pathologiques ont toujours des causes multiples. Mais beaucoup des actes de lavage ou de manipulation compulsive de son propre corps relèvent d’un dysfonctionnement neurobiologique, qui exacerbe les gestes normaux d’auto-nettoyage. En effet, le <em>grooming</em> (toilettage, épouillage) s’observe dans toutes les espèces animales et vise à maintenir une bonne hygiène corporelle. Il s’agit d’un instinct essentiel à la survie, contrôlé par des structures très archaïques de notre cerveau, les ganglions de la base.</p>
<p>Des dysfonctionnements de ce système conduisent à des actes non régulés et donc répétitifs, que l’on peut observer dans des espèces animales aussi différentes que les singes, les souris ou les oiseaux (léchage ou frottage compulsif, arrachage des poils ou des plumes). Il peut s’agir de comportements spontanés, mais on peut aussi les déclencher en laboratoire avec des substances ou des micro-courants électriques appliqués dans les ganglions de la base pour en dérégler le fonctionnement.</p>
<p>Chez les êtres humains, les TOC et les tics <a href="http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/troubles-obsessionnels-compulsifs">sont associés à des dysfonctionnements de ces mêmes structures</a>, que l’on peut corriger souvent avec des médicaments. Dans <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5006197/">certains cas sévères de TOC résistants</a> ou de maladie de Gilles de la Tourette, on réalise désormais des <a href="http://incr.fr/maladies/13-maladie-de-parkinson/145-la-chirurgie-de-la-stimulation-cerebrale-profonde">stimulations électriques des ganglions de la base du cerveau</a>, à l’aide d’électrodes intracérébrales reliées à un générateur implanté sous la peau. </p>
<p>L’existence d’un dysfonctionnement biologique n’exclut pas, bien sûr, celle de facteurs psychologiques, venant révéler ou aggraver une vulnérabilité innée. Tout facteur de stress intense, toute fragilité de la personnalité, peuvent jouer le rôle de déclencheur, surtout chez des personnes particulièrement sensibles à l’état de leur corps ou à leur apparence physique. La peau est en effet à la fois l’enveloppe qui définit une grande partie de son identité et de son intimité (le moi-peau), et un élément de visibilité et de contact avec autrui. Elle est tout particulièrement sensible au stress, comme en témoignent les eczémas, les allergies diverses ou les rougissements du visage. On peut ainsi comprendre que cet organe puisse être au centre de préoccupations et de comportements pathologiques, comme en témoigne l’expression populaire « ne pas être bien dans sa peau »…</p>
<h2>Jusqu’à l’auto-mutilation</h2>
<p>Se scarifier avec une lame de rasoir ou un cutter, se brûler avec une cigarette, ou encore « s’ouvrir les veines » sont autant de blessures auto-infligées, de gravité croissante, relativement fréquentes chez les personnes en souffrance. Il peut s’agir d’actes à visée partiellement ou complètement suicidaires, dans le contexte d’une dépression, mais le plus souvent le désir de mort n’est pas au premier plan. La dimension sociale de l’acte n’est pas à négliger, car ces lésions sont suffisamment spectaculaires pour que l’entourage affectif se sente fortement interpellé, ce qui peut être une des motivations, conscientes ou non, de leur auteur.</p>
<p>Mais les <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Automutilations">automutilations</a>, particulièrement quand elles sont répétées, résultent surtout de mécanismes psychiques en rapport avec des angoisses profondes et insupportables. La recherche d’une douleur physique intense, de la vue du sang, ou de toute autre sensation corporelle forte répond alors au besoin d’atténuer une douleur morale débordante, vécue comme plus intolérable encore que la douleur physique. Des travaux de recherche ont d’ailleurs montré que, dans certains troubles psychiques, la sensibilité à la douleur physique était atténuée, possiblement en rapport avec des anomalies des molécules cérébrales véhiculant ou régulant les sensations douloureuses (neurotransmetteurs, opiacés endogènes).</p>
<p>La maltraitance du corps peut aussi faire suite à des angoisses associées à un sentiment de vide intérieur profond, notamment dans les troubles de la personnalité « état-limite » (ou <em>borderline</em>), très souvent marqués par des automutilations répétées, en plus des gestes suicidaires.</p>
<h2>L’aide des thérapies comportementales</h2>
<p>Les traitements dépendent bien sûr des diagnostics, et une évaluation par un médecin ou un psychologue est indispensable. Le plus souvent, une aide psychologique, voire une véritable psychothérapie, est la réponse la plus adaptée pour tenter de comprendre et de traiter <a href="http://www.psy-journal.com/article/S0165-1781(15)30147-5/abstract">les troubles psychiques en cause</a>. Pour les TOC ou les tics, une <a href="http://www.aftcc.org/">thérapie comportementale et cognitive</a> peut être très efficace pour apprendre à identifier les déclencheurs des comportements pathologiques et à les contrôler.</p>
<p>Une aide médicamenteuse, avec des <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Antidepresseurs">antidépresseurs</a> ou des <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Neuroleptiques">antipsychotiques</a>, est souvent utile en complément, quand les symptômes sont sévères. Les solutions sont du même ordre pour les autres CRCC comme la trichotillomanie ou la dermatillomanie, avec recours à des techniques plus spécifiques et à des médicaments différents réduisant l’impulsivité.</p>
<p>Les automutilations à visée suicidaire ou inscrites dans le cadre d’un trouble de la personnalité relèvent d’une prise en charge psychiatrique et psychothérapeutique complète. Celle-ci peut donner de bons résultats à condition de pouvoir établir une relation de confiance sur la durée. Les médicaments utilisés sont là aussi des antidépresseurs, des antipsychotiques ou des anti-impulsifs, en complément d’une psychothérapie adaptée. Ainsi, les comportements auto-agressifs les plus sévères justifient un accompagnement suivi dans le temps. Mais les plus légers ne doivent pas non plus être négligés, s’ils deviennent sources de souffrance ou de handicap.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66816/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Pelissolo a reçu ces trois dernières années des financements (rémunérations pour des travaux de recherche ou de formation, ou invitations à des réunions scientifiques) des laboratoires pharmaceutiques Biocodex, Lundbeck, Servier, Janssen-Cilag, Astra-Zeneca, Medtronic France et de la société de communication en santé Pascaleo.</span></em></p>Se gratter le visage, se mordre l’intérieur des joues, s'arracher les cheveux : certains gestes anodins relèvent de la pathologie dès lors qu’ils deviennent compulsifs.Antoine Pelissolo, Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.