tag:theconversation.com,2011:/institutions/astredhor-institut-technique-de-lhorticulture-4213/articlesAstredhor (Institut technique de l’horticulture)2024-02-21T11:45:55Ztag:theconversation.com,2011:article/2235712024-02-21T11:45:55Z2024-02-21T11:45:55ZPlan Ecophyto : tout comprendre aux annonces du gouvernement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/576541/original/file-20240219-30-szydzb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour comprendre ce qui se joue à travers les indicateurs Ecophyto défendus par les uns ou les autres, il faut d'abord définir de quoi on parle.</span> <span class="attribution"><span class="source">USAID Egypt / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Face aux manifestations des agriculteurs début 2024, le gouvernement français a annoncé une <a href="https://www.publicsenat.fr/actualites/environnement/pause-du-plan-ecophyto-cest-une-grave-erreur-pour-la-biodiversite-mais-aussi-pour-les-agriculteurs">« mise à l’arrêt » du plan Ecophyto</a> jusqu’au salon de l’Agriculture fin février. Cette pause devait permettre de revoir les indicateurs utilisés pour évaluer la <a href="https://theconversation.com/pour-en-finir-avec-les-pesticides-il-faut-aussi-des-agriculteurs-dans-les-champs-106978">baisse de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques</a> (pesticides appliqués sur les cultures) en France.</p>
<p>Certains indicateurs développés au niveau européen étaient fortement mis en avant avec le soutien de certains syndicats d’agriculteurs. À l’inverse, des organisations de défense de l’environnement et de la santé défendaient l’indicateur NoDU, indicateur actuel du plan Ecophyto. Le gouvernement a finalement tranché le 21 février, avec l'annonce par Gabriel Attal de <a href="https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/pesticides-lindicateur-de-mesure-conteste-par-les-agriculteurs-est-abandonne-2077724?xtor=CS4-6235">l'abandon du NoDU, au profit de l'indicateur européen HRI-1</a>.</p>
<p>Comment s’y retrouver dans cette jungle d’acronymes ?</p>
<p>En tant que membres du Comité Scientifique et Technique du plan Ecophyto, comité indépendant des pilotes du plan, nous avons notamment pour mission de guider le choix des indicateurs. Dans ce texte, nous souhaitons préciser la nature de ces derniers et en clarifier les enjeux.</p>
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<h2>À l’origine des indicateurs, un besoin d’évaluation</h2>
<p>La mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques nécessitent la définition d’indicateurs quantitatifs. Mais pour construire des indicateurs pertinents, il faut faire des choix quant à la nature de ce que l’on mesure, et à la façon dont on le définit.</p>
<p>Du fait de ces choix, les indicateurs, y compris agro-environnementaux, sont par nature <a href="http://www.agro-transfert-rt.org/wp-content/uploads/2016/03/Evaluation-agri-environnementale-et-choix-des-indicateurs.pdf">imparfaits</a>. Une quantification des ventes décrira imparfaitement la toxicité et l’écotoxicité des produits, mais même un indicateur spécifique de la toxicité pose le problème de la définition des écosystèmes et espèces touchées : humains, insectes, faune du sol ou des cours d’eau… tous sont différents par leur exposition, mais surtout par leur sensibilité aux différentes substances actives.</p>
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<p>Face à cette complexité, il est utile de se rappeler qu’un indicateur doit éclairer une décision. Il faut trouver un compromis entre pertinence et accessibilité des données mobilisées pour le calculer.</p>
<h2>Les ventes de produits phytopharmaceutiques en France comme prérequis</h2>
<p>Devant la difficulté de connaître l’utilisation de produits dans les champs, il a été choisi, aux niveaux français comme européen, de mesurer les ventes au niveau des distributeurs, par année civile.</p>
<p>Il faut garder à l’esprit que la quantification des ventes ne permet pas de suivre les pratiques agricoles en temps réel, puisque les produits sont achetés à l’avance et que les agriculteurs adaptent leur utilisation au statut agronomique de leurs parcelles (mauvaises herbes, maladies, infestations par des insectes…).</p>
<p>En France, le suivi des ventes a été rendu possible par la création de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074220/LEGISCTA000006195230/2021-02-14">redevance pour pollutions diffuses</a> (RPD) en 2008, qui est une taxe payée par les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques. Sa mise en œuvre a permis l’enregistrement de toutes les ventes de produits phytopharmaceutiques en France dans une base de données (<a href="https://www.eaufrance.fr/actualites/mise-en-ligne-du-site-bnv-d-tracabilite">BNVD</a>).</p>
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<a href="https://theconversation.com/en-france-une-taxation-des-terres-agricoles-qui-favorise-leur-artificialisation-216194">En France, une taxation des terres agricoles qui favorise leur artificialisation</a>
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<p>À partir des données de vente, plusieurs indicateurs ont été proposés dans le débat public. Nous les présentons brièvement ci-après.</p>
<h2>La quantité de substance active (QSA)</h2>
<p>La QSA correspond à la masse totale de substances actives dans les produits vendus au cours d’une année civile. Sa simplicité d’utilisation apparente voile un travers majeur : elle cumule des substances ayant des doses d’application par hectare très différentes, ce qui revient à additionner des choux et des carottes.</p>
<p>Par analogie, c’est comme si l’industrie pharmaceutique additionnait les masses de médicaments ayant des posologies radicalement différentes. Or, pour les traitements phytopharmaceutiques, les « posologies » varient fréquemment d’un facteur 1 à 100. Des substances potentiellement très toxiques, mais actives à beaucoup plus faible dose peuvent ainsi se retrouver « masquées » par d’autres substances.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/576548/original/file-20240219-20-98pykf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La simplicité d'utilisation de l'indicateur QSA est entachée d'un problème de taille : elle cumule des substances ayant des doses d'application par hectare très différentes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LeitenbergerPhotography</span></span>
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<p>Par exemple, les insecticides sont généralement efficaces à très faibles doses. Par conséquent, ces derniers ne représentent que 1,8 % de la QSA moyenne annuelle sur la période 2012-2022, alors qu’ils représentent environ 15 % des traitements.</p>
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<p>Par ailleurs, l’industrie phytopharmaceutique tend à produire des substances de plus en plus légères pour une efficacité donnée. Par conséquent, la QSA peut baisser au cours du temps sans que cela soit lié à une diminution du nombre de traitements, ou à une baisse de toxicité des substances utilisées.</p>
<p>Par exemple, un herbicide en cours d’homologation serait efficace à un gramme par hectare, soit plus de 1000 fois moins que le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/glyphosate-40177">glyphosate</a>, efficace à plus d’un kilogramme à l’hectare. Si cette substance venait à remplacer les herbicides actuels, et notamment le glyphosate, la QSA pourrait baisser soudainement d’un tiers, sans que les pratiques ni leur toxicité potentielle n’aient changé.</p>
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<h2>Le nombre de doses unité (NoDU)</h2>
<p>Le <a href="https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-que-le-nodu">NoDU agricole</a> est l’indicateur de référence du plan Ecophyto depuis sa création en 2008. Historiquement, il a été construit par des scientifiques d’INRAE en lien avec les pouvoirs publics pour pallier les faiblesses de la QSA.</p>
<p>Sans rentrer dans les détails, on peut dire qu’il corrige le problème de la grande diversité des doses auxquelles sont utilisées les substances actives, en divisant chaque quantité de substance commercialisée par une dose de référence à l’hectare, appelée « dose unité » (DU).</p>
<p>Le NoDU correspond ainsi au cumul des surfaces (en hectares) qui seraient traitées à ces doses de référence. Cette surface théorique est supérieure à la surface agricole française, puisque les cultures sont généralement traitées plusieurs fois.</p>
<p>Le calcul de la dose unité, complexe et détaillé au paragraphe suivant, s’appuie sur les doses maximales autorisées lors d’un traitement (doses homologuées). Ces doses sont validées par l’Anses sur la base de l’efficacité et de la toxicité et écotoxicité de chaque produit.</p>
<p>Dans le NoDU, les substances appliquées à une dose inférieure à 100 g par hectare sont bien prises en compte : elles représentent la large majorité du NoDU. Dans la QSA au contraire, les quelques substances appliquées à plus de 100 g par hectare représentent la grande majorité de la QSA et invisibilisent les autres substances.</p>
<h2>Le calcul de la dose unité, ou quand le diable est dans les détails</h2>
<p>Bien que les indications données par le NoDU permettent de caractériser l'évolution du recours aux produits phytopharmaceutiques, il pose néanmoins des problèmes, liés notamment à la complexité du calcul des doses unités.</p>
<p>Commençons par préciser que lorsqu’une substance est présente dans plusieurs produits commercialisés, chaque produit va être homologué sur plusieurs cultures et pour différents usages, potentiellement à différentes doses. </p>
<p>La dose unité est définie, de manière complexe mais précise, comme la moyenne des maxima, par culture, des doses homologuées pour une substance une année civile donnée. Cette moyenne est pondérée par la surface relative de chaque culture en France.</p>
<p>Chaque année, le NoDU est calculé avec les doses unités de l'année et les NoDU des années précédentes sont recalculés avec ces doses unités pour éviter que les changements réglementaires affectent les tendances observées. </p>
<p>Le calcul des doses unités, tout à fait justifié du point de vue conceptuel, entraîne en pratique d'importantes difficultés :</p>
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<li><p>la définition est difficile à comprendre, ce qui en soi est un problème pour un indicateur aussi important ; </p></li>
<li><p>l’utilisation des surfaces de culture implique d’attendre la publication de ces valeurs, ce qui retarde d’autant le calcul du NoDU. Pourtant, tenir compte des surfaces cultivées n’a <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu">qu’un impact très faible sur le résultat obtenu au niveau national</a>. C'est également un frein à la généralisation du calcul à d'autres échelles géographiques ;</p></li>
<li><p>l’utilisation des maxima des doses homologuées <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu/file">augmente la sensibilité du calcul</a> aux évolutions réglementaires, ainsi qu’aux erreurs potentiellement présentes dans les bases de données.</p></li>
</ul>
<p>Cependant, et malgré les évolutions de surfaces de culture et de réglementation d'une année à l'autre, l’utilisation des doses unités d’une année ou d’une autre ne font varier la valeur du NoDU que de <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu/file">quelques pourcents au niveau national</a>.</p>
<h2>Notre proposition pour simplifier le NoDU</h2>
<p>Pour faciliter la compréhension et le calcul du NoDU, tant au niveau régional qu’européen, nous recommandons de définir la dose unité d'une substance comme la médiane de toutes ses doses homologuées – plutôt que la moyenne des maxima des doses homologuées par culture, pondérée par la surface relative de chaque culture.</p>
<p>Cette modification ne remettrait pas en cause le principe général du NoDU pour caractériser les ventes des produits phytopharmaceutiques en tenant compte des doses homologuées.</p>
<p>Enfin, les variations du NoDU en fonction l’année de calcul des doses unités deviendraient indétectables. De plus, nous avons montré que l’indicateur résultant est <a href="https://odr.inrae.fr/intranet/carto_joomla/index.php/ressource/documents/documents-odr/publications-odr/3257-rapport-avi-nodu/file">extrêmement corrélé au NoDU actuel</a>. De sorte que même si les valeurs absolues sont différentes, les évolutions restent identiques.</p>
<h2>Bilan du plan Ecophyto à l’aune du NoDU</h2>
<p>Depuis 2009, première année de collecte des données de vente, le NoDU a augmenté de 15 à 20 % jusqu’en 2014, puis s’est stabilisé jusqu’en 2017. S'en est suivi deux années exceptionnelles d'augmentation (stockage en 2018) puis de diminution (déstockage en 2019) liées à l'annonce, en 2018, de l'augmentation de la RPD au 1er janvier 2019. Depuis 2020, la valeur du NoDU s'est alors stabilisée à nouveau à un niveau proche de celui de 2009-2012.</p>
<p>Cette dernière baisse pourrait être liée à l’augmentation de la RPD en 2019 mais aussi à des conditions climatiques globalement défavorables aux pathogènes et aux ravageurs ces trois dernières années.</p>
<p>La relative stabilité du NoDU pour l'ensemble des substances entre 2009 et 2022 peut donner une impression d'immobilisme. Cependant, le plan Ecophyto prévoit aussi le calcul du NoDU sur la base plus restreinte des substances identifiées dans le code du travail comme <a href="https://www.anses.fr/fr/content/substances-canc%C3%A9rog%C3%A8nes-mutag%C3%A8nes-et-toxiques-pour-la-reproduction-cmr">cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction</a> (CMR) aux effets avérés ou supposés (CMR1) ou suspectés (CMR2). Ces substances particulièrement toxiques doivent en effet être éliminées en priorité.</p>
<p>Or, le NoDU pour les CMR1, les plus dangereuses, a baissé de 88 % entre 2009 et 2020 (voir graphe ci-dessous), avant <a href="https://agriculture.gouv.fr/une-nouvelle-strategie-nationale-en-construction-sur-les-produits-phytopharmaceutiques">d’approcher 0 % en 2022</a>. Les CMR dans leur ensemble ont vu leur NoDU diminuer de 40 % entre 2009 et 2020. Cette baisse met en évidence les changements importants permis par l’évolution réglementaire d’une part, et par l’adaptation des agriculteurs à ces évolutions d’autre part.</p>
<p>Autrement dit, oui, le NoDU a été utile pour quantifier la limitation de l’usage des produits phytopharmaceutiques dangereux. De plus, et contrairement à ce qui aurait pu arriver, cette élimination des produits les plus dangereux, et potentiellement les plus efficaces, n’a pas entraîné une augmentation des traitements dans leur ensemble.</p>
<p>C'est d'autant plus remarquable que l'interdiction de traitements de semences (par exemple <a href="https://theconversation.com/faut-il-simplement-interdire-les-neonicotino-des-pour-en-sortir-184268">néonicotinoïdes</a> sur colza), non inclus dans le NoDU, a sans doute entraîné l'utilisation de traitements en végétation (par exemple contre les altises à l'automne) qui eux sont comptabilisés dans le NoDU. Il faudrait donc profiter de la réflexion actuelle sur les indicateurs pour intégrer l’ensemble des substances actives utilisées pour les traitements de semences dans le calcul.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pesticides-les-alternatives-existent-mais-les-acteurs-sont-ils-prets-a-se-remettre-en-cause-146648">Pesticides : les alternatives existent, mais les acteurs sont-ils prêts à se remettre en cause ?</a>
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<h2>HRI, F2F… Les indicateurs européens</h2>
<p>Au niveau européen, d’autres indicateurs ont été proposés : les <a href="https://agriculture.gouv.fr/les-indicateurs-de-risque-harmonises-etablis-au-niveau-europeen">HRI-1 et 2 (Harmonized Risk Indicator, prévu par la directive n°2009/128)</a> et les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-parlement-europeen-adopte-a-une-large-majorite-la-strategie-de-la-ferme-a-la-fourchette_6099346_3244.html">F2F-1 et 2</a> (Farm to Fork, prévu dans la stratégie de la Ferme à la Table).</p>
<p>Les indicateurs HRI-1 et F2F-1 sont jumeaux, puisqu’ils ne diffèrent que par l’éventail des substances prises en compte et par les périodes de référence considérées. Tous deux prennent en compte la masse de substances actives, comme le fait la QSA, mais en les pondérant en fonction de leur appartenance à des groupes de « risque » : 1 pour les substances de faible risque, 8 pour les substances autorisées, 16 pour les substances dont l’interdiction est envisagée, et enfin 64 pour les substances interdites.</p>
<p>Ces indicateurs européens sont problématiques pour plusieurs raisons :</p>
<ul>
<li><p>tout d’abord les masses ne sont pas rapportées à des doses d’usage ;</p></li>
<li><p>de surcroît, en France, environ 80 % des substances vendues sont par défaut classées dans le second groupe (substances « autorisées »), ce classement est donc peu discriminant ;</p></li>
<li><p>enfin, les valeurs de pondération utilisées pour le calcul de ces indicateurs sont arbitraires et ne sont étayées par aucun résultat scientifique.</p></li>
</ul>
<h2>Faut-il en finir avec le NoDU ?</h2>
<p>Le NoDU n'est aujourd’hui utilisé qu'en France mais il suffirait de simplifier son calcul, tel que nous le proposons, pour le rendre utilisable à l’échelle européenne.</p>
<p>Les doses maximales autorisées par application peuvent varier entre pays européens, la dose unité pourrait donc correspondre à la médiane de toutes les doses homologuées en Europe. Le calcul serait simple, pertinent et applicable partout en Europe. Cette méthode pourrait aussi être utilisée pour calculer l’évolution des ventes pour chaque groupe de « risque » défini actuellement au niveau européen.</p>
<p>Une autre option acceptable pourrait être que les indicateurs européens soient modifiés pour utiliser, au sein de chaque groupe, un équivalent au NoDU et non une masse totale de substance. C'est fondamentalement ce que l’agence environnementale allemande propose dans son <a href="https://www.umweltbundesamt.de/sites/default/files/medien/11740/publikationen/factsheet_zum_hri1.pdf">rapport de mai 2023</a> bien qu'elle critique aussi les coefficients de pondération du HRI-1.</p>
<p>Par ailleurs, il apparaît difficile d’embrasser la complexité de la question de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques avec un unique indicateur. Idéalement, il faudrait que le plan Ecophyto se dote d’un panel d’indicateurs complémentaires permettant de décrire :</p>
<ul>
<li><p>l’intensité de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ;</p></li>
<li><p>les services agronomiques rendus par les produits phytopharmaceutiques ;</p></li>
<li><p>les risques pour la santé humaine ;</p></li>
<li><p>les risques pour la biodiversité.</p></li>
</ul>
<p>Quelles que soient les options choisies, le comité alerte sur la nécessité de conserver un indicateur prenant en compte les doses d’usage, tel que le NoDU. Cet indicateur doit continuer d'une part d'être appliqué à l’ensemble des ventes pour caractériser la quantité totale de traitement et d'autre part d'être appliqué aux substances les plus préoccupantes pour quantifier l’effort d'arrêt des substances les plus dangereuses.</p>
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<p><em>Pour citer cet article : Barbu Corentin, Aulagnier Alexis, Gallien Marc, Gouy-Boussada Véronique, Labeyrie Baptiste, Le Bellec Fabrice, Maugin Emilie, Ozier-Lafontaine Harry, Richard Freddie-Jeanne, Walker Anne-Sophie, Humbert Laura, Garnault Maxime, Omnès François, Aubertot JN. « Plan Ecophyto : tout comprendre aux annonces du gouvernement », The Conversation, 21 février 2024.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223571/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Corentin Barbu est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements de l'ANR et du plan Ecophyto. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexis Aulagnier est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Sophie Walker est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Baptiste Labeyrie est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emilie Maugin est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Fabrice Le Bellec est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Omnes représente l'OFB au sein du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Freddie-Jeanne Richard est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Harry Ozier-Lafontaine est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Noël Aubertot est président du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marc Gallien est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maxime Garnault est chargé de mission au sein du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Il a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Véronique Gouy Boussada est membre expert du Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laura Humbert est chargée de mission pour le Comité scientifique et technique (CST) du plan Ecophyto. Elle a reçu des financements du plan Ecophyto dans le cadre de sa participation au CST.</span></em></p>Comment s’y retrouver dans la jungle des indicateurs du plan Ecophyto, QSA, NoDU, HRI… et en quoi posent-ils problème ? L’éclairage de plusieurs experts du Comité scientifique et technique du plan.Corentin Barbu, Chargé de recherche sur le contrôle des ravageurs et maladies des grandes cultures, InraeAlexis Aulagnier, Chercheur postdoctoral, projet APCLIMPTER au Centre Emile Durkheim, Sciences Po BordeauxAnne-Sophie Walker, Ingénieure de recherche, InraeBaptiste Labeyrie, Ingénieur de recherche en arboriculture, Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTFIL)Emilie Maugin, Ingénieure recherche conseil en horticulture, Astredhor (Institut technique de l’horticulture)Fabrice Le Bellec, Directeur de l'unité de recherche HortSys, CiradFrançois Omnes, Chef du Service Usages et Gestion de la Biodiversité à l'Office français de la biodiversitéFreddie-Jeanne Richard, Enseignante chercheuse en écologie et comportement des invertébrés, Université de PoitiersHarry Ozier-Lafontaine, Directeur de Recherche INRAE, InraeJean-Noël Aubertot, Senior research scientist, InraeMarc Gallien, Chargé de prévention de la santé et de la sécurité au travail, DREETS de NormandieMaxime Garnault, Ingénieur de recherche, InraeVéronique Gouy Boussada, Ingénieur de l'Agriculture et de l'Environnement, HDR, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2006752023-03-09T11:33:19Z2023-03-09T11:33:19ZDerrière les plantes d’appartement, quel désir de nature chez les jeunes urbains ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/512415/original/file-20230227-20-rskct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=61%2C30%2C6768%2C4533&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des plantes chez soi que pour faire joli ? </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.freepik.com/free-photo/woman-takes-photo-houseplant-share-social-media_17229343.htm">rawpixel.com/Freepik</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Tout comme l’alimentation, le <a href="https://theconversation.com/pins-frenes-chataigniers-ces-arbres-menaces-par-les-plantes-qui-decorent-nos-salons-132067">secteur du végétal</a> n’échappe pas à la prolifération de concepts et d’anglicismes comme « plant addict », <a href="https://actu.fr/lifestyle/plant-parenting-plante-comme-nouveau-compagnon_32421519.html">« plant parenting »</a> (« parentalité végétale »), et tout récemment <a href="https://jardinage.lemonde.fr/dossier-3127-slow-gardening.html">« slow gardening »</a> (écojardinage sans stress), lesquels rencontrent un écho particulièrement puissant chez les jeunes urbains. <a href="https://monjardinmamaison.maison-travaux.fr/mon-jardin-ma-maison/actualites-jardin/15-applications-pour-jardiner-connecte-169638.html">À l’image des applications digitales</a> facilitant l’entretien des plantes, ou encore les <a href="https://start.lesechos.fr/au-quotidien/developpement-personnel/ces-six-applis-gratuites-qui-vous-aident-a-jardiner-1308021">modules connectés</a> de petite <a href="https://urbancuisine.io/">production alimentaire</a>.</p>
<p>Sont-ils révélateurs d’une conscience écologique aiguë ou de la relation plus profonde que les jeunes générations entretiennent avec le végétal et, plus largement, le vivant ? </p>
<p>Mieux cerner <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0013916508318748">leur degré d’« affiliation » à la nature</a> permet d’expliquer le fossé fréquemment observé entre la conscience écologique et la mise en œuvre de comportementaux vertueux ; bien qu’assez stable chez les individus, ce plus ou moins grand sentiment de proximité avec la nature peut évoluer au gré des expériences, des émotions au contact du vivant, ne serait-ce qu’au travers des soins apportés à des plantes d’intérieur.</p>
<p>En janvier 2020, mille jeunes urbains, âgés de 25 à 40 ans, ont répondu à une <a href="https://www.astredhor.fr/quelles-relations-les-jeunes-urbains-entretiennent-ils-avec-leurs-plantes-159763.html">enquête</a> récemment <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264275122004462">publiée</a> et <a href="https://www6.inrae.fr/umt-stratege/Activites-de-recherche/Programme-de-recherche">conduite par ASTREDHOR et Audencia Business School</a>. Cette enquête explore différentes dimensions de leurs relations au végétal dans l’espace privé. </p>
<p>Les jeunes urbains ont-ils beaucoup de plantes chez eux ? Rêvent-ils d’en avoir plus ? Qu’attendent-ils idéalement de leurs plantes ? Comment perçoivent-ils les activités autour du jardinage ? L’étude s’est également intéressée au lien social généré par les plantes, y compris sous l’angle des réseaux sociaux. Elle explore aussi le lien entre conscience environnementale, engagement en matière d’alimentation durable et <a href="https://theconversation.com/petit-guide-pour-apprentis-naturalistes-confines-134698">relations aux plantes</a>.</p>
<h2>Conscience écolo, esthétisme et bienfaits psy</h2>
<p>Les évocations spontanées associées aux plantes d’intérieur chez les jeunes urbains se traduisent majoritairement en matière de bien-être mental procuré par le végétal, comme la relaxation, la détente mais aussi l’esthétisme. Bien-être physique également qui s’est révélé par les évocations des « services » rendus par les végétaux en matière de qualité de l’air. 19 % de jeunes urbains déclarent cependant rester indifférents aux plantes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="pots de plantes sur un meuble" src="https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512418/original/file-20230227-741-mtydme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le vert comme une barrière pour contenir le stress de la vie urbaine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/S7viz8JWxwY">Annie Spratt/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Si les jeunes urbains sont en attente d’une reconnexion à la nature, leur vision des plantes semble plutôt anthropocentrée, tournée vers l’usage, les utilités de la plante – en particulier son bénéfice potentiel pour lutter contre le stress ou l’anxiété générés par la vie urbaine. </p>
<p>Mieux comprendre le fonctionnement du vivant et ses exigences n’est pas clairement une préoccupation première, au contraire : certaines de ces exigences pour les maintenir en vie, comme l’arrosage par exemple, sont perçues comme des contraintes.</p>
<h2>S’occuper de ses plantes, corvée ou plaisir ?</h2>
<p>Le soin apporté aux plantes est perçu comme une tâche qui prend du temps et occupe de l’espace, très souvent restreint en milieu urbain. Dans notre enquête, 60 % des jeunes urbains habitent en appartement et sont de ce fait obligés de jardiner <a href="https://theconversation.com/lumiere-artificielle-et-plantations-hors-sol-les-nouvelles-methodes-des-agriculteurs-urbains-105676">« hors sol »</a>, 14 % d’entre eux ne disposent pas d’espace extérieur et sont potentiellement contraints de jardiner « en intérieur ».</p>
<p>La présence d’insectes et de terre est aussi très souvent perçue comme une source de nuisances ou de « saleté ». Interrogés sur leur plante idéale, les jeunes urbains citent en premières qualités des critères de facilité, de résistance et de durée de vie. Cela ne préjuge pas pour autant du plaisir qu’ils prennent à jardiner, mais un clivage a été observé. La moitié des jeunes urbains déclare apprécier rempoter, tailler, entretenir. Pour l’autre moitié, ces activités sont plutôt perçues comme une contrainte.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="femme qui arrose un bac de plantes" src="https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512419/original/file-20230227-660-t2s8nz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Interrogés sur leur plante idéale, les jeunes urbains citent comme premières qualités des critères de facilité, de résistance et de durée de vie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/EOJRrenjc4c">Cassidy Phillips/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Enfin, la presse et les réseaux sociaux se font l’écho d’une tendance au « plant parenting » chez les jeunes, à l’image de l’éducation d’un enfant ou de l’adoption d’un animal de compagnie. Même si 43 % des jeunes urbains déclarent s’attacher à une plante comme ils le feraient à un animal, 26 % d’entre eux n’ont pas ou plus de plantes car en partie mortes.</p>
<p>Chez les jeunes urbains, il est donc difficile de parler d’une véritable reconnexion au vivant ou encore de la restauration <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0013916508318748">d’une véritable « affiliation » à la nature</a>, alors que de nombreux anthropologues pointent la nécessité de dépasser le dualisme humain-nature dans les pays occidentaux en vue de la transition écologique.</p>
<h2>La relation aux plantes chez les convertis aux circuits courts alimentaires</h2>
<p>La question de l’alimentation durable prend de plus en plus de place dans notre société, notamment chez les jeunes générations. Ainsi, dans notre enquête, 44 % des jeunes urbains déclarent être flexitariens (forte réduction de la consommation de viande, sans se l’interdire pour autant) et 39 % achètent régulièrement ou exclusivement des aliments issus de l’agriculture biologique. S’occuper des plantes s’inscrit-il dans le prolongement de cette conscience écologique ?</p>
<p>Nous avons croisé ces éléments relatifs à la conscience environnementale des jeunes urbains avec leur perception des activités de jardinage. Les résultats montrent une continuité entre la conscience environnementale des jeunes urbains et leur appétence pour les plantes. </p>
<p>Notre enquête révèle également que les jeunes urbains qui font des choix pour une alimentation durable (achats réguliers auprès des circuits courts alimentaires ou consommation fréquente d’aliments certifiés bio) sont les plus enclins à verdir leur environnement et à valoriser les soins requis par le végétal.</p>
<h2>De la ville comestible à la résilience urbaine</h2>
<p>Face à la croissance urbaine, les services écosystémiques des plantes (réduction des îlots de chaleur, ombrage, hygrométrie, etc.) ne sont plus à démontrer et les actions individuelles des citoyens-jardiniers peuvent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169204616301323">contribuer activement à la résilience urbaine face au changement climatique</a>. </p>
<p>Pour encourager ce jardinage privé, il faudrait savoir compter sur les liens sociaux induits par l’entretien de plantes, y compris d’intérieur. En effet, selon notre enquête, les jeunes urbains qui valorisent l’entretien et la préservation de leurs plantes sont les plus à même d’entretenir les échanges et liens sociaux avec le voisinage ou les amis autour du végétal ; ils éprouvent un fort sentiment d’appartenance à une communauté « verte ». </p>
<p>Ceux-là mêmes se retrouvent <a href="https://scholar.google.com/scholar_lookup?title=Consommation%20durable%3A%20l%E2%80%99engagement%20de%20fa%C3%A7ade%20des%20classes%20sup%C3%A9rieures.%20CREDOC%2C%20Consommation%20et%20mode%20de%20vie&author=V.%20Sessego&publication_year=2019">dans l’engouement des jeunes générations</a> <a href="http://www.revuesurmesure.fr/issues/natures-urbaines-et-citoyennetes/la-ville-comestible">pour les « villes comestibles »</a> qui promeuvent activement l’alimentation durable, via notamment les circuits courts urbains ou périurbains, lesquels peuvent induire en <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s41130-020-00101-3">retour un sentiment d’appartenance à ces collectifs</a>. Il pourrait être opportun d’encourager les synergies entre les communautés alimentaires et les communautés autour du jardinage pour faciliter une véritable reconnexion au vivant, dépassant la vision d’une nature « utile », et ainsi inciter à une plus grande présence du végétal dans les lieux de vie privés. </p>
<p>Manger et jardiner constituent deux activités qui permettent à <em>homo urbanus</em> de maintenir, restaurer ou encore resserrer son sentiment d’affiliation avec la nature, le végétal. Les confinements successifs dus au Covid-19 ont montré combien ces deux activités étaient essentielles à l’équilibre psychologique des citoyens, au premier rang desquels les urbains qui ont fortement réinvesti la cuisine maison et le soin aux plantes d’intérieur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200675/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gervaise Debucquet a participé à l’élaboration de l’enquête, laquelle a été réalisée dans le cadre de l’Unité Mixte Technologique STRATège, portée par ASTREDHOR qui a reçu pour son fonctionnement des subventions du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire et de VALHOR.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ce travail de recherche a été réalisé dans le cadre de l’Unité mixte technologique STRATège, portée par ASTREDHOR qui a reçu pour son fonctionnement des subventions du Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire et de VALHOR.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ce travail de recherche a été réalisé dans le cadre de l’Unité Mixte Technologique STRATège, portée par ASTREDHOR qui a reçu pour son fonctionnement des subventions du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire et de VALHOR. </span></em></p>Une enquête a tenté de percer le lien qui unit les jeunes urbains à leurs plantes d’intérieur.Gervaise Debucquet, Enseignante-chercheuse, socio-anthropologie de l’alimentation, AudenciaAllan Maignant, Directeur ASTREDHOR Loire-Bretagne, Astredhor (Institut technique de l’horticulture)Anne-Laure Laroche, Animation d'une Unité Mixte Technologique STRATège, Astredhor (Institut technique de l’horticulture)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1268852019-11-27T19:17:29Z2019-11-27T19:17:29ZAgriculture urbaine : les leçons de la faillite d’Urban Farmers à La Haye<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/303155/original/file-20191122-74580-ini1py.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Culture de légumes dans l’une des fermes urbaines gérées par Urban Farmers. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/UrbanFarmers/photos/a.509665029082338/509665279082313/?type=3&theater">Compte Facebook Urban Farmers</a></span></figcaption></figure><p>Juillet 2018 : <a href="https://www.nivolet.com/2016/03/uf002-de-schilde-la-plus-grande-ferme-urbaine-en-aquaponie-deurope-demarre-sa-production-le-31-mars-2016/">UF002 De Schilde</a>, l’une des plus grandes serres en toiture d’Europe, située à La Haye (Hollande), déclare faillite. Initié en 2016, ce projet était porté par Urban Farmers, une entreprise suisse pionnière dans le domaine de l’agriculture urbaine.</p>
<p>Sous une serre de 1 200 m<sup>2</sup>, la production y était de type aquaponique, misant sur la synergie entre la production végétale et l’élevage de poissons. Tomates, aubergines, poivrons et légumes feuilles cultivés sous serre côtoyaient ainsi une production piscicole – des Tilapias, une espèce de poissons originaire du continent africain – à l’étage inférieur. Le coût d’installation du projet atteignait les 2,7 millions d’euros (2 250 €/m<sup>2</sup>).</p>
<p>Pourtant créé par des agriculteurs urbains expérimentés, ce projet connaît, en 2018, une faillite rapide. Comment l’expliquer ? Quels enseignements en tirer <a href="http://www.groof.eu">à l’heure de l’essor</a> des serres sur toiture en Europe ?</p>
<p>En nous appuyant sur des documents disponibles et des interviews réalisées dans le cadre du projet <a href="http://www.groof.eu">Interreg NWE GROOF</a>, nous avons découvert que la stratégie, la mésentente entre des actionnaires ainsi que des problèmes techniques de production, <a href="http://www.nweurope.eu/projects/project-search/groof/#tab-3">rendaient compte de cet échec</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"730863628434444289"}"></div></p>
<h2>Une stratégie incertaine</h2>
<p>Nous avons pu mettre à jour et analyser plusieurs incohérences concernant l’élaboration de la stratégie commerciale du projet.</p>
<p>Tout d’abord, le site pilote se trouvait en Suisse, une zone géographique différente de La Haye, où la ferme a été implantée. Cette forte disparité culturelle et économique a pesé.</p>
<p>On peut également souligner que dans leur tentative de déterminer si une stratégie B2B (<em>business to business</em>, c’est-à-dire de la vente à des transformateurs) conviendrait à leur projet, les initiateurs d’UF002 De Schilde n’ont pas rencontré suffisamment de restaurants et de cantines à La Haye (une douzaine seulement). C’est donc sur des informations plutôt fragiles que la vente de légumes et de poissons locaux et frais aux clients professionnels a été décidée.</p>
<p>Cette stratégie B2B n’a pas rencontré le succès escompté, pour les raisons suivantes : les prix de vente étaient trop élevés ; la qualité des produits n’était pas conforme aux attentes (pour les grossistes et les restaurants) ; la distribution n’était pas adaptée aux circuits courts et nécessitait un processus de conservation des légumes plusieurs jours avant la valorisation finale pour les consommateurs. Les produits perdaient donc leur fraîcheur, ainsi que leur goût.</p>
<p>Face à cette situation, les porteurs du projet ont décidé de changer de stratégie, se lançant alors dans la commercialisation aux particuliers (B2C, business to consumer, soit la vente directe au consommateur final). Pour ce faire, ils ont diversifié leurs offres en proposant des services « originaux » (voir ci-dessous).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301619/original/file-20191113-77300-1tqq34f.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nweurope.eu/projects/project-search/groof/">Interreg NWE GROOF</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Mais cette stratégie B2C n’a pas fonctionné non plus ; cela pour trois raisons principales. Tout d’abord, la non-adhésion des consommateurs locaux. L’offre de produits haut de gamme dans l’un des quartiers les plus populaires des Pays-Bas n’était pas cohérent.</p>
<p>La non-compréhension de la compétition locale, ensuite. Les prix de vente restaient trop élevés. Par exemple, les tomates étaient vendues entre 6,5 € et 8 €/kg contre 2 €/kg sur les marchés locaux. À quelques kilomètres à peine, de nombreux producteurs conventionnels commercialisent déjà des légumes hors sol, tout particulièrement des tomates, produites sous des millions de m<sup>2</sup> de serres. En outre, dû à la proximité de la mer, des poissons frais sont disponibles à la Haye, alors même que les poissons de l’espèce Tilapia sont peu connus en Europe et difficiles à commercialiser à des prix élevés.</p>
<p>Toutes ces raisons expliquent pourquoi le panier moyen d’un client du magasin s’élevait seulement à 9€.</p>
<h2>Des difficultés de production</h2>
<p>L’exploitation d’un système combinant la production de poissons et de plantes est un défi technique. Comme le projet prévoyait de générer la moitié de ses revenus via la production sur faible surface (environ 1 000 m<sup>2</sup>), le rendement constituait un facteur clé. Or, il est difficile de viser des rendements élevés durant les premières saisons de production lorsque les techniques sont trop innovantes et souvent complexes à maîtriser, ce qui est le cas de l’aquaponie, encore rare dans la région de La Haye.</p>
<p>Dans le projet Urban Farmers, les rendements pour les tomates grappes étaient ainsi relativement faibles – avec seulement 20-25 kg/m<sup>2</sup>/an, contre un rendement pour les tomates grappes produites plus classiquement hors sol aux Pays-Bas de l’ordre de 60 kg/m<sup>2</sup>/an.</p>
<p>D’autres contraintes techniques spécifiques doivent également être signalées. Elles concernent notamment le système aquaponique qui réclame un personnel hautement qualifié, assez rare sur le marché du travail actuel ; la culture spécifique des plantes sur une membrane innovante en plastique et multicouches ; la consommation énergétique, avec des difficultés au niveau des échanges d’énergie et de CO<sub>2</sub> ; enfin, un accès difficile à la toiture.</p>
<h2>Des désaccords entre actionnaires et collaborateurs</h2>
<p>L’équipe des débuts affiche une belle complémentarité en termes de compétences pour ce type de projet : on y trouve des experts en aquaponie, en développement de business et un responsable des opérations. Mais avant même l’achèvement de la construction, des désaccords apparaissent, causant des frictions au sein de l’équipe. Peu de temps après son ouverture, presque tous les membres de l’équipe initiale avaient quitté l’entreprise, à l’exception de l’un des fondateurs.</p>
<p>De plus, le siège social en Suisse a <a href="https://www.hortidaily.com/article/6044864/urban-f-ers/">fait faillite</a> quelques mois avant celui de La Haye. Un contexte qui a affaibli un peu plus la société hollandaise.</p>
<h2>Ce que disent les chiffres</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301620/original/file-20191113-77342-pcsxh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">tableau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nweurope.eu/projects/project-search/groof/">Interreg NWE GROOF</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>À la lumière du <a href="https://insolventies.rechtspraak.nl/Services/VerslagenService/getPdf/09_dha_18_225_F_V_04">rapport public de faillite</a>, il apparaît clairement (voir le tableau ci-contre) que plus le chiffre d’affaires augmentait, plus la <a href="http://www.hortidaily.com/article/6045789/The-Hague-urban-greenhouse">perte était importante</a> (la structure visait un chiffre d’affaires de 500 000 € par an).</p>
<p>En termes d’effectifs, l’équipe comptait 6 employés à temps plein et 3 stagiaires. Au vu du chiffre d’affaires dégagé, le nombre d’employés était certainement trop élevé.</p>
<p>Enfin, le volume de vente était trop faible. Avec une marge de 20 % par produit, ils devaient vendre au minimum 80 % de leur production pour ne pas faire de perte… ce qui représente un vrai défi dans le domaine des légumes frais.</p>
<h2>Les enseignements à tirer</h2>
<p>L’analyse de cette faillite nous enseigne nombre de choses.</p>
<p>Sur le plan commercial, il convient de toujours prendre en compte l’environnement dans lequel le projet évolue et de s’assurer que les produits et services sont en cohérences avec les besoins des clients. En ce qui concerne la gestion interne et la communication entre les différents actionnaires, il est essentiel d’avoir une vision à long terme ; cela protège d’un changement fréquent de stratégie qui peut être fatal à l’entreprise. Il est ainsi préférable d’instaurer autant que possible la stratégie avant le lancement plutôt qu’après. Sans pour autant continuer une stratégie tête baissée et oublier de s’adapter à un marché évolutif.</p>
<p>Il est d’autre part vital que les techniques de production soient gérées efficacement, afin d’offrir de bons rendements et de garantir une qualité de production de poisson et de légumes. L’agriculture urbaine constitue un superbe outil de démonstration agricole, en familiarisant les urbains aux activités rurales. Mais il existe un risque que les consommateurs associent « l’échec » de l’entreprise d’Urban Farmers à l’échec plus global d’une agriculture originale et durable.</p>
<p>L’agriculture urbaine sous serre et sur toiture doit ainsi tirer les leçons des échecs et continuer à construire des projets. Les modèles économiques doivent être remis en question, en particulier quand il s’agit de la multifonctionnalité qui pourrait permettre des revenus non conventionnels (monétisation de services écosystémiques ou culturels). Ces revenus pourraient en effet représenter un moyen de surmonter l’investissement sans recourir absolument à des économies d’échelle.</p>
<hr>
<p><em>Retrouvez l’étude complète <a href="http://hdl.handle.net/2268/241639">en ligne</a>.</em></p>
<p><em>Maria Rosa Rovira Val, Franz Schreier, Boris Solecki, Nicolas Zita, Nathalie Crutzen et M. Haïssam Jijakli sont co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126885/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Ancion a reçu des financements de INTERREG NWE. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Guillaume Morel-Chevillet a reçu des financements de Interreg NWE Europe pour le projet GROOF. </span></em></p>Décryptage de l’échec d’une ferme urbaine lancée en Hollande en 2016.Qui ne signe toutefois pas l’échec de l’agriculture urbaine.Nicolas Ancion, Chargé de projet GROOF - Greenhouses to reduce CO2 on roofs, Université de LiègeGuillaume Morel-Chevillet, Chercheur, agriculture urbaine, Astredhor (Institut technique de l’horticulture)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.