tag:theconversation.com,2011:/institutions/ipag-business-school-3951/articlesIPAG Business School2024-02-12T16:10:53Ztag:theconversation.com,2011:article/2224412024-02-12T16:10:53Z2024-02-12T16:10:53ZApplications de rencontres : comment en faire bon usage<p>Les rencontres amoureuses peuvent s’accompagner de nouveaux défis, et sont parfois source de frustration. Par le passé, les relations étaient souvent <a href="https://www.ucpress.edu/ebook/9780520917996/consuming-the-romantic-utopia">arrangées par les familles et guidées par les normes sociétales</a>, ce qui limitait les options mais nous épargnait le supplice lié à la nécessité de faire des choix. Aujourd’hui, les célibataires ont à leur disposition une infinité de partenaires potentiels. Une étude réalisée en 2019 par le Pew Research Center a montré que les couples qui se sont rencontrés en ligne sont <a href="https://www.pewresearch.org/short-reads/2019/06/24/couples-who-meet-online-are-more-diverse-than-those-who-meet-in-other-ways-largely-because-theyre-younger/">plus diversifiés</a>, que ce soit en termes de revenus, d’éducation, d’orientation politique ou d’appartenance ethnique.</p>
<h2>Le coût de la liberté</h2>
<p>Selon le <a href="https://www.amazon.fr/Escape-Freedom-Erich-Fromm/dp/0805031499">psychanalyste Erich Fromm</a>, la liberté peut parfois susciter un sentiment d’impuissance, voire d’isolement. Notre équipe de chercheurs en marketing explore le monde des rencontres en ligne pour déterminer dans quelle mesure le marché des rencontres amoureuses, qui s’appuie sur des principes de liberté et de choix infinis, s’étend à tous les aspects de la vie humaine. Nos <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0267257X.2022.2033815">recherches révèlent</a> que les sentiments d’anxiété et de frustration des utilisateurs découlent d’un conflit entre la perception de la marchandisation des relations et les valeurs sociétales.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.</em> <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Certains participants à l’étude ont qualifié les rencontres en ligne d’« épuisantes », exprimant l’espoir de pouvoir « enfin » terminer le processus. Didier, un ingénieur de 51 ans vivant à Paris, qualifie les rencontres en ligne de « manipulation de masse » ; Ella, une rédactrice de 25 ans, déclare qu’au début, les rencontres en ligne étaient « excitantes et nouvelles », mais qu’au fil du temps, elle a trouvé l’expérience déprimante.</p>
<p>Alors pourquoi, face aux promesses d’options amoureuses illimitées, avons-nous parfois l’impression que l’amour a tendance à s’éloigner ?</p>
<h2>La modernité « liquide » et la montée du capitalisme émotionnel</h2>
<p>Dans son livre <a href="https://www.amazon.fr/Liquid-Love-Frailty-Human-Bonds/dp/0745624898"><em>L’amour liquide</em></a>, le sociologue britannique Zygmunt Bauman affirme que le monde moderne a inauguré l’ère de « l’individu sans attaches », qui privilégie la liberté et la flexibilité à l’attachement. Cela a transformé les notions traditionnelles d’amour et de relations en des formes plus éphémères et « liquides ».</p>
<p>La sociologue franco-israélienne Eva Illouz <a href="https://www.fnac.com/a5926310/Eva-Illouz-Why-love-hurts">fait écho à ces observations</a>, affirmant que nos sociétés capitalistes d’aujourd’hui sont confrontées à de nouveaux défis en raison de l’évolution des normes et des valeurs. Certes, nous avons désormais un plus grand contrôle de nos vies amoureuses et nous pouvons aspirer à une plus grande égalité entre les sexes. Mais les injonctions sociales continuent de véhiculer des normes irréalistes en matière d’amour, ce qui n’encourage pas à s’investir dans le travail émotionnel nécessaire à l’établissement de liens plus profonds.</p>
<h2>Des valeurs mal alignées</h2>
<p>Dans le cadre des rencontres en ligne, que se passe-t-il lorsque les valeurs ou les attentes de deux personnes en matière de relations amoureuses ne sont pas les mêmes ? Comme le montre notre <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0267257X.2022.2033815">étude</a>, ces décalages peut être source de frustration. Par exemple, un participant peut être à la recherche d’une relation à long terme, tandis qu’un autre est plus intéressé par des relations occasionnelles ou par l’élargissement de ses horizons. Tous deux perçoivent alors les actions de l’autre comme inappropriées.</p>
<p>Mark, un consultant en gestion de 26 ans, fait part de son sentiment de frustration lorsque les femmes qu’il a rencontrées sur une application voulaient se connecter avec lui sur les médias sociaux ou l’appeler fréquemment, car il préférait établir des limites. En revanche, Alice, une administratrice de 54 ans, déclare que certains des hommes qu’elle a rencontrés en ligne n’étaient souvent pas clairs quant à leur état civil. Elle a même mis au point des techniques pour savoir si un partenaire potentiel était en couple, par exemple s’il raccrochait le téléphone très rapidement ou payait toujours en liquide.</p>
<p>Il arrive même que ces désirs contradictoires traversent une seule et même personne : elle peut aspirer à l’engagement, à la confiance et à la proximité, tout en ne voulant pas ou en ne pouvant pas renoncer au choix illimité de partenaires. Derek, un entrepreneur de 38 ans, a réfléchi à l’écart entre ses attentes en matière de relations et son expérience des rencontres en ligne :</p>
<blockquote>
<p>« Pour moi, les relations à long terme sont une question de valeurs – de valeurs humaines. Mais si j’ai un rendez-vous et que le lendemain matin, avec un nouveau profil, je me dis “Oh, super”, et la personne que j’ai vu hier soir se retrouve en bas de la liste. »</p>
</blockquote>
<p>Ce décalage peut conduire à des expériences négatives, à de mauvais traitements, voire à des abus en ligne. Rose, maître de conférences de 23 ans, déclare que les rendez-vous galants lui font peur en raison des « histoires horribles » qu’elle a entendues. En effet, les récits d’autres participants à l’étude (dont nous avons choisi de taire les noms) font état d’expériences allant de la détresse au traumatisme, y compris des agressions verbales, des rencontres avec des personnes qui ne ressemblent pas du tout à leur photo, et même une agression sexuelle commise par une personne utilisant un faux profil.</p>
<h2>La gamification des rencontres</h2>
<p>Le cadre social désinstitutionnalisé des rencontres en ligne peut conduire à des situations où il n’y a parfois que peu ou pas de liens sociaux partagé entre les partenaires. Les personnes rencontrées en ligne sont perçues comme moins « réelles » que celles rencontrées par l’intermédiaire d’amis ou de membres de la famille. Ce rapport déformé de la réalité peut rendre les comportements moins prévisibles, car il n’y a pas de sanctions spécifiques pour ce qui serait normalement considéré comme un comportement contraire à l’éthique.</p>
<p>Si de nombreux participants à l’étude apprécient le choix offert par les applications de rencontres, certains hésitent à dire qu’ils les utilisent – ou prétendent qu’ils n’y ont recours que de manière exceptionnelle. La peur du jugement social est encore très présente : certaines personnes se disent que si elles trouvent un partenaire de cette manière, les membres de leur cercle social se diront qu’il s’agit d’un échec, parce qu’elles n’ont pas réussi à trouver un partenaire dans la « vraie vie » par des moyens traditionnels.</p>
<p>L’incertitude survient lorsque nous ne sommes pas sûrs des codes en vigueur et des résultats de nos interactions sociales. Cela peut se produire lorsque le cadre dans lequel se déroule l’interaction n’est pas bien défini. Comme les termes de la relation ne sont pas clarifiés, les deux parties se sentent vulnérables et préfèrent ne pas trop s’ouvrir pour éviter d’être potentiellement blessées. Les codes de communication sont également souvent peu clairs, ce qui donne lieu à de <a href="https://www.reddit.com/r/OnlineDating/">multiples discussions dans les communautés en ligne</a>, où les utilisateurs demandent des conseils pour expliquer les comportements de leurs partenaires.</p>
<h2>Quelques stratégies de survie</h2>
<ul>
<li>Choisissez l’authenticité.</li>
</ul>
<p>Si vous utilisez une application de rencontre, envisagez une stratégie audacieuse : l’authenticité. L’autopromotion, c’est bien, c’est même nécessaire, mais la conviction, le réalisme et l’honnêteté le sont tout autant. De cette façon, vous pouvez essayer de rencontrer des partenaires qui vous voient comme la personne que vous êtes et non comme celle que vous projetez. Choisissez des photos flatteuses et mettez en valeur vos traits de caractère, mais montrez aussi vos convictions et votre vraie personnalité.</p>
<ul>
<li>Utilisez les fonctions de l’application pour affiner votre choix</li>
</ul>
<p>Lorsque vous cherchez une relation en ligne, il est important de tirer le meilleur parti des ressources disponibles, afin de ne pas passer à côté de connexions potentielles. Pensez à utiliser des filtres et des outils de recherche pour affiner votre recherche de partenaires compatibles. Précisez vos préférences, telles que l’âge, le lieu de résidence et les centres d’intérêt communs, afin d’augmenter vos chances de trouver une relation sérieuse.</p>
<ul>
<li>Appréciez les petites choses</li>
</ul>
<p>Il est essentiel d’adapter votre approche et de redéfinir ce qui a de la valeur dans ce contexte unique. Au lieu de juger le succès à l’aune d’un seul critère, envisagez de le redéfinir pour y inclure d’autres aspects – par exemple, des conversations enrichissantes ou des intérêts partagés. Cette flexibilité vous permettra de recalibrer vos attentes et de découvrir la valeur de votre expérience de l’application, même si elle ne correspond pas à vos objectifs initiaux. L’amour se construit sur des émotions partagées.</p>
<ul>
<li>Parlez, mais écoutez aussi</li>
</ul>
<p>N’ayez pas peur de discuter de vos attentes avec des partenaires potentiels. Plus important encore, lorsqu’une personne dit qu’elle ne cherche pas une relation sérieuse, croyez-la, plutôt que d’essayer de la changer ou d’espérer qu’elle revienne sur sa décision. Montrez-lui que vous l’écoutez et que vous ne vous contentez pas d’émettre des idées préconçues.</p>
<ul>
<li>Continuez à explorer, mais sachez quand vous arrêter</li>
</ul>
<p>Enfin, n’abandonnez pas. Les rencontres en ligne étant de mieux en mieux acceptées, un nombre croissant de personnes trouvent de vraies relations en ligne. Malgré tous les obstacles, <a href="https://www.pewresearch.org/internet/2020/02/06/the-virtues-and-downsides-of-online-dating/">plus de 12 % des mariages</a> commencent en ligne, selon une étude du Pew Research Center. Considérez les applications de rencontres non pas comme une recherche sans fin, mais comme un moyen de parvenir à une fin – et potentiellement à une fin heureuse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les applications de rencontre sont de plus en plus utilisées et offrent une multitude de choix. Mais face à tant d’options, certains utilisateurs peuvent se sentir dépassés et épuisés.Alisa Minina Jeunemaître, Associate Professor of Marketing, EM Lyon Business SchoolJamie Smith, Director of Undergraduate Programmes, ISC Paris Business SchoolStefania Masè, Associate professor of marketing and communication, IPAG Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2171742024-01-24T10:12:42Z2024-01-24T10:12:42ZDating apps: marketing experts’ research reveals pitfalls to look out for, and tactics for success<p>Dating can come with new and sometimes frustrating challenges. In the past, relationships were often <a href="https://www.ucpress.edu/ebook/9780520917996/consuming-the-romantic-utopia">arranged by families and guided by societal norms</a>, limiting individual choice but sparing us the agony of endless decisions. Nowadays, those who are single have endless potential partners at their fingertips. A 2019 Pew Research Center study showed that couples who met online are <a href="https://www.pewresearch.org/short-reads/2019/06/24/couples-who-meet-online-are-more-diverse-than-those-who-meet-in-other-ways-largely-because-theyre-younger/">more diverse</a>, be it in terms of income, education, political orientation and ethnicity. </p>
<h2>Freedom can have its price</h2>
<p>According to <a href="https://www.amazon.fr/Escape-Freedom-Erich-Fromm/dp/0805031499">psychoanalyst Erich Fromm</a>, freedom can sometimes come at the price of feelings of powerlessness and even isolation. We are marketing researchers exploring online dating to determine if the market ideology of freedom and endless choice extends to every aspect of human life. Our <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0267257X.2022.2033815">research reveals</a> that users’ feelings of anxiety and frustration stem from a clash between a perceived commodification of relationships and societal values.</p>
<p>Some study participants referred to online dating as “draining”, expressing a hope that they could “finally” finish the process. Didier, a 51-year-old engineer living in Paris called online dating “mass manipulation”; Ella, a 25-year-old editor, said that at first, online dating was “exciting and new”, but that as time went by, she found the experience depressing.</p>
<p>So why does it happen that faced with unlimited opportunities to love, we at times feel that love is not getting any closer?</p>
<p><em>“Liquid” modernity and the rise of emotional capitalism</em></p>
<p>In his book <a href="https://www.amazon.fr/Liquid-Love-Frailty-Human-Bonds/dp/0745624898"><em>Liquid Love</em></a>, British sociologist Zygmunt Bauman asserts that the modern world has ushered in an era of the “individual without ties,” prioritising freedom and flexibility over attachment. This has transformed traditional notions of love and relationships into more transient and “liquid” forms. </p>
<p>French-Israeli sociologist Eva Illouz <a href="https://www.fnac.com/a5926310/Eva-Illouz-Why-love-hurts">echoes these observations</a>, contending that those living in today’s capitalist societies face unique challenges due to evolving norms and values. According to Illouz, as a society, we no longer see love uniquely through a framework of moral virtue, commitment and stability, but this is the price we pay for greater control over our romantic lives, greater self-knowledge, and equality between the sexes. Amid the backdrop of media-promoted ideals that often set unrealistic standards for love, people find themselves hesitant to invest in the emotional work required for deeper connections.</p>
<p><em>Misaligned values</em></p>
<p>In online dating settings, what happens when two individuals’ values or expectations of a relationship are not aligned? As our <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0267257X.2022.2033815">research shows</a>, this misalignment can cause frustration – for example, one participant could be looking for a long-term relationship, while another could be more interested in casual relationships or broadening their horizons. Both would perceive the other’s actions as inappropriate.</p>
<p>Mark, a 26-year-old management consultant, shared a sense of frustration he felt when the women he met on an app wanted to connect with him on social media or call frequently, as he preferred to establish boundaries. By contrast, Alice, a 54-year-old administrator, said that some of the men she met online were often not open about their marital status. She even worked out techniques to find out whether a potential partner was in a relationship, such as getting off the phone very quickly or always paying cash.</p>
<p>Sometimes these conflicting desires are even experienced by one and the same person: they might strive for commitment, trust and closeness, yet be unwilling or unable to get off the hook of unlimited choice. Derek, a 38-year-old entrepreneur, reflected on the gap between his relationship expectations and his online-dating experience: </p>
<blockquote>
<p>“For me, long-term relationships are about values – human values. And if I meet for a date and the morning after I have another new profile, I think ‘Oh, great’, and the woman or the man you saw last night, they’re at the bottom of the list.”</p>
</blockquote>
<p>This misalignment can lead to negative experiences, mistreatment, and even abuse online. Rose, a 23-year-old university lecturer, said that to her, going on dates was connected with a sense of fear because of the “horror stories” she had heard from others. Indeed, reports from other study participants (whose names we chose to withhold) had experiences ranging from distressing to traumatising, including verbal abuse, encounters with individuals who bore no resemblance to their photos, and even a sexual assault by someone using a fake profile.</p>
<p><em>The gamification of dating</em></p>
<p>The deinstitutionalised social setting of online dating can lead to situations where there are sometimes few or no shared social connections between the partners. This can lead to its being perceived as a “gamified” experience, as those met online are perceived as less “real” compared those encountered through friends or family. This diminished sense of reality can make behaviour less predictable, as there are no specific sanctions for what would normally be seen as unethical behaviour.</p>
<p><em>Denial and shame</em></p>
<p>While many study participants enjoyed the choice provided by dating apps, some were hesitant to identify themselves as using them, highlighting the situational and temporary nature of this condition. Some talked about the “stigmatised” nature of online dating, the perception that if they find a partner this way, those in their social circle might think there was something “wrong” with them because they were not able to find a partner in “real life” by traditional means.</p>
<p><em>The uncertainty</em></p>
<p>Such uncertainty arises when we’re unsure about the norms and outcomes of social interactions. This can happen when there is a lack of clarity about the framework under which the interaction is taking place. As the relationship terms are not clarified, both parties feel vulnerable and prefer not to open up too much to avoid potentially being hurt. The communication codes are also often unclear, giving rise to <a href="https://www.reddit.com/r/OnlineDating/">multiple discussions in online communities</a>, where the users ask for advice in explaining behaviours of their dating partners.</p>
<h2>The survival strategies</h2>
<p><em>Embrace the best authenticity in you and in others</em></p>
<p>If you’re using a dating app, consider a daring strategy: authenticity. Self-promotion is fine, even necessary, but so are conviction, realism and honesty. In that way you can try to match with partners who see you as the person you are and not the person you project. Definitely select flattering photos and showcase your desirable traits, but also show some conviction and your true self. Let some light in on the magic!</p>
<p><em>Use the app functions to narrow down the choice</em></p>
<p>When seeking a relationship online, it’s important to make the most of the available resources, ensuring you don’t miss out on potential connections. Consider using filters and search tools to refine your search for compatible partners. Specify your preferences, such as age, location, and shared interests, to increase your chances of finding a meaningful connection.</p>
<p><em>Enjoy the little things</em></p>
<p>It’s essential to adapt your approach and redefine what “value” means to you in this unique context. Instead of judging success by a single measure, consider redefining it to include other aspects – for example, meaningful conversations or shared interests. This flexibility enables you to recalibrate your expectations and discover value in your app experience, even if it doesn’t align with your initial goals. Love is built on shared emotions.</p>
<p><em>Talk, but also listen</em></p>
<p>Don’t be afraid to discuss your expectations with potential partners. Most importantly, when a person says that he or she is not looking for a committed relationship, believe them, rather than trying to change them or hoping that they will reconsider. Show them that you’re listening and not just broadcasting a set of preconceived ideas.</p>
<p><em>Keep exploring, yet know when to stop</em></p>
<p>Last but not least, don’t give up. As online dating becomes more and more accepted, a greater number of people are finding real relationships online. Despite all the hurdles, <a href="https://www.pewresearch.org/internet/2020/02/06/the-virtues-and-downsides-of-online-dating/">more than 12% of marriages</a> start online, according to a Pew Research Center study. Consider dating apps not as an unending search, but as a means to an end – and potentially a happy one.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217174/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Use of dating apps is on the rise and they can provide a wealth of choice. Research also shows that they can leave some users feeling overwhelmed and exhausted.Alisa Minina Jeunemaître, Associate Professor of Marketing, EM Lyon Business SchoolJamie Smith, Director of Undergraduate Programmes, ISC Paris Business SchoolStefania Masè, Associate professor of marketing and communication, IPAG Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2191312023-12-10T15:49:18Z2023-12-10T15:49:18ZChine : le ralentissement économique menace-t-il la présence des entreprises moyennes allemandes ?<p>Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l’Allemagne et la Chine figurent parmi les pays les plus touchés par le ralentissement économique en 2023 : l’Allemagne devrait être la seule économie européenne en récession (-0,5 %) et la Chine devrait connaître une faible croissance économique (+5 %) accompagnée d’une crise immobilière qui comporte des <a href="https://www.lexpress.fr/economie/allemagne-chine-les-sombres-previsions-du-fmi-LBWX24HJX5HQZAKVY7D2IFIFZM/">risques importants pour le secteur bancaire</a>. Ces signes inquiétants peuvent-ils menacer la présence des entreprises de taille intermédiaire (les ETI, qui désignent les organisations qui comptent entre 250 et 4 999 salariés et dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à 1,5 milliard d’euros) allemandes particulièrement présentes sur le marché chinois ?</p>
<p>L’Allemagne compte aujourd’hui <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/lavenir-de-notre-industrie-passera-par-les-eti-1932681">12 500 ETI (contre 5 500 pour la France</a>) et ce fameux « Mittelstand » est au cœur du système industriel allemand. Ces entreprises familiales sont souvent spécialisées dans le domaine « business-to-business » (B-2-B) et se distinguent par leur compétitivité à l’échelle internationale. Elles ont mis en place des stratégies ambitieuses sur le marché chinois pour suivre leurs clients multinationaux et pour développer de nouvelles opportunités d’affaires. La Chine constitue ainsi le <a href="https://www.lesechos.fr/2017/02/la-chine-premier-partenaire-commercial-de-lallemagne-162190">premier partenaire commercial de l’Allemagne depuis 2016</a> (devant la France et les États-Unis).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"835171331800973314"}"></div></p>
<p>Dans ce contexte, nous avons réalisé un <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJEBR-03-2022-0300/full/html">travail de recherche</a> visant à comprendre les trajectoires d’internationalisation des ETI familiales allemandes en Chine. Ce travail a pris la forme d’une étude qualitative longitudinale qui est fondée sur des entretiens semi-directifs avec des dirigeants de 26 ETI familiales allemandes et des données secondaires (sites web, communiqués de presse, articles de presse, etc.).</p>
<p>L’analyse des données collectées montre que les ETI familiales allemandes poursuivent des stratégies ambitieuses en Chine, mais qu’elles font face à de multiples défis sur ce marché complexe et éloigné. Elles éprouvent ainsi des difficultés pour comprendre le contexte culturel et institutionnel chinois et pour accéder aux réseaux d’affaires locaux (« guanxi ») qui sont fondés sur la confiance et la réciprocité.</p>
<h2>Trajectoires disparates</h2>
<p>Notre étude met également en relief la disparité des trajectoires suivies par les ETI familiales allemandes en Chine, qui sont marquées par des étapes d’internationalisation (augmentation des investissements), de désinternationalisation (retrait ou diminution des investissements) et de réinternationalisation (réalisation de nouveaux investissements). Deux groupes d’entreprises peuvent être identifiés.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>D’abord, les ETI qui suivent plusieurs vagues pour augmenter progressivement leurs investissements sur le marché chinois (16 entreprises sur 26). Les entreprises familiales allemandes qui suivent cette trajectoire linéaire commencent souvent par des activités d’exportation en Chine avant d’y implanter des bureaux de vente, des sociétés communes ou des filiales. Ces entreprises peuvent ainsi bénéficier d’effets d’apprentissage sur les spécificités du marché chinois et accéder aux réseaux d’affaires locaux.</p>
<p>Par exemple, Kern-Liebers, un fournisseur de bandes et de fils d’assemblage, a choisi d’exporter ses produits avant de créer une filiale dans la ville de Taicang, à 50 km de Shanghai. L’entreprise a été suivie par d’autres ETI familiales qui ont également implanté des filiales à Taicang, une ville qui accueille aujourd’hui <a href="https://www.ft.com/content/fceb2528-64de-4c7f-9d48-b0305abb9abb?sharetype=blocked">plus de 400 entreprises allemandes</a>. En 2023, Kern-Liebers fête le 30<sup>e</sup> anniversaire de sa présence sur place où elle a établi plusieurs filiales et sociétés communes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1708650360930283909"}"></div></p>
<p>Ensuite, on observe des ETI qui suivent plusieurs vagues pour internationaliser, désinternationaliser et réinternationaliser leurs activités en Chine (10 entreprises dans notre échantillon). Ces entreprises familiales allemandes qui suivent une trajectoire non linéaire s’établissent par des sociétés communes avec des partenaires chinois sans avoir acquis une expérience préalable par des activités d’exportation. Leur première expansion en Chine se traduit souvent par un échec, notamment en raison des différences culturelles, des difficultés pour accéder aux réseaux d’affaires et des divergences entre les objectifs des dirigeants familiaux et de leurs partenaires chinois.</p>
<p>Par exemple, Hawe Hydraulics, un fournisseur de composants et de systèmes hydrauliques, a choisi de coopérer avec une entreprise chinoise avant de se désengager du partenariat et d’établir par la suite plusieurs filiales en Chine. Face aux tensions géopolitiques, cette ETI familiale cherche aujourd’hui à diversifier la localisation de ses investissements afin de diminuer sa dépendance du marché chinois.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1676993641988882447"}"></div></p>
<p>Les étapes d’internationalisation peuvent être expliquées par des exigences stratégiques (stratégie de croissance), financières (rentabilité, coûts de production) et opérationnelles (adaptation de produits), mais aussi par des objectifs de la famille fondatrice, en particulier par son intérêt de préserver la réputation de l’entreprise familiale, les cultures locales et l’héritage familial.</p>
<p>Les étapes d’internationalisation peuvent aussi être déclenchées par la demande d’approvisionnement des clients multinationaux, les perspectives de croissance du marché chinois, la réglementation concernant les investissements étrangers (<a href="https://www.usinenouvelle.com/article/les-industriels-europeens-ont-ils-vraiment-a-gagner-de-l-accord-d-investissement-ue-chine.N1050614">obligation de former des « joint ventures »</a>, c’est-à-dire des accords de coopération avec des partenaires locaux), la nécessité de développer des réseaux locaux et les difficultés rencontrées avec les partenaires des sociétés communes, incitant les ETI familiales à établir des filiales possédées à 100 %.</p>
<p>À l’inverse, les étapes de désinternationalisation peuvent s’expliquer par les ressources limitées des ETI familiales, les tensions organisationnelles et le manque d’adaptation aux exigences locales. Les décisions peuvent aussi être déclenchées par des contraintes institutionnelles (droits de douane, changement de réglementation, etc.), des différences culturelles et linguistiques, la concurrence internationale et locale de même que des difficultés avec les partenaires des sociétés communes. Ces difficultés sont <a href="https://theconversation.com/entreprises-familiales-le-defi-du-retrait-progressif-pour-le-cedant-192436">exacerbées pour des entreprises familiales</a> qui opèrent sur des marchés de niche et qui cherchent à protéger leurs avantages concurrentiels et leur réputation internationale.</p>
<h2>Valeur créée par l’attachement</h2>
<p>Les étapes de réinternationalisation sont elles principalement déclenchées par des facteurs externes. On peut notamment mentionner de nouvelles opportunités d’affaires en Chine, les perspectives de croissance du marché et la rencontre de nouveaux partenaires chinois. Mais la réinternationalisation des activités peut aussi être <a href="https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/le-delicat-pari-du-changement-de-generation-a-la-tete-des-eti-familiales-1934209">motivée par l’implication de nouvelles générations</a> dans le management des ETI familiales.</p>
<p>Le ralentissement économique en <a href="https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/allemagne-les-exportations-reculent-pour-le-deuxieme-mois-d-affilee-978823.html">Allemagne</a> et en <a href="https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/allemagne-les-exportations-reculent-pour-le-deuxieme-mois-d-affilee-978823.html">Chine</a> remet aujourd’hui en cause les trajectoires d’internationalisation des ETI familiales. Dans ce contexte, les phases de désinternationalisation ont tendance à se multiplier et on peut s’interroger sur les opportunités de réinternationalisation sur un marché complexe et éloigné comme la Chine.</p>
<p>Notre étude montre que les ETI familiales allemandes suivent des trajectoires d’internationalisation qui sont liées à leurs structures de gouvernance et à leur volonté de préserver leur richesse socioémotionnelle. Il s’agit de la valeur créée par l’attachement de la famille aux entreprises familiales.</p>
<p>Ces facteurs expliquent pourquoi leurs décisions d’internationalisation ne sont pas uniquement motivées par des objectifs financiers. Dans un contexte de ralentissement économique, les ETI allemandes pourraient ainsi limiter la <a href="https://www.ft.com/content/fceb2528-64de-4c7f-9d48-b0305abb9abb">diminution ou le retrait de leurs investissements en Chine</a>, mais elles devraient privilégier d’autres localisations pour <a href="https://www.reuters.com/markets/europe/derisking-dilemma-how-german-companies-are-tackling-china-risk-2023-10-19/">réduire leur dépendance</a> du marché chinois.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219131/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La faible croissance chinoise qui se double d’une récession outre-Rhin constitue un contexte propice à la désinternationalisation des entreprises, même si des exceptions s’observent.Ulrike Mayrhofer, Professeur des Universités à l'IAE Nice et Directrice du Laboratoire GRM, Université Côte d’AzurAlfredo Valentino, Associate Professor, ESCE International Business SchoolAndrea Calabrò, Professeur en Entreprises Familiales & Entrepreneuriat, Directeur de la Chaire de l'Entreprise Familiale Durable et de l'Entrepreneuriat , IPAG Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1787262022-03-29T19:31:31Z2022-03-29T19:31:31ZDu luxe à la fast fashion : la gestion des invendus, casse-tête de l’industrie de la mode<p>Pour le secteur de la mode, l’heure du bilan est arrivée avec notamment la campagne des soldes de l’hiver 2022. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est bien négatif. Ni les ventes privées ni la deuxième démarque <a href="https://www.europe1.fr/economie/quel-bilan-pour-les-soldes-dhiver-2022-4092219">n’ont vraiment attiré les consommateurs</a>.</p>
<p>La faute à l’inflation, l’augmentation du prix des énergies, la crainte du coronavirus et les mesures sanitaires. Ainsi, en janvier (habituellement le 2<sup>e</sup> mois d’activité le plus important), les marques d’habillement ont vu leur chiffre d’affaires en magasin <a href="https://www.alliancecommerce.org/baisse-de-24-du-chiffre-daffaires-en-magasin-par-rapport-a-2019-un-mois-de-janvier-tres-decevant-impacte-par-les-mesures-sanitaires/">chuter de 23,7 % par rapport à janvier 2019</a>.</p>
<p>Une situation que l’Alliance du commerce juge très préoccupante, car elle met en péril la santé financière des entreprises et leur plan de trésorerie. À la question légitime de la survie des entreprises de ce secteur vient s’ajouter l’enjeu de la gestion des invendus.</p>
<p>Une <a href="https://sdi-pme.fr/enquete-sdi-soldes-dhiver-2022-face-a-un-debut-de-saison-dans-le-rouge-vif-76-des-commercants-demandent-le-retablissement-de-laide-aux-stocks-invendus/">enquête</a> du Syndicat des indépendants et des TPE révèle qu’à la lumière des résultats catastrophiques des soldes d’hiver 2022, 76 % des commerçants (tous secteurs confondus) <a href="https://www.economie.gouv.fr/covid19-soutien-entreprises/nouvelle-aide-stocks">demandent le rétablissement de l’aide aux stocks invendus</a>.</p>
<p>En parallèle, la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire-0">loi anti-gaspillage pour une économie circulaire</a>, promulguée en février 2020, est entrée en vigueur le 1<sup>er</sup> janvier 2022 : elle impose à l’industrie de la mode et du luxe, entre autres, de donner, réemployer, réutiliser ou recycler leurs invendus.</p>
<h2>Choc face à la destruction des invendus</h2>
<p>En effet, si la question du coût des stocks est cruciale chez les petits commerçants qui cherchent, pour des raisons évidentes de survie, à conserver leurs stocks, les géants du commerce ont toutefois recours à d’autres pratiques peu responsables, en particulier la destruction.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1413444346636951558"}"></div></p>
<p>Dans le secteur de la mode, deux entreprises sont souvent citées à l’évocation de cette pratique. Le géant H&M était ainsi accusé en 2017 <a href="https://www.20minutes.fr/monde/2161027-20171031-h-geant-suedois-brulerait-12-tonnes-vetements-an-loin-concept-mode-durable">d’avoir brûlé 12 tonnes de vêtements invendus</a> par an depuis 2013. L’entreprise de luxe Burberry a quant à elle été pointée du doigt pour avoir brûlé la même année <a href="https://www.leparisien.fr/economie/pourquoi-burberry-a-detruit-31-millions-d-euros-d-invendus-20-07-2018-7827933.php">l’équivalent de 31 millions d’euros d’invendus</a> (vêtements et cosmétiques).</p>
<p>Cette pratique a suscité l’émoi du grand public et pose un réel problème éthique. Du fait de gaspiller, d’une part, des produits ayant mobilisé des ressources naturelles. De détruire, de l’autre, des produits pour beaucoup issus de chaînes globales de valeurs connues pour leur contribution à des problématiques environnementales et sociales récurrentes.</p>
<h2>Un secteur aux pratiques déjà controversées</h2>
<p>La mode dite rapide (ou <em>fast fashion</em>) est déjà associée au gaspillage de ressources au regard du rythme effréné de renouvellement des collections, à de graves accidents dans les usines de confection dans les pays en développement (comme le cas du Rana Plaza au Bangladesh), mais aussi à l’utilisation de composants nocifs pour la santé des consommateurs et l’environnement. Avant d’être accusée de détruire ses invendus, H&M a par exemple fait l’objet de critiques concernant l’utilisation de produits chimiques et polluants dans ses vêtements.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1429015166864269315"}"></div></p>
<p>Le secteur du luxe ne fait pas mieux. <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1477-8947.12211">Nos travaux</a> ont mis en particulier en avant l’enjeu du bien-être animal. La destruction de produits ayant mobilisé des matières premières animales rares ou provenant <a href="https://www.cairn.info/revue-decisions-marketing-2021-3-page-107.htm">d’animaux tués uniquement pour leur peau</a>, comme le crocodile, apparaît difficilement justifiable.</p>
<p>La gestion des invendus dans le secteur de la mode n’est pas une question nouvelle. Si certaines entreprises ont choisi de les brûler, d’autres ont décidé de vendre à perte leurs produits à des déstockeurs, à l’image de ce que fait Zara au Sénégal.</p>
<p>Quelques entreprises ont quant à elles fait don d’une partie de leurs invendus à des associations. Nous pouvons prendre l’exemple de <a href="https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/camaieu-donne-une-seconde-vie-a-ses-invendus-962378">l’enseigne Camaïeu</a> qui offre une partie de ses pièces à des associations telles que la Croix rouge ou Solidarité Femmes Accueil.</p>
<h2>L’invendu, bête noire du luxe</h2>
<p>Ces initiatives ne peuvent résoudre qu’en partie le problème des invendus et paraissent inadaptées au secteur du luxe. Solder ou faire don des pièces restantes revient, dans le cas des entreprises de ce secteur, à remettre en cause l’une de ses principales valeurs, à savoir l’exclusivité. Le recyclage pour sa part ne semble pas avoir les faveurs des consommateurs.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296313000350">Les travaux de recherche que nous avons menés</a> ont montré que l’intégration de cette pratique chez Hermès a été sanctionnée par les consommateurs, rétifs à l’usage de tissus recyclés dans les habits de luxe. Si les ventes privées peuvent constituer une solution pour écouler les stocks, il paraît décisif pour le secteur du luxe de revenir à l’un de ses fondamentaux, à savoir une production limitée.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1499685952796639236"}"></div></p>
<p><a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/mar.21546">L’une de nos études récentes</a> sur le sujet confirme l’importance du désir des consommateurs de luxe pour des produits uniques. Cultiver la rareté va non seulement permettre de renforcer le prestige du luxe, mais aussi d’éviter les invendus et de répondre à la problématique de durabilité en amont, c’est-à-dire au niveau de la production.</p>
<p>Les propos de l’un des enquêtés dans le cadre de <a href="https://www.cairn.info/revue-decisions-marketing-2016-3-page-97.htm">nos différentes investigations</a> vont dans ce sens :</p>
<blockquote>
<p>« Je dirais même que le luxe ne doit pas être démocratisé. Non pas que cela n’est pas bien qu’il soit accessible aux personnes qui ont des moyens limités, mais pour qu’il reste compatible avec le développement durable, le luxe doit garder une certaine inaccessibilité. »</p>
</blockquote>
<h2>Nouvelles technologies et gestion des invendus</h2>
<p>Dans le cas de la mode accessible, Zara a trouvé un modèle de gestion des stocks plutôt efficace. Grâce à la forte intégration et coordination entre deux fonctions essentielles de sa chaîne de valeur (la fonction confection et design et la fonction commerciale), l’entreprise parvient à coller aux tendances en étant au plus près des préférences des consommateurs, et donc à limiter les volumes invendus.</p>
<p>Cette forte coordination est rendue possible par une bonne infrastructure technologique (technologie <em>RFID</em>, le <em>cloud</em> et le <em>big data</em>). Ainsi, grâce à ses étiquettes intelligentes (RFID), Zara est l’une des rares marques du secteur de la mode qui a réussi en 2021 à vider le gros de ses stocks, cela <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/comment-zara-a-debute-les-soldes-avec-des-stocks-limites-1330310">malgré les confinements</a>.</p>
<p>La question des invendus, accentuée par la crise du coronavirus, vient rappeler, si besoin est, la nécessité pour l’industrie de la mode de revoir son modèle de développement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178726/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La gestion des invendus devient incontournable pour l’industrie de la mode. Les enjeux et les solutions ne sont pas les mêmes dans le luxe que dans la « fast fashion ».Mohamed Akli Achabou, Professeur HDR de Stratégie, RSE et Éthique du Marketing d’Entreprise, IPAG Business SchoolSihem Dekhili, Professeure HDR en Sciences de Gestion (Marketing), Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1639052021-07-07T19:04:53Z2021-07-07T19:04:53ZLa transition vers une mode éthique : un chemin semé d’embûches !<p>Les commerçants sont entrés depuis le 30 juin dernier de plain-pied dans la période des soldes… ô combien importante pour le monde de la mode, puisqu’elle représente, conjuguée avec d’autres remises, habituellement 60 % du chiffre d’affaires de ce secteur. Elle sera d’autant plus cruciale cette année en raison de la crise sanitaire, conduisant à une accumulation des stocks et à un manque à gagner considérable pour les marques. Le coût du confinement a ainsi été estimé à environ <a href="https://www.lecho.be/dossiers/coronavirus/le-confinement-coute-420-millions-par-mois-au-secteur-de-la-mode/10226629.html">420 millions d’euros par mois</a>. Même le secteur du luxe, habitué à afficher une croissance à deux chiffres, n’a pas été épargné.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mode-la-fabrication-a-la-demande-tendance-de-demain-123204">Mode : la fabrication à la demande, tendance de demain</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>En réalité la crise de la Covid-19 n’a fait qu’accentuer les difficultés d’un secteur arrivé à bout de souffle. C’est la stratégie commerciale de la « fast fashion » sur lequel repose l’industrie de la mode qui est aujourd’hui, plus que jamais, remise en question. D’une part, le principe d’une fabrication sur stock semble montrer ses limites sur le plan économique avec <a href="https://theconversation.com/mode-la-fabrication-a-la-demande-tendance-de-demain-123204">plusieurs marques en difficulté</a> (Gap, Top Shop). D’autre part, le développement effréné des collections présente des conséquences environnementales et sociales considérables, qui ont souvent engendré des critiques virulentes à l’encontre des marques.</p>
<p>Sur le plan environnemental, les cycles de mode de plus en plus courts et la mauvaise qualité réduisent considérablement la durée de vie des produits et augmentent par conséquent la quantité des déchets vestimentaires. On parle alors de « vêtements jetables ». Ainsi, la consommation textile des Européens est estimée aujourd’hui à <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20201208STO93327/incidences-de-la-production-et-des-dechets-textiles-sur-l-environnement">26 kg par individu et par an</a>, dont 11 kg de vêtements qui sont jetés.</p>
<p>Sur le plan social, les conséquences ne sont également pas des moindres. Si les stratégies de délocalisation adoptées par les grandes marques ont permis d’améliorer leur rentabilité, elles sont en revanche à l’origine d’une dégradation des conditions de travail chez les sous-traitants au Sud et au Nord. L’accident bien connu du <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/05/26/rana-plaza-la-mort-de-l-industrie_3417734_3234.html">Rana Plaza au Bangladesh</a> demeure ancré dans la mémoire collective. Cette situation a donné lieu à plusieurs <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/consommation/tragedie-du-rana-plaza-au-bangladesh-des-associations-interpellent-le-quai-d-orsay-5719017">compagnes de dénonciation</a> comme celles conduites par le collectif <em>Éthique sur l’Étiquette</em>. D’autres associations, telles que <em>PETA</em> ou encore <em>L214</em>, tentent de sensibiliser à la problématique du bien-être animal, à travers notamment des vidéos-chocs.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1411723729227366406"}"></div></p>
<h2>S’adapter ou disparaître</h2>
<p>Face aux difficultés économiques et aux nombreuses critiques sur les questions de durabilité, le secteur de la mode est entré dans une phase de mutation. D’un côté, pour s’adapter aux périodes de confinement, les marques ont pour la plupart <a href="https://www.leparisien.fr/economie/consommation/habillement-les-ventes-en-ligne-bouee-de-sauvetage-pour-le-secteur-textile-16-09-2020-8385483.php">développé leurs ventes sur Internet</a> (+11 % en 2020, contre une baisse de 26 % dans les boutiques physiques).</p>
<p>De l’autre et afin de prendre en compte les enjeux du développement durable, de nombreuses initiatives responsables ont vu le jour. Il s’agit par exemple de la pratique du recyclage et de l’utilisation de matériaux plus écologiques (comme le coton biologique ou le cuir végétal). D’autres entreprises ont intégré d’une façon plus profonde les dimensions de développement durable au cœur de leur stratégie, à l’exemple de Stella McCartney qui a <a href="https://www.lemonde.fr/m-mode-business-of-fashion/article/2015/04/17/stella-mccartney-le-succes-sans-le-cuir_4618162_4497393.html">renoncé à l’utilisation des matières premières d’origine animale</a> depuis 2015.</p>
<p>Nous assistons ainsi à l’émergence d’une mode dite éthique ou « slow fashion », définie par <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-12703-3_7">certains chercheurs</a> comme une mode qui n’est pas produite en masse et évite la rotation rapide des stocks. Elle doit, pour être considérée comme telle, encourager non seulement le ralentissement des processus de production et de consommation, notamment via la réduction du gaspillage des ressources, mais aussi prôner la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0276146714535932?journalCode=jmka">protection des travailleurs, des communautés et de l’environnement</a>.</p>
<p>Toutefois, plusieurs obstacles empêchent aujourd’hui le marché français de la mode éthique de se développer.</p>
<h2>Un déficit de notoriété des marques de la mode éthique</h2>
<p>Malgré la sensibilité croissante des consommateurs aux enjeux de durabilité, les marques éthiques ont encore du mal à se faire une place significative sur le marché. Une première <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-12703-3_9">étude</a> que nous avons conduite en 2015 a souligné la difficulté des consommateurs français à citer des acteurs dans ce domaine. Les enseignes de mode qui ont adopté une posture proactive et mis en place une véritable stratégie durable, comme la marque française Ekyog, spécialisée dans le prêt-à-porter féminin, restent souvent des marques de niche encore peu connues des consommateurs.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/H9K1R2_N17k?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>La situation ne semble pas avoir évolué aujourd’hui. En effet, une <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/mode-responsable-les-marques-peinent-a-repondre-a-lappetit-croissant-des-clients-1132827">enquête</a> menée dans plusieurs pays a montré que ce sont plutôt les grandes marques mondiales telles que H&M, C&A et Nike qui tirent le marché de la mode éthique aujourd’hui. À titre d’exemple, C&A à travers son programme <strong>#</strong><a href="https://www.c-and-a.com/be/fr/corporate/company/developpement-durable/wearthechange/">WearTheChange</a> propose à ses clients des bons de réduction de 15 % contre la collecte de leurs habits et chaussures usagés, dans le but de réduire les déchets textiles et de favoriser la circularité des produits.</p>
<p>Mais comme il s’agit souvent d’une démarche incomplète de durabilité, reflétant un degré d’engagement faible, ces grandes marques encourent le risque d’accusations de <em>greenwashing</em>. Nous pouvons citer le cas de H&M, qui a été dénoncé en 2019 par l’Autorité norvégienne de la consommation pour sa collection « Conscious ». Au vu du manque de transparence sur le caractère durable des vêtements, l’autorité avait estimé que la marque se livrait à une <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/h-m-accuse-de-greenwashing-avec-sa-collection-conscious.N872620">communication trompeuse</a>. De tels scandales peuvent discréditer le mouvement de la mode éthique et freiner encore davantage son développement.</p>
<h2>Une faible conscience sur l’impact écologique de l’industrie de la mode</h2>
<p>Si les enjeux des conditions de travail et du bien-être humain liés au secteur de la mode ont fait l’objet d’une forte couverture médiatique, certains impacts environnementaux restent en revanche méconnus du grand public. Par exemple, en parallèle du développement de l’offre de vêtements fabriqués à partir de coton biologique, le coton conventionnel <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-12703-3_9">continue à être apprécié par les consommateurs</a> car considéré comme une matière naturelle. En ce sens, la mention « 100 % coton » est souvent mise en avant par les marques de mode. Pourtant, la culture du coton totalise à elle seule plus de 25 % des pesticides utilisés dans le monde.</p>
<p>La faible prise en compte par les consommateurs de certains enjeux environnementaux peut être expliquée par la prédominance dans la société contemporaine d’une <a href="https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1348/014466601164731">hiérarchisation des valeurs</a> de nature anthropocentrique : d’abord l’humain, puis les plantes et les animaux, et enfin les autres enjeux tels que les émissions de gaz à effet de serre. <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/articlerevue/2294-utilisation-des-mat%C3%A9riaux-d%E2%80%99origine-animale-dans-le-luxe-point-de-vue-des-consommateurs-et-des-professionnels.html">Nos études dans le domaine du luxe</a> vont dans le même sens : le bien-être humain passe avant celui des animaux.</p>
<h2>Des consommateurs qui doutent de la qualité des produits de la mode éthique</h2>
<p>Si l’on peut vanter les mérites environnementaux et/ou sociaux des produits de la mode éthique, ceux-ci souffrent d’un déficit d’image en termes de qualité. En effet, d’après <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-12703-3_9">nos recherches</a>, l’attribut éthique n’est pas un facteur de différenciation pertinent sur le marché français de la mode. Lors du choix de ses vêtements, le consommateur accorde la priorité à des critères comme la stylique et la qualité. Plus encore, les produits de la mode éthique sont perçus comme démodés, voire ringards, et de qualité inférieure.</p>
<p>Ces résultats ne semblent pas spécifiques à la France : <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JCM-10-2018-2908/full/html">nos enquêtes</a> menées en 2020 dans le contexte italien ont confirmé les réticences envers les articles de la mode éthique au-delà de l’Hexagone. Cette tendance défavorable est encore plus prononcée dans le cas du luxe. C’est ce que nous démontrons dans une <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/articlerevue/2294-utilisation-des-mat%C3%A9riaux-d%E2%80%99origine-animale-dans-le-luxe-point-de-vue-des-consommateurs-et-des-professionnels.html">récente recherche</a>, dans laquelle nous nous sommes intéressés à l’enjeu du bien-être animal via la question de l’intégration de matériaux responsables (cuir végétal, fourrure synthétique) dans des articles luxueux. Il en ressort que les matériaux d’origine animale continuent à être préférés, car ils répondent mieux aux besoins des consommateurs : de qualité et de confort pour certains, et d’ostentation, pour d’autres.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/DD8fnZbc0dQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Répondre à l’urgence d’une transformation sociétale favorable à l’être humain et à la planète ne peut pas se faire sans l’implication du secteur de la mode. En ce sens, la réflexion sur l’écologie ne devrait pas se limiter au recyclage des vêtements, mais également se doter d’un volet créatif et attractif pour les consommateurs. Par exemple, des matériaux durables, comme les <a href="https://www.istegroup.com/fr/produit/le-marketing-au-service-du-developpement-durable/?/40568">fibres de feuilles d’ananas et de cactus</a> en remplacement du cuir d’origine animale, présentent des particularités qui peuvent aider à véhiculer des associations positives en lien avec l’originalité et l’innovation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163905/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un certain nombre d’obstacles entravent encore le développement de la mode éthique, pourtant souvent décrite comme une issue à la spirale destructrice de la fast-fashion.Mohamed Akli Achabou, Professeur HDR de Stratégie, RSE et Éthique du Marketing d’Entreprise, IPAG Business SchoolSihem Dekhili, Professeure HDR en Sciences de Gestion (Marketing), Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1572692021-03-23T19:00:05Z2021-03-23T19:00:05ZRecherche et innovation : la lutte contre le réchauffement climatique gagnerait à impliquer davantage les femmes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/390077/original/file-20210317-21-1j737hc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C5481%2C3476&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les femmes représentent aujourd’hui moins de 30&nbsp;% d’une promotion d’ingénieurs ou de chercheurs en sciences dites dures.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-scientist-looking-through-microscope-laboratory-1451434178">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En composant moins de 30 % d’une promotion d’ingénieurs ou de chercheurs en sciences dites dures, les femmes sont les grandes absentes des processus d’innovation technologique. Un déficit à combler qui peut toutefois apparaître comme une bonne nouvelle pour répondre au défi climatique, car elles peuvent permettre d’accélérer la recherche de solutions innovantes. Il existe donc une marge de manœuvre.</p>
<p>C’est ce qui ressort de notre <a href="https://ideas.repec.org/a/eee/tefoso/v164y2021ics004016252031266x.html">recherche</a> sur les enjeux de l’innovation pour lutter contre le changement climatique qui vient de paraître dans la revue <em>Technological Forecasting & Social Change</em>. Notre analyse se fonde sur une étude systématique des 1 275 articles publiés depuis 1975 dans les revues classées dans la <a href="https://harzing.com/resources/journal-quality-list"><em>Harzing List</em></a> (agrégat des différents classements de revues scientifiques en management dans le monde).</p>
<h2>Des chercheuses très productives</h2>
<p>Tout d’abord, la très bonne productivité des femmes qui embrassent ce métier a largement été <a href="https://doi.org/10.100%207/s10551-011-0815-z">mise en évidence</a> : plus que son homologue masculin, la chercheuse se focaliserait sur la question de recherche qui l’anime. Même s’il est délicat de formuler une règle applicable à toutes les femmes, la littérature montre que la chercheuse choisit de travailler sur une question qui la motive véritablement, délaissant les questions qui pourraient être travaillées par opportunisme de carrière ou par curiosité secondaire.</p>
<p>Cette focalisation la conduit à être plus productive, à déposer plus de brevets et à publier plus de résultats. L’une des principales explications peut être trouvée dans les <a href="https://doi.org/10.1007/s11192-019-03262-1">contraintes sociales</a> vécues lors de leurs études de doctorat et qui pousseraient les femmes à se surpasser : longtemps, la gent féminine a été discriminée dans l’obtention de bourses d’études et dans l’obtention de leur premier poste.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/390078/original/file-20210317-17-15yeyuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les contraintes sociales subies pendant leur doctorat poussent les femmes à se surpasser.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1190561">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aussi, dans un contexte où il est urgent de trouver des solutions technologiques alternatives à celles actuellement en vigueur pour lutter contre le changement climatique, la posture sociologique des chercheuses les conduit à être plus efficaces.</p>
<p>Cette efficacité apparaît d’autant plus notable lorsqu’il s’agit de transformer l’invention, consignée dans un brevet, en innovation. La littérature mentionne également que les femmes sont désireuses d’adopter les nouvelles technologies lorsqu’elles sont <a href="https://doi.org/10.1016/j.%20hitech.2015.09.003">perçues comme ayant un impact social</a>. Les chercheuses ont moins l’ambition de voir transformer leur invention en innovation que leurs homologues masculins, sauf si cette innovation peut aider les autres et remplir une finalité sociétale.</p>
<h2>Les femmes adoptent plus d’innovations utiles</h2>
<p>En revanche, cette capacité d’innovation est présente lorsque leur <a href="https://doi.org/10.1177/016224390202700303">travail est respecté</a>. A contrario, les femmes sont moins créatives et productives lorsque l’ambiance de travail est délétère.</p>
<p>Au regard de cette appétence sociale dont font preuve les femmes, nous posons l’hypothèse que plus de chercheuses motivées par la recherche de nouvelles technologies moins énergivores ou de substituts aux technologies existantes ne peuvent qu’être productives dans leur démarche.</p>
<p>Les femmes sembleraient donc utiles en amont du processus d’innovation pour lutter contre le changement climatique. Leur contribution semble également précieuse en aval du processus, lorsque l’innovation est lancée sur son marché et en passe d’être adoptée.</p>
<p>On sait que l’adoption d’une innovation reste plus une affaire de classe sociale que de genre. Pour autant, depuis les années 1990, on a montré que les femmes adoptent difficilement des innovations qu’elles jugent inutiles – des innovations « gadgets » en quelque sorte.</p>
<p>Si le constat a été opéré sur le cas de l’adoption d’innovations en lien avec les technologies d’informations, nous posons l’hypothèse que plus de femmes dans le tri d’innovations peuvent permettre de faire le distinguo entre celles qui contribuent réellement à la lutte contre le changement climatique et celles qui sont superflues au-delà de leur apparente attractivité.</p>
<h2>Une discrimination persistante</h2>
<p>Toutes les qualités attribuées aux femmes ne sont pas intrinsèques à leur sexe mais sont le fruit de postures et de réactions face à des discriminations. Pour autant, aussi positives soient-elles, la littérature récente met en évidence des signes persistants de discriminations à l’égard des femmes, en particulier dans les processus d’innovation : à l’embauche à des postes de cherche, à la promotion à la tête de laboratoires de recherche…</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1174444784544563205"}"></div></p>
<p>Les chercheuses mères restent en outre réticentes à se déplacer dans les colloques de recherche les plus éloignés de leur lieu de vie, ce qui les met à l’écart des réseaux d’échange pourtant nécessaires pour générer de nouvelles opportunités de collaboration, de publication et surtout pour accéder à de nouveaux postes de chercheuses.</p>
<p>Les entraves que connaissent les chercheuses sont également connues des femmes qui participent dans les entreprises aux processus de création et d’innovation : leurs idées d’innovation restent <a href="http://www.managementinternational.ca/catalog/female-creativity-in-organizations-what-is-the-impact-of-team-composition-in-terms-of-gender-during-ideation-processes.html">rarement adoptées</a> dans un processus d’idéation ; leurs promotions à des places de direction, où elles peuvent être à même de sélectionner les technologies utiles et d’exclure les innovations gadgets pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, apparaissent souvent compromises à cause du « plafond de verre ».</p>
<p>Aussi, l’hypothèse que nous posons est que la lutte contre les discriminations femmes/hommes dans le monde économique semble être un bon moyen pour accélérer l’efficacité d’un processus d’innovation technologique pour lutter contre le changement climatique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157269/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Myriam Razgallah est membre de Université Gustave Eiffel_Paris et du laboratoire IRG (Institut de recherche en gestion)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adnan Maalaoui, Andreas Kallmuenzer, Gaël Bertrand et Séverine Le Loarne-Lemaire ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Une étude suggère que les femmes seraient plus productives et privilégieraient les solutions à finalité sociale, rejetant les innovations « gadgets ».Séverine Le Loarne-Lemaire, Professeur Management de l'Innovation & Management Stratégique, Grenoble École de Management (GEM)Adnan Maalaoui, Directeur du centre de l’entrepreneuriat IPAG Business School, IPAG Business SchoolAndreas Kallmuenzer, Professor of Entrepreneurship & Management , ExceliaGaël Bertrand, Professeur Associé en Entrepreneuriat, ESSCA School of ManagementMeriam Razgallah, Attachée temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) à l'IAE Gustave-Eiffel, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1411382020-06-24T21:18:17Z2020-06-24T21:18:17ZL’entrepreneuriat, source d’émancipation pour les minorités sexuelles et de genre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/343684/original/file-20200624-133013-n9tnx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C32%2C1183%2C910&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon une étude, les personnes LGB ont davantage confiance dans leurs capacités à créer une activité que les non LGB.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Sebastien Durand / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le « <a href="https://www.strategies.fr/actualites//4014068W/mais-ou-est-passe-le-mois-des-fiertes-.html">mois des fiertés</a> » (<em>pride month</em> outre-Atlantique), en grande partie éclipsé par l’actualité de la crise sanitaire, a été ponctué par une série d’évènements tragiques. Le 14 juin dernier, <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/16/amnesty-international-denonce-l-oppression-du-pouvoir-egyptien-apres-le-suicide-d-une-militante-lgbt_6043020_3212.html">Sara Hegazy</a>, une militante LGBT égyptienne, mettait fin à ses jours après une période d’emprisonnement. La veille, le <a href="https://www.lefigaro.fr/flash-actu/selon-le-president-polonais-l-ideologie-lgbt-c-est-du-neo-bolchevisme-20200613">président polonais</a> attaquait lors d’un meeting électoral l’« idéologie LGBT » qu’il considère comme du « néo-bolchevisme ».</p>
<p>Mais, en parallèle, le mois de juin a été marqué par un arrêt de la Cour suprême des États-Unis <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2020/06/15/la-cour-supreme-des-etats-unis-interdit-les-discriminations-fondees-sur-l-orientation-sexuelle_6042928_3210.html">interdisant les discriminations au travail</a> fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.</p>
<p>Ces discriminations restent monnaie courante pour les minorités sexuelles en 2020. D’après la dernière <a href="https://fra.europa.eu/en/publication/2020/eu-lgbti-survey-results">étude</a> de l’Agence européenne des droits fondamentaux, « A long way to go for LGBTI equality », une personne LGBTI (lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre, intersexuée) sur cinq s’estime discriminée sur son lieu de travail et une sur trois déclare avoir des difficultés à subvenir à ses besoins et à trouver un emploi en lien avec sa qualification.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342955/original/file-20200619-43209-h2d476.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pourcentage des répondants qui se sont sentis discriminés au travail durant les 12 derniers mois du fait de leur appartenance à la communauté LGBT (comparaison entre 2012 et 2019).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/fra-2020-lgbti-equality_en.pdf">étude « A long way to go for LGBTI equality »</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, nous avons voulu comprendre si l’entrepreneuriat pouvait constituer une solution pour les minorités sexuelles, victimes ou particulièrement exposées à des discriminations sur le lieu de travail.</p>
<p>Notre <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JOCM-12-2018-0365/full/html">étude</a>, publiée en septembre 2019, s’est focalisée sur la population lesbiennes, gays, bisexuels (LGB) parisienne. Elle tend à montrer que la création d’entreprise reste un recours privilégié pour cette communauté.</p>
<h2>Les LGB favorables à la création d’entreprise</h2>
<p>Dans un souci d’échapper à des pratiques discriminantes, et plus globalement de pouvoir affirmer son identité sereinement, la <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/j.2161-0045.2003.tb00630.x">création d’entreprise</a> a souvent été présentée comme une solution pour les personnes LGBT depuis les années 2000. C’était du moins le cas dans les zones géographiques où émergeait l’économie des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et où pullulaient les créations d’entreprises. Deux décennies plus tard, cette affirmation reste pertinente.</p>
<p>Sur les 654 Parisiens que nous avons eu l’occasion d’interroger (266 LGB et 388 non LGB) au sujet de leur intention de créer une entreprise (dans l’absolu et dans un avenir proche), les LGB se révèlent majoritairement favorables au lancement de leur propre activité.</p>
<p>À noter que la capitale française s’avère relativement agréable à vivre pour la population LGB : 14 % de la population parisienne <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/JOCM-12-2018-0365/full/html">se déclare gaie ou lesbienne</a>, contre 7 % dans le reste de la population française.</p>
<p>Par ailleurs, les personnes LBG interrogées estiment que créer une entreprise représente une action positive. Elles accordent de l’importance à ce que pensent les personnes importantes de leur entourage concernant leur projet.</p>
<p>Enfin, les personnes LGB s’estiment majoritairement capables de relever le défi de l’entrepreneuriat alors que les réponses chez les non LGB restent plus nuancées. Comment analyser ces résultats ?</p>
<h2>Le rôle de la communauté</h2>
<p>Le protocole de recherche choisi ne nous permet pas de formuler des explications formelles. Par contre, il reste possible de les interpréter au regard de la notion de « capital social » dont bénéficient les personnes LGB, en particulier à Paris. Le capital social se définit comme l’ensemble des réseaux et relations sociales relatifs à une personne ou une entité.</p>
<p>L’appartenance à une communauté forte offrirait aux personnes LGB le capital social nécessaire pour susciter l’envie de créer son entreprise et générerait un cercle vertueux : une envie de créer son entreprise, les liens sociaux qui soutiennent la création, l’émancipation financière et personnelle qui en découle, les échanges avec les nouveaux venus dans la communauté, etc.</p>
<p>Par ailleurs, une communauté offre généralement la possibilité de rentrer en contact plus facilement avec ce qu’on appelle un « rôle modèle » (<em>role model</em> en anglais) c’est-à-dire une personne dont le comportement, l’exemple ou les succès peuvent inspirer d’autres individus.</p>
<p>Ce phénomène d’identification s’avère particulièrement présent dans le monde de l’entrepreneuriat. Un entrepreneur qui a réussi va influencer et donner envie aux personnes qui le côtoient de se lancer dans une aventure de création d’entreprise, surtout s’il fait partie de l’entourage proche (mère, père, meilleur ami). C’est ce que révèle une <a href="http://renouveau-economique-entrepreneuriat-feminin.fr/wp-content/uploads/2020/02/Liflet-EIT-Health-Role-Models-v1-SLL.pdf">étude</a> sur une population d’étudiantes dans le secteur de la santé.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=368&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=463&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=463&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342957/original/file-20200619-43196-14r2jxj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=463&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pour les étudiantes dans le secteur de la santé, le rôle modèle le plus impactant est un entrepreneur parent et/ou ami proche.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://renouveau-economique-entrepreneuriat-feminin.fr/wp-content/uploads/2020/02/Liflet-EIT-Health-Role-Models-v1-SLL.pdf">GEM LAB Studies</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais, pour les personnes LGB, l’identification à des rôles modèles se produit rarement dans le cercle familial, les personnes LGB déclarant souvent sortir de ce cadre. En revanche, les amis entrepreneurs issus de la communauté LGB peuvent très bien jouer ce rôle. En les côtoyant, en les entendant parler, voire en parlant avec eux de leur entreprise, les personnes LGB sont plus disposées à développer une attitude positive envers la création d’entreprise.</p>
<p>En ce sens, la démarche communautaire et la possibilité de s’identifier permettraient aux personnes LGB de constituer le capital social nécessaire à toute aventure entrepreneuriale.</p>
<h2>Qu’en est-il des autres communautés ?</h2>
<p>Est-ce à dire que la communauté LGB, et en particulier de Paris, pourrait servir d’exemple aux autres communautés et minorités en mal d’émancipation (femmes, transgenres ou non binaires, minorités ethniques, etc.) ?</p>
<p>Selon une <a href="http://renouveau-economique-entrepreneuriat-feminin.fr/wp-content/uploads/2020/02/Liflet-EIT-Health-Role-Models-v1-SLL.pdf">étude</a> sur les rôles modèles et l’intention entrepreneuriale des étudiantes dans le secteur de la santé, trois critères essentiels doivent être réunis : le fait de côtoyer régulièrement l’entrepreneur, que ce dernier encourage et échange très régulièrement avec l’individu et qu’un certain degré de ressemblance s’établisse avec l’éventuel entrepreneur et la réussite entrepreneuriale de l’individu.</p>
<p>Ainsi, cela implique que les minorités puissent intégrer des réseaux et côtoyer des personnes qui leur « ressemblent » et ont réussi professionnellement. Or ces réseaux permettant la reconnaissance, la valorisation et l’émancipation des minorités restent encore peu nombreux et peu visibles. C’est uniquement au travers du développement de communautés de partage et d’entraide fortes que les minorités pourront non seulement être inspirées, mais aussi réellement incitées à créer leur entreprise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141138/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À Paris, les personnes LGB se révèlent en majorité favorables à la création d’entreprise. La volonté de s’affranchir des discriminations et l’accès à une communauté pourraient expliquer ce résultat.Séverine Le Loarne-Lemaire, Professeur Management de l'Innovation & Management Stratégique, Grenoble École de Management (GEM)Rony Germon, Professeur Associé entrepreneuriat & innovation, IPAG Business SchoolSafraou Imen, Professeur Associé-Responsable du Département Marketing, PSB Paris School of BusinessLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1245972019-10-08T20:40:12Z2019-10-08T20:40:12ZPlaisir et de sensations, moteurs de la motivation entrepreneuriale des futurs diplômés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/295191/original/file-20191002-49383-f1zke2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C14%2C989%2C651&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plus la recherche de plaisir est importante, moins les réticences de l'entourage vis-à-vis du projet pèsent. </span> <span class="attribution"><span class="source">Nd3000/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>« Entrepreneur is the new France… ». Cette phrase du président de la République Emmanuel Macron lors de son <a href="https://www.usine-digitale.fr/editorial/emmanuel-macron-a-station-f-entrepreneur-is-the-new-france-et-ca-commence-ici.N560658">discours d’inauguration</a> du campus de campus de start-up Station F, illustre bien la tendance à l’entrepreneuriat en France ces dernières années. Partant du constat que plus de <a href="https://www.economie.gouv.fr/cedef/chiffres-cles-des-pme">99 % des entreprises</a> de notre pays est constitué de PME, il apparaît logique d’envisager l’entrepreneuriat comme un levier pour renforcer la création d’entreprises et l’emploi.</p>
<p>Face à cette tendance, <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2018-1-page-103.htm">nous nous sommes interrogés</a> sur les valeurs qui pouvaient aider les jeunes générations à porter un projet entrepreneurial, compte tenu du fait que « nos valeurs sont des fins et non des moyens », comme le soulignent les chercheurs spécialisés Daniel Bollinger et Geert Hofstede. Il apparaissait donc possible de considérer que les valeurs personnelles puissent être une bonne manière d’étudier les attitudes et les motivations personnelles, notamment de ces publics particuliers que sont les jeunes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1055739644346855424"}"></div></p>
<p>Notre étude a été réalisée au sein d’une business school post-bac parisienne proposant des programmes allant du bachelor (niveau bac+3) au master (niveau bac +5). Un questionnaire a été administré par mailing et nous avons obtenu 273 questionnaires exploitables. Les statistiques montrent que, dans notre échantillon, la plupart des répondants n’ont pas eu d’expérience entrepreneuriale antérieure. Les étudiants interrogés, dont 52 % sont de femmes, ont en moyenne 22 ans et disposent de revenus compris en moyenne entre 1 000 et 2 500 euros par mois (bourse parentale et/ou emplois confondus).</p>
<h2>Dépasser les réticences des proches</h2>
<p>Nos analyses montrent que l’hédonisme et la recherche de sensations sont au cœur des motivations entrepreneuriales de ces futurs diplômés. En effet, plus cette recherche du plaisir est importante et plus les étudiants se montrent ouverts au changement. En conséquence, moins fort sera l’impact de la famille, des amis, et plus généralement le point de vue de l’environnement, sur le choix des étudiants de créer leur propre entreprise.</p>
<p>En d’autres termes, les étudiants se délesteraient de l’influence de leur entourage et iraient plus facilement vers la création d’entreprise en portant en eux cette typologie de valeurs hédonistes.</p>
<p>Ces résultats sont notamment illustrés par le cas de la start-up Des bras en plus, <a href="https://blogs.economie.gouv.fr/les-cafes-economiques-de-bercy/jeunes-entrepreneurs-quen-pense-lentourage/">cité en exemple</a> par le ministère de l’Économie et des finances dans sa communication. Certains proches des trois fondateurs s’étaient en effet montrés réticents au moment du lancement du projet, ce qui n’a pas freiné pour autant le développement de cette nouvelle offre de déménagement low-cost.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/dV1wtaP9ckk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Des bras en plus : de jeunes entrepreneurs… vus par leur entourage ! » (Les Cafés économiques de Bercy, 2013).</span></figcaption>
</figure>
<h2>« Bâtir un nouveau monde »</h2>
<p>Plusieurs chercheurs se sont focalisés sur l’étude des étudiants et leur appétence à l’entrepreneuriat. Mais peu d’entre eux ont finalement mis en avant le désir de changement ou d’indépendance dans l’acte entrepreneurial. Ce n’est qu’en 1985 qu’il est possible de retrouver les <a href="https://www.jstor.org/stable/258039?seq=1#page_scan_tab_contents">premières recherches</a> mettant en relation ces éléments.</p>
<p>Par la suite, quelques chercheurs ont mis en avant le désir de l’entrepreneur à <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1506368">aller vers le changement</a>. Ces derniers ont même mis cette notion de la recherche du changement au cœur de leur définition de l’entrepreneuriat, en écho à la fameuse <a href="https://www.citeco.fr/10000-ans-histoire-economie/revolutions-industrielles/la-destruction-creatrice-de-schumpeter">« destruction créatrice »</a> théorisée par l’économiste Joseph Schumpeter dans son livre « Capitalisme, Socialisme et Démocratie » de 1942.</p>
<p>Nos résultats rejoignent les conclusions de ces travaux car les étudiants motivés par un projet entrepreneurial affichent l’ambition de « bâtir un nouveau monde ». Pour cela, ils cherchent à s’extirper du cadre usuel et à s’impliquer dans des activités créatrices de valeurs économiques et sociales. Cette tendance est par ailleurs particulièrement bien illustrée par les témoignages recueillis dans un article publié il y a quelques années par le site <a href="https://www.reussirmavie.net/Jeunes-entrepreneurs-sociaux-ils-veulent-changer-le-monde_a1742.html">reussirmavie.net</a> dans lequel Léo, Maëva ou encore Gwendal évoquent leur volonté de créer un « monde meilleur ».</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/304841891" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« L’entrepreneur·e et ses motivations » (FNEGE Médias, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<p>Notre étude confirme en outre que la recherche d’indépendance et d’autonomie reste l’une des motivations clés d’une aventure entrepreneuriale, comme le soulignait déjà une <a href="https://www.cci.fr/web/creation-d-entreprise/motivations-des-entrepreneurs">enquête</a> de l’Insee de 2015 citée par les Chambres de commerce et d’industrie françaises.</p>
<p>Nos résultats montrent plus précisément que, plus un individu est confiant, plus il est en quête d’autonomie, plus cela aura tendance à développer chez lui un sentiment de contrôle et de capacité à emmener un projet vers le succès. En outre, les étudiants qui prônent l’ouverture au changement seraient plus autonomes que leurs confrères, bouclant ainsi la boucle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124597/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude auprès d’étudiants dans une business school post-bac souligne l’importance des valeurs hédonistes dans la décision de créer une entreprise.Adnan Maalaoui, Directeur du centre de l’entrepreneuriat IPAG Business School, IPAG Business SchoolChiraz Aouina-Mejri, Enseignant chercheur, PSB Paris School of BusinessGaël Bertrand, Professeur Associé en Entrepreneuriat, ESSCA School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.