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La progression forte de la notoriété de ces technologies auprès des responsables financiers devrait leur assurer un avenir radieux. Bergadder/Pixabay, CC BY

La blockchain aux portes de l’entreprise

Grenoble École de Management et l’association des Directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG) recueillent chaque trimestre l’avis des responsables financiers français. Les résultats sont agrégés au niveau mondial par un réseau d’universités coordonnées par Duke University aux États-Unis. Pour le premier trimestre 2018, l’enquête s’est déroulée du 13 février au 2 mars 2018.


Ce trimestre, nous avons interrogé les entreprises au sujet de l’émergence des nouvelles technologies telles que la blockchain, les contrats intelligents, l’intelligence artificielle ou encore le machine learning. Il est frappant de constater à la lecture des résultats à quel point ces technologies sont désormais connues du plus grand nombre.

Ainsi, grâce à la médiatisation du bitcoin et de ses soubresauts, 84 % des responsables financiers européens nous disent avoir une connaissance au moins partielle de la blockchain sur laquelle s’appuie le protocole de gestion du bitcoin. Il y a exactement deux ans, à cette même question, 57 % des répondants nous disaient n’en avoir jamais entendu parler. De même, les contrats intelligents gagnent du terrain, du moins en notoriété : un directeur financier sur deux serait désormais capable d’en définir les grands principes, contre moins d’un sur trois en 2016. Il y a fort à parier que la diffusion importante des concepts clés de ces technologies permettra leur adoption rapide par les entreprises.

En revanche, les crypto-actifs comme le bitcoin et l’ethereum n’ont pas la côte auprès des responsables financiers : moins de 10 % d’entre eux estiment que ces instruments pourraient avoir un impact éventuel sur leurs activités dans l’avenir. À titre de comparaison, 43 % pensent que l’intelligence artificielle aura un impact sur leur fonction et jusqu’à 66 % pour le big data. La compréhension de ces enjeux et de leurs impacts potentiels semble identique, quelle que soit la taille des entreprises observées. En revanche, le secteur d’activité est un facteur clairement différenciant : les responsables financiers des secteurs du conseil et de la banque semblent en avance sur leurs pairs dans la compréhension de ces mécanismes.

Vers une réduction des effectifs ?

Ces nouvelles technologies devraient bientôt permettre de réduire les coûts de traitement des données, notamment par la réduction des erreurs et la hausse de la productivité. Doit-on s’attendre à une révolution en entreprise ? En Europe, un peu moins de la moitié des entreprises ont déjà réduit ou s’attendent à réduire les effectifs de la fonction finance d’ici à cinq ans. Mais si ces nouvelles technologies pouvaient avoir un impact à moyen terme, c’est essentiellement l’émergence de nouveaux modes de fonctionnement (du type centre de services partagés ou centres d’expertise, par exemple) qui justifie ou a justifié ces réorganisations dans l’immédiat.

Aux États-Unis, le phénomène est comparable – même si ces nouveaux modes d’organisation semblent moins répandus qu’en Europe. Ainsi, moins de 35 % des directeurs administratifs et financiers américains disent bien connaître les centres de services partagés ou centres d’expertise, alors que ce chiffre est supérieur à 50 % en Europe. En conséquence, moins de 30 % des entreprises américaines ont déjà connu ou envisagent des réductions d’effectifs dans la fonction finance.

La blockchain et l’intelligence artificielle n’ont donc pas encore pris le dessus mais sont aux portes des entreprises. La progression forte de la notoriété de ces technologies auprès des responsables financiers devrait leur assurer un avenir radieux et relancer une vague de réorganisation à moyen terme.

Climat des affaires au beau fixe

Notre indicateur de climat des affaires enregistre de nouveaux points hauts ce trimestre en Europe. Il s’établit à 67 au premier trimestre 2018 contre 66,9 au quatrième trimestre 2017 sur une échelle de zéro à cent. Ce niveau est compatible avec une croissance soutenue de l’économie, et ce d’autant plus que l’ensemble des pays pour lesquels nous avons des données dépasse le niveau de 55 – à l’exception de la Grèce. La France et l’Allemagne sont les moteurs principaux de cette performance. L’Hexagone enregistre une nouvelle amélioration qui porte l’indicateur de climat des affaires à 70,1 contre 64,5 au trimestre précédent. Outre-Rhin, le niveau de confiance reste élevé, même s’il s’affiche un recul à 76,8 contre 78,6 précédemment.

Signe d’un climat des affaires très favorable à la croissance, la hausse de la confiance est désormais visible sur l’ensemble des entreprises. En particulier, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les PME semblent désormais avoir rattrapé leur retard. Le regain d’activité, d’abord enregistré par les plus grandes entreprises portées par la reprise mondiale, se diffuse maintenant dans l’ensemble de l’économie.

Aux États-Unis, la tempête boursière qui a secoué Wall Street début février ne semble pas avoir eu d’incidence sur la confiance des responsables financiers. Le climat des affaires ressort ainsi à 71,2 ce trimestre, contre 68,6 au précédent. L’adoption de la réforme fiscale du président Trump par le Congrès, courant décembre, est le moteur principal de ce regain d’optimisme. En particulier, les entreprises nous disent penser que la réforme aura probablement un impact favorable sur l’emploi, les salaires et les investissements dans les années à venir.

Elle pourrait notamment rendre les États-Unis plus attractifs en termes d’investissements pour les entreprises étrangères. Ainsi, 50 % des entreprises asiatiques percevraient le pays de l’Oncle Sam comme une destination plus attractive pour leurs investissements suite à la réforme fiscale. Enfin, dans le contexte actuel de difficulté à trouver et retenir les talents, 44 % des entreprises américaines envisagent, selon nos données, une augmentation des salaires grâce aux ressources dégagées par la réforme fiscale.

Si le climat des affaires reste élevé partout dans le monde, nous notons néanmoins pour ce trimestre une chute significative en Asie : l’indicateur recule à 61 contre 66,3 au trimestre précédent. Le risque sur les devises est mis en avant par les entreprises interrogées comme un frein à l’activité dans la zone. En Amérique latine, le climat des affaires continue de rebondir pour atteindre 70 au Mexique, 69 au Chili et 62 au Brésil. Ce rebond est frappant puisque ces trois pays ont enregistré des niveaux inférieurs à 50 au cours des deux années précédentes.

Enfin, en Afrique, le climat des affaires enregistre un rebond soudain, entraîné notamment pas l’Afrique du Sud, où la démission du président Zuma semble faire souffler un vent d’optimisme, portant le climat des affaires à 59 contre 42 au trimestre précédent.


L’enquête Duke University–Grenoble École de Management mesure chaque trimestre depuis plus de 20 ans le climat des affaires tel que perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête est courte (environ 10 questions). Elle recueille plus de 1 000 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C’est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant.

Les datavisualisations de cet article ont été réalisées par Diane Frances.

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