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La silver économie ou le vieillissement comme levier du développement

La « société de longévité » va permettre la création d'emplois, notamment dans le domaine de l'aide à la personne. Département du Val de Marne/Flickr, CC BY-NC-SA

La silver économie synthétise la volonté de traduire sous la forme d’activité économique la transition démographique. Ce marché qui concerne le quart de la population et, d’ici à 2050, plus du tiers, impose une transformation majeure de l’offre et des circuits de distribution. Elle repose sur trois axes : le développement économique, pour répondre aux besoins et usages des 16 millions de seniors ; la transformation de l’écosystème du soin et de la santé dans une dynamique de e-santé ; l’investissement dans la ville et le territoire intelligent.

La France tente, avec 30 ans de retard, de prendre exemple sur le Japon qui a fait de la nouvelle donne démographique un levier d’innovation et de développement économique. Au Japon le marché représentera quelque 692 milliards d’euros en 2015. En France, le marché devrait atteindre les 130 milliards d’euros d’ici à 2020. Gare, cependant, aux déceptions que pourraient engendrer une vision trop centrée sur la technologie et faisant l’impasse sur la solvabilité des financeurs ou des consommateurs.

La société de longévité crée des emplois

Le premier mérite de la silver économie est de combattre une idée reçue bien ancrée dans les esprits faisant du vieillissement la source essentielle du déclin de la France. Or, la société de la longévité est aussi porteuse d’un potentiel d’emplois nouveaux (350 000 créations d’ici à 2020 dans les services à la personne, selon la Dares, et de nouveaux métiers : care manager, assistante sociale téléphonique, coach prévention…), d’innovations technologiques et sociales, d’invention de nouveaux produits et services adaptés aux besoins et aux usages de la « Silver Génération », fragilisée ou non, etc.

La silver économie concerne pratiquement l’ensemble des biens et services. Faciliter l’ouverture d’une bouteille, améliorer la signalétique dans les lieux publics ou encore systématiser l’utilisation de sols antidérapants sont autant de « démarches silver » qui renforcent l’autonomie des personnes et, le plus souvent, améliorent aussi la vie quotidienne du plus grand nombre, surtout des plus fragiles.

Un marché high-tech … et humain

De nombreuses solutions concernent les systèmes de surveillance, d’alerte ou d’encadrement de personnes en perte d’autonomie. Mais ils peuvent concerner aussi les démarches de prévention et/ou de sécurisation. Ces solutions transforment profondément les pratiques, en particulier de la santé, et conduisent à la mise en place de plateformes qui centralisent les données entrantes pour les redistribuer en termes de conseils, de diagnostic, d’actions ou de collectes et traitement d’informations.

D’autres approches concernent les robots de service qui selon leurs défenseurs pourraient venir assister les personnes âgées déficientes. Ces systèmes visent souvent à rassurer l’entourage et à palier la présence insuffisante ou considérée comme trop onéreuse de personnels d’accompagnement et de soin. Reste qu’en ces temps de complexité et de déshumanisation, rien n’est plus essentiel que la présence humaine, le lien social, l’accompagnement et le soin. Cela impose aussi un effort de formation, de qualification et d’accompagnement des personnels qu’ils interviennent dans des résidences ou maisons de retraite, ou qu’ils se déplacent à domicile ou répondent via des plateformes téléphoniques ou virtuelles.

Au-delà des questions de santé, l’accès à l’information, quelle soit juridique, réglementaire, liée à la vie quotidienne, aux loisirs ou à la culture, passera majoritairement par des outils type tablettes qui diffuseront indications et conseils sous diverses formes : articles et témoignages, tutoriels pratiques, données réglementaires, accès personnalisé.

La question du coût

Un apport majeur de ce qu’il est convenu de nommer les gérontotechnologies tient à l’émergence de la e-santé : télé-diagnostic, suivi et même interventions. Ces technologies à distance facilitent aussi le lien entre les familles et un proche fragilisé, et réduisent les effets de l’éloignement géographique et des difficultés de suivi. Pour 93 % des Français, ces solutions peuvent améliorer la situation, en particulier pour les personnes subissant des maladies neurodégénératives. Les technologies s’appuyant sur les réseaux numériques contribuent à plus d’équité territoriale. Si 23 % de la population française à plus de 60 ans, le niveau moyen dépasse 28 % dans les zones rurales.

Pour aussi riches et intéressantes qu’elles soient, ces approches doivent intégrer les possibilités financières des personnes visées ou la capacité d’investissement des collectivités territoriales. La réussite de la transition démographique par la silver économie nécessite aussi de répondre au mieux aux problématiques de complexité, de coûts et de maintenance. La question des usages doit rester au centre de la réflexion des acteurs.

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