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Les défis de l’enseignement supérieur au Vietnam

Le principal défi du Vietnam demeure son marché du travail saturé face à un accroissement du nombre de jeunes et d'étudiants. Max Piwxel

Le Vietnam comme de nombreux autres pays a, en une vingtaine d’années, développé son offre universitaire en raison d’un afflux massif d’établissements étrangers et de capitaux privés. Durant l’année académique 2016-2017, notre pays comptait 235 établissements d’enseignement supérieur (170 publics, 60 privés et 5 universités de capitaux étrangers allemands, américains, anglais, japonais ou français). Cette offre a permis de répondre aux besoins variés d’une population de 640 000 jeunes qui souhaitent faire des études supérieures dans un contexte où les financements et soutiens de l’état restent limités.

Chômage et limites financières

Le premier défi est le chômage qui touche environ 200 000 jeunes diplômés parmi les 1,1 million de chômeurs dans tout le pays selon les statistiques de 2017 du Ministère du Travail, des Affaires sociales et des Invalides de guerre. L’une des principales raisons réside dans le décalage entre les contenus plutôt théoriques enseignés à l’université et les compétences professionnelles demandées par les entreprises. De plus, les systèmes d’orientations professionnelles des lycées laissent encore à désirer. Les jeunes sont mal orientés et leurs parents persuadés que l’avenir reste dans les métiers permettant de bien gagner leur vie tels que le management, la banque, la finance, la comptabilité, ce qui cause une saturation du marché.

Le deuxième défi concerne l’autonomie de l’université sur presque tous les plans : ouverture de nouvelles formations, ressources humaines, recherche scientifique, coopération internationale, financement et investissement…

Sur le plan financier, les universités autonomes ne reçoivent plus, pour le moment, des financements de l’État pour les salaires du personnel ou le fonctionnement ou les investissements dans les infrastructures. Par contre, ils ont le droit d’augmenter les frais de scolarité selon une feuille de route jusqu’à ce que les recettes couvrent les dépenses de leurs activités.

Pourtant, l’augmentation des frais de scolarité constitue elle-même un défi parce que le PIB par habitant du Vietnam était de 2 200 dollars US par an en 2016 et les frais de scolarité varient entre 350 et 800 dollars par an plus les dépenses de logement et de nourriture (environ 800 dollars par an) coûtent une fortune pour plusieurs familles rurales.

Les universités doivent chercher donc un modèle économique qui leur permettrait d’équilibrer la qualité et le prix afin d’attirer les étudiants dans le contexte où le nombre d’étudiants baisse depuis deux ans et que la concurrence entre les universités devient de plus en plus accrue.

L’assurance qualité pour relever les défis

Un département d’assurance qualité au sein du Ministère de l’Éducation et de la formation (MEF) a été mis en place en 2003. Plusieurs textes réglementaires en la matière ont aussi été approuvés, parmi lesquels les référentiels qualité des établissements d’enseigement supérieur (10 critères, 61 sous-critères) et des programmes de formation universitaire (11 critères, 50 sous-critères).

Quatre centres vietnamiens d’accréditation de la qualité de l’éducation indépendants du MEF ont été créés afin de réaliser des activités d’évaluation externe et d’accréditation selon les procédures fixées par le MEF. Outre les référentiels vietnamiens, les institutions peuvent choisir les standards européens (ceux de HCERES) ou asiatiques (ceux de l’Asean).

Le soutien du réseau francophone et de l’AUF dans une application de démarche-qualité est donc crucial, d’autant plus que le gouvernement a déclaré que toutes les universités devraient être accréditées d’ici à 2020.

Plus concrètement, les universités membres de l’AUF en Asie-Pacifique bénéficient, dans le cadre des projets de démarche qualité, des formations à l’emploi de quatre guides de démarche qualité dans quatre domaines : plan de développement, offre de formation licence et master, formation doctorale, structuration de la recherche. Ces guides, composés des questions ouvertes suggérant des pistes de réflexions et d’actions, visent une amélioration continue de la qualité. L’emploi de ces guides est flexible, prêt à être adapté aux besoins spécifiques des universités tels que le partenariat avec les entreprises pour résoudre le problème du chômage ou l’internationalisation pour l’alignement de l’université sur le niveau régional.

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