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Les 100 mots de l’école du futur

Les MOOC, symboles de l’école du futur ?

MOOC (massive open online course).

Apparus il y a moins de 10 ans, les MOOC ont été le symbole d’un changement dans l’éducation, générant comme toute innovation de grands espoirs, pas mal d’interrogations et d’appréhensions.

On peut les caractériser par un cours gratuit accessible à tous, quels que soient sa localisation géographique et son niveau de formation.

L’esprit des MOOC

Dit d’une autre manière, tout le monde sur la planète peut suivre un MOOC sans être inscrit dans une université.

Les MOOC ne sont pas des Power-Points améliorés avec un peu de vidéo, mais de véritables cours créés par des professeurs et comprenant :

  • Des objectifs pédagogiques

  • Du contenu organisé en séances courtes de quelques minutes

  • Diffusé de différentes manières (textes, lectures, vidéos…)

  • Des forums de discussion

  • Des ressources pédagogiques complémentaires

  • Une évaluation finale pour les MOOC certifiant

Ils ne doivent pas être confondus avec des modules d’e-learning.

Un certain nombre de critères les différencie

  • Les MOOC sont offerts par des institutions d’enseignement, généralement supérieurs alors que les modules peuvent être proposés par des éditeurs

  • Ils sont créés et reposent sur un professeur bien identifié alors que les modules sont anonymes

  • Sont des cours complets (au sens anglo-saxon du terme) s’étalant sur différentes séances alors que les modules portent plutôt sur des thèmes

  • La notion de communauté d’apprenants et d’interrelation entre les apprenants est plus développée

  • Ils se déroulent sur un temps déterminé (4 à 8 semaines)

  • L’inscription et le suivi se font au travers de plate-forme (Coursera, Edx, Futurelearn, Fun…)

Mais très vite s’est posée la question de leur raison d’être. Pourquoi créer un MOOC qui ne rapporte pas de recettes alors que l’investissement peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros ? Question pertinente s’il en est !

Des MOOC pour quelle stratégie ?

Un MOOC doit – selon moi – s’inscrire dans une stratégie d’établissement. J’ai identifié sept axes stratégiques :

1) Stratégie d’image.

C’est celle que nous avons adoptée à GEM. Elle consiste à créer des MOOC sur des thèmes d’expertise de l’établissement. L’objectif est de diffuser auprès d’un grand nombre de personnes ces thèmes pour conforter son positionnement.

2) Stratégie de « nobélisation »

Elle permet à un professeur d’avoir une plus grande visibilité, de toucher de nouveaux publics, d’avoir de la matière pour ses prochains cours et recherches (au travers entre autres des forums). Sur le plan financier, il peut suggérer aux participants d’acheter ses publications.

3) Stratégie de recrutement déguisé

Toutes les grandes marques mondiales de l’enseignement ont l’obsession de trouver la perle rare, le futur Bill Gates ou le futur Mark Zuckerberg. Or, ces personnes ne sont pas forcément dans les circuits traditionnels de l’éducation, d’où l’importance des MOOC pour les attirer et les révéler.

Aux établissements ensuite de leur proposer des bourses pour venir étudier ou… vendre des listes de « petits génies » aux entreprises. L’investissement dans un MOOC est inférieur au coût d’une campagne de communication internationale.

4) Stratégie d’innovation pédagogique

Les MOOC sont une mine d’informations. L’analyse des données peut aider à mieux comprendre le processus d’apprentissage des apprenants et permettre au prof d’optimiser sa pédagogie. Il peut aussi expérimenter certaines pratiques ou approches.

5) Stratégie pédagogique

Il s’agit de remplacer certains cours par des MOOC. Cette stratégie peut s’appliquer lorsque l’établissement est en sur-effectif ou a des contraintes logistiques importantes. Elle ne peut fonctionner que si les MOOC ont été labellisés avant par l’équipe pédagogique et que les étudiants ont la possibilité d’avoir des séances de Q/R ou de tutorat.

Ce sera peut-être une stratégie développée par de nouveaux entrants dans les années à venir qui proposeront des parcours de formation construits avec des MOOC. Ils seront opérateurs offrant à leurs clients des espaces pédagogiques et un tutorat. Autre possibilité, celle d’un professeur qui exigerait de ses élèves le suivi d’un MOOC spécifique. L’objectif serait pour lui d’avoir plus de temps pour se concentrer sur d’autres aspects de son cours, par exemple des études de cas.

6) Stratégie de spécialisation

Pour un établissement qui souhaiterait proposer à ses élèves une spécialisation mais qui n’aurait pas la ressource professorale ou les effectifs suffisants sur le plan pédagogique. Comme pour la stratégie pédagogique, cela suppose une labellisation et un suivi.

7) Stratégie financière

Sur cet axe, différentes approches sont possibles :

  • Offrir des certificats aux apprenants. La partie MOOC est gratuite mais si les participants veulent un certificat, ils doivent s’acquitter d’une certaine somme. Quelques dizaines de Dollars ou d’Euros sur plusieurs milliers de participants peuvent conduire à une somme substantielle. Cette approche reste très théorique néanmoins

  • Transformer ses MOOC en SPOC (small private on-line courses). Dans ce cas, on va réutiliser son MOOC en le personnalisant pour les besoins d’une entreprise avec à la fin une certification.

  • On peut aussi avoir la version de création directe d’un SPOC L’établissement facturera l’ingénierie pédagogique, la mise en forme et la certification

Les stratégies sont nombreuses mais il faut être réaliste. Elles ne peuvent être que l’apanage de grandes marques mondiales, qui ont la visibilité, la crédibilité et les moyens de les déployer.

Les MOOC ont-ils un avenir ? Réponse dans ma prochaine chronique.

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