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Un homme prend des notes dans un calepin, son cellulaire à la main, à côté d'un laptop ouvert
Les gens de 55 ans et plus sont plus nombreux que jamais à lancer leur entreprise. Leurs motivations diffèrent mais un fait demeure: leur présence sur le marché du travail est un plus. Shutterstock

Les séniors sont plus nombreux que jamais à créer des entreprises – voici leurs cinq grandes motivations

On n’est jamais trop vieux pour devenir son propre patron, semble-t-il. Partout dans le monde, on constate une augmentation du nombre de personnes âgées de plus de 50 ans qui mettent sur pied leur propre entreprise.

Aux États-Unis, les personnes âgées de 55 à 64 ans forment la plus grande proportion de créateurs d’entreprises. Au Japon, les personnes âgées de plus de 60 ans représentent désormais plus d’un tiers des nouveaux entrepreneurs. Au Royaume-Uni, les entrepreneurs du « troisième âge » sont à l’origine de plus d’un quart des nouvelles créations d’entreprises.

Au Canada, depuis quelques années, la tendance va également dans cette direction. Selon Statistique Canada, la majorité des propriétaires d’entreprises en démarrage sont âgés de 50 à 64 ans. Les plus récentes données montrent qu’ils constituent désormais la tranche d’âge la plus importante parmi les nouveaux entrepreneurs.

Des tendances similaires ont été observées en Australie, et il semble également que les entreprises créées par des entrepreneurs plus âgés durent plus longtemps que celles créées par des personnes plus jeunes. La Nouvelle-Zélande ne dispose pas de données détaillées comparables, mais des tendances similaires sont observées.

Comment l’expliquer ?

Pour en savoir plus sur ce phénomène, des chercheurs néo-zélandais ont piloté 20 entretiens approfondis avec des personnes ayant créé de nouvelles entreprises après l’âge de 50 ans.

Menés dans le cadre du programme « Maximising Workforce Participation for Older New Zealanders » de l’Université Massey, ces entretiens suggèrent que les motivations des seniors ne cadrent pas avec les catégories proposées dans les études existantes.

Selon la perception habituelle, les gens sont soit « poussés » vers l’entrepreneuriat par un licenciement, une discrimination liée à l’âge ou une retraite forcée, soit « attirés » par la perspective de possibilités commerciales, de rentabilité potentielle, de liberté et de flexibilité accrues.

Cette vision est trop simpliste et ne reflète pas la diversité des expériences individuelles. Les motivations sont souvent très distinctes, complexes et multiples. Toutefois, certains thèmes reviennent plus souvent.

Cinq grandes motivations

Les chercheurs ont identifié cinq grandes « orientations entrepreneuriales » pour décrire le processus de création d’une première entreprise à un âge plus avancé.

Ceux qui saisissent l’occasion : pour ce groupe le plus important de personnes interrogées, les occasions d’affaires se sont présentées par des voies différentes, mais elles se situent souvent dans la lignée de leurs antécédents et de leur parcours professionnel.

Certains ont créé leur propre emploi, tandis que d’autres ont saisi une occasion qui leur a été offerte. Cela peut être presque accidentel — se voir proposer un prêt commercial, ou rencontrer quelqu’un avec des compétences complémentaires.

Ceux qui font la différence : les membres du deuxième groupe le plus important se caractérisent par leur désir d’avoir de l’influence et de contribuer à la société.

La création d’une entreprise n’était pas une fin en soi ; ils étaient plutôt motivés par le désir d’aider les autres, de sauver la planète ou de contribuer au bien public. Parmi les personnes interrogées, une infirmière très expérimentée souhaitait offrir des ateliers d’entraide aux femmes ; un ingénieur s’intéressait quant à lui au développement de technologies d’énergie verte.

Ceux qui changent d’orientation : les personnes de ce groupe ont reconnu qu’elles souhaitaient un changement dans leur travail. Toutes avaient occupé des postes professionnels, mais une combinaison de facteurs liés à la conscience de soi, à un bon discernement, et à la nécessité d’entamer une nouvelle étape de vie les a amenés à se demander « si je veux continuer à faire cela dans un avenir prévisible ».

En créant une entreprise, elles s’offraient la possibilité d’utiliser leurs compétences et leur expérience dans de nouveaux domaines. Une infirmière de théâtre s’est ainsi reconvertie en conseillère, un homme qui avait connu l’échec de son entreprise et un licenciement a quant à lui retrouvé son intérêt pour la peinture et est devenu un artiste accompli à l’âge de 70 ans.

Ceux qui répondent à leurs besoins : ce groupe a été confronté à des situations professionnelles insatisfaisantes et la création d’une entreprise semblait la meilleure option pour générer des revenus. Des facteurs tels que le sentiment de « tourner en rond », les exigences de la compagnie et des problèmes de santé ont mené à leur décision.

Même s’ils n’avaient jamais envisagé d’être leur propre patron, la création d’une entreprise, bien que difficile, comportait des avantages et offrait de nouvelles perspectives.

Ceux qui investissent : les membres de ce petit groupe avaient une expérience des affaires. Leur principale motivation pour créer de nouvelles entreprises était d’ordre financier, en s’appuyant sur leurs compétences et leurs connaissances.

Contrairement aux autres personnes interrogées, ils ont procédé à une analyse approfondie des risques et ont bénéficié de conseils professionnels avant de créer leur entreprise.

Encourager l’esprit d’entreprise des personnes plus âgées

Les personnes interrogées n’évoquent pas les motivations « entrepreneuriales » reconnues que sont l’innovation, la croissance et la maximisation des profits. Nombre d’entre elles ne sont pas seulement motivées par les affaires, mais plutôt par le bien-être personnel et l’altruisme.

Selon les chercheurs, la tendance à l’entrepreneuriat des plus de 50 ans présente des avantages sociaux et économiques. D’une part, un travail signifiant et bien adapté favorise le bien-être personnel. D’autre part, pour les individus, il procure un sentiment d’estime de soi, d’accomplissement et favorise la sociabilité.

La société, quant à elle, bénéficie des compétences et de l’expérience des personnes plus âgées en tant qu’entrepreneurs et mentors, ce qui contribue à enrayer l’âgisme.

L’augmentation des débouchés économiques pour les personnes d’un certain âge favorise également la croissance économique et la croissance des entreprises, permettant du même coup un meilleur investissement dans le capital humain et une connaissance plus pointue en matière de mixité de la main-d’œuvre.

Cela peut également contribuer à compenser les coûts du vieillissement de la population en augmentant les recettes fiscales et en réduisant les prestations offertes aux aînés.

En tant que société, nous devons, concluent les auteurs de l’étude, encourager et soutenir cette tendance à la création d’entreprises par un nombre toujours plus important de personnes plus âgées, car nous vivons de plus en plus longtemps et en meilleure santé.


Geoff Pearman, directeur général de Partners in Change et chercheur associé à l’équipe de recherche sur la santé et le vieillissement de l’université Massey, est le coauteur de cet article.

This article was originally published in English

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