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Hip Hop Management

PNL music, ou la stratégie du jeu vidéo

PNL en couverture du magazine Fader. Fader

« Ça fait longtemps que j’attends votre analyse du phénomène PNL »… Certes cher ami, moi aussi. Et je devais bien me rendre à l’évidence, toujours traumatisante pour qui se targue de faire profession de recherche : je n’en avais pas, d’analyse.

Et je préférais donc renvoyer à Olivier Cachin qui, comme à son habitude, avait pour moi diagnostiqué (au scalpel) l’essentiel, et ceci dès octobre 2016 : Piaf aurait adoré.

Voilà. J’en étais là. J’avais poussé la porte pour saluer les amis de CLIQUE TV un peu plus tôt dans l’après-midi. J’avais entendu dans leurs locaux tourner un track de PNL. Et j’en ai déduit qu’à 20 h nous serions quelques-uns à attendre.

Cette quatrième part, qui allait conclure l’histoire. Sur fond de ce track poétiquement prodigieux : « Jusqu’au dernier gramme ».

Résultat : plus de 2 millions de vues en 12 heures. Pour un clip qui mérite évidemment le Festival de Cannes. Et qui est surtout comme une fractale du système de pensée PNL : continuer à avancer, malgré les désillusions permanentes, les trahisons récurrentes, l’absence de sens. Ne jamais rien céder à la facilité, et donc logiquement continuer à monter.

À chaque étage, se rendre compte que ce qui attend est pire qu’au plateau précédent. Que dans des sociétés toujours pyramidales, le rêve d’égalité finit immanquablement par céder la place aux rivalités ; que le rêve de liberté pèse peu face aux puissances ; que les ambitions transforment les loyautés fraternelles en combats fratricides.

Avec une extraordinaire conscience de ces thèmes que la recherche en management euphémise bien trop souvent, PNL poursuit son ascension. Façon Churchill. Avec en toile de fond, logique, l’éternelle tentation du vide.

Voilà la magie du système stratégique PNL. Avoir brisé tous les codes. Vraiment. Le buzz, malgré ou grâce au refus d’interviews. Des tournages dans les endroits les plus dangereux de la planète. Un terrible témoignage des dynamiques mafieuses et de l’extrême difficulté à y échapper et à en réchapper. Des clips qui durent des films et qui sont haletants comme des séries. Et un growth hacking pour annoncer des Bercy organisés (évidemment) « en toute indépendance » à « la famille ». Entendez : au pire les exclus, au mieux les esclaves.

Voilà, que dire de plus ? Rien. Puisqu’un exemple stratégique ça ne se discute pas, ça se médite. Et c’est d’ailleurs pour ça que ça inspire. Le modèle PNL comme une sorte de monumentale « stratégie du jeu vidéo » donc, à l’heure de la « synchronisation des émotions », et comme seule façon de conjurer un réel à vomir.

La « stratégie PNL » comme un possible début de réponse stratégique au « problème » soulevé par le prix Albert Londres 2017, David Thomson, et le management des « revenants » ?

La stratégie PNL comme un début de voix face au « silence religieux » diagnostiqué par Jean Birnbaum de « la gauche face au djihadisme » ? Peut-être que cette question mériterait instruction scientifique plus poussée… : « J’ai mal, j’vois mes semblables en bas, bas, bas… Faire ram-pam-pam-pam » (à méditer, ce clip de « DA »).

Pour conclure, il fallait bien mandater un Mowgli académique pour que justice scientifique soit rendue. J’ai donc décidé de monter dans l’avion privé que me prête aimablement The Conversation France pour m’y coller.

Après le disque de diamant, en attendant la palme d’or convoitée, voilà donc le nouvel ornement : le premier Nobel de sciences du hip-hop management, ensemencé dans le terreau de « notre part maudite » (Macron, galerie des Batailles, Versailles, 2017).

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