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Remettre les citoyens européens en mouvement… par le sport

Courir même en ville (Marathon de Paris 2008) bibi95 / Flickr, CC BY

La relation entre activité physique et santé physique est désormais établie au-delà du doute, et nous prenons conscience petit à petit que les coûts liés aux comportements sédentaires deviennent si importants que l’inactivité est aujourd’hui reconnue comme un problème public majeur. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que l’inactivité physique est le quatrième risque de mortalité globale, responsable de 6 % des décès dans le monde (environ 3,2 millions de décès par an). Au-delà des politiques sportives et de promotion des clubs, les données sur l’(in)activité physique ouvrent le débat sur le bien-être général de nos populations, de nos sociétés et de nos économies.

Un enjeu européen

L’UE, à travers Erasmus+, s’est emparée du sport comme sujet thématique depuis 2009. Non seulement pour affiner sa vision du secteur mais pour pérenniser ce dialogue social dans le sport au niveau européen et dans toutes ses ramifications thématiques. Des crédits accordés notamment à des projets structurants qui visent à réfléchir et innover sur les moyens de lutte contre ce qu’il convient d’appeler le fléau du XXIe siècle : l’inactivité physique et la sédentarité.

Parmi ces projets figure le projet PASS : Physical Activity Serving Society, mené par le think tank Sport et Citoyenneté avec l’appui de six partenaires européens. Un projet de plaidoyer sur les politiques de promotion de l’activité physique en Europe, dont nous présentons ici quelques-uns des premiers enseignements.

Un état des lieux alarmant

Paradoxalement, la situation européenne alarmante a déjà été largement documentée. Plus de 60 % des citoyens européens ne pratiquent aucune activité physique régulière. Chaque jour, 1100 personnes franchissent le seuil de l’obésité. Au-delà des effets sur les comportements, la sédentarité progresse aussi au détriment de nos économies (absentéisme, stress, baisse de productivité…) et par conséquent de nos systèmes de santé. On estime en France à 5 milliards d’euros les économies potentielles pour la Sécurité sociale à court ou moyen terme sur les coûts de traitement des maladies chroniques.

Pour l’Europe, le constat est dramatique : l’inactivité physique représente un coût de 80 milliards d’euros par an dans la zone européenne. Ce poids du non-sport, dans un climat contemporain largement marqué par les vocabulaires de la crise, de l’austérité et des plans d’économie doit être pris en compte. Il est effrayant d’affirmer que l’inactivité physique est un problème de santé publique de premier plan, en 2016 en Europe.

Une problématique qui doit devenir prioritaire

Aucune réaction majeure de nos décideurs jusqu’ici. Et pour cause : l’étude menée par le projet PASS fait état que 84 % ne connaissent pas les niveaux de surpoids de leur population nationale. 66 % pour les taux d’obésité.

Poser le problème, c’est déjà commencer à y répondre : un travail de pédagogie est nécessaire tant le fossé est important entre nos décideurs et la connaissance de la situation. C’est cet objectif que le projet PASS poursuit, à travers notamment une conférence au Palais du Luxembourg le 1er juin. Si l’éducation est un environnement où l’activité physique doit pouvoir s’exprimer facilement, d’autres secteurs peuvent une contribution importante afin de créer les conditions pour réintégrer l’activité physique dans notre quotidien : le lieu de travail, les clubs de sport, l’environnement familial et l’environnement urbain jouent un rôle important.

Créer des conditions favorables à l’activité physique dans les villes

De plus en plus les villes deviennent le modèle d’organisation des communautés en Europe : 71 % des citoyens européens vivent aujourd’hui dans un environnement urbain. Aujourd’hui en Europe les politiques de promotion de l’activité physique ont tendance à se concentrer sur le niveau national : les États membres de l’Union européenne se sont chacun dotés de plans nationaux de promotion de la santé ou de l’activité physique. Pour la plupart, ces plans sont une version adaptée des lignes directrices de l’OMS ou de la Commission européenne.

Les autorités locales représentent encore aujourd’hui une ressource sous-exploitée. Compte tenu de la croissance de l’urbanisation à travers l’Europe, il convient de considérer l’impact des politiques au niveau des villes et municipalités. Si l’on accepte volontiers les concepts de villes intelligentes, inclusives et vertes sont déjà bien ancrés dans la conscience politique européenne. Les villes actives n’ont pour leur part pas de place sur les agendas et dans les éléments de langage pour l’instant.

Aménager l’environnement et le mobilier urbain, accroître le potentiel piétonnier, multiplier les espaces protégés de déplacement à vélo, préserver ou développer les espaces verts : autant d’initiatives qui, couplées à des modes de transports qui favorisent le déplacement actif, peuvent avoir un impact considérable. Peu de données existent en Europe sur le coût lié à l’absence de ces « facilitateurs d’activité », qui concernent aussi le temps scolaire et l’organisation du travail dans les entreprises, l’utilisation des infrastructures sportives et de plein air ou encore la formation des professionnels de santé.

C’est ce fossé que le projet PASS continuera de combler, jusqu’à décembre 2017, avec l’organisation de cinq ateliers thématiques transversaux dans le but de proposer des recommandations et d’apporter des solutions viables au problème de la sédentarité, par secteur, en mobilisant l’éducation, l’entreprise, le sport pour tous, la santé et l’urbanisme vers un même objectif : activer le potentiel de nos villes.

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