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Soleil : pourquoi il faut protéger les yeux des enfants

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Doit-on acheter des lunettes solaires aux enfants ? Et si oui, comment choisir un produit de qualité ?

C’est une question que l’on me pose souvent. Pour y répondre, il est bon non seulement de rappeler quels sont les effets du soleil sur la santé oculaire, mais aussi qu’ils agissent souvent sans que l’on s’en rende compte. D’autant plus qu’en raison des changements climatiques et de la variation de la couche d’ozone, l’exposition aux rayons nocifs du soleil a augmenté ces 25 dernières années.

Les enfants, les plus à risque

Il faut bien faire la différence entre le rayonnement, c’est-à-dire les rayons que le soleil émet et qui nous touchent, l’intensité de sa lumière, et la luminosité associée aux éblouissements.

Le soleil émet des rayons qui peuvent être soit perçus par l’œil humain (c’est la lumière visible), soit non perçus. Ce sont ces derniers qui sont dommageables pour la santé oculaire. Parmi eux, on distingue les rayons « courts » – les ultraviolets (UV- 0 à 400 nanomètres de longueur d’onde) et les plus longs – ou infrarouges (IR- > 700 nm), qui sont davantage associés à la chaleur et aux brûlures. Chacun de ces rayons se subdivise ensuite en trois familles (A, B et C).

Les UVA (315-400 nm) sont connus pour leur effet néfaste associé au développement du cancer de la peau. Les UVB (280-315 nm) sont les plus dommageables pour les structures de l’œil humain. Les UVC (0-280 nm) ont des effets négligeables car ils sont majoritairement bloqués par la couche d’ozone, lorsque celle-ci est en bon état. Pour ce qui est des infrarouges, seuls les IRA représentent un risque pour la rétine.

Au-delà du type de rayonnement, les dommages subis par les tissus de notre corps sont proportionnels au temps passé à s’exposer au soleil, tout au long de notre vie. Les enfants sont, en théorie, ceux qui passent le plus de temps dehors, ils sont donc les plus à risque aujourd’hui ; la dose cumulée de l’exposition au soleil est maximale entre 0 et 16 ans.

La quantité de rayons solaires absorbés dépend également de l’endroit où l’on vit et du moment de la journée durant lequel on s’expose. On reçoit davantage d’ensoleillement près de l’Équateur que plus au Nord ou au Sud. Le rayonnement y est aussi plus direct. Le même principe s’applique à l’heure du jour. On pourrait penser que le rayonnement maximal se produit à midi, lorsque le soleil est au zénith. Mais en réalité, les dommages liés aux rayons solaires, du moins pour les yeux, se produisent d’avantage le matin et l’après-midi, lorsque le soleil se situe à un angle d’environ 30 % à 40 % par rapport à l’horizon. Il tape alors directement dans l’œil. Au Québec, cela implique que le risque est donc le plus important entre 9h et 10h le matin, puis entre 15h30 à 17h le soir (heure d’été) (ndlr : Montréal est à 45° de latitude Nord et Paris à 48° de latitude Nord).

Réflexion néfaste

Le rayonnement néfaste peut être augmenté significativement par réflexion. Une surface d’eau (lac, rivière), de sable, une surface blanche (neige, revêtement mural) ou métallique sont autant de miroirs qui augmentent et concentrent les rayons solaires.

L’ophtalmie des neiges, qui survient lorsque l’œil est exposé trop longtemps au rayonnement sur une surface enneigée ou glacée, en est un exemple. Les UVA qui s’accumulent dans le cristallin favorisent le développement de la cataracte.

Le rayonnement néfaste peut être augmenté significativement par réflexion, comme avec la neige. Shutterstock

Des déformations mineures de la conjonctive bulbaire (le « blanc » de l’œil) sont également possibles : les pingueculas sont bénins mais manifestes comme des petites bosses parfois vascularisés, ce qui rend les yeux rouges de façon chronique. Le ptérygion est plus dommageable : c’est une membrane qui envahit et tire sur la cornée, pouvant réduire la vision. Dans les cas avancés, cela nécessite une chirurgie.

Si les rayons UV atteignent la rétine, ils vont créer un photo stress qui peut contribuer au développement de la dégénérescence maculaire. Le cas de l’éclipse solaire est bien connu : si on le regarde, sans protection, les infrarouges peuvent alors brûler la rétine souvent de façon irrémédiable.

De façon surprenante, le risque peut également être accru lors d’une journée nuageuse et humide. En effet, non seulement les rayons nocifs ne sont pas bloqués par les nuages, mais les particules d’eau agissent aussi comme des miroirs. En conséquence, le rayonnement est augmenté et le risque d’éblouissement, accru.

L’éblouissement correspond à l’intensité de la lumière perçue par l’œil. La tolérance à un degré donné de luminosité varie d’un individu à l’autre, en fonction de la quantité de pigments de la rétine dont il aura hérité. Ainsi, les personnes aux yeux et à la peau foncés ont davantage de pigments que les personnes blondes aux yeux bleus. Ces dernières plisseront davantage des yeux devant une lumière d’intensité moyenne et auront davantage besoin de la protection d’un filtre coloré plus foncé.

En résumé : le soleil émet des rayons nocifs 365 jours par an, peu importe que la météo soit nuageuse ou pluvieuse. Les dommages subis par les yeux sont proportionnels au temps d’exposition, et la protection doit viser les enfants au premier chef car ils sont très exposés. Sans protection, ils verront augmenter leur risque de développer des cataractes à un âge moins avancé (55-65 ans), sans compter qu’ils risqueront aussi d’être victimes de cancer de la peau des paupières, laquelle est plus fragile que le reste du derme.

Comment se protège-t-on ?

D’abord, le port d’une casquette ou d’un chapeau permet de limiter l’exposition. Comme ce n’est pas complètement efficace, il faut se protéger à l’aide de verres solaires. Ceux-ci sont disponibles en lunettes ou en lentilles cornéennes, ou encore mieux, en combinant les deux.

Les lunettes solaires doivent être de qualité ophtalmique, c’est-à-dire que les lentilles (souvent moulées) ne comportent pas de force effective (puissance) et ne créent pas de distorsion.

La protection doit être maximale. Le label UV 100 % ou UV400 représente le standard de protection. Il faut éviter le UV 100 (sans le % au bout) ou les autres dénominations. À noter : les filtres UV sont invisibles et la qualité de la protection n’a rien à voir avec la teinte. Ils peuvent aussi être ajoutés dans les verres de prescription, pour les personnes qui doivent porter des lunettes au quotidien.

Finalement la monture doit être galbée et ne pas laisser d’espace entre la lunette et l’œil. À défaut, la lunette protège contre le rayonnement direct, mais tous les rayons qui arrivent de côté et même de l’arrière atteindront l’œil. Les dommages peuvent alors être encore plus importants : sous un écran solaire réduisant la luminosité, la pupille est dilatée, donc davantage de rayons nocifs entrent dans l’œil.

Chapeau, lunette solaire… et crème protectrice. Vous voilà prêts pour l’été ! Shutterstock

La teinte se choisit en fonction de l’activité et des besoins visuels : gris ou vert, usage courant et neutre quant à la perception des couleurs ; brun/ambré, idéal pour la conduite automobile ; rose/violet augmente les contrastes sur les green de golf. Des options peuvent être ajoutées : la polarisation réduit l’éblouissement d’au moins 50 %, donc idéale pour ceux qui travaillent dans des milieux d’eau, de neige ou sur des surfaces réfléchissantes.

La qualité de la lentille n’est pas proportionnelle au prix payé. Cependant, en général, une monture de bonne qualité, résistante au bris (surtout pour les enfants) et avec des verres ophtalmiques adéquats ne sera pas bradée…

Il faut consulter un ophtalmologiste si on veut se doter de lentilles cornéennes protectrices. Pour les porteurs actifs, il existe plusieurs marques de lentilles offrant déjà une protection UV adéquate. À ce chapitre, une nouveauté : une compagnie bien connue vient de lancer la première lentille cornéenne photochromique : elle se teinte lorsqu’exposée au soleil.

La combinaison lentilles cornéennes/lunettes solaires est optimale et idéale. La lentille couvre toute la cornée et la pupille, ainsi qu’une partie du blanc de l’œil. Les rayons solaires sont donc bloqués par la lentille, autant ceux de côté que ceux qui arrivent directement dans l’œil. La lunette solaire, en complément, rendra la protection UV totale, réduira l’éblouissement. De plus, le choix de teinte permet d’assurer un confort adéquat au patient.

Pour toutes les personnes qui s’exposent ou travaillent au soleil, il faut aussi songer à appliquer de la crème solaire… et vous voilà prêts pour l’été.

This article was originally published in French

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