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Un homme se tient la tête.
On estime que plus de 1,3 millions d'adultes Canadiens sont atteints de TDAH. (Shutterstock)

TDAH chez l’adulte : le difficile diagnostic – et la vie avec ce trouble

Beaucoup d’entre nous pensent que le Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un trouble lié à l’enfance. Mais un nombre croissant d’adultes reçoivent un diagnostic de ce trouble et partagent maintenant leur expérience.

Les médias sociaux ont joué un rôle à cet égard. Des gens se sont rendues chez leur médecin après avoir pris connaissance de vidéos de personnes parlant de leurs symptômes sur TikTok ou d'autres réseaux sociaux. En fait, on estime que plus de 1,3 million d’adultes canadiens sont atteints de TDAH. Nous-mêmes souffrons de TDAH et avons eu un diagnostic à l’âge adulte.

Pourtant, malgré cette prise de conscience croissante, de nombreux adultes doivent encore se battre pour obtenir un diagnostic.

Le TDAH est un trouble génétique du développement neurologique, dans lequel le cerveau présente un déséquilibre dans la production des substances chimiques spécifiques impliquées dans le plaisir et la récompense.

Cela signifie que le cerveau des personnes atteintes du TDAH cherche souvent des moyens de stimuler ces substances chimiques, ce qui explique pourquoi les personnes concernées peuvent être inattentives, hyperactives et impulsives.

Les traits communs du TDAH sont :

  • ne pas persévérer dans des tâches plus longues (ou ne pas les commencer) ;

  • se laisser distraire par d’autres tâches ou pensées ;

  • rechercher le risque ou les activités qui procurent une récompense immédiate ;

  • se sentir agité ou s’agiter ;

  • interrompre les autres involontairement.

Les symptômes se ressemblent chez les adultes et les enfants, bien que certains éléments diffèrent ou changent avec l’âge. Par exemple, l’inattention est le symptôme le plus persistant chez les adultes.

Le TDAH peut être envahissant. Il affecte la qualité de vie et augmente les probabilités d’avoir des problèmes de consommation d’alcool ou de drogues, de se retrouver au chômage ou de se blesser accidentellement. Les risques de suicide et de mort prématurée sont aussi plus élevés chez les adultes souffrant du TDAH. En outre, le TDAH peut coûter cher en traitements médicaux.

Le TDAH est également souvent associé à un large éventail de comorbidités chez les adultes.

Par exemple, la dépression est presque trois fois plus fréquente chez les adultes atteints de TDAH. Et près de la moitié des adultes atteints de TDAH souffrent également de trouble du spectre bipolaire.

Environ 70 % des adultes atteints de TDAH souffrent également de dysrégulation émotionnelle, ce qui peut rendre plus difficile le contrôle des réponses émotionnelles. On pense également que presque tous les adultes atteints de TDAH présentent une dysphorie de sensibilité au rejet, un état dans lequel le rejet ou la critique perçus peuvent provoquer une douleur émotionnelle extrême.

En outre, les adultes atteints de TDAH peuvent avoir des problèmes de mémoire à court terme – comme l’incapacité de se souvenir d’une courte liste de courses – et une incapacité à percevoir le temps.

Certains peuvent également présenter un trouble oppositionnel avec provocation, ce qui signifie qu’ils réagissent souvent mal aux consignes ou aux règles.

Bien qu’aucune de ces comorbidités ne soit utilisée pour diagnostiquer le TDAH, elles peuvent rendre le TDAH d’autant plus difficile à vivre.

Être diagnostiqué

Obtenir un diagnostic de TDAH pour un adulte peut être difficile. Seul un spécialiste (neurologue ou psychologue spécialisé) peut le faire. Mais même avec une référence à un spécialiste, une personne doit prouver qu’elle a tous les traits du TDAH, et ce depuis l’enfance, et que ceux-ci ont un impact sérieux sur sa vie (problèmes au travail ou dans ses relations personnelles).

Jeune femme attendant seule dans le bureau d’un médecin, tandis que deux médecins se consultent en arrière-plan
La difficulté d’obtenir un diagnostic est chose courante pour les adultes atteints de TDAH. (Roman Kosolapov/Shutterstock)

Notre propre expérience du diagnostic du TDAH n’est pas si différente de celle d’autres adultes…

Comme beaucoup de gens, j’ai (Alex) été diagnostiqué avec un TDAH « par accident », après avoir été orienté vers un psychiatre pour obtenir de l’aide pour (ce que je sais maintenant) une automédication par l’alcool. En raison de mon TDAH, mon cerveau exige des stimulations assez extrêmes la plupart du temps.

Ironiquement, j’ai publié des articles scientifiques sur le TDAH et – probablement en raison d’un manque de conscience de soi classique du TDAH – il ne m’est pas venu à l’esprit que je pouvais en être atteint. Cette « étiquette » m’a depuis aidé à comprendre mon comportement.

Mes principaux défis restent la hiérarchisation des tâches en fonction de leur importance (au lieu de leur caractère excitant) et un comportement anti-autorité assez extrême (parfois appelé défiance oppositionnelle). Je suis également un terrible spectateur, qui a du mal à assister à des conférences ou à rester assis au théâtre – cela peut même être ressenti comme une douleur physique.

De mon côté, j’ai (James) été diagnostiqué assez rapidement parce que j’ai eu recours à une clinique privée – bien qu’il y ait eu une longue attente pour les médicaments. Pourtant, je savais depuis cinq ans que j’avais probablement un TDAH, mais je m’en étais bien accommodé jusqu’à la pandémie. La pression supplémentaire de l’isolement et l’augmentation de la charge de travail ont eu un impact sur ma santé mentale, et j’ai donc consulté pour obtenir un diagnostic.

Maintenant que j’ai été diagnostiquée et que je suis sous traitement, la vie est de plus en plus facile, même si je dois encore relever de nombreux défis chaque jour. Je ressens souvent de l’anxiété pour des choses banales, comme parler à un ami, mais passer à la télévision ne pose aucun problème.

Au quotidien, j’oublie beaucoup de choses simples, comme l’endroit où j’ai laissé mes clés ou de fermer le robinet lorsque je remplis la baignoire. J’ai énormément de mal à contrôler mes émotions, et en particulier le rejet. Par exemple, lorsque personne n’a ri à une blague que j’ai faite sur mon TDAH dans un groupe de messagerie pour cadres supérieurs, j’ai voulu quitter mon emploi. Je suis tout à fait incapable de garder l’attention lors de réunions ou de séminaires et je fais des achats impulsifs.

Bien que le TDAH soit de plus en plus reconnu chez les adultes, de nombreuses personnes vivent encore avec ce trouble sans avoir été diagnostiquées parfois parce qu’elles ne sont même pas conscientes de ce qu’elles vivent.

Il est essentiel de comprendre ce trouble chez l’adulte, de le prendre plus au sérieux, de le faire connaître et d’investir dans des services permettant d’améliorer les délais de diagnostic. Le diagnostic ouvre la voie au traitement, qui peut avoir un impact considérable sur la vie avec le TDAH, notamment en améliorant l’estime de soi, la productivité et la qualité de vie.

This article was originally published in English

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