Lorsque les administrateurs d’une entreprise sont diplômés de la même école que le dirigeant, leur capacité à demander des comptes sur ses décisions devient compromise.
Malgré treize changements politiques majeurs depuis 1789 la France a connu très peu de renouvellement parmi ses élites, en dépit d’un indéniable mais lent processus de démocratisation.
Au-delà du débat sur la suppression de l'ENA, il existe également une lecture politique de la réforme qui la place dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022.
Des promotions « Cyrano de Bergerac » à « Molière » en passant par « Senghor », qu’ai-je appris au cours des 20 années écoulées sur l’ENA, qui puisse contribuer à la réflexion sur sa suppression ?
Outre-Rhin, on ne trouve pas de « voie royale », mais un passage à l’université, des recrutements plus spécialisés et une élite connectée au sein de réseaux partisans plutôt que par leurs formations.
L’ENA a vécu car elle était liée au culte de l’État qui a commencé à s’effacer à partir des années 1980 lorsque les élites sociales ont commencé à redécouvrir les grandes entreprises.
Diversifier les origines des candidats ne suffira pas à les doter d’une vision plus réaliste de la société. Et si on leur permettait de mener des enquêtes de terrain, comme des ethnologues ?
Ni gaulliste ni bonapartiste, le macronisme révèle un mode « corporate » d’exercice du pouvoir, qui se nourrit du modèle organisationnel des grands groupes privés.