tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/bio-24104/articlesbio – The Conversation2024-03-27T16:42:28Ztag:theconversation.com,2011:article/2262632024-03-27T16:42:28Z2024-03-27T16:42:28ZProduits « éthiques » : promettre ne suffit pas pour convaincre les consommateurs<p>Offrir le meilleur produit au meilleur prix pour emporter la décision d’achat des clients ne suffit plus. Plus précisément, cela peut suffire pour emporter certains segments de clientèle, mais d’autres, de plus en plus importants, réclament davantage. Les industriels l’ont bien compris : observant les nouvelles demandes des clients, notamment en matière d’impact de leur consommation, les industriels ont développé des produits originaux pour y répondre. Différentes promesses ont émergé ces dernières années, du respect de la vie animale, aux produits « sans »… Mais quelles promesses sont les plus efficaces ? Quel est leur impact sur les intentions et les comportements d’achats ?</p>
<p>Les premiers résultats des recherches que nous avons menées indiquent que toutes les promesses ne se valent pas, qu’une solution efficace dans un secteur ne l’est pas forcément dans un autre. Pour arriver à ces conclusions, un détour est nécessaire pour comprendre comment les consommateurs réagissent aux promesses des producteurs et des distributeurs et quelle est l’influence de ces engagements sur leurs intentions et leurs comportements d’achat.</p>
<p><a href="https://lobsoco.com/lobservatoire-de-la-consommation-responsable-lobsoco-citeo-2023/">67 %</a> de consommateurs cherchent à être plus responsables et voudraient pour cela ressentir davantage de bien-être (<a href="https://www.greenflex.com/actualites/ressources/etudes/barometre-greenflex-ademe-de-la-consommation-responsable-2023/">87 %</a>) à travers leur consommation. Les motivations exprimées par les consommateurs pour expliquer ces comportements renvoient à des formes de désintéressement, qu’il s’agisse du respect de l’environnement (cité par <a href="https://www.greenflex.com/actualites/ressources/etudes/barometre-greenflex-ademe-de-la-consommation-responsable-2023/">78 %</a> des personnes interrogées), du bien-être des espèces animales (59 %) et/ou de leur santé (73 %). Rien d’étonnant donc si 85 % des consommateurs attendent des entreprises qu’elles les aident à atteindre ces objectifs, en agissant de manière responsable et en communiquant sur ces actions.</p>
<p>Prenons le cas du bien-être animal défini par <a href="https://www.woah.org/fr/ce-que-nous-faisons/sante-et-bien-etre-animale/bien-etre-animal/">l’Organisation mondiale de la santé animale</a> comme « l’état physique et mental d’un animal en lien avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt ». Cette promesse compte de plus en plus dans le choix des produits alimentaires et cosmétiques proposés par des fabricants et des détaillants. Ainsi, selon un <a href="https://fr.yougov.com/health/articles/36725-80-des-francais-sont-sensibles-a-la-cause-animale">sondage réalisé par YouGov</a>, 80 % des Français se disent sensibles à la cause animale et 60 % affirment avoir une meilleure image des marques qui s’engagent dans cette direction.</p>
<h2>Choisir le bon label</h2>
<p>Pour les seuls produits alimentaires, 29 % des Français prennent en compte l’étiquetage concernant le bien-être animal lorsqu’ils font leurs courses. Cet étiquetage spécifique prend en compte 230 critères, pour définir un niveau qui va de A à E. Cette note intègre les conditions de la vie de l’animal, de la naissance aux conditions d’abattage, en passant par l’élevage et le transport. Pour les produits cosmétiques, 62 % des Français trouvent important que les produits bénéficient d’un label Cruelty Free (« sans cruauté »).</p>
<p>Si la référence à ce label a un impact sur les comportements des consommateurs, les <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJRDM-12-2020-0489/full/html">voies empruntées méritent d’être précisées</a>. Plus les promesses faites par les produits cosmétiques, en particulier, la promesse spécifique « non testé sur les animaux », sont perçues comme étant crédibles, plus les consommateurs ont une opinion favorable de cet engagement. Cette bonne opinion sera alors transférée sur le produit cosmétique considéré et conduira à l’intention d’achat déclarée de ce produit.</p>
<p>D’autres facteurs jouent un rôle sur les intentions d’achat, comme les normes subjectives, c’est-à-dire l’influence de la pression sociale perçue dans l’adoption ou non d’un comportement ainsi que la sensibilité éprouvée à l’égard des animaux. Des préoccupations, plus individuelles, comme l’attention apportée à l’apparence personnelle, expliquent également les réponses des consommateurs (attitude et intention d’achat) d’un produit cosmétique « non testé sur les animaux ».</p>
<p>À l’inverse, ces facteurs altruistes et individuels n’ont pas d’influence sur les réponses des consommateurs à propos des produits cosmétiques conventionnels. Les entreprises ont donc un rôle important à jouer pour accroître la connaissance des consommateurs sur la signification, la portée et la transparence de leurs promesses et des labels qu’elles mobilisent pour les communiquer.</p>
<h2>Le « sans » plus convaincant</h2>
<p>L’industrie du soin à la personne s’engage dans des démarches du même type. Elle multiplie les promesses faites aux consommateurs qu’il s’agit du respect de leur santé ou de l’environnement, que ce soit en ajoutant des ingrédients ou des processus de fabrication bénéfiques (promesse « avec ») ou en les retirant (promesse « sans »). Par exemple, quand cette industrie veut protéger la santé des consommateurs, elle leur propose des produits avec de l’huile d’avocat (promesse « avec ») ou sans parabène (promesse « sans »).</p>
<p>Nous avons étudié lesquelles de ces démarches ont le plus <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0969698921004598">d’impact sur les clients potentiels de ces marques</a>. Les promesses « sans » sont préférées par les consommateurs par rapport à une promesse « avec ». Elles sont mieux perçues par les clients potentiels. D’où des intentions d’achats plus élevées envers le produit de soin proposé, quel que soit le but ultime poursuivi (le respect de la santé ou pour celui de l’environnement…).</p>
<h2>L’enjeu des marques de distributeurs</h2>
<p>Sur ces sujets, les marques de produits alimentaires, cosmétiques ou de soin ne sont pas seules. Les grandes surfaces à prédominance alimentaire (GSA) sont aussi concernées car elles développent depuis longtemps des marques propres, dites aussi marques de distributeurs (MDD). Elles aussi cherchent à améliorer la qualité de leurs produits et être ainsi considérés comme davantage responsables. L’enjeu est de taille car la promesse engage non seulement le produit mais aussi l’image de l’enseigne.</p>
<p>Les engagements pris par les GSA concernent notamment le respect de la santé des consommateurs (par exemple, des MDD contenant moins de conservateurs, des produits d’origine naturels ou sans additifs) et le respect de l’environnement (des MDD dont la production préserve les ressources naturelles, limite l’usage des pesticides ou dont le packaging est réduit). <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJRDM-11-2022-0437/full/html">Là encore, toutes ces promesses n’ont pas la même valeur aux yeux des consommateurs et n’entraînent pas les mêmes conséquences</a>. Les promesses relatives au respect de la santé des consommateurs (et notamment la promesse indiquant que les MDD contiennent des ingrédients d’origine naturelle) sont, sur ce point, supérieures aux promesses liées au respect de l’environnement. En effet, ces engagements renforcent la confiance des consommateurs dans les MDD standards, ce qui améliore ensuite leur attitude et leurs intentions de revenir et de recommander les magasins du détaillant. De surcroît, cette confiance renforce l’image responsable du détaillant. Néanmoins, pour être pleinement crédible, cette action doit s’inscrire dans la politique globale menée par le détaillant.</p>
<p>L’ensemble de nos travaux révèle que les actions entreprises par les marques ne sont pas vaines. Toutefois, toutes les formes d’engagement ne sont pas équivalentes et n’auront pas le même impact sur le comportement du consommateur. Les promesses les plus efficaces diffèrent selon le secteur d’activité, le produit… Dans tous les cas, les entreprises ne doivent pas se contenter de promettre mais doivent aussi apporter des preuves pour crédibiliser leurs promesses, si elles veulent vraiment influencer les choix des consommateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226263/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Pour répondre aux nouvelles demandes des consommateurs, les industriels multiplient les promesses. Toutes ne sont pas aussi efficaces sur la perception et les intentions d’achat des futurs clients ?Cindy Lombart, Professeure de marketing, AudenciaCindy G. Grappe, Ph.D. student in Marketing, University of AlbertaDidier Louis, Maître de conférences, techniques de commercialisation, IUT de Saint-Nazaire, Université de NantesFabien Durif, Professeur titulaire, directeur de l'Observatoire de la consommation responsable (OCR) et du Laboratoire FCI GreenUXlab, Université du Québec à Montréal (UQAM)Florence Charton-Vachet, Professeure de marketing, AudenciaOlga Untilov, Professeur assistant en marketing, AudenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2243982024-02-29T09:38:55Z2024-02-29T09:38:55ZL’alimentation bio toujours boudée malgré la réduction des écarts des prix avec les produits conventionnels<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577903/original/file-20240226-26-342adt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=110%2C44%2C7238%2C4858&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les produits bio ont subi une nette perte de popularité en 2023. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/poznan-pol-mar-17-2021-bio-1940764081">monticello/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le constat est sans appel : les Français délaissent les produits biologiques. En 2023, leurs ventes ont baissé en volume (<a href="https://nielseniq.com/global/fr/insights/webinar/2024/grande-consommation-lessentiel-a-retenir-pour-adresser-les-enjeux-de-2024/">-11,3 %</a>) et en valeur <a href="https://nielseniq.com/global/fr/insights/webinar/2024/grande-consommation-lessentiel-a-retenir-pour-adresser-les-enjeux-de-2024/">(-3,1 %)</a>, dans les enseignes bio, type Biocoop, La Vie Claire <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/06/DOSSIER-DE-PRESSE-CHIFFRES-BIO.pdf">(-8,6 %)</a>, ainsi qu’en grandes et moyennes surfaces <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/06/DOSSIER-DE-PRESSE-CHIFFRES-BIO.pdf">(-4,6 %)</a>. Pourtant, les écarts de prix entre produits alimentaires bio et conventionnels se sont réduits. Alors comment expliquer cette perte de succès des produits labellisés AB ?</p>
<h2>Les raisons de cette chute ?</h2>
<p>Le prix du caddy reste le nerf de la guerre. Et dans leur grande majorité <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/06/DOSSIER-DE-PRESSE-CHIFFRES-BIO.pdf">(71 %)</a>, les consommateurs perçoivent les prix des produits biologiques comme trop élevés, par rapport aux bénéfices qu’ils apportent et aux prix des produits conventionnels. Dans les faits, les produits biologiques sont généralement de 20 à 30 % plus chers. Cette différence de prix est encore davantage un frein à l’achat des produits biologiques <a href="https://www.researchgate.net/publication/338921621_Le_bio_c%E2%80%99est_bien_mais_tres_peu_pour_moi_Comprendre_les_strategies_de_neutralisation_des_consommateurs_occasionnels_et_des_non_consommateurs">pour les consommateurs occasionnels</a> et <a href="https://www.researchgate.net/publication/282059297_La_preoccupation_du_maintien_du_pouvoir_d%E2%80%99achat_proposition_d%E2%80%99un_critere_de_segmentation">pour les consommateurs fortement préoccupés par leur pouvoir d’achat</a>.</p>
<p>Ensuite, les consommateurs ne semblent plus nécessairement convaincus par les promesses fondatrices des produits biologiques : bon pour leur santé et bon pour l’environnement. Ils ne sont que <a href="https://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2024/02/Rapport-Toluna-Harris-Observatoire-de-la-sante-PRO-BTP-Vague-7-RTL-Pro-BTP.pdf">17 %</a> à penser que manger sainement signifie manger des produits biologiques. L’apparition d’autres labels environnementaux, tels que Label Naturel, Haute Valeur Environnementale (HVE), a également brouillé les perceptions des consommateurs. Ces derniers <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/06/DOSSIER-DE-PRESSE-CHIFFRES-BIO.pdf">ne savent pas</a> ce que recouvrent ces différents labels avec leurs points de différences et de similarités.</p>
<p>Enfin, d’autres promesses plaisent plus aux consommateurs, telles que la promesse de produits locaux. Une grande majorité de consommateurs (86 %) déclare faire davantage confiance à un produit local qu’à un produit biologique. Et cela pour plusieurs motifs : meilleure qualité, prix plus justes, levier de soutien de l’économie locale et de protection de l’environnement. Dès lors, certains consommateurs compensent la consommation de produits biologiques par la consommation de produits locaux. D’autres privilégient le <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/06/DOSSIER-DE-PRESSE-CHIFFRES-BIO.pdf">bio local</a> dont les ventes sont en croissance de 3,9 %</p>
<h2>L’impact de l’inflation sur les prix des produits biologiques</h2>
<p>Les taux d’inflation à 2 chiffres (<a href="https://www.lexpress.fr/economie/inflation-alimentaire-les-chiffres-dune-envolee-en-2023-NUUW3NVKOVDGHNUQSQGVMJPH4A/">11,9 %</a>) en 2023 (<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7760027#:%7E:text=Sur%20un%20an%2C%20selon%20l,alimentation%20et%20des%20produits%20manufactur%C3%A9s.">vs 3,1 % début 2024</a>) ont marqué les esprits des Français autant que les étiquettes de prix. Les prix ont fortement augmenté. Le pouvoir d’achat est ainsi devenu la 1ère préoccupation des Français <a href="https://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2024/01/Rapport-Harris-Barometre-Bilan-Perspectives-2023-2024-RTL.pdf">(77 %)</a> et ils ont davantage pris l’habitude de comparer les prix <a href="https://www.sofinco.fr/files/live/sites/sofinco/files/Refonte/Sofinscope/Etudes%20compl%c3%a8tes/opinionway-sofinco-les-francais-et-la-hausse-des-prix-oct2023.pdf">(62 %)</a>.Or, plus les individus sont préoccupés par leur <a href="https://www.researchgate.net/publication/282059297_La_preoccupation_du_maintien_du_pouvoir_d%E2%80%99achat_proposition_d%E2%80%99un_critere_de_segmentation">pouvoir d’achat</a>, moins ils achètent de produits biologiques.</p>
<p>Les prix des produits biologiques n’ont certes pas été épargnés par l’inflation. Mais l’écart avec les produits conventionnels est resté stable ou, pour certains produits, a pu diminuer. Par exemple, le <a href="https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/71396/document/Conso_Bio_2022.pdf">beurre bio</a> a vu son prix passer de 10 euros/kg en janvier 2021 à 11 euros/kg en décembre 2022 quand le beurre non bio a vu son prix passer de 8 euros/kg à 10 euros/kg.</p>
<p>Les produits bio ont de fait mieux résistés à l’inflation que les produits conventionnels, car ils n’ont logiquement pas été impactés par la hausse des coûts des produits phytosanitaires, principalement produits en Russie. Quant aux produits bio locaux, ils ont été moins impactés par les fluctuations des cours sur les marchés mondiaux, liées à la guerre en Ukraine.</p>
<p>Mais malgré la réduction des écarts de prix entre les produits bio et les conventionnels, un cercle vicieux s’est mis en place. Les consommateurs ont acheté moins de produits biologiques et les enseignes, surtout les grandes et moyennes surfaces, ont fait des coupes dans leurs assortiments en défaveur des produits biologiques <a href="https://nielseniq.com/global/fr/insights/webinar/2024/grande-consommation-lessentiel-a-retenir-pour-adresser-les-enjeux-de-2024/">(-10,9 %)</a>. Les espaces dédiés en magasins, qui ne proposaient que des produits biologiques, ont été supprimés.</p>
<p>Les produits biologiques sont, pour la plupart, retournés dans les rayons de leurs catégories de produits d’origine, près des produits conventionnels, non biologiques. Un déplacement loin d’être anodin, qui a de fait contribué à rendre les produits biologiques moins visibles et attractifs, et qui a rendu la comparaison entre produits biologiques et conventionnels encore plus simple, notamment aux niveaux des prix, les produits étant à nouveau côte à côte. Les consommateurs ont dès lors davantage noté le différentiel de prix entre produits conventionnels et biologiques, en défaveur des produits biologiques.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Des constats à relativiser !</h2>
<p>Ce désengouement apparent des consommateurs français pour les produits biologiques est cependant à relativiser en fonction de différents profils de consommateurs. D’après la <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/consommation-alimentaire-le-kaleidoscope-francais-demoyenniser-la-france-en-douze-conso-styles-territoriaux/">fondation Jean-Jaurès et Circana</a>, la surconsommation de produits biologiques est la plus importante pour les conso-style « hyper urbains cosmopolitains » et « quartiers bourgeois ». Donc, même si les produits bio sont en moyenne plus chers, ce ne serait pas pour autant le revenu qui expliquerait cette surconsommation localisée, mais davantage un niveau de diplôme plus élevé ainsi qu’un degré d’urbanité plus important. Un constat qui rejoint celui de l’<a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/03/Rapport-complet_Barometre-Bio-Edition-2023.pdf">Agence Bio et de l’Obsoco</a> qui indiquent que les consommateurs convaincus par le bio (29 %) sont des CSP +, diplômés. Ces conclusions posent cependant la question de la démocratisation des produits biologiques afin de toucher plus de profils de consommateurs et des consommateurs regardant avant tout les prix.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560">Une vraie souveraineté alimentaire pour la France</a>
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<h2>Une notion à intégrer : celle de prix juste</h2>
<p>Cette question du prix est bien plus vaste que la seule étiquette finale apposée sur le produit. Car elle correspond rarement à ce qu’on appelle le <a href="https://www.pearson.fr/fr/book/?GCOI=27440100832160">prix juste</a>, c’est-à-dire </p>
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<p>« le prix raisonnable et justifié aux yeux des consommateurs, qui prend en compte de façon exhaustive l’ensemble des coûts (économiques, environnementaux et sociaux) engendrés tout au long du cycle de vie du produit. En outre, il garantit une valeur consommateur et une transparence, ainsi qu’une répartition équitable des coûts et profits entre tous les acteurs de la chaîne de valeur ».</p>
</blockquote>
<p>Autre divergence notable : celle entre le prix indiqué et le véritable coût d’un produit, si l’on inclut les <a href="https://www.pearson.fr/fr/book/?GCOI=27440100832160">coûts cachés</a> (les impacts environnementaux et sanitaires de la production, comme de la consommation). En 2020, aux États-Unis, il était estimé qu’en incluant le montant des coûts cachés de l’alimentation, on arrivait <a href="https://www.chaireunesco-adm.com/No19-Couts-caches-et-juste-prix-de-notre-alimentation-entre-marche-%E2%80%A6tat-et.">à près du double des dépenses alimentaires</a>. En Allemagne, <a href="https://www.geo.fr/environnement/en-allemagne-un-supermarche-affiche-le-vrai-prix-des-produits-202017#:%7E:text=En%20Allemagne%2C%20le%20supermarch%C3%A9%20berlinois,Wahre%20Kosten%22%2C%20en%20vert.">certains supermarchés</a> ont décidé d’expliciter cette différence en affichant côte à côte le prix de vente et le coût environnemental d’un produit.</p>
<p>En France, plus de la moitié des consommateurs (<a href="https://www.opinion-way.com/en/opinion-political-surveys/published-surveys/opinionway-pour-omie-barometre-de-l-alimentation-qui-a-du-sens-janvier-2024/viewdocument/3257.html">62 %</a>) ne comprennent pas bien, pour les prix des produits alimentaires, ce qui revient à chaque acteur de la chaîne de production.</p>
<p>Il est important que les consommateurs perçoivent le prix des produits biologiques comment étant justes. Car <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/cb.1697">ces prix justes leur permettent d’être davantage satisfaits, d’avoir davantage confiance et d’acheter davantage de produits biologiques</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-lagriculture-industrielle-bouleverse-le-cycle-de-lazote-et-compromet-lhabitabilite-de-la-terre-219276">Comment l’agriculture industrielle bouleverse le cycle de l’azote et compromet l’habitabilité de la terre</a>
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<h2>Une solution ponctuelle : les promotions</h2>
<p>Les promotions, en plus d’éventuels prix bas ou petits prix selon les appellations, pourraient être un moyen de recruter de nouveaux consommateurs et de baisser les prix, de façon ponctuelle. La majorité des consommateurs (<a href="https://www.sofinco.fr/files/live/sites/sofinco/files/Refonte/Sofinscope/Etudes%20compl%c3%a8tes/opinionway-sofinco-les-francais-et-la-hausse-des-prix-oct2023.pdf">55 %</a>) attendent qu’un produit soit en promotion pour l’acheter. Quel que soit leur niveau de préoccupation pour leur pouvoir d’achat, les consommateurs vont davantage <a href="https://www.researchgate.net/publication/282059297_La_preoccupation_du_maintien_du_pouvoir_d%E2%80%99achat_proposition_d%E2%80%99un_critere_de_segmentation">acheter des produits biologiques en promotion</a>, par rapport aux mêmes produits conventionnels qui ne sont pas en promotion.</p>
<p>En revanche, quand les consommateurs les plus fortement préoccupés par leur pouvoir d’achat ont le choix entre des produits biologiques en promotion et les mêmes produits conventionnels en promotion, ils vont <a href="https://www.researchgate.net/publication/282059297_La_preoccupation_du_maintien_du_pouvoir_d%E2%80%99achat_proposition_d%E2%80%99un_critere_de_segmentation">davantage acheter les produits conventionnels</a>. Autrement dit le signal de la promotion profite davantage aux produits conventionnels qu’aux produits biologiques. De surcroît, cette technique marketing, qu’est l’offre de promotions, pose la question, pour les consommateurs plus fidèles, de sa justesse et d’une potentielle dégradation de l’image responsable des produits biologiques, au bénéfice de leur image prix.</p>
<h2>Une solution pérenne : les affiches en magasins et/ou en rayons</h2>
<p>Si les promotions semblent ainsi n’être qu’une solution ponctuelle, la mise en avant des produits bio, en utilisant des affiches en magasins et/ou en rayons, pourrait s’avérer plus efficace. En effet, rendre les produits bio plus « visibles » permettrait à certains non-consommateurs <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/03/Rapport-complet_Barometre-Bio-Edition-2023.pdf">(22 %)</a> de développer le réflexe d’acheter et de consommer ces produits. Les affiches en magasins et/ou en rayons pourraient mettre en avant des éléments liés à l’impact sur la santé de l’agriculture biologique et/ou l’impact environnemental de celle-ci, car seulement la <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/03/Rapport-complet_Barometre-Bio-Edition-2023.pdf">moitié de Français</a> considèrent avoir suffisamment d’informations quant à ces aspects.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224398/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le bio est de moins en moins bien mis en valeur dans les supermarchés, et ses promesses de bienfaits pour la santé comme pour l'environnement peinent à convaincre les consommateurs.Cindy Lombart, Professeure de marketing, AudenciaDidier Louis, Maître de conférences, techniques de commercialisation, IUT de Saint-Nazaire, Université de NantesOlga Untilov, Professeur assistant en marketing, AudenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2237462024-02-25T16:27:16Z2024-02-25T16:27:16ZComment des bulbes de fleurs traités rendent résistantes des moisissures dangereuses pour la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577366/original/file-20240222-16-81uuet.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5176%2C3453&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bulbes de tulipes traités peuvent favoriser l’émergence de moisissures résistantes aux antifongiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/fleurs-assorties-en-macrophotographie-pendant-la-journee-5aXEo-hGwU0">Krystina Rogers/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Quel est le rapport entre les bulbes de tulipe et l’aspergillose, une grave maladie due à un champignon microscopique, la moisissure <em>Aspergillus fumigatus</em> ? C’est ce que nous avons tenté de découvrir au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Besançon.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cas cliniques d’aspergillose dus à des souches d’<em>Aspergillus</em> résistant aux antifongiques les plus utilisés est en augmentation. Or ces mêmes antifongiques sont également utilisés dans le domaine agricole et en horticulture.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si le fait de planter, à l’hôpital, des bulbes de tulipes traités aux antifongiques pouvait faciliter l’émergence de souches résistantes transmissibles à l’être humain.</p>
<p>Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que l’utilisation de tels bulbes pourrait effectivement favoriser le développement de résistance aux antifongiques.</p>
<p>Ces résultats posent particulièrement question dans le contexte actuel de suspension du <a href="https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-ecophyto-2">plan Écophyto</a>, dont l’objectif était de réduire l’usage des pesticides et fongicides en agriculture…</p>
<h2>L’aspergillose invasive, une maladie opportuniste mortelle</h2>
<p>L’aspergillose est une maladie causée par des champignons microscopiques (moisissures) du genre <em>Aspergillus</em>. Elle peut se manifester sous forme d’infections localisées, d’infection disséminée mortelle ou de maladies allergiques, et toucher de nombreux organes (rein, sinus, peau, sang…).</p>
<p>En France, il s’agit de la troisième cause d’infection fongique invasive. Principalement causée par <em>Aspergillus fumigatus</em>, l’aspergillose touche les personnes immunodéprimées, en particulier les patients ayant reçu une greffe de moelle osseuse ou d’organe, ainsi que les patients sous traitements anticancéreux.</p>
<p>Les spores d’<em>Aspergillus fumigatus</em> sont omniprésentes dans l’air, dans les sols, sur les plantes agricoles, et dans le compost. De ce fait, l’inhalation de ces spores est inévitable. En temps normal, ce n’est pas un problème, car les spores sont éliminées par les défenses immunitaires au niveau du système respiratoire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois" src="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577377/original/file-20240222-26-qrnn9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une préparation du champignon microscopique Aspergillus fumigatus, vu sous un objectif grossissant 40 fois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Cependant, chez certaines personnes, l’aspergillose est une maladie dite « opportuniste » : lorsque le système immunitaire est déficient (immunosuppression), le champignon contamine les poumons et peut s’y développer, et par extension provoquer l’aspergillose invasive (et la colonisation d’autres organes).</p>
<p>De 2012 à 2018, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35499498/">1661 cas de cette maladie ont été recensés dans notre pays</a>, avec un taux de mortalité de 42,5 % chez les patients ayant par ailleurs une maladie du sang, lesquels représentaient 60 % des cas d’aspergillose invasive.</p>
<h2>Émergence de souches résistantes aux médicaments</h2>
<p>Le traitement de l’aspergillose nécessite le recours à des médicaments antifongiques. Les azolés agissent en bloquant la fabrication d’un composant important de la membrane cellulaire des champignons, l’ergostérol. Ce sont des thérapeutiques qui allient l’efficacité et une bonne tolérance pour les patients.</p>
<p>Ceux-ci sont utilisés pour traiter non seulement les êtres humains, mais aussi les animaux. Par ailleurs, ils sont également largement employés comme fongicides en agriculture (de pleins champs, maraîchère, viticole), dans les scieries et en horticulture, afin de lutter contre les champignons qui s’attaquent aux plantes (phytopathogènes) ou au bois (lignivores).</p>
<p>Or, lorsque les fongicides azolés sont appliqués dans l’environnement, ils ont un impact non intentionnel sur <em>Aspergillus</em> : ils éliminent les souches sensibles et favorisent, par pression de sélection, celles qui se sont adaptées à ces molécules azolées. Résultat : des souches insensibles aux fongicides azolés se développent.</p>
<p>La surenchère des quantités d’antifongiques répandues et l’utilisation de mélanges d’antifongiques n’ont pas permis d’endiguer l’apparition de ces résistances. Ni même, d’ailleurs, d’éradiquer durablement les phytopathogènes des cultures de riz, de blé, de maïs, de soja et de pommes de terre.</p>
<p>En revanche, désormais, de nombreux patients atteints d’aspergillose sont infectés par une telle souche d’<em>Aspergillus</em> résistante aux azolés. Or, il existe peu de traitements alternatifs, certains étant inefficaces vis-à-vis des espèces dites « filamenteuses » comme Aspergillus ou toxiques pour certains malades (l’amphotéricine est par exemple plus efficace, mais potentiellement toxique pour les reins).</p>
<p>Une des mesures envisageables pour éviter à court terme ces infections à champignons résistants est la prévention de l’exposition.</p>
<h2>Dépister les souches résistantes aux azolés</h2>
<p>Dans l’optique de mieux prévenir les infections par des souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux azolés, depuis 2015, nous réalisons au Centre Hospitalo-Universitaire de Besançon leur dépistage dans l’air intérieur.</p>
<p>Étant donné que des travaux de recherche avaient suggéré que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28369271/">bulbes de plantes ornementales traitées aux azolés pouvaient jouer un rôle dans la propagation mondiale des souches</a>, nous avons étendu notre surveillance environnementale à des prélèvements de sols. Nous souhaitions ainsi évaluer si la terrasse de notre hôpital, ornée de pots de fleurs, pouvait être une source potentielle de diffusion de la résistance.</p>
<p>En 2019, au total, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31753549/">69 isolats d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants aux azolés</a>, et présentant une mutation TR34/L98H, ayant été décrits comme liés à l’utilisation des fongicides dans l’environnement, ont été obtenus : 1 à partir de l’air de l’unité de soins intensifs, 4 à partir des couloirs principaux de l’hôpital, 59 à partir de pots de tulipes importés des Pays-Bas et 5 à partir du sol d’arbres cultivés en pots.</p>
<p>Confirmer l’hypothèse selon laquelle les souches résistantes récoltées dans les couloirs de l’hôpital ou isolées dans les échantillons cliniques proviendraient bien des bulbes traités plantés dans les parterres de fleurs nécessiterait encore de séquencer leur génome. Mais quoi qu’il en soit, ces résultats ont montré l’intérêt de mieux surveiller les sources potentielles d’émergence de résistances dans notre hôpital.</p>
<h2>Dites-le plutôt avec des fleurs… bio</h2>
<p>Suite à ces résultats, et au risque accru d’infections nosocomiales (les infections contractées à l’hôpital) il avait été décidé de ne plus planter de bulbes traités.</p>
<p>Afin de ne pas supprimer radicalement l’existence de terrasses comportant des jardinières de tulipes, pour préserver un lieu de promenade des patients, nous avons recommandé le remplacement des bulbes de tulipes traités par des bulbes issus de l’horticulture biologique, sans exiger le changement de la terre.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo des parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon" src="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/577387/original/file-20240222-16-fhbmy2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les parterres de tulipes situés devant l’entrée du CHU de Besançon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Rocchi</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un an après nous avons fait les mêmes prélèvements dans les bacs de terre, avec le même mode opératoire. Nous avons constaté que le taux de résistance était passé de 71 % à moins de 3 % en un an. Ces résultats suggèrent que le remplacement des bulbes traités par des bulbes biologiques <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33690850/">peut suffire à rétablir une population majoritairement sensible en seulement un an</a>.</p>
<h2>Nécessité d’une surveillance environnementale</h2>
<p>Jusqu’à présent, <em>Aspergillus fumigatus</em> a été peu étudié dans l’environnement, car il ne s’agit pas d’un champignon phytopathogène causant des pertes de récoltes.</p>
<p>Cependant, désormais des génotypes d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistants à plusieurs azolés sont détectés dans le monde entier, dans les isolats cliniques ainsi que dans l’environnement.</p>
<p>L’utilisation massive des fongicides azolés dans l’environnement est un facteur majeur pour la sélection de la résistance aux antifongiques médicaux. Il est donc impératif de soutenir le développement d’approches qui déconnecteront à terme l’utilisation des antifongiques en agriculture et leur utilisation en clinique.</p>
<p>Bien qu’il soit séduisant de suggérer une évolution rapide vers une agriculture durable sans pesticide, ou que certaines classes d’antifongiques soient réservées exclusivement pour un usage clinique, ceci ne semble pas faisable à court terme : le nombre de molécules efficaces disponibles est faible, et l’agriculture fait face à la même problématique de résistance.</p>
<p>Dans une telle situation, les systèmes de surveillance permettant de suivre les souches d’<em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques sont essentiels. Malheureusement, on manque de tels systèmes à l’heure actuelle.</p>
<p>Par ailleurs, la compréhension de la façon dont la résistance persiste, évolue ou peut être gérée, demeure incomplète. Ce déficit de connaissances menace gravement la gestion des maladies fongiques chez l’être humain et les animaux.</p>
<h2>Protéger les patients de l’émergence de souches résistantes liées à l’utilisation de nouveaux fongicides</h2>
<p>La nécessité d’une surveillance environnementale est également devenue plus pressante car cinq agents antifongiques dotés de nouveaux modes d’action sont en cours de développement.</p>
<p>Parmi eux, l’olorofim, un nouvel antifongique de la classe des orotomides, représente un espoir pour les patients atteints d’aspergilloses résistantes. Ce nouveau médicament a déjà un analogue fongicide approuvé récemment par l’<em>U.S. Environmental Protection Agency</em>. Mais des travaux de recherche ont montré que cette molécule est capable d’induire des résistances in vitro.</p>
<p>De façon similaire à ce qui s’est passé pour les fongicides azolés, l’utilisation massive des orotomides fongicides risque de réduire les possibilités de traitement chez les patients atteints d’infections fongiques.</p>
<p>Des projets européens visent à développer une méthode standardisée pour la surveillance environnementale. Un tel outil améliorera le suivi et la compréhension des schémas de résistance et permettra d’évaluer les associations avec les pratiques de travail (pulvérisation, compostage), ainsi que l’influence d’autres facteurs (géographique, climatique) sur les niveaux de résistance.</p>
<p>Cela pourra réduire l’exposition à <em>Aspergillus fumigatus</em> résistant aux antifongiques, ce qui devrait permettre de diminuer le nombre de patients atteints d’une aspergillose résistante aux azolés, et donc réduire la mortalité de manière significative.</p>
<p>En attendant, dans les jardins hospitaliers, il est préférable pour la sécurité des patients d'utiliser exclusivement des plantes bio !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Prise en charge de frais de déplacement et d'inscription à des congrès par les sociétés PFIZER et GILEAD.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Reboux et Steffi Rocchi ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>L’aspergillose est une grave maladie causée par une moisissure dont certaines souches résistent aux antifongiques. Or, ces mêmes antifongiques sont utilisés en agriculture, ce qui pourrait participer du problème.Gabriel Reboux, Chercheur senior, affilié au laboratoire de Parasitologie-Mycologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon, Université de Bourgogne – UBFCLaurence Millon, Professeure des Universités, praticien hospitalier - CHU de Besançon, UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université de Bourgogne – UBFCSteffi Rocchi, Chercheuse affiliée à l'UMR/CNRS 6249 Chrono-environnement, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2165052023-11-15T21:16:37Z2023-11-15T21:16:37ZAffichage environnemental : bio ou pas, comment évaluer l’impact écologique des aliments ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556185/original/file-20231026-17-3pg0yf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Etal d'un marché</span> <span class="attribution"><span class="source">Pxhere</span></span></figcaption></figure><p>Dès le 1<sup>er</sup> janvier 2024, un <a href="https://theconversation.com/a-quoi-devrait-ressembler-le-futur-score-environnemental-dans-lalimentaire-176583">score environnemental</a> devrait apparaître sur les produits alimentaires (et <a href="https://theconversation.com/mode-et-degats-environnementaux-comment-aider-les-consommateurs-a-en-prendre-conscience-209551">textiles</a>), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage.</p>
<p>Plusieurs <a href="https://www.interbev.fr/enjeux-societaux/environnement-territoires/ameliorer-levaluation-environnementale-des-viandes/">parties prenantes</a> reprochent ainsi à l’<a href="https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-plus-respectueux-lenvironnement/dossier/laffichage-environnemental/cas-particulier-dispositif-eco-score">Ecoscore</a>, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du <a href="https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/une-trentaine-de-marques-et-135-000-produits-se-dotent-du-planet-score-un-etiquetage-environnemental-6571402">Planet score</a> reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de <a href="https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/une-trentaine-de-marques-et-135-000-produits-se-dotent-du-planet-score-un-etiquetage-environnemental-6571402">donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture</a> biologique.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été <a href="https://expertises.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/impact-produits-alimentaires-certifies-enseignements-affichage-environnemental-bellassen.pdf">auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME</a> en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son <a href="https://expertises.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/affichage-environnemental-produits-alimentaires-rapport-final-conseil-scientifique.pdf">rapport final</a>. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.</p>
<h2>Tous les critères ne se valent pas</h2>
<p>Le principe de l’<a href="https://www6.rennes.inrae.fr/stlo/Toutes-les-actualites/Panorama-sur-l-evaluation-multicriteres">évaluation multicritères</a> fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental <a href="https://www.ocl-journal.org/articles/ocl/full_html/2015/01/ocl140052-s/ocl140052-s.html">puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes</a>.</p>
<p>Le <a href="https://eplca.jrc.ec.europa.eu/EnvironmentalFootprint.html">Product Environmental Footprint</a>, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.</p>
<ul>
<li><p>D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du <a href="https://theconversation.com/la-terre-a-lepoque-de-lanthropocene-comment-en-est-on-arrive-la-peut-on-en-limiter-les-degats-206523">million d’années</a> pour le climat (irréversibilité).</p></li>
<li><p>De plus, le changement climatique est <a href="https://www.ipbes.net/sites/default/files/inline/files/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers.pdf">lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible)</a>, mais la réciproque est globalement fausse.</p></li>
<li><p>Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/">dernier rapport du GIEC</a>, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.</p></li>
</ul>
<p>Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs <a href="https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/handle/JRC107959">corrélé à la plupart des impacts environnementaux</a>. Notamment pour l’<a href="https://theconversation.com/cette-micro-algue-qui-se-cache-derriere-les-eaux-colorees-vertes-de-bretagne-sud-149749">eutrophisation</a>, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux tracteurs dans un champ" src="https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559633/original/file-20231115-22-d43jdi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Naseem Buras/Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Impact à l’hectare ou à la tonne, un faux débat</h2>
<p>L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652616304747">quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre</a>. </p>
<p>Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.</p>
<p>Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.</p>
<p>La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, <a href="https://www.lesagencesdeleau.fr/ressources/eau-et-agriculture-actions">comme le font les agences de l’eau</a>.</p>
<h2>L’empreinte carbone du bio en question</h2>
<p>La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’<a href="https://doi.org/10.1016/j.jenvman.2014.10.006">il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone</a>. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.</p>
<p>Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03265997v1">empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent</a>, mais ces résultats restent à confirmer.</p>
<p>La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03995376v1">qui ne semble pas bouleverser ces résultats</a> jusqu’à présent.</p>
<h2>Quid de la qualité de l’eau et de la biodiversité ?</h2>
<p>En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03376106v1">d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne</a>. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02800991">30 % à 60 % de moins d’azote par hectare</a>. Mais ramenée à la tonne de produit, la <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03267194v1">différence n’est plus significative</a>. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.</p>
<p>Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2019.00082/full">richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels</a>.</p>
<p>Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.</p>
<ul>
<li><p>D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les <a href="https://www.millenniumassessment.org/documents/document.356.aspx.pdf">forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité</a>, quelle que soit la zone géographique considérée.</p></li>
<li><p>Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abd8947">il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité</a>, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="Synthèse des impacts des produits certifiés (bio) sur l’environnement" src="https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559682/original/file-20231115-27-oj2wdk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Synthèse des impacts des produits certifiés (bio) sur l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>D’autres bonnes raisons de manger bio</h2>
<p>Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, <a href="https://www.i4ce.org/en/publication/estimating-greenhouse-gas-emissions-from-food-consumption-methods-and-results/">61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux</a> – et le chiffre pourrait atteindre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211912418300361?via%3Dihub">80 % en Europe</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/559665/original/file-20231115-23-nhaca6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Troupeau de jeunes vaches limousines.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marc Benoît</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-018-0594-0">l’ordre de 30 % à 60 %</a>, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les <a href="https://theconversation.com/cereales-elevage-ou-energie-les-terres-agricoles-attisent-les-appetits-198749">produits animaux</a> les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.</p>
<p>Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03376106v1">meilleure performance économique et sociale</a>. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30982857/">Plusieurs études</a> montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195666317305950?via%3Dihub">compensant le surcoût unitaire du bio</a> par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216505/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span><a href="mailto:valentin.bellassen@inrae.fr">valentin.bellassen@inrae.fr</a> est membre de INRAE. Pour conduire ses recherches, il a reçu ces dernières années des financements d'INRAE, de la Région Bourgogne Franche-Comté, de Dijon Métropole, de l'ADEME, de la Commission Européenne, et d'I4CE. </span></em></p>Le score environnemental favorise-t-il indûment l’agriculture conventionnelle au détriment du bio ?Valentin Bellasen, Directeur de recherche, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2075102023-06-22T10:07:48Z2023-06-22T10:07:48ZAgriculture : pourquoi la bio marque-t-elle le pas en France ?<p>Avec près de <a href="https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/observatoire-de-la-production-bio/">2,8 millions d’hectares cultivés en bio</a>, soit 10 % de la surface agricole française, la France occupait en 2021 le premier rang de l’Union européenne (UE), devant l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, et la Suède. Dans l’UE-27, les surfaces dédiées à la bio s’élevaient à 9,4 millions d’hectares en 2012 et à <a href="https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/">15,6 millions d’hectares en 2021</a>, soit une hausse de 66 % largement portée par la France.</p>
<p>Dans le même temps, le nombre d’exploitations engagées en bio a bondi en France, passant de <a href="https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/observatoire-de-la-production-bio/observatoire-de-la-production-bio-national">23 100 en 2011 à 58 400 en 2021 (soit 13 % des exploitations agricoles)</a>. Hausse d’autant plus remarquable qu’elle s’est produite dans un contexte de diminution de 2,3 % par an de la quantité totale d’<a href="https://theconversation.com/les-six-chantiers-prioritaires-pour-lavenir-de-lagriculture-francaise-175198">exploitations agricoles françaises</a> entre 2010 et 2020.</p>
<p>Pourtant, le <a href="https://hal.science/hal-01652910/file/2016_Allaire_Innovations%20Agronomiques.pdf">développement de la bio</a> marque le pas depuis quelques mois. Les signes de ce ralentissement, amorcé en 2020 voire un peu avant sur certains produits, sont multiples : déséquilibre entre offre et demande, aboutissant à des produits bio reclassés en conventionnel ; fermeture de magasins spécialisés ; dé-certifications ou déconversions de producteurs… La part de consommateurs réguliers d’une alimentation bio chutait de 16 % entre fin 2021 et fin 2022, et la part des personnes n’ayant pas consommé de produits alimentaires biologiques sur un an atteignait les 17 % en 2022 – le double de 2021.</p>
<p>Le phénomène se prolonge et la période d’inflation n’arrange rien, quand bien même les prix des produits bio <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2023/03/CP-Agence-BIO-Barome%CC%80tre-2023-20e%CC%80me-e%CC%81dition.pdf">n’augmentent pas autant</a> que leurs substituts conventionnels.</p>
<p>Plusieurs éléments se dégagent pour expliquer cette situation.</p>
<h2>Jungle des labels</h2>
<p>Si la bio a été jusqu’à la fin du XX<sup>e</sup> siècle le principal modèle alternatif construit et référencé en France, il est aujourd’hui concurrencé par d’innombrables allégations mieux-disantes sur des performances précises : « Zéro résidu de pesticides », « sans sulfites ajoutés », « sans nitrites », « vegan », etc.</p>
<p>Mais aussi par des moins-disantes ou en tous les cas moins coûteuses pour les producteurs, et par un très grand nombre de cahiers des charges publics ou privés comme les engagements de coopératives sur Agriconfiance ou les filières de qualité de la grande distribution. Au-delà de positions opportunistes, certains de ces opérateurs pourraient plutôt aller vers des engagements contractuels, comme en Suisse où deux acteurs majeurs (Coop et Migros) se sont impliqués de longue date pour soutenir le secteur bio.</p>
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<p><a href="https://theconversation.com/comment-sy-retrouver-dans-la-jungle-des-labels-environnementaux-111760">Tous ces labels</a> viennent lui faire de l’ombre voire créent de la confusion lors d’un acte d’achat. Ils peuvent aussi s’inspirer de la bio, mais sans prendre en compte l’ensemble du système et des services rendus (sol, biodiversité, eau, etc.). Ainsi, la mention HVE portée par le ministère de l’Agriculture, fait l’objet de débats concernant les niveaux d’exigence des pratiques associées et des aides qui lui sont octroyées.</p>
<p>De même, l’institutionnalisation de l’<a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-science-a-comme-agroecologie-165114">agroécologie</a>, sans être assortie d’un marché spécifique, génère des synergies mais aussi des concurrences avec la bio, qui reste à ce stade le modèle le plus abouti de toutes les <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/pdf/2022/01/cagri210174.pdf">agricultures</a> <a href="https://www.nss-journal.org/articles/nss/pdf/2013/02/nss130093.pdf">écologisées</a>.</p>
<h2>Inflation et effet revenu des ménages</h2>
<p>Dans un contexte de hausse générale des prix, l’alimentation bio devient par ailleurs une variable d’ajustement dans l’arbitrage des dépenses alimentaires des ménages, malgré une inflation moindre des <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/inflation-le-bio-est-il-toujours-plus-cher-1464575">produits bio</a>. La contraction de la demande alimentaire bio touche à la fois les grandes et moyennes surfaces et les distributeurs spécialisés. La vente directe semble en revanche se maintenir, après avoir déjà fait preuve de résilience pendant les confinements liés au Covid.</p>
<p>L’écart de prix au profit de la bio dans les prix de détail est de nouveau questionné, même s’il varie selon les produits et les circuits de commercialisation. Dans le cas du lait de vache par exemple, les prix payés aux producteurs bio et conventionnel convergent <a href="https://idele.fr/?eID=cmis_download&oID=workspace%3A%2F%2FSpacesStore%2Fbdf482ad-8ffb-43ef-8d4f-e3096bfcf42c&cHash=e4c016da1d47c46e35d420644ebeb29a">entre 2021 et 2022</a>, alors que pour les consommateurs un écart significatif des prix de vente au détail persiste entre laits bio et conventionnel.</p>
<p>Mais pour les éleveurs bio, le maintien d’un différentiel de prix suffisant est justifié pour amortir des coûts de production supérieurs – les aliments du bétail représentant un surcoût de près de 50 %.</p>
<h2>D’autres critères d’achat</h2>
<p>Les préoccupations environnementales et de santé restent les principales raisons qui conduisent les consommateurs à acheter des produits bio, mais ces attentes sociétales peuvent aussi être présentes dans des critères de « production locale » qui sont plus souvent mis en avant dans <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2022/03/Barometre-de-consommation-et-de-perception-des-produits-bio-Edition-2022_VF.pdf">différentes enquêtes de consommation</a>.</p>
<p>À ce titre, le fait que l’étiquetage des produits en magasin ait jusqu’ici privilégié l’aspect nutritionnel (Nutriscore) affecte la bio. Cela pourrait évoluer avec la mise en place <a href="https://theconversation.com/a-quoi-devrait-ressembler-le-futur-score-environnemental-dans-lalimentaire-176583">d’autres types d’étiquetage</a> prenant en compte les impacts environnementaux ou sociaux des modes de production.</p>
<p>Mais d’autres attentes, parfois concurrentes, guident ou déterminent aussi l’acte d’achat : la proximité (circuits courts <em>vs</em> bio industrialisée) ; une juste rémunération des producteurs ; la réduction des émissions de GES, de l’usage de plastique ou de cuivre ; le bien-être animal, etc.</p>
<p>Des acteurs de la bio s’en saisissent en intégrant par exemple des critères <a href="https://www.bio-equitable-en-france.fr/">d’équité</a>, sans que les réponses apportées soient toujours accessibles au grand public. Des argumentaires restent à étayer et il apparaît nécessaire de mieux informer les citoyens sur ce qu’est la bio et quels sont ses impacts.</p>
<p>Les contrôles et la certification des opérateurs de la bio demeurent une garantie de sa crédibilité.</p>
<h2>Un soutien public à la traîne</h2>
<p>La question du soutien public entre aussi en jeu. Les aides européennes et le programme « Ambition Bio 2017 » français ont encouragé les agriculteurs avec des incitations financières pour la conversion et l’installation en bio : la courbe de croissance des surfaces ou du nombre d’exploitations bio révèle l’impact essentiel des politiques de soutien, avec des incitations financières à la conversion et à l’installation en bio.</p>
<p>Mais les multiples retards dans le paiement des aides aux agriculteurs bio et la suppression en 2017 de « l’aide au maintien » (préservée dans certaines régions) ont ensuite freiné de nombreux producteurs, et les objectifs de croissance du <a href="https://agriculture.gouv.fr/le-programme-ambition-bio-2022-presente-lissue-du-grand-conseil-dorientation-de-lagence-bio">programme suivant</a>.</p>
<p>Le rapport de la Cour des comptes sur <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2022-07/20220630-rapport-soutien-agriculture-bio.pdf">l’évaluation du soutien de l’État à la bio</a> est plutôt critique sur la réalisation des ambitions affichées (objectifs de 15 % des terres ou de 20 % de produits bio dans les cantines publiques en 2022 non atteints, ¼ des exploitations bio qui ne touchent pas d’aides). Il inclut 12 recommandations, en particulier pour éclairer les citoyens et les consommateurs sur l’impact environnemental et sanitaire de l’agriculture biologique et pour réorienter les soutiens publics à l’agriculture en sa faveur.</p>
<h2>Juste prix de la bio</h2>
<p>Le rôle des politiques publiques est également d’assurer les conditions de fonctionnement et de régulation des marchés. L’élaboration et l’évolution des <a href="https://www.inao.gouv.fr/Les-signes-officiels-de-la-qualite-et-de-l-origine-SIQO/Agriculture-biologique">cahiers des charges</a> des signes de qualité en fait partie, tout comme l’<a href="https://www6.inrae.fr/metabio">accompagnement scientifique et technique</a> ou le <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2021/03/Texte_AAP_FondsAvenirBio.pdf">fonds de structuration des filières</a>.</p>
<p>La réglementation européenne <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2018/11/RCE_BIO_834_2007_oct08.pdf">reconnaît au dessein de la bio</a> le rôle de fournir « des biens publics contribuant à la protection de l’environnement et du bien-être animal ainsi qu’au développement rural ». Ces biens publics sont le plus souvent considérés <a href="https://www.itab.asso.fr/downloads/amenites/amenites-ab-rapport-nov2016.pdf">comme des externalités positives</a>, ouvrant sur des bénéfices pour la société dans son ensemble (préservation de la biodiversité, qualité des sols, de l’eau et de l’air…).</p>
<p>Au-delà, l’intervention publique devrait aussi aider à surmonter la phase actuelle de ralentissement et conduire à repenser le « juste » prix des produits bio en intégrant leurs bénéfices (externalités positives), aujourd’hui non marchands. Le consommateur ne pourra pas à lui seul les prendre en charge, en particulier en période de crise.</p>
<h2>Pérennisation des aides</h2>
<p>Aussi, au-delà d’un soutien à la conversion en AB, l’État devrait poursuivre l’effort financier avec des aides pérennes, qui seraient une reconnaissance et une rémunération des services rendus à la collectivité, comme cela existe <a href="https://www.organicseurope.bio/content/uploads/2023/02/ifoameu_policy_FarmToFork_25EnviBenefits_202212.pdf">dans plusieurs pays européens</a>.</p>
<p>Cette reconquête conditionnera à la fois la capacité pour la bio d’apparaître comme autre chose qu’un simple label « sans » (intrants de synthèse), et de générer un meilleur consentement à payer pour des services rendus autres que la fourniture d’aliments sains, tout en améliorant la viabilité des fermes en bio et l’accessibilité de leurs produits aux consommateurs. Ceci renvoie à des enjeux d’organisation des chaînes de valeur, encore sous-estimés par les professionnels et les pouvoirs publics.</p>
<h2>Processus au long cours</h2>
<p>La croissance rapide de la bio constatée au cours des dernières années masque des différences selon les productions concernées. Des contrastes régionaux apparaissent également, y compris en matière de soutien local.</p>
<p>Si la bio des pionniers devrait perdurer, celle des opportunistes pourrait disparaître, se transformer ou de se différencier. Et malgré les déconversions, cette phase de croissance aura au moins fait bouger les lignes : la bio demeure source d’inspiration pour une agriculture plus vertueuse.</p>
<p>Il est bien sûr délicat de faire coïncider des réponses à des effets inflationnistes très circonstanciels avec des trajectoires de transition agricole qui s’opèrent sur le moyen ou le long terme.</p>
<p>Mais l’objectif de 25 % de surface en bio à horizon 2030, énoncé dans le pacte vert européen, est un appel à une stratégie ambitieuse où la France doit garder une place forte.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207510/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Bellon a reçu des financements de l’Union européenne, de l’Agence nationale de la recherche, et de la région Sud. Il remercie chacun de ses collègues du Comité de pilotage du programme Metabio de l’Inrae pour les échanges lors de l’élaboration et la relecture du texte, ainsi que M. Gernert (Ifoam organics EU) et B. Schaer (Ecozept) pour les données relatives à d’autres pays européens.</span></em></p>L’agriculture bio française connaît la fin d’une période faste. Plusieurs facteurs se dégagent pour expliquer ce ralentissement.Stéphane Bellon, Ingénieur de recherche en agronomie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2056912023-05-17T18:13:06Z2023-05-17T18:13:06ZLe commerce équitable ne connaît pas la crise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526249/original/file-20230515-25619-7g22tf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4007%2C2921&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Malgré les crises sanitaires et économiques, les produits de la filière gardent le vent en poupe.</span> <span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Ce 11 mai 2023, à l’occasion de la <a href="https://www.quinzaine-commerce-equitable.org/">Quinzaine du commerce équitable</a>, le principal label de la filière, <em>Fairtrade–Max Havelaar France</em>, a dévoilé ses <a href="https://maxhavelaarfrance.org/fileadmin/fairtrade/communiques/CP_QCE_2023_def_.pdf">chiffres de vente pour l’année 2022</a>. Malgré l’inflation et les tensions sur les marchés internationaux qui ont provoqué un recul en volume de vente (5 %), le chiffre d’affaires des <a href="https://theconversation.com/topics/labels-33624">produits labellisés</a> « Fairtrade » a progressé de 7 % par rapport à 2021, atteignant 1,3 milliard d’euros et <a href="https://www.commercequitable.org/actualites/observatoire-du-commerce-equitable-2021/">plus de 2 milliards d’euros</a> si on prend en compte l’ensemble de la filière équitable.</p>
<p>Hormis les bananes, la progression s’applique aux <a href="https://www.fairtrade.net/news/farmers-and-workers-harvested-more-benefits-in-2021-despite-Covid-19-pandemic">principales catégories de produits</a> : + 19 %, par exemple pour le <a href="https://theconversation.com/topics/chocolat-46790">chocolat</a>, ou + 11 % pour le thé. Observable aussi bien à l’échelle de la <a href="https://www.commercequitable.org/actualites/observatoire-du-commerce-equitable-2021/">France</a> que du monde, ces hausses ont permis de maintenir le niveau de soutien aux producteurs tant dans les pays du « Sud » qu’au niveau local et d’<a href="https://www.fairtrade.net/library/fairtrade-certification-and-producer-resilience-in-times-of-crises">amortir l’impact des crises sanitaire et financière</a>.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/topics/commerce-equitable-33623">commerce équitable</a> fait ainsi, dans une certaine mesure, figure d’exception. La croissance de la consommation durable, par exemple <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/bio-globalement-la-consommation-a-baisse-de-1-3-en-2021-921042.html">l’agriculture biologique</a>, a en effet été freinée après la crise du Covid. Le commerce équitable bénéficie, lui, d’une forte croissance presque ininterrompue depuis son émergence dans les années 1960-1970. Son déploiement à travers la grande distribution à la fin des années 1990 et la multiplication plus récente des systèmes de certification l’ont catalysée.</p>
<p>Avec une large gamme de produits distribués dans 143 pays et permettant le <a href="https://files.fairtrade.net/publications/FI_Annual-Report_2021_web_sp.pdf">paiement d’un prix supérieur au prix du marché à plus de 2 millions de producteurs dans 70 pays</a>, le développement du commerce équitable a tout d’une « success story ». Il fait pourtant également l’objet de <a href="https://www.researchgate.net/publication/254225448_Where_now_for_fair_trade">critiques</a> : en s’ouvrant aux entreprises « conventionnelles » et en s’intégrant dans les circuits « mainstream », il en aurait finalement repris les principales caractéristiques pour maximiser les volumes de vente, se détournant de ses ambitions d’origine.</p>
<p>La réalité semble plus nuancée. Dans un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joms.12925">article récent</a>, publié avec des collègues britanniques dans le <em>Journal of Management Studies</em>, nous avons examiné les principaux changements dans les critères de certification de <em>Fairtrade International</em> (représenté en France par Max Havelaar France) et les réactions suscitées alors parmi les acteurs pionniers du commerce équitable, comme Artisans du Monde ou Ethiquable en France. Nous montrons comment le mouvement a su dépasser, sans pour autant éliminer, les divergences de points de vue entre les acteurs qui le composent de façon à allier croissance des ventes et maintien d’une certaine légitimité morale.</p>
<h2>Le commerce équitable, réformiste ou radical ?</h2>
<p>Parmi les <a href="https://www.commercequitable.org/wp-content/uploads/guide-label-2019-francais-web.pdf#page=35">évolutions</a> d’importance, décision a été prise en 2005 d’élargir la certification aux grandes plantations dans lesquelles les producteurs travaillent comme ouvriers salariés. Initialement, elle était réservée aux coopératives dont les producteurs sont propriétaires. Plus récemment, en 2014, une certification spécifique, le « Fairtrade Sourcing Program » (FSP), a été introduite pour des produits dont uniquement certains ingrédients (par exemple le cacao ou le sucre) ont été produits selon les standards du commerce équitable.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1657309833945554945"}"></div></p>
<p>Chaque changement a suscité des critiques parmi la base du mouvement et en particulier au sein des organisations pionnières. Au lancement du programme FSP elles ont ainsi dénoncé une <a href="https://artisansdumonde.org/actualites-nationales/fsp-une-nouvelle-demarche-de-certification-qui-ne-repond-pas-aux-exigences-du-commerce-equitable">dilution des idéaux d’origine</a>, un risque de confusion pour le consommateur, et un impact négatif pour les plus petits producteurs. Certaines organisations ont même <a href="https://artisansdumonde.org/actualites-nationales/artisans-du-monde-vers-un-retrait-du-label-fti-max-havelaar">cessé d’utiliser la certification <em>Fairtrade</em></a> pour privilégier des certifications avec un agenda alternatif plus marqué comme <a href="https://wfto.com/our-fair-trade-system">celle de la <em>World Fair Trade Organization</em></a> ou du <a href="https://www.ethiquable.coop/page-dactualites-mag/symbole-producteurs-paysans">Symbole des Producteurs Paysans (SPP)</a> qu’Ethiquable a contribué à développer.</p>
<p>On retrouve là une dualité de lectures assez typique pour les initiatives marchandes émergeant des mouvements sociaux : là où une tendance « réformiste » se réjouit du développement au-delà de la niche initiale et de la maximisation de l’impact social, une tendance plus « radicale » dénonce les compromis effectués et la dilution de l’ambition d’alternative au marché conventionnel présente initialement.</p>
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<p>Ce qui surprend néanmoins dans le cas du commerce équitable, c’est la <a href="https://theconversation.com/quel-est-le-bilan-de-30-ans-de-commerce-equitable-77608">coopération continue entre ces deux tendances</a>. Les critiques des tenants d’une ligne plus radicale sont principalement restées confinées à l’intérieur du mouvement et n’ont entravé ni la croissance des ventes de produits certifiés ni sa <a href="https://globescan.com/2021/06/23/social-environmental-values-increasingly-drive-consumers-choices/">réputation morale auprès de l’opinion publique</a>.</p>
<p>En cela, le commerce équitable se distingue d’autres initiatives au sein desquelles les divergences de vues entre réformistes et radicaux ont mené à des conflits ouverts, parfois au détriment de l’ensemble des acteurs du mouvement. Dans le <a href="https://theconversation.com/la-concurrence-croissante-entre-banques-et-institutions-de-microfinance-106363">domaine de la microfinance</a> par exemple, la participation de grandes banques commerciales, moins soucieuses d’accompagner les emprunteurs précarisés hors de la pauvreté et appliquant des taux d’intérêt élevés, a provoqué de fortes dissensions en interne.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1107012165737816064"}"></div></p>
<p>Le créateur de la première institution de <a href="https://theconversation.com/topics/microcredit-64890">microcrédit</a>, le <a href="https://theconversation.com/retour-dexperience-muhammad-yunus-un-leadership-inspirant-113495">prix Nobel de la paix 2006, Muhammad Yunus</a>, a rapidement pris ses distances par rapport à la « microfinance commerciale » et a appelé à <a href="https://www.nytimes.com/2011/01/15/opinion/15yunus.html">dénoncer les banques dont il avait initialement souhaité la participation</a>. Que ce soit pour la <a href="https://theconversation.com/topics/microfinance-62430">microfinance</a> ou pour d’autres initiatives marchandes à finalité sociale, les acteurs réformistes qui s’allient aux acteurs économiques conventionnels sont régulièrement taxés de <a href="https://theconversation.com/microcredit-meme-bien-intentionnee-la-reglementation-peut-eloigner-des-objectifs-sociaux-149305">« dérive de mission »</a> par les tenants d’une ligne plus radicale.</p>
<h2>Une coopération permanente avec les acteurs pionniers</h2>
<p>Comment se fait-il, dès lors, que le commerce équitable ait pu allier une croissance continue sans voir sa légitimité morale remise en question, du moins ouvertement, par les acteurs pionniers et la base du mouvement ? Selon notre analyse, l’organisme de certification <a href="https://www.fairtrade.net/"><em>Fairtrade International</em></a>, regroupant les différents acteurs nationaux tels que Max Havelaar France, a su déployer différentes stratégies pour poursuivre la croissance du secteur sans se mettre à dos les acteurs pionniers.</p>
<p>Premièrement, il a su légitimer l’augmentation des revenus des producteurs comme objectif prépondérant, là où les ambitions initiales du commerce équitable étaient plus diverses. Avec des ventes de produits du commerce équitable qui augmentent, les producteurs voient leur revenu grimper. Cet objectif prioritaire s’est donc révélé plus compatible avec la croissance des ventes que, par exemple, celui de plaider politiquement pour un commerce plus juste.</p>
<p>Deuxièmement, l’organisme a su poser des garde-fous rassurants pour les acteurs originels. Il a ainsi affirmé que certains principes tels que le <a href="https://theconversation.com/un-commerce-plus-equitable-pour-accompagner-la-transition-ecologique-et-sociale-143760">« juste prix »</a> n’étaient pas négociables. L’évolution de la gouvernance de <em>Fairtrade International</em> qui est désormais <a href="https://www.fairtrade.net/about/ga-and-board">détenue et gouvernée à 50 % par les producteurs</a> a également agi comme un signal de confiance pour limiter les craintes de « dérive de mission ».</p>
<p>Enfin, <em>Fairtrade International</em> et ses membres nationaux ont su cultiver une culture de coopération permanente avec les acteurs pionniers, tel que reflété par la <a href="https://www.fair-trade.website/">rédaction de chartes et l’organisation de campagnes de sensibilisation communes</a> aux divers acteurs et tendances. En France par exemple, la plate-forme <a href="https://www.commercequitable.org/notre-collectif/">Commerce équitable France</a> regroupe à la fois Max Havelaar France, d’autres systèmes de certification plus récents, des entreprises ainsi que des organisations pionnières telles qu’Artisans du Monde. Cette dynamique de partenariat a notamment permis à la France de se doter d’une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000043980732">loi sur le commerce équitable</a>.</p>
<p>Il faudra faire face à de nouveaux défis à ne pas minimiser, comme la <a href="https://theconversation.com/comment-sy-retrouver-dans-la-jungle-des-labels-environnementaux-111760">concurrence croissante de labels « durables » pas toujours exigeants</a>. Néanmoins, le cas du commerce équitable semble démontrer qu’il est possible d’allier une croissance des ventes avec le maintien d’une exigence éthique forte. Cela passe par une coopération entre acteurs réformistes et radicaux malgré les divergences de vues inévitables. Il semble évident que c’est cette coopération, plus que des querelles intestines, qui est la plus susceptible de favoriser le développement de la filière et d’accroître l’impact sur les premiers intéressés, à savoir les producteurs tant dans les pays du Sud qu’au <a href="https://www.tdc-enabel.be/fr/2021/05/03/la-france-pionniere-du-commerce-equitable-local-en-europe/">niveau local</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205691/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Huybrechts ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La « success story » de la filière équitable repose notamment sur un dialogue maintenu entre des réformistes prêts à des compromis pour élargir le mouvement et les tenants d’une ligne plus radicale.Benjamin Huybrechts, Full professor, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1893192022-09-15T18:11:20Z2022-09-15T18:11:20ZMarchés du vin, de la bière et du cidre : des frontières de plus en plus floues<p>Depuis quelques années, l’offre de boissons dites « fun » a fortement augmenté de telle sorte qu’il devient difficile de faire la différence entre trois types de boissons fermentées, le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vin-20325">vin</a>, la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/biere-80058">bière</a> et le cidre. En effet, il est possible de boire des vins de cerises, un co-ferment de bière et de jus de myrtille qui ont le goût d’un Lambrusco ou encore des cidres rosés croustillants aux saveurs de poires qui ont le goût d’un Prosecco. L’hybridation croissante du vin, de la bière et du cidre rend chaque boisson de plus en plus floue et redéfinit les lignes de concurrence entre les produits et les marchés.</p>
<p>Le vin, la bière et le cidre, comparés aux spiritueux, bénéficient d’un potentiel renouvelé et croissant auprès des jeunes consommateurs du monde entier. Toutefois, une analyse comparative des trois marchés montre que la consommation est fortement concentrée dans quelques pays. En effet, près de la moitié du marché est couverte par les quatre principaux pays consommateurs de vin (États-Unis, Italie, France et Allemagne) et de bière (États-Unis, Chine, Brésil et Allemagne). Le marché du cidre, moins volumineux, est concentré dans seulement trois pays (Royaume-Uni, Afrique du Sud, États-Unis).</p>
<p>La production de raisin, la latitude (autrement dit, le climat), la géologie et l’histoire expliquent traditionnellement la consommation relative de vin. Cependant, l’intégration économique mondiale a <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1477-9552.12128">affaibli l’association entre production et consommation</a>.</p>
<p>Pour expliquer la consommation de boissons dans le monde, de nombreuses études universitaires identifient les variables culturelles comme essentielles. L’environnement culturel, la dynamique démographique, l’éducation, les institutions et les réglementations gouvernementales par le biais du commerce influencent évidemment le comportement des consommateurs, l’impact sur le comportement d’achat, la prise de décision et les réponses aux aspects tarifaires.</p>
<h2>Caractéristiques intrinsèques et extrinsèques</h2>
<p>Ces trois marchés sont généralement étudiés séparément, bien qu’il semble exister des synergies et des complémentarités entre ces trois boissons. En effet, la fonction de demande pour ces boissons fermentées est dérivée de la maximisation de la fonction d’utilité du consommateur. Elle est dépendante du revenu, des prix et du comportement de consommation subjectif des consommateurs. La plupart des études constatent ainsi que les élasticités-revenu du vin sont considérablement plus élevées que celles de la bière ou du cidre.</p>
<p>Par conséquent, dans les pays où la bière est la boisson traditionnelle, les ménages peuvent déplacer leur consommation <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alcool-26411">d’alcool</a> vers les vins lorsqu’ils deviennent plus riches. L’impact de la culture dans l’explication du comportement des consommateurs permet donc de <a href="https://www.researchgate.net/publication/344888719_Wine_Consumption_and_Culture_A_Cross-Country_Analysis">mieux comprendre les complémentarités</a> entre les trois boissons fermentées.</p>
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<p>En ce qui concerne le prix, le cadre hédonique a été largement utilisé dans les études universitaires pour saisir les variables qui ont un impact direct sur le prix, tels que les facteurs géographiques et viticoles, les facteurs temporels, l’information publique et les facteurs de productivité.</p>
<p>Les caractéristiques intrinsèques sont celles qui sont regroupées dans le bien et constituent l’essence du produit. Les caractéristiques extrinsèques sont celles qui influencent l’appréciation du bien par le consommateur mais qui n’appartiennent pas au produit lui-même. La classification des déterminants des prix proposée dans le tableau suivant est un cadre applicable aux trois catégories de boissons. Il contient cinq clusters, chacun d’eux étant trié selon l’état de la nature, c’est-à-dire fixe ou variable.</p>
<p><iframe id="OUznG" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/OUznG/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Il existe un grand nombre <a href="https://www.researchgate.net/publication/338535129_Hedonic_Price_Functions_and_Wine_Price_Determinants_A_Review_of_Empirical_Research">d’articles universitaires</a> présentant des modèles hédoniques des déterminants du prix du vin par rapport au peu d’études sur la bière ou le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13504851.2020.1852162">cidre</a> qui portent principalement sur des critères géographiques ou des facteurs agricoles. Les facteurs d’horizon temporel ne semblent pas pertinents pour ces deux dernières boissons fermentées.</p>
<h2>Nombreuses opportunités</h2>
<p>Le vin, la bière et le cidre sont des biens d’expérience, c’est-à-dire que leur qualité est incertaine et n’est connue qu’après consommation. Les consommateurs recherchent ainsi des informations sur la qualité, et le prix devient le résultat de signaux de qualité. Par conséquent, le marché des avis d’experts sur le vin est important et les consommateurs comptent sur cette information pour prendre leurs décisions d’achat. Le rôle des experts, bien que critiqué, a été reconnu pour réduire l’information asymétrique en fournissant des notations publiques et des évaluations de qualité.</p>
<p>C’est clairement une voie à suivre pour la bière et le cidre. Une analyse comparative des déterminants du prix du vin, de la bière et du cidre doit être développée pour analyser l’impact des facteurs géographiques, de l’information du public et des conditions d’approvisionnement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-vin-nature-est-il-le-futur-de-lindustrie-vitivinicole-187191">Le vin nature est-il le futur de l’industrie vitivinicole ?</a>
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<p>Un certain nombre d’études récentes appliquent l’approche du consentement à payer aux boissons au sens donné par les économistes – le prix de réservation – c’est-à-dire la limite du prix d’un produit ou d’un service qu’un consommateur est capable ou disposé à payer. En appliquant cette approche, il peut être possible de comprendre si la culture, les attitudes, les us et coutumes ont un impact sur l’approche du consentement à payer une bouteille de vin, de bière, de cidre ou de toute nouvelle boisson « fun ».</p>
<p>Enfin, une interrogation liée au comportement des consommateurs et à l’approche du consentement à payer émerge des propriétés intrinsèques des produits. Une grande partie de l’innovation dans le secteur des boissons fermentées s’est concentrée sur la saveur, la couleur et les perceptions sensorielles. La recherche académique s’est pour l’instant essentiellement intéressée aux préférences de saveur de la <a href="https://www.researchgate.net/publication/331385690_How_consumer_involvement_influences_consumption_elicited_emotions">bière</a> et du <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/jib.489">cidre</a>. Il reste donc de nombreuses opportunités de recherche sur les innovations dans le secteur des boissons fermentées.</p>
<p>L’accent mis sur l’aspect naturel de la boisson par rapport à d’autres produits concurrents pourrait être une question intéressante. Ainsi, des produits vins, bières ou cidres aux arômes nouveaux (vanille, cerise, fruits rouges, fruits de la passion, fruits exotiques) pourraient très bien être des produits à succès.</p>
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<p><em>Cet article a été présenté lors de la première conférence de l’European Association of Wine Economists (EuAWE) en mai 2022 à Vila Real (Portugal), à la 7<sup>e</sup> conférence de la BeerOnomics en juin 2022 à Dublin (Irlande) et à la 5<sup>e</sup> conférence de l’Academy of Wine Business Research (AWBR) à Dijon (France) en juillet 2022.</em></p>
<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189319/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Le Fur est directeur des tendances de marché de la Chaire Vins et Spiritueux de l'INSEEC Bordeaux. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-François Outreville, Lara Agnoli et Martin Cloutier ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les acteurs du marché développent leur offre avec de nouvelles boissons difficiles à catégoriser qui bénéficient d’un potentiel commercial chez les jeunes consommateurs.Jean-François Outreville, Professeur émérite, Burgundy School of Business Éric Le Fur, Professeur, INSEEC Grande ÉcoleLara Agnoli, Associate professor, Burgundy School of Business Martin Cloutier, Professeur titulaire, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1871912022-08-25T16:56:04Z2022-08-25T16:56:04ZLe vin nature est-il le futur de l’industrie vitivinicole ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/475394/original/file-20220721-10129-gzxs2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C1220%2C839&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La recherche d’authenticité et d’une alimentation plus saine favorise aujourd’hui l’engouement pour les vins nature.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/vin-bouteille-de-vin-boisson-3678884/">Gábor Adonyi/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>À la différence des vins biologiques (certifiés par un des organismes indépendants accrédités) ou biodynamiques (certifiés par <a href="https://demeter.net/">Demeter</a> ou <a href="http://www.biodyvin.com/fr/accueil.html">Biodyvin</a>), les vins dits « nature » n’ont pas de définition unanimement acceptée par les acteurs de la filière vitivinicole française. Une telle définition n’existe pas non plus d’ailleurs à l’international. Alors de quoi parle-t-on ?</p>
<p>En France, le père spirituel du vin nature s’appelle Jules Chauvet. Né en 1907, ce chercheur à l’institut de chimie biologique de Lyon, dégustateur, et vigneron dans le <a href="https://www.rue89lyon.fr/2014/08/24/vin-naturel-va-t-il-sauver-le-beaujolais/">Beaujolais</a> affirmait : « Le vin, moins on le touche, mieux ça vaut ». Père spirituel, parce que si le vin nature est difficile à définir c’est qu’il s’agit avant tout d’une philosophie : s’approcher au plus près de la définition idéale du vin, qui ne serait que du jus de raisin fermenté, et rien d’autre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1222828311098941440"}"></div></p>
<p>Le vin nature n’a pas d’existence légale. En France, l’emploi des dénominations composées « vin nature » ou « vin naturel » pour des vins n’est pas autorisé. En l’absence de définition réglementaire, l’usage des termes « nature » ou « naturel » peut être autorisé pour qualifier un mode d’élaboration spécifique ou une qualité particulière, c’est-à-dire une « méthode ». Un label « vin méthode nature » répondant à une <a href="https://vinmethodenature.org/le-label/">charte</a>, validée par <a href="https://www.inao.gouv.fr/">l’Institut National de l’Origine et de la qualité</a> (INAO) et <a href="https://www.terredevins.com/actualites/la-denomination-vin-methode-nature-est-nee">reconnue par la Direction générale de la consommation</a>, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) depuis mars 2020. Créée à l’initiative du <a href="https://vinmethodenature.org/qui-sommes-nous/">Syndicat de défense des vins naturels</a>, qui comptait 109 vignerons en 2020 et 156 en 2021, elle garantit notamment aux consommateurs : des vendanges manuelles, des raisins 100 % biologiques, des levures indigènes, aucun intrant oenologique, pas de sulfites ajoutés ni avant ni durant les fermentations.</p>
<p>Si les tentatives d’organisation semblent encore peiner à fédérer massivement les vignerons, c’est que le vin nature est apparu comme un espace de liberté fonctionnant en auto-certification autour du concept clef de transparence (je dis ce que je fais et je fais ce que je dis). Certains refusent la standardisation d’une définition pour les vins nature car ils craignent la possible récupération par les industriels de cette dénomination. Nombreux sont les vignerons nature qui se sont affranchis du système des <a href="https://www.20minutes.fr/magazine/sent-bien-fruit-mag/3022711-20210416-mention-aoc-bouteille-vin-ca-change-quoi">AOP/AOC</a> (appellations d’origine protégée/contrôlée) considéré comme trop rigide afin de pouvoir expérimenter avec davantage de liberté. D’autres sont devenus des références au sein de leur appellation : Ganevat ou Overnoy dans le Jura, De Moor ou Derain en Bourgogne, Breton dans la Loire. La notoriété de certains vignerons nature a permis de remettre en lumière des régions viticoles comme le Beaujolais, le Jura, la Savoie ou encore l’Auvergne.</p>
<h2>Tendance ou mouvement de fond ?</h2>
<p>Les vignerons nature doivent utiliser des raisins biologiques. Selon les <a href="https://www.agencebio.org/observatoire-de-la-production-bio-nationale/">organismes certificateurs</a>, les vignobles certifiés totalisent 90 298 hectares en 2021 (sur les 750 000 hectares que compte le vignoble français), en hausse de plus de 13 % par rapport à 2020. Presque 70 000 hectares sont actuellement en conversion, ce qui signifie que 20 % de la superficie du vignoble français pourrait être certifiée biologique en 2024.</p>
<p><iframe id="NQQxD" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/NQQxD/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Contrairement aux vins certifiés biologiques, il est impossible de trouver des données fiables concernant le volume de production, de consommation, d’exportation ou même le nombre de domaines produisant des vins nature. Si l’on s’en tient aux informations disponibles sur les pages des fédérations, il y aurait un peu moins de 200 vignerons nature en France. Or certains <a href="https://www.vinsnature.fr/domaines">sites de vente en ligne</a> en recensent plus de 400. La majorité de ces vignerons travaillent sur de petits domaines, avec des productions limitées.</p>
<p>Plus de 80 % des volumes de vin vendus en France le sont toujours en supermarché, où l’on trouve peu de vins sans sulfites, encore moins de vins nature. Ceci s’explique en partie par la taille souvent limitée des domaines produisant du vins nature (il leur serait difficile de fournir une centrale d’achat nationale si toutefois ils en avaient l’envie, la plupart des vignerons nature ne souhaitant pas vendre en supermarché).</p>
<p>De par leur visibilité, les vins nature semblent pourtant omniprésents sur le marché. Certains producteurs, s’ils ne se fédèrent pas, se rassemblent dans des <a href="http://www.dive-bouteille.fr/la-playlist-de-la-dive/">salons nationaux</a> et <a href="https://www.rawwine.com/fairs">internationaux</a> de plus en plus prisés. Ils sont l’extrême pointe médiatique du marché du vin qui rompt avec la normalisation des appellations en France. L’esthétique nouvelle que l’on peut facilement distinguer sur la plupart des étiquettes de vin nature, brise les codes connus du vin. Les vins nature répondent à une recherche d’authenticité, de procédés plus transparents et d’une alimentation plus saine, plus respectueuse de l’environnement de la part des consommateurs.</p>
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<p>Pour les cavistes et les restaurateurs, le caractère limité des volumes de production oblige souvent à travailler sur allocation, et à payer des coûts de transport élevés pour de petits volumes, ce qui peut à terme faire émerger des problèmes de trésorerie. Le coût des vins nature représente également un frein à son expansion : les faibles volumes et les importants coûts de production impliquent des prix de vente élevés, et rares sont les références disponibles à moins de 10 euros la bouteille. D’autres questions se posent : la conservation des vins natures, moins ou pas sulfités serait plus problématique, les vins nature étant susceptibles d’être plus sensibles au transport ou aux variations de température.</p>
<p>S’il n’existe pas de définition légale du vin nature, le consommateur ne peut pas évaluer facilement la qualité des méthodes de production qui ont été utilisées. Le vin est régi par un cadre juridique qui prend en compte plusieurs aspects de sa composition, notamment sa teneur en alcool, en dioxyde de soufre et en acidité volatile. Un bon vin conventionnel se définit en général par l’absence de défauts. Or des défauts tels que la <a href="https://www.rue89lyon.fr/2015/02/18/pourquoi-le-vin-naturel-sent-il-le-cul-de-vache/">réduction</a>, l’oxydation, l’acidité volatile, les <a href="https://www.larvf.com/,brettanomyces-definition-dictionnaire-du-vin-vocabulaire-lexique,13178,4245381.asp">bretts</a>, ou le goût de souris peuvent être appréciés dans certains vins nature. Les critiques de vin traditionnels s’intéressent encore peu à cette catégorie. Si les défauts n’en sont plus nécessairement, comment déterminer si un vin nature est mauvais ?</p>
<h2>Esthétique nouvelle</h2>
<p>Des catégories à part entière, comme les pet’nat’ (pétillants naturels) ou les vins oranges (vin blanc de macération – un vin blanc fait comme un vin rouge) sont apparus sur les cartes des vins et chez les cavistes à l’initiative des vignerons nature. Les vins nature ont le droit de cité dans les plus grands restaurants du monde. Ces petites structures s’appuient en général sur des agents, qui distribuent les vins directement aux cavistes et aux restaurateurs, en circuit court, et leur permettent de capter de la marge.</p>
<p>L’élimination des intrants réintègre l’aspect exploratoire du vin : pas besoin de connaissance préalable lorsque chaque bouteille peut être abordée comme une surprise, le vin étant “vivant”. Le vin nature devient ainsi une porte d’entrée potentielle pour des consommateurs souvent effrayés par la complexité de la catégorie : les néoconsommateurs et les femmes. Cette absence de standardisation du goût renforce le besoin de conseil. C’est peut-être une des raisons qui justifient l’engouement des cavistes et des sommeliers : acheter un vin conventionnel en supermarché en se laissant guider par une marque bien connue et très constante dans son profil organoleptique ne nécessite pas autant de conseils que des vins « vivants ». Leur expansion dans le domaine de la gastronomie s’appuie sur un réseau de prescripteurs : cavistes, bistrotiers, cuisiniers, mais également sommeliers. Ces derniers, souvent jeunes, profitent de cette opportunité pour se distinguer de leurs collègues plus expérimentés, mais paradoxalement souvent moins connaisseurs de cette nouvelle catégorie de vin.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/or-et-argent-ces-couleurs-qui-nuisent-a-la-vente-en-ligne-du-vin-133460">Or et argent… ces couleurs qui nuisent à la vente en ligne du vin</a>
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<h2>Effort de transparence</h2>
<p>Qu’il s’agisse d’une tendance ou d’un mouvement de fond, le vin nature fait pour le moins bouger les lignes, et fait des émules. Gérard Bertrand, important négociant languedocien réutilise le langage et la simplification des codes en produisant un vin orange biologique sans indication d’origine (Vin de France) et promeut une <a href="https://www.gerard-bertrand.com/collections/naturae">gamme de vins</a> sans souffre ajouté et sans additif.</p>
<p>La <a href="https://www.sitevi.com/SITEVI/Actualites-du-SITEVI/2023-les-nouvelles-regles-pour-l-etiquetage-des-vins">nouvelle réglementation européenne</a> relative à l’étiquetage des vins applicable dès décembre 2023 (déclaration nutritionnelle et liste des ingrédients) permettra d’atténuer l’asymétrie d’information jusque-là prégnante dans l’industrie. L’effort de transparence des vins nature sera ainsi mis en lumière pour tous les consommateurs, qui pourront comparer les ingrédients oenologiques de leurs vins conventionnels avec leur absence dans leurs pendants nature.</p>
<p>Le vin nature apparaît comme l’un des futurs de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/industrie-viticole-108443">l’industrie vitivinicole</a>, car il répond à une demande des consommateurs (santé, transparence, circuits courts, respect de l’environnement) qui passe notamment par la réduction des intrants et en particulier des sulfites. Le rôle des pouvoirs publics sera déterminant dans les années à venir pour permettre d’étudier avec précision (et chiffres à l’appui) l’ampleur du phénomène. Il conviendra également de suivre l’engouement des importateurs pour les vignerons nature superstars. Il est évident que l’impact de ce mouvement sur l’industrie ne se fera pas via l’effet volumique ni via le nombre de consommateurs, mais parce qu’il constitue la pointe médiatique et incarne la direction que doit prendre l’industrie dans son ensemble pour relever les défis de demain.</p>
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<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187191/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La tendance aux vins sans intrants constitue un levier de développement prometteur pour l’industrie dans une période de baisse globale de la consommation.Magalie Dubois, Doctorante en Economie du vin, Burgundy School of Business François Pariseau, Auxiliaire de recherche, Université de Sherbrooke Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1559692021-03-03T17:56:17Z2021-03-03T17:56:17ZPression foncière, verdissement, révolution cellulaire : les ingrédients de l’agriculture de demain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/387461/original/file-20210303-15-1sn556l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/MOwl8X32SNI">Ngobeni Communications/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Covid-19 oblige, le Salon international de l’agriculture n’aura pas eu d’édition 2021… mais les sujets de débat et d’interrogation autour du devenir agricole ne manquent pas !</p>
<p>L’agriculture connaît des mutations rapides qui questionnent sur ses possibles évolutions : quels sont les tendances émergentes et les scénarios prospectifs que l’on peut imaginer pour un secteur qui semble peser peu en matière d’emploi mais dont l’importance est majeure dans notre quotidien et notre économie ?</p>
<p>Ce travail de prospective n’a rien de la cartomancie : il s’appuie <a href="http://www.laprospective.fr/methodes-de-prospective.html">sur des outils et des méthodes logiques</a>, rationnelles, permettant de dégager des « futurs probables ». Un des éléments clés de la discipline consiste à prendre en compte les signaux faibles présents, dont certains sont annonciateurs de possibles évolutions, voire de révolutions.</p>
<p>Tout l’enjeu étant d’arriver à distinguer, parmi ces signaux, ceux vecteurs de changements importants. En complément, une analyse portant sur l’historique et les tendances lourdes du présent permet de dessiner des pistes et tendances probables.</p>
<p>C’est la combinaison de tous ces points qui permet d’esquisser des scénarios prospectifs pour le futur.</p>
<h2>Une seule planète (en surchauffe)</h2>
<p>Parmi les premiers éléments concernant l’évolution de l’agriculture, certains font consensus.</p>
<p>Il y a d’abord la dimension démographique : nous serons, selon les estimations de différents organismes, autour de 10 milliards d’humains sur la planète en 2050 (entre 9 et 12 milliards <a href="https://population.un.org/wpp/">selon la fourchette retenue</a>). Cela va évidemment constituer un défi en matière de production et de logistique ; mais cela représente aussi une opportunité pour nombre d’acteurs agricoles et de filières agroalimentaires. Une sorte de garantie d’un marché mondial en progression régulière.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/8-milliards-dhumains-sommes-nous-trop-nombreux-sur-terre-81225">8 milliards d’humains : sommes-nous trop nombreux sur Terre ?</a>
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<p>Dans ce contexte, un des défis prévisibles concerne un possible goulet d’étranglement côté production. On sait que l’augmentation de la population implique une urbanisation croissante, avec un étalement qui se produit souvent au détriment des terres agricoles (c’est le phénomène d’<a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/artificialisation-sols-quelle-dynamique">« artificialisation des sols »</a>). La France perdrait ainsi l’équivalent d’un département <a href="https://www.science-et-vie.com/nature-et-enviro/urbanisation-contre-terres-agricoles-la-france-en-pleine-guerre-des-sols-41853">tous les 10 ans</a>.</p>
<p>La conséquence est facilement imaginable : comment nourrir plus d’humains alors que la <a href="http://www.fao.org/3/CA1553FR/ca1553fr.pdf">ressource en terres diminue</a> ? Si <a href="https://theconversation.com/fr/topics/agriculture-urbaine-25614">l’agriculture urbaine ou verticale</a> peut apporter des réponses, celles-ci restent toutefois partielles face à la demande globale.</p>
<p>Autre élément majeur : le réchauffement climatique et son cortège d’effets perturbateurs pour les écosystèmes. Certaines régions vont devenir de plus en plus arides alors que d’autres seront gagnées par une inéluctable montée des eaux. Cette situation aura pour double conséquence une pression foncière accrue (il faudra bien reloger les populations) et des terres arables perdues ou rendues impropres à la production agricole. <a href="http://www.fao.org/3/a-i6881f.pdf">Selon la FAO</a>, cela pourrait entraîner à terme une modification de notre mix alimentaire, avec davantage de protéines végétales consommées et moins de protéines animales.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1231979600294694912"}"></div></p>
<h2>Des champs plus verts</h2>
<p>Autre élément tangible : la conscience écologique, qui progresse et s’invite désormais dans les programmes politiques et les orientations agricoles. Il en résulte un « verdissement » des politiques du secteur (à l’image du <a href="https://ec.europa.eu/info/food-farming-fisheries/sustainability/sustainable-cap_fr">Green Deal de la prochaine PAC</a>) et des objectifs plus ou moins contraignants, associés à une demande de produits plus respectueux de l’environnement de la part des consommateurs.</p>
<p>Pour le dire de façon caricaturale (une large palette de pratiques existant), les cultures de type bio vont continuer leur progression. On peut s’en féliciter tout en ayant conscience que cela peut parfois impliquer une baisse des rendements ou une plus grande variabilité de la production. La volatilité des marchés agricoles, tant côté volume que prix, demeurera ainsi certainement une problématique essentielle.</p>
<p>Dans un <a href="https://agriculture.gouv.fr/telecharger/109015?token=97bdecb42c925fd3441c17479801f7b42842834dea845118593e9af75f8fcfc1">document paru en 2020</a>, le ministère de l’Agriculture avait envisagé quatre scénarios prospectifs à ce sujet, en fonction de l’articulation entre écologie, libéralisation des marchés agricoles et circuits de production/distribution. Une ligne de crête se dessine, à condition de jouer sur quelques paramètres importants : l’évolution des pratiques culturales des agriculteurs, une évolution des habitudes de consommation (au niveau des circuits et des produits) et un nouvel équilibre productif à trouver entre volumes/prix/types de production.</p>
<h2>La « révolution cellulaire » est-elle en marche ?</h2>
<p>Ces différents scénarios nous conduisent à évoquer une tendance émergente dans le domaine agricole, qui dessine peut-être un virage important. Alors que l’agriculture connaît des évolutions techniques continues (on améliore les semences, les machines, le travail humain), une possible révolution scientifique émerge, en lien avec des tendances sociétales nouvelles.</p>
<p>Il s’agit de « l’agriculture cellulaire », fruit de différentes innovations scientifiques permettant de proposer, par exemple, de la viande ou du lait de synthèse. En 2013, un premier steak est produit en laboratoire… au coût exorbitant de 45 000 euros ! Depuis, les avancées se sont multipliées et l’on a vu <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/02/singapour-autorise-la-vente-de-viande-artificielle-une-premiere-mondiale_6061926_3244.html">apparaître fin 2020 à Singapour</a> les premiers morceaux de poulet de synthèse, développés par Eat Just et vendus autour de 60 dollars.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1122718732143464455"}"></div></p>
<p>À l’heure actuelle, ce sont près de 500 sociétés, en général des start-up, qui travaillent sur des projets de produits alimentaires de synthèse : viande (Future Meat, Mosa Meat, Just, Aleph Farm, Memphis Meats), lait (Remilk), glaces (Perfect Day), produits associant légumineuses et viandes, etc.</p>
<p>De nombreux entrepreneurs de renom – dont beaucoup de la Silicon Valley à l’image de Sergey Brin (Google) ou de Bill Gates – ne s’y trompent pas et se sont rués dans ce secteur, pensant avoir découvert un nouvel eldorado. Les investissements affluent, accélérant le développement de cette agriculture de synthèse.</p>
<p>Pour certains, il s’agit d’une solution potentiellement magique aux problèmes et goulets d’étranglement évoqués plus haut. D’autres y voient une <a href="https://www.inrae.fr/actualites/viande-vitro-voie-exploratoire-controversee">fuite en avant technologique</a> qui ne résout pas tous les problèmes, notamment ceux relatifs au réchauffement climatique (il faut beaucoup d’énergie pour produire des aliments de synthèse) ou à la production de masse (les laboratoires ne sont pas encore en mesure de produire de façon industrielle) ; le passage à l’échelle (la « scalabilité ») du modèle semble encore illusoire.</p>
<p>Dans la perspective de cette agriculture cellulaire, nous pourrions nous passer à la fois des terres agricoles et des paysans qui les exploitent. Une sorte d’agriculture « hors sol », faite en labos et salles blanches.</p>
<p>Assisterons-nous dans les prochaines années, les prochaines décennies, à un basculement impulsé par cette révolution technologique ? Sachant qu’une autre bataille se jouera dans les rayons et étals de supermarchés : les consommateurs seront-ils prêts en effet à faire évoluer leur alimentation en soutenant, par leurs achats, une agriculture technologique et moins « terrienne » ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155969/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Xavier Hollandts ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans un secteur agricole en plein questionnement face aux défis conjugués du changement climatique et des attentes sociétales, des tendances se dessinent.Xavier Hollandts, Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1551592021-02-11T20:31:20Z2021-02-11T20:31:20Z« Retour sur… » : Grippe aviaire, peste porcine, Covid-19… Pourquoi tant d’épidémies dans les élevages ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/383802/original/file-20210211-19-oq8dqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Élevage de canards dans les landes.</span> <span class="attribution"><span class="source">GAIZKA IROZ / AFP</span></span></figcaption></figure><p><em><strong>« Retour sur… »</strong>… un podcast pour décrypter l’actualité avec les expert·e·s.</em></p>
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<p>Porcs, canards ou visons abattus par millions pour éviter la propagation d’épidémies de peste porcine, de grippe aviaire ou plus récemment de Covid-19. Les élevages sont régulièrement touchés et décimés par ces vagues épidémiques. Le sont-ils davantage que par le passé ? Ces épidémies sont-elles liées à un type d’élevage en particulier ?</p>
<p>Le vétérinaire et virologiste Daniel Marc (Inrae/Université de Tours) nous donne des éléments de réponse, en revenant notamment sur la propagation de la peste porcine africaine dans les années 2000 en Europe et en Asie. Il nous explique qu’une épidémie animale, « c’est un peu comme un feu de forêt qu’il faut arrêter au plus vite ».</p>
<p>Pour aller plus loin, retrouvez les références sur les épidémies animales évoquées dans le podcast :</p>
<ul>
<li><a href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/64244/AVF_1992_3_339.pdf?sequence=1">La fièvre aphteuse</a> </li>
<li><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12531346/">La rage en France</a></li>
<li><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24735092/">La tuberculose bovine en France</a></li>
<li><a href="https://www.mdpi.com/1999-4915/11/7/672">La fièvre catarrhale ovine (blue tongue)</a></li>
<li><a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/tbed.12264">La peste porcine africaine en Sardaigne</a></li>
<li><a href="https://www.fas.usda.gov/data/vietnam-vietnam-african-swine-fever-update-0">La peste porcine africaine au Vietnam</a></li>
<li><a href="https://www.oie.int/fileadmin/Home/eng/Animal_Health_in_the_World/docs/pdf/Disease_cards/ASF/Report_47_Global_situation_ASF.pdf">Rapport de l’OIE sur la situation mondiale de la peste porcine africaine (2016-2020)</a></li>
<li><a href="https://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/portail-sur-linfluenza-aviaire/">La grippe aviaire</a></li>
<li><a href="http://www.filiere-laitiere.fr/fr/chiffres-cles/filiere-laitiere-francaise-en-chiffres">La filière laitière en France</a></li>
<li><a href="https://science.sciencemag.org/content/371/6525/172">Le SARS-CoV-2 dans les élevages de visons</a></li>
<li><a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/tbed.12650">La maladie hémorragique du lapin</a></li>
</ul>
<iframe src="https://player.acast.com/retour-sur/episodes/grippe-aviaire-peste-porcine-covid-19-pourquoi-tant-depidemi" frameborder="0" width="100%" height="110px" allow="autoplay"></iframe>
<p><a href="https://open.spotify.com/episode/5LOHN7wAyiPejYiT1l3CAl?si=Zk78685vRkyvUbUZyvdqew"><img src="https://images.theconversation.com/files/321535/original/file-20200319-22606-1l4copl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=1" width="268" height="70"></a>
<a href="https://soundcloud.com/theconversationfrance/grippe-aviaire-peste-porcine"><img src="https://images.theconversation.com/files/359064/original/file-20200921-24-prmcs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=218&fit=crop&dpr=2" alt="Listen on SoundCloud" width="268" height="80"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/grippe-aviaire-peste-porcine-covid-19-pourquoi-tant/id1552192504?i=1000508497558"><img src="https://images.theconversation.com/files/321534/original/file-20200319-22606-q84y3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=182&fit=crop&dpr=1" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
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<p><em>Conception, Jennifer Gallé. Production, Romain Pollet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155159/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Les épidémies touchant les animaux semblent se multiplier, entraînant des abattages massifs. A-t-on affaire à une épidémie d’épidémies dans les élevages ?Jennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1542012021-02-03T20:19:09Z2021-02-03T20:19:09ZPourquoi les entreprises déjà engagées dans la RSE deviennent-elles aussi des « sociétés à mission » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/381971/original/file-20210202-19-kz83rc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=231%2C186%2C794%2C600&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Afin d’aller plus loin dans l’affirmation de ses engagements en termes de RSE, la MAIF a acquis le statut de société à mission.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Vincent NGuyen / MAIF</span></span></figcaption></figure><p>Le statut de « société à mission », défini depuis 2019 par la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte, est censé permettre de redessiner les contours de la contribution de l’organisation qui l’adopte à la société. Cette nouvelle forme d’engagement favorise l’articulation de l’impératif économique aux nécessités sociales et environnementales, et invite les entreprises à appréhender leur <a href="https://www.ademe.fr/expertises/produire-autrement/production-industrielle-services/passer-a-laction/dossier/performance-globale/quest-performance-globale">performance globale</a>.</p>
<p>Depuis que ce dispositif existe, certaines entreprises se sont dotées de ce nouveau statut juridique qui devient ainsi opposable, par exemple, aux actionnaires. Pour ces organisations, cela permet d’aller plus loin dans l’affirmation de leurs engagements en termes de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), dont les chartes n’ont pas de valeur juridique.</p>
<p>Dans ce contexte, certaines entreprises qui déclarent placer la RSE au cœur de leurs activités, comme la mutuelle d’assurance <a href="https://www.maif.fr/files/pdf/annexes/adherer-a-la-maif/statuts-maif.pdf">Maif</a>, la société de commerce en ligne <a href="https://www.camif.fr/lesbelleshistoires/la-camif-une-entreprise-mission-la-francaise.html">Camif</a>, ou en encore le fabricant de produits bio <a href="https://corporate-leanature.com/nous-y-croyons/lea-nature-entreprise-a-mission/">Léa Nature</a>, ont récemment franchi le pas.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">« La raison d’être » d’entreprises à mission « bisociées » à la RSE.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ces entreprises, les deux concepts, RSE et « société à mission » coexistent désormais et se renforce même dans certains cas.</p>
<h2>La MAIF, une entreprise « politique »</h2>
<p>À l’origine, la MAIF fut créée en 1934 pour proposer une alternative aux pratiques tarifaires des sociétés d’assurance de l’époque. Au départ, centrée sur les instituteurs, la MAIF a progressivement ouvert la base de son sociétariat et élargi ses offres.</p>
<p>Comme nous l’avons observé dans nos <a href="https://www.cairn.info/revue-entreprendre-et-innover-2018-4-page-84.html">travaux de recherche</a>, les évolutions stratégiques successives ont permis aux mutuelles de se différencier de ses concurrents : d’une organisation mutualiste avec objet social vers une responsabilité sociétale affirmée (RSE), celles-ci ont souhaité réaliser une étape supplémentaire dans leur engagement.</p>
<p>Cette singularité s’est même invitée dans les derniers plans stratégiques de la MAIF : engagement dès 2006 dans les objectifs du <a href="http://www.globalcompact-france.org">Global Compact des Nations unies</a>, <a href="https://www.ethifinance.com">évaluation de sa performance par Ethifinance</a> en 2010 ; puis par l’Association française de normalisation (<a href="https://www.afnor.org">Afnor</a>) en 2016, investissements prenant en compte depuis 2019 une analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), etc.</p>
<p>La formulation de sa mission en 2020 engramme cette expertise accumulée et les engagements successifs. De plus, le passage en société à mission ne constitue pas une finalité, mais bien une étape supplémentaire pour représenter sa performance globale dans laquelle celle-ci s’inscrit comme une <a href="https://entreprise.maif.fr/actualites/2019/publication-livre-pascal-demurger">organisation « politique »</a>. Le débat n’entend pas porter sur la primauté d’une démarche sociétale plus qu’une autre (RSE ou « société à mission ») mais plutôt sur l’articulation et la cohérence d’engagements sociétaux recherchées par la MAIF.</p>
<h2>La Camif, « société à mission » depuis… 2017</h2>
<p>Depuis 2009, la Camif a placé la RSE au cœur de son modèle. Pourtant animée par une stratégie de différenciation, sa démarche s’est inscrite rapidement dans la continuité d’un engagement de responsabilité sociale.</p>
<p>Alors qu’elle publie son premier rapport RSE en 2013 et qu’elle obtient la <a href="https://start.lesechos.fr/societe/environnement/comprendre-le-label-b-corp-en-5-questions-1175344">certification BCorp</a> en 2015, la Camif se dote à cette période de ce qui va préfigurer son comité à mission, une « Cellul’OSE ». Cette entité s’assure de l’articulation des orientations stratégiques avec les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de l’entreprise.</p>
<p>La volonté d’être un des acteurs du changement des modes de production et de consommation se concrétise par des actions symboliques qui avaient pris sens dans sa stratégie RSE : transparence sur l’origine des produits et leur lieu de fabrication, fermeture du site Internet pour le Black Friday, plaidoyer pour une TVA réduite pour des produits responsables à impacts positifs, promotion d’une plate-forme pour rénover, réparer ou recycler les meubles, etc.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1335856579858497539"}"></div></p>
<p>Nourrie par sa responsabilité sociale, la Camif avait déjà, dès 2017, inscrit une mission dans ses statuts alors que la loi Pacte n’était pas encore promulguée ! Devenue une société à mission en 2020 conformément aux dispositions légales, la Camif s’inscrit désormais dans une volonté d’organiser au mieux ses actions sociétales à l’aide de sa politique RSE appuyé par sa stratégie d’entreprise à mission.</p>
<h2>Léa Nature « grave dans le marbre » ses engagements</h2>
<p>Léa Nature est une entreprise agroalimentaire spécialisée dans la production de produits naturels et bio. Son leitmotiv est « agir en cohérence pour concilier économie et écologie ».</p>
<p>Depuis plus de 20 ans, Léa Nature s’est construite à travers une durabilité de l’ensemble de sa chaine de valeur. À travers une politique RSE forte, l’entreprise a pu diminuer son impact carbone, optimiser sa consommation énergétique, aider au développement de filières bio locales, etc. Léa Nature a ainsi versé 13,5 millions d’euros à 1 900 projets environnementaux avec le 1 % for the Planet.</p>
<p>L’entreprise a aussi créé la fondation Léa Nature/Jardin Bio dès 2011 afin de sensibiliser à des causes d’intérêt général. Enfin, en 2013 elle a pu obtenir le niveau excellence par <a href="https://www.ecocert.com/fr/home">l’organisme Ecocert</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1331183354797027329"}"></div></p>
<p>Pourtant, l’avènement de l’entreprise à mission en 2019 lui a permis d’élargir différemment la soutenabilité de son organisation. « Nous nous sentions déjà entreprise à mission depuis longtemps. La loi nous a juste permis de l’inscrire officiellement ».</p>
<p>Le DG de Léa Nature affirmant que « La loi Pacte nous permet de graver dans le marbre, c’est-à-dire dans nos statuts, notre mission environnementale. Nous essayons d’exercer cette mission au mieux depuis plus de 20 ans. Les engagements environnementaux ne sont plus une option mais une obligation pour nous ».</p>
<h2>Vers une performance globale ?</h2>
<p>Comment les concepts de RSE et société à mission peuvent-ils conjointement aider une entreprise à concevoir et à prendre en charge sa performance globale ? Cette question nécessite d’opérer un développement théorique au regard des pratiques de plus en plus prégnantes à ce stade. Le concept de <a href="https://www.cairn.info/les-grands-auteurs-en-management-de-l-innovation--9782847698121-page-615.htm">bisociation</a> formulé par l’essayiste Arthur Koestler nous permet d’apporter un éclairage sur les liens que peuvent entretenir société à mission et RSE.</p>
<p>Le lien entre les deux matrices de pensée, l’expertise opérationnelle en RSE et la formalisation de la qualité de société à mission, repose sur l’objectif commun d’une responsabilité élargie de l’entreprise pour réduire des externalités négatives et favoriser des externalités positives. Le lien repose aussi sur l’apport d’une démarche de RSE pour fixer et atteindre les objectifs sociaux et environnementaux que la société à mission aurait formalisés.</p>
<p>Penser par bisociation permet de dépasser les éventuelles mises en opposition des deux approches et la recherche de simples complémentarités ou synergies. Elle permet aussi de mieux comprendre pourquoi les deux concepts coexistent et s’entre-renforcent dans certaines entreprises.</p>
<p>Les trois exemples étudiés montrent avec acuité que les engagements RSE et le statut de « société à mission », loin d’être antinomiques, apparaissent complémentaires. S’emparer du dispositif prévu par la loi Pacte permet même d’affirmer un peu plus la volonté d’améliorer la performance globale visée par ces organisations. Ces exemples peuvent ainsi inspirer d’autres entreprises qui souhaitent renforcer leurs engagements.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154201/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Adopter le statut prévu dans la loi Pacte de 2019 renforce la performance globale des organisations affichant depuis longtemps leurs engagements sociaux et environnementaux. Trois cas l’illustrent.Thibault Cuénoud, Professeur associé en Economie, ExceliaPhilippe Schäfer, Professeur associé en sciences de gestion, ExceliaVincent Helfrich, Professeur, ExceliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1375052020-05-04T19:41:36Z2020-05-04T19:41:36ZConsommation : les intentions d’aujourd’hui ne seront pas forcément les comportements de demain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/331474/original/file-20200429-51474-w1swgi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C26%2C5955%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Entre ruée sur les supermarchés et engouement pour le drive ou les circuits courts, le confinement a provoqué des changements de consommation notables.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/4z0-2mQE7io">Martijn Baudoin / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La date du déconfinement, fixée au 11 mai, approche. C’est le moment d’engager une réflexion quant à l’évolution des comportements de consommation observée ces dernières semaines au niveau des commerces essentiels. Huit semaines de confinement contribueront-elles à rendre les consommateurs plus responsables et pourront-elles impacter durablement leurs comportements d’achats alimentaires ?</p>
<p>Les Français continueront-ils à privilégier ou fréquenter plus souvent les magasins de proximité et circuits courts, pour respectivement 22 % et 14 % des consommateurs (selon une <a href="https://mobeye-app.com/blog/covid-19-habitudes-achat/">étude</a> menée par l’institut d’études <a href="https://mobeye-app.com/">Mobeye</a>) ?</p>
<p>On peut estimer que les consommateurs continueront à acheter plus souvent et en plus grande quantité des produits bio et/ou des produits locaux (comme l’envisagent respectivement 17 % et 21 % des consommateurs selon une <a href="https://www.lsa-conso.fr/ces-changements-de-consommation-a-prevoir-apres-le-11-mai-etudes,347164">étude</a> menée par l’entreprise <a href="https://corporate.bonial.com/fr/entreprise">Bonial</a>). Par ailleurs, les Français plaident aujourd’hui, pour <a href="https://www.lsa-conso.fr/consommation-que-va-t-il-se-passer-apres-le-confinement,346389">38 % d’entre eux</a>, en faveur d’un retour de la production en France.</p>
<p>Depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, les circuits d’approvisionnement des Français et leurs paniers d’achat ont changé, comme le récapitule le tableau ci-dessous :</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=223&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=223&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=223&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=280&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=280&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/331329/original/file-20200429-51495-1dq1u1e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=280&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais ces perspectives seront-elles durables ? Il convient en effet de les relativiser en tenant compte des profils des consommateurs, notamment de leur sensibilité à la consommation socialement responsable (CSR) et de leur sensibilité aux prix. La <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/articlerevue/172-mieux-connaitre-le-consommateur-socialement-responsable.html">CSR</a> regroupe tous les comportements de consommation pour lesquels l’individu prend en compte les conséquences publiques de sa consommation privée et utilise son pouvoir d’achat pour induire des changements dans la société.</p>
<p>L’achat de produits locaux et/ou bio et le soutien aux petits commerces font partie intégrante de cette logique. <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/articlerevue/1890-mieux-comprendre-l%E2%80%99image-du-consommateur-responsable-de-la-personne-id%C3%A9ale-aux-st%C3%A9r%C3%A9otypes-n%C3%A9gatifs.html">Les prix</a> des produits responsables sont toutefois généralement plus chers.</p>
<p>Il en est de même des prix des circuits de proximité ou courts comparativement à ceux des grandes surfaces et du drive. Il peut ainsi exister un <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-organisation-responsable-2017-1-page-17.htm">écart</a> entre les intentions comportementales déclarées des consommateurs et leurs comportements responsables effectifs – un des freins majeurs étant effectivement le prix et la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/002224379303000208">sensibilité</a> des consommateurs aux prix qui représente le degré avec lequel ils font des efforts pour trouver des prix bas.</p>
<h2>Le retour des contraintes antérieures</h2>
<p>L’approche croisée de ces deux concepts laisse ainsi apparaître moins une tendance univoque que plusieurs segments de consommateurs aux problématiques quotidiennes bien différentes.</p>
<p>Pour ceux qui avaient déjà adopté des comportements de consommation responsables et qui resteront peu ou moins sensibles au prix, l’expérience vécue contribuera probablement à légitimer plus encore ou à renforcer leurs comportements antérieurs (fréquentation de circuits de proximité ou courts, achats de produits biologiques et/ou locaux).</p>
<p>Il n’est par contre pas sûr que les convertis de circonstance puissent les reproduire durablement même s’ils adhérent (désormais) à leurs valeurs sous-jacentes (respect de l’environnement, soutien aux petits producteurs, qualité des produits, etc.).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1253309074726420480"}"></div></p>
<p>Dès leur déconfinement, la plupart d’entre eux seront à nouveau confrontés à leurs contraintes d’emplois du temps (vies privées et professionnelles), qui favorisent les achats groupés en grandes surfaces, et/ou à des contraintes <a href="https://www.lsa-conso.fr/xxx,345740">financières</a>, qui limiteront leurs comportements d’achat responsables. Il en sera de même pour les consommateurs qui ont choisi, ou ont été contraints, de continuer à fréquenter les hyper et supermarchés pendant la crise.</p>
<h2>Craintes sur le pouvoir d’achat</h2>
<p>Le confinement a en effet exacerbé la sensibilité aux prix des consommateurs qui, pour beaucoup, ont eu l’impression que cette période a impacté à la hausse leurs dépenses. Dans les faits, ils ont effectivement acheté plus de produits pour stocker (avec une hausse du <a href="https://www.iriworldwide.com/IRI/media/IRI-Clients/International/fr/IRI_VISION_ACTUALITE-S14-2020-PGC-PFT_FINAL.pdf">panier moyen</a> de 89 % pour un trafic en baisse de 48 %) et faire face aussi à une augmentation des repas pris à domicile dans un contexte de fermeture des établissements scolaires, restaurants et de télétravail ou de chômage partiel.</p>
<p>De surcroît, ils ont été contraints parfois d’acheter des produits plus qualitatifs que d’habitude dans des rayons de grandes surfaces dévalisés, ou dans des circuits de proximité ou courts. Ils n’ont pas pu en également bénéficier de promotions prix stoppées dès le début du confinement.</p>
<p>Sur le plan de la perception, les prix ont augmenté pendant le confinement selon les consommateurs, même si ce n’est objectivement pas le cas : <a href="https://www.lineaires.com/la-distribution/covid-19-la-peur-du-lendemain-fait-ressurgir-le-critere-prix?sso=1587558802">55 % le pensent</a> alors que les panélistes pointent une <a href="https://www.lsa-conso.fr/toujours-pas-d-inflation-sur-les-pgc-selon-iri,346974">stabilisation globale</a>, hormis pour certains produits tels les fruits et légumes (<a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/coronavirus-pourquoi-le-prix-des-fruits-et-legumes-a-augmente-1197143#utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=sr_industrie-20200422">hausse moyenne de 9 %</a>), en raison d’un référencement plus important de produits nationaux et locaux pour assurer les approvisionnements et soutenir les filières.</p>
<p>Enfin, beaucoup de Français ont peur de l’impact de la pandémie sur leur pouvoir d’achat (perte d’emploi partielle ou totale) (56 % anticipent une <a href="https://www.lsa-conso.fr/coronavirus-les-francais-vont-continuer-a-retreindre-leurs-achats,346789">baisse de leurs revenus</a>) et sont <a href="https://www.lsa-conso.fr/coronavirus-les-francais-sont-plus-pessimistes-que-le-reste-du-monde,344830">très pessimistes</a> sur la reprise économique.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/trois-arguments-qui-laissent-penser-quil-ny-aura-pas-dinflation-apres-la-crise-136278">Trois arguments qui laissent penser qu’il n’y aura pas d’inflation après la crise</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Dans ce contexte, les enseignes de la grande distribution communiquent actuellement sur le <a href="https://www.lineaires.com/la-distribution/qui-bloque-les-prix-de-ses-mdd-et-jusqu-a-quand?sso=1588142574">gel des prix</a> des produits de marques nationales ou de marques de distributeurs (MDD). Cela sera-t-il suffisant pour rassurer les consommateurs dont les contenus et montants des paniers d’achats ont changés, brouillant ainsi leurs repères et les <a href="https://www.cairn.info/revue-recherches-en-sciences-de-gestion-2018-2-page-47.htm">images-prix</a> qu’ils ont des enseignes ?</p>
<p>Ne devront-elles pas continuer aussi à s’adapter à la diversité des profils de leur clientèle pour permettre aux plus sensibles aux prix de maîtriser leurs dépenses, tout en accompagnant ceux qui le pourront économiquement vers des achats plus « responsables » ?</p>
<h2>La carte de la RSE et de la proximité</h2>
<p>Les prix et les <a href="https://www.lsa-conso.fr/coronavirus-comment-continuer-et-valoriser-les-promotions,345330">promotions</a>, les <a href="https://www.lsa-conso.fr/les-vraies-raisons-du-rebond-du-bio-pendant-la-crise-du-coronavirus,347204">offres de MDD</a> engagées notamment dans le bio ou le « made en France », ou encore leurs actions concertées de soutien réel aux producteurs locaux, régionaux et/ou nationaux, pourront être des leviers importants. Il leur faut toutefois au préalable continuer de rassurer les clients sur les mesures sanitaires mises en place durablement dans <a href="https://www.lsa-conso.fr/trafic-magasin-et-mesures-sanitaires-les-deux-preoccupations-du-deconfinement-etude,346939">leurs magasins physiques</a> et leurs <a href="https://www.lineaires.com/la-distribution/covid-19-les-drives-rassurent-sur-la-securite-sanitaire?sso=1587535233">drives</a>. Certains consommateurs ont encore peur, à l’heure actuelle, de <a href="https://www.lsa-conso.fr/etude-comment-les-francais-vont-ils-se-comporter-apres-le-deconfinement,347049">toucher</a> les produits en magasins.</p>
<p>Carrefour teste par exemple des <a href="https://www.lsa-conso.fr/carrefour-belgique-adapte-son-sas-de-desinfection-a-l-hypermarche,347109">portiques désinfectants</a> à l’entrée de ses magasins.</p>
<p>Quant aux acteurs des circuits de proximité et courts, il conviendrait peut-être qu’ils rappellent à leurs clients convaincus, solidaires, ou opportunistes les moins sensibles au prix, de ne pas oublier leurs engagements et de continuer à les soutenir dans leurs actes d’achat.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1247644751773474817"}"></div></p>
<p>Ces différentes actions constituent autant d’opportunités pour les commerçants de valoriser leur <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/IJRDM-12-2018-0262/full/html">image RSE</a> (responsabilité sociétale de l’entreprise) sur les volets respect des salariés et de la santé des consommateurs notamment. Elles leur permettraient aussi de répondre aux attentes des consommateurs à la recherche de <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2009-1-page-121.htm">proximité</a>, qui, conceptuellement et dans le contexte actuel, peut prendre différentes formes :</p>
<ul>
<li><p>Proximité d’accès : facilité et praticité, dont accès à des commerces au plus près de chez soi,</p></li>
<li><p>Proximité fonctionnelle : efficacité pour faire ses courses,</p></li>
<li><p>Proximité relationnelle : interrelations avec le personnel de vente,</p></li>
<li><p>Proximité identitaire : adhésion aux valeurs du commerçant, perçu comme un acteur social,</p></li>
<li><p>Proximité de processus : fonctionnement du magasin garant de la qualité des produits ou du service, dont la mise en place de mesures sanitaires rassurantes.</p></li>
</ul>
<p>La valorisation de leurs engagements et actions en matière de RSE et de proximité pourraient permettre aux acteurs de la distribution alimentaire de renforcer les <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2012-3-page-16.htm">relations avec leurs clients</a>, clef majeure de leur <a href="https://www.association-etienne-thil.com/wp-content/uploads/2018/01/2008-Corporate-Social-Responsibility-of-Retail-Companies.pdf">fidélisation</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137505/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les craintes sur le pouvoir d’achat pourraient notamment démentir les intentions des Français qui souhaiteraient désormais privilégier les circuits courts, le bio ou les produits locaux.Cindy Lombart, Professeure de marketing, AudenciaBlandine Labbé-Pinlon, Professeur de Marketing, AudenciaDidier Louis, Maître de conférences, techniques de commercialisation, IUT de Saint-Nazaire, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1323782020-02-26T20:23:28Z2020-02-26T20:23:28ZPourquoi les consommateurs aiment le bio mais en achètent peu ?<p>Le marché français du bio alimentaire pèse 9,7 milliards d’euros en 2018 et est en <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/06/DP-AGENCE_BIO-4JUIN2019.pdf">croissance de plus de 15 %</a> par rapport à l’année précédente.</p>
<p>Le dernier <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2020/02/AGENCE-BIO-DOSSIER-DE-PRESSE-BAROMETRE-2020-def.pdf">baromètre de l’Agence bio</a>, dont les résultats ont été dévoilés jeudi 20 février, montre que ce sont près de neuf Français sur dix (89 %) qui consomment des produits biologiques en 2020 contre un peu plus d’un sur deux en 2003, année de la première édition.</p>
<p>La perception des produits bio semble faire <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2020/02/AGENCE-BIO-DOSSIER-DE-PRESSE-BAROMETRE-2020-def.pdf">consensus en France</a> : 87 % des Français considèrent qu’ils contribuent à préserver l’environnement et 82 % pensent qu’ils sont meilleurs pour la santé.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution de la part de consommateurs de produits biologiques en France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/Rapport_Barometre_Agence-Bio_fevrier2019.pdf">Agence Bio</a></span>
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<h2>Un écart entre croyance et consommation</h2>
<p>Pourtant le bio ne représente que 4,4 % de la consommation générale de produits alimentaires en 2017 et la fréquence de consommation demeure faible. Seuls 14 % des Français consommeraient bio quotidiennement et 25 % auraient une consommation diversifiée, c’est-à-dire régulière et variée de produits biologiques, selon <a href="https://www.anses.fr/fr/content/inca-3-evolution-des-habitudes-et-modes-de-consommation-de-nouveaux-enjeux-en-mati%C3%A8re-de">l’étude INCA 3</a> de 2017. Comment expliquer un tel écart entre des croyances positives à l’égard du bio et une consommation quotidienne assez faible ?</p>
<p>Une <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/articlerevue/2081-le-bio,-c%E2%80%99est-bien-mais-tr%C3%A8s-peu-pour-moi%20-comprendre-les-strat%C3%A9gies-de-neutralisation-des%20consommateurs-occasionnels-et-des-non-consommateurs.html">étude qualitative</a> publiée dans la revue de recherche <em>Décisions Marketing</em> s’est intéressée spécifiquement à ces consommateurs occasionnels et non consommateurs de produits alimentaires bio, qui représentent respectivement 42 % et 11 % de la population française.</p>
<p>À travers l’analyse de 25 entretiens, elle a permis d’identifier cinq types de discours que les Français utilisent pour conserver une cohérence cognitive entre une appréciation globalement positive des effets du bio sur la santé et des comportements qui s’en éloignent.</p>
<p><strong>1. « Le bio théorique oui, le bio pragmatique, non ! »</strong></p>
<p>L’analyse de ce type de discours fait ressortir une distinction forte entre, d’une part, un bio « théorique » (ce qu’il devrait être) et, d’autre part, un bio « pragmatique » (ce qu’il est réellement, le bio labellisé). C’est sur cette réalité commerciale des produits biologiques que s’opère une relativisation du bénéfice des produits bio sur la santé, voire un déni. L’association mentale entre le bio et ses effets bénéfiques sur la santé existerait bien, mais serait questionnée dans le contexte marchand actuel.</p>
<p><strong>2. « Je m’interroge sur les pratiques agricoles, commerciales et de labellisation »</strong></p>
<p>Trois types de pratiques sont aujourd’hui mises en cause par les consommateurs :</p>
<ul>
<li><p>les pratiques agricoles qui ne permettraient pas d’obtenir un produit « 100 % bio » : est-il possible de produire sans traitement, de contrôler l’effet de facteurs exogènes comme la pollution de l’air ou des champs voisins ?</p></li>
<li><p>Les pratiques commerciales qui confrontent deux formes d’acteurs : d’un côté, ceux qui profiteraient de l’engouement pour le bio pour accroître leurs marges (grande distribution principalement) et, de l’autre, les consommateurs qui se feraient duper.</p></li>
<li><p>Enfin, les pratiques de contrôle mises en œuvre par les organismes de labellisation, qui soulèvent un certain scepticisme.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pourquoi les Français sont parfois sceptiques quant aux produits bio.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/AgenceBio-DossierdePresse-Barometre2019.pdf">Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France Agence BIO/Spirit Insight</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>3. « Mon plaisir ne passe pas par le bio »</strong></p>
<p>Le plaisir est un critère de choix prépondérant dans les achats alimentaires. Certains consommateurs occasionnels opposent des aliments bons, beaux et qu’ils peuvent manger quand ils en ont envie aux aliments bio, aux goûts différents, à l’aspect moins attirant et dont la production est soumise à des contraintes saisonnières.</p>
<p><strong>4. « Je voudrais bien acheter bio mais je ne peux pas »</strong></p>
<p>Certains consommateurs expliquent leur faible consommation par des éléments indépendants de leur volonté : le manque de moyens financiers principalement ou le manque de temps pour cuisiner ou pour s’approvisionner.</p>
<p><strong>5. « Je peux être en bonne santé autrement qu’en consommant bio »</strong></p>
<p>Le bio peut permettre d’être en bonne santé, mais est-ce suffisant ? N’existe-t-il pas d’autres moyens de parvenir aux mêmes fins ? Le bénéfice santé du bio est ainsi neutralisé de deux manières. D’abord, manger bio ne suffirait pas. D’autres actions seraient nécessaires pour être en bonne santé comme manger équilibré ou faire du sport. Ensuite, il serait possible de manger sainement, souvent à moindre coût, sans consommer bio. Comment ? Par l’achat de produits locaux. Et si le producteur est présent, personne qui inspire confiance de par sa proximité, c’est encore mieux !</p>
<p>Ces cinq discours sont souvent mobilisés simultanément et permettent aux consommateurs de faire coexister la norme « bio : bon pour la santé » avec des comportements qui s’en éloignent en la rendant non applicable au contexte marchand actuel (discours 1 et 2), au contexte individuel (discours 3 et 4) et en évoquant un objectif, être en bonne santé, qu’ils peuvent atteindre autrement (discours 5).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=103&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=103&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=103&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=129&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=129&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=129&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les principaux freins à la consommation de produits biologiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/AgenceBio-DossierdePresse-Barometre2019.pdf">Agence Bio</a></span>
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<h2>Déconstruire des biais cognitifs</h2>
<p>Réduire l’utilisation de ces croyances neutralisatrices n’est pas chose aisée. Chercher à contrer l’une d’entre elles pourrait en effet amener les consommateurs à se réfugier derrière d’autres. Néanmoins, plusieurs recommandations peuvent être formulées à destination des acteurs du développement de l’agriculture biologique en France et/ou des producteurs/fabricants d’aliments biologiques.</p>
<p>L’un des axes majeurs de réflexion vise à réduire l’écart entre « bio théorique » et « bio pratique » dans l’esprit de ces consommateurs. En lien avec les <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2018/2018_18_qualite_origine_produits_alimentaires.pdf">préconisations</a> du Conseil économique social et environnemental formulées en 2018, un plan de communication à visée informative répondant aux principaux arguments avancés par les consommateurs semblerait pertinent.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1009344194530496512"}"></div></p>
<p>La question des canaux de communication à utiliser serait un élément clé dans la mesure où ces consommateurs ne sont pas en recherche active d’informations sur le sujet. De leur côté, les producteurs/fabricants auraient également tout intérêt à ne pas se reposer que sur le label bio. Le <a href="https://theconversation.com/agriculture-bio-attention-au-fetichisme-du-label-73926">« fétichisme du label »</a> semble bien moins marqué auprès des consommateurs occasionnels et non consommateurs.</p>
<p>Montrer la complémentarité entre le bio et d’autres indicateurs du « bien manger » (le produit local, le circuit court, la vente directe et la qualité nutritionnelle) semblerait aussi un levier important pour lever les confusions dans l’esprit des consommateurs. Plusieurs recherches ont, par exemple, montré l’existence d’associations erronées entre <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0767370115602851">« produit local et produit bon pour la santé »</a> ou entre <a href="https://cpb-us-e1.wpmucdn.com/blogs.cornell.edu/dist/4/3419/files/2014/12/Schuldt-Schwarz-2010-sh9lkp.pdf">« produit transformé bio et produit moins calorique »</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132378/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les Français avancent cinq raisons principales qui les détournent de ces produits malgré les qualités qu’ils leur reconnaissent.Aurélie Merle, Professeur de marketing et comportement du consommateur, Grenoble École de Management (GEM)Mathilde Piotrowski, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Jean Monnet, Saint-ÉtienneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1320482020-02-26T20:21:34Z2020-02-26T20:21:34ZMalgré le succès du bio, des travailleurs confrontés à la pénibilité et à l’incertitude<blockquote>
<p>« En bio, la terre est basse par rapport au conventionnel, le dos trinque. »<br> « Les clients ne se rendent pas compte de notre travail. Ils viennent nous dire qu’on a de la chance de travailler en plein air. Qu’ils viennent faire une journée avec nous, ils verront ! »<br> « Avoir 1 000 euros pour avoir le dos broyé, c’est cher payé ! »</p>
</blockquote>
<p>À lire ces propos d’agriculteurs et de salariés de l’agriculture biologique, on devine à quelles contraintes ces derniers font face dans un secteur en plein essor. <a href="https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/">En 2018</a>, 5 000 exploitations françaises se sont converties en bio, un niveau jamais atteint auparavant, portant à plus de 9 % la proportion de fermes certifiées.</p>
<p>Désormais, 5 % des achats alimentaires des Français sont issus de ce secteur. Et la production biologique représentait, en 2017, <a href="http://www.abiodoc.com/sites/default/files/2017_biblio-emploi-enab.pdf">10,8 % de l’emploi agricole</a> en France, soit un peu moins de 78 000 emplois (pour près de 32 000 fermes).</p>
<h2>Bon pour la santé et l’environnement</h2>
<p>L’agriculture biologique désigne un mode de production agricole répondant à un <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02007R0834-20130701&from=EN">règlement européen</a> de 2007 qui en fixe les grands principes. Un <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02008R0889-20181112&from=EN">règlement d’application</a> le complète ; ces textes doivent être respectés par chaque exploitation labellisée « bio » ou en cours de conversion.</p>
<p>L’usage de produits phytosanitaires est, par exemple, particulièrement limité, impliquant un travail physique important (il faut, par exemple, enlever les mauvaises herbes mécaniquement).</p>
<p>Aujourd’hui, les consommateurs sont friands de ces produits pour des raisons essentiellement sanitaires et environnementales. <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/Rapport_Barometre_Agence-Bio_fevrier2019.pdf">Selon l’Agence Bio</a>, en 2018, les consommateurs ou non-consommateurs estimaient majoritairement que :</p>
<blockquote>
<p>« L’agriculture biologique contribue à préserver l’environnement, la qualité des sols, les ressources en eau » (à 87 %) ;<br>« les produits biologiques sont meilleurs pour la santé » (à 83 %).</p>
</blockquote>
<p>Pour satisfaire ces attentes, les travailleurs de l’agriculture biologique sont-ils prêts à endurer des situations de travail demeurant difficiles et incertaines ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, nous nous appuyons sur une enquête réalisée entre 2013 et 2018 dans quatorze exploitations agricoles spécialisées dans la production de légumes bio, dans le Nord et le Pas-de-Calais. Mais aussi sur une quarantaine d’entretiens, près de 120 heures d’observations dans six exploitations agricoles et sur la constitution d’un corpus d’articles de presse sur les agriculteurs bio des deux départements.</p>
<h2>Un travail pénible (mais satisfaisant)</h2>
<p>L’une des tâches les plus importantes et les plus pénibles en maraîchage biologique concerne le désherbage, indispensable pour que les cultures poussent au mieux. Le travail se réalise à la main, à l’aide de binettes et nécessite des postures du corps spécifiques (accroupi, incliné). Par ailleurs, l’aspect chronophage de cette activité peut sembler aliénant, comme en témoigne cette technicienne du maraîchage bio :</p>
<blockquote>
<p>« Moralement, c’est difficile, on a l’impression que c’est des tâches qui n’avancent pas. Il y a le marché demain, faudrait récolter des tomates, il faut aller récolter les salades. Ça va faire une journée à rallonge. Le désherbage, c’est le plus difficile parce que moralement et physiquement c’est compliqué. »</p>
</blockquote>
<p>Pour contourner les difficultés de cette tâche, les agriculteurs ont recours à différentes techniques : le paillage, la mise plastiques à terre pour éviter l’enherbement, l’investissement dans des machines adaptées tel le lit de désherbage…</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation d’un outil ergonomique pour préserver le dos. (Agriculteurbio, 2017).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Un travail manuel intense</h2>
<p>Dans les exploitations agricoles (cinq sur le terrain d’enquête), les salariés embauchés le sont essentiellement pour désherber ou récolter. D’autres sont également employés pour le conditionnement des légumes, comme c’est le cas dans la production endivière. Ici, la préparation se déroule derrière une chaîne similaire aux lignes de montage de l’industrie :</p>
<blockquote>
<p>« En bout de chaîne, un salarié pose les endives sur une roue dentée qui tourne et coupe les racines. L’endive défile sur le tapis, un deuxième salarié la prend pour enlever les feuilles les plus abîmées, il la repose, le troisième en fait de même. Le quatrième pose l’endive dans une caisse. Lorsque celle-ci est remplie, elle est posée sur un deuxième tapis roulant. Le salarié qui est en bout de chaîne la réceptionne, la recouvre d’un papier noir, met un élastique, et la transporte pour l’empiler avec les autres. » (Observation réalisée en décembre 2016)</p>
</blockquote>
<p>Ce type de tâches est source de fatigue physique : le travail, effectué debout en posture fixe, est répétitif et peut être à l’origine de tendinites. Le bruit des machines est également perçu comme contraignant. En outre, les journées de travail sont quasiment dédiées à cette unique tâche.</p>
<p>Pourtant, cette pénibilité peut aussi être conçue comme un défi et <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00521474/document">revêt un certain sens</a> : désherber est vu comme noble car « c’est comme si je prenais soin des légumes » pour une salariée agricole interrogée ou encore, pour cet agriculteur : « On sait comment c’est produit. »</p>
<p>Bref, si ces tâches apparaissent pénibles, elles font aussi l’objet d’une <a href="https://www.decitre.fr/livres/les-agriculteurs-bio-vocation-ou-interet-9782870374948.html">forme de satisfaction</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/OemcjACOtzY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le travail dans une endiverie bio. (Eurletani/Youtube, 2012).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Les risques de la conversion en bio</h2>
<p>L’activité en agriculture biologique présente également pour nombre de travailleurs du secteur un caractère incertain.</p>
<p>Pour certains agriculteurs se convertissant à l’agriculture biologique après une activité en agriculture conventionnelle, la conversion peut être source de pénibilité physique car il faut remplacer le pulvérisateur de produits phytosanitaires par un travail plus manuel.</p>
<p>La conversion est également pourvoyeuse d’incertitude économique. Pour compenser cette difficulté, les agriculteurs peuvent choisir de ne <a href="https://bit.ly/380jtaL">convertir que certaines parcelles</a> tout en gardant une partie de leur production en non biologique.</p>
<p>Cela est toutefois perçu comme une prise de risque économique en raison des marchés et des difficultés techniques engendrées, notamment avec l’achat de matériel adapté. Une agricultrice, installée sur près de 70 hectares et convertie au bio depuis quelques années au moment de l’entretien, en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Sur quatre agriculteurs, trois ont fait un essai en betteraves rouges, et y en a un qui a fait directement six hectares de carottes. Donc tout de suite, gros risque quoi. […] Nous, on s’est plutôt plantés en betteraves rouges avec du matériel d’occasion. C’était assez difficile et au fil des années on s’est rendu compte qu’on n’a pas le même prix qu’en vente directe, les prix sont relativement bas. Il faut sortir du volume et avoir le bon matériel. »</p>
</blockquote>
<p>Travailler en bio implique donc ici de s’adapter rapidement à de nouvelles techniques de travail différentes de celles de l’agriculture conventionnelle.</p>
<h2>Du côté des <em>outsiders</em> de l’agriculture</h2>
<p>D’autres agriculteurs créent une exploitation agricole suite à une reconversion professionnelle. Ces structures sont plus petites que les précédentes, dépassant rarement les quinze hectares. Si certains travaillaient déjà dans des secteurs proches de l’agriculture (espaces verts, ouvriers agricoles), d’autres sont issus d’activités plus éloignées (secrétariat, informatique, éducation, par exemple). Ils doivent apprendre à faire face aux incertitudes du climat, à la relative méconnaissance de la gestion d’une ferme tout en écoulant leurs produits malgré la concurrence.</p>
<p>Pour toutes ces raisons, les premières années sont perçues comme étant les plus difficiles. Il leur faut articuler travail de production et de commercialisation, ce qui implique des semaines de travail pouvant culminer à 80 heures, sans la garantie d’en retirer une rémunération satisfaisante. Un agriculteur explique à ce propos ne gagner que <a href="https://hazebrouck.maville.com/actu/actudet_-Producteurs-bio-Philippe-et-Christophe-ont-la-passion-du-metier_loc-1732204_actu.Htm">450 euros par mois</a> mais « avoir fait vœu de pauvreté ». Un autre, venant de s’installer, assure que la <a href="http://flandres-artois.safer.fr/10-ans-apres-qu-est-il-devenu--Retour-sur-l-installation-d-un-agriculteur-bio.aspx">motivation est essentielle</a> et « qu’il ne faut pas compter ses heures et accepter de faibles revenus ».</p>
<p>Les salariés, quant à eux, sont principalement saisonniers. Leur temps de travail est irrégulier en fonction des besoins en main-d’œuvre et des aléas climatiques. Embauchés pour quelques semaines ou quelques mois, une partie d’entre eux sont des étudiants ou lycéens et travaillent durant les vacances scolaires. D’autres saisonniers alternent les périodes de chômage et les emplois saisonniers dans différents secteurs d’activité. Enfin, certains travaillent en été dans les champs et sont employés au conditionnement des légumes à partir de l’automne.</p>
<p>De fait, la grande majorité d’entre eux sont en CDD et l’accès à un CDI reste rare. Sur une centaine de saisonniers du terrain d’enquête, moins de dix ont pu accéder à ce statut. Ils ont été choisis en raison de leur ancienneté ou pour leurs compétences (réparation de machines, conduite de tracteurs, par exemple).</p>
<h2>Un déficit d’informations</h2>
<p>Les travailleurs de l’agriculture biologique font donc face à des conditions de travail difficiles et à un avenir relativement incertain. Si les travaux scientifiques traitant de ce sujet le soulignent déjà, on souffre également d’un déficit d’informations à propos des pratiques de travail en bio.</p>
<p>Il faudrait pouvoir répondre quantitativement à ces questions : quelles sont les maladies professionnelles les plus courantes dans ce mode de production ? Existe-t-il des risques professionnels spécifiques au bio ? Quelle est la durée moyenne d’un contrat de travail d’un saisonnier dans ce secteur ?</p>
<p>La réponse à ces différentes questions représente un chantier important et nécessaire à la meilleure connaissance d’une alimentation attirant toujours plus de consommateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132048/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Germain Bonnel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ce que nous révèle une vaste enquête, conduite entre 2013 et 2018, sur les personnes qui travaillent dans les champs de l’agriculture biologique française.Germain Bonnel, Doctorant en sociologie (laboratoire CeRIES), ATER à l'Université de Lille, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1179462019-06-17T21:00:40Z2019-06-17T21:00:40ZDéconsommation et scoring moral, est-ce bien éthique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/278924/original/file-20190611-32321-5eqoyn.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C1189%2C626&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://moralscore.org/">Moralscore.org</a></span></figcaption></figure><p>Comme l’illustre la pétition <a href="https://www.change.org/p/didier-guillaume-pas-de-tomate-bio-en-hiver-non-aux-serres-chauff%C3%A9es">« pas de tomates bio en hiver ! Non aux serres chauffées »</a> qui circule sur Internet, une nouvelle dynamique de consommation semble s’amorcer. Tout se passe comme si la montée de nouvelles <a href="https://www.lsa-conso.fr/l-ethique-guide-l-alimentation-des-francais-etude,269037">éthiques alimentaires</a> allait de pair avec une institutionnalisation des valeurs de la <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/la-de-consommation-nouvelle-forme-de-distinction-sociale-767667.html">déconsommation</a>.</p>
<p>La déconsommation est un comportement de consommation individuel qui vise à <a href="https://www.amazon.fr/Consommez-moins-pour-vivre-mieux/dp/2212569475">« consommer moins pour vivre mieux »</a>. Elle suit différentes logiques d’actions telles que : la <a href="https://espritminimaliste.com/pourquoi-jai-arrete-dacheter/">suppression</a> (on arrête d’acheter un produit), le <a href="https://www.ademe.fr/consommation-produits-dentretien-dhygiene-plus-ecologiques-surcout-cest-possible">remplacement ou le transfert</a> (on achète un produit jugé de meilleure qualité), l’<a href="https://www.20minutes.fr/economie/1462985-20141017-apres-fait-maison-mode-a-auto-production-chez">autoproduction</a> (faire soi-même plutôt que d’acheter), ou la <a href="https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/11/pour-respecter-nos-objectifs-il-faut-diminuer-de-moitie-notre-consommation-de-viande_5395903_1652612.html">réduction des quantités consommées et/ou achetées</a> (refus du gaspillage, quête de qualité, réduction des besoins). En se positionnant comme un déconsommateur, l’individu va réévaluer, en termes de coûts-bénéfices, un produit.</p>
<h2>Le scoring en plein essor</h2>
<p>Pour le consommateur, de nouveaux indicateurs voient le jour afin de l’aider dans ses choix quotidiens, comme avec le <a href="http://www.mangerbouger.fr/Manger-Mieux/Comment-manger-mieux/Comprendre-les-infos-nutritionnelles2/Le-Nutri-Score-l-information-nutritionnelle-en-un-coup-d-oeil">Nutri-Score</a> mis en place par le gouvernement français en 2016. Des start-up proposent de leur côté de scanner des produits pour nous aider à faire nos courses (<a href="https://yuka.io/">Yuka</a>, <a href="https://scanup.fr/">ScanUp</a>), et d’autres, comme <a href="https://moralscore.org/">Moralscore</a> visent à banaliser l’éthique, à en faire un critère de décision ordinaire lors du choix d’un produit ou d’un service d’une marque plutôt que d’une autre.</p>
<p>La start-up propose ainsi un « indicateur facile à utiliser au quotidien, afin de rendre plus éthique la vie de tous les jours », comme nous l’explique son co-fondateur <a href="https://www.linkedin.com/in/rafihaladjian/">Rafi Haladjian</a>. Moralscore va générer un « scoring éthique et moral » de l’entreprise, pour l’instant dans <a href="https://moralscore.org/about/">neuf secteurs d’activités</a> : se fournir en électricité, faire ses courses en ville, s’offrir une paire de baskets, choisir son smartphone, acheter de la tech en ligne, choisir un burger dans un fast-food, se faire livrer des repas, se faire conduire, voler pour pas cher.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278980/original/file-20190611-32342-x1xuim.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=429&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Capture d’écran de la page d’accueil du site Internet de Moralscore.org.</span>
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</figure>
<p>Ce scoring s’établit grâce à quatre catégories de critères : la catégorie de l’entreprise en elle-même (légalité, actionnaires, finance, import), celle de l’entreprise et du rapport qu’elle entretient avec ses salariés, celle de l’entreprise et de ses partenaires, et enfin celle de l’entreprise avec ses clients. Ces quatre catégories regroupent trois typologies d’indicateurs : traditionnels (environnement, social, condition et cadre de travail), pragmatiques (qualité de service et de prix) et « nouveaux » (usage des technologies, robotisation, etc.).</p>
<p>Moralscore ne contacte jamais les entreprises (ni en amont ni en aval de la réalisation du scoring). Elle compile les données accessibles de l’entreprise (sites Internet, informations boursières, rapports d’études, articles de presse, etc.) en optant pour une posture bienveillante : « si une entreprise communique sur son site Internet sur un sujet précis, nous allons considérer que c’est vrai, sauf à nous prouver le contraire », précise Rafi Haladjian.</p>
<h2>Injonctions paradoxales</h2>
<p>Ce système de notation, appliqué à l’ensemble des critères utilisés par Moralscore, permet d’objectiver une réalité non binaire (qui sont les gentils ? Qui sont les méchants ?) et contrastée de la capacité d’une entreprise à « être éthique » et en adéquation avec « notre morale ».</p>
<p>Par exemple, Ryanair est pionnière du low-cost en Europe et fait partie des 10 plus grosses compagnies aériennes dans le monde. Elle est réputée pour ses prix bas et sa ponctualité ; des critères qui la positionnent par Moralscore au troisième rang des entreprises éthiques dans son secteur d’activité, alors qu’« il s’agit d’une entreprise odieuse avec ses salariés. Elle interdit à ses collaborateurs de recharger leurs téléphones portables pour qu’ils ne lui volent pas de l’énergie ! », comme le rappelle Rafi Haladjian.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/279173/original/file-20190612-32347-upkb3d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ryanair, 3ᵉ du classement des entreprises éthiques établi par les utilisateurs de Moralscore.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Giannis Papanikos/Shutterstock</span></span>
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<p>Moralscore et ses 40 000 utilisateurs (chiffres communiqués par la start-up début juin 2019), qui ont créé leurs propres profils éthiques, mettent en exergue le caractère protéiforme de la morale dans la consommation : chaque individu dispose de sa propre « perception morale » de la consommation (l’échelle morale peut varier d’un individu à un autre).</p>
<p>Ainsi, Moralscore nous apprend que le critère le moins important est celui de la rémunération des actionnaires et que le plus important est celui de l’environnement, suivi de près par les conditions salariales. Cependant, étonnement pour Rafi Haladjian, la <a href="https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/02/27/protection-des-donnees-personnelles-les-retoquees-du-rgpd_5428742_1698637.html">protection des données personnelles</a> suscite peu d’intérêt, malgré l’engouement médiatique pour ce sujet.</p>
<h2>Communautés de moralité</h2>
<p>Mais consommer éthique n’est pas seulement une affaire de « bonne conscience » et de valeurs. Cela doit se traduire par une action concrète où le coût est une variable importante. « Personne n’est prêt à payer cher pour un mauvais service, même si l’entreprise est extrêmement vertueuse. Vous n’êtes alors que virtuellement vertueux », souligne Rafi Haladjian.</p>
<p>D’un point de vue anthropologique, nous observons que cette quête de bonne conscience dans la consommation peut engendrer des situations paradoxales conduisant à une incohérence entre les motivations (discours) de la déconsommation et la réalité de l’action : par exemple, <a href="https://www.lanutrition.fr/exclusif-81-daliments-ultra-transformes-dans-les-rayons-dietetique-100-dans-les-cereales-pour">consommer des produits très transformés mais estampillés diététiques</a>, ou encore <a href="https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/02/22/l-avion-plaisir-coupable-de-l-ecolo-voyageur_5426851_4497916.html">revendre sa voiture, mais augmenter ses trajets en avion</a>.</p>
<p>L’anthropologue canadien Raymond Massé, dans son ouvrage <a href="https://www.pulaval.com/produit/anthropologie-de-la-morale-et-de-l-ethique">« Anthropologie de la morale et de l’éthique »</a>, nous propose un cadre propice à notre réflexion : la déconsommation est-elle morale ? D’après lui, il convient davantage de s’interroger, non pas sur la morale (notion abstraite et relative) en tant que telle, mais sur les communautés de moralité afin d’identifier différentes typologies de morale en fonction de réalités également différenciées.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2VQIxo5dbiw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Anthropologie de la morale et de l’éthique », conférence de Raymond Massé à l’Université Laval (2015).</span></figcaption>
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<p>Cette vision s’inscrit en cohérence avec la dynamique amorcée par Moralscore à travers un profil personnalisé en fonction des individus. Suivant ce postulat, « toute pratique est moralement acceptable dans une culture donnée si elle est acceptée par les membres du groupe car <a href="https://youtu.be/2VQIxo5dbiw">ils la pratiquent de bonne foi »</a>, permettant ainsi de dédouaner les <a href="https://www.ledauphine.com/france-monde/2018/07/27/manger-de-la-pate-a-tartiner-le-summum-de-la-honte">non-adeptes de la déconsommation d’un point de vue sociétal</a>, ou encore de juger éthiques et/ou morales les <a href="https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/les-entreprises-les-plus-ethiques-reussissent-mieux/">nouvelles initiatives des industriels vis-à-vis de leurs clients</a>.</p>
<p>L’anthropologue interpelle cependant sur l’importance d’identifier les stratégies sous-jacentes aux actions déployées par les groupes sociaux. Par exemple, à travers le principe de gentivité, c’est-à-dire la capacité d’un groupe A à résister aux normes imposées par le groupe B, il convient de s’interroger sur le rôle de chacun (industriels, consommateurs) et sur les stratégies développées : principe de soumission stratégique aux normes sociales – ou de piété – pour se faire accepter ou pour se racheter une virginité morale à travers le processus d’entretien du statut moral.</p>
<h2>Les industriels comme prescripteurs</h2>
<p>On peut aussi observer de telles dynamiques chez les industriels et distributeurs qui <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/agroalimentaire-biens-de-consommation-luxe/le-business-de-la-transition-alimentaire-797906.html">deviennent prescripteurs de la déconsommation</a>, par exemple. Certains déploient en effet des initiatives qui semblent toujours plus vertueuses pour accompagner la déconsommation et par extension la <a href="http://www.agro-media.fr/actualite/30469-30469.html">transition alimentaire</a> : <a href="https://www.carrefour.fr/engagements/act-for-food"><em>Act For Food</em> de Carrefour</a>, <a href="https://www.candia.fr/les-laitiers-responsables/">Les Laitiers responsables de Candia</a>, <a href="https://www.culture-nutrition.com/2016/07/05/herta-se-vegetalise-vegetal/">Le bon végétal sous la marque Herta de Nestlé</a> (saucisse sans viande), etc.</p>
<p>D’autres stratégies, parfois moins visibles pour les consommateurs, viennent illustrer la tension, pour les acteurs de la filière, entre transition alimentaire et ouverture vers de nouveaux marchés lucratifs : le <a href="https://www.maddyness.com/2019/04/18/michel-et-augustin-rachat-danone/">rachat de Michel & Augustin par Danone</a>, le <a href="https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/07/a-quels-grands-groupes-appartiennent-les-differentes-enseignes-du-bio_1657105">développement des magasins Naturalia par le groupe Casino</a>, la <a href="https://www.lexpress.fr/styles/saveurs/fruits-et-legumes-moches-moins-chers-et-desormais-disponibles-partout_1612379.html">vente de fruits et légumes moches qui n’avaient auparavant aucune valeur marchande</a>, ou encore le développement de chaînes qui allient artisanat, produits locaux et <a href="https://usbeketrica.com/article/fake-un-jour-peut-etre-authentique-demain">quête d’authenticité</a> des consommateurs (<a href="https://www.sortiraparis.com/hotel-restaurant/restaurant/articles/183261-eataly-le-nouveau-temple-de-la-gastronomie-italienne-a-paris-se-devoile">Eataly</a>, par exemple).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1082887568520302592"}"></div></p>
<p>La déconsommation se situe donc actuellement à un tournant décisif : le processus de sa diffusion a conduit à intégrer la quête de sens <a href="https://www.reformes.ch/societe/2019/05/la-meditation-outil-de-performance-ou-dapaisement-faut-pas-croire-meditation">dans une dimension performative</a>. En effet, cette dynamique de changements par la déconsommation nécessite des ajustements de la part des industriels, concernant la transformation des produits (<a href="https://www.usinenouvelle.com/article/agroalimentaire-la-ruee-vers-le-bio.N504484">répondre à un cahier des charges bio</a> par exemple) et leurs stratégies d’innovation.</p>
<p>Il ne s’agit plus d’imposer de nouvelles offres aux individus sans les consulter au préalable : les salariés observent les pratiques de <a href="https://www.lemonde.fr/o21/article/2017/01/24/l-entreprise-nouvel-horizon-des-anthropologues_5068458_5014018.html">« vrais gens, dans la vraie vie »</a> et <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/tel-01750684/document">coconstruisent avec eux leurs futures expériences de consommation</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=242&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=242&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=242&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=304&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=304&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278982/original/file-20190611-32356-1cmp9ub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=304&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La coopérative d’aucy s’engage dans une conversion de sa production vers le bio et souhaite impliquer les consommateurs dans cette démarche.</span>
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<p>Mais la déconsommation telle qu’elle est envisagée par ces acteurs est-elle vraiment compatible avec leurs objectifs marchands ? Quelle marge de manœuvre ces nouveaux prescripteurs proposent-ils réellement aux consommateurs ? Face à de telles limites, des initiatives pluridisciplinaires voient le jour. Elles visent à rendre accessible, non pas aux industriels, mais aux utilisateurs finaux, le fruit de leurs travaux scientifiques (travaux en <a href="https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/open-source/">open source</a> et <a href="https://www.18h39.fr/articles/6-methodes-astucieuses-pour-devenir-un-adepte-du-low-tech-a-domicile.html">low-tech</a>) en matière de transition alimentaire.</p>
<p>Par exemple, le projet <a href="http://audreybigot.com/portfolios/_-kitchen-b">Biceps Cultivatus</a> propose les plans en ligne, sous <a href="https://creativecommons.org/licenses/?lang=fr-FR">licence Creative Commons</a>, pour l’auto-construction de trois modules pour cuisiner de manière simple, sobre et maîtrisée. <a href="https://www.lamyne.org/">La Myne</a> (laboratoire citoyen de transition par les communs) à Lyon illustre également cette tendance : <a href="https://www.lamyne.org/en/project/pyrocarb-nomade/">Pyrocarb-Nomade</a> (cuiseur à bois pliable et nomade), <a href="https://www.lamyne.org/project/powerplante/">Power plante</a> (production d’énergie à base de plantes) ou encore les projets <a href="https://www.lamyne.org/project/inspiruline/">Inspiruline</a> et <a href="https://www.spirulinaforchange.org">Spirulina for change</a> (programmes de sciences participatives pour déployer les méthodes de culture de la spiruline). Des initiatives qui pourraient à l’avenir redessiner les contours de la déconsommation, dont la trajectoire reste à ce jour très incertaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117946/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanny Parise ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Moralscore.org, une start-up qui propose de banaliser l’éthique comme critère de choix interroge la place des industriels dans la transition alimentaire.Fanny Parise, Chercheur associé, anthropologie, Institut lémanique de théologie pratique, Université de LausanneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1162402019-04-29T20:20:02Z2019-04-29T20:20:02ZLa léghémoglobine, cet ingrédient qui fait passer le steak végétal pour de la viande rouge<p>Les humains mangent des animaux qui mangent des végétaux. En supprimant cette étape intermédiaire pour manger directement des végétaux, nous pouvons diminuer notre empreinte carbone, réduire la superficie des terres agricoles, éliminer les risques sanitaires liés à la consommation de viande rouge et nous libérer d’une partie des dilemmes éthiques relatifs au bien-être animal.</p>
<p>Pour beaucoup de gens toutefois, reste un obstacle de taille : la viande, c’est bon. Très bon, même. Par contraste, un burger végétarien… a un goût de burger végétarien. Il ne satisfait pas l’envie carnivore dans la mesure où il n’a ni l’apparence, ni l’odeur, ni le goût, ni le côté saignant du bœuf.</p>
<p><a href="https://impossiblefoods.com/">Impossible Foods</a>, une entreprise californienne, propose de surmonter cet obstacle en ajoutant à son burger végétalien un extrait de plante doté de propriétés que les gens associent habituellement à la viande rouge ; il s’agit de donner au steak végétarien les caractéristiques du bœuf. L’Impossible Burger est vendu dans des restaurants californiens depuis 2016. Ses créateurs visent à présent le marché nord-américain en s’associant avec Burger King pour créer l’<a href="https://impossiblefoods.com/burgerking/">Impossible Whopper</a>. Ce sandwich est actuellement commercialisé à titre expérimental à Saint Louis, dans le Missouri. S’il y rencontre un succès suffisant, il sera proposé à la vente dans tout le pays.</p>
<p>En quoi consiste exactement cette mystérieuse substance ? Le burger qui en contient est-il encore vegan ? Est-elle fabriquée à base d’OGM ? Empêche-t-elle le produit de recevoir le label bio ?</p>
<p>Je suis biologiste moléculaire et étudie la façon dont les plantes et les bactéries interagissent et s’adaptent à leur environnement ; je m’intéresse également à l’impact potentiel de ces interactions sur la santé humaine. Et c’est bien ce savoir qui a été mis en application d’une manière que je n’avais pas envisagée pour créer l’Impossible Burger…</p>
<h2>La « léghémoglobine », qu’est-ce que c’est ?</h2>
<p>Ce sandwich contient un ingrédient extrait du soja : la léghémoglobine. Il s’agit d’une protéine liée chimiquement à une molécule non-protéique, l’hème, qui donne à la léghémoglobine <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC177968/">sa couleur rouge vif</a>. En fait, l’hème contient du fer, qui est aussi à l’origine de la couleur du sang et de la viande rouge. D’un point de vue évolutionnaire, la léghémoglobine se rapproche de la myoglobine animale, que l’on trouve dans les muscles, et de l’hémoglobine du sang. Elle sert à réguler l’approvisionnement des cellules en oxygène.</p>
<p>La léghémoglobine donne à l’Impossible Burger l’apparence, l’odeur à la cuisson et la saveur du bœuf. J’ai fait appel à un collègue scientifique de Saint Louis pour goûter l’Impossible Whopper, et il n’a pas pu le distinguer de la version contenant de la viande. Il a toutefois nuancé ce constat en indiquant que les ingrédients contenus dans cette préparation contribuaient peut-être à masquer la différence.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Coupe transversale d’un nodule de racine de soja. La couleur rouge est due à la léghémoglobine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.microscopemaster.com/rhizobium.html#gallery[pageGallery]/0/">CSIRO</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>À ce stade émerge une première question : pourquoi les plants de soja ne sont-ils pas rouges ? On trouve également de la léghémoglobine dans de nombreuses légumineuses, d’où son nom. Elle est particulièrement abondante dans certaines structures spécifiques, les nodules, qui se développent sur les racines. Si vous fendez un de ces nodules avec l’ongle, vous verrez que l’intérieur est <a href="https://www.agronomy.org/science-news/fixing-soybeans-need-nitrogen">rouge vif, à cause de la léghémoglobine</a>. Les nodules du soja se forment en réaction à la présence de la bactérie symbiotique <em>Bradyrhizobium japonicum</em>.</p>
<p>J’imagine que le <a href="https://impossiblefoods.com/heme">site Internet</a> d’Impossible Foods montre du soja dépourvu de nodules parce que la plupart des gens sont dégoûtés par les bactéries, même si la <em>Bradyrhizobium</em> est bénéfique pour l’homme.</p>
<p>Dans <a href="https://medicine.buffalo.edu/faculty/profile.html?ubit=mrobrian">mon groupe de recherche</a>, nous nous intéressons à la relation symbiotique entre le soja et son alliée bactérienne, <em>Bradyrhizobium japonicum</em>, dans le but de réduire l’empreinte carbone de l’espèce humaine, mais pas en créant de délicieux burgers sans protéines animales.</p>
<p>En effet, les bactéries présentes dans les nodules des racines absorbent l’azote de l’air et le transforment en nutriment dont la plante se sert pour se développer. On appelle ce processus la fixation biologique de l’azote. La symbiose entre plantes et bactéries permet de se passer d’engrais chimiques azotés, qui consomment énormément d’énergie fossile et polluent l’eau.</p>
<p>Certains groupes de recherche étudient la possibilité d’étendre cette symbiose à des cultures comme le maïs ou le blé en <a href="https://doi.org/10.1128/AEM.01055-16">les modifiant génétiquement</a> pour obtenir les bénéfices de la fixation de l’azote dont seules certaines plantes, y compris les légumineuses, sont pour l’instant capables.</p>
<p>Je suis heureusement surpris et quelque peu amusé de constater que des termes de jargon aussi hermétiques qu’hème et léghémoglobine sont passés dans le langage courant et se retrouvent jusque sur l’emballage d’un sandwich !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les nodules racinaires se trouvent sur les racines des légumineuses.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/nodules-soybean-346114349?src=MiMFs-Cw09sJ7EU3JaG86Q-1-7">Kelly Marken/Shutterstock</a></span>
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<h2>Bio ou pas bio ?</h2>
<p>La léghémoglobine est l’ingrédient phare de l’Impossible Burger, mais c’est aussi un additif dont les consommateurs avertis veulent s’assurer qu’il est bio, sans OGM ou encore vegan.</p>
<p>La léghémoglobine utilisée dans les burgers provient d’une levure génétiquement modifiée qui contient la séquence ADN permettant au soja de fabriquer la protéine. Or introduire le gène du soja dans la levure en fait un OGM. Selon la Food and Drug Administration, l’organisme américain chargé du contrôle des produits alimentaires, la <a href="https://www.fda.gov/downloads/Food/IngredientsPackagingLabeling/GRAS/NoticeInventory/UCM620362.pdf">léghémoglobine de soja</a> est « généralement considérée sans danger ». Néanmoins, le département de l’Agriculture <a href="https://www.ams.usda.gov/publications/content/can-gmos-be-used-organic-products">interdit d’accorder le label « biologique »</a> aux aliments contenant des OGM. Il est ironique de constater qu’une innovation qui pourrait être respectueuse de l’environnement et participer au développement durable est aussi rapidement mise au placard par des organisations qui déclarent partager ces objectifs.</p>
<p>Tous les vegans n’approuvent pas ce nouveau burger. Certains affirment qu’un produit contenant des OGM ne peut être vegan pour diverses raisons, dont les <a href="https://www.nongmoproject.org/blog/tag/vegan/">expériences menées sur des animaux</a> pour évaluer les effets de la léghémoglobine sur la santé. De mon point de vue, ce principe moral peut être contesté, car il ne prend pas en compte le bétail épargné. D’autres vegans voient dans les <a href="http://www.vegangmo.com/vegan-gmo-mission">OGM la solution à des problèmes</a> qui leur tiennent à cœur.</p>
<p>À en juger par son site Internet, <a href="https://impossiblefoods.com/heme">Impossible Foods</a> est pleinement conscient des différents groupes de consommateurs dont l’opinion sera déterminante pour le succès de son produit. Le site inclut un lien vers une publication décrivant la façon dont les <a href="https://medium.com/impossible-foods/how-gmos-can-save-civilization-and-probably-already-have-6e6366cb893">OGM vont nous permettre de sauver la planète</a>. Mais l’entreprise affirme aussi qu’elle utilise de l’hème « directement issu de plantes ». C’est faux. En réalité, cette molécule provient de la levure.</p>
<p>La commercialisation de la léghémoglobine est une conséquence imprévue de l’intérêt des chercheurs pour ce fascinant processus biologique. Les bénéfices potentiels d’une découverte scientifique ne sont souvent pas envisagés sur le moment. Que l’Impossible Burger soit ou non un succès commercial à grande échelle, la technologie alimentaire continuera d’évoluer pour s’adapter aux besoins de l’humanité, comme elle l’a toujours fait depuis les débuts de l’agriculture, il y a 10 000 ans.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par Iris Le Guinio pour <a href="http://www.fastforword.fr/">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116240/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark R. O’Brian a reçu des financements du National Institutes of Health.
</span></em></p>Proposer un burger végétal dont l’apparence, le goût et l’odeur ressemblent à s’y méprendre à du bœuf, tel est le défi qu’entend relever la start-up Impossible Foods.Mark R. O'Brian, Professor and Chair of Biochemistry, Jacobs School of Medicine and Biomedical Sciences, University at BuffaloLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1129792019-03-11T20:37:13Z2019-03-11T20:37:13ZPourquoi pense-t-on que les produits bio sont « moins bons » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/262706/original/file-20190307-82692-gq7ice.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C991%2C682&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les consommateurs peuvent percevoir les autres qualités des produits comme insuffisantes lorsque des avantages écologiques sont mis en avant.</span> <span class="attribution"><span class="source">Yamix / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Un des moyens simples de contribuer au développement durable est de faire la promotion des avantages écologiques des produits ou services (<a href="https://doi.org/10.1080/14693062.2015.1033675">Grolleau et coll., 2016</a>). Mais comment les consommateurs jugent-ils les fonctions principales des produits, notamment lorsqu’ils sont informés que les produits considérés font <em>aussi</em> état de l’engagement pro-environnemental de la part des producteurs ? Certains exemples indiquent que les individus peuvent percevoir les autres qualités de produits comme insuffisantes lorsque des avantages écologiques sont <em>également</em> mis en avant. Par exemple, <a href="https://www.wsj.com/articles/SB113581428707833414">Lieber (2005)</a> rapporte que les nettoyants verts sont perçus comme moins performants que les nettoyants traditionnels. Autrement dit, le consommateur peut penser qu’ils coûtent deux fois plus cher pour n’enlever que la moitié de la saleté.</p>
<h2>Insensibilité aux détergents verts</h2>
<p>En 2015, <a href="https://www.economist.com/business/2015/09/24/green-wash"><em>The Economist</em></a> expliquait que les fabricants de produits détergents, tout en consentant des efforts environnementaux conséquents, ne présentaient pas leurs produits comme étant plus écologiques. Selon eux, bien qu’une proportion croissante de consommateurs recherchent des produits verts, la plupart d’entre eux sont principalement intéressés par leur coût et par leur efficacité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs sont davantage sensibles à l’efficacité des détergents qu’à leurs éventuelles vertus environnementales.</span>
<span class="attribution"><span class="source">VectorMan2017/Shutterstock</span></span>
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<p>« Bien ces produits devraient sembler plus attrayants que leurs homologues <em>non verts</em> pour une population soucieuse de l’environnement, la plupart des consommateurs perçoivent automatiquement ces produits comme moins efficaces, comme si ces produits écologiques ne contenaient pas le super composant chimique impératif pour leur efficacité », confirmait Dana Smith de Rice University dans un <a href="http://ricecatalyst.org/discoveries/2016/2/is-greener-cleaner">article de 2016</a>. Ryan Lupberger, fondateur de la société américaine spécialisé dans les produits d’entretien verts, soutient même que les <a href="https://consciouscompanymedia.com/sustainable-business/marketing/5-reasons-millennials-dont-buy-green-brands-better-way-reach/">« millennials » n’achètent pas de marques vertes</a> parce qu’ils pensent que ces produits, en particulier les nettoyants verts, ne sont pas aussi performants.</p>
<h2>Dilution des objectifs et biais de somme nulle</h2>
<p>Les sciences du comportement expliquent pourquoi les consommateurs peuvent percevoir à tort que les efforts d’écologisation détériorent d’autres dimensions. Il y aurait trois mécanismes principaux :</p>
<p>Premièrement, le modèle de dilution des objectifs (<a href="https://pdfs.semanticscholar.org/ee0c/ffd2cb9ed3500108855966ff6a8175283143.pdf">Zhang et coll.</a> suggère que lorsque plusieurs objectifs sont poursuivis à travers un seul moyen, les individus les perçoivent comme moins efficacement atteints que les objectifs poursuivis individuellement, peu importe la réalité objective. En effet, les individus ont tendance à croire instinctivement qu’un produit remplissant une seule fonction est meilleur en termes de performances sur cette fonction qu’un autre produit remplissant la même fonction plus des fonctions <a href="https://doi.org/10.1002/bse.2280">supplémentaires</a>.</p>
<p>L’ajout d’objectifs réduirait ou diluerait l’efficacité perçue pour atteindre chaque objectif. Zhang et ses collaborateurs ont mené six expériences dans divers domaines qui ont prouvé qu’utiliser un seul moyen (par exemple, faire de l’exercice) pour atteindre plusieurs objectifs (développer ses muscles et perdre du poids) sera jugé comme moins performant que si ce moyen n’était utilisé que pour atteindre un seul objectif (perdre du poids seulement).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mieux vaut faire du sport pour mincir uniquement plutôt que pour se muscler ET perdre du poids ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">ANRproduction/Shutterstock</span></span>
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<p>Deuxièmement, l’heuristique à somme nulle (<a href="https://doi.org/10.1509/jmkr.38.3.349.18865">Chernev, 2007</a>) suggère que les consommateurs utilisent une théorie naïve sur l’allocation des ressources des producteurs. En d’autres termes, l’augmentation de la qualité sur une dimension du produit est automatiquement compensée par la diminution de la qualité sur les autres dimensions. Le biais de somme nulle correspond à la tendance à juger intuitivement une situation comme étant à somme nulle : les ressources investies dans une dimension sont automatiquement compensées par une perte équivalente de ressources non investies dans d’autres dimensions.</p>
<p>En ce qui concerne les produits annoncés comme étant écologiques, ce biais pousse les consommateurs à penser que le fait de consacrer des ressources pour générer des avantages écologiques implique nécessairement que le producteur investit moins de ressources dans d’autres dimensions de la qualité. Par conséquent, les consommateurs peuvent percevoir les produits verts comme un sacrifice de la qualité fondamentale du produit.</p>
<h2>La cas du vin bio</h2>
<p>Troisièmement, les individus pensent souvent que l’adoption d’alternatives vertes est souvent associée à une sorte de <a href="https://doi.org/10.1111/kykl.12186">sacrifice</a>, notamment en termes de performance. Par exemple, moins chauffer sa maison ou son bain pour diminuer ses consommations d’énergie est généralement synonyme d’une certaine dégradation de la qualité de vie.</p>
<p>Quid du vin ? Les consommateurs apprécient <a href="https://hbr.org/2018/04/how-organic-wine-finally-caught-on?referral=03759&cm_vc=rr_item_page.bottom&fbclid=IwAR34fa9UVgSfA4r57XidPlhevrfravHP3ffLIz612JX4DBO8EoeUJBjaP_Y">désormais</a> et cherchent à acheter un vin pour lequel le producteur a fait des efforts, notamment environnementaux, dans la production. Le vin bio, qui pendant longtemps a souffert d’une perception négative de la part des consommateurs, a aujourd’hui dépassé cette image.</p>
<p>Pourquoi ? Le consommateur pourrait penser intuitivement que des ressources investies dans le processus de certification bio ne seront plus disponibles pour atteindre les autres objectifs (qualités gustatives notamment). Surtout, l’engagement environnemental d’un producteur ne peut pas être vérifié par les consommateurs au moment de l’achat ou de la consommation. Ces derniers doivent donc faire appel à des tiers crédibles (labels, certificats, tradition, etc.).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs sont désormais sensibles aux efforts environnementaux des producteurs de vins, ce qui n’a pas toujours été le cas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mateusz Gzik/Shutterstock</span></span>
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<p>Dans le cas du vin, les programmes d’éco-étiquetage réussis ont justement résolu ce problème d’asymétrie de l’information. Par exemple, en Bourgogne, depuis que les grands domaines ont commencé à révéler qu’ils sont bio depuis toujours, les autres producteurs n’ont plus de réticence à poser le label sur leurs vins. Ces tiers ont notamment en transformé un attribut de croyance (le consommateur pense que c’est bio mais ne peut en être sûr), en attribut de recherche (un élément tangible qui pèse dans la décision d’achat). En conséquence, les programmes ont réduit l’incertitude des consommateurs concernant la validité de leurs achats environnementaux.</p>
<p>La leçon à tirer de cas est qu’il est naturel d’informer les consommateurs d’une amélioration qui compte, en particulier si la dimension améliorée n’affecte pas objectivement (et subjectivement) d’autres dimensions. Et pour ce qui est du vin, il semblerait qu’efforts environnementaux et qualité aillent désormais dans le <a href="https://www.wine-economics.org/aawe/wp-content/uploads/2016/12/Vol11-Issue03-Does-Organic-Wine-Taste-Better-An-Analysis-of-Experts-Ratings.pdf">même sens</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112979/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le consommateur estime inconsciemment que la poursuite d’un objectif de production bien précis se fait au détriment des autres caractéristiques du produit.Angela Sutan, Professeur en économie comportementale, Burgundy School of Business Gilles Grolleau, Chercheur en économie comportementale, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1040702018-10-03T18:03:51Z2018-10-03T18:03:51ZInsérer des exclus : quelle école de management ! L’expérience fondatrice des Jardins de Cocagne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238432/original/file-20180928-48634-1tvl77l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C840%2C416&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jardins de Cocagne.</span> <span class="attribution"><span class="source">Christophe Goussard</span></span></figcaption></figure><p><em><strong>Dans les années 1970, face à la multiplication des personnes entraînées vers l’exclusion, des travailleurs sociaux décident de dépasser les approches traditionnelles d’accompagnement social et créent des activités économiques accessibles aux personnes éloignées de l’emploi, devenant des entrepreneurs d’un genre nouveau. Une expérience utile à analyser à l’heure d’un nouveau plan contre la pauvreté.</strong></em></p>
<h2>L’invention de l’insertion par l’activité économique</h2>
<p>Jean‑Guy Henckel se rappelle :</p>
<blockquote>
<p>« Une idée nouvelle, en apparence saugrenue, a germé dans différentes régions dans les années 1970. Puisque beaucoup de ceux qui voulaient travailler ne trouvaient pas d’emploi, nous allions, nous les travailleurs sociaux, créer des entreprises pour eux. Nous procédions par bricolage, comme toujours dans l’innovation sociale : l’un de nous avait été menuisier, nous avons décidé de nous lancer dans la menuiserie.</p>
<p>Nos interlocuteurs de la DDASS ont ouvert des yeux ronds lorsque nous leur avons présenté notre business plan, mais ils ont montré une grande ouverture d’esprit et nous ont appuyés. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1100&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1100&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/238433/original/file-20180928-48634-sdjjnd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1100&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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</figure>
<p>Cette première expérience leur apprend à gérer une entreprise, à prendre en charge des personnes en difficulté devenues des salariés, à soigner la communication vers les clients… de quoi les faire prendre au sérieux par les patrons, qui les regardaient de haut.</p>
<h2>Un Jardin de Cocagne, quelle drôle d’idée !</h2>
<p>Après l’instauration du RMI en 1988, le Doubs, comme beaucoup d’autres régions, doit faire face à un afflux imprévu d’agriculteurs surendettés. Jean‑Guy Henckel envisage de créer une entreprise agricole, mais cela représente un investissement colossal.</p>
<blockquote>
<p>« Un ingénieur agronome me signale l’existence, aux États-Unis, de circuits courts de distribution pour les produits de la terre. L’idée, née au Japon, s’était diffusée jusqu’en Suisse, et, près de Genève, des maraîchers vendaient leur production à une association de citadins versant en début d’année une somme correspondant à un panier de légumes par semaine. Le concept de Jardin de Cocagne est né de la rencontre entre cette pratique et la notion d’insertion par l’activité économique.</p>
<p>Mes interlocuteurs du conseil général et de la Préfecture sont à nouveau déconcertés quand je leur présente ce projet, mais comme notre association a déjà fait ses preuves, ils misent quelques milliers de francs pour voir. »</p>
</blockquote>
<p>Il réunit d’autres financements de bric et de broc, loue des terres et achète du matériel pour pas cher. Il diffuse une centaine de tracts à Besançon pour recruter des familles prêtes à payer 2 500 F par an pour un panier hebdomadaire de légumes bios, et trouve en un temps record les 60 familles dont il a besoin. Il embauche une dizaine de RMIstes, encadrés par des techniciens qualifiés. Un principe fondateur est de pratiquer la mixité sociale : des femmes et des hommes de 18 à plus de 60 ans, des nationalités différentes, des types d’exclusion variés.</p>
<p>Les exclus s’impliquent, renaissent, se socialisent. Au bout de quelques mois, l’Agence France Presse écrit : « À Besançon, des exclus cultivent des légumes bios et les distribuent à des adhérents-consommateurs. » En quelques semaines, tous les médias nationaux viennent les interviewer. Après un passage au 20 heures de TF1, les premiers jardiniers sont sans cesse photographiés ou filmés.</p>
<h2>Le réseau Cocagne</h2>
<p>Dans toute la France, des travailleurs sociaux, des agriculteurs, des chefs d’entreprise, etc., ont envie de reproduire l’expérience. Les Jardins de Cocagne essaiment en laissant aux opérateurs des libertés pour adapter le projet au contexte, mais en leur imposant une charte avec quatre principes intangibles :</p>
<ul>
<li><p>embaucher des personnes en difficulté dans des conditions valorisantes et favoriser leur retour à l’emploi durable ;</p></li>
<li><p>respecter le cahier des charges de l’agriculture biologique et faire certifier la production ;</p></li>
<li><p>commercialiser une partie de la production via un réseau d’adhérents-consommateurs ;</p></li>
<li><p>s’inscrire dans le secteur professionnel local de l’agriculture et du maraîchage.</p></li>
</ul>
<p>Une structure nationale, le réseau Cocagne, est créée en 1999. Jean‑Guy Henckel l’anime (jusque fin 2017) pour assurer l’unité de la démarche et offrir des services (formation des cadres, outils d’optimisation de la production, développement d’activités nouvelles).</p>
<h2>Une référence</h2>
<p>Une centaine de Jardins de Cocagne emploient aujourd’hui 4 000 salariés en insertion. Chaque semaine, 20 000 familles reçoivent leur panier de légumes biologiques. Les Jardins de Cocagne sont même devenus une référence en management.</p>
<blockquote>
<p>« Une quarantaine de DRH sont venus visiter un Jardin de Cocagne. Ils étaient stupéfaits de voir que des personnes qu’ils n’auraient jamais embauchées avaient un absentéisme inférieur à celui dans leurs entreprises. Le management que nous pratiquons repose sur des ingéniosités quotidiennes : l’encadrant sait qu’il faut éviter d’envoyer Untel et Untel dans le même champ avec une pelle et une pioche ; il veille à ce qu’une dame dépressive soit dans la même équipe qu’une très enjouée, etc. Ce n’est pas toujours facile, surtout s’il faut faire cohabiter 17 nationalités, mais la difficulté nous oblige à déployer des trésors d’ingéniosité. »</p>
</blockquote>
<h2>La question du retour à l’emploi</h2>
<p>Une difficulté tient au fait que les séjours des personnes en insertion sont limités à deux ans et que les organismes sont jugés sur le taux d’insertion des publics qu’ils prennent en charge.</p>
<blockquote>
<p>« Quelle chance un homme de 58 ans, alcoolique et analphabète, a-t-il de retrouver un emploi dans une entreprise normale ? Pour nos encadrants, après avoir passé des mois à aider quelqu’un à se libérer de l’alcoolisme, à régler ses problèmes avec la justice, son surendettement, et l’avoir vu retrouver le sourire, c’est décourageant de devoir le “larguer” et de le voir plonger en quelques semaines. »</p>
</blockquote>
<p>Les Jardins de Cocagne ont été inventifs et ont fortement investi dans l’accompagnement de cette phase délicate. Un tiers des personnes les quittent avec un emploi, souvent ailleurs que dans le maraîchage. Environ 20 % s’orientent vers des formations préqualifiantes ou qualifiantes. Pour les 20 à 25 % qui ne peuvent accéder ni à un emploi ni à une formation, des solutions sont cherchées pour leur permettre de vivre décemment, comme la prise en charge par la Cotorep en cas de handicap mental. Pour les plus atteints ont été créés trois lieux de vie communautaire, avec appartements individuels et activités professionnelles collectives, où ils peuvent mener une vie décente. Enfin, de vraies entreprises coopératives produisant des légumes bios ont été créées, qui accueillent des personnes formées ou ceux qui veulent devenir encadrants.</p>
<p>Pour les cas difficiles, l’Administration peut accorder des dérogations sur la durée des contrats d’insertion, mais les pratiques varient d’un fonctionnaire à l’autre et c’est un facteur de fragilité pour les organisations d’insertion : toutes n’ont pas l’expérience et l’auront des Jardins de Cocagne.</p>
<p>Certains entreprenants peuvent ainsi réussir ce que des entrepreneurs qualifiés n’essaient pas : employer des gens considérés comme non employables. Cette aventure souligne également le trait n°8 du <a href="http://www.lejardindesentreprenants.org/le-manifeste-des-entreprenants/">Manifeste des entreprenants</a> : l’entreprenant mène souvent son action avec l’esprit d’un… jardinier.</p>
<p>Pour en savoir plus sur la richesse inventive des Jardins de Cocagne, voir le compte rendu de l’École de Paris <a href="https://www.ecole.org/fr/seance/758-la-solidarite-est-dans-le-jardin">La solidarité est dans le jardin</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104070/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Michel Berry est le fondateur et l'animateur du Jardin des entreprenants</span></em></p>L’expérience fondatrice des Jardins de Cocagne éclaire utilement les enjeux de l’« insertion par l’activité économique » à l’heure d’un nouveau plan contre la pauvreté.Michel Berry, Fondateur de l'école de Paris du Management, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/919452018-03-01T21:17:35Z2018-03-01T21:17:35ZGluten : mythe ou réalité ? À la recherche des personnes hypersensibles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/208245/original/file-20180228-36671-1kmcfl7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon l’Insee, 3 % des Français auraient banni le gluten de leur alimentation. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-stomach-ache-because-gastritis-menstruation-525041650?src=QSAwbj872_KAUvNue11hzQ-1-31">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Depuis plus de 8 500 ans, la présence des céréales comme base du régime alimentaire des humains permet de couvrir plus de <a href="https://www.cabi.org/cabebooks/ebook/20103205516">20 % de nos apports</a> en protéines.</p>
<p>Mais on observe ces dernières années un nombre croissant d’individus présentant des pathologies liées à l’ingestion de gluten, cet ensemble de protéines présent dans les grains de nombreuses céréales. C’est <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19362553">quatre fois plus</a> qu’il y a 50 ans.</p>
<p>Les consommateurs sont inquiets, ce qui contribue à expliquer pourquoi, selon les données 2017 de l’Insee, 3 % des Français ont déjà supprimé le gluten de leur alimentation tandis que les ventes de produits sans gluten explosent (plus 30 à 50 % par an depuis 2009, selon le magazine spécialisé <em>LSA</em>). Même si d’autres motivations, de nature sociologique, doivent être prises en compte pour expliquer ces nouveaux comportements.</p>
<h2>Utile pour la plante… et l’agroalimentaire</h2>
<p>Le terme latin <em>gluten</em> signifie « colle » ou « glu » ; il désigne la fraction protéique insoluble de certaines céréales constituée de deux types de protéines : les prolamines et les glutélines (respectivement gliadines et gluténines chez le blé).</p>
<p>Ces protéines ont tout d’abord un intérêt pour la plante : elles servent de réserve nutritive lors de la germination du grain pour donner une plantule vigoureuse. Elles ont aussi un intérêt pour l’industrie agroalimentaire en conférant à la pâte à pain ses capacités de cohésion, d’élasticité, de ténacité et de rétention des gaz.</p>
<p>La boulangerie industrielle rajoute ainsi souvent du gluten pur sec dans la farine pour donner son « gonflant » à la pâte. Mais peu de chiffres précis sont disponibles aujourd’hui sur ces glutens rajoutés, leur utilisation par les boulangers, leur qualité sanitaire et leur impact sur la santé humaine.</p>
<h2>Les maladies du gluten</h2>
<p>On distingue aujourd’hui trois types de pathologies liées à l’ingestion de gluten.</p>
<p>Premier type, la maladie cœliaque (ou intolérance au gluten) : cette maladie auto-immune se traduit par des lésions de l’intestin grêle provoquant un trouble de l’absorption, ou malabsorption, des nutriments. Son diagnostic est possible par dosage d’anticorps spécifiques de la maladie et par biopsie. Elle touche environ <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/215079">1 % de la population mondiale</a> ; en France, seulement 10 à 20 % des cas seraient diagnostiqués.</p>
<p>Second type, l’allergie au blé : elle se manifeste par des troubles cutanés, digestifs ou respiratoires (« asthme du boulanger ») ; un dosage des immunoglobulines E est utilisé pour le diagnostic. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18378288">Quelques travaux</a> font état d’une prévalence de l’ordre de 0,1 à 0,6 % en Europe.</p>
<p>Enfin, l’hypersensibilité au gluten (ou NCGS pour <em>non-cœliac gluten sensibility</em>). Cette pathologie concernerait un grand nombre de personnes présentant des symptômes variés (douleurs abdominales, brûlures épigastriques, nausées, diarrhées, constipation, maux de tête, fatigue…).</p>
<p>Si pour la maladie cœliaque et l’allergie au blé, il est possible de réaliser des dosages d’anticorps, d’IgE ou des biopsies pour prouver la présence de la maladie, aucune de ces analyses ne se révélera positive dans les cas d’hypersensibilité au gluten. Les médecins doivent donc continuer à rechercher des « marqueurs » de cette hypersensibilité, c’est-à-dire des manières de l’identifier grâce à des critères sérologiques ou histopathologiques ; pour l’instant, rien n’a été trouvé.</p>
<p>Les chiffres sont ici encore difficiles à établir : selon les études, on parle de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4476872/#B84">0,5 % à 13 %</a> de personnes se plaignant de cette pathologie.</p>
<h2>Une recherche en cours sur l’hypersensibilité</h2>
<p>Dans le cas de la maladie cœliaque ou de l’allergie au blé, seul un régime alimentaire strict sans gluten permettra d’éviter la manifestation des symptômes. L’hypersensibilité constitue, elle, un cas de figure différent.</p>
<p>En 2012, des membres du <a href="http://www.bio-aude.com/le_biocivam_11_3.php">Biocivam 11</a>, une association de producteurs bio de l’Aude, ont conduit une enquête sur cette pathologie ; ils avaient été sollicités en ce sens par des paysans boulangers et pastiers dont les clients déclaraient pouvoir manger les produits vendus par ces professionnels alors même qu’ils présentaient d’habitude des symptômes d’hypersensibilité au gluten.</p>
<p>Ces personnes ont donc été interrogées sur les produits à base de blé qu’elles pouvaient ingérer sans problème ; l’enquête montre qu’il s’agit fréquemment de pâtes et pains au levain confectionnés à partir de semoules ou farines issues de blé de variétés locales, cultivées en agriculture biologique, écrasées sur meules de pierre et transformées sans additif.</p>
<p>À la suite de ces premiers résultats, agriculteurs, meuniers, boulangers, pastiers des filières industrielles, artisanales et paysannes, conseillers, médecins, consommateurs, personnes souffrant de NCGS et plusieurs équipes de recherche, dont la nôtre, ont décidé de s’associer ; nous collaborons tous désormais à un vaste projet de recherche sur plusieurs années, dont l’objectif est d’identifier les éventuels déterminants génétique, agronomique, technologique et sociologique de cette hypersensibilité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/208242/original/file-20180228-36686-1y4nqi3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les ventes de produits sans gluten ont augmenté de 30 à 50 % depuis 2009 en France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/AumHYHRn2AM">Ben Garratt/Unsplash</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Variétés de blé et modes de culture : quelles implications ?</h2>
<p>La sélection des blés s’est fortement développée au cours du XX<sup>e</sup> siècle pour satisfaire les exigences des agriculteurs (rendement plus élevé et résistance aux maladies) et celles de la filière agroalimentaire industrielle (meilleure adéquation aux usages de la panification, biscuiterie, amidonnerie et aux évolutions technologiques comme l’augmentation de la vitesse des pétrins, la surgélation ou encore la cuisson-extrusion).</p>
<p>Des études comparant les blés dits « modernes », cultivés depuis les années 1950 – période à laquelle ont été introduits des gènes de nanisme pour raccourcir la paille de blé et éviter ainsi que la plante ne se couche sur le sol – et les blés plus anciens montrent que la « toxicité » serait davantage <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3469346/">liée à la variété</a> qu’à une période précise de l’histoire durant laquelle ils ont été sélectionnés.</p>
<p>Mais une importante variabilité génétique entre les variétés actuelles et celles cultivées au début du XX<sup>e</sup> siècle a été <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1161030116301009#!">mise en évidence</a>. Les principales différences tiennent à la quantités de fibres, de polyphénols, de flavonoïdes et de caroténoïdes, ainsi qu’au degré d’activité anti-oxydante présent dans le grain de blé.</p>
<p>D’autres différences entre variétés s’observent au niveau de leurs gliadines, un des deux types de protéines composant le gluten. Des résultats préliminaires montrent une diversité importante pour la <a href="https://prodinra.inra.fr/?locale=en#!ConsultNotice:263175">teneur en 33-mer</a>, un des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peptide">peptides</a> considéré comme nocif dans la maladie cœliaque, donc, a fortiori, dans l’hypersensibilité.</p>
<p>Cependant, de multiples familles de gliadines peuvent être impliquées dans la manifestation de la maladie cœliaque. Quelques variétés de blé dur présentant une faible « toxicité » ont pu être identifiées, permettant d’envisager un programme de sélection de variétés adaptées aux personnes hypersensibles.</p>
<p>Le projet de recherche que nous conduisons vise à comparer les variétés de blés tendres et de blés durs recommandées par la meunerie, semoulerie et boulangerie industrielles et celles utilisées par la filière paysanne pour leur teneur et composition des glutens.</p>
<p>Des chercheurs ont par ailleurs <a href="http://www.academia.edu/32690890/A_Grounded_Guide_to_Gluten_How_Modern_Genotypes_and_Processing_Impact_Wheat_Sensitivity">montré que l’allergénicité</a> d’une variété de blé, liée à un type de gliadine, peut varier en fonction de son environnement de culture (comme le niveau de fertilisation ou la température). Nos travaux visent également à comparer l’impact de deux systèmes de culture – bio et conventionnel – sur l’allergénicité d’un grand nombre de variétés.</p>
<h2>Procédés de transformation : quelles implications ?</h2>
<p>Peu d’études montrent l’impact de procédés de transformation sur les composantes du produit fini et leur éventuelle toxicité.</p>
<p>Nous proposons donc d’étudier dans notre recherche en cours les procédés industriels, dans leurs différences d’avec les procédés artisanaux ; ces particularités concernent, pour les procédés industriels : l’utilisation de grains non germés, le remplacement des processus lents de fermentation par l’utilisation de levure à effet rapide, l’absence de conditions acides et d’hydratation prolongée, l’addition de gluten pur dans les produits finis, l’utilisation de farines blanches raffinées, des vitesses de pétrissage rapides, une cuisson à haute température.</p>
<p>L’une de nos hypothèses est ainsi que le levain contenant des protéases actives permettrait une fragmentation du gluten pouvant faciliter sa digestion, au niveau du pancréas, par les protéases pancréatiques ; de même, une hydratation importante de la farine semble aussi indispensable à une bonne dénaturation des protéines.</p>
<h2>Appel aux hypersensibles</h2>
<p>Notre projet de recherche vise, comme on vient de l’énoncer, à identifier les principaux facteurs qui pourraient avoir une incidence sur la quantité et la qualité du gluten. Parmi ces facteurs, les variétés, le système de culture et le processus de transformation seront testés pour leur impact sur la digestibilité des pains et pâtes.</p>
<p>L’ensemble du processus de fabrication (de la fourche… à la fourchette) est ici considéré. Il sera testé auprès de personnes dont l’hypersensibilité a été reconnue au niveau médical.</p>
<p>L’objectif de ces travaux de recherche est de favoriser l’accès à des produits de qualité à base de blé ne générant pas d’intolérance alimentaire et d’accompagner, pour cela, les filières céréalières.</p>
<p>Soulignons enfin qu’il s’agit d’une recherche participative : c’est pour cela que nous lançons avec cet article un appel aux personnes déclarant être hypersensibles au gluten et volontaires pour être impliquées dans nos travaux (pour plus d’informations, merci d’envoyer un courriel à <a href="mailto:biocivam.animation@orange.fr">biocivam.animation@orange.fr</a>).</p>
<hr>
<p><em><a href="http://www.bio-aude.com/moyens_du_biocivam_de_l_aude_28.php">Kristel Moinet</a> (Biocivam) a participé à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91945/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Desclaux reçoit des financements de la Fondation de France pour conduire ses travaux sur l’hypersensibilité au gluten. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Françoise Samson a reçu des financements de la Fondation de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yuna Chiffoleau va recevoir des financements de la Fondation de France pour mener des enquêtes auprès de consommateurs de produits céréaliers et de clients des filières artisanales. </span></em></p>On observe un nombre croissant d’individus présentant des pathologies liées à l’ingestion de gluten. Parmi ces maladies, l’hypersensibilité, qui fait l’objet d’un vaste projet de recherche.Dominique Desclaux, Chercheuse en agronomique et génétique, InraeMarie-Françoise Samson, Chercheuse en biochimie alimentaire, InraeYuna Chiffoleau, Directrice de recherche en sociologie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/911002018-02-22T19:57:57Z2018-02-22T19:57:57ZL’agriculture française à la croisée des chemins<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/207547/original/file-20180222-152357-b6j6u8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, l’autosuffisance alimentaire n’a été atteinte qu’au début des années 1980.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/YZcAPjOoFf8">Julian Pana/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Boom du bio, expérimentations sur les toits des villes, émergence du <a href="http://www.spe.inra.fr/Le-departement/biocontrole/micro-organismes-et-biocontrole/(key)/5">biocontrôle</a>… mais aussi scandales sanitaires, précarité de nombreux agriculteurs, dégradation des sols et usage de pesticides fatal aux insectes pollinisateurs : sur fond d’aspirations et d’injonctions souvent contradictoires, l’agriculture et les agriculteurs français semblent arrivés à la croisée des chemins.</p>
<p>Au-delà des coups de projecteur sur les réussites et les échecs du secteur, c’est bien la question du modèle agricole qui se pose avec de plus en plus d’acuité, comme en témoignent les récents débats conduits dans le cadre des <a href="https://theconversation.com/etats-generaux-de-lalimentation-chronique-dune-deception-annoncee-90977">États généraux de l’alimentation</a>.</p>
<p>La question qui devrait désormais nous préoccuper, c’est de savoir comment la recherche et l’action politique peuvent penser et préparer non pas seulement le monde de demain, mais celui d’après-demain. Dans ce contexte, le système agricole et alimentaire (du producteur au consommateur) tient un rôle essentiel.</p>
<h2>Des régions fragilisées</h2>
<p>Ces dernières décennies, des gains de productivité considérables ont été obtenus dans un contexte de profondes transformations du monde agricole, permettant d’assurer une alimentation à un prix très bas.</p>
<p>Il faut insister ici sur un point : on a assisté ces 40 dernières années, à un mouvement global de <a href="https://www.cairn.info/systemes-agroalimentaires-en-transition--9782759225736.htm">substitution du travail agricole</a> par les intrants (machines, chimie). Cette transformation a permis des économies d’échelle et l’émergence d’exploitations de plus en plus grandes. Ceci a également conduit à la spécialisation des productions au niveau des régions agricoles, comme en témoigne l’exemple du lait.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206806/original/file-20180216-50536-z009ma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution de la surface agricole utile (SAU) en France entre 1970 et 2010.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://agreste.agriculture.gouv.fr/recensement-agricole-2010/resultats-donnees-chiffrees/">Données Agreste</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=726&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=726&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=726&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=912&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=912&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206810/original/file-20180216-50540-17s4hf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=912&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La production laitière par département en 2014 en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D. Ricard/Ceramac</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Conséquence de ce mouvement : les capacités de résilience garanties par la diversité des agricultures se sont amoindries. Chaque région de France est ainsi plus exposée aux aléas, qu’ils soient climatiques ou de marché.</p>
<p><a href="http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/approfondissements/reforme-pac.html">Dans les réformes successives</a> de l’agriculture et de la PAC, ce problème – le fait que cette spécialisation allait intensifier les impacts environnementaux – n’a pas été explicitement pris en compte, même si le <a href="https://www.touteleurope.eu/actualite/5-questions-sur-les-quotas-laitiers.html">système de quotas laitiers</a> en France avait intégré ce point et permis de ralentir la concentration. Sortir de ce système établi s’avère compliqué. Il faut s’atteler à impulser de petits et de grands changements.</p>
<h2>Changer le système mais comment ?</h2>
<p>Pour que les choses bougent, plusieurs approches sont possibles, comme l’ont conceptualisé les chercheurs <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1300/J064v07n01_07?journalCode=wjsa20">Stuart B. Hill & Rod J. MacRae</a> à qui l’on doit une grille d’analyse permettant d’évaluer le degré de changement d’un système, selon trois grands niveaux.</p>
<p>Il y a d’abord l’« efficience » : on ne change rien radicalement mais on essaie d’améliorer l’existant, en ajustant chaque composante d’un système. Vient ensuite la « substitution » : on part d’une même organisation en explorant les bénéfices permis par une substitution à l’une ou l’autre des composantes d’un système. Enfin, la « reconception » : tout le système est repensé.</p>
<p>Prenons l’exemple de la gestion des mauvaises herbes pour la production de colza d’hiver (semé à la fin de l’été). On peut régler au mieux le pulvérisateur pour réduire au maximum la quantité d’herbicides nécessaires (efficience). On peut, en adaptant l’écartement des rangs, utiliser le désherbinage, qui combine désherbage mécanique et traitement chimique sur le rang (substitution). Enfin, on peut semer le colza d’hiver avec des légumineuses <a href="https://www.aquaportail.com/definition-3547-gelif.html">gélives</a> (reconception).</p>
<p>Dans ce dernier cas, les légumineuses vont s’installer rapidement en automne, empêchant ainsi la croissance des mauvaises herbes, puis elles vont geler en hiver, laissant le sol propre et permettant au colza de se développer. À noter que dans ce dispositif, les légumineuses gelées vont libérer de l’azote favorable à la croissance du colza et empêcher la survenue en automne d’un insecte, la <a href="https://www7.inra.fr/hyppz/RAVAGEUR/3psychr.htm">grosse altise</a>. Cela permet donc aussi d’éviter un traitement insecticide.</p>
<h2>L’obsession du prix bas</h2>
<p>Pour faire évoluer la situation, il faut aussi dessiner un nouvel horizon commun. Or, le contrat social sur lequel repose notre modèle agricole n’a pas bougé. Il s’agit toujours d’avoir assez en quantité et au prix le plus bas, tout en assurant la sécurité sanitaire.</p>
<p>Rappelons qu’en France, l’autosuffisance alimentaire n’a été atteinte qu’au tout début des années 1980 : elle est le résultat d’un ensemble de systèmes de production mis en place à un moment où les gens ne mangeaient pas à leur faim. En 1950, l’Hexagone importait la moitié de ses denrées alimentaires ! Un réel exploit a donc été accompli par l’agriculture française et européenne en quelques décennies.</p>
<p>C’est à cette lumière qu’il faut relire le premier attendu du <a href="https://www.touteleurope.eu/actualite/le-traite-cee-a-la-loupe.html">Traité de Rome</a> – « accroître la productivité » – concernant la politique agricole européenne commune et sur lequel s’appuie toujours notre agriculture.</p>
<p>La PAC repose de même sur cette augmentation régulière de la production agricole. Mais cet accroissement continu ne peut se réaliser sans une évaluation juste et précise des rendements ; or ceux-ci risquent de devenir de plus en plus imprévisibles à l’heure des changements climatiques.</p>
<p>Prenons l’exemple du blé tendre d’hiver. Ses rendements moyens ont augmenté régulièrement de 1969 à 1995 du fait de l’amélioration génétique, de la maîtrise (souvent chimique) de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Verse">verse</a> et des bioagresseurs (maladies, insectes, mauvaises herbes) ainsi que de la gestion de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fertilisation">fertilisation azotée</a>. Depuis 1995, il n’y a plus d’augmentation tendancielle et les variations inter-annuelles deviennent centrales. En France, l’année 2016 marque à ce titre une année au climat exceptionnellement défavorable.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206853/original/file-20180218-75964-8h2pzm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Rendement du blé tendre, en France et en Allemagne, depuis 1961.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Agreste/Eurostat</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Le changement climatique induit une maturité plus précoce et, à long terme, limite le potentiel de rendement. Plutôt que de rechercher la productivité maximale à l’échelle de chaque culture, ne doit-on pas explorer d’autres options ? Ne faut-il pas passer d’une culture par an à 3 en 2 ans et ainsi mieux valoriser l’ensemble de l’année ? <a href="http://www.irstea.fr/les-cultures-intermediaires-production-agricole-durable-quae">Les cultures intermédiaires</a> constituent, par exemple, une option efficace pour cette nouvelle approche.</p>
<h2>Un nouveau contrat pour l’agriculture de demain</h2>
<p>Si les États généraux de l’alimentation ont offert un espace où repenser le modèle agricole français (pour notamment garantir une alimentation durable et une meilleure distribution des revenus agricoles), ils sont avant tout porteurs d’une vision ; leurs résultats ne pourront s’évaluer que sur le long terme.</p>
<p>Ce n’est pas sans rappeler le Grenelle de l’environnement et la prise de conscience au sujet de l’utilisation massive des produits phytosanitaires et des antibiotiques. Il aura fallu du temps pour que des actions se mettent en place avec des résultats concrets : <a href="http://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecoantibio-2-2017-2021">EcoAntibio</a> (réduction des antibiotiques en élevage), <a href="http://agriculture.gouv.fr/ministere/bilan-du-plan-de-developpement-de-lagriculture-biologique-2008-2012">AgriBio</a> (augmentation de la part de l’agriculture biologique dans la production et la consommation) ou encore <a href="http://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-pour-reduire-lutilisation-des-produits-phytosanitaires-en-france">Ecophyto</a> (réduction de l’usage des produits phytosanitaires) ; même si dans ce dernier cas, les résultats sont plus lents à se manifester.</p>
<p>Aujourd’hui, pour que cette transition soit possible, il faut évidemment identifier les leviers à actionner, mais aussi comprendre en quoi le <a href="https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/136905/1/Baret%20Stassart%202013%20lock-in.pdf">système agricole est « verrouillé »</a>. Dans une telle configuration, avec de nombreux acteurs en équilibre, le premier qui cherche à évoluer risque en effet de perdre. Des innovations et une incitation réglementaire devraient permettre de « déverrouiller » le système.</p>
<p>On pourra ainsi faire le pari d’innovations de niche – comme le biocontrôle, qui pourra s’hybrider avec le système dominant de la chimie pour le remplacer progressivement. Sans oublier le rôle crucial du législateur, comme on le verra sans aucun doute avec le futur arrêt du glyphosate. La réglementation constitue un accélérateur clé pour modifier les pratiques.</p>
<p>Mais il faut que ce que l’on promeut présente un risque réel faible. Car dans le régime d’innovation que connaît l’agriculture, le déploiement de systèmes opérationnels se fait en forte dépendance avec les conditions locales (marchés, régulations, conditions de sol, conditions climatiques). Or une très forte dépendance aux conditions locales ralentit, voire empêche, l’adoption d’innovations. Rappelons que c’est justement pour réduire le risque et cette dépendance au milieu que l’agriculture a eu recours massivement à la chimie.</p>
<h2>Des leviers pour une transition</h2>
<p>On peut identifier plusieurs leviers pour soutenir la transition de l’agriculture française vers l’<a href="http://agriculture.gouv.fr/quest-ce-que-lagro-ecologie">agroécologie</a> : l’apprentissage par l’usage, qui souligne le rôle de la formation initiale et continue, les fonctionnements collectifs des groupes d’agriculteurs, le <a href="http://www1.montpellier.inra.fr/PSDR/doc/intersama/2011%20Faure-Desjeux-Gasselin%20Conseil.pdf">conseil agricole</a> ou encore des équipements collectifs partagés grâce aux nouvelles technologies.</p>
<p>La formation des agriculteurs de demain est cruciale : aujourd’hui, on arrive à la fin des <a href="http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Developpement-culturel/Culture-Monde-rural/Les-acteurs/L-enseignement-agricole">« lycées Pisani »</a> ; ceux-ci ont formé des générations d’agriculteurs dans le cadre de ce premier « contrat social agricole » qui préconisait l’intensification de la production pour remplir des objectifs d’autosuffisance alimentaire. Si aujourd’hui les choses peuvent bouger, ce sera aussi grâce à cette nouvelle génération qui mobilisera des pratiques et systèmes plus « intensifs » en savoirs.</p>
<p>Le conseil est également une composante majeure pour le changement, car il permet de diffuser des connaissances et fait baisser l’aversion au risque des agriculteurs. Au moment où l’on parle de la <a href="http://www.lepoint.fr/economie/pesticides-separer-le-conseil-de-la-vente-un-bouleversement-pour-les-professionnels-31-01-2018-2191056_28.php">séparation du conseil et de la vente</a>, c’est surtout la qualité du conseil et des conseillers qui doit faire l’objet de toutes les attentions. Différents modèles organisationnels du conseil existent en Europe et dans le monde. Celui du Canada et du Québec, avec un <a href="https://oaq.qc.ca">ordre des agronomes</a>, incite à la réflexion.</p>
<p>La transition agricole est une question individuelle pour chaque agriculteur, mais aussi collective et sociétale. Ce n’est pas seulement la production de ressources qui doit être mobilisée mais toute la chaîne de valeur (de la production à la consommation, en passant par la transformation). Une meilleure répartition de la valeur et une modification de la politique agricole commune, avec mise en œuvre de <a href="http://bit.ly/2sMWPDE">paiements pour services environnementaux</a>, seraient des traductions effectives de ces changements importants en cours.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91100/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Huyghe a reçu des financements de l’UE : programmes européens Inno4Grass (2017-2020), Multisward (2011-2014), Lupine. Ainsi que des financements de InVivo (thèse de Nicolas Urruty).
</span></em></p>Alors que s’ouvre ce samedi la 57ᵉ édition du Salon international de l’agriculture à Paris, retour sur les profondes transformations et défis auxquels doit faire face le secteur agricole français.Christian Huyghe, Directeur scientifique pour l’agriculture, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/800852017-06-26T19:40:49Z2017-06-26T19:40:49ZAmazon et Whole Foods Market : ce rachat peut-il révolutionner la distribution alimentaire ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/175570/original/file-20170626-326-1meddvd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C2560%2C1690&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Rayon fruits et légumes chez Whole Foods Market.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/herry/929878550/in/photolist-oAMbXh-oCMkr5-omk3K2-oAMcuE-gMqXY1-cyG1q9-2q6nZV-2qaSuN-SNZLPW-5Mnk41-SSzN7P-RKesG2-RCJ8d8-RA6Cky-is6Y5-84EKvo-RSwwns-UXnbi7-vFnjU9-vFnma5-eguafc-fwDVTU-Ed22H-2jdi3J-ppPDVo-a6rxHV-72HfqR-9RFUDL-AxHo3-cbBTe9-ShK9UG-a8ZtUa-9RFUtJ-ShPtHq-cUchaS-84BEHD-RMTQFK-SSEfNX-atMLeP-gCWxZy-gCWsAC-QGhUPL-9RFUv7-5MnibA-2C78N1-2nEkS-84BD5D-8EVRmL-3Va8EA-kCC8vX/">Herry Lawford/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Amazon, le géant du Web pivot des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ou GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), a fait vendredi 16 juin une <a href="http://bit.ly/2sSHihO">offre d’achat</a> sur Whole Foods Market à 42 dollars l’action pour un total de 13,7 milliards de dollars. Une annonce saluée par les marchés puisque Amazon a gagné presque 19 milliards de dollars de capitalisation boursière depuis l’annonce. Qui est Whole Foods Market ? Quelles sont les motivations derrière cette acquisition dans l’alimentaire ? Qui seront les gagnants et les perdants de ce rachat ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175571/original/file-20170626-32766-n239qi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Au siège d’Amazon à South Lake Union, Seattle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/cheukiecfu/5252226771/">Cheuk-man Kong/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<h2>Amazon poursuit son incursion dans l’alimentaire</h2>
<p>Amazon, le géant américain et pionnier du commerce électronique réalise 136 milliards de dollars de chiffre d’affaires <a href="http://www.annualreports.com/HostedData/AnnualReports/PDF/Nasdaq_AMZN_2016.pdf">à fin décembre 2016 avec 341 400 employés</a>. Il a bâti sa réputation sur la distribution de musique, de livres et de contenus culturels. Le champion du e-commerce propose également à des vendeurs de commercialiser leurs propres produits sur les sites d’Amazon. Le détaillant en ligne mise tous ses efforts sur la sélection des articles, les prix et la rapidité de livraison.</p>
<p>Il a également fait ses premiers pas dans l’alimentaire en 2008 avec le lancement d’AmazonFresh aux États-Unis. Moyennant un abonnement mensuel, les clients peuvent commander des fruits ou des légumes en ligne et être livrés à domicile. Les services d’AmazonFresh ont été étendus à Londres (nord et est de Londres) et Boston en 2016 puis Tokyo, Berlin, Postdam et Denver en 2017.</p>
<p>Amazon a même lancé fin mars 2017 <a href="https://www.amazon.com/afx/nc/aboutpickup">AmazonFresh Pick-up</a> qui permet aux clients américains « Prime members » de venir chercher en voiture leurs commandes passées en ligne. Amazon souhaite amplifier sa présence dans l’alimentaire : un marché évalué à <a href="http://fortune.com/2017/06/22/amazon-buying-whole-foods-disruption/">800 milliards de dollars</a> selon Fortune.com.</p>
<p>Néanmoins, la demande en ligne (pour l’alimentaire) ne suscitant pas l’engouement espéré, Amazon semble se tourner vers une offre multicanal. Citons par exemple une initiative particulièrement novatrice : <a href="https://www.amazon.com/b?node=16008589011">AmazonGo</a>. Grâce à, l’Intelligence artificielle,la technologie <a href="http://www.centrenational-rfid.com/definition-de-la-rfid-article-71-fr-ruid-17.html">RFID</a>… ce qu’Amazon a baptisé la « Just Walk Out Technology », le client n’a qu’à passer son smartphone sur lequel il a téléchargé une application spécifique Amazon Go devant un capteur à l’entrée du magasin puis à choisir en rayon les articles qu’il souhaite acheter. Chaque fois qu’il prend un produit, ce dernier est automatiquement ajouté à son compte Amazon personnel. Le client n’a plus à faire la queue ni à passer par une caisse « physique ».</p>
<p>Le premier magasin a ouvert à Seattle en décembre 2016. Si l’initiative s’avère concluante, Amazon prévoit d’ouvrir 2000 magasins aux États-Unis puis ensuite en Australie. Une nouvelle façon révolutionnaire de faire ses courses ? Certes, mais elle soulève aussi de nombreuses questions. Qu’adviendrait-il des emplois de caissier(e)s si ce système était généralisé ? Il semblerait qu’Amazon ait repoussé ses projets d’ouverture compte tenu de difficultés technologiques. Fortune indique dans son article <a href="http://fortune.com/2017/03/28/amazon-go-cashier-free-store/">« Amazon’s Cashier-Free Store Might Be Easy to Break »</a> que pour l’instant la technologie ne serait pas suffisamment sophistiquée pour pouvoir gérer plus de 20 clients simultanément. C’est donc peut-être une des raisons qui pousse Amazon à intensifier son offre multicanal en se tournant vers Whole Foods Market.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175572/original/file-20170626-309-34l090.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le magasin de West Hartford dans le Connecticut.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jeepersmedia/14833428466/in/photolist-oAMbXh-oCMkr5-omk3K2-oAMcuE-gMqXY1-cyG1q9-2q6nZV-2qaSuN-SNZLPW-5Mnk41-SSzN7P-RKesG2-RCJ8d8-RA6Cky-is6Y5-84EKvo-RSwwns-UXnbi7-vFnjU9-vFnma5-eguafc-fwDVTU-Ed22H-2jdi3J-ppPDVo-a6rxHV-72HfqR-9RFUDL-AxHo3-cbBTe9-ShK9UG-a8ZtUa-9RFUtJ-ShPtHq-cUchaS-84BEHD-RMTQFK-SSEfNX-atMLeP-gCWxZy-gCWsAC-QGhUPL-9RFUv7-5MnibA-2C78N1-2nEkS-84BD5D-8EVRmL-3Va8EA-kCC8vX/">Mike Mozart/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Qui est Whole Foods Market ?</h2>
<p>Leader américain de la distribution de produits alimentaires naturels et biologiques, Whole Foods Market est le premier distributeur américain « certifié biologique » et positionné comme le détaillant de produits alimentaires les plus sains en Amérique du Nord. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 15,7 milliards de dollars à fin septembre 2016, dégage un milliard de dollars de trésorerie d’exploitation et affiche un <a href="http://bit.ly/2u7uLqp">retour sur capital investi de 12,7 %</a>.</p>
<p>Fondé aux États-Unis en 1978, le premier magasin de <a href="https://www.wholefoodsmarket.com/company-info/whole-foods-market-history">Whole Foods Market</a> a ouvert ses portes en 1980 à Austin, Texas. À fin septembre 2016, la chaîne dispose de 456 magasins : 436 aux États-Unis, 11 au Canada et 9 au Royaume-Uni. Il emploie 87 000 personnes. L’entreprise a fait du développement durable son cheval de bataille. Elle porte une attention particulière à la qualité de ses produits (naturels et biologiques), à ses sources d’approvisionnement, à son personnel et est fortement impliquée dans la communauté locale. La devise du groupe est « Whole Foods, Whole People, Whole Planet » et montre que la vision de cette entreprise va bien au-delà de la vente au détail de produits alimentaires.</p>
<p>Lors de l’exercice comptable 2016, Whole Foods Market a lancé un format de magasin appelé 365. L’objectif étant de proposer le meilleur rapport qualité-prix, réduire l’empreinte carbone à travers des produits sélectionnés et soigneusement conservés. Les magasins 365 disposent d’un modèle opérationnel simplifié, avec des achats centralisés et des réapprovisionnements automatiques des inventaires.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175596/original/file-20170626-32751-fhksbj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rayon céréales chez Whole Foods Market.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/gotovan/26214281090/in/album-72157663191979302/">GoToVan/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Pourquoi vouloir racheter Whole Foods market ?</h2>
<p>Leader dans la distribution de produits alimentaires naturels et bio en Amérique du Nord, Whole Foods Market a une solide réputation pour ses produits et son service client : le groupe a plus de 13 millions de fans et d’abonnés sur Facebook, Instagram et Twitter. Jeff Bezos, fondateur et PDG d’Amazon a déclaré :</p>
<blockquote>
<p>« Des millions de personnes aiment Whole Foods Market car ils offrent les meilleurs produits alimentaires naturels et biologiques, et qu’ils rendent la manière de manger sainement amusante ». « Whole Foods Market a satisfait, régalé et nourri des clients depuis près de 40 ans. Ils font un travail fantastique et nous voulons <a href="http://bit.ly/2sSHihO">que cela continue</a> ».</p>
</blockquote>
<p>L’acquisition permettrait donc de regrouper deux grandes marques réputées et toutes les deux centrées sur l’approche client. S’associer à Whole Foods Market lui permettra d’augmenter son offre multicanal et d’améliorer encore l’expérience client. Le potentiel de développement est énorme car aujourd’hui Whole Foods Market est essentiellement présent aux États-Unis, mais le concept pourrait être étendu à d’autres pays.</p>
<p>Enfin, Amazon est aujourd’hui confronté à une saisonnalité : 33 % des ventes annuelles sont réalisées sur le quatrième trimestre de l’année civile avec des rentrées de trésorerie qui se font essentiellement sur cette période. En se diversifiant davantage sur l’alimentaire, cela permettrait aussi de lisser un peu les entrées de liquidités.</p>
<p>À notre avis cette acquisition, première opération de croissance externe vraiment significative pour Amazon s’aligne totalement avec la stratégie d’Amazon car les deux groupes font du service client et de l’excellence opérationnelle une absolue priorité. En effet, dans le <a href="http://www.annualreports.com/HostedData/AnnualReports/PDF/Nasdaq_AMZN_2016.pdf">rapport annuel 2016</a>, Jeff Bezos, nous rappelle les quatre principes directeurs de la firme :</p>
<blockquote>
<p>« l’obsession du client plutôt que le souci de la concurrence, la passion de l’invention, l’engagement vers l’excellence opérationnelle, et la vision à long terme ».</p>
</blockquote>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=372&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175599/original/file-20170626-304-ibqoop.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=468&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Offres d’automne (magasin à Washington, D.C.).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/perspective/15551992422/in/photolist-pGh2wo-Dwfhew-fUe4BF-ndqr3H-ay3Hqk-rhV9Eu-ShUomy-75qwdj-a6rxHV-uXFeTi-6vD8Vp-fviFmy-pG9eii-gCWFan-fv4nnF-duXApb-RW9gh6-fv4nTc-pGcGEr-AxHo3-b6p5vT-fv4nAv-8xeMW-ndr2d5-duXABL-gCWDcp-9RFUA1-jkjdyg-8kjSKr-8HMUDE-ocYkV7-9NELeJ-duRo9P-ixj2HW-nbo2JA-b6p5tD-b6p5Bp-9RFUCC-jR9gc-duSuQc-ppHe9F-oKqwTV-t8fM4K-a6rxLg-ndqyvP-7Edzt-QJQ5uH-SCTkCm-6Bp8Pg-fviFiY">Elvert Barnes/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Néanmoins, elle suscite tout de même certaines interrogations. La première est relative à l’emploi car Whole Foods Market accorde beaucoup d’importance à ses employés. Elle est depuis 20 ans considérée comme une des 100 meilleures sociétés américaines où travailler (Fortune magazine).</p>
<p>Après le rachat, Amazon va-t-il garder tous ces magasins ? Au 25 septembre 2016, Whole Foods Market a près de 3,5 milliards d’immobilisations (magasins, installations…) à l’actif de son bilan et 1 milliard de dollars de contrats de locations longue durée (leasings) sur d’autres points de vente.</p>
<p>La seconde interrogation concerne la politique de prix et les possibles divergences de point de vue entre Amazon et Whole Foods Market. La chaîne bio pratique des prix plutôt élevés (généralement +10 à +30 % par rapport à ses concurrents directs) et a parfois été critiquée sur cet aspect, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le groupe a lancé les magasins 365. Or Amazon est soucieux d’offrir des prix très compétitifs. Amazon va-t-il offrir des produits avec des prix plus élevés ou au contraire Whole Foods Market va-t-il réduire ses prix ?</p>
<p>Enfin la troisième interrogation est relative aux investissements dans le numérique que Whole Foods Market a déjà réalisé et ne cesse de poursuivre par exemple avec la mise en place de la technologie <a href="http://www.businessnewsdaily.com/7859-emv-technology-small-businesses.html">EMV</a> (Europay,MasterCard and Visa) sur le point de vente, la distribution de coupons de réduction digitaux…</p>
<p>De plus, le groupe dispose déjà de son propre site de <a href="https://www.wholefoodsmarket.com/online-ordering">vente en ligne</a> via Instacart. Ce site subsistera-t-il si Amazon rachète la société ? Qu’adviendra-t-il du partenariat que Whole Foods Market a noué avec <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2016-09-23/whole-foods-invests-in-instacart-at-2014-valuation">Instacart</a>, la start-up créée en 2012 (par un ancien employé d’Amazon) qui gère les livraisons de Whole Foods Market et dans laquelle Whole Foods a également pris une participation financière ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175602/original/file-20170626-315-h3j52g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Siège d’Amazon à Seattle (Dopler building).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/kiewic/30676339365/in/photolist-NJLfWR-UhFyXV-A8zQK-4sdTYD-aYVgYr-UBX7di-5sgQLy-aSUHK4-qk1KCP-o64eZo-o7WpHK-8y3jL7-K6xvN4-reu1ZC-9Xni9-K6xvHe-9Xnjp-8Wmvss-qZfR6d-qZmPSD-9XngJ-rgMfSF-nNELEk-rgHUC5-rdvkiW-rgMpdi-nmE1x6-rgHThu-9Xneo-UhFwTz-rgHLpm-qZfFDs-qZmLNx-qjNHhS-2Xopq5-o47L7C-2XiYk8-2XiYDZ-qZfWoN-rgFdTZ-rgHX7U-nB6MGj-rgF1GV-qjNGSU-qk1Tev-qk1Kb6-qZmAUe-qZmTgx-qjNBAG-qZmNBn">Kiewic/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Qui sont les gagnants et les perdants ?</h2>
<p>Le grand gagnant est bien sûr Amazon, depuis l’annonce le 16 juin 2017, sa capitalisation boursière a bondi de presque 19 milliards de dollars pour atteindre les 479,7 milliards de dollars le 23 juin 2017 avec un cours de 1003,74 dollars par action.</p>
<p>Amazon a généré près de 16 milliards de dollars de trésorerie d’exploitation lors de son dernier exercice. Il dispose de plus de 19 milliards de dollars de trésorerie à fin décembre 2016 et presque 26 milliards de dollars si on y inclut les placements à court terme.</p>
<p>Le groupe de Seattle ne devrait donc pas avoir de mal à absorber Whole Foods Market dont le prix d’achat nous semble plutôt raisonnable au regard du chiffre d’affaires réalisé : presque 16 milliards de dollars à fin septembre 2016.</p>
<p>Un groupe qui prévoit une progression de ses ventes pour 2017 de 2,5 % à 4,5 % avec un résultat opérationnel courant avant impôts et taxes de l’ordre de 8 % des ventes tout en maintenant un objectif de <a href="http://s21.q4cdn.com/118642233/files/doc_financials/2016/Annual/2016-WFM-Annual-Report.pdf">retour sur investissement d’au moins 11 %</a>.</p>
<p>À l’inverse les principaux acteurs de la distribution semblent trembler. Même Walmart (Wal-Mart Stores Inc), le plus grand distributeur au monde avec près de 486 milliards de dollars de chiffre d’affaires a vu sa capitalisation boursière reculer de 12,8 milliards de dollars soit-5,4 % entre le 15 juin 2017 (237,8 milliards de dollars) et le 23 juin 2017 (225 milliards de dollars).</p>
<p>Selon <a href="http://fortune.com/2017/06/22/amazon-buying-whole-foods-disruption/">Fortune.com</a>, dans les 24 h qui ont suivi l’annonce, le cours de Walmart a chuté de 4,7 %, celui de Target de 5,1 % et celui de Kroger 9,2 % alors que celui d’Amazon progressait de 2,4 %. Reste à savoir si cette baisse n’est que momentanée. Pour CNBC, c’est une possibilité telle qu’envisagée dans son article <a href="http://www.cnbc.com/2017/06/21/dont-worry-wal-mart-amazon-buying-whole-foods-is-just-a-drop-in-the-bucket.html">« Don’t Worry, Wal-Mart ; Amazon buying Whole Foods Is Just a “Drop in the Bucket” »</a> (littéralement, « Pas de souci pour Wal-Mart ; Amazon rachetant Whole Foods n’est qu’une goutte dans le seau ») compte-tenu de la forte part de marché détenue par Wal-Mart.</p>
<p>CNBC indique en effet que « Wal-Mart contrôle la plus grosse part du marché américain de l’alimentaire avec environ 14,5 % des ventes totales […] et que Whole Foods Market et Amazon resteront plus petits avec Whole Foods contrôlant 1,2 % de part de marché et Amazon 0,2 % de part de marché dans l’alimentaire ».</p>
<h2>Un marché en pleine mutation</h2>
<p>En tous cas, ce renforcement d’Amazon dans l’alimentaire, s’il se concrétise, ne fera qu’accentuer des tendances déjà remarquées au niveau des consommateurs qui délaissent les hypermarchés pour des commerces de proximité et augmentent leurs achats en ligne.</p>
<p>Au Royaume-Uni, Tesco le plus grand distributeur et employeur privé britannique peine toujours à reconquérir ses clients. Ces derniers privilégient désormais les commerces de proximité avec de plus petits paniers quotidiens qu’ils complètent par des achats en ligne. Cette tendance n’est pas une nouveauté puisqu’à fin février 2015,cumulée avec une lutte sur les prix acharnée engagée par les <em>hard discounters</em> Aldi, Asda ou Lidl, Tesco avait publié une perte historique de 5,7 milliards de livres (presque 7 milliards d’euros).</p>
<p>J. Sainsbury Plc et Marks & Spencer Group Plc souffrent aussi des mêmes pressions et les résultats financiers sont toujours très décevants. Tesco a affiché une perte de 40 millions de livres sterling à fin février 2017, mais son chiffre d’affaires a baissé de 9,75 % depuis février 2015. Au niveau français, les clients délaissent également les hypermarchés, comme le souligne Anaïs Lozach dans <a href="http://bit.ly/2ta6QJk">Zone Bourse</a> ou le rappelle encore <a href="http://lemde.fr/2o7aNd2"><em>Le Monde</em></a>.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/220787559" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Référenseigne Scoop 2017 de Kantar World Panel.</span></figcaption>
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<p>Auchan, Leclerc, Carrefour, Monoprix… adaptent leur offre produit, changent les formats de leurs magasins pour faire face aux changements profonds des modes de consommation. Des changements très bien décrits dans la vidéo ci-dessus avec le phénomène de <a href="http://thisslowlife.com/what-is-a-slow-life/"><em>slow life</em></a> : consommer moins, mais mieux.</p>
<p>Au-delà des efforts déjà entrepris par ces distributeurs français en magasins, ils devront encore renforcer leur présence en ligne et investir massivement dans des systèmes d’information performants et le <em>data analytics</em>. Une tendance sans doute anticipée dernièrement par Carrefour avec la nomination à sa tête d’Alexandre Bompard qui avait conduit avec succès le virage numérique de la Fnac.com devenu 3<sup>e</sup> site marchand français derrière Amazon et Cdiscount.</p>
<h2>La stratégie d’Amazon dans l’alimentaire</h2>
<p>Amazon a déjà révolutionné la distribution de la musique, des livres, va-t-il aussi révolutionner la distribution alimentaire ? En tous cas, les investissements du géant dans ce domaine le laisse penser. Le groupe dispose de plateformes logistiques très efficaces et a investi massivement dans ses systèmes d’informations, sites marchands… depuis 2012, il poursuit également le développement de la « just walk out technology » qu’il prévoit d’utiliser dans les magasins AmazonGo.</p>
<p>Le rachat de Whole Foods Market permettrait d’allier deux grandes marques connues et de proposer une offre produit élargie et multicanal avec un service client reconnu et des possibilités d’expansion géographiques importantes. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les grands distributeurs. Les géants américains ont tous vu leur capitalisation boursière chuter ces derniers jours. Les distributeurs européens sont également concernés par ces nouveaux modes de consommation en ligne et la nécessité d’une offre multicanal.</p>
<p>En France, les grands distributeurs ont du retard à rattraper dans l’e-commerce et l’arrivée d’Amazon comme nouveau concurrent ainsi que celle de Costco sur le marché hexagonal depuis le 22 juin 2017 ne font que rendre les challenges encore plus importants. L’industrie de la distribution alimentaire est une industrie à faibles marges et donc la recherche d’efficacité, d’économies d’échelles sont des éléments clés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175610/original/file-20170626-321-qiemd1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rayon légumes dans un Whole Foods Market à Londres.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/bellissima_italia/4635406031/in/photolist-84BEHD-84BD5D-84EH3d-84EGgL-6L793u-84BCkt-84EM1y-84BzWa-2qb48G-9ajjwJ-GK3LKf-6L2Ypi-2jdi3J-FRKmys-gMqXY1-cyG1q9-7Q635y-dZ6PwL-SNZLPW-FRKo3Q-8DonmZ-937Se9-UXnbi7-2q6nZV-SSzN7P-RKesG2-vFnjU9-oAMbXh-6L78QY-vFnma5-6u1pyb-9mbrQ6-aqUZEP-aqUZMi-aqUZ9v-aqUZgT-aqUYBk-aqUZqX-aqUYJ6-aqUYvM-2qaSuN-7X6vLf-is6Y5-oCMkr5-RCJ8d8-RA6Cky-omk3K2-RSwwns-GMfgm8-fwDVTU">Yvon/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Même si aujourd’hui de nombreux consommateurs vont encore en magasin choisir leurs fruits et légumes (et en particulier en France), ces habitudes pourront changer dans les 25 ans à venir ! Amazon qui a souvent été un lanceur de tendances ne fera que faciliter le recours au e-commerce et pourrait bien, si ce n’est changer la donne, avoir un impact significatif sur la distribution alimentaire.</p>
<p>Qui sait ? Amazon contribuera peut-être à démocratiser la vente de bio mais pour l’instant de nombreuses questions se posent notamment concernant l’impact sur l’emploi. Enfin, depuis l’offre d’Amazon à 42 dollars par action, le cours de Whole Foods Market a progressé pour atteindre 42,95 dollars à la clôture le 23 juin. Dans ces conditions, les actionnaires du groupe accepteront-ils finalement l’offre ? Pourrait- il y avoir une surenchère d’Amazon ou une contre-offre d’un géant de la distribution alimentaire ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80085/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Chaboud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le géant Amazon est prêt à dépenser près de 14 milliards de dollars pour acheter la chaîne de supermarchés bio. Une stratégie en phase avec les évolutions profondes du marché. À confirmer cependant.Isabelle Chaboud, Professeur Associé d'analyse financière, d'audit et de risk management, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/792532017-06-11T20:13:40Z2017-06-11T20:13:40ZSpécial cosmétiques de 60 millions de consommateurs : on marche sur la tête !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/173253/original/file-20170610-4831-1b7t3j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/flacons-erlenmeyer-chimie-606611/">Republica/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Lire le hors-série sur les cosmétiques du magazine <a href="http://www.60millions-mag.com/"><em>60 millions de consommateurs</em></a> n°189 (juillet/août 2017), c’est entrer dans une autre dimension : une dimension où le sens commun est réduit à un pourcentage extrêmement faible. Il est impossible de détailler toutes les erreurs qui fleurissent dans ce guide qui aurait pu être précieux pour le consommateur. </p>
<p>Pour quelques remarques de bon sens, nous avons relevé <a href="http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/60-millions-de-consommateurs-on-marche-sur-la-tete-245/">sur notre blog</a> une quantité considérable d’erreurs scientifiques (quelques perles trouvées au fil des pages seront rapportées ici).</p>
<h2>Un peu de bon sens, tout de même</h2>
<ul>
<li><p>Concernant les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parab%C3%A8ne">parabens</a> notés « pas toujours nocifs », il est bon de réhabiliter ces conservateurs pour qui ne souhaite pas voir entrer dans la composition des cosmétiques des alternatives moins sûres (générateurs de formol par exemple).</p></li>
<li><p>La condamnation des produits de soin renfermant des filtres UV est une excellente chose – cela fait, pour notre part, des années que nous luttons contre cette mode que nous jugeons tout simplement stupide !</p></li>
</ul>
<h2>Beaucoup de « moins bon sens »</h2>
<ul>
<li><p>La part belle faite aux petites sociétés <em>bio</em> ; les grands groupes sont mis à l’index (il faut bien comprendre que si la notion de Bonnes Pratiques de Fabrication est habituelle pour les leaders du marché, il n’en est pas de même pour un certain nombre de petites sociétés).</p></li>
<li><p>la crème Hydrance (Avène) que <a href="http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/hydrance-legere-une-bonne-creme-hydratante-26/">nous trouvons parfaite</a> est stigmatisée du fait de la présence de paraffine (on peut lire « la formule mise surtout sur la paraffine ») et de phénoxyéthanol (un conservateur jugé sûr dans les cosmétiques, à l’exception des produits pour le siège des nourrissons, ce qui n’est pas le cas ici).</p></li>
<li><p>Une notation des produits étonnante : la crème au souci (c’est le cas de le dire) du Dr Theiss obtient « une moue » avec 5 allergènes ; la crème hydratante pour peau sèche B comme Bio obtient « un sourire » avec 3 allergènes et une substance suspectée d’être un perturbateur endocrinien. Notons que dans le domaine, on nous assomme avec cette notion de <a href="http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/ces-molecules-qui-perturbent-le-milieu-cosmetique-106/">perturbateurs endocriniens</a> (PE) <a href="http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/pas-de-soja-dans-les-cosmetiques-60/">à tort et à travers</a> ! Il conviendrait, lorsque parle de PE, de quantifier cet effet par rapport à une molécule de référence. S’il faut une tonne d’ingrédients pour provoquer un effet lambda ou un picogramme, ma peur n’est pas la même !</p></li>
<li><p>De la même façon, le shampooing doux usage fréquent de B comme Bio affiche un large sourire. Le lauryl sulfate de sodium qu’il contient (tiens, on pensait que plus personne n’utilisait cet irritant notoire) est « compensé par l’eau florale de camomille » dixit le rédacteur. Non, c’est un peu trop simple. On ne VEUT plus trouver ce tensioactif dans les shampooings ; on préfère le lauryléther sulfate de sodium (sodium laureth sulfate) dont l’éthoxylation diminue le caractère irritant ;</p></li>
<li><p>Le shampooing Monoprix bio et son laurylsulfate d’ammonium, tout aussi irritant, a le même traitement de faveur. Il obtient un sourire ! Pas par nous !</p></li>
<li><p>Des ingrédients sûrs sont présentés comme des ingrédients toxiques c’est le cas des PEG, de l’<a href="http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/pas-de-danger-avec-l-edta-continuons-d-utiliser-sans-complexe-appreciez-le-jeu-de-mots-les-cosmetiques-qui-en-contiennent-165/">EDTA</a> qui font traiter la crème Garnier Skinactive hydra bomb de « bombe » sous-entendue toxique. Les silicones et polymères (sans précisions) coûtent le sourire à la crème corporelle DermaSpa – Dove ;</p></li>
</ul>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/173249/original/file-20170610-18375-gyaa0b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">produit solaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/soins-de-la-peau-application-1491366/">chezbeate/Pixabay</a></span>
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<ul>
<li><p>Des poncifs du genre : « des étiquettes à y perdre son latin »… Oui, les noms de plante sont indiqués par leurs noms latins, c’est une règle internationale qui s’applique. S’il n’y avait pas eu ce souci d’uniformisation des noms d’ingrédients, chacun utiliserait le nom vernaculaire qui sonnerait bien à son oreille (ce serait la tour de Babel) et cela donnerait : criste marine pour certains, perce-pierre, casse-pierre, fenouil marin… pour d’autres, rock samphire, pour les Anglais… ce qui ne serait pas plus facile à analyser !</p></li>
<li><p>Des conseils sur les solaires qui ne reposent sur aucun fondement scientifique : pour être efficaces, les préparations contenant des filtres organiques « doivent être appliquées 30 minutes avant de s’exposer au soleil. » Pour les filtres minéraux « leur action est immédiate ». Non, dans les deux cas, l’action protectrice est immédiate !</p></li>
<li><p>« En Europe, les produits solaires doivent posséder un niveau de protection contre les UVB 3 fois plus important que celui contre les UVA » ; la Recommandation européenne de 2006 a été mal comprise par les rédacteurs de la revue. Elle implique un ratio SPF/FP-UVA inférieur ou égal (et ceci est important) à 3. Plus le ratio est faible, meilleur sera le produit !</p></li>
<li><p>Homosalate, octocrylène… sont présentés comme des perturbateurs endocriniens ce qui est faux. Propager ce type d’informations totalement erronées va se traduire par une désaffection vis-à-vis des produits solaires contenant des filtres organiques, seuls produits efficaces du marché. Les conséquences en ce qui concerne la survenue des cancers cutanés ne sont jamais évoquées !</p></li>
<li><p>Des conseils en matière d’hygiène étonnants : l’un des produits conseillés est le savon pur végétal du Dr Bronner’s (marque fort peu connue !) idéal pour le « lavage du corps, des dents, du linge » ! Idéal, quand ma peau, c’est comme de la soie !</p></li>
</ul>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/173248/original/file-20170610-18375-46b6df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Savon d’Alep dans le souk de damas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Souq_al-Bzouriyya,_Damascus,_Syria_(5076101951).jpg#/media/File:Souq_al-Bzouriyya,_Damascus,_Syria_(5076101951).jpg">yeowatzup/wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Le savon d’Alep Douce nature (« action désinfectante et qui peut être utilisé contre l’acné ») : le rédacteur a sans doute oublié qu’un cosmétique ne peut pas traiter une pathologie. Le produit récolte pourtant un large sourire. L’aspect hétérogène du produit (voir la photo en page 50 du magazine) ne plaide pas en faveur d’un produit de grande qualité !</p></li>
<li><p>La pâte dentifrice Weleda sans fluor (la mention « Pas sûr que l’émail soit correctement reminéralisé avec cette pâte ») obtient un large sourire ! On s’étonnera de cette largesse pour un dentifrice qui ne protégera pas des caries !</p></li>
<li><p>La pâte Colgate MaxFresh fait grise mine avec une moue très prononcée tout simplement par ce qu’elle contient le lauryl sulfate de sodium (un détergent ubiquitaire dans les dentifrices qui ne pose aucun souci du fait de sa faible teneur) et du saccharinate de sodium (sans souci non plus ici).</p></li>
<li><p>Le dentifrice Sensodyne est pointé du doigt pour le « sujet allergique » du fait de la présence de cocamidopropyl betaine (CPB) « un composant qui peut provoquer des irritations ». Visiblement le rédacteur de cet article n’est pas au point sur les notions d’allergies et d’irritations ! Ses sources sont également anciennes car on sait très bien que si l’on utilise une CPB de qualité on n’observera pas de problème d’allergies.</p></li>
</ul>
<p>Nous ne parlerons pas des recettes-maison en fin de magazine et en particulier pas des savons « girly » puisque l’<a href="http://ansm.sante.fr/">Agence nationale des produits de santé et du médicament</a> a émis une alerte sur ce type de produits. Il vaut mieux oublier…</p>
<hr>
<p>_Pour en savoir plus, en vidéo, sur les cosmétiques, c’est <a href="https://www.youtube.com/watch?v=l5HbzxNWZyY&feature=share">ici</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=jP3DEiuYpOw&feature=share">là</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/79253/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le hors-série sur les cosmétiques du magazine 60 millions de consommateurs fait grand bruit. Analyse critique de son contenu.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de NantesLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de NantesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/739262017-03-14T22:18:36Z2017-03-14T22:18:36ZAgriculture bio : attention au fétichisme du label<p>Beaucoup d’observateurs parlent aujourd’hui d’un « changement d’échelle » de l’agriculture biologique en France. Selon l’<a href="http://www.agencebio.org/le-marche-de-la-bio-en-france">Agence bio</a>, les ventes de produits dans ce secteur ont doublé en six ans, pour atteindre sept milliards d’euros à la fin de l’année 2016. Pour certains produits, la part de marché commence à être significative : 20 % pour les œufs et 12 % pour le lait, par exemple.</p>
<p>Le dernier <a href="http://www.agencebio.org/comprendre-le-consommateur-bio">baromètre Agence bio/CSA</a> montre également l’appréciation très positive que les Français ont de l’agriculture biologique : pour 92 % des personnes interrogées, celle-ci contribue à préserver l’environnement ; pour 88 %, elle est meilleure pour la santé ; pour 75 %, elle représente une source d’emplois ; enfin 83 % estiment avoir confiance dans les produits bio.</p>
<p>L’engouement est donc réel et ce changement d’échelle s’observe <a href="http://www.agencebio.org/la-bio-en-france">à toutes les étapes des filières</a>. Depuis 2010, les surfaces agricoles biologiques françaises ont également doublé, impliquant 12 000 exploitations supplémentaires, et le nombre des transformateurs et distributeurs proposant des produits bio a augmenté de moitié.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.agencebio.org/le-marche-de-la-bio-en-france">Agence Bio/ANDI</a></span>
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<h2>La peur du nivellement vers le bas</h2>
<p>Ces développements suscitent toutefois des sentiments contrastés parmi les personnes qui promeuvent l’agriculture biologique. Des craintes apparaissent face au développement de gammes de produits bio à bas prix dans la grande distribution ou la conversion récente de très grandes exploitations.</p>
<p>Certes, il s’agit là de leviers de croissance importants, mais ne risque-t-on pas d’adopter des pratiques contraires à l’<a href="http://www.novethic.fr/empreinte-terre/agriculture/isr-rse/au-salon-de-l-agriculture-un-bio-a-geometrie-variable-144309.html">« esprit de la bio »</a> ? D’aller vers des modes de production de plus en plus proches de l’agriculture industrielle ? Ou de voir se créer une bio <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/01/18/vers-une-agriculture-bio-a-deux-vitesses_5064854_3244.html">« à deux vitesses »</a> ?</p>
<p>Tous ces risques sont réels, mais la lecture des recherches en <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01447673/document">sociologie rurale</a> invite à ne pas conclure trop vite à l’inévitable « conventionnalisation » de l’agriculture biologique.</p>
<h2>L’action du label AB</h2>
<p>De nombreux facteurs seront déterminants pour l’avenir de la bio : l’évolution de la réglementation européenne, le niveau de soutien des pouvoirs publics, la capacité des producteurs à s’organiser collectivement…</p>
<p>Parmi tous les éléments déterminants, un petit objet mérite une grande attention : le <a href="http://www.agencebio.org/la-marque-ab">label AB</a>. Ce dernier est aujourd’hui un vecteur fort de la confiance des consommateurs. Il constitue une garantie reconnue, attestant du respect de règles précises, interdisant notamment l’usage de pesticides de synthèse.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rayon bio dans un magasin Leader Price.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/padorange/3556071323/in/photolist-6qeN7x-fTEhC">Pierre-Alain Dorange/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Cette garantie est d’ailleurs d’autant plus nécessaire que le marché s’étend vers les circuits conventionnels de la grande distribution ou de l’industrie agroalimentaire. En l’absence des producteurs, présents dans la vente directe, ou d’une histoire militante, que l’on retrouve dans certains réseaux de magasins spécialisés, le label incarne à lui seul la promesse de différence de l’agriculture biologique. À lui seul, il permet au consommateur de projeter toute une série de bénéfices attachés à ses choix de consommation.</p>
<p>Mais l’action du label ne s’arrête pas là. S’il est un vecteur d’information, permettant de différencier les produits bio des produits non bio, il tend aussi à masquer la diversité des agricultures biologiques. C’est ce que j’appelle, en référence au « fétichisme de la marchandise » autrefois décrit par Karl Marx, un <a href="http://www.pressesdesmines.com/sciences-sociales/sociologie-des-systemes-alimentaires-alternatifs.html?options=cart">« fétichisme du label »</a> : l’incapacité à voir la diversité d’organisation existant derrière le seul label.</p>
<p>Le label AB ne dit, par exemple, rien de la taille des exploitations ou des conditions d’embauche des ouvriers agricoles. Il ne permet pas non plus de distinguer les démarches plus exigeantes, qui vont bien au-delà des attentes de la réglementation.</p>
<p>Par exemple, des producteurs légumiers <a href="http://ageconsearch.umn.edu/bitstream/196594/2/94-(1), %2065-92.pdf">refusent d’utiliser les semences CMS</a>, qu’ils considèrent comme des OGM, alors qu’elles sont autorisées en bio. De même, des éleveurs bovins alimentent presque exclusivement leurs bêtes avec des rations produites sur leur ferme, alors que le label n’exige que cela soit réalisé qu’à hauteur de 60 %. Sur un autre plan, des transformateurs et distributeurs établissent avec des producteurs des partenariats inspirés du commerce équitable.</p>
<p>Même si cela n’est pas systématique, beaucoup de ces démarches se soldent par des coûts de production plus élevés que ceux qui résultent d’une bio calée sur la réglementation.</p>
<h2>Se distinguer pour exister</h2>
<p>Il n’est pas difficile d’imaginer le scénario catastrophe qui pourrait découler de ce fétichisme du label.</p>
<p>La bio à deux vitesses ne serait qu’un état provisoire. Dans un marché concurrentiel, les offres les plus exigeantes seraient condamnées, en raison de leurs prix plus élevés, à être supplantées par les offres qui le sont moins. Toute la bio se ferait au minima de la réglementation, ce qui n’est pas rien, mais qui est tout de même en dessous de beaucoup de pratiques actuelles.</p>
<p>Ce risque est parfaitement connu des professionnels de la bio. Pour le contrer, ils développent toute une série de <a href="http://www.cairn.info/revue-pour-2015-3-p-89.htm">nouveaux signes distinctifs</a>, supposés agir en complément du label AB.</p>
<p>La Fédération nationale d’agriculture biologique, principal réseau d’agriculteurs bio français, s’investit depuis plusieurs années dans le développement d’une marque nommée <a href="http://www.biocoherence.fr/">« Bio Cohérence »</a>, rattachée à un cahier des charges plus exigeant que la réglementation. Des groupements de producteurs communiquent de même sur leurs modes de production spécifiques à travers leurs marques propres (par exemple <a href="http://www.biobreizh.org/">« Biobreizh »</a> pour l’Association des producteurs de fruits et légumes biologiques de Bretagne). Des entreprises agro-alimentaires ont initié la certification <a href="http://www.biopartenaire.com/">Bio Partenaires</a> pour identifier des filières bio françaises inspirées des principes du commerce équitable. Le réseau Biocoop rappelle au quotidien à ses clients, dans ses magasins ou sur son site Internet, qu’il s’engage sur une forme de bio <a href="http://www.biocoop.fr/La-bio/la-bio-selon-biocoop">« différente de ce qui se fait par ailleurs »</a> …</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation de l’association Biobreizh (APFLBB Biobreizh, 2016).</span></figcaption>
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<h2>Une consommation réflexive</h2>
<p>Il s’agit désormais de savoir jusqu’à quel point ces signes de qualité supplémentaires permettent de contrer le fétichisme du label. Les consommateurs leur accordent-ils de la valeur ?</p>
<p>Chacun peut être tenté de considérer que tous ces ajouts ne font finalement que créer de la confusion, et de conclure à la force renouvelée du fétichisme du label. Pourtant, bien que proposant des prix généralement plus élevés que la grande distribution, le réseau de boutiques Biocoop <a href="http://www.lineaires.com/LA-DISTRIBUTION/Les-actus/La-croissance-spectaculaire-de-Biocoop-48196">se développe rapidement</a>. Pourtant, de nombreux ménages font le choix de privilégier les circuits courts pour s’approvisionner en bio.</p>
<p>Ces tendances invitent à plutôt considérer la capacité des consommateurs, au moins d’une partie d’entre eux, à faire face à des messages complexes et à engager une consommation réflexive, allant au-delà d’un achat un peu automatique de la bio pour la bio.</p>
<p>Fétichisme du label ou non ? L’avenir nous le dira. Le marché de la bio actuellement en forte croissance s’accommode finalement bien de jeux de différenciation qui l’animent. Mais l’on voit aussi les efforts répétés, et les paris sur le comportement des consommateurs, que la création de cette différenciation nécessite.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73926/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ronan Le Velly a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche. </span></em></p>Le label AB, conçu pour orienter le choix des consommateurs vers des produits durables, cache une grande hétérogénéité de la production bio française.Ronan Le Velly, Maître de conférences en sociologie, Montpellier SupAgroLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/740542017-03-07T20:52:10Z2017-03-07T20:52:10ZAgriculture : les programmes à trous des prétendants à l’Élysée<p>L’édition 2017 du <a href="https://www.salon-agriculture.com/">Salon de l’agriculture</a> vient de fermer ses portes. Plus de 600 000 visiteurs auront défilé cette année dans les allées de « la plus grande ferme de France » et, parmi eux, nombre d’hommes politiques.</p>
<p>Le Salon est l’occasion de prendre le pouls du monde agricole, qui affiche un bulletin de santé contrasté. Car si la France est la première agriculture de l’Union européenne, de nombreux indicateurs <a href="https://theconversation.com/modeles-economiques-de-lagriculture-francaise-les-gagnants-et-les-perdants-73717">inquiètent</a>. Près de la moitié des paysans hexagonaux gagnent, par exemple, moins de 350 euros par mois d’après la <a href="http://www.msa.fr/lfr/presse/dossier-rentree-crise-agricole">MSA</a> et 2016 aura été une année noire avec plus de 730 suicides d’agriculteurs, révélant un malaise profond de la profession.</p>
<p>Le poids de l’agriculture dans l’économie française est de moins en moins important (3,7 % du PIB contre 6 % en 1980), mais ce secteur conserve une importance économique <a href="http://www.francetvinfo.fr/economie/tendances/video-la-france-agricole-expliquee-en-deux-minutes_317865.html">majeure</a>, faisant vivre de nombreux territoires ruraux et conservant une <a href="https://theconversation.com/un-an-apres-agriculture-et-paysage-des-liens-a-geometrie-variable-54615">forte valeur symbolique</a>. La France compte aujourd’hui 1,4 million de salariés et non-salariés travaillant dans ce secteur.</p>
<p>À l’issue du Salon, que retenir des annonces et promesses des candidats à la présidentielle pour l’agriculture et les agriculteurs français ?</p>
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<figcaption><span class="caption">Salon de l’agriculture : étape obligatoire pour les politiques (CNews, 2017).</span></figcaption>
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<h2>Points d’accord sur les normes, les circuits courts et la PAC</h2>
<p>La plupart des candidats s’accordent sur le trop grand nombre de <a href="http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/26/31003-20160226ARTFIG00356-tyrannie-des-normes-les-agriculteurs-disent-foutez-nous-la-paix.php">normes</a> dans le secteur. L’agriculture est en effet l’une des activités les plus encadrées et les plus réglementées par des normes à la fois européennes, nationales, voire locales. Ces dernières génèrent un mille-feuille réglementaire qui complique la tâche des agriculteurs, certains paysans devant passer beaucoup de temps à remplir des déclarations ou des dossiers de subventions.</p>
<p>François Fillon propose ainsi de simplifier ce système en faisant de l’<a href="https://www.fillon2017.fr/wp-content/uploads/2016/09/D10675-AGRICULTURE-12-PAGES-A4.pdf">agriculteur un entrepreneur à part entière</a>, pour éviter le « carcan des normes ». Marine Le Pen souhaite également une simplification (<a href="https://www.marine2017.fr/wp-content/uploads/2017/02/projet-presidentiel-marine-le-pen.pdf">proposition 128 de son programme</a>) ; quant à Emmanuel Macron, il propose un <a href="http://www.lafranceagricole.fr/actualites/gestion-et-droit/presidentielle-macron-expose-son-programme-agricole-1,1,99787849.html">droit à l’erreur</a>, évitant à l’agriculteur d’être sanctionné par l’administration dès la première erreur. À gauche, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ne donnent pas d’indications à ce sujet.</p>
<p>Autre point de convergence : le soutien aux <a href="http://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/crise-des-eleveurs/agriculteurs-le-circuit-court-une-solution-a-la-crise_1338065.html">circuits courts</a>, pour faciliter le contact et les <a href="https://theconversation.com/lagriculture-francaise-une-question-de-positionnement-strategique-54364">échanges directs</a> entre producteurs et consommateurs, mais aussi « contourner » l’ultra-domination de la grande distribution dans les filières agricoles.</p>
<p>Marine Le Pen entend ainsi les soutenir par le biais de la commande publique ; Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron souhaitent l’imposer dans la restauration collective (scolaire notamment). Benoît Hamon l’associe quant à lui à la notion d’autonomie alimentaire.</p>
<p>Dernier point de convergence : le souhait de voir évoluer, plus ou moins drastiquement, la Politique agricole commune (PAC). Marine Le Pen veut la transformer en « Politique agricole française ». Benoît Hamon souhaite la « verdir » en réorientant une partie des sommes (400 millions d’euros) vers l’agro-écologie et l’agriculture bio. Jean-Luc Mélenchon souhaite une refonte ; enfin, François Fillon et Emmanuel Macron, souhaite plutôt l’infléchir autour de la gestion des risques pour le premier et d’un mécanisme de garantie des prix ou du chiffre d’affaires pour le second.</p>
<h2>Leurs solutions au malaise agricole</h2>
<p>Si le constat du désarroi profond des agriculteurs est largement partagé par les principaux candidats à la présidentielle, leurs solutions pour y remédier divergent.</p>
<p>Pour Marine Le Pen, il s’agit d’adopter la préférence nationale en soutenant les produits agricoles français <a href="https://www.marine2017.fr/wp-content/uploads/2017/02/projet-presidentiel-marine-le-pen.pdf">par la commande publique</a>. Du côté de François Fillon, on insiste plutôt sur l’amélioration du pouvoir de négociation des agriculteurs en s’appuyant sur différentes propositions touchant les étapes de la filière agricole : renforcement des organisations de producteurs, encadrement des produits d’appel et des négociations avec la grande distribution, renforcement des circuits courts. Ce dernier avance également des propositions visant à renforcer la transparence des prix et des provenances. Le programme de François Fillon vise à jouer par petites touches sur les différents stades des filières agricoles.</p>
<p>Du côté d’Emmanuel Macron, on évoque le renforcement des organisations de producteurs (OP), mais également un programme d’investissement sur 5 ans. Sa proposition la plus innovante, annoncée lors du Salon, aura été de suggérer l’organisation d’un Grenelle de l’alimentation mettant aux prises les différents acteurs des filières agricoles et agro-alimentaires.</p>
<p>Benoît Hamon évoque certes les <a href="https://Twitter.com/benoithamon/status/837252616421801984/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw">problématiques de filière</a>, mais présente surtout les propositions les plus « vertes » afin de soutenir les filières agricoles : « verdir » la PAC (400 millions d’euros réservés aux agriculteurs adoptant l’agro-écologie) ; favoriser les reprises et installations bio et agro-écologiques ainsi que les <a href="https://theconversation.com/lagriculture-urbaine-quest-ce-que-cest-55900">cultures maraîchères aux abords des villes</a> ; établir un plan d’investissement de 5 milliards pour soutenir les circuits courts, l’agro-écologie et l’agriculture bio.</p>
<p>Sur le plan de la santé publique, François Fillon se prononce pour la suppression du <a href="https://www.fillon2017.fr/projet/agriculture/">principe de précaution</a> en matière agricole et un soutien aux technologies agricoles telles que les OGM ou les manipulations génétiques, tandis que d’autres candidats y semblent nettement opposés comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Concernant l’agriculture biologique, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon soutiennent fortement ce secteur alors que Marine Le Pen ne l’évoque même pas.</p>
<h2>Ce qu’ils ont oublié</h2>
<p>Tous les candidats font – délibérément ? – l’impasse sur des réformes aussi essentielles que polémiques :</p>
<ul>
<li><strong>Réformer en profondeur les filières agricoles</strong> pour une meilleure répartition de la valeur. Ainsi, dans la filière lait, sur une brique vendue environ 1 euro en grande surface, seulement 27 centimes revient à l’agriculteur alors que celui-ci supporte l’essentiel des risques et des investissements. <a href="https://theconversation.com/sept-questions-pour-comprendre-la-crise-laitiere-64505">La crise laitière</a> de 2016 a montré que ce prix se situait largement en dessous des coûts de production. Il en est ainsi dans la plupart des filières agricoles.</li>
</ul>
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<figcaption><span class="caption">« Envoyé spécial » : éleveurs laitiers, ils produisent pour du beurre (Guillaume Cahour, 2017).</span></figcaption>
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<p>Deux raisons essentielles expliquent ce décrochage. Il y a d’une part l’indexation sur des cours mondiaux, alors que les coûts de production d’autres pays sont inférieurs. On note d’autre part un très fort déséquilibre du rapport de forces entre les différents acteurs des filières agricoles. Les industriels et la grande distribution disposent de pouvoirs de négociation bien supérieurs à ceux des producteurs, même réunis en OP ou en coopérative. Dès lors, ils peuvent « imposer » à leur guise une baisse continue des prix, fragilisant en amont des filières agricoles.</p>
<p>Sur ce point, bien peu de candidats dévoilent leur plan. Tout au plus certains (Fillon, Macron, Melenchon) évoquent le souhait de rééquilibrer les négociations et les rapports de forces entre agriculteurs, industriels et grande distribution.</p>
<ul>
<li><strong>Réguler les prix et les cours</strong>. Cette question constitue un véritable serpent de mer. La fin de la PAC et la libéralisation des marchés agricoles a exposé les agriculteurs à la volatilité des prix, alors que leurs coûts et leurs marges ne sont pas élastiques. Nombre de paysans se retrouvent en difficulté, n’ayant pas les moyens ni les outils de faire face à cette volatilité. Seuls François Fillon et Emmanuel Macron semblent faire des propositions en ce sens. Le premier évoque la question de l’intégration de la gestion des risques dans la PAC. Le second souhaite instaurer une garantie sur les prix ou le chiffre d’affaires des agriculteurs.</li>
</ul>
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<figcaption><span class="caption">Intervention du député européen Michel Dantin au sujet de la volatilité des prix sur les marchés agricoles (Michel Dantin, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<ul>
<li>*<em>Réformer les chambres d’agricultures, le <a href="http://www.safer.fr/missions-safer.asp">SAFER</a> et les <a href="http://www.terresdeurope.net/CDOA.asp">CDOA</a> *</em>. Une large partie du monde agricole est impactée par ces trois institutions qui régulent des pans entiers de l’activité des agriculteurs. Benoît Hamon est le seul candidat à avoir pointé du doigt ces institutions, très mal connues du grand public, qui possèdent une influence déterminante dans l’activité des paysans et le devenir de leurs exploitations. Une réforme de ces institutions est pourtant nécessaire tant elles sont gangrénées par les luttes de pouvoir, notamment syndicales, et les intérêts partisans.</li>
</ul>
<h2>La financiarisation rampante de l’agriculture</h2>
<p>Un dernier point omis des candidats concerne la nécessaire limitation de la spéculation foncière et l’accaparement des terres agricoles. Un drame silencieux est en train de se jouer dans les campagnes françaises : de nombreux investisseurs, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=kEPFmRiDdYA">français comme étrangers</a>, investissent en <a href="http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2017/01/25/La-Touraine-menacee-par-la-speculation-fonciere-2979511">rachetant des terres agricoles</a>, non pour les exploiter mais pour seulement investir sur du foncier ou profiter de déductions fiscales. L’irruption de ces nouveaux acteurs pousse mécaniquement la valeur des terres agricoles à la hausse. De plus, les agriculteurs sont peu à peu privés des terres supplémentaires, ce qui les conduit à acheter plus de matières premières et les empêche de bénéficier des subventions conditionnées aux surfaces exploitées.</p>
<p>Il s’agit là d’une financiarisation rampante de l’agriculture. Le modèle, parfois idéalisé, de la petite exploitation familiale est clairement en voie de disparition tandis que se profile la montée en puissance d’entreprises agricoles exploitant les terres comme elles pourraient exploiter d’autres actifs financiers. Il s’agit, d’une manière plus globale, de ne pas laisser se développer une agriculture à plusieurs vitesses, laissant de côté des centaines d’exploitations n’ayant pas eu les moyens ou l’opportunité de réaliser les mutations nécessaires.</p>
<p>Bien évidemment, la liste des questions non abordées par les candidats n’est pas exhaustive, tant les chantiers agricoles sont nombreux et variés. Passé l’emballement « médiatique » du Salon de l’agriculture, il reste cependant aux futurs responsables politiques à s’atteler à construire une véritable politique agricole, respectueuse de la <a href="https://theconversation.com/modeles-economiques-de-lagriculture-francaise-les-gagnants-et-les-perdants-73717">diversité de ses modèles économiques</a> et soucieuse d’inscrire durablement l’agriculture française dans une dynamique à la fois performante et durable. Ce n’est pas le moindre des défis qui attend le (la) futur(e) président(e) de la République.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/74054/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bertrand Valiorgue a reçu des financements de UCA Fondation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Xavier Hollandts a reçu des financements de UCA Fondation.</span></em></p>Réforme des filières et des institutions agricoles, régulation des prix et limitation de la spéculation financière : les candidats ont pour l’instant fait l’impasse sur ces dossiers essentiels.Bertrand Valiorgue, Maître de conférences en stratégie et gouvernance des entreprises - Ecole Universitaire de Management de Clermont-Ferrand, Université Clermont Auvergne (UCA)Xavier Hollandts, Professeur de Stratégie et Entrepreneuriat, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/721612017-02-15T22:47:38Z2017-02-15T22:47:38ZLa consommation face au défi du développement durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/156678/original/image-20170213-25982-14yi7lr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, le marché du bio est en pleine croissance, avec un chiffre d’affaires passé de 1,6 milliard en 2005 à 5,5 milliards en 2015. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-choosing-rice-grocery-store-552101515?src=download_history">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em>Consommer autrement, mieux, moins ? Le 26 janvier dernier, L’<a href="http://www.lobsoco.com/">Obsoco</a> organisait à l’ESCP Europe une journée de réflexion sur le thème <a href="http://www.lobsoco.com/le-cercle-colloque-du-26-janvier-2017/">« Dé-penser la consommation »</a>. Partenaire de ce colloque, The Conversation publie les différentes interventions des chercheurs participants. Des podcasts du colloque, réalisés par <a href="https://www.moustic.fr/">Moustic</a>, sont à découvrir à la fin de chaque article.</em></p>
<hr>
<p>Les entreprises sont nombreuses à adopter de stratégies environnementales ; celles-ci se concentrent sur des économies d’énergie et d’autres ressources naturelles, sur le recours aux énergies renouvelables, la réduction des déchets et des emballages.</p>
<p>Wal-Mart, le chantre américain du « prix bas tous les jours », a ainsi déclaré poursuivre trois objectifs à long terme en ce sens : utiliser 100 % d’énergie renouvelable, réduire au maximum les déchets et vendre des produits cohérents avec un développement durable. Marks & Spencer a actualisé son très novateur <a href="https://www.marksandspencer.fr/plan-A/plan-A,fr_FR,pg.html">plan A</a> (« Parce qu’il n’y a pas de plan B ») en 2010, basé sur cinq priorités : le changement climatique, la réduction des déchets, le choix de matières premières durables, les partenariats équitables et la santé des consommateurs.</p>
<p>En France, une <a href="http://entoutefranchise.free.fr/pdf/Casino%20Ensues/convention%20Etat%20et%20Grande%20distribution%202008.pdf">convention</a> signée par le ministère de l’Écologie et la Fédération du commerce et de la distribution fixe de nombreux objectifs : une meilleure information à travers l’étiquetage environnemental, la hausse du nombre de produits écologiques et issus de l’agriculture bio, la réduction des emballages et la généralisation de la mesure des émissions de CO<sub>2</sub>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"672528274778525696"}"></div></p>
<h2>Des limites</h2>
<p>Il y a cependant des limites évidentes à ces initiatives : la distribution est un secteur avec des installations certes nombreuses, mais à faible capitalisation, caractérisées par une forte intensité compétitive, de faibles marges et peu de dépenses en recherche et développement, notamment dans le domaine de l’énergie.</p>
<p>Les efforts de développement durable des entreprises se heurtent ainsi souvent à la résistance ou au scepticisme des consommateurs qui s’interrogent sur la sincérité de leurs pratiques et ne manquent pas de dénoncer des opérations de <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-produits-cosmetiques-naturels-attention-au-greenwashing-n23271/"><em>greenwashing</em></a>.</p>
<p>Il faut également souligner que les entreprises du commerce sont actives dans la phase finale de la distribution. L’impact sur le développement durable dépend alors de la consommation d’énergie pendant les phases de la production, du transport et de la consommation des produits, où d’autres acteurs prennent les décisions.</p>
<p>S’il n’y a pas un alignement stratégique de tous les acteurs de la chaîne logistique, les difficultés et les coûts à affronter pour offrir des produits durables risquent de devenir insurmontables.</p>
<p>Or des problèmes de reconfiguration de la chaîne de valeur se posent. La croissance des fournisseurs internationaux, qui a accompagné la <a href="http://www.cepii.fr/blog/bi/post.asp?IDcommunique=443">mondialisation du commerce</a> et l’internationalisation de la distribution, a certes accru la variété des biens achetés et fait baisser leur coût, mais elle a également augmenté les émissions globales de carbone.</p>
<p>Les distributeurs doivent faire face à des coûts et à des bénéfices dans cette reconfiguration, tout comme les autres acteurs. Ces coûts et bénéfices risquent de ne pas être les mêmes pour tous. Comment arbitrer ? Un standard de « durabilité » des produits commun à tous les acteurs de la chaîne logistique, n’existe malheureusement pas, et pourtant, il permettrait de résoudre ces incertitudes.</p>
<p>La mesure de l’impact global constitue un problème épineux puisqu’il dépend de la complexité technique de ce calcul tout au long du cycle de vie des produits. Même des entreprises très puissantes, comme Wal-Mart et Tesco, ont dû prendre acte de cette complexité et de la grande difficulté à convaincre les fournisseurs à s’adapter à leurs préconisations.</p>
<p>C’est aussi pour cette raison que les groupes les plus engagés (comme, par exemple, les Coop italiennes, la Migros en Suisse, etc.) développent de très importants volumes de <a href="http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Les-marques-de-distributeurs-ont-bouleverse-les-lineaires-2014-01-12-1088227">marques de distributeurs</a> « responsables ». Ces produits permettent un meilleur contrôle de toute la chaîne logistique en amont des fournisseurs avec les certifications et labels (éthiques, bio, sociaux). En même temps, ils s’inscrivent dans une stratégie de différenciation plus efficace et, grâce à leurs prix bas, permettent une compétitivité élevée. Les coûts n’étant pas l’unique facteur davantage compétitif, les entreprises explorent les possibilités de différenciation que l’orientation au développement durable peut apporter.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/156683/original/image-20170213-26003-1ers0fk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un rayon bio dans un magasin de la grande distribution.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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<h2>Une offre variée</h2>
<p>L’offre des distributeurs comprend désormais de nombreuses typologies de produits « durables », dont les produits « verts » ou plus écologiques, comme les produits d’entretien, de jardinage, pour l’automobile, les fournitures scolaires et la papeterie.</p>
<p>Elle comprend les ampoules à basse consommation, les peintures écologiques, éco labélisées, le bois éco certifié, etc. Elle s’étend aussi aux produits cohérents avec une « bonne » alimentation : fruits et légumes, produits sans gluten, sans huile de palme, étiquetage pour enfants. On y inclut aussi les produits de circuit court et/ou régional et, pour finir, « équitables » et bio.</p>
<p>Or, ces produits sont généralement un peu plus chers que les produits non durables et leur part de marché est, somme toute, assez réduite. En effet, les recherches montrent que le comportement des consommateurs est plutôt déconnecté de l’attitude positive qu’ils déclarent par rapport à la défense de l’environnement. En majorité, ils semblent arbitrer plutôt en fonction de la défense de leur pouvoir d’achat et de leurs préoccupations personnelles, plutôt que dans un but de sauvegarde de l’environnement.</p>
<p>Les entreprises investissent alors surtout là où la demande des consommateurs est la plus forte, comme la recherche de proximité, de relations directes avec les producteurs, la protection de la santé et du pouvoir d’achat. Dans la mesure où les produits « durables » permettent aussi de satisfaire – au moins en partie – à ces exigences, les consommateurs sont plus disponibles à payer un peu plus.</p>
<h2>Valeurs, gouvernance et communication</h2>
<p>Certes, les entreprises n’ont pas toutes la même attitude face aux défis du développement durable. Leurs différences dépendent beaucoup des valeurs de leurs actionnaires et de leurs dirigeants, et donc de leur gouvernance.</p>
<p>Il n’y a guère que chez certains distributeurs spécialisés (par exemple Patagonia, Starbuck ou Whole foods aux États-Unis) ou appartenant au monde de la coopération de consommateurs (Coop Italia, Migros, Biocoop) ou de détaillants (Conad, E.Leclerc) que le développement durable est au cœur même de la création de l’entreprise, de sa mission et de sa stratégie globale.</p>
<p>Pour ces enseignes, la forte orientation au développement durable dépend souvent de leur histoire et de leur culture, basées sur les convictions, l’engagement et les compétences de leur fondateur ou président qui constituent, selon certains, le véritable ADN de l’entreprise. Ces entreprises arrivent à constituer des communautés de clients qui se reconnaissent en elles et se sentent impliquées parce qu’ils partagent sa mission et ses « combats » pour l’environnement.</p>
<p>En ce qui concerne les très grandes entreprises généralistes, les enjeux à ce propos sont plus complexes et les objectifs plus difficiles à atteindre.</p>
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<h2>Le rôle de l’intervention des gouvernements</h2>
<p>D’autres parties prenantes que les consommateurs, les actionnaires et les managers, peuvent jouer un rôle important en influençant les entreprises à agir en faveur de l’environnement.</p>
<p>La régulation politique peut se faire par les incitations financières, les contrôles, les certifications, les labels et la politique d’informations. Les États – et l’Union européenne – peuvent ainsi soutenir la diffusion de pratiques d’information aux consommateurs, entre autres, sur l’étiquetage des produits. Des mesures de régulation plus incisives pourraient limiter l’utilisation des ressources énergétiques et naturelles, à travers notamment un marché de permis d’émission ou une taxe carbone généralisée.</p>
<p>Mais la mise en place de taxes ou de marché bute assez vite sur des problèmes administratifs (la mesure des émissions de gaz carbonique d’une personne ou d’une entreprise est une opération extrêmement complexe) ou politiques (la nécessité d’accords internationaux et d’un engagement fort des États-Unis).</p>
<p>Une autre voie à poursuivre consiste à subventionner la recherche et le développement et les innovations technologiques, permettant de réduire le coût des technologies propres.</p>
<p>Parmi d’autres parties prenantes, des groupes de consommateurs, des associations de défense des consommateurs et certaines ONG peuvent aussi favoriser ces comportements vertueux par des <a href="http://forets.greenpeace.fr/greenpeace-denonce-nestle-qui-contribue-a-la-deforestation-en-indonesie">campagnes de communication</a>, voire des boycotts.</p>
<h2>Se rapprocher des usages</h2>
<p>De nombreuses limites semblent caractériser la plupart des stratégies de développement durable des entreprises. Celles concernant les économies d’énergie visent davantage l’efficience que l’amélioration de l’environnement. Pouvant contribuer à la baisse des coûts, les investissements continueront très probablement dans la chaîne logistique, le packaging et la recherche de l’efficience en général.</p>
<p>Les distributeurs poursuivront également leurs investissements dans la différentiation de l’offre, même si le rythme reste modeste car lié à l’accroissement de la demande de produits et services « durables ». Les offres des distributeurs seraient plus efficaces dans la mesure où elles seraient plus proches des préoccupations personnelles des consommateurs et de leurs exigences à court terme.</p>
<p>La prise en compte des nouvelles tendances axées sur la collaboration des consommateurs et l’approche servicielle de l’offre, sur le passage progressif de la propriété à l’usage et de la possession individuelle au partage, tout comme le passage de la consommation d’objets et de l’avoir à une consommation de l’être et <a href="http://www.lobsoco.com/lobservatoire-du-faire/">du « faire »</a>, devraient permettre aux entreprises d’élaborer des formes inédites d’offre durable.</p>
<p>De nouvelles organisations devraient apparaître, notamment sous l’impulsion du e-commerce et des plateformes, qui pourraient se révéler mieux adaptées aux défis du développement durable. Un nouveau modèle économique devrait alors ressortir de tous ces comportements : un modèle de croissance « sobre en carbone » qui serait une véritable et nouvelle révolution industrielle.</p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="923" data-image="" data-title="Dé-penser la consommation : « Risques, options et perspectives du commerce face aux défis du développement durable » par Enrico Colla" data-size="29375673" data-source="Obsoco/Moustic" data-source-url="" data-license="CC BY-NC-SA" data-license-url="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">
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Dé-penser la consommation : « Risques, options et perspectives du commerce face aux défis du développement durable » par Enrico Colla.
<span class="attribution"><span class="source">Obsoco/Moustic</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a><span class="download"><span>28 Mo</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/636/podcast-obsoco-mandtc-enrico-colla.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72161/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Enrico Colla est membre des organisations suivantes:
Cercle de l'ObSoCo
Chaire ESCP Europe-E.Leclerc "Le commerce du futur dans la société 4.0".</span></em></p>Comment les grandes entreprises tentent de répondre avec plus ou moins de succès aux attentes des consommateurs en matière de protection de l’environnement.Enrico Colla, Professeur émérite Novancia Business School Paris, NovanciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.