tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/cop22-32472/articlesCOP22 – The Conversation2017-11-05T22:05:13Ztag:theconversation.com,2011:article/868162017-11-05T22:05:13Z2017-11-05T22:05:13ZCOP23 : la lutte contre le changement climatique en pleine mutation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/193209/original/file-20171103-1014-qa8m68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les Îles Fidji après le passage du cyclone Winston, en février 2016. Les territoires insulaires figurent parmi les plus vulnérables au changement climatique. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/indigenous-fijian-girl-walks-flooded-land-561184597">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://cop23.unfccc.int/fr">La COP23</a>, une « petite » COP ? Si la mobilisation autour de cette nouvelle conférence climat – qui se tient à Bonn en Allemagne du 6 au 17 novembre 2017 – semble moins forte que pour d’autres sommets, à l’image de la <a href="http://www.gouvernement.fr/action/la-cop-21">COP21</a> de novembre 2015, c’est loin d’être un signal négatif.</p>
<p>Dans la dynamique post-COP21, cette moindre mobilisation apparente est annonciatrice d’une bonne nouvelle : les agendas de négociation sur la question du climat s’autonomisent.</p>
<p>Ils sont désormais portés dans d’autres cercles, moins étroits – et certainement plus légitimes sur certains sujets – que le cercle des négociateurs internationaux habitués de ces rencontres.</p>
<h2>Après la COP21</h2>
<p>En entérinant un nouveau régime multilatéral sur le climat, l’<a href="http://unfccc.int/files/essential_background/convention/application/pdf/french_paris_agreement.pdf">Accord de Paris</a>, négocié en 2015 lors de la COP21, a impulsé une dynamique inédite, à travers ses objectifs ambitieux : orienter les pays vers des trajectoires de développement bas-carbone et résilientes au changement climatique ; passer à une économie mondiale neutre en émissions de gaz à effet de serre avant la fin du siècle ; canaliser, enfin, les flux financiers ainsi requis pour une reconfiguration profonde des économies.</p>
<p>L’essentiel des pays de la planète se sont mis d’accord le 12 décembre 2015, et ont confirmé en signant individuellement l’Accord de Paris dans les mois qui suivaient, permettant ainsi à l’Accord <a href="http://unfccc.int/2860.php">d’entrer en vigueur</a> moins d’un an après – ce qui constitue sans doute un record dans la diplomatie internationale moderne.</p>
<p>À quoi servent désormais les conférences des pays (COP) signataires de la <a href="https://theconversation.com/cop-50019">Convention-cadre</a> des Nations unies contre les changements climatiques ?</p>
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<h2>Good COP, bad COP</h2>
<p>Certaines COP ont bénéficié d’une large couverture médiatique, soit avant l’événement du fait de l’enjeu, soit après l’événement du fait du résultat remarquable de la conférence.</p>
<p>On se souvient ainsi de quelques conférences marquantes : la conférence de <a href="https://theconversation.com/contributions-nationales-50286">Kyoto</a> (COP3, 1997) qui a vu l’adoption du protocole du même nom ; celle de <a href="https://theconversation.com/30-ans-du-protocole-de-montreal-retour-sur-le-sauvetage-de-la-couche-dozone-84889">Montréal</a> (COP11, 2005) qui a vu l’entrée en vigueur dudit protocole ; celle de <a href="https://theconversation.com/cop21-2-pourquoi-paris-ne-sera-pas-un-autre-copenhague-47827">Copenhague</a>, perçue comme un échec politique (COP15, 2009) ; celle de Paris (COP21, 2015) qui a permis de négocier l’Accord de Paris ; et celle de Marrakech (COP22, 2016), qui s’est ouverte sur l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris, a vu l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, et s’est close sur un Appel des États signataires, rappelant le caractère universel et irréversible de la dynamique enclenchée par l’Accord de Paris.</p>
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<p>D’autres COP, plus techniques mais non moins importantes, étaient qualifiées par les négociateurs de « COP de respiration ». La COP23, sous présidence fidjienne, prend place dans cette lignée… même si elle s’inscrit dans un calendrier et un contexte particuliers.</p>
<h2>Les petits États insulaires en première ligne</h2>
<p>Moins de deux ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les COP offrent un moment politique pour conserver la dynamique de l’Accord. Et la présidence fidjienne de cette COP23 porte ici une responsabilité particulière : c’est la première fois qu’un petit État insulaire assume la présidence d’une telle rencontre.</p>
<p>Les Îles Fidji devraient notamment mettre l’accent sur l’adaptation au changement climatique et sur l’atteinte de l’objectif – figurant dans l’Accord de Paris – de maintenir l’augmentation du réchauffement planétaire en dessous de 1,5 °C ; pour les <a href="https://theconversation.com/les-vulnerables-pourraient-redessiner-la-carte-de-la-diplomatie-climatique-51884">petits États insulaires</a>, c’est une question de survie.</p>
<p>Par ailleurs, la volonté de l’administration Trump de concrétiser sa sortie de l’Accord de Paris apporte à cette COP23 un piquant particulier. La présidence fidjienne devant à la fois gérer les négociateurs américains – la sortie effective des États-Unis n’intervenant pas avant 2020 – et resserrer les rangs pour éviter que d’autres États ne soient tentés de faire défection.</p>
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<h2>Préparer 2018 et la COP24</h2>
<p>Un second enjeu, plus technique, d’une conférence post-COP21 consiste à proposer un cadre multilatéral pour avancer au sujet des instruments indispensables à la mise en œuvre de l’Accord de Paris.</p>
<p>L’Accord de 2015 a en effet fixé un objectif de long terme, avec une logique de mise en œuvre se déployant dans le temps, et prévoyant une dynamique collective d’accroissement de l’ambition. Or, deux processus doivent aboutir en 2018.</p>
<p>Premier processus : la finalisation du <em>rulebook</em> de l’Accord de Paris, qui doit rendre opérationnels la plupart des éléments de l’Accord, notamment le cadre de transparence, les différents mécanismes de coopération, et la solidarité Nord-Sud – souvent ramenée à la promesse des pays du Nord de mobiliser chaque année à partir de 2020 un minimum de <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/climate-finance-roadmap-to-us100-billion_cle0f1116.pdf">100 milliards de dollars</a> au bénéfice des pays du Sud.</p>
<p>Second processus : le <a href="http://unfccc.int/files/na/application/pdf/fd_features_01112017.pdf">« dialogue de Talanoa »</a> visant à faire un premier bilan « à blanc » des contributions des États dans le cadre de l’Accord de Paris.</p>
<p>Sans surprise, la présidence fidjienne a annoncé qu’elle souhaitait que ce dialogue soit notamment alimenté par les conclusions du rapport du GIEC, prévu courant 2018, sur les <a href="https://ipcc.ch/report/sr15/">trajectoires « 1,5 °C »</a>, et qu’elle conduirait le dialogue en lien étroit avec la Pologne, pays charbonnier, et future présidente de la COP24.</p>
<h2>La COP, un rouage de la machine</h2>
<p>La COP n’est cependant qu’un des rouages de la machine mise en branle par l’Accord de Paris. D’autres processus avancent à leur rythme, en parallèle des négociations, sans être formellement reliées aux COP.</p>
<p>L’émergence de tels processus parallèles, prévue dans l’Accord de Paris, vient renforcer la mise en œuvre de l’Accord. La transition vers une économie bas carbone et résiliente aux effets du changement climatique se diffuse ainsi dans différentes sphères qui ont les moyens d’avancer de façon autonome, en s’appuyant sur la vision, les objectifs et les outils communs négociés lors des COP.</p>
<p>Citons, par exemple, l’action des villes et des collectivités locales, qui se décline dans une pluralité d’initiatives et d’engagements portés par les élus, et mis en œuvre localement. Le gouverneur de Californie Jerry Brown a ainsi programmé, pour 2018 à San Francisco, un <a href="https://globalclimateactionsummit.org/">Sommet mondial pour l’action climatique</a> autour des acteurs non étatiques.</p>
<p>L’attribution d’un prix au carbone ne se décide pas non plus au niveau mondial lors des COP, mais bien au sein des économies nationales, comme le rappelle le <a href="https://static1.squarespace.com/static/54ff9c5ce4b0a53decccfb4c/t/59244eed17bffc0ac256cf16/1495551740633/CarbonPricing_Final_May29.pdf">rapport Stern-Stiglitz</a>. Et nombre de pays, développés ou en développement, ont bien compris que la mise en œuvre d’une tarification carbone leur permettait de générer des <a href="https://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2017/10/Panorama-mondial-prix-carbone-2017_FINAL_5p-3.pdf">revenus appréciables</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=453&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=453&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/193191/original/file-20171103-1068-1qu350.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=453&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte mondiale 2017 des prix du carbone.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2017/10/Panorama-mondial-prix-carbone-2017_FINAL_5p-3.pdf">I4CE</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<h2>La finance, la tortue qui devient lièvre</h2>
<p>Mais le secteur où les progrès sont les plus nets – peut-être parce qu’il est parti après les autres – est celui de la finance.</p>
<p>Les acteurs financiers intègrent désormais de façon croissante le climat et la transition énergétique, non pas comme un objet environnemental (par nature extra-financier), mais comme un facteur impactant le couple « rendement/risque », donc intrinsèquement financier. L’intérêt ? Mobiliser au-delà des équipes « environnement » des institutions financières, les équipes en charge de la gestion des risques – souvent plus ou mieux écoutées – et les régulateurs financiers.</p>
<p>Parmi les principales avancées, on peut mentionner le rapport du groupe d’experts mandatés par le G20 pour faire des recommandations sur la prise en compte des <a href="https://www.fsb-tcfd.org/">risques et opportunités</a> liés au changement climatique par les acteurs de la finance ; les travaux du groupe d’experts de haut niveau <a href="https://ec.europa.eu/info/publications/170713-sustainable-finance-report_en">sur la finance durable</a> convoqué par la Commission européenne ; les initiatives des institutions financières, <a href="https://www.mainstreamingclimate.org/">banques</a> ou <a href="http://investorsonclimatechange.org/">investisseurs</a> ; ou les initiatives des <a href="https://financefortomorrow.com/">places financières</a> pour qui être « vertes » devient un critère différenciant.</p>
<h2>Rendez-vous le 12 décembre 2017</h2>
<p>Le sommet international convoqué à Paris par Emmanuel Macron le 12 décembre 2017, soit deux ans jour pour jour après l’adoption de l’Accord de Paris, permettra de faire un point sur l’avancée de ces différents processus soutenant la mise en œuvre de l’Accord.</p>
<p>Ce sommet ouvrira également une fenêtre à certains acteurs pour faire de nouvelles annonces et plusieurs événements se sont d’ores et déjà accolés au sommet organisé par le chef de l’État français. Parmi ceux-ci, deux événements organisés la veille, lundi 11 décembre <a href="http://www.eventmainstreamingclimate.org/">matin</a> et <a href="http://www.climatefinanceday.com/">après-midi</a>, de façon coordonnée, par les acteurs publics et privés de la finance. À suivre !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86816/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Leguet a reçu des financements des mécènes d’I4CE, et notamment de la Caisse des dépôts, de l’Agence française de développement et de la Caisse de dépôts et gestion du Maroc. </span></em></p>Ce lundi 6 novembre s’ouvre à Bonn la nouvelle conférence climat organisée par les Nations unies. L’occasion de faire le point sur les nouveaux acteurs de la gouvernance climatique.Benoît Leguet, Économiste, directeur général d’I4CE, chercheur associé, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/715132017-01-24T21:45:06Z2017-01-24T21:45:06ZLa finance verte permet-elle aux investisseurs de faire de la finance d’impact ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/153833/original/image-20170123-8055-1hovta1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'émission de green bonds peut-elle réellement avoir un impact sociable durable ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/tr%C3%A9sorerie-argent-richesse-actifs-1169650/">Bykst/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>La France <a href="http://www.novethic.fr/isr-et-rse/actualite-de-lisr/isr-rse/la-france-lance-sa-premiere-green-bond-144232.html">vient d’annoncer</a> début 2017 le lancement de son premier emprunt obligataire « vert » ou green bonds. Le montant n’a pas été dévoilé mais il se chiffrera en milliards d’euros, constituant ainsi le premier emprunt souverain d’une telle ampleur.</p>
<p>Auparavant, fin 2016, la <a href="http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211588316908-la-pologne-leve-750-millions-deuros-avec-son-green-bond-2050052.php">Pologne avait lancé</a> sa première Green Bonds pour environ 750 millions d’euros. L’intérêt des <a href="http://www.lesechos.fr/finance-marches/vernimmen/definition_fonds-souverain.html">fonds souverains</a> (fonds contrôlés par un État) pour ce type de <a href="https://theconversation.com/pourquoi-et-comment-la-finance-doit-revenir-a-plus-de-responsabilite-68251">financement d’investissement</a> démontre bien son déploiement rapide.</p>
<h2>Un marché de niche qui pourrait exploser</h2>
<p>Une <a href="http://www.novethic.fr/lexique/detail/green-bond.html">green bond</a> est un emprunt obligataire qui a pour but de financer un projet à vocation environnementale ou « vert ». Au même titre que l’emprunt obligataire classique, les green bonds concernent ainsi le marché des entreprises privées et des souverains. Ce marché représente en 2016 environ <a href="http://www.greenunivers.com/2017/01/standardpoors-va-noter-les-green-bonds-155849/">170 milliards de dollars US, soit un peu moins de 1 %</a> du marché obligataire total. Ceci est encore vu comme un marché de niche, mais le potentiel de développement est énorme et a littéralement <a href="http://www.lesechos.fr/02/08/2016/LesEchos/22246-094-ECH_vers-une-cinquieme-annee-record-pour-le-marche-des-obligations-vertes.htm">explosé</a> sur les trois dernières années et depuis l’accord de Paris.</p>
<p>L’effet COP22 à Marrakech a également permis aux pays africains de s’intéresser de plus près aux émissions d’obligations vertes. Pour exemple, le Maroc, pays hôte de la COP22 <a href="http://www.novethic.fr/isr-et-rse/actualite-de-lisr/isr-rse/une-finance-climat-africaine-emerge-au-climate-finance-day-du-maroc-144144.html">a lancé depuis début novembre 2016</a> via plusieurs banques ou entreprises publiques des green bonds pour un montant total avoisinant les <a href="http://www.jeuneafrique.com/372406/societe/maroc-se-met-a-lendettement-vert">150 millions d’euros</a>. D’autres pays ou institutions africaines comme le <a href="http://www.nation.co.ke/business/Bank-to-float-first-bond-to-fund-green-investments/996-3336644-yxqk6h/index.html">Kenya</a>, le <a href="http://www.afriqueexpansion.com/environnement2/2905-nigeria-les-green-bonds-pourraient-financer-la-transition-vers-une-economie-decarbonee.html">Nigeria</a> ou la <a href="http://www.afdb.org/fr/topics-and-sectors/initiatives-partnerships/green-bond-program">banque africaine de développement</a> (BAD) se penchent aussi sur la question.</p>
<h2>Comment fonctionnent les green bonds ?</h2>
<p>La différence opérante entre une émission obligataire classique et une émission de green bonds est l’impact environnemental attendu par l’investissement. Rattachée plutôt directement à la direction générale qu’à la direction de la trésorerie de l’entreprise (compte tenu de l’effet réputation en jeu), la green bond constitue un très bon véhicule pour mesurer la performance environnementale d’un projet d’investissement (financement d’un parc éolien, de la mise en place de sites d’énergies renouvelables, d’infrastructures vertes…).</p>
<p>Au-delà de cette différence majeure, une green bond permet également de flécher les montants levés vers des activités spécifiques, d’évaluer le risque environnemental d’un projet, de tracer les flux depuis la trésorerie centrale (rapport audité par un tiers qui doit permettre un suivi des flux au sein du bilan de l’émetteur) et de bénéficier d’un reporting fréquent sur l’utilisation des fonds (le manque de transparence pouvant aller jusqu’à l’exclusion du bond de l’univers d’investissement).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/153834/original/image-20170123-8085-2jec2k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les green bonds peuvent financer des parcs à éoliennes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/%C3%A9oliennes-norfolk-puissance-1117890/">Diego Torres/Pixabay</a></span>
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<p>L’intérêt pour les investisseurs est multiple. Celui-ci saura exactement dans quel projet est investi son épargne (« je sais ce que je finance ») et pourra donc juger de la qualité des émetteurs via les différentes évaluations de risque environnemental du green bond et de l’émetteur en général. Pour les émetteurs, l’intérêt réside surtout dans une démarche de communication et de légitimité (le contexte contraignant quelque peu les entreprises face à la demande d’impact des investisseurs). Ils peuvent ainsi prouver leur démarche durable jusqu’au financement de projets, mettant en lien les discours et les actions. Cela permet également d’instaurer un dialogue plus direct entre les investisseurs et les émetteurs que par un financement par capitaux propres (émissions d’actions) qui ne permet pas d’identifier systématiquement les projets d’investissement.</p>
<h2>Quel impact réel sur l’environnement ?</h2>
<p>Cependant, la question de la mesure d’impact se pose. Comment évaluer le bénéfice environnemental d’un projet d’investissement ? La solution se trouve-t-elle dans l’application standard d’un outil de mesure ou dans la mesure ad hoc de chaque projet (chaque projet financé étant différent) ? L’avantage réside dans le fait que chaque green bond est différent et donc que la mesure d’impact environnemental se fera plus certainement par projet (entre les attentes du projet, sa réalisation et ses résultats). Souvent, l’effort de mettre en place une green bond engage que l’émetteur demande une rémunération supplémentaire à l’investisseur pour compenser le coût généré par cet effort. Le <em>pricing</em> est donc <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2015-09-18/investors-are-paying-extra-for-environmentally-friendly-bonds-barclays-says">complexe</a>, sachant que les investisseurs ne sont pas toujours prêts à payer plus cher <a href="http://www.triplepundit.com/2015/09/investors-paying-market-rates-green-bonds">pour un projet qui aurait pu être financé par une obligation classique</a>.</p>
<p>Ceci peut créer un déséquilibre sur l’offre et la demande, <a href="http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/les-green-bonds-un-modele-a-developper-877433.html">mais comme pour le cas de l’investissement responsable en actions</a> les investisseurs verts sur le marché des bonds sont souvent prêts à payer plus cher et ne priorisent pas le prix.</p>
<h2>Le marché chinois domine</h2>
<p>Actuellement, et comme pour l’investissement responsable, le marché des green bonds est concentré dans les mains des investisseurs institutionnels et des sociétés de gestion. De plus, la grande majorité des green bonds émises le sont par le marché chinois, <a href="http://www.agefi.fr/asset-management/actualites/etude-texte-reference/20160628/chine-s-impose-marche-green-bonds-188428">qui absorbe près de la moitié des encours émis en 2016</a>. Le marché chinois étant réservé aux investisseurs locaux, cela ne permet pas réellement d’étendre plus largement le marché. <a href="http://www.novethic.fr/fileadmin/user_upload/tx_ausynovethicetudes/pdf_complets/etude-greenbonds-2016.pdf">Selon Novethic</a>, certaines green bonds sont par ailleurs trop petites en taille pour permettre à certains grands fonds de les souscrire. Enfin, le problème de la fiscalité peut poser également des problèmes aux investisseurs : par exemple les green bonds américaines <a href="http://www.novethic.fr/fileadmin/user_upload/tx_ausynovethicetudes/pdf_complets/etude-greenbonds-2016.pdf">ne seront pas intéressantes</a> en termes de fiscalité pour les investisseurs européens car leur fiscalité n’est avantageuse
que pour les investisseurs basés aux États-Unis.</p>
<p>Le marché des green bonds permet-il donc aux investisseurs de mettre plus d’impact dans leurs investissements ? Les exigences de transparence promues par les <a href="http://www.icmagroup.org/Regulatory-Policy-and-Market-Practice/green-bonds/green-bond-principles/">Green Bond Principles</a>, de reporting, de traçabilité des flux et de mesure d’impact environnemental le permettent clairement. Mais le marché doit s’étendre à des thèmes plus larges que les stratégies « bas carbone » pour aller également vers le financement de la gestion de l’eau, la déforestation, la préservation des territoires et des écosystèmes…</p>
<p>La bulle née de l’accord de Paris sur les enjeux climatiques « 2 degrés » ne doit pas vampiriser le débat des green bonds, même si elle a le mérite de lancer le débat puisque ces pratiques se développent maintenant au-delà de la COP22 de 2016.</p>
<p>Au-delà de l’environnement, le modèle « green bond » doit aussi s’exporter sur les enjeux sociaux (insertion sociale via le logement et l’emploi, enjeux de la santé, projets associatifs ou humanitaires, capital humain…). Le marché des <a href="https://theconversation.com/les-obligations-a-impact-social-arrivent-en-france-laction-sociale-peut-elle-etre-rentable-62337">« social impact bonds »</a> permettra-t-il aux enjeux sociaux de pouvoir être financé dans un objectif de traçabilité, de reporting et de mesure d’impact ?</p>
<p>Pour cela, il devra sortir de la controverse qui l’entoure autour du désengagement de l’État des politiques sociales publiques et associatives au bénéfice des entreprises privées et donc du débat sur la financiarisation des enjeux sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71513/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Revelli est conseiller scientifique du M.Sc Finance de Kedge Business School "Ingénierie ESG - Finance for A New Growth" et membre de la Chaire de recherche AG2R LA MONDIALE "Finance autrement : Investissement, Solidarités, Responsabilité".</span></em></p>Le marché des green bonds, émissions d’actions dites « vertes » est en pleine croissance. Quel est leur impact sociétal et environnemental réel ?Christophe Revelli, Professeur de finance responsable et conseiller scientifique du MSc Finance de Kedge Business School, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/705042017-01-03T22:04:41Z2017-01-03T22:04:41ZDe Tokyo à Hambourg, villes et citoyens mènent l’innovation face aux changements climatiques<p>Un an après la <a href="http://www.cop21.gouv.fr/en/">COP21</a> et l’adoption de l’<a href="http://unfccc.int/paris__agreement/items/9485.php">Accord de Paris</a>, les décideurs internationaux peinent à transformer leurs objectifs en actes concrets. Pour preuve, ce titre évocateur d’une rencontre organisée dans le cadre de la récente COP22 de Marrakech : <a href="http://cop22.ma/fr/">« Transformer les promesses de Paris en action »</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, en effet, si la communauté internationale cherche son second souffle dans la lutte contre les changements climatiques, les villes et les communautés locales se positionnent, elles, en première ligne.</p>
<h2>Les villes à l’assaut du défi climatique</h2>
<p>Depuis plusieurs années, des acteurs locaux – villes et régions – bénéficient d’un poids de plus en plus important dans les négociations internationales. Décideurs politiques et chercheurs reconnaissent la vulnérabilité et, dans une certaine mesure, la part de responsabilité des villes dans la dégradation de l’environnement.</p>
<p>Comme l’a montré le récent sommet <a href="https://mayorssummit2016.c40.org/">des maires du C40</a> qui s’est tenu à Mexico, les édiles des grandes métropoles mondiales sont intéressés par la mise en place de modes de vie urbains résilients, qui se caractérisent par des usages « bas carbone ».</p>
<p>Les collectivités locales contrôlent des secteurs clefs des politiques environnementales. Les villes, notamment, concentrent de fortes populations et des activités économiques dont elles tirent une influence politique importante. Elles occupent ainsi une position stratégique pour l’élaboration de solutions innovantes face au changement climatique.</p>
<p>À Tokyo, par exemple, le gouvernement métropolitain a mis en place le premier marché de <a href="http://www.kankyo.metro.tokyo.jp/en/climate/cap_and_trade.html">permis d’émissions de CO₂</a> au niveau d’une ville. Il concerne principalement les bâtiments commerciaux et industriels de l’agglomération, gros consommateurs d’énergie. Lorsque les établissements les plus énergivores ne parviennent pas à respecter les limites d’émissions de CO₂ établies en amont, ces derniers doivent alors acheter des crédits aux immeubles conformes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149960/original/image-20161213-1610-1m0ajhz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les habitants de Bogota en Colombie profitent de l’hebdomadaire « Ciclovia », le dimanche sans voiture.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/94/Ciclovia_Bogotana_en_Avenida_Chile.JPG/1280px-Ciclovia_Bogotana_en_Avenida_Chile.JPG">Lombana/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>En Corée du Sud, le projet <a href="http://english.seoul.go.kr/policy-information/urban-planning/seoul-station-7017-project/1-seoul-station-7017-project/">Station 7017</a> de Séoul devrait prochainement reconvertir une vielle route surélevée en passage piétonnier, reliant le centre-ville aux autres quartiers ainsi qu’à la gare centrale. Cette initiative devrait non seulement valoriser certains quartiers isolés mais aussi végétaliser des zones métropolitaines particulièrement denses.</p>
<p>Plus proches de nous, citons l’exemple de Hambourg. La cité allemande met actuellement en place un ambitieux projet de ville sans voiture : sur les vingt prochaines années, un réseau routier « vert » pour les cyclistes et les piétons va être développé ; il reliera la ville à ses banlieues, mais aussi aux parcs, aires de jeux, cimetières et autres espaces publics. Ces routes vertes rendront obsolète l’usage de la voiture, feront barrage à certains désastres naturels comme les inondations et pourront favoriser l’<a href="http://www.hamburg.de/gruenes-netz/">absorption du dioxyde de carbone</a>.</p>
<h2>L’énergie citoyenne</h2>
<p>Chacun dispose d’un incroyable potentiel pour lutter contre le changement climatique. C’est particulièrement vrai dans le secteur énergétique, comme l’indiquent nombre d’études <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301421506004824">à ce sujet</a> : « l’énergie citoyenne » facilite l’implantation de projets d’énergie renouvelable et la régulation de la demande énergétique, permettant ainsi de réduire les émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>Cette idée a inspiré la très récente conférence <a href="http://www.wcpc2016.jp/en/">World Community Power Conference</a> qui s’est tenue à Fukushima (Japon) les 3 et 4 novembre 2016, au moment même où l’Accord de Paris était ratifié. L’événement, une première mondiale, organisé par la <a href="http://communitypower.jp/">Japan Community Power Association</a>, l’<a href="http://www.isep.or.jp/en">Institute for Sustainable Energy Policies</a> et le <a href="http://www.wwindea.org/">World Wind Energy Association</a>, réunissait universitaires, représentants politiques locaux et membres de la société civile (dont des écoles) et du monde de l’entreprise pour imaginer comment les communautés de citoyens et agents de la vie économique et politique, pouvaient devenir acteurs du développement durable à l’échelle locale.</p>
<p>Les participants ont abordé différentes questions, de la démocratie énergétique à la coopération régionale en passant par les bénéfices potentiels des projets d’énergie citoyenne pour les pays en voie de développement. Les freins à la coopération entre les gouvernements locaux, leurs citoyens et le monde des affaires ont également été débattus.</p>
<p>Le choix de Fukushima pour cette conférence est hautement symbolique : <a href="http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/seisme-et-tsunami-au-japon-en-2011_1492023.html">dévastée en 2011</a> par un tremblement de terre suivi d’un tsunami, cette agglomération nipponne et toute sa région ont subi un désastre nucléaire dont les conséquences sont toujours en cours d’évaluation. Peu après cette catastrophe, les autorités locales ont décidé d’adopter la proposition de passer au <a href="http://www.climatechangenews.com/2014/01/31/fukushima-to-use-100-renewable-energy-by-2040/">100 % énergies renouvelables d’ici à 2040</a>.</p>
<p>Pour atteindre cet objectif, les habitants, les entreprises et les collectivités locales travaillent de concert pour développer les énergies solaire et éolienne.</p>
<p>Cette collaboration se concrétise par divers projets impliquant les citoyens. Dans le cadre du Fukushima Airport Solar Power Project, par exemple, les citoyens ont été partiellement mis à contribution en vue d’<a href="http://techon.nikkeibp.co.jp/english/NEWS_EN/20140616/358981/?ST=msbe&P=2">investir</a> dans l’achat et l’installation de panneaux solaires pour fournir 1,2 MW d’électricité à l’aéroport. Une autre initiative émanant de la préfecture, la Fukushima Ryozen Citizens’ Joint Power Plant, a de même été financée par le contribuable local pour aider les paysans de la région à mettre en place des fermes solaires. Cette centrale fournit actuellement environ <a href="http://www.japanfs.org/en/news/archives/news_id034604.html">50 KWs</a>.</p>
<p>La mobilisation des communautés locales permet ainsi la promotion des énergies renouvelables et l’élimination progressive du recours aux énergies fossiles. Elle renforce également la sécurité énergétique, et favorise l’engagement démocratique et l’autonomie locale. De ce pouvoir citoyen découle d’autres avantages potentiels, comme la création d’emplois et de nouvelles sources de revenus, le bien-être de la communauté, la réduction de la précarité énergétique ou encore une <a href="http://www.foeeurope.org/community-Power-benefits-briefing-011213">baisse des tarifs de l’énergie</a>.</p>
<h2>Un « pouvoir citoyen » en devenir</h2>
<p>S’il n’existe aujourd’hui pas de définition précise du concept d’énergie citoyenne (ou <em>« community power »</em> en anglais), on peut cependant dire ici qu’il implique une participation du citoyen dans la production et l’usage de systèmes énergétiques renouvelables, de même qu’un certain contrôle sur ces activités.</p>
<p>C’est ainsi le cas lorsque des citoyens sont propriétaires – même partiellement – d’une entreprise productrice d’énergie renouvelable par exemple sous la forme d’une coopérative. De même, si le citoyen participe à la gestion et l’organisation de l’entreprise, possède un droit de regard sur ses décisions opérationnelles ou encore siège en tant que membre de son conseil d’administration.</p>
<p>Et les communautés qui profitent de cette énergie renouvelable et des profits réalisés dans le cadre de cette production relèvent aussi de ce concept. On le voit, les citoyens cessent ici d’être uniquement des consommateurs pour devenir acteurs et producteurs du service. Cette large définition de l’« énergie citoyenne » tient compte d’une réalité polymorphe due aux particularismes locaux et aux différents <a href="http://www.clientearth.org/reports/community-power-report-250614.pdf">obstacles</a> administratifs et bureaucratiques à dépasser.</p>
<p>Le partage d’expériences locales peut aider à promouvoir ce modèle. Au Danemark, une loi prévoit que les réseaux de chaleur doivent être la propriété de coopératives municipales ou citoyennes. La même règle s’appliquait par le passé à la production d’électricité. Mais avec l’ouverture du marché énergétique en application du droit européen, de nouveaux investisseurs privés ont pénétré le secteur des énergies renouvelables suscitant des protestations de la part des communautés locales. Ces évènements montrent comment l’implication des citoyens peut faciliter l’acceptation des projets au niveau local.</p>
<p>L’exemple danois illustre l’importance de la structure du marché pour les énergies renouvelables. Le récent projet de la Commission européenne <a href="http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-4009_fr.htm">« Une énergie propre pour tous les Européens »</a>, qui défend l’idée que les « Les consommateurs seront des acteurs dynamiques et centraux sur les futurs marchés de l’énergie », tient compte de ces réflexions.</p>
<h2>La déclaration de Fukushima</h2>
<p>Pour la déclaration finale de la Conférence de Fukushima – <a href="http://www.wcpc2016.jp/en/about/declaration">« For the future of the earth »</a> – l’énergie citoyenne doit devenir le modèle incontournable « de la production mondiale de l’énergie renouvelable du futur ».</p>
<p>Pour atteindre cet objectif, les participants de la Conférence se sont engagés à promouvoir et échanger leurs bonnes pratiques ainsi qu’à travailler avec les collectivités locales sur des schémas directeurs pour les énergies renouvelables et avec les institutions nationales et internationales pour en permettre le développement dans de bonnes conditions. Ils se sont également engagés à promouvoir l’énergie citoyenne dans les pays en développement à travers le transfert de connaissance.</p>
<p>Cette déclaration constitue avant tout un instrument de <em>« soft power »</em> (« droit mou ») puisqu’elle ne comporte aucune dimension contraignante. Elle montre cependant une manière intéressante d’associer citoyens et politiques dans la lutte contre le changement climatique. Les efforts entrepris par ces initiatives citoyennes ne sont pas seulement cruciaux pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (qui vise à maintenir la hausse globale des températures sous la barre des 2 °C), ils rendent aussi les structures de gouvernance plus démocratiques.</p>
<p>Les réformes promouvant la <a href="http://www.localpower.org/documents/report_worldsurvey06.pdf">décentralisation énergétique</a> dans de nombreux pays vont dans ce sens. Dès 2010, des agences internationales de développement ont montré comment la décentralisation énergétique pouvait contribuer à la poursuite des <a href="http://www.un.org/fr/millenniumgoals/">objectifs du Millenaire pour le développement.</a></p>
<p>En organisant la gouvernance énergétique au niveau local, le contrôle des ressources s’opère plus près des citoyens. Ce changement donne aux collectivités locales la possibilité d’innover et de lancer d’ambitieux programmes énergétiques sans que cela soit le fait uniquement des communautés ou villes les plus riches.</p>
<p>La Conférence de Fukushima a jeté les bases d’une organisation des mouvements d’énergie citoyenne ; les années à venir seront déterminantes pour démontrer ses effets d’échelle et son universalisme. La prochaine conférence aura lieu au Mali, en Afrique, un continent où le développement socio-économique et la sécurité énergétique sont tout aussi importants que les défis de la lutte globale contre le changement climatique.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007, Axa Research Fund soutient plus de 500 projets à travers le monde portés par des chercheurs de 51 nationalités. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du <a href="https://www.axa-research.org">Axa Research Fund</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70504/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Magali Dreyfus est actuellement professeur invité au GRIPS (National Graduate Institute for Policy Studies) à Tokyo (Japon). Dans le cadre de ses travaux sur les villes et le changements climatique, Magali Dreyfus a reçu des financements du Fonds Axa pour la recherche. </span></em></p>Plus rapides que la communauté internationale, les villes et les communautés locales se positionnent en première ligne dans la lutte contre le changement climatique.Magali Dreyfus, Research Fellow, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/695412016-12-06T05:23:02Z2016-12-06T05:23:02ZCOP22 : le tourisme marocain aura su tirer son épingle du jeu<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/148519/original/image-20161204-25669-oeonoc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Animations dans les rues de Marrakech pour l’ouverture de la COP22. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/Cop22mar/photos/pb.770284079739120.-2207520000.1480884649./897530457014481/?type=3&theater">COP22</a></span></figcaption></figure><p>Un peu plus de 70 chefs d’État, 60 000 participants, des centaines d’évènements pour mobiliser contre les changements climatiques… La COP22, qui a pris fin tard dans la nuit du 18 novembre 2016 à Marrakech, restera dans la mémoire des Marocains comme un événement majeur, l’un des plus importants jamais organisé dans le pays. Il s’est déroulé sans incidents ni mauvaises surprises opérationnelles ou logistiques. La <a href="http://unfccc.int/files/meetings/marrakech_nov_2016/application/pdf/marrakech_action_proclamation.pdf">Proclamation de Marrakech</a> qui vise à perpétuer l’élan impulsé au niveau mondial par la COP21 de Paris (2015) constitue l’un de ses principaux aboutissements.</p>
<p>Mais si le comité de pilotage de la COP22 a bien atteint <a href="http://blog.iddri.org/fr/2016/11/24/bilan-de-cop22-cooperation-internationale-climat/">plusieurs des objectifs</a> fixés en amont de la conférence, le plus important reste à faire et nombre de décisions ont été renvoyées à la COP24 qu’organisera la Pologne en 2018.</p>
<h2>Pas de feuille de route concrète</h2>
<p>Certes, la COP22 a réussi à mobiliser un grand nombre de pays en vue de ratifier, accepter, approuver ou adhérer (selon les cas) l’Accord de Paris pour limiter les émissions de gaz à effet de serre avant même la tenue du sommet de Marrakech. Elle a en outre réussi à consolider la mobilisation des acteurs non étatiques et des gouvernements dans le cadre de l’<a href="http://newsroom.unfccc.int/fr/action-climatique/plan-mondial-action-climatique/">Agenda global d’action pour le climat</a>.</p>
<p>Cependant, même si parler d’échec serait excessif, Marrakech n’aura pas pu convenir d’une feuille de route concrète pour le financement des projets d’adaptation aux effets des changements climatiques, notamment en Afrique et dans les pays du Sud.</p>
<p>Avec une COP organisée sur le sol africain, il apparaissait <a href="http://afrique.lepoint.fr/economie/cop22-coup-d-envoi-de-l-edition-africaine-08-11-2016-2081707_2258.php">urgent de rendre justice à ce continent,</a> particulièrement affecté par le réchauffement climatique. François Hollande rappela d’ailleurs à la tribune de la COP22 que 36 des 50 pays les plus meurtris par le réchauffement se trouvent en effet en Afrique subsaharienne.</p>
<p>Dans son discours de cérémonie d’ouverture, Ségolène Royal, la présidente de la COP21, a ainsi souligné que la justice climatique demeurait l’un des grands défis de la gouvernance climatique mondiale. Une justice climatique qui dépend de la <a href="http://www.novethic.fr/isr-et-rse/actualite-de-lisr/isr-rse/finance-verte-a-3-semaines-de-la-cop22-les-100-milliards-de-dollars-promis-ne-sont-toujours-pas-la-144117.html">délicate problématique du financement</a> des pays du Nord vers ceux du Sud.</p>
<p>Dans ce cadre, les discussions auront notamment porté sur le modèle à adopter pour la « finance climat » et la répartition des fonds entre les programmes d’atténuation et d’adaptation au changement climatique… mais sans que ces échanges débouchent sur de véritables avancées pour déterminer la <a href="http://www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/cop22-pas-d-accord-sur-le-finacement-nord-sud-a-marrakech-144184.html">part à attribuer aux programmes d’adaptation</a> en faveur des pays en voie de développement. Un échec donc, même si l’objectif de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour financer ces différents programmes se trouve confirmé dans la Proclamation de Marrakech.</p>
<p>Il faut néanmoins saluer les différentes initiatives qui ont émergé lors de la conférence, notamment celle nommée <a href="http://www.aaainitiative.org/fr">AAA</a> (ou Triple A), qui vise à réduire la vulnérabilité de l’Afrique et de son agriculture aux changements climatiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"802219711245254656"}"></div></p>
<h2>Une vraie relance pour le tourisme</h2>
<p>La COP22 aura offert à la ville ocre l’opportunité de booster son activité touristique. Programmée pendant la période creuse du mois de novembre, le résultat fut à la hauteur des attentes avec un <a href="http://www.yawatani.com/index.php/economie/13342-la-cop22-une-aubaine-pour-le-tourisme-au-maroc">« Marrakech affichant complet ».</a>.</p>
<p>Notons surtout que ce tourisme « MICE » (pour <em>Meetings, incentives, conferencing, exhibitions</em>) aura contribué à faire des congressistes de potentiels futurs touristes pour le Maroc.</p>
<p>La promotion des destinations durables proposées par les acteurs du secteur du tourisme marocain a d’autre part rencontré un vif succès, le Royaume chérifien se positionnant là sur un créneau difficile, mais porteur et innovant. Une <a href="http://www.portailsudmaroc.com/actualite/8044/cop22-marrakech-signature-de-la-charte-africaine-du-tourisme-durable-et-responsable">charte africaine du tourisme durable et responsable</a> a été signée le 10 novembre en marge de la COP22 par une vingtaine d’États africains, ce qui constitue une première pour le continent.</p>
<h2>Rendez-vous à Bonn</h2>
<p>La prochaine COP sera organisée par les îles Fidji… dans la ville allemande Bonn, raisons logistiques obligent. Ce sera la première fois qu’un petit État insulaire organise l’événement. On le sait, ces pays figurent parmi les plus touchés par les conséquences du changement climatique avec la <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/03/30/l-elevation-du-niveau-des-mers-pourrait-atteindre-deux-metres-a-la-fin-du-siecle_4892681_3244.html">hausse du niveau des océans</a>. Frank Bainimarama, le premier ministre fidjien, n’a pas manqué de le rappeler à Marrakech :</p>
<blockquote>
<p>« [En tant que] petit État insulaire du Pacifique, nous avons besoin de montrer au monde les problèmes que nous traversons. »</p>
</blockquote>
<p>Espérons que d’ici là, les engagements de la COP22 auront été tenus et que les questions qui restent en suspend – le financement Nord/Sud en premier lieu – auront été courageusement abordées et traitées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/69541/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Si la conférence climatique n’a pas apporté d’avancées majeures et laissé un nombre important de questions en suspens, pour son pays hôte, le Maroc, le bilan est bien plus positif.Larbi Safaa, Phd, enseignant-chercheur, responsable de la filière « Gestion des organisations et des destinations touristiques », École supérieure de technologie d’Essaouira, Université Cadi AyyadKhalid Elhousni, Phd, enseignant-chercheur, École supérieure de technologie d’Essaouira, Université Cadi AyyadLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/692962016-11-24T20:41:32Z2016-11-24T20:41:32ZClimatoscepticisme, énergies fossiles, sortie de l’Accord de Paris : Trump affole la planète<p><em>Christophe Madrolle, élu de Marseille et Secrétaire national de l’Union des démocrates et des écologistes (UDE), est co-auteur de cet article.</em></p>
<hr>
<p>Alors que le monde attend la liste complète de ceux qui formeront son premier gouvernement pour entrevoir enfin le type de présidence qui va être mis en place, Donald Trump a précisé ce lundi 21 novembre 2016 dans une <a href="http://www.leparisien.fr/international/video-etats-unis-trump-devoile-ses-mesures-choc-pour-ses-100-premiers-jours-22-11-2016-6360150.php">courte vidéo</a> six mesures phares pour ses 100 premiers jours au pouvoir.</p>
<p>Une annonce qui aura douché les espoirs des plus optimistes. Ceux qui croyaient avoir vu un fléchissement de ses positions en sont pour leur frais : ses propositions restent fermement basées sur l’idée maîtresse de sa campagne : « l’Amérique d’abord ».</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7xX_KaStFT8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Donald Trump donne un aperçu du programme politique qu’il souhaite mettre en œuvre (Transition 2017, 2016).</span></figcaption>
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<p>L’abandon <a href="http://www.courrierinternational.com/article/commerce-le-retrait-americain-du-tpp-voulu-par-trump-ouvrirait-la-voie-pekin">du traité TPP</a> et l’annonce des premières <a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/11/17/20002-20161117ARTFIG00163-petrole-charbon-pourquoi-trump-fait-trembler-les-defenseurs-de-l-environnement.php">décisions sur l’énergie</a> font aujourd’hui craindre le pire pour l’avenir de l’engagement américain dans la lutte contre le réchauffement climatique.</p>
<p>Que <a href="https://theconversation.com/climat-linconnue-americaine-68541">restera-t-il</a> dans ce contexte inédit de l’Accord de Paris ? Faut-il rappeler la belle victoire que ce traité a constituée et l’implication de Washington ? Il aura fallu moins d’un an en effet pour que le texte reçoive les soutiens suffisants et qu’il entre en vigueur (114 États, représentant 78 % des émissions de gaz à effet de serre l’ont à ce jour ratifié). La Chine figure parmi les signataires et l’<a href="http://www.lenergietoutcompris.fr/actualites-et-informations/politique-energetique/accord-de-paris-l-inde-se-range-du-cote-de-la-france-48041">Inde lui a emboîté le pas</a>. Rappelons que les États-Unis comptent pour 18 % de ces émissions au niveau mondial.</p>
<h2>Une victoire pour les climatosceptiques</h2>
<p>Pour Trump, le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois dans le but de rendre l’industrie américaine moins compétitive. Il l’avait déclaré dès le 6 novembre 2012 dans un tweet. Et il l’a ensuite répété inlassablement durant toute sa campagne, pour la plus grande joie de ses supporters. Ces derniers ont alors imaginé le retrait de leur pays de ce traité et en ont fait une étape absolument nécessaire à la restauration de leur puissance.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"265895292191248385"}"></div></p>
<p>Donald Trump s’est d’autre part entouré de <a href="http://www.actu-environnement.com/ae/news/election-americaine-climatosceptique-donald-trump-27836.php4">climatosceptiques</a> et cette thématique anti-environnementale s’est transformée en ritournelle dans ses meetings, destinée à fédérer contre l’ennemi extérieur et l’élite bobo de l’intérieur, soupçonnés de vouloir imposer de nouveaux modes de vie (« Les ampoules LED donnent le cancer, » a-t-il par exemple déclaré).</p>
<p>La nomination de Myron Ebell pour réfléchir au futur de <a href="http://www.actu-environnement.com/ae/news/election-americaine-climatosceptique-donald-trump-27836.php4">l’EPA</a> (Environmental Protection Agency) est à ce titre hautement symbolique. Ebell préside la <a href="http://www.globalwarming.org/about/">Cooler Heads Coalition</a>, une association qui prétend que le réchauffement climatique est une farce. Dénoncé par Greenpeace pour ses prises de position, ce dernier ne connaît aucune limite : <a href="http://www.nytimes.com/2016/11/12/science/myron-ebell-trump-epa.html?mtrref=www.google.com&gwh=CF0E319FECC9919C55AF3B2156383EC7&gwt=pay">même le Pape</a> en a pris pour son grade après la publication de l’encyclique <em><a href="http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html">Laudato si</a></em> en 2015. Pour Ebell, le chef de l’Église catholique est « scientifiquement mal informé, économiquement analphabète, intellectuellement incohérent et moralement obtus ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Myron Ebell, un climatosceptique à la tête du ministère de l’Environnement américain (NEWS4U, 2016).</span></figcaption>
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<p>Du point de vue de Trump, les restrictions imposées à l’industrie américaine en vue de la transition énergétique détruiraient les emplois (« Il faut les supprimer au plus vite », a-t-il proposé). Son idée est donc de relancer des programmes d’énergie et de créer des milliers d’emplois bien payés grâce au gaz, au pétrole de schiste et au charbon.</p>
<h2>Sortir de l’Accord de Paris</h2>
<p>Depuis son élection, l’inquiétude est générale et des voix s’élèvent pour multiplier les appels à la raison. Le président François Hollande s’est montré bien optimiste en prétendant que le <a href="http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN13A1SU">retrait était impossible</a> ; quant à Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, y croyait-elle vraiment lorsqu’elle a insisté sur les <a href="http://www.rtl.fr/actu/environnement/trump-ne-peut-pas-bloquer-l-accord-de-paris-sur-le-climat-mais-peut-le-freiner-7785673629">trois années d’engagement obligatoire</a> qui seraient déjà effectives, l’Accord ayant entré en vigueur le 4 novembre 2016 ?</p>
<p>Washington peut se retirer de l’Accord de Paris. La procédure est effectivement longue et compliquée, <a href="http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/trump-denoncera-t-laccord-de-paris-37811/">comme le rappelait Ségolène Royal</a>, puisque le texte proscrit toute sortie de l’Accord sur une période de trois ans, à quoi il faut ajouter une année de préavis. Mais, dans les faits, l’Accord n’étant pas juridiquement contraignant, rien n’est prévu au cas où les États-Unis ne respecteraient pas leurs engagements.</p>
<p>Il reste enfin une solution toute simple pour cette sortie : celle du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_ex%C3%A9cutif">décret présidentiel</a>. Car la signature d’un président peut annuler l’action d’un autre. C’est bien pour cela que la Constitution américaine prévoit qu’un traité doit être validé par le Sénat, ce qui lui donne force et résistance. Ce ne fut pas le cas pour l’Accord de Paris, car l’opposition républicaine n’aurait pas suivi. C’est fort dommage, car cela rend ce traité vulnérable.</p>
<h2>Priorité aux énergies fossiles</h2>
<p>Ses premières déclarations comme chef d’État indiquent que sa politique énergétique visera à augmenter l’extraction et la production des énergies fossiles et à assouplir les normes environnementales. Il a également pris la décision de relancer la construction du très controversé <a href="http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/814272/pipeline-keystone-xl-approbation-gouvernement-republicain-donald-trump">oléoduc Keystone XL</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">La controverse de l’oléoduc Keystone XL décryptée (Seeker Daily, 2015).</span></figcaption>
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<p>Pour Trump, il n’y a pas de choix à faire entre emploi et environnement. On attend logiquement qu’il décide de saborder le <a href="http://www.pv-tech.org/news/trump-confirms-plans-to-dismantle-the-clean-power-plan">Clean Power Plan</a> de Barack Obama. Fini la diminution des émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques américaines. Les subventions accordées au développement des énergies renouvelables seront très certaines retirées.</p>
<p>Il y aura aussi ces 3 milliards de dollars à récupérer avec la privation de subventions au Fonds vert de l’Accord de Paris ; et pourquoi ne pas renoncer à tous les financements aux Nations unies pour la lutte contre le changement climatique ? Ceux qui veulent défendre la planète pourront toujours se tourner vers les investissements privés.</p>
<p>Donald Trump a toutefois indiqué à plusieurs reprises qu’il n’est pas contre le développement <a href="http://www.bioaddict.fr/article/trump-vs-clinton-quel-est-le-plus-ecolo-des-deux-a5481p1.html">d’une énergie propre</a>. Il veut juste en finir avec les normes et laisser le marché se réguler de lui-même. Ce sera là le travail des juges qu’il nommera à la Cour Suprême et dans les différentes Cours d’appel fédérales ; leur position sur ces questions influencera certainement le choix en faveur, ou non, de leur nomination.</p>
<h2>Peut-on rester optimiste ?</h2>
<p>Les plus combatifs soulignent la présence d’autres acteurs, non-étatiques, impliqués dans la transition énergétique.</p>
<p>365 chefs d’entreprises ont par exemple <a href="http://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/0211501255053-climat-trump-rappele-a-lordre-par-les-entreprises-americaines-2043333.php">signé une lettre</a> demandant à Trump de respecter l’Accord de Paris ; parmi les signataires figuraient les dirigeants d’entreprises aussi prestigieuses et puissantes que Dupont, General Mills, Hewlett-Packard, Hilton, Kellogg, Levi Strauss, Nike ou encore Unilever.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"798921109722656768"}"></div></p>
<p>La vraie question est : qu’est-ce qui peut contraindre Trump ? En réalité, rien. Et les premiers signes qu’il a adressés n’ont rien d’encourageants ; ils vont à rebours de la volonté mondiale et témoignent de sa volonté de proposer une nouvelle voie.</p>
<h2>Des lendemains imprévisibles</h2>
<p>Il est actuellement impossible d’estimer à quel point le nouveau président américain va mettre en place ce qu’il a annoncé pendant sa campagne. Il a le soutien des deux chambres, le Sénat et la Chambre des Représentants et, bientôt, de la Cour Suprême. On néglige souvent cet aspect des choses, mais les gouverneurs sont également de son côté, du moins dans 33 États sur 50.</p>
<p>Le monde entier est à l’affût de la moindre de ses déclarations et, pour le moment, il semble plus préoccupé par l’obsession de montrer à ses électeurs qu’il est différent de tous ceux qui ont été élus avant lui. Il devrait donc faire ce qu’il a promis, dut-il pour cela enterrer la planète.</p>
<p>Mais tout n’est peut-être pas aussi noir… Souvenons-nous que Trump n’est pas un homme politique : son réflexe de businessman peut reprendre le dessus et il pourrait même bien finir par voir un intérêt à suivre la voie collective. Ou peut-être tombera-t-il dans ce travers si classique qui consiste à vouloir marquer l’histoire, ce qui pourrait l’emmener sur un chemin moins tortueux.</p>
<p>Mais pour l’heure, on a l’impression qu’il est perdu face au poids de sa charge : il souffle le chaud et le froid, multiplie les déclarations contradictoires et ne semble pas encore avoir réussi à prendre conscience de l’énorme responsabilité qui pèse sur ses épaules. Mardi soir, 22 novembre 2016, il a ainsi déclaré dans une interview au <a href="http://nyti.ms/2gjl829"><em>New York Times</em></a> qu’il était « ouvert » aux accords sur le climat faisant renaître à nouveau l’espoir.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"801127947969015808"}"></div></p>
<p>Alors espérons ! Car s’il décide de changer à nouveau de cap, il y a fort à craindre qu’on ne puisse pas davantage l’arrêter aujourd’hui que durant sa campagne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/69296/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Éric Branaa ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Nominations controversées, relance du charbon et fin possible du soutien américain à la gouvernance climatique mondiale… Avec Trump, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’environnement.Jean-Éric Branaa, Maître de conférences politique et société américaines, Université Paris-Panthéon-AssasLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/691042016-11-20T19:52:23Z2016-11-20T19:52:23ZCOP22 de Marrakech… merci Trump !<p>Lancée le 7 novembre dernier, la COP22 avait démarré sous les meilleurs auspices avec l’entrée en vigueur extrêmement rapide de l’Accord de Paris (moins de 11 mois contre les 8 années nécessaires au Protocole de Kyoto). Les États n’ont en effet pas attendu que soient fixés les détails opérationnels pour ratifier ce texte adopté fin 2015 lors de la COP21 et qui établit la feuille de route climatique pour la planète.</p>
<p>Aujourd’hui, l’Accord a été ratifié par 111 États – dont la Chine, les États-Unis, le Canada, des pays membres de l’Union européenne, l’Inde, le Japon, l’Arabie Saoudite, l’Australie ou encore le Brésil – responsables de 77 % des émissions de <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a> dont la concentration dans l’atmosphère contribue au réchauffement climatique. La lutte contre ce phénomène aux conséquences menaçantes semble donc bien engagée.</p>
<h2>Débloquage</h2>
<p>À l’automne, d’autres signaux positifs nous étaient parvenus, l’adoption de l’Accord de Paris ayant contribué à débloquer des négociations enlisées depuis plusieurs années.</p>
<p>Les pays membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale se sont ainsi mis d’accord sur un <a href="http://www.icao.int/Newsroom/Pages/FR/Historic-agreement-reached-to-mitigate-international-aviation-emissions.aspx.">plafonnement des émissions</a> issues du transport international aérien. De leur côté, les pays signataires du Protocole de Montréal sur la couche d’ozone se sont accordés sur une <a href="http://conf.montreal-protocol.org/meeting/mop/mop-28/final-report/SitePages/Home.aspx.">élimination progressive des hydrofluorocarbones</a> (HFC), ces gaz qui avaient remplacé les chlorofluorocarbones (CFC) destructeurs de la couche d’ozone mais dont le pouvoir réchauffant s’avère très important.</p>
<p>Enfin, les initiatives non-étatiques fourmillent, à l’image de la coalition « Under 2 » lancée en 2015 par le gouverneur de Californie et dont le succès va grandissant. Cette coalition rassemble désormais 165 collectivités locales, soit 1 milliard d’habitants ; elles se sont données pour objectif de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 80 % à 95 % d’ici à 2050 (par rapport à 1990).</p>
<h2>Coup de tonnerre trumpien</h2>
<p>Celle qui était annoncée comme une « boring COP » (« COP ennuyeuse ») après l’excitation suscitée par la COP21 avait deux objectifs principaux : poursuivre la négociation des détails opérationnels de la mise en œuvre de l’Accord de Paris ; maintenir et consolider la dynamique initiée fin 2015.</p>
<p>L’annonce, au troisième jour de la COP22, de la victoire de Donald Trump à la présidence des États-Unis a glacé les participants. Mais la perspective – à ce jour non confirmée – d’un <a href="https://theconversation.com/climat-linconnue-americaine-68541">retrait américain de l’Accord de Paris</a> n’a pas fait tanguer la COP. Au contraire, ce risque a provoqué des réactions quasi unanimes de soutien à l’Accord de Paris et à la dynamique « irréversible » qu’il représente, y compris de la part de la Chine dont la <a href="https://www.ft.com/content/35803636-a82a-11e6-8898-79a99e2a4de6">position était très attendue</a>. La déclaration finale de la conférence rappelle ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« This momentum is irreversible – it is being driven not only by governments, but by science, business and global action of all types at all levels. »</p>
</blockquote>
<p>Alors, merci Trump !</p>
<h2>L’urgence climatique</h2>
<p>Comme chaque année, l’ouverture de la COP a été marquée par la publication de différents rapports soulignant l’urgence à relever le niveau d’ambition des « contributions nationales », ces engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pris par chaque pays signataire de l’Accord de Paris.</p>
<p>Depuis trois ans, si les émissions mondiales <a href="http://www.globalcarbonproject.org/carbonbudget/index.htm">sont stables</a>, les changements climatiques s’accentuent. L’Organisation météorologique mondiale <a href="http://public.wmo.int/fr">(OMM)</a> constate ainsi que l’année 2016 devrait battre un nouveau record de chaleur, avec une température planétaire moyenne supérieure d’environ 1,2 °C au niveau de l’ère pré-industrielle, et que le XXI<sup>e</sup> siècle comptera probablement <a href="http://www.wmo.int/pages/prog/wcp/wcdmp/GCDS3.php">16 des 17 années les plus chaudes</a> constatées depuis le début des relevés (fin du XIX<sup>e</sup> siècle).</p>
<p>Le GIEC, qui s’est réuni peu avant la COP, expliquait qu’au rythme actuel de nos émissions de gaz à effet de serre, nous aurons épuisé dans les cinq années à venir le « budget carbone » qui nous laisse une chance de limiter l’augmentation des températures. La fenêtre d’action est donc bien étroite. Dans le même temps, diverses publications se rejoignent pour affirmer qu’une limitation du réchauffement à 2 °C est insuffisante : elle ne permet ni de protéger les récifs coralliens, ni les zones polaires, pas plus qu’elle n’est en mesure d’éviter la disparition de nombreuses petites îles du Pacifique.</p>
<h2>Rendez-vous en 2018</h2>
<p>Malgré les efforts déployés, la COP22 n’est pas synonyme d’évolution favorable : la plupart des pays temporisent, attendant 2018 et le rapport du GIEC sur les conséquences d’une augmentation des températures supérieure à 1,5 °C.</p>
<p>Sur le front de la négociation des détails opérationnels pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, la prise de décision a ainsi été différée ; contrairement aux souhaits de certains groupes, comme celui des pays les moins avancés, il a été conclu que les décisions seraient adoptées par « paquet » au plus tard lors de la COP24 de 2018. Or ces négociations sont fondamentales pour l’effectivité de la gouvernance climatique mondiale. Il s’agit, par exemple, de déterminer avec précision la forme, le contenu et la périodicité des contributions nationales des États ou encore de définir les modalités de contrôle du respect des engagements pris par les pays.</p>
<h2>Qui va (vraiment) payer ?</h2>
<p>La question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique reste également entière.</p>
<p>L’Accord de Paris consacre aux financements son article 9, qui pose un certain nombre d’obligations pour les États, telle celle pour les pays développés parties de fournir des « ressources financières pour venir en aide aux pays en développement » (art. 9§1). Il est également indiqué aussi que « cette mobilisation de moyens de financement de l’action climatique devrait représenter une progression par rapport aux efforts antérieurs » (art. 9§3).</p>
<p>Les formules restent vagues, car les engagements ne sont pas chiffrés. La seule indication chiffrée se trouve dans le texte de la Décision de la COP :</p>
<blockquote>
<p>« Avant 2025, la Conférence des Parties […] fixe un nouvel objectif chiffré collectif à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars par an, en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement. » (§54)</p>
</blockquote>
<p>La COP22 était censée répondre aux préoccupations des pays du Sud en fournissant une feuille de route précise à travers une décision sur le « financement à long terme de l’action climatique ».</p>
<p>Âprement négociée, cette feuille de route reste vague. Elle reconnaît les progrès des pays développés en la matière, mais les exhorte à continuer d’accroître les <a href="http://www.oecd.org/fr/environnement/cc/OECD-CPI-Climate-Finance-Report-Fr.pdf">financements climat</a>. Elle leur demande aussi de poursuivre leurs efforts pour atteindre un meilleur équilibre entre les financements allant à l’adaptation et à l’atténuation. Les premiers ne représentent que 16 % des financements climat aujourd’hui, alors que l’Accord de Paris prévoit que « La fourniture de ressources financières accrues devrait viser à parvenir à un équilibre entre l’adaptation et l’atténuation » (article 9§4).</p>
<h2>De timides avancées sur le front de la justice climatique</h2>
<p>Un autre sujet à l’ordre du jour de la COP concernait la revue du Mécanisme international de Varsovie (créé en 2013) sur les pertes et préjudices. Avec cette approche par étapes, les pays du Nord avaient tenté de gagner du temps et d’éviter que la question ne vienne parasiter, voire « pourrir », la Conférence de Paris de 2015. L’an dernier, ils avaient pourtant dû accepter l’inclusion du Mécanisme dans l’Accord de Paris (article 8).</p>
<p>Loin des souhaits initiaux des pays du Sud qui voulaient y voir d’abord un « guichet » indemnisant les préjudices causés par les changements climatiques, c’est un mécanisme qui a un rôle essentiellement d’échange d’information, de coordination et d’appui technique ponctuel. Ce rôle est toutefois essentiel.</p>
<p>Le comité exécutif du Mécanisme quitte la COP22 avec un nouveau mandat à 5 ans, qui le renforce quelque peu. Mais il reste à voir s’il sera doté du soutien et des ressources que son mandat – lourd et complexe – exigerait. La réflexion sur les sources de financement et les modalités d’accès est lancée. Restant conçu comme évolutif, le mécanisme fera l’objet de revues régulières.</p>
<p>Ainsi s’est achevée cette nouvelle COP, moins <em>« boring »</em> que prévue après le raz de marée suscité par l’élection de Trump.</p>
<p>Rendez-vous donc en 2018 pour les décisions importantes. Entre-temps, une nouvelle COP, probablement assez peu excitante, aura lieu à Bonn en novembre 2017. Donald Trump aura alors pris ses fonctions et sa position quant à l’Accord de Paris aura, quelle qu’elle soit, un impact majeur. Rappelons que les États-Unis abondent pour environ 30 % les différents budgets de la Convention ainsi que le Fonds vert pour le climat… et qu’ils représentent encore 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/69104/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sandrine Maljean-Dubois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La victoire de Trump à la présidence américaine aura eu le mérite de fédérer les acteurs de la COP22 autour de l’urgence climatique. Le bilan de la conférence reste toutefois en demi-teinte.Sandrine Maljean-Dubois, Directrice de recherche CNRS au Centre d’études et de recherches internationales et communautaires (CERIC), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/685412016-11-09T15:50:27Z2016-11-09T15:50:27ZClimat, l’inconnue américaine<p>C’était le scénario catastrophe des défenseurs du climat et la grande inquiétude des négociateurs du climat réunis actuellement à Marrakech pour la COP22 : la victoire de Donald Trump à la présidence des États-Unis.</p>
<p>Donald Trump qui, durant sa campagne, a qualifié les changements climatiques de « canular » et évoqué une possible <a href="http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/05/27/etats-unis-donald-trump-promet-d-annuler-l-accord-de-paris-sur-le-climat-une-fois-elu_4927353_829254.html">« annulation » de l’Accord de Paris</a>. Il a également promis de supprimer les mesures rendant obsolètes les vieilles centrales au charbon et de relancer l’extraction offshore de pétrole et de gaz.</p>
<p>Les États-Unis ne peuvent, bien évidemment, à eux seuls « annuler » ce traité tout récemment entré en vigueur et ratifié par 102 pays et l’Union européenne. C’est donc avec raison que <a href="http://www.rtl.fr/actu/politique/segolene-royal-est-l-invitee-de-rtl-du-mercredi-9-novembre-7785668595">Ségolène Royal a affirmé</a> ce matin que Donald Trump « ne pourra pas empêcher la mise en œuvre de l’accord sur le climat ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"265895292191248385"}"></div></p>
<h2>Washington engagé jusqu’à fin 2019</h2>
<p>En revanche, comme le Canada a par le passé <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/12/13/le-canada-quitte-le-protocole-de-kyoto_1617695_3244.html">dénoncé le Protocole de Kyoto</a>, les États-Unis peuvent dénoncer l’Accord. Ce dernier leur en laisse entièrement le droit, à condition toutefois de suivre la procédure prévue (article 28). Cette dénonciation, par laquelle ils « sortiraient » du traité, ne peut intervenir qu’à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date d’entrée en vigueur de l’Accord, soit pas avant le 5 novembre 2019.</p>
<p>En outre, elle ne prendrait effet qu’à l’expiration d’un nouveau délai d’un an, soit… à la fin du mandat de Donald Trump. Que ce dernier le veuille ou non, les États-Unis sont donc bel et bien engagés internationalement pour la durée de son mandat. À moins de décider de dénoncer la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992, qui est en quelque sorte la convention « mère » : en ce cas, ils seraient réputés avoir dénoncé l’Accord de Paris et la dénonciation prendrait effet dans un délai d’une année. </p>
<p>Quoi qu’il en soit, tant qu’ils sont liés par l’Accord, les États-Unis devront prendre des « mesures internes pour l’atténuation en vue de réaliser les objectifs » de la contribution nationale qu’ils ont communiquée (soit réduire leurs émissions de 26 à 28 % en 2025 par rapport au niveau de 2005).</p>
<p>Juridiquement, ils ne peuvent par ailleurs revoir cette contribution nationale qu’à la hausse (article 4). Ils doivent également se conformer aux autres obligations que prévoit l’Accord.</p>
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<figcaption><span class="caption">Comment on estime les émissions de gaz à effet de serre (WMO, 2016).</span></figcaption>
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<h2>18 % des émissions de gaz à effet de serre</h2>
<p>Bien évidemment, ils pourraient toujours décider d’ignorer et de violer délibérément l’Accord, qui ne prévoit pas de sanction en ce cas.</p>
<p>L’Accord de Paris est en effet plus incitatif que réellement contraignant. Un mécanisme de contrôle est bien à créer – c’est au menu des négociateurs lors de la COP22 – mais il sera « axé sur la facilitation, et fonctionne[ra] d’une manière […] transparente, non accusatoire et non punitive » (article 15).</p>
<p>Peu de choses à craindre donc de ce côté de là, à part des conséquences politiques. S’ils choisissaient de ne pas mettre en œuvre l’Accord, les États-Unis ne seraient pas le premier État à s’asseoir sur un engagement international… Mais une telle attitude pourrait évidemment avoir des conséquences désastreuses.</p>
<p>Elle risquerait de saper la fragile dynamique portée par l’Accord de Paris, voire l’effectivité de ce dernier : les États-Unis représentent encore 18 % des émissions mondiales et sans eux les objectifs de l’Accord de Paris sont tout simplement hors d’atteinte.</p>
<h2>Les yeux se tournent vers Pékin</h2>
<p>Faudrait-il craindre pour autant un effet domino ? La position de la Chine sera fondamentale à cet égard. Or, son négociateur climat a donné récemment des <a href="http://www.latribune.fr/economie/international/climat-trump-desavoue-par-la-chine-612614.html">signes très positifs</a> en affirmant à propos des positions de Donald Trump que si les dirigeants américains « résistent à cette tendance, je ne pense pas qu’ils auront le soutien de leur population et leurs progrès économiques et sociaux en seront affectés » et « qu’un responsable politique avisé doit prendre des décisions conformes aux tendances mondiales ».</p>
<p>À la différence de Donald Trump, les Chinois semblent avoir compris le sens de l’histoire… et l’intérêt aussi bien environnemental que sanitaire et même économique de ne pas prendre de retard dans la marche vers la décarbonation de nos économies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68541/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sandrine Maljean-Dubois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quel sera l’impact de l’élection de Donald Trump comme président des États-Unis sur les négociations climatiques et la mise en œuvre de l’Accord de Paris ?Sandrine Maljean-Dubois, Directrice de recherche CNRS au Centre d’études et de recherches internationales et communautaires (CERIC), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/682932016-11-06T19:59:06Z2016-11-06T19:59:06ZLes sept enjeux de la COP22<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144654/original/image-20161104-27947-1pyrl79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au village de Bab Ighli, à Marrakech, où seront accueillis les acteurs de la COP22. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://infomediacop22.com/">COP22</a></span></figcaption></figure><p>En entérinant un nouveau régime multilatéral sur le climat, l’<a href="http://newsroom.unfccc.int/paris-agreement/">Accord de Paris</a> a impulsé une dynamique inédite, à travers ses objectifs ambitieux : orienter les pays vers des trajectoires de développement bas-carbone et résilientes au changement climatique ; passer à une économie mondiale neutre en émissions de gaz à effet de serre avant la fin du siècle ; enfin, canaliser les flux financiers ainsi requis pour une reconfiguration profonde des économies.</p>
<p>Une telle ambition suppose faire converger dès maintenant l’ensemble des acteurs vers ces objectifs. La <a href="http://www.cop22.ma">COP22</a>, dite « COP de l’action », peut et doit y contribuer.</p>
<h2>Sur la lancée de la COP21</h2>
<p>L’Accord de Paris apportait un signal fort, et la dynamique de sa ratification a été surprenante par sa rapidité. Qui aurait pu imaginer, le 12 décembre 2015, que ce texte, déjà signé par <a href="http://unfccc.int/paris_agreement/items/9444.php">97 États</a> responsables de plus des deux-tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, <a href="http://newsroom.unfccc.int/paris-agreement/paris-agreement-enters-into-force-celebration-and-reality-check/">entrerait en vigueur</a> le 4 novembre 2016, juste avant le démarrage de la COP22 ? C’est le traité international le plus rapidement entré en vigueur de l’Histoire.</p>
<p>Il fournit avant tout un cadre à long terme pour l’action dans la lutte contre le changement climatique. Mais il convient désormais de le nourrir afin de mobiliser l’action de l’ensemble des États et des acteurs non-étatiques, et cela sans attendre 2020, date de fin de la deuxième période d’engagement du <a href="http://unfccc.int/kyoto_protocol/items/2830.php">protocole de Kyoto</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/qyn5sxpLeXI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La climatologue Valérie Masson-Delmotte revient sur l’Accord de Paris (universcience.tv, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<p>Au terme des deux semaines de la COP22, la réussite du sommet pourra se juger à l’aune des avancées sur sept enjeux principaux.</p>
<p>Trois de ces enjeux relèvent directement de la responsabilité de la présidence marocaine et des négociateurs mandatés par les différents États. Mais les quatre autres relèvent de la mobilisation des acteurs non-étatiques dans le cadre de l’<a href="http://newsroom.unfccc.int/climate-action/">Agenda mondial de l’action climatique</a>, auquel les deux <a href="http://unfccc.int/files/paris_agreement/application/pdf/reflections_on_the_way_forward_final.pdf">« championnes de haut niveau »</a> Laurence Tubiana et Hakima El Haite apportent leur contribution.</p>
<h2>1. Fixer des objectifs universels</h2>
<p>Premier enjeu pour les négociateurs, et en particulier la présidence marocaine : maintenir le caractère universel de l’Accord de Paris, qui en fixant les mêmes objectifs à tous les États, développés et en développement, les inclut dans un régime commun, même si celui-ci demeure différencié en fonction des circonstances nationales.</p>
<p>La ratification rapide – et inespérée – des États permet à l’Accord de Paris d’entrer en vigueur avant le début de la COP22 et donc la <a href="http://unfccc.int/meetings/marrakech_nov_2016/session/9967.php">première conférence</a> des Parties à l’Accord de Paris doit se tenir concomitamment, avec pour objectif de déboucher sur un paquet de décisions à adopter en 2018, lors de la COP24.</p>
<p>Cela signifie que les États qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris (au sein du G20 par exemple, cela concerne l’Australie, le Japon, la Russie et la Turquie) ne peuvent pas participer formellement à la prise de décision dans le cadre de l’Accord, mais qu’ils devront néanmoins être associés aux discussions, afin d’éviter des remises en cause ultérieures.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144656/original/image-20161104-27934-13nqeye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Hakima El Haite, la ministre marocaine de l’Environnement, et Laurence Tubiana, ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/unfccc/26798028450/in/photolist-GQ3Ueh-zkQ6F7-HfZCnz-GrwNT3-yq15Wr-APmVQK-pRmSAU-dNLeuX-Bunwgm-FxUxdR-FvAtcU-FBtQq7-FDLM52-FvAt6b-znJWkR-z5nEtc-z5nEiH-z5gxzA-yq16RT-zmTm2H-yq1722-zjzpEy-GWPKgw-z5hGV5-zmTmma-zkQ7q3-yq16hr-znJWwx-znJWXH-ypRGgd-yq17ft-zmTmwa-yq16kT-zmTmHH-z5gy9w-z5hHSW-znJXJx-zkQ8dA-GiaeiC-HaJXiL-Hb3m6w-HjoNCp-HjoNjP-HdmqZa-GUaBTJ-Gp31Ur-Hb3pWh-LGWseN-Mx2CZp-LGWriQ">UNclimatechange/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>2. Concrétiser l’aide aux pays en développement</h2>
<p>Deuxième enjeu : les détails des moyens promis aux pays en développement, pour les aider à atteindre leurs objectifs dans le cadre de l’Accord de Paris, demandent à être précisés.</p>
<p>Il s’agit notamment des outils et moyens visant : au <a href="http://unfccc.int/cooperation_and_support/capacity_building/items/1033.php">renforcement des capacités</a> de ces pays en développement pour l’atteinte des objectifs ; à la mobilisation de flux financiers internationaux s’élevant au minimum à <a href="https://www.unfccc.int/cooperation_and_support/financial_mechanism/items/2807.php">100 milliards de dollars</a> par an d’ici à 2020 ; à la mise en œuvre des politiques nationales contenues dans les engagements volontaires des États, maintenant appelés <em><a href="http://unfccc.int/focus/ndc_registry/items/9433.php">Nationally Determined Contributions</a></em> ; enfin, à la stimulation des <a href="http://unfccc.int/ttclear/templates/render_cms_page?NAD_ebg">transferts de technologies</a>.</p>
<h2>3. Évaluer les avancées</h2>
<p>Troisième et dernier enjeu de taille pour les négociateurs : entamer les discussions sur la construction du <a href="http://www.oecd.org/environment/cc/Unpacking-transparency-provisions-Paris-Agreement-CCXG-May2016.pdf">cadre de transparence</a> dans lequel s’inscrivent désormais l’ensemble des acteurs, et qui doit permettre de faire, au fil du temps, un état des lieux des avancées par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris.</p>
<p>Ce cadre de transparence devra s’appuyer sur des indicateurs pertinents, relatifs évidemment aux inventaires d’émissions de gaz à effet de serre des États, mais aussi aux politiques mises en œuvre et aux transformations sectorielles obtenues. Ce cadre de transparence est essentiel, car il permettra d’informer et de guider l’action des États, mais également celle des acteurs non-étatiques.</p>
<p>Cette transparence constitue à la fois le gage du respect des engagements actuels et le principal moteur du renforcement de l’ambition des actions climatiques, qui demeure indispensable pour rester en dessous de 2 °C d’augmentation de la température moyenne.</p>
<h2>4. Soutenir les initiatives territoriales</h2>
<p>Tout au long de la COP22, les initiatives et engagements des acteurs non-étatiques, soutenus le cas échéant par les États, viendront nourrir l’agenda mondial de l’action climatique. Cette mobilisation non-étatique s’articule autour de quatre types d’acteurs.</p>
<p>Première mobilisation à confirmer, celle des collectivités territoriales. Fer de lance de la transition vers des économies bas-carbone, aux premières loges pour les questions liées à l’accès à l’énergie ou aux transports, mais aussi à l’adaptation et à la résilience des territoires, les collectivités territoriales – ou pour utiliser la terminologie anglo-saxonne, les acteurs infranationaux – ont vu leur rôle reconnu dans le cadre de l’Accord de Paris.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"794142395415793664"}"></div></p>
<p>Les réseaux et coalitions de ces acteurs (<a href="http://www.iclei.org/">ICLEI</a>, <a href="https://www.uclg.org/fr">Cités et Gouvernements locaux unis</a>, <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwi9r_7wiI_QAhUH2BoKHY-wApMQFggaMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.c40.org%2F&usg=AFQjCNEe4XEmjzQ5CCytyRDhnO7mXAeiNQ&sig2=ZheyujS0CA5GSjKVCsR-Fg&bvm=bv.137901846,d.d2s">C40</a>, <a href="http://www.citiesclimatefinance.org/">Cities Climate Finance Leadership Alliance</a>…) regroupent des collectivités de tailles diverses, allant de quelques milliers d’habitants jusqu’à la Californie, sixième économie du monde. Leur plus petite taille et les projets cohérents « de territoire » qu’ils peuvent construire autour de la transition énergétique leur permet d’amplifier l’action des États.</p>
<p>La lutte contre changement climatique est par ailleurs inscrite dans le <a href="https://habitat3.org/the-new-urban-agenda/">nouvel agenda urbain</a> adopté à Quito il y a quelques semaines lors de la Conférence Habitat III.</p>
<h2>5. Impliquer le secteur financier</h2>
<p>Deuxième communauté à impliquer : celles des acteurs du secteur financier, qu’ils soient assureurs, investisseurs, gestionnaires d’actifs, banquiers, régulateurs. Peu présents sur ces questions il y a encore cinq ans, ces acteurs ont également vu leur rôle souligné par l’Accord de Paris, avec son objectif « d’alignement des flux financiers » sur les objectifs climatiques.</p>
<p>Les coalitions ont également fleuri (<a href="http://unepfi.org/pdc/">Portfolio Decarbonization Coalition</a>, <a href="http://www.globalinvestorcoalition.org">Global Investor Coalition on Climate Change</a>, <a href="http://www.eib.org/about/global-cooperation/climate/fi-climate-mainstreaming.htm">5 Voluntary Principles for Climate Mainstreaming</a>…), invitant les institutions signataires à évaluer et publier leur exposition au risque carbone, à réduire l’empreinte carbone de leur portefeuille, à engager un dialogue actionnarial ou encore à « désinvestir » des énergies fossiles.</p>
<p>Les événements en amont de la COP (<a href="http://climatefinanceday2016.com/">Climate Finance Day</a>, <a href="http://www.idfcclimatefinance2016.com/presentation/">IDFC Climate Finance Forum</a>) ou au cours de celle-ci permettront à ces acteurs de présenter leurs avancées et de renforcer leurs engagements.</p>
<h2>6. Instaurer des prix du carbone</h2>
<p>Troisième mobilisation d’acteurs à conforter, même si elle est plus protéiforme : celle des entreprises mettant en place des prix internes du carbone, afin d’orienter les comportements et les investissements de leurs cadres, chercheurs, salariés, clients, prestataires… Ces prix internes du carbone permettent aux entreprises d’anticiper et parfois de compléter les prix du carbone mis en place par les États.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=369&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144815/original/image-20161107-4715-8zmvs1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=464&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Carte des marchés carbone et autres mécanismes de tarification du carbone existants ou à l’étude dans le monde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2016/11/Capture-1.png">I4CE (2016)</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mettre en place des prix du carbone ne constitue pas l’alpha et l’oméga de la transition vers une économie bas-carbone, mais c’en est une condition nécessaire. Cet outil a été popularisé au niveau des entreprises, des collectivités territoriales et des États par un certain nombre d’initiatives menées notamment par les Nations unies ou par la Banque mondiale (<a href="https://www.cdp.net/fr">Carbon Disclosure Project</a>, <a href="http://caringforclimate.org/workstreams/carbon-pricing/">Business Leadership on Carbon Pricing</a>, <a href="http://www.carbonpricingleadership.org/">Carbon Pricing Leadership Coalition</a>…).</p>
<h2>7. Repenser l’agriculture</h2>
<p>Quatrième et dernière coalition, stratégiquement importante : celle relative aux engagements et actions autour de l’initiative <a href="http://www.agriculture.gov.ma/pages/actualites/initiative-pour-l%E2%80%99adaptation-de-l%E2%80%99agriculture-africaine-%C2%AB-triple-%C2%BB">« Triple A – Adaptation de l’agriculture africaine »</a>. Cette initiative, portée notamment par le pays hôte de la COP22, est doublement intéressante.</p>
<p>D’une part, le changement climatique menace particulièrement l’agriculture, souvent fragile, de ce continent. Ensuite, la perspective d’un monde neutre en émissions de gaz à effet de serre ouvre pour l’agriculture, pour les nouvelles pratiques dans l’utilisation des terres et enfin pour les sources d’énergie et matériaux biosourcés un vaste champ de possibilités nouvelles.</p>
<p>Ces opportunités doivent être gérées de manière coordonnée et s’appuyer aussi sur l’initiative « 4 pour 1 000 » (augmenter de 4 pour 1 000 la capacité de stockage du carbone dans les sols), présentée par la France l’an dernier à la COP21.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le projet « 4 pour 1000 » (Alim’agri, 2015).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Pas de temps pour les temps morts</h2>
<p>Pour remplir son mandat de « COP de l’action », la Conférence de Marrakech devra donc déboucher sur des progrès significatifs sur ces sept enjeux. Cela afin de renforcer la crédibilité de l’Accord de Paris, tout en amplifiant sa capacité à mobiliser tous les acteurs.</p>
<p>Cela pourrait passer, au-delà des engagements individuels des différents acteurs, par un accord à Marrakech sur une feuille de route contribuant dès maintenant à conforter l’agenda mondial de l’action climatique, et permettant aux négociateurs d’arriver à des décisions sur ce terrain au plus tard en 2018.</p>
<p>Après le succès de l’Accord de Paris, l’urgence climatique demeure et il ne faut pas de temps mort : la COP de Marrakech doit marquer de nouvelles avancées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68293/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Leguet est membre du comité scientifique de la Fondation Goodplanet. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Patrick Criqui est membre du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot. </span></em></p>La COP22 de Marrakech parviendra-t-elle à concrétiser les changements initiés par l’Accord de Paris ? Réponse en sept défis.Benoît Leguet, Économiste, directeur général d’I4CE, chercheur associé, Agence française de développement (AFD)Patrick Criqui, Directeur de recherche émérite au CNRS, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/682042016-11-06T19:59:01Z2016-11-06T19:59:01ZLa Méditerranée aux premières loges des changements climatiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144667/original/image-20161105-27925-fo0etr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/ileohidalgo/9444020307/in/photolist-fox5dk-ooh6uz-pnyoay-or4cvU-9aKhhJ-fovcBo-nNnKSt-24AMtp-qLoUva-byA3kv-r22CUK-ooC5M5-bkF9KA-foMkAJ-3efWLn-9nsQf2-7DY3Dd-arM7Z5-s3nq97-7R86rK-dSuHgT-qfoc1k-fox6jr-8kiPaU-9TsspM-duyTmG-9Tvn7N-dbnqPr-r14pBj-aQsf9i-cwGeyL-dbnrka-9Tv9YY-9Tv4P5-dbnt3m-3RLWwm-nrXakX-feNmYU-6kTVSq-8Jw4Vk-9jV6yG-fox6DH-pfM3yR-fovceQ-JzzcPY-efPFBo-7td2Sa-2yxCSA-6ogf7B-6J6sRZ">Leo Hidalgo/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les 28 organismes membres de l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement <a href="http://www.allenvi.fr/">(Allenvi)</a> viennent de publier, à l’occasion de la COP22, un ouvrage de synthèse exceptionnel qui s’efforce de présenter un état des lieux de la recherche scientifique sur l’évolution du climat, les conséquences de son dérèglement et les solutions d’atténuation et d’adaptation dans le contexte particulier de la Méditerranée. <a href="http://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/cp-2016/parution-de-l-ouvrage-la-mediterranee-face-au-changement-climatique"><em>La Méditerranée face au changement climatique</em></a> est disponible en consultation ou en téléchargement.</p>
<p>De par son passé géologique, son environnement semi-aride – dont le climat se distingue des zones tempérées par de fortes variations intersaisonnières – et son rôle dans l’histoire tourmentée des sociétés humaines, la Méditerranée constitue un authentique laboratoire « en miniature ».</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mer_M%C3%A9diterran%C3%A9e#/media/File:Carte_Mediterranee_02.jpg">Wikimédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une zone test</h2>
<p>Quoiqu’elle ne représente que 1,5 % de la surface terrestre, elle constitue une « zone test » qui concentre la quasi-totalité des enjeux potentiellement catastrophiques pour la planète : risques naturels, réchauffement climatique, modification du cycle de l’eau, changements des fonctions des sols et des couvertures végétales, modifications de la diversité biologique et atteintes à la biodiversité, répartition inégale des ressources, contraction des rapports politiques, économiques et sociaux Nord-Sud débouchant sur des conflits, flux migratoires massifs, occupation des territoires, urbanisation et littoralisation rapides.</p>
<p>On ne saurait en outre oublier l’impact de la zone méditerranéenne sur les régions avoisinantes : rôle des extrêmes climatiques méditerranéens sur les diverses composantes du système Terre, rôle des échanges hydrologiques avec la mer Noire et avec l’Atlantique, les eaux méditerranéennes transitant par le détroit de Gibraltar influençant le climat européen.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le détroit de Gibraltar sépare l’océan atlantique (à l’ouest) et la mer Méditerranée (à l’est).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.nasa.gov/multimedia/imagegallery/index.html">NASA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui où une <a href="http://leclimatchange.fr/les-elements-scientifiques/">augmentation</a> de la température mondiale de 1,4 à 5,8 °C est, en l’absence de contre-mesures radicales, attendue (3 à 7 °C pour la région méditerranéenne à la fin du XXI<sup>e</sup> siècle), ce sont les eaux profondes de la Méditerranée qui, en premier, ont enregistré l’effet de serre. Dans cette région, les changements planétaires semblent d’autre part affecter la fréquence d’occurrence des événements extrêmes : <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/motscles/devellop.html">cyclogenèses</a>, phénomènes hydrométéorologiques ou éoliens, sécheresses et dégradation des sols.</p>
<h2>Agir malgré les incertitudes</h2>
<p>Les contributions incluses dans l’ouvrage ne manquent toutefois pas de souligner les fortes incertitudes qui persistent quant à la dynamique réelle de l’impact du changement climatique, en général, et aux différentes échelles spatiales du bassin méditerranéen.</p>
<p>Des incertitudes qui ne doivent pas servir de prétexte à l’inaction. Bien au contraire : ces dernières doivent inciter à mieux comprendre les chaînes causales complexes qui relient le climat et les autres paramètres environnementaux et anthropiques, et à agir sans tarder afin de minimiser celles des conséquences du changement global qui menacent l’environnement, la santé et le bien-être des populations.</p>
<p>Plusieurs des contributions démontrent que la recherche fournit directement des bases scientifiques pour une meilleure gestion des milieux, des ressources et des patrimoines, pour préserver et renforcer les services de la biodiversité et des écosystèmes, et pour diffuser les concepts et les connaissances appropriées dans la société, auprès des décideurs et des acteurs concernés.</p>
<h2>Le rôle central de la science</h2>
<p>La science est l’outil le mieux à même de lier la lutte contre le changement climatique, les objectifs du développement durable et le financement du développement.</p>
<p>La redéfinition de l’agenda international qui est intervenue au cours de l’année 2015 nous en fait d’ailleurs une obligation : avant la COP21 de Paris s’étaient successivement tenues la <a href="http://www.un.org/esa/ffd/ffd3/">3e Conférence</a> internationale sur le financement du développement puis le Sommet des Nations unies qui a vu l’adoption des 17 nouveaux « objectifs du développement durable » <a href="http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/summit/">(ODD)</a>. Des objectifs universels censés, selon le rapport de synthèse du secrétaire général Ban Ki Moon, tracer la route vers « la dignité pour tous d’ici à 2030 » en « éliminant la pauvreté, en transformant nos vies et en protégeant la planète ».</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les 17 objectifs de développement durable adoptés en 2015 par les 193 États-membres de l’ONU.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/2015/09/26/onu-appelle-contributions-secteur-prive/#prettyPhoto">Nations unies</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme tout consensus international, tant ces objectifs que le contenu de l’Accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique (dont la COP22 s’efforcera de concrétiser les premières traductions opérationnelles) ont représenté des avancées dont on peut se féliciter, mais ont inévitablement été le fruit d’un compromis entre intérêts différents, voire contradictoires, et entre des gouvernements dont les contraintes et visions géostratégiques sont multiples, voire franchement divergentes.</p>
<h2>Pour un développement vraiment durable</h2>
<p>Les ODD dans leur lettre même ne sont pas exempts d’incohérences que leur mise en œuvre effective peut, si l’on n’y prend pas garde, exacerber : une vision à court terme des nécessités de la lutte contre la pauvreté ou pour la sécurité alimentaire (objectifs 1 et 2) peut, par exemple, favoriser des choix technologiques et économiques qui hypothèquent à moyen terme la réalisation des objectifs 15, 14 et 13 qui concernent respectivement la préservation de l’environnement terrestre, des océans et contre les effets du réchauffement climatique.</p>
<p>De même, la satisfaction à court terme des besoins énergétiques des pays en développement de la rive sud de la Méditerranée comme du continent africain peut se heurter à la nécessaire décarbonation des économies qu’impose la lutte contre le réchauffement planétaire. On pourrait multiplier les exemples analogues.</p>
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<figcaption><span class="caption">La Méditerranée est aussi menacée par la pollution, « Enquête sur une mer en danger » (Thalassa, 2016).</span></figcaption>
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<p>Ce sont des avancées de la science que l’on peut raisonnablement attendre des solutions qui permettent de concilier les objectifs de développement durable, de construire les coalitions innovantes d’acteurs qui permettront de les imposer en pratique, et de fournir en quantité suffisante les biens publics globaux dont la planète a besoin.</p>
<p>Il est avéré que l’humanité éprouve de graves difficultés à se doter de tels biens publics pour faire face à des enjeux globaux qui, par essence, dépassent les frontières nationales car elle se heurte à ce que les chercheurs en science politique qualifient de « paradoxe westphalien », du nom du <a href="http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-773_fr.html">Traité européen de 1648</a> qui instaura, pour la première fois, un ordre international fondé sur le strict respect de la souveraineté des États. L’histoire millénaire, comme l’actualité récente, de la Méditerranée ont maintes fois illustré ce paradoxe.</p>
<p>Espérons que la mobilisation contre le réchauffement climatique, dont le Maroc et la France se veulent l’un des fers de lance, contribuera à faire de la Méditerranée l’exemple de son dépassement et de la solidarité entre les acteurs, les gouvernements et les populations face aux périls communs et pour un développement au service de tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68204/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Véritable « laboratoire » pour observer les effets des changements climatiques, la situation de la Méditerranée fait l’objet d’une impressionnante synthèse scientifique qui vient de paraître.Jean-Paul Moatti, Président-directeur général, Institut de recherche pour le développement (IRD)Stéphanie Thiébault, Directrice de l’Institut écologie et environnement (INEE), Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/675052016-11-06T19:58:56Z2016-11-06T19:58:56ZComprendre l’effet de serre et ses conséquences<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144622/original/image-20161104-27925-m5t0s5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Baignées dans la lumière solaire, l’atmosphère ainsi que la surface de notre planète – océans et terres émergées – conservent naturellement une partie de cette énergie sous forme de chaleur. L’atmosphère terrestre, indépendamment des activités humaines, provoque « l’effet de serre ».</p>
<p>Sans ce phénomène atmosphérique indispensable à la vie, la température à la surface de notre Terre serait, en moyenne, de -16 °C. Alors que, grâce à l’effet de serre, elle est plutôt de +15 °C en moyenne. Dans ces conditions, l’eau liquide circule librement et la vie foisonne.</p>
<h2>La part humaine des changements climatiques</h2>
<p>Depuis plus d’un siècle et demi cependant, tous les relevés laissent apparaître une <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/R%C3%A9chauffement_climatique">augmentation</a> de cette température moyenne. Cette hausse est une conséquence de l’intensification de l’effet de serre dans l’atmosphère de notre planète : comme le plafond de verre dans une vraie serre, les <a href="https://theconversation.com/gaz-a-effet-de-serre-50156">gaz à effet de serre</a>, dont la <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Gaz_%C3%A0_effet_de_serre">concentration</a> ne cesse d’augmenter, piègent une quantité toujours plus grande de l’énergie qui aurait dû retourner vers l’espace… Ici bas, on a de plus en plus chaud !</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/gJZoy9kMuD4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Philippe Ciais, chercheur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace revient sur les différents gaz à effet de serre (csipsl, 2013).</span></figcaption>
</figure>
<p>Nul besoin d’être grand vizir pour constater que le début de l’augmentation de cette concentration de gaz coïncide avec le début de l’ère industrielle (seconde moitié du XIX<sup>e</sup> siècle). Or, la plupart de ces gaz ont la fâcheuse tendance d’empêcher la diffusion vers l’espace d’une partie de l’énergie que reçoit notre planète en provenance du soleil. Cette part d’énergie restée captive étant proportionnelle à la concentration de ces gaz constatée dans l’atmosphère.</p>
<p>Pour quantifier cet effet de serre, on mesure la différence entre l’énergie reçue et celle réémise par la Terre : c’est ce qu’on appelle le <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Bilan_radiatif_de_la_Terre">bilan radiatif</a> – radiatif, car la chaleur est envisagée comme une radiation. Quand l’équilibre est rompu entre énergie reçue et énergie rendue, on parle de « forçage radiatif », le forçage exprimant un déséquilibre.</p>
<h2>Un équilibre radiatif perturbé</h2>
<p>L’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère est venue perturber l’équilibre radiatif de la Terre. En un peu plus d’un siècle et demi, de 1850 à nos jours, on est passé d’un équilibre radiatif à un forçage radiatif positif : l’atmosphère de notre planète – cette coque du vaisseau spatial dans lequel nous nous trouvons – est de plus en plus étanche : l’atmosphère conserve trop d’énergie et la <a href="http://www.jeanlouisetienne.com/images/encyclo/imprimer/39.htm">température globale augmente</a>. Or, de cette augmentation de température et de son ampleur dépendra l’avenir de la planète.</p>
<p>Mais comment imaginer ce qui nous attend tant les données sont nombreuses et leurs interactions complexes ?</p>
<p>Ainsi, la climatologie doit prendre en compte « l’élan » pris par le réchauffement de l’atmosphère. Comme un véhicule lancé à vive allure, il y a différentes actions à entreprendre pour l’arrêter : ne plus accélérer et freiner. Ainsi faut-il une certaine distance et un certain temps pour que le véhicule s’arrête. Tout cela ne se fait pas en un claquement de doigt, comme on a tous pu l’expérimenter en conduisant une voiture.</p>
<figure> <img src="http://www.climate-lab-book.ac.uk/files/2016/05/spiral_optimized.gif"><figcaption>Le réchauffement climatique en 30 secondes grâce au GIF créé par le scientifique Ed Hawkins.</figcaption></figure>
<p>Il en va de même avec le réchauffement climatique : peu importe la réduction des activités humaines – ne plus appuyer sur l’accélérateur –, il faudra un certain temps pour revenir à un bilan radiatif à l’équilibre – la voiture roulant sur son élan. Et, cet état sera d’autant plus difficile à atteindre qu’il faudra s’assurer que le pied a bien été levé de l’accélérateur. Or, pour le moment, il semble bien qu’on continue <a href="http://www.consoglobe.com/epuisement-des-ressources-naturelles-et-demographie-cg">à rouler pied au plancher</a> des activités humaines…</p>
<p>Toutes ces variables pourraient reculer indéfiniment le moment du retour à un bilan radiatif à l’équilibre, c’est-à-dire ce moment où la Terre n’accumulera plus d’énergie.</p>
<h2>Dangereuse géo-ingénierie</h2>
<p>Contrairement à une voiture, il n’existe pas de frein pour disperser l’énergie thermique. Il faudra que cette énergie s’évacue seule, vers l’espace, petit à petit… comme le ferait une voiture lancée à vive allure qui, sans frein, roulerait sur des centaines de mètres avant de s’arrêter d’elle-même.</p>
<p>Il apparaît également vain d’envisager l’accélération du processus d’évacuation. Ceci impliquerait un forçage radiatif négatif, c’est-à-dire imaginer une <a href="http://www.nationalgeographic.fr/22805-les-projets-fous-de-la-geo-ingenierie-pour-contrer-le-changement-climatique/">action volontaire</a> – et donc technologique – au niveau de l’atmosphère pour que la planète laisse partir plus d’énergie qu’elle n’en reçoit.</p>
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<figcaption><span class="caption">«Les apprentis sorciers du climat», un documentaire de Pierre Oscar Lévy diffusé sur Arte (Claude Rey Caen, 2015).</span></figcaption>
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<p>Il serait dangereux de vouloir traiter un déséquilibre par un autre. Les seules solutions envisageables devraient être passives à l’image de <a href="https://www.theguardian.com/science/2014/nov/26/mirrors-air-conditioning-heat-space">ces « super-miroirs »</a> développés par les chercheurs de l’université de Stanford : prévus pour être posés sur des immeubles afin de les climatiser, ces miroirs renverraient vers l’espace aussi bien les radiations reçues du soleil que la chaleur issue de la climatisation des bâtiments. Mais, à nouveau, peut-on envisager de telles solutions à une échelle planétaire ?</p>
<p>Si l’évaluation des dérèglements climatiques liés à l’augmentation de l’effet de serre à l’échelle de la planète est une affaire de spécialistes, chaque citoyen de chaque pays de la planète pourra toutefois, de lui-même et selon ses moyens, décider de commencer à lever le pied de l’accélérateur de la dilapidation énergétique pour le poser sur la pédale d’un frein du développement durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/67505/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Parent ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Qu’est-ce que l’effet de serre, ce phénomène constamment évoqué au sujet des dérèglements climatiques et dont il sera à nouveau question lors de la COP22 qui vient de s’ouvrir à Marrakech ?Olivier Parent, Auditeur de l’IHEST, Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/666982016-10-26T21:48:00Z2016-10-26T21:48:00ZBus électriques, mosquées vertes, sacs plastiques prohibés… Marrakech à l’heure de la COP22<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/143067/original/image-20161025-31486-28ysjv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un service de vélos en libre-service est proposé depuis fin octobre 2016 dans la ville. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.smoove.fr/newsroom-0">Smoove</a></span></figcaption></figure><p>Avec la <a href="http://www.cop22.ma/">COP22</a> qui se tient à Marrakech jusqu’au 18 novembre 2016, Le Maroc accueille l’un des événements internationaux les plus importants et symboliques qui lui ait été donné d’organiser.</p>
<p>Les enjeux sont de taille : le Maroc, en tant qu’acteur international, veut d’abord montrer qu’il peut honorer ses engagements aux niveaux logistique et opérationnel et aussi en <a href="http://www.h24info.ma/economie/maroc/accueil-des-touristes-lhospitalite-marocaine-dans-le-top-3-mondial/27882">matière d’hospitalité et de qualité d’accueil.</a> Le pays pourra ainsi profiter de l’événement pour se positionner durablement sur le marché prometteur de l’<a href="http://www.e-marketing.fr/Marketing-Magazine/Article/Tourisme-d-affaires-quelle-frontiere-avec-l-evenement--13830-1.htm">événementiel.</a></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/143066/original/image-20161025-31476-122j1b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La gare de Marrakech.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Khalid Elhousni</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Un rendez-vous essentiel pour le continent</h2>
<p>Il s’agit ensuite de montrer que les défis du développement durable sur le <a href="http://www.cop22.ma/fr/content/le-changement-climatique-en-afrique">continent africain</a> sont les siens. En ce sens, le choix de Marrakech pour accueillir la COP22 n’a rien de fortuit car le Maroc a impulsé depuis quelques années une authentique dynamique en faveur de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique.</p>
<p>La présidence de cette 22<sup>e</sup> édition de la COP offre au Maroc une place de choix qui lui permettra notamment d’œuvrer en faveur de l’innovation en matière d’adaptation et de lutte face aux changements climatiques. Ce sera aussi l’occasion, dans le cadre du <a href="http://newsroom.unfccc.int/lpaa-fr/a-propos/">Plan Paris-Lima</a>, de mettre au point des outils opérationnels.</p>
<p>Les discussions ont commencé bien en amont de la candidature de la ville, en septembre 2015, dans la logique de l’<a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-appel-de-Tanger-Pour-une-action.html">Appel de Tanger</a> lancé par les chefs d’État marocain et français. Pour piloter efficacement cet évènement et accueillir plus de 190 pays et nombre d’ONG, une agence dotée d’environ 80 millions d’euros de budget a été créée.</p>
<h2>Des initiatives symboliques et concrètes</h2>
<p>Le royaume chérifien a multiplié ces dernières années les initiatives dans les domaines du développement durable et de la lutte contre les effets du réchauffement climatique. La pénurie de ressources fossiles est une réalité pour le pays et elle doit être prise en compte dans les choix énergétiques structurants. C’est donc presque naturellement qu’il s’est tourné vers une économie plus verte et moins énergivore.</p>
<p><strong>• Sous le soleil exactement</strong><br>
La centrale solaire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_solaire_thermodynamique">thermodynamique</a> <a href="http://noorouarzazate.com/">Noor</a>, entrée en <a href="http://www.huffpostmaghreb.com/2016/02/05/inauguration-noor-1-_n_9165678.html">activité</a> en février 2016, se positionne comme une alternative aux hydrocarbures. Avec un coût d’installation de 13 milliards de dollars, soit l’équivalent d’une année de rentrée de l’impôt pétrolier, Noor, avec son extension programmée en trois phases, propulsera le Maroc en tête des plus grandes puissances productrices d’énergies renouvelables.</p>
<p><strong>• En avant la mobilité électrique</strong><br>
Lors de la COP22, on verra circuler à Marrakech une trentaine de bus à haut niveau de service (BHNS) d’origine chinoise, 100 % électriques. Une flotte qui continuera de rouler après l’événement. Et courant 2017, les premiers bus électriques <a href="http://www.huffpostmaghreb.com/2016/05/16/bus-electrique-partenariat-industriel-chinois_n_9991386.html">« made in Morrocco »</a> seront fabriqués, en partenariat avec une entreprise chinoise Yangtse, la Banque centrale populaire (BCP) et la Société d’investissements énergétiques (SIE).</p>
<p>Plus largement, la mobilité électrique représente l’un des enjeux importants au Maroc : les projets, à l’image de la <a href="http://aujourdhui.ma/automobile/en-marge-de-la-cop22-marrakech-abrite-la-1ere-course-de-formule-e-en-afrique">première course de Formule E</a>, se sont ainsi multipliés pour orienter les acteurs et tenter d’impulser des projets plus opérationnels et plus massifs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/143065/original/image-20161025-31497-10fsp17.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des bus électriques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Khalid Elhousni</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p><strong>• Déplacements en douceur</strong><br>
Marrakech poursuit également sa grande stratégie de ville verte à déplacements doux avec l’<a href="http://aujourdhui.ma/economie/cop22-300-velos-libre-service-a-marrakech">opération Médina Bike</a> et sa flotte de 300 vélos en libre-service. Ce projet soutenu par l’ONU est le fruit d’un partenariat entre la structure locale Estates Vision et la société montpelliéraine <a href="http://www.smoove.fr/marrakech">Smoove</a>). Marrakech devient ainsi la première ville du continent africain à bénéficier d’un tel service.</p>
<p><strong>• Des mosquées plus vertes</strong><br>
Si le vert est la couleur du développement durable, c’est aussi celle de l’islam. Le Royaume du Maroc a ainsi lancé la campagne de promotion de <a href="http://www.connaissancedesenergies.org/les-mosquees-marocaines-se-tournent-vers-le-soleil-140425">« mosquées vertes »</a>, visant à réduire la facture énergétique de ces constructions et à améliorer le confort des fidèles. Des panneaux photovoltaïques ont été placés sur les toits de ces édifices : le projet vise à réhabiliter pas moins de 15 000 mosquées.</p>
<p><strong>• Adieu sacs plastiques</strong><br>
Les sacs plastiques sont un véritable fléau pour l’environnement. Des années durant, des tentatives citoyennes et gouvernementales timides ont tenté d’en limiter l’impact négatif au Maroc… sans succès. Les petits sacs accompagnent en effet les Marocains au quotidien, sur les marchés, dans les maisons, chez les épiciers. Pour changer cette situation, une loi qui interdit désormais la fabrication des sacs en plastique, leur importation, leur commercialisation et leur utilisation.</p>
<p>Il s’agit là d’un <a href="http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/en-direct-du-monde/au-maroc-aussi-les-sacs-plastiques-sont-desormais-interdits_1786319.html">geste fort</a> du pays en matière de lutte contre la pollution et les premiers résultats sont assez spectaculaires : les sacs plastiques ont disparu du paysage et on voit réapparaître des cabas…</p>
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<figcaption><span class="caption">L’opération de sensibilisation «Zéro Mika» sur l’impact environnemental des sacs plastiques (Zéro Mika, 2016).</span></figcaption>
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<p><strong>• À la fac aussi</strong><br>
Cette COP22, aussi appelée « Conférence de l’action », a mobilisé la majorité des parties prenantes – publiques, privées, mixtes, associatives, coopératives – liées à la problématique du changement climatique dans la région Marrakech-Safi et plus largement dans l’ensemble du Royaume.</p>
<p>À l’Université Cadi Ayyad, <a href="https://www.uca.ma/fr/events/pre-cop-22-de-luniversite-cadi-ayyad-le-climat-change-luniversite-agit-innovation-scientifique-et-citoyenne">nombre d’actions</a> ont été lancées en ce sens : ateliers interactifs, conférences, table-rondes, soirées-débats se tiennent dans les différents lieux de l’université depuis le mois d’avril ; et ils se poursuivront après la COP22.</p>
<p>L’<a href="http://www.uca.ma/">université</a> a, par exemple, financé des projets environnementaux portés par des enseignants et des étudiants. L’École supérieure de technologie d’Essaouira s’est ainsi penchée sur des modèles opérationnels de tri sélectif des déchets et de covoiturage ; le photovoltaïque comme source d’énergie ou la mise en place d’une station d’épuration pour valoriser les eaux utilisées dans l’arrosage des espaces verts ont aussi été examinés.</p>
<p>La COP22 est l’occasion de montrer l’implication du Maroc pour une croissance plus verte. Si les projets et la dynamique sont évidents, l’implication de tous les acteurs devra être à la hauteur des nombreux défis auxquels le pays doit faire face – croissance démographique et économique, consommation énergétique, défis géopolitiques, <a href="http://www.cop22.ma/fr/africa">enjeux climatiques</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66698/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Alors que s’ouvre la COP22, zoom sur des initiatives marocaines en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques.Khalid Elhousni, Phd, enseignant-chercheur, École supérieure de technologie d’Essaouira, Université Cadi AyyadLarbi Safaa, Phd, enseignant-chercheur, responsable de la filière « Gestion des organisations et des destinations touristiques », École supérieure de technologie d’Essaouira, Université Cadi AyyadLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.