tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/polluants-35578/articlespolluants – The Conversation2023-11-28T15:14:54Ztag:theconversation.com,2011:article/2167102023-11-28T15:14:54Z2023-11-28T15:14:54ZRégime alimentaire toxique : la santé des orques du Canada est fortement menacée par la pollution<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556701/original/file-20231024-15-edlqwl.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6720%2C4476&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les toxines issues de la pollution s’accumulent dans le corps des épaulards par l’intermédiaire des petits poissons qu’ils consomment.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Audun Rikardsen)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les orques, également appelées épaulards, sont connues pour leur intelligence et leur présence impressionnante. Elles sont également confrontées à une menace silencieuse, mais persistante, sous la surface de nos océans. </p>
<p>Mes recherches sont consacrées aux orques et à leur régime alimentaire dans l’Atlantique Nord. D’autres études se sont déjà penchées sur les populations de l’océan Pacifique. Jusqu’à présent, il n’existait que très peu de données sur celles de l’Atlantique Nord, particulièrement pour celles de l’est du Canada et de l’Arctique canadien. </p>
<p>En collaboration avec d’autres chercheurs internationaux, j’ai récemment publié une étude dans <em>Environmental Science & Technology</em> qui révèle une réalité troublante : ces prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire transportent des taux élevés de polluants organiques persistants (POPs) dans leur graisse. L’accumulation de ces contaminants synthétiques <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.3c05516">entraîne des risques pour leur santé</a>.</p>
<h2>Polluants éternels</h2>
<p>Les POPs sont également appelés « polluants éternels » en raison de leur remarquable stabilité et de leur caractère durable. Ce groupe comprend des composés bien connus comme les <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/vie-saine/votre-sante-vous/environnement/bpc.html">biphényles polychlorés (BPC)</a>, les pesticides chlorés comme le <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/gestion-substances-toxiques/liste-loi-canadienne-protection-environnement/dichlorodiphenyltrichloroethane.html">dichlorodiphényltrichloréthane (DDT)</a> et les <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/fiches-renseignements/en-bref/sommaire-polybromodiphenylethers.html">retardateurs de flammes bromés</a>.</p>
<p>Au siècle dernier, ces produits chimiques ont été fabriqués en masse et utilisés dans un large éventail d’applications, notamment dans les processus industriels ou dans l’agriculture. Mais des recherches menées en Suède à la fin des années 1960 ont révélé que <a href="https://doi.org/10.1038/224247a0">ces substances s’accumulent dans les organismes vivants et persistent dans l’environnement</a>. </p>
<p>Les produits chimiques se lient aux graisses et leur concentration augmente au fur et à mesure qu’ils remontent la chaîne alimentaire, ce qui affecte surtout les dauphins et les baleines. Ces animaux, qui sont des prédateurs avec un niveau trophique élevé, en accumulent de plus grandes quantités et peinent à les éliminer. Cette accumulation de contaminants dans leur régime alimentaire – <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/chemistry/biomagnification">appelée bioamplification</a> – est particulièrement préoccupante pour les mammifères marins, dont la température corporelle et les besoins énergétiques dépendent d’une quantité importante de graisses. </p>
<p>À des concentrations élevées, ces substances chimiques perturbent les systèmes <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2015.10.007">immunitaires</a> et <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.105725">hormonaux</a> des mammifères, mais affectent également leur <a href="https://www.jstor.org/stable/4312230">capacité à se reproduire</a> et peuvent même <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2018.05.020">provoquer des cancers</a>.</p>
<h2>Une contamination qui varie beaucoup</h2>
<p>Notre étude, qui porte sur 160 orques, révèle un schéma inquiétant de contamination par les BPC dans l’ensemble de l’Atlantique Nord. Les concentrations <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.3c05516">varient considérablement d’un endroit à l’autre de l’océan</a>, allant d’une quantité stupéfiante de 100 mg/kg dans l’ouest de l’Atlantique Nord à environ 50 mg/kg au centre de cette même région. Fait intrigant, les orques vivant dans l’est de l’Atlantique Nord, notamment en Norvège, présentent des concentrations de BPC plus faibles, de l’ordre de 10 mg/kg. </p>
<p>Signalons que les effets sur le système immunitaire liés aux BPC <a href="https://www.jstor.org/stable/4312230">commencent à se manifester à partir de 10 mg/kg</a> ; l’infertilité a été observée chez les mammifères marins à partir de 41 mg/kg. Les orques de l’est du Canada et de l’Arctique canadien présentent des taux de BPC dépassant le double du seuil associé aux problèmes de reproduction chez ces animaux.</p>
<h2>Dis-moi ce que tu manges</h2>
<p>Le régime alimentaire joue un rôle essentiel dans ce schéma de contamination. Les orques qui se nourrissent principalement de poissons montrent généralement des taux de contaminants plus faibles. En revanche, celles qui consomment des mammifères marins, en particulier des phoques et des baleines à dents, affichent des concentrations plus élevées. </p>
<p>Les orques dont le régime alimentaire est mixte – contenant à la fois du poisson et des mammifères marins – ont tendance à afficher des taux élevés de contaminants, principalement en Islande. </p>
<p>Nos recherches ont pour but d’étudier les répercussions potentielles des préférences alimentaires sur la santé des orques. Les évaluations des risques suggèrent que les individus de l’ouest de l’Atlantique Nord et de certaines zones à l’est, dont le régime alimentaire est mixte, sont exposés à des risques plus élevés, directement liés à ce qu’ils mangent.</p>
<p>Parmi les contaminants émergents, l’<a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/autres-substances-chimiques-interets/hexabromocyclododecane.html">hexabromocyclododécane (HBCDD)</a>, un retardateur de flamme, est particulièrement préoccupant. Les concentrations de HBCDD chez les orques de l’Atlantique Nord sont parmi les plus élevées mesurées parmi les mammifères marins, dépassant les concentrations observées dans leurs congénères du Pacifique Nord.</p>
<h2>Disparition de la glace marine</h2>
<p>Ce constat révèle la fascinante complexité de l’écologie des orques et souligne l’impact considérable de leurs préférences alimentaires sur leur exposition aux polluants environnementaux. </p>
<p>Cela soulève également des inquiétudes pour les <a href="https://doi.org/10.1007/978-90-481-9121-5_6">orques « envahissant l’Arctique »</a> qui se déplacent progressivement vers le nord en raison des changements climatiques. Leur grande nageoire dorsale les empêche normalement de naviguer parmi les glaces marines denses. Mais la fonte de ces glaces a permis aux orques d’accéder à un nouvel habitat abritant d’autres espèces de proies.</p>
<p>Les chercheurs pensent qu’ils y chasseront de plus en plus de mammifères marins, tels que les phoques annelés, les narvals et les bélugas. Ces changements de régime alimentaire, influencés par l’évolution de notre environnement, peuvent entraîner des risques accrus pour la santé des prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire.</p>
<h2>Les femelles sont moins contaminées grâce au transfert maternel</h2>
<p>L’étude met également en évidence une différence de concentration de contaminants selon le sexe. Les orques mâles semblent plus touchées que leurs homologues femelles, en raison du <a href="https://doi.org/10.1002/etc.5064">transfert de contaminants</a> des femelles adultes à leur progéniture pendant la gestation et l’allaitement. </p>
<p>Les mères orques utilisent leur propre énergie pour produire du lait très gras pour leurs petits, les aidant ainsi à grandir rapidement et à rester en bonne santé. Ce lait nutritif provient de la graisse de la mère, où les contaminants sont stockés. Lorsqu’elle nourrit ses petits, elle peut leur transmettre jusqu’à 70 % de ces contaminants stockés.</p>
<h2>Mesures d’urgence</h2>
<p>Face à ces résultats, il est urgent d’agir pour protéger les orques de l’Atlantique Nord et leurs écosystèmes. <a href="https://chm.pops.int/Home/tabid/2121/Default.aspx">L’objectif du traité des Nations unies de 2001</a>, qui consiste à éliminer progressivement et à détruire les BPC d’ici 2028, est de moins en moins réalisable. </p>
<p>Des quantités considérables de déchets contaminés par les BPC <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.2c01204">sont stockées dans des entrepôts en mauvais état</a>, au risque de voir les polluants se retrouver dans l’environnement et d’affecter encore davantage nos écosystèmes. Qui plus est, lorsqu’un produit chimique est interdit, un autre apparaît souvent, avec suffisamment de variation pour échapper aux réglementations précédentes, perpétuant ainsi un cycle dévastateur.</p>
<p>Pour s’attaquer efficacement au problème de l’accumulation de contaminants chez les orques, il est nécessaire de prendre les mesures suivantes :</p>
<ul>
<li><p>des actions urgentes sont indispensables pour l’élimination adéquate des déchets contaminés par les BPC, en privilégiant la collaboration internationale pour aider les pays qui ne disposent pas de l’infrastructure nécessaire à la gestion des déchets ;</p></li>
<li><p>il est essentiel d’empêcher la libération de nouveaux contaminants potentiellement plus nocifs dans l’environnement en améliorant les tests de toxicité des produits chimiques avant leur mise en marché ;</p></li>
<li><p>la coopération entre les écotoxicologues, les biologistes de la conservation, les décideurs politiques et les autres parties prenantes est primordiale. Des stratégies efficaces pour atténuer les effets néfastes de la pollution ne peuvent être élaborées que grâce à des efforts collectifs ;</p></li>
<li><p>des initiatives de conservation ciblées doivent être prises en faveur des populations les plus menacées, telles que les orques de l’est de l’Arctique canadien et de l’est du Canada.</p></li>
</ul>
<p>La pollution chimique a été identifiée comme l’une des <a href="https://doi.org/10.1126/science.1259855">neuf menaces mondiales de notre époque pour la faune et la flore, ainsi que pour la santé humaine</a>. Il est temps d’apporter à notre planète – et aux orques – le répit dont elle a besoin en réduisant les contaminants existants par des actions concrètes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216710/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anaïs Remili ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’accumulation de polluants synthétiques dans la graisse des orques nuit à la santé de ces mammifères marins. Il est urgent d’agir pour résoudre ce problème.Anaïs Remili, Postdoctoral fellow, Wildlife Ecotoxicology, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143222023-10-11T17:13:52Z2023-10-11T17:13:52ZTextiles toxiques pour l'environnement et la santé : les designers ont un rôle à jouer<p>On entend souvent parler de la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=rwp0Bx0awoE">pollution de l’industrie textile</a>. Mais <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30278363/">son impact sur la santé humaine</a> est moins abordé. </p>
<p>Pourtant, les composés pétrochimiques utilisés dans la fabrication de nos vêtements ont des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=onD5UOP5z_c">effets nocifs sur les travailleurs</a>, les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=IxVq_38BoPE">communautés environnantes</a> et les <a href="http://www.cec.org/files/documents/publications/11777-furthering-understanding-migration-chemicals-from-consumer-products-fr.pdf">consommateurs</a>. </p>
<p>Cette problématique a une <a href="https://www.greenpeace.org/static/planet4-international-stateless/2012/11/317d2d47-toxicthreads01.pdf">incidence mondiale</a>, mais son évaluation est complexe. Pourquoi ? En raison de notre faible exposition quotidienne à un <a href="https://www.leslibraires.ca/livres/perturbateurs-endocriniens-la-menace-invisible-marine-jobert-9782283028179.html">« cocktail » composé d’une panoplie de substances synthétiques peu étudiées</a> dont il est difficile de distinguer les causes à effets. D’autant plus que la toxicité de ces substances peut s’amplifier par interaction ou dégradation, comme c’est le cas des <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/initiative-groupes-substances/azoiques-aromatiques-base-benzidine.html">colorants azoïques</a>, utilisés comme teinture textile, qui sont omniprésents et persistants dans l’environnement. </p>
<p>À travers ma recherche en design textile durable, j’explore la façon dont le design peut contribuer à rendre l’industrie textile plus respectueuse de l’environnement, en mettant l’accent sur la sensibilisation écologique des designers, des preneurs de décisions et du grand public. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="teintures textiles" src="https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=221&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=221&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=221&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=277&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=277&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551518/original/file-20231002-15-cu6ppt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=277&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Teintures réalisées à partir de déchets agroalimentaires et inspirées des Pantone.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Vanessa Mardirossian)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une réflexion qui ne date pas d’hier</h2>
<p>Dès les années 1960, le designer <a href="https://papanek.org/archivelibrary/victor-papanek/">Victor Papanek</a> est le premier à soulever les <a href="https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=8623">enjeux environnementaux liés à la conception</a> de produits industriels. </p>
<p>C’est aussi l’époque où émerge la conscience écologique, initiée par la biologiste <a href="https://www.leslibraires.ca/livres/printemps-silencieux-rachel-carson-9782918490005.html">Rachel Carson</a>, qui sensibilise la population à l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. </p>
<p>Puis, dans les années 1990, l’avènement de la <a href="https://www.mcgill.ca/newsroom/fr/article/la-chimie-verte-mise-en-contexte">chimie verte</a> a favorisé la collaboration entre le design et la biologie pour développer des <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1278402">textiles écologiques</a>. Ces derniers visaient à améliorer la gestion des déchets et à préserver la pureté de l’eau en suivant les <a href="https://mcdonough.com/wp-content/uploads/2013/03/Hannover-Principles-1992.pdf">principes de Hanovre</a>, qui cherchent à harmoniser l’interdépendance entre l’activité humaine et le monde naturel en éliminant les intrants toxiques à la source. </p>
<h2>Une approche inspirée du vivant pour accélérer la transition écologique textile</h2>
<p>L’humanité s’est toujours inspirée des formes de la nature pour créer. </p>
<p>Dans cette optique, à la fin du XX<sup>e</sup> siècle, la biologiste <a href="https://biomimicry.org/janine-benyus/">Janine Benyus</a> nous invite à observer les <a href="https://biomimicry.org">modes opératoires du vivant</a> pour repenser nos méthodes de fabrication en s’inspirant du <a href="https://www.ruedelechiquier.net/essais/376-biomimetisme-25-ans.html">biomimétisme</a>. </p>
<p>Pourrions-nous par exemple produire des teintures à température ambiante et sans molécules toxiques ? Cette démarche amène à considérer une réflexion commune entre le design, les sciences et l’ingénierie. </p>
<p>Cette vision multidisciplinaire du design où l’écologie, la médecine et la politique prennent part à l’acte de conception afin de mieux répondre aux besoins de la société était déjà prônée par Papanek dès 1969. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="schéma" src="https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551520/original/file-20231002-30-2h1680.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Concept du « design minimal », de Victor Papanek.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Schéma tiré des travaux de Victor Papanek)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Développer une pensée écosystémique du design à travers une éducation écologique</h2>
<p>Dès 1990, le pédagogue <a href="https://blogs.ubc.ca/lled3662017/files/2017/08/Orr_Environmental-Literacy-Ecoliteracy.pdf">David Orr</a> introduit le concept d’écolittératie pour combler une lacune majeure dans l’éducation traditionnelle, qui est centrée sur l’humain et qui ignore son interconnexion avec la nature. Orr préconise une éducation environnementale pour développer un lien d’appartenance avec son milieu de vie et établir des modèles de production favorisant la résilience des écosystèmes. </p>
<p>Dans les années 2000, la chercheuse en design de mode <a href="https://katefletcher.com">Kate Fletcher</a> soutient le développement de cette littératie écologique afin d’amener les parties prenantes du secteur (designers, consommateurs, industriels) à comprendre l’implicite interconnexion des systèmes industriels et vivants, qui montre que la mode entretient une relation vitale avec la nature. </p>
<p>Puis, en 2018, la chercheuse en conception durable <a href="https://www.bloomsbury.com/ca/design-ecology-politics-9781350258778/">Joanna Boehnert</a> souligne que la littératie écologique favorise non seulement le développement de nouvelles façons de produire plus durables, mais permet aussi d’élargir notre vision sociale, politique, et économique afin d’aborder de façon systémique les défis transdisciplinaires de la durabilité. </p>
<p>C’est ce que soutient aussi le biologiste <a href="https://www.pikaia.fr/equipe/emmanuel-delannoy/">Emmanuel Delannoy</a> dans son modèle de <a href="https://www.apesa.fr/permaeconomie/">permaéconomie</a>, qui nous amène à reconsidérer notre relation au vivant afin d’établir une symbiose entre l’économie et la biosphère.</p>
<h2>Un patrimoine coloré à redécouvrir, transmettre et sublimer</h2>
<p>Mon projet de <a href="https://hexagram.ca/fr/qu-est-ce-que-la-recherche-creation/">recherche-création</a> propose une réflexion critique sur la teinture textile. </p>
<p>Ce champ d’investigation m’amène à explorer la coloration au-delà de son esthétique afin de soulever des questionnements d’ordre écologique, économique et pédagogique. </p>
<p>Alors que l’aspect <em>glamour</em> de la mode occulte les problématiques sanitaires et socio-environnementales de l’industrie textile, j’oriente ma réflexion vers une compréhension plus globale de la teinture qui comprend ses origines, ses modes de fabrication et ses interactions avec le vivant. </p>
<p>J’explore le développement de teintures non toxiques, en étudiant d’une part, la littérature sur les <a href="https://www.belin-editeur.com/le-monde-des-teintures-naturelles">colorants naturels depuis la préhistoire</a>. De l’autre, en rencontrant des experts du domaine comme l’historienne <a href="https://www.cnrs.fr/sites/default/files/download-file/CardonD.pdf">Dominique Cardon</a> ou l’artisane textile écolettrée <a href="https://fibershed.org/staff-board/">Rebecca Burgess</a>, fondatrice du concept <a href="https://fibershed.org">Fibershed</a>, qui vise à produire un vêtement biodégradable dans un espace géographique restreint. </p>
<p>J’étudie aussi des pratiques de terrain, dont celle du Laboratoire Textile de l’<a href="https://www.luma.org/fr/arles/nous-connaitre/les-projets/atelier-luma.html">Atelier Luma</a> qui travaille à l’intersection de l’écologie, du textile et du développement économique régional. </p>
<p>Enfin, je m’intéresse aux <a href="https://www.arts.ac.uk/subjects/textiles-and-materials/postgraduate?collection=ual-courses-meta-prod&query=!nullquery&start_rank=1&sort=relevance&f.Subject-test%7Csubject=Textiles%20and%20materials&f.Course%20level%7Clevel=Postgraduate">formations en design qui proposent une approche art-science</a> où l’<a href="https://wildproject.org/livres/vers-lecologie-profonde">écologie profonde</a> est intégrée au processus de conception. </p>
<h2>Symbiose entre la nature et l’industrie textile</h2>
<p>Dans <a href="https://speculativelifebiolab.com/2022/04/03/cooking-and-culturing-colour-part-iv/">le laboratoire de recherche où je travaille</a>, j’expérimente le croisement de recettes tinctoriales (teintures textiles à base de plantes) traditionnelles et prospectives. </p>
<p>Inspirée par le concept d’<a href="https://doi.org/10.1038/scientificamerican0989-144">écologie industrielle</a>, précurseur de l’économie circulaire, qui valorise les rebuts d’une industrie comme ressources pour une autre, j’utilise des <a href="https://www.lapresse.ca/societe/mode-et-beaute/2021-03-30/quand-les-dechets-se-melent-de-la-mode.php">déchets agroalimentaires comme source colorante</a>, que je combine à l’utilisation de <a href="https://hexagram.ca/fr/demo2-vanessa-mardirossian-the-culture-of-color-an-ecoliteracy-of-textile-design-2/">bactéries productrices de pigment</a> pour élargir la palette de couleurs. </p>
<p>Ainsi, les tannins issus de divers rebuts peuvent être valorisés dans des recettes de teintures. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="bouts de tissu colorés" src="https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551537/original/file-20231002-25-qtiisx.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tissu teint à partir de déchets et de bactéries.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Vanessa Mardirossian)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mais colorer un textile n’est que la partie visible de l’iceberg. Car toute une préparation de la fibre se passe en amont pour assurer la résistance de la couleur à la lumière et au lavage. C’est ce qu’on appelle le « mordançage ». Que la fibre soit animale ou végétale, les mordants utilisés seront différents, mais doivent rester bénéfiques à l’environnement pour pouvoir y être rejetés. </p>
<p>Cette expertise acquise de façon itérative entre la théorie, le prototypage et l’analyse de résultats contribue à l’écolittératie textile. Doublée d’une connaissance en biologie, cette dernière permet d’appréhender les interactions délétères entre le monde matériel et vivant. </p>
<p>La synthèse des concepts d’écolittératie et de biomimétisme m’amène à réfléchir à une macro-vision de l’écosystème industriel de la mode et à envisager le concept d’« écolittératie textile » comme un moyen de déployer un réseau de collaborations intersectorielles entre le design, la santé, l’éducation et l’industrie. </p>
<p>Ma recherche vise ainsi à montrer que la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.2752/175693810X12774625387594">matérialité textile doit s’harmoniser de manière symbiotique avec les écosystèmes naturels</a> afin que les deux parties bénéficient de leur interaction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214322/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vanessa Mardirossian est membre de l'Acfas, d'Hexagram et des laboratoires de recherche: Textiles & Materiality et Critical Practices in Material and Materiality de l'Université Concordia. Elle a reçu des financements du Conseil de recherches en Sciences Humaines du Canada (CRSH), de l'Université Concordia et de l'Université du Québec à Montréal.</span></em></p>La fabrication des vêtements, lors de leur production, leur utilisation et leur fin de vie, a un impact sur notre santé. Mais une meilleure connaissance écologique pourrait renverser la vapeur.Vanessa Mardirossian, PhD Candidate and educator in sustainable fashion, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2104202023-08-07T20:09:36Z2023-08-07T20:09:36ZPolluants émergents : pourquoi est-il si difficile d’améliorer la qualité des eaux littorales ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539780/original/file-20230727-29-5wcarf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C24%2C4025%2C2372&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Débris de micro-plastiques sur une plage du Finistère. On estime que plus de 220 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année. On estime que les déchets plastiques (macro, micro et nano) causent le décès de plus d'un million d'oiseaux marins et 100 000 mammifères marins chaque année.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00618/73039/hd/28934.jpg">Ifremer/Intergovernmental Oceanographic Commission</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>La récente condamnation de l’État à cause des <a href="https://www.bretagne.ars.sante.fr/les-algues-vertes">algues vertes</a> en Bretagne, celle concernant un industriel chimique <a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/l-usine-kem-one-de-lavera-condamnee-a-50-000-euros-d-amende-pour-avoir-pollue-la-mediterranee-8422467">responsable d’une pollution en Méditerranée</a> ou encore les inquiétudes autour d’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/prevenir-intoxications-ostreopsis-cote-basque">algues toxiques</a> sur le littoral Sud Atlantique, montrent que la question de la pollution des eaux littorales suscite des préoccupations de plus en plus vives.</p>
<p>De fait, en France métropolitaine, seules la <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/environnement-littoral-et-marin-en-metropole-synthese-des-connaissances-en-2021">moitié des eaux côtières et 30 % des eaux estuariennes</a> sont dans un état écologique satisfaisant.</p>
<p>Parmi les produits présents dans l’eau, le terme de polluant émergent désigne tout composé chimique ayant des effets néfastes potentiellement connus ou suspectés sur l’environnement et la santé humaine et qui n’est pas couramment surveillé ou réglementé dans l’environnement par les pouvoirs publics. Si la dangerosité de certains de ces polluants est clairement établie, la question est vaste puisqu’environ <a href="https://www.norman-network.com/nds/susdat/">100 000 substances chimiques sont répertoriées au niveau européen</a>. Réduire cette pollution est donc un défi de taille.</p>
<h2>Les polluants émergents : des produits omniprésents</h2>
<p>Les grands types de polluants émergents comprennent : les produits pharmaceutiques (antibiotiques, hormones), les produits corporels (muscs, écrans solaires, cosmétiques), les pesticides, les produits chimiques industriels et ménagers, les tensioactifs (émulsifiants, agents moussants), les additifs industriels, les additifs et packaging alimentaires (phtalates, plastifiants), les métalloïdes (arsenic, silicium), les terres rares, les nanomatériaux, les microplastiques et autres.</p>
<p>La première phase du projet de recherche <a href="https://recherche.univ-pau.fr/fr/accueil/concilier-developpement-environnement-securise-et-biodiversite-preservee/micropolit.html">Micropolit</a> conduit à l’université de Pau a par exemple permis d’identifier une importante présence de détergents, de filtres UV, de muscs synthétiques et de produits pharmaceutiques anti-inflammatoires sur le littoral Sud Atlantique.</p>
<p>Ces <a href="https://www.ineris.fr/fr/ineris/actualites/polluants-chimiques-milieux-aquatiques-ineris-ofb-publient-resultats-surveillance">polluants émergents</a> comprennent à la fois de nouvelles substances chimiques et des composés utilisés depuis longtemps, mais présents en faibles concentrations et pas forcément considérés comme des polluants jusqu’à ce que de nouvelles méthodes de détection aient permis de les identifier. Certains sont incorporés dans les produits ingérés par la population et rejetés via les <a href="https://planbleu.org/wp-content/uploads/2021/05/Pollution-emergentes.pdf">eaux usées qui représentent leur principale voie d’accès à l’environnement</a> dans les pays développés. Les traitements conventionnels des stations de traitement des eaux usées ne sont <a href="https://www.inrae.fr/actualites/micropolluants-sortie-station-depuration-quels-impacts-sante-humaine-milieux-aquatiques">pas conçus pour éliminer ces polluants</a> si bien que leur efficacité est limitée.</p>
<h2>Des produits difficiles à identifier</h2>
<p>De nombreux polluants chimiques présents dans les eaux littorales sont directement issus des activités locales de <a href="https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/biodiversite/les-milieux-littoraux-et-marins-ressources/article/mer-et-littoral-1">ces zones attractives</a>. Ces dernières abritent plus de 8 millions d’habitants : industrie, activités portuaires, tourisme balnéaire, etc. Cependant, ces polluants peuvent aussi venir de très loin : jusqu’à <a href="https://www.unep.org/explore-topics/oceans-seas">80 % de la pollution des mers et des océans provient d’activités terrestres</a>.</p>
<p>Un produit repéré en Méditerranée ou dans l’Atlantique peut très bien provenir des égouts lyonnais ou des vallées pyrénéennes, car le littoral se situe au bout d’un continuum aquatique composé d’écosystèmes interconnectés (ruisseaux, zones humides, rivières, estuaires…) qui se succèdent. Il est donc le réceptacle de toutes les pollutions générées à des dizaines voire des centaines de kilomètres en amont.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/g2-WDpmv5oE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Dans le Tarn, pollution du Cérou : cette association nettoie la rivière chaque semaine, France 3 Occitanie.</span></figcaption>
</figure>
<p>Les rejets domestiques et collectifs (hôpitaux par exemple) d’eaux usées, les ruissellements agricoles, l’aquaculture et les effluents industriels sont les principales sources de ces polluants aquatiques. Si certaines de ces sources sont facilement identifiables (une usine, un équipement), d’autres, comme pour les produits phytosanitaires, sont au contraire très diffuses et impossibles à localiser précisément.</p>
<h2>Des effets mal connus</h2>
<p>Certains de ces polluants peuvent causer une <a href="https://professionnels.ofb.fr/fr/node/1397">toxicité chronique et des perturbations endocriniennes</a> chez les humains et la faune aquatique. Le devenir et les effets d’une grande majorité d’entre eux sont mal connus et ils ne sont pas inclus dans la réglementation sur la qualité de l’eau. Estimer les effets sur les écosystèmes d’une pollution liée à ces molécules s’avère difficile, car il existe des dizaines de milliers de substances. Ils sont en outre souvent utilisés à faibles doses et leurs comportements sont très divers.</p>
<p>Par exemple, de <a href="https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/cge/filiere-parfums-cosmetiques.pdf">nombreux ingrédients cosmétiques</a> comme les muscs de synthèse, les filtres UV, des alkylphenols présents dans les détergents ou les cosmétiques ou encore des microplastiques, sont des polluants aquatiques persistants et néfastes pour la faune et la flore.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539781/original/file-20230727-25-uab12r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les produits comme les crèmes solaires sont sources de produits toxiques pour les éco-systèmes littoraux à diverses échelles, certains entrants étant encore peu ou mal identifiés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1042411">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Leur impact dépend à la fois de leur mode d’action (certains sont beaucoup plus toxiques que d’autres), de leur persistance dans le temps (dégradation plus ou moins rapide) et de leurs sous-produits de dégradation lesquels sont parfois plus toxiques et se dégradent moins vite que le composé initial, comme le cas des <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/816600/les-metabolites-cette-nouvelle-menace-qui-plane-sur-leau-potable/">métabolites</a>, issus de <a href="https://beyondpesticides.org/dailynewsblog/2021/05/breakdown-products-metabolites-from-pesticides-may-be-more-toxic-than-parent-compound-study-finds/">certains pesticides</a>.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Une importante préoccupation concerne les <a href="https://www.science-environnement.com/sante-environnement/effets-cocktail/">« effets cocktail »</a> c’est-à-dire les effets cumulatifs et synergiques entre les différentes substances. Les évaluer est une tâche complexe mais les <a href="https://controverses.minesparis.psl.eu/public/promo15/promo15_G19/www.controverses-minesparistech-4.fr/_groupe19/effet-cocktail/index.html">études scientifiques sont claires</a> : bien qu’encore très lacunaires, les connaissances acquises ces dernières années sur les effets combinés des polluants sont telles que nous devons prendre en compte ces effets combinés dans l’évaluation des risques.</p>
<p>Or, les gouvernements ne surveillent et ne réglementent que les niveaux individuels de certains produits chimiques et pour le moment le cadre réglementaire prend peu en considération l’effet cocktail.</p>
<h2>Réduire les risques : des objectifs fixés à l’échelle internationale</h2>
<p>Trouver des stratégies efficaces et durables d’identification de ces polluants émergents et d’atténuation de leurs effets néfastes est un grand défi pour les gestionnaires des milieux aquatiques, les régulateurs et les chercheurs.</p>
<p>L’Union européenne (UE) est un acteur majeur de la lutte contre la pollution de l’eau à travers la <a href="https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/strategy-for-the-marine-environment.html">Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin</a> et la <a href="https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/good-quality-water-in-europe-eu-water-directive.html">Directive Cadre sur l’Eau</a>. Ces deux directives, qui s’imposent aux États membres, accordent une grande importance à la surveillance et au contrôle des polluants. L’UE est aussi à l’origine de <a href="https://echa.europa.eu/fr/regulations/reach/understanding-reach">REACH</a>, règlement destiné depuis 2007 à protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques en obligeant les industriels qui les produisent à procéder à leur évaluation. Mais évaluer toutes les molécules est un chantier titanesque, les industriels sont parfois réticents et comme le montre le cas du bisphénol A, l’innocuité des produits de substitution n’est pas toujours garantie.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/perturbateurs-endocriniens-pourquoi-les-remplacants-du-bisphenol-a-posent-aussi-probleme-155772">Perturbateurs endocriniens : pourquoi les remplaçants du bisphénol A posent aussi problème</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Sur le terrain, pas de solution magique mais des pistes d’action</h2>
<p>Pour <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plan_micropolluants_def_light.pdf">réduire la présence de ces polluants émergents</a> dans les milieux littoraux, deux types de solutions sont envisageables : la première est de réduire les émissions polluantes. La deuxième solution est d’améliorer le traitement des eaux usées.</p>
<p>Parce que les points d’entrée et de circulation des produits dans l’eau sont multiples, la solution la plus efficace serait de réduire à la source les émissions polluantes. La réglementation au niveau européen et national peut instaurer des normes de fabrication, définir des seuils maximums, voire interdire certains produits.</p>
<p>Mais faute d’alternative, tous ne peuvent pas être interdits. Améliorer la situation des littoraux nécessite alors des efforts importants sur de vastes territoires en amont pour réduire l’usage des produits problématiques : le seul littoral Sud Atlantique est au débouché de 25 départements du <a href="https://eau-grandsudouest.fr/agence-eau/bassins-territoires/bassin-adour-garonne">bassin Adour Garonne</a>, soit un 1/5<sup>e</sup> du territoire métropolitain par exemple. Or motiver les acteurs socio-économiques de ces territoires représente une difficulté majeure : il faut les amener à adhérer à des mesures parfois contraignantes et coûteuses dont les bénéfices sont attendus bien loin de chez eux.</p>
<h2>Communiquer auprès des usagers</h2>
<p>La population détient également une partie de la solution : communiquer sur les nombreuses substances chimiques présentes dans les produits quotidiens permet <a href="http://www.santeenvironnement-nouvelleaquitaine.fr/eaux/r-e-g-a-r-d-lance-un-defi-a-80-familles-pour-reduire-les-micropolluants-dans-leau/">d’accompagner les changements de pratique</a> des consommateurs et de limiter le rejet de certaines substances. Certains projets de recherche comme <a href="https://www.leesu.fr/Presentation-de-Cosmet-eau">Cosmet’eau</a> sur les cosmétiques ou <a href="https://www.strasbourg.eu/lumieau-stra?p_p_id=eu_strasbourg_portlet_internal_link_viewer_InternalLinkViewerPortlet_INSTANCE_lEznd02jHGng&p_p_lifecycle=0&p_p_state=normal&p_p_mode=view&p_p_col_id=_com_liferay_nested_portlets_web_portlet_NestedPortletsPortlet_INSTANCE_zeWs8h6c1hTU__column-2&p_p_col_count=1">Lumieau-Stra</a> sur les produits ménagers ont notamment évalué l’efficacité des changements de pratiques.</p>
<p>Mais là encore, la diversité des produits concernés complique les choses : si on peut se passer de parfum, changer de marque de produit ménager, l’arrêt d’autres produits est plus difficile. C’est le cas des médicaments qui peuvent, comme à Bordeaux, représenter <a href="https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/documentation/CPA2022_Micropolluants_SecteurSante.pdf">plus de 90 % des polluants mesurés dans les eaux usées urbaines</a>.</p>
<p>Les efforts peuvent alors porter sur l’amélioration des procédés de traitement des eaux usées, insuffisamment efficaces à l’heure actuelle vis-à-vis de ces molécules.</p>
<p>Enfin, poursuivre les suivis de la qualité des eaux, tant littorales que continentales en amont pour vérifier les résultats de ces efforts est indispensable. Cela suppose de faire évoluer les normes pour intégrer ces polluants émergents dans les mesures de la qualité de l’eau. Le réseau européen <a href="http://www.norman-network.net/?q=node/100">NORMAN</a> qui regroupe les laboratoires et centres de recherche sur le sujet, travaille notamment à la hiérarchisation de ces nombreux produits afin de combler les lacunes en matière d’évaluation des risques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210420/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christine Bouisset et Mathilde Monperrus ont reçu des financements de l'université de Pau et des Pays de l'Adour et de la Communauté d'agglomération Pays-Basque dans le cadre du projet de recherche MICROPOLIT - Emerging micropollutants in aquatic ecosystems. Multidisciplinary approaches to face challenges and develop solutions from the river to the coast
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathilde Monperrus ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pollution, notamment chimique, de diverses activités implantées sur les littoraux menace la santé humaine et la riche biodiversité des littoraux.Christine Bouisset, Professeure de géographie, membre du laboratoire TREE - Transitions Energétiques et Environnementales, UMR 6031 CNRS, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Mathilde Monperrus, Maître de conférence en chimie environnementale, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1945832022-12-20T14:39:23Z2022-12-20T14:39:23ZVoici ce que vous devez savoir sur les PFAS, que l’on surnomme « polluants éternels »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/500805/original/file-20221213-20899-wcwzhh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C4%2C986%2C661&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'utilisation la plus connue des PFAS est celle d'antiadhésif pour nos instruments de cuisson - les fameuses poêles en Teflon.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/autres-substances-chimiques-interets/substances-perfluoroalkyliques-polyfluoroalkyliques.html">PFAS</a>, produits chimiques toxiques, sont à l’origine du scandale en Virginie-Occidentale, décrit dans le film <a href="https://www.focusfeatures.com/dark-waters">« Dark Waters »</a>. Ils ont également fait l’objet du documentaire primé <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Devil_We_Know">« The Devil We Know »</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lomnipresence-des-perturbateurs-endocriniens-177802">L’omniprésence des perturbateurs endocriniens</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Que s’est-il passé ? Une usine de production de PFAS a causé une vaste pollution de la région, et affecté ses employés et les gens qui buvaient l’eau contaminée. Depuis ce scandale, les connaissances sur la <a href="https://www.cnesst.gouv.qc.ca/sites/default/files/publications/notions-de-toxicologie.pdf">toxicologie</a> des PFAS, soit l’étude de leurs effets nocifs sur la santé, évoluent constamment.</p>
<p>Ces contaminants sont associés à une <a href="https://nap.nationalacademies.org/read/26156/chapter/1#xv">augmentation des concentrations sanguines de cholestérol, une réduction de la croissance foetale, une diminution de la réponse immunitaire aux vaccins, et une augmentation des risques de cancer du rein</a>. La liste des problèmes de santé causés par les PFAS continue de s’allonger au fur et à mesure que les études épidémiologiques s’accumulent.</p>
<p>Experts en chimie de l’environnement et en santé environnementale, nous proposons d’apporter un éclairage sur la problématique des PFAS.</p>
<h2>Les multiples applications des PFAS</h2>
<p>Le nom est plutôt rébarbatif et vient de l’anglais « Per and polyfluoroalkyl substances », soit des substances alkylées per – ou polyfluorées. Les PFAS sont des molécules chimiques synthétisées en laboratoire. Elles sont composées, d’une part, d’une chaîne d’atomes qui a les mêmes propriétés que l’huile. Ces atomes rendent les PFAS particulièrement stables et difficiles à dégrader (de là, leur surnom de polluants éternels – <em>Forever Chemicals</em>). D’autre part, les PFAS sont aussi constitués d’une partie qui aime l’eau et qui fuit l’huile.</p>
<p>Cette dualité d’avoir un côté qui aime l’huile plus que l’eau et un autre qui aime l’eau et qui fuit l’huile en fait un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tensioactif">surfactant</a>, soit une molécule qui fait le lien entre deux interfaces (huile et eau dans ce cas) et qui résiste aussi bien à l’eau qu’à l’huile. Par ailleurs, sa composition chimique lui confère des propriétés recherchées pour toutes sortes d’applications modernes.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/p0lt_pxxh00?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Que sont les PFAS ?</span></figcaption>
</figure>
<p>L’utilisation la plus connue des PFAS, largement abordée dans le documentaire « The Devil We Know », est celle d’antiadhésif pour nos instruments de cuisson – les fameuses poêles en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9flon">Teflon</a>. On les utilise également pour protéger nos meubles, tapis et textiles contre les taches (les produits de type <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Scotchgard">« Scotchguard »</a>).</p>
<p>Les PFAS peuvent être utilisés pour imperméabiliser une multitude de vêtements. Ils sont également présents dans certains cosmétiques dits hydrofuges ou « résistants à l’eau », comme le <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.2c02660">fond de teint</a>. Plusieurs papiers et cartons résistants à l’eau ou aux graisses sont aussi traités aux PFAS et beaucoup de plastiques en contiennent.</p>
<p>Une excellente façon d’augmenter son exposition aux PFAS est de manger du maïs soufflé en sac chauffé au four au micro-ondes (le sac est traité aux PFAS <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/full/10.1289/EHP6335">pour résister à la graisse qui fait éclater le maïs</a>). Bien entendu, tous ces produits risquent de se retrouver dans nos déchets. Conséquemment, les sites d’enfouissement représentent des sources potentiellement inquiétantes de PFAS.</p>
<p>Finalement, les <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/gestion-substances-toxiques/liste-loi-canadienne-protection-environnement/sulfonate-perfluorooctane/mousses-pellicule-substances-toxiques-interdites.html">mousses anti-incendie formant une pellicule aqueuse</a> (<em>Aqueous film-forming foam-AFFF</em>), qui sont utilisées pour combattre les feux à base d’hydrocarbures (pétrole, gaz naturel), représentent une source majeure de PFAS. Les endroits où ces mousses ont été utilisées font face à des problèmes de contamination aux PFAS ; on parle ici de la plupart des sites d’entraînement des pompiers, plusieurs aéroports et de multiples bases militaires.</p>
<h2>Contourner les règles</h2>
<p>Les deux PFAS originaux, PFOS et PFOA, sont considérés comme des polluants organiques persistants et ont été bannis par la <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/polluants-organiques-persistants-convention-stockholm.html">Convention de Stockholm</a>. Malheureusement, l’industrie est ingénieuse pour contourner les règles en modifiant une portion de la structure chimique complexe des PFAS. Dans quel but ? Celui de générer un composé aux propriétés industrielles et commerciales très similaires, mais qui échappe à la réglementation. Au fur et à mesure que les chercheurs et les agences gouvernementales de protection de l’environnement accumulent des données pour tenter de réglementer certains PFAS spécifiques, l’industrie a le beau jeu de <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecoenv.2019.109402">changer de molécules et d’utiliser de nouvelles versions alternatives</a>.</p>
<p>Ainsi, sur les milliers de composés PFAS disponibles, les réglementations n’en touchent habituellement qu’un très petit nombre, souvent moins qu’une dizaine selon les pays. Seuls, au mieux, une trentaine de PFAS sont <a href="https://www.epa.gov/pfas/epa-pfas-drinking-water-laboratory-methods">détectés et exigés par les méthodes d’analyses actuelles</a>. On parle d’un décalage immense. De plus, plusieurs des nouvelles formulations de PFAS sont appelées des « précurseurs », puisqu’elles peuvent se dégrader dans l’environnement et se transformer en d’autres PFAS, dont le PFOA ou le PFOS, les deux molécules bannies.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="popcorn dans un sac dans le microondes" src="https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500806/original/file-20221213-22736-g5huck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le sac du maïs soufflé chauffé au four au micro-ondes est traité aux PFAS pour résister à la graisse qui fait éclater le maïs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La complexité du nombre de molécules et leurs propriétés uniques rendent l’analyse des PFAS complexe et difficile. De plus, leur omniprésence dans l’environnement réduit la fiabilité des résultats de laboratoire, qui peuvent être contaminés si la préparation d’échantillons et les procédures ne sont pas appropriées (surtout pour l’analyse de l’eau potable). Il est aussi important d’intégrer un maximum de PFAS possible aux suivis environnementaux, afin d’éviter qu’un ou plusieurs composés particulièrement problématiques échappent au suivi.</p>
<h2>Des contaminants qui s’accumulent dans les tissus</h2>
<p>Leur persistance et leur capacité à s’accumuler dans les tissus des organismes vivants (<a href="https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/sciences/la-bioaccumulation-la-bioamplification-et-la-bioc-s1202">bioaccumulation</a>) font en sorte qu’on les retrouve en haut des chaînes alimentaires. On les détecte notamment chez les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165993618306605">mammifères marins de l’Arctique</a>, ce qui impacte les populations principalement autochtones qui en dépendent pour se nourrir. On assiste ainsi à une injustice environnementale, puisque ces communautés subissent les effets d’une pollution à laquelle elles n’ont aucunement contribué.</p>
<p>En plus de leur persistance dans l’environnement, plusieurs PFAS sont également persistants dans le corps humain. Même en réduisant l’exposition à ces contaminants, les PFAS peuvent prendre des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412022001246?via%3Dihub">années à être éliminés de l’organisme</a>. En raison de l’exposition ubiquitaire et de cette persistance, plusieurs PFAS sont détectés dans la quasi-entièreté des échantillons de sang récoltés dans le cadre de l’<a href="https://www.statcan.gc.ca/fr/enquete/menages/5071">Enquête canadienne sur les mesures de santé</a>, menée par le gouvernement fédéral.</p>
<p>Une étude canadienne a par ailleurs démontré que ces contaminants se retrouvent également dans les <a href="https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-016-0143-y">échantillons de sang du cordon ombilical</a> et dans le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722019817?via%3Dihub">lait maternel</a> ; nous portons donc des traces de PFAS dans notre organisme dès notre conception.</p>
<h2>L’épineuse question du traitement des eaux usées</h2>
<p>Les propriétés chimiques des PFAS les rendent aussi particulièrement difficiles à éliminer quand ils se retrouvent dans notre eau potable ou notre eau usée. Les traitements usuels pour l’eau potable enlèvent <a href="https://doi.org/10.1016/j.watres.2013.10.045">très peu ou pas du tout des PFAS présents dans l’eau</a>). Des investissements significatifs sont donc nécessaires pour modifier les procédés de traitement dans le but de les éliminer.</p>
<p>De plus, le traitement de l’eau usée peut augmenter très significativement les concentrations de PFAS dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boues_d%27%C3%A9puration">boues d’épuration</a>, principal déchet issu du processus d’épuration. Ces boues, aussi appelées biosolides, contiennent bien souvent des concentrations de PFAS comparables aux niveaux ambiants détectés ailleurs. Mais si les eaux usées contiennent des rejets d’un procédé industriel ou commercial qui utilise des PFAS, les biosolides qui en résultent pourraient être très contaminés aux PFAS.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="personne se verse un verre d’eau du robinet" src="https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500807/original/file-20221213-24014-576dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les traitements usuels pour l’eau potable enlèvent très peu ou pas du tout des PFAS présents dans l’eau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’état du Maine a même <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4168355">légiféré</a> pour interdire toute forme de valorisation des boues municipales d’épuration des eaux usées. Dans cette ère de réchauffement global où l’on doit tout mettre en action pour réduire nos émissions de carbone, cette interdiction semble mal avisée et signifie que les boues devraient être incinérées en brûlant vraisemblablement des hydrocarbures ; on parle alors, évidemment, d’un bilan carbone abominable.</p>
<p>La solution pour pouvoir valoriser les biosolides passe par une meilleure réglementation de l’utilisation des PFAS pour prévenir leur apparition dans les eaux usées et les boues d’épuration municipales. On peut aussi très bien vérifier les concentrations dans les biosolides avant leur valorisation et ainsi éviter les risques de contaminer nos sols en établissant des seuils de PFAS à ne pas dépasser. Nous veillons actuellement à la réalisation de cet objectif, en collaboration avec le ministère de l’Environnement du Québec.</p>
<p>Le dossier des PFAS est particulièrement complexe, les experts et les diverses agences de protection de l’environnement du monde n’étant pas encore capables de trouver un consensus pour définir ce qui est sécuritaire.</p>
<p>Nous devrions être particulièrement vigilants et appliquer le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/IDAN/2015/573876/EPRS_IDA%282015%29573876_FR.pdf">principe de précaution</a>, qui stipule que :</p>
<blockquote>
<p>Une substance doit être considérée comme potentiellement nocive pour la santé humaine et pour l’environnement, jusqu’à preuve du contraire.</p>
</blockquote>
<p>Il importe également de mieux réglementer cette famille de polluants inquiétants qui se retrouvent <em>absolument</em> partout.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194583/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Sauvé a reçu du financement d'organismes subventionnaires gouvernementaux du Canada et des États-Unis. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marc-André Verner a reçu du financement d'organismes subventionnaires gouvernementaux du Canada et des États-Unis.</span></em></p>Les PFAS, aussi appelés « polluants éternels », sont des contaminants que l’on retrouve partout et qui ont des effets nocifs sur la santé. Il est plus que temps d’interdire leur utilisation.Sébastien Sauvé, Professeur, Université de MontréalMarc-André Verner, Professeur agrégé, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1933282022-12-04T17:43:40Z2022-12-04T17:43:40ZManque d’eau : comment la réutilisation des eaux usées est devenue une priorité<p>L’été 2022, avec son contexte de sécheresse intense, a marqué un tournant pour la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) en France. Jusqu’ici, le sujet n’avait en effet jamais été aussi présent dans le débat public. Pour rappel, cette pratique consiste à réutiliser directement l’eau en sortie de station d’épuration sans passer par un retour dans le milieu naturel.</p>
<p>Cette réutilisation, envisagée comme piste pour économiser la ressource en eau, a de nouveau été évoquée au printemps 2023, lors de la <a href="https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/direct-secheresse-emmanuel-macron-dans-les-hautes-alpes-pour-presenter-un-plan-sur-la-gestion-de-l-eau_5741273.html">présentation le 30 mars par Emmanuel Macron du « plan eau »</a> du gouvernement français. Elle y est présentée comme l’une des mesures phare (avec la tarification, le stockage, la sobriété) au sortir d’un hiver marqué par un <a href="https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mars-2023">déficit hydrique sur le territoire français</a>. </p>
<h2>Des avantages bien identifiés</h2>
<p>En France, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) est réglementée depuis 2010 pour l’arrosage des espaces verts et l’irrigation agricole, qui devra respecter d’ici à 2023 les seuils fixés <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/reglement-ue-ndeg-2020741-250520-relatif-exigences-minimales-applicables-a">par l’Union européenne en 2020</a>. Le 3 août 2022, la Commission européenne a publié des <a href="https://www.europedirectpyrenees.eu/wp-content/uploads/C20225489-final-lignes-directrices-application-reglement-exigences-reutilisation-eauannexe.pdf">lignes directrices</a> afin d’aider les autorités nationales et les entreprises concernées à appliquer ces nouvelles règles.</p>
<p>Selon Virginijus Sinkevičius, commissaire à l’environnement, à la pêche et aux océans, <em>« il est de notre devoir de cesser de gaspiller l’eau et d’utiliser cette ressource plus efficacement pour nous adapter au changement climatique et garantir la sécurité et la durabilité de notre approvisionnement agricole. Les lignes directrices adoptées aujourd’hui peuvent nous aider à y parvenir et à assurer la circulation en toute sécurité, dans toute l’Union européenne, des produits alimentaires cultivés avec de l’eau recyclée ».</em></p>
<p>Les avantages de la REUT sont nombreux : réduction de la pression sur des ressources qui représentent le principal réservoir pour la production d’eau potable (nappes, cours d’eau…), amélioration de la qualité de l’eau auprès d’activités sensibles (baignade, conchyliculture) du fait de la suppression des rejets de station d’épuration, apport de nutriments pour l’irrigation agricole…</p>
<h2>Un cadre encore très restrictif</h2>
<p>En mars 2022, un nouveau décret relatif aux usages et aux conditions de réutilisation des eaux usées traitées <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045331735">est paru</a> en France : à l’irrigation agricole et des espaces verts viennent ainsi s’ajouter des usages urbains tels que le nettoyage de voirie, le nettoyage des réseaux (hydrocurage) ou la lutte contre les incendies…</p>
<p>Ce décret exclut en revanche d’y avoir recours pour des usages alimentaires, liés à l’hygiène corporelle et du linge, des usages d’agrément (piscines, fontaines, etc.), ainsi que les usages en intérieur dans les établissements accueillant du public (établissements de santé, d’hébergement de personnes âgées, crèches, écoles…) et les locaux d’habitation.</p>
<p>L’utilisation des eaux usées traitées nécessitera une autorisation préfectorale limitée à cinq ans au maximum en vue de leur utilisation dans le département où elles sont produites. Il est cependant à craindre que le champ d’application assez restreint et les lourdeurs administratives puissent décourager les porteurs de projets.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<h2>Un contexte local à prendre en compte</h2>
<p>Malgré ses indéniables atouts évoqués précédemment, la réutilisation des eaux usées n’est pas l’unique solution pour pallier le manque d’eau, c’est avant tout une solution dépendante du contexte local et qui implique par conséquent une prise en compte lors de la planification de la gestion de la ressource par les collectivités.</p>
<p>Elle est par exemple très pertinente sur les zones littorales où certaines stations d’épuration rejettent leurs effluents en mer ce qui constitue une perte d’eau douce. En pratiquant la REUT, s’opère alors l’économie circulaire de l’eau avec comme bénéfices secondaires la diminution des prélèvements dans les nappes – plus vulnérables lorsque leur niveau est bas et qu’elles sont alors soumises à la pénétration d’eau salée qui peut les rendre impropres à la consommation – et l’amélioration de la qualité de l’eau dans les lieux de baignade ou de conchyliculture.</p>
<p>Un exemple emblématique est dorénavant le <a href="https://www.vendee-eau.fr/programme-jourdain-vendee-reut-aep/">projet Jourdain</a>, aux Sables-d’Olonne, où les eaux usées traitées seront à terme directement diluées dans l’eau d’un point de captage pour la potabilisation.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/gmtnaJL8STM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">3 minutes pour tout comprendre sur Le programme Jourdain. Source : Communication Vendée Eau, 2 juillet 2021).</span></figcaption>
</figure>
<p>Dans les zones continentales, en revanche, les rejets de station d’épuration participent parfois de manière significative au soutien d’étiage – c’est-à-dire au maintien d’un débit minimum nécessaire pour le bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques – et la REUT présente moins d’intérêt dans ce cas, voire pourrait avoir un impact environnemental négatif.</p>
<h2>Nouvelle impulsion après la sécheresse</h2>
<p>Si actuellement autour de 80 stations pratiquent la REUT en France, il se pourrait que la sécheresse connue au cours de l’été 2022 encourage le développement de cette méthode déjà largement répandue <a href="https://theconversation.com/reutilisation-des-eaux-usees-quels-sont-les-pays-les-plus-en-pointe-112984">dans certains pays</a>.</p>
<p>Veolia a notamment annoncé dans un <a href="https://www.veolia.com/sites/g/files/dvc4206/files/document/2022/07/CP-Veolia-developper-reutilisation-eaux-usees-France-25072022.pdf">communiqué de presse du 25 juillet 2022</a> son souhait de déployer la REUT sur une centaine de stations d’épuration dont les volumes de consommation le justifient (consommation de plus de 2000 m<sup>3</sup> d’eau potable et/ou 5000 m<sup>3</sup> prélevée directement dans la ressource), via des unités compactes de recyclages d’eau.</p>
<p>Cette opération devrait permettre une économie de 3 millions de m<sup>3</sup> d’eau potable soit la consommation moyenne annuelle d’une ville de 180 000 habitants. Dans un premier temps, l’eau recyclée sera utilisée pour l’entretien des stations avant d’expérimenter d’autres usages urbains ou agricoles sous réserve d’obtention des autorisations.</p>
<h2>Acceptabilité, modèle, pathogènes : des inquiétudes à lever</h2>
<p>Les obstacles à surmonter demeurent toutefois nombreux. L’acceptabilité sociale de cette pratique, souvent méconnue et sujette aux a priori de la part du grand public, en est un.</p>
<p>Autre frein important, la REUT va devoir trouver son modèle économique, nécessitant certainement des incitations financières afin de rivaliser avec l’eau de rivière que les agriculteurs prélèvent à un prix autour de 10 à 30 centimes d’euros le m<sup>3</sup>.</p>
<p>Après le traitement des eaux usées, la présence de certains sels, de polluants minéraux et organiques, ainsi que de micro-organismes pathogènes, est par ailleurs encore possible. L’importance des impacts négatifs associés sur les écosystèmes et sur la santé humaine dépend fortement des caractéristiques du sol, des plantes et de la qualité de l’eau usée traitée ainsi que des pratiques agricoles.</p>
<p>Il est donc important que la REUT reste bien encadrée afin d’en faire une pratique sûre et durable. Ceci passera par l’atteinte des seuils fixés mais aussi par la mise en place d’autres processus, par exemple un arrosage goutte à goutte plutôt que par aspersion.</p>
<h2>La nécessité de travailler sur les polluants</h2>
<p>Alors que le secteur connaît une évolution rapide, il apparaît nécessaire de mener des études scientifiques sur le devenir des polluants, des virus et parasites, au cours de l’irrigation agricole avec des eaux usées traitées.</p>
<p>En Israël, où la REUT est pratiquée depuis les années 80, aujourd’hui à hauteur d’environ 80 %, une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304389421011481">étude</a> a montré que les molécules pharmaceutiques se retrouvent principalement dans le sol, les feuilles et racines de végétaux irrigués avec des eaux usées traitées, les fruits et tubercules étant plus faiblement contaminés.</p>
<p>Cette étude conclut sur l’intérêt d’améliorer les filières de traitement dédiées à la REUT et d’y avoir recours sur des sols riches en matière organique favorisant la dégradation des polluants.</p>
<p>En France, l’exemple réussi de la Limagne noire où des cultures céréalières sont irriguées avec des eaux usées traitées de la ville de Clermont-Ferrand depuis plusieurs dizaines d’années, a révélé une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11464769/">absence de contamination liée aux pathogènes</a>.</p>
<h2>Des enjeux pour la santé humaine</h2>
<p>Récemment, à Murviel-les-Montpellier, une expérience sur deux années d’irrigation goutte à goutte de cultures de laitue et de poireaux avec des eaux usées municipales traitées sans et avec ajout de quatorze contaminants à un niveau de concentration de 10 μg/L a <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33097266/">été menée dans des conditions de culture en serre</a>.</p>
<p>L’objectif était d’étudier leur accumulation dans le sol et les feuilles afin d’évaluer les potentiels risques liés à la santé. Les résultats ont révélé une accumulation limitée des contaminants dans le sol et les feuilles des plantes, leurs niveaux de concentration étant respectivement dans la gamme de 1-30 ng/g et 1-660 ng/g.</p>
<p>Dans l’ensemble, cette étude a confirmé des rapports antérieurs sur le risque minime pour la santé humaine lié à la consommation de légumes verts à feuilles crus, irrigués par des eaux usées domestiques traitées contenant des résidus de contaminants organiques.</p>
<p>Ainsi, si la REUT devra vaincre les réticences et lever certaines craintes, elle apparaît néanmoins comme une solution d’avenir face aux enjeux actuels et voit son utilité exacerbée par les effets du changement climatique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193328/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julie Mendret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Solution prometteuse dans bien des cas pour économiser l’eau, la réutilisation des eaux usées figure parmi les mesures phare du « plan eau » présenté par Emmanuel Macron le 30 mars 2023.Julie Mendret, Maître de conférences, HDR, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1897462022-09-11T16:31:57Z2022-09-11T16:31:57ZSanté : la biosurveillance des principaux produits chimiques se met en place en Europe<p>Les enquêtes récentes le montrent : <a href="https://barometre.irsn.fr/chemical-safety/">90 % des Européens s’inquiètent de l’impact des produits chimiques sur l’environnement, et 84 % sur leur santé</a>. Les préoccupations relatives à ce sujet occupent également une place de plus en plus importante dans le discours public…</p>
<p>Pour autant, la production mondiale de produits chimiques devrait doubler d’ici à 2030, ce qui reflète l’augmentation rapide de leur utilisation dans presque tous les secteurs économiques.</p>
<p>De fait, des substances chimiques peuvent être utilisées dans la fabrication de médicaments vétérinaires, produits phytopharmaceutiques, biocides, conservateurs, additifs… Elles font alors l’objet d’une évaluation des risques potentiels pour le consommateur avant mise sur le marché.</p>
<p>D’autres, présentes cette fois dans l’environnement, peuvent également avoir un impact : elles peuvent être d’origine naturelle (micro-organismes, champignons produisant des toxines, métaux présents dans les sols, etc.) ou résulter d’une pollution (polychlorobiphényles ou PCB, chlordécone, métaux…).</p>
<p>On parle de « produit chimique » quand plusieurs substances sont mélangées en vue de donner des propriétés particulières au produit résultant : produit cosmétique, peinture, nettoyant ménager, etc.</p>
<h2>Une exposition croissante</h2>
<p>Nous sommes ainsi de plus en plus exposés à des substances chimiques à travers notre environnement : l’air que nous respirons, l’eau et les aliments que nous ingérons, les articles que nous manipulons, les produits que nous nous appliquons sur la peau… Tous contribuent, plus ou moins intensément, à augmenter notre niveau d’imprégnation interne.</p>
<p>C’est ce niveau interne d’exposition qui conditionne les effets que les substances dangereuses peuvent avoir sur notre santé. D’où l’importance d’avoir les outils pour suivre leur présence autour de nous – outils qui manquaient à l’échelle européenne jusqu’à présent. L’Anses vient d’apporter son expertise à un vaste projet européen pour y remédier. Voici comment.</p>
<p>La <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/activites-humaines/article/biosurveillance#Qu-est-que-la-biosurveillance">biosurveillance</a> vise précisément à mesurer la charge en contaminants chimiques que notre organisme peut supporter. Mais quels niveaux de concentration (ou imprégnation) de substances chimiques, de leurs produits de dégradation ou de polluants présents dans l’environnement pouvons-nous tolérer ?</p>
<p>Une évaluation <em>via</em> le dosage de biomarqueurs lors de prélèvements sanguins, d’urine, de cheveux ou encore de lait maternel permet d’estimer notre exposition interne aux substances chimiques et autres polluants (métaux, etc.) La biosurveillance permet également de prendre en compte les différences physiologiques entre individus (respiration, métabolisme, âge…) ainsi que les facteurs associés au comportement et aux activités (hygiène de vie, usage de produits de consommation…)</p>
<h2>Un réseau de laboratoires qualifiés</h2>
<p>L’<a href="https://www.hbm4eu.eu/">initiative européenne HBM4EU</a>, qui vient de se terminer après cinq années et demie de recherche, avait pour ambition de faire de la biosurveillance un outil incontournable pour déterminer l’exposition de la population aux produits chimiques et évaluer les risques pour la santé dans l’Union européenne. L’un des enjeux de ce programme d’envergure était de constituer un réseau de laboratoires performants et d’harmoniser les méthodes analytiques comme la conception des enquêtes et en assurer la qualité. Un défi que nous exposons ici, et un atout pour demain.</p>
<p>Au cours des dernières décennies, la biosurveillance humaine a été utilisée comme outil dans divers projets de recherche et programmes nationaux, générant ainsi une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34297934/">vaste quantité de données en Europe</a>. Cependant, l’information obtenue était fragmentée et pas toujours comparable.</p>
<p>[<em>Plus de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>En effet, les récents progrès techniques et méthodologiques ont permis de multiplier le nombre de substances chimiques analysables… Aucune méthode de référence standard n’avait toutefois été instaurée : contrairement à d’autres domaines, par exemple la sécurité chimique des aliments, il n’existe actuellement aucune structure de référence européenne pour la biosurveillance. Plusieurs pays européens ont bien mis en place des programmes nationaux dans ce domaine, mais isolément, ce qui limite la possibilité de comparaison des résultats.</p>
<p>Le <a href="https://www.hbm4eu.eu/wp-content/uploads/2022/01/The-European-HBM-Laboratory-Network-research-brief.pdf">nouveau réseau européen de 166 laboratoires</a> issu de 28 États membres <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33774419/">mis en place dans le cadre de HBM4EU</a> peut remplir ce manque. Parmi eux, 74 laboratoires sont déjà qualifiés en termes de qualité et de comparabilité et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1438463921000249">plus de 43 000 analyses ont ensuite été réalisées par 34 d’entre eux</a>.</p>
<h2>Quelles substances sélectionner ?</h2>
<p>Pour des raisons liées à des contraintes d’échantillonnage et d’analyse, il était nécessaire d’identifier les substances à inclure dans ce programme. Au cours des 5 ans et demi de HBM4EU, <a href="https://www.hbm4eu.eu/work-packages/deliverable-4-8-third-list-of-hbm4eu-priority-substances/">trois cycles de priorisation ont eu lieu</a>, qui ont permis d’identifier une liste de substances ou de familles de substances – et de préciser comment mieux gérer l’exposition humaine au niveau national et européen.</p>
<p>Cette <strong>priorisation a été faite selon trois groupes de critères</strong> :</p>
<ul>
<li><p><strong>Les dangers de la substance</strong> (ou du groupe) : préoccupations en termes de toxicité (cancérogène, perturbateur endocrinien…) ou le manque de connaissances associées à certains types d’effets (à long terme par exemple). Lorsqu’il s’agissait de groupes complexes de substances, tels les pesticides, cette évaluation pouvait s’appuyer sur les données disponibles pour certains « chefs de file » de toute une famille de composés.</p></li>
<li><p><strong>L’exposition à la substance</strong> (ou au groupe) : niveau d’exposition au regard des tonnages produits ou des concentrations déjà mesurées chez l’Homme ou dans l’environnement. Des critères de persistance ou d’accumulation peuvent aider à les anticiper.</p></li>
<li><p><strong>Les préoccupations sociétales</strong> : problématiques soulevées par les parties prenantes.</p></li>
</ul>
<p>Différents scores ont été attribués à ces critères, de manière à pouvoir classer et afficher un ordre de priorité aux substances (ou groupes de substances), et voir en quoi les résultats générés dans le cadre du programme pourraient être utilisés pour améliorer la gestion et, le cas échéant, réduire l’exposition.</p>
<p>En parallèle, les substances ont été catégorisées selon le niveau de connaissance déjà disponible de manière à pouvoir rapidement répondre aux questions qu’elles posent.</p>
<p>Par exemple, les substances rangées dans la catégorie A (Hexabromocyclododecane) sont déjà largement connues, tant du point de vue exposition que toxicité ; les inclure dans un programme tel que HBM4EU permet de suivre leur évolution dans le temps et de voir si les mesures de gestions mises en œuvre sont efficaces.</p>
<p>À l’inverse, les substances classées en catégorie D (2,3,5,6-tetrabromo-p-xylene, etc.) voire E (Melamine polyphosphate, etc.) ne bénéficient que de connaissances limitées, les méthodes pour les mesurer sont même parfois en cours de développement : avant de les inclure dans une enquête de biosurveillance, il convient donc d’y suppléer. Ces substances font donc l’objet d’une attention particulière.</p>
<p>L’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34089975/">ensemble de la démarche de priorisation</a> a fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique et les <a href="https://www.hbm4eu.eu/result/policy-briefs/">substances prioritaires retenues</a> ont fait l’objet d’un suivi régulier au sein du projet. Des documents de synthèse sur les principales familles (phtalates, pesticides, HAP, PFAS, mycotoxines…) ont été rédigés et publiés sur le site de HBM4EU.</p>
<p>24 pays ont déjà uni leurs forces pour collecter des données à l’échelle européenne, qui reflètent l’exposition interne de la population à certaines substances chimiques prioritaires. Ces analyses ont été menées au sein du réseau de laboratoires précédemment évoqué. Des questionnaires, des procédures opérationnelles normalisées et du matériel de communication ont été mis à disposition pour assurer l’harmonisation des capacités d’analyses : une première !</p>
<p>Les études menées se sont concentrées sur trois groupes d’âge : enfants, adolescents et adultes. Les participants ont été recrutés entre 2014 et 2021 dans onze à douze pays répartis dans quatre régions. Ces études ne sont pas représentatives de leur pays mais incluent un ratio femmes/hommes de 50:50 et des habitants des zones urbaines, semi-urbaines et rurales. Elles serviront de base pour suivre l’exposition interne aux produits chimiques et les progrès qui auront été faits pour les réduire.</p>
<p>Les principaux composés mesurés sont les suivants :</p>
<ul>
<li><p>phtalates et DINCH,</p></li>
<li><p>PFAS,</p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/perturbateurs-endocriniens-pourquoi-les-remplacants-du-bisphenol-a-posent-aussi-probleme-155772">bisphénols</a>,</p></li>
<li><p>cadmium,</p></li>
<li><p>arsenic,</p></li>
<li><p>filtres solaires,</p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/pesticides-a-quoi-sexposent-ceux-qui-habitent-pres-des-champs-83994">pesticides</a>,</p></li>
<li><p>acrylamide.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Cohortes par tranches d’âge pour les études de biosurveillance en Europe" src="https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482129/original/file-20220831-24-pe0a3e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Groupes d’âge suivis et produits chimiques recherchés lors des études au niveau européen.</span>
<span class="attribution"><span class="source">HBM4EU</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Bien interpréter les résultats à venir</h2>
<p>Les valeurs qui définissent un seuil d’exposition en dessous duquel il n’y a a priori pas de risque pour la santé sont, à l’heure actuelle, presque toutes définies par des concentrations externes – dans l’alimentation ou l’air. Pour savoir si les concentrations mesurées dans le sang ou les urines les dépassent, <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Human-biomonitoring-initiative-%28HBM4EU%29-Strategy-to-Apel-Rousselle/7591c0438f02ee1c44912e8e3787756badc4681f">il a fallu définir des valeurs guide adaptées</a>.</p>
<p>Leur élaboration s’est appuyée sur l’expérience acquise par la Commission allemande (<em>German HBM Commission</em> HBM-I values) pour la population générale et l’Anses pour les milieux professionnels (Valeurs limites biologiques/VLB, ou <em>Biological limit values</em>/BLVs).</p>
<p><strong>Plusieurs étapes furent nécessaires :</strong></p>
<ul>
<li><p><strong>Savoir quoi mesurer.</strong> Parfois, le produit d’origine peut être difficile à doser dans un échantillon de sang ou d’urine et il vaut mieux rechercher les composés issus de sa dégradation dans l’organisme. C’est le cas du dimethylformamide (DMF), un solvant utilisé dans l’industrie, pour lequel les molécules issues de sa dégradation offrent une meilleure corrélation entre concentration urinaire et effet sur la santé.</p></li>
<li><p><strong>Choisir le mode de dérivation de la valeur.</strong> Il y a plusieurs options selon le niveau de connaissance disponible sur la substance et les valeurs réglementaires déjà en place. Ainsi, si le corpus de données scientifiques est suffisant pour quantifier avec certitude une relation dose/réponse chez l’Homme, les valeurs guides internes seront construites sur la base de données sanitaires. En deuxième intention, si des valeurs de référence externes (voie orale, etc.) ont déjà été proposées par des agences européennes (EFSA, ECHA…), elles pourront être utilisées comme point de départ. Si aucune donnée n’est disponible chez l’Homme, une revue des données animales pourra permettre de choisir un point de départ (par exemple, dose externe n’entraînant pas d’effet chez l’animal après exposition répétée).</p></li>
<li><p><strong>Ajustements aux scénarios d’exposition</strong> à l’aide d’outils de modélisation, afin de s’adapter aux besoins spécifiques de la population générale ou des travailleurs. Des facteurs de sécurité sont ensuite appliqués pour tenir compte des différences de sensibilité entre l’animal et l’Homme, entre différentes populations (enfants, femmes enceintes…)</p></li>
</ul>
<p>Des <a href="https://www.hbm4eu.eu/work-packages/deliverable-5-2-1st-substance-group-specific-derivation-of-eu-wide-health-based-guidance-values/">valeurs ont pu être établies pour une quinzaine de substances</a>, pour la population générale et/ou pour les travailleurs.</p>
<p>C’est le cas pour le bisphénol S, en population générale et professionnelle : 1 µg par litre d’urine dans la population générale et 3 µg par litre pour les travailleurs. Ces deux valeurs sont distinctes car les personnes en contact avec le bisphénol par leur travail sont exposées par la peau en plus de l’alimentation (en continu), et selon des scénarios différents. La valeur est, ici, calculée sur leur temps de travail.</p>
<p>Pour d’autres substances, les travaux sont allés au-delà de la simple détermination d’une valeur guide. Par exemple, ils ont estimé le nombre de personnes en France, en Espagne et en Belgique qui avaient un risque d’ostéoporose du fait d’une exposition élevée au cadmium.</p>
<h2>Focus sur la santé des travailleurs</h2>
<p>Une partie du projet HBM4EU a été consacrée à la santé au travail et à une meilleure évaluation des risques pour les professionnels.</p>
<p>Les expositions spécifiques à des secteurs d’activités, comme le traitement des déchets électroniques ont été investiguées : par exemple à certaines substances cancérogènes (aniline, chrome VI…), sensibilisantes (di-isocyanates), etc. Ce qui contribuera à mesurer l’efficacité de mesures de gestion déjà existantes ou à en proposer de nouvelles.</p>
<p>HBM4EU a ainsi permis le développement de nouveaux outils (enquêtes, sciences participatives, analyse de données, etc.) pour recueillir les données nécessaires. Sur la base de ces travaux, des recommandations pourront être faites pour réduire les expositions les plus à risque.</p>
<p>Des modèles établissant un lien entre les expositions externe et interne ont également été développés. Les intérêts sont multiples, tels aider à l’identification des principales sources de contamination pour proposer des valeurs seuil afin de garantir la sécurité des travailleurs. Ces résultats pourront aussi appuyer de nouvelles Valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP).</p>
<p>Les concentrations internes permettent ainsi de mieux appréhender l’exposition réelle aux produits, car elles prennent en compte toutes les sources d’exposition, via l’air, l’alimentation, l’eau, le contact cutané, etc.</p>
<p>L’Anses a proposé des valeurs guides internes spécifiques pour les travailleurs, notamment pour le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322923?via%3Dihub">cadmium</a>, le N-dimethylformamide (DMF), certains phtalates (DEHP, DnBP, DiBP…), le BPS ou N,N-dimethylacetamide (DMAC).</p>
<h2>Des données pour l’avenir</h2>
<p>En cinq ans et demi, HBM4EU a permis de renforcer le réseau d’organismes européens impliqués dans la biosurveillance et/ou l’évaluation des risques des substances chimiques.</p>
<p>Les données générées, les outils développés et les procédures harmonisées seront autant d’atouts qui serviront à la mise en œuvre du projet PARC (<em>Partnership for the Assessment of Risks from Chemicals</em>), qui a pour ambition de promouvoir une nouvelle approche d’évaluation des risques pour les substances chimiques en vue de protéger la santé et l’environnement.</p>
<p>Ce partenariat coordonné au niveau européen par l’Anses fournira aux évaluateurs et gestionnaires des risques liés à l’exposition des populations humaines aux substances chimiques, de nouvelles données et méthodes ainsi que de nouveaux outils. Il renforcera les réseaux d’acteurs spécialisés dans les différents domaines scientifiques contribuant à l’évaluation des risques.</p>
<p>Il contribuera au développement des compétences scientifiques nécessaires pour relever les défis actuels et futurs en matière de sécurité des substances chimiques. Le partenariat a pour vocation de faciliter la transition vers une nouvelle génération de démarche d’évaluation des risques, plus holistique et intégrant la santé humaine et l’environnement.</p>
<hr>
<p><em>D’une durée de 7 ans, le projet PARC (Partnership for the Assessment of Risks from Chemicals) a démarré le 1<sup>er</sup> mai 2022. Le budget prévisionnel est de 400 millions d’euros, dont la moitié sera prise en charge par la Commission européenne et l’autre moitié par les États membres partenaires. L’Anses est le coordinateur du partenariat dans sa globalité.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Rousselle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que la production de produits chimiques va toujours croissante, quels sont leurs effets sur la santé ? L’Europe vient de se doter des outils pour identifier et suivre les substances à risque.Christophe Rousselle, European Project Manager, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1869772022-08-17T13:15:31Z2022-08-17T13:15:31ZDes contaminants préoccupants, présents dans les écrans solaires et les plastiques, se retrouvent dans le Saint-Laurent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/478113/original/file-20220808-8265-q3pbp6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C12%2C3977%2C3005&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les absorbants UV et les antioxydants peuvent trouver plusieurs voies vers les milieux aquatiques, que ce soit par la dégradation des plastiques, les eaux usées ou les dépotoirs. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Environnement et Changement climatique Canada)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les absorbants ultraviolets (UV) et les antioxydants industriels sont des contaminants qui suscitent de plus en plus d’intérêt puisqu’ils se retrouvent dans une panoplie de produits qui sont utilisés quotidiennement. Ces produits incluent les écrans solaires, les crèmes anti-âge et les shampoings, mais également des matériaux comme les plastiques et les textiles, domestiques ou industriels. On les utilise principalement pour protéger notre peau et les biens de consommation des <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/psr-2016-0130/html">rayonnements UV du soleil ou des agents oxydants naturellement présents dans l’air</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-retardateurs-de-flamme-un-veritable-danger-pour-la-faune-182714">Les retardateurs de flamme, un véritable danger pour la faune</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Étant donné leur grande versatilité, il existe plusieurs points d’entrée pour ces contaminants dans les milieux aquatiques. Les vecteurs couramment ciblés sont les effluents des usines de traitement des eaux usées municipales, puisqu’elles recueillent les eaux issues des usages domestiques courants ainsi que les eaux des industries.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
<hr>
<p>Pour améliorer l’état des connaissances au niveau de la situation du Québec, au cours de mon projet de maîtrise, je me suis intéressée au devenir de ces contaminants dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Montréal. Avec mes collègues, nous vous présentons ici les <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.1c07932">conclusions de cette étude</a>.</p>
<h2>De la douche et des poubelles… aux poissons du fleuve Saint-Laurent</h2>
<p>Lorsque l’on prend sa douche, l’eau utilisée pour le rinçage contient des résidus de crèmes solaires, de shampoing ou d’autres produits de soin personnel utilisés et elle sera acheminée à une usine de traitement d’eaux usées. De façon similaire, la baignade dans les endroits plus touristiques peut engendrer une contamination directement dans les cours d’eau.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S030438941730763X">Une autre source est liée à la pollution par les plastiques</a>, qui se retrouvent dans les milieux aquatiques notamment par un rejet direct dans l’environnement, par exemple lorsque des gens laissent des débris sur les plages. Il peut également y avoir un rejet indirect de plastiques, de par leur présence dans les effluents des stations de traitements des eaux usées domestiques. Lors de la dégradation des plastiques, qui se produit entre autres suite à une exposition au soleil, la salinité de l’eau ou au contact prolongé des vagues, les composés qu’ils contiennent (comme les absorbants UVs et les antioxydants industriels) peuvent migrer vers l’environnement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="filet dans un lac" src="https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478319/original/file-20220809-18-w9mttj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une fois retrouvés dans les milieux aquatiques, les absorbants UV et les antioxydants industriels peuvent nuire aux animaux qui y vivent.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Environnement et Changement climatique Canada)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dès leur entrée dans l’environnement, ces contaminants peuvent se disperser dans les sédiments, l’eau, et même dans les organismes aquatiques, et ainsi nuire à la biodiversité et la santé des écosystèmes. En effet, certains de ces composés sont suspectés d’engendrer des effets néfastes, dont la perturbation <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.7b05057">du système hormonal chez les organismes aquatiques exposés</a> ou encore de <a href="https://doi.org/10.1007/s00244-015-0227-7">favoriser le blanchiment des coraux</a>.</p>
<p>Cependant, il importe de mieux comprendre leur répartition et leur devenir dans les milieux aquatiques afin de pouvoir évaluer le risque présentement encouru par les espèces exposées à ces contaminants.</p>
<h2>Des contaminants bien présents dans le fleuve</h2>
<p>Afin de favoriser la compréhension du devenir des polluants d’intérêt dans l’écosystème du Saint-Laurent, plusieurs types d’échantillons ont été étudiés en provenance de l’amont et de l’aval du centre de traitement des eaux usées de Montréal. Nous avons récolté de l’eau, de la matière en suspension (qui sont les particules insolubles visibles dans l’eau), des sédiments et les tissus de deux espèces de poissons, soit le grand brochet et l’esturgeon jaune.</p>
<p>Les résultats des analyses ont décelé plusieurs contaminants, ce qui confirme leur présence dans l’écosystème du Saint-Laurent. De plus, une certaine affinité pour la matière en suspension été observée, avec des concentrations plus importantes pour certains contaminants, ce qui indique l’importance d’une meilleure compréhension des risques liés à l’ingestion de la matière en suspension. En effet, cette dernière peut être une voie importante d’accumulation pour les organismes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="schéma présentant la présence de contaminants émergents dans le Fleuve" src="https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/477479/original/file-20220803-25-fruewv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les absorbants UV et les antioxydants industriels peuvent trouver plusieurs voies vers les milieux aquatiques que ce soit par la dégradation des plastiques, les eaux usées ou les dépotoirs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Abigaëlle Dalpé-Castilloux)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En comparant les contaminants dominants dans les deux poissons étudiés, nous avons observé une distinction importante entre l’esturgeon jaune et le grand brochet. Cette différence peut être induite par différents facteurs, comme une différence au niveau du régime alimentaire des deux organismes. Le <a href="https://mffp.gouv.qc.ca/faune/peche/poissons/grand-brochet.jsp">grand brochet</a> est un carnivore opportuniste qui se nourrit de ce qui est facilement accessible. Sa diète principale se compose de perchaudes, de meuniers, de crapets et autres.</p>
<p>En comparaison, l’<a href="https://mffp.gouv.qc.ca/faune/peche/poissons/esturgeon-jaune.jsp">esturgeon jaune</a> est un prédateur de fond qui se nourrit des petits organismes qui s’y trouvent comme des larves, des écrevisses et des petits mollusques. Cette distinction entre les modes de vie engendre une différence dans la manière dont les organismes seront exposés à la pollution et donc l’ampleur de la contamination par certains polluants. Par exemple, si un contaminant a une plus grande affinité pour les sédiments, les organismes qui vivent près du fond risquent d’être plus impactés par celui-ci.</p>
<h2>Certains contaminants sont plus préoccupants que d’autres</h2>
<p>Les résultats permettent également de mettre en lumière que le BHT, soit un antioxydant industriel, et son produit de dégradation, le BHTQ, sont les seuls composés qui ont été retrouvés dans le cerveau du grand brochet. Les effets de ces contaminants sur le système nerveux des organismes aquatiques ne sont pas bien connus pour le moment. Une étude antérieure a cependant démontré que le BHT peut s’accumuler dans le cerveau du rat et peut entraîner une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0300483X80901213?via%3Dihub">augmentation du nombre de cellules mortes</a>. À notre connaissance, il s’agit de la première observation de ces composés toxiques dans le Saint-Laurent.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="2 personnes déploient un filet dans l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/478324/original/file-20220809-24-hxw36w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les concentrations de contaminants ont été mesurées chez le grand brochet et l’esturgeon jaune du fleuve Saint-Laurent.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Environnement et Changement climatique Canada)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’UV328, que l’on retrouve principalement dans les plastiques et les peintures, est une molécule d’intérêt internationale <a href="http://www.pops.int/TheConvention/ThePOPs/ChemicalsProposedforListing/tabid/2510/Default.aspx">suivie par la convention de Stockholm</a> pour ses effets dommageables sur le foie et pour son potentiel de perturbation hormonale. Sa présence a été détectée principalement dans l’esturgeon jaune, l’eau, la matière en suspension et les sédiments du fleuve.</p>
<h2>Encore des lacunes à combler</h2>
<p>L’étude réalisée a permis de mettre en lumière la présence de contaminants d’intérêt dans le fleuve Saint-Laurent et d’en cibler certains comme l’UV328 et le BHT comme plus préoccupants. En revanche, il y a toujours un manque de connaissance à combler pour pouvoir comprendre l’impact de ces contaminants sur les différents organismes qui habitent le Saint-Laurent, notamment au niveau des effets des expositions à plus long terme.</p>
<p>De plus, il est important de rappeler que les organismes aquatiques sont soumis à un mélange de plusieurs polluants et qu’il est donc essentiel d’avoir une meilleure compréhension des conséquences des interactions entre ces contaminants sur la santé des organismes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186977/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Zhe Lu a reçu des financements de Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Environnement et Changement climatique Canada, et UQAR-ISMER pour ce projet. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Abigaëlle Dalpé-Castilloux a reçu des financements du FRQNT et du regroupement des écotoxicologues du Québec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Magali Houde a reçu des financements d'Environnement et Changement climatique Canada.</span></em></p>Les absorbants UV et les antioxydants industriels sont utilisés dans plusieurs biens de consommation afin de les protéger des rayons UV. Ils peuvent avoir un impact sur la santé des écosystèmes.Zhe Lu, Professor, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Abigaëlle Dalpé-Castilloux, M Sc océanographie (laboratoire d'écotoxicologie marine, chimie analytique environnementale), Université du Québec à Rimouski (UQAR)Magali Houde, Chercheuse scientifique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1794162022-03-23T19:19:25Z2022-03-23T19:19:25ZSavez-vous ce que vous ramenez chez vous avec vos chaussures ? (Déchaussez-vous avant d’entrer…)<p>Vous nettoyez probablement autant que faire se peut vos chaussures si vous marchez dans quelque chose de boueux, visqueux ou ragoûtant (merci de ramasser derrière votre chien !)… Mais quand vous rentrez chez vous, est-ce que vous vous déchaussez toujours à la porte ?</p>
<p>La majorité ne le fait pas… Qui pense à ce qu’il <a href="https://sfamjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jam.13250">traîne sous ses semelles</a> en rentrant enfin chez lui ?</p>
<p>Je fais partie d’une équipe de chimistes de l’environnement et nous avons passé une décennie à étudier les espaces intérieurs et les contaminants auxquels les gens sont exposés dans leur propre maison. Bien que notre examen de l’environnement intérieur, via notre <a href="https://www.360dustanalysis.com">programme DustSafe</a>, soit encore loin d’être complet, sur la question de savoir s’il faut chausser et se déchausser à la maison, la science a tout de même déjà une idée.</p>
<p>Il est préférable de laisser vos saletés à l’extérieur de la maison.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme ôte ses chaussures à l’entrée de chez elle" src="https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447469/original/file-20220221-18-1h8q5jy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Il est préférable de laisser ses chaussures à l’entrée pour préserver son intérieur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>D’où viennent les contaminants retrouvés dans nos intérieurs ?</h2>
<p>Les gens passent jusqu’à 90 % de leur temps à l’intérieur. La question de savoir s’il faut ou non porter des chaussures à la maison n’est donc pas anodine.</p>
<p>Les politiques se concentrent généralement sur l’environnement extérieur pour ce qui est des sols, de la qualité de l’air et des risques environnementaux pour la santé publique. Toutefois, la réglementation s’intéresse désormais aussi de plus en plus à la <a href="https://ncc.abcb.gov.au/sites/default/files/resources/2021/Handbook-Indoor-Air-Quality.pdf">question de la qualité</a> de <a href="https://www.euro.who.int/en/media-centre/sections/press-releases/2021/new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">l’air intérieur</a>.</p>
<p>La matière qui <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09603123.2018.1457141?journalCode=cije2">s’accumule</a> à l’intérieur de votre maison ne comprend pas seulement la poussière et la saleté apportée par vos visiteurs, ou les poils abandonnés par vos animaux domestiques : environ un <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/es9003735">tiers proviennent de l’extérieur</a>, amenée soit par le vent, soit par les <a href="https://www.washingtonpost.com/health/how-the-dust-in-your-home-may-affect-your-health/2019/07/19/9f716068-a351-11e9-bd56-eac6bb02d01d_story.html">semelles de chaussures sales</a> – capables de ramasser tout ce qui traîne sur le sol.</p>
<p>Pour ces dernières, on ne parle pas de simples saletés mais parfois de micro-organismes tels des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-infection/article/mechanisms-for-floor-surfaces-or-environmental-ground-contamination-to-cause-human-infection-a-systematic-review/37BF6318BD1473C4918A23C843B25D05">agents pathogènes résistants aux médicaments</a>, notamment des agents infectieux (germes) associés aux hôpitaux très difficiles à traiter.</p>
<p>Ajoutez à cela les toxines cancérigènes des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408444.2018.1528208">résidus d’asphalte</a> et les perturbateurs endocriniens des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23273747.2016.1148803">produits chimiques pour pelouses</a>, et vous verrez peut-être d’un autre œil vos chaussures.</p>
<h2>Petit tour des pires contaminants intérieurs</h2>
<p>Nos travaux ont consisté à mesurer et à évaluer l’exposition à toute une série de substances nocives présentes à l’intérieur des habitations, dont les suivantes :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.newscientist.com/article/2231210-antibiotic-resistance-genes-can-be-passed-around-by-bacteria-in-dust/">Gènes résistants aux antibiotiques</a> (gènes qui rendent les bactéries résistantes aux antibiotiques),</p></li>
<li><p><a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.estlett.0c00587">Produits chimiques désinfectants dans l’environnement domestique</a>,</p></li>
<li><p><a href="https://doi.org/10.1016/j.envpol.2021.117064">Microplastiques</a>,</p></li>
<li><p><a href="https://bmjopen.bmj.com/content/11/5/e044833.citation-tools">Produits chimiques perfluorés</a> (ou <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0105.pdf">PFAS</a>, surnommés <a href="https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/10/les-pfas-ces-substances-nocives-omnipresentes-dans-nos-emballages-alimentaires">« produits chimiques éternels »</a> en raison de leur longue durée de vie et de leur tendance à rester dans le corps sans se dégrader) utilisés de manière omniprésente dans une multitude de produits industriels, domestiques et d’emballages alimentaires.</p></li>
<li><p><a href="http://hdl.handle.net/1959.14/1276977">Éléments radioactifs</a>.</p></li>
</ul>
<p>L’évaluation des niveaux de <a href="https://theconversation.com/house-dust-from-35-countries-reveals-our-global-toxic-contaminant-exposure-and-health-risk-172499">métaux potentiellement toxiques (tels que l’arsenic, le cadmium et le plomb)</a> dans les habitations de <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.1c04494">35 pays (dont l’Australie et la France)</a> constitue un axe majeur de notre travail.</p>
<p>Ces contaminants – et surtout le plomb, neurotoxine dangereuse – sont inodores et incolores. Il n’y a donc aucun moyen de savoir si les dangers de l’exposition au plomb se trouvent uniquement dans vos <a href="https://doi.org/10.1016/j.envint.2021.106582">sols à l’extérieur</a> ou vos <a href="https://www.abcb.gov.au/sites/default/files/resources/2020/Lead_in_Plumbing_Products_and_Materials.pdf">canalisations d’eau</a> ou s’ils se trouvent également sur le <a href="https://theconversation.com/house-dust-from-35-countries-reveals-our-global-toxic-contaminant-exposure-and-health-risk-172499">parquet de votre salon</a>.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/house-dust-from-35-countries-reveals-our-global-toxic-contaminant-exposure-and-health-risk-172499">Nos études</a> suggèrent tout de même l’existence d’un lien très fort entre le plomb présent dans votre <a href="https://www.mapmyenvironment.com">maison et celui présent dans le sol de votre jardin</a>.</p>
<p>La raison la plus probable de cette relation ? Les courants d’air, les chaussures et autres pattes de chien et de chat qui les rapportent à l’intérieur…</p>
<h2>Anticiper les problèmes pour les éviter</h2>
<p>D’où l’important de s’assurer que les matières provenant de votre environnement extérieur restent là où elles se trouvent (nous avons des conseils <a href="https://www.360dustanalysis.com/pages/interpreting-your-results">ici</a>, par exemple passez une serpillière ou un torchon humide au lieu de balayer ou dépoussiérer à sec, lavez à part les vêtements de travail ou chargés de poussière, etc.)</p>
<p>Un <a href="https://www.wsj.com/articles/heres-why-ill-be-keeping-my-shoes-on-in-your-shoeless-home-11644503227">article récent du Wall Street Journal</a> soutient que les chaussures à la maison ne sont pas si mauvaises. L’auteur soulignait qu’<em>E. coli</em> – une bactérie potentiellement dangereuse qui se développe notamment dans les intestins de nombreux mammifères, y compris les humains – est tellement répandue qu’elle est présente partout. Il n’est donc pas surprenant qu’elle puisse être prélevée sur des semelles de chaussures (96 % des semelles de chaussures, comme le souligne l’article).</p>
<p>Mais soyons clairs. Même s’il est agréable d’être scientifique et de s’en tenir au terme <em>E. coli</em>, cette bactérie, pour le dire crûment, est associée au caca…</p>
<p>Que ce soit la nôtre ou celle de Médor, elle peut nous rendre très malades si nous y sommes exposés à des niveaux élevés. Et avouons-le, c’est tout simplement dégoûtant.</p>
<p>Pourquoi la promener à l’intérieur de votre maison si vous avez une alternative très simple : enlever vos chaussures à la porte ?</p>
<h2>Préférez le « sans chaussures »</h2>
<p>Y a-t-il des inconvénients à avoir une maison sans chaussures ?</p>
<p>Au-delà de l’<a href="https://www.washingtonpost.com/lifestyle/wellness/feet-toes-broken-pain-covid/2021/01/11/470d2efa-4a05-11eb-a9f4-0e668b9772ba_story.html">orteil occasionnellement écrasé</a>, du point de vue de la santé environnementale, il n’y a pas beaucoup d’inconvénients à abandonner bottes et escarpins à l’entrée de son chez-soi. En laissant vos chaussures sur le paillasson, vous laissez également à la porte des agents pathogènes potentiellement dangereux.</p>
<p>Nous savons tous que la prévention est bien meilleure que le traitement. Enlever ses chaussures est une activité de prévention basique et facile pour beaucoup d’entre nous.</p>
<p>Vous avez besoin de chaussures, de semelles pour soutenir vos pieds ? C’est simple : privilégiez le chausson ou la « chaussure d’intérieur » jamais portée à l’extérieur.</p>
<p>Reste la question du « syndrome de la maison stérile », qui fait référence à l’augmentation des taux d’allergies chez les enfants. Certains affirment qu’il est lié à des foyers trop stériles.</p>
<p>En effet, un <a href="https://www.jacionline.org/article/S0091-6749(10)00907-3/fulltext">peu de saleté est probablement bénéfique</a>, puisque des études indiquent qu’elle contribue à développer le système immunitaire et à réduire le risque d’allergies.</p>
<p>Mais il existe des moyens plus efficaces et moins dégoûtants d’y parvenir que de se promener à l’intérieur avec des chaussures sales… Sortez, faites une promenade dehors, profitez du grand air !</p>
<p>Inutile donc de ramenez chez vous particules polluées, de déjections animales ou de pathogènes divers qui viendront s’accumuler et contaminer cuisines et chambres perçues comme des havres de paix et de sécurité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179416/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Patrick Taylor a reçu un financement via une subvention du gouvernement australien pour la science citoyenne (2017-2020), CSG55984 'Citizen insights to the composition and risks of household dust' (le projet DustSafe). Il est professeur honoraire à l'Université Macquarie et employé à temps plein de l'EPA Victoria, nommé au rôle statutaire de scientifique environnemental en chef.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Filippelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>C’est désormais prouvé : nos chaussures sont de véritables nids à microbes ramenés de l’extérieur. Se déchausser à l’entrée est la meilleure façon de protéger son intérieur d’infections, plomb, etc.Mark Patrick Taylor, Chief Environmental Scientist, EPA Victoria; Honorary Professor, School of Natural Sciences, Macquarie UniversityGabriel Filippelli, Chancellor's Professor of Earth Sciences and Executive Director, Indiana University Environmental Resilience Institute, Indiana UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1574522021-05-04T17:35:45Z2021-05-04T17:35:45ZComme votre intestin, la forêt a besoin de son microbiote<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/397112/original/file-20210426-19-1xrp6f5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2533%2C1705&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un brin de mousse grossi 400&nbsp;fois, vu en microscopie électronique à balayage après un séchage qui permet de préserver l’intégrité architecturale de la mousse et de son microbiote.</span> <span class="attribution"><span class="source">V. Baton et K. Comte</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Et oui, les mousses aussi ont un microbiote, mais à défaut d’être interne, comme celui de nos intestins, il est à la surface de la mousse. Celle-ci est colonisée notamment par des bactéries, des champignons, des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Protista">protistes</a> et des invertébrés.</p>
<p>Ce brin de mousse terrestre par exemple, de l’espèce <em>Thuidium tamariscinum</em>, a été prélevé dans la forêt de Fontainebleau en avril 2017. Autour de sa tige centrale, on voit des feuilles couvertes de petites protubérances arrondies, les « mamilles ». Sur la tige, de fines ramifications apparaissent : ce sont des structures photosynthétiques secondaires, les « paraphylles », dont le rôle et l’origine sont sujets à controverse depuis plusieurs décennies. Et ce qui brille ici par sa relative absence, c’est le microbiote de la mousse, que l’on appelle la « bryosphère ». Ces différentes composantes biologiques sont dépendantes des conditions environnementales et météorologiques, et en particulier de la pollution alentour.</p>
<h2>Les mousses terrestres pour évaluer la pollution localement</h2>
<p>Les mousses sont d’excellents <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bioindicateur">bio-indicateurs</a> de la qualité de l’air. En effet, contrairement aux végétaux « supérieurs », elles ne possèdent pas de racines et doivent donc se procurer les éléments dont elles ont besoin en les absorbant dans l’atmosphère. Elles sont donc particulièrement exposées à la pollution atmosphérique en métaux lourds et en azote, et en utilisant des facteurs de conversion appropriés, les concentrations analysées dans les mousses peuvent être comparées aux teneurs en éléments traces dans les zones contaminées.</p>
<p>Cette capacité de « bioaccumulation », c’est-à-dire d’accumuler des substances polluantes organiques ou inorganiques à partir du milieu ambiant, est utilisée dans plusieurs programmes nationaux et européens de surveillance et dans le cadre de la convention de Genève sur la <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/convention_sur_la_pollution_atmospherique_transfrontiere_a_longue_distance.php4">pollution atmosphérique transfrontière à longue distance</a>.</p>
<p>L’objectif majeur du dispositif français <a href="http://bramm.mnhn.fr/category/bramm/">BRAMM</a>, pour « Biosurveillance des retombées atmosphériques métalliques par les mousses », est de surveiller l’évolution de 26 éléments chimiques polluants. Sur 445 sites français, tous les 5 ans depuis 1996, le contenu en éléments traces de cinq types de mousses Bryopsidées, dont <em>T. tamariscinum</em>, est analysé par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Spectrom%C3%A9trie_de_masse">spectrométrie de masse</a>. Cette approche globale de surveillance biologique est complémentaire à celle utilisant des capteurs physico-chimiques. Elle permet de dresser une cartographie à l’échelle nationale identifiant les zones qui, bien qu’elles soient souvent éloignées des sources de contamination, sont exposées aux polluants présentant un risque sanitaire pour les populations.</p>
<p>Cette surveillance montre que la concentration en polluants mesurée dans les mousses et dans l’atmosphère varie avec les saisons, de façon parfois importante, et aussi imprévisible. Plusieurs causes ont été proposées, par exemple l’âge et la morphologie de la mousse ou les conditions météorologiques et microclimatiques.</p>
<h2>Notre brin de mousse, la météo et la pollution de l’air</h2>
<p>Avril 2017 était un printemps sec, et la présence de ces paraphylles corrobore l’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00378941.1967.10838522">hypothèse</a> selon laquelle ces structures se développeraient pour accroître la capacité de photosynthèse en période sèche. Le développement des paraphylles forme de plus un feutrage épais à la surface de la tige, ce qui permettrait aussi – secondairement – de retenir un maximum d’eau pour la survie de la mousse. Les paraphylles seraient un des mécanismes de protection pour survivre aux conditions arides.</p>
<p>Bien que cette hypothèse soit actuellement controversée, nous avons effectivement pu observer de très fortes variations des paraphylles entre un hiver pluvieux et doux et un printemps sec et doux sur la même espèce de mousse issue du même site d’étude.</p>
<p>Nous ajoutons une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10021-010-9336-3">hypothèse</a> d’étude qui reste à vérifier. Nous pensons que la « bryosphère » – le microbiote de la mousse – pourrait être responsable des variations saisonnières en absorbant et bioaccumulant une partie des contaminants atmosphériques. Par exemple, plusieurs études montrent que le groupe très présent des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyanobacteria">cyanobactéries</a> est capable de transformer l’azote atmosphérique en azote organique et de former une véritable symbiose avec la mousse. D’autres sont capables de bioaccumuler certains métaux lourds, tels que le plomb et le cuivre.</p>
<p>Les paraphylles que nous voyons sur cette photo ont donc un double intérêt. D’une part, elles pourraient influer sur un processus biologique, en réduisant drastiquement l’habitat disponible pour le développement de la bryosphère : on ne voit que très peu de microorganismes sur la tige et les feuilles. D’autre part, elles pourraient affecter un mécanisme physique, en perturbant le ruissellement des dépôts humides métalliques le long de la tige et par conséquent diminuer la capacité d’absorption extracellulaire de la mousse.</p>
<p>Ces prochaines années, un des enjeux sera de distinguer les variations inhérentes aux processus physiologiques de la mousse et de son microbiote et celles liées aux facteurs dits « abiotiques », c’est-à-dire la quantité des polluants et la météo. Ainsi, on pourra renforcer la fiabilité des résultats et mieux évaluer la valeur réelle des mousses comme bio-indicateurs de la qualité de l’air aux niveaux national et européen.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit par Géraldine Toutirais, ingénieure d’étude au MNHN. L’image est issue du travail de master 2 de Valentin Baton de 2017.</em></p>
<p><em>Le dispositif français BRAMM (Biosurveillance des retombées atmosphériques métalliques par les mousses) est sous l’égide du Muséum national d’histoire naturelle et la direction scientifique de Sébastien Leblond depuis 2005</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157452/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Katia Comte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ce brin de mousse ressemble à une forêt microscopique qui abrite tout un écosystème.Katia Comte, Maitre de conférences HDR, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1522762021-01-13T18:14:25Z2021-01-13T18:14:25ZPollution de l’air en ville : cartographie, microcapteurs et sciences participatives<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/377562/original/file-20210107-19-l2tzc9.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C15%2C1695%2C793&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Mesurer la pollution, alors que les sources bougent et que la météo change, n’est pas une mince affaire. Carte participative de la pollution aux particules fines (PM 10) réalisée à Rennes dans le cadre de l’opération de mesure citoyenne Ambassad’Air.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.wiki-rennes.fr/Capteurs_Sensor_Community">WikiRennes</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Imaginez que vous déménagiez avec votre famille et que vous soyez à la recherche d’un logement dans une grande ville que vous ne connaissez pas. Vous êtes attentif·ve au choix du quartier, mais vous vous intéressez aussi à la qualité de l’air, côté santé. En consultant le site de l’<a href="https://atmo-france.org/la-carte-des-aasqa/">organisme agréé de surveillance de la qualité de l’air de votre région</a>, vous constatez, perplexe, que des données apparaissent pour votre quartier, mais que ce dernier est pourtant dépourvu de station de mesure. Comment cela est-il possible ?</p>
<p>Les organismes en charge de la surveillance de la qualité de l’air utilisent des modèles pour « boucher les trous » entre les stations de mesures. Problème : les sources d’émission et la météo sont par nature extrêmement fluctuantes et les modèles peinent à prendre en compte ces variations permanentes. C’est pourquoi les simulations et prévisions présentent des taux d’incertitude nettement plus élevés que les données des stations de référence (<a href="https://project.inria.fr/anr-estimair/">50 % ou plus dans certains cas</a>).</p>
<p>Or, les cartes fournies sur les sites de surveillance ne montrent pas les incertitudes. Il est ainsi difficile d’organiser le trafic urbain pour réduire la pollution partout à la fois : on a vu à Paris que le manque de précision sur le niveau de pollution dans les rues avoisinantes avait conduit à des <a href="https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75005/voies-sur-berge-fermees-le-rapport-d-airparif-alimente-la-polemique-10-10-2017-7322295.php">débats</a>, <a href="https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/voies-sur-berge-fermee-paris-tribunal-administratif-paris-annule-decision_15633565.html">expertises</a> et <a href="https://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Voies-sur-berge-fermees-une-polemique-sans-precedent-838054">contre-expertises</a> lors de la fermeture des voies sur berge de la Seine.</p>
<h2>Comment marche la surveillance de la qualité de l’air ?</h2>
<p>Les organismes agréés sont aussi appelés « AASQA » (association agréée de surveillance de la qualité de l’air). Il s’agit par exemple d’Atmosud dans la région PACA ou d’AirParif en Île-de-France. Ils ont pour mission principale de surveiller et de prévoir la qualité de l’air extérieur en continu, d’informer le public et les autorités concernées, et de réaliser régulièrement un relevé de toutes les émissions mesurées – particules fines, oxydes d’azote, ozone – pour une période donnée sur la région.</p>
<p>Ces <a href="https://www.airparif.asso.fr/methodes-surveillance/emissions">« inventaires d’émission »</a> sont produits à partir des mesures issues de stations de référence fixes, composées d’instruments professionnels. L’achat des instruments, leur maintenance et leur exploitation représentent un coût élevé, qui relève principalement des collectivités territoriales. Par ailleurs, les conditions de mesures répondent à un cahier des charges précis : hauteur au-dessus du sol, entrée de l’air dans les capteurs, échantillonnage, entre autres.</p>
<p>En complément, les organismes agréés utilisent des modèles numériques ou statistiques qui s’appuient sur les inventaires, le trafic moyen, et aussi la météo du jour pour estimer la répartition des principaux polluants dans la région considérée. C’est grâce à cette combinaison entre mesures et modélisations qu’il est possible d’établir des cartographies de la qualité de l’air qui couvrent l’ensemble du territoire, sans déployer des capteurs à chaque coin de rue. Mais il reste le problème des incertitudes liées aux fluctuations imprévisibles des sources de pollution, et de la météo.</p>
<h2>Les microcapteurs au service de cartographies dynamiques</h2>
<p>Dès lors, on comprend pourquoi les acteurs de la surveillance de la qualité de l’air dans les territoires s’intéressent à l’arrivée sur le marché depuis quelques années de petits capteurs, mobiles et de relativement faible coût (quelques centaines d’euros en général), par rapport à celui des capteurs installés dans les stations de référence (pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros, selon le capteur, ses performances, entre autres). Ces « microcapteurs » permettraient de multiplier les points de mesure, et apportent donc l’espoir d’amélioration de la résolution spatiale des cartographies journalières et des modèles qui intégreraient leurs données.</p>
<p>Ceux-ci peuvent être déployés dans le cadre de dispositifs de mesure fixes ou expérimentaux par les organismes agréés, mais aussi acquis par des citoyens, indépendamment des réseaux de surveillance de la qualité de l’air. Dans l’idéal, les données pourraient être renvoyées aux organismes agréés pour compléter le réseau de mesure de la pollution. En pratique actuellement, certaines sont traitées directement par les entreprises fournissant les capteurs, ou sont utilisées dans le cadre de projets de recherche.</p>
<p>Mais les conditions de mesure des microcapteurs sont-elles équivalentes à celles des stations de référence ? Les <a href="https://theconversation.com/la-pollution-peut-tuer-comment-connaitre-sa-propre-exposition-151397">premiers retours d’expérience font apparaître</a> que ces microcapteurs exploitent des détecteurs de moindre qualité et qu’ils présentent le risque de ne pas être étalonnés régulièrement. En raison du manque de fiabilité des détecteurs utilisés, les données fournies sont moyennées, le plus souvent sur une minute, ce qui représente un pas de temps trop long pour être significatif quand la personne qui porte le capteur est en mouvement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377556/original/file-20210107-15-16tspq7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Avec un capteur mesurant les particules toutes les minutes, que mesure t-on ? Exemple d’un trajet rue Cuvier à Paris depuis la rue Jussieu jusqu’au quai St-Bernard : le piéton perçoit les variations liées au passage d’un véhicule (à gauche) puis il s’approche du quai, où la pollution est forte. En trottinette, le passage du véhicule est occulté mais l’augmentation près du quai est détectée. A vélo, l’unique mesure ne permet pas de distinguer les événements.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphane Pawlak et Laurence Eymard</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La mise en place d’un réseau de mesure de la qualité de l’air soulève un bon nombre de difficultés (logistique, technique et scientifique). Ces difficultés sont bien sûr exacerbées quand des microcapteurs peu précis et demandant des protocoles d’utilisation stricts sont utilisés par des volontaires qui ne sont pas formés aux « contraintes » de la réalisation d’une mesure utilisable par le réseau de surveillance !</p>
<h2>Captation citoyenne et co-construction de connaissances nouvelles</h2>
<p>La mobilisation de citoyens pour mettre en place de réseaux de capteurs fait actuellement l’objet de <a href="https://caspa.fr/wp-content/uploads/2020/06/Compte-rendu_Colloque_CASPA_2019.pdf">nombreux projets de recherche</a>.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377564/original/file-20210107-16-yp9kz3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Frida Box permettait de mesurer le CO₂, entre autres applications connectées, développée par Arslonga.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:La_Frida_Box,_Futur_en_Seine,_place_de_la_Bastille_(3586033389).jpg">Jean‑Pierre Dalbéra, Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains projets portent surtout sur les usages des microcapteurs : qu’est-ce qui est mesuré, par qui, comment et pourquoi, par exemple les projets <a href="https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/actualite/mobicitair-les-resultats-de-lexperimentation-citoyenne">Mobicit’Air</a> à Grenoble et <a href="https://www.airbreizh.asso.fr/le-projet-ambassadair/">Ambassad’Air</a> à Rennes.</p>
<p>D’autres, contribuent à une meilleure connaissance de la pollution par la construction d’une cartographie participative de la qualité de l’air en milieu urbain, c’est le cas du projet <a href="https://budgetparticipatif.paris.fr/bp/jsp/site/Portal.jsp?document_id=3821&portlet_id=158">Respirons mieux</a>, dans le 20e arrondissement de Paris.</p>
<p>Notre projet Expo’Ped, en partenariat avec la mairie d’Ivry-sur-Seine, explore également cette dimension de cartographie en associant un groupe de personnes à la construction de connaissances sur leur quartier, intégrant la qualité de l’air. À terme, ce projet pourrait conduire à une réorganisation de la circulation dans le quartier.</p>
<p>Pour débuter ce projet, nous avons décidé de fournir aux participant·es des bases sur la pollution qu’ils vont mesurer (composition, sources, diffusion dans l’atmosphère…). De plus, le fonctionnement, les limites techniques du capteur utilisé, et la nécessité des opérations d’étalonnage seront expliqués pour que le capteur ne soit pas une « boîte noire ». L’objectif est que les participant·es au projet se sentent libres de faire des expériences par eux-mêmes, et acquièrent un savoir empirique qui leur permettra de contribuer à l’élaboration des protocoles de mesures : hauteur de mesures, contexte, durée minimale, etc. En croisant leurs observations, et en échangeant avec des scientifiques spécialistes, les volontaires deviendront capables d’exploiter leur capteur, tant pour cartographier la pollution que <a href="https://theconversation.com/la-pollution-peut-tuer-comment-connaitre-sa-propre-exposition-151397">pour évaluer leur exposition individuelle</a>. La personne porteuse étant active et informée, elle n’est pas simplement un « support » mobile d’acquisition de données exploitées par d’autres. Autre avantage, les données collectées peuvent être exploitées scientifiquement.</p>
<p>À l’issue du projet, nous espérons que chaque participant·e, tirant des enseignements des résultats obtenus, saura adapter son comportement dans sa vie quotidienne : éviter de rester près d’une source de pollution lors de ces déplacements en ville, analyser les principales sources de pollution susceptibles d’affecter sa santé et réduire ses propres émissions.</p>
<p>La plupart des projets de sciences participatives ont cette vocation double de construction de connaissances et de mise en capacité des participant·es. Dans, cette optique, la communauté scientifique <a href="https://caspa.fr">Capteurs et Sciences Participatives</a> s’est constituée pour échanger sur les bonnes pratiques des sciences participatives utilisant des capteurs, dans divers domaines environnementaux et en particulier sur la qualité de l’air.</p>
<p>Et vous, seriez-vous prêt·e à contribuer à un projet d’observation participative de la pollution atmosphérique ?</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été coécrit par Jeremy Hornung, de l’association <a href="https://www.helloasso.com/associations/participant-e-s-citoyen-ne-s-pour-l-environnement-et-les-sciences-particitenv-s/">PartiCitEnv’s</a>. Florence Huguenin-Richard, maîtresse de conférence en géographie dans l’unité Médiations, coordonne le projet Expo’Ped, qui est financé par Sorbonne Université</em>.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=609&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=609&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=609&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article fait partie de la série « Les belles histoires de la science ouverte » publiée avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Pour en savoir plus, visitez le site <a href="https://www.ouvrirlascience.fr/">Ouvrirlascience.fr</a>.</em></p>
<hr><img src="https://counter.theconversation.com/content/152276/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Eymard a reçu des financements de Sorbonne Université et l'institut de la transition environnementale (SU-ITE). Elle est membre de l'association PartiCitEnv'S. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laure Turcati coordonne l'observatoire participatif de l'environnement urbain PartiCitaE <a href="http://www.particitae.upmc.fr">http://www.particitae.upmc.fr</a>, pour lequel elle a reçu des financements de l'Institut de la Transition Environnementale de Sorbonne Université <a href="https://www.su-ite.eu/">https://www.su-ite.eu/</a>. Elle est membre du projet Expo'Ped financé par Sorbonne Université. Elle est membre de l'association PartiCitEnv'S <a href="https://www.helloasso.com/associations/participant-e-s-citoyen-ne-s-pour-l-environnement-et-les-sciences-particitenv-s/">https://www.helloasso.com/associations/participant-e-s-citoyen-ne-s-pour-l-environnement-et-les-sciences-particitenv-s/</a></span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sébastien Payan a reçu des financements de la Fondation Sorbonne Université.</span></em></p>La formation des utilisateurs de microcapteurs citoyens et l’expérimentation sont au cœur de projets participatifs, entre science de l’atmosphère, des capteurs, et méthode scientifique.Laurence Eymard, Directrice de recherche CNRS émérite, chercheuse dans le domaine du climat et de l'environnement, Sorbonne UniversitéLaure Turcati, Ingénieure de recherche en sciences participatives, Sorbonne UniversitéSébastien Payan, Professeur, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1513972020-12-10T18:24:22Z2020-12-10T18:24:22ZLa pollution peut tuer – comment connaître sa propre exposition ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/373282/original/file-20201207-15-1l0ijc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1448%2C1911%2C1135&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les stations fixes de mesure de la pollution urbaine donnent des valeurs moyennes ou extrapolées, pour les zones où elles ne sont pas installées.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/-Iyyx7x5XvU">Nathan Dumlao / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La justice britannique a reconnu pour la première fois le <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/16/la-pollution-a-contribue-a-la-mort-d-une-fillette-a-londres-selon-la-justice-britannique_6063600_3244.html">rôle de la pollution dans le décès d’un enfant</a> ce mercredi 16 décembre 2020. En France, plusieurs métropoles dépassent régulièrement les seuils réglementaires et l’État français a été <a href="https://www.dalloz-actualite.fr/sites/dalloz-actualite.fr/files/resources/2019/10/c-63618.pdf">condamné à plusieurs reprises</a> pour « action insuffisante » par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE). </p>
<p>L’OMS indique que <a href="https://www.who.int/fr/news-room/detail/02-05-2018-9-out-of-10-people-worldwide-breathe-polluted-air-but-more-countries-are-taking-action">7 millions de morts sont dus à la pollution atmosphérique</a> chaque année dans le monde, principalement via des pathologies respiratoires et cardiovasculaires. L’air que nous respirons est-il toxique ? La réponse est oui.</p>
<p>Les citadins sont les plus exposés à ce risque de surmortalité, lié aux concentrations élevées que les polluants gazeux et particulaires peuvent atteindre. Les populations urbaines subissent, en effet, non seulement les pollutions issues de sources d’émission locales (transports urbains et chauffage principalement), mais aussi les pollutions diffuses transportées par les courants aériens sur de longues distances (émissions industrielles, pesticides, pollens, aérosols divers).</p>
<p>Portant, estimer son exposition individuelle à la pollution de l’air urbaine représente encore un véritable défi, notamment en raison de limites techniques. Mais depuis quelque temps, de nouvelles démarches centrées sur l’humain viennent renouveler la façon d’aborder le problème.</p>
<h2>Des stations de référence aux microcapteurs</h2>
<p>Depuis les années 1970, un vaste réseau de surveillance et de prévision de la qualité de l’air a été progressivement déployé sur l’ensemble du territoire national. Il s’appuie sur un parc de stations dites « de référence » et est géré à l’échelle de chaque région par des structures dédiées, les <a href="https://atmo-france.org/la-carte-des-aasqa/">associations agréées de surveillance de la qualité de l’air</a>.</p>
<p>Les points de mesure sont peu nombreux, mais les instruments sont implantés dans des zones soigneusement choisies et les capteurs utilisés sont rigoureusement étalonnés et exploités. Les associations de surveillance utilisent également des modèles numériques ou statistiques pour estimer la répartition des principaux polluants dans la région considérée.</p>
<p>Cependant, si la rue dans laquelle vous habitez ne dispose pas d’une station de mesure, ce qui a de grandes chances d’être le cas, l’estimation fournie ne correspond en fait qu’à la moyenne statistique du quartier, elle-même élaborée à partir d’un inventaire des sources fixes et du trafic moyen horaire, en tenant compte de la météorologie du jour, le vent surtout.</p>
<p>Autrement dit, si vous cherchez à connaître votre exposition personnelle à la pollution de l’air à partir du dispositif de surveillance national, vous n’obtiendrez dans le meilleur des cas qu’une valeur moyenne, pour un polluant donné. Difficile d’en déduire une information fiable sur votre exposition personnelle à la « pollution de l’air » et encore moins au risque sanitaire que cette exposition représente pour vous.</p>
<p>Or, depuis quelques années, on observe l’arrivée sur le marché de « microcapteurs » qui portent avec eux la promesse d’une mesure précise et fiable de son exposition individuelle à la pollution de l’air. Ces instruments de mesure de petite taille et que l’on porte avec soi, accessibles au prix d’un smartphone, pourraient-ils changer la donne ?</p>
<h2>Des limites à la conception, à la mesure et à l’utilisation</h2>
<p>Un capteur se compose d’un système de détection pour un ou plusieurs polluants, par exemple une diode laser dont le faisceau est atténué ou diffusé par le passage des particules polluantes ; d’un système électronique pour enregistrer le signal ; d’un micro-ordinateur pour l’interpréter (par exemple, convertir l’atténuation du faisceau lumineux durant un temps donné en nombre de particules). Il collecte souvent aussi l’heure, la position, la température et l’humidité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/372810/original/file-20201203-19-7o87bt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les microcapteurs construits en fab lab ou fabriqués par des entreprises sont des instruments complexes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">source ?</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans le cas des stations de référence, la « mesure » d’un polluant est un processus complexe qui nécessite de nombreux tests de qualification en amont ainsi qu’une maintenance coûteuse tout au long de sa durée de vie. Pour garantir la fiabilité des données générées, le capteur doit respecter des conditions d’usage particulières et doit être stationnaire le temps de la mesure notamment. Enfin, pour comparer les données de plusieurs capteurs, les conditions de mesures doivent être similaires : hauteur au-dessus du sol, entrée de l’air dans les capteurs, durée d’intégration des mesures primaires, entre autres.</p>
<p>Les microcapteurs individuels répondent à un cahier des charges différent : ils exploitent des détecteurs de <a href="https://www.atmosud.org/sites/paca/files/atoms/files/180518_biblio_microcapteur_2018.pdf">moindre qualité</a>, ils ne sont pas étalonnés régulièrement et ils fournissent des informations souvent intégrées sur une minute au moins pour avoir une précision acceptable. Leur usage est à chaque fois particulier : le capteur peut être en mouvement ou accroché différemment chaque jour par exemple.</p>
<p>Plus problématique encore, pour un modèle donné, chaque capteur se comporte différemment et il n’existe pas encore de stratégie d’étalonnage unique. De plus, tous les instruments sont sujets au phénomène de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89talonnage_(m%C3%A9trologie)">« dérive de la mesure »</a>, qui peut intervenir à des moments différents pour chaque capteur. Dans le cas des microcapteurs, il <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2020/111/meteo_2020_111_45">semblerait</a> selon nos études que la dérive intervienne beaucoup plus rapidement que pour les instruments homologués pour différentes raisons, notamment la robustesse des principes de détection, la miniaturisation des composants de détection, la protection vis-à-vis de perturbations environnementales (température, humidité).</p>
<p>Enfin, l’utilisation de ces microcapteurs par des personnes non formées à leurs usages introduit une source d’erreur supplémentaire : la mauvaise manipulation, par exemple capteur dans la poche ou masqué par une écharpe.</p>
<p>Lorsque l’on fait l’acquisition d’un microcapteur pour son usage personnel, il est donc important de garder à l’esprit que l’on utilise un instrument qui, <em>de facto</em>, ne respecte pas les mêmes standards de qualité que les stations de référence.</p>
<h2>Des limites à l’exploitation des mesures</h2>
<p>Pour permettre un suivi fiable de sa propre exposition, il est nécessaire de contrôler la qualité des données du capteur. L’approche la plus courante consiste à demander aux porteurs de capteurs mobiles de se rendre périodiquement près d’une station de mesure fixe ou bien de comparer systématiquement les mesures des différents capteurs lorsqu’ils sont à proximité les uns des autres, pour effectuer un inter-étalonnage.</p>
<p>Une autre difficulté vient du fait que la détection d’un pic d’exposition extrême par le capteur mobile est souvent difficile à caractériser : s’agit-il du toast qui a brûlé dans le grille-pain ? Du camion à l’arrêt moteur allumé depuis 10 minutes ? En ayant connaissance de ces éléments contextuels et en les documentant sous la forme de métadonnées, il est possible d’éliminer les faux positifs a posteriori, mais cela implique une attention accrue et un travail supplémentaire au moment de la collecte. Le traitement des données représente donc un défi en soi. On peut y répondre en partie grâce à d’un protocole rigoureux, mais il faut y sensibiliser les usagers de microcapteurs.</p>
<h2>Impliquer les individus dans l’estimation de leur exposition</h2>
<p>Si, comme on l’a relevé, la plupart des difficultés rencontrées sont de nature technique, les solutions à ces mêmes problèmes pourraient bien reposer en partie sur un recentrage des dispositifs vers l’humain, en particulier à travers des « sciences citoyennes » ou « sciences participatives ».</p>
<p><a href="http://www.mobicitair.fr/">Former</a> les usagers à l’utilisation de leur instrument et les <a href="http://www.wiki-rennes.fr/Ambassad%27Air">associer</a> à la <a href="https://aircitizen.org/">co-construction</a> de connaissances est en effet triplement vertueux : une telle démarche représente à la fois un intérêt sociétal (implication citoyenne, développement de la culture scientifique), un intérêt industriel (<em>feed-back</em> utilisateurs, mise à l’épreuve des instruments dans un contexte scientifique), et bien sûr un intérêt scientifique, car cela permet d’augmentation le volume et la représentativité des données et la sécurisation de la qualité de données : les données générées deviennent plus exploitables et plus utiles pour tous.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit par Jérémy Hornung, de l’association PartiCitEnv’s (anciennement <a href="http://www.particitae.upmc.fr/fr/index.html">PartiCitaE</a>)</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151397/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Eymard est membre de l'association PartiCitEnv'S (Participation Citoyenne pour l'Environnement et les Sciences). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laure Turcati coordonne l'observatoire participatif de l'environnement urbain ParticitaE porté par Sorbonne Université.
Elle est membre de l'association PartiCitEnv'S (Participation Citoyenne pour l'Environnement et les Sciences). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sébastien Payan a reçu des financements de la Fondation Sorbonne Université. </span></em></p>La pollution de l’air est mesurée par un vaste réseau de surveillance, auquel s’ajoutent désormais des capteurs individuels commerciaux ou citoyens. Quelle est leur fiabilité ?Laurence Eymard, Directrice de recherche CNRS émérite, chercheuse dans le domaine du climat et de l'environnement, Sorbonne UniversitéLaure Turcati, Ingénieure de recherche en sciences participatives, Sorbonne UniversitéSébastien Payan, Professeur, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1271472019-12-04T18:59:54Z2019-12-04T18:59:54ZPortrait-robot de la pollution de l’air à Abidjan<p>Véritable poumon économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan attire une population de plus en plus nombreuse qui devrait atteindre les 8 millions en 2030, le pays comptant actuellement près de 26 millions d’habitants.</p>
<p>Comme toutes les grandes métropoles, Abidjan souffre de la pollution de l’air, ce tueur qualifié de « silencieux » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui est responsable de plus de <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/story/air-pollution-africas-invisible-silent-killer-1">7 millions de décès</a> chaque année à l’échelle mondiale. Parmi les polluants responsables de cette hécatombe, les particules fines font figure de suspect numéro 1.</p>
<p>Les récentes campagnes de mesures de la qualité de l’air révèlent que le niveau de particules fines dans la métropole ivoirienne serait d’un <a href="https://doi.org/10.5194/acp-18-6275-2018">facteur 3 supérieur</a> aux recommandations de l’OMS.</p>
<p>Les études épidémiologiques s’accordent sur les ravages provoqués sur la population par l’inhalation de ces particules, en particulier <a href="https://www.who.int/fr/news-room/detail/06-03-2017-the-cost-of-a-polluted-environment-1-7-million-child-deaths-a-year-says-who">sur les enfants</a>, même si cet impact était encore largement <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-018-0263-3">sous-estimé en Afrique</a>.</p>
<p>Or ces émissions de particules vont connaître une véritable explosion sur le continent africain et représenter <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/9/3/035003">jusqu’à 50 % des émissions globales</a> pour certains polluants à l’horizon 2030.</p>
<h2>Woro-woro, G’baka et SUV</h2>
<p>À l’instar des grandes villes d’Afrique l’Ouest, Abidjan a des spécificités en matière de sources de particules aérosol. Sporadiquement, des épisodes de pollution aux particules peuvent avoir une origine naturelle, en relation avec les épisodes de vent d’Harmattan venant du nord et transportant des poussières minérales.</p>
<p>Néanmoins, le trafic automobile figure de façon attendue parmi les premiers émetteurs de polluants. Ce dernier est saturé dans toute la métropole. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/W%C3%B4r%C3%B4-w%C3%B4r%C3%B4">Woro-woro</a> hors d’âge et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gbaka">G’baka</a> surchargés y côtoient les derniers SUV à mode. Dans le quartier populaire de Yopougon, l’immense majorité des véhicules roulent au diesel et les les deux tiers des véhicules ont <a href="https://doi.org/10.3390/en11092300">plus de 10 ans d’âge</a>.</p>
<p>Malgré le récent décret pris pour interdire l’importation des véhicules de plus de cinq ans (les fameux « France au revoir »), le parc roulant reste vétuste et polluant. Or, plus les véhicules sont anciens, plus leur taux d’émission de particules est important.</p>
<p>Les récentes mesures effectuées à Abidjan sur ces véhicules usagés montrent des facteurs d’émission pour les particules carbonées ponctuellement <a href="https://doi.org/10.5194/acp-18-7691-2018">100 fois supérieures</a> aux véhicules les plus récents. Le même constat est fait pour les émissions de composés organiques volatils. La réévaluation des émissions de ces composés suggère que ces émissions ont été jusqu’à présent sous-évaluées d’un <a href="https://doi.org/10.5194/acp-19-11721-2019">facteur 50 à 100</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/PxpS5Y9ZoYU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En Côte d’Ivoire, la réforme du marché du véhicule d’occasion. (TV5 Monde, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Une métropole « enfumée »</h2>
<p>À la vétusté du parc roulant et l’engorgement systématique des voies de circulation, s’ajoutent d’autres sources d’émissions de polluants atmosphériques bien caractéristiques de la ville africaine.</p>
<p>L’une des particularités est l’utilisation du fumage traditionnel pour la conservation du poisson et de la viande.</p>
<p>Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ <a href="http://www.fao.org/cote-divoire/actualites/detail-events/en/c/1032181/">2/3 de la pêche</a> réalisée est conservée grâce à cette méthode. Le fumage est effectué par les femmes dans des bidons métalliques alimentés en bois (hévéa) au sein même des quartiers d’habitations. On y grille également l’arachide.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oMvEIm14DF0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Côte d’Ivoire : 50 % des femmes fumeuses de poissons souffrent de troubles respiratoires. (RTI, 2017).</span></figcaption>
</figure>
<p>En plus de contribuer à la <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/story/air-pollution-africas-invisible-silent-killer-1">dégradation de la qualité de l’air</a>, cette technique est dangereuse pour les travailleuses. Les récentes mesures sur les HAP (hydrocarbure polycyclique aromatique) montrent que les seuils sanitaires admis sont <a href="https://doi.org/10.5194/acp-19-6637-2019">dépassés d’un facteur 10</a>.</p>
<p>De manière générale, l’usage de poêle à foyer ouvert est une source intense de pollution dans les pays en développement, touchant <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/household-air-pollution-and-health">particulièrement les femmes et les jeunes enfants</a>. Les changements de pratiques et l’accès à des sources d’énergie moins polluantes devraient permettre de réduire ce type d’émission.</p>
<p>Les projets d’amélioration des infrastructures routières ou de limitation des sources intenses de pollution atmosphérique, comme le brûlage des déchets à l’air libre, vont également dans le sens d’une meilleure qualité de l’air.</p>
<p>Mais faute d’un réseau opérationnel de surveillance de la qualité de l’air, l’évaluation de ce changement reste encore difficile. De plus, la contribution des émissions naturelles, comme celle des poussières sahariennes, est encore largement méconnue.</p>
<p>Les scientifiques ont donc besoin aujourd’hui de <a href="https://www.guapo-air.org/actualites/programme-du-seminaire-international-sur-la-qualite-de-lair-dans-les-villes-dafrique-de">davantage d’observations</a> concernant les concentrations de polluants, leur nature chimique et leur toxicité afin d’anticiper l’explosion de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en Afrique.</p>
<hr>
<p><em>La Région Ile-de-France finance des projets de recherche relevant de Domaines d’intérêt majeur et s’engage à travers le dispositif Paris Région Phd pour le développement du doctorat et de la formation par la recherche en cofinançant 100 contrats doctoraux d’ici 2022. Pour en savoir plus, visitez <a href="https://www.iledefrance.fr//education-recherche">iledefrance.fr/education-recherche</a>.</em></p>
<p><em>Olivier Blond (<a href="https://www.respire-asso.org/">Association Respire</a>) a contribué à l’élaboration de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127147/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Léon a reçu des financements de l’Union européenne dans le cadre du programme FP7 “Dynamics-aerosol-chemistry-cloud interactions in West Africa”.</span></em></p>Le problème de la qualité de l’air dans la capitale économique ivoirienne témoigne de l’explosion de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en Afrique.Jean-François Léon, Chercheur en sciences atmosphériques, Université de Toulouse III – Paul SabatierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1017862018-08-31T00:22:31Z2018-08-31T00:22:31ZExposition aux nanoparticules : un risque pour le cerveau à prendre très au sérieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/233856/original/file-20180828-86135-al23y9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C46%2C2080%2C1332&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nanoparticules d'oxyde de titane sur une surface en acier.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Clustered_titanium_oxide_nanoparticles_on_stainless_steel_-_3.jpg#/media/File:Clustered_titanium_oxide_nanoparticles_on_stainless_steel_-_3.jpg">Iuliia Karlagina/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Vous avez dit « nano » ? On a souvent du mal à se représenter un grain de matière à l’échelle nanométrique : au milliardième de mètre. Pour s’en faire une idée, signalons que le rapport de taille entre la planète Terre et une orange est similaire à celui qui existe entre une orange et une nanoparticule, de taille de un à 100 nanomètres. À l’échelle de l’organisme, elles sont ainsi entre 1 000 fois et 100 000 fois plus petites qu’une seule de nos cellules. Elles n’ont donc aucune difficulté à traverser les barrières biologiques qui protègent nos organes, par exemple la barrière hématoencéphalique autour du cerveau. Faut-il alors s’inquiéter pour notre santé et celle de nos enfants dans la mesure où les nanoparticules colonisent un nombre toujours plus élevé de produits de consommation courante ?</p>
<h2>Cosmétiques et aliments</h2>
<p>Produites naturellement (volcans, feux de forêt…) ou fabriquées par l’homme, les nanoparticules ont des propriétés physico-chimiques uniques. Car plus la taille d’une particule est réduite, plus le rapport surface/volume augmente, plus sa surface d’échange et sa réactivité s’accroissent. De quoi en faire un matériau intéressant pour toutes sortes d’usages. Ainsi, aujourd’hui, les nanoparticules sont de plus en plus utilisées dans différents domaines de l’activité humaine (automobile, électronique, énergie, agroalimentaire, cosmétique, médecine…).</p>
<p>Les nanoparticules d’oxyde de métal, notamment, font partie des nanomatériaux les plus couramment utilisés dans les produits de consommation à usage quotidien tels les peintures, les emballages alimentaires, les aliments eux-mêmes, les crèmes solaires, les dentifrices, ou encore les médicaments. Par exemple, des nanoparticules de dioxyde de silicium sont ajoutées au sel, au sucre et à la farine comme agent antiagglomérant ; les nanoparticules d’argent, elles, sont utilisées dans les emballages alimentaires pour leurs propriétés antibactériennes. Dans les écrans solaires, la présence de nanoparticules d’oxyde de zinc bloque les rayons ultraviolets et rend les crèmes invisibles. Enfin, les nanoparticules de dioxyde de titane sont largement utilisées pour blanchir et augmenter la brillance des confiseries et des dentifrices.</p>
<h2>Danger pour les neurones</h2>
<p>Une des questions majeures soulevées par l’augmentation de la production et de l’utilisation des nanoparticules concerne le risque sanitaire que pourrait engendrer l’exposition croissante, répétée et continue de la population à ces composés chimiques. Inhalées, ingérées ou encore traversant les plans cutanés, les nanoparticules peuvent emprunter le flux sanguin et atteindre l’ensemble des organes pour s’y accumuler.</p>
<p>Chercheurs dans le domaine des neurosciences, nous nous intéressons au développement et au fonctionnement du système nerveux, et plusieurs effets des nanoparticules sur le cerveau ont déjà pu être observés par différentes équipes de recherche à travers le monde. Dans un premier temps, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5610323/">des études ont montré</a> qu’elles peuvent endommager la barrière hématoencéphalique (barrière protectrice du cerveau), ce qui pourrait avoir pour conséquence de la rendre plus perméable à d’autres produits potentiellement neurotoxiques.</p>
<p>Des atteintes des fonctions cérébrales ont également été rapportées chez l’animal : les nanoparticules provoquent chez le rat des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378427412012131?via%3Dihub">déficits de l’apprentissage</a> (nanoparticules de cuivre) et perturbent les mécanismes neuronaux mis en jeu dans la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0142961210008525?via%3Dihub">mémoire</a> (nanoparticules de zinc et de titane). Induisant elles aussi une perturbation du fonctionnement de la barrière hématoencéphalique, les nanoparticules d’argent entraînent une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Distribution%2C+translocation+and+accumulation+of+silver+nanoparticles+in+rats">dégénérescence des cellules nerveuses</a>. Enfin, les nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc peuvent déclencher dans les cellules nerveuses la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0142961209009582?via%3Dihub">production de radicaux libres</a> (appelé stress oxydatif) capables d’induire une mort neuronale et des lésions cérébrales.</p>
<p>En outre, il est important de mentionner que chez la souris, l’exposition maternelle à certaines nanoparticules (notamment de dioxyde de titane) au cours de la gestation affecte le développement normal des fœtus jusqu’à induire des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5576707/">malformations de leur cerveau</a>, montrant ainsi l’existence d’une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21460826">transmission materno-fœtale de ces particules</a> malgré la barrière placentaire.</p>
<h2>Nanoparticules et respiration</h2>
<p>La respiration, fonction vitale, est assurée chez les mammifères par des réseaux de neurones localisés à la base du cerveau dans une région appelée tronc cérébral. L’activité de ces centres respiratoires permet de contracter rythmiquement les muscles de la respiration, assurant ainsi le déplacement de l’air dans les poumons. Tout dysfonctionnement engendre des atteintes de la fonction respiratoire. Dans ce contexte, et avec le soutien de l’<a href="https://www.anses.fr/fr">Agence nationale de sécurité sanitaire</a> et du <a href="http://www.recherche-respiratoire.fr/">Fonds de recherche en santé respiratoire/Fondation du souffle</a>, nous étudions chez des souris et des rats nouveau-nés les effets respiratoires causés par l’exposition aiguë (une seule exposition à des doses élevées) ou chronique (expositions répétées à de faibles doses) aux nanoparticules d’oxyde de zinc ou de dioxyde de titane, nanomatériaux de synthèse parmi les plus couramment utilisés dans des produits de consommation à usage quotidien.</p>
<p>Les résultats sont alarmants ! Ainsi, l’exposition aiguë aux nanoparticules de zinc déclenche chez les animaux nouveau-nés une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0161813X18301918?via%3Dihub">accélération anormale suivie d’un arrêt définitif du rythme respiratoire</a>. Récemment, des effets similaires ont été observés lors d’expositions chroniques aux nanoparticules de dioxyde de titane. Comme l’illustre l’image ci-dessous, l’ingestion de ces particules par des souris au cours de la gestation induit chez les souriceaux une fréquence respiratoire anormalement élevée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/233855/original/file-20180828-86123-2jqbsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Exposition de souriceaux aux nanoparticules NPTiO₂, dioxyde de titane.</span>
<span class="attribution"><span class="source">auteurs</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces effets hautement délétères sont la conséquence d’une action des nanoparticules sur les neurones des centres respiratoires. Ils se retrouvent dans un « état maximal d’excitation ». Comme un moteur qui s’emballerait et serait poussé à son maximum, les centres respiratoires ne peuvent alors ni ralentir, ni accélérer à nouveau. Cela pourrait avoir de graves conséquences lors de situations critiques nécessitant une accélération de la respiration, notamment quand la quantité d’oxygène diminue dans le sang (hypoxie), ou quand celle du dioxyde de carbone augmente (hypercapnie).</p>
<p>On l’aura compris : la période périnatale est cruciale pour le développement normal du système nerveux des mammifères, souris comme humains. Sa vulnérabilité aux agressions environnementales impose de limiter l’exposition aux nanoparticules avant et après la naissance. Même si depuis une dizaine d’années différents programmes de recherche ont été lancés sur les nanoparticules pour répondre aux inquiétudes que soulèvent leurs possibles effets sur la santé, de nombreuses inconnues subsistent quant aux risques sanitaires encourus, notamment pour le cerveau et le système nerveux en général.</p>
<p>Les enseignements tirés des crises sanitaires (comme l’exposition à l’amiante par exemple) doivent inciter, voire obliger la communauté scientifique et médicale à développer rapidement le plus grand nombre de modèles d’étude visant à analyser l’impact de ces produits manufacturés sur la santé. Car, pour le moment, on ne peut pas éviter les produits contenant des nanoparticules. Comme le précise le <a href="https://www.linkedin.com/in/marion-tissier-raffin-9a386a77/">Dr Marion Tissier-Raffin</a>, la réglementation applicable est soit insuffisante (le règlement européen <a href="https://echa.europa.eu/fr/regulations/reach/understanding-reach">REACH</a> permet aux nanomatériaux d’y échapper, en raison grandement des critères juridiques retenus pour sa mise en œuvre), soit quasiment non appliqué : dans un rapport de 2017, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes <a href="https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/controle-presence-nanoparticules-dans-produits-alimentaires-et-cosmetiques-par-dgccrf">a souligné</a> le non-respect de l’obligation d’étiquetage des nanomatériaux utilisés comme ingrédients.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/101786/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Didier Morin a reçu des financements de L'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement
et du travail (Anses), du Fonds de Recherche en Santé Respiratoire et de la Fondation du Souffle.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurent Juvin a reçu des financements de:
- ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’environnement
et du travail )
- Fondation du souffle
- (FRSR) Fonds de Recherche en Santé Respiratoire</span></em></p>Les nanoparticules d’oxyde de métal sont couramment utilisées dans les aliments, leurs emballages, les crèmes solaires, les dentifrices et les médicaments. Elles ne sont pas exemptes de risques.Didier Morin, Professeur en Neurosciences, Université de BordeauxLaurent Juvin, Maître de Conférences en Neurosciences, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/992462018-08-23T21:49:35Z2018-08-23T21:49:35ZLe concours du plus mauvais polluant de l’air<p>Dans un rapport publié le 28 juin 2018, l’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/qualit%C3%A9-de-l%E2%80%99air-ambiant-l%E2%80%99anses-pr%C3%A9conise-la-surveillance-du-13-butadi%C3%A8ne-et-un-suivi">Agence nationale de sécurité sanitaire</a> (Anses) a présenté une liste de 13 nouveaux polluants de l’air à surveiller en priorité.</p>
<p>Une série de polluants de l’air, nocifs pour la santé humaine, est déjà réglementée et placée sous étroite surveillance au niveau européen (selon les directives de <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/directive15122004.pdf">2004</a> et de <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/directive21042008.pdf">2008</a>) : NO<sub>2</sub>, NO, SO<sub>2</sub>, PM<sub>10</sub>, PM<sub>2,5</sub>, CO, benzène, ozone, benzo(a)pyrène, plomb, arsenic, cadmium, nickel, mercure gazeux, benzo(a)anthracène, benzo(b)fluoranthène, benzo(j)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, indéno(1,2,3,c,d)pyrène et dibenzo(a,h)anthracène.</p>
<p>Si certains sont bien connus et souvent cités dans la presse, comme l’ozone ou les particules PM<sub>10</sub> et PM<sub>2,5</sub>, d’autres demeurent beaucoup plus confidentiels. Il faut également souligner que cette liste demeure limitée au regard du nombre important de substances émises dans l’atmosphère.</p>
<p>Comment ces 13 nouveaux polluants identifiés par l’Anses ont-ils été choisis ? Sur quels critères ? C’est ce que nous proposons d’expliquer ici.</p>
<h2>La sélection des candidats</h2>
<p>Identifier de nouvelles substances présentes dans l’air ambiant, à surveiller en priorité, constitue un travail long mais passionnant. C’est un peu comme choisir le bon candidat dans un concours de beauté ! Il faut tout d’abord sélectionner des juges indépendants et des experts du domaine, puis définir les règles qui permettront de repérer les meilleurs candidats parmi les concurrents.</p>
<p>Le groupe de travail réunissant les experts a développé, au cours des deux dernières années, une méthode spécifique afin de tenir compte de la diversité physique et chimique des candidats rencontrés dans l’air ambiant.</p>
<p>Pour rassembler tous les participants à ce « concours de beauté », les experts ont d’abord créé une liste de base des polluants chimiques d’intérêt non encore réglementés. Les experts n’ont pas retenu certains candidats tels que les pesticides, les pollens et moisissures, les gaz à effet de serre ou les radioéléments, car ils font l’objet d’autres évaluations ou sortent du champ de l’expertise.</p>
<p>Cette liste de base repose sur les informations fournies par des associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (<a href="http://www.atmo-france.org/fr/">AASQA</a>) et des laboratoires de recherche nationaux tels que le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) et le Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques (LISA), sur la consultation d’experts d’organismes nationaux et internationaux tels que l’Agence européenne de l’environnement (AEE), du Canada et des États-Unis (US-EPA), ainsi que le recensement établi par des organismes internationaux comme l’OMS.</p>
<p>Cette liste a enfin été complétée par une étude approfondie des publications scientifiques internationales et nationales récentes portant sur des polluants considérés comme « émergents ».</p>
<p>Au final, la liste comporte 557 candidats ! Imaginez un peu la bousculade…</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Ky0WDAeOURo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les principaux polluants de l’air. (AFP/YouTube, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Le classement des finalistes</h2>
<p>Les candidats sont ensuite répartis en <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2015SA0216Ra.pdf">quatre catégories</a>, selon les données disponibles concernant la mesure dans l’atmosphère et leur danger intrinsèque.</p>
<p>La catégorie 1 regroupe les substances ayant un risque potentiel pour la santé. Viennent ensuite les catégories 2a et 2b qui rassemblent les candidats pour lesquels l’acquisition de nouvelles données de mesures dans l’air ou sanitaires est nécessaire. Les substances non prioritaires – dont les concentrations dans l’air ambiant et les effets sanitaires ne mettent pas en évidence de risque pour la santé – rejoignent la catégorie 3.</p>
<p>Une recatégorisation de certains polluants a été réalisée par la suite pour certains candidats d’exception, comme les particules ultrafines (dont le diamètre est inférieur à 0,1 µm) et le carbone suie, compte tenu de leurs enjeux potentiels en termes d’impacts sanitaires pour la population.</p>
<p>Les experts ont enfin hiérarchisé les polluants identifiés comme prioritaires au sein de la catégorie 1 pour sélectionner le lauréat incontestable de ce concours de beauté hors norme.</p>
<h2>Et le gagnant est…</h2>
<p>Le gaz 1,3-butadiène figure en tête des 13 nouveaux polluants de l’air à surveiller selon l’Anses. Il est suivi par les particules ultrafines et le <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/NUMERO42.pdf">carbone suie</a>, pour lesquels un suivi renforcé est recommandé.</p>
<p>Le 1,3-butadiène est un gaz toxique provenant de différentes sources de combustion telles que les pots d’échappement des véhicules, le chauffage ou les activités industrielles (plastique et caoutchouc). Plusieurs campagnes de mesures ponctuelles en France ont montré des dépassements fréquents de sa valeur toxicologique de référence (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/valeurs-toxicologiques-de-r%C3%A9f%C3%A9rence-vtr">VTR</a>) – valeur qui établit une relation entre une dose et un effet.</p>
<p>Sa première place sur le podium n’est pas surprenante : il avait déjà remporté un trophée au Royaume-Uni et en Hongrie, deux pays où il existe des valeurs de référence de sa concentration dans l’air. De plus, le <a href="https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono100F-26.pdf">Centre international de recherche sur le cancer</a> (CIRC) a classé le 1,3-butadiène comme cancérogène certain pour l’homme dès 2012.</p>
<p>Pour les dix autres polluants de la liste de l’Anses, une surveillance accrue des émissions est conseillée. Ces dix polluants, dont les dépassements des VTR sont plutôt observés dans des contextes particuliers (industriels notamment) sont, par ordre de risque décroissant, le manganèse, le sulfure d’hydrogène, l’acrylonitrile, le 1,1,2-trichloroéthane, le cuivre, le trichloroéthylène, le vanadium, le cobalt, l’antimoine et le naphtalène.</p>
<p>Cette sélection constitue un premier pas vers l’ajout du 1,3-butadiène à la liste des substances <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/differents-polluants">actuellement réglementées en France</a>. Et si cette proposition est transmise par le gouvernement français à la Commission européenne, elle pourrait être incluse dans la révision en cours de la directive de 2008 sur la surveillance de la qualité de l’air, d’ici fin 2019.</p>
<p>La méthode de classification développée étant évolutive, on peut penser que de nouveaux concours seront organisés dans les années à venir afin d’identifier d’autres candidats.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Alleman a reçu des financements de l'ANSES, de l'INCA-INSERM et la région Haut de France</span></em></p>Le nombre de substances émises dans l’atmosphère est très important mais certaines sont plus particulièrement nocives pour la santé et font l’objet d’une surveillance accrue.Laurent Alleman, Associate professor, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/936222018-03-28T19:05:16Z2018-03-28T19:05:16ZLe plomb causerait 412 000 morts par an aux États-Unis, et en France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/229348/original/file-20180725-194152-7g5a29.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C1493%2C997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les canalisations en plomb des maisons ou immeubles anciens sont une des sources de contamination possibles, à travers l'eau du robinet. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/rusty-pipe-on-wall-old-house-421577017">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Une <a href="http://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(18)30025-2/fulltext">étude scientifique</a> vient de réévaluer à la hausse, et de façon spectaculaire, les effets de l’exposition au plomb sur la santé. Cet élément chimique, très présent dans notre environnement, peut être ingéré ou respiré. Il serait responsable d’une part plus importante que prévu de la mortalité aux États-Unis, notamment pour cause de maladies du cœur et des artères. Le chiffre avancé par les chercheurs est de 412 000 morts chaque année.</p>
<p>On peut se demander si les conclusions de cette étude, dont la méthodologie est solide, concernent également la France. Car dans les deux pays, les individus ont été confrontés à des sources d’exposition comparables, essentiellement de l’air contaminé par le plomb contenu dans l’essence des voitures et rejeté par les pots d’échappement – désormais interdit.</p>
<p>Aujourd’hui, d’autres sources d’exposition demeurent et suscitent des interrogations. Doit-on prendre des mesures supplémentaires de prévention ? Que peuvent faire les citoyens pour se protéger au mieux du plomb dans leur quotidien ?</p>
<h2>Un composé encore très présent dans l’environnement</h2>
<p>Le Haut Conseil de la Santé publique a justement mis à jour, en novembre 2017, le guide de dépistage et prise en charge des <a href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=643">expositions au plomb chez l’enfant mineur et la femme enceinte</a>. On y trouve un <a href="https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcsaturnismeficheB.pdf">récapitulatif des sources d’exposition</a>. Parmi celles-ci, les anciennes peintures au plomb (à la céruse) ou encore la récupération des vieux métaux sont à l’origine d’intoxications sévères qu’on appelle le saturnisme. Elles sont heureusement devenues plus rares.</p>
<p>D’autres sources occasionnent des concentrations de plomb dans le sang, ou plombémies, en principe plus faibles. Celles-ci ont malgré tout des effets sur la santé. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412014003018">Une étude</a> a été menée récemment en France dans le cadre du <a href="http://www.jle.com/fr/revues/ers/e-docs/exposition_au_plomb_des_enfants_dans_leur_logement_.projet_plomb_habitat_2008_2014_principaux_resultats_retombees_et_perspectives_303556/article.phtml">programme de recherche Plomb-Habitat</a>. Elle a mis en évidence le rôle des poussières contenant du plomb dans le logement et de l’eau du robinet (quand les tuyaux ou les soudures sont en plomb) sur les plombémies mesurées chez les enfants.</p>
<p>Ces sources dites environnementales s’ajoutent à l’exposition par les aliments, liée à la présence naturelle de ce métal lourd dans les sols. L’exposition alimentaire est mineure, comparée à l’exposition environnementale, que ce soit en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412016305700">France</a> ou <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/EHP1605/">aux États-Unis</a>. Nous excluons, dans notre analyse, l’exposition dans le cadre professionnel.</p>
<h2>Une étude fondée sur le suivi de plus de 14 000 Américains</h2>
<p>Ces différentes sources d’exposition auraient donc des effets bien plus importants, du moins aux États-Unis, qu’on le pensait. L’étude parue le 12 mars dans la prestigieuse revue <a href="http://www.thelancet.com/journals/lanpub/issue/current"><em>The Lancet Public Health</em></a> a été menée par le professeur <a href="https://scholar.google.fr/citations?user=vlFJRUEAAAAJ&hl=fr&oi=sra">Bruce Lanphear</a>, <a href="https://theconversation.com/profiles/bruce-lanphear-15415">auteur sur The Conversation</a>, et ses collègues. Elle est fondée sur un suivi, de 1988 à 2011, de plus de 14 000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population adulte américaine. L’exposition au plomb a été évaluée par leur plombémie.</p>
<p>Cette étude est <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-sciences/le-journal-des-sciences-du-vendredi-16-mars-2018">méthodologiquement solide</a>, du fait de la qualité des données collectées par les chercheurs et de la rigueur de leur exploitation. Elle comporte cependant certaines limites. Il existe en particulier la possibilité qu’un facteur non repéré soit la véritable cause des décès observés – une confusion ne pouvant être exclue formellement dans aucune étude épidémiologique. Les auteurs soulignent cependant que plus la plombémie augmente, plus la mortalité augmente, comme le montre un <a href="http://www.thelancet.com/cms/attachment/2119086186/2089002138/gr1.jpg">graphique de l’article</a> – une constatation qui n’est pas en faveur d’une telle confusion.</p>
<p>En plus de la <a href="http://www.lemonde.fr/medecine/article/2018/03/13/aux-etats-unis-un-deces-sur-six-serait-attribuable-a-une-exposition-au-plomb_5270432_1650718.html">robustesse</a> de l’étude, il existe des arguments à l’appui d’une relation de cause à effet, fondés sur des mécanismes plausibles de toxicité du plomb pour l’organisme. À titre d’exemple, on sait que le plomb favorise l’hypertension.</p>
<p>Ces différents éléments ont permis aux auteurs de livrer leurs conclusions sous la forme de proportion des décès attribuables à l’exposition au plomb. Elle est de 18 % pour la mortalité totale, soit 412 000 décès par an aux États-Unis. L’exposition au plomb serait en cause dans 29 % des cas de décès par maladies cardio-vasculaires, soit 256 000 décès par an.</p>
<p>Si ces chiffres sont impressionnants, ils ne sont qu’une demi-surprise pour les spécialistes. En effet, au fil des années, les chercheurs se sont intéressés aux doses de plomb de plus en plus faibles. Et ont mis en évidence des implications pour la santé d’une partie de plus en plus importante de la population.</p>
<h2>Du plomb aux conséquences durables, même aux faibles doses</h2>
<p>Avant l’étude du <em>Lancet Public Health</em>, le seuil de toxicité connu pour ses effets cardio-vasculaires était relativement élevé (50µg/L ou microgramme par litre). Cette étude a mis en évidence les mêmes effets avec une plombémie plus faible (10µg/L). À noter que la toxicité de plus faibles plombémies était déjà établie pour le développement du <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/saturnisme">cerveau et du système nerveux central de l’enfant</a>.</p>
<p>Avec ce seuil abaissé, on inclut dans le calcul du risque attribuable au plomb une plus grande part de la population, au point que cette part représente désormais la majorité de la population.</p>
<p>Dans l’étude américaine, les sujets (âgés de 20 ans et plus) ont été enrôlés de 1988 à 1994. Il s’agit donc de personnes qui ont ou auraient eu cinquante ans et plus aujourd’hui. Leurs plombémies étaient plus importantes que celles constatées dans les générations suivantes car dans leur enfance, ces personnes ont respiré un air beaucoup plus concentré en plomb. En effet, les carburants automobiles en contenaient encore aux États-Unis jusqu’en 1975, année de leur interdiction. En France, la teneur autorisée en plomb dans l’essence a diminué à partir des années 1990. Puis ce métal lourd <a href="https://www.senat.fr/rap/l00-261/l00-26163.html">a été interdit en 2000</a>. Pour autant, les plombémies observées chez les personnes nées après cette interdiction ne sont pas tombées à zéro, en raison des autres sources d’exposition, et le risque pour la santé n’a donc pas disparu.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/211765/original/file-20180323-54878-hncc34.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Renault 16, l’une des voitures courantes en France dans les années 1970. À cette époque, les gaz d’échappement étaient une source majeure d’exposition au plomb, présent dans l’essence.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/berlin-may-10-2015-large-family-281684510?src=O4xRraW4vzDf8tNIxjm_HQ-1-2">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il y a mieux à faire, en matière de santé publique, que d’attendre de voir des personnes exposées déclarer des maladies et en décéder, comme dans cette étude. Ses résultats, frappants, viennent ainsi souligner la nécessité d’adopter au niveau mondial un processus d’autorisation sur le marché des substances chimiques, fondé sur l’analyse de leurs effets en amont de leur utilisation. L’Europe s’est par exemple dotée d’un tel règlement, <a href="https://echa.europa.eu/fr/regulations/reach/understanding-reach">REACH</a>.</p>
<h2>Et en France ?</h2>
<p>L’étude américaine met donc en lumière un « nouveau » facteur de risque majeur dans la <a href="http://www.thelancet.com/cms/attachment/2119086186/2089002135/gr3.sml">mortalité cardio-vasculaire</a>, à côté du tabac ou du manque d’activité physique, entre autres. En France, les <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-cardiovasculaires/article/les-maladies-cardiovasculaires">maladies cardio-vasculaires représentent 140 000 décès chaque année</a>. On serait tenté de calculer le nombre de décès liés au plomb dans notre pays en y appliquant la proportion calculée aux États-Unis, soit 29 %. Les plombémies observées chez les Français sont proches de celles des Américains, bien qu’un <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/32">peu plus élevées</a>. Néanmoins, chaque pays a ses propres facteurs de risque pour les maladies cardio-vasculaires, en dehors de celui de l’exposition au plomb, et un tel calcul demanderait des ajustements assez fins. S’il est difficile d’avancer un chiffre précis, les ordres de grandeur restent les mêmes, et les implications pour la santé également.</p>
<p>Cette étude amène à réévaluer à la hausse la contribution du plomb dans le <a href="http://www.who.int/topics/global_burden_of_disease/fr/">fardeau global des maladies</a> à l’échelle mondiale. Le véritable enjeu, ici, est la généralisation des interdictions d’usage du plomb à travers la planète.</p>
<p>Cette étude doit aussi amener à revoir les stratégies de prévention pour s’intéresser davantage aux personnes exposées à des faibles doses. Jusqu’ici, c’est le <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/saturnisme">saturnisme et ses conséquences délétères</a>, notamment sur le développent intellectuel des enfants, qui frappait les esprits – c’est le cas de le dire ! Or quand un polluant ne présente pas de seuil de toxicité, comme dans le cas du plomb, les dégâts causés sont plus importants, à l’échelle d’une population, pour les expositions à des faibles doses. Tout simplement parce que celles-ci sont bien plus répandues.</p>
<h2>Également des effets sur le QI chez les jeunes enfants</h2>
<p>L’étude américaine vient souligner combien l’initiative prise en France par le Haut Conseil de Santé publique est légitime. Cet organisme a fixé, dès 2014, un objectif plus ambitieux <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=444">pour limiter les expositions au plomb</a>. Son ambition est d’obtenir un abaissement de la plombémie moyenne chez les jeunes enfants, de 15 µg/L <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1438463913001399">constaté en 2008-2009</a> à 12 µg/L. Notons que cette nouvelle plombémie de référence <a href="https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/1570">à 12 µg/L</a> correspond malgré tout à la <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1539-6924.2012.01882.x">perte d’un point de quotient intellectuel</a> par rapport à une absence d’exposition.</p>
<p>En sus des mesures spécifiques visant les <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=643">personnes atteintes de saturnisme</a>, la protection de l’ensemble des citoyens repose sur des décisions prises à l’échelle du pays, parmi lesquelles l’interdiction du plomb dans l’essence, les peintures et les canalisations d’eau potable – les anciennes en plomb étant remplacées dans le réseau public. S’y ajoute la réglementation sur les constats de présence de plomb dans les maisons lors des transactions immobilières.</p>
<p>Dans le futur, l’un des leviers importants de prévention serait <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/article/eau-et-plomb">de diminuer encore</a> la concentration maximale admissible de plomb dans l’eau du robinet. En effet, toute diminution de l’exposition par l’eau aura un impact bénéfique sur la santé publique, comme l’a montré le <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&ved=0ahUKEwj8wezt0f3ZAhWFjSwKHb9rBM8QFgg2MAI&url=https%3A%2F%2Fec.europa.eu%2Fhealth%2Fscientific_committees%2Fenvironmental_risks%2Fdocs%2Fscher_o_128.pdf&usg=AOvVaw23HSyvUB60kdLBo0fC6l_2">groupe de travail réuni par la Commission européenne en 2011</a>.</p>
<h2>Attention à… votre plomberie, vos céramiques artisanales et à la poussière</h2>
<p>Chacun peut prendre des mesures de prévention en lien avec les sources citées ci-dessus, et notamment en remplaçant les vieilles canalisations en plomb de sa maison ou de son immeuble. Devinette : à votre avis, d’où vient le mot plomberie ?</p>
<p>D’autres initiatives individuelles, certaines très simples, <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/batiments/article/recommandations-pour-la-prevention-de-l-exposition-au-plomb">peuvent être prises</a>, par exemple ne pas utiliser l’eau chaude pour la cuisine et laisser couler l’eau ayant stagné avant de la boire, deux gestes qui limitent la contamination au plomb mais aussi au cuivre ou aux micro-organismes. On peut aussi réserver à un usage décoratif les vaisselles et poteries en céramique artisanale importées, et <a href="https://theconversation.com/quatre-conseils-pour-limiter-la-pollution-de-lair-chez-soi-75237">évacuer régulièrement la poussière de sa maison</a>, enrichie en plomb par les vieilles peintures mais aussi la terre des sols, surtout près d’anciens sites d’industries polluantes ou de mines.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93622/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Glorennec effectue des recherches financées par L'Agence Nationale de la Recherche et la Fondation de France. Il a par le passé reçu des financements publics pour ses programmes de recherche, notamment sur les expositions au plomb.
Il a participé aux expertises collectives de l'Inserm et du Haut Conseil de Santé Publique sur le plomb et le saturnisme.
</span></em></p>Une étude menée sur la population américaine vient de revoir à la hausse le nombre de décès lié à l’exposition à ce métal lourd. De nouvelles mesures de prévention s’avèrent nécessaires.Philippe Glorennec, Professeur en expologie et évaluation des risques, École des hautes études en santé publique (EHESP) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/875462017-12-05T20:51:57Z2017-12-05T20:51:57ZLe fabuleux destin d’un grain de pollen<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196942/original/file-20171129-29160-8erl16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1124%2C705&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avec ce jeu de plateau, les joueurs prennent le destin d’un grain de pollen en main et lui font traverser l’air d'une ville.</span> <span class="attribution"><span class="source">Nicolas Visez</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>La pollution atmosphérique ne connaît pas de frontière et impacte aussi bien la santé humaine que l’environnement. D’après le <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2017/">rapport de 2017</a> de l’Agence européenne de l’environnement (AEE), la pollution de l’air cause plus de <a href="http://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/10/11/la-pollution-de-l-air-cause-encore-plus-de-500-000-morts-par-an-en-europe_5199226_1652666.html">500 000 morts</a> par an en Europe. Nous assistons ces dernières années à une recrudescence des épisodes de pics de pollution, accompagnée d’une médiatisation accrue. Les questions autour de ce sujet deviennent par conséquent de plus en plus prégnantes dans nos sociétés.</p>
<p>Pour y répondre, il apparaît essentiel de sensibiliser sur l’origine des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/polluants-35578">polluants</a> atmosphériques et les sources émettrices. Ces dernières sont multiples et complexes. La majeure partie des polluants provient des activités humaines. Il peut s’agir des activités industrielles, du chauffage des bâtiments, des activités agricoles, de l’élevage ou encore des modes de transport.</p>
<h2>Un grain de pollen et son environnement</h2>
<p>Le jeu s’appuie sur les recherches menées par Nicolas Visez, maître de conférences au laboratoire <a href="http://pc2a.univ-lille.fr/">PC2A</a> (unité mixte de recherche CNRS–Université de Lille), qui étudie les effets de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pollution-de-lair-21102?page=2">pollution atmosphérique</a> sur le grain de pollen. Ce dernier a été choisi comme vecteur de découverte de la pollution pour deux raisons principales. Le pollen est perçu, à juste titre, par les publics comme provenant directement de la nature et il est donc un exemple parmi d’autres d’un élément naturel modifié par la pollution.</p>
<p>De plus, l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/allergies-29441">allergie</a> respiratoire touche une part importante de la population française (environ 20 %). Il est donc probable que les groupes de visiteurs comprennent une ou plusieurs personnes allergiques ou encore des personnes ayant dans leur entourage des personnes allergiques. Cela crée une proximité avec les problématiques concrètes de la vie quotidienne.</p>
<h2>Une « périlleuse odyssée aéroportée »</h2>
<p>Destiné à un public âgé de 9 à 99 ans, le jeu se veut convivial et familial. Il propose à deux groupes de prendre le destin d’un grain de pollen en main et de s’affronter. Mémoriser les sources de pollution et polluants associés, et anticiper stratégiquement ses déplacements sont autant de clés pour gagner. Le but du jeu : être le plus rapide à traverser l’air de la ville, tout en accumulant un minimum de polluants pour éviter d’endommager son grain de pollen.</p>
<p>En mettant en concurrence deux équipes, le jeu pousse à une émulation des participants. Il permet de les désinhiber et d’initier une discussion avec le scientifique qui apporte ses conseils tactiques. Des questions liées aux éléments du jeu émergent progressivement : quels sont les polluants que vous ne connaissiez pas ? Que pensez-vous des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/voitures-electriques-31974">voitures électriques</a> ? La <a href="https://theconversation.com/fr/topics/centrales-nucleaires-25843">centrale nucléaire</a> pollue-t-elle votre grain de pollen ?</p>
<p>S’ensuivent des discussions plus libres et générales sur la pollution, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/energies-renouvelables-22981">énergies renouvelables</a>, les politiques publiques ou encore les allergies.</p>
<h2>Sensibilisation, apprentissage et dialogue</h2>
<p>Lancé à l’occasion de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/fete-de-la-science-2017-42233">Fête de la Science</a>, et animé pour l’instant à deux reprises (<a href="http://climibio.univ-lille.fr/retour-sur-le-village-des-sciences-2017">Village des Sciences</a> et <a href="http://www.forumdepartementaldessciences.fr/">Forum des Sciences</a>), le jeu de « la périlleuse odyssée aéroportée d’un grain de pollen » a reçu des retours favorables. « Ludique », « amusant » et « pédagogique » sont des qualificatifs qui sont souvent revenus. Aussi bien les publics que les scientifiques ont pu trouver par le biais de cet outil une manière propice de créer un dialogue en lien avec leur thème de recherche.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"916624860851433472"}"></div></p>
<p>Le système de jeu permet de s’adapter à plusieurs niveaux de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vulgarisation-23914">vulgarisation</a> en fonction des demandes et des envies des joueurs. Dans un premier temps, il est question de comprendre l’environnement dans lequel va évoluer le grain de pollen et de définir ce qui sera une source de pollution ou non. Une base qui incite les personnes sans attrait pour cette thématique à participer. Dans un second temps, grâce à la mémorisation des polluants et la possibilité de maîtriser un peu plus le jeu, de nouvelles pistes de médiation peuvent être envisagées en compagnie des chercheurs présents.</p>
<p>L’apprentissage des polluants et de leurs sources s’opère en deux phases. La phase de mémorisation accroît l’émulation entre les deux équipes et augmente l’implication des joueurs. En effet, pour gagner, il faut s’investir et donc mémoriser correctement les polluants et leurs sources. La deuxième phase de jeu correspond à l’utilisation des connaissances nouvellement acquises en usant de stratégie. Elle oblige à être attentif et à prendre des décisions. Pour être efficace, il est nécessaire de se saisir des informations et des compléments fournis par le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/chercheur-43813">chercheur</a>.</p>
<h2>Être animateur, médiateur et scientifique</h2>
<p>La barrière entre l’expert scientifique et les publics s’efface dès lors que les participants se prêtent aux dimensions stratégique et conviviale. Le jeu constitue un véritable initiateur de dialogue sciences-société. Il génère chez les participants des interrogations auxquelles répond l’expert scientifique. Le besoin d’information exprimé directement par les joueurs permet de renforcer l’impact de l’action de médiation.</p>
<p>Il apparaît crucial que le scientifique se place à la fois dans une position d’animateur de jeu mais aussi d’expert. Il doit intégrer dans son animation des phases de vulgarisation scientifique, au risque de voir apparaître une menace qui pourrait être qualifiée « du jeu pour le jeu ». Il est donc primordial d’inciter les joueurs à des temps de pause. De cette manière, les joueurs prennent de la distance et entament une réflexion plus large. La présence d’un expert scientifique reste essentielle, la visée étant de répondre à des interrogations et de garantir une expertise.</p>
<h2>Développements futurs</h2>
<p>Ce jeu semble constituer un outil efficace de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/mediation-scientifique-32845">médiation scientifique</a> sur le thème de la pollution de l’air. Les possibilités et résultats sont divers : sensibilisation, apprentissage par le jeu, discussions libres, débats. Ils assurent aux scientifiques de toucher un public large.</p>
<p>L’avenir du jeu se dessine progressivement. Une version sera conservée dans les locaux de l’Université de Lille pour satisfaire les demandes de médiation propres aux laboratoires concernés par les questions en lien avec la pollution atmosphérique. Des pistes de valorisation sont également en cours auprès d’autres acteurs de la médiation scientifique dans les Hauts-de-France, auprès des scolaires ou encore auprès d’associations scientifiques en lien avec les thématiques – comme l’<a href="http://www.appanpc.fr/Pages/page.php">Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique</a>.</p>
<p>Développer le jeu sous un format numérique plus élaboré est également en projet, pour l’instant à l’état de prototype.</p>
<hr>
<p><em>Vincent Bêche (chargé de médiation scientifique pour le <a href="http://climibio.univ-lille.fr/">CPER Climibio</a>) et Anne Burlet-Parendel (chargée de médiation scientifique pour le projet <a href="http://www.labex-cappa.fr/">Labex CaPPA</a>) sont co-auteurs de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87546/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Visez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>« La périlleuse odyssée aéroportée d’un grain de pollen », un jeu de plateau qui favorise le dialogue sciences-société et la découverte des sources de pollution.Nicolas Visez, Chimiste, maître de conférences, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/853592017-10-11T19:05:05Z2017-10-11T19:05:05ZPollution de l’air en ville : la façon de conduire compte aussi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/189541/original/file-20171010-17703-1ijt0ai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La conduite peut constituer un facteur majeur de réduction ou d’augmentation des émissions polluantes. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/man-driving-his-car-116279278">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La pollution atmosphérique provoque chaque année près de <a href="https://www.eea.europa.eu/highlights/improving-air-quality-in-european">500 000 décès prématurés</a> en Europe… soit 20 fois plus que les accidents de la route.</p>
<p>Elle contribue à l’apparition de maladies cardio-vasculaires, de troubles respiratoires et de cancers. Ce phénomène concerne surtout les citadins, particulièrement exposés à des niveaux de pollution jugés néfastes par l’Organisation mondiale de la santé. Dans un contexte d’urbanisation croissante (on estime que 65 % de la population mondiale vivra en ville en 2050), il s’agit là d’un véritable problème de santé publique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"918033845164937216"}"></div></p>
<h2>Les transports pointés du doigt</h2>
<p>Si certains composés (oxydes de soufre, hydrocarbures imbrûlés, monoxyde de carbone) ont diminué au cours des dernières années, d’autres polluants restent préoccupants.</p>
<p>Il s’agit principalement des particules et des oxydes d’azote (NO<sub>x</sub>), précurseur chimique du polluant majeur de l’air : l’ozone. Or, le secteur des transports est ici un contributeur majeur : il représente <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-25248-secten-ges.pdf">61 % des émissions urbaines</a> de NO<sub>x</sub> en France et <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/inventaire-emissions-idf-2012-150121.pdf">14 % des émissions de particules</a> (28 % en Île-de-France).</p>
<p>D’où l’effort mené par les pouvoirs publics auprès des constructeurs, à travers les normes européennes d’émission (dites <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/normes-euros-demissions-polluants-vehicules-lourds-vehicules-propres">« normes Euro »</a>) applicables aux véhicules neufs mais aussi à travers les mesures successives de prime à la casse permettant de rajeunir le parc.</p>
<p>Récemment, la réglementation s’est étendue aux véhicules en circulation par le biais de la <a href="https://www.certificat-air.gouv.fr/">vignette Crit'Air</a>. Mise en place dans plusieurs grandes villes françaises en janvier 2017, elle permet de classer les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes. Ce dispositif est associé à celui des zones à circulation restreinte <a href="https://www.paris.fr/stoppollution">(ZCR)</a>, dont l’accès est réservé aux véhicules les moins polluants.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/PeVCxXHf7u8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le fonctionnement de la vignette Crit'Air (Imprimerie nationale, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Les limites de l’approche réglementaire</h2>
<p>Pourtant, ces mesures ne peuvent suffire. D’une part, parce que les émissions en conditions réelles sont bien plus importantes que la norme. Pour un véhicule Diesel, les émissions réelles de NO<sub>x</sub> sont ainsi <a href="https://www.transportenvironment.org/sites/te/files/publications/2015%2007%20RDE%20position%20paper%20FINAL.pdf">deux, trois voire quatre fois supérieures</a></p>
<p>Cette différence s’explique notamment par des conditions d’homologation trop restreintes ; on le voit notamment avec le <a href="http://www.wikiwand.com/fr/Nouveau_cycle_europ%C3%A9en_de_conduite">cycle d'homologation des véhicules NEDC</a> (New European Driving Cycle) qui n’est pas assez représentatif du comportement de conduite réel des véhicules. La <a href="http://www.lavoixdunord.fr/210090/article/2017-08-29/apres-les-scandales-l-homologation-des-vehicules-se-durcit-en-europe">nouvelle norme WLTP</a> (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures), entrée en vigueur à l’automne 2017 pour les véhicules mis en circulation à cette date, permettra une homologation plus fidèle à la réalité ; mais cela ne concernera que les véhicules neufs, donc une petite partie du parc automobile.</p>
<p>Quant au parc existant, la dépollution hors des points de fonctionnement du cycle NEDC est laissée au « libre arbitre » des constructeurs. Cela conduit à des écarts d’émissions importants, que le <a href="https://theconversation.com/volkswagen-numero-un-mondial-malgre-le-dieselgate-72400">Dieselgate</a> révèle depuis deux ans.</p>
<p>Il faut enfin souligner que malgré les progrès technologiques réalisés ces dernières années, aller plus loin dans la réduction des NO<sub>x</sub> augmenterait fortement le prix des véhicules et serait donc difficilement acceptable par le consommateur. La réglementation a donc ses limites.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"775661562690318336"}"></div></p>
<h2>Le rôle clé du conducteur</h2>
<p>Il existe toutefois un autre levier, relativement méconnu : le comportement du conducteur.</p>
<p>Une étude, réalisée en interne par les chercheurs de l’IFPEN, montre en effet qu’il est possible de réduire les émissions de NO<sub>x</sub> d’un véhicule Diesel de 45 % et celles de CO<sub>2</sub> de 10 % en adoptant un style de conduite optimisé, c’est-à-dire en évitant les accélérations et les décélérations trop rapides et en favorisant une vitesse constante.</p>
<p>Cette même étude fournit un volet complémentaire. Elle a comparé le comportement au volant de 26 conducteurs sur divers types de véhicules (essence et Diesel, normes Euro 4 à 6). Bilan : pour un même véhicule et un même trajet, la variation des émissions de NO<sub>x</sub> peut aller jusqu’à 400 % et celle des émissions de CO<sub>2</sub> jusqu’à 20 % ! Au-delà des réponses réglementaires, optimiser le style de conduite est donc un facteur majeur de réduction des NO<sub>x</sub>.</p>
<h2>Favoriser la prise de conscience</h2>
<p>Des solutions d’aide aux conducteurs pour adopter une conduite moins émettrice existent déjà.</p>
<p>C’est notamment le cas de l’application gratuite pour <em>smartphone</em> <a href="http://www.gecoair.fr/fr/">Geco air</a>, développée par l’IFPEN avec le soutien de l’Ademe. Elle fonctionne comme un « thermomètre personnel » de la pollution liée à la mobilité, permettant à chaque conducteur de connaître son empreinte en termes d’émissions polluantes pour mieux la réduire. Conçue pour être très facile à utiliser, elle ne nécessite que la saisie de l’immatriculation du véhicule pour récupérer les paramètres du moteur et fonctionne ensuite de façon quasi-automatique.</p>
<p>Pendant le trajet, le GPS du <em>smartphone</em> fournit des indications sur la vitesse du véhicule, qui sont envoyées vers des modèles numériques développés par IFPEN et stockés dans le <a href="http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/nouveau-monde/ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-cloud-nuage-informatique_1751405.html"><em>cloud</em></a>. Ces modèles calculent les paramètres clés du moteur (température du système de post-traitement, débit des gaz d’échappement, etc.) et estiment ainsi les émissions polluantes de NO<sub>x</sub>, de particules, de CO<sub>2</sub> et de monoxyde de carbone. Après chaque trajet, l’application affiche un « score de mobilité » et propose des conseils personnalisés pour améliorer le style de conduite.</p>
<p>Sorte de « coach » du conducteur, elle peut aussi servir aux collectivités locales pour évaluer l’efficacité de leur réglementation et de leurs infrastructures (ronds-points, feux tricolores, etc.) en suivant le niveau de pollution de l’air rue par rue. Elle couvre aujourd’hui 10 millions de kilomètres en France, dont 3 en région parisienne.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7u3o_WFoPMA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de Geco'air (IFPEN, 206).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Bientôt, une vignette connectée ?</h2>
<p>Une autre solution est également en cours de développement : soit une vignette connectée, reliée à l’application Geco’air, qui serait capable d’attribuer une note aux véhicules selon leur empreinte réelle de mobilité. Communiquant avec son environnement, elle pourrait, par exemple, servir à déterminer un droit d’accès aux ZCR situées à proximité du conducteur.</p>
<p>Une étape de plus dans la dynamique de sensibilisation et de responsabilisation des utilisateurs de véhicules. Si les modalités d’utilisation de cette vignette restent à étudier, la technologie permet d’envisager les premiers prototypes dès mi-2018.</p>
<p>On le voit, le véhicule connecté n’est pas une finalité technologique mais un accompagnement pour faire évoluer les comportements. Prendre conscience du rôle du conducteur dans les émissions polluantes ouvre un nouveau champ des possibles pour aller au-delà de la seule approche réglementaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/85359/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les conditions d’usage d’un véhicule ont de fortes conséquences sur les émissions de polluants. Pour aider les automobilistes à adopter une conduite sobre, des outils numériques se développent.Gilles Corde, Responsable du programme « Logiciels et mobilité connectée », IFP Énergies nouvelles Laurent Thibault, Chef de projet Geco’air, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/819302017-08-29T19:49:44Z2017-08-29T19:49:44ZBaisse de qualité du sperme des Occidentaux : que se passe-t-il ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/180772/original/file-20170802-13549-c9p9kd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Shutterstock</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/551812099?src=iwTL4N0Js0i41HyqDCvjWg-1-12&size=medium_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Entre 1973 et 2011, le taux de spermatozoïdes des hommes nord-américains, européens, australiens et néo-zélandais a diminué de 50 à 60 %. C’est ce que montre une <a href="https://academic.oup.com/humupd/article/doi/10.1093/humupd/dmx022/4035689/Temporal-trends-in-sperm-count-a-systematic-review">étude récente</a> de l’Université hébraïque de Jérusalem, qui a analysé les taux de 42 935 hommes. Elle ne relève, bizarrement, aucun déclin du taux de spermatozoïdes chez les hommes asiatiques, africains ou sud-américains. Mais les données en provenance de ces régions sont, il est vrai, peu nombreuses.</p>
<p>Ces travaux sont, d’une manière générale, très troublants. La question de l’éventuel <a href="http://www.europe1.fr/sante/baisse-de-la-concentration-en-spermatozoides-dans-les-pays-occidentaux-3398312">déclin du taux de spermatozoïdes</a> est un <a href="https://www.theguardian.com/science/blog/2012/dec/05/sperm-count-fall-is-it-real">vieux débat</a> parmi les scientifiques, mais cette étude se distingue par la qualité de son analyse. Elle a été menée de manière systématique, en tenant compte des défauts relevés sur les précédentes recherches (la méthode utilisée pour compter les spermatozoïdes, par exemple) et en comparant des études pourtant distantes de plusieurs décennies. La plupart des experts s’accordent donc à dire que les données présentées sont d’une grande qualité et que leurs conclusions, bien qu’alarmantes, sont fiables.</p>
<p>Mais alors, que se passe-t-il ? Cela fait plusieurs années que des inquiétudes se font jour : la santé reproductive masculine connaîtrait de plus en plus d’anomalies. Le cancer des testicules, notamment, serait en recrudescence. Le déclin constaté du taux de spermatozoïdes <a href="https://theconversation.com/infertility-in-men-could-point-to-more-serious-health-problems-later-in-life-74290">s’inscrit donc pleinement</a> dans ce contexte, et renforce la théorie selon laquelle la santé reproductive des hommes serait menacée et connaîtrait un rapide déclin.</p>
<p>Si on pousse les chiffres jusqu’à leur conclusion logique, les hommes auront tout simplement perdu l’intégralité, ou presque, de leurs capacités de reproduction d’ici 2060. L’explication la plus rationnelle à ce phénomène est à chercher du côté de l’environnement. La <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1038/embor.2012.50/full">recherche actuelle</a> suggère que le fœtus masculin est particulièrement sensible à l’exposition aux polluants. Les changements qui interviennent tôt dans la vie du fœtus pourraient donc avoir un effet très important sur l’adulte qu’il sera.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/179828/original/file-20170726-30134-emvjwe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=486&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les polluants environnementaux sont-ils coupables ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/66446188?src=YsxltKD0rF0M5fj4Pkb4pg-1-62&size=medium_jpg">Fotokostic/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Que peut-on y faire ?</h2>
<p>La réponse à cette question est simple : il faut poursuivre la recherche pour découvrir les causes de ce déclin. Nous ne pouvons accepter avec complaisance les potentiels effets négatifs que celui-ci pourrait entraîner sur la fécondité. Il est donc urgent d’accroître significativement l’effort de recherche sur la santé reproductive masculine.</p>
<p>Cependant, bien que <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1038/embor.2012.50/full">des preuves faisant autorité</a> confirment cette baisse de la santé reproductive, toutes les études ne montrent pas la même chose. Des différences existent, nous l’avons dit, en fonction des zones géographiques. La détermination des facteurs – génétiques ? environnementaux ? – à l’origine de ces différences sera primordiale pour parvenir à un traitement susceptible de limiter les effets négatifs de la chute du taux de spermatozoïdes.</p>
<p>Si c’est bien dans le fœtus que tout se joue, que peut bien faire l’homme à l’âge adulte ? L’exposition à des produits chimiques comme le <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/06/16/le-bisphenol-a-classe-extremement-preoccupant-par-l-europe_5145840_3244.html">bisphénol A</a> (dont on pense qu’il pourrait jouer sur la fécondité) peut avoir des effets négatifs, y compris chez l’adulte. Les hommes seraient donc bien avisés d’éviter de s’exposer aux produits chimiques toxiques, ce qui inclut le tabac. D’une manière générale, conserver un mode de vie sain a son importance : la relation entre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27460460">obésité</a> et réduction du taux de spermatozoïdes a déjà été prouvée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81930/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chris Barratt a reçu des financements du MRC, du NHS et de la Bill and Melinda Gates Foundation.</span></em></p>Une étude très fouillée a montré une baisse importante du taux de spermatozoïdes des hommes occidentaux. Si le phénomène est discuté depuis longtemps, ses causes sont encore largement méconnues.Chris Barratt, Professor of Reproductive Medicine, University of DundeeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/805572017-07-12T19:59:12Z2017-07-12T19:59:12ZLes feux d’artifice, beaux pour les yeux, un peu moins pour l’air ambiant<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/176923/original/file-20170705-23561-u7uybh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En janvier 2012 à Londres. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/paulbrockphotography/6610520679/sizes/l">Paul Brock Photography/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Des célébrations du 14 juillet à celles du <a href="http://www.lepoint.fr/culture/pourquoi-fete-t-on-la-nouvelle-annee-01-01-2013-1607611_3.php">Nouvel An</a>, les monuments des grandes villes – comme le Champ-de-Mars à Paris ou Big Ben à Londres – deviennent régulièrement le <a href="https://www.parisinfo.com/decouvrir-paris/les-grands-rendez-vous/paris-fete-le-14-juillet/feu-d-artifice-du-14-juillet-paris/feu-d-artifice-du-14-juillet">théâtre de spectacles pyrotechniques</a> de plus en plus impressionnants. Depuis le passage au nouveau millénaire, les feux d’artifice ne cessent en effet de gagner en popularité ; on les retrouve même dans les jardins des particuliers.</p>
<p>Ces animations nous amusent et nous émerveillent : nous aimons deviner la couleur des fusées avant qu’elles ne s’enflamment dans le ciel, écouter leur explosion faire écho dans l’enceinte des bâtiments ou encore écrire nos noms à la lumière de <a href="https://www.mariage-original.com/blog/cierges-magiques-n12">cierges magiques</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/O41AY0uZ5hU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Les feux d’artifice ne sont toutefois pas sans effet sur l’environnement : leur fumée est riche en <a href="http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/environnement/particules-suspension/quest-ce-que-cest">particules métalliques</a> <a href="http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/environnement/particules-suspension/quest-ce-que-cest">fines</a> qui leur confèrent leurs couleurs éclatantes. Une coloration issue du même procédé qui permit aux scientifiques de l’époque victorienne d’identifier des substances chimiques en les faisant brûler au <a href="http://www.futura-sciences.com/sante/definitions/biologie-bec-bunsen-8763/">bec Bunsen</a> ; le bleu provient du cuivre, le rouge du strontium ou du lithium, et le vert vif ou le blanc de composés de baryum.</p>
<p>Bien qu’ils ne provoquent pas de fumée, des composés de potassium et d’aluminium (servant à propulser les feux d’artifice dans les airs) sont également présents, ainsi que les perchlorates. Ces derniers sont issus de la même famille que des composés très réactifs comportant du chlore et de l’oxygène, auxquels la <a href="https://www.nasa.gov/returntoflight/system/system_SRB.html">NASA</a> recourt pour booster les navettes spatiales lors du décollage.</p>
<h2>Une pollution de l’air non négligeable</h2>
<p>Les feux d’artifice peuvent entraîner d’importants problèmes de <a href="https://theconversation.com/les-particules-fines-sont-dangereuses-pas-seulement-pendant-les-pics-de-pollution-76065">pollution de l’air</a> ; des cas ont d’ailleurs été bien documentés dans plusieurs villes : à Gérone (Espagne) lors de la Fête de la Saint-Jean, la pollution aux particules métalliques <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304389410009672">peut stagner dans la ville</a> pendant plusieurs jours. En Inde, les feux d’artifices tirés lors de la <a href="http://www.la-croix.com/Religion/Monde/Divali-fete-lumieres-pour-hindous-2016-10-28-1200799414">fête annuelle de Divali</a> <a href="http://www.cseindia.org/content/diwali-pollution-management-needs-rethink">causent même une pollution</a> bien supérieure à celle que connaît <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/12/02/pollution-a-pekin-la-nuit-en-plein-jour_4822035_3244.html">Pékin lors d’une journée particulièrement irrespirable</a> !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=294&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=294&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=294&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106832/original/image-20151221-27897-1v5z3gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Feu de joie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dan-s_photos/6337941069/sizes/l">Dan Shirley/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au Royaume-Uni, la nuit de <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20151103.OBS8743/qui-est-guy-fawkes-ce-catholique-du-xviie-siecle-devenu-symbole-des-anonymous.html">Guy Fawkes</a> est souvent le jour le plus pollué de l’année. Les scientifiques du King’s College de Londres <a href="https://geko.promeeting.it/abstract/DEF/Oral/47PMX_O025.pdf">ont d’ailleurs constaté</a> que les feux de joie allumés pour l’occasion ajoutent à cette pollution.</p>
<p>Dans des espaces fermés, les feux d’artifice peuvent également avoir un effet significatif sur la pollution de l’air. En Allemagne <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1352231013004457">des tests ont ainsi montré</a> que des concentrations élevées de particules en suspension dans l’air pouvaient envahir les stades de football, lorsque des feux de Bengale, des fumigènes ou d’autres engins pyrotechniques étaient utilisés pour célébrer des buts ou des fin de matches.</p>
<p>Évidemment, ce qui est envoyé en l’air finit par toucher terre : et les feux d’artifice retombant au sol ramènent avec eux du propergol (un produit de propulsion) et des colorants non brûlés ; quant à la pollution par particules dans l’air, elle peut se redéposer au sol ou bien être emportée par la pluie.</p>
<p>Cette dernière se retrouve <a href="http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/es0700698">dans les lacs et les rivières</a>, pouvant même causer des problèmes de thyroïde. Dans <a href="https://www.epa.gov/sites/production/files/2014-03/documents/ffrrofactsheet_contaminant_perchlorate_january2014_final.pdf">certains États américains</a> des mesures restrictives concernant l’accès à l’eau potable ont dû être mises en place. Pour les <a href="https://ecocerf.files.wordpress.com/2012/01/water-and-air-quality-summary-and-exhibits.pdf">stations balnéaires</a> comme pour les parcs d’attractions, où les feux d’artifice sont fréquents, cette pollution des eaux est une préoccupation majeure.</p>
<p>Des chercheurs londoniens ont collecté et analysé des particules aériennes issues des fêtes de Divali ou de la nuit de Guy Fawkes. Ils ont découvert que celles-ci <a href="http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/es1016284">diminuaient les défenses pulmonaires</a> humaines de manière plus importante que la pollution routière, suggérant que les effets néfastes des feux d’artifice pouvaient être d’une plus grande toxicité. En Inde, les feux de Divali pourraient conduire à une augmentation de 30 à 40 % des problèmes respiratoires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106831/original/image-20151221-27884-g5i4bh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une lampe à ghee, éclairage traditionnel de la fête indienne de Divali.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/premnath/14945963553/sizes/l">Premnath Thirumalaisamy/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Autrefois célébrée par l’éclairage de lampes à ghee, la fête indienne de Divali a changé ses habitudes avec l’ouverture en 1940 de la <a href="http://timesofindia.indiatimes.com/city/chennai/Two-men-made-Sivakasi-a-fireworks-hub/articleshow/6471038.cms">première usine de feux d’artifice</a> du pays. Une pétition civile, envoyée à la Cour suprême, a exigé la mise en place d’une meilleure sécurité autour de ces feux d’artifice ainsi que des restrictions touchant leur vente et leur utilisation. Mais cette requête est arrivée trop tard pour limiter le <a href="https://apnews.com/7185d9987efd4e4598b1c71c5be0b7ea/alarm-over-pollution-delhi-dampens-diwali-fireworks-boom">smog</a> cette année…</p>
<h2>Des mesures à prendre</h2>
<p>Des mesures simples peuvent réduire notre exposition à la pollution des feux d’artifice.</p>
<p>On évitera leur allumage de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11869-014-0281-8">même que l’usage des cierges magiques</a> dans des endroits clos. Positionner la foule face au vent constitue également une bonne façon de réduire leurs impacts négatifs sur la santé.</p>
<p>Au Royaume-Uni, les feux d’artifice constituent aujourd’hui la <a href="http://naei.beis.gov.uk/overview/ap-overview">plus grande source de production</a> de certaines particules métalliques dans l’atmosphère. Et cette part ne fera qu’augmenter étant donné les nombreuses initiatives pour réduire les autres sources de pollution urbaine. Ainsi, presque tous les véhicules diesel modernes <a href="http://www.usinenouvelle.com/article/apres-le-diesel-le-filtre-a-particules-bientot-obligatoire-sur-l-essence.N447972">disposent désormais de filtres à particule</a> et les émissions industrielles sont de plus en plus contrôlées dans les pays les plus riches. Mais la pollution générée par les feux d’artifice reste, elle, largement tolérée.</p>
<p>Bien sûr, l’interdiction de ces feux pourrait constituer la meilleure façon de remédier à ce problème de pollution, mais cette approche est certainement trop radicale. Une analyse des plus récents spectacles pyrotechniques donnés lors des fêtes du Nouvel An dans certaines grandes métropoles offre une autre piste : précis et très contrôlés, ils montrent la capacité d’innovation de l’industrie du feu d’artifice sur laquelle s’appuyer pour préserver un air ambiant respirable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80557/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gary Fuller écrit pour le quotidien britannique « The Guardian ».</span></em></p>Du 14 juillet en France à la fête de Divali en Inde, les feux d’artifice subliment les célébrations. Mais ce spectacle a un impact non négligeable sur la qualité de l’air.Gary Fuller, Senior Lecturer in Air Quality Measurement, King's College LondonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/748882017-03-22T23:39:31Z2017-03-22T23:39:31ZPodcast : Les quatre saisons de la pollution de l’air<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/162055/original/image-20170322-31219-y1fes0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=213%2C15%2C497%2C478&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dbakr/9478479785/sizes/h/">dbakr/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les polluants de l’air varient selon les différentes saisons de l’année, en fonction des conditions météorologiques et des activités humaines. Véronique Riffault détaille ce calendrier et le travail scientifique nécessaire à l’identification de ces substances.</p>
<p><strong>Interview</strong> Jennifer Gallé / <strong>Montage</strong> Antoine Faure</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/74888/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Riffault ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les polluants de l’air varient selon les moments de l’année. Véronique Riffault revient sur cette saisonnalité.Véronique Riffault, Professeure en sciences de l’atmosphère, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/723052017-02-14T21:26:35Z2017-02-14T21:26:35ZDes emballages qui ne polluent pas, ça existe !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/156075/original/image-20170208-17325-1xb2vmm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Barquette biodégradable issue de sous produits des industries agro-alimentaires, dont des fibres issues du broyage de pailles de blé.</span> <span class="attribution"><span class="source">Émile Guilbert/Montpellier</span></span></figcaption></figure><p>La fonction première de l’emballage alimentaire est de protéger, transporter et stocker ces denrées périssables que sont nos aliments. Un rôle essentiel mais malheureusement de plus en plus négligé <a href="http://www.processalimentaire.com/Emballage/Les-7-axes-majeurs-d-innovation-dans-l-emballage-en-2016-27792">au profit d’innovations</a> dans le domaine de l’esthétique, de la facilité d’utilisation, voire du <a href="http://www.processalimentaire.com/Emballage/Huit-packagings-innovants-primes-par-Dupont-28834">« gadget » amusant</a>.</p>
<p>Pourtant, le sujet est beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraît, car l’emballage est accusé de contaminer l’aliment et de polluer l’environnement.</p>
<h2>Mauvais pour la santé et l’environnement ?</h2>
<p>Des perturbateurs endocriniens sont ainsi suspectés d’être introduits dans les aliments par le biais de l’emballage. Il s’agit de petites molécules présentes dans le plastique qui interfèrent dans le bon fonctionnement de notre organisme.</p>
<p>Le dernier exemple en date concerne la crise liée au Bisphenol A ou BPA, présent dans certains contenants, comme les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/contenants-alimentaires-et-bisph%C3%A9nol-conseils-pratiques">biberons</a>. Ces substances, nécessaires à la mise en forme de nos matières plastiques et à leur bonne résistance, se retrouvent involontairement dans nos aliments après un contact plus ou moins long avec l’emballage. Elles présentent des effets <a href="http://planete.blogs.nouvelobs.com/tag/eric+houdeau">potentiellement toxiques</a> pour l’homme après une exposition régulière et à long terme.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"810869307848720385"}"></div></p>
<p>La réglementation européenne protège le consommateur et impose aux fabricants d’emballages de respecter des « limites de migrations » pour toutes les molécules autorisées. Mais les découvertes régulières dans le domaine imposent une mise à jour permanente de la réglementation : ainsi, des composés et résidus d’encres d’impression des emballages, qui ne sont donc pas en contact direct avec le produit, ont été récemment <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-migration-des-emballages-dans-les-aliments-des-distributeurs-prennent-les-devants-n23331/">retrouvées dans les aliments</a>.</p>
<p>Il y a aussi ces millions de tonnes de plastique flottant entre deux eaux dans l’océan Pacifique sur une surface équivalente à 6 fois la France. Ce <a href="http://www.septiemecontinent.com/">« septième continent »</a> composé de matières plastiques se dégrade lentement avec des conséquences à long terme sur les écosystèmes encore mal connues.</p>
<p>Nous produisons chaque année 300 millions de tonnes de plastiques dans le monde. On estime à 150 millions de tonnes la quantité de déchets plastiques dans les océans aujourd’hui, majoritairement des emballages (62 %). Cela correspond chaque année au déversement au large du contenu d’un camion poubelle par minute. Si rien ne change, en <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/publications/the-new-plastics-economy-rethinking-the-future-of-plastics">2050</a>, il y aura autant de plastique que de poissons en masse dans les océans ! Ce dernier tue un million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins chaque année. Les conséquences sur l’homme sont, elles, <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/09/les-plastiques-des-dechets-nefastes-pour-les-ecosystemes_1698047_3244.html">encore mal connues</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ZzIYIN_olrE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Un continent de plastique » par Arte Future (Fathi Drissi, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<p>Pourtant, l’emballage connaît aujourd’hui des avancées qui peuvent en faire un élément essentiel de la durabilité de la chaîne alimentaire.</p>
<h2>Des emballages actifs et connectés</h2>
<p>L’atmosphère interne de l’emballage peut en effet être volontairement modifiée de manière à améliorer la conservation des produits.</p>
<p>Les <a href="http://www.espace-sciences.org/sciences-ouest/archives/du-capteur-a-l-absorbeur-d-oxygene-du-nouveau-dans-l-emballage">absorbeurs d’oxygène</a> sont ainsi couramment utilisés pour réduire, sans additif ni traitement, les réactions d’oxydation des vitamines ou acides gras essentiels. Ils retardent également le développement microbien.</p>
<p>De nombreux autres <a href="http://mon.univ-montp2.fr/claroline/backends/download.php?url=L0VtYmFsbGFnZXMtRlItLVBleXJvbi0yMDEzLnBkZg==&cidReset=true&cidReq=ZMBS221_002">emballages actifs</a> sont aujourd’hui commercialisés : absorbeurs d’humidité, d’éthylène pour la conservation des fruits, etc. D’importants investissements en recherche y sont consacrés, notamment en ce qui concerne les <a href="http://www.usinenouvelle.com/article/les-emballages-deviennent-actifs.N64834">emballages anti-microbiens</a>. Le développement d’outils d’aide à la conception de solutions d’emballages innovants sûrs et efficaces est ainsi un axe de recherche majeur.</p>
<p>Par leur rôle actif sur la conservation des produits alimentaires, ces solutions d’emballages permettent d’anticiper des retombées très positives, liées à la réduction des pertes et gaspillage alimentaire. Selon l’Ademe, sur les 20 kg de nourriture jetés chaque année en moyenne par Français, on compte 7 kg d’aliments encore emballés.</p>
<p>D’autres enjeux concernent les emballages dits « intelligents » qui informent les différents acteurs de la chaîne, consommateurs inclus, sur la qualité du produit. Ils contribuent ainsi à limiter les pertes liées aux marges de sécurité sanitaire appliquées aux dates limites de consommation et à la mauvaise interprétation de ces dates. Il est alors possible de détecter la présence de bactéries pathogènes ou d’informer sur l’état de maturité d’un fruit sans avoir à le toucher ou à le sentir.</p>
<p>Une nouvelle génération d’étiquettes intelligentes vient ainsi de voir le jour dans les laboratoires de l’université de Montpellier. Elle associe un capteur végétal à une étiquette RFID (de l’anglais <em>radio frequency identification</em>) et permet de communiquer en temps réel l’état de fraîcheur d’un produit. Cette étiquette RFID permet d’imaginer un futur ou l’aliment emballé sera « connecté ». Il communiquera avec notre <em>smartphone</em> ou notre réfrigérateur connecté pour nous signaler les denrées à consommer en priorité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/156456/original/image-20170212-23328-hl9non.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nouvelle génération d’étiquette intelligente permettant de détecter la fraîcheur des aliments (ici, un premier prototype appliqué sur l’emballage d’un sandwich).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Université de Montpellier, 2015</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Réduire l’empreinte écologique</h2>
<p>Tout au long de leur cycle de vie, les matériaux d’emballage consomment des ressources et de l’énergie, souvent non renouvelables. Ils génèrent des émissions atmosphériques et des déchets.</p>
<p>Actuellement 90 % des plastiques tous secteurs confondus (pas seulement l’emballage) sont issus de ressources fossiles. 6 % de la production pétrolière mondiale est dédiée à cette production, soit l’équivalent de la consommation mondiale du secteur aéronautique. Si la progression du plastique continue sur sa lancée, en 2050, le secteur représentera 20 % de la consommation mondiale de ressources fossiles et 15 % de notre <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-economique/cop-22-et-budget-carbone-lausterite-vite">« budget carbone »</a> annuel (en se basant sur un scénario de réchauffement climatique se limitant à 2 °C à l’horizon 2050).</p>
<p>Pour réduire l’impact écologique de nos emballages plastiques alimentaires, la substitution des matériaux d’origine pétrochimique par des matériaux issus de ressources renouvelables et non alimentaires constitue une avancée attendue de la recherche dans le domaine des emballages.</p>
<p>Une équipe de recherche (INRA et Université de Montpellier) en collaboration avec de nombreux partenaires européens vient de mettre au point une <a href="https://www.echosciences-sud.fr/articles/emballez-ecolo">barquette alimentaire</a> issue de résidus des industries agricoles et agro-alimentaires.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/uWmTZO8mCBI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>Constituée d’un polymère issu de la fermentation de déchets liquides des industries laitières, et de fibres ligno-cellulosiques issues du broyage de paille de blé, cette barquette ressemble à s’y méprendre à du plastique, mais en version totalement biodégradable.</p>
<p>Ces matériaux écologiques doivent cependant encore franchir un obstacle : s’imposer sur le marché de l’emballage en lieu et place des plastiques d’origine pétrochimique. Dans cette optique, un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=SA9nRC9atAo">logiciel d’aide à la décision</a> – pour orienter l’utilisateur dans son choix d’un emballage durable – à destination des acteurs de la filière a, par exemple, été développé.</p>
<p>On le voit, une transition vers des approches novatrices est engagée. Mais elle ne pourra être effective que si les gouvernements mettent en place des actions incitatives et concertées à l’échelle européenne. Or il n’y a actuellement en France que très peu d’actions menées en faveur des emballages biodégradables : pas ou peu de collecte spécifique et pas d’écotaxe en faveur de ces matériaux (alors que les matériaux recyclés bénéficient d’un « bonus » éco-emballages).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72305/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Guillard a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche (ANR), NextGenPack project, et la Commission européenne via le Seventh Framework for Research & Technological Development (FP7/2011-2015), EcoBioCAP project (FP7-265669).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nathalie Gontard a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche (ANR), NextGenPack project, et la Commission européenne via le Seventh Framework for Research & Technological Development (FP7/2011-2015), EcoBioCAP project (FP7-265669).</span></em></p>Les emballages plastiques sont régulièrement mis en cause pour leurs impacts néfastes sur la santé et l’environnement. Des innovations plus respectueuses offrent cependant de réelles alternatives.Valérie Guillard, Maître de conférences en génie des procédés appliqué au domaine du vivant, membre de l’IUF, Université de MontpellierNathalie Gontard, Directrice de recherche, professeure, sciences de l’aliment et de l’emballage, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/723202017-02-06T22:13:46Z2017-02-06T22:13:46ZPics de pollution aux particules fines : les détecter et les prévenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/155641/original/image-20170206-18508-b7uizf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Évolution des concentrations de PM₂,₅ modélisées en janvier 2017 par Prevair. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www2.prevair.org/">Prevair</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>La France, mais aussi une large partie de l’Europe, a été <a href="http://www2.prevair.org/actualites">touchée cet hiver</a> par des épisodes de pollution aux particules fines. Définies par la limite supérieure de leur diamètre, ces particules microscopiques sont appelées PM<sub>2,5</sub> et PM<sub>10</sub> lorsqu’elles sont respectivement inférieures à 2,5 ou 10 micromètres (µm).</p>
<p>Elles ont des <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1352231012006024">effets nocifs avérés</a> sur notre santé car elles pénètrent dans notre <a href="http://www.cchst.ca/oshanswers/chemicals/how_do.html">système respiratoire</a> ; les plus fines peuvent même rejoindre notre circulation sanguine. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, la pollution de l’air serait responsable de <a href="http://www.eea.europa.eu/highlights/stronger-measures-needed">467 000 morts prématurées</a> chaque année en Europe.</p>
<p>Ces particules peuvent provenir de sources naturelles (sel de mer, éruptions volcaniques, feux de forêts…) ou d’activités humaines (transports, chauffage, industrie…).</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un pic de pollution ?</h2>
<p>Les pics de pollution correspondent à des dépassements de seuils réglementaires d’alerte <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32008L0050">définis en 2008</a> par l’Union européenne et transposés dans le droit français <a href="http://bit.ly/2l3pNGm">fin 2010</a>.</p>
<p>En vertu de ces réglementations, le <a href="https://www.airparif.asso.fr/reglementation/episodes-pollution">premier niveau</a> de gravité (appelé « seuil d’information du public et de recommandation ») est atteint pour les particules PM<sub>10</sub> à partir de 50 µg par mètre cube d’air (m³) dans l’air ambiant ; le niveau d’alerte est déclenché, lui, à partir de 80 µg/m³.</p>
<p>Pour les PM<sub>2,5</sub>, il n’y a pas de procédure de déclenchement mais seulement une valeur limite fixée à 25 µg/m³ en moyenne annuelle.</p>
<p>Cette réglementation montre cependant de sérieuses limites : les seuils de concentrations « massiques » – qui désignent la masse totale de particules dans 1 m³ d’air et qui servent à évaluer la dangerosité de la pollution aux particules fines – restent supérieurs aux valeurs <a href="http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs313/fr/">recommandées par l’OMS</a>. Ces dernières sont ainsi fixées pour les PM<sub>10</sub> à 20 µg/m³ en moyenne annuelle et 50 µg/m³ en moyenne journalière, pour tenir compte de l’exposition chronique et à court terme.</p>
<p>Par ailleurs, le seul paramètre pris en compte dans les réglementations européenne et française concerne la concentration massique. Ni la concentration en nombre (c’est-à-dire le nombre de particules par m³ d’air), ni la composition chimique des particules n’interviennent dans le déclenchement des alertes.</p>
<p>Enfin, les particules encore plus fines, inférieures à 1 µm – principalement générées par les activités humaines – ne sont pas réglementées, alors que ce sont potentiellement les plus nocives.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/155444/original/image-20170203-14012-1mfv4ww.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Comparaison de la taille des particules microscopiques avec un cheveu et un grain de sable.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.epa.gov/sites/production/files/2016-05/pm2_5_scale_graphic-color-jmh-new.png">US-EPA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Comment sont-ils détectés ?</h2>
<p>En France, le ministère de l’Environnement a délégué à des <a href="http://www.atmo-france.org/fr/index.php?/200804119/carte-des-aasqa/id-menu-222.html">associations agréées</a> et regroupées au sein de la <a href="http://www.atmo-france.org/fr">Fédération Atmo France</a>, la mission de surveiller la qualité de l’air et les polluants réglementés sur l’ensemble du territoire. Elles sont soutenues dans cette mission par le <a href="http://www.lcsqa.org">Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air</a>.</p>
<p>Ces associations mettent en œuvre des mesures automatiques de concentrations en polluants et d’autres dispositifs de suivi pour une meilleure compréhension des phénomènes observés, telles que la composition chimique des particules ou les conditions météorologiques.</p>
<p>Ces mesures peuvent se combiner à des approches de modélisation des concentrations en particules, grâce notamment à la plateforme nationale de prévision <a href="http://www2.prevair.org">Prevair</a> ; le calcul de l’historique des masses d’air peut aussi être utilisé pour connaître la provenance des particules. Il est donc possible aujourd’hui d’interpréter de manière relativement fine les phénomènes à l’origine de l’augmentation des concentrations.</p>
<h2>Décryptage d’un cas concret</h2>
<p>Le graphique ci-dessous, issu d’observations menées par notre <a href="http://sage.mines-douai.fr">département</a> de recherche et de mesures réalisées par <a href="http://www.atmo-hdf.fr">Atmo Hauts-de-France</a>, illustre un exemple de pics de pollution ayant touché cette région en janvier 2017.</p>
<p>Durant cette période, des conditions anticycloniques ont favorisé la stagnation des masses d’air au-dessus des zones d’émission des polluants ; par ailleurs, les températures froides ont entraîné une augmentation des émissions (notamment liées au chauffage résidentiel au bois) et la formation de particules dites « secondaires », formées suite à des réactions chimiques dans l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=342&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=342&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=342&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=430&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=430&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/155355/original/image-20170202-1673-12m3r9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=430&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Données V. Riffault/SAGE (projets Cappa et Climibio)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les graphes montrent l’évolution sur plusieurs jours des concentrations massiques en PM<sub>10</sub> et PM<sub>2,5</sub> à la station de surveillance de Lille Fives, ainsi que celles de plusieurs espèces chimiques mesurées dans les PM<sub>1</sub> à 4 km de là sur le campus de l’université de Lille.</p>
<p>On observe que la quasi-totalité des particules se trouvait dans la fraction PM<sub>2,5</sub>, ce qui exclut des évènements naturels tels qu’une remontée de poussières désertiques, relevant plutôt de la gamme 2,5 à 10 µm. En début et en fin de période, les particules présentent même plutôt des tailles inférieures à 1 µm.</p>
<p>L’épisode de pollution démarre le vendredi soir, le 21 janvier, et se poursuit tout le week-end, malgré un trafic routier plus faible ; cela s’explique par une combustion de bois accrue (comme le suggère le traceur m/z 60 correspondant à un fragment du levoglucosan, une molécule émise par la pyrolyse de la cellulose présente dans le bois).</p>
<p>La combustion de bois et d’autres formes de combustion (comme le trafic ou certaines industries) émettent également du dioxyde d’azote (NO₂) sous forme gazeuse ; ce dernier peut se transformer en acide nitrique (HNO₃) par réaction avec les radicaux hydroxyles (•OH) présents dans l’atmosphère.</p>
<p>Lorsque les températures sont suffisamment froides, HNO₃ va se combiner à l’ammoniac (NH₃), issu des activités agricoles, pour former du nitrate d’ammonium (NH₄NO₃) solide : ce sont les particules « secondaires ».</p>
<p>En fin de week-end, avec des conditions météorologiques plus favorables à la dispersion et à l’élimination des polluants, on note une décroissance des concentrations en particules fines.</p>
<p>Pour cet épisode, les très faibles concentrations en sulfates permettent d’exclure une contribution des centrales à charbon d’Allemagne et d’Europe de l’Est. Il s’agit donc bien d’une pollution locale et régionale, liée à des activités humaines, qui s’est accumulée en raison de conditions météorologiques défavorables.</p>
<h2>Comment les éviter ?</h2>
<p>Les conditions météorologiques n’étant pas contrôlables, les <a href="http://www.ademe.fr/particuliers-eco-citoyens/pollution-lair-bruit/pollution-lair/dossier/comment-reduire-pollution-lair/participation-citoyens">leviers d’action</a> reposent essentiellement sur une réduction des émissions de polluants.</p>
<p>La réduction de la formation de particules secondaires impliquera, par exemple, une limitation des <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2006et0009Ra.pdf">émissions de NO₂ liées au trafic routier</a> via la circulation alternée ou sélective ; pour les émissions de NH₃, il faudra agir sur les <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/20120301_les-emissions-agricoles-de-particules-dans-l-air-etat-des-lieux-et-leviers-d-actions_ademe.pdf">pratiques agricoles</a> (épandages et méthodes d’élevage).</p>
<p>Pour les émissions dues au chauffage au bois, le remplacement des dispositifs les plus anciens par d’autres plus propres permet une <a href="https://t.co/FgWSM6jxfl">meilleure combustion</a> et donc des émissions réduites en particules fines ; ceci peut être complété par un investissement dans l’<a href="http://www.renovation-info-service.gouv.fr/pourquoi-eco-renover-mon-logement">isolation des logements</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"818435412993671168"}"></div></p>
<p>Ces mesures ne doivent cependant pas faire oublier, rappellons-le, l’exposition chronique des populations à des concentrations en particules fines dépassant les seuils recommandés par l’OMS. Cette pollution est insidieuse et a des <a href="http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs313/fr">impacts sanitaires délétères à moyen et long terme</a>, avec notamment l’apparition de maladies cardio-vasculaires, respiratoires et de cancers du poumon.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/72320/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Riffault a reçu des financements du projet Cappa (<a href="http://www.labex-cappa.fr">www.labex-cappa.fr</a>) financé par l’ANR (contrat ANR-11-LABX-0005-01) au titre du programme investissement d’avenir et du projet Climibio (climibio.univ-lille.fr), tous deux financés par la région Hauts-de-France et le fonds européen de développement régional (FEDER).
</span></em></p>Lille, Lyon, Grenoble, Paris… Les grandes villes françaises ont connu ces derniers mois de sévères pics de pollution. Comment est évaluée cette menace pour la santé et l’environnement ?Véronique Riffault, Professeure en sciences de l’atmosphère, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/717242017-02-05T22:08:08Z2017-02-05T22:08:08ZComment la pollution lumineuse est devenue l’affaire de tous<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/155501/original/image-20170203-13989-1etms1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Diffusion dans l’atmosphère de l’éclairage artificiel généré par la ville de Lourdes. </span> <span class="attribution"><span class="source">Samuel Challéat (2016)</span></span></figcaption></figure><p>Sa première version avait fait date dans l’histoire du <em>« dark-sky movement »</em> (le « mouvement de protection du ciel nocturne »). Publié en 2001 dans la revue <em>Monthly Notices of the Royal Astronomical Society</em>, <a href="http://www.lightpollution.it/cinzano/download/0108052.pdf"><em>The First World Atlas of the Artificial Night Sky Brightness</em></a> constitue l’un des articles les plus cités dans les travaux universitaires s’intéressant aux nuisances et pollutions lumineuses.</p>
<p>La parution en juin dernier, quinze ans plus tard, de <em><a href="http://advances.sciencemag.org/content/2/6/e1600377">The New World Atlas of Artificial Night Sky Brightness</a></em> marque une nouvelle étape. Le grand écho médiatique rencontré par cette publication montre que la question des effets négatifs de l’éclairage artificiel nocturne est devenu un problème public.</p>
<h2>La pollution lumineuse, c’est quoi ?</h2>
<p>Son effet le plus immédiatement visible concerne la dégradation de la qualité du ciel étoilé. La diffusion atmosphérique de la lumière artificielle génère des halos lumineux qui dégradent les contrastes et interdisent la vision des objets célestes faiblement lumineux.</p>
<p>Dans les grandes agglomérations, le ciel nocturne est réduit aux quelques étoiles les plus brillantes, à quelques planètes et à la Lune. Selon les auteurs du premier <em>Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne</em>, 20 % de la population mondiale ont ainsi perdu la vision de la Voie Lactée à l’œil nu (50 % pour l’Union européenne).</p>
<p>Du point de vue environnemental, les écologues montrent des <a href="http://spn.mnhn.fr/spn_rapports/archivage_rapports/2008/SPN%202008%20-%208%20-%20Rap-SPN%20POLLUX.pdf">espèces fortement perturbées</a> par la lumière artificielle. On note des mécanismes d’attraction et de répulsion par les sources lumineuses et des perturbations, à échelles plus larges, d’espèces désorientées lors de leurs migrations. Plusieurs perturbations comportementales sont également relevées (communication, reproduction, prédation). Enfin, certains effets négatifs sont montrés sur <a href="http://www.redorbit.com/news/technology/1113352792/street-lights-are-adversely-affecting-plants-031615/">la flore</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/155499/original/image-20170203-14031-1wcfn6t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En période de ponte, les tortues marines recherchent les plages à l’obscurité préservée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Sea_turtle#/media/File:Turtle_golfina_escobilla_oaxaca_mexico_claudio_giovenzana_2010.jpg">Claudio Giovenzana/wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour la <a href="https://academic.oup.com/ije/article/38/4/963/851153/Light-at-night-circadian-disruption-and-breast">santé humaine</a>, la recherche médicale montre que l’alternance naturelle du jour et de la nuit est le premier donneur de temps pour notre horloge interne. Ce synchronisateur rythme la sécrétion de plusieurs hormones, comme la mélatonine. Une désynchronisation peut donc générer stress, fatigue, perte de la qualité du sommeil, irritabilité ou troubles de l’appétit.</p>
<p>Si la dégradation de la vision du ciel étoilé constitue une nuisance – ici c’est l’accès au ciel étoilé qui se trouve dégradé par la lumière artificielle, et non les étoiles elles-mêmes –, les coûts écologiques et sanitaires autorisent à employer le terme de <a href="https://stats.oecd.org/glossary/detail.asp?ID=2073">polluant</a> pour la lumière artificielle.</p>
<h2>L’astronomie lance l’alerte</h2>
<p>La remise en cause des <a href="https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2005-3-page-167.htm">doctrines de l’éclairagisme</a> est le résultat d’un lent mouvement amorcé à la fin des années 1950 aux États-Unis par des astronomes professionnels. On peut en effet dater la première décision publique de protection de la qualité du ciel nocturne à 1958, lorsque la <a href="http://flagstaff.az.gov/DocumentCenter/Home/View/15881">ville de Flagstaff</a> décide d’une réglementation de l’éclairage public pour protéger l’activité des astronomes de l’observatoire Lowell en Arizona (c’est là que Pluton avait été découverte en 1930 par Clyde Tombaugh).</p>
<p>Depuis les États-Unis, le problème se diffuse à l’échelle internationale. D’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, les villes connaissent durant les décennies 1960 et 1970 des mutations morphologiques rapides. Le développement massif de l’automobilité, l’étalement urbain, les nouvelles technologies d’éclairage et les faibles coûts de production de l’électricité engendrent l’<a href="https://www.pressestelle.tu-berlin.de/fileadmin/a70100710/Medieninformationen/2007/Pearson_and_Fouquet_7_Centuries_Light_En_Jnl_2006v27-01-a07.pdf">installation d’un éclairage public toujours plus puissant</a>, augmentant la taille et l’intensité des halos lumineux.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=180&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=226&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=226&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/154472/original/image-20170126-30397-11gqwu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=226&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Halo lumineux de la ville de Dijon.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Samuel Challéat</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est durant ces mêmes décennies que s’affirme une conscience écologique globale qui s’accompagne de conceptions nouvelles, associant <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/la-terre-vue-d-en-haut-sebastian-vincent-grevsm-hl/9782021111293">finitude de la planète</a> et risques technologiques et environnementaux.</p>
<p>Dans ce contexte, l’idée d’une « pollution lumineuse » émerge peu à peu ; elle prend corps autour d’un bien environnemental à part entière : le ciel étoilé. En réaction à la perte d’accès à ce bien, différents réseaux de l’astronomie et de l’éclairagisme sont mobilisés.</p>
<p>En 1976, l’Union astronomique internationale adopte une <a href="http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1977LAstr..91...99K&defaultprint=YES&filetype=.pdf">résolution</a> pour la protection des sites astronomiques. À la suite, une collaboration avec la Commission internationale de l’éclairage débouche en 1980 sur des <a href="http://div4.cie.co.at/?i_ca_id=587&pubid=119">recommandations pratiques</a> visant à diminuer le halo lumineux à proximité des observatoires.</p>
<p>Les astronomes amateurs entrent dans la danse et relaient localement ces préoccupations professionnelles. En 1993, ils se fédèrent autour de la rédaction d’une <a href="http://renoir.hypotheses.org/files/2017/02/CPCN_Charte_preservation_environnement_nocturne_Archives_Collectif_RENOIR_S_Challeat.pdf">charte</a> pour la préservation de l’environnement nocturne. Au-delà de cette initiative, la mobilisation se traduit en France par la création du Centre pour la protection du ciel nocturne qui deviendra, en 1998, l’Association nationale pour la protection du ciel nocturne.</p>
<h2>Globaliser la controverse</h2>
<p>Fin 2006, cette association opère un changement significatif en intégrant à son nom la notion d’environnement nocturne. Cette notion floue sert une visée stratégique claire : la <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-action-de-l-Etat,13457.html">mise à l’agenda politique</a> des nuisances lumineuses lors du Grenelle de l’environnement.</p>
<p>Les atteintes à « l’environnement nocturne » saisissent ainsi les aspects socioculturels (accessibilité au ciel étoilé), écologiques (espèces et systèmes affectés par la lumière artificielle) ou encore sanitaires (perturbations des rythmes circadiens et hormonaux, etc.).</p>
<p>Au-delà des dimensions scientifiques, il est aussi question d’atteindre de nouveaux publics, notamment grâce à des projets de science citoyenne ou participative, à l’image du programme <em><a href="http://www.globeatnight.org.">Globe at Night</a></em>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"533337467861336064"}"></div></p>
<h2>La question du bon indicateur</h2>
<p>Nombreux sont les travaux qui tentent d’objectiver la mesure de la pollution lumineuse grâce à « l’indicateur Voie Lactée ». La question se trouve ici réduite à la vision ou non de ce marqueur de la qualité du ciel nocturne, facilement appropriable et <a href="https://renoir.hypotheses.org/593">convoqué dans les imaginaires naturalistes</a>. La production des deux <em>Atlas de la clarté artificielle du ciel nocturne</em> évoqués plus haut se situe dans cette mouvance.</p>
<p>Mais à bien considérer les effets négatifs de l’éclairage artificiel nocturne, « l’indicateur Voie Lactée » semble ne pas suffire ; et il révèle, en négatif, ce que l’on ne sait pas encore mesurer, soulignant le manque de connaissances au sujet des effets de la lumière sur les écosystèmes <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/brv.12036/full">aux échelles complexes</a> ainsi que sur la santé humaine au-delà d’études en laboratoire.</p>
<p>En la matière, « l’indicateur Voie Lactée » opère de façon très hasardeuse des liens entre différents types d’effets et d’impacts : il n’est pourtant pas de lien mécanique, en un lieu donné, entre la qualité du ciel nocturne du point de vue de l’œil humain et les impacts de l’éclairage artificiel nocturne sur tel ou tel trait fonctionnel de telle ou telle espèce. </p>
<p>L’usage trop fréquent de cet indicateur entretient ainsi la confusion entre la mesure des émissions de pollution lumineuse et la mesure de ses effets plus complexes, au-delà de la seule dégradation de la qualité du ciel étoilé. Pire : le fait de se contenter de cet indicateur pourrait à plus long terme freiner voire empêcher le développement des recherches, notamment dans une perspective interdisciplinaire.</p>
<h2>Au plus près des usages de la nuit</h2>
<p>On le voit, la lutte contre les nuisances et pollutions lumineuses ne peut rester l’apanage de quelques associations encore fortement marquées par le milieu de l’astronomie. Habitants, élus, ingénieurs territoriaux, bureaux d’études, chercheurs issus de multiples disciplines : la fabrique de l’éclairage urbain doit être ouverte à toutes les formes d’expertises et porter attention aux différents usages de la nuit pour, par exemple, mettre en place des politiques localement concertées de réduction des niveaux d’éclairement, voire de coupure de l’éclairage durant certaines plages horaires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/155517/original/image-20170204-18261-1tt6ek9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’éclairage urbain d’une ruelle de la ville de Cluj-Napoca, en Roumanie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Samuel Challéat (2016)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est l’attention portée à ce que les usagers – humain et non-humains – font <em>de</em> et <em>dans</em> l'obscurité qui peut mener à l’adaptation locale de la norme d’éclairage.</p>
<p>Ce travail permet d’ériger la protection de l’environnement nocturne en nouveau principe d’aménagement. Il donne naissance à des outils pour les territoires et les sciences de la conservation ; c’est le cas des <a href="http://ricemm.org/reserve-de-ciel-etoile/quest-ce-quune-rice/">Réserves internationales de ciel étoilé</a>, adaptées aux besoins des astronomes et pouvant aussi servir de réservoirs de biodiversité nocturne au sein de <a href="https://renoir.hypotheses.org/910">« trames noires »</a>, ces espaces en réseaux qui rendent possible la protection de l’environnement nocturne jusque dans les villes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/71724/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samuel Challéat a reçu des financements de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, de l'Université de Toulouse 2 - Jean Jaurès, ainsi que du CNRS.</span></em></p>Alors que trois associations ont décidé le 13 avril dernier d’attaquer l’État pour son inaction à combattre la pollution lumineuse, retour sur ces nuisances et leurs multiples effets.Samuel Challéat, Chercheur en géographie de l’environnement, Université Toulouse – Jean JaurèsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.