tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/these-25677/articlesthèse – The Conversation2023-03-15T19:58:52Ztag:theconversation.com,2011:article/1993592023-03-15T19:58:52Z2023-03-15T19:58:52ZAprès la thèse, pourquoi faire un postdoctorat ?<p><em>De la collecte de données à la valorisation de ses travaux en passant par la publication d’un premier article scientifique, <a href="https://www.editions-ems.fr/boutique/lexperience-de-la-these-en-management/">L’expérience de la thèse en management</a> documente les défis qui se posent aux doctorants. En s’appuyant sur les retours de terrain de jeunes chercheurs, les coordinateurs de l’ouvrage, Hugo Gaillard, Julien Cloarec, Juliette Senn et Albane Grandazzi, invitent les lecteurs à remettre en perspective les questionnements qui surgissent à chaque étape de leur parcours. Ci-dessous, voici un extrait de la cinquième partie de l’ouvrage consacrée au choix de poursuivre en postdoctorat.</em></p>
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<h2>Les bonnes raisons d’effectuer un postdoc</h2>
<p>Plutôt qu’un contrat, il serait plus adéquat de parler d’une période de transition entre la thèse et la prise de poste, tout comme le décrit le récent Code de la recherche qui statue sur les différentes <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000042752265">« modalités particulières d’emploi scientifique »</a>. En pratique, le chemin peut être long et parsemé d’embûches, d’autant plus qu’il intervient déjà après la longue période de la <a href="https://theconversation.com/reussir-laventure-de-la-these-tout-un-art-133127">thèse</a>. Cette transition nous paraît un bon choix si le postdoc donne les bons outils pour obtenir le poste que l’on vise ensuite. Il faut donc l’envisager comme une première étape dans sa carrière. En effet, « faire un postdoc pour faire un postdoc » n’est pas une bonne option. En revanche, trois raisons nous semblent particulièrement pertinentes pour poursuivre dans cette voie.</p>
<h2>a) Développement des compétences pour trouver un poste</h2>
<p>Le postdoc est avant tout un bon moyen de compléter son profil de recherche, qui passe souvent par la publication de travaux liés à la thèse, et le bien nommé « job market paper » dans le monde anglo-saxon. La tendance du postdoc est donc largement soutenue par la nécessité de publier à l’ère du <a href="https://theconversation.com/recherche-publish-or-perish-vers-la-fin-dun-dogme-128191">« publish or perish »</a>. C’est donc l’occasion de publier des résultats de sa thèse par exemple, ou d’un autre projet de recherche débuté en parallèle. Comme explicité plus haut dans l’introduction, il n’est pas dans cette optique un moyen de retarder la prise de poste, encourageant les postures indécises.</p>
<p>Ce serait biaisé pour autant de ne penser uniquement le postdoc au travers de la recherche. Il permet de compléter son profil dans tous ses aspects, par exemple celui de l’enseignement dans le cas où l’on aurait peu enseigné : par exemple, lors des <a href="https://theconversation.com/doctorat-cifre-un-pont-entre-la-recherche-et-le-monde-economique-64406">thèses CIFRE</a> où l’enseignement est optionnel. Il permet également de développer son « réseau », à savoir s’intégrer dans des communautés scientifiques françaises et internationales. Ainsi, le postdoc va pouvoir se construire un statut dans sa communauté, ce qui pourra lui offrir des opportunités de carrière.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/jusquou-peut-on-invoquer-la-liberte-academique-174623">Jusqu’où peut-on invoquer la liberté académique ?</a>
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<p>Enfin, il est un moment privilégié pour sa recherche de poste : un moyen de gérer la « file d’attente » découlant du fait qu’il y a beaucoup plus de docteurs que de postes disponibles. Les postes de maîtres de conférences (MCF) sont en déclin depuis 10 ans alors que le nombre de candidats qualifiés augmente, même si cela dépend des disciplines. À titre d’illustration, il est très difficile de trouver des candidats en comptabilité. Par ailleurs, il permet de répondre à une internationalisation du marché du travail, en particulier dans des écoles où le recrutement s’étend largement au-delà de nos frontières : les doctorants français, ayant soutenu leur thèse de doctorat en université, sont en concurrence avec des PhD qui ont quatre à cinq ans d’expérience, avec des publications déjà intégrées à leur thèse. De ce point de vue, s’engager dans un postdoc après l’obtention d’un doctorat français peut paraître logique si l’on désire obtenir un poste en école où le recrutement est fortement internationalisé. A noter que le postdoc est aussi courant pour des PhD ayant déjà 4 à 5 ans d’expérience.</p>
<h2>b) Cultiver la dimension internationale</h2>
<p>L’évolution de la formation doctorale encourage une culture académique internationale. Pour autant, faire un postdoc n’implique pas nécessairement de partir dans un pays étranger. Tout dépend de l’endroit où l’on souhaite poursuivre sa carrière. Partir à l’étranger pendant la période postdoctorale peut paraître en effet comme un atout : style d’enseignement, nouvelles idées qui façonnent le travail de recherche, ou encore l’exposition à une culture académique différente. La dimension internationale est surtout synonyme de nouvelles connexions avec d’autres chercheurs internationaux, ouvrant les portes à plus d’opportunités de co-écriture en particulier. En cela, c’est avant tout un élargissement des perspectives de recherche, de la visibilité de son travail, et des codes appris jusqu’alors. Cependant, il nous semble important de mentionner qu’« internationaliser » son postdoc est également envisageable en restant dans son pays d’origine. Par exemple, beaucoup de grandes écoles de commerce sont insérées dans des réseaux internationaux de par leur recrutement. Le chercheur peut donc s’engager dans cette dimension internationale à plusieurs niveaux.</p>
<h2>c) L’émancipation du jeune chercheur</h2>
<p>Enfin, un des atouts indéniables du postdoc est de s’émanciper de son laboratoire d’origine, de son <a href="https://theconversation.com/un-directeur-de-these-a-quoi-ca-sert-100269">directeur ou directrice de thèse</a>, d’affirmer son projet, et en fin de compte, de contribuer grandement à construire son identité d’académique. Pour <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ipme/2017-v30-n2-ipme03119/1040451ar/">Olivier Germain et Laurent Taskin</a> « toute relation entre le directeur et son doctorant devrait constituer un espace d’émancipation et de confrontation », discutant <a href="https://journals.aom.org/doi/10.5465/amle.2007.27694946">l’étude de Wright, Murray et Geale</a> sur la typologie des rôles de directeurs de thèse et leurs finalités.</p>
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<p>En effet, le doctorat en France reste très marqué par la présence visible d’un directeur ou d’une directrice de thèse. Cette personne guide tant les recherches, que les réseaux académiques dans lesquels « son » doctorant (le pronom possessif étant lui-même révélateur) s’inscrit. Même si on note des évolutions importantes sur ce point, en particulier avec la forte augmentation des thèses co-dirigées depuis dix ans, ou par l’instauration de comités de thèse qui suivent l’évolution du doctorant avec des professeurs externes, il n’en demeure pas moins que le doctorat à la française privilégie encore une relation bilatérale. Nous ne souhaitons pas critiquer cet aspect : c’est aussi ici que se joue la beauté du compagnonnage académique selon nous, même s’il n’est pas exempt de certaines dérives, et nous ne pouvons que le déplorer. Pour autant, il nous semble important qu’un jeune docteur puisse travailler en direct avec d’autres collègues, professeurs, au sein d’un laboratoire qui n’est pas celui qui l’a d’abord vu comme doctorant.</p>
<p>Par ailleurs, au-delà de cet aspect identitaire, cela lui apportera aussi de nouvelles méthodes de travail, de fonctionnement d’un département, d’une équipe de recherche, des traditions théoriques pouvant être complémentaires. Les relations entre collègues, l’environnement de recherche et d’enseignement, les relations avec les étudiants sont des points qui peuvent varier fortement d’une institution à l’autre. Le postdoc permet donc de développer sa recherche qui peut être vue comme un processus d’apprentissage qui s’étire parfois jusqu’à plusieurs années après l’obtention du doctorat (<a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-94-007-5977-0">Höhle et Teichler, 2013</a>). Ce processus structure l’identité du chercheur. En cela, le postdoc permet de développer sa propre identité scientifique et de sortir de ce qui est parfois considéré comme la « coupe » du directeur ou directrice de thèse.</p>
<p>En ce sens, le postdoc peut permettre de savoir quoi viser précisément dans sa recherche de poste. D’après les retours d’expériences dont nous disposons, il est parfois nécessaire pour affiner son projet professionnel, en découvrant d’autres univers académiques. C’est donc un jeu d’équilibriste entre chercher un postdoc cohérent avec son projet professionnel, tout en conservant une certaine latitude pour le faire évoluer.</p>
<h2>1.2. Les risques et les pièges</h2>
<p>Pour autant, nous avons conscience que le postdoc est souvent nécessaire pour obtenir un poste, tant les exigences sont multiples et élevées et parfois contradictoires : avoir conduit une recherche doctorale de qualité, avoir publié pendant sa thèse ou montrer des projets de publications déjà bien développés, avoir enseigné un nombre suffisant d’heures auprès de publics variés, être intégré dans les réseaux de sa communauté scientifique, être engagé dans la vie de son département et/ou de son équipe, etc. Le postdoc serait donc à ce titre l’étape souvent indispensable, et parfois non désirée par le doctorant lui-même, pour construire ce qu’on appelle souvent un profil du « mouton à cinq pattes ». À ce titre, il entraîne un certain nombre de risques et de pièges, qu’il nous semble particulièrement important de discuter ici.</p>
<h2>a) Le postdoc, à la recherche du temps perdu ?</h2>
<p>En premier lieu, le postdoc présente le risque de ne pas bien négocier le contenu exact de son poste, en particulier son temps de recherche. Les activités sont souvent mêlées entre recherche collective, personnelle, les services au laboratoire, des missions plutôt orientées sur la gestion de projet, l’organisation d’évènements scientifiques ou à destination de professionnels. Il est alors aisé de s’y perdre. Quel équilibre viser entre tous ces éléments ? Il est important d’expliciter le temps de recherche dont on veut disposer dans la négociation de son poste. C’est là une condition importante pour accepter ou non la proposition que vous aurez. D’après notre expérience et de celles de nos jeunes collègues, avoir 50 % du temps dédié à la recherche personnelle dans un postdoc constitue un bon équilibre. Ce chiffre pourrait paraître élevé dans certains contextes institutionnels, mais il est souvent indispensable pour pousser ses projets de l’après-thèse et trouver un poste permanent. Cela place réellement le postdoctorant dans une posture d’enseignant-chercheur, prêt à démarrer son premier poste académique.</p>
<h2>b) L’engagement dans une institution</h2>
<p>Le postdoc est souvent vu comme un temps précieux pour se concentrer sur son développement intellectuel, parfois en privilégiant certains aspects par rapport à d’autres. À l’inverse d’un poste d’enseignant-chercheur donc, il n’est pas surprenant d’observer une participation plus minime à la vie de l’institution : responsabilités administratives, projet d’encadrement, programme d’enseignement, service et même l’attachement affectif ne doit pas être comparable entre le postdoctorat et le poste. Notre propos n’est pas ici de décourager un investissement dans l’institution du postdoc, bien au contraire, mais de veiller toujours à respecter un certain équilibre entre cet engagement institutionnel et le développement de votre recherche.</p>
<p>En particulier si le jeune docteur se trouve bien identifié dans une institution, une sorte de « sur » engagement est parfois la pente naturelle que prennent de nombreux collègues. Sans présager de mauvaises intentions de la part des institutions qui les accueillent, les chercheurs postdoctoraux sont rarement encouragés, et encore moins obligés, à consacrer du temps à préparer une prise de poste future. Les méthodes de travail distribuées et souvent individuelles du métier académique ne permettent pas de donner à voir tous ces éléments aux yeux de l’institution qui vous emploie. Pour autant, la recherche et la préparation d’une prise de poste constituent une stratégie essentielle. Là aussi, c’est au postdoc de trouver le bon équilibre entre sa recherche personnelle, dont il doit veiller à la protection, et le développement de ses réseaux académiques, éléments indispensables dans l’obtention d’un poste permanent.</p>
<h2>c) Les raisons personnelles</h2>
<p>La décision de faire un postdoc est intrinsèquement liée à nos conditions et à nos étapes de vie personnelles. Cela peut paraître évident, mais pour réussir son postdoc, il faut pouvoir le réaliser dans de bonnes conditions, dans l’objectif de chercher un emploi par la suite. La précarité de ce type de contrat est bien trop souvent mise en avant, mais les situations sont variables d’une institution à l’autre. Sa situation personnelle, en particulier sa situation conjugale, mais aussi familiale et amicale, est essentielle à considérer. À notre sens, elle ne doit pas rester un des multiples éléments dans la balance, mais offrir les conditions de possibilités d’un postdoc conduit avec succès.</p>
<p>En confrontant nos expériences respectives, on peut par exemple trouver de nombreuses tensions caractérisées par le statut de chercheur féminin qui mettent à jour une tendance à invisibiliser la question du genre dans les carrières académiques. L’équilibre vie personnelle-professionnelle est souvent construit comme une tâche impossible et préjudiciable à la carrière des femmes (<a href="https://psycnet.apa.org/record/2016-36732-001">Toffoletti et Starr, 2016</a>). La maternité est par exemple souvent reculée à l’obtention d’un poste permanent (voir, par exemple, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/gwao.12314">Huppatz et coll., 2019</a>). Autre exemple, les couples peuvent être à distance, à des centaines, et parfois des milliers de kilomètres. Notre intention n’est pas ici de donner un avis personnel, ou un guide de conduite à suivre. Pour autant, il nous semble important d’avoir ces éléments en tête pour poser un choix éclairé. Le postdoc peut ouvrir des portes professionnelles. Reste à savoir à quel prix…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199359/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Gaillard est membre du Bureau et du CA l'AGRH.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Albane Grandazzi, Julien Cloarec et Juliette Senn ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Un contrat postdoctoral peut être l'occasion pour un jeune universitaire de compéter son profil de recherche et d'étoffer son réseau. Extraits d'un ouvrage fondé sur des avis de jeunes docteurs.Albane Grandazzi, Professeur Assistant, Grenoble École de Management (GEM)Hugo Gaillard, Maître de conférences en Sciences de gestion, Le Mans UniversitéJulien Cloarec, Assistant Professor of Data Science, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Juliette Senn, Assistant Professor, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1729222021-12-13T18:24:51Z2021-12-13T18:24:51ZDoctorat : les grandes transformations de la thèse en management ?<p>Alors que, dans les pays anglo-saxons ou germaniques, le doctorat est l’une des voies royales pour accéder à des fonctions d’encadrement en entreprise, en France, avec le poids des grandes écoles, le doctorat reste surtout un tremplin vers les métiers de l’enseignement et de la recherche. De fait, en 2013, la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion (FNEGE) avait déjà montré que <a href="https://fr.calameo.com/read/0019301718f9dbbd1e819">75 % des docteurs en management</a> faisaient le choix de la carrière académique. Cependant, l’accès à un poste universitaire devenant de plus en plus compétitif, le choix de ce débouché, toujours largement majoritaire, est désormais remis en question.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/reussir-laventure-de-la-these-tout-un-art-133127">Réussir l’aventure de la thèse, tout un art !</a>
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<p><a href="https://theconversation.com/video-laccompagnement-des-jeunes-docteurs-a-lemploi-134274">Des travaux plus récents</a> tendent à montrer que l’employabilité en dehors de la sphère académique dépend, pour beaucoup, de l’activité du doctorant en thèse : c’est aussi au doctorant de créer la valeur externe de son diplôme. Ceux qui quittent le monde universitaire se dirigent majoritairement vers les métiers du conseil, ou rejoignent des projets entrepreneuriaux dont l’activité est liée à leur recherche académique. D’autres, encore, s’orientent vers des fonctions plus classiques qui correspondent à leur spécialisation disciplinaire de thèse (gestion des ressources humaines, marketing, finance, comptabilité, systèmes d’information, data science, etc.).</p>
<p>Ces comportements peuvent expliquer la <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/hors-collection/ouvrage/620-l-enseignement-de-la-gestion-en-france.html">tension du recrutement</a> dans un contexte de stagnation des effectifs de maître de conférences en management sur la période récente. Les écoles de commerce, elles, se sont désormais pleinement engagées dans la compétition internationale (primes à la publication, anglicisation des parcours).</p>
<p>En réponse à ce monde du travail changeant, l’exercice de la thèse se modifie, intégrant des rituels de <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/11/06/le-concours-ma-these-en-180-secondes-est-un-revelateur-du-monde-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche_6101215_1650684.html">promotion de soi</a>. Nous considérons ces évolutions comme le témoin de changements plus fondamentaux dans la construction du savoir scientifique, et les étudions dans une perspective compréhensive et prospective.</p>
<h2>Une diversité de thèses</h2>
<p>Nombre d’études font état, chaque année, du nombre de docteurs en management ou de leur insertion professionnelle. Ces études sont menées par les universités ou par des organismes externes, comme la <a href="https://www.fnege.org/publications/les-publication-de-la-fnege/observatoires/les-observatoires">FNEGE</a> ou <a href="https://www.anrt.asso.fr/fr/enquetes-cifr">l’association nationale de la recherche et de la technologie</a>. Pour autant, ces études ne reflètent qu’un instantané et ne rendent donc pas compte des dynamiques de la thèse en management. La thèse n’est dorénavant plus un exercice commun. Il s’agirait davantage de parler de thèses, au pluriel, tant les attendus diffèrent selon l’institution, le format choisi, ou la sous-discipline.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/un-directeur-de-these-a-quoi-ca-sert-100269">Un directeur de thèse, à quoi ça sert ?</a>
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<p>Cette discussion mérite d’être approfondie, dans un paysage politique et institutionnel qui ne cesse de se transformer. La loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPR) est actuellement sur le devant de la scène nationale et <a href="https://www.francetvinfo.fr/politique/jean-castex/gouvernement-de-jean-castex/projet-de-loi-recherche-avant-meme-l-examen-du-texte-les-chercheurs-s-inquietent_4113201.html">crispe le monde de la recherche français</a>, craignant un recul des libertés académiques, une menace sur les carrières et les accès aux fonctions universitaires. Ces nouveaux défis sont opaques pour le grand public, qui, dans son ensemble, connaît peu le monde universitaire. Quelles sont, effectivement, les transformations à l’œuvre et avec quelle ampleur ?</p>
<p>Dans le cadre d’un partenariat de recherche avec la FNEGE, lancé en octobre 2020 et pour une durée de deux ans, <a href="https://fnege-medias.fr/fnege-video/les-derniers-jours-de-la-these-en-management/">notre projet</a> vise à rendre visible et accessible la connaissance informelle et implicite sur le travail de thèse, en questionnant le devenir de ce rituel jusqu’à maintenant incontournable. Pour ce faire, nous tentons de répondre à un certain nombre de questions-clés :</p>
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<li><p>quels sont les sujets en vogue ?</p></li>
<li><p>quelle langue de rédaction est privilégiée (anglais ou en français) ?</p></li>
<li><p>où l’encadrement doctoral et, donc, les doctorants en management se concentrent-ils en France ? Et surtout, quels sont leurs débouchés professionnels, sur plusieurs années ?</p></li>
</ul>
<p>En tant que jeunes docteurs en management, issus de disciplines variées, il nous semble important d’instruire le débat dans notre communauté et au-delà, pour guider les choix politiques en la matière.</p>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/612482475?h=c3b82ec0eb&title=0&byline=0&portrait=0" width="100%" height="360" frameborder="0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen=""></iframe>
<p><a href="https://vimeo.com/612482475">Les derniers jours de la thèse en management ?</a> from <a href="https://vimeo.com/fnegemedias">Fnege Medias</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</p>
<p>Trois objectifs principaux sont visés :</p>
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<li><p>aider les masterants et les jeunes doctorants à y voir plus clair sur la thèse en management ;</p></li>
<li><p>révéler la diversité des recherches en management, leur ancrage et leurs préoccupations managériales et sociétales ;</p></li>
<li><p>cartographier l’insertion professionnelle des docteurs en management pour informer sur l’encadrement doctoral au niveau national. L’analyse des métadonnées de près de 3 000 thèses en management, soutenues entre 2010 et 2019, permet de faire émerger des tendances et d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion.</p></li>
</ul>
<h2>Trois grandes tendances…</h2>
<p><strong>Langue d’écriture et format du manuscrit de thèse</strong></p>
<p>En dix ans, le nombre de thèses rédigées en langue anglaise a plus que doublé. Il sera intéressant d’étudier les antécédents qui conduisent à ce choix : décision du doctorant, décision du directeur de thèse, exigences disciplinaires, volonté d’expatriation, parcours académique antérieur, course à la publication scientifique, etc. Les premiers résultats montrent un lien fort entre la langue d’écriture (anglais vs. français) et le format de la thèse (sur essais vs. monographique), suggérant une internationalisation de la démarche doctorale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/435675/original/file-20211204-25-1xrauwq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution du nombre de thèses en management rédigées en anglais.</span>
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<p><strong>Sans surprise, un petit nombre d’universités et d’écoles, situées dans les plus grandes métropoles, concentrent l’encadrement doctoral en management.</strong></p>
<p>Selon l’observatoire des thèses de la FNEGE, sur ces dix dernières années, Paris, Lyon, Marseille, Lille, Grenoble et Montpellier tirent leur épingle du jeu, avec au moins 100 thèses soutenues. De ce fait, on peut se questionner sur les raisons qui permettent à un pôle régional d’émerger, en particulier, au regard du financement de la recherche (dotations publiques, formations, etc.).</p>
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<span class="caption">Nombre de thèses en management soutenues entre 2010 et 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p><strong>Caractéristiques de l’encadrement doctoral et impact sur la carrière</strong></p>
<p>Le directeur de thèse joue un rôle important, voire crucial, dans le marathon de la thèse, mais aussi dans l’orientation professionnelle. <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2017-2-page-97.htm?contenu=resume">Certains travaux</a> ont déjà mis en avant les profils du/des directeur(s) de thèses comme déterminant(s) pour l’insertion professionnelle, en précisant, par exemple, que, lorsque “le statut du directeur de thèse est élevé”, le docteur s’oriente plus facilement vers un premier poste en université. Partant de ce constat, nous nous questionnerons sur les critères pertinents pour caractériser l’encadrement doctoral, en étudiant notamment le rôle joué par la codirection de thèse.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/434797/original/file-20211130-23-1judfc2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution du nombre de thèses en management dirigées par deux directeurs ou plus.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Quelques pistes de recherche</h2>
<p>Au-delà de l’approfondissement des trois tendances précitées, notre démarche nous conduit à formuler quatre pistes de recherche. Tout d’abord, la question de la place de la qualification aux fonctions de maître de conférences (MCF) dans l’insertion professionnelle des docteurs est lancée : quelle est la part des docteurs qualifiés ? Combien d’entre eux sont en poste, et ce, combien d’années après leur soutenance ? Que deviennent les docteurs non qualifiés ?</p>
<p>Ensuite, outre l’enjeu de la qualification, les parcours types d’accès aux fonctions d’enseignant-chercheur (MCF, à l’université, ou professeur assistant, en business school) et les profils des docteurs sont tout aussi déterminants : âge, genre, formation initiale, discipline, ancrage avec les préoccupations managériales du moment, encadrement doctoral, laboratoire, université, publications et classement, etc. Puis, la dimension informelle, clé de voûte de la thèse en management et de l’insertion professionnelle des docteurs dans le monde académique, invite à de nouvelles réflexions, d’autant plus que les règles du jeu changent rapidement.</p>
<p>L’enjeu de notre projet se manifeste à plusieurs niveaux et s’inscrit dans un horizon temporel de long terme : nous ferons état de ses bouleversements et analyserons ses implications, comme ont pu le faire récemment un collectif de sociologues du travail sur le <a href="https://www.xerficanal.com/iqsog/emission/Pierre-Michel-Menger-Le-modele-francais-de-l-excellence-en-mathematiques_3750132.html">cas des mathématiques</a>. Ainsi, nous espérons contribuer à la réflexion déjà féconde sur la thèse comme support de création de connaissance, mais aussi comme outil d’insertion dans la carrière.</p>
<hr>
<p><em>Ce projet de recherche est soutenu par la FNEGE, les Ateliers de Thésée et Grenoble École de Management</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172922/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Gaillard est membre de l'AGRH, du Pôle recherche de l'Observatoire Action Sociétale - Action Publique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julien Cloarec est Vice-Président de la Société Française de Management. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juliette Senn est membre de l'AFC.</span></em></p>Après une thèse en management, le choix d’une carrière universitaire reste majoritaire. Mais l’accès aux postes devenant de plus en plus compétitif, certains docteurs envisagent d’autres horizons.Hugo Gaillard, Maître de conférences en Sciences de gestion, Le Mans UniversitéAlbane Grandazzi, Professeur Assistant, Grenoble École de Management (GEM)Julien Cloarec, Assistant Professor of Data Science, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Juliette Senn, Assistant Professor, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1437662020-09-08T18:47:29Z2020-09-08T18:47:29ZMaster, doctorat : le plagiat progresse-t-il à l’université ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/356753/original/file-20200907-18-12jny0h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C1914%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si certains cas sont clairs (le copier-coller sans guillemets ni référence), le territoire du plagiat est surtout un vaste dégradé de gris.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/photos/books-question-mark-student-stack-4158244/">Image by Gerd Altmann from Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>En mars 2019, le monde du journalisme était ébranlé par une <a href="https://nymag.com/intelligencer/2019/02/former-times-editor-jill-abramson-accused-of-plagiarism.html">affaire de plagiat</a> : l’ancienne rédactrice en chef du <em>New York Times</em> était alors accusée d’avoir utilisé des passages de sources existantes pour <a href="https://www.actualitte.com/article/monde-edition/le-livre-de-l-ex-redactrice-en-chef-du-new-york-times-accuse-de-plagiat/93230">son livre</a> <em>Merchants of Truth</em>. Un an plus tard, c’est au tour du monde académique français d’être secoué par un scandale : face à des preuves avérées de plagiat, la section disciplinaire de l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne décidait en juillet 2020 d’<a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/27/l-annulation-d-une-these-pour-plagiat-destabilise-l-universite-paris-i-pantheon-sorbonne_6047345_3224.html">annuler un doctorat en droit</a>.</p>
<p>Au-delà des enjeux propres à chaque métier ou institution, ces affaires soulignent la porosité grandissante entre citation et copier-coller, et les risques de plagiat à l’heure où Internet facilite le partage de document. Alors que les sources à portée de clic se multiplient, comment faire face à ce type de triche ?</p>
<p>Le problème du plagiat se pose pour les thèses de doctorat comme pour les mémoires de master, avec des répercussions qui ne se limitent pas au cercle de l’enseignement supérieur. Rappelons qu’en février 2013, la Ministre de l’Éducation en l'Allemagne a démissionné de son poste après la révocation de son doctorat par l’Université Heinrich Heine, <a href="https://eric.ed.gov/?id=EJ994869">pour des raisons similaires</a> : « Son départ venait à la suite de scandales pour des travaux plagiés ayant fait tomber un Ministre de la Défense allemand, le Président hongrois et un Ministre de l’Éducation roumain », peut-on lire dans le <em>Chronicle of Higher Education</em>.</p>
<h2>Zones de gris</h2>
<p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1360080X.2018.1479949">Une étude</a> menée par David C. Ison en 2018 confirme bien que, si les attitudes à son égard varient selon les cultures, le plagiat se pratique dans les institutions du monde entier quel que soit le domaine étudié. La triche étudiante peut recouvrir de multiples formes, qui vont de l’antisèche à la collaboration non autorisée et à l’obtention des sujets d’examen. Si, dans certains cas, les étudiants trichent sans forcément en avoir conscience, cela n’est pas le cas pour le copier-coller dont tout le monde s’accorde sur le fait qu’il s’agit de plagiat.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1181673809184722944"}"></div></p>
<p>Dans son <a href="https://www.goodreads.com/book/show/38089.The_Little_Book_of_Plagiarism"><em>Petit livre sur le plagiat</em></a>, le juge étasunien Richard Posner constate que le problème se pose de plus en plus. Au travers des multiples exemples qu’il offre, on comprend que le plagiat est pour lui une question éthique (relevant des zones de gris) plutôt que juridique (légal ou illégal). Ceci dit, il est parfaitement possible que le plagiat relève objectivement de la fraude, dans les cas où un contrat a été établi, pour les journalistes ou les étudiants par exemple.</p>
<p>Pour Deborah Rhode, professeure de Droit à l’Université de Stanford, « la véritable question est de savoir si les lecteurs ont été trompés » (<a href="https://global.oup.com/academic/product/cheating-9780190672423?cc=fr&lang=en&"><em>Cheating, Ethics in Everyday Life</em></a>) – c’est donc une question de déclaration (disclosure). La citation entre guillemets ou la mention des idées accompagnée de la référence (« auteur(s), année, page ») est évidemment le mode idéal de déclaration. Mais quid de l’inspiration pour des étudiants, somme toute novices, sur le sujet de leur mémoire ? Quid des idées venues de cours, de conférences ou de séminaires ?</p>
<p>On le voit bien, si certains cas sont clairs (le copier-coller sans guillemets ni références), le territoire du plagiat est surtout un vaste dégradé de gris. On en tiendra pour preuve par exemple les détails dans lesquels rentre l’Université de Princeton sur la question de <a href="https://odoc.princeton.edu/curriculum/academic-integrity">l’intégrité académique</a>. Leur fascicule de 40 pages en consacre pas moins de 6 à des exemples détaillés et concrets de plagiat pour bien expliquer aux étudiants de quoi il relève !</p>
<h2>Contexte numérique</h2>
<p>L’arrivée d’Internet est rapidement devenue un enjeu majeur pour le monde académique, les institutions craignant une intensification des pratiques de triche et de plagiat de la part des étudiants. Comment ces derniers pourraient-ils résister à la tentation quand quelques clics suffisent ? Aujourd’hui, les études effectuées ne permettent pas de trancher de manière formelle sur cette évolution. En revanche, les outils digitaux ont permis de les détecter plus facilement.</p>
<p>Ces études permettent de dresser un « portrait-robot » du plagiaire :</p>
<ul>
<li><p>C’est <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02602938.2014.880776">plutôt un étudiant</a> qu’une étudiante ;</p></li>
<li><p>Il est <a href="https://link.springer.com/article/10.1023/A:1018720728840">plutôt en première année</a> qu’en fin d’études ;</p></li>
<li><p>C’est un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02602930701563104">habitué d’Internet</a> ;</p></li>
<li><p>Il dispose d’un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02602930701563104">accès personnel</a> direct, et utilise peu les équipements publics (salles informatiques, médiathèques, etc.).</p></li>
</ul>
<p>En revanche, on ne trouve pas dans la littérature académique d’institution type dans laquelle le plagiat serait plus pratiqué : en termes de secteur (public ou privé), de taille, de localisation géographique (Finlande, USA, Royaume-Uni, Canada, Turquie, Afrique du Sud, Europe, Europe de l’Est, Chine), ou de la discipline de recherche ou programme.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356776/original/file-20200907-18-1k9kqfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">D’après son portrait-robot, le plagiaire est plutôt un habitué d’Internet.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/photos/social-media-social-keyboard-icon-4140959/">Image by Gerd Altmann /Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De plus, en ce qui concerne le « cyberplagiat », il a également été démontré que les pratiques de plagiat avant l’arrivée d’Internet, comparées à celles après l’arrivée d’Internet, ne sont pas significativement différentes. En d’autres termes, Internet n’a pas significativement développé le plagiat.</p>
<h2>Recommandations pratiques</h2>
<p>Il est primordial aujourd’hui pour les institutions de mettre en place une culture de l’intégrité académique à tous les niveaux et de s’assurer du respect des politiques et procédures en intégrant l’ensemble des parties prenantes (<a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1080569911404059?journalCode=bcqd">Jones, 2011</a>). Il s’agit d’être pragmatique plutôt que moraliste. Mais comment ?</p>
<p>Voici quelques-unes des pistes que l’on peut tirer des recherches sur le sujet :</p>
<ul>
<li><p>Instaurer un code d’honneur explicite : <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/0309877042000241760">Des études</a> ont démontré que la mise en place de règlements et de codes réduisent la pratique du plagiat ;</p></li>
<li><p>Formaliser les procédures et les sanctions : <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/0309877042000241760">Park (2004)</a> va plus loin en préconisant de définir le rôle et la responsabilité de chacune des parties prenantes, et de spécifier les sanctions selon l’ampleur du plagiat ;</p></li>
<li><p>Ne plus se reposer sur des détections « manuelles » et s’équiper de logiciels et d’outils de détection : leur présence (par exemple, Turnitin, CopyCatch, etc.) réduit significativement les pratiques de plagiat si on utilise toutes les fonctionnalités (ce qui demande une formation de toutes les parties prenantes, y compris les étudiants) ;</p></li>
<li><p>Appliquer les sanctions ! Les études montrent que les étudiants sont souvent sceptiques de l’application des procédures de détection et de sanction – malheureusement à raison.</p></li>
</ul>
<p>Cependant, tous cadres et règlements ne résolvent pas le problème de fond s’ils sont appliqués de manière mécanique. La sensibilisation et la communication sont donc centrales pour éviter d’instaurer un climat de défiance et de suspicion. L’inclusion des étudiants dans les dispositifs, leur éducation sur ce qu’est le plagiat et la collaboration avec les professeurs doivent être des pratiques quotidiennes.</p>
<p>Tant que la triche en général, et le plagiat en particulier, seront abordés sur l’angle policier, on ne résoudra pas ses conséquences. C’est d’autant plus important qu’elle a été renouvelée avec l’arrivée du numérique dans nos pratiques éducatives et pédagogiques – que la pandémie actuelle va ancrer encore plus profondément.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143766/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Alors que l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne a annulé cet été un doctorat en droit, retour sur les évolutions du plagiat dans l'environnement numérique actuel.Yoann Bazin, Professeur en Ethique des affaires, EM NormandieAude Rychalski, Professeur Assistant en Marketing, PhD, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1331272020-03-11T17:37:19Z2020-03-11T17:37:19ZRéussir l’aventure de la thèse, tout un art !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/319577/original/file-20200310-61060-1kgr9uv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C998%2C661&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La thèse est une épreuve d'endurance;</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/female-student-taking-notes-book-library-516640027">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em>Qu’est-ce qu’une bonne thèse en sciences sociales ? Comment la construire au mieux, de la question de recherche à la rédaction, et comment gérer concrètement ce marathon ? Alors que les taux d’abandon sont élevés en doctorat de sciences humaines et sociales, Éric Pichet propose dans <a href="https://www.editionsdusiecle.fr/L-Aventure-de-la-these">« L’Aventure de la thèse »</a> (Les Éditions du Siècle) une méthodologie pour faire face aux principaux écueils qui se présentent et inventer sa propre stratégie. En voici un extrait.</em></p>
<hr>
<p>La rédaction et la soutenance d’une thèse constituent l’aboutissement d’un marathon intellectuel (c’est le parcours de thèse) mais aussi physique, affectif et psychologique. La thèse est un monstre qu’il faut apprivoiser : il faut donc s’y préparer. Quand on interroge les doctorants, ils estiment globalement que leurs conditions de travail au quotidien sont bonnes, mais que la thèse et une source de stress pour 74 % d’entre eux, tout particulièrement pour ceux qui dépassent la <a href="https://intranet.univ-rennes2.fr/sites/default/files//UHB/ESPACE-RECHERCHE/Rapport_conditions%20des%20doctorants.pdf">3ᵉ année de thèse</a>, d’où l’intérêt de bien gérer son temps de thèse.</p>
<h2>Une épreuve intellectuelle initiatique</h2>
<blockquote>
<p>« Comme le coureur de fond, le doctorant doit tenir la distance. Mais, à la différence du marathonien, personne n’a tracé pour lui de ligne d’arrivée. Le plus dur dans la thèse, c’est de finir. » (H. Lhérété, « La solitude du thésard de fond », Sciences humaines, octobre 2011)</p>
</blockquote>
<p>C’est une épreuve personnelle, une épreuve d’endurance intellectuelle et physique, temps d’une métamorphose presque kafkaïenne, une évolution riche et dense permettant de passer de l’état d’étudiant à celui de chercheur, avec de nombreux écueils qui peuvent être dramatiques. Au vu des risques encourus et de l’investissement personnel du doctorant, il faut peser soigneusement les avantages et les inconvénients de l’aventure avant de se préparer à jouer parfois trois à cinq années de sa vie et de finir dans une impasse, se préparer financièrement, psychiquement, émotionnellement et familialement.</p>
<p>Un plan de travail doit être mis en œuvre : il consiste à fixer les différentes étapes du travail de recherche, ce qui n’est pas facile pour une première œuvre de chercheur. Il faut pêle-mêle définir les outils, concepts, démarches, documents, et identifier les tâches à accomplir ainsi que leur logique. En la matière, <a href="https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/1936Sci...83..369./abstract">I. Pavlov</a> donne 3 conseils : d’abord, apprendre à travailler graduellement, progressivement, en « apprenant l’ABC de la science avant de tenter d’en escalader le sommet, ensuite rester modeste : « ne pensez jamais que vous savez déjà tout » et enfin cultiver la passion de la recherche : « souvenez-vous que la science exige d’un homme toute sa vie, même avec deux vies, ce ne serait pas suffisant pour vous. Soyez passionné dans votre travail et vos recherches ».</p>
<h2>Un marathon physique et psychique</h2>
<blockquote>
<p>« Le temps est le principal ennemi du doctorant. » (Le principal adage doctoral)</p>
</blockquote>
<p>Voyage au long cours ou pèlerinage, la thèse est une épreuve d’endurance : il importe de bien s’y préparer et de mûrement réfléchir à son sens et à son utilité avant de se lancer. Une fois le candidat parti pour l’aventure, l’opiniâtreté est la clé de la réussite. Si le respect des échéances peut paraître contraignant, il est crucial car il libère les énergies par la contrainte qu’il exerce. C’est un paradoxe inhérent à l’activité intellectuelle que la réflexion (la phase de maturation qu’implique toute véritable recherche sur des problèmes complexes) demande du temps, mais qu’on n’y avance vraiment que sous le poids de l’urgence.</p>
<p>Même s’il n’y a que 24 heures dans une journée, il est essentiel de suivre une discipline rigoureuse, car la recherche tient de la course, et la thèse, de la course contre le temps. Mais c’est un très long marathon, pas un sprint : il faut profiter de la course, cultiver son sens de l’humour et une certaine distanciation vis-à-vis de l’objet de recherche, de sa démarche et de soi-même (par exemple en pensant aux visions, considérées maintenant comme totalement erronées, des grands chercheurs du passé), prendre soin de sa santé – forme physique, mais aussi santé psychologique – et cultiver son environnement affectif, familial et social.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/RSYtKCNvYbM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La bande dessinée de Tiphaine Rivière revient sur un mode humoristique sur toutes les difficultés de la thèse.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Les deux dispositions antagonistes du doctorant</h2>
<blockquote>
<p>« Les chercheurs en sciences sociales sont au mieux des artistes, plus communément des artisans d’art. Ils doivent l’admettre avec humilité et orgueil. Et bien comprendre qu’ils font acte de création plutôt que de connaissance – ou plutôt que leur acte cognitif est indissolublement un acte créatif. » (J.-F. Bayart, « Faire des sciences sociales, un acte de création », EHESS, 2013)</p>
</blockquote>
<p>Le doctorant doit faire preuve de rigueur mais également cultiver d’autres dimensions suivant en cela de <a href="https://www.quebec-amerique.com/livres/biographies-idees/dossiers-documents/artistes-artisans-et-technocrates-dans-nos-organisations-206">P. Pitcher</a> qui souligne trois grands types de qualités du chercheur à savoir celles de l’artiste, « audacieux, imaginatif, changeant, intuitif, imprévisible, émotif, inspirateur et drôle », du technocrate qui « travaille avec précision, sérieux, analytique cérébral, méthodique, intense, résolu » et enfin de l’artisan, « sage, honnête, direct, raisonnable, réaliste, responsable ».</p>
<p>Un projet de recherche doctorale comprend toujours deux phases qu’il n’est pas facile de distinguer : une première phase de découverte, faisant appel à l’intuition, inductive, non linéaire, et une seconde phase de validation des hypothèses, puis de présentation de la démarche et des résultats, passant du thème de recherche à l’état de l’art puis à la problématique – la question de recherche, les hypothèses et les résultats – phase qui est, quant à elle, linéaire. Mais il faut bien comprendre que la démarche de recherche proprement dite, qui aboutit à une présentation finale la plus claire et la plus ordonnée possible, n’est pas du tout claire et ordonnée avant.</p>
<h2>Des qualités intuitives</h2>
<blockquote>
<p>« C’est à l’intuition que se dévoile et se révèle tout d’abord l’essence propre et véritable des choses, bien que d’une manière encore toute relative. Tous les concepts, toutes les idées, ne sont que des abstractions, c’est-à-dire des représentations partielles d’intuitions, dues à une simple élimination par la pensée. » (A. Schopenhauer, 1819)</p>
</blockquote>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=917&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=917&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=917&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1153&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1153&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/319586/original/file-20200310-61070-c3lud3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1153&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="source">Éditions du Siècle</span></span>
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<p>C’est souvent sur des intuitions d’abord totalement irrationnelles et profondément paradoxales que reposent les grandes percées de la recherche fondamentale, selon un processus abductif d’ordre presque artistique ou qui, en tout cas, rapproche la science de l’art, l’imagination n’étant pas un obstacle épistémologique au progrès scientifique. Le doctorant doit donc être capable, dans le même temps, de douter, de s’interroger, de ne pas accepter l’évidence (l’important est de ne jamais cesser de questionner), de faire preuve d’imagination, d’échafauder des hypothèses – même les plus saugrenues –, ne pas censurer son imagination, de la cultiver et de faire preuve de <a href="https://www.lesechos.fr/2010/05/le-chercheur-un-pirate-individualiste-et-marginal-424548">rigueur</a>. Le <em>Research instinct</em>, c’est cette capacité à démarrer un projet et à l’aborder sous tous les angles.</p>
<p>Où trouver l’inspiration ? On dit souvent que, lors des conférences scientifiques, les moments les plus importants sont les pauses-café qui permettent d’échanger sur les présentations auxquelles on a assisté, de discuter telle ou telle question. <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/chercheur-au-quotidien-sebastien-balibar/9782370210258">S. Balibar</a> traduit ainsi son expérience de chercheur :</p>
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<p>« On ne trouve pas en se précipitant, encore moins en s’agitant. On trouve parfois même autre chose, que ce que l’on cherche. Mieux vaut se concentrer, réfléchir, rêver même. Je m’arrête de courir la nuit, et c’est souvent là dans une demi-conscience, que les idées me viennent. Je me réveille et je me dis : “Tiens, je devrais essayer ça, c’est peut-être pas complètement idiot ?” Oh ! Traîner mène certainement à l’échec, mais s’obstiner à trouver est loin de suffire pour réussir.</p>
<p>On ne trouve pas par hasard mais pas non plus en ne pensant qu’à ce qu’on cherche. C’est un peu comme lorsqu’un nom m’échappe, celui de quelqu’un que je connais pourtant. Mais comment s’appelle-t-il, enfin ? Trois minutes plus tard, je pense à autre chose, je me détends… et ce nom me revient tout seul. J’en ai parlé à des chercheurs en neurosciences. L’explication semble liée à la complexité de l’organisation du cerveau. Voilà autre chose que j’aimerais bien comprendre un jour. »</p>
</blockquote>
<h2>Des qualités de rigueur</h2>
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<p>« Une patience impatiente : tel est le ressort de la recherche scientifique. » (J. Hamburger, La Croix, 23 janvier 2019)</p>
</blockquote>
<p>Si les qualités intuitives déclenchent souvent une recherche ou initient des hypothèses, c’est la rigueur scientifique qui permet au chercheur d’échapper à ce que <a href="https://www.babelio.com/livres/Montaigne-Les-Essais/5234">Montaigne</a> qualifiait « d’ignorance que la science fait et engendre ». La rigueur scientifique commence avec la rigueur analytique qui doit être constamment présente à l’esprit du doctorant. Il faut par exemple vérifier soigneusement les sources, surtout dans la phase de revue de la littérature.</p>
<p>On s’inspirera de l’avertissement de E. Gibbon dans sa somme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_d%C3%A9cadence_et_de_la_chute_de_l%27Empire_romain">sur l’Empire romain</a> : « Le soin et l’exactitude dans la recherche des faits sont le seul mérite dont un historien puisse se glorifier, si toutefois il y a quelque mérite à remplir un devoir indispensable. Il doit donc m’être permis de déclarer que j’ai soigneusement examiné toutes les sources premières propres à me fournir quelques éclaircissements sur le sujet que j’ai entrepris de traiter. »</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133127/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Pichet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le taux d’abandon est élevé en doctorat de sciences humaines et sociales. Pour relever le défi, mieux vaut être un thésard averti, avec une bonne méthodologie.Éric Pichet, Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1251122019-10-21T20:11:09Z2019-10-21T20:11:09ZLe doctorat fait-il encore rêver ? Regards croisés entre le Maroc et la France<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/296903/original/file-20191014-135491-8f3uq3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C4%2C979%2C661&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour les doctorants marocains, les difficultés commencent dès la recherche d'une structure d'accueil.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/accessory-733166623?src=Ug35DojTXfgad_o7_Z7rSw-1-1">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Lorsqu’ils posent auprès de leur jury pour une photo souvenir de leur soutenance de thèse, les candidats au doctorat affichent en général un sourire radieux. Mais au-delà de ce moment symbolique, le doctorat n’a rien d’un long fleuve tranquille. Si les sacrifices pour décrocher ce diplôme sont importants, ses perspectives interpellent aussi dans la mesure où le marché de l’emploi se corse. Une situation que l’on éclairera à partir des situations dans deux pays, le Maroc et la France, sans forcément les mettre en comparaison.</p>
<h2>Inscriptions en doctorat</h2>
<p>Au Maroc, si l’adoption du système LMD depuis le début des années 2000 a certainement <a href="https://www.leconomiste.com/article/1008479-doctorat-la-recherche-peine-seduire-les-etudiants">facilité l’accès</a> au doctorat, le nombre de diplômés à bac +8 reste relativement faible. En 2017, <a href="https://www.leconomiste.com/article/1039050-doctorat-enormes-abandons-de-theses">seulement 1937 personnes</a> ont décroché un doctorat. Rapporté aux chiffres de la population, cela équivaut à un taux de 0,5 néo-docteur pour 10 000 habitants.</p>
<p>Les inscriptions en thèse n’inversent pas la donne. Les doctorants ne représentent que <a href="https://www.enssup.gov.ma/sites/default/files/STATISTIQUES/5190/FICHE%20SYN1819.pdf">4,2 % des étudiants</a>. De quoi soulever des inquiétudes quand on sait qu’entre 2015-2020, pas moins de 1 000 enseignants <a href="https://www.leconomiste.com/article/1008479-doctorat-la-recherche-peine-seduire-les-etudiants">partiront en retraite</a>. Il s’agit de la génération, en majorité formée en France, qui a posé les bases des universités actuelles. La question de la relève en nombre et en qualité est préoccupante.</p>
<p>En France, si l’on a enregistré une <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/8/EESR8_R_38-le_doctorat_et_les_docteurs.php">baisse de 10 %</a> des inscriptions en thèse entre 2012 et 2016, les soutenances restent sur un rythme de 10 000 chaque année. La réticence des étudiants est-elle due au risque d’échec ? C’est pourtant l’inverse que révèlent les <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_R_38-le_doctorat_et_les_docteurs.php">résultats</a> d’une étude : 41 % des doctorants ont soutenu leur thèse en moins de 46 mois en 2014, contre 31 % l’année précédente. Les chances de réussite vont crescendo, ce qui peut être expliqué entre autres par l’amélioration des conditions de réalisation de la thèse.</p>
<h2>Structures d’accueil</h2>
<p>Pour les doctorants marocains, les difficultés commencent dès la recherche d’une structure d’accueil. <a href="https://www.leconomiste.com/article/1008479-doctorat-la-recherche-peine-seduire-les-etudiants">60 % des doctorants</a> ne sont affiliés à aucun laboratoire. L’accès à la bibliographie et au matériel de recherche est un combat. Les conséquences sont accablantes : <a href="https://www.leconomiste.com/article/1008479-doctorat-la-recherche-peine-seduire-les-etudiants">9 thésards boursiers sur 10</a> jettent l’éponge au milieu du chemin. Ceux qui font preuve de résistance ne connaissent pas un meilleur sort : 80 % vont soutenir leurs travaux <a href="https://www.leconomiste.com/article/1008479-doctorat-la-recherche-peine-seduire-les-etudiants">sans avoir produit</a> la moindre publication.</p>
<p>L’encadrement des travaux de recherche est une autre défaillance dans la vie des docteurs marocains. Face à l’explosion du nombre d’étudiants liée à la croissance démographique (rappelons que le nombre d’habitants a progressé de 10 millions en 10 ans, tandis que les jeunes représentent 28 % de la population), les universités ont dû accueillir 820 488 étudiants en 2017 alors que leur capacité d’accueil n’est que de 512 630 places. Les professeurs sont débordés. Dans certains cas, ils se retrouvent à diriger <a href="https://www.leconomiste.com/article/1008479-doctorat-la-recherche-peine-seduire-les-etudiants">plus de 40 travaux de recherche</a> à la fois.</p>
<p>En France, outre le nombre de laboratoires de recherche, un autre facteur de succès est la variété de l’offre de financement. Entre allocations ministérielles, bourses de mobilité et contrats de recherche, <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/reperes/telechar/rers/rers2016/rers-2016chap111.pdf">69 % des doctorants français</a> ont obtenu un financement au titre de l’année de 2014. Ces contrats sont liés à des objectifs de recherche que les doctorants doivent s’appliquer d’atteindre pendant la durée de leurs thèses. Le renouvellement des bourses tient compte de la réalisation de ces objectifs. Les doctorants avouent que la période de renouvellement des bourses est vécue avec autant de stress que la période de préparation des soutenances.</p>
<p>Ceci dit, <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/reperes/telechar/rers/rers2016/rers-2016chap111.pdf">certaines disciplines</a> concentrent plus d’intérêt de la part des organismes de financement. Le taux de financement en sciences dites exactes est de 96 % en première année contre 38 % en sciences humaines et sociales. En l’absence de financement, les doctorants de ces branches sont obligés de mettre la main à la poche : 29 % d’entre eux exercent des activités rémunérées.</p>
<p>Force est de dire que le coût financier engendré par un projet doctoral est toujours considérable. Au Maroc, les offres de financement sont très rares et pour la plupart attribuées par le ministère de l’Enseignement supérieur.</p>
<h2>Insertion professionnelle</h2>
<p>L’insertion professionnelle des nouveaux docteurs est compliquée, qu’il s’agisse du Maroc ou de la France. L’enseignement est bien sûr le premier choix des néo docteurs. Le rêve de décrocher un poste après la thèse ne se réalise pas immédiatement. En France, 60 % des nouveaux docteurs sont obligés de passer d’abord par des emplois provisoires à durée déterminée – contrats post-doctorat et ATER (Attachés temporaires d’enseignement et de recherche).</p>
<p>La concurrence est très rude en France et nombre de docteurs finissent par aller voir ailleurs : 40 % des docteurs en lettres et sciences humaines et sociales s’orientent <a href="https://journals.openedition.org/echogeo/7523">vers l’enseignement secondaire et primaire</a>. Certains vont même travailler dans des postes sans aucun lien avec l’enseignement et la recherche dans les administrations nationales et territoriales.</p>
<p>Au Maroc, les universités manquent cruellement d’enseignants mais l’État s’est engagé dans des plans de baisse des charges publiques dicté par les institutions financières internationales. Les universités privées viennent étoffer le paysage au Maroc, malgré qu’elles soient décriées par certaines voix qui accusent l’État de vouloir privatiser le service public. Les docteurs leur tournent le dos et ne le considèrent dans la majorité des cas comme des tremplins. La charge de travail plus élevée, l’absence de possibilités d’évolution, le peu de temps consacré à la recherche sont les principales causes de la réticence des néo docteurs.</p>
<p>Les débouchées en privé sont pour l’heure timides au Maroc et en France. Il s’agit d’abord de la volonté des docteurs qui, après avoir eu le goût des cours, des communications et des expériences en laboratoires, ne se projettent pas dans un autre métier. L’adéquation entre les spécialités des docteurs et les besoins des entreprises est une autre question. Si les ingénieurs et les docteurs en économie et gestion sont les profils les plus demandés au Maroc, ils ne constituent que 7 % des doctorants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125112/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nabil Ouarsafi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si les sacrifices pour décrocher ce diplôme sont importants, ses perspectives interpellent aussi dans la mesure où le marché de l’emploi se corse.Nabil Ouarsafi, Enseignant chercheur en management à l'Université Hassan 1er, Université Hassan Ier – AUFLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1155352019-07-01T21:30:45Z2019-07-01T21:30:45Z« Génération PhD » : vies et rêves des jeunes chercheurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/280986/original/file-20190624-97789-10dngll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C220%2C994%2C622&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Malgré sa charge de travail, le chercheur reste assez libre dans ses projets et la gestion de son quotidien.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/portrait-serious-young-student-reading-book-94325839?src=pwA9DpI7vuFGYuNkfNejrA-1-26&studio=1">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En s’engageant dans un doctorat, on a trois ans pour autopsier une problématique, trois ans pour passer du rang d’étudiant à celui de chercheur. Cette métamorphose est parfois brutale. Certains vont même comparer l’écriture de la thèse à un <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-le-doctorat-un-sacre-accouchement-5596832">accouchement</a>. D’autres parleront de sacrifice, de bagne, pour un <a href="https://etudiant.lefigaro.fr/article/le-doctorat-un-diplome-qui-rapporte-peu_3df597a0-1843-11e7-88d6-e7c3ba8773d7/">diplôme qui rapporte peu</a>. Pourtant chaque année, <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T744/le_doctorat_et_les_docteurs/">près de 15 000 doctorats</a> sont délivrés en France. Alors pourquoi se lance-t-on dans un tel parcours d’obstacles et comment l’expérience est-elle vécue ?</p>
<p>L’appel à témoignage national adressé aux doctorants et jeunes docteurs de 20 à 40 ans fin 2018 par Génération PhD visait justement à apporter un éclairage sur cette question. Une douzaine de chercheurs ont été mis à contribution pour élaborer une enquête composée de 40 questions sous un angle majoritairement sociétal, rarement évoqué dans le débat public.</p>
<p>Fin novembre 2018, à la clôture de ce sondage 100 % en ligne, 2574 doctorants et docteurs de toutes les disciplines et de toutes les régions s’étaient prêtés au jeu. Parmi eux, 44,4 % sont détenteurs du Saint Graal alors que les autres préparent leur doctorat.</p>
<p>Si les chiffres collectés sont bruts et non pondérés statistiquement, la <a href="https://www.generationphd.com/les-resultats/">répartition régionale des répondants au sondage de Génération PhD</a> se rapproche néanmoins fortement de celle menée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation lors de son enquête auprès des écoles doctorales en <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T744/le_doctorat_et_les_docteurs/">2016/2017</a>.</p>
<p>Les participants sont issus de nombreuses disciplines : 28,4 % sont en sciences exactes, 29 % en sciences du vivant, 22,4 % en sciences humaines et humanités, 13,6 % en sciences de la société et 6,6 % en interaction de deux familles disciplinaires. Notons que les sujets n’ont pas été sélectionnés mais ont répondu sur la base du volontariat.</p>
<p>Certes cette étude comporte des limites mais la mobilisation assez élevée témoigne d’une envie des jeunes chercheurs de faire entendre leur voix. De plus, cette approche exploratoire présente l’intérêt de dresser un portait de leurs aspirations. <a href="https://www.generationphd.com/tous-les-resultats/">Portrait</a> que nous avons souhaité exposer et commenter…</p>
<h2>Des missions variées</h2>
<p>69 % des interrogés n’ont songé à la recherche qu’à partir des études supérieures. Il faut dire que passer trois ans à chercher, lire et écrire, quand on peine à comprendre les <em>Fleurs du mal</em> de Baudelaire pour le cours de français, ça ne fait pas rêver… surtout qu’il faut bien l’avouer, il est compliqué de savoir précisément à quoi les chercheurs passent leurs journées ! Et il y a fort à parier qu’entre le paléoclimatologue et l’expert en psycholinguistique les emplois du temps varient beaucoup.</p>
<p>Il est donc difficile de se projeter dans la peau d’un chercheur avant d’en avoir côtoyé un de près. Ainsi parmi les jeunes chercheurs interrogés, près de la moitié ont été inspirés par un scientifique contemporain, un professeur ou un proche…</p>
<p>Contrairement à ce que l’on pense, un chercheur ne consacre pas l’intégralité de son temps à ses travaux. De l’écriture de projets de recherche à l’encadrement de personnes, de la présentation de ses travaux sous format écrit ou oral à l’enseignement, un chercheur endosse de <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-019-01043-7">multiples casquettes</a>.</p>
<p>De plus, l’administration à la française n’épargne pas le monde de la recherche. Ainsi, 78 % des jeunes chercheurs déplorent la lourdeur des procédures. Et pour cause ! Rien que pour une réinscription en doctorat, près d’une dizaine de documents sont nécessaires, sans compter les rapports annuels, les ordres de mission, et les méandres nébuleux où les emporte le financement de la recherche.</p>
<p>Malgré tout, 76 % des chercheurs interrogés s’estiment privilégiés par rapport aux personnes de leur âge. On l’oublie souvent mais malgré sa charge de travail, le chercheur reste assez libre dans ses projets et la gestion de son quotidien. La focale est mise sur les résultats, soit les innovations produites par ces esprits créatifs. Or pour innover, il faut un minimum de latitude !</p>
<p>Dans les entreprises en particulier, les chercheurs bénéficient d’un positionnement relativement pratique. Extérieurs aux problématiques, ils sont en mesure de prendre du recul et au cœur de celles-ci, ils peuvent les décortiquer. Consacrés experts de leur discipline, on les sollicite souvent pour des missions-conseils, ou pour des formations. Certains l’ont bien compris et ont créé des passerelles entre ces hyper spécialistes aux multiples compétences et le monde économique (<a href="https://okaydoc.fr/">Okay Doc</a>, l’<a href="https://www.abg.asso.fr/fr/">Association Bernard Gregory</a>, <a href="https://www.adoc-tm.com/">Adoc Talent Management</a> ou encore <a href="https://sciencemeup.com/fr/">Science me up</a>).</p>
<h2>Sentiment de solitude</h2>
<p>Être chercheur devrait être avant tout un travail d’équipe. Malgré cela, 65 % des répondants, toutes disciplines confondues, trouvent qu’il y a trop d’isolement chez les chercheurs. Ce constat est d’autant plus prégnant en sciences humaines et sociales. De plus, ce sentiment semble augmenter à mesure que la fin du doctorat approche puisqu’on constate un écart de 22 points entre les premiers et les troisièmes années dans cette question ! Il y a plusieurs explications possibles pour ces résultats.</p>
<p>Premièrement, dans la pensée collective, le doctorat doit faire mal, sinon il a, semble-t-il, moins de valeur. Pas étonnant donc que beaucoup se tuent à la tâche, s’isolent pour se consacrer exclusivement à leurs travaux de recherche, considérant toutes activités « hors thèse » comme une distraction et une perte de temps. Résultat ? L’état d’anxiété augmente, la créativité diminue, sonnant bien souvent le début d’une <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-019-01468-0">longue descente aux enfers</a>.</p>
<p>Ensuite, ne confondons pas solitude et isolement. L’une est subjective, alors que l’autre repose sur une réalité concrète. Des sociologues ont tenté de mettre à nu ce qu’ils nomment les <a href="https://journals.openedition.org/socio-logos/2929">« expériences de la solitude dans le doctorat »</a>. Selon les auteurs, ce sentiment de solitude se fonde sur trois dimensions. En doctorat, on est « face à soi », on se révèle, on se surpasse dans une course contre la montre aux enjeux jamais égalés dans une vie d’étudiant.</p>
<p>Ensuite, il y a le « face aux autres », car soudain, on devient obsédé par un seul et même sujet : celui de sa recherche. D’ailleurs, la moitié des chercheurs interrogés estiment que leurs proches ne comprennent pas leur travail. Enfin, être chercheur, c’est remettre en question le monde dans lequel on vit et selon les auteurs, cette dimension peut nourrir un sentiment d’incertitude et de solitude.</p>
<p>Quoiqu’il en soi, solitude et isolement sont à éviter pour la santé mentale ainsi que pour le bien des recherches, et en particulier durant le doctorat. Cette course est un <a href="https://www.cairn.info/magazine-sciences-humaines-2011-10-page-10.html">marathon</a>, non un sprint.</p>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/d41586-019-00992-3">La collaboration et un réseau étendu</a> sont indissociables avec le métier de chercheur. La recherche se façonne autour de collaborations nationales et internationales dont les bases se construisent dès le doctorat. Pas étonnant que 10 % des chercheurs interrogés par Génération PhD soient étrangers et que 42 % déclarent avoir des amis chercheurs dans au moins trois autres pays en plus de la France.</p>
<h2>Inégalités de revenus</h2>
<p>Pourtant, 87 % des répondants à l’enquête constatent un manque flagrant de moyens consacré à la recherche en France. <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid132899/l-etat-enseignement-superieur-recherche-france-juillet-2018.html">Près de 50 milliards</a>, cela peut sembler beaucoup, mais cela reste moins que les dépenses de l’<a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GB.XPD.RSDV.GD.ZS">Autriche, de l’Allemagne ou des États-Unis</a> pour la recherche. D’autant qu’en France, les dépenses au profit de la R&D n’ont pas été augmentées depuis 1996 contrairement à la <a href="https://www.businessinsider.fr/ces-15-pays-investissent-le-plus-dans-leur-rd/">Chine qui a par exemple triplé ses investissement dans la recherche en 10 ans</a>.</p>
<p>Pas si étonnant donc, que les jeunes chercheurs souffrent du syndrome de la poche trouée, d’autant <a href="https://theconversation.com/debat-doctorants-le-piege-de-se-voir-deja-en-haut-de-laffiche-103574">qu’ils ne manquent pas d’ambition</a>. Malheureusement, les salaires ne sont pas à la hauteur – 80 % estiment être sous-payés par rapport à leur qualification – et tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Ces inégalités, on les constate dès la thèse ! En effet si un doctorant en <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html">contrat Cifre</a> gagne au minimum 1 957 euros brut par mois, ce nombre peut facilement grimper à plus de 2 700 notamment dans les grands groupes.</p>
<p>Du côté des <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid76053/le-financement-doctoral.html">contrats doctoraux</a>, on est déjà moins bien loti avec un peu moins de 1 700 euros brut mensuel hors activités complémentaires. Enfin on ne peut pas oublier ces 16,9 % de doctorants non financés qui doivent exercer une activité salariée et les 10,7 % sans activité rémunérée en <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T744/le_doctorat_et_les_docteurs/">France en 2016</a>.</p>
<p>Ce n’est donc ni un rêve de petit enfant, ni l’argent qui motivent les chercheurs à passer la porte des laboratoires. Partant du principe que tous ne sont pas masochistes ou utopistes, les motivations doivent être ailleurs !</p>
<h2>Éclairer le débat public</h2>
<p>Effectivement, faire de la recherche, c’est participer à quelque chose de plus grand que soi, que l’on contribue <a href="https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Comprendre-la-recherche/Les-progres-de-la-recherche/Les-dernieres-avancees">aux avancées sur le cancer</a> ou à la compréhension de phénomènes sociaux comme la <a href="https://www.20minutes.fr/toulouse/2009359-20170206-chercheur-toulousain-scrute-pres-radicalisation-jeunes">radicalisation des jeunes</a>.</p>
<p>96 % des répondants se sentent soutenus par leurs parents. Au-delà de la précarité, de la paperasse et de la complexité des sujets d’étude, il y a l’espoir d’une découverte pouvant apporter de la connaissance, améliorer à terme le quotidien de centaines voire de milliers de personnes et apporter des réponses aux enjeux de demain.</p>
<p>D’ailleurs, on constate chez les chercheurs une envie de partager ses trouvailles avec le plus grand nombre. Ainsi, les initiatives pour « vulgariser » les recherches et les sortir des laboratoires se multiplient. On citera par exemple la <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fête de la science</a> ou le festival <a href="https://pintofscience.fr/">Pint of Science</a> qui permettent de créer le lien entre les acteurs de la recherche et le grand public.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115535/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lisa Jeanson est doctorante en Cifre au laboratoire PErsEUs de l'Université de Lorraine et au sein du Groupe PSA et trésorière de l'Association Nationale ADcifreSHS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Vicente et Laura Déléant ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Retour sur les données recueillies suite à l’appel à témoignages Génération PhD lancé fin 2018 pour éclairer les enjeux sociétaux d’une carrière dans la recherche.Lisa Jeanson, Doctorante en ergonomie cognitive, groupe PSA/laboratoire PErSEUs, Université de LorraineAnne Vicente, Doctorante en écotoxicologie microbienne, Université de LorraineLaura Déléant, Doctorante en Ergonomie Cognitive, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1141092019-03-27T21:32:49Z2019-03-27T21:32:49ZVidéo : Joies et peines du doctorant-manager<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/265410/original/file-20190323-36260-1vou4ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C2%2C611%2C344&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jean Pierre Helfer, « Joies et peines du doctorant-manager », dans l'émission « Fenêtres Ouvertes sur la Gestion ».</span> <span class="attribution"><span class="source">Capture d'écran.</span></span></figcaption></figure><p>Dans la lettre <a href="http://t.crm.xerfi.com/nl/jsp/m.jsp?c=%400brO%2FeKMROOK2uA4NBm8cQ8mv3oK6omtW4N2aLLfy70%3D&utm_source=Mod%E8le%20diffusion%20Xerfi%20Canal&utm_medium=email&utm_campaign=">« Fenêtres ouvertes sur la gestion »</a>, datée du 23 mars, Jean‑Philippe Denis, professeur de sciences de gestion à la <a href="http://www.jm.u-psud.fr/fr/index.html">faculté Jean Monnet</a> de l’<a href="http://www.u-psud.fr/fr/index.html">Université Paris-Sud</a> et rédacteur en chef de la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion.htm">Revue Française de Gestion</a>, reçoit Jean‑Pierre Helfer, ancien président de la commission Helfer/CEFDG et professeur émérite à l’IAE Paris Sorbonne Business School au titre de président du <a href="https://www.business-science-institute.com/a-propos/organisation-scientifique/conseil-academique/">conseil académique Business Science Institute</a>. Il évoque l’itinéraire semé certes d’embûches, mais aussi de découvertes réjouissantes et vivifiantes, lié à l’élaboration d’une thèse par des praticiens en activité.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/310800882" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Toutes les émissions <a href="https://www.xerficanal.com/fog/">« Fenêtres ouvertes sur la gestion »</a> peuvent être consultées sur <a href="https://www.xerficanal.com/fog/">Xerfi canal</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114109/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le Business Science Institute, évoqué dans cette émission, est membre du cercle des partenaires académiques de l'émission "Fenêtres Ouvertes sur la Gestion".</span></em></p>Dans notre économie de la connaissance, la (difficile) montée en compétences au niveau doctoral est un sujet majeur pour les entreprises, les administrations… et la recherche en gestion elle-même.Jean-Philippe Denis, Professeur de gestion, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1141132019-03-24T23:37:06Z2019-03-24T23:37:06ZVidéo : Le processus de négociation de la reprise de PME<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/265414/original/file-20190323-36256-1whob4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C611%2C344&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bérangère Deschamps et Thierry Lamarque, « Le processus de négociation de la reprise de PME », dans l'émission « Fenêtres Ouvertes sur la Gestion ».</span> <span class="attribution"><span class="source">Capture d'écran.</span></span></figcaption></figure><p>Dans la lettre <a href="http://t.crm.xerfi.com/nl/jsp/m.jsp?c=%400brO%2FeKMROOK2uA4NBm8cQ8mv3oK6omtW4N2aLLfy70%3D&utm_source=Mod%E8le%20diffusion%20Xerfi%20Canal&utm_medium=email&utm_campaign=">« Fenêtres ouvertes sur la gestion »</a>, datée du 23 mars, Jean‑Philippe Denis, professeur de sciences de gestion à la <a href="http://www.jm.u-psud.fr/fr/index.html">faculté Jean Monnet</a> de l’<a href="http://www.u-psud.fr/fr/index.html">Université Paris-Sud</a> et rédacteur en chef de la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion.htm">Revue Française de Gestion</a>, reçoit Bérangère Deschamps et Thierry Lamarque pour évoquer le processus de négociation de la reprise de PME. La thèse de DBA de Thierry Lamarque, encadrée par le professeur Bérangère Deschamps, a reçu le <a href="https://www.business-science-institute.com/voir/soutenance-de-these-de-thierry-lamarque/">prix de l’impact managérial</a> du Business Science Institute.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/299624812" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Toutes les émissions <a href="https://www.xerficanal.com/fog/">« Fenêtres ouvertes sur la gestion »</a> peuvent être consultées sur <a href="https://www.xerficanal.com/fog/">Xerfi canal</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114113/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le Business Science Institute, évoqué dans cette émission, est membre du cercle des partenaires académiques de l'émission "Fenêtres Ouvertes sur la Gestion".</span></em></p>Un focus sur la thèse de Thierry Lamarque qui a reçu le Prix de l’impact managérial du Business Science Institute.Jean-Philippe Denis, Professeur de gestion, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1125802019-03-03T20:04:01Z2019-03-03T20:04:01ZRéguler ses émotions dans son travail : le cas des policiers de la BAC<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/261069/original/file-20190226-150694-ciok4b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C983%2C654&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans la police, les états relatifs au stress professionnel sont vécus au sein même de la vie personnelle.</span> <span class="attribution"><span class="source">NeydtStock / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Hélène Monier est l’auteure de la thèse intitulée <a href="http://www.theses.fr/2017LYSE3027">« Les régulations individuelles et collectives des émotions dans des métiers sujets à incidents émotionnels : quels enjeux pour la GRH ? »</a>. Elle a reçu le Prix AGRH-FNEGE pour ses travaux.</em></p>
<hr>
<p>La thèse intitulée <a href="http://www.theses.fr/2017LYSE3027">« Les régulations individuelles et collectives des émotions dans des métiers sujets à incidents émotionnels : quels enjeux pour la GRH ? »</a> propose d’examiner les thématiques actuelles de santé-sécurité au travail (SST) et de qualité de service concernant différents métiers en primo-contact avec un public, en y portant un regard nouveau : il s’agit de considérer ces thématiques sous l’angle émotionnel au travail. La composante émotionnelle, en effet, y joue un rôle certain, que la gestion des ressources humaines (GRH) découvre à peine depuis les années 2000.</p>
<p>Dans les métiers de contact avec un public, identifier, exprimer, comprendre, et réguler les émotions constitue une compétence particulièrement utile à l’accomplissement de la tâche. L’émotion du professionnel en contact direct avec l’usager ou le client doit être contrôlée, réprimée, simulée ou réfrénée. Face à son interlocuteur, l’enjeu humain pour le professionnel sera d’être capable, non seulement d’en « lire » le visage et la communication non verbale, pour y apporter une réponse adéquate, mais encore d’adapter lui-même son état émotionnel à la situation, en conformité avec les règles émotionnelles exigées par l’organisation.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/288012815" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Régulations individuelles et collectives des émotions dans des métiers sujets à incidents émotionnels », vidéo FNEGE Médias (2018).</span></figcaption>
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<p>La thèse soulève la question suivante : « Quelles sont les composantes du processus émotionnel au travail et leurs répercussions sur la santé du professionnel ainsi que sur l’accomplissement de sa tâche » ?</p>
<p>Nous abordons la composante émotionnelle au travail selon la <a href="https://psycnet.apa.org/record/2001-06810-000">perspective cognitive</a>, et, afin d’étudier la composition des émotions, optons pour l’approche par catégories, selon le modèle multidimensionnel de <a href="https://www.jstor.org/stable/27857503?seq=1#page_scan_tab_contents">R. Plutchik</a>.</p>
<p>D’une part, concernant les régulations individuelles des émotions, trois concepts sont examinés dans cette recherche : les <a href="http://ei.yale.edu/publication/emotional-intelligence-4/">« compétences émotionnelles »</a>, le <a href="https://www.cairn.info/revue-travailler-2003-1-page-19.htm?try_download=1">« travail émotionnel »</a>, et la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9457784">« régulation émotionnelle »</a>. D’autre part, concernant les régulations collectives des émotions, cette recherche mobilise la théorie de la régulation sociale de <a href="https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1988_num_29_1_2475">J.-D. Reynaud</a>, et en interroge l’éventuelle composante émotionnelle.</p>
<h2>Gérer la peur et l’incertitude</h2>
<p>Nous avons mené une recherche comparative de quatre cas : les policiers de Brigade Anti-Criminalité (BAC), les infirmiers urgentistes, les enseignants en Réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) et les téléconseillers d’un centre d’appels. Pour des raisons de pertinence, de pragmatisme et d’actualité, le métier de policier représente le secteur d’activité archétypal de référence. Nous avons triangulé trois méthodes qualitatives de recueil : des immersions dans chaque terrain, 108 entretiens, et des éléments de documentation, dans le but de comparer les perspectives et d’analyser les échantillons en profondeur.</p>
<p>Les résultats issus des analyses trouvent à se classer en trois catégories : les objets, les outils, et les effets émotionnels du travail. Afin de les exposer succinctement, nous avons ici extrait des verbatim, concernant le cas des policiers, et reflétant tout d’abord :</p>
<ul>
<li>les objets émotionnels de travail, inhérents à l’activité réelle des professionnels (émotions-objets, risques physiques et psychologiques…). Citons le cas de la peur :</li>
</ul>
<blockquote>
<p>« Les courses-poursuites, je trouve que c’est quand même quelque chose de très dangereux, on est à des vitesses des fois folles. C’est un domaine qui me provoque beaucoup d’émotions, ça me charge. Là, je serai presque dans la crainte, quand je vois que ça passe tout juste ».</p>
</blockquote>
<p>Ou bien ici la colère :</p>
<blockquote>
<p>« Les mecs sont partis, ont réussi. On repart ; et je suis bloqué par un véhicule de police, j’ai pris du retard, et plus tard ils ont largué la bagnole ; mais là, j’avais une COLÈRE ! Mais, magistrale ! J’ai tapé sur le tableau de bord, de colère ! »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261071/original/file-20190226-150721-qn7kq9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les courses-poursuites provoquent beaucoup d’émotions chez les policiers.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sibuet Benjamin/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li>Pour travailler et transformer ces objets de travail, les professionnels recourent à des outils émotionnels de travail (émotions-outils, compétences émotionnelles, travail émotionnel, stratégies de régulation, etc.). Relevons, pour les policiers, l’importance de la préparation et de la vigilance collective, avant et pendant une intervention de perquisition au domicile de personnes recherchées, potentiellement armées :</li>
</ul>
<blockquote>
<p>« Quand on va chercher des mecs à domicile le matin, on essaye de s’organiser un peu : ‟on prend le bélier, on prend pas, on casse la porte, on casse pas, on prend les casques balistiques ?“ on est vraiment là-dedans, la préparation, l’anticipation, la vigilance. »</p>
</blockquote>
<ul>
<li>Ces objets et outils produisent des effets émotionnels du travail, pour les individus et les collectifs (émotions-effets, retraits, départs, fatigue, fierté, satisfaction, etc.). Relevons l’ambivalence des états de vigilance, qui, au sein de la privée, peuvent être vécus comme une déformation professionnelle empêchant de cloisonner les deux sphères de vie :</li>
</ul>
<blockquote>
<p>« Je suis vigilant. Tout le temps. Même chez moi quand je ferme mon portail, je le fais comme ça (mimes) parce que je sais que s’il y a un mec qui rentre il ne va pas rentrer par là. C’est une déformation professionnelle. C’est même des fois handicapant. »</p>
</blockquote>
<p>Ou bien ici, des états relatifs à la peur, au stress professionnel, vécu au sein même de la vie personnelle :</p>
<blockquote>
<p>« Charlie Hebdo, ce qu’il s’est passé, là, c’était dur de déconnecter parce qu’on nous demandait de rentrer avec notre arme de service, il y avait une tension permanente. »</p>
</blockquote>
<h2>Risques sur la santé</h2>
<p>Ces résultats nous conduisent à penser l’ouverture de l’organisation aux phénomènes émotionnels, et le rôle de la gestion des ressources humaines et du management quant à cette composante. Nous proposons un <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ri/2017-v72-n4-ri03400/1043173ar/resume/">modèle de structuration du processus émotionnel</a> au travail.</p>
<p>Commençons par les objets émotionnels de travail : ils correspondent à toute émotion issue de la situation de travail, du contexte de travail. Dans la littérature, ils retentissent sur la santé et la qualité de service. La peur au travail par exemple, constituera un risque sur la santé et le manque de clarté organisationnelle, comme les injonctions paradoxales peuvent mettre à mal la qualité de service. Cette recherche montre que la nature des objets de travail, comme l’incertitude pour les policiers, va influencer celle des outils de travail, comme la vigilance, par exemple. Enfin, ces objets produisent des effets, comme l’intention de quitter.</p>
<p>Les outils émotionnels de travail constituent les moyens, liés aux émotions, mis en œuvre par l’individu et/ou le collectif de travail, afin d’agir sur les objets émotionnels de travail. La littérature le confirme : ces outils impactent la santé des professionnels ; par exemple, la prise de substances est nocive pour la santé, alors que les stratégies de régulations collectives se révèlent constituer un rempart salutaire. Ces outils conditionnent aussi la qualité de service ou d’intervention : c’est le cas des émotions-outils de travail, comme la joie, l’empathie, la vigilance, et le travail émotionnel au sens de <a href="https://www.cairn.info/revue-travailler-2003-1-page-19.htm?try_download=1">A. Hochschild</a>. Ces outils agissent sur les objets du travail : par exemple, les formations à la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3072688/">réévaluation cognitive</a>, permettent aux professionnels de faire baisser l’intensité de la peur ou de la colère. Ces outils produisent en eux-mêmes des effets émotionnels de travail : c’est le cas par exemple du travail émotionnel qui provoque de la fatigue, ou bien de l’état de vigilance constant.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261073/original/file-20190226-150715-1xx5cl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le travail émotionnel augmente le niveau de fatigue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Guillaume Louyot Onickz Artworks/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les effets émotionnels du travail englobent toute conséquence, liée à l’émotion au travail, sur l’individu et/ou sur le collectif de travail. Ces effets affectent la santé des professionnels, de manière délétère par exemple lorsque le stress professionnel, ressenti jusque dans la vie privée, est chronique, ou bien de manière vertueuse, lorsque les situations de travail apportent fierté et satisfaction. Ils conditionnent aussi la qualité de service, de manière nuisible par exemple lorsqu’il y a un conflit travail-famille, et de manière constructive lorsque l’organisation aménage des sas de décompression et des « coulisses » <a href="http://www.leseditionsdeminuit.com/livre-La_Pr%C3%A9sentation_de_soi._La_Mise_en_sc%C3%A8ne_de_la_vie_quotidienne_I-2089-1-1-0-1.html">au sens goffmanien</a>. Ces effets influencent à leur tour les futurs outils de travail, car si l’organisation les néglige, comment les professionnels vont-ils mobiliser ensuite ces outils pour recréer la disponibilité émotionnelle nécessaire dans l’interaction ?</p>
<p>Dans cette perspective, le Limsse (Labo’ d’innovation management pour la santé-sécurité au travail), intégré au centre de recherche de l’<a href="http://www.ensp.interieur.gouv.fr/Recherche/Projets">ENSP</a>, est en cours de création en réponse à des impératifs stratégiques du ministère de l’Intérieur à propos notamment du management de la qualité de vie au travail (QVT).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112580/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Monier est enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à Burgundy School of Business, chercheuse associée Centre de Recherche de l'ENSP (Ecole Nationale Supérieure de la Police), et vice-présidente des Pôles du management - Le Pôle Lyon Rhône.</span></em></p>Lorsqu’un professionnel exerce un métier en contact direct avec un public, ses émotions doivent être tour à tour contrôlées, réprimées, simulées ou réfrénées.Hélène Monier, Enseignant-chercheur, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1003692018-10-02T15:47:53Z2018-10-02T15:47:53ZDoctorants, nous ne sommes pas d’éternels étudiants !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/238914/original/file-20181002-85626-k5svbi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=50%2C8%2C911%2C648&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En parallèle de leur thèse, nombre de doctorants assument d'ores et déjà des missions en entreprise. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pendant que leurs camarades de promo multiplient les envois de CV et quittent définitivement les bancs de la fac pour un poste en entreprise, les diplômés de master qui ont choisi de poursuivre leur parcours en thèse renouvellent quant à eux leur carte d’étudiant. Mais, derrière la formalité administrative, gare aux faux-semblants.</p>
<p>Si les chercheurs en herbe vont continuer à fréquenter amphis et bibliothèques, le doctorat marque une rupture avec la vie étudiante qu’ils ont connue auparavant. Ces trois à cinq années ne sont pas seulement un tremplin vers l’emploi mais une expérience professionnelle en soi.</p>
<h2>Une place dans l’industrie</h2>
<p>Le « thésard » est généralement imaginé comme un étudiant enfermé entre quatre murs, engloutissant tous les ouvrages et articles qu’il lui est possible de trouver sur son sujet de recherche. Si cette représentation est très populaire, elle ne traduit qu’une partie de la réalité.</p>
<p>Fait bien moins connu, les doctorants ont déjà un pied dans nos laboratoires et industries. Depuis plus de 30 ans, par le biais des <a href="http://www.anrt.asso.fr/fr/cifre-7843">contrats CIFRE</a> (Conventions industrielles de formation par la recherche), de grandes entreprises confient à une partie non négligeable d’entre eux des missions de recherche cruciales pour leur développement. D’autres lancent des appels à projets afin les recruter en « recherche et développement ».</p>
<p>Bien loin de leurs livres, c’est sur le terrain que les jeunes chercheurs viennent enquêter et recueillir leurs données sur des questions de société. Prenons l’exemple des efforts de concentration demandés aux opérateurs des chaînes de montage automobiles. Les doctorants en psychologie cognitive sont sollicités pour se pencher sur les problèmes de surcharge cognitive et proposer des solutions innovantes d’aménagement pour contrer les erreurs qu’elles engendrent. Voilà qui va réduire la part de produits défectueux redirigés vers le service qualité, tout en augmentant la productivité et la qualité de vie au travail des opérateurs.</p>
<h2>De l’enseignement au conseil</h2>
<p>De la même façon que les doctorants participent à la vie en entreprise, entre réunions et audits, ils prennent aussi part à la transmission du savoir. Tout comme leurs pairs, ils présentent leurs travaux sous forme d’articles scientifiques ou d’interventions orales lors de colloques ou de séminaires. Là, il s’agit d’y défendre une méthodologie et des résultats, tout en accueillant les critiques et les perspectives à entrevoir.</p>
<p>De plus, les doctorants intéressés par une carrière universitaire peuvent s’essayer à l’enseignement en prenant en charge des travaux dirigés (TD) ou TP (travaux pratiques), face à une trentaine d’élèves. Cette expérience est parfois décisive, marquant un tournant dans la vie d’un futur maître de conférence ou professeur des universités.</p>
<p>Ceux qui se projettent d’ores et déjà en entreprise peuvent exercer aussi comme formateurs ou consultants. Par exemple, un doctorant ergonome pourra consacrer une partie de son temps de travail à la formation aux gestes et aux postures dans des entreprises ou réaliser des évaluations de postes de travail.</p>
<h2>Compétences « hors catalogue »</h2>
<p>Il n’est pas rare, pour ne pas dire courant, que les doctorants développent des savoir-faire qui n’étaient pas jusqu’alors « catalogués » par leur école doctorale. Par exemple, la publication d’un ouvrage ou encore les formations en entreprise délivrées par les doctorants eux-mêmes ne rentrent pas dans « les standards » définis par l’université. Mais c’est l’occasion pour les chercheurs en herbe de se singulariser, d’autant que certaines universités commencent à développer de reconnaissance de compétences de « hors catalogue ».</p>
<p>Ce changement de mentalité s’accompagne même d’un renouvellement de l’offre de formation. L’Université de Lorraine, par exemple, propose depuis maintenant deux ans le parcours <a href="http://www.cdefi.fr/activites/le-parcours-competences-pour-lentreprise">« compétences pour l’entreprise »</a> qui permet (1) la labellisation de la thèse des doctorants inscrits à ce parcours, mais aussi (2) la validation officielle des compétences spécifiques au secteur privé qui ont été acquises. Les premiers doctorants à recevoir ce label ont soutenu leurs travaux en 2018.</p>
<p>À l’échelle nationale, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a mis en place une mesure permettant de répondre à cette mutation. La publication au <em>Journal officiel</em> (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/7/27/ESRS1821258A/jo/texte">JORF n°0207 du 8 septembre 2018 texte n° 17</a>) de l’arrêté du 27 juillet 2018 inscrit et enregistre de droit les diplômes de doctorat au répertoire national des certifications professionnelles. De quoi élargir leurs horizons.</p>
<h2>« Trois années d’expérience requises »</h2>
<p>Intégré dans les réunions de laboratoire et d’entreprise, le futur docteur est également un gestionnaire de projet et de communication. Il travaille en équipe, prend des d’initiatives, s’adapte aux demandes mais aussi aux imprévus et se porte garant des missions qu’on lui a confiées.</p>
<p>Lorsque ces trois ans se sont écoulés, si l’entreprise avec laquelle il a collaboré ne lui a pas proposé d’ores et déjà le prolongement de son contrat, il part à la recherche d’un nouveau poste. « Trois années d’expérience requises ». Cette exigence figure quasiment dans toutes les offres d’emplois en ligne…</p>
<p>S’il y a une recommandation à faire aux doctorants, c’est bien celle-ci : cher·e·s doctorant·e·s, votre doctorat n’a pas a figurer dans la catégorie diplôme, mais bien dans la catégorie expérience professionnelle de votre curriculum vitae ! Vous aurez alors, comme dans cet article, tout le loisir d’expliquer aux recruteurs pourquoi vous n’êtes pas un ancien étudiant, mais un chercheur depuis déjà trois ans !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100369/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le fait que le doctorat soit un diplôme est ancré dans l’esprit des gens. Mais c’est aussi une expérience professionnelle à part entière. Plaidoyer pour mieux reconnaître ces compétences de terrain.Laura Déléant, Doctorante en Ergonomie Cognitive, Université de LorraineAlexis Olry de Rancourt, Doctorant en ergonomie cognitive, Université de LorraineLisa Jeanson, Doctorante en ergonomie cognitive, groupe PSA/laboratoire PErSEUs, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1002692018-09-19T19:31:54Z2018-09-19T19:31:54ZUn directeur de thèse, à quoi ça sert ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/235652/original/file-20180910-123122-114ydad.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C25%2C958%2C640&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Guider le doctorant sans lui imposer ses choix, tel est l'équilibre que doit trouver le directeur de thèse. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock.com</span></span></figcaption></figure><p>Se lancer dans un doctorat, c’est accepter de remettre en question ses certitudes et ses acquis pour s’aventurer sur des terrains jusque-là inexplorés. Dans ce face à face de trois à cinq ans tout à la fois passionnant et éprouvant qu’il engage avec son sujet, le jeune chercheur n’est cependant pas seul. Comme le précise l’arrêté fixant le cadre national de la formation doctorale en France, il est « placé sous le contrôle et la responsabilité d’un directeur de thèse » (article 16).</p>
<p>Mais en quoi cet accompagnement consiste-t-il précisément ? Jusqu’où l’implication du directeur de thèse peut-elle aller et quelles en sont les limites ? Les points de vue divergent mais la question ne laisse jamais indifférent. Au-delà des témoignages personnels, voici quelques points de repère pour mieux comprendre ce qu’un doctorant peut attendre de son mentor.</p>
<h2>Guider sans imposer</h2>
<p>En tant qu’encadrant du travail doctoral, le directeur de thèse a pour rôle principal d’orienter le doctorant dans ses choix relatifs à l’état de l’art, à la méthodologie de recherche, à l’analyse scientifique, et la structure de la thèse. Signée en général par les différentes parties prenantes, la charte de thèse peut spécifier ces responsabilités, notamment l’élaboration du sujet : le directeur de thèse doit « s’assurer que le projet est original et ne reproduira pas des recherches effectuées par ailleurs précédemment », rappelle ainsi la <a href="https://www.universite-paris-saclay.fr/fr/la-charte-du-doctorat">charte de l’Université Paris-Saclay</a>.</p>
<p>Prenons en compte une nuance de taille : si le directeur de thèse est responsable de l’accompagnement scientifique, ce n’est pas à lui de dicter les choix qui s’imposent. En début de thèse, il est fréquent que les doctorants soient désemparés devant l’étendue des travaux disponibles autour de leur sujet. Mais le directeur de thèse n’a pas pour obligation de mettre à disposition une revue de littérature exhaustive pour le doctorant. Il peut recommander certains articles clefs ou suggérer des auteurs incontournables ou ne donner que de vagues indications.</p>
<p>Le doctorant reste responsable de sa propre thèse : son autonomie scientifique doit se développer tout au long de son doctorat pour que la thèse soutenue démontre sa capacité à produire une recherche originale. Le directeur accompagne le doctorant, mais ne se substitue pas à lui sur le plan scientifique.</p>
<h2>S’assurer des conditions de travail</h2>
<p>En sortant du cadre purement scientifique, un autre rôle important du directeur de thèse est de s’assurer des bonnes conditions de travail des doctorants. Cette responsabilité est certes partagée avec l’école doctorale, de même qu’avec l’entreprise lorsque la thèse est en convention CIFRE. La plupart des directeurs de thèse s’inquiéteront du financement et des conditions de travail de leurs doctorants. Certaines disciplines ont toutefois des us différents : si en sciences de gestion, de même qu’en biologie, il est très rare d’encadrer une thèse non financée, cela peut être plus fréquent dans les lettres.</p>
<p>Cette charge est en France souvent partagée avec la direction de l’unité de recherche, « responsable […] de la qualité des conditions de travail nécessaires à la bonne réalisation de la recherche engagée », comme le mentionne la <a href="https://www.unistra.fr/index.php?id=17315">charte de l’Université de Strasbourg</a>.</p>
<p>L’ouverture internationale des doctorats rend un peu plus complexe cette problématique. Des recherches récentes mettent en avant la complexité des programmes internationaux : d’après les statistiques de l’Unesco, la Chine a actuellement plus de 847 000 étudiants à l’étranger, et l’Inde plus de 278 000. Pour ces deux cas, le premier pays d’accueil est les États-Unis. Se posent alors des questions de différences culturelles concernant par exemple les normes implicites en plus de toutes les questions pratiques d’adaptation à la vie du pays d’accueil, de même que des problématiques administratives pouvant devenir de véritables difficultés quotidiennes.</p>
<h2>Créer une relation de confiance</h2>
<p>On l’oublie parfois, la relation entre un directeur de thèse et un doctorant est avant tout une relation humaine. Pour certains, le directeur de thèse peut « faire ou défaire » un doctorant. Le directeur de thèse s’engage dans une relation à long terme, avec un doctorant qui s’engage dans un des plus importants projets de sa vie professionnelle ou personnelle.</p>
<p>Dans cette relation qui sort du cadre scientifique strict, il s’agit de mieux connaître les motivations du doctorant. Il est également important de créer une relation de confiance pour que les retours donnés – qu’ils soient positifs ou négatifs – puissent être intégrés par le doctorant. Encourager le doctorant à surmonter les moments difficiles, faire preuve d’ouverture aux idées nouvelles, inciter les doctorants à exceller, voilà des dimensions essentielles mais parfois difficiles à travailler et à transmettre, d’autant plus que les directeurs de thèse ont rarement l’occasion de se mettre eux-mêmes en posture d’apprenant.</p>
<p>Mais quelques rares séminaires internationaux ou conférences commencent à proposer des formations sur le sujet aux enseignants-chercheurs. Un <a href="https://www.grenoble-em.com/actualite-superwisor-le-nouveau-serious-game-pour-la-supervision-doctorale"><em>serious game</em> conçu à Grenoble Ecole de Management</a>, visant ces compétences extra-scientifiques, a d’ailleurs reçu un prix d’excellence à « Re-Imagine Education », la compétition internationale de référence pour les initiatives innovantes concernant l’apprentissage et l’employabilité des étudiants.</p>
<h2>Aider à tisser un réseau</h2>
<p>Pour discuter de l’orientation professionnelle des doctorants, il est nécessaire de dissocier les deux grandes options de carrières : les carrières académiques ou les carrières en entreprise. Le directeur de thèse est moins engagé dans ce deuxième cas, où son influence sera nécessairement limitée. Les profils concernés étant souvent dirigés vers le <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html">dispositif Cifre</a>, ou ayant déjà une expérience entreprise, ces doctorants compteront davantage sur leur propre réseau.</p>
<p>C’est donc dans la socialisation du chercheur en devenir que le directeur de thèse peut jouer un rôle important. Pour un doctorant qui souhaite avoir une carrière internationale, il est important que le directeur de thèse soit informé le plus tôt possible de ce projet. Cela permet ainsi d’aider le doctorant à choisir ses conférences académiques en fonction de sa communauté de recherche et de leur renommée, à développer des articles scientifiques en parallèle ou à la place du manuscrit traditionnel de thèse, et à identifier les universités ou écoles qui seront des recruteurs potentiels.</p>
<p>Enfin, le directeur de thèse peut jouer un rôle important dans la transmission de l’éthique du chercheur. Par exemple, les pratiques en termes de plagiat diffèrent selon les cultures nationales : pour certaines cultures, citer des verbatim d’autres chercheurs sans faire explicitement référence à leurs travaux est leur faire honneur. Discuter de la confidentialité assurée par le chercheur, du respect des données, de l’intégrité des répondants ou de la précision des bases de données sont autant de sujets qu’un directeur peut aborder, voire contrôler auprès de ses étudiants. En soutien au directeur de thèse, certaines universités ont mis en place des comités, comme cela se pratique aux USA avec l’Institutional Review Board, qui examine les protocoles de recherche des doctorants avant début de la collecte de données.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100269/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Sabatier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans l’aventure de trois à cinq ans que représente le doctorat, le chercheur en formation est épaulé par un directeur de thèse. En quoi cet accompagnement consiste-t-il précisément ?Valérie Sabatier, Associate professor of Strategy, Director of Doctoral Programs, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1025472018-09-16T20:53:19Z2018-09-16T20:53:19ZFaites des thèses ! Conversation avec Hugo Gaillard et Romain Pierronnet<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/235233/original/file-20180906-190639-1stppbx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C857%2C444&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Hugo Gaillard et Romain Pierronnet dans l'émission "Fenêtres Ouvertes sur la Gestion"</span> </figcaption></figure><p>C’est toujours le bon moment pour donner <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/une-citation-du-rappeur-booba-sujet-d-un-partiel-a-l-universite-paris-sud-10597/">« les rênes et la parole à la jeunesse »</a>. Surtout quand celle-ci poursuit le noble objectif d’élaborer des thèses de Doctorat, plutôt que de subir l’état du monde tel qu’il est.</p>
<p>Pour introduire l’interview qui suit, on a choisi le credo d’une marque de vidéo-projecteur – « exceed your vision ! ». Parce que, comme le suggère Romain Pierronnet, les interrogations sont palpables quant au sens de l’activité scientifique à l’heure de la <a href="https://www.letemps.ch/sciences/laboratoire-fake-science">« fake science »</a> ou à la place à réserver désormais à la valorisation – vous avez dit « Kardashian index » ?</p>
<p>Hugo Gaillard formule lui une prescription majeure : n’en déplaise, communiquez, valorisez, faites savoir, prenez le risque de la prise de contact. Parce que le savoir, c’est toujours le pouvoir. Parce qu’on découvre rarement des nouveautés quand on ne prend pas le risque de l’affrontement avec l’incertitude, et donc de la précipiter.</p>
<p>Et voilà comment faire une thèse peut vous conduire là où vous ne l’aviez absolument pas prévu. Par exemple, produire un <a href="https://theconversation.com/les-rappeurs-sont-ils-des-leaders-en-puissance-pour-que-le-management-entre-dans-le-cercle-100927">papier</a> dans The Conversation France au cœur de l’été ; puis, de fil en aiguille, être invité sur le tournage de deux épisodes de l’émission « Rentre dans le Cercle » ; et, alors que la rentrée n’était pas encore tout à fait effective, vous conduire à plancher lors d’un débat sur le thème <a href="https://theconversation.com/podcast-ce-que-le-rap-dit-de-notre-societe-102624">« Ce que le rap dit de notre société »</a> dans l’émission <a href="https://theconversation.com/fr/topics/larbre-et-la-pomme-42730">« L’arbre et la pomme »</a> de Moustic the Audio Agency, en partenariat avec The Conversation France !</p>
<p>Conclusion : prenez une longueur d’avance, « augmentez votre vision », faites des thèses ! Puisque les jeunes chercheurs vous indiquent que l’avenir est plus que jamais ouvert – et à ouvrir ! – à l’heure du <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/international/actu/detail/article/kanye-west-vient-d-obtenir-son-doctorat-13725/">Kim Kardashian West</a> index. La preuve avec… Kanye West.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"597858466561036288"}"></div></p>
<p>Il sera toujours temps de comprendre plus tard pourquoi avoir suivi cette injonction à faire une thèse aura été la meilleure des options que vous pouviez offrir à votre futur. Parce que c’est là l’un des enseignements de l’immense professeur de sciences du management (mais aussi poète…) <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2002-3.htm">James Gardner March</a>, auquel la Revue Française de Gestion avait consacré un magnifique dossier spécial en 2002 : <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2002-3-page-161.htm">« Il peut être raisonnable d’agir d’abord et de comprendre ensuite »</a>.</p>
<p><strong>L’interview d’Hugo Gaillard et Romain Pierronnet</strong></p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/KlfG7CwPr94?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p><strong>Présentation d’Hugo Gaillard et de Romain Pierronnet</strong></p>
<p>Docteur en sciences de gestion de l’Université Paris Est Créteil, les recherches de Romain Pierronnet portent sur la gestion des ressources humaines dans les universités (thèse réalisée en CIFRE au sein du cabinet Adoc Mètis).</p>
<p>Diplômé du Master « Développement et Management des Universités » de l’Université de Paris Est Créteil, il est également expert auprès du Haut Conseil d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES). Il s’intéresse aux organisations universitaires et aux politiques de recherche et d’enseignement supérieur. Romain Pierronnet est également élu local à Nancy (chargé de l’éducation et du numérique) et à la Métropole du Grand Nancy (délégué à la Recherche, l’Enseignement supérieur et à la Vie étudiante). Il est à ce titre administrateur de l’AVUF (Association des Villes Universitaires de France).</p>
<p>Hugo Gaillard est Doctorant CIFRE en Sciences de Gestion sous la direction du Pr. Thierry Jolivet à l’Université Le Mans, sur le thème de la gestion du fait religieux au travail. Il est membre du Laboratoire GAINS (EA2167) section Argu’Mans et responsable RH dans la fonction publique territoriale. Il est co-fondateur de Coezio Conseil… et passionné de hip-hop.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102547/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Parce qu’on découvre rarement des nouveautés quand on ne prend pas le risque de l’affrontement avec l’incertitude, et donc de la précipiter.Jean-Philippe Denis, Professeur de gestion, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1004842018-09-03T20:52:11Z2018-09-03T20:52:11ZDoctorat : et si on jouait « collectif » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/229605/original/file-20180727-106505-j7kyrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C0%2C820%2C377&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Désormais, les doctorants doivent aussi apprendre à vulgariser leurs recherches. (Ici à l'Education University of Hong-Kong)</span> <span class="attribution"><span class="source">Lisa Jeanson</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Le doctorat, bien plus que la réalisation d’une thèse ? Pour ceux qui vivent ce parcours au quotidien, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Au-delà de la rédaction d’un travail au long cours et de la construction d’une expertise scientifique, cette expérience de trois à cinq ans permet de développer des compétences très précieuses aussi pour le monde de l’entreprise, de l’autonomie à la gestion de projet, en passant par la définition d’une stratégie.</p>
<p>Pourtant, beaucoup se représentent encore les chercheurs en herbe comme d’éternels étudiants cantonnés à leurs bibliothèques ou laboratoires, en face à face permanent avec un sujet de prédilection très pointu. Comment casser ces clichés ? Que les doctorants témoignent plus souvent sur les défis qu’ils relèvent serait en soi un bon départ. C’est ainsi que nous avons décidé de raconter l’expérience qui suit, qui nous a menés bien loin de notre univers habituel. Jusqu’à Hong-Kong même !</p>
<h2>Saisir des opportunités</h2>
<p>Tout a commencé en 2017, lors de la la <a href="https://jijc2017.event.univ-lorraine.fr/">Journée internationale des jeunes chercheurs</a>, organisé par l’université de Lorraine. Constatant notre implication dans cet événement, Dominique Macaire, professeure en didactique des langues dans l’un des laboratoires de l’établissement, nous propose de rebondir vers un autre projet, tourné vers l’Education University of Hong Kong (EduHK). L’enjeu : renforcer le dialogue avec l’école doctorale de cet établissement, avec lequel se mettent en place de nouveaux échanges.</p>
<p>En confrontant nos expériences et nos besoins dans chacune de nos disciplines, nous déterminons un axe de travail qui nous semble essentiel face aux enjeux de diffusion de la recherche : l’art oratoire. Le résultat prend la forme d’un atelier participatif que testent une quinzaine de doctorants de l’EduHK <a href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/6528">invités en avril 2017</a>. Les séances de coaching se clôturent par un concours façon <a href="http://mt180.fr/">« Ma Thèse en 180 secondes »</a>, où les candidats présentent leurs travaux en 3 minutes, avec l’appui d’un support visuel, devant un jury.</p>
<p>Et nous ne regrettons pas d’avoir saisi l’opportunité offerte par Dominique Macaire, puisque l’expérience nous a valu une invitation à l’<a href="https://www.eduhk.hk/gradsch/iprrfss2017/">International Postgraduate Roundtable and Research Forum cum Summer School (IPPRFSS) 2017</a> à l’EduHK. Durant plusieurs jours, les doctorants y présentent leurs travaux et participent à des conférences et tables rondes les amenant à pratiques de la recherche. Très apprécié, notre atelier est reconduit pour l’<a href="https://www.eduhk.hk/gradsch/iprrfss2018/">édition 2018 de l’IPPRSS</a>.</p>
<h2>Apprendre à communiquer</h2>
<p>Faire passer le projet avant tout, même avant l’ego, en voilà un challenge de taille pour six chercheurs en herbe, avec des personnalités différentes, des niveaux d’expérience variés et des compétences multiples à concilier sur plusieurs mois et à des kilomètres les uns des autres. Malgré nos méthodes de travail assez éloignées, nous avons trouvé des compromis, constitué des groupes, établi un planning de réunions…</p>
<p>En résulte l’atelier « Build Your Own Brand », qui embrasse les outils et méthodes pour construire des « présentations visuelles » efficaces, mais aussi des conseils autour de la mise en scène du texte et le langage gestuel. Oublier le trac qui précède ses interventions, passer outre les craintes que certains peuvent ressentir lors d’une présentation dans une langue étrangère, être irréprochable dans le design de son PowerPoint, vulgariser ses travaux de recherche : c’est l’objet de notre atelier… mais c’est aussi ce que nous devons nous-mêmes mettre en œuvre pour asseoir notre crédibilité. En effet par exemple parler une autre langue peut être un vrai défi ! Dans sa langue maternelle, il est plus facile de convaincre, de faire face à des oublis ou de rebondir sur des remarques si besoin est. En revanche lorsqu’on s’exprime dans une langue étrangère, il faut être imaginatif et savoir s’adapter !</p>
<p>Heureusement pour faire face à ces challenges nous ne sommes pas seuls et, une fois encore, c’est le collectif qui gagne. Nous improvisons chaque soir durant près d’une semaine des séances de travail tardives dans les salles de réunions du campus. Nous orchestrons notre intervention et répétons ensemble comme une troupe de théâtre.</p>
<h2>Gérer budgets et plannings</h2>
<p>Il a fallu aussi jouer collectif pour financer notre voyage, à hauteur d’environ 1 000 euros par personne, ce projet n’entrant ni dans le cadre de nos doctorats ni des financements de l’université. C’est à force de démonstrations de nos compétences en tant que communicants, de notre sérieux en tant que chercheurs que nous sommes parvenus à construire une relation de confiance avec nos partenaires et obtenons finalement le soutien des Écoles Doctorales Stanislas et RP2E, des Laboratoires PErSEUs, LIEC et INRA et du parcours « Compétences pour l’entreprise » labellisé par la Confédération des Directeurs d’Écoles d’Ingénieurs.</p>
<p>Au-delà de ces questions de budget, nous avons aussi dû nous initier à cette <a href="https://theconversation.com/quel-monde-du-travail-pour-demain-88040">flexibilité</a> si essentielle pour le monde de l’entreprise. On imagine souvent que, dans la recherche, les conditions de travail sont très différentes de celles du privé et que les projets s’inscrivent systématiquement sur du moyen ou du long terme. Pourtant, il faut bien réagir lorsque l’on doit modifier très vite le format d’une intervention suite à des demandes impromptues de la part des organisateurs d’un colloque.</p>
<p>S’adapter, tel est le maître mot que nous avons suivi. En effet, notre public étant essentiellement composé de doctorants, nous nous devions d’être pédagogues et de trouver le moyen de capter l’attention d’une centaine de personnes pendant 3 longues heures. Susciter l’esprit de compétition du public avec un quizz et de petits gains à la clé, rendre l’audience active en mettant en place des exercices collectifs, impliquer l’audience dans le remaniement en direct de leurs propres PowerPoint, telles ont été nos solutions.</p>
<p>Du doctorat au leadership, il n’y a qu’un pas et cette expérience hors du commun nous a permis de le franchir, au moins en partie. Bien au-delà de nos compétences de recherche, nous avons su nous dépasser et mettre de côté nos doutes et parfois notre ego pour mener à bien un projet d’une telle envergure. Nous pensions être venus pour former nos pairs et nous rentrons grandis, plus au fait de nos défauts, plus conciliants, plus prêts que jamais à affronter les aléas du travail, et ce, bien au-delà du monde de la recherche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100484/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexis Olry a reçu des financements de l'Université de Lorraine. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Gocel-Chalte a reçu des financements de l'équipe de recherche Cyble, laboratoire LIEC UMR 7360, CNRS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jérémy Filet, Laura Déléant, Lisa Jeanson et Marie Dincher ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Loin d’être enfermés dans leur tour de verre, les doctorants peuvent aussi se transformer en chefs de projet. C’est ce que montre cette initiative menée de la Lorraine à Hong-Kong.Lisa Jeanson, Doctorante en ergonomie cognitive, groupe PSA/laboratoire PErSEUs, Université de LorraineAlexis Olry de Rancourt, Doctorant en ergonomie cognitive, Université de LorraineDavid Gocel-Chalte, Doctorant en écologie, environnement, Université de LorraineJérémy Filet, Doctorant en civilisation Britannique du XVIIIème siècle, Université de LorraineLaura Déléant, Doctorante en Ergonomie Cognitive, Université de LorraineMarie Dincher, Doctorante en biogéochimie des écosystèmes forestiers, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/987882018-06-27T21:02:50Z2018-06-27T21:02:50ZPourquoi les diplômés des grandes écoles boudent le doctorat<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/224722/original/file-20180625-19390-usoby9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C11%2C988%2C709&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Seuls 0,2% des diplômés d'une grande école de management poursuivent leurs études en doctorat. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock/Rawpixel.com</span></span></figcaption></figure><p>À première vue, l’enquête d’insertion présentée le 19 juin dernier par la <a href="http://www.cge.asso.fr/liste-actualites/enquete-insertion-2018-jeunes-diplomes-grandes-ecoles/">Conférence des grandes écoles</a> (CGE) offre de multiples raisons de se réjouir. Portant sur les trois dernières promotions de ses 176 écoles, elle révèle que 9 diplômés sur 10 issus de ses rangs sont en activité moins de six mois après la fin de leur formation. Mieux, 62 % des jeunes ont été embauchés avant même d’avoir décroché leur diplôme. Mais derrière ce taux « jamais atteint » jusqu’ici, d’autres résultats jettent une ombre au tableau : ceux des poursuites d’études en thèse.</p>
<p>Alors que le doctorat est considéré comme une <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/03/07/doctorat-et-phd-des-valeurs-sures-a-l-international_5090488_4401467.html">formation d’élite dans le monde entier</a>, seuls 6,5 % des ingénieurs de la promotion 2017 se sont inscrits en thèse après leur programme « grande école ». Un chiffre qui chute à 0,2 % en ce qui concerne les diplômés en management. </p>
<p>Si, dans les Grandes Écoles, ce sont bien les élites qui sont formées, pourquoi leurs diplômés sont-ils les grands absents du doctorat ? Comment expliquer que les jeunes managers ne voient pas la thèse comme un tremplin pour leur carrière ? Les réponses seraient à chercher tant du côté d’une méconnaissance de la recherche que des enjeux financiers et d’un monde du travail attractif.</p>
<h2>A bac+5, un ancrage pratique</h2>
<p>Devant former des généralistes rapidement opérationnels à leur entrée sur le marché du travail, les écoles de management délivrent une formation souvent plus pratique que théorique. Cela ne permet pas aux étudiants de prendre conscience des riches développements que peut offrir la recherche en sciences de gestion, alors même que cette dimension les intéresserait. C’est d’ailleurs un point que relèvent de nombreux élèves issus de classes préparatoires : après deux années très intenses, ponctuées de culture générale et de dissertations, ils peuvent être très surpris par le <a href="https://www.letudiant.fr/etudes/ecole-de-commerce/qu-apprend-on-vraiment-en-ecole-de-commerce.html">caractère plus appliqué des cours en école</a>.</p>
<p>La méconnaissance des perspectives ouvertes par une thèse repose aussi sur une question d’organisation très concrète : les écoles proposent peu de programmes doctoraux, et encore moins de doubles diplômes avec des masters « recherche » à l’université.</p>
<p>Malgré une <a href="https://theconversation.com/debat-alerte-sur-lenseignement-superieur-de-gestion-francais-84296">recherche très active dans leurs équipes</a>, seules quelques écoles comme Grenoble École de Management, EM Lyon, ESSEC, ESCP, HEC ont aujourd’hui un programme de doctorat. Et, souvent, elles ne le promeuvent pas auprès de leurs propres étudiants. En effet, le PhD étant un programme extrêmement coûteux, les promotions restent de toute petite taille. Or elles reçoivent déjà de nombreuses candidatures internationales, comme l’a montré une <a href="http://www.fnege.org/publications/les-publication-de-la-fnege/etudes/nos-etudes">enquête de la FNEGE</a>, publiée en 2017.</p>
<h2>Une pression financière</h2>
<p>Puis il faut compter avec des frais de scolarité en <a href="https://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/frais-de-scolarite-les-ecoles-de-commerce-toujours-plus-haut-1.html">hausse constante</a>. Investir plusieurs dizaines de milliers d’euros dans une formation est une décision qui peut se répercuter sur les premiers choix de carrière. À court terme l’écart de rémunération entre une thèse académique (bourse de thèse classique) et un premier emploi est considérable, et dans certains cas, inenvisageable si le/la diplômé·e a besoin de rembourser tout de suite un prêt bancaire. </p>
<p>Ainsi, d’après l’enquête de la CGE, le salaire brut moyen des managers (hors prime, en France, avec le statut-cadre) de la promotion 2017 est de 35 887 contre 30 115 euros pour ceux qui ont choisi une <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html">thèse CIFRE</a> (ou « conventions industrielles de formation par la recherche » – un dispositif de thèse associant entreprises et laboratoires publics), et seulement de 22 835 euros pour les thèses académiques.</p>
<p>À long terme, les salaires des docteurs en management sont assez méconnus et d’ailleurs sans aucun doute très variables selon les secteurs, en école ou en entreprise, en France ou à l’international. Pour un <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22705/professeur-des-universites.html#carriere-et-remuneration">professeur des universités</a>, la rémunération mensuelle (traitement de base auquel s’ajoutent diverses indemnités) est en début de carrière de 3 102,14 euros, et en dernier échelon de la classe exceptionnelle 6 204,29 euros.</p>
<p>Pour les écoles de Management, chaque établissement est libre de pratiquer les salaires qu’il souhaite et ces données ne sont pas publiques. Un <em>assistant professor</em> (premier niveau dans les grandes écoles) avec des publications internationales dans un établissement accrédité AACSB peut se voir proposer un salaire entre 45 000 et 65 000 euros brut annuel. L’<a href="https://www.aacsb.edu/publications/datareports/staff-compensation-and-demographics">étude annuelle de l’AACSB</a> donne une vision globale et internationale : le salaire médian d’un <em>assistant professor</em> est de 117 000 dollars. Mais ce chiffre est un chiffre agrégé, ne différenciant pas les USA de la France où le coût de la vie et les différents systèmes de compensation (par exemple les mutuelles) sont difficilement comparables.</p>
<h2>Un besoin d’expérience en entreprise</h2>
<p>Enfin il ne faut pas sous-estimer l’envie qu’ont les diplômés d’école de management d’entrer dans la vie active : entre 24 et 27 ans, ils sont nombreux à vouloir en finir avec leur vie étudiante et construire une expérience solide. Comme le montre l’étude de la CGE, 8 diplômés sur 10 de la promotion 2017 sont en CDI dans l’année suivante leur diplôme. Leurs deux premiers critères de choix sont le contenu du poste proposé et l’adéquation avec un projet professionnel.</p>
<p>C’est aussi peut-être une caractéristique importante liée au management au sens large : la pratique est un rite de passage, que cela soit en finance de marché ou dans les fonctions commerciales. La confrontation avec le terrain est nécessaire pour mieux intégrer les savoirs et mettre en perspective la théorie avant éventuellement de se lancer dans une thèse. </p>
<p>Si l’envie d’apprendre par la recherche revient ultérieurement dans la carrière de ces diplômés, il leur faudra alors soit effectuer un virage drastique vers le monde académique, en retournant dans un programme PhD à temps plein, soit aller vers des formations de doctorat privilégiant l’expérience et permettant le temps partiel. C’est pour cela que, dans le monde entier, les formations de <a href="https://theconversation.com/if-the-masters-degree-is-the-new-bachelors-is-the-doctorate-now-the-new-masters-95577"><em>executive doctorate</em></a> les <em>doctorate of business administration</em> et les <em>executive PhD</em> sont en plein essor, et que ces doctorats sont soutenus par les accréditations internationales comme <a href="https://www.mbaworld.com/accreditation/dba-guide">AMBA</a> et <a href="https://www.aacsb.edu/">AACSB</a>. </p>
<p>Si les diplômés des grandes écoles sont les grands absents du doctorat français, c’est aussi un des signes montrant une limite certaine d’un <a href="https://theconversation.com/le-doctorat-une-tradition-a-laube-de-sa-potentielle-transformation-77637">système de thèse assez conservateur</a>. L’inscription du doctorat au <a href="http://blog.educpros.fr/doctrix/2018/01/30/le-doctorat-enfin-au-rncp/">Répertoire national des certifications professionnelles</a> ouvre les débats. Nous espérons que les Grandes Écoles sauront faire porter leur voix pour <a href="https://theconversation.com/il-faut-plus-de-formations-doctorales-a-orientation-professionnelle-56861">ouvrir à plus de diversité dans les doctorats</a>, comme cela est déjà très largement le cas à l’international, pour nos étudiants, et pour nos organisations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/98788/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Sabatier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2018, les grandes écoles ont encore affiché de très bons résultats. Mais un chiffre de leur enquête d'insertion pose question : seul 0,2 % des diplômés en management s’inscrivent en doctorat.Valérie Sabatier, Associate professor of Strategy, Director of Doctoral Programs, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/977132018-06-07T22:03:16Z2018-06-07T22:03:16ZFaire une thèse en Afrique : « Pas d’autres moyens que la volonté d’y arriver »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/222075/original/file-20180606-137315-k27v19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C174%2C1533%2C1142&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le continent africain ne produirait qu' 1 % de la recherche dans le monde. La cause : un environnement particulièrement difficile pour les jeunes chercheurs.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’économie mondiale du savoir auquel l’Afrique devrait contribuer passe nécessairement par le renforcement de la formation doctorale et le soutien à la recherche.</p>
<p>Rédiger une thèse de doctorat demande ainsi du temps, de trois ans à plus de dix ans (la tendance globale actuelle est de la limiter à quatre ans maximum), un encadrement institutionnel, des moyens matériels et financiers, de l’autonomie, et de la discipline. Cependant, contrairement à nos homologues européens, asiatiques ou américains, nous nous engageons la plupart du temps dans une thèse sans repères, sans date butoir, sans bibliothèque, sans financements, sans ordinateurs, sans un encadrement effectif, sans surveillance et surtout sans autres moyens que la volonté d’y arriver.</p>
<p>Les motivations varient d’un candidat à l’autre, d’un contexte à un autre.</p>
<p>Cependant, une question demeure : concrètement, pourquoi et comment rédige-t-on une thèse de doctorat en Afrique aujourd’hui ? Comment devient-on docteur·e en sciences sociales à Yaoundé, à Ouagadougou, à Dakar, à Tunis ou à Maputo ? […]</p>
<h2>Invisible recherche</h2>
<p>L’idée a germé en 2012, au cours d’un séminaire consacré à la publication d’articles scientifiques dans le cadre de l’<a href="http://www.lasdel.net/index.php/nos-activites/universite">Université d’été</a> organisée tous les deux ans par le Laboratoire d’études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL) à Niamey.</p>
<p>Nous avons été une poignée à être choquée par la remarquable absence d’outils de publications scientifiques proches géographiquement de notre vécu quotidien, de notre environnement institutionnel et de la complexité de nos réalités sociales. Non pas qu’elles n’existent pas, mais elles sont invisibles.</p>
<p>Ainsi, quel intérêt de publier dans la revue <em>Politique africaine</em> située entre Paris et Bordeaux pour le chercheur africain étant donné que même si elle s’adresse à des pairs, elle est d’abord et avant tout portée par la volonté d’éclairer des réalités sociales liées à son environnement immédiat ?</p>
<p>L’étudiant de première année à la faculté des arts de Niamey a-t-il accès à cette revue ? Mais où sont les instruments de valorisation des savoirs produits en Afrique par les Africains ? Cette question innocente a suscité une tension relativement palpable dans les échanges qui ont suivi avec les intervenants.</p>
<p>En effet, pourquoi n’avaient-ils pas répertorié aussi des revues produites dans nos différentes universités (cahiers de recherches, annales, etc.) ? Elles n’étaient peut-être pas dignes d’intérêt ? Parce qu’inconstantes (c’est vrai), pauvres éditorialement (c’est faux), faibles au plan de la rigueur méthodologique (à discuter) et souvent taillés aux mesures d’un seul homme recteur, doyen ou chef de département (à discuter aussi).</p>
<p>À l’évidence, peu, sinon aucune revue (la preuve, il n’y en avait pas dans le top 10 de la liste des revues sur les études africaines présentée par l’intervenant) n’avait les qualifications requises pour s’élever jusqu’aux standards de qualité des revues éditées en terrains extra africains. […]</p>
<p>Combien de jeunes chercheurs réussissent-ils à se faire publier à l’étranger ? D’abord pourquoi attendre que la valorisation des connaissances produites localement vienne d’ailleurs ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222050/original/file-20180606-137318-ayl4bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Événément Forum X–Afrique à l’École polytechnique, à Paris où de nombreux jeunes chercheurs et entrepreneurs africains avaient rendez-vous. L’avenir est-il toujours, forcément, ailleurs ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/117994717@N06/39871188465/in/album-72157691353828722/"> École polytechnique -- J.Barande/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Faire une thèse en tant qu’Africain</h2>
<p>Ce livre n’est pas un gémissement, ni une complainte. Le but n’est pas non plus de faire le procès de l’enseignement supérieur en Afrique. Les raisons de la crise sont connues et des tentatives de réforme sont en cours – comme en témoignent les différents plans de réforme, financés en majorité par des bailleurs étrangers comme la Banque mondiale, des corporations américaines ou européennes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelle-est-linfluence-des-fondations-americaines-sur-les-universites-en-afrique-92219">Quelle est l’influence des fondations américaines sur les universités en Afrique ?</a>
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<p>De nombreux plans de réforme ont été mis en œuvre depuis le début des années 1990 pour s’arrimer au LMD, rentrer dans le <a href="https://theconversation.com/le-defi-de-la-qualite-dans-lenseignement-superieur-vue-du-congo-87450">cercle de l’Assurance Qualité</a> ou appuyer la mise en réseau des universités, des organismes de recherche avec des institutions équivalentes dans les pays plus développés.</p>
<p>Le but est de parler de la thèse en train de se faire en Afrique et en tant qu’Africain. Parce qu’il y a une spécificité, au-delà de ce que les doctorants de tous horizons partagent.</p>
<p>Cette spécificité est autant dans le regard que les autres portent sur nous (chapitres 3 et 8) que le contexte même dans lequel prend forme le projet doctoral (chapitres 10, 11 et 12). Dans un contexte scientifique international marqué par la concurrence, la recherche (dont le doctorat est la porte d’entrée) joue un rôle majeur dans la construction d’une expertise interne aux problématiques contemporaines.</p>
<h2>L’Afrique produit moins de 1 % de la recherche au monde</h2>
<p>Selon un rapport récent publié par l’Union africaine sur les Perspectives de l’éducation, l’<a href="http://www.adeanet.org/fr/publications/projet-de-perspectives-de-l-education-en-afrique-rapport-sur-l-education-continentale">Afrique produit moins de 1 % de la quantité de recherches au monde</a>.</p>
<p>C’est en effet au niveau des programmes de doctorat que la plupart des universités africaines sont les plus faibles.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=967&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=967&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=967&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1215&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1215&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222053/original/file-20180606-137312-jc4ip0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1215&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Tu seras Docteur.e mon enfant ! expériences et postures de recherche des thésards africains, sous la direction de Larissa Kojoué.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sous la pression d’une forte demande de formation supérieure en sciences humaines et sociales notamment, les personnels universitaires, en particulier dans les pays francophones sont souvent mal qualifiés pour dispenser une formation de grande qualité. Ces insuffisances sont renforcées par l’absence de moyens minimum pour mener des recherches et participer ainsi à l’économie mondiale du savoir.</p>
<p>[…]</p>
<h2>S’approprier l’université</h2>
<p>Legs de la colonisation dans la majorité de nos pays, l’université souffre d’un handicap majeur dans son rapport au monde : la difficile adéquation entre concepts, théories et outils élaborés ailleurs (en Europe principalement, mais aussi en Amérique du Nord) à la critique des réalités sociales de notre environnement.</p>
<p>La réflexion n’est pas nouvelle, <a href="https://www.pulaval.com/produit/l-afrique-noire-face-a-sa-laborieuse-appropriation-de-l-universite-les-cas-du-senegal-et-du-cameroun">elle est présente depuis les luttes pour l’indépendance</a> et touche autant les <a href="https://searchworks.stanford.edu/view/9918267">plans épistémologiques, méthodologiques, empiriques et théoriques</a>.</p>
<p>[…] Ce livre participe ainsi d’une volonté de s’approprier l’université, de repenser la pérennité et la pertinence de la recherche universitaire en Afrique à travers l’acte créatif, itératif et réflexif que constitue l’écriture d’une thèse.</p>
<p>Si cette réflexion semble relativement marginale pour les chercheurs aujourd’hui, les lignes de tension demeurent et sont multiples. « Coincés » entre plusieurs systèmes, plusieurs logiques organisationnelles (chapitres 4, 5 et 13), une extraversion à la fois subie et entretenue (chapitre 1), entre deux âges (mi-adulte, mi étudiant), entre deux mondes (mi enseignant mi étudiant, chapitres 7 et 9) et entre plusieurs attentes (les nôtres et celles des autres, chapitre 2), nous voulons dire ici nos doutes, nous voulons exprimer nos incertitudes, nos tâtonnements, notre solitude, nos échecs, nos victoires, nos rechutes, nos espoirs et nos victoires.</p>
<p>[…]</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222049/original/file-20180606-137312-1hhm2t8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Quelques étudiants devant un bâtiment de l’université Marien Ngouabi à Brazzaville, Congo, 19 janvier 2017, durant un mouvement syndical « université morte ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Universit%C3%A9_Marien_Ngouabi_VOA_Afrique.jpg">VOA/Ngouela Ngoussou)/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Très peu de docteurs chez les enseignants</h2>
<p>Jusqu’à présent, les pourcentages de personnel enseignant titulaire d’un doctorat sont très largement en deçà de 40 % surtout dans les pays francophones. À Madagascar et en République Démocratique du Congo, seuls 17 % des personnels enseignants à l’Université sont titulaires d’un doctorat. Au Rwanda, c’est moins de 25 % (d’après un <a href="http://uis.unesco.org/sites/default/files/documents/global-education-digest-2006-comparing-education-statistics-across-the-world-fr.pdf">rapport de 2006 de l’Unesco</a>).</p>
<p>La situation est assez différente dans les pays d’Afrique australe <a href="https://www.oecd.org/sti/Challenges%20and%20opportunities%20to%20increase%20knowledge%20production-%20Draft-%20Nico%20Cloete.pdf">où les effectifs de docteurs ont triplé en une quinzaine d’années</a>.</p>
<p>En Afrique francophone, arabophone ou lusophone, ce sont les assistants et maîtres-assistants qui constituent le plus gros effectif des enseignants (chapitre 7).</p>
<p>Dans la majorité des cas, il s’agit des candidats au doctorat. Concilier mission d’enseignement à temps plein (parfois plus de 300 heures par année) et recherche doctorale devient dès lors un enjeu considérable à gérer. Quand c’est pratiquement le seul moyen de pouvoir financer sa thèse avec ses propres moyens, on comprend que l’effectif de docteur·e·s demeure considérablement bas par rapport aux autres contextes.</p>
<p>[…]</p>
<h2>Un encadrement difficile</h2>
<p>Les maux de la thèse, s’ils sont propres à tous les candidats au doctorat, sont ici spécifiques aux contextes africains : difficile appropriation de l’université, insuffisance de personnel qualifié et compétent, inexistence d’écoles doctorales, manque d’infrastructures, etc.. Être un Sénégalais ou Gabonais de 25 ans et décider de devenir un docteur en sciences sociales demeure un véritable parcours du combattant.</p>
<p>[…] Trouver un directeur de thèse était (ça l’est toujours) une source d’inquiétude pour de nombreux candidats au doctorat (chapitre 4). Vu l’insuffisance de professeurs de rang magistral il y a une vingtaine d’années, ceux qui voulaient continuer en thèse ont été contraints de s’inscrire à l’étranger.</p>
<p>Ceux qui sont restés doivent composer avec plusieurs aléas : « Je rencontrais mon directeur parfois sur le parking, pour cinq minutes… » déclare Samia, doctorante en science politique de l’Université de Jijel (Algérie).</p>
<blockquote>
<p>« Il n’avait pas le temps. Il était débordé. Trop de doctorants et aussi trop de mépris. Il a fallu que je lui prouve de quoi j’étais capable […] C’est quand il a vu que j’avais des connexions avec l’Université de Bordeaux par exemple qu’il a commencé à me prendre au sérieux. On a eu une vraie discussion dans son bureau trois ans après mon inscription en thèse. »</p>
</blockquote>
<p>Le cas de Samia n’est pas isolé. De nombreux candidats, surtout en Afrique francophone, devaient attendre parfois plus d’une année après le dépôt de leur thèse (que leur directeur n’avait jamais lu) avant que soit autorisée la soutenance (si elle était bonne) :</p>
<blockquote>
<p>« Quand on m’a donné l’autorisation de soutenance, j’étais même déjà fatigué et j’avais oublié une bonne partie de mes travaux. Je me consacrais uniquement aux cours vu que j’étais assistant. Chez moi, il y a des gens qui sont restés assistants toute leur vie. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils n’avaient pu finir leur thèse ou bien si c’était délibéré. De toutes les manières, il y avait beaucoup d’abandon et j’avais même déjà abandonné. »</p>
</blockquote>
<p>Ces propos d’Emmanuel de la Faculté de sociologie de l’Université de Cotonou au Bénin reflètent bien la situation qui a prévalu pendant longtemps dans la majorité des universités d’Afrique francophone.</p>
<p>En dépit de toutes ces conditions éprouvantes connues et vécues, certains continuent de faire le choix de se consacrer à leur thèse, de devenir docteur·e, même à plus de 60 ans (chapitre 13). Contre vents et marées.</p>
<hr>
<p><em>Cet ouvrage dirigé par Larissa Kojoué est l’aboutissement d’un long processus ayant reçu 46 propositions venant de 18 pays. La plupart des résumés provenaient de la France – où environ 75 % des doctorants étrangers des pays à faibles revenus <a href="http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001163/116330eo.pdf">viennent d’Afrique</a>, beaucoup y demeurant après l’obtention de leur diplôme-, du Cameroun et du Sénégal.</em></p>
<p><em>L’auteur présentera l’ouvrage au <a href="http://www.warccroa.org/home/">West African Research Center</a>, à Dakar le 21 juin à 16h.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97713/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Larissa Kojoué ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Être une jeune sénégalaise sans ressources et réaliser un doctorat en sciences sociales est un véritable parcours du combattant. Extraits d’un ouvrage collectif dédié à la jeune recherche africaine.Larissa Kojoué, Chercheure associée, Les Afriques dans le Monde (LAM), Sciences Po BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/958972018-05-06T20:10:50Z2018-05-06T20:10:50ZÊtre jeune chercheur·e en gestion aujourd’hui : la résilience hip-hop<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/217662/original/file-20180503-83693-1unhgbv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C1914%2C1115&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Hip-hop !</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/hip-hop-danse-cool-style-motion-3256398/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Des articles récents s’intéressent à l’évolution de la recherche en gestion et la montée <a href="https://bit.ly/2HMOnr2">d’une course à la publication</a>. Certains pointent les effets de tels changements sur les doctorant·e·s qui n’exprimeraient plus assez leur liberté, leurs passions et leur curiosité. La voix des doctorant·e·s et jeunes chercheur·e·s, premier·e·s concerné·e·s, manque au débat. Ainsi, si ces discussions sont nécessaires pour notre discipline, nous ne nous reconnaissons pas dans la <a href="https://bit.ly/2I0tOYR">description qui est faite des doctorant·e·s actuel·le·s</a>.</p>
<p>Nous avons conscience d’être de jeunes académiques moins exposé·e·s à la précarité car issu·e·s d’une grande école de commerce française, et en cela notre parole n’engage pas tou·te·s les doctorant·e·s. Néanmoins, notre point de vue pourrait apporter des éléments supplémentaires sur ce qu’est le travail et la vie de doctorant·e en sciences de gestion (au sens large, nous représentons ici plusieurs disciplines) aujourd’hui.</p>
<p>Ainsi, à travers cet article, nous souhaitons évoquer notre quotidien, le sel et le goût de la vie des jeunes académiques, leur résistance silencieuse et leur engagement à faire œuvre de créativité, malgré les doutes, les peurs et les angoisses, dans un contexte social et institutionnel qui impose de nouvelles règles, pressions et de nouveaux indicateurs.</p>
<h2>Défendre une vision commune de la recherche</h2>
<p>Se poser la question du sens de notre métier nous paraît essentiel : pourquoi avons-nous choisi de faire ce métier ? Qu’est-ce que cela signifie d’être enseignant·e-chercheur·e en gestion aujourd’hui ? Nous partageons certains constats faits par nos aîné·e·s : nous allons vers une recherche aseptisée, très « orientée publication », qui pourrait entraver la pensée complexe, le goût du risque et l’immersion de long terme sur le terrain.</p>
<p>Soumis·es à ces normes, les jeunes chercheur·e·s semblent parfois s’empêcher de penser en dehors du cadre. Il faut donc les encourager à s’ouvrir aux autres, à prendre le temps de s’étonner, à débattre, bref à profiter de cette période unique qu’offre le doctorat pour se créer une identité propre de chercheur·e et d’enseignant·e.</p>
<p>Certain·e·s chercheur·e·s plus expérimenté·e·s avancent que la course à la publication et les pressions associées seraient intériorisées par les doctorant·e·s qui se fermeraient au monde et abandonneraient tout esprit de camaraderie pour se soumettre à ces normes dans la crainte imaginaire de ne pas être en mesure de trouver un poste dans le milieu académique féroce. La généralisation de ce propos fait des doctorant·e·s les premier·e·s responsables de leur situation. À travers le récit de notre expérience de la vie doctorale et de jeunes académiques, nous souhaitons témoigner d’une autre réalité doctorale et postdoctorale.</p>
<h2>Une pression systémique réelle</h2>
<p>Il serait réducteur de dire que la pression des doctorant·e·s est uniquement auto-infligée et il nous semble important de ne pas sous-estimer les effets concrets d’un système de plus en plus violent envers les jeunes chercheur·e·s non titularisé·e·s.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/217577/original/file-20180503-138586-bnscrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Doc-solitude.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/4304386471/bc0f9f89c0/">Tico/VisualHunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>La néo-libéralisation de l’éducation supérieure, particulièrement en sciences de gestion, n’est pas le fruit de notre imagination mais bien un phénomène largement documenté par les académiques eux-mêmes sous l’idée d’un <em>jeu</em> de la publication, imposé par un capitalisme académique (<a href="https://bit.ly/2wdttQw">Jessop, 2018</a>), et qui pousse à l’auto-contrôle par effet panoptique (<a href="https://bit.ly/2FEN7UV">Prasad, 2013</a>).</p>
<p>Si cette néolibéralisation touche prioritairement les pays anglo-saxons, la France n’en reste pas épargnée. L’injonction à la publication dans des revues européennes et américaines de premier rang est manifeste. Lors des entretiens de recrutement, les professeur·e·s en font l’objet central de la discussion.</p>
<p>En parallèle, les programmes doctoraux ont des moyens de plus en plus réduits et s’adaptent à cette pression ambiante : pressés par des indicateurs qui jugent la qualité d’un programme doctoral par sa capacité à faire soutenir ses thésard·e·s en trois ans, les programmes doctoraux poussent de plus en plus leurs jeunes chercheur·e·s vers des formats de thèse les plus courts possibles.</p>
<h2>Postdoc, tenure, CDD : le langage de la précarité des jeunes académiques</h2>
<p>La précarité des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s est également indéniable. Et encore, les doctorant·e·s sont mieux loti·e·s en sciences de gestion qu’en sciences physiques ou en sociologie. On pourrait dire qu’il ne faut <em>que</em> cinq ans à un·e jeune docteur·e pour trouver un emploi stable. Mais cinq ans de précarité après quatre ans de précarité doctorale, cela fait tout de même neuf ans de précarité au total… cela à un âge où certain·e·s d’entre nous souhaitent peut-être s’installer et/ou avoir des enfants, sans parler des sacrifices de ceux et celles d’entre nous en reconversion.</p>
<p>Nous pouvons qualifier notre situation de « précaires privilégié·e·s ». Nous avons la chance de pouvoir partir faire un postdoc à l’autre bout de la Terre en nous déracinant, en nous coupant de nos proches et en mettant notre couple en danger parce que les grandes écoles de commerce françaises ne souhaitent embaucher que des profils « internationaux » (comme elles aiment tant dire) avec deux articles de rangs A publiés.</p>
<p>Si certain·e·s semblent dire que c’était déjà comme cela avant, d’autres au contraire font souvent le récit d’un poste trouvé avant la fin de la thèse, il y a 10, 20 ou encore 30 ans. D’autres encore n’hésitent pas à nous dire qu’ils ne se recruteraient pas eux-mêmes aujourd’hui ! Sur ce point, nous nous disons également que, finalement, « c’était mieux avant » !</p>
<p>Alors, sommes-nous là par hasard ? Ne sommes-nous que des premier·e·s de la classe qui auraient oublié de se demander : est-ce que je souhaite réellement faire cela ? Qu’est-ce qui m’anime dans ce métier ? Démarrer une thèse en gestion plutôt que de trouver un emploi dans une banque ou dans un cabinet de conseil, c’est faire le choix de baisser son salaire, c’est faire le choix de l’incertitude, c’est faire le choix de la vulnérabilité. C’est aussi – et surtout – faire le choix de la passion, de l’excitation, de la pensée, de l’engagement, de l’amusement, de l’exploration, de l’aventure !</p>
<p>Pour plusieurs d’entre nous, c’était tout sauf le choix évident. Au contraire, la continuité aurait été de faire comme 99 % de nos camarades de promotion et de poursuivre nous aussi une carrière en entreprise. Il ne faudrait pas minimiser les difficultés rencontrées par les doctorant·e·s ou présenter leurs problèmes comme imaginaires au risque d’accentuer les difficultés et risques psychosociaux qui pèsent déjà sur certain·e·s d’entre eux.</p>
<p>Nous reconnaissons plutôt que tous ces éléments peuvent avoir des conséquences néfastes sur les doctorant·e·s. On peut effectivement s’inquiéter de voir les jeunes académiques transformé·e·s en machines préoccupées uniquement par la publication académique.</p>
<h2>Après le rock’n’roll, place au hip-hop ?</h2>
<p>Face à ce constat, comment décrire la vie de doctorant·e ou jeune chercheur·e en sciences de gestion ? Une vision individualiste et déshumanisée des jeunes académiques ne nous semble pas décrire notre situation, certes loin d’être universelle. Au contraire, notre quotidien nous évoque curiosité et collectif.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/217576/original/file-20180503-153891-ysk2l0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Résilience hip hop.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/prefvotuporanga/16499216837/in/photolist-r8YNkP-bGALQe-6G8kN7-6caotB-ohu7Qk-mjHaN1-5ChvCv-kAhjTh-cTpAsA-nZZGtQ-bXs9sE-eLMb3-m4o82Y-m2YF9Z-qeKNpt-9SArPw-9Sxr1a-9SADTE-9SAg71-ojfguP-r8YLsv-f5iFp9-5CmVGL-9BWmYh-e9jUJh-5CmUnu-6G8kZs-btFZCm-nZZFDK-7NbMHG-mjFCG4-Kiz1V-ehNEp6-nZZJ5M-bGiRqc-f53fMZ-5Cn2zN-budCWu-f5h4To-bGiRa2-btFYeh-bH6LDe-m4nj3N-f5gWhY-btG1eW-btFYQL-5CmZnQ-5CinPH-VjdYqz-8Fi4ot">ASCOM Prefeitura de Votup/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>En ce sens, le hip-hop nous semble bien mieux décrire notre réalité que le rock. <a href="https://bit.ly/2FqeLJX">Le hip-hop</a>, c’est la musique comme moyen d’exprimer les injustices vécues par une partie de la population, mais c’est aussi un art musical repris pour exprimer la joie de vivre dans un quotidien, aussi hostile soit-il. Conscients que nous ne sommes <em>pas né·e·s sous la même étoile</em>, nous ne restons pas prostré·e·s dans l’auto-lamentation mais cherchons plutôt à créer des espaces de liberté pour pouvoir continuer à faire preuve de ténacité et à <em>danser le Mia</em> (sans oublier de payer notre loyer).</p>
<p>Si nous avons eu vent de parcours doctoraux solitaires, souvent subis, ce n’est et ne fut pas notre cas, et pour cela nous nous estimons chanceux/ses. Pour nous, le collectif a une place prépondérante dans notre réussite, bien au-delà des moments de rire et de partages évidents. Du fait des pressions actuelles, le collectif s’avère plus nécessaire que jamais !</p>
<p>Notre collectif a constitué et constitue toujours un espace de résistance infiniment vital durant ces années de thèse. Il est aisé pour nous de nous en souvenir, tant ces discussions étaient vives, parfois sur le ton de l’humour, de l’ironie, du débat, de la taquinerie : autour de nos objets de recherche qui nous passionnent, de nos étudiant·e·s, du monde académique, du sens de la recherche, de notre mission pédagogique, des meilleures recettes d’apéros ou de desserts, toujours avec la parole, la foi, la pensée et le cœur exalté·e·s.</p>
<p>Toutes ces discussions nous permettent de faire évoluer notre pensée, de l’amener à maturité, de la déconstruire, de la retricoter, de la nourrir des idées des autres, si bien que nous avons tou·te·s joué un rôle important dans les thèses des un·e·s et des autres, et dans la construction collective de notre identité de chercheur·e et d’enseignant·e. Si l’adversité fait partie de notre quotidien, et cela sous toutes ses formes – rejet d’un article, reviews peu tendres, employabilité réduite –, nous étions tou·te·s concerné·e·s par les défaites et les réussites de nos camarades.</p>
<p>Nous avons toujours pris le temps de mélanger nos expertises naissantes, nos méthodologies si différentes, nos anecdotes disciplinaires, afin d’apporter du soutien à un·e camarade doctorant·e. Nous avons illuminé des sujets de nos approches parallèles, et nous nous sommes écharpé en parlant épistémologie (et aussi politique !). Nous avons répété des soutenances, relu des mails, et partagé de longues soirées devant l’écran.</p>
<p>Nous n’avons jamais hésité à prendre deux heures de pause pour <em>débriefer</em> le cours fraîchement donné par l’un d’entre nous et encore moins à aller tou·te·s prendre une bière pour fêter un texte déposé sur la plateforme d’une revue académique. Ce sont ces blagues plus diffuses, telle cette parodie de Martine ne finissant (jamais) sa thèse, trônant dans notre salle de travail, qui créent une atmosphère singulière et un esprit de groupe. Un groupe qui continue par la suite d’exister en dehors du lieu de travail dans les crêperies et les bars des alentours dès qu’une occasion se présente de fêter un événement quelconque.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/217561/original/file-20180503-153891-1ci9jpy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Martine rédige sa thèse et la finit (peut-être) en 2015 (ou en 2016, ou plus tard).</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Nul besoin de <em>docto-bashing</em>, mais de soutien</h2>
<p>Selon nous, négliger les effets concrets d’un système de pressions engendrant la précarisation des doctorant·e·s et l’accentuation de l’incertitude sur leur avenir, c’est prendre le risque d’un <em>docto-bashing</em> gratuit au moment où nous avons le plus besoin de soutien et non de mépris. C’est également pointer les jeunes académiques comme (presque) uniques responsables de leur situation : ils et elles n’auraient pas compris que ce n’est pas le marché de l’emploi qui se crispe, mais uniquement leur imagination.</p>
<p>Malgré un environnement de plus en plus difficile et compétitif, nous sommes capables de faire un pas de côté, de rendre compte de notre rapport au monde et, plus particulièrement, au monde de la recherche en gestion, notamment en écrivant et en pensant collectivement.</p>
<p>Ce texte se veut donc être une trace modeste de notre expérience de jeunes académiques où, face à de nouveaux défis et de nouvelles normes produites par nos aîné·e·s, nous puisons notre énergie des expériences académiques propres à notre génération, très certainement aux antipodes de l’insouciance du rock and roll et des années yéyé.</p>
<p>Voici la réponse d’une nouvelle génération de chercheuses et chercheurs qui ne souhaitent pas se résigner, mais défendre, s’engager et contribuer, autant que possible, à la beauté et l’utilité de leur métier.</p>
<p>Pour ne pas conclure, attaché·e·s à la tradition académique et scientifique, nous imaginons (peut être en utopistes !) la poursuite de ce débat, critique et constructif, avec tou·te·s ceux et celles qui seraient intéressé·e·s à l’idée d’enrichir cette réflexion autour d’un verre, d’une guitare ou encore d’un bon gros hip-hop !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Témoignage de doctorants en sciences de gestion sur leur quotidien, leurs aspirations et les obstacles qu’ils doivent surmonter.Nora Meziani, Postdoc, HEC MontréalAlban Ouahab, Doctorant en Sciences de Gestion, ESCP Business SchoolArthur Petit-Romec, Professeur Assistant de Finance, SKEMA Business SchoolCaroline Rieu Plichon, Doctorante en Management, ESCP Business SchoolEmmanuelle Garbe, Enseignant-chercheur en management et GRH, ISTECPénélope Van den Bussche, Doctorante en Sciences de Gestion, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/779042017-06-22T19:41:58Z2017-06-22T19:41:58ZBâtir un « laboratoire », communauté d’intérêts et de compétences<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/174700/original/file-20170620-8734-ipu5oz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chimistes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/rdecom/8050389566">U.S. Army RDECOM/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Dans la revue <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v545/n7653/full/545158a.html"><em>Nature</em></a>, un groupe de jeunes chercheurs se plaint des encadrants et des directeurs de thèse. Un classique lancinant ! Mais un cas flagrant de généralisation abusive. Et puis, c’est si facile de faire porter à d’autres la responsabilité de ses propres insuffisances ! Ces « post-docs » admettent que les doctorants aient à faire la démarche d’aller questionner régulièrement les directeurs de thèse, mais ils proposent que, les doctorants étant jeunes, ils aient besoin d’un encadrement serré au moins pendant les deux premières années de la thèse.</p>
<p>Pourquoi pas, mais les doctorants ne sont-ils pas des adultes, qui revendiquent pas ailleurs le droit de vote ? Sortis de mastère, n’ont-ils pas l’âge de prendre leurs responsabilités ? J’observe que les post-docs qui ont écrit dans <em>Nature</em> parlent de « PhD students » : c’est-à-dire qu’ils donnent le statut d’étudiants aux doctorants… Ce qui n’est pas juste, car les doctorants ne sont plus des étudiants depuis la fin du mastère ! Selon eux, les doctorants auraient bien plus de difficultés que par le passé, et, en particulier, que leurs directeurs de thèse n’en ont eues. Qu’en savent-ils ?</p>
<p>Bref je suis très opposé à leur texte un peu piteux et très naïf, qui réclame que les directeurs de thèse soient de meilleurs mentors. Les doctorants ne sont-ils pas « grands » ? Qu’ont-ils fait pendant toutes leurs études universitaires ? N’ont-ils pas eu le temps d’apprendre l’autonomie, en supposant que cet apprentissage soit réservé aux études supérieures ? Surtout les généralités de ce type sont offensantes : à ce compte, tous les directeurs de thèse seraient des salauds ? Et pourquoi pas tous les doctorants, puisqu’ils deviendront directeurs de thèse ou analogues. Allons, un peu d’intelligence, s’il vous plaît. Un peu de grandeur…</p>
<p>Bien sûr, on pourrait imaginer que j’ai cette réaction parce que je me sentirais attaqué, ayant effectivement le sentiment que je ne consacre pas assez de temps aux doctorants (qui sont de jeunes scientifiques, je le répète, pas des étudiants) qui me font l’honneur de croire que je peux être un « directeur de thèse »… mais ce serait une erreur de penser ainsi, car certains collègues me reprochent au contraire (peu m’importe leurs critiques, je fais ce que je crois devoir faire) d’être trop présent dans notre groupe.</p>
<h2>Structures intellectuelles</h2>
<p>Notre « groupe », notre « équipe », notre « laboratoire »… Ces réunions cohérentes d’individus sont structurées, parce que ce ne sont pas d’abord des entités administratives, mais des structures intellectuelles qui se construisent jour après jour, selon les individus qui s’y trouvent. Ce ne sont pas des juxtapositions de personnes qui viennent travailler les unes à côté des autres, mais des communautés d’intérêts et de compétences. Ce ne sont pas des accumulations de chercheurs, jeunes ou vieux, qui viennent se mettre sous un même toit pour des raisons administratives : je revendique que l’administration soit au service du travail effectué, et non l’inverse.</p>
<p>Et, pour avoir visité beaucoup de laboratoires, dans le monde entier, je crois que nous aurions raison de poser la question : quelle doit être l’organisation d’un laboratoire ?</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174701/original/file-20170620-24868-6ev201.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Peu de place.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Margaret A. Parsons, USCDCP</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un exemple : j’ai vu des pièces où travaillaient des doctorants et des étudiants, dans le bruit des outils d’analyse, et je sais que ce ne sont pas de bonnes conditions ; j’ai vu des doctorants et des étudiants travailler dans la même pièce que celle où s’alignaient les paillasses de chimie, et je maintiens que ce n’est ni sain, ni propice à la réflexion ; j’ai vu des pièces où les bureaux étaient face aux murs, et d’autres où les bureaux faisaient face au centre du local, et j’ai parfaitement vu que, dans le second cas, le brouhaha l’emportait sur la concentration… Mais nous savons interpréter : certains répugnent à ce que l’on voit leur écran, d’autres privilégient l’échange à la réflexion personnelle, d’autres encore ne se sentent pas capables de s’isoler du groupe, et d’autres enfin se concentrent sur leurs travaux.</p>
<p>J’ai vu… Mille pratiques différentes, soit consciemment déterminées, soit simplement mises en œuvre par habitude, par contingence… Or je sais que le rôle d’un rapporteur est de s’assurer précisément, avec bienveillance, que rien n’est laissé au hasard. Des bureaux vers le centre ? Pourquoi pas, mais pourquoi ? Tant que la réponse – en vue de l’objectif de la recherche scientifique, qui est la découverte – n’est pas donnée, il y a lieu de changer, ou, au moins, de commencer à s’interroger. Bref, je propose que les laboratoires soient construits, et qu’ils ne se limitent pas à être tels qu’ils sont, par tradition, par habitude, par hasard.</p>
<p>Dans notre groupe de recherche, nous nous évertuons – sans prétendre y parvenir- à faire que tout élément de structuration du travail individuel ou collectif soit réfléchi… et il y a évidemment un « règlement intérieur », non pas imposé d’en haut, mais discuté, voté régulièrement, puisque l’on ne respecte jamais que les règles que l’on se donne à soi-même. D’ailleurs, pour ne pas avoir de règles, de contraintes, nous les avons renommées postulats : un socle solide, qui nous aide. Ainsi :</p>
<ul>
<li><p>chacun a l’obligation de dire bonjour et au revoir aux autres, chaque jour : on travaille mieux avec des amis.</p></li>
<li><p>chaque jour, nous avons une réunion nommée « bonheur du matin », où chacun doit venir avec une question scientifique dont la réponse est partagée avec tous ; pour ce qui me concerne, je pose des questions qui peuvent faire (et ont souvent fait) l’objet de questions du jury de thèse, afin d’entraîner les uns et les autres à répondre (pour ce qui est du contenu)… et à répondre (pour ce qui est de la forme).</p></li>
<li><p>chaque jour, nous nous entraînons à dire en une phrase sans bafouiller, bien dite, ce que nous avons fait la veille, ce qui a coincé, ce que nous ferons dans la journée, afin d’apprendre à penser sans trop d’hésitations. C’est notamment l’occasion de prendre du recul, et de trouver un peu d’intelligence collective.</p></li>
<li><p>chaque fois qu’un membre du groupe identifie une nouvelle publication, elle est évaluée par celui ou celle qui l’a trouvée, et transmise à tous, avec l’évaluation. Nous discutons des raisons pour lesquelles la publication est mauvaise ou bonne.</p></li>
<li><p>chacun, y compris l’animateur du groupe, émet chaque soir un mail qui récapitule l’activité du jour en la structurant, en l’analysant, en la critiquant. Non, cela ne prend pas un temps considérable, et, de toute façon, le temps de réflexion sur les travaux que nous faisons s’impose, non ?</p></li>
<li><p>chaque semaine, nous faisons une synthèse hebdomadaire, analogue à nos mails du soir, ce qui est une façon supplémentaire d’apprécier l’avancée de nos travaux.</p></li>
<li><p>l’activité de chacun est suivie par un document nommé « arbres et rameaux », c’est-à-dire un document structuré et suivi (qualité + traçabilité) qui tient compte des questions en suspens.</p></li>
<li><p>chacun a un rétroplanning et un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diagramme_de_Gantt">diagramme de Gantt</a></p></li>
<li><p>périodiquement un membre de l’équipe présente aux autres (entraînement oral) l’état d’avancement de ses travaux. Comme nous sommes entre amis, nous pouvons parfaitement faire état d’hésitations, au lieu de faire des discours convenus, comme on en entend trop souvent dans les séminaires.</p></li>
<li><p>pour chaque « tâche », nous avons un document « comment faire » : cela concerne aussi bien des occupations élémentaires (peser, nettoyer une verrerie…) que des tâches plus conceptuelles (concevoir une expérience, analyser un spectre, faire une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9convolution">déconvolution</a>…). Il y a des documents pour les tâches administratives (passer une commande, accueillir un nouveau stagiaire…), pour la communication (faire un article scientifique, présenter un poster, répondre à un examinateur…), ou pour le travail scientifique proprement dit. Évidemment nous devons nous référer à ces « Comment faire », les produire quand ils n’existent pas, ou les améliorer quand ils existent.</p></li>
<li><p>pour nos travaux, nous utilisons tous des <em>DSR</em> (documents structurants de recherche), qui sont des espèces de moules où nous glissons notre activité… afin de ne pas oublier des éléments importants de traçabilité et de qualité ; fondés sur les erreurs que nous avons faites, ces DSR sont maintenant parfaitement structurés, et je les tiens à la disposition de tous (ils sont en rédigés en <em>Maple</em>, mais il en existe des <a href="http://www.agroparistech.fr/Les-DSR-documents-structurants-de-recherche.html">versions html</a> sur le site d’AgroParisTech.</p></li>
</ul>
<p>Et je m’arrête là parce que la liste est bien longue, mais j’espère avoir montré que notre activité, même si elle reste largement perfectible, veut être structurée, responsable, de qualité… et bien loin de ce qu’ont pu connaître les jeunes scientifiques qui, au mépris de tous les merveilleux laboratoires qui promeuvent de la recherche scientifique de qualité, rédigeaient leur dénonciation (ah, que je déteste ce mot, et l’idée qui va avec !) publié dans la revue <em>Nature</em>. Dans les six conseils que Michael Faraday s’appliquait, il y avait celui-ci : ne pas généraliser hâtivement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77904/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé This, vo Kientza travaille pour l'Inra et pour AgroParisTech. Le fonctionnement de son groupe de recherche est financé par l'Inra, et il a eu des collaborations avec de nombreuses sociétés industrielles, qui ont payé des étudiants et financé le fonctionnement (consommables, etc.) du laboratoire. Il n'a pas de "conflits d'intérêts", puisque les intérêts n'ont pas de conflits, et il est prêt à donner la très longue liste des sociétés qui lui ont demandés des études. Il certifie que les idées qu'il soutient sont sans doute bien plus influencées par ses valeurs que par l'argent qu'il pourrait toucher. Notamment, il milite pour plus de rationalité.</span></em></p>Un laboratoire, c’est un lieu, bien sûr, mais aussi une structure intellectuelle où chacun travaille pour un objectif commun. Il est possible de l’organiser de façon réfléchie.Hervé This, vo Kientza, Physico-chimiste Inra, directeur du Centre international de gastronomie moléculaire AgroParisTech-Inra, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/787702017-06-06T20:23:00Z2017-06-06T20:23:00ZPourquoi apprendre à expliquer son travail de thèse en trois minutes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/172140/original/file-20170604-20596-164pb7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Événement « Ma Thèse en 180 secondes » 2017.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f/photo/33875542636/d3a2c24a9f/">Le Dôme via Visualhunt.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’entretien d’embauche est un exercice qui concernera un grand nombre de nos doctorants. Ils ont suivi pour la plupart des formations qui les préparent à l’écriture d’un CV, d’une lettre de motivations, ils savent parfois établir un bilan de compétences. Mais peu en définitive sont capables de valoriser leur travail sous la forme d’une brève présentation de leur travail qui, au-delà du sujet lui-même, permet de révéler à l’employeur des capacités de synthèse, de mise à distance, d’esprit critique.</p>
<h2>Parler à des non-initiés</h2>
<p>Le doctorant devra apprendre à présenter en quelques secondes son travail avec l’objectif de démontrer que les connaissances et compétences acquises pendant ces trois ans peuvent être mises au service d’un questionnement différent.</p>
<p>Ce travail de vulgarisation est complexe et nécessite de s’être préparé : il ne s’agit pas de « professer » ou de montrer l’étendue de son savoir. On s’adresse ici à une personne qui ne possède sûrement pas les mêmes codes que nous, mais qui est cependant curieuse d’apprendre.</p>
<p>Plus largement, savoir expliquer à un public de non-initiés son travail de thèse facilite et ouvre le dialogue avec ses proches, sa famille, avec ses amis. On se souvient peut-être du film <em>On connaît la chanson</em>, et de l’intérêt vague (source de petite déprime) que l’entourage du personnage joué par Agnès Jaoui porte à son travail de thèse (« Les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru »).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7VEmNdJb9E4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La «thèse sur rien»</span></figcaption>
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<p>L’idée est qu’un doctorant sachant s’exprimer sera mieux écouté. Il éveillera naturellement une curiosité qui en retour lui donnera de la confiance, de l’estime de soi et de son travail, bref de la motivation.</p>
<h2>Expliquer son travail, ça s’apprend</h2>
<p>Apprendre à exprimer simplement et rapidement le contexte et les grandes problématiques de son travail de thèse nécessite une réflexion en amont qui obligera le doctorant à ralentir quelques instants sa course laborieuse, à lever un peu le nez du guidon. Il s’agira ici de s’extraire des préoccupations techniques de son travail, une tâche qui occupe en général son quotidien professionnel, mais dont la plupart des non-spécialistes se désintéressent, à juste titre.</p>
<p>Quel est le contexte général de mon travail ? Dans quelle histoire passée et actuelle des sciences, des techniques, des arts et des hommes s’inscrit-il ? Quel est l’enjeu de ce travail pour la société ? Pour répondre à ces questions, il faut accepter de sortir de son paradigme disciplinaire et thématique. Cet effort n’est pas inné, il s’apprend. Il faut s’exercer au regard de l’autre pour atteindre un niveau raisonnable de réflexivité, et finalement mieux comprendre ce que l’on fait et dans quel cadre.</p>
<p>Il faut transmettre à nos doctorants l’idée qu’un bon vulgarisateur est un bon chercheur. Le <a href="http://bit.ly/2qUUT5K">physicien Richard Feynman</a>, par exemple, prix Nobel en 1965 pour sa contribution majeure dans le développement de l’électrodynamique quantique, était aussi très bien connu pour refuser toute invitation à des séminaires et colloques de recherche, focalisant son effort de transmission au profit du « grand public », lors de conférences destinées à des non-spécialistes ou de livres passionnants, pleins d’humour, magnifiquement écrits.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/172143/original/file-20170604-20582-7dtm33.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une citation de Richard Feynman.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f/photo/9409678513/156ecd1635/">tlwmdbt/Visual Hunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par ailleurs, cette capacité à présenter son activité de recherche permet de mieux situer son travail lors d’une introduction à un article scientifique, une demande de financement, une présentation lors d’une conférence. C’est aussi un outil qui facilite l’échange interdisciplinaire entre collègues.</p>
<p>Enfin, il faut souligner qu’un exercice de ce type permet de rappeler aux doctorants de nos laboratoires et instituts que l’exercice de la diffusion des connaissances scientifiques, et plus précisément ici celui de leur travail de recherche, est une des missions statutaires de l’Université française.</p>
<h2>Pour une généralisation de MT180s !</h2>
<p>Ce <a href="http://mt180.fr/">concours est une manifestation</a> qui attire un grand public et qui est largement médiatisé. C’est une vitrine, un des outils efficaces que les <a href="https://competences.cuso.ch/activites/mt180/">universitaires ont à leur disposition</a> pour faire connaître aux plus grands nombres les enjeux et problématiques actuels des travaux de recherche (représentés ici par des jeunes qui attirent peut-être plus naturellement l’attention et la sympathie qu’un chercheur confirmé).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/9H7UQds9XM8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Mathieu Buonafine, 1erprix du jury, finale nationale 2016 de MT180s.</span></figcaption>
</figure>
<p>Cette réussite peut être généralisée à un plus grand nombre de doctorants (tous ?), en privilégiant l’aspect formation. L’idée ici serait, dans un premier temps, de s’extraire des contraintes imposées par la forte exposition publique du concours MT180s (prestation filmée et enregistrée en direct devant un public).</p>
<p>Cela étant, si elles ne visent pas nécessairement une participation à MT180s, les trois ou quatre séances d’information et d’exercices pourraient bien sûr aider ceux qui souhaiteront s’inscrire et représenter leur communauté de recherche.</p>
<p>Voici comment pourrait s’organiser une telle formation :</p>
<p><strong>Séance 1 :</strong> Information (cf texte présent pour les objectifs, fonctionnement de MT180s, répondre aux questions et aux inquiétudes, etc.).</p>
<p><strong>Séance 2 :</strong> Préparation à l’exercice de présentation (rencontres avec des anciens candidats de MT180s et/ou avec des comédiens professionnels, conseils sur comment présenter, le langage corporel, les écueils à éviter, le travail personnel à fournir, et visionnages vidéo).</p>
<p><strong>Séance 3 :</strong> Travail sur sa présentation en autonomie, par binôme constitué par des doctorants de domaines le plus éloignés possible.</p>
<p><strong>Séance 4 :</strong> Oral (auto- et interévaluation uniquement).</p>
<p>Ce genre d’approche aidera nos doctorants, au-delà d’un simple exercice, à éviter le syndrome (légèrement déprimant) de « la thèse sur rien ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78770/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Decremps ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour une généralisation de MT180s : cet exercice peut profiter à l’ensemble des doctorants pour leur insertion, fortifier les liens entre sciences et société et élaborer un savoir-faire.Frédéric Decremps, professeur de physique, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/784832017-05-30T23:06:27Z2017-05-30T23:06:27ZMa thèse en BD : « Quand l’ADN fait BOUM ! »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/171342/original/file-20170529-25227-1642430.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Hugo Gattuso, « Quand l’ADN fait BOUM !».</span> <span class="attribution"><span class="source">Peb&Fox/Université de Lorraine</span></span></figcaption></figure><p>À l’occasion du concours « Ma thèse en 180 secondes 2017 », l’Université de Lorraine propose une adaptation en bande dessinée des travaux de recherche de ses 11 doctorants finalistes. Commandé au duo de dessinateurs <a href="https://www.Facebook.com/pebfox/">Peb&Fox</a>, ce recueil porte un regard teinté d’humour sur une sélection de recherches qui reflètent la diversité des travaux réalisés par les laboratoires lorrains. Les vidéos des prestations des finalistes <a href="https://videos.univ-lorraine.fr/index.php?act=view&id=4543">sont disponibles en ligne</a>. Rendez-vous le 14 juin à Paris pour la finale nationale !</p>
<p><strong>Hugo Gattuso</strong> est doctorant au laboratoire SRSMC (Structure et réactivité des systèmes moléculaires complexes), Université de Lorraine et CNRS. Son sujet de recherche s’intéresse à l’impact de la lumière sur l’ADN de nos cellules. Titre de thèse complet : Photosensibilisation de l’ADN : modélisation des interactions entre la lumière et les systèmes moléculaires complexes.</p>
<hr>
<h2>« Quand l’ADN fait BOUM ! »</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1790&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1790&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1790&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=2250&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=2250&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/171343/original/file-20170529-25203-d22ovb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=2250&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La thèse de Hugo Gattuso en BD.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Peb&Fox/Université de Lorraine</span></span>
</figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/78483/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Gattuso ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour le concours « Ma thèse en 180 secondes 2017 », l’Université de Lorraine propose une version BD des travaux de ses 11 finalistes. Voici « Quand l’ADN fait BOUM ! » par Hugo Gattuso.Hugo Gattuso, Doctorant, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/756402017-04-19T19:36:32Z2017-04-19T19:36:32ZQuand je serai grand je voudrais être chercheur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164541/original/image-20170408-3845-tqmma8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le laboratoire de chimie moléculaire de l'Ecole Polytechnique à l'Université Paris Saclay.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/117994717@N06/16276695722/in/photolist-qNjjyS-RJf5zq-SydeGo-SKK7PN-SydeMU-kdfJux-pghoEs-SydeJs-qhnsqh-kdgcRK-qi4GAe-S7aSMt-qpiVVY-q4hbzf-RRxdv7-RRxdJJ-RRxdNb-r43uzP-rmdhWN-kdgvpc-v2FyEj-kdiBGh-m19BYT-RRxdrj-q4dAL6-kdjpUN-r3SNj2-saTpbX-TkGfyT-TkGfo2-moun8B-rRBt2D-pQYXn2-q4hDxm-rdWrjw-kdhMKp-t7M5qf-kdhMBP-kXDGXt-q4cWB2-qkvStn-rgNhHq-r8CMvT-qdNA1m-kdfLnv-puzvgM-kdhPP5-qKjy9g-kdhTSA-kdhTqo">Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017, qui se tient du 7 au 15 octobre, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>.</em> </p>
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<blockquote>
<p>« Tu fais ta thèse dans quoi toi ? »…</p>
</blockquote>
<p>Quand on est jeune chercheur aujourd’hui, telle est la question… et de plus en plus complexe est la réponse. Alors que les Anglo-saxons encensent ce qu’ils appellent le « multipotentiolate » lors de conférences TED grand public, en France on s’obstine à enfermer les doctorants dans des carcans méthodologiques et disciplinaires.</p>
<p>Mais alors pourquoi ce système disciplinaire rigide dans la recherche ? Comment les nouveaux chercheurs s’approprient-ils leur(s) terrain(s) et héritage(s) ?</p>
<h2>Décloisonnement et fin des étiquettes</h2>
<p>Tendance de fond : les sempiternelles disciplines voient leurs frontières s’évanouir ou du moins s’estomper, et certains universitaires s’en trouvent démunis. Une des explications à ce tournant radical est certainement du fait de cette jeunesse qui s’informe, se déforme et décloisonne ces « spécialités » dont leurs aînés étaient si fiers et auxquelles certains restent désespérément agrippés. En effet, dans les années 80 déjà, dans le monde anglo-saxon, le décloisonnement de la recherche fait apparaître de nouveaux champs de recherche trans-, inter- et pluridisciplinaires. C’est la naissance des « studies ».</p>
<p>Les doctorants du vingt et unième siècle, premières générations de <em>digital natives</em> sont tombés dans la toile quand ils étaient petits et refusent les étiquettes. Peut-être est-ce parce qu’ils saisissent toute la richesse de la pensée collective, tout en en mesurant les dangers ? Contrairement à ses prédécesseurs, le jeune chercheur aujourd’hui, n’a plus envie de choisir entre telle ou telle spécialité, entre telle ou telle méthodologie, entre tel ou tel pays. Il les veut tous.</p>
<p>Pourquoi choisir ? Puisque son accès au savoir est illimité grâce aux MOOC, aux TED’s, aux publications en ligne, bref aux <em>open sources</em>. Il a passé deux, trois masters et a emprunté plusieurs passerelles transdisciplinaires tout au long de ses études. Il a le droit d’hésiter et de diversifier ses expériences et il compte bien conserver ce privilège et le cultiver pendant son doctorat.</p>
<h2>Le chercheur « génération Y » joue avec l’instabilité</h2>
<p>Le parcours de formation « atypique » du jeune chercheur, semé d’embûches et de migrations, ne l’est plus tant que ça. Et il en sera de même dans sa vie professionnelle. Le jeune chercheur de la « génération Y » flirte avec l’instabilité qui devient, si ce n’est indispensable, du moins nécessaire pour appréhender les nouveaux objets de la recherche devenue nomade. Pourquoi alors ne pas disséquer un texte en latin comme on examine une branche d’ADN ? Un philosophe ne pourrait-il pas considérer l’impôt en Afrique ?</p>
<p>Lors de la Journée internationale des jeunes chercheurs en 2016, les doctorants avaient été invités à communiquer autour de l’interdisciplinarité dans toute sa richesse (<a href="http://jijc2016.event.univ-lorraine.fr/jijc_accueil.php">JIJC2016</a>). Cette année avec son thème, <a href="https://jijc2017.event.univ-lorraine.fr/">« Quelles questions pour quelles recherches ? »</a>, la JIJC remet ça en interrogeant la place du jeune chercheur au sein de la recherche.</p>
<h2>Poser les bonnes questions</h2>
<p>En 2017, il s’agira de se demander quelles questions scientifiques sont à l’œuvre dans les recherches : au nom de quoi faisons-nous des recherches ? Quels types de recherches sont sollicités par de telles questions ? Quelle est la place de la recherche fondamentale ? Quelle part est accordée à la recherche sur la société, aux recherches appliquées ou recherches d’action ? Face à la multiplication de concepts migrants, les champs de recherche ne doivent-ils pas être restructurés, ou destructurés ?</p>
<p>La méthode de maîtrise des disciplines est clairement définie par les institutions, notamment le Conseil National des Universités ou encore les concours de l’enseignement secondaire. Ce pose alors la question de la légitimation de ces nouveaux champs au sein d’une institution universitaire donnée. Ainsi les <em>cultural studies</em>, à la croisée de la sociologie, de l’anthropologie culturelle, de la philosophie, de l’ethnologie, de la littérature, des arts et d’autres disciplines, sont souvent critiquées en dehors du monde anglophone.</p>
<p>De même, alors que bon nombre d’équipes de recherche cantonnent leur recrutement à des agrégés, les champs de recherche peuvent-ils être aussi clairement délimités ? Ce mode de fonctionnement, certes historique, reste-t-il pertinent face aux questions de recherche qui évoluent au contact des nouvelles technologies ? Ces dernières ne permettraient-elles pas de s’affranchir des méthodes « classiques » de maîtrise de la discipline en dépassant les champs de recherche « traditionnels » ?</p>
<h2>Vers la recherche augmentée</h2>
<p>Évoluant dans des champs de recherche de plus en plus mouvants, peut-on se contenter d’une seule spécialisation ou doit-on complexifier, enrichir, augmenter les études ? Un exemple, les <em>gender studies</em> combinent les disciplines historiques, psychologiques, sociologiques ou encore médicales. De même, peut-on être chercheur sans considérer le contexte et les besoins de la société ? Ces questionnements sont d’autant plus valables lorsque la recherche s’interroge sur des questions d’actualités sociétales, et/ou liées au monde de l’entreprise.</p>
<p>Ainsi, on voit naître de plus en plus de collaborations et partenariats entre les chercheurs et des entités privées et/ou publics. Les Conventions Industrielles de Formation par la Recherche établissent par exemple un lien entre un prescripteur (en général une entreprise), un laboratoire de recherche et un doctorant.</p>
<p>Quelles peuvent être les méthodologies employées dans ces collaborations ? Comment concilier les méthodes du chercheur et les attentes d’un partenaire extérieur ? En somme : où s’arrête une discipline ? Ne devrait-on pas par ailleurs parler de domaines de recherche plutôt que d’aires disciplinaires ? La création d’équipes de recherches interdisciplinaires et/ou transdisciplinaires est-elle toujours nécessaire ? Si oui, quels sont les bénéfices de ce brassage entre les champs ?</p>
<p>Face à toutes ces questions, il conviendrait d’aller vers de nouvelles pratiques de recherche et de s’interroger sur la place des jeunes chercheurs aujourd’hui.</p>
<h2>Nouvelles pratiques de recherche, nouvelles interrogations</h2>
<p>Lors de la JIJC 2017, les jeunes chercheurs <strong>de toutes disciplines</strong> seront invités à réfléchir à ces questions autour de cinq axes :</p>
<ul>
<li><p>Quelle(s) posture(s) épistémologique(s) et déontologique(s) pour le chercheur aujourd’hui ?</p></li>
<li><p>L’aspect humain derrière la recherche : quelle(s) implication(s) pour le chercheur ?</p></li>
<li><p>Quelle(s) méthodologie(s) pour quelles recherches, où s’arrêtent les territoires disciplinaires ?</p></li>
<li><p>Inter/transdisciplinarité et apports de la recherche pour la société : comment concilier les points de vue ?</p></li>
<li><p>Comment la recherche interroge-t-elle son héritage ?</p></li>
</ul>
<p>Loin d’être une action isolée, ces considérations commencent à être étudiées en congrès internationaux et notamment lors de doctoriales innovantes (Exemple : les doctoriales de la Société des anglicistes de l’enseignement supérieur de 2017).</p>
<p>Des chercheurs plus aguerris s’efforcent également de définir « les désignations disciplinaires et leurs contenus » et d’interroger ce « paradigme des “studies” » (<a href="https://studies.hypotheses.org/">Colloque Paris 13–USPC, 18-20 janvier 2017</a>).</p>
<hr>
<p><em>C’est dans cette optique que la Journée internationale des Jeunes Chercheurs se tiendra le 16 juin 2017 sur le campus du Saulcy à Metz. Pour plus d’informations, les lecteurs curieux pourront visiter le <a href="https://jijc2017.event.univ-lorraine.fr/">site web de la manifestation</a>.</em></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=171&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=171&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163936/original/image-20170404-5702-10f21uu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=171&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/75640/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérémy Filet est un des organisateurs de la Journée Internationale des Jeunes Chercheurs 2017. Dans le cadre de son contrat doctoral, il prépare sa thèse au sein du laboratoire IDEA, et enseigne l'anglais à l'université de Lorraine.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lisa Jeanson est une des organisatrices de la Journée Internationale des Jeunes Chercheurs 2017. Elle est également doctorante en Cifre chez le Groupe PSA et au laboratoire PErSEUs à l'Université de Lorraine. </span></em></p>Comment travaillent et veulent travailler les doctorants chercheurs de la première génération des « digital natives » ?Jérémy Filet, Doctorant en civilisation Britannique du XVIIIème siècle, Université de LorraineLisa Jeanson, Doctorante en Ergonomie Cognitive, Groupe PSA/laboratoire PErSEUs, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/752672017-04-11T19:44:48Z2017-04-11T19:44:48ZLa recherche française sur l’éducation au Sud est‑elle au rendez-vous ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164905/original/image-20170411-26706-ciybc7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une classe d’étudiants au Rwanda.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Flickr_-_usaid.africa_-_Basic_education_programs_build_skills_for_the_future_in_Rwanda.jpg">USAID/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis le forum mondial de Dakar sur l’Éducation pour tous (EPT) en 2000, une mobilisation internationale sans précédent a eu lieu en faveur de l’éducation en direction des pays les plus en retard, pour la plupart en Afrique subsaharienne. <strong>Considérés comme un droit et un moteur du développement, l’accès, la qualité et le financement de l’éducation posent encore un très grand nombre de questions sur lesquelles la recherche est amenée à travailler</strong> pour envisager l’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD) en 2030.</p>
<p>La production de connaissances sur l’éducation dans les pays en développement, de statuts divers (scientifique comme institutionnelle) s’est donc considérablement accrue dans les dernières décennies et de nombreux espaces dédiés d’études et recherches ont vu le jour dans le monde. Commanditée par l’Agence française de développement (AFD), une <a href="http://bit.ly/2nTuDYy">récente étude réalisée par un collectif de chercheurs</a> de l’<a href="https://ares.hypotheses.org/">Association pour la recherche sur l’éducation et les savoirs (ARES)</a> apporte <strong>des éléments de réponses inédits sur la production scientifique française</strong> au travers des thèses, des offres de formation de niveau master, des publications académiques des chercheurs et des programmes de recherche dans ce champ de l’éducation.</p>
<h2>Plus de 600 thèses de doctorat en France depuis 1990 sur le sujet, en nette augmentation depuis 2000</h2>
<p>À partir des bases existantes de référencement de thèses dans le champ de l’éducation (hors linguistique, pédagogie et didactique) sur les pays en développement entre 1990 et 2013, un corpus de 448 thèses soutenues et 179 thèses en cours a pu être identifié. Fruit d’un « effet EPT », l’évolution globale du nombre de thèses sur l’éducation dans les pays en développement révèle une nette augmentation au cours des années 2000. Si ces thèses de doctorat sont toutes soutenues en France, un grand très nombre d’entre elles le sont par des étudiants originaires des pays en développement.</p>
<p><em>Figure 1 : thèses soutenues en France sur l’éducation dans les pays en développement, répartition (%) par année et par discipline</em></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163097/original/image-20170329-1677-brtwq4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=388&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong>Une concentration des thèses soutenues sur les sciences de l’éducation, l’Afrique subsaharienne, le cycle primaire et l’offre éducative</strong></p>
<p>Au niveau des <strong>disciplines</strong> de ces thèses, on observe une prédominance des sciences de l’éducation (60 %), suivies de l’économie (20 %) et de la sociologie (10 %). En termes de régions, il faut noter une nette priorité géographique accordée à l’Afrique subsaharienne (54 %). Sur la période 1990-2013, il y a un intérêt croissant pour l’Asie et une diminution des thèses portant sur l’Afrique du Nord.</p>
<p><em>Répartition ( %) des thèses selon la région concernée au cours des deux périodes de temps, 1990-2004 et 2005-2013</em></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163098/original/image-20170329-1674-1h47zzk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>En ce qui concerne le <strong>niveau d’enseignement</strong>, il y a un intérêt porté avant tout sur le niveau primaire (35 %), mais également un fort pourcentage de thèses portant sur l’ensemble du système éducatif (29 %) ; en revanche, l’enseignement technique et professionnel est très peu traité (3 %), de même que l’éducation non formelle (2 %) et la petite enfance (0,8 %).</p>
<p><em>Répartition ( %) des thèses selon le niveau/type d’enseignement concerné au cours des deux périodes de temps, 1990-2004 et 2005-2013</em></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163099/original/image-20170329-1661-tgazom.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>Du côté des <strong>thématiques abordées</strong>, l’accent est mis avant tout sur l’offre éducative, à travers principalement la question des enseignants (statut, formation, pratique), la pédagogie, les apprentissages, les curricula, mais aussi les politiques éducatives et l’analyse des systèmes éducatifs. Parmi les thématiques peu traitées, on peut noter les différentes formes d’équité, la santé (hormis quelques thèses sur le handicap), les violences en milieu scolaire, les conflits, le secteur privé, les parcours scolaires, les langues d’enseignement et l’éducation non formelle.</p>
<p><strong>Une dispersion grandissante des directeurs des thèses et une absence de pôle académique spécialisé</strong></p>
<p>En termes de cartographie académique, 44 % des thèses soutenues l’ont été à Paris (Universités, Institut d’études politiques, Institut national des langues et civilisations orientales et École des hautes études en sciences sociales), dont près de 20 % dans seulement deux universités : Paris 5 Descartes et Paris 8. Seulement 13 universitaires ou chercheurs ont dirigé au moins 5 thèses relatives à l’éducation au Sud sur la période 1990-2013. Malgré le nombre très important de thèses soutenues, l’analyse démontre l’inexistence, en France, de pôle académique structuré et centré sur le champ de l’éducation dans les pays en développement. Il y a ainsi 137 directions de thèse différentes sur les 179 thèses en cours au total.</p>
<p><strong>Près de 386 publications académiques généralement en français, publiées après 2000 et axées sur le primaire et l’Afrique subsaharienne</strong></p>
<p>À partir de différentes sources existantes depuis 1990, 386 publications sur l’éducation dans les pays en développement peuvent être référencées : 279 articles parus dans 63 revues à comité de lecture, 68 chapitres d’ouvrage et 39 ouvrages. Les revues anglophones et hispanophones représentent plus du tiers des 63 revues répertoriées. Près de 80 % des références ont été publiées après 2000. L’analyse, réalisée à partir des titres des articles parus en français, met en évidence une recherche fortement concentrée sur le niveau primaire en Afrique subsaharienne.</p>
<h2>Une recherche insuffisamment structurée, faiblement soutenue et donc peu visible</h2>
<p><a href="https://ares.hypotheses.org/category/recherche-francophone">Cet état des lieux</a>, assurément incomplet et bien sûr provisoire, a permis de recenser un peu moins de 70 chercheurs (majoritaires) et enseignants-chercheurs travaillant actuellement sur ce thème, réparti dans 23 structures de recherche. Parmi celles-ci, le Centre Population et Développement (CEPED) apparaît aujourd’hui comme la seule structure de recherche qui comporte une équipe explicitement centrée sur l’éducation dans les pays en développement. Parmi les autres laboratoires, seuls cinq affichent encore au moins deux enseignants-chercheurs, chercheurs permanents et/ou associés travaillant sur les questions d’éducation dans les pays en. Au cours de toute son histoire, une institution comme l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a recruté moins de dix chercheurs en rapport avec le champ de l’éducation.</p>
<p>Ce qui ressort globalement de cette analyse, c’est à la fois <strong>l’intérêt continu porté sur le sujet en France</strong>, qui confirme l’analyse des thèses passées ou en cours, mais aussi <strong>la dispersion de ces forces et la déperdition qui en résulte</strong>. Les chercheurs qui travaillent isolés manquent visiblement de soutien qui les aiderait à poursuivre des recherches dans cette voie et à publier.</p>
<p>Par ailleurs, l’inventaire des offres de formation de niveau master, portant sur l’éducation avec une dimension internationale et orientée vers les pays du Sud, s’avère très limitée. La faible présence d’enseignants-chercheurs, responsables de la formation des futurs doctorants, ne laisse pas augurer d’une amélioration prochaine de ce relatif isolement de la recherche française sur l’éducation dans les pays en développement. En outre, très peu de programmes de recherche dédiés ont bénéficié d’un financement spécifique, de type Agence nationale de la recherche (ANR).</p>
<p>Finalement, la recherche française démontre une dispersion grandissante des directeurs de thèses, un nombre très restreint de ces directeurs étant spécialistes de la question et <strong>une absence de pôles académiques spécialisés</strong> ; elle apparaît <strong>insuffisamment structurée, faiblement soutenue et donc peu visible</strong>, alors même que l’intérêt pour le champ est croissant. Face à cette situation, <strong>il revient à la communauté scientifique impliquée dans ce champ, en France mais aussi dans l’ensemble de l’espace francophone et tout particulièrement dans les pays du Sud, de trouver les voies et moyens pour davantage communiquer, échanger et se rendre plus visible.</strong></p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XdCiqfCatv0?wmode=transparent&start=95" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Recherche et action en éducation, quel dialogue possible ? (Bordeaux 2015)</span></figcaption>
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<hr>
<p><em><strong>Pour en savoir plus :</strong> Cet article est basé sur une note technique de l’AFD intitulée <a href="http://bit.ly/2nTuDYy">« La recherche française sur l’éducation dans les pays en développement : un état des lieux »</a>, réalisée en 2014 par Marc Pilon, Luc Ngwe, Nathalie Bonini, Pierre Guidi, Eric Lanoue, Thomas Poirier, Bernard Schlemmer et Pier Luigi Rossi.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75267/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Véritable moteur du développement, l’éducation dans les pays du sud pose de nombreuses questions sur lesquelles la recherche notamment française doit pouvoir être amenée à travailler efficacement.Rohen d’Aiglepierre, PhD, Chargé de Recherche Capital Humain, Agence française de développement (AFD)Luc Ngwé, Politiste/Sociologue (ARES-CEPED), Association pour la recherche sur l'éducation et les savoirs (ARES)Marc Pilon, Directeur de recherche, démographe CEPED, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/705642017-01-05T20:52:54Z2017-01-05T20:52:54ZComment mieux accompagner les doctorants étrangers<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/151531/original/image-20170102-18650-y8049z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C191%2C2552%2C1575&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Soirée de parrainage des étudiants étrangers (ici à l'Université de Nantes).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mcanevet/250031833/in/photolist-7CVFpZ-7CZv15-o6tKF-o6z94-7CVFhM">Manuel MC/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Une doctorante étrangère reçoit deux pré-rapports de soutenance très négatifs. Cela fait sept ans qu’elle est en France inscrite en thèse et s’exprime dans un français correct. Elle a beaucoup travaillé (de l’aveu même des rapporteurs), son directeur de recherche l’a laissée programmer une soutenance… qui n’aura pas lieu. Le directeur de recherche indique que l’affaire n’est pas rattrapable.</p>
<p>Comment en est-on arrivé à un tel gâchis ?</p>
<p>Au-delà de ce cas douloureux, la question de l’encadrement des doctorants étrangers en lettres et sciences humaines et sociales est posée. Déjà le taux d’abandon général (étudiants français compris) en thèses de lettres et SHS (40 %) devrait inquiéter, comme la durée moyenne des thèses (cinq ans et demi). Mais les échos que l’on peut glaner auprès des collègues et des associations spécialisées n’incitent guère à l’optimisme. La France s’enorgueillit d’être la <a href="http://bit.ly/2iWAQjw">troisième destination</a> mondiale des étudiants internationaux, ceux-ci représentent <a href="http://bit.ly/2iva6rz">41 % des doctorants</a> en France : encore faudrait-il organiser leur accueil et leur réussite.</p>
<h2>La langue, la méthode et l’encadrement</h2>
<p>En premier lieu,on peut évoquer le niveau linguistique. L’enseignement du <a href="http://www.le-fos.com/historique-7.htm">« français sur objectif universitaire »</a> est insuffisamment développé. De nombreux étudiants arrivant en master ou directement en thèse doivent suivre, avec plus ou moins de bonheur, des cours de l’Alliance française ou des établissements d’accueil. Heureusement, des associations d’aide aux étudiants internationaux jouent un rôle utile.</p>
<p>Mais ce n’est pas la raison principale des frustrations ou des échecs. Plus sérieux est le problème de l’orientation. Arrivant en master ou en thèse, de nombreux étudiants ne disposent pas des connaissances de base dans la discipline concernée et n’ont reçu aucune formation antérieure à la recherche. S’ensuit un décalage dès le début par rapport aux attentes des enseignants. On le voit par exemple dans le doute de l’étudiant face à la demande de « choisir un cadre théorique », expression vide de sens pour beaucoup, compte tenu de leur niveau dans la discipline. Il en est de même en matière de méthodologie de recherche. Les séminaires organisés par les écoles doctorales ne peuvent à eux seuls combler ces lacunes.</p>
<p><a href="http://www.euraxess.fr/fr/content/je-suis-doctorant">L’arrivée d’un doctorant en France</a> soulève ensuite la question du choix du directeur(trice) de recherche. Le système universitaire ne propose aucune garantie de trouver une école doctorale accueillante : tout dépend du sujet, du niveau de l’étudiant, des affinités personnelles… L’étudiant découvre sur place la complexité du processus. D’où souvent des démarrages erratiques, lourds de malentendus pour la suite : choix hasardeux et structuration insuffisante du sujet, motivation incertaine de l’encadrant.</p>
<p>Se pose enfin la question délicate de l’encadrement. Malgré les chartes des écoles doctorales, tout repose sur la conscience professionnelle de l’enseignant encadrant. Et là,les témoignages des étudiants révèlent les situations les plus diverses, de l’enseignant dévoué et attentif jusqu’à la négligence coupable. Les mêmes questions se posent : combien de fois y a-t-il eu une vraie rencontre entre le doctorant et son directeur ? Quels conseils ont-ils été réellement donnés ?</p>
<h2>Accompagnement des doctorants et formation à l’encadrement</h2>
<p>Une meilleure information des candidats devrait être donnée en amont, par <a href="http://www.campusfrance.org/fr/">Edufrance/Campus France</a> et les attachés universitaires, sur le niveau d’exigence de la thèse, les capacités requises et les choix thématiques nécessaires.</p>
<p>Un processus d’orientation devrait être assuré de manière individualisée. L’étudiant étranger, une fois les formalités administratives accomplies, se retrouve parfois seul face aux questions académiques et méthodologiques.
Des actions spécifiques aux étudiants étrangers de formation épistémologique et méthodologique devraient être organisées, par exemple en mettant en commun des moyens au niveau régional par grandes disciplines.</p>
<p>Enfin, soulevons la question la plus délicate : et si l’encadrement de thèse était un métier pour lequel il faudrait se former ? Rien dans le cursus d’un professeur ne consacre sa compétence d’encadrant. Et la <a href="http://bit.ly/2iWDOVq">HDR sanctionne</a> la réalisation de travaux de recherche, pas la capacité méthodologique et humaine d’orienter, conseiller, encourager les doctorants (quelles que soient leurs nationalités !).</p>
<p>Osons affirmer une évidence non dite dans le milieu universitaire : l’encadrement de doctorants ne repose pas seulement sur des compétences scientifiques mais aussi sur des qualités humaines !</p>
<p>Certes, les nouveaux textes sur le doctorat peuvent contribuer à une amélioration des relations doctorants-encadrants. Mais il y a encore du chemin à parcourir pour que les chercheurs en lettres et SHS étrangers gardent tous un bon souvenir de leur séjour en France.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70564/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yves-Frédéric Livian ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quatre doctorants sur dix en France sont étrangers. Mais il faut mieux les accompagner pour leur éviter de graves déboires.Yves-Frédéric Livian, professeur honoraire sciences de gestion, Université Jean-Moulin Lyon 3Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/557852016-03-10T05:45:13Z2016-03-10T05:45:13ZUn an après : « Quoi de neuf docteur ? » , la valorisation du doctorat, un levier pour l’avenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/160761/original/image-20170314-10745-17qyrnr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.remimalingrey.com/">par Rémi Malingrëy </a></span></figcaption></figure><p><em>En mars 2016, pour notre première contribution à The Conversation, nous avions envie de traiter d’un sujet qui nous est cher, puisqu’il nous concerne directement : le Doctorat. Un an après, <a href="http://www.remimalingrey.com/">Rémi Malingrëy</a> a porté un regard graphique et personnel sur cet article.</em></p>
<p><em>Si la reconnaissance du Doctorat en France constitue une sorte d’arlésienne, elle renvoie aussi aux interrogations des doctorants quant à leur avenir : que faire avec son PhD ? La recherche académique est-elle le seul débouché, alors que le nombre de postes de chercheurs tend plutôt à diminuer ces dernières années ? Si d’autres débouchés sont théoriquement possibles pour les docteurs, dans le secteur public comme dans le secteur privé, en R&D ou hors R&D, encore faut-il que le monde socio-économique soit intéressé par les compétences dont le titre de docteur atteste.</em></p>
<p><em>L’actualité de 2016 se prêtait bien au traitement de ce sujet, puisque le Ministère annonçait un « plan docteurs » et une réforme du Doctorat, dans le prolongement de la loi de 2013 relative à la Recherche et à l’Enseignement Supérieur qui prévoyait par ailleurs des efforts dans ce sens, avec l’inscription et reconnaissance du Doctorat dans les conventions collectives, et sa prise en compte dans les concours de recrutement de la fonction publique.</em></p>
<p><em>Nous voici en 2017, année d’élections présidentielles et législatives : voici une occasion de relire cet article, et de se demander du même coup si le contrat a été rempli et si le Doctorat apparait dans le scope des candidats. Une telle question nous inspire d’ailleurs l’envie d’un nouvel article pour the Conversation…</em></p>
<hr>
<p>On a beaucoup parlé de la question de <a href="https://theconversation.com/masters-les-trois-illusions-55066">la sélection en master</a> ces dernières semaines, mais il est un autre sujet qui constitue <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/10/14/le-doctorat-un-sujet-politiquement-mine_4789162_4401467.html">une arlésienne française</a> : la valorisation du doctorat auprès du monde socio-économique.</p>
<p>En 2012, <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid66615/rapport-sur-les-assises-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche.html">le rapport final des Assises</a> de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur ambitionnait de </p>
<blockquote>
<p>« reconnaître à sa juste valeur la qualité de la formation doctorale, la plus haute des formations universitaires, la plus accomplie des formations par la recherche, et le diplôme haut de gamme et reconnu comme tel dans le monde entier. »</p>
</blockquote>
<p>Rien que ça ! En a donc découlé l’article 35 de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027735009&categorieLien=id">la loi « Fioraso » de l’été 2013</a>, qui précise que le doctorat « vaut expérience professionnelle de recherche qui peut être reconnue dans les conventions collectives » : les docteurs n’ont pas uniquement vocation devenir d’enseignants-chercheurs, mais aussi à alimenter les entreprises en compétences. </p>
<p>Il n’y avait plus qu’à … Mais les choses ne sont pas si simples dans un pays où le doctorat est en mal d’affection.</p>
<h2>Le faible attrait du doctorat pour les jeunes français</h2>
<p>Avec près de 61 000 inscrits en doctorat en 2014 <a href="http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=natnon07136">d’après l’INSEE</a>, les doctorants représentent 4% des effectifs des « usagers » de l’Université française. Parmi ces doctorants, 48% sont des femmes (taux de féminisation inférieur par rapport aux effectifs de licences et masters). Alors que les étudiants étrangers représentent 12% de l’ensemble des effectifs étudiants, 41% des doctorants sont étrangers <a href="http://ressources.campusfrance.org/publi_institu/etude_prospect/chiffres_cles/fr/chiffres_cles_n9_essentiel.pdf">d’après une étude de Campus France</a>. </p>
<p>Que dire de ce chiffre ? Une première lecture peut consister à se satisfaire de la forte attractivité du doctorat français à travers le monde. Une seconde lecture peut consister à regretter que les jeunes français soient peu nombreux à être tentés par le doctorat.</p>
<p>Une <a href="http://www.cereq.fr/publications/Net.Doc/L-insertion-a-trois-ans-des-docteurs-diplomes-en-2010">étude du CEREQ</a> de 2015 permet en outre de constater que malgré la situation économique, les diplômés de doctorat présentent une situation d’emploi plus favorable (conditions de rémunération et taux de chômage), trois ans après la soutenance, que les diplômés de master, et ce pour la première fois. </p>
<p>Une autre statistique du CEREQ vient pourtant interroger l’attractivité du doctorat pour les jeunes français : 55% des employés dans la recherche privée sont titulaires d’un diplôme d’ingénieur et non d’un doctorat. Alors que la recherche croissante d’une certaine sécurité dans les parcours et les cursus chez les jeunes (et leurs familles) constitue une évolution liée à la crise, est-ce à dire que le doctorat n’offre pas de garanties suffisantes quant aux carrières auxquelles il ouvre, notamment hors du monde académique ? Si oui, à quoi cela est-il dû ?</p>
<h2>Statut hybride</h2>
<p>En effet, dans l’imaginaire collectif français, <a href="http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/regard-sur-l-education-2015-les-etudiants-francais-toujours-reticents-au-doctorat.html">« à moins de vouloir faire de la recherche académique, pourquoi faire un doctorat »</a> ? </p>
<p>Trois ans de plus à travailler, parfois sans financement, à un exercice inédit, avec en contrepartie un statut hybride et ambigu d’étudiant/jeune chercheur sans véritable considération ; alors que des études dans une «Grande École» permettent une insertion professionnelle quasi garantie, et ce même dans la recherche privée ! </p>
<p>Dans la conception à la française de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’élève ingénieur est appelé à intégrer l’élite de notre pays (<a href="https://www.isf-france.org/Cr%C3%A9ation-d-un-ordre-des-ing%C3%A9nieurs-:-Une-question-a-d%C3%A9battre">certains proposent même de le doter d’un «ordre»</a>), alors que le doctorant lui ne serait qu’un hyper-spécialiste inadapté au monde économique actuel. Une conception bien différente, voire diamétralement opposé, prévaut pourtant en Allemagne : celle du Herr Doktor, dont le renom n’a rien a envier à celui nos ingénieurs en France !</p>
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<h2>Doute et intelligence collective</h2>
<p>Après cet interlude germanique (tout de même plus proche de la façon dont le monde voit le Ph.D), revenons à notre pays. Dans <a href="http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Impacts/Elite-Academy"><em>Elite Academy</em></a> (2013), le journaliste anglais Peter Gumbel proposait un regard acerbe sur «la France malade de ses grandes écoles». Trop acerbe diraient certains, mais il a au moins le mérite d’interpeller quant à l’intérêt de renouer avec la pratique raisonnée du doute et de l’intelligence collective dans notre système éducatif. Deux pratiques constitutives de l’activité de recherche, que les docteurs peuvent contribuer à apporter aux entreprises. Alors, que faire ?</p>
<p>L’État a annoncé une succession d’initiatives : le secrétaire d’Etat Thierry Mandon a <a href="http://blog.educpros.fr/doctrix/2015/07/10/emploi-jeunes-docteurs/">annoncé durant l’été 2015 un plan «jeunes docteurs»</a>, et a ajouté il y a quelques semaines <a href="http://www.franceculture.fr/emissions/rue-des-ecoles/universite-le-changement-cest-maintenant">sur France Culture</a> que son ministère se devait d'être exemplaire sur la question de l’emploi des docteurs. Il prépare par ailleurs une <a href="http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/doctorat-un-projet-d-arrete-qui-ne-passe-pas.html">refonte des textes réglementaires relatifs au doctorat</a>. </p>
<p>Cet intérêt pour le doctorat s’inscrit dans le contexte plus global de la course mondiale à l’innovation. Il ne s’agit pas que de développer de nouveaux produits ou concepts, il s’agit aussi de faire évoluer des process, des stratégies, des organisations.</p>
<h2>Graal</h2>
<p>Sanctionnant une formation à la recherche par la recherche, <a href="http://www.oecd.org/edu/skills-beyond-school/Indicateurs-de-leducation-la-loupe-No.25-Titulaires-de-doctorats-qui-sont-ils-et-que-deviennent-ils-apres-lobtention-de-leur-diplome.pdf">le diplôme de doctorat constitue un graal reconnu à travers le monde</a> sous le vocable de Ph.D (pour Philosophiæ Doctor). </p>
<p>Si la méprise entre «doctorat» (le titre) et la «thèse» (le travail qui permet l’obtention du titre) conduit souvent à réduire les docteurs à des hyper-spécialistes, ces derniers développent pourtant des compétences qui peuvent intéresser tous les secteurs d’activité, comme la résilience : faire de la recherche, c’est être confronté à des échecs sur lesquels il importe de capitaliser pour rebondir et réorienter convenablement son travail. </p>
<p>Si cette approche peut faire peur, les chefs d’entreprise en sont pourtant familiers : ils savent que leur activité comporte aussi sa part de risques et d’échecs. Gestion du temps, capacité à communiquer, à travailler en équipe … Autant de compétences utiles aux organisations publiques ou privées.</p>
<p>Le doctorat peut donc être vu comme l’une des clefs qui doit <a href="http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/rapprocher-le-doctorat-de-l-entreprise-des-pistes-pour-renforcer-la-competitivite-francaise/comment-ameliorer-l-insertion-professionnelle-des-diplomes-de-doctorat.html">permettre à la France de tenir son rang dans la compétition internationale</a>, et en particulier sous l’angle du rapprochement entre recherche et monde de l’entreprise. </p>
<p>Un <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid99495/les-relations-entre-les-entreprises-et-la-recherche-publique.html">rapport paru en octobre 2015</a> est d’ailleurs venu le rappeler, avec le dispositif emblématique que sont les conventions <a href="http://www.anrt.asso.fr/fr/espace_cifre/pdf/presentation-Dispositif-CIFRE.pdf">CIFRE</a> qui permettent à des entreprises d’être soutenues par l’Etat pour faciliter l’intégration de doctorants préparant leur thèse dans le cadre des fonctions qu’ils occupent au sein de l’entreprise. </p>
<p>Un tel dispositif est gagnant-gagnant : le doctorant y trouve un financement et un terrain pour sa recherche, son laboratoire peut y développer son programme de recherche, l’entreprise bénéficie de la présence d’un jeune chercheur par ailleurs encadré par son laboratoire. </p>
<h2>Incitation à embaucher des docteurs</h2>
<p>S’ajoute aux CIFRE un éventail d’autres aides : statut de <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid5738/le-statut-de-la-jeune-entreprise-innovante-jei.html">Jeune Entreprise Innovante</a> (JEI) et <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24835/credit-impot-recherche-cir.html">Crédit d’Impôt Recherche</a> (CIR) en constituent quelques illustrations. </p>
<p>Calculé à hauteur de 30% des dépenses de R&D de l’entreprise, le CIR valorise d’ailleurs du simple au double le primo-recrutement en CDI d’un jeune docteur au sein d’une entreprise pendant ses deux premières années de contrat, ce qui constitue une belle incitation à embaucher des docteurs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/114261/original/image-20160308-22147-1j2dq4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=407&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Simulation de montants du CIR en fonction du statut du chercheur et du temps consacré à la R&D.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Simulations réalisées sur la base des informations du « Guide du Crédit Impôt Recherche » du Ministère de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, édition 2016</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le tableau ci-dessus montre en quoi le CIR peut inciter les entreprises à recruter des jeunes docteurs, qu’ils soient ou non affectés exclusivement à de la R&D. </p>
<p>S’y ajoutent d’autres aides : statut de JEI, Crédit d’Impôt Compétitivité-Emploi (CICE) qui sont décrites dans le graphique suivant…</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/114263/original/image-20160308-22143-1sda6t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Extrait du rapport « Quinze ans de politiques d’innovation en France », 2015, p.28, France Stratégie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CNEPI (Enquete 2015), sources ministerielles MESR-DGRI-SITTAR ; MEIN-DGE et Bpifrance.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Si la multiplicité de ces dispositifs peut nuire à leur lisibilité (ce que suggère un <a href="http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs_rapport_cnepi_21012016_0.pdf">rapport récent de France Stratégie</a>), le déficit de recours aux docteurs peut aussi provenir des représentations en vigueur au sein du monde socio-économique, représentations par ailleurs susceptibles de se reproduire et d’influencer les choix de formation des étudiants. </p>
<h2>Le doctorat : un investissement</h2>
<p>La question de l’emploi des docteurs dans les entreprises ne peut donc se résumer à la question de leur coût : si ce dernier peut être réduit par des aides, il convient aussi, et d’abord, de voir l’emploi des docteurs comme un investissement susceptible d’aider au développement de l’entreprise. </p>
<p>De même, il faut que les doctorants soient sensibilisés et formés aux poursuites de carrières possibles dans le privé, ainsi que leur encadrants.</p>
<p>Mieux valoriser le doctorat n’est pas un enjeu corporatiste, ni même disciplinaire (notre argumentaire ne faisant pas plus références aux «sciences dures» qu’aux «sciences humaines et sociales») : il s’agit de maintenir la France dans la course internationale à la connaissance, une course dans laquelle le <em>Ph.D</em> joue un rôle majeur partout dans le monde. </p>
<p>Cette nécessaire valorisation peut certes passer par des aides aux entreprises, mais elle implique surtout un long travail de conviction auprès du monde économique quant à ce que les docteurs peuvent apporter aux entreprises. Ceci implique aussi que l’État et les trois fonctions publiques en soient exemplaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55785/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Pierronnet est doctorant, dans le cadre d'une convention CIFRE auprès de la société Adoc Mètis.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ludovic Martinet est membre de Fédélor. </span></em></p>Le doctorat n'est pas populaire auprès des étudiants français. Il a un statut hybride et est mal perçu. Pourtant il peut offrir des compétences utiles au public et au privé.Romain Pierronnet, Doctorant en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Ludovic Martinet, Doctorant en histoire et sciences de l'Antiquité et du Moyen Age, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.