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Un nouveau type d’IRM pour mieux suivre les myopathies

L’IRM permet d'obtenir des images « en tranches » des muscles et d'étudier ainsi l'évolution d'une myopathie. Marc Donis/Flickr, CC BY

Le Téléthon a lieu ce week-end, les 9 et 10 décembre, partout en France. L’année dernière, l’association française contre les myopathies a reçu 80,3 millions d’euros de promesses de dons. Cette somme, en grande partie mise à profit pour aider les patients, sert également à financer la recherche sur les maladies rares en général, et les myopathies en particulier.

La recherche a permis l’identification de nombreux gènes responsables de ces maladies rares héréditaires. Il n’existe à ce jour que très peu de possibilités thérapeutiques. Les thérapies géniques visent à corriger les anomalies de l’ADN et des premiers résultats n’ont été obtenus, à ce jour, que pour très peu de maladies rares touchant le sang, le cerveau ou la rétine, mais pas le muscle. D’autres essais thérapeutiques sont en cours avec des médicaments visant à enrayer le processus pathologique.

Pour ces différentes approches, l’une des avancées attendues est la mise à disposition d’outils permettant un suivi fiable et sensible des atteintes des muscles et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) se présente comme un outil de choix. Mon équipe exerce au sein du Centre de résonance magnétique biologique et médicale (CRMBM) à Marseille. Au sein du campus du CHU de la Timone, nous travaillons en étroite collaboration avec le Centre de référence des maladies neuromusculaires coordonné par le professeur Shahram Attarian.

Notre groupe s’intéresse à de nombreuses pathologies comme la dystrophie musculaire de Duchenne, la dystrophie facio-scapulo-humérale et la maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT).

Illustration d’un enfant atteint de la dystrophie de Duchenne (1881). Wikipedia, CC BY

Toutes ces maladies sont évolutives et se traduisent par une dégénérescence progressive du tissu musculaire en tissu fibro-adipeux. Autrement dit, le tissu musculaire est petit à petit remplacé par du tissu graisseux.

Aujourd’hui, les tests effectués par les médecins lors de l’examen clinique du patient sont reconnus comme trop peu sensibles pour mesurer précisément l’évolution de ces pathologies. Par exemple, le « test de marche des six minutes » consiste à mesurer la distance parcourue en marchant six minutes. Ses résultats peuvent varier en fonction de nombreux facteurs indépendants de la maladie, par exemple la motivation du patient.

L’IRM, oui, mais quantitative

Nos recherches visent à identifier de nouveaux indices révélateurs de l’évolution d’une maladie, voire des effets bénéfiques d’une stratégie thérapeutique. Nous travaillons sur des méthodes d’IRM et plus précisément l’IRM quantitative. L’IRM est une technique d’imagerie non irradiante qui permet d’obtenir des images de l’intérieur du corps humain avec une excellente résolution : celles-ci ressemblent à des coupes d’organes, avec l’avantage non négligeable… de ne pas avoir à trancher la jambe d’un patient. Les clichés obtenus sont ensuite étudiés par des médecins radiologues, qui peuvent détecter un problème visuellement, par la simple observation.

Par exemple, les images ci-dessous montrent clairement le remplacement du muscle par la graisse chez les personnes atteintes de myopathie. Il est aisé de concevoir, dès lors, que la cuisse contenant essentiellement de la graisse perdra toute tonicité, ce qui empêchera la personne de marcher.

Images obtenues par IRM de jambes de patients « sains » ou atteints de myopathie. Visuellement, on note un remplacement du muscle par la graisse chez les malades. CNRS, Author provided

L’IRM quantitative permet de quantifier, entre autres, la quantité de graisse dans le muscle, et donc de suivre, sur la base de ce critère, l’évolution de la maladie d’une façon plus robuste et fiable. À ce jour, nous en sommes encore au stade exploratoire. Mais ces indices pourraient cependant, dans un avenir très proche, être reconnus comme des critères de choix dans l’évaluation de l’efficacité des stratégies thérapeutiques.

Vers une généralisation de la technique ?

La preuve de l’efficacité de cette méthode a été démontrée par notre groupe de recherche marseillais et un consortium nord-américain envisage de faire reconnaître ces indices par l’autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Admnistration (FDA). Cet organisme contrôle la mise sur le marché de tout nouveau médicament. Pour qu’il autorise la commercialisation d’une nouvelle molécule, le fabricant doit prouver son efficacité. Dans le cas des myopathies, la démarche est périlleuse car les techniques, bien souvent, ne sont pas suffisamment reproductibles et robustes. L’IRM quantitative semble, quant à elle, répondre à ce cahier des charges.

Notre laboratoire, l’un des grands centres européens de recherche en IRM, est équipé de trois appareils entièrement dédiés à la recherche. Le plus récent (présenté ci-dessous) est un dispositif à la pointe de la technologie IRM – il en existe à ce jour une cinquantaine de ce type dans le monde.

Machine IRM Siemens d’une puissance de 7 Tesla. CNRS

La maintenance de ces appareils est coûteuse et l’amortissement est impératif. Le CRMBM est soutenu, en cela, par le CNRS, l’AP-HM, Aix-Marseille Université et l’AFM. Pour autant, le laboratoire doit trouver une grande partie de ses ressources financières via des appels d’offres nationaux et internationaux, et des collaborations de recherche avec les laboratoires pharmaceutiques ayant choisi d’investir le champ des maladies neuromusculaires.

De tels projets peuvent être financés en partie par des opérations comme le Téléthon dans le cadre d’appels d’offres annuels. Ce week-end de mobilisation contribue aux avancées de la recherche dans le domaine des maladies rares.

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