tag:theconversation.com,2011:/us/topics/bruit-29162/articlesbruit – The Conversation2023-12-17T15:34:32Ztag:theconversation.com,2011:article/2161052023-12-17T15:34:32Z2023-12-17T15:34:32ZLe silence, un outil de performance managériale sous-estimé<p>Les managers travaillent évidemment avec des mots… mais peuvent-ils travailler avec le silence ? Lorsqu’il était président-directeur général (PDG) d’Amazon, Jeff Bezos avait supprimé les présentations PowerPoint des réunions et avait introduit 30 minutes de silence <a href="https://www.cnbc.com/2019/10/14/jeff-bezos-this-is-the-smartest-thing-we-ever-did-at-amazon.html">au début de chaque réunion</a>. Il a qualifié ce changement radical de « chose la plus intelligente que nous n’ayons jamais faite » au sein du géant de la distribution en ligne. De manière similaire, Diane Greene, ex-PDG de Google Cloud, explique que « les <a href="https://hbr.org/2017/03/bursting-the-ceo-bubble">moments calmes sont essentiels</a> pour penser clairement et augmenter les chances de poser les bonnes questions ».</p>
<p>Ces propos peuvent sembler surprenants dans nos quotidiens suractifs, parce que le calme est souvent négligé dans les environnements de travail. En 2022, plus de <a href="https://www.sante-auditive-autravail.org/pdf/enquete-Ifop-JNA-SSAT-2022.pdf">50 % des actifs</a> se disaient ainsi gênés par le bruit au travail, un chiffre qui n’a que peu évolué ces dernières années.</p>
<p><iframe id="xP7a9" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/xP7a9/4/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Pourtant, le silence peut constituer un formidable vecteur de performances…</p>
<h2>90 minutes perdues par jour</h2>
<p>Alors que d’autres types de silence, comme la communication non verbale ou la rétention d’information, ont été largement étudiés en management, nous nous intéressons à l’environnement de travail et à la pratique intentionnelle du silence par les individus, les groupes et les organisations. Ces situations ont fait l’objet de très peu de recherches. À l’inverse, des études montrent sans ambiguïté les pertes considérables de temps liées au bruit et à l’absence de tranquillité sur le lieu de travail (<a href="https://hbr.org/2015/03/stop-noise-from-ruining-your-open-office">près de 90 minutes par jour et par employé</a>).</p>
<p>Ollie Campbell, PDG et co-fondateur de Milanote, une entreprise australienne de développement d’applications, a par exemple estimé que l’introduction de moments de calme <a href="https://medium.com/@oliebol/quiet-time-969ccc3416f8">a augmenté la productivité de l’entreprise de 23 %</a>. Une étude portant sur le fait de motiver les autres a en outre démontré que le fait de se taire et d’être silencieux pouvait être <a href="https://www.jmir.org/2013/6/e104/">nettement plus efficace que des mots d’encouragement</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-limiter-la-pollution-sonore-au-bureau-197165">Comment limiter la pollution sonore au bureau ?</a>
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<p>Comme les temps perdus par le bruit sont peu quantifiables, ils restent cependant négligés et constituent des coûts cachés : ils impactent pourtant significativement les performances individuelle et organisationnelle, auxquelles il faut ajouter leurs effets potentiels sur les problématiques majeures que sont l’absentéisme, la qualité de vie au travail ou la santé des collaborateurs.</p>
<p>La question du silence dans les environnements de travail apparaît donc très pertinente. Celui-ci peut procurer un certain nombre de bénéfices indirects, à commencer par un renforcement du potentiel d’attractivité et de fidélisation pour les collaborateurs. Combien d’employés dont on attend une production sont – très paradoxalement ! – mis dans des situations bruyantes rendant difficiles leur concentration, leur attention et leur capacité d’analyse, altérant donc leur productivité ?</p>
<h2>Organiser le silence</h2>
<p>Certes, apprivoiser le silence en entreprise n’est pas chose aisée. Pour démarrer un tel processus où la place du silence est reconnue et valorisée, nous proposons aux managers, sur la base de notre <a href="https://hal.inrae.fr/hal-04251781">étude</a> dans la revue <em>Industrial & Organizational Psychology</em>, les deux recommandations suivantes.</p>
<p>Tout d’abord, accorder de la valeur au silence en <strong>prévoyant explicitement des moments et des espaces de silence</strong> dans l’espace de travail : la configuration des locaux peut consacrer des espaces dédiés au silence, où le bruit n’a pas sa place. De même, des périodes silencieuses peuvent être placées en début de réunion, à l’instar de la méthode de Jeff Bezos, ou insérées en cours de discussion.</p>
<p>Il s’agit ensuite de s’accorder – et accorder – des <strong>moments de déconnexion totale dans la nature</strong>,** **<a href="https://hbr.org/2017/03/the-busier-you-are-the-more-you-need-quiet-time">voire des retraites silencieuses</a>. A priori, cela peut sembler surprenant, mais les effets de ces moments sont puissants, comme le fait de renouveler son stock d’énergie, de procéder à un « rangement » intérieur ou d’être plus à l’écoute des autres.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"825035424829685763"}"></div></p>
<p>Sally Blount, doyenne de la Kellogg School of Management aux États-Unis, <a href="https://www.linkedin.com/pulse/burnt-out-work-consider-silent-retreat-sally-blount">conseille même</a> :</p>
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<p>« La prochaine fois que vous vous sentirez coincé au travail avec un problème difficile à résoudre, une dynamique d’équipe compliquée ou que vous vous sentirez simplement épuisé – au lieu d’embaucher un consultant, d’aller à un séminaire ou de tweeter à ce sujet – envisagez de partir pour deux à trois jours de silence. »</p>
</blockquote>
<p>Même si les effets restent essentiellement indirects et difficilement quantifiables, le silence mériterait une bien meilleure considération de la part des managers et des organisations. Cette question pourrait par exemple s’insérer dans les négociations employeurs-employés sur les modalités de télétravail, la productivité, la santé/qualité de vie au travail. L’objectif n’est pas de transformer les organisations en cathédrales ni de proposer des mesures qui seraient efficaces partout et toujours. Simplement d’ouvrir une perspective qui semble receler, dans de nombreux contextes, un formidable potentiel d’opportunités.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216105/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Pour organiser le calme au calme au travail, un travail de recherche préconise d’aménager des espaces et des plages horaires spécifiques mais aussi de partir parfois en retraite en pleine nature.Alexandre Asselineau, Professeur associé en Management stratégique, Burgundy School of Business Gilles Grolleau, Professor, ESSCA School of ManagementNaoufel Mzoughi, Chargé de recherches en économie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1971652023-09-18T10:24:53Z2023-09-18T10:24:53ZComment limiter la pollution sonore au bureau ?<p>Au-delà de la performance fonctionnelle, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/espace-de-travail-44481">espaces de travail</a> doivent désormais favoriser une expérience collaborateurs qui répond à leurs attentes de bien-être et de resocialisation. Car la période Covid les a dispersés, comme l’a notamment révélé le récent <a href="https://www.novethic.fr/actualite/social/conditions-de-travail/isr-rse/la-fin-de-l-age-d-or-du-teletravail-et-le-debut-du-rab-retour-au-bureau-151700.html">mouvement de limitation des possibilités de télétravail</a>. Les espaces de travail constituent donc de plus en plus des leviers d’engagement, d’attraction et de rétention.</p>
<p>En parallèle, l’acoustique est aujourd’hui davantage considérée comme un <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2009sa0333Ra.pdf">élément important du bien-être individuel</a> et de qualité de la vie collective au travail. Dans un contexte de prise de conscience généralisée de la dégradation de notre environnement et de ses impacts pour l’homme, la pollution sonore fait plus largement partie des nouvelles nuisances, <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/les_besoins_artificiels-9782355221262">multipliée par 10 depuis les années 1980</a> dans les pays développés.</p>
<h2>Un actif sur deux concerné</h2>
<p>En conséquence, près de <a href="https://www.bruitparif.fr/pages/Autresactualites/2022-06-30LeCNBpubliesonrapportd%E2%80%99activit%C3%A92021/2021-10-14--RapportAdemeCNBsurleco%C3%BBtsocialdubruit.pdf">10 millions d’individus en France</a> sont exposés en moyenne sur l’ensemble de la journée à un très fort niveau de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/bruit-29162">bruit</a>. Les conséquences sociales du bruit, toutes origines confondues, sont aujourd’hui évaluées à plus de <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/4815-cout-social-du-bruit-en-france.html">147 milliards d’euros par an</a> par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui alerte dans son <a href="https://presse.ademe.fr/2021/07/147-milliards-deuros-cest-le-cout-social-du-bruit-en-france-par-an.html">rapport</a> sur le sujet publié en 2021 :</p>
<blockquote>
<p>« Au-delà de l’idée que le confort sonore apporte un plus, il s’agit de comprendre que la pollution sonore est un problème de santé publique ».</p>
</blockquote>
<p>En plus de formes de surdités ou d’apparition d’acouphènes, une exposition sonore trop forte et/ou trop longue peut entraîner une perturbation du sommeil, du stress, de l’anxiété, des maux de tête ou même du retard dans les apprentissages.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-decibel-en-decibel-comment-le-bruit-gene-t-il-les-enfants-en-classe-161291">De décibel en décibel, comment le bruit gêne-t-il les enfants en classe ?</a>
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<p>Le monde de l’entreprise n’est évidemment pas épargné par ce phénomène. Aujourd’hui, <a href="https://www.sante-auditive-autravail.org/pdf/enquete-Ifop-JNA-SSAT-2022.pdf">environ un actif sur deux</a> se déclare personnellement gêné par le bruit sur son lieu de travail, un chiffre stable depuis plusieurs années. Selon les personnes concernées, les nuisances sonores engendrent de la fatigue (pour 66 % d’entre eux), du stress (56 %) ou encore des problèmes de compréhension dans la communication (48 %).</p>
<p><iframe id="xP7a9" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/xP7a9/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p><iframe id="Jl8V6" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/Jl8V6/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Pourtant, ces effets désirables ne sont pas une fatalité. Par exemple, une étude clinique menée en milieu hospitalier auprès d’un échantillon de patients dialysés a montré que, dans un espace traité par des solutions acoustiques adaptées, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1769725518305893">gêne sonore est divisée par deux et les maux de tête par dix</a>.</p>
<h2>Évaluer puis corriger</h2>
<p>Quelles sont ces solutions ? Tout d’abord, il est important de prendre conscience des enjeux au travers de systèmes de mesure de la nuisance sonore. Comme le montre l’étude menée auprès des dialysés, au-delà des tests de validation classiques des temps de réverbération ou des niveaux sonores moyens, il est aujourd’hui possible de quantifier l’impact de solutions acoustiques au regard de notions plus proches de la qualité de vie que du respect de normes souvent minimalistes dans leurs seuils.</p>
<p>Ces solutions logicielles vont quantifier la gêne et la fatigue auditive de l’ouïe d’un individu en tenant compte au mieux de sa vulnérabilité individuelle, de son environnement en usage, de son activité du moment et de sa durée d’exposition.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Ensuite, après la mesure vient la correction. De nombreuses <a href="https://www.continuum-france.fr/">solutions techniques de parois</a>, panneaux muraux et plafonds, claustra et cloisonnettes mobiles ou fixes sont désormais disponibles. Les <a href="https://imtech.imt.fr/2020/01/07/une-fenetre-et-silence/">innovations</a> récentes concernent notamment des technologies qui prennent en compte les basses et très basses fréquences, particulièrement <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/orl/concerts-boites-de-nuit-gare-aux-sons-de-basse-frequence-qui-peuvent-causer-des-pertes-d-audition_140820">insidieuses et nocives pour la santé auditive</a>. L’amélioration de la perception sonore porte ainsi sur tout le spectre auditif.</p>
<p>De même, des « phones box » (cabines pour passer des appels) sont apparues avec la multiplication des visioconférences, y compris au bureau. Ce terme générique englobe tous les mobiliers acoustiques qui permettent de s’isoler des autres pour passer ses appels téléphoniques, des visios, seul ou même à plusieurs. Du simple fauteuil à la « bulle » de travail, ces espaces d’isolation deviennent entièrement équipés au niveau du mobilier, de l’éclairage, de la connectique, de l’aération et bien sûr de l’isolation sonore. Certains sont même autoportants, modulaires et déplaçables !</p>
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<img alt="Exemple de cabine pour s’isoler dans un espace ouvert" src="https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/548289/original/file-20230914-29-pbl6w5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Exemple de cabine pour s’isoler dans un espace ouvert.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Phoning_booth_Metro_Library_Council_jeh.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Enfin, apparaissent depuis peu des solutions d’alerte et de régulation sonore dans un milieu professionnel. Des dispositifs simples et légers, à l’image de celui proposé par la société danoise Jabra JN, indiquent en temps réel le niveau sonore et signalent visuellement si les seuils de tolérance sont dépassés, au travers d’indicateurs de couleur (vert, orange rouges). Ces nouveaux outils ont un <a href="https://www.jabra.fr/business/office-headsets/jabra-noise-guide">impact pédagogique</a>, et visent à influencer le comportement humain.</p>
<h2>Une responsabilisation individuelle et collective</h2>
<p>En effet, on observe qu’au-delà de la sensibilisation et de la prise de conscience, les collaborateurs se corrigent de manière autonome en cas de niveau sonore trop élevé et adoptent progressivement des comportements plus respectueux dans un espace collectif. C’est en tout cas ce que prouvent les <a href="https://www.continuum-france.fr/realisations-clients/acoustique-open-space/">récentes installations</a> en open space faites chez Orange Innovation et Orange France à Meylan (Isère).</p>
<p>Les messages sonores restent indispensables à notre activité cognitive. Cela dit, ils doivent véhiculer l’information au cerveau avec un minimum d’interférence avec des bruits parasites. Au-delà des quelques outils qui se déploient actuellement, à nous de nous responsabiliser, individuellement et collectivement pour respecter les équilibres naturels et en particulier celui de l’équilibre sonore, garant d’un confort acoustique qui améliore la qualité de la cognition, réduit l’irritabilité et améliore donc le rapport aux autres.</p>
<p>En réduisant la gêne sonore, c’est l’équilibre humain, l’état émotionnel, l’empathie, l’attention aux autres, la qualité de la relation et donc le mieux vivre ensemble qui en bénéficient. Un cercle vertueux d’épanouissement individuel et donc de performance collective dans l’entreprise.</p>
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<p><em><a href="https://www.linkedin.com/in/franck-fumey-17658419/">Franck Fumey</a>, CEO chez Continuum, entreprise spécialisée dans les solutions acoustiques, a participé à la rédaction de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Picq ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mesures, parois mobiles, phones box… Les organisations s’emparent d’une dimension du bien-être au travail qui a longtemps été négligée.Thierry Picq, Professeur et Directeur de l'Innovation, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2136232023-09-18T10:24:52Z2023-09-18T10:24:52Z« C’est mon bureau ! » : comment le bruit au travail nous conduit à vouloir défendre notre territoire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548500/original/file-20230915-23-gwy97g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C19%2C1145%2C831&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les liens entre niveaux de bruit et stress ont été largement documentés.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/businessman-man-person-people-7640829/">Pexels/Yan Krukau</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Qu’il s’agisse de collègues discutant de leur week-end ou de conversations téléphoniques intenses, d’alertes par courrier électronique ou de tapotements bruyants sur les claviers, les preuves que les bureaux en « <a href="https://theconversation.com/topics/open-spaces-86767"><em>open-space</em></a> » nuisent à notre bien-être ne cessent de s’accumuler. La relation entre les niveaux de <a href="https://theconversation.com/topics/bruit-29162">bruit</a> et les signes physiologiques de <a href="https://theconversation.com/topics/stress-20136">stress</a>, tels que le <a href="https://theconversation.com/open-plan-office-noise-increases-stress-and-worsens-mood-weve-measured-the-effects-162843">rythme cardiaque</a>, a été bien documentée.</p>
<p>Ce stress peut également se manifester par des actions inconscientes visant à reprendre le contrôle. Et si certains de ces comportements sont thérapeutiques et bénins, d’autres sont plus toxiques.</p>
<p>Nos <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296322009109">recherches</a> montrent notamment que le bruit dans les bureaux augmente la probabilité que les gens veuillent récupérer leur espace personnel par des comportements territoriaux. Il peut s’agir de créer une « frontière » psychologique et physique autour de leur espace de travail à l’aide de plantes en pot, ou de chercher à marquer l’espace comme étant le leur à l’aide de photos et d’autres objets personnels.</p>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/L_-9kqbijig?si=JLyOqOIvEohr5TE_&start=83" title="YouTube video player" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen=""></iframe>
<p>L’encombrement de votre table dans l’open-space peut ainsi être un signe de stress dû au bruit. Celui-ci est également associé à des sentiments négatifs tels que la frustration et la colère, ainsi qu’à des comportements antisociaux tels que le retrait social et (dans une moindre mesure) le désaccord avec les collègues.</p>
<h2>Une analyse de journaux personnels</h2>
<p>Notre étude a impliqué 71 participants, travaillant dans des bureaux avec différents niveaux d’intimité dans quatre zones différentes d’une université. Pendant dix jours ouvrables, chaque participant a tenu un journal dans lequel il a consigné sa perception des niveaux de bruit et son ressenti deux fois par jour (en milieu de matinée et en milieu d’après-midi). On parle de « méthodes du journal personnel » dans le monde de la recherche (« diary methods »). Elles sont utilisées par les chercheurs en psychologie, en comportement organisationnel et en marketing pour étudier et comprendre les changements d’attitude et de comportement à long terme.</p>
<p>Pour mesurer la perception du bruit au bureau, nous avons demandé aux participants de noter, sur une échelle de 1 à 7, leur adéquation à des affirmations telles que « Je suis dérangé par les bruits du téléphone » et « Je suis dérangé par les machines de bureau » (1 équivalant à « pas du tout d’accord » et 7 à « tout à fait d’accord »). Pour mesurer leur humeur et leur comportement, les participants ont ensuite évalué également sur une échelle de sept points des affirmations telles que :</p>
<ul>
<li><p>Ce qui se passe autour de moi en ce moment est une expérience frustrante ;</p></li>
<li><p>Je me sens en colère à cause de ce qui se passe autour de moi ;</p></li>
<li><p>J’ai envie de m’isoler de mes collègues de travail ;</p></li>
<li><p>Je veux être laissé seul sur mon lieu de travail ;</p></li>
<li><p>J’ai des désaccords d’idées avec un collègue ;</p></li>
<li><p>Je crée une frontière autour de mon espace de travail ;</p></li>
<li><p>Je décore mon espace comme je le souhaite.</p></li>
</ul>
<h2>Marquer son territoire</h2>
<p>Nous avons ensuite utilisé des techniques statistiques pour évaluer la force du lien entre le bruit, les sentiments négatifs et les comportements mentionnés ci-dessus. Un lien modérément significatif apparaît entre le bruit au bureau et les sentiments de frustration, de colère et d’anxiété. Nous avons également constaté que les personnes travaillant dans des bureaux bruyants sont plus susceptibles de se retirer psychologiquement de leur travail, par exemple en prenant des pauses plus longues que celles autorisées, en consacrant leur temps de travail à des questions personnelles ou en surfant sur Internet. Nous avons également constaté un lien, néanmoins plus faible, entre le bruit des bureaux et les conflits ou les désaccords entre collègues, qu’ils soient liés ou non au travail.</p>
<p>Le lien entre le bruit au bureau et les comportements territoriaux apparaît plus nuancé, car si les sentiments de colère ou d’agacement peuvent être fugaces, il faut du temps et de la planification pour ajouter une plante en pot ou une photo encadrée à son bureau afin de délimiter son territoire. En d’autres termes, le fait que votre collègue parle fort de football au téléphone peut vous agacer, mais cela ne vous incitera pas à décorer immédiatement votre bureau avec des photos de votre chat.</p>
<p>Cependant, nous avons constaté que pour chaque augmentation d’un point (sur une échelle de sept points) de la colère, de la frustration ou de l’anxiété subie par les participants à notre enquête, la probabilité qu’ils adoptent des comportements territoriaux sur leur lieu de travail était multipliée par plus de trois.</p>
<p>En résumé, nous avons constaté que les lieux de travail plus bruyants sont plus susceptibles de mettre les travailleurs de mauvaise humeur et qu’au fil du temps, ces émotions négatives sont associées à une plus grande territorialité. Il n’est sans doute pas surprenant de constater que ces effets sont plus marqués dans les espaces à faible confidentialité, tels que les bureaux en open-space, et moins perceptibles dans les environnements plus petits et plus privés, tels que les bureaux occupés par une seule personne.</p>
<h2>Pourquoi en priver les salariés ?</h2>
<p>Les travailleurs personnalisent leur espace de travail en y ajoutant des photos certes parce qu’elles sont agréables, mais aussi car elles sont reflet de leur identité. Ils apportent ainsi leur « moi complet » au travail, ce qui est censé accroître leur satisfaction et leur bien-être et, par-delà, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272494499901664">celui de l’organisation</a>.</p>
<p>La personnalisation semble revêtir un caractère <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272494499901664">plus important pour les femmes</a> que pour les hommes, qui s’approprient leur espace avec des éléments différents. Celles-ci sont plus enclines à exposer des objets tels que des photos et des lettres d’amis et de membres de la famille, tandis que les hommes ont tendance à personnaliser leur espace avec des bibelots liés au sport et aux divertissements.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Nous sommes des créatures émotionnelles qui ont besoin de se distinguer, de s’identifier, de contrôler et d’appartenir à un groupe. Ce besoin ne disparaît pas lorsque nous allons au travail. Le sentiment d’appropriation psychologique de son lieu de travail et de son travail est associé à une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/job.249">plus grande satisfaction au travail</a> et à un engagement organisationnel accru. Cela explique pourquoi, dans un bureau où les postes ne sont pas attribués ( <a href="https://www.wework.com/fr-FR/ideas/workspace-solutions/what-is-hot-desking">« hot-desk »</a>), la plupart des salariés ont tendance à revenir quotidiennement au même espace de travail.</p>
<p>Les entreprises qui imposent des règles strictes concernant les objets personnels dans les open-spaces, ou qui demandent aux travailleurs de laisser l’espace libre à la fin de la journée, risquent fort de les priver d’un moyen simple de se mettre à l’aise. Ce faisant, ils peuvent même nuire au bien-être et à la productivité de leur organisation. Les employeurs qui insistent pour que les travailleurs retournent au bureau semblent ainsi devoir mettre en balance les gains de productivité perçus et les preuves que des bureaux bruyants rendent les employés plus grincheux, plus frustrés et plus susceptibles d’ériger des murs – au sens propre comme au sens figuré.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213623/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oluremi (Remi) Ayoko a reçu des financements du Australian Research Council. </span></em></p>Marquer qu’un espace de travail est le sien avec une plante ou des photos est un moyen de composer avec le stress généré par le bruit d’un open-space. Pourquoi donc vouloir en priver ses salariés ?Oluremi (Remi) Ayoko, Associate Professor of Management, The University of QueenslandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2090572023-09-04T18:30:43Z2023-09-04T18:30:43ZÀ Rezé, habitants, chercheurs et élus à l’écoute des sons de la ville<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/536611/original/file-20230710-32332-zic922.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Toni Torfer, tous droits réservés.</span> </figcaption></figure><p>Une simple déambulation d’une quinzaine de minutes dans une ville peut suffire à en percevoir la richesse sonore : bruits lointains ou omniprésents des transports routiers, auxquels se joignent éventuellement des bruits de tramway ou des bruits aériens ; <a href="https://theconversation.com/sifflements-chants-et-gazouillis-mais-que-disent-les-oiseaux-128266">chants d’oiseaux</a>, <a href="https://www.jardindesplantesdeparis.fr/fr/aller-plus-loin/hotes-jardin-plantes/amphibiens/lalyte-accoucheur-2277">d’alyte accoucheurs</a>, vent dans les feuillages ; bruits de travaux, voix d’adultes, jeux d’enfants…</p>
<p>Cette <a href="https://soundcloud.com/umrae-lab/scene-sonore-de-la-ville-de-reze">diversité sonore</a> accompagne et façonne notre relation à la ville ; elle est également un élément révélateur des dynamiques urbaines et des politiques publiques de mobilité ou d’aménagement. Les journées sans voitures mises en place par <a href="https://www.notre-planete.info/actualites/4975-Paris-Respire-sans-voiture-bruit-pollution-air">certaines métropoles</a>, ou plus encore le <a href="https://theconversation.com/europe/topics/confinement-84030">confinement</a> du printemps 2020, ont fait <a href="https://www.bruitparif.fr/pages/En-tete/300%20Publications/650%20Diagnostics%20territoriaux%20sur%20le%20bruit%20et%20ses%20impacts/2020-07-13%20-%20Rapport%20-%20Les%20effets%20du%20confinement%20et%20du%20d%C3%A9confinement%20sur%20le%20bruit%20en%20%C3%8Ele-de-France.pdf">prendre conscience de la place du bruit dans nos villes</a>.</p>
<p>Développer un environnement sonore de qualité est un enjeu majeur de la fabrique de la ville. Les <a href="https://www.bruitparif.fr/quantification-des-impacts-du-bruit-des-transports-en-ile-de-france/">impacts sanitaires</a> d’une exposition prolongée à des niveaux sonores trop élevés sont démontrés. Ils sont du <a href="https://cdn.theconversation.com/static_files/files/2547/9789289002295-eng.pdf">même ordre de grandeur que ceux de la pollution de l’air</a> : chaque année, plus de 1,5 million d’années de vie en bonne santé sont perdues à l’échelle de l’Union européenne.</p>
<p>À l’inverse, des études ont montré qu’avoir accès à des zones calmes permet un <a href="https://www.bruitparif.fr/pages/En-tete/700%20Accompagner/700%20PPBE%20en%20IdF/600%20Les%20solutions%20techniques%20pour%20lutter%20contre%20le%20bruit/750%20Bruit%20et%20urbanisme%20-%20Les%20zones%20calmes.pdf">ressourcement bénéfique</a>.</p>
<p>Seulement, établir un diagnostic des environnements sonores d’une ville n’est pas chose aisée. La diversité des sons entendus, et la forte variabilité des niveaux sonores compliquent les estimations que peuvent fournir les modèles développés par les chercheurs.</p>
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<p>Des habitants expriment souvent l’écart entre leur sentiment de gêne et les cartes d’exposition au bruit construites par modélisation, document que chaque agglomération européenne de plus de 100 000 habitants doit produire et mettre à disposition des habitants (voir par exemple <a href="https://metropole.nantes.fr/services/environnement-nature/environnement/nuisances-sonores">celle de Nantes</a>).</p>
<p>Les environnements sonores sont donc de difficiles diagnostics, ce qui engendre des difficultés dans leur prise en compte par les politiques publiques. Dès lors, il apparaît nécessaire de s’atteler à la question du bruit dans la ville de façon transversale.</p>
<h2>Convoquer l’expertise des habitants</h2>
<p>Pour cela, l’expertise d’usage des habitants doit être convoquée. En effet, qui est mieux placé pour concevoir ce diagnostic, pour porter des suggestions allant vers des environnements sonores de meilleure qualité ?</p>
<p>Comment valoriser leur connaissance du territoire ? Telle est la question posée par le <a href="https://sonoreze.fr">projet SonoRezé</a>, co-construit par l’Université Gustave Eiffel et la Ville de Rezé.</p>
<p>Les habitants de cette commune de 43 000 habitants située dans la métropole de Nantes ont été invités à contribuer au premier diagnostic citoyen des environnements sonores à l’échelle d’une ville.</p>
<p>La première question posée a été celle d’une cartographie participative des environnements sonores des lieux. Pour cela, les Rezéens ont été invités à télécharger l’application Android gratuite et open-source <a href="https://noise-planet.org/noisecapture.html">NoiseCapture</a>, développée à l’Université Gustave Eiffel, qui permet d’effectuer des mesures de niveau sonore depuis un téléphone.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=858&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1078&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1078&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536620/original/file-20230710-15-rboii3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1078&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Toni Torfer, tous droits réservés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Chaque mesure de bruit est combinée avec la trace GPS du mobile. Les données sont ensuite traitées pour créer une carte interactive du bruit <a href="https://noise-planet.org/map_noisecapture/index.html#5/47.175/12.524/">qui peut être consultée en ligne</a>.</p>
<p>Pour mieux appréhender la diversité des sons entendus, un mode « tag » permet également aux participants de renseigner les sources sonores.</p>
<p>Au cours des 7 mois qu’a duré l’expérimentation, de décembre 2021 à juin 2022, plus de 130 personnes ont contribué à collecter près de 100h de données réparties dans les différents quartiers de la ville. Les mesures étaient réalisées soit librement au cours de leur vie quotidienne, soit lors de séances de mesures collectives suivies d’un moment d’échange informel et convivial.</p>
<h2>Des groupes de discussion pour apporter de la nuance</h2>
<p>Les données ont permis l’élaboration d’une carte de niveaux sonores, ainsi que des cartes de bruit par source sonore, mettant en évidence la prégnance des bruits d’avion, de nature, ou de tramway dans les différents quartiers.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=555&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=555&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=555&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=698&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=698&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/538077/original/file-20230718-29-lrhi4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=698&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cartes d’environnements sonores produites. Niveaux LA50 : c’est le niveau sonore dépassé pendant 50 % du temps en un point.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces cartes ont été complétées par les témoignages des habitants, essentiels pour nuancer et contextualiser les données objectives collectées. Au cours de groupes de discussion associant élus, chercheurs et habitants, ces derniers ont pu s’exprimer librement sur les ambiances sonores relevées, dans leurs composantes positives ou négatives.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=610&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=610&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=610&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=767&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=767&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536618/original/file-20230710-25-c2pvtq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=767&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Toni Torfer, tous droits réservés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Deux sources sonores ont émergé et ont fait l’objet d’un consensus : le trafic routier et le trafic aérien. Ce consensus illustre les préoccupations des habitants d’une localité traversée par un important trafic pendulaire (déplacements quotidiens pour des motifs de travail) et située sous le couloir aérien de l’aéroport Nantes-Atlantique, à moins de 5 km.</p>
<blockquote>
<p>« J’ai vraiment l’impression que maintenant, peut-être encore plus au sud du périphérique, il y a du trafic tout le temps ! Tout le temps ! A toute heure de la journée… et puis le matin, c’est incroyable ».</p>
</blockquote>
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<span class="caption">Toni Torfer, tous droits réservés.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les entretiens ont mis en évidence la diversité des ambiances sonores de la ville, mais aussi les différences de perception : le bruit d’un stade ou d’un café peut par exemple ne pas faire consensus.</p>
<p>La dimension psychologique du bruit est également un élément qui ressort de la discussion, en particulier pour le bruit des avions :</p>
<blockquote>
<p>« Quand je pense après, tous les citoyens de Nantes qui disent OK il faut réduire le CO<sub>2</sub>, et puis ils prennent l’avion le week-end pour aller au Portugal boire un verre avec des amis. Ce n’est pas cohérent pour moi, et peut-être que ça ajoute à l’agressivité contre le bruit ».</p>
</blockquote>
<p>Les groupes de discussion ont également permis de dresser le portrait d’une ville dotée d’environnements sonores de qualité, avec des espaces verts et des zones résidentielles préservées : « Après y a 3 parcs là-bas […] qui sont plutôt agréables […] assez protégés de tout ce qui est bruit routier… et quand on est là-bas, on n’a pas l’impression d’être en ville ».</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537105/original/file-20230712-26-gxwl1u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte de présence des sources de bruit « trafic aérien ».</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les échanges ont également montré que la participation à l’expérimentation modifie la relation aux environnements sonores :</p>
<blockquote>
<p>« Le fait d’enregistrer nous ouvre à tous les bruits qui nous entourent, ce qui fait que, sur le plan personnel, c’est plutôt agréable parce que ça renforce le sens de l’ouïe et de l’écoute ».</p>
</blockquote>
<h2>Améliorer l’environnement sonore sur d’autres territoires</h2>
<p>Enfin, participer à un collectif favorise une certaine empathie entre les participants, leur permettant de relativiser leur cas personnel, d’extrapoler les expériences et d’avoir une vision plus globale de la perception du bruit dans leur ville, afin d’élaborer un diagnostic collectif.</p>
<p>Ceux qui ont participé au processus ont également fait preuve de lucidité quant aux mutations passées et actuelles de la ville ainsi qu’à leurs répercussions sur l’environnement sonore quotidien.</p>
<blockquote>
<p>« Pour moi, l’axe principal qui pourrait faire évoluer le son dans la ville, c’est vraiment de ne pas faire du 100 % routier. »</p>
</blockquote>
<p>Le dispositif permet aussi de sensibiliser les participants aux pratiques qui conduisent à un environnement sonore de qualité.</p>
<p>Car, pour la collectivité, c’est bien l’autre enjeu d’une telle démarche : constituer un groupe d’habitants « oreille », éduqué à la problématique du bruit et capable de porter des actions pour une amélioration des environnements sonores.</p>
<p>C’est la question désormais posée collectivement par le projet <a href="https://sonoreze.fr/projet/equipe.html">SonoRezé II</a>, financé par l’Agence nationale de la recherche. Les objectifs sont multiples : étendre les séances de mesures collectives pour affiner le diagnostic, accentuer les actions de sensibilisation au bruit, co-construire des actions portées par les habitants pour améliorer les environnements sonores. Il s’agit aussi de réfléchir à la manière d’étendre la démarche d’autres territoires, petites villes ou métropoles.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit avec Philippe Audubert, adjoint « Politique publique en faveur des personnes âgées et de la prévention de la santé » de la Ville de Rezé, et Claire Guiu, adjointe « Pôle Aménagement – Paysages et écologie ». L’équipe SonoRezé souhaite remercier chaleureusement tous les participants ayant effectué des mesures ou participé aux groupes de discussion. Si vous habitez Rezé et souhaitez participer à ce projet de recherche, rendez-vous <a href="https://sonoreze.fr/">ici</a></em></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209057/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Can ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À Rezé (Loire-Atlantique), le projet « SonoRezé » réunit scientifiques, élus et habitants pour diagnostiquer l’environnement sonore de la ville. Objectif : associer les habitants à la gestion du bruit.Arnaud Can, Chargé de recherche en acoustique, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2038262023-04-24T18:19:17Z2023-04-24T18:19:17ZLe périphérique parisien a 50 ans, qu’en est-il du projet de « ceinture verte » ?<p>« Une fin et un commencement ». C’est par ces mots que <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1973/04/25/le-peripherique-une-fin-et-un-commencement_2545338_1819218.html"><em>Le Monde</em></a> salue, le 25 avril 1973, le « bouclage » des 35 kilomètres du <a href="https://theconversation.com/topics/paris-21728">boulevard périphérique</a>, enfin achevé au terme de 17 ans de travaux. Pierre Messmer, premier ministre du gouvernement de Georges Pompidou, <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf97513012/pierre-messmer-inaugure-le-boulevard-peripherique">inaugure</a> ce jour-là le dernier tronçon porte Dauphine (XVI<sup>e</sup> arrondissement) – porte d’Asnières (XVII<sup>e</sup> arrondissement).</p>
<p>Attendu avec impatience, l’ouvrage, qui fête en ce mois d’avril son cinquantième anniversaire, déçoit, avant même son achèvement, au moment où s’affirme le rejet des grands ensembles, dans un contexte de grèves ouvrières et de mobilisations écologiques. « Une dangereuse illusion » ; « Périmé avant d’être terminé » : dès la fin de l’année 1969, les journaux <em>Combat</em> et <em>L’Aurore</em> soulignent la massification de l’automobilisme qui provoque la saturation de l’infrastructure, tandis que les maquettes d’un projet de <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/12/17/un-projet-seduisant-mais-contestable-le-super-peripherique-a-deux-chaussees-superposees_2406668_1819218.html">« Super-périphérique »</a>, qui prévoit d’en doubler la capacité, sont détruites par des « saboteurs anonymes » la veille de sa présentation au public.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ukJq0zLSmQo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Le « périf », tel qu’on le surnomme, est un héritage qu’il nous faut regarder sans honte et avec soin. Son rapport à la ville n’a jamais cessé d’être présent même si, comme l’ont montré <a href="https://www.calameo.com/read/004309853100e9df78af2?authid=gMmtBLCKAwWd">nos travaux</a>, cette « ville » a, au cours de son histoire, revêtu des significations différentes. Son destin s’envisage aujourd’hui à l’aune des changements globaux dont il est un nœud de l’atténuation et de l’adaptation.</p>
<p>La Ville de Paris a pour ambition de le transformer en « <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/ceinture-verte-paris-xxie-siecle-hier-aujourd-hui-demain">nouvelle ceinture verte</a> », l’horizon des <a href="https://theconversation.com/topics/jeux-olympiques-21983">Jeux olympiques et paralympiques</a> de 2024 approchant comme un « accélérateur » de sa mutation. Une <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/04/17/paris-ouvre-une-consultation-sur-l-avenir-d-une-voie-du-peripherique-de-la-capitale_6169858_823448.html">consultation</a> projetant la réservation exclusive d’une voie pour le <a href="https://theconversation.com/les-autosolistes-sont-ils-prets-a-se-mettre-au-covoiturage-pour-les-trajets-du-quotidien-190863">covoiturage</a> a d’ailleurs été lancée. </p>
<p>Qu’entend-on cependant par « ceinture verte » ? Recouvrer l’usage du sol, canaliser le trafic, gouverner la grande échelle : ces trois questions, qui sont à l’origine de son histoire, déterminent les conditions d’une restauration de l’infrastructure végétale du Grand Paris.</p>
<h2>La « ceinture » de Paris : un commun</h2>
<p>Équipement du Grand Paris en expansion, le périphérique s’est installé sur un territoire que l’on nomme la <a href="https://www.pavillon-arsenal.com/fr/edition-e-boutique/collections/19-x-30/11957-des-fortifs-au-perif.html">« ceinture »</a>. Cet espace, qui depuis longtemps articule les destins de Paris et des banlieues, c’est celui des anciennes <a href="https://books.openedition.org/psorbonne/2381">fortifications</a> dites de Thiers, édifiées entre 1841 et 1844, et de leur <a href="https://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/granier_anne_resume.pdf">« zone »</a> <em>non aedificandi</em>, inconstructible. L’ensemble – murs, bastions, rocades, talus, fossés, zone – délimite une bande de 400 mètres de large. L'enceinte militaire encercle le territoire intra-muros, englobant une partie des communes riveraines de Paris, la <a href="https://books.openedition.org/psorbonne/2383?lang=fr">« petite banlieue »</a>, qui sera <a href="https://journals.openedition.org/rh19/4606">annexée</a> fin 1859. La loi sur “<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5523577z.image">l'extension des limites de Paris</a>” consacre les nouveaux contours politiques de la capitale.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=512&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=644&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=644&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520997/original/file-20230414-120-j7jxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=644&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fortifications de Paris en 1859.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.M. Schomburg/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Le démantèlement des « fortifs » qui se poursuit jusqu’en 1929, après leur déclassement voté en 1919, laisse un gigantesque vide, rapidement <a href="https://www.youtube.com/watch?v=143GgBYZYBU">comblé</a> de manière licite et illicite. Un vaste bidonville peuplé par les « zoniers » s’installe. La ceinture devient aussi le réceptacle des besoins et des projets de la ville, des cimetières aux stades, du logement à la circulation. La <a href="https://journals.openedition.org/insitu/855">Cité internationale universitaire</a> en est l’un des joyaux. Le <a href="https://journals.openedition.org/traces/8207">boulevard périphérique</a> en forme l’une des pièces centrales.</p>
<p>L’idée de <a href="https://empreintedesfortifs.webnode.fr/">« ceinture verte »</a> apparaît tôt et perdure longtemps. Avant même que l’enceinte ne soit abattue, les Parisiens traversent ses portes le temps d’un dimanche en famille pour y chercher le bon air, profiter de l’espace libre et planté. Au tournant du siècle dernier, les <a href="https://www.persee.fr/doc/genes_1155-3219_1994_num_16_1_1245">visions</a> réformatrices et hygiénistes de l’influent groupe du Musée social projettent son lotissement avec parcs, immeubles et voies. Né finalement en 1943, sous Vichy, le « boulevard périphérique » figure une boucle de circulation très arborée qui désengorgerait les boulevards des maréchaux.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520998/original/file-20230414-18-uqt1v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La « zone », vue des fortifications Porte de Saint-Ouen.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Scanné par Claude Shoshany Wikimedia</span></span>
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<p>Les années 1950 font néanmoins basculer le destin de la ceinture. Trafic automobile, urbanisation régionale : les prévisions d’expansion transforment les attendus de la voie qui de <a href="https://www.calameo.com/read/004309853100e9df78af2?authid=gMmtBLCKAwWd">parkway</a>, comme disent les Anglo-saxons pour désigner une route située dans, à travers ou vers un parc, devient autoroute. La décision est scellée suite au rapport sur les « <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/12/17/m-lafay-defend-l-idee-d-un-remodelage-des-quartiers-est-de-paris_2032133_1819218.html">Solutions aux problèmes de Paris</a> » présenté en 1954 au Conseil de Paris. Le chantier s’engage en 1957.</p>
<p>Alors que le souci du paysage urbain anime la réalisation de la section Sud, la logique des flux l’emporte progressivement. La ceinture se fragmente. Les ouvrages et les vitesses étirent les échelles, dilatent l’espace, décollent le sol.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"846378912351440896"}"></div></p>
<p>Depuis, la ceinture n’a cessé de se remplir encore. Récemment, les tours <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/09/28/les-tours-duo-a-paris-des-monuments-a-contretemps_6143465_3246.html">Duo</a> se sont érigées porte d’Ivry. Un nouveau complexe <a href="https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Reportage-sur-le-chantier-de-l-arena-porte-de-la-chapelle-prevue-pour-janvier-2024/1376485">Arena</a> se réalise Porte de la Chapelle (18ᵉ arrondissement). <a href="https://www.portedebagnolet-gallieni.fr/le-projet/">Porte de Bagnolet</a> (20ᵉ arrondissement), on s’interroge sur le devenir du centre commercial. Le projet de réaménagement de la <a href="https://www.liberation.fr/societe/ville/a-paris-la-majorite-se-dechire-sur-le-projet-de-la-porte-de-montreuil-20221013_IECJTSKNZNFN7K5XN5KU5XHMIM/">porte de Montreuil</a> (20ᵉ arrondissement) continue de susciter des débats tandis que, porte de Vanves (14ᵉ arrondissement), le <a href="https://mairie14.paris.fr/pages/reamenagement-et-renovation-du-jardin-anna-marly-23367">jardin sur dalle</a> doit être prochainement rénové. Le paysage du périphérique égraine une forte dynamique de chantiers, le moindre interstice étant convoité, occupé, chahuté. C’est là que se trouvent les ressources foncières de la ville, à proximité de réseaux névralgiques.</p>
<h2>Dompter le monstre moderne</h2>
<p>À l’intensité des édifices s’ajoute celle des <a href="https://cdn.paris.fr/paris/2020/11/26/681d6f333be6d30e028e32938646b56a.pdf">trafics</a>. 1,1 million de véhicules par jour, 8 millions de kilomètres parcourus, 1,1 personne par véhicule. Les chiffres du périphérique montrent les symptômes multiples de l’automobilisme. Éprouvée par les Grand-Parisiens, pour beaucoup dépendants d’une mobilité carbonée, la congestion du « périf » pèse sur le quotidien de plusieurs centaines de milliers de riverains : <a href="https://www.bruitparif.fr/pages/En-tete/300%20Publications/600%20Rapports%20d%E2%80%99%C3%A9tude%20-%20bruit%20routier/2021-05-31%20-%20Campagne%202020%20de%20mesure%20du%20bruit%20autour%20du%20boulevard%20p%C3%A9riph%C3%A9rique%20parisien.pdf">bruit</a> et <a href="https://www.airparif.asso.fr/actualite/2022/2021-la-pollution-de-lair-diminue-mais-insuffisamment">pollution</a>.</p>
<p>Voies dédiées aux bus et covoiturages, zones à faibles émissions, nouveaux transports en commun : les alternatives et les régulations visent la diminution des émissions et le « report » du trafic. En « apaisant » la circulation, en réduisant la part de l’espace motorisé, l’autoroute exclusive se transformera-t-elle en voie amène ? Le temps d’une <a href="https://www.lemonde.fr/blog/transports/2019/10/06/nuit-blanche-on-a-pedale-sur-le-periph/">« nuit blanche »</a>, en octobre 2019, les citadins ont déjà éprouvé ce possible de l’extraordinaire en arpentant le périphérique à pied ou à vélo, de la porte de la Villette à la porte de Pantin (19ᵉ arrondissement).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521003/original/file-20230414-22-nq983n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Difficile d’imaginer qu’un viaduc autoroutier occupait tout cet espace de Séoul au début des années 2000.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cheonggyecheon#/media/File:CheonggyecheonSeoul.jpg">Grayswoodsurrey (2012)/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Ailleurs dans le monde, des projets ont reconverti radicalement des infrastructures. Le <a href="https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1017/SEOUL_Cheonggyecheon_Expressway.pdf">cas de Séoul</a> est sans doute l’un des plus connus à ce jour. Un viaduc autoroutier de 6 kilomètres qui couvrait un ancien cours d’eau, y a été fermé au trafic puis démonté, la rivière restaurée et ses abords aménagés. L’opération, mûrement réfléchie par des collectifs associatifs et universitaires, a été décidée trois mois après l’élection en 2002 du maire de Séoul Mung-Bak Lee. Elle s’est achevée en 2005.</p>
<p>Les effets furent convaincants: évaporation du trafic, apparition d’îlots de fraîcheur, loisirs urbains. Elle a toutefois nécessité au préalable des changements profonds du système de <a href="https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/DataStorage/user_upload/benchmark_mass_transit_rapport_FinalV2_20180727.pdf"><em>mass transit</em></a>, dont le plus spectaculaire a été la mise en place d’un réseau de bus à quatre vitesses sur voies dédiées à l’échelle de la métropole tout entière.</p>
<h2>Gouverner au-delà des murs</h2>
<p>En Île-de-France, il n’existe pas de municipalité élue à une vaste échelle. On objectera ainsi que la <a href="https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-00973108v1/document">« gouvernance »</a> du Paris métropolitain, chargée en rivalités et en rapports de force, constitue un obstacle lourd à franchir pour tout projet de transformation d’envergure. Ce n’est pas nouveau : l’histoire de la région parisienne est faite d’oppositions et de coalitions, qu’ont pu surmonter des projets à grande échelle. La réalisation du métro du Grand Paris express montre aujourd’hui encore que les inerties et les résistances peuvent être dépassées.</p>
<p>Paris et les banlieues ont tout à gagner d’une solidarité renforcée autour du futur du périphérique. Penser au-delà des murs, c’est concevoir la ceinture de Paris non pas comme enceinte – frontière (de Paris), barrière (des banlieues), artère (régionale) – mais comme lieu d’une multiappartenance. Circulation, habitat, vivant : ces questions s’enchâssent dans un espace qui nécessite de le considérer à l’échelle du <a href="https://www.inventerlegrandparis.fr/">Grand Paris</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521365/original/file-20230417-28-pik83r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les espaces verts de la région – Carte au 1/200 000.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.institutparisregion.fr/cartotheque/">Institut Paris Région</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>La crise environnementale invite à se ressaisir de la possibilité de recréer une grande respiration végétale à cet endroit. Dans un contexte où le droit se pensera de plus en plus selon les <a href="https://reseauactionclimat.org/les-pertes-et-dommages-consequences-irreversibles-du-changement-climatique/">« pertes et dommages »</a>, les impératifs de santé publique réorientent les priorités de l’aménagement. Sanctuariser les <a href="https://www.paris.fr/pages/de-la-ceinture-grise-a-la-ceinture-verte-comment-le-peripherique-va-se-metamorphoser-21145">talus et terre-pleins végétalisés</a> certes, mais aussi recréer au sein de la métropole, un système d’espaces libres, parcs et jardins, qui soit le patrimoine commun de ses 10 millions d’habitants.</p>
<p>André Malraux, Georges Valbon, <a href="https://journals.openedition.org/focales/333">Le Sausset</a>, La Plage Bleue : ces noms désignent les <a href="https://sacg.seinesaintdenis.fr/IMG/pdf/04_00_Schema_environnement_vert_S.E.V.E.S_Rapport.pdf">parcs départementaux</a> réalisés dans les années 1970 à Nanterre (Hauts-de-Seine), La Courneuve, Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Valenton (Val-de-Marne), au moment où s’achevait le chantier du périphérique et alors que s’engageait une politique publique en faveur de l’environnement. Aménagés parfois dans des contextes difficiles, sur des friches, des délaissés, des terrains inconstructibles, ils forment aujourd’hui les maillons d’une infrastructure paysagère régionale qui ne demande qu’à s’agrandir.</p>
<p>La Seine fait ce mois-ci la couverture du <a href="https://time.com/6261729/seine-clean-up-paris-olympics-2024/"><em>Time Magazine</em></a>. Son écologie est en voie de restauration, bien au-delà des plaisirs vitaux de la baignade fluviale, salutaire au vu des étés de plus en plus <a href="https://interactive.afp.com/features/Demain-quel-climat-sur-le-pas-de-ma-porte_621/city/75056-Paris/">caniculaires</a> qui frapperont la capitale. Le périphérique sera-t-il l’autre grand projet de restauration d’une nature grand-parisienne ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203826/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Roseau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les mesures pour limiter la pollution visent notamment à répondre aux problèmes créés par des décennies de construction ininterrompue dans l'espace du périphérique.Nathalie Roseau, Professeure d’urbanisme, École des Ponts ParisTech (ENPC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2006262023-03-17T14:12:35Z2023-03-17T14:12:35ZLes serpents peuvent entendre nos cris, selon une nouvelle étude<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/512090/original/file-20230223-644-axvk6k.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C10%2C3335%2C2218&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bien que la vue et le goût soient les principaux sens par lesquels les serpents perçoivent leur environnement, notre étude permet de constater que l’ouïe joue un rôle important dans le répertoire sensoriel des serpents.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Christina Zdenek)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les spécialistes savent depuis longtemps que les serpents peuvent ressentir les vibrations sonores dans le sol – ce qu’on appelle détection « tactile » –, mais nous nous sommes demandé s’ils peuvent également entendre les vibrations sonores aériennes, et surtout, comment ils réagissent aux sons.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-serpents-ont-un-clitoris-196641">Les serpents ont un clitoris</a>
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<p>Dans un <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0281285">nouvel article</a> publié dans PLOS One, nous arrivons à la conclusion que les serpents utilisent l’ouïe pour interpréter le monde, et nous réfutons le mythe selon lequel les serpents sont sourds aux sons aériens.</p>
<p>Notre étude, qui a porté sur 19 serpents de sept espèces, révèle que les serpents ont une ouïe aérienne, mais que les espèces ne réagissent pas toutes de la même manière aux sons.</p>
<h2>Comment les serpents réagissent-ils aux sons aériens et terrestres ?</h2>
<p>Bien que la vue et le goût soient les principaux sens par lesquels les serpents perçoivent leur environnement, notre étude permet de constater que l’ouïe joue un rôle important dans le répertoire sensoriel des serpents.</p>
<p>D’un point de vue évolutif, c’est tout à fait logique. Les serpents sont menacés par des prédateurs, notamment les varans, les chats, les chiens et d’autres serpents. L’ouïe sert à éviter les attaques ou les blessures (par exemple, en se faisant piétiner).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un taipan côtier se trouve au centre d’une grande grille noire et blanche sur le sol" src="https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510230/original/file-20230215-26-xn6zpb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le taïpan côtier était l’une des espèces étudiées dans le cadre de notre recherche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Christina Zdenek)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Pour nos expériences, nous avons collaboré avec la <a href="https://www.qut.edu.au/about/our-university/organisational-structure/faculty-of-creative-industries,-education-and-social-justice-old/school-of-creative-practice"><em>School of Creative Practice</em></a> de l’Université de technologie du Queensland pour aménager une salle insonorisée et tester les serpents un par un.</p>
<p>En utilisant le silence comme condition témoin, nous avons fait jouer un son parmi trois, chacun couvrant une gamme de fréquences : 1-150Hz, 150-300Hz et 300-450Hz. À titre de comparaison, la voix humaine varie généralement entre 100 et 250 Hz, et les oiseaux gazouillent à environ 8 000 Hz.</p>
<p>Dans une <a href="https://journals.biologists.com/jeb/article/205/19/3087/9027/Response-of-western-diamondback-rattlesnakes">étude précédente</a>, des chercheurs ont suspendu des crotales diamantins de l’Ouest (<em>Crotalus atrox</em>) dans un panier en maille d’acier et ont observé leurs comportements en réaction à des fréquences sonores situées entre 200 et 400 Hz. Dans une <a href="https://journals.biologists.com/jeb/article/222/14/jeb198184/20779/Underwater-hearing-in-sea-snakes-Hydrophiinae">autre étude</a>, on a implanté par chirurgie des électrodes dans le cerveau de serpents sous anesthésie partielle afin de détecter des potentiels électriques en réponse à des sons allant jusqu’à 600 Hz.</p>
<p>Notre recherche est la première à étudier comment plusieurs espèces de serpents réagissent aux sons dans un espace où ils peuvent se déplacer librement. Nous avons également utilisé un accéléromètre pour déterminer si les sons produisaient des vibrations au sol. Cela nous a permis de confirmer que les serpents ne ressentaient pas seulement les vibrations du sol et enregistraient bel et bien les sons aériens.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510261/original/file-20230215-24-7w43c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un taïpan côtier près d’une ferme de canne à sucre dans le Queensland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Chris Hay), Fourni par l’auteure</span></span>
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</figure>
<h2>Les serpents se rapprochent-ils ou s’éloignent-ils des sons ?</h2>
<p>La plupart des serpents ont manifesté des comportements très différents dans les essais avec son par rapport aux moments de silence.</p>
<p>Le python de Ramsay (<em>Aspidites ramsayi</em>) – un serpent non venimeux que l’on trouve dans toute la zone aride du centre de l’Australie – s’est mis à bouger davantage en réponse au son et s’en est même approché. Il a présenté un comportement intéressant appelé « périscopique », qui consiste à lever le tiers avant de son corps d’une manière qui évoque la curiosité.</p>
<p>En revanche, trois autres espèces – Acanthophis (vipère de la mort), Oxyuranus (taïpan) et Pseudonaja (serpent brun) – ont plutôt eu tendance à s’éloigner du son, signe d’un possible comportement d’évitement.</p>
<p>Les vipères de la mort sont des prédateurs en embuscade. Elles attendent que leur proie vienne à elles en utilisant le <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2435.2008.01466.x">leurre sur leur queue</a> (qu’elles agitent pour faire penser à un ver), et elles ne peuvent se déplacer rapidement. Il est donc logique qu’elles s’éloignent du son. Pour survivre, elles doivent éviter de se faire piétiner par de grands vertébrés comme les kangourous, les wombats ou les humains.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/510263/original/file-20230215-3672-ie0u3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une vipère de la mort (<em>Acanthophis antarcticus</em>) en position d’embuscade au Mount Glorious, dans le Queensland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Christina N. Zdenek), Fourni par l’auteure</span></span>
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<p>Les serpents bruns et les taïpans chassent activement et poursuivent leurs proies le jour. Cela signifie qu’ils risquent d’être victimes de prédateurs diurnes tels que les rapaces. Lors de nos expériences, ces deux serpents semblaient avoir les sens aiguisés. Les taïpans, en particulier, avaient tendance à manifester une attitude défensive et méfiante en réponse à un son.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CY26uRzqsS4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les taïpans côtiers ont eu des réactions méfiantes en réponse aux sons.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Les serpents nous entendent-ils ?</h2>
<p>Notre étude réfute le mythe selon lequel les serpents sont sourds. Ils peuvent entendre, mais pas aussi bien que vous et moi. Les serpents ne distinguent que les basses fréquences, soit moins de 600 Hz environ, alors que la plupart des humains entendent un <a href="https://hypertextbook.com/facts/2003/ChrisDAmbrose.shtml">spectre beaucoup plus large</a>. Les serpents perçoivent probablement des versions étouffées de ce que nous entendons.</p>
<p>Alors, les serpents peuvent-ils nous entendre ? La fréquence de la voix humaine se situe entre 100 et 250Hz. Les sons utilisés au cours de notre étude comprenaient ces fréquences et étaient diffusés à une distance de 1,2 m des serpents à 85 décibels. C’est à peu près le volume d’une voix forte.</p>
<p>Les serpents ont réagi à ces sons, et plusieurs ont eu une forte réponse. On peut donc dire que les serpents peuvent percevoir la voix des gens qui parlent fort ou qui crient. Cela ne signifie pas qu’ils n’entendent pas quelqu’un qui parle (une conversation normale est d’environ 60 décibels) – nous n’avons tout simplement pas fait de tests à ce niveau sonore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200626/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christina N. Zdenek reçoit des fonds du Conseil australien de la recherche et travaille pour l'Australian Reptile Academy.</span></em></p>Les spécialistes savent depuis longtemps que les serpents peuvent ressentir les vibrations sonores dans le sol. Or, une nouvelle étude démontre qu’ils peuvent également percevoir les sons aériens.Christina N. Zdenek, Post-doctoral Research Fellow, Venom Evolution Lab, The University of QueenslandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1837832022-05-29T15:37:05Z2022-05-29T15:37:05ZPourquoi sommes-nous si mal à l’aise avec le silence ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/465314/original/file-20220525-14-ft0uu8.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C990%2C646&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une rencontre sur fond de silences, tantôt complices, tantôt embarrassés. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.linternaute.fr/cinema/tous-les-films/2203824-lost-in-translation-que-dit-bob-a-charlotte-a-la-fin-du-film/">Linternaute</a></span></figcaption></figure><p>Les mots que nous utilisons dans une conversation ne constituent qu’un <a href="https://www.researchgate.net/publication/316420752_Nonverbal_Communication">faible pourcentage de ce que nous communiquons vraiment</a> à autrui. Ce qu’on appelle langage non verbal compte tout autant : expression faciale, gestes, position dans l’espace et ton de la voix (<a href="https://www.researchgate.net/publication/329541457_Prosody_Stress_rhythm_and_intonation">prosodie</a>) recèlent des indices essentiels pour nous faire comprendre.</p>
<p>La communication permet de <a href="https://www.researchgate.net/publication/26329389_Speaking_silence_The_social_construction_of_silence_in_autobiographical_and_cultural_narratives">créer des liens</a> entre des réalités individuelles qui autrement seraient impossibles à sonder, et ainsi de partager nos besoins avec ceux qui nous entourent et de mieux comprendre les leurs : en bref, elle nous permet de nous repérer dans les méandres des relations sociales.</p>
<p>Il ne faut pas oublier que la communication est un processus incroyablement complexe. Même sans parler, nous transmettons subtilement un message dont la nature dépend du contexte et des expériences partagées avec notre interlocuteur.</p>
<p>Ce phénomène est désigné par le terme <a href="https://steinbock.org/pubs/steinbock_icls2014.pdf">« silence social »</a>. Bien que la sensation, pour les intéressés, soit celle d’un vide, comme une parenthèse dans le flux naturel du discours, elle permet de suggérer une extraordinaire variété d’émotions. Certaines personnes sauront décoder cette situation ou la vivre sans inquiétude, tandis que d’autres ressentiront une certaine gêne.</p>
<h2>Différents types de silence</h2>
<p>Les silences <a href="https://www.researchgate.net/publication/271842302_SILENCE_BECAUSE_WHAT%E2%80%99S_MISSING_IS_TOO_ABSENT_TO_IGNORE">font l’objet d’études scientifiques depuis des décennies</a>, car ils peuvent avoir des effets très importants sur la dynamique de l’interaction et sur les sentiments de ceux qui y participent. En ce sens, les chercheurs qui étudient le phénomène <a href="https://steinbock.org/pubs/steinbock_icls2014.pdf">distinguent trois modalités</a> : la pause individuelle, les pauses dans la conversation et le silence social inexpliqué.</p>
<p>La pause individuelle intervient lorsqu’une seule personne s’adresse à un public, par exemple un comédien qui récite un monologue ou un étudiant qui fait une présentation devant ses camarades de classe. Le silence est souvent utilisé pour <a href="https://gloriacappelli.it/wp-content/uploads/2009/05/silence.pdf">capter l’attention et l’intérêt des auditeurs</a>, mais il peut aussi suggérer une méconnaissance du sujet abordé (particulièrement redoutée par ceux qui souffrent d’<a href="https://www.researchgate.net/publication/283836688_Social_Anxiety_Disorder">anxiété sociale</a>).</p>
<p>Les interruptions de conversation sont ce qui se rapproche le plus des « silences gênants ». Nous parlons de celles qui se produisent entre deux personnes et qui <a href="https://www.researchgate.net/publication/229579190_Talk-Silence_Sequences_in_Informal_Conversations_I">brisent les attentes d’un échange fluide</a>. Elles peuvent se produire entre des personnes qui se connaissent à peine, mais aussi entre celles qui se connaissent depuis longtemps, selon le niveau de confiance établi.</p>
<p>Enfin, le silence social inexpliqué décrit une situation que nous avons tous vécue à un moment ou à un autre. Il se produit lorsque plus de deux personnes interagissent simultanément (racontent des anecdotes, ont des conversations parallèles, etc.) et que tout s’arrête soudainement, laissant un vide assourdissant. Dans ce cas, entre inquiétude et plaisanterie, on dit souvent qu’« un ange est passé ».</p>
<p>Il faut garder à l’esprit que les silences sont une ressource communicative <a href="https://www.researchgate.net/publication/341028615_Exploring_How_Silence_Communicates">qui peut être légitimement utilisée</a> et que, dans certaines circonstances, ils peuvent même être productifs, surtout dans le contexte d’une <a href="https://www.researchgate.net/publication/228144342_Active_Listening">écoute active</a>. Comme le disait Jorge Luis Borges : « Ne parlez pas, sauf si vos mots valent mieux que le silence » (« No hables al menos que puedas mejorar el silencio</p>
<p> »).</p>
<h2>Pourquoi le silence peut-il sembler gênant ?</h2>
<p>Le silence implique une <a href="https://www.researchgate.net/publication/222527474_The_functions_of_silence">rupture dans la dynamique naturelle des conversations</a>, dont la logique est identique à celle d’autres processus sociaux qui nécessitent la coordination des parties impliquées. Lorsqu’elles sont fluides, le déroulement de l’interaction est plus prévisible, ce qui rassure les interlocuteurs quant à l’incertitude qui accompagne toute relation.</p>
<p>Il est prouvé que la fluidité de la conversation <a href="https://www.researchgate.net/publication/348905663_The_Importance_of_Belonging_A_Study_About_Positioning_Processes_in_Youths%E2%80%99_Online_Communication">stimule un sentiment d’appartenance</a> et la cohérence d’un lien particulier, qui le distingue de tous les autres. De plus, lorsque nous offrons des réponses sans temps mort, nous favorisons un sentiment de consensus sur les questions importantes, suggérant que nous sommes idéologiquement et émotionnellement alignés les uns avec les autres.</p>
<p>Les conversations fluides nourrissent un sentiment d’appartenance sociale, légitiment chacun en tant que membre du groupe, donnent le sentiment de contrôler la dynamique relationnelle et contribuent fortement à renforcer l’estime de soi. Le silence, quant à lui, <a href="http://journal-of-conflictology.uoc.edu/joc/en/index.php/journal-of-conflictology/article/view/vol2iss1-gendron.html">peut suggérer un conflit sous-jacent</a> ou la présence d’émotions que l’on préfère ne pas exprimer, alimentant ainsi une certaine insécurité.</p>
<h2>Le silence est-il toujours inconfortable ?</h2>
<p>Le silence n’est pas toujours inconfortable. Lorsque le lien est suffisamment fort et qu’il existe une relation de confiance, <a href="https://www.researchgate.net/publication/257198759_Semiotic_silence_in_intimate_relationships_Much_silence_makes_a_powerful_noise_-_African_Proverb">c’est même une occasion de créer des liens</a>. S’il n’y a pas de conflits sous-jacents entre les interlocuteurs, le silence n’est pas chargé des émotions négatives qu’il a pour les personnes dont les liens sociaux sont fragiles ou motivés par la peur.</p>
<p>D’autre part, les personnes ayant une bonne estime d’elles-mêmes <a href="https://oaji.net/articles/2016/1170-1463651532.pdf">ont tendance à vivre les silences plus confortablement</a>. Elles ne projettent rien de négatif quant à ce que les autres penseront d’elles, et le silence (qui est parfois le signe de nos peurs et de nos insécurités) prend place tranquillement dans la conversation, sans créer de trouble particulier.</p>
<p>Dans tous les cas, on peut tirer parti du silence et en extraire quelque chose de positif : il donne par exemple <a href="https://www.researchgate.net/publication/254437920_The_Effects_of_Thinking_in_Silence_on_Creativity_and_Innovation">l’occasion de réorganiser ses idées avant de s’exprimer</a>, offre un moment d’intimité, et peut nous apporter le calme dans un monde souvent bruyant.</p>
<p>En définitive, les effets du silence sur notre bien-être sont peut-être davantage liés à la façon dont nous l’interprétons qu’à l’intention des autres lorsqu’ils l’utilisent. Comprendre cette nuance peut nous aider à l’aborder de manière beaucoup plus constructive.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183783/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joaquín Mateu Mollá no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>Si les conversations fluides nous donnent un sentiment de contrôle, le silence peut créer du trouble dans les relations sociales.Joaquín Mateu Mollá, Doctor en Psicología Clínica. Director del Máster en Gerontología y Atención Centrada en la Persona (Universidad Internacional de Valencia), Universidad Internacional de ValenciaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1805372022-05-27T13:27:24Z2022-05-27T13:27:24ZL’océan n’est pas un monde silencieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462574/original/file-20220511-15-s0w533.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C1%2C988%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'aspect sonore du milieu marin a souvent été sous-estimé, principalement parce qu'il n'est pas audible par l'oreille humaine.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Pendant longtemps, les grands explorateurs de la mer ont utilisé leur regard pour dévoiler les secrets du milieu marin, sous-estimant son aspect sonore. En effet, l’océan a été longtemps considéré comme une planète privée de toute sonorité.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-coraux-nous-parlent-et-ils-nous-en-disent-beaucoup-sur-eux-129866">Les coraux nous parlent, et ils nous en disent beaucoup sur eux</a>
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<p>Cette croyance naît lorsque le commandant Jacques-Yves Cousteau et ses compagnons réalisent l’un des plus remarquables longs métrages sur l’environnement marin, intitulé « Le Monde du silence ». En effet, les plongeurs ont souvent l’impression d’aller à la rencontre d’un univers calme et assourdi, où les principaux moyens de communication entre les animaux sont déterminés à travers l’image et la chimie. Or, aujourd’hui, de nombreuses études soulignent l’importance du facteur sonore pour une multitude d’espèces marines. Notamment, les cétacés sont reconnus par le grand public pour être d’excellents orateurs des océans, pouvant communiquer à plus de 2 000 km de distance.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/_OGECa4jFME?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bande-annonce du documentaire sur la vie et l’œuvre de l’explorateur Jacques-Yves Cousteau.</span></figcaption>
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<p>Alors, est-ce possible que même les plus petits animaux habitant le fond de la mer, qui jouent un rôle fondamental dans le maintien des équilibres des écosystèmes, puissent communiquer entre eux à travers le son ?</p>
<p>Je tenterai de répondre à cette question dans le cadre de mes études doctorales à l’UQAR. L’objectif de notre équipe de recherche sera de déterminer si la pollution sonore a des effets importants sur le comportement et la communication des animaux marins.</p>
<h2>Le son est essentiel à la vie des animaux marins</h2>
<p>Des <a href="https://doi.org/10.1080/09524622.2022.2070542">études récentes</a> démontrent que le paysage sonore et les sons émis par les animaux eux-mêmes jouent un rôle important dans la régulation de différents aspects de la vie des invertébrés (animaux dépourvus de squelette interne) marins. Dès leur plus jeune âge, les minuscules larves flottantes de moules, pétoncles et huîtres semblent influencées par le bruit présent dans l’environnement qui les entoure. Contre toute attente, il semblerait en effet que ces larves soient attirées par les bruits ! Ainsi, on constate par exemple que les larves d’huîtres sont plus susceptibles de s’installer dans un environnement exposé au son produit <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0079337">par leurs congénères</a>. Cela représenterait pour elles un excellent indice d’un lieu propice à la vie.</p>
<p>Le son demeure également un aspect fondamental pour la survie des animaux à l’âge adulte. Et aussi pour leur reproduction ! Certaines espèces de mollusques pourraient en effet percevoir le paysage acoustique qui les entoure afin de synchroniser leur fraie saisonnière, et ainsi <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0185353">accroître les chances de fécondation</a>. Chez les crustacés, des études suggèrent que les individus mâles de homard européen produisent des sons bourdonnants <a href="https://doi.org/10.1242/jeb.211276">lors de rencontres compétitives</a>. Ce son est produit grâce aux vibrations de la carapace et est caractérisé par de très basses fréquences (100 Hz), qui sont censées repousser les compétiteurs. Cette stratégie de communication est adoptée par différentes espèces marines et terrestres afin d’annoncer leur présence à leurs adversaires. Ainsi, l’objectif des protagonistes est d’éviter tant que possible les affrontements physiques qui pourraient se révéler très coûteux et dommageables pour les deux parties.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="homard dans la mer sur un fond rocheux" src="https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462575/original/file-20220511-26-o5ytpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les homards émettent des sons bourdonnants afin d’éviter les affrontements physiques avec des compétiteurs potentiels.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Les sons peuvent être aussi utilisés par les invertébrés marins pour communiquer à leurs congénères la présence d’un danger, comme <a href="https://doi.org/10.1111/j.1095-8312.2010.01443.x">l’arrivée d’un prédateur</a>. Il est alors possible que le claquement des valves d’un pétoncle en fuite, ou alors le battement rythmique contre le fond de la coquille d’une limace de mer, représentent un signal d’avertissement pour les autres individus de la population. Aussi, les attaques de poulpe sembleraient provoquer une réponse défensive de la part de la langouste, qui tenterait de décourager l’agresseur en <a href="https://doi.org/10.3354/meps08957">émettant des bruits intimidants</a>.</p>
<h2>La pollution sonore des océans : un enjeu de taille</h2>
<p>L’eau représente un excellent milieu pour la propagation sonore, <a href="https://doi.org/10.1016/j.ijnaoe.2020.07.008">bien meilleur que l’air</a>. C’est pour cette raison qu’il est réaliste de penser qu’une grande majorité d’animaux marins obéissent aux signaux sonores. Jusqu’à présent, ce phénomène a été largement négligé, en grande partie parce que la sonorité des océans reste inaudible à nos oreilles. Or, il serait possible pour « l’oreille » d’un crabe de percevoir les fonds marins comme une longue succession de sons et de bruits différents.</p>
<p>De nombreuses questions demeurent encore sans réponse pour le moment, mais les progrès technologiques de l’ère moderne nous permettent de contourner de nombreuses contraintes en nous faisant découvrir d’autres merveilles que l’océan gardait encore secrètes.</p>
<p>Une chose reste certaine : récemment, les activités humaines ont introduit dans le milieu marin une série de nuisances sonores auxquelles les organismes doivent s’adapter. La construction de nouvelles infrastructures et le transport de marchandises sont des sources de pollution toujours plus courantes dans nos mers. Autour du Grand Nord, l’ouverture de nouvelles routes commerciales à la suite de la <a href="https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2017.08.002">fonte des glaces marines</a> créera de nouveaux paysages acoustiques dont les effets sur la faune locale restent à vérifier.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="navire de marchandise sur une mer glacée" src="https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462576/original/file-20220511-14-jmmkm2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le transport de marchandises représente une source de pollution sonore pour la faune marine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
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<p>Aujourd’hui les scientifiques ont déjà démontré que la dégradation sonore du milieu naturel peut avoir des répercussions imposantes sur la physiologie et le comportement animal. On observe que de nombreuses espèces sont extrêmement sensibles au bruit anthropique (d’origine humaine), car celui-ci couvre des fréquences facilement perceptibles par les invertébrés marins.</p>
<p>Sachant que le recours au son dans l’environnement marin est largement plus répandu que ce que l’on pensait dans le passé, il est essentiel de définir attentivement les conséquences d’une augmentation de la pollution sonore dans nos océans.</p>
<p>Ainsi, la gestion devra être adaptée pour limiter la propagation de bruits nuisibles à la vie, permettant aux nombreux habitants des océans de retrouver leur environnement sonore habituel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180537/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Uboldi a reçu des financements de l'Institut France Quebec Maritime (IFQM) pour la réalisation de son project doctoral. </span></em></p>L’océan est souvent considéré comme un univers silencieux. Or, aujourd’hui, de nombreuses études soulignent l’importance du paysage sonore pour une multitude d’espèces marines, petites et grandes.Thomas Uboldi, Phd candidate in Oceanography, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1798982022-05-03T13:00:51Z2022-05-03T13:00:51ZEn ville, les grands arbres sont indispensables<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/455076/original/file-20220329-821-1600zit.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C983%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sans pour autant compromettre la diversité des essences d’arbres que nous devrions voir dans les paysages urbains, la plantation et la protection d'essences de grande taille devraient être fortement encouragées.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p><em>Covid-19, urbanisation galopante, péril sur la biodiversité… la forêt apparaît ces dernières années comme le refuge par excellence, un lieu pour retisser des liens avec le vivant, une « nature » en voie de disparition. Dans un monde chahuté, cette série s'interroge sur la place que accordons aux arbres et aux forêts. Après nos précédents épisodes sur l’état des espaces forestiers en France, le rôle des arbres dans les champs, les forêts « urbaines », regard sur les grands arbres en ville.</em></p>
<p>Les arbres sont des éléments importants de notre paysage urbain. Avec <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS">plus de 50 % de la population mondiale vivant en ville</a>, il serait inimaginable de se passer des nombreux services écosystémiques (les bénéfices aux résidents) qu’ils nous rendent.</p>
<p>Nous en avons bien eu la preuve dans les mois précédents lorsque les mesures sanitaires étaient des plus restrictives : les parcs urbains ont vu leur taux de fréquentation <a href="http://www.lapresse.ca/societe/2021-05-23/les-parcs-ces-grands-sauveurs.php">s’accentuer de façon faramineuse</a>. Et ce n’est pas le fruit du hasard ! La présence d’arbres a pour effet de favoriser la santé physique et mentale des individus, et c’est entre autres ce qui peut expliquer le fait que les citadins ont senti le besoin de <a href="http://www.fao.org/ecosystem-services-biodiversity/background/regulatingservices/fr/">se retrouver dans des espaces verdoyants</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-prendre-soin-du-sol-et-de-la-terre-pour-favoriser-le-verdissement-en-ville-163873">Comment prendre soin du sol et de la terre pour favoriser le verdissement en ville</a>
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<p>De plus, les arbres que nous côtoyons chaque jour sur les terrains privés, dans les rues ou dans les parcs fournissent une multitude de bienfaits pour l’environnement et la régulation du climat, incluant l’atténuation de bruit en ville, la captation du carbone, et la contribution à l’infiltration plus lente de l’eau dans les sols.</p>
<p>Bien que l’ensemble du patrimoine arboré d’une ville joue un rôle sur la qualité et la quantité des services écosystémiques rendus, les arbres à l’échelle individuelle n’ont pas tous les mêmes caractéristiques, et donc n’ont pas tous la même capacité à livrer des services écosystémiques. Il est alors pertinent de se demander quels arbres sont les plus efficaces dans la livraison de ces bénéfices, pourquoi, et quelles pratiques d’aménagement permettraient de les favoriser.</p>
<p>Nous sommes membres de la <a href="https://www.craum.ffgg.ulaval.ca">Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu</a> de l’Université Laval, qui a pour objectif de trouver des solutions pour aider la survie à long terme des arbres dans les milieux urbains.</p>
<h2>Quels arbres offrent le plus de bénéfices ?</h2>
<p>De façon générale, les arbres de grande taille ont une meilleure capacité à stocker du carbone (donc, à capter le carbone de l’air pour réduire le CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère), à diminuer la pollution atmosphérique, et permettent d’<a href="http://www.forestresearch.gov.uk/research/understanding-role-urban-tree-management-ecosystem-services/">éviter plus efficacement le ruissellement des eaux pluviales</a>. En effet, les arbres ayant un diamètre de tronc plus grand ont une plus grande biomasse ligneuse (quantité de bois), ce qui leur permet de stocker davantage de carbone que les plus petits arbres. De la même manière, l’interception des précipitations et des polluants atmosphériques augmenterait avec la plus grande taille de la canopée (les cimes des arbres dominants) et la surface foliaire totale (surface totale de toutes les feuilles) associée à une plus grande taille. Les grands arbres sont donc généralement plus efficaces que les plus petits pour fournir ces services de régulation, indispensables en milieu urbain et surtout dans un contexte de changements climatiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="grand arbre devant une maison" src="https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/454552/original/file-20220327-19-cmgjy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Grand orme dans un quartier résidentiel de la ville de Québec. La plantation et la protection d’essences de grande taille devraient être fortement encouragées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Alison Munson)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’inclusion d’essences d’arbres de grande taille dans les plantations amène également des avantages non négligeables sur le plan économique. Une étude relate que le bénéfice net annuel de la plantation d’essences d’arbres de grande taille est de <a href="https://www.brebookshop.com/samples/326911.pdf">44 % supérieur à celui d’une essence d’arbre de taille moyenne, et de 92 % supérieur à celui d’un arbre de petite essence</a>. De plus, selon cette même étude, il faudrait moins de cinq ans à partir du moment où l’arbre est planté pour que les avantages nets de ces arbres l’emportent sur les coûts nets. Ceci peut être expliqué notamment par le fait que les arbres de grande taille ont pour effet d’augmenter les prix de l’immobilier et les valeurs foncières des terrains où ils se trouvent, en plus de réduire les coûts énergétiques liés au chauffage et à la climatisation à travers la régulation du microclimat.</p>
<p>Toutefois, les espaces aériens ou souterrains disponibles en milieu urbain ne permettent pas toujours l’emploi d’arbres à grand déploiement. Dans ces conditions, des arbres de plus petites tailles peuvent aussi apporter une contribution intéressante.</p>
<h2>Comment aménager nos forêts urbaines de façon optimale ?</h2>
<p>Tel que mentionné plus tôt, les arbres de grande taille jouent un rôle capital dans la livraison de services écosystémiques. Mais la capacité à livrer ces services est conditionnelle à une chose : les arbres doivent être en bon état ! Ceux qui sont en mauvais état auront une moins grande capacité à fournir des services écosystémiques, puisque les mauvaises conditions entravent la croissance, ralentissent la séquestration du carbone et peuvent également conduire à un <a href="https://hort.ifas.ufl.edu/woody/dead-branche-stop.shtml">dépérissement de la canopée</a>.</p>
<p>En milieu urbain, il n’est pas rare de constater des milieux hostiles qui pourraient faire obstacle à la croissance et au bon développement des arbres. Le manque d’espace pour le système racinaire, la compaction du sol, l’humidité limitée du sol, <a href="https://theconversation.com/laccumulation-des-sels-de-deglacage-dans-les-lacs-menace-ceux-qui-y-vivent-179166">l’emploi de sels de déglaçage</a> et la pollution de l’air représentent des défis pour la survie de jeunes plantations. De ce fait, plusieurs pratiques d’aménagement favorables à la croissance et au développement des arbres existent. En voici quelques exemples :</p>
<ol>
<li><p>Choisir le bon arbre au bon endroit. Certaines essences d’arbres seront plus adaptées à certains climats, ou plus tolérantes que d’autres à des quantités limitées d’espace, par exemple. Plusieurs guides pour dicter les choix de plantation en fonction des caractéristiques du milieu existent.</p></li>
<li><p>Éviter un élagage trop fréquent des grands arbres qui aurait pour effet de diminuer significativement la surface foliaire et la biomasse ligneuse des individus. Une des clés pour réduire le besoin d’élagage est notamment de choisir une espèce d’arbre adaptée à un endroit donné.</p></li>
<li><p>Reconnaître officiellement la valeur des services écosystémiques rendus par les grands arbres pour introduire des politiques qui soutiendraient la conservation de ceux-ci.</p></li>
</ol>
<h2>L’importance de poser des actions concrètes</h2>
<p>Même s’il a été souligné que les arbres de grande taille étaient généralement plus efficaces que les plus petits pour générer certains services écosystémiques, dans un contexte où le climat est changeant et où la résilience des forêts est primordiale, il importe de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier et de ne pas uniquement planter des essences d’arbres à grand déploiement.</p>
<p>D’ailleurs, à l’échelle d’une forêt, les caractéristiques qui sont corrélées positivement avec la production de services écosystémiques sont notamment l’hétérogénéité verticale (le nombre de strates de la végétation, en allant des herbacées aux arbres dominants) et la <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-018-07082-4">richesse en espèces arbustives</a>, qui est le nombre de différentes espèces présentes.</p>
<p>Finalement, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que les grands arbres sont extrêmement importants, et que nous sommes gagnants à déployer des efforts pour la préservation de ceux-ci. De plus, la plantation d’essences d’arbres de grande taille devrait être encouragée, puisqu’on remarque souvent dans les villes une tendance à planter des essences de petite envergure. Ainsi, des actions concrètes peuvent être posées dès aujourd’hui pour tirer profit au maximum des arbres urbains maintenant et à long terme. </p>
<p>Il n’en tient qu’à nous de les appliquer !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179898/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alison Munson est co-titulaire de la Chaire de recherche sur l'arbre urbain et son milieu (CRAUM), qui est financée par la Ville de Québec. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anaïs Paré ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On remarque de plus en plus un engouement pour la plantation de petits arbres en milieu urbain. Or, les arbres de grande taille présentent des avantages non négligeables que nous devrions considérer.Alison Munson, Écologie forestière, écologie urbaine, sols urbains, Université LavalAnaïs Paré, Professionnelle de recherche pour la Chaire de recherche sur l'arbre urbain et son milieu (CRAUM), Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1808932022-04-07T18:59:53Z2022-04-07T18:59:53ZL’effet limité de la gratuité des transports en commun sur la pression automobile<p>La gratuité des transports publics est une proposition politique récurrente. Elle est généralement présentée comme susceptible d’atteindre des objectifs à la fois écologiques et sociaux.</p>
<p>En 2018, Anne Hidalgo a envisagé de rendre les transports en commun gratuits à Paris pour lutter contre la pression automobile. Aux élections régionales de 2021, <a href="https://www.franceinter.fr/politique/regionales-2021-la-gratuite-des-transports-promesse-phare-de-la-gauche">France Inter</a> avait identifié une bonne douzaine de candidats de la gauche qui portaient des propositions similaires.</p>
<p>Aujourd’hui, plusieurs candidats à l’élection présidentielle se prononcent en faveur de différentes formes de gratuité pour les transports en commun. Jean-Luc Mélenchon propose qu’ils soient gratuits « aussi longtemps que dure la crise des carburants ». Yannick Jadot souhaite qu’ils le soient « partout en France pour six mois ». Philippe Poutou est favorable à la « gratuité totale pour tous.tes et tout le temps ».</p>
<p>Fabien Roussel souhaite « que les transports collectifs soient moins chers voire quasi-gratuits ». Jean Lassalle propose la « gratuité des transports publics pour les jeunes ». Marine Le Pen est en faveur de « la gratuité totale pour les jeunes de 18-25 ans dans les trains aux heures creuses ».</p>
<p>Les effets attendus d’une telle mesure pour Paris <a href="https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/LIEPP-REPORT/hal-02186708v1">ont été étudiés en profondeur</a> par le Laboratoire interdisciplinaire des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po en 2018. Les résultats ont fait l’objet d’une publication scientifique dans un numéro de la <em>Revue d’Économie Politique</em> programmé pour 2022.</p>
<p>Avant de s’intéresser aux caractères écologiques et sociaux de la mesure, il est utile de rappeler qu’il n’est en réalité jamais gratuit de rendre les transports en commun « gratuits ». Il s’agit en fait d’en faire reposer le financement sur la collectivité plutôt que sur ses utilisateurs.</p>
<h2>Approche par les coûts généralisés</h2>
<p>Pour comprendre l’impact attendu d’une mesure de gratuité généralisée pour l’environnement, il convient d’en étudier l’impact sur la pression automobile. L’approche par les coûts généralisés (issue de l’économie des transports) postule que les agents comparent leurs coûts de déplacements avec différents modes de transports et optent pour celui qui est le moins coûteux.</p>
<p>Le coût généralisé de l’utilisation d’un mode de transport a de nombreuses dimensions, monétaires et non-monétaires : il comprend le coût direct du mode de transport choisi, mais aussi le temps passé dans les transports, le temps d’attente, le confort du trajet, la fiabilité des horaires, les préférences propres à chaque utilisateur, etc.</p>
<p>Le coût direct supporté par les utilisateurs des transports en commun (le prix du ticket) ne représente qu’une faible part de leur coût généralisé. Une étude réalisée sur le métro parisien permet d’évaluer ce coût direct à moins de 5 % du coût généralisé, ce qui est inférieur à la valeur de l’inconfort dans ces métros.</p>
<p>Supprimer ce coût ne devrait donc pas engendrer un report modal important depuis l’automobile vers les transports en commun. Cette prédiction est corroborée par un <a href="https://www.iledefrance-mobilites.fr/medias/portail-idfm/fddaa02e-3023-4c7f-a7af-83ecbf6bb0b2_Rapport-Comit%C3%A9-sur-la-faisabilit%C3%A9-de-la-gratuit%C3%A9-des-transports-en-commun-en-%C3%8Ele-de-France-leur-financement-et-la-politique-de-tarification.pdf">modèle de transport calibré sur Paris</a> qui vise à quantifier précisément le report modal attendu d’un passage à la gratuité des transports publics.</p>
<p>Dans un scénario où les automobilistes seraient disposés à perdre 15 minutes de temps de trajet pour utiliser des transports en commun gratuits (et il s’agit d’une hypothèse optimiste), le report modal depuis la voiture ne concernerait que 3 % des déplacements.</p>
<p>Les expériences de gratuité menées dans des villes en France ou à l’étranger confirment qu’elle a un effet très limité sur la pression automobile.</p>
<h2>Revitalisation des centres-villes</h2>
<p>Si la mesure a souvent un effet impressionnant sur la fréquentation des transports en commun, la hausse des utilisateurs provient surtout d’un report modal depuis les modes de transport « doux », comme la marche et le vélo, ainsi que de nouveaux déplacements, non réalisés auparavant.</p>
<p>Peu d’automobilistes renoncent à prendre la voiture en réaction à cette mesure. Ceci explique que la plupart des villes ayant expérimenté la gratuité l’ont abandonnée. C’est généralement lorsque d’autres objectifs – qui ne sont liés ni à la pression automobile, ni à des objectifs sociaux – ont été atteints que la mesure a été pérennisée.</p>
<p><a href="https://www.liberation.fr/international/europe/a-tallinn-des-transports-gratuits-mais-toujours-aussi-peu-attractifs-20211106_QM3MNGYSMZAITOJRQBQLWVCGC4/">À Tallinn</a>, par exemple, cela a permis d’inverser la tendance de périurbanisation en rendant la capitale estonienne plus attractive pour les habitants qui y bénéficient de transports publics gratuits.</p>
<p>Des effets similaires de revitalisation du centre-ville ont été observés et documentés à Aubagne, Dunkerque et Hasselt, en Belgique (qui a néanmoins abandonné la mesure en 2013, après 16 années de gratuité, en raison de coupes budgétaires imposées à la ville).</p>
<p>D’autre part, les villes ayant conservé cette politique l’ont souvent fait lorsque cette gratuité était « bon marché ». Dans une ville où les transports en commun sont (très) sous-utilisés, renoncer aux recettes de la billetterie représente un coût limité et présente l’avantage de réduire les coûts de vente et de contrôle des titres de transport. Ce phénomène s’observe régulièrement dans des villes de petite et moyenne taille. Tallinn est la seule grande ville qui a instauré et conservé cette mesure.</p>
<h2>Équité sociale</h2>
<p>Pour atteindre des objectifs d’équité sociale, il est nécessaire de traiter différemment des personnes aux profils différents. Une mesure de gratuité généralisée qui s’applique sans discrimination sur les besoins ou les revenus des bénéficiaires n’a clairement pas de propriétés redistributives satisfaisantes.</p>
<p>Pour rencontrer de tels objectifs, il est préférable de cibler les publics qui en ont besoin. Il pourrait s’agir de mesures de gratuité sous conditions de revenus, mais on peut aussi s’interroger sur l’intérêt d’offrir cet avantage plutôt que des revenus supplémentaires qui permettraient aux bénéficiaires de les affecter à leurs besoins primordiaux.</p>
<p>En résumé, les objectifs environnementaux nécessitent un report modal de la voiture vers les transports en commun, mais la gratuité n’aurait pas d’impact important sur ce report.</p>
<p>D’autres options permettraient d’atteindre cet objectif. On peut augmenter le coût direct d’utilisation de la voiture à l’aide de taxes ou de péages urbains.</p>
<h2>Cibler les populations</h2>
<p>Il est intéressant de remarquer qu’actuellement, les automobilistes ne supportent qu’une faible proportion des coûts externes qu’ils génèrent (entre 7 % et 25 % en ville, en fonction du type de carburant utilisé et du niveau d’urbanisation).</p>
<p>On peut aussi réduire l’espace qu’on accorde à la voiture dans les villes, améliorer les infrastructures de transport en commun, leur fréquence, le maillage du territoire, etc.</p>
<p>Une option pourrait être de mettre en place un <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/743891/bercy-plaide-a-nouveau-pour-le-peage-urbain/">péage urbain</a> qui servirait à financer des investissements dans de nouvelles lignes de transports en commun, un meilleur service et plus de confort.</p>
<p>La gratuité généralisée ne constitue pas une bonne mesure sociale : si on estime que la meilleure manière d’aider certaines populations passe par la gratuité des transports publics, il faut les cibler directement et exclusivement. La technologie permet facilement d’appliquer des tarifs différenciés en fonction de la situation socio-économique des bénéficiaires ciblés (chômeurs, étudiants, etc.).</p>
<p>Une mesure de gratuité uniforme pour les transports publics ne se justifie donc pas aujourd’hui, ni au nom d’objectifs environnementaux, ni au nom d’objectifs sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180893/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Quentin David était responsable du rapport réalisé pour le compte du LIEPP de Sciences Po qui a chargé par la Marie de Paris d'étudier les effets attendus de la gratuité des transports en commun à Paris sur la pression automobile en 2018.</span></em></p>Plusieurs candidats à la présidentielle proposent la gratuité des transports en commun. Mais cette mesure a un effet très limité sur la pression automobile.Quentin David, Professeur d'économie, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1792332022-03-21T20:07:30Z2022-03-21T20:07:30ZLes sons entendus dans l’œuf forgent la personnalité des oisillons<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/452793/original/file-20220317-15-bqqyib.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C59%2C5668%2C3700&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les sons entendus dans l'oeuf changement la réponse comportementale des cailleteaux.</span> <span class="attribution"><span class="source">Marion Charrier</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Prof, Atchoum, Dormeur, Grincheux, Joyeux, Timide, Simplet… Sept nains, sept personnalités différentes. Les animaux aussi montrent des différences comportementales entre individus, et il est aisé de qualifier son animal de compagnie de curieux, explorateur, peureux, timide ou encore social… Comprendre comment ces <a href="https://theconversation.com/individus-qui-etes-vous-105903">traits de personnalités</a> émergent au cours du développement est un enjeu actuel important pour identifier les mécanismes potentiels d’adaptation comportementale à des changements ou perturbations environnementales.</p>
<p>En effet, les comportements animaux se mettent en place non seulement sur la base du patrimoine génétique, mais aussi sous les <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.226.6766&rep=rep1&type=pdf">influences de l’environnement</a> dans lequel l’organisme grandit. Depuis les années 1960, les recherches se sont particulièrement intéressées aux effets de l’environnement social postnatal pour montrer que la <a href="https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.722.8381&rep=rep1&type=pdf">mère, par son comportement de soins</a>, jouait un rôle déterminant dans le développement comportemental, émotionnel et cognitif de ses jeunes, chez les primates comme chez d’autres mammifères (tels que les rongeurs).</p>
<p>Notre équipe de recherche travaille depuis plusieurs années sur ces questions de plasticité comportementale sous l’effet maternel chez l’oiseau, en montrant des effets analogues aux mammifères. Nous avons par exemple démontré que le comportement maternel chez la caille du Japon, une espèce proche des poules, est un trait de personnalité, c’est-à-dire que <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01021541/file/Pittet_et_al-2014-Accepted_version.pdf">chaque femelle avait sa propre conduite maternelle</a> qui se répète d’un maternage à l’autre. </p>
<p>De plus, le comportement maternel modifie le développement du comportement des jeunes. Par exemple, les femelles les plus émotives (qui ont tendance à avoir peur face à une situation nouvelle) sont plus distantes et négligentes, avec leurs jeunes. Jeunes qui deviennent <a href="https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.773.2401&rep=rep1&type=pdf">eux-mêmes plus émotifs à l’âge adulte</a>, et ce même s’ils ont été adoptés, donc sans lien génétique avec la mère. Ainsi, la mise en place de la personnalité de l’animal est fortement influencée par le comportement de la mère envers le jeune après l’éclosion, ce qui montre l’importance de la transmission culturelle par la mère, au-delà de la transmission génétique.</p>
<h2>La plasticité comportementale se met en place dès la vie embryonnaire</h2>
<p>Toutefois, la plasticité comportementale ne commence pas à l’éclosion ou la naissance, mais bien dès la conception, <em>in ovo</em> ou <em>in utero</em>. L’embryon dans son œuf n’est pas isolé de son environnement : il peut percevoir les informations lumineuses, olfactives ou encore sonores de son milieu, à des moments où ses systèmes sensoriels sont en train de se mettre en place. Les jeunes cailleteaux sont par exemple capables d’apprendre les cris de leur propre mère lors des derniers jours d’incubation, afin de pouvoir <a href="https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.651.9365&rep=rep1&type=pdf">l’identifier dès l’éclosion</a>.</p>
<p>Au sein du laboratoire CNRS d’éthologie animale et humaine de l’Université de Rennes 1 (et en collaboration étroite avec nos collègues de l’université de Caen, et de l’INRAe de Nouzilly-Tours), nous nous sommes ainsi interrogés sur les effets de l’exposition prénatale de sons dits « naturels » (à valeur biologique comme des cris de prédateurs) ou de sons dits « artificiels » (sons anthropiques sans valeur biologique). Nous avons pour cela posé l’hypothèse que la perception prénatale des sons (dans la mesure où l’exposition n’est pas excessive) aurait des effets bénéfiques en réponse aux sons naturels, et néfastes en réponse aux sons artificiels. En d’autres termes, notre étude cherche à comprendre comment des stimulations sonores naturelles ou artificielles peuvent influencer le futur comportement des jeunes.</p>
<p>Pour cela, des embryons de cailles ont été exposés soit à des cris d’épervier (prédateur potentiel), soit à des sons artificiels métalliques, alors que d’autres embryons étaient incubés en silence.</p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="5" data-image="" data-title="Sons naturels : cris d’épervier" data-size="49573" data-source="Sophie Lumineau" data-source-url="" data-license="Fourni par l'auteur" data-license-url="">
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Sons naturels : cris d’épervier.
<span class="attribution"><span class="source">Sophie Lumineau</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span><span class="download"><span>48,4 ko</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/2432/cri-depervier.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="3" data-image="" data-title="Sons artificiels : bruits métalliques" data-size="31680" data-source="Sophie Lumineau" data-source-url="" data-license="Fourni par l'auteur" data-license-url="">
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<div class="audio-player-caption">
Sons artificiels : bruits métalliques.
<span class="attribution"><span class="source">Sophie Lumineau</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span><span class="download"><span>30,9 ko</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/2433/bruits-metalliques.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<p>Dès l’éclosion, tous les cailleteaux ont été élevés en groupe social, dans les mêmes conditions d’élevage. Durant leurs trois premières semaines de vie, nous avons évalué leur réponse comportementale sur trois dimensions de la personnalité, grâce à de courts tests éthologiques (entre 5 et 10 minutes).</p>
<p>Tout d’abord, nous avons mesuré la réactivité émotionnelle des oiseaux, c’est-à-dire leur tendance à avoir peur. Tout d’abord, nous avons mesuré cette réactivité lors d’une réponse anti-prédatrice : les oiseaux « font le mort » en cas de danger, un comportement catatonique qui peut être induit expérimentalement en plaçant l’animal sur le dos délicatement et le relâchant après quelques secondes. L’animal reste alors dans cette posture dite d’immobilité tonique ; plus il la garde, plus il est considéré émotif. La seconde dimension de la peur que nous avons mesurée est la réponse de l’animal à un bruit nouveau soudain. </p>
<p>Nous avons aussi évalué leur comportement exploratoire face à la nouveauté (face à un objet ou à un environnement nouveau), révélateur d’une capacité d’adaptation en milieu changeant. Enfin, nous avons mesuré leur socialité via leur motivation sociale, qui est la tendance à vouloir rétablir un contact en cas de séparation sociale. Pour cela, nous avons mesuré leur réponse vocale (nombre de cris d’appel) lors d’une courte séparation, ainsi que leur rapidité à se déplacer pour rejoindre un groupe de jeunes.</p>
<h2>Les sons entendus dans l’œuf modifient les comportements des jeunes cailleteaux</h2>
<p>L’expérience acoustique prénatale vécue par les cailleteaux a modifié la réponse comportementale des jeunes. Par comparaison aux embryons incubés en silence, les embryons exposés à des cris de prédateurs ont développé une plus forte réponse anti-prédatrice spontanée (réponse d’immobilité tonique plus longue) ou face à des bruits soudains artificiels (plus de comportements de peur exprimés après la diffusion du son). Mais ils ont aussi développé une plus grande rapidité à explorer des environnements ou objets nouveaux (la latence d’exploration de l’objet nouveau, et la latence de déplacement dans l’environnement nouveau est réduite).</p>
<p>En résumé, les cailleteaux qui ont perçu les cris de prédateur dans l’incubateur se sont montrés plus émotifs en présence d’un danger, mais aussi plus curieux à explorer de la nouveauté.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une caille adtule en train de marcher sur du sable, avec de la verdure en arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=456&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=456&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=456&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/452794/original/file-20220317-17-dk428d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=574&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une caille du Japon adulte.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/killer119394/5125848446/">Ken Wong/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>Au contraire, les cailleteaux incubés avec les bruits artificiels n’ont pas développé des comportements émotionnels et explorateurs différents des cailleteaux incubés dans le silence. Par contre, ils ont développé une socialité différente. En effet, ils se sont montrés très réactifs lors d’une séparation sociale : ils ont poussé beaucoup plus de cris d’appel et ont rejoint plus rapidement leurs congénères, en comparaison aux cailleteaux incubés en silence ou avec des cris de prédateurs (chez qui ce comportement était similaire).</p>
<p>Ces <a href="https://journals.biologists.com/jeb/article-abstract/doi/10.1242/jeb.243175/274521/Impact-of-natural-and-artificial-prenatal">résultats</a> ont montré que, dès la vie prénatale, les stimulations environnementales contribuent à structurer la future personnalité des individus, et ceci différemment selon la nature de la stimulation. Ainsi, la perception <em>in ovo</em> de cris de prédateurs a rendu les jeunes plus réactifs face à un prédateur et plus audacieux en contexte nouveau, autrement dit des effets bénéfiques sur l’adaptation de l’animal à son milieu naturel. À l’inverse, la perception de bruits anthropiques artificiels les a rendus plus anxieux à l’isolement social, ce qui peut les freiner dans leur capacité à exploiter leur milieu.</p>
<p>Ces travaux contribuent ainsi à mieux comprendre l’influence de l’environnement prénatal sur les mécanismes d’adaptation postnatale, mais aussi les conséquences de la pollution sonore sur les populations animales. Ainsi, il est indispensable de continuer les recherches sur les mécanismes du développement comportemental dans deux contextes d’application possibles. Au niveau des programmes de conservation des espèces, il est nécessaire de mieux comprendre comment élever des animaux à des fins de réintroduction dès la phase prénatale. Enfin, à l’heure de l’Anthropocène, il devient crucial d’appréhender comment l’activité humaine (ici en termes de pollution sonore) peut perturber le comportement des animaux, et impacter leur survie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179233/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Lumineau a reçu des financements de l'université de Rennes, du CNRS, de l'université de Normandie et de l'Agence Nationale pour la Recherche.</span></em></p>Selon les sons qu’ils ont entendus dans l’œuf (cri naturel de prédateur ou son métallique d’origine humaine), les jeunes cailles montrent des différences de comportement.Sophie Lumineau, Enseignante-chercheuse, Université de Rennes 1 - Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1692112021-10-22T16:07:37Z2021-10-22T16:07:37ZL’automobile est toujours là, et encore pour longtemps<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/427556/original/file-20211020-15-orvug2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C3224%2C1822&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Porsches installées sur le rassemblement dominical du parking public des Moulins à Villeneuve d'Ascq, fin 2018.</span> <span class="attribution"><span class="source">Gaëtan Mougin</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Peut-on se passer de voiture ? À l’heure où certains candidats à l’élection présidentielle mobilisent de nouveau cet objet du quotidien dans leurs discours (sortir de la dépendance à l’automobile, augmenter la taxe au carburant ou au contraire la baisser, favoriser l’achat de voitures d’occasion, etc., etc.), les enquêtes ethnographiques montrent à quel point l’automobile occupe encore une place de choix dans notre quotidien.</p>
<p>Et comment pourrait-il en être autrement quand on sait qu’à partir du moment où l’on sort des grandes aires urbaines densifiées, elle s’impose de fait comme le moyen de transport le plus adapté. En réalité, l’automobile continuera encore longtemps à nous accompagner dans nos cheminements quotidiens et même dans nos parcours de vie ; d’autant plus qu’elle est à n’en pas douter autre chose qu’un simple moyen de transport pour certains (beaucoup ?) de nos contemporains.</p>
<p>Parce qu’on habite son automobile, qu’on lui parle, qu’on y passe des moments décisifs à jamais inscrits dans notre psyché, qu’on l’associe à des moments singuliers, il est possible, à partir d’entretiens de recherche patients, de rendre compte d’un attachement certain à cet objet épais de ce qu’on projette sur lui.</p>
<h2>Le premier espace habité pour beaucoup</h2>
<p>Cela est par exemple vrai pour les jeunes qui n’ont pas encore quitté le domicile familial, la voiture représente le <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-un_sociologue_au_volant_le_rapport_de_l_individu_a_sa_voiture_en_milieu_urbain_herve_marchal-9782360850532-43563.html">tout premier espace habité</a> qu’ils possèdent et qu’ils peuvent aménager à leur guise.</p>
<p>Elle signe une étape importante du processus qui consiste à devenir adulte, en s’aménageant des espaces et des moments qui échappent complètement à la surveillance parentale. Ce fut particulièrement le cas d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, Tony, qui vivait encore chez ses parents, et avec qui nous avons pris la route à <a href="https://hal-univ-bourgogne.archives-ouvertes.fr/hal-03286852/document">plusieurs reprises</a>. Son automobile disposait d’une multitude d’espaces destinés à accueillir des affaires personnelles.</p>
<p>Son coffre était compartimenté en différents espaces permettant de stocker ici des denrées alimentaires, là quelques vêtements, une petite glacière servait de bar à alcool à l’arrière gauche tandis que le siège arrière droit servait d’établi pour ses outils destinés au bricolage automobile. La boite à gants, enfin, accueillait un ensemble de petits effets très personnels suggérant que sa voiture devenait de temps à autre la scène d’activités intimes : on y trouvait notamment du tabac, des friandises et des préservatifs. Pour Tony, l’automobile est ainsi le seul espace qu’il maîtrise totalement, pour lequel il décide qui rentre ou non, et qui lui permet à la fois de voguer à son gré entre ses amis et différents lieux festifs ou de travail.</p>
<p>Si les trajets en voiture semblent relever, au premier abord, d’une ineptie en ville, il n’en reste pas moins qu’elle demeure généralement chez les plus jeunes le meilleur moyen de se déplacer au-dehors et pour de plus longs trajets. Moyen de transport populaire d’autrefois, le train devient de moins en moins accessible, notamment du fait que ses tarifs basés sur l’offre et la demande font exploser le coût de leurs trajets de début et fin de semaine.</p>
<p>Parallèlement, l’offre de covoiturage permet à la fois aux conducteurs de réduire le coût de leurs trajets et à leurs passagers d’accéder à leurs déplacements. En ce sens, le covoiturage présenté comme solution écologique participe sans aucun doute à intensifier les flux routiers voire, pour certain, des incitations à acquérir un véhicule.</p>
<h2>Une image viriliste</h2>
<p>Une fois cela dit, comment ne pas faire remarquer que le marketing automobile a réussi le tour de force de solidifier une image viriliste de cet objet technique tout en suivant le processus d’accès des <a href="https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2014-2-page-119.htm">femmes</a> à l’autonomie.</p>
<p>La voiture demeure en effet un outil privilégié de construction de l’identité masculine, notamment parce qu’elle confère aux jeunes hommes une autonomie qui devient un outil de séduction. Elle est aussi une manière de se mesurer aux autres hommes, par sa dimension socialement distinctive toujours intense, mais aussi au travers de confrontations de leur capacité à piloter.</p>
<p>L’observation des « runs », courses urbaines ayant généralement lieu la nuit, permet d’observer aussi bien des rivalités qu’une camaraderie masculine. Elle renvoie enfin aux hommes leur capacité à conduire leur famille, et ce dans toutes les <a href="https://blogterrain.hypotheses.org/17327">acceptions possibles</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/rrqhQbgtVfI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Publicité Audi.</span></figcaption>
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<p>D’ailleurs, soulignons dans cette veine combien les mondes de la collection et du loisir automobile révèlent particulièrement cette inclination masculine pour la passion : elle se transmet généralement de père en fils et les quelques femmes qui prennent part à ces activités ne cessent de rappeler leur spécificité d’être des « femmes dans un milieu d’hommes » (Sandrine, 45 ans, membre du Mustang Club de France) ou encore des « garçons manqués » (Sandra, 40 ans, passionnée de VW Coccinelle).</p>
<h2>L’espoir de « s’en sortir »</h2>
<p>Par ailleurs, il faut également noter que les populations les plus fragiles subissent une forte injonction à la mobilité pour l’accès à l’emploi, dans la mesure où l’acquisition d’une automobile, généralement d’occasion et à prix modeste, représente un espoir certain de « s’en sortir ». Avec la hausse des prix du foncier dans les centres urbains, les individus les moins bien dotés se trouvent bien souvent relégués dans les zones périurbaines ou rurales qui demeurent par ailleurs mal desservies par les transports collectifs.</p>
<p>En ce sens, les ménages qui ne possèdent pas d’automobile sont contraints à mettre en œuvre un ensemble de <a href="https://esprit.presse.fr/article/jacques-donzelot/la-ville-a-trois-vitesses-relegation-periurbanisation-gentrification-7903">stratégies d’accessibilité</a> ; (relocalisations résidentielles, utilisation des transports en commun, réduction spatiale des relations sociales et des accès aux services, aux commerces locaux et aux emplois…), stratégies se révèlant <a href="https://journals.openedition.org/cybergeo/26697">particulièrement coûteuses</a> en temps et en renoncements.</p>
<p>Être privé d’automobile peut être le privilège des franges supérieures urbaines, mais à l’autre bout du spectre, c’est vivre concrètement une dépossession matérielle propre à une <a href="https://journals.openedition.org/revss/6082">situation de déclassement social</a>. En ce sens, toute injonction à la transition écologique par l’abandon de l’automobile peut être vécue comme une écologie punitive, une violence sociale de la part des mieux dotés, volontiers renvoyés à leur centralisme parisien.</p>
<p>Il n’est d’ailleurs pas anodin de rappeler que c’est une augmentation du prix de l’essence qui a mis le feu aux poudres et a fait éclater la <a href="https://journals.openedition.org/lectures/44111">crise des « gilets jaunes »</a>. Loin de tout fétichisme, l’attachement à l’automobile relève avant tout ici d’une volonté de conserver espoir et dignité.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/427571/original/file-20211020-14-1u7cbk8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Photographie prise lors du rassemblement automobile des Moulins, Villeneuve d’Ascq, un dimanche de novembre 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gaëtan Mangin, blogterrain.hypotheses.org</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cela étant précisé, comment ne pas rappeler qu’en France, notamment, de plus en plus se dessinent les contours d’un urbanisme dual soucieux, d’une part, de rendre la tranquillité oubliée des centres-villes en limitant le plus possible la circulation, le stationnement et la vitesse des automobiles, et d’autre part, d’aménager l’espace (aires de stationnement, rocades, autoroutes…) en fonction de l’omniprésence de l’automobile dans la vie de celles et de ceux qui ne vivent pas au sein des villes-centre et qui peuvent consacrer, pour les plus modestes d’entre eux, jusqu’à 20 % de leur budget rien que pour le carburant. Car en campagne la chose est entendue, la voiture s’impose :</p>
<blockquote>
<p>« C’est toujours trop loin. Vous savez, sept kilomètres en parcours vallonné… En règle générale je vais me déplacer à pied pour faire des courses, on rentre à la maison avec un sac à dos plein de trucs, mais ça devient dur, dur, hein… Prendre la voiture, c’est vite fait […] le vélo, c’est bien en urbain et périurbain. Mais ici, dans la cambrousse… et pis vous savez, moi j’ai… de mon domicile à ici, c’est la départementale 977, vous avez des 35 tonnes toutes les trente secondes ! » (homme, 62 ans, chômeur de longue durée)</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>Cet article a été publié dans le prolongement d’une version plus longue publiée sur Carnets de Terrain – Le blog de la revue Terrain, <a href="https://blogterrain.hypotheses.org/17327">« Jouir de sa bagnole. L’automobile de collection comme soupape existentielle »</a> Gaëtan Magin effectue sa thèse sous la direction d’Hervé Marchal.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169211/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gaëtan Mangin est membre du LivingLab Territorial pour la Transition Sociale et Écologique hébergé par la Maison des Sciences de l'Homme de Dijon qui perçoit des financements de la part de la DREAL (ministère de la Transition écologique et solidaire et ministère de la Cohésion des territoires), du PUCA (Ministère de la Transition et Ministère de la culture) et de la Région Bourgogne Franche-Comté.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marchal a reçu des financements de Région Bourgogne-Franche-Comté. </span></em></p>Parce qu’on habite son automobile, qu’on lui parle, qu’on y passe des moments décisifs, il est possible de rendre compte d’un attachement certain à cet objet épais de ce qu’on projette sur lui.Gaëtan Mangin, Doctorant en sociologie, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)Hervé Marchal, Professeur des universités en sociologie, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1655042021-09-16T19:24:58Z2021-09-16T19:24:58ZLa « pollution sensorielle », qu’est-ce que c’est et comment la combattre ?<p>L’espèce humaine est un voisin bruyant qui laisse la lumière allumée toute la nuit et libère dans l’environnement de nombreuses substances chimiques odorantes. Même non toxiques, ces productions interfèrent avec les processus sensoriels et cognitifs qui permettent aux organismes de communiquer, d’exploiter leur milieu, ou d’éviter les prédateurs.</p>
<p>On qualifie ces atteintes aux écosystèmes de <a href="https://doi.org/10.1098/rsbl.2014.1051">« pollution sensorielle »</a> pour souligner qu’elles s’exercent par l’intermédiaire des sens et ont pour effet principal de modifier les comportements. La pollution sensorielle est très variée ; l’une de ses formes les plus connues concerne <a href="https://theconversation.com/comment-la-pollution-lumineuse-est-devenue-laffaire-de-tous-71724">l’éclairage nocturne des agglomérations</a> qui perturbe les cycles naturels d’alternance jour-nuit.</p>
<p>Comment cette pollution sensorielle agit-elle précisément sur la faune et la flore sauvages ? Que peut-on faire pour l’atténuer ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/421553/original/file-20210916-17-njyhsj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pollution lumineuse émise par la ville de Salt Lake City, aux États-Unis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/13447091@N00/291494637">Makelessnoise/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<h2>Des mécanismes sensoriels et cognitifs</h2>
<p>Quatre mécanismes entrent ici en jeu.</p>
<p>Il y a tout d’abord l’émission d’origine humaine (dite « anthropique »), reconnue à tort par l’animal comme un signal naturel et qui pourra tromper l’organisme.</p>
<p>Les libellules, par exemple, sont attirées par la <a href="https://doi.org/10.1890/080129">lumière polarisée</a> réfléchie par la surface de l’eau des mares dans laquelle elles pondent. Mais les surfaces artificielles lisses et sombres des carrosseries, routes goudronnées, façades en verre, films plastiques noirs utilisés en agriculture, ou panneaux solaires, polarisent aussi la lumière solaire et apparaissent comme autant de plans d’eau aux yeux des libellules. Beaucoup s’y arrêtent pour pondre et finissent par périr sans assurer leur descendance. La source de pollution agit ici comme un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A8ge_%C3%A9cologique">« piège écologique »</a> attirant les organismes vers un milieu de médiocre valeur.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1223201264563097601"}"></div></p>
<p>Le second mécanisme concerne des situations dans lesquelles des signaux naturels, comme la lumière des astres, sont utilisés par les animaux pour s’orienter lors de leurs déplacements migratoires ou pour changer d’habitat ; les sources artificielles de stimuli de même nature les désorientent. Les éclairages nocturnes fréquents sur les rivages perturberont ainsi la <a href="https://myfwc.com/research/wildlife/sea-turtles/threats/artificial-lighting/">recherche des sites de nidification chez les tortues marines</a> et gênent le retour vers la mer des jeunes après leur éclosion.</p>
<p>Le troisième mécanisme correspond à un « masquage » : c’est le cas lorsqu’une pollution sensorielle, d’intensité souvent plus forte que celle des signaux naturels, empêche leur perception. La lumière des grandes métropoles diffuse dans le ciel bien au-delà des zones habitées et occulte la vue des étoiles aux espèces migrant de nuit. Le bruit urbain, chronique, couvre les chants des oiseaux. Les <a href="https://doi.org/10.1007/s00265-020-02868-3">insectes chanteurs</a> eux-mêmes sont sensibles aux bruits d’origine humaine. Des odeurs répulsives peuvent dissuader un animal d’exploiter un habitat par ailleurs favorable.</p>
<p>Dernier mécanisme : la pollution sensorielle peut détourner l’attention de l’animal. Elle crée de l’accoutumance par sa constance et son intensité, et peut ainsi <a href="https://doi.org/10.1098/rsbl.2009.1081">réduire son niveau de vigilance</a> et son taux de réponse aux signaux de danger, par exemple la présence de prédateurs.</p>
<h2>Tous les milieux sont concernés</h2>
<p>La pollution sensorielle affecte tous les sens ; tous les milieux, qu’ils soient terrestres, d’eaux douces, <a href="https://theconversation.com/comment-gerer-le-probleme-du-bruit-marin-75275">ou marins</a>, sont touchés. Si la vision concerne en premier lieu les espèces nocturnes, nous avons vu que des sources de lumière polarisée trompent les insectes aquatiques diurnes ; les déchets plastiques flottant dans les océans sont confondus avec des proies. Les bruits intenses générés par les voies de circulation, terrestres ou maritimes, perturbent l’ouïe des organismes terrestres ou aquatiques.</p>
<p>Les <a href="http://www.set-revue.fr/la-biologie-de-la-conservation-doit-elle-prendre-en-compte-les-paysages-odorants">sens chimiques sont aussi très sollicités</a> par les émissions de composés organiques volatils d’origine anthropique (AVOCs) ou de composés organiques solubles dans l’eau.</p>
<p>Une forme de pollution sensorielle <a href="https://doi.org/10.1098/rsbl.2014.1051">peut aussi affecter un mode de communication relevant d’un autre sens</a> : l’émission de phéromone sexuelle par certains insectes est perturbée par les éclairages nocturnes. Certains polluants atmosphériques, comme l’ozone et les oxydes d’azote, perturbent la pollinisation en <a href="https://doi.org/10.1016/j.atmosenv.2016.07.002">détruisant les constituants des arômes floraux</a>.</p>
<p>La pollution olfactive se répand très facilement depuis les zones anthropisées où elle est produite vers des milieux moins atteints par l’artificialisation. Les perturbations peuvent affecter un territoire entier et modifier la totalité d’un paysage sensoriel comme dans le cas des paysages odorants, les <a href="https://doi.org/10.3389/fphys.2019.00972"><em>odorscapes</em></a>.</p>
<h2>De l’individu à l’écosystème tout entier</h2>
<p>La pollution sensorielle concerne tous les niveaux du vivant.</p>
<p>Chaque individu doit recueillir des informations dans son milieu pour s’y déplacer en sécurité, s’y orienter, ou identifier une source de nourriture. La bonne perception de ces informations est essentielle à sa survie. Des stimuli intenses sont une source de stress qui à moyen terme affecte son état physiologique. À l’échelle de l’espèce, la pollution sensorielle perturbe la rencontre des sexes, les comportements de cour et la reproduction.</p>
<p>Pendant leur période de nidification, les oiseaux sont ainsi très sensibles au dérangement et abandonnent le nid si leur environnement est trop perturbé.</p>
<p>Les organismes, de la simple bactérie au mammifère, sont en constante interaction les uns avec les autres, entretenant notamment des relations de mutualisme ou de symbiose. Pour cela l’information doit constamment circuler entre les niveaux de la chaîne alimentaire et la perturbation d’un seul niveau trophique a des <a href="https://www.cnrs.fr/fr/menace-sur-la-pollinisation-le-cote-obscur-de-la-lumiere-artificielle">effets en cascade</a> dans l’écosystème.</p>
<p>Enfin, la pollution sensorielle constitue une force de sélection qui agit sur la biodiversité. Les espèces les plus résilientes modifient la façon dont elles communiquent, en changeant par exemple l’intensité ou la fréquence de leurs productions sonores. Mais les espèces les moins tolérantes sont peu à peu éliminées. Au contraire, le développement d’espèces indésirables peut être favorisé. C’est une agression de plus qui frappe insidieusement des écosystèmes déjà fragilisés.</p>
<p>Notre propre cadre de vie peut être directement affecté par la confusion entre signaux écologiques et émissions anthropiques. Certaines attaques du frelon asiatique géant ont été attribuées à la proximité de la composition de produits cosmétiques <a href="https://doi.org/10.1038/424637a">avec sa phéromone d’alarme</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1146058128061976577"}"></div></p>
<h2>Le casse-tête de l’évaluation des impacts</h2>
<p>Éthologistes et écologistes ont conscience des effets insidieux de la pollution sensorielle et de nombreuses études ont été publiées sur des <a href="https://doi.org/10.1111/1365-2435.12774">invertébrés</a>, des <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.cobeha.2015.06.008">vertébrés</a>, ou des <a href="https://doi.org/10.4161/psb.6.7.15551">plantes</a>. Chez l’homme, la <a href="http://dx.doi.org/10.1289/EHP136.">pollution atmosphérique affecte l’olfaction</a>.</p>
<p>Mais nous sommes loin de tout comprendre.</p>
<p>Tout d’abord parce que chaque espèce a son propre univers sensoriel et ne réagit donc pas aux mêmes stimulations. Seules certaines longueurs d’onde du spectre, ou la gamme de molécules définissant l’olfactolome, passent le filtre des récepteurs sensoriels. Par conséquent il est assez compréhensible que règne un certain anthropocentrisme.</p>
<p>Nous sommes ainsi beaucoup plus sensibles aux effets du bruit généré par les transports, ou aux nuisances olfactives issues des élevages industriels ou des sites de traitement des déchets. La notion de mauvaises odeurs est pourtant toute relative si l’on se réfère aux préférences d’un insecte coprophage très intéressé par les odeurs fécales ! Ce que l’on désigne sous le nom de « valence » en psychophysiologie, c’est-à-dire la note positive ou négative accordée à un stimulus par l’animal, varie selon les espèces, ou même entre les individus.</p>
<p>L’évaluation des impacts est très complexe, car les effets sont peu visibles à court terme et la sensibilité varie entre les espèces et même les individus.</p>
<p>Il est certain qu’en matière d’atteintes à l’environnement nous hiérarchisons les actions en ciblant les formes de pollution provoquant des symptômes organiques bien visibles, voire la mortalité, chez un large spectre d’organismes. Mesurer le stress ou évaluer une gêne comportementale chez une espèce sauvage demeure difficile.</p>
<h2>Comment lutter contre ces nuisances lumineuses, sonores, chimiques ?</h2>
<p>Il est tout d’abord efficace de limiter le volume des émissions. On peut ainsi réduire l’intensité lumineuse des éclairages, utiliser des projecteurs directionnels, traiter les effluents, placer enfin des dispositifs antibruit.</p>
<p>Modifier la nature des émissions selon la sensibilité des organismes peut éliminer la nuisance. Changer la longueur d’onde d’un éclairage par exemple en diminue l’attractivité. <a href="https://theconversation.com/la-lutte-contre-la-pollution-lumineuse-sorganise-dans-les-territoires-78508">L’aménagement des territoires</a> doit être planifié de manière à ménager des zones préservées de pollution sensorielle comme cela est fait pour constituer les <a href="http://www.trameverteetbleue.fr/vie-tvb/groupe-echange-tvb/trame-noire">trames blanches et noires</a> en matière de pollution sonore et lumineuse. Cette ingénierie du paysage pourrait être généralisée à d’autres modalités comme l’olfaction.</p>
<p>Bien d’autres sources de pollution sensorielle à l’origine de comportements inadaptés restent encore à mieux identifier. Les <a href="https://theconversation.com/quand-les-anchois-confondent-le-plastique-avec-un-bon-repas-84081">résidus plastiques par exemple se chargent d’odeurs</a> qui les rendent appétants pour les petits ou gros prédateurs.</p>
<p>La pollution sensorielle reste difficile à évaluer et il est souvent nécessaire de changer de point de vue pour juger de l’impact d’une activité humaine sur une espèce dont l’univers sensoriel nous est étranger. Il faut donc encourager le développement de l’écologie sensorielle, de préférence sur le terrain, afin d’améliorer notre capacité à réaliser des diagnostics sensoriels des espaces naturels.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165504/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Renou a reçu des financements de l’ANR dans le cadre du projet projet Odorscape. </span></em></p>Bruit, lumière, substances chimiques. Les activités humaines sont particulièrement perturbatrices pour la faune et la flore sauvages.Michel Renou, Directeur de recherche en biologie des insectes, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1622162021-07-20T23:04:54Z2021-07-20T23:04:54ZÂge et perte d’audition : pourquoi il est important de réagir vite<p>La surdité est un des handicaps les plus répandus dans l’Hexagone : 7,6 millions de Français adultes déclarent souffrir de déficience auditive, soit 12,7 % des plus de 18 ans. À partir de 74 ans, cette proportion passe à 31 %, dont une grande partie relève de la presbyacousie.</p>
<p>Ce trouble auditif commence très tôt, dès 25 ans, mais devient généralement observable à partir de 55 ans. Or même si elle est inévitable, la perte d’audition liée à l’âge et ses conséquences peuvent être prévenues, compensées et prises en charge.</p>
<h2>Parlez plus fort, mais pas seulement…</h2>
<p>La presbyacousie est due à la dégradation de l’organe auditif, notamment de la cochlée, où sont situées les cellules sensorielles, mais aussi au niveau des voies et centres nerveux qui conduisent l’information auditive au cerveau. Le tympan et les osselets, qui transmettent mécaniquement l’onde sonore dans l’oreille interne, perdent par ailleurs leur souplesse et leur élasticité.</p>
<p>À côté des causes génétiques, le principal facteur de risque de survenue de la presbyacousie est l’exposition répétée à des traumatismes sonores. Sa prévention passe donc avant tout par la diminution de l’exposition à ces traumatismes, qu’elle soit professionnelle ou, et surtout, liée à l’usage des <a href="https://www.fondationpourlaudition.org/fr/ecoute-bien-et-depasse-pas-les-80-725">casques connectés à une source sonore</a>, en durée, en fréquence d’utilisation, et en intensité.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406991/original/file-20210617-13-1lfaaci.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=591&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Figure 2 : Coupe transversale de l’oreille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">JNA Association pour le développement de la santé auditive pour tous</span></span>
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<p>Survenant progressivement, la perte d’audition concerne principalement les sons aigus. La presbyacousie touche en effet principalement les cellules à l’œuvre dans la perception de ces sons. Ce faisant, elle altère la faculté à distinguer les différentes composantes sonores de la parole. Dans les environnements saturés en bruits parasites et agressifs, tenir une conversation devient difficile, parfois même impossible, car à la difficulté d’entendre s’ajoute celle de comprendre.</p>
<p>Paradoxalement, l’un des premiers signes de la presbyacousie est une hypersensibilité voire une intolérance aux environnements bruyants, et plus simplement aux bruits.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406989/original/file-20210617-12-1waqpg4.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Influence de l’âge sur le degré de perte auditive.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.cochlea.eu/">Cochlea</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Stratégies de compensation</h2>
<p>Les personnes presbyacousiques entendent mais ne comprennent pas. Chaque interaction est coûteuse en attention et en concentration, à tel point que le plaisir de la communication en pâtit. Pour éviter de faire répéter trop souvent ou de se retrouver rapidement dans l’incompréhension, elles ont tendance à user et abuser d’une stratégie de compensation qui consiste à conserver la parole.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/406995/original/file-20210617-24-125wfoe.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Localisation des phonèmes de la parole sur les courbes de pertes auditives.</span>
<span class="attribution"><span class="source">André Chays/CHU Reims</span></span>
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</figure>
<p>À force de malentendus et d’incompréhensions dans les échanges, les presbyacousiques manifestent parfois des comportements agressifs et finissent par s’isoler. La presbyacousie est également associée à la survenue de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5849471/">syndromes dépressifs</a>, de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3518403/">chutes</a> et à la perte d’autonomie.</p>
<p>De plus, les troubles de l’audition constituent un facteur de risque de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4024067/">maladie d’Alzheimer ou apparentée</a>. Des données récentes ont par ailleurs montré que le port d’un appareil auditif contribuerait à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7141203/">réduire le risque de déclin cognitif</a>.</p>
<h2>Dépistage, diagnostic, réhabilitation</h2>
<p>Il est important de dépister précocement une éventuelle perte d’audition sur les fréquences aiguës, avant que ne surviennent les premiers signes d’une gêne sociale. Actuellement, il est recommandé de consulter un oto-rhino-laryngologiste (ORL) en cas de perte d’audition, mais aucun dépistage systématique n’est préconisé.</p>
<p>Il existe toutefois des tests auditifs qu’il est possible de mettre en œuvre seul, via des applications ou en ligne. C’est par exemple le cas du <a href="https://www.fondationpourlaudition.org/fr/prevenir/hora-test-auditif-498">test Höra</a> de la Fondation pour l’audition, ou du <a href="https://784e5bb6-8289-4092-be36-5ee2799a4165.filesusr.com/ugd/da3d09_d28b3c28a7de4e069c4cfc8b7f8b7d80.pdf#page=31">Digit Triplet Test</a>. Néanmoins, à l’issue de ces autotests, une éventuelle suspicion ne se substituera pas à un diagnostic. Des examens complémentaires seront donc nécessaires. En effet, seul un ORL est habilité à poser un diagnostic de presbyacousie à partir d’une série d’examens spécifiques :</p>
<ul>
<li><p>un examen otoscopique, pour ausculter la partie externe et moyenne de l’oreille ;</p></li>
<li><p>une audiométrie tonale, pour mesurer la perception pure des sons ;</p></li>
<li><p>une audiométrie vocale, pour mesurer la compréhension de la parole.</p></li>
</ul>
<p>Ces examens ont pour objectif de confirmer le diagnostic de presbyacousie et d’éliminer les autres pathologies à l’origine d’une perte d’audition, telles que bouchon de cérumen, otite chronique, ou tumeur bénigne du nerf auditif par exemple. En fonction des résultats de ces examens, l’ORL peut alors recommander et prescrire un appareillage auditif.</p>
<p>Ledit appareillage sera mis en place par un audioprothésiste, qui opérera les différents réglages permettant un confort et une réhabilitation auditive optimum, et se charger du suivi. Il existe de nombreux appareils auditifs permettant de retrouver un niveau d’audition confortable. Dans cette démarche de réhabilitation, des séances d’orthophonie peuvent être prescrites.</p>
<p>Dans le cas des surdités profondes, lorsque certaines conditions sont rassemblées, la pose d’un <a href="https://www.fondationpourlaudition.org/fr/implant-cochleaire-540">implant cochléaire</a> peut être envisagée. Cet appareil convertit les sons environnants, captés par un micro, en signaux numériques (des impulsions électriques), lesquels stimulent directement le nerf auditif via des électrodes <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/fiche_bon_usage_implants_cochleaires.pdf#page=2">insérées dans la rampe tympanique de la cochlée</a>. Le cerveau les interprète alors comme des sons.</p>
<h2>Tabous et résistances tenaces</h2>
<p>On l’a vu, le bénéfice de la réhabilitation s’étend au-delà du simple gain d’audition. 82 % des personnes appareillées expriment une satisfaction quant aux apports de leurs aides auditives. Pourtant, seuls <a href="https://www.ehima.com/wp-content/uploads/2018/07/EuroTrak_2018_FRANCE.pdf">41 % de Français malentendants seraient appareillés</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2015/05/EuroTrak_2015_FRANCE_PARIS.pdf">principaux freins à l’appareillage</a> sont liés à la perception des troubles auditifs dans notre société – image négative du vieillissement, fonctions cognitives amoindries – ainsi qu’aux idées préconçues quant à l’efficacité des appareils auditifs et leur remboursement.</p>
<p>La situation pourrait toutefois évoluer : depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2021, la réforme « Reste à charge zéro » améliore l’accessibilité à un appareillage de qualité en permettant une prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie et les complémentaires santé ou par la complémentaire santé solidaire. À bon entendeur !</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été coécrit par André Chays, professeur d’oto-rhino-laryngologie à l’UFR de Médecine de Reims et membre du comité scientifique d’<a href="http://www.injs-paris.fr/page/infosens">Infosens</a> (réseau d’actions au service de l’inclusion des personnes sourdes ou malentendantes) et Frédéric Brossier, directeur adjoint projets « partenariats et innovations » d’Infosens.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162216/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anaïs Cloppet-Fontaine ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La perte d’audition liée à l’âge est inévitable, mais des solutions pour la prendre en charge existent. Les mettre en œuvre tôt est d’autant plus important que surdité et déclin cognitif sont liés.Anaïs Cloppet-Fontaine, Gériatre - Chef de projet à Gérond'if, porteur du DIM (domaine d'intérêt majeur) longévité et vieillissement labellisé par la Région Ile-de-France, Région Île-de-FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1612912021-06-07T19:58:32Z2021-06-07T19:58:32ZDe décibel en décibel, comment le bruit gêne-t-il les enfants en classe ?<p>Les enfants constituent une tranche de la population dont la santé (mentale et physique) est <a href="https://ec.europa.eu/environment/integration/research/newsalert/pdf/health_of_vulnerable_people_exposed_to_noise_under_researched_47si4_en.pdf">vulnérable</a> à la présence de bruit de fond. Omniprésent, le bruit entraîne une augmentation de la réponse physiologique au stress, une légère augmentation de la pression sanguine, et de l’irritabilité, entre autres.</p>
<p>Dans de nombreux pays, les agences de régulation sanitaire en prennent progressivement conscience, et recommandent de <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0008/136466/e94888.pdf">réduire le bruit</a> dans certains bâtiments sensibles, tels que les écoles.</p>
<p>Selon les organismes, les <a href="https://acousticstoday.org/wp-content/uploads/2018/09/Building-a-Sound-Future-for-Students-Considering-the-Acoustics-in-Occupied-Active-Classrooms-Laura-C.-Brill.pdf">recommandations</a> varient, mais se rejoignent sur deux chiffres. Le bruit de fond dans une classe inoccupée ne devrait pas dépasser 35 dB, ce qui correspond à l’intensité d’un chuchotement. Pendant des activités d’apprentissage, il ne devrait pas dépasser 50 dB, l’intensité d’une pluie dense.</p>
<p>Cependant, les mesures acoustiques indiquent une tout autre réalité. Les niveaux sonores dans les écoles sont constamment, et parfois largement, au-dessus des recommandations, avec des conséquences délétères pour le parcours scolaire des enfants.</p>
<h2>Mille et un bruits de fond</h2>
<p>Dans une école, les voix des enseignants et des enseignantes, la cloche de la récréation ou les discussions animées du réfectoire sont autant d’objets sonores qui émettent des ondes acoustiques qui se propagent dans l’air.</p>
<p>Tous ces sons arrivent ensemble, « mélangés » à l’oreille. Là, des cellules spécialisées transforment l’information acoustique en impulsions électriques. Ces impulsions remontent le long des voies auditives jusqu’au cortex, qui effectue le tri entre les sons pertinents et le bruit de fond. Ce phénomène est connu sous le terme <a href="http://recherche.ircam.fr/equipes/pcm/cheveign/pss/2002_hermes_v1ch5.pdf">d’analyse de la scène auditive</a>.</p>
<p>La capacité à percevoir la parole dans une salle de classe bruyante repose donc sur le bon fonctionnement des oreilles, certes, mais aussi sur la capacité cognitive à sélectionner le signal de parole pertinent, tout en ignorant le bruit de fond. Ce qui peut sembler anodin pour de jeunes adultes normo-entendants est en réalité beaucoup plus difficile pour les enfants.</p>
<p>Les voies auditives sont complètement fonctionnelles à partir de six mois après la naissance. Cependant, les capacités cognitives nécessaires pour une bonne perception de la parole dans le bruit continuent à se développer bien plus longtemps.</p>
<p>Les fonctions cognitives des enfants sont moins automatisées que celle des adultes, ce qui les rend plus sensibles aux perturbations. En particulier, les <a href="https://acousticstoday.org/wp-content/uploads/2019/03/Too-Young-for-the-Cocktail-Party-Lori-J.-Leibold.pdf">capacités attentionnelles</a> se développent lentement au fil de l’enfance et de l’adolescence. Elles permettent aux enfants de sélectionner le signal de parole cible, le suivre dans le temps, et ignorer les distracteurs.</p>
<h2>Distinguer le signal pertinent</h2>
<p>Certains bruits sont plus faciles à ignorer que d’autres. C’est le cas des bruits stationnaires : une ventilation, une cascade d’eau, un véhicule qui se déplace. De jeunes enfants de 5 ans ont besoin d’une différence d’intensité plus grande (5 dB au moins) que les adultes pour identifier avec la même acuité un signal de parole cible en présence d’un bruit stationnaire. Cette différence se réduit progressivement jusqu’à 11 ans, âge où la perception de la parole dans un bruit stationnaire semble mûre.</p>
<p>D’autres bruits de fond sont beaucoup plus difficiles à ignorer que le bruit stationnaire. C’est le cas du brouhaha constitué de locuteurs interférant qui bavardent entre eux, bien illustré dans un réfectoire d’école ou une salle de classe qui chahute.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1304347468222562305"}"></div></p>
<p>À intensité égale, un bruit de fond qui contient de la parole intelligible est toujours plus difficile à ignorer qu’un bruit stationnaire, même pour des adultes. C’est effet est bien illustré par la situation où, malgré nous, nous prêtons l'oreille à la conversation de nos voisins de table au restaurant. Le contenu de leur conversation attire automatiquement notre attention, et recrute nos ressources cognitives.</p>
<p>Il en va de même dans les salles de classe. Seulement, en présence de locuteurs interférents, les enfants restent souvent en difficulté pour comprendre le signal de parole pertinent et ignorer les bavardages concurrents, parfois même jusqu’à 16 ans.</p>
<h2>Difficultés d’apprentissage</h2>
<p>Pour apprendre à lire et à écrire, les enfants doivent intégrer la relation qui existe entre les lettres écrites et les sons qui leur correspondent. Dans des salles de classe trop bruyantes, l’intelligibilité des sons de parole est altérée par la présence du bruit de fond. Ceci peut compromettre l’acquisition de la correspondance entre les lettres et les sons de parole. Autrement dit, des niveaux de bruit de fond trop importants dans les écoles primaires entravent la bonne acquisition des compétences fondamentales.</p>
<p>De plus en plus de recherches sont menées sur les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2013.00578/full">conséquences</a> du bruit de fond sur la réussite scolaire. Les résultats convergent pour indiquer un effet particulièrement délétère du bruit au moins jusqu’en fin de primaire, sur des tâches aussi variées que le calcul mental, la génération d’idées nouvelles, la compréhension de consignes orales ou écrites.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quels-sont-les-effets-du-bruit-des-avions-sur-notre-sante-148219">Quels sont les effets du bruit des avions sur notre santé ?</a>
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<p>Dans une <a href="https://asa.scitation.org/doi/full/10.1121/1.2812596">large étude</a> menée dans des écoles primaires en Angleterre, la relation apparaît clairement : la performance académique est inversement proportionnelle au niveau de bruit dans les salles de classe. Ainsi, plus les salles de classe sont bruyantes, moins bonne est la performance académique des enfants qui y sont scolarisés.</p>
<p>Les conséquences délétères du bruit se marquent particulièrement chez certains enfants. Ainsi, nous avons montré que les enfants dyslexiques sont <a href="https://pubs.asha.org/doi/abs/10.1044/2016_JSLHR-H-15-0076">plus sensibles encore</a> à la présence de bruit de fond que leurs pairs de même âge.</p>
<p>Par ailleurs, les enfants malentendants ont besoin d’un rapport signal bruit 10 dB plus favorable que leurs pairs de même âge pour obtenir percevoir la parole avec la même acuité. Ils ne bénéficient pas d’indices acoustiques qui pourtant améliorent la performance des enfants normo-entendants.</p>
<h2>Recherches en cours</h2>
<p>En résumé, les enfants ont besoin de conditions d’écoute plus favorables que les adultes pour décoder et comprendre l’information auditive avec la même acuité. Cependant, la réalité des salles de classe est loin d'offrir ces conditions. Au contraire, la plupart du temps, les enfants réalisent leurs apprentissages dans des environnements bruyants, ce qui affecte leur performance scolaire.</p>
<p>Des recherches sont en cours pour déterminer exactement les facteurs qui contribuent au bon développement de la perception de la parole dans le bruit. À l’avenir, des entraînements auditifs pourraient protéger les enfants des effets délétères du bruit de fond, en leur apprenant à se focaliser sur le signal de parole cible et/ou à ignorer le bruit de fond.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mecanismes-de-lattention-les-comprendre-pour-mieux-apprendre-143661">Mécanismes de l’attention : les comprendre pour mieux apprendre</a>
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<p>Un défi majeur pour l’école de demain sera de limiter le bruit de fond dans les classes. Des solutions technologiques et acoustiques se développent, telles que la pose de double vitrage, l’utilisation de matériaux moins réverbérants, une meilleure direction du son dans les classes, ou l’utilisation d’un système FM pour les élèves les plus en difficulté. Ces différentes solutions montrent des bénéfices encourageants : diminution du stress, de l’irritabilité et de la distraction liée au bruit.</p>
<p>Au-delà du bien-être, une école moins bruyante aura un impact positif à long terme sur la réussite scolaire des enfants, particulièrement ceux qui rencontrent des difficultés auditives ou d’apprentissage.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161291/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Axelle Calcus ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plus les salles de classe sont bruyantes, moins les performances académiques des enfants sont bonnes. Explications.Axelle Calcus, Assistant lecturer, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1482192021-01-26T20:36:44Z2021-01-26T20:36:44ZQuels sont les effets du bruit des avions sur notre santé ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/380756/original/file-20210126-19-a9alud.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C1252%2C833&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/gjhrt4tIzwo">Dorian Hurst</a></span></figcaption></figure><p>Comme le révélait un <a href="https://www.bruit.fr/les-chiffres-du-bruit/les-francais-et-les-nuisances-sonores">sondage réalisé en 2010</a>, la moitié des Français considère le bruit des transports comme la principale source de nuisances sonores. Et d’après une <a href="https://www.ifsttar.fr/fileadmin/user_upload/editions/inrets/Recherches/Rapport_INRETS_R278.pdf">enquête de l’INRETS</a> (devenu l’IFSTTAR, puis l’Université Gustave Eiffel) remontant à 2005, ce sont 6,6 % des Français qui se déclarent gênés par le bruit des avions.</p>
<p>Dans un <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapports3?clef=492">avis datant de 2004</a>, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France estimait que ce bruit constitue un problème de santé publique, tant par la gêne qu’il induit que par ses effets sur le sommeil. Il fallait cependant disposer de davantage de données pour émettre des recommandations : telle est la raison d’être du programme de recherche Debats (<a href="http://debats-avions.ifsttar.fr/">Discussion sur les effets du bruit des aéronefs touchant la santé</a>).</p>
<p>Piloté par l’<a href="https://www.acnusa.fr/fr/">Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires</a>, confié à l’<a href="https://www.univ-gustave-eiffel.fr/recherche/nos-activites-partenariales/">Université Gustave Eiffel</a> et lancé en 2009, il nous a livré de nombreux résultats, dont certains viennent tout juste <a href="http://debats-avions.ifsttar.fr/images/Baudin_2021.pdf">d’être publiés</a>. Petit tour d’horizon des observations…</p>
<h2>Une enquête, trois approches</h2>
<p>Mis en place aux abords de trois grands aéroports français (Paris-Charles-de-Gaulle, Lyon-Saint-Exupéry et Toulouse-Blagnac), Debats vise à mieux quantifier les effets du bruit des avions sur la santé physique et mentale des riverains. Et l’on y trouve trois volets complémentaires :</p>
<ul>
<li><p>une étude dite écologique examinant, dans des localités situées près des aéroports, les liens entre le niveau moyen d’exposition au bruit des avions et différents indicateurs de santé, à l’échelle des communes concernées ;</p></li>
<li><p>une étude individuelle et longitudinale s’intéressant aux effets physiologiques et physiopathologiques du bruit des avions, en suivant pendant quatre ans un peu plus d’un millier de riverains ;</p></li>
<li><p>une étude clinique, au sens d’une étude statistique d’ampleur limitée, menée auprès d’un sous-échantillon d’un peu plus d’une centaine de riverains, et caractérisant plus finement les effets du bruit des avions sur la qualité du sommeil.</p></li>
</ul>
<h2>Plus de décès liés aux maladies cardiovasculaires</h2>
<p>La première de ces études dites écologique a été réalisée sur 161 communes : 108 autour de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, 22 aux abords de Toulouse-Blagnac et 31 dans les environs de Lyon-Saint-Exupéry. Elle a utilisé pour chacune d’elles les données de mortalité transmises par le <a href="https://www.cepidc.inserm.fr/">Centre épidémiologique des causes médicales de décès de l’Inserm</a> sur la période 2007-</p>
<p>2010, et les cartes de bruit produites par Aéroports de Paris et la Direction générale de l’aviation civile (respectivement en 2008, 2004 et 2003 pour les trois aéroports).</p>
<p><a href="http://debats-avions.ifsttar.fr/images/Post-print_Evrard_ERS2016.pdf">D’après ses résultats</a>, et après prise en compte des facteurs de confusion (âge, sexe, densité de la population, pollution de l’air…), une augmentation de l’exposition au bruit des avions de <a href="https://www.bruitparif.fr/l-echelle-des-decibels">10 décibels (dB(A)</a>) est associée à un risque de mortalité plus élevé de 18 % pour l’ensemble des maladies cardiovasculaires, de 24 % pour les seules maladies cardiaques ischémiques et de 28 % pour les seuls infarctus du myocarde. Mais aucun lien significatif n’a été trouvé avec les accidents vasculaires cérébraux.</p>
<p>Si elles confirment les résultats d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20881600/">études</a> <a href="https://www.bmj.com/content/347/bmj.f5432">antérieures</a>, ces données ne permettent pas de conclure sur un quelconque effet au niveau individuel : c’est pourquoi ont été mises en place deux autres études individuelles, l’une portant sur le suivi de riverains pendant quatre ans, l’autre s’intéressant à la qualité du sommeil d’un petit échantillon d’individus.</p>
<h2>Un état de santé affecté</h2>
<p>Après tirage au sort via l’annuaire téléphonique dans les grandes zones de bruit définies autour des trois aéroports, quelque 1244 riverains âgés de plus de 18 ans ont été inclus dans l’étude longitudinale en 2013, 992 d’entre eux ont participé au suivi en 2015, et 811 ont été revus en 2017.</p>
<p>Interrogés à domicile par un enquêteur de l’Université Gustave Eiffel sur leur mode de vie, leur état de santé (auto-évaluation), leurs éventuels problèmes psychologiques, leur gêne due au bruit des avions, la qualité de leur sommeil ou encore leur santé cardiovasculaire, ces participants ont aussi fait l’objet de mesures de paramètres physiologiques (pression artérielle, fréquence cardiaque et concentration de cortisol salivaire). Qu’a-t-on constaté ?</p>
<p>Après avoir pris en compte les potentiels facteurs de confusion (c’est-à-dire des facteurs qui peuvent entraîner des erreurs sur l’intensité de l’association entre exposition et événement de santé étudié), et sur les seules données collectées en 2013 pour l’instant, il a été noté qu’une augmentation du niveau de bruit de 10 dB(A) est associée à :</p>
<ul>
<li><p>un risque de « dégradation de l’état de santé perçu » <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-020-10138-0">augmenté de 55 % chez les hommes</a> (mais pas chez les femmes, où aucune association significative n’a été mise en évidence) ;</p></li>
<li><p>une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020320134">« gêne » plus importante</a> que ne le prévoit l’ancienne <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1240282/">courbe de référence européenne</a>, mais plus faible qu’attendu avec celle <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29292769/">fournie par le modèle de l’OMS</a> et reprise par l’Union européenne en 2020. Cette gêne dépend de nombreux autres facteurs que le bruit lui-même (âge, attentes en matière de pollution atmosphérique et sonore, sensibilité au bruit, peur d’un accident d’avion, etc.) ;</p></li>
<li><p>un risque de dormir <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29172716/">moins de six heures par nuit accru de 60 %</a>, quand celui d’être fatigué le matin au réveil est augmenté de 20 % ;</p></li>
<li><p>un <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02349726/document">risque de stress chronique</a>, qui se traduit par une diminution de la variation horaire du cortisol de 15 % et une augmentation de son niveau au coucher de 16 % – aucun effet significatif sur les concentrations de cortisol n’ayant été noté au lever ;</p></li>
<li><p>un <a href="http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2018/18/2018_18_2.html">risque d’hypertension artérielle accru de 34 %</a> chez les hommes (mais pas chez les femmes, où aucune association significative n’a été mise en évidence), modéré sans surprise par l’âge et l’IMC (indice de masse corporelle) ;</p></li>
<li><p>enfin, les troubles psychiques ne sont pas induits par le bruit des avions mais par la gêne due au bruit des avions : nous avons observé que le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6121613/">risque de détresse psychologique est accru de 80 %</a> chez les participants pour qui il y a une légère gêne, et multiplié par quatre chez ceux que cela dérange fortement, par rapport à ceux que cela ne dérange pas.</p></li>
</ul>
<h2>Des troubles du sommeil objectivés</h2>
<p>À la fin des entretiens menés à domicile, les enquêteurs demandaient aux riverains s’ils acceptaient de participer à une seconde étude, centrée sur leur sommeil et requérant l’installation de plusieurs instruments de mesure. Au total, 112 personnes ont accepté, dont 79 ont été suivis en 2015, et 62 en 2017.</p>
<p>En complément des données recueillies dans le cadre de l’étude individuelle longitudinale, nous avons réalisé chez eux : des mesures acoustiques à l’intérieur et à l’extérieur de la chambre à coucher pendant sept jours ; des mesures actimétriques durant les sept nuits et des enregistrements du rythme cardiaque durant une nuit ; une mesure acoustique d’exposition individuelle en continu sur 24 heures.</p>
<p>Cette instrumentation a permis de noter, en lien avec une augmentation du niveau de bruit des avions de 10 dB(A) et/ou de dix événements de bruits d’avions :</p>
<ul>
<li><p>un risque de dormir moins de six heures par nuit (court sommeil) accru de 10 à 80 %, et de passer plus de neuf heures au lit (mécanisme d’adaptation à la privation de sommeil) augmenté de 10 à 60 % ;</p></li>
<li><p>un risque d’insomnie d’endormissement (plus de trente minutes nécessaires pour sombrer dans le sommeil) accru de 10 à 30 % ;</p></li>
<li><p>un risque d’insomnie de maintien de sommeil (au total plus de trente minutes d’éveils dans le temps de sommeil) augmenté de 10 à 30 % ;</p></li>
<li><p>enfin, une augmentation d’amplitude de la fréquence cardiaque (de 0,34 battement par minute) lors du passage d’un avion faisant monter de 10 dB(A) le niveau de bruit.</p></li>
</ul>
<h2>Des conclusions renforcées</h2>
<p>Pour l’heure, seuls les résultats des analyses des données individuelles collectées en 2013 ont fait l’objet de publications scientifiques – ceux basés sur les données recueillies en 2015 et 2017 et sur l’ensemble des données restant encore confidentiels jusqu’à leur publication dans des revues internationales. Force est de constater, toutefois, que les premières données de Debats confirment ce qui a d’ores et déjà été observé par d’autres équipes de recherche à l’étranger.</p>
<p>Les résultats renforcent notamment les conclusions de la plus importante étude menée à ce jour et portant sur les effets (hypertension artérielle et maladies cardiovasculaires) du bruit généré par le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2265027/#:%7E:text=Hypertension%20is%20an%20important%20independent,the%20burden%20of%20cardiovascular%20disease.">trafic aérien et la circulation routière à proximité de six grands aéroports européens</a> (à Milan, Berlin, Stockholm, Londres, Amsterdam et Athènes).</p>
<p>Enfin, en améliorant la connaissance de la situation sanitaire française, Debats devrait permettre de répondre à la demande des riverains de grands aéroports et d’évaluer les potentiels bénéfices de mesures de réduction des nuisances sonores.</p>
<hr>
<p><em>Remerciements à l’Anses, l’Acnusa, la DGAC, la DGPR, la DGS et l’Université Gustave Eiffel qui ont financé Debats, ainsi qu’à Marie Lefèvre, Clémence Baudin (IRSN), Ali-Mohamed Nassur (Action contre la faim), Liacine Bouaoun (IARC), Bruitparif, Marie-Christine Carlier (HCL), Patricia Champelovier (Univ Eiffel), Lise Giorgis-Allemand (Univ Eiffel), Aboud Kourieh (Univ Eiffel), Jacques Lambert et Damien Léger (Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel Dieu) pour leur collaboration.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148219/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>DEBATS a été financé par des subventions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa), la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), la Direction générale de la santé (DGS) et l'Université Gustave Eiffel.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bernard Laumon a reçu des financements tels qu'évoqués par Anne-Sophie Evrard</span></em></p>A trois reprises, en 2013, 2015 et 2017, des chercheurs ont analysé les données de santé des riverains de trois aéroports français majeurs. Quels constats en ont-ils tirés ?Anne-Sophie Evrard, Chargée de recherche en épidémiologie, Université Gustave EiffelBernard Laumon, Directeur de recherche émérite, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1524762021-01-03T16:09:59Z2021-01-03T16:09:59ZPourquoi les deux-roues motorisés devraient payer leur stationnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/376517/original/file-20201223-13-11pohro.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=127%2C107%2C4186%2C2786&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si les usagers motorisés veulent utiliser des portions d’espace public à leur seul profit, il est normal qu’ils en dédommagent la collectivité</span> <span class="attribution"><span class="source">Nolwenn Jaumouillé</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Conformément <a href="https://www.institutmontaigne.org/municipales-2020/paris/david-belliard/mettre-en-place-le-stationnement-payant-pour-les-deux-roues-motorises-sous-un-format-forfaitaire">aux promesses de campagne des municipales</a>, la ville de Paris a l’intention de <a href="https://www.leparisien.fr/paris-75/parisiens-attention-les-taxes-vont-augmenter-15-11-2020-8408524.php">rendre payant le stationnement</a> des motos, scooters et cyclomoteurs (les vélos à assistance électrique et les trottinettes électriques ne sont pas concernés).</p>
<p>L’objectif <a href="https://www.leparisien.fr/politique/anne-hidalgo-fixe-le-cap-pour-paris-ce-nouveau-mandat-sera-celui-de-la-vegetalisation-22-07-2020-8357289.php">selon la maire Anne Hidalgo</a> est de mettre fin à « cette exception qui consistait à ne pas faire payer aux motards leur stationnement », d’éviter que les deux roues stationnent « n’importe comment sur les trottoirs », et de réduire « le bruit et la pollution ». </p>
<p>Pour la FFMC (Fédération française des motards en colère) de Paris et Petite Couronne, cette mesure relève tout simplement du « racket », alors que – c’est son principal argument – « le 2RM est une des solutions à la fluidité du trafic de <a href="https://www.ffmc75.net/">par son faible encombrement en circulation</a> ». Pour y voir plus clair, prenons un peu de recul et rentrons dans quelques détails.</p>
<h2>L’encadrement du stationnement des voitures</h2>
<p>Les Parisiens les plus âgés s’en souviennent : dans les années 1950-1960, tous les espaces publics étaient envahis de voitures. Paris était devenue un <a href="https://www.unjourdeplusaparis.com/paris-insolite/photos-paris-parking-a-ciel-ouvert">gigantesque parking à ciel ouvert</a>. Un phénomène désormais oublié grâce à la pose d’une <a href="https://www.leparisien.fr/paris-75/ces-tres-chers-potelets-18-05-2009-516746.php">armée de potelets</a> qui protège le moindre espace public dans la capitale. Ces petits poteaux, assez disgracieux, sont gênants et même dangereux pour les personnes à mobilité réduite mais c’est un moindre mal, estime-t-on.</p>
<p>Que sont devenues toutes ces voitures ? Des centaines de parkings souterrains ont été construits et toutes les places de stationnement automobiles en surface sont devenues progressivement payantes (à un tarif d’ailleurs bien moindre qu’à Londres ou New York). Depuis les années 1990, la droite parisienne alors au pouvoir a entamé une politique de modération de la circulation automobile, poursuivie ensuite par la gauche, réduisant peu à peu de moitié le trafic, comme le révèlent les <a href="http://www.omnil.fr/spip.php?article145">bilans annuels de déplacement à Paris</a>. Les besoins de stationnement ont presque autant régressé et de nombreux parkings <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/evolution-stationnement-usages-espace-public">se trouvent désormais désertés</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/376449/original/file-20201222-21-kyfwfp.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Place Vendôme en 1965.</span>
<span class="attribution"><span class="source">unjourdeplusaparis.com</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Depuis quelque temps, les deux-roues motorisés ont à leur tour envahi les espaces publics, se jouant des potelets et profitant paradoxalement de l’abaissement des bordures au droit des passages piétons prévu pour faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite. Les espaces publics sont redevenus un vaste parking, mais cette fois pour les deux-roues.</p>
<h2>L’espace public, un bien commun</h2>
<p>Dans une logique purement fonctionnaliste, un trottoir ou une place ne sert qu’aux déplacements des piétons. Avec une conception aussi étroite, les deux-roues motorisés sont en droit de considérer qu’ils peuvent stationner partout, pourvu qu’un couloir de circulation suffisant soit laissé aux piétons.</p>
<p>En fait, un espace public a des usages bien plus larges : flâner, courir, admirer le paysage, discuter, se reposer, respirer, se prélasser à une terrasse, jardiner au pied des arbres ou même jouer pour les enfants. Tous ces usages très variés favorisent les rencontres et le respect des différences, <a href="https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_2004_num_151_1_3877">c’est-à-dire l’urbanité</a> et finalement la démocratie. Ne laisser aux piétons qu’un étroit couloir, c’est ne pas comprendre ce qui fait l’essence d’une ville et de la vie en société.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/376450/original/file-20201222-15-881mgc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Motos stationnées anarchiquement sur un terre-plein à Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Héran</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=805&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=805&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=805&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1012&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1012&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/376451/original/file-20201222-19-1h2f6w8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1012&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Moto stationnée sur un trottoir à Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Héran</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ajoutons enfin que les espaces publics ne sont pas gratuits pour la collectivité. C’est un patrimoine qu’il faut créer, aménager, éclairer, nettoyer, entretenir, embellir, surveiller et rénover. Certes, mais les impôts sont faits pour cela, alors pourquoi payer le stationnement ? Parce que ces espaces doivent servir à tout le monde et non pas seulement à quelques-uns. Si les usagers motorisés – automobilistes, motards ou scootéristes – veulent les utiliser à leur seul profit, il est normal qu’ils en dédommagent la collectivité, comme le font les commerçants ou les restaurateurs qui payent une <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/435133/comment-fixer-la-redevance-doccupation-du-domaine-public/">redevance d’occupation du domaine public</a> pour leurs étals ou leurs terrasses.</p>
<h2>Dangers et nuisances des deux-roues</h2>
<p>Outre la place qu’ils occupent, les deux-roues motorisés sont particulièrement bruyants, sans qu’aucun contrôle ou presque n’y mette bon ordre. Le fond sonore de Paris est dominé par leurs vrombissements. Pas une heure où l’on entende hurler le moteur d’un gros cube accélérant à plein régime. Des radars antibruit, en cours d’expérimentation, devraient bientôt le démontrer (<a href="https://www.ge.ch/document/experience-pilote-radar-anti-bruit-efficace-traquer-exces-sonores-du-trafic">comme vient de le faire Genève</a>). Pourtant, un deux-roues peu puissant et bien réglé n’émet pas plus de bruit qu’une voiture et moins encore pour un deux-roues électrique.</p>
<p>Ces véhicules présentent également de nombreux risques, pour leurs utilisateurs comme pour les autres usagers de la rue. À Paris, chaque année, ils sont impliqués dans plus de la moitié des accidents (<a href="https://www.temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/docs/Temis/0033/Temis-0033289/8724_2018.pdf">58 % en 2018 dernière année connue</a>), alors qu’ils ne représentent qu’environ 15 % du trafic de surface, hors piétons. Leurs conducteurs ont ainsi 40 fois plus de risque d’être gravement accidentés qu’un automobiliste. Ce bilan dramatique est principalement dû à des vitesses pratiquées excessives et aux nombreuses infractions commises. Soulignons là encore que certains usagers sont tout à fait prudents.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1040481503963238400"}"></div></p>
<p>Les 2RM sont également des véhicules qui génèrent beaucoup de pollution, surtout les plus puissants. Les mesures réalisées, en 2019, par l’<a href="https://theicct.org/">International council on clean transportation</a> (ICCT) à Paris sur les émissions à la sortie des pots d’échappement confirment que les motos et scooters émettent jusqu’à <a href="https://theicct.org/sites/default/files/TRUE%202.%20Paris%20L-cat%20Fact%20Sheet%20FR%20WEB%209.9.19.pdf">6 fois plus d’oxydes d’azote</a> et 11 fois plus d’oxydes de carbone que les voitures essence les plus récentes. De nombreux engins – heureusement pas tous – sont en effet modifiés et les contrôles restent très rares.</p>
<p>Au regard de ce bilan peu reluisant, il faut bien admettre qu’en ville dense, les deux-roues motorisés constitue <a href="https://www.cairn.info/revue-transports-urbains-2017-2-page-14.htm">plus un problème qu’une solution</a>, au même titre que la voiture. Il convient toutefois de nuancer ce résultat selon le type de deux-roues. Les 125 cm<sup>3</sup> récents, respectant les <a href="https://www.speedway.fr/pages/10-blog/15-reglementation/532-normes-euro-motos.html">normes Euro 4 ou 5</a>, posent moins de problèmes que les gros cubes surpuissants ou que les 50 cm<sup>3</sup> bruyants et polluants.</p>
<p>Tout bien pesé, il apparaît légitime de tarifer le stationnement des deux-roues motorisés. D’abord pour les traiter à égalité avec les voitures, puis pour libérer les espaces publics qu’ils encombrent et enfin pour réduire leurs nuisances.</p>
<h2>Le bilan très encourageant du stationnement payant</h2>
<p>Plusieurs grandes villes dans le monde tarifent déjà le stationnement des 2RM : notamment Tokyo, Taipei, New York, San Francisco ou Londres dans le quartier de Westminster. En France, c’est aussi le <a href="https://www.vincennes.fr/cadre-de-vie/circuler-et-stationner/stationnement">cas de Vincennes</a> et <a href="https://www.charenton.fr/environnement/stationnement_deuxRoues.php">Charenton-le-Pont</a>, depuis avril 2018. Paris peut donc profiter de l’expérience accumulée par ces pionniers.</p>
<p>Dans les deux villes limitrophes de Paris, le tarif a été fixé au tiers de celui d’une place pour voiture : un effort demandé qui demeure modéré. Et les objectifs ont été <a href="https://www.cairn.info/revue-transports-urbains-2019-2-page-28.htm">parfaitement atteints</a>. Les piétons peuvent à nouveau déambuler librement sur les trottoirs et le nombre de deux-roues stationnés sur la voie publique a fondu. Plutôt que de stationner n’importe où, les usagers se souviennent soudain qu’ils disposent d’un garage à leur domicile, d’une place sur leur lieu de travail ou d’un parking souterrain à proximité – ou à défaut d’une place bien délimitée dans la rue. Les deux-roues ventouses, servant peu ou quasi abandonnés, ont également disparu.</p>
<p>Résultat, dans l’hypercentre de ces deux communes, le nombre de 2RM stationnés a fortement diminué (des comptages précis avant/après n’ont cependant pas été effectués). Nul doute qu’il en sera de même à Paris. Malgré les 50 000 places disponibles, il manque encore des places en surface, mais les deux-roues ventouses disparaîtront et il sera facile de créer de nouveaux emplacements dans les parkings souterrains sous-utilisés.</p>
<p>Bien qu’elle ne soit jamais populaire, une tarification modérée a l’avantage de rendre tout le monde plus raisonnable et d’éviter les excès.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152476/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Héran ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tout comme les voitures, il serait légitime que les deux-roues paient pour la place qu’ils monopolisent dans l’espace public. Cela mettrait fin à l’anarchie qui règne sur les trottoirs de la capitale.Frédéric Héran, Économiste et urbaniste, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1340732020-03-24T19:19:12Z2020-03-24T19:19:12ZDans le silence du virus : quels effets sur les êtres vivants ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/321723/original/file-20200319-22606-1bq2zny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C129%2C2270%2C1423&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un troglodyte mignon en pleine discussion. </span> <span class="attribution"><span class="source">Aurelien Audevard</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le confinement de l’épidémie de Covid-19 réduit nos activités, notamment nos déplacements motorisés. Voitures, deux-roues, trains, bateaux et avions s’effacent de notre paysage pour un temps.</p>
<p>Ainsi <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/beaucoup-moins-de-bruit-en-ile-de-france-depuis-le-debut-du-confinement_3880759.html">s’amenuise</a> le <a href="http://www.acoucite.org/impact-covid-19-sur-lenvironnement-sonore/">bruit</a> de notre société agitée et revient le chant printanier des oiseaux amoureux. Il suffit d’ouvrir ses fenêtres pour s’apercevoir que le silence est revenu et que s’entend la nature.</p>
<p>Mais qu’est-ce que le silence ? Et quelle place tient-il dans la vie des animaux et dans les paysages naturels ? Que nous révèle aujourd’hui cette éclipse sonore ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1242066061937139713"}"></div></p>
<h2>La réalité acoustique du silence</h2>
<p>Le silence est multiple – à la fois individuel et intérieur, collectif et extérieur – et circonstanciel puisqu’il est social, familial, musical, professionnel, spirituel, radiophonique, électronique.</p>
<p>En acoustique, le silence correspond à l’absence de sons perceptibles par l’être humain. Le seuil de perception de notre oreille, quoique variable d’un individu à l’autre, est défini comme l’absence de variations autour d’une pression atmosphérique de 0,00002 Pascal ; le Pascal étant l’unité de mesure de la pression des gaz. Le niveau de pression acoustique au-delà de cette référence est mesuré en dB. Une valeur de 80 dB correspond à l’intensité sonore d’une rue à forte circulation.</p>
<p>Selon l’acoustique, le silence « vrai » se situe donc à 0 dB. Il est possible d’atteindre ce niveau dans une pièce totalement insonorisée, mais il est impossible de percevoir le silence absolu car il est immédiatement interrompu par notre corps, nos mouvements respiratoires, nos battements cardiaques.</p>
<p>La quête du silence absolu est ainsi perdue d’avance. Pour autant, le silence existe bien si l’on sort de cette définition strictement acoustique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/JTEFKFiXSx4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Silence musical : la pièce 4’33’ » créée par le compositeur John Cage. (Joel Hochberg/Youtube).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Le brouillage du bruit</h2>
<p>Pour définir le silence, on peut aussi aller voir du côté de son antimatière, le bruit.</p>
<p>Le bruit correspond à un son qui n’a pas de structure temporelle ou fréquentielle. C’est un phénomène désordonné, comme l’image neigeuse des anciens écrans de télévision. Le bruit est aussi un son qui ne porte pas d’information – il n’est pas intéressant. Un discours dans une langue inconnue de l’auditeur peut vite s’apparenter à du bruit.</p>
<p>Il peut également s’agir d’un son gênant qui perturbe la réception et la compréhension d’une information codée par un son intelligible – appelé « signal » ; le bruit est ainsi l’ennemi du signal. Si votre voisin parle en même temps que vous, il brouille votre signal. Le bruit, c’est aussi les autres.</p>
<p>Si nous détruisons le bruit et les signaux, nous avançons vers le silence. Il ne s’agit pas d’un silence absolu, mais d’une forme de flottement acoustique. Le silence n’est donc pas le néant – ce 0 dB défini par les acousticiens – mais plutôt une absence de bruit permettant d’atteindre un sentiment de tranquillité acoustique ; c’est notamment ce que l’on ressent dans les paysages sonores naturels.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/321991/original/file-20200320-22598-14hu09.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La forêt hivernale du Risoux dans le Parc naturel du Haut-Jura.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Sèbe/Université Jean‑Monnet Saint-Étienne pour ear.cnrs.fr</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="60" data-image="" data-title="Instant de silence naturel (forêt du Risoux, Haut-Jura 2018). Captation Frédéric Sèbe." data-size="1323850" data-source="Frédéric Sèbe/Université Jean‑Monnet Saint-Étienne pour ear.cnrs.fr" data-source-url="" data-license="" data-license-url="">
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</audio>
<div class="audio-player-caption">
Instant de silence naturel (forêt du Risoux, Haut-Jura 2018). Captation Frédéric Sèbe.
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Sèbe/Université Jean‑Monnet Saint-Étienne pour ear.cnrs.fr</span><span class="download"><span>1,26 Mo</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/1911/zoom0012-lr-sel-frederic-sebe.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<h2>Et le virus tua le bruit</h2>
<p>Les paysages sonores peuvent être divisés en trois grandes catégories : la biophonie (ensemble des sons dus aux êtres vivants, à l’image du chant des oiseaux) ; la géophonie (ensemble des sons venant d’éléments naturels non vivants, comme le tonnerre ou la pluie) ; l’anthropophonie (ensemble des sons liés aux activités humaines).</p>
<p>Depuis quelques jours, la biophonie semble avoir pris le pas sur l’anthropophonie.</p>
<p>Le confinement lié au Covid-19 réduit le bruit de notre société, nous conduisant vers une forme de silence inattendu. L’immobilité fait décroître le bruit que nous générons avec nos moyens de transport : <a href="https://www.deplacementspros.com/transport/covid-19-news-transport-du-19-mars">réduction</a> du trafic routier, ferroviaire, aérien, et naval. C’est une situation acoustique totalement inédite que nous pouvons percevoir depuis nos fenêtres et balcons.</p>
<p>Que se passe-t-il au juste ?</p>
<p>Fondamentalement, pas grand-chose ! Une baisse du niveau du bruit ambiant, comme si l’équalizer était mieux réglé, ou que le souffle des enceintes avait disparu. Les sons de la nature réapparaissent, le <a href="https://www.wildproject.org/schafer-paysage-sonore">paysage sonore</a> passe d’une basse fidélité (<em>low-fi</em>) à une haute fidélité (<em>high-fi</em>).</p>
<p>En temps normal, le bruit de l’anthropophonie interfère avec le son des animaux, les obligeant à chanter plus fort, plus aigu, plus souvent, ou à décaler leur période de chant, réduire leur activité sonore, voire à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0169534709002614">fuir</a>.</p>
<p>Le bruit est aussi source de stress, de fatigue, de dérèglements physiologiques, de perte de vigilance face aux prédateurs, de réduction des comportements <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/brv.12207">alimentaires</a>. Tous ces effets harassants peuvent influer sur la survie des individus et être visibles à l’échelle de tout un écosystème.</p>
<p>Il est donc raisonnable de penser qu’un cadre sonore calme, dépollué, puisse augmenter la survie des animaux chanteurs, faciliter leur reproduction, et conduise à des environnements naturels en meilleur état.</p>
<h2>Une expérience grandeur nature pour les éco-acousticiens</h2>
<p>Avec la crise du Covid-19, la diminution du trafic des transports offre des conditions uniques pour une expérience scientifique à grande échelle.</p>
<p>Supprimer en partie le bruit de tout un pays – choc exogène impensable pour un scientifique ! – permet de tester l’importance de l’anthropophonie sur le comportement et l’écologie animale ; et de mieux diagnostiquer la biodiversité en l’écoutant, activité essentielle de l’<a href="https://theconversation.com/leco-acoustique-ecouter-la-nature-pour-mieux-la-preserver-129376">éco-acoustique</a>.</p>
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<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/leco-acoustique-ecouter-la-nature-pour-mieux-la-preserver-129376">L’éco-acoustique, écouter la nature pour mieux la préserver</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Pendant toute cette période, des magnétophones installés depuis un an et demi dans le <a href="http://www.parc-haut-jura.fr/">Parc naturel régional du Haut-Jura</a> vont pouvoir, par exemple, enregistrer le paysage sonore d’une forêt de résineux et offrir la possibilité de comparer la structure et la dynamique acoustique d’un milieu naturel avant, pendant et après le <a href="http://ear.cnrs.fr">confinement</a>.</p>
<p>Citons aussi <a href="https://cutt.ly/jtlZ5bi">« Silent Cities »</a>, un projet collaboratif conduit par des chercheurs du CNRS et de l’IRD, qui s’est rapidement mis en place pour collecter des données sonores dans les villes confrontées à la pandémie.</p>
<h2>Cure silencieuse</h2>
<p>Quel pourrait être l’effet du changement sonore de l’épidémie pour nous, beaux parleurs et grands chanteurs ?</p>
<p>À peu près la même chose que pour les animaux : un processus de détoxication. Le passage du <em>low-fi</em> au <em>high-fi</em> nous permet de nous réapproprier l’espace sonore envahi par les machines ; de mieux percevoir et apprécier les sons de la nature.</p>
<p>Le bruit est facteur de gène auditive, de trouble du sommeil, de déconcentration, de changement d’humeur et de stress pouvant conduire à des effets chroniques comme la diminution de l’apprentissage, l’hypertension, ou un dérèglement <a href="https://www.bruitparif.fr/de-multiples-effets-negatifs-sur-la-sante/">hormonal</a>.</p>
<p>Ainsi, les paysages sonores calmes nous apportent un sentiment bénéfique de tranquillité et de <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/quiet-areas-in-europe">repos</a>. Réduire le bruit, c’est donc assurément retrouver un contact sensoriel avec la nature, améliorer notre bien-être et protéger notre santé.</p>
<h2>Respiration ou apnée sonore</h2>
<p>Si le bruit est néfaste, que nous apprend ce nouveau silence ?</p>
<p>Chez les animaux, il peut indiquer l’absence de danger, notamment celui du prédateur rôdant. Lorsque l’individu est une proie, le silence est probablement réconfortant. Mais le silence des autres marque aussi l’absence de congénères, de contacts sociaux – notamment l’absence de parents pouvant offrir protection et ressources. Ainsi, les rats perçoivent l’immobilité d’un groupe et l’absence de sons due aux mouvements comme l’expression d’un <a href="https://doi.org/10.1016/j.cub.2012.06.015">danger</a>.</p>
<p>Depuis quelques jours, nous sommes devenus partiellement immobiles car un événement soudain est venu dérégler notre écosystème. Le silence du confinement pourrait donc être entendu comme l’absence de mouvement et générer une forme de peur individuelle. L’absence de biophonie, donc de nature, ne peut qu’accentuer ce mal-être : sortir aujourd’hui dans une rue minérale déserte est plus angoissant que de passer dans une rue arborée d’où sortent les notes flûtées d’oiseaux affairés.</p>
<p>Finalement, le silence du virus, qui semble presque rien, est en réalité majeur : il change notre quotidien et agit comme un signal provoquant réconfort ou angoisse. Selon notre vécu, nos besoins, nos expériences passées et notre confrontation à l’épidémie, nous pouvons vivre ce changement comme une respiration ou une apnée sonore. La nature, elle, libérée d’un stress multiple, apprécie certainement…</p>
<hr>
<p><em>Cet article est publié en collaboration avec les chercheurs de l’ISYEB (Institut de systématique, évolution, biodiversité, Muséum national d’histoire naturelle, Sorbonne Université).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/134073/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Sueur a reçu des financements du Parc naturel régional du Haut-Jura. </span></em></p>En mettant presque au point mort les transports, la pandémie nous a redonné un accès privilégié au silence et à ses multiples bénéfices.Jérôme Sueur, Maître de conférences, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1115702019-02-22T08:54:48Z2019-02-22T08:54:48ZLa nature, un remède au mal urbain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260105/original/file-20190221-148539-lgol01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">P</span> </figcaption></figure><p>Des travaux en bas de chez moi m’ont réveillée ce matin. Le bruit des marteaux piqueurs, les éclairages de rue qui illuminent les murs de l’appartement, les voitures qui défilent, ou juste l’air qui, au lieu de sentir le vert, sent le gasoil. On s’y est habitué. Les odeurs, les rythmes et les sons de la ville sont devenus ma norme.</p>
<p>De plus en plus d’auteurs évoquent le manque de nature dont souffre la société occidentale. <a href="http://www.psychoterratica.com/index.html">Glenn Albrecht</a>, ancien professeur à l’Université Murdoch, a créé le terme <em>solastalgie</em> pour évoquer la détresse que l’être humain éprouve face aux changements liés à son environnement naturel proche. Le journaliste américain Richard Louv, lui, parle même de <a href="http://richardlouv.com"><em>trouble de déficit de nature</em></a> dont les conséquences sur la santé vont du stress chronique à la dépression, en passant par les troubles du sommeil et l’hyperactivité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/260219/original/file-20190221-195853-1a9jkl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le parc des Buttes Chaumont à Paris.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Parc_des_Buttes_Chaumont_Sep_2012.jpg">Wikipédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Alors que le mode de vie moderne pousse à plus d’heures face aux écrans, passer du temps au grand air est devenu optionnel. Mais pour l’animal humain que nous sommes, ce nouvel état des choses peut perturber jusqu’à notre sens d’appartenance. Albrecht parle de cette <a href="https://theconversation.com/the-age-of-solastalgia-8337">impression</a> d’avoir le mal du pays alors même qu’on est à la maison. Peut-être parce que l’on s’est trompé de « maison ». Parce qu’on a besoin de nature. Si favoriser du temps dans la nature est salvateur, quelles en sont les vertus admises par la science, et comment peut-on ramener du sauvage dans un quotidien urbanisé ?</p>
<h2>Les vertus de la nature</h2>
<p>De plus en plus d’études sont menées afin de comprendre les effets physiologiques et psychologiques de la nature sur le corps et le cerveau humain. Voici les idées les plus répandues :</p>
<ul>
<li><strong>La nature réduit le stress</strong></li>
</ul>
<p>Selon une <a href="https://medicine.umich.edu/dept/family-medicine/news/archive/201410/walking-depression-beating-stress-outdoors-nature-group-walks-linked-improved-mental-health">étude</a> de l’Université du Michigan, passer du temps dans la nature est un remède efficace contre le stress. Des marches régulières dans la nature permettent d’abaisser le niveau stress et de réduire les symptômes de dépression. Cela ralentit le rythme cardiaque et diminue la tension artérielle. De même, le simple fait de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20522508">jardiner</a> diminue le taux de cortisol dans le sang – l’hormone du stress – et améliore de l’humeur.</p>
<ul>
<li><strong>La nature renforce l’immunité</strong></li>
</ul>
<p>Une <a href="https://nres.illinois.edu/news/immune-system-may-be-pathway-between-nature-and-good-health">étude</a> de l’Université de l’Illinois a démontré un lien entre temps passé dans la nature et hausse de l’immunité. Cela résulte du fait que le corps, mis dans un milieu naturel, se met automatiquement en mode « repos/détente », l’opposé du mode « fuite/lutte » ; le système immunitaire, lié au système nerveux parasympathique, est alors mis sur pause. Une autre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2793341/">étude</a> suggère que des « bains de forêt » (de l’expression japonaise <em>shinrin yoku</em>) augmentent le taux de globules blancs dans le sang jusqu’à 30 jours après exposition.</p>
<ul>
<li><strong>La nature rend créatif</strong></li>
</ul>
<p>Des chercheurs de l’Université de l’Utah ont soumis un groupe de randonneurs à une série de tests avant et après une randonnée de quatre jours. Les <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2012/12/121212204826.htm">résultats</a> montrent une amélioration de 50 % des capacités créatives des participants après randonnée. De même, les enfants qui travaillent dans des salles de classe en plein air apprennent mieux et génèrent plus d’<a href="https://www.childrenandnature.org/research/natural-outdoor-classrooms-promote-preschoolers-creativity-in-the-areas-of-problem-solving-and-ingenuity/">idées créatives</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258430/original/file-20190212-174894-1wx9ant.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plage d’Australie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Photographie de Mélusine Martin</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><strong>La nature favorise le sommeil</strong></li>
</ul>
<p>La vie moderne qui encourage lever tôt et coucher tardif, le tout à la lumière d’ampoules électriques et d’écrans digitaux, aurait retardé notre horloge biologique interne d’environ deux heures. Selon une <a href="http://www.sleepresearchfoundation.com/tag/nature/">étude</a> de l’Université du Colorado, faire du camping pendant seulement deux jours permet de rééquilibrer les rythmes naturels de veille et de sommeil. S’exposer dès le matin à la lumière du soleil aide à éviter sautes d’humeur, insomnie et prise de poids.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-nature-nous-fait-du-bien-les-scientifiques-expliquent-92959">Pourquoi la nature nous fait du bien, les scientifiques expliquent</a>
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<h2>Le dualisme homme/nature</h2>
<p>On ne guérit pas de la ville lorsqu’on y est né. On la porte en soi. Je souhaitais lister les effets scientifiquement prouvés de la nature car c’est ce que l’esprit pensant aime entendre : la science réconforte, elle dit une « vérité ». On la croit avant même de l’avoir comprise. Mais il faut commencer par analyser ses croyances pour amorcer un changement réel.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/le-besoin-de-nature-a-lere-digitale-entre-science-et-philosophie-95801">dualisme homme/nature</a>, concept important en sociologie environnementale, qui définit l’humain comme étant séparé de la nature, reste omniprésent dans la culture occidentale. L’avènement de la révolution industrielle, au XIX<sup>e</sup> siècle, a radicalement changé la relation de l’homme à la nature. Là où la nature était auparavant directement expérimentée (travail aux champs, etc.), elle est devenue le résultat d’une intellectualisation sociale et culturelle avec l’urbanisation et les changements de mode de vie qui en découlent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258437/original/file-20190212-174861-1ji7nsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le milieu urbain nous coupe-t-il de la nature ?</span>
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<p>On finit par comprendre et observer la nature par l’entremise des médias, des livres, sur Internet, au cinéma, etc. On s’y attache sans se rendre compte que ce n’est qu’une idée qui ne prédomine pas dans le monde entier. Comme l’explique Descola dans <em>Par-delà nature et culture</em>, « la manière dont l’Occident moderne se représente la nature est la chose la moins bien partagée. » Le dualisme homme/nature est aussi aux fondements de la politique environnementale moderne. On ne chercherait pas à « sauver » la nature si l’on ne se pensait pas séparé d’elle. Autre. Retrouver la nature en ville, c’est abolir ces frontières.</p>
<p>Apprendre à redéfinir ce qu’est la nature, ce qu’elle n’est pas, c’est aussi apprendre à se redéfinir soi-même. Délaissons la croyance selon laquelle la nature, pour être vraie, doit être sauvage et absente de toute trace de vie humaine. La nature est tout autour de nous, tout le temps, qu’il s’agisse d’un parc en banlieue, du jardin de sa maison, de la colline derrière chez soi, des arbres le long d’une avenue, de la plage, de la Seine à Paris, du ciel. Si le terme <em>nature</em> implique un endroit où le vert l’emporte sur le béton, il est aussi important d’apprendre à porter notre attention sur ces petits bouts de nature que la ville inclut et de ne pas oublier que sous le goudron, il y a la terre. Alors comment faire pour ramener un peu de nature dans un quotidien urbanisé ?</p>
<h2>Intégrer la nature à un quotidien urbanisé</h2>
<p>Voici quelques façons simples et accessibles de réintégrer la nature en ville.</p>
<ul>
<li><p><strong>Passer <a href="https://www3.mruni.eu/ojs/social-inquiry-into-well-being/article/view/4444">30 minutes</a> par jour dans la nature.</strong> Lire dans un parc, marcher sur la plage ou flâner le long des quais sont autant de doses de nature en ville qu’il est aisé d’intégrer à sa routine quotidienne.</p></li>
<li><p><strong>Mettre des plantes vertes chez soi</strong> En plus d’assainir l’air, elles ont un effet apaisant. Une <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/NASA_Clean_Air_Study">étude</a> réalisée par la NASA a testé un grand nombre de plantes et montré lesquelles étaient les plus purifiantes pour les environnements pollués.</p></li>
<li><p><strong>Jardiner</strong> Si vous avez un jardin, tant mieux. Si vous vivez en appartement, cultivez en pots sur votre balcon ou rebords de fenêtre. Même un bocal de graines germées sur le comptoir de la cuisine constitue un mini jardin en soi.</p></li>
<li><p><strong>Favoriser les matériaux naturels chez soi</strong></p></li>
</ul>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=530&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=530&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258432/original/file-20190212-174883-rybzzj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=530&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Terre cuite, bois et lin, des matières naturelles dans la maison.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mélusine Martin</span></span>
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<p>Essayez le bois et la terre cuite pour les ustensiles de vaisselle et de cuisine, les draps de lit en lin naturel ou en coton bio. Optez pour des contenants en verre plutôt qu’en plastique pour stocker la nourriture (vous pouvez en profiter pour recycler vos bocaux usagés qui font des tupperwares sains et gratuits).</p>
<ul>
<li><strong>Se reconnecter à la nature par l’alimentation</strong></li>
</ul>
<p>Faites le plein de fibres et de vitamines en faisant la part belle au végétal dans vos repas. Allez régulièrement au marché et tentez la <a href="https://journals.jcu.edu.au/etropic/article/view/3647">cueillette en milieu urbain</a> si l’endroit s’y prête. Les cosmétiques et produits de soin ne sont pas à négliger non plus. Inspirez-vous du principe de beauté ayurvédique qui veut que l’on ne mette rien sur la peau que l’on ne mettrait dans la bouche.</p>
<ul>
<li><strong>Composter ses déchets organiques</strong> Épluchures, pelures, fanes, pain rassis et restes de nourriture, ces matières organiques que vous jetez à la poubelle ne se décomposeront pas en décharge et seront même source de <a href="http://www.foodwastexperts.com/food-waste-problem.html">pollution</a>. Votre ville propose certainement des composteurs collectifs, sinon pourquoi ne pas essayer le <a href="http://www.compostage.info/index.php?option=com_content&view=article&id=17&Itemid=16">lombricompostage</a> qui se prête très bien à la vie en appartement ?</li>
</ul>
<p>Si en naissant dans un pays industrialisé, j’ai, sans le vouloir, pris part à l’<a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2016-4-page-70.htm?contenu=resume">écocide</a>, que le raffinement de mon héritage culturel et la dimension sauvage de mon appartenance au monde animal se font la guerre, et que je m’exaspère à chaque fois que s’enclenche le vrombissement d’un souffleur de feuilles, c’est doucement que je renégocie le quotidien. Un pas après l’autre, je redécore en vert ce que l’on m’a donné en gris. On peut choisir de fuir la ville. On peut aussi choisir de la changer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111570/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mélusine Martin a reçu des financements de James Cook University.</span></em></p>De plus en plus d’auteurs évoquent le manque de nature dont souffre la société occidentale. Mais sommes-nous vraiment séparés de la nature ?Mélusine Martin, PhD Candidate - Histoire et Dynamique des Espaces Anglophones, HDEA (Paris IV) and Environmental Sociology (James Cook University), Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1044392018-10-19T09:54:52Z2018-10-19T09:54:52ZCO₂, pollution de l’air, bruit… Des outils pour évaluer l’impact de son futur véhicule<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240465/original/file-20181013-109239-t68nrg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plus de 2,3 millions de voitures neuves ont été vendues en France en 2017. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/paris-france-oct-10-2015-man-531549550?src=DMNy4_EEUK28H4S4HmIrCg-1-5">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>À l’occasion du dernier <a href="https://www.mondial-paris.com/fr/visiteur/auto">Mondial de l’auto</a>, qui a fermé ses portes le 14 octobre à Paris, l’<a href="https://www.ademe.fr/">Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie</a> (Ademe) a rendu public un ensemble d’informations autour du marché de la voiture neuve en France et des problématiques de la mobilité dans le contexte du changement climatique. En France, près de <a href="https://www.economie.gouv.fr/entreprises/chiffres-cles-secteur-automobile">81 % des foyers français</a> possèdent une voiture ; plus d’un foyer sur trois, deux voitures ou plus</p>
<p>L’étude <a href="https://www.ademe.fr/evolution-marche-caracteristiques-environnementales-techniques-vehicules-particuliers-neufs-vendus-france">« Évolution du marché, caractéristiques environnementales et techniques, véhicules particuliers neufs vendus en France »</a> présente ainsi les principaux chiffres clés des véhicules achetés en 2017, les palmarès et classements des véhicules neufs à la vente en 2018 ainsi que les évolutions techniques du parc depuis un an. Tous les chiffres présentés dans cet article sont extraits de ces documents. Et plusieurs d’entre eux livrent des pistes d’analyse qui vont à l’encontre de certaines idées reçues.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=309&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=389&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=389&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240467/original/file-20181013-109236-10cifhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=389&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ademe.fr/evolution-marche-caracteristiques-environnementales-techniques-vehicules-particuliers-neufs-vendus-france">Ademe</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’essence détrône le diesel, l’électrique progresse</h2>
<p>Les ventes de véhicules particuliers – avec 2 304 119 unités – ont connu une forte progression en 2017 (+13,7 %). C’est la 4<sup>e</sup> année consécutive de hausse. Les ventes ont atteint un niveau record, battant le précédent de 2009. Plus globalement, la taille du parc roulant est en forte croissance, passant de 24 millions de véhicules particuliers en 1990 à près de 32 millions sur 2017. Cette évolution a contribué à la hausse des émissions de gaz à effet de serre et polluants en France.</p>
<p>Pour la première fois depuis 2001, le nombre de véhicules neufs essence vendus (avec 1 098 485 d’unités) dépasse celui des voitures diesel. Depuis cinq ans, on observe chaque année une baisse des ventes pour ces véhicules. En 2017, le taux de diésélisation est même passé en dessous de 50 % (1 085 825 d’unités vendues). Cette tendance s’explique en grande partie par le succès constant des véhicules de petite taille.</p>
<p>Cependant, une tendance générale à l’augmentation moyenne de la puissance et du poids des véhicules est observée sur le marché des véhicules neufs. Le poids moyen des véhicules a augmenté de plus de 25 % ces 25 dernières années, avec une incidence directe sur les émissions de gaz à effet de serre et polluants. L’idée que les véhicules les plus chers sont les plus polluants est une fausse idée. En revanche, plus ils sont lourds et équipés (et de plus en plus, suréquipés), plus ils sont polluants.</p>
<p>À l’achat et à l’utilisation, les petites voitures sont non seulement moins chères, mais elles polluent aussi bien moins et évitent d’augmenter trop fortement les coûts collectifs et indirects de la voiture individuelle.</p>
<p>Plus récemment, le <a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/09/25/20002-20170925ARTFIG00076-des-2018-les-taxes-sur-le-diesel-vont-grimper-de-10.php">durcissement de la fiscalité liée au diesel</a>, qui s’est traduit par la suppression du bonus pour ces véhicules et l’alignement de la fiscalité du gazole sur l’essence, ont contribué à la baisse des ventes de véhicules diesel.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240471/original/file-20181013-109210-1b2ivc5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Répartition des ventes de voitures neuves en France en 2017.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ademe.fr/evolution-marche-caracteristiques-environnementales-techniques-vehicules-particuliers-neufs-vendus-france">Ademe</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En 2017, le marché des véhicules dits « environnementalement performants » a montré un très fort dynamisme : les véhicules hybrides rechargeables (13 458 unités) ont vu leurs ventes augmenter de 81 %, les véhicules hybrides non rechargeable (76 533 unités) de 50 % et les véhicules électriques (27 626 unités) de 27 %. Ce dynamisme reste cependant mesuré au regard des parts de marché qu’elles représentent actuellement : à peine 1 %.</p>
<p>Ces fortes hausses s’expliquent par des incitations fiscales (bonus, prime à la conversion) recentrées sur ces véhicules en 2017, et par la maturité technologique du marché sur ce type de modèles, qui permet à l’offre de fortement s’étoffer. S’ajoutent à cela les enjeux de la qualité de l’air ou encore les évènements climatiques, agissant comme une caisse de résonance à la prise de conscience écologique.</p>
<p>Enfin, même lorsqu’elles sont plus chères à l’achat, les économies permises par les nouvelles motorisations en termes de coûts d’utilisation sont de plus en plus évidentes, à la fois pour les pouvoirs publics, les automobilistes et les constructeurs.</p>
<p>On relève par ailleurs l’arrivée sur le marché de <a href="https://theconversation.com/mobilite-hydrogene-la-france-va-t-elle-reussir-sa-montee-en-puissance-104125">véhicules à motorisation hydrogène</a>, notamment pour les flottes dites « captives », qui désignent un ensemble de véhicules sous gestion commune par une structure privée ou publique, s’approvisionnant à leur propre source de stockage de carburant.</p>
<h2>Des émissions de CO<sub>2</sub> à la hausse</h2>
<p>Malgré cette augmentation de la part des véhicules ayant un impact environnemental plus léger, la moyenne des émissions de CO<sub>2</sub> des véhicules neufs vendus en France en 2017 se situait à 111 g de CO<sub>2</sub>/km, contre 110g en 2016.</p>
<p>Cette hausse, qui semble anecdotique, est pourtant la première enregistrée après 10 années consécutives de baisse. Il faut ici noter que la méthode d’homologation des véhicules étant en cours de révision (afin de mieux refléter les conditions réelles d’utilisation du véhicule), cela devrait très probablement engendrer une dégradation des résultats environnementaux des véhicules en 2019.</p>
<p>Deux explications permettent de comprendre cette hausse. Il faut tout d’abord prendre en compte l’augmentation de la part des ventes des véhicules essence, en moyenne plus émetteurs de CO<sub>2</sub> que les véhicules diesel. Il s’agit principalement de l’essor des véhicules « tout-terrain », principalement des SUV (<em>Sport Utility Vehicule</em>), qui représentent en 2017 un tiers des ventes du marché automobile et sont, comme on l’a dit plus haut, des véhicules plus lourds, plus puissants et plus consommateurs de carburants.</p>
<p>Rappelons toutefois que l’on a observé ces 9 dernières années une baisse de 38 g des émissions de CO<sub>2</sub>, consécutive notamment à l’<a href="https://www.economie.gouv.fr/cedef/bonus-malus-automobile">application du dispositif bonus-malus</a>. Établi dès la fin 2007, ce dispositif a pour objectif d’inciter financièrement les acheteurs ou les loueurs de véhicules neufs à privilégier les voitures les moins émettrices de CO<sub>2</sub>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=308&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240469/original/file-20181013-109207-gexf0t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=387&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ademe.fr/evolution-marche-caracteristiques-environnementales-techniques-vehicules-particuliers-neufs-vendus-france">Ademe</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Des outils pour guider l’achat</h2>
<p>Vous souhaitez acheter un véhicule neuf et vous informez sur son impact environnemental ? En marge de son étude sur l’évolution du marché des véhicules neufs en France, l’Ademe édite chaque année un guide officiel d’aide à l’achat, intitulé <a href="https://www.ademe.fr/consommations-carburant-emissions-co2-vehicules-particuliers-neufs-vendus-france">« Consommations conventionnelles de carburant et émissions de CO₂ – Véhicules particuliers neufs vendus en France</a> ». Ce dernier doit être tenu à la disposition de tout consommateur qui demande à le consulter, dans chaque point de vente de véhicules neufs.</p>
<p><a href="http://carlabelling.ademe.fr/">Le site « Car Labelling »</a> vient compléter ce dispositif d’information. Actualisé chaque trimestre, cette plateforme en ligne intègre tous les véhicules particuliers neufs commercialisés en France et établit des palmarès sur les 10 meilleures valeurs de CO<sub>2</sub> pour les véhicules essence, diesel et hybrides non rechargeables. Des informations <a href="http://carlabelling.ademe.fr/index/contextesenjeux">relatives à la pollution atmosphérique et aux nuisances sonores</a> sont également mises à disposition.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240470/original/file-20181013-109242-1ecuhpn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Page d’accueil du site Car Labelling.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://carlabelling.ademe.fr/">Ademe</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>L’acheteur potentiel peut ainsi rechercher et comparer des véhicules selon différents critères (marque, carrosserie, taille, type de carburant, classe énergie, consommations de carburant). Chaque véhicule fait l’objet d’une fiche récapitulative. Les données administratives et fiscales du véhicule y sont détaillées, ainsi que les montants en euros du bonus/malus, du coût annuel en carburant, de la taxe sur les véhicules de société et de la taxe additionnelle pour les véhicules d’occasion.</p>
<h2>Avec ou sans ma voiture</h2>
<p>Reste que l’arrivée sur le marché de véhicules plus « propres » n’est qu’une partie de la réponse aux enjeux environnementaux et sanitaires dans le secteur des transports. Voir la mobilité comme un système où la voiture individuelle – même électrique ou hybride – domine les autres modes de déplacements est trop limitant et insuffisant face à des enjeux environnementaux accrus.</p>
<p>La clé réside dans notre capacité à changer notre vision de l’automobile et à remettre en question le véhicule individuel. Le dernier <a href="https://www.ademe.fr/observatoire-mobilites-emergentes">« Observatoire des mobilités émergentes »</a>, publié en mai 2017, révèle à ce propos des évolutions inédites quant au regard porté sur les véhicules : près d’un Français sur deux est désormais prêt à revoir son mode de déplacement pour des raisons écologiques et environnementales.</p>
<p>L’idée qu’il n’est plus possible de s’affranchir de son véhicule motorisé est contestée par l’émergence de nombreux services de mobilités. La multimodalité combinant les transports collectifs, le covoiturage, les mobilités actives (vélo en tête) apparaissent comme le cœur d’un véritable système de mobilité respectueux de l’environnement, et apportent des réponses concrètes aux usagers en zone urbaine mais aussi en milieu rural.</p>
<p>Plus économiques, plus partagés, plus pertinents pour la plupart des déplacements, les modes dits « alternatifs » deviennent de plus en plus répandus et commencent à modifier le paysage des mobilités. Transports à la demande, dispositifs de covoiturage, d’auto-stop organisé, stationnement vélo en gare et parcs relais, voies vertes et pistes cyclables, espaces apaisés à faible trafic : tout en s’adaptant aux besoins des spécificités des populations et des territoires, les offres concurrentes de la voiture individuelle privative, fiables et simples, se multiplient.</p>
<p>Ces alternatives au modèle du véhicule particulier (et de son usage, « l’autosolisme ») sont appelées à être soutenues, développées et mieux connues du grand public. Car au-delà des innovations technologiques, la plus fondamentale des innovations demeure comportementale. Pour s’assurer de la maîtrise de la demande de mobilité, de l’optimisation de l’utilisation des moyens et solutions qui existent déjà et de l’exploitation du potentiel considérable des modes actifs, la transition des habitudes est indispensable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/104439/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérémie Almosni ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les ventes de véhicules particuliers ont connu une forte progression en 2017. Une évolution qui a contribué à la hausse des émissions de gaz à effet de serre et polluants en France.Jérémie Almosni, Chef du service « Transport et mobilité », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/752752017-04-02T21:30:22Z2017-04-02T21:30:22ZComment gérer le problème du bruit marin ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/162928/original/image-20170328-30778-1t8naks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=52%2C67%2C1965%2C1247&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les dauphins comme les baleines sont très sensibles au bruit marin. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/za-photos/7467814536/in/photolist-cnUv63-aaUoBL-NvGZT-HKrm7G-bs5YNf-qJj3ov-22PQYZ-poTC4K-a2yPoi-9riLiy-5RzsK9-a4qrra-dtRUcs-7RoKu9-4ZFB8p-vVydAD-8DArtv-75eeAX-LZtbh5-5gXwYe-pqPUqs-aaki7i-iBXSgP-hHzKGU-owBeDr-3hsBVk-JwCsNd-p2JpUT-4koYN7-3hsMqX-fL5Yew-9SUtc7-fvt8yi-i2VKB7-fB2dGm-dqbhGv-62HUmu-p9NPVW-fB2jBA-NvHLD-JyLQan-fvt8vV-anrbKf-5Fow8g-8VF3Kf-djJFv1-69VZ39-7g223q-JyLNZ6-pH3hmV">Jolene Thompson/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Longtemps préservé des effets négatifs de l’activité humaine, l’océan pose désormais un problème de gestion, que ce soit en raison de la pollution par les <a href="https://theconversation.com/la-presence-des-microplastiques-dans-locean-nettement-revue-a-la-hausse-52951">sacs plastiques</a> ou de l’<a href="https://theconversation.com/explorer-le-futur-des-oceans-pour-agir-maintenant-sur-le-changement-climatique-49557">acidification des eaux</a>. Plus récemment, un autre enjeu est apparu à l’agenda, le <a href="https://gargantua.polytechnique.fr/siatel-web/linkto/mICYYYT8URY">bruit marin</a>. Car le monde marin, que l’on disait être celui du silence, est devenu celui du vacarme.</p>
<p>Ce problème a des causes multiples : on peut citer l’intensification du trafic maritime, avec notamment la multiplication des porte-conteneurs, des navires de croisière et des grands navires de pêche ; la multiplication des projets de champs d’éoliennes sur les côtes ; et les campagnes d’exploration pétrolière. Toutes contribuent à l’augmentation du niveau de pollution acoustique sous-marine.</p>
<h2>Des perturbations multiples</h2>
<p>La faune se trouve profondément affectée par cette montée du bruit. Même si l’on ne dispose pas d’une connaissance synthétique et définitive de l’impact du bruit sur l’ensemble de la vie sous-marine, il existe un faisceau <a href="https://gargantua.polytechnique.fr/siatel-web/linkto/mICYYYT8URY">d’indices graves et concordants</a> montrant que le problème doit être traité sur une grande échelle et rapidement.</p>
<p>À l’évocation de ces perturbations, on pense bien évidemment d’abord aux mammifères marins, comme les baleines à bec ou les bélugas qui communiquent par le son à la <a href="http://web.pdx.edu/%7Ezelickr/sensory-physiology/articles/2013-articles/for-2013-05-15/Full%20Text%20Part%20I_6.pdf">saison des amours ou dans leurs activités de chasse</a> et dont les échanges sont perturbés. <a href="https://theconversation.com/comment-expliquer-les-echouages-massifs-de-cetaces-75178">Des échouages</a> ont notamment été mis en relation avec l’utilisation de sonars civils et militaires.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"844796530468933633"}"></div></p>
<p>Mais certains poissons, comme la morue, émettent également des sons et leur reproduction peut donc être <a href="http://www.diva-portal.org/smash/record.jsf?pid=diva2%3A391860&dswid=7447">affectée par le bruit ambiant</a>. Encore plus inquiétant, des <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1890/100124/abstract">études récentes</a> ont montré que des espèces ne percevant pas le bruit, tels les calamars géants, peuvent elles aussi subir des dommages. Le problème est donc plus sérieux qu’on ne le soupçonnait, et il tend à <a href="http://epic.awi.de/22144/1/Sla2010a.pdf">s’aggraver au fil du temps</a>.</p>
<h2>Des initiatives pour limiter le bruit</h2>
<p>La gestion de ce problème suppose de mettre au point des systèmes de mesure, relativement simples, mais fiables et utilisables. Elle suppose aussi le déploiement de techniques qui, dans les trois grands domaines industriels concernés – industrie pétrolière, énergies renouvelables (éoliennes marines) et navigation – existent d’ores et déjà.</p>
<p>Il est en effet possible de concevoir de <a href="http://www.aquo.eu/">nouveaux navires moins bruyants</a> (coque, hélices, moteurs, boîtes de vitesse) pour un surcoût raisonnable. Ces systèmes sont plus coûteux à adapter sur la flotte existante et moins efficaces, mais des changements de comportements peuvent être envisagés : la réduction de la vitesse diminue par exemple le bruit, tout en générant des économies de carburant.</p>
<p>L’industrie pétrolière a créé une structure commune, le <a href="http://www.soundandmarinelife.org/">Sound and Marine Life Joint Industry Programme</a>, pour développer des méthodes d’exploration moins dangereuses pour la faune sous-marine : elles sont actuellement testées et il faut s’assurer qu’elles sont aussi performantes que les anciennes méthodes pour un coût raisonnable.</p>
<p>Dans les zones de travaux bruyants, il est possible de <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-mers-ont-des-oreilles">déployer des observateurs</a> de la présence de mammifères (MMO pour Marine Mammal Observers). Ceux-ci connaissent des limites : leur déploiement dépend des conditions de mer et il est difficile par faible visibilité ou de nuit. Mais les chercheurs développent des <a href="http://www.quiet-oceans.com/?page_id=20">systèmes plus sophistiqués</a> de repérage des mammifères marins utilisant des capteurs.</p>
<h2>Cartographier les zones de bruit et réguler</h2>
<p>Pour que ces techniques soient mises en œuvre rapidement, des systèmes de régulation et d’incitation sont nécessaires.</p>
<p>Ils peuvent s’appuyer sur des cartes permettant de mesurer le bruit en temps réel dans les zones les plus sensibles. Des équipes de chercheurs ont par exemple <a href="https://biasproject.wordpress.com/">cartographié le bruit dans la mer baltique</a> aux différentes saisons et aux différents moments de la journée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163431/original/image-20170331-16304-r16b6r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une carte sonore élaborée dans le cadre du projet BIAS. Elle caractérise le niveau de son produit par les navires les plus bruyants en mer baltique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/BIAS-Baltic-Sea-Information-on-the-Acoustic-Soundscape-507219909290796/">BIAS/Facebook</a></span>
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</figure>
<p>Dans un contexte toujours marqué par l’incertitude, ces outils cartographiques peuvent aider à prendre les bonnes décisions en permettant de définir plus précisément les zones à protéger et la manière de les protéger.</p>
<p>Ceci ne constitue bien évidemment qu’une étape. Les océans représentent 70 % de la surface de la planète. Le problème de gestion qui se pose l’est à une échelle jusqu’ici jamais rencontrée, impliquant une multiplicité d’acteurs de statuts très divers (États, entreprises de différents secteurs, scientifiques, ONG) qui doivent partager de la connaissance et élaborer collectivement des solutions. Tout est bien évidemment affaire de financement. Il ne s’agit ni d’arrêter l’activité humaine sur et sous les océans, ni de lui imposer des coûts excessifs, tout en la rendant nettement moins bruyante.</p>
<p>On pourra à ce titre renvoyer aux <a href="https://gargantua.polytechnique.fr/siatel-web/linkto/mICYYYT8URY">travaux publiés</a> à l’occasion de la Conférence internationale sur le bruit sous-marin qui a réuni à <a href="http://www.debatinginnovation.org/?q=RacketOceans">Paris en septembre 2016</a> chercheurs, industriels et régulateurs (Commission européenne, autorité du port de Vancouver). Ces travaux synthétisent les questions liées au problème du bruit dans les océans et constituent une base pour les actions et régulations à adopter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75275/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Explorations pétrolières, navigation, éolien offshore… Le monde sous-marin est devenu terriblement bruyant, une situation inédite qui fait peser de nombreuses menaces sur la faune marine.Héloïse Berkowitz, Chercheure associée, École polytechniqueHervé Dumez, Professeur à l’École polytechnique, directeur du Centre de recherche en gestion (École polytechnique) et de l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, président de la Société Française de Management, École polytechniqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/622692016-07-11T04:41:29Z2016-07-11T04:41:29ZLa construction de nouveaux aéroports, entre déni et défi environnemental<p>À Notre-Dame-des-Landes, ce sont deux conceptions qui s’affrontent : d’un côté, une vision métropolitaine conduit Nantes à vouloir un aéroport de classe internationale avec le soutien de l’État français, lui-même poussé par les grands groupes du BTP. De l’autre, les <a href="http://zad.nadir.org/">Zadistes</a> (pour « zone à défendre »), alternatifs hostiles à la mondialisation, défendent un vestige du bocage armoricain.</p>
<p>Le projet NDDL remonte à 1963, lorsqu’on craignait que le Concorde ne soit un peu court en carburant pour un vol transatlantique… Le débat avait été relancé en 2003 par Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes. En 2011, la société Aéroports du Grand Ouest (Vinci, Entreprise de travaux publics du Grand Ouest, CCI de Nantes-Saint-Nazaire) a été désignée concessionnaire pour 55 ans.</p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="2362" data-image="" data-title="NDDL, tout reste à faire (« Du grain à moudre », France Culture, 28 juin 2016)." data-size="37988480" data-source="" data-source-url="http://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre/notre-dame-des-landes-tout-reste-faire" data-license="" data-license-url="">
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</audio>
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NDDL, tout reste à faire (« Du grain à moudre », France Culture, 28 juin 2016).
</div></p>
<p>Mais les travaux ont été reportés sans cesse du fait des recours. En 2012, la situation s’est tendue avec des manifestations, des squats, des interventions des forces de l’ordre… L’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de NDDL <a href="https://www.acipa-ndl.fr/">(ACIPA)</a> fédère les Zadistes depuis sa création en 2000 : décroissants, écologistes, agriculteurs, élus…</p>
<p>En 2013, à sa demande, la Commission des pétitions de l’Union européenne a estimé insatisfaisantes les mesures de compensation arrêtées pour la restauration des zones humides et s’est étonnée de l’absence d’études d’impact ferroviaire (Nantes-Rennes ; tram-train vers Nantes).</p>
<p>En outre, de nombreuses questions restent en suspens : si on fermait Nantes-Atlantique, qu’adviendrait-il de l’usine Airbus qui s’y trouve et qui a besoin d’un aéroport adjacent à son implantation ? Quelle est la position des compagnies aériennes, étonnamment mutiques dans le débat ? Pourquoi les tenants du projet NDDL affirment-ils que la seule piste de Nantes-Atlantique serait insuffisante à l’avenir, car on passerait de 4,4 millions de passagers en 2015 à 6 millions en 2025, alors qu’avec une seule piste, Genève-Cointrin a connu un trafic de 15,8 millions de passagers en 2015 ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/129915/original/image-20160709-24101-5n03az.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne des terminaux 2A et 2B de l’aéroport CDG.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:CDG-aerialview.jpg">Fyodor Borisov/Wikimédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<h2>Des perturbations multiples</h2>
<p>Rappelons que le transport aérien produit <a href="http://www.atlande.eu/references/383-cop-21-deprogrammer-l-apocalypse-9782350303475.html">2 % à 3 % des gaz à effet de serre (GES)</a> de la planète. Alors même que les « soutes aériennes » (c’est-à-dire le carburant des avions, donc leurs rejets) sont multipliées par 2,5 entre 1990 et 2020, elles sont exclues des accords de Kyoto (1997) comme de la <a href="http://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/021529754252-pourquoi-le-transport-aerien-est-loublie-de-la-cop-21-1181237.php">COP21</a> (2015).</p>
<p>Au quotidien, les cartes d’<a href="http://www.airparif.asso.fr/">Airparif</a> montrent que la plate-forme de Roissy-Charles de Gaulle est le principal pôle émetteur de GES en Île-de-France. Aux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%A9roport_de_Paris-Charles-de-Gaulle">500 000 mouvements annuels</a> d’avions du second aéroport européen (pour le transport de fret et de passagers), il faut ajouter la congestion qui les fait patienter au sol ou dans les airs, mais aussi la zone d’activité avec plus de 80 000 salariés…</p>
<p>La pollution phonique est une autre source de nuisance. Les riverains se battent pour obtenir l’<a href="http://www.lexpress.fr/actualite/societe/nuisances-le-gendarme-des-aeroports-part-en-guerre-contre-les-vols-de-nuit_1796865.html">interdiction des vols de nuit</a>, parfois avec succès. Ou bien, il arrive qu’ils obtiennent une compensation financière pour l’isolation des logements, aux frais des autorités aéroportuaires.</p>
<p>L’édification ou l’agrandissement d’un aéroport suppose la destruction du milieu « naturel » ou de terres agricoles. Partout dans le monde est avancée la notion de mesures compensatoires : si une zone d’intérêt naturel est détruite, alors il faut prévoir une reconstitution d’espaces « naturels ». La législation de l’UE a été pionnière en ce domaine, avec notamment les <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=URISERV%3Aev0024">directives « oiseaux »</a> (1979, puis 2009) et <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=URISERV%3Al28076">« habitats »</a> (1992). Pour les opposants aux aéroports, le « jeu » consiste à trouver une bestiole ou une plante protégée mais passée inaperçue, qui permet d’aller en justice et de bloquer le projet, parfois pour très longtemps.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/129916/original/image-20160709-24084-1luypdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La cité du futur ? Songdo (Corée du Sud), une ville sortie de terre au plus près de l’aéroport international d’Incheon.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Songdo_International_Business_District#/media/File:20141231_153220_HDR.jpg">Fleetham/Wikimédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<h2>L’aéroport du futur, deux visions contradictoires</h2>
<blockquote>
<p>« Les aéroports vont façonner les zones économiques et le développement urbain du XXI<sup>e</sup> siècle, tout comme les autoroutes l’ont fait au XX<sup>e</sup> siècle, les chemins de fer au XIX<sup>e</sup> et les ports maritimes au XVII<sup>e</sup>. »</p>
</blockquote>
<p>C’est ce qu’affirme John Kasarda, universitaire américain spécialiste du transport aérien, à qui l’on doit la notion d’<a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/aerotropolis">« aérotropolis »</a> (contraction d’<em>aéroport</em> et de <em>metropolis</em>). Pour lui, plutôt que d’éloigner l’aéroport de la ville, il n’y a pas d’autre choix que de construire la ville autour de l’aéroport. Dès lors, la problématique environnementale est reléguée au second plan, et contrecarrée par une communication de type <em>green washing</em> : un avion pollue de moins en moins, son bruit diminue lui aussi, une ville nouvelle peut aisément intégrer des stratégies écologiques…</p>
<p>Le cas de Berlin-Schönefeld représente-t-il une alternative ? L’aéroport Willy Brandt doit en effet devenir une plateforme digne de la capitale allemande. Les travaux ont commencé en 2006, mais de forums en procès, par exemple à cause du retraitement des eaux usées, son ouverture <a href="http://www.lepoint.fr/monde/le-nouvel-aeroport-de-berlin-aurait-du-ouvrir-il-y-a-1-000-jours-28-02-2015-1908667_24.php">a été repoussée</a> en 2017.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/129940/original/image-20160710-24074-1x3exn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vue aérienne du site de l’aéroport de Berlin-Schönefeld.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.dorsch.de/projects/project/dproject/berlin-brandenburg-international-airport-airside-services-for-the-new-airport/show/Project/">www.dorsch.de</a></span>
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<p>Le schéma directeur d’urbanisme est anti-kasardien puisqu’il installe la plate-forme dans un paysage destiné à rester agricole ou récréatif. La desserte se fait par une autoroute, le rail, et même par une véloroute longue de 25 km. Quant aux activités induites, elles seront distribuées dans l’ensemble de l’agglomération, ou exportées ailleurs, comme à Halle-Leipzig qui est déjà un grand centre de fret aérien. L’idée est donc de diluer la pollution en de multiples foyers de moindre importance.</p>
<h2>Faire au mieux</h2>
<p>Les carnets de commandes des constructeurs d’avion débordent avec plus de <a href="http://www.usinenouvelle.com/article/avant-farnborough-le-bilan-de-sante-complet-de-l-aero.N401572">13 000 commandes</a>, de nouveaux aéroports apparaissent par dizaines en Asie et déjà l’<a href="http://www.jeuneafrique.com/337110/economie/mauritanie-inauguration-nouvel-aeroport-international-de-nouakchott/">Afrique</a> entre dans la danse… Dans les décennies qui viennent, l’empreinte écologique des aéroports ne pourra qu’augmenter, malgré les efforts faits par les responsables du monde aérien en général.</p>
<p>Le débat se cristallise autour de la notion de développement durable : il faut trouver un compromis entre la croissance économique, la question sociale et le respect de l’environnement. Ceci passe par la création d’un modèle réglementaire, appliqué via un processus d’apprentissage collectif. Les cas de NDDL et de Schönefeld démontrent que les solutions efficaces peinent à émerger, tant la question est sensible et complexe. Mais des approches réalistes peuvent finir par payer, à condition de ne pas sombrer dans la démagogie et de savoir vers quelles sortes de valeurs doit aller l’intérêt général.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/62269/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raymond Woessner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La croissance soutenue de l’activité aérienne pose des problèmes de santé publique et représente une menace pour l’environnement. Peut-on imaginer l’aéroport du futur sans ces perturbations ?Raymond Woessner, Professeur de géographie, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.