tag:theconversation.com,2011:/us/topics/demarche-qualite-46093/articlesdémarche qualité – The Conversation2019-01-01T23:29:50Ztag:theconversation.com,2011:article/1092322019-01-01T23:29:50Z2019-01-01T23:29:50ZLa qualité du travail, clé de la santé et de la performance des travailleurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/252169/original/file-20181230-47298-1f5f98k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C3190%2C2117&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le travail bien fait.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/152892/">Photo on Foter.com</a></span></figcaption></figure><p>« Comme c’est l’usage à cette période, nous vous souhaitons une bonne santé pour l’année qui vient, que favorisera un travail de qualité permettant d’être performant. Car rien n’est plus pathogène que la « performance empêchée » ou une organisation qui n’est pas à l’écoute de ses collaborateurs ».</p>
<p>Du 13 au 20 septembre 2018 a eu lieu à <a href="http://www.ccic-cerisy.asso.fr/travail18.html">Cerisy</a> un colloque consacré au <a href="https://www.la-fabrique.fr/fr/projet/colloque-le-travail-en-mouvement/">Travail en mouvement</a>. Une <a href="https://www.la-fabrique.fr/fr/blog/colloque-cerisy-autonomie-responsabilisation-participation/">table ronde</a> a réuni Yves Clot, professeur émérite de psychologie du travail au CNAM, Jean‑Yves Bonnefond, chercheur dans son équipe, et Bertrand Ballarin, ancien responsable des relations sociales de Michelin et initiateur de la démarche « responsabilisation » du groupe, pour parler d’autonomie et de participation des salariés au sein de nouvelles formes d’organisation du travail.</p>
<p>Les enquêtes de la DARES sont formelles : 35 % des salariés de l’industrie et 36 % de ceux de la fonction publique déclarent ne pas ressentir de fierté dans leur travail et ne se reconnaissent pas dans le travail qu’ils effectuent. La notion de travail « bien fait » et son contraire, l’<a href="https://journals.openedition.org/lectures/1064">impossibilité d’y parvenir</a>, représentent, selon Yves Clot, l’une des questions centrales du travail aujourd’hui. Elles impactent significativement la santé des travailleurs et la perception de leurs conditions de travail. Les salariés réclament de plus en plus d’être parties prenantes des décisions qui concernent leur travail. Lorsque ce « pouvoir d’agir » est empêché, les pathologies apparaissent.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un travail « bien fait » ?</h2>
<p>Or, il n’existe pas dans les entreprises de cadre institutionnalisé pour discuter de ce qu’est un travail « bien fait » ; cela reste le privilège de l’employeur qui détient un pouvoir discrétionnaire sur l’activité de travail dans le cadre du contrat de subordination qu’est le salariat. C’est pourquoi Yves Clot milite depuis longtemps pour la création d’instances de délibération où l’on puisse discuter de la qualité du travail – un concept radicalement différent et autrement plus fondamental que la « qualité de vie au travail » (baby-foot, masseurs, crèches et <em>chief happiness officer</em>) dont il est tant question.</p>
<p>Ces espaces de « dispute professionnelle », comme il aime à les appeler, présupposent une acceptation des « conflits de critères » sur ce qu’est un travail bien fait. La discussion sur la qualité du travail devient alors le chaînon manquant entre santé psycho-physique des travailleurs et performance au sein d’une entreprise « délibérée » bien plus que « libérée ». Car comme le rappelle Yves Clot, « l’autonomie, ce n’est pas la liberté de faire ce que l’on veut, mais celle de co-construire la prescription ».</p>
<h2>Renault Flins institutionnalise la « coopération conflictuelle »</h2>
<p>Comment construire de telles instances de « coopération conflictuelle » dans l’entreprise ? Une expérimentation a été menée à l’usine Renault de Flins par l’équipe de psychologie du travail du CNAM. En deux ans, le dispositif « DQT » – pour Dialogue sur la Qualité du Travail – a été généralisé au sein de cette usine. À la demande de Patrick Pélata, alors directeur général de Renault, l’aventure commence en 2012 à l’unité d’habillage des portes de Flins, raconte Jean‑Yves Bonnefond qui fut au cœur de cette expérimentation. Des situations de travail sur chaîne sont filmées, puis discutées entre les opérateurs, discussions qui sont à leur tour filmées.</p>
<p>Ce matériau filmé est alors présenté et discuté au sein d’un comité de suivi, composé de la direction de l’usine, direction générale et représentants des salariés. Une prise de conscience s’opère : le comité de suivi constate que le renoncement à parler des opérateurs est source de performance gâchée, d’atteinte à la santé, d’absentéisme et de sentiment de défiance. Mandat est alors donné par la direction générale de poursuivre l’expérimentation par un dialogue entre opérateurs et encadrement. Aujourd’hui, 120 opérateurs référents ont été élus par leurs pairs dans toute l’usine. Ils peuvent sortir de la ligne pour remonter aux chefs d’ateliers les problèmes rencontrés dans le travail quotidien et proposer les solutions qu’ils ont imaginées pour y faire face.</p>
<h2>Michelin : « pas de bien-être sans bien-faire »</h2>
<p>Autre exemple : Michelin. À partir de 2004, Michelin déploie son nouveau système <em>lean</em>, le Michelin Manufacturing Way (MMW). C’est une grande réussite avec une standardisation complète des routines, tableaux visuels, chantiers de progrès entre toutes les usines du monde, et 30 % de gains de productivité à la clé. Mais cinq ans plus tard, un constat s’impose : l’état psychologique de la population ouvrière et des agents de maîtrise s’est dégradé, et ces derniers le font bruyamment savoir. « L’âme Michelin s’en est trouvée désagréablement chatouillée » explique Bertrand Ballarin qui fut à l’origine de la démarche de changement. Sans renoncer au MMW, décision est prise de tester immédiatement un nouveau système de responsabilisation des opérateurs et un changement du mode de management sur 38 îlots de fabrication dans plusieurs usines – un îlot, dirigé par un agent de maîtrise, comprend environ 45 personnes divisées en plusieurs équipes de 8 à 12 opérateurs qui se relaient dans l’usine.</p>
<p>Pour Michelin, il s’agit de « travailler » sur la qualité du travail pour redonner aux opérateurs la maîtrise de ce qu’ils font et in fine de fusionner performance et autonomie. Entre les termes autonomie, responsabilité et liberté, l’entreprise a cependant choisi « responsabilisation », ce qui indique que la montée en responsabilité est un processus « accompagné ». Comme l’indique Bertrand Ballarin, la responsabilité, c’est la combinaison de l’<em>empowerment</em> (pouvoir d’agir) et de l’<em>accountability</em> (le fait de rendre des comptes). Si la responsabilité est par nature individuelle car elle ne se dilue pas, le collectif est mobilisé de façon à ne pas laisser l’individu isolé face à sa responsabilité. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles Michelin n’a pas renoncé au management intermédiaire dont le rôle a cependant évolué. L’opérateur se réapproprie de la liberté dans la mise en œuvre des règles et dans la résolution des problèmes via un transfert de compétences, par exemple en maintenance, réglage, sécurité ou qualité. Aux compétences nécessaires pour tenir le poste vient s’ajouter un nouveau domaine d’expertise dont l’opérateur devient référent, ce qui permet aussi de lutter contre la déqualification des métiers.</p>
<p>En définitive, conclut Bertrand Ballarin avec beaucoup d’honnêteté, il ne s’agit pas de renoncer à l’organisation scientifique du travail, ni au principe d’autorité, mais de tempérer et « détartrer » les règles et processus. Une fois la démarche généralisée, le taux d’engagement des cols bleus est passé chez Michelin de 67 à 82 % entre 2013 et 2016, dépassant celui des cols blancs, ce qui est inédit dans une entreprise manufacturière.</p>
<h2>Il ne suffit pas d’écouter, il faut instituer le conflit</h2>
<p>Il ne faudrait cependant pas croire que ces nouvelles formes d’organisation du travail se limitent à « libérer la parole des salariés » ou « à développer les capacités d’écoute des managers ». Conditions sans doute nécessaires, mais certainement insuffisantes. « Il ne suffit pas d’écouter, insiste Yves Clot, il faut instituer le conflit ; il faut former les managers à promouvoir la qualité du travail plutôt qu’à écouter. Les managers sous-estiment souvent les objectifs de performance souhaités par les salariés. Il y a un problème d’efficacité plus que d’écoute ou alors d’écoute pour l’efficacité. C’est parce que les managers ne permettent pas le meilleur fonctionnement de l’organisation que les opérateurs ont du mal-être au travail ».</p>
<hr>
<p><em>L’original de cet article, préparé avec <a href="https://www.cahierandco.com/">Marie-Laure Cahier</a>, a été publié dans le numéro d’octobre de la revue <a href="https://www.andrh.fr/revue-personnel/1/la-revue-personnel-de-landrh"><em>Personnel</em></a> de l’<a href="https://www.andrh.fr/presentation/1/presentation">ANDRH</a>, qui nous a aimablement autorisé à le reproduire ici.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109232/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Thierry Weil reçoit des financements de la Fondation Mines Paristech, reconnue d'utilité publique, qui soutient la recherche et l'enseignement de l'Ecole des mines de Paris, membre de l'Université Paris Sciences et Lettres. Thierry Weil conseille La Fabrique de l'industrie, laboratoire d'idée laboratoire d'idées destiné à susciter et à enrichir le débat sur l'industrie.</span></em></p>Nous vous souhaitons une bonne santé pour 2019. Une bonne dispute sur que ce qu'est “un travail bien” fait pourra y contribuer !Thierry Weil, Chaire Futurs de l'industrie et du travail (CERNA, I3, CNRS), Membre de l’Académie des technologies, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/930342018-04-10T19:38:29Z2018-04-10T19:38:29ZCompétence en anglais : l’obsédante question de la certification en langues<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/213928/original/file-20180409-114121-35kut9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C3180%2C1925&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comment être sûr que l'étudiant pourra un jour travailler dans une autre langue ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/141187/">VisualHunt</a></span></figcaption></figure><p>Le 23 février dernier, lors de son déplacement à l’<em>EDHEC Business School</em> de Croix dans le Nord, le premier ministre Édouard Philippe a fait une déclaration portant sur les enjeux de la maîtrise de l’anglais chez les lycéens et les étudiants, notamment dans le but d’augmenter les exportations et de réduire le déficit commercial français.</p>
<p>Il a mentionné l’intérêt de faire certifier ce niveau d’anglais, notamment par le biais de certifications externes aux systèmes d’enseignement secondaire et supérieur français (c’est-à-dire en faisant appel à des organismes anglo-saxons privés).</p>
<p>Comme le note <a href="https://bit.ly/2IHcrf1">Pierre Frath</a>, les linguistes seraient donc inaptes à l’évaluation de leurs propres élèves et étudiants :</p>
<blockquote>
<p>« […] il semble acquis pour la plupart des collègues que les certifications externes sont les seules à pouvoir assurer des évaluations crédibles. Mais si les universités ont le droit légitime de décerner des licences de mathématiques ou de droit, pourquoi ne pourraient-elles pas certifier les langues ? » (<a href="http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article4406">Pierre Frath. 2O12</a>)</p>
</blockquote>
<p>Cette question s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mise en place d’une <a href="https://theconversation.com/reflechir-aux-demarches-qualite-dans-lenseignement-superieur-partage-dexperiences-87290">démarche qualité appliquée à l’enseignement supérieur français</a>.</p>
<p>Par exemple, certaines écoles d’ingénieurs et écoles de commerce choisissent de faire labelliser leurs formations dans le cadre d’accréditations délivrées par des organismes internationaux.</p>
<p>Cette démarche ne vise pas la validation du niveau des étudiants. Elle porte sur des indicateurs de qualité des formations, beaucoup plus globaux, tels que la qualité de la mission de l’établissement et de son corps professoral, la stabilité de la gouvernance et la cohérence globale des dispositifs. Dans ce cadre, la certification d’un niveau de compétence en langues est-elle justifiée ?</p>
<p>Pourquoi la démarche qualité ne s’appliquerait-elle pas aux formations en langues dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles constituent un atout pour l’internationalisation des formations et l’insertion professionnelle ?</p>
<h2>Pistes et impasses de la certification à grande échelle</h2>
<p>Si les niveaux B2 et C1 du CECRL émergent actuellement comme des points de repère en Licence et en Master (<a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid92442/pour-une-societe-apprenante-propositions-pour-une-strategie-nationale-de-l-enseignement-superieur.html">Béjean & Monthubert</a>, 2015 : 70 ), nous savons également que la question de la compétence est aussi une affaire de contenu en ce qu’elle englobe des savoir-faire en langue pour affronter les situations du monde professionnel et la diversité linguistique (<a href="http://www.ciep.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport-d-enquetes-lemp.pdf">Rapport LEMP 2015</a>).</p>
<p>La mesure de la compétence des étudiants suppose donc, d’une manière ou d’une autre, la simulation de situations d’échanges crédibles et relativement complexes (<a href="https://bit.ly/2HmaFAd">Douglas, D. 2001</a>).</p>
<p>Dans ce cadre, les différentes approches de la certification sont-elles de bons indicateurs ? L’approche structuro-psychométrique – le Test of English for International Communication (TOEIC) et Test of English as a Foreign Language (TOEFL) – est certes attractive à première vue mais elle a des effets négatifs (<em>washback effect</em>) sur la formation proposée en amont. Celle-ci est souvent réduite à l’entraînement à un test qui ne rend pas véritablement compte d’un besoin aussi fondamental que la capacité à interagir.</p>
<p>L’approche actionnelle du Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur (CLES) est certes beaucoup plus pertinente en ce qu’elle teste cette capacité d’interaction mais son manque d’adéquation avec la spécialité fine des étudiants et le coût (humain et organisationnel) d’une mise en place à grande échelle sont des obstacles majeurs à sa généralisation.</p>
<h2>Concevoir la compétence en anglais pour l’insertion professionnelle et académique</h2>
<p>La compétence en anglais dans le monde professionnel d’aujourd’hui est le reflet d’une compétence métier.</p>
<p>Par exemple, la compétence en anglais d’un ingénieur en informatique suppose non seulement qu’il ou elle maîtrise la terminologie et les genres de son métier (rapport technique, procédures, etc.), mais qu’il ou elle affronte également les situations sociales d’échanges parfois très diverses (échanges informels entre collègues, réunion avec des inconnus) dans différents modes (face-à-face, courriers électroniques, conférences téléphoniques, etc.) le tout dans une temporalité pouvant varier d’un contexte à l’autre (l’ensemble des situations énoncées précédemment accumulées en une journée ou utilisation plus ponctuelle).</p>
<p>Il est indéniable que cette complexité pose un problème de taille pour toute <a href="http://www.atilf.fr/spip.php?article4162">tentative de modélisation de la compétence en anglais de spécialité</a> en ce qu’elle dépend, au fond, de notre connaissance du « spécialisé en anglais ».</p>
<p>Mais c’est précisément cette connaissance que les anglicistes de spécialité, en France comme à l’étranger, cartographient depuis maintenant plusieurs décennies si bien qu’il est désormais possible d’envisager la conception d’un vaste ensemble de dispositifs d’évaluation pertinents pour l’attestation de la compétence en anglais à destination de domaines académiques ou professionnels très divers.</p>
<p>Ces dispositifs peuvent en effet se fonder sur les recherches actuelles portant sur la description des variétés spécialisées de l’anglais, nos connaissances des genres académiques et professionnels et, plus largement, notre connaissance de la culture des milieux spécialisés anglophones et internationaux.</p>
<p>Aujourd’hui, des modalités d’attestation des compétences en langues se développent en interne dans un nombre grandissant d’universités. Ces modalités présentent généralement de nombreux avantages tels qu’un coût très faible comparé aux certifications externes, une adéquation aux besoins des filières et la formalisation des connaissances en langue (<a href="http://journals.openedition.org/apliut/5593">Millot 2017</a>).</p>
<p>Alors pourquoi, lorsqu’elles existent, sont-elles largement méconnues des décideurs ?</p>
<p>La première cause tient à un problème de fond lié à la place souvent mineure accordée aux <a href="https://theconversation.com/non-brian-nest-pas-dans-la-cuisine-il-est-au-boulot-quelle-formation-linguistique-pour-les-etudiants-non-linguistes-75671">formations en langues de spécialité dans les universités</a>. Il s’ensuit que les équipes de linguistes sont peu nombreuses et tendent à se tourner vers des solutions « clé en main » faute de pouvoir consacrer suffisamment de temps au développement de dispositifs d’attestation formelle des compétences.</p>
<p>La deuxième tient à la pression commerciale exercée sur les établissements d’enseignement supérieur par des organismes de certification qui, pour la cause précédemment évoquée, formulent des offres sans que les établissements ne soient véritablement en mesure de proposer de contre-offre crédible et reconnue.</p>
<p>La troisième raison découle des deux premières et résulte en une croyance selon laquelle les certifications « externes » seraient les plus à même d’attester efficacement et formellement des compétences. Cette croyance, manifestement relayée au plus haut niveau de l’État, pourrait conduire – conduit déjà ? – à nombre d’effets pervers comme l’accroissement de l’investissement en direction de l’attestation au détriment de la formation.</p>
<p>De la même manière que le thermomètre ne saurait ralentir le réchauffement climatique, la certification systématique ne saurait augmenter massivement le niveau de compétence de nos étudiants. En revanche, il y a fort à parier qu’elle expose, de manière étroite mais avec grande netteté, les dysfonctionnements d’un système parfois à bout de souffle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93034/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Séverine Wozniak est membre du Groupe d'étude et de recherche en anglais de spécialité (GERAS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cédric Sarré est membre du Groupe d'Etude et de Recherche en Anglais de Spécialité (GERAS). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Millot est membre du GERAS</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Valérie Braud est membre du GERAS.</span></em></p>Pourquoi la démarche qualité ne s’appliquerait-elle pas aux formations en langues qui constituent un atout pour l’internationalisation des formations et l’insertion professionnelle ?Séverine Wozniak, Maître de conférences en anglais de spécialité, Université Grenoble Alpes (UGA)Cédric Sarré, Maître de conférences en anglais et didactique des langues, Sorbonne UniversitéPhilippe Millot, Associate professor, Université Jean-Moulin Lyon 3Valérie Braud, Professeur agrégée d'anglais, Département Langues et Cultures, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/862462017-11-22T05:12:39Z2017-11-22T05:12:39ZLe triple A des Écoles de Commerce : des accréditations entre assurance-qualité, affaire, et accusations<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/194982/original/file-20171116-8000-o10uhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Campus berlinois de l'ESCP Europe.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/escpeurope_london/10801117863/in/album-72157636683908305/">ESCP Europe/Flickr</a></span></figcaption></figure><p><a href="http://www.aacsb.edu/">AASCB</a>, <a href="https://www.mbaworld.com/">AMBA</a>, <a href="http://www.efmd.org/">EQUIS</a> sont autant de labels d’excellence que les écoles de management vantent dans leur communication. Similaires à des notations telles que le <a href="http://droit-finances.commentcamarche.net/faq/24074-triple-a-definition">triple A en finance</a>, ces récompenses constituent une assurance-qualité. Néanmoins, elles sont également devenues une affaire lucrative et une question de survie pour les <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0007681316000045">business schools internationales</a>. Régulièrement, des accusations dénoncent notamment l’aspect pécuniaire des accréditations. Comment cela fonctionne, à quoi cela sert, quels sont les enjeux, et quels sont les revers de la médaille ?</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=317&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=317&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=317&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=399&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=399&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194827/original/file-20171115-19772-13vkk8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=399&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les accréditations AACSB, EQUIS, EPAS et AMBA des écoles de gestion.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.ecoles-commerce.com/accreditations-des-ecoles-en-2017-equis-aacsb-amba-epas/">ecoles-commerce.com</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Commençons par distinguer les accréditations et reconnaissances conférées par l’État (<a href="https://www.cefdg.fr/ecoles-et-formations-visees;jsessionid=53D2EC5E8273692B102D9042A0322307">formations visées</a>, <a href="https://www.cefdg.fr/web/cefdg/lexique?p_p_id=56_INSTANCE_ru6I&p_p_lifecycle=0&p_p_state=normal&p_p_mode=view&p_p_col_id=column-2&p_p_col_pos=1&p_p_col_count=3">grade de master</a>…) de celles attribuées par des accréditeurs privés. Malgré l’absence de caractère officiel de ces derniers, leur portée internationale est souvent prééminente sur celle de l’État.</p>
<p>Parmi environ <a href="https://www.efmd.org/images/stories/efmd/Blog/GFOCT2014/Issue__3_2014_accreditation.pdf">13 000 business schools</a> au monde, moins de <a href="https://www.efmd.org/images/stories/efmd/Blog/GFOCT2014/Issue__3_2014_accreditation.pdf">10 %</a> ont à minima l’un de ces labels internationaux. Moins de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Triple_accreditation">1 %</a> détiennent l’AASCB, l’AMBA, et l’EQUIS, triple couronne détenue en France par seulement <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Triple_accreditation">15 écoles</a> au total dont l’<a href="http://www.essec.edu/">ESSEC</a>, entrée récemment dans ce club plutôt select.</p>
<p>Le processus pour obtenir une de ces accréditations pour la première fois peut prendre jusqu’à <a href="https://blog.headway-advisory.com/a-quoi-servent-les-accreditations-internationales-la-cge-fait-le-point/">sept ans</a> avec des étapes semblables pour chacune des accréditations : une enquête préliminaire auprès de l’école ; un rapport écrit par l’école à partir de standards et de questions précises ; une visite sur site par une équipe de pairs ; des recommandations écrites par cette équipe ; la décision de l’accréditeur d’accorder ou non le label à l’institution et sous quelles conditions.</p>
<p>Chacune de ces trois accréditations a cependant son propre raisonnement. L’américaine AACSB se concentre beaucoup sur l’assurance de la qualité de l’apprentissage en se focalisant davantage sur des critères quantitatifs et des checklists, l’EQUIS (l’équivalent européen) met plus de poids sur la stratégie internationale de l’institution et poursuit une approche plus qualitative. L’AMBA basée à Londres est en quelque sorte la petite sœur des deux autres car elle n’accrédite que des programmes individuels et non des institutions entières.</p>
<h2>Assurance-qualité et moteurs du perfectionnement des business schools</h2>
<p>La phase d’accréditation ou de réaccréditation régulière oblige les business schools à se remettre en question. Elle implique tous les stakeholders de l’institution (l’équipe de direction, le corps professoral, le corps administratif, les étudiants et alumni) et sont un excellent moyen de les fédérer autour d’un même projet – souvent équivalent à un projet de modernisation d’une entreprise. Enfin, au moment de l’obtention du label, une fierté s’installe parmi tous ces acteurs et est source d’énergie et de renouveau. Ainsi, la <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08975930.2013.860345">recherche scientifique</a> montre que les accréditations ont amélioré les écoles de management.</p>
<p>Bien que leur utilité soit incontestable, les accréditations pourraient l’être encore davantage, si appliquées et préparées de manière optimale. Il arrive que les écoles soient débordées et ne prennent/ne puissent pas prendre le temps nécessaire. Ainsi, quelquefois la finalité d’obtenir l’accréditation prend le dessus sur l’objectif d’améliorer véritablement et durablement son institution. Or, pour qu’une accréditation ait un rôle majeur d’assureur-qualité, les processus d’amélioration doivent être assidus et permanents.</p>
<h2>Affaire pour les accréditeurs et question de survie pour les écoles</h2>
<p>Les accréditations ont un impact direct sur le recrutement des meilleurs étudiants sensibles aux labels d’excellence. Elles sont également indirectement vitales par leur prise en compte dans les barèmes des classements et par leur qualité de repère lors du choix des partenaires prestigieux pour les meilleures écoles internationales. Ainsi, dans un contexte de baisse constante des financements publics où bien recruter devient crucial, la perte d’une accréditation peut avoir des conséquences dramatiques.</p>
<p>Cette importance se reflète dans le coût élevé des accréditations. Il existe des coûts directs élevés critiqués par <a href="http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/28/la-cour-des-comptes-epingle-les-ecoles-de-commerce_1811097_3224.html">La Cour des comptes</a> car les accréditeurs de l’AASCB ou de l’EQUIS facturent environ <a href="https://www.efmd.org/companies/113-accreditation/equis/113-fee-structure">50 000€</a> pour un label d’une durée de cinq ans. Mais les standards exigeants des accréditeurs créent également des coûts indirects très importants tels que celui induit par le pourcentage minimum d’enseignants permanents avec un niveau élevé de recherche. </p>
<p>Ces professeurs sont plus chers que des intervenants donnant seulement quelques cours chaque année. Ainsi, la <a href="http://www.sciencespo.fr/ecole-management-innovation/en">School of Management and Innovation de Sciences Po</a>, institution pourtant prestigieuse, aurait actuellement des difficultés à décrocher l’un de ces labels avec un corps enseignant constitué de très peu d’enseignants-chercheurs permanents. Pour les accréditeurs il existe parfois également une pression financière pour maximiser leur profit en poursuivant une politique d’expansion qui respecterait leurs critères de qualité.</p>
<h2>Accusations d’accompagnement : uniformisme, lobbysme, opportunisme</h2>
<p>Même si les accréditeurs soulignent à juste titre que chaque école est évaluée dans son contexte, un certain effet d’harmonisation est indéniable et se traduit par des accusations régulières d’uniformisation. À l’inverse, cette harmonisation transnationale se heurte parfois aux normes étatiques. Au Royaume-Uni par exemple, l’<a href="http://www.qaa.ac.uk/en">accréditeur national</a> demande l’existence d’évaluateurs externes à l’école. En Allemagne, en revanche, cela est interdit par la <a href="https://www.hochschulverband.de/hochschulgesetzsammlung.html#_">loi</a> car le professeur est le juge ultime de la qualité de son cours. Pour une école comme <a href="http://www.escpeurope.eu/">ESCP Europe</a>, avec des campus et normes à respecter dans six pays européens, cela peut devenir assez compliqué.</p>
<p>D’autres accusations se concentrent autour du lobbying. Sans surprise, les écoles ayant reçu l’accréditation discutent et influencent les évolutions potentielles des critères d’évaluation – ce qui rend quelquefois plus dur pour les non-membres d’y rentrer. Par exemple quand l’AASCB s’est vu renouveler de manière significative en 2003 et 2013, un comité de directeurs d’écoles membres a proposé des changements.</p>
<p>Enfin par opportunisme, des membres de direction des écoles peuvent essayer d’influencer le rapport des accréditeurs de façon à ce qu’il soit utile à leur politique interne. Cette instrumentalisation, source de mécontentement, veut qu’il soit plus simple de fermer ou de repositionner des programmes, de modifier les statuts du corps enseignant, si cela est effectivement demandé par un accréditeur objectif et externe à la maison.</p>
<h2>Des labels d’excellence bien particuliers aux business schools</h2>
<p>Ces accréditations revêtent donc un caractère incontournable d’assurance-qualité pour les écoles de commerce en quête de prestige. Mais est-ce que ces labels d’excellence existent aussi dans d’autres secteurs de l’enseignement supérieur et est-ce que ce système serait transposable à d’autres domaines ? Les écoles d’ingénieurs ont à cet égard leur label <a href="https://www.efmd.org/companies/126-eu-cooperation/completed-projects/182-queste-si-quality-system-of-science-and-technology-universities-for-sustainable-industry">QUESTE</a>, soutenu par la Commission européenne, mais qui reste encore très circonscrit.</p>
<p>Toutefois, pour qu’un label fonctionne il faut qu’il y ait un besoin pour la formation concernée motivé par une offre variée et potentiellement anarchique dans la formation concernée. Le label de l’AMBA a été créé car beaucoup de <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263237314000425">formations MBA médiocres</a> avaient émergé d’un marché lucratif dans les années 1970-1980. De plus, un label ne peut s’établir sans le consentement des institutions elles-mêmes, surtout les plus prestigieuses d’entre elles. Un label légitime tend à être octroyé par l’État ou soutenu par un organisme important. Finalement, souvent les formations ont une forte composante nationale, comme la médecine ou le droit, et sont donc moins propices à des labels internationaux d’excellence de qualité, pour le moment bien particuliers aux business schools.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andreas Kaplan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les labels d’accréditation des écoles de management : comment cela fonctionne, à quoi cela sert, quels sont les enjeux, et quels sont les revers de la médaille ?Andreas Kaplan, Rector, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/873132017-11-12T20:07:12Z2017-11-12T20:07:12ZQuand les forces francophones se rapprochent face au défi de la qualité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/194219/original/file-20171111-29352-wci1dq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C5176%2C3142&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Agences signataires de la 'Déclaration de Beyrouth' le 8 novembre 2017.</span> <span class="attribution"><span class="source">AUF</span></span></figcaption></figure><p><em>À l’occasion de son colloque annuel les 7 et 8 novembre, à Beyrouth (Liban) autour de la thématique <a href="https://www.auf.org/nouvelles/agenda/colloque-annuel-de-lauf-qualite-lenseignement-superieur/">« la Francophonie universitaire face au défi de la qualité : pour un rapprochement des forces »</a>, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) a réuni plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, représentants des agences nationales, experts de l’assurance qualité. Jean‑Paul de Gaudemar, recteur de l’AUF, décrypte les enjeux de cette rencontre pour The Conversation France.</em></p>
<hr>
<p>Le monde universitaire francophone a connu d’importantes transformations et un essor sans précédent depuis une vingtaine d’années. À l’exception de la France qui connaît une démographie estudiantine en hausse, cette dernière est plutôt stable dans la <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Tertiary_education_statistics/fr">plupart des pays européens</a> ou d’Amérique du Nord.</p>
<p>En revanche, dans la plupart des pays dits « du Sud » cette démographie a crû de manière exponentielle. Il y a ainsi <a href="https://www.contrepoints.org/2015/02/28/199541-il-y-a-deux-fois-plus-detudiants-dans-le-monde-quen-2000">aujourd’hui deux fois plus d’étudiants dans le monde qu’en 2000</a>.</p>
<p>Loin de rester confiné à une élite, l’enseignement supérieur s’est démocratisé dans de nombreux pays illustrant de nouvelles aspirations au sein des sociétés, la montée des classes moyennes, ou le besoin de qualifications plus élevées pour le développement.</p>
<p>En revanche, cette croissance a souvent été accompagnée de politiques publiques insuffisantes et nous faisons aujourd’hui face <a href="https://www.timeshighereducation.com/news/expansion-in-global-higher-education-has-increased-inequality">à une offre universitaire démultipliée, globale mais très inégale</a>.</p>
<p>Les conséquences peuvent être catastrophiques avec des jeunes diplômés mal préparés à la réalité de marchés de l’emploi peu capables de les absorber. Beaucoup <a href="https://www.theguardian.com/global-development/poverty-matters/2011/aug/31/consequences-increasing-access-to-education">se retrouvent alors vite marginalisés</a>.</p>
<h2>« Il faut éviter que la quantité n’étouffe la qualité »</h2>
<p>La prise de conscience et la réponse des gouvernements sont souvent trop lentes. Pourtant il est nécessaire aujourd’hui d’éviter que la quantité n’étouffe la qualité. Pour cela, il faut que les gouvernements investissent davantage dans ce domaine essentiel et que les institutions d’enseignement supérieur et de recherche acceptent de véritables processus d’évaluation sur la qualité de leur offre éducative, basés sur des référentiels exigeants et permettant de souligner les changements nécessaires : <a href="https://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2009-2-page-79.htm">c’est l’assurance-qualité</a>.</p>
<p>En France cette question a été longtemps débattue avant que les autorités n’installent, il y a 10 ans, une <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid20566/installation-de-l-agence-d-evaluation-de-la-recherche-et-de-l-enseignement-superieur-aeres.html">agence d’évaluation de l’enseignement supérieur</a> (AERES) devenue depuis le <a href="http://www.hceres.fr/PRESENTATION/Missions">Haut Conseil d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur</a> (HCERES).</p>
<p>Beaucoup d’autres pays du monde francophone se sont engagés sur ce chemin et peu à peu, sont nées différentes agences d’assurance-qualité. À l’AUF cette question est au cœur de notre <a href="https://www.auf.org/wp-content/uploads/2017/04/Strat%C3%A9gie-2017-2021.pdf">stratégie</a> car la promotion de la francophonie universitaire ne peut passer que par une qualité démontrée. Au Liban et notamment à l’<a href="https://www.usj.edu.lb/qualite/files/objectif.html">Université Saint-Joseph</a> on est ainsi très attaché au dynamisme de la démarche d’assurance-qualité. Ce sont d’ailleurs des échanges tenus à Beyrouth l’an dernier tant avec nos membres qu’avec leur ministère de tutelle qui ont inspiré la tenue de ce colloque.</p>
<p>On nous a souvent posé la question : pourquoi l’AUF ne jouerait-elle pas ce rôle d’agence d’assurance-qualité auprès de ses membres ?</p>
<p>Mais ce n’est ni notre vocation ni notre domaine d’expertise. L’assurance-qualité ne s’improvise pas. Nous préférons nous concentrer sur l’accompagnement de nos membres dans cette direction et nous appuyer sur les acteurs spécialisés que sont notamment les agences pour porter les opérations d’évaluation, d’accréditation et plus généralement d’assurance-qualité.</p>
<h2>Répondre aux besoins spécifiques des membres</h2>
<p><a href="https://www.auf.org/les_membres/nos-membres">L’AUF compte plus de 800 d’établissements</a> d’enseignement supérieur répartis dans une centaine de pays. Leurs situations sont très disparates. Certes, de nombreuses agences existent, surtout anglo-saxonnes. Elles ont été les premières à <a href="http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1016/j.polsoc.2014.09.005">s’engager sur ce terrain</a>, créant un véritable marché aujourd’hui tourné vers les <a href="https://www.elsevier.com/books/the-rise-of-quality-assurance-in-asian-higher-education/shah/978-0-08-100553-8">économies émergentes</a>. Dans ce contexte, il est souhaitable que les opérateurs d’assurance-qualité francophones ou installés dans des pays où se trouvent des établissements de l’AUF, soient plus visibles, plus disponibles aussi pour répondre à une demande croissante et fournir ainsi une vraie alternative francophone.</p>
<p>Le rapprochement des forces francophones en ce domaine et les mutualisations correspondantes sont des éléments essentiels de réponse. C’est tout l’intérêt de la <a href="https://www.auf.org/maghreb/nouvelles/actualites/a-beyrouth-forces-francophones-se-rapprochent-faveur-de-qualite-lenseignement-superieur-recherche/">déclaration adoptée à Beyrouth</a> par huit de ces agences que d’opérer ce rapprochement au sein du réseau dénommé FRAQ-Sup (<a href="https://www.fraq-sup.fr/">Réseau francophone d’Assurance-Qualité pour l’enseignement supérieur)</a>. Il appartient à l’AUF de le soutenir pour lui permettre de constituer cette alternative francophone souhaitée par tant de nos membres.</p>
<h2>Former, sensibiliser, préparer</h2>
<p>Adopter une démarche vers l’assurance-qualité ne se fait pas du jour au lendemain. C’est ici que l’AUF a un rôle de facilitateur : il faut expliquer, afin de sensibiliser et proposer à nos membres de former leurs cadres à l’importance et à la culture de l’assurance- qualité, leur faire connaître le réseau d’agences d’évaluation dont ils ne connaissent pas forcément l’étendue du fonctionnement ni de leur impact possible.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194243/original/file-20171112-29389-8z036a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les 7 et 8 novembre 2017, le colloque de l’AUF a réuni des experts, chercheurs et institutions du monde entier autour de la démarche-qualité au sein du monde académique francophone.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AUF</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est ainsi que nous avons lancé ces dernières années un exercice d’<a href="https://www.auf.org/nouvelles/actualites/temps-fort-pour-le-projet-auto-evaluation-des-univ/">auto-évaluation au Maghreb</a> suivi par près d’une centaine de nos membres. De même dans quelques pays d’Afrique subsaharienne avec le <a href="http://www.lecames.org/">concours du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur</a> (CAMES). Cela a permis aux acteurs locaux de mieux s’approprier des notions et des processus qu’ils ne maîtrisaient pas forcément voire qu’ils redoutaient parfois.</p>
<p>Il est important en effet de faire comprendre qu’évaluation ou assurance-qualité ne signifient pas contrôle administratif normatif mais désignent un processus d’amélioration continue adaptée à son contexte. On ne doit pas imposer « par le haut » l’assurance-qualité mais faire en sorte qu’elle soit appropriée par ceux qui en seront les bénéficiaires.</p>
<p>Les décisions gouvernementales sont essentielles car elles donnent une légitimité institutionnelle aux démarches d’assurance-qualité et aux acteurs qui y opèrent. Elles donnent aussi des contreparties positives aux progrès effectués. Mais elles ne trouvent leur pleine efficacité que si les établissements s’emparent de la démarche. Un de nos outils pour aider à cette compréhension est l’<a href="http://ifgu.auf.org/">Institut de la Francophonie pour la Gouvernance Universitaire</a> (IFGU) basé à Yaoundé.</p>
<p>Cet institut a pour mission de contribuer à la qualité de la gouvernance universitaire notamment en formant ses cadres : nous allons élargir son périmètre d’action en nous appuyant sur notre <a href="http://esfam.auf.org/">école de management de Sofia en Bulgarie</a> mais aussi sur l’expertise de nos membres. Ainsi sur l’<a href="http://www.usenghor-francophonie.org/">Université Senghor à Alexandrie</a> (Égypte) ou encore sur le <a href="http://g3univ.org">réseau G3</a> – qui regroupe l’Université Libre de Bruxelles, l’Université de Montréal et l’Université de Genève – prêts à apporter son concours.</p>
<h2>Redonner le goût à la langue française par une éducation de qualité</h2>
<p>Dans quel but oeuvrons-nous à améliorer la qualité des institutions d’enseignement francophones ? Pour nos enseignants, pour faire rayonner nos établissements, et à travers eux la francophonie universitaire, mais avant tout pour l’étudiant. C’est pour cela que sa place est cruciale au sein des processus d’évaluation. Cette tendance ne fait pas toujours l’unanimité au sein des établissements. En France, pays longtemps frileux en ce domaine les <a href="https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2008-5-page-46.htm">choses bougent doucement</a> et c’est heureux.</p>
<p>Le soutien que nous voulons accorder au réseau FRAQ-Sup ne cherche pas à imposer un seul type de réseau d’agences ou d’expertise mais sa constitution peut contribuer à ce que la francophonie soit à nouveau synonyme d’excellence. Les jeunes générations francophones cherchent d’abord une formation qui leur assure un avenir. Nous devons leur apporter des réponses pour redonner goût à la langue française dans le futur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87313/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Paul de Gaudemar ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour accompagner les grandes transformations du monde universitaire francophone, les acteurs de la francophonie s’engagent durablement dans la démarche-qualité dans l’enseignement supérieur.Jean-Paul de Gaudemar, Professeur, Recteur de l'Agence Universitaire pour la Francophonie, Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/866002017-11-05T22:06:37Z2017-11-05T22:06:37ZLe rôle des agences françaises d’évaluation et d’accréditation dans l’enseignement supérieur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/193287/original/file-20171104-1017-1sg7x8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Diplôme d'ingénieur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cadrescfdt.fr/sites/default/files/styles/page_actualite_750x360/public/fotolia_27260782_xs.jpg?itok=cJmDkJpV">Fotolia XS</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte est publié dans le cadre du <a href="http://www.colloqueannuel.auf.org/">colloque annuel de l’Agence Universitaire de la Francophonie</a> du 7 et 8 novembre 2017 à Beyrouth sur le thème « La francophonie universitaire face au défi de la qualité : pour un rapprochement des forces ».</em></p>
<hr>
<p>La CTI (<a href="https://www.cti-commission.fr/">Commission des titres d’ingénieur</a>) – créée par l’État français en 1934 – est, au sein de l’ensemble des agences qualité concernant l’enseignement supérieur français, avec le <a href="http://www.hceres.fr/">HCERES</a> (Haut Conseil à l’évaluation de la recherche dans l’enseignement supérieur) – créé en 2007 sous le nom initial d’AERES – , l’une des agences les plus importantes en terme de nombre de missions accomplies chaque année.</p>
<p>La CTI s’intéresse uniquement aux formations d’ingénieur et son rôle est d’accréditer les écoles d’ingénieurs à délivrer le titre d’ingénieur diplômé à leurs diplômés. Son rôle est analogue à celui de la <a href="https://www.cefdg.fr/">CEFDG</a> pour les écoles de management.</p>
<h2>Un travail d’évaluation paritaire</h2>
<p>La particularité majeure de la CTI est sa composition paritaire, en effet l’assemblée plénière qui vote les décisions d’accréditation est composée de 32 membres : 16 sont issus du monde académique et 16 proviennent du monde socio-économique.</p>
<p>Après écriture par l’école de son rapport d’auto-évaluation, une visite d’audit est effectuée par une équipe de membres et experts de parités complémentaires incluant un expert étudiant. L’équipe d’audit rédige ensuite un rapport et effectue une présentation de ses observations devant une assemblée plénière qui vote une décision d’accréditation et formule des recommandations.</p>
<p>Il y a actuellement <a href="http://bit.ly/2A7BOCt">206 écoles d’ingénieur en France</a>. Le calendrier des évaluations CTI a beaucoup évolué : au démarrage l’ évaluation se faisait une seule fois, puis en 1997, l’évaluation est devenue périodique et en 2016, cette périodicité est passée à 5 ans pour alignement avec la contractualisation ministérielle.</p>
<h2>Des visions complémentaires</h2>
<p>Bien évidemment, l’évaluation d’une formation (incluant son recrutement et son employabilité) ne peut se faire qu’en regardant de près l’environnement de la formation en terme de gouvernance, de partenariats, mais aussi le système qualité de l’école, principal générateur de l’amélioration continue.</p>
<p>De son côté le HCERES évalue la recherche, les formations, les établissements ainsi que les politiques de site de l’enseignement supérieur. Il en résulte donc une intersection des préoccupations du HCERES et de la CTI qui peut générer pour les établissements concernés, durant l’année de contractualisation avec l’état, une charge de travail importante.</p>
<p>Depuis un an, les deux agences expérimentent des solutions sur les écoles volontaires, afin de réduire la charge de travail lors de l’auto-évaluation (dossier unique) ou lors de l’audit (audits coordonnés). Ces expérimentations nécessitent un travail d’alignement de calendrier qui se fait prudemment avant d’aboutir à une éventuelle généralisation.</p>
<h2>Un double cadre européen</h2>
<p>Il faut souligner que depuis 2007, la CTI est comme le HCERES membre d’ENQA (<a href="http://www.enqa.eu/">European Network for Quality Assurance</a>) ce qui lui impose un certain nombre d’obligations dont la prise en compte dans ses critères (R et O 2016) des <a href="http://www.enqa.eu/index.php/home/esg/">European Standards and Guidelines</a> (ESG 2015) qui évoluent régulièrement en fonction des tendances observées dans l’ESR au sein de l’UE, la dernière évolution importante étant l accroissement du rôle joué par les apprenants : l’éducation centrée sur l’étudiant.</p>
<p>L’ENQA demande aussi que les parties prenantes soient consultées lors de l’écriture du référentiel d’évaluation. La publication grand public des données certifiées des écoles effectuée annuellement sur le site de la CTI est également une résultante des standards d’ENQA.</p>
<p>La CTI est aussi accréditée par un autre organisme l’ENAEE (<a href="http://www.enaee.eu/">European Network for Accreditation of Engineering Education</a>) à délivrer aux formations qui le souhaitent le label EUR ACE ; ce label atteste de la qualité de formation à l’ingénierie des écoles et donc de leurs diplômés, et le référentiel utilisé est l’EAFSG (<a href="http://bit.ly/2lRVAPM">European Accreditation Framework Standards and Guidelines</a>) qui se présente sous forme de « standards et guidelines » destinés aux établissements évalués ainsi qu’aux agences évaluatrices. Ce référentiel est compatible avec celui de la CTI mais le label EurAce ne peut être accordé à une formation dans laquelle aucun diplômé n’est en emploi.</p>
<h2>Un volet international essentiel</h2>
<p>En 1934, le législateur avait été visionnaire puisqu’un volet international existait dans les missions initiales de la CTI. Ce volet s’est fortement développé ces dernières années selon trois axes :</p>
<ul>
<li><p>l’admission par l’État français : il s’agit au terme d’un processus classique d’auto-évaluation et d’audit de délivrer aux diplômés concernés par cette admission le droit de porter le titre d’ingénieur diplômé en France, actuellement des établissements de nombreux pays ont bénéficié de cette procédure : la Chine, la Belgique, le Viet Nam, le Maroc, le Cameroun, la Suisse…</p></li>
<li><p>la délivrance du <a href="http://bit.ly/2hFzcVt">label Eurace</a> selon les procédures de cross-accréditation définies par ENAEE</p></li>
<li><p>l’aide au montage d’agences d’accréditation d’ingénierie locales, c’est le cas actuellement avec la Tunisie, par exemple.</p></li>
</ul>
<p>Les membres de la CTI sont des bénévoles et l’agence n’a pas vocation à accréditer le monde entier ! Cependant les bonnes pratiques de l’école d’« ingénieur à la française » peuvent et doivent être disséminées et partagées lors de ces différentes procédures qui accroissent le rayonnement de l’ESR français.</p>
<p>Il est à noter que lorsqu’elle travaille à l’étranger la CTI cherche à effectuer un travail commun avec les agences locales et éventuellement le poste diplomatique français, l’AUF, l’AFD…</p>
<p>Pour certaines opérations un travail commun avec le HCERES est en cours : label Cequint, labellisation des instituts franco-chinois.</p>
<p>Les activités agences d’évaluation et d’accréditation sont assez méconnues par le grand public. Il était important de les rappeler au moment de la réunion mondiale de l’AUF à Beyrouth ou elles participeront.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Marie Jolly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les agences dévaluation et d’accréditation : à quoi servent‑elles ? Comment sont‑elles régulées au niveau européen ? Quel est leur impact à l’international ?Anne-Marie Jolly, Professeur des universités émérite, Polytech Orléans, Université d’OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.