tag:theconversation.com,2011:/us/topics/epargne-20568/articlesepargne – The Conversation2024-03-18T16:16:45Ztag:theconversation.com,2011:article/2260012024-03-18T16:16:45Z2024-03-18T16:16:45ZAbus financier de la part d'un partenaire intime ? Trois façons de vous protéger<p>Il y a <a href="https://www.abus.ca/index3.html">abus financier</a> lorsqu'une personne prend le contrôle de la capacité d'une autre personne à acquérir, utiliser et conserver des ressources financières. Cela peut prendre la forme, par exemple, de se voir refuser l'accès à ses propres fonds ou d'être contraint de déposer son salaire sur un compte bancaire commun sans pouvoir y accéder. Cela peut également se produire lorsque des retraits importants sont effectués sur des comptes bancaires communs sans aucune explication. </p>
<p>Selon l’<a href="https://www.isdj.org.za/">Institut pour le développement social et la justice</a>, une société sud-africaine à but non lucratif, l'abus financier peut varier et changer de forme, mais elle se produit lorsque l'accès aux opportunités économiques est contrôlé ou restreint par un partenaire intime. </p>
<p>Cela peut se produire lorsque votre partenaire retient des informations financières ou vous cache de l'argent. Un autre exemple est celui où votre partenaire refuse de vous laisser travailler, contrôlant ainsi votre capacité à générer un revenu. Vous pouvez aussi être contraint de payer la plupart des dépenses du ménage lorsque vous gagnez moins que votre partenaire. Il peut également arriver que le coupable accumule des dettes sur une carte de crédit, sachant que la carte n'est pas à son nom. </p>
<p><a href="https://www.justice.gov.za/legislation/acts/2021-014.pdf">La loi sud-africaine sur la violence domestique</a> considère l'abus financier comme un acte criminel. Plusieurs autres pays africains, tels que le Ghana, le Kenya, l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe, reconnaissent également qu'il s'agit d'une infraction pénale. Mais elle reste largement impunie.</p>
<p>Malheureusement, l'exploitation financière n'est pas un problème nouveau. Au fil des ans, mes <a href="https://researchprofiles.canberra.edu.au/en/persons/bomikazi-zeka">recherches</a> ont montré qu'une utilisation judicieuse des services financiers peut aider les personnes défavorisées à transformer leurs revenus en richesse. Mais lorsque l'argent est mêlé à des relations, la situation peut devenir difficile à gérer. </p>
<p>Les abus financiers peuvent toucher n'importe qui, indépendamment de l'âge, du sexe, de la situation matrimoniale, de la situation professionnelle ou du niveau de revenu. En cas d'abus financier, les femmes risquent le plus de voir leur sécurité financière menacée si la dynamique de la relation se détériore. Les femmes sont plus vulnérables aux abus financiers, car cela peut aller de pair avec <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10896-023-00639-y">d'autres formes d'abus</a>. </p>
<p>En identifiant les signaux, vous pouvez prendre les trois mesures suivantes pour renforcer votre sécurité financière : la prévention, la préparation et la protection. </p>
<h2>La prévention</h2>
<p>Se renseigner sur les antécédents financiers de votre partenaire est un premier pas important pour prévenir les abus financiers. Demandez-lui comment il a géré ses dettes dans le passé (et comment il s'est retrouvé dans cette situation) ou s'il épargne activement de l'argent. </p>
<p>Aborder le sujet sur l'argent peut être difficile, mais ces informations peuvent vous donner un aperçu de ses comportements financiers passés, qui pourraient influencer et expliquer ses comportements financiers futurs. </p>
<p>Une autre stratégie préventive consiste à interroger votre partenaire sur son attitude concernant de l'argent dans les relations. Par exemple, estime-t-il la façon de gérer l'argent varie selon qu'on est homme ou femme? Aborder ce sujet dès le début peut également vous aider à fixer des limites à la gestion de l'argent dans la relation. </p>
<h2>La préparation</h2>
<p>Se familiariser avec les signes des abus financiers peut vous aider à vous préparer. Si vous soupçonnez que des abus financiers commencent à se manifester, surveillez-les de près en consignant tous les éléments de preuve. C'est important, car les auteurs d'abus peuvent vous faire croire que vous exagérez, surtout si les signes sont subtils. Consignez autant de preuves que possible et assurez-vous d'avoir des copies de tous les documents juridiques importants, car cela vous sera utile si vous avez besoin d'une assistance juridique. </p>
<p>Si vous n'en avez pas encore, demandez à un conseiller financier comment vous pouvez protéger vos finances et vos biens. </p>
<h2>La protection</h2>
<p>Dans la mesure du possible, conservez une source de revenus indépendante, car cela réduit le risque de dépendance à l'égard d'un partenaire. La dépendance financière peut entraîner des sentiments d'isolement et de désespoir, ce qui rend plus difficile la possibilité de quitter votre bourreau parce qu'il contrôle les finances. </p>
<p>Une autre mesure pour protéger votre situation financière est de veiller à ne pas signer de documents que vous ne comprenez pas. Souvent, les auteurs d'abus financiers acquièrent des actifs au nom de leur partenaire et leur imposent la charge financière des remboursements, les piégeant ainsi dans un endettement.</p>
<h2>Obtenir de l'aide</h2>
<p>Bien que les mesures énumérées ici ne soient pas exhaustives, elles constituent un bon point de départ pour réfléchir lorsque vos finances sont fusionnées avec celles de quelqu'un d'autre. </p>
<p>Si vous vous inquiétez de votre sécurité financière, il existe des moyens d'obtenir de l'aide. FIDA-Kenya, une organisation de défense des droits des femmes au Kenya, propose une <a href="https://www.fida-kenya.org/">aide juridique gratuite</a>. Au Nigeria, la Women at Risk International Foundation gère une <a href="https://warifng.org/contact-us/">ligne d'assistance</a> gratuite et confidentielle fonctionnant 24 heures sur 24. </p>
<p>Vous pouvez obtenir des conseils gratuits auprès d'un travailleur social via le <a href="https://gbv.org.za/about-us/">site web</a> du ministère sud-africain du Développement social , qui met à votre disposition un centre d'appel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, qui dispose d'un numéro d'urgence : 0800 428 428. Le centre d'appel dispose d'une ligne d'urgence au 0800 428 428. Vous pouvez visiter le <a href="https://thewarriorproject.org.za/helplines/">site web</a> du Warrior Project, une organisation à but non lucratif, pour plus d'informations sur les lignes d'assistance et les ressources.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226001/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bomikazi Zeka does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Lorsque l'argent est mêlé aux relations, les choses peuvent vite devenir compliquées.Bomikazi Zeka, Assistant Professor in Finance and Financial Planning, University of CanberraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2240372024-02-25T16:26:05Z2024-02-25T16:26:05ZÉpargne : les Français toujours accro au livret A malgré des envies de risque et de rendement<p>Que retenir du 22ᵉ baromètre Ipsos réalisé pour le Cercle des épargnants sur <a href="https://www.cercledesepargnants.com/post/barom%C3%A8tre-2024-les-fran%C3%A7ais-l-%C3%A9pargne-et-la-retraite">« Les Français, l’épargne et la retraite »</a> ? Si quatre Français sur cinq possèdent un compte sur livret, ils sont plus nombreux que par le passé à envisager une plus grande prise de risque.</p>
<p>Ces comptes sur livret servent avant tout à recueillir une épargne de précaution, pour 53 % des Français. Malgré l’attrait grandissant du plan d’épargne <a href="https://theconversation.com/topics/retraite-20151">retraite</a>, ils recueillent aussi, pour 26 % des répondants, une <a href="https://theconversation.com/topics/epargne-20568">épargne</a> destinée à compléter à long terme les revenus tirés du régime général.</p>
<p><iframe id="2PRMT" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/2PRMT/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Prêts à prendre plus de risque, les Français seraient aussi disposés à se détourner en partie des placements très liquides où l’épargne est mobilisable immédiatement.</p>
<p><iframe id="w6QaC" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/w6QaC/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<h2>Prêts à prendre plus de risque, vraiment ?</h2>
<p>Ce constat pourrait être favorable au plan d’épargne avenir climat (PEAC) qui doit être lancé courant 2024 par Bercy. Le dernier-né des produits financiers fait appel à l’épargne des moins de 18 ans afin d’investir dans les actions et les obligations des entreprises vertueuses en matière d’environnement, de social ou de gouvernance. L’argent placé est bloqué jusqu’à la majorité du porteur et piloté afin de désensibiliser le portefeuille d’investissement à l’approche de l’échéance. Ce produit appelle donc une épargne qui devra demeurer bloquée et exposée au risque. C’est un excellent moyen pédagogique qui devrait permettre de faire comprendre les notions de risque et de rendement aux plus jeunes en particulier à ceux attachés aux notions de durabilité.</p>
<p>Ne nous y trompons pas, nous sommes encore loin d’une prise de risque généralisée. Si la dynamique est bien favorable (+8 points de pourcentage en 7 ans), elle fait passer le nombre de Français prêts à prendre un peu plus de risque de seulement 6 % à désormais 14 %. Dans ce contexte, les placements liquides et sans risque restent et de loin les placements préférés des Français au premier rang desquels le livret A.</p>
<p>La hausse de l’appétence pour les placements risqués et peu liquides semble par ailleurs avoir également avoir partie liée avec la hausse des taux d’intérêt observée depuis 2022.</p>
<p><iframe id="wUFaI" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/wUFaI/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<h2>Au-delà, un besoin de pédagogie</h2>
<p>Selon les résultats du baromètre, les Français, à la recherche de rendement, sont prêts à faire des concessions en termes environnementaux et à moins investir dans les fonds socialement responsables (labellisés ISR) qu’ils jugent notamment peu différenciés des fonds classiques. Ils sont pourtant 37 % à déclarer connaître le label ISR. Il y a donc vraisemblablement un effort de pédagogie à réaliser sur ce point.</p>
<p>C’est probablement l’ensemble de la culture financière des Français qu’il faut développer. De nombreuses études l’estiment plutôt faible, <a href="https://www.banque-france.fr/fr/communiques-de-presse/la-culture-financiere-des-francais-sameliore-progressivement-dapres-de-nouvelles-etudes-menees-par">proche de la moyenne des pays de l’OCDE</a>. Or, une faible culture financière conduit à des <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/jel.52.1.5">choix de placement non optimaux</a> qui à long terme peuvent faire une différence significative en termes de patrimoine.</p>
<p>Dans la dernière version du baromètre du Cercle des épargnants, nous avons voulu prolonger cette analyse en demandant au Français quelles étaient leurs connaissances en matière d’organisation du système financier et en particulier quel était le fonctionnement de leur placement préféré : le livret A.</p>
<p><iframe id="kSifd" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/kSifd/3/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Une majorité de Français (53 %) pensent que le livret A sert uniquement à financer des prêts en faveur du logement social. Or sur les 508 milliards d’euros d’épargne des Français placés sur des livrets A, LDDS et LEP, 170 milliards (bien moins de la moitié donc) sont investis par la Caisse des Dépôts dans le financement de la cohésion sociale. Le reste est soit investi dans des obligations d’État et notamment des obligations vertes ou directement prêté par les banques qui collectent l’épargne du livret A à des entreprises de petites et moyennes tailles (TPE et PME).</p>
<p>De manière plus surprenante, 8 % des Français pensent encore que les sommes déposées sur le livret A peuvent servir à spéculer sur les produits dérivés ou sur les devises et 46 % déclarent ne pas savoir du tout la destination des fonds placés.</p>
<p><iframe id="r26EL" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/r26EL/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>De même si 20 % des Français associent principalement l’assurance-vie à l’investissement en actions, une majorité ne sait pas donner la destination des fonds placés sur un plan d’épargne retraite (56 %). Or ces deux produits permettent de manière assez proche une exposition aussi bien aux actions qu’aux obligations selon des profils variables qui favoriseront plus ou moins la prise de risque selon le choix du porteur.</p>
<p>Connaître ces différences et l’organisation générale du système de financement de l’économie française permet de faire des choix éclairés qui peuvent faire une vraie différence à l’échéance de la retraite. Cultivons-nous donc financièrement !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224037/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Dupuy est président du conseil scientifique du Cercle des Epargnants </span></em></p>Le livret A reste la star des produits de placement mais la perte de pouvoir d’achat ressentie depuis deux ans pousse aussi les épargnants français à rechercher le rendement plutôt que la sécurité.Philippe Dupuy, Professeur au département Gestion, Droit et Finance, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2042262023-05-01T17:14:40Z2023-05-01T17:14:40ZUne économie de guerre sera-t-elle nécessaire pour respecter l’Accord de Paris sur le climat ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522173/original/file-20230420-1738-jeeu7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1995%2C1315&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quels impacts macroéconomiques peut-on anticiper dans la mise en œuvre des objectifs de l’accord de Paris&nbsp;?
</span> <span class="attribution"><span class="source">COP Paris / Flickr</span></span></figcaption></figure><p>Voilà maintenant 3 ans que la pandémie liée au coronavirus est venue bouleverser le monde. Depuis, nous avons connu en Occident des conditions macroéconomiques qui n’avaient plus été observées en plusieurs décennies. La reprise économique post-Covid et la désorganisation des chaînes de valeur ont engendré un déséquilibre entre offre et demande et une <a href="https://theconversation.com/topics/inflation-28219">inflation</a> importante. À cela se sont ajoutées les conséquences de la guerre en Ukraine et l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation. À ainsi été atteint un <a href="https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/le-taux-d-inflation-en-europe/">taux d’inflation jamais vu en zone euro</a> depuis la création de la monnaie unique. En parallèle, de nombreux pays, à la tête desquels les États-Unis et le Royaume-Uni, ont connu une <a href="https://www.theguardian.com/business/2022/dec/04/why-are-so-many-people-leaving-the-workforce-amid-a-uk-cost-of-living-crisis">pénurie de travailleurs</a>, et on observe dans de nombreux pays européens une <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/christian-chavagneux/totalenergies-maillon-faible/00104762">réémergence du conflit social</a> lié à la répartition des richesses entre travail et capital.</p>
<p>Et la <a href="https://theconversation.com/topics/transition-energetique-23303">transition énergétique</a> dans tout cela ? Et si au lieu de contribuer à apaiser ces tensions, celle-ci venait rajouter de l’huile sur le feu et renforçait les différentes dynamiques inflationnistes ? C’est ce qu’a étudié en détail notre collectif d’ingénieurs et d’économistes de l’UCLouvain, de l’Agence française de développement, du <em>Shift Project</em>, de l’Université Grenoble Alpes et de l’Inria. Dans un <a href="https://authors.elsevier.com/sd/article/S0921-8009(23)00095-2">article</a> récemment publié dans la revue <em>Ecological Economics</em>, nous tentons de répondre à la question suivante : « quelles dynamiques macroéconomiques seraient engendrées par une transition énergétique mondiale rapide, compatible avec l’accord de Paris ? »</p>
<p>Alors que nombre d’économistes abordent cette question en parlant d’un « capital brun » qu’il faudrait remplacer par du « capital vert », notions relativement abstraites, nous avons pris soin de fonder notre modèle sur les caractéristiques techniques des énergies <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0306261919316551?via%3Dihub">solaire</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0306261917313673">éolienne</a> au niveau mondial pour déterminer de manière précise leur potentiel global.</p>
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<p>Ces deux types d’énergie seront vraisemblablement <a href="https://www.mdpi.com/1996-1073/13/21/5543">largement majoritaires</a> à l’avenir, quel que soit le mix énergétique décarboné envisagé. Le modèle que nous avons développé, baptisé Temple, représente de manière unifiée les interactions entre système énergétique, économie réelle et sphère financière. La nouveauté réside notamment dans l’utilisation de projections détaillées de l’évolution de différentes caractéristiques du système énergie-économie au cours de la transition. Sont ainsi incluses l’évolution des besoins en capital du secteur énergétique, fondée sur des calculs de Taux de Retour Énergétique (abrégé <a href="https://reporterre.net/La-dure-loi-de-l-Eroi-l-energie-va-devenir-plus-rare-et-plus-chere">EROI</a> en anglais), l’évolution de l’intensité énergétique des différents secteurs économiques et les changements démographiques globaux.</p>
<p>Temple permet donc de modéliser une économie mondiale qui, tout en continuant à croître, réaliserait une transition énergétique à marche forcée jusqu’à 2050. Il nous amène à six conclusions essentielles.</p>
<h2>Des besoins, de la croissance mais un effet d’éviction</h2>
<ul>
<li><p>La transition énergétique implique une multiplication par 10 des <strong>besoins en capitaux</strong> du secteur énergétique. Autrement dit, répondre à une demande énergétique mondiale donnée à l’aide de panneaux solaires et d’éoliennes, en prenant en compte les moyens de stockage d’énergie et le renforcement des réseaux associés, demande 10 fois plus de machines et d’équipement que leur équivalent en puits de pétrole, gaz, mines de charbon, centrales thermiques et réseaux actuels.</p></li>
<li><p>Du fait des investissements massifs dans le secteur énergétique, la transition induit un <strong>rebond de croissance économique</strong>.</p></li>
</ul>
<p><iframe id="ezlAX" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/ezlAX/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<ul>
<li>Contrairement à l’intuition keynésienne, les contraintes d’offre s’avèrent déterminantes dans la transition. Ce n’est pas la disponibilité physique en énergie renouvelable qui fait défaut, mais plutôt la capacité productive de l’économie. En d’autres termes, la demande en investissements dans le secteur énergétique est telle que l’appareil productif ne peut pas répondre à la fois à cette nouvelle demande et à la demande en biens de consommation des ménages. Un phénomène de <strong><em>crowding-out</em> de la production industrielle</strong> apparaît dès le début de la transition (en français, on parle d’effet d’éviction). Notons que Temple modélise aussi bien la sphère réelle que financière de l’économie : la contrainte soulignée ci-dessus concerne bien l’économie réelle, la transition ne semblant pas rencontrer d’obstacle majeur d’un point de vue financier.</li>
</ul>
<h2>Épargne, pénurie de travailleurs et inflation</h2>
<ul>
<li>Selon notre modèle, le <strong>taux d’investissement</strong> de l’économie mondiale (c’est-à-dire la fraction du PIB non dédiée à la consommation des ménages et du gouvernement) devrait augmenter de 26 % aujourd’hui à plus de 40 % au pic de la transition.</li>
</ul>
<p><iframe id="1K0Vo" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/1K0Vo/4/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Une telle situation n’a plus été observée dans un pays occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis. C’est dire que les simulations du modèle correspondent à une économie de guerre où la production de tanks, obus et bombardiers serait remplacée par celle de panneaux solaires, éoliennes et réseaux électriques. Tout comme pendant la Seconde Guerre mondiale, les ménages seraient forcés d’épargner une partie significative de leur revenu, afin de contribuer au financement de ces investissements.</p>
<ul>
<li>Le dynamisme économique provoqué par la transition ne vient pas seulement saturer le capital productif, il cause aussi d’importantes <strong>tensions sur le marché du travail</strong>. Dans le scénario principal étudié avec Temple, le taux d’emploi augmente ainsi de 20 % entre aujourd’hui et 2050.</li>
</ul>
<p><iframe id="3Gh25" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/3Gh25/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Comme <a href="https://jwmason.org/slackwire/climate-policy-from-a-keynesian-perspective/">envisagé par J. W. Mason</a>, professeur d’économie au John Jay College de New York, cela induit une pénurie de travailleurs et augmente par-là considérablement leur pouvoir de négociation salariale. Un effet indirect d’une telle transition serait de faire ré-augmenter la part des salaires dans le PIB, de l’ordre de 10 points, alors que celle-ci <a href="https://academic.oup.com/cje/article-abstract/40/6/1517/2875714?redirectedFrom=fulltext">n’a cessé de diminuer depuis 40 ans</a> dans l’ensemble des économies occidentales.</p>
<ul>
<li>Enfin, la démultiplication des coûts en capitaux des entreprises énergétiques, le déséquilibre persistant entre demande en capital et biens de consommation d’une part, et production industrielle de l’autre, ainsi que l’augmentation des salaires, rendent la transition énergétique <strong>fortement inflationniste</strong>. Dans le scénario étudié avec Temple, on observe une inflation soutenue de 10 % en moyenne pour l’économie mondiale.</li>
</ul>
<p><iframe id="Mrld4" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/Mrld4/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Un tel niveau d’inflation est similaire à ce qu’ont connu les pays de l’Union européenne dans les mois qui ont suivi l’invasion russe de l’Ukraine.</p>
<h2>Une nécessaire restructuration de l’économie en profondeur</h2>
<p>Bien sûr, un tel scénario de transition énergétique a peu de chances de se matérialiser en pratique, tant il implique de sacrifices. Les résultats présentés ci-dessus tranchent avec ce qui peut être observé aujourd’hui dans certains pays européens à la pointe de la transition énergétique tels que le Danemark, où celle-ci semble se dérouler comme un processus relativement fluide. Ces quelques pays ne sont cependant, dans l’absolu, encore qu’au début de la décarbonisation de leur système énergétique. De plus, les panneaux solaires et les éoliennes qui y sont installés sont principalement manufacturés dans d’autres pays, qui eux reposent sur un mix énergétique fossile : les contraintes de capacité productive sont donc invisibilisées.</p>
<p>Grâce à la combinaison des points de vue d’ingénieurs et d’économistes sur la transition, les simulations réalisées avec Temple permettent ainsi de mettre en lumière les fortes perturbations économiques qui seraient engendrées par une transition énergétique ambitieuse. Nous n’en concluons pas pour autant qu’un système énergétique 100 % renouvelable soit inatteignable. En effet, le scénario proposé ci-dessus peut être nuancé de diverses manières, notamment en questionnant la croissance de l’économie mondiale.</p>
<p>Notre but est plutôt de souligner la restructuration profonde de l’économie qu’implique une transition vers un système énergétique décarboné. Une telle transition est fortement inflationniste et fait réémerger au premier plan la question de la répartition de la richesse entre capital et travail. Elle requiert l’adoption de nouvelles formes de gouvernance écologique, à la fois pour gérer cette conflictualité sociale et pour assurer une bonne allocation du capital productif vers les secteurs clés de la transition.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204226/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Louis Delannoy a reçu des financements de l'INRIA Grenoble. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Baptiste Andrieu est financé par le think tank The Shift Project. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hervé Jeanmart a reçu des financements de l'UCLouvain pour travailler sur cette thématique. Il a également reçu le prix Bauchau permettant de financer la suite des travaux. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Le doctorat de Pierre Jacques est financé par Hervé Jeanmart grâce au prix Bauchau. Pierre Jacques est par ailleurs membre du think tank l'Institut Rousseau.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Godin et Sakir Devrim Yilmaz ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Besoin en investissement, en travailleurs, conséquences sur la croissance et l’inflation : une équipe pluridisciplinaire a modélisé les conséquences sur l’économie réelle de la transition énergétique.Louis Delannoy, Doctorant en mathématiques appliquées, InriaAntoine Godin, Économiste-modélisateur, Agence française de développement (AFD)Baptiste Andrieu, Doctorant en sciences de la terre et de l'environnement, Université Grenoble Alpes (UGA)Hervé Jeanmart, Professor, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Pierre Jacques, PhD Student & Researcher in Ecological Economics, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Sakir Devrim Yilmaz, Modélisateur macroeconomique, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2016452023-03-13T19:55:09Z2023-03-13T19:55:09ZL’inflation incite les Français à prendre plus de risque avec leur épargne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514814/original/file-20230312-2064-i3qohj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C30%2C1011%2C679&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un Français sur deux se dit aujourd’hui «&nbsp;intéressé par les sujets d’épargne&nbsp;» contre deux sur cinq en 2020.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/65/Euro_coins_and_banknotes.jpg/1024px-Euro_coins_and_banknotes.jpg">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La forte poussée de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/inflation-28219">inflation</a> en 2022 (<a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/13/l-inflation-a-atteint-5-2-en-moyenne-en-2022-en-france-annonce-l-insee_6157692_3234.html">5,2 % en France</a>) et la <a href="https://theconversation.com/la-bce-poursuit-son-resserrement-monetaire-mais-doit-composer-avec-de-fortes-incertitudes-199332">remontée rapide des taux d’intérêt</a> a très nettement renforcé l’intérêt des Français pour les questions touchant à <a href="https://theconversation.com/fr/topics/epargne-20568">l’épargne</a>. Elle a également introduit quelques nouvelles tendances fortes sur leur manière de gérer leur <a href="https://theconversation.com/fr/topics/argent-69158">argent</a> et de prévoir leur retraite.</p>
<p>Le <a href="https://www.cercledesepargnants.com/2023/02/06/barometre-2023-les-francais-lepargne-et-la-retraite/">21ᵉ baromètre Ipsos</a> réalisé pour le <a href="https://www.cercledesepargnants.com/">Cercle des Épargnants</a> sur « les Français, l’épargne et la retraite » montre ainsi que, désormais, un Français sur deux se dit « intéressé par les sujets d’épargne et produits financiers » alors qu’ils n’étaient que deux sur cinq il y a trois ans. De fait, alors que l’inflation est au plus haut depuis trente ans, deux Français sur trois estiment que leur <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pouvoir-dachat-33467">pouvoir d’achat</a> a diminué en 2002.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514809/original/file-20230312-797-f57ih7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cercledesepargnants.com/wp-content/uploads/2023/02/Rapport-Les-Francais-lepargne-et-la-retraite-Ipsos-pour-le-Cercle-des-epargnants.pptx-.pdf">Le Cercle des Épargnants/Ipsos (février 2023)</a></span>
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<p>Cela les conduit naturellement à rechercher les placements offrant des rendements plus importants, quitte à ne pas pouvoir toucher à leur épargne à court terme, dans le but de la protéger au maximum.</p>
<h2>Le Livret A, toujours le placement préféré des Français</h2>
<p>C’est l’une des principales ruptures observées l’an dernier, avec le fort engouement pour le Livret A qui reste, selon l’enquête le placement préféré des Français : 37 % d’entre eux le classent comme meilleur produit d’épargne (en hausse de 7 points par rapport à 2021) ce qui est en ligne avec la remontée rapide des taux d’intérêt offerts par ce produit, passés de 1 % début 2022 à <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15818">3 % un an plus tard</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514811/original/file-20230312-3624-6xmdhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Si cet engouement est logique, il trouve cependant une limite puisque ces livrets sont généralement plafonnés, à 22 950 euros pour les particuliers pour le livret A par exemple, hors calcul des intérêts capitalisés.</p>
<p>Le baromètre montre également que les Français sont de plus en plus nombreux à envisager une plus grande prise de risque sur les marchés (32 % + 6 points en un an).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514810/original/file-20230312-4138-hfhkup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=421&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cercledesepargnants.com/wp-content/uploads/2023/02/Rapport-Les-Francais-lepargne-et-la-retraite-Ipsos-pour-le-Cercle-des-epargnants.pptx-.pdf">Le Cercle des Épargnants/Ipsos (février 2023)</a></span>
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<p>On pense alors immédiatement aux produits d’actions qui offrent généralement sur le long terme un rendement supérieur aux comptes sur livret par exemple. C’est donc probablement une bonne idée pour la constitution d’un patrimoine en vue de la retraite. Mais attention, l’actualité récente a aussi montré que les particuliers pouvaient être séduits par des actifs bien plus risqués comme les <a href="https://theconversation.com/les-cryptomonnaies-sont-en-crise-mais-elles-nont-pas-dit-leur-dernier-mot-185476">cryptomonnaies</a> ou certaines stratégies très agressives sur le marché des changes.</p>
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<p>Ces placements peuvent offrir des rendements impressionnants à court terme et donner l’illusion d’un gain de pouvoir d’achat conséquent. Cependant, ils n’ont certainement pas encore démontré leur efficacité pour une épargne de long terme. De manière plus problématique, ce type de placement peut <a href="https://theconversation.com/ftx-une-liquidation-entre-speculation-effrenee-gouvernance-defaillante-et-pratiques-delictuelles-195331">exposer l’épargnant à des arnaques</a> aux conséquences funestes pour son patrimoine. L’Autorité des marchés financiers (AMF <a href="https://www.amf-france.org/fr/espace-epargnants/proteger-son-epargne/crypto-actifs-bitcoin-etc">) alerte d’ailleurs très régulièrement</a> sur ce point mais malgré cela des épargnants crédules restent souvent victimes de ces fraudes.</p>
<h2>L’investissement responsable délaissé</h2>
<p>En contrepartie de cette recherche de rendement, les Français se détournent des produits d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/investissement-socialement-responsable-isr-61559">investissement socialement responsable (ISR)</a> lorsque ceux-ci sont perçus comme moins rémunérateurs. Ce mouvement en défaveur des produits financiers « verts » fait écho à ce qui est observé dans d’autres secteurs de l’activité économique : par exemple, les chaines de la grande distribution alertent depuis plusieurs mois sur la <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/distribution/inflation-les-ventes-de-produits-bio-s-effondrent-942286.html">perte de part de marché des produits bio</a> par rapport aux produits classiques.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=335&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514812/original/file-20230312-16-dpwxxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>S’agissant de la retraite, enfin, la meilleure solution à mettre en place « pour assurer la viabilité du système de retraite en France » consiste, selon 54 % des Français à développer les fonds de pension. Cette tendance est très nette depuis deux ans, signe d’une inquiétude grandissante sur la capacité du seul système par répartition à garantir des revenus décents aux futurs retraités.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514813/original/file-20230312-2942-z52r1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Au total, on voit que l’inflation affecte directement les modes de consommation du grand public mais aussi ses stratégies de placement, avec des conséquences potentielles importantes pour son patrimoine et donc pour l’économie en général.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201645/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Dupuy est conseiller scientifique du Cercle des Epargnants</span></em></p>Inquiets pour leur pouvoir d’achat, les ménages s’intéressent à des placements financiers à plus fort rendement mais dont l’efficacité dans une stratégie d’épargne de long terme reste à démontrer.Philippe Dupuy, Professeur au département Gestion, Droit et Finance, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1748912022-01-18T18:29:13Z2022-01-18T18:29:13ZLa gestion de l’argent au sein du couple, un reflet de la conception d’une relation amoureuse<p>L’argent reste généralement, dans l’idéal collectif, décorrélé du sujet de l’amour. Pourtant, comme le soulignait le poète <a href="https://citations.ouest-france.fr/citation-charles-baudelaire/malheureusement-bien-vrai-sans-loisir-24398.html">Charles Baudelaire</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Il est malheureusement bien vrai que, sans le loisir et l’argent, l’amour ne peut être qu’une orgie de roturier ou l’accomplissement d’un devoir conjugal. »</p>
</blockquote>
<p>La gestion des finances dans le couple apparaît comme un sujet délicat, probablement parce qu’il s’agit d’un aspect directement lié à <a href="https://academic.oup.com/jcr/article-abstract/45/2/298/4756471?redirectedFrom=fulltext">l’intimité</a> de la relation. Selon la sociologue Janine Mossuz-Lavau, en France « l’argent est <a href="https://www.cairn.info/revue-dialogue-2008-3-page-15.htm?contenu=article">encore plus tabou que la sexualité</a> ».</p>
<p>Dans <a href="https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre-2021-1-page-13.htm">nos travaux</a>, nous avons voulu aborder cette boîte noire de la prise de décision des conjoints en identifiant les facteurs d’influence qui expliquent les modes de fonctionnement des couples en matière de gestion des finances. Le thème est loin d’être anecdotique dans la mesure où des conflits liés à l’argent émergent souvent dans les couples, pouvant déboucher sur des <a href="https://www.financialplanningassociation.org/article/journal/MAY17-tightwads-and-spenders-predicting-financial-conflict-couple-relationships">séparations et des divorces</a>.</p>
<h2>Liberté, égalité, ou fraternité</h2>
<p>La gestion financière du couple touche en effet à <a href="https://journals.openedition.org/rccs/6467">différentes décisions quotidiennes</a> ayant trait à l’argent comme l’épargne, les investissements et les dépenses courantes. Dès le premier rendez-vous d’un couple, des règles commencent à s’établir entre les partenaires qui vont poser les premières pierres à l’édifice de la relation : l’addition est-elle partagée ou payée par l’un d’eux ? Puis, les <a href="https://www.persee.fr/doc/caf_2101-8081_2011_num_105_1_2617">routines mises en place</a> dès la première cohabitation façonnent le mode de gestion de l’argent du couple qui s’inscrit dans le temps.</p>
<p>Un aspect important concerne le choix du <a href="https://journals.openedition.org/terrain/3530">mode d’organisation des comptes bancaires</a>. Selon l’Insee, seulement <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281044">3 couples sur 5</a> environ optent pour un fonctionnement en compte commun uniquement, acceptant ainsi que toutes les entrées d’argent soient partagées au sein du ménage. Parmi les nombreux couples qui rejettent ce mode de fonctionnement en commun en matière d’argent, environ la moitié utilisent des comptes séparés, et l’autre moitié optent pour un mode mixte combinant des comptes individuels avec un compte joint. Mais qu’est-ce qui pousse les couples à privilégier une organisation plutôt qu’une autre ?</p>
<p><iframe id="UgWq6" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/UgWq6/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Dans une étude en cours, nous montrons que la façon dont les couples organisent leurs comptes bancaires et leurs dépenses est le reflet de leur conception d’une relation amoureuse. Les motivations des individus concernant leur choix de gestion de l’argent peuvent se traduire, en écho à la devise de la République française, par le triptyque <a href="https://www.vie-publique.fr/dossier/276089-liberte-egalite-fraternite">« liberté, égalité, fraternité »</a>.</p>
<p>Les couples qui optent pour un compte commun sont le plus souvent dans une logique d’idéal fusionnel et refusent d’adopter une logique comptable au sein de leur relation avec leur partenaire. Ainsi, un des répondants interrogés explique :</p>
<blockquote>
<p>« Quand on s’est mis ensemble, on a décidé de tout penser à deux et de tout partager et de ne pas commencer à compter chaque petit centime. Pour moi, s’aimer c’est tout mettre en commun dont l’argent ! »</p>
</blockquote>
<p>Les couples qui optent pour des comptes individuels cherchent généralement à garder leur indépendance financière, à s’offrir une certaine autonomie décisionnelle, et à limiter les difficultés en cas de séparation future. À ce dernier sujet, une répondante indique d’ailleurs :</p>
<blockquote>
<p>« Mon compte personnel me permet de penser à moi, de faire des achats que j’aime et que mon partenaire n’aime pas forcément. Et puis finalement, de ne pas discuter pour un oui ou pour un non pour la moindre petite chose dont j’ai envie. »</p>
</blockquote>
<p>Le mode de gestion des comptes bancaires retenu reflète donc les valeurs qui caractérisent chaque couple. Les comptes individuels sont fréquemment associés à des notions d’indépendance et de liberté, alors que les comptes communs sont liés à la recherche de solidarité et de partage, faisant écho à la fraternité. Enfin, la quête d’égalité guide vers une répartition proportionnelle des dépenses, en intégrant des disparités de revenus.</p>
<h2>Un « non directeur financier » plus exposé</h2>
<p>La prise de décision du couple en matière de gestion des finances peut refléter l’exercice de relations de pouvoir entre conjoints et générer des sentiments d’<a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0192513X19891463">insatisfaction</a>. Plusieurs répondants ont évoqué ainsi un sentiment d’injustice ou un système imposé par leur conjoint qui ne leur convient pas.</p>
<p>De façon surprenante, le mode de gestion financière évolue relativement peu au cours du temps au sein du couple, même si un des partenaires le demande explicitement. Cette tendance peut s’expliquer par la difficulté de remettre en cause le contrat de départ, tacite ou officiellement discuté entre les conjoints. En conséquence, les partenaires doivent veiller à ce que leur point de vue soit pris en compte sur le plan financier dès les premières phases de leur relation amoureuse.</p>
<p>Des <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/parler-d-argent-pour-mieux-continuer-a-s-aimer-20211107">échanges formels entre les conjoints</a>, visant à prendre en compte les valeurs de chacun et trouver un terrain d’entente bénéfique pour le couple, apparaissent donc être une condition sine qua non pour une relation équilibrée.</p>
<p>Mieux comprendre les modes d’organisation des couples autour de l’argent peut aider à proposer des solutions visant à améliorer le <a href="https://www.lefigaro.fr/actualite-france/couple-et-argent-les-comptes-separes-sont-ils-la-cle-du-bonheur-20210129">bien-être</a>, à accompagner le <a href="https://www.pleinevie.fr/conso-argent/budget/quel-budget-pour-bien-vieillir-a-la-retraite-8209.html">bien vieillir</a> et à renforcer les compétences individuelles en matière de gestion financière pour les partenaires les plus vulnérables lors de périodes difficiles (maladie ou décès du conjoint, chômage, divorce, etc.).</p>
<p>À ce dernier sujet, le <a href="https://academic.oup.com/jcr/article/45/5/1013/4985189">« non directeur financier »</a> d’un ménage, c’est-à-dire le partenaire qui préfère se décharger des décisions relatives à l’argent sur son conjoint, va être particulièrement exposé lors de ces étapes de vie délicates. Aussi, des entreprises spécialisées en gestion de patrimoine, comme <a href="https://groupe-quintesens.fr/actualite/protection-du-conjoint-retraite-et-solution-de-financement-etude-cas">Quintésens</a>, proposent aux couples d’analyser leur situation financière afin d’identifier la solution d’accompagnement la plus adaptée pour préparer la retraite et protéger le conjoint survivant. Le secteur bancaire, à l’instar de <a href="https://www.fortuneo.fr/cote-finances/decryptage-epargner-a-deux-et-epargner-pour-deux-160318">Fortuneo</a>, fournit également des conseils personnalisés pour épargner à deux en fonction du statut matrimonial.</p>
<p>La gestion des finances des couples peut aussi se caractériser par de <a href="https://academic.oup.com/jcr/article/47/1/1/5610529">l’infidélité financière</a>, lorsqu’un des partenaires cache volontairement des informations financières à son conjoint. Si cet aspect est associé à des comportements à risque, comme, par exemple, les jeux d’argent, il apparaît important que des solutions réglementaires d’accompagnement soient proposées afin d’éviter que le ménage se retrouve dans une situation financière trop délicate et nuisible au bien-être des partenaires. Des <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F790">mesures d’urgence légales</a>, à la demande d’un des époux, comme interdire de vider un compte bancaire, restent ainsi possibles.</p>
<p>Appréhender les différents contours de l’organisation pratique des couples français permet, par ailleurs, de nourrir le débat public en matière de politiques sociales. Le débat sur la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) à l’Assemblée nationale à l’automne 2021 en est un exemple frappant. Une <a href="https://lcp.fr/actualites/handicap-l-assemblee-repousse-une-nouvelle-fois-la-deconjugalisation-de-l-aah-92085">députée</a> membre de la Commission des affaires sociales, sous-entendant une conception du couple où une mise en commun totale des ressources s’opère, a ainsi expliqué :</p>
<blockquote>
<p>« Nous pensons que l’individualisation de l’AAH remettrait en cause l’ensemble de notre système socio-fiscal qui est fondé sur la solidarité familiale, conjugale et nationale. »</p>
</blockquote>
<p>Or, la prise en considération de <a href="https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre-2021-1-page-13.htm">l’hétérogénéité des modalités de gestion des finances</a> par les couples apparaît centrale pour les accompagner de façon réaliste et pertinente au cours du temps et selon les différents challenges de vie possibles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174891/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le compte commun traduit une logique d’idéal fusionnel, tandis que le choix de conserver des comptes individuels exprime la volonté de conserver une certaine autonomie décisionnelle.Sarah Benmoyal Bouzaglo, Maitre de conférences, Université Paris CitéCorina Paraschiv, Professeur en sciences de gestion, Université Paris CitéMaïva Ropaul, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1718502021-11-16T18:50:35Z2021-11-16T18:50:35ZFaut-il redouter une aggravation des déséquilibres de l’économie mondiale post-Covid ?<p>L’intensification de la <a href="https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2002-1-page-115.htm">globalisation des économies</a> et de l’intégration des marchés financiers au niveau international ont favorisé l’émergence, l’accroissement et la persistance des déséquilibres de l’économie mondiale. Lorsqu’ils sont durablement <a href="https://www.imf.org/external/french/np/blog/2018/072418f.htm">excessifs</a>, c’est-à-dire déconnectés des fondamentaux économiques censés guider leur évolution, ces déséquilibres deviennent une menace pour l’économie mondiale et sa stabilité, notamment au niveau financier.</p>
<p>Pour nombre d’économistes, tels l’Italien <a href="https://www.ecb.europa.eu/press/key/date/2008/html/sp081209.en.html">Lorenzo Bini Smaghi</a> ou les Américains <a href="https://eml.berkeley.edu/%7Eobstfeld/santabarbara.pdf">Maurice Obstfeld et Kenneth Rogoff</a>, ces déséquilibres étaient ainsi à l’origine de la crise économique et financière de 2007-2008. Le suivi de l’évolution de ces déséquilibres mondiaux et de leur niveau, resté élevé malgré les efforts visant à les réduire, fait donc l’objet de toutes les attentions de la part de la communauté internationale.</p>
<p>À l’heure actuelle, la question est d’autant plus préoccupante que la crise du Covid-19 s’est accompagnée de <a href="https://theconversation.com/plan-biden-relance-americaine-consequences-mondiales-161370">déficits budgétaires monstres</a> dans de nombreux pays développés. Si le spectre de déséquilibres mondiaux massifs surgit à nouveau aujourd’hui, faut-il vraiment les craindre ?</p>
<h2>La communauté internationale mobilisée</h2>
<p>Sous l’impulsion de la globalisation des économies à partir des années 1990, certains pays comme les États-Unis ont accumulé des déficits de transactions courantes explosifs tandis que d’autres – Japon, pays émergents d’Asie de l’Est et certains pays exportateurs de pétrole – enregistraient des excédents courants presque insolents.</p>
<p>Ces déséquilibres des comptes de transactions courantes, qualifiés de déséquilibres globaux ou mondiaux, sont mesurés par la somme, en valeur absolue, des excédents et déficits du solde des transactions courantes à l’échelle mondiale. Alors qu’ils représentaient, selon les données du Fonds monétaire international (FMI), seulement 2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial au début des années 1990, ils ont augmenté continuellement pour atteindre <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO">5,5 % du PIB mondial en 2006</a>.</p>
<p>Le solde des transactions courantes pouvant également être exprimé comme la différence entre l’épargne et l’investissement, les déséquilibres globaux sont aussi le reflet des besoins et des capacités de financement des économies à travers le monde. L’épargne des pays excédentaires ayant fortement alimenté la bulle immobilière américaine des années 2000, les déséquilibres mondiaux sont ainsi accusés d’avoir fortement contribué à la crise économique et financière de 2007-2008.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1397639006700048384"}"></div></p>
<p>Si cette crise financière a mis un coup d’arrêt à la progression des déséquilibres mondiaux, la communauté internationale s’est aussi mobilisée depuis cette date, notamment à travers les sommets du G20, pour tenter de contenir leur niveau.</p>
<p>Les déséquilibres globaux sont le fait de pays débiteurs (respectivement créditeurs), acteurs de l’amplification des déficits (respectivement des excédents) mondiaux des transactions courantes. Les premiers absorbent l’essentiel de l’épargne mondiale, tandis que les seconds l’alimentent.</p>
<p>Les États-Unis sont de loin le <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO">principal acteur des déficits mondiaux</a> (voir graphique 1). À eux seuls, ils représentaient les deux tiers des déficits des transactions mondiales avant la crise financière, entre 2000 et 2006. Cette part a néanmoins baissé depuis 2007, se situant autour de 38 % en moyenne sur la période 2007-2019. Le Royaume-Uni se place au deuxième rang des principaux débiteurs depuis 2000, avec une contribution moyenne de 8 % aux déficits mondiaux des transactions courantes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/431923/original/file-20211115-15-nmcjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 1 : Contributions aux déséquilibres globaux (solde des transactions courantes, en milliards de dollars américains). Notes : PEP = Pays exportateurs de pétrole, USA = États-Unis, UK = Royaume-Uni, BIT = Brésil-Inde-Turquie, Déficits = Déficits mondiaux, Excédents = Excédents mondiaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calculs des auteurs à partir des données issues du FMI</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’inverse, les excédents des transactions courantes sont principalement le fait du trio Allemagne-Chine-Japon dont les contributions, au cours des deux dernières décennies, ont été respectivement de 15,2 %, 12,7 % et 12,3 % (voir graphique 1). Depuis 2011, l’Allemagne se situe en tête de peloton et compte pour 20 % des excédents courants mondiaux depuis 2015. Les grands pays pétroliers comme la Russie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, sont aussi des acteurs significatifs de ces excédents mondiaux.</p>
<h2>Rupture européenne</h2>
<p>Avant la crise financière de 2007-2008, l’Union européenne dans son ensemble (Europe des Vingt-Sept) ne jouait qu’un rôle marginal dans les déséquilibres globaux, et ce, malgré la dynamique excédentaire de l’économie allemande dès 2002. La <a href="https://theconversation.com/conversation-avec-sophie-piton-la-zone-euro-a-t-elle-perdu-lequilibre-74815">rupture</a> intervient en 2008, alors que le déficit des transactions courantes des 27 États membres s’élevait à 120 milliards de dollars américains (334 milliards hors Allemagne).</p>
<p>Depuis, le solde des transactions courantes de l’UE n’a cessé de grimper pour atteindre, après un léger fléchissement, un excédent de 450 milliards de dollars américains (160 milliards, hors Allemagne) en 2019, avant la crise du Covid-19 (voir graphique 2). Ainsi, avec sa locomotive allemande, l’UE a financé 30 % des besoins de financement à l’échelle mondiale entre 2012 et 2020.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/431925/original/file-20211115-27-c3j9zn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 2 : Dynamique du solde des transactions courantes de l’Europe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calculs des auteurs à partir des données issues du FMI</span></span>
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</figure>
<p>Outre l’Allemagne, cette nouvelle dynamique est portée par les Pays-Bas, l’Italie et, dans une moindre mesure, le Danemark, l’Espagne et la Suède. Cette tendance <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2021/10/12/world-economic-outlook-october-2021">devrait se poursuivre</a> pour l’Union européenne, selon les données du FMI sur les perspectives de l’économie mondiale.</p>
<h2>Effet Covid</h2>
<p>En 2019, les déséquilibres de l’économie mondiale représentaient 2,8 % du PIB mondial, soit le plus bas niveau observé depuis les 20 dernières années. La correction entamée depuis la crise financière de 2007-2008 y a fortement contribué.</p>
<p>Cependant, ces déséquilibres pourraient à nouveau s’emballer sous l’impulsion de plusieurs facteurs : les déficits budgétaires considérables occasionnés par les dépenses publiques en réponse à la crise du Covid-19 et ses conséquences, la reprise du commerce international et le rebond de l’activité économique mondiale.</p>
<p>Pourtant, selon les données du FMI, les déséquilibres globaux <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2021/10/12/world-economic-outlook-october-2021">devraient rester contenus</a> malgré une dynamique haussière depuis 2019. Ils devraient ainsi représenter, en 2020, 3,15 % et, en 2021, 3,26 % du PIB mondial, avant qu’une nouvelle baisse ne s’installe à partir de l’année 2022.</p>
<p>Si l’ampleur actuelle des déséquilibres globaux reste sans commune mesure avec celle qui prévalait avant la crise financière de 2007-2008, les tendances des déficits budgétaires, y compris celles observées avant la crise du Covid-19, peuvent être source d’inquiétude. En effet, alors que le solde des transactions courantes est globalement équilibré au niveau international sur les deux dernières décennies, les déficits budgétaires mondiaux, portés par le déficit américain, ont explosé.</p>
<p>Passés de moins de 1 % du PIB mondial en 2000 à 3,6 % en 2019, ils ont, sous l’effet de la crise, dépassé la barre des 10 % en 2020. Bien qu’une correction soit attendue à partir de l’année 2021, les déséquilibres budgétaires devraient rester largement supérieurs à 3 % du PIB mondial en raison du rôle sans cesse accru des marchés financiers et des acteurs privés dans le financement des déficits publics. Dans un contexte d’incertitude exacerbée sur les marchés financiers mondiaux, une telle situation, si elle perdure, pourrait être préjudiciable pour les pays débiteurs.</p>
<h2>Comment contenir ces déséquilibres ?</h2>
<p>Si la crise financière de 2007-2008 avait réduit l’ampleur du déficit courant américain, la crise liée à la pandémie de Covid-19 l’a accentuée depuis 2020. L’inversion de cette tendance pourrait impliquer une baisse du dollar ; une dépréciation de la devise américaine permettant en effet aux États-Unis de dégager des excédents et de rembourser leur dette extérieure.</p>
<p>Au niveau européen, un accroissement des dépenses d’investissement dans les pays excédentaires comme l’Allemagne permettrait de relancer la demande interne. Un tel scénario pourrait également s’appliquer dans le cas du Japon en vue de limiter ses excédents de transactions courantes.</p>
<p>L’évolution du cours de la devise chinoise mérite aussi d’être suivie avec attention. L’appréciation du yuan depuis 2011 a en effet contribué à la résorption des déséquilibres globaux au cours des dernières années. En laissant les marchés déterminer le cours de sa monnaie, la Chine pourrait ainsi jouer un rôle clé dans la maîtrise des déséquilibres mondiaux à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171850/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Mignon est conseiller scientifique au CEPII, membre du Cercle des économistes et présidente de la section 05 (sciences économiques) du CNU.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Blaise Gnimassoun ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dépenses publiques pour faire face à la crise pourraient infléchir la trajectoire de correction des écarts entre les pays excédentaires et les pays déficitaires.Valérie Mignon, Professeure en économie, Chercheure à EconomiX-CNRS, Conseiller scientifique au CEPII, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresBlaise Gnimassoun, Maître de conférences en sciences économiques, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1714412021-11-12T08:17:56Z2021-11-12T08:17:56ZLes monnaies numériques des banques centrales risquent-elles de déclencher des paniques bancaires ?<p>Dans le débat en cours sur la conception de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC), qui remplacerait par des formes dématérialisées la monnaie fiduciaire (billets et pièces), plusieurs auteurs ont exprimé d’importantes préoccupations quant au risque pour la stabilité financière. Étant donné que la MNBC permettrait aux déposants d’avoir un compte à la banque centrale, elle pourrait déclencher une ruée sur le système bancaire. En cas d’incertitude systémique concernant les banques, la détention de MNBC sans risque pourrait en effet devenir plus attrayante que les dépôts bancaires.</p>
<p>Ces préoccupations ont inspiré des <a href="https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpwps/ecb.wp2351%7Ec8c18bbd60.en.pdf">propositions</a> pour une conception spéciale de la MNBC et sont <a href="https://www.bis.org/publ/othp33.pdf">prises en compte</a> dans les rapports officiels des banques centrales, comme <a href="https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/other/Report_on_a_digital_euro%7E4d7268b458.en.pdf">celui de la banque centrale européenne</a> (BCE) sur l’avenir de la monnaie dans un contexte de montée en puissance des cryptomonnaies comme le bitcoin qui ne sont pas émises par un tiers de confiance et se caractérisent par une <a href="https://theconversation.com/le-cours-du-bitcoin-condamne-a-toujours-plus-de-volatilite-163997">forte volatilité</a> des cours.</p>
<p>Néanmoins, aucune preuve empirique n’existe à ce jour pour étayer une telle affirmation.</p>
<h2>Fuite vers la sécurité</h2>
<p>Nos <a href="https://repec.cepr.org/repec/cpr/ceprdp/DP16054.pdf">recherches</a> récentes portent sur la Grande Dépression française de 1930-1931, lorsque les épargnants disposaient d’une alternative sûre aux banques sous la forme de livrets d’épargne jouissant d’une garantie implicite de l’État. Nous montrons que l’existence de dépôts sûrs hors du système bancaire peut jouer un rôle substantiel dans le déclenchement de ruées bancaires, si ces comptes de dépôts ne sont pas correctement conçus.</p>
<p>Nous fournissons également des indications sur deux éléments de la discussion actuelle : les plafonds des dépôts sûrs et les taux d’intérêt.</p>
<p>La crise financière des années 1930 en France a été caractérisée par un phénomène de fuite vers la sécurité (Graphique 1). À partir de novembre 1930, les déposants français – ménages et entreprises – ont <a href="https://publications.banque-france.fr/fuite-vers-la-securite-et-effondrement-du-credit-une-nouvelle-histoire-de-la-crise-bancaire-en">soudainement retiré leurs fonds des banques commerciales</a> dans tout le pays.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/430787/original/file-20211108-25-xtumxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Graphique 1 : Total de dépôts dans les banques et dans les Caisses d’épargne, 1920-1936.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://publications.banque-france.fr/fuite-vers-la-securite-et-effondrement-du-credit-une-nouvelle-histoire-de-la-crise-bancaire-en">Baubeau, Monnet, Riva et Ungaro (2021)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À cette époque, les banques françaises n’étaient pas encore réglementées (les premières lois bancaires ont été adoptées en 1941). Les déposants ont transféré les fonds retirés des banques aux Caisses d’épargne ordinaires (CEO).</p>
<p>Contrairement aux banques, les CEO étaient réglementées et bénéficiaient de la garantie de l’État, mais elles n’étaient pas autorisées à prêter ni à fournir des services de paiement : elles ne pouvaient détenir que des titres d’État. Les caisses d’épargne n’offraient donc pas d’alternative au crédit bancaire au niveau local.</p>
<p>Le panneau de droite du Graphique 2 montre la corrélation entre la densité des caisses d’épargne ordinaires avant la crise, mesurée par le nombre de livrets par habitant en 1924, et le taux de croissance de l’activité bancaire entre 1929 et 1932. L’activité bancaire est mesurée par le nombre d’agences bancaires (les seules statistiques sur les banques disponibles au niveau départemental sur cette période).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/430789/original/file-20211108-21-56bk5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphique 2 : La fuite vers la sécurité à niveau local. Note : Nombre de livrets CEO par habitant avant la crise (1924) et taux de croissance des guichets bancaires, à niveau départemental. À gauche, avant la crise (1925-1928). À droite, pendant la crise (1929-1932).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://acpr.banque-france.fr/les-effets-reels-des-ruees-bancaires-lexemple-de-la-grande-depression-en-france-1930-1931">Monnet, Riva et Ungaro (2021)</a></span>
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</figure>
<p>La forte relation négative signifie que les départements à forte densité de CEO sont ceux qui ont connu un déclin plus marqué de l’activité bancaire. Les départements comptant moins de livrets de CEO par habitant ont connu une baisse plus faible, voire une augmentation, du nombre de succursales bancaires.</p>
<p>Cette dynamique n’était pas le prolongement d’une tendance antérieure. Le panneau de gauche du Graphique 2 ne montre aucune corrélation entre la densité de CEO avant la crise (en 1924) et le taux de croissance des succursales bancaires avant la crise, entre 1925 et 1928. Les CEO et les banques n’étaient pas des substituts mais des compléments avant la crise. Cependant, lors du déclenchement de la panique, les retraits bancaires se sont répandus dans tout le pays, et les dépôts dans les CEO et les banques sont devenus négativement corrélés. En conséquence, les banques ont réduit leurs crédits à l’économie, et le <a href="https://acpr.banque-france.fr/les-effets-reels-des-ruees-bancaires-lexemple-de-la-grande-depression-en-france-1930-1931">PIB local a connu une chute drastique</a> en termes réels.</p>
<h2>Leçons de l’Histoire</h2>
<p>Cet exemple historique permet de comprendre ce qui se passerait aujourd’hui si les agents économiques transféraient soudainement leurs fonds du système bancaire parallèle – peu sûr – vers des institutions financières sûres, comme des banques hautement réglementées ou même des banques centrales. Le risque d’une ruée causée par la possibilité pour les agents économiques de déposer leur argent à la banque centrale n’est pas seulement une curiosité théorique, et pourrait avoir des conséquences sérieuses sur le financement de l’économie.</p>
<p>Cela n’implique pas que le coût potentiel de la MNBC dépasserait son bénéfice potentiel. De la même manière que les caisses d’épargne françaises ont amélioré l’accès aux services d’épargne et aux services financiers au XIX<sup>e</sup> siècle, la MNBC peut <a href="https://research.stlouisfed.org/wp/more/2018-026">accroître l’inclusion financière</a> et même les prêts bancaires. Ce qui importe vraiment pour le bien-être global, c’est une conception de comptes de dépôts sûrs qui prenne en compte sérieusement les risques potentiels.</p>
<p>À ce sujet, l’exemple de la Grande Dépression française fournit deux idées concrètes pour la conception de la MNBC. D’une part, les plafonds appliqués aux comptes de dépôts ont eu une grande importance en période de crise.</p>
<p>En mars 1931 – en pleine panique – le parlement français a relevé le montant maximum que les épargnants pouvaient déposer sur leurs comptes CEO de 12 000 à 20 000 francs pour les particuliers et de 50 000 à 100 000 pour les entreprises. Cette décision a été motivée par des pressions politiques arguant que les dépôts auprès des CEO étaient le moyen le plus sûr de protéger les déposants pendant la crise. Selon plusieurs observateurs contemporains, l’augmentation du plafond des dépôts auprès des CEO a été un coup fatal qui a augmenté la gravité de la deuxième vague de panique bancaire à la fin de 1931.</p>
<p>D’autre part, le différentiel de taux d’intérêt entre les institutions sûres et les banques n’avait pas d’importance dans la période précédant la crise, mais a certainement contribué à exacerber la fuite vers la sécurité lorsque les paniques bancaires ont commencé.</p>
<p>Le Graphique 3 montre que, de 1927 à 1932, les taux d’intérêt payés sur les dépôts des CEO, réglementés par le gouvernement, étaient régulièrement plus élevés que les taux d’intérêt payés par les banques commerciales à leurs déposants. Les déposants acceptaient un taux d’intérêt plus faible sur leurs dépôts bancaires en temps normal parce que les banques fournissaient des services supplémentaires (relation de crédit, moyens de paiement, conseils en matière d’investissement et gestion de portefeuilles de titres, souvent gratuitement), mais les dépôts des CEO étaient également liquides. Ils ne se sont rués sur les comptes des Caisses d’épargne que pendant la crise.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/430792/original/file-20211108-17-1vy2frx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphique 3 : Taux d’intérêt sur les dépôts des CEO et taux d’intérêt moyen payé par les banques commerciales sur les dépôts.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://acpr.banque-france.fr/les-effets-reels-des-ruees-bancaires-lexemple-de-la-grande-depression-en-france-1930-1931">Monnet, Riva et Ungaro (2021)</a></span>
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</figure>
<p>En d’autres termes, l’écart entre les taux d’intérêt a des conséquences comportementales très différentes pendant une crise systémique, car le risque est perçu différemment. Cet épisode historique suggère donc qu’il serait possible pour la MNBC de payer des taux d’intérêt plus élevés sur les dépôts en temps normal, tant qu’il existe un mécanisme de limite (par prix ou par quantité) qui empêche les ruées en période d’incertitude.</p>
<p>Le meilleur design de ce mécanisme – un <a href="https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpwps/ecb.wp2351%7Ec8c18bbd60.en.pdf">système à deux échelons de taux d’intérêt</a>, plutôt que la <a href="https://www.suerf.org/docx/f_504c296f8eb5fd521e744da4e8371f28_3251_suerf.pdf">mise en place d’un plafond</a> comportant le transfert automatique de l’excédent vers un compte détenu auprès d’une banque – dépendra donc de l’utilisation qui sera faite des fonds détenus auprès de la banque centrale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Angelo Riva a reçu des financements de Agence Nationale de la Recherche (ANR-15-CE26-0008)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Eric Monnet a reçu des financements de Agence Nationale de la Recherche (ANR-15-CE26-0008).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stefano Ungaro a reçu des financements de Agence Nationale de la Recherche (ANR-15-CE26-0008).</span></em></p>Une recherche portant sur la Grande Dépression française des années 1930 fournit des éléments clés pour préserver la stabilité financière.Angelo Riva, Economiste, Professeur de finance à l'European business school, EBS Paris Eric Monnet, Economiste, professeur affilié, Paris School of Economics – École d'économie de ParisStefano Ungaro, Chercheur Postdoctoral, Paris School of Economics – École d'économie de ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1697442021-10-17T15:53:52Z2021-10-17T15:53:52ZEndettement public : problème ou solution ?<p><em>Depuis l’éclatement de la crise sanitaire au printemps 2020, les États se sont massivement endettés pour financer les mesures de soutien à l’économie. Faut-il s’en inquiéter ? Et si la situation était moins grave qu’elle n’y paraît ? Explications avec Thomas Grjebine, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), qui répond aux questions d’Isabelle Bensidoun, économiste et adjointe au directeur du CEPII.</em></p>
<hr>
<p><strong>Avec la crise sanitaire, les dettes publiques se sont envolées, faut-il s’en inquiéter ?</strong></p>
<p>Les dépenses publiques massives engendrées par la crise du Covid-19, financées par l’endettement des États, ont fait resurgir les inquiétudes relatives à la soutenabilité de cet endettement. Il faut dire que la dette publique est passée de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5400034">98 % du PIB en 2019 à 118 % début 2021</a> en France, et de <a href="https://www.cbo.gov/publication/56996">79 % à 102 % aux États-Unis</a>.</p>
<p>Malgré ces très fortes augmentations, la soutenabilité des dettes nationales n’est pourtant pas remise en cause car les taux sont proches de zéro et parfois négatifs, ce qui permet d’émettre de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes sans difficulté.</p>
<iframe title="Dette des administrations publiques françaises " aria-label="Interactive line chart" id="datawrapper-chart-0aXWi" src="https://datawrapper.dwcdn.net/0aXWi/4/" scrolling="no" frameborder="0" style="width: 0; min-width: 100%!important; border: none;" height="600" width="100%"></iframe>
<p>Cet environnement de taux bas s’inscrit dans une tendance de long terme, amorcée dans les années 1980, en lien avec une abondance d’épargne au niveau mondial et de faibles opportunités d’investissement. Cet excès d’épargne puise notamment sa source dans le vieillissement démographique et la forte montée des inégalités, qui concentre la richesse dans les mains de ménages qui ne consomment qu’une faible part de leurs revenus.</p>
<p>Cette baisse tendancielle des taux d’intérêt et leur très faible niveau actuel n’excluent pas pour autant qu’un mouvement de défiance envers certains titres souverains fasse subitement remonter les taux, comme cela s’était produit dans la zone euro en 2010-2012.</p>
<p><strong>Mais les politiques mises en œuvre par les banques centrales ne permettent-elles pas de se prémunir d’une telle évolution ?</strong></p>
<p>Oui, le fait que les banques centrales n’hésitent plus à contrôler les taux d’intérêt à long terme change la donne. Même si la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas adopté officiellement une <a href="https://theconversation.com/une-solution-a-la-japonaise-pour-eviter-la-crise-des-dettes-souveraines-137264">politique de contrôle des taux longs comme au Japon</a>, elle mène en pratique une politique qui s’en approche. On se souvient du fameux « whatever it takes » (quoi qu’il en coûte) de Mario Draghi en juillet 2012 qui avait instantanément permis de réduire les écarts de taux d’emprunt entre pays européens, une annonce qui avait été suivie par des programmes d’achats massifs d’actifs à partir de 2015 (le quantitative easing).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1254835276515553286"}"></div></p>
<p>Évidemment, officiellement, il n’est question ni de monétisation des dettes publiques – l’article 123 du traité de Lisbonne interdit à la banque centrale d’acquérir directement auprès des États les instruments de leur dette – ni d’une politique visant à réduire les spreads (les écarts de taux). Mais la frontière est mince entre un financement direct et un financement via des achats d’obligations sur le marché secondaire qui aboutissent à une baisse des spreads.</p>
<p>En pratique, la banque centrale participe de façon très active au financement des dettes publiques : aujourd’hui, près de 20 % de la dette publique française est détenue par la Banque de France ; c’est même 60 % de la dette publique émise par les pays de la zone euro entre mars et août 2020 qui a été rachetée par leurs banques centrales.</p>
<p>Par ces achats massifs d’actifs, la BCE mène ainsi implicitement une politique de contrôle des taux longs qui, si elle était pérennisée, pourrait permettre de se prémunir du risque d’une nouvelle crise des dettes souveraines. Cet édifice reste néanmoins fragile car il repose sur des compromis politiques tacites.</p>
<p><strong>Est-ce à dire qu’un risque spécifique pèse sur les pays de la zone euro ?</strong></p>
<p>La question de la dette publique se pose en des termes très différents pour les pays de la zone euro, endettés dans une monnaie qu’ils ne contrôlent pas, et des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou le Japon qui sont souverains monétairement.</p>
<p>Comme le soulignait l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Alan Greenspan, en 2011 :</p>
<blockquote>
<p>« Les États-Unis peuvent rembourser n’importe quelle dette qu’ils ont car ils peuvent toujours <a href="https://www.cnbc.com/id/44051683">créer de la monnaie pour cela</a>. »</p>
</blockquote>
<p>C’est que, dans un État souverain monétairement, État et banque centrale ne font qu’un : la séparation de leurs bilans relève d’un artifice comptable puisqu’institutionnellement la banque centrale est une sous-entité de l’État. Aux États-Unis, l’autorité monétaire est ainsi <a href="http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/em/abstract.asp?NoDoc=12934">seulement déléguée par le Congrès à la Fed</a> qui doit lui rendre des comptes.</p>
<p>La situation est très différente pour les pays de la zone euro, d’autant plus que l’indépendance de la BCE est gravée dans le marbre des traités (alors que dans la plupart des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’OCDE, l’indépendance de la banque centrale peut être modifiée par une simple loi). En outre, la gestion des dettes publiques est rendue plus complexe encore par la coexistence de 19 dettes souveraines pour une banque centrale.</p>
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<p>Si, faute d’accord politique, la BCE voyait ses marges de manœuvre limitées, on ne serait pas à l’abri d’une nouvelle crise des dettes souveraines – une probabilité faible mais qui existe. Une situation très différente de celle du Japon par exemple, où la question de la soutenabilité ne se pose pas malgré une dette publique atteignant près de 250 % du PIB car la banque du Japon peut acheter autant de dette publique que de besoin.</p>
<p><strong>Les États de la zone euro sont donc contraints dans la gestion de leur dette publique faute de souveraineté monétaire, mais ils sont souverains fiscalement ! Dès lors, des hausses d’impôts sur les entreprises ou sur les plus riches ne permettraient-elles pas d’améliorer la soutenabilité de leurs dettes ?</strong></p>
<p>Directement, non, car la faiblesse structurelle des taux provient en partie de l’excès d’épargne des plus riches qui achètent massivement de la dette publique. Une meilleure redistribution, par une telle hausse de la fiscalité, permettrait, en revanche, de soutenir la demande et de rendre ainsi la dette publique moins nécessaire, tout en réduisant les ratios d’endettement via le surcroît de croissance permis par cette demande supplémentaire.</p>
<p><strong>Finalement, les dettes publiques sont-elles un problème ou une solution ?</strong></p>
<p>Dans un environnement où l’épargne privée est abondante, la dette publique demeure un instrument privilégié pour combler les déficits de demande. En gros, on a besoin que quelqu’un consomme ou investisse : si le privé épargne, il faut que le public prenne le relais. Chercher à réduire la dette nominale par des politiques d’austérité serait catastrophique et risquerait de nous replonger dans l’engrenage infernal de 2010-2012.</p>
<p>Ce qui ne signifie pas que l’augmentation de l’endettement doit être sans limites puisque, surtout dans le contexte de la zone euro, il faut préserver la confiance de nos partenaires (pour que la BCE puisse continuer d’agir) et des marchés. Mais les taux bas actuels sont une opportunité pour emprunter, y compris à l’échelle européenne, et financer les investissements nécessaires à la transition écologique ainsi qu’au renforcement et au verdissement de notre appareil productif.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la série du CEPII « L’économie internationale en campagne », un partenariat CEPII–The Conversation</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169744/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’abondance de l’épargne au niveau mondial engendre une baisse des taux qui fait de la dette un outil privilégié pour aujourd’hui combler les déficits de demande.Thomas Grjebine, Économiste, CEPIIIsabelle Bensidoun, Économiste, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1684932021-09-29T14:15:06Z2021-09-29T14:15:06ZLa Covid, accélérateur des inégalités de revenus et de patrimoine en France<p>Selon une étude récente de la Banque mondiale, la période de Covid-19 a été marquée par une aggravation exceptionnelle des inégalités dans le monde. En effet, la pandémie aurait conduit à faire basculer plus de <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/poverty-and-shared-prosperity">100 millions de personnes dans la pauvreté en 2020</a>, atténuant ainsi fortement les progrès réalisés au cours des 25 dernières années.</p>
<p>Les hausses des inégalités économiques et sociales ont pris différentes formes. Une étude récente aux États-Unis a par exemple montré que les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40615-020-00833-4">inégalités de types raciales</a> s’étaient encore largement accentuées dans de nombreuses agglomérations américaines. Le prix « Nobel » d’économie Joseph Stiglitz a, de son côté, noté une explosion, particulièrement marquée outre-Atlantique depuis la pandémie de Covid-19 des <a href="https://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/2020/09/COVID19-and-global-inequality-joseph-stiglitz.htm">inégalités face aux soins hospitaliers</a>. Une autre étude, réalisée au Royaume-Uni, a elle dressé un constat alarmant concernant les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0276562420300640">inégalités entre populations migrantes récentes et anciennes</a>.</p>
<p>Les pays riches subissent des <a href="https://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2021/06/pdf/inequality-and-covid-19-ferreira.pdf">pertes d’années de vie par habitant importantes</a>, et les inégalités se creusent de manière plus ou moins importante, selon les systèmes économiques et leurs amortisseurs sociaux. Mais qu’en est-il spécifiquement en France ? La pandémie a-t-elle modifié le paysage des inégalités économiques et sociales ? Quelles sont les réponses (notamment fiscales) envisageables ?</p>
<h2>Les ouvriers en première ligne</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422592/original/file-20210922-25-bewg7f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952">Extrait de l’étude « France, portrait social », Insee (2020).</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une note de conjoncture de l’Insee publiée en fin d’année dernière caractérise les dommages causés entre mars et avril 2020 par la crise sanitaire. Les conséquences sont sévères : <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952">surcroît de 27 000 décès</a> (+27 %), toutes causes confondues, par rapport à la même période en 2019 ; l’Île-de-France (+91 %) et le Grand-Est (+55 %) sont surreprésentées parmi les régions ; surreprésentation également des personnes les plus âgées, des personnes nées à l’étranger et de celles habitant dans les communes les plus pauvres et aux populations les plus denses ; sur le plan social, les ouvriers et les employés qui ont continué à se rendre sur leur lieu de travail ont été les plus fortement exposés au virus.</p>
<p>Les conséquences sur l’emploi sont également importantes : 715 000 emplois ont été détruits au premier semestre 2020, surtout dans l’intérim. Le chômage partiel a concerné principalement les ouvriers (54 %) et les employés (36 %), tandis que les cadres ont plus largement travaillé à domicile (81 %).</p>
<p>Mais la pandémie a aussi et surtout renforcé les deux principales sources d’inégalités en France : les revenus et les patrimoines. Ainsi, la perte de revenu disponible brut, à partir du deuxième trimestre 2020, est la plus forte sur un trimestre jamais enregistrée depuis 1949 (-2,7 % après -0,8 % au premier trimestre).</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422593/original/file-20210922-22-15a4unf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952">Extrait de l’étude « France, portrait social », Insee (2020).</a></span>
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</figure>
<p>La dégradation du revenu disponible brut des ménages à faibles revenus semble être particulièrement sensible. En effet, parmi les 10 % de ménages les plus pauvres, 35 % ont la perception d’une dégradation de leur situation financière. Cette proportion est deux fois plus faible pour les 10 % de ménages les plus aisés.</p>
<p>Certes, les mesures engagées par le gouvernement (les indemnités d’activité partielle, l’aide exceptionnelle de solidarité liée à l’urgence sanitaire versée en mai 2020 aux ménages les plus précaires, les prestations liées aux absences pour garde d’enfants, les allocations chômage et les minima sociaux prorogés, etc.) ont eu pour fonction de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952#titre-bloc-1">compenser partiellement les pertes de revenus</a>.</p>
<p>Néanmoins, le Haut Conseil du financement de la protection sociale a confirmé que les populations les plus fragiles économiquement et socialement avaient été durement touchées au cours de la période de pandémies, s’appuyant sur les résultats d’une <a href="https://en3s.fr/2020/08/31/les-grands-dossiers-de-la-protection-sociale-2020/">enquête présentée fin 2020</a>.</p>
<iframe title="Dégradation de la situation financière avec le premier confinement selon le niveau de vie des ménages" aria-label="Graphique en colonnes" id="datawrapper-chart-zvrrl" src="https://datawrapper.dwcdn.net/zvrrl/2/" scrolling="no" frameborder="0" style="width : 0 ; min-width : 100 % !important ; border : none ;" height="400" width="100%"></iframe>
<p>Singularité française, dans cette enquête d’opinion, les retraités sont plutôt été épargnés sur le plan financier : 89 % d’entre eux estiment leur situation stable depuis le début du premier confinement.</p>
<p>La Covid-19 a accru les disparités, mais à des rythmes différents – et différemment dans leur nature – selon plusieurs paramètres. Un premier facteur tient à la catégorie socio-professionnelle. En effet, 53 % des artisans et commerçants et 37 % des ouvriers expriment un sentiment de dégradation de leurs revenus disponibles.</p>
<p>Parmi ces catégories, celles et ceux qui ont pu maintenir au moins partiellement leur activité font état d’une moindre dégradation de leur situation (19 % à 22 % selon la part de télétravail) ; ce n’est pas le cas pour ceux ayant dû supporter un passage par le chômage technique ou partiel qui déclarent plus fréquemment une <a href="https://www.iresp.net/wp-content/uploads/2020/10/IReSP_QSP40.web_.pdf">perte financière liée au premier confinement</a>.</p>
<p>D’abord, bien que certaines entreprises aient complété l’indemnité de chômage partiel, le maintien total de la rémunération n’était pas garanti au-delà du smic. Le second facteur tient à la <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4801313">présence d’un enfant de moins de trois ans dans la famille</a>, paramètre qui joue un rôle déterminant dans la perception d’une dégradation financière. Indépendamment des autres facteurs (l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau de vie, etc.), la présence d’un enfant de moins de 3 ans augmente d’un quart le risque de dégradation de la situation financière.</p>
<h2>Un surplus d’épargne mal ventilé</h2>
<p>Quant aux inégalités de patrimoine, on sait déjà qu’elles étaient profondes en France avant la pandémie. La richesse se concentre entre les mains d’une petite partie de la population. En France, en 2018, les 10 % les plus fortunés possèdent près de la moitié (46 %) du patrimoine total des ménages. Selon l’Insee dans son rapport sur les revenus et le patrimoine des ménages, le niveau de vie des 20 % de ménages les plus aisés était, en 2018, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4659174">4,45 fois supérieur à celui des 20 % les moins aisés</a>, contre 4,35 fois en 2008.</p>
<iframe title="Évolution des inégalités en France" aria-label="Interactive line chart" id="datawrapper-chart-wUKxd" src="https://datawrapper.dwcdn.net/wUKxd/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width: 0; min-width: 100%!important; border: none;" height="400" width="100%"></iframe>
<p>Le patrimoine est lié à l’héritage et à l’épargne. Or, les surplus d’épargne accumulés pendant la crise sanitaire, <a href="https://www.banque-france.fr/communique-de-presse/limpact-de-la-crise-du-covid-19-sur-la-situation-financiere-des-entreprises-et-des-menages-en">estimés récemment à environ 157 milliards d’euros</a> par la Banque de France, sont tels que le risque est désormais que cette épargne accumulée aggrave encore les inégalités, par le truchement des placements financiers et de l’héritage.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422601/original/file-20210922-24-shx93b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Épargne brute selon le niveau de consommation moyenne en 2019.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cae-eco.fr/consommation-epargne-et-fragilites-financieres-pendant-la-crise-covid">Focus « Consommation, épargne et fragilités financières pendant la crise Covid »/CAE (janvier 2021).</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En outre, l’épargne des ménages reste ventilée de manière très inégalitaire selon les niveaux de revenu des ménages. À partir des données du Conseil d’analyse économique (CAE), alors que l’épargne a affiché une <a href="https://www.cae-eco.fr/consommation-epargne-et-fragilites-financieres-pendant-la-crise-covid">hausse courant 2020 de 2,5 % pour les 10 % des ménages qui consomment plus</a>, elle a subi une diminution de 2,8 % pour les 10 % les plus pauvres. Selon Vie publique, 70 % du surplus d’épargne aurait ainsi été <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/276669-covid-19-un-surplus-epargne-des-menages-tres-inegalement-reparti">accumulée par 20 % des ménages</a> seulement.</p>
<p>Toute la question est donc de savoir comment enrayer l’expansion des inégalités. L’une des solutions serait d’opérer une <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/impots-sur-les-successions-et-donations-quand-une-reforme-5524130">réforme des droits de succession</a>, selon Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Il s’agirait de taxer plus largement le patrimoine qui se transmet de génération en génération, la finalité étant d’atténuer le poids et l’influence des inégalités de naissance.</p>
<p>Un rapport de l’OCDE présenté en mai dernier soulignait que les <a href="https://www.oecd.org/fr/fiscalite/politiques-fiscales/impot-sur-les-successions-dans-les-pays-de-l-ocde-33d40568-fr.htm">impôts sur les successions et les donations</a> pourraient jouer un rôle important dans la réduction des inégalités. L’organisme international classe la France parmi les bons élèves en la matière. Sarah Perret, économiste à l’OCDE, pointe toutefois que certaines niches fiscales, ou exonérations, permettent d’échapper à ces prélèvements. L’assurance-vie, par exemple, est hors succession, ce qui signifie que son bénéficiaire peut en hériter sans payer de taxes, et donc s’affranchir de sa contribution à la redistribution.</p>
<p>Sans réponse face aux inégalités, on ne pourra donc que constater que la crise, non seulement aura aggravé les inégalités, mais les aura également entériné dans le temps en accroissant encore leurs effets sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168493/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Malgré les amortisseurs sociaux, le fossé s’est creusé entre les ménages les plus aisés, qui ont pu épargner, et les plus modestes, dont le pouvoir d’achat a baissé.David Bourghelle, Maître de conférences en finance, laboratoire LUMEN, Université de LilleFredj Jawadi, Professeur des Universités en finance et en économétrie, Laboratoire LUMEN, Université de LillePhilippe Rozin, Maître de conférences en finance, laboratoire LUMEN, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1589692021-04-18T15:00:29Z2021-04-18T15:00:29ZComment mobiliser l’épargne des Français de manière citoyenne ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/394985/original/file-20210414-19-13yhpxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5568%2C3709&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les Français auraient épargné la somme colossale de 200&nbsp;milliards d’euros en deux ans (2020 et 2021), selon la Banque de France.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/business-finance-saving-power-new-idea-791446825">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Dès le début de la crise de la Covid-19, les réflexions sur les conséquences de la pandémie se sont multipliées, appelant ou dessinant l’opportunité qu’elle représente de construire le « monde d’après ». Jusqu’où la pandémie va-t-elle bouleverser nos sociétés ?</p>
<p>Le monde financier n’échappe pas à ce questionnement. La solidarité est apparue comme une pièce maîtresse tant la crise « incite chacun à <a href="https://theconversation.com/quelle-resilience-pour-quels-modeles-de-societe-137666">redéfinir en son intimité</a> le rapport à l’identité collective, à la citoyenneté et à l’altérité », comme l’expliquaient les chercheurs Amira Karray et Daniel Derivois dans un article publié en mai 2020 sur The Conversation France.</p>
<p>En quoi ce rapport est-il susceptible de favoriser un changement de comportement de la part des épargnants ? Cette question est d’autant plus d’actualité que la pandémie favorise une forte hausse de l’épargne.</p>
<p>En France, c’est un surcroît d’argent de près de <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/covid-les-francais-de-plus-en-plus-enclins-a-gonfler-leur-epargne-face-a-la-crise-1293395">200 milliards d’euros qui devrait s’accumuler en 2020 et 2021</a>. Certes, une partie de cette épargne sera mobilisée par un rattrapage de la consommation mais une autre sera probablement conservée comme épargne de précaution.</p>
<p>Il ne s’agit pas ici de s’interroger sur le transfert possible de l’épargne vers le secteur associatif ou caritatif sous forme de dons, mais sur la façon dont l’exercice de la citoyenneté peut s’exprimer dans le comportement d’épargne.</p>
<p>Nous restituons ici les résultats d’une recherche conduite en prenant appui sur des travaux réalisés dans les deux disciplines de la finance et du marketing sur les thématiques respectives de la démocratisation de la finance et des enjeux citoyens de la consommation ainsi que sur une étude documentaire. Ces travaux ont été présentés en décembre dernier à la XX<sup>e</sup> <a href="https://conferences.euram.academy/2020conference/">conférence annuelle de l’EURAM</a> (European Academy of Management) et seront publiés dans l’ouvrage collectif <em>Organisons l’alternative !</em> (<a href="https://www.editions-ems.fr/">Éditions EMS</a>, à paraître).</p>
<h2>Être investisseur-citoyen</h2>
<p>Le monde de la finance parle d’« investisseur » plutôt que d’« épargnant » dans la mesure où l’épargne est mobilisée pour <a href="https://oxford.universitypressscholarship.com/view/10.1093/acprof:oso/9780199330102.001.0001/acprof-9780199330102">répondre aux besoins de financement</a> d’autres agents économiques, des ménages, des entreprises, des associations, des collectivités publiques. C’est ce terme que nous retiendrons pour désigner les individus qui ont une capacité d’épargne même modeste et ne conservent pas leur épargne sous la forme d’un bas de laine.</p>
<p>Historiquement, l’investisseur appartenait <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09692290701475312">à une élite sociale</a>. La démocratisation de la finance, opérée par exemple à travers la retraite par capitalisation, la gestion collective (assurance-vie, OPCVM) ou de nouvelles formes de rémunération salariale ont modifié son profil : il est désormais largement représenté dans la classe moyenne (Frank 2000). Il investit pour s’assurer contre les risques liés à son cycle de vie. À ce titre, il se concentre essentiellement sur <a href="https://www.palgrave.com/gp/book/9781403977335">son propre intérêt et celui de sa famille</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/394990/original/file-20210414-13-1k9tmjm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le nouveau profil de l’investisseur pense en premier lieu à son propre intérêt et celui de sa famille.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/happy-family-two-kids-playing-into-1355029598">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Néanmoins, l’impact de son investissement dépasse ses seuls intérêts. Il peut permettre, par le mécanisme du financement, d’améliorer le cadre de vie d’autres ménages, de créer des emplois, de financer des équipements du secteur de l’éducation, de la santé, des loisirs. Mais il peut aussi contribuer au financement d’entreprises peu soucieuses de leurs salariés ou de leur empreinte environnementale ou sociétale, et ce sans qu’il en ait forcément conscience.</p>
<p>Des travaux de recherche en marketing montrent que la consommation comporte une dimension citoyenne. Un individu peut désirer, acheter et utiliser des biens et services et mener une vie de citoyen <a href="https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2008-3-page-7.htm">soucieux de la vie de la Cité</a>.</p>
<p>L’affirmation possible ou espérée de plus de citoyenneté dans cette période de pandémie, pourrait accélérer le développement de la dimension citoyenne de l’épargne, transformant les investisseurs en investisseurs citoyens, c’est-à-dire dont les choix financiers comportent une dimension citoyenne en ce sens qu’ils sont en partie guidés par son souci du bien-être, de la justice, plus globalement de la vie de la Cité.</p>
<p>Mais quels choix s’offrent alors à eux ?</p>
<h2>Exercer sa citoyenneté en finance</h2>
<p>Le vote constitue un acte emblématique de la citoyenneté. Dans le domaine de la finance, il renvoie au droit de vote dont disposent les investisseurs dans les assemblées générales des entreprises qu’ils financent en détenant des actions. Mais son exercice peut être rendu difficile par l’insuffisance d’informations et de compétences des investisseurs ou par leur pouvoir limité face des actionnaires puissants qui privilégient la création de valeur actionnariale. Des voies alternatives existent en France pour que les investisseurs puissent exercer leur citoyenneté.</p>
<p>Ces derniers peuvent investir dans des coopératives dont la gouvernance partenariale vise à équilibrer les intérêts des financeurs, des clients, des salariés, des fournisseurs. Elles sont nombreuses et appartiennent à des secteurs variés, de l’alimentaire au secteur bancaire.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=276&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=276&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=276&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=346&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=346&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/394986/original/file-20210414-23-18jowg9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=346&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Capture d’écran de la page d’accueil de plate-forme de financement participatif Lendosphere.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://lendosphere.com">Lendosphere</a></span>
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</figure>
<p>Les investisseurs citoyens peuvent également <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1525/cmr.2016.58.2.72">financer des projets à impact positif</a>, notamment par le biais des plates-formes de financement participatif. Ces dernières proposent à la foule des projets à financer. Certaines, par exemple <a href="https://www.lendosphere.com/">Lendosphere</a>, sont spécialisées dans le financement de projets favorisant la transition énergétique.</p>
<p>Les investisseurs doivent néanmoins posséder des compétences particulières et du temps pour choisir les projets à financer ; c’est le propre du financement direct. L’alternative consiste à s’appuyer sur des intermédiaires pour investir.</p>
<p>La banque constitue l’intermédiaire historique de référence. Déposer son argent sur un produit d’épargne bancaire revient à financer les projets de particuliers ou d’entreprises sans avoir à les sélectionner. Cela n’exclut cependant pas de financer des entreprises peu vertueuses.</p>
<p>La garantie d’investir en citoyen est plus forte si l’investisseur place son épargne sur des produits d’épargne bancaire comme le livret de développement durable et solidaire (LDDS), destinés à financer des petites et moyennes entreprises et des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Elle l’est également davantage lorsqu’il investit dans des fonds d’investissement responsable – l’investissement responsable (IR) étant un investissement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental.</p>
<h2>Une offre responsable</h2>
<p>Les sociétés de gestion d’actifs qui gèrent ces fonds prennent en effet en compte des critères extrafinanciers pour sélectionner les valeurs dans lesquelles placer l’argent des investisseurs. L’approche « best-in-class », la plus répandue en France, consiste à sélectionner les entreprises qui ont les pratiques les plus vertueuses et responsables au sein de leur secteur.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1317124609649639425"}"></div></p>
<p>L’offre de fonds IR est <a href="https://www.cairn.info/revue-le-journal-de-l-ecole-de-paris-du-management-2020-5-page-30.htm">particulièrement importante en France</a>. Elle a été complétée récemment suite à l’obligation donnée, dans le cadre de la loi Pacte entrée en vigueur 2019, aux compagnies d’assurance de proposer, au sein des contrats d’assurance vie – produit de placement préférés des Français – des supports orientés vers la préservation de l’environnement et vers des projets solidaires.</p>
<p>La mise en évidence des enjeux citoyens de la finance permet d’imaginer le cadre dans lequel les ménages qui ont une capacité d’épargne peuvent exercer leur citoyenneté à travers leurs choix financiers et ainsi s’inscrire, sans renoncer à servir leurs propres intérêts, dans un projet politique et par là même renforcer leur pouvoir d’agir.</p>
<p>La variété d’offres à leur disposition y est favorable. Ceci ne doit pas masquer les efforts institutionnels encore à opérer pour les clarifier – la diffusion des labels doit éviter certaines dérives éthiques comme le <em>greenwashing</em> ou le <em>socialwashing</em> – et pour aider les épargnants français à accroître leur niveau d’éducation financière.</p>
<p>La combinaison de ces efforts au développement d’un rapport citoyen à la finance pourrait permettre, en sortie de pandémie, de prioriser le financement de projets à forte portée citoyenne et collective et d’entreprises responsables.</p>
<hr>
<p><em>La recherche des auteurs sera présentée dans l’ouvrage « Organisons l’alternative ! » coordonné Amina Béji-Bécheur, Fabien Hildwein et Bénédicte Vidaillet et publié aux éditions EMS dans la <a href="https://www.editions-ems.fr/livres/collections/versus.html">collection Versus</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158969/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les économies réalisées par les ménages pendant les confinements pourraient notamment être mobilisées pour financer des coopératives ou des projets à impact positif.Emmanuelle Dubocage, Professeur des Universités en finance, Directrice du laboratoire IRG, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Evelyne Rousselet, Maître de conférences, Université Gustave EiffelLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1502012020-11-17T20:52:52Z2020-11-17T20:52:52ZTaux d’intérêt bas et négatifs, nouveau paradigme de la finance ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/369557/original/file-20201116-23-x2cy05.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C8%2C964%2C655&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les politiques des banques centrales des pays «&nbsp;développés&nbsp;» ont conduit à une situation dont il paraît désormais difficile de sortir.
</span> <span class="attribution"><span class="source">CalypsoArt / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Il est faux de prétendre que les actuels taux d’intérêt quasi nuls et même négatifs sont sans aucun précédent dans l’histoire financière. Dans les années 1930 aux États-Unis, les obligations du Trésor étaient tombées après la crise de 1929 à « taux plancher zéro ». Dans la Confédération helvétique, en 1979, la Banque nationale avait enrayé ainsi l’appréciation du franc suisse.</p>
<p>On peut, plus près de nous, citer l’État français qui en 2012 a placé près de 6 milliards d’obligations à trois mois à – 0,0005 % et à six mois à – 0,006 %. Les exemples ne se limitent d’ailleurs pas à des emprunts d’État et aux interventions des banques centrales (qui ont été les initiateurs de la chute des taux) puisque le groupe agroalimentaire Nestlé avait en février 2015 emprunté sur les marchés financiers à – 0,008 %.</p>
<p>En outre, si l’on se souvient des périodes, pas si lointaines, de fortes hausses des prix, la situation de taux au plancher pourrait perdurer car des taux d’intérêt très bas, voire négatifs, n’apparaissent pas comme aussi inédits sur un temps long qu’il y paraît. Ce caractère négatif des taux était alors la conséquence ex post de la différence entre un taux d’intérêt fixe souscrit lors du prêt et la hausse des prix constatée au moment de son remboursement. La différence peut transformer un taux, nominalement positif, en un taux dit « réel » négatif en terme de pouvoir d’achat de la monnaie. Des années 1950 aux années 1980, les agents économiques et les acteurs financiers ont fait avec.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369575/original/file-20201116-19-e36ljg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=527&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En Suisse, la Banque nationale avait eu recours aux taux négatifs en 1979 pour enrayer l’appréciation du franc suisse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pixeljoy/Shutterstock</span></span>
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<p>Le contexte nouveau est celui de taux nominaux quasi nuls voire négatifs. Concrètement, avec un taux d’intérêt négatif de – 5 % l’emprunteur d’une somme de 1 000 euros ne doit rembourser que 950 euros ; ou en remboursant 1 000 euros, il voit sa dette globale diminuer de 1050 euros.</p>
<p>Si les exemples passés correspondaient à des situations exceptionnelles, donc temporaires, l’actuel mouvement d’effondrement des taux apparaît toutefois comme une lame de fond. Le phénomène paraît s’installer dans la durée.</p>
<h2>« Le trou noir du capitalisme financier »</h2>
<p>On peut donner pour causes à cet effondrement les politiques des banques centrales des pays dits « développés » (en premier lieu la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon et plus tardivement la Banque centrale européenne) qui, après la crise de 2008, ont baissé leurs taux d’intérêt jusqu’à les rendre négatifs et ont rachetés de titres détenus pas les acteurs financiers, inondant ainsi de liquidités les systèmes financiers. Elles ont enclenché, non pas un « retour à une inflation modérée » comme espéré, mais une spirale baissière des taux d’intérêt.</p>
<p>Cette baisse s’est répercutée notamment sur les taux des prêts immobiliers pour les particuliers. En France, fin 2018, ils étaient tombés à 1,35 % sur 15 ans, 1,55 % sur 20 ans et 1,75 % sur 25 ans (alors que 37 % sont souscrits pour cette durée) : une chute de moitié en cinq ans. Les gouvernements en ont aussi profité pour financer (et refinancer) leurs dettes publiques à moindre coût ; et même les États paraissant les plus sûrs ont eux-mêmes emprunté à taux négatifs. La Banque centrale européenne prélève l’équivalent de 10 % des profits des banques commerciales par les taux négatifs qu’elle leur impose sur leurs réserves obligatoires et additionnelles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369553/original/file-20201116-13-tag418.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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<p>Ces taux semblent paradoxaux. En 2017, l’économiste Jacques Ninet a intitulé un <a href="https://classiques-garnier.com/taux-d-interet-negatifs-le-trou-noir-du-capitalisme-financier.html">ouvrage</a> : Taux d’intérêt négatifs, le trou noir du capitalisme financier (Éditions Classiques Garnier). Selon lui, l’entrée des taux d’intérêt en zone négative a été le symptôme d’un saut vers l’inconnu. Des taux d’intérêt bas et a fortiori nuls sont en effet contre-intuitifs ; et aux yeux de beaucoup injustes parce que le bénéficiaire du prêt devrait récompenser la privation de dépense.</p>
<p>Aussi, dans la plupart des pays, il existe une barrière psychologique et culturelle à la banalisation de ce qui serait des taux d’intérêt nuls et a fortiori négatifs. Cette barrière peut même être légale : à la différence du Danemark ou de la Suisse, prêter à taux d’intérêt négatif paraît <a href="https://www.dalloz-actualite.fr/flash/l-injuste-condamnation-des-prets-taux-negatif#.X7FGUx1Cd7M">impossible en France</a> pour les banques vis-à-vis de leurs clients, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000006444959/1978-07-01/">l’article 1902</a> du code civil stipulant : « L’emprunteur est tenu de rendre les choses prêtées, en même quantité et qualité, et au terme convenu ».</p>
<h2>Sécuriser les dépôts</h2>
<p>Certes, si les taux semblent aujourd’hui inexorablement se rapprocher de zéro dans la plupart des pays, les particuliers ou les entreprises qui empruntent ne bénéficient pas (encore ?) et les épargnants ne subissent pas (encore ?) de taux d’intérêt nominaux négatifs sur leurs dépôts.</p>
<p>Cette situation peut d’ailleurs apparaître comme acceptable pour le prêteur dans certaines circonstances. Il peut par exemple accepter de payer pour son dépôt si son avoir est sécurisé et qu’il est moins tenté de le dépenser alors qu’il anticipe non seulement une récession mais une déflation, donc une baisse des prix.</p>
<p>Un ménage peut également chercher à éviter les risques de vol de cash, les complications d’un transfert matériel de fonds par rapport aux paiements dits « dématérialisés », etc. Ajoutons qu’un agent convertissant une épargne en une devise étrangère peut accepter de payer un taux d’intérêt négatif pour son dépôt s’il anticipe une appréciation de cette monnaie supérieure (ou pour le moins égale) au coût de son dépôt.</p>
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<img alt="Adriaticfoto/Shutterstock" src="https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369577/original/file-20201116-23-2udl8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le prêteur peut accepter de payer pour son dépôt si son avoir est sécurisé.</span>
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<p>Outre les épargnants, les banques pourraient également s’accommoder de taux durablement bas, voire négatifs. Beaucoup imaginent que la faiblesse des taux rendrait automatiquement les établissements déficitaires sur leurs activités de prêt et que le maintien des taux à des niveaux proches de zéro ne pourrait qu’accompagner, voire provoquer, un cataclysme financier.</p>
<p>Une entreprise peut vendre à perte un bien ou un service si celui-ci n’est pas sa seule activité et que ses pertes sont compensées par d’autres gains, pour autant que la loi permette la vente à perte. Il est possible aussi pour une entreprise d’être déficitaire pendant un temps limité en attendant le retour de jours meilleurs afin de conserver ses employés et sa clientèle, autrement dit ses capacités de production et ses parts de marché.</p>
<p>Toutefois, cela paraît a priori impossible de façon permanente, sauf à imaginer que cette activité soit devenue une sorte d’article d’appel, les profits étant réalisés grâce à d’autres services.</p>
<h2>Le pouvoir de création monétaire des banques</h2>
<p>Certes, les banques ont des revenus procurés par des services diversifiés et par leurs facturations. Selon le cabinet Sémaphore Conseil, les frais de tenue de compte ont augmenté de <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/banques-les-frais-de-tenue-de-compte-ont-bondi-de-1000-en-dix-ans-1137216">1 000 % en dix ans</a> en France. Il existe aussi des <a href="https://www.meilleurtaux.com/credit-immobilier/actualites/2019-novembre/hausse-des-frais-de-dossier-en-2020-pour-les-emprunteurs-immobiliers.html">frais de dossiers</a> pour les prêts et les emprunteurs souscrivent des <a href="https://finance.orange.fr/finance-perso/immobilier/assurance-emprunteur-la-baisse-des-tarifs-reste-difficile-a-evaluer-CNT000001uSUX4.html">contrats d’assurance couvrant les prêts</a>. On sait également que les banques prélèvent des pénalités importantes en cas de défaillances dans le remboursement des prêts. Remarquons que pour un établissement financier offrir un prêt à – 1 % est profitable si la ressource reprêtée a été obtenue à – 5 % (par exemple auprès de la Banque centrale).</p>
<p>Ajoutons que l’apport de liquidités par les politiques de quantitative easing des banques centrales diminue les risques des prêts quand le prix des biens ainsi acquis, comme l’immobilier, augmente du fait de l’accroissement considérable des moyens pour les payer.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369578/original/file-20201116-19-8qd5cw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les taux négatifs n’empêchent pas les banques d’être rentables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Syda Productions/Shutterstock</span></span>
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<p>Mais, la capacité des banques de prêter à taux nuls voire négatifs se situe ailleurs. Contrairement à une croyance commune de tels taux ne rendent pas les banques automatiquement déficitaires (même s’ils diminuent leur rentabilité). Car un prêt bancaire, pour l’essentiel, ne se fait plus par transformation en prêt d’une épargne préalable mais par création nette de monnaie via le crédit.</p>
<p>Pour la banque, le gain de l’émission monétaire se compose de l’ensemble formé par le capital, les intérêts et les frais de dossier payés par l’emprunteur, diminué de toutes les dépenses encourues par elle dans l’activité spécifique de prêt : notamment pour l’ouverture et la gestion du crédit, les dépôts, les paiements et les transferts en relation avec celui-ci et les réserves obligatoires et excédentaires (qui s’élèvent à environ 6 % des dépôts et sont maintenant soumises à prélèvement). Même si les taux devenaient nuls et même négatifs, toute chose égale par ailleurs, l’activité bancaire pourrait rester rentable.</p>
<h2>La quadrature du cercle financier</h2>
<p>Affirmer que les dépôts et épargnes en banques des clients devraient subir un taux d’intérêt négatif, afin de compenser ce qui serait en quelque sorte une perte sèche pour elles, est donc erroné. La proposition ignore l’actuel monopole des banques de création monétaire par le crédit et le dénouement de celui-ci dont elles bénéficient par l’acquittement des intérêts et des frais de gestion mais surtout par le remboursement du capital avancé… pour autant que le prêt soit bien remboursé.</p>
<p>Les pressions à la baisse des taux et de leur maintien à des niveaux planchers sont aujourd’hui multiples. Ils expriment une anticipation négative sur l’évolution de l’économie dite « réelle » : les inquiétudes quant à l’avenir suscitent peu de projets d’investissement (donc peu d’embauche) et une faible consommation. D’où des taux d’épargne élevés qui renforcent la situation.</p>
<p>Or, pour favoriser une relance économique, les autorités monétaires pensent qu’il faut tout faire pour maintenir un crédit pas cher, de façon à encourager la dépense et favoriser ainsi l’investissement. Une illusion quand les taux d’endettement des entreprises et des ménages sont déjà élevés et que la demande effective est insuffisante du fait de la baisse continue depuis les années 1980 dans la répartition de la part des salaires par rapport aux revenus du capital.</p>
<p>On se trouve dans une sorte de quadrature du cercle financier dont la sortie ne peut spontanément résulter d’une autorégulation des marchés financiers. Paraît impossible une remontée des taux d’intérêt sans des décisions publiques (notamment fiscales et de restructuration des institutions de crédit) permettant notamment tant d’éponger l’immense masse de liquidités accumulées… que d’orienter les financements. Une décision politique que rien ne laisse présager.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/150201/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Michel Servet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les investisseurs mais aussi les banques pourraient s’accommoder d’une situation durable de taux au plancher.Jean-Michel Servet, Honorary professor, Graduate Institute – Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1468832020-10-16T14:44:22Z2020-10-16T14:44:22ZQue peut attendre l’épargnant de l’investissement « socialement responsable » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363404/original/file-20201014-23-1q9u03q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La prise de conscience des dégradations causées à l’environnent et les scandales liés aux conditions de travail pratiquées dans les pays en développement par certains sous-traitants de grands groupes ont poussé de nombreux investisseurs à se servir de leur épargne dans le but d’infléchir les pratiques des entreprises.</p>
<p>Des produits d’investissement qualifiés de « <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/linvestissement-socialement-responsable">socialement responsables</a> » (ou ISR) se sont ainsi rapidement développés. Ceux-ci sont également identifiés par les trois lettres ESG reflétant leur triple préoccupation : l’environnement, le social et la gouvernance des entreprises. <a href="https://www.lelabelisr.fr/fonds-isr/">Plus de 500 fonds labellisés</a> sont actuellement disponibles en France auprès des principaux intermédiaires financiers. Leur performance <a href="https://www.boursorama.com/bourse/isr/">peut être suivie sur le site de Boursorama</a>.</p>
<p>Selon les chiffres de la Global Sustainable Investment Alliance, les investissements guidés par des critères ESG pèsent aujourd’hui près de <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-04-01/global-sustainable-investments-rise-34-percent-to-30-7-trillion">30 000 milliards de dollars</a> dans le monde, correspondant à environ 10 % de l’encours global des actifs financiers.</p>
<p>Et l’intérêt pour ce segment ne faiblit pas. De nombreuses sociétés de gestion d’actifs lancent de <a href="https://investir.lesechos.fr/investir-responsable/dossiers/banques-assurance-gestion-des-investisseurs-sous-pression/les-fonds-et-trackers-isr-de-plus-en-plus-en-vogue-1926332.php">nouveaux fonds estampillés ISR</a> lorsqu’elles ne prennent pas la décision de se consacrer entièrement à ce type de placements.</p>
<p>L’épargnant dispose désormais d’une large palette de produits de placement, en actions comme en obligations, notamment à base d’obligations vertes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-obligations-vertes-un-instrument-financier-pour-defendre-lenvironnement-101081">Les obligations vertes, un instrument financier pour défendre l’environnement</a>
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<p>Ils peuvent aussi investir dans des fonds indiciels cotés, appelés « trackers », dont l’objectif est de répliquer la composition d’indices boursiers tels que le <a href="https://www.spglobal.com/spdji/en/indices/equity/dow-jones-sustainability-north-america-composite-index/">Dow Jones Sustainability North America</a> aux États-Unis ou le <a href="https://www.msci.com/documents/10199/3fcf2394-2722-4bdd-be08-a7398cb45374">MSCI Europe ESG Leaders</a> de ce côté-ci de l’Atlantique.</p>
<h2>La crise du Covid-19 comme accélérateur</h2>
<p>Animé par des préoccupations d’ordre éthique, l’ISR a initialement cherché à écarter les entreprises impliquées dans des activités socialement répréhensibles – comme la vente d’alcool ou de tabac, le commerce d’armes –, avant de favoriser les entreprises plus respectueuses de l’environnement ou des droits de la personne, qui offrent de bonnes conditions de travail à leurs salariés.</p>
<p>Toutefois, la différence avec l’investissement conventionnel a longtemps paru marginale en raison de la difficulté à obtenir les données nécessaires ou à s’assurer de leur fiabilité.</p>
<p>Avec une information extrafinancière devenue plus complète et de meilleure qualité, en réponse à la demande insistante des investisseurs, il est désormais possible de mieux identifier les entreprises responsables ou irresponsables, ce qui laisse envisager des différences plus marquées à l’avenir.</p>
<p>La crise du Covid-19 semble avoir constitué un véritable accélérateur puisque les fonds ESG se distinguent par des écarts de performances plus importants en leur faveur.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363553/original/file-20201014-19-v7z48z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Performance comparée de l’indice MSCI World ESG Leaders (socialement responsable) et de l’indice MSCI World (conventionnel) sur les cinq dernières années.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thomson Reuters Eikon</span></span>
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</figure>
<h2>Comment sont construits les portefeuilles ESG ?</h2>
<p>Pour construire leurs portefeuilles, les fonds ESG commencent typiquement par retenir une batterie d’indicateurs sociaux et environnementaux. Ces derniers peuvent concerner la quantité d’énergie consommée pour la fabrication ou le transport des produits, ou encore la quantité de gaz à effet de serre émise par l’entreprise.</p>
<p>Ces indicateurs proviennent soit des déclarations de performance extrafinancière effectuées par les entreprises, soit d’enquêtes réalisées par des sociétés d’analyse et d’information, comme Bloomberg ou Thomson Reuters par exemple.</p>
<p>Les indicateurs recueillis sont souvent ajustés afin de tenir compte des différences entre secteurs. Ils sont ensuite pondérés pour donner une note globale. Les entreprises dont les notes sont les plus mauvaises, censées être les moins socialement responsables donc, sont écartées.</p>
<p>Les fonds s’appuient ensuite sur une approche financière classique entre le risque et la rentabilité attendue pour déterminer parmi les entreprises restantes lesquelles entrent dans leurs portefeuilles et dans quelle proportion. Certaines entreprises sont ainsi surpondérées par rapport au cas où aucun critère ESG n’aurait été pris en compte. D’autres sont sous-pondérées, voire même absentes des portefeuilles.</p>
<h2>La certification ISR par les labels</h2>
<p>L’engagement d’un fonds peut être attesté par l’obtention d’un label. En France, le <a href="https://www.novethic.com/responsible-investment-news/sri-the-french-government-creates-official-labels-for-financial-products.html">label ISR</a> est par exemple soutenu par le ministère de l’Économie.</p>
<p>La certification repose sur la vérification que le fonds prend bien en compte la performance sociale et environnementale des entreprises dans ses critères d’investissement, qu’il est équipé pour le faire, et que son processus de sélection est rigoureux.</p>
<p>Enfin, la différence doit être matérielle, à savoir que le portefeuille obtenu est bien constitué d’entreprises affichant une performance ESG supérieure à celles qui n’ont pas été retenues.</p>
<h2>Quel impact peut avoir l’ISR ?</h2>
<p>À première vue, les portefeuilles ESG ne paraissent pas très différents des portefeuilles conventionnels. On y trouve même des sociétés ayant fait l’objet de polémiques. Ainsi, la société Amazon dont les <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-salaries-damazon-a-bout-de-souffle-1365381">conditions de travail sont souvent dénoncées par les syndicats</a> a été incluse malgré tout dans l’indice S&P 500 ESG. Il en va de même de Facebook, alors que la société est connue pour <a href="https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/2018-l-annee-noire-de-facebook-801885.html">l’utilisation abusive</a> qu’elle fait des données personnelles de ses utilisateurs.</p>
<p>Ceci est dû au fait que la notation traduit la performance relative de l’entreprise au sein de son secteur d’activité. Certains secteurs sont relativement polluants ou très consommateurs de ressources naturelles. Pour une question d’équilibre, aucun secteur ne peut être écarté, ni même trop sous-pondéré, au risque d’affecter la rentabilité des portefeuilles.</p>
<p>Pour autant, le fait de réduire la part des entreprises les moins bien notées contribue à brider leur développement. À l’inverse, les entreprises les mieux notées – comme Danone, Schneider, Air Liquide, ou L’Oréal, qui font partie de l’indice <a href="https://www.stoxx.com/index-details?symbol=SXXESGP">STOXX Europe ESG Leader 50</a> – bénéficient d’un avantage à travers un meilleur accès au marché financier. Les <a href="https://doi.org/10.1002/smj.2131">travaux empiriques</a> confirment d’ailleurs que ces entreprises peuvent lever des fonds plus facilement et à un coût plus faible.</p>
<p>Mais c’est surtout l’investissement passif, reposant sur la réplication d’indices ESG reconnus, qui devrait avoir l’impact le plus significatif. D’abord parce qu’il constitue désormais la <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-09-11/passive-u-s-equity-funds-eclipse-active-in-epic-industry-shift">part la plus importante des fonds placés en actions</a> grâce à des frais de gestion minimes.</p>
<p>Le fait que les indices ESG ont tendance à n’inclure que les entreprises affichant les meilleures performances implique que ces entreprises sont susceptibles de recevoir des flux de financement considérables. À l’inverse, les autres entreprises auront nettement plus de difficultés à apparaître sur le radar des investisseurs. C’est une incitation puissante pour qu’elles améliorent leurs pratiques.</p>
<p>Il ne fait aujourd’hui aucun doute que l’investissement responsable est appelé à avoir un impact majeur sur l’économie. Les épargnants soucieux de mettre leur argent au service d’une bonne cause peuvent investir sans inquiétude dans des fonds indiciels définis de façon assez large afin d’être suffisamment diversifiés. Les <a href="https://doi.org/10.1093/rcfs/cfaa011">résultats récents</a> montrent que leur performance n’a rien à envier aux fonds conventionnels et leur risque s’avère même plus faible.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146883/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Nguyen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plus de 500 fonds labellisés « socialement responsables » sont actuellement disponibles en France auprès des principaux intermédiaires financiers.Pascal Nguyen, Professeur à l’Université de Montpellier, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1380212020-05-11T19:30:05Z2020-05-11T19:30:05Z« Comment payer la guerre » : la leçon d’économie oubliée de Keynes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/333073/original/file-20200506-49558-1txnbta.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3937%2C2616&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nous assistons actuellement à un choc d'offre dû à un facteur exogène et non à une crise de la demande.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/s/photos/classroom-teacher">Mikael Kristenson / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La brochure de l’économiste John Maynard Keynes <em>How to Pay for the War : A Radical Plan for the Chancellor of the Exchequer</em> a été publiée début mai 1940, quelques jours avant l’offensive allemande, la débâcle et les destructions du blitz. Le titre est trompeur car s’il traite du financement de la guerre, il s’interroge d’abord sur les moyens de traiter un déséquilibre durable entre la production et la demande de consommation.</p>
<p>Cette problématique n’est pas nouvelle chez le célèbre économiste puisqu’elle se retrouve dans <em>La théorie générale</em> publiée quatre ans plus tôt. Pourtant la situation analysée par le Keynes de 1940 (K40) s’appuie sur une réalité qui est à l’exact opposé de celle qui prévalait en 1936 (K36).</p>
<p>L’« économie de guerre » est le négatif de l’« économie de paix » :</p>
<blockquote>
<p>« Nous nous étions tellement habitués au problème du chômage et à l’excès de moyens, qu’il faut quelque souplesse d’esprit pour adapter notre comportement au problème de plein emploi et de capacités désormais insuffisantes pour satisfaire la demande. »</p>
</blockquote>
<p>Si K36 traite des <a href="https://baripedia.org/wiki/L%27approche_keyn%C3%A9sienne_et_le_mod%C3%A8le_IS-LM#Les_gaps_inflationnistes_et_d.C3.A9flationnistes_et_le_mod.C3.A8le_.C3.A0_45.C2.B0_.28ou_revenu-d.C3.A9penses.29">« écarts déflationnistes »</a> entre l’offre et la demande, K40 s’attaque aux « écarts inflationnistes ».</p>
<h2>Un choc d’offre négatif</h2>
<p>Dans le contexte actuel, fort de la référence aux crises de 1929 et de 2008, c’est plutôt l’idée d’un <a href="https://wordpress.com/block-editor/post/jmsiroen.com/308">« moment keynésien » K36</a> qui prévaut. Les arguments ne sont pas infondés : faillite d’entreprises et montée du chômage, perte de revenus donc de pouvoir d’achat et finalement contraction de la demande.</p>
<p>Mais cette analyse prend la crise économique par le mauvais bon bout. Ce n’est pas une crise de la demande qui contracte l’offre et l’emploi, mais la crise de l’offre qui confine, plus qu’elle ne contracte, la demande. Si en 1929 et en 2008 le chômage était la conséquence directe de la crise financière, la dépression actuelle est d’abord une crise sanitaire « exogène », qui ne doit rien ou pas grand-chose au dysfonctionnement d’une économie de marché, capitaliste, mondialisée et hyper-financiarisée.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=853&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=853&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=853&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1072&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1072&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/333060/original/file-20200506-49579-jqcu5n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1072&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ouvrage de John Maynard Keynes <em>Comment payer la guerre. Un programme radical pour le chancelier de l’échiquier</em>.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour autant, sommes-nous aujourd’hui dans une « économie de guerre » de type K40 ? Les analogies sont nombreuses. Les travailleurs ne sont certes pas mobilisés pour combattre un ennemi visible, mais pour résister à la contamination d’un virus sournois.</p>
<p>Chez K40, la production nationale d’une « économie de guerre » et les revenus distribués augmentent grâce aux heures supplémentaires, à la participation des femmes, des jeunes voire des plus âgés. Toutefois, nous prévient-il : « Si nous travaillons plus dur, nous pouvons mieux combattre. Mais nous ne devons jamais consommer davantage. »</p>
<p>Aujourd’hui, même si la production de certains biens, des masques ou des respirateurs, doit augmenter, l’effet sur la production globale est beaucoup plus faible qu’en cas de guerre. Le confinement conduit à une chute de la production (le produit intérieur brut ou PIB) qui ne se retranche pas du pouvoir d’achat puisqu’en France, comme dans la plupart des pays industriels, les pertes de revenus sont, au moins partiellement, compensées par l’État.</p>
<p>Au final, même si les chemins diffèrent, le point d’aboutissement est le même : un excès de demande de biens de consommation par rapport à la production disponible.</p>
<h2>Un risque d’inflation à ne pas négliger</h2>
<p>Aujourd’hui, par chance, pourrait-on dire cyniquement, le confinement qui déprime la production, rationne en même temps la demande. L’ajustement se réalise donc sans tickets de rationnement et sans inflation sans échapper toutefois à quelques frictions (farine, masques…). Cette partie inhabituelle du revenu confiné n’est qu’une épargne « forcée » imposée par les circonstances. Elle n’est pas désirée pour elle-même et si elle pouvait se libérer elle ne ferait qu’accroître l’excès de demande.</p>
<p>Dans une telle situation d’excédent potentiel de la demande sur l’offre, c’est l’inflation qui est attendue. C’est d’ailleurs ce que redoutait K40. C’est ce qu’il voulait justement éviter pour des raisons à la fois économiques et sociales car l’inflation « taxe » les plus pauvres et équivaut à un transfert vers les plus riches. On pourrait même ajouter que la politique monétaire extraordinairement expansionniste des banques centrales prédispose à cette inflation.</p>
<p>Mais les économistes, comme tout un chacun, ont toujours tendance à penser que ce qui est vrai depuis, disons, un quart ou un demi-siècle, le restera longtemps encore et inévitablement, ils se trompent. Il n’en fut jamais ainsi.</p>
<p>Ne disaient-ils pas encore au seuil des années 1970 qu’il n’y aurait plus jamais de crises économiques puisqu’on savait maintenant comment les éviter ? Ainsi, l’inflation relèverait aujourd’hui de l’économie archéologique car elle n’est plus un phénomène monétaire si tant est qu’elle le fût un jour. De fait, la crise de 2008 a bien vu quadrupler la masse monétaire sans susciter le moindre début de commencement d’inflation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1257029001215950848"}"></div></p>
<p>N’oublions pas néanmoins que le virus inflationniste des années 1960 et 1970 (<a href="https://fr.global-rates.com/statistiques-economiques/inflation/1980.aspx">près de 14 %</a> en France au début des années 1980) a été vaincu par une <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/histoires-d-info/quand-la-fed-remontait-ses-taux-a-20_1791297.html">potion sévèrement amère</a> administrée par la Fed (la banque centrale américaine) et son président Paul Volcker. En 1981, les États-Unis affichaient ainsi un <a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/USA/fr/FR.INR.RINR.html">taux d’intérêt réel</a> frisant les 9 % !</p>
<p>Et puis, si les biens de consommation ont bien été préservés de l’inflation, il n’en fut pas de même des actifs, mobiliers ou immobiliers dont les prix se sont envolés. Les plus riches se sont enrichis quand les crises qui succédaient à l’éclatement des bulles spéculatives appauvrissaient les plus pauvres.</p>
<p>Mais la controverse sur la responsabilité de la monnaie sur les prix n’est pas le sujet car l’inflation que nous pouvons redouter aujourd’hui aurait des causes bien réelles : la pénurie d’une offre qui tarderait à couvrir la demande.</p>
<p>Reste à savoir si, le processus inflationniste une fois enclenché, l’augmentation massive de la masse monétaire n’amplifierait pas le phénomène comme ce fut le cas dans les années 1970. N’écartons donc pas le risque inflationniste avec la même arrogance qui nous a fait trop longtemps considérer le Covid-19 comme une simple <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/03/10/coronavirus-peut-on-vraiment-dire-que-le-covid-19-n-est-qu-un-gros-rhume-monte-en-epingle_6032483_4355770.html">grippette</a>.</p>
<h2>Un redémarrage trop rapide de la demande</h2>
<p>Chez K40, « en temps de guerre la taille du gâteau reste la même ». Rétrécir l’écart inflationniste ne peut donc se faire que par la réduction de la demande. Aujourd’hui, la situation est différente : la taille du gâteau a été réduite par le confinement, mais celui-ci passé, la production deviendra plus élastique et l’ajustement pourra alors se partager entre l’accroissement de l’offre et la réduction de la demande.</p>
<p>Ainsi, ne trouve-t-on pas dans le catalogue de K40 des mesures analogues à celles mises en place aujourd’hui et qui visent à préserver les capacités de production en limitant les licenciements et les faillites.</p>
<p>La justification économique des <a href="https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-berretta/fonds-de-solidarite-bruno-le-maire-detaille-la-proposition-francaise-02-04-2020-2369921_1897.php">mesures adoptées</a> ces dernières semaines s’accorde à une contrainte sociale : accepter la baisse du revenu des travailleurs confinés aurait des conséquences désastreuses pour les plus fragiles. Mais tout aussi nécessaires soient-elles, ces « indemnisations » élargissent immédiatement l’écart inflationniste quitte à faciliter ultérieurement sa réduction en accélérant la reprise de la production.</p>
<p>Personne ne peut prévoir l’attitude des consommateurs. Il est possible que les incertitudes sur le futur et la peur du déconfinement inhibent la demande, voire que l’écart inflationniste se mute en écart déflationniste. C’est bien ce que redoutent ceux qui préfèrent se référer à K36 qu’à K40. Mais ce n’est pas le scénario le plus probable.</p>
<p>La fin des privations conduit plutôt à un rattrapage et à une « compensation ». Ce serait d’ailleurs une très bonne chose si la production était en mesure d’y répondre. On peut craindre que ce ne soit pas le cas et que la production redémarre moins vite que la demande.</p>
<p>Une des conséquences de la généralisation des flux tendus est que les stocks « normaux » risquent d’être bien trop limités pour combler l’écart inflationniste. Certes, la chute de la demande au temps du confinement a généré un stockage forcé, mais il n’est pas acquis qu’il suffise à combler l’écart. Les importations seraient un recours possible si la crise et les pénuries n’étaient pas mondiales.</p>
<h2>Le paiement différé, un système vertueux</h2>
<p>Comment affronter le déséquilibre offre-demande ? K40 refuse la solution inflationniste inefficace et socialement injuste : « si on laisse les prix s’élever, cela signifie simplement que les revenus des consommateurs passent dans les mains de la classe capitaliste ». Celle-ci étant la seule à pouvoir prêter à l’État, les capitalistes « seraient les seuls à être les principaux propriétaires de la dette nationale accrue ; c’est-à-dire le droit de dépenser l’argent après la guerre ».</p>
<p>Au passage, K40 critique les syndicats qui revendiquent une hausse des salaires car, accélérant l’inflation, elle défavoriserait les salariés. K40 rejette également un rationnement général qui exposerait au gaspillage, aux files d’attente et au marché noir. Par ailleurs, il viole le libre-choix des individus :</p>
<blockquote>
<p>« La suppression du choix du consommateur au profit d’un rationnement universel est le produit typique de cette agression, parfois nommée bolchevisme, menée contre ce qui différencie un homme d’un autre et par quoi la vie est enrichie. »</p>
</blockquote>
<p>Pour K40 il convient alors de « retirer du circuit de la consommation une certaine part des gains accrus ». Certes les impôts doivent augmenter car ils ont la triple vertu de réduire le déficit public, de contenir la demande et, par des taux différenciés, de réduire les inégalités. Mais, pour K40, cette politique ne saurait suffire et on peut douter plus encore qu’elle suffirait dans le monde surendetté d’aujourd’hui.</p>
<p>Si pour K40 les riches doivent être plus lourdement taxés, ce prélèvement ne pourra à lui seul combler ni les besoins de financement de l’État, ni l’écart inflationniste puisque les riches sont peu nombreux et consomment moins.</p>
<p>La solution qu’il préconise, le « paiement différé », ressemble fort à un impôt mais avec la différence que, prélevé sur les revenus, il serait remboursable après la guerre. Les plus pauvres en seraient exonérés et bénéficieraient même d’un système d’« allocations familiales » plus généreux que celui alors en vigueur.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1252569155120902144"}"></div></p>
<p>Pour Keynes, qui se fait sans doute quelques illusions sur la dureté et la longueur de la guerre, les plus pauvres pourraient alors consommer davantage pendant la guerre qu’avant…</p>
<p>Le « paiement différé » qui reporte le pouvoir d’achat sur l’après-guerre contribuerait non seulement au rééquilibrage entre l’offre et la demande mais il aurait deux autres vertus.</p>
<p>D’une part, les « paiements différés » virés sur un compte bloqué resteraient la propriété de leurs détenteurs et, d’autre part, le déblocage prévu après la guerre, permettrait de solvabiliser la demande supplémentaire nécessaire pour reconvertir la production de guerre en production civile. Encore faut-il que l’on puisse honorer ces paiements différés qui auront, entre-temps, servi à « payer » la guerre.</p>
<h2>Trois enseignements pour 2020</h2>
<p>K40 propose une solution dont il ne revendique pas la paternité :</p>
<blockquote>
<p>« La proposition d’associer le paiement différé à un prélèvement sur le capital après la guerre a été faite pour la première fois par le professeur Friedrich Hayek dans un article du Spectator le 24 novembre 1939. »</p>
</blockquote>
<p>Ceux qui connaissent l’opposition entre les deux hommes (en réalité pas si vive que cela de leur vivant) se régaleront de cette référence et remarqueront que l’ultralibéralisme de Hayek s’accommodait bien, en ces circonstances, d’un impôt sur le capital…</p>
<p>Que peut-on retenir aujourd’hui de K40 ? Trois éléments :</p>
<ul>
<li><p>Ne nous trompons pas de relance. Le traitement d’un excès de demande a toutes les chances de se poser avant celui de son insuffisance. L’intervention de l’État doit donc bien cibler la reprise de l’offre avant celle de la demande. Si l’inflation n’est pas inéluctable, il convient d’en réévaluer les risques.</p></li>
<li><p>Les « paiements différés » sont un principe pertinent et flexible, adapté à une situation de forte incertitude. Ils pourraient prendre la forme d’un impôt remboursable ou d’indemnisations décalées dans le temps en fonction de leur montant. Prélevés si la demande post-confinement apparaissait excessive par rapport aux capacités de production, ils seraient débloqués ensuite pour éviter une rechute.</p></li>
<li><p>Si K40 a déploré les critiques syndicales, des mesures sociales accompagnent ses préconisations. Il avait bien compris qu’une crise sociale risquait bien de s’ajouter à la guerre et à la crise économique.</p></li>
</ul>
<p>Inévitablement la baisse de la production provoquée par le confinement devra s’accompagner au moins transitoirement d’une baisse de la consommation par rapport à la situation pré-Covid-19. Encore faut-il que, non seulement celle-ci soit répartie équitablement, mais qu’elle épargne aussi tous ceux qui ne seraient pas en mesure de la supporter. La pire politique serait celle qui aggraverait encore les choses en relançant une demande avant que la production ne permette de la satisfaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138021/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Marc Siroën ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’économiste anglais soulignait en 1940 que relancer la demande avant la reprise de la production était hautement risqué…Jean-Marc Siroën, Professeur d'économie internationale, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1378492020-05-10T21:45:35Z2020-05-10T21:45:35ZLes facteurs psychologiques accentuent la ruée vers l’épargne sécurisée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/332664/original/file-20200505-83725-19afchj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C33%2C5582%2C3699&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En période de crise et de perte de confiance en l'économie, les ménages privilégient les placements qui permettent d'éviter le risque comme le livret A.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/vwaTtIhCjVg">Damir Spanic / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Face à la crise du Covid-19, sanitaire d’abord, économique ensuite, les consommateurs ont modifié leur comportement en tentant de s’adapter à cette nouvelle situation exceptionnelle. Leur comportement financier s’est également transformé, comme le montrent les nouveaux chiffres de l’épargne française au premier trimestre 2020.</p>
<p>Les Français n’ont en effet jamais autant épargné. En mars 2020, le montant total des dépôts bancaires s’élevait ainsi à <a href="http://www.leparisien.fr/economie/votre-argent/banques-les-francais-ont-pres-de-20-milliards-d-euros-d-epargne-du-jamais-vu-depuis-2007-29-04-2020-8308113.php">19,6 milliards d’euros</a>. Le Livret A a enregistré sa plus forte collecte depuis 10 ans. Au total, la collecte nette sur les livrets A et livrets développement durable et solidaire (LDDS), a atteint 3,82 milliards d’euros sur le trimestre. Ces deux supports financiers totalisent désormais un encours de <a href="https://www.caissedesdepots.fr/sites/default/files/medias/cp_collecte_mars_2020.pdf">420,8 milliards d’euros</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1256513177858252800"}"></div></p>
<p>Cela ne saurait s’expliquer par le taux rémunérateur de ces supports, au plus bas depuis leurs créations. Le même effet s’était fait remarquer en 2008. Au plus fort de la crise, en octobre 2008, la collecte du « placement préféré des Français » a atteint <a href="https://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/12/24/grand-succes-du-livret-a-avec-la-crise-financiere_1134664_1101386.html">2,4 milliards d’euros</a>. L’encours global avait atteint 156,9 milliards d’euros, contre 136,3 milliards d’euros en octobre 2007.</p>
<p>Certains spécialistes avancent la piste des effets du confinement pour expliquer ce comportement. Les commerces fermés et les déplacements limités ont réduit les possibilités de <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/consommation/pendant-le-confinement-les-menages-devraient-accumuler-une-epargne-de-55-milliards-d-euros-6814957">consommation des Français</a>, ce qui entraînerait une <a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2020/OFCEpbrief66.pdf">épargne forcée</a> selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).</p>
<p>D’un autre point de vue, certains chercheurs avancent la piste de l’aversion au risque des Français pour <a href="https://www.lemonde.fr/argent/article/2020/04/28/les-francais-inquiets-remplissent-leur-livret-a-tandis-que-d-autres-investissent-en-bourse_6037956_1657007.html">expliquer ce comportement</a>. En effet, les traits de personnalité (aversion au risque, préférence temporelle, excès de confiance en soi, etc.) constituent des variables psychologiques clés pour comprendre le comportement financier des ménages.</p>
<p>De plus, le contexte dans lequel évoluent les acteurs économiques – qu’il s’agisse d’une expansion, d’une récession ou d’une stagnation – joue grandement sur leurs attitudes et leurs décisions financières.</p>
<h2>La confiance au cœur des arbitrages</h2>
<p>Plusieurs courants de recherche se sont intéressés aux incidences entre le contexte économique et le comportement des consommateurs. Selon le psychologue américain <a href="https://www.nytimes.com/1981/06/19/obituaries/george-katona-79-leading-economist.html">George Katona</a> (créateur de l’<a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/1183/reader/reader.html#!preferred/1/package/1183/pub/1189/page/6">indice de confiance des consommateurs</a>), les dépenses de consommation dépendent de deux facteurs : économique et psychologique.</p>
<p>Le facteur économique représente la capacité et la possibilité par les consommateurs de dépenser le revenu discrétionnaire (c’est-à-dire le revenu net après toutes les dépenses obligatoires tels que l’impôt, la nourriture, les vêtements, le loyer, le remboursement des crédits et les primes d’assurance), tandis que le facteur psychologique correspond à la volonté, à la motivation à dépenser.</p>
<p>Cela sous-entend un choix de la part des ménages pour arbitrer entre la dépense, l’épargne et l’investissement. Cet arbitrage est basé sur un facteur psychologique directement impacté par la crise du Covid-19 suivant un processus particulier.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/332658/original/file-20200505-83779-ssaa2t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=478&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En mars 2020, la confiance des ménages dans la situation économique était en baisse (-1 point). Fin avril, l’indicateur perd 8 points, soit sa plus forte baisse depuis la création de l’enquête en 1972. À 95, il est désormais au-dessous de sa moyenne de longue période (100).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4483357">Insee</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Tout commence par la perception du contexte économique. Les consommateurs le perçoivent de manière plus ou moins négative. De nombreux stimuli tels que les politiques publiques, la distribution des revenus, la richesse créée, l’inflation ou le chômage, influencent les perceptions des ménages.</p>
<p>Ces perceptions économiques génèrent alors chez les consommateurs un sentiment de <a href="https://www.cairn.info/economie-de-la-confiance--9782348043550.htm">confiance ou de défiance</a> envers le contexte économique. En France, dans le contexte de crise sanitaire et avec l’anticipation d’une crise économique brutale, le moral des ménages est <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4483357">au plus bas</a>.</p>
<p>Une fois qu’un sentiment de confiance ou au contraire de défiance s’installe dans l’esprit du consommateur, cela va impacter ses états émotionnels puis, in fine, son comportement financier.</p>
<h2>Éviter les pertes, quitte à gagner peu</h2>
<p>La <a href="https://www.cairn.info/economie-de-la-confiance--9782348043550.htm">recherche</a> a notamment démontré, empiriquement, que le sentiment négatif induit par les contractions économiques restent plus forts que le sentiment positif généré par les expansions économiques.</p>
<p>En conséquence, en cas de récession, les ménages auront tendance à se tourner fortement vers des services financiers associés à l’évitement de résultats négatifs (assurance-vie en fonds euros, plan épargne-retraite, assurance décès, etc.), beaucoup plus que ceux associés à la recherche de risque pour obtenir des résultats positifs (plan d’épargne en actions, compte-titres, crédit, etc.) en période de croissance.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/332866/original/file-20200505-83745-1r71ib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Réactions psychologiques en fonction du contexte économique.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par ailleurs, selon la <a href="https://www.andlil.com/theorie-des-perspectives-153648.html">théorie des perspectives</a> des économistes et psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky, les gains et les pertes ont un impact émotionnel différent. Une perte génère un impact négatif beaucoup plus fort que l’impact positif généré par un gain équivalent. Les individus prennent plus de risques pour éviter une perte que pour réaliser un gain.</p>
<p>La fonction de valeur de la théorie des perspectives explique ces différences et les effets motivationnels, des comparaisons des gains et des pertes, dans le comportement des individus.</p>
<p>On comprend alors mieux pourquoi les Français se sont ruées sur les livrets où le taux est garanti au mois de mars. Ce sont des services financiers associés à l’évitement de résultats négatifs dans la mesure où ils permettent de sécuriser et même de faire faiblement fructifier un capital.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137849/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samy Mansouri est financé par le Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.</span></em></p>Les ménages ont tendance à adapter plus fortement leurs comportements en période de contraction économique qu’en période d’expansion, ce qui explique les fortes collectes du mois de mars.Samy Mansouri, Doctorant en Sciences de Gestion, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1323202020-02-27T19:52:07Z2020-02-27T19:52:07ZLa Bourse régionale des valeurs mobilières, instrument majeur de l’économie ouest-africaine<p>En 1993, le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a décidé de créer une <a href="https://www.brvm.org/">Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM)</a> commune aux huit pays membres : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, la Guinée Bissau, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le processus de mise en place de la Bourse régionale s’est déroulé en plusieurs étapes et a abouti au démarrage de ses activités en 1998. Elle dispose d’antennes nationales au niveau de chaque pays membre. Ses principales missions sont d’organiser le marché boursier, la cotation et la négociation des valeurs mobilières, la diffusion des informations boursières, la promotion et le développement du marché.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-congolaise-de-gestion-2018-2-page-75.htm">Notre recherche</a> sur ce sujet est motivée par le fait que malgré la multitude des études empiriques sur la performance des fonds mutuels (<a href="http://finance.martinsewell.com/fund-performance/Ippolito1989.pdf">Ippolito, 1989</a> ; <a href="https://econpapers.repec.org/article/cupjfinqa/v_3a29_3ay_3a1994_3ai_3a03_3ap_3a419-444_5f00.htm">Grinblatt et Titman, 1994</a> ; <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1540-6261.1995.tb04800.x">Brown et Goetzmann, 1995</a> ; <a href="https://www.amazon.com/Random-Investing-Burton-Malkiel-2007-01-30/dp/B01K3OLMXQ">Malkiel, 2007</a>), aucune étude scientifique ne s’est réellement penchée sur les stratégies et décisions d’investissement appliquées par les gestionnaires de ces fonds dans l’UEMOA, encore moins sur leurs performances, d’où la nécessité de combler cette lacune.</p>
<p>L’objectif de la proposition est double : (1) Porter un jugement sur la performance des fonds mutuels et la justification de leur raison d’être ; (2) Détecter les meilleurs fonds mutuels à travers un classement selon leur <a href="https://www.pearson.fr/resources/titles/27440100815470/extras/7458_chap06.pdf">performance ajustée au risque</a>.</p>
<h2>L’organisation de la gestion collective des valeurs mobilières</h2>
<p>Afin de faciliter l’investissement en actions et en obligations, et d’impulser une dynamique de développement plus forte du marché, les autorités de régulation du marché des valeurs mobilières de l’UEMOA ont mis en place un cadre réglementaire permettant l’émergence et le développement de fonds mutuels via des sociétés de gestion. Au sein de l’UEMOA, les fonds mutuels sont des portefeuilles de valeurs mobilières détenues collectivement par des investisseurs institutionnels – ou particuliers qui en délèguent la gestion à une société de gestion de placement collectif.</p>
<p>Ces fonds mutuels ont été institués à la BRVM grâce à l’instruction <a href="http://www.crepmf.org/Wwwcrepmf/Reglementation/pdf/Instructions/INSTRUCTION%20021.pdf">n° 21/99 du 2 juillet 1999</a> relative à la classification des organismes de placement collectif en valeurs mobilières. Cette instruction précise dans son article premier :</p>
<blockquote>
<p>« La gestion collective des valeurs mobilières s’effectue au sein des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). »</p>
</blockquote>
<p>Les principaux avantages des fonds mutuels pour les clients (particuliers, investisseurs institutionnels) sont la sécurité des placements (du fait de la diversité des investissements), la souplesse (grâce aux liquidités dont disposent les fonds) et la simplicité de fonctionnement (la gestion des actifs du fonds mutuels étant déléguée à un gestionnaire).</p>
<p>Le graphique suivant présente la répartition des actifs gérés par les OPCVM :</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316752/original/file-20200224-32678-2bhqub.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Répartition des actifs gérés par les OPCVM de l’UEMOA au 31 décembre 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On constate que les Fonds mutuels de l’UEMOA investissent avant tout sur la catégorie obligations, avec plus de 40 % des encours, ce qui est peut-être une indication qu’une bonne partie des investisseurs veulent prendre moins de risques.</p>
<h2>Un développement spectaculaire</h2>
<p>La gestion collective de l’épargne des agents économiques investie en valeurs mobilières par les professionnels à travers les fonds mutuels a connu un développement spectaculaire au cours des dernières années à la bourse régionale.</p>
<p>Les deux premiers fonds mutuels ont vu le jour 26 juin 2000 ; depuis, cette forme de gestion d’actifs ne cesse de se développer. Le nombre de fonds créés a progressé de manière remarquable : fin 2016, on compte sur le marché 57 fonds mutuels dont 1 Société d’investissement à capital variable (SICAV) diversifiée, 3 fonds communs de placement (FCP) obligations à court terme, 13 FCP obligations à moyen et long termes, 9 FCP actions et 31 FCP diversifiés (dont 5 fonds communs de placement d’entreprise, FCPE).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316751/original/file-20200223-92518-17hl136.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nombre d’OPCVM gérés par SGO à la BRVM au 31 décembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces dernières années, des flux d’investissement très importants ont été dirigés vers les organismes de placement commun en valeurs mobilières. Le montant des actifs gérés par les sociétés de gestion a connu une expansion extraordinaire et se chiffre en 2016 à 665,38 milliards de FCFA contre 279,66 milliards en 2015, soit une progression de 57,97 % par an.</p>
<p>Ce dynamisme s’explique, sans doute, par une multiplication de l’offre, avec la création de nouvelles sociétés de gestion.</p>
<h2>Les bonnes performances des fonds mutuels</h2>
<p>L’<a href="https://www.cairn.info/revue-congolaise-de-gestion-2018-2-page-75.htm">étude</a> de la performance des fonds mutuels sur un échantillon de 13 fonds communs de placement à la BRVM faisant partie des catégories obligations, actions et diversifiés, sur la période allant du 2 septembre 2013 au 16 décembre 2016, à travers trois indicateurs de performance ajustée au risque – le <a href="https://www.andlil.com/definition-du-ratio-de-sharpe-130658.html">ratio de Sharpe modifié</a>, le <a href="http://www.clubampere.org/glossaire/ratio-dinformation/">ratio d’information</a> et le <a href="http://www.performance-metrics.eu/papers/measure/Treynor_Mazuy_1966_Short_Description.pdf">ratio de Treynor-Mazuy</a> –, montre que les fonds mutuels de la BRVM sont en moyenne plus performants que l’<a href="https://www.sikafinance.com/analyses/chronique-comprendre_les_indices_boursiers-86">indice BRVM Composite</a>. Celui-ci représente la valeur moyenne des l’ensemble des actions cotées à la bourse.</p>
<p>En outre, les gestionnaires de fonds mutuels à la BRVM possèdent de réelles capacités en termes de sélectivité et d’anticipation du marché. De tels résultats justifient l’intérêt d’investir dans ces types de placements financiers. Enfin, le classement par catégories indique que les fonds mutuels les plus performants sont FCP actions, suivis des fonds FCP diversifiés. Les FCP obligations sont les moins performants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132320/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Modou Dieng ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La bourse régionale des valeurs mobilières de l’Afrique de l’Ouest joue un rôle majeur dans la mobilisation l’épargne locale via les investisseurs institutionnels.Modou Dieng, Enseignant-chercheur en économie, Université Alioune Diop de BambeyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1309592020-02-04T19:54:48Z2020-02-04T19:54:48ZPolémique BlackRock : quelques vérités à rétablir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/313059/original/file-20200131-41495-1qvqg5y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C135%2C4619%2C3664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La société multinationale BlackRock n’est pas un «&nbsp;fonds de pension&nbsp;», comme cela a pu être affirmé.
</span> <span class="attribution"><span class="source"> Casimiro PT / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le 31 décembre 2019, lors de la traditionnelle promotion civile de la Légion d’honneur, ont été décorés ou promus des artistes (Chantal Lauby, actrice et ancienne membre du groupe d’humoristes de Canal plus « Les Nuls », le chanteur Gilbert Montagné, etc.) des scientifiques (<a href="https://theconversation.com/conversation-avec-gerard-mourou-prix-nobel-de-physique-2018-104338">Gérard Mourou</a>, prix Nobel de physique 2018)… et le président de la filiale française de BlackRock, Jean‑François Cirelli, déjà chevalier de La légion d’honneur depuis avril 2006 et <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/sept-questions-sur-la-legion-d-honneur-attribuee-a-jean-francois-cirelli-patron-de-blackrock-france_3768057.html">promu au grade d’officier</a> sur proposition du premier ministre.</p>
<p>La couverture par les médias de cette décoration (une parmi un total de 487 personnes !) a déclenché des salves de critiques de la part de responsables politiques et syndicaux. Ceux-ci arguant que, dans le contexte actuel de la réforme des retraites, cette distinction allait faire la promotion de la « retraite par capitalisation » et encourager des « fonds de pension ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1212361590034616320"}"></div></p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1212656395943923712"}"></div></p>
<p>Ces deux questions sont fondamentales et nécessitent d’être examinées au-delà des préjugés idéologiques.</p>
<h2>Les Français déjà tournés vers la capitalisation</h2>
<p>Traditionnellement, les systèmes de retraite sont divisés en deux catégories :</p>
<ul>
<li><p>les régimes par répartition, où les cotisations des actifs actuels financent les pensions versées aux retraités actuels. L’équilibre du système repose sur le rapport cotisant/retraité et sur le pourcentage d’actifs dans le nombre de cotisants. Le régime par répartition est un système de mutualisation. En France, il est très largement majoritaire ;</p></li>
<li><p>les régimes par capitalisation, qui reposent sur les cotisations individuelles des participants, qui sont investies sur des supports financiers et qui débouchent en capital ou en rente viagère à la retraite. Les supports financiers peuvent être de nature très variées : actions, obligations, etc.</p></li>
</ul>
<p>Or, si le régime par répartition reste le socle de notre système de retraite, il semble que les Français aient décidé eux-mêmes de le compléter par l’adhésion à des dispositifs individuels par capitalisation, bien avant qu’il ne soit question de réforme des retraites pour laquelle BlackRock est accusé de faire du lobbying.</p>
<p>Le <a href="https://www.amf-france.org/Publications/Rapports-etudes-et-analyses/Epargne-et-prestataires?docId=workspace%3A%2F%2FSpacesStore%2F90a1a5ff-b5f0-4967-85e3-2398c9965416">dernier baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement</a> montre ainsi clairement que la proportion de nos compatriotes qui souhaite « disposer d’un capital en vue de la retraite » passe de 69 % en 2017 à 72 % en 2018. Lesquels épargnants français, ont investi en 2019, malgré la baisse continue des taux de rendement sur les actifs en euros, <a href="https://www.ffa-assurance.fr/actualites/assurance-vie-collecte-nette-positive-en-decembre-2019">144,6 milliards d’euros bruts sur des contrats d’assurance-vie</a> dont 39,6 milliards sous forme d’unités de compte, soit 27 %, ce qui est le pourcentage le plus élevé depuis des années.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=106&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=106&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=106&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=133&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=133&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313057/original/file-20200131-41485-1t5dk4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=133&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les dépenses imprévues, y compris celles de santé, demeurent la priorité dans les objectifs d’épargne, mais aussi prévoir les besoins liés à un âge plus avancé (retraite, perte d’autonomie).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.amf-france.org/Publications/Rapports-etudes-et-analyses/Epargne-et-prestataires?docId=workspace%3A%2F%2FSpacesStore%2F90a1a5ff-b5f0-4967-85e3-2398c9965416">Extrait du baromètre AMF (janvier 2020)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La vraie question n’est donc plus de s’inquiéter de la mise en place de dispositifs de préparation à la retraite individuels sur le principe de la capitalisation, ils existent déjà. La vraie question est de les encourager et de faciliter leur utilisation par les épargnants. C’est là justement l’objectif de la Loi Pacte, adoptée en 2019, qui prévoit le lancement de <a href="https://www.retraite.com/dossier-retraite/retraite-complementaire/epargne-retraite/la-loi-pacte-et-la-reforme-de-l-epargne.html">nouveaux plans épargnes retraites</a> (PER) courant 2020. Ces derniers sont censés permettre plus de lisibilité, plus de souplesse, ou encore plus d’options de sortie.</p>
<h2>BlackRock n’est pas un fonds de pension</h2>
<p>Il est important de le rappeler : la société multinationale BlackRock, dont le siège est situé à New York, n’est pas un « fonds de pension », mais tout simplement une entreprise spécialisée dans la gestion de portefeuille pour le compte de tiers, dont les produits financiers sont distribués auprès de leurs clients par des banques privées ou des compagnies d’assurance. BlackRock est aussi célèbre pour son activité de gestion indicielle, qui consiste en rechercher des performances proches de celles d’autres indices majeurs comme le Cac 40 ou le Dow Jones. C’est ce qui explique par exemple que BlackRock soit présent au sein du capital de la majorité des entreprises cotées au Cac 40.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1220652066277875714"}"></div></p>
<p>De leur côté, les fonds de pension sont simplement des véhicules d’épargne longue, individuels ou collectifs. Souvent souscrits dans le cadre de l’entreprise, ils permettent aux actifs de cotiser pour disposer d’un capital disponible lors la cessation d’activité.</p>
<p>Les fonds de pension peuvent prendre de nombreuses formes. Ils peuvent être publics (c’est le cas du célèbre fonds CalPers réservé aux fonctionnaires de l’État de Californie) ou privés. Ils peuvent se présenter sous forme de cotisations définies (les <a href="https://investir.us/creer-une-entreprise-aux-usa/fiscalite-usa/retraite-usa-4-etapes-pour-devenir-un-401k-millionnaire/">plans « 401(k) » aux États-Unis</a>) ou sous forme de prestations définies. Les dispositions fiscales ou sociales sont variables selon les contrées d’origine.</p>
<h2>Un atout pour l’économie</h2>
<p>De nombreux pays, membres ou non de l’OCDE, possèdent des fonds de pension (voir graphique). Il est intéressant de constater que la présence des fonds de pension dans l’économie n’est pas l’apanage des pays anglo-saxons et que certains pays européens comme les Pays-Bas ou la Suisse se caractérisent par un poids très important des fonds de pension par rapport au PIB.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313058/original/file-20200131-41503-1gulomf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">OCDE (2019)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Tous ces pays ont-ils systématiquement tort ou les fonds de pension sont-ils vraiment un atout pour l’économie et les marchés financiers domestiques ? La recherche académique a étudié le sujet de manière extensive et les résultats sont plutôt concluants. Ainsi, une <a href="http://documents.vsemirnyjbank.org/curated/ru/358571468778194284/pdf/multi0page.pdf">étude</a> de 2003 démontre par exemple l’impact positif des institutions d’épargne, telles que les fonds de pension et les compagnies d’assurance, sur les marchés financiers domestiques d’un ensemble de pays développés et en voie de développement.</p>
<p>Les auteurs concluent que la présence d’une épargne institutionnelle conduit à en effet à augmenter la dynamique des marchés financiers, et à accroître ainsi le volume des marchés d’actions et des marchés obligataires. Le financement de l’économie au sens large en est ainsi facilité, puisque tel est, finalement, le rôle des marchés financiers : permettre l’allocation optimale des ressources financières.</p>
<p>Il n’est pas peut-être pas anodin, d’ailleurs, que l’Union européenne ait annoncé en juillet 2019 le lancement en 2021 du <a href="https://www.lecho.be/les-marches/fonds/inside/le-produit-d-epargne-pension-europeen-va-bouleverser-le-deuxieme-pilier/10183275.html"><em>Pan-European Pension Plan</em></a>, un produit financier individuel non obligatoire qui permettra aux Européens d’épargner pour leur retraite…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130959/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniel Haguet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Certaines des vives réactions au sujet de la Légion d’honneur décernée au président de la filiale française de BlackRock comportaient plusieurs approximations sur le fond.Daniel Haguet, Professeur associé de Finance , EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1289632020-01-07T19:33:30Z2020-01-07T19:33:30ZPrenez le temps de réfléchir avant d’acheter cette nouvelle télé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/307165/original/file-20191216-124009-1wiqy2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C89%2C2000%2C1134&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pouvez-vous vraiment vous offrir un téléviseur 3D ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Dusan Petkovic / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Vous avez l’intention de vous offrir une nouvelle télé prochainement ? Votre choix va donc probablement se fonder sur un ensemble de caractéristiques techniques, comme sa taille ou la résolution de l’écran. Il serait toutefois judicieux de vous demander si vous pouvez vraiment vous permettre de faire cet achat.</p>
<p>Vous allez sûrement prendre en compte le prix de l’appareil, mais aussi le budget dont vous disposez ainsi que vos moyens financiers en général. Mais les connaissez-vous vraiment ?</p>
<h2>Des ressources financières mal appréciées</h2>
<p>La question peut sembler futile. Or vous êtes probablement en train de vous dire que même si vous ne savez pas précisément de combien vous disposez sur votre compte ou que vous n’avez pas en tête la valeur exacte de vos actions, vous avez une assez bonne idée de celle de votre patrimoine financier.</p>
<p>Eh bien, figurez-vous que vous vous trompez. Un nombre croissant d’études et de théories dans les domaines de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004727271200117X">l’économie</a> et de la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1745691610393524">psychologie</a> indiquent que l’on se fait bien souvent une fausse idée de ses ressources financières. Nous avons ainsi tendance à surestimer (ou à sous-estimer) nos moyens par rapport à ceux de nos collègues ou des personnes de notre entourage.</p>
<p>Cette erreur d’appréciation peut aussi être due à nos attentes quant à de <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1057/9781137529589_4">possibles rentrées d’argent</a>.</p>
<p>Supposons, par exemple, que vous décidiez de parier 100 euros sur la victoire de votre équipe de foot favorite en finale de la Ligue des champions. Il est possible que vous soyez tellement sûr de votre mise que vous ayez l’impression d’être plus riche avant même que le match n’ait lieu.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1017252192800124928"}"></div></p>
<p>La mauvaise estimation de nos ressources financières tient également à ce que l’on appelle le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165188912001480">problème de l’illusion monétaire</a>. Comme l’ont démontré <a href="https://academic.oup.com/qje/article/112/2/341/1870915">différentes études</a>, nous avons tendance à ne pas tenir compte de l’inflation et à nous préoccuper uniquement de l’évolution toute relative de notre épargne (ou de nos revenus).</p>
<p>Imaginez par exemple que la valeur de votre capital ait augmenté par rapport à l’année précédente. Si vous ne prenez pas en considération l’augmentation du coût de la vie au cours de la même période, vous aurez l’impression que ce capital est désormais beaucoup plus élevé, alors qu’en fait, il ne l’est pas tant que ça (voire encore moins important qu’avant).</p>
<h2>Une expérience menée en laboratoire</h2>
<p>Dans le cadre d’une <a href="https://www.axa-research.org/en/project/alberto-cardaci">étude</a> parrainée par le <a href="https://www.axa-research.org/en/"><em>Axa Research Fund</em></a> et présentée dans un <a href="https://www.tse-fr.eu/publications/perceived-wealth-cognitive-sophistication-and-behavioral-inattention">document de travail en novembre 2019</a>, j’ai mené, avec les économistes Tiziana Assenza et Domenico Delli Gatti, une expérience visant à examiner plus avant la question de la mauvaise appréciation de nos ressources financières.</p>
<p>Dans le cadre de cette étude, nous avons mis en place un environnement contrôlé de façon à ne pas encourager les erreurs d’appréciation en matière financière, tout en vérifiant si nous les observions néanmoins. Il s’agissait de proposer à chaque sujet différentes paires de portefeuilles financiers en leur demandant s’ils estimaient que l’un était plus rentable que l’autre.</p>
<p>En réalité, les deux portefeuilles associés présentaient la même valeur sur le plan financier. De fait, tout sujet sensé et doté de notions élémentaires en la matière aurait dû considérer qu’aucun de ces portefeuilles n’était plus rentable que l’autre. Cela aurait témoigné d’une juste appréciation des ressources financières.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308353/original/file-20200102-11896-1674opi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Dans l’expérience, 80 % des sujets ont choisi le premier portefeuille bien que le second soit constitué de la même valeur sur le plan financier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gavrylovaphoto/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce n’est pourtant pas ce que nous avons observé. Près de 80 % des sujets ont estimé que l’un des portefeuilles était plus intéressant que celui qui lui était associé. La plupart ont donc attribué différentes valeurs à une même valeur d’actifs nets.</p>
<p>Ce résultat est inattendu, non seulement parce qu’il va à l’encontre de la théorie classique du consommateur, selon laquelle la notion de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/%28SICI%291099-0771%28199909%2912%3A3%3C183%3A%3AAID-BDM318%3E3.0.CO%3B2-F">fongibilité monétaire</a> exclut ce type de phénomène, mais également parce qu’il est difficilement compréhensible d’un point de vue rationnel.</p>
<p>Par ailleurs, les sujets possédant des connaissances en matière financière ont eux aussi apporté le même type de réponses. Cela signifie que les compétences dans ce domaine n’empêchent pas d’avoir une mauvaise appréciation (dans notre étude, en tout cas). Pourquoi donc ?</p>
<h2>Prenez-vous vos décisions trop rapidement ?</h2>
<p>Les résultats de notre étude suggèrent que ce phénomène est lié aux différentes façons de penser et à l’attention que nous prêtons à ces questions.</p>
<p>Dans la plupart des cas, deux types de raisonnement se distinguent : le premier, qui se caractérise par sa brièveté et sa spontanéité, ne mobilise pas beaucoup d’attention, tandis que le second, plus complexe, nécessite plus de temps et d’attention.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308352/original/file-20200102-11904-1xg2oyx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
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<p>Ces <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/behavioral-and-brain-sciences/article/individual-differences-in-reasoning-implications-for-the-rationality-debate/2906AEF620B36C10018DD291F790BE97">deux modes de pensée</a> sont communément appelés Système 1 et Système 2, désignations qui remontent à ce que les psychologues et les économistes comportementaux, notamment l’américano-israélien Daniel Kahneman, prix Nobel 2002, appellent la <a href="http://www.psychomedia.qc.ca/lexique/definition/systemes-1-et-2-de-pensee">théorie du double processus</a>.</p>
<p>Les résultats obtenus dans le cadre de notre expérience grâce au <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/089533005775196732">test de réflexion cognitive</a> indiquent que les sujets témoignant d’une mauvaise appréciation de leur situation financière ont davantage tendance à recourir au système 1. Il s’agit donc de personnes qui raisonnent de façon plus rapide, mais aussi moins attentivement, et qui exploitent les informations dont elles disposent de manière plus intuitive, quitte à se tromper.</p>
<p>À l’inverse, la minorité de sujets qui témoignent dans notre étude d’une juste appréciation des questions financières semblent être dotés d’une réflexion plus complexe, qui mobilise davantage leurs capacités de concentration.</p>
<p>Pourquoi y a-t-il lieu de s’intéresser à ces erreurs d’appréciations en matière financière ?</p>
<p>Dans notre expérience, nous avons également demandé aux participants de prendre une série de décisions hypothétiques en matière de consommation et d’emprunt. Nous avons constaté que les sujets qui évaluent mal les questions d’argent sont plus impulsifs, plus dépensiers et moins réticents à l’idée d’emprunter que les plus avisés. Cela revient à dire que les personnes moins avancées sur le plan cognitif sont davantage susceptibles de mal apprécier les questions d’argent, ce qui, de fait, semble influer sur les décisions qu’elles prennent en matière de dépenses et d’emprunt.</p>
<p>Ce manque de discernement en matière financière s’accompagne du reste d’une plus grande tendance à recourir à des crédits pour couvrir les dépenses de consommation et parer aux urgences financières (pour régler les impayés, par exemple), même lorsque d’autres possibilités existent, comme puiser dans ses économies ou réduire les autres dépenses. Il semble donc qu’une mauvaise appréciation des questions d’argent aboutisse à des décisions qui risquent de compromettre votre situation financière.</p>
<p>Par conséquent, la prochaine fois que vous vous hésiterez à acheter cette télé hors de prix, réfléchissez-y à deux fois et ne perdez surtout pas de vue le budget dont vous disposez vraiment.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308798/original/file-20200107-123373-wmivra.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour accélérer les connaissances scientifiques et leur partage, le Axa Research Fund a apporté son soutien à environ 650 projets dans le monde conduits par des chercheurs de 55 pays. Pour en savoir plus, visiter le site <a href="https://www.axa-research.org/en">Axa Research Fund</a> ou suivre sur Twitter @AXAResearchFund.</em></p>
<p><em>Traduit de l’anglais par Damien Allo pour <a href="http://www.fastforword.fr">Fast ForWord</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128963/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les recherches d'Alberto Cardaci sont soutenues par le Axa Research Fund.</span></em></p>Des résultats expérimentaux récents suggèrent que les distorsions dans la perception de la richesse sont liées à une pensée rapide et inattentive.Alberto Cardaci, Assistant Professor, Goethe University Frankfurt am MainLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1270462019-11-20T22:40:12Z2019-11-20T22:40:12ZAssurance-vie : les épargnants français peu disposés à s’orienter vers les contrats plus risqués<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301796/original/file-20191114-26237-xge8b5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C31%2C965%2C634&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les épargnants français privilégient historiquement les produits financiers non risqués.</span> <span class="attribution"><span class="source">Mintr / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’assurance-vie est un service financier particulier dans le monde de la finance, dont la demande (souscription, variation des encours, résiliation), semble fortement liée aux perceptions, attentes et attitudes des consommateurs. Il s’agit du <a href="https://www.banque-france.fr/communique-de-presse/publication-du-rapport-2017-de-lobservatoirede-lepargne-reglementee">placement préféré des Français</a>, représentant 39 % du total du patrimoine financier des ménages, avec <a href="https://www.ffa-assurance.fr/etudes-et-chiffres-cles/assurance-vie-collecte-nette-positive-en-septembre-2019">1 776 milliards d’euros d’encours</a> en septembre 2019 et <a href="https://www.ffa-assurance.fr/actualites/les-francais-et-assurance-vie-une-confiance-mutuelle-selon-une-etude-ipsos-ffa">54 millions de contrats souscrits</a>.</p>
<p>Il existe aujourd’hui plus de 500 contrats d’assurance-vie différents que l’on peut regrouper en deux grandes familles. Un souscripteur a la possibilité de choisir un contrat monosupport ou multisupport.</p>
<p>Les contrats monosupports, constitués de fonds en valeur (euros), sont des contrats où le souscripteur ne subit aucun risque. Le capital placé ne peut jamais diminuer : l’assureur s’engage sur un taux de revalorisation minimale chaque année, auquel il ajoute en fin d’exercice des « participations aux bénéfices ». Une fois crédités sur le compte de l’épargnant, les gains ne peuvent plus être remis en cause et ils profitent à leur tour des revalorisations annuelles. Les fonds sont souvent placés par les assureurs majoritairement en obligations (plus sûres) mais aussi en actions et en investissement immobilier non risqué.</p>
<h2>Les contrats risqués n’ont pas la cote</h2>
<p>Les contrats multisupports sont quant à eux plus risqués : ils comprennent en effet à la fois des fonds en valeur (euros) et des fonds en unités de compte (constitués de plusieurs compartiments d’investissements). Ces fonds unités de compte permettent aux assurés d’investir dans des produits financiers très variés. Dans des OPCVM – organismes de placement collectif en valeurs mobilières, c’est-à-dire des sociétés d’investissement à capital variable (SICAV) ainsi que dans des Fonds Communs de Placement (FCP). La valeur de l’épargne évolue alors à un rythme identique à ces produits, à la hausse comme à la baisse.</p>
<p>Par exemple, alors que le rendement moyen des fonds en euros était de 1,8 % en 2018, le rendement des fonds en unités de compte a été <a href="https://www.cbanque.com/assurance-vie/actualites/73251/assurance-vie-un-rendement-moyen-de-1,8-en-2018-comme-en-2017">négatif avec -8,9 % sur la même période</a>.</p>
<p>La part des fonds en euros (non risqué) a toujours été majoritaire dans les encours totaux de l’assurance-vie. À la fin 2018, 72 % des fonds étaient en euros contre 28 % en unités de comptes et en fonds « euro croissance », un autre type de contrat lancé en 2014 qui constitue un compromis entre les fonds risqués et moins risqués.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301784/original/file-20191114-26262-1ln6928.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ffa-assurance.fr/file/2738/download?token=FyfOIw6A">ffa-assurance.fr</a></span>
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<p>Les compagnies d’assurances veulent aujourd’hui inverser la tendance en <a href="https://votreargent.lexpress.fr/assurance-vie-pourquoi-et-comment-les-assureurs-vous-poussent-a-prendre-des-risques_1772461.html">poussant leurs clients</a> à opter pour les fonds en unités de compte qui sont plus rémunérateurs, surtout dans un contexte de taux bas voire négatifs, mais également plus risqués.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1184225407295471622"}"></div></p>
<p>Or, tout indique que les épargnants français risquent de ne pas les suivre. Tout d’abord, les consommateurs financiers sont plus thésauriseurs qu’investisseurs. Selon une <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/les-francais-lepargne-et-lassurance-vie">étude conjointe FFA-Ipsos</a> en 2017, 72 % d’entre eux préfèrent un risque zéro pour un rendement modéré (fonds en euros), 26 % sont prêts à prendre un risque léger pour un rendement supérieur (fonds « euro croissance ») et uniquement 2 % prendrait une forte prise de risque pour un rendement élevé (fonds en unités de compte).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301787/original/file-20191114-26273-is75nd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ipsos.com/fr-fr/les-francais-lepargne-et-lassurance-vie">Extrait de l’étude FFA-Ipsos « Les Français, l’épargne et l’assurance vie » (2017)</a></span>
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</figure>
<p>Mais, au-delà de cette traditionnelle aversion au risque, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2214804319301351">recherches récentes</a> sur la demande en assurance-vie montrent que celle-ci dépend étroitement de la perception du contexte économique (plus que du contexte économique lui-même) des ménages.</p>
<p>Ainsi, entre 2009 et 2011, période de forte dégradation de la confiance des ménages, les épargnants se sont fortement tournés vers l’assurance-vie et plus particulièrement vers les fonds en euros. À l’inverse, entre 2013 et 2017, la hausse de la confiance des ménages a entraîné une moindre collecte de fonds, mais les épargnants ont privilégié les supports plus risqués en unités de compte.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301793/original/file-20191114-26207-1tio1ep.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ffa-assurance.fr/file/2738/download?token=FyfOIw6A">ffa-assurance.fr</a></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301792/original/file-20191114-26262-1xe5x47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Indicateur synthétique de confiance des ménages.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4178061#graphique-enquete-menages-g1-fr">Insee</a></span>
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</figure>
<p>En étant plus méfiants et même défiants envers le contexte économique, les consommateurs financiers auraient tendance à vouloir se protéger d’un avenir incertain. A contrario, en ayant confiance envers la situation économique, ils voudraient profiter davantage en préférant investir ou dépenser leur revenu.</p>
<h2>Faisceau d’indices inquiétants</h2>
<p>C’est pourquoi le pari des assureurs de réorienter l’épargne vers des fonds plus risqués apparaît loin d’être gagné dans le contexte actuel. En effet, si la confiance des ménages n’apparaît pas à l’heure actuelle dégradée (elle s’est stabilisée depuis deux mois après plusieurs mois de hausse continue), la situation pourrait rapidement évoluer tant les signaux pouvant générer une méfiance envers l’avenir se multiplient.</p>
<p>Pour la première fois depuis 10 ans, de nombreux analystes prédisent par exemple une crise financière mondiale qui pourrait faire disparaître jusqu’à un <a href="https://www.challenges.fr/finance-et-marche/banques/un-tiers-des-banques-mondiales-pourrait-disparaitre-en-cas-de-choc-financier_680896">tiers des banques mondiales</a>. Les causes seraient diverses : l’endettement mondial des ménages qui équivaut à <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/la-crise-financiere-qui-vient-1137201">230 % du PIB</a> en 2018, la <a href="https://theconversation.com/lenseignement-prive-lucratif-premier-responsable-de-la-crise-de-la-dette-etudiante-americaine-114788">dette des étudiants américains</a> qui a atteint 1 605 milliards de dollars (soit le PIB de l’Espagne) ou encore la valorisation excessive des produits financiers américains avec des ratios cours/bénéfice <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/les-cinq-ingredients-qui-preparent-la-crise-de-2020-140865">supérieurs de 50 % à leur moyenne historique</a>.</p>
<p>La banque fédérale américaine a par ailleurs injecté <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/20/pourquoi-la-fed-injecte-des-liquidites-sur-les-marches-monetaires_6012374_3234.html">270 milliards de dollars de liquidités</a> en urgence dans l’économie sous forme de <a href="https://www.fimarkets.com/pages/repo.php">repo</a>, la semaine du 16 septembre 2019, ce qu’elle n’avait pas fait depuis la précédente crise des surprimes de 2008. On pourrait aussi ajouter à ce faisceau d’indices « l’inversion des taux » entre les bons du trésor américain à court et long terme, un signal que les analystes interprètent comme <a href="https://theconversation.com/la-radicale-incertitude-de-la-finance-mondiale-122065">avant-coureur d’une récession</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, il est fort probable que les épargnants qui perçoivent cet environnement économique comme négatif et incertain souscriront à des contrats d’assurance-vie sans risque et préféreront des fonds en euros, au grand dam des assureurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127046/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samy Mansouri ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les compagnies d’assurance poussent aujourd’hui les clients à opter pour des placements moins sûrs, mais la perception du contexte économique par les ménages complique cette stratégie.Samy Mansouri, Enseignant-chercheur, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1255022019-10-23T19:58:58Z2019-10-23T19:58:58ZParticipation aux résultats : des effets disparates sur la productivité des entreprises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298121/original/file-20191022-117981-g5dmg7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C32%2C973%2C604&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’introduction de dispositifs de participation conduirait à des gains de productivité de l’ordre de 2 % en moyenne.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Fizkes / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En 2017, près de la moitié des salariés du secteur privé ont pu bénéficier de dispositifs de participation aux résultats des entreprises (cf. figure 1). Les derniers chiffres de la <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_resultats_participation_interessement_epargne_salariale_2017.pdf">Dares</a> montrent que l’exercice 2017 a permis de distribuer 19 milliards d’euros à 7,5 millions de salariés, soit une prime moyenne de 2 512 euros, ce qui est loin d’être négligeable.</p>
<p>Depuis 2012, le plan d’épargne entreprise (PEE) est le dispositif le plus répandu dans les entreprises françaises avec 42,8 % des salariés couverts, suivi de la participation aux résultats des entreprises (37,9 %) qui est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés et de l’intéressement qui est facultatif mais qui concerne tout de même 32,9 % des salariés.</p>
<h2>Un contexte favorable à l’intéressement</h2>
<p>Ces dispositifs sont majoritairement présents dans les grandes entreprises mais la loi Pacte (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichLoiPubliee.do?idDocument=JORFDOLE000037080861&type=general&legislature=15">Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises</a>), promulguée le 22 mai 2019, a levé plusieurs freins à son développement dans les PME en proposant de supprimer le forfait social sur l’intéressement et de simplifier la rédaction des accords. Cette réforme laisse donc augurer de nouvelles perspectives de développement de ces dispositifs, et en particulier de l’intéressement.</p>
<p><strong>Figure 1. Les dispositifs de participation, d’intéressement et d’épargne salariale dans les entreprises de 10 salariés ou plus de 2006 à 2017 en France</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297688/original/file-20191018-56234-tv5y6j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les dispositifs de participation, d’intéressement et d’épargne salariale dans les entreprises de 10 salariés ou plus de 2006 à 2017 en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dares, enquêtes Acemo-Pipa 2007 à 2018</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au-delà d’un traitement fiscal de plus en plus favorable en France, le succès des dispositifs de partage des bénéfices auprès des entreprises tient au fait que ceux-ci sont réputés garantir la motivation et la fidélisation des salariés, et indirectement leur productivité. Mais qu’en est-il exactement ? Que nous apprennent les études récentes consacrées aux effets de ces dispositifs sur la productivité des salariés ?</p>
<h2>Le partage des profits encourage la productivité</h2>
<p>Avec mes collègues Chris Doucouliagos, Douglas L. Kruse et T.D. Stanley, nous avons réalisé une synthèse des études menées sur cette question qui vient d’être publiée dans le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/bjir.12483"><em>British Journal of Industrial Relations</em></a>.</p>
<p>Notre méta-analyse suggère que les dispositifs de participation aux résultats (<em>profit-sharing</em>, <em>gain sharing</em> aux États-Unis, participation et intéressement en France) améliorent bien, en moyenne, la productivité des entreprises.</p>
<p>Le tableau 1 présente les différents résultats tirés des 56 études empiriques menées entre 1983 et 2015 sur le sujet dans différents pays. En général, ces enquêtes observent une relation positive entre les pratiques de partage des profits et la productivité du travail.</p>
<p><strong>Tableau 1. Partage des bénéfices et productivité</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297729/original/file-20191018-56238-1lfb7i7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cependant, on peut observer une dispersion des résultats assez importante, notamment en fonction des caractéristiques de chaque dispositif de participation. Les écarts observés s’expliquent aussi par la qualité des études réalisées (évaluée ici par la précision ou puissance statistique de l’étude, cf. figure 2) et par l’existence de cadres institutionnels différents d’un pays à l’autre qui peut affecter l’efficacité de ces dispositifs.</p>
<p><strong>Figure 2. Corrélations partielles entre dispositifs de partage de profits et productivité du travail selon le niveau de précision des études.</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297690/original/file-20191018-56224-fosihu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Notes : La corrélation partielle est la corrélation restant entre deux variables après avoir contrôlé plusieurs autres variables comme le secteur d’activité, la taille de l’entreprise, etc.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Doucouliagos, Laroche, Kruse et Stanley (2019)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nos résultats mettent également en évidence l’importance du type d’actionnariat qui caractérise les organisations. Ainsi, les dispositifs de partage collectif des bénéfices sont plus souvent associés à des gains de productivité dans les entreprises coopératives, c’est-à-dire dans les organisations qui appartiennent à leur membre et sont contrôlées par eux (cf. tableau 1).</p>
<p>Ce constat renforce l’idée selon laquelle ce type de pratique de rémunération collective ne peut être efficace que si les individus disposent d’une forme de contrôle sur les décisions qui sont prises dans l’organisation.</p>
<h2>Le poids des syndicats</h2>
<p>En France, des travaux avaient déjà montré dès les années 1990 que l’introduction de dispositifs de participation conduisait à des gains de productivité de <a href="https://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_1992_num_257_1_5679">l’ordre de 2 % en moyenne</a>. Les effets sur la productivité semblent d’autant plus importants que le niveau des primes d’intéressement ou de participation est élevé, mais il apparaît aussi que d’autres facteurs rendent plus ou moins efficaces ces dispositifs.</p>
<p>Ainsi, notre étude indique que les dispositifs de participation aux résultats sont plus efficaces en présence de syndicats sur le lieu de travail. Ce constat est finalement compatible avec l’idée d’une complémentarité entre les dispositifs de partage des profits et ceux relatifs à la participation des salariés et au contrôle de l’entreprise. Ces dispositifs peuvent relever de pratiques participatives introduites par l’employeur (cercles de qualité, groupe autonome de travail, etc.) mais aussi relever de dispositifs de participation/consultation des représentants du personnel et des syndicats.</p>
<p>Des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/bjir.12135">études récentes</a> ont ainsi montré que les pratiques de <em>profit sharing</em> fonctionnent mieux si elles sont associées à des pratiques d’information et de consultation des salariés visant à renforcer la motivation et l’implication des salariés. En tant que forme d’expression collective, les syndicats pourraient au même titre que les pratiques d’information et de consultation contribuer à renforcer l’internalisation des objectifs de l’entreprise favorisant ainsi l’impact positif de ces dispositifs sur la productivité de l’entreprise.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298122/original/file-20191022-28120-l1uj4g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les syndicats, s’ils sont associés à des pratiques d’information et de consultation des salariés, jouent un rôle clé dans le dispositif de la participation aux résultats.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Matej Kastelic/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or, comme l’a en effet montré la recherche, les effets positifs sur la productivité résultent d’une <a href="https://academic.oup.com/qje/article-abstract/102/1/23/1926194">meilleure coopération et information</a> au sein de l’entreprise qui provient de l’émergence d’un contrôle horizontal et informel. L’une des principales critiques formulées à l’égard des modes de rémunération collective est l’apparition du phénomène de « passager clandestin » (<em>free-rider</em>) dans la mesure où chaque individu peut espérer bénéficier du travail des autres sans lui-même fournir d’effort. Un climat de coopération et de contrôle informel entre les salariés peut donc atténuer cet effet et réduire le nombre de « resquilleurs ».</p>
<p>En définitive, les dispositifs de participation aux résultats ne peuvent donc à eux seuls assurer une véritable convergence d’intérêts entre employeurs et salariés. Pour que les dispositifs de partage du profit entraînent une hausse de productivité significative, il est crucial que les salariés comprennent en quoi l’augmentation de leur niveau d’effort aura une réelle influence sur leur rémunération. Il faut aussi qu’ils aient le sentiment de pouvoir influencer les décisions prises au sein de l’entreprise. Dès lors, les syndicats peuvent jouer un rôle essentiel dans le partage d’informations et la clarification des objectifs organisationnels, autant de facteurs permettant d’assurer le succès des pratiques de partage des profits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125502/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrice Laroche ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si leur impact reste globalement positif, l’efficacité des dispositifs partage des bénéfices dépend de paramètres comme le contexte institutionnel ou la présence de syndicats.Patrice Laroche, Professeur des Universités en sciences de gestion, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1253962019-10-17T18:58:00Z2019-10-17T18:58:00ZComment expliquer l’aggravation des divergences d’opinion à la BCE ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/297374/original/file-20191016-98661-1pl30mj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C0%2C970%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'analyse de la situation économique qui dicte la politique de la BCE est de plus en plus remise en cause en interne. </span> <span class="attribution"><span class="source">Kavalenkava / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Il y a maintenant une rupture claire à la Banque centrale européenne (BCE), car les opposants à la ligne du président de la BCE, Mario Draghi, dont le mandat prend fin le 1<sup>er</sup> novembre prochain et qui sera remplacé par Christine Lagarde, ont souhaité afficher leur désaccord sur la place publique, officiellement et tout de suite après les décisions. Une attitude significative est celle du gouverneur de la Banque des Pays-Bas qui a été jusqu’à publier un <a href="https://www.dnb.nl/en/news/news-and-archive/Persberichten2019/dnb385535.jsp">communiqué officiel de la banque centrale</a>, où il conteste les décisions prises au conseil des gouverneurs de la BCE, auquel il a participé et voté contre les mesures décidées.</p>
<p>Il critique notamment la <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/la-bce-relance-son-programme-d-achats-d-actifs-827883.html">relance de l’assouplissement quantitatif</a> (<em>quantitative easing</em>, ou QE), le programme de rachat d’actifs (notamment des obligations d’État) détenus par les institutions financières (banques, compagnies d’assurances, fonds de pension), décidée en septembre dernier.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/8NSCwGxXplQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Comprendre le Quantitative Easing (Dessine-moi l’éco, 2015).</span></figcaption>
</figure>
<p>D’autres gouverneurs de <a href="https://www.reuters.com/article/us-ecb-policy-austria/ecbs-holzmann-calls-current-monetary-policy-wrong-hopes-for-new-course-under-lagarde-idUSKBN1WS0D5">banques centrales nationales</a>, ou membres du directoire, ont par ailleurs dénoncé au cours d’interviews ces nouvelles mesures, visant à mettre à disposition plus de cash à prêter aux particuliers ou aux entreprises et relancer ainsi la croissance.</p>
<h2>Le camp français désormais contre le QE</h2>
<p>La démarche du « camp allemand » qui comprend des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, ou encore l’Estonie doit toutefois être distinguée de celle des membres français du conseil des gouverneurs qui se sont aussi désolidarisés, pour la première fois, des mesures prises au conseil des gouverneurs. Les pays de ce « camp allemand » sont des adversaires structurels, par principe, des mesures exceptionnelles de <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/bce-une-politique-monetaire-trop-souple-depuis-2015-574686.html">politique monétaire ultra accommodante</a> de rachat massif d’actifs depuis le début de celles-ci, en 2015.</p>
<p>Le camp allemand était déjà contre les programmes de rachat d’obligations d’État SMP (<em>securities market program</em>) et OMT (ppérations monétaires sur titres), puis sceptique en ce qui concerne le QE. En revanche, l’opposition française est nouvelle, et plutôt conjoncturelle que structurelle.</p>
<p>Les Français ont toujours supporté la politique ultra accommodante du président de la BCE. Leur opposition, cette fois-ci, loin d’être une question de principe, reflète d’une part leur préoccupation à l’égard de l’affaiblissement des banques, en particulier les françaises, par les taux bas ou négatifs, et d’autre part l’<a href="https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/2019.09.24_bdf-pse_fr_vf_cl.pdf">opinion qu’il était trop tôt pour agir et qu’il fallait attendre</a> une aggravation supplémentaire de la situation pour avoir encore assez de munitions pour la contrer.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1176412723158179845"}"></div></p>
<p>Les tensions entre la ligne prônée par la présidence de la BCE, et encore majoritaire en voix, et celle de l’Allemagne, est préoccupante. La <a href="https://www.ecb.europa.eu/press/pr/date/2019/html/ecb.pr190925%7Eb744158aaa.en.html">démission</a> de la membre allemande du directoire, en septembre dernier, en montre l’ampleur. Il y a déjà eu des démissions de membres allemands du conseil des gouverneurs pour désaccord avec la politique conduite par la BCE. Le président de la Bundesbank la banque centrale allemande), et donc membre du conseil des gouverneurs de la BCE, <a href="https://www.ft.com/content/790ba3ba-daec-11e0-a58b-00144feabdc0">avait démissionné</a> en 2011, en critiquant le soutien apporté par la BCE, avec le SMP, aux pays de la périphérie de la zone euro.</p>
<p>Chaque fois, c’est parce que la BCE prend des décisions qui s’opposent tellement aux opinions du camp allemand que celui-ci doit montrer très formellement une désapprobation totale, et surtout que les responsables allemands à la BCE veulent éviter d’en partager la responsabilité devant leurs concitoyens. L’indignation récente du président de la Bundesbank et la <a href="https://www.ft.com/content/704240ec-e04a-11e9-b112-9624ec9edc59">nouvelle démission d’une représentante allemande</a> au directoire, et donc membre du conseil des gouverneurs, montre que les décisions prises en septembre sont impossibles à assumer par les représentants allemands à la BCE, devant l’opinion publique allemande. C’est d’ailleurs ce qu’a exprimé le président de la Bundesbank lui-même, en affirmant que « le conseil des gouverneurs est allé trop loin ».</p>
<p>Politiquement, que la BCE soit en opposition directe avec le principal pays de la zone euro, en population et en PIB, est un grand problème pour la crédibilité de l’union monétaire.</p>
<h2>L’objectif caché du QE dans le collimateur</h2>
<p>Les critiques formulées par les opposants, après la décision de relancer le QE et de diminuer encore le taux négatif sur les réserves excédentaires et la facilité de dépôt, sont celles qui ont déjà été souvent répétées depuis le début des politiques monétaires ultra-accommodantes.</p>
<p>Ces critiques traditionnelles peuvent être résumées de la manière suivante :</p>
<ul>
<li><p>Les taux d’intérêt très bas ou négatifs, à cause de la politique monétaire, ont des effets redistributifs qui sont disruptifs socialement. Les épargnants et les retraités modestes sont les grands perdants. Les emprunteurs sont gagnants, et aussi les ménages riches qui détiennent directement des obligations, des actions, ou des biens immobiliers, dont la valeur est dopée par les taux d’intérêt extrêmement bas.</p></li>
<li><p>Les taux d’intérêt très bas ou négatifs réduisent le rendement des actifs investis par les compagnies d’assurance et les fonds de pension, ce qui les déstabilise. Dans certains pays les retraités sont directement menacés d’une baisse de leurs pensions.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297376/original/file-20191016-98644-1n4fwil.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les retraités allemands, en particulier les plus modestes, sont les grands perdants de la politique monétaire actuelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Animaflora/Shutterstock</span></span>
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<ul>
<li><p>Les taux d’intérêt très bas ou négatifs réduisent le revenu net d’intérêt des banques, donc leurs profits et ainsi leur accumulation endogène de fonds propres par mise en réserve de bénéfices. En conséquence, comme elles sont sujettes à la régulation prudentielle (surveillance du marché et des intermédiaires financiers), elles peuvent être amenées à réduire leur offre de prêts.</p></li>
<li><p>Les taux d’intérêt très bas ou négatifs induisent les épargnants et investisseurs à prendre des risques excessifs pour obtenir du rendement. Cela provoque des bulles financières sur certains actifs financiers ou immobiliers. La politique monétaire ultra accommodante risque donc de provoquer de l’instabilité financière.</p></li>
<li><p>Les taux d’intérêt très bas sur les prêts bancaires ou les émissions obligataires permettent à des entreprises à rentabilité insuffisante de continuer à se fiancer et de rester en activité, au lieu d’être remplacées par de nouvelles firmes dynamiques et en croissance. Cela réduit la croissance globale en zone euro et l’incitation à l’innovation technologique.</p></li>
<li><p>Ces politiques de taux d’intérêt très bas, et même négatifs, sont contre-productives du point de vue même de l’objectif qu’elles sont censées poursuivre, c’est-à-dire relancer les dépenses pour que la croissance accrue entraîne une hausse des salaires et des prix, et donc augmente l’inflation. En effet, beaucoup de ménages ont un objectif déterminé pour leur stock d’épargne accumulée à un certain horizon, par exemple leur départ à la retraite. Si le taux de rendement de leurs placements est trop bas, ils doivent augmenter leur taux d’épargne, et donc dépenser moins, pour pouvoir atteindre leur objectif.</p></li>
<li><p>La politique ultra accommodante de la BCE aurait en réalité, pour objectif caché, de permettre à des pays surendettés de la zone euro de financer aisément leur énorme dette publique sans être contraints à procéder à l’assainissement budgétaire nécessaire.</p></li>
</ul>
<p>Les opposants traditionnels à la politique exceptionnelle de la BCE ont maintenant l’impression que leurs arguments sont de plus en plus vérifiés par la réalité, et que les effets pervers contre lesquels ils mettaient en garde depuis longtemps, sont maintenant observés. C’est pourquoi ces critiques redoublent d’intensité.</p>
<h2>L’analyse de la BCE contestée</h2>
<p>À la BCE, les partisans de la politique monétaire très accommodante réfutent ces critiques en s’en tenant toujours aux <a href="https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpops/ecbop161.en.pdf">mêmes arguments</a>, depuis plusieurs années. L’argument principal de la BCE est d’affirmer que si les taux d’intérêt sur l’épargne sont très bas ou négatifs, c’est avant tout à cause de l’état structurel global de l’économie, caractérisé par un rythme de croissance ralenti et une faible inflation, plutôt qu’à cause de ses décisions de politique monétaire.</p>
<p>Elle utilise un modèle explicatif du fonctionnement de l’économie basé sur le concept de <a href="http://www.blog-illusio.com/2019/04/les-taux-d-interet-neutres-la-stagnation-seculaire-et-le-role-de-la-politique-budgetaire.html">taux d’intérêt neutre</a>, qui est celui qui égaliserait l’offre et la demande de financement, et garantirait ainsi une forme de plein emploi, sans pressions inflationnistes ou déflationnistes. Ce taux d’intérêt neutre serait égal à la somme du taux de rendement réel du capital et du taux d’inflation prospectif.</p>
<p>Pour la BCE, son rôle est d’une part d’influencer le taux d’inflation prospectif en annonçant une cible d’inflation, et d’autre part de manipuler les taux d’intérêt nominaux de marché pour que leur moyenne s’approche du taux d’intérêt neutre. Or, d’après la BCE, le taux d’intérêt neutre aurait très fort diminué, parce que le taux de rendement réel du capital se serait beaucoup réduit. Les causes de cette diminution séculaire du rendement réel du capital seraient le vieillissement de la population, la diminution de la croissance du progrès technique, des changements comportementaux liés à la préférence pour le présent ou à l’aversion au risque, etc.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297371/original/file-20191016-98648-awxsu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mario Draghi quittera la présidence de la BCE le 1ᵉʳ novembre prochain.</span>
<span class="attribution"><span class="source">360b/Shutterstock</span></span>
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<p>La BCE affirme qu’elle se limite à adapter les taux d’intérêt nominaux qu’elle contrôle à la diminution du taux d’intérêt neutre due à la réduction du rendement réel du capital, pour des raisons indépendantes de la politique monétaire. Elle affirme que, si elle maintenant artificiellement les taux d’intérêt à un niveau supérieur au taux neutre, elle provoquerait du sous-emploi et de la déflation qui retarderaient encore plus la remontée ultérieure des taux d’intérêt et nuirait donc davantage, à moyen et long terme, aux intérêts des épargnants et retraités.</p>
<p>Bien entendu, toute cette analyse de la BCE est conditionnelle à la validité de son modèle économique sous-jacent. Or, <a href="https://www.elgaronline.com/view/journals/roke/7-2/roke.2019.02.03.xml">il y a des débats académiques à ce propos</a>, notamment sur sa capacité à relancer l’emploi. Plus largement, l’interprétation de la réalité par les grandes banques centrales, <a href="https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2016-1-page-33.htm">depuis la crise financière, est sujette à des critiques</a> qui rappellent que le rythme de croissance reste plus lent en Europe que dans la plupart des autres pays avancés (hormis le Japon).</p>
<p>La BCE estime aussi qu’il est beaucoup trop tôt pour affirmer que la politique ultra accommodante nuit aux épargnants et à leur futur pouvoir d’achat lorsqu’ils seront retraités. Elle affirme en effet que l’horizon moyen des épargnants, avant leur retraite, est de 20 ans au moins, puisqu’une carrière typique dure au moins 40 ans. D’après la BCE, des taux temporairement bas pendant quelques années peuvent être en faveur des épargnants, si cela permet de relancer la croissance et de relever ultérieurement les taux d’intérêt bonifiés sur l’épargne.</p>
<p>En ce qui concerne les profits des banques, la BCE affirme que ce n’est pas sa mission de s’en soucier, que son objectif est d’assurer la stabilité des prix, qu’elle a définie elle-même comme une inflation inférieure à, mais proche de, 2 %. Elle a introduit du <a href="https://www.ecb.europa.eu/press/pr/date/2019/html/ecb.pr190912_2%7Ea0b47cd62a.en.html">« tiering »</a> (allègement de la facture des banques à la banque centrale) pour éviter que le taux négatif commence à avoir des effets négatifs sur l’offre de prêts bancaires, alors qu’il est censé stimuler ceux-ci.</p>
<h2>Des divergences à dimension politique</h2>
<p>La BCE met également en doute que les taux d’intérêt trop bas soient à l’origine de bulles spéculatives sur les marchés d’actions ou immobiliers. Elle dit que, de toute manière, ces problèmes de stabilité financière peuvent être aisément résolus par une politique macro-prudentielle adaptée, par les autorités compétentes.</p>
<p>En ce qui concerne l’impact négatif à court terme sur les revenus des épargnants et retraités, la BCE répond que les gouvernements pourraient très bien corriger ces effets par une politique fiscale appropriée.</p>
<p>Il y a donc un vrai dialogue de sourds à la BCE entre les partisans de la politique monétaire ultra accommodante et les opposants. Le conflit monte en puissance car dans certains pays, l’opinion publique est très remontée contre cette politique. C’est particulièrement le cas là où les pensions de retraite dépendent fortement d’un système de capitalisation. Le parlement des Pays-Bas a alerté officiellement la BCE contre les dégâts que les taux très bas où négatifs causaient aux fonds de pension nationaux, qui menacent de devoir diminuer les pensions de retraite ! Il y a des préoccupations similaires en Allemagne. Dans certains pays la légitimité des autorités monétaires est donc menacée auprès de la population.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297369/original/file-20191016-98666-1d815wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Christine Lagarde, future présidente de la BCE, soutient pour le moment la relance du QE.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frederic Legrand -- COMEO/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Jusqu’à présent, la future présidente de la BCE, Christine Lagarde, a exprimé son <a href="https://www.lalibre.be/economie/placements/christine-lagarde-favorable-a-la-poursuite-d-une-politique-de-soutien-a-l-economie-5d67eccd9978e27153ea9d60">accord avec les politiques menées par la BCE</a>. Officiellement il devrait donc y avoir continuité. Toutefois, vu qu’on peut difficilement supposer que la BCE puisse continuer longtemps à être opposée à l’opinion politique et populaire de beaucoup de pays de la zone euro, il semble impératif de trouver un compromis et revenir un peu en arrière. Une récession en Europe permettrait toutefois de repousser cette remise en question de la politique ultra accommodante, car elle permettrait à ses partisans de la légitimer temporairement.</p>
<p>Il est vrai aussi que si la BCE arrive à convaincre l’Allemagne de mener une politique fiscale expansionniste, cela faciliterait la normalisation de la politique monétaire, et donc une montée des taux d’intérêt. C’est déjà le message de la BCE à l’Allemagne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125396/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Dor ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La relance du programme d’assouplissement quantitatif décidée en septembre dernier a attisé la colère du camp « allemand », que la France rejoint pour la première fois.Eric Dor, Director of Economic Studies, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1252462019-10-15T18:52:36Z2019-10-15T18:52:36ZFonds en euros : un changement de paradigme pour les épargnants français<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/296860/original/file-20191014-135529-wxj6bt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C11%2C985%2C654&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'assureur Generali a annoncé fin septembre qu'il allait limiter la collecte sur les fonds garantis.</span> <span class="attribution"><span class="source">BalazsSebok / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La compagnie d’assurance Generali Vie a annoncé fin septembre sa décision de <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/assurance-vie-les-mesures-choc-de-generali-france-pour-imposer-un-nouveau-modele-depargne-1134397">ralentir fortement la collecte sur les fonds garantis</a> en euros et de favoriser clairement la souscription par ses clients d’unités de compte, c’est-à-dire concrètement de sicav et de fonds communs de placement (FCP). Cette décision a été <a href="https://www.capital.fr/votre-argent/assurance-vie-ce-que-prevoit-generali-pour-detourner-les-epargnants-de-ses-fonds-en-euros-1351176">suivie immédiatement par d’autres assureurs</a> de la place de Paris, tels que la compagnie Allianz qui, elles aussi, annoncent sans ambiguïté leur volonté de renforcer la souscription des unités de compte au détriment des actifs en euros prisés des épargnants compte tenu de leur garantie du capital.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1177113334405091328"}"></div></p>
<p>Il faut rappeler que les actifs en euros sont garantis par les compagnies d’assurance sur lesquelles repose le risque, tandis que les unités de compte font reposer le risque sur le client final. Les unités de compte peuvent être diversifiées et certains contrats d’assurance-vie proposent plusieurs centaines de supports.</p>
<h2>Taux bas et performances attrayantes</h2>
<p>Les fondements de cette décision se trouvent dans deux phénomènes.</p>
<p>D’une part, nous sommes dans une situation de taux d’intérêt extrêmement bas, voire négatifs, qui conduit la rentabilité des actifs garantis, majoritairement obligataires, à être de plus en plus faibles. La bonne rentabilité affichée ces dernières années provient pour certaines compagnies de la distribution de réserves accumulées à des périodes plus fastes.</p>
<p>Le point sensible est que, plus la collecte sur les fonds en euros sera élevée, plus ils seront investis sur des nouveaux titres à taux bas, conduisant la rentabilité de l’ensemble à une décroissance et la difficulté de maintenir des taux attractifs pour la clientèle. Nombreux sont désormais les assureurs qui souhaitent dans leur inconscient collectif une vague de rachat sur les actifs en euros devenus un boulet coûteux pour la place de Paris.</p>
<p>D’autre part, il faut bien constater que les marchés financiers à long terme, globalement les marchés d’actions, sont dans une dynamique positive depuis le début de l’année, ce qui permet de présenter des performances attrayantes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=76&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=76&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=76&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=95&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=95&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296862/original/file-20191014-135513-ex5os1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=95&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En revanche, ces mêmes marchés financiers, même s’ils suivent généralement une tendance positive à long terme, peuvent, tout comme l’économie qui est en croissance ou en décroissance, subir des accidents de parcours, parfois douloureux.</p>
<p>Nous allons donc assister à un fort changement de paradigme pour les épargnants français. Fini les supports sécurisants et bienvenus aux supports plus rémunérateurs mais aussi plus volatiles.</p>
<h2>Une éducation à revoir</h2>
<p>Dans ce contexte, deux précautions seront nécessaires.</p>
<p>Dans un premier temps, la prise en compte des aspects psychologiques de l’investissement devient une nécessité. Les particuliers manifestent généralement une forte aversion à la perte qui peut être génératrice de comportements d’achats et de vente sous-optimaux. À titre d’illustration, l’<a href="http://ecopsycho.gretha.cnrs.fr/spip.php?article251">effet de disposition</a> qui conduit les individus à vendre les actifs gagnants et à conserver les actifs perdants, peut conduire à des situations où la performance d’un portefeuille se trouve durablement en dessous de celle de son marché de référence. L’effet de disposition est souvent expliqué comme une manifestation de l’aversion à la perte. D’autres comportements sous-optimaux peuvent être signalés tels que le biais domestique dont la conséquence est la faible diversification des portefeuilles due à la concentration sur des titres domestiques.</p>
<p>Dans un second temps, l’ensemble des parties prenantes (industrie financière, intermédiaires, responsables politiques) devra s’impliquer dans le développement de l’éducation financière. En effet, dans l’hypothèse où les particuliers souscrivent de manière majoritaire à des supports en unités de compte, souvent mieux rémunérateurs que les actifs en euros, ils seront rapidement confrontés à des questions liées au concepts de base des marchés financiers, comme :</p>
<ul>
<li><p>Quelle est la différence entre une action et une obligation ?</p></li>
<li><p>Quel est l’avantage d’un portefeuille diversifié ?</p></li>
<li><p>Comment mesurer la rentabilité et le risque d’un support financier ?</p></li>
<li><p>Que signifie la notion d’intérêts composés ?</p></li>
<li><p>Quel est l’impact de l’inflation sur la rentabilité ?</p></li>
</ul>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YO_ua5Hx4J8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Les Français nuls en finance ! », interview de Christophe Nijdam, responsable de la recherche européenne de l’Expert Corporate Governance Service (Xerfi canal, octobre 2019).</span></figcaption>
</figure>
<p>La réponse à toutes ces questions est élémentaire pour les professionnels, mais elle est très loin d’être évidentes pour les clients particuliers. Les <a href="https://gflec.org/wp-content/uploads/2014/12/economic-importance-financial-literacy-theory-evidence.pdf">travaux académiques</a> en <em>financial litteracy</em> (connaissances financières) montrent le retard accumulé par la France comparé aux autres pays du monde. Ainsi, sur des questions fondamentales telles que celles citées plus haut, le score des différents pays (pourcentage du nombre total de réponses justes) est de 30,9 % en France contre 53,2 % en Allemagne et 44,8 % aux Pays-Bas. Ces chiffres montrent l’ampleur du déficit français en la matière et la tâche à accomplir.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=267&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=267&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=267&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296864/original/file-20191014-135529-28ovpt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Extrait de l’article « The Economic Importance of Financial Literacy : Theory and Evidence » de Lusardi Annamaria & Olivia S. Mitchell (<em>Journal of Economic Literature</em>, 2014).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://gflec.org/wp-content/uploads/2014/12/economic-importance-financial-literacy-theory-evidence.pdf">Gflec.org</a></span>
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<p>Doit-on pour autant considérer que les fonds en euros sont définitivement terminés ? La réponse est non. La place du fonds en euros doit être celle qui est traditionnellement allouée à l’actif sans risque dans le cadre de la théorie financière, c’est-à-dire un support permettant de satisfaire une forte aversion au risque. L’actif sans risque présente une faible rentabilité et une garantie en capital mais il n’a plus vocation à recevoir <a href="https://www.boursorama.com/patrimoine/actualites/fonds-en-euros-quelle-strategie-les-compagnies-d-assurance-vie-vont-elles-adopter-711fa7bcba5d5d370c44b28b58dd8077">80 % des cotisations des épargnants</a>.</p>
<p>La transformation d’une épargne garantie en une épargne non garantie est positive pour le financement de l’économie et elle fait bien l’affaire des responsables politiques. En revanche, ils doivent assumer que la mise à niveau des épargnants est une nécessité pour éviter des déceptions comme celles qu’ont vécues ces mêmes épargnants en 2001 à l’occasion de la bulle des valeurs technologiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniel Haguet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les placements d’épargne sécurisés devraient progressivement faire place à des supports plus rémunérateurs, mais aussi plus volatiles.Daniel Haguet, Professeur associé de Finance , EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1098132019-02-01T01:05:18Z2019-02-01T01:05:18ZBanques et opérateurs télécoms, des synergies à développer dans les pays en développement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/253627/original/file-20190114-43517-j2xuw7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C5%2C904%2C646&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'offre bancaire en ligne se limite aujourd'hui à des fonctions transactionnelles ou de paiement de facture. Les solutions d'épargne, par exemple, sont très peu développées.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photography / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Avec un <a href="https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx">taux de souscription de 102,8 %</a> dans les pays en développement, l’utilisation du téléphone mobile s’est largement démocratisée. En revanche, les services bancaires peinent encore à se développer dans des territoires <a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/187761468179367706/The-Global-Findex-Database-2014-measuring-financial-inclusion-around-the-world">plutôt hostiles</a> aux banques.</p>
<p>Le faible développement des services bancaires peut être dû à des facteurs liés à la demande (manque de compétences, d’attitudes, de comportements et de connaissances en matière de finance) ou à des facteurs liés à l’offre (obstacles à l’entrée liés au développement d’un réseau peu dense). Sauf pour ce qui est des solutions de paiements mobiles. Par exemple, le service M-Pesa, lancé en 2007 par le principal opérateur de téléphonie mobile au Kenya, Safaricom, compte aujourd’hui <a href="http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2018/10/03/what-kenya-s-mobile-money-success-could-mean-for-the-arab-world">30 millions d’utilisateurs</a> affiliés dans 10 pays différents.</p>
<p>C’est d’ailleurs la sous-bancarisation qui explique en partie le <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-industrielle-2016-4-page-159.htm?contenu=resume">succès des services de paiement mobile</a> dans les pays en développement. Ces services offrent en effet la possibilité de s’intégrer financièrement aux populations longtemps oubliées par des canaux bancaires difficilement accessibles à des personnes qui manquent de ressources pour devenir clientes. Sans oublier que les points de contact peuvent être éloignés géographiquement.</p>
<h2>Offre trop restreinte</h2>
<p>Les opérateurs téléphoniques déjà implantés localement permettent justement à ces agents non bancarisés d’accéder aux services de paiement mobile sur la base d’une innovation frugale (innovation qui permet de répondre le plus simplement possible à un besoin en mobilisant le minimum de ressources). Les acteurs mobiles ont l’avantage de maîtriser les infrastructures (réseaux et carte SIM) et peuvent ainsi capter les adoptants précoces.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/253622/original/file-20190114-43535-1b04yji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une agence M-Pesa à Nairobi au Kenya.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/worldremit/">Flickr/Fiona Graham -- WorldRemit</a></span>
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<p>Les premières solutions de paiement mobile sont apparues au milieu des années 2000, notamment au Kenya avec le service M-Pesa. Les utilisateurs peuvent faire des dépôts et retirer de l’argent à partir d’un réseau d’agents certifiés, transférer de l’argent ou payer des factures. Le système est basé sur de nombreux agents certifiés qui font la conversion du code en espèces et réciproquement, à la demande des utilisateurs. Le succès de ces services s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs : les transferts sont rapides, simples et hautement sécurisés.</p>
<p>Cependant, cette offre ne peut contenter entièrement la population car, trop restreinte, elle se limite à des fonctions transactionnelles ou de paiement de facture. Or, la population qui n’a pas accès aux banques pourrait être intéressée solution d’épargne ou de crédit leur faisant défaut. Le <a href="https://www.cairn.info/revue-techniques-financieres-et-developpement-2014-1-page-29.htm?try_download=1">taux d’épargne en Afrique en 2014 est de 20 %</a>, taux supérieur à celui européen. Pour ce faire, les banques ont donc intérêt à s’associer avec les opérateurs pour proposer des services plus élaborés.</p>
<h2>Répondre aux besoins de financement</h2>
<p>Les services proposés par un opérateur seul ne permettent pas encore d’accéder à ces offres bancaires plus évoluées. Les banques ont donc d’autant plus une carte à jouer que les habitants des pays les plus pauvres ont aussi des besoins de financement.</p>
<p>Depuis quelques années, la microfinance peut constituer une solution à ces lacunes, même si elle comporte <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-microfinance-na-pas-eradique-la-pauvrete-107724">certaines limites</a>. Ce système d’octroi de prêts de montants réduits, mis au point par Muhammad Yunus, fondateur bangladais de la Grameen Bank, apporte notamment des <a href="http://www.grameen.com/wp-content/uploads/bsk-pdf-manager/GB-2017.pdf">impacts positifs</a> sur le bien-être des contractants en aidant à lutter contre les dégâts de la pauvreté : amélioration de l’alimentation, aide dans la création d’une entreprise, meilleur traitement des maladies, etc.</p>
<p>En ce qui concernent plus spécifiquement les femmes, qui sont les plus touchées par l’exclusion financière (en 2018, <a href="https://www.banquemondiale.org/fr/news/immersive-story/2018/05/18/gains-in-financial-inclusion-gains-for-a-sustainable-world">67 % des femmes possèdent un compte bancaire - un écart de 9 points de pourcentage avec les hommes</a>) les microcrédits peuvent par ailleurs constituer une voie vers leur <a href="https://www.researchgate.net/publication/299513593_The_Impact_of_Microfinance_on_Women_Empowerment_Evidence_from_Eastern_India">émancipation</a> en leur donnant un pouvoir de décision, une liberté d’action et davantage de confiance en soi.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/253629/original/file-20190114-43544-p0zikl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans les pays en développement, deux tiers des adultes ne possédant pas de compte bancaire sont des femmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">i_am_zews/Shutterstock</span></span>
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<p>Les enfants bénéficient aussi indirectement des services de microfinance accordés au sein du foyer. D’après <a href="http://publications.gc.ca/collections/collection_2009/acdi-cida/CD4-50-2008F.pdf">certaines études</a>, lorsque le revenu augmente suite à l’acquisition d’un prêt permettant de faire fructifier la microentreprise familiale, l’éducation devient en effet une priorité pour la famille. Les enfants sont ainsi plus facilement éduqués et scolarisés.</p>
<h2>Bénéfices mutuels</h2>
<p>L’importance d’une offre plus évoluée est donc multiple. Pour les populations, comme on l’a vu, mais aussi pour les banques. Si les établissements investissent le paiement mobile, ils vont pouvoir, à travers ce mode de paiement, s’implanter dans des zones faiblement bancarisées et proposer des produits financiers plus élaborés (épargne, crédit) à ces populations. M-Pesa au Kenya s’est d’ailleurs développé dans ce sens, en agrandissant son partenariat avec la banque locale Equity Bank via la <a href="https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/programme/mobile-money/m-kesho-in-kenya/">création conjointe de M-Kesho</a>.</p>
<p>Cet exemple illustre bien l’intérêt pour les banques de se rapprocher d’un opérateur téléphonique. C’est ce qui va leur permettre de capter un grand nombre d’utilisateurs réguliers du paiement mobile, qui constitue un produit d’appel attractif pour atteindre une nouvelle clientèle.</p>
<p>Pour ce qui est des opérateurs télécoms, la collaboration avec la banque ne permettra certes pas d’augmenter le nombre d’utilisateurs, puisque les populations sont déjà bien équipées, mais de complexifier l’offre de service. Il s’agit donc d’une opportunité pour l’opérateur qui vise une position dominante sur le marché, avec un pouvoir de négociation renforcé. Nul doute que le rapprochement entre monde bancaire et secteur des télécoms devrait donc se développer à l’avenir, tant les synergies peuvent être fructueuses.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109813/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laetitia Chaix ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une collaboration renforcée entre opérateurs et banques permettrait de développer une offre mieux adaptée aux besoins des populations.Laetitia Chaix, Chercheur en économie numérique, économie du développement, International University of MonacoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1089502018-12-21T00:00:14Z2018-12-21T00:00:14ZPouvoir d’achat : et si la solution venait du Sénat ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/251733/original/file-20181220-45408-83xpdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C5%2C986%2C658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
De nombreux «&nbsp;gilets jaunes&nbsp;» demandent la suppression du Sénat, qui a pourtant encore les cartes en main pour faire évoluer la loi Pacte. </span> <span class="attribution"><span class="source">Photoshooter2015/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Avec les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/gilets-jaunes-62467">« gilets jaunes »</a>, la France connaît une crise sociale sans précédent. Parmi ses aspects inédits figure notamment le fait que le mouvement est animé en partie par des travailleurs qui se réunissent le samedi et retournent travailler le reste de la semaine pour défendre toute une série de revendications hétéroclites qui concernent, entre autres, la hausse du pouvoir d’achat. Les revendications sur un meilleur partage des richesses s’expriment donc en dehors des lieux de travail. Or, s’il y a une institution qui est chargée de créer et répartir les richesses dans notre société actuelle, c’est bien l’entreprise.</p>
<p>Voilà sans doute pourquoi le président de la République, Emmanuel Macron, a tenté d’apaiser la colère en mobilisant, le 10 décembre, les entreprises. Il a notamment demandé « à tous les employeurs qui le peuvent » de verser <a href="https://www.france24.com/fr/20181210-direct-emmanuel-macron-crise-gilets-jaunes-allocution-annonces">« une prime de fin d’année »</a> à leurs salariés, qui sera défiscalisée.</p>
<p>Cette invitation à partager les profits s’inscrit en réalité dans une longue tradition française. En effet, dès la fin de la seconde guerre mondiale, le général de Gaulle avait souhaitait une meilleure <a href="https://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00320/fete-du-1er-mai-a-bagatelle.html">association entre le capital et le travail</a> de crainte de voir leur opposition disloquer la cohésion nationale. Son projet – inachevé en raison de sa défaite au référendum de 1969 – prévoyait déjà la participation des salariés aux profits.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=916&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=916&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=916&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1152&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1152&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251710/original/file-20181220-45413-m5qz04.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1152&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p>Dans les années 1960, le consultant Marcel Loichot proposait plusieurs modèles de partage des profits dans son livre <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3337873z.texteImage">« La réforme pancapitaliste »</a>. Ce texte contribuera à déboucher sur des réformes importantes comme celles relatives à l’intéressement (1959) et la participation (1967) à la suite de l’action de différents gaullistes « de gauche » (Capitant, Vallon). De Gaulle écrit à Loichot en 1966 pour lui dire qu’il a été <a href="https://books.google.fr/books?id=SCEOBQAAQBAJ&pg=PT191&lpg=PT191&dq=Lettre+%C3%A0+Marcel+Loichot,+le+lundi+de+P%C3%A2ques+11+avril+1966&source=bl&ots=vMBB8Q8TYo&sig=Ld6eIcG9eLji8daip7qgKH46mDY&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiM2Ie_tqffAhURqXEKHc9RAnQQ6AEwAXoECAkQAQ#v=onepage&q=Lettre%20%C3%A0%20Marcel%20Loichot%2C%20le%20lundi%20de%20P%C3%A2ques%2011%20avril%201966&f=false">« fort impressionné »</a> par cet ouvrage. Loichot pensait que la seule façon de désaliéner le travail humain et de mettre fin à la lutte des classes était que tous les salariés deviennent des capitalistes, en bénéficiant d’une part plus équitable des profits. Le départ de Charles de Gaulle en 1969, combiné à l’opposition du patronat et des syndicats ont eu raison des idées de Loichot, ce qui a considérablement freiné le développement des formules de partage de profits.</p>
<h2>La loi Pacte incite les entreprises à aller plus loin</h2>
<p>Des années 1960 à 2018, plusieurs lois sur la participation des travailleurs se sont succédé. Certaines ont mis l’accent sur la participation aux décisions, d’autres sur la participation au capital et aux profits des entreprises. Les deux facettes de la participation ont le plus souvent été traitées séparément jusqu’à la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/loi-pacte-49810">loi Pacte</a> (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), actuellement en discussion au Parlement, qui peut réconcilier les deux.</p>
<p>En 2016, les sommes versées au titre du partage des profits (participation, intéressement et abondement dans les plans d’épargne salariale) atteignaient un montant annuel moyen par salarié de 2 369 euros, soit l’<a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2018-040.pdf">équivalent de deux mois de smic</a>, un montant en augmentation constante. Aujourd’hui, les entreprises sont incitées à aller plus loin grâce aux futures dispositions de la <a href="https://www.economie.gouv.fr/plan-entreprises-pacte">loi Pacte</a>. Le texte propose en effet d’étendre la participation des salariés au capital et aux profits de l’entreprise. Il allège la fiscalité de l’épargne salariale et l’annule pour les petites entreprises de moins de 50 et 250 salariés. Si elle était déjà en vigueur, cette loi permettrait à ces entreprises de verser des primes d’intéressement et de participation avec exonérations de charges dont ne bénéficieront pas les grandes entreprises grâce aux taux différents du forfait social (<a href="http://www.assemblee-nationale.fr/15/projets/pl1088.asp">article 57</a>).</p>
<p>Ce traitement fiscal différencié répondrait à la crainte d’un traitement privilégié des salariés des grandes entreprises pour la prime réclamée par le président de la République. Surtout, les mesures de la loi Pacte permettront le développement d’un actionnariat salarié plus stable et de long terme grâce à une fiscalité divisée par deux pour les abondements aux salariés en actions de l’entreprise.</p>
<h2>Ironie du sort</h2>
<p>Mais ces mesures ne sont peut-être pas assez ambitieuses. Les différents <a href="https://www.economie.gouv.fr/mission-entreprise-et-interet-general-rapport-jean-dominique-senard-nicole-notat">rapports</a> ou consultations préalables à la loi Pacte, ainsi que certains amendements de l’Assemblée nationale proposaient d’aller encore plus loin. Parmi les propositions phares, le retour à une fiscalité de l’épargne salariale neutre, qui avait été remplacée par un forfait social créé en 2009 pour financer le déficit de la Sécurité sociale.</p>
<p>Le vote de ces mesures est encore possible puisque le texte de la loi Pacte, <a href="https://www.economie.gouv.fr/plan-entreprises-pacte">votée par l’Assemblée nationale</a>, sera débattu au Sénat en janvier 2019. Cependant, elles ont peu de chances de figurer dans le texte final en raison de l’opposition d’une partie du patronat et de leur impact négatif sur les comptes publics.</p>
<p>Ironie du sort, il appartient donc aujourd’hui au Sénat, la chambre haute dont beaucoup de « gilets jaunes » demandent la <a href="http://www.leparisien.fr/economie/taxes-emploi-gouvernance-ce-que-reclament-les-gilets-jaunes-28-11-2018-7955988.php">suppression</a>, de concrétiser l’ambition exprimée par le général de Gaulle de faire de la participation la <a href="http://www.charles-de-gaulle.org/wp-content/uploads/2017/06/Cahier-n%C2%B05.pdf">« grande réforme de notre siècle »</a>. Depuis 2009, et le fameux <a href="https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/094000213.pdf">rapport Cotis</a> sur la répartition des profits, les salariés ne touchent en effet qu’une portion congrue des profits (moins de 10 %). Or, des profits mieux répartis, c’est plus de pouvoir d’achat pour les ménages et donc potentiellement un impact positif sur la consommation, <a href="http://www.economiematin.fr/news-consommation-impact-pib-france-monde-stocks-investissemetn-croissance-ocde">principal moteur</a> de la croissance française. Presque une solution idéale tant il en va de l’intérêt des entreprises et de la société française <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/14/cac-40-un-partage-desequilibre-des-profits_5298636_3232.html">dans son ensemble</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/108950/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les dispositions visant à favoriser la participation des salariés aux bénéfices qui figurent dans la loi Pacte seront débattues à la Haute assemblée en janvier.Xavier Hollandts, Professeur de Stratégie et Entrepreneuriat, Kedge Business SchoolNicolas Aubert, Professeur des Universités en Finances, IAE, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/867882017-11-06T22:41:03Z2017-11-06T22:41:03ZLe dividende n’est ni le salaire de l’actionnaire ni l’ennemi de l’investissement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/193328/original/file-20171105-1020-1w6xbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bourse des valeurs (ici la Deutsche Börse).
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/bankenverband/9930772215/in/photolist-shcebj-s2UWHQ-sjuceM-s32Wt6-s2TKuY-g8xNAB-YeDsEN-Vefd38-s1a59H-rxq3sd-rfW2bJ-4XMq1G-rfW6b7-rec5S2-rvdQSN-rxvrG2-rxpXrS-rfW3xw-qAvVS9-rfWYbf-rfVZb1">Jochen Zick/Action Press</a></span></figcaption></figure><p>« Verser des dividendes ou réinvestir pour poursuivre et accélérer son développement ? », telle est la question qui est souvent posée à propos des dividendes à l’instar du journaliste <a href="http://bit.ly/2h7A8kC">Laszlo Perelstein</a> (<em>La Tribune</em> du 24 août 2016) pour qui « face à la pression des actionnaires, les entreprises se doivent de récompenser ces derniers » au prix de réduire leurs budgets d’investissements.</p>
<p>Il n’est pas le seul à penser que le dividende est l’ennemi de l’investissement des entreprises. Par exemple, <a href="http://bit.ly/2AbB27x">Christian Chavagneux</a>, journaliste économique et éditorialiste à <em>Alternatives economiques</em> écrit sur son blog (10/03/2014) un article intitulé les distributions de dividendes plombent l’investissement des entreprises :</p>
<blockquote>
<p>« Les résultats du CAC 40 pour 2013 soulignent encore une fois combien le coût du capital pèse sur le tissu productif français : avec des profits en baisse de 8 %, les grandes entreprises augmentent leur distribution de dividendes de 6 %, au détriment de l’investissement ». Il poursuit : « lorsque les entreprises françaises créent de la richesse, elles ne privilégient ni l’investissement pour préparer l’avenir et renforcer leur compétitivité, ni l’emploi, mais la rémunération des actionnaires. »</p>
</blockquote>
<p>On pourrait citer bien d’autres commentateurs affirmant en autres que si les entreprises n’investissent pas et donc ne créent pas d’emplois, voire en détruisent, c’est à cause des actionnaires ; que le dividende est la rémunération des actionnaires et que ceux-ci en réclament toujours plus même au détriment de l’avenir de l’entreprise.</p>
<p>Malheureusement, ces affirmations sont fausses malgré les nombreux travaux académiques sur la politique de dividende des entreprises et qui restent ignorés par ces commentateurs qui répètent en boucle toujours les mêmes antiennes. Le dividende n’est ni la rémunération des actionnaires ni un frein à l’investissement.</p>
<h2>Le dividende n’est pas le salaire des actionnaires</h2>
<p>Comme nous l’avons expliqué dans notre article intitulé <a href="http://bit.ly/2rHDRwV">« Dividendes et rachats d’actions n’enrichissent pas les actionnaires ! »</a> (The Conversation, 23 mars 2016), le dividende n’est pas le salaire des actionnaires car ce sont eux qui financent leurs propres dividendes. Ainsi toute comparaison entre la hausse des dividendes et celle des salaires n’a aucun fondement. Alors que le salaire versé par l’entreprise aux salariés les enrichi, il n’en va pas de même pour le dividende dans la mesure où lors du versement du dividende la valeur de l’action baisse du montant du coupon détaché. Certes, l’action peut baisser moins (ou plus) que du montant du dividende versé, mais cela est dû à de nouvelles informations non anticipées au moment du détachement du coupon. Ainsi, le patrimoine de l’actionnaire est simplement modifié du fait de la distribution des dividendes : la valeur de son portefeuille d’actions baisse du montant des coupons reçus et sa trésorerie augmente d’autant. Il n’y a pas d’enrichissement global pour les actionnaires.</p>
<p>Le cas du paiement du dividende en actions est une autre façon de voir que le dividende n’enrichit pas les actionnaires. Au lieu de verser du cash aux actionnaires on leur verse l’équivalent en actions. Dans ce cas il n’y a donc pas de diminution de la trésorerie de l’entreprise ni de sa capitalisation boursière, mais la création d’actions nouvelles distribuées aux actionnaires. Cela revient à faire une augmentation de capital via une distribution d’actions gratuites. Bien entendu, la valeur de l’action va s’ajuster pour tenir compte de l’augmentation du nombre d’actions, mais encore une fois l’actionnaire ne sera pas plus riche globalement.</p>
<p>Mais si les dividendes versés n’enrichissent pas les actionnaires, pourquoi ceux-ci en réclament ? Remarquons tout d’abord que certaines entreprises, même très rentables, n’en versent pas. C’est le cas notamment des entreprises de la nouvelle économie comme Facebook ou Amazon.</p>
<p>Dès son introduction en bourse en mai 2012, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a déclaré que les actionnaires ne devaient pas s’attendre à recevoir des dividendes. La seule possibilité de rémunération pour les souscripteurs serait la valorisation de l’action.</p>
<blockquote>
<p>« Facebook have never declared or paid cash dividends on our capital stock. We currently intend to retain any future earnings to finance the operation and expansion of our business, and we do not expect to declare or pay any dividends in the foreseeable future. As a result, you may only receive a return on your investment in our Class A common stock if the market price of our Class A common stock increases. » (source : IPO Facebook, mai 2012)</p>
</blockquote>
<p>Bien que les actionnaires de Facebook n’aient pas touché de dividendes, ils n’ont pas eu à se plaindre de leur investissement. Introduite à 38 dollars en mai 2012, l’action Facebook vaut fin octobre 2017, 180 dollars. Ainsi en un peu plus de cinq ans, la valeur de l’action a été multipliée par 4,7, ce qui représente un taux de plus-value annualisé de 33 %. Cet exemple montre qu’il n’est pas nécessaire de verser des dividendes pour enrichir les actionnaires.</p>
<p>En fait, le meilleur moyen d’enrichir les actionnaires c’est de créer de la valeur. Pour cela il faut investir dans des projets dont la rentabilité sera supérieure au coût du capital de la firme. Peu importe que la valeur créée soit distribuée sous forme de dividendes ou de plus-value (à la fiscalité près).</p>
<p>Parmi les raisons qui peuvent expliquer la demande des actionnaires pour les dividendes se trouve le besoin d’être informé sur la santé financière de l’entreprise par un signal crédible. En effet en situation d’asymétrie informationnelle, les investisseurs ont besoin de signaux qui leur permettent de distinguer la qualité des firmes sur le marché. La théorie du signal appliquée aux dividendes permet de comprendre cette demande.</p>
<p>C’est ce que nous expliquions déjà en 1992 (il y a 25 ans) dans notre ouvrage sur <a href="http://www.persee.fr/doc/ecofi_0987-3368_1990_num_12_1_1695">« La politique de dividende des entreprises »</a> (Presses Universitaires de France) qui faisait un état de l’art sur les recherches académiques sur les dividendes. Une autre explication théorique se trouve également dans la théorie de l’agence. Les actionnaires réclameraient des dividendes afin de limiter l’espace discrétionnaire des dirigeants. En leur demandant de rendre l’argent, via des dividendes ou des rachats d’actions, ils limiteraient l’accumulation de cash dans la trésorerie de l’entreprise et par la même occasion les possibilités de gaspillage par des dirigeants peu regardants sur la rentabilité de leurs projets.</p>
<p>On pense notamment aux fusions-acquisitions réalisées dans le but de construire des empires et qui détruisent de la valeur comme on le voit trop souvent. Enfin, on peut également mentionner le biais cognitif des actionnaires en faveur des dividendes perçus comme une prime de fidélité. A noter que ce biais est bien connu des dirigeants qui souhaitent, selon leur propre expression, « fidéliser » leurs actionnaires.</p>
<h2>Le dividende n’est pas un frein à l’investissement</h2>
<p>L’idée que les versements de dividendes seraient un frein à l’investissement vient d’une vision autocentrée de l’entreprise sur elle-même. Celle-ci ne pourrait investir au maximum que sa capacité d’autofinancement générée par son exploitation. Dans cette vision, il est bien évident que toute distribution de cash aux actionnaires vient diminuer mécaniquement le montant qui peut être investi dans de nouveaux projets.</p>
<p>Mais si cette vision peut être considérée comme acceptable pour une entreprise non cotée, elle ne l’est plus quand l’entreprise est cotée et peut accéder librement au marché de capitaux. Il faut, en effet se représenter l’entreprise en interaction permanente avec les marchés financiers. En cas de besoin elle peut toujours faire appel à ses actionnaires via des augmentations de capital. Du reste, c’est bien comme cela que les grandes entreprises financent tout ou partie de leurs acquisitions pour développer leur croissance. Il en effet rare qu’une entreprise puisse financer en totalité sur sa trésorerie (ou sa seule capacité autofinancement) une acquisition.</p>
<p>L’exemple de la société Air Liquide est <a href="http://bit.ly/2AdBySh">illustratif d’une entreprise</a> qui a une politique de dividende régulière et généreuse et qui pourtant n’hésite pas à faire appel au marché si besoin pour financer ses acquisitions. Pour Air Liquide L’actionnaire est au cœur de sa stratégie avec un objectif : la valorisation de l’épargne des actionnaires par une croissance soutenue et régulière des résultats et des dividendes dans la durée.</p>
<p>Le graphique 1 montre l’évolution des dividendes par action versés par Air Liquide sur 30 ans (1983-2013). A une croissance annuelle moyenne de 9,4 % s’ajoute un rendement moyen en dividende (dividende/cours) de 2,6 %, soit au total un taux de rentabilité global de 12 %. Malgré une telle croissance des dividendes, la société a toujours maintenu un niveau élevé d’investissement et poursuit sa croissance en créant des emplois.</p>
<p><strong>Graphique 1 : Evolution des dividendes d’Air Liquide</strong></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=331&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=331&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/192994/original/file-20171102-26438-1t54dpa.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=331&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Source : rapport annuel Air Liquide.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>De nombreux <a href="http://bit.ly/2hebLWv">travaux académiques</a> ont étudié la relation entre la distribution de dividendes et l’investissement avec des résultats contrastés. La plupart d’entre eux ne révèlent pas de relation négative, autrement dit que le versement de dividendes n’affecterait pas les investissements des entreprises.</p>
<p>Dans la <a href="http://bit.ly/2zz8SXs">lettre Vernimmen.net</a> (n° 152, octobre 2017) <a href="http://amzn.to/2y4zcEu">Pascal Quiry et Yann Le Fur</a> observent que l’investissement est actuellement au plus haut en France et que les dividendes et les rachats d’actions le sont aussi. Après avoir étudié de près les politiques de dividendes des grandes entreprises françaises du CAC 40, ils montrent que les courbes d’évolution des dividendes et des investissements sont parallèles. Ils en concluent que</p>
<blockquote>
<p>« Investissements et dividendes ne sont pas antinomiques et exclusifs l’un de l’autre. Les cas où, au sein d’une entreprise, le cas où le versement des dividendes conduit à réduire les investissements sont rares. »</p>
</blockquote>
<h2>L’existence de trésoreries nettes positives montre que les entreprises ne sont pas en rationnement de capital</h2>
<p>L’idée que le versement de dividendes généreux conduirait à réduire le montant des investissements revient à dire que les entreprises seraient soumises à un rationnement du capital et qu’elles devraient donc amputer leurs budgets d’investissements pour satisfaire l’appétit des actionnaires. Cette affirmation ne tient pas si on considère les niveaux extrêmement élevés des trésoreries des grandes entreprises.</p>
<p>Le tableau 2 indique les montants de cash détenu par les entreprises du CAC 40 (hors financières). On observe qu’en moyenne la trésorerie de ces grandes entreprises représentait en 2014, plus de 19 % de leur capitalisation. Quand on sait que les dividendes versés représentent en moyenne 3 % de la capitalisation des entreprises on s’aperçoit bien que les dividendes ne peuvent être tenus responsables d’une éventuelle insuffisance d’investissement des entreprises.</p>
<p><strong>Tableau 2 : Statistiques sur la trésorerie des grandes entreprises françaises</strong></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=161&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=161&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/192995/original/file-20171102-26448-16ul70c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=161&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Source : M. Albouy et A. Chevalier, « Pourquoi autant de cash dans la trésorerie des entreprises en 2015 », In : <em>La comptabilité en action</em>, L’Harmattan, 2016.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’existence de trésoreries très positives dément donc l’idée que les entreprises devraient réduire leurs budgets d’investissement pour verser des dividendes. En fait, si les entreprises n’investissent pas suffisamment (aux yeux de certains observateurs) c’est tout simplement parce qu’elles manquent de projets suffisamment rentables. Par projets rentables nous entendons des investissements créateurs de valeur en tenant compte du coût du capital.</p>
<p>Certes, il est important que les entreprises préparent leur futur en investissant, mais pas au prix d’une destruction délibérée de valeur. L’acte d’investir n’est pas bon en soi : augmenter des capacités de production quand celles qui sont en place sont loin d’être saturées n’est pas un bon plan. Tout industriel le sait. Pour investir, encore faut-il qu’il y ait un marché et une demande solvable. Et ce n’est pas l’investissement qui crée cette demande. Il ne sert donc à rien de fustiger les dividendes pour dénoncer le manque d’investissement des entreprises.</p>
<p>Comme le précisent à juste titre <a href="http://amzn.to/2y4zcEu">Pascal Quiry et Yann Le Fur</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Le dividende est le moyen privilégié de réallouer du capital des entreprises à maturité qui n’en n’ont plus besoin, et qui en génèrent plus qu’elles ne peuvent en utiliser sans tomber dans le surinvestissement, vers des entreprises qui en ont aujourd’hui besoin et qui, un jour ou l’autre, leur succéderont. »</p>
</blockquote>
<h2>Comprendre l’actionnariat</h2>
<p>Le débat récurrent en France sur les dividendes versés aux actionnaires est symptomatique d’une méconnaissance des enseignements de la théorie financière moderne et du fonctionnement des entreprises, notamment en matière de politique de dividende et d’investissement.</p>
<p>Côté financement, la grande majorité des observateurs sont d’accord pour estimer que les entreprises ont besoin de fonds propres, donc de l’apport des actionnaires. Pourtant, comme en témoignent les réactions de certains commentateurs lors des annonces de dividendes par les grandes entreprises, la culture actionnariale reste encore à développer dans notre pays. Ce n’est pas en stigmatisant les actionnaires et leurs dividendes avec de mauvais arguments qu’on orientera davantage l’épargne des Français vers les entreprises comme le voudrait Emmanuel Macron.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86788/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Albouy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>A l’occasion de l’affaire de la Taxe sur les dividendes, retour sur la signification économique du dividende.Michel Albouy, Professeur senior de finance, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/803102017-07-06T18:18:59Z2017-07-06T18:18:59ZLe système inégal des caisses de retraite<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/177053/original/file-20170706-26465-1nv91kp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=55%2C54%2C738%2C461&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Retraités sur un banc.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/guymoll/6115605589/in/photolist-njq6iU-e3zuJQ-gkyHti-fFrELx-ajq5tF-7jGbLs-7jCmwK-sdpyNi-8Kyvuy-QeWQ6w-zC4KHG-zC4ujL-qonvr3">Guy MOLL / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron était de réformer les retraites. Le projet consisterait à mettre en place un régime unique de retraite, où les droits seraient comptabilisés en points. Ce serait donc la fin les régimes spéciaux et des inégalités de traitement selon le statut ou le secteur.</p>
<h2>Comment fonctionne le système actuel ?</h2>
<p>De nombreuses réformes se sont succédé depuis 1982, année au cours de laquelle, l’âge légal de départ à la retraite est fixé <a href="http://bit.ly/2tsrmTJ">par ordonnance à 60 ans</a>. Le 15 novembre 1995, Alain Juppé, premier ministre, présente un plan de réforme de la sécurité sociale qui n’aboutira pas compte tenu de l’ampleur des grèves qu’il provoque.</p>
<p>En 2003 la <a href="http://bit.ly/2mNJqqS">loi portant réforme des retraites</a> est promulguée et aligne progressivement le régime des fonctionnaires sur le régime général pour la durée de cotisation permettant de bénéficier d’une retraite à taux plein. À partir de 2009, la durée de cotisation augmente d’un trimestre par an jusqu’en 2012. La loi introduit un système de décote et de surcote.</p>
<p>Sont créés également <a href="http://bit.ly/2kuSk91">deux nouveaux dispositifs d’épargne retraite</a> : le plan d’épargne retraite populaire (PERP) et le plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO). La loi introduit un droit à l’information individuelle du salarié sur sa retraite.</p>
<p>En <a href="http://bit.ly/2tjliOW">décembre 2012</a>, la promulgation de la loi de financement de la sécurité sociale, prévoit l’accélération de la réforme des retraites : l’âge légal de départ à la retraite et l’âge d’obtention automatique de la retraite à taux plein passent respectivement à 62 et 67 ans dès 2017. En 2003, la loi avait institué un droit individuel des assurés à être informés sur leur retraite.</p>
<p>Par la <a href="http://bit.ly/2uMYncY">loi de janvier 2014</a> l’Union Retraite assure la mise en œuvre du droit à l’information retraite :</p>
<ul>
<li><p>retracer l’ensemble de leur carrière,</p></li>
<li><p>vérifier les informations les concernant,</p></li>
<li><p>connaître le montant approximatif de leur future retraite. Le relevé de carrière reprend les droits acquis au cours d’une carrière.</p></li>
</ul>
<p>Le <a href="http://bit.ly/21IUU8e">relevé de situation individuelle (RIS)</a> est un relevé de carrière inter-régimes. Il reprend les droits que vous avez acquis dans tous vos régimes de retraite obligatoires de base et complémentaires. Les droits sont exprimés en trimestres (régime de base) et en points (régimes complémentaires).</p>
<p>La <a href="http://bit.ly/1p1M49c">loi du 20 janvier 2014</a> assure la pérennité financière du système par répartition et accorde enfin à certaines catégories de travailleurs les droits qui leur avaient été refusés lors des réformes précédentes.</p>
<p>Rappelons qu’en France le système des retraites fonctionne par répartition : les cotisations, versées par les actifs au titre de l’assurance vieillesse, servent à payer les pensions des retraités actuels. Le système reposant sur le principe de la solidarité entre générations, son équilibre financier dépend du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités.</p>
<h2>Le système français, « fusée » à plusieurs étages</h2>
<p>Pour comprendre l’enjeu de la réforme à venir il faut rappeler les <a href="http://bit.ly/2sJ9LKf">sous-systèmes</a> qui coexistent :</p>
<ul>
<li><p><strong>La retraite de base gérée par la CNAV, Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse</strong>, concerne les salariés du privé, ou agents non titulaire de l’état et des collectivités publiques et du personnel navigant de l’aviation civile. Au niveau régional, la CNAV est représentée par les caisses de retraite CARSAT. Actuellement, 18 millions de cotisants alimentent les pensions de 13 millions de retraités.</p></li>
<li><p><strong>Les régimes spéciaux</strong> constituent le quatrième bloc de régimes de Sécurité sociale (à côté du régime général, du régime agricole et du régime des travailleurs non salariés et non agricoles). Ces régimes fonctionnent sur la base d’une solidarité liée à une profession (par exemple régime des marins…) ou à une entreprise (SNCF…). Antérieurs à la création de la Sécurité sociale, ces régimes ont été maintenus par le législateur (décret du 8 juin 1946, aujourd’hui <a href="http://bit.ly/2tOYg3g">articles L 711-1 et R 711-1 du Code de la sécurité sociale</a>).</p></li>
<li><p><strong>La retraite complémentaire obligatoire</strong> : tous les assurés de la retraite CNAV, CARSAT cotisent en plus à une ou deux <a href="http://bit.ly/2uN1l0Q">caisses de retraite complémentaire</a> selon leur statut professionnel. L’ARRCO concerne les salariés non-cadres ou cadres, du privé ou agricoles ou les agents non titulaires de l’état. L’ AGIRC concerne les cadres du secteur privé de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture.</p></li>
<li><p><strong>La retraite supplémentaire facultative</strong> (assurances vie, <a href="http://bit.ly/1RP5RnK">PERP</a>, <a href="http://bit.ly/2s6rXco">art 39</a> ; <a href="http://bit.ly/2sWnADw">article 83</a>) est perçue en plus de la retraite de base et de la retraite complémentaire. Elle revient à capitaliser. L’épargne retraite a d’ailleurs été ouverte à tous par la <a href="http://bit.ly/2mNJqqS">« loi Fillon » de 2003</a> qui a mis en place une incitation fiscale pour encourager la constitution d’une épargne retraite facultative.</p></li>
</ul>
<p>Les mesures incitatives sont nombreuses en faveur des régimes facultatifs, ce qui laisse à penser que le système français tend résolument vers la capitalisation individuelle. En réalité deux systèmes coexistent pour la génération active : la répartition obligatoire et la capitalisation fortement conseillée. Ce qui revient à faire porter à une génération deux fois le poids de leur retraite. Cela questionne donc sur l’équité du système. Les générations actives n’ont pas la garantie du même « retour sur investissement » que les générations précédentes…</p>
<h2>Les dysfonctionnements</h2>
<p>À l’iniquité possible du système en constante évolution, s’ajoutent bien des dysfonctionnements :</p>
<p>Certains actifs vont un jour devenir des polypensionnés, terme barbare qui désigne une retraite qui bénéficie du versement de plusieurs systèmes. C’est le cas des salariés du privé ayant exercé également dans la fonction publique par exemple.</p>
<p>Parmi les régimes spécifiques, on notera que la CIPAV a dernièrement fait couler beaucoup d’encre. De nombreux autoentrepreneurs ont eu en effet la surprise de voir que les trimestres cotisés <a href="http://bit.ly/2tqSbtt">n’étaient pas validés</a>. La Cour des comptes a pointé du doigt <a href="http://bit.ly/2tpEJ9U">ce problème</a>. Tout serait depuis rentré dans l’ordre !</p>
<p>Plus grave, car cela concerne tous les salariés du régime général : les points ARRCO et AGIRC ne sont pas validés pour certains actifs qui doivent donc en faire réclamation. C’est une situation ubuesque et inacceptable. En effet, tous les employeurs du privé transmettent en janvier les <a href="http://bit.ly/2dCrI6J">données sociales</a> aux caisses de retraite. Depuis la dématérialisation du dispositif, des erreurs sont constatées alors que durant toutes les années où la <a href="http://bit.ly/2dCrI6J">DADS</a> était en « version papier » moins d’erreurs étaient notables.</p>
<p>Les caisses se renvoient la balle suite aux fusions et transferts divers – l’Accord national interprofessionnel (ANI) signé par les partenaires sociaux le 13 mars 2013 vise à rationaliser les coûts de gestion des institutions de retraite complémentaire Agirc et Arrco. L’une des mesures mises en place est donc le <a href="http://bit.ly/2tP6I2A">regroupement obligatoire des adhésions Agirc-Arrco</a> des entreprises qui cotisent auprès de plusieurs groupes de protection sociale.</p>
<p>Mais les agents des plateformes téléphoniques sont parfois dans l’incapacité d’apporter les renseignements utiles. L’usager-cotisant n’est pas au centre des préoccupations. Il est pourtant le cœur du système et en assure la pérennité. Un minimum de bienveillance et de respect pourrait améliorer la perception du service. Fort heureusement, les cotisants peuvent obtenir des informations via les <a href="https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/accueil">sites web dédiés</a> et consulter leur RIS (relevé individuel de situation), les actifs peuvent se connecter aussi sur un <a href="https://www.info-retraite.fr/portail-info/home.html">nouveau service</a> qui permet de créer un compte personnel tout comme le compte personnel de formation.</p>
<p>Ce nouveau compte personnel consiste tout simplement en un portail en ligne pour connaître ses droits à retraite (période validée, date éventuelle de départ à taux plein, etc.), ainsi que ses interlocuteurs (régimes et caisses de retraite) et selon son âge d’estimer le montant de sa pension. De leur coté, les CARSAT proposent désormais d’effectuer des <a href="http://bit.ly/2sWkyPu">demandes de retraite en ligne</a>. <a href="https://www.agirc-arrco.fr/">L’Agirc et l’Arcco</a> doivent par ailleurs fusionner en 2019, date à laquelle un guichet unique de demandes de retraite en ligne devrait voir le jour.</p>
<p>Il est difficile de s’y retrouver dans le maquis des sites web et devant la difficulté à effectuer une reconstitution de carrière, certaines sociétés privées se proposent moyennant finance de l’effectuer à la place du cotisant.</p>
<p>La simplification avance et semble aller dans le bon sens. Mais les réformes successives ont été entachées de grave dysfonctionnement, préjudiciables aux cotisants. Les citoyens sont trop souvent démunis devant la difficulté de s’y retrouver, de recouper les informations et de faire valoir leurs droits. Le guichet unique pourrait donc être une bonne solution, à condition que les informations « remontent » correctement et chaque année…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80310/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Visite du maquis des caisses de retraite. L’usager-cotisant n’y est pas au centre des préoccupations.Caroline Diard, Enseignant-Chercheur en Management des Ressources Humaines - Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.