tag:theconversation.com,2011:/us/topics/galapagos-23943/articlesGalapagos – The Conversation2019-04-11T22:49:19Ztag:theconversation.com,2011:article/1140992019-04-11T22:49:19Z2019-04-11T22:49:19ZTortues, abeilles et panthères : quand les espèces « éteintes » réapparaissent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/265298/original/file-20190322-36276-1vfp1wv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C6%2C910%2C605&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La première tortue géante de Fernandina jamais observée depuis 112 ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">Galapagos National Park</span></span></figcaption></figure><p>Comme dans un film de zombies, certaines espèces que l’on croyait éteintes semblent ressusciter d’entre les morts. Entre le 21 février et le 4 mars dernier, trois de ces « redécouvertes » ont ainsi attiré l’attention : celle de la <a href="https://www.nationalgeographic.com/animals/2019/02/extinct-fernandina-giant-tortoise-found/">tortue de Fernandina dans les îles Galápagos</a> (<em>Chelonoidis phantasticus</em>), dont la dernière apparition datait de 1906 ; celle de l’<a href="https://www.theguardian.com/environment/2019/feb/21/worlds-largest-bee-missing-for-38-years-found-in-indonesia">abeille géante Wallace</a> (<em>Megachile pluto</em>), supposément disparue en 1980 ; celle enfin de la <a href="https://mymodernmet.com/formosan-clouded-leopard-extinct/">panthère nébuleuse de Taïwan</a> (<em>Neofelis nebulosa brachyura</em>), que l’on n’avait plus revue depuis 1983 et qui avait été officiellement déclarée éteinte en 2013.</p>
<h2>Disparition du dernier individu</h2>
<p>Ces redécouvertes soulignent combien nos connaissances sur certaines des espèces les plus rares sont minces ; elles interrogent aussi la manière dont nous les déclarons éteintes. <a href="https://www.iucnredlist.org/">La liste rouge</a> de l’Union internationale pour la conservation de la nature permet de tenir un registre mondial des espèces menacées et de mesurer le risque qu’elles disparaissent. L’organisation a élaboré une liste de critères pour déterminer le statut de menace d’une espèce, qui n’est considérée éteinte que « lorsqu’il n’y a plus de doute raisonnable sur la mort du dernier individu ».</p>
<p>Selon la liste rouge, une telle affirmation exige que :</p>
<blockquote>
<p>« des enquêtes exhaustives dans l’habitat connu ou probable de l’espèce, réalisées à des moments appropriés et dans l’ensemble de son aire de répartition historique aient échoué à relever un seul individu. Ces observations doivent être menées dans un cadre temporel adéquat au regard du cycle et du mode de vie de l’espèce ».</p>
</blockquote>
<p>Étant donné toutes les preuves – ou plutôt l’absence de preuves – exigées, il paraît étonnant que des espèces puissent être déclarées éteintes. Car pour comprendre si une espèce a disparu, il faut aussi connaître ses habitudes dans le passé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La plus grande abeille au monde était présumée éteinte avant sa redécouverte en Indonésie en février 2019.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Megachile_pluto#/media/File:Stavenn_Megachile_pluto.jpg">Stavenn/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les observations à un moment et un endroit donnés nous renseignent sur la survie d’une espèce ; mais lorsque celle-ci se fait rare, les observations se font évidemment moins fréquentes, jusqu’à ce que l’on se demande si cette espèce existe toujours.</p>
<p>On se base en général sur le temps écoulé depuis la dernière apparition de l’animal pour mesurer la probabilité d’extinction d’un groupe, mais il est rare que l’individu alors observé soit effectivement le dernier du taxon. Car bien des espèces persistent probablement des années sans être vues.</p>
<h2>Empreintes, déjections, griffures</h2>
<p>À quoi correspond concrètement le repérage des espèces ? Il peut prendre de multiples formes, depuis l’observation directe d’un individu vivant en chair et en os ou en photographie, jusqu’à la preuve indirecte via des empreintes au sol, des griffures ou des matières fécales ; ou encore par des récits oraux rapportés grâce à des témoins oculaires.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=922&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=922&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=922&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1158&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1158&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1158&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La panthère nébuleuse de Taïwan est une espèce endémique de l’île considérée comme éteinte, mais des témoins rapportent l’avoir vue récemment.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Formosan_clouded_leopard#/media/File:LeopardusBrachyurusWolf.jpg">Joseph Wolf/Wikipedia</a></span>
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<p>On le comprend aisément, ces différents types de preuves n’ont pas tous la même valeur – un oiseau dans la main vaut davantage qu’une salle remplie de gens se souvenant l’avoir vu ! Faire le tri entre les observations réelles ou erronées complique encore un peu plus la déclaration d’extinction.</p>
<p>L’idée qu’une espèce soit « redécouverte » peut rendre les choses plus confuses encore.</p>
<p>La redécouverte implique en effet que quelque chose a été perdu ou oublié mais le terme donne souvent l’impression que l’espèce est proprement ressuscitée – d’où le terme d’<a href="https://theconversation.com/meet-the-lazarus-creatures-six-species-we-thought-were-extinct-but-arent-50274">« espèces lazare »</a>. Une interprétation erronée des espèces perdues ou oubliées signifie que l’hypothèse par défaut est l’extinction de toute espèce qui n’a pas été vue depuis un certain nombre d’années.</p>
<h2>Présumée éteinte</h2>
<p>Quelles conclusions tirer de tout cela pour les trois récentes « redécouvertes » d’espèces évoquées plus haut ?</p>
<p>Même si aucun spécimen vivant de la tortue de Fernandina dans les îles Galápagos n’avait été repéré depuis 1906, des observations indirectes de déjections, d’empreintes et de marques de morsure de la tortue sur des figuiers de Barbarie avaient été <a href="https://www.iucnredlist.org/species/170517/128969920">rapportées en 2013</a>.</p>
<p>L’incertitude pesant sur la qualité de ces observations et la période très longue depuis laquelle elle n’avait pas été aperçue ont probablement contribué à ce qu’elle soit déclarée « en danger critique (possiblement éteinte) » en 2015. Dans la nature, une espèce est présumée éteinte jusqu’à preuve du contraire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ce spécimen de tortue des Galápagos de l’île Fernandina, que l’on croyait être le dernier du genre, a été recueilli en 1906.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Fernandina_Island_Gal%C3%A1pagos_tortoise#/media/File:Chelonoidis_nigra_phantastica.jpg">John Van Denburgh/Wikipedia</a></span>
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</figure>
<p>Si l’abeille géante Wallace n’avait pas été aperçue au cours des 38 dernières années, elle n’avait toutefois jamais été déclarée éteinte par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Son cas a été suspendu pendant des années par manque de données ; ce n’est que récemment qu’elle a été évaluée comme « vulnérable ».</p>
<p>Bien que cette découverte soit excitante pour une espèce qui n’avait pas été observée depuis de longues années, sa « redécouverte » montre surtout que nous ne connaissons que très peu de choses sur nombre d’espèces rares.</p>
<p>Pour ce qui concerne la panthère nébuleuse de Taïwan, <a href="https://blogs.scientificamerican.com/extinction-countdown/clouded-leopards-confirmed-extinct-taiwan/">classée éteinte</a> en 2013, elle avait été aperçue pour la dernière fois en 1983, selon le témoignage de 70 chasseurs. Une <a href="http://cloudedleopard.org/documents/Formosan%20clouded%20leopard%20Po-Jen%20Chiang%202007.pdf">vaste opération</a> menée dans les années 2000 pour tenter de détecter sa présence à l’aide de caméras avait échoué.</p>
<p>Tandis que la tortue et l’abeille géantes ont été déclarées à nouveau vivantes après la découverte de spécimens, la réapparition de la panthère nébuleuse demeure plus incertaine. D’après des observations faites à deux occasions distinctes par des gardes forestiers, les preuves semblent convaincantes, mais établir si le félin est vraiment vivant exigera des investigations plus poussées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114099/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Roberts a reçu des financements de différents organismes. Entre autres, NERC, ESRC, University of Kent, Chester Zoo, OATA et OMS-IWT. Il est affilié au programme d’Oxford Martin School sur le commerce illégal d’espèces sauvages (OMS-IWT). Par ailleurs, il est membre du groupe de conseil sur le commerce illégal d’espèces sauvages du gouvernement britannique et de l’unité nationale sur les crimes envers les espèces sauvages du groupe de prestation prioritaire des services de lutte contre la cybercriminalité et la criminalité liée aux espèces sauvages.</span></em></p>Récemment, trois espèces que l’on croyait éteintes ont à nouveau montré signe de vie. Est-il réellement possible d’avoir la certitude qu’une espèce est morte ?David Roberts, Reader in Biodiversity Conservation, University of KentLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1057802018-10-28T20:20:55Z2018-10-28T20:20:55ZBonne feuilles : Le poisson qui savait marcher<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/242535/original/file-20181026-7047-1vvw92k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1310%2C2244%2C1622&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Poisson chauve-souris
_Ogcocephalus darwini_.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Julie Terrazzoni/Editions Arthaud</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Nous publions ici un extrait de l’ouvrage : « Atlas de zoologie poétique », paru en 2018 aux éditions Arthaud. Les illustrations sont de Julie Terrazzoni.</em></p>
<hr>
<p>Après le lézard qui court sur l’eau, voici le poisson qui marche sous l’eau ! J’ai nommé… le diable de mer. Mais d’où sort cette curiosité aquatique ? </p>
<p>Cette espèce vit dans les eaux des Galápagos. Ses nageoires pectorales ressemblent, vues du dessus, aux ailes des chauves-souris. D’où son nom… Ce poisson possède une tête circulaire ou en forme de boîte. </p>
<p><em>Ogcocephalus darwini</em> est un animal remarquablement étrange, même au sein de sa famille, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogcocephalidae">ogcocephalidés</a>. Entre son corps aplati triangulaire recouvert de bosses et d’épines, son « rouge à lèvres », ses « quatre pattes », son « grand nez » et sa « petite trompe rétractile », on finit par se demander s’il ne s’agit pas d’un canular.</p>
<h2>Rouge aux lèvres</h2>
<p>Connu pour ses lèvres rouges presque fluorescentes qui améliorent probablement la reconnaissance des espèces pendant les périodes de reproduction, ce poisson n’est pas un excellent nageur. Il est plus efficace en « marchant » sur les fonds marins. </p>
<p>Comment fait-il ? Il déambule du bout de ses nageoires pectorales et pelviennes. Fortement développées sur le plan musculaire, elles lui donnent l’apparence de grandes jambes ! Elles possèdent même une sorte de coussinet charnu sur le bout des rayons. Nul besoin d’être sur la terre ferme pour marcher, ni d’avoir des pieds !</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/jszxhzRzlOg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Ogcocephalus Darwini dans son milieu naturel.</span></figcaption>
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<p>Outre cette capacité locomotrice inattendue, ce poisson chauve-souris se paye également le luxe, pour chasser, d’utiliser son <em>illicium</em> (du latin illicere, « amorcer »). Qu’est-ce donc ? </p>
<p>Au-dessus de la tête du poisson chauve-souris se trouve une nageoire dorsale qui, à l’âge adulte, vient se projeter en forme d’épine sortant du sommet de la tête, lui donnant l’aspect d’un « nez proéminent », ou rostre. Ce poisson s’en sert comme moyen pour attirer des proies tels des petits poissons, des crustacés ou des mollusques. </p>
<h2>Canne à pêche secrète</h2>
<p>Mais il y a plus encore. Entre la base de ce rostre et la bouche, le plus souvent dans une cavité, se trouve un organe surprenant : un leurre rétractile ! Ou devrais-je dire une canne à pêche qui sécrète même parfois un liquide agissant comme un appât chimique.</p>
<p>Le poisson chauve-souris peut ainsi déployer et faire osciller son leurre pour appâter ses proies. Il semblerait même que son leurre lui serve à les détecter. Autant dire que le piège est redoutable. D’autant que ce poisson utilise d’autres stratégies pour chasser. Certains spécimens couvrent partiellement leurs corps de sable ou s’enterrent pour se camoufler. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=835&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=835&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=835&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1050&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1050&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/242538/original/file-20181026-7041-rzi1ob.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1050&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"><em>Atlas de zoologie poétique</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Editions Arthaud</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Magnifiques adaptations qui permettent à ce poisson de chasser à l’affût, posté sous le sable ou sur une roche, en attirant ses proies. Comme si ses lèvres éclatantes ne suffisaient pas à fasciner les alentours !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/105780/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Pouydebat est l'auteure de l'ouvrage cité.</span></em></p>La zoologie rime avec poésie : partez à la rencontre de Ogcocephalus darwini, le poisson chauve-souris des Galapagos.Emmanuelle Pouydebat, Directrice de Recherche au CNRS et au Muséum National d'Histoire Naturelle (MECADEV - mécanismes adaptatifs et évolution), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/749082017-04-06T20:38:07Z2017-04-06T20:38:07Z« En direct des espèces » : une blatte réécrit l’histoire de la Nouvelle-Calédonie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/163856/original/image-20170404-13668-xtjnnx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Angustoniscus amieuensis, une blatte calédonienne vivant dans les forêts humides de l'île.</span> <span class="attribution"><span class="source">P. Grandcolas</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Nous vous proposons cet article en partenariat avec l’émission de vulgarisation scientifique quotidienne <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre">« La Tête au carré »</a>, présentée et produite par Mathieu Vidard sur France Inter. Romain Garrouste, qui fait partie du <a href="http://www.mnhn.fr/fr/recherche-expertise/departemements-scientifiques/systematique-evolution">département Systématique et évolution</a> du Museum national d’Histoire naturelle, comme l’auteur de ce texte, évoquera ses recherches dans l’émission du 7 avril 2017 en compagnie d’Aline Richard, éditrice science et technologie pour The Conversation France.</em></p>
<hr>
<p>Quelquefois, trouver une espèce d’insecte nouvelle pour la Science peut s’avérer lourd de conséquences… intéressantes. Démonstration avec de petites blattes des forêts de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Cal%C3%A9donie">Nouvelle-Calédonie</a>, au large de l’Australie. Rien à voir avec les cafards des maisons, bien sûr, mais tout de même de petites bêtes dont on penserait qu’elles n’ont pas <em>a priori</em> grande importance. Pourtant, quelques espèces étudiées lors de missions d’exploration biologique du Muséum de Paris (Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité) nous ont livré un message étonnant sur l’histoire de cette île très particulière.</p>
<h2>La Nouvelle-Calédonie : une très ancienne arche de Noé ?</h2>
<p>La Nouvelle-Calédonie est un archipel bien connu des scientifiques et des naturalistes : cataloguée comme un des points chauds de biodiversité de la planète, elle abrite un extraordinaire éventail du vivant. Forêts tropicales et montagnes côtoient des plages bordant le plus grand lagon du monde. Mais, pour les naturalistes, l’archipel comportant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Terre">Grande Terre</a>, les îles Loyauté et de nombreux îlots a encore une autre vertu : son histoire évolutive.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/164152/original/image-20170405-14615-v0wb1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte de la Nouvelle-Calédonie et de Vanuatu.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:New_Caledonia_and_Vanuatu_map-fr.svg#/media/File:New_Caledonia_and_Vanuatu_map-fr.svg">Eric Gaba/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>En effet, l’île la plus importante – la Grande Terre – a longtemps été considérée comme un petit bout de terre séparé de l’Australie il y a 80 millions d’années lors de la fragmentation de l’ancien supercontinent <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gondwana">Gondwana</a>. De là à supposer que les plantes et les animaux calédoniens sont des reliques directement issus de ces temps anciens, il n’y avait qu’un pas, allègrement franchi par de nombreux scientifiques depuis les années 1970.</p>
<p>Certains avaient même fait la liste des prétendus fossiles vivants qui seraient restés sur place sans beaucoup évoluer, tels que de nombreuses espèces d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Araucaria">Araucaria</a> (pins austraux) ou encore <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Amborella_trichopoda">Amborella trichopoda</a>, un arbuste supposé vestige des premières étapes de la diversification des plantes à fleurs.</p>
<h2>Quelques insectes bien surprenants</h2>
<p>Intrigués par ce contexte, nous avons donc étudié la faune locale en nous focalisant sur quelques groupes d’insectes méconnus. Quelle n’a pas été notre surprise de trouver sur cette île de taille pourtant très moyenne (60 000 km<sup>2</sup>) une biodiversité très riche et très originale, et notamment nos petites blattes forestières du genre <a href="https://species.wikimedia.org/wiki/Angustonicus_lifou">Angustonicus</a>. Mais le meilleur restait à venir.</p>
<p>Nous avons en effet établi un arbre de parentés moléculaires entre toutes les espèces récoltées (une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phylog%C3%A9nie">« phylogénie »</a>) qui nous a montré que les deux espèces des îles Loyauté adjacentes – des îles récifales géologiquement très jeunes (environ 2 millions d’années) – divergeaient de toutes les espèces de la Grande Terre – supposée très ancienne (80 millions d’années et plus) -. Un tel résultat remettait en question l’ancienneté du peuplement de l’île.</p>
<p>En effet, deux groupes divergents d’organismes formés à partir d’un ancêtre commun – appelés <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_fr%C3%A8re">groupes-frères</a> par les évolutionnistes – sont forcément du même âge, puisque plus proches parents l’un de l’autre, un peu comme deux faux jumeaux issus d’une même mère.</p>
<p>Les espèces des Îles Loyauté, supposées <em>a priori</em> jeunes comme leur substrat, permettaient de rajeunir celles de la Grande Terre, leur groupe-frère.</p>
<h2>Que disent les géologues au sujet de la Nouvelle-Calédonie ?</h2>
<p>Étonnés par ce résultat, nous nous sommes donc plongés dans les nombreux travaux de géologie sur la Grande Terre, riche de grands gisements de nickel et donc bien étudiée de ce point de vue. Seconde surprise, cohérente avec la première : certes, le socle de la Nouvelle-Calédonie est géologiquement très ancien (plus de 80 Millions d’années) mais l’île a subi bien des bouleversements à la limite, très chahutée, des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plaque_tectonique">plaques tectoniques</a> australienne et pacifique. Contractions puis étirements à la limite des deux plaques ont fait faire le yoyo aux terrains continentaux anciens de la Nouvelle-Calédonie, entraînant plusieurs longues submersions en eau profonde puis remontées à la surface de la Grande Terre, dont la dernière daterait d’environ 37 millions d’années.</p>
<p>Autant de circonstances qui plaident pour un peuplement plus récent de l’île mais qui avaient échappé aux biologistes, peu enclins à lire dans le détail des travaux de géologie tectonique. La situation de la Nouvelle-Calédonie est donc beaucoup plus compliquée que celle d’un antique morceau de Gondwana qui aurait simplement dérivé depuis 80 millions d’années avec sa faune et sa flore « anciennes » embarquées à bord.</p>
<h2>Une île à la biodiversité rajeunie</h2>
<p>Armés de ce double constat, nous sommes donc retournés à nos blattes et avons questionné le mythe de la Nouvelle-Calédonie – l’île au prétendu peuplement gondwanien – dans une publication qui fut accueillie fraîchement en 2005. Pour beaucoup, il n’était pas agréable de considérer qu’un petit insecte suggérait de changer la théorie captivante d’une île-arche de Noé gondwanienne, tout droit sortie de l’âge des dinosaures.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/164144/original/image-20170405-14607-1up3w9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Côte Sud de la Grande Terre avec les Araucaria sur le rivage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">P. Grandcolas</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>L’idée d’un peuplement insulaire jeune sur une île ancienne récemment réémergée a fait cependant son chemin dans les esprits. De nombreux travaux ont été réalisés depuis par plusieurs dizaines d’équipes. Notre hypothèse de départ semblait rester correcte et résister aux tests successifs. Notre dernière analyse qui vient d’être publiée ne recense pas moins de 40 études portant sur des groupes d’organismes très variés : plantes, insectes, mollusques, lézards et renforce notre point de vue.</p>
<p>Celles-ci datent le début de diversification des groupes d’organismes calédoniens contemporain ou postérieur à la réémersion de l’île, c’est-à-dire environ 37 millions d’années. Pour obtenir de telles estimations d’âges, les travaux modernes de biologie de l’évolution utilisent des méthodes mathématiques qui évaluent la probabilité qu’une succession de divergences moléculaires entre apparentés puissent dater de telle ou telle période, le tout sous le contrôle de l’âge de fossiles proches parents utilisés comme points de calibration.</p>
<p>Deux conclusions ressortent donc de tous ces travaux. Du point de vue biologique, la Nouvelle-Calédonie ne peut plus être considérée comme une sorte d’arche de Noé datant du Gondwana. La réalité biologique est infiniment plus complexe et la plupart des groupes d’organismes composant la biodiversité locale sont passablement récents. Ils se sont constitués localement à la suite d’une combinaison de dispersions au-delà des océans puis d’évolution locale depuis 37 millions d’années. </p>
<p>Du point de vue géologique, l’île est un morceau de territoire très complexe, au socle très ancien mais à l’histoire récente incroyablement mouvementée. Les gisements de nickel calédoniens en sont d’ailleurs le témoignage patent : ces sols tropicaux riches en métaux ont été formés par l’altération de roches arrachées au fond de l’océan par le socle de l’île lors de sa dernière émersion. La Grande Terre est ainsi une île dite océanique parce qu’elle est sortie des eaux, par opposition à une île continentale, qui est restée émergée lorsqu’elle se sépare d’un continent, comme Madagascar, par exemple.</p>
<p>Rétrospectivement, il est intéressant de constater qu’une révolution aussi profonde dans les esprits au sujet d’un illustre point chaud de la biodiversité – la Nouvelle-Calédonie – a été causée originellement par l’étude de quelques blattes capturées dans les feuilles mortes des forêts tropicales. Comme quoi la description d’une petite espèce nouvelle peut avoir quelquefois de grands effets ! Ce n’est pas Monsieur Darwin qui nous contredirait, à la suite de son voyage aux îles Galapagos…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/74908/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>« En direct des espèces », récits scientifiques de la biodiversité, est une chronique régulière des chercheurs de l'ISYEB.</span></em></p>La proposition était séduisante… La Nouvelle-Calédonie et sa riche biodiversité seraient un morceau du continent archaïque Gondwana. Une modeste blatte est venue tout remettre en question.Philippe Grandcolas, Directeur de recherche CNRS, systématicien, UMR ISYEB, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/562352016-03-20T21:04:07Z2016-03-20T21:04:07ZUn rendez-vous historique pour protéger la haute mer des convoitises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/115596/original/image-20160318-4456-1pqghmq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/ddie/9393580227/in/photolist-fj5y8M-ssAttB-8A2Gup-e4qinG-h8vp53-aoFNWu-uC7REa-b9JVrH-iiii2t-pnbsZR-oURZUV-dYWbMM-9xcWaZ-aGHt8V-9YubE5-biNsvn-9Yoh83-9YmVLE-pv5bhp-BrXFrs-ph9tLm-7Woq3y-bpqs3m-9pbnbj-hLkiVy-oT2x7d-roE2v8-9pt67g-d1RpE1-b1XvyZ-iYEE3Z-8Rob1z-aaRRqF-aTYMnM-pvQEWD-e6s6wK-qWRZfu-kkT4ML-n2JBXt-bgtphg-7QM8Rk-hjERgi-i32e62-hjX8r1-8cqC8D-qPFg7E-8vpnB6-8prxm5-jR5kwT-dTtv3G">Daniel Dietrich/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Les négociations pour un accord international sur la haute mer débuteront le 28 mars 2016 à New York. Un rendez-vous crucial pour adapter le droit international aux nouveaux défis environnementaux.</em></p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=299&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=299&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=299&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=376&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=376&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/115605/original/image-20160318-4411-bhknka.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=376&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La « haute mer » apparaît en bleu foncé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Haute_mer#/media/File:International_waters.svg">B1mbo/Wikimédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Février 1977 : le sous-marin américain Alvin découvre, au large des Galápagos et par 2 500 mètres de fond, l’existence de <a href="http://www2.cnrs.fr/presse/communique/183.htm">sources hydrothermales</a>, écosystèmes uniques peuplés d’espèces alors inconnues capables de se développer dans l’obscurité la plus totale. Cette découverte est une révolution. Elle démontre qu’une vie est possible au-delà de la photosynthèse et que les abysses ne sont pas les espaces désertiques que l’on imaginait. Elle constitue également le marqueur d’une nouvelle ère, caractérisée par un appétit croissant pour les zones situées au-delà des juridictions nationales (ZAJN).</p>
<p>Représentant près de 50 % de la surface totale de la planète, les ZAJN – haute mer et grands fonds situés au-delà des plateaux continentaux des États, que l’on regroupe souvent sous la simple appellation de « haute mer » – ont longtemps été préservées par leur éloignement des côtes et la méconnaissance de leur richesse. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les connaissances sur cet environnement extrême ne cessent de s’étoffer : les micro-organismes prélevés suscitent l’intérêt des scientifiques et des industriels tandis que les « monstres marins » remontés des abysses et présentés dans <a href="http://www.atomes-crochus.org/abysses/exposition1.php">diverses expositions</a> fascinent le public. Grâce au développement de la technologie, la haute mer devient en outre le théâtre d’activités humaines toujours plus importantes et menaçantes pour son exceptionnelle biodiversité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/115597/original/image-20160318-4446-1upwioz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un poulpe dumbo, une des créatures des abysses que l’on peut croiser entre 300 et 1 500 mètres de profondeur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.atomes-crochus.org/abysses/exposition2.php">Atomes crochus/Bloom</a></span>
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<p>L’épuisement des stocks de poissons dans les eaux nationales entraîne dans les années 1980-1990 une augmentation significative de la pêche en haute mer, facilitée par le recours à des techniques – comme le chalutage profond – que beaucoup jugent <a href="http://theconversation.com/le-chalutage-profond-na-plus-le-benefice-du-doute-49011">destructrices</a>. Depuis 2001, l’exploration des <a href="http://wwz.ifremer.fr/drogm./Activites/Ressources-minerales-non-energetiques/Ressources-minerales-grand-fond/Les-ressources-minerales-metalliques-en-zone-internationale">ressources minérales</a> du sol et du sous-sol se développe dans de nombreuses régions, notamment la zone de fracture de Clarion-Clipperton, entre Hawaï et le Mexique, l’océan Indien occidental et la dorsale médio-atlantique.</p>
<p>De la même manière, les <a href="http://imedea.uib-csic.es/users/txetxu/Publications/Arnaud-Haond_2011_Marine.pdf">ressources génétiques marines</a>, et avec elles les promesses de breveter de nouveaux médicaments, suscitent la convoitise. Enfin, la haute mer n’est pas épargnée par les déchets produits à terre – en témoignent les <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/09/le-7e-continent-de-plastique-ces-tourbillons-de-dechets-dans-les-oceans_1696072_3244.html">continents de plastique</a> repérés dans plusieurs régions, et l’<a href="http://science.sciencemag.org/content/349/6243/aac4722.full?ijkey=G86ukENgIUNrA&keytype=ref&siteid=sci">acidification</a> des eaux provoquée par les émissions de gaz à effet de serre.</p>
<h2>Organiser la gestion commune</h2>
<p>Or, le droit international régissant la gouvernance des ZAJN n’est pas à la hauteur de ces enjeux qui ont émergé bien après l’adoption en 1982 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer – Constitution pour l’Océan. À titre d’exemple, il n’existe aujourd’hui aucun processus permettant de créer des aires marines protégées en haute mer, aucune règle universelle soumettant les activités humaines à études d’impact environnemental, aucun mécanisme régulant l’accès aux ressources marines génétiques.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/TArjtcrLs2A?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’Expédition 7ᵉ Continent documente la présence des plastiques dans l’océan.</span></figcaption>
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<p>Pour débattre de ces nouveaux défis, l’Organisation des Nations unies a d’abord créé un groupe informel de discussion. En 2015, après dix années de débats scientifiques, de controverses juridiques et de tractations politiques, les États se sont finalement entendus pour ouvrir des négociations en vue d’un accord international sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les ZAJN. À la fin du mois, les États, réunis au sein de différents groupes de négociation (Union européenne, G77+Chine, etc.), <a href="http://www.iddri.org/Publications/The-long-and-winding-road-continues-Towards-a-new-agreement-on-high-seas-governance">se retrouveront</a> donc au siège de l’ONU, à New York, pour une première session de négociation.</p>
<p>Trois mois après la conférence de Paris ayant abouti à l’adoption d’un accord sur le climat, la communauté internationale ouvre donc un nouveau chantier : celui de l’élaboration d’un instrument juridique contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les ZAJN. Si les sujets sont distincts, l’objectif sous-jacent est néanmoins similaire : il s’agit d’organiser la coopération internationale pour la gestion d’un bien commun dont l’intégrité est menacée par la somme des intérêts individuels, portés par les États.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/56235/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Les négociations pour un accord international sur la haute mer débuteront le 28 mars 2016 à New York. Un rendez-vous crucial pour adapter le droit international aux nouveaux défis environnementaux.Julien Rochette, Coordinateur du programme océans et zones côtières, IddriGlen Wright, Research Fellow, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/530762016-01-13T05:36:14Z2016-01-13T05:36:14ZOn a retrouvé les tortues géantes disparues des Galapagos<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/107957/original/image-20160112-6977-jmqx4u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’une des vénérables habitantes des pentes du mont Wolf sur l'île Isabela. </span> <span class="attribution"><span class="source">Luciano Beheregaray</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Au large des côtes équatoriennes, les îles Galapagos sont mondialement connues pour avoir inspiré à Darwin sa <a href="https://theconversation.com/explainer-theory-of-evolution-2276">théorie de l’évolution</a>. Elles abritent une flore et une faune d’une richesse exceptionnelle, à l’image de ces tortues géantes, considérées comme les plus grands animaux terrestres à sang froid. </p>
<p>Les tortues géantes ont longtemps prospéré dans cet archipel de l’océan Pacifique. Il en existait une quinzaine d’espèces évoluant au gré de <a href="http://www.pnas.org/content/101/17/6514.full">la formation volcanique</a> des îles. À la suite de l’arrivée des premiers hommes, quatre espèces disparurent. </p>
<p>Nous sommes rentrés il y a quelques semaines d’une expédition aux Galapagos dont l’objectif était de retrouver deux de ces espèces disparues. Cela peut paraître un peu fou, mais nous sommes arrivés à nos fins. Voici comment. </p>
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<iframe src="https://www.google.com/maps/d/u/0/embed?mid=zXUWIAKxCpHk.kJdpTkVYSjfk" width="100%" height="480"></iframe>
<figcaption>The Galápagos Islands, showing locations mentioned in this story.</figcaption>
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<h2>Menace sur les tortues</h2>
<p>L’archipel a été colonisé à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle avec nombre de conséquences néfastes pour les tortues : braconnage des baleiniers et pirates, introduction de nuisibles privant les tortues de nourriture, mangeant leurs œufs ou leurs petits. Ces dernières ont ainsi disparu de certaines îles et vu leur population se réduire dramatiquement dans d’autres zones insulaires. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lonesome George, immortalisé à 100 ans, peu avant son trépas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/putneymark/1351695967/in/photolist-34rN7T-5bSaiw-9tj9ht-9tj94z-ddSFnF-5ZkkAG-5ZEWRd-6uBcng-2VoC8b-fSktL5-7qthop-5ZAK66-2VjeSp-frYxAd-oRuePR-6bwgpi-amMf7L-5ZEXzy-4z5wrn-4z9Kkf-4z9NVY-4z5AY2-4z9Q9d-4z9SCb-4z9LEf-4z5BRP-4z5uFp-4z5Bhr-4z5wVp-4z9LTQ-5ZEXjG-7pBkcK-djLaSB-nqnCJ-94aMU7-5Y6B6q-9tn6A7-au9qVd-au6Ljz-5Y2kq8-amQy7m-cm7hp3-cYsUQW-4z5uUX-4z5yTe-4z9TEf-4z9PtS-4z5vv8-4z9R97-4z9Pzq">Flickr/putneymark</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Darwin consacra, lors de sa visite de 1835 sur l’archipel, des pages à la reproduction d’une espèce de tortue, la <a href="http://www.iucnredlist.org/details/9023/0"><em>Chelonoidis elephantopus</em></a>, que l’on ne trouvait alors que sur l’île Floreana et qui disparut vers 1850. </p>
<p>Une autre espèce, qui se rencontrait seulement sur l’île Pinta, la <a href="http://www.iucnredlist.org/sotdfiles/chelonoidis-(nigra)-abingdonii.pdf"><em>Chelonoidis abingdoni</em></a>, s’éteignit pour sa part en 2012, lorsque son dernier représentant, un mâle retenu en captivité et répondant au surnom de <a href="http://www.bbc.com/news/world-18574279">Lonesome George</a> mourut. Il était devenu une véritable star et fut un temps considéré comme l’une des créatures vivantes <a href="http://www.guinnessworldrecords.com/world-records/most-endangered-animal/">les plus rares</a> au monde. </p>
<h2>Sur la trace des espèces disparues</h2>
<p>Il y a dix ans, <a href="http://mscg.yale.edu/">notre programme de recherche</a> en génétique fit une découverte des plus étonnantes. Certaines tortues du mont Wolf, un volcan de l’île Isabela, ne correspondaient pas à celles (<em>Chelonoidis becki</em>) que l’on trouve habituellement dans cette zone. Au lieu de cela, leur ADN correspondait à celui des espèces disparues de <a href="http://www.pnas.org/content/early/2008/09/19/0805340105.abstract">Floreana</a> et <a href="http://www.nature.com/news/2007/070430/full/news070430-1.html">Pinta</a> </p>
<p>Cette trouvaille donna lieu, en 2008, à une expédition sur le mont Wolf, où nous avons procédé au marquage et à l’échantillonnage de 1 600 tortues. Les analyses révélèrent un nombre très importants de tortues à l’ADN hybride : 17 possédaient des traces de l’ADN de la tortue de l’île Pinta, <em>Chelonoidis abingdoni</em> ; 89 autres présentaient des traces de l’ADN de la tortue de l’île Floreana, <em>Chelonoidis elephantopus</em>. </p>
<p>Comment cela était-il possible ? </p>
<p>Il semblait fort probable que des gens aient déplacé ces tortues d’une île à l’autre. De vieux carnets de bord de l’industrie baleinière rapportaient que pour alléger leurs navires, baleiniers et pirates se délestaient, dans la baie de Banks à proximité du mont Wolf, de tortues qu’ils avaient capturées. </p>
<p>Ces animaux, récupérés sur les îles moins montagneuses de Floreana et de Pinta, furent durant des siècles les proies des baleiniers et pirates qui avaient l’habitude de faire une halte dans l’archipel pour renouveler <a href="https://www.newscientist.com/article/mg19426071-300-galapagos-tortoises-untangling-the-evolutionary-threads/">leurs provisions de nourriture</a> en prévision de leurs longues traversées. </p>
<p>Nombre de ces tortues rejetées en mer atteignirent le rivage, se mélangeant aux espèces endémiques de l’île Isabela. Elles donnèrent ainsi naissance à une lignée hybride qui conservait les caractéristiques distinctives des espèces de Floreana et de Pinta. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le mont Wolf, point culminant des Galapagos.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Luciano Beheregaray</span></span>
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</figure>
<h2>Une expédition difficile</h2>
<p>Notre dernière expédition avait pour objectif d’identifier les animaux dont les ancêtres venaient de Floreana ou de Pinta. C’était un objectif ambitieux et compliqué sur le plan logistique. </p>
<p>Notre équipe – composée de gardes du parc national des Galapagos, de scientifiques et de vétérinaires originaires de 10 pays différents – fut répartie en 9 groupes de 3 à 4 personnes. Chaque groupe devait inspecter de vastes champs de lave instables et inhospitaliers ainsi qu’une végétation épineuse sur les pentes du mont Wolf. Sans oublier les rencontres impromptues avec les guêpes, l’étouffante chaleur équatoriale, et une période de pluie non-stop six jours durant. </p>
<p>Lorsque nous trouvions l’une des tortues recherchées, nous contactions notre vaisseau ravitailleur par radio et dégagions la végétation des pentes du volcan pour faire de la place au filet de cargaison transporté par hélicoptère. La précieuse tortue était alors installée dans le filet, puis transportée à bord de notre navire ancré dans la baie de Banks.</p>
<p>Notre équipe découvrit ainsi plus de 1 300 tortues, dont près de 200 possédaient des ancêtres à la fois de Floreana et de Pinta. Nous en avons transportées 32 par les airs jusqu’à notre navire pour rejoindre ensuite la zone d’élevage en captivité du parc national de Galapagos. </p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une tortue géante dont les ancêtres appartenaient aux deux espèces disparues prend son envol pour rejoindre le vaisseau ravitailleur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Elizabeth Hunter</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi ces 32 sujets, 4 femelles présentaient des gènes de Floreana ; un mâle et une femelle possédant ceux de Pinta furent marqués et étudiés. </p>
<h2>Réintroduire les espèces</h2>
<p>L’ADN des ces tortues va être analysé et servira à établir la meilleure stratégie de reproduction : nous souhaitons réintroduire autant que possible les gènes présents à l’origine sur Floreana et Pinta. La progéniture née en captivité et descendant des deux espèces disparues devrait rejoindre ses îles d’origine d’ici 5 à 10 ans. </p>
<p>La réintroduction de ces tortues dans leurs îles d’origine ainsi que la restauration de leur habitat sont en effet essentielles pour la <a href="http://www.galapagos.org/conservation/conservation/project-areas/ecosystem-restoration/tortoise-restoration/">préservation des écosystèmes insulaires</a>. Ces grands herbivores à l’exceptionnelle longévité se comportent en effet comme des <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0110742">ingénieurs</a> au service des écosystèmes, modifiant leur habitat au profit d’autres espèces. </p>
<p>Mais la faible diversité génétique ne risque-t-elle pas d’entraver la survie des populations réintroduites ? </p>
<p>Il s’agit là d’une préoccupation logique pour tous les programmes de réintroduction s’appuyant sur un petit nombre de reproducteurs en captivité. Les tortues géantes des Galapagos peuvent toutefois survivre à des accidents démographiques majeurs et garantir ainsi le succès des programmes de réintroduction. </p>
<p>Prenons l’exemple de la population de tortues du volcan Alcedo (île Isabela), connue comme la plus importante des Galapagos : elle descend d’une unique femelle qui aurait survécu à une très importante <a href="http://www.nature.com/news/2003/031003/full/news03029-11.html">éruption volcanique</a> durant la période préhistorique. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les tortues géantes de notre expédition au mont Wolf sont déplacées dans la zone de reproduction en captivité du parc national des Galapagos, sur l’île de Santa Cruz.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Joe Flanagan</span></span>
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</figure>
<p>La réintroduction de plus de 1 500 petits nés en captivité et appartenant à une espèce qu’on trouvait jadis sur l’île Espanola est un autre succès. Toute la population rapatriée dans cette zone provient d’une quinzaine de reproducteurs captifs et <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0110742">se porte aujourd’hui très bien</a>. </p>
<p>Faire revivre des espèces éteintes, comme celles de Floreana et de Pinta, était quelque chose d’impensable il n’y a pas si longtemps. C’est désormais possible. Et l’intérêt d’une telle initiative s’est encore accru du fait qu’il reste de très nombreuses tortues possédant des gènes de Floreana et de Pinta sur les pentes du mont Wolf. Les ajouter aux programmes d’élevage devrait stimuler la diversité génétique et s’avère donc très prometteur pour les futures expéditions. </p>
<p>Nul doute que ce sera épique, mais absolument gratifiant pour les scientifiques concernés par la préservation des tortues géantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53076/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Luciano Beheregaray receives funding from the Australian Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adalgisa 'Gisella' Caccone receives funding from the Galápagos Conservancy and National Geographic Society for this research.</span></em></p>Lorsque Lonesome George, une tortue géante des Galapagos, mourut à 100 ans, beaucoup pensèrent que son espèce venait de disparaître à jamais avec lui… mais il n’en était rien.Luciano Beheregaray, Professor in Biodiversity Genetics and ARC Future Fellow, Flinders UniversityAdalgisa 'Gisella' Caccone, Senior Research Scientist and Lecturer, Department of Ecology & Evolutionary Biology, Yale UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/497082015-10-26T02:14:12Z2015-10-26T02:14:12ZLes effets inattendus de l’écotourisme sur les populations animales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/99579/original/image-20151025-27612-um9pk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des touristes nagent parmi les poissons dans les eaux chaudes de la rivière Cuiaba (État du Mato Grosso) au Brésil. </span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les activités humaines provoquent <a href="http://www.sciencemag.org/content/345/6195/401.full">la mort à petit feu</a> de vastes populations d’animaux sauvages. La faune est chassée, pêchée, braconnée. Elle subit le changement climatique et la pollution. Les maladies font des ravages, tout comme les nouvelles espèces invasives. Des colonies entières d’animaux se trouvent éparpillées en raison de la destruction de leur habitat.</p>
<p>Il s’agit là de phénomènes bien connus de la dégradation de l’environnement. Mais il existe un autre domaine capable d’avoir des conséquences aussi inattendues qu’insidieuses : celui de l’écotourisme, centré sur la découverte d'espaces naturels.</p>
<p>Il est en effet possible que le succès grandissant de ce type de loisir rende la faune plus vulnérable aux prédateurs. Cependant, nous ne disposons pas de données suffisantes pour évaluer précisément ces nouveaux risques.</p>
<p>Notre équipe a attiré l’attention sur cette problématique dans un <a href="http://www.cell.com/trends/ecology-evolution/abstract/S0169-5347(15)00246-3">article</a> publié dans la revue <em>Trends in Ecology and Evolution</em>. Dans cette étude, nous avons essayé de comprendre comment les animaux peuvent devenir, lorsqu’ils sont exposés à la présence humaine, plus dociles, plus audacieux et moins craintifs.</p>
<p>Nous suggérons ainsi que cela pourrait conduire à un risque accru de prédation lorsque les visiteurs quittent les zones concernées, et signalons par là même un impact méconnu de l’écotourisme.</p>
<h2>Le « bouclier humain »</h2>
<p>Pour domestiquer les animaux, il faut les apprivoiser, ce qui se traduit souvent par une sélection des espèces les plus dociles et les plus tolérantes. La domestication s’obtient en partie grâce à la mise à l’abri des animaux à l’égard de leurs prédateurs – en les plaçant par exemple derrière des clôtures, en les laissant entrer à l’intérieur des maisons ou en les élevant en cage.</p>
<p>Nous savons aujourd’hui que <a href="http://beheco.oxfordjournals.org/content/23/5/1030.abstract">l’urbanisation</a> produit des effets similaires : les animaux qui prospèrent en ville sont généralement plus dociles et ont moins peur des humains (comme pour les pigeons) que ceux qui vivent en dehors des zones urbaines. Ces traits sont sélectionnés au travers des générations, soulignant une composante <a href="http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00265-008-0636-y">évolutive</a> à ces changements qui caractérisent les populations animales évoluant en milieu citadin.</p>
<p>Dans de nombreux cas, les prédateurs évitent les zones urbaines, créant ainsi un « bouclier humain » qui isole les proies urbaines et peut déclencher une cascade de bouleversements écologiques. Protégées par ce bouclier, les proies deviennent plus susceptibles de fréquenter les zones que les prédateurs évitent. Cela les conduit à être moins vigilantes à leur égard et à consacrer une plus grande part de leur temps à la recherche de nourriture. Ces effets en cascade peuvent finalement conduire à des dommages plus importants pour la végétation, puisque les potentielles proies se concentrent sur cette activité.</p>
<p>Les zones urbaines ne sont pas les seules à connaître ce phénomène de bouclier humain. Le <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2391231/">tourisme</a> en pleine nature pourrait également produire de tels effets.</p>
<h2>Plus de touristes, plus d’animaux menacés ?</h2>
<p>Selon un <a href="http://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1002074">rapport de 2015</a>, on dénombre quelque 8 milliards de visites annuelles dans les aires terrestres protégées. C’est donc comme si chaque personne sur Terre se rendait au moins une fois dans ces lieux, puis quelques fois encore ! Ces données chiffrées semblent encore plus impressionnantes lorsqu’on sait que ce rapport ne prend en compte que les zones de plus de 10 hectares et laisse de côté les aires marines protégées.</p>
<p>La présence humaine dans ces zones comporte des impacts négatifs évidents : hausse de la circulation automobile et de la pollution, piétinement de la végétation, <a href="http://trid.trb.org/view.aspx?id=507820">collisions</a> entre véhicules et animaux sauvages. Par le biais de notre étude, nous montrons que l’écotourisme, en créant un bouclier humain, contribuerait également à la mise en danger des animaux face à leurs prédateurs naturels. Nous savons d’ores et déjà que ce type d’activité a <a href="http://repository.kulib.kyoto-u.ac.jp/dspace/bitstream/2433/68246/1/ASM_27_15.pdf">intensifié la vulnérabilité</a> de certaines espèces par rapport aux braconniers et autres chasseurs illégaux.</p>
<p>Il semble à première vue difficile d’établir un lien de cause à effet entre le fait de s’habituer à la présence humaine et celui de manifester une plus grande vulnérabilité face aux prédateurs.</p>
<p>Les proies possèdent des aptitudes anti-prédateurs sophistiquées qui leur permettent d’évaluer les risques d’attaque. Ces systèmes d’alerte innés sont le résultat d’une sorte de course aux armements entre proies et prédateurs au cours de l’évolution ; il arrive ainsi que certains animaux gardent en « mémoire » le souvenir de leurs prédateurs et réagissent de manière instinctive à des simulations d’attaque, même après avoir été soustraits aux prédateurs depuis un certain temps. On peut citer ici ces populations de cerfs à queue noire qu’on trouve à Sitka (Alaska) : elles ont vécu hors de portée des prédateurs soixante années durant tout en conservant <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/eth.12377/abstract">le même niveau de vigilance</a> que certains de leurs congénéraires exposés.</p>
<p>Mais il existe des preuves selon lesquelles des individus faisant preuve d’audace à l’égard des hommes possèdent le même comportement envers leurs prédateurs. Prenons le cas d’<a href="http://link.springer.com/article/10.1007/s10980-009-9323-2#/page-1">écureuils fauves</a> habitués à la présence humaine : ces derniers se montrent moins vigilants à différents bruits émis par leurs prédateurs que leurs semblables non habitués à l’homme.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/99270/original/image-20151022-15424-1i1ly2c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les écureuils fauves qui se sont habitués aux humains prennent moins garde aux prédateurs. Est-ce valable pour d’autres espèces ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mandj98/5062390303">mandj98/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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</figure></p>
<p>Certains traits de caractère se trouvent souvent associés chez les animaux, on parle alors de syndrome comportemental. Citons, par exemple, l’agressivité et l’audace qui vont souvent de pair en fonction des contextes. De la même façon, la docilité peut s’accompagner d’une baisse de la vigilance face aux prédateurs. C’est ainsi que des animaux dociles peuvent réagir de façon inappropriée en présence d’une menace.</p>
<p>Si les boucliers humains relatifs à l’écotourisme sont suffisamment stables pour augmenter la tolérance des animaux à l’égard des humains, et si en étant exposés à cette présence ceux-ci deviennent plus dociles voire très audacieux, ils pourront devenir plus vulnérables lorsqu’ils se trouveront nez à nez avec de véritables prédateurs.</p>
<h2>Quel avenir ?</h2>
<p>Notre article est un appel pour que davantage d’études soient lancées sur les effets de l’écotourisme. La revue dans laquelle <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169534715002463">notre étude scientifique</a> a été publiée fait régulièrement paraître des contributions qui cherchent à stimuler la recherche dans ce nouveau champ ; nous avons énuméré dans notre étude un certain nombre de sujets que nous jugeons nécessaires pour mener à bien de tels travaux.</p>
<p>Bien que l’UNESCO ait établi des <a href="http://portal.unesco.org/en/ev.php-URL_ID=2481&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html">recommandations pour l’écotourisme</a>, ces dernières ne traitent pas des problèmes que nous avons identifiés. Il nous faut donc comprendre les facteurs et les conditions dans lesquels les boucliers humains se développent ainsi que leurs effets sur le comportement de la faune. Lorsque nous pourrons nous appuyer sur des données relevées auprès de multiples espèces dans des endroits et des conditions variés, nous serons alors en mesure de fournir des recommandations concrètes pour la gestion de la faune auprès de ceux qui en sont responsables dans les zones protégées.</p>
<p>Nous pouvons néanmoins émettre dès aujourd’hui ces quatre consignes :</p>
<ul>
<li><p>Créer des zones pour gérer les visites dans les aires naturelles protégées (comme cela se fait déjà dans maints endroits, comme aux <a href="http://www.galapagos.org/travel/park-rules/">Galapagos</a>).</p></li>
<li><p>Faire respecter des périodes au cours desquelles les espaces naturels sont fermés aux visiteurs (comme on le fait pour la chasse).</p></li>
<li><p>Éviter le contact avec les êtres humains là où se trouvent les petits des animaux (si, comme nous le pensons, de premiers contacts avec les humains peuvent accentuer la docilité des animaux sauvages).</p></li>
<li><p>Contrôler ou interdire aux compagnies et aux guides touristiques le fait de nourrir les animaux (une pratique courante dans un certain nombre de lieux dits « écotouristiques »).</p></li>
</ul>
<h2>Écotourisme ou non ?</h2>
<p>Il est temps de conclure : l’écotourisme est-il une bonne chose ou non ? Tout dépend.</p>
<p>Dans de nombreux pays en développement, les habitants doivent choisir d’exploiter les ressources naturelles ou de créer une économie viable. Le tourisme axé sur la nature crée des opportunités économiques uniques. Et le prix de la prédation causée par l’écotourisme sera bien maigre en comparaison des bénéfices qu’une telle industrie peut apporter. Mais quand les impacts négatifs touchent des populations fragilisées ou encore des zones situées dans des pays plus développés, alors la prédation paraîtra moins acceptable.</p>
<p>Nous pensons que les écotouristes qui voyagent dans le but de venir en aide aux communautés et à la biodiversité seront ouverts à l’autorégulation pour préserver la faune locale. Nous espérons que notre étude, en stimulant la recherche, permettra d’obtenir des informations et des outils utiles au développement des aspects bénéfiques de l’écotourisme tout en en réduisant les impacts négatifs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/49708/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniel Blumstein receives funding from the US National Science Foundation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Benjamin Geffroy receives funding from CAPES-Ciência Sem Fronteiras, grant A045_2013. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Diogo Samia receives funding from FAPESP. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Eduardo Bessa receives funding from FAPEMAT. </span></em></p>Profiter de ses vacances pour être au plus près de la nature en explorant des aires protégées ?
Pourquoi pas, mais en tenant compte d'éventuelles conséquences insidieuses sur la faune locale.Daniel T. Blumstein, Professor and chair for the Department of Ecology and Evolutionary Biology, University of California, Los AngelesBenjamin Geffroy, Postdoctoral Fellow, InraeDiogo Samia, Postdoctoral Fellow, Universidade de São Paulo (USP)Eduardo Bessa, Professor of Zoology, Universidade do Estado de Mato Grosso (UNEMAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.