tag:theconversation.com,2011:/us/topics/legumineuses-46545/articleslégumineuses – The Conversation2024-02-22T15:09:23Ztag:theconversation.com,2011:article/2216862024-02-22T15:09:23Z2024-02-22T15:09:23ZLes fibres alimentaires n’agissent pas seulement sur le côlon – le système immunitaire, le cerveau et la santé globale en bénéficient également<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570673/original/file-20240119-19-bkynf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=66%2C6%2C3923%2C2249&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La plupart des gens ne consomment que la moitié de la quantité de fibres alimentaires recommandée, ce qui peut avoir un effet négatif sur leur santé.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les conseils sur l’alimentation ne manquent pas, qu’il s’agisse de manger des <a href="https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/superfoods/">superaliments</a> qui permettent de <a href="https://www.npr.org/sections/thesalt/2015/04/11/398325030/eating-to-break-100-longevity-diet-tips-from-the-blue-zones">vivre jusqu’à 100 ans</a> ou de suivre des <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/conseils-pour-alimentation-saine/regimes-et-tendances-alimentaires/">régimes restrictifs</a> qui sont censés faire perdre du poids et améliorer l’apparence. En tant que chercheur du <a href="https://farncombe.mcmaster.ca/"><em>Farncombe Family Digestive Health Research Institute</em></a>, je suis parfaitement conscient qu’il n’existe pas de « régime santé » universel qui convienne à tout le monde.</p>
<p>La plupart des professionnels s’accordent à dire que l’on doit avoir un régime équilibré sur le plan des groupes alimentaires, et qu’il est préférable d’y ajouter des légumes et des <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/11/8/1806">aliments fermentés</a> plutôt que de se limiter inutilement. De plus, la consommation d’aliments qui favorisent la santé intestinale améliore l’état de santé global.</p>
<h2>Pourquoi se préoccupe-t-on autant des fibres ?</h2>
<p>L’importance des fibres est connue depuis plusieurs décennies. <a href="https://doi.org/10.1017/S0954422417000117">Denis Burkitt</a>, regretté chirurgien et chercheur dans le domaine des fibres, a déclaré : « Si vous avez de petites selles, vous devrez avoir de gros hôpitaux. » Mais les fibres alimentaires ne se contentent pas de faciliter le transit intestinal, elles sont aussi un <a href="https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/nutrition-and-healthy-eating/expert-answers/probiotics/faq-20058065">nutriment prébiotique</a>.</p>
<p>Les prébiotiques ne sont pas activement digérés et absorbés, ils servent plutôt à favoriser la croissance de bactéries bénéfiques dans notre intestin. <a href="https://doi.org/10.3390%2Ffoods8030092">Ces micro-organismes contribuent ensuite à la digestion des aliments</a> pour que nous en retirions davantage de nutriments, soutiennent l’intégrité de la barrière intestinale et empêchent la prolifération de bactéries nocives.</p>
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<img alt="High-fibre foods against the outline of intestines" src="https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les prébiotiques ne sont pas activement digérés et absorbés, ils servent plutôt à favoriser la croissance de bactéries bénéfiques dans notre intestin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Indépendamment de leur effet sur les bactéries, les fibres peuvent aussi influencer notre système immunitaire lorsqu’elles <a href="https://doi.org/10.1111/bph.14871">interagissent directement avec des récepteurs exprimés par nos cellules</a>. Ces bienfaits peuvent même aider le système immunitaire à être plus tolérant et à réduire l’inflammation.</p>
<h2>Mange-t-on suffisamment de fibres ?</h2>
<p>Probablement pas. Le <a href="https://doi.org/10.3390%2Fnu15122749">régime alimentaire occidental</a> est pauvre en fibres et riche en aliments ultra-transformés. <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/nutriments/fibres.html">On recommande de consommer</a> de <a href="https://www.nature.com/articles/s41575-020-00375-4">25 à 38 grammes de fibres par jour</a>, selon l’âge, le sexe et le niveau d’activité. La plupart des gens consomment environ la moitié de la quantité recommandée, ce qui peut nuire à leur santé globale.</p>
<p>Les céréales complètes, les fruits et légumes, les légumineuses, les noix et les graines constituent de bonnes sources de fibres alimentaires. On insiste beaucoup sur les fibres solubles et moins sur les fibres insolubles, mais en réalité, la plupart des aliments contiennent un mélange de ces deux types, qui ont tous deux <a href="https://www.healthline.com/health/soluble-vs-insoluble-fiber%23risks">leurs bons côtés</a>.</p>
<p>Les collations à haute teneur en fibres gagnent en popularité. Avec une valeur globale estimée à 7 milliards de dollars américains en 2022, le <a href="https://www.precedenceresearch.com/prebiotic-ingredients-market#:%7E:text=The%2520global%2520prebiotic%2520ingredients%2520market,13.25%2525%2520from%25202022%2520to%25202030">marché des ingrédients prébiotiques</a> devrait tripler d’ici 2032.</p>
<h2>Les bienfaits des fibres alimentaires</h2>
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<img alt="Diagram of a human with arrows linking brain and intestines" src="https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les fibres sont associées à la santé globale et à la santé cérébrale par l’axe intestin-cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Il existe de nombreuses preuves des bienfaits des fibres alimentaires. Les fibres ne sont pas seulement associées à la santé du côlon ; elles influencent aussi la santé globale et la santé du cerveau par <a href="https://my.clevelandclinic.org/health/body/the-gut-brain-connection">l’axe intestin-cerveau</a>. Les régimes pauvres en fibres ont été corrélés à des troubles gastro-intestinaux tels que le syndrome du côlon irritable ou des maladies inflammatoires de l’intestin.</p>
<p>Par ailleurs, une consommation suffisante de fibres <a href="https://doi.org/10.1038/s41575-020-00375-4">réduit les risques et la mortalité liés aux maladies cardiovasculaires et à l’obésité</a>. Des études montrent que <a href="https://doi.org/10.3390/nu13072159">certains types de fibres peuvent améliorer les fonctions cognitives</a>.</p>
<p>Certaines maladies gastro-intestinales, comme la maladie cœliaque, ne semblent pas influencées par la consommation de fibres. De plus, <a href="https://doi.org/10.1038/s41575-020-00375-4">il n’y a pas de consensus</a> sur le type de fibres et la dose qui serait bénéfique pour le traitement de la plupart des maladies.</p>
<h2>Les fibres ne sont pas toutes bonnes</h2>
<p>Étonnamment, ce ne sont pas toutes les fibres qui sont bonnes pour la santé. Fibre est un terme générique pour désigner les polysaccharides végétaux qu’on ne peut digérer. Il en existe de nombreux types, dont la fermentescibilité, la solubilité et la viscosité dans l’intestin varient.</p>
<p>Pour compliquer les choses, la <a href="https://doi.org/10.3389/fped.2020.620189">source a également son importance</a>. Les fibres provenant d’une plante en particulier ne sont pas les mêmes que celles issues d’une autre. En outre, le vieux dicton « trop, c’est comme pas assez » s’applique ici, car la surconsommation de suppléments de fibres peut provoquer des symptômes tels que constipation, ballonnements et gaz. Cela est dû en partie au fait qu’il existe différents microbiomes intestinaux et que tous n’ont pas la même la capacité à métaboliser les fibres pour produire des molécules bénéfiques telles que les acides gras à chaînes courtes.</p>
<p>Dans certains cas, comme chez les personnes atteintes de maladies inflammatoires de l’intestin, l’absence de bactéries capables de digérer les fibres peut laisser les fibres intactes <a href="https://doi.org/10.1053/j.gastro.2022.09.034">interagir directement avec les cellules intestinales et engendrer des effets inflammatoires</a>. Des données récentes ont même montré qu’une consommation excessive de fibres solubles, telles que l’inuline, un complément répandu, peut <a href="https://doi.org/10.1053/j.gastro.2023.10.012">accroître le risque de développer un cancer du côlon dans un modèle animal expérimental</a>.</p>
<h2>Un élément d’un régime alimentaire sain</h2>
<p>Les fibres alimentaires sont un élément important d’un régime alimentaire qui peut favoriser la santé de l’intestin et la santé globale. Les fibres contribuent à la sensation de satiété après les repas et à la régulation de la glycémie et du cholestérol. Assurez-vous de consommer des fibres dans votre alimentation et, si nécessaire, prenez des compléments alimentaires sans dépasser la dose recommandée.</p>
<p>Les prébiotiques favorisent le développement de bactéries intestinales qui peuvent influencer la santé et l’immunité de l’intestin dans le cadre de nombreuses maladies, bien que toutes les fibres ne se valent pas. Si les fibres ne guérissent pas les maladies, une saine alimentation peut soutenir le travail des médicaments et des traitements, dont elle peut améliorer l’efficacité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221686/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Wulczynski ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les fibres ne sont pas seulement associées à la santé du côlon ; elles influencent aussi la santé globale et la santé du cerveau par l’axe intestin-cerveau. Mais toutes les fibres ne se valent pas.Mark Wulczynski, Medical Sciences PhD Candidate, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2148982023-12-20T19:55:02Z2023-12-20T19:55:02ZCertaines plantes peuvent se passer d’engrais azotés. D’où vient cette étonnante capacité ?<p>Les engrais azotés forment un des piliers de la révolution agricole du XX<sup>e</sup> siècle, et sont devenus indispensables pour maintenir les <a href="https://bioone.org/journals/ambio-a-journal-of-the-human-environment/volume-31/issue-2/0044-7447-31.2.126/Nitrogen-and-Food-Production-Proteins-for-Human-Diets/10.1579/0044-7447-31.2.126.full">forts rendements agricoles actuels</a>.</p>
<p>Ces engrais sont fabriqués en puisant de l’azote présent sous forme de gaz dans l’air. L’azote gazeux étant une molécule chimique très stable, sa transformation en engrais nécessite énormément d’énergie, qui est apportée par l’utilisation d’hydrocarbures et participe donc à la production de gaz à effet de serre. De plus, les engrais apportés dans le sol sont souvent lessivés par les fortes pluies et entraînés dans les cours d’eau où ils facilitent la croissance d’algues étouffant les autres organismes vivants (phénomène d’eutrophisation).</p>
<p>Ainsi, le coût environnemental des engrais azotés – qu’ils soient industriels ou sous forme de lisier – est donc important, faisant de la réduction de leur utilisation une <a href="https://www.nature.com/articles/472159a">priorité à l’horizon 2030 pour l’agriculture mondiale</a>.</p>
<p>Pourtant, certaines plantes peuvent se passer d’engrais azotés. Ces plantes appartiennent à quatre grands groupes botaniques, dont celui des légumineuses auquel appartiennent des plantes telles que les pois, haricots, lentilles, soja, arachide, mais aussi certains arbres (Acacia, Mimosa ou autres Robiniers). Comme lors du procédé chimique industriel, ces plantes puisent une grande partie de l’azote dont elles ont besoin directement dans l’air… grâce à la symbiose avec des bactéries qui vivent au niveau des racines.</p>
<p>Depuis de nombreuses années, les scientifiques se demandent comment cette association entre plantes et bactéries a pu évoluer. Si atteindre une telle compréhension pourrait peut-être, dans le futur, permettre de transférer à d’autres espèces la capacité à assimiler spontanément de l’azote – et ainsi limiter massivement l’utilisation d’engrais tout en maintenant des rendements élevés – la faisabilité d’une telle approche n’est pas aujourd’hui démontrée. </p>
<p>Dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41477-023-01441-w">notre récente étude publiée dans <em>Nature Plants</em></a>, nous avons analysé la manière avec laquelle plusieurs plantes légumineuses interagissent avec leurs bactéries symbiotiques, afin de retracer l’histoire évolutive de ces interactions.</p>
<h2>Une symbiose au sein d’un organe dédié</h2>
<p>Chez les plantes légumineuses, ce sont des bactéries vivant en symbiose avec ces plantes qui transforment l’azote gazeux en ammonium utilisable par la plante. Ce type de symbiose, dite « mutualiste », se retrouve de manière générale dans tout le vivant, et résulte de l’interaction entre deux organismes qui améliore réciproquement leur croissance et leur développement.</p>
<p>Cette symbiose a lieu au sein d’un organe spécifique au niveau de la racine de la plante, appelé « nodule », où les bactéries sont hébergées et fournissent de l’ammonium. Les partenaires y échangent aussi des signaux chimiques complexes.</p>
<h2>Retracer l’origine des plantes symbiotiques nodulantes</h2>
<p>Devant la diversité des plantes symbiotiques actuelles, il est difficile de savoir quelles caractéristiques physiologiques et génétiques sont nécessaires et suffisantes à la symbiose fixatrice d’azote. Distinguer les traits ancestraux de ceux qui sont apparus plus récemment chez les plantes symbiotiques devrait permettre d’établir la « recette génétique » de cette association.</p>
<p>En comparant les génomes de multiples plantes capables ou pas de réaliser la symbiose fixatrice d’azote, des <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aat1743">travaux antérieurs</a> ont montré que toutes les plantes symbiotiques possèdent un groupe de gènes communs, indispensables à cette association… Mais ces gènes sont aussi présents chez certaines plantes non-symbiotiques.</p>
<p>Lors de l’évolution, l’apparition de la symbiose ne serait donc pas liée à l’acquisition de nouveaux gènes mais plutôt à une modification de l’expression (ou activité) de ce groupe de gènes symbiotiques communs.</p>
<p>En effet, même si toutes les cellules d’un organisme possèdent les mêmes gènes, l’activité de ces derniers varie fortement d’une cellule à l’autre en réponse aux conditions environnementales (incluant, par exemple, la proximité de micro-organismes) et selon les stades de développement. Ainsi, les plantes légumineuses auraient acquis la capacité à réaliser la symbiose fixatrice d’azote en ré-utilisant des gènes impliqués dans différentes processus physiologiques (formation des racines latérales, interaction avec des champignons bénéfiques…) et en activant leur expression lors de l’interaction avec les bactéries symbiotiques.</p>
<p>C’est <a href="http://gompel.org/science-outreach/le-monde-le-bricolage-du-vivant">ce processus de « bricolage moléculaire », selon l’expression introduite par le biologiste François Jacob</a>, que nous avons essayé de retracer.</p>
<h2>Quand les plantes évoluent depuis un ancêtre commun grâce au « bricolage moléculaire »</h2>
<p>Nous avons donc décidé de comparer les gènes qui sont spécifiquement activés dans les nodules de neuf espèces de plantes capables de former cette symbiose.</p>
<p>Plus précisément, notre objectif était d’identifier les gènes communément exprimés chez toutes ces espèces lors de la symbiose.</p>
<p>Nous avons observé que près d’un millier de gènes étaient exprimés de manière partagée dans les nodules des neuf plantes symbiotiques étudiées. L’explication la plus probable d’une telle similarité est que ces différentes espèces ont hérité de leur ancêtre commun, un « ancêtre symbiotique » qui vivait sur terre il y a environ 90 millions d’années, ce programme génétique permettant la formation et le fonctionnement des nodules.</p>
<p>Grâce aux connaissances acquises par ailleurs sur ces symbioses, nous avons pu identifier, dans cette liste, de nombreux gènes végétaux permettant aux plantes de percevoir les signaux chimiques produits par leurs bactéries symbiotiques, d’accueillir ces dernières dans leurs tissus, et de réaliser les processus moléculaires permettant de puiser l’azote de l’air.</p>
<p>Ainsi, « l’ancêtre symbiotique » était certainement capable de réaliser ces trois étapes indispensables au fonctionnement de la symbiose, via des mécanismes moléculaires reposant sur l’activité de ce groupe de gènes communs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="arbre phylogénétique" src="https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561889/original/file-20231127-23-u6z9ps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Arbre phylogénétique simplifié représentant les évènements majeurs associés à l’évolution de la nodulation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pierre-Marc Delaux</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Des améliorations apparues indépendamment au fil de l’évolution</h2>
<p>Mais l’évolution ne s’arrête jamais : certaines plantes descendant de cet ancêtre commun symbiotique ont perdu la capacité à réaliser cette symbiose. D’autres, au contraire, ont évolué des compétences symbiotiques particulières, des « ajustements » symbiotiques, leur permettant par exemple de réaliser la symbiose avec différents types de bactéries ou dans certaines conditions environnementales.</p>
<p>Nous nous sommes donc demandé si l’on pouvait déceler quand, dans l’évolution, avaient eut lieu ces ajustements.</p>
<p>Pour cela, nous nous sommes focalisés sur deux plantes (<em>Mimosa pudica</em> et <em>Medicago truncatula</em>) et avons étudié les gènes qui participent à la symbiose chez ces plantes sans toutefois être exprimés chez l’ancêtre commun. En effet, les plantes appartenant aux deux plus grandes familles de légumineuses (représentées par <em>M. pudica</em> et <em>M. truncatula</em>) ont très peu perdu leurs capacités symbiotiques et sont toujours capables de former des nodules aujourd’hui.</p>
<p>Il a <a href="https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/nph.18321">récemment été proposé</a> que la stabilité de cette capacité symbiotique au fil de l’évolution de ces plantes soit liée à la capacité de ces plantes à accueillir les bactéries à l’intérieur même des cellules végétales, au sein de structures appelées « symbiosomes ».</p>
<p>Nous disposons pour ces deux plantes d’une description précise de l’expression des gènes associée à chaque étape du processus de production des nodules, de formation des symbiosomes, et de fixation d’azote.</p>
<p>Nous nous sommes aperçu qu’un grand nombre de gènes associés à la formation des symbiosomes étaient spécifiques à chacune de ces deux espèces de plantes. En d’autres termes, ces gènes n’étaient pas présents dans le nodule de leur ancêtre commun, et la capacité à héberger les bactéries dans les cellules des nodules a donc émergé (évolué) indépendamment chez <em>M. pudica</em> et <em>M. truncatula</em>.</p>
<p>Ces « ajustements » symbiotiques auraient donc possiblement convergé vers un même mécanisme, le contrôle du symbiote, mais en utilisant différents processus moléculaires. Des travaux futurs devraient permettre de tester cette hypothèse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214898/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Delphine Capela a reçu des financements de l'Institut National de recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement (INRAE). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Remigi a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et de l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement (INRAE). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pierre-Marc Delaux a reçu des financements du projet Engineering Nitrogen Symbiosis for Africa (ENSA) financé par une bourse
à l'université de Cambridge de la Fondation Bill & Melinda Gates (OPP1172165) et le "UK Foreign, Commonwealth and Development Office" (OPP1172165), ainsi que de l"European Research Council (ERC) dans le cadre du programme recherche et innovation de l'European Union’s Horizon 2020 (grant agreement No 101001675 - ORIGINS), de la Fondation Schlumberger pour l'Education et la Recherche, du CNRS, de l'agence nationale de la Recherche (ANR) et de l'European Molecular Biology Organization (EMBO). </span></em></p>Soja, cacahuète, mimosa : des scientifiques retracent l’évolution de la symbiose fixatrice d’azote chez les légumineuses et certaines espèces d’arbres.Delphine Capela, Directrice de Recherche CNRS au Laboratoire des interactions plantes - microbes - environnement, InraePhilippe Remigi, Chargé de recherche CNRS au Laboratoire des interactions plantes - microbes - environnement, InraePierre-Marc Delaux, Directeur de recherches CNRS au Laboratoire de Recherche en Sciences Végétales, Toulouse III, Toulouse INP, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2168452023-11-02T09:28:39Z2023-11-02T09:28:39ZLes légumineuses : bonnes pour notre santé et celle de la planète<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557123/original/file-20231101-21-cqqwcv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C2944%2C2347&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Graines de lentille</span> <span class="attribution"><span class="source">INRAE</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Haricots rouges, flageolets, lentilles, pois cassés, pois chiches… les légumineuses forment une famille de plantes aux déclinaisons aussi comestibles que multiples. Ces légumes secs dont les graines sont contenues dans des gousses n’ont cependant pas toujours la cote. Pourtant le développement de leurs cultures et de leur consommation aurait des bienfaits à la fois pour notre santé, celle des animaux, celles des écosystèmes et celles de la planète Terre. Voici comment.</p>
<p>Commençons par un constat : la culture et les usages des légumineuses ont fortement régressé en Europe au cours du 20ème siècle. En France, la <a href="https://www.researchgate.net/publication/320193528_Les_legumineuses_pour_des_systemes_agricoles_et_alimentaires_durables">consommation</a> de légumes secs est passée de 7,3 à 1,4 kg/personne/an entre 1920 et 1985. Aujourd’hui, à peine un Français sur deux déclare en consommer au moins une <a href="https://www.terresunivia.fr/sites/default/files/presse/2021-10-11-CP-etude-credoc-consommation-de-legumineuses.pdf">fois dans la semaine</a>. Les surfaces cultivées de légumineuses pour l’alimentation humaine peinent à se développer (<a href="https://www.terresunivia.fr/reglementation-marches/statistiques/statistiques-oleagineux-et-plantes-riches-en-proteines">moins de 1 %</a> des surfaces de grandes cultures). <a href="https://hal.science/hal-01004750/">L’intensification agricole amorcée depuis les années 1950 a globalement conduit au déclin de leur culture</a>. De manière concomitante, notre consommation de viande a augmenté pour apporter de plus en plus de protéines.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Plus de légumineuses dans les champs</h2>
<p>Comme elles fixent l’azote de l’air, les légumineuses ne nécessitent pas d’apport d’engrais azotés de synthèse. En rotation avec d’autres cultures, les légumineuses permettent aussi de restituer <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-014-0277-7">plus d’azote</a> aux cultures suivantes que les espèces non fixatrices. Elles contribuent ainsi à améliorer la fertilité chimique et biologique du sol, ce qui permet de réduire le recours aux engrais pour les cultures suivantes. </p>
<p>La culture des légumineuses permet aussi d’allonger les rotations de culture, ce qui contribue à réduire <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-022-00861-w">l’utilisation des pesticides</a> et facilite la gestion des mauvaises herbes. Tous ces effets vertueux au champ ont un impact également positif à l’échelle planétaire avec moins d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du fait d’un moindre besoin en engrais azotés de synthèse. Par <a href="https://www.researchgate.net/publication/222892393_Environmental_impacts_of_introducing_grain_legumes_into_European_crop_rotations">exemple</a>, remplacer une culture de céréale par du pois et/ou du soja dans le cas d’une rotation de trois à cinq ans, permet de réduire de 20 % les apports d’azote de synthèse, de 80 % la formation d’ozone, de 90 % l’eutrophisation des eaux et des GES, et de 15 % l’acidification des océans.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557127/original/file-20231101-29-rmy44c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Fleur de féveroles pollinisée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INRAE</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Plus de légumineuses dans l’auge</h2>
<p>Nourrir le bétail avec certaines légumineuses <a href="https://productions-animales.org/article/view/7333">riches en tanins, comme le sainfoin, permet également de se passer d’antiparasitaires</a>, de réduire ainsi les résidus de produits vétérinaires dans les écosystèmes, et donc les nuisances pour la santé humaine.</p>
<p>Développer la culture de légumineuses en France pour nourrir le bétail permettrait également de réduire la déforestation provenant des tourteaux de soja massivement importés en Europe pour l’alimentation des élevages, et par conséquent les externalités associées (gaz à effet de serre, érosion de la biodiversité, risque de zoonoses). Enfin, nourrir les cheptels avec des légumineuses fourragères permet de <a href="https://www.researchgate.net/profile/Vincent-Niderkorn/publication/309488189_Les_interets_multiples_des_legumineuses_fourrageres_pour_l%E2%80%99alimentation_des_ruminants/links/594a42444585158b8fd9aa22/Les-interets-multiples-des-legumineuses-fourrageres-pour-lalimentation-des-ruminants.pdf">réduire les émissions de méthane</a> du fait d’une meilleure digestibilité que les graminées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557125/original/file-20231101-19-s5vret.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">pois fourragé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INRAE</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Plus de légumineuses dans l’assiette</h2>
<p>Les légumineuses associées aux céréales ont une composition en acides aminés <a href="https://www.ocl-journal.org/articles/ocl/abs/2016/04/ocl160019-s/ocl160019-s.html">complémentaires</a> qui permet de remplacer une <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/9/12/1333">partie des protéines animales</a>. Les plus forts consommateurs de légumineuses sont de ce fait mieux protégés contre le risque de mortalité par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31728490/">infarctus</a> et par cancer. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0924224421001801">Leur consommation régulière permet aussi de pallier notre carence en fibres et de mieux nourrir notre microbiote</a>.</p>
<p>Un régime plus riche en légumineuses permet aussi de réduire fortement l’empreinte environnementale, car les <a href="https://theconversation.com/elevage-proteines-animales-et-proteines-vegetales-ce-quil-faut-savoir-pour-y-voir-plus-clair-194271">protéines végétales nécessitent de 5 (porc, poulet) à 10 (viande rouge) fois moins de ressources (terre, eau, énergie) et émettent de 5 (porc, poulet) à 10 (viande rouge) fois moins de GES et d’azote</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557126/original/file-20231101-21-ultfod.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les lentilles, une source de protéine végétale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INRAE</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Pourquoi si peu de légumineuses malgré tous ces bienfaits ?</h2>
<p>Au vu de ces nombreux bienfaits avérés, on peut se demander <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921800916304049">pourquoi on trouve si peu de légumineuses dans les champs et dans notre assiette</a>. Une partie de la réponse à cette question se trouve justement dans la façon dont ces bienfaits sont usuellement présentés.</p>
<p>Pris isolément les effets positifs des légumineuses ne sont pas perçus comme suffisamment significatifs car trop diffus (réduction des émissions de GES, fertilité des sols), ou conditionnels (effet sur la santé si une consommation régulière) ou indirects (moins de déforestation pour cultiver du soja). C’est une des raisons pour lesquelles les politiques publiques n’ont jusqu’à ce jour <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921800916304049">pas permis de relancer significativement les légumineuses</a> alors que des millions d’euros y ont été consacrés.</p>
<p>À l’inverse, une vision systémique permet de percevoir l’effet global des légumineuses, et de montrer qu’elles sont clefs pour la transition agricole et alimentaire. Cette approche pousse alors à construire des politiques publiques qui combinent les enjeux de l’alimentation humaine (par ex. plus de lentilles, haricots, pois chiches…), l’alimentation animale (par ex. plus de luzerne, trèfle, de féveroles, lupins…) et des écosystèmes (via ces cultures pré-citées et aussi comme plantes de services entre deux cultures de rente pour réduire les engrais et pesticides).</p>
<p>Penser de cette manière systémique appelle donc un changement de posture des politiques publiques dans l’anticipation et la gestion des problèmes sanitaires et environnementaux. Car c’est une mobilisation simultanée d’acteurs de domaines très différents qu’elle nécessite. Pour aller dans cette direction la première étape consiste sans doute à s’accorder sur un récit mettant en évidence ces synergies, comme cela a été proposé par un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S095937802100100X?via%3Dihub">chercheur en Angleterre</a> sur les légumineuses. </p>
<p>Pour cela, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722047106?via%3Dihub">la construction de différents scénarios</a> est un moyen de confronter la cohérence, l’articulation des leviers possibles pour atteindre des objectifs sanitaires et environnementaux. Cela permet de hiérarchiser les changements selon le type d’effets pour définir des politiques ciblées en termes de subventions, de normes, de lois, d’information, de recherche et développement, etc.</p>
<p>Une seconde étape consiste ensuite à s’approprier le récit choisi et à le décliner dans les territoires à travers, par exemple, des <a href="https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-quun-projet-alimentaire-territorial">Plans Alimentaires Territoriaux</a> (PAT) ; des échelles d’action qui permettent de réunir des acteurs des différents domaines tout en tenant compte des spécificités territoriales (ressources disponibles, attentes locales, etc.).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557130/original/file-20231101-25-j4cr3t.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vesces.</span>
<span class="attribution"><span class="source">INRAE</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Les légumineuses : composante clef de l’approche One health</h2>
<p>Cette façon d’englober santé humaine, animale, environnementale correspond à ce que l’on appelle aujourd’hui l’approche <em>One Health</em>. Elle repose sur un principe simple : la protection de la santé de l’Homme passe par celle de l’animal et de leurs interactions avec l’environnement. Ce concept est né de l’analyse des interdépendances entre la santé animale, la santé humaine et l’environnement. Un champ d’étude qui a par exemple permis d’examiner comment les composantes de l’environnement biophysique (air, sol, eau, aliments…) sont des vecteurs d’agents infectieux et de contaminants pour les hommes et les animaux. </p>
<p>En élargissant les enjeux de santé à ceux des maladies chroniques et des problèmes environnementaux planétaires (comme la perte de biodiversité et le changement climatique) l’agriculture devient un vecteur essentiel d’une sécurité alimentaire préservant la santé de tous les êtres vivants. Voici comment ces interactions sont présentées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) :</p>
<blockquote>
<p>« Le <a href="https://www.who.int/fr/news/item/01-12-2021-tripartite-and-unep-support-ohhlep-s-definition-of-one-health">principe d’une seule santé</a> reconnaît l’interdépendance de la santé des êtres vivants, des animaux et des végétaux sauvages et domestiqués, des écosystèmes et des principes écologiques. Afin de tenir compte des limites planétaires et de leur dépassement, il repose sur une approche intégrée pour préserver la santé des êtres vivants et l’état de conservation favorable des écosystèmes. On entend par santé un état complet de bien-être des êtres vivants présents et futurs »</p>
</blockquote>
<p>Dans cette approche, les filières organisant le système agricole et alimentaire sont alors à appréhender comme des vecteurs majeurs de ces interactions. Les filières contribuent à la circulation des nutriments, mais aussi de contaminants, avec des risques que les virus, bactéries, champignons ou insectes, échappent aux contrôles sanitaires, surtout pour les filières longues.</p>
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<img alt="Représentation schématique de l’approche one heath avec indication des effets en cascade des légumineuses : dans les assiettes (1), dans les champs (2), dans les auges (3) et effet feedback (en pointillé) sur la santé du système Terre." src="https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/557121/original/file-20231101-15-85mskl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Représentation schématique de l’approche one heath avec indication des effets en cascade.
des légumineuses : dans les assiettes (1), dans les champs (2), dans les auges (3) et effet
feedback (en pointillé) sur la santé du système Terre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michel Duru</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Autre enjeu de taille, que doit surmonter l’application de toute approche <em>One Health</em> : réussir à s’imposer au sein de rapports de force déjà nombreux entre des groupes de prescripteurs (médecins, vétérinaires, défenseurs de la planète, industries pharmaceutiques…) qui, ne partagent pas forcément les mêmes valeurs et objectifs. Ces acteurs n’ont pas la même représentation de la santé, ne poursuivent pas les mêmes enjeux privés, et disposent d’un accès variable aux médias pour faire entendre leurs propositions. L’enjeu est donc de repositionner leurs discours dans un cadre d’action unifié que l’approche <em>one health</em> permet, afin de trouver les chemins par lesquels une reconstruction du système agroalimentaire est possible.</p>
<p>L’approche <em>one health</em> permettrait ainsi de mieux définir des actions de politiques publiques pour les promouvoir. Grâce à sa vision intégrée, systémique et unifiée de la santé humaine, végétale, animale et environnementale, à des échelles locale, nationale et planétaire, cette approche offre une vue d’ensemble pour comprendre et agir face à de multiples problématiques interreliées comme : les activités humaines polluantes qui contaminent l’environnement ; la déforestation qui fait naître de nouveaux pathogènes et réduit dramatiquement la biodiversité ; les maladies animales qui frappent les élevages ; ces mêmes maladies animales finissant par être à l’origine de maladies infectieuses pour l’humain (les zoonoses)… </p>
<p>Aujourd’hui, des exemples d’application de l’approche <em>one health</em> existent pour une meilleure compréhension des problèmes de l’<a href="https://cjonehealth.hypotheses.org/255">antibiorésistance</a>, du risque d’<a href="https://theconversation.com/le-concept-one-health-doit-simposer-pour-permettre-lanticipation-des-pandemies-139549">émergence de zoonoses</a> par contact entre faune sauvage et élevages domestiques, ainsi que sur l’accroissement de notre <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/full_html/2020/01/cagri200149/cagri200149.html">vulnérabilité à ces zoonoses</a>. D’autres applications doivent être conduites et tout particulièrement pour penser l’accroissement des légumineuses, comme démontré ici.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216845/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Duru est membre du conseil scientifique du Mouvement PADV (Pour une agriculture du vivant). Il est administrateur à l'entreprise associative Solagro et membre de l'atelier d'écologie politique de Toulouse (Atecopol).
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Benoît Magrini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour la santé humaine, pour celle des animaux, pour les écosystèmes, cultiver plus de légumineuses présentent de nombreux avantages souvent ignorés.Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), InraeMarie-Benoît Magrini, Économiste, Ingénieur de Recherche Hors-Classe, Responsable du groupe filière Légumineuses, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1834982023-03-29T13:41:23Z2023-03-29T13:41:23ZVoici 5 technologies qui pourraient contribuer à rendre le système alimentaire carboneutre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/468571/original/file-20220613-23-9q1omz.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=28%2C11%2C3776%2C2144&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour tirer parti des avantages des nouvelles technologies agricoles, on doit développer des systèmes alimentaires dans lesquels les déchets d’une étape deviennent des intrants dans la suivante.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>À l’échelle mondiale, environ un <a href="https://doi.org/10.1038/nature.2012.11708">tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre</a> proviennent de l’agriculture et des systèmes alimentaires. L’empreinte carbone de ces derniers comprend toutes les émissions issues de la culture, de la transformation, du transport et des déchets alimentaires.</p>
<p>L’agriculture est également <a href="https://www.theguardian.com/food/ng-interactive/2022/apr/14/climate-crisis-food-systems-not-ready-biodiversity">vulnérable aux effets des changements climatiques</a> et, comme le montre le conflit en <a href="https://www.adiac-congo.com/content/crise-alimentaire-la-guerre-en-ukraine-augmente-les-risques-en-afrique-137610">Ukraine</a>, la géopolitique peut affecter les systèmes alimentaires.</p>
<p>Plusieurs technologies peuvent déjà contribuer à décarboniser les systèmes complexes qui relient producteurs et consommateurs. Elles peuvent aussi rendre nos systèmes alimentaires beaucoup plus résistants aux menaces mondiales. En voici cinq qui, selon nous, présentent un immense potentiel.</p>
<h2>1. Fermes de carbone et agriculture régénérative</h2>
<p>De nos jours, la plupart des émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation proviennent de la culture des aliments et sont émises lorsque les sols sont labourés. C’est important de le savoir, car les sols <a href="https://theconversation.com/farming-without-disturbing-soil-could-cut-agricultures-climate-impact-by-30-new-research-157153">qu’on laisse intacts stockent du carbone</a>.</p>
<p>Il suffit toutefois de quelques changements relativement mineurs dans leur gestion pour que les sols redeviennent des réservoirs de carbone. Ainsi, le fait de planter des légumineuses et des <a href="https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/plantes-fourrageres">cultures fourragères</a> tous les deux ou trois ans, plutôt que de se contenter de cultures de base comme le blé ou le maïs, ou encore de semer des plantes de couverture à l’automne, pour éviter que les champs ne soient nus, permet à la matière organique de s’accumuler et <a href="https://doi.org/10.3389/fsufs.2020.577723">aide le sol à absorber le carbone</a>. En plus de contribuer à ralentir les changements climatiques, cela protège les sols de l’érosion.</p>
<p>L’idée de diversifier les cultures peut sembler très simple sur le plan technologique, mais elle fonctionne. De plus, une nouvelle génération <a href="https://doi.org/10.1016/j.oneear.2019.10.022">d’outils agricoles intelligents</a>, comme des équipements qui utilisent les mégadonnées et l’intelligence artificielle, aidera bientôt les agriculteurs à adopter des pratiques qui produisent des aliments tout en piégeant le carbone.</p>
<p>Les outils intelligents font partie d’une révolution agricole numérique, également connue sous le nom d’agriculture de précision, qui <a href="https://doi.org/10.1146/annurev-resource-100516-053654">permettra aux agriculteurs de réduire leur impact sur l’environnement</a> et de mesurer la quantité de gaz à effet de serre captée par leurs champs, créant ainsi un registre du carbone qui documente leurs efforts.</p>
<h2>2. Engrais intelligents</h2>
<p><a href="https://www.fertilizer.org/images/Library_Downloads/2014_ifa_ff_ammonia_emissions_july.pdf">Pour transformer l’azote de l’air en engrais</a>, il faut habituellement beaucoup de combustibles fossiles. De plus, il n’est pas facile pour les agriculteurs de <a href="https://p2irc.usask.ca/articles/2021/challenges-and-potential-solutions-to-improve-fertilizer-use---may-2021-final.pdf">mettre exactement la bonne quantité d’engrais au bon endroit</a> et au bon moment pour que les cultures l’utilisent de manière efficace.</p>
<p>On répand souvent <a href="https://doi.org/10.1081/CSS-100104098">trop d’engrais</a>. Ceux-ci ne sont alors pas absorbés par les cultures, ce qui engendre de la pollution, sous forme de <a href="https://doi.org/10.1186/s13021-019-0133-9">gaz à effet de serre</a> ou de <a href="https://doi.org/10.1021/es00009a001">contaminants dans l’eau</a>. Mais la nouvelle génération d’engrais pourrait résoudre ces problèmes.</p>
<p>Les biofertilisants intelligents ont recours à des <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/agricultural-and-biological-sciences/biofertilizer">micro-organismes qui ont été cultivés ou modifiés pour vivre en harmonie avec les cultures</a>, capter les éléments nutritifs de l’environnement et les fournir aux cultures sans gaspillage.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un tracteur parcourt des rangées de cultures en pulvérisant de l’engrais" src="https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463998/original/file-20220518-11-allm8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les biofertilisants intelligents qui utilisent des micro-organismes pour capter les nutriments de l’environnement peuvent éviter les problèmes de déchets et de pollution associés aux engrais traditionnels.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>3. Fermentation de précision</h2>
<p>Depuis toujours, l’être humain utilise des micro-organismes pour transformer les sucres et les amidons en produits fermentés tels que la bière, le vin et le pain. Mais d’ici peu, on aura recours à la fermentation de précision pour fabriquer beaucoup d’autres produits.</p>
<p>Cette technologie sert depuis longtemps à créer presque toute l’insuline dans le monde ainsi que la présure, enzyme utilisée dans la fabrication du fromage. Les États-Unis ont récemment autorisé l’utilisation de <a href="https://cen.acs.org/food/food-ingredients/start-up-make-us-love/98/i38">protéines laitières fermentées d’origine non animale</a> – obtenues en insérant des gènes producteurs de lait dans des microbes – dans la fabrication de <a href="https://braverobot.co/">crèmes glacées</a>, qui sont désormais commercialisées. Ce n’est qu’une question de temps avant que les <a href="https://www.foodnavigator.com/Article/2020/02/03/Disrupting-dairy-with-precision-fermentation-By-2035-industrial-cattle-farming-will-be-obsolete">produits issus de la fermentation de précision ne deviennent courants</a> dans les supermarchés du monde entier.</p>
<p>À l’avenir, si les micro-organismes de fermentation sont nourris de déchets (tels que les restes de drêche de brasserie ou les déchets d’amidon des protéines végétales), les agriculteurs pourraient créer des aliments à faible impact et à forte valeur ajoutée à partir de matières organiques qui, autrement, seraient gaspillées et se décomposeraient en gaz à effet de serre.</p>
<h2>4. Agriculture verticale</h2>
<p>Si rien ne vaut les fruits et légumes frais, cueillis à maturité et mangés aussitôt, la triste réalité est que la plupart des produits frais consommés au Canada, dans le nord des États-Unis et en Europe du Nord proviennent de fermes industrielles du sud-ouest des États-Unis ou de l’hémisphère sud. <a href="https://www.jstor.org/stable/26334145">L’empreinte carbone de cette chaîne du froid longue distance</a> est considérable, et la qualité des aliments n’est pas toujours optimale.</p>
<p>Une nouvelle génération de fermes verticales peut changer la donne en ayant recours à des lampes DEL à faible consommation d’énergie pour faire pousser des aliments tout au long de l’année de manière locale. Ces <a href="https://www.usda.gov/media/blog/2018/08/14/vertical-farming-future">installations agricoles à environnement contrôlé</a> nécessitent moins d’eau et d’efforts que les exploitations traditionnelles, et produisent de grandes quantités de fruits et de légumes frais sur de petites parcelles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des tubes verticaux d’où jaillissent des feuilles de laitue vertes" src="https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/464000/original/file-20220518-17-y8gcai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Rangs de laitue romaine dans une ferme verticale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Brandon Wade/AP Images for Eden Green)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces installations voient le jour un peu partout en <a href="https://oplant.ca/">Amérique du Nord</a> et en Europe, mais plus particulièrement à Singapour et au <a href="https://npoplantfactory.org/en/">Japon</a>. Bien que la question de savoir si les fermes verticales actuelles sont <a href="https://www.agritecture.com/blog/2022/5/9/a-holistic-look-at-vertical-farmings-carbon-footprint-and-land-use">meilleures en termes de consommation d’énergie</a> fasse encore l’objet de nombreux débats, celles-ci sont de plus en plus enclines à utiliser des énergies renouvelables pour assurer un approvisionnement carboneutre en aliments frais tout au long de l’année, et ce, même dans le <a href="https://www.globalaginvesting.com/elevate-farms-secures-10m-bring-vertical-farming-remote-northern-canada/">Nord canadien</a>.</p>
<h2>5. Biogaz</h2>
<p>Le fumier provenant des installations d’élevage est difficile à gérer, car il peut devenir une source de pollution de l’eau et de gaz à effet de serre. Toutefois, si le fumier est placé dans un <a href="https://doi.org/10.1016/j.anifeedsci.2011.04.075">digesteur anaérobie</a>, il est possible de capter le méthane produit pour en faire un <a href="http://www.omafra.gov.on.ca/french/engineer/biogas/">gaz naturel vert</a>.</p>
<p>S’ils sont bien conçus, les digesteurs de biogaz peuvent également transformer les déchets organiques municipaux en énergie renouvelable, donnant ainsi à l’agriculture la possibilité de contribuer au développement de l’énergie durable. C’est ce qui se passe déjà dans des fermes de l’Ontario, où une nouvelle génération de digesteurs de biogaz permet d’<a href="https://farmtario.com/news/ontario-farmers-seeing-revenue-opportunity-in-biogas-digesters/">augmenter les revenus des fermes et de remplacer les combustibles fossiles</a>.</p>
<h2>Encourager la transformation des systèmes</h2>
<p>Ces technologies sont encore plus intéressantes lorsqu’elles sont reliées entre elles. Ainsi, les collecteurs de biogaz installés dans les fermes d’élevage pourraient fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement des installations de fermentation qui fabriquent des produits laitiers d’origine non animale.</p>
<p>De même, si les protéines d’origine végétale, telles que celles provenant de légumineuses comme les pois, sont produites dans des fermes qui utilisent des techniques d’agriculture régénératrice et transformées localement, les restes d’amidon peuvent servir à la fermentation de précision. Bien que nous ne sachions pas si ce processus peut être mis en œuvre à grande échelle, ses avantages potentiels en matière de durabilité sont immenses.</p>
<p>Pour tirer parti de ces possibilités, il faut développer des entreprises agroalimentaires qui forment des systèmes alimentaires circulaires, de sorte que les déchets d’une étape deviennent des intrants précieux d’une autre étape. Un ajout essentiel aux systèmes alimentaires circulaires sera le suivi du carbone du champ à la table, de manière à souligner les bénéfices.</p>
<p>Les technologies permettant d’avoir une <a href="https://guelph.ca/wp-content/uploads/SmartCities_Booklet.pdf">économie alimentaire circulaire</a> carboneutre atteindront bientôt leur maturité. D’ici quelques années, les cinq <a href="https://doi.org/10.1016/j.tifs.2021.11.013">technologies décrites ci-dessus devraient être utilisées couramment</a>.</p>
<p>Le monde est aujourd’hui confronté à l’un des plus grands défis du siècle : comment bien nourrir la population mondiale croissante tout en s’occupant des changements climatiques et en évitant de détruire les écosystèmes dont nous dépendons pour vivre.</p>
<p>Mais nous devrions bientôt disposer des outils nécessaires pour nourrir l’avenir et protéger la planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183498/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rene Van Acker a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du gouvernement de l'Ontario par le biais de l'Alliance agroalimentaire de l'Ontario. Il est affilié au Conseil des doyens, Agriculture, Alimentation et Médecine vétérinaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Evan Fraser est consultant auprès de diverses entreprises et initiatives d'agriculture verticale, notamment le Home Grown Innovation Challenge de la Weston Family Foundation et Cubic Farms. Il reçoit des fonds de diverses sources gouvernementales et philanthropiques, dont le Fonds d'excellence en recherche Canada First, le Conseil de recherches en sciences humaines et la Fondation de la famille Arrell. Il est affilié au Conseil consultatif canadien de la politique alimentaire, à Protein Industries Canada, à Génome Québec et au Maple Leaf Centre for Action on Food Security.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lenore Newman reçoit des fonds du CRSH et du Centre de compétences futures du Canada. Elle est présidente du conseil consultatif scientifique de Cubic Farms.</span></em></p>Comment peut-on nourrir de manière nutritive une population croissante, faire face au changement climatique et ne pas détruire les écosystèmes dont nous dépendons tous pour vivre ?Rene Van Acker, Professor and Dean of The Ontario Agricultural College, University of GuelphEvan Fraser, Director of the Arrell Food Institute and Professor in the Dept. of Geography, Environment and Geomatics, University of GuelphLenore Newman, Director, Food and Agriculture Institute, University of The Fraser ValleyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1972562023-02-06T18:09:11Z2023-02-06T18:09:11ZCultiver des légumineuses pour utiliser moins d’engrais minéraux et nourrir la planète ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/503385/original/file-20230106-10286-dklr8j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=41%2C34%2C4097%2C2552&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parcelle d’engrais vert et parcelle de riz.</span> <span class="attribution"><span class="source">A. Ripoche (2019)</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Éliminer la faim d’ici à 2030 fait partie des objectifs de développement durable fixés par l’ONU. Un défi de taille en Afrique subsaharienne, où un tiers des ménages se trouve toujours en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26712016/">situation d’insécurité alimentaire</a>. Pour répondre à cet objctif à l'heure où la population africaine est en pleine expansion, point de mystère <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1610359113">l'augmentation importante du rendement des céréales</a>.) est largement admise.</p>
<p>Mais les rendements céréaliers restent très limités du fait de la pauvreté des sols en nutriments. C'est le cas de l'azote, ce nutriment que les plantes céréalières captent via leur racine et qui est crucial à la croissance des végétaux. </p>
<p>Cet état des lieux alarmant est le résultat de décennies de culture continue sous fertilisation insuffisate, que ce soit faute d'engraiss minéraux azotés ou bien de faible possibilité de fertilisation organique. </p>
<p>Actuellement, la quantité d’azote appliquée devrait être multipliée par 15 pour atteindre un niveau de rendement céréalier <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211912418301445">compatible avec la sécurité alimentaire</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>Les nutriments précieux des engrais verts</h2>
<p>Pour augmenter la disponibilité de l’azote pour les cultures le recours aux engrais minéraux est souvent présenté comme la solution la plus aisée. Mais s’ils peuvent hausser le rendement des céréales de façon cruciale, ces engrais peuvent également nuire à l’environnement en cas d’usage excessif et leur prix est souvent trop élevé pour les agriculteurs, surtout depuis la perturbation des marchés mondiaux liée à la guerre en Ukraine. </p>
<p>Mais il existe d'autres façons d’enrichir les sols en azote. La culture de légumineuse est l'une d'elle. Ces végétaux ont en effet une capacité unique et précieuse : celle de fixer l'azote, présent abondamment dans l'atmosphère. Cette faculté provient de leurs tissus végétaux vivant en symbiose avec des bactéries disposant des enzymes nécessaires pour transformer l'azote présent dans l'atmosphère en protéines. Ainsi, cultiver ces plantes avant les céréales en enfouisssant leurs résidus avant le semis céréalier pourrait fournir au sol des quantités substantielles d’azote et optimiser le recours aux engrais minéraux nécessaires afin d’obtenir un meilleur rendement des céréales.</p>
<p>Cette pratique agricole demeure bien connue dans les systèmes tempérés et tropicaux. Mais son efficacité peut fortement varier d’une année à l’autre. Avec une hausse de la température, les résidus de légumineuses se décomposeront plus vite, tandis qu’en cas de pluies intenses, l’azote obtenu par la décomposition des résidus pourrait être lessivé et perdu pour la culture.</p>
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<p><em>L’article que vous parcourez vous est proposé en partenariat avec <a href="https://shows.acast.com/64c3b1758e16bd0011b77c44/episodes/64f885b7b20f810011c5577f?">« Sur la Terre »</a>, un podcast de l’AFP audio. Une création pour explorer des initiatives en faveur de la transition écologique, partout sur la planète. <a href="https://smartlink.ausha.co/sur-la-terre">Abonnez-vous !</a></em></p>
<iframe src="https://embed.acast.com/$/64c3b1758e16bd0011b77c44/14-changer-lagriculture?feed=true" frameborder="0" width="100%" height="110px" allow="autoplay"></iframe>
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<h2>Engrais, climat et croissance du riz à Madagascar</h2>
<p>Depuis plus de 20 ans, le Fofifa et le Cirad (deux instituts de recherche respectivement malgache et français) explorent différentes pistes visant à intensifier durablement la production de l’agriculture malgache et à augmenter le revenu des ménages.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0378429022002829">Dans cette étude récente</a>, nous avons questionné l’opportunité de remplacer une partie des engrais minéraux utilisés pour l’augmentation des rendements, par l’utilisation d’engrais verts issus de légumineuses pour la culture du riz pluvial à Madagascar. <a href="https://www.presidence.gov.mg/19-a-la-une/66-la-ligne-directrice-de-la-pge.html">La politique générale de l’État à Madagascar</a> prévoit d’accroître la production de riz afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire du pays.</p>
<p>Cependant, la saturation des zones basses inondables où est cultivé le riz irrigué, et le développement et la diffusion récente de variétés tolérantes à l’altitude ont entraîné une expansion rapide de la culture du riz pluvial dans la région des Hautes Terres : en 2011, <a href="http://publications.cirad.fr/une_notice.php?dk=574760">71 % des agriculteurs cultivaient du riz pluvial</a>.</p>
<p>Or ils obtiennent actuellement un <a href="https://agritrop.cirad.fr/586881/1/2017_SPAD_Description_EA_Moyen%20Ouest.pdf">rendement moyen de 1,6 t/ha</a>, bien inférieur au rendement maximal d’environ 4 à 6t/ha qui peut être obtenu dans les stations de recherche en conditions expérimentales, c’est-à-dire lorsque les nutriments ne sont pas limitants et les bioagresseurs – ravageurs, maladies, adventices – <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880921002802">sont maîtrisés</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Comment le riz réagira-t-il au changement climatique ? (Cirad, 19 septembre 2019).</span></figcaption>
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<h2>Mucuna et Crotalaria</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="champ de plantes vertes" src="https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506616/original/file-20230126-24-b090i3.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le crotalaria.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cirad</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dans notre expérience, l’engrais vert cultivé était une combinaison des légumineuses « Mucuna » et « Crotalaria ». Grâce à une croissance et des architectures des parties aériennes complémentaires, ces deux plantes peuvent produire une grande quantité de biomasse végétale et ainsi fixer l’azote atmosphérique. Cet engrais vert a été cultivé pendant la saison des pluies de la première année d’une rotation de deux ans à base de riz pluvial, dont les résidus ont ensuite été incorporés au sol, avant le travail du sol et le semis du riz de la saison culturale suivante.</p>
<p>La rotation a été répétée deux fois pour les besoins de l’expérience et comparée à une monoculture de riz. Nous avons effectué un suivi approfondi sur cette expérimentation, mesurant la quantité d’azote dans le sol et dans les plantes, la dynamique de croissance du riz, la biomasse produite et le rendement en grains. Les données recueillies ont permis d’adapter un modèle de simulation de culture au cas du riz pluvial à Madagascar, afin de reproduire l’impact de l’incorporation d’engrais vert et de sa décomposition sur la croissance du riz.</p>
<h2>Une modélisation prometteuse</h2>
<p>Le modèle nous a ensuite servi à explorer les possibles avantages de l’engrais vert sur la croissance du riz, pour 24 saisons de croissance du riz hypothétiques, construites en s’appuyant sur les mesures climatiques correspondant à notre région d’études, pour une période allant de 1994 à 2018. Dans cette expérimentation virtuelle, nous avons fixé la quantité d’engrais verts incorporée dans le sol avant la culture du riz à 6t/ha (soit 140 kg d’azote) sur la base de ce qui a été obtenu au champ.</p>
<p>D’après nos constats, la culture et l’intégration de l’engrais vert ont permis d’économiser une partie des engrais minéraux requis pour améliorer le rendement en riz. Nous avons fixé le rendement cible à 3,7 t/ha, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880921002802">soit 75 % du rendement maximal obtenu dans les expériences en station</a>. Ce rendement de référence a été atteint avec 40 kg/ha d’azote apporté par l’engrais minéral azoté lorsque l’engrais vert a été ajouté au sol. En comparaison, plus du double de cette quantité, soit 100 kg d’azote par hectare, était nécessaire sans l’utilisation d’engrais vert.</p>
<h2>Des compromis à faire</h2>
<p>Cette pratique prometteuse nécessite toutefois des ajustements importants pour permettre sa mise en œuvre au sein des exploitations agricoles familiales malgaches. Trois aspects majeurs sont à considérer.</p>
<p>Premièrement, les années de forte pluviométrie, les bénéfices de l’engrais vert sur la productivité du riz n’ont pas été constatés : l’azote supplémentaire apporté par la décomposition de l’engrais vert a été lessivé et n’était plus disponible pour le riz. Cela exige donc une gestion dynamique des résidus et des engrais, et un besoin de conseil technique pour adapter l’offre aux nécessités de la plante.</p>
<p>Ensuite, l’augmentation de la productivité du riz permise par l’engrais vert n’a pas entièrement compensé la perte de rendement du riz due à la culture de l’engrais vert. Si les agriculteurs veulent cultiver l’engrais vert, ils doivent consacrer une partie de leur terre à cette culture – cette partie serait autrement utilisée pour cultiver du riz pour l’autosuffisance alimentaire du ménage. Des mécanismes incitatifs pourraient être mis en œuvre pour compenser cette perte car la mise en culture de ces engrais en rotation peut rendre différents services non négligeables (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880921002802">meilleure gestion des ravageurs, nématodes et adventices, amélioration de la fertilité du sol au cours du temps, maintien de la biodiversité</a>.</p>
<p>Enfin, les résidus de culture sont généralement laissés sur la parcelle et broutés par le bétail de la région. Enfouir les résidus après culture nécessite donc d’avoir des solutions alternatives pour nourrir le bétail, de développer les filières idoines pour garantir un approvisionnement pour ces agriculteurs qui sont souvent éloignés des infrastructures, mais aussi de s’assurer que des mécanismes existent, là aussi, pour compenser cette dépense supplémentaire pour l’exploitation dont la majorité subsiste <a href="https://agritrop.cirad.fr/586881/1/2017_SPAD_Description_EA_Moyen%20Ouest.pdf">avec moins de 540€ par an par actif agricole</a>.</p>
<h2>Légumineuses à double usage</h2>
<p>La contrainte liée à la pluviométrie peut être surmontée en ajustant la date d’incorporation de l’engrais vert et la date de semis du riz afin de mieux synchroniser la décomposition de l’engrais vert et la croissance de la culture. Le modèle que nous avons calibré peut aider à faire une telle évaluation <em>in silico</em>.</p>
<p>La perte de production de nourriture due à la production de l’engrais vert pourrait être compensée en partie en cultivant une légumineuse à graines qui fournit de la nourriture à l’agriculteur (par exemple l’arachide) avec l’engrais vert. Des expériences en Afrique australe sont actuellement consacrées à l’évaluation de ces rotations de légumineuses « doubles ».</p>
<p>Mais il faudrait s’assurer d’un marché existant pour ces productions et d’un prix suffisamment rémunérateur. Enfin, la culture de légumineuses à double usage (produisant à la fois des grains et du fourrage) pourrait constituer un des éléments nécessaires au compromis à trouver pour améliorer la fertilité des sols et apporter du fourrage.</p>
<p>Le temps presse mais nous sommes convaincus qu’un changement peut intervenir rapidement pour transformer le système actuel de céréaliculture vers une plus grande productivité et durabilité. Les solutions, comme les engrais verts, existent, mais les vulgarisateurs, les chercheurs, les acteurs de la chaîne de valeur et les décideurs doivent aider les agriculteurs à investir dans ces techniques qui maximiseront à court terme la production, mais seront plus durables à long terme.</p>
<p>Ces dernières décennies ont vu émerger de nombreux chercheurs africains talentueux. C’est désormais aux dirigeants qu’il revient de prendre les décisions.</p>
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<p><em>Cet article s’inscrit dans le cadre d’un projet associant The Conversation France et l’AFP audio. Il a bénéficié de l’appui financier du Centre européen de journalisme, dans le cadre du programme « Solutions Journalism Accelerator » soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates. L’AFP et The Conversation France ont conservé leur indépendance éditoriale à chaque étape du projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197256/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aude Ripoche a reçu des financements de la fondation Agropolis (Projet Stradiv n°1504-003) et du CGIAR (programme CRP Rice).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Affholder, Gatien Falconnier, Lalaina Ranaivoson et Louise Leroux ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Pour augmenter les rendements des céréales en Afrique, la production d’engrais verts à travers la culture de légumineuses est prometteuse. Mais certains obstacles subsistent.Lalaina Ranaivoson, Chercheure en agronomie, CiradAude Ripoche, Chercheure en agronomie du système de culture et modélisatrice, CiradFrançois Affholder, Principal Investigator in Agro-ecology and sustainable intensification research unit, CiradGatien Falconnier, Écologue agronome, CiradLouise Leroux, PhD, Remote sensing scientist, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1931862023-01-01T16:24:13Z2023-01-01T16:24:13ZLes légumineuses, pilier pour des systèmes agroalimentaires plus durables en Europe<p>L'explosion actuelle du prix des engrais azotés de synthèse, liée à celle du gaz, renchérit les coûts de production de la plupart des grandes cultures comme le blé ou le colza. L'Europe est en outre globalement déficitaire en protéines végétales. Développer la culture des légumineuses, qui ne nécessitent pas de fertilisants azotés, apparaît donc intéressant.</p>
<p>Rappelons que le terme de légumineuses renvoie, dans les systèmes agricoles, à deux groupes : les légumineuses fourragères, utilisées en plante entière dans l'alimentation des ruminants – luzerne, trèfle, vesce… – et les légumineuses à graines (protéagineux ou légumes secs) dont les graines sont récoltées pour l'alimentation animale ou humaine – soja, pois, fève, lentille, haricot…</p>
<p>Les légumineuses peuvent être cultivées pures (une seule espèce dans la parcelle), en cultures annuelles associées, ou en prairies multi-espèces et pluriannuelles. Elles peuvent s'insérer dans les rotations en culture principale, en culture intermédiaire (implantée entre deux cultures principales pour fournir des services autres que la production) ou en plantes de service, cultivées avec une culture principale pour lui apporter divers bénéfices.</p>
<p>Face à l'instabilité récurrente des marchés agricoles, encourager la culture des légumineuses réduirait la dépendance de nos systèmes alimentaires à l'égard des importations de protéines végétales. Sans compter que les légumineuses représentent une option de diversification des cultures dans les territoires et procurent une série de bénéfices écologiques et socio-économiques. Encore faut-il qu'il existe un potentiel d'extension de ces cultures, et que l'on sache comment les intégrer dans les systèmes de culture.</p>
<h2>Moins d'impact sur le climat et l'environnement</h2>
<p>Penchons-nous d'abord sur les bénéfices associés aux cultures de légumineuses. Grâce à une symbiose avec des bactéries au niveau de leurs racines, ces plantes sont capables d'utiliser l'azote présent dans l'atmosphère pour assurer leur croissance et synthétiser leurs protéines. </p>
<p>Pour croître, et produire des fourrages et des graines, elles ne nécessitent donc pas d'engrais azotés de synthèse (tels que l'ammonitrate ou l'urée), dont l'utilisation engendre des émissions de protoxyde d'azote (N₂O), puissant gaz à effet de serre (GES). Des émissions qui représentent en France près de <a href="https://www.inrae.fr/actualites/quelle-contribution-lagriculture-francaise-reduction-emissions-gaz-effet-serre">la moitié de celles du secteur agricole</a>. </p>
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<p>La fabrication de ces engrais, <a href="https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-1007419/v1">très coûteuse en énergie</a> (et donc économiquement), induit par ailleurs des émissions de CO<sub>2</sub>, et leur usage, quand il est excessif, contribue à <a href="http://www.nine-esf.org/node/360/ENA-Book.html">polluer l'eau par les nitrates</a>.</p>
<p>Une partie de l'azote que les légumineuses prélèvent dans l'atmosphère et laissent dans le sol via les résidus de cultures et le système racinaire se retrouve disponible pour les cultures suivantes dans la rotation. Cette fourniture d'azote par les légumineuses est utile pour réduire la dépendance des systèmes agricoles aux engrais azotés, et constitue une source d'azote essentielle pour <a href="https://doi.org/10.1038/s43016-021-00276-y">les systèmes en agriculture biologique</a>.</p>
<h2>Diversification, autonomie alimentaire, santé</h2>
<p>Les légumineuses contribuent par ailleurs à la diversification des systèmes de grande culture européens, très spécialisés dans la production de céréales et oléagineux. Cette diversification apporte <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/ab4449">des bénéfices agroécologiques</a> en matière de qualité des sols et de biodiversité, tout en perturbant le cycle biologique des insectes ravageurs, des maladies des cultures principales et des plantes indésirables.</p>
<p>Produire plus de légumineuses en Europe contribuerait aussi à améliorer l'autonomie alimentaire de nos élevages : en 2021, l'Union européenne a ainsi importé 15 millions de tonnes (Mt) de graines de soja et 16 Mt de tourteaux pour <a href="https://agridata.ec.europa.eu/extensions/DashboardCereals/OilseedTrade.html">alimenter ses animaux d'élevage</a>. Mais cette substitution de protéines importées par des légumineuses cultivées localement suppose de réduire les surfaces cultivées avec d'autres cultures, ou de transformer les systèmes d'élevage pour donner plus de place à l'herbe et aux légumineuses fourragères.</p>
<p>Dans nos régimes alimentaires européens, où les protéines animales dominent, le rééquilibrage de la consommation vers les végétales a des bénéfices <a href="https://doi.org/10.1038/s43016-021-00227-7">pour la santé</a> tout en réduisant les surfaces consacrées à la production d'aliments pour les animaux.</p>
<p>Pour développer la culture des légumineuses, il faut travailler à deux échelles : continentale, pour estimer le potentiel agroclimatique de l'extension des légumineuses ; et du territoire et du champ cultivé, pour évaluer le potentiel et la faisabilité du développement de ces cultures.</p>
<h2>Potentiel agroclimatique du continent européen</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496431/original/file-20221121-12-8wfdki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Culture de soja en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nicolas Guilpart</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Pour mesurer le potentiel agroclimatique de l'extension des légumineuses, nous nous sommes ainsi penchés sur le soja, dont le prix a presque <a href="https://www.terre-net.fr/marche-agricole/soja/chicago">doublé en 2 ans</a> alors que les surfaces de soja ont quadruplé en 12 ans sur le continent européen, pour atteindre 5 millions d'ha en 2016. Malgré cela, le soja représente seulement 1,7% des surfaces cultivées. Les importations, notamment du Brésil et de l'Argentine, restent majoritaires (90%) dans la consommation du continent.</p>
<p>La capacité du continent européen à devenir autosuffisant en soja ne devrait pas être remise en cause avec l'évolution du climat. Selon nos <a href="https://www.nature.com/articles/s43016-022-00481-3">modèles d'estimation du rendement du soja</a> en Europe, le continent pourrait atteindre une autosuffisance de 50% à 100% d'ici à 2050 si 4% à 11% des terres cultivées européennes étaient consacrées au soja.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=249&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=249&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=249&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=313&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=313&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492968/original/file-20221102-49280-ykkbxf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=313&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Projections de rendement du soja en climat historique (A) et en climat futur (B). Le climat futur correspond à un réchauffement fort (RCP 8.5).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Adapté de Guilpart N. et al, Nature food, article cité)</span></span>
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<p>Une telle expansion contribuerait à réduire la <a href="https://theconversation.com/quel-est-le-poids-exact-de-la-france-dans-la-deforestation-importee-qui-touche-lamazonie-174658">« déforestation importée »</a> et à diminuer de 4 à 17% l'usage des engrais azotés sur le continent. Les changements d'usage des terres en Europe et à l'international générés par une telle expansion doivent toutefois être étudiés.</p>
<p>Ainsi, atteindre une autosuffisance de 50% impliquerait environ 9 millions d'ha supplémentaires de soja, soit 15% de la surface en blé sur le continent européen. Quel serait l'impact d'une telle hausse sur la production d'autres cultures en Europe et dans le monde ? La question est cruciale, a fortiori dans un contexte d'instabilité des cours des denrées agricoles. </p>
<p>D’autres légumineuses comme le pois ou la féverole présentent un bon potentiel agroclimatique. Mais l'évaluation de ce potentiel ne dit rien des conditions socio-économiques nécessaires au développement concret de ces cultures, notamment leur rentabilité pour les agriculteurs. </p>
<h2>Faisabilité territoriale</h2>
<p>Face aux nombreux problèmes agronomiques rencontrés par les successions culturales simplifiées à base de colza et céréales d'hiver qui dominent sur le plateau Langrois, en Côte d'Or, les acteurs du territoire se sont mobilisés avec l'une de nos équipes de recherche pour étudier la faisabilité d'une diversification de ces successions, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308521X2030754X?via%3Dihub">en y introduisant des légumineuses</a>. </p>
<p>Afin qu'émerge une vision commune du territoire intégrant filières, exploitations agricoles et ressources naturelles, de nouveaux systèmes de culture intégrant des légumineuses ont été conçus lors d'ateliers participatifs. Ils ont servi de base de discussion aux acteurs pour définir des objectifs concernant la place des légumineuses dans leur territoire.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496430/original/file-20221121-19-k2krt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Atelier de conception de systèmes de culture en Bourgogne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie-Hélène Jeuffroy</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>4 scénarios contrastés ont été <a href="https://www6.versailles-grignon.inrae.fr/agronomie/Productions/Outils-et-modeles/CoClikEau">élaborés et simulés</a>, avec des superficies consacrées aux légumineuses (pois, lentille, sainfoin, luzerne) variant de 9 à 23% des surfaces, contre 6% aujourd'hui sur le territoire. Des projets de diversification ont ensuite été initiés sur le territoire; reste à évaluer la pérennité des changements et les conditions de leur généralisation.</p>
<p>L’articulation des deux approches que nous venons de présenter permet d’identifier les espèces de légumineuses et les zones les plus prometteuses à leur développement, tout en accompagnant leur insertion à l’échelle locale.</p>
<h2>Enjeu de politiques publiques</h2>
<p>Reste enfin la question des politiques publiques pour accompagner et stimuler ces transitions. L'UE a consacré des moyens importants dans les années 70 et 80 pour promouvoir la culture des légumineuses. Les protéagineux ont ainsi dépassé 700 000 ha en France dans les années 1990, mais depuis 30 ans, leur production n'a fait <a href="https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/GraFra2021Integral/GraFra2021_integral.pdf">que baisser</a>, la surface chutant à 467 000 ha en 2000 puis à 313 000 ha en 2020, ce qui montre <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01005055v1">l’intérêt de politiques publiques fortes et suivies</a>.</p>
<p>Depuis 1975, après <a href="https://doi.org/10.3917/ris.097.0036">l'embargo américain sur le soja</a>, les plans protéines se sont succédé sans que la culture de protéagineux ne s'ancre dans les paysages. Les orientations prises avec la PAC 1992 ont contribué à réduire les surfaces, avec un soutien plus orienté vers les céréales. </p>
<p>Il s'agit d'un cas typique de <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2016.03.024">verrouillage sociotechnique</a>, qui explique les faibles surfaces des cultures de diversification : l'ensemble du système (recherche, sélection variétale, production de semences, entreprises de collecte et de transformation, conseil agricole) est organisé et spécialisé autour des cultures dominantes et tend à les renforcer au détriment des cultures de diversification. </p>
<p>L'installation durable des légumineuses dans les territoires requiert donc aussi des politiques publiques incitant l'ensemble des acteurs concernés à s'impliquer de manière coordonnée dans une démarche de changement.</p>
<hr>
<p><em>Elise Petzer, chargée de recherche dans l’UMR Agronomie jusqu’en 2020 avant de se mettre en disponibilité de l’Inrae pour rejoindre le réseau des Chambres d’agriculture, a porté une partie des travaux cités et a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193186/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Guilpart a reçu des financements publics de l'Agence Nationale de la Recherche et de la Commission Européenne.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Makowski a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche, du Ministère de l'agriculture et de la Commission Européenne. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène JEUFFROY est membre du réseau IDEAS (Initiative for the Design in Agrifood Systemls). Elle a reçu des financements de l'Agence nationale de la Recherche et de la Commission Européenne. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Réchauchère a reçu des financements publics de l'Agence Nationale de la Recherche et du Plan National de Recherche et Innovation</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rémy Ballot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les nombreux bénéfices associés aux cultures de légumineuses invitent à penser leur déploiement à l’échelle du continent européen et à l’échelle locale.Nicolas Guilpart, Maître de conférences, AgroParisTech – Université Paris-SaclayDavid Makowski, chercheur, InraeMarie-Hélène JEUFFROY, Directrice de RechercheOlivier Réchauchère, Ingénieur de recherche, InraeRémy Ballot, Ingénieur de recherche, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1942712022-11-27T16:00:57Z2022-11-27T16:00:57ZÉlevage, protéines animales et protéines végétales : ce qu’il faut savoir pour y voir plus clair<p>À l’urgence climatique, à l’injonction de ne pas dépasser les limites planétaires – perturbation du cycle de l’azote, érosion de la biodiversité – et aux crises sanitaires, s’ajoute maintenant le débat sur la sécurité alimentaire du fait de la crise en Ukraine. L’élevage et la consommation de produits animaux jouent un <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/full_html/2021/01/cagri200229/cagri200229.html">rôle clef dans ces crises interdépendantes</a>.</p>
<p>Or, dans les champs scientifiques, médiatiques ou politiques, les visions portées et les solutions promues sont souvent focalisées sur un enjeu et s’appuient donc sur un nombre limité de critères. Ce réductionnisme soutient des <a href="https://theconversation.com/agriculture-alimentation-environnement-sante-a-quand-des-politiques-enfin-coherentes-184097">politiques publiques en silo</a> qui ne s’attaquent pas aux racines des problèmes voire ne font que les déplacer.</p>
<p>Il crée aussi de <a href="https://www.ipes-food.org/_img/upload/files/ProteinesResumeFR.pdf">la confusion chez les consommateurs</a> en polarisant l’attention soit sur les impacts négatifs de l’élevage et de la consommation de protéines animales, soit au contraire sur les services qu’ils rendent.</p>
<p>Pour être à même de hiérarchiser les enjeux et d’avoir un point de vue critique argumenté sur les politiques et les informations qui circulent, penchons-nous sur trois questions : que sait-on des atouts et limites des protéines animales et des protéines végétales ? Quel est le niveau de compétition entre l’alimentation des animaux et la nôtre ? Pour une même production animale, les différentes façons de produire se valent-elles ?</p>
<h2>Des produits animaux plus impactants</h2>
<p>Il est clairement établi que les produits animaux ont un impact sur les ressources (<a href="https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.aaq0216">énergie</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S030691921100090X">surface</a>, <a href="https://hess.copernicus.org/articles/15/1577/2011/">eau</a>) et sur l’environnement (<a href="https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.aaq0216">émissions de gaz à effet de serre</a>, pollutions azotées) bien supérieur à celui des produits végétaux, céréales et surtout légumineuses.</p>
<p>Les ruminants (bovins, ovins) affectent par ailleurs jusqu’à cinq fois plus l’environnement que les monogastriques (porcs, volailles). La viande issue de troupeaux laitiers, tout comme le fromage, ont cependant moins d’impacts que ceux provenant d’élevages spécialisés en bovin viande.</p>
<p><a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02274482/document">Environ 50 % de l’azote</a> apporté en agriculture est perdu dans l’eau et dans l’air. Ces pertes qui contribuent à l’érosion de la biodiversité, à l’eutrophisation des eaux et aux émissions d’ammoniac sont nocives pour notre santé et sont 10 fois plus importantes pour les productions animales en comparaison des cultures.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496525/original/file-20221121-16-o0cydb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Comparaisons relatives de la consommation de ressources (surface, énergie et eau) et d’impacts sur l’environnement (émissions de gaz à effet de serre, pertes d’azote) pour les principales sources de protéines ; valeurs (m², mégajoule, litres d’eau, g d’azote et kg de CO₂) pour 100g de protéines dans le cas de la viande bœuf issue de troupeaux spécialisés pour la viande.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S030691921100090X">Auteurs à partir de données des études citées ci-dessus</a></span>
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</figure>
<h2>Les enjeux en matière de santé</h2>
<p>En matière de santé, notre consommation moyenne de protéines excède les recommandations d’environ 30 % et les besoins de 50 %. Un régime <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext">plus végétalisé</a> est meilleur pour la santé, et jusqu’à <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/9/12/1333">50 % de protéines végétales</a> dans notre assiette, les apports en acides aminés sont équilibrés. À partir de 70 %, l’équilibre entre acides aminés n’est pas satisfaisant, mais <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/11/11/2661">cela peut être corrigé</a> en associant des légumineuses à des céréales à l’échelle du repas.</p>
<p>Un régime alimentaire plus végétalisé que la moyenne est donc plus bénéfique pour la santé et l’environnement. En France, il a été montré que le 1/5<sup>e</sup> de la population française <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0959652621007757">qui suit les recommandations alimentaires pour les protéines animales</a> (0,55g par kg de poids corporel par jour) émet 2 fois moins de gaz à effet de serre et nécessite 2 fois moins de surface agricole que le 1/5<sup>e</sup> qui en consomme le double.</p>
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<p>Ces données scientifiques permettent de définir un ordre de grandeur pour la baisse de la consommation de produits carnés <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722047106">qui serait de l’ordre de 50 %</a> pour respecter les limites planétaires notamment pour le climat et l’azote.</p>
<p>Ignorant ces données scientifiques, les débats sur la place des protéines animales et végétales, ainsi que sur le niveau de consommation de viande sont <a href="https://www.ipes-food.org/_img/upload/files/ProteinesResumeFR.pdf">souvent mal posés</a>. Il est cependant nécessaire d’identifier quel type de viande affecte le plus la sécurité alimentaire.</p>
<h2>Compétition entre notre alimentation et celle des animaux</h2>
<p>Le fait que les ruminants affectent jusqu’à 5 fois plus l’environnement que les monogastriques a amené un collectif de scientifiques reconnus à préconiser de bien plus réduire la consommation de viande de bœuf (14 g au lieu de 100g/j) que celle de volaille (<a href="https://eatforum.org/lancet-commission/eatinghealthyandsustainable/">29 au lieu de 35g/j</a>). Mais <a href="https://www.nature.com/articles/s43016-021-00425-3">ces recommandations ne tiennent pas compte</a> de la compétition entre notre alimentation et celle des animaux pour l’utilisation des produits végétaux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=140&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=140&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494421/original/file-20221109-20-5l2mml.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=140&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Prairies et terres arables utilisées par l’élevage entrant en compétition avec l’alimentation humaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calcul des auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les prairies permanentes, qu’il convient de préserver pour leur intérêt environnemental, et les co-produits agricoles, tels que les pulpes de betteraves, n’entrent pas en concurrence avec notre alimentation. Les ruminants (bovins et ovins) utilisent cependant presque autant de terres arables que les monogastriques (porcs et volailles) : céréales (blé, maïs) et oléoprotéagineux (tourteaux de soja, colza et tournesol), soit près de 50 % de la surface agricole utile, sans compter les prairies temporaires et surtout le soja importé !</p>
<p>La compétition entre notre alimentation et celle des animaux est donc proportionnellement plus forte pour les monogastriques que pour les bovins, en particulier les élevages allaitants. En conséquence, il est suggéré de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/gcb.14321">réduire davantage la consommation de porcs et de volailles</a> que celle de viande de ruminants et de lait.</p>
<h2>Récupérer de la surface pour les cultures utiles à notre santé</h2>
<p>Ces arbitrages sont cependant à faire au cas par cas, dans les territoires, en fonction de leurs spécificités (comme la présence de prairies permanentes) et en considérant la possibilité de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-020-00620-9">réintroduire des prairies temporaires</a> à base de légumineuses, qui ont de nombreux atouts agronomiques.</p>
<p>Sur ces bases, <a href="https://www.lafabriqueecologique.fr/les-prairies-et-lelevage-de-ruminants-au-coeur-de-la-transition-agricole-et-alimentaire/">fonder l’alimentation des ruminants</a> sur l’utilisation des prairies et réduire les monogastriques libérerait une partie des 11 millions d’ha de céréales et d’oléoprotéagineux, tout en permettant de produire de quoi consommer <a href="https://afterres2050.solagro.org/decouvrir/scenario/">94 g de viande par jour</a>.</p>
<p>Ces terres pourraient par exemple accueillir les légumineuses dont il faut augmenter les surfaces de 200 000 ha pour en manger comme préconisé 10 kg/an (contre 1,7 kg/an actuellement), ainsi que les <a href="https://afterres2050.solagro.org/2022/04/la-face-cachee-de-nos-consommations-quelles-surfaces-agricoles-et-forestieres-importees/">fruits et légumes dont le solde net est de -470 000 ha</a> alors même que nous n’en consommons pas assez !</p>
<h2>Les services rendus par l’élevage</h2>
<p>Considérer les niveaux de compétition entre alimentation animale et humaine est insuffisant pour définir quels types de systèmes d’élevage réduire et garder. Outre les impacts, tenons aussi compte des services rendus à la société : la séquestration de carbone dans les sols, le contrôle de l’érosion, la fourniture de produits riches en vitamines et en Oméga3 à fonction anti-inflammatoire ou encore la conservation de la biodiversité.</p>
<p>La comparaison de 4 filières de production de poulets <a href="https://agribalyse.ademe.fr/">révèle ainsi que les effets sont plus faibles</a> pour le mode de production conventionnel en comparaison de la <a href="https://bleu-blanc-coeur.org/a-propos/nos-cahiers-des-ressources/">filière Bleu Blanc Cœur</a>, mais aussi des labels rouge et bio ! La prise en compte de la <a href="https://agronomie.asso.fr/fileadmin/user_upload/revue_aes/aes_vol11_n1_juin_2021/pdf/aes_vol11_n1_11_duru_therond.pdf">fourniture de services</a> et du bien-être animal inverse en revanche le classement ! La hiérarchie entre modes d’élevage est similaire pour le porc.</p>
<p>Pour la production laitière, un système d’élevage à l’herbe (le plus souvent bio) présente de loin les plus faibles impacts environnementaux et rend des services plus importants à la société. Ces élevages, meilleurs pour notre santé et le bien-être des animaux, exigent toutefois plus d’espace. Consommer bien moins de produits animaux fait <a href="https://solagro.org/travaux-et-productions/publications/le-revers-de-l-assiette">plus que compenser ce besoin supplémentaire en surfaces</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=140&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=176&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=176&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/494972/original/file-20221113-22-jqgera.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=176&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Classement de quatre types de production de poulets et de trois de lait à partir de l’agrégation de 4 critères pour les impacts exprimés par kg de produit (changement climatique, eutrophisation, écotoxicité et besoin en terre) et pour la fourniture de services à la société (valeur nutritionnelle, séquestration du carbone, bouclage des cycles biogéochimiques) ; valeurs = 100 ou A pour le système ayant les impacts et les services les plus élevés et 0 ou C pour les plus bas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs avec données d’Agribalyse et Bleu Blanc Coeur</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Les façons de produire pourraient encore être améliorées, par exemple, en utilisant les déjections animales pour <a href="https://solagro.org/travaux-et-productions/references/methalae-comment-la-methanisation-peut-etre-un-levier-pour-lagroecologie">produire du méthane</a> tout en restituant une partie des matières organiques, en pâturant friches et <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03196032">inter-rangs de cultures pérennes enherbées</a>, ou en développant <a href="https://www.inrae.fr/actualites/agroforesterie-arbres-agriculture-durable">l’agroforesterie</a> pour l’ombrage et le fourrage.</p>
<p>Les formes d’élevage ayant le meilleur score favorisent les synergies entre plantes (légumineuses, arbres…) et animaux, tout en promouvant la biodiversité dans les sols.</p>
<h2>Pour un élevage « multifonctionnel »</h2>
<p>Adapter la consommation de protéines animales à nos besoins et renforcer la place des légumineuses, baser l’alimentation des ruminants sur les prairies et celui de monogastriques sur les co-produits, et favoriser les conduites d’élevage qui maximisent les services… Ces différents niveaux d’analyse aident à identifier les transformations prioritaires pour une alimentation saine et durable dans un environnement protégé.</p>
<p>Il s’agit donc :</p>
<p>D’une part de ne pas polariser le débat sur les modes d’élevage sans avoir resitué la question de l’élevage et des protéines animales <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/abs/2020/01/cagri200149/cagri200149.html">dans un contexte plus large, prenant en compte les enjeux de santé et d’environnement</a> ;</p>
<p>D’autre part d’éviter de s’orienter vers de « fausses bonnes solutions » en <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-021-00737-5">ne considérant qu’un nombre limité de critères</a> conditionnés par les centres d’intérêt, notamment pour comparer différentes formes d’élevages ;</p>
<p>De considérer ensuite des spécificités régionales (ex. existence ou non de prairies) pour trouver des solutions pertinentes localement ;</p>
<p>D’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la <a href="https://www.inrae.fr/actualites/quelle-politique-agricole-commune-demain-3">nécessité de politiques plus ambitieuses que la PAC</a> pour produire « moins mais mieux », d’autant plus que le projet européen <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S259033222100289X">« Farm to Fork »</a> jugé par certains acteurs trop contraignant, ne permet déjà pas d’atteindre les objectifs qu’il se fixe.</p>
<p>Et enfin de sensibiliser les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09644016.2021.1933842">think tank</a> et d’informer les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14693062.2022.2104792">citoyens</a> qui en Europe sont encore loin de mobiliser ces acquis scientifiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194271/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Duru est administrateur à Solagro, membre des conseils scientifiques de PADV (Pour une agriculture du vivant) et de Ecocert en Cuisine. Il est aussi à l’ATECOPOL (Atelier d’écologie politique de Toulouse). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Therond ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour construire des politiques publiques efficaces, il apparaît urgent d’appréhender ces problématiques dans leur globalité, et non au prisme d’un unique enjeu ou de quelques critères.Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), InraeOlivier Therond, Ingénieur de recherche, agronome du territoire, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1845122022-09-01T17:46:57Z2022-09-01T17:46:57ZLégumineuses, insectes, nouvelles cultures… Les scientifiques au défi des futurs systèmes alimentaires<p>La pandémie de Covid-19 a revisité les modes de consommation, le réchauffement climatique nous pousse à reconsidérer nos pratiques agricoles, la guerre en Ukraine bouleverse l’approvisionnement mondial en matières premières…</p>
<p>La période est marquée par une succession d’événements qui nous invitent à repenser les systèmes alimentaires actuels afin de les rendre plus durables, et ce de la production des matières premières à la consommation des aliments. Mais les défis scientifiques à relever pour y parvenir sont nombreux et variés.</p>
<h2>De nouvelles matières premières agricoles</h2>
<p>En France, de <a href="https://theconversation.com/lagriculture-francaise-a-la-croisee-des-chemins-91100">nouveaux modes de production</a> sont en cours de déploiement, à l’image de l’agriculture biologique, ou à l’étude tels que l’agroécologie. En parallèle, le réchauffement climatique pousse les agriculteurs à implanter de nouvelles cultures – par exemple des vignes en Bretagne – ou à opter pour des variétés plus résistantes permettant de lutter contre les stress abiotiques (sécheresse, températures extrêmes…) et biotiques (ravageurs, maladies…) tout en limitant l’usage des pesticides, tels que la <a href="https://www.inrae.fr/actualites/septoriose-du-ble-identification-dun-gene-resistance-large-spectre">septoriose du blé tendre</a>. Voire à développer des cultures spécifiques, comme le soja pour l’alimentation humaine ou le pois, destiné au bétail.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=226&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=226&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=226&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472552/original/file-20220705-16-8gozja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=285&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Champ de petits pois. Les légumineuses sont appelées à prendre une place nouvelle dans les systèmes alimentaires de demain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/tuchodi/5987961933/in/photolist-a88SsZ-3CDGJD-Hwmrq1-2kei74-bwy567-o2c5wV-A2z2cw-dnKNjq-f8ygGT-ha2Ddg-gM68FN-HQpstv-uDMLtp-64p1u2-pcWxN-HQpVdc-HQq5sp-HQqvN4-c6GRCS-H1YcXS-hn5YW6-f8ydzP-CVbwTa-bA5qq4-nGUZkt-oaueJK-8vX8uy-8ceSFG-ha2Dnp-8vU9yH-gM5oJA-hmJAzy-8vX9s9-hmV2bC-nXGggS-Hwnr7J-HN54jf-HQpQbD-oa9u85-nGVofq-nZj3yA-8RC7QH-nXna1b-a4gpb2-DuCpNM-eYiUh2-nZpC9T-nZi2mW-DQPCMb-f8zqsk">Tuchodi/Flickr</a></span>
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</figure>
<p>Ces pratiques, récentes et toujours en évolution, induisent une variabilité des matières premières due aux variations des conditions de culture (le climat, le sol, etc.), de la conduite des cultures et au choix des variétés génétiques animales et végétales. Cela implique notamment de déterminer le profil nutritionnel de ces nouvelles matières premières, leur allergénicité et l’évolution de leurs composés du champ à l’assiette. Par exemple, les légumineuses sont une belle source de protéines, mais leur teneur en méthionine, l’un des neuf acides aminés essentiels, est insuffisante.</p>
<h2>Des procédés industriels à adapter</h2>
<p>Un autre aspect découle du premier : l’industrie de transformation est aujourd’hui en grande partie adaptée aux matières premières produites par l’agriculture conventionnelle.</p>
<p>Pour transformer les nouvelles matières premières en aliment, il s’agira de choisir le procédé alimentaire et son mode de conduite (par exemple la température, le taux de fractionnement) pour qu’il soit au moins aussi robuste et capable d’utiliser une matière première plus diverse, variable et hétérogène. Ainsi, une conjugaison appropriée de la variabilité génétique du fruit, comme la pomme, et des conditions de cuisson (température, temps, pression et vitesse de broyage) permet d’obtenir des compotes aux textures contrastées.</p>
<p>L’acquisition de données par des capteurs et la conception de modèles mathématiques et de simulation comme outil d’aide à la décision pour une adaptation mutuelle entre procédé et matière première sera indispensable pour exploiter et maîtriser la variabilité des matières premières.</p>
<p>La <a href="https://www.academie-agriculture.fr/publications/publications-academie/avis/rapport-transition-alimentaire-pour-une-politique-nationale">transition alimentaire</a>, testée pendant la crise du Covid, pose la question des conditions à satisfaire pour améliorer la <a href="https://theconversation.com/alimentaire-circuits-courts-une-durabilite-sous-conditions-146709">durabilité des circuits courts</a>, de la production de proximité voire de la transformation à domicile. Proposer des produits locaux implique de disposer de procédés efficients à petite échelle, la difficulté étant de déterminer quelles échelles sont pertinentes. Et aussi, de comprendre les conditions d’acceptation d’un choix plus restreint d’aliments par les consommateurs.</p>
<h2>Développer des filières pour les matières premières de rupture</h2>
<p>Dans le cas des <a href="https://theconversation.com/cultiver-des-insectes-une-solution-durable-pour-assurer-la-securite-alimentaire-de-lhumanite-155584">insectes</a>, des algues ou des légumineuses, des filières entières sont à inventer, avec l’introduction de technologies adaptées dont il faudra évaluer les bénéfices et les risques.</p>
<p>Des recherches se développent afin de détecter et atténuer les dangers chimiques issus de contaminants de l’environnement et/ou résultant de la transformation, de la formulation et de la préparation d’aliments. Ce sont notamment les problèmes physiologiques tels que les allergies alimentaires et les déficits nutritionnels. Les nouveaux ingrédients alimentaires, comme les protéines d’origine végétale, microbienne ou d’insectes, suscitent une vigilance particulière car les études sur ces produits sont récentes et souvent incomplètes.</p>
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<p>Quelles sont les conséquences des procédés de transformation sur la survenue, l’évolution ou la disparition des risques associés à ces ingrédients ? Le défi est ici de déterminer si le procédé de transformation est un facteur aggravant dans la génération de nouvelles sources de risques comme la formation de produits néoformés ou s’il constitue au contraire un levier d’atténuation des dangers.</p>
<h2>Mieux utiliser les productions agricoles</h2>
<p>L’efficience des systèmes alimentaires est très affectée par les pertes, c’est-à-dire les matières premières destinées à l’alimentation humaine qui en sont involontairement soustraites, de la production à la transformation, y compris transport et stockage.</p>
<p>Cependant, cette définition laisse de nombreuses questions en suspens : quid des parties non comestibles (noyaux, os…), des co-produits issus de la transformation (son, amandons, marcs…) ?</p>
<p>Une stratégie largement étudiée consiste à <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12649-021-01549-0">utiliser ces co-produits dans une valorisation en cascade</a> afin d’écouler une plus grande part de la matière initiale. Les recherches actuelles portent sur les propriétés et fonctions de ces co-produits animaux ou végétaux, ainsi que sur les procédés d’extraction et les voies de valorisation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=253&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=253&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476347/original/file-20220727-8389-ffcbel.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=253&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros.</span>
<span class="attribution"><span class="source">consoGlobe/Phénix</span></span>
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<h2>Diminuer le gaspillage et son coût énergétique</h2>
<p>Le gaspillage, parce qu’il implique des aliments au stade de leur mise en vente et consommation, est à la fois une perte de denrées et de tout ce qui a été mis en œuvre (énergie, eau, travail…) pour les amener au consommateur.</p>
<p>Plusieurs pistes existent pour le limiter :</p>
<ul>
<li><p>Les procédés de stabilisation des aliments périssables tels que le lait, les œufs, la viande, les fruits et les légumes. Par exemple, l’élaboration de produits fermentés (yaourts, fromages), de poudres alimentaires (lait en poudre) et d’aliments stabilisés par la chaleur (lait UHT) facilite la conservation. D’où une praticité augmentée pour les distributeurs et les consommateurs par rapport à l’aliment initial.</p></li>
<li><p>Le respect de la <a href="https://agriculture.gouv.fr/securite-sanitaire-des-aliments-tout-sur-la-chaine-du-froid">chaîne du froid</a> lors de la transformation, de la mise en vente et chez le consommateur est également essentiel. Des recherches sont menées afin de concevoir des systèmes frigorifiques plus performants et ainsi diminuer les gaspillages alimentaires et le coût énergétique associé.</p></li>
<li><p>Les emballages sont en pleine (r)évolution, notamment à cause de la prise en compte des dangers liés aux <a href="https://www.youtube.com/watch?v=oK6smfNy45w">plastiques tout au long de la chaîne alimentaire</a> tels que la production de nanoplastiques, particules de plastique plus petites qu’un micromètre <a href="https://www.efsa.europa.eu/fr/news/microplastics-and-nanoplastics-food-emerging-issue">dont la nocivité interroge de plus en plus</a>. Les matériaux biosourcés recyclables ou réutilisables et possédant les différentes fonctionnalités requises pour emballer du frais sont particulièrement prometteurs.</p></li>
</ul>
<h2>Répondre aux attentes des consommateurs</h2>
<p>Concevoir d’autres aliments implique également de considérer les points de vue des consommateurs, qui exigent des produits appétissants, sûrs et sains. Charge aux scientifiques d’identifier les déterminants des qualités sensorielles des aliments, notamment ceux issus des nouvelles matières premières, et de s’enquérir de leur perception par le consommateur.</p>
<p>Connaître les mécanismes physico-chimiques responsables de la texturation et de la stabilité des aliments servira aussi à renforcer leur qualité sanitaire, nutritionnelle et leur durabilité en diminuant par exemple la teneur en ingrédients nocifs pour la santé comme le sel ou en remplaçant les protéines animales par des végétales.</p>
<p>Pour répondre au concept émergent d’aliments durables et l’aligner sur les exigences en matière de santé, il est indispensable de mieux comprendre ce que deviennent les aliments dans le tube digestif. De la bouche au colon, les modèles de digestion sont utiles à la conception de nouveaux produits aptes à combler les besoins nutritionnels spécifiques, notamment aux différents âges de la vie.</p>
<p>Accélérer la production de connaissances scientifiques et de technologies permettra de soutenir le développement durable d’aliments satisfaisant tout un chacun dans les années à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184512/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La construction d’une chaîne alimentaire plus écologique, plus locale et adaptée aux changements climatiques implique de relever une série de défis scientifiques.Catherine Renard, Cheffe adjointe du Département TRANSFORM Aliments, produits biosourcés et déchets, directrice du Carnot Qualiment, InraeRachel Boutrou, Chargée de recherche en science des aliments, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1840042022-06-08T17:34:07Z2022-06-08T17:34:07ZCarence en fer : comment y remédier par son alimentation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/465981/original/file-20220530-16-sh1t2l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=62%2C26%2C5928%2C3961&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Gérer ses apports en fer par son alimentation n'est pas si simple.</span> <span class="attribution"><span class="source">Evan Lorne / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://theconversation.com/pourquoi-le-fer-est-indispensable-a-notre-sante-183998">Le fer est indispensable à notre bonne santé, c’est un fait</a>. Mais comment nous assurer que notre alimentation nous apporte ce dont nous avons besoin ? Commençons par détruire un mythe… Les épinards de Popeye ne sont pas riches en fer. La teneur n’y est que 2,1 mg par 100 g d’épinards frais.</p>
<p>Autre mythe : il est souvent accordé aux légumineuses une grande richesse en fer… mais les données affichées sont généralement indiquées en mg par 100 g de légumineuses sèches non comestibles ! Elles sont en effet indigestes si elles ne sont pas réhydratées et cuites. Il faut en réalité tenir compte de la teneur en fer d’un aliment prêt-à-consommer.</p>
<p>Les produits animaux sont ainsi généralement plus riches en fer, y compris par rapport aux produits végétaux recommandés pour leur teneur en protéines importante et donnés comme alternatives aux viandes.</p>
<p>Ces quelques chiffres permettent de se faire une idée des teneurs en fer que l’on retrouve à l’état naturel : 0,4 mg dans 100 g de radis rose, 0,6 mg/100 g de tubercule de pomme de terre, 1 mg/100 g de laitue, 1,2 mg/100 g d’artichaut, 1,3 mg/100 g de ciboulette, 1,7 mg/100 g de fève (<a href="https://ciqual.anses.fr/">données Ciqual</a>). En remontant la chaîne alimentaire, vous trouverez 2,2 mg de fer par 100 g de viande crue de bœuf (entrecôte), 6,6 mg/100 g de foie cru de lapin. Prédateur ultime, l’humain contient environ 5 mg/100 g. Et dans l’univers marin, le wakamé, une macroalgue, est à 2,2 mg par 100 g de produit frais (USDA, Food Data Central) quand, en bout de chaîne, le foie de morue monte à 4 mg par 100 g.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/465703/original/file-20220527-11-savs05.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Teneur en fer dans quelques aliments, animaux et végétaux, en mg par 100g d’aliment prêt-à-consommer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ph Cayot, d’après des données extraites du site web CIQUAL (Anses, 2020)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le fer est donc en faible concentration dans les tissus. Il n’est, en outre, pas assimilable à 100 % mais plutôt entre 1 et 20 % seulement… Et jusqu’à 40 % dans quelques rares cas. Pour couvrir les besoins de notre espèce, il faut donc a minima 8 mg de fer dans l’apport quotidien d’un <em>Homo sapiens</em> adulte mâle, jusqu’à 30 mg pour une <em>Homo sapiens</em> en gestation…</p>
<h2>Le fer ingéré n’est pas le fer assimilé</h2>
<p>Sa teneur en fer ne suffit pas à qualifier un aliment comme une « bonne » source en fer : il faut s’intéresser à la biodisponibilité du fer qu’il contient, soit la fraction qui peut être récupérée et utilisée par le corps. Et là encore, il y a des différences entre sources animales ou végétales.</p>
<p>À quantité de fer ingérée quasi identique, un essai clinique a montré une meilleure assimilation du fer avec un régime alimentaire contenant des produits animaux face à un régime végétarien – avec une absorption six fois plus élevée du fer d’origine animale.</p>
<p>Il faut bien appuyer cette réalité régulièrement confirmée scientifiquement : le fer animal est plus assimilable (biodisponible) que le fer végétal. L’explication provient de la nature du fer impliqué.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/465706/original/file-20220527-15-4e3is0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Apport de fer journalier (mg/j) et quantité de fer réellement absorbé (mg/j), pour une cohorte suivant un régime végétarien et une autre cohorte avec une régime contenant des produits animaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ph Cayot, d’après des données extraites de Hunt, 2003</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Dans un produit carné, une partie du fer est sous forme « héminique » (le fer dans la viande est associé à la myoglobine, dans le boudin noir à l’hémoglobine) qui est très assimilable : jusqu’à 15 à 40 %. Pour être précis, dans le cas de la viande, 40 % du fer est sous forme héminique, le reste du fer étant sous forme ionique (Fe<sup>2</sup>+) mais « non complexé » et donc assez disponible – j’y reviendrai.</p>
<p>À titre de comparaison, dans le cas du « fer non-héminique » (fer des légumineuses, des lentilles ou du pois chiche par exemple), seuls de 1 à 15 % du fer peut être assimilé.</p>
<p>Pour expliquer cette différence, il faut revenir sur ce qui se passe au niveau de l’intestin : dans un premier temps, les cellules intestinales (au niveau du duodénum, partie de l'intestin qui fait suite à l’estomac) absorbent le fer des aliments par deux voies : l’une par transport des hémoprotéines (hémoglobine, myoglobine) et l’autre spécifique de la forme ionique du fer dite « Fer II » ou Fe<sup>2</sup>+.</p>
<p>Le fer végétal est souvent « complexé », c’est-à-dire qu’il est lié à d’autres molécules (du phytate chez les légumineuses et des céréales, ou l’acide oxalique dans les noix, fruits, etc.) Non libre, il en devient difficilement assimilable.</p>
<p>Autant le fer d’origine animale, non complexé ou inclu dans une hémoprotéine, peut être facilement récupéré, autant celui d’origine végétale, complexé, doit être « libéré » par l’acidité de l’estomac puis modifié (réduit de FerIII à FeII) avant de pouvoir être capté.</p>
<h2>Comment optimiser ses apports en fer</h2>
<p>Une expérimentation a proposé à des hommes deux menus dont les apports en fer étaient identiques mais dont les compositions étaient a priori <a href="https://academic.oup.com/ajcn/article/71/1/94/4729241">plus ou moins favorables à son assimilation</a>. L’un d’eux limitait les apports en protéines animales (donc peu de fer héminique) et était pris avec du thé, des fruits riches en polyphénols, des apports limités en vitamine C ; l’autre privilégiait la viande, avec apports importants de vitamine C avec des jus d’orange.</p>
<p>Les chercheurs ont démontré que le premier menu réduisait fortement la biodisponibilité du fer. Seuls 1 à 15 % du fer non héminique est absorbé contre 30 à 49 % avec un menu plus favorable. Au final, l’absorption du fer s’est avérée de 4 à 8 fois plus importante avec le repas riche en viande, en vitamine C, que le menu sans viande avec consommation de thé.</p>
<ul>
<li><strong>Ce qu’il faut éviter pour favoriser l’assimilation du fer :</strong></li>
</ul>
<p>Il faut éviter d’associer un produit laitier (lait, fromages) à un aliment qui permet des apports de fer, de lentilles, du tofu, un houmous pour les végétariens, de la viande rouge pour les omnivores.</p>
<p>La consommation de produits laitiers dans un repas <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20200263/">réduit en effet la biodisponibilité du fer</a>. L’hypothèse longtemps avancée était que le calcium était un <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-1-4614-7076-2">concurrent pour le transporteur membranaire du fer</a> mais on sait aujourd’hui qu’il en est plutôt un régulateur capable de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20152801/">réduire très fortement son absorption</a>.</p>
<p>Parmi les <a href="https://www.mdpi.com/2304-8158/9/4/474">inhibiteurs ou répresseurs d’absorption du fer</a>, on compte également les tanins du thé ou du café, les phytates (les phosphates d’inositols) des céréales et des légumineuses, les polyphénols des fruits rouges ou bleus noirs, du vin et du cacao, la pectine des fruits, pommes, coings…</p>
<p><a href="https://academic.oup.com/ajcn/article/71/1/94/4729241">Pour ne pas gêner l’assimilation du fer</a>, il s’agira donc d’éviter le thé comme boisson durant le repas, le vin ou les jus de fruits riches en polyphénols (jus de raisins, de cassis, de myrtille) et de différer la prise de produits laitiers ou de lait sur d’autres repas que celui où est consommé de la viande.</p>
<ul>
<li><strong>Ce qu’il faut privilégier pour favoriser l’assimilation du fer :</strong></li>
</ul>
<p>Les fruits et légumes frais riches en vitamine C (poivrons, choux, kiwi, orange), les légumes riches en vitamines A (patates douces, carottes, épinard, potiron), mais surtout les produits animaux (viande de bœuf, de volaille, poisson, fruits de mer) <a href="https://www.mdpi.com/2304-8158/9/4/474">favorisent grandement l’absorption du fer</a>.</p>
<h2>Le cas des végans</h2>
<p>Sans compléments alimentaires pharmaceutiques, il est nécessaire d’adopter des stratégies qui favorisent l’absorption du fer dans les aliments d’origine végétale.</p>
<p>Il est par exemple nécessaire de pratiquer un trempage des légumineuses de longue durée (24 à 48h) pour lever la dormance des graines et activer les phytases, des enzymes dont l’action permettrait une libération d’ions ferriques. Les essais d’ajout de phytase ont déjà été expérimentés pour accroître la biodisponibilité du fer mais cette solution, coûteuse et lourde, s’applique difficilement sur une purée de légumineuses pour donner au final des résultats décevants.</p>
<p>La consommation de vitamine C n’a pas semblé non plus favoriser l’assimilation du fer dans nos <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32290180/">expérimentations sur une purée de pois chiche(réalisées sur modèle cellulaire et non organisme entier)</a>. En revanche, l’acidification de la purée de pois chiche (ou celle de houmous) par du jus de citron a accru la biodisponibilité du fer.</p>
<p>Dans nos modèles, l’absorption du fer est plus importante pour la purée de pois chiche que pour le houmous, mélange de pois chiche et de purée de sésame. La purée de sésame contient en effet de l’acide phytique, ce qui accroît la rétention du fer par la matrice alimentaire. Quant à l’action positive du jus de citron, notre hypothèse est que l’acidification a permis de libérer une partie du fer « complexé ».</p>
<h2>Quelles solutions nutraceutiques pour les régimes sans viande ?</h2>
<p>Idéalement, hors de tout choix éthique, spirituel et cultuel, pour la question des apports en fer, il serait préférable d’être flexitarien et d’apporter de manière régulière un peu de viande. Si votre régime est non carné, veillez donc de temps à autre à surveiller votre état de réserve de fer (taux de ferritine) par une analyse sanguine.</p>
<p>Il existe de nombreux compléments alimentaires, tels que les lactates de fer, citrate de fer, gluconate de fer ou sulfate de fer qui présentent de bonnes biodisponibilités – mais la prise de ces sels de fer induisent des <a href="https://theconversation.com/pourquoi-le-fer-est-indispensable-a-notre-sante-183998">effets secondaires (irritation du colon, etc</a>.)</p>
<p>Actuellement, la majorité des polyvitaminés-polyminéraux vendus en pharmacie ou aux rayons diététiques des GMS ne contiennent pas un nouveau venu : le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0268005X09002331">bis-glycinate de fer</a> (N °CAS 20150-34-9 ; le CAS étant une sorte de numéro de sécurité sociale des molécules chimiques. À chaque molécule son identifiant enregistré dans une banque de données des États-Unis, de l’Amercian Chemical Society). Or ce dernier présente une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0308814610009908">très forte biodisponibilité et semble ne pas être un pro-oxydant</a> – ce qui limiterait les effets indésirables habituels. Son <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0924224415300091">association avec de l’acide folique (vitamine B9)</a> semble accroître encore la performance de l’absorption du fer.</p>
<p>Par son grand confort d’usage et une bonne tolérance, il semble être le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8839493/">complément en fer le plus intéressant pour les végétaliens et végétariens</a> : pas de nausée, pas de douleur intestinale, pas de constipation, pas de ballonnement ni de goût métallique… La biodisponibilité du fer apportée par le bis-glycinate de fer est de plus quatre fois moins affectée en présence d’inhibiteur d’absorption du fer que celle du sulfate de fer.</p>
<h2>Que valent les aliments enrichis en fer ?</h2>
<p>L’industrie agroalimentaire propose des produits enrichis en fer, comme les céréales pour petits déjeuners ou des gâteaux de petit-déjeuner et de rayon diététique.</p>
<p>Très souvent, il s’agit de fer « élémentaire », c’est-à-dire du fer métal, mais pas un sel de fer type Fe<sup>2</sup>+… Ajouté facilement, ce fer métal permet d’afficher une teneur importante sans avoir des problèmes de stabilité chimique durant le stockage. Des points noirs apparaissent par exemple dans les céréales quand le formulateur choisit d’enrichir avec du sulfate de fer.</p>
<p>Or, les molécules de transfert du fer de notre corps ne peuvent pas prendre en charge ce dernier sous forme métallique. Le fer métal est-il alors biodisponible ?</p>
<p>Il semble qu’il puisse <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/ed072p558">se transformer en partie en sel de fer durant la digestion, sans doute dans l’estomac (milieu très acide, jusqu’à pH 2)</a>.</p>
<p>Pour 10 g de fer élémentaire ajouté à un aliment à base de soja, on obtient une biodisponibilité équivalente à <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/09637489709028583">45 % de 10 g de sulfate de fer ajouté</a>. Dans le pain blanc, la biodisponibilité est de <a href="https://www.nature.com/articles/1601844">40 % celle obtenue avec de l’ascorbate de fer ajouté à la même masse</a>. D’autres auteurs semblent attribuer au fer élémentaire une biodisponibilité plus faible, <a href="https://academic.oup.com/jn/article/133/11/3546/4817934https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15864409/">21 % à 36 % selon le type de fer élémentaire</a>. Le fer métallique n’équivaut qu’à 10 à 15 % de l’efficacité d’un sel de fer.</p>
<p>Une autre solution, récemment identifiée, serait d’<a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/14/8/1640">ajouter du phosphate d’ammonium ferreux</a> pour éviter l’altération des odeurs et de la couleur de l’aliment – par exemple dans des préparations laitières pour nourrisson. Le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0268005X09002331">bis-glycinate de fer</a> est une autre option à envisager pour fortifier un aliment sans risque majeur d’oxydation.</p>
<h2>Nutri-score : des limites importantes sur la question du fer</h2>
<p>En 2022, le <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/nutriscorebilan3ans.pdf">NutriScore s’est imposé comme un acteur majeur dans les habitudes alimentaires</a> des Français. Il permit d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0950329321001592">améliorer les indices de qualité nutritionnelle</a> des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0195666321005717">paniers des consommateurs</a> et de <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/13/12/4530">réduire les calories, sucres et matière grasse saturée</a> ingérées. Un <a href="https://ijbnpa.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12966-020-01053-z">impact qui s’observe aussi</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34311557/">dans le reste de l’Europe</a>.</p>
<p>Toutefois, à côté de ces atouts, le Nutri-score pose un vrai questionnement en ce qui concerne le fer. Les apports et fer ou la présence de complexants des minéraux qui en limitent l’absorption (phytates et oxalate généralement présents dans les légumes et légumineuses) n’y sont pas pris en compte.</p>
<p>La preuve par l’exemple, en comparant l’assimilation du fer et sa biodisponibilité pour deux aliments l’un jugé excellent d’un point de vue nutritionnel selon le Nutri-score, l’autre à éviter. Le consommateur ne dispose ainsi pas de repères simples pour le guider sur la question du fer.</p>
<ul>
<li><strong>Pois chiches : Nutri-score A mais faible biodisponibilité du fer</strong> :</li>
</ul>
<p>Prenons une boite de conserve de pois chiches cuits, prêts à être réchauffés. Son Nutri-score est A : peu de lipides (3 g/100 g), encore moins d’acides gras saturés (moins de 0,3 g/100 g), des glucides (17,7 g/100 g) mais peu de sucres (0,3 g/100 g), des protéines en quantité non négligeable (8,3 g/100 g) et surtout beaucoup de fibres (8,2 g/100 g) (<a href="https://ciqual.anses.fr/">données Ciqual</a>). Mais très peu de fer : 1,3 mg/100 g ! Et un <a href="https://www.viandesetproduitscarnes.fr/index.php/en/1159-substituts-a-la-viande-formulations-et-analyse-comparee-2-2">fer très peu biodisponible, de 10 à 30 fois moins que pour un fer d’origine animale</a>.</p>
<ul>
<li><strong>Boudin noir : Nutri-score D mais forte biodisponibilité du fer</strong> :</li>
</ul>
<p>Le boudin noir est, lui, une source de fer importante (16,1 mg par 100 g de boudin poêlé) et fortement assimilable : <a href="https://academic.oup.com/ajcn/article/71/1/94/4729241">environ 30 % du fer en moyenne est biodisponible</a>. Sur cette grande quantité, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S088915750291080X">85 % sont un fer héminique</a>. Mais son Nutri-score n’engage pas à sa consommation… Sans doute y-a-t-il aussi d’autres raisons ! Certes riches en protéine (11,3 g/100 g), il est classé D en raison de sa teneur en lipides (19,4 g/100 g), et surtout de sa forte teneur en sel (1,5 g/100 g). L’absence de fibre aggrave le score. En ajoutant des pommes (donc des fibres), le Nutri-score s’améliore toutefois et passe à C.</p>
<h2>En conclusion</h2>
<p>Que faut-il manger pour éviter les carences en fer ? Il n’y a pas d’aliment miracle…</p>
<p>Mangez si possible de temps à autre des produits carnés, sources efficaces d’apport en fer, accompagné d’un fruit frais ou d’un légume frais riche en vitamine C. Mais évitez, dans un même repas, de mêler des produits laitiers avec vos légumineuses, votre houmous, vos viandes. Éviter également vin, thé, café pour favoriser vos apports.</p>
<p>Faites tremper vos légumineuses (pois chiche, haricots rouges, noirs ou blancs, fèves, flageolets, lentilles, soja en graine) 48 h et changez l’eau fréquemment. Pour les pois chiches, choisissez une cuisson en cocotte-minute avec un ajout d’une pincée de bicarbonate dans l’eau. À la purée de pois chiche et de sésame, ajoutez un jus de citron frais pour favoriser l’assimilation du fer.</p>
<p>Si votre régime alimentaire exclut les viandes, attention aux compléments nutraceutiques pour corriger vos apports déficients en fer : ceux-ci provoquent des irritations coloniques et d’autres inconforts. Seul le bis-glycinate de fer semble apporter une solution sécurisée et efficace.</p>
<p>Attention également à ne pas abuser de viande. Il existe une <a href="https://www.viandesetproduitscarnes.fr/index.php/fr/nutrition2/787-produits-carnes-et-risque-de-cancer-role-du-fer-heminique-et-de-la-peroxydation-lipidique">relation claire entre cancer du côlon et consommation de viande rouge (riche en fer héminique)</a>. N’oublions pas que le fer est pro-oxydant : ces cancers pourraient être dus à l’oxydation de lipides de la membrane des cellules du colon.</p>
<p>« La vérité se trouve au milieu » ! La nutrition consiste en l’art d’équilibrer : un peu, de tout, raisonnablement, et de façon adaptée aux besoins spécifiques de chacun.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184004/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Cayot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Conserver un bon taux de fer corporel n’est pas évident : la teneur en fer des aliments (surtout végétaux) est faible, et il est mal assimilé. Face aux idées reçues, à quoi faut-il être vigilant ?Philippe Cayot, Professeur des Universités en Chimie & Formulation des Aliments et Chimie des Procédés Alimentaires, Institut Agro DijonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1819122022-05-10T21:47:42Z2022-05-10T21:47:42ZLe niébé, une alternative pour la souveraineté alimentaire des pays d’Afrique subsaharienne ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462214/original/file-20220510-22-a45d3j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C3695%2C2428&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un producteur dans un champ de niébé au Sénégal.</span> <span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Appartenant à la famille des Fabaceae, le niébé <em>Vigna unguiculata (L.) Walp</em> est une légumineuse à graines originaire d’Afrique, aujourd’hui cultivée dans presque toutes les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-34555-9">régions tropicales et subtropicales</a>. Le niébé représente la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S037842900300039X?via%3Dihub">plus importante culture</a> de légumineuse à graines d’Afrique subsaharienne, en particulier dans les zones de savane aride à semi-arides. Les principaux pays producteurs sont le Nigéria et le Niger qui représentent à eux deux près de la moitié de la production mondiale.</p>
<p>Cette denrée de base, exploitée et valorisée de manière efficiente, pourrait constituer un véritable rempart contre la malnutrition et la dépendance vis-à-vis de certains produits comme le riz, les protéines animales et le blé, dont on mesure aujourd’hui, à la lumière du conflit Russo-Ukrainien, les vulnérabilités pour les populations subsahariennes. Le niébé offre aussi un large éventail de possibilités gastronomiques, pour la plupart méconnues. Par exemple, plus de 50 plats peuvent être réalisés avec ce dernier, incluant entrées, plats de résistance, desserts, et <a href="https://www.enqueteplus.com/content/diversification-des-fili%C3%A8res-les-merveilles-du-ni%C3%A9b%C3%A9">même le pain</a> !</p>
<h2>Origine et distribution géographique du niébé</h2>
<p>Après la domestication de ses formes sauvages par les premiers cultivateurs d’Afrique, dès le Néolithique, le niébé fut rapidement introduit en Inde. Les dates de l’introduction du niébé en Europe divergent et font toujours l’objet de débats entre scientifiques, mais tout le monde s’accorde sur le fait que le niébé y était déjà consommé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vigna_unguiculata">quelques siècles avant notre ère</a>. Alors appelé dolique à œil noir, habine des Landes ou haricot Mongette de Provence, il était cultivé dans le sud de la France avant son remplacement progressif par le haricot commun (<em>Phaseolus vulgaris</em> L.), plus productif et mieux adapté aux climats tempérés.</p>
<h2>Importance nutritionnelle, patrimoniale et socio-économique du niébé</h2>
<p>Le niébé occupe une bonne place dans les politiques de diversification agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre. À ce titre, les états de la région tentent d’accompagner le regain d’intérêt pour cette plante locale longtemps délaissée malgré ses nombreuses vertus et en particulier ses qualités nutritionnelles. Avec un contenu en protéines supérieur à 20 %, la graine mûre représente une source importante d’acides aminés. Elle contient une grande quantité d’amidon (50 à 67 %) et présente de fortes teneurs en fibres alimentaires et en vitamines de type B (acide pantothénique ou acide folique). La graine est également riche en microéléments essentiels, tels que le fer, le calcium et le zinc et possède une faible de teneur en matière grasse, ce qui en fait une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jsfa.7644">ressource très intéressante</a> d’un point de vue nutritionnel.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=593&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=593&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=593&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=745&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=745&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462262/original/file-20220510-26-y5ht2m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=745&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Graines de niébé.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Seule la présence de quelques facteurs antinutritionnels, qui peuvent réduire la digestibilité ou bien la biodisponibilité de certains minéraux essentiels (Magnésium, Calcium, Fer, Zinc), <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10904935/">constituent des freins</a> pour l’acceptabilité et la promotion de cette légumineuse à graine. L’utilisation des différentes techniques de préparation et des efforts dans la sélection variétale visant à réduire ces composés antinutritionnels pourraient permettre de limiter les effets indésirables et d’améliorer encore les vertus du niébé.</p>
<p>En Afrique subsaharienne, le niébé est un aliment de base très prisé pour ses feuilles, ses gousses vertes et ses graines sèches pour l’alimentation humaine, ou pour ses fanes riches en protéines, qui constituent un fourrage de qualité pour le bétail. En plus de leur haute teneur en protéines, comparable aux graines mûres, les fanes présentent des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jsfa.7644">taux d’acides aminés essentiels</a> encore plus élevés. Ces dernières sont une ressource très prisée durant la saison sèche car les paysans qui récoltent et stockent le fourrage de niébé pour la vente en pleine saison sèche augmentent leurs revenus de 25 %.</p>
<p>Dans la moitié nord du Sénégal, la récolte des cultures vivrières traditionnelles, comme le mil, le sorgho, l’arachide, et les variétés tardives de niébé sous forme de gousses sèches ont généralement lieu entre octobre et décembre. La possibilité de récolter les variétés de niébé à cycle court, c’est-à-dire à récolte précoce, est très importante car elle procure de la nourriture à un moment de l’année où les greniers sont presque vides (période de soudure).</p>
<p>La vente des gousses est aussi une opportunité pour les producteurs, et notamment les femmes qui sont très souvent impliquées dans la culture, la récolte et la vente de niébé, d’obtenir des revenus à une période critique où les prix des autres denrées sont au plus haut.</p>
<p>Depuis plusieurs années, cette spéculation est passée d’une culture vivrière à une culture de rente, au même titre que l’arachide. Le circuit de transformation du niébé est très prometteur : non seulement le prix est plus rémunérateur, mais il y a aussi beaucoup plus de possibilités de valorisation. Les transformatrices sénégalaises disent que tout ce qui peut être réalisé avec le mil, le maïs et le riz, peut l’être avec le niébé.</p>
<h2>Modes de cultures et services écosystémiques</h2>
<p>En Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal et au Burkina Faso, le niébé joue un rôle majeur dans la rotation ou l’association avec des cultures de céréales (maïs, mil et sorgho), en particulier en zones caractérisées par une faible pluviométrie et des sols peu fertiles. Au Sénégal, le niébé est surtout cultivé dans les régions de Diourbel, Louga et Thiès. Avec à peine 300-500 mm d’eau par an et une pluie erratique qui se répartit sur les trois mois d’hivernage (juillet-septembre), cette zone est sujette aux sécheresses.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462263/original/file-20220510-24-dwulh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Champ de niébé au Sénégal.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’utilisation par les producteurs de plusieurs variétés améliorées par la recherche agricole, qui bouclent leurs cycles en 2 mois, permet de limiter l’impact des sécheresses et d’obtenir des gousses fraîches en pleine période de soudure.</p>
<p>Outre ces variétés à cycle court, d’autres variétés très appréciées des producteurs à port érigé ou rampant sont également disponibles. Grâce à l’utilisation de semences de qualité, les rendements en graines peuvent atteindre 800 kg, voire 1,3 tonne par hectare avec les nouvelles variétés.</p>
<p>En dépit d’une teneur en protéines importante, les besoins en azote minéral pour la culture du niébé sont peu élevés. Ce paradoxe peut s’expliquer par une particularité commune à une grande partie des légumineuses qui sont capables de fixer le diazote atmosphérique présent en abondance dans l’air grâce à une interaction symbiotique avec des bactéries du sol, appelées rhizobiums. Cette symbiose fixatrice d’azote procure aux légumineuses un avantage net dans des sols pauvres et représente un levier d’amélioration de la productivité des cultures associées complémentaires telles que le mil, le sorgho ou le maïs, et participe à la durabilité des agroécosystèmes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-recherche-participative-au-senegal-une-bonne-recette-pour-booster-lagriculture-124828">La recherche participative au Sénégal, une bonne recette pour booster l’agriculture</a>
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<p>Afin d’améliorer la production tout en respectant l’environnement, divers types de biofertilisants sont utilisables comme les engrais organiques ou le compost (résidus d’origine végétale et/animale décomposés, stabilisés et enrichis) qui sont couramment utilisés mais insuffisants pour couvrir de grandes surfaces de cultures. L’inoculation de microorganismes promoteurs de croissance des plantes, comme les bactéries fixatrices d’azote (rhizobiums) ou les champignons endomycorhiziens, représentent également un levier potentiel d’amélioration de la production du niébé et <em>a minima</em> de stabilisation des rendements en graines. Leur utilisation par inoculation, une technique simple d’apport en masse des microorganismes sélectionnés au moment du semis, est en cours de structuration au Sénégal avec le développement d’unités de production de champignons mycorhiziens en milieu paysan.</p>
<h2>Opportunités, attentes des communautés d’acteurs et mesures d’accompagnement nécessaires</h2>
<p>Pour l’heure, au Sénégal, les principaux freins au développement de cette culture sont l’accès à des semences de qualité, la pauvreté des sols, les ravageurs, les processus de transformation et l’organisation de la filière.</p>
<p>Pour lever ces freins, il est donc nécessaire de soutenir les sélectionneurs qui développent des variétés de niébé plus résistantes à la sécheresse et aux principaux ravageurs de culture. La sélection de variétés résistantes permettant une lutte préventive contre les ravageurs est d’autant plus importante que les traitements curatifs par des produits phytosanitaires qui accroissent les problèmes sanitaires (risques d’intoxication), économiques (coûts de ces produits) et environnementaux (appauvrissement des sols, pollution des nappes). Les pratiques culturales, comme l’association niébé-céréale, peuvent également atténuer l’impact de certaines maladies. Pour renforcer ou diversifier le circuit de transformation, le financement de projets intersectoriels permettant d’intégrer et de valoriser le savoir-faire local est primordial, par exemple le développement de solutions et de sites dédiés à la bonne conservation des grains, la transformation et leur commercialisation. </p>
<p>Si un cadre national interprofessionnel de la filière niébé a récemment été mis en place, cette interprofession doit cependant être renforcée et représentative de tous les acteurs. En parallèle, il est fondamental de structurer la recherche autour de vastes programmes multidisciplinaires et de soutenir le transfert à grande échelle des résultats qui en sont issus. Seule une action en ce sens des décideurs politiques et des bailleurs permettra le développement de cette filière niébé à haut potentiel pour les pays d’Afrique subsaharienne, mais aussi pour les pays du sud de l’Europe qui font face à des sécheresses de plus en plus fréquentes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181912/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le niébé est une légumineuse à haute valeur nutritionnelle qui pourrait servir de rempart à la malnutrition.Jean-Christophe Avarre, Chercheur en écologie virale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Antoine Le Quéré, Chercheur en écologie microbienne, Institut de recherche pour le développement (IRD)Mouhamadou Moussa Diangar, Selectionneur / Généticien niébé, Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA)Moustapha Guèye, Agronome, Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1760972022-02-28T14:50:32Z2022-02-28T14:50:32ZVoici trois bonnes raisons de consommer des protéines d’origine végétale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/448078/original/file-20220223-23-wm88yc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C6%2C4013%2C2608&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Malgré un intérêt mondial pour les régimes alimentaires durables, nous ne sommes pas très nombreux à emboîter le pas - seuls 5 % des Canadiens ont indiqué suivre un régime à base de plantes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">(Maude Perreault)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Manger davantage de protéines d’origine végétale peut avoir de nombreux effets positifs pour notre santé et celle de notre planète. On estime en effet que <a href="https://journals.plos.org/plosone/article/file?id=10.1371/journal.pone.0165797&type=printable">l’agriculture représente jusqu’à 30 % des émissions des gaz à effets de serre</a>, avec la production animale comme principal facteur contribuant à ces impacts néfastes sur l’environnement.</p>
<p>Adopter un régime alimentaire durable, et ainsi favoriser un système alimentaire durable, est par conséquent une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext">priorité mondiale</a>.</p>
<p>Bien que la définition d’un régime alimentaire durable soit en évolution, la <a href="https://www.fao.org/food-systems/fr/">FAO le définit comme un régime</a> qui « assure la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous de manière à ne pas compromettre les bases économiques, sociales et environnementales nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition des générations futures ».</p>
<p>La consommation de protéines d’origine végétale est un thème central aux recommandations alimentaires, telles que les <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/directrices/">Lignes directrices canadiennes en matière d’alimentation</a> ou encore le <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext">rapport EAT-Lancet</a>, qui est un rapport scientifique qui propose une alimentation saine issue d’un système alimentaire durable.</p>
<p>Nutritionniste et scientifique dans le domaine de l’alimentation saine et durable, j’aborderai les principaux avantages d’adopter une alimentation à base de protéines d’origine végétale. Notre équipe de recherche, la <a href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/"><em>Guelph Family Health Study</em></a>, travaille à mieux comprendre les facteurs qui rendent l’alimentation durable difficile à adopter pour les familles canadiennes. Je vous proposerai donc des astuces pratiques pour faire un premier pas vers l’alimentation d’origine végétale.</p>
<h2>Manger des protéines végétales comporte de nombreux avantages</h2>
<p>Les protéines d’origine végétale sont des aliments contenant des protéines qui proviennent des plantes plutôt que des animaux. Les sources alimentaires de protéines végétales comprennent les légumineuses, les noix et les graines, ou encore le tofu et les produits du soya. Bien que les légumes fassent partie du règne végétal, ils contiennent peu de protéines. Pour cette raison, ils ne font pas partie des sources alimentaires de protéine d’origine végétale.</p>
<p>Malgré un intérêt mondial pour les régimes alimentaires durables, nous ne sommes pas très nombreux à emboîter le pas. Seulement <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/plantbased-dietary-practices-in-canada-examining-definitions-prevalence-and-correlates-of-animal-source-food-exclusions-using-nationally-representative-data-from-the-2015-canadian-community-health-surveynutrition/593132BC0ABD7C1FA616A8688DC12D54">5 % des Canadiens</a> ont indiqué suivre un régime alimentaire partiellement ou strictement à base de plantes, alors que seulement <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-627-m/11-627-m2018004-fra.htm">14 % des Canadiens</a> ont déclaré manger des légumineuses une fois par semaine.</p>
<p>Pourtant, l’ajout de protéines d’origine végétale à notre alimentation peut nous aider à :</p>
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<li><p><strong>Améliorer notre santé</strong> : <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/directrices/">Les lignes directrices canadiennes en matière d’alimentation</a> recommandent de consommer des protéines d’origine végétale, qui ont tendance à contenir une plus grande quantité de fibres et une plus faible quantité de gras que les aliments d’origine animale. Le type de nutriments peut avoir des bienfaits sur plusieurs organes de notre corps. En effet, les fibres aident à la régulation du taux de sucre dans le sang et la pression sanguine, alors que les nombreux antioxydants peuvent empêcher les cellules cancéreuses de se développer. En ce sens, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33316249/">recherches montrent que la consommation de protéines d’origine végétale est associée à divers avantages</a> pour la santé, notamment une réduction du risque de décès causés par le cancer et les maladies cardiovasculaires. En intégrant des protéines végétales graduellement dans notre alimentation, et ce même sans devenir 100 % végétarien, nous pouvons améliorer notre santé générale !</p></li>
<li><p><strong>Améliorer la santé de notre planète</strong> : Manger davantage de protéines d’origine végétale peut également contribuer à protéger notre environnement. Par exemple, dans les pays à revenu élevé comme le Canada, la consommation d’un régime équilibré et « faible en viande » peut <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-51961830206-7/fulltext">réduire les impacts environnementaux du système alimentaire</a> en diminuant les émissions de gaz à effets de serre, l’utilisation d’engrais azotés et phosphorés, ainsi que l’utilisation des terres agricoles et de l’eau. Favoriser les produits végétaux plutôt que ceux d’origine animale représente une façon de protéger notre planète en utilisant moins de ressources agricoles pour se nourrir.</p></li>
<li><p><strong>Réduire notre facture d’épicerie</strong> : Selon le <a href="https://cdn.dal.ca/content/dam/dalhousie/pdf/sites/agri-food/Food%20Price%20Report%202022%20FR.pdf">Rapport annuel sur les prix alimentaires 2022</a>, le coût des aliments devrait augmenter de 5 à 7 % cette année. Bien que leur prix varie d’une région à l’autre au Canada, les protéines d’origine végétale comme les légumineuses et le tofu sont généralement plus abordables que celles d’origine animale comme la viande rouge. Par exemple, <a href="https://www.dispensaire.ca/wp-content/uploads/Cout-PPN-base-FR-mai-2021.pdf">on estime le prix des légumineuses à 5,76$/kg et celui de la viande à 11,90$/kg</a>, soit la moitié du prix pour la même quantité. En achetant plus souvent des protéines d’origine végétale, nous pouvons donc réduire notre facture d’épicerie malgré l’augmentation du coût des aliments.</p></li>
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<h2>Les Canadiens mangent peu de protéines végétales</h2>
<p>Si l’alimentation à base de plantes est associée à des avantages importants, pourquoi ne consommons-nous pas davantage d’aliments à base de plantes ? Bien que de nombreux facteurs influencent les habitudes alimentaires, l’obstacle clé demeure notre culture alimentaire actuelle. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34411486/">Nos recherches montrent que les familles canadiennes ne savent pas comment préparer les protéines d’origine végétale</a>. Dans notre étude récente, nous avons interrogé 40 parents quant à leur impression et appréciation du <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/">Guide alimentaire canadien</a>, qui met l’emphase sur les protéines végétales. Plusieurs parents ont rapporté que leurs principaux défis pour mettre en pratique le guide alimentaire demeuraient les contraintes de temps et le manque de connaissances pour cuisiner les protéines végétales.</p>
<p>Afin de remédier à cet obstacle, nous avons élaboré un livre de recettes pour aider les familles canadiennes à remplacer certains aliments d’origine animale par des aliments d’origine végétale. <a href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">Notre livre de recettes, en ligne et gratuit</a>, « Les protéines d’origine végétale : des recettes faciles à faire ! », fournit des informations sur les protéines d’origine végétale et comprend des recettes faciles à préparer, adaptées aux besoins de la famille. Ce livre a pour but de vous inspirer à cuisiner les protéines végétales et à les incorporer graduellement au menu familial. Il ne comporte donc pas que des recettes exclusivement végétariennes ou véganes. On mise plutôt sur une approche « flexitarienne », qui est plus réaliste et invitante pour la majorité des familles.</p>
<h2>Des astuces pratico-pratiques pour intégrer les protéines végétales</h2>
<p>Voici quelques conseils qui pourront vous inspirer à intégrer davantage de protéines végétales dans votre alimentation :</p>
<p><strong>Essayez le lundi sans viande</strong>. Les lundis sans viande peuvent être une stratégie gagnante pour apprivoiser les protéines végétales en vous encourageant à planifier un jour par semaine où vous essayez une nouvelle recette. La recette de pâtes <a href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">« bolognaise aux lentilles »</a> est un excellent exemple.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Plat de pâtes avec de la sauce" src="https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448080/original/file-20220223-15-5byzsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La consommation de protéines d’origine végétale comporte de nombreux avantages pour la santé, pour l’environnement et pour le portefeuille.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">(Maude Perreault)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p><strong>Ajoutez des protéines d’origine végétale à vos recettes préférées</strong>. Ajoutez quelques protéines d’origine végétale aux aliments d’origine animale plus familiers. Il s’agit d’une approche utile pour ceux qui souhaitent essayer de manger davantage d’aliments d’origine végétale sans éliminer complètement la viande de leurs repas. Par exemple, notre <a href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">« Hamburger au bœuf et aux haricots »</a> est une option savoureuse qui fournit à la fois des protéines animales et des bienfaits d’origine végétale.</p>
<p><strong>Remplacez les collations hautement transformées par des alternatives maison à bases de protéines végétales</strong>. Essayez notre recette maison de <a href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">barre granola avec pépites de chocolat</a> ! Ces barres sont une délicieuse source de fibres et de protéines, sans le surplus de sucre et de sel que l’on trouve souvent dans les barres achetées. Les fibres et les protéines végétales vous aideront à vous sentir rassasié entre les repas.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="barre granola" src="https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448081/original/file-20220223-19-1xgtjdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une recette maison de barre granola qui contient des protéines végétales pour vous rasassiez entre les repas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://guelphfamilyhealthstudy.com/wp-content/uploads/2021/11/Proteines-D-Origine-Vegetale-Facile-A-Faire-Nov-2021-Web.pdf">(Maude Perreault)</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p><strong>Remplacez la viande rouge par des protéines animales plus respectueuses de l’environnement, comme le poulet ou la dinde.</strong> <a href="https://static.ewg.org/reports/2011/meateaters/pdf/methodology_ewg_meat_eaters_guide_to_health_and_climate_2011.pdf">Les émissions de carbone</a> provenant de la production de poulet et de dinde sont beaucoup plus faibles que celles de leurs homologues à base de viande rouge. Non seulement ces protéines sont meilleures pour la planète, mais elles sont aussi meilleures pour notre organisme. Les viandes blanches sont des protéines plus maigres et contiennent moins de gras que la plupart des viandes rouges.</p>
<p>En plus de générer des bénéfices pour notre santé et celle de notre planète, les sources alimentaires d’origine végétale peuvent être délicieuses. Variez, explorez et laissez-vous tenter par diverses recettes. Qui sait quelles découvertes vous ferez ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176097/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maude Perreault est membre de l'Ordre des Diététistes de l'Ontario et de la Société Canadienne de Nutrition. Ses recherches post-doctorales sont financées par la Helderleigh Foundation.</span></em></p>Adopter une alimentation qui contient des protéines d’origine végétale peut comporter de nombreux bénéfices. Découvrez des astuces pratiques pour les intégrer à votre menu.Maude Perreault, Registered dietitian and Postdoctoral fellow, University of GuelphLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1768482022-02-18T13:29:03Z2022-02-18T13:29:03ZOn peut prolonger sa vie de dix ans en changeant son alimentation, selon une nouvelle recherche<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447075/original/file-20220217-13-1e6hh9e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5472%2C3494&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Changer son alimentation à 60 ans pourrait augmenter l’espérance de vie de huit ans. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Tout le monde veut vivre plus longtemps. On nous dit que pour y parvenir, on doit faire des choix de vie sains, comme faire de l’exercice, ne pas fumer et limiter sa consommation d’alcool. Des études ont également montré que le régime alimentaire peut augmenter la durée de vie.</p>
<p><a href="http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1003889">Une nouvelle étude</a> a révélé qu’un régime plus sain pouvait prolonger la durée de vie de six à sept ans chez les adultes d’âge moyen et d’environ dix ans chez les jeunes adultes.</p>
<p>L’équipe de recherche a regroupé les données de nombreuses études portant sur l’alimentation et la longévité, ainsi que les données de l’étude <a href="https://www.healthdata.org/gbd/2019">Global Burden of Disease</a>, qui fournit un résumé de la santé de la population de nombreux pays. En combinant ces données, les auteurs ont pu estimer les variations de l’espérance de vie en fonction de l’évolution de la consommation de fruits, de légumes, de céréales complètes, de céréales raffinées, de noix, de légumineuses, de poisson, d’œufs, de produits laitiers, de viande rouge, de viande transformée et de boissons sucrées.</p>
<p>Les chercheurs ont ainsi pu établir un régime optimal pour améliorer la durée de vie, qu’ils ont ensuite comparé au régime occidental typique — qui contient de grandes quantités d’aliments transformés, de viande rouge, de produits laitiers riches en graisses, d’aliments riches en sucre, d’aliments préemballés et une faible quantité de fruits et de légumes. Selon leurs recherches, une alimentation optimale comprend plus de légumineuses (haricots, pois et lentilles), de céréales complètes (avoine, orge et riz brun) et de noix, et moins de viande rouge et de viande transformée.</p>
<p>Les chercheurs ont constaté qu’en adoptant une alimentation saine dès l’âge de 20 ans, les femmes et les hommes des États-Unis, de Chine et d’Europe pouvaient augmenter leur espérance de vie de plus de dix ans. Ils ont également observé que le passage d’un régime occidental à un régime optimal à l’âge de 60 ans pouvait accroître l’espérance de vie de huit ans. Pour les personnes de 80 ans, l’espérance de vie pourrait augmenter de près de trois ans et demi.</p>
<p>Comme il n’est pas toujours possible de changer complètement son alimentation, les chercheurs ont également calculé ce qui se produirait si les gens passaient d’un régime occidental à un régime à mi-chemin entre le régime optimal et le régime occidental typique. Ils ont observé que même avec ce type de régime — qu’ils ont appelé « régime avec approche de faisabilité » (feasibility approach diet) —, on pouvait prolonger l’espérance de vie des personnes de 20 ans d’un peu plus de six ans pour les femmes et d’un peu plus de sept ans pour les hommes.</p>
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<img alt="Un tableau indiquant le nombre de grammes de chaque groupe d’aliments qu’une personne doit s’efforcer de consommer pour chacun des trois régimes étudiés par les chercheurs" src="https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445094/original/file-20220208-21-2q91vx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tableau indiquant la quantité moyenne d’aliments que les gens devraient consommer quotidiennement pour chaque type de régime.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Laura Brown</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces résultats nous montrent que le fait de modifier son alimentation à long terme à tout âge peut avoir des effets bénéfiques considérables sur l’espérance de vie. Mais les gains sont plus importants si ces changements commencent tôt dans la vie.</p>
<h2>Un tableau complet ?</h2>
<p>Les estimations de l’espérance de vie effectuées par cette étude proviennent des méta-analyses (études qui combinent les résultats de plusieurs études scientifiques) les plus complètes et les plus récentes sur l’alimentation et la mortalité.</p>
<p>Bien que les méta-analyses soient, dans de nombreux cas, les meilleures preuves en raison de la quantité de données analysées, elles produisent toujours des hypothèses à partir des données, et il est possible que des différences entre les études soient ignorées. Il convient également de noter que les données relatives à la réduction de la consommation d’œufs et de viande blanche n’étaient pas aussi bonnes que celles relatives aux céréales complètes, au poisson, à la viande transformée et aux noix.</p>
<p>De plus, l’étude n’a pas pris en compte certains éléments. Tout d’abord, pour constater ces bénéfices, les personnes devaient modifier leur régime alimentaire sur une période de dix ans. Cela signifie que l’on ne sait pas si l’on peut voir sa durée de vie s’améliorer davantage si l’on modifie son régime alimentaire sur une plus longue période. L’étude n’a pas non plus pris en compte les problèmes de santé antérieurs, qui peuvent affecter l’espérance de vie. Les bienfaits de l’alimentation sur l’espérance de vie sont donc une moyenne et peuvent être différents pour chaque personne en fonction d’une variété d’autres facteurs, tels que des problèmes de santé, la génétique et le mode de vie (tabagisme, consommation d’alcool, exercice, etc.).</p>
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<img alt="Des légumes, des noix, du poisson et des fruits" src="https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447081/original/file-20220217-23-1gptpuc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Manger plus de légumes, de fruits, de noix et de poisson, et moins de viandes rouges et d’aliments ultra-transformés, permet de vivre plus longtemps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Cependant, les preuves sur lesquelles se sont penchés les chercheurs sont solides et proviennent de nombreuses études. Les résultats s’alignent également <a href="https://content.iospress.com/articles/mediterranean-journal-of-nutrition-and-metabolism/mnm180225#ref181">sur des recherches antérieures</a> qui ont montré que des améliorations modestes, mais à long terme de l’alimentation et du mode de vie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20421558/">peuvent avoir des effets bénéfiques importants sur la santé</a>, notamment sur la longévité.</p>
<p>Tous les mécanismes qui expliquent pourquoi le régime alimentaire peut améliorer la durée de vie ne sont pas encore tout à fait clairs. Mais le régime optimal que les chercheurs ont présenté dans cette étude comprend de nombreux aliments riches en antioxydants. <a href="https://content.iospress.com/articles/mediterranean-journal-of-nutrition-and-metabolism/mnm180225#ref18">Certaines recherches</a> menées sur des cellules humaines laissent voir que ces substances peuvent ralentir ou prévenir la détérioration des cellules, qui est l’une des causes du vieillissement. La recherche dans ce domaine étant toujours en cours, on ignore si les antioxydants que nous consommons en mangeant ont le même effet. De nombreux aliments inclus dans cette étude ont également des propriétés anti-inflammatoires, ce qui peut aussi retarder l’apparition de diverses maladies et le processus de vieillissement.</p>
<p>Bien sûr, il peut être difficile de changer complètement son régime alimentaire, mais le simple fait d’introduire certains aliments connus pour augmenter la longévité peut avoir des bienfaits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176848/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laura Brown ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les régimes riches en légumineuses, céréales complètes, noix, et comptant moins de viande rouge et d’aliments transformés, sont bénéfiques pour la longévité.Laura Brown, Senior Lecturer in Nutrition, Food, and Health Sciences, Teesside UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1620652021-09-21T19:30:45Z2021-09-21T19:30:45ZLa disponibilité en azote, enjeu crucial pour le futur de l’agriculture bio<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/404841/original/file-20210607-80132-1nnptvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’azote est un élément minéral indispensable à la croissance de tout être vivant que les plantes prélèvent dans le sol. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/sprouting-field-maizecorn-commonly-silaged-used-276388052">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>L’agriculture biologique, qui bannit les engrais et pesticides de synthèse, pourra-t-elle nourrir la planète ?</p>
<p>Cette vaste et épineuse question agite depuis des années la communauté scientifique ainsi que les mouvements militants paysans et écologistes. Elle polarise une partie des débats politiques relatifs à l’agriculture et suscite un intérêt bien compris de la part des industriels de l’alimentation.</p>
<p>Poser cette question a du sens dans le contexte de l’anthropocène. Mais elle est aussi trop vaste, car elle génère une série de questionnements sur la qualité des produits alimentaires, leur accessibilité logistique et économique, les régimes alimentaires à base de produits bio, la durabilité à long terme des systèmes agricoles biologiques, etc.</p>
<p>Il faut donc accepter de considérer cette question en observant ses différentes facettes. Il s’agit en particulier de s’intéresser à la capacité productive de l’agriculture biologique (AB) et aux facteurs qui la soutiennent.</p>
<p>Pour traiter cette question – et sortir des idées toutes faites et des débats sans fond – il faut « atterrir » un peu, pour reprendre <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/la-nuit-revee-de-jerome-bel-1011-matieres-a-penser-ou-atterrir-avec-bruno-latour-1ere-diffusion">l’image employée par le philosophe Bruno Latour</a>, et considérer les systèmes agricoles, leurs métabolismes et leurs sols ; c’est ce que nous offre le cas de l’azote.</p>
<h2>La révolution des engrais azotés</h2>
<p>L’azote est un élément minéral indispensable à la croissance de tout être vivant, constitutif de nos protéines, que les plantes prélèvent dans le sol.</p>
<p>Depuis presque deux siècles et les travaux de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Justus_von_Liebig">von Liebig</a>, les agronomes savent que l’apport d’azote aux parcelles agricoles permet de fertiliser les sols et de stimuler la production des cultures.</p>
<p>Fondés sur cette découverte scientifique, les travaux de Fritz Haber ont permis la <a href="https://www.nature.com/articles/ngeo325">synthèse industrielle des engrais azotés</a> à partir de l’azote de l’air, qui compose 80 % de notre atmosphère. Cette révolution technologique a permis la production massive et à bas coûts d’engrais azotés.</p>
<p>On connaît la suite : utilisation tout aussi massive d’engrais azotés dans les champs, qui a permis l’explosion de la productivité des cultures, mais a aussi généré une <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/08/pollution-la-face-cachee-des-engrais-azotes_6075943_3244.html">cascade d’effets environnementaux</a> délétères – émission de gaz à effet de serre, pollution atmosphérique et aquatique.</p>
<p>C’est ici que l’agriculture biologique s’inscrit en contrepoint. Cette dernière n’autorise en effet pas l’utilisation des engrais de synthèse – que l’on appelle encore minéraux ou chimiques, ces termes étant synonymes.</p>
<h2>Légumineuses, fumiers et recyclage</h2>
<p>Sans recours aux engrais azotés, l’agriculture biologique ne peut compter que sur trois sources pour s’approvisionner en azote.</p>
<p>La première mobilise la fixation biologique que réalisent les légumineuses. On désigne ainsi les plantes de la famille des Fabacées, utilisées comme fourrage pour les animaux (luzernes, trèfles, vesces, sainfoin…) ou pour la production de graines à destination de l’alimentation humaine (pois, haricots, lentilles…).</p>
<p>Ces plantes fabuleuses ont la capacité à s’associer au creux de leurs racines avec des bactéries du genre Rhizobium capable de fixer l’azote si abondant dans l’air et de l’incorporer dans la biomasse des plantes. Une fois récoltées, ces légumineuses laissent donc au sol des résidus riches en azote, venant fertiliser le sol pour les cultures suivantes.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les engrais verts en viticulture (IFVSudOuest, 2013).</span></figcaption>
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<p>La seconde source mobilise les animaux d’élevage qui produisent des fumiers riches en azote que l’on peut épandre sur les sols. À noter toutefois que les animaux ne produisent pas de l’azote : ils prélèvent et consomment des fourrages qui contiennent de l’azote (notamment les ruminants tels que les vaches, moutons et chèvres qui pâturent des prairies), concentrent cet azote dans les fumiers et permettent ainsi de déplacer cet élément fertilisant vers les terres arables. Un service que rendent ces animaux d’élevage consiste donc à organiser les flux de fertilité dans les systèmes agricoles.</p>
<p>Enfin, la troisième source consiste à recycler l’azote qui circule dans nos effluents urbains, nos composts, nos boues de station d’épuration pour les épandre sur les sols agricoles. Trop contaminées, trop sujettes à polémiques, ces sources urbaines ne sont pour l’instant pas autorisées par la réglementation de l’AB.</p>
<p>Ne restent donc que les légumineuses et les fumiers d’élevage pour fertiliser les sols en bio.</p>
<h2>Le risque de la raréfaction des ressources en azote</h2>
<p>Ces deux sources ne sont toutefois pas infinies ; elles sont même rares. Il paraît difficile de mettre des légumineuses partout et, si les rotations culturales biologiques accordent une part belle à ces cultures, il faut bien aussi y insérer des céréales, des oléagineux et d’autres espèces végétales.</p>
<p>D’autre part, les animaux d’élevage ne peuvent produire des fumiers que si on leur donne des fourrages ou des grains à consommer, ce qui génère une forme de compétition pour l’espace – faut-il privilégier la mise en culture de fourrages ou de céréales ? – et pour les grains produits – faut-il donner à manger les céréales produites aux cochons ou aux humains ?</p>
<p>Dans ces conditions, il est possible qu’une généralisation de l’AB entraîne une raréfaction des ressources fertilisantes en azote, ce qui peut aboutir à une baisse de productivité des cultures. Cette baisse de productivité peut, en retour, inciter à privilégier l’utilisation des produits végétaux pour l’alimentation des humains plutôt que celle des animaux d’élevage… au détriment de la production de fumier, pourtant facteur de production clé des systèmes en AB. On devine le cercle vicieux qui peut s’installer.</p>
<h2>Développement de la bio et cycle de l’azote</h2>
<p>C’est cette question que nous avons voulu explorer. Dans une étude internationale publiée en mai 2021 dans la revue <a href="https://www.nature.com/articles/s43016-021-00276-y"><em>Nature Food</em></a>, nous nous sommes demandé quels pourraient être les effets du développement de l’AB à l’échelle mondiale sur le cycle de l’azote, la capacité à fertiliser les sols et les effets associés sur le rendement des cultures biologiques.</p>
<p>Nous avons pour cela développé un modèle qui simule les flux d’azote entrant et sortant des sols, pour estimer l’effet de ces flux d’azote sur la fertilité des sols et donner au final une approximation de la production des cultures. Un modèle dans lequel on retrouve des légumineuses, des céréales, des prairies et des fourrages, ainsi que des animaux d’élevage et du fumier.</p>
<p>La principale conclusion de <a href="https://www.nature.com/articles/s43016-021-00276-y">nos travaux</a> est qu’une généralisation de l’AB sur 100 % des terres agricoles à l’échelle mondiale aboutirait à une forte carence en azote, elle-même responsable d’une perte de production alimentaire de l’ordre de 35 % par rapport à la situation actuelle, bien au-dessous de ce qui est nécessaire pour alimenter la population mondiale. C’est le verre à moitié vide.</p>
<h2>Redistribuer les zones d’élevage, moins gaspiller</h2>
<p>Mais nous montrons aussi que le verre peut être vu à moitié plein.</p>
<p>En effet, sous certaines conditions, il est possible d’atteindre 40 à 60 % de la surface agricole mondiale conduite en AB tout en fournissant une alimentation suffisante pour 7 milliards d’êtres humains. Ces conditions sont d’ordre agricole et alimentaire.</p>
<p>Du côté des conditions agricoles, il est absolument nécessaire de revoir radicalement nos systèmes d’élevage en diminuant légèrement le nombre d’animaux, mais surtout en réduisant drastiquement la part des monogastriques (cochons et volailles) au profit des ruminants (vaches, mais surtout chèvres et moutons).</p>
<p>La raison sous-jacente est que les monogastriques sont alimentés principalement avec des céréales ; de ce fait, ils sont des compétiteurs directs des humains pour ces céréales qu’ils transforment en produits alimentaires (viande et œufs) ; avec une efficacité modeste puisqu’il faut <a href="https://bioone.org/journals/ambio-a-journal-of-the-human-environment/volume-31/issue-2/0044-7447-31.2.126/Nitrogen-and-Food-Production-Proteins-for-Human-Diets/10.1579/0044-7447-31.2.126.full">au moins cinq calories de céréales</a> pour produire une calorie sous forme de viande ou d’œufs. À l’inverse, les ruminants, en pâturant sur des prairies, aident à structurer les flux d’azote dans les systèmes agricoles, comme nous l’avons déjà évoqué.</p>
<p>De telles modifications doivent s’accompagner d’une redistribution spatiale de l’élevage, en déconcentrant les régions où l’élevage est trop intensif et en réintroduisant l’élevage dans les régions où il a disparu, de sorte à recréer de la circularité entre cultures et élevages.</p>
<p>Donc moins d’élevage, et des élevages plus agroécologiques, mais pas une disparition complète des animaux d’élevage.</p>
<p>Du côté des conditions alimentaires, nous devons réduire radicalement nos pertes et gaspillages, qui représentent aujourd’hui <a href="https://www.unep.org/resources/report/unep-food-waste-index-report-2021">environ 30 % de la production agricole mondiale</a> et nous devons rééquilibrer notre consommation alimentaire pour la faire tendre vers 2200 kcal/jour – contre environ 3000 kcal/jour en Europe et Amérique du Nord, et beaucoup moins dans les pays en développement.</p>
<h2>Toujours plus de légumineuses dans les champs</h2>
<p>La nouveauté apportée par ce travail de simulation agronomique est qu’il tient compte explicitement des flux d’azote qui circulent dans les systèmes agricoles.</p>
<p>En ce sens, il prolonge des <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-017-01410-w">travaux antérieurs</a> qui avaient cherché à estimer les conséquences pour la production agricole d’un développement de l’agriculture bio à l’échelle mondiale, mais qui n’avait pas tenu compte du rôle essentiel que joue l’azote dans les systèmes biologiques et pour la productivité des cultures.</p>
<p>Différentes pistes doivent désormais être étudiées : elles consistent notamment à explorer une plus forte insertion des légumineuses dans les systèmes en AB, soit comme cultures principales, soit comme cultures associées, intermédiaires ou agroforestières.</p>
<p>Et il sera bien sûr essentiel d’estimer les conséquences économiques pour les agriculteurs et pour les consommateurs des scénarios agricoles et alimentaires ainsi dessinés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162065/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>N’ayant pas recours aux engrais azotés, l’agriculture biologique ne dispose que de sources limitées pour s’approvisionner en azote et soutenir la production de ses cultures.Thomas Nesme, Professeur d'agronomie à Bordeaux Sciences Agro, InraePietro Barbieri, Maître de conférences en agronomie (Bordeaux Sciences Agro), InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1470962020-11-03T19:38:55Z2020-11-03T19:38:55ZLes légumineuses, une source d’azote plus durable pour la culture du maïs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361562/original/file-20201005-24-19wuxey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=57%2C11%2C3808%2C2509&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le maïs est la céréale la plus cultivée dans le monde avant le riz et le blé.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/v9r31Dxg0X0">Christophe Maertens / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Lorsque l’on s’intéresse aux enjeux de sécurité alimentaire, il est une céréale qui constitue un ingrédient de base essentiel <a href="https://doi.org/10.1155/2017/1545280">dans de nombreux pays</a> : le maïs. Celui-ci est également utilisé dans l’alimentation animale et dans de nombreuses applications industrielles, notamment pour la production de biocarburant.</p>
<p>L’incroyable variabilité génétique de cette plante lui permet en effet de s’adapter aux climats tropicaux, subtropicaux et tempérés. C’est pourquoi le maïs est la céréale la plus produite dans le monde avant le riz et le blé, avec 875 millions de tonnes cultivées en 2018 pour un peu moins de <a href="http://www.fao.org/faostat/en/#data/QC">195 millions d’hectares</a>.</p>
<p>Toutes les cultures de maïs n’offrent toutefois pas les mêmes rendements. Dans de nombreux pays où le maïs constitue l’aliment de base, ils apparaissent extrêmement faibles, avec une moyenne <a href="http://www.fao.org/faostat/en/#data/QC">d’environ 1,5 tonne par hectare</a> – environ 20 % du rendement moyen des pays dits « développés ». Outre la mauvaise qualité des semences et les stress biotiques et abiotiques que ces cultures subissent, ce phénomène s’explique par la faible fertilité des sols dans ces pays.</p>
<p>Dans les sols tropicaux et subtropicaux, considérés comme des sols anciens dotés d’une faible capacité à fournir des nutriments, cela entraîne une dépendance accrue aux intrants et aux fertilisants, avec d’importants impacts environnementaux.</p>
<h2>Azote, légumineuses et rotation des cultures</h2>
<p>Le maïs a en effet besoin d’un apport considérable en minéraux pour croître <a href="https://doi.org/10.1590/S0103-84782008000400002">et en particulier d’azote</a>. Ce dernier est un composant majeur de l’ADN et des acides aminés, eux-mêmes éléments constitutifs des protéines. C’est aussi un composant de la chlorophylle, pigment vert des plantes essentiel à la photosynthèse. Dans des conditions climatiques favorables, le maïs a besoin pour obtenir des rendements élevés <a href="https://doi.org/10.1590/S0100-06832002000100025">d’une quantité d’azote supérieure à 150 kg/ha</a>.</p>
<p>La principale source d’azote (N<sub>2</sub>) sur notre planète se trouve dans l’atmosphère, mais la majorité des plantes ne peut pas l’utiliser. Les légumineuses, ainsi que les plantes de la famille des fabacées, sont seules capables de fixer l’azote atmosphérique en s’associant à des micro-organismes du sol via un procédé nommé symbiose. Une solution à la problématique du maïs serait donc d’introduire ces plantes dans le sol avant la culture du maïs, comme une culture de couverture ou des cultures intercalées dans le cadre d’une rotation.</p>
<p>La décomposition des résidus de légumineuses libérerait en effet de l’azote dans le sol que le maïs pourrait alors utiliser. La quantité fournie par ces cultures varie de 20 à 104 kg/ha et le bénéfice net d’azote pour les cultures suivantes atteint 51 kg/ha. Le procédé réduit donc considérablement les besoins en engrais de synthèse à base d’azote, tout en garantissant un <a href="https://doi.org/10.1016/j.eja.2016.05.010">fort rendement et une grande qualité du maïs</a>.</p>
<h2>Une autre fertilisation possible</h2>
<p>La méthode a été expérimentée sur 30 ans au sud du Brésil sur un sol très représentatif de ce territoire. Elle a permis d’étudier le potentiel des légumineuses. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vicia_sativa">La vesce</a> (en hiver) et le haricot (en été) ont été cultivés selon le modèle suivant : dans le même champ, la première a été intercalée en hiver avec de l’avoine, et la seconde avec du maïs. Les résultats de fertilisation grâce aux légumineuses ont été comparés aux résultats obtenus avec une fertilisation minérale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Modèle d’expérimentation qui permet d’étudier le potentiel des légumineuses – vesce (en hiver) et haricot (en été) cultivées selon le modèle suivant : en hiver, vesce et avoine intercalés et en été, haricot et maïs intercalés dans le même champ. Les résultats de fertilisation grâce aux légumineuses sont comparés aux résultats obtenus avec une fertilisation minérale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<p>Au cours des premières années, la fertilisation azotée minérale a été deux fois plus efficace pour fournir de l’azote au maïs que les cultures de légumineuses : 180 kg/ha pour la première contre 80 kg/ha pour les secondes. Cette différence se répercute notamment sur le rendement, avec une différence de 2,5 tonnes/ha en faveur de la fertilisation minérale par rapport à celle des légumineuses.</p>
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<span class="caption">Évolution de l’efficacité de l’utilisation de l’azote par la culture du maïs au cours d’une expérience de terrain de 30 ans dans le sud du Brésil à partir de l’application d’engrais azoté minéral ou de l’utilisation de légumineuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<span class="caption">Haricots et maïs intercalés dans le même champ deux semaines après le semis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<span class="caption">Haricots et maïs intercalés dans le même champ deux mois après le semis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Stock de carbone du sol après une expérience de terrain de 30 ans dans le sud du Brésil à partir de l’application d’engrais azoté minéral ou de l’utilisation de légumineuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<p>Au bout de 5 ans, une augmentation de la teneur en matière organique du sol a été observée lorsque le champ était cultivé avec des légumineuses. La matière organique du sol dérivant de résidus de plantes dégradés par des micro-organismes est composée principalement de carbone et d’azote. Elle offre alors une nouvelle source d’azote aux plants de maïs, qui commencent à y répondre par une augmentation progressive du rendement.</p>
<p>Après 17 ans d’expérimentation sur le terrain, la différence de teneur en matière organique du sol, entre les deux types d’itinéraires de culture, atteint plus de 6 tonnes/ha en faveur de l’itinéraire contenant les légumineuses de couverture. Sur la période 18 à 30 ans, les différences de rendements initialement observées s’effacent et l’utilisation de l’azote issue des légumineuses devient beaucoup plus efficace.</p>
<h2>Stabiliser le CO₂ dans les sols</h2>
<p>L’augmentation de la matière organique du sol grâce aux légumineuses présente par ailleurs un autre avantage : la stabilisation du CO<sub>2</sub> présent dans l’atmosphère et introduit dans le sol par les plantes et les micro-organismes. Le CO<sub>2</sub> capté par les plantes via la photosynthèse et l’azote capté par les légumineuses via une symbiose avec des micro-organismes conduisent à rendre le résidu végétal très attractif pour les autres micro-organismes du sol.</p>
<p>Ces derniers, en consommant ces résidus végétaux, vont permettre de fixer et stabiliser le carbone dans le sol, évitant ainsi sa restitution dans l’atmosphère. C’est pourquoi nous estimons que les légumineuses <a href="https://doi.org/10.1016/j.still.2019.03.003">favorisent la séquestration du carbone dans le sol</a> : elles constituent aussi un outil efficace pour lutter efficacement et durablement contre le changement climatique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tableau qui montre l’impact de l’utilisation des légumineuses sur la libération d’azote et la santé du sol conduisant à une augmentation du rendement du maïs et à l’augmentation du stock de la matière organique du sol et de la réduction de la fertilisation azotée minérale, ce qui a contribué à la durabilité environnementale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Réduire la fertilisation azotée minérale entraîne à la fois une réduction des coûts pour l’agriculteur et la diminution des émissions de CO<sub>2</sub> émises lors de la production de l’engrais. L’augmentation de la matière organique du sol contribue par ailleurs à la lutte contre le changement climatique en stabilisant le CO<sub>2</sub> dans les sols et en améliorant la santé de ces derniers.</p>
<hr>
<p><em>Babacar Thioye (Institut Polytechnique UniLaSalle, Unité AGHYLE, campus de Rouen), Adrien Gauthier (Institut polytechnique UniLaSalle, unité AGHILE, campus de Rouen) et Cimélio Bayer (Universidade Federal do Rio Grande do Sul) ont contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147096/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Murilo Veloso ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans les régions tropicales, la culture du maïs exige le recours massif aux intrants chimiques. Une autre solution existe, fondée sur la rotation des cultures, pour favoriser la fertilité des sols.Murilo Veloso, Enseignant-chercher en Science du Sol, Unité AGHYLE, Campus de Rouen, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1466002020-09-27T16:13:12Z2020-09-27T16:13:12ZLe « lundi vert », sans viande ni poisson, est loin d’être un gadget écologique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/359033/original/file-20200921-22-wc6460.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=18%2C37%2C6173%2C4084&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le « scénario lundi vert » correspond à une diminution de la consommation de viande et de poisson de 15 %.</span> <span class="attribution"><span class="source">Luisa Brimble / Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>La deuxième campagne de <a href="https://www.lundi-vert.fr/">« lundi vert »</a> est lancée ce lundi 28 septembre 2020. Cette action de mobilisation nationale consiste à remplacer chaque lundi la viande et le poisson. Lors de la première campagne <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/02/l-appel-des-500-pour-un-lundi-vert-nous-nous-engageons-a-remplacer-la-viande-et-le-poisson-chaque-lundi_5404460_3232.html">lancée en janvier 2019</a>, 500 personnalités s’étaient engagées à manger végétarien le lundi, en invitant les Français à faire de même. Le premier <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/01/premier-bilan-encourageant-pour-l-operation-lundi-vert_5430283_3244.html">bilan était encourageant</a>, avec un bon suivi, notamment dans la <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/le-lundi-vert-mis-en-place-dans-les-restaurants-universitaires_3654639.html">restauration universitaire</a>. Une première étude d’évaluation a indiqué que la majorité des participants <a href="https://cloud.univ-grenoble-alpes.fr/index.php/s/X38J84sbZGkG9oN">souhaitaient poursuivre l’expérience</a>, et a également permis d’identifier les caractéristiques des personnes les <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/11/7/1694">plus assidues</a>.</p>
<p>L’objectif de « lundi vert » est d’initier une dynamique de <a href="https://www.nouvelobs.com/planete/20190121.OBS8816/tribune-pourquoi-le-lundi-vert-est-bien-plus-qu-un-coup-mediatique.html">végétalisation alimentaire</a>. Cet objectif est compatible avec celui proposé par la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/18/revision-de-la-constitution-renovation-thermique-moins-de-viande-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-devoile-150-propositions_6043331_3244.html">Convention citoyenne pour le climat</a> de réduire de 20 % la consommation de viande et de produits laitiers d’ici à 2030.</p>
<p>Dans un contexte où les politiques environnementales se sont largement concentrées sur les transports, « lundi vert » offre une opportunité pour réfléchir sur l’impact écologique de notre alimentation.</p>
<h2>« Lundi vert » 2020</h2>
<p>La deuxième campagne « lundi vert » a pour thème les légumineuses. La consommation de ces dernières a fortement baissé en France depuis un siècle, et est <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-francais-ont-delaisse-les-legumes-secs-62757">aujourd’hui une des plus faible au monde</a>. Riches en protéines, fibres et en glucides complexes, elles sont recommandées par les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2019/sante-publique-france-presente-les-nouvelles-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite">guides nutritionnels</a>. Le <a href="https://eatforum.org/content/uploads/2019/01/EAT-Lancet_Commission_Summary_Report.pdf">rapport EAT <em>Lancet</em></a> (2019) propose une « cible sanitaire » de consommation de légumineuses de 75 grammes par jour, soit environ 10 fois plus qu’actuellement en France.</p>
<p>Le « scénario lundi vert » étudié correspond à une diminution de la consommation de viande et de poisson de 15 % (soit l’équivalent d’une journée végétarienne par semaine), remplacé par des légumineuses de manière à maintenir constant le niveau de calories. En utilisant les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/inca-3-evolution-des-habitudes-et-modes-de-consommation-de-nouveaux-enjeux-en-mati%C3%A8re-de">données de l’Anses</a>, le volume de viande ingéré quotidiennement en moyenne par chaque Français (hors volaille) passerait ainsi de 47 à 40 grammes et celle de volaille de 26 à 22 grammes. Le scénario « lundi vert » conduirait alors à tripler la place des légumineuses dans notre alimentation.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360149/original/file-20200927-24-1n6031b.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Affichage de la campagne 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Louise Bègue Teissier</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Impact climatique</h2>
<p>Quel est l’impact du scénario « lundi vert » sur les émissions de gaz à effet de serre ? Selon l’étude la plus complète sur l’empreinte écologique des aliments <a href="https://science.sciencemag.org/content/360/6392/987">publiée dans <em>Science</em></a>, la viande de bœuf dégage par calorie ou par protéine plus de 50 fois plus que les légumineuses, et celle de porc environ 5 fois plus.</p>
<p>En calculant l’impact carbone à partir des <a href="https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm">données sur l’alimentation de l’Ademe</a>, le scénario « lundi vert » permettrait ainsi d’économiser environ 100 kg d’équivalent CO<sub>2</sub> (CO<sub>2</sub>e) par personne par an.</p>
<p>En multipliant par le nombre d’adultes en France, on obtient alors une réduction totale d’environ 5 millions de tonnes de CO<sub>2</sub>e, soit une baisse de plus de 5 % des émissions de l’alimentation.</p>
<h2>Comparaison avec les transports</h2>
<p>À titre de comparaison, la mesure gouvernementale réduisant la vitesse maximale sur les autoroutes de 130 à 110 km/h permettrait selon les <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Th%C3%A9ma--R%C3%A9ductiondesvitessessurlesroutes.pdf">estimations du ministère de l’Écologie</a> de baisser les émissions de CO<sub>2</sub>e de 1,5 million de tonnes par an. Ainsi, « lundi vert » serait plus de 3 fois plus efficace pour le climat que cette mesure routière. Autrement dit, si un Français sur trois adoptait « lundi vert » en moyenne, l’impact serait plus favorable pour le climat qu’une diminution de 20 km/h de la vitesse maximale.</p>
<p>Autre exemple : le <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/emissions-gazeuses-liees-au-trafic-aerien">trafic aérien intérieur émet environ 5 millions de tonnes de CO<sub>2</sub> par an</a>. Ainsi, la réduction des émissions générée par le scénario « lundi vert » est à peu près équivalente à celles de tous les vols domestiques en France.</p>
<p>Ces résultats ne sont pas surprenants au regard de <a href="https://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf">comparaisons intersectorielles du bureau d’étude Carbone 4</a> : le « geste individuel » le plus efficace pour le climat est l’adoption d’un régime végétarien devant l’utilisation du vélo pour les trajets courts, le covoiturage pour tous les trajets, et ne plus prendre l’avion. Il ne s’agit pas ici de décourager les efforts dans les transports, mais plutôt de réfléchir sur l’efficacité et la cohérence de nos choix, et en particulier de souligner l’importance de notre alimentation pour l’environnement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"824612731961675777"}"></div></p>
<h2>Manger local ?</h2>
<p>Ne vaudrait-il pas mieux se nourrir localement ? Les études fondées sur l’<a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/dossier/lanalyse-cycle-vie/quest-lacv">analyse du cycle de vie</a> des aliments montrent que l’impact du transport dans l’alimentation est relativement modeste, de <a href="https://science.sciencemag.org/content/360/6392/987">l’ordre de 5 %</a>.</p>
<p>Puisqu’une partie de la consommation alimentaire est déjà locale, et puisque même la nourriture locale doit être transportée sur de courtes distances, cette valeur de 5 % surestime la réduction des émissions qui serait occasionnée en mangeant totalement local.</p>
<p>Ainsi, adopter « lundi vert » réduirait plus significativement les émissions que s’alimenter uniquement des produits de proximité. L’un n’empêche pas l’autre évidemment, d’autant plus que manger local présente d’autres bénéfices, comme le fait d’encourager la consommation de produits français et de saison.</p>
<h2>Bénéfices économiques</h2>
<p><a href="https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2019-rapport-la-valeur-de-laction-pour-le-climat_0.pdf">Le rapport Quinet (2019)</a> établit le coût social d’une tonne de carbone en 2018 à 56 euros, en visant 250 euros la tonne en 2030.</p>
<p>En prenant une valeur intermédiaire de 100 euros par tonne de CO<sub>2</sub>e, « lundi vert » induirait ainsi un bénéfice annuel d’environ 500 millions d’euros. Cette valeur monétaire est néanmoins une borne très inférieure puisque réduire la consommation de viande génère de multiples bienfaits <a href="https://www.bmj.com/content/370/bmj.m2322">pour l’environnement et la santé</a>, et que les <a href="https://www.pnas.org/content/113/15/4146">bénéfices sanitaires</a> monétisés dominent en général largement les bénéfices climatiques monétisés d’un changement de régime alimentaire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"928484156245512192"}"></div></p>
<h2>L’usage des sols</h2>
<p>L’évaluation précédente de l’impact climatique du scénario « lundi vert » ne prend pas en compte le changement d’usage des sols, et en conséquence sous-estime largement cet impact.</p>
<p>Les produits animaux requièrent en effet beaucoup plus de surface agricole que les végétaux. Or, il existe alors un « coût d’opportunité » en matière de stockage de carbone, notamment car il y aurait plus de forêts sur les terres agricoles non utilisées pour produire la nourriture pour les animaux et les prairies, et car les forêts présentent en général une meilleure captation carbone dans le sol et la végétation.</p>
<p>Selon une étude publiée dans la revue <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-018-0757-z"><em>Nature</em> en 2018</a>, en tenant compte de ce coût d’opportunité, l’impact climatique des produits animaux serait en réalité 3 ou 4 fois plus important. Dans beaucoup de pays européens dont la France, ce coût d’opportunité est élevé et permettrait une économie équivalente à plusieurs <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-020-00603-4?proof=t">années de consommation d’énergie fossile</a>.</p>
<h2>Autres impacts environnementaux</h2>
<p>Localement, les produits animaux sont aussi largement plus polluants pour les milieux (eau, air, sol) que les produits végétaux. Par exemple, les mesures d’eutrophisation ou d’acidification <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext">sont de 5 à 10 fois plus importantes</a> pour la viande de bœuf ou de porc que pour les légumineuses.</p>
<p>Un problème de santé environnementale rarement évoqué au sujet de l’élevage est la pollution de l’air. Or, l’agriculture, et principalement l’élevage avec les émissions d’ammoniac, est considérée comme la source principale des <a href="https://www.nature.com/articles/nature15371">particules fines PM<sub>2,5</sub> en Europe</a>.</p>
<p>Dans le contexte actuel de sécheresse, il est important aussi de rappeler que les produits végétaux consomment beaucoup <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10021-011-9517-8">moins d’eau que les produits animaux</a>. Avec le changement climatique, la <a href="https://www.liberation.fr/debats/2020/09/08/secheresses-a-repetition-l-influence-de-l-alimentation_1798774">dépendance de notre alimentation aux importations</a> pour nourrir notre bétail représente un risque.</p>
<p>Ainsi, végétaliser notre alimentation améliorerait significativement la <a href="https://www.quae.com/produit/1317/9782759223367/les-legumineuses-pour-des-systemes-agricoles-et-alimentaires-durables">durabilité de nos systèmes agricoles</a>.</p>
<h2>Changer les habitudes</h2>
<p>Pour résumer, l’impact de la <a href="https://science.sciencemag.org/content/361/6399/eaam5324/tab-article-info">production de viande sur l’environnement est considérable</a>. Dans un contexte d’inertie politique, illustré par <a href="http://www.cae-eco.fr/IMG/pdf/cae-note027v2.pdf">l’échec du verdissement de la Politique agricole commune</a>, et un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921800916304049">verrouillage de notre système agricole</a>, il paraît nécessaire d’agir sur la demande et modifier nos habitudes alimentaires.</p>
<p>Mais ces dernières sont tenaces, et les résistances au changement sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0195666315001518 ?via %3Dihub">renforcées par les normes sociales</a>, ainsi que par le marketing et le lobbying proviande. Nous manquons par ailleurs de connaissances sur la cuisine végétale, et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0195666318314028">notamment le potentiel des légumineuses</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, il est urgent que les Français réalisent que leur régime alimentaire est un <a href="https://eatforum.org/content/uploads/2019/01/EAT-Lancet_Commission_Summary_Report.pdf">levier majeur</a> pour la planète. <a href="https://www.lundi-vert.fr/">« Lundi vert »</a>, en proposant une approche volontaire, collective et ludique de végétalisation de nos assiettes – avec un suivi individuel proposé dans le cadre d'un protocole de recherche –, nous invite à questionner nos habitudes alimentaires, étape nécessaire avant le changement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Treich a reçu des financements de l’Agence nationale pour la recherche (ANR) et TSE-Partnership Foundation (TSE-P). Il est co-initiateur de la campagne du « Lundi vert » ; il participe également au programme scientifique associé à cette initiative. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurent Bègue-Shankland est co-initiateur de la campagne du « Lundi vert » ; il est également responsable du programme scientifique associé à cette initiative. </span></em></p>Si elle est suivie, cette initiative pourrait réduire de plus de 5 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation en France.Nicolas Treich, Chercheur en économie, InraeLaurent Bègue-Shankland, Professeur de psychologie sociale, membre de l’Institut universitaire de France (IUF), directeur de la MSH Alpes (CNRS/UGA), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1162402019-04-29T20:20:02Z2019-04-29T20:20:02ZLa léghémoglobine, cet ingrédient qui fait passer le steak végétal pour de la viande rouge<p>Les humains mangent des animaux qui mangent des végétaux. En supprimant cette étape intermédiaire pour manger directement des végétaux, nous pouvons diminuer notre empreinte carbone, réduire la superficie des terres agricoles, éliminer les risques sanitaires liés à la consommation de viande rouge et nous libérer d’une partie des dilemmes éthiques relatifs au bien-être animal.</p>
<p>Pour beaucoup de gens toutefois, reste un obstacle de taille : la viande, c’est bon. Très bon, même. Par contraste, un burger végétarien… a un goût de burger végétarien. Il ne satisfait pas l’envie carnivore dans la mesure où il n’a ni l’apparence, ni l’odeur, ni le goût, ni le côté saignant du bœuf.</p>
<p><a href="https://impossiblefoods.com/">Impossible Foods</a>, une entreprise californienne, propose de surmonter cet obstacle en ajoutant à son burger végétalien un extrait de plante doté de propriétés que les gens associent habituellement à la viande rouge ; il s’agit de donner au steak végétarien les caractéristiques du bœuf. L’Impossible Burger est vendu dans des restaurants californiens depuis 2016. Ses créateurs visent à présent le marché nord-américain en s’associant avec Burger King pour créer l’<a href="https://impossiblefoods.com/burgerking/">Impossible Whopper</a>. Ce sandwich est actuellement commercialisé à titre expérimental à Saint Louis, dans le Missouri. S’il y rencontre un succès suffisant, il sera proposé à la vente dans tout le pays.</p>
<p>En quoi consiste exactement cette mystérieuse substance ? Le burger qui en contient est-il encore vegan ? Est-elle fabriquée à base d’OGM ? Empêche-t-elle le produit de recevoir le label bio ?</p>
<p>Je suis biologiste moléculaire et étudie la façon dont les plantes et les bactéries interagissent et s’adaptent à leur environnement ; je m’intéresse également à l’impact potentiel de ces interactions sur la santé humaine. Et c’est bien ce savoir qui a été mis en application d’une manière que je n’avais pas envisagée pour créer l’Impossible Burger…</p>
<h2>La « léghémoglobine », qu’est-ce que c’est ?</h2>
<p>Ce sandwich contient un ingrédient extrait du soja : la léghémoglobine. Il s’agit d’une protéine liée chimiquement à une molécule non-protéique, l’hème, qui donne à la léghémoglobine <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC177968/">sa couleur rouge vif</a>. En fait, l’hème contient du fer, qui est aussi à l’origine de la couleur du sang et de la viande rouge. D’un point de vue évolutionnaire, la léghémoglobine se rapproche de la myoglobine animale, que l’on trouve dans les muscles, et de l’hémoglobine du sang. Elle sert à réguler l’approvisionnement des cellules en oxygène.</p>
<p>La léghémoglobine donne à l’Impossible Burger l’apparence, l’odeur à la cuisson et la saveur du bœuf. J’ai fait appel à un collègue scientifique de Saint Louis pour goûter l’Impossible Whopper, et il n’a pas pu le distinguer de la version contenant de la viande. Il a toutefois nuancé ce constat en indiquant que les ingrédients contenus dans cette préparation contribuaient peut-être à masquer la différence.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268224/original/file-20190408-2901-1xkdicv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=521&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Coupe transversale d’un nodule de racine de soja. La couleur rouge est due à la léghémoglobine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.microscopemaster.com/rhizobium.html#gallery[pageGallery]/0/">CSIRO</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>À ce stade émerge une première question : pourquoi les plants de soja ne sont-ils pas rouges ? On trouve également de la léghémoglobine dans de nombreuses légumineuses, d’où son nom. Elle est particulièrement abondante dans certaines structures spécifiques, les nodules, qui se développent sur les racines. Si vous fendez un de ces nodules avec l’ongle, vous verrez que l’intérieur est <a href="https://www.agronomy.org/science-news/fixing-soybeans-need-nitrogen">rouge vif, à cause de la léghémoglobine</a>. Les nodules du soja se forment en réaction à la présence de la bactérie symbiotique <em>Bradyrhizobium japonicum</em>.</p>
<p>J’imagine que le <a href="https://impossiblefoods.com/heme">site Internet</a> d’Impossible Foods montre du soja dépourvu de nodules parce que la plupart des gens sont dégoûtés par les bactéries, même si la <em>Bradyrhizobium</em> est bénéfique pour l’homme.</p>
<p>Dans <a href="https://medicine.buffalo.edu/faculty/profile.html?ubit=mrobrian">mon groupe de recherche</a>, nous nous intéressons à la relation symbiotique entre le soja et son alliée bactérienne, <em>Bradyrhizobium japonicum</em>, dans le but de réduire l’empreinte carbone de l’espèce humaine, mais pas en créant de délicieux burgers sans protéines animales.</p>
<p>En effet, les bactéries présentes dans les nodules des racines absorbent l’azote de l’air et le transforment en nutriment dont la plante se sert pour se développer. On appelle ce processus la fixation biologique de l’azote. La symbiose entre plantes et bactéries permet de se passer d’engrais chimiques azotés, qui consomment énormément d’énergie fossile et polluent l’eau.</p>
<p>Certains groupes de recherche étudient la possibilité d’étendre cette symbiose à des cultures comme le maïs ou le blé en <a href="https://doi.org/10.1128/AEM.01055-16">les modifiant génétiquement</a> pour obtenir les bénéfices de la fixation de l’azote dont seules certaines plantes, y compris les légumineuses, sont pour l’instant capables.</p>
<p>Je suis heureusement surpris et quelque peu amusé de constater que des termes de jargon aussi hermétiques qu’hème et léghémoglobine sont passés dans le langage courant et se retrouvent jusque sur l’emballage d’un sandwich !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268177/original/file-20190408-2905-1exxbes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les nodules racinaires se trouvent sur les racines des légumineuses.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/nodules-soybean-346114349?src=MiMFs-Cw09sJ7EU3JaG86Q-1-7">Kelly Marken/Shutterstock</a></span>
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<h2>Bio ou pas bio ?</h2>
<p>La léghémoglobine est l’ingrédient phare de l’Impossible Burger, mais c’est aussi un additif dont les consommateurs avertis veulent s’assurer qu’il est bio, sans OGM ou encore vegan.</p>
<p>La léghémoglobine utilisée dans les burgers provient d’une levure génétiquement modifiée qui contient la séquence ADN permettant au soja de fabriquer la protéine. Or introduire le gène du soja dans la levure en fait un OGM. Selon la Food and Drug Administration, l’organisme américain chargé du contrôle des produits alimentaires, la <a href="https://www.fda.gov/downloads/Food/IngredientsPackagingLabeling/GRAS/NoticeInventory/UCM620362.pdf">léghémoglobine de soja</a> est « généralement considérée sans danger ». Néanmoins, le département de l’Agriculture <a href="https://www.ams.usda.gov/publications/content/can-gmos-be-used-organic-products">interdit d’accorder le label « biologique »</a> aux aliments contenant des OGM. Il est ironique de constater qu’une innovation qui pourrait être respectueuse de l’environnement et participer au développement durable est aussi rapidement mise au placard par des organisations qui déclarent partager ces objectifs.</p>
<p>Tous les vegans n’approuvent pas ce nouveau burger. Certains affirment qu’un produit contenant des OGM ne peut être vegan pour diverses raisons, dont les <a href="https://www.nongmoproject.org/blog/tag/vegan/">expériences menées sur des animaux</a> pour évaluer les effets de la léghémoglobine sur la santé. De mon point de vue, ce principe moral peut être contesté, car il ne prend pas en compte le bétail épargné. D’autres vegans voient dans les <a href="http://www.vegangmo.com/vegan-gmo-mission">OGM la solution à des problèmes</a> qui leur tiennent à cœur.</p>
<p>À en juger par son site Internet, <a href="https://impossiblefoods.com/heme">Impossible Foods</a> est pleinement conscient des différents groupes de consommateurs dont l’opinion sera déterminante pour le succès de son produit. Le site inclut un lien vers une publication décrivant la façon dont les <a href="https://medium.com/impossible-foods/how-gmos-can-save-civilization-and-probably-already-have-6e6366cb893">OGM vont nous permettre de sauver la planète</a>. Mais l’entreprise affirme aussi qu’elle utilise de l’hème « directement issu de plantes ». C’est faux. En réalité, cette molécule provient de la levure.</p>
<p>La commercialisation de la léghémoglobine est une conséquence imprévue de l’intérêt des chercheurs pour ce fascinant processus biologique. Les bénéfices potentiels d’une découverte scientifique ne sont souvent pas envisagés sur le moment. Que l’Impossible Burger soit ou non un succès commercial à grande échelle, la technologie alimentaire continuera d’évoluer pour s’adapter aux besoins de l’humanité, comme elle l’a toujours fait depuis les débuts de l’agriculture, il y a 10 000 ans.</p>
<hr>
<p><em>Traduit de l’anglais par Iris Le Guinio pour <a href="http://www.fastforword.fr/">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116240/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark R. O’Brian a reçu des financements du National Institutes of Health.
</span></em></p>Proposer un burger végétal dont l’apparence, le goût et l’odeur ressemblent à s’y méprendre à du bœuf, tel est le défi qu’entend relever la start-up Impossible Foods.Mark R. O'Brian, Professor and Chair of Biochemistry, Jacobs School of Medicine and Biomedical Sciences, University at BuffaloLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/930132018-04-09T20:12:28Z2018-04-09T20:12:28ZDe la place de l’homme dans l’évolution, l’éthique et la nutrition<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/213804/original/file-20180409-114116-1lomnzd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C15%2C5179%2C3705&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-il plus éthique de se nourrir à partir de légumes que de viande ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/nTZOILVZuOg">Brooke Lark/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Ayant raffiné la faculté de communiquer par la pensée l’être humain a cherché depuis longtemps à se singulariser au sein du monde biologique. Jusqu’à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle il était plus ou moins communément admis que l’espèce humaine était au sommet de l’évolution (cf l’arbre phylogénétique périmé ci-dessous).</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1037&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1037&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1037&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1303&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1303&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213727/original/file-20180408-5590-4zbyl8.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1303&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">arbre phylogénétique ancien.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/biodiversite/dossiers-thematiques/les-trois-domaines-du-vivant/historique-de-la-classification-du-vivant-1">ENS Lyon</a></span>
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<p>Cette vision anthropocentrique décrivant l’espèce humaine comme le but ultime de l’évolution va de pair avec des développements moraux et religieux décrivant dans plusieurs religions l’homme comme l’élu de Dieu ou indiquant que Dieu a créé l’homme a son image ou encore que Dieu peut occasionnellement se présenter sous forme humaine. Cette proposition n’est pas unique aux religions monothéistes, dans les religions polythéistes grecques ou romaines, les Dieux se transforment assez facilement en humains pour séduire en particulier d’attractives jeunes femmes tout à fait humaines. Au-delà de l’anecdote, ces vieux arbres phylogénétiques et ces croyances bien plus ancestrales reflètent de façon évidente une propension de l’espèce humaine à se considérer comme supérieure aux autres organismes biologiques. Ou à se rassurer ?</p>
<p>Pourquoi donc éprouvons-nous ce besoin de nous croire supérieurs aux autres espèces, cela cache-t-il une insécurité profonde ? Sommes-nous réellement supérieurs biologiquement aux autres espèces vivantes ? Et si non pourquoi avons-nous inventé cette fable ?</p>
<h2>Nutrition humaine</h2>
<p>Un niveau de réponse intéressant à ce type de question concerne la nutrition animale qui inclut la nutrition humaine. Toute la chaîne animale est dépendante de molécules contenant du carbone de l’azote et du soufre qui sont présentes dans des matériaux préconstruits par d’autres organismes vivants capables d’utiliser des formes inorganiques comme le CO<sub>2</sub>, le nitrate (NO3-) et le sulfate (SO42-). À titre d’exemple les macromolécules les plus importantes d’un point de vue catalytique dans la cellule, les protéines sont constituées d’un assemblage de 20 acides aminés différents et les animaux ne peuvent en synthétiser que 11. Ceci est un exemple parmi d’autres, on pourrait citer également les disponibilités en vitamines qui sont extrêmement différentes entre les végétaux et les animaux. Sans aller plus loin dans la démonstration, il est clair que toute la chaîne animale est totalement dépendante des végétaux photosynthétiques pour sa survie et que nous disparaîtrions rapidement en l’absence de végétaux. Évidemment une large partie des organismes animaux (carnivores, omnivores) se nourrissent d’autres animaux mais par exemple les ruminants qui peuvent servir de proies aux carnivores ne survivent qu’en consommant des végétaux. Il est probable que pendant des millénaires l’alimentation mixte des humains n’a pas posé de problème moral.</p>
<p>Toutefois des limites morales sont rapidement apparues, par exemple le cannibalisme est très largement rejeté dans les sociétés modernes. La nutrition carnée de l’espèce humaine a certainement posé des problèmes éthiques et moraux depuis fort longtemps en particulier parce qu’il est beaucoup plus facile pour un homme de s’identifier à d’autres espèces animales qu’à des organismes végétaux qui sont en apparence beaucoup plus différents et nous paraissent beaucoup plus étrangers. Une des solutions à ce dilemme est de postuler que l’être humain est supérieur à tout le reste de la création. On notera que l’arbre phylogénétique primitif montré plus haut place soigneusement l’homme au sommet de la hiérarchie. Pour achever de bétonner cette sécurisation morale, on a pris soin d’indiquer que non seulement l’homme est à la pointe de l’évolution, mais de plus il est le seul être doué de raison. La conséquence de cela est que moralement nous avons le droit de nous nourrir en consommant d’autres espèces présumées inférieures.</p>
<p>Cette certitude a volé en éclats au cours du XX<sup>e</sup> siècle à la suite des travaux de génomique et sur le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Molecular_evolution">comportement des animaux</a>. Les progrès de la génétique et de la génomique ont permis de raffiner les arbres de l’évolution, leur aspect moderne étant plus conforme au schéma ci-dessous. Dans cette version moderne l’homme appartient aux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Opisthochontes">Opisthocontes</a> et on voit bien que cette branche n’est nullement plus évoluée qu’aucune des autres. En plus si on zoome sur cette branche on s’aperçoit que l’homme n’est en rien au sommet de celle-ci. Le génome humain est identique à plus de 95 % à celui du chimpanzé, notre plus proche cousin évolutivement. On est donc contraint d’un point de vue moral à se raccrocher à l’idée que l’homme est doué de raison et les autres espèces animales non. Cette certitude aussi s’est évaporée à la suite des travaux des comportementalistes qui ont montré que de nombreuses autres espèces animales ont des modes de communication extrêmement élaborés et peuvent faire preuve d’intelligence. <a href="https://theconversation.com/est-il-pertinent-de-hierarchiser-les-especes-animales-90577">Un excellent article</a> récent dans The conversation fait une analyse très complète à ce sujet.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=491&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213728/original/file-20180408-5600-1rmww3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=617&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Arbre du vivant moderne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/biodiversite/dossiers-thematiques/les-trois-domaines-du-vivant/historique-de-la-classification-du-vivant-1">ENS Lyon</a></span>
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<p>Il est de plus en plus évident que tous ces arguments pèsent maintenant lourd dans la façon dont les sociétés humaines envisagent ces problèmes de nutrition et l’on voit bien se dessiner une <a href="https://www.riseofthevegan.com/blog/veganism-has-increased-500-since-2014-in-the-us">tendance forte</a> en tout cas dans les sociétés occidentales pour refuser une alimentation à base animale, ce refus étant largement basé sur des critères éthiques (certaines religions et en particulier la religion chrétienne ont comme précepte « tu ne tueras point », or nous tuons des animaux, et ces animaux nous ressemblent finalement beaucoup plus qu’on ne le pensait).</p>
<h2>Végétarisme</h2>
<p>Ces considérations plus souvent dans l’inconscient que dans le conscient conduisent une fraction toujours plus large de la population occidentale à se tourner vers le « végétarisme » c’est-à-dire vers une nourriture dépourvue de substances animales avec des degrés variés d’acceptation de certains produits animaux (par exemple, œufs et laits). La meilleure acceptabilité morale de ce type de nourriture est encore une fois basée sur le concept que les végétaux seraient des êtres inférieurs par rapport aux animaux, mais qu’en est-il réellement du point de vue biologique ? La réponse est en réalité extrêmement cruelle pour le monde animal dans son ensemble et l’homme en particulier. Du point de vue du génome en effet un chiffre clé est le nombre de gènes codés par ce génome et on s’accorde à penser que le génome humain programme environ 23 000 gènes et celui d’une des plantes modèles les plus simples <em>Arabidopsis thaliana</em> (une herbacée crucifère, absolument non remarquable, de petite taille avec des feuilles en rosette au niveau du sol) 27 000 gènes. Un arbre comme le peuplier en contient environ 40 000.</p>
<h2>Les plantes, êtres supérieurs</h2>
<p>Première humiliation, mais ça ne s’arrête pas là, les gènes présents chez les plantes terrestres eucaryotes sont incroyablement proches dans leur séquence de leurs homologues eucaryotes animaux. Les protéines en dérivant sont extrêmement similaires. Sauf que les plantes ont aussi la propriété d’être autotrophes vis-à-vis du carbone de l’azote et du soufre et qu’elles ont donc une plasticité de croissance incomparablement supérieure à celle des animaux et ceci est probablement en relation avec leur plus grand nombre de gène. Ce sont deux exemples simples explicitant la supériorité des plantes sur les animaux en ce qui concerne les aspects fonctionnels et métaboliques. </p>
<p>On rétorquera oui, mais les plantes n’ont pas de sensibilité, pas de mode de communication. Ce dernier point est faux les plantes communiquent entre elles de façon fort différente des systèmes animaux <a href="http://www.plantcell.org/content/14/suppl_1/S131">mais elles communiquent</a>. On sait par exemple que lorsqu’une plante est attaquée par un pathogène (champignon, virus), elle émet des composés volatiles gazeux (terpènes éthylène) qui signalent aux plantes adjacentes l’attaque dont elle est l’objet et les voisines mettent en route des systèmes de défense. On sait aussi qu’elles émettent des molécules spécifiques pour recruter des pollinisateurs animaux qui facilitent leur reproduction. Nous n’en sommes encore probablement qu’aux balbutiements de la compréhension de ces phénomènes de communication entre plantes et aussi entre les plantes et d’autres formes de vie.</p>
<p>Ces considérations biologiques aboutissent à la conclusion suivante : bien que les plantes nous apparaissent extrêmement différentes en réalité elles sont beaucoup plus proches de nous qu’on ne le pense (les arbres phylogénétiques le montrent d’ailleurs) et elles ne sont en aucun cas des êtres inférieurs, cette notion n’ayant d’ailleurs pas de sens au niveau biologique. Il s’ensuit que lorsqu’on se nourrit exclusivement de végétaux on tue de la vie tout autant qu’en ayant une alimentation carnée. Ceci est d’ailleurs reconnu dans certaines branches de la culture indienne où l’on recommande de ne manger que les parties non vitales de la plante en lui permettant de continuer son cycle de vie. </p>
<p>Heureusement les plantes se régénèrent facilement après avoir perdu une partie de leurs organes… Du point de vue du biologiste il n’est ni plus éthique ni plus moral de se nourrir uniquement de végétaux qu’avec une alimentation mixte, dans les deux cas on détruit des êtres vivants pour en construite d’autres. C’est assez tristement la loi du plus fort qui prévaut pour la nutrition mais c’est aussi comme cela que nous survivons, il faut en payer le tribut moral. Une supériorité de l’humanité est que nous soyons peut-être les seuls à pouvoir appréhender ce dilemme mais c’est c’est aussi notre grande faiblesse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93013/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Pierre Jacquot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Sommes nous réellement supérieurs biologiquement aux autres espèces vivantes ? Et que signifie, d’un point de vue éthique, manger des plantes plutôt que des animaux ?Jean-Pierre Jacquot, Professeur, Biologie et Biochimie végétales, IUF, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/901402018-01-25T21:21:01Z2018-01-25T21:21:01ZQue mettre dans son assiette pour manger « durable » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/203248/original/file-20180124-107950-9lreey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C55%2C7337%2C4297&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les consommateurs n’ont pas toujours conscience des conséquences de leur consommation. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/young-woman-shopping-grocery-store-mature-675852160">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Au-delà des enjeux pour notre santé, les aliments que nous consommons ont aussi un impact sur la santé de la planète ; des indicateurs ont souligné ces dernières années une dégradation de l’environnement et de la biodiversité imputable à certaines pratiques agricoles et certains modes de consommation.</p>
<p>On observe ainsi en France un <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/biblio/pigb17/05_oiseaux.htm">déclin particulièrement élevé du nombre d’oiseaux</a>. Cela est dû à la pollution causée par l’utilisation de produits phytosanitaires et l’intensification des activités humaines. Il s’agit d’un enjeu important : d’après la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), 35 % de la production agricole globale dépendent de la pollinisation.</p>
<p>Il faut également noter une qualité des eaux de rivière <a href="http://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/10/17/la-qualite-de-l-eau-se-degrade-encore-en-france_5201907_1652666.html">fortement dégradée</a> par ces mêmes pollutions chimiques issues des activités agricoles. Rappelons enfin qu’en France, l’agriculture contribue à hauteur de <a href="https://www6.paris.inra.fr/depe/Projets/Agriculture-et-GES">20 % aux émissions de gaz à effet de serre</a> dont l’accumulation dans l’atmosphère perturbe le climat.</p>
<h2>Moins de viande</h2>
<p>L’un des leviers pour lutter contre ces dégradations consiste à impliquer les consommateurs pour qu’ils orientent leurs achats vers des aliments plus respectueux de l’environnement. Des travaux de recherche récents – dont ceux de l’IPBES qui rendra ses résultats en mars 2018 – s’intéressent à ces <a href="http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1082013215572029">enjeux environnementaux et nutritionnels</a> de la consommation alimentaire.</p>
<p>Citons à titre d’exemple le Fonds mondial pour la nature <a href="https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2017-11/171109_rapport_vers_une_alimentation_bas_carbone_saine_abordable_0.pdf">(WWF) et ECO₂ Initiative</a> qui se sont basés sur des travaux scientifiques pour proposer des évolutions possibles.</p>
<p>Les principaux changements qu’ils pointent consisteraient en une réduction de la proportion de viande et de poisson au profit des légumineuses (haricots, lentilles, pois, soja, etc.) et des tubercules (pommes de terre, topinambour, navet, panais, etc.) ; ainsi qu’une réduction de la proportion des aliments transformés industriels, au profit d’une augmentation de la proportion de fruits, de légumes et de céréales complètes.</p>
<p>Dans leur rapport, WWF et ECO<sub>2</sub> proposent de ne manger ni viande ni poisson 3 jours par semaine. Cela correspond à une <a href="https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/pour-le-meme-prix-manger-mieux-tout-en-reduisant-notre-impact-sur-la-planete-cest-possible">diminution de 31 %</a> de la consommation de viande et de 40 % de la consommation de poisson.</p>
<p>Il est également possible d’envisager, à budget égal, une alimentation plus équilibrée, comportant des aliments de qualité en privilégiant des produits certifiés ou labellisés (comme les produits bio ou Label Rouge). En effet, selon ce même rapport, la baisse du coût du panier alimentaire obtenue grâce à la diminution de la consommation de viande et de poisson permet d’introduire environ 50 % d’aliments labellisés.</p>
<p>Selon de nombreuses études, une réduction de la consommation de <a href="https://www.unece.org/fileadmin/DAM/env/documents/2014/AIR/WGSR/westhoek_et_al_2014_food_choice.pdf">viande bovine</a> aurait un poids important pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la santé des consommateurs à long terme. Consommer de la viande ne serait pas un non-sens environnemental, à condition qu’elle provienne d’élevages au moins partiellement élevés en plein air ; car les prairies permettent la séquestration du carbone dans le sol.</p>
<p>Une évolution vers des modes d’élevages avec des animaux en plein air permettrait ainsi de préserver ces prairies et donc de séquestrer du carbone. Le bétail consommerait plus d’herbe, réduisant les surfaces agricoles destinées à la production de l’alimentation animale.</p>
<h2>Produire de « meilleurs » aliments</h2>
<p>D’<a href="http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/Developpement-et-innovation-en-agriculture-biologique">autres travaux de recherche</a> s’intéressent à l’amélioration des aliments. Un développement de l’alimentation bio peut être considéré comme un moyen crédible de réduire l’<a href="http://inra.dam.front.pad.brainsonic.com/ressources/afile/234150-6a298-resource-expertise-pesticides-synthese.html">utilisation de pesticides</a> qui dégradent l’état écologique des eaux douces de surface et des eaux côtières, réduisent la biodiversité terrestre et causent la surmortalité des abeilles.</p>
<p>Le développement des légumineuses peut également être envisagé : elles sont en effet particulièrement riches en protéines végétales, en fibres et en minéraux, et elles constituent aussi un excellent moyen d’enrichir les parcelles en fixant l’azote dans le sol, avant de planter les cultures suivantes comme le blé ou le maïs. Cela peut permettre une <a href="https://www.nature.com/articles/sdata201684">économie de 20 %</a> sur les engrais azotés utilisés, contribuant aux émissions de protoxyde d’azote, qui est un gaz à effet de serre.</p>
<p>Bien évidemment, ces pratiques sont pour la plupart très techniques et difficiles à communiquer de manière simple aux consommateurs.</p>
<h2>Comment bien informer ?</h2>
<p>Il n’existe pas aujourd’hui d’obligation d’information des consommateurs sur l’impact environnemental des produits alimentaires. Et l’information disponible ne permet souvent pas aux consommateurs de prendre en compte les caractéristiques environnementales des produits, ni de rémunérer les efforts des producteurs cherchant à développer des pratiques durables, surtout lorsque ces bonnes pratiques n’ont que peu ou pas d’impact sur la qualité organoleptique – à savoir, le goût, l’odeur, la texture en bouche, etc. – et nutritionnelle des aliments.</p>
<p>Cette absence d’information réglementée laisse place à une prolifération de certifications et labels, allégations et mentions plus ou moins liés à l’environnement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Par ailleurs, les consommateurs n’ont pas toujours conscience de certaines conséquences de leurs pratiques de consommation comme le gaspillage, les pollutions liées à leurs déplacements pour se rendre au supermarché, ou encore le recyclage imparfait des emballages.</p>
<p>Il serait donc intéressant de s’orienter vers des indicateurs synthétiques et simples à interpréter, associant des couleurs et des lettres, comme ceux indiquant la consommation d’énergie de certains appareils ménagers <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tiquette-%C3%A9nergie">(« l’étiquette énergie »)</a>.</p>
<p>Comme les atteintes à l’environnement sont diverses, complexes et ne font pas consensus dans le monde scientifique, une telle démarche, avant d’être validée, demanderait des recherches sur le contenu, la forme et l’impact de telles informations environnementales sur les comportements alimentaires.</p>
<h2>Au-delà de l’information et des labels</h2>
<p>Face à ces limites des stratégies d’information, d’autres instruments peuvent être utilisés pour venir compléter les labels, à l’image des mécanismes de taxation ou de subvention en fonction du type de produits (respectueux ou non de l’environnement)… même si les consommateurs acceptent parfois de payer plus cher pour conserver leur habitude alimentaire.</p>
<p>Il existe également des normes et des standards imposant un niveau minimal de qualité et/ou de sécurité. C’est par exemple le cas des seuils maximaux de résidus de pesticides dans les aliments ou dans l’eau. Ce pourrait être également le cas concernant une obligation de compléter l’alimentation des vaches laitières <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0306919214000505">par des graines de lin</a>, ce qui réduirait les émissions de méthane par les vaches et augmenterait la teneur en oméga-3 du lait.</p>
<p>Les standards présentent cependant l’inconvénient de réduire la diversité des produits, chaque producteur étant incité à produire un bien satisfaisant juste le niveau minimal de qualité. Ils restreignent également la concurrence en excluant du marché les entreprises incapables de supporter l’augmentation du coût de production liée notamment à l’utilisation de nouveaux procédés de production.</p>
<p>En attendant que les marchés et la réglementation politique mettent en place ces instruments pour orienter les consommateurs vers des produits alimentaires respectueux de l’environnement, il incombe à chacun de s’interroger sur l’impact de ses pratiques environnementales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/90140/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephan Marette a reçu des financements de la Commission européenne, de l’Agence nationale de la recherche et de la Fondation Carasso. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maïmouna Yokessa a reçu des financements de la région Île-de-France. </span></em></p>Moins de viande, plus de légumineuses et un étiquetage digne de ce nom sur l’impact environnemental des aliments, voici quelques-unes des pistes pour faire rimer alimentation et développement durable.Stephan Marette, Directeur de recherche à l’INRA, économiste, AgroParisTech – Université Paris-SaclayMaïmouna Yokessa, Doctorante, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/877112017-11-22T05:12:27Z2017-11-22T05:12:27ZQuels nouveaux modèles agricoles pour faire face aux changements globaux ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/195414/original/file-20171120-18547-1xk070i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Rizières dans le Yunnan (Chine).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/globalwaterforum/7581250084/in/photolist-cxVTwm-djDfps-djDbgX-bveWLi-9nPKaf-nrsBgr-n9Yexy-UN7mzh-qEmgHv-fb99YX-nRfpQJ-aD6cvK-b3LdB2-fb9aVk-b3LQuX-jWU92p-jWWNFo-qQFzwM-b3HUp8-jyeBE-ocjpB4-XKefdQ-b3LNoc-SNivpc-X3Z84r-b3HVZK-bveWnZ-VuhvY3-b3Lbb2-qWC7Wi-pZLKQf-6bKrun-UQRMVZ-b3Lcda-b3Kbcr-9kkN9Y-rcUBSR-jWUqaB-hk7mEu-beYQcH-b3JyAH-b3LZJZ-9kkMaL-b3MGYD-bfofmR-jWUvyn-b3Nc9k-jWUGjP-b3M25n-n9YdBx">Global Water Forum/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article a été publié en collaboration avec le <a href="http://rfiea.fr/">Réseau français des instituts des études avancées</a> (RFIEA) dans le numéro 30 du bimensuel <a href="http://fellows.rfiea.fr/">Fellows</a> intitulé <a href="http://fellows.rfiea.fr/dossier/make-our-planet-great-again">« Make our planet great again ? »</a>.</em></p>
<hr>
<p>Pendant des siècles, l’agriculture a été considérée comme une simple activité dédiée à la production de nourriture pour les humains (directement et via l’élevage) et à celle de fibres pour l’industrie textile.</p>
<p>Une mutation s’est opérée au cours des dernières décennies : le système agraire se retrouve au centre de nouvelles pressions et attentes sociales.</p>
<p>L’agriculture contemporaine doit, par exemple, répondre à la demande croissante d’énergie renouvelable par la production de biomasse à transformer en énergie (combustion, biogaz, biodiesel, éthanol). Elle est aussi en charge de la protection du paysage rural et de la biodiversité avec l’introduction de pratiques respectueuses de l’environnement – notamment la réduction des risques d’érosion et des émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>Au niveau mondial, l’enjeu est de pouvoir répondre à ces objectifs complexes, tout en satisfaisant une demande croissante de nourriture due à l’essor de la population mondiale, souvent associé à une variation rapide des régimes alimentaires ; en 2050, la population mondiale devrait atteindre les <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/06/22/la-population-mondiale-atteindra-9-8-milliards-d-habitants-en-2050-selon-l-onu_5149088_3244.html">9 milliards d’habitants</a>.</p>
<p>Les terres consacrées à la production agricole ne peuvent croître davantage sans que cela se fasse au détriment des écosystèmes terrestres : la recherche agricole doit trouver rapidement des solutions durables.</p>
<h2>Agriculture et changement climatique</h2>
<p>Les céréales, les cultures oléagineuses et les légumineuses <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01005055/document">dominent l’agriculture contemporaine</a>. Ces grandes cultures occupent environ 70 % des terres cultivées et fournissent la majeure partie des calories de l’alimentation humaine. Elles sont produites sur des cycles annuels. Les cultures basées sur ce paradigme de l’annualité <a href="https://reporterre.net/Climat-l-agriculture-est-la-source">émettent des quantités significatives de gaz à effet de serre</a>, qui contribuent au changement climatique. Elles nécessitent des rotations, des traitements du sol, des engrais et l’utilisation de biocides pour la lutte antiparasitaire et contre les agents pathogènes. Elles sont une source potentielle de dégradation des sols et, par conséquent, une menace sérieuse pour la durabilité agricole.</p>
<p>L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) <a href="http://www.fao.org/news/story/fr/item/357221/icode/">estime qu’au moins un tiers des terres agricoles</a> dans le monde a déjà subi une détérioration importante. Or, si un tel rythme se poursuit, la plupart des terres pourraient <a href="http://mots-agronomie.inra.fr/mots-agronomie.fr/index.php/D%C3%A9gradation_mondiale_des_terres_:_comment_l%27%C3%A9valuer_%3F">être perdues de façon irréversible</a> au cours des soixante prochaines années. Il est urgent de changer radicalement les systèmes de culture pour assurer une production alimentaire durable sur des sols sains.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"883060657507229697"}"></div></p>
<p>La recherche agricole s’est engagée à relever ce défi. Elle est d’ores et déjà en mesure de proposer un changement de paradigme : remplacer les cultures annuelles par des cultures pérennes, qui peuvent repousser après la récolte, sans réensemencer. Grâce aux techniques modernes d’hybridation, de croisement et de sélection, de nombreuses versions « pérennes » d’espèces et variétés sauvages habituellement cultivées de façon « annuelle » sont déjà disponibles. Les premières variétés pérennes d’oléagineux, de légumineuses, de blé, de sorgho, de riz et de tournesol existent. Le potentiel de recherche est important et la création de nouveaux grains se développe rapidement.</p>
<h2>Miser sur les cultures pérennes</h2>
<p>Le défi reste d’augmenter le rendement de ces cultures pérennes. Les techniques émergentes à l’échelle moléculaire ont tout le potentiel pour y parvenir rapidement.</p>
<p>Les espèces pérennes ont des racines plus profondes et plus persistantes que les espèces annuelles qui devraient modifier les propriétés physiques et chimiques du sol. Cela devrait permettre l’accès à l’eau et aux nutriments stockés dans les couches profondes du sol, prévenir la perte de percolation des éléments minéraux et augmenter la composante organique du sol.</p>
<p>Cela devrait également favoriser les interactions <a href="https://www.nature.com/articles/nature13855">entre les plantes et les micro-organismes</a> qui peuvent affecter la fertilité et la résistance aux parasites et aux maladies. La diminution drastique du travail du sol (charrue, herse, etc.) devrait protéger le sol en réduisant considérablement l’oxydation de la matière organique, tout en augmentant le stock de carbone du sol.</p>
<p>Le choix du « pérennialisme » pourrait de surcroît réduire la consommation d’énergie de l’agriculture et, par conséquent, les émissions de gaz à effet de serre. Le passage des cultures annuelles aux plantes pérennes se traduirait ainsi par une amélioration totale des terres agricoles, particulièrement des sols dégradés (ou qui se dégradent rapidement) dans de nombreuses parties du monde.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/195416/original/file-20171120-18528-1qw7d4a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Plants de chicorée, espèce pérenne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Chicory#/media/File:Cichorium_endiva.jpg">Wikimedia</a></span>
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</figure>
<p>La recherche fait un grand effort pour réinterpréter le modèle de production agricole classique. Nous travaillons déjà avec de nouvelles espèces de blé obtenues par l’hybridation d’une espèce spontanée (<a href="https://bmcevolbiol.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2148-11-127"><em>Tynopyrum intermediateum, agropyre</em></a>) et d’une espèce à culture annuelle (<a href="http://powo.science.kew.org/taxon/urn:lsid:ipni.org:names:332110-2"><em>Triticum aestivum</em></a>, blé tendre).</p>
<p>Les objectifs que nous nous sommes fixés dans l’immédiat concernent l’<a href="https://www.nature.com/articles/nclimate1368?message-global=remove">amélioration de la qualité et de la structure du sol</a>, mais aussi la réduction des besoins d’irrigation et l’amélioration de la qualité de l’eau en réduisant la contamination chimique. Nous allons également essayer d’explorer la tolérance de ces nouvelles espèces aux parasites dangereux, qui nécessitent l’utilisation de pesticides dans les cultures annuelles.</p>
<p>Nous étudions comment l’introduction d’un nouveau « pérennialisme » <a href="http://www.fao.org/3/a-i3495e.pdf">peut conduire à une augmentation de la biodiversité microbienne</a> (champignons et bactéries) qui peut se répercuter par une plus grande résistance aux parasites et maladies. Enfin, nous observons la façon dont la transition vers des formes de cultures pérennes peut contribuer à réduire l’érosion des sols en prolongeant la couverture végétale, et en augmentant la profondeur du système racinaire, et nous évaluons à différentes échelles son réel potentiel d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p><a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/gcb.12752/abstract?camp">Le succès du développement des cultures</a> de céréales pérennes pourrait avoir des effets importants sur l’environnement, les consommateurs et les agriculteurs. Les consommateurs continueront à utiliser la même gamme de produits, avec une valeur nutritive inchangée, mais avec moins de contamination potentielle (moins de toxines, de produits chimiques et de pesticides). Les agriculteurs continueront à utiliser des pratiques de gestion standard, mais moins intensivement. L’ajout de céréales pérennes à notre arsenal productif leur donnera un plus grand choix de cultures : ils auront plus de flexibilité dans la rotation.</p>
<p>Une transition est toujours longue et laborieuse, mais les avantages de celle-ci promettent un avenir meilleur. Ce changement de paradigme est crucial pour une production alimentaire durable, dans le contexte d’une population humaine mondiale qui continue de croître.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p>Le réseau des quatre instituts d'études avancées a accueilli plus de 500 chercheurs du monde entier depuis 2007. Découvrez leurs productions sur le site <a href="http://fellows.rfiea.fr/">Fellows</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87711/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Franco Miglietta ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les terres consacrées à la production agricole ne peuvent pas croître davantage sans endommager les écosystèmes terrestres : la recherche agricole doit trouver rapidement des solutions durables.Franco Miglietta, Directeur de Recherche, Institut de Biométéorologie du Conseil National de la Recherche italien, Fellow 2017- IMéRA d'Aix-Marseille, Réseau français des instituts d’études avancées (RFIEA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.