tag:theconversation.com,2011:/us/topics/leurope-de-demain-56851/articlesL'Europe de demain – The Conversation2020-05-15T19:14:14Ztag:theconversation.com,2011:article/1387452020-05-15T19:14:14Z2020-05-15T19:14:14ZPenser l’après : des forts plus forts dans un monde affaibli<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/335425/original/file-20200515-138654-83g5xs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La crise sanitaire et économique favorise l’émergence d’un monde plus dur et plus inégalitaire, dominé par les jeux d'équilibre entre la Chine et les États-Unis.
</span> <span class="attribution"><span class="source">inimalGraphic/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Alors que le <a href="https://www.lci.fr/international/coronavirus-le-grand-confinement-la-crise-de-2020-du-covid-19-a-desormais-un-nom-2151154.html">« Grand Confinement »</a> touche à sa fin en <a href="https://blogs.imf.org/2020/05/12/emerging-from-the-great-lockdown-in-asia-and-europe/">Asie et en Europe</a>, on annonce partout que <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-plus-rien-ne-sera-jamais-plus-comme-avant-1187673">« plus rien ne sera comme avant »</a>. Dans l’économie mondiale et dans les relations internationales, la crise du Covid-19 aurait fait advenir « un autre monde ». Pour les uns, la pandémie et la récession auraient déclenché une <a href="https://institutdelors.eu/evenement/green-recovery-post-covid-19-european-or-national-strategies/">prise de conscience en faveur de la décroissance, de la protection de l’environnement</a> et des souverainetés nationales. Pour les autres, la crise constituerait l’acte de décès de la mondialisation et du multilatéralisme. Elle marquerait même le <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-les-etats-unis-et-la-chine-risquent-un-choc-politique-leurope-risque-son-existence_fr_5e9ee93ac5b6a486d07f3386">début d’un chaos général dominé par la Chine</a>.</p>
<p>Toutefois, la crise actuelle bouleverse-t-elle réellement les rapports de force antérieurs, sur le plan géopolitique et géoéconomique ? N’exacerbe-t-elle pas plutôt des tensions préexistantes ? Ne révèle-t-elle pas des rapports de force latents ?</p>
<p>Un monde neuf naît-il sous nos yeux ? Sans doute pas. Nous voyons plutôt l’émergence d’un monde plus dur et plus inégalitaire où les plus puissants sont affaiblis mais résistent mieux, tandis que les plus faibles sont, eux, <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/20/jean-yves-le-drian-ma-crainte-c-est-que-le-monde-d-apres-ressemble-au-monde-d-avant-mais-en-pire_6037128_3210.html">durablement affaiblis</a> et risquent l’effondrement.</p>
<p>Le « monde d’après » connaîtra non pas un bouleversement mais un durcissement.</p>
<h2>Une crise darwinienne : vers une Grande Divergence entre États</h2>
<p>En politique comme en économie, les crises majeures ont généralement <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-les-trois-effets-du-covid-19-sur-les-relations-internationales-1197493">trois effets</a> : elles révèlent des phénomènes passés inaperçus ; elles accélèrent la transformation des rapports de force ; et, parfois, elles détruisent l’ordre ancien.</p>
<p>Les crises actuelles sont à la fois sanitaires, économiques, budgétaires et politiques. Elles ont déjà produit ces effets. Mais elles ont des conséquences bien différentes des crises du XX<sup>e</sup> siècle comme les deux Guerres mondiales, la Grande Dépression ou encore la vague de décolonisations. Toutes ces évolutions historiques avaient transfiguré les relations internationales : elles avaient transféré l’hégémonie politico-économique de certains États installés ou <em>ruling powers</em> (Allemagne, France, Royaume-Uni, Japon) à d’autres États en essor ou <em>rising powers</em> (les États-Unis, l’URSS, puis les Tigres asiatiques). Ces métamorphoses géopolitiques avaient également fait apparaître de nouvelles puissances : l’Inde unifiée et indépendante en 1947, la Chine communiste et pacifiée en 1949, l’Égypte nassérienne après la crise de Suez en 1956 puis, après la crise de 1998, les BRICS.</p>
<p>La série de crises en cours déclenche des bouleversements, mais ils ne sont pas de cette nature. Bien entendu, tous les États sont frappés à des degrés divers par la pandémie. Qu’ils soient développés, émergents ou en développement, tous pâtissent d’une récession générale estimée par le FMI à <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/14/coronavirus-le-fmi-predit-une-recession-mondiale-historique-avec-un-recul-de-la-croissance-estime-a-3-en-2020_6036559_3234.html">environ 3 % du PIB mondial</a>. Mais tous n’ont pas les mêmes capacités de rebond, de résilience ou de reprise. Autrement dit, pour paraphraser <em>Les Animaux malades de la peste</em> – « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés » –, tous les États affrontent le même présent d’affaiblissement économique mais ils ne se préparent pas tous le même futur de reprise. Et leurs trajectoires respectives pourraient bien diverger à l’occasion de l’incertain déconfinement, du lent rétablissement et de la lointaine reprise.</p>
<p>La crise actuelle est d’ores et déjà proprement darwinienne : les États les moins solides seront encore plus pénalisés que les autres. En effet, dans le monde qui s’annonce, les positions relatives des États seront déterminées par la solidité de leurs colonnes vertébrales étatiques. Juguler la pandémie et répondre à la crise économique nécessite des pouvoirs publics efficaces ; dès lors, les pays dotés d’institutions solides, <a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/suede-non-confines-mais-confiants">administrativement, budgétairement et politiquement</a>, sont mieux en mesure de résister et de profiter du retour à l’activité. Facteur aggravant de la Grande Divergence qui s’annonce : alors même que la pandémie <a href="https://news.un.org/fr/story/2020/04/1065812">réclamerait un effort supplémentaire de coopération internationale</a>, le multilatéralisme se voit encore plus accusé d’inefficacité. Or, le multilatéralisme est explicitement conçu comme une barrière à la divergence entre États.</p>
<p>On pourrait penser que les crises actuelles précipitent le retour du monde du XIX<sup>e</sup> siècle régi par l’affrontement entre puissances nationales. En réalité, nous ne revenons pas deux siècles en arrière mais nous sommes brutalement projetés dans l’avènement du monde du XXIe siècle où l’affrontement entre la Chine et les États-Unis domine la scène internationale, où le multilatéralisme et le libre-échange sont sapés et où l’Union européenne tâtonne pour prendre un rôle géopolitique.</p>
<p>En un mot, la crise actuelle est profondément inégalitaire à l’intérieur de chaque société, au sein de chaque région et sur la scène mondiale : les États les plus puissants sont affaiblis au même titre que les plus faibles mais ils sont mieux à même de garantir leur résilience et d’organiser leur rebond.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=629&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=629&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/335433/original/file-20200515-138615-1e4dh3m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=629&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des États puissants affaiblis, mais capables de rebondir. Ce ne sera pas le cas des États plus faibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">inimalGraphic/Shutterstock</span></span>
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<h2>La « ré-étatisation du monde » à marche forcée</h2>
<p>Depuis la fin de 2019, en quelques mois, en quelques semaines, le monde s’est affaibli, l’économie s’est appauvrie et les relations internationales se sont tendues. Cette dynamique a consacré le grand retour des États-nations sur la scène politique nationale, régionale et internationale. Là encore, il s’agit d’une accélération et non d’une disruption ou d’une rupture. C’est bien une ré-étatisation et non une étatisation qui est réalisée.</p>
<p>Après les épidémies – heureusement circonscrites – du SARS de 2002 à 2004 en Asie et en Amérique du Nord et d’Ebola en 2014-2015 en Afrique de l’Ouest, la maladie est redevenue un acteur majeur des relations internationales. Le bilan médical du Covid-19 est d’une ampleur inédite au XXIe siècle : le virus a <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/05/05/coronavirus-age-mortalite-departements-pays-suivez-l-evolution-de-l-epidemie-en-cartes-et-graphiques_6038751_4355770.html">contaminé plus de 4,3 millions de personnes dans le monde et a causé près de 300 000 décès</a>. La pandémie est mondiale <em>stricto sensu</em>, avec 180 pays touchés. Ce sont les phénomènes biologiques qui ont en quelques semaines pris le devant de la scène géopolitique.</p>
<p>Les mesures prophylactiques décidées par les États ont causé en quelques semaines une récession mondiale. Ces perspectives macroéconomiques défavorables laissent déjà entrevoir une hausse massive du chômage, sans doute à hauteur de <a href="https://theconversation.com/etats-unis-la-reouverture-pour-endiguer-lexplosion-du-chomage-138360">14 % de la population active aux États-Unis</a> et de <a href="https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/coronavirus-une-forte-hausse-du-chomage-est-attendue-dans-les-prochaines-semaines-1203038">10 % dans l’UE</a>. Le commerce international est en contraction nette <a href="https://news.un.org/fr/story/2020/04/1066152">(de 13 % à 32 % pour 2020 selon l’OMC)</a>. Quant à la situation sociale, elle risque de se dégrader au point de replonger dans la pauvreté les populations qui, en Asie, en étaient sorties à la faveur de la mondialisation. Des risques sévères de remous politiques intérieurs menacent à l’horizon : la défiance envers les pouvoirs publics, la dégradation de la situation matérielle des couches populaires et l’aggravation des inégalités internes pourraient déboucher sur de véritables troubles.</p>
<p>En limitant les déplacements, en stoppant l’appareil productif, en entravant le commerce, l’État « biopolitique », pour reprendre <a href="https://www.revue-elements.com/biopolitique-du-coronavirus-1-la-lecon-de-michel-foucault/">l’expression de Michel Foucault</a>, a eu pour priorité la préservation de la vie biologique au détriment explicite de la santé économique. C’est ce qui a entraîné un accroissement massif, rapide et indispensable de l’action économique de l’État.</p>
<p>Ainsi, les plans de soutien aux entreprises, aux salariés et à l’économie sont en essor constant. Aux États-Unis, les allégements fiscaux, les garanties apportées par les pouvoirs publics et les subventions directes s’élèvent chaque jour plus haut, en valeur absolue et en proportion du PIB, faisant redouter le <a href="https://www.cato.org/blog/epidemic-red-tape">retour du <em>Big Government</em></a>. De même, les institutions de l’UE ont porté leur effort financier à des sommes considérables au vu du PIB de l’Union (voir infra). Et il en va ainsi dans toutes les économies ou presque : l’intervention publique est massive et a augmenté de plusieurs points de PIB en quelques semaines. Sur les scènes politiques et dans les mondes économiques nationaux, l’État fait son grand retour : l’État « médecin » et l’État « gendarme » qui ont ordonné et surveillé les politiques de confinement ont été épaulés par l’État-Providence capable de soutenir les chômeurs et par l’État-interventionniste capable de mobiliser les finances publiques pour soutenir l’économie.</p>
<p>Cette « ré-étatisation du monde » a une incidence directe sur le cours des relations internationales : la nouvelle centralité de l’État creuse des inégalités. Qui a un État robuste doté de ressources (fiscales, budgétaires, médiatiques, administratives) importantes peut lutter contre les effets de la crise bon an mal an. Mais qui a un État déjà affaibli ou inefficace risque l’effondrement intérieur et la marginalisation internationale. La façon dont des États moyens mais administrativement efficaces comme Singapour, <a href="https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/coronavirus-bras-de-fer-tendu-entre-loms-et-taiwan-sous-loeil-furieux-de-pekin-1193934">Taïwan</a> ou la <a href="https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/en-asie-de-plus-en-plus-de-gouvernements-tentes-par-la-distanciation-economique-avec-la-chine-1202338">Corée du Sud</a> ont réagi démontre l’importance de la puissance étatique. En revanche, la lenteur et la désorganisation chronique de l’administration indienne a entravé le traitement de l’épidémie et de la crise par New Delhi.</p>
<p>Certains États tireront parti de la crise pour renforcer leurs positions à la faveur de l’affaiblissement des autres. Ce sera le cas des deux puissances déjà dominantes à l’entrée dans la crise : la <a href="https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/en-asie-de-plus-en-plus-de-gouvernements-tentes-par-la-distanciation-economique-avec-la-chine-1202338">République populaire de Chine</a> et les États-Unis d’Amérique. Pour ces puissances mondiales aussi, la crise a des effets cruels. Mais elles ont mobilisé leurs immenses ressources militaires, médiatiques, diplomatiques, technologiques et scientifiques pour gagner du terrain sur plusieurs théâtres stratégiques et économiques.</p>
<h2>Du G2 sino-américain au « piège de Thucydide »</h2>
<p>Dans la Grande Divergence entre États actuellement en cours, les deux superpuissances contemporaines sont simultanément frappées de plein fouet. Mais elles durcissent déjà leurs positions respectives en vue de la phase de reprise. <a href="https://blogs.mediapart.fr/pascalboniface/blog/010420/la-crise-du-coronavirus-va-t-elle-profiter-la-chine">Pékin</a> et Washington sont déterminés à se tailler la part du lion dans un « gâteau » géoéconomique dont la taille s’est réduite.</p>
<p>Ainsi, la RPC a opéré en six mois une mue remarquable, étonnante et paradoxale. Foyer de l’épidémie et suspectée de désinformation, elle a <a href="https://theconversation.com/la-chine-se-reve-en-premiere-puissance-sanitaire-mondiale-134278">tenté de devenir une superpuissance sanitaire</a> en déployant une <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/05/07/chine-la-diplomatie-des-masques-a-echoue_1787727">« diplomatie des masques »</a> ». Mise en accusation, elle essaye de faire porter la responsabilité à l’Occident et aux États-Unis, les taxant d’inconséquence, de négligence et d’impéritie, <a href="https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-china-usa-idUSKBN22E0C4">comme la vidéo virale <em>Once Upon A Virus</em> qu’elle a diffusée le montre sans détour</a>. Elle a <a href="https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/le-contrat-social-chinois-en-peril.html">révélé l’ampleur de ses ambitions</a> en passant à la diplomatie du <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/30/chine-la-diplomatie-du-loup-combattant_6038290_3210.html">« loup combattant »</a>, autrement dit à une tactique agressive, destinée à discréditer ses rivaux. La puissance chinoise ne sortira pas de la crise seule car son économie est trop dépendante des exportations vers l’UE et les États-Unis. Mais elle met d’ores et déjà à profit ses réserves financières et ses capacités d’investissement pour lancer des offensives de rachats dans les économies affaiblies, acquérir des parts de marché et profiter de sa légère avance en matière de déconfinement. Les PME de niches en difficulté et les États en détresse budgétaire comme le Laos et le Cambodge sont des cibles de choix.</p>
<p>Dans la période qui s’ouvre, les États-Unis ont, eux, pris du retard sur bien des plans. Initialement négligents sur le plan prophylactique, les pouvoirs publics n’ont pas empêché un bilan humain très lourd et ont ainsi subi un certain discrédit international. Durant la première phase de la crise, la présidence Trump a privilégié le repli de l’Amérique en <a href="https://www.humanite.fr/trump-decide-dune-fermeture-selective-des-frontieres-686193">fermant les frontières</a>. Elle a renoncé à montrer la voie et donc à exercer le <a href="http://www.slate.fr/story/190371/covid-19-reprise-economique-europe-modele-resilience"><em>leadership</em> mondial dans cette crise</a>. Les États-Unis sont pourtant habitués, depuis un siècle, à prendre l’initiative et à fixer leur cap ; ils l’ont fait lors des précédentes catastrophes stratégiques et économiques. Peut-on en conclure que la pandémie minera durablement la place du pays sur la scène internationale ? Ses capacités de réaction ne doivent pas être sous-estimées. L’économie américaine est résiliente : elle a été prompte à détruire des emplois mais saura rapidement les recréer une fois la reprise amorcée. Il en va de son caractère structurellement pro-cyclique. De même, au niveau international, si les États-Unis paraissent temporairement affaiblis, ils se sentent, eux, encore plus engagés dans la rivalité avec la Chine et prêts à répondre à l’offensive lancée par celle-ci. En 2017, Trump avait fondé sa candidature sur le refus de la dépendance à l’égard de Pékin. En 2018, sa présidence s’était poursuivie par un relèvement des droits de douane et par un protectionnisme assumé conduisant à une « guerre commerciale ». Est-il si néfaste pour le président-candidat en campagne de s’afficher comme <a href="https://www.lavoixdunord.fr/752947/article/2020-05-14/donald-trump-menace-de-rompre-toute-relation-avec-la-chine">l’opposant explicite de Xi Jinping</a> ? Les États-Unis pourront surprendre durant les mois qui viennent par leur capacité à mobiliser leurs ressources de tout type afin de retrouver leur place.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/335416/original/file-20200515-138639-ogh8z3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un monde tiraillé entre la Chine et les États-Unis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">inimalGraphic/Shutterstock</span></span>
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<p>Les tensions sino-américaines donnent le ton de la période : une rivalité préexistante s’accentue à la faveur de la crise, précipite un virage nationaliste de part et d’autre et accélère la rupture des deux grandes puissances avec le multilatéralisme. Sur le plan international, la crise écarte durablement la perspective d’un G2 sino-américain qui supplanterait le G7, le G8 et le G20 comme institution de direction des affaires du monde. En fait, l’évolution internationale actuelle concrétise la perspective du <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-jeudi-21-fevrier-2019">« piège de Thucydide »</a> – autrement dit, elle hâte l’affrontement entre la Chine et les États-Unis.</p>
<p>L’accélération donnée par la crise a conduit à une clarification : le monde qui vient sera crûment dominé par cette gigantomachie sino-américaine.</p>
<h2>L’Union européenne, de la résilience au leadership ?</h2>
<p>En Europe également, la crise a précipité des évolutions à l’œuvre depuis une décennie sans les bouleverser.</p>
<p>Dans les premiers temps, elle a ravivé les démons de la discorde. L’Italie s’est considérée abandonnée par l’Europe au moment où le bilan s’élevait à près de 1 000 décès par jour, alors qu’elle s’était déjà jugé <a href="https://www.humanite.fr/trump-decide-dune-fermeture-selective-des-frontieres-686193">oubliée</a> par Bruxelles lors des crises migratoires de 2015-2016. De manière générale, le fossé entre un « Nord cigale » et un « Sud fourmi » s’est manifesté. Quand les <a href="https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/le-budget-de-lunion-europeenne-non-a-lobsession-du.html">discussions budgétaires se sont engagées</a> pour le nouveau cycle de programmation financière de l’Union, les oppositions se sont affirmées entre les « États frugaux » (Allemagne, Pays-Bas, Suède), partisans d’une décrue du déjà modeste budget commun, et les États du Sud et de l’Est, avocats d’une plus grande ambition et donc d’une plus grande cohésion. La controverse sur l’émission d’obligations émises par la Commission européenne, les fameux « coronabonds », atteste de cette dissension interne.</p>
<p>Mais l’arbre du débat interne (<a href="https://www.lesechos.fr/monde/europe/la-crise-du-coronavirus-cree-la-zizanie-en-europe-1189992">médiatisé à dessein par les Pays-Bas</a>) ne doit pas cacher la forêt du consensus fondamental. Peu à son aise en matière sanitaire, l’Europe s’est révélée réactive en matière financière, budgétaire et économique, suspendant le Pacte de stabilité et de croissance quelques jours après le début de la pandémie en Europe, déclenchant à travers la Banque centrale européenne un <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/la-banque-centrale-europeenne-se-reunit-en-urgence-1186717">plan de rachat</a> de dettes privées et publiques historique par son montant (1 000 milliards d’euros au total en 2020), activant le Mécanisme européen de stabilité pour <a href="https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/covid-19-jusqu-a-240-milliards-d-euros-de-credit-pour-les-pays-en-difficulte-en-zone-euro-844373.html">240 milliards d’euros</a> de prêts fournis aux États, mettant sur pied le mécanisme <a href="https://www.courrierinternational.com/article/economie-avec-le-plan-sure-leurope-tente-de-donner-une-reponse-solidaire-la-crise">SURE</a> de 100 milliards d’euros pour soutenir les États membres dans leur indemnisation du chômage partiel et programmant des prêts de la part de la Banque européenne d’investissement. Les institutions européennes ont repris le flambeau de l’État-Providence forgé et rôdé tout au long de <a href="http://www.slate.fr/story/190371/covid-19-reprise-economique-europe-modele-resilience">son histoire politique</a>.</p>
<p>Modèle de résilience, l’Europe aborde la fin du déconfinement sensiblement affaiblie par la pire récession de son histoire mais <a href="https://theconversation.com/debat-leurope-doit-elle-vraiment-nous-faire-honte-136031">pas nécessairement en position défavorable</a>, tant son expérience des plans de sauvetage est longue.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/335420/original/file-20200515-138615-9ndg7q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Face à la crise, une Europe pas forcément en position défavorable.</span>
<span class="attribution"><span class="source">inimalGraphic/Shutterstock</span></span>
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<p>Une opportunité géopolitique pourrait même se manifester pour elle : entre un leadership chinois qui ne fédère pas et un <em>leadership</em> américain qui se dérobe pour le moment, l’UE pourrait saisir l’occasion de passer à une autre étape de son action internationale, par exemple via les mécanismes d’aide publique au développement, comme elle a commencé à le faire.</p>
<h2>De la crise du multilatéralisme aux risques de décrochage</h2>
<p>Si les puissances établies sont affaiblies mais résilientes, le <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/24/le-multilateralisme-a-l-epreuve-du-coronavirus_6037600_3232.html">multilatéralisme</a> et les États qui en bénéficiaient sont, eux, exposés à un risque de décrochage majeur.</p>
<p>Le multilatéralisme du système des Nations unies est entré dans la crise sous le feu des critiques et risque d’en sortir en lambeaux. Au moment même où la coopération médicale est le plus nécessaire, l’agence spécialisée des Nations unies chargée de la santé, l’Organisation mondiale de la santé (<a href="https://www.liberation.fr/direct/element/les-mensonges-chinois-et-laveuglement-de-loms_112366/">OMS</a>) a été constamment au centre d’un affrontement entre puissances. Critiquée par la présidence Trump pour son coût pour le contribuable américain, elle a été accusée d’avoir endossé les positions chinoises et d’avoir ainsi trahi sa mission historique de lutte contre les pandémies. Symptôme du « chacun pour soi » de la crise de ce printemps, les États-Unis ont <a href="https://www.lefigaro.fr/international/les-etats-unis-suspendent-brutalement-leur-contribution-a-l-oms-20200415">suspendu leur contribution financière au budget de l’OMS</a>.</p>
<p>Alors que le multilatéralisme était (difficilement) né des crises précédentes – les deux Guerres mondiales avaient respectivement conduit à la création de la Société des Nations et de l’ONU, et la crise financière de 2008-2009 avait renforcé le poids du G7 et du G20 –, la crise actuelle contribue à le laminer. Elle consacre un Grand Repli où les instances de résolution des différends et les outils de coordination sont par principe en butte au soupçon. Dans une terrible prophétie auto-réalisatrice, la crise du multilatéralisme accroît ses inefficacités et alimente sa critique.</p>
<p>Or plusieurs régions bénéficient directement du multilatéralisme, l’Afrique au premier chef. Dans la deuxième partie du XX<sup>e</sup> siècle, c’est dans le cadre de l’ONU et des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) que les jeunes États indépendants s’étaient affirmés sur la scène internationale. Et c’est là que les programmes d’aide au développement (non exempts de lacunes) avaient été mis en place. La critique du multilatéralisme et la raréfaction des ressources budgétaires disponibles pour l’action extérieure risquent de réduire considérablement le soutien public à l’essor de l’Afrique.</p>
<p>Sur ce continent où les infrastructures médicales sont aussi réduites que les statistiques épidémiologiques fiables, <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/covid-19-en-afrique-le-pire-est-a-venir-1197102">nul ne sait encore quelle est l’étendue réelle de la pandémie</a>. Mais la récession mondiale touchera nécessairement ses économies les plus dynamiques (Éthiopie, Afrique du Sud). La division par trois des cours mondiaux des hydrocarbures <a href="https://www.ifri.org/fr/publications/editoriaux-de-lifri/lafrique-questions/covid-19-sahel-pandemie-lente-impacts-multiples">affectera particulièrement l’Algérie et le Nigéria</a>. Dépourvus d’administrations rompues à l’exercice des plans de relance, ces États abordent la crise économique en position particulièrement défavorable car la relance ne pourra venir que du secteur privé – endommagé – et de l’économie internationale – paralysée.</p>
<p>Pour l’Afrique, le décrochage économique pourrait se doubler d’un découplage stratégique. Alors que les guerres au Sahel et en Libye accaparaient l’attention des diplomates et des militaires, ces conflits perdurent mais sont devenus périphériques, laissés à leur propre sort. Comme le montre le cas de l’Afrique, le monde pourrait désormais se structurer entre des zones où la lutte contre la pandémie est la priorité et d’autres où elle est secondaire et où restera donc latente pendant des années.</p>
<p>Ces dernières risquent fort de se trouver en état de relégation sanitaire, puis économique et politique. Ce qui pourrait avoir des effets sur les flux migratoires Sud-Nord – reste à savoir lesquels. Pour mémoire, depuis 2015 l’Union européenne doit son accroissement démographique aux migrations. Tenter de véritablement fermer les frontières extérieures de l’UE aux foyers migratoires et pandémiques aurait des effets accélérateurs sur l’effacement démographique relatif de l’UE. Cela passerait en outre par un durcissement des moyens consacrés à cette politique, affaiblissant davantage encore les postures morales de l’UE.</p>
<h2>De la « réétatisation » du monde à la Grande Divergence</h2>
<p>Dans les crises actuelles, bien des incertitudes sont encore à lever. Ainsi, l’<a href="https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/leconomie-iranienne-subit-une-recession-severe-1160187">Iran est mis en grande difficulté</a> par l’ampleur de la pandémie, les remous sociaux, l’effondrement des cours des hydrocarbures et le durcissement de la présidence Trump. De même, la <a href="https://www.ifri.org/fr/publications/editoriaux-de-lifri/russie-face-un-triple-defi-reforme-constitutionnelle-chute-prix">Russie</a> mobilise les réserves financières de ses deux fonds souverains pour subventionner l’économie mais ne semble pas avoir de plan de relance en raison même des faiblesses structurelles de son modèle économique. En effet, la baisse des cours des hydrocarbures souligne de nouveau à quel point les ressources publiques et la prospérité de la population dépendent d’une seule et même variable. Et le Brésil est en proie à une crise politique intérieure qui s’accentue du fait des choix de gestion de l’épidémie.</p>
<p>Malgré ces incertitudes, plusieurs conséquences des crises sont déjà confirmées : la compétition pour la reprise dans un monde globalement appauvri sera d’autant plus féroce que l’activité sera rare. Dans cette lutte, les puissants d’avant la crise (Chine et États-Unis) sont en ordre de bataille pour défendre leurs intérêts à la faveur de l’affaiblissement généralisé de l’économie internationale. Et, de manière générale, la « réétatisation du monde », on l’a dit, confère aux États résilients un avantage comparatif sur les autres États moins familiers avec les politiques de santé publique, les plans de relance et l’intervention publique en matière socio-économique.</p>
<p>La crise multiforme de 2020 n’est pas grosse d’un nouveau monde. Elle rend le monde existant plus âpre, plus brutal et plus inégalitaire. </p>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138745/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cyrille Bret ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La crise actuelle affaiblit les pays du monde entier. Mais ceux qui étaient initialement les mieux lotis seront moins durement affectés que les autres. Le monde de demain sera donc plus inégalitaire.Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1379802020-05-07T19:47:35Z2020-05-07T19:47:35Z70 ans après la déclaration Schuman, l’indispensable « retour de l’Europe en France »<p><em>Ce texte est basé sur une étude de Bruno Cautrès, Thierry Chopin et Emmanuel Rivière : <a href="https://institutdelors.eu/wp-content/uploads/2020/05/R119_OpinionFranceEurope_Chopin_200504_FR.pdf">« Les Français et l’Europe : entre défiance et ambivalence. Le nécessaire « retour de l’Europe en France »</a>, Rapport, CEVIPOF/Institut Jacques Delors/Centre Kantar sur le futur de l’Europe, mai 2020.</em></p>
<hr>
<p>75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et 70 ans après la <a href="http://eubg.eu/upload/files/662783579_Shumann.pdf">Déclaration Schuman</a>, l’acte de naissance de la construction européenne lancée par la France, il convient d’éclairer la relation paradoxale que semblent entretenir les Français avec l’Europe. À la fois moteur et frein de la construction européenne, la France est aussi bien à l’origine de certaines de ses plus grandes avancées que de ses « coups d’arrêt » les plus notables, dont le rejet de la « Constitution européenne » en 2005. Depuis, l’eurodéfiance des Français semble s’être encore accrue – et ce, en dépit de la volonté des autorités françaises, au plus haut niveau de l’État, de porter une <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2017/09/26/initiative-pour-l-europe-discours-d-emmanuel-macron-pour-une-europe-souveraine-unie-democratique">vision stratégique ambitieuse</a> de l’avenir de l’UE.</p>
<h2>La très forte défiance des Français vis-à-vis de l’UE</h2>
<p>Sur la longue durée, on peut distinguer trois périodes dans l’évolution des rapports des Français à l’UE. Tout d’abord, du début des années 1950 aux années 1980, une période de « consensus permissif » (selon l’expression de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/000271627039200117">Lindberg et Scheingold</a>) pendant laquelle la France a longtemps figuré parmi les pays les plus « europhiles » ; dans les années 1970, entre 52 % et 68 % des Français interrogés par les enquêtes Eurobaromètre considèrent que « l’appartenance de la France à l’Union européenne est une bonne chose ».</p>
<p>Ensuite, à partir du début des années 1990, le moment « Maastricht » marque la fin du « consensus permissif » avec l’apparition d’un clivage politique sur la question européenne (un clivage principiel sur la question de la souveraineté nationale contre l’intégrationnisme européen) et un début de politisation des attitudes de l’opinion publique à l’égard des « affaires européennes ».</p>
<p>Enfin, à partir de 2004, au moment de l’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale, les Français ayant tendance à ne pas faire confiance à l’Union européenne deviennent majoritaires, ce qui se cristallise lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005. Treize ans après le référendum sur le Traité de Maastricht, le référendum de 2005 marque une inflexion du clivage politique sur l’Europe en France : ce sont alors principalement les modalités de l’intégration européenne et les orientations des politiques de l’UE qui sont au cœur des débats de 2005. À partir de 2008, ceux qui ne font pas confiance à l’UE seront toujours plus nombreux que ceux qui lui font confiance. La défiance vis-à-vis de l’UE s’est accrue de près de 30 points entre 2007 et 2019 ! Aujourd’hui, 58 % des Français interrogés ne font pas confiance à l’UE et 32 % lui font confiance, alors que les moyennes européennes sont respectivement de 47 % et de 43 % (graphique 1).</p>
<p><strong>Graphique 1</strong></p>
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<span class="attribution"><span class="source">Eurobaromètre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La France fait donc partie du groupe des pays dont les habitants sont les moins favorables à l’UE. Pour analyser ce phénomène dans le détail, il est important de distinguer <a href="https://www.jstor.org/stable/193437?seq=1">deux types de « soutien politique »</a> : le « soutien diffus » (sentiments et attitudes les plus abstraits : adhésion à une vision, à des valeurs…) et le « soutien spécifique » (évaluation de l’efficacité des actions menées à l’échelle de l’UE). À partir de cette distinction, il est possible d’identifier un premier élément caractéristique du rapport ambivalent des Français à l’Europe : le soutien à l’UE est d’autant plus élevé qu’il s’exprime au niveau le plus diffus.</p>
<p>En se focalisant sur la perception des évaluations que font les Français de l’action de l’UE, une analyse comparative permet de définir la place occupée par la France en termes de soutien spécifique à l’Union par rapport aux autres États membres (graphique 2).</p>
<p><strong>Graphique 2</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/332901/original/file-20200505-83764-7liurj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="source">Eurobaromètre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La géographie et la typologie des opinions vis-à-vis de l’UE qui se dégagent de cette analyse mettent en évidence deux types de fracture au sein de l’espace européen et quatre types de rapport à l’UE à l’échelle des individus.</p>
<p>La première fracture à l’échelle européenne distingue les pays les plus favorables des moins favorables aux logiques de l’intégration européenne. Les Français appartiennent au groupe des Européens les plus négatifs vis-à-vis de l’UE. Dans le premier groupe, on trouve (par ordre croissant de soutien à l’UE) l’Irlande, le Danemark, le Portugal, le Luxembourg, la Lituanie, la Roumanie et Malte ; dans le second groupe (par ordre croissant d’opposition à l’Europe), la Slovénie, Chypre, la République tchèque, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et la Grèce.</p>
<p>D’autre part, la fracture sociale constitue une deuxième ligne de clivage significative pour tous les pays, et particulièrement pour la France. L’intégration européenne est négativement perçue par les classes populaires, les ouvriers, les chômeurs, et ceux qui ont terminé leurs études avant l’âge de 16 ans.</p>
<p>Enfin, quatre groupes d’attitude vis-à-vis de l’UE, en fonction de leur positionnement et de l’intensité de ce positionnement, sont identifiables : 37 % appartiennent au premier groupe (Européens assez positifs), 43 % au second groupe (Européens assez négatifs), 5 % au troisième groupe (Européens les plus positifs) et 15 % au dernier groupe (Européens les plus négatifs). Dans le reste de l’Europe, les plus positifs sont deux fois plus nombreux, les plus négatifs deux fois moins.</p>
<h2>Des attitudes fortement négatives vis-à-vis de l’Europe, mais loin d’être systématiques</h2>
<p>Bien que la France se classe parmi les pays où les jugements négatifs vis-à-vis de l’Europe sont les plus répandus, ses habitants peuvent également s’y montrer favorables sur certaines questions. En effet, des attitudes proeuropéennes peuvent ponctuellement rassembler près des trois quarts des Français et l’opinion, très critique sur de nombreux points, peut basculer pour exprimer majoritairement des positions « proeuropéennes » sur d’autres (graphique 3). Ces mouvements de bascule sont surtout le fait d’individus ambivalents exprimant un positionnement « neutre » vis-à-vis de l’UE, qui représentent plus d’un tiers des Français.</p>
<p><strong>Graphique 3</strong></p>
<figure class="align-center ">
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<span class="attribution"><span class="source">Eurobaromètre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces personnes « ambivalentes » se rapprochent sur certains aspects des « europhiles », sur d’autres des détracteurs de l’UE. Les principaux points de convergence entre « europhiles » et profils « ambivalents » sont l’ouverture aux autres, l’adhésion massive aux principes de l’Union (par exemple le droit de travailler dans tous les États membres), aux politiques communes (76 % des « ambivalents » sont favorables à l’euro) et à l’importance de la voix de l’UE dans le monde.</p>
<p>En revanche, concernant la confiance en l’UE, ou plutôt la défiance, ces mêmes individus ambivalents rejoignent les tendances les plus négatives des opinions sur l’Europe : 22 % des « ambivalents » ont plutôt confiance dans l’UE, ce qui les rapproche des « eurosceptiques » chez qui cette proportion tombe à 4 %, quand elle s’élève à 65 % parmi les personnes émettant un jugement positif. De manière générale, on constate également que le manque de connaissances sur le fonctionnement de l’UE constitue un élément majeur du rapport de défiance des Français à l’Europe (la France occupe de ce point de vue le dernier rang parmi les 27).</p>
<h2>L’ambivalence des rapports entre les Français et « l’Europe » : le facteur culturel comme élément explicatif</h2>
<p>Plusieurs éléments explicatifs de nature culturelle peuvent être avancés pour comprendre l’ambivalence du rapport des Français à l’UE.</p>
<p>Tout d’abord, la culture politique unitaire française est en décalage avec la culture européenne du compromis. En effet, la conception unitaire de la souveraineté en France se heurte à la conception pluraliste de la pratique institutionnelle et politique à l’œuvre au sein de l’UE. Ce tropisme a des conséquences sur l’appréhension de la complexité de la vie politique à l’échelle de l’Union, et se traduit notamment par une difficulté à intégrer la pratique du compromis et à s’adapter au système de coalitions majoritaires à géométrie variable.</p>
<p>Ensuite, la culture socio-économique française, marquée par une certaine défiance voire une hostilité au libéralisme, constitue un second élément de tension. Les représentations négatives du libéralisme, du libre-échange (la France se classe de en dernière position parmi les pays étudiés) et de la concurrence impactent négativement le rapport que maints Français entretiennent au marché qui constitue le cœur de l’Union européenne. La culture colbertiste est orthogonale avec la réalité du marché intérieur européen comme le montrent les débats sur la politique industrielle et la politique de concurrence. En outre, la « préférence » française pour les dépenses publiques constitue peut-être aussi la « face cachée » du stato-centrisme de la culture politique française. La défiance vis-à-vis du Pacte de stabilité confirme le peu d’importance accordée en France à une autre figure centrale de la culture politique présente dans les débats publics d’autres pays : celle du contribuable. Si les questions de justice fiscale occupent une place centrale dans les débats politiques français, la figure du « contribuable » peine à être incarnée en termes européens dans notre pays.</p>
<p>Cette lecture permet enfin de mettre en perspective les réticences françaises vis-à-vis de l’élargissement. Pendant plus d’un demi-siècle, la France a su combiner deux visions radicalement différentes de la raison d’être de son engagement européen : d’un côté, le projet des « pères fondateurs » (convergence des intérêts des États membres) et, de l’autre, le projet gaulliste d’une Europe vue comme un instrument permettant à la France de promouvoir ses intérêts nationaux. Les élargissements aux pays d’Europe centrale et orientale obligent la France à une clarification de son projet européen dans la mesure où les Français découvrent que « l’Europe n’est pas la France en grand » ! C’est sans doute la raison principale des discours nostalgiques, en France en particulier, sur la « petite Europe » et de la difficulté à assumer le changement d’échelle de l’Union élargie.</p>
<h2>Comment réconcilier les Français et l’UE ?</h2>
<p>Si le « retour de l’Europe en France » semble plus que jamais une problématique politique fondamentale, l’enjeu serait d’éviter une difficulté centrale du discours que tiennent nos dirigeants sur la place de la France en Europe et la place de l’Europe en France : nos dirigeants continuent très largement d’entretenir une vision de l’Europe « franco-centrée », c’est-à-dire vue uniquement du point de vue de la France et avec souvent des perspectives de politique nationale.</p>
<p>Fondamentalement, clarifier et apaiser les relations entre les Français et « l’Europe » suppose un narratif renouvelé qui pourrait s’articuler autour des éléments suivants : davantage mettre en évidence les bénéfices de l’appartenance de la France au marché unique et à la zone euro, plutôt que de dénoncer de manière systématique leurs défauts ; ensuite, revoir l’organisation encore trop unitaire et monarchique du système politique français, ce qui lui permettrait de privilégier une « gouvernance » davantage adaptée à la réalité et à la complexité politiques de l’UE ainsi qu’à la maturité de la société et des citoyens français ; enfin, favoriser l’appropriation de l’échelle de l’Europe réunifiée en rompant avec le fantasme d’une Europe qui serait la France en grand.</p>
<p>Il serait aujourd’hui préférable de promouvoir une relation plus lucide entre la France et l’UE, qui ne soit pas uniquement fondée sur un désir de projection des conceptions françaises au niveau européen mais sur la recherche patiente de compromis constructifs avec nos partenaires. Ce n’est qu’à ces conditions que les Français pourront renouer le fil de la confiance avec une Europe où ils ont encore un rôle essentiel à jouer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137980/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bruno Cautrès a reçu des financements du CNRS, de l'Union européenne et de Sciences Po. Il collabore régulièrement au développement d'enquêtes universitaires recevant des financements publics ou privés (fondations). Il analyse régulièrement la vie politique dans les médias et les tendances de l'opinion publique en partenariat avec des instituts de sondages. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Rivière dirige la division Public de Kantar en France. Kantar est titulaire des marchés des enquêtes Eurobaromètre auprès de la Commission européenne et du Parlement européen. Il est membre du Conseil d'administration de la Maison de l'Europe de Paris et correspondant pour la France de WAPOR (World Association for Public Opinion Research)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thierry Chopin est conseiller spécial à l'Institut Jacques Delors</span></em></p>La profonde défiance des Français vis-à-vis de l’Union européenne tient en bonne partie aux spécificités de la culture politique et économique de notre pays.Bruno Cautrès, Chercheur en sciences politiques, Sciences Po Emmanuel Rivière, Président du Centre Kantar sur le Futur de l'Europe, enseignant de sociologie des sondages et de l’opinion, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneThierry Chopin, Conseiller spécial de l'Institut Jacques Delors, professeur de sciences politiques à l'European School of Political and Social Sciences (ESPOL), Institut catholique de Lille (ICL)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1031822018-09-13T14:26:11Z2018-09-13T14:26:11ZFace au cas Orban, l’urgence de refaire de la politique en Europe<p>Le Parlement européen a donc dénoncé, mercredi 12 septembre, les « risques de violation de l’État de droit » en Hongrie, et demandé aux États membres de déclencher l’article 7 de l’Union à l’encontre de Budapest. Cette procédure a déjà été mobilisée contre la Pologne, fin 2017, par la Commission, pour les mêmes raisons de fond : une dérive autoritaire contraire à l’esprit démocratique et libéral de l’Union européenne, qui réduit la liberté d’expression et bafoue la séparation des pouvoirs.</p>
<p>Viktor Orban ajoute aux charges retenues contre lui « corruption et conflits d’intérêts », atteintes au « fonctionnement du système constitutionnel et électoral », menace contre « l’indépendance de la justice », les libertés individuelles et les droits des réfugiés.</p>
<p>Le vote du 12 septembre (448 voix pour, 197 contre, 48 abstentions) montre certes que les démocrates existent encore en Europe. Mais il témoigne surtout des difficultés traversées par l’Union. D’abord parce que face à des dérives encore inimaginables il y a quelques années, le seul recours institutionnel semble résider dans un mécanisme qui ne pourra probablement pas aller à son terme. Ensuite, parce que la dynamique de polarisation (et de division) de l’Europe est déjà fortement enclenchée : Orban, que peu de choses prédisposaient pourtant à cela, est devenu une star, un symbole, et fait des émules. La réponse à ce phénomène doit être d’abord politique, portée avec charisme, et avec des propositions fortes pour des perspectives d’avenir.</p>
<h2>Techniques institutionnelles complexes contre populisme triomphant</h2>
<p>Dans une période ou le <a href="https://theconversation.com/trump-poutine-erdogan-et-demain-le-pen-comment-expliquer-le-succes-des-cesars-du-xxi-siecle-71421">culte de l’homme fort</a> est à la mode (Russie, Turquie…) et encouragé par l’attitude, à Washington, du président du pays le plus puissant du monde, l’arme de l’article 7, peu déchiffrable pour un grand public en mal de clarification, était-elle la bonne ?</p>
<p>Oui, naturellement, dans la mesure où, face aux atteintes à l’État de droit, le droit lui-même, les textes et les institutions doivent parler. Mais on ne peut s’empêcher de craindre l’issue d’un tel affrontement entre les techniques complexes de la raison d’une part, et les simplismes évocateurs et sans vergogne des populismes, d’autre part.</p>
<p>Si le recours à l’article 7 a été « recommandé au Conseil », il faut encore que les États membres se saisissent de la procédure, qu’ils trouvent une majorité des quatre cinquièmes pour la mener à son terme, que des consultations soient entamées avec le gouvernement hongrois, pour qu’enfin, et si l’accusé persiste (ce qu’il fait déjà de bon cœur…), une suspension de son droit de vote au Conseil soit envisagée.</p>
<p>Au regard des dérives observées dans certains pays, c’est long, et c’est peu. Le fait même que l’on puisse parler de l’article 7 à Bruxelles comme d’une <a href="http://www.lepoint.fr/monde/l-article-7-l-arme-nucleaire-de-l-ue-brandie-face-a-la-hongrie-d-orban-12-09-2018-2250682_24.php">« arme nucléaire »</a> institutionnelle en dit long sur la pusillanimité qui s’est emparée de l’Europe.</p>
<p>Il en faudra donc beaucoup pour que la <a href="https://theconversation.com/lunion-europeenne-et-la-pologne-le-grand-ecart-84018">Pologne ou la Hongrie finissent par être effectivement sanctionnées</a>. Et l’affaire paraît compliquée pour une opinion publique européenne qui retiendra d’abord que les mécanismes actuels ne semblent pas en mesure de prévenir les dérives autoritaires sur un continent qui avait promis de défendre les valeurs de la démocratie libérale et de la tolérance.</p>
<p>Dans les années 1990, l’UE a montré qu’elle n’était pas capable de les défendre dans le monde, ni même à ses portes (conflits de l’ex-Yougoslavie), et elle en avait payé le prix sur le plan de sa crédibilité. Si, aujourd’hui, elle démontre qu’elle n’est pas capable non plus de les défendre en son sein, sa légitimité en sera plus profondément affectée encore.</p>
<h2>Pourquoi Orban ?</h2>
<p>Davantage qu’un pouvoir polonais plus diffus, moins rayonnant hors des frontières du pays (même si Jaroslaw Kaczynski est connu) et plus caricatural dans son conservatisme, le personnage de Viktor Orban est devenu une <a href="https://theconversation.com/vers-lorbanisation-de-leurope-94993">marque de fabrique à succès</a>.</p>
<p>A partir d’un refus de l’ouverture aux réfugiés, donc d’une rhétorique anti-migratoire, pour aboutir à une pseudo théorisation de la démocratie « illibérale » présentée comme modernisatrice, masquant mal une réalité plus simple – à savoir une dérive autoritariste –, le pouvoir hongrois s’est trouvé un champion improbable.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/la-nouvelle-internationale-planetaire-des-nationalistes-73800">Comme d’autres ailleurs</a>, il surfe sur de réelles demandes populaires en faveur de davantage d’ordre et d’autorité, d’un parler-vrai politique brutal si nécessaire, et sur des craintes identitaires, culturelles, dont on peut penser ce que l’on veut, mais qu’il est impossible de nier, et qu’il est dangereux de balayer d’un revers de main en disqualifiant par avance ceux qui les éprouvent. La montée des extrêmes, l’attrait pour un nouveau discours, de nouvelles têtes, de nouvelles méthodes, et pour des aventures « hors-pistes », sont désormais répandus, et leur force, avérée.</p>
<p>Dans l’UE, Orban a ses défenseurs, principalement à droite, même si le PPE a finalement tranché contre lui. Ce n’est pas simplement un problème de calcul électoral à la veille des prochaines élections européennes de 2019. C’est bien davantage un problème stratégique, dans une Union dont une partie des pouvoirs et des sociétés trouvent désormais Vladimir Poutine plus convaincant que les « technocrates » bruxellois honnis.</p>
<p>En s’enfermant dans des discours techniques, qui ont pu avoir leurs mérites au début de la construction européenne pour éluder les thèmes sensibles et rebâtir l’Europe sur la réconciliation franco-allemande, les démocrates européens ont fini par laisser le monopole des sujets qui fâchent, des dossiers qui mobilisent et du politiquement incorrect, aux populistes. Il est temps de les concurrencer à nouveau sur ces terrains.</p>
<h2>Pour le retour de la politique en Europe</h2>
<p>Seuls les autoritaristes, ou presque, semblent encore faire de la politique au sens où celle-ci est appréciée par les citoyens, c’est-à-dire au sens de joutes verbales fortes, claires et incarnées par des acteurs connus, sur des sujets mobilisateurs. Ils brandissent des mythes contre lesquels la raison peine à se faire entendre, mais la politique a besoin de mythes. Ils simplifient à l’extrême contre la complexité des arcanes bruxellois, mais la politique a besoin de simplification, certes au sens de pédagogie, non au sens de <em>fake news</em>. Ils font porter leur préférence pour l’ordre et le repli nationaliste par des personnalités au verbe haut, mais la politique a besoin de celles-ci également. L’Europe, progressivement, a donc abandonné à la fois le terrain politique, le volontarisme et le discours haut en couleur, à ces tenants de l’autoritarisme.</p>
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<p>A cet égard, <a href="https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/09/06/l-europe-face-au-clivage-macron-orban_5351142_3214.html">Emmanuel Macron n’a pas tort de vouloir croiser le fer frontalement avec Orban et consorts</a>, et <em>in fine</em> d’installer l’idée d’un match de double Macron-Verhofstadt contre une paire Orban-Salvini. Cela ne peut que redonner un peu de chair aux débats européens, et intéresser les peuples.</p>
<p>Encore faudra-t-il trouver des alliés lourds d’une part, et donner de la substance à ce débat d’autre part. Sur le premier point, le tandem franco-belge n’est peut-être pas si isolé qu’il en a l’air sur les principes : en Espagne, au Portugal, en Europe du Nord (par exemple en Finlande), on est prêt à prêter main-forte. Mais les prudences et divisions allemandes, que l’on n’avait pas anticipées avant les élections de 2017 outre-Rhin, enlèvent ou entravent un allié de poids.</p>
<p>Sur le second point, celui de la substance du débat, il conviendra de proposer des horizons, des grands travaux, des raisons humaines de croire en l’Europe. Depuis 2005 au moins, le discours qui se contente de défendre la construction européenne comme seule option possible avec en prime la menace du chaos en cas de choix différent, a donné les résultats que l’on sait.</p>
<p>Aborder les sujets qui fâchent avec des politiques claires est à haut risque. Angela Merkel a voulu le faire sur la crise des réfugiés, elle a dû faire machine arrière et cela a littéralement pétrifié les libéraux et démocrates pour un moment. Pourtant, répondre aux populismes sur ces enjeux est une priorité. Avancer sur l’agenda politique d’autres enjeux constructifs dont ils ne se sont pas emparés, faute de sensibilité ou faute d’être en mesure d’y apporter des réponses cohérentes (environnement, sécurité humaine, égalité homme-femme…), est une autre tâche primordiale. L’Europe doit aujourd’hui reprendre le terrain politique à ses détracteurs, ou disparaître.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/103182/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Le vote du 12 septembre montre certes que les démocrates existent encore en Europe. Mais il témoigne surtout des difficultés traversées par l’Union.Frédéric Charillon, professeur de science politique, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/947652018-05-02T19:39:32Z2018-05-02T19:39:32ZDémographie africaine et migrations : entre alarmisme et déni<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
<hr>
<p>Il en est des chiffres de la population comme de ceux de l’abstention dans un scrutin démocratique : on peut leur faire dire ce que l’on veut entendre. Sur la démographie africaine, le spectre est très large entre ceux qui agitent l’épouvantail de la « croissance exponentielle » et ceux qui se réjouissent de toute cette jeunesse, symbole des dynamiques à venir. Dans ce débat, la voie du chercheur est étroite.</p>
<h2>Des statistiques problématiques, mais qui vont toutes dans le même sens</h2>
<p>Naturellement, on pourrait s’en sortir par défaut, en soulignant que la plupart des statistiques africaines sont contestables en raison des difficultés rencontrées dans nombre de pays pour conduire des enquêtes crédibles.</p>
<p>Il n’empêche que même les fourchettes basses sont élevées, et les courbes de croissance – minimales, maximales et médianes – toujours fortement ascendantes. Selon <a href="https://esa.un.org/unpd/wpp/Publications/Files/WPP2017_KeyFindings.pdf"><em>The World Population Prospects : The 2017 Revision</em></a>, émanant du département des Affaires économiques et sociales de l’ONU, l’Afrique compte 1,256 milliard d’habitants, contre 640 millions en 1990. Sa population a donc doublé en un quart de siècle.</p>
<p>Si l’on ne retient que les chiffres essentiels, on note que son taux moyen de fécondité est de 4,7 enfants par femme (contre 2,2 en Asie et 2,1 en Amérique latine). Mais il atteint 7,4 au Niger – ce qu’avait bien lu Emmanuel Macron – ou encore 6,6 en Somalie et 6,3 au Mali. La pyramide des âges affiche une base très évasée, puisque 60 % des Africains ont moins de 25 ans. À ce rythme, on estime que l’Afrique comptera 1,704 milliard d’habitants en 2030, 2,528 milliards en 2050 et 4,468 milliards en 2100. Soit à cet horizon 40 % de la population mondiale, contre 17 % en 2017.</p>
<h2>Le courage des précurseurs</h2>
<p>Toutes ces données sont connues et généralement admises, mais elles ont souvent été enfouies dans le non-dit parce qu’elles génèrent un malaise dans les opinions publiques, et plus particulièrement dans les milieux scientifiques. Il a donc fallu beaucoup de patience et un certain courage à quelques auteurs, et notamment – surtout ? – en France, pour commencer à tirer la sonnette d’alarme malgré la réprobation de nombre de chercheurs.</p>
<p>L’un de ces précurseurs, <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2011-10-page-305.htm">Jean‑Pierre Guengant</a>, résumait très bien la controverse dans un article de 2011 cosigné avec le démographe belge de la Banque mondiale John F. May :</p>
<blockquote>
<p>« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les néo-malthusiens et les développementistes se sont violemment opposés, surtout dans les années 1960 et 1970. Les premiers présentaient le contrôle des naissances comme une condition indispensable au développement des pays qualifiés alors de “sous-développés”. Pour les seconds, seules des politiques vigoureuses en faveur du développement pouvaient permettre aux pays du Sud de sortir de leur situation, le développement socio-économique entraînant la réduction de leur fécondité, d’où le slogan “le développement est le meilleur contraceptif” ».</p>
</blockquote>
<p>On se souvient des critiques récurrentes formulées – notamment en Europe – contre le <em>Population Council</em>, créé par John D. Rockefeller III en 1952 et financé par sa fondation, dans le but plus ou moins avoué d’encourager la contraception dans les pays « sous-développés ».</p>
<p>Parallèlement, les chercheurs et les politiques adoptaient, selon Stephen Smith (<a href="http://afrique.lepoint.fr/actualites/migrations-la-ruee-vers-l-europe-le-livre-qui-derange-01-02-2018-2191491_2365.php"><em>La Ruée vers l’Europe</em></a>, Grasset, 2017, p. 61), trois types d’attitude dans la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle : ce qu’il appelle avec bienveillance « l’inattention » (très peu d’études étaient consacrées au lien entre démographie et pauvreté au sud du Sahara), mais aussi le déni, et enfin la maladresse (<em>wealth in people</em>, la population est une richesse).</p>
<h2>« Dans la chambre à coucher… »</h2>
<p>Ces réactions demeurent d’actualité, ainsi qu’on a pu le constater lorsque Emmanuel Macron a déclaré, en marge du Sommet du G20 en juillet 2017 : </p>
<blockquote>
<p>« Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. »</p>
</blockquote>
<p>Outre les commentaires indignés de ses opposants traditionnels, il s’attira les foudres d’Angélique Kidjo :</p>
<blockquote>
<p>« Moi ça ne m’intéresse pas qu’un Président, d’où qu’il vienne, dise à des millions [d’Africains] ce qu’ils doivent faire dans leur chambre à coucher ». (TV5 Monde, 10 septembre 2017).</p>
</blockquote>
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<p>De la part de l’ambassadrice de l’UNICEF, cette déclaration montrait bien à quel point l’incompréhension demeurait grave sur les enjeux démographiques africains. En même temps, on pouvait comprendre que la crainte de la stigmatisation ait pu peser sur bon nombre d’auteurs soucieux de ne pas trop se marginaliser par rapport au <em>mainstream</em>.</p>
<h2>Une série de malentendus</h2>
<p>En fait, le premier grand malentendu porte sur la réalité de la <strong>transition démographique</strong>, dont le moins qu’on puisse dire concernant l’Afrique subsaharienne est qu’elle demeure inachevée, bloquée en fin d’étape 2, avec des taux de natalité qui ne baissent que très lentement.</p>
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<p>Influencés (ou non) par les recommandations du <em>Population Council</em>, certains pays avaient pris conscience de la nécessité de mettre en place des politiques de planning familial, parfois assez tôt comme le Kenya (1967) et le Ghana (1970), parfois avec un peu de retard comme le Sénégal et le Nigeria (1988). Mais la plupart de ces campagnes de sensibilisation échouèrent face aux résistances des milieux religieux et faute de moyens, notamment lorsque les programmes d’ajustement structurels asséchèrent les budgets de la santé et de l’éducation.</p>
<p>Le second grand malentendu porte sur la notion de <strong>dividende démographique</strong>, que les opinions publiques associent souvent à un bénéfice garanti dès lors que la population dite active (comprise entre 20 et 65 ans) est plus nombreuse que la population dite dépendante (moins de 20 ans et plus de 65 ans). C’est évidemment le cas en Afrique, mais la situation est piégeuse.</p>
<p>Dans son ouvrage cité, Stephen Smith évoque Jean‑Michel Severino (<em>Le Temps de l’Afrique</em>, Odile Jacob, 2010) et Serge Michaïlof (<em>Africanistan</em>, Fayard, 2015) qui, dit-il: </p>
<blockquote>
<p>« ont vaillamment abordé la pyramide africaine des âges, le premier par l’adret, avec l’espoir que le continent bénéficiera d’un dividende démographique quand ses nombreux jeunes auront trouvé un travail rémunéré et le second par l’ubac, dans la crainte que cela n’arrive pas de sitôt et que l’Afrique en crise ne se retrouve dans nos banlieues. » </p>
</blockquote>
<p>Il aurait dû ajouter à propos du dividende démographique : du travail dans le secteur formel.</p>
<p>Pour que les 30 millions de jeunes Africains qui arrivent chaque année sur le marché du travail rendent le dividende démographique bénéficiaire, il faudrait créer autant d’emplois dans le secteur formel, soit 30 millions par an d’ici à 2035. Pourquoi sommes-nous aussi sûrs de ces chiffres ? Parce que ces jeunes ne relèvent pas de la virtualité des projections démographiques : ils sont déjà nés.</p>
<p>Certes, on peut y croire, comme la Banque africaine de développement (BAD) ou l’Institut allemand du développement (DIE), qui pensent qu’un chiffre de l’ordre de 20 millions d’emplois créés annuellement est tenable. Mais on peut aussi en douter, ne serait-ce que parce que nulle amorce de ce processus n’est actuellement visible dans le paysage économique africain, qui continue à être largement dominé par l’informel. Alors la tentation de la migration risque d’être forte.</p>
<h2>L’inévitable soupape migratoire</h2>
<p><strong>L’hypothèse de la soupape migratoire</strong> a longtemps été considérée comme inutilement alarmiste, et les auteurs qui osaient en parler à la fin du XX<sup>e</sup> siècle restaient très prudents. <a href="http://www.revue-projet.com/articles/2002-4-quel-lien-entre-migrations-internationales-et-developpement/">Jean‑Pierre Guengant lui-même soulignait, dès 2002</a>, que la conjugaison « des arrivées massives sur le marché de l’emploi des pays du Sud, qui ne seront pas capables de les absorber, des facilités de déplacement, des informations sur les lieux de destination, etc. » conduirait inévitablement à des migrations internationales. Mais il restait sur le terrain du « développement » et ne se hasardait pas (encore) sur celui de la démographie.</p>
<p>En 2015 (<a href="https://www.nouvelobs.com/monde/20151028.OBS8490/africanistan-dans-20-ans-nous-serons-confrontes-a-l-implosion-securitaire-du-sahel.html"><em>Africanistan</em></a>), Serge Michaïlof s’est affranchi du déni, au risque de la provocation affichée dans son sous-titre (« L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ? »). En reprenant les courbes de la démographie africaine, il rappelait que si l’on ne faisait rien, au plan de la démographie <em>et</em> du développement, on s’exposerait aux migrations massives vers l’Europe. Surfant entre les tabous, son ouvrage illustrait l’étroitesse du chemin qui s’ouvre actuellement aux chercheurs, parce que son argumentaire pouvait servir – bien involontairement – la cause de l’extrême droite.</p>
<p>Dans son dernier essai (<em>La Ruée vers l’Europe</em>, 2017), fort bien documenté et solidement argumenté, Stephen Smith va encore plus loin. L’ancien journaliste de <em>Libération</em> et du <em>Monde</em>, actuellement enseignant-chercheur à Duke University (États-Unis), affiche les chiffres cités <em>supra</em> (l’Afrique comptera 2 milliards d’habitants en 2050) et établit un parallèle avec la situation européenne au XIX<sup>e</sup> siècle : entre 1850 et 1914, alors que la population de l’Europe passait de 200 à 300 millions, plus de 60 millions d’Européens migraient vers les États-Unis (43 millions), l’Amérique latine (11 millions), l’Australie (3,5 millions) et l’Afrique du Sud (1 million).</p>
<p>Sur cette base, Stephen Smith fait l’hypothèse qu’une vague migratoire analogue entre l’Afrique et l’Europe pourrait atteindre des proportions telles qu’on compterait 150 à 200 millions d’Afro-Européens en 2050. Pour lui, ce mouvement massif de population ne serait donc pas un événement exceptionnel dans l’histoire du monde : il suffit juste de ne pas rejeter l’hypothèse <em>a priori</em>, au motif que celle-ci risque d’être brandie comme un épouvantail par les populistes européens.</p>
<p>Dans un <a href="https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20180209.OBS1958/la-jeunesse-africaine-est-elle-un-danger-pour-l-europe.html">débat publié en février par <em>L’Obs</em></a>, Stephen Smith était d’ailleurs interpellé sur ce sujet par Michel Agier en ces termes : « À qui faites-vous signe en écrivant cela ? À qui faites-vous peur ? »</p>
<h2>« Une partie du destin de l’Europe se joue avec l’Afrique »</h2>
<p>Tout est dit dans ces deux questions. Faut-il alors avoir peur d’écrire, ou bien faut-il passer sous silence des données qu’on regrettera peut-être, dans dix ou quinze ans, d’avoir occultées ? Faut-il négliger ce sondage Gallup (2016) indiquant que 42 % des Africains âgés de 15 à 24 ans (et 32 % des diplômés du supérieur) déclaraient vouloir émigrer ? En intitulant sa chronique du 8 février 2018 dans <em>Le Monde</em> : <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/08/une-partie-essentielle-du-destin-de-l-europe-se-joue-avec-l-afrique-que-nous-le-voulions-ou-non_5253603_3232.html">« Une partie du destin de l’Europe se joue avec l’Afrique »</a>, Alain Frachon a pris bien soin d’ajouter : « que nous le voulions ou non ».</p>
<p>Il semble de plus en plus clair que les opinions publiques européennes « ne le veulent pas », si l’on en juge par les résultats des élections les plus récentes en Italie, en Pologne, en Grande Bretagne, aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie. « La crise migratoire a retourné l’opinion publique européenne », <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/07/la-crise-migratoire-a-retourne-l-opinion-publique-europeenne_5266744_3232.html">écrit Sylvie Kauffmann</a> (<em>Le Monde</em>), dans sa chronique du 7 mars 2018. Et elle insiste un mois plus tard : « La droite identitaire devient mainstream. Elle évince la droite classique, et pas seulement en Europe centrale » (4 avril 2018).</p>
<h2>Traiter l’immigration africaine en Europe à sa juste dimension</h2>
<p>Pour autant, les chercheurs qui ne partagent pas cette idéologie de rejet doivent-ils laisser le champ libre aux auteurs qui ont théorisé cette « menace migratoire », s’inscrivant dans la filiation de Jean Raspail, dont <a href="http://www.lepoint.fr/politique/jean-raspail-que-les-migrants-se-debrouillent-29-09-2015-1968909_20.php"><em>Le Camp des Saints</em></a> (Robert Laffont, 1973) était devenu le livre de chevet de Steve Bannon, l’ex-conseiller anti-immigration de Donald Trump ? Nous avons laissé passer Bat Yé’or (<em>Eurabia</em>, Godefroy, 2006) et Renaud Camus (<em>Le Grand Remplacement</em>, Chez l’auteur, 2011) sans opposer de contre-feu digne de la recherche universitaire française en sciences sociales.</p>
<p>En 1991 pourtant, Jean‑Christophe Rufin – au-dessus de tout soupçon dans le présent débat – nous avait prévenus dans <a href="https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1992_num_57_1_4109_t1_0169_0000_2"><em>L’Empire et les nouveaux barbares</em></a> : un nouveau <em>limes</em> était insidieusement en train de se dresser entre un Nord trop riche et un Sud trop pauvre. En 2001, il avait insisté dans la nouvelle édition de son livre prémonitoire sur la nécessité de regarder les choses en face. Mais, là encore, nous avions préféré regarder ailleurs.</p>
<p>Ainsi la démographie africaine doit-elle être abordée dans sa profondeur et dans son intégralité, sans tabou, en rappelant que deux des plus grandes puissances mondiales actuelles ne le seraient sans doute pas aujourd’hui si elles n’avaient pas conduit, en temps utile, des politiques de population drastiques.</p>
<p>De même, l’immigration africaine en Europe doit être traitée à sa juste dimension, en tenant compte à la fois de tous les paramètres chiffrés qui la sous-tendent, des obligations humanitaires qui sont celles des pays d’accueil, et des équilibres socio-économiques qu’il conviendra d’ajuster sans passion. Donc en évitant l’alarmisme et le déni, et sans craindre « l’approbation venue du mauvais côté », pointée par Hans-Magnus Enzensberger (<em>Culture et mise en condition</em>, Le Goût des idées, 2012) à propos des schémas totalitaires de la pensée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94765/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christian Bouquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’immigration africaine en Europe doit être traitée en tenant compte des paramètres chiffrés qui la sous-tendent, des obligations humanitaires des pays d’accueil et des équilibres socio-économiques.Christian Bouquet, Chercheur au LAM (Sciences-Po Bordeaux), professeur émérite de géographie politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/932072018-03-15T20:09:20Z2018-03-15T20:09:20ZMigrants : ces Européens qui se ruaient vers les côtes nord-africaines<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/212312/original/file-20180327-109185-gcg7pn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C42%2C1493%2C898&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un migrant nord-africain deviendra t-il un jour premier ministre d'un pays européen au XXIᵉ siècle? Au XIXᵉ un esclave grec accédait aux plus hautes fonctions à Tunis. Rencontre du bey de Tunis Muhammad Sādiq Bāšā-Bey, saluant Napoléon III à Alger, 20 septembre 1860.</span> <span class="attribution"><span class="source">A. de Belle, musée de Ksar Saïd</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Nuit Sciences et Lettres : « Les Origines », qui se tiendra le 7 juin 2019 à l’ENS, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez le programme complet sur le <a href="http://www.nuit.ens.fr/">site de l’événement</a>.</em></p>
<hr>
<blockquote>
<p>« Dieu soit loué. À mon maître, que Dieu le garde en vie. Après que notre maître m’ait crié dessus et se soit mis en colère contre moi me reprochant d’avoir souvent agi sans l’en avoir informé et d’avoir amené de Grèce ma mère sans le prévenir […] je me suis réfugié parmi les plus humbles. […] Je suis votre esclave. Vous devez donner des ordres à votre esclave. Vous pouvez aussi lui pardonner. Vous affirmez que j’ai amené auprès de moi ma mère sans en aviser votre excellence. [Et bien] je n’ai ni mère, ni père. Vous êtes ma mère et mon père. Je n’ai que vous, maître. »</p>
</blockquote>
<p>Ces lignes d’une lettre conservée aujourd’hui aux Archives nationales tunisiennes furent rédigées en 1832 par un esclave d’origine grecque, converti à l’islam sous le nom de Muhammad le Trésorier (Khaznadar).</p>
<p>Ces paroles d’excuses sont adressées à son maître, le vizir (ou <a href="http://journals.openedition.org/cdlm/5748">principal ministre</a>) de la province ottomane de Tunis, Shakir, le Garde des Sceaux (Sahib al-Taba) lui aussi de statut servile mais provenant d’une autre région, de Circassie, dans les contrées caucasiennes. Cette région se trouve aujourd’hui au sein de la Fédération de Russie, au nord de la Géorgie et <a href="http://www.wikiwand.com/fr/Ciscaucasie">correspond aux républiques russes</a> de Karatchaïévo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie et d’Adyguée.</p>
<p>Parmi de <a href="https://www.theses.fr/2008PA010602">multiples témoignages d’esclaves au cours du XIXᵉ siècle</a>, la lettre, rédigée en langue arabe, nous plonge dans un tout autre monde des circulations d’hommes et de femmes en Méditerranée.</p>
<h2>Le Maghreb, l’eldorado des Européens</h2>
<p>Jusqu’à la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle, les hommes, femmes et enfants ne cherchent pas majoritairement à parcourir la Méditerranée du Sud, de l’Afrique du Nord, vers les rives européennes et plus loin encore sur ce continent.</p>
<p>Bien au contraire ce sont les contrées maghrébines qui attirent des sujets italiens, français, espagnols, grecs. Ces populations européennes fuient la misère et la pression démographique chez eux. Elles viennent tenter leur chance sur de nouvelles terres comme ils le font alors aussi dans des colonies outre-Atlantique.</p>
<p>Ce sont les contrées maghrébines également, et non européennes, qui reçoivent des esclaves africains <a href="http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1967_num_22_6_421864">contraints de traverser le Sahara</a> mais aussi jusqu’au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, <a href="http://books.openedition.org/psorbonne/2469?lang=fr">des esclaves d’origines caucasienne, géorgienne ainsi que des esclaves grecs</a> à la suite de la lutte pour l’indépendance de cette population <a href="https://muse.jhu.edu/book/33957">contre les sultans ottomans dans les années 1820</a>.</p>
<p>Lorsque Muhammad Khaznadar rédige ou fait rédiger sa courte missive, le Maghreb n’est pas encore passé sous domination coloniale européenne. Les Français ont pris Alger depuis deux ans et ont conquis dans un assaut terrible de violence toute une série de villes sur le littoral algérien entre 1830 et 1832.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=749&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=749&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=749&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=942&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=942&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/210562/original/file-20180315-104639-2j7smm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=942&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un tableau d’un ancien esclave grec devenu vizir (premier ministre) Mustapha Khaznadar avec son fils, (1817–1878) Palais de Ksar Saïd, Tunis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Mustapha_Khaznadar#/media/File:Mustafa_Khaznadar.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>Tout le reste de l’Afrique du Nord est soit dans le cas du Maroc, sous l’autorité d’un sultan issu de la <a href="https://information.tv5monde.com/afrique/maroc-mohammed-vi-et-la-dynastie-des-alaouites-5045">dynastie des Alaouites</a>, soit dans le cas des provinces de Tunis et de Tripoli, sous le contrôle de gouverneurs dépendants de l’Empire ottoman.</p>
<p>Des hommes du dehors comme Muhammad Khaznadar ou son maître Shakir connaissent des promotions sociales prestigieuses : Shakir est le vizir ou principal conseiller des gouverneurs ottomans de Tunis. Des Italiens, Maltais, Britanniques, Français et autres Européens se précipitent à Tunis, mais aussi à Alger ou Tripoli pour y faire des affaires plus ou moins légales, dans le commerce, la pêche de corail voire dans la contrebande (de tabac, d’armes, de café…).</p>
<h2>En finir avec la théorie du grand remplacement</h2>
<p>Que s’est-il passé entre les temps de l’esclave Muhammad le Trésorier et nos temps contemporains marqués [surtout depuis les années 1950] par les <a href="http://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1972_num_25_99_2624">migrations africaines en Europe</a> ? Comment sommes-nous passés d’un Maghreb qui suscitait mais aussi contraignait les déplacements et circulations d’hommes et femmes d’Afrique, d’Asie et d’Europe à une région de passage vers la Méditerranée et le continent européen ?</p>
<p>Pour peu que nos sociétés n’aient pas la mémoire courte, pour peu que nous nous replongions dans le XIX<sup>e</sup> siècle, alors surgissent toutes les grandes transformations de cette partie du monde : la prise de contrôle progressive des marchés et des économies africaines <a href="http://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1963_num_10_3_3219">par les puissances européennes</a> ; les <a href="https://journals.openedition.org/etudesafricaines/pdf/15058">abolitions formelles de l’esclavage</a> à partir de la fin des années 1840 en <a href="https://search.library.wisc.edu/catalog/9910153978502121">Tunisie</a> et en Algérie et la lente disparition des traites serviles d’abord en Méditerranée puis de l’<a href="http://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_2010_num_36_2_3236_t6_0160_0000_2">Afrique de l’Ouest vers le Maghreb</a> ; la <a href="http://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2002_num_89_336_4004_t1_0421_0000_1">colonisation</a> d’abord de l’Algérie en 1830, puis de la Tunisie dès 1881, du Maroc et de la Libye dès le début des années 1910 peu avant que n’éclate la Première Guerre mondiale ; l’installation de colons européens dont le nombre ira croissant jusqu’à <a href="https://www.cambridge.org/core/books/a-history-of-algeria/418AD49FDD701AB08A1D77E83423AB11">atteindre un million en Algérie pour 9 millions de « musulmans » en 1962</a> lorsque le pays fut déclaré indépendant et que les pieds noirs le quittèrent massivement pour s’installer dans la métropole ; et enfin les migrations économiques de travailleurs maghrébins et africains après la Seconde Guerre mondiale pour reconstruire puis faire croître les économies des anciennes puissances colonisatrices.</p>
<p>À reprendre en compte tous ces phénomènes historiques, les migrations du sud vers le nord ne peuvent être perçues comme de prétendues « invasions » ou un soi disant <a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/23/le-grand-boniment_4353499_823448.html">grand remplacement</a> comme certains veulent le faire croire.</p>
<p>Ces migrations sont le fruit d’une mise en dépendance économique, de nouvelles migrations de travail, d’exploitation et de dominations coloniale et postcoloniale. De simple trésorier, l’esclave Muhammad est devenu premier ministre au début des années 1880, au seuil de la colonisation de la Tunisie par la France. Sa vie comme celles de millions d’autres migrants fut aussi modelée par toutes ces grandes transformations en Méditerranée.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=298&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=375&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Le <a href="http://rfiea.fr/">Réseau français des instituts d’études avancées</a> (RFIEA) a accueilli plus de 500 chercheurs du monde entier depuis 2007</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93207/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>M'hamed Oualdi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des témoignages d’esclaves du XIXᵉ révèlent comment, à l’inverse des circuits de migration actuelles, ce sont les contrées maghrébines qui attirent des individus principalement européens.M'hamed Oualdi, Assistant professor, historien spécialiste de l'Afrique du Nord moderne, Université de Princeton, Fellows 2017- IEA Paris, Institut d'études avancées de Paris (IEA) – RFIEALicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/900502018-03-05T20:53:45Z2018-03-05T20:53:45ZFin des frais d’itinérance dans l’Union européenne : la panacée, vraiment ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/208916/original/file-20180305-146675-3ysd7g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Fin des frais d'itinérance n'est pas encore synonyme de liberté totale.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/woman-playing-smartphone-airport-548711977?src=Ecq3mB-RPDtVD8RZEZ9b5A-2-9">schutterstock</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>L’Union européenne a imposé aux opérateurs de réseaux sans fil de <a href="https://europa.eu/youreurope/citizens/consumers/Internet-telecoms/mobile-roaming-costs/index_fr.htm">ne plus faire payer de frais d’itinérance</a> (<em>roaming</em> en anglais) lors de séjours dans d’autres pays de l’Union. Pour tout usager nomade circulant en Europe, le confort est réellement appréciable : finies les craintes de surcoût. Cependant, même si le bénéfice est réel, quelques questions se posent sur l’itinérance.</p>
<h2>Respecter l’esprit d’unité européenne</h2>
<p>Avant la fin des frais d’itinérance, en juin 2017, votre forfait souscrit auprès de votre opérateur mobile vous permettait de communiquer à l’intérieur de votre pays, et vous accordait un volume de données Internet maximum à consommer (une fois épuisé, soit vous étiez facturé « hors forfait », soit votre débit était limité). Tout déplacement hors de votre pays d’origine impliquait des coûts au volume ou forfaitaires supplémentaires. Cette situation limitait les communications, et était contraire à l’esprit d’unité européenne. Pour y remédier, la Commission européenne a voté en octobre 2016 une loi interdisant aux opérateurs de faire payer à leurs clients les communications et consommations de données lors de leurs déplacements à l’étranger.</p>
<p>Le but de cette décision est clairement établi : il s’agit de créer un marché unique et ouvert des communications électroniques. Dorénavant, si vous voyagez, vos consommations seront comptabilisées dans votre forfait exactement comme si vous étiez dans votre pays d’origine. Ainsi, plus de crainte de frais additionnels, y compris concernant l’utilisation des données : inutile d’attendre de trouver un accès wifi pour consommer des données, les réseaux 3G et 4G peuvent désormais être utilisés sans mauvaise surprise. Ce fonctionnement nécessite des accords, transparents pour les usagers, entre les opérateurs des différents pays afin de localiser les mobiles et d’acheminer les communications.</p>
<p>Pour éviter une concurrence déloyale au sein de l’Union en empêchant que tous les citoyens prennent un forfait dans le pays le moins cher, il est établi que tout usager doit souscrire dans son pays, défini comme celui où il passe le plus de temps. Qui plus est, l’utilisation de l’itinérance doit être « raisonnable ».</p>
<h2>Une itinérance totale ?</h2>
<p>Comme mentionné, l’itinérance « gratuite » est garantie par la loi uniquement <a href="https://www.arcep.fr/?id=8710">« dans la limite d’un usage raisonnable »</a>. Plus précisément, les opérateurs peuvent définir une limite d’utilisation itinérante de l’Internet mobile sans surcoût, pour éviter une explosion non contrôlée des consommations et coûts associés. Cette limite doit cependant être encadrée par la réglementation et l’usager doit être bien informé. Le cadre d’application n’est donc pas nécessairement exactement le même selon qu’on se trouve à l’étranger ou dans son propre pays. De plus, les <a href="https://www.arcep.fr/?id=8710">règles pour l’itinérance</a> ne s’appliquent que pour des services limités à l’Espace économique européen (EEE) ; vous pouvez ainsi avoir dans votre forfait des services à destination de pays hors EEE qui ne s’appliqueront que si vous êtes dans votre pays d’origine.</p>
<p>On peut également remarquer qu’il reste encore une étape à franchir avant d’arriver à un marché réellement unique et à une liberté totale à l’intérieur de l’Union. En effet, <a href="https://www.60millions-mag.com/2017/06/09/fin-des-frais-de-roaming-les-5-pieges-eviter-11194">appeler de votre propre pays vers un autre état de l’Union ne rentre en général pas dans votre forfait et implique des surcoûts</a>, il y a donc une différenciation au sein même de la communauté européenne. De même, si vous êtes en itinérance, téléphoner dans le pays où vous vous trouvez n’est pas comptabilisé dans votre forfait mais compté comme si vous appeliez de votre pays d’origine, donc potentiellement hors forfait, alors qu’appeler sans surcoût pour réserver un restaurant par exemple serait naturel.</p>
<p>Intégrer ces éléments supplémentaires, c’est-à-dire ne plus faire de différence entre un appel de ou vers un autre pays de l’Union européenne, pourrait être une ultime étape vers un marché totalement ouvert et perçu comme unique par les usagers.</p>
<h2>Un risque pour les tarifs ?</h2>
<p>Un autre aspect à surveiller est l’impact de cette nouvelle règle sur les tarifications des forfaits pour les usagers : n’y a-t-il pas un risque de créer une hausse des prix, une effet de moyenne par lequel les moins mobiles paieraient pour ceux qui se déplacent beaucoup ? Ce risque potentiel a été mis en évidence dans des publications scientifiques via une modélisation théorique par théorie des jeux. Le revenu de l’opérateur peut également diminuer. Le recul depuis le début de l’application de la nouvelle règle n’est pas encore suffisant pour évaluer son impact, mais pour toutes ces raisons, une attention particulière devra être portée à l’évolution des prix.</p>
<hr>
<p><em><strong>Pour en savoir plus :</strong><br>
P. Maillé et B. Tuffin (2017) <a href="http://ieeexplore.ieee.org/abstract/document/8255969/?reload=true">« Enforcing free roaming among UE countries : an economic analysis »</a>, dans le 13<sup>e</sup> International Conference on Network and Service Management (CNSM), Tokyo, Japon, Presses de Sciences Po.<br>
P. Maillé et B. Tuffin (2017), <a href="http://ieeexplore.ieee.org/document/8251216/">« How does imposing free roaming in EU impact users and ISPs’ relations ? »</a>, dans le 8<sup>e</sup> International Conference Network of the Future, Londres, Royaume-Uni.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/90050/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrick Maillé a reçu des financements de l'Institut Mines-Télécom, de l'ANR, de la Commission européenne et d'Orange (thèses CIFRE) sur le sujet de l'économie des réseaux.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bruno Tuffin a reçu des financements de l'Inria, l'ANR, Européens et CIFRE avec Orange sur le sujet de l'économie des réseaux. </span></em></p>Depuis le 15 juin 2017, les frais d’itinérance sont interdits sur l’Union européenne. Les utilisateurs sont-ils nécessairement bénéficiaires de cette mesure ?Patrick Maillé, Professeur, IMT Atlantique – Institut Mines-TélécomBruno Tuffin, Directeur de recherche Inria, InriaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/920622018-03-04T21:08:37Z2018-03-04T21:08:37ZDe l’auberge espagnole à l’université européenne : rêve ou réalité ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/208019/original/file-20180227-36671-2dm4g9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Campus londonien de l'ESCP Europe Business School, précurseur d'une université européenne ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/escpeurope_london/19501105068/in/album-72157636683908305/">ESCP Europe/Flickr </a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Le <a href="https://info.erasmusplus.fr/">programme Erasmus</a>, qui fête ses 30 ans en 2017 et est connu du grand public depuis le film <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Auberge_espagnole">« L’auberge espagnole »</a>, arrive en tête quand on demande aux Français des réussites de l’Union européenne, selon un <a href="https://www.generation-erasmus.fr/wp-content/uploads/DOSSIER-PRESSE-FINAL.pdf">sondage</a> réalisé récemment. L’Europe traversant une crise existentielle, aller plus loin dans la promotion d’un enseignement supérieur européen est fort propice. Ainsi, Emmanuel Macron voit le futur de l’UE en partie dans l’éducation avec la création des universités européennes. Rêve ou réalité ?</p>
<h2>L’éducation comme premier pilier du renouvellement de l’UE</h2>
<p>Le Président de la République a proclamé pendant son <a href="http://www.elysee.fr/declarations/article/transcription-du-discours-du-president-de-la-republique-au-forum-economique-mondial-de-davos-suisse/">discours</a> au forum économique mondial à Davos que le renouvellement de l’UE passera par l’éducation. Emmanuel Macron continue ainsi ce qu’il a commencé pendant son <a href="http://www.elysee.fr/declarations/article/initiative-pour-l-europe-discours-d-emmanuel-macron-pour-une-europe-souveraine-unie-democratique/">discours</a> à la Sorbonne où il présentait sa vision de l’Europe de demain.</p>
<p>Selon <a href="http://www.elysee.fr/declarations/article/initiative-pour-l-europe-discours-d-emmanuel-macron-pour-une-europe-souveraine-unie-democratique/">ses plans</a>, en 2024 devraient exister au moins 20 universités européennes constituées chaque fois d’un réseau de quatre à six institutions dans au moins trois États-membres de l’UE. Ces clusters devraient développer conjointement des programmes d’études basés sur un curriculum intégré dans plusieurs pays et langues, tant pour assurer un changement de pays chaque année, qu’une formation tout au long de la vie, ainsi que des projets de recherche et d’innovation.</p>
<p>Ces universités ont comme objectif de créer un sens d’appartenance fort à l’Europe en enseignant également les particularités de la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263237314000425">culture européenne</a> et vont donc plus loin que le programme Erasmus implanté en 1987 et que le <a href="http://ec.europa.eu/education/policy/higher-education/bologna-process_fr">processus de Bologne</a> allant de la <a href="https://www.coe.int/t/dg4/highereducation/recognition/lrc_FR.asp">convention de Lisbonne</a> en 1997 à la création de l’<a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid56043/www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid56043/presentation-de-l-e.e.e.s.html">Espace européen de l’Enseignement supérieur</a> en 2010.</p>
<p>Malgré ses nombreux avantages, Erasmus souffre encore de quelques lacunes telles que le manque de cohérence de certains programmes d’un établissement à l’autre ou l’intégration imparfaite des étudiants en échange avec ceux de l’institution hôte, qui restent souvent entre eux. L’université européenne doit pouvoir surmonter ces défis.</p>
<h2>Investir dans le neuf ou l’ancien ? Réponse pragmatique</h2>
<p>L’idée des universités européennes n’est pas totalement nouvelle, aussi est-il possible de s’inspirer d’initiatives existantes. Une université européenne pourrait recouvrir deux formes : soit celle de réseaux d’institutions existantes tels que proposés par Emmanuel Macron, soit celle d’un seul et même établissement implanté dans plusieurs pays en Europe.</p>
<p>Le <a href="http://www.eucor-uni.org/fr/eucor-le-campus-europeen">Campus européen</a> offre un bel exemple de réseau universitaire nourri par la collaboration entre les universités de <a href="https://www.unibas.ch/en.html">Bâle</a>, <a href="https://www.uni-freiburg.de/?set_language=en">Freiburg</a>, <a href="http://www.uha.fr/">Haute-Alsace</a>, <a href="http://www.de.unistra.fr/">Strasbourg</a> et l’<a href="http://www.kit.edu/english/">Institut de technologie de Karlsruhe</a>. Les étudiants circulent en effet librement entre ces établissements, rassemblés en Groupement Européen de Coopération Territoriale ou <a href="http://cor.europa.eu/fr/activities/networks/Pages/30ce0402-3ff2-4276-a141-b01586f00ad0.aspx">GECT</a>, dont la forme juridique reconnue par l’UE permet aux autorités publiques de différents États-membres de fournir des services conjointement. La Grande École <a href="http://www.escpeurope.eu/">ESCP Europe</a>, établie dans six pays différents avec ses campus à Berlin, Londres, Madrid, Paris, Turin, et Varsovie, peut servir de modèle alternatif à un réseau d’établissements. Les étudiants sont incités à étudier sur plusieurs campus pendant leurs études et les curricula sont intégrés et coordonnés. ESCP Europe n’a pas une forme juridique unique mais sa propre entité nationale dans chaque pays.</p>
<p>L’avantage des réseaux universitaires est que ces institutions existent déjà et jouissent pour certaines d’une marque reconnue alors que l’implantation de la même université dans plusieurs pays demandera beaucoup de ressources et de temps. Le bémol des universités existantes est dans leurs structures souvent figées dans des contextes locaux.</p>
<p>Ainsi <a href="http://www.eucor-uni.org/fr/organigramme-eucor">Janosch Nieden</a>, directeur du Campus européen <a href="https://www.timeshighereducation.com/news/how-could-macrons-european-universities-work">explique</a> que les universités allemandes planifient les salles et créneaux des cours des mois en avance, quand les universités françaises le font beaucoup plus tardivement. De plus, il faudrait harmoniser des services supports vitaux tels que les systèmes informatiques, enfin les <a href="http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/les-comue-regroupements-avenir-incertain.html">difficultés</a> observées chez certaines <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid94756/les-regroupements-universitaires-et-scientifiques-une-coordination-territoriale-pour-un-projet-partage.html">COMUE</a> au plan national seraient certainement exacerbées dans un contexte de cultures différentes.</p>
<p>Pourquoi ne pas entreprendre une synthèse pragmatique de ces modèles où une université prendrait le lead dans un domaine académique enseigné dans plusieurs pays et s’appuierait sur des universités qui y trouveraient leur compte dans un autre domaine d’étude ? Ainsi, <a href="http://www.pantheonsorbonne.fr/">Panthéon Sorbonne</a> pourrait créer une licence en philosophie où les étudiants effectueraient un an à la Sorbonne, un an à la <a href="https://www.hu-berlin.de/en?set_language=en">Humboldt</a> à Berlin, et une dernière année au <a href="https://www.tcd.ie/">Trinity College</a> de Dublin. Puis, la seconde pourrait créer une licence en sociologie, avec un an en France et un an en Irlande, et ainsi de suite. Chaque fois, l’université lead désignerait le curriculum et aurait accès aux corps professoraux et aux infrastructures des deux autres universités. Il s’agirait donc d’un échange de ressources entre structures bien ancrées et dont les marques sont fortes, en conservant l’avantage d’une organisation où les décisions sont faites par une seule entité.</p>
<h2>Pour bâtir haut, il faut creuser profond : des questions à clarifier</h2>
<p>La création des universités européennes ne sera pas chose simple. Quel diplôme une université européenne peut délivrer alors que le diplôme européen n’existe pas ? L’étudiant en philosophie de l’exemple précédent aura probablement une licence française ; ou tout au plus un diplôme de chaque pays. Symboliquement, la création d’un tel grade est pourtant un passage obligé si l’identité européenne doit être développée. Reste à décider qui va délivrer un tel diplôme ? Qui définira ses exigences et qui contrôlera qu’elles sont atteintes ?</p>
<p>La langue d’enseignement est une deuxième question cruciale. Offrir les cours seulement en langue locale pourrait diminuer le brassage des cultures en salles de cours. À l’inverse, la possibilité d’étudier entièrement en anglais pourrait être conditionnée à des cours de langues intensifs et à l’obligation d’atteindre un certain niveau dans la langue locale à la fin du parcours. Cependant, est-ce que les étudiants à la sortie du lycée auront le niveau nécessaire pour suivre les cours, ne serait-ce qu’en anglais ? Quid des professeurs d’université et de leur capacité à enseigner en langue anglaise ?</p>
<p>Quant au financement du projet, un tel réseau d’établissements devrait se voir doté par l’UE de <a href="https://sciencebusiness.net/news/macron-eu-faster-action-needed-build-university-networks-europe">€5 à 6 millions</a> pour une durée de cinq ans, soit un total de 100 millions. La question de l’allocation de ces ressources entre États-membres sera épineuse dès lors que les étudiants plébisciteront un pays plutôt qu’un autre et seront plus motivés d’apprendre l’espagnol que le luxembourgeois.</p>
<p>Finalement, il faudrait aussi réfléchir à la magnitude d’un tel projet. Le souhait d’Emmanuel Macron que chaque étudiant en Europe passe au moins un an à l’étranger est encore une réalité distante car en 30 ans, <a href="https://www.touteleurope.eu/actualite/10-chiffres-sur-le-programme-erasmus.html">3,3 millions</a> d’étudiants ont participé à un séjour Erasmus.</p>
<p>L’objectif ne pourrait être atteint que si d’autres universités – non-participantes aux réseaux universitaires européens et à son financement – commençaient à collaborer entre elles indépendamment du projet européen. Cette émulation pourrait intervenir si les diplômés des réseaux universitaires européens démontraient une forte employabilité grâce à leur multilinguisme, leur intelligence culturelle, et leur plus grande flexibilité, ayant déménagé trois fois en trois ans.</p>
<h2>Et sur de grands exploits, bâtir sa renommée : priorité aux marques fortes</h2>
<p>La vision du Président pour bienvenue qu’elle soit suscite autant d’espoirs que de questions. Pour assurer le succès d’un tel projet, il faudrait choisir les meilleures marques sur la scène de l’enseignement supérieur européen afin d’inciter d’autres universités à suivre ce chemin, mais aussi pour donner à l’Union européenne la possibilité de rayonner mondialement à travers ces institutions.</p>
<p>En tout cas, avec la <a href="http://www.leparisien.fr/international/les-etudiants-etrangers-boudent-l-amerique-de-trump-15-11-2017-7394256.php">politique de Donald Trump aux États-Unis</a> et le <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/09/12/brexit-premiere-baisse-des-candidatures-d-etudiants-europeens_5184395_4401467.html">Brexit</a> à la porte, deux endroits qui hier prédominaient dans l’enseignement supérieur pourraient perdre en attractivité.</p>
<p>Mais peut-être le Brexit permettra-t-il de repenser une offre européenne au-delà des frontières pour capitaliser sur le fait qu’<a href="http://www.ox.ac.uk/">Oxford</a> et <a href="https://www.cam.ac.uk/">Cambridge</a> sont certainement les marques les plus fortes dans l’UE actuelle. Comme le programme Erasmus, les universités européennes pourraient aller au-delà de l’Europe de demain pour que <a href="http://www.lepoint.fr/grandes-ecoles-de-commerce/brexit-cambridge-au-bord-de-la-crise-de-nerfs-23-02-2018-2197330_123.php">Oxbridge</a>, malgré le Brexit, puisse être sur ce trajet de l’auberge espagnole vers l’université européenne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/92062/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andreas Kaplan works for ESCP Europe. </span></em></p>Comment passer d’Erasmus et des réseaux universitaires existants à une vraie université européenne ? Quelques pistes.Andreas Kaplan, Rector, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/912852018-02-14T21:03:50Z2018-02-14T21:03:50ZDemain, l’Europe championne de l’intelligence artificielle responsable ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/206374/original/file-20180214-174986-3vtuu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=76%2C45%2C1128%2C776&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'Europe a l'occasion de revenir dans le jeu de l'intelligence artificielle en se posant comme puissance responsable.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/artificial-intelligence-503593/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p><a href="https://www.theverge.com/2017/9/4/16251226/russia-ai-putin-rule-the-world">« Qui maîtrise l’intelligence artificielle domine le monde »</a> : cette déclaration de Vladimir Poutine, en septembre dernier, à la tonalité prophétique a soulevé de nombreuses questions. Cette perspective faisait-elle référence à une vision essentiellement économique ou à une représentation plus militaire et géopolitique des choses ? Même sans avoir de certitude sur ce sujet, il apparaît bien que l’intelligence artificielle (IA) est un enjeu essentiel, complété par celui non moins important des données (le « nouveau pétrole »).</p>
<p>Cette déclaration avait également de quoi surprendre si l’on considère que la Russie n’est pas perçue comme un pays leader en matière d’IA, ses acteurs restant loin des GAFA américains (Google-Apple-Facebook-Amazon) et des BATX chinois (Baidu-Alibaba-Tencent-Xiaomi). A la différence de l’Europe toutefois, elle dispose d’acteurs nationaux importants, avec le moteur de recherche Yandex ou le réseau social Vkontakte.</p>
<p>Précisément, les Européens se trouvent aujourd’hui marginalisés par rapport aux grands acteurs mondiaux ainsi que dans les débats technologiques, étant parfois considérés comme appartenant à une « colonie numérique américaine ». L’Europe n’est-elle vraiment condamnée qu’à rester marginale face aux développements de l’IA ?</p>
<p>A contrario, peut-elle s’affirmer comme une championne de l’IA responsable, non pas en s’affichant contre le progrès mais au contraire en intégrant les craintes formulées par des personnalités telles que <a href="https://www.vanityfair.com/news/2017/03/elon-musk-billion-dollar-crusade-to-stop-ai-space-x">Elon Musk</a> ou <a href="https://futurism.com/stephen-hawking-ai-replace-humans/">Stephen Hawking</a>, tout en proposant des solutions éthiques ?</p>
<p>La marginalisation de l’Europe sur l’IA provient d’un retard technologique qui engendre des menaces de sécurité géostratégique. Dans ce domaine, les enjeux, comme on va le voir, sont prioritairement de trois ordres.</p>
<h2>Le retard économique des acteurs européens</h2>
<p>Le premier défi est celui du retard économique des acteurs européens. Quelques chiffres permettent de le caractériser : parmi les dix plus importantes capitalisations boursières au monde figurent huit sociétés américaines, deux chinoises et donc aucune européenne ; et parmi celles-ci, <a href="https://businesstech.co.za/news/business/184817/here-are-the-20-largest-companies-in-the-world-by-market-cap/">sept sont des sociétés technologiques</a>.</p>
<p>Déjà fortes d’un avantage technologique réel, la faiblesse d’imposition qui caractérise ces sociétés leur permet d’investir massivement et de maintenir un avantage innovant comparatif. Ces atouts leur permettent également de prévenir l’émergence de concurrence future en rachetant toute start-up ou entreprise ayant développé une innovation qui leur aurait échappé.</p>
<p>Face au gigantisme des GAFA et BATX, les licornes européennes sont peu nombreuses et bien modestes. Comment l’Europe peut-elle se positionner dans cette compétition technologique ? Dans un univers compétitif régit par le principe selon lequel le premier emporte la mise (« the winner takes all »), il semble aléatoire de miser sur une réaction spontanée de rattrapage d’hypothétiques concurrents européens face à des « champions » technologiques omniprésents.</p>
<p>La mise en place d’une vraie politique industrielle est nécessaire afin de retrouver de la souveraineté numérique. Cette stratégie passera, d’une part, par des mesures de « vigilance » à l’égard de l’acquisition de groupes technologiques et/ou de talents par des acteurs non européens ; et, d’autre part, par la mise en place de partenariats entre nouvelles et anciennes industries.</p>
<p>Mais si le simple rattrapage n’est plus une option pour des sociétés européennes, déjà trop distancées par leurs homologues américaines et chinoises, elles doivent donc rechercher la mise en place d’innovations de ruptures dans les domaines structurants du XXI<sup>e</sup> siècle : IA, cybersécurité, nano et biotechnologies, ordinateurs quantiques, impression 3D, neurosciences, stockage et mobilité d’énergie.</p>
<p>Pour réussir, cette stratégie requiert des investissements massifs avec des échéances temporelles souvent supérieures à cinq ans alors que les domaines visés sont risqués. Cette combinaison de caractéristiques implique donc une mise en place stratégique paneuropéenne avec un rôle indispensable de coordination par les États, des États stratèges.</p>
<h2>Une Europe dans un environnement sécuritaire incertain</h2>
<p>Le deuxième défi européen concerne l’environnement géopolitique incertain, qui va nourrir le développement de sa propre politique en matière d’IA : après tout, la conquête spatiale est le fruit de la Guerre froide, comme les drones sont le résultat d’une volonté israélienne de ne pas perdre de pilotes au combat.</p>
<p>La prise en compte de nouveaux risques est déjà largement observable dans l’évolution de nos forces armées. Aux côtés des traditionnels corps d’armée (terre – air – maritime) s’érige une nouvelle force – cyber – dont la dépendance à l’égard de quelques pays et entreprises révèle une vulnérabilité inacceptable pour des pays souverains. Aujourd’hui, l’Europe ne peut affirmer avec certitude posséder une autonomie souveraine en matière de <a href="https://theconversation.com/cybersecurite-globale-pour-les-usa-et-laustralie-la-meilleure-defense-cest-lattaque-80839">cybersécurité</a> et encore moins la revendiquer en matière d’IA.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206376/original/file-20180214-174997-9rr3k0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La cybersécurité, une priorité stratégique pour la France, et pour l’Europe.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/hacker-hacking-cyber-security-hack-1944688/">Pixabay</a></span>
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<p>Ces risques ne sont pas homogènes, répartis selon une géographie européenne des peurs connue. En Europe centrale et parmi les pays baltes, réside la peur d’un changement des rapports de force favorable à la Russie. <a href="https://theconversation.com/lukraine-barometre-de-letat-de-la-relation-russo-americaine-70809">L’expérience de la « guerre hybride » en Ukraine</a> fait craindre l’émergence de nouvelles formes de conflits et de manipulation des données qui peuvent se faire jour par le biais de l’IA.</p>
<p>En France, en Allemagne et dans les pays du Sud et du Nord notamment, la question du terrorisme islamiste reste centrale, avec de nombreux attentats sur le sol européen. Or, l’IA, combinée notamment aux potentialités de l’imprimante 3D, pourrait demain permettre de fabriquer des <a href="http://mak3r.com/le-cote-obscur-de-limpression-3d-10-choses-a-surveiller/">armes à bas coûts en plastique</a> pour les mouvements terroristes.</p>
<h2>Un enjeu démocratique</h2>
<p>Le troisième défi concerne la pérennité de nos systèmes démocratiques européens, entre aspirations au renouveau et <a href="https://theconversation.com/et-le-vainqueur-est-le-populisme-76568">force du populisme</a>.</p>
<p>Certes, notre siècle n’a pas l’apanage de l’irruption dans le débat politique démocratique d’interventions dissimulées, <a href="https://theconversation.com/la-guerre-de-linformation-russe-pour-une-reponse-globale-60762">d’outils de propagande</a>, de diffusion de fausses informations intentionnelles. En revanche, suite à l’apparition de ruptures technologiques, nous assistons à des changements d’échelle et de moyens de ces menaces qui peuvent mettre en péril l’ordre même du bon fonctionnement des institutions démocratiques, et miner le vivre-ensemble.</p>
<p>Ensuite, les pratiques de surveillance massive induite par l’IA nous renvoient au dilemme classique entre sécurité et liberté, déjà observé dans le cyberespace : opportunité pour la sécurité autant que <a href="https://theconversation.com/et-sil-etait-possible-de-predire-les-attentats-51428">menace réelle pour les droits civils et les libertés</a>. La reconnaissance faciale, vocale et de l’iris posent déjà de nombreuses questions éthiques pour les démocraties avancées. D’où une demande de plus en plus forte pour une IA responsable au niveau international.</p>
<h2>Le précédent de la bataille du climat</h2>
<p>L’Europe n’est pas le premier pollueur mondial, mais elle s’est pourtant affirmée comme le leader mondial sur le changement climatique. Peut-elle également devenir, demain, la championne de l’IA responsable ? Les Européens peuvent se saisir de ce dossier pour affirmer son rôle en matière internationale, de même qu’elle a su le faire sur le climat.</p>
<p>Car l’affirmation de l’Europe comme leader climatique n’allait pas de soi, et pas uniquement parce qu’elle n’était pas le principal pollueur mondial. En effet, les préférences environnementales des États-Unis ont longtemps été plus fortes que celles régnant en Europe, le renversement ayant eu lieu au cours des années 1980-1990 avec notamment la multiplication des crises sanitaires européennes (crise de la vache folle, OGM, etc.). En outre, de réelles divergences existaient entre l’Allemagne et le nord de l’Europe, plus sensibles à ces thèmes que ne l’était l’Europe du Sud.</p>
<p>L’Europe comme leader climatique est, en réalité, le produit d’un système de gouvernance et d’une dynamique politique. Le changement des opinions publiques des États membres, sur fond de scandales sanitaires et de prise de conscience politique, ne suffit pas à justifier la place prise par les Européens sur ce dossier.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/206377/original/file-20180214-174982-lhzasz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La COP21 à Paris, en décembre 2015 : un succès pour la diplomatie française.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/hacker-hacking-cyber-security-hack-1944688/">Cop21/Flickr</a></span>
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<p>Le Parlement et la Commission ont également joué un rôle décisif, notamment par leur capacité à négocier, édicter des règles communes à l’intérieur des frontières européennes et promouvoir à l’extérieur des normes et standards. Les acteurs de l’UE ont su gagner en légitimité avec des normes élevées, à même d’avoir un impact en matière de changement climatique. Enfin, si la logique de souveraineté partagée a allongé les périodes de négociation, elle a dans le même temps permis de diffuser au mieux les résultats au niveau international.</p>
<h2>L’exemple de la « petite » Estonie</h2>
<p>En matière d’intelligence artificielle, l’enjeu est tout aussi complexe à négocier dans la mesure où, pour le moment, le régulateur est en retard sur le développement technologique. De fait, l’IA avance sans entrave, alors que les domaines régaliens et ceux de la bioéthique sont largement impactés. Or, les Européens sont distancés dans ce domaine.</p>
<p><a href="https://www.forbes.com/sites/forbestechcouncil/2017/12/05/these-seven-countries-are-in-a-race-to-rule-the-world-with-ai/#68adab164c24">Un article de Forbes</a>, dressant le portrait des sept prochains leaders de l’IA, mettait de côté la France et l’Allemagne, ne mentionnant que l’Estonie parmi ceux-ci. Disposant de moins de ressources que Paris et Berlin, la République balte doit cette place honorable à sa capacité à réguler l’IA, faisant face à des questions sans précédent face à des machines intelligentes.</p>
<p>L’Europe peut donc s’inspirer de l’Estonie pour penser à l’édiction de normes, gagner en légitimité sur ce secteur en proposant des normes élevés (notamment, en France, à l’occasion de la réflexion sur l’IA avec la mission Villani et la <a href="https://theconversation.com/qui-est-le-proprietaire-des-donnees-de-ma-sante-89511">discussion de la loi bioéthique</a>) et en utilisant au mieux sa souveraineté partagée.</p>
<h2>Pour une IA responsable</h2>
<p>Être le leader de l’IA responsable ne signifie pas limiter les progrès dans ce domaine, mais poser les termes d’une réflexion de long terme que la « course à l’armement en matière d’IA » ne permet pas de tenir. Or, face à cette course, il faut remarquer que nos institutions internationales et nos traités de désarmement du XX<sup>e</sup> siècle ne sont pas adaptés.</p>
<p>Le désarmement supposera vraisemblablement à l’avenir de mettre autour de la table les grandes puissances autour de politiques communes (par exemple sur la <a href="https://theconversation.com/robots-tueurs-et-kamikazes-notre-humanite-en-question-83005">limitation de l’utilisation de l’IA pour les armes offensives</a>), et d’établir des lignes rouges et de déterminer un cadre pour faire respecter les obligations contractées, tout en limitant la désinformation.</p>
<p>Précisément, les Européens ont montré qu’ils disposaient de l’ensemble des qualités requises mentionnées en matière de politique de changement climatique. Ils ont mis tout leur poids politique dans la balance à l’occasion de la ratification du protocole de Kyoto, convainquant par exemple la Russie à ratifier celui-ci.</p>
<p>Ils ont également été capables de faire du changement climatique une question politique mondiale, tout en prenant des engagements crédibles. Ces engagements, critiqués pour être contraignant, ont permis un essor des énergies renouvelables en Europe et une stimulation des recherches en ce domaine. <a href="https://theconversation.com/cop21-ce-quil-faut-retenir-de-laccord-de-paris-52257">De la COP21 de décembre 2015</a> au Sommet climat de Paris de décembre 2017, l’Europe, et particulièrement la France, a pu démontrer que son rôle restait important en la matière.</p>
<p>Pour cela, elle doit s’emparer du débat sur l’IA dès à présent. Si plusieurs crises sanitaires ont pu faire évoluer les mentalités sur l’environnement, il est préférable d’agir avant l’émergence de possibles futures crises de l’IA, et de participer dès à présent à la réflexion éthique en matière d’intelligence artificielle.</p>
<p>Contre toute attente, malgré sa marginalisation en matière d’IA, l’Europe pourrait donc bien être de retour prochainement, à condition qu’une volonté commune soit véritablement incarnée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91285/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florent Parmentier est membre de divers groupes de réflexion : Global Variations, Eurasia Prospective et Synopia.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christian Dargnat est Président de l’AFEMA (Association de financement En Marche !) et membre fondateur de EM ! Il co-préside le think tank Global Variations.</span></em></p>Marginalisée par rapport aux grands acteurs mondiaux et dans les débats technologiques, considérée comme une « colonie numérique américaine », l’Europe peut affirmer sa différence.Florent Parmentier, Enseignant à l'Ecole d'Affaires publiques de Sciences Po. Chercheur-associé au Centre HEC Paris de Géopolitique, Sciences Po Christian Dargnat, Maitre de conférences en géoéconomie , Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/881732018-01-14T20:44:57Z2018-01-14T20:44:57ZL’université européenne : utopie ou futur prometteur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/201314/original/file-20180109-83571-ay1ppa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Logements étudiants Tietgenkollegiet, Copenhague.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/wojtekgurak/6287796283/">Wojtek Gurak/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
<hr>
<p>L’harmonisation communautaire de l’enseignement supérieur constitue un succès marquant de la construction européenne. La mise en place du système Licence, Master, Doctorat <a href="http://www.education.gouv.fr/cid2206/la-mise-en-place-du-l.m.d.-licence-master-doctorat.html">(LMD)</a> dans l’Union européenne, copié dans de nombreux autres pays, facilite au quotidien les échanges d’étudiants étrangers et offre à nos universités un rayonnement mondial.</p>
<p>La libre circulation des personnes fait partie des <a href="https://europa.eu/european-union/about-eu/history/1990-1999_fr">quatre libertés</a> inhérentes au marché unique et favorise le développement de la coopération au sein des États membres pour garantir le respect de ces droits fondamentaux. Cela passe par la concertation, le compromis et la réalisation de réformes difficiles.</p>
<h2>La méthode des petits pas appliquée à l’enseignement supérieur</h2>
<p>Cette méthode est aussi appelée <a href="http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/ue-citoyennete/construction-europeenne/comment-s-est-construite-union-europeenne.html">Monnet-Schuman</a> en hommage au commissaire au plan <a href="https://www.herodote.net/Jean_Monnet_1888_1979_-synthese-206.php">Jean Monnet</a>, et au ministre des affaires étrangères <a href="https://www.robert-schuman.eu/fr/biographie-de-robert-schuman">Robert Schuman</a>, considérés comme des pères de l’Europe. L’idée est de fonder l’Union « par le bas » grâce à la mise en place d’une gestion commune entre pays membres dans des secteurs limités, stratégiques et de plus en plus nombreux, afin de créer une solidarité de fait entre ces pays.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/201316/original/file-20180109-83567-gsfiu6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=482&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La Sorbonne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/6296569163/0d5f8288ab/">Stuck in Customs/VisualHunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Appliquée à l’enseignement supérieur, cela consiste à adopter et mettre en place plusieurs directives, par exemple celle intitulée <a href="http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31989L0048:fr:HTML">89/48 CEE</a> qui reconnaît des diplômes supérieurs d’une durée minimale de 3 ans, ce texte est complété par une autre directive <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000339500">92/51 CEE</a>, ou plus récemment celle du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000703171">2005/36/CE</a> relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles.</p>
<p>Les normes qui organisent les études supérieures dans chaque nation européenne résultent d’une Histoire, les transformer n’est pas toujours chose facile. Ainsi la directive constitue un outil idéal pour parvenir à cette harmonisation en douceur. Elle fixe des objectifs généraux à atteindre pour les États membres, mais elle laisse aux parlements nationaux le soin de transposer cette norme selon leurs règles dans un délai raisonnable et en tenant compte des contextes nationaux.</p>
<h2>Le Processus de Bologne à l’origine du LMD</h2>
<p>Cette harmonisation s’est construite dans le cadre du <a href="http://ec.europa.eu/education/policy/higher-education/bologna-process_fr">processus de Bologne</a>. Elle a duré près de 15 ans, de la signature de la <a href="https://www.coe.int/t/dg4/highereducation/recognition/lrc_FR.asp">convention de Lisbonne</a> en 1997 à la déclaration finale de la conférence de Vienne en 2010 qui officialise la création de l’<a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid56043/www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid56043/presentation-de-l-e.e.e.s.html">Espace européen de l’Enseignement supérieur</a> (EEES).</p>
<p>L’idée principale du LMD était d’organiser l’enseignement supérieur autour de trois diplômes : Licence, Master, Doctorat. Cette configuration s’est substituée à d’autres diplômes : le DEUG correspond aujourd’hui au niveau L2, la maîtrise au niveau M1, et les DEA ou DESS aux actuels M2.</p>
<p>Il s’agit non seulement d’accroître la mobilité entre étudiants européens et internationaux, mais aussi de faciliter les échanges entre les disciplines, entre formations professionnelles et générales, et par le biais des VAE (validation des acquis de l’expérience) de permettre aux travailleurs d’accéder à tout moment de leur vie à une formation universitaire correspondant à leur niveau.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/201315/original/file-20180109-142334-39pks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Oxford.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/224982/">_Hadock_ on VisualHunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<h2>La maîtrise des langues, obstacle encore important</h2>
<p>L’objectif revendiqué de l’Union européenne est que chaque Européen parle au moins trois langues européennes. Dans certaines filières, la maîtrise de l’anglais est presque atteinte – l’obtention d’un score minimal au <a href="http://www.letudiant.fr/examen/tests-examens-langues/pourquoi-passer-le-toeic-3-bonnes-raisons-d-obtenir-un-high-score.html">TOEIC</a> conditionne le diplôme d’ingénieur dans la plupart des écoles supérieures –, mais pas dans les filières dites littéraires, ni dans la filière médicale.</p>
<p>Dans ce domaine pourtant, la littérature scientifique est presque exclusivement en anglais, les congrès et rencontres entre spécialistes également. Et pourtant… L’article 18 de l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000344668&categorieLien=cid">arrêté du 18 mars 1992</a> relatif à l’organisation du premier cycle et de la première année du deuxième cycle des études médicales stipulait que </p>
<blockquote>
<p>« l’enseignement des langues étrangères doit représenter l’équivalent d’au moins 120 heures, soit sous forme d’un enseignement spécifique, soit intégré à celui d’autres disciplines. S’il n’a pas été dispensé en première année du premier cycle, il doit obligatoirement être organisé en seconde année du premier cycle et en première année du deuxième cycle ».</p>
</blockquote>
<p>Les textes plus récents sont beaucoup plus flous. On retrouve dans l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2011/3/22/ESRS1106857A/jo">arrêté du 22 mars 2011</a> la mention des langues étrangères, noyée au milieu d’autres compétences :</p>
<blockquote>
<p>« Un enseignement de langues vivantes étrangères, une formation permettant l’acquisition de l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 1, un apprentissage à la maîtrise des outils informatiques et une initiation à la recherche sont également organisés. »</p>
</blockquote>
<p>Même chose dans l’arrêté du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027343762&categorieLien=id">8 avril 2013</a>, qui stipule qu’un enseignement de langues vivantes étrangères est prévu (au pluriel). Nous sommes pourtant déjà malheureusement bien loin d’enseigner de manière correcte l’anglais en médecine, alors que cela devrait être une priorité…</p>
<p>Et pourtant !</p>
<p>Il ne faudrait pas que la culture européenne se rétrécisse à l’utilisation de l’anglais comme langue véhiculaire, ce qui impliquerait l’acquisition de deux langues en plus de sa langue maternelle (<a href="https://europa.eu/european-union/topics/multilingualism_fr">multilinguisme</a>). Pendant longtemps, cette troisième langue a été l’allemand, l’espagnol ou l’italien. Aujourd’hui, il est aussi pertinent de maîtriser les langues nordiques ou de l’est de l’Europe. Ce qui implique d’encourager de manière plus forte l’apprentissage de ces langues dans les universités.</p>
<p>L’Union européenne a ainsi mis en place un <a href="https://www.azurlingua.com/adultes/niveau.htm">cadre européen de référence</a> pour harmoniser l’apprentissage des langues avec des niveaux de A1 à C2 pour déterminer la maîtrise d’une langue.</p>
<p>Alors, comment réussir la transition et développer la maîtrise des langues étrangères chez nos étudiants ?</p>
<p>Les stages à l’étranger et la sensibilisation à la culture de nos voisins paraissent être un bon début. En médecine par exemple, les échanges sont encore trop peu développés. À cause de l’épée de Damoclès du concours de fin de 6<sup>e</sup> année, nombreux sont ceux qui renoncent à partir. Et réaliser 6 mois à l’étranger lors de son internat relève du parcours du combattant. Le plus souvent, ces expériences, en plus de ne pas être correctement valorisées et encore moins encouragées, doivent être réalisées hors cursus, lors d’une « disponibilité », privant l’interne de son salaire et créant de véritables inégalités entre ceux qui pourront partir sans être rémunérés, et les autres.</p>
<p>Il est non seulement temps de démocratiser cette période de travail à l’étranger pour les internes, mais aussi de la valoriser, voire même de la rendre incontournable dans le parcours de nos jeunes médecins et plus largement de nos étudiants dont le futur sera, quoi qu’il arrive, lié de près à l’international.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88173/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Rossinot est membre de En Marche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Abdesselam Dahoun, Guillaume Bagard et Inès Ahmed Youssouf Steinmetz ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Quelques pistes pour faire avancer la construction d’un système vraiment européen d’enseignement supérieur.Guillaume Bagard, Doctorant contractuel en Histoire du droit chargé d'enseignement, Université de LorraineAbdesselam Dahoun, Professeur en Matériaux, Université de LorraineHélène Rossinot, Interne en santé publique, AP-HPInès Ahmed Youssouf Steinmetz, doctorante en droit, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/878942018-01-04T20:02:02Z2018-01-04T20:02:02ZLa qualité de vie, une dimension de plus en plus cruciale pour les villes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/200774/original/file-20180104-26151-9mwydj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au café Sperl, haut lieu de l’art de vivre viennois. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/kotomi-jewelry/17701869661/in/photolist-sYfH8k-9hToYm-9hQiMg-9hToFm-4ZqGh1-9hTpcd-4ZqGgu-4ZqGgL-9hQifr-kRmqS2-cUDAmh-4Zo2oK-eboQAj-kRnDbE-kRkGbH-5MBHzg-7Q7ofQ-7MgKeT-oYx8Bj-9vgJf9-dzL1E3-Uiy3rn-sFMcBp-s2eZNE-3FTosZ-diHJ33-4dN1wY-aYrKu4-Fdxuks-e8fd-7AwCg-sYg6jK-sFMpqV-sFLUEi-sFDCBQ-sFCRfN-sYfD48-s2eB5o-sFMgxk-sY1M9q-s2eno5-sFE7NE-sFFpBE-xNaqL-9mw4Bj-tTyFSd-kRmohc-5P5XR-7VkqKY-LKRRV">Kotomi/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
<hr>
<p>Pour la 8<sup>e</sup> année consécutive, Vienne est arrivée en tête du <a href="https://www.mercer.fr/newsroom/enquete-qualite-vie-mercer-2017.html">classement Mercer</a>, un cabinet de conseil en ressources humaines qui s’intéresse à la qualité de vie en ville. Pour cette 19<sup>e</sup> édition du classement, l’enquête a été conduite dans 231 métropoles mondiales.</p>
<p>Mais que recouvre concrètement cette notion de « qualité de vie » ?</p>
<p>Elle intéresse en effet plusieurs disciplines, touchant à la santé, au bien-être au travail, à l’environnement et concerne aussi les sciences humaines et sociales. Dans ce domaine, il faut souligner ici l’apport majeur des travaux de l’économiste et philosophe indien <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/amartya-sen">Amartya Sen</a>, prix Nobel 1998 pour ses recherches sur l’« économie du bien-être ».</p>
<p>Si Amartya Sen reconnaît le revenu et la consommation comme critères de la qualité de vie, il fait de la possibilité et de la liberté des individus à mobiliser les opportunités qui s’offrent à eux concernant la vie qu’ils souhaitent mener une priorité. C’est cette idée qui se trouve au cœur de son concept de <a href="https://www.scienceshumaines.com/capabilites_fr_29433.html">« capabilité »</a>.</p>
<p>Autre apport important, celui du débat autour de la nécessité de trouver de <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/economie-et-finance/richesse-des-nations-et-bien-etre-des-individus_9782738124609.php">nouveaux indicateurs</a> – autres que le PIB – pour mesurer la richesse et le bien-être. Citons à ce propos l’instauration récente par l’<a href="http://www.oecdbetterlifeindex.org/fr/">OCDE</a> d’un indicateur de qualité de vie à l’échelle des États (2011) et des régions (2014). Ces initiatives constituent une nouvelle étape vers des mesures territorialisées et objectives.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"715508562429132802"}"></div></p>
<h2>De multiples critères</h2>
<p>La plupart des classements portant sur la qualité de vie prennent en compte l’emploi, le logement, l’environnement, les transports, la culture et les services urbains.</p>
<p>Les variables choisies rejoignent en partie les travaux d’Amartya Sen : un territoire doit être en mesure d’offrir à la fois une « capacité d’être » (la liberté de se loger aisément, de se maintenir en bonne santé, de bénéficier de la sécurité et d’un cadre de vie agréable) et une « capacité d’agir » (la liberté de se déplacer, d’accéder à l’éducation, au marché du travail et à des loisirs variés).</p>
<p>La qualité de vie recouvre ainsi plusieurs aspects : l’environnement naturel (climat, état de l’environnement naturel, etc.), l’environnement bâti (type et état du bâtiment, etc.), l’environnement sociopolitique (vie communautaire, participation citoyenne, etc.), l’environnement économique local (revenu, chômage, etc.), l’environnement culturel et des loisirs (musées, restaurants, etc.), l’environnement des politiques publiques (sécurité, santé, éducation, etc.).</p>
<p>Cette <a href="http://bit.ly/2ESaoDw">« qualité de vie »</a>, nous pourrions donc la définir comme l’ajustement entre des ressources offertes par l’environnement à un individu et les besoins exprimés par celui-ci. Cet ajustement est conditionné par les capacités et les libertés des individus au sein de leur environnement.</p>
<h2>Attirer entreprises et habitants</h2>
<p>La mondialisation – et la libéralisation du commerce international qui y est associée – a intensifié ces dernières décennies la concurrence entre les villes. Cette concurrence s’est souvent concrétisée par la recherche d’une plus grande compétitivité économique, au détriment de la promotion de facteurs liés à la qualité de vie tant du point de vue environnemental que social.</p>
<p>Mais dans un contexte de mobilité accrue du capital, cette qualité est aujourd’hui considérée comme un élément favorisant l’attractivité des villes. Les investissements consentis aujourd’hui par les métropoles au service du marketing urbain et de l’amélioration du bien-être des résidents en témoignent.</p>
<p>Plusieurs <a href="https://lc.cx/gAmo">études</a> ont ainsi montré comment la qualité de vie et le niveau de durabilité d’une ville pouvaient influencer la décision, pour une entreprise par exemple, de s’y installer ou non. Accroître le niveau de satisfaction des habitants constitue aujourd’hui une vraie stratégie pour attirer ces nouveaux investissements et les futurs résidents.</p>
<h2>Les villes européennes bien placées</h2>
<p>En tête de liste du dernier classement Mercer, rendu public en mars 2017, Vienne (Autriche) s’impose devant Zurich (Suisse) et Auckland (Nouvelle-Zélande). C’est en Europe que la concentration des villes à la qualité de vie élevée est la plus forte.</p>
<p>Pour établir son classement, le cabinet Mercer s’appuie sur les 10 critères suivants : l’environnement sociopolitique (stabilité politique, crime, respect de la loi…) ; l’environnement économique (contrôle des changes, services bancaires…) ; l’environnement socioculturel (accessibilité et censure des médias, restrictions aux libertés individuelles…) ; la situation médicale et sanitaire (fournitures et services médicaux, maladies infectieuses, gestion des déchets et des eaux usées, pollution atmosphérique…) ; écoles et éducation (niveaux et disponibilité des écoles internationales…) ; services publics et transports (électricité, eau, transports en commun, engorgement du trafic…) ; divertissements (restaurants, théâtres, cinémas, sports et loisirs…) ; biens de consommation (disponibilité des aliments, articles de consommation quotidienne, voitures…) ; logement (locations, appareils ménagers, mobilier, services d’entretien…) ; environnement naturel (climat, historique des catastrophes naturelles…).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=381&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/200772/original/file-20180104-26163-14rhb6p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=479&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le classement Mercer 2017.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.imercer.com/content/common/mobility/mercer_qualityofliving_2017_global.png">Mercer</a></span>
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<p>La particularité de ce dernier classement Mercer réside dans la prise en compte de l’offre en matière d’infrastructures urbaines ; ces dernières jouent en effet un rôle important dans l’établissement de nouvelles firmes multinationales et de nouveaux travailleurs. De nouveaux critères – accessibilité en transports, congestion automobile, fiabilité de l’électricité, disponibilité en eau potable, téléphonie – y sont liés. Sur cet aspect précis, c’est Singapour qui occupe la première place, suivie par Frankfort et Munich. Bagdad et Port-au-Prince figurent en queue de ce classement.</p>
<p>Dans ce nouveau cadre concurrentiel entre les espaces urbains mondiaux, où les pouvoirs publics doivent désormais attirer les capitaux, la question du bien-être en ville est et sera essentielle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87894/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans un monde de plus en plus urbanisé, la concurrence entre les villes s’accroît pour attirer investisseurs et résidents. Un nouveau paysage où la qualité de vie est devenue essentielle.Sebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/889182017-12-10T20:20:26Z2017-12-10T20:20:26ZLe Brexit n’est donc pas un traumatisme : les Cassandres de l’Europe ont eu tort !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/198376/original/file-20171209-27719-v5bs4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C179%2C1597%2C1022&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://librairiejumentverte.com/ouvrage/cassandre-quelques-reflexions-revolution-francaise-situation-actuelle-de-leurope/">Librairie La Jument Verte</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Sur le Brexit, la « fumée blanche » est enfin sortie du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A2timent_Berlaymont">Berlaymont</a>, le siège bruxellois de la Commission qui est à l’Union européenne ce que le Palais du Vatican est à Rome. C’est ainsi que le cabinet de <a href="http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2017/10/25/jean-claude-juncker-lhomme-du-passe/">Jean Claude Juncker</a> a imagé, tôt dans la matinée du 8 décembre 2017, la conclusion de l’accord tant attendu avec <a href="http://www.lalibre.be/actu/international/ambitieuse-et-austere-mais-qui-est-donc-theresa-may-la-future-premier-ministre-britannique-portrait-5783a95e357086b3e0ce6a6e">Theresa May</a> entre l’UE et le Royaume-Uni sur son retrait de l’Union, plus connu sous le nom de <a href="https://www.letemps.ch/monde/2017/01/17/Brexit-songe-eveille-theresa-may">Brexit</a>.</p>
<h2>Trois points durs réglés</h2>
<p>Trois points durs restaient à dissoudre et ils le sont dorénavant. Le Brexit étant un divorce, on peut dire que les Européens et les Britanniques sont parvenus à s’entendre dans l’intérêt des enfants.</p>
<ul>
<li><p>Il n’y aura pas de mesure d’éloignement résidentiel ou d’obstacle au droit de visite : c’est le non-durcissement de la <a href="http://www.liberation.fr/planete/2017/08/16/Brexit-le-casse-tete-de-la-frontiere-entre-les-deux-irlande_1590291">frontière</a> terrestre entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, bien que celle-ci devienne la <a href="https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2010-2-page-218.htm">frontière</a> entre le Royaume-Uni et l’UE.</p></li>
<li><p>Il y aura résidence alternée et garde partagée : le statut des ressortissants de l’UE au sein du Royaume-Uni, comme celui des ressortissants britanniques au sein de l’UE, sera – au moins durant huit ans – du ressort et de la juridiction des tribunaux britanniques et de celle de la <a href="http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/justice/justice-internationale/justice-europeenne/quoi-sert-cour-justice-union-europeenne.html">Cour de justice</a> de l’UE.</p></li>
<li><p>Quant au partage des biens et au maintien du niveau de vie de tous selon les standards de la vie commune d’avant le divorce, un compromis avait été trouvé la semaine dernière sur le principe et le montant de la prestation compensatoire versée par les Britanniques aux Européens : 45 milliards d’euros.</p></li>
</ul>
<p>Les négociations sur la nature des relations entre le Royaume-Uni et l’UE à partir de mars 2019, date d’entrée en vigueur du départ du domicile conjoint, peuvent enfin commencer, sous la houlette de <a href="https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/portrait-de-michel-barnier-le-nouveau-monsieur-Brexit-de-lue?id=8041625&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da">Michel Barnier</a> pour l’UE et de son homologue britannique <a href="https://www.courrierinternational.com/article/royaume-uni-david-davis-monsieur-Brexit">David Davies</a>.</p>
<h2>L’Union a fait front</h2>
<p>Le <a href="https://www.cairn.info/revue-herodote-2017-1-p-43.htm">référendum</a> sur le Brexit avait eu lieu le 23 juin 2016. Un an et demi plus tard que conclure ? Premier enseignement, l’UE est vraiment une association volontaire d’États souverains et libres. Connaissez-vous dans l’histoire mondiale beaucoup d’entités fédérales dans lesquelles un territoire qui veut partir peut le faire sans que la foudre ne lui tombe dessus ? On ne va pas rappeler ici la Guerre de sécession aux États-Unis, l’impossible indépendance des républiques du Caucase en Russie soviétique en 1921, ou la partition de l’Inde en 1947…</p>
<p>Deuxièmement, le Brexit n’a pas eu d’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=gekZAeC_R-c">effet domino</a>. Contrairement à leurs calculs et à leurs espoirs, les Britanniques ont fait face à un front uni et déterminé des 27. Aujourd’hui, la croissance économique repart dans toute la zone euro, même au <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/05/15/97002-20170515FILWWW00241-portugal-croissance-economique-au-plus-haut.php">Portugal</a> et dans cette <a href="https://www.touteleurope.eu/actualite/la-croissance-en-europe.html">UE à 27</a>, tandis qu’elle marque le pas au Royaume-Uni qui perd des emplois.</p>
<p>Le Brexit n’est donc pas un traumatisme. Au lendemain du vote, <a href="http://www.huffingtonpost.fr/sylvain-kahn/Brexit-royaume-uni-diagnostic-lucide-sur-avenir-union-europeenne_b_10694044.html">nous étions bien peu nombreux</a> à le dire et à l’écrire. Que n’a-t-on entendu, de juin à décembre 2016, sur le Brexit comme <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ULA08fOPt7c">signal</a> de <a href="https://www.taurillon.org/apres-le-Brexit-quel-projet-pour-l-union-europeenne">déconstruction</a> européenne ! Après tant d’élargissements, ce premier <a href="https://video-streaming.orange.fr/actu-politique/Brexit-tony-blair-c-est-historique-pour-le-royaume-uni-VID00000029wGV.html">rétrécissement</a> donnait le coup d’envoi du <a href="https://www.franceculture.fr/dossiers/Brexit-la-desunion-europeenne?p=2">détricotage</a> !</p>
<p>Hé bien non : le Brexit n’est pas un traumatisme et les Cassandre de l’Europe, une fois de plus, ont eu tort. Sans le savoir ou en le sachant, elles ont cherché à aggraver les choses en les dramatisant, plutôt qu’en réfléchissant lucidement aux faits et à des solutions.</p>
<h2>« L’orbanisation, le vrai risque »</h2>
<p>Pour autant, ne faisons pas que nous réjouir : d’une part, l’énergie et le temps consacrés à ce divorce sont détournés des vrais dossiers et des vraies crises.</p>
<p>D’autre part, les grands partis eurosceptiques, comme le PVV <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/pays-bas/video-pays-bas-nexit-or-not-nexit_2094825.html">hollandais</a> de Geert Wilders ou le FN français de <a href="http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/marine-le-pen-l-apocalypse-post-Brexit-n-est-pas-pour-demain-857615.html">Marine Le Pen</a> en ont tiré les conclusions : ils ne réclament plus ni <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/echec-des-populistes-aux-pays-bas-le-nexit-s-eloigne-1214322">Nexit</a>, <a href="http://www.europe1.fr/politique/au-fn-lhypothese-du-frexit-est-definitivement-enterree-3462797">ni Frexit</a>. Ils veulent <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2016-2-p-89.htm">transformer l’Europe</a> de l’intérieur et la détourner au profit de leur idéologie illibérale et xénophobe, comme le fait déjà <a href="https://www.youtube.com/watch?v=gekZAeC_R-c">Viktor</a> <a href="https://visegradpost.com/en/2017/07/24/full-speech-of-v-orban-will-europe-belong-to-europeans/">Orban</a> et son Alliance civique (sic, <a href="https://www.economist.com/blogs/easternapproaches/2012/04/hungarian-euroscepticism">Fidesz</a> en hongrois) depuis huit ans en Hongrie, et maintenant aussi <a href="https://www.ouest-france.fr/europe/pologne/kaczynski-le-marionnettiste-de-la-pologne-5154591">Jaroslaw Kaczynski</a> et le Parti Droit et Justice (PiS) en Pologne.</p>
<p>Il est là le vrai <a href="https://www.cairn.info/revue-herodote-2017-1-p-79.htm">risque de traumatisme</a>. Et ce n’est pas le moment de mollir !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88918/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Kahn ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le Brexit n’entraîne ni effet domino ni déconstruction de l’UE. Les habituelles Cassandres de l’Europe devraient se focaliser sur le risque « d’orbanisation » de l’UE.Sylvain Kahn, Professeur agrégé, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/858552017-12-06T21:27:31Z2017-12-06T21:27:31ZVoyage en démographie : une population européenne en mouvement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/197849/original/file-20171205-22962-1qewh3v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Migrations urbaines.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo by Callum Chapman on Unsplash</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>La population européenne est en mouvement : un <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/web/products-statistical-books/-/KS-HA-17-001">nouveau rapport de l’Office des Statistiques de la Commission européenne</a> (Eurostat) suggère où et pourquoi. Parmi les nombreuses analyses produites dans ce rapport, des tendances lourdes émergent : les jeunes partent du sud de l’Europe, en particulier de ses zones rurales, à la recherche de travail dans les zones urbaines du nord-ouest du continent, riche en emplois. Cela crée un « trou démographique » qui pourrait prédire un déclin démographique prolongé et continu dans certaines régions.</p>
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<p><em>Âge médian de la population, par pays, Europe 2015. Les petits cercles figurent les régions les plus et les moins âgées du pays. Les régions capitales sont les grands cercles, le trait horizontal est la moyenne nationale.</em></p>
<h2>Age des villes, âge des champs</h2>
<p>Le graphique ci-dessus fournit des indices sur ce mouvement. En ce qui concerne l’âge médian, on remarque très nettement que les zones rurales d’Europe ont tendance à avoir des populations plus vieilles, tandis que les capitales (marquées par des points bleus) sont en général plus jeunes que le pays auquel elles appartiennent. C’est en Grèce, dans la région d’Evrytania que la population est la plus âgée. Il s’agit d’une zone rurale où la migration des jeunes vers la capitale notamment a fait croître l’âge médian jusqu’à 53,6 ans. Entre 2006 et 2016, la Roumanie, la Lituanie, la Grèce et le Portugal ont tous vu leur âge moyen augmenter de plus de quatre ans. Cette hausse ne peut être simplement expliquée par une augmentation de l’espérance de vie. C’est également parce que les populations – surtout les jeunes – sont parties en grand nombre au début de leur carrière. </p>
<p>Au Portugal, ce mouvement s’est doublé d’une migration de retraités venus principalement d’Europe de l’Ouest qui sont venus s’installer dans le pays, créant ainsi une opportunité de développement territorial par la <a href="https://theconversation.com/la-silver-economy-opportunite-pour-les-entreprises-levier-de-developpement-territorial-68710">silver economy</a>. Par ailleurs, combiné à un taux élevé de migration des jeunes, le faible taux de natalité accélère le vieillissement dans ces régions. Les taux de natalité bas constituent aujourd’hui un réel problème en Europe. En particulier, l’Espagne, l’Italie, la Slovaquie et la Grèce affichent les taux de natalité les plus faibles. Ceci est probablement un signe que les personnes choisissent d’avoir moins d’enfants pour des raisons économiques.</p>
<p>Néanmoins, il ne semble pas y avoir de lien automatique entre le vieillissement de la population et le taux de natalité. Alors que les populations lituanienne et roumaine ont vieilli rapidement, les deux pays ont un taux de natalité relativement élevé dans chaque région. Il est donc clair que la migration des jeunes est un facteur majeur. Dès lors, on comprend mieux les politiques d’attractivité actives menées par les métropoles européennes pour attirer cette population de jeunes diplômés à la recherche d’un travail bien rémunéré. Offrir de l’emploi à destination des jeunes doit être, de fait, une priorité en termes de politiques publiques.</p>
<h2>Où vont les jeunes ?</h2>
<p>À la lecture du rapport, nous n’obtenons pas de réponses claires car les augmentations de migrations observées dans certaines régions incluent également des arrivées de populations en provenance de l’extérieur de l’Union européenne. Ces dernières ont d’ailleurs augmenté en 2015 à la suite de la crise des migrants. Mais la carte ci-dessous montre que, dans l’Union européenne, l’Allemagne a été un centre de gravité. Ayant accepté 1,2 million de migrants en 2015, c’était le point d’arrivée le plus commun pour les déplacements des migrants cette année, bien que les plus grands réfugiés de la guerre en Syrie soient restés dans la Méditerranée orientale. Alors que l’acceptation des réfugiés a certainement été <a href="https://theconversation.com/refugies-a-louest-rien-de-nouveau-81147">controversée dans de nombreux pays</a>, il n’est pourtant pas automatique que l’arrivée des migrants cause des frictions intenses dans les communautés dans lesquelles ils arrivent.</p>
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<p><em>Taux de migrations nettes (bilan migratoire : entrées – sorties) en Europe, 2015.</em></p>
<p>Pour comprendre pourquoi ces mouvements majeurs ont été en partis bien accueillis comme en Allemagne, il faut comprendre le vide créé par les faibles taux de natalité de l’Europe. Alors que le taux de 2,1 naissances par femme est généralement considéré comme nécessaire pour maintenir une taille de population statique, dans la quasi-totalité des pays de l’UE, le taux de fécondité est en deçà de ce seuil. Le taux de natalité de l’Allemagne a été particulièrement faible compte tenu de son succès économique. Si la chancelière Angela Merkel a été si généreuse envers les réfugiés, c’est parce que la situation démographique allemande est alarmante et beaucoup d’Allemands en sont conscients. La population migrante constitue une main d’œuvre pour le pays et un bassin potentiel de consommation. L’image globale est que l’Allemagne a voulu accepter les migrants parce que l’économie peut les absorber.</p>
<h2>Migrants du Vieux Continent</h2>
<p>Toutefois, les effets de la crise des migrants masquent en réalité d’autres tendances importantes et en cours. Il est certainement vrai que la Suède et l’Allemagne ont reçu beaucoup de demandeurs d’asile pendant la crise européenne des migrants, mais, les deux pays ont aussi accueilli de nombreux migrants provenant du Vieux continent. En Allemagne, même si les Syriens constituaient la nationalité ayant le plus déménagé outre-Rhin en 2015, on retrouvait juste derrière la Roumanie et la Pologne.</p>
<p>Un aperçu rapide de la carte européenne de l’emploi, ci-dessous, explique pourquoi l’Europe du Nord-Ouest (et surtout l’Allemagne) sont des destinations attrayantes. Les taux d’emploi pour 2016 étaient beaucoup plus élevés en Allemagne, en Scandinavie et dans le sud du Royaume-Uni que partout ailleurs, avec des niveaux d’emploi particulièrement bas dans le sud de l’Espagne, le sud de l’Italie et la Grèce. Les niveaux globaux d’emploi reflètent en partie <a href="https://theconversation.com/les-inegalites-de-developpement-economique-dans-lunion-europeenne-76637">l’écart des régions les plus dynamiques économiquement</a> (dans le Nord-ouest européen). Ces régions pourraient encore devenir des destinations de migration majeures à l’avenir, à condition que leur croissance économique se poursuive. Elle aurait alors pour conséquence de renforcer les déséquilibres socio-économiques dans l’Union européenne.</p>
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<p><em>Taux d’emploi des 20-64 ans en Europe, 2015.</em></p>
<h2>L’espérance de vie, pas seulement une question de richesse</h2>
<p>Tandis que l’Allemagne et d’autres pays du nord-ouest de l’Europe ont une plus grande résilience économique, ils n’ont pas nécessairement tous les avantages de leur côté.</p>
<p>À l’exception notable de la Norvège, les régions européennes avec une espérance de vie plus élevée se situent plutôt près de la Méditerranée. Il serait facile de suggérer qu’il n’y a pas de lien entre la richesse et la longévité. Les régions d’Espagne et d’Italie qui enregistrent l’espérance de vie la plus élevée pour les enfants nés aujourd’hui ne sont pas les plus pauvres de leurs pays. Il est encore clair que la longévité n’est pas une récompense directe découlant d’un revenu plus élevé.</p>
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<p><em>Espérance de vie à la naissance en Europe, 2015.</em></p>
<p>L’espérance de vie est néanmoins un domaine où aucun État européen ne peut se permettre d’être complaisant. Entre 2014 et 2015, l’espérance de vie à travers l’UE a effectivement chuté pour la première fois. La baisse est faible (0,3 an soit une espérance de vie estimée à 80,6 ans) mais doit servir d’avertissement. Les hypothèses selon lesquelles l’Europe, comme l’Occident d’une manière plus générale, est automatiquement vouée à améliorer ses conditions de vie et la santé de la population sont remises en cause.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/85855/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Europe est une terre de migrations externes mais aussi internes : où la population déménage-elle, vieillit-elle, recherche du travail ?Sebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/881742017-11-28T19:18:31Z2017-11-28T19:18:31Z« L’Afrique » et « l’Europe » existent, elles se sont rencontrées !<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Les 29 et 30 novembre se tient à Abidjan (Côte d’Ivoire) un <a href="http://www.sommetuaue2017.ci/historique/">sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne</a>. Depuis le premier rendez-vous au Caire en 2000, c’est la cinquième rencontre sous ce format entre chefs d’États et de gouvernements africains et européens. Au-delà de son principal sujet à l’ordre du jour <a href="http://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/international-summit/2017/11/29-30/">« investir dans la jeunesse pour un avenir durable »</a>, ce sommet sera aussi l’occasion d’échanges afro-européens au plus haut niveau sur des enjeux aussi divers que la paix et la sécurité, la gouvernance, les migrations et la mobilité, l’investissement et le commerce, etc.</p>
<p>Cette multiplicité des défis et enjeux en discussion illustre la forte interdépendance entre les deux continents, mais aussi la difficulté des deux organisations qui les incarnent (UA et UE) à y répondre. Dans leur mise en scène, les sommets tel celui d’Abidjan, sont d’ailleurs autant des occasions symboliques de représentation des deux organisations – l’une <em>et</em> l’autre, l’une <em>avec</em> l’autre, et l’une <em>à travers</em> l’autre, que de réelles enceintes de décision et de résolution des défis en présence.</p>
<p>Ils tentent d’ériger « l’Afrique » comme « l’Europe » en unités politiques et diplomatiques en devenir sur la scène internationale, et nous rappellent à quel point chacune a été importante dans l’émergence et la construction de l’autre.</p>
<h2>L’Afrique, cadre historique de l’émergence d’un acteur international « Europe »</h2>
<p>La progressive émergence d’un acteur « Europe » dans les relations internationales (CEE à partir de 1957, UE à partir de 1993), s’additionnant aux relations extérieures des États membres sans les remplacer, doit beaucoup au continent africain.</p>
<p>Dans un contexte postcolonial pourtant marqué par des désaccords entre pays européens sur la nature des relations que la CEE pouvait avoir avec les anciennes colonies de ses États membres, le continent africain a ainsi été l’un des premiers avec lequel la toute jeune communauté a commencé à tisser des relations extérieures. La première <a href="http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/developpement-pays-acp/historique-conventions.shtml">Convention de Yaoundé, signée en 1963</a>, puis les Conventions successives de Lomé jusqu’à l’accord de Cotonou (2000) encore en vigueur, ont largement contribué à faire émerger une action internationale européenne commune distincte de celle des États, certes d’abord essentiellement centrée sur des enjeux et outils de <em>puissance civile</em> : coopération et développement, commerce.</p>
<p>Avant même d’être dotée d’outils de coordination diplomatique, la CEE avait pu ainsi commencer à faire émerger, à travers ses outils économiques et financiers, autre chose que de simples relations bilatérales entre pays européens et pays africains, et même à disposer d’un début de représentation extérieure à travers les délégations de la Commission européenne dans les pays tiers, africains notamment.</p>
<p>Dans sa quête plus récente d’assumer d’autres fonctions que celles d’un simple grand marché et de se doter de responsabilités aussi diplomatique voire stratégique dans l’après-Guerre froide, l’UE a aussi cherché sur le continent africain un terrain où donner corps à sa volonté d’exister. Les Balkans occidentaux et le Proche-Orient ont, certes, largement dominé l’agenda de la <a href="https://www.touteleurope.eu/actualite/la-politique-etrangere-et-de-securite-commune-pesc.html">Politique étrangère et de sécurité commune de l’UE</a> (PESC) dans ses premières années de mise en œuvre, à partir de 1993.</p>
<p>Mais une dimension politique et de sécurité grandissante dans les relations UE-Afrique, incarnée notamment par l’<a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00220380802582312">accord de Cotonou de 2000</a>, puis l’irruption de l’Afrique subsaharienne comme champ d’expérimentation et de déploiement privilégié de la Politique de sécurité et de défense commune de l’UE dans les années 2000, ont fait du continent africain le <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2012-3-p-135.htm">laboratoire</a> grandeur nature de la possibilité – et de la difficulté – de l’émergence de l’UE comme acteur international global. Dans le domaine de la gestion des crises et du maintien de la paix en particulier, l’UE a utilisé l’Afrique subsaharienne comme terrain pour tester et consolider ses propres outils et concepts d’intervention extérieure.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/196538/original/file-20171127-2066-1e9dhml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue de Cotonou (ici en 2006).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Azee.jpg">Tonio94/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Des différences de vues et d’intérêts subsistent entre Européens sur la scène internationale – y compris en Afrique. Mais l’émergence et l’activité de l’UE en tant que niveau de discussion, d’échange et d’affichage avec des acteurs africains construit l’image de relations euro-africaines échappant en partie aux difficultés et limites de relations bilatérales d’État à État – entre anciennes puissances coloniales et anciennes colonies par exemple –, et donne parfois à voir « l’Europe », plutôt que (ou en plus de) la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, etc.</p>
<p>Regroupant vingt-huit États et une pluralité d’institutions – la Commission, le Conseil de l’Union européenne, le Parlement, le Service européen pour l’Action extérieure – aux intérêts, visions et relations différenciés à l’égard de l’Afrique, l’UE se construit ainsi elle-même à travers ses relations avec les acteurs africains.</p>
<h2>L’UE, soutien de l’émergence de « l’Afrique » comme acteur des relations internationales ?</h2>
<p>L’UA, officiellement créée en 2002 dans le prolongement de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) créée en 1963, est elle aussi <a href="https://au.int/fr/node/3587">en quête de consolidation et de reconnaissance</a>. Seule organisation internationale regroupant l’ensemble des États d’un même continent depuis la récente réintégration du Maroc, l’UA a la lourde tâche d’incarner cinquante-cinq États membres africains aux réalités historiques, économiques, politiques et diplomatiques très hétérogènes. Plus encore que dans le cas de l’UE, l’émergence de l’UA comme un niveau décisionnel efficace vis-à-vis de ses propres États membres, et comme un acteur reconnu et légitime dans le système international, ne va pas d’elle-même.</p>
<p>L’UE a été dans ce contexte un soutien important. Les Européens ont vu à travers l’organisation panafricaine un partenaire de prédilection pour déployer sa vision « régionaliste » du monde, insistant sur le rôle, l’efficacité et la légitimité des organisations régionales pour gérer les grands défis de la mondialisation et de l’après-Guerre froide. Cette approche régionaliste a constitué l’un des axes clés de la mise en œuvre des politiques européennes sur le continent africain depuis le début des années 2000.</p>
<p>L’UA alors en pleine transformation a servi de point d’appui opportun pour appliquer cette vision à l’échelle du continent africain. Des coopérations, programmes et financements concrets attestent de ce soutien : <a href="http://www.africa-eu-partnership.org/fr/propos/financement-du-partenariat/apf">facilité de paix pour l’Afrique</a> créée par l’UE en 2004 pour aider financièrement l’UA et les autres organisations africaines à gérer elles-mêmes les crises et conflits africains, soutien à l’institutionnalisation de l’UA, collaboration inter-institutionnelle nourrie avec le siège de l’UA à Addis Abeba, en sont des exemples.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/196540/original/file-20171127-2042-1ps5shy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sommet de l’Union africaine au siège de l’organisation, à Addis-Abeba (Éthiopie), en janvier 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/monusco/16222128877">Monusco/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>En s’appuyant ainsi sur l’UA, en la soutenant, l’UE a concouru à consolider l’existence, la reconnaissance, la légitimation de cette construction africaine, notamment vis-à-vis d’autres acteurs comme l’Organisation des Nations-Unies (ONU). Chaque organisation régionale ou continentale est bien entendu le fruit du contexte politique, économique, social des États qui la composent, et l’UE ne saurait servir de « modèle » reproductible tel quel à d’autres processus régionaux. Elle a néanmoins agi comme un repère, un conseil, comme un <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/07036337.2012.744754">« mentor »</a> – pour reprendre la belle expression de l’universitaire Toni Haastrup – important dans l’institutionnalisation de l’UA.</p>
<p>De même que l’action internationale de l’UE s’est largement construite au contact des réalités et acteurs africains, l’Union a participé de la construction de l’UA comme incarnation de « l’Afrique », en l’adoubant de l’extérieur comme un niveau décisionnel et un acteur légitime et reconnu. À travers leurs relations dont les sommets ne sont que la partie la plus visible, l’UA et l’UE se « font exister », construisent leur propre reconnaissance sur la scène internationale. Une co-construction qui recèle aussi des failles et illustre les faiblesses des deux ensembles et de leurs relations.</p>
<h2>L’Europe et l’Afrique au miroir de leurs sommets et relations mutuelles</h2>
<p>Les sommets comme celui d’Abidjan sont la vitrine de relations inter-institutionnelles nourries entre l’UA et l’UE, des mises en scène symboliques permettant aux deux ensembles de consolider mutuellement leur émergence et leur reconnaissance comme acteurs internationaux. Ces rencontres, comme les relations Afrique-Europe qu’elles incarnent – au sens propre –, servent à montrer que « l’Afrique » et « l’Europe », existent dans le concert des relations internationales.</p>
<p>Quitte à se heurter, au passage, à la difficulté d’articuler des politiques et discours communs à un ensemble de cinquante-cinq pays africains, vingt-huit pays européens et deux organisations complexes. Les sommets Afrique-UE incarnent ainsi parfois jusqu’à l’absurde l’art du compromis diplomatique. Ainsi, en 2010, quelques semaines avant le début des soulèvements du « printemps arabe », la déclaration finale à l’issue du <a href="http://www.africa-eu-partnership.org/en/node/6633">troisième sommet UE-Afrique tenu à Tripoli en Libye</a> sous l’égide de Mouammar Khadafi affirmait-elle :</p>
<blockquote>
<p>« Notre coopération continuera de s’appuyer sur nos valeurs et objectifs communs de bonne gouvernance, de démocratie et d’État de droit. Nous condamnons fermement […] la mauvaise gestion des affaires publiques […]. Nous sommes unis dans la lutte contre l’impunité au niveau national et international et en faveur de la protection des droits de l’homme sur les deux continents ».</p>
</blockquote>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/2S2qtGisT34?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Ainsi, aussi, le drame quotidien des migrants en Méditerranée rappelle l’incapacité des deux organisations à être à la hauteur des enjeux qu’elles ont a priori en partage, et les réponses apportées au débat récemment relancé sur l’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=2S2qtGisT34">esclavage à propos du cas libyen</a>, risquent d’être très en deçà des défis en présence. Enfin, l’affichage des deux entités africaine et européenne à travers le partenariat entre l’UA et l’UE et leurs sommets n’empêche ni les divisions à l’intérieur du continent africain ni le maintien des relations bilatérales et d’action nationales de la part des États européens. En attestent des opérations militaires en dehors du cadre européen, comme celles en Libye en 2011 ou au <a href="https://academic.oup.com/afraf/article-abstract/112/448/486/124676?redirectedFrom=fulltext">Mali en 2013</a>.</p>
<p>Le sommet d’Abidjan fournira une nouvelle photo rassembleuse de la famille afro-européenne. Mais les difficultés de l’UA et de l’UE à résoudre des défis qu’elles ont en partage, des fragilités et lignes de clivages internes à chacune des deux organisations, rappellent que « l’Afrique », comme « l’Europe », sont loin de représenter des blocs monolithiques et des acteurs toujours efficients dans la mondialisation, ensemble ou séparément.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88174/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>En dehors de son affiliation principale, Bastien Nivet est aussi chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS, Paris) et chargé de cours à l'Institut d'études politiques de Paris.</span></em></p>L’Afrique a largement « construit » l’action internationale de l’UE, qui participe elle-même de la construction de « l’Afrique », incarnée par l’UA.Bastien Nivet, Docteur en science politique (École de management), Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/862942017-11-09T21:05:31Z2017-11-09T21:05:31ZQuelle politique industrielle européenne ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/191794/original/file-20171025-25565-2e4ofa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Usine Airbus (A380) à Toulouse.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jeromebg/26644609366/in/album-72157667060243610/">j_bg / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Les politiques industrielles des pays européens sont très diverses et une convergence sur certains sujets serait très souhaitable.</p>
<p>De fait, certains pays s’interrogent sur la pertinence de leurs politiques. Ainsi, dès avant le Brexit et plus encore depuis, le <a href="http://www.la-fabrique.fr/fr/projet/limpact-investissements-directs-etrangers-lindustrie-britannique-lecons-france/">Royaume-Uni</a>, traditionnellement peu interventionniste, affichait vouloir soutenir son industrie. L’Allemagne a été ébranlée par le rachat de l’entreprise de robots Kuka par le groupe chinois Midea sans que sa législation lui permette de s’y opposer. La France a été traumatisée par le démantèlement du groupe Alstom.</p>
<h2>Les dogmes des analystes montrent leurs limites</h2>
<p>Les dogmes apparus au début des années 2000 sous l’influence des financiers anglo-saxons, vantant la supériorité des « pure-players » (actifs dans un seul secteur économique et plus faciles à comparer à leurs concurrents) et des « fabless » (qui conçoivent des produits mais sous-traitent leur fabrication) se sont avérés parfois toxiques.</p>
<p>Un groupe français comme l’ancienne Compagnie générale d’électricité, jadis aussi puissante que Siemens, General Electric ou ABB a été scindé en pure-players qui se sont tous trouvés fragilisés. Sa division Télecom, Alcatel, dut se marier avec Lucent (elle-même issue de la scission du géant américain AT&T) puis fut achetée par Nokia, sa division énergie l’était par General Electric et sa division transport par Siemens.</p>
<p>Les <em>pure-players</em> de taille sous-critique furent ainsi les proies de ceux qui étaient restés des consortia, capables d’investir lors des bas de cycles lorsque les investisseurs financiers prennent peur.</p>
<p>Une mode de management encore plus pernicieuse fut celle des <em>fabless</em>. Pour ses promoteurs, les opérations de fabrication, à faibles marges, étaient condamnées à partir dans les pays à bas salaires, tandis que les entreprises des pays développés se spécialiseraient dans les tâches à haute valeur ajoutée. C’était méconnaître qu’on ne conçoit pas longtemps sans le retour d’expérience de ceux qui fabriquent.</p>
<p>Cette mode accéléra les fermetures d’usine, au détriment de certains territoires dont les populations fragilisées montrèrent leur désarroi, au Royaume-Uni avec le vote pour le Brexit, aux États-Unis avec l’élection de Donald Trump, mais aussi en France, en Autriche et en Allemagne avec la poussée des partis populistes prônant le protectionnisme.</p>
<h2>Une Europe industrielle encore à construire</h2>
<p>De fait, l’Europe se prive du bénéfice d’un marché plus large que ceux des États-Unis et de la Chine à cause de l’hétérogénéité de ses réglementations et de ses politiques. Une politique commune ou une convergence des règles est nécessaire dans les domaines de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la transition énergétique, des charges pesant sur les salaires, de la fiscalité des entreprises et notamment des transactions numériques, à l’instar de ce qui a été fait avec succès pour la plupart des réglementations des produits.</p>
<p>Dans le domaine prioritaire de la lutte contre le changement climatique, il est urgent de mettre en place une taxation du carbone incitant à réduire les émissions. À défaut d’un <a href="https://theconversation.com/transition-ecologique-et-competitivite-industrielle-lexemple-suedois-63122">bon instrument</a>, les pays mettent en place des politiques parfois très coûteuses mais surtout peu efficientes.</p>
<p>Le Danemark et l’Allemagne, tout en faisant des efforts louables pour promouvoir les énergies renouvelables, utilisent des centrales à charbon très polluantes pour faire face aux intermittences. Bien sûr, une taxe élevée ne doit pas mettre en péril l’industrie européenne par rapport à des concurrents moins exigeants.</p>
<p>Il faut donc <a href="https://theconversation.com/taxer-le-carbone-sans-nuire-a-notre-competitivite-50372">prélever la taxe carbone sur les produits importés</a>, en fonction des émissions causées par leur fabrication. Une telle taxe, si elle est un peu compliquée à mettre en œuvre (mais pas plus que la TVA dans la France des années 1950), est compatible avec les règles de l’OMC puisqu’elle s’applique de la même manière aux produits fabriqués localement et à ceux qui sont importés.</p>
<p>Dans le domaine de l’énergie, les écarts de prix entre les pays du Golfe, les États-Unis, l’Europe et l’Asie ont un fort impact sur la chimie de base et l’aluminium. Dans d’autres secteurs, même intensifs en énergie, <a href="http://www.cerna.mines-paristech.fr/Donnees/data02/284-I3WP_13-ME-07.pdf">leurs effets restent dominés par d’autres déterminants de la compétitivité</a> ou ne compensent pas les coûts du transport intercontinental.</p>
<p>En revanche des écarts trop importants entre pays voisins peuvent distordre la concurrence dans certains secteurs. Une politique énergétique européenne doit éviter ces écueils et permettre une production d’énergie minimisant les émissions de gaz à effet de serre.</p>
<p>Un domaine où la convergence est très souhaitable est celui de la fiscalité et notamment de la <a href="http://www.la-fabrique.fr/fr/publication/allegements-du-cout-du-travail-pour-une-voie-favorable-a-la-competitivite-francaise/">taxation du travail</a>. Certains pays comme la France font reposer le financement de leur protection sociale sur les salaires, d’autres sur l’ensemble de la fiscalité, donc sur les capacités contributives ou la consommation de chacun, sans lien avec l’origine de ses ressources. Ceci crée des écarts importants du coût du travail entre les pays.</p>
<p>La situation est particulièrement flagrante dans le cas des travailleurs détachés, où des personnes font le même travail dans le même pays en étant assujetties à des systèmes de prélèvement très différents.</p>
<p>La fiscalité des entreprises opérant dans de multiples pays appelle une réponse coordonnée des Européens. La Commission européenne en est consciente. Elle a condamné certaines pratiques fiscales de l’Irlande ou du Luxembourg et engagé une réflexion sur la taxation des plateformes de transactions numériques.</p>
<p>Enfin, la politique de la concurrence a bloqué des rapprochements comme celui d’Airbus et de British Aerospace pour ne pas créer un acteur dominant en Europe. Mais dans un domaine où les consommateurs européens peuvent acheter des produits fabriqués dans le monde entier, cette politique empêche l’émergence d’acteurs européens puissants, sans grand bénéfice pour le consommateur, et avec des dommages importants pour le tissu industriel du continent. La prospérité européenne et le pouvoir d’achat des Européens reposent aussi sur une vision industrielle ambitieuse.</p>
<p>Le gouvernement français semble en être convaincu, espérons que la nouvelle coalition allemande partagera cette aspiration.</p>
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<p><em>Une version en anglais de cet article sera publiée dans l’ouvrage <a href="http://www.nomisma.it/index.php/en/">« The World in 2018 »</a> publié par l’institut Nomisma.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86294/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Thierry Weil est délégué de La Fabrique de l'industrie, laboratoire d'idées destiné à susciter et à enrichir le débat sur l'industrie.</span></em></p>Une politique commune ou une convergence de certaines règles est nécessaire au déploiement d’une industrie européenne puissante.Thierry Weil, Membre de l’Académie des technologies, professeur au Centre d’économie industrielle, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/862422017-11-05T22:06:51Z2017-11-05T22:06:51ZPour bâtir l’Europe, nous avons besoin de citoyens lobbyistes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/193306/original/file-20171105-1055-1qdiabe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Célébration de la Journée de l'Europe, le 9 mai 2016 à Sofia (Bulgarie).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.google.fr/search?site=imghp&tbm=isch&q=Europe%27+day&tbs=sur:fmc&gws_rd=cr&dcr=0&ei=PM_-WdLzM4jRkgWQs5vADw#gws_rd=cr&imgdii=Vfqnp80S7yzRYM:&imgrc=w0XpKG8L1taSsM:">epicenter.bg/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Alors que le ressenti des citoyens envers le projet européen semble <a href="http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-2127_fr.htm">rebondir</a>, les Européens restent largement insatisfaits quant à la prise en compte de leurs opinions et préoccupations à Bruxelles. Malgré des appels répétés à une réforme radicale de l’Union européenne (UE) visant à impliquer davantage ses citoyens, peu de changements sont à attendre d’ici aux prochaines élections au Parlement européen, en 2019. <a href="https://ec.europa.eu/commission/white-paper-future-europe-reflections-and-scenarios-eu27_fr">Le Livre blanc sur l’avenir de l’Europe</a>, paru en 2017, reste d’ailleurs particulièrement silencieux sur cette question. Et ce ne sont certainement pas les milliers de <a href="https://ec.europa.eu/france/events/debates_fr">« dialogues citoyens »</a> organisés l’été dernier par la Commission européenne dans toute l’Union qui vont changer la donne.</p>
<h2>Réévaluer le rôle des citoyens</h2>
<p>Le retour de la croissance et d’une certaine popularité de l’UE pourrait inciter les leaders politiques européens à négliger les demandes des citoyens. Or l’Europe ne peut plus se permettre une telle erreur : une courte majorité – 53 % des citoyens européens (hors Royaume-Uni) – <a href="http://www.pewglobal.org/2017/06/15/post-Brexit-europeans-more-favorable-toward-eu/">soutiennent l’idée</a> d’un référendum national sur l’appartenance à l’Union.</p>
<p>En parallèle, deux phénomènes apparemment sans rapport – le <em>Brexit</em> et le leadership d’Emmanuel Macron – favorisent l’émergence d’un sentiment pro-européen sans précédent et de nature transnationale (mais encore timide). Ceci pourrait conduire – disons, lors des prochaines élections européennes – à la création d’un nouveau champ de bataille entre (et parmi) les partis politiques traditionnels, d’une part, et les potentiels nouveaux arrivants, d’autre part.</p>
<p>La situation actuelle appelle, partant, une réévaluation du contexte dans lequel les citoyens vivent et perçoivent l’Union européenne.</p>
<p>Le principal problème de l’Europe aujourd’hui n’est pas un déficit de démocratie, mais un déficit de compréhension. Nous nous perdons dans des discussions sans fin pour savoir si nous avons besoin de plus d’Europe, de moins d’Europe ou d’une Europe plus juste… Mais nous passons à côté de l’essentiel : reconnaître que son fonctionnement est incompréhensible.</p>
<p>Il n’est donc pas étonnant que la connaissance de l’UE demeure très faible – <a href="http://ec.europa.eu/newsroom/just/item-detail.cfm?item_id=51132">42 % des Européens</a> seulement se sentent plutôt bien informés de leurs droits – et que l’engagement reste limité, comme le montre le faible taux de participation aux élections européennes.</p>
<h2>Les <em>fake news</em>, de Londres au Kremlin</h2>
<p>L’absence d’une opinion publique européenne condamne les citoyens à n’être exposés qu’à des points de vue nationaux sur les développements nécessaires de l’UE. Pas étonnant que ceux-ci soient inévitablement partiaux, mal informés, ou même trompeurs, compte tenu de leur formulation par des politiciens nationaux qui cherchent avant tout des succès électoraux, tout en se renvoyant la balle et en faisant de l’Europe le bouc émissaire systématique. Pourquoi diraient-ils aux citoyens que c’est Bruxelles, et non leur pays, qui prend désormais les décisions les plus importantes pour leur vie quotidienne ?</p>
<p>Les citoyens européens doivent faire face, en parallèle, à une vague de <em>fake news</em> qui, s’ils ont été autrefois une spécialité des médias britanniques, deviennent de plus en plus aujourd’hui <em>made in Kremlin</em>. Inutile de dire que ce nouveau phénomène perturbe encore plus la compréhension et la perception de l’Union européenne par ses citoyens.</p>
<p>Le processus de prise de décision en Europe est, quant à lui, caractérisé par un manque d’engagement citoyen : le pouvoir politique est de plus en plus réparti de façon inégale. On estime ainsi à <a href="https://transparency.eu/lobbyistsinbrussels/">près de 30 000 le nombre de lobbyistes opérant à Bruxelles</a>, exerçant donc leur domination sur le processus politique européen. Les ONG sont certes <a href="http://www.euractiv.com/sections/future-eu/eus-civil-society-giants-push-treaty-change-303409">impliquées davantage dans les <em>process</em> politiques européens</a>, mais elles conservent des équipes trop réduites et peinent à se mettre en relation avec les citoyens, en raison de leur orientation paneuropéenne. En somme, elles sont sous-équipées pour représenter efficacement les intérêts de 500 millions de citoyens européens sur des sujets comme les droits du consommateur, la justice climatique, la protection des données ou l’égalité femmes-hommes.</p>
<h2>De nombreux moyens de participer… sous-utilisés</h2>
<p>Malgré tout cela, la bonne nouvelle est qu’en dépit de son caractère incompréhensible et de l’opacité avec laquelle elle est perçue, l’Union européenne est dans son fonctionnement quotidien globalement plus ouverte, inclusive et responsable que la plupart de ses États membres. De nombreux moyens de participer au débat existent – de la définition de l’agenda législatif au moyen de l’<a href="http://ec.europa.eu/citizens-initiative/public/welcome"><em>European Citizen’s Initiative</em></a> au recueil de données et de conseils via des consultations publiques, ou à la recherche d’arbitrage au moyen de recours administratifs devant le Médiateur européen ou encore les juridictions nationales et européennes.</p>
<p>Mais ces moyens de participer au débat européen restent peu connus, et sont donc sous-utilisés par les citoyens de l’UE. Paradoxalement, les principaux bénéficiaires sont plutôt les « spécialistes » de l’Europe – qu’il s’agisse d’entreprises (qui représentent 75 % des réunions de lobbying chaque année) ou d’organisations majeures issues de la société civile.</p>
<p>Ces obstacles à une participation efficace et significative des citoyens ne sont, bien sûr, pas propres à l’UE, mais particulièrement difficiles à surmonter dans son environnement constitutionnel et socio-politique « multi-couches ».</p>
<h2>Un nouveau rôle pour le citoyen de l’UE</h2>
<p>La véritable question à se poser est la suivante : quel peut être, de façon réaliste, le rôle des citoyens dans une Union européenne à niveaux multiples et largement indéchiffrable ?</p>
<p>Pour gagner le défi civique en Europe (et ailleurs), <a href="https://www.amazon.fr/Lobbying-Change-Create-Better-Society/dp/1785782851/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1505864212&sr=8-1&keywords=lobbying+for+change">nous avons besoin d’encourager une culture participative</a> en orientant les citoyens européens, éduqués et en quête de sens, vers les nombreux modes existants de participation. C’est ce que j’appelle, de façon provocante, le <em>lobbying citoyen</em>. Un citoyen lobbyiste est quelqu’un qui, sans être rémunéré pour cela, choisit une cause qui lui tient profondément à cœur et s’attache à la défendre. Il le fait en s’appuyant sur ses propres compétences, talents et expertises comme sur le large répertoire de techniques de lobbying, variées et en changement constant, qui existent aujourd’hui dans les processus participatifs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/193284/original/file-20171104-1068-1auskjv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’exemple de Max Schrems (ici en 2016).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Filmcasino_Wien_%C3%96sterreichpremiere_Democracy_Im_Rausch_der_Daten_12.jpg">Manfred Werner/Wikimedia</a></span>
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<p>Souvenez-vous de <a href="http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/10/06/max-schrems-le-gardien-des-donnees-personnelles-qui-fait-trembler-les-geants-du-web_4783391_4408996.html">Max Schrems</a>, l’étudiant autrichien qui a mis en question l’utilisation des données privées par Facebook et a fait prévaloir son opinion. Souvenez-vous d’<a href="https://theconversation.com/le-statut-des-lanceurs-dalerte-a-lepreuve-du-proces-luxleaks-59356">Antoine Deltour</a>, l’employé français de PwC : il a tiré la sonnette d’alarme après être tombé sur les preuves d’une évasion fiscale massive favorisée par le Luxembourg et a pressé l’UE de protéger les lanceurs d’alertes dans toute l’Europe.</p>
<p>Considérez aussi l’émergence rapide de communautés transnationales en ligne, à l’instar de <a href="https://www.wemove.eu/"><em>WeMove</em></a>, capables de mobiliser très vite des millions d’Européens pour faire pression sur les décideurs de l’UE pour des sujets aussi divers que le CETA, le <a href="https://theconversation.com/glyphosate-la-guerre-du-faux-a-bien-eu-lieu-86291">glyphosate</a> ou le <em>Barrosogate</em>. Il ne s’agit là que de quelques exemples prometteurs de lobbying citoyen qui pourraient redessiner les relations entre les citoyens européens, leurs représentants élus et les institutions de l’UE elles-mêmes.</p>
<h2>Rétablir l’équilibre</h2>
<p>En contrebalançant l’influence de quelques groupes d’intérêt dans les processus de prise de décision, les citoyens lobbyistes pourraient contribuer à rétablir l’équilibre. Cela ne veut pas dire qu’un lobbying de ce type pourra concrètement donner à l’expression de chaque citoyen un poids égal, mais plutôt que l’ensemble des relations électeurs-élus serait désormais structuré sur cette base. Et en étant davantage associés au processus de prise de décision, les citoyens lobbyistes pourront apprendre comment fonctionne l’UE, prendre conscience de sa complexité inhérente et des nombreux compromis faits par les décideurs à différents niveaux de pouvoir.</p>
<p>Le génie du lobbying citoyen est qu’il complète plutôt qu’il ne dégrade la démocratie représentative. A l’heure d’un désenchantement croissant vis-à-vis du système politique de l’UE, le lobbying citoyen transforme une défiance montante en un réel avantage démocratique. Et cela se fait en s’appuyant sur l’expertise et l’imagination des citoyens, en nous responsabilisant et en accroissant notre bonheur. En contribuant à l’égalité, cette approche constructive, <em>bottom-up</em> et fondée sur la recherche de la vérité pourrait aider les sociétés européennes à créer ensemble l’Europe que veulent les citoyens.</p>
<hr>
<p><em>Alberto Alemanno est l’auteur de <a href="https://www.amazon.fr/Lobbying-Change-Create-Better-Society/dp/1785782851/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1505864212&sr=8-1&keywords=lobbying+for+change">« Lobbying for Change : Find Your Voice to Create a Better Society »</a> (Iconbooks, 2017) et professeur titulaire de la Chaire Jean Monnet à HEC Paris.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86242/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alberto Alemanno ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour gagner le défi civique en Europe, il faut encourager une culture participative en orientant les citoyens éduqués et en quête de sens vers les nombreux modes existants de participation.Alberto Alemanno, Chair professor of European Union Law, HEC Paris; Global Professor, NYU School of Law; Founder The Good Lobby, HEC Paris Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/830802017-08-28T19:10:45Z2017-08-28T19:10:45ZVieillir en Europe : peut-on imaginer un système de soins communs à tous ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/183609/original/file-20170828-1533-7kz13y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C22%2C1894%2C1215&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quelle est la meilleure façon pour l’Europe de prendre en charge ses personnes âgées?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/de-l-homme-personnes-%C3%A2g%C3%A9es-189282/">BM10777/Pixabay</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
<hr>
<p>La population européenne vieillit. En 1950, 12 % seulement des Européens avaient plus de 65 ans. Cette part a déjà doublé aujourd’hui et les <a href="http://www.un.org/esa/population/publications/worldageing19502050">projections</a> montrent qu’elle dépassera 36 % en 2050.</p>
<p>Les coupables sont le taux de fécondité et la longévité. Autrefois, une Européenne avait en moyenne plus de deux enfants. Depuis 2000, le taux de fécondité <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Fertility_statistics">est tombé sous ce seuil</a>. Les Européens vivent également <a href="https://esa.un.org/unpd/wpp/DataQuery/">plus longtemps</a> : jusqu’à 78 ans en moyenne, contre 66 dans les années 1950.</p>
<p>Cette longévité témoigne de la prospérité de l’Europe mais elle engendre une série de problèmes sociaux et financiers lorsqu’elle est associée à un taux de fécondité faible.</p>
<p>Le plus inquiétant est sans doute que la proportion des actifs en mesure de s’occuper des personnes âgées diminue, alors que celle des personnes nécessitant des soins progresse.</p>
<p>Ce déséquilibre entre l’offre et la demande, qui entraîne des pénuries d’infirmières et autres personnels soignants, est déjà critique dans les pays au vieillissement rapide, comme l’Allemagne, la Finlande et le Royaume-Uni.</p>
<p>La demande croissante de soins nécessitera également des ressources financières importantes. En 2014, les pays de l’OCDE consacraient 1,4 % de leur PIB en moyenne aux soins de longue durée, mais ces coûts devraient <a href="http://www.oecd.org/els/health-systems/long-term-care.htm">considérablement augmenter</a>, pour atteindre <a href="https://www.oecd.org/eco/growth/The-future-of-health-and-long-term-care-spending-OECD-Journal-Economic-Studies-2014.pdf">6,4 % en 2060</a>.</p>
<p>La dépense publique en soins de longue durée est la plus élevée aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves (3 à 4 % du PIB), et la plus basse en Europe Centrale et de l’Est. Elle représente ainsi <a href="http://www.oecd-ilibrary.org/social-issues-migration-health/health-at-a-glance-europe-20_16_9789264265592-en">moins de 1 % du PIB</a> en Pologne, Hongrie et Estonie.</p>
<p>Ces écarts reflètent non seulement la part de la population vieillissante mais également la diversité des systèmes de soins de longue durée en Europe. Les Pays-Bas et les pays scandinaves, par exemple, disposent de systèmes de soins professionnels bien développés pour les personnes âgées, avec un large éventail de services publics et privés à domicile ou en institutions.</p>
<p>Dans les <a href="http://bmchealthservres.biomedcentral.com/articles/10.1186/1472-6963-11-316">pays d’Europe centrale et de l’Est</a>, à l’inverse, les soins aux personnes âgées relèvent largement de la <a href="http://bmchealthservres.biomedcentral.com/articles/10.1186/1472-6963-11-316">responsabilité des familles</a>. Dans ces pays, comme ceux de la Méditerranée, une personne âgée nécessitant des soins quotidiens de long terme emménagera très probablement chez ses enfants ou des membres de la famille qui lui apporteront soutien social et assistance médicale en cas de besoin.</p>
<p>Ce système de soins informel est aujourd’hui confronté à de nouveaux défis. Les femmes qui, dans le monde entier, s’occupaient traditionnellement de la famille <a href="http://www.economist.com/node/15174418">travaillent de plus en plus souvent à l’extérieur</a>, ce qui réduit encore le nombre de membres de la famille disponibles pour s’occuper des anciens.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183610/original/file-20170828-1604-glbcdv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Présentation d’une maison de retraite en Bulgarie, pays qui s’en remet aux soins informels pour soutenir ses personnes âgées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/usarmyafrica/4088960217">US Army/Africa/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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<h2>Les défis des systèmes de soins informels</h2>
<p>Tout en cherchant à développer leurs <a href="http://ec.europa.eu/justice/gender-equality/files/elderly_care_en.pdf">prestataires de soins longue durée</a>, les États s’efforcent de faciliter les prises en charge familiales, jugées plus bénéfiques aux personnes âgées, et moins problématiques socialement.</p>
<p>En Allemagne, les aidants, bénévoles, peuvent <a href="http://www.rwi-essen.de/media/content/pages/publikationen/ruhr-economic-papers/REP_14_512.pdf">ainsi réduire leur temps de travail</a> grâce un <a href="http://www.oecd.org/els/health-systems/47884889.pdf">congé de soutien familial de moyenne durée</a>. En République tchèque et en Irlande, ils bénéficient d’exonérations d’impôts en <a href="http://www.oecd.org/els/health-systems/47884889.pdf">contrepartie de leur aide</a>.</p>
<p>Ce type de soutien continuera à jouer un rôle important dans les pays occidentaux et d’Europe de l’Est. Mais il pose également la question de la qualité du service. Comment les États peuvent-ils s’assurer que leurs anciens sont bien traités ?</p>
<p>Les aidants, de la famille ou du voisinage, n’ont en général pas reçu de formation spécialisée. Ils n’ont donc pas les compétences ni les connaissances pour identifier les symptômes et le type de soins appropriés.</p>
<p>En tant que protecteurs des droits des individus et garants des valeurs sociétales, les États ont l’obligation de superviser les prestations de soins informelles et s’assurer que les citoyens âgés sont entre de bonnes mains. Mettre en place des mécanismes de contrôle dans le système de soin informel est, en soi, une tâche immense.</p>
<p>Aujourd’hui, les seniors ne sont pas passifs en la matière. La numérisation des sociétés et les compétences progressant, les personnes âgées ont un meilleur accès à l’information, ce qui peut élever leurs exigences en matière de qualité et de diversité des soins.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183611/original/file-20170828-1539-1jkr9ls.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les seniors européens technophiles veulent des services de santé plus nombreux et de meilleures qualités.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ATablet-PC_Parkwohnstift_05.JPG">Sigismund von Dobschütz/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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<h2>Trouver de nouveaux systèmes de soins longue durée</h2>
<p>Dans toute l’Europe, de l’Ouest prospère à l’Est en développement, l’État est fortement sollicité. Toute somme consacrée au développement de systèmes de soins longue durée aux personnes âgées aurait pu l’être à d’autres besoins sociaux pressants, comme de nouveaux programmes de santé publique ou environnementaux, par exemple.</p>
<p>En Europe de l’Ouest, le coût de plus en plus élevé des structures de soins déjà en place sera de plus en plus lourd à supporter à mesure que la population qui en a besoin continuera de croître.</p>
<p>Le dilemme est différent pour les pays de l’Est : la prise en charge de leurs membres âgés pèse de plus en plus lourd sur les familles, tandis que les ressources publiques pour créer des maisons de retraite et des unités médicalisées restent limitées.</p>
<p>Aujourd’hui, alors que chaque pays commence à réfléchir à un avenir marqué par la baisse de la population active et l’augmentation de la population âgée, on ne sait si cette réflexion va converger. Le continent pourrait réagir de manière unifiée à ces problèmes, différents et communs à la fois, peut-être par l’intermédiaire de la Commission européenne, l’organe exécutif des programmes européens.</p>
<p>À ce jour, la Commission a entrepris d’encourager la collaboration entre les pays sur la prise en charge des personnes âgées, à l’aide de plateformes telles que le <a href="https://ec.europa.eu/eip/ageing/home_en">Partenariat européen d’innovation pour un vieillissement actif et en bonne santé</a>, un portail qui aide les institutions, les professionnels et les chercheurs en vieillissement et santé dans leur recherche de formation, de pratiques optimales, de modèles d’organisation, etc.</p>
<p>Ceci représente un petit pas au regard d’un problème social à l’échelle du continent. Mais l’un des premiers obstacles à la coopération sur les soins aux personnes âgées est lié au fait que la santé n’entre pas dans les compétences de la Commission européenne : chaque membre de l’Union est libre d’organiser son propre système.</p>
<p>L’UE a déjà su répondre au besoin de coordonner des politiques nationales du même ordre, telles que l’<a href="https://europa.eu/european-union/topics/agriculture_en">agriculture par exemple</a>, en définissant les subventions, règlements et investissements pour l’ensemble de ses membres.</p>
<p>Un programme européen similaire sur le vieillissement, fondé sur l’engagement et l’initiative de chaque pays, pourrait également fonctionner, en aidant chaque État de l’Union à construire un système de soins adapté, qui bénéficierait autant à ses citoyens âgés qu’à la société dans son ensemble.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007, Axa Research Fund soutient plus de 500 projets à travers le monde portés par des chercheurs de 51 nationalités. Le projet EuroLTCS vise à identifier les mécanismes innovants de systèmes de soins longue durée en Europe. Ses principaux chercheurs sont Milena Pavlova (Université de Maastricht), Tetiana Stepurko (Université nationale Académie Mohyla, Kiev), Marzena Tambor (Collegium Medicum de l’université Jagellonne, Cracovie), Petra Baji (Université Corvinus, Budapest) et Wim Groot (Université de Maastricht). Cet article a été traduit de l'anglais par Julie Flanère pour <a href="http://www.fastforword.fr/en/">Fast for Word</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83080/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Milena Pavlova est lauréate d'une bourse AXA Award du Fonds AXA pour la recherche et spécifiquement pour le projet “EuroLTCS Project - Innovative Mechanisms for Sustainable Long-Term Care Systems in Europe”. Cet article représenten cependant les recherches et travaux de l'auteur et ne représente en aucun cas ceux du Fonds Axa pour la recherche. </span></em></p>Le vieillissement de la population européenne appelle à de nouveaux modes de soins, et pourquoi pas, à une politique commune de la prise en charge des personnes âgées.Milena Pavlova, Associate Professor of Health Economics, Maastricht UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/811522017-07-18T22:06:42Z2017-07-18T22:06:42ZVivre ensemble en Europe avec nos différences<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/178621/original/file-20170718-22034-5a44zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Drapeau européen, à Berlin.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/robdeman/114507298/in/photolist-b7T2L-Sko8bf-SFp3oZ-ViTNCb-RT3F8h-SZFRTx-T5DL5j-UK2qUy-RYp2E-VDyyzp-Tnp45R-UMYXXj-UU37hd-km5rRy-TiDmNn-Sc6Dzo-UXiSDL-SignXL-Pz8ozJ-SET65L-U92XJy-VwkyUv-RYoUE-S1ncg-VpwF91-RT5bsC-VU7jnD-UFzQz3-SPgLm8-UhDn6z-UbrDtJ-RQthCZ-SwaNLD-SwvPok-UofSbt-Vmwnr4-W77ewf-SDJfL9-VNuov7-Viohig-RPixCX-TyVWLb-ULU9td-V6zSJM-RL9z9Z-RySe3d-dmN9fy-UYLSQa-VKpnV6-StCWcV">Rock Cohen/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>De 2012 à 2015, à l’initiative du <a href="http://www.kreisky-forum.org/public-events-1.html">Forum Bruno Kreisky pour un Dialogue International</a>, un séminaire biannuel s’est tenu à Vienne pour réfléchir au rapport à l’Autre. Sous la direction d’Antony Lerman, chercheur honoraire au Parkes Institute for the Study of Jewish/Non-Jewish Relations à l’Université de Southampton et rédacteur adjoint à la revue <em>Patterns of Prejudice</em>, un <a href="http://www.plutobooks.com/display.asp?K=9780745399942">livre collectif</a> en est issu : « Do I belong ? Reflections from Europe ».</p>
<p>Ce n’est pas un ouvrage de sciences sociales, il ne s’appuie par sur des statistiques, des sondages ou des entretiens, les contributeurs devaient se fonder sur leur propre expérience. Les essais qui en résultent, très personnels, souvent émouvants, apportent un regard neuf sur ce qu’appartenir à l’Europe signifie aujourd’hui, dans un contexte de fortes turbulences marqué par la crise des réfugiés, le terrorisme, la dynamique électorale des partis populistes et, il y a tout juste un an, le Brexit.</p>
<h2>Allergiques aux frontières</h2>
<p>Les profils des auteurs sont contrastés. On y trouve des écrivains, des journalistes, des artistes, des universitaires, une ancienne juge, des responsables d’ONG ou de think tanks. S’ils vivent en Europe aujourd’hui, leurs histoires familiales commencent ailleurs. Ils ont, pour reprendre le titre du chapitre de Diana Pinto, « grandi sous des cieux différents », et pas toujours de leur plein gré. Ils pensent, ils parlent en plusieurs langues. Leurs appartenances sont multiples, complexes, changeantes, parfois conflictuelles.</p>
<p>De tels parcours prédisposent à l’empathie avec tous ceux – réfugiés, migrants – qui frappent aux portes de l’Europe. Ces hommes et ces femmes sont allergiques aux frontières, tant celles de la « forteresse » Europe qu’au-delà, tant externes qu’internes aux pays qui la composent. Ils critiquent l’Union européenne pour sa complexité, sa frilosité, sa tendance à imposer un modèle de citoyenneté homogène <em>top down</em>. Mais tous partagent, à des degrés divers, le sentiment d’être, à leur manière, profondément européens.</p>
<h2>La religion de l’oiseau</h2>
<p>Le mot d’ordre des féministes américaines dans les années 60 était « le personnel est politique », rappelant que la politique se fait tout autant dans la chambre à coucher et à la cuisine que dans les urnes ou dans la rue. Ce livre en apporte la démonstration, dessinant par petites touches ce qui fait l’appartenance ou la non-appartenance, l’acceptation ou le rejet.</p>
<p>Rob Berkely évoque le hochement de tête tacite (<em>black head nod</em>), signe de reconnaissance et de solidarité lié à la même couleur de peau. Le chapitre d’Isolde Charim montre comment l’heure de déjeuner marquait une frontière symbolique entre les Autrichiens « qui mangent à midi » et les non-Autrichiens, comme sa famille qui mangeait à 1 heure ou 2 heures.</p>
<p>Tandis que la discussion passionnée entre trois enfants à propos de l’enterrement d’un oiseau, sous la plume de Şeyda Emek, illustre les clivages communautaires. Comment savoir la religion de l’oiseau ? Peuvent-ils mettre une croix de brindilles sur sa tombe, alors qu’ils sont musulmans ? Finalement la tombe resta nue, mais une prière fut dite à Allah et une au Dieu des chrétiens.</p>
<h2>À contre-courant de l’europessimisme</h2>
<p>Ces essais, qu’on ne peut tous évoquer ici, vont à contre-courant de l’europessimisme dominant après le Brexit. Ils ouvrent des pistes à suivre pour retrouver l’idéal initial du projet européen, l’union dans la diversité.</p>
<p>Et les opinions publiques semblent évoluer dans le même sens, si l’on en croit le <a href="http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2017/599336/EPRS_STU(2017)%20599336_FR.pdf">dernier Eurobaromètre</a> commandée par le Parlement européen.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/178620/original/file-20170718-30068-18uncy6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Paris, le 8 août 2008.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/cmoi/2745493096/in/photolist-5bBnrS-9rSjPD-hKYBsZ-bfEaw2-QZP9F-55QN5S-5ksAiX-7cojjJ-dVND41-dAsmQX-54kbk6-6NaPSB-7941E8-6XpF6b-dXp2Ft-55QPoh-6NP8d6-7fV6fG-4GkbnH-bo1UfR-6PAwLh-7ocCzG-5oVXCk-8QjxUV-Nxc6jS-M3TcH8-HHQXZw-bnpXY4-L2W8bD-drSWS6-M8D21n-doCWBX-H72fmx-JHbyMf-FgnLmn-7La1Cf-KxbYHq-Brm2wB-H7VnKh-RKUMn5-cA1u51-oAmwBB-P1HaTL-Nvf6jY-FSKHVv-HRDJQo-JsDydm-JCpmth-aZFtuM-KdhiwL">Pascal Terjan/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>En un an, le sentiment que l’appartenance à l’UE est une bonne chose a progressé de 4 points pour atteindre 57 % ; 56 % des personnes interrogées se disent attachées à l’UE (+5 points) et 74 % pensent que ce qui rapproche les citoyens des États membres est plus important que ce qui les sépare (+3 points).</p>
<p>Le 5 octobre dernier, au congrès du Parti conservateur, Theresa May fustigeait le cosmopolitisme, traitant les « citoyens du monde » de <a href="http://www.telegraph.co.uk/news/2016/10/05/theresa-mays-conference-speech-in-full/">« citoyens de nulle part »</a>. Ce livre montre le contraire. Loin d’annuler les autres appartenances, le sentiment européen les englobe et les enrichit.</p>
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<p><em>« Do I Belong ? Reflections from Europe », Edited by Antony Lerman, Pluto Press.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81152/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nonna Mayer membre de la CNCDH ( Commission nationale consultative des droits de l'homme) depuis décembre 2015. </span></em></p>Un regard neuf sur ce qu’appartenir à l’Europe signifie dans un contexte de fortes turbulences marqué par la crise des réfugiés, le terrorisme, la montée des partis populistes et le Brexit.Nonna Mayer, Directrice de recherche au CNRS/Centre d'études européennes, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/766362017-05-11T22:40:19Z2017-05-11T22:40:19ZQuelles solidarités économiques entre les régions européennes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/168957/original/file-20170511-32593-64gc0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'Europe des régions</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:EU_Regional_Policy.svg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>La politique régionale de l’Union européenne (UE), également appelée politique de cohésion, est une politique visant à améliorer le niveau de développement économique des régions de l’UE et à résorber les disparités entre celles-ci, selon un principe de solidarité entre les États membres. Plus d’un tiers du budget de l’UE est consacré à cette politique, pourtant, plus que jamais, la question de la solidarité émerge.</p>
<p>Une question se pose : la politique de cohésion continuera-t-elle de concentrer une grande partie de ses Fonds dans les régions en retard ou bien à soutenir les régions ayant le plus grand potentiel de développement, en supposant qu’elles agissent comme une force motrice pour les autres ?</p>
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<p><em>Certaines régions ont touché plus de 10 milliards d’euros en 13 ans. Source : <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/">Eurostat</a>.</em></p>
<p>Avec la crise qu’a traversée l’UE, les tensions sur la solidarité européenne ont cristallisé le débat sur la future politique de cohésion post-2020. D’autant plus que, comme le montrent les cartes, certains pays (Espagne, Irlande, et Grèce en particulier) – qui ont pendant longtemps bénéficié de la solidarité européenne – ont vu leurs financements européens fondre, au profit des pays d’Europe centrale et orientale.</p>
<iframe id="infographie-ID1195" src="https://data-tc.com/iframe/?infography=1195" width="100%" height="600" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<p><em>Les Fonds européens sur la période de programmation 2000-2006 et 2007-2013 (en valeur absolue). On observe ici les « régions qui gagnent » et les « régions qui perdent » entre les deux périodes de programmation. Source : <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/">Eurostat</a>.</em></p>
<iframe id="infographie-ID1256" src="https://data-tc.com/iframe/?infography=1256" width="100%" height="700" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<p><em>Évolution du PIB des régions européennes, entre 2000 et 2015. Les valeurs sont exprimées en pourcentages. Les régions ayant reçu le plus de Fonds européens ne sont pas automatiquement celles ayant connu les plus forts taux de croissance économique. De nombreux paramètres rentrent en compte (niveau de développement initial, proximité à une région développée, corruption, investissements dans l’éducation et la R&D, etc.). Source : <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/">Eurostat</a>.</em></p>
<p>Aujourd’hui, plusieurs pays (les contributeurs nets) ne sont plus prêts à sauver leurs partenaires européens en difficulté, sauf si des conditions sur des réductions de dépenses et l’instauration de règles plus strictes pour une utilisation plus efficace des Fonds de l’UE sont mises en place.</p>
<p>Malgré tout la politique de cohésion est unanimement acceptée en tant qu’instrument européen de promotion de la croissance et de la compétitivité et il est clair que cette politique a un rôle à jouer dans les défis plus vastes pour l’avenir tels que le changement climatique, l’approvisionnement énergétique et la mondialisation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76636/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Europe unie affiche sa solidarité à travers la politique de redistribution des fonds dite de la cohésion. Quelle forme prendra-t-elle à l’avenir ? Quels en seront les gagnants ? Et les perdants ?Sebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/766372017-05-09T23:09:05Z2017-05-09T23:09:05ZLes inégalités de développement économique dans l’Union européenne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/168553/original/file-20170509-11008-1jxyvdj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Autour du Canal Charleroi, Bruxelles.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/saigneurdeguerre/12716842203/in/photolist-knK994-ncFQvr-iiqqad-iita1X-RHei51-RqUBKR-knKEfN-iiqKEW-SuBnBQ-T1TEEw-rypxPp-hJFoip-cm6FoU-kSgeY-knM9e1-Sr7Rzb-knKSwb-6pLR41-SBewg1-iivVSi-fDAu6T-bthKr3-iiqB9V-crYTyh-aDC6Db-iirSCG-cF15G-6FaGcq-5ASdUB-iiwFV7-iiqD7q-8qoQi8-SrVnGG-6FajbC-5EVqPG-RQwQgH-knLziS-knJvgt-7JjRUX-7JoNH3-SyxA3v-iiqvB3-pfV1kQ-knLqN5-5ASfNt-GBbfDn-iiqJtA-6F6yKz-iiw6st-5ASeDX">Antonio Ponte/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>L’Union européenne est traversée par de nombreuses inégalités économiques. À l’échelle des États, le Luxembourg a un PIB par habitant sept fois supérieur au pays le moins développé, à savoir la Bulgarie. À titre de comparaison, aux États-Unis, le ratio entre l’état le plus riche et le plus pauvre en termes de PIB par habitant n’est que de 2,1 % ! Sur la période 2000-2015, le graphique montre que les inégalités régionales au sein de chaque pays ont eu tendance à s’accroître.</p>
<h2>Le PIB des régions européennes : les régions riches le sont de plus en plus</h2>
<iframe id="infographie-ID1207" src="https://data-tc.com/iframe/?infography=1207" width="100%" height="700" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<p><em>Les points représentent le produit intérieur brut des régions des États membres. Les barres horizontales situent la moyenne de chaque pays. Les gros points représentent la région capitale d’un pays. Cliquer sur les boutons pour changer entre 2000 et 2015.</em></p>
<p>À l’échelle des régions européennes, la région Centre-Londres est la plus prospère de l’Union européenne (172 600 euros par habitant par an) et est 45 fois plus riche que la région la moins développée, à savoir la région Severozapaden située en Bulgarie (3 800 par habitant par an). Les régions riches le sont de plus en plus.</p>
<h2>Les pays d’Europe centrale et orientale : la croissance, en avant toute !</h2>
<iframe id="infographie-ID1242" src="https://data-tc.com/iframe/?infography=1242" width="100%" height="700" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<p><em>PIB en euros par habitant, par an. Cliquer sur les boutons pour changer entre 2000 et 2015.</em></p>
<p>Les régions d’Europe centrale et orientale ont connu une forte croissance sur la période 2000-2015, elles ont <a href="http://theconversation.com/quelles-solidarites-economiques-entre-les-regions-europeennes-76636">largement bénéficié des Fonds européens</a> qui leur a permis de se développer et d’améliorer leur compétitivité.</p>
<p>Certaines régions ont vu leur PIB par habitant croître de manière très significative, en particulier le long de l’ex-rideau de fer… devenu rideau d’or.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76637/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En Europe, qui est le plus riche ? Ironie du Brexit, parmi toutes les régions européennes, Londres et ses alentours est 45 fois plus riche que la région la moins développée, en Bulgarie.Sebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/770232017-05-08T20:07:30Z2017-05-08T20:07:30ZTemps de travail en Europe : les vrais chiffres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/167582/original/file-20170502-17275-1crmd4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=103%2C0%2C1684%2C858&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De quel temps parle-t-on ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/chronom%C3%A8tre-gestion-du-temps-temps-2061849/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Le temps de travail est un terme trompeur. En effet, s’il est souvent mobilisé au cours de conflits ou de controverses, il désigne en réalité la « durée reconnue de l’emploi », plutôt que le « temps de travail ».</p>
<h2>De quel temps parle-t-on ?</h2>
<p>En effet, ses estimations statistiques excluent le travail domestique, qui regroupe pourtant un <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2123967">nombre d’heures supérieur au travail salarié en France</a>. Les femmes à temps partiel, sujettes à une division inégale des tâches domestiques ou à une situation monoparentale, passent toujours <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1372773?sommaire=1372781">plus de temps en travail domestique qu’en travail salarié</a>. En outre, le temps de travail réduit la notion de « temps » à la seule durée, laissant de côté d’autres dimensions temporelles (horaires, rythme, prévisibilité…).</p>
<p>De plus, il est aveugle au contenu effectif des tâches. Par exemple, dans les années 2000, certaines industries ont augmenté le nombre de secondes effectives de travail accompli par minute. Une réduction du temps d’emploi peut donc s’accompagner d’une intensification de l’activité… c’est-à-dire une hausse du temps de travail. Le nombre d’heures non-déclarées ou non-comptées (comme pour les cadres supérieurs salariés payés à la journée et non à l’heure) achèvent de brouiller les pistes lorsque l’on tente d’identifier les durées d’emploi réelles.</p>
<p>La durée d’emploi ne doit pas non plus faire oublier la qualité d’emploi. À ce titre, on assiste depuis une décennie à la montée des horaires « atypiques », c’est-à-dire qui ne correspondent pas à la norme d’emploi à plein temps et en semaine. Le travail le dimanche et le temps partiel, par exemple, sont en croissance sur le continent européen.</p>
<h2>Une baisse généralisée de la durée d’emploi</h2>
<p>Quoiqu’il en soit, une fois ces précautions d’usage prises, la <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281175">durée d’emploi a baissé dans tous les pays industrialisés depuis le début du siècle, sans exception</a>. Depuis 1950, pour des pays comme les USA, le Japon, l’Allemagne ou la France, la diminution avoisine 25 %. Cette baisse tendancielle s’explique par des évolutions de la durée d’emploi au niveau journalier ou hebdomadaire (un temps de travail légal ou conventionnel, selon les pays), mais aussi annuelle (les congés payés) et tout au long de la vie (selon l’âge d’entrée et de sortie du marché du travail). Néanmoins, il y a une corrélation solide entre les durées quotidiennes, hebdomadaires et annuelles passées en emploi : les trois évoluent le plus souvent de concert. Il est toutefois notable que la variation des durées d’emploi n’est que rarement corrélée à l’évolution de la productivité. Il ne s’agit pas d’un processus mécanique, qui serait tiré par des évolutions technologiques, mais bien plutôt de conflits sociaux qui trouvent leur résolution par l’application conventionnelle des revendications salariées ou par des législations favorables.</p>
<iframe src="https://datawrapper.dwcdn.net/SKlyb/2/" frameborder="0" allowtransparency="true" allowfullscreen="allowfullscreen" webkitallowfullscreen="webkitallowfullscreen" mozallowfullscreen="mozallowfullscreen" oallowfullscreen="oallowfullscreen" msallowfullscreen="msallowfullscreen" width="100%" height="570"></iframe>
<p><em>Le temps passé en emploi, en heures par an (échelle verticale). Source : OCDE. L’Allemagne est à l’avant-garde de sa réduction.</em></p>
<h2>Deux groupes de pays</h2>
<p>Globalement, depuis le milieu des années 1990, deux groupes de pays peuvent être distingués en Europe. Dans le premier, qui regroupe notamment le Royaume-Uni, la Grèce et le Portugal, la durée d’emploi s’est légèrement accrue dans les années 1990-2000 avant de retomber. Dans le second, qui regroupe les pays du cœur de l’Europe et de Scandinavie, la durée d’emploi n’a cessé de diminuer. La manière dont cette réduction s’est opérée varie. En France, elle a eu lieu via la législation sur les 35 heures hebdomadaires, qui a créé plusieurs centaines de milliers d’emplois – malgré des possibilités importantes d’accommodements à l’époque – et est progressivement détricotée depuis. En Allemagne, c’est plutôt un effet de composition qui est à l’œuvre, c’est-à-dire l’adoption d’emplois à temps partiel par les nouveaux entrants sur le marché du travail ou les chômeurs en reprise d’emploi.</p>
<p>Cette dynamique divergente est entretenue par des écarts importants entre pays européens à deux niveaux. D’abord, l’<a href="https://data.oecd.org/emp/part-time-employment-rate.htm">ampleur du secteur à temps partiel</a> oppose des pays comme les Pays-Bas (39 % de salariat à temps partiel, dont 75 % des salariées) et les pays baltes (moins de 10 % de salariat à temps partiel). Derrière la durée d’emploi moyenne se cachent des réalités très différentes entre salariés et salariées.</p>
<h2>Temps plein et temps partiel</h2>
<p>Le temps partiel lui-même peut inclure <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/web/gdp-and-beyond/quality-of-life/average-number-of-usual-weekly-hours-of-work-in-main-job">des réalités très différentes</a>, puisque les personnes salariées à temps partiel en Allemagne travaillent 19h par semaine en moyenne, contre 24h pour leurs homologues en Suède. Ensuite, des écarts aussi importants séparent le travail à temps plein dans des pays comme la Grèce (44,5h en moyenne) et le Danemark (sous les 40h). Ainsi, le ratio entre travailleurs à temps partiel et travailleurs à temps plein doit être pensé en articulation avec la norme nationale du temps partiel et du temps plein. Cela conduit à des temporalités distinctes selon les pays : par rapport à la moyenne des pays européens, la France a ainsi des salariés à temps plein aux horaires faibles, et des salariés à temps partiel aux horaires élevés, tandis que l’Allemagne est dans une situation rigoureusement inverse.</p>
<p>Afin d’évaluer les durées d’emploi de chaque pays, le raisonnement le plus approprié semble être à l’échelle de l’année. Cela permet de tenir compte des durées légales et conventionnelles quotidiennes et hebdomadaires, mais aussi d’inclure les congés payés et les jours fériés, qui varient aussi fortement en Europe. Car si le Royaume-Uni célèbre 8 jours fériés, la Finlande dispose de 15 chaque année. De même, les jours ouvrables de congés payés annuels oscillent entre 20 et 28 (hors ancienneté) sur le continent.</p>
<h2>Les Français et leur productivité</h2>
<p>Un discours récurrent accuse les Français de travailler moins en emploi que leurs homologues européens. Généralement, cette admonestation a un fond moral, il s’agit de présenter comme une tare le fait de moins travailler qu’ailleurs. Cette vision fait l’impasse sur le constat évident que les pays les plus développés sont ceux dans lesquels la durée d’emploi est la plus réduite. Mais en plus, ce discours est fragile : les seules données montrant une durée d’emploi plus faible des Français par rapport à leurs homologues européens se cantonnent aux salariés à plein temps.</p>
<p>En comparant tous les salariés de l’OCDE, les <a href="https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=ANHRS">Français travaillent plus en emploi</a> (1 482h/an en 2015) que leurs collègues allemands (1 371h), hollandais (1 419h), norvégiens (1 424h) ou danois (1 457h). Et au niveau des travailleurs indépendants, la France est un des pays qui les conduit à travailler le plus durement. De même, contrairement à des préjugés ravivés depuis la crise des pays périphériques, les Grecs sont les plus gros travailleurs d’Europe avec 2 042 heures annuelles effectuées en emploi. Les écarts les plus importants d’Europe, entre l’Allemagne et la Grèce, s’élèvent à 671 heures d’emploi. Cela représente plus de 80 journées de huit heures.</p>
<p>En revanche, une spécificité française souvent passée sous silence est la <a href="https://data.oecd.org/lprdty/gdp-per-hour-worked.htm">productivité des salariés</a>, qui produisent une quantité de richesse élevée par heure de travail (5<sup>e</sup> d’Europe). <a href="http://www.economist.com/news/britain/21646235-if-britain-cannot-get-more-its-legion-cheap-workers-recovery-will-stall-bargain?fsrc=scn/tw/te/pe/ed/bargainbasement">Comme le résumait <em>The Economist</em></a>, « les Français pourraient arrêter le vendredi et toujours produire plus que ne le font les Britanniques en une semaine ». Cette boutade montre que la durée d’emploi pose aussi, en creux, la question de la production et de la distribution des revenus.</p>
<p>Ainsi, les durées d’emploi varient entre pays européens. Chaque norme nationale est le fruit de luttes salariales, de choix politiques et de compromis sociaux. Cependant, ces marchés de l’emploi sont parfois manipulés dans le champ politique afin d’asséner des comparaisons simplistes, qui tentent de présenter la durée d’emploi de certains pays comme un modèle, et les salariés des autres comme des retardataires.</p>
<p>Face à ces usages outranciers, on ne peut que plaider pour des comparaisons raisonnables prenant en compte toutes les informations disponibles sur chaque durée nationale d’emploi, ses formes et son contenu productif. Et ne pas oublier ce qu’enseigne l’histoire sociale : la durée normale d’emploi ne relève pas du déterminisme technologique, mais du choix politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77023/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hadrien Clouet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Analyse des différentes composantes de ce qu’on appelle le « temps de travail »… et de quelques surprises.Hadrien Clouet, Doctorant en sociologie, CENTRE DE SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS, associé au LABORATOIRE INTERDISCIPLINAIRE POUR LA SOCIOLOGIE ECONOMIQUE, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/751062017-03-26T19:20:15Z2017-03-26T19:20:15ZL’Union européenne sans le marché intérieur : un espace vide de sens<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Les anniversaires sonnent souvent l’heure des bilans. Il est sûrement trop tôt pour faire celui de l’Union européenne : on oublie qu’elle est une organisation jeune qui s’inscrit dans le temps long et qui s’affranchit naturellement, dans l’horizon politique qu’elle se donne, des gouvernements, des femmes et des hommes qui prennent la tête des États, de l’air du temps, que celui-ci favorise ou s’oppose à son intégration et des crises conjoncturelles.</p>
<p>Les anniversaires se prêtent peut-être davantage aux rétrospectives. Et celles-ci, si bilan il faut dresser, peuvent venir nous aider à comprendre les choix qui ont été faits et les décisions qui ont été prises : interroger le « pourquoi » plutôt que le « comment ». Le soixantième anniversaire du traité de Rome, fêté le 25 mars 2017, est un de ces temps qui permet à l’Union européenne de s’expliquer à partir de son bilan.</p>
<p>Peut-être serait-il bon de commencer par celle du coût de la non-Europe. Coût que l’Union européenne s’est attachée à faire disparaître. De toute évidence, au vu des mobilisations populaires et politiques qui ébranlent l’Union européenne, ce constat ne suffit plus à convaincre les peuples. Le marché intérieur est contesté parce qu’il ne semble pas à satisfaire l’une des priorités des opinions publiques : la sécurité.</p>
<h2>Le marché le plus sûr du monde</h2>
<p>S’il est exact de dire que la libre circulation met en contact les législations nationales qui ne peuvent plus s’ignorer entre elles, il est en revanche erroné d’en déduire que le marché intérieur est dérégulé et constitue un espace de circulation des marchandises toxiques et de trafiquants en tout genre. La confrontation des législations nationales ne tire pas vers le bas les standards de protection, parce que le marché intérieur n’est tout simplement pas crédible s’il fait circuler des produits toxiques, ou sert d’espace de blanchiment de l’argent sale. Bien sûr, les lacunes existent et le droit de l’Union est bien loin d’être parfait.</p>
<p>Parce que les opinions publiques le demandent, on peut poser plus clairement aujourd’hui qu’hier la question de l’harmonisation sociale ou fiscale, nécessaire pour éviter les disparités payées en délocalisation d’opportunité. Poser la question, aussi, d’y parvenir entre certains États, mais probablement pas entre tous. Mais il demeure que le marché intérieur offre des garanties aux citoyens.</p>
<p>Il permet d’intensifier les <a href="http://www.touteleurope.eu/actualite/schengen-la-carte-des-controles-aux-frontieres-nationales.html">contrôles aux frontières</a> en cas de danger, comme on le voit avec les attaques terroristes de 2015 et 2016. L’espace Schengen, tant décrié, permet bien de rétablir les contrôles en cas de crise ou d’urgence, comme un flux incontrôlé de migrants. La seule chose qu’exige l’Union est que ce renforcement des frontières soit provisoire et motivé. L’UE ne croit pas à la fermeture de la frontière comme on ferme une fenêtre, en pensant garantir la sécurité. Elle postule que le plus pertinent est de renforcer la solidarité entre les États, pour assurer la sécurité des frontières extérieures de son espace (http://geopolis.francetvinfo.fr/pour-se-proteger-des-migrants-l-europe-cree-un-corps-de-gardes-frontieres-120835).</p>
<h2>Cesser de communautariser les échecs</h2>
<p>La législation de l’Union a aussi contribué à rehausser le niveau de protection des citoyens. Contrairement à la plupart des pays du monde, <a href="http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-15-4778_fr.htm">elle autorise les OGM au compte-gouttes</a>, exige des <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/TXT/?uri=CELEX%3A32014L0049">garanties bancaires sans équivalent</a> et ne conçoit l’existence d’une centrale nucléaire que dans les <a href="http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-13-539_fr.htm">conditions de sûreté les plus élevées au monde</a>. Elle a contribué à relever les conditions sanitaires de fabrication des produits. De là à dire, ce qui est parfaitement faux, qu’elle rend impossible la fabrication de fromages au lait cru, il n’y a qu’un pas allègrement franchi à chaque élection du Parlement européen, seul scrutin au suffrage universel qui implique directement les opinions publiques dans le débat européen. Cela révèle tout à la fois la difficulté de comprendre les enjeux européens, autant que la mauvaise foi qui caractérise souvent les débats.</p>
<p>On mesure combien l’air du temps brouille les perceptions. L’intégration européenne par le marché intérieur crée des résultats parfaitement tangibles, bien que plus grand monde en Europe ne semble y être sensible. C’est oublier bien rapidement les bénéfices mais surtout la régulation de la libre circulation qu’elle opère. C’est bien cette régulation de la mondialisation qui caractérise l’espace européen. Et qui est jetée aux oubliettes au profit de solutions dont la facilité séduit, quand elles ont depuis bien longtemps prouvé leur inefficacité.</p>
<p>Les efforts de l’UE pour sécuriser la vie quotidienne de chacun de ses citoyens ne redeviendront perceptibles qu’à partir du moment où ses États membres et leurs dirigeants nationaux accepteront d’assumer les choix qu’implique l’appartenance à cet ensemble, avant d’en récolter les bénéfices. C’est-à-dire quand ils arrêteront de nationaliser les succès de l’intégration et de communautariser ses échecs, comme si sphère européenne et sphère nationale étaient deux espaces de jeu politique hermétiques l’un à l’autre.</p>
<p>Ces efforts ne seront enfin politiquement payants que lorsque l’Union assumera, de son côté, les choix démocratiques qui conditionnent la légitimité de ses actions. L’UE doit reconnaître que l’État est le maillon nécessaire de l’intégration et pas juste un mauvais élève à punir. Chaque État peut refuser d’aller plus loin dans l’intégration, sans pour autant sortir du jeu. C’est ce qui résulte de la réalité du droit : le marché intérieur est, d’abord et avant tout, un espace de promotion de l’intérêt général, pour lequel l’échelle nationale est la plus naturelle.</p>
<h2>La fin du splendide isolement</h2>
<p>On nous présente le marché intérieur comme un laminoir des spécificités nationales. L’étude des règles du traité prouve le contraire. Il est exact que le marché intérieur empêche un État d’ériger des droits de douane pour freiner l’importation sur son marché. Il est exact, aussi, que la fiscalité ne peut plus être utilisée à des fins discriminatoires ou protectionnistes. Mais il est faux de dire qu’un État est obligé d’accepter sur son territoire un produit ou un service légalement créé dans l’Union. Il a le droit, et même la responsabilité, de contrôler son marché.</p>
<p>S’il constate une anomalie, il doit analyser le problème. S’il constate que les normes nationales ne sont pas respectées, il doit interdire l’importation. S’il conclut qu’une adaptation du produit ou du service suffit à garantir son propre niveau de protection, il doit l’indiquer à l’importateur et au fabricant. C’est uniquement sur ce dernier point que le marché intérieur change la donne.</p>
<p>Chaque État défend son intérêt général au travers de ses normes, mais il ne peut plus considérer que le niveau de protection est insuffisant, simplement parce que la norme respectée est étrangère. Il doit vérifier l’équivalence de fait entre les deux, et accepter au fond qu’aucun État en Europe ne veut tuer ses consommateurs, ou désintégrer son écosystème. Le marché intérieur aiguise la vigilance des États dans la protection des citoyens, non parce qu’ils sont nationaux mais parce que leur protection est justifiée et objectivisée.</p>
<p>L’étalon de mesure de la protection reste l’intérêt général national, qui – par hypothèse – diffère d’un État à l’autre. Le marché intérieur n’empêche pas un État de décider de ses politiques publiques. Ce que le marché intérieur a rendu impossible, c’est qu’un État décide dans un splendide isolement. Il doit regarder avec bienveillance ce que décident d’autres États pour déterminer le sens de sa politique. Ainsi, la France peut défendre sa tradition du fromage au lait cru mais ne peut pas l’imposer aux Pays-Bas, tandis que les Hollandais restent libres de considérer que seuls les fromages au lait pasteurisé sont bons pour leur santé.</p>
<p>Le marché intérieur a définitivement interdit, au cours des soixante dernières années, le protectionnisme par la norme. L’importation et l’exportation sont facilitées. Elles ne sont pas pour autant obligatoires. Seul le libre choix du consommateur est renforcé. Un choix qui doit être éclairé par un étiquetage approprié, des indications sur la valeur nutritionnelle ou la présence d’allergènes, un choix sécurisé de la ferme à la table, un choix qui n’est pas conditionné par l’instrument fiscal. Un libre choix.</p>
<h2>Des communautés d’intérêts</h2>
<p>L’appartenance au marché intérieur a contraint les États à éliminer le réflexe discriminatoire et donc à réfléchir autrement leurs politiques de sécurité, par la mesure de la proportionnalité des moyens déployés pour protéger leur intérêt général. Dans certaines hypothèses, l’État peut maintenir un système très divergent de son voisin. Dans la plupart des cas, le marché intérieur permet une coalition d’États autour d’une norme, créant autant de communautés d’intérêts. Revenir sur les acquis du marché intérieur, c’est accepter de perdre ces formes de solidarité. Doux confort de la fermeture des frontières ; au prix d’un repli sur soi des politiques nationales.</p>
<p>On peut discuter à l’envie pour savoir s’il faut aller vers l’autonomie énergétique, vieille idée du Général de Gaulle, ou privilégier la libre circulation de l’électricité pour éviter le <em>black out</em>. On peut trouver des arguments pour l’ouverture et des experts de la fermeture des frontières. Le marché intérieur, né il y a 60 ans, montre que ce n’est pourtant pas une simple question d’orientation des politiques publiques. Il y a beaucoup plus qu’un grand marché en Europe.</p>
<p>L’ouverture des frontières est le produit de l’ouverture des systèmes juridiques. L’UE a provoqué bien plus que des échanges, elle invite à penser autrement. L’idée n’est plus de considérer que le progrès vient du chacun chez soi. L’objectif est de faire sortir la norme de son territoire, pour la confronter aux autres, s’en inspirer pour mieux s’adapter. C’est ce qui fait le cœur de la citoyenneté européenne : considérer que chaque ressortissant reste national, certes, mais appartient aussi à une autre dimension, celle de l’Europe.</p>
<h2>Redistribution des cartes nationales</h2>
<p>Tout le monde n’est pas mobile, prêt à changer d’emploi, de résidence, de système social pour plonger dans l’aventure d’une autre société nationale. Certains peuvent y être contraints, vivant alors la mobilité comme un exil. La réalité du marché intérieur est donc tangible pour certains et pas d’autres. Ce qui est un commun héritage du pari politique de l’intégration, c’est de vivre dans un espace européen qui, par des solidarités de fait, s’est construit sur le principe fondamental de la non-discrimination.</p>
<p>Ce principe paraît galvaudé. Il est pourtant central : il tisse en effet un autre rapport à l’autre, qui n’est plus concevable comme un danger ou un élément dérangeant par sa différence. L’autre est d’abord un individu qu’il est concevable d’accueillir. On ne nie pas la différence ou même le danger dans cette approche. On s’oblige à ne pas en faire un a priori, une prémisse. On change alors le cours des politiques nationales qui ne sont plus <a href="http://www.rtl.fr/actu/international/si-marine-le-pen-gagne-l-europe-c-est-termine-redoute-enrico-letta-7787815729">nationalistes</a>, mais des politiques de protection par la compréhension et la promotion de l’intérêt général.</p>
<p>Ces questions sont au cœur des élections nationales des prochaines semaines en France. Le choix des électeurs n’est plus un choix entre une droite et une gauche. Mais un choix entre l’ouverture et la fermeture des systèmes politiques. Le marché intérieur contribue, en ce sens, à redistribuer les cartes politiques nationales. Qui a dit qu’il n’était qu’une histoire de multinationales ou d’élites déconnectées de la vraie vie ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75106/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>D’où vient ce malaise qui entoure la construction européenne ? Comment expliquer ce sentiment des peuples selon lequel la libre circulation vient éroder la cohésion nationale ?Frédérique Berrod, Professeure de droit public, Sciences Po Strasbourg – Université de StrasbourgAntoine Ullestad, Doctorant en droit de l'Union européenne, Université de StrasbourgLouis Navé, Doctorant en droit de l’Union européenne, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/731052017-02-23T20:26:09Z2017-02-23T20:26:09ZÀ l’European Lab, des initiatives porteuses d’espoir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/157153/original/image-20170216-12938-em01mj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=201%2C1%2C902%2C488&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">European Lab Winter Forum.</span> </figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>« Contre les récits entraînants des exaltés de l’identité, il faut armer des contre-récits tout aussi énergiques » affirmait Patrick Boucheron, invité de l’<a href="http://europeanlab.com/winterforum/a-propos/">European Lab Winter Forum 2017</a>.</p>
<p>Cette édition, intitulée « Des subcultures à l’engagement citoyen, alternatives et résistances », visait justement à démontrer que la culture ouvre un nouveau champ des possibles, à la faveur d’une reconstruction citoyenne et collective.</p>
<h2>C’est encore loin l’Europe ?</h2>
<p>Il y a six ans naissait la première édition du forum European Lab, avec pour objectif d’ouvrir le débat sur l’Europe, loin de son image parlementaire et institutionnelle, et de mettre l’accent sur sa jeunesse, ses artistes, ses porteurs de projets. Bref, ceux qui la façonnent au quotidien et qui contribuent à en esquisser l’identité, à la rendre vivante.</p>
<p>Puis l’urgence de s’engager s’est affirmée de plus en plus, du traité de 2005 aux politiques d’accueil de certains pays entrants au tout récent Brexit : le projet européen s’est fissuré. Son projet économique, politique et citoyen ne parvient plus à répondre à l’urgence dans laquelle se trouvent ses États-Nations. La défiance des citoyens à l’égard des politiques paraît immense et en toile de fond se dessinent de bien sombres perspectives protectionnistes et nationalistes.</p>
<p>Pourtant, des initiatives citoyennes émergent de toutes parts pour répondre à cette crise. De <a href="http://www.sosmediterranee.fr/">SOS Méditerranée</a> qui porte secours aux migrants se tournant vers l’Europe au mouvement pan-européen de <a href="https://diem25.org/home-fr/">Diem 25</a>, l’action et les idées se structurent et s’organisent. Artistes, penseurs et acteurs de la société civile s’attellent à relever le défi de la transition démocratique européenne, pour faire vivre un débat citoyen, dédié aux valeurs d’ouverture qui scelleront le pacte du (re)vivre ensemble.</p>
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<h2>La jeunesse russe</h2>
<p>Que cache l’image de la Russie que les médias véhiculent, celle d’un pays de plus en plus fermé et dont le positionnement sur la scène internationale fait écho aux années les plus sombres de notre histoire ?</p>
<p>En réalité, loin des spotlights médiatiques, une partie de la jeunesse russe s’engage et se bat au quotidien pour défendre des valeurs citoyennes et d’émancipation.</p>
<p>Artistes, médias, penseurs et activistes – dont certains sont en exil – contribuent à faire vivre le terreau de la résistance et à porter l’espoir du renouveau. Nous interrogerons cette jeunesse qui n’a quasiment connu que les années Poutine. Ainsi, par une plongée dans les ironies de la Révolution fantasmée, entre échecs et grandeurs d’une jeunesse perdue, le film <a href="https://joannadunis.wordpress.com/film/utopie-russe-russian-utopia/"><em>Utopie Russe</em></a> porte un regard doux-amer sur le rêve révolutionnaire des jeunes d’hier et de demain.</p>
<p>Défense de l’opposition, liberté des médias, lutte contre l’homophobie, ces voix de l’ombre luttent contre une Russie monolithique et réactionnaire et esquissent un champ des possibles pour toute une génération.</p>
<h2>Crise des réfugiés ou crise du traitement médiatique de l’information ?</h2>
<p>Depuis le choc provoqué par la diffusion de la photo d’Aylan, l’image de la crise des réfugiés à travers les médias n’en finit pas d’évoluer. Le traitement médiatique des questions soulevées par cette crise a mis à mal l’opinion publique et sa capacité d’analyse quant à la tragédie vécue par ces personnes, tout en effaçant les opportunités que représente cette situation labellisée comme crise.</p>
<p>Le discours des médias sur les réfugiés soulève une problématique plus profonde, celle d’une crise identitaire européenne.</p>
<p>Pour contrer cette crise, des initiatives existent : par exemple, <a href="https://stories.makesense.org/waynak/">« Waynak », de Christopher Kousouros</a>, webdocumentaire en six épisodes tournés au Liban, en Grèce, en Angleterre, en Turquie, en Allemagne et en France qui introduit des solutions à la crise des réfugiés et propose des moyens concrets d’engagement. Waynak permet de changer le récit sur la crise des réfugiés, et transforme pour la première fois le spectateur en acteur d’une mobilisation globale.
Aujourd’hui, dans le monde, entrepreneurs, experts, artistes et citoyens s’associent dans le but de résoudre la crise des réfugiés.</p>
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<p>L’initative <a href="https://stories.makesense.org/">MakeSense Stories</a> met ainsi en lumière les histoires et les solutions développées par ces entrepreneurs, artistes et organisations, qui proposent des innovations pour répondre aux grands enjeux sociaux et environnementaux de notre temps.</p>
<p>De son côté, <a href="http://www.lesechos.fr/14/03/2016/lesechos.fr/021764650898_--techfugees-----du-code-au-service-des-refugies.htm">Techfugees</a> est une ONG qui promeut l’utilisation des nouvelles technologies numériques et des applications digitales pour favoriser l’inclusion sociale des réfugiés en Europe et dans le monde.</p>
<p><a href="http://wintegreat.org/">Wintegreat</a>, ONG fondée en 2015, tente quant à elle d’apporter une réponse pragmatique et inclusive pour révéler les talents des personnes réfugiées et leur donner les moyens d’exprimer leur potentiel en France et en Europe afin qu’ils redeviennent acteurs de la société. L’organisation propose entre autres des programmes gratuits et certifiants au cœur des Grandes Écoles et des Universités, afin que réfugiés et demandeurs d’asile puissent reprendre leurs études ou trouver un emploi sans déclassement.</p>
<h2>Vers une révolution culturelle au Maroc ?</h2>
<p>Autour d’une table ronde avec Kenza Sefrioui, le <a href="http://europeanlab.com/winterforum/programmation/radio-lab-vers-une-revolution-culturelle-au-maroc/">« Radio Lab »</a> organisé dans le cadre de l’European Lab proposait un éclairage sans tabous sur le Maroc d’aujourd’hui : statut des femmes, conditions de travail, droit de la nationalité et radicalisation… Des militants culturels ont évoqué leurs espoirs et leurs inquiétudes quant au futur de leur pays.</p>
<p>Ainsi,l’initiative <a href="http://www.racines.ma">Racines</a> est née de la volonté d’acteurs culturels marocains, convaincus que la problématique de la culture est commune aux pays africains : faiblesse d’implication de l’État en terme de politiques culturelles, non-reconnaissance de la culture comme un droit humain, faibles industries créatives, non-protection des droits des artistes, insuffisance de l’offre de formation aux métiers de la culture… Même si chaque pays et chaque région possèdent leurs propres spécificités, il est primordial de capitaliser sur les acquis de chacun et améliorer la place de la culture dans les pays africains.</p>
<p>Revenons à Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, qui a dirigé et rassemblé 122 historiens pour son <em>Histoire mondiale de la France</em>. Ce projet, placé sous l’égide de Jules Michelet montre la lente formation de la France dans les ruptures et les discontinuités, insistant sur les hommes et les influences venues d’ailleurs ou parties d’ici et appelant à prolonger l’ouvrage posthume de Fernand Braudel, <em>L’Identité de la France</em>.</p>
<p>Pour Patrick Boucheron toujours, il est nécessaire de sortir de ce dilemme artificiel qui oppose histoire du monde et histoire de France, d’où la proposition d’une histoire mondiale de la France : « La France doit s’expliquer par le monde et avec lui ». En ces temps de rétrécissement identitaire, nous avons besoin d’une histoire ouverte de la société française.</p>
<p>Pour cet auteur, il y a, aujourd’hui, une vraie ligne de partage entre ceux qui croient au travail collectif – c’est-à-dire, fondamentalement, à la possibilité d’être plus intelligents ensemble qu’isolés – et ceux qui n’y croient pas. Entre ceux qui pensent que la réflexion est une ascèse douloureuse et ceux qui pensent que le plus urgent aujourd’hui est d’échapper aux passions tristes : il s’agit de se rassembler.</p>
<p>Et, ensemble, pour armer des contre-récits, des héros anonymes de l’essor rural du XIIIᵉ siècle jusqu’à Marie Curie ou Aimé Césaire, <a href="http://europeanlab.com/winterforum/bilan-2017/">il y a bien des raisons d’espérer</a>.</p>
<p>Rappelons ce que disait Fernand Braudel sur l’« identité » : « Identité, le mot m’a séduit, mais n’a cessé des années durant de me tourmenter. » On peut rappeler, aussi, que le livre de Braudel, <em>L’Identité de la France</em>, est un livre qui n’était que le premier temps d’une histoire qui s’est arrêtée, pour ce temps infime… de l’écriture. « Construire l’identité française au gré des fantasmes, des opinions politiques, ça je suis tout à fait contre », <a href="http://www.lemonde.fr/societe/article/2007/03/16/l-identite-francaise-selon-fernand-braudel_883988_3224.html#1Gv3ZYSXplxwkIB.99">disait Braudel</a>
Une histoire que trente ans après la disparition de Braudel, nous avons, collectivement, la responsabilité de remettre en mouvement.</p>
<p>Dans <a href="http://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/inaugural-lecture-2015-12-17-18h00.htm">sa leçon inaugurale prononcée au Collège de France</a> (17 avril 2015), Patrick Boucheron nous le réexplique :</p>
<blockquote>
<p>« Si “Paris représente le monde” – tel était le titre de la première leçon que Jules Michelet prononça au Collège de France le lundi 23 avril 1838 –, c’est parce que tous les peuples affluent pour y puiser les éléments de leur civilisation. C’est le grand carrefour où viennent aboutir les routes des nations… C’est à une réassurance scientifique du régime de vérité de la discipline historique que nous devons collectivement travailler. J’ose la dire “scientifique” en ce lieu si singulier qu’est le Collège de France, où se rencontrent à la fois, et depuis si longtemps, des textes anciens et des objets modernes, les premiers nous intimant l’ordre de les lire lentement, les seconds précipitant notre désir de répondre au plus vite aux urgences du présent. Pour que les premiers s’accordent aux seconds, il convient de réconcilier, en un nouveau réalisme méthodologique, l’érudition et l’imagination. L’érudition, car elle est cette forme de prévenance dans le savoir qui permet de faire front à l’entreprise pernicieuse de tout pouvoir injuste, consistant à liquider le réel au nom des réalités. L’imagination, car elle est une forme de l’hospitalité, et nous permet d’accueillir ce qui, dans le sentiment du présent, aiguise un appétit d’altérité. Si c’est cela l’histoire, si elle peut cela, alors il n’est pas tout à fait trop tard ».</p>
</blockquote>
<p>Enfin, pour paraphraser P. Boucheron :</p>
<blockquote>
<p>« Je veux demeurer ce que j’ai décidé d’être […], un enseignant, redevable à la jeunesse. La nôtre, la vôtre, la leur : c’est elle qui nous oblige. Pour elle, on se doit de répondre aux appels du présent… »</p>
</blockquote><img src="https://counter.theconversation.com/content/73105/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien Dworczak ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des initiatives citoyennes émergent de toutes parts pour répondre à la crise du projet européen. Tour d’horizon à l’occasion du récent European Lab.Fabien Dworczak, PhD, chercheur neurosciences et politiques publiques, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/702592016-12-22T19:30:12Z2016-12-22T19:30:12ZQue fait l’Union européenne pour les PME ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/151269/original/image-20161221-4078-mvzb8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Robot soudeur : les PME peuvent demander l'aide de l'Union européenne pour investir et innover.</span> <span class="attribution"><span class="source">Wikipedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Dans un contexte de mondialisation et de très forte concurrence dans l’innovation, beaucoup de problèmes auxquelles les PME sont confrontées sont accrus : elles manquent de financements, sont parfois bloquées par la lourdeur de la réglementation et ont souvent du mal à exporter. On tire souvent à boulets rouges sur l’Union européenne, en se demandant « mais que fait-elle ? », à tort ou à raison ?</p>
<h2>L’innovation doit être une priorité européenne</h2>
<p>Les petites et moyennes entreprises représentent 99,8 % des entreprises européennes. En 2014, elles employaient 90 millions de personnes soit 67 % de l’emploi total. La quasi-totalité des PME sont des micro-entreprises employant moins de 10 personnes.</p>
<p>Dans l’Union européenne, les jeunes entreprises les plus actives sont celles dans le secteur des services à forte intensité de connaissances et basés dans des pays avec des conditions macro-économiques favorables. Sur les dernières années, elles ont été les principales créatrices net d’emplois sur le continent.</p>
<p>Dès lors, investir dans le potentiel d’innovation de ses PME semble indispensable pour l’UE afin de relancer la croissance économique, surtout lorsque l’on sait que les pays qui ont peu <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/R_%26_D_expenditure/fr">investi dans la recherche et développement et l’innovation</a> durant la crise ont connu un recul plus important de l’emploi et des taux de croissance parfois négatifs. De plus, comparée aux autres grandes économies mondiales, l’UE est à la traîne avec seulement 2,02 % de dépenses en R&D contre 4,04 % en Corée du Sud 3,38 % au Japon et 2,81 % aux États-Unis.</p>
<h2>L’Union européenne veut accélérer l’innovation dans les PME</h2>
<p>Aussi, assurer un cadre réglementaire, juridique et financier propice à l’entreprenariat doit être une priorité pour l’Union européenne, surtout lorsque l’on sait que les PME ont représenté 71,4 % de l’augmentation de l’emploi en 2014. C’est dans ce cadre que la Commission a décidé de mettre tout en œuvre pour relever le défi de la compétitivité et de l’emploi dans un contexte de sortie de crise économique et financière.</p>
<p>Chargée de piloter la mise en œuvre du <a href="http://ec.europa.eu/priorities/jobs-growth-and-investment/investment-plan_fr">plan Juncker</a> de 315 milliards d’euros – dont ¼ est prévu pour les PME et start-up européennes –, la Banque européenne d’investissement a pour objectif de redynamiser l’économie du Vieux continent. Les chefs d’entreprises peuvent, en particulier, compter sur l’action du <a href="https://europa.eu/european-union/about-eu/institutions-bodies/european-investment-bank_fr">Fonds européen d’investissement</a> (FEI) qui, pour la seule année 2014, a consacré 213 millions d’euros aux PME françaises en prises de participations et en garanties.</p>
<p>Les PME doivent se réjouir du Plan Juncker de relance de l’investissement. Celui-ci est de nature à amplifier l’action des investisseurs publics et de leurs partenaires bancaires tout en les dotant d’outils de financements nouveaux. Elles doivent également se réjouir de la mise en place du <a href="https://ec.europa.eu/growth/smes/cosme_fr">programme COSME</a> qui vise à renforcer la compétitivité et le développement durable des entreprises européennes, d’encourager une culture d’entreprise notamment auprès des jeunes, et de promouvoir la création et la croissance des PME.</p>
<p>Enfin, elles doivent également apprécier que 57 milliards d’euros, soit près de 20 % des financements provenant du <a href="http://ec.europa.eu/regional_policy/index.cfm/fr/funding/erdf/">Fonds européen de développement régional</a> (FEDER), sont spécialement consacrés aux PME pour la période 2014-2020.</p>
<p>Dernier coup de pouce à ce jour de Bruxelles, la Commission propose de faire converger l’assiette de l’impôt sur les sociétés. Une harmonisation des systèmes fiscaux européens permettrait d’avoir des principes nationaux de taxation des entreprises qui soient uniformes. Le projet intitulé <a href="https://ec.europa.eu/taxation_customs/business/company-tax/common-consolidated-corporate-tax-base-ccctb_fr">Assiette Commune Consolidée pour l’Impôt sur les Sociétés</a> (ACCIS) aurait pour objectif notamment de lutter contre l’évasion fiscale. Le calcul des impôts étant le même pour toutes les sociétés, ils seraient payés là où les profits auraient été engrangés.</p>
<p>Avec l’affaire Luxleaks et le scandale des Panama papers, le contexte politique n’a jamais été aussi propice à l’adoption de cette proposition par le Parlement européen. Parallèlement, la Commission européenne souhaite proposer un mécanisme qui incitera les entreprises à réaliser des dépenses dans la R&D. Des déductions fiscales – sous la forme de déduction de ses revenus imposables variant de 125 à 200 % en fonction de la taille de l’entreprise – pourraient être appliquées pour les sociétés investissant dans l’innovation.</p>
<p>Les petites entreprises, fers de lance de l’activité économique de notre pays, doivent désormais s’approprier ces différents programmes. De son côté, l’Union européenne doit s’efforcer de communiquer davantage sur ceux-ci pour qu’ils soient plus largement utilisés. Les dispositifs communautaires sont malheureusement souvent trop méconnus ou font peur par la lourdeur administrative qui les accompagne, tout est là pourtant…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70259/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sebastien Bourdin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Union européenne a développé plusieurs programmes pour les PME ; à elles de se saisir de ces diverses opportunités pour investir et innover.Sebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/636092016-08-31T04:38:22Z2016-08-31T04:38:22ZL’Europe de l’intelligence artificielle est en marche !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/135680/original/image-20160827-17887-mwpmhz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C14%2C4946%2C3052&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'Europe de l'intelligence artificielle séduit les grandes compagnies</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/intelligence-artificielle-698122/">geralt/Pixabay</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>À l’heure où l’Europe traverse une crise politique majeure provoquée par le choix britannique du Brexit, à l’heure où les échecs européens prennent le pas sur les succès, il semble important de souligner les secteurs dans lesquels cette même Europe a su exceller et se faire apprécier du reste du monde : l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_artificielle">intelligence artificielle</a> (IA), en tant que futur moteur de la croissance économique mondiale, constitue l’un des domaines d’excellence européens les plus prometteurs.</p>
<p>En matière de révolution numérique, nous sommes habitués et presque résignés à un leadership américain sans partage qui relègue souvent l’Europe au rôle d’observateur, consommateur, suiveur des technologies californiennes.</p>
<p>Mais cette situation inconfortable pourrait bien évoluer et se rééquilibrer au profit du vieux continent qui attire aujourd’hui les fleurons mondiaux de la R&D en IA sur un axe émergeant liant Londres, Paris et Zürich. Dans cette dynamique, c’est aussi l’excellence scientifique française (en particulier en sciences des données, et en mathématiques) qui est reconnue et qui incite désormais les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ants_du_Web">GAFA</a> à s’installer et à développer leurs structures de recherche sur cet axe européen.</p>
<h2>Google DeepMind à Londres</h2>
<p>Basée à Londres, la société <a href="https://deepmind.com/">Google DeepMind</a> est certainement la première composante de ce nouvel axe européen de l’IA. Fondée en 2010 par <a href="http://demishassabis.com/">Demis Hassabis</a> et deux associés, DeepMind a rapidement enchaîné les succès d’innovation en matière d’intelligence artificielle et a (logiquement) été rachetée par Google en 2014 pour plus de 628 millions de dollars. Spécialisée dans l’apprentissage profond, Google DeepMind s’est fixé l’objectif ambitieux de « résoudre l’intelligence et de l’utiliser pour rendre le monde meilleur ». Son fondateur Demis Hassabis déclarait en 2012 dans la revue <em>Nature</em> : « Tenter de distiller l’intelligence dans une construction algorithmique peut s’avérer être le meilleur chemin pour comprendre le fonctionnement de nos esprits ».</p>
<p>Les techniques d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Apprentissage_profond">apprentissage profond</a> par renforcement développées par DeepMind imitent le fonctionnement du cerveau humain qui sait analyser les expériences passées pour agir plus efficacement dans ses futures interactions. DeepMind a créé ainsi une IA capable d’apprendre à jouer aux jeux vidéo de la marque Atari puis de battre les champions de ces jeux. Cette IA surpasse aujourd’hui les meilleurs experts humains dans plus de 22 titres classiques de l’éditeur.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/n_-xKr3vF3M?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La machine apprend à jouer et à s’améliorer aux jeux Atari.</span></figcaption>
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<p>En mars 2016, le <a href="https://theconversation.com/go-une-belle-victoire-des-informaticiens-56245">programme AlphaGo</a> développé par Google DeepMind a remporté quatre victoires sur cinq contre le champion du monde sud-coréen de jeu de Go Lee Sedol. Il s’agit là d’un défi majeur de l’intelligence artificielle, relevé par les équipes de Demis Hassabis. On notera que la société DeepMind appuie son développement sur un véritable projet philosophique qui a su rencontrer celui de Google. DeepMind rassemble aujourd’hui plus de 200 scientifiques des données et neuroscientifiques de très haut niveau, dont plusieurs ingénieurs et chercheurs français (<a href="http://www.cmap.polytechnique.fr/%7Esifre/">Laurent Sifre</a>) experts en Deep Learning.</p>
<h2>L’AI de Facebook à Paris</h2>
<p>En juin 2015, la société Facebook installait son troisième laboratoire de recherche en intelligence artificielle (FAIR) <a href="https://research.facebook.com/ai/">à Paris</a> complétant ainsi le FAIR de Menlo Park en Californie et le FAIR–New York. Facebook a justifié son choix d’implantation parisien en affirmant que la France abritait quelques-uns des meilleurs chercheurs en IA du monde. Un accord de collaboration avec l’<a href="https://www.inria.fr/">INRIA</a> (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) a permis de consolider l’installation du FAIR à Paris. Dirigés par le français <a href="http://yann.lecun.com/">Yann Le Cun</a>, les trois laboratoires FAIR constituent le moteur d’innovation du géant américain et déterminent ses orientations stratégiques.</p>
<p>Yann Le Cun, professeur à l’Université de New York et considéré comme l’un des meilleurs spécialistes au monde du Deep Learning est titulaire depuis 2016 de la <a href="http://www.college-de-france.fr/site/chaires-annuelles-historique/Chaire-Informatique-et-sciences-numeriques.htm">chaire « informatique et sciences numériques » du Collège de France</a>. On lui doit l’installation du FAIR à Paris et l’orientation des thématiques de recherche vers la reconnaissance automatique d’images et de vidéo par apprentissage non supervisé. L’équipe du FAIR Paris a recruté plusieurs chercheurs français issus entre autres de l’École Normale Supérieure et de l’École polytechnique. Là encore, l’excellence scientifique française a contribué à cette installation hautement stratégique pour Facebook comme pour l’écosystème français de l’IA.</p>
<h2>Google Research Europe à Zurich</h2>
<p>Google a officiellement annoncé, le 16 juin dernier, la <a href="https://www.letemps.ch/economie/2016/06/18/google-zurich-centre-recherche-intelligence-artificielle">création à Zurich</a>
de son groupe européen de recherche (GRE) dédié au <em>machine learning</em>. Cette structure de R&D qui devra jouer un rôle central dans le développement de l’apprentissage automatisé chez Google sera dirigée par le français <a href="https://www.linkedin.com/in/emmanuel-mogenet-1010282">Emmanuel Mogenet</a>, Directeur de l’ingénierie de Google Suisse à Zurich. Le GRE mènera des recherches selon trois axes : le Deep Learning, la compréhension et le traitement automatique du langage naturel utilisé dans les applications vocales et la perception artificielle (images, sons, vidéos) s’appuyant sur des réseaux de neurones. L’un des objectifs du GRE est de développer un langage basé sur le sens commun, à l’image de celui d’un enfant dans sa phase d’apprentissage.</p>
<p>Ces trois implantations de centres de recherche de niveau mondial dessinent désormais un axe européen de l’IA dont le rayonnement devrait profiter non seulement aux géants Google et Facebook mais également aux écosystèmes technologiques locaux. Dans chacun de ces cas, on soulignera le rôle déterminant de l’expertise et de l’excellence française dans la construction et la supervision de ces centres de recherche. L’Europe de l’intelligence artificielle est en marche. Sachons la mériter !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/63609/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Berthier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En matière d’informatique, de mathématiques appliquées ou pures et d’intelligence artificielle, l’Europe – et la France – n’a pas à rougir. Nos chercheurs séduisent les géants de l’Internet.Thierry Berthier, Maitre de conférences en mathématiques, cybersécurité et cyberdéfense, chaire de cyberdéfense Saint-Cyr, Université de LimogesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/626452016-07-20T04:38:09Z2016-07-20T04:38:09ZInterdiction du chalutage profond : une belle victoire et quelques concessions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/130929/original/image-20160718-2138-r04h23.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/glenn-perrigo/8375740703/in/photolist-pms6k6-q1DUFW-qi9r99-bLfqdk-5dQGMq-kjhYiy-cuGhEy-49h12u-bYsZe9-bYsZoS-bYsZ5j-6RnksL-bxkJMY-bxkHhW-aw9CwQ-3eLNCV-doNewh-9a8Yfw-6FBFMy-93oQim-93oPB1-93oPGf-8Qsc4x-8KgSaG-61X9iw-ejo1vx-ejtJEh-6Vb3cM-6Vb4fR-6Vf74J-6Vf6Sf-6Vb2Sz-6Vf7ny-nYYkC8-jd8SXr-2A4kL-dL8RUt-5Sn21B-8LWPk3-8LTNLB-hJ4Gqt-6Vr7xy-437XEk-efAEUK-fUTe5H-eXzj4-eXzj1-eXziT-5EXy58-72BteT/">Glenn Perrigo/flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
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<p>Après des années de négociations très tendues, l’Union européenne a enfin <a href="http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=IM-PRESS&reference=20160630IPR34208&language=FR&format=XML">trouvé un accord</a> sur la révision du règlement concernant les stocks de poissons en eau profonde dans l’Atlantique du Nord-Est.</p>
<p>L’accord a été conclu le 30 juin lors de la dernière occurrence d’une série de « trilogues », ces négociations informelles entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission. Le nouveau règlement va remplacer un texte datant de 2002, largement considéré comme inadapté et inefficace.</p>
<h2>Une pratique destructrice</h2>
<p>L’UE <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52012PC0371&from=en">reconnaît depuis longtemps</a> que le chalutage profond présente « le plus grand risque de destruction des écosystèmes marins vulnérables et irremplaçables » et « entraîne des niveaux élevés de captures indésirées » des espèces ciblées par cette pêche.</p>
<p>Des avancées technologiques ont permis le développement dans les années 1980 de cette technique de pêche qui se pratique à des profondeurs variant entre 200 et 4000 mètres. Très vite, des questions se sont posées sur son impact. En raclant les profondeurs des océans, les chaluts ont en effet une <a href="http://www.savethehighseas.org/deep-sea-fisheries/risks.cfm">action destructrice</a> sur les écosystèmes des grands fonds, à l’image des coraux.</p>
<p>Certains experts considèrent d’autre part que l’exploitation des poissons ciblés par le chalutage profond <a href="https://marine-conservation.org/media/filer_public/2011/09/06/norse_et_al_2012_sustainability_of_deep-sea_fisheries.pdf">ne pourra jamais être durable</a>. Ces poissons ont en effet pour la plupart une longue durée de vie et des taux de reproduction extrêmement faibles. Deux espèces ciblées par les chalutiers industriels – le grenadier de roche et la lingue bleue – ont ainsi été placées l’an passé sur la <a href="http://cmsdata.iucn.org/downloads/iucn_european_red_list_of_marine_fishes_web_1.pdf">« liste rouge »</a> de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).</p>
<p>En dépit de ce constat, des millions sont dépensés chaque année afin de <a href="http://www.pewtrusts.org/%7E/media/legacy/uploadedfiles/peg/publications/report/pewosssubsidiespdf.pdf">subventionner</a> une flotte de pêche, considérée par beaucoup comme étant <a href="http://www.bloomassociation.org/en/une-peche-financee-par-nos-impots/">non viable économiquement</a>.</p>
<h2>Interdiction au-delà de 800 mètres</h2>
<p>Le nouveau règlement interdit le chalutage au-delà de 800 mètres de profondeur dans les eaux européennes et gèle « l’empreinte » (ou étendue dans l’espace) des activités de pêche profonde restantes, qui ne pourront avoir lieu que dans des zones déjà chalutées entre 2009 et 2011.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/130918/original/image-20160718-1906-aywdzp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">En jaune, les zones déjà interdites au chalutage profond ; en vert, celles qui le seront avec l’application de l’accord conclu le 30 juin 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://eu.oceana.org/sites/default/files/421/batimetriauev2.3.jpg">oceana.org</a></span>
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<p>L’accord trouvé comprend aussi une règle d’éloignement (ou <em>« move-on rule »</em>), qui signifie concrètement qu’à partir de 400 mètres de profondeur, les navires pratiquant le chalutage de fond devront cesser de pêcher lorsque leurs prises accessoires (par exemple de <a href="http://icesjms.oxfordjournals.org/content/68/2/254.full">coraux ou d’éponges</a>) sont trop importantes.</p>
<p>De nouvelles obligations de contrôle et de transparence vont aussi être mises en œuvre : obligation de fournir des informations publiques sur les navires ciblant les espèces profondes ou encore la présence obligatoire à bord de 20 % de ces bateaux d’un observateur chargé de vérifier que les données de pêche sont correctement collectées.</p>
<p>Cet accord doit beaucoup au combat mené sans relâche des ONG, telles que <a href="http://www.bloomassociation.org/">Bloom</a> ou la <a href="http://www.savethehighseas.org/">Deep Sea Conservation Coalition</a>. Ces organisations ont salué le résultat obtenu lors des dernières négociations et souligné que le nouveau règlement va aider l’UE à se mettre en conformité avec les recommandations des Nations unies sur les pêches profondes (voir à ce propos la <a href="http://www.bloomassociation.org/en/wp-content/uploads/2016/06/DATAVIZ-BLOOM-DSCC-VADEF.pdf">comparaison</a> entre ces recommandations et le nouveau règlement UE).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"748526826713190401"}"></div></p>
<p>Il faut souligner à ce titre que cet accord s’inscrit dans la lignée d’efforts entrepris ces dernières années au niveau mondial afin de protéger les écosystèmes des grands fonds de l’impact des chaluts. Ainsi, depuis le début des années 2000, <a href="http://www.iddri.org/Publications/Collections/Idees-pour-le-debat/WP1414_GW%20et%20al_fisheries%20closures%20ABNJ.pdf">plusieurs zones en haute mer</a> ont été fermées au chalutage profond. <a href="http://www.savethehighseas.org/publicdocs/DSCC-UNGA-Side-Event-Presentation-May-26-2016-Final-edited.pdf">Des progrès</a> restent cependant à faire afin de mieux réglementer l’impact de cette pêche qui ne concerne qu’un petit nombre de pays en dehors de l’Union européenne (notamment l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Corée du Sud et la Russie).</p>
<h2>Les limites de l’accord</h2>
<p>Des concessions, venues amoindrir l’ambition originelle du nouveau règlement, ont cependant été réalisées au cours des négociations. <a href="http://bit.ly/2a7EAzA">Recommandée par les scientifiques</a>, l’interdiction du chalutage au-delà de 600 mètres de profondeur n’a ainsi pas été retenue. Pourtant, les chercheurs avancent que c’est à partir de cette profondeur que l’impact écologique de la pêche croît considérablement (avec notamment un plus grand nombre de prises accessoires, non désirées) tandis que, dans le même temps, la rentabilité économique des opérations commence à décroître.</p>
<p>De plus, à la suite <a href="http://www.bloomassociation.org/leurope-interdit-enfin-chalutage-profond/">d’un lobbying intense de la part du gouvernement espagnol</a>, les eaux internationales de l’Atlantique du Nord-Est ont été enlevées du champ d’application du nouveau règlement. Concrètement, cela signifie que le chalutage profond va continuer en haute mer, au-delà des eaux européennes.</p>
<p>Il reste enfin à démontrer quel niveau de protection ces fermetures de zones à la pêche vont réellement offrir. Les gouvernements ont parfois annoncé avec emphase que des fermetures similaires étaient des victoires pour la biodiversité, alors même que très peu d’activités de pêche s’y déroulaient. </p>
<p>Ce fut le cas par exemple de la Nouvelle-Zélande qui, en 2007, <a href="http://www.fish.govt.nz/en-nz/Environmental/Seabed+Protection+and+Research/Benthic+Protection+Areas.htm">ferma au chalutage profond</a> 32 % des eaux se trouvant sous sa juridiction. Or, la plupart de ces zones se situaient à des profondeurs auxquelles il <a href="http://www.doc.govt.nz/Documents/conservation/marine-and-coastal/marine-protected-areas/MCU3.pdf">n’était pas possible de pêcher</a> et la fermeture ne causa au final qu’une réduction de 0,2 % de l’effort de pêche au chalut de fond.</p>
<p>Cet accord informel, adopté le 12 juillet par la Commission de la Pêche du Parlement européen (<a href="http://www.europarl.europa.eu/committees/fr/pech/home.html">PECH</a>), doit encore être approuvé en session plénière au mois de novembre, puis par le Conseil. Il entrera probablement en vigueur au début de l’année prochaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/62645/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elisabeth Druel is affiliated with ClientEarth. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Glen Wright ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le 30 juin dernier, l’Union européenne décidait après des années d’âpres négociations d’interdire la pêche en eau profonde au-delà de 800 mètres. Retour sur cet accord historique.Glen Wright, Research Fellow, IddriElisabeth Druel, Ex-chargée d’études sur la gouvernance de la biodiversité marine, IddriLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.