tag:theconversation.com,2011:/us/topics/nouvelle-zelande-34304/articlesNouvelle-Zélande – The Conversation2023-01-22T16:21:55Ztag:theconversation.com,2011:article/1982462023-01-22T16:21:55Z2023-01-22T16:21:55ZLa démission de Jacinda Ardern : une histoire de genre, de leadership et de compassion<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/505611/original/file-20230120-7743-na0ho1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C32%2C5472%2C3604&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jacinda Ardern sera restée six ans à la tête de la Nouvelle-Zélande.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Alexandros Michailidis/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>« Inquiète est la tête qui porte une couronne », écrivait Shakespeare à la fin du XVI<sup>e</sup> siècle. Il n’y a rien de nouveau dans l’idée que les personnes exerçant de hautes responsabilités sont soumises à un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1048984316300923?">stress intense</a> qui peut avoir pour elles des effets graves. Plus l’exposition au stress est prolongée, plus le <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev.psych.52.1.397?">risque d’épuisement</a> augmente.</p>
<p>Tout cela est, certes, connu ; pour autant, peu d’entre nous sont capables de comprendre à quel point diriger un pays est une tâche exigeante et difficile. À plus forte raison en temps de crise et dans l’environnement médiatique et numérique moderne, où chaque déclaration, voire chaque geste de la personnalité se trouvant au sommet du pouvoir exécutif fait l’objet d’innombrables commentaires.</p>
<p>Dernièrement, les critiques visant la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern (Parti travailliste, en poste depuis 2017) se sont faites de plus en plus violentes et misogynes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1616129954726674432"}"></div></p>
<p>Bien qu’elle n’ait pas présenté ces attaques comme étant la cause de sa <a href="https://theconversation.com/arderns-resignation-as-new-zealand-prime-minister-is-a-game-changer-for-the-2023-election-198149">démission</a>, annoncée à la surprise générale ce 19 janvier, le fait d’être ciblée de cette manière, et de savoir que <a href="https://www.newshub.co.nz/home/entertainment/2022/03/where-is-clarke-gayford-jacinda-ardern-laughs-off-conspiracy-theories-reveals-the-answer.html">son compagnon</a> et même <a href="https://www.rnz.co.nz/news/political/482761/the-hatred-and-vitriol-jacinda-ardern-endured-would-affect-anybody">leur fille, âgée de quatre ans</a>, étaient également visés, a certainement rendu son travail, déjà difficile, encore plus pénible.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/from-pretty-communist-to-jabcinda-whats-behind-the-vitriol-directed-at-jacinda-ardern-179094">From ‘pretty communist’ to ‘Jabcinda’ – what’s behind the vitriol directed at Jacinda Ardern?</a>
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<h2>Gestion de crises : un modèle Ardern ?</h2>
<p>Les crises sont depuis longtemps <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1048984322000649">considérées</a> comme les moments où les compétences et le caractère des dirigeants sont mis à l’épreuve avec la plus grande intensité. Ces séquences impliquent de prendre des décisions lourdes, qui parfois portent littéralement sur des questions de vie ou de mort, et qui doivent être adoptées rapidement, souvent sur la base d’informations insuffisantes pour prévoir avec certitude les conséquences des choix effectués.</p>
<p>Au cours de ses six années au pouvoir, Jacinda Ardern a été confrontée à plusieurs crises successives. Chaque fois, elle a fait preuve d’une grande force de caractère et de <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781003099109-10/leading-crisis-adaptive-leadership-jacinda-ardern-deidre-le-fevre">capacités de leadership certaines</a>.</p>
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<p>Sa réaction à l’effroyable attentat de Christchurch, le 15 mars 2019 – une attaque commise par un terroriste d’extrême droite contre deux mosquées, qui a causé 51 morts et 49 blessés –, lui a valu <a href="https://www.washingtonpost.com/world/2019/03/18/new-zealands-prime-minister-wins-worldwide-praise-her-response-mosque-shootings/">l’admiration du monde entier</a> pour son sang-froid, sa compassion et sa détermination à faire en sorte que des actes aussi odieux ne puissent pas se reproduire dans son pays : elle a notamment fait adopter des <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/attentats-a-christchurch/la-nouvelle-zelande-interdit-la-vente-de-fusils-d-assaut-et-de-fusils-semi-automatiques_3243201.html">lois interdisant la vente de fusils d’assaut et de fusils semi-automatiques</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1108679393537376256"}"></div></p>
<p>Sa réponse à <a href="https://www.nzherald.co.nz/nz/white-island-eruption-how-good-is-ardern-world-praises-pm-for-disaster-response/4S5BZ6NCOWXN4R63HDIEV4KXVM/">l’éruption de White Island, le 9 décembre 2019</a>, qui a fait 22 morts, a suscité des éloges similaires. Le fait que Mme Ardern ait cherché à combiner la compassion avec le courage de prendre des décisions difficiles est une caractéristique majeure de <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/978-1-80262-157-020221003/full/html">son style</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-en-finir-avec-le-harcelement-contre-les-femmes-en-politique-193579">Pour en finir avec le harcèlement contre les femmes en politique</a>
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<h2>Aucun leader n’est infaillible</h2>
<p>Tout au long de la pandémie de Covid-19, qui a démarré peu après, Arden a fait preuve à plusieurs reprises de sa capacité à prendre des décisions courageuses. En <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1742715020929151">parvenant à sensibiliser le grand public</a> et en obtenant le soutien de ses concitoyens à la stricte <a href="https://www.lejdd.fr/Societe/ce-quil-faut-savoir-sur-la-methode-zero-Covid-adoptee-avec-succes-par-la-nouvelle-zelande-4025674">stratégie « zéro Covid »</a> mise en place pour lutter contre la crise sanitaire elle a contribué au succès de cette stratégie, qui a permis d’épargner de <a href="https://www.sciencemediacentre.co.nz/2022/03/21/two-years-since-nz-first-locked-down-expert-reaction/">nombreuses vies et moyens de subsistance</a>.</p>
<p>Lorsque les variants Delta puis Omicron ont émergé, Ardern <a href="https://theconversation.com/why-jacinda-arderns-clumsy-leadership-response-to-delta-could-still-be-the-right-approach-169926">a continuellement cherché à adapter</a> la politique du gouvernement à un contexte changeant. Si la ténacité et la résilience font partie de ses nombreuses forces, le dogmatisme n’est pas une de ses faiblesses.</p>
<p>Bien sûr, toutes ses décisions ne se sont pas <a href="https://www.stuff.co.nz/national/health/coronavirus/300763211/ombudsmans-criticism-of-miq-virtual-lobby-doesnt-go-far-enough">révélées optimales</a> – et il aurait été tout à fait irréaliste d’attendre qu’elles le soient. Certaines de ses mesures ont suscité des <a href="https://thespinoff.co.nz/summer-2022/04-01-2023/the-day-the-grounds-of-parliament-burned-2">réactions très virulentes</a>. Mais il serait <a href="https://www.amazon.com/Thinking-Differently-About-Leadership-Critical/dp/1784716782">insensé d’exiger la perfection de la part des dirigeants</a>, le fait de se trouver au pouvoir impliquant inévitablement de prendre des décisions difficiles qui ne font pas l’unanimité.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1615969171950702594"}"></div></p>
<h2>Attaques misogynes</h2>
<p>Aucun dirigeant n’est omnipotent, surtout dans une démocratie et dans un monde interconnecté.</p>
<p>La dernière crise avec laquelle Jacinda Ardern a été aux prises – la hausse du coût de la vie – est dans une large mesure <a href="https://edition.cnn.com/2022/09/21/economy/central-banks-inflation-global/index.html">déterminée par des dynamiques mondiales</a> et échappe au contrôle de tout premier ministre néo-zélandais. La situation de la Nouvelle-Zélande est <a href="https://www.stuff.co.nz/business/129353834/think-inflation-is-biting-spare-a-thought-for-turkey">meilleure que celle de nombreux autres pays</a> mais, malheureusement pour la première ministre, ce constat ne suffit pas à apaiser la colère d’une partie de ses concitoyens.</p>
<p>Son [impopularité croissante au cours de ces derniers mois] est en partie due au fait que les gens ont des attentes irréalistes quant à ce que les dirigeants peuvent ou ne peuvent pas faire. Mais on ne peut pas non plus ignorer le fait que beaucoup trop de critiques dirigées contre la cheffe du gouvernement ont été teintées de misogynie.</p>
<p>On observe une continuité dans la façon dont de telles attaques s’expriment. Cela commence par le fait de la désigner par un surnom, <a href="https://www.stuff.co.nz/national/politics/opinion/122658284/shes-not-a-doll-so-dont-call-the-prime-minister-cindy">Cindy</a>, qui relève d’une tentative sexiste de rabaisser son autorité et son statut de femme adulte élue à la tête du pays. Et cela continue par des insultes ouvertement sexistes. Les recherches menées par le <a href="https://thedisinfoproject.org/2022/11/29/dangerous-speech-misogyny-and-democracy/">Disinformation Project</a> montrent que la désignation d’Ardern par des termes sexuels dégradants s’inscrit dans un discours plus large qui dénigre d’autres aspects de son identité de femme, certains internautes allant jusqu’à <a href="https://twitter.com/justinsight/status/1616144565433663488">fantasmer sur son viol et sa mort</a>.</p>
<p>Ce type de comportement est tout simplement inexcusable. On ne peut pas le justifier en arguant que les politiques mises en œuvre par Jacinda Ardern ont été controversées et qu’elle « mériterait » donc ces attaques : un tel raisonnement ne fait que reproduire la défense utilisée depuis longtemps par les violeurs et les auteurs de violences domestiques.</p>
<p>Jacinda Ardern aura été la troisième femme à occuper le poste de premier ministre en Nouvelle-Zélande. Le <a href="https://www.ceeol.com/search/article-detail?id=277628">plafond de verre</a> pour ce rôle est bel et bien brisé. La loi du pays impose désormais que les femmes et les hommes soient <a href="https://www.rnz.co.nz/news/political/477290/women-will-have-equal-share-of-seats-in-parliament-with-soraya-peke-mason-s-swearing-in">représentés à parts égales</a> au sein du Parlement. Mais la nature sexiste et misogyne d’une grande partie des critiques adressées à Ardern montre également que nous sommes encore très loin d’une égalité de traitement des femmes se trouvant aux postes de direction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Suze Wilson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La démission de la première ministre néo-zélandaise, dont l’action aura été largement saluée dans le monde entier, invite à s’interroger sur la violence des attaques sexistes dont elle a fait l’objet.Suze Wilson, Senior Lecturer, School of Management, Massey UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1976652023-01-15T12:53:23Z2023-01-15T12:53:23ZÉtats-Unis, Royaume-Uni, Espagne… Quelles perspectives pour l’action syndicale dans le monde en 2023 ?<p><em>Mardi 10 janvier, la Première ministre Élisabeth Borne a présenté les contours de la future réforme des retraites, qui prévoit notamment l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Aussitôt, huit syndicats, <a href="https://theconversation.com/reforme-des-retraites-les-syndicats-peuvent-ils-reprendre-la-main-197468">vent debout contre le projet</a>, ont annoncé une <a href="https://www.latribune.fr/economie/france/reforme-des-retraites-les-syndicats-annoncent-une-premiere-journee-de-greve-le-19-janvier-947440.html">première journée de mobilisation le jeudi 19 janvier</a>.</em></p>
<p><em>Pour les syndicats, l’enjeu dépasse la contestation de la réforme : il s’agit également de retrouver de l’influence. Fin 2022, les grèves des contrôleurs de train ou encore des médecins généralistes ont été initiées par des mouvements nés sur Internet qui les ont court-circuités. En outre, le taux de syndicalisation stagne autour de 10 % en France, l’un des niveaux les plus bas en Europe, depuis près de 30 ans.</em></p>
<p><em>Qu’en est-il de l’action syndicale ailleurs dans le monde ? Cet essoufflement se retrouve-t-il ? Les difficultés économiques donnent-elles, au contraire, un élan nouveau aux syndicats ? En ce début d’année, les experts américains, britanniques, indonésiens ou encore espagnols de The Conversation vous proposent un tour d’horizon mondial.</em></p>
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<h2>Canada : les syndicats qui s’affirment obtiennent des résultats</h2>
<p><em>Jim Stanford, économiste et directeur du Centre for Future Work, Australia Institute</em></p>
<p>Le mouvement syndical canadien compte parmi les plus <a href="https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=TUD">solides</a> de l’OCDE, le club des pays développés, une solidité liée aux lois qui protègent contre les phénomènes de « passager clandestin » : les travailleurs ne peuvent pas bénéficier des conventions collectives sans être syndiqués.</p>
<p>Le taux de syndicalisation au Canada se situe autour de 30 % des travailleurs depuis le début du siècle, même s’il est moitié moindre dans le secteur privé et qu’il y diminue lentement. L’indicateur reste en revanche élevé dans les services publics (plus de 75 %) et en progression.</p>
<p>Cette relative stabilité a permis aux travailleurs canadiens d’être mieux préparés à affronter l’impact de l’inflation sur leurs paies. Les syndicats ont formulé des revendications salariales plus élevées qu’au cours des dernières décennies, et ont plus fréquemment fait grève (poursuivant une tendance amorcée en 2021).</p>
<p>De janvier à novembre 2022, <a href="https://www.canada.ca/en/employment-social-development/services/collective-bargaining-data/work-stoppages/work-stoppages-year-sector.html">156 mouvements de grèves</a> ont eu lieu (un mouvement est comptabilisé dès qu’il implique au moins dix personnes sur une journée) tout secteur confondu. Au total, 1,9 million journées de travail ont été perdues, le chiffre le plus élevé depuis 15 ans.</p>
<p>Une vague printanière de grèves dans le secteur de la <a href="https://globalnews.ca/video/8804136/thousands-of-residential-construction-workers-go-on-strike">construction</a> en Ontario, la province la plus peuplée du Canada, a bien symbolisé la montée du militantisme. Au plus fort de la vague, plus de 40 000 travailleurs, dont des charpentiers, des poseurs de placoplâtre et des ingénieurs, ont déposé leurs outils pour obtenir des salaires plus élevés. Des tentatives d’accords lancées par les autorités ont parfois été rejetés par les grévistes, prolongeant le mouvement.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=838&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=838&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=838&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1053&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1053&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504192/original/file-20230112-18-oia58b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1053&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Doug Ford, Premier ministre de l’Ontario s’est attiré les foudres des syndicats.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Andrew Scheer/FlickR</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Un autre fait historique est survenu plus tard dans l’année. Le gouvernement de droite de l’Ontario avait voulu faire usage d’une clause constitutionnelle rarement utilisée pour annuler le droit de grève de 55 000 travailleurs, personnel de soutien dans l’éducation. La menace des syndicats, des secteurs public comme privé, de déclencher une grève générale dans la province, a poussé le gouvernement à <a href="https://www.theguardian.com/world/2022/nov/07/ontario-repeal-law-right-to-strike">faire machine arrière</a>.</p>
<p>Pendant ce temps, les blocages opérés par les employeurs (ou <em>lock-out</em>) ont pratiquement disparu. Cette tactique, par laquelle ces derniers suspendent l’activité jusqu’à ce que les travailleurs acceptent les conditions proposées, n’a été utilisée que <a href="https://www.canada.ca/en/employment-social-development/services/collective-bargaining-data/work-stoppages/work-stoppages-year-sector.html">huit fois</a> de janvier à novembre dernier, alors qu’on en observait une soixantaine par an il y a dix ans.</p>
<p>La <a href="https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=1410006401">croissance annuelle des salaires</a> a légèrement augmenté pour atteindre une moyenne de 5 % à la fin de l’année. Ce taux reste inférieur à celui de l’<a href="https://www.cbc.ca/news/business/inflation-canada-1.6693441">inflation</a> (6,8 %), mais l’écart créé en 2021 se réduit.</p>
<p>Reste à voir si cette pression syndicale pourra être maintenue et faire face à la hausse rapide des taux d’intérêt, à une <a href="https://www6.royalbank.com/en/di/hubs/now-and-noteworthy/article/canada-could-be-in-a-recession-as-soon-as-early-2023/l41dzp8q">récession probable en 2023</a> et à la <a href="https://www.freightwaves.com/news/canadas-largest-union-fights-proposal-to-curb-strikes">suppression continue</a> par les gouvernements des droits syndicaux dans certaines provinces.</p>
<h2>Royaume-Uni : un rameau d’olivier pour le service de santé ?</h2>
<p><em>Phil Tomlinson, professeur de stratégie industrielle, Université de Bath</em></p>
<p>L’<a href="https://www.theguardian.com/uk-news/2022/dec/12/uk-strike-days-calendar-the-public-service-stoppages-planned-for-december">hiver de la colère</a> se prolonge au Royaume-Uni : le pays subit sa <a href="https://qz.com/the-uk-is-expecting-its-largest-wave-of-strikes-in-over-1849865611">plus grande vague de grèves</a> depuis plus de <a href="https://www.theguardian.com/politics/2022/dec/02/strikes-lead-women-frances-ogrady-tuc-unions">30 ans</a>. La plupart ont lieu dans le secteur public, où l’évolution des salaires reste bien inférieure à l’inflation et accuse un <a href="https://www.bbc.co.uk/news/55089900">retard considérable</a> par rapport aux entreprises privées.</p>
<p>Le sentiment d’amertume est prononcé après une vague d’austérité et la <a href="https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-public/file_attachments/cs-true-cost-austerity-inequality-uk-120913-en_0.pdf">baisse des salaires réels</a> des années 2010. Les grèves – dont on estime qu’elles ont <a href="https://cebr.com/reports/eight-months-of-strike-action-to-have-cost-the-uk-economy-at-least-1-7bn-adding-to-existing-recessionary-pressures/#:%7E:text=Assuming%20a%20working%20day%20of%20eight%20hours%2C%20our,is%20expected%20to%20have%20stood%20at%20%C2%A3393.0%20million">coûté 1,7 milliard de livres sterling</a> (1,92 milliard d’euros) à l’économie britannique en 2022 – sont <a href="https://uk.news.yahoo.com/unions-discuss-co-ordinating-hundreds-185532640.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAMffASnLXnES4huvR6bYrO0Ncj1Z-sZmFlBDChWxD6up578J-wViP93sUD8HiNHKdT7kcyakp_0QMC0EEzVwIeQ4nxcwuC497Ek1YX3xicVxXlKo3f72l1qrsDiuvzahZGrgX5HqTJp5_zQbdQiS6_AapnlAHbDQeqLGzN3wMY3u">coordonnées</a> par différents syndicats, ajoutant des désagréments publics supplémentaires.</p>
<p>Néanmoins, le gouvernement britannique refuse catégoriquement de céder. Il se retranche derrière les recommandations indépendantes des organes de révision des salaires du secteur public, même s’il ne les a <a href="https://www.ft.com/content/0953587e-6a20-40d4-8459-d4d7a2aa4d27">pas toujours suivies</a>. Il a également affirmé que des augmentations salariales du secteur public correspondant à l’inflation coûteraient à chaque ménage britannique 1 000 livres sterling (1 130 euros) de plus par an, bien que ce chiffre ait été <a href="https://fullfact.org/economy/28-billion-public-sector-pay-increase/">démenti</a>.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd'hui</a>]</p>
<p>Le Trésor de Sa Majesté, le département gouvernemental en charge de la mise en place des politiques économiques, se fait également l’écho des préoccupations de la Banque d’Angleterre concernant le déclenchement d’une <a href="https://www.theguardian.com/business/2022/jun/20/would-a-wageprice-spiral-cause-inflation-to-get-out-of-control?ref=biztoc.com&curator=biztoc.com">spirale salaires-prix</a>. Elle semble pourtant peu probable : l’inflation actuelle est largement due à des <a href="https://www.themintmagazine.com/inflation-is-a-supply-side-problem">chocs d’offre</a> consécutivement à la crise sanitaire et que déclenchement de la guerre en Ukraine, et la croissance moyenne des salaires reste <a href="https://www.bbc.co.uk/news/55089900">bien inférieure</a> à l’inflation.</p>
<p>Il existe des arguments économiques en faveur d’un accord généreux, notamment dans le National Health Service (NHS) (le système de santé publique) : avec plus de <a href="https://lordslibrary.parliament.uk/staff-shortages-in-the-nhs-and-social-care-sectors/&sa=D&source=docs&ust=1672830357836576&usg=AOvVaw3FX0e-g52Wr5BEl0HY83VT">133 000 postes vacants</a> non pourvus, de meilleurs salaires pourraient contribuer à améliorer la rétention et le recrutement du personnel.</p>
<p>Bien sûr, financer ces mesures en période de <a href="https://uk.finance.yahoo.com/news/uk-recession-until-end-2023-cbi-warns-093737274.html">récession</a> implique des <a href="https://www.newstatesman.com/quickfire/2022/12/run-out-money-pay-strikers-inflation-cost-of-living">choix difficiles</a>. Une augmentation des impôts s’avèrerait politiquement coûteuse, la charge fiscale n’ayant jamais été aussi élevée <a href="https://www.independent.co.uk/money/uk-s-tax-burden-what-do-the-figures-show-b2097564.html&sa=D&source=docs&ust=1672830357839216&usg=AOvVaw3T7sPgwHNZ0_ZEPYz3-F3W">depuis 70 ans</a>. Le recours à des emprunts publics pourrait, lui, aggraver l’inflation si la Banque d’Angleterre <a href="https://www.atb.com/wealth/good-advice/markets/impact-of-government-debt-and-inflation/">augmente la masse monétaire</a> par le biais d’un assouplissement quantitatif.</p>
<p>L’opinion publique semble largement soutenir les grévistes, en <a href="https://www.theguardian.com/uk-news/2022/dec/17/public-support-nurses-strike-pressure-sunak-tories">particulier ceux du NHS</a>. Toutefois, si le gouvernement cède dans un secteur, il crée un précédent pour les autres, avec des conséquences économiques potentiellement plus importantes.</p>
<p>Concernant le NHS, il pourrait plutôt avancer à 2023 les négociations de l’organe de révision des salaires du secteur public, afin de permettre une amélioration de l’accord, éventuellement accompagnée d’une <a href="https://www.theguardian.com/uk-news/2023/jan/08/rishi-sunak-consider-one-off-payment-end-nurses-strikes">prime</a> pour difficultés. Ailleurs, il tiendra probablement bon en espérant que les syndicats perdront leur détermination.</p>
<h2>Australie et Nouvelle-Zélande : les grèves restent rares malgré l’inflation</h2>
<p><em>Jim Stanford, économiste et directeur du Centre for Future Work, Australia Institute</em></p>
<p>Les grèves en Australie sont devenues très rares au cours des dernières décennies en raison des lois restrictives adoptées depuis les années 1990. Malgré un <a href="https://www.abs.gov.au/statistics/labour/employment-and-unemployment/labour-force-australia/latest-release#:%7E:text=25th%20March%202023-,Unemployment,unemployment%20rate%20remained%20at%203.5%25.">taux de chômage historiquement bas</a> et des salaires très en [retard sur l’inflation](https://www.abs.gov.au/statistics/economy/price-indexes-and-inflation/wage-price-index-australia/latest-release#:%7E:text=Seasonally%20adjusted%20private%20sector%20wages,rate%20since%20December%20quarter%202012. Ces lois permettent encore de court-circuiter la plupart des actions syndicales.</p>
<p>En 2022, le taux de syndicalisation est tombé à <a href="https://www.abs.gov.au/statistics/labour/earnings-and-working-conditions/trade-union-membership/latest-release">12,5 % des employés</a>, un niveau historiquement bas. En 1990 encore, il était supérieur à 50 % des travailleurs. Les membres d’un syndicat ne peuvent légalement faire grève qu’après que les négociations, les scrutins et les plans d’action spécifiques ont été rendus publics, révélant ainsi pleinement la stratégie du syndicat à l’employeur. Même lorsqu’il y a des grèves, elles ont tendance à être courtes.</p>
<p>Au total, <a href="https://www.abs.gov.au/statistics/labour/earnings-and-working-conditions/industrial-disputes-australia/latest-release#:%7E:text=Data%20downloads-,Key%20statistics,in%208%20states%20and%20territories.">182 conflits du travail</a> ont eu lieu au cours de l’année qui s’est terminée en septembre. (Les statistiques ne font pas de distinction entre les grèves et les lock-out des employeurs, qui sont devenus courants en Australie). Ce chiffre est similaire à celui des années précédant la pandémie et ne représente qu’une fraction des actions industrielles des années 1970 et 1980.</p>
<p>La seule poussée visible des actions de grève en 2022 reste une série de protestations d’un jour organisées par les enseignants et les personnels de santé en Nouvelle-Galles du Sud, l’État le plus peuplé du pays. Après avoir supporté une décennie de plafonnement austère des salaires par le gouvernement conservateur de l’État, c’en était trop lorsque l’inflation s’est fait sentir.</p>
<p>La plupart des autres travailleurs sont restés passifs, alors même que l’Australie a connu une <a href="https://tradingeconomics.com/country-list/wage-growth">croissance des salaires parmi les plus lentes</a> de tous les grands pays industrialisés. Les <a href="https://tradingeconomics.com/australia/wage-growth">salaires nominaux</a> n’ont augmenté en moyenne que de 2 % par an en 10 ans jusqu’en 2021. Ce taux est passé à 3,1 % à la fin de 2022, mais cela reste moitié moins que le <a href="https://www.rba.gov.au/inflation/measures-cpi.html">taux d’inflation</a> de 7,3 %.</p>
<p>Le gouvernement travailliste nouvellement élu en Australie a adopté une <a href="https://www.dewr.gov.au/newsroom/articles/major-workplace-relations-reform-bill-now-act#:%7E:text=The%20legislation%20received%20Royal%20Assent,and%20better%20support%20vulnerable%20workers">série de réformes importantes</a> du droit du travail à la fin de 2022, visant à renforcer les négociations collectives et la croissance des salaires. Cela pourrait annoncer une amélioration progressive du pouvoir de négociation des travailleurs dans les années à venir.</p>
<p>Les perspectives des relations industrielles en Nouvelle-Zélande sont, de leur côté, un peu plus hospitalières pour les travailleurs et leurs syndicats. Le <a href="https://figure.nz/chart/nvVfvd43iJUbwFXz">taux de syndicalisation</a> a augmenté en 2021, pour atteindre 17 % des salariés (contre 14 % en 2020). Le salaire horaire moyen ordinaire a connu une <a href="https://www.stats.govt.nz/information-releases/labour-market-statistics-income-june-2022-quarter/">croissance impressionnante de 7,4 %</a> au cours de la dernière période de 12 mois, grâce à une augmentation de 6 % du salaire minimum décidée par le gouvernement travailliste.</p>
<p>Les actions industrielles restent rares – peut-être en partie parce que les travailleurs réussissent à augmenter les salaires par d’autres moyens. Aucune donnée officielle sur les grèves n’est disponible pour 2022, mais en 2021, seuls 20 mouvements ont eu lieu, ce qui représente une forte baisse par rapport à une moyenne de 140 par an au cours des trois années précédentes.</p>
<h2>Indonésie : colère contre les réformes du droit du travail</h2>
<p><em>Nabiyla Risfa Izzati, maître de conférences en droit du travail, Universitas Gadjah Mada</em></p>
<p>Il y a quelques semaines, le gouvernement a remplacé sa <a href="http://www.ilo.org/dyn/natlex/natlex4.detail?p_lang=en&p_isn=110587&p_count=1&p_classification=08">« loi Omnibus »</a> controversée par une nouvelle réglementation d’urgence, ce en réponse à la décision de la Cour constitutionnelle indonésienne qui l’avait <a href="https://www.mkri.id/index.php?page=web.Berita&id=17816">jugée inconstitutionnelle</a> en 2021.</p>
<p>Adoptée fin 2020, la loi omnibus incarnait l’ambition du président Joko Widodo d’<a href="https://thediplomat.com/2020/10/protests-strikes-greet-indonesias-controversial-omnibus-bill/">attirer les investisseurs étrangers</a> en réduisant les formalités administratives, mais au détriment des droits des salariés. Elle rendu plus facile les licenciements sans préavis.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=721&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504196/original/file-20230112-27936-kkxytp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=906&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le président indonésien Joko Widodo a dû abandonner sa loi Omnibus, du moins officiellement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://picryl.com/media/joko-widodo-2019-official-portrait-faa9d9">Picryl</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ont aussi été abaissées les indemnités de licenciement légales et la durée maximale des contrats temporaires a, elle, été allongée, tout en ignorant la protection des travailleurs. En 2022, la nouvelle formule de calcul du salaire minimum a également entraîné la <a href="https://bisnis.tempo.co/read/1529672/pakar-ugm-sebut-rata-rata-kenaikan-ump-109-persen-terendah-sepanjang-sejarah">plus faible augmentation annuelle</a> jamais enregistrée. La loi a suscité de <a href="https://theconversation.com/dua-tahun-uu-cipta-kerja-phk-kian-mudah-kenaikan-upah-jadi-paling-rendah-193090">nombreuses critiques</a> de la part des travailleurs, des militants et des organisations de la société civile.</p>
<p>Le nouveau règlement d’urgence est sans doute encore plus problématique. La majorité de ses dispositions ne font que copier la loi omnibus. Plusieurs changements et dispositions supplémentaires prêtent en fait à confusion et font double emploi avec les règlements précédents, tout en laissant de nombreuses failles qui pourraient être exploitées à l’avenir.</p>
<p>Pourtant, malgré les plaintes des travailleurs et des syndicats, arguant que les nouvelles règles ont été adoptées soudainement et sans consultation, il n’est <a href="https://www.hukumonline.com/klinik/a/aturan-mogok-kerja-dan-penutupan-perusahaan-lt62f9fb6c2de77">pas question de faire grève</a>. Le mode d’action reste peu populaire car elles ne peuvent être organisées qu’avec l’autorisation de l’entreprise concernée. Si les travailleurs organisent des grèves officieuses, les employeurs ont le droit de s’en débarrasser.</p>
<p>Les manifestations publiques constituent une alternative évidente, bien que les règles de la pandémie limitant la mobilité et les rassemblements de masse les aient rendues difficiles. Malgré tout, des milliers, voire des millions de travailleurs ont <a href="https://en.antaranews.com/news/248345/four-thousand-officers-deployed-for-handling-fuel-price-hike-protests">organisé des mouvements</a> dans leurs villes respectives au cours du second semestre 2022.</p>
<p>Les travailleurs demandaient à ce que la loi Omnibus soit révoquée et que le gouvernement <a href="https://www.merdeka.com/uang/buruh-protes-upah-tidak-naik-tapi-harga-komoditas-melonjak.html">n’utilise pas les formules de calcul du salaire minimum</a> stipulées dans la loi. Les protestations se sont intensifiées lorsque le gouvernement a augmenté les prix du carburant en septembre, ce qui a fait grimper l’inflation déjà élevée en raison de la hausse du cours des denrées alimentaires.</p>
<p>Les autorités politiques ont depuis publié un règlement distinct pour déterminer le salaire minimum de 2023. Les revendications ont donc abouti d’une certaine façon, mais les <a href="https://www.hukumonline.com/berita/a/substansi-tak-sesuai-harapan--serikat-buruh-tolak-perppu-cipta-kerja-lt63b25fa54f54c/">travailleurs</a> comme les <a href="https://www.metrotvnews.com/play/kqYCE01y-apindo-soroti-2-pasal-kontroversial-di-perppu-cipta-kerja">employeurs</a> restent furieux que les règles relatives au salaire minimum aient à nouveau changé dans le cadre du règlement d’urgence.</p>
<p>Il est clair que les manifestants n’ont pas obtenu la suppression des autres règles issues de la loi omnibus. Certains travailleurs ont protesté sur les médias sociaux. Cela n’incitera peut-être pas le gouvernement à modifier la loi, mais quelques tweets viraux ont poussé plusieurs entreprises à <a href="https://yogyakarta.kompas.com/read/2022/10/29/214612078/viral-surat-edaran-waroeng-ss-potong-gaji-karyawan-rp-300000-bagi-yang?page=all">changer leurs pratiques abusives</a>.</p>
<p>La controverse devrait se poursuivre en 2023 et au cours de l’année électorale de 2024, notamment dans le contexte de possibles licenciements massifs en pleine récession mondiale.</p>
<h2>États-Unis : la protestation des travailleurs montre des signes de vie</h2>
<p><em>Marick Masters, professeur de commerce et professeur auxiliaire de sciences politiques, Wayne State University</em></p>
<p>Les travailleurs américains ont été de plus en plus nombreux à s’organiser et à rejoindre les piquets de grève en 2022 pour réclamer de meilleurs salaires et une amélioration des conditions de travail. Cela a suscité un <a href="https://www.virginiamercury.com/2022/09/05/america-is-in-the-middle-of-a-labor-mobilization-moment/">optimisme</a> certain chez les <a href="https://www.afscme.org/blog/cause-for-optimism-on-labor-day">dirigeants syndicaux</a> et les <a href="https://www.bloomberg.com/opinion/articles/2022-06-30/labor-strikes-in-uk-us-workers-unite-against-inflation-cost-of-living-crisis">défenseurs des droits des travailleurs</a>, pensant assister à un <a href="https://theconversation.com/amazon-starbucks-and-the-sparking-of-a-new-american-union-movement-180293">tournant</a> des rapports de force dans le monde du travail.</p>
<p>Les <a href="https://gothamist.com/news/new-school-teachers-strike-ends-as-nyc-university-agrees-to-first-pay-raises-in-4-years">enseignants</a>, les <a href="https://www.nytimes.com/2022/12/07/business/media/new-york-times-union-walkout.html">journalistes</a> et les <a href="https://www.arlnow.com/2022/11/17/newly-unionized-starbucks-baristas-are-on-strike-in-courthouse/">baristas</a> font partie des dizaines de milliers de travailleurs qui se sont mis en grève. Il a fallu un <a href="https://www.npr.org/2022/12/01/1140123647/rail-strike-bill-senate">vote du Congrès</a> pour empêcher 115 000 employés des chemins de fer de débrayer eux aussi. Au total, il y a eu au moins <a href="https://www.bls.gov/wsp/publications/monthly-details/XLSX/work-stoppages-2022.xlsx">20 arrêts du travail majeurs</a> impliquant chacun plus de 1 000 travailleurs en 2022, contre <a href="https://www.bls.gov/opub/ted/2022/16-major-work-stoppages-in-2021.htm">16 en 2021</a>, en plus de <a href="https://striketracker.ilr.cornell.edu/">centaines</a> d’autres plus petits.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1598442185493549056"}"></div></p>
<p>Les travailleurs de Starbucks, Amazon, Apple et des dizaines d’autres entreprises ont également déposé <a href="https://www.nlrb.gov/reports/nlrb-case-activity-reports/representation-cases/intake/representation-petitions-rc/">plus de 2 000 demandes</a> pour former des syndicats au cours de l’année – un record depuis 2015. Les travailleurs ont remporté 76 % des 1 363 élections qui ont eu lieu.</p>
<p>Historiquement, cependant, ces chiffres restent tièdes. Le nombre d’arrêts de travail majeurs est en chute libre <a href="https://www.bls.gov/opub/ted/2022/16-major-work-stoppages-in-2021.htm">depuis des décennies</a> : il s’élevait à près de 200 en 1980. En 2021, le taux de syndicalisation, <a href="https://www.bls.gov/news.release/union2.nr0.htm">10,3 %</a>, n’était pas loin du plus bas jamais enregistré. Dans les années 1950, plus d’un travailleur sur trois était membre d’un syndicat.</p>
<p>L’environnement reste encore très défavorable aux syndicats, avec un <a href="https://prospect.org/labor/labors-john-l-lewis-moment">droit du travail timide</a> et très <a href="https://www.eventbrite.com/e/what-can-labor-do-to-build-on-this-unusually-promising-moment-tickets-380700223617">peu d’employeurs</a> montrant une réelle réceptivité à l’idée d’avoir une main-d’œuvre syndiquée. Les syndicats se trouvent <a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674725119">limités</a> dans leur capacité à modifier les politiques publiques. La réforme du droit du travail par le biais de la législation reste vague, et les résultats des élections de mi-mandat de 2022 ne devraient pas faciliter les choses.</p>
<p>Néanmoins, le soutien de l’opinion publique aux syndicats est <a href="https://news.gallup.com/poll/354455/approval-labor-unions-highest-point-1965.aspx">à son plus haut niveau</a> depuis 1965, puisque 71 % des citoyens disent approuver l’action syndicale, d’après un sondage Gallup du mois d’août. Et les travailleurs eux-mêmes montrent de plus en plus d’intérêt à les rejoindre. En 2017, <a href="https://www.epi.org/publication/working-people-want-a-voice/">48 % des travailleurs interrogés</a> ont déclaré qu’ils voteraient aux élections syndicales, contre 32 % en 1995, la dernière fois que la question a été posée.</p>
<p>Les succès futurs pourraient dépendre de la capacité des syndicats à tirer parti de leur popularité croissante et à surfer sur la vague des récentes victoires dans l’établissement d’une représentation syndicale chez Starbucks et Amazon, ainsi que sur le succès de la campagne <a href="https://theconversation.com/fight-for-15-le-nouveau-visage-de-laction-syndicale-aux-etats-unis-126123">« Fight for $15 »</a>, qui depuis 2012 a contribué à l’adoption de <a href="https://www.theguardian.com/us-news/2022/nov/23/fight-for-15-movement-10-years-old">lois portant sur un salaire minimum de 15 dollars</a> dans une douzaine d’États et à Washington DC. Les chances d’y parvenir sont peut-être grandes : il y a en tout cas des opportunités à faire germer.</p>
<p><em>Extrait d’un <a href="https://theconversation.com/worker-strikes-and-union-elections-surged-in-2022-could-it-mark-a-turning-point-for-organized-labor-195995">article</a> publié le 5 janvier 2023</em></p>
<h2>Espagne : les mesures d’aide inégales pourraient causer des problèmes</h2>
<p><em>Rubén Garrido-Yserte, directeur de l’Instituto Universitario de Análisis Económico y Social, Universidad de Alcalá</em></p>
<p>L’inflation mondiale provoque un ralentissement de l’économie mondiale et une hausse des taux d’intérêt à des niveaux <a href="https://www.oecd.org/economic-outlook/november-2022/">jamais vus depuis avant 2008</a>. Les taux d’intérêt continueront d’augmenter en 2023, affectant particulièrement des économies aussi endettées que l’Espagne.</p>
<p>Elle sapera à la fois le revenu disponible des familles et la rentabilité des entreprises (surtout les petites), tout en rendant plus coûteux le remboursement de la dette publique. Parallèlement, on devrait assister à une augmentation durable du coût du panier de la ménagère à moyen terme.</p>
<p>Jusqu’à présent, les actions gouvernementales ont partiellement atténué cette perte de pouvoir d’achat. L’Espagne a <a href="https://theconversation.com/la-excepcion-iberica-sobre-decisiones-de-gobierno-y-declaraciones-de-las-grandes-empresas-183064">plafonné les prix de l’électricité</a>, <a href="https://www.libremercado.com/2022-12-21/bono-se-acaba-la-chequera-de-sanchez-hacienda-recauda-en-el-ano-por-la-gasolina-mas-del-doble-del-coste-de-la-subvencion-6969423/">subventionné le carburant</a> et rendu les transports publics gratuits pour les citadins et les navetteurs.</p>
<p>Des <a href="https://www.lamoncloa.gob.es/consejodeministros/resumenes/Paginas/2022/221122-rp-cministros.aspx">accords</a> ont été passés avec les banques pour refinancer les prêts hypothécaires des familles les plus vulnérables. En outre, les retraites et les salaires du secteur public ont été <a href="https://www.rtve.es/noticias/20221214/subida-pensiones-2023/2410229.shtml">augmentés</a> et il est prévu de <a href="https://www.rtve.es/noticias/20221221/negociacion-subida-salario-minimo-2023-gobierno-sindicatos/2412514.shtml">relever le salaire minimum</a>.</p>
<p>Toutefois, nombre de ces mesures doivent nécessairement être temporaires. Le danger est qu’elles finissent par être considérées comme des droits auxquels il ne faut pas renoncer. Elles faussent également l’économie et créent des problèmes d’équité en excluant ou en soutenant insuffisamment certains groupes. Les salaires privés <a href="https://home.kpmg/es/es/home/tendencias/2022/12/estudio-de-tendencias-retributivas-2023.html">n’augmenteront pas suffisamment</a> pour couvrir l’inflation, par exemple.</p>
<p>L’action a été telle qu’il y a eu très peu d’actions syndicales en réponse à la crise du coût de la vie. Le danger est qu’elles créent un scénario où le calme d’aujourd’hui peut être le signe avant-coureur d’une tempête sociale demain.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502930/original/file-20230103-20-riy0if.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article, dont la version originale a été publiée en anglais, fait partie de la série <a href="https://theconversation.com/topics/global-economy-2023-132115">Global Economy 2023</a> sur les défis économiques auxquels le monde sera confronté dans l’année à venir. Vous aimerez peut-être aussi notre bulletin d’information sur l’économie mondiale (en anglais), auquel vous pouvez vous abonner <a href="https://theconversation.com/uk/newsletters/global-economy-and-business-115">ici</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197665/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Phil Tomlinson currently receives funding from the Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC) for Made Smarter Innovation: Centre for People-Led Digitalisation, and the Economic and Social Research Council (ESRC) for an Interact project on UK co-working spaces and manufacturing.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jim Stanford, Marick Masters, Nabiyla Risfa Izzati et Rubén Garrido-Yserte ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>À quelques jours du mouvement des syndicats français contre la réforme des retraites, les experts de The Conversation vous proposent un panorama mondial de la mobilisation sociale.Jim Stanford, Economist and Director, Centre for Future Work, Australia Institute; Honorary Professor of Political Economy, University of SydneyMarick Masters, Professor of Business and Adjunct Professor of Political Science, Wayne State UniversityNabiyla Risfa Izzati, Lecturer of Labour Law, Universitas Gadjah Mada Phil Tomlinson, Professor of Industrial Strategy, Deputy Director Centre for Governance, Regulation and Industrial Strategy (CGR&IS), University of BathRubén Garrido-Yserte, Director del Instituto Universitario de Análisis Económico y Social, Universidad de AlcaláLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1503132020-11-18T21:34:22Z2020-11-18T21:34:22ZLa Chine au cœur de la plus grande zone de libre-échange de la planète<p>Le 15 novembre dernier, 15 pays d’Asie-Pacifique (les 10 pays de l’Asean, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande) ont <a href="https://www.reuters.com/article/us-asean-summit-rcep-signing/asia-forms-worlds-biggest-trade-bloc-a-china-backed-group-excluding-u-s-idUSKBN27V03O">entériné</a> la création d’une zone de libre-échange d’une importance majeure dans le système international : le Partenariat régional économique global (<em>Regional Comprehensive Economic Partnership</em>, RCEP). Un partenariat qui rassemble plus de 30 % de la population mondiale et où l’on retrouve donc la Chine… mais ni l’Inde, ni les États-Unis ni l’Europe.</p>
<p>Après une décennie de discussions, depuis le lancement d’une initiative à Bali en 2011, Pékin semble donc avoir réussi à mettre en œuvre une <a href="https://www.atlande.eu/references/636-dictionnaire-de-la-regionalisation-du-monde-9782350305066.html">intégration régionale économique accélérée</a> en Asie-Pacifique.</p>
<p>Cette intégration <a href="https://theconversation.com/huawei-en-ordre-de-bataille-face-aux-sanctions-americaines-144590">confirme le découplage</a> entre intérêts économiques et axes stratégiques. Car nombre des États du RCEP sont hostiles à Pékin, et certains d’entre eux ont même pris explicitement position pour le <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/13/l-indo-pacifique-une-alliance-xxl-pour-contrer-la-chine_6059641_3210.html">projet Indo-Pacifique</a> dominé par les États-Unis et visant à contrer <a href="https://www.fdbda.org/2020/06/le-collier-de-perles-chinois-expansion-et-obstacles/">l’expansionnisme militaire chinois</a>.</p>
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<p>La signature du RCEP est, d’abord, la conséquence du <a href="https://www.letemps.ch/monde/donald-trump-retire-etatsunis-traite-libreechange-transpacifique">retrait américain du Trans-Pacific Partnership</a> (TPP) en 2017, lequel a largement profité à la Chine, lui offrant sur un plateau une place écrasante en Asie-Pacifique. Mais sans régulation ni mécanismes autres qu’économiques, pourtant nécessaires étant donné les <a href="https://theconversation.com/asie-du-sud-est-et-asie-centrale-deux-laboratoires-strategiques-de-lexpansion-chinoise-137295">disparités abyssales entre ses membres</a>, cette région, qui devient plus que jamais le <a href="https://www.senat.fr/rap/r13-723/r13-723-syn.pdf">centre de gravité du monde</a>, n’échappera ni aux tensions ni aux risques de conflits. Certes, le RCEP dopera assurément, un temps, la croissance et les investissements. Mais ensuite ?</p>
<h2>Un accord de libre-échange très important… et assez rudimentaire</h2>
<p>Si les négociations ont été assez longues, ce qui est normal lorsque plusieurs États engagent des pourparlers sur des sujets compliqués (avec la géopolitique en toile de fond), le <a href="https://asiatimes.com/2020/11/india-has-good-reason-to-reject-the-rcep/">retrait de l’Inde à la fin de l’année 2019</a> et la limitation de l’accord au libre-échange de produits ne doivent pas écarter les logiques économiques initiées par les États d’Asie du Sud-Est dès 2011. Les négociations, lancées en 2013, viennent donc d’aboutir à la signature à Hanoï (du fait de la présidence du Vietnam à l’Asean), et en visioconférence, de cet accord <a href="https://www.dfat.gov.au/trade/agreements/not-yet-in-force/rcep/rcep-text-and-associated-documents">structuré en 20 chapitres</a>.</p>
<p>Cet accord commercial, le plus grand au monde, <a href="https://www.la-croix.com/Economie/RCEP-lAsie-cree-grosse-zone-libre-echange-monde-2020-11-15-1201124673">concentre 30 % du PIB de la planète</a>. Selon les <a href="https://www.ft.com/content/2dff91bd-ceeb-4567-9f9f-c50b7876adce">professeurs Pétri et Plummer, de l’université Johns Hopkins</a>, le texte, qui prévoit de diminuer les tarifs douaniers (à hauteur de 90 %) appliqués à la plupart des produits échangés entre les pays signataires, permettra à ceux-ci d’accroître leur PIB de 0,2 %.</p>
<p>Le RCEP augmentera les flux économiques entre pays partenaires et aboutira, dans un temps très court (d’ici deux à cinq ans), à la mise en place de <a href="https://www.cairn.info/revue-le-journal-de-l-ecole-de-paris-du-management-2012-6-page-30.htm">normes communes</a>. Des normes promues par Pékin, qui voit là une occasion en or de tester et de mettre en place un système normatif <a href="https://asiasociety.org/policy-institute/rcep-agreement-another-wake-call-united-states-trade">dans son environnement régional proche</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1142768158559760384"}"></div></p>
<p>Tandis que les <a href="https://www.lesechos.fr/monde/europe/la-chine-est-le-pays-le-plus-protectionniste-vis-a-vis-de-leurope-1029884">mesures protectionnistes prises par Pékin</a> concernant son propre marché incitent les entreprises occidentales mais aussi japonaises à quitter la RPC, le RCEP va pousser les entreprises étrangères à implanter dans cet espace périphérique de plus en plus d’unités de production pour bénéficier de tarifs douaniers privilégiés et, ainsi, rester compétitives dans la région. Cette année, l’Asie dans son ensemble va générer plus de 50 % de l’ensemble du PIB mondial. Rappelons que ce ratio <a href="https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/pekin-signe-le-plus-grand-accord-commercial-de-la-planete-avec-14-pays-dasie-1265006">n’atteignait pas 20 % en 1980</a>.</p>
<p>La périphérie chinoise se voit ainsi conférer, et sur un périmètre étendu, le statut d’une « Zone économique spéciale » – ce qui permet à la RPC de sanctuariser encore davantage ses intérêts dans son environnement régional proche. Ce réaménagement de l’espace lui assure une <a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/kevin-sneader-le-covid-creusera-l-ecart-entre-la-chine-et-le-reste-du-monde-20201113">emprise sans précédent sur un marché asiatique riche des potentialités</a> qui lui sont offertes par plus de 2 milliards de consommateurs.</p>
<h2>L’Asie du Sud-Est en questions</h2>
<p>Cet accord n’a pas été initié par la Chine, mais par les <a href="https://asean.org/asean-hits-historic-milestone-signing-rcep/">pays de l’Asean</a>, désireux de tirer profit de leur contexte géographique et économique intermédiaire, entre le bassin Pacifique et Indien d’une part, les pôles de puissances économiques d’Asie du Nord-Est (Chine–Japon–Corée du Sud) et ceux d’Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande) d’autre part. Mais au sein du RCEP, leur poids économique sera <a href="https://thediplomat.com/2020/06/asean-must-make-the-best-of-its-new-centrality-in-chinas-diplomacy/">largement inférieur à celui de la Chine</a>. Ce cadre sera un atout stratégique pour la RPC, qui y mêlera diplomatie publique multilatérale et négociations bilatérales concrètes, et usera pleinement de la forte dépendance économique des pays d’Asie à son égard.</p>
<p>De son côté, Taiwan a <a href="https://www.taipeitimes.com/News/front/archives/2020/11/16/2003746988">fait savoir</a> que sa diplomatie poursuivrait ses efforts en vue de rejoindre le nouveau format du TPP (le <a href="https://www.dfat.gov.au/trade/agreements/in-force/cptpp/Pages/comprehensive-and-progressive-agreement-for-trans-pacific-partnership">CPTPP</a>, qui lie le Japon, l’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam) afin de réduire l’impact qu’aura pour l’île la signature du RCEP, dont Taiwan ne fait pas partie. Cet impact sera particulièrement sensible pour les industries pétrochimiques et textiles taïwanaises, <a href="https://taiwaninfo.nat.gov.tw/news.php?unit=53&post=189057">a estimé</a> la ministre taïwanaise de l’Économie Wang Mei-hua.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1328280248794968064"}"></div></p>
<p>Toutefois, 70 % des exportations taïwanaises vers les pays signataires du RCEP sont des produits technologiques déjà exemptés de droits de douane en vertu de l’accord sur les technologies de l’information signé en 1996 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (dont Taiwan est membre de plein droit) et <a href="https://www.wto.org/french/tratop_f/inftec_f/inftec_f.htm">élargi en 2015</a>. Les entreprises taïwanaises, a-t-on ajouté au ministère de l’Économie, ont en outre eu le temps de s’adapter à un environnement concurrentiel déjà marqué par des accords bilatéraux de libre-échange conclus entre les pays de l’Asean et la Chine, la Corée, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Les spéculations vont désormais bon train pour savoir si les <a href="https://www.lopinion.fr/edition/international/etats-unis-joe-biden-veut-mettre-en-place-normes-commerciales-229245">États-Unis de Joe Biden</a> finiront à leur tour par rejoindre le CPTPP.</p>
<p>Par ailleurs, cette configuration économique et financière permet de poser la question de la <a href="https://www.ft.com/content/77075422-b6f9-11ea-8ecb-0994e384dffe">concurrence des places financières en Asie</a> et celle <a href="https://www.taipeitimes.com/News/editorials/archives/2020/10/19/2003745402">du statut potentiel de Taiwan</a> à cet égard.</p>
<h2>Une victoire institutionnelle et surtout fonctionnelle pour la Chine</h2>
<p>La signature du RCEP est une première pour la Chine et témoigne du cadre évolutif de sa politique étrangère, qui contraste avec son immobilisme en matière de gouvernance intérieure. En cela, le régime de Pékin, manie avec pragmatisme <a href="https://www.fdbda.org/2020/05/la-resistible-ascension-de-la-chine-pt-1-un-regime-mutant/">tactique économique libérale et autoritarisme politique</a></p>
<p>La Chine pourrait asseoir encore plus son influence économique et industrielle, en déployant de nouvelles chaînes de production dans cette vaste zone, en particulier en Asie du Sud-Est. Conjoncturellement, alors que l’économie mondiale est fortement ralentie, le <a href="https://www.imf.org/en/News/Articles/2020/11/12/sp111220-managing-director-remarks-at-caixin-summit?cid=em-COM-789-42279">FMI annonçait récemment</a> que la Chine afficherait une croissance à 1,9 % cette année et projette 8,2 % pour 2021.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1316688191454351360"}"></div></p>
<p>À terme, l’enjeu est aussi politique et stratégique. Une présence renforcée de Pékin dans ce vaste espace géoéconomique lui assure une position dominante, malgré les initiatives américaines dans l’« Indo-Pacifique » et la consolidation de coopération entre le Japon, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. De plus, le RCEP ne limitera pas les effets des sanctions commerciales et technologiques américaines visant la Chine. Cependant, l’appareil industriel de Pékin y trouvera une <a href="https://www.scmp.com/economy/china-economy/article/3110022/chinas-marginal-rcep-gains-will-not-offset-trade-war-impact">opportunité d’approvisionnements et de débouchés</a>.</p>
<h2>Quid du concept Indo-Pacifique ?</h2>
<p>Malgré la dégradation des relations bilatérales (Chine-Australie ou Chine-Japon), accélérée par les conséquences géopolitiques de la pandémie de Covid-19, plusieurs partenaires des États-Unis ont signé cet accord de libre-échange qui profite à Pékin.</p>
<p>L’intégration dans cet accord commercial de pays industrialisés et proches de Washington tant en matière industrielle et économique que militaire (Japon, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) ne va pas sans contredire les objectifs stratégiques et sécuritaires du concept américain « Indo-Pacifique », plus précisément <a href="https://legrandcontinent.eu/fr/2020/10/23/chine-etats-unis-une-histoire-sous-la-contrainte-ou-les-rivalites-du-temps-present/">Free and Open Indo-Pacific</a>.</p>
<p>Si le <a href="https://www.asie21.com/2018/03/01/tableau-militaire-de-la-region-indopacifique/">déploiement militaire américain</a> qui vise à contenir les capacités de projection et d’expansion chinoises est important dans la zone, et de mieux en mieux articulé à plusieurs pays signataires du RCEP, l’intégration fonctionnelle du libre-échange, où la Chine domine et dominera, montre les limites du recours à l’outil militaire face à la logique de guérilla géoéconomique permanente entretenue par Pékin.</p>
<p>Les brevets, les marchandises, l’influence économique et les réseaux d’affaires chinois, puissamment soutenus par le régime (entreprises d’État, réseau diplomatique, collusion des milieux d’affaires et politiques) sont <a href="https://www.fdbda.org/2020/06/la-resistible-ascension-de-la-chine-pt-3-un-hegemon-partiel-pour-un-monde-trop-grand/">autant de points tactiques acquis à Pékin</a> dans cette vaste zone qui recoupe intérêts européens, américains, indiens, japonais etc. Le renforcement du <a href="https://asia.nikkei.com/Politics/International-relations/Quad-drills-Australia-to-join-India-US-and-Japan-at-Malabar"><em>Quad</em></a> (<em>Quadrilateral Security Dialogue – États-Unis, Japon, Inde et Australie</em>) pourrait être à bien des égards inopérant. Jeffrey Wilson, chercheur au think tank australien ASPI, évoque même une <a href="https://www.aspistrategist.org.au/rcep-will-redraw-the-economic-and-strategic-map-of-the-indo-pacific/">reconfiguration économique et stratégique majeure en Asie-Pacifique</a>.</p>
<p>Non seulement, le RCEP vient sanctuariser la puissance industrielle et commerciale chinoise, mais il va aussi accélérer la contestation du réseau d’alliances militaires et économiques des États-Unis. En somme, le commerce vient perturber le spectre de la puissance stratégique. D’ailleurs, l’Inde, qui fait de la Chine la priorité de sa politique étrangère (à travers son dispositif sécuritaire vis-à-vis du Pakistan, mais aussi le développement de ses liens économiques, militaires et diplomatiques avec l’Asie du Sud-Est, le Japon et l’Australie), pourrait, de manière versatile, <a href="https://asia.nikkei.com/Opinion/India-s-return-to-RCEP-is-in-everyone-s-interests">rejoindre le RCEP</a>. Rappelons que l’Inde est membre de l’Organisation de Coopération de Shanghai, institution initiée par la Chine, au sein de laquelle se trouve le Pakistan.</p>
<p>Le 15 novembre 2020 signe officiellement le début d’une intégration fonctionnelle en Asie-Pacifique qui se complète aux autres initiatives dominées par Pékin : Organisation de coopération de Shanghai, projet BRI, <a href="http://www.chinatax.gov.cn/eng/britacom.html">BRITACOM</a>, <a href="https://cqegheiulaval.com/les-enjeux-politiques-et-economiques-de-la-baii/">BAII</a>, etc. La géoéconomie asiatique, polarisée sur la Chine, demeurera longtemps un facteur stratégique des recompositions de l’ordre international.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/150313/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Véron est délégué général du FDBDA</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Lincot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quinze pays de la zone Asie-Pacifique, parmi lesquels la Chine, viennent de créer une zone de libre-échange immense, regroupant 30 % de la population mondiale. Un atout de plus pour Pékin.Emmanuel Véron, Enseignant-chercheur - Ecole navale, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)Emmanuel Lincot, Spécialiste de l'histoire politique et culturelle de la Chine contemporaine, Institut catholique de Paris (ICP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1500142020-11-17T20:53:13Z2020-11-17T20:53:13ZPlastiques : la délicate question du « cycle de vie » des emballages<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/369141/original/file-20201112-13-1761eiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les emballages plastiques à usage unique sont polluants et difficiles à recycler. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le 2 novembre dernier, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili annonçait que le gouvernement visait une diminution de 20 % des emballages plastiques à usage unique d’ici à 2025. Un peu partout dans le monde, des avancées législatives se concrétisent en la matière. La Nouvelle-Zélande par exemple, a elle aussi proposé cet été de <a href="https://www.beehive.govt.nz/release/government-regulate-environmentally-harmful-plastic-packaging-tyres-e-waste">réguler ce type d’emballages</a> et d’interdire <a href="https://www.mfe.govt.nz/publications/waste/reducing-impact-of-plastic-our-environment-moving-away-from-hard-to-recycle-and-single-use-items">plusieurs plastiques difficiles à recycler et articles en plastique à usage unique</a>.</p>
<p>Ces évolutions répondent à une <a href="https://www.colmarbrunton.co.nz/better-futures-reports-2020/">préoccupation grandissante de la population</a> autour du plastique, des <a href="https://science.sciencemag.org/content/369/6510/1515.abstract">volumes croissants</a> présents dans l’environnement, des preuves innombrables de ses <a href="https://www.pewtrusts.org/-/media/assets/2020/07/breakingtheplasticwave_report.pdf">effets négatifs sur l’environnement et la santé</a> et du rôle qu’il joue dans la <a href="https://www.ciel.org/wp-content/uploads/2019/05/Plastic-and-Climate-FINAL-2019.pdf">crise climatique mondiale</a>.</p>
<p>S’attaquer à l’emballage plastique est indispensable pour inverser ces tendances négatives. Il <a href="https://advances.sciencemag.org/content/3/7/e1700782.full">représente 42 %</a> de l’ensemble des plastiques non fibreux produits.</p>
<p>Mais l’industrie du plastique tente à tout prix de freiner ces efforts. Pour convaincre que les emballages plastiques sont irremplaçables, ses représentants assurent que leur régulation aura en réalité des <a href="https://www.scoop.co.nz/stories/PO2007/S00394/declaring-plastic-packaging-a-priority-product-will-be-bad-for-the-environment.htm">conséquences environnementales négatives</a>, car le plastique est un matériau léger dont l’empreinte carbone est plus faible que le verre, le papier ou le métal.</p>
<p>Ces arguments sont fondés sur ce que l’on appelle <a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/dossier/lanalyse-cycle-vie/quest-lacv">« l’analyse cycle de vie »</a> (ACV). C’est un outil permettant de mesurer et comparer l’impact environnemental des matériaux tout au long de leur vie.</p>
<h2>Les arguments rôdés de l’industrie plastique</h2>
<p>L’ACV est utilisée <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/1099-1522(200003/04)13:2%3C55::AID-PTS490%3E3.0.CO;2-G">pour évaluer l’impact de l’emballage</a> depuis que l’entreprise Coca-Cola a commandé la première évaluation complète en 1969.</p>
<p>Bien que les praticiens indépendants de l’ACV puissent adopter des processus rigoureux, la méthode est <a href="https://www.eunomia.co.uk/reports-tools/plastics-can-life-cycle-assessment-rise-to-the-challenge/">vulnérable aux abus</a>. Selon le cabinet de conseil européen en gestion des déchets Eunomia, elle est limitée par les questions auxquelles elle cherche à répondre :</p>
<blockquote>
<p>« Posez des questions inappropriées, trompeuses, étroites ou mal informées et le processus n’apportera que des réponses du même genre. »</p>
</blockquote>
<p>Les ACV commandées par l’industrie ont souvent pour fondement des hypothèses positives sur le plastique. Selon elle, le poids léger du plastique compenserait ses impacts négatifs sur les humains, la faune et les écosystèmes. Certaines études sont même utilisées pour justifier l’expansion continue de la <a href="https://www.plasticseurope.org/application/files/9015/1310/4686/september-2010-the-impact-of-plastic.pdf">production de plastique</a>.</p>
<p>Mais ce plaidoyer néglige certains facteurs importants. En théorie, l’analyse cycle de vie tient compte de l’impact environnemental d’un produit tout au long de son existence. En pratique, cela varie d’une analyse à l’autre, puisque ceux qui la réalisent en délimitent les contours.</p>
<p>Zero Waste Europe a mis en lumière que l’ACV des emballages alimentaires omet souvent de prendre en compte certains aspects importants. Notamment la <a href="http://zerowasteeurope.eu/wp-content/uploads/2018/04/Justifying-plastic-pollution_The-shortcomings-of-LCAs-in-food-packaging-policy_FoEE-ZWE-April-2018.pdf">potentielle toxicité de certains matériaux</a>, ou l’impact des fuites dans l’environnement. Exclure des facteurs comme ceux-ci confère au plastique un avantage injustifié.</p>
<p>Des chercheurs ont par exemple <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26826362/">reconnu</a> l’échec critique de la méthode à prendre en compte la pollution marine. C’est désormais une priorité pour la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-017-1382-z">communauté scientifique</a>… mais pas pour l’industrie du plastique.</p>
<p>Malgré cela, même les études ACV douteuses conservent aujourd’hui un crédit important dans le domaine public. L’industrie de l’emballage capitalise dessus pour <a href="https://talking-trash.com/wp-content/uploads/2020/09/TalkingTrash_FullReport.pdf">distraire, retarder et empêcher</a> l’évolution de la législation. Il est difficile de réfuter les études de l’industrie qui promeuvent la supériorité environnementale du plastique car la mise en place d’une ACV robuste <a href="https://lcanz.org.nz/wp/wp-content/uploads/2020/08/LCT-LCA-and-transitioning-to-a-Circular-Economy-LCANZ-July-2020-v1.6.pdf">est coûteuse et prend du temps</a>.</p>
<h2>L’analyse cycle de vie et la politique d’emballage</h2>
<p>Si l’ACV séduit les décideurs soucieux de développer une politique d’emballage fondée sur la preuve, il est essentiel de bien connaître les limites de cet outil, sans quoi les politiques décidées risquent bien de renforcer la communication biaisée des industriels du plastique.</p>
<p>En Nouvelle-Zélande, un rapport intitulé <a href="https://www.pmcsa.ac.nz/topics/rethinking-plastics/">Rethinking Plastics</a> a été réalisé par le bureau du conseiller scientifique du premier ministre. Il a beaucoup influencé l’évolution de la politique nationale à l’égard du plastique.</p>
<p>Ce rapport consacre un chapitre entier à l’ACV. Or il comprend des études de cas qui n’adoptent pas réellement une approche cycle de vie complète, allant de l’extraction des matériaux nécessaires à la fabrication à l’élimination du produit. Un biais que le document ne concède qu’à la dernière page, en précisant que l’ACV ne tient pas compte des impacts environnementaux, économiques et sanitaires du plastique répandu dans l’environnement.</p>
<p>Le rapport suggère également, à tort, que l’ACV constitue « une approche alternative » à la hiérarchie du zéro déchet. En fait, les deux outils fonctionnent bien mieux ensemble. La hiérarchie du zéro déchet priorise les stratégies de prévention, réduction et réutilisation des emballages. Elle est en effet fondée sur l’idée selon laquelle ces approches ont un impact sur le cycle de vie plus faible que le recyclage et la mise en décharge.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La Nouvelle-Zélande compte un nombre croissant d’épiceries zéro-déchet.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ugis Riba/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or parmi les problèmes que pose l’ACV, l’un réside dans le fait que ses praticiens ont tendance à comparer des matériaux déjà disponibles sur le marché des emballages à usage unique. Une ACV guidée par la hiérarchie des déchets inclurait pourtant aussi des <a href="http://zerowasteeurope.eu/wp-content/uploads/2018/04/Justifying-plastic-pollution_The-shortcomings-of-LCAs-in-food-packaging-policy_FoEE-ZWE-April-2018.pdf">systèmes d’emballage zéro déchet ou réutilisable</a>. Une telle approche contribuerait à concevoir une politique d’emballages réellement durable.</p>
<p>La Nouvelle-Zélande compte déjà un <a href="https://www.facebook.com/sustainaotearoa">nombre croissant d’épiceries sans déchets</a>, approvisionnées par des entreprises locales qui livrent leurs produits dans des emballages réutilisables en vrac. Nous avons également <a href="https://takeawaythrowaways.nz/reuse-schemes-at-home-and-abroad">divers programmes de consignes pour les emballages des produits à emporter</a>.</p>
<p>Le pays a également signé le <a href="https://www.newplasticseconomy.org/assets/doc/Global-Commitment_Definitions_2020-1.pdf">New Plastics Economy Global Commitment</a>, qui engage des entreprises et des gouvernements dans la perspective d’augmenter les emballages réutilisables d’ici à 2025.</p>
<p>Des organisations reconnues comme la <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/publications/reuse">Fondation Ellen MacArthur</a> et l’ONG <a href="https://www.pewtrusts.org/en/">The Pew Charitable Trusts</a> estiment que <a href="https://www.pewtrusts.org/-/media/assets/2020/07/breakingtheplasticwave_report.pdf">30 % des emballages en plastique à usage unique</a> pourraient être remplacés par du <a href="https://www.pewtrusts.org/-/media/assets/2020/07/breakingtheplasticwave_report.pdf">réutilisable</a> d’ici à 2040. Le rapport de The Pew souligne :</p>
<blockquote>
<p>« Une réduction de la production de plastique – via l’élimination, la croissance des possibilités de réutilisation pour le consommateur, ou la naissance de nouveaux modèles de livraison – est la solution la plus attractive d’un point de vue environnemental, économique et social. »</p>
</blockquote>
<p>L’industrie du plastique a abusé de l’ACV pour faire valoir que les tentatives de réduction de la pollution du plastique auront de mauvais résultats sur le plan climatique. Mais de plus en plus, les <a href="https://www.lifecycleinitiative.org/">analyses du cycle de vie qui comparent les types d’emballages dans la hiérarchie des déchets</a> révèlent que cet argumentaire ne règle pas le problème principal, à savoir l’emballage à usage unique.</p>
<p>Les décideurs politiques devraient porter l’analyse du cycle de vie au-delà du carcan imposé par l’industrie et s’en servir pour éclairer la conception des systèmes d’emballage zéro et réutilisable. Ce faisant, les gouvernements pourraient contribuer à réduire la pollution par le plastique, ses effets négatifs sur la santé et les émissions de gaz à effet de serre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/150014/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Trisia Farrelly receives funding from Massey University, the Ryoichi Sasakawa Foundation, and Environmental Investigation Agency International. She is affiliated with Massey University, New Zealand Product Stewardship Council, Aotearoa Plastic Pollution Alliance, Global Alliance for Incinerator Alternatives, Break Free From Plastic, and Association of Social Anthropologists Aotearoa NZ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hannah Blumhardt is affiliated with the New Zealand Product Stewardship Council, The Rubbish Trip, Takeaway Throwaways,, Aotearoa Plastic Pollution Alliance, Better Futures Forum, Sustain Aotearoa: Independent Zero Waste Grocers Incorporated, Lawyers for Climate Action New Zealand and Zero Waste Network Aotearoa. Hannah also works part-time as a Researcher for Eunomia Research & Consulting NZ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Takunda Y Chitaka ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’analyse cycle de vie des emballages alimentaires omet souvent l’impact et la toxicité éventuelle des fuites de plastique dans l’environnement. Ce qui donne aux plastiques un avantage injustifié.Trisia Farrelly, Senior Lecturer, Massey UniversityHannah Blumhardt, Senior Associate at the Institute of Governance and Policy Studies, Te Herenga Waka — Victoria University of WellingtonTakunda Y Chitaka, Postdoctoral Fellow, University of the Western CapeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1475122020-10-06T18:55:12Z2020-10-06T18:55:12ZSemaine de quatre jours : la France doit-elle s’inspirer de la Nouvelle-Zélande ?<p>En 2018, une entreprise néo-zélandaise spécialisée dans la sécurité, Perpetual Guardian, adopte définitivement la semaine de quatre jours de travail, en apportant, chiffres à l’appui des conclusions inattendues et un <a href="https://theconversation.com/working-four-day-weeks-for-five-days-pay-research-shows-it-pays-off-100375">bilan très positif</a>.</p>
<p>Cette expérience grandeur nature a inspiré le gouvernement néo-zélandais qui, par la voix de sa première ministre, Jacinda Ardern, a annoncé en mai dernier que ce modèle devrait être dupliqué à l’échelle du pays comme une <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/may/20/jacinda-ardern-flags-four-day-working-week-as-way-to-rebuild-new-zealand-after-covid-19">solution pour sortir de la crise</a> économique post-Covid.</p>
<p>Dans le même temps, en France, le Medef prône une solution radicalement opposée en demandant au gouvernement, aux mêmes fins de relance économique, <a href="https://www.liberation.fr/france/2020/08/27/temps-de-travail-au-medef-un-pragmatisme-a-contre-courant_1797882">l’allongement du temps de travail</a>. Alors que de nombreux économistes estiment que la réduction du temps de travail constitue une <a href="https://theconversation.com/la-semaine-de-quatre-jours-nest-pas-un-luxe-elle-est-necessaire-au-progres-de-lhumanite-124478">progression logique</a> d’une société de plus en plus productive et où les loisirs tiennent une place primordiale, faut-il en conclure que les milieux patronaux français veulent nous renvoyer vers l’âge de pierre ?</p>
<h2>Moins de stress</h2>
<p>Andrew Barnes, le PDG de Perpetual Guardian, est parti d’une constatation simple : ses employés subissaient un stress permanent lié à la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. L’entrepreneur a donc décidé, avec l’appui de l’Université d’Auckland, de réduire le nombre de jours de travail à quatre par semaine en maintenant le même salaire.</p>
<p>Les résultats de cette expérience se sont révélés édifiants : sur un échantillon de 240 salariés, la productivité hebdomadaire est restée la même, impliquant une meilleure productivité horaire. Le niveau de stress est passé de 45 % à 38 % et l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle de 54 % à 78 %.</p>
<p>D’autres éléments ont également progressé considérablement comme la stimulation et l’engagement dans l’entreprise. Andrew Barnes explique ces chiffres par une meilleure concentration de ses employés et un stress et une fatigue moindres.</p>
<p>D’autres expériences ont également été concluantes comme celle de Microsoft au Japon. Les chiffres de la productivité et le « bonheur » des salariés ont <a href="https://www.japantimes.co.jp/news/2019/11/05/business/microsoft-japan-says-four-day-workweek-boosted-productivity-40/">augmenté considérablement</a>. L’entreprise a par ailleurs réalisé des économies non négligeables en papier, locaux, électricité, etc.</p>
<p>En macroéconomie, l’un des facteurs de production qui contribuent à la croissance d’un pays est le capital humain. On le mesure à l’échelle d’un pays par la performance au travail et les compétences des travailleurs. Si les compétences sont acquises par l’instruction et l’accumulation de l’expérience, la performance ou la productivité sont liées à plusieurs facteurs, notamment l’état de santé des travailleurs, mais aussi le repos (un des facteurs qui expliquent pourquoi la surcharge de travail au Japon réduit la productivité).</p>
<p>Autrement dit, un salarié en bonne santé, reposé, est plus performant qu’un salarié anxieux, malade ou fatigué. De nombreuses entreprises ont vu les performances de leurs salariés augmenter pendant le confinement, ce qui s’explique par des salariés moins stressés par les déplacements ou par les horaires de sorties d’école, moins fatigués (assez d’heures de sommeil, temps de déplacement accordé au repos, etc.), en meilleure santé car ayant une alimentation saine et équilibrée.</p>
<p>Aujourd’hui, un employé qui souhaite se rendre chez un médecin pour obtenir un certificat d’aptitude physique à l’exercice d’une activité sportive de son enfant, ou tout bonnement pour réceptionner une livraison, refaire sa carte d’identité ou autre, sera amené à poser un jour de congé, donc invariablement perturber le fonctionnement de son entreprise, modifier son planning, et générer du stress.</p>
<h2>Un coup de pouce au tourisme</h2>
<p>L’expérience néo-zélandaise a démontré qu’un jour de congé par semaine (choisi à la suite d’une concertation employé/employeur), souvent en milieu de semaine, permettait aux salariés de gérer leurs problèmes quotidiens, d’ajouter des activités sportives en journée, ce qui contribue au long terme à des employés moins malades et donc moins enclins à prendre des arrêts maladie et d’encombrer le système de soins.</p>
<p>On en revient à nouveau au capital humain. Les salariés se sentaient plus motivés et moins enclins à des distractions auxquelles les entreprises font la chasse comme les sites Internet et les réseaux sociaux. Mieux ! L’expérience a montré que les cadres de Perpetual Guardian se sont lancés dans des formations et dans la recherche pour augmenter leurs compétences et leur performance sur leurs postes de travail pendant leur jour libre, contribuant ainsi à l’amélioration de la performance des entreprises.</p>
<p>La première ministre Jacinda Ardern n’a pourtant pas évoqué cette expérience lorsqu’elle s’est adressée aux entreprises, même si le gouvernement néo-zélandais a reçu les conclusions des études et s’en est clairement inspiré. Ce pays, qui a relativement bien géré la crise de la Covid-19 avec peu de décès, en adoptant rapidement une stratégie de fermeture des frontières, a connu une baisse de son PIB liée à l’effondrement du secteur du tourisme.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361643/original/file-20201005-20-cx9jw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=541&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En relançant le tourisme intérieur, la réduction du temps de travail constituerait un coup du pouce au secteur en Nouvelle-Zélande.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Yunsun Kim/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est cet argument que la jeune première ministre a avancé, en soulignant que le <a href="https://theconversation.com/a-four-day-working-week-could-be-the-shot-in-the-arm-post-coronavirus-tourism-needs-139388">tourisme intérieur pourrait être développé</a> si les salariés travaillaient un jour de moins par semaine.</p>
<p>À l’échelle macroéconomique, l’augmentation de la demande dans le secteur du tourisme mènera invariablement à la création d’emplois (des emplois non« délocalisables » d’ailleurs). Une entreprise plus performante est également une entreprise qui embauche (à moyen terme, Perpetual Guardian a décidé d’augmenter sa masse salariale) et qui produit plus.</p>
<h2>À crise exceptionnelle, mesures exceptionnelles</h2>
<p>En France, la création de nouveaux emplois pèserait également positivement sur les comptes publics et donc sur le financement du système de protection sociale. Or, lors de son discours d’ouverture de l’université d’été du Medef en août, le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a déclaré que « la richesse d’un pays, c’est la quantité de travail par individu multipliée par le nombre de gens qui travaillent ».</p>
<p>Pourtant, si la richesse d’un pays se mesurait simplement aux nombres de personnes multipliées par leurs heures de travail, les pays très peuplés comme la Chine et l’Inde devraient avoir un PIB par habitant vertigineux !</p>
<p>Certes, la réduction du temps de travail pourrait être contre-productive dans certains secteurs industriels dont la performance se mesure par le temps et non pas par la productivité (agents de sécurité, d’accueil, techniciens, coiffeurs, etc.). Ce sont donc les professions intellectuelles qui devraient être visées en premier lieu par la réduction du temps de travail, car la performance intellectuelle n’est pas extensible et la fatigue baisse la productivité.</p>
<p>Si on veut relancer une économie après une crise exceptionnelle, il s’agit en effet d’envisager des mesures tout aussi exceptionnelles, ainsi qu’un consensus social où l’effort des salariés sera à la hauteur des efforts des entreprises. La réduction du temps de travail représenterait un progrès économique et social, ainsi qu’un coup de pouce inespéré pour le secteur des loisirs qui paie aujourd’hui le plus lourd tribut de la crise économique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147512/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Linda Monborren ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La réduction du temps de travail produit des effets sur le capital humain, l’un des quatre facteurs de la croissance d’un pays.Linda Monborren, Enseignante en économie et commerce international, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1412182020-06-29T19:12:57Z2020-06-29T19:12:57ZDéboulonner des statues n’a pas le même sens pour les ex-colonies que pour les anciens empires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/343182/original/file-20200622-54985-ll0q1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C5184%2C3437&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Monument au capitaine Cook à Hyde Park (Sydney, Australie).</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les débats en cours dans le monde entier autour des statues, des monuments commémoratifs et des noms de lieux issus d’un passé raciste et impérial ont une signification particulière pour l’<a href="https://www.stuff.co.nz/national/121861371/should-new-zealand-be-officially-renamed-aotearoa">Aotearoa-Nouvelle-Zélande</a>.</p>
<p>Cet ancien avant-poste colonial est confronté à un double fardeau : la commémoration de personnages historiques peu recommandables, et le fait qu’ils ont été importés d’ailleurs. En examinant tout cela, l’on s’exerce à examiner les fondements mêmes de l’histoire coloniale. L’ironie de ce débat contemporain est d’autant plus grande qu’il vient d’outre-mer.</p>
<p>Les manifestations du mouvement « Black Lives Matter » aux États-Unis ont replacé la question au centre de l’attention générale. Leur écho, en Aotearoa-Nouvelle-Zélande, a jusqu’à présent touché un restaurant nommé d’après le célèbre marchand d’esclaves du Pacifique <a href="https://www.stuff.co.nz/national/121772817/akaroa-restaurant-named-after-notorious-slave-trader-seeks-new-name">Bully Hayes</a>, un pub nommé en l’honneur du capitaine Cook et une statue d’un protagoniste des <a href="https://www.frogs-in-nz.com/Infos-voyageurs/Histoire-de-Nouvelle-Zelande/Les-guerres-maories-du-19eme-siecle">guerres maories</a>, Andrew Hamilton, dans la ville qui a pris son nom.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1271291132970860545"}"></div></p>
<p>Comme en Australie, l’héritage autrefois incontesté de James Cook a été remis en question : après avoir jeté les bases de la colonisation, il avait commencé à renommer des lieux – dont beaucoup restent à ce jour nommés ainsi – et à effacer les savoirs et les noms locaux.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/debat-faut-il-deboulonner-les-statues-140760">Débat : Faut-il déboulonner les statues ?</a>
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<p>Au Royaume-Uni, le mouvement qui a commencé par jeter dans le port de Bristol une statue du marchand d’esclaves Edward Colston a donné lieu à la naissance d’une organisation visant à « déboulonner les racistes » et ayant créé sa propre <a href="https://www.toppletheracists.org/">carte interactive</a>. Après que la statue de l’esclavagiste Robert Milligan a été déboulonnée, le maire de Londres, Sadiq Khan, a ordonné un recensement des monuments de la capitale britannique. Le parti Māori a fait la même <a href="https://www.scoop.co.nz/stories/PO2006/S00097/maori-party-calls-for-inquiry-into-colonial-monuments-statues-and-names.htm">demande</a> en Aotearoa-Nouvelle-Zélande.</p>
<h2>Le passé impérial est partout</h2>
<p>Vandaliser ou déboulonner des statues n’est pas chose nouvelle. Érigées en tant que marqueurs du pouvoir et de la domination dans un territoire, elles représentent les idées et les actions des personnes commémorées. Il n’est donc pas surprenant qu’au fur et à mesure que les régimes changent, les noms de lieux sont modifiés et les statues renversées. Les monuments déboulonnés, qui représentaient les figures de Staline, de Lénine et de Saddam Hussein attestent de ruptures historiques, au XX<sup>e</sup> siècle, de ces sociétés avec le passé.</p>
<p>En Aotearoa-Nouvelle-Zélande, les monuments commémoratifs des personnages coloniaux les plus brutaux ne sont que la partie visible de l’iceberg. Il s’agit d’un territoire truffé de marqueurs coloniaux – une nation où la culture impériale britannique est imprimée dans le paysage comme un élément fondamental de la colonisation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/341763/original/file-20200615-65908-1vxhhb4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nettoyage de graffitis sur une statue du capitaine Cook à Randwick, Sydney, 15 juin 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Joel Carrett/AAP</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certains noms de lieux Māori ont pu subsister, mais la plupart d’entre eux ont été remplacés par des noms faisant référence à des personnes et des lieux du vieux continent. Les héros britanniques étaient célébrés pour le rôle qu’ils avaient joué dans la conquête et la domination impériales, et souvent dans la soumission des Māoris, comme <a href="https://www.noted.co.nz/currently/currently-history/marmaduke-nixons-statue-isnt-the-problem-its-how-we-overlook-maori-history">Marmaduke Nixon</a> dont la statue se trouve à Ōtāhuhu, Auckland. Les noms de personnalités de l’Empire britannique comme Thomas Picton (dont certains rappellent aujourd’hui la <a href="https://www.stuff.co.nz/national/121799217/calls-to-rethink-name-picton-as-history-emerges-of-cruel-slaveowner">face sombre</a>) et Edward Eyre ont été donnés à des lieux, et c’était la règle plutôt que l’exception. De même, les colons qui ont reproduit les valeurs impériales ont été particulièrement commémorés.</p>
<p>Mais l’agitation actuelle n’est pas seulement un feu de paille d’une génération qui se réveille, comme l’a laissé entendre le vice-premier ministre <a href="https://www.stuff.co.nz/national/politics/300033874/winston-peters-unimpressed-with-outcry-over-colonial-statues">Winston Peters</a>. La tempête se prépare depuis une dizaine d’années, visant des personnages historiques dont l’héritage est perpétué jusqu’à présent, la campagne <a href="https://rmfoxford.wordpress.com/">« Rhodes Must Fall »</a> en Afrique et en Grande-Bretagne et la destruction de statues confédérées aux États-Unis comptant parmi les manifestations antiracistes les plus largement médiatisées.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1271286866407383040"}"></div></p>
<h2>Effacer l’histoire ou la réécrire ?</h2>
<p>Les arguments pour et contre le démontage des statues et le changement des noms des lieux sont forts. D’un côté, il y a ceux qui affirment que ces traces du passé sont blessantes, non pertinentes et qu’elles ne représentent pas la diversité contemporaine. De l’autre, il y a ceux qui craignent que l’effacement de ces preuves historiques ne comporte un risque de voir se répéter l’histoire. Selon ces derniers, en séparant le passé du présent, nous pouvons admettre que le comportement des personnalités statufiées a été répréhensible tout en estimant que ce comportement doit être considéré dans le contexte de son époque, et non pas effacé parce qu’il heurte les sensibilités modernes.</p>
<p>D’autres encore considèrent la profanation des monuments commémoratifs comme du vandalisme commis par des individus désireux de remplacer le passé par de la propagande. Dans le même temps, un « lobby du patrimoine » veut préserver les statues en tant que formes d’art et s’abstient de toute considération critique sur la manière dont elles représentent la structure des sociétés passées ou présentes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vandalisme-et-deboulonnage-de-statues-memorielles-lhistoire-a-lepreuve-de-la-rue-140761">Vandalisme et déboulonnage de statues mémorielles : l’histoire à l’épreuve de la rue</a>
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<p>Enfin, prenant la menace personnellement, une droite militante et réactionnaire cherche à protéger et à défendre les statues et les noms de lieux.</p>
<p>À moins que la nature n’intervienne, comme ce fut le cas lors du tremblement de terre de Canterbury qui a <a href="http://www.stuff.co.nz/the-press/opinion/4863323/A-natural-break-from-our-colonial-past">détruit</a> un certain nombre de vestiges de l’époque coloniale, quelle est la voie à suivre ?</p>
<h2>Le contexte fait tout</h2>
<p>Une solution consiste à reconnaître ces monuments comme un élément inconfortable de l’histoire et à les déplacer dans des musées et des parcs à statues. Là encore, la solution n’est pas nouvelle. Des statues de la défunte reine Victoria ont fini dans un musée du Québec, un centre commercial de Sydney et dans un entrepôt indien. À Gisborne, une statue de James Cook a été déplacée.</p>
<p>Cela permet de discuter de cet héritage tout en le faisant entrer dans l’histoire. Ainsi des parcs à statues, avec des panneaux d’interprétation et des graffitis favoriseraient la poursuite des discussions. C’est également une pratique courante – on le voit au <a href="https://blogs.lse.ac.uk/lseih/2019/06/20/coronation-park-and-the-forgotten-statues-of-the-british-raj/">Coronation Park</a> à New Delhi, par exemple.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1271613014362349568"}"></div></p>
<p>La révision des noms de rues et de lieux est plus délicate car les noms coloniaux sont partout, bien que la promotion des noms de lieux māoris gagne rapidement du terrain.</p>
<p>Mais en se contentant de reproduire le déboulonnage de certains responsables bien connus de la violence coloniale, Aotearoa-Nouvelle-Zélande risque de prendre du retard par rapport à ce qui se fait déjà ailleurs. Le soleil se couche peut-être une fois de plus sur l’Empire britannique, mais c’est encore l’ancien empire qui mène la charge. Dans cette partie du monde, la remise en cause des monuments et des noms de lieux questionne les fondements mêmes des sociétés colonisatrices et l’évolution des relations entre les races. Or ce passé impérial là n’est pas le nôtre, et nous devrons faire les choses différemment ici.</p>
<hr>
<p><em>La traduction vers la version française a été assurée par le site <a href="https://www.justiceinfo.net/fr/">Justice Info</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141218/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Katie Pickles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En Australie et en Nouvelle-Zélande comme ailleurs, jeter à bas des monuments et changer les noms de lieux rendant hommage au passé colonial ne suffira pas à régler le problème du racisme.Katie Pickles, Professor of History at the University of Canterbury, University of CanterburyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1403872020-06-09T18:07:35Z2020-06-09T18:07:35ZCoronavirus : le point hebdomadaire sur la couverture internationale (14)<p>Les manifestations contre les violences policières <a href="https://www.nytimes.com/2020/06/06/world/george-floyd-global-protests.html">qui se déroulent dans le monde entier</a> mettent en évidence l'existence d'une <a href="https://www.nbcnews.com/news/us-news/new-york-protesters-say-they-are-facing-two-deadly-pandemics-n1225241">double pandémie</a> : celle du Covid-19 et celle du <a href="https://theconversation.com/george-floyd-and-ahmaud-arbery-deaths-racism-causes-life-threatening-conditions-for-black-men-every-day-120541">racisme</a>. Les chercheurs soulignent en effet que les inégalités structurelles sont l'un des élements qui permettent d'expliquer pourquoi les personnes de couleur sont les plus durement touchées par le coronavirus.</p>
<p>Les gouvernements craignent en outre que les manifestations ne favorisent la propagation de Covid-19. C'est pourquoi les experts en santé publique livrent leurs <a href="https://theconversation.com/how-to-protest-during-a-pandemic-and-still-keep-everyone-safe-from-coronavirus-6-questions-answered-139978">conseils</a> sur les moyens de manifester en toute sécurité.</p>
<p>Enfin, tandis que de <a href="https://www.nytimes.com/2020/06/08/opinion/brazil-coronavirus-bolsonaro.html">nombreux pays</a> sont encore aux prises avec des taux croissants du virus, la Nouvelle-Zélande a déclaré avoir <a href="https://theconversation.com/new-zealand-hits-zero-active-coronavirus-cases-here-are-5-measures-to-keep-it-that-way-139862">éliminé le virus</a>.</p>
<p>Cette semaine, nous vous proposons un tour d'horizon de la crise du Covid-19 décryptée par des chercheurs du monde entier, afin d'explorer l'impact de la pandémie, le succès de la Nouvelle-Zélande et les derniers essais de médicaments.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><em><strong>Notre point hebdomadaire d'informations sur le <a href="https://theconversation.com/topics/covid-19-82431">coronavirus</a>.</strong> Composé d'associations à but non lucratif, The Conversation est un média qui travaille avec des milliers d'universitaires à travers son réseau mondial. Ensemble, nous publions des analyses fondées sur les faits et la recherche académique. Les articles sont gratuits – libres d'accès – et peuvent être republiés.</em></p>
<hr>
<h2>Les pandémies mettent à nu les inégalités</h2>
<p>Les pandémies passées ont mis en évidence l'existence d'inégalités, et celle du Covid-19 n'a pas dérogé à la règle. Nos experts expliquent pourquoi son impact a été plus fort pour les personnes de couleur et les autres groupes marginalisés.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1267455096021024768"}"></div></p>
<ul>
<li><p><strong>Impact disproportionné</strong>. Les Noirs américains meurent du coronavirus à un rythme près de trois fois supérieur à celui des Blancs américains, tandis que les Noirs du Royaume-Uni ont quatre fois plus de risques de mourir du Covid-19 que leurs compatriotes blancs. L'historien de la médecine Mark Honigsbaum (University of London) explique <a href="https://theconversation.com/epidemics-have-often-led-to-discrimination-against-minorities-this-time-is-no-different-140189">pourquoi</a>.</p></li>
<li><p><strong>La justice sociale est cruciale pour les soins de santé</strong>. Le racisme systémique signifie que les groupes marginalisés ont un <a href="https://theconversation.com/doctors-cant-treat-covid-19-effectively-without-recognizing-the-social-justice-aspects-of-health-138787">accès limité aux soins</a>, selon une équipe interdisciplinaire de chercheurs américains. Les médecins doivent être <a href="https://theconversation.com/covid-19-shows-the-world-needs-physicians-who-can-look-beyond-medical-charts-138460">formés pour comprendre</a> les marqueurs sociaux pour pouvoir traiter des problèmes comme le Covid-19, affirment de leur côté des chercheurs de l'Université de l'équité en santé mondiale du Rwanda.</p></li>
<li><p><strong>Manifestation en toute sécurité</strong>. Face au risque de propagation du virus dans les manifestations, Philip Russo, chercheur en prévention des infections de l'université de Monash, en Australie, <a href="https://theconversation.com/can-you-socially-distance-at-a-black-lives-matter-rally-in-australia-and-new-zealand-how-to-protest-in-a-coronavirus-pandemic-139875">donne quelques conseils</a> sur la manière de minimiser le risque de transmission lors des déplacements dans la rue.</p></li>
<li><p><strong>Les doubles peines des Noirs masqués</strong>. Bien que les masques offrent une sécurité accrue pendant la pandémie, les Noirs et les autres groupes minoritaires sont souvent victimes d'abus racistes ou de discrimination lorsqu'ils les portent. Jasmin Zine de l'université Wilfrid Laurier explique <a href="https://theconversation.com/unmasking-the-racial-politics-of-the-coronavirus-pandemic-139011">pourquoi</a>.</p></li>
</ul>
<ul>
<li><strong>Un manque d'eau propre</strong>. La propreté de l'eau est essentielle pour l'hygiène et le lavage des mains, éléments clés du contrôle des infections. Mais de nombreuses personnes n'ont pas accès à une eau de bonne qualité, en particulier dans les bidonvilles et les camps de réfugiés, <a href="https://theconversation.com/covid-19-heightens-water-problems-around-the-world-140167">selon des chercheurs</a> de l'Université nationale de Singapour et de l'Université de Glasgow.</li>
</ul>
<h2>La Nouvelle-Zélande élimine le virus</h2>
<p>La Nouvelle-Zélande a franchi le cap historique de zéro cas actif et a levé presque toutes ses restrictions. Deux des principaux experts en santé publique à l'origine de cette élimination réussie expliquent le défi que représente le maintien de cette situation. Dans le même temps, plusieurs de nos chercheurs reviennent sur l'exemple de l'Australie dans la lutte contre le virus.</p>
<ul>
<li><p><strong>Célébration prudente</strong>. La Nouvelle-Zélande a réussi à éliminer le Covid-19, mais ce succès n'est pas définitif : il nécessite un travail constant. Deux professeurs de santé publique de l'université d'Otago <a href="https://theconversation.com/new-zealand-hits-zero-active-coronavirus-cases-here-are-5-measures-to-keep-it-that-way-139862">décrivent cinq moyens</a> pour le pays de se protéger à long terme.</p></li>
<li><p><strong>Cas asymptomatiques</strong>. D'ailleurs, la levée des mesures de restrictions en Nouvelle-Zélande augmente le risque d'une nouvelle épidémie de 8%, selon la <a href="https://theconversation.com/new-zealand-hits-a-95-chance-of-eliminating-coronavirus-but-we-predict-new-cases-will-emerge-139973">modélisation d'une équipe de recherche interdisciplinaire</a>. En effet, il peut y avoir des cas asymptomatiques cachés qui n'ont pas été découverts par les tests.</p></li>
</ul>
<ul>
<li><p><strong>Le succès de l'Australie</strong>. De l'autre côté de la mer de Tasman, la réponse australienne a également été l'une des plus efficaces au monde. Steven Duckett et Anika Stobart de l'Institut Grattan décrivent <a href="https://theconversation.com/4-ways-australias-coronavirus-response-was-a-triumph-and-4-ways-it-fell-short-139845">les quatre raisons de ce succès</a>, et dévoilent quatre éléments qui auraient permis à cette réponse d'être encore meilleure.</p></li>
<li><p><strong>Les tests sont la clé</strong>. La réussite de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie repose notamment sur un nombre élevé de tests, selon un chercheur de l'Université de Sydney, qui <a href="https://theconversation.com/cases-deaths-and-coronavirus-tests-how-australia-compares-to-the-rest-of-the-world-139753">a examiné les données mondiales</a>. Le Bahreïn, le Qatar, la Lituanie et le Danemark figurent par ailleurs parmi ces pays qui affichent les taux les plus élevés de tests.</p></li>
</ul>
<h2>Dernières nouvelles de la recherche</h2>
<p>Alors que le monde attend un vaccin qui pourrait bien… ne jamais arriver, la recherche intensive se poursuit sur les médicaments possibles pour traiter le Covid-19. En particulier, les essais de l'hydroxychloroquine, le médicament antipaludéen promu notamment par le président des États-Unis Donald Trump, se poursuivent malgré la controverse actuelle.</p>
<ul>
<li><p><strong><em>The Lancet</em> se rétracte</strong>. Une étude avait déjà fait la Une des journaux du monde entier après avoir conclu que l'hydroxychloroquine était <a href="https://theconversation.com/could-taking-hydroxychloroquine-for-coronavirus-be-more-harmful-than-helpful-139309">associé à un risque accru de décès</a>. Mais la prestigieuse revue médicale <em>The Lancet</em> qui l'avait publiée s'est <a href="https://www.thelancet.com/lancet/article/s0140673620313246">rétractée</a> en raison de doutes sur les données mobilisées. </p></li>
<li><p><strong>Les essais cliniques, une longue histoire</strong>. Le concept d'essais cliniques est peut-être nouveau pour beaucoup d'entre nous, mais il est déjà ancien. En effet, l'une des premières expériences a eu lieu il y a près de 1 000 ans en Chine, <a href="https://theconversation.com/the-fascinating-history-of-clinical-trials-139666">rappelle Adrian Esterman</a> de l'Université d'Australie du Sud.</p></li>
<li><p><strong>Va-t-il s'épuiser?</strong>. Le virus original du SRAS a disparu en 2004. Mais Connor Bamford, un virologue de l'université Queen’s de Belfast, affirme que le corononavirus à l'origine du Covid-19 est <a href="https://theconversation.com/the-original-sars-virus-disappeared-heres-why-coronavirus-wont-do-the-same-138177">peu susceptible de suivre la même voie</a> parce qu'il se propage plus facilement. Il pourrait ainsi devenir un virus endémique qui s'installe dans la population humaine.</p></li>
<li><p><strong>La recherche des contacts n'est pas nouvelle non plus</strong>. La recherche des contacts a été un outil important dans la lutte contre le Covid-19 dans de nombreux pays. Deux chercheurs de l'université de Glasgow reviennent sur l'histoire de cette méthode et la façon dont elle a été notamment employée <a href="https://theconversation.com/contact-tracing-how-physicians-used-it-500-years-ago-to-control-the-bubonic-plague-139248">pour lutter contre la peste bubonique</a> il y a 500 ans.</p></li>
<li><p><strong>Risques chez le fœtus</strong>. Enfin, depuis le début de la pandémie, les femmes enceintes souffrent davantage d'anxiété et de symptômes dépressifs. <a href="https://theconversation.com/covid-19-hausse-des-problemes-de-sante-mentale-chez-les-femmes-enceintes-139358">Un problème qui pourrait affecter le développement des fœtus</a>, écrit Berthelot Nicolas de l'Université du Québec.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340472/original/file-20200609-165383-1636h87.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La saga actuelle autour de l'hydroxychloroquine prend une autre tournure alors que <em>The Lancet</em> se rétracte au sujet de l'étude affirmant que le médicament anti-paludisme a augmenté le risque de décès.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p><em>This article is supported by the <a href="https://theconversation.com/au/partners/judith-neilson-institute">Judith Neilson Institute for Journalism and Ideas</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140387/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Cette semaine, nos experts expliquent notamment pourquoi les personnes de couleur sont les plus touchées par le Covid-19 et décryptent le succès de la Nouvelle-Zélande dans sa gestion de la crise.Thibault Lieurade, Chef de rubrique Economie + Entreprise, The Conversation FranceLiam Petterson, Deputy Politics Editor, The Conversation AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1384762020-05-12T15:58:57Z2020-05-12T15:58:57ZCoronavirus : le point hebdomadaire sur la couverture internationale (10)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/334406/original/file-20200512-82379-fcu76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C1500%2C994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ir5MHI6rPg0">Christine Roy / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La gestion de la pandémie Covid-19 a donné lieu à des mesures de politique publique sévères dans le monde entier, notamment des mesures de confinement visant à réduire au minimum les interactions humaines. Ces mesures, qui ont mis un terme à de grandes parties de l’activité économique, ont eu des conséquences dévastatrices, obligeant les entreprises à licencier des dizaines de millions de travailleurs dans le monde.</p>
<p>Pour atténuer les conséquences sociales et économiques, les gouvernements ont dû puiser dans leurs ressources financières qui, dans certains cas, étaient déjà mises à rude épreuve. Ces dépenses s’ajoutent à celles que l’exécutif doit injecter dans les systèmes de santé pour lutter contre la pandémie, alors que l’arrêt de l’activité économique a souvent entraîné une suspension voire une annulation des impôts des entreprises, mettant à rude épreuve les finances publiques.</p>
<p>Dans ce tour d’horizon de nos experts internationaux, nous avons rassemblé de nombreuses analyses concernant les budgets des états en temps de pandémie, l’aggravation des inégalités liées au travail à distance, les répercussions de la pandémie sur l’inflation, la hausse du chômage et la probabilité d’une augmentation du fardeau de la dette pour les générations futures.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><em><strong>Notre point hebdomadaire d’informations expertes sur le <a href="https://theconversation.com/topics/covid-19-82431">coronavirus</a>.</strong> Composé d’associations à but non lucratif, The Conversation est un média qui travaille avec des milliers d’universitaires à travers son réseau mondial. Ensemble, nous publions des analyses basées sur les faits et la recherche académique. Les articles sont gratuits – il n’y a pas de paywall – et peuvent être republiés.</em></p>
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<h2>Ce que font les différents pays</h2>
<p>Les gouvernements ont deux options pour financer les dépenses supplémentaires : augmenter les impôts et accroître la dette.</p>
<ul>
<li><p><strong>L’Indonésie</strong> a décidé d’émettre des obligations d’État pour financer un plan de relance visant à contrer les effets de Covid-19. Nurhastuty K. Wardhani explique que la nature à long terme de l’obligation et sa dénomination en dollars américains seront très probablement un <a href="https://theconversation.com/indonesias-government-bonds-to-fight-off-covid-19-will-burden-future-generations-136865">fardeau pour les générations futures</a>.</p></li>
<li><p><strong>L’Argentine</strong> cherche des moyens de <a href="https://theconversation.com/argentina-is-trying-to-tax-its-way-out-of-another-financial-crisis-why-thats-so-risky-137839">financer par les taxes sa sortie de la crise économique actuelle induite par Covid-19</a>. Alejandro Milcíades Peña et Matt Barlow expliquent pourquoi cela constitue un pari risqué pour un pays qui a déjà des taux d’imposition très élevés.</p></li>
<li><p><strong>La Nouvelle-Zélande</strong> devrait libérer des <a href="https://theconversation.com/past-pandemics-show-how-coronavirus-budgets-can-drive-faster-economic-recovery-137775">fonds pour ses entreprises de façon massive mais ciblée</a>, estime Ilan Noy. <a href="https://theconversation.com/the-pandemic-budget-moving-new-zealand-from-critical-care-to-long-term-recovery-138294">Norman Gemmell décrit</a> ce à quoi devrait ressembler le prochain budget du pays, alors que celui-ci se prépare à sortir de la période de confinement du Covid-19.</p></li>
</ul>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/B_6b67WBTyr","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<ul>
<li><p><strong>Un certain nombre de pays africains</strong> sont confrontés à des finances publiques tendues, certains luttant déjà pour rembourser leur dette. En réponse, des appels de plus en plus nombreux ont été lancés en faveur d’un <a href="https://theconversation.com/moratorium-on-debt-for-africa-be-careful-of-unintended-consequences-137406">allégement de la dette</a>. Cependant, Rodrigo Olivares-Caminal soutient que toute proposition de moratoire doit impliquer les prêteurs et les investisseurs afin d’éviter des conséquences involontaires qui pourraient être coûteuses pour l’Afrique.</p></li>
<li><p><strong>Le Canada</strong> prévoit une <a href="https://theconversation.com/paying-for-the-pandemic-why-the-governments-massive-coronavirus-spending-may-not-lead-to-higher-taxes-137862">multiplication par douze de son déficit budgétaire</a> pour cet exercice financier, en raison de la forte baisse des prévisions de recettes fiscales et des mesures extraordinaires prises par le gouvernement pour soutenir l’économie et gérer la pandémie. Toutefois, comme le souligne Patrick Lebland, cela ne se traduira peut-être pas par une augmentation des impôts.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/332910/original/file-20200505-83745-1d5dddt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le rendement moyen des obligations négociables du gouvernement du Canada de trois à cinq ans. À noter : les coûts d’emprunt pour le gouvernement fédéral ont diminué depuis le début de la pandémie de coronavirus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bank of Canada</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p><strong>Aux États-Unis</strong>, le chômage est passé de 4,4 % en mars à 14,7 % en avril, mais Jay L. Zagorsky affirme que ce taux ne devrait pas atteindre 25 %, soit le plus haut niveau atteint pendant la dépression de 1933. Selon lui, la <a href="https://theconversation.com/coronavirus-unemployment-at-nearly-15-is-still-shy-of-the-record-high-reached-during-the-great-depression-138237">crise sera de courte durée</a> et l’économie américaine rebondira lorsque les gens reprendront leurs activités économiques.</p></li>
<li><p><strong>La Banque de réserve australienne</strong> a prévu une <a href="https://theconversation.com/the-reserve-bank-thinks-the-recovery-will-look-v-shaped-there-are-reasons-to-doubt-it-138213">croissance économique trop optimiste</a> (une personne sur 13 en Australie va perdre son emploi) pour les deux prochaines années, selon Peter Martin. S’appuyant sur ce qui s’est passé après la crise financière mondiale de 2008, il voit une reprise qui ressemble davantage à un bateau à fond plat.</p></li>
</ul>
<p>En attendant, Alan Shipman met en garde contre les dangers d’une <a href="https://theconversation.com/inflation-or-deflation-which-would-be-worse-right-now-138030">nouvelle baisse de l’inflation des prix à la consommation</a>. Lorsque les consommateurs sentent que les prix vont continuer à baisser, ils reportent leurs dépenses pour des achats non essentiels, espérant acheter plus tard à un prix encore plus bas. Un tel comportement entraîne évidemment une baisse des dépenses de consommation, l’un des principaux moteurs de l’activité économique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/333170/original/file-20200506-49538-1rbhs49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Que se passe-t-il lorsque les capitaux cessent de circuler ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">Kate Townsend/Unsplash</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le lieu de travail et l’inégalité</h2>
<ul>
<li><p><strong><a href="https://theconversation.com/five-workplace-trends-will-shape-life-after-lockdown-138077">Dave Cook décrit les cinq tendances</a></strong> qui façonneront le lieu de travail de l’avenir.</p></li>
<li><p><strong><a href="https://theconversation.com/remote-work-worsens-inequality-by-mostly-helping-high-income-earners-136160">Le travail à distance peut être une source d’inégalité socio-économique</a></strong>, avertissent Ugo Lachapelle et Georges A. Tanguay. Bien que la mesure vise à ralentir la propagation de la pandémie, les chercheurs ont analysé les données de l’Enquête sociale générale (ESG) canadienne de 2015 pour montrer que le nombre de télétravailleurs augmente selon le salaire et la situation économique. Les emplois comportant une forte proportion de travailleurs à faible revenu comptent généralement peu de télétravailleurs et perdent ainsi leurs avantages.</p></li>
</ul>
<hr>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/332525/original/file-20200504-83764-nkcaij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Enquête sociale générale (ESG) canadienne de 2015, pondérée pour représenter la population active canadienne.</span>
</figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/138476/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Un regard sur ce que font différents pays face au choc économique provoqué par la pandémie, de l’Indonésie à l’Argentine et au Canada, en passant pour les États-Unis.Jabulani Sikhakhane, Editor, The Conversation AfricaFabrice Rousselot, Directeur de la rédaction, The Conversation FranceThibault Lieurade, Chef de rubrique Economie + Entreprise, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1313482020-02-11T19:37:50Z2020-02-11T19:37:50Z« Réfugiés climatiques » : une décision historique du Comité des droits de l’homme de l’ONU ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/314033/original/file-20200206-43074-hqqjp4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C15%2C5035%2C3352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un groupe de personnes traverse un lagon dans l'île de Tarawa, Kiribati.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/group-people-crosses-lagoon-tarawa-kiribati-669501271">Nava Fedaeff/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Ioane Teitiota, un citoyen de Kiribati qui demandait l’asile à la Nouvelle-Zélande depuis des années, aurait bien pu devenir le premier réfugié climatique du monde. Le 24 janvier dernier, le <a href="https://www.ohchr.org/fr/hrbodies/ccpr/pages/ccprindex.aspx">Comité des droits de l’homme de l’ONU</a> (« le Comité ») a <a href="https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2020/1/5e2b0deaa/decision-comite-droits-lhomme-nations-unies-changement-climatique-signal.html">soutenu</a> le refus opposé à sa demande par la Cour suprême de Nouvelle-Zélande, observant que la situation de M. Teitiota ne représentait pas un danger imminent ni une atteinte réelle à ses droits fondamentaux ; mais le Comité a également estimé que les personnes fuyant les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles ne devraient pas être renvoyées dans leur pays d’origine (le principe de « non-refoulement ») si leurs droits humains fondamentaux s’en trouvaient menacés.</p>
<p>Avant de revenir sur cette décision <a href="https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/01/un-landmark-case-for-people-displaced-by-climate-change/">qualifiée d’historique</a> et sur ses conséquences potentielles, rappelons brièvement les faits, la fonction du Comité ainsi que la définition d’un réfugié et les obligations étatiques de non-refoulement dans le contexte du droit international.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314030/original/file-20200206-43079-fm3acw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’île de Tarawa, dans l’archipel de Kiribati.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/tarawa-kiribati-pacific-1231235311">Kyung Muk Lim/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le changement climatique aux Kiribati</h2>
<p>M.Teitiota, de l’archipel des Kiribati, s’est expatrié en Nouvelle-Zélande d’où il demandait l’asile depuis 2007, arguant que le changement climatique et la montée des eaux rendaient la situation sur l’atoll de Tarawa de l’archipel intenable et dangereuse.</p>
<p>L’archipel des îles Kiribati compte parmi les plus exposés à la montée des eaux. Il est menacé de disparition dès 2050 <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/28/l-onu-ouvre-une-breche-pour-la-reconnaissance-des-refugies-climatiques_6027531_3244.html">selon une estimation du GIEC</a> (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Pour M. Teitiota, l’archipel pourrait même devenir inhabitable dans les dix à quinze prochaines années puisque les conséquences de la montée des eaux incluent entre autres la salinisation, ce qui entraîne la raréfaction de l’eau potable, la pollution, la destruction des récoltes, des inondations fréquentes et une diminution du terrain habitable créant des conflits souvent violents entre communautés.</p>
<p>En 2015, au terme d’un long processus juridique, les tribunaux de Nouvelle-Zélande ont finalement tous rejeté la demande d’asile de M. Teitiota et l’ont ainsi contraint à retourner aux Kiribati avec sa famille. Il s’est alors tourné vers le Comité des droits de l’homme pour demander un arbitrage, alléguant que la Nouvelle-Zélande avait enfreint l’articles 6 (droit à la vie) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (« le Pacte »).</p>
<h2>Le Comité des droits de l’homme de l’ONU : observateur du Pacte</h2>
<p>Le <a href="https://www.ohchr.org/fr/hrbodies/ccpr/pages/ccprindex.aspx">Comité des droits de l’homme</a> des Nations unies est un organe composé de 18 experts indépendants qui surveillent la mise en œuvre du <a href="https://treaties.un.org/doc/Publication/UNTS/Volume%20999/volume-999-I-14668-French.pdf">Pacte international relatif aux droits civils et politiques</a> par les États parties.</p>
<p>De manière générale, le Comité examine les rapports que sont tenus de présenter les 172 États parties sur la mise en œuvre des droits consacrés par le Pacte. Il fait ensuite part de ses préoccupations et de ses recommandations à l’État partie sous la forme d’observations finales.</p>
<p>Le <a href="https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/OPCCPR1.aspx">premier Protocole facultatif du Pacte</a>, ratifié quant à lui par 116 États – dont la Nouvelle Zélande –, permet également au Comité d’examiner des <a href="https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/TBPetitions/Pages/HRTBPetitions.aspx">plaintes individuelles</a> de particuliers tels que M. Teitiota qui s’estiment victimes d’une violation d’un ou de plusieurs droits reconnus par le Pacte, une fois tous les recours juridiques épuisés au niveau domestique.</p>
<p>Les observations données par le Comité dans ses rapports étatiques ou dans le cadre des procédures de plaintes individuelles ne sont pas juridiquement contraignantes en soi, bien qu’elles imposent une obligation pour les États parties de s’y conformer de bonne foi.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314808/original/file-20200211-146678-yj4zlu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nombre total de procédures de communications individuelles acceptées par le Comité des droits de l’homme, par pays (jusqu’en juin 2019).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nations unies</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Ce que sont et ne sont pas les réfugiés</h2>
<p>L’impact des facteurs environnementaux et des catastrophes résultant du changement climatique <a href="https://reliefweb.int/report/world/la-d-cision-du-comit-des-droits-de-l-homme-des-nations-unies-sur-le-changement">sont reconnus</a> comme pouvant avoir « des effets complexes sur les pays, les communautés, le bien-être des individus et leur capacité à jouir et à exercer leurs droits ».</p>
<p>Cependant, ni le droit international ni la décision du Comité ne parlent de « réfugié climatique », et la raison est simple. Les personnes déplacées pour des raisons climatiques ne semblent pas pouvoir être reconnues comme réfugiées selon les termes de la <a href="https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/StatusOfRefugees.aspx">Convention de 1951 relative au statut des réfugiés</a> (dite Convention de Genève) puisqu’un réfugié est une personne qui</p>
<blockquote>
<p>« craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».</p>
</blockquote>
<p>La Convention de Genève et <a href="https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/ProtocolStatusOfRefugees.aspx">son protocole</a> sont les instruments principaux de droit international définissant à la fois ce qu’est un réfugié, quels sont ses droits et enfin quelles sont les obligations des États signataires à son égard.</p>
<p>Bien que les cinq critères énoncés dans la définition ci-dessus semblent exhaustifs, d’autres <a href="https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html">instruments régionaux</a> ainsi que la pratique de certains États ont permis d’élargir cette définition afin de l’adapter aux conflits modernes. En somme, de nos jours, sont généralement considérés comme réfugiés les personnes fuyant des conflits armés. Concernant ceux fuyant les effets du changement climatique, cela semble pour l’instant plus délicat.</p>
<p>Un des principes essentiels de la Convention de Genève est celui voulant que les réfugiés ne soient pas expulsés ni renvoyés vers une situation où leur vie et leur liberté seraient menacées : c’est le principe de <a href="https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2016/7/55e45d87c/point-vue-hcr-refugie-migrant-mot-juste.html">non-refoulement</a>. Celui-ci est donc ancré dans le droit international d’asile mais également dans le droit humanitaire et le droit coutumier. Il est en particulier inscrit dans l’article 6 du Pacte, et ainsi protège non seulement les réfugiés mais tous ceux pouvant démontrer que leur expulsion ou renvoi dans leur pays d’origine constituerait une <a href="http://docstore.ohchr.org/SelfServices/FilesHandler.ashx?enc=6QkG1d%2fPPRiCAqhKb7yhsrdB0H1l5979OVGGB%2bWPAXhNI9e0rX3cJImWwe%2fGBLmV8vPSoRQdWkmKfdj8zlc8%2bqGX5iSqHtVuksml%2bE6Z%2bdpCA8xSG5aNum3VDSP0HF0C">menace réelle et personnelle</a> pour leur vie et leur liberté. Cependant, la barre reste très haute.</p>
<h2>Ce que pourrait être un réfugié climatique</h2>
<p>Le Comité a ainsi estimé que la situation personnelle de M. Teitiota et de sa famille était insuffisante pour renverser la décision de la Cour suprême néo-zélandaise, et que celle-ci n’avait donc pas porté atteinte au principe de non-refoulement en renvoyant la famille Teitiota aux îles Kiribati en 2015.</p>
<p>Interrogé par les auteurs pour cet article, professeur Gentian Zyberi directeur du <a href="https://www.jus.uio.no/smr/english/about/">Centre norvégien des droits de l’homme</a> et membre du Comité des droits de l’homme a ainsi expliqué :</p>
<blockquote>
<p>« Il est très difficile de constituer une opinion contraire à la décision des tribunaux de Nouvelle-Zélande. Au vu des faits et de la loi, le jugement n’est ni erroné, ni arbitraire, ni ne viole les droits fondamentaux de M. Teitiota. »</p>
</blockquote>
<p>Cependant, lorsque les risques d’inhabitabilité deviennent imminents, le Comité a observé qu’il pourrait être illégal pour les gouvernements de renvoyer des personnes dans des pays où les effets du changement climatique les exposent à des phénomènes mettant leur vie en danger (article 6 du Pacte) ou dans lesquels elles courent un risque réel de subir des traitements cruels, inhumains ou dégradants (article 7).</p>
<p>Bien que la catégorie de « réfugié climatique » n’existe pas encore aux yeux du droit international et qu’en conséquence, il n’existe pas de « seuil minimum » d’éligibilité, les personnes fuyant les effets néfastes du changement climatique et l’impact des catastrophes, que celles-ci soient soudaines ou lentes à se manifester, pourraient avoir des raisons valables de demander le statut de réfugié en vertu de la Convention de Genève ou d’autres instruments régionaux relatifs aux réfugiés. Pour le Comité, il est nécessaire que les évidences scientifiques soient examinées au cas par cas afin d’en tirer les conclusions légales qui s’imposeront.</p>
<p>Les tribunaux néo-zélandais avaient eux-mêmes au préalable estimé que les dégradations environnementales pourraient être interprétées comme répondant aux critères de définition d’un réfugié selon la Convention de Genève.</p>
<p>Ainsi, en pratique, l’importance des efforts nationaux et internationaux visant à contrer le changement climatique est un élément clé de la décision du Comité. Comme l’explique toujours le professeur Zyberi :</p>
<blockquote>
<p>« Le Comité reconnaît au vu des évidences présentées que Tarawa pourrait bel et bien devenir inhabitable d’ici dix à quinze ans parce que les conditions se détériorent. Deux choses peuvent arriver dans cet intervalle. D’abord, il est possible que les autorités nationales ou internationales trouvent quelque solution en mettant en place des mesures qui retarderaient ou enrayeraient le processus de montée des eaux et ses conséquences. Ou alors, il est possible que la situation se détériore complètement et alors une personne qui s’exilerait dans une autre juridiction pour demander l’asile ne pourrait pas être retournée aux Kiribati selon la règle du non-refoulement. Tous les habitants des Kiribati seraient alors potentiellement dans cette situation. »</p>
</blockquote>
<p>D’où l’importance de trouver des solutions structurelles – en particulier pour les petits États du Pacifique, par le biais de la coopération régionale et internationale entre les États, ou par celui d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU. En outre, il s’agit non seulement de contrer les effets du changement climatique par le développement de politiques environnementales, mais également de penser la relocalisation des futurs déplacés.</p>
<h2>L’Australie, prochain pays à faire face à ses responsabilités climatiques devant le Comité ?</h2>
<p>Si le Comité reconnaît que les politiques environnementales des Kiribati témoignent que les autorités nationales cherchent à remédier aux causes et effets du changement climatique, en 2019 il a reçu une <a href="https://www.lecourrieraustralien.com/australie-des-communautes-aborigenes-attaquent-le-gouvernement-pour-inaction-contre-le-rechauffement-climatique/">communication</a> des communautés aborigènes du Détroit de Torrès (îles australiennes situées entre l’Australie et la Nouvelle-Guinée) et de leurs avocats affirmant que le réchauffement climatique menace leur survie et que l’inaction des autorités australiennes constitue à ce titre une violation de leurs droits humains. Plus précisément, ils estiment que leur droit à la vie, à une vie de famille et à la culture garantis par le Pacte sont directement menacées par les <a href="https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/l-australie-choisit-le-charbon-contre-le-climat-146242.html">politiques pro-charbon du gouvernement australien</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314036/original/file-20200206-43084-qfyn9x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La centrale à charbon de Loy Yang, État de Victoria, Australie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/loy-yang-brown-coal-power-station-1154037241">Robyn Charnley/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Bien que cette plainte soit présentement au stade d’admissibilité devant le Comité, elle a été qualifiée de <a href="https://www.commondreams.org/news/2019/05/13/indigenous-australians-file-landmark-human-rights-claim-un-over-governments-inaction">« potentiellement révolutionnaire »</a> par le professeur John Knox, premier rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l’environnement. En effet, en vertu du Pacte et <a href="http://docstore.ohchr.org/SelfServices/FilesHandler.ashx?enc=6QkG1d%2fPPRiCAqhKb7yhsrdB0H1l5979OVGGB%2bWPAXhNI9e0rX3cJImWwe%2fGBLmV8vPSoRQdWkmKfdj8zlc8%2bqGX5iSqHtVuksml%2bE6Z%2bdpCA8xSG5aNum3VDSP0HF0C">selon une observation du Comité</a>, la responsabilité étatique de protection des populations dépend, entre autres, « des mesures prises par les États parties pour préserver l’environnement et le protéger contre les dommages, la pollution et les changements climatiques résultant de l’activité des acteurs publics et privés ».</p>
<p>Même si le Comité prend en compte la plainte des habitants du Détroit de Torrès, sa décision ne pourra pas être légalement contraignante. Mais elle participerait à faire pression sur le gouvernement australien, de la même manière que le cas de M. Teitiota rappelle à la communauté internationale que le temps d’agir, et d’agir ensemble… c’était déjà hier.</p>
<hr>
<p><em>Cet article est republié dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131348/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Camille Malafosse reçoit des financements de l'UNSW. Elle est affiliée au Centre Kaldor de droit international pour les réfugiés</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Domenico Zipoli reçoit des financements de l'Université d'Oslo. Il est affilié au Centre Norvégien des Droits Humains.</span></em></p>Une décision récente rendue par le Comité des droits de l’homme de l’ONU pourrait, dans un futur proche, conduire à la reconnaissance de la notion de « réfugié climatique ».Camille Malafosse, Doctorante, Centre Kaldor de droit international pour les réfugiés, UNSW SydneyDomenico Zipoli, Doctorant au Centre norvégien pour les droits de l'homme, University of OsloLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1175622019-05-30T21:27:37Z2019-05-30T21:27:37ZChristchurch.0 : quel espoir pour l’Internet de demain ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/276858/original/file-20190528-42551-1rdicxi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C5%2C1002%2C670&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La première ministre néozélandaise Jacinda Ardern 72 heures après les attaques meurtrières dans deux mosquées de Christchurch. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/appaloosa/33544853208/in/photolist-T7f9b5-2fQfuEA-2fQfuDy-2fQfuBu-TLyXUY-S9iqxT-2fQfuFC-TLyXMd-2fQfuMQ-2eFvdg7">Appaloosa/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le 15 mars 2019, <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/15/brenton-tarrant-ce-que-lon-sait-de-lassaillant-de-la-mosquee-de-christchurch_a_23692748/">Brenton Tarrant, connu pour son extrémisme de droite</a>, attaquait deux mosquées dans la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, pendant la prière du vendredi. Un bilan tragique : <a href="https://edition.cnn.com/2019/05/02/asia/nz-christchurch-attack-death-toll-intl/index.html">51 morts et de 49 blessés</a>.</p>
<p>Si l’ampleur de cet acte a soulevé une vague de choc dans ce pays, considéré comme le <a href="http://visionofhumanity.org/app/uploads/2018/06/Global-Peace-Index-2018-2.pdf">second plus sûr au monde</a>, un deuxième traumatisme arrivait avec la diffusion en « live », sur Facebook, de l’agression meurtrière.</p>
<p>17 minutes d’images, avant que leur émission ne soit interrompue. Alors que l’hébergeur affirma avoir rapidement supprimé les comptes Facebook et Instagram du meurtrier après l’avertissement lancé par la police néo-zélandaise, Facebook déclarait avoir supprimé un total de <a href="https://www.theverge.com/2019/3/17/18269453/facebook-new-zealand-attack-removed-1-5-million-videos-content-moderation">1,5 million de vidéos de l’attaque en 24 heures, dont 1,2 million bloquées au téléchargement</a>.</p>
<h2>Le script : l’ appel de Christchurch et Paris</h2>
<p>La problématique des plates-formes d’intermédiation dans la diffusion de contenus haineux a déjà été soulignée à plusieurs reprises. En France, le président Macron a annoncé la mise en œuvre d’une loi contre les contenus haineux en ligne, en février 2019, lors du <a href="http://www.rfi.fr/france/20190220-macron-diner-crif-une-serie-mesures-lutter-contre-antisemitisme">dîner au Conseil représentatif des institutions juives (CRIF)</a>. Le 11 mars 2018, la députée Laetitia Avia (LREM), en coopération avec l’écrivain Karim Amellal et le vice-président du CRIF Gil Taieb, a fait suivre à cette déclaration une <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/la-loi-contre-les-contenus-haineux-presentee-a-lassemblee-999536">proposition de loi devant l’Assemblée nationale</a>.</p>
<p>Mais c’est aujourd’hui <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/05/15/appel-de-christchurch-pour-agir-contre-le-terrorisme-et-lextremisme-violent-en-ligne">« l’appel de Christchurch »</a> pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne qui a résonné dans tous les médias. L’initiative lancée par la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et par le Président français Macron <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/05/15/la-france-et-la-nouvelle-zelande-lancent-l-appel-de-christchurch-contre-le-terrorisme-en-ligne_5462509_4408996.html">à Paris le 15 mai 2019</a> vise à construire un front globalisé contre la haine et l’incitation à la violence sur Internet.</p>
<p>Le sommet survient après un autre appel, celui de Paris, lancé le 12 novembre 2018, lors de la réunion du <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-numerique/la-france-et-la-cybersecurite/article/cybersecurite-appel-de-paris-du-12-novembre-2018-pour-la-confiance-et-la">Forum de gouvernance de l’Internet (FGI) à l’Unesco</a>. Il s’agit d’une incitation à rétablir la confiance et la sécurité dans le cyberespace.</p>
<p>Bien que ces appels – preuves d’une volonté politique forte – soient indispensables et vertueux, il faut s’interroger sur leur capacité à être mis en œuvre, à devenir universels et sur leur efficacité. Seules la coopération des plates-formes et l’implication des internautes assureront l’efficacité recherchée, le tout sous l’égide d’États qui devront faire respecter leurs décisions par les géants du numérique, sans aller trop loin dans l’étendue des contrôles mis en place.</p>
<h2>L’acteur 1 : la volonté politique</h2>
<p>La volonté politique est un préalable à toute lutte contre les contenus haineux et les incitations à la violence en ligne. À ce titre, l’appel de Christchurch, <a href="https://www.documentcloud.org/documents/6003992-Christchurch-Call-FRENCH.html">qui ne vise aucun mouvement terroriste en particulier, est emblématique</a>. Ce texte est rédigé de façon à pouvoir être adopté par le plus grand nombre d’acteurs, qu’ils soient publics ou privés. Cependant, il reste assez généraliste et ne propose pas de mesures concrètes, se bornant à renvoyer à des discussions ultérieures, notamment lors des G7 et G20, pour l’adoption de décisions effectives.</p>
<p>D’où les premiers écueils : la concrétisation de tels appels impliquent qu’ils soient adoptés par tous ou, a minima, par une large majorité. En cas de contravention, cela empêcherait les États de se retrancher derrière des juridictions différentes ou plus favorables. De fait, immédiatement après l’appel de Christchurch, l’Australie, le Canada, la Commission européenne, la France, l’Allemagne, l’Indonésie, l’Inde, l’Irlande, l’Italie, le Japon, la Jordanie, les Pays-Bas, ont adopté le <a href="https://www.vox.com/recode/2019/5/15/18625059/christchurch-call-white-house-jacinda-ardern-shooting">texte</a>, alors que les États-Unis annonçaient qu’ils ne le ratifieraient pas. La Maison Blanche indiquait, néanmoins, qu’elle continuerait d’appuyer les <a href="https://edition.cnn.com/2019/05/15/politics/trump-administration-christchurch-call-to-action/index.html">objectifs généraux présentés dans cet appel en déclarant</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Nous encourageons les entreprises technologiques à appliquer leurs conditions de service et leurs normes communautaires interdisant l’utilisation de leurs plates-formes à des fins terroristes. Nous continuons d’être proactifs dans nos efforts pour lutter contre le contenu terroriste en ligne, tout en continuant de respecter la liberté d’expression et la liberté de la presse. »</p>
</blockquote>
<h2>Le figurant : la Maison Blanche</h2>
<p>Sous couvert notamment du respect de la liberté d’expression, visée par le premier amendement, l’un des principaux acteurs sur la scène internationale s’est désolidarisé de l’appel. Déjà, certains analystes pointent du doigt que l’attachement à la liberté d’expression, mis en avant par l’administration de Trump, permet à de nombreux républicains de publier des tweets qui seraient probablement interdits <a href="https://washingtonmonthly.com/2019/04/25/twitter-cant-ban-racism-because-theyd-have-to-ban-republicans-too/">sous d’autres juridictions</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/276972/original/file-20190529-192462-10fh7j0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Garantir la liberté d’expression, un défi majeur pour l’Internet de demain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/NsWxB6qCLvs">Christian Wiediger/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Néanmoins, la distance prise par les États-Unis fragilise le texte et peut avoir des conséquences désastreuses. Déjà, certains médias dont Russia Today (RT), ont rebondi sur cette prise de position, expliquant que le président américain avait <a href="https://www.rt.com/news/459563-christchurch-call-trump-macron/">probablement sauvé la liberté d’expression</a>, et accusant en filigrane les États signataires de vouloir porter atteinte (voir annihiler) la liberté d’expression.</p>
<h2>Des risques de revers</h2>
<p>Tout d’abord, il apparaît que les petites plates-formes n’ont pas été associées aux travaux préparatoires. Si cette omission résulte davantage de l’urgence que d’une volonté d’exclusion, les conséquences pourraient néanmoins être les mêmes. Concrètement, ces dernières pourraient se trouver dans l’impossibilité pour de s’aligner sur les prérequis exigés.</p>
<p>De plus, des divergences de régulation entre les États peuvent conduire à de différents Internet ou, plus exactement, à un accès différencié aux contenus et à l’information. Selon leur pays d’origine, les internautes pourraient ainsi ne pas accéder <a href="https://www.internetsociety.org/fr/">aux mêmes contenus et services que ceux du pays voisin, comme le fait remarquer l’Internet Society</a>.</p>
<p>Enfin, des régulations trop différenciées fragmenteraient l’Internet : une menace à la coexistence de la lutte contre la haine avec le maintien du droit à l’information.</p>
<h2>L’acteur 2 : Internet</h2>
<p>Avant même l’appel de Christchurch et en réponse à l’horreur suscitée par la diffusion en « live » de la tuerie, <a href="https://www.nytimes.com/2019/05/14/technology/facebook-live-violent-content.html">Facebook annonçait réduire la possibilité de diffuser des vidéos en direct sur sa plate-forme</a>. Toute personne ne respectant pas la politique de diffusion du réseau social serait ainsi impactée par cette restriction. La sanction serait alors une interdiction d’utilisation du service « live » pour une durée de 30 jours.</p>
<p>La société de Zuckerberg annonçait également vouloir limiter les copies des vidéos violentes, un autre aspect du problème. Ce qui est le cas pour la vidéo de Tarrant : même si la vidéo a été retirée, elle a pu être téléchargée avant sa suppression, et peut continuer ainsi à circuler.</p>
<div class="gmap_canvas">
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La ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande<a href="https://www.embedgooglemap.net">embedgooglemap.net</a></div>
<p><br><br>
Facebook n’est cependant pas la seule société inquiétée dans la diffusion de contenus haineux ou terroristes. Suite à l’appel de Christchurch, Amazon, Google, Microsoft, Twitter et ainsi que le moteur de recherche français Qwant ont diffusé un communiqué ans lequel ils s’engagent <a href="https://fbnewsroomus.files.wordpress.com/2019/05/christchurch-joint-statement-and-commitment-.pdf">à des actions à la fois collaboratives et individuelles</a>. Outre la limitation des « livestreams », ils prônent un partage de données relatives aux contenus délictueux et le développement de technologies facilitant leur détection.</p>
<h2>Les biais de la détection</h2>
<p>Cependant, le manque de transparence et le <em>modus operandi</em> de ces algorithmes sont un point sensible. Les réactions, observées face aux contenus à forte charge émotionnelle, et le fonctionnement des algorithmes visant à produire le plus de flux possible, expliquent notamment que des sujets ou vidéos violentes puissent rapidement devenir des sujets « tendance ». Il suffit qu’elles aient été vues ou suffisamment partagées dans un temps assez court pour que les algorithmes prennent le relais des internautes et assurent une diffusion plus large encore.</p>
<p>Autre point délicat, les failles dans les systèmes de modération. <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/05/15/la-france-et-la-nouvelle-zelande-lancent-l-appel-de-christchurch-contre-le-terrorisme-en-ligne_5462509_4408996.html">Facebook assure que les contenus terroristes sont détectés à 99 % par ses services et que 50 % d’entre eux sont supprimés sous deux minutes</a>.</p>
<p>Mais les algorithmes détectent-ils tout ?</p>
<p>Même avec le secours d’une intelligence artificielle éduquée, le problème reste épineux. Cette éducation se fait sur la base de l’<a href="https://dl.acira-t-iln.cfm?id=2967403">analyse de données massives permettant de distinguer ce qui peut être diffusé de ce qui doit être restreint</a>.</p>
<p>À titre d’exemple : alors que les décapitations sont relativement simples à définir, la question se complexifie lorsque l’on aborde le sujet des armes à feu. Pour un système il est difficile de différencier un film de guerre d’une vidéo faisant l’apologie d’une tuerie. En outre, dans le cas de Christchurch, des trolls ainsi que des effets graphiques et des filtres pour modifier l’image ont trompé ce système de contrôle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/276980/original/file-20190529-192416-bqrorp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Facebook assure que les contenus terroristes sont détectés à 99 % par ses services »</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ra4vJwxnvAo">Glen Carrie/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>L’option alternative est de recourir à un contrôle humain. Mais, dans le cas de YouTube par exemple, il faut environ 70 000 emplois à plein temps pour visionner les quelques 430 000 heures de vidéos posées quotidiennement sur la plate-forme. Un effort financier et humain impensable pour les petites plates-formes.</p>
<p>Malheureusement, <a href="https://www.techagainstterrorism.org/2019/04/29/analysis-isis-use-of-smaller-platforms-and-the-dweb-to-share-terrorist-content-april-2019/">ce constat n’a pas échappé à de nombreux sites terroristes</a> qui désormais évitent les grandes plates-formes.</p>
<h2>L’acteur 3 : L’opinion publique et les internautes</h2>
<p>L’opinion publique est le troisième acteur sur cette scène délicate.</p>
<p>Les internautes participaient massivement aux signalements de contenus haineux, violents ou à caractère terroriste, <a href="https://www.thedailybeast.com/new-zealand-shooting-facebook-says-no-viewers-reported-christchurch-shooters-live-video">même si dans le cas de Christchurch aucun internaute n’a signalisé le livestream</a>.</p>
<p>Cette incohérence révèle, d’un côté, la volonté de l’opinion publique d’une mise en place rapide de contrôles des contenus circulant sur Internet, alors qu’une autre partie de la population, confrontée à ces contenus, n’agit pas quand elle pourrait le faire. Pourquoi cette inhibition ?</p>
<p>L’absence de signalement lors de la diffusion de la tuerie en Nouvelle-Zélande est cohérente avec la banalisation de la violence : la présence de plus en plus fréquente de contenus violents et radicaux tend à les rendre plus acceptables en inhibant la capacité de réaction.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/276983/original/file-20190529-192372-kpnkvo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Même si une partie de l’opinion publique plaide pur plus de contrôle sur Internet, aucun internaute a signalisé le livestream des attaques de Christchurch. Une incohérence liée à la banalisation du mal.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/_Kmtj6UIlGo">NeONBRAND/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Néanmoins, le poids des internautes est sous-estimé. S’ils commencent à éviter les plates-formes diffusant des contenus haineux, ce serait l’équilibre économique des entreprises qui serait alors en jeu. Toutes les structures auraient intérêt à intégrer la volonté des internautes dès leur conception, intégrant des procédures de modération efficaces.</p>
<p>Ainsi, si l’appel de Christchurch marque une nécessaire prise de conscience des États et des entreprises, il semble ignorer un certain nombre de problèmes structurels. Sa mise en œuvre est loin d’avoir trouvé une voie entre liberté d’expression et risque de censure, entre business model et protection du public, mais aussi entre raison et appétence malsaine pour le paroxystique.</p>
<p>Le texte complet de l’appel de Christchurch :</p>
<blockquote>
<p><a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/05/15/appel-de-christchurch-pour-agir-contre-le-terrorisme-et-lextremisme-violent-en-ligne">L’Appel de Christchurch pour agir contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne</a><br><br>
« Mesdames et Messieurs, bienvenue à vous. Madame la Première ministre, chère Jacinda, La Première ministre de Nouvelle-Zélande, Madame Jacinda Ardern, et moi-même venons de co-présider la réunion de l’appel de Christchurch pour l’élimination du terrorisme et de l’extrémisme violent en ligne. »</p>
</blockquote>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/117562/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christine Dugoin-Clément ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si l’appel de Christchurch marque une nécessaire prise de conscience des États et des entreprises, il semble ignorer un certain nombre de problèmes structurels inhérents au fonctionnement d'Internet.Christine Dugoin-Clément, Analyste en géopolitique, membre associé au Laboratoire de Recherche IAE Paris - Sorbonne Business School, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chaire « normes et risques », IAE Paris – Sorbonne Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1017182018-10-16T20:03:12Z2018-10-16T20:03:12ZPremière ministre et jeune maman : ce que révèle le cas de Jacinda Ardern<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240811/original/file-20181016-165909-xn0vby.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C307%2C3274%2C2050&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Neve Te Aroha Ardern, trois mois, découvre le QG de l'ONU à New York en compagnie de son père et de sa mère, qui occupe la plus haute fonction politique en Nouvelle-Zélande. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Début août, la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a <a href="http://madame.lefigaro.fr/societe/premiere-ministre-neo-zelandaise-jacinda-ardern-travail-accouchement-conge-maternite-020818-149979">repris les rênes du gouvernement</a> sous les feux des projecteurs médiatiques, après six semaines de congé maternité. Et près de deux mois plus tard, elle faisait à nouveau sensation en s’affichant avec sa petite fille au siège des Nations unies à New York, laissant à son conjoint le soin de s’en occuper pendant son discours à la tribune.</p>
<p>Ce vif intérêt suscité par sa grossesse et son aptitude à tenir son poste apparaît pourtant en décalage avec les vies de millions de mères exerçant une activité professionnelle, et qui ont déjà deux « travails ». On peut donc s’interroger : y aurait-il des dissemblances persistantes dans la façon de considérer la carrière des pères et des mères ? Ou est-ce juste le cas car il s’agit d’une femme politique de premier plan ?</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/mMfIzKlClfo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Extrait du journal de la chaîne australienne ABC News du 25 septembre 2018.</span></figcaption>
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<h2>Carrières et carrières politique</h2>
<p>Partout dans le monde, des femmes actives donnent naissance à des enfants, partent en congés et reprennent le travail. Et pourtant, il semblerait que d’une certaine façon, le fait d’être un leader politique soit l’un des derniers bastions du conservatisme en ce qui concerne l’impact de la parentalité sur la capacité à être performant au travail. Au moment de sa démission du département d’État américain, <a href="https://www.huffingtonpost.fr/lisa-belkin/anne-marie-slaughter-feminisme-travail_b_1625022.html">Anne-Marie Slaughter</a> avait d’ailleurs écrit : « les femmes ne peuvent pas tout avoir »…</p>
<p>L’intérêt des médias pour les pères occupant des fonctions gouvernementales est plus limité. Il se porte généralement sur l’éventualité d’un congé de paternité, bien que de courte durée, plutôt que sur leur aptitude à continuer à faire leur travail. On peut citer le cas du premier ministre finlandais <a href="https://www.la-croix.com/Archives/2000-03-16/L-histoire-Le-premier-ministre-finlandais-se-met-en-conge-paternel-_NP_-2000-03-16-104324">Paavo Lipponen</a>, qui s’était accordé six jours (sur 18 possibles) en 1997, ou encore du premier ministre britannique <a href="https://www.liberation.fr/planete/2000/04/10/pas-de-conge-parental-pour-tony-blair_322946">Tony Blair</a>, qui y avait renoncé, en 1999.</p>
<p>Il n’existe en réalité qu’un seul autre exemple de première ministre ayant eu un enfant pendant la tenue de ses fonctions : feue Benazir Bhutto, qui donna naissance à un fils en 1990. À l’époque, les politiciens de l’opposition l’avaient copieusement raillée sur ses capacités à être à la fois jeune mère et leader politique. Nous voyons encore maintenant de nombreuses femmes politiques sans enfants accéder au pouvoir (par exemple, Teresa May au Royaume-Uni, Angela Merkel en Allemagne, Julia Gillard en Australie, etc.) ou des femmes qui ont suivi des parcours plus traditionnels, en ayant des enfants avant d’entamer leur carrière politique (comme la ministre allemande <a href="https://www.la-croix.com/Journal/Annegret-Kramp-Karrenbauer-Merkel-Sarre-2017-03-27-1100835208">Annegret Kramp-Karrenbauer</a> ou encore <a href="https://www.gala.fr/stars_et_gotha/hillary_clinton">Hillary Clinton</a> etc.).</p>
<h2>Des pressions au quotidien, loin des médias</h2>
<p>Dans d’autres domaines professionnels, on s’interroge moins ouvertement au sujet des femmes haut placées lorsqu’elles ont des enfants, comme <a href="https://www.marieclaire.fr/,la-dirigeante-de-facebook-incite-au-feminisme-moderne-avec-bougez-vous,20123,688360.asp">Sheryl Sandberg</a> de Facebook ou <a href="http://auto-tech.website/2017/07/08/marissa-mayer-biographie-le-salaire-et-la-carriere-de-lhistoire-de-la-pdg-de-yahoo/">Marissa Mayer</a> chez Yahoo, dans le secteur des technologies. Ces questionnements ne sont pas forcément absents, ils sont simplement moins publics.</p>
<p>La couverture médiatique entourant Jacinda Ardern est le miroir grossissant de mécanismes sociaux plus subtils, qui poussent les controverses et les normes genrées à perdurer.</p>
<p>En effet, ces mécanismes déterminent toujours qui est ou n’est pas destiné à certaines carrières, ou encore les rôles des femmes et des hommes en tant que parents. Récemment, les vives réactions autour de la falsification de notes obtenues par des hommes, afin d’exclure les femmes d’une <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/article/japon-une-ecole-de-medecine-est-accusee-de-baisser-le-nombre-d-etudiantes-admises_25a86ef8-9627-11e8-aedb-1025649acbf9/">école de médecine</a> au Japon, mettent en évidence un cas extrême de ces points de vue qui persistent de façon plus ou moins visible dans de nombreux environnements.</p>
<h2>Carrières et vie de famille</h2>
<p>Les études sur les carrières et la vie au travail soulignent à quel point être parent tout en ayant un projet professionnel est un difficile exercice d’équilibriste. D’ailleurs, on s’intéresse généralement à l’<a href="http://cjcp.journalhosting.ucalgary.ca/cjc/index.php/rcc/article/view/277">équilibre entre la vie professionnelle et la vie de famille</a>. Or, il serait sans doute plus judicieux de considérer plutôt la <a href="https://www.anact.fr/conciliation-vie-professionnelle-vie-personnelle-les-enjeux">conciliation travail-vie privée</a> pour mieux refléter les limites entre les deux. C’est en effet là que la gestion des parents intervient dans les faits.</p>
<p>En se concentrant sur ces limites, les chercheurs se sont penchés sur les <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01548485/document">interactions</a> entre les sphères professionnelles et familiales et ont analysé ce que l’on nomme le débordement. Ce débordement peut être négatif, quand le travail a des conséquences négatives (conflit) sur la vie de famille. Comme, par exemple, un report de vacances en raison d’une urgence professionnelle ou, inversement, le stress d’une urgence familiale impactant les performances au travail.</p>
<p>Il peut toutefois également y avoir des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-9450.2006.00502.x">débordements positifs</a> (du travail vers la famille ou de la famille vers le travail) grâce auxquels chaque sphère enrichit l’autre. Par exemple, lorsque les compétences dans l’une des sphères s’avèrent utiles dans l’autre, ou encore lorsque l’accumulation de rôles contribue au mieux-être.</p>
<h2>Différents et inégaux</h2>
<p>Toute la difficulté réside dans le fait que les sphères professionnelles et familiales, leurs limites, ainsi que les débordements associés, ne sont pas nécessairement envisagés de la même façon selon qu’ils concernent un homme ou une femme. La recherche fait la distinction entre les <a href="https://repository.uantwerpen.be/docman/irua/3c9ef0/151835.pdf">effets positifs de la paternité</a> sur les hommes, comparés aux conséquences souvent négatives sur les carrières des femmes.</p>
<p>L’augmentation de salaire dite de paternité, et/ou la maturité et la fiabilité attribuée aux hommes, contrastent avec la pénalité salariale liée à la maternité, ou encore les opportunités d’emploi plus limitées dans le « parcours professionnel de maman » (le « Mommy track » en anglais). En outre, les opportunités positives de développement pour les hommes en tant que pères (l’enrichissement famille-travail) peuvent être perçues comme supérieures à celles des <a href="https://www.forbes.com/forbes/welcome/?toURL=https://www.forbes.com/sites/moiraforbes/2017/05/12/7-leadership-lessons-you-can-learn-from-working-mothers">femmes</a>.</p>
<p>Notons également que, dans de nombreux pays, les femmes représentent désormais environ la moitié de la population active et les mères qui travaillent deviennent la norme. Pourtant, les femmes avec enfants modifient fréquemment leur emploi du temps, ce qui est souvent mis sur le compte de l’immuabilité de la division genrée du travail non rémunéré dans le foyer : les femmes réalisent ainsi <a href="https://www.inegalites.fr/L-inegale-repartition-des-taches-domestiques-entre-les-femmes-et-les-hommes">plus de tâches</a> dans la sphère familiale que les hommes.</p>
<h2>Un travail d’équipe au sein du foyer</h2>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/BkRrm87F8Cb","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>Non seulement l’exemple de Jacinda Ardern met en lumière les mécanismes subtils qui se mettent en place dans les vies de nombreux hommes et femmes, mais il démontre également comment un couple peut <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2018/06/21/jacinda-ardern-la-deuxieme-cheffe-de-gouvernement-dans-le-monde-a-avoir-un-enfant-alors-quelle-est-en-fonction_a_23464716/">collaborer ensemble au développement</a> d’une meilleure conciliation vie professionnelle-vie de famille. Permettre aux pères et aux mères de réussir chacun dans leur carrière et d’être des parents comblés requiert un certain niveau de coordination et de négociation au sein du couple. Sheryl Sandberg, de Facebook, parlait souvent de cette <a href="http://www.slate.fr/story/98995/hommes-taches-menageres-excitant">coordination</a> avec son mari et de la nécessité de travailler en équipe, en partageant réellement les rôles dans le foyer.</p>
<p>Les hommes, eux aussi, sont confrontés à un certain nombre d’obstacles en tant que parents actifs et solidaires de leurs partenaires qui travaillent. On exige d’eux qu’ils soient hors normes. Le faible recours au <a href="http://www.mcpf.ch/images/coordination/pdf/paternite/2001_Turcotte_Dubeau.pdf">congé parental</a>, même dans les pays où le partage des congés est obligatoire, illustre la lenteur du changement dans les comportements masculins. Les normes sociales autour de la masculinité influencent également la définition de ce que les pères sont censés faire.</p>
<p>Les femmes ont aussi là un rôle à jouer dans l’encouragement de leurs partenaires masculins à adapter leur comportement aux réalités des couples à double carrière, et non plus aux standards des générations précédentes. Même au sein des foyers où les couples essaient de partager les tâches de soin, de ménage et de préparation des repas, on retrouve la pression sociale qui pousse à adopter certains rôles renforçant les normes traditionnelles, qu’elle vienne de la famille, des amis, du lieu de travail ou de la société au sens large.</p>
<h2>Les temps changent mais les obstacles demeurent</h2>
<p>Les réactions à la parentalité de la première ministre Ardern ont été bien plus <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2018/09/25/la-premiere-ministre-neo-zelandaise-et-son-bebe-aux-nations-unies-pour-le-bonheur-des-photographes_5359760_3210.html">positives</a> que celles concernant <a href="https://www.grazia.fr/news-et-societe/news/une-chef-d-etat-enceinte-une-premiere-depuis-28-ans-879498">Benazir Bhutto</a>, 30 ans auparavant. Il n’y aura pas de retour en arrière.</p>
<p>Cependant, les parents actifs ont encore besoin de soutien pour assurer leurs rôles au mieux. Ce soutien peut venir d’institutions qui aident aux familles dont les deux conjoints sont actifs ou, encore mieux, d’employeurs compréhensifs. D’autre part, il est également très important que les individus reconnaissent l’impact de leurs propres choix professionnels sur celle du conjoint ou de la conjointe, et qu’ils soient conscients d’être eux-mêmes les acteurs du changement.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été traduit de l'anglais par Gaëlle Gormley.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/101718/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’engouement médiatique autour de la dirigeante néo-zélandaise, qui a accouché cet été, illustre en creux les difficultés des femmes qui choisissent de faire carrière sans sacrifier leur vie de mère.Mark Smith, Dean of Faculty & Professor of Human Resource Management, Grenoble École de Management (GEM)Marilyn Clarke, Senior Lecturer in HRM, University of AdelaideTracy Scurry, Senior Lecturer in Human Resource Management, Newcastle UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/700672016-12-14T21:32:23Z2016-12-14T21:32:23ZRester ou partir, la longévité comme renoncement au politique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/150146/original/image-20161214-2515-v3difq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photo de famille du G7, en juin 2015.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/95213174@N08/18540399826/in/photolist-pNfyKR-eXsijw-bXofqs-bXict3-c1CfxE-bXices-g2Exer-bXiciE-bXic9S-bXXXSS-bXXY9W-bXXYRE-c2eifq-bW9YD3-bXhn1b-dHVALh-r9fX8v-bXXYiL-bXXXw9-bXXYF5-AhifvN-uhhtro-vGucnJ-MxUcEZ-LkuKvt-LkuKba-LkuJ1e-LkuHGP-LkuHsk-LkuHd2-LkuGTe-M7RuF5-LkuGyB-MhETqt-MhETat-MhEStt-LkibJQ-tkQx76-u15YNL-LkuJMK-LkuJhM-LkibtE-LkibcC-LkiaSu-M7RsW3-LkuDM4-LkuDCr-LkuDsM-LkuDiZ-ufmoVY">Metropolico.org/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Ils sont nombreux à considérer Angela Merkel, la présidente de la CDU, comme « le maillon fort » de l’Europe, la nouvelle tête de gondole de la démocratie et du monde libre. Sa longévité et la stabilité de sa majorité, ainsi que sa popularité sont mises en avant pour expliquer la prouesse de la chancelière, dernier rempart face à la barbarie. Dans l’édition du 5 décembre 2016 de <a href="https://theconversation.com/angela-merkel-les-secrets-dune-longevite-politique-69522">The Conversation France</a>, <a href="https://theconversation.com/profiles/jerome-vaillant-302910">Jérôme Vaillant</a> revient ainsi sur la candidature d’Angela Merkel à sa propre succession pour comprendre les tenants et les aboutissants de sa candidature, mais sans jamais poser la question de savoir pourquoi la chancelière ne choisit pas de partir.</p>
<p>Dans le même temps, François Hollande décide de ne pas se représenter. Il n’est pas le seul à prendre cette décision. Le chef du gouvernement néo-zélandais a démissionné alors qu’il était assuré d’être réélu. Or ces deux gestes sont jugés sévèrement par une partie des médias qui considèrent la continuité, la longévité, la stabilité comme des ingrédients de la réussite et de la bonne tenue d’un pays.</p>
<p>Pourtant, l’essence de la démocratie appelle à des alternances, à des conflits politiques, idéologiques, méthodologiques, etc., sans que cela devienne une obligation. Les électeurs peuvent opter pour la continuité et c’est ce qu’ils font en réélisant leurs dirigeants.</p>
<h2>Le cas néo-zélandais, un retrait compréhensible</h2>
<p><a href="http://www.lemonde.fr/international/article/2016/12/06/en-nouvelle-zelande-l-incomprehensible-hara-kiri-du-premier-ministre-le-plus-populaire-de-l-histoire_5043963_3210.html">Un article du <em>Monde</em></a> sur la démission-surprise du chef de gouvernement néo-zélandais n’hésite pas à comparer, dans un rapprochement hasardeux, cet événement avec un « tremblement de terre », considérant que la décision de John Key est une véritable catastrophe, que sa non-candidature est « incompréhensible ». Or, à l’écoute du discours de retrait du chef du gouvernement, plusieurs points montrent bien en quoi ce geste est réfléchi et stratégique. Loin de marquer une rupture, sa retraite politique est, d’une certaine façon, une marque de continuité.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/R4xElHYVY68?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Il quitte le pouvoir en expliquant son amour pour sa famille.</p>
<blockquote>
<p>« Ces dernières années, j’ai donné tout ce que je pouvais pour ce travail et ce pays que j’aime. Cela m’a obligé, moi et ma famille, à faire des sacrifices ». (« Throughout these years I have given everything I could to this job that I cherish, and this country that I love. All of this has come at quite some sacrifice for the people who are dearest to me – my family »).</p>
</blockquote>
<p>Rapidement, John Key revient à une argumentation politique. Tout d’abord, il estime que l’alternance interne, la rotation des positions au sein d’un parti est une bonne chose pour cette organisation, donnant à chacun la possibilité d’apporter ce qu’il a à offrir à sa formation. C’est la marque d’une croyance dans l’action collective.</p>
<blockquote>
<p>« Je pense aussi que le changement de personnel politique, pour de bonnes raisons et dans de bonnes conditions, est une bonne chose pour un parti politique. Inévitablement, ils amèneront leurs personnalités, leurs touches personnelles et leurs priorités dans l’exercice de leur mission ». (« I also believe that leadership change, for the right reasons and handled well, is good for a political party. […] Inevitably they will bring their own personality, emphasis and priorities to the role »)</p>
</blockquote>
<h2>Longévité politique ou longévité des idées</h2>
<p>Quitter la vie politique n’est pas une chose facile, cela l’est encore moins quand un leader dispose encore d’un potentiel important. Il est en effet plus simple, pour un dirigeant, de partir lorsque les électeurs le rejettent, lorsqu’ils expriment une forme de lassitude vis-à-vis du pouvoir et de son travail. Les départs de Lionel Jospin, de Tony Blair, de Silvio Berlusconi ont été imposés par la conjoncture politique, et ils se sont soldés par la déroute de leurs partis respectifs.</p>
<p>Partir au moment où sa cote de popularité est élevée donne la capacité à sa formation de pérenniser la ligne politique mise en place. Tout d’abord le candidat qui se retire peut faire campagne pour aider son successeur et peut influencer la ligne politique de son parti et donc du territoire dans lequel il s’inscrit. À la longévité politique d’un individu, il est parfois préférable de penser à la longévité politique de ses idées et de son parti.</p>
<p>Car, au final, le temps politique se mesure de différentes manières et la plupart des articles publiés dans les médias sur la candidature d’Angela Merkel ne traitent que de sa longévité personnelle mais très peu des idées qu’elle porte, de ce qu’elle incarne et des oppositions qui naissent à son encontre – que ce soit sur un plan personnel ou institutionnel.</p>
<h2>Le révélateur d’un vide politique</h2>
<p>Si Angela Merkel reste, c’est qu’elle arrive à maintenir vivante la coalition réunissant trois partis (CSU-CDU-SPD). Or celle-ci ne porte pas de projet, elle est le fruit d’une conjoncture politique et partisane dans laquelle la gauche gouvernementale s’étouffe suite au départ de Gerhard Schröder, et dans l’impossibilité de lui trouver un successeur.</p>
<p>La personnalité d’Angela Merkel comme rempart au populisme et comme leader d’une Europe <a href="https://theconversation.com/essence-et-existence-dune-europe-en-polycrise-68308">diminuée par de nombreuses dissensions</a> donne de l’aplomb à sa candidature, <a href="https://theconversation.com/angela-merkel-les-secrets-dune-longevite-politique-69522">comme le montre Jérôme Vaillant dans son article</a>. Pour autant, il est tout aussi important de noter que la montée des partis populistes et anti-establishment se nourrit de la longévité politique des chefs de file de partis gouvernementaux. L’image d’une Allemagne dominée par l’alliance de deux ou trois partis dont les divergences s’estompent au moment de répartir les postes et les porte-feuilles ne peut qu’aggraver la dépolitisation d’une partie de la population qui se sent dupée par ces manœuvres.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/150155/original/image-20161214-7295-1gkip5l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le couple franco-allemand en juin 2014.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/francediplomatie/14464510316/in/photolist-HW8Afj-J7ficm-H6EfH8-Gbgcma-GbfhMH-o3boYU">Francediplomatie/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>Une coalition permanente des partis hétéroclites, qui occupent l’espace politique de la gauche gouvernementale à la droite gouvernementale produit une frontière permanente non plus entre la droite et la gauche, mais entre les populistes considérés comme (outsiders) et les partis gouvernementaux quels qu’ils soient (insiders). Ce phénomène est le terreau de Die Linke <a href="https://theconversation.com/la-renaissance-de-lextreme-droite-en-allemagne-66094">mais aussi et surtout de Pegida</a>.</p>
<h2>Un révélateur du dépérissement du politique</h2>
<p>Pour se maintenir au pouvoir, il faut savoir trouver un équilibre constant entre les différentes forces qui nous influencent. Le politique est alors dans une situation où il pioche à droite et à gauche afin de ne pas sombrer et de ne pas provoquer d’oppositions trop fortes. Mais à ce jeu, il arrive potentiellement un moment de frustration, de désidéologisation politique qui entraîne une personnification dont l’issue peut être catastrophique. Sans concurrent politique, avec le SPD en guise d’épouvantail, le système Merkel ne peut connaître qu’une fin tragique.</p>
<p>Enfin, ce qui est le plus étonnant en lisant les articles des médias, c’est l’absence de questionnement sur le rôle et la place de la chancelière dans le désenchantement politique et dans les difficultés que connaît l’Europe. Pourtant, la corrélation entre les crises à répétition au sein de l’UE et son mandat est criante. Merkel a-t-elle sauvé l’Europe en gardant la Grèce à bord ou a-t-elle uniquement protégé les finances allemandes ? A-t-elle proposé un véritable projet européen ou réagit-elle aux multiples maux qui nous touchent ? A-t-elle préparé l’avenir ou nourrit-elle une ambition personnelle et nationaliste ? Dans quel état sera la démocratie allemande et européenne à la fin de son règne ?</p>
<p>Et pour renverser le mot de Thomas Hofnung dans la newsletter du 5 décembre de The Conversation France, intitulé « Angela Merkel, le maillon fort de l’Europe », la chancelière ne serait-elle pas en fin de compte son point faible ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70067/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Faure ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En politique, rien ne sert de durer, il faut savoir partir. Pour son parti, mais aussi au nom d’une certaine idée de l’action politique.Alexandre Faure, Doctorant en sciences sociales, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.