tag:theconversation.com,2011:/us/topics/odeur-69010/articlesodeur – The Conversation2024-02-12T16:12:55Ztag:theconversation.com,2011:article/2200792024-02-12T16:12:55Z2024-02-12T16:12:55ZDétecter les odeurs est plus complexe qu’il n’y paraît<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575005/original/file-20240212-28-khq3fg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5176%2C3445&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La perception des odeurs est un phénomène chimique complexe.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/femme-en-chemise-orange-avec-des-fleurs-violettes-sur-la-tete-7sff_QVfpX4">Elly Johnson/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les nombreuses molécules odorantes qui pénètrent dans notre nez au quotidien à la faveur d’un repas, du croisement de l’effluve d’un parfum ou lors de situations plus désagréables, interagissent avec des « interrupteurs olfactifs », des récepteurs situés sur les neurones des tissus de notre cavité nasale.</p>
<p>Le récepteur en biologie est l’équivalent d’un interrupteur. Diverses molécules « allument ou éteignent » ces récepteurs de façon coordonnée ou non, interrompant ou déclenchant des actions et participant ainsi au fonctionnement des cellules, des organes et de l’organisme.</p>
<p>L’activation de ces récepteurs par une molécule odorante génère un signal électrique transmis au cerveau. L’identification et la fonction de ces récepteurs par les équipes de Richard Axel et Linda Buck a été récompensée par le <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/2004/7438-the-nobel-prize-in-physiology-or-medicine-2004-2004-5/">prix Nobel de médecine en 2004</a>. Comme une odeur est constituée le plus souvent d’un mélange de molécules odorantes, qu’une molécule peut se fixer à plusieurs récepteurs différents et qu’un neurone ne porte qu’un seul type de récepteur, le message olfactif délivré à notre cerveau résulte d’une combinaison de récepteurs et donc de neurones activés.</p>
<p>Cette détection combinatoire ainsi que l’intégration des signaux qui en résultent par le cerveau nous permettent d’identifier par exemple l’odeur de banane, de fraise, de pain ou de parfums complexes. Ce mécanisme fait encore aujourd’hui l’objet de recherches mais il est bien accepté et motive de nombreux chercheurs publics et privés qui tentent notamment d’associer chaque molécule à ses récepteurs parmi les <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1804106115">plus de 400 récepteurs potentiels chez l’humain</a>. Cela représente un champ de recherche important pour mieux comprendre l’olfaction et les troubles olfactifs associés mais aussi pour développer des arômes ou des parfums.</p>
<h2>Les récepteurs ne suffisent pas à bien percevoir les odeurs</h2>
<p>La détection olfactive par les récepteurs est essentielle mais le contrôle de la disponibilité des molécules odorantes pour ces récepteurs l’est tout autant. C’est le rôle de certaines enzymes présentes dans l’environnement des récepteurs sur <a href="https://doi.org/10.1080/03602532.2019.1632890">lequel mon équipe travaille</a>. Les enzymes sont des protéines qui accélèrent les réactions chimiques nécessaires au fonctionnement des cellules. L’enzyme qui nous intéresse se trouve dans les cellules des tissus de la cavité nasale et, comme un récepteur olfactif, elle est capable de fixer des molécules odorantes mais sa fonction est de les modifier. Elle n’est pas seule, de nombreuses enzymes prennent en charge la grande variété de molécules odorantes.</p>
<p><a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0249029">Nous avons participé</a> à déterminer la localisation de ces enzymes qui sont exprimées dans tous les types cellulaires des tissus olfactifs, dont les neurones qui portent les récepteurs. La fonction de ces enzymes du métabolisme des molécules odorantes est aujourd’hui sérieusement explorée car en modifiant celles-ci à proximité des récepteurs elles pourraient participer à leur élimination afin d’arrêter le signal qu’elles portent (hypothèse 1), ou à l’inverse elles pourraient laisser s’accumuler les molécules et donc augmenter l’intensité du signal correspondant (hypothèse 2) ou encore changer la qualité du signal en modifiant les molécules odorantes (hypothèse 3).</p>
<p>Ces 3 hypothèses qui se placent dans un étroit partenariat entre les enzymes et les récepteurs ne naissent pas de nulle part, elles s’appuient sur ce qui se passe dans le reste de l’organisme. En effet, ces familles d’enzymes du métabolisme existent dans de nombreux organes dont majoritairement le foie et sont impliquées dans l’élimination des molécules toxiques mais aussi de molécules qui portent un signal comme certaines hormones, lesquelles se fixent sur des récepteurs. Elles contrôlent donc la disponibilité de ces signaux et peuvent également les modifier pour les rendre plus ou moins actifs.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma de la modulation de la détection des odeurs via les enzymes" src="https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/575018/original/file-20240212-26-3io5be.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Schéma de la modulation de la détection des odeurs via les enzymes.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Élimination – disponibilité – modification des signaux, ces mécanismes enzymatiques bien établis dans l’organisme n’ont pas été pris en compte immédiatement concernant leur rôle dans l’olfaction. Ce mécanisme « péri-récepteur » a d’abord été mis de côté par la communauté scientifique car il ajoutait de la complexité au mécanisme de détection olfactive, lui-même en cours de caractérisation chez les mammifères. Par ailleurs, le doute résidait dans la capacité des enzymes à prendre en charge la variété de molécules odorantes et dans leur capacité à le faire dans le temps extrêmement court qu’impose la détection olfactive.</p>
<h2>Les enzymes, des partenaires essentiels des récepteurs olfactifs</h2>
<p>Certains groupes de chercheurs, dont le mien, ont orienté leurs travaux sur ces mécanismes péri-récepteurs.</p>
<p>Un premier verrou a été levé lorsque <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0059547">nous avons montré</a> que le métabolisme enzymatique de certaines molécules odorantes conduisait in fine à des métabolites non odorants (pas d’interaction avec les récepteurs) et donc participait effectivement à l’arrêt du signal (hypothèse 1). Les enzymes éteignent le signal en limitant la possibilité d’actionner les « interrupteurs olfactifs » : arrêt du signal.</p>
<p>À l’inverse, il a été montré que des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/alr.22897">métabolites intermédiaires pouvaient être odorant</a> et influencer la perception. Ainsi dans certains cas, nous sentons à la fois la molécule odorante initiale et son ou ses métabolites. <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-39404-x">Cette découverte a été renforcée par la démonstration</a> que la vitesse d’action métabolique des enzymes sur les molécules odorantes était équivalente à celle de leur détection par les récepteurs soit de l’ordre de quelques dizaines de millisecondes (un claquement de doigts). Les enzymes participent à allumer plusieurs « interrupteurs olfactifs » différents, simultanément : changement de la qualité du signal (hypothèse 3).</p>
<p>Enfin, des <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.jafc.2c02720">études</a> ont montré que si le fonctionnement de ces enzymes était perturbé par exemple à l’aide d’un inhibiteur enzymatique (qui peut être une molécule odorante), le signal n’était plus arrêté et les molécules odorantes au contraire stimulaient un plus grand nombre de récepteurs ce qui entraînait une réponse olfactive de plus grande intensité (hypothèse 2). L’inhibition des enzymes peut conduire à allumer un plus grand nombre « d’interrupteurs olfactifs » : augmentation de l’intensité du signal.</p>
<p>Ainsi, grâce à la détermination de quelques groupes de chercheurs sur la planète, ces mécanismes récepteurs et péri-récepteurs commencent à être considérés comme des partenaires dans l’olfaction périphérique (mécanisme se déroulant dans la cavité nasale). En contrôlant la disponibilité des molécules odorantes pour les récepteurs et leur qualité, les enzymes jouent un rôle majeur qui ouvre des perspectives vers la compréhension de la physiologie et la physiopathologie de l’olfaction et vers des applications dans la conception d’arômes ou de parfums par exemple en augmentant l’intensité de certaines molécules odorantes sans jouer sur leur concentration. Il est intéressant de noter <a href="https://www.nature.com/articles/s41588-021-00986-w">qu’une étude a montré</a> récemment que parmi des milliers de gènes, celui qui présente un polymorphisme (modification ponctuelle de la séquence d’ADN) significatif chez les patients infectés par le virus SARS-CoV-2 et souffrants de troubles olfactifs et celui d’une enzyme du métabolisme des molécules odorantes.</p>
<p>Cette petite histoire de l’olfaction nous montre que la science a cette capacité à finalement mettre en lumière les mécanismes d’abord sous-estimés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Marie HEYDEL a reçu des financements de ANR. </span></em></p>Derrière la simplicité apparente de la perception des odeurs se cachent des mécanismes chimiques complexes.Jean-Marie Heydel, Professeur de Biochimie et Biologie Moléculaire, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2209232024-01-24T16:29:39Z2024-01-24T16:29:39ZÀ quelle fréquence devez-vous laver vos draps et vos serviettes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568705/original/file-20231109-17-a2kns6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7536%2C5026&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsque vous vous séchez, vous déposez des milliers de cellules cutanées et des millions de microbes sur la serviette</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/laundry-fresh-woman-smelling-towel-after-2246392501">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Tout le monde semble avoir un avis différent sur la fréquence de lavage des serviettes et des <a href="https://7news.com.au/video/lifestyle/cleaning/dr-karl-on-how-often-you-should-wash-our-sheets-bc-6320410318112">draps</a>. Alors que de nombreuses personnes se demandent si quelques jours ou quelques semaines suffisent, une enquête menée au Royaume-Uni a révélé que <a href="https://www.bbc.com/news/newsbeat-61259074">près de la moitié des hommes célibataires</a> ne lavaient pas leurs draps pendant une période pouvant aller jusqu’à quatre mois d’affilée.</p>
<p>Il est évident que quatre mois, c’est trop long, mais quelle est la fréquence idéale ?</p>
<p>La literie et les serviettes sont des articles très différents et doivent donc être lavées à des intervalles différents. Alors qu’une semaine ou deux suffisent généralement pour les draps, il est préférable de changer les serviettes tous les deux jours.</p>
<p>De toute façon, qui n’aime pas la sensation que procurent des draps propres ou l’odeur d’une serviette fraîchement lavée ?</p>
<h2>Pourquoi vous devriez laver vos serviettes plus souvent</h2>
<p>Lorsque vous vous séchez, vous déposez des milliers de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.02362/full">cellules cutanées</a> et des millions de <a href="https://www.ajicjournal.org/article/S0196-6553(23)00402-9/fulltext">microbes</a> sur la serviette. Et comme vous utilisez votre serviette pour vous sécher après une douche ou un bain, elle reste souvent humide.</p>
<p>Chaque nuit, vous laissez également une grande quantité de peaux mortes, de microbes, de sueur et d’huiles <a href="https://theconversation.com/your-bed-probably-isnt-as-clean-as-you-think-a-microbiologist-explains-163513">sur vos draps</a>. Mais à moins que vous ne produisiez une transpiration nocturne excessive, votre literie n’est pas mouillée après une nuit de sommeil.</p>
<p>De plus, les serviettes sont fabriquées dans un matériau plus épais que les draps et ont donc tendance à rester humides plus longtemps.</p>
<p>En quoi l’humidité pose-t-elle problème ? Les serviettes mouillées sont un terrain propice à la prolifération des bactéries et des moisissures. <a href="https://www.qld.gov.au/housing/public-community-housing/public-housing-tenants/looking-after-your-home/safety/mould">Ces dernières</a> adorent les environnements <a href="https://www.asthmaandlung.org.uk/living-with/indoor-air-pollution/allergies">humides</a>. Et bien qu’elles ne soient pas nécessairement visibles (il faudrait une croissance importante pour pouvoir les voir), elles peuvent donner lieu à une odeur désagréable.</p>
<p>Outre les odeurs, l’<a href="https://www.nhs.uk/common-health-questions/infections/can-clothes-and-towels-spread-germs/">exposition à ces microbes</a> dans vos serviettes et draps peut provoquer de l’<a href="https://aafa.org/allergies/types-of-allergies/insect-allergy/dust-mite-allergy/">asthme</a>, des irritations cutanées allergiques ou d’autres <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/11/4/04-1094_article">infections cutanées</a>.</p>
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<img alt="Un couple en train de changer les draps de leur lit." src="https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558551/original/file-20231109-17-6185x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les gens ne sont pas toujours d’accord sur la fréquence à laquelle il faut changer les draps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/black-couple-changing-bed-sheet-together-1051726535">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Quelle est donc la fréquence idéale ?</h2>
<p>Pour la literie, cela dépend de plusieurs facteurs, par exemple si vous prenez un bain ou une douche juste avant de vous coucher, ou si vous vous mettez au lit après avoir transpiré pendant une longue journée et que vous prenez votre douche le matin. Dans ce dernier cas, vous devrez laver vos draps plus fréquemment. Règle générale, une fois par semaine ou toutes les deux semaines suffisent.</p>
<p>Les serviettes devraient idéalement être changées plus fréquemment – environ tous les deux jours – alors que vous devriez remplacer votre débarbouillette après chaque utilisation. Comme elle est complètement mouillée, elle le restera plus longtemps et retiendra davantage de cellules cutanées et de microbes.</p>
<p>En lavant vos serviettes à une température élevée (par exemple, 65 °C), vous <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34465009/">éliminerez de nombreux microbes</a>. Si vous souhaitez économiser de l’énergie, vous pouvez utiliser une température plus basse et ajouter une tasse de vinaigre à l’eau de lavage. Le vinaigre tuera les microbes et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8231443/">empêchera les mauvaises odeurs</a> de se développer.</p>
<p>Nettoyez régulièrement votre machine à laver et séchez le pli dans le caoutchouc après chaque lavage, car c’est un autre endroit où les microbes aiment proliférer.</p>
<h2>Serviettes malodorantes</h2>
<p>Vous lavez régulièrement vos serviettes, mais les mauvaises odeurs persistent ? Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que vous les avez laissées dans la machine à laver trop longtemps après le lavage. Surtout s’il s’agit d’un cycle à l’eau chaude, la période pendant laquelle les serviettes restent chaudes et humides permet aux microbes de se développer. En <a href="https://textbookofbacteriology.net/growth_3.html">laboratoire</a>, le nombre de ces bactéries peut doubler toutes les 30 minutes.</p>
<p>Il est important de suspendre votre serviette pour la faire sécher après utilisation et de ne pas la laisser dans la machine à laver après la fin du cycle. Si possible, étendez vos serviettes et votre literie au soleil. Elles sécheront ainsi complètement rapidement et conserveront cette agréable odeur de coton frais et propre. La sécheuse est une bonne option en cas de mauvais temps, mais il est toujours préférable de les étendre dehors dans la mesure du possible.</p>
<p>Par ailleurs, même si votre serviette est destinée à être lavée, ne la jetez pas dans la corbeille à linge si elle est encore mouillée, car elle constitue un endroit idéal pour la prolifération des microbes. Le temps que vous fassiez votre lessive, la serviette et le reste des vêtements à proximité risquent d’avoir acquis une senteur désagréable. Et il peut être difficile de redonner à vos serviettes une odeur de propreté.</p>
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<img alt="Une jeune femme chargeant une machine à laver." src="https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6709%2C4476&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558550/original/file-20231109-15-2gv66g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les serviettes doivent être lavées plus souvent que les draps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/young-woman-taking-laundry-out-washing-1727564893">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Qu’en est-il des serviettes et des draps « autonettoyants » ?</h2>
<p>Certaines entreprises vendent des serviettes « à séchage rapide » ou des serviettes et des draps « autonettoyants ». Les serviettes à séchage rapide sont fabriquées à partir de matériaux synthétiques tissés de manière à sécher rapidement. Cela permet d’éviter la prolifération des microbes et des mauvaises odeurs qui se développent lorsque les serviettes restent humides pendant de longues périodes.</p>
<p>Mais la notion de produits autonettoyants est plus complexe. La plupart de ces produits contiennent du <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/chem-2016-0005/html">nanoargent</a> ou du cuivre, des métaux antibactériens qui tuent les micro-organismes. Les composés antibactériens stoppent la croissance des bactéries et peuvent être utiles pour limiter les odeurs et réduire la fréquence à laquelle vous devez nettoyer vos draps et serviettes.</p>
<p>Cependant, ils n’élimineront pas la saleté comme les huiles, les squames et la sueur. Même si j’aimerais beaucoup que les draps et les serviettes se nettoient tout seuls, la réalité est tout autre.</p>
<p>En outre, l’emploi excessif d’antimicrobiens <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6636436/pdf/idr-12-1985.pdf">tels que le nanoargent</a> peut <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.652863/full">favoriser la résistance des microbes</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220923/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rietie Venter a reçu des fonds de divers organismes de financement nationaux et internationaux.</span></em></p>Alors qu’une semaine ou deux suffisent généralement pour les draps, il est préférable de laver les serviettes tous les deux jours. Voici les explications d’un microbiologiste.Rietie Venter, Associate professor, Clinical and Health Sciences, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2083292023-07-17T19:21:33Z2023-07-17T19:21:33ZDes draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…<p><em>Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le <a href="https://theconversation.com/serie-1-pourquoi-est-on-plus-malade-en-voiture-lorsque-lon-part-en-vacances-208258">mal des transports amplifiés lors des départs en vacances</a> aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les <a href="https://theconversation.com/serie-1-des-draps-a-la-telecommande-tele-la-verite-sur-les-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">dangers microbiologiques méconnus des hôtels</a>, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.</em></p>
<hr>
<p>Pour la plupart d’entre nous, séjourner dans une chambre d’hôtel est soit une nécessité – si vous êtes en voyage d’affaires – soit quelque chose de plus exotique, attendu avec impatience puisque synonyme de vacances ou d’une excursion plus large. </p>
<p>Je suis microbiologiste, mon regard est un peu différent… Et si je vous disais qu’il y a de fortes chances que votre chambre d’hôtel, malgré son état apparemment impeccable (à l’œil nu), <a href="https://www.eurekalert.org/news-releases/922575">ne soit pas si propre que cela</a> ? Ce n’est pas une question de prix. Une chambre dans un établissement coté ne sera pas forcément moins sale.</p>
<p>En effet, la personne qui a séjourné dans « votre » chambre avant vous (et tous ceux qui vous auront précédé) aura déposé des bactéries, des champignons et des virus sur tout le mobilier, les tapis, les rideaux et les diverses surfaces. Combien il reste de ces germes abandonnés un peu partout dépend de l’efficacité avec laquelle votre <a href="http://www.europeancleaningjournal.com/magazine/articles/european-reports/bacteria-that-breed-in-hotel-rooms">chambre est nettoyée</a> par le <a href="https://www.today.com/money/hotel-maids-how-much-how-little-do-they-really-clean-1D80287464">personnel de l’hôtel</a>. Et, de façon plus générale, soyons honnêtes, ce qui est considéré comme propre par un hôtel peut être différent de <a href="https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/dirty-spots-in-hotel-rooms_n_5ae09906e4b061c0bfa4356d">ce que <em>vous</em> considérez comme propre</a>.</p>
<p>En général, l’évaluation de la propreté d’une chambre d’hôtel est basée sur <a href="https://www.jstor.org/stable/26330308">des observations visuelles et olfactives</a> – et non sur la microbiologie des lieux… Tout invisible qu’elle soit, c’est d’elle que viennent les éventuels risques d’infection. Je vous invite à petit tour dans le monde des germes, des insectes et autres virus pour découvrir ce qui pourrait se cacher là.</p>
<h2>Tout commence à l’ascenseur…</h2>
<p>Avant même d’entrer dans votre chambre, considérez les boutons d’ascenseur de l’hôtel comme des foyers microbiens… Ils sont pressés en permanence par une foule de gens différents, qui n’ont pas forcément eu l’occasion de se laver les mains récemment. Ils ont ainsi pu déposer au passage une fraction des micro-organismes présents au bout de leurs doigts ; micro-organismes qui gagneront ensuite les doigts de la personne qui vient de le toucher. </p>
<p>Même chose pour les poignées de porte, qui peuvent être tout aussi contaminées si elles ne sont pas désinfectées régulièrement. Avant de vous toucher le visage, de manger ou de boire, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25005587/">lavez-vous les mains</a> ou utilisez un gel désinfectant !</p>
<p>Les <a href="https://www.rd.com/list/ways-your-hotel-room-could-be-making-you-sick/">infections les plus courantes attrapées dans les chambres d’hôtel</a> sont les maux de ventre – diarrhées et vomissements. Mais l’on peut aussi être contaminé par divers <a href="https://www.everydayhealth.com/cold-and-flu/surprising-ways-hotels-can-make-you-sick.aspx">virus respiratoires</a>, et développer rhume, une pneumonie… ainsi que le nouveau venu qu’est le <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/28/3/21-2318_article?ACSTrackingID=USCDC_333-DM72795&ACSTrackingLabel=Latest%20Expedited%20Articles%20-%20Emerging%20Infectious%20Diseases%20Journal%20-%20December%2029%2C%202021&deliveryName=USCDC_333-DM72795">Covid</a>.</p>
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<img alt="Porte d’entrée d’un hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516459/original/file-20230320-16-kb336m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bienvenue au paradis des germes…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/bedroom-door-entrance-guest-room-271639/">Pexels/Pixabay</a></span>
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<p>De façon contre-intuitive peut-être, <a href="https://ami-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jam.15121">les toilettes et salles de bains sont un espace relativement plus sûr</a>. Elles sont en effet généralement nettoyées plus soigneusement que le reste de la chambre et s’avèrent ainsi souvent être les environnements les moins colonisés sur le plan bactériologique dans les hôtels. </p>
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<p>Seuls points à surveiller de la salle de bains : le verre à dents, déjà. S’il n’est pas jetable, lavez-le avant de l’utiliser (le gel douche ou le shampoing font parfaitement l’affaire). On ne peut jamais être vraiment sûr qu’il a été nettoyé correctement. Et à nouveau les poignées de porte, qui peuvent également être colonisées par des agents pathogènes provenant de mains non lavées ou de gants de toilette sales…</p>
<h2>Où se cache le danger ?</h2>
<p>Toute la literie peut évidemment elle aussi accueillir des visiteurs indésirables. <a href="https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/9/20-1435_article">Une étude réalisée en 2020</a> a montré qu’après l’occupation d’une chambre par un patient présymptomatique atteint de Covid-19, de nombreuses surfaces étaient fortement contaminées par le virus. Les draps, la taie d’oreiller et la housse d’édredon étaient particulièrement touchés. </p>
<p>Si <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">les draps et les taies d’oreiller</a> sont normalement changés entre deux occupants, ce n’est pas le cas des couvre-lits : ce qui signifie que ces tissus peuvent devenir des réservoirs invisibles d’agents pathogènes – <a href="https://www.indy100.com/science-tech/beds-more-germs-than-toilet">autant sinon plus qu’un siège de toilettes</a>. Cependant, <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">parfois</a>, <a href="https://www.insideedition.com/investigation-finds-sheets-werent-changed-between-guests-at-some-new-york-hotels-60419">les draps</a> ne sont <a href="https://www.frommers.com/tips/health-and-travel-insurance/hotels-dont-always-change-the-sheets-between-guests#:%7E:text=Sheets%20are%20usually%20changed%20between,they%20aren%E2%80%99t%20washed%20regularly.">pas changés entre les hôtes</a>, et là… il peut donc être préférable d’apporter les vôtres.</p>
<p>Mais une chambre d’hôtel, ce n’est pas qu’un lit. On pense moins à ce qui se trouve sur le bureau, la table de nuit, le téléphone, la bouilloire, la <a href="https://www.nature.com/articles/srep17163?utm_medium=affiliate&utm_source=commission_junction&utm_campaign=CONR_PF018_ECOM_GL_PHSS_ALWYS_DEEPLINK&utm_content=textlink&utm_term=PID100087244&CJEVENT=7cf55981c74311ed82a0034b0a18ba73">machine à café</a>, l’interrupteur ou la <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/hotel-room-tests-uncover-high-levels-of-contamination-1.1160859">télécommande de la télévision</a>… Or toutes ces surfaces ne sont pas toujours désinfectées entre les clients.</p>
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<img alt="Télécommande sur un lit d’hôtel." src="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516462/original/file-20230320-14-h6cnfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À manipuler avec attention : les télécommandes font partie des objets les plus contaminés des chambres d’hôtel !</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/remote-control-on-pink-fabric-5202948/">Pexels/Karolina grabowska</a></span>
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<p>Des virus (norovirus responsable de diarrhées, SARS-CoV-2 du Covid, etc.) peuvent subsister sous forme infectieuse pendant des jours sur les surfaces dures. Et l’intervalle de temps typique entre les changements de chambre est souvent <a href="https://www.thesun.co.uk/travel/17444370/hotel-sheets-clean-changed-dirty/">inférieur à 12 heures</a>.</p>
<p>Les tissus d’ameublement des coussins, chaises, rideaux ou stores sont, enfin, difficiles à nettoyer et peuvent n’être désinfectés que lorsque l’hôtellerie doit enlever des taches visibles.</p>
<h2>Les invités non sollicités</h2>
<p>Si tous ces germes et ces surfaces sales ne suffisent pas, il faut aussi penser aux <a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-apprendre-a-les-detecter-pour-eviter-les-piqures-184437">punaises de lit</a> (<em>Cimex lectularius</em>). Ces insectes suceurs de sang ont un aspect brun-argenté et mesurent généralement de un à sept millimètres de long. Ils sont experts dans l’art de se cacher dans de petits espaces étroits et sont capables de rester dormants sans se nourrir pendant des mois.</p>
<p>Les petits espaces en question comprennent les fissures et les crevasses des bagages, des matelas et de la literie. <a href="https://www.cdc.gov/parasites/bedbugs/faqs.html">Les punaises de lit</a> sont répandues en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Asie – et sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0278431920301201">souvent présentes dans les hôtels</a>. Et ce n’est malheureusement pas parce qu’une chambre a l’air propre et sent bon qu’il n’y a pas de punaises de lit dans ses entrailles…</p>
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<img alt="Femme de chambre préparant un lit." src="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516460/original/file-20230320-16-mt06d3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Merci de ne pas utiliser les coussins d’ornement comme oreiller…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/woman-in-black-blazer-and-white-dress-shirt-arranging-the-bed-6466496/">Pexels/Cottonbro studio</a></span>
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<p>Heureusement, les <a href="https://www.nhs.uk/conditions/bedbugs/">piqûres de punaises de lit</a> ne semblent pas susceptibles de transmettre de maladies à notre espèce… Par contre, les zones de piqûre peuvent s’enflammer et s’infecter.</p>
<p>Pour détecter la présence de punaises de lit, des piqûres rougeâtres découvertes au matin et des taches de sang sur les draps sont les signes d’une infestation active (utilisez une crème antiseptique sur les piqûres). D’autres signes peuvent être trouvés sur le matelas, derrière la tête de lit et à l’intérieur des tiroirs et de l’armoire : des taches brunes peuvent être des restes d’excréments. </p>
<p>Informez l’hôtel si vous pensez qu’il y a des punaises de lit dans votre chambre. Et pour éviter de les emporter avec vous lors de votre départ, nettoyez soigneusement vos bagages et vos vêtements avant de les ouvrir chez vous.</p>
<p>Étant donné que les chambres des hôtels de haut standing sont généralement utilisées plus fréquemment, une chambre plus chère dans un hôtel cinq étoiles n’est pas nécessairement synonyme de plus grande propreté, car les frais de nettoyage des chambres réduisent les marges bénéficiaires. Quel que soit votre lieu de séjour, emportez un paquet de lingettes antiseptiques et utilisez-les sur les surfaces dures de votre chambre. </p>
<p>Les consignes d’hygiène basiques restent de mise même en vacances ! Lavez-vous ou désinfectez-vous souvent les mains, surtout avant de manger ou de boire. Enfin, emportez des pantoufles ou des chaussettes épaisses afin d’éviter de marcher pieds nus sur les moquettes des hôtels, connues pour être un autre <a href="https://www.rd.com/list/dirty-hotel-room/">point chaud de la saleté</a>…</p>
<p>Avec ces quelques précautions en tête, profitez tout de même de votre séjour !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Elles nous paraissent être des havres de paix, le point de chute idéal en vacances. Mais les chambres d'hôtel sont surtout un nid douillet pour les microbes ! Le point de vue d'une microbiologiste…Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of LeicesterLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2053492023-05-24T17:32:00Z2023-05-24T17:32:00ZLes cosmétiques « naturels » sans parfum sont-ils sans odeur… et sans danger ?<p>Tout le monde utilise des <a href="https://ansm.sante.fr/page/liste-des-produits-cosmetiques">produits cosmétiques</a> au quotidien. Crèmes, gels, shampoings, produits solaires et capillaires… ils sont en effet indispensables pour nettoyer, protéger et entretenir notre peau, nos dents ou nos cheveux. Au-delà de cet usage esthétique, ils participent également à notre santé, en limitant le vieillissement prématuré des tissus ou en nous protégeant contre les <a href="https://theconversation.com/que-savoir-du-melanome-cutane-pour-se-premunir-au-mieux-202657">UV A et UV B du Soleil si dangereux pour notre peau</a> pour ce qui est des crèmes solaires.</p>
<p>Néanmoins, une vraie prise de conscience s’est faite ces dernières années concernant ces produits omniprésents.</p>
<p>Des études ont, par exemple, permis de suspecter certains de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0039914021005634">contenir des perturbateurs endocriniens</a>. Ces préoccupations poussent de plus en plus de consommateurs à privilégier ceux qui mettent en avant des arguments rassurants : absence d’allergènes, de parfum, 100 % naturels, etc.</p>
<p>De fait, les cosmétiques contiennent souvent de nombreux ingrédients – ce qui peut poser question. Ainsi, une simple crème hydratante peut en compter plusieurs dizaines : des agents hydratants, des corps gras, des tensioactifs, des conservateurs, des matières actives… et des parfums.</p>
<h2>Quel impact pour les parfums ?</h2>
<p>Les parfums sont généralement conçus à partir de divers composés : des molécules naturelles ou synthétiques associées à des extraits végétaux, tels que les huiles essentielles, assemblées pour créer une senteur agréable.</p>
<p>Privilégier les ingrédients naturels est une tendance actuelle forte dans ce domaine. Parmi les plus utilisés, on trouve des huiles essentielles de lavande ou d’orange douce qui sont composée de molécules telles que le <a href="https://dictionnaire.acadpharm.org/w/Linalol">linalol</a> ou le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032015001396">limonène</a>.</p>
<p>Pourquoi cette précision ? Parce que ces deux molécules naturelles ne sont pas, contrairement aux idées reçues, sans danger. Leur <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000020831810">utilisation est d’ailleurs règlementée</a> dans les produits cosmétiques car ils sont <a href="https://doi.org/10.1016/j.talanta.2014.08.006">allergènes</a> – le linalol peut provoquer des réactions de type eczémateux. Leur présence doit être indiquée sur les étiquettes des produits cosmétiques.</p>
<p>Ce n’est pas parce qu’une molécule est d’origine naturelle qu’elle est anodine ! Si elle est utilisée, c’est qu’elle a un effet… Tout est question de quantité.</p>
<p>Le plus simple ne serait-il donc pas de privilégier un produit cosmétique non parfumé – et sans allergènes ?</p>
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<h2>Des cosmétiques sans parfum ?</h2>
<p>Il faut revenir brièvement aux rôles des parfums ajoutés à nos produits de soin. On en compte trois principaux :</p>
<ul>
<li><p><strong>Créer une odeur et une sensation agréable.</strong> Lorsqu’on applique une crème sur notre visage, et donc près de notre nez, il est plus agréable d’y associer une odeur plaisante… Il y a aussi des odeurs qui sont rattachées à une marque précise et qui véhicule une valence positive. C’est le cas du parfum emblématique des fameuses crèmes au pot bleu ;</p></li>
<li><p><strong>Amplifier l’efficacité du produit.</strong> Certains parfums peuvent avoir un caractère apaisant ou vitalisant qui peuvent intensifier son action. Il peut être cognitif ou physiologique – par exemple avec un <a href="https://www.lavoisier.fr/livre/genie-pharmaceutique/cosmetiques-parfums-et-emotions-l-apport-des-neurosciences/descriptif-9782490639359">effet apaisant sur le rythme cardiaque</a> ;</p></li>
<li><p><strong>Masquer l’odeur des autres ingrédients.</strong> Certains extraits de plantes utilisés comme actifs anti-âge ont des odeurs désagréables et peuvent difficilement être utilisés seuls.</p></li>
</ul>
<p>Lorsque l’on développe un produit sans parfum, on perd donc ces trois effets.</p>
<p>Mais un produit sans parfum ajouté est-il pour autant sans odeur ? Contient-il moins de composés chimiques ? Les choses ne sont pas si simples…</p>
<p>En réalité, un produit auquel on a enlevé son parfum va conserver une odeur. Moins intense, celle-ci n’est pas totalement absente pour autant.</p>
<h2>Sans parfum… mais pas sans odeur !</h2>
<p>Les odeurs sont dues à des composés volatils capables d’atteindre les récepteurs olfactifs situés dans notre nez. Nous possédons une très grande sensibilité aux odeurs et quelques molécules seulement peuvent être détectées… Un composé odorant à l’état de traces sera donc perçu.</p>
<p>Les ingrédients utilisés peuvent ainsi avoir une odeur en propre. Nous ne parlons pas ici des parfums rajoutés, mais des ingrédients constitutifs du produit cosmétique utilisé : agents hydratants, corps gras, tensioactifs, conservateurs, matières actives… Et si les ingrédients ont une odeur, alors le cosmétique sera également odorant. Possiblement plus gênant, il peut y avoir des interactions entre composés, générant de nouvelles senteurs.</p>
<p>Évaluer l’intensité d’une odeur n’est pas évident, et il n’existe pas d’instrument de mesure universel. Pour cette raison, l’évaluation est généralement réalisée par… des nez humains ! Ce type d’analyse olfactive peut se révéler très subjective, d’où l’importance des précautions à considérer autour du nombre d’évaluateurs et de l’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ics.12811">échelle de notation employée</a>.</p>
<p>Pour pallier aux différences de sensibilité entre individus, le panel est composé au minimum de dix volontaires. Et pour assurer la cohérence de leurs évaluations (une intensité donnée doit être équivalente pour tous), une série de solutions de référence leur est transmise – en général la molécule de n-butanol, naturellement présente dans de nombreux aliments et d’une odeur plutôt désagréable, diluée dans l’eau à plusieurs concentrations. Les résultats permettent de « calibrer », « étalonner » le panel.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="L’intensité va de 0 à 10 (pas d’odeur à odeur très prononcée voire gênante)" src="https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=261&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=261&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=261&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=328&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=328&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525200/original/file-20230509-23-eauozf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=328&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Relation entre les niveaux d’intensité d’une odeur et les perceptions associées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Géraldine Savary, Catherine Malhiac</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>On peut ainsi évaluer l’intensité de l’odeur d’une crème hydratante parfumée, qui est en moyenne de 8/10. La même crème sans parfum ajouté aura une odeur plus faible, évaluée à 2,5/10, ce qui est peu… mais pas nul.</p>
<h2>Quels sont les composés les plus odorants ?</h2>
<p>Parmi les ingrédients potentiellement odorants, on peut mentionner <strong>les huiles et les corps gras</strong> qui ont de légères odeurs végétales ou de noisette. Appelés émollients en cosmétique, ils sont incontournables et se retrouvent dans les produits de soin de la peau ou du cheveu car ils protègent, assouplissent et nourrissent nos tissus.</p>
<p>Leur <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ics.12811">odeur résiduelle</a> est due à la présence de composés couramment rencontrés dans la nature tels que des aldéhydes aux odeurs grasses, des esters fruités ou des alcools.</p>
<p>Pour créer un produit cosmétique sans odeur, il faudrait donc employer des ingrédients inodores… qu’il faut créer. On s’éloigne donc du naturel. Cela fait l’objet de travaux au sein de <a href="https://urcom.univ-lehavre.fr/">notre laboratoire de recherche</a>.</p>
<p>Identifier les composés volatils et prévoir une « remédiation ciblée » permettent de réduire l’odeur des émollients : nous allons chercher à éliminer ou réduire la présence de molécules précises… Mais lesquelles cibler ? Les plus abondantes ?</p>
<p>Là encore, ce n’est pas si simple… Parfois des composés peu abondants peuvent avoir une puissance odorante : c’est donc eux qu’il faut cibler. Il faut alors isoler, identifier et quantifier ces éléments chimiques. <a href="https://www.theses.fr/s245673">Des analyses chimiques sont associées à une analyse sensorielle</a> car tout est question, littéralement, de nez. Grâce à ces travaux, l’odeur résiduelle peut passer d’une intensité de 4/10 à 2/10, qui est pratiquement indétectable.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La désodorisation a permis de faire disparaître les molécules les plus odorantes" src="https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525206/original/file-20230509-15-op1iqx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Mise en évidence de la désodorisation d’ingrédients cosmétiques par analyse chromatographique couplée à l’olfaction, en fonction du temps de maintien de l’odeur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">G. Savary et C. Malhiac</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Un autre type d’ingrédients très courants peut avoir une odeur : il s’agit des <strong>conservateurs</strong>, par exemple le <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2015sa0150.pdf">phénoxyéthanol</a> ou les <a href="https://theconversation.com/les-cosmetiques-biologiques-est-ce-vraiment-mieux-pour-la-sante-53132">parabènes</a>. Ces deux conservateurs synthétiques sont connotés péjorativement car ils sont suspectés d’être allergène cutané pour l’un et perturbateur endocrinien et reproducteur pour l’autre.</p>
<p>Ils sont autorisés dans les produits cosmétiques, mais leur utilisation est restreinte et réglementée au niveau des doses maximales d’emploi. À côté de ces potentiels effets sur la santé très surveillés, se cachent néanmoins des ingrédients indispensables : ils évitent notamment le développement des micro-organismes en présence d’eau, garantissant ainsi une conservation adéquate dans le temps, même à de faibles doses.</p>
<p>Comme les huiles et les corps gras, ils ont également une odeur caractéristique, en l’occurrence une senteur fleurie plutôt agréable ! Une senteur plaisante n’est bien sûr pas le critère de sélection d’un composé. On pourrait estimer qu’il est préférable de choisir des remplaçants naturels… sauf qu’ils sont souvent plus odorants que leur pendant synthétique.</p>
<p>On peut citer les huiles végétales naturelles (4/10) qui ont une intensité olfactive supérieure aux silicones synthétiques (1/10). Ces silicones inodores sont cependant <a href="https://theconversation.com/pour-2019-changez-de-regard-sur-les-cosmetiques-110002">sujettes à controverse</a> concernant leurs impacts sur l’environnement et la santé.</p>
<p>Au final, des cosmétiques (ingrédient et produit) sans odeur, est-ce possible ? Oui, et c’est même le cas de l’ingrédient le plus utilisé dans nos crèmes hydratantes : l’eau pure !</p>
<h2>Naturel, sans odeur, sans parfum : faire la part des choses</h2>
<p>« Naturels », « sans parfum », « sans allergènes »… On le voit, les raccourcis sont nombreux, tout comme les contradictions qui émergent quand on cherche à minimiser l’impact de nos produits du quotidien sur la santé.</p>
<p>Ainsi, il existe aujourd’hui une volonté d’aller vers des cosmétiques toujours plus inodores, qui sont devenus un gage de qualité auprès du grand public – et, donc, un avantage concurrentiel pour les fournisseurs d’ingrédients.</p>
<p>Mais si l’on peut désormais diminuer la présence de parfum, et donc d’allergènes, et concevoir des bases de crèmes neutres, cela demande la mise en place de nouvelles étapes de purification parfois énergivores lors de la production industrielle !</p>
<p>Alors que l’odeur résiduelle initiale est anodine, sans risque…</p>
<p>Les produits parfumés restent pour l’heure majoritaires dans nos placards et beaucoup restent attachés à l’odeur de leur gel douche ou de leur lait pour le corps. Il y a toutefois une volonté d’aller vers des parfums toujours plus naturels.</p>
<p>Si le « plus naturel » s’est imposé comme un critère de vente, il ne faut pas en conclure que les ingrédients de synthèse sont forcément « plus mauvais » que leurs contreparties naturelles. Pour vraiment juger de la nocivité d’un produit, c’est au niveau moléculaire qu’il faut regarder – c’est le travail de la recherche : identifier les molécules à risque, à quelle concentration, dans quel environnement… Et c’est un travail toujours en cours !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205349/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans la course aux produits cosmétiques naturels, la recherche de la moindre odeur est souvent un critère. Que dire de ces ingrédients ? Le naturel est-il forcément sans risque ?Géraldine Savary, Enseignant-chercheur en analyse sensorielle dans le domaine des arômes, parfums et cosmétiques, Université Le Havre NormandieCatherine Malhiac, Enseignant-chercheur à l'Unité de Recherche en Chimie Organique et Macromoléculaire, Université Le Havre NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1979212023-01-18T18:05:59Z2023-01-18T18:05:59ZLes microbes, ces précieux collaborateurs des parfumeurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/504626/original/file-20230116-16-vp6fjx.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C4777%2C3536&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/woman-perfume-on-black-background-442146133">ALEX_UGALEK / Shutterstock </a></span></figcaption></figure><p>En 1882, le parfumeur Paul Parquet crée « Fougère Royale », une composition à base de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Coumarine">coumarine</a>, de mousse de chêne, de géranium et de bergamote lancée par la société Houbigant qui révolutionne le monde de la parfumerie.</p>
<p>Ce parfum est toujours commercialisé aujourd’hui. Les notes de tête (qui sont libérées pendant les 10 à 15 premières minutes) sont la lavande, la bergamote et la sauge sclarée. Les notes de cœur (qui apparaissent après 15 minutes) sont le géranium, l’héliotrope, l’œillet, la rose et l’orchidée. Et les notes de fond (après 2 heures) sont la mousse de chêne, la coumarine, la fève tonka, la vanille et le musc. Tous les composants odorants contenus dans le parfum, à l’exception de la coumarine, proviennent d’huiles essentielles obtenues à partir de sources naturelles.</p>
<p>Et en cela, « Fougère Royale » a été un pionnier : le premier à inclure une molécule de synthèse dans sa formule. Il a ainsi ouvert la voie à toute une série d’harmonies olfactives appelées « fougère », qui sont encore utilisées dans de nombreuses compositions de parfums pour femmes et pour hommes. La parfumerie moderne était née.</p>
<h2>Parfum naturel ou artificiel ?</h2>
<p>D’ici 2025, le marché mondial des parfums devrait représenter environ <a href="https://fr.statista.com/statistiques/505163/parfums-valeur-marche-mondial/">50 milliards d’euros</a>. Ils sont utilisés non seulement dans les cosmétiques et la parfumerie, mais aussi dans les industries alimentaire, chimique, agricole, du tabac et pharmaceutique.</p>
<p>Les procédés les plus courants pour produire des composés aromatiques sont l’extraction à partir de sources naturelles et la synthèse chimique. L’extraction à partir de sources naturelles, animales ou principalement végétales, n’est pas simple et présente de nombreux inconvénients. D’une part parce que la concentration de nombreux produits dans les plantes est faible et que leur disponibilité change en fonction des variations saisonnières. En outre, deux autres problèmes se posent : le risque de maladies des plantes et la stabilité du composé, qui est parfois médiocre.</p>
<p>La synthèse chimique, bien que relativement bon marché, peut nécessiter des catalyseurs toxiques ou l’utilisation de pressions et de températures élevées. De plus, elle manque généralement d’une régio et/ou énantiosélectivité adéquate par rapport au substrat, ce qui peut donner lieu à un mélange de produits.</p>
<p>Cela explique pourquoi il est de plus en plus intéressant d’utiliser des microbes pour fabriquer des parfums. Les micro-organismes peuvent aider en synthétisant des molécules à partir de zéro, ou en biotransformant une matière première relativement bon marché.</p>
<p>Prenez par exemple le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28089045/">limonène</a>. Le (+)-limonène est obtenu comme sous-produit de l’industrie des agrumes et possède un arôme unique d’agrume avec une forte odeur d’orange, il est donc couramment incorporé dans de nombreux produits de nettoyage, cosmétiques et parfums. Cependant, les prix des agrumes, de l’huile d’agrumes et du limonène fluctuent et augmentent constamment et l’échelle à laquelle le limonène entièrement synthétique est produit est limitée. Il est donc rentable de le produire à l’aide de certains micro-organismes génétiquement modifiés, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4786606/">tels que <em>Escherichia coli</em> et <em>Saccharomyces cerevisiae</em></a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502642/original/file-20221226-62854-wzh14n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/manufacturing-filling-perfume-bottles-factory-cosmetics-1073731682">Krista Krista/Shutterstock</a></span>
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<h2>Produire plus de patchouli</h2>
<p>Le patchouli est un parfum boisé, balsamique et camphré. Il est utilisé dans l’encens, les savons, les bougies et autres produits ménagers. En 2010, l’huile de patchouli <a href="https://eudl.eu/pdf/10.4108/eai.20-1-2018.2282082">s’est raréfiée</a> parce que le temps pluvieux en Indonésie, l’un des principaux producteurs, a entraîné une mauvaise récolte de la plante (<em>Pogostemon cablin</em>) qui la produit. Pour ne rien arranger, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre ont exacerbé les problèmes d’approvisionnement. </p>
<p>L’huile de patchouli est aujourd’hui produite par des méthodes agricoles traditionnelles et par distillation à la vapeur. Mais il n’est possible d’extraire que 2,2 à 3,8 kg d’huile à partir de 100 kg de feuilles séchées de patchouli.</p>
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<span class="caption">La surexploitation des arbres <em>Santalum</em> fait que l’offre de bois de santal ne peut répondre à la demande croissante du marché..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/santalum-album-stems-branches-twigs-dark-1754094020">IamBijayaKumar/Shutterstock</a></span>
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<p>Malheureusement, l’utilisation des plantes comme source de production d’huile implique une croissance lente et des compositions variables en fonction de l’emplacement géographique et des conditions climatiques. C’est pourquoi certaines sociétés de biotechnologie ont commencé à utiliser des levures et des bactéries modifiées pour produire du patchouli, un terpène responsable de <a href="https://www.mdpi.com/2073-4425/9/4/219">l’arôme typique du patchouli</a>. En 2014, la société Firmenich a lancé Clearwood, un produit riche et légèrement parfumé au patchouli destiné à l’industrie de la parfumerie et produit par biotechnologie microbienne.</p>
<h2>Des bactéries pour imiter le parfum de la rose et de la lavande</h2>
<p>Un autre exemple intéressant est l’arôme enivrant de la rose. Il est généré par un type d’alcool appelé 2-phényl éthanol, dont la demande augmente de 10 à 15 % chaque année. Lorsqu’il provient de sources naturelles, sa valeur marchande peut dépasser 1 000 euros/kg. Toutefois, ce composé odorant caractéristique peut également être produit par bioconversion de la 2-phénylalanine en 2-phényléthanol à l’aide de souches de levure telles que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29224193/"><em>Kluyveromyces marxianus</em> et <em>Saccharomyces cerevisiae</em> génétiquement modifiées</a>.</p>
<p>« Le Male » (1995) de Jean Paul Gaultier est peut-être le plus célèbre des parfums à base de lavande. L’un des principaux composés de l’huile essentielle de lavande est le linalol, qui est un ingrédient utilisé dans les parfums depuis de nombreuses années comme pour « Jicky » de Guerlain, lancé en 1889. Dans « Le Male », le linalool apporte un agréable parfum floral avec un soupçon de menthol. Aujourd’hui, il est courant d’utiliser des souches de différents micro-organismes tels que <em>Saccharomyces cerevisiae</em>, <em>Yarrowia lipolytica</em>, <em>Escherichia coli</em> et <em>Pantoea ananatis</em> qui ont été génétiquement modifiées pour <a href="https://microbialcellfactories.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12934-021-01543-0">produire efficacement du linalol</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502639/original/file-20221226-74187-gglfc6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Feuilles de la plante Pogostemon cablin dont on extrait l’essence de patchouli.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/close-living-vibrant-green-pogostemon-cablin-1479515657">Stephen Orsillo/Shutterstock</a></span>
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<h2>Production durable de bois de santal</h2>
<p>L’une des huiles essentielles les plus précieuses au monde est l’huile de bois de santal. Il se distingue par son arôme boisé, légèrement épicé et velouté. Elle est obtenue principalement à partir du bois de cœur de santal adultes (<em>Santalum album</em>, <em>Santalum austrocaledonicum</em> et <em>Santalum spicatum</em>) par distillation à la vapeur. « Coco » de Chanel, « Hypnotic Poison » de Dior ou « Crystal Noir » de Versace sont quelques-uns des parfums qui se distinguent par leurs notes de bois de santal. En raison des conditions et de la longue période de croissance des arbres <em>Santalum</em>, l’offre de bois de santal ne peut répondre à la demande croissante du marché, et la <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/le-santal-un-tresor-meconnu-cache-sur-une-ile-du-pacifique_1381111.html">surexploitation</a> a sérieusement menacé les ressources naturelles.</p>
<p>Heureusement, les efforts de génie métabolique ont permis d’obtenir des souches génétiquement modifiées de <em>Saccharomyces cerevisiae</em> qui produisent de <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acssynbio.9b00479">grandes quantités d’α- et de β-santalol</a>, deux des principaux composants de l’huile essentielle de santal qui confèrent des arômes boisés, doux, chauds et balsamiques.</p>
<p>Les exemples sont nombreux. En fait, d’autres souches génétiquement modifiées de <em>Saccharomyces cerevisiae</em> sont utilisées pour produire des substances odorantes intéressantes comme la (+)-ambreine, principal composant de l’ambre gris. L’ambre gris est une substance organique rare et très chère <a href="https://theconversation.com/ambar-gris-la-caca-de-cachalote-que-vale-su-peso-en-oro-156711">sécrétée par le système digestif du cachalot</a>. Elle est très demandée en parfumerie et souvent utilisée <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25846965/">comme fixateur dans les parfums pour faire durer l’odeur</a>. L’ambreine a une odeur légère, mais peut être oxydée pour produire de l’ambroxide qui est très prisé dans l’industrie de la parfumerie et est apprécié pour son odeur délicate et ses propriétés fixatrices. </p>
<p>Il existe sans aucun doute un grand potentiel pour que les micro-organismes génétiquement modifiés produisent des composés aromatiques qui sont très demandés en parfumerie. Ce système est certainement une alternative de production durable, écologiquement valable et économiquement rentable qui permettra d’équilibrer l’offre et la demande et de protéger les ressources naturelles disponibles sur la planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197921/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raúl Rivas González no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>Le potentiel des micro-organismes génétiquement modifiés pour produire des parfums très demandés en parfumerie est énorme.Raúl Rivas González, Catedrático de Microbiología, Universidad de SalamancaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1268632019-11-12T20:21:38Z2019-11-12T20:21:38ZHelen, 6 ans : « Pourquoi les pieds ça sent pas bon ? »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301267/original/file-20191112-178498-ypnmew.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=15%2C0%2C5054%2C3374&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">C'est vrai qu'à la fin de la journée àa ne sent pas la rose. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/RYxTItxb4oY">Michal Parzuchowski / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Quand j’étais enfant, notre famille finissait la journée en se détendant devant la télé après le dîner. Tout le monde s’asseyait et enlevait ses chaussures. Peu de temps après, un arôme étrange et désagréable envahissait nos narines. Parfois, nos pieds sentaient si mauvais que mon père plaisantait et lançait : « Qui a ramené du fromage ? »</p>
<p>C’est bizarre à dire, parce que le fromage a bon goût ! Mais certains fromages ne sentent pas très bon, et certaines personnes ne supportent pas ces odeurs et partent en courant. Le problème, c’est que quand on court, nos pieds transpirent et qu’ils peuvent se mettre à sentir encore plus fort que le fromage.</p>
<h2>Quel est le point commun entre le fromage et les pieds</h2>
<p>Il s’agit d’un type de <a href="https://www.britannica.com/science/bacteria/The-importance-of-bacteria-to-humans">bactérie</a> appelé <em>Brevibacterium linens</em>. Les bactéries sont de très petites créatures que l’on ne peut voir qu’au microscope. Il existe de nombreux types différents de bactéries qui vivent dans le monde entier, y compris à l’intérieur de notre corps et sur notre peau. Certaines de ces bactéries sont des germes qui peuvent nous rendre malades, mais la plupart ne causent pas de dommages et peuvent même être utiles.</p>
<p>Les <em>Brevibacterium linens</em> sont des bactéries inoffensives que l’on trouve sur la peau des gens, elles se nourrissent des cellules mortes de notre peau. Normalement, ces bactéries ne produisent pas beaucoup d’odeur parce qu’elles ne sont pas nombreuses.</p>
<p>Mais quand on porte des chaussures, nos pieds deviennent chauds et humides. Notre sueur de pied contient du sel, que ces bactéries adorent. Dans ces conditions, quelques <em>Brevibacterium linens</em> vont devenir beaucoup de <em>Brevibacterium linens</em> grignotant les cellules mortes de nos pieds.</p>
<p>Et comme tout ce qui mange, ces bactéries produisent des <a href="https://doi.org/10.1016/B978-0-08-100596-5.00632-6">déchets nauséabonds</a>. Ce sont leurs déchets qui donnent aux pieds en sueur leur mauvaise odeur : ils contiennent des produits chimiques puants comme ceux fabriqués par des mouffettes et des œufs pourris.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=361&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301331/original/file-20191112-178494-1n2hs5o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=454&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les moufettes sont réputées pour leurs attaques à base d’odeur infecte.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouffette#/media/Fichier:Striped_Skunk.jpg">rdphotos/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Lorsque l’on fabrique du fromage, certaines des bactéries sont laissées sur le fromage et vont commencer à le manger. Lorsque les bactéries digèrent, elles fabriquent la croûte du fromage. Et elles produisent les mêmes déchets nauséabonds.</p>
<p>C’est pourquoi les pieds peuvent sentir le fromage. D’autres types de bactéries mangent aussi du fromage et fabriquent différents produits chimiques leur donnent leur saveur et leur goût uniques.</p>
<p>Parce que la puanteur des pieds et la puanteur du fromage ont la même source, certains scientifiques ont eu une idée sournoise : les moustiques nous repèrent en détectant les produits chimiques que nos bactéries cutanées produisent. Des chercheurs expérimentent l’utilisation du fromage de <em>Limburg</em> pour <a href="https://doi.org/10.1016/0169-4758(96)10002-8">piéger ces insectes</a> et les attirer dans des pièges afin qu’ils ne puissent pas mordre les gens.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=531&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=668&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=668&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301334/original/file-20191112-178532-k86aqd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=668&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Limburg pourrait servir de piège anti-moustique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pt.wikipedia.org/wiki/Limburger">Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Et ne t’inquiète pas : à part l’odeur désagréable, les pieds puants ne font pas de mal. Pour éliminer les odeurs, gardez-les propres et secs. Porte des chaussettes fraîches et utilise de la poudre pour absorber la sueur dont les bactéries de la peau ont besoin pour se développer.</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126863/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bill Sullivan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ce n’est pas vraiment de notre faute mais plutôt des bactéries qui vivent sur nos pieds.Bill Sullivan, Professor of Pharmacology & Toxicology, Indiana UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1244062019-10-02T17:49:58Z2019-10-02T17:49:58ZPourquoi l’urine et la sueur n’ont pas la même odeur pour tout le monde ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/295180/original/file-20191002-49356-brlu6e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=250%2C34%2C5156%2C3086&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’androsténone est une molécule présente dans la phéromone de porc, la transpiration et l’urine, à l’origine de leur odeur si particulière.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2OTk3NTA3MCwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTEzMjc2NzEyMiIsImsiOiJwaG90by8xMTMyNzY3MTIyL2h1Z2UuanBnIiwibSI6MSwiZCI6InNodXR0ZXJzdG9jay1tZWRpYSJ9LCJTT1FZTGRZTWJPRmJJcjFSR1hodEEzRWJIdW8iXQ%2Fshutterstock_1132767122.jpg&pi=33421636&m=1132767122&src=vDJNU-whXkEFkNBZIPBF7Q-1-38">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>L’ADN renferme notre patrimoine génétique et gouverne la mise en place de l’embryon et son développement. En étant copié maintes fois, à chaque division cellulaire, il peut subir des mutations qui, si elles affectent les ovules et les spermatozoïdes, seront transmises à la descendance. Dans nos cellules, les gènes existent sous deux formes – deux « allèles » – qui dérivent l’un de l’autre par une ou plusieurs mutations. Selon l’allèle exprimé, il en résultera ce qu’on appelle un phénotype, par exemple la couleur des yeux, des cheveux, ou encore l’olfaction, notre capacité à percevoir et sentir les odeurs.</p>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/nature06162">Des chercheurs ont ainsi montré</a> une relation entre le gène codant le récepteur OR7D4 – l’un des 400 récepteurs olfactifs présents chez l’homme – et la détection de l’androsténone : cette molécule, qui fait partie de la phéromone de porc, sent l’urine, mais on la retrouve aussi dans la sueur humaine. Ce gène existe sous la forme de deux allèles, RT et WM. Les personnes qui portent les deux copies du gène RT – soit 62 % de la population étudiée – perçoivent le parfum de l’urine, celles qui ne portent qu’une copie de ce gène ne la sentent pas ou peu, et enfin les porteurs de deux copies de l’allèle WM – 10 % de la population étudiée – perçoivent une odeur douce ou vanillée à la place de l’odeur de l’urine.</p>
<p>Dans le cadre de nos recherches sur l’olfaction au laboratoire UGSF (Université de Lille/CNRS/INRA), nous avons voulu montrer au grand public les conséquences de notre diversité génétique, en proposant depuis l’année dernière un petit test très simple lors de la Fête de la Science.</p>
<h2>L’alcool, une odeur très bien identifiée</h2>
<p>Le principe est le suivant : nous présentons aux participants deux flacons à sentir contenant un liquide incolore – numérotés 1 et 2. Dans le premier flacon (témoin), nous plaçons de l’alcool pur (éthanol), et dans le second une solution à base d’alcool d’androsténone très diluée.</p>
<p>Les personnes tentent alors de formuler, avec leurs mots, ce que l’odeur leur évoque, au-delà de la perception agréable, désagréable ou neutre qu’elles peuvent ressentir en la humant. Ils remplissent également un questionnaire papier, anonyme, qui ne mentionne que l’âge et le sexe.</p>
<p>L’an dernier, nous avons récolté 389 réponses, provenant des visiteurs du stand (scolaires et familles), d’étudiants de l’École d’Art de Tourcoing, ainsi que des personnels de notre laboratoire. Au total, 217 femmes de 6 à 69 ans et 172 hommes de 5 à 67 ans ont participé joyeusement à ce test. Les résultats ont été classés par tranche d’âge et par sexe pour identifier un éventuel effet des hormones sur la perception de l’odeur.</p>
<p>La distinction par classe d’âge permet également de mettre en évidence la manière de nommer l’odeur, qu’il s’agisse de l’éthanol ou de l’androsténone. On connaît le pouvoir évocateur des odeurs (la madeleine de Proust), mais il n’est pas toujours facile de les nommer. Certains de nos « cobayes » ont utilisé des images olfactives intéressantes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1042893511450873856"}"></div></p>
<p>Face au liquide témoin, rares sont les participants qui n’identifient pas l’alcool, qu’ils décrivent toutefois en des termes plus ou moins précis et imagés : antiseptique, gel pour les mains, désinfectant, docteur, hôpital, labo, mais aussi vodka, bière, et pour beaucoup alcool, voire même éthanol. Seules 15 personnes ne perçoivent aucun parfum lorsqu’elles sont confrontées à l’éthanol pur. Parmi elles, 4 femmes, et toutes perçoivent pourtant l’androsténone très fortement : on ne peut donc pas les soupçonner d’anosmie – absence totale d’olfaction, phénomène qui concerne environ <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/un-francais-sur-dix-souffre-de-troubles-de-lodorat">10 % des Français</a> et 3 % de notre population étudiée.</p>
<h2>Du rôle des hormones ?</h2>
<p>Concentrons-nous maintenant sur les réponses obtenues pour la solution alcoolique d’androsténone. Les réponses sont pour le moins contrastées : certains déclarent « je ne sens rien » – ils possèdent sans doute un allèle RT et un allèle WM. D’autres qualifient son odeur d’« horrible ! » – ceux qui ont deux allèles RT. Mais elle évoque à certains des idées plus poétiques, comme la forêt, la fleur, l’herbe naturelle, le maïs, le concombre, la vanille, la menthe, le carton, ou encore la poussière – ces derniers sont probablement porteurs de deux allèles WM.</p>
<p>Parmi ceux qui perçoivent l’androsténone, 9 femmes et 11 hommes ont été capables de nommer clairement l’odeur comme celle de « l’urine, de la sueur » (transpiration, odeur d’aisselle) ou de l’« odeur animale » (masculin, bestial, mâle qui pue, musc). Ils ont une réaction instinctive de recul devant une odeur « insupportable, âcre, répulsive, dégoûtante, repoussante ». Cette graduation de la perception négative de l’androsténone suggère que d’autres gènes pourraient être impliqués, mais ils ne sont pas encore identifiés.</p>
<p>Nous avons ensuite classé les réponses des participants ayant senti le flacon contenant de l’androsténone en quatre catégories : « rien », « pas bon », « bon » et « alcool ». Les résultats montrent de très grandes différences entre les femmes et les hommes : près de la moitié des premières (44,2 %) a exprimé une sensation négative, tandis que les seconds sont autant à percevoir le parfum comme « pas bon » (38,8 %) qu’à y identifier la senteur de l’« alcool » (39,5 %).</p>
<p>Les hommes détecteraient donc moins l’androsténone que les femmes. On est tenté d’assimiler cette grande différence à l’apparition de la testostérone à la puberté chez les garçons. Les réponses apportées par les plus jeunes – entre 5 et 16 ans – semblent confirmer cette hypothèse : jusqu’à 16 ans, les garçons présentent les mêmes scores que les filles, autour de 45 % de « pas bon » et 30 % de « alcool ». Le score s’inverse chez les garçons à partir de 17 ans, alors que les réponses des filles restent identiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"748765612374011904"}"></div></p>
<h2>L’androsténone dans la viande de porc</h2>
<p>Au-delà de ce test ludique, la perception de cette molécule présente un intérêt pour l’alimentation humaine : la viande de porc est en effet imprégnée de phéromone lorsque l’animal n’est pas castré. Si celle proposée au consommateur provient aujourd’hui de bêtes stérilisées, cette méthode apparaît de plus en plus contestée pour des questions de bien-être animal.</p>
<p>Il s’agit donc pour les éleveurs de déterminer, chez le consommateur, le seuil d’acceptabilité de l’odeur de la viande de porc non castré. <a href="http://www.journees-recherche-porcine.com/texte/2012/genetique/G7f.pdf">Une étude montre</a> que pour une quantité de 2-3 microgrammes de gras liquide par gramme de viande, 1 personne sur 3 ne sent rien, une personne sur 5 la trouve agréable et la moitié la juge désagréable. À tel point qu’elle empêche certaines personnes de consommer le produit. Supprimer la castration des porcs destinés à l’alimentation constitue donc un vrai défi.</p>
<p>L’objectif de l’atelier était de démontrer que nous sommes tous différents face à une odeur, que cela résulte d’un fond génétique différent, mais qu’il n’y a pas d’échelle de valeurs : est-il sensé de considérer que celui qui perçoit est meilleur que celui qui ne perçoit pas ? Dans ce cas précis, il est bien sûr très facile de répondre non, mais cela donne matière à réfléchir sur la richesse que constitue la diversité humaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124406/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patricia Nagnan-Le Meillour ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Selon leur patrimoine génétique, certains détestent l’odeur de l’urine, quand d’autres lui décèlent un parfum de vanille…Patricia Nagnan-Le Meillour, Directrice de recherche, écologie chimique, olfaction, phéromones, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1194302019-07-25T19:35:08Z2019-07-25T19:35:08ZComment les odeurs nous reconnectent à la nature<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/281201/original/file-20190625-81758-1x487u1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=54%2C54%2C5013%2C3274&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le sens olfactif a cette particularité d’être intimement lié à notre mémoire et à nos émotions.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2MTUwNDk5NywiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTM4NTA2NTAxMCIsImsiOiJwaG90by8xMzg1MDY1MDEwL2h1Z2UuanBnIiwibSI6MSwiZCI6InNodXR0ZXJzdG9jay1tZWRpYSJ9LCJFQ3BYRDFLVjVxeXlUaitSaHZOTUJvYjdzb2MiXQ%2Fshutterstock_1385065010.jpg&pi=33421636&m=1385065010&src=Q5EjZobK_RepWWDSvqjNMQ-1-12">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Nous vivons dans une société centrée sur la vision. La technologie, les médias, l’article que vous êtes en train de lire, tous ces éléments sont principalement perçus et analysés par le biais de nos yeux. Or c’est à nos cinq sens que nous devons la plupart de nos expériences quotidiennes, sans d’ailleurs toujours en avoir conscience…</p>
<p>L’expérience de nature en est un parfait exemple. Nos rapports avec l’environnement naturel répondent en effet à un processus complexe impliquant nos organes des pieds à la tête : nous apprécions une promenade en forêt un matin de printemps pour les couleurs vives et la lumière crue qui traverse les feuillages ; pour les chants d’oiseaux, pour le vent frais qui caresse notre peau. </p>
<p>Si ce moment nous procure du bien-être, c’est le fait de multiples stimuli sensoriels qui, en se mêlant, définissent ensemble une même expérience. Ainsi l’expérience de nature est par essence une expérience multisensorielle. Mais si nous apprécions une promenade en forêt un matin de printemps, c’est aussi <a href="https://theconversation.com/lodeur-de-la-nature-une-composante-de-la-biodiversite-114492">pour les odeurs qu’elle exhale</a> : ici le parfum résineux d’un pin, là celle de l’humus ou des hyacinthes des bois. </p>
<h2>Ce que l’odorat éveille en nous</h2>
<p>L’expérience olfactive a ceci de particulier qu’elle est inévitable : on peut détourner le regard ou fermer les yeux pour éviter une image, on peut se boucher les oreilles pour se protéger d’un son. Mais on peut très difficilement s’extraire d’une odeur. Conscients de l’importance que l’olfaction pourrait avoir en tant que composante de l’expérience de nature, nous avons cherché à comprendre cette expérience olfactive : comment les gens la perçoivent, et ce qu’elle pouvait éveiller en eux.</p>
<p>Pour ce faire, nous avons interrogé plus de 600 usagers de plusieurs parcs de la région parisienne (<a href="https://www.jardindesplantesdeparis.fr">Jardin des Plantes</a> à Paris, <a href="https://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=117">parc du Sausset</a> à Aulnay-sous-Bois et <a href="https://www.tourisme-plainecommune-paris.com/decouvrir/coin-de-nature/parcs-et-jardins/le-parc-georges-valbon">parc Georges Valbon</a> à La Courneuve) et leur avons demandé de décrire l’expérience de nature qu’ils ressentaient en se focalisant sur leur olfaction, à l’instant où nous les interrogions. Nous avons ensuite comparé leurs réponses à celles de passants interrogés dans un milieu urbain (dans la rue devant l’hôpital Necker et la Gare de Lyon). </p>
<p>Alors que les idées reçues sur l’olfaction – souvent considérée comme l’un des « sens faibles » de l’être humain – pouvaient nous laisser penser que cette expérience serait pauvre ou limitée, les promeneurs vont en fait bien plus loin que ce à quoi nous nous attendions. </p>
<h2>Odeurs des villes et parfums des parcs</h2>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/281213/original/file-20190625-81762-1yga0oq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dans les parcs, les promeneurs décrivent une expérience sensorielle très distincte de celle vécue en ville (Jardin des Plantes).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/smilla4/16788140174/in/photolist-rzvBbE-ND8Fbt-2f9U6ad-9xHLHP-ebmxWy-2dxFPGU-29Cencu-suPf2t-Vziv2d-UxsonL-nrdShr-swwgr8-9xLLvu-LarxPy-9xLQuU-a8KsZ3-UAAVek-eX6vz-9o3Jns-BCn2ZM-VCJ8Hn-VLxNFb-5QazPq-SFxj1e-a2Df2P-VzozaU-6UVc4t-hTQV2B-pEJ4mn-UAuZbk-pwGgSo-5u161J-f1Aa9-9LxkfN-5QaA4y-9vbgiR-9xHEiK-37KxKj-7ZbSmo-f3gvFe-2fdJPEE-hTS14X-RYZWWi-wdtg5U-4N52X-hTRn5j-hWzc9S-b3V8ur-hSAujc-hUbMsM">smilla4/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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</figure>
<p>Tout d’abord, il y a un véritable contraste entre l’expérience vécue par les passants interrogés en ville et ceux interrogés dans les parcs. Les premiers citent la pollution et la difficulté à respirer. « Je sens les voitures, principalement… Les gaz d’échappement m’empêchent de respirer », témoigne ainsi une femme interrogée devant l’hôpital Necker. Les seconds, en revanche, décrivent l’expérience olfactive de nature comme un « bol d’air et de nature », mettant ainsi en avant le rôle de « poumon vert des villes » souvent attribué aux parcs urbains.</p>
<p>« Je ne sens plus les odeurs de la ville, ni de pollution, ici je respire bien », exprime quant à lui un homme, dans une partie forestière du parc du Sausset. La façon dont ils vont décrire leur expérience olfactive dépend en grande partie du type de paysage dans lequel ils sont interrogés, mais aussi de l’usage de cet espace. Ainsi, dans les allées du Jardin des Plantes de Paris, les visiteurs flânant autour des parterres de fleurs décrivent des odeurs de l’environnement autour d’eux. « Je sens une légère odeur de fleurs, et l’odeur minérale des allées », déclare une femme.</p>
<p>Leur expérience diffère de celles d’autres visiteurs, qui en plus de l’olfaction insistent sur l’importance des sensations du corps tout entier, de cette perception du corps dans l’environnement liée au toucher, que l’on appelle l’haptique. C’est notamment le cas des promeneurs des parcs du Sausset et Georges Valbon, qui à la différence du Jardin des Plantes, offrent la possibilité de s’asseoir dans l’herbe ou au bord de l’eau. Ici l’expérience se fait donc plus incarnée, vécue à travers la sensation du corps dans son intégralité. « On sent la chaleur du sol, les odeurs chaudes des herbes, et puis l’humidité et la fraîcheur du lac sur la peau en contraste, c’est apaisant », rapporte un homme, au bord du lac de Savigny, dans le parc Georges Valbon.</p>
<p>Enfin, dans les endroits tel que le <a href="https://www.jardindesplantesdeparis.fr/fr/agenda/jardin-alpin-2480">jardin alpin</a> du Jardin des Plantes ou les parcelles forestières des parcs du Sausset et Georges Valbon, où ils vont pouvoir se créer une bulle sensorielle et vivre une immersion plus forte, les répondants parlent d’un véritable bien-être, d’une sensation de se trouver hors de leur quotidien citadin. Une femme évoque ainsi au Jardin des Plantes, sous le pistachier du jardin alpin, « une sensation de plaisir, d’évasion et de bien-être. C’est calme, ça fait du bien, ça rappelle des souvenirs de voyage, on compare et on se remémore des plantes que l’on a déjà croisées. » </p>
<p>Là, ils ont la possibilité de s’asseoir dans des endroits plus confinés, à proximité voire au contact des arbres, et de prendre le temps de respirer, de s’imprégner de l’atmosphère du lieu. C’est également dans cette ambiance que les visiteurs ont détaillé le plus de souvenirs et d’émotions liées à leurs expériences olfactives. « Du bien-être, des souvenirs aussi, énormément de souvenirs. Je venais souvent ici avec ma mère et ma famille, donc des souvenirs de famille, heureux », se rappelle une promeneuse dans une partie forestière du parc Georges Valbon.</p>
<h2>Intégrer des expériences sensorielles au quotidien</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/281347/original/file-20190626-76738-s95so2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le jardin alpin du Jardin des Plantes, à Paris, réunit des plantes originaires des différents massifs montagneux français.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dalbera/3544040472/in/photolist-6pb8L5-88DQd8-88b8oY-92BNkd-6VH2HV-f5hAP6-JQ145L-JZaM1a-JyoeA5-JWccvu-JPZV9q">Jean-Pierre Dalbéra/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notre étude révèle que dans le cadre des expériences de nature, l’expérience olfactive a la particularité de faire intervenir des facteurs supplémentaires aux variables environnementales : autrement dit, lorsque l’on décrit une expérience olfactive de nature, on ne va pas uniquement décrire les odeurs des éléments de nature du lieu dans lequel on se trouve. </p>
<p>À cette description vont venir se superposer ou se substituer des éléments plus personnels, et en particulier des sensations, des émotions, et des souvenirs. Le sens olfactif est <a href="https://theconversation.com/olfaction-le-cerveau-a-du-nez-61652">intimement lié à notre mémoire et à nos émotions</a>. C’est la fameuse madeleine de Proust : on a tous en nous ces scènes de notre passé, l’odeur de la cuisine de nos parents, la tarte aux myrtilles de notre grand-mère, l’odeur des embruns de la plage ou de la pinède du camping où nous passions nos étés. C’est ce qui fait qu’une véritable expérience de nature, de celles qui s’ancrent durablement en nous et nous aident à construire une relation étroite avec notre environnement, doit beaucoup aux odeurs. </p>
<p>À une époque où l’on cherche à reconnecter la population, notamment urbaine, à la nature, il est impératif de considérer davantage cet aspect. Cela peut passer par des aménagements qui encouragent, dans les parcs et jardins, une expérience multi-sensorielle. Cette étude montre bien que les pelouses, les massifs horticoles ou même forestiers ne procurent pas les mêmes expériences sensorielles ni les mêmes effets sur les gens qui les parcourent ou s’y reposent. </p>
<p>En favorisant par exemple davantage d’espèces et des variétés de plantes odorantes, qui ne fassent pas uniquement office d’ornementation visuelle, ainsi que des endroits propices à l’introspection, au repos et au bien-être à proximité des plantes, nous favoriserions ainsi toute une variété d’expériences et d’usages des espaces de nature urbains. Une manière de créer de véritables « bulles sensorielles ».</p>
<hr>
<p><em>Hugo Struna, journaliste et rédacteur du blog de <a href="http://www.vigienature.fr/">Vigie Nature</a>, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle, a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119430/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Minh-Xuan A. Truong reçoit des financements d’Albert Vieille SAS. </span></em></p>Souvent négligée parmi les cinq sens, l’olfaction joue en réalité un rôle primordial dans le bien-être que nous procure le contact avec la nature.Minh-Xuan Truong, Chercheur post-doctorant en psychologie de la conservation, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1193502019-06-24T21:04:42Z2019-06-24T21:04:42ZPodcast : Sentir… avec sa langue<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/280998/original/file-20190624-97777-x0eigu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C53%2C1200%2C914&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/woman-with-orange-petaled-flower-on-her-lips-1937394/">Renato Abati/pexels</a></span></figcaption></figure><p>Dans une étude <a href="https://academic.oup.com/chemse/article-abstract/44/5/289/5470701">scientifique publiée récemment</a>, des scientifiques ont redoublé d’inventivité, mais surtout de technique, mêlant génétique, biologie cellulaire et biochimie afin d’étudier la langue. C’est ainsi, la composition, mais également le fonctionnement des cellules présentes au sein des papilles gustatives des langues de rats et d’humains qui ont été passés au crible.</p>
<p>Et si nous avons tous appris que les odeurs sont perçues par le nez et le goût par la bouche et la langue, il se pourrait en réalité que les choses soient bien plus complexes.</p>
<p>En moins de 10 minutes, avec cet épisode, découvrez que la langue pourrait, elle aussi, percevoir des odeurs.</p>
<hr>
<p><em>Un podcast en partenariat avec <a href="https://soundcloud.com/latetedanslecerveau">La tête dans le cerveau</a> dont toutes les références scientifiques sont à retrouver sur <a href="https://cervenargo.hypotheses.org/2809">Cerveau en Argot</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119350/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Rodo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On sait que nos sens peuvent nous tromper, mais nous trompons-nous sur nos sens ?Christophe Rodo, Jeune chercheur ATER terminant une thèse en neurosciences à Aix-Marseille Université, au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives, de l’Institut de Neurosciences des Systèmes et de l’Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1147762019-06-12T19:52:11Z2019-06-12T19:52:11ZChangement climatique : les abeilles déboussolées par la nouvelle odeur des fleurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/274079/original/file-20190513-183096-10vbu7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=122%2C87%2C3614%2C2380&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Face au changement climatique, l’odeur du romarin se modifie, ce qui affecte la quantité et la qualité du romarin.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/fulbert05/2449686244/in/photolist-eD4eFy-4JthnJ">Grégoire Lannoy</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.ipbes.net/deliverables/3a-pollination">Café, pommes, miel</a>… on ne compte pas les produits de notre alimentation qui n’existent que grâce au concours précieux des pollinisateurs. Et pour cause, ils contribuent à plus de 30 % de la production agricole. La plupart sont des insectes, tout particulièrement de la famille des abeilles (près de 1 000 espèces différentes rien qu’en France), des papillons, ou encore des diptères comme les syrphes.</p>
<p>Outre nous nourrir, ces insectes jouent aussi un rôle crucial dans la reproduction de très nombreuses plantes sauvages : en transportant le pollen d’une fleur à l’autre, ils permettent leur fécondation et ainsi la production de fruits puis de graines. Ils participent ainsi indirectement à la production laitière en permettant le renouvellement des prairies et au fonctionnement des écosystèmes terrestres, en soutenant les premiers échelons de la chaîne alimentaire, les plantes !</p>
<p>Bien sûr, les pollinisateurs ne rendent pas ces services gratuitement : ils recherchent le nectar et le pollen récoltés sur les fleurs pour se nourrir. En quête de ces ressources, ils utilisent essentiellement leur vue et leur odorat : ils repèrent le nombre, la couleur et le parfum des fleurs.</p>
<p>Comme beaucoup d’autres insectes, les <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1722477115">pollinisateurs sont en déclin</a> partout <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-019-08974-9">dans le monde</a> : au Royaume-Uni, 1/3 des espèces sauvages ont connu un déclin de leur aire d’occupation sur les trente dernières années. Les espèces sauvages les plus rares sont particulièrement menacées, du fait de la disparition de leur habitat.</p>
<p>Outre les pertes d’habitat, les pollinisateurs sont menacés par l’intensification agricole, et le changement climatique. L’une des voies par lesquelles le changement climatique affecterait leur travail de pollinisation est celle de l’odeur : en modifiant le parfum des plantes, essentiel à ce processus, le changement climatique désoriente les abeilles.</p>
<h2>La mémoire des senteurs</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=578&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=578&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=578&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=726&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=726&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278677/original/file-20190610-52748-gz05ku.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=726&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une abeille sauvage, les pattes arrières et le côté de l’abdomen couverts de pollen de romarin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Coline Jaworski</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Pour repérer leur nourriture, les pollinisateurs ont recours à des signaux visuels (nombre et couleur des fleurs) mais aussi olfactifs, c’est ce qu’on appelle l’<a href="https://www.annualreviews.org/doi/full/10.1146/annurev.ecolsys.38.091206.095601">odeur florale</a>. Une abeille est ainsi capable de mémoriser un parfum et de l’associer à la ressource de la plante en question. Elle parvient même à se souvenir ce que sent une fleur produisant un nectar riche en sucre, pauvre en sucre, ou bien une fleur qui <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-2435.2009.01627.x">ne contient pas de nectar</a>.</p>
<p>L’odeur florale est composée de centaines de petites molécules émises par la plante. Lorsqu’une plante est stressée (par exemple, du fait d’un manque d’eau ou d’une attaque par des herbivores), elle change son odeur, en émettant des composés de défense contre le stress. C’est typiquement le cas de l’odeur d’herbe coupée lorsque l’on tond une pelouse. L’odeur forte du romarin, que l’on retrouve avec des notes plus sucrées dans celle de ses fleurs, a aussi pour fonction de protéger la plante, et les abeilles ont appris à l’utiliser pour trouver le nectar.</p>
<p>Le changement climatique, qui dans de nombreuses régions crée un risque accru de sécheresse et une hausse des températures, provoque un stress chez les plantes et donc une modification des odeurs florales. Dans le bassin méditerranéen, on s’attend à une réduction des précipitations de 30 % d’ici à la fin du siècle. Même si les espèces emblématiques telles que romarin, cistes et thym sont adaptées aux conditions de sécheresse, elles en seront fragilisées.</p>
<h2>Abeilles sauvages et romarins stressés</h2>
<p>Avec une équipe de <a href="https://www.imbe.fr/?lang=fr">chercheurs marseillais de l’IMBE</a>, nous cherchons à évaluer l’impact du changement climatique sur la pollinisation. Dans la garrigue marseillaise du Massif de l’Étoile, nous avons mesuré les odeurs du romarin en conditions actuelles, et en conditions plus arides (30 % de précipitations en moins). Pour cela, on enferme un rameau fleuri dans un petit sac sous flux d’air, et on piège les odeurs dans un petit tube à la sortie du sac. Le contenu du tube est alors analysé en laboratoire. Les romarins stressés émettent une odeur plus intense, et plus diverse (avec plus de molécules) : même si les différences sont subtiles pour le nez humain, les abeilles ont un bien meilleur odorat. Nous avons donc observé quelles plantes (stressées ou non) les abeilles préféraient. Et regardé l’impact de leur choix sur la production de fruits des plantes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=582&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=582&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=582&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=731&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=731&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278678/original/file-20190610-52771-lp5ndf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=731&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une abeille sauvage, collectant du nectar dans une fleur de romarin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Coline Jaworski</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Les abeilles domestiques, très abondantes dans le Massif de l’Étoile, dominent la communauté de pollinisateurs : elles collectent le nectar en petites troupes et sont plus grosses que les petites abeilles sauvages. Probablement du fait de ces différences, nous avons constaté une répartition des ressources : les abeilles domestiques tendaient à préférer les plantes non stressées (probablement du fait d’une ressource de meilleure qualité), et les petites abeilles sauvages choisissaient plus souvent les plantes stressées.</p>
<p>Outre une modification des odeurs florales, nous n’avons pas pu mettre en évidence de différence en terme de nombre de fleurs, de leur couleur ou de la production en nectar. Il est possible toutefois que le nectar ait été affecté, par exemple en produisant des mélanges de sucres différents.</p>
<p>Finalement, nous avons observé une légère production de fruits (et donc de graines) plus importante sur les plantes stressées, cela étant peut-être à relier à une meilleure efficacité de pollinisation des petites abeilles sauvages. Ce faisant, dans le contexte de notre étude, elles favorisent la reproduction de plantes mieux adaptées encore à la sécheresse, ce qui permettra à la communauté de plantes de mieux répondre au changement climatique.</p>
<p>Afin de protéger les abeilles sauvages et préserver les fonctions de pollinisation à la fois en milieu naturel et pour la production agricole, il importe de mesurer précisément comment le changement climatique affecte la production de ressources florales dans chaque milieu. Parallèlement, il faudrait atténuer la compétition avec l’abeille domestique par une bonne adéquation entre la densité des ressources et celles des ruches : si l’environnement produit trop peu de fleurs pour alimenter toutes les ruches, ce sont d’abord les abeilles sauvages qui se trouveront sans ressources.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=121&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/202296/original/file-20180117-53314-hzk3rx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=152&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour favoriser le partage des connaissances scientifiques sur les questions de société, Axa Research Fund soutient plus de 600 projets à travers le monde portés par des chercheurs de 54 nationalités. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du <a href="https://www.axa-research.org">Axa Research Fund</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114776/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coline Jaworski receives funding from AXA Research Fund.
Coline is currently affiliated to (1) Aix-Marseille University, IMBE; (2) Oxford University, Department of Zoology.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Benoît Geslin is currently affiliated to Aix-Marseille University, IMBE</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Fernandez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À mesure que les conditions climatiques se modifient, les plantes voient leur odeur altérée, avec des conséquences directes sur la pollinisation, notamment par les abeilles.Coline Jaworski, Chercheuse Postdoctorale en écologie évolutive / Postdoctoral Fellow in evolutionary ecology, Aix-Marseille Université (AMU)Benoît Geslin, Maître de conférences en écologie, Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, Aix-Marseille Université (AMU)Catherine Fernandez, Professeur Ecologie chimique, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1178732019-05-28T23:45:22Z2019-05-28T23:45:22ZLe parfum, dernière frontière du cyberespace<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/276630/original/file-20190527-193522-15otl8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=223%2C8%2C942%2C641&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La numérisation du parfum reste technologiquement à améliorer.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://vimeo.com/164400083">Capture d'écran de la vidéo « Introducing Cyrano ».</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est issu de la communication présentée par l’auteur à la sixième conférence de la <a href="https://digital-olfaction.com/dos-congresses/">Digital Olfaction Society</a>, les 3 et 4 décembre 2018 à Tokyo.</em></p>
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<p>Avec le goût, l’odeur est l’un des cinq sens fondamentaux de l’Homme encore absent du cyberespace. C’est même de facto le principal absent tant l’odeur contribue de manière significative à la formation du goût. L’absence de parfum déprécie l’expérience du cybernaute puisqu’il continue de sentir l’environnement direct de son poste numérique, alors qu’il se trouve virtuellement, par exemple, dans une forêt.</p>
<p>Du point de vue commercial et économique, l’absence d’odeur dans le cyberespace représente un coût d’opportunité important ; lequel se mesure par l’écart qui existe entre les impacts que l’olfaction numérique aurait pu avoir sur le cybernaute (consommateur) et la situation actuelle d’absence d’olfaction en ligne. D’un point de vue technologique, l’absence d’odeur dans le cyberespace conduit à la question fondamentale de la faisabilité de la numérisation du parfum.</p>
<h2>Des technologies perfectibles</h2>
<p>L’idée de diffuser des odeurs pour améliorer les expériences humaines est ancienne, antérieure même aux technologies numériques. À la fin des années 1950, plusieurs salles de cinéma américaines utilisent pour la première fois le système <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-3334085/How-soon-watching-Smell-O-Vision-Film-festivals-recreate-1960-concept-new-virtual-reality-technology-released.html"><em>Smell-O-Vision</em></a> pour le film <a href="https://www.youtube.com/watch?v=cZbfMElSec0"><em>Scent of Mystery</em></a>. Les signaux sur la bande sonore du film déclenchent automatiquement des arômes dans des tubes en plastique raccordés à des sièges individuels. Mais cette technologie reste relativement limitée.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les spectateurs ressortent étonnés d’une projection du film <em>Scent of Mystery</em>, en 2015.</span></figcaption>
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<p>Améliorer l’expérience passera notamment par des progrès en matière de compréhension du mécanisme de perception olfactive. Malgré les efforts inspirants dans la numérisation, le manque d’une théorie générale pour la caractérisation des odeurs rend extrêmement difficile leur reproduction dans le monde numérique. Cependant, de nouvelles voies sont maintenant ouvertes grâce aux recherches des lauréats du <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/2004/press-release/">prix Nobel de physiologie en 2004</a>, Richard Axel et Linda B. Buck.</p>
<p>La solution de la numérisation des signaux olfactifs réside théoriquement dans des logiciels capables de coder et de décoder les odeurs dans le cyberespace. Bien que l’encodage des odeurs ait connu des avancées encourageantes, la transmission et le réveil des arômes dans un environnement virtuel restent particulièrement difficiles.</p>
<p>La technologie courante pour intégrer les odeurs comme les images et les sons dans les cybermédias pourrait être une interface qui produirait une odeur à partir d’un nombre limité de produits chimiques stockés. Deux technologies majeures de codage et de transmission numériques des odeurs ont aujourd’hui cours : les <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/craquer-le-code-des-odeurs">outils de fixation</a> et l’<a href="https://www.credit-suisse.com/corporate/fr/articles/news-and-expertise/artificial-intelligence-how-machines-learn-to-smell-201505.html">intelligence artificielle</a>.</p>
<h2>ITunes des odeurs</h2>
<p>La première est une technologie de transmission des odeurs qui se connecte aux technologies électroniques existantes. L’application oNotes et le diffuseur d’odeur Cyrano qui va avec, cherche par exemple à devenir l’<a href="https://www.wired.com/2015/04/ophone-onotes-itune-of-smell/">iTunes des odeurs</a>. Et d’autres start-up développent divers projets comparables.</p>
<p>L’intelligence artificielle et le <em>machine learning</em> vont encore plus loin dans la numérisation des parfums. Ainsi <a href="https://www.lebigdata.fr/ibm-philyra-ia-parfums">Philyrad’IBM</a> utilise des algorithmes d’apprentissage automatique pour croiser des milliers de formules et de familles de parfums, afin de générer de nouvelles combinaisons correspondant aux goûts spécifiques des différents segments de cybernautes. L’objectif ultime est d’influencer positivement leurs activités en ligne et leur bien-être numérique.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/164400083" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo de démonstration du diffuseur d’odeur Cyrano.</span></figcaption>
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<p>Une autre catégorie, celle de la stimulation du cerveau, jouit d’un buzz énorme. <a href="http://adriancheok.info/">Adrian David Cheok</a>, professeur d’informatique, cherche ainsi à développer une technologie permettant de stimuler de manière électromagnétique le cerveau olfactif du destinataire afin de générer une odeur. Un petit appareil situé dans la partie supérieure de la bouche, sous l’os palatin, déclencherait les neurones sensibles à l’odeur dans le cerveau. Cependant ceci est encore loin de convaincre les scientifiques en ingénierie et en études biologiques.</p>
<p>Autre exemple intéressant de l’olfaction numérique : <a href="https://www.quora.com/What-was-iSmell-technology">iSmell</a>, développé par <a href="https://thehustle.co/digiscents-ismell-fail">DigiScents</a>, petit appareil connecté à un ordinateur via un port USB, destiné à créer des odeurs à partir de combinaisons et à les intégrer dans des contenus numériques. L’outil n’a pas rencontré son public, très probablement en raison du fait qu’il ne répondait à aucun besoin – et non pas à cause de la qualité avérée du produit final.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, technologiquement, la diffusion des odeurs dans le cyberespace reste sensiblement perfectible, principalement en raison de la qualité de la reproduction et de la transmission des odeurs. Parmi les pistes les plus prometteuses, deux méthodes de transmission se distinguent : une ceinture montée sur tube fixée à un masque pour disséminer les odeurs dans la réalité virtuelle, et une nacelle permettant à l’utilisateur d’inhaler l’air fourni.</p>
<h2>Impacts sur les comportements d’achat</h2>
<p>Étant donné l’impact émotionnel généré par les odeurs et des perspectives économiques considérables qu’elles laissent entrevoir à l’échelle numérique, il est clair que le parfum est aujourd’hui la dernière frontière à franchir technologiquement pour compléter notre expérience sensorielle en ligne.</p>
<p>On recense quatre impacts majeurs que les odeurs peuvent avoir sur les comportements et les interactions humaines : signaux relationnels, réminiscences, émotions et sensations gustatives.</p>
<p>Les « signaux relationnels » constituent la première catégorie d’impacts olfactifs. Les humains reçoivent des odeurs sous forme de messages stimulants et s’y adaptent en conséquence. Les exemples abondent dans la séduction, la guérison, la chasse, la célébration, etc. Nous savons aujourd’hui comment les <a href="https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/michel-cymes-nous-fait-decouvrir-les-pheromones-les-hormones-de-l-amour-7792604285">phéromones</a> affectent les relations des humains, et encore plus la communication de certains animaux – notamment les insectes – et les plantes. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=lYOwGuqiIfI">Vittorio Gassman</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=losLAzU9YCk">Al Pacino</a> ont respectivement incarnés en 1974 et en 1992, un charmant colonel aveugle à la retraite qui prétend sentir de belles femmes.</p>
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<figcaption><span class="caption">Bande-annonce du film <em>Le temps d’un week-end</em> avec Al Pacino (1992).</span></figcaption>
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<p>Les études sur le comportement des consommateurs affirment que le parfum <a href="http://www.marketing-professionnel.fr/tribune-libre/marketing-olfactif-avantages-201610.html">stimule les relations avec les marques</a> en améliorant la mémoire pour les informations sur les produits. Renifler un parfum congruent dans un objet publicitaire augmente l’attention. Les personnes présentant une perte olfactive évitent les interactions avec leurs amis pendant les repas, sont peu disposées à commenter les aliments et traînent les pieds au restaurant. Les odeurs ont donc un impact sur les interactions sociales et les comportements d’achat.</p>
<p>La « réminiscence » se réfère à l’impact olfactif sur la mémoire, comme <a href="https://1000-idees-de-culture-generale.fr/madeleine-proust/">« l’effet Proust »</a> : le parfum de la madeleine trempée dans le thé rappelle à l’auteur une odeur familière de son enfance. Les odeurs impliquent souvent une correspondance plus forte entre émotion et mémoire, très probablement car le système olfactif dans le cerveau est proche de l’amygdale, les systèmes d’émotion du cerveau, et de l’hippocampe, le traitement de la mémoire.</p>
<h2>Les odeurs renforcent les émotions</h2>
<p>Les <a href="http://www.acrwebsite.org/volumes/v40/acr_v40_510712.pdf">études de comportement des consommateurs</a> révèlent également que les odeurs suscitent de meilleurs souvenirs chez les personnes ayant un sens de l’odorat normal et renforcé. Les différences d’aptitude à l’olfaction chez les clients présentant une faculté normale, renforcée (hyperosmie), diminuée (hyposmie) et une perte de l’odorat (anosmie) ont une incidence sur la mémoire, le jugement et la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17975508">décision relative aux produits et aux publicités</a>. Nous savons que les odeurs aident les acheteurs à se souvenir des informations sur les produits.</p>
<p>Les « signaux instinctifs » gustatifs tels que la salivation, la motilité gastrique, la reconnaissance des aliments appropriés et des aliments contenant des toxines peuvent également être enflammés par une odeur. La saveur résulte de la combinaison de signaux olfactifs et de données gustatives dans le cerveau. Les restaurants et les cafés utilisent souvent les odeurs comme outils de marketing pour inciter les passants à ouvrir leurs portes et à entrer.</p>
<p>Les « émotions » de bonheur, même les souvenirs de moments heureux, la faim et bien d’autres sentiments sont étonnamment en phase avec les odeurs. Le roman <a href="https://alumni.skema.edu/fr/agenda/visite-privee-le-parfum-2449">« Le parfum »</a> de Patrick Süskind (1985) illustre bien comment la perception olfactive rappelle non seulement les odeurs, mais également les émotions qui leur sont associées. Les odeurs déclenchent également des souvenirs aversifs désagréables plus détaillés que les deux autres stimuli sensoriels auditifs (musique) et visuels (couleurs de la lumière).</p>
<p>Les études sur le comportement des consommateurs montrent donc que les souvenirs évoqués par les odeurs sont plus émotionnels que ceux évoqués verbalement. Les exemples abondent : les bas nylons à odeur d’orange se vendent mieux que les bas non parfumés. Une paire de chaussures Nike convient mieux aux clients dans une pièce au parfum floral que dans une pièce sans odeur. Les clients perçoivent les odeurs plutôt comme étant appropriées et inappropriées que comme un plaisir ou un désagrément.</p>
<p>Ce pourrait donc finalement être les enjeux business qui stimuleront les progrès technologiques pour atteindre la dernière frontière du cyberespace…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117873/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Djamchid Assadi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De nombreuses initiatives sont en cours pour tenter d’intégrer l’odorat parmi les sens stimulés par les contenus numériques.Djamchid Assadi, Professeur associé au département « Digital Management », Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1144922019-04-09T20:22:48Z2019-04-09T20:22:48ZL’odeur de la nature : une composante de la biodiversité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268405/original/file-20190409-2927-14y9laq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C6%2C4316%2C2869&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Butineur.</span> </figcaption></figure><p><em>Les vacances d'été amènent leur lots de questions cruciales: comment ce <a href="https://theconversation.com/comprendre-la-formation-des-vagues-et-comment-les-surfeurs-les-domptent-186414">surfeur tient-il sur sa planche</a>? Comment se <a href="https://theconversation.com/comment-bien-choisir-ses-vetements-et-son-parasol-pour-se-proteger-du-soleil-164452">protéger du soleil</a>? Où construire un château de sable? D'où viennent les odeurs de la nature, et à quoi servent-elles? Faut-il changer de file quand on est coincé dans les bouchons? Nous vous proposons 5 articles pour bronzer moins bête.</em></p>
<p>Une promenade en pleine nature s’accompagne souvent d’une expérience olfactive. L’odeur terreuse de l’humus dans une forêt de feuillus, les riches senteurs de la garrigue exacerbées par le soleil, les effluves d’une haie de conifères, sont autant de paysages odorants que nous identifions sans peine. Une balade en plein air nous permet de « respirer », c’est-à-dire à la fois de prendre une bouffée de cet oxygène vital que nous ne pouvons sentir, et de ressentir un apaisement en percevant des odeurs végétales qui évoquent des souvenirs agréables. Bref, elle nous offre l’occasion de « souffler » loin de l’agitation des cités.</p>
<p>Beaucoup des composés organiques volatils qui sont à l’origine de cette expérience sensorielle sont émis par les plantes terrestres. Fleurs ou organes végétatifs des plantes qui nous entourent libèrent dans l’air que nous inspirons des molécules d’une très grande diversité chimique. Mais pourquoi la végétation terrestre produit-elle cette riche variété de petites molécules ?</p>
<h2>Les plantes savent se défendre</h2>
<p>En premier lieu, ce sont des mécanismes de défense qui permettent à la plante de résister aux nombreux stress ou agressions auxquels elle doit faire face, notamment lorsqu’elle manque d’eau ou qu’elle est malade. La plante peut produire ces composés volatils de manière constitutive, ils sont alors stockés dans des structures comme les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Trichome_(botanique)">trichomes</a>, ces poils glandulaires d’où ils seront facilement libérés pour repousser les herbivores, voire les intoxiquer.</p>
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<span class="caption">En avril la floraison des bruyères arborescentes domine le paysage olfactif des gorges d’Héric dans l’Hérault.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michel Renou</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Leur biosynthèse peut aussi être déclenchée par une blessure comme lors de la morsure par un insecte. Ils induisent la production, par d’autres parties de la plante, de substances de défense comme les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phytoalexine">phytoalexines</a>, molécules antimicrobiennes ou anti-fongiques, qui lui permettent de résister à l’attaque d’un organisme pathogène ou à un herbivore. Émis dans l’atmosphère, ces signaux sont perçus par d’autres plantes qui produisent à leur tour des molécules de défense.</p>
<h2>Quand les plantes communiquent</h2>
<p>Ces fonctions de communication sont également importantes dans les interactions positives entre la plante et ses insectes pollinisateurs. Les arômes floraux attirent une cohorte d’insectes, abeilles, bourdons, mouches, coléoptères, ou même moustiques qui associent l’odeur à la présence de nectar. Les fruits arrivés à maturité libèrent des composés attractifs pour les animaux qui après avoir consommé les fruits disperseront leurs graines.</p>
<p>Les échanges de signaux chimiques ont donc une grande importance dans le fonctionnement des écosystèmes. Résultats d’une très longue coévolution, notamment entre les végétaux supérieurs et les insectes, ils modulent des fonctions essentielles pour la plante comme sa pollinisation. Ils contribuent aussi à limiter les populations d’herbivores en attirant leurs prédateurs et parasites. <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-018-03448-w">Des réseaux de communication complexes</a> s’établissent entre les différents niveaux trophiques.</p>
<p>L’attaque d’une chenille induit l’émission de molécules volatiles qui affectent le comportement de ponte du papillon mais attirent des parasites qui pondent dans la chenille. Ces signaux sont souvent des mélanges de composés volatils dont les proportions assurent la spécificité de cette communication. Un insecte parasite peut ainsi reconnaître quelle espèce de papillon a attaqué la plante. Les réponses des insectes sont souvent dépendantes du contexte odorant dans lequel ils perçoivent le signal. Une fleur d’orchidée peut mimer le signal sexuel d’un pollinisateur pour garantir la spécificité de sa pollinisation.</p>
<h2>L’activité humaine crée des interférences</h2>
<p>L’activité humaine fait courir des risques encore mal évalués à ces réseaux complexes de communication. Les industries de transformation des produits de l’agriculture, les activités agricoles, l’élevage produisent des quantités importantes de composés organiques volatils qui se mélangent aux sources naturelles. L’impact sensoriel de ces émissions nous est connu depuis longtemps lorsqu’elles sont à l’origine de nuisances olfactives comme l’épandage de lisier ou le compostage de proximité. En revanche, l’étude des répercussions sur le fonctionnement des écosystèmes ne fait que débuter.</p>
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<span class="caption">L’olfaction, un sens essentiel à la communication des insectes (tête de frelon asiatique).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Michel Renou</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les composés organiques volatils sont naturellement dégradés dans l’atmosphère par le rayonnement UV. Mais l’augmentation des concentrations d’ozone ou d’autres groupes réactifs comme le mono-oxyde d’azote provoquées par les activités industrielles ou les transports diminue sensiblement leur durée de vie dans l’atmosphère.Cette dégradation plus rapide <a href="https://www.nature.com/articles/srep02779">réduit dans le même temps les distances</a> à laquelle les insectes butineurs peuvent détecter les arômes floraux. Mais elle en modifie aussi la composition car tous leurs constituants n’étant pas dégradés à la même vitesse leurs proportions ne sont plus les mêmes et le mélange odorant change de nature comme le montrent les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10886-016-0717-8">tests sur l’abeille</a>.</p>
<p>Des effets directs de polluants sur l’olfaction des insectes sont également probables car la communication olfactive apparaît particulièrement sensible aux interactions entre molécules volatiles présentes <a href="https://iees-paris.ufr918.upmc.fr/images/publi/12162b201d466a829c23d2e0583cd0f6.pdf">dans l’arrière-plan odorant</a>.</p>
<h2>Vers une modification des paysages olfactifs ?</h2>
<p>Outre ces polluants, le changement climatique global, notamment les augmentations du taux de CO<sub>2</sub> et les élévations de température, affecte lui-même les métabolismes des plantes qui réagissent en modifiant qualitativement et quantitativement leurs émissions. Il faut nous attendre à ce que les paysages olfactifs se modifient profondément dans les décennies à venir. Si l’essor de l’écologie chimique nous a permis de percer les secrets de la communication olfactive, nous sommes en revanche encore loin de pouvoir évaluer l’importance globale de ces paysages olfactifs sur la biodiversité et les conséquences de leur altération. Par un effet de levier, toute modification de signaux essentiels à la localisation d’une ressource vitale, ou à la synchronisation des cycles de deux espèces, peut avoir des répercussions importantes sur les populations d’animaux ou les communautés végétales.</p>
<p>Les impacts seront d’autant plus importants sur les espèces spécialistes qui utilisent des signaux très spécifiques pour localiser leur hôte. Ainsi faudrait-il nous interroger sur la nécessité de prendre en compte la dimension sensorielle dans les programmes de gestion de la biodiversité. Nos données en la matière sont très récentes, les analyses ne remontant qu’à quelques dizaines d’années. Il serait donc urgent de faire l’état des lieux des paysages odorants, de suivre leur évolution, d’évaluer les risques représentés par chaque type de perturbation, puis de rechercher des méthodes permettant de préserver leurs composantes importantes.</p>
<p><a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/20120701_programme-de-recherche-de-l-ademe-sur-les-emissions-atmospheriques-du-compostage_ademe.pdf">On tente déjà de remédier aux nuisances</a> engendrées par les plates-formes de compostage ou les bâtiments d’élevage en diffusant des odeurs masquantes ou en entourant les sites émetteurs de haies végétales qui créent des turbulences diluant les émissions et les dirigent plus haut dans l’atmosphère.</p>
<p>Outre la perte sensorielle que nous ressentirions lors d’une balade en forêt devenue inodore, l’impact pourrait être important pour des populations d’insectes déjà fragilisées par de multiples stress et les communautés végétales privées de leur moyen de communiquer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114492/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Renou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les plantes utilisent des molécules volatiles pour communiquer entre elles ou avec les insectes. Modifier le « paysage odorant » c’est aussi attaquer la biodiversité.Michel Renou, Directeur de recherche en biologie des insectes, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.