tag:theconversation.com,2011:/us/topics/science-de-la-durabilite-66837/articlesscience de la durabilité – The Conversation2023-11-07T23:20:39Ztag:theconversation.com,2011:article/2166952023-11-07T23:20:39Z2023-11-07T23:20:39ZCollectivement, nous ne consacrons que 45 minutes par jour aux activités les plus polluantes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/556674/original/file-20231011-23-q2o40b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6000%2C3997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En étudiant les heures consacrées à certaines activités mondialement, on obtient une image de la manière dont nous utilisons collectivement le temps.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Pourquoi nous sentons-nous impuissants dans nos efforts pour résoudre les grandes crises de durabilité du XXI<sup>e</sup> siècle ? Entre la nécessité impérieuse d’<a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-cycle/">atténuer avec succès les effets du changement climatique</a> et celle de progresser dans la réalisation des <a href="https://sdgs.un.org/fr/goals">objectifs de développement durable</a> axés sur la personne, les enjeux de l’anthropocène – <a href="https://doi.org/10.1038/nature14258">l’ère dans laquelle nous vivons aujourd’hui</a> – peuvent sembler insurmontables. </p>
<p>Pourtant, malgré le rôle central des interventions humaines dans la création d’options durables, aucune représentation globale et approfondie de ce que fait la population mondiale n’a été réalisée en termes précis et chiffrés. </p>
<p>Nous présentons cette image en cartographiant l’utilisation du temps par les gens à l’échelle mondiale, grâce à la collecte de nombreuses sources de données afin d’offrir des perspectives interdisciplinaires sur les aspects fondamentaux du comportement et du vécu humains.</p>
<p>Nos résultats suggèrent que les solutions aux crises de durabilité sont éminemment réalisables, concrètement, si l’on donne aux gens les motivations politiques et économiques appropriées.</p>
<h2>L’étude de l’emploi du temps des gens</h2>
<p>En tant que chercheurs issus de la science du système terrestre, nous nous efforçons d’aligner l’étude de l’être humain sur les approches utilisées pour examiner le reste du système terrestre. Pour ce faire, nous quantifions l’ensemble des activités humaines en unités de temps, en fonction de leurs résultats physiques. </p>
<p>Le temps est une mesure robuste parce qu’il s’agit d’une quantité universelle et physique : les huit milliards d’habitants de la planète disposent tous des mêmes 24 heures par jour pour se consacrer à toute une série d’activités. </p>
<p>Les activités que nous choisissons d’entreprendre, le temps que nous y consacrons et la technologie utilisée façonnent continuellement notre planète, nos sociétés et notre expérience subjective de la vie. </p>
<h2>Compréhension de la situation dans son ensemble</h2>
<p>À l’instar du <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/features/CarbonCycle">cycle mondial du carbone</a>, qui permet de comprendre en un clin d’œil comment et où le carbone se déplace sur la Terre, nous avons entrepris de créer une vue d’ensemble de ce que fait l’humanité à l’aube de l’anthropocène. </p>
<p>En combinant et normalisant un large éventail de données sur la façon dont les gens occupent leur temps – compilées à partir d’enquêtes nationales sur l’emploi du temps, de statistiques économiques, de paramètres sur l’éducation des enfants, de dispositifs portables de mesure du sommeil – nous décrivons ce que fait la population dans son ensemble sur une période moyenne de 24 heures : la <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0270583">Journée humaine mondiale</a>.</p>
<p>L’observation la plus immédiate est la suivante : à l’échelle mondiale, une grande majorité du temps est consacrée à des activités que nous classons comme étant directement centrées sur la personne.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une femme portant un masque chirurgical et des sacs marche dans une rue" src="https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553755/original/file-20231013-16-7xsr3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’habitant moyen de la Terre consacre près de sept heures par jour à des activités telles que la socialisation, l’utilisation des médias, les repas et l’exercice physique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>En plus des neuf heures de sommeil et de l’heure et demie vouée aux besoins biologiques et aux soins de santé, l’habitant moyen de la planète consacre près de sept heures par jour à la détente passive, aux relations sociales, à l’utilisation des médias, aux repas, à l’exercice physique, aux jeux et à la pratique religieuse. Quant à l’éducation et à la recherche, elles ne représentent qu’une heure.</p>
<p>Nous identifions également un ensemble d’activités dévolues au fonctionnement et à la gestion de nos sociétés et de nos économies. Les tâches de gouvernance, de droit, de finance, de commerce, d’opérations bancaires et de paiement de factures occupent une heure. Une autre heure est utilisée pour les trajets quotidiens et les déplacements d’un lieu à l’autre.</p>
<h2>Moins de quatre heures par jour</h2>
<p>Au total, il reste un peu plus de trois heures pendant lesquelles nous modifions délibérément la Terre et nos environnements. Près des trois quarts de ce temps sont consacrés à notre système alimentaire et à l’entretien des zones habitées. </p>
<p>Le temps restant – environ les 45 dernières minutes de la journée de l’individu moyen – est employé à l’extraction des ressources, à la fabrication et à la construction, qui représentent les aspects les plus destructeurs de la civilisation industrialisée sur le plan écologique. En effet, l’extraction de tous les matériaux et la production entière d’énergie, y compris l’extraction et le raffinage de tous les combustibles fossiles, n’occupent que six minutes.</p>
<p>Avec un peu plus d’une demi-heure consacrée à la construction et à la fabrication, ces 45 minutes pour l’approvisionnement, l’expansion et l’entretien de l’environnement bâti constituent un chiffre étonnamment bas pour des activités responsables de la production et de la consommation d’<a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1613773114">environ 70 gigatonnes de matériaux</a> par an. Cela met en évidence l’efficacité de l’industrie moderne et l’ampleur de ses répercussions.</p>
<p>En comparaison, une minute seulement est accordée à la gestion des déchets.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="deux personnes en tenue de sécurité se promènent sur le terrain extérieur d’une usine" src="https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553756/original/file-20231013-19-qn21af.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Seulement 45 minutes de la journée humaine moyenne sont consacrées aux activités qui déterminent l’essentiel de notre impact sur la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Utilisation de notre temps</h2>
<p>Nos résultats ne suggèrent pas que l’extraction de matériaux et la fourniture d’énergie sont des activités sans importance. Elles représentent encore des milliards d’heures de travail par an et contribuent au fonctionnement de notre civilisation moderne.</p>
<p>Mais le temps consacré à ces activités est relativement faible par rapport à l’ensemble de notre vie quotidienne – au même titre que celui que nous passons collectivement à nettoyer nos maisons et à laver la vaisselle. </p>
<p>Dans ce contexte, il est possible d’imaginer une modification de la composition de ces activités dans une large mesure (par exemple, en <a href="https://doi.org/10.1016/j.joule.2017.07.005">construisant des systèmes d’énergie renouvelable</a> plutôt qu’en continuant à extraire des combustibles fossiles) sans perturber les schémas généraux de la vie humaine. </p>
<p>Bien entendu, cela requerra des incitations économiques et politiques importantes, mais ce qui est clair, c’est que nous disposons du temps nécessaire pour y parvenir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216695/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Galbraith a reçu des financements du CRSNG.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>William Fajzel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La combinaison de différentes approches de l’utilisation du temps permet de dresser un tableau interdisciplinaire de la journée humaine mondiale.William Fajzel, PhD student, Earth and Planetary Science, McGill UniversityEric Galbraith, Professor of Earth Science and Canada Research Chair in Human-Earth System Dynamics, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2052522023-08-08T14:02:53Z2023-08-08T14:02:53ZUn revenu de base garanti pour un système alimentaire plus juste et plus durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/524926/original/file-20230508-40482-cjmogq.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C18%2C3971%2C2975&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une agricultrice de la ferme urbaine Roots Community Food Centre, dans le nord-ouest de l'Ontario, récolte les courges Gete-Okosomin.</span> <span class="attribution"><span class="source">(C. Levkoe)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le système alimentaire canadien <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/62f0014m/62f0014m2022014-fra.htm">subit des bouleversements constants</a>. Perturbations de la chaîne d’approvisionnement, inflation des prix et évènements météorologiques extrêmes sont en cause. </p>
<p>Évidemment, la population ressent les effets de ces tensions : en 2021, près de 16 % des ménages provinciaux ont <a href="https://proof.utoronto.ca/wp-content/uploads/2022/08/Household-Food-Insecurity-in-Canada-2021-PROOF.pdf">connu une certaine forme d’insécurité alimentaire</a>.</p>
<p>Des programmes fédéraux tels que la <a href="https://www.canada.ca/fr/services/prestations/ae/pcusc-application.html">Prestation canadienne d’urgence (PCU)</a> et le récent <a href="https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/nouvelles/2023/04/le-ministre-fraser-presente-les-investissements-du-budget-de-2023-pour-fournir-un-nouveau-remboursement-propose-pour-lepicerie.html">remboursement des épiceries</a> témoignent des interventions gouvernementales directes sur le revenu pour garantir l’équité en période d’urgence, y compris l’accès à la nourriture.</p>
<p>Il a été évoqué que ce <a href="https://theconversation.com/does-ottawas-grocery-rebate-signal-a-shift-to-a-broader-guaranteed-basic-income-203132">nouveau remboursement des épiceries</a>, qui a été distribué par le biais du système de crédit pour la taxe sur les produits et services (TPS/TVH), ouvrait la voie à l’atteinte d’un revenu de base garanti. </p>
<p>Or, un revenu de base garanti doit passer par des paiements réguliers, et non un remboursement ponctuel. </p>
<p>Un revenu de base garanti pourrait jouer un rôle clé dans la lutte contre <a href="https://www.northernpolicy.ca/upload/documents/publications/reports-new/tarasuk_big-and-food-insecurity-fr.pdf">l’insécurité alimentaire individuelle et familiale</a> chez les personnes les plus vulnérables. Et il permettrait de s’assurer que chacun puisse répondre à ses besoins de base avec dignité.</p>
<h2>Ce que disent les recherches</h2>
<p>Les groupes et réseaux en faveur d’un revenu de base au Canada s’entendent sur la mise en place d’une <a href="https://basicincomecoalition.ca/fr/qu-est-revenu-de-base/revenu-de-base-que-nous-voulons/">évaluation du revenu</a>, impliquant des transferts d’argent aux personnes dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil.</p>
<p>En tant qu’experts en systèmes alimentaires durables, nous suggérons qu’un revenu de base garanti pourrait non seulement être un outil important pour aborder l’accès économique à l’alimentation, mais également pour soutenir la durabilité de l’ensemble du système alimentaire.</p>
<p>Nous nous appuyons sur nos recherches réalisées en collaboration avec <a href="https://basicincomecoalition.ca/fr/">Coalition Canada</a>, un réseau de groupes de défense du revenu de base. Nos recherches ont réuni des équipes interdisciplinaires de chercheurs et de professionnels pour <a href="https://basicincomecoalition.ca/en/actions/case-for-basic-income/">développer une série d’études de cas</a> examinant le revenu de base dans différents secteurs. Ces secteurs comprennent les arts, la finance, la santé, les municipalités et le système de justice pénale.</p>
<p>Notre travail s’est concentré sur les secteurs de <a href="https://basicincomecoalition.ca/wp-content/uploads/2023/03/1.-Case-for-agriculture-March-3-2023.pdf">l’agriculture</a> et de la <a href="https://basicincomecoalition.ca/wp-content/uploads/2022/08/Fisheries-basic-income-case-formatted-July-2022.pdf">pêche</a>, avec l’implication des membres de l’Union nationale des fermiers, de l’Union paysanne, d’Ecotrust Canada et de l’Alliance des pêcheurs autochtones.</p>
<p>Dans l’ensemble, nos recherches suggèrent qu’un revenu de base garanti pourrait avoir un impact significatif sur les incertitudes économiques auxquelles sont confrontées les <a href="https://www.nfu.ca/fr/policy/towards-a-national-agricultural-labour-strategy-that-works-for-farmers-and-farm-workers/">agriculteurs</a> et les <a href="https://doi.org/10.1007/s10393-005-6333-7">communautés de pêcheurs</a> du Canada. Cet outil pourrait également contribuer à une <a href="https://theconversation.com/lautonomie-alimentaire-nest-pas-suffisante-il-faut-viser-un-systeme-alimentaire-sain-et-juste-195416">transition plus juste et durable du système alimentaire</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lautonomie-alimentaire-nest-pas-suffisante-il-faut-viser-un-systeme-alimentaire-sain-et-juste-195416">L’autonomie alimentaire n’est pas suffisante. Il faut viser un système alimentaire sain et juste</a>
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<h2>Réduire l’incertitude économique</h2>
<p>L’un des impacts potentiels d’un revenu de base garanti serait de réduire l’incertitude économique pour les travailleurs les plus vulnérables des secteurs de l’agriculture et des pêcheries. </p>
<p>Les personnes employées dans le secteur de la transformation alimentaire et de la pêche ainsi que les ouvriers agricoles sont particulièrement vulnérables au chômage saisonnier, aux bas salaires, aux avantages sociaux inéquitables, et aux conditions de travail dangereuses, y compris des <a href="https://doi.org/10.1016/j.aquaculture.2021.736680">taux élevés d’accidents du travail et de maladies professionnelles</a>.</p>
<p>Un revenu de base garanti pourrait offrir aux individus une plus grande sécurité financière et un plus grand contrôle sur leurs choix d’emploi et ainsi contribuer à résoudre les inégalités raciales, de classe et de genre <a href="https://doi.org/10.15353/cfs-rcea.v9i2.521">qui prévalent dans le travail lié aux systèmes alimentaires</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une moissonneuse-batteuse récolte une culture de blé dans un champ" src="https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523316/original/file-20230427-20-qzpm6j.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un revenu de base garanti pourrait avoir un impact significatif sur les incertitudes économiques auxquelles font face les travailleurs-euses des industries agricoles et de la pêche au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jeff McIntosh</span></span>
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</figure>
<h2>Soutenir les nouveaux pêcheurs et agriculteurs</h2>
<p>Un deuxième impact potentiel d’un revenu de base garanti pourrait être de soutenir la relève dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Dans l’ensemble du Canada, la main-d’œuvre des industries de la <a href="https://atlanticfisherman.com/the-greying-of-the-fleet/">pêche commerciale</a> et de <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220511/dq220511a-fra.htm">l’agriculture</a> vieillit.</p>
<p>Soutenir les nouveaux agriculteurs et pêcheurs, en particulier ceux qui utilisent des pratiques socialement et écologiquement durables, est essentiel pour construire un système alimentaire plus résilient.</p>
<p>La relève en agriculture et dans le milieu de la pêche commerciale <a href="https://foodsecurecanada.org/fr/communaute-et-reseaux/nouveaux-agriculteurs-et-pecheurs">fait face à d’importantes barrières</a> liées aux coûts élevés d’entrée tels que l’accès à la terre et aux équipements ou l’achat d’un bateau et d’une licence de pêche combinés à des prix fluctuants et incertains pour leurs produits.</p>
<p>Bien qu’un revenu de base garanti ne puisse pas à lui seul résoudre ces défis, il pourrait offrir une <a href="https://www.nfu.ca/wp-content/uploads/2020/04/Income-Stability-Supplement-Proposal.pdf">plus grande stabilité économique aux nouveaux agriculteurs et pêcheurs</a>, particulièrement dans l’optique où ils doivent investir dans les infrastructures et la formation.</p>
<h2>Se préparer aux futurs facteurs de stress</h2>
<p>Un revenu de base garanti pourrait également constituer une étape vers la construction d’une résilience face aux facteurs de stress persistants, tels que la crise climatique et les évènements météorologiques extrêmes, en plus de permettre de se préparer aux urgences futures.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a démontré que ceux et celles ayant des revenus plus stables et des conditions de travail flexibles sont <a href="https://doi.org/10.3389/fsufs.2021.614368">mieux équipés pour s’adapter aux chocs imprévus</a>. Par exemple, pendant la pandémie, les entreprises de transformation de produits de la mer de type <a href="https://open.library.ubc.ca/soa/cIRcle/collections/ubctheses/24/items/1.0390311">« du bateau à la fourchette »</a> ont mieux résisté aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement des produits de la mer en raison de capacité d’adaptation et de leur proximité avec les consommateurs.</p>
<p>Actuellement, les agriculteurs et pêcheurs à petite échelle bénéficient de moins de soutien, car la plupart des <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2020.539214">subventions vont aux grandes entreprises industrielles</a>. Cependant, ces petits producteurs jouent un rôle crucial dans <a href="https://theconversation.com/the-future-of-food-is-ready-for-harvest-103050">l’approvisionnement alimentaire des marchés régionaux et locaux</a>, ce qui peut servir de tampon important en période de crise, réduisant le stress lié aux chaînes d’approvisionnement de longue distance.</p>
<p>La mise en place d’un revenu de base garanti serait une mesure proactive pour <a href="https://doi.org/10.1080/19320248.2015.1004220">soutenir des moyens de subsistance équitables</a> pour les petits agriculteurs et pêcheurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des personnes se tiennent sur le pont d’un petit bateau de pêche qui flotte dans le port d’un plan d’eau" src="https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523094/original/file-20230426-20-ukmpko.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=551&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des pêcheurs autochtones quittent le port de Saulnierville, Nouvelle-Écosse en octobre 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Andrew Vaughan</span></span>
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</figure>
<h2>Les prochaines étapes pour le système alimentaire</h2>
<p>Un revenu de base garanti aurait le potentiel d’apporter de nombreux impacts positifs. Mais il ne devrait pas remplacer les programmes gouvernementaux existants de soutien à l’agriculture et à la pêche tels que les subventions, la recherche publique et la formation et les programmes de développement des compétences.</p>
<p>Un revenu de base garanti ne devrait pas non plus remplacer les programmes contributifs tels que les <a href="https://www.canada.ca/fr/services/prestations/ae/assurance-emploi-pecheur.html">prestations d’assurance-emploi pour les pêcheurs</a>. Un revenu de base garanti offrirait un soutien aux pêcheurs dont les revenus sont trop faibles pour être admissibles à l’assurance-emploi ou qui sont dans l’incapacité de partir en mer.</p>
<p>Des recherches et des efforts politiques supplémentaires seront essentiels pour mieux comprendre comment un revenu de base garanti pourrait chevaucher d’autres formes de soutien financier telles que les assurances, les prêts et le financement climatique.</p>
<p>Des recherches supplémentaires seront également essentielles pour comprendre comment un revenu de base garanti pourrait soutenir les travailleurs migrants recrutés dans le cadre du <a href="https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/travailleurs-etrangers-temporaires.html">Programme des travailleurs étrangers temporaires</a>. Les travailleurs migrants sont essentiels à la transformation des produits de la pêche, de la viande et de l’horticulture.</p>
<p>Il est également nécessaire de réfléchir de manière systématique et holistique au rôle du revenu de base dans l’ensemble du système alimentaire. La seule façon de le faire est d’obtenir davantage de contributions des communautés agricoles et de pêche et des communautés autochtones en collaboration avec des organisations de lutte contre la pauvreté, de souveraineté alimentaire et de justice alimentaire.</p>
<p>Nous pensons qu’un revenu de base garanti est un outil prometteur pour contribuer à la durabilité et à la justice dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, tout en encourageant le développement de réseaux intersectoriels, de recherches et de politiques communes.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs tiennent à souligner la contribution des équipes d’auteurs de la série de documents de Coalition Canada sur le revenu de base.</em></p>
<p><em>Cet article a été traduit de l’anglais par Marie-Camille Théorêt, assistante de recherche de <a href="https://theconversation.com/profiles/bryan-dale-1145023/">Bryan Dale</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205252/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kristen Lowitt a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charles Z. Levkoe a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du gouvernement de l'Ontario.</span></em></p>Le revenu de base garanti est un outil prometteur pour contribuer à la durabilité et à la justice dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.Kristen Lowitt, Assistant Professor, Environmental Studies, Queen's University, OntarioCharles Z. Levkoe, Canada Research Chair in Equitable and Sustainable Food Systems, Lakehead UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2018342023-06-15T07:15:35Z2023-06-15T07:15:35ZLes entreprises peuvent-elles atteindre une véritable durabilité ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/517772/original/file-20230327-18-bi2555.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C2%2C1897%2C1273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour que les approches des entreprises en matière de développement durable fonctionnent réellement, elles doivent être sincères et authentiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Il est rare qu’une journée passe sans que l’on entende parler de la fragilité de nos écosystèmes naturels et des <a href="https://doi.org/10.1111/conl.12713">répercussions que l’activité économique linéaire</a> a sur eux. </p>
<p>Cet état de fait n’est pas récent – il perdure au moins depuis que le <a href="https://www.clubofrome.org/publication/the-limits-to-growth/">club de Rome nous a mis en garde</a>, dès 1972, qu’une croissance économique infinie et un développement démographique rapide sont incompatibles avec la vie sur Terre. </p>
<p>La situation actuelle est, sans équivoque, alarmante. Malgré de <a href="https://unfccc.int/process/bodies/supreme-bodies/conference-of-the-parties-cop">nombreuses conférences historiques</a> et d’innombrables promesses visant à rendre l’activité économique plus compatible avec les capacités de notre planète, les progrès environnementaux des trois dernières décennies ne permettent pas de pallier les défis posés par le dérèglement climatique.</p>
<p>Alors que l’action climatique s’est surtout concentrée sur les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous commençons enfin à prendre conscience de <a href="https://theconversation.com/biodiversity-treaty-un-deal-fails-to-address-the-root-causes-of-natures-destruction-196905">l’impact des activités humaines et industrielles sur la perte de biodiversité</a>. </p>
<p>L’érosion de la biodiversité exacerbe le changement climatique en inhibant la capacité de la Terre à se protéger et à se régénérer. Les <a href="https://ipbes.net/assessing-knowledge">services que nous rend la biodiversité sont innombrables</a>. La nature n’a pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’elle. </p>
<p>Nous croyons qu’un changement de paradigme est possible et qu’une partie de ce changement impliquera l’intégration d’une véritable approche de la durabilité dans les organisations. Mais pour que cette approche fonctionne, il faut qu’elle soit à la fois vraie et authentique.</p>
<h2>Un rapport historique</h2>
<p>Allen White, cofondateur de la <a href="https://www.globalreporting.org/"><em>Global Reporting Initiative</em></a>, a décrit le rapport <a href="https://cdn.unrisd.org/assets/library/reports/2022/manual-sdpi-2022.pdf"><em>Authentic Sustainability Assessment</em></a> des Nations unies comme un véritable <a href="https://cdn.unrisd.org/assets/legacy-files/301-info-files/B70382A13E0AE0BDC125841F003C46AC/SDPI---Allen-White-Keynote-Speech.pdf">« moment Brundtland »</a>, en référence au <a href="https://www.britannica.com/topic/Brundtland-Report">rapport historique de 1987</a> sur le développement durable. </p>
<p>White soutient que les historiens se souviendront de cette publication dans dix ans comme d’un grand moment historique dans la trajectoire du développement durable. De nombreux autres dirigeants et experts de l’écosystème du développement durable s’accordent sur <a href="https://sustainablebrands.com/read/new-metrics/un-releases-manual-for-companies-to-conduct-authentic-context-based-sustainability-assessments">l’importance et la pertinence de ce rapport</a>. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un papillon monarque, aux ailes orange et aux veines noires, déploie ses ailes sur la tige d’une plante" src="https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513018/original/file-20230301-16-tq9bgn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La perte de biodiversité exacerbe le changement climatique en inhibant la capacité de la Terre à se protéger et à se régénérer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Publié en novembre 2022, ce rapport constitue le premier guide complet sur l’utilisation des limites planétaires comme point de référence dans la reddition de comptes des entreprises en matière de développement durable. <a href="https://doi.org/10.1126/science.1259855">Les limites planétaires</a> fixent les frontières à l’intérieur desquelles l’humanité peut se développer et vivre en toute sécurité, sans épuiser les ressources de la Terre. </p>
<p>Ce rapport est l’aboutissement de <a href="https://r3dot0.medium.com/unrisd-ushers-in-a-new-era-of-authentic-sustainability-assessment-with-the-release-of-its-84a1d6761927">plus de quatre années de recherche</a>, de consultation et de plaidoyer en faveur d’une nouvelle génération d’outils de responsabilisation. Il s’agit, dans sa forme la plus simple, d’un engagement à faire entrer l’évaluation de la durabilité organisationnelle dans une nouvelle ère d’authenticité.</p>
<p>En filigrane, le rapport soutient que les pratiques des entreprises actuelles sont inauthentiques et insuffisantes pour parvenir à une véritable durabilité.</p>
<h2>Indicateurs de durabilité</h2>
<p>Le concept d’<a href="https://sdpi.unrisd.org/platform/">indicateurs de performance en matière de développement durable (IPDD)</a> est au cœur du rapport <em>Authentic Sustainability Assessment</em>. Ces indicateurs mesurent les performances en matière de développement durable des entreprises, des organisations à but non lucratif et d’autres organisations économiques en utilisant une approche nouvelle et améliorée. </p>
<p>Ces indicateurs s’éloignent de l’ancienne approche de divulgation qui repose sur l’idée d’extraire des ressources infinies d’une planète finie (postulat d’un modèle économique linéaire). Les rapports qui reprennent cette approche désuète comprennent la <a href="https://www.globalreporting.org/"><em>Global Reporting Initiative</em></a>, le <a href="https://www.sasb.org/"><em>Sustainability Accounting Standards Board</em></a> et le plus récent <a href="https://www.ifrs.org/groups/international-sustainability-standards-board/"><em>International Sustainability Standards Board</em></a>. </p>
<p>La nouvelle approche des IPDD interroge les conditions sous-jacentes qui compromettent le développement durable. Pour ce faire, les IPDD proposent de respecter les limites planétaires de façon holistique, qu’elles soient sociales, économiques ou environnementales.</p>
<p>La divulgation conventionnelle consiste à comparer des organisations similaires du même secteur ou de la même zone géographique et à divulguer ses « bonnes » performances par rapport aux années précédentes. </p>
<p>Les IPDD, quant à eux, comparent les entreprises à un seuil de durabilité scientifiquement établi et basé sur le contexte.</p>
<h2>Seuils de durabilité</h2>
<p>La performance d’une organisation en matière de durabilité s’exprime en termes d’impact de l’organisation sur des actifs vitaux, tels que les limites planétaires et les seuils sociaux, par rapport aux normes de durabilité. Cela garantit le bien-être de toutes les parties prenantes, humaines et naturelles, qui contribuent à l’équilibre social, économique et environnemental. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une foule de personnes en costume regarde un grand écran sur lequel est inscrit l’indice composite S&P TSX" src="https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513019/original/file-20230301-16-sfctap.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les marchés boursiers demandent de plus en plus aux entreprises cotées en bourse de divulguer leurs performances en matière de développement durable ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Tijana Martin</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Selon le rapport, c’est seulement en comparant les impacts réels aux impacts normatifs que l’on peut évaluer la véritable durabilité. </p>
<p>Prenons l’exemple de l’eau, une <a href="https://theconversation.com/ipcc-report-half-the-world-is-facing-water-scarcity-floods-and-dirty-water-large-investments-are-needed-for-effective-solutions-175578">denrée de plus en plus rare</a>. Une organisation qui réduit sa consommation d’eau de 35 % ou qui est la plus économe en eau par rapport à ses concurrents ne nous dit rien sur la durabilité de cette consommation d’eau.</p>
<p>Une organisation peut être la meilleure de son secteur en matière d’économie d’eau et pourtant avoir des résultats médiocres en matière de durabilité. La durabilité ne se mesure pas à l’effort, mais à la capacité des écosystèmes – comme les limites planétaires, la pollution et la biodiversité.</p>
<p>Les IPDD recommandent plutôt de comparer la consommation d’eau à la capacité des écosystèmes et aux besoins réels en eau des espèces vivantes. C’est précisément cet équilibre entre la consommation réelle et la disponibilité des ressources, à la lumière de la capacité des écosystèmes, qui déterminera la véritable durabilité d’une organisation.</p>
<h2>Vers une véritable durabilité</h2>
<p>Au fil du temps, les entreprises seront de plus en plus tenues de divulguer leur impact sur le développement durable. Ce sera le cas pour les grandes entreprises européennes à partir de 2024, à la suite de l’adoption de la directive <a href="https://finance.ec.europa.eu/capital-markets-union-and-financial-markets/company-reporting-and-auditing/company-reporting/corporate-sustainability-reporting_en"><em>Corporate Sustainability Reporting</em></a>.</p>
<p>Les marchés boursiers évoluent également dans cette direction, obligeant les entreprises cotées en bourse à divulguer leurs performances en matière de développement durable aux <a href="https://sseinitiative.org/esg-disclosure/">États-Unis</a> et au <a href="https://www.cpacanada.ca/en/business-and-accounting-resources/financial-and-non-financial-reporting/sustainability-environmental-and-social-reporting/publications/a-primer-for-environmental-social-disclosure">Canada</a>. </p>
<p>L’adoption généralisée et concertée des IPDD dans le monde peut, dans le cadre de cette dynamique croissante de divulgation des performances en matière de développement durable, favoriser un développement durable authentique à la hauteur des défis à relever. </p>
<p>Nous devons être collectivement ambitieux et tirer parti de la pertinence et de l’originalité de ces nouveaux indicateurs, qui pavent une nouvelle voie vers la réalisation d’une durabilité authentique.</p>
<hr>
<p><em>Ghani Kolli, associé chez Credo Impact, a co-écrit cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201834/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sofiane Baba a régulièrement reçu des financements d'organismes subventionnaires tels que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Fonds de recherche - Société et Culture du Québec (FRQSC) et le MITACS.</span></em></p>Les progrès récents dans la manière dont les organisations mesurent les performances en matière de durabilité pourraient conduire à une approche véritablement authentique de la durabilité.Sofiane Baba, Professeur agrégé en management stratégique, Université de Sherbrooke Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1959922023-06-15T07:05:04Z2023-06-15T07:05:04ZMesurer le développement durable, est-ce possible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514988/original/file-20230313-16-skrut2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C985%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La recherche d’un équilibre dans la réponse aux besoins humains en lien avec les limites du milieu est un enjeu perpétuel dans l’histoire de l’humanité.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>L’application du développement durable (DD) est complexe. Qui plus est, le DD est une utopie : <a href="https://banq.pretnumerique.ca/resources/4ecd2256d8024b15e0000376">« La seule chose qui soit durable dans l’histoire du vivant, c’est le changement et l’adaptation »</a>, précise l’écologiste Francesco di Castri dans sa préface de « Qui a peur de l’an 2000 ? », un guide d’éducation relative à l’environnement. </p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
</figcaption>
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
<hr>
<p>Alors, comment faire pour mesurer ce qui n’existe pas encore ? Comment le faire de manière objective et systémique ? Comment éviter l’<a href="https://www.lesaffaires.com/dossier/l-investissement-responsable-est-en-vogue/quest-ce-que-lecoblanchiment-et-comment-leviter/636828">écoblanchiment</a> (mascarade écologique), ou <em>greenwashing</em> ? </p>
<p>Nous sommes chercheurs en développement durable, écologie industrielle et lutte aux changements climatiques au Département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Nous tenterons d’apporter un éclairage sur ces questions au sein de la <a href="http://ecoconseil.uqac.ca/">Chaire en éco-conseil</a>.</p>
<h2>Le DD : hier, aujourd’hui et demain</h2>
<p>La volonté de durabilité n’est pas nouvelle. La recherche d’un équilibre dans la réponse aux besoins humains en lien avec les limites du milieu est un enjeu perpétuel dans l’histoire de <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/3/10/1637">l’humanité</a>. À cet égard, le domaine de la foresterie en zone boréale, avec sa perspective temporelle longue, peut bien représenter ce besoin d’équilibre entre tous les utilisateurs et la conservation des écosystèmes. </p>
<p>Néanmoins, le DD a été formalisé vers la fin du <a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">XXᵉ siècle</a>. En 1972, la <a href="http://www.un-documents.net/aconf48-14r1.pdf">Conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm</a> a statué que le développement et l’environnement, jusque-là considérés en opposition, pouvaient être traités de manière mutuellement bénéfique. </p>
<p>En 1987, la <a href="http://www.un-documents.net/our-common-future.pdf">définition moderne du DD</a> émerge du rapport Brundtland « Notre avenir à tous », lors de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement : </p>
<blockquote>
<p>Un développement qui permet de répondre aux besoins de la génération actuelle sans remettre en cause la capacité des générations futures à répondre aux leurs. </p>
</blockquote>
<p>Cette définition est excellente, mais son application par des actions concrètes demeure vague. </p>
<p>Malgré l’adoption en 1992 de l’Agenda 21, la Conférence Rio+20 en 2012, constatant des progrès insatisfaisants, a appelé à l’adoption d’objectifs, de cibles et d’indicateurs applicables à toutes les échelles. Et de surcroît, capables de mobiliser l’action pour obtenir des résultats concrets et mesurables à l’horizon 2030. </p>
<p>C’est ainsi qu’en 2015 a été adopté le <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/">Programme 2030</a>, un cadre de référence global pour le DD. Ce programme s’articule autour de 17 objectifs de développement durable (ODD) et 169 cibles. C’est un appel universel pour éliminer la pauvreté, protéger la planète et améliorer le quotidien de tous les êtres humains partout dans le monde.</p>
<p>Mais comment opérationnaliser ces objectifs vertueux dans des politiques, stratégies, programmes et projets concrets, et objectivement mesurables dans le temps à toutes les échelles ? C’est le défi que l’<a href="https://www.francophonie.org/">Organisation internationale de la francophonie</a> a demandé à la Chaire en éco-conseil de l’UQAC de relever, dans un partenariat de 2014 à 2018.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="vue aérienne d’une forêt" src="https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516410/original/file-20230320-1817-to3ivx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le domaine de la foresterie en zone boréale, avec sa perspective temporelle longue, peut bien représenter le besoin d’équilibre entre tous les utilisateurs et la conservation des écosystèmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Des outils pour mettre en œuvre le DD</h2>
<p>L’application du DD ne peut se faire sans une démarche systémique. <a href="https://constellation.uqac.ca/8063/">L’analyse systémique de la durabilité</a> (ASD) permet de mettre en perspective les dimensions multiples du DD, les synergies et les antagonismes et les moyens mis en œuvre pour les atteindre. La Grille d’analyse de développement durable (<a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">GADD</a>) et la Grille de priorisation des cibles des ODD (<a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/5/2520">GPC-ODD</a>) sont les deux principaux outils de l’ASD.</p>
<p>Le développement de la GADD a débuté il y a plus de 30 ans, tout juste après la commission Brundtland. Depuis 2017, la GADD fait partie des <a href="https://sdgintegration.undp.org/guide-sustainable-development-analysis-grid">outils disponibles aux Nations unies</a> pour l’intégration des ODD du Programme 2030. La GADD est un outil gratuit et <a href="https://constellation.uqac.ca/id/eprint/3959/">accessible au public</a>. Elle vise à orienter des politiques, des stratégies, des programmes ou des projets (PSPP) de DD, <a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">pour bonifier leurs lacunes et/ou caractériser leur avancement</a>. La GADD opérationnalise le DD par une démarche pragmatique et responsable. </p>
<p>Le DD n’y est pas pensé comme une idéologie, mais plutôt comme une façon de répondre aux besoins légitimes des communautés au présent, ce qui justifie qu’on s’en serve pour contester les politiques, stratégies, programmes et projets. Ces besoins sont identifiés et traités dans un modèle dynamique à six dimensions : écologique, sociale, économique, éthique, culturelle et gouvernance. </p>
<p>La GADD est un outil diagnostique qui peut s’appliquer au présent et dans le futur dans une démarche d’amélioration continue. Ainsi, des figures géométriques et des indices de priorisation permettent de visualiser les résultats de l’analyse, qui fait intervenir la notion d’importance de l’objectif, de la performance actuelle de l’organisation et des mesures de bonification qui pourraient faire l’objet d’un plan d’action pour améliorer la performance, déterminer des indicateurs et fixer des cibles. </p>
<p>La GADD est un outil mature qui a été appliqué dans de nombreux contextes et pays développés et en développement (Canada, États-Unis, France, Chine, Bénin, Burkina Faso, etc.). Une application détaillée est présentée dans un <a href="http://www.mdpi.com/2071-1050/9/10/1909">article de 2017</a>, pour le cas d’étude de la Mine Arnaud à Sept-Îles (Québec, Canada), où un accompagnement de la Chaire en éco-conseil a été effectué. </p>
<p>Grâce à son guide d’utilisation, la GADD peut aussi s’appliquer sans accompagnement. En exemple, le Groupe Boisaco de l’industrie forestière l’a utilisée dans sa <a href="https://boisaco.com/wp-content/uploads/2023/02/Rapport-Developpement-Durable_Boisaco-1.pdf">démarche de planification stratégique</a>. Le Groupe Boisaco est un intervenant forestier majeur en forêt boréale dans la Haute-Côte-Nord. La GADD y a été utilisée pour renforcer l’engagement du Groupe Boisaco envers le DD. La GADD permet d’y considérer tous les facteurs influençant le devenir des forêts et de mettre en place des mesures qui respectent les principes du DD et en couvrent toutes les dimensions. </p>
<p>De son côté, la <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/5/2520">GPC-ODD</a> a été développée en utilisant spécifiquement le cadre des ODD du Programme 2030 et en y appliquant la mécanique de priorisation de la GADD. La GPC-ODD guide des entités (pays, régions, collectivités locales, organisations publiques et privées) dans la priorisation des cibles des ODD pour la mise en œuvre du Programme 2030. Elle leur permet de rapporter leurs réalisations en fonction de leur contribution spécifique à l’avancement des cibles des ODD. </p>
<p>L’entité utilise cet outil dans sa priorisation 1) en identifiant l’importance des cibles, 2) en évaluant les performances actuelles en lien avec ces cibles et 3) en analysant les compétences (selon l’échelle de gouvernance et la portée d’action de l’entité) pour l’application des cibles.</p>
<p>Au final, la GPC-ODD permet aux entités de s’approprier les cibles des ODD et de les mettre en œuvre selon leurs priorités et capacités. La GPC-ODD a été appliquée dans la démarche de la <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/5/2520">Stratégie de DD de la Ville de Québec</a> (Québec, Canada). L’outil est aussi utilisé dans diverses industries comme l’aluminium, la production laitière, le tourisme et les ports, ainsi que dans des projets de recherche à la Chaire en éco-conseil.</p>
<h2>Alors… peut-on mesurer le DD ?</h2>
<p>… Oui, c’est possible, mais dans un cadre où le DD est appliqué de manière dynamique dans le temps et selon une démarche pragmatique et systémique avec des indicateurs mesurables, comme le font la GADD et la GPC-ODD.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195992/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patrick Faubert a reçu des financements de Mitacs, MAPAQ, MFFP, etc. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Claude Villeneuve et David Tremblay ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Peut-on mesurer le développement durable ? Peut-on l’opérationnaliser au-delà des principes vertueux ?Patrick Faubert, Professor - Industrial ecology and climate change mitigation, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Claude Villeneuve, Professeur titulaire Chaire en éco-conseil spécialiste des changements climatiques, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)David Tremblay, Chercheur postdoctoral, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1379082020-06-18T17:41:39Z2020-06-18T17:41:39ZTransformer nos systèmes comptables pour se réorganiser avec ce qui compte (vraiment)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/342519/original/file-20200617-94040-dr581p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C0%2C1905%2C1273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Qu'est-ce qui compte vraiment?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/malles-arbres-couper-4274727/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Qu’ont en commun des pangolins, des écosystèmes asiatiques, des aides-soignant·e·s, des caissier·e·s, des livreur·se·s, etc. ? Ce sont des myriades d’êtres et d’entités que nos systèmes économiques et gestionnaires ont tenu à l’écart, et que la <a href="https://www.20minutes.fr/economie/2748911-20200327-face-coronavirus-redecouvrons-utilite-immense-metiers-invisibles-explique-sociologue-dominique-meda#xtor=RSS-149">crise actuelle met sur le devant de la scène</a>, révélant de manière très crue <a href="https://www.usinenouvelle.com/blogs/julien-fosse/quand-la-biodiversite-s-invite-dans-nos-usines.N945976">leur importance et nos liens d’interdépendance avec eux</a>. Et le premier système de gestion ignorant leur existence ou leur importance est la comptabilité.</p>
<p>La comptabilité est en effet le <a href="https://www.economie.gouv.fr/mission-entreprise-et-interet-general-rapport-jean-dominique-senard-nicole-notat">langage premier des organisations</a>. C’est par les systèmes comptables que celles-ci communiquent, se représentent le monde dans lequel elles vivent – les systèmes comptables instituent ce qui « compte » –, cadrent leurs questionnements et sont rendues « comptables » de leurs actions ; c’est sur la base des systèmes comptables que se fonde l’opérationnalisation de l’action collective.</p>
<p>Mais la comptabilité n’est-elle pas une simple technique de gestion, neutre, synonyme d’une économie capitaliste mondialisée que la crise questionne vivement ? Cette compréhension des systèmes comptables, qui les réifie et les dépolitise, est loin de refléter leur richesse et le rôle central qu’ils ont joué et qu’elles peuvent jouer pour préparer l’avenir.</p>
<h2>À chaque société ses systèmes comptables</h2>
<p>Les premiers systèmes comptables apparaissent <a href="https://journals.openedition.org/comptabilites/1877">dès l’origine des civilisations humaines, en Mésopotamie</a>. En fait, anthropologiquement, « les enregistrements comptables sont des représentations physiques abstraites des échanges passés et des efforts de coopération, et ils agissent comme des […] mémoires primaires pour les agents économiques engagés dans des échanges complexes à grande échelle. En élargissant la capacité mnésique au-delà des contraintes biologiques du cerveau humain, les enregistrements comptables ont considérablement augmenté l’échelle et la portée de la coopération humaine. Associés à la langue, au droit et à d’autres institutions de soutien à la coordination, les systèmes comptables concrets <a href="https://www.aaajournals.org/doi/abs/10.2308/acch.2006.20.3.201">ont aidé les civilisations humaines à émerger »</a>.</p>
<p>La comptabilité constitue ainsi un des fondements des coordinations et coopérations dans les sociétés humaines : chaque société a développé ses systèmes comptables, structurés par ses imaginaires et ses cosmologies, et qui ont aidé à instituer et développer opérationnellement ces sociétés, sur la base de leur rapport propre au monde. Ainsi la comptabilité mésopotamienne, <a href="https://www.imtfi.uci.edu/files/docs/2013/hudson.pdf">centrée sur la stabilisation des prix</a>, ou la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0361368210000152">comptabilité bouddhiste</a> divergent fortement de nos systèmes comptables actuels, techniquement mais surtout conceptuellement.</p>
<p>Par ailleurs, les systèmes comptables ne sont pas limités aux seules organisations. La notion de « durabilité » émerge ainsi dans le travail d’un comptable du XVIII<sup>e</sup> siècle, von Carlowitz, qui fonde une <a href="https://www.cambridge.org/fr/academic/subjects/management/management-general-interest/accounting-and-science-natural-inquiry-and-commercial-reason?format=PB&isbn=9780521556996">certaine idée de la gestion durable des forêts</a> : la comptabilité s’inscrit en <a href="https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/cobi.13254">fait aussi à l’échelle des écosystèmes</a>.</p>
<h2>Rapport au monde</h2>
<p>Partant, l’absence des enjeux sociétaux dans nos systèmes comptables actuels rend dès lors impossibles des coordinations et coopérations adéquates sur ces questions. Il s’agirait donc de les rendre visibles. Mais doit-on le faire sans questionner plus profondément la façon de les prendre en compte ? La question centrale est de savoir comment nous voulons représenter ces entités et ces êtres ignorés et nous organiser avec eux. En cela, il s’agit en fait de s’interroger sur le type de rapport au monde que nous souhaitons que nos systèmes comptables déploient dans nos organisations.</p>
<p>La voie principale empruntée actuellement, <a href="https://integratedreporting.org/resource/international-ir-framework/">qu’on retrouve dans les initiatives et débats sur la comptabilité/reporting sociétale</a>, <a href="https://www.ifrs.org/news-and-events/2019/04/speech-iasb-chair-on-sustainability-reporting/">pour rendre visibles ces enjeux</a>, est celui de l’obsession de « la mise en valeur ». Il s’agit de représenter ces entités (écosystèmes, travailleurs, etc.), comme des « actifs » comptables, c’est-à-dire comme des sources de productivité, de services, d’utilité, donc de valeur, qui serait techniquement et objectivement contrôlable.</p>
<p>Or cette vision <a href="https://amp-ft-com.cdn.ampproject.org/c/s/amp.ft.com/content/902310ea-7996-11ea-bd25-fd923850377">renvoie à un rapport au monde problématique</a>, poursuivant notamment la <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-science-fondamentale-est-notre-meilleure-assurance-contre-les-epidemies">même relation aux milieux naturels</a> et au travail, <a href="https://theconversation.com/coronavirus-quand-lillusion-de-notre-maitrise-de-la-nature-se-dissipe-135332">qui se fonde sur une « illusion »</a> – <a href="https://theconversation.com/pourquoi-on-ne-peut-plus-etre-humaniste-135384">issue de la Renaissance</a> – de la maîtrise et de la supériorité de (certains) êtres humains, et que cette crise interroge à nouveaux frais. D’ailleurs, dès justement la Renaissance, la notion d’actif est associée <a href="https://digibug.ugr.es/handle/10481/5833">à l’idée de « cose morte » (choses mortes)</a>, tandis que les propriétaires et créanciers sont les seuls à être associés à des « cose vive » (choses vivantes).</p>
<p>Voulons-nous aujourd’hui continuer sur cette voie, en l’amplifiant encore, en concevant l’intégralité du monde encore ignoré par nos systèmes comptables comme des « choses mortes », simples sources objectivées de valeur ? Ou l’enjeu, dévoilé par cette crise, n’est-il pas celui de rendre visible et d’organiser un nouveau respect au monde, et à ses limites, fondé sur la protection des écosystèmes, du climat, etc., et sur la décence du travail et des êtres humains, faisant de ces êtres et ces entités, de vraies « choses vivantes », des <a href="https://www.la-croix.com/Bruno-Latour-Nous-devons-savoir-quoi-nous-tenons-2020-02-08-1101077044">sources de préoccupations, autrement dit « ce à quoi nous tenons »</a> ?</p>
<h2>Nouveaux systèmes comptables</h2>
<p>Les systèmes comptables représentent une formidable opportunité de déployer un nouveau rapport au monde et une nouvelle compréhension de nos interdépendances avec ces préoccupations, au cœur de nos pratiques organisationnelles. De nouveaux systèmes comptables cherchent à rendre cela possible : c’est notamment ce que proposent les programmes de recherche et d’expérimentations <a href="http://editionsatelier.com/index.php?page=shop.product_details&flypage=bookshop-flypage.tpl&product_id=799&category_id=1&writer_id=805&option=com_virtuemart&Itemid=1">derrière la comptabilité organisationnelle CARE (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology)</a>, étendant la comptabilité en coûts historiques, et la <a href="https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/AAAJ-12-2015-2360/full/html">comptabilité de gestion écosystème-centrée</a>, opérant de façon conjointe au niveau des socio-écosystèmes.</p>
<p>Ces initiatives reviennent déjà à reconnaître la dette que nous avons vis-à-vis de ces entités et de ces êtres, et les objectifs et coûts nécessaires pour leur protection et leur préservation (selon en fait les mêmes niveaux de protection que celui requis pour le capital financier), afin de les intégrer directement dans les bilans et comptes de résultat des organisations. Pour y parvenir, elles mobilisent également la comptabilité, à l’interface entre organisations et socio-écosystèmes, comme support de nouvelles formes de coopérations et coordinations, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0361368285900054">centrées sur ces sources de préoccupation, pour construire de nouveaux « systems of accountabilities »</a>, cœur de toute gouvernance collective.</p>
<p>Au lieu d’objectiver des forêts, des écosystèmes, des êtres humains, etc. pour en contrôler les flux de valeurs, il s’agit d’utiliser les systèmes comptables comme une base commune mobilisable par des acteurs privés et publics – interagissant de fait autour de ces sources de préoccupation – pour leur permettre de définir des nouveaux engagements quant aux contributions à apporter et aux efforts à fournir pour la prise en charge de ces différentes entités, de négocier des contreparties, de se rendre des comptes sur les actions conduites et d’évaluer les résultats collectivement atteints.</p>
<p>C’est à nous de savoir si cette « crisis », <a href="https://www.cairn.info/crises-et-facteur-humain--9782804117849-page-13.htm">littéralement ce moment charnière de prise décision</a>, est le début ou non d’une nouvelle orientation de nos systèmes comptables, aptes à organiser un autre rapport au monde.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=399&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=399&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/214295/original/file-20180411-540-1kr15nd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=399&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Les auteurs de cet article sont coresponsables du programme de recherche <a href="https://www.collegedesbernardins.fr/recherche/entreprises-humaines-ecologie-et-philosophies-comptables">“Entreprises humaines: écologie et philosophies comptables”</a> du Collège des Bernardins. Le <a href="https://www.collegedesbernardins.fr/">Collège des Bernardins</a> est un lieu de formation et de recherche interdisciplinaire. Acteurs de la société civile et religieuse entrent en dialogue autour des grands défis contemporains, qui touchent l’homme et son avenir.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137908/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre Rambaud conseille à titre gratuit le cabinet Compta Durable en tant que président de son conseil scientifique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Clément Feger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comprendre la richesse des systèmes comptables et le rôle central qu’elles ont joué et qu’elles peuvent jouer est indispensable pour préparer l’avenir.Alexandre Rambaud, Maître de conférences en comptabilité - Co-responsable de la chaire "Comptabilité écologique" (AgroParisTech, Université Paris-Dauphine, Université de Reims), AgroParisTech – Université Paris-SaclayClément Feger, Maître de conférences en Sciences de gestion de l'environnement, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1395862020-05-31T16:53:41Z2020-05-31T16:53:41ZEt si on cherchait autrement ? Plaidoyer pour une science de la durabilité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/338277/original/file-20200528-51456-1slgdrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au Gabon, prélèvement sur les chauves-souris dans le cadre du projet EBOSURSY. L’objectif est de favoriser l'amélioration des systèmes de détection précoces chez les animaux sauvages pour prévenir Ebola et d’autres maladies émergentes.</span> <span class="attribution"><span class="source">IRD/Pierre Becquart</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Pour rester connectés à leur époque, être entendus et avoir un rôle déterminant dans les grandes orientations futures, les chercheurs doivent prendre le virage de la « science de la durabilité ».</p>
<p>Dans les innombrables articles publiés depuis le début de l’épidémie Covid-19 par les scientifiques, le constat est toujours le même : le risque d’une pandémie mondiale existait ; les communautés scientifiques n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme ; les États ne se sont pas assez préparés alors que nous avons déjà connu des <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/17/jean-francois-guegan-en-supprimant-les-forets-primaires-nous-sommes-en-train-de-debusquer-des-monstres_6036871_3232.html">crises sanitaires, écologiques graves et qu’il y en aura de plus violentes</a>.</p>
<p>Ces épisodes sont le résultat de nos excès et répondent à des logiques économiques et politiques dépassant les sphères de nos laboratoires. Pourtant, cette situation ne réclame-t-elle pas aussi que les communautés scientifiques revoient la façon dont elles construisent les savoirs et proposent des solutions concrètes pour relever les défis planétaires ?</p>
<p>Pour reprendre les mots du philosophe Edgar Morin dans un <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/19/edgar-morin-la-crise-due-au-coronavirus-devrait-ouvrir-nos-esprits-depuis-longtemps-confines-sur-l-immediat_6037066_3232.html">récent entretien</a>, ne faut-il pas avoir le courage, en ces temps de crise sanitaire, de « voir les grandeurs de la science contemporaine en même temps que ses faiblesses » ?</p>
<h2>Dépasser les intérêts disciplinaires</h2>
<p>La science est aujourd’hui interpellée pour apporter des solutions, de nombreuses voix se font entendre, s’opposant parfois. Mais il faut aller vite, conseiller les politiques publiques et résoudre les problèmes. Si ces exigences sont légitimes, il est temps de mieux se préparer pour éviter les crises à venir.</p>
<p>La recherche contemporaine reste parcellaire, disciplinaire et manque singulièrement d’articulation entre les résultats qu’elle propose et l’ampleur des problèmes à résoudre. Éteindre « le feu Covid-19 » grâce à la recherche de traitements et de vaccins est indispensable pour sauver des vies… mais n’oublions pas que le reste de la planète brûle ! Nous devons travailler différemment, ensemble, si nous voulons avoir une chance de résoudre les crises environnementales.</p>
<p>Dans ce contexte, l’avènement récent de la « science de la durabilité » est un signe de changement radical dans la construction de nouveaux systèmes de savoirs. Elle se caractérise par le fait que ses problématiques de recherche trouvent d’abord leur source dans la confrontation aux problèmes du monde réel, plutôt que dans la dynamique propre des disciplines scientifiques qu’elle mobilise.</p>
<p>Il s’agit de favoriser des savoirs transdisciplinaires, co-construits entre les scientifiques et les acteurs de la société, dont la finalité dépasse des intérêts disciplinaires. Cette approche encore marginale, notamment en France, est essentielle pour une meilleure compréhension de la complexité du monde moderne et pour trouver des solutions plus globales aux défis économiques, sociaux et environnementaux de nos sociétés.</p>
<h2>Développer des projets fédérateurs</h2>
<p>En partant des objectifs du développement durable (<a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">ODD</a>) établis en 2015 par les Nations unies, il est possible d’inventer de nouveaux cadres de recherche pour faire dialoguer les experts des différentes disciplines scientifiques et créer un savoir collectif.</p>
<p>C’est ce que tentent déjà de réaliser les experts de panels internationaux (<a href="http://www.ipcc.ch">GIEC</a>, <a href="https://sustainabedevelopment.un.org/gsdr2019">GSDR</a>, <a href="http://www.ipbes.net">IPBES</a>), qui proposent un consensus scientifique pluridisciplinaire sans lequel nous serions incapables de comprendre et d’agir sur les évolutions futures de la planète.</p>
<p>Toutefois, pour répondre aux problèmes posés, il est urgent de renforcer la co-construction de nos systèmes de savoirs en intégrant mieux l’ensemble des expertises scientifiques et ce, en lien étroit avec les décideurs politiques et la société civile. Dans cette démarche, la gestion des maladies émergentes est peut-être l’une des illustrations les plus convaincantes des atouts de la science de la durabilité.</p>
<p>Répondre à la crise Ebola a nécessité un <a href="https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1004992">travail coordonné, convergeant vers un même objectif</a>, d’écologues spécialistes de la dynamique des populations d’animaux réservoirs, de sociologues et économistes étudiant les cercles vicieux de la pauvreté, <a href="https://journals.openedition.org/jda/6452">d’anthropologues</a> spécialistes de la construction des représentations de la maladie et bien sûr d’infectiologues et de médecins coopérant avec les instituts publics de santé et les populations concernées.</p>
<p>En France, si certains laboratoires sont organisés de façon pluridisciplinaire, les silos thématiques et la compétition entre les disciplines restent trop prégnants. Regrouper des chercheurs aux expertises différentes ne suffit pas ; il faut travailler sur un objectif commun, montrer de la curiosité pour d’autres disciplines et réfléchir à l’épistémologie des interfaces afin de repenser l’élaboration des questions posées et la synergie des différents savoirs.</p>
<p>Dans ce contexte, il existe un besoin urgent de définir de nouveaux projets scientifiques ambitieux et fédérateurs, financés par des fonds publics qui rassemblent l’expertise mondiale vers un objectif commun (dans la lignée du <a href="https://home.cern/">CERN</a>, du <a href="https://www.genome.gov/human-genome-project">Human genome project</a> ou du <a href="http://www.seaaroundus.org/">Sea Around Us</a> en écologie marine). Ces projets orientés vers le développement de solutions sont complémentaires d’une recherche de rupture, fondée sur la curiosité et la créativité de scientifiques.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/TTjs7vVpzsw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une vidéo présentant des résultats de recherche sur la pêche illégale dans le cadre du programme <em>Sea Around Us</em> (2020).</span></figcaption>
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<h2>Des actions concrètes</h2>
<p>La crise Covid-19 nous amène à réfléchir à des solutions concrètes pour promouvoir la science de la durabilité. Il apparaît nécessaire de renforcer la place de la recherche en partenariat, participative et citoyenne. Une attention particulière doit être portée à l’éthique du partenariat, notamment au Sud, et à la construction du savoir, en respectant toutes ses formes, comme les savoirs traditionnels.</p>
<p>La recherche participative avec les acteurs locaux n’est pas nouvelle, mais elle doit être favorisée afin de renforcer les capacités locales à se préparer et lutter contre les futures crises, notamment dans les régions du monde les plus défavorisées. L’implication croissante des acteurs de la société peut également permettre de combler le fossé entre chercheurs et citoyens, de les rapprocher autour d’un objectif commun.</p>
<p>Un exemple d’actualité concerne le projet <a href="https://framaforms.org/silentcities-1584526480">« Silent Cities »</a>, qui permet d’évaluer l’impact du confinement sur la biodiversité (oiseaux, amphibiens et insectes) à travers l’évolution des ambiance sonores.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338279/original/file-20200528-51449-1c4ulhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Exemple d’installation d’un enregistreur AudioMoth sur un balcon, à Toulouse, dans le cadre du projet Silent Cities.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://osf.io/h285u/">Silent Cities</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Promouvoir la science de la durabilité nécessite également de repenser les indicateurs utilisés dans les instances d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il est nécessaire d’allier le maintien d’un haut niveau d’exigence de qualité de la science produite à une pratique en cohérence avec les défis globaux.</p>
<p>Il faut permettre aux scientifiques de valoriser les activités qu’ils ont développées en interaction directe avec la société, comme c’est le cas dans de nombreux pays – aux États-Unis notamment, avec les <em>land grant universities</em> impliquées dans l’amélioration de la qualité de vie dans leur région, heures dédiées aux activités « communautaires » en Amérique du Sud, ou co-construction des cursus universitaires avec les acteurs locaux dans certains certains centres d’excellence africains (<a href="http://ceaagrisan.sn/">AGRISAN</a>, par exemple).</p>
<p>Il est enfin indispensable d’appliquer à nos propres institutions de recherche les principes de la science de la durabilité, à travers la mise en place, par exemple, d’espaces de co-construction des savoirs entre les communautés scientifiques et porteuses d’enjeux (<em>innovation labs</em>), des mesures favorisant la sobriété énergétique des pratiques de recherche. Il est également urgent de réfléchir à la responsabilité que nous avons de former les prochaines générations à une recherche engagée sur les grands défis, les sensibiliser à une science fondamentalement ouverte aux autres.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs vous donnent rendez-vous ce mardi 2 juin 2020 pour un webinar sur le thème des enjeux de la science de la durabilité. <a href="https://bit.ly/3cjR1D1">Cliquez ici</a> pour plus d’infos.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139586/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La période est propice à la réflexion pour co-construire de nouveaux systèmes de savoirs et penser la recherche autrement.Valérie Verdier, Phytopathologiste, présidente-directrice générale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Olivier Dangles, Écologue, Institut de recherche pour le développement (IRD)Philippe Charvis, Directeur Délégué à la Science de l'IRD, Institut de recherche pour le développement (IRD)Philippe Cury, Senior research scientist, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1277782019-11-26T15:32:02Z2019-11-26T15:32:02ZBonnes feuilles : « La coquille Saint-Jacques, sentinelle de l’océan »<p><em>Nous publions ici le chapitre « Un symbole », tiré du livre de Laurent Chauvaud <a href="https://www.editionsdesequateurs.fr/aParaitre/oo/LaCoquilleSaintJacquesSentinelle">« La coquille Saint-Jacques, sentinelle de l’océan »</a>, qui paraît le 26 novembre 2019 aux éditions des Équateurs.</em></p>
<hr>
<p>Depuis des millénaires, notre espèce s’intéresse à la coquille Saint-Jacques pour des raisons qui ont varié au cours du temps. En les ramassant le long des côtes, les hommes qui nous ont précédés n’imaginaient pas qu’ils étaient en train de produire un acte incroyable de sauvegarde de la mémoire de l’environnement. Extraites par la main humaine du milieu marin où elles devaient inexorablement finir, valves érodées et finalement dissoutes, les voilà conservées jusqu’à nous, pleines d’une information environnementale qu’il nous reste à décrypter !</p>
<p>Durant la préhistoire, les coquilles étaient des éléments de parure, non une nourriture. On en a retrouvé dans les sépultures du Mésolithique (Téviec, Morbihan, 5400 av. J.-C.) et du Néolithique (sépultures d’Er Yoh sur l’île de Houat, Morbihan, 3000 av. J.-C.). La coquille est alors un bijou de prestige et un symbole de pouvoir, de renaissance, de résurrection. elle était donc utilisée comme talis- man et porte-bonheur.</p>
<p>Chez les hommes de Neandertal et les Homo Sapiens, c’est avant tout pour leurs valeurs symbolique et esthétique que les coquilles Saint-Jacques étaient ramassées, parfois à des centaines de kilomètres du littoral. Les hommes préhistoriques s’en servaient également comme d’un outil ou d’un récipient, notamment pour préparer des pigments, ainsi que l’en attestent les dépôts d’ocre rouge retrouvés à leur surface.</p>
<h2>Sur le chemin de Compostelle</h2>
<p>Au Moyen Âge, la coquille est devenue le signe de ralliement des pèlerins de Compostelle. Selon le <em>Codex Calixtinus</em>, elle est associée depuis le XIIe siècle aux « bonnes œuvres » :</p>
<blockquote>
<p>« Les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l’amour […], à savoir : aimer Dieu plus que tout et aimer son prochain comme soi-même. »</p>
</blockquote>
<p>La coquille de Saint-Jacques-de-Compostelle trouve probablement son origine dans les symboliques antiques, mais renvoie aussi à plusieurs légendes compostellanes : les cendres du saint arrivées à Compostelle dans une coquille ; un chevalier, sauvé de la noyade par l’intercession du saint au moment où passait le bateau ramenant sa sépulture de Jérusalem, est ressorti de l’eau couvert de coquilles. La belle affaire, couvert de coquilles…</p>
<p>Quelle qu’en soit la raison, la coquille Saint-Jacques est un emblème et un signe de reconnaissance du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, et cela, bien que les coquillages ne soient pas bénis par le prêtre au départ, puisqu’ils étaient ramassés sur la plage à la fin du pèlerinage, en Galice.</p>
<p>Ce n’est pas tout : depuis l’Antiquité, les coquilles étaient portées pour lutter activement contre la sorcellerie, les pathologies diverses et le mauvais sort. C’est peut-être pour ces raisons symboliques que la coquille s’est imposée comme attribut de l’apôtre saint Jacques, dont elle a pris le nom. Les pèlerins l’accrochaient à tout ce qu’ils déplaçaient avec eux : sac, chapeau, bâton ou cape.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1024&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1024&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1024&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1287&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1287&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/303718/original/file-20191126-112531-wqmm8s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1287&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Borne marquant l’entrée de Saint-Jacques-de-Compostelle.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemins_de_Compostelle#/media/Fichier:Entr%C3%A9e_%C3%A0_Saint-Jacques-de-Compostelle.jpg">Kolossus/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, sur la route de la Galice, les chemins de Saint-Jacques balisés du symbole Pecten attirent chaque année des centaines de milliers de marcheurs (300 000 en 2017). Promoteur de ce succès, le Conseil de l’Europe a exaucé un rêve que les papes Léon XIII et Jean‑Paul II partageaient avec Francisco Franco : entretenir par ce biais les racines chrétiennes du vieux continent. Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, déclarés par l’Unesco « premier itinéraire culturel européen », font de la Galice une sorte de « terre promise » pour les écologistes, qui peuvent vérifier combien, dans ce « finisterre » brumeux et pluvieux, l’absence de progrès a protégé la nature.</p>
<p>Ce sont sans doute la fragilité et la finesse des tissus internes protégés par une robuste coquille dont l’intérieur est blanc qui en ont fait un symbole de féminité que l’on retrouvera plus tard dans la Vénus de Botticelli. Elle était en effet un symbole de fécondité et d’amour ou encore de purification spirituelle. Il est possible que la représentation de Vénus sortie de sa coquille soit une légende issue des coquilles perlières.</p>
<p>Le coquillage que nous mangeons a donc d’abord été parure, outil ou encore symbole. et pourtant, en rade de Brest, des historiens ont déterré des coquilles Saint-Jacques datant du Moyen Âge et abandonnées par les moines de l’abbaye de Landévennec dans leurs « poubelles » ! Ce qui signifie que les moines mangeaient des coquilles Saint-Jacques et des pétoncles noirs, qu’ils trouvaient échouées sur l’estran. On les entend à marée basse battre leurs valves dans le trop peu d’eau qui reste. La cuisine des moines a laissé plus de mille ans de coquillages régulièrement accumulés dans ses déchets.</p>
<h2>Un must culinaire</h2>
<p>Aujourd’hui, son succès culinaire est tel que nous mangeons quelques milliers est tel que nous mangeons quelques milliers de tonnes par an d’un animal qui n’est plus qu’un fruit de mer ou une décoration kitch. Ces quantités englouties contrastent avec la rareté de la coquille Saint-Jacques dans les dépotoirs archéologiques du littoral atlantique français.</p>
<p>La production mondiale de coquilles Saint-Jacques représente 2,4 millions de tonnes, dont les deux tiers proviennent de l’aquaculture, particulièrement développée en Asie. La consommation de coquilles Saint-Jacques et pétoncles par an et par habitant est de 2,5 kilogrammes en France, un record mondial.</p>
<p>Or, la production française de coquilles Saint-Jacques, assurée par huit cents navires de pêche, représente de 20 000 à 26 000 tonnes par an. Ainsi, la pêche à la coquille Saint-Jacques se pratiquant sur toutes les côtes de France ne fournit que 20 % de la consommation nationale. L’immense majorité des coquilles dégustées par les Français est importée, ce qui fait de la France le premier importateur mondial de coquilles Saint-Jacques en noix fraîches, surgelées ou en plats cuisinés.</p>
<p>Il faut préciser ici que l’on confond volontairement, au supermarché, chez le pois- sonnier, les pétoncles et les coquilles Saint-Jacques, car, selon une décision de l’organisation mondiale du commerce de 1996, tous les pectinidés vendus sous forme de noix peuvent s’appeler Saint-Jacques. Cela, à la condition que leur pays d’origine et leur nom scientique soient clairement affichés sur l’emballage ! qui sait que <em>Placopecten magellanicus</em> a appris à nager non loin de l’île d’Anticosti, au Canada ?</p>
<p>Quoi qu’il en soit, les Saint-Jacques sont les stars des tables festives. Les Français en raffolent. En tartare, en carpaccio, grillées ou gratinées, en velouté aux pommes et Calvados, à la crème, enroulées dans du bacon, en brochettes à la citronnelle, poêlées aux légumes ou aux agrumes, gratinées au foie gras frais ou en risotto. Les feuilletés aux Saint-Jacques, aumônières surprises ou autres carpaccios savoureux de grands chefs montrent que la coquille Saint-Jacques est aujourd’hui un aliment de roi. Le Bocuse d’or a été remporté à trois reprises à Lyon par des chefs préparant des coquilles.</p>
<p>Les Français la dégustent à Noël. La rade de Brest avait ici une carte à jouer. Les coquilles y sont magnifiques et, en décembre, elles restent « coraillées », testicules et ovaires pleins, produisant dans l’assiette cette belle couleur orange ensoleillée comme une citrouille d’Halloween. À Recouvrance, rue de Siam ou à Saint-Marc, les Brestois prennent pour acquis que le prix de ces coquilles se justifie par leurs qualités gustatives incomparables.</p>
<p>La pêche a été autrefois florissante en rade de Brest, à la voile d’abord, puis au moteur. La surpêche, hélas, a suivi, avec des conséquences désastreuses. Les quantités de coquilles Saint-Jacques pêchées se sont effondrées. Soutenir cette pêcherie est devenu un devoir pour les élus brestois et une motivation scientifique. Les efforts ont été importants.</p>
<p>Ainsi, la coquille Saint-Jacques est devenue l’emblème d’un écosystème fragilisé. Le souci de la préserver a conduit à l’étudier. Et les travaux de recherche ont changé son statut. Le regard que nous portons sur une espèce, sa « valeur », dépend de notre culture et de nos connaissances. Ce regard est bien évidemment toujours en mutation.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=950&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=950&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=950&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1193&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1193&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/303709/original/file-20191126-112531-55pzrn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1193&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editionsdesequateurs.fr/aParaitre/oo/LaCoquilleSaintJacquesSentinelle">Éditions des Équateurs</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>La coquille Saint-Jacques offre ici un exemple généralisable à l’ensemble de la nature. Notre perception de la nature et des biens et services qu’elle nous procure est sans cesse revue et corrigée, et notre interprétation redéfinie en permanence. L’histoire de la coquille le démontre. Or, je crois que, dans cette entreprise de définition, nous avons régulièrement tort, car nos connaissances, notre culture et nos besoins évoluent. On ne sait rien, ou trop peu pour estimer la valeur de la nature et tenter de hiérarchiser ce qu’elle nous offre. Nous changeons de parti pris, de vision du monde, de paradigme, et les entités de la nature changent alors mécaniquement de valeur à nos yeux. Je prends donc le parti de sublimer la nature plutôt que de chercher quels biens et services elle doit, devait ou devrait nous rendre.</p>
<p>Respectons la nature et protégeons-la des convaincus qui auront forcément tort demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127778/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Chauvaud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Extrait de l’ouvrage que le chercheur marin Laurent Chauvaud consacre à ces pectinidés dont raffolent les Français.Laurent Chauvaud, Directeur de recherche CNRS, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1248282019-11-21T20:51:11Z2019-11-21T20:51:11ZLa recherche participative au Sénégal, une bonne recette pour booster l’agriculture<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/300232/original/file-20191105-88368-7m3vlz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1024%2C768&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Site pilote de production locale de biofertlisants à base de champignons mycorhiziens par les producteurs à Darou Mousty (Sénégal)</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’activité agricole de la région ouest-africaine est caractérisée par une production fluctuante. Elle est souvent limitée par l’effet combiné de différents facteurs. Il s’agit, en l’occurrence, de l’insuffisance et de l’irrégularité des pluies, de la pauvreté ou salinisation des sols, des faibles niveaux d’intrants, du parasitisme, etc. D’où des défis pressants à relever en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de lutte contre la pauvreté rurale et de recherche d’une agriculture durable.</p>
<p>Pour faire face à de tels défis, la recherche recommande différentes pratiques culturales visant à accroître la productivité et à améliorer la production agricole et forestière. Parmi celles-ci figure en bonne place l’utilisation de <a href="https://www.aquaportail.com/definition-4138-organisme-symbiotique.html">micro-organismes symbiotiques</a> – en tant que <a href="http://www.biofertilisants.fr/comprendre-les-biofertilisants/biofertilisant-quest-ce-cest-ca-sert/">biofertilisants</a>. Ils vivent en association avec les plantes avec lesquelles ils développent une interaction mutuellement profitable.</p>
<h2>L’inoculation, une technique qui permet d’augmenter naturellement la productivité</h2>
<p>L’<a href="https://pfongue.org/IMG/pdf/fiche_inoculum-vf.pdf">inoculation</a> est une technique simple mais sous-exploitée au Sénégal. Elle consiste à apporter, en général au moment du semis, des champignons et/ou bactéries sélectionnés pour favoriser le développement des plantes associées. Ce procédé stabilise et améliore les rendements agricoles. En effet, il approvisionne les plantes en éléments nutritifs (azote, phosphore, minéraux) qui sont très souvent insuffisants dans les sols des régions arides et semi-arides.</p>
<p>L’inoculation est bien adaptée à l’agriculture familiale, notamment vivrière. Cela en raison de son faible coût et de sa relative facilité d’emploi. Les recherches menées au sein du <a href="http://www.lcm.ird.sn/">Laboratoire Commun en Microbiologie</a>, qui regroupe des chercheurs de l’<a href="https://senegal.ird.fr/l-ird-au-senegal/presentation">Institut de Recherche pour le Développement</a>, de l’<a href="https://www.isra.sn/">Institut sénégalais de recherches agricoles</a> et de l’<a href="https://www.ucad.sn/">Université Cheikh Anta Diop de Dakar</a>, ont été conduites en Afrique de l’Ouest, notamment, au Sénégal.</p>
<p>L’objectif est d’améliorer la connaissance des micro-organismes symbiotiques et d’exploiter pleinement leur potentiel dans les systèmes de culture.</p>
<p>En dépit des atouts de cette technologie, son usage ne s’est pas encore développé. Cela est dû notamment à la faible implication des producteurs dans les programmes de recherche appliquée. Il s’y ajoute l’indisponibilité de l’inoculum au niveau local et à un défaut de diffusion auprès des agriculteurs.</p>
<h2>Le partenariat avec les producteurs agricoles</h2>
<p>Sous l’impulsion du Laboratoire Commun de Microbiologie et du <a href="http://www.cncr.org/">Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux du Sénégal</a>, une démarche de partenariat innovante et inclusive a été initiée entre les chercheurs et les organisations de producteurs. Cette approche s’est appuyée sur des ateliers de mise à niveau mutuelle et sur un travail collaboratif dans les champs des producteurs. L’appui et le conseil des techniciens agricoles de l’<a href="http://www.servicepublic.gouv.sn/index.php/demarche_administrative/services/2/386">Agence nationale du conseil agricole et rural</a> et de diverses ONG ont également contribué à intégrer les résultats de la recherche dans les pratiques culturales.</p>
<p>De plus, les chercheurs et les producteurs ont mis en place un réseau de parcelles expérimentales rassemblant agriculteurs, chercheurs et conseillers agricoles. Tous ces acteurs sont en train de construire un dispositif à distance d’échanges, de renforcement des capacités et de capitalisation par le développement d’une base de données. Les premières expérimentations ont été menées cet été par les producteurs du réseau sur 14 communes afin de tester le dispositif. Un atelier de restitution regroupant les différents acteurs a permis d’identifier collectivement les actions à mener afin de renforcer et d’améliorer le fonctionnement du réseau.</p>
<p>Avec ce dispositif, les micro-organismes les mieux adaptés aux spéculations sols et zones agro-écologiques seront sélectionnés. Il sera aussi mis à profit pour tester et promouvoir d’autres innovations ou pratiques, comme la lutte biologique.</p>
<p>Cette approche constructive basée sur la collaboration des acteurs concernés est inscrite dans la durée. Celle-ci permet aujourd’hui de confirmer l’effet positif de l’inoculation sur certaines spéculations et accroît la demande d’inoculum. La réflexion collective a débouché sur une solution innovante de production délocalisée d’<a href="https://www.supagro.fr/ress-pepites/sol/co/1_4_3mycorhizes.html">inoculum mycorhizien</a> par les agriculteurs sur une unité pilote à <a href="https://www.google.com/maps/d/embed?mid=1jNqlYUTEgNZ8lU7QrF7hXd5vvJY&ie=UTF8&hl=fr&msa=0&t=h&om=1&ll=15.046967600342276%2C-16.046604000000002&spn=0.031994%2C0.020555&output=embed&s=AARTsJo4fSpBrcxvwSeW6uFTDfrJbNPS1g&z=14">Darou Mousty</a> – une localité située dans une zone de production agricole.</p>
<p>Dans ce modèle, les champignons mycorhiziens « starters » sont produits et contrôlés au Laboratoire Commun de Microbiologie de Dakar. Ils seront ensuite fournis au producteur d’inoculum qui se charge de les multiplier localement sur des racines de maïs en utilisant un procédé valorisant la coque d’arachide, un résidu agricole sur lequel les plants de maïs symbiotiques sont cultivés. La production de bio-fertilisant est enfin contrôlée avant utilisation par les agriculteurs de la zone.</p>
<p>Ce projet a démontré qu’il était possible de produire ce type de bio-fertilisant localement. La mise en place de nouvelles unités de production est prévue dès cette année.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/300235/original/file-20191105-88372-klbae8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Équipe intersectorielle impliquée dans le développement du semoir « yookoutef » permettant semis et épandage du biofertilisant.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>La solution d’épandage : le semoir « yookoutef »</h2>
<p>Le deuxième frein majeur identifié collectivement est la méthode d’<a href="https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/developpement-durable-epandage-6853/">épandage</a> du bio-fertilisant produit. L’implication d’acteurs de différents secteurs réunis a abouti au développement d’une machine adaptée dite « yookoutef ». Il s’agit d’un semoir classique intégrant une fonction de co-localisation d’inoculum et de semences (Brevet d’innovation OAPI). Elle est fabriquée par des artisans sénégalais de l’Association pour la Promotion des Artisans et Ouvriers (APRAO).</p>
<p>La machine est conçue pour réduire la pénibilité du travail agricole et promouvoir la technologie de l’inoculation. Elle a été testée pour la première fois sur de grandes surfaces cette année, d’où l’intérêt que cette innovation a suscité auprès de plusieurs organisations de producteurs.</p>
<p>Forts de ces réussites, les partenaires nourrissent une nouvelle ambition commune : la mise en place d’une filière de bio-fertilisants à base de micro-organismes symbiotiques certifiée « système participatif de garantie » (SPG). Ce sont des systèmes d’assurance qualité prenant en compte l’ensemble de la chaîne de valeur.</p>
<p>Celle-ci rassemble les producteurs agricoles, les producteurs et fournisseurs d’inoculum, les conseillers agricoles, les chercheurs, les partenaires du développement et les consommateurs. De tels systèmes permettent de placer les organisations paysannes au cœur du dispositif et favorisent une bonne appropriation locale des innovations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124828/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La région ouest-africaine connaît des défis pressants à relever en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de lutte contre la pauvreté rurale et de recherche d’une agriculture durable.Antoine Le Quéré, Chercheur en écologie microbienne, Institut de recherche pour le développement (IRD)Tatiana Krasova Wade, Chercheur en biologie végétale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1159512019-04-24T20:14:16Z2019-04-24T20:14:16ZLes changements globaux aggravent le risque d’expansion du paludisme<p>Ce 25 avril, Paris célèbre officiellement la <a href="https://endmalaria.org/fr/news/paris-ville-d%E2%80%99accueil-de-la-journ%C3%A9e-mondiale-de-lutte-contre-le-paludisme-2019">Journée mondiale de lutte contre le paludisme</a>. Cette maladie, transmise par les moustiques appartenant au genre <em>Anopheles</em>, est causée par des microorganismes appelés <em>Plasmodium</em>, dont le plus dangereux est <em>Plasmodium falciparum</em>, seule espèce capable d’entraîner un accès aigu mortel.</p>
<p>Cet événement se tient alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce une <a href="https://www.who.int/malaria/publications/world-malaria-report-2018/wmr2018-dg-foreword-fr.pdf?ua=1">stagnation des progrès</a> de la lutte contre le paludisme, après plus de 10 années d’avancées.</p>
<p>Une situation préoccupante qui pourrait se prolonger. Des indices laissent en effet supposer que les moustiques vecteurs de la maladie ont trouvé une nouvelle alliée de taille : la mondialisation.</p>
<h2>Lutte contre le paludisme : les raisons de la stagnation</h2>
<p>Entre 2015 et 2017, le nombre de cas reportés n’a pas significativement diminué. La mortalité due au paludisme, ou mortalité palustre, est restée pratiquement inchangée dans le monde : environ 435 000 décès annuels ont été recensés, essentiellement des enfants vivant en Afrique subsaharienne. Il faut cependant souligner que cette stagnation survient après une remarquable et encourageante <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1606701?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori%3Arid%3Acrossref.org&rfr_dat=cr_pub%3Dwww.ncbi.nlm.nih.gov">réduction de 57 % entre 2000 et 2015</a>, fruit d’un engagement international à saluer. Pourquoi la <a href="https://www.ird.fr/contenu/75-ans-de-recherche-sur-le-paludisme">lutte contre le paludisme</a> marque-t-elle le pas ? Les raisons sont multiples.</p>
<p>Parmi les plus notoires, on peut citer la biologie du parasite, lequel est doté d’une exceptionnelle capacité à se multiplier et à être transmis par les moustiques. Le faible recours aux systèmes de soins ainsi que les inégalités d’accès aux traitements antipaludiques efficaces sont également problématiques, tout comme, plus localement, l’insuffisante mise en place de programmes de prévention, au premier rang desquels figure la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. Les politiques de lutte peuvent aussi subir le contrecoup des conflits armés, dans certains pays. Enfin, les résistances aux insecticides développées par les moustiques favorisent la progression de la maladie.</p>
<p>À ces problèmes « classiques » sont venus s’en ajouter deux autres, au cours des dernières décennies : le changement climatique et la mondialisation des échanges.</p>
<h2>Une maladie sensible au climat</h2>
<p>Le climat influence considérablement la géographie et l’épidémiologie du paludisme. En effet, la répartition et l’abondance des moustiques vecteurs dépendent de nombreuses composantes climatiques. Il en va de même pour la modulation du contact être humain-vecteur et le succès du développement du parasite à l’intérieur du vecteur.</p>
<p>L’humidité est un facteur important dans le cycle du moustique vecteur, car elle influence la survie des adultes. Pour cette raison, en <a href="https://lemag.ird.fr/fr/reportage/vectopole-les-insectes-priorite-de-sante">insectarium</a>, on s’efforce de maintenir une humidité de 80 %. De faibles écarts, même de l’ordre de plus ou moins 5 %, peuvent avoir un fort impact négatif sur la survie de ces insectes. Ce point est important, car contrairement à ce qu’on pourrait penser, la longévité du vecteur est une variable plus importante que son abondance pour conférer une forte aptitude à transmettre la maladie. En effet, plus un moustique infecté vit longtemps, plus il risque de transmettre la maladie à un nombre croissant de personnes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=318&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=400&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=400&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270792/original/file-20190424-121245-1lbjlbm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=400&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un élevage de moustiques dans les laboratoires de l’IRD, à Montpellier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IRD</span></span>
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<p>La température joue également un rôle essentiel dans le cycle de la maladie. Elle influence non seulement la durée du développement du parasite dans le moustique mais aussi la durée du développement aquatique initial du moustique (sous forme de larve puis de nymphe), ainsi que la survie de sa forme adulte. Au-delà de 35 °C et en-deçà de 18°, le développement de <em>Plasmodium falciparum</em> dans le moustique est stoppé ; aux températures de 20°, 24° et 30°, il est respectivement de 20, 11 et 9 jours.</p>
<p>En pratique, on ignore à quelle température vit précisément un anophèle. Toutefois, en situation d’inconfort, il va se déplacer activement en quête d’un micro-habitat lui convenant mieux.</p>
<h2>Prémunition et risques de décès</h2>
<p>Toutes les populations ne sont pas égales face à la maladie. L’épidémiologie du paludisme à <em>Plasmodium falciparum</em> est en effet radicalement différente en fonction du niveau de transmission.</p>
<p>Dans les zones endémiques, c’est-à-dire là où la maladie est présente de façon habituelle, une seule piqûre infectée n’entraîne le plus souvent pas d’accès palustre. Ceci est dû à l’acquisition progressive par les habitants d’une prémunition, un état immunitaire qui se manifeste par une protection relativement efficace sur le plan de la maladie, mais pas assez efficace pour éliminer tous les parasites.</p>
<p>Cette prémunition ne peut se construire et s’entretenir qu’à la faveur de réinfections multiples, presque permanentes, de l’être humain par son parasite. Dans les zones de forte transmission, elle s’établit dès le plus jeune âge, en quelques années. Si bien qu’au-delà de 5 ans, on estime que le risque de décéder du paludisme devient très faible.</p>
<p>La situation est différente dans les zones indemnes de transmission. La population humaine y est « immunologiquement naïve » : elle n’est pas protégée contre le parasite, et une seule piqûre d’un moustique infecté entraîne fréquemment un accès palustre. Dans ces régions, toutes les classes d’âge peuvent tomber malades et risquer le décès. C’est par exemple le contexte des zones d’altitude en Afrique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270841/original/file-20190424-121220-f25ft0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une flaque de pluie : un gîte naturel de larves d'anophèles, vecteur du paludisme.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IRD/Vincent Robert</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Le changement climatique peut donc aggraver la situation dans ces régions : un évènement climatique exceptionnel, une modification de la température ou du régime des pluies peuvent faire émerger des conditions favorables aux anophèles et à la transmission. Des épidémies de paludisme, ordinairement limitées dans le temps et dans l’espace, peuvent voir leur dynamique se modifier, avec des conséquences dramatiques en termes de morbidité et de mortalité.</p>
<p>Par ailleurs, l’augmentation des températures (qui raccourcit la durée du développement du parasite dans le moustique) et l’augmentation de l’humidité (qui augmente la longévité du vecteur) vont dans le sens de l’accroissement de la transmission du paludisme. Toutefois, ces facteurs aggravants sont intriqués dans des réseaux complexes de relations, et jouent probablement un rôle très secondaire sur le terrain.</p>
<p>Ce n’est pas le cas de l’intensification des déplacements des êtres humains et des marchandises à la surface de la Terre, qui favorise les mouvements exceptionnels de moustiques vecteurs et leur implantation dans de nouvelles régions. Là, le danger est bien réel.</p>
<h2>Circulation mondiale : quand les moustiques voyagent</h2>
<p>L’accroissement de la circulation des êtres humains et des échanges commerciaux à la surface de la Terre entraîne le déplacement involontaire de très nombreux passagers clandestins indésirables, qu’il s’agisse d’espèces invasives ou de vecteurs de maladies, comme les anophèles porteurs du paludisme.</p>
<p>Un exemple classique est celui du paludisme dit « d’aéroport », qui touche des personnes qui n’ont jamais voyagé en zone de transmission, mais qui ont une proximité avec un aéroport international. Dans ces cas, qui restent rares, un anophèle infecté en zone d’endémie a voyagé par avion, puis a transmis le parasite après être sorti de l’appareil. Au total, 30 cas ont été <a href="https://www.em-consulte.com/en/article/22051">déclarés en France entre 1969 et 2008</a>.</p>
<p>Ces exemples de déplacement d’un moustique par l’être humain n’ont pas été suivis d’une implantation dans le pays d’arrivée. Mais cela arrive parfois. Ainsi,</p>
<p><em>Anopheles arabiensis</em>, une espèce de moustique africain, a été observée dans l’état du Natal (Brésil) en 1930, peu après l’intensification du trafic des bateaux à vapeur entre les continents africain et sud-américain. Cette invasion a été responsable d’une épidémie de paludisme sans précédent : les anophèles locaux étaient de « mauvais vecteurs » de <em>Plasmodium</em>, contrairement aux nouveaux venus, bien plus efficaces pour transmettre le parasite. Heureusement, au Brésil ce vecteur a pu être éliminé <a href="https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(02)00397-3/fulltext">au début des années 1940</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270838/original/file-20190424-121254-1c504ak.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=446&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Moustique Anopheles gambiae femelle en plein repas de sang.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IRD/Nil Rahola</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plus récemment, en 2013, la présence d’un anophèle asiatique <em>Anopheles stephensi</em> a été détectée en <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00436-019-06213-0">zone urbaine à Djibouti</a>, puis les années suivantes en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0001706X18305618">Éthiopie</a>, avec une considérable recrudescence des cas de paludisme associés. Cet anophèle est connu comme un redoutable vecteur en zone urbaine en Inde, et sa répartition à l’Est semblait jusqu’ici limitée au golfe Persique. Ces observations sont inquiétantes car elles surviennent à un moment où l’élimination du paludisme était envisageable à Djibouti. Ce n’est plus le cas actuellement, à moins que l’espèce vectrice en soit éliminée. De plus, on ignore si cette expansion de l’aire de répartition en cours va se poursuivre ou non, en particulier dans le contexte urbain africain, ce qui constituerait un défi majeur pour le futur.</p>
<p>Enfin, le moustique <em>Anopheles bancroftii</em> a été détecté pour la première fois en Nouvelle-Calédonie en 2017, dans une zone <a href="https://hal-riip.archives-ouvertes.fr/RIIP_NOUVELLECALEDONIE/pasteur-01831516v1">proche de l’aéroport de Nouméa</a>, laissant penser que cette introduction a été réalisée par avion. Rappelons que la Nouvelle-Calédonie était une des très rares terres tropicales émergées sans anophèle et donc indemne de paludisme.</p>
<p>Ces différents exemples récents sont alarmants. En effet, jusqu’ici les anophèles ne se comportaient pas comme des espèces invasives (à l’exception notable de l’implantation d’<em>Anopheles arabiensis</em> au Brésil), contrairement à de nombreux autres moustiques dont le fameux <em>Aedes albopictus</em> (le tristement célèbre <a href="https://theconversation.com/ce-que-chacun-peut-faire-pour-surveiller-le-moustique-tigre-77284">moustique tigre asiatique</a>, vecteur de la dengue, du chikungunya ou du virus Zika).</p>
<p>Dans les années à venir, il s’avérera donc indispensable de suivre attentivement l’évolution des déplacements d’anophèles, et de mettre en place une surveillance appropriée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115951/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Robert a reçu des financements de l'IRD, de l'Institut Pasteur et de l'Union européenne.</span></em></p>La mondialisation s’accompagne du déplacement involontaire nombreuses espèces de végétaux ou d’animaux. Un problème, quand il s’agit des vecteurs de maladies aussi dangereuses que le paludisme.Vincent Robert, Directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1129232019-03-09T17:23:16Z2019-03-09T17:23:16ZFin de la pêche électrique : un pas décisif vers des pratiques plus durables<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/263000/original/file-20190309-86678-ifu7r2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1192%2C892&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique. </span> <span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>En 1376, seulement six ans après son apparition, les pêcheurs de casiers envoyèrent une pétition au roi Édouard III à propos du déclin des populations de poissons engendré par un nouvel engin destructeur, le chalut qui « détruit les fleurs de la terre sous les eaux, et aussi les bancs d’huîtres, de moules et aussi les autres poissons qui servent de nourritures aux prédateurs ». </p>
<p>Ils ajoutaient que ce gâchis profitait bien peu à tous : « Par cet instrument, les pêcheurs prélèvent dans de nombreux endroits une quantité de petits poissons dont ils ne savent que faire, et ils nourrissent et engraissent leurs cochons avec, endommageant les communs et engendrant la destruction des pêcheries. » </p>
<p>Le roi décréta qu’il fallait l’utiliser en eaux profondes, mais le chalut ne fut pas interdit.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/interdiction-du-chalutage-profond-une-belle-victoire-et-quelques-concessions-62645">Interdiction du chalutage profond : une belle victoire et quelques concessions</a>
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<h2>Surexploitation généralisée</h2>
<p>Le chalut est un filet en forme d’entonnoir, traîné par des câbles reliés au navire (appelé chalutier). Son efficacité a contribué à sa popularité dans le monde de la pêche et il permet aujourd’hui de réaliser plus de la moitié des captures mondiales des côtes, à plus de deux kilomètres de profondeur. </p>
<p>Il est également considéré comme une cause de <a href="https://www.nature.com/articles/nature11410">perturbation majeure des fonds marins</a> et de <a href="https://www.springer.com/la/book/9783319210117">destruction de la biodiversité</a>. Parfois surnommés les « bulldozers », les chalutiers opèrent sur tous les plateaux continentaux du monde, là où se développent une faune et flore particulièrement riches. Si le fond est meuble, les sédiments seront mis en suspension ; s’il est solide, les structures vivantes, telles les coraux froids ou chauds ou les herbiers, seront détruites. Des forêts animales marines incroyables de beauté et de complexité, résultant d’une vie benthique importante, sont détruites et les habitats transformés en <a href="https://www.springer.com/la/book/9783319210117">déserts sous-marins</a>.</p>
<p>Dès son introduction en tant que technique de pêche, le chalut a été perçu comme un engin de destruction de l’habitat des fonds sous-marins. Une innovation récente a encore « amélioré » l’efficacité de ces engins dans un contexte de surexploitation généralisée dans les eaux européennes : la pêche électrique. Le déploiement de cette nouvelle méthode, par ailleurs interdite dans la plupart des pays de pêche du monde (y compris en Chine) a permis depuis 2007 d’équiper les navires d’électrodes qui envoient une impulsion électrique dans le sédiment afin d’en déloger les animaux qui y vivent.</p>
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<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
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<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
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<p>Les Pays-Bas se sont distingué ces dernières années dans cette pratique peu durable : alors qu’ils ne devraient disposer que de 14 licences de chalut électrique, ce sont dans la réalité 84 de leurs navires qui en sont pourvus. Ce regain (illégal) d’efficacité rend la compétition avec les autres pêcheurs européens déloyale. </p>
<p>Ainsi les pêcheurs français sont-ils obligés de reporter leur effort de pêche en Manche pour éviter la cessation d’activité. Ils dénoncent une méthode de pêche irresponsable aux conséquences dangereuses pour l’ensemble de l’écosystème et l’équilibre économique du secteur.</p>
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<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
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<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
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<span class="caption">Illustration de Capucine Dupuy et Terreur graphique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capucine Dupuy/Terreur graphique</span></span>
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<h2>La fin de la pêche électrique pour 2021</h2>
<p>Après un long combat mené par <a href="http://www.bloomassociation.org/">l’ONG Bloom</a> contre cette pratique de pêche, une étape a été franchie le 13 février dernier à Strasbourg, les négociateurs représentant les trois institutions européennes (Parlement, Conseil et Commission) étant parvenus à un accord : la pêche électrique sera totalement interdite aux navires de pêche de l’Union européenne dans toutes les eaux qu’ils fréquentent, y compris en dehors de l’UE, au 30 juin 2021.</p>
<p>Cette décision devrait aider à retrouver le chemin de la durabilité pour le milieu marin, mais également pour nombre de pêcheurs, une profession en mutation qui aura bien du mal à <a href="http://www.cnrseditions.fr/sciences-de-la-terre/7517-the-ocean-revealed.html">affronter le futur</a> si elle n’évolue pas. Et cette évolution ne se fera pas en électrifiant les chaluts, mais en innovant et en investissant dans la recherche. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/surpeche-et-changement-climatique-la-mediterranee-et-la-mer-noire-en-premiere-ligne-111688">Surpêche et changement climatique : la Méditerranée et la mer Noire en première ligne</a>
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<p>À l’heure de l’intelligence artificielle, il est grand temps que les engins de pêche, hérités d’un lointain passé lointain où les ressources semblaient infinies, s’améliorent. Il faut des engins capables de prélever sans détruire les espèces non désirées, protégées, ou encore les habitats et les forêts animales marines. Au Canada, la pêche à la morue se pratique par exemple dans certaines zones à l’aide de casiers, ce qui ne produit aucun rejet, aucun impact sur les habitats et des revenus améliorés pour les pêcheurs. </p>
<p>La promotion des pêches artisanales, économes en énergie fossile, respectueuses de la biodiversité et des habitats marins doit devenir une priorité. Une alimentation de la mer durable dans des écosystèmes marins protégés et en bonne santé sera l’enjeu des dix prochaines années.</p>
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<p><em>Retrouvez l’intégralité de la BD de Capucine Dupuy et Terreur graphique sur <a href="http://www.bloomassociation.org/bd">le site de l’association Bloom</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Cury ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La promotion des pêches artisanales, plus respectueuses de la biodiversité et des habitats marins, doit devenir une priorité.Philippe Cury, Senior research scientist, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1103852019-02-22T10:01:48Z2019-02-22T10:01:48ZComment les vers de terre font-ils pousser les plantes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/259820/original/file-20190219-43267-75sv21.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ver de terre anécique (Lumbricus terrestris)</span> <span class="attribution"><span class="source">Auteur</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Un avantage à travailler sur les vers de terre est que tout le monde pense les connaître ! Mais cela n’empêche pas que ces humbles travailleurs du sol sont toujours un sujet de recherche, notamment pour comprendre quels sont les mécanismes divers et compliqués qu’ils mettent en œuvre pour agir sur les sols et les plantes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=419&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/259823/original/file-20190219-43264-1w9b1ap.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ver de terre endogé (Allolobophora icterica).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Rappelons tout d’abord qu’il existe une grande diversité d’espèces de vers de terre (environ 6000 mais moins de la moitié a été décrite par les scientifiques). On classe ces espèces en trois groupes écologiques : les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pig%C3%A9">épigés</a> qui vivent au-dessus du sol dans les feuilles mortes et s’en nourrissent ; les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Endog%C3%A9">endogés</a> qui vivent dans le sol et se nourrissent de la matière organique morte qu’il contient, et les <a href="http://www.supagro.fr/ress-pepites/OrganismesduSol/co/VDT-anectiques.html">anéciques</a> qui vivent dans le sol mais se nourrissent des feuilles mortes à la surface du sol.</p>
<h2>Ingénieurs de l’écosystème</h2>
<p>Les vers sont l’exemple parfait des espèces dites « ingénieurs de l’écosystème ». Toutes les espèces dépendent de leur environnement mais aussi modifient leur environnement, au moins en se nourrissant. Les espèces ingénieurs sont celles qui modifient très fortement leur environnement par des activités qui dépassent la simple nutrition. Par quels mécanismes ? Nous allons voir comment les vers modifient leur environnement, c’est-à-dire les sols, et de ce fait influencent la croissance des plantes.</p>
<p>Les vers endogés et anéciques creusent des galeries dans le sol. Pour cela, ils avalent de la terre et la rejettent sous forme de déjections que l’on appelle turricules. Cela crée des espaces vides et des agrégats plus ou moins compacts dans le sol et à sa surface. De ce fait, grâce aux vers de terre (et à d’autres organismes du sol), il n’est pas une couche compacte et homogène. Les espaces vides entre les agrégats facilitent la croissance des racines et l’infiltration de l’eau.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/259821/original/file-20190219-43281-1kiaktn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma montrant les différents mécanismes par lesquels les vers de terre influencent la croissance des plantes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Tous les vers participent au recyclage de la matière organique morte. Quand une plante ou ses parties (racines, feuilles) meurent, la matière en résultant contient du carbone mais aussi des substances minérales (azote, phosphore…) vitales à la croissance des végétaux. Or, les plantes ne peuvent absorber ces substances qu’une fois la matière morte décomposée par les organismes décomposeurs comme les bactéries et les champignons.</p>
<p>Les vers participent à cette décomposition via différents mécanismes. Les épigés et les anéciques consomment les feuilles mortes et les fragmentent, ce qui facilite leur décomposition par d’autres organismes. Quant aux vers endogés, ils participent à la décomposition de la matière organique des sols en la consommant (Après avoir ingéré de la terre, ils arrivent à digérer une petite partie de la matière organique qu’elle contient). Mais ces vers agissent aussi en stimulant certains microorganismes (par exemple des bactéries) du sol.</p>
<p>Les vers, en fragmentant la litière, en créant des galeries et des agrégats de sol transforment complètement leur environnement. Comme ils ne sont pas les seuls dans le sol, ils influencent les autres organismes qui s’y trouvent : bactéries, champignons, protozoaires, nématodes, collemboles… Ils peuvent par exemple favoriser certaines bactéries et en défavoriser d’autres. Il a ainsi été montré dans certains cas que les vers pouvaient <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1461-0248.2004.00711.x">diminuer l’abondance ou l’impact</a> de certains agresseurs des plantes comme des nématodes phyto-parasites (vers microscopiques suçant la sève des racines). Potentiellement, l’effet inverse pourrait être observé.</p>
<h2>Croissance des racines</h2>
<p>les scientifiques ont remarqué que la présence de vers dans un sol changeait la croissance des racines. En leur présence, on trouve des phyto-hormones dans les sols. Normalement, ce sont des molécules produites par les plantes. Elles circulent dans les végétaux et en régulent leur fonctionnement et leur croissance comme le font les hormones des animaux. Mais d’où viennent celles des sols ? Le mécanisme n’a pas été entièrement démontré, mais on sait que certaines bactéries sont capables de fabriquer des phyto-hormones. <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0049504">L’idée</a> serait que les vers favorisent certaines bactéries et les stimulent, si bien qu’elles se mettent à produire des phyto-hormones, ce qui change la pousse des racines (longueur de racine, ramification…). Au total, cela favorise la croissance des plantes.</p>
<p>Le ver serait donc un promoteur de croissance : une étude publiée en 2014 a montré que si l’on en met dans des plantes en pots, on remarque une augmentation moyenne de <a href="https://www.nature.com/articles/srep06365">23 %</a> de leur croissance, par rapport à des pots sans vers. Cependant, il existe beaucoup de variabilité. L’augmentation de croissance peut atteindre jusqu’à 300 %. Par ailleurs, dans certains cas très rares, les vers diminuent la croissance des plantes. Il reste donc difficile de prédire, si on choisit une espèce de plante, une espèce de vers et un type de sol, quelle sera l’augmentation de la croissance de la plante. Même si certaines hypothèses ont été émises, aucune théorie générale ne permet de s’avancer sur cette question. Cela reflète la complexité de la science écologique qui doit prendre en compte une biodiversité très élevée (ici toutes les espèces de vers, de plantes et de bactéries), une grande diversité des conditions environnementales (ici les propriétés physico-chimiques des sols, comme leur contenu en argile, matière organique et azote…) et doit <em>in fine</em> prédire le résultat d’interactions très diverses entre ces organismes et leur environnement.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/259824/original/file-20190219-43258-7bb8c2.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Expérience sur les effets de vers de terre sur la croissance du riz.</span>
<span class="attribution"><span class="source">thèse de Diana Noguera, CIAT, Colombie</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p><a href="https://theconversation.com/la-biodiversite-des-sols-nous-protege-protegeons-la-aussi-88538">L’écologie des sols</a> doit aussi faire face à des difficultés méthodologiques parfois insolubles. On comprend vite qu’il est facile de faire une expérience de quelques mois en pots. Mais il est beaucoup plus difficile de déterminer l’effet réel des vers, dans la nature, sur le long terme, par exemple sur des arbres ou sur la production de blé au bout de plusieurs cycles de culture. Pour cela, il faudrait maintenir des parcelles de sol avec des vers et d’autres sans vers pendant une longue période, ce qui est très difficile. Une solution alternative serait de faire tourner des modèles mathématiques.</p>
<p>Enfin, une question de recherche supplémentaire concernant les vers, complètement ouverte, est liée à l’évolution darwinienne de ces organismes. Au cours de leur évolution, les vers se sont adaptés à vivre dans les sols et à se nourrir de matière organique morte. Mais, indépendamment de ces évolutions « de base », potentiellement favorables aux plantes, la sélection naturelle a-t-elle sélectionné spécifiquement chez les vers des mécanismes leur permettant d’améliorer la croissance des plantes ? Cela pourrait être le cas de ceux faisant intervenir les phyto-hormones…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110385/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Barot a reçu des financements de l'ANR. </span></em></p>On sait que les vers de terre aèrent les sols, mais ces humbles travailleurs agissent de bien d'autres façons pour faire pousser les plantes.Sébastien Barot, Chercheur en écologie, IEES-Paris, vice-président du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1116882019-02-21T23:11:12Z2019-02-21T23:11:12ZSurpêche et changement climatique : la Méditerranée et la mer Noire en première ligne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260186/original/file-20190221-195873-ka8dza.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vente de sardines sur le Vieux-Port, à Marseille en 2014. </span> <span class="attribution"><span class="source">Sylvie Bredeloup/IRD</span></span></figcaption></figure><p><em>À l’occasion des <a href="https://www.ird.fr/contenu/lird-celebre-ses-75-ans">75 ans de l’Institut de recherche pour le développement</a> (IRD), nous publierons tout au long de l’année une série d’articles mettant en avant les travaux des scientifiques dans le domaine de la « science de la durabilité ». Ou comment la recherche peut contribuer à un développement aussi durable que possible. Cet article copublié avec la <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/">Fondation pour la recherche sur la biodiversité</a>.</em></p>
<hr>
<p>À mesure que les émissions de gaz à effet de serre augmentent, les températures des océans augmentent de concert. Du plancton aux oiseaux, en passant par les poissons, ce phénomène modifie significativement toutes les composantes des écosystèmes marins.</p>
<p>Un des effets les plus documentés de ce réchauffement concerne la migration des espèces vers les pôles : elle se traduit par une diminution de la biodiversité marine dans la zone intertropicale. Mais de nombreux autres facteurs influent sur les communautés d’espèces, comme leur exploitation non durable par la pêche, par exemple.</p>
<p>La surexploitation est responsable d’impacts négatifs sur les populations de poissons, dont la diminution d’abondance peut avoir une incidence négative sur les oiseaux marins, comme le montrent plusieurs études (en <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00056/16770/14307.pdf">2011</a> et en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982218314180">2018</a> par exemple).</p>
<p>Une proportion croissante des populations de poissons – un tiers des populations pêchées en 2015 – est ainsi surexploitée, tandis que 60 % sont exploitées à leur maximum de production, selon les <a href="http://www.fao.org/3/i9540fr/I9540FR.pdf">données</a> les plus récentes de la FAO ; seules 7 % des populations sont sous-exploitées.</p>
<p>Or, l’océan reste une source essentielle d’approvisionnement en protéines pour des millions de personnes dans le monde, en particulier dans les pays en développement et dans les petits États insulaires. Au cours des six dernières décennies, la consommation mondiale de poissons a augmenté plus rapidement que la croissance démographique humaine, et plus rapidement que la consommation de viande.</p>
<h2>Des scénarios pour les écosystèmes marins</h2>
<p>Selon les projections de la FAO et de l’OCDE, la pression de la demande en poissons <a href="http://www.fao.org/3/I9705EN/i9705en.pdf">ne fera qu’augmenter</a> à l’horizon 2030. Il est donc critique de réussir à mettre en place une gestion soutenable des pêches, notamment parce que les impacts négatifs du changement climatique rendent la tâche encore plus complexe : certains modèles prévoient ainsi une diminution de la biomasse des poissons allant <a href="https://www.biorxiv.org/content/early/2018/11/09/467175">jusqu’à 25 %</a> d’ici la fin du siècle, si les émissions de gaz à effet de serre devaient s’intensifier.</p>
<p>Pour estimer les impacts des changements climatiques combinés à ceux des pratiques de pêche actuelles, une équipe de scientifiques dont je fais partie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304380017302661">a étudié neuf écosystèmes</a> marins à l’échelle mondiale, pour lesquels des modélisations de pointe ont pu être développées à haute résolution.</p>
<p>Notre équipe a utilisé ces modèles pour chaque écosystème, et les a utilisés comme autant de laboratoires d’expérimentations virtuelles permettant de tester les impacts de différents scénarios combinés de changement climatique et de pêche.</p>
<p>L’objectif de cette étude est d’apporter un éclairage scientifique à la prise de décisions afin d’adapter les politiques de gestion des pêches au changement climatique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/260147/original/file-20190221-195886-2cyi0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Surveillance des débarquements la pêche industrielle aux Seychelles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thibaut Vergoz/IRD</span></span>
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<h2>Effets en cascade</h2>
<p>Ces recherches pionnières permettent d’étudier des phénomènes extrêmement difficiles à anticiper : en raison des multiples effets en cascade et des rétroactions possibles entre les espèces d’un même écosystème, les effets conjugués du climat et de la pêche sont au premier abord incertains.</p>
<p>Par exemple, si le changement climatique réduit l’abondance des petits « poissons-fourrages », qui nourrissent des prédateurs, et que ces prédateurs sont eux-mêmes des cibles de la pêche, comment les différentes populations vont-elles être impactées ?</p>
<p>Les interactions entre les espèces peuvent, selon les cas, amplifier les effets négatifs de la pêche et du climat, les atténuer ou, au contraire, produire des effets antagonistes, créant de véritables « surprises écologiques ». L’effondrement de la population de sardines au large de la Namibie et son remplacement par des méduses et des gobies est un exemple tristement célèbre d’impacts non anticipés de la surexploitation et du changement climatique (voir à ce sujet deux études, parues en <a href="http://science.sciencemag.org/content/329/5989/333">2010</a> et <a href="https://www.ingentaconnect.com/content/umrsmas/bullmar/2013/00000089/00000001/art00013%3bjsessionid=2p0o9cuikhp45.x-ic-live-02">2013</a>).</p>
<h2>Trois zones très vulnérables</h2>
<p>Il ressort de notre étude comparative qu’il faut s’attendre à davantage de synergies négatives entre la pêche et le changement climatique, notamment dans trois écosystèmes (sur les neuf modélisés) : à savoir, la mer Noire, la Méditerranée et la zone du courant de Benguela, au large de l’Afrique du Sud.</p>
<p>Selon la dernière évaluation de la FAO, la mer Noire et la Méditerranée sont les régions maritimes les plus surexploitées au monde, avec un taux record de 62 % de stocks surexploités. Dans ces deux régions, il est à prévoir que l’état de la biodiversité se dégrade davantage avec le changement climatique, si des mesures de gestion ne tentent pas de changer de cap, notamment en réduisant la pression de pêche.</p>
<p>Dans le Benguela sud, la situation est sensiblement différente. Si la gestion des pêches est davantage précautionneuse dans le cadre d’une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0079661110001205">approche écosystémique</a> des pêches, les impacts du changement climatique et de la pêche diffèrent grandement selon les zones et peuvent créer des situations de surexploitation locale.</p>
<p>En effet, le changement climatique induit depuis plus d’une décennie un déplacement progressif des stocks de petits poissons pélagiques (sardines, anchois) vers l’est de la côte sud-africaine. Et dès à présent, on constate des signes d’épuisement local de ces poissons dans la région du Cap, à l’ouest du pays où, historiquement, les pêcheries de petits pélagiques étaient concentrées. Ces déplacements d’espèces ont des conséquences sur le reste de l’écosystème marin, en particulier sur leurs prédateurs. Ainsi, les populations d’oiseaux, notamment les Fous du Cap et les <a href="https://theconversation.com/young-african-penguins-are-dying-because-they-cant-find-the-fish-they-need-72613">manchots du Cap</a>, s’amenuisent de manière inquiétante.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1090236828878364672"}"></div></p>
<h2>Des effets différents selon les poissons</h2>
<p>Les multiples scénarios que nous avons étudiés dans le cadre de notre projet de recherche montrent des sensibilités différentes des poissons, selon leur place dans l’écosystème, aux effets combinés de la pêche et du climat.</p>
<p>Dans le contexte du changement climatique, les gestionnaires des pêches risquent d’avoir davantage de difficultés à restaurer les stocks surexploités de grands poissons démersaux (vivant au-dessus du fond des mers), tels que la morue ou le merlu, comparativement aux petits poissons pélagiques. Les mesures de gestion visant à la diminution de la pression de pêche sur ces grandes espèces de poissons prédateurs risquent de ne pas atteindre le niveau d’effets positifs attendus.</p>
<p>Ce phénomène s’est produit notamment dans l’un des écosystèmes de notre étude, dans l’est de la Nouvelle-Écosse, au Canada : l’effondrement de la morue et d’autres démersaux constaté au début des années 1990 s’est <a href="http://www.dfo-mpo.gc.ca/Library/324232.pdf">inscrit durablement dans le temps</a> malgré la fermeture de la pêche démersale. On peut aussi citer l’écosystème du Humboldt, au large du Pérou, avec une population de merlus qui ne parvient pas à s’accroître à nouveau malgré un moratoire de 2 ans entre 2002 et 2004. Cet arrêt de la pêche s’est révélé <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S092479630700190X?via%3Dihub">trop court</a> pour produire des résultats probants sur la restauration du stock, avec la conjonction de conditions environnementales <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924796308002960">non favorables</a>.</p>
<p>Pour les petits poissons pélagiques, les synergies négatives entre le changement climatique et la surexploitation augmentent leur risque d’effondrement. Leur position dans la chaîne alimentaire et les écosystèmes les rend très sensibles à un grand nombre de perturbations. Pourtant, on a longtemps considéré que les petits pélagiques étaient résistants à la surexploitation, mais de nombreux exemples d’effondrement de stocks rapportés dans différentes mers du monde remettent en cause cette idée.</p>
<p>Citons ici encore le cas célèbre de la sardine de la côte Namibienne, ou celui de l’anchois de la mer Noire dont l’abondance a <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2017.00110/full">lourdement chuté</a> au tournant des années 1990 du fait notamment de la surpêche. Plus proche de nous, en France, la pêche à l’anchois dans le Golfe de Gascogne a dû cesser entre 2005 et 2010, le temps que la biomasse retrouve un niveau suffisant.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/260148/original/file-20190221-195857-1le96a7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Banc de thons à nageoires jaunes dans l’océan Indien.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marc Taquet/IRD/Ifremer/</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Réviser les politiques de pêche</h2>
<p>À la lumière des résultats de nos travaux, les mesures de restauration des stocks de poissons, qui incluent la baisse de l’effort de pêche, l’instauration d’aires marines protégées ou la mise en place de moratoires saisonniers ou pluriannuels de pêche, doivent être révisées dans le contexte du changement climatique qui interagit avec les impacts de la pêche.</p>
<p>À l’aune du changement climatique, certains principes de précaution concernant les politiques de pêche pourraient ainsi être établis, s’appuyant sur les deux résultats suivants :</p>
<ul>
<li><p>Quelle que soit la stratégie de pêche considérée dans cette étude, les risques de synergies négatives avec le changement climatique sont plus importants pour les espèces à la base de la chaîne alimentaire, que sont les petits pélagiques. Cela signifie qu’en augmentant l’effort de pêche sur ces poissons, il faut s’attendre à des impacts négatifs plus prononcés que ceux prévus par les modèles classiquement utilisés en gestion des stocks de poissons.</p></li>
<li><p>Lorsque des mesures spécifiques sont mises en place pour réduire l’impact de la pêche sur les espèces au sommet de la chaîne alimentaire que sont les grands démersaux, il faut s’attendre à une reconstruction des stocks plus lente que prévu par les modèles classiques.</p></li>
</ul>
<hr>
<p><em>Pour aller plus loin : <a href="https://lemag.ird.fr/fr">lemag.ird.fr</a>. Hélène Soubelet, Jean‑François Silvain, Hugo Dugast, Julie de Bouville, de la <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/">FRB</a>, et Agnès Hallosserie, de l’<a href="https://www.ipbes.net/">IPBES</a>, ont participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111688/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yunne Shin a reçu des financements de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). </span></em></p>Comment évaluer pour les prévenir les effets conjugués de la hausse des températures et des pratiques de pêche non durables ? Un projet de recherche a identifié des zones particulièrement vulnérables.Yunne Shin, Chercheuse en écologie marine, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1115832019-02-19T23:39:18Z2019-02-19T23:39:18ZBarrages et réservoirs : leurs effets pervers en cas de sécheresses longues<p>Les vagues de chaleur et de sécheresse <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/08/09/de-nouvelles-fortes-chaleurs-s-annoncent-accentuant-la-secheresse_6137624_3244.html">sans précédent en France</a> et plus largement en Europe continentale, avec une succession d'incendies et assèchement des nappes phréatiques seront, selon les projections des hydrologues, de plus en plus fréquentes, voire la <a href="https://www.ouest-france.fr/meteo/secheresse/entretien-la-secheresse-une-nouvelle-norme-a-integrer-selon-l-hydrologue-agnes-ducharne-68a1f104-17cc-11ed-b983-aa206fd41485">« nouvelle norme »</a>. Ces phénomènes, qui s'accélèrent, sont par ailleurs constatés dans différentes régions du monde.</p>
<p>On entend par sécheresse un déficit en eau par rapport à une situation normale : elle peut se traduire par le niveau des précipitations, de l’eau du sol ou des débits. On parle alors de sécheresses météorologiques, agronomiques ou hydrologiques, les trois pouvant se produire en même temps, mais ayant souvent une dynamique propre.</p>
<p>Ces phénomènes sont directement impactés par le dérèglement climatique, et on anticipe dans le futur des sécheresses plus fréquentes, plus étendues et plus intenses sur une <a href="https://quoidansmonassiette.fr/resume-rapport-ipcc-giec-consequences-dun-rechauffement-planetaire-de-15c/">grande partie du globe</a>, et tout particulièrement en <a href="https://quoidansmonassiette.fr/resume-rapport-ipcc-giec-consequences-dun-rechauffement-planetaire-de-15c/">France</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/rG1k_j6gmhE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un million de poissons retrouvés morts dans le sud-est de l’Australie. Le gouvernement attribue cette hécatombe à la sécheresse. Mais, selon des universitaires australiens, cette surmortalité serait surtout due à la surexploitation de l’eau. (Le Monde/YouTube, 2019).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Stocker de l’eau contre la sécheresse</h2>
<p>Pour lutter contre les sécheresses, le <a href="https://actu.fr/bourgogne-franche-comte/dessia_39195/agriculture-initier-stockages-deau-eviter-secheresses_19244929.html">stockage de l’eau</a> est souvent prôné comme une solution. L’idée est de faire des réserves avec l’eau disponible en périodes pluvieuses (hiver) afin d’en conserver pour des usages ultérieurs (en été).</p>
<p>Cela se traduit notamment par la volonté de construire des barrages ou réservoirs, comme l’indiquent les <a href="https://ged.fne.asso.fr/silverpeas/LinkFile/Key/00d6f197-a132-468e-8725-7ebc50fe71aa/Rapportcelluleexpertiseprojetsterritoiresjuin2018.pdf">projets dits de territoires</a>, visant à stocker de l’eau et à la partager dans une même zone.</p>
<p>Le monde compterait plus de <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1890/100125">16 millions de barrages</a>, totalisant une capacité de stockage estimée entre <a href="http://science.sciencemag.org/content/320/5873/212">7 000 et 10 000 km³</a>. Soit 2 à 3 fois les volumes d’eau contenus dans les <a href="http://science.sciencemag.org/content/313/5790/1068.short">rivières du globe</a>.</p>
<p>Les quantités stockées ont fortement augmenté depuis le début du XX<sup>e</sup> siècle, afin de répondre à une demande croissante d’eau pour les activités humaines. Cela a permis d’étudier l’impact de ces retenues, à la fois sur la ressource et sur la demande, et d’identifier des conséquences sur l’occurrence de sécheresses.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=238&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=238&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=238&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=299&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=299&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258495/original/file-20190212-174883-5ho2zi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=299&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution du niveau du réservoir Santa Juana sur le bassin du Huasco au Chili. Les niveaux de crise sont indiqués en pointillés. À droite, une photo prise en 2014 au moment de la sécheresse pluriannuelle débuté en 2008.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Huasco Departmento Técnico, 2014</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En stockant de l’eau durant les périodes d’abondance pour en favoriser l’usage lors des périodes de basses eaux, les retenues permettent de réduire l’impact de nombreuses crues et sécheresses.</p>
<h2>Des sécheresses amplifiées par l’activité humaine</h2>
<p>Cette efficacité est toutefois limitée aux <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/2017JD026899">événements peu intenses</a>. De fait, de nombreuses études montrent que l’efficacité des barrages est très réduite pour les sécheresses longues (comme, par exemple, dans la <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2008WR007198">péninsule ibérique</a>, en <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.jhydrol.2014.10.059">Autriche</a> ou aux <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/2017JD026899">États-Unis</a>).</p>
<p>Au Nord de la Chine, durant les 30 dernières années, les <a href="https://www.hindawi.com/journals/amete/2016/5102568/abs/">activités humaines</a> ont amplifié la sévérité et la durée des sécheresses – certaines durant jusqu’à plus de deux ans. En Espagne, l’analyse des sécheresses <a href="https://www.hydrol-earth-syst-sci.net/17/119/2013/hess-17-119-2013.pdf">entre 1945 et 2005</a> a mis en évidence que les épisodes secs les plus sévères et les plus longs avaient lieu sur les bassins les plus régulés par la présence de barrages. Cela conduit en outre à un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214581817300368">renforcement des sécheresses</a> à l’aval des bassins.</p>
<p>Il apparaît ainsi que la création de grands volumes de stockage d’eau pour l’irrigation ne permet pas d’assurer une alimentation en eau <a href="https://www.int-res.com/abstracts/cr/v58/n2/p117-131/">lors des longues sécheresses</a>, du fait à la fois de la difficulté à remplir les barrages et d’un usage de l’eau supérieur à la ressource.</p>
<h2>Le cercle vicieux de la dépendance à l’eau</h2>
<p>L’amplification des sécheresses par les activités humaines est si marquée qu’a émergé la notion de <a href="https://www.nature.com/news/water-and-climate-recognize-anthropogenic-drought-1.18220">sécheresse « anthropique »</a> : elle implique uniquement les épisodes secs dus aux prélèvements et à la gestion par des réservoirs, indépendamment des conditions climatiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=248&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=248&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258720/original/file-20190213-181619-17amihs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=248&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schématisation de l’occurrence de sécheresse induite par des conditions climatiques seules (en jaune), par les activités humaines (prélèvements) seules (en foncé), et par la combinaison des deux. Dans ce cas, la sécheresse se produit quand le niveau d’eau est inférieur au seuil tracé en bleu. L’attribution des sécheresses est réalisée en comparant le niveau observé (trait continu) à un niveau simulé dans des conditions naturelles, sans activité humaine, en pointillé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://dx.doi.org/10.1038/ngeo2646">« Drought in the Anthropocene », _Nature Geoscience_, volume 9, pages 89–91 (2016)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette notion de sécheresse induite par l’homme est particulièrement bien illustrée par les cas emblématiques de grands lacs, comme la <a href="http://science.sciencemag.org/content/241/4870/1170">mer d’Aral</a> et le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0380133014002688">lac Urmia</a> en Iran, qui s’assèchent car l’eau des rivières alimentant ses lacs est détournée pour des usages humains.</p>
<p>Il ne s’agit pas que d’une fatalité, liée à un besoin en eau, mais <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-018-0159-0">d’un cercle vicieux</a> : un déficit en eau – c’est-à-dire un usage de l’eau supérieur à la ressource – conduit à des dégâts socio-économiques et génère une pression pour créer de nouveaux stocks d’eau : on augmente alors les réservoirs et les volumes stockés.</p>
<p>Mais ce gain de réserves est en fait compensé par une augmentation des usages : par exemple, l’augmentation des surfaces irriguées ou la croissance démographique qui élève la consommation en eau potable. Ces évolutions sont aggravées par des facteurs climatiques qui évoluent. De nouveaux déficits en eau apparaissent alors, et avec eux d’autres dégâts socioéconomiques.</p>
<p>Plutôt que de développer des stratégies de réduction des consommations, on induit une dépendance accrue aux infrastructures d’approvisionnement en eau : ce qui renforce la vulnérabilité et les dégâts économiques en cas de pénurie d’eau.</p>
<p>Or, le changement climatique implique de façon quasi-certaine la multiplication de ces carences.</p>
<h2>Réduire la consommation pour affronter les sécheresses</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=679&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=679&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258500/original/file-20190212-174864-48zeh5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=679&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de la façon dont l’approvisionnement en eau peut aggraver le manque d’eau : la figure représente, en bleu, le cycle offre-demande, en marron, l’influence des pressions socio-économiques, et en rose, la croissance de la dépendance et de la vulnérabilité liée à la confiance dans l’approvisionnement et au déficit d’adaptation.</span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.jhydrol.2014.10.047">Des études s’intéressent</a> spécifiquement aux impacts de la gestion de l’eau sur les futures sécheresses à l’échelle globale. Mais elles n’intègrent pas ce mécanisme de cercle vicieux, et anticipent donc un nombre de réservoirs constant dans le temps. Seuls les volumes pour l’irrigation varient en fonction du climat. Dans ce contexte, qui ne tient pas compte de l’évolution des besoins en eau potable, les <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1029/2017JD027825">aménagements humains</a> permettront de réduire de 10 % la hausse des sécheresses agronomiques, c’est-à-dire, le déficit d’eau dans les sols, mais conduiront à une augmentation de 50 % de l’intensité des sécheresses en rivière.</p>
<p>La multiplication des retenues d’eau nuit à leur fonctionnalité, en limitant leur capacité de <a href="https://www.hydrol-earth-syst-sci.net/18/4207/2014/">remplissage</a>, puisqu’elles sont plus nombreuses à partager une même ressource limitée. Même si ces réservoirs ne font pas l’objet de prélèvement pour des activités humaines, ils connaissent des <a href="http://journals.ametsoc.org/doi/abs/10.1175/BAMS-D-15-00224.1">pertes par évaporation</a>, ce qui <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969718322642">réduit la ressource en eau</a>.</p>
<p>Ces facteurs sont particulièrement aggravés lors de sécheresses longues, événements malheureusement voués à devenir plus fréquents dans le contexte du dérèglement climatique. Toutes les actions de réduction de la consommation en eau seront bénéfiques pour diminuer notre vulnérabilité lors de ces événements.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111583/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Habets ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le stockage de l’eau dans des réservoirs est aujourd’hui la principale réponse aux sécheresses : elle n’est pourtant pas toujours efficace voire peut accroître la dépendance à l’eau.Florence Habets, Directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie, professeure, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1078572018-12-02T20:44:34Z2018-12-02T20:44:34ZPour lutter contre le changement climatique, inspirons-nous de Linux !<p>Les différentes COP (pour « Conférences des parties »), dont la 24<sup>e</sup> édition s’est ouverte ce dimanche à Katowice en Pologne, ont permis des avancées majeures en termes d’action collective autour du changement climatique. Mais les dispositifs intergouvernementaux, aussi indispensables soient-ils, ne pourront à eux seuls résoudre la question climatique. Longtemps objet scientifique, aujourd’hui sujet politique, la protection du climat est plus que jamais l’affaire de tous.</p>
<p>De quels leviers disposons-nous pour rendre cette complexité intelligible et cette entreprise humaine possible ?</p>
<h2>« Tout commentaire sera le bienvenu, tout apport aussi »</h2>
<p>Lorsque Linus Torvalds, étudiant finlandais de 21 ans, se lance dans le projet fou de développer <a href="https://www.learnlinux.ie/content/linus-torvalds-original-announcement-usenet">son propre système d’exploitation</a> pour son micro-ordinateur 386, c’est par jeu et pour défier les systèmes propriétaires de Microsoft et d’Apple, coûteux et complexes. En 1991, il poste un noyau de code et lance un appel à contribution. Linux devient en quelques années l’une des plus grandes réalisations communautaires du logiciel libre.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/247934/original/file-20181129-170229-ng04yi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le post de Linus Torvald qui fit naître l’aventure Linux.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.learnlinux.ie/content/linus-torvalds-original-announcement-usenet">Learn Linux</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est le prototype de la <a href="http://blogfr.p2pfoundation.net/2017/06/17/pair-a-pair-nouveau-modele-de-societe-centre-communs/">production par les pairs</a>, qui a donné naissance à un paradigme social ayant inspiré de nombreux projets collaboratifs, dont Wikipedia ou encore les revues scientifiques en libre accès telles que <a href="http://www.economics-ejournal.org/"><em>Economics</em></a> ou <a href="https://journals.openedition.org/geocarrefour/"><em>Géocarrefour</em></a>.</p>
<p>Le processus de construction collaborative s’étend bien au-delà du numérique : la démarche constitue un renouveau social que les anglophones désignent sous le terme de <em>commoning</em> (« faire commun »). Popularisé par l’historien <a href="http://www.utoledo.edu/al/history/faculty/plinebaugh.html">Peter Linebaugh</a>, ce concept nous autorise à un apprentissage par expérimentation et un processus d’essais et d’erreurs collectifs, mis en avant par la politologue <a href="https://blog.mondediplo.net/2012-06-15-Elinor-Ostrom-ou-la-reinvention-des-biens-communs">Elinor Ostrom</a>.</p>
<p>Qu’en est-il de la protection du climat ? Quelle communauté est à même de la décréter et de la pratiquer ?</p>
<h2>Un savoir sous tutelle scientifique</h2>
<p>On ne s’improvise pas climatologue ou glaciologue. Ce sont donc d’obscurs modèles globaux et de bien complexes travaux académiques qui sont les vecteurs d’alerte des décideurs et de l’opinion publique.</p>
<p>Dès 1972, la publication de <a href="https://collections.dartmouth.edu/teitexts/meadows/diplomatic/meadows_ltg-diplomatic.html"><em>The Limits to growth</em></a> (aussi appelé « rapport Meadows ») par une équipe de scientifiques du Massachusetts Institute of Technology, met déjà en avant la <a href="https://theconversation.com/la-collapsologie-est-elle-une-science-87416">possibilité d’effondrement</a> du système planétaire sous la pression de la croissance industrielle et démographique.</p>
<p>En 1988, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est créé. Son dernier rapport <a href="http://ipcc.ch/report/sr15/">publié en octobre 2018</a>, synthèse de 6 000 articles scientifiques, est sans appel. Le changement climatique affecte déjà nos écosystèmes et les populations partout dans le monde. Limiter nos émissions est donc une nécessité et il est urgent d’amorcer une transition rapide et d’une ampleur sans précédent dans toute la société et dans tous les secteurs.</p>
<p>C’est sur la base de cette connaissance que les processus politiques internationaux se sont mis en route.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1067742724638605312"}"></div></p>
<h2>Les prémices du changement, la voie politique</h2>
<p>Dès 1988, « l’évolution du climat » et ses effets négatifs sont qualifiés par les États de « préoccupation commune de l’humanité ». L’Accord de Paris de 2015, résultat d’un processus politique sans précédent, vient consolider cette position. Cette qualification renvoie à la nature vitale du climat pour l’humanité et donc à l’importance de l’action ; à sa nature globale et donc à l’importance de la coopération ; à la nécessité de l’action collective et donc à l’importance de l’universalité de l’action.</p>
<p>L’invocation du commun traduit ici un besoin de dépassement des logiques individuelles au profit d’une cause supérieure. Ce dépassement a ses limites car la responsabilité de protéger le climat est différenciée.</p>
<p>Cette formule est commode : elle légitime l’action collective des États, tout en s’assurant que les implications juridiques associées restent limitées. L’insuffisance des contributions à la lutte contre le réchauffement prévues par les pays au regard des objectifs de l’Accord de Paris en <a href="https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/climat-des-contributions-nationales-encore-loin-d-atteindre-les-2-c-143907.html">témoigne</a> aujourd’hui. Il faut donc voir dans cette référence davantage un point de départ qu’un point d’arrivée.</p>
<h2>Un bien commun global, entendre la voix de tous</h2>
<p>La préservation du climat est en passe de devenir un bien commun global. Il ne s’agit pas ici d’un glissement sémantique : les efforts, traditionnellement portés par la communauté internationale, s’ouvrent à l’humanité. On passe ainsi d’acteurs étatiques aux individus et groupes, quelle que soit leur appartenance nationale. On ne s’inscrit plus uniquement dans le présent et l’actuel, on se projette dans le futur, en incluant les générations de demain.</p>
<p>Avec le <a href="https://talanoadialogue.com/">dialogue Talanoa</a> – instauré à la COP23 en référence à cette tradition du Pacifique de dialogues participatifs et transparents pour prendre des décisions collectives –, entreprises, villes, société civile, citoyens, nous devenons tous les artisans du climat.</p>
<p><a href="http://amp.dw.com/en/four-climate-change-lawsuits-to-watch-in-2018/a-42066735">Par la protestation</a>, notamment, comme aux Pays-Bas où les autorités publiques ont été récemment enjointes de <a href="https://theconversation.com/larret-urgenda-un-espoir-face-a-linertie-des-politiques-climatiques-105869">renforcer leur politique</a> de lutte contre les émissions de GES sur la demande d’une fondation et de quelques 886 citoyens. Aux États-Unis, où une action a été jugée recevable par la <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/climat-justice-plainte-politique-americaine-USA-Trump-27854.php4">Cour de district de l’Oregon fin 2016</a>, alors qu’elle était menée par des enfants de 8 à 20 ans, agissant au nom des générations futures, pour faire reconnaître la responsabilité de l’administration Obama pour défaillance dans la lutte contre les émissions de GES.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"846056255877758981"}"></div></p>
<p>Par l’action aussi. Les dispositifs planétaires, comme les COP, ne pourront à eux seuls résoudre la question climatique. La construction de nouvelles utopies collectives, locales, porteuses de modes de vie durables, est ainsi devenue aussi indispensable qu’urgente. L’ensemble de ces initiatives forme le noyau d’une gouvernance climatique qualifiée par <a href="https://laviedesidees.fr/Elinor-Ostrom-par-dela-la-tragedie-des-communs.html">Elinor Ostrom de « polycentrique »</a>. Ces réponses multiples et variées participent au processus apprenant du changement climatique permettant de faire émerger une cohérence globale de l’action.</p>
<h2>D’une science à un savoir du climat</h2>
<p>Les connaissances ne prennent sens qu’en se partageant et en étant reprises et modifiées par leurs usagers. La science climatique a permis de construire des diagnostics et des modèles globaux complexes, qui restent illisibles pour nombre d’entre nous. L’humanité peut-elle devenir une communauté apprenante et développer un savoir du climat, plus horizontal et multiforme ?</p>
<p>L’expérience Linux nous est précieuse car une piste consiste en la création et la production de connaissances en mode ouvert et intégrant. Des initiatives émergent autour du climat : la plate-forme du <a href="https://talanoadialogue.com/">dialogue Talanoa</a>, les <a href="https://www.paris.fr/actualites/volontaires-du-climat-a-paris-on-agit-1000-volontaires-reunis-a-l-hotel-de-ville-6142">Volontaires du Climat à Paris</a>, <a href="https://alternatiba.eu/">Alternatiba</a>, le <a href="https://transitionnetwork.org/">mouvement des villes en transitions</a>, etc.</p>
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<figcaption><span class="caption">« J’peux pas, j’ai climat », une vidéo de mobilisation lancée en novembre 2018 par des YouTubeurs et des personnalités belges. (Le Biais Vert/YouTube).</span></figcaption>
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<p>Ces dernières partent de l’hypothèse suivante : nous sommes tous concernés par le changement climatique, nous sommes tous légitimes pour agir à toutes les échelles territoriales, nous sommes tous artisans d’un savoir commun autour du climat. Tel Linus Torvalds voyant arriver de nombreux développeurs participant à son projet, l’humanité bénéficiera des apports de chacun dans la construction d’un savoir autour d’une trajectoire de transition bas carbone et résiliente.</p>
<p>Cette construction par les pairs de la transition met en exergue sa nature protéiforme et polycentrique. La prise en compte des différentes échelles territoriales, et donc de leurs spécificités, ancrera la transition dans la réalité sociale et institutionnelle de chacune de ces échelles. La mise en œuvre des réponses aux défis climatiques, ancrés dans ces réalités, participera à un processus transformatif écologique global, traduisant les chiffres scientifiques en mots et les mots en actions. La transition sera aussi sociale et institutionnelle, ou ne sera pas, faute de cohésion autour de sa réalisation.</p>
<p>Nous le voyons, les défis climatiques sont immenses et la tâche semble presque impossible mais l’expérience des communs nous propose une approche. Il n’est pas nécessaire de construire la réponse unique et universelle à ce problème complexe, le simple fait de commencer à traiter la question en communauté dessine déjà une trajectoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/107857/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Godin a reçu des financements de MISTRA. Il est membre du Centre d’économie de l’Université de Paris Nord (CEPN). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stéphanie Leyronas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dispositifs intergouvernementaux comme la COP24 ne pourront à eux seuls résoudre la crise climatique. La protection du climat est plus que jamais l’affaire de tous.Stéphanie Leyronas, Chargée de recherche sur les communs, Agence française de développement (AFD)Antoine Godin, Économiste-modélisateur, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1066472018-11-23T00:52:12Z2018-11-23T00:52:12ZMettre la sauvegarde des récifs coralliens à la portée des enfants<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/245592/original/file-20181114-194503-1sj4x6w.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C5%2C1276%2C823&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Atelier organisé en 2016 à Nouméa autour d’un jeu de cartes pour apprendre à connaître les récifs coralliens.</span> <span class="attribution"><span class="source">Catherine Sabinot/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les récifs coralliens sont les écosystèmes marins les plus riches et les plus productifs de la planète. Ils comptabilisent, en incluant les zones côtières auxquelles ils sont associés, plus de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X12000641">25 % des espèces marines</a> recensées pour moins de 0,1 % de la surface des océans – soit 600 000 km<sup>2</sup>, la taille de la France métropolitaine. Situés en zone intertropicale, 10 % d’entre eux se trouvent <a href="http://ifrecor-doc.fr/items/show/1032">dans les outremers français</a>.</p>
<p>À la base des récifs coralliens, on trouve le polype, animal de quelques millimètres qui a su édifier au fil des millénaires des constructions visibles de l’espace !</p>
<p>Les récifs coralliens jouent un rôle essentiel : d’un point de vue écologique, ils régulent les équilibres physico-chimiques du milieu marin, constituent les principaux puits de carbone des océans et protègent les côtes de l’érosion causée par les vagues. Sur le plan socio-économique, ils constituent à travers la pêche et le tourisme une source considérable de nourriture et de revenus.</p>
<h2>L’inquiétante dégradation des récifs</h2>
<p>Face à la dégradation des récifs coralliens ces dernières décennies, l’année 2018 a été déclarée <a href="http://www.ird.fr/la-mediatheque/dossiers-thematiques/les-recifs-coralliens-a-l-honneur">« année internationale des récifs coralliens »</a>, afin d’interpeller sur l’un des écosystèmes les plus menacés de la planète.</p>
<p>Plusieurs grandes causes expliquent leurs dégradations à l’échelle mondiale, en particulier la croissance démographique et le développement socio-économique sur les zones littorales. Ces deux phénomènes s’accompagnent souvent de surpêche, de pollution marine ou encore de maladies coralliennes. Le développement urbain entraîne une fragilisation des sols, pouvant provoquer des arrivées massives de terre qui vont sédimenter sur les récifs. On peut également observer une eutrophisation des eaux récifales, c’est-à-dire leur enrichissement en sels nutritifs provenant des eaux usées, de l’agriculture ou de l’élevage.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=510&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=640&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=640&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/246012/original/file-20181116-194509-ums00y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=640&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Blanchissement du corail en Nouvelle-Calédonie (2016).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean‑Michel Boré/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces perturbations anthropiques rendent ces zones beaucoup plus sensibles aux effets du changement climatique, à savoir le réchauffement et l’acidification des océans. L’ensemble de ces modifications a un impact significatif sur le bien-être et les moyens de subsistance de plus de <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.487.5715&rep=rep1&type=pdf">500 millions de personnes</a> dans le monde. Les pays du Sud, principalement, dépendent directement de ces écosystèmes et des biens et services qu’ils fournissent.</p>
<h2>Le récif corallien entre nos mains</h2>
<p>La gestion des récifs coralliens est donc essentielle sur les plans écologique et social, notamment à travers la mise en place d’aires marines protégées et la sensibilisation des citoyens à l’impact de nos actions sur l’écosystème marin.</p>
<p>Pour cela, il est nécessaire de bien connaître ce milieu, complexe par sa nature : la bioconstruction que réalisent les coraux offre des habitats à de multiples organismes – vertébrés, invertébrés, faune et flore micro et macroscopique. Le récif corallien est par ailleurs en forte interaction avec l’espèce humaine. Des approches alliant sciences naturelles et sociales sont donc indispensables pour appréhender la complexité de ce socioécosystème.</p>
<p>Partant de ce constat, nous avons développé il y a une dizaine d’années la <a href="http://www.icriforum.org/sites/default/files/ICRIGM31_Theme5_MARECO.pdf">mallette pédagogique « Mareco »</a> (« Le récif corallien entre nos mains »), avec l’aide d’une éducatrice, d’une artiste de la nature, d’une graphiste et d’une enseignante d’école primaire.</p>
<p>Le but de la mallette était de mettre les résultats de nos recherches au service de la sensibilisation et de l’éducation des jeunes générations à la biodiversité des récifs, à la perturbation des écosystèmes coralliens et à la nécessité d’une gestion concertée.</p>
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<h2>Polly le polype</h2>
<p>Développée à la base en version bilingue français-anglais, cette mallette contient trois jeux pédagogiques adressés à des enfants de 5 à 11 ans, voire plus. Un album de collage-coloriage introduit Polly, le polype, qui emmène les enfants à la découverte de son milieu de vie. Le récif corallien est présenté sous différents aspects : sa richesse, sa fragilité, les perturbations qu’il subit et sa conservation.</p>
<p>Un jeu de sept familles permet de découvrir la biodiversité du récif corallien grâce à des groups amusants – Miam-miam, Patouche, Collé-serré, Tromoche… Les six membres de la famille sont les algues, les cnidaires – famille des méduses –, les échinodermes – famille des étoiles de mer –, les mollusques, les crustacés et les vertébrés : ils permettent de découvrir de façon ludique les espèces associées aux écosystèmes coralliens.</p>
<p>Enfin, un jeu de plateau met en scène quatre usagers du récif corallien : le pêcheur, le touriste, le gestionnaire et le riverain. Tous ont pour but d’atteindre l’île centrale sans détruire le récif corallien ; les joueurs doivent s’entraider et prendre conscience qu’une gestion efficace reste basée sur la concertation entre les différents acteurs.</p>
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<span class="caption">La mallette Mareco se compose de trois jeux destinés aux enfants de 5 à 11 ans et d’un livret pédagogique pour les enseignants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<span class="caption">Les enfants apprennent à coopérer entre joueurs pour préserver le récif corallien (Thio, Nouvelle-Calédonie, 2016).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Catherine Sabinot/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<span class="caption">Chez les enfants, les représentations du milieu marin varient en fonction des expériences directes ou indirectes liées aux récifs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Dessine-moi le récif</h2>
<p>La sensibilisation aux récifs coralliens n’est pas la mission première du chercheur : bien que la valorisation des produits de la recherche soit un aspect important de son métier, nous tenions à ce que ces investissements scientifiques revêtent une utilité sociale et l’acquisition de nouvelles connaissances. Nous avons donc incorporé la mallette comme outil de recherche dans un programme scientifique.</p>
<p>En 2014, nous avons lancé de nouvelles actions de recherche en sciences naturelles et sociales sur les questions relatives aux représentations des récifs coralliens, dont le programme <a href="http://umr-entropie.ird.nc/index.php/portfolio/projet-reso-ecorail">Reso-Ecorail</a>, basé sur une équipe interdisciplinaire composée de biologistes, d’une ethnoécologiste, d’une biostatisticienne et d’anthropologues de l’environnement.</p>
<p>Il combinait une campagne de sensibilisation utilisant notre boîte à outils, et une approche basée sur des dessins d’enfants pour documenter les connaissances écologiques des enfants, avant et après usage de la mallette. Les enfants devaient réaliser des dessins selon les consignes « Dessine-moi la mer » et « Dessine-moi le récif corallien » – cette dernière étape étant répétée après deux mois d’utilisation de la mallette pédagogique.</p>
<p>Ces actions ont été menées dans différents territoires français – Nouvelle-Calédonie, Réunion, Mayotte, sud de la France – et étrangers (principalement Madagascar). Ils ciblaient des écoles primaires aux contextes sociaux et culturels contrastés – urbain, rural et côtier.</p>
<p>Analysés à l’aide de méthodes statistiques, les dessins ont révélé une diversité de représentations chez les enfants issus de milieux socioculturels et d’écoles différents. Leur relation avec la nature et le milieu marin varie également en fonction des expériences directes et indirectes liées aux récifs. À Madagascar, par exemple, les enfants des villages en milieu côtier révèlent une grande connaissance des ressources marines exploitées, vendues ou consommées par les populations locales.</p>
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<h2>Rapprocher science et éducation</h2>
<p>En comparant les dessins des enfants avant et après l’utilisation de Mareco, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2018.00340/full">nous avons observé</a> que leurs représentations des récifs coralliens avaient significativement évolué. Leur connaissance de la biodiversité des récifs et de leur connexion avec l’environnement, en particulier, avait nettement progressé.</p>
<p>D’après ce constat, l’outil ludique peut donner des résultats très convaincants dans le transfert de connaissances scientifiques aux enfants. Les actions menées sur le terrain ont permis de sensibiliser plus de 500 enfants en milieu scolaire. Elles auront révélé les savoirs et méconnaissances des enfants sur les écosystèmes marins côtiers, pourtant proches de leurs lieux de vie.</p>
<p>Un impact indirect des interventions dans les écoles, mais non le moindre, aura été le rapprochement entre monde scientifique et monde éducatif. Le degré d’investissement et d’appropriation de la mallette par des professeurs des écoles a également joué un rôle primordial.</p>
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<span class="caption">Un enfant dessine une seiche sur le sable à Anakao (Madagascar) en 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Georgeta Stoica/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>D’autres questions de recherche ont depuis émergé et de nouvelles collaborations se dessinent avec des spécialistes des sciences de l’éducation. Nous souhaiterions travailler sur des approches pédagogiques en lien avec les représentations de la nature chez les enfants, mais aussi sur la formation des maîtres à ces thématiques.</p>
<p>Au-delà de la recherche, une prise de conscience par les jeunes générations des défis environnementaux de demain est essentielle pour l’avenir des récifs coralliens. Dans cette optique, les processus d’apprentissage amusants, rigoureux, orientés vers l’action et socialement responsables, contribuent à former les enfants à devenir des citoyens éclairés, engagés dans la durabilité de leur environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106647/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascale Chabanet a reçu dans le cadre de ses recherches à l’IRD des financements de la Fondation de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jocelyne Ferraris a reçu dans le cadre de ses recherches à l’IRD des financements de la Fondation de France. </span></em></p>Retour sur une expérience scientifique et pédagogique, menée dans plusieurs pays, pour sensibiliser par le jeu les enfants à la préservation des récifs coralliens.Pascale Chabanet, Directrice de recherche, spécialiste des récifs coralliens, Institut de recherche pour le développement (IRD)Jocelyne Ferraris, Directrice de recherche en biostatistique appliquée à l’écologie marine, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/999672018-07-16T19:23:33Z2018-07-16T19:23:33ZUne science interdisciplinaire au service du développement durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/227816/original/file-20180716-44088-3u8zcp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C3988%2C2994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le développement durable : un enjeu scientifique à l'interface detoutes les disciplines</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/pF_2lrjWiJE">Gustavo Quepon / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>En 1987 le <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/sites/odyssee-developpement-durable/files/5/rapport_brundtland.pdf">rapport Brundtland</a> définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ».</p>
<p>Toutes les disciplines scientifiques se sont emparées de cette définition. Les chercheurs se sont attachés à comprendre, dans leur domaine d’expertise (écologie, sciences de la terre, économie, etc..), les processus et les déterminants qui contribuent au développement durable. En dépit d’une abondante production de connaissances de qualité, une approche en silo, cantonnée dans chacun de ces domaines scientifiques ne pouvait pleinement apporter des solutions adaptées aux besoins du présent et du futur.</p>
<p>Les années 2000 ont été une période charnière. Elles ont vu émerger l’importance de mieux comprendre la dynamique des interactions entre sociétés et écosystèmes planétaires pour pleinement répondre aux besoins du présent et anticiper les évolutions futures.</p>
<p>Vingt-huit ans après le rapport Brundtland, les <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">Objectifs du développement durable</a> (ODD), adoptés par les Nations unies fin 2015, ont fixé un nouveau cadre politique. Dix-sept objectifs, 169 cibles sont l’illustration de l’ambition affichée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227804/original/file-20180716-44085-1libfgo.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">ONU</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Quelle place pour les sciences ?</h2>
<p>Ce cadre politique pose la question de la place de la connaissance, et en particulier de la connaissance scientifique, dans cet agenda. Oui la connaissance scientifique doit s’organiser pour alimenter les décisions politiques. La connaissance scientifique doit également apporter une expertise critique des actions pour atteindre ces ODD.</p>
<p>Elle doit éclairer les synergies, mais aussi les contradictions potentielles, dans la mise en œuvre de ces différents ODD. Par exemple doubler, en 2030, la production agricole (ODD 2, Cible 2.3) ne doit pas se faire au détriment d’une gestion durable des ressources naturelles (ODD 12 ; cible12.2) et/ou au prix d’une dégradation des terres aggravée (ODD15 : cible 15.3).</p>
<p>Contrairement à ce qui s’est produit entre 2000 et 2015, le progrès dans la lutte contre la pauvreté absolue (ODD 1) doit cesser de se faire au prix d’une aggravation sans précédent des inégalités entre les groupes sociaux à l’intérieur de chaque pays, dont la réduction fait justement l’objet de l’ODD 10.</p>
<p>Pour une science du développement durable (<em>sustainability science</em>) la communauté scientifique ne doit pas rester enfermée dans le traditionnel débat « science fondamentale versus science appliquée », et construire ce que certains auteurs ont appelé un « nouveau contrat social pour la science » : une science qui se mobilise pour se mettre au service des problèmes que rencontre la société, et produire les technologies qui permettent un développement durable.</p>
<p>Pour y parvenir, science fondamentale et science appliquée ne doivent pas s’exclure, mais s’alimenter. Elles sont les « deux faces d’une même pièce ». Le quadrant de Pasteur illustre cette nécessaire complémentarité entre les développements de la science fondamentale productrice de connaissances « génériques » et ceux de la science appliquée productrice de réponse immédiate à des besoins du moment.</p>
<p>La réponse aux besoins du présent et du futur doit se construire sur des évidences scientifiques génériques. C’est la voie à suivre pour comprendre les mécanismes d’interactions entre nature et sociétés, entre les échelles globales et locales.</p>
<h2>Vers un champ scientifique interdisciplinaire</h2>
<p>La nécessité d’un nouveau champ scientifique interdisciplinaire est reconnue depuis les années 2000 comme prioritaire par la prestigieuse National Academy of Sciences des États-Unis. Elle définit cette « sustainability science » comme s’intéressant aux dynamiques temporelles et spatiales des systèmes complexes et se focalisant sur les interactions entre sociétés et environnements. Elle incite les scientifiques à rapprocher leurs connaissances des savoirs des autres acteurs du développement.</p>
<p>Le besoin de promouvoir une science interdisciplinaire n’est pas nouveau. Les analyses des conditions du succès (et des échecs) de sa mise en œuvre sont légion :</p>
<ul>
<li><p>des postures disciplinaires ressenties comme une prise de pouvoir de certains domaines scientifiques sur d’autres</p></li>
<li><p>des attitudes de tolérance des chercheurs de ces différents domaines</p></li>
<li><p>la reconnaissance mutuelle des enjeux d’une coopération bénéfique à tous les acteurs.</p></li>
</ul>
<p>Il y a, dans ce dernier scénario, une évolution des frontières des domaines scientifiques qui peuvent s’inter-féconder. Cependant, il est nécessaire de faire un pas de plus pour dépasser la simple relecture des questions de recherche proposées par chacune des disciplines.</p>
<p>Il s’agit bien d’une nécessaire révision des concepts et des théories (pas uniquement une revisite des questions de recherche). Cette démarche implique une reconnaissance commune et partagée du problème que la science interdisciplinaire souhaite adresser. Il faut créer les conditions qui permettent d’intégrer dans une nouvelle « dimension » différents concepts, théories et méthodologies. Au-delà, cela implique d’élargir la démarche en tenant compte des évolutions sociétales et de ses besoins. Il s’agit donc d’associer les acteurs non académiques impliqués dans le développement durable. L’ancrage dans les territoires (sur le terrain) doit ainsi permettre de conjuguer le développement de fronts de science (générique) et la reconnaissance des problèmes auxquels font face les sociétés dans leur quotidien et dans leur environnement.</p>
<p>Pour la première fois de son histoire, l’assemblée générale des Nations unies a préféré confier, plutôt qu’aux agences onusiennes elles-mêmes, à un groupe de scientifiques indépendants l’évaluation critique des ODD, de façon à faire échapper celle-ci aux habituelles négociations et compromis inter-pays qui caractérisent les institutions multilatérales.</p>
<p>Le premier de ces rapports quadriennaux dits GSDR (pour « Global Sustainable Development Report »), qui se renouvelleront régulièrement jusqu’à l’horizon 2030 fixé aux ODD, est prévu pour septembre 2019. Dans le contexte actuel de crise du multilatéralisme et de l’ordre international, il constitue une rare opportunité pour l’évidence et la rationalité scientifiques d’influencer dans le bon sens les politiques publiques. Encore faut-il que la communauté scientifique sache accélérer ses propres évolutions indispensables pour peser sur les trajectoires effectives de développement tant dans les pays avancés que dans le reste du monde.</p>
<hr>
<p><em>La seconde édition de l’<a href="https://ecoleodd.b2match.io/">école d’été des ODD</a>, organisée par l’IRD et Aix-Marseille Université, du 2 au 7 juillet à Marseille a été l’occasion de débattre de ces enjeux.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99967/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Paul Moatti est membre du groupe d’experts indépendants chargés de rédiger en 2019 le rapport de l’ONU sur le développement durable.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Luc Chotte ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le développement durable transcende les frontières entre les domaines scientifiques. Vers une coopération de tous les champs !Jean-Luc Chotte, Directeur de Recherche, Directeur de la Mission pour la Promotion de l’interdisciplinarité et de l’intersectorialité, Institut de recherche pour le développement (IRD)Jean-Paul Moatti, Président-directeur général, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/939992018-03-29T15:48:45Z2018-03-29T15:48:45ZComme pour le climat, la science est indispensable à chaque objectif du développement durable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/212633/original/file-20180329-189807-rm7vi2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C0%2C2029%2C1134&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À l’Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI), à Nairobi au Kenya.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dfataustralianaid/10665368893/in/album-72157637430496785/">Kate Holt/Africa Practice/DFAT</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le GIEC, qui fête cette année ses 30 ans, a joué un rôle de lanceur d’alerte sur la réalité du réchauffement climatique, le rôle que les activités humaines jouent dans ce phénomène et les dégâts irréversibles qu’il est susceptible de causer.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/le-giec-une-boussole-scientifique-pour-le-climat-93624">Ses rapports à venir</a> seront décisifs pour réaliser l’objectif de l’Accord de Paris visant à limiter à 2 °C d’ici la fin du siècle la hausse moyenne des températures. Voire, celui plus ambitieux, de <a href="https://theconversation.com/a-quoi-va-servir-le-prochain-rapport-special-du-giec-91806">limiter cette hausse à 1,5 °C</a>.</p>
<p>Lancé en 1988, le GIEC incarne un modèle quasi-unique, au plan international, d’articulation entre science et prise de décision. Car il combine une synthèse formalisée et transparente des connaissances existantes, et des incertitudes qui persistent, conduite en toute indépendance par la communauté scientifique, avec un rôle explicite de contribution au processus politique multilatéral des conférences intergouvernementales sur le climat (<a href="https://theconversation.com/cop-50019">les COP</a>).</p>
<p>Il est donc indispensable qu’il continue à disposer des moyens lui permettant de poursuivre ce rôle, en dépit des menaces que le retrait américain de l’Accord de Paris font peser <a href="https://theconversation.com/a-lapproche-de-son-30-anniversaire-le-giec-face-a-un-triple-defi-78724">sur son financement</a>, dont les États-Unis assuraient 45 % jusqu’à présent.</p>
<h2>La nécessité d’un nouveau multilatéralisme</h2>
<p>Il est toutefois illusoire, dans un contexte géopolitique mondial troublé, d’attendre des seuls accords entre gouvernements la mise en œuvre d’objectifs qui heurtent souvent les intérêts économiques.</p>
<p>Cette situation vaut pour la lutte contre le changement climatique mais concerne aussi les 16 autres <a href="http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">objectifs du développement durable</a> (ODD) pour 2030, adoptés en septembre 2015 par les pays membres des Nations unies.</p>
<p>Pour que ces changements s’engagent véritablement, des coalitions d’acteurs transcendant les clivages traditionnels entre secteur public et privé, ainsi qu’un nouveau modèle en rupture avec le droit international classique, doivent être mis en place.</p>
<p>Il s’agit d’inventer une nouvelle forme de multilatéralisme ouvrant une troisième voie entre le productivisme refusant toute prise en compte des limites des ressources planétaires et une décroissance qui interdirait aux populations des pays en développement l’accès aux indispensables améliorations de leur niveau de vie.</p>
<p>Le One Planet Summit, organisé fin 2017 par la présidence française, a montré que de <a href="https://theconversation.com/le-one-planet-summit-la-finance-au-service-du-climat-88929">telles coalitions</a> pouvaient être élaborées avec succès pour inscrire la lutte contre le réchauffement climatique dans l’économie réelle.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=310&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=310&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=310&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=389&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=389&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/212636/original/file-20180329-189821-wc2mnu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=389&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les 17 objectifs du développement durable.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ONU</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pérenniser la recherche</h2>
<p>À court et moyen terme, ce sont les pays de la zone intertropicale et méditerranéenne qui sont les plus directement vulnérables aux conséquences du réchauffement.</p>
<p>Or s’il s’est efforcé dernièrement de mieux associer les scientifiques de ces pays, le GIEC n’est pas le mieux équipé pour relever le formidable défi du renforcement de leurs capacités de recherche. L’Afrique demeure aujourd’hui le <a href="https://theconversation.com/heres-one-way-to-recover-and-protect-africas-lost-science-49678">parent pauvre de la science</a> avec un nombre de chercheurs par habitant 40 fois inférieur à la moyenne mondiale, et 2 % seulement du total des publications scientifiques.</p>
<p>Cette situation constitue un handicap pour les avancées de la connaissance. Et en particulier celle du climat qui, pour parvenir à des prédictions régionales fiables de l’impact du réchauffement global, doit s’appuyer sur des observations combinant télédétection satellitaire et mesures réalisées <em>in situ</em> sur de longues périodes de temps.</p>
<p>Aujourd’hui, les données fiables manquent cruellement et le financement visant à pérenniser des laboratoires de recherche compétitifs doit devenir une priorité des gouvernements du continent africain comme de l’aide publique au développement.</p>
<h2>Une mise œuvre complexe</h2>
<p>Le succès de la lutte contre le réchauffement est tributaire de celui des 16 autres objectifs du développement durable, des synergies positives, mais aussi des contradictions potentielles dans leur mise en œuvre.</p>
<p>Ainsi, alors que près de la moitié des 7,6 milliards d’humains souffre actuellement d’une <a href="https://theconversation.com/in-south-africa-childhood-hunger-and-obesity-live-side-by-side-43805">forme de malnutrition</a>, qu’il s’agisse de sous-alimentation ou d’obésité, il faudra <a href="https://theconversation.com/sommes-nous-trop-nombreux-sur-terre-81225">d’ici 2050</a> satisfaire les besoins d’une population comptant plus de deux milliards d’individus supplémentaires.</p>
<p>Or jusqu’à présent, l’augmentation de la productivité agricole s’est alimentée d’une croissance exponentielle du recours aux produits chimiques, les paysans chinois utilisant par exemple les <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/la-pollution-des-terres-agricoles-s-aggrave-en-chine-1030217">engrais non organiques</a> à un taux par hectare supérieur de 70 % à la moyenne mondiale.</p>
<p>Si cette tendance ne s’inverse pas, l’agriculture qui contribue déjà <a href="https://theconversation.com/quels-nouveaux-modeles-agricoles-pour-faire-face-aux-changements-globaux-87711">au quart des émissions de gaz à effet de serre</a> verrait sa part augmenter à 70 % d’ici 2050… en contradiction ouverte avec l’objectif climatique !</p>
<p>À l’inverse, alors que l’on assiste à une concentration de la richesse mondiale historiquement sans précédent entre les mains des 10 % les plus privilégiés de la population mondiale, et que plus de la moitié des 760 millions de personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté avec moins de 1,9 dollar par jour se concentre en Afrique subsaharienne, la lutte sur le climat ne doit pas conduire à freiner la croissance indispensable pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités.</p>
<h2>Un rapport d’évaluation pour le développement durable</h2>
<p>On pourrait multiplier les exemples démontrant combien le développement durable a besoin des apports de la science et de leur traduction concrète.</p>
<p>Le monde ne pourra en effet faire l’économie de plateformes de collecte et d’analyses de données scientifiques couvrant tous les aspects du développement durable, de la santé à la biodiversité en passant par la lutte contre les inégalités.</p>
<p>La mise en place de tels dispositifs risque d’être longue mais il faut souligner ici une avancée positive : les Nations unies ont confié à un groupe d’experts scientifiques indépendants un premier rapport d’évaluation, prévu pour 2019, des ODD. L’exemple du GIEC pourrait ainsi être étendu à tous les aspects du développement durable.</p>
<p>Les 30 ans du GIEC sont l’occasion de réinventer un dispositif autour de la lutte contre le réchauffement climatique, dans l’esprit qui a fait sa force : un cercle vertueux entre le champ scientifique et le champ politique, mais qui laisse une place – de plus en plus importante – aux acteurs privés.</p>
<p>Ici, la science peut jouer le rôle de facilitateur, de rapprochement entre des intérêts et des points de vue divergents, mais qui ont en commun le souci de favoriser le développement durable.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=129&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/213123/original/file-20180404-189798-1dksj9k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=163&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Jean-Paul Moatti participera ce vendredi 30 mars à la conférence organisée par la <a href="https://group.bnpparibas/decouvrez-le-groupe/fondation-bnp-paribas">Fondation BNP Paribas</a>, à l’auditorium Glicenstein (Paris) à partir de 12h15 : « Développement durable : faut-il donner le pouvoir aux scientifiques ? ». <a href="https://evenium.net/ng/person/event/website.jsf?eventId=climateinitiative&page=tickets&loc=fr&justSubmit=false&cid=74219">Informations et inscription gratuite ici</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93999/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Paul Moatti est membre du groupe d’experts indépendants chargés de rédiger en 2019 le rapport de l’ONU sur le développement durable. </span></em></p>Si les travaux du GIEC sur le climat ont montré la place essentielle du travail des scientifiques, cet apport de la science doit aujourd’hui être étendu au développement durable dans son ensemble.Jean-Paul Moatti, Président-directeur général, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/836962017-09-13T21:31:11Z2017-09-13T21:31:11ZEn Afrique subsaharienne, l’immense défi de la désertification<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/185737/original/file-20170912-3814-k59mys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Collecte d’eau dans l’un des nombreux puits creusés dans le lit d’une rivière asséchée dans la région de Dierma au Burkina Faso. </span> <span class="attribution"><span class="source">Marc Bournof/IRD</span></span></figcaption></figure><p>Les zones sèches représentent aujourd’hui plus de 41 % des terres émergées du globe et abritent plus de 2 milliards d’individus.</p>
<p>Elles sont le théâtre de processus continus de dégradation des terres, aggravés par les aléas climatiques – la <a href="https://theconversation.com/secheresse-record-et-crise-alimentaire-dans-la-corne-de-lafrique-il-est-possible-de-mieux-prevoir-pour-agir-83474">sécheresse</a> tout particulièrement – et la pression liée aux activités humaines (y compris la croissance démographique et les pratiques de gestion des ressources naturelles mal adaptées). L’ensemble de ces facteurs hypothèque fortement la capacité des populations à s’adapter à un environnement de plus en plus difficile.</p>
<p>En Afrique, durant les <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2010-3-page-23.htm">années 1970</a>, les sécheresses ont eu des conséquences terrifiantes dans un contexte déjà fragilisé. Les images de leurs impacts sont encore gravées dans la mémoire collective. Elles auront été déterminantes dans la tenue de la Conférence des Nations unies sur la désertification organisée en <a href="http://www.ciesin.org/docs/002-478/002-478.html">1977 à Nairobi</a>.</p>
<p>Au-delà de la reconnaissance par la communauté internationale – depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992 avec l’adoption de la <a href="http://www.un.org/fr/events/desertification_decade/convention.shtml">Convention</a> internationale de lutte contre la désertification –, se pose la question de la compréhension et de l’évaluation de cette désertification et des solutions durables pour la combattre. L’inclusion récente du concept de neutralité en matière de dégradation des terres dans les <a href="http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">Objectifs de développement durable</a> par les Nations unies fait de la lutte contre la désertification un véritable enjeu de développement, de (re)connexion sociétés-milieux et de bien-être de l’Homme.</p>
<h2>Des millions d’hectares qui disparaissent</h2>
<p>La situation est aujourd’hui tout particulièrement sensible dans les pays subsahariens où l’économie repose à plus de 80 % sur l’exploitation des terres pour assurer les moyens de subsistance. Monique Barbut, la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, rappelait à ce propos que près de <a href="http://www.ird.fr/la-mediatheque/journal-sciences-au-sud/les-numeros/n-77-decembre-2014-janvier-2015/sciences-au-sud-n-77-interview-monique-barbut-secretaire-executive-de-la-convention-des-nations-unies-sur-la-lutte-contre-la-desertification-unccd">12 millions d’hectares</a> de terres arables disparaissent chaque année dans le monde en raison de la désertification et de la sécheresse, alors qu’on aurait pu y cultiver 20 millions de tonnes de céréales !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"883060657507229697"}"></div></p>
<p>Malgré la diversité et l’intensité des efforts déployés en matière de lutte contre la désertification, le défi que représente la dégradation des terres à l’heure du changement climatique dans les zones arides de l’Afrique n’est toujours pas résolu. <a href="http://www.ifdd.francophonie.org/ressources/LEF105/lef-105.html">Les enjeux environnementaux et sociétaux</a> de cette question demeurent immenses et ses conséquences – en termes de sécurité alimentaire, de variations climatiques, de santé, de droit et d’équité sociale – préoccupantes.</p>
<p>Mais l’enrichissement progressif de la connaissance des causes, mécanismes et conséquences de la désertification permet aujourd’hui de penser de nouvelles solutions, tout particulièrement pour ce qui est de lutte contre la dégradation des terres et des sols.</p>
<h2>Quelles bonnes pratiques ?</h2>
<p>La réussite de tels projets et programmes dépend d’une approche intégrée incluant une <a href="http://www.oss-online.org/sites/default/files/fichier/_26.pdf">compréhension et une évaluation</a> de la situation sur le territoire concerné.</p>
<p>Ce diagnostic préalable à l’action doit permettre de caractériser en tout lieu le type de dégradation, sa gravité, sa dynamique temporelle, sa répartition spatiale en fonction des facteurs de dégradation ainsi que les types et intensités des conséquences au niveau local comme aux niveaux régional et international. Cette approche est indispensable pour une action efficace.</p>
<p>Les pratiques de <a href="http://www.oss-online.org/sites/default/files/projet/bonnes_pratiques_de_gdte_an_0.pdf">gestion durable</a> des terres et de l’eau durant ces dernières décennies ont donné des résultats satisfaisants en matière de lutte contre la désertification et de préservation des ressources naturelles. Cependant, des efforts restent à faire, notamment pour créer un environnement socio-économique favorable qui permette de soutenir, de valoriser et de déployer de telles pratiques sur de plus vastes régions.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=806&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=806&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=806&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1013&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1013&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/185525/original/file-20170911-3875-10eddbu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1013&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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</figure>
<p>Pour faire le point sur l’état des connaissances relatives à ces questions, l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ont récemment assuré la coordination d’une <a href="http://www.ifdd.francophonie.org/ressources/ressources-pub-desc.php?id=709">publication</a> dédiée à ces problématiques. Réunissant experts et scientifiques internationaux, représentants de la société civile et du monde politique, elle propose un état des lieux inédit, <a href="http://www.ifdd.francophonie.org/ressources/LEF105/lef-105.html">consultable en ligne</a> et téléchargeable gratuitement.</p>
<h2>Atteindre la neutralité</h2>
<p>La lutte contre la désertification et la dégradation des terres nécessite de prendre en compte plusieurs temporalités, spatialités (de la parcelle agricole, du bassin… à l’exploitation, au terroir villageois, commune, canton, pays, région), niveaux de décision (unité familiale, collectivité territoriale, État, convention internationale), d’action, et de gestion, que ce soit pour la compréhension des mécanismes de la dégradation des terres, pour l’action elle-même ou pour sa gestion scientifique, technique, administrative et politique.</p>
<p>Au regard des innovations technologiques et de l’ingéniosité de l’homme, il est possible de ne pas voir la désertification comme une fatalité. Cependant, rien ne se fera significativement si la mobilisation scientifique, politique et citoyenne n’est pas coordonnée de façon durable.</p>
<p>En œuvrant dès aujourd’hui à la gestion durable des terres arables et à la restauration des terres dégradées, il est toutefois possible d’atteindre la <a href="http://www.oss-online.org/mena-delp/index.php/fr/ressources/publications/file/37-la-neutralite-en-matiere-de-degradation-des-terres-dans-le-circum-sahara-de-l-engagement-a-la-mise-en-oeuvre">neutralité</a> en termes de dégradation des terres d’ici à 2030. Signalons à ce titre la présentation ce 14 septembre à Ordos d’un <a href="http://www2.unccd.int/sites/default/files/documents/2017-09/UNCCD_Report_SLM.pdf">rapport</a> consacré à la gestion durable des sols pour les hommes et le climat.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83696/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Réunis jusqu’au 16 septembre à Ordos (Chine), les 193 pays membres de la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification examinent les solutions pour combattre la dégradation des sols.Nabil Ben Khatra, Ingénieur agronome, Coordinateur du programme « Environnement » pour l’Observatoire du Sahara et du Sahel, Institut national agronomique de Tunisie (INAT)Maud Loireau, Ingénieur de recherche en agronomie et géographie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/682042016-11-06T19:59:01Z2016-11-06T19:59:01ZLa Méditerranée aux premières loges des changements climatiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/144667/original/image-20161105-27925-fo0etr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/ileohidalgo/9444020307/in/photolist-fox5dk-ooh6uz-pnyoay-or4cvU-9aKhhJ-fovcBo-nNnKSt-24AMtp-qLoUva-byA3kv-r22CUK-ooC5M5-bkF9KA-foMkAJ-3efWLn-9nsQf2-7DY3Dd-arM7Z5-s3nq97-7R86rK-dSuHgT-qfoc1k-fox6jr-8kiPaU-9TsspM-duyTmG-9Tvn7N-dbnqPr-r14pBj-aQsf9i-cwGeyL-dbnrka-9Tv9YY-9Tv4P5-dbnt3m-3RLWwm-nrXakX-feNmYU-6kTVSq-8Jw4Vk-9jV6yG-fox6DH-pfM3yR-fovceQ-JzzcPY-efPFBo-7td2Sa-2yxCSA-6ogf7B-6J6sRZ">Leo Hidalgo/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les 28 organismes membres de l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement <a href="http://www.allenvi.fr/">(Allenvi)</a> viennent de publier, à l’occasion de la COP22, un ouvrage de synthèse exceptionnel qui s’efforce de présenter un état des lieux de la recherche scientifique sur l’évolution du climat, les conséquences de son dérèglement et les solutions d’atténuation et d’adaptation dans le contexte particulier de la Méditerranée. <a href="http://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/cp-2016/parution-de-l-ouvrage-la-mediterranee-face-au-changement-climatique"><em>La Méditerranée face au changement climatique</em></a> est disponible en consultation ou en téléchargement.</p>
<p>De par son passé géologique, son environnement semi-aride – dont le climat se distingue des zones tempérées par de fortes variations intersaisonnières – et son rôle dans l’histoire tourmentée des sociétés humaines, la Méditerranée constitue un authentique laboratoire « en miniature ».</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144603/original/image-20161104-27914-up277o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mer_M%C3%A9diterran%C3%A9e#/media/File:Carte_Mediterranee_02.jpg">Wikimédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une zone test</h2>
<p>Quoiqu’elle ne représente que 1,5 % de la surface terrestre, elle constitue une « zone test » qui concentre la quasi-totalité des enjeux potentiellement catastrophiques pour la planète : risques naturels, réchauffement climatique, modification du cycle de l’eau, changements des fonctions des sols et des couvertures végétales, modifications de la diversité biologique et atteintes à la biodiversité, répartition inégale des ressources, contraction des rapports politiques, économiques et sociaux Nord-Sud débouchant sur des conflits, flux migratoires massifs, occupation des territoires, urbanisation et littoralisation rapides.</p>
<p>On ne saurait en outre oublier l’impact de la zone méditerranéenne sur les régions avoisinantes : rôle des extrêmes climatiques méditerranéens sur les diverses composantes du système Terre, rôle des échanges hydrologiques avec la mer Noire et avec l’Atlantique, les eaux méditerranéennes transitant par le détroit de Gibraltar influençant le climat européen.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144665/original/image-20161105-27911-12925vm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le détroit de Gibraltar sépare l’océan atlantique (à l’ouest) et la mer Méditerranée (à l’est).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.nasa.gov/multimedia/imagegallery/index.html">NASA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui où une <a href="http://leclimatchange.fr/les-elements-scientifiques/">augmentation</a> de la température mondiale de 1,4 à 5,8 °C est, en l’absence de contre-mesures radicales, attendue (3 à 7 °C pour la région méditerranéenne à la fin du XXI<sup>e</sup> siècle), ce sont les eaux profondes de la Méditerranée qui, en premier, ont enregistré l’effet de serre. Dans cette région, les changements planétaires semblent d’autre part affecter la fréquence d’occurrence des événements extrêmes : <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/motscles/devellop.html">cyclogenèses</a>, phénomènes hydrométéorologiques ou éoliens, sécheresses et dégradation des sols.</p>
<h2>Agir malgré les incertitudes</h2>
<p>Les contributions incluses dans l’ouvrage ne manquent toutefois pas de souligner les fortes incertitudes qui persistent quant à la dynamique réelle de l’impact du changement climatique, en général, et aux différentes échelles spatiales du bassin méditerranéen.</p>
<p>Des incertitudes qui ne doivent pas servir de prétexte à l’inaction. Bien au contraire : ces dernières doivent inciter à mieux comprendre les chaînes causales complexes qui relient le climat et les autres paramètres environnementaux et anthropiques, et à agir sans tarder afin de minimiser celles des conséquences du changement global qui menacent l’environnement, la santé et le bien-être des populations.</p>
<p>Plusieurs des contributions démontrent que la recherche fournit directement des bases scientifiques pour une meilleure gestion des milieux, des ressources et des patrimoines, pour préserver et renforcer les services de la biodiversité et des écosystèmes, et pour diffuser les concepts et les connaissances appropriées dans la société, auprès des décideurs et des acteurs concernés.</p>
<h2>Le rôle central de la science</h2>
<p>La science est l’outil le mieux à même de lier la lutte contre le changement climatique, les objectifs du développement durable et le financement du développement.</p>
<p>La redéfinition de l’agenda international qui est intervenue au cours de l’année 2015 nous en fait d’ailleurs une obligation : avant la COP21 de Paris s’étaient successivement tenues la <a href="http://www.un.org/esa/ffd/ffd3/">3e Conférence</a> internationale sur le financement du développement puis le Sommet des Nations unies qui a vu l’adoption des 17 nouveaux « objectifs du développement durable » <a href="http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/summit/">(ODD)</a>. Des objectifs universels censés, selon le rapport de synthèse du secrétaire général Ban Ki Moon, tracer la route vers « la dignité pour tous d’ici à 2030 » en « éliminant la pauvreté, en transformant nos vies et en protégeant la planète ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/144666/original/image-20161105-27904-w1h1jx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=370&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les 17 objectifs de développement durable adoptés en 2015 par les 193 États-membres de l’ONU.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/2015/09/26/onu-appelle-contributions-secteur-prive/#prettyPhoto">Nations unies</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme tout consensus international, tant ces objectifs que le contenu de l’Accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique (dont la COP22 s’efforcera de concrétiser les premières traductions opérationnelles) ont représenté des avancées dont on peut se féliciter, mais ont inévitablement été le fruit d’un compromis entre intérêts différents, voire contradictoires, et entre des gouvernements dont les contraintes et visions géostratégiques sont multiples, voire franchement divergentes.</p>
<h2>Pour un développement vraiment durable</h2>
<p>Les ODD dans leur lettre même ne sont pas exempts d’incohérences que leur mise en œuvre effective peut, si l’on n’y prend pas garde, exacerber : une vision à court terme des nécessités de la lutte contre la pauvreté ou pour la sécurité alimentaire (objectifs 1 et 2) peut, par exemple, favoriser des choix technologiques et économiques qui hypothèquent à moyen terme la réalisation des objectifs 15, 14 et 13 qui concernent respectivement la préservation de l’environnement terrestre, des océans et contre les effets du réchauffement climatique.</p>
<p>De même, la satisfaction à court terme des besoins énergétiques des pays en développement de la rive sud de la Méditerranée comme du continent africain peut se heurter à la nécessaire décarbonation des économies qu’impose la lutte contre le réchauffement planétaire. On pourrait multiplier les exemples analogues.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/9mwoK_uP-SE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La Méditerranée est aussi menacée par la pollution, « Enquête sur une mer en danger » (Thalassa, 2016).</span></figcaption>
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<p>Ce sont des avancées de la science que l’on peut raisonnablement attendre des solutions qui permettent de concilier les objectifs de développement durable, de construire les coalitions innovantes d’acteurs qui permettront de les imposer en pratique, et de fournir en quantité suffisante les biens publics globaux dont la planète a besoin.</p>
<p>Il est avéré que l’humanité éprouve de graves difficultés à se doter de tels biens publics pour faire face à des enjeux globaux qui, par essence, dépassent les frontières nationales car elle se heurte à ce que les chercheurs en science politique qualifient de « paradoxe westphalien », du nom du <a href="http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-773_fr.html">Traité européen de 1648</a> qui instaura, pour la première fois, un ordre international fondé sur le strict respect de la souveraineté des États. L’histoire millénaire, comme l’actualité récente, de la Méditerranée ont maintes fois illustré ce paradoxe.</p>
<p>Espérons que la mobilisation contre le réchauffement climatique, dont le Maroc et la France se veulent l’un des fers de lance, contribuera à faire de la Méditerranée l’exemple de son dépassement et de la solidarité entre les acteurs, les gouvernements et les populations face aux périls communs et pour un développement au service de tous.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68204/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Véritable « laboratoire » pour observer les effets des changements climatiques, la situation de la Méditerranée fait l’objet d’une impressionnante synthèse scientifique qui vient de paraître.Jean-Paul Moatti, Président-directeur général, Institut de recherche pour le développement (IRD)Stéphanie Thiébault, Directrice de l’Institut écologie et environnement (INEE), Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/613442016-06-24T04:44:44Z2016-06-24T04:44:44ZEn Papouasie, l’exploration d’un paradis de la biodiversité comme si vous y étiez<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/127403/original/image-20160620-8867-1snpbl8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des spéléologues de l’expédition « Lengguru 2014 » en quête de grottes à visiter.</span> <span class="attribution"><span class="source">Jean-Marc Porte/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Arte diffuse ce samedi 25 juin <em><a href="http://www.arte.tv/guide/fr/048078-000-A/papouasie-expedition-au-c%C5%93ur-d-un-monde-perdu">Papouasie, expédition au cœur d’un monde perdu</a></em>, un film de Christine Tournadre qui retrace la plus importante expédition scientifique jamais menée en Indonésie : <a href="http://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/cp-2014/retour-de-l-expedition-scientifique-lengguru-2014-premier-bilan">« Lengguru 2014 »</a>.</p>
<p>Conduite par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Institut indonésien des sciences (LIPI) et l’École polytechnique de Sorong (POLTEK), cette initiative a mobilisé plus de 70 chercheurs indonésiens et européens. Elle a permis d’étudier plusieurs types d’écosystèmes karstiques – ces dédales de roches calcaires fracturées et érodées formant de véritables labyrinthes naturels – originaux de Papouasie occidentale et de collecter plusieurs milliers d’espèces animales et végétales, véritables témoins d’une biodiversité hors du commun.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127616/original/image-20160621-13031-17s2ibk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La Papouasie occidentale localisée dans le rectangle rouge.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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<p>Formidable aventure scientifique et humaine, <a href="http://www.lengguru.org/?lang=fr">Lengguru 2014</a> avait pour objectif d’étudier la biodiversité des karsts papous afin de mieux comprendre ses origines, son évolution et de contribuer ainsi à sa préservation. Pendant cinq semaines, en octobre et novembre 2014, les scientifiques ont exploré différents écosystèmes du massif de Lengguru, en mer, sur et sous terre. Résolument pluridisciplinaire, l’opération a mobilisé ichtyologues, botanistes, herpétologues, entomologistes, ornithologues, biologistes marins, généticiens, spéléologues, hydrologues… Plusieurs milliers de spécimens ont été étudiés, de 100 mètres sous le niveau de la mer à 1 400 mètres d’altitude, ainsi que dans de nombreux dédales souterrains du massif.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127404/original/image-20160620-8880-1i1fhlm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les insectes comptent parmi les témoins de la richesse de la biodiversité papoue. Un entomologiste faisant le bilan des spécimens récoltés en une matinée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Marc Porte/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127406/original/image-20160620-13808-xeozem.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le lac Uwabutu a été exploré par les ichtyologues de la mission.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Marc Porte/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Une faune et une flore extrêmement riches</h2>
<p>Les scientifiques ont exploré un large panel d’écosystèmes : rivières fragmentées, dolines ennoyées, lacs isolés, forêts de montagne, grottes, écosystèmes récifaux…</p>
<p>Des espèces rarement observées, voire inconnues, ont été étudiées, parmi lesquelles de nombreux oiseaux (plus de 50 espèces), insectes (entre 100 et 150 espèces de grillons), amphibiens et reptiles (près de 100 espèces), rongeurs, chauves-souris, mammifères (50), mais aussi palmiers et orchidées (au moins 300 espèces) ainsi que vertébrés et invertébrés marins, algues et phanérogames (près de 600 espèces).</p>
<p>À terre, des techniques spécifiques en spéléologie ou pour atteindre la cime des arbres ont été mises en œuvre. Sous l’eau, la technique de plongée en <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Recycleur%20ou%20http://www.plongeesout.com/articles%20publication/recycleur/recycleur%20pyle_1/recycleur%20pyle_1.htm">recycleur à circuit fermé</a> a été utilisée pour la première fois dans le cadre d’une expédition scientifique française. Elle a permis aux chercheurs d’explorer des milieux très profonds dans la zone semi-crépusculaire et d’étudier la distribution verticale de la biodiversité (de 100 m de profondeur à la surface).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127624/original/image-20160621-13008-wynipr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un ornithologue étudie le rôle des parasites des populations d’oiseaux endémiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Marc Porte/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127627/original/image-20160621-13022-a4tb66.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À la nuit tombée, un herpétologue recherche des spécimens de batraciens dans un tronc d’arbre mort.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Marc Porte/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutes ces observations confirment que le massif karstique de Lengguru, de par sa position biogéographique à l’interface des continents asiatique et australien et à l’épicentre du triangle de corail (zone la plus riche au monde en biodiversité marine), constitue un point chaud de la biodiversité mondiale. Les analyses génétiques couplées aux approches de taxonomie sont en train de confirmer la découverte de plusieurs dizaines d’espèces nouvelles animales et végétales – comme le poisson aveugle <em>Oxyeleotris colasi</em> ou l’orchidée <em>Dendrobium centrosepalum</em> – et soulignent le rôle majeur de Lengguru dans les processus d’évolution et d’adaptation des grands groupes d’organismes de Papouasie occidentale.</p>
<p>Lengguru 2014 s’inscrit dans le cadre du programme pluriannuel <a href="http://www.lengguru.org/?page_id=430">« Karst et biodiversité »</a> initié en 2010. Les équipes scientifiques envisagent de poursuivre l’exploration du massif ainsi que ses pentes récifales, grâce à l’organisation d’une nouvelle expédition plus thématique – ornithologie, océanologie – fin 2017.</p>
<h2>Partenariat avec l’Indonésie et sensibilisation</h2>
<p>Le programme « Karst et biodiversité » se fonde sur un partenariat durable avec l’Indonésie et s’inscrit dans l’esprit du protocole « accès aux ressources génétiques et partage juste et équitable des avantages liés à leur utilisation » <a href="http://www.fondationbiodiversite.fr/images/stories/telechargement/fiche_cles_apa_web.pdf">(APA)</a>, adopté lors de la Conférence sur la diversité biologique de <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/Nagoya-mode-d-emploi.html">Nagoya en 2010</a>. Ainsi, le travail de terrain implique des équipes mixtes européennes et indonésiennes.</p>
<p>Par ailleurs, l’essentiel des analyses des échantillons biologiques est effectué dans les laboratoires de l’Institut des sciences (LIPI) près de Jakarta en Indonésie. Seules certaines analyses ne pouvant être traitées localement justifient la sortie du territoire de matériel génétique, sous forme d’extraction d’ADN dans le cadre d’accueil de partenaires indonésiens en Europe. À ce titre, le projet soutient le renforcement des compétences de chercheurs et étudiants indonésiens, qu’ils soient originaires de Papouasie ou d’ailleurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/127629/original/image-20160621-13017-depop5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Avant de partir en forêt, une équipe d’ornithologues échange avec les guides papous.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Marc Porte/IRD</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lengguru 2014 a aussi été l’occasion de sensibiliser le grand public, en particulier les jeunes, au rôle de la recherche pour la connaissance et la préservation de la biodiversité. De nombreuses <a href="http://ffspeleo.fr/image/uploader/uploadify/article/pdf/245-projet-lengguru-2014-peytavin-1s.pdf">actions pédagogiques</a> ont été proposées en France (Hérault, Gard, Lozère) et en Indonésie (Jakarta, Sorong). Des élèves de la maternelle au lycée et des étudiants ont ainsi rencontré les chercheurs avant leur départ, échangé avec eux pendant l’expédition grâce à une liaison satellite et suivi les avancées de l’expédition sur le <a href="http://www.lengguru.org/?lang=fr">site Internet dédié</a>.</p>
<p>Des enseignants ont également intégré Lengguru comme support pédagogique pour traiter différentes thématiques de l’environnement, de la biodiversité et du réchauffement climatique. Enfin, en réponse aux autorités locales et régionales de Kaimana, une étude de faisabilité a été réalisée pour le captage et l’approvisionnement en eau potable du village d’Urisa.</p>
<p><em>« Papouasie, expédition au cœur d’un monde perdu », le documentaire de Christine Tournadre sera diffusé le samedi 25 juin à 20h50 sur Arte (rediffusions : dimanche 26 juin à 15h35, vendredi 1er juillet à 9h00 et vendredi 15 juillet à 15h35).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/61344/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L’IRD a reçu des financements de Fondation Total, COLAS SA, Veolia Eau, FRB </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>L’IRD a reçu des financements de la Fondation TOTAL, de COLAS SA, Véolia Eau et FRB. </span></em></p>Un étonnant documentaire diffusé ce samedi 25 juin à 20h50 sur Arte fait vivre au plus près l’expédition scientifique « Lengguru 2014 » conduite dans les confins de la Papouasie.Laurent Pouyaud, Chercheur en génétique évolutive, Institut de recherche pour le développement (IRD)Régis Hocdé, Ingénieur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.