tag:theconversation.com,2011:/us/topics/secheresse-24478/articlessécheresse – The Conversation2024-03-28T16:57:03Ztag:theconversation.com,2011:article/2259142024-03-28T16:57:03Z2024-03-28T16:57:03ZLe retour d’El Niño apporte insécurité alimentaire et instabilité macroéconomique en Afrique australe<p>Conflits, forte dépendance aux ressources naturelles, inégalités économiques et sociales grandissantes, croissance démographique galopante et taux de pauvreté élevés… Tels sont les maux auxquels sont actuellement confrontées les <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/AG.SRF.TOTL.K2">économies les plus vulnérables d’Afrique australe</a>.</p>
<p>À ces nombreux défis s’ajoutent les conséquences désastreuses d’El Niño. En se traduisant par des épisodes de sécheresse, ce phénomène climatique vient mettre en péril une sécurité alimentaire déjà fragile et affaiblir les économies d’Afrique australe déjà fortement vulnérables en nourrissant l’inflation alimentaire. Les entreprises font également face à un choc d’offre négatif qui les pousse à mettre en place des mesures d’adaptation coûteuses et qui réduit la croissance potentielle de l’économie.</p>
<p>Ces pays ont déjà reçu de l’aide internationale pour faire face aux conséquences d’El Niño, mais l’impact imprévisible du phénomène rend le montant de l’aide nécessaire incertain.</p>
<h2>Mauvaises récoltes anticipées</h2>
<p>El Niño est une des deux phases du phénomène climatique ENSO (El Niño-Southern Oscillation). Il se caractérise par un réchauffement de l’océan Pacifique tropical oriental, tandis que La Niña, la seconde composante d’ENSO, se traduit par un refroidissement de ces océans. El Niño survient en moyenne tous les deux à sept ans et dure entre 3 et 12 mois. Débuté au cours de l’été 2023, El Niño se prolongera très probablement au moins <a href="https://wmo.int/fr/media/news/el-nino-devrait-durer-au-moins-jusquen-avril-2024">jusqu’en avril 2024</a> avant que La Niña ne lui succède.</p>
<p>Ayant pour <a href="https://reliefweb.int/report/world/el-ninos-impact-food-and-nutrition-security-southern-africa-lesson-learned-improved-coordination-and-response">conséquence des précipitations inférieures à la moyenne</a> en Afrique australe, El Niño se manifeste par des épisodes de sécheresse. Ainsi, l’épisode de 1991-1992 a déclenché la sécheresse de 1991-1992 en Afrique australe. Plus récemment, l’épisode de 2015-2016 a été responsable d’une crise alimentaire mondiale touchant 40 millions de personnes en Afrique australe.</p>
<p>Alors que les trois quarts de la population des économies les plus vulnérables d’Afrique australe sont <a href="https://www.fao.org/faostat/en/#data/FS">déjà en situation d’insécurité alimentaire</a> (modérée et sévère entre 2020 et 2022), El Niño pourrait à court terme venir l’aggraver. Les épisodes de sécheresse associés à El Niño vont en effet probablement réduire les rendements agricoles, notamment ceux du maïs dont le cycle de culture s’étend de novembre à mars, cycle qui dépend à 90 % des précipitations. Or, le maïs représente <a href="https://earthobservatory.nasa.gov/images/152005/el-nino-forecast-to-contribute-to-food-insecurity">près de 70 % de la production céréalière de la région</a>.</p>
<p>Il est déjà anticipé qu’en 2024 les récoltes des produits de base en Afrique australe seront inférieures aux moyennes initialement prévues notamment pour le maïs. C’est d’autant plus dommageable que les prix du maïs ont déjà atteint des niveaux historiques au Malawi et en Zambie où, au cours de l’année 2023, ils ont respectivement plus que doublé et triplé (Graphique 1). C’est pourquoi, pour faire face à l’urgence alimentaire, le gouvernement de la Zambie a déjà annoncé le 20 février 2024 la <a href="https://www.agenceecofin.com/breves-agro/2202-116427-la-zambie-suspend-les-exportations-de-mais-et-de-farine">suspension de ses exportations de maïs</a>.</p>
<p><iframe id="7kvyu" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/7kvyu/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les épisodes passés d’El Niño sont riches d’enseignements. Au Malawi, deux événements sur trois ont coïncidé avec une réduction des récoltes de maïs de <a href="https://theconversation.com/el-nino-malawis-harvest-of-its-staple-food-maize-may-fall-by-22-5-this-year-221349">22,5 % en moyenne</a> alors que cette céréale fournit les deux tiers de l’apport calorique national. Les mauvaises récoltes anticipées pour 2024 vont donc venir nourrir la hausse du prix du maïs renforçant les tensions inflationnistes déjà observées en Afrique australe.</p>
<h2>Les ménages et les entreprises affectés</h2>
<p>La prépondérance des céréales, notamment du maïs, dans le panier de consommation des ménages, couplée à une forte hausse de son prix, se traduit déjà par une accélération des tensions inflationnistes dans certaines économies de la région. Ainsi, le Malawi a vu son inflation alimentaire fortement accélérée, passant de 30,5 % en janvier 2023 à 43,6 % en décembre 2023 (en glissement annuel). Ces tensions inflationnistes pourraient perdurer car, en plus d’impacter le prix du maïs, El Niño affecte également les prix des autres matières premières alimentaires <a href="https://www.jstor.org/stable/3211747?seq=2">expliquant près de 20 % de leurs variations</a>.</p>
<p>Le potentiel maintien d’une inflation alimentaire élevée dans ces économies vulnérables vient donc pénaliser le pouvoir d’achat des ménages. Et ce d’autant plus que dans les pays à faibles revenus, majoritaires en Afrique australe, l’alimentation constitue la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2110701715000815">moitié des dépenses de consommation des ménages</a>.</p>
<p>En plus de se matérialiser par une chute du pouvoir d’achat des ménages, El Niño va aussi affecter les entreprises, la production d’électricité reposant largement sur les barrages hydroélectriques. En 2021, l’hydroélectricité est en effet la première source de production électrique pour les pays d’Afrique australe les plus vulnérables (graphique 2), sauf pour Madagascar où le pétrole occupe la première place. Or avec l’assèchement des cours d’eau qu’El Niño induit, des coupures d’électricité risquent de se produire.</p>
<p><iframe id="tEKVp" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/tEKVp/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>C’est ce qui se passe actuellement en Zambie où la forte sécheresse liée à El Niño se traduit par des <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/03/11/confrontee-a-la-secheresse-la-zambie-coupe-l-electricite_6221408_3212.html">pannes de courant allant jusqu’à 8 heures par jour</a>. Ces coupures d’électricité ont de multiples impacts sur l’activité des entreprises. Elles se traduisent par une chute des temps d’activités effectifs qui pousse les entreprises à investir dans des stratégies d’adaptation en ayant, par exemple, recours à des générateurs d’électricité dont l’utilisation se traduit par un coût <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140988309001959">3 fois plus élevé que celui du réseau public d’électricité en Afrique</a>.</p>
<p>L’incertitude et les coûts supplémentaires générés par les coupures d’électricité ont également des impacts à plus long terme car elles <a href="https://elibrary.worldbank.org/doi/abs/10.1093/wber/lhs018">découragent l’investissement des entreprises en capital physique,</a> ce qui affecte la croissance potentielle. Ce ralentissement est d’autant plus problématique que les pays disposent de faibles marges de manœuvre budgétaire pour faire face aux multiples conséquences d’El Niño. Dans ce contexte, l’aide internationale est cruciale.</p>
<h2>La Niña arrive</h2>
<p>Une première aide d’un montant de 12,8 millions de dollars a été débloquée en septembre 2023 par le programme alimentaire mondial des Nations unies pour lutter contre la sécheresse causée par El Niño au Lesotho, à Madagascar, au Mozambique et au Zimbabwe permettant de venir en aide à 550 000 personnes. À cette aide d’urgence s’ajoute le plan de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) « Anticiper El Niño : plan d’atténuation, de préparation et de réponse pour l’Afrique australe, 2023-2025 ».</p>
<p>Ce plan, lancé en novembre 2023, est destiné à réduire l’impact du phénomène El Niño sur les agriculteurs et la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables, <a href="https://www.fao.org/3/cc9079en/cc9079en.pdf">nécessitant 128 millions de dollars</a>. Pour ce faire, le FAO suggère, entre autres, le renforcement des systèmes d’alerte existants basés sur la surveillance des conditions météorologiques, la promotion des cultures résistant à la sécheresse et des techniques d’irrigation économes en eau.</p>
<p>Alors que les économies les plus vulnérables d’Afrique australe sont confrontées aux conséquences d’El Niño, elles pourraient avoir du répit avec <a href="https://iri.columbia.edu/our-expertise/climate/forecasts/enso/current/">l’apparition de la Niña très prochainement</a>. Cette seconde phase d’ENSO <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-031-10948-5_6">devrait apporter des précipitations supérieures à la moyenne</a> améliorant la régénération des pâturages et la production agricole, mais s’accompagnant également d’un risque d’inondations accrues.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225914/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les épisodes de sécheresse liés au phénomène climatique affaiblissent les économies – déjà vulnérables – de pays comme Madagascar, le Mozambique et la Zambie, en nourrissant l’inflation alimentaire.Florian Morvillier, Économiste, CEPIIErica Perego, Économiste, CEPIIFanny Schaeffer, Assistante de recherche, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2264052024-03-22T12:30:46Z2024-03-22T12:30:46ZDéshydratation : les causes, symptômes et mesures à prendre<p>_ <a href="https://www.elsan.care/fr/nos-actualites/deshydratation-symptomes-causes-et-prevention">La déshydratation </a> est un problème majeur en période de <a href="https://theconversation.com/kenyas-had-unusually-hot-weather-an-expert-unpacks-what-could-be-causing-it-224348">canicule</a> inhabituelle et d'épidémies telles que le <a href="https://theconversation.com/whats-behind-the-worldwide-shortage-of-cholera-vaccines-for-starters-theyre-only-made-by-one-company-224891">choléra</a>, qui provoquent des diarrhées pouvant mettre la vie en danger. Anastasia Ugwuanyi est médecin de famille et éducatrice clinique à l'université de Witwatersrand. Nous lui avons posé des questions sur comment éviter ou gérer la déshydratation.</p>
<h2>Quelles sont les causes de la déshydratation ?</h2>
<p>La déshydratation peut être définie comme une perte d'eau à l'intérieur des cellules. Pour en comprendre les causes, il est important de présenter quelques notions de base sur notre corps en ce qui concerne la physiologie de l'eau. L'eau représente 55 à 65 % de la masse corporelle totale. La majeure partie de cette eau se trouve dans la <a href="https://inbodycanada.ca/fr/la-composition-corporelle/masse-corporelle-maigre-et-masse-musculaire-quelle-est-la-difference/">masse maigre</a>. L'autre tiers est extracellulaire.</p>
<p>La <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18519109/">déshydratation</a> peut être une perte d'eau ou une perte de sel et d'eau. L’“écosystème hydrique” du corps est régulé par des réponses aux niveaux de sel et d'eau. Des organes tels que le cerveau, la peau, le tractus gastro-intestinal et les reins sont impliqués dans la régulation de l'eau.</p>
<p>L'eau dans l'écosystème du corps est utile pour maintenir certaines fonctions, notamment : </p>
<ul>
<li><p>le transport des nutriments et des matières biologiques et chimiques autour de l'organisme</p></li>
<li><p>une partie du système de soutien des articulations, y compris la colonne vertébrale</p></li>
<li><p>un environnement permettant aux processus chimiques normaux de l'organisme de fonctionner.</p></li>
</ul>
<p>La déshydratation peut être causée par plusieurs facteurs qui font basculer les mécanismes de régulation vers un mode de perte d'eau. Ces facteurs peuvent être les suivants :</p>
<ul>
<li><p>des causes environnementales ou externes telles que les vagues de chaleur (facteurs de changement climatique) </p></li>
<li><p>les sécheresses et les privations d'eau de longue durée</p></li>
<li><p>la réduction de l'apport en liquides - chez les personnes âgées, les enfants ou les personnes souffrant de troubles mentaux</p></li>
<li><p>les pénuries municipales affectant la disponibilité ou l'accès à l'eau potable</p></li>
<li><p>la perte accrue de liquides par une miction excessive, comme dans le cas de maladies telles que le diabète</p></li>
<li><p>la perte accrue de fluides due à la diarrhée</p></li>
<li><p>une perte accrue de liquides due à la transpiration ou à l'hyperventilation.</p></li>
</ul>
<h2>Comment savoir si l'on est déshydraté ?</h2>
<p>Une perte de 5 à 10 % de l'eau corporelle est symptomatique, en particulier chez les personnes très âgées et très jeunes. Les signes à surveiller sont les suivants : maux de tête, fatigue ou lassitude, confusion inexplicable immédiatement, bouche sèche (inexplicable immédiatement), peau sèche lorsque vous la pincez et lente dans son retour élastique normal, yeux enfoncés et, chez les nourrissons, fontanelles enfoncées, absence de larmes en cas de pleurs, en particulier chez les enfants, urine concentrée - de couleur ambre foncé à sombre - et diminution de la fréquence des mictions à mesure que l'organisme passe à la conservation.</p>
<p>Parmi les autres signes à surveiller figurent les <a href="https://www.cdc.gov/disasters/extremeheat/warning.html#text">symptômes de l'épuisement par la chaleur</a>. Ils indiquent que le système cardiovasculaire est touché. Les signes peuvent être les suivants : peau froide et moite, transpiration inhabituellement abondante, pouls faible et rapide, vertiges, crampes musculaires, nausées. </p>
<h2>Que se passe-t-il dans notre organisme lorsque nous sommes déshydraté ?</h2>
<p>Plusieurs systèmes de notre corps sont affectés par la déshydratation. Les effets de la déshydratation dépendent de la quantité de liquide perdue et de la durée de la déshydratation.</p>
<p>Les effets varient en fonction du degré de déshydratation. <a href="https://www.msdmanuals.com/professional/pediatrics/dehydration-and-fluid-therapy-in-children/dehydration-in-children">La déshydratation est classée de légère à sévère selon la proportion d'eau perdue dans la masse corporelle</a>. Chez les enfants et les nourrissons, elle est particulièrement problématique car l'eau représente une part plus importante de leur masse corporelle. </p>
<p>En cas de perte importante, les symptômes peuvent comprendre une chute de la pression artérielle qui affecte la dynamique de la circulation sanguine et des signes de défaillance des organes qui ne peuvent plus fonctionner normalement les systèmes ne sont pas en mesure de faire face (comparable à un moteur de voiture en surchauffe).</p>
<p>Le système cardiovasculaire, le système gastro-intestinal, le système rénal, le système nerveux central, la peau et la couche externe du corps, le système musculo-squelettique sont tous affectés par la déshydratation en fonction du niveau de perte d'eau totale du corps.</p>
<p>Les effets de la déshydratation sur l'organisme peuvent inclure : perte de poids, constipation, délire, insuffisance rénale, plus grande prédisposition aux infections respiratoires et urinaires, crises cardiaques et convulsions <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16248421/#:%7E:text=D%C3%A9shydratation%2C%20qui%20augmente%20la%20viscosit%C3%A9%20du%sang,cause%20une%20augmentation%20de%20la%20viscosit%C3%A9">en raison de l'épaississement du sang</a>.</p>
<p>Ces effets sont encore plus débilitants chez les personnes très âgées et celles qui souffrent de maladies préexistantes comme le diabète.</p>
<h2>Comment arrêter la déshydratation ?</h2>
<p>Pour enrayer la déshydratation, il est important de prendre en compte tous les aspects de la demande et de l'approvisionnement en eau.</p>
<p>L'environnement : l'accès à l'eau potable est toujours une responsabilité collective du gouvernement et de la communauté. Cela peut aller du signalement et de la réparation des fuites et des ruptures d'approvisionnement en eau de la municipalité à l'entretien des réseaux de purification de l'eau et de distribution de l'eau. </p>
<p>Personnellement : n'attendez pas d'avoir soif pour boire. La soif est le signe que votre corps est en train de se déshydrater. Pour chaque kilogramme de poids corporel, buvez environ 30-35 millilitres (3 cuillères à soupe) d'eau par jour, surtout en période de chaleur. </p>
<p>Soyez attentif aux signes de déshydratation chez vous ou chez les personnes âgées, les enfants, les membres de votre famille ou vos amis souffrant d'une incapacité. Contrôlez-les avec des mesures simples telles que les <a href="https://www.rehydrate.org/ors/made-at-home.htm">thérapies de remplacement</a> composées d'eau, de sel et de sucre. </p>
<p>Pensez à boire davantage d'eau lorsque vous faites de l'exercice ou lorsque vous êtes malade. Il y a du sel, du sucre et de l'eau dans chaque maison. Il est essentiel de savoir comment les préparer ou de disposer d'une thérapie de réhydratation orale préemballée à la maison. Il existe un certain nombre de bons guides sur <a href="https://www.cdc.gov/healthywater/pdf/global/posters/11_229310-j_ors_print-africa.pdf">la préparation d'une solution sel-sucre-eau maison </a> pour traiter la déshydratation avant de demander de l'aide médicale.</p>
<p>Prenez l'habitude de boire intentionnellement de l'eau plutôt que des boissons froides et des bières qui contiennent de l'eau mais sont riches en calories. Ces boissons aggravent la déshydratation.</p>
<p>Veillez à vous hydrater avant, pendant et après l'exercice afin de maintenir un bon équilibre entre l'eau et les sels pendant l'exercice.</p>
<p>Restez au frais en période de chaleur en portant des vêtements respirants, en nageant ou en prenant des douches rafraîchissantes s'il n'y a pas de restrictions d'eau. Des jets d'eau sont disponibles dans certains lieux publics pour aider à se rafraîchir particulièrement en période de chaleur.</p>
<p>Enfin, il existe plusieurs appareils intelligents dotés d'applications de santé qui peuvent aider à suivre la consommation d'eau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226405/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anastasia Ugwuanyi est memebre de l'Association sud-africaine des médecins de famille.</span></em></p>Environ 60 % du corps humain est constitué d'eau. Une perte excessive d'eau peut être fatale.Anastasia Ugwuanyi, Senior clinical educator, department of family medicine, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2199422024-01-08T16:05:16Z2024-01-08T16:05:16ZSubir une chirurgie de la cataracte sans en avoir besoin ? Certains le font pour améliorer leur vue, mais ce n'est pas sans risque<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/566966/original/file-20231220-21-m59siq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C989%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Depuis quelques années, il est possible d'avoir recours à une chirurgie qui permet de remplacer le cristallin, lentille naturelle de l'oeil, par un implant.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Judy est une consultante accomplie qui voyage régulièrement pour ses rencontres d’affaires. Elle me consulte, car elle ne tolère plus ses lentilles cornéennes. Elle veut explorer toutes les options – surtout les alternatives chirurgicales.</p>
<p>Parmi ces options, il est maintenant possible de faire remplacer son cristallin par un implant. Cette chirurgie, qui est semblable à celle des cataractes, est offerte à des patients qui ne sont pas aux prises avec cette condition. Mais elle n’est pas sans risque.</p>
<p>Comme optométriste expert en lentilles cornéennes, en traitement de la sécheresse oculaire et en gestion pré et postopératoire des chirurgies oculaires, j’ai l’expérience requise pour éclairer Judy.</p>
<h2>Des yeux secs</h2>
<p>Considérons d’abord le portrait clinique de Judy. Elle aura 53 ans dans quelques semaines, est myope (ne voit pas de loin), astigmate (images étirées au loin et au près) et presbyte mature (ne voit pas de près).</p>
<p>Elle déteste les lunettes et ne veut pas en porter devant ses clients, raison pour laquelle elle a subi une chirurgie au laser pour corriger sa myopie, il y a 15 ans.</p>
<p>Vers l’âge de 45 ans, elle a dû être réadaptée en lentilles cornéennes – moment où la presbytie est apparue. Au détour de la ménopause, vers 51 ans, elle a développé quelques symptômes de sécheresse oculaire <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28706404/">qui se sont accrus dans les derniers mois</a>.</p>
<p>Des changements de matériaux des lentilles, de solutions d’entretien ou de modalité de port (1 jour) n’ont eu que peu d’effet. Les environnements arides (habitacle de la voiture, avion, air recyclé des bureaux) auxquels elle est régulièrement exposée contribuent à ses symptômes. Elle passe également plusieurs heures devant un écran d’ordinateur et cligne donc des yeux moins fréquemment, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8439964/">ce qui augmente son inconfort visuel</a>.</p>
<p>L’examen clinique démontre qu’elle souffre effectivement de sécheresse oculaire. Elle présente un volume de larmes réduit, <a href="https://crstoday.com/articles/2011-may/focus-on-complications-and-complexity-dry-eye-after-lasik">effet secondaire de sa chirurgie au laser</a>. Sa cornée démontre une zone sèche, altérée, que l’on attribue à une fermeture incomplète des paupières durant le sommeil, sans doute induite par la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7154208/">chirurgie esthétique des paupières qu’elle a subie il y a 3 ans</a>. Et c’est sans oublier les conséquences de sa médication : certains antidépresseurs ont des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8884704/">effets asséchant pour l’œil</a>.</p>
<h2>Une approche étape par étape</h2>
<p>Aux problèmes de vision de Judy s’ajoute donc un enjeu de santé oculaire.</p>
<p>Or, toute sécheresse oculaire impacte la qualité de la vision, quel que soit le mode de correction. Il faut donc rétablir l’équilibre avant toute chose – et traiter ses yeux secs.</p>
<p>Les chirurgies passées ont laissé des traces. Et on ne peut revenir en arrière. Alors, comment s’y prendre ?</p>
<p>Sur le plan oculaire, la <a href="https://www.tfosdewsreport.org/public/images/TFOS_DEWS_II_Management_ther.pdf">première étape</a> est d’assurer une lubrification intensive (larmes artificielles complètes, sans agent de conservation chimique). Il faut prévoir également une pommade, au coucher, afin de protéger la cornée durant le sommeil. Prescrire de la cyclosporine topique est à considérer en raison de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33299295/">son action sur la stabilité des larmes</a>.</p>
<p>Par ailleurs, les lentilles souples peuvent exacerber la sécheresse oculaire. Heureusement, d’autres alternatives existent. Les <a href="https://sclerallens.org/for-patients-2/what-are-scleral-lenses/">lentilles sclérales</a> sont de grandes lentilles rigides qui créent un réservoir de larmes, ce qui contribue à <a href="https://healthcare.utah.edu/healthfeed/2022/08/scleral-contact-lenses-might-be-best-solution-youve-never-heard-of-dry-eye">réduire les symptômes de sécheresse</a>. Malgré leur grand diamètre, ces lentilles sont très confortables, car elles prennent appui sur le blanc de l’œil (la sclère) sans toucher la cornée. Au niveau visuel, elles peuvent compenser la myopie, l’astigmatisme et la presbytie.</p>
<p>Je propose donc ces lentilles à Judy. Mais à voir sa réaction, je comprends qu’elle cherche plutôt une alternative chirurgicale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="lentille sclérale" src="https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567134/original/file-20231221-16-qled5m.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les lentilles sclérales sont de grandes lentilles rigides qui créent un réservoir de larmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Langis Michaud)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’échange de lentille, en cristallin clair comme option</h2>
<p>Une retouche laser n’est pas envisageable <a href="https://myvision.org/lasik/how-many-times/">lorsque la cornée devient trop mince</a>.</p>
<p>Par contre, depuis quelques années, il est possible d’avoir recours à une chirurgie qui permet de remplacer le cristallin, lentille naturelle de l’œil, par un implant. Similaire à une chirurgie de cataractes, cette intervention se fait en absence de toute pathologie de ce type, chez des patients généralement plus jeunes (50-65 ans). Et elle est assez populaire à l’heure actuelle.</p>
<p>L’avantage, c’est que cet implant peut corriger la majorité des défauts visuels – contrairement au Lasik. Dans le cas de Judy, ce serait un implant multifocal (vision de loin et près) et torique (astigmatisme).</p>
<p>Cette option suscite immédiatement l’intérêt de Judy. Elle assume que cette chirurgie la libérera de tout besoin de lentilles ou de lunettes, de façon permanente.</p>
<h2>Une intervention qui n’est pas sans risque</h2>
<p>Toute intervention chirurgicale comporte un risque. En présence de maladie ou de pathologie, la décision de l’ophtalmologiste d’opérer devrait, en théorie, se baser sur une évaluation rigoureuse du risque, en comparaison au bénéfice escompté.</p>
<p>Dans le cas d’un échange de cristallin clair, soit sans pathologie présente, la grille de référence change. On se situe davantage dans le créneau de la chirurgie esthétique, non essentielle, non urgente. Le risque demeure alors que le bénéfice est moins évident, davantage relié à la satisfaction personnelle du patient.</p>
<p>Si la chirurgie de la cataracte est une procédure considérée comme sécuritaire, il <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780323035996500638">peut parfois en être autrement de l’échange de cristallin clair</a>. Plus la personne est jeune, plus le risque de complications est élevé. D’autres éléments particuliers au patient <a href="https://www.aao.org/eyenet/article/refractive-lens-exchange-debate">peuvent peser dans la balance</a>. Avant de procéder, il faut donc évaluer la condition rigoureusement.</p>
<p>La rétine de toute personne myope est <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22772022/">à risque de déchirure</a>. Il s’agit d’une complication possible de la chirurgie du cristallin <a href="https://www.reviewofophthalmology.com/article/a-review-of-refractive-lens-exchange">qu’il ne faut pas sous-estimer</a>. La rétine myope est également étirée et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29265742/">peut s’altérer au-delà de 60 ans</a>, comme un écran de cinéma qui devient craquelé. La vision est automatiquement détériorée.</p>
<p>Or, un implant multifocal demande une rétine parfaite pour assurer une bonne vision. Comme Judy est myope, on ne peut lui garantir une vision parfaite à vie à la suite de la chirurgie.</p>
<p>Sans compter que comme sa mère et sa grand-mère, elle pourrait un jour développer une dégénérescence maculaire. Dans ce cas également, la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7575463/">vision de l’implant multifocal serait fortement affectée</a></p>
<p>Les implants multifocaux sont souvent associés à une perception de halos et d’éblouissement, notamment le soir. Si la majorité des patients tolèrent ces effets secondaires au départ, il peuvent devenir très dérangeants à long terme, puisqu’ils <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5747227/">persistent dans le temps</a>. Cette procédure n’est d’ailleurs pas tout à fait réversible – le retrait des implants peut engendrer des conséquences importantes.</p>
<p>Le remplacement du cristallin de Judy ne semble donc pas être la meilleure option. En attendant, elle se résout à considérer les lentilles sclérales et à optimiser le traitement de sa sécheresse oculaire.</p>
<p>Elle repart satisfaite d’avoir parlé de ces enjeux avec la personne qui connaît le mieux ses yeux : son optométriste !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219942/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Langis Michaud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il est possible d’avoir recours à une chirurgie qui permet de remplacer le cristallin, lentille naturelle de l’œil, par un implant – sans avoir de cataracte. Et elle n’est pas sans risque.Langis Michaud, Professeur Titulaire. École d'optométrie. Expertise en santé oculaire et usage des lentilles cornéennes spécialisées, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2181842023-12-06T13:45:28Z2023-12-06T13:45:28ZChangement climatique et agriculture : les économistes alertent sur la nécessité d'intensifier les efforts d'adaptation en Afrique subsaharienne<p>Les pays d'Afrique subsaharienne dépendent fortement des secteurs agricole et forestier. L'agriculture représente jusqu'à <a href="https://data.worldbank.org/indicator/NV.AGR.TOTL.ZS?locations=ZG">60 %</a> du produit intérieur brut de certains pays. Mais ce secteur est très vulnérable au changement climatique car il dépend fortement des facteurs climatiques. Cette vulnérabilité est particulièrement marquée dans la région en raison de la lenteur des progrès technologiques.</p>
<p>En tant qu'économistes agricoles, nous avons effectué une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652623016451">revue</a> de la littérature sur le défi du changement climatique pour l'agriculture en Afrique subsaharienne. Nous avons étudié la répartition de divers facteurs climatiques (tels que les précipitations, les températures et les événements météorologiques extrêmes) dans la région, ainsi que leur impact sur l'agriculture. Nous avons également étudié les mesures prises par les agriculteurs ruraux pour faire face au changement climatique. </p>
<p>Nous avons constaté que les implications du changement climatique sur le développement agricole et économique sont diverses dans la région. Il est difficile de prédire exactement comment le changement climatique affectera l'agriculture et le développement économique. </p>
<p>Mais il est clair que les pays d'Afrique subsaharienne comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Botswana et le Kenya sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652623016451">extrêmement vulnérables</a> au <a href="https://www.afdb.org/en/cop25/climate-change-africa">changement climatique</a>. </p>
<p>Les agriculteurs n'utilisent pas de stratégies d'adaptation efficaces. Il s'agit notamment de planter des variétés de cultures résistant à la sécheresse et de conserver l'eau et le sol. Le manque de ressources et d'infrastructures les a freinés. Les programmes d'atténuation tels que la taxation du carbone, la gestion de l'eau, le recyclage, le boisement et le reboisement n'ont eu qu'un impact limité. Le manque de sensibilisation au changement climatique, l'instabilité des politiques gouvernementales et l'instabilité politique ont entravé les programmes.</p>
<p>L'impact du changement climatique sur les ménages vulnérables sera extrême si des mesures adéquates ne sont pas prises à temps. Des études indiquent qu'en l'absence d'adaptation, des pays comme le Togo, le Nigeria, le Congo et le Mali connaîtront davantage de <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/AR5_SYR_FINAL_SPM.pdf#page=13">pertes agricoles</a>. Les gouvernements, les organisations internationales, les communautés locales et les autres parties prenantes doivent élaborer des stratégies pour répondre aux divers besoins des agriculteurs d'Afrique subsaharienne.</p>
<h2>Ce que notre étude a révélé</h2>
<p>Les études que nous avons examinées indiquent que les régimes de précipitations, les températures et les phénomènes météorologiques extrêmes ont changé de manière significative dans la région. Cette tendance ne devrait pas changer au cours des prochaines décennies.</p>
<p>L'Afrique subsaharienne connaît <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652623016451">des régimes pluviométriques divers</a>. Les précipitations annuelles peuvent descendre jusqu'à 100 millimètres dans les zones arides du Sahel et dans certaines parties de l'Afrique de l'Est, et dépasser 500 millimètres dans les zones tropicales de l'Afrique centrale et de l'Ouest. </p>
<p>Les températures peuvent souvent dépasser 40° C (104° F) pendant les mois les plus chauds. Au cours du siècle dernier, la température moyenne a <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405880722000292">augmenté</a> d'environ 0,74° C. </p>
<p>La région <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405880722000292">connaît</a> divers phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur. Les zones côtières, en particulier dans les régions de l'est et du sud, subissent <a href="https://africacenter.org/spotlight/cyclones-more-frequent-storms-threaten-africa/">des cyclones ou des tempêtes tropicales</a>.</p>
<p>De nombreuses études montrent que ces conditions affectent la production agricole et la société de plusieurs manières :</p>
<ol>
<li><p>Réduction des rendements : le changement climatique réduit le rendement des cultures. La hausse des températures, la modification du régime des précipitations, les sécheresses et les inondations affectent les récoltes. Au Nigeria, par exemple, les agriculteurs ont constaté une baisse des rendements due à l'apparition de nouveaux parasites, à l'apparition de maladies et à l'assèchement des cours d'eau. </p></li>
<li><p>L'insécurité alimentaire : une faible productivité agricole entraîne souvent l'insécurité alimentaire, qui touche à la fois les populations rurales et urbaines. La baisse des rendements agricoles peut entraîner une hausse des prix. Un accès réduit à la nourriture peut aggraver la malnutrition et la faim.</p></li>
<li><p>Perte de revenus et pauvreté : la baisse de la production agricole affecte le revenu des petits exploitants. Cela peut accroître les niveaux de pauvreté et la vulnérabilité économique. Nous avons constaté une baisse de la production céréalière au cours de la dernière décennie au Ghana, au Congo et en Afrique du Sud. </p></li>
<li><p>Diminution de la productivité du bétail : la hausse des températures, les changements dans la disponibilité du fourrage et la rareté de l'eau constituent un défi pour les éleveurs. Ces facteurs rendent le bétail vulnérable aux maladies et à la mort. Les agriculteurs doivent supporter des coûts élevés pour vacciner et traiter les animaux.</p></li>
<li><p>Vulnérabilité des petits exploitants agricoles : ces agriculteurs n'ont pas toujours les ressources et la capacité de s'adapter à l'impact du changement climatique.</p></li>
</ol>
<h2>Recommandations et implications politiques</h2>
<p>L'examen des études a montré que l'Afrique subsaharienne pourrait se développer économiquement si les agriculteurs ruraux prenaient des mesures plus efficaces contre le changement climatique.</p>
<p>Nous avons formulé les recommandations suivantes pour protéger les agriculteurs de l'impact du changement climatique :</p>
<ul>
<li><p>Renforcer les institutions pour l'élaboration et la mise en œuvre des politiques. La coordination des efforts d'adaptation au changement climatique et des pratiques agricoles durables améliore la productivité des exploitations. </p></li>
<li><p>Améliorer les infrastructures rurales. Cela permettrait de promouvoir la croissance économique, de réduire la pauvreté et de rendre les communautés rurales plus résilientes. </p></li>
<li><p>Lancer des programmes d'action sociale. L'amélioration de l'accès au financement, aux marchés, à l'éducation et aux informations sur le climat renforcerait la protection sociale.</p></li>
<li><p>Créer davantage de plantations forestières et maintenir les plantations existantes. Elles contribueraient à absorber l'impact du changement climatique sur l'agriculture et à promouvoir le développement économique.</p></li>
<li><p>Le boisement et le reboisement peuvent également contribuer à l'absorption du carbone et à la conservation de la biodiversité.</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/218184/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Abiodun Olusola Omotayo est financé par le programme Climap Africa, l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD-Grant Ref : 91838393), en Allemagne, et la National Research Foundation (NRF), Incentive Funding for Rated Researchers (Grant number : 151680), en Afrique du Sud.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Abeeb Babatunde Omotoso does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Les petits exploitants subissent de plein fouet les effets du changement climatique en Afrique subsaharienne. Il faut des mesures volontaristes pour soutenir et stimuler la production agricole,Abeeb Babatunde Omotoso, Postdoctoral research associate, North-West UniversityAbiodun Olusola Omotayo, Senior lecturer/researcher, North-West UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2176452023-12-01T14:17:39Z2023-12-01T14:17:39ZCOP28 : la crise climatique est aussi un enjeu de santé publique<p>Le sommet sur les changements climatiques (COP28) a débuté jeudi dernier aux Émirats arabes unis et se poursuit jusqu’au 12 décembre. Avant même son lancement, ce sommet a fait l’objet de nombreuses critiques. Pourquoi ? Notamment parce que <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/802652/environnement-elephant-petrolier-salle-cop28">son organisation a été confiée à un PDG d’une compagnie pétrolière</a>. </p>
<p>Néanmoins, le calendrier dévoilé nous donne plusieurs raisons d’entrevoir une lueur d’espoir. L’une d’entre elles provient du fait qu’une journée (le 3 décembre) sera consacrée à des discussions quant aux effets des changements climatiques sur la santé. Une première mondiale. </p>
<p>Mais pourquoi devrions-nous donc nous intéresser à la dimension santé du problème ? </p>
<p>Doctorante en science politique à l’Université de Montréal, mes travaux portent sur la construction sociale des problèmes publics. Je m’intéresse notamment aux effets de cadrage de la crise climatique et leur rôle dans l’apport de changements de politique publique.</p>
<h2>Quels effets sur notre santé ?</h2>
<p>Si les liens entre santé et environnement ne sont pas nouveaux, les liens entre santé et changements climatiques relèvent quant à eux d’un phénomène plus récent. </p>
<p>Dans les années 80, on parlait déjà de supposés <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1524-4725.1988.tb03589.x">problèmes dermatologiques causés par le trou dans la couche d’ozone</a>. </p>
<p>Le lien avec les changements climatiques s’est toutefois fait plus tard, à la fin des années 2010. C’est à ce moment que le prestigieux journal médical <em>The Lancet</em> a publié un <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)60935-1/fulltext">rapport</a> indiquant que le réchauffement climatique constituait « la plus grande menace sanitaire mondiale du XXI<sup>e</sup> siècle ».</p>
<p>D’après ce même rapport, on souligne que le réchauffement climatique entraîne une intensification et une multiplication des évènements météorologiques extrêmes, lesquels peuvent être en retour dangereux pour notre santé. </p>
<p>Les inondations peuvent entraîner l’apparition de maladies transmises par l’eau, telles que le choléra ou la malaria. </p>
<p>Les sécheresses, en réduisant la productivité agricole, mènent quant à elles à de graves cas de malnutrition et de déshydratation. </p>
<p>Les vagues de chaleur ainsi que les feux de forêt endommagent notre système cardiorespiratoire et entraînent un ralentissement du rythme de travail ainsi que de la pratique de loisirs en extérieur. </p>
<p>Plus généralement, la hausse des températures nous expose davantage à des maladies transmises par des rongeurs ou à transmission vectorielle, comme la maladie de Lyme ou la dengue, car elle permet à certaines espèces animales d’étendre leur zone d’habitat dans des latitudes plus au nord du globe. </p>
<p>Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces risques sont inégalement répartis sur les territoires et peuvent se superposer les uns avec les autres. De telles expériences ont aussi des conséquences sur le plan psychologique, en entraînant notamment l’apparition du syndrome de stress post-traumatique.</p>
<h2>Parler de santé : une opération de communication efficace ?</h2>
<p>Depuis leur apparition sur l’agenda public et politique, les changements climatiques ont été essentiellement définis comme un problème environnemental ou économique. Or, la <a href="https://psycnet.apa.org/record/1982-30300-001">façon dont on cadre un problème détermine souvent les solutions</a> mises sur la table pour y répondre. </p>
<p>Aujourd’hui, on constate que les cadrages dominants montrent des signes d’essoufflement. À ce sujet, le <a href="https://www.ulaval.ca/developpement-durable/actualites/4e-editions-du-barometre-de-laction-climatique">Baromètre de l’action climatique</a> (constats du Groupe de recherche sur la communication marketing climatique de l’Université Laval) indique par exemple qu’un écart persiste entre les intentions de la population québécoise à en faire plus pour la crise climatique et sa prise d’actions concrètes. La mise en place de politiques climatiques efficaces soulève également encore des controverses et l’on constate la <a href="https://www.ouranos.ca/fr/projets-publications/communiquer-et-favoriser-engagement">présence d’une fatigue informationnelle sur l’enjeu</a>.</p>
<p>Plusieurs études, dont <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-023-15105-z">certaines réalisées au Canada</a>, montrent que le cadrage santé pourrait aider à contourner cette problématique. </p>
<p>La population étant déjà familière avec ces risques sanitaires dans d’autres contextes, <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-10-299">elle se sentirait plus concernée par la crise climatique</a> que lorsqu’elle est confrontée à une image d’un ours polaire sur une banquise qui fond. </p>
<p>Parler des cobénéfices santé – comme celui de prendre le vélo pour aller travailler parce que c’est bon pour la santé et la planète – permettrait aussi un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-012-0513-6">discours plus optimiste</a>. </p>
<p>De plus, des experts montrent que le cadrage santé rejoint une plus grande proportion de la population, <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-10-299">y compris les personnes considérées comme climatosceptiques</a>. </p>
<h2>Quels objectifs santé à la COP28 ?</h2>
<p>D’une part, les discussions du 3 décembre auront pour but d’élaborer des stratégies de financement pour décarboniser les systèmes de santé à travers le monde. À titre d’exemple, un <a href="https://aspq.org/app/uploads/2023/11/dunsky_decarbonation-sante_rapport_21-novembre-2023.pdf">récent rapport de l’Association pour la Santé publique du Québec</a> indique que le réseau de la santé est responsable de 3,6 % des émissions de gaz à effet de serre de la province (en particulier en raison du chauffage de l’air et de l’eau chaude sanitaire, de l’usage de gaz médicaux, mais aussi des transports de patients par ambulances, navettes et avions). On nous dit qu’il faudrait investir près de 3,8 milliards de dollars d’ici 2040 pour atteindre l’objectif zéro-émission dans le secteur. De ce fait, il existe une réelle nécessité de rendre les systèmes de santé moins énergivores. </p>
<p>D’autre part, on peut s’attendre à ce que les acteurs présents à la COP28 insistent pour une plus grande reconnaissance des effets des changements climatiques sur la santé afin que ceux-ci soient davantage pris en considération dans les plans gouvernementaux d’adaptation et autres initiatives. En 2021, un <a href="https://www.who.int/publications/i/item/9789240038509">sondage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)</a> montrait que seulement 52 % des pays répondants possédaient un plan d’adaptation en santé et que 25 % étaient en train d’en développer un. </p>
<p>Le Canada, quant à lui, faisait partie des 23 % restants n’ayant aucun plan.</p>
<p>Cependant, il se pourrait bien que le vent soit en train de tourner, tant au niveau national qu’international. </p>
<p>Au pays, le <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/corporate/publications/chief-public-health-officer-reports-state-public-health-canada/state-public-health-canada-2022/report.html">rapport 2022 de l’administratrice en chef de la Santé publique du Canada</a> était par exemple dédié aux effets des changements climatiques.</p>
<p>De plus, les <a href="https://natural-resources.canada.ca/simply-science/canadas-record-breaking-wildfires-2023-fiery-wake-call/25303">feux de forêt sans précédent</a> durant l’été 2023 et la toxicité dans l’air qui s’en est suivie, ont possiblement engendré un changement de mentalité.</p>
<p>Dans les dernières années, les <a href="https://www.thelancet.com/countdown-health-climate">rapports du <em>Lancet Countdown</em></a> dénotent une hausse de la visibilité de l’enjeu dans les médias ainsi qu’une présence plus récurrente dans les débats à l’Assemblée générale des Nations unies. </p>
<p>Le fait que la COP28 fasse de la santé une de ses thématiques centrales est, somme toute, un pas dans la bonne direction.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217645/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alizée Pillod est affiliée au Centre d'Études et de Recherches Internationales de l'UdeM (CERIUM), au Centre de recherche sur les Politiques et le Développement Social (CPDS) et au Centre pour l'Étude de la citoyenneté démocratique (CECD). Ses recherches sont subventionnées par les Fonds de Recherche du Québec (FRQ). Alizée a aussi obtenu la Bourse départementale de recrutement en politiques publiques (2021) ainsi que la Bourse d'excellence Rosdev (2023). Elle a également été la coordonnatrice pour un projet financé par Ouranos et le MELCCFP sur la communication climatique en contexte pandémique.</span></em></p>Le 3 décembre, la COP28 aura une journée consacrée aux discussions sur les effets des changements climatiques sur la santé, soit une première mondiale. En quoi est-ce important ? À quoi s’attendre ?Alizée Pillod, Doctorante en science politique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2141652023-11-26T15:36:24Z2023-11-26T15:36:24ZLes rivières intermittentes, des écosystèmes encore trop souvent méconnus et négligés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550896/original/file-20230928-27-88889f.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=258%2C17%2C3288%2C2138&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Moutons dans un segment en cessation d’écoulement dans le Barranc del Carraixet, Espagne.</span> <span class="attribution"><span class="source">Nuria Cid</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>550 000km, c’est la longueur totale des cours d’eau en France. Rus, rivières, <a href="https://theconversation.com/fleuves-francais-est-il-possible-de-retrouver-un-bon-etat-ecologique-169043">fleuves</a> : l’immense majorité de la population <a href="https://theconversation.com/des-rivieres-et-des-riverains-les-emotions-comme-approche-de-la-preservation-de-leau-179210">vit à proximité d’un cours d’eau</a>. Nous sommes nombreux à avoir été témoins d’une forte crue ou de l’assèchement soudain du cours d’eau auprès duquel nous jouions enfant.</p>
<p>Une partie de nos rivières sont d’ailleurs dites « intermittentes » : de manière récurrente, elles cessent de s’écouler ou s’assèchent complètement. C’est un phénomène naturel, tous les cours d’eau possèdent des segments intermittents : à l’échelle mondiale, ils sont même plus importants que les segments qui coulent toute l’année ; à l’échelle française ils représentent <a href="https://hess.copernicus.org/articles/17/2685/2013/hess-17-2685-2013.html">environ un tiers de l’ensemble des cours d’eau du pays</a>.</p>
<p>La biodiversité et les processus écosystémiques des cours d’eau intermittents sont régis par les cycles répétés de phases d’écoulement, de non-écoulement et d’assèchement. À leur tour, ces phases influencent la dynamique écologique de tout le cours d’eau, y compris des écosystèmes aquatiques pérennes connectés en surface, dans le milieu souterrain (nappes phréatiques) et ce jusqu’aux estuaires et zones littorales.</p>
<p>Liée au climat, à la géologie ou aux échanges avec la nappe, cette intermittence n’est donc pas négative pour la biodiversité. Mais le <a href="https://theconversation.com/dans-le-jura-le-rechauffement-climatique-aggrave-la-pollution-des-eaux-par-les-nitrates-206785">changement climatique</a> vient introduire des perturbations qui elles, peuvent avoir des effets néfastes. C’est ce que nous montrons dans des travaux publiés dans <a href="https://www.nature.com/articles/s43017-023-00495-w"><em>Nature Reviews Earth & Environment</em></a>.</p>
<h2>Des espèces qui s’adaptent</h2>
<p>Tant qu’elle est naturelle, l’intermittence n’est pas nécessairement néfaste pour la biodiversité. Beaucoup d’espèces animales et végétales ont développé des adaptations à la « dessiccation », c’est-à-dire au fait de se dessécher. C’est le cas par exemple de <a href="https://experts.arizona.edu/en/publications/resistance-resilience-and-community-recovery-in-intermittent-rive">certains insectes trichoptères et plécoptères</a>.</p>
<p>Sous certains climats, des crustacés comme certaines écrevisses, des copépodes ou des ostracodes, peuvent également survivre hors de l’eau pendant des semaines voire des années, <a href="https://experts.arizona.edu/en/publications/resistance-resilience-and-community-recovery-in-intermittent-rive">sous des formes de résistance</a> – œufs, larves ou adultes en dormance. Certains poissons peuvent même respirer de l’air <a href="https://experts.arizona.edu/en/publications/resistance-resilience-and-community-recovery-in-intermittent-rive">durant les périodes d’assec en Afrique</a>, en Australie ou en Amérique du Sud.</p>
<p>Certains organismes sont par ailleurs capables de recoloniser très vite les segments asséchés une fois l’eau revenue, que ce soit à partir de segments pérennes, de la zone saturée en eau sous le lit des cours d’eau ou de refuges aquatiques dans le bassin versant.</p>
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<p>D’autres espèces profitent de cet assèchement et donc de l’absence fréquente de prédateurs pour se développer dans ces segments. C’est le cas d’espèces de saumons au Canada mais aussi du crapaud sonneur à ventre jaune (<em>Bombina variegata</em>) en Europe.</p>
<p>Cette intermittence est également un frein naturel à la propagation d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/especes-invasives-29442">espèces invasives</a>. Elle génère une forte diversité régionale, en réajustant constamment les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/fwb.13611">successions écologiques</a>.</p>
<p>Des organismes terrestres profitent enfin aussi largement des assèchements, que ce soit pour se nourrir de matière organique aquatique morte, occuper les lits de cours d’eau asséchés <a href="https://www.researchgate.net/publication/370133726_Intermittent_rivers_and_ephemeral_streams_are_pivotal_corridors_for_aquatic_and_terrestrial_animals">ou les utiliser pour se déplacer</a>.</p>
<h2>La faune prise de court</h2>
<p>Les transformations globales viennent malheureusement perturber ces cycles naturels dans nos rivières. Le changement climatique, marqué par de longues périodes sans pluie et des températures de plus en plus élevées, modifie la dynamique d’assèchement des cours d’eau. Certains s’assèchent plus, d’autres moins, et de nombreux segments historiquement pérennes deviennent intermittents.</p>
<p>Ces changements brutaux affectent fortement la biodiversité. Certaines espèces qui se réfugiaient dans ces cours d’eau sont menacées, soit par un assèchement plus précoce qui les empêche de rejoindre leur lieu de frayage ou perturbe leur cycle de vie. Par exemple, l’arrivée précoce d’assecs – périodes sans eau – peut mettre en péril les stratégies sélectionnées par l’évolution, comme le fait pour les larves des trichoptères du groupe <em>Stenophilax</em> sp. d’émerger sous forme d’adultes au printemps pour aller se réfugier dans des grottes ou troncs d’arbres durant l’assèchement estival.</p>
<p>Les refuges sont aussi parfois tellement dégradés durant les canicules et périodes de sécheresse qu’ils ne jouent plus leur rôle et menacent la dynamique biologique de ces cours d’eau.</p>
<h2>Des pans de l’économie menacés</h2>
<p>De plus en plus de rivières historiquement pérennes deviennent par ailleurs intermittentes du fait des prélèvements excessifs dans les nappes et les rivières.</p>
<p>Les trajectoires biologiques de ces « nouveaux » écosystèmes sont encore très méconnues mais représentent une sérieuse menace pour la riche diversité des cours d’eau et les <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article-abstract/73/1/9/6835545?redirectedFrom=fulltext">nombreux services qu’ils rendent</a> aux sociétés.</p>
<p>Une intermittence imprévue, associée à une baisse drastique du débit, peut ainsi affecter les loisirs nautiques sur certaines rivières : en 2022, l’absence de pluie a par exemple provoqué une chute du débit et un assèchement extrême de la Drôme et donc empêché les descentes en canoë. L’irrigation et par extension la production agricole sont également touchées, avec un impact économique majeur sur tout un secteur. Même constat pour la pêche, qu’elle soit professionnelle ou non.</p>
<h2>Une bombe à retardement environnementale</h2>
<p>Ces zones asséchées sont aussi beaucoup plus actives biogéochimiquement que l’on ne le soupçonnait. Ce sont notamment des lieux d’accumulation de matières organiques terrestres qui, une fois remises en eau, peuvent produire des pulses de CO<sub>2</sub>, c’est-à-dire des émissions brutales et ponctuelles dans l’atmosphère <a href="https://www.nature.com/articles/s41561-018-0134-4">dans l’atmosphère</a>, ainsi que des flux d’eau très peu oxygénée et chargée d’éventuels contaminants vers l’aval, avec des effets dévastateurs pour l’environnement, mais également pour la santé humaine.</p>
<p>Il apparaît donc nécessaire que l’intermittence des cours d’eau soit prise en compte dans la gestion des milieux aquatiques. Considérer cela comme un épisode occasionnel, sans importance, peut avoir de graves conséquences sur la biodiversité des eaux douces, leur intégrité écologique et les populations vivant à proximité.</p>
<h2>Des milieux trop négligés</h2>
<p>Malheureusement, ces écosystèmes souffrent <a href="https://www.researchgate.net/publication/365292418_It%E2%80%99s_dry_it_has_fewer_charms_Do_perceptions_and_values_of_intermittent_rivers_interact_with_their_management">d’une perception très négative</a> chez les gestionnaires et le public, parce qu’ils sont méconnus, complexes et jusqu’à récemment, peu étudiés. Les segments asséchés sont souvent utilisés comme décharges, réceptacles de rejets d’eaux usées, de circuit de 4x4 et quads, ou encore comme sources de granulats.</p>
<p>Du point de vue de leur gestion, cela freine la mise en place de politiques publiques dédiées à la protection des milieux aquatiques. Ils ne sont pas suivis hydrologiquement, malgré des évolutions positives comme le <a href="https://onde.eaufrance.fr/">réseau national ONDE</a>, et <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02600226">sont oubliés des suivis de l’état écologique</a> dans le cadre de la Directive cadrée européenne. En France, les efforts pour conserver ou restaurer ces milieux demeurent extrêmement rares.</p>
<p>Sur le plan législatif, plusieurs tentatives ont même lieu pour les exclure de la police de l’eau, que ce soit <a href="https://www.researchgate.net/publication/365292418_It%E2%80%99s_dry_it_has_fewer_charms_Do_perceptions_and_values_of_intermittent_rivers_interact_with_their_management">aux Etats-Unis</a> <a href="https://www.zabr.assograie.org/les-cours-deau-intermittents-en-danger/">ou en France</a>.</p>
<p>Pourtant, ces segments qui font partie intégrante des réseaux hydrographiques sont connectés aux segments pérennes, mais aussi aux eaux souterraines, zones humides adjacentes, estuaires et milieux côtiers, au moins durant les phases en écoulement : les négliger met en péril l’ensemble des écosystèmes aquatiques d’eau douce.</p>
<h2>Une app pour signaler les rivières asséchées</h2>
<p>Afin de mieux comprendre ces rivières, l’Inrae et ses partenaires ont développé une application de sciences participatives open-source dans le cadre d’un projet de recherche européen : <a href="https://www.dryver.eu/app">DryRivers</a>.</p>
<p>Cette application permet à n’importe quel citoyen de signaler un assèchement d’un cours d’eau. Les données ainsi recueillies sont disponibles sur le site Internet du projet. Leur analyse nous a déjà aidés à <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/73/7/513/7223627">mieux cartographier ces rivières</a> au niveau européen, de calibrer et valider des modèles hydrologiques indispensables à la compréhension et à la gestion des cours d’eau, non seulement aujourd’hui mais aussi dans le futur.</p>
<p>Ces observations contribuent enfin à sensibiliser le public à la prévalence de ces écosystèmes dans le paysage, tout en alertant sur les effets du réchauffement climatique sur nos cours d’eau.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thibault Datry ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si beaucoup d’espèces sont adaptées à l’intermittence naturelle des cours d’eau, le changement climatique perturbe cet équilibre en amplifiant les périodes de sécheresse et les crues.Thibault Datry, Directeur de Recherche, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2109952023-10-01T15:40:47Z2023-10-01T15:40:47ZForêts et parasites invasifs : et si on se trompait de suspect ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/549774/original/file-20230922-15-3qdnpv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'orme est un arbre particulièrement vulnérable à certains parasites invasifs venus d'ailleurs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels/Tonia Kraakman</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>L’utilisation d’espèces d’arbres exotiques en forêt apparaît à certains <a href="https://www.onf.fr/+/5b2::les-ilots-davenir-des-plantations-pour-lutter-contre-le-changement-climatique.html">comme une solution incontournable</a> pour faire face à un <a href="https://theconversation.com/secheresses-incendies-et-maladies-les-risques-en-cascade-qui-menacent-les-forets-francaises-157448">changement climatique rapide</a>. Plus résistantes à des températures élevées, elles rendraient nos forêts moins fragiles, par exemple face aux <a href="https://theconversation.com/secheresse-lindispensable-adaptation-des-forets-francaises-128404">épisodes de sécheresse</a>.</p>
<p>Cette pratique est pourtant controversée à plusieurs titres. Non seulement parce que ces espèces se révèlent parfois invasives, se dispersant alors de façon incontrôlée. Mais aussi parce que les flores et faunes associées à ces espèces sont souvent pauvres, d’autant plus qu’elles sont généralement plantées en monoculture en France.</p>
<p>Au-delà de ces risques pour les écosystèmes, cette pratique serait aussi responsable de l’introduction de microorganismes pathogènes et d’insectes ravageurs. Le <a href="https://societebotaniquedefrance.fr/2021/12/14/la-societe-botanique-de-france-publie-un-livre-blanc-sur-lintroduction-dessences-exotiques-en-foret/#:%7E:text=Ce%20livre%20blanc%20de%20pr%C3%A8s,d%E2%80%99en%20accro%C3%AEtre%20la%20r%C3%A9silience">livre blanc de la Société botanique de France</a> sur l’introduction d’espèces d’arbres exotiques en forêt développe cette idée, l’illustrant en particulier avec le cas de la chalarose du frêne, une maladie qui a émergé ces dernières décennies.</p>
<p>Si cela était avéré, cette stratégie soulèverait une menace très sérieuse : les agents pathogènes invasifs représentent en effet environ 50 % des cas de maladies signalées par le <a href="https://annforsci.biomedcentral.com/articles/10.1007/s13595-015-0487-4">Département de la santé des forêts</a>, et cette proportion s’accroît.</p>
<p>Mais cette affirmation est-elle fondée ? Sait-on précisément comment les microorganismes attaquant les arbres s’introduisent dans les forêts ? Penchons-nous sur trois cas emblématiques.</p>
<h2>La graphiose de l’orme</h2>
<p>Parmi les épidémies les plus sévères ayant affecté la forêt européenne, la graphiose de l’orme arrive en tête. Deux épisodes successifs ont en fait été induits par deux espèces de champignon voisines (<em>Ophiostoma ulmi</em> et <em>O. novo-ulmi</em>).</p>
<p>La première épidémie est survenue au début du XX<sup>e</sup> siècle. Son mode d’introduction reste inconnu, même s’il a parfois été évoqué que l’empaquetage en bois du matériel militaire américain arrivant sur le front pendant la Première Guerre mondiale pourrait en avoir été responsable.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/152770/original/image-20170115-11822-1jn3eqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Flétrissement de branches d’ormes dû à la graphiose.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Inrae Grand-Est-Nancy</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La seconde, causée par <em>O. novo-ulmi</em>, a engendré beaucoup plus de dommages, puisqu’elle élimine largement l’orme des haies et forêts de France. En Europe de l’Ouest, son origine est mieux connue : le <a href="https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/1973Natur.242..607B/abstract">champignon est arrivé d’Amérique du Nord</a>, qui avait précédemment été envahie. On ne connaît pas précisément la source initiale de l’introduction du parasite. L’épidémie a démarré autour de quelques grands ports du sud de l’Angleterre : une inspection au port de Southampton en 1973 a démontré que le parasite était présent sur des grumes d’ormes nord-américains venues de l’Ontario.</p>
<p>D’après une étude rétrospective, des importations de ces dernières étaient déjà survenues dans les années 60, justement dans les zones où les premiers foyers de graphiose étaient apparus.</p>
<h2>La chalarose du frêne</h2>
<p>Intéressons-nous maintenant à la <a href="https://theconversation.com/chalarose-du-frene-et-autres-maladies-invasives-il-est-possible-de-mieux-proteger-les-forets-71203">chalarose du frêne</a>, qui affecte fortement les frênes communs à travers l’Europe. Signalée pour la première fois en Pologne dans les années 90, la maladie a pour responsable un champignon, <em>Hymenoscyphus fraxineus</em>, qui n’a été identifié qu’en 2006.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Branche envahie de champignons" src="https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=21%2C12%2C1408%2C1054&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542892/original/file-20230815-25-gdgafs.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La chalarose, champignon qui menace les frênes européens.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Quelques années plus tard, il est démontré que ce champignon invasif est originaire d’Extrême-Orient, où son hôte indigène est le frêne de Mandchourie. Son arrivée serait ici liée, <a href="https://www.researchgate.net/publication/271630133_Introduction_of_Mandshurian_ash_Fraxinus_mandshurica_Rupr_to_Estonia_Is_it_related_to_the_current_epidemic_on_European_ash_F_excelsior_L">selon des scientifiques estoniens</a>, aux introductions répétées de frênes de Mandchourie dans les pays baltes durant la période soviétique – en général dans des jardins botaniques, des arboretums ou des parcs.</p>
<p>Mais il s’agissait le plus souvent d’importations de graines de frênes. Or, le risque d’introduction de parasites à travers les graines est très faible : dans le cas de la chalarose, il est impossible que le pathogène ait été véhiculé de cette façon. En 1975, une introduction de plants venus de Mandchourie soviétique dans le Jardin botanique de Tallin pourrait en revanche en être responsable, l’agent pathogène ayant en outre été détecté là-bas sur un échantillon d’herbier de frêne asiatique en 1978. C’est la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35822887/">première présence connue</a> du parasite en Europe.</p>
<p>Le délai entre la première présence connue (1978) et le déclenchement de l’épidémie (années 1990) peut sembler très long, mais il correspond au temps mis par l’agent pathogène pour s’adapter à un hôte et à un environnement nouveau. Et si l’on peut pointer du doigt le Jardin botanique de Tallin, c’est grâce au travail consciencieux de traçabilité menée par son équipe – ce qui s’est passé là est sûrement survenu dans d’autres jardins ou arboretums. Soulignons néanmoins que le frêne de Mandchourie n’a jamais été utilisé en forêt en Europe.</p>
<h2>La mort subite du chêne</h2>
<p>La voie d’introduction de <em>Phytophthora ramorum</em> en Europe est nettement mieux connue. Dans les années 90, cette maladie désastreuse affectant des chênes américains est signalée en Californie, et baptisée la mort subite des chênes. À la même période, un nouveau <em>Phytophthora</em> affectant les rhododendrons est décrit en Allemagne. Les scientifiques montreront dans la foulée que les deux maladies sont causées par le même microorganisme, <em>P. ramorum</em>, rapidement <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/SANTVEG2017SA0259Ra.pdf">retrouvé sur des rhododendrons en Californie</a>.</p>
<p>En Europe grandit alors la crainte de voir se développer la maladie sur nos chênes locaux : on constate rapidement la large dissémination du parasite sur le rhododendron et le laurier-tin dans les jardineries et pépinières ornementales de toute l’Europe, mais aussi parfois dans les parcs, en particulier les jardins patrimoniaux britanniques.</p>
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<p>Ce ne sont finalement pas les chênes qui seront impactés en Europe : en 2010, les Britanniques rapportent que le parasite est la cause d’une épidémie sévère en forêt sur mélèze, avant de signaler quelques années plus tard qu’il peut aussi se développer sur châtaignier. En France, un premier foyer est signalé en 2017 sur des mélèzes dans le Finistère par le <a href="https://agriculture.gouv.fr/premiere-observation-de-phytophthora-ramorum-sur-meleze-en-france">Département de la santé des forêts</a> : une procédure d’éradication est menée dans les peuplements atteints et le foyer apparaît, pour l’instant, sous contrôle.</p>
<p>Les modalités d’introduction de <em>P. ramorum</em> sont aussi bien mieux connues grâce à la caractérisation moléculaire du parasite : deux variants du pathogène circulaient initialement sur la côte pacifique des États-Unis, tandis que deux autres différents circulaient en Europe. Après quelques années, le principal variant nord-américain est retrouvé dans des pépinières de rhododendrons de la côte est des États-Unis. Quant au principal variant européen, il fait son apparition en Oregon sur le rhododendron dans des pépinières, puis dans des zones urbaines et enfin sur des essences forestières natives en milieu naturel proche des zones urbaines.</p>
<p>Peu de doutes donc sur la dissémination de ce microorganisme, visiblement causée par le commerce international de rhododendrons. Selon des études génétiques, il serait originaire des montagnes du nord du Vietnam <a href="https://www.mdpi.com/1999-4907/11/1/93">où il a été trouvé récemment</a>, infectant des espèces de rhododendrons locales.</p>
<h2>Le rôle des plantes ornementales</h2>
<p>Pour chacun de ces trois exemples, la plantation d’espèces d’arbres exotiques dans les forêts n’est pas responsable de l’introduction de parasites, contrairement à ce que soutient la Société botanique de France. Ce qui est assez logique : les espèces exotiques sélectionnées pour un usage forestier ont généralement déjà fait longuement la preuve de leur adaptation au climat et de leur bonne croissance dans nos régions, par le biais de tests menés dans des jardins botaniques ou des arboretums. Si un parasite invasif devait être introduit par cette voie, le mal aurait déjà été fait…</p>
<p>Ne dégageons pour autant pas les forestiers de toute responsabilité. Une fois qu’un parasite exotique est introduit et s’est adapté à une essence locale, il sera plus aisément dispersé en forêt par plantation de celle-ci – comme dans le cas de la chalarose du frêne. Même si la maladie se disperse naturellement par le vent, il a été démontré que l’introduction du pathogène dans les îles britanniques s’est en partie faite par plantation du frêne commun européen.</p>
<p>Certaines maladies peuvent en outre être introduites par les forestiers, en particulier lorsqu’elles se disséminent par les graines. C’est le cas par exemple du chancre poisseux du pin, en Afrique du Sud. Absente dans les forêts françaises, elle a été détectée épisodiquement en pépinière et est présente en Espagne. D’autres cas sont connus, tels que les eucalyptus dans la zone de l’océan Indien.</p>
<p>Plus généralement, soulignons le rôle joué par le commerce de plantes ornementales dans la dispersion mondiale des parasites des arbres – c’est le cas de la pyrale du buis. Les villes européennes abritent en effet plusieurs milliers d’espèces ligneuses, dont de nombreuses espèces exotiques, ce qui représente une diversité sans commune mesure avec celle présente dans nos forêts.</p>
<p>Les microorganismes pathogènes exotiques trouvent là non seulement une possible voie d’introduction, mais aussi un riche choix d’hôtes potentiels pour pouvoir s’établir.</p>
<hr>
<p><em>Claude Husson, Département de la santé des forêts, ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire – DGAL, a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210995/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoit Marçais ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>On entend souvent que l’utilisation d’espèces d’arbres exotiques en forêt y introduit des maladies. Mais les principaux exemples d’épidémies montrent que les parasites arrivent par d’autres voies.Benoit Marçais, Directeur de recherche, unité de recherche « Interactions arbres-microorganismes », INRAE - Grand Est - Nancy, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2111642023-08-10T18:12:15Z2023-08-10T18:12:15ZExplorer l’univers depuis sa cour arrière (ou presque)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/542020/original/file-20230809-19-r1poh9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C4%2C988%2C661&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Est-ce qu'il y a de la vie ailleurs?</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Durant mes années collégiales, j’ai travaillé à l’Observatoire astronomique de Charlevoix. </p>
<p>Pas si mal, comme emploi d’été : observer les planètes et les étoiles jusqu’au milieu de la nuit, discuter d’exploration spatiale avec des mordus d’astronomie, voir des enfants s’émerveiller des anneaux de Saturne. </p>
<p>Parmi les dizaines de nuits d’astronomie que j’ai animées, une question revenait irrévocablement :</p>
<p>« Est-ce qu’il y a de la vie ailleurs ? »</p>
<p>C’était un gros mandat, pour le cégépien que j’étais, de répondre à cette question fondamentale, articulée par les premiers philosophes, qui a transcendé le temps et les époques et <a href="https://theconversation.com/mars-decouverte-dun-ancien-environnement-propice-a-lemergence-de-la-vie-210835">qui demeure au cœur de nos réflexions rationnelles</a>. </p>
<p>Je me contentais d’un simple « fort probablement », avant de renchérir avec un surprenant « et si c’est le cas, la réponse se cache ici, sur Terre, à des endroits qu’on appelle des « analogues planétaires ».</p>
<p>Les analogues planétaires sont des endroits sur Terre qui répliquent une ou plusieurs conditions extrêmes retrouvées sur un autre corps céleste. Par exemple, la température, la pression et la radiation solaire.</p>
<p>Pour des raisons techniques et financières, il n’est pas réaliste d’effectuer plusieurs missions spatiales par année, habitées ou non, d’autant plus que celles-ci s’exécutent en plusieurs années.</p>
<p>Or, la Terre, notre magnifique planète bleue où la vie prospère, possède des endroits extrêmes, dangereux, cruels. Ces endroits peuvent reproduire certaines conditions que l’on retrouverait dans les déserts arides de Mars ou dans l’atmosphère suffocante de Vénus. </p>
<p>Et si ces endroits étaient en fait des habitats, où la vie s’est développée ? </p>
<h2>Des lacs sous la glace</h2>
<p>Prenons l’exemple d’Europe, l’une des lunes de Jupiter, qui figure au sommet des candidates, avec Mars, dans notre quête à la vie extraterrestre. Sa surface est couverte d’une épaisse couche de glace d’environ 10 kilomètres, sous laquelle se trouve… un océan. Un océan <a href="https://doi.org/10.1038/34857">d’eau… liquide !</a> </p>
<p>Il s’avère qu’en Antarctique, près de 400 lacs existent dans des conditions similaires, c’est-à-dire qu’ils se trouvent en dessous d’une couche de glace permanente, protégés de tout ce qui se déroule à la surface. On les appelle des lacs « sous-glaciaires ».</p>
<p>C’est le cas du <a href="https://doi.org/10.1038/414603a">lac Vostok</a>, le plus gros et le plus profond en Antarctique. C’est dans les années 60 que les scientifiques ont soupçonné la présence d’un lac sous une épaisse couche de quatre kilomètres de glace. </p>
<p>Cette barrière glacée prive le lac d’échanges gazeux avec l’atmosphère, d’exposition à la radiation solaire et en fait un endroit sombre en permanence, pauvre en nutriments en plus de subir des pressions énormes. Pas très hospitalier ! </p>
<p>Cependant, l’eau à la surface du lac est concentrée en oxygène, l’élément chimique clé pour le métabolisme vivant. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1067&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1340&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1340&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542010/original/file-20230809-24-a15igl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1340&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le lac sous-glaciaire Vostok (Antarctique) est situé sous quatre kilomètres de glace.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span></span>
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<h2>Un amour pour les conditions extrêmes</h2>
<p>En 2008, des <a href="https://doi.org/10.1126/science.286.5447.2144">analyses de la glace qui recouvre Vostok</a> ont révélé la présence de micro-organismes ! C’est alors possible, pour la vie, de s’adapter dans des environnements hostiles qui seraient fatals pour la majorité des organismes. Ces superorganismes, ou organismes « extrêmophiles », sont capables de tolérer ces conditions extrêmes. </p>
<p>Par conséquent, les eaux de Vostok, isolées de la surface terrestre depuis des millions d’années, pourraient bien contenir de la vie également. Un analogue planétaire idéal !</p>
<p>Étudier le lac Vostok, et ses possibles formes de vie extrêmophiles, c’est presque comme être sur Europe, la lune de Jupiter. Et c’est presque comme étudier son océan. Si le lac Vostok a pu développer de la vie, la question est légitime : pourquoi pas l’océan d’Europe aussi ?</p>
<p>Les lacs sous-glaciaires comme Vostok sont un exemple parmi les dizaines de sites d’analogues planétaires répertoriés. Par exemple, afin d’étudier certains cratères martiens, les <a href="https://doi.org/10.1017/S1473550413000396">déserts terriens sont les terrains de jeux parfaits !</a> Les scientifiques explorent les déserts Mojave (aux États-Unis), <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-023-36172-1">Atacama (Chili)</a> et Namib (en Afrique), qui sont secs et arides. Leur sol contient également des extrêmophiles, dont l’étude nous informe sur le développement de la vie dans des environnements chauds, où l’eau est limitée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="désert Mojave" src="https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542017/original/file-20230809-17-hzx8dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le sol du désert Mojave contient des organismes extrêmophiles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<h2>Préparer les missions spatiales sur Terre</h2>
<p>Outre une compréhension sur la vie et son émergence, investiguer les analogues planétaires revêt un autre avantage : préparer et simuler des missions spatiales.</p>
<p>Imaginez – si on développe une nouvelle technologie pour échantillonner une roche sur Mars, il serait d’abord sage de la tester avant, n’est-ce pas ? Et pas seulement à l’intérieur de studios à la NASA, où les paramètres sont contrôlés. Il faut se rendre à l’extérieur, en régions éloignées, peu confortables. </p>
<p>C’est ce que faisaient les <a href="https://doi.org/10.1130/SPE483">astronautes des programmes Apollo dans les années 50 et 60</a> (ceux qui visaient la Lune). Ils allaient dans des cratères d’impact de météorite, dans des volcans, dans des déserts, partout sur Terre, durant des mois. Tout ça pour pratiquer leurs techniques avec divers outils adaptés, le tout ralenti par leur combinaison spatiale. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/542009/original/file-20230809-27-z4e7sr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les astronautes Dave Scott (gauche) et Jim Irwin (droite) pratiquent l’échantillonnage de roches pour une éventuelle mission sur la Lune en 1971.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Le livre Analogs for Planetary Exploration (2011)</span></span>
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</figure>
<h2>Tout commence sur Terre</h2>
<p>L’exploration spatiale et la compréhension de notre Système solaire commencent sur Terre. D’abord contre-intuitive, cette idée est en fait riche de sens lorsqu’on pense aux environnements éloignés, quasi inaccessibles et extrêmes que notre planète renferme. </p>
<p>C’est de cette manière qu’ont émergé l’astrochimie et l’astrobiologie, des domaines multidisciplinaires qui nous outillent dans nos recherches sur l’évolution de la Terre et de la vie.</p>
<p>Maintenant, si on me reposait la question « Est-ce qu’il y a de la vie ailleurs ? », moi, toujours naïf, mais qui commence son doctorat en chimie des milieux polaires extrêmes, répondrait : </p>
<blockquote>
<p>Je t’en reparle dans 5 ans ! </p>
</blockquote>
<p>Blague à part, les analogues possèdent leurs limites dans la mesure où les conditions ne seront jamais recréées en totalité ni entièrement. Par conséquent, les scientifiques doivent être prudents dans leur démarche et éviter les conclusions hâtives. </p>
<p>De la vie dans Vostok n’est pas synonyme de vie sur Europe, loin de là. Disons néanmoins que c’est une excellente première étape qui nous aide énormément à orienter les prochaines missions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211164/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniel Fillion ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les analogues planétaires sont des endroits sur Terre qui sont tellement extrêmes qu’ils répliquent des corps célestes dans le Système solaire.Daniel Fillion, Candidat au doctorat en océanographie, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2108552023-08-03T21:33:52Z2023-08-03T21:33:52ZCultiver sans eau ou presque : la technique du zaï au Sahel<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541003/original/file-20230803-23-flfgk9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.raphaelbelminphotography.com/">Raphael Belmin / CIRAD</a>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>« À l’échelle cosmique, l’eau liquide est plus rare que l’or », écrivait le célèbre astrophysicien Hubert Reeves. Ce qui vaut pour l’univers est encore plus vrai au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sahel-20578">Sahel</a>, cette immense bande aride qui parcourt l’Afrique d’est en ouest, à la lisière du Sahara. Au Sahel, le premier des biens, c’est l’eau. Depuis le <a href="https://journals.openedition.org/afriques/1376">IIIᵉ millénaire av. J.-C.</a>, les peuples de la région ont réalisé des efforts considérables et déployé des trésors d’imagination pour capter et maîtriser cette ressource si rare. Face à une eau mal répartie dans l’espace et le temps, ils ont dû inventer des méthodes intelligentes et parcimonieuses pour tirer parti de la moindre goutte.</p>
<p>Autrefois ignorés, les secrets des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/la-caravane-de-lagroecologie-126986">paysans sahéliens</a> attirent aujourd’hui l’attention des chercheurs et des décideurs. Et pour cause, ils inspirent de nouvelles voies d’adaptation au changement climatique pour l’agriculture africaine, et au-delà.</p>
<h2>L’art de capturer la pluie</h2>
<p>Chaque année dans le Yatenga, au nord du Burkina Faso, les premières pluies de juin viennent apaiser les brûlures d’une interminable saison sèche. Les sols imbibés d’eau font alors renaître la vie dans les champs de brousse. Partout ou presque, des bouquets de mil et de sorgho jaillissent de terre, transformant les savanes arides en bocages verdoyants.</p>
<p>Mais dans certains villages, la période de grande sécheresse des années 1970-80 a bouleversé le fragile écosystème sahélien : avec l’amincissement de la couverture végétale, les sols instables et ferrugineux du Yatenga ont été décapés par l’érosion ; ils sont devenus si pauvres et encroûtés que les pluies torrentielles ne font que ruisseler sans pouvoir s’infiltrer. Au lieu d’apporter la vie, l’eau érode les terres et emporte les espoirs des paysans.</p>
<p>Dans ce paysage hostile, certains paysans tentent de s’adapter et d’innover. Yacouba Sawadogo est l’un d’eux. Dans un champ stérile du village de Gourga, Yacouba et sa famille s’affairent pour percer le sol encrouté avant l’arrivée des premières pluies. Armés de leur <em>daba</em> (pioche traditionnelle), ils creusent la terre rouge de latérite. Dans une chorégraphie vigoureuse, les paysans quadrillent ainsi la parcelle de ces trous réguliers. Ils y glissent une poignée de compost, quelques graines de sorgho, une pellicule de terre légère : et voilà, le champ est prêt pour accueillir la prochaine pluie d’orage !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=928&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=928&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540998/original/file-20230803-27-mxmjbn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=928&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photos (a) : Yacouba Sawadogo dans sa parcelle de zaï en juin 2012, à Gourga, Burkina Faso ; (b) Fabrication des poquets de zaï dans la ferme de Yacouba ; (c) Expérimentation du zaï à Ndiob, au Sénégal ; (d) Germination du mil dans un poquet de zaï ; (e-f) Essais de mécanisation de la fabrique des poquets avec une dent attelée au Burkina Faso (gauche) et une tarière au Sénégal (droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hamado Sawadougou/INERA ; Isidore Diouf/ENDA PRONAT et Michel Destres/Solibam</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Semer comme cela des graines en pleine saison sèche, dans un champ que l’on parsème de trous, l’idée peut sembler contre-intuitive à l’œil extérieur, mais elle relève en réalité d’une expertise séculaire des habitants du Yatenga : le zaï. Cette technique agricole révolutionnaire les a rendus maîtres dans l’art de capturer la pluie. L’histoire orale raconte que dans l’ancien temps, la technique était utilisée par les familles dotées de très petites surfaces et de terres pauvres, avant de tomber dans l’oubli dans les années de 1950, période marquée par des pluies abondantes.</p>
<p>Mais dans les décennies désespérément sèches de 1970-1980, face à l’avancée du désert, <a href="https://theconversation.com/lhomme-qui-arreta-le-desert-une-inspiration-pour-habiter-autrement-la-terre-191200">Yacouba Sawadogo</a> a fait un choix singulier : celui de ne pas fuir. Au lieu de cela, il a exhumé le zaï, technique grâce à laquelle il est parvenu à <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=D1wABAAAQBAJ">revitaliser et reboiser 27 hectares de terres dégradées</a>. Celui qu’on surnomme « l’homme qui a arrêté le désert » a ainsi redonné espoir à tout son village. Primé « champion de la Terre » par les Nations unies et rendu célèbre grâce à un livre, Yacouba Sawadogo est devenu le symbole d’une Afrique qui innove face à la désertification.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1414525440580931585"}"></div></p>
<h2>Ingénieux mais coûteux</h2>
<p>Juste un trou, vous me direz ? Derrière une simplicité apparente, le zaï se fonde en réalité sur des mécanismes écologiques complexes. La technique consiste à concentrer l’eau et le fumier afin de favoriser la croissance des cultures dans un contexte où la pluie est aussi rare qu’aléatoire. Pour ce faire, on prépare pendant la saison sèche des poquets, c’est-à-dire des trous de 10 à 15 cm de profondeur et de 20 à 40 cm de diamètre pour y déposer des engrais organiques et y semer des céréales (mil ou sorgho).</p>
<p>À l’arrivée des pluies, le poquet amendé se remplit d’eau et libère des nutriments qui <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers10-09/010004781.pdf">attirent les termites</a> du genre <em>Trinervitermes</em>. Ces insectes creusent des galeries par lesquelles l’eau s’infiltre en profondeur, et via leurs déjections, ils transforment la matière organique qui devient alors assimilable par les plantes. Ce processus aboutit à la formation d’une poche humide et fertile où la plante développe ses racines. Certains auteurs affirment qu’avec le zaï, les rendements du mil et du sorgho peuvent atteindre <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/7442?lang=pt">1500 kg de grain par hectare contre moins de 500 kg par hectare en condition normale</a>.</p>
<p>En plus d’être économe et d’amener de bons rendements, le zaï favorise également le retour des arbres dans les champs. Les poquets ont en effet tendance à piéger les graines de nombreuses espèces arborées, ces dernières étant transportées par le vent, les eaux de ruissellement et les déjections des animaux d’élevage. À l’arrivée des pluies, des arbustes se développent ainsi spontanément aux côtés des céréales, dans l’environnement riche et humide des trous de zaï.</p>
<p>Dans la région du Yatenga, certains paysans préservent et protègent ces jeunes arbres, source de fertilité naturelle et de fourrages en saison sèche. Au Sénégal, les chercheurs de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) et de l’Institut national de pédologie (INP) réalisent en ce moment des essais pour évaluer la quantité de carbone séquestrée dans le sol grâce au zaï. Leurs premiers résultats montrent que dans les parcelles traitées, le stock de carbone par hectare augmente de 52 % en comparaison des parcelles témoins. Promesse de récoltes généreuses et pourvoyeur de services écosystémiques, le zaï a décidément tout pour séduire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540990/original/file-20230803-21-afzs5w.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le processus de formation d’un poquet de zaï illustré.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie-Liesse Vermeire, adapté de Roose et Rodriguez (1990)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Seul hic, <a href="https://agritrop.cirad.fr/581994/1/AGRIDAPE%2032.%201%20mars%202016.pdf">cette technique exige une quantité importante de travail manuel et des investissements conséquents</a>. À raison de 4 heures par jour, un homme seul avec sa <em>daba</em> devra creuser pendant 3 mois pour aménager un hectare. Qui plus est, il sera nécessaire de fabriquer ou acheter 3 tonnes de fumier pour amender les poquets. Ça n’est pas pour rien qu’en langue mooré, zaï vient du mot « zaïégré » qui veut dire « se lever tôt et se hâter pour préparer sa terre ».</p>
<h2>Un zaï nomade et multiforme</h2>
<p>Mali, Sénégal, Niger, Kenya… une fois redécouvert au Burkina Faso, le zaï n’a pas tardé à se diffuser au-delà de son berceau d’origine. Dans les années 1980, l’aide au développement <a href="https://d-nb.info/1209059290/34">déploie des moyens importants</a> de lutte contre la désertification dans les territoires sahéliens fragilisés par la grande sécheresse. Présente dans la région du Yatenga depuis 1982, une <a href="https://agritrop.cirad.fr/437043/1/document_437043.pdf">équipe d’agronomes du CIRAD</a> y décrivait déjà la technique du zaï comme une voie prometteuse de restauration des terres.</p>
<p>Démarre ensuite un large faisceau de projets et programmes qui ont cherché à tester, diffuser et améliorer le zaï en Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) et des ONG comme Solibam ont mécanisé la fabrication des poquets pour alléger la charge de travail. Au lieu de creuser manuellement, on réalise des passages croisés avec une dent attelée à un animal et on sème à l’intersection des sillons. Avec cette technique, le temps de travail <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/7442?lang=pt#tocto2n1">passe de 380 à 50 heures par hectare</a>. Dans la commune rurale de Ndiob, au Sénégal, le Maire <a href="https://www.ipar.sn/Transition-agroecologique-au-Senegal-La-commune-de-Ndiob-un-creuset-d.html">Oumar Ba</a> est allé encore plus loin en distribuant des tarières mécaniques aux paysans, rendant la fabrication des poquets très facile et rapide.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540996/original/file-20230803-17-rllzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Saaba (Burkina Faso), Tiraogo tente de concevoir un « zaï amélioré ». Avec l’appui des chercheurs de l’INERA, il compare dans son champ expérimental plusieurs stratégies d’implantation (zaï mécanisé vs manuel) et d’amendement des poquets (fractionnement entre matière organique et minérale).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD</span></span>
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<p>Au Burkina Faso, dans le cadre du projet <a href="https://www.fair-sahel.org/">Fair Sahel</a>, les chercheurs de l’INERA réalisent des essais agronomiques visant à substituer une partie du fumier organique des poquets de zaï par des microdoses d’engrais minéral. Une manière d’améliorer les rendements du sorgho tout en faisant sauter un verrou majeur d’adoption : la cherté de la matière organique. Les agronomes travaillent également à associer dans les mêmes poquets des céréales comme le sorgho avec des légumineuses comme le niébé. Ils testent enfin le zaï sur de nouvelles cultures, à l’instar du maïs, du coton, de la pastèque et des cultures horticoles comme l’aubergine.</p>
<p>Dans les zones maraîchères du Sénégal, la technique du zaï s’est également diffusée en produisant de nombreux avatars. Lorsque l’eau devient rare et chère, les paysans cherchent par tous les moyens à économiser la ressource. À Fatick dans l’ouest, ils utilisent des pneus recyclés pour concentrer les apports de fumier et d’eau au niveau des racines des pieds de piment. Dans la région littorale de Mboro, ils sculptent les parcelles d’oignons de minuscules casiers qu’ils inondent au sceau. Au sud, à Kolda, ils repiquent les aubergines dans des poquets recouverts de paille. Ces innovations sont frugales et suivent toutes la même logique : concentrer l’eau et la fertilité dans de petites poches de vie, à l’abri d’un environnement extérieur hostile.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540993/original/file-20230803-19-h5ifyj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">(a) À Mboro (département de Méouane, Sénégal), Modou Fall a sculpté sa parcelle d’oignons de petites dépressions pour concentrer les apports de fumier et d’eau au niveau des racines ; (b) À Médina Yoro Foulah (département de Kolda, Sénégal), ce producteur a repiqué ses aubergines dans des poquets remplis de matière organique. L’arrosage se limite au remplissage de ces poquets, ce qui permet des économies d’eau considérables ; (c) Sur les plateaux ferralitiques de Kpomasse (Bénin), l’eau est une ressource rare et précieuse. François plante ses pieds de tomate dans des sacs de toile pour économiser l’eau et prévenir les maladies telluriques ; (d) À Ngouloul Sérère (département de Fatick, Sénégal), Diatta Diouf utilise des pneus recyclés pour concentrer les apports de fumier et d’eau au niveau des racines de ses piments.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raphael Belmin/CIRAD</span></span>
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<h2>Une « autre » voie d’adaptation</h2>
<p>En réponse au changement climatique, les États du monde entier se sont engagés dans une compétition pour augmenter la disponibilité de l’eau pour leur agriculture. Barrages, <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-et-ressources-en-eau-ne-nous-cachons-pas-derriere-des-moyennes-205075">mégabassines</a>, périmètres irrigués… partout, la politique dominante consiste à étendre à tout prix les surfaces irriguées. </p>
<p>Mais ce choix, s’il répond à un besoin à court terme, s’accompagne d’un sérieux risque de <a href="https://theconversation.com/face-a-lurgence-climatique-ladaptation-cest-des-maintenant-159870">« mal-adaptation » </a> : dégradation des ressources en eau, injustices sociales et <a href="https://theconversation.com/920-millions-de-personnes-pourraient-etre-confrontees-a-des-conflits-lies-aux-cours-deau-dici-a-2050-ce-que-notre-etude-a-revele-en-afrique-208448">tensions géopolitiques</a> sont la contrepartie cachée des grands projets hydroagricoles. Le modèle agricole qui se dessine pour demain semble bien fragile et vulnérable, car dépendant d’une eau captée et acheminée à grand renfort d’énergie fossile.</p>
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<iframe name="Ausha Podcast Player" frameborder="0" loading="lazy" id="ausha-6ilQ" height="220" style="border: none; width:100%; height:220px" src="https://shows.acast.com/64c3b1758e16bd0011b77c44/episodes/64cb94de2e4c140011ed3ca1" width="100%"></iframe>
<p><em>L’article que vous parcourez vous est proposé en partenariat avec <a href="https://podcast.ausha.co/afpaudio-surlefil/bientot-sur-la-terre">« Sur la Terre »</a>, un podcast de l’AFP audio. Une création pour explorer des initiatives en faveur de la transition écologique, partout sur la planète. <a href="https://smartlink.ausha.co/sur-la-terre">Abonnez-vous !</a></em></p>
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<p>À contre-courant du régime d’innovation dominant, les paysans sahéliens ont choisi la voie de la sobriété. Confrontés depuis des siècles à d’importantes limitations sur la ressource en eau, ces millions de « chercheurs aux pieds nus » n’ont cessé d’innover en silence. Au « toujours plus d’eau, quoiqu’il en coûte », ils ont préféré un principe de parcimonie. Et le zaï, aussi médiatisé soit-il, n’est que la face émergée de l’iceberg : demi-lunes, cordons pierreux, cuvettes fruitières, mares, cultures stratifiées… Ces <a href="https://books.openedition.org/irdeditions/24435?lang=fr">techniques ancestrales</a> méritent toute notre attention car elles représentent des formes intelligentes d’adaptation à des conditions thermiques et hydriques extrêmes, proches de ce que vivront les pays méditerranéens en 2100 dans un scénario climatique à +4 °C.</p>
<p>Pour construire un nouveau récit sur l’avenir mondial de l’eau, tendons donc l’oreille et écoutons les secrets des paysans sahéliens.</p>
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<p><em>Cet article s’inscrit dans le cadre d’un projet associant The Conversation France et l’AFP audio. Il a bénéficié de l’appui financier du Centre européen de journalisme, dans le cadre du programme « Solutions Journalism Accelerator » soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates. L’AFP et The Conversation France ont conservé leur indépendance éditoriale à chaque étape du projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210855/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Cette technique invite à pratiquer des trous réguliers dans un champs, semer en saison sèche et utiliser le rôle fertilisant des insectes.Raphaël Belmin, Chercheur en agronomie, photographe, accueilli à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA, Dakar), CiradHamado Sawadogo, Chercheur en agronomie , Institut de l'environnement et des recherches agricoles (INERA)Moussa N'Dienor, Chercheur en agronomie , Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2094402023-07-12T21:11:59Z2023-07-12T21:11:59ZLes océans surchauffent, voici ce que cela signifie pour l’humain et les écosystèmes du monde entier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/536655/original/file-20230710-34168-nnqgad.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C8%2C1805%2C1220&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les effets de la chaleur de l'océan indien sur les terres littorales. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://coralreefwatch.noaa.gov/product/5km/index_5km_sst.php">NOAA Coral Reef Watch</a></span></figcaption></figure><p>Depuis la mi-mars 2023, le mercure à la surface des océans <a href="https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/">grimpe à des niveaux inégalés</a> en 40 ans de surveillance par satellite, et l’impact néfaste de cette surchauffe se ressent dans le monde entier.</p>
<p>La mer du Japon est plus chaude de 4 degrés Celsius par rapport à la moyenne. La mousson indienne, produit du fort contraste thermique entre les terres et les mers, a été bien <a href="https://www.aljazeera.com/news/2023/6/8/monsoon-reaches-indias-kerala-after-longest-delay-in-seven-years">plus tardive</a> que prévu.</p>
<p>L’Espagne, la France, l’Angleterre et l’ensemble de la péninsule scandinave ont enregistré des niveaux de précipitations <a href="https://joint-research-centre.ec.europa.eu/jrc-news-and-updates/severe-drought-western-mediterranean-faces-low-river-flows-and-crop-yields-earlier-ever-2023-06-13_fr">très inférieurs à la normale</a>, probablement en raison d’une vague de chaleur marine exceptionnelle dans l’est de l’Atlantique Nord. Les températures à la surface de la mer y ont été supérieures à la moyenne de 1 à 3 °C depuis la côte africaine jusqu’à l’Islande. </p>
<p>Et sur le continent européen, la vague de chaleur est actuellement insoutenable, tandis que l'on bat tous les records. </p>
<p>Que se passe-t-il donc ?</p>
<p><a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a> est en partie responsable. <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">Ce phénomène climatique</a>, qui se développe actuellement dans l’océan Pacifique équatorial, se caractérise par des eaux chaudes dans le centre et l’est du Pacifique, ce qui atténue généralement l’alizé, un vent régulier des tropiques. Cet affaiblissement des vents peut affecter à son tour les océans et les terres du monde entier.</p>
<p><iframe id="AOdoU" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/AOdoU/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Mais d’autres forces agissent sur la température des océans.</p>
<p>À la base de tout, il y a le réchauffement climatique, et la <a href="https://climate.nasa.gov/">hausse des températures</a> à la surface des <a href="https://images.theconversation.com/files/533088/original/file-20230621-16119-v4sxij.png">continents comme des océans</a> depuis plusieurs décennies du fait des activités humaines augmentant les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Le graphique montre les températures de surface de la mer ces 22 dernières années. L’année 2023 est nettement supérieure aux années précédentes" src="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/533018/original/file-20230620-27-zj3g9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les températures de surface de la mer sont nettement supérieures à la moyenne depuis le début de la surveillance par satellite. La ligne noire épaisse correspond à 2023. La ligne orange correspond à 2022. La moyenne 1982-2011 correspond à la ligne médiane en pointillés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://climatereanalyzer.org/clim/sst_daily/">ClimateReanalyzer.org/NOAA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La planète sort également de <a href="https://meteofrance.com/comprendre-climat/monde/el-nino-et-la-nina">trois années</a> consécutives marquées par La Niña, le phénomène météorologique inverse d’El Niño, et donc caractérisé par des eaux plus froides qui remontent dans le Pacifique équatorial. La Niña a un effet refroidissant à l’échelle mondiale qui contribue à maintenir les températures de surface de la mer à un niveau raisonnable, mais qui peut aussi masquer le réchauffement climatique. Lorsque cet effet de refroidissement s’arrête, la chaleur devient alors de plus en plus évidente.</p>
<p>La banquise arctique était également <a href="https://nsidc.org/arcticseaicenews/">anormalement basse</a> en mai et au début du mois de juin, un autre facteur aggravant pour le mercure des océans. Car la fonte des glaces <a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/sea-ice-climate.html">peut augmenter</a> la température de l’eau, du fait des eaux profondes absorbant le rayonnement solaire que la glace blanche renvoyait jusque-là dans l’espace.</p>
<p>Tous ces phénomènes ont des effets cascades visibles dans le monde entier.</p>
<h2>Les effets de la chaleur hors norme de l’Atlantique</h2>
<p>Au début du mois de juin 2023, je me suis rendue pendant deux semaines au <a href="https://www.norceresearch.no/en">centre pour le climat NORCE</a> à Bergen, en Norvège, pour y rencontrer d’autres océanographes. Les courants chauds et les vents anormalement doux de l’est de l’Atlantique Nord rendaient anormalement chaude cette période de l’année, où l’on voit normalement des pluies abondantes deux jours sur trois.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/secheresses-historiques-que-nous-enseignent-les-archives-190503">Sécheresses historiques : que nous enseignent les archives ?</a>
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<p>L’ensemble du secteur agricole norvégien se prépare désormais à une sécheresse aussi grave que celle de 2018, où les rendements ont été inférieurs de <a href="https://bg.copernicus.org/articles/17/1655/2020/">40 % par rapport à la normale</a>. Notre train de Bergen à Oslo a eu un retard de deux heures car les freins d’un wagon avaient surchauffé et que les températures de 32 °C à l’approche de la capitale étaient trop élevées pour leur permettre de refroidir.</p>
<p>De nombreux scientifiques ont émis des hypothèses sur les causes des températures anormalement élevées dans l’est de l’Atlantique Nord, et plusieurs études sont en cours.</p>
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<p>L’affaiblissement des vents a rendu particulièrement faible l’<a href="https://www.rts.ch/meteo/chronique/14076926-un-anticyclone-des-acores-a-la-peine.html">anticyclone des Açores</a>, un système de haute pression semi-permanent au-dessus de l’Atlantique qui influe sur les conditions météorologiques en Europe. De ce fait, il y avait <a href="https://atmosphere.copernicus.eu/what-saharan-dust-and-how-does-it-change-atmosphere-and-air-we-breathe">moins de poussière du Sahara</a> au-dessus de l’océan au printemps, aggravant ainsi potentiellement la quantité de rayonnement solaire sur l’eau. Autre facteur possible aggravrant la chaleur des océans : la diminution des émissions d’origine humaine d’<a href="https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/motscles/savoirPlus/aerosols.html">aérosols</a> (particules fines en suspension dans l’air) en Europe et aux États-Unis au cours des dernières années. Si cette baisse a permis d’améliorer la qualité de l’air, elle s’accompagne d’une réduction – encore peu documentée – de l’<a href="https://www.umr-cnrm.fr/spip.php?article924">effet de refroidissement</a> de ces aérosols.</p>
<h2>Une mousson tardive en Asie du Sud</h2>
<p>Dans l’océan Indien, El Niño a tendance à provoquer un réchauffement de l’eau en avril et en mai, ce qui peut <a href="https://hal.science/tel-01319603/">freiner la mousson indienne</a> dont l’importance est cruciale pour diverses activités.</p>
<p>C’est sans doute ce qui s’est passé avec une mousson <a href="https://www.reuters.com/world/india/indias-stalled-monsoon-gain-momentum-3-4-days-weather-officials-2023-06-20/">beaucoup plus faible</a> que la normale de la mi-mai à la mi-juin 2023. Ce phénomène risque de devenir un <a href="https://theconversation.com/inde-et-pakistan-se-preparer-a-des-canicules-encore-plus-intenses-183373">problème majeur</a> pour une grande partie de l’Asie du Sud, où la plupart des cultures sont encore irriguées par les eaux de pluie et donc fortement dépendantes de la mousson d’été.</p>
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<img alt="Un homme s’abritant sous un parapluie pour se protéger de la chaleur de Delhi" src="https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537120/original/file-20230712-24-jemdvv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’Inde a connu des températures étouffantes en mai et juin 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/new-delhi-india-may-9-2022-2167051459">Shutterstock</a></span>
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<p>L’océan Indien a également connu cette année un <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230615-%C3%A0-l-approche-du-cyclone-biparjoy-plus-de-100-000-personnes-%C3%A9vacu%C3%A9es-en-inde-et-au-pakistan">cyclone intense</a> et lent dans la mer d’Oman, ce qui a privé les terres d’humidité et de précipitations pendant des semaines. Des études suggèrent que lorsque les eaux se réchauffent, les tempêtes ralentissent, gagnent en force et attirent ainsi l’humidité en leur cœur. Une série d’effets qui, à terme, peut priver d’eau les masses terrestres environnantes, et augmenter ainsi le risque de sécheresse, d’incendies de forêt comme de vagues de chaleur marines.</p>
<h2>En Amérique la saison des ouragans en suspens</h2>
<p>Dans <a href="https://theconversation.com/atlantic-hurricane-season-2023-el-nino-and-extreme-atlantic-ocean-heat-are-about-to-clash-204670">l’Atlantique</a>, l’affaiblissement des alizés dû à El Niño a tendance à freiner l’activité des ouragans, mais les températures chaudes de l’Atlantique peuvent contrebalancer cela en donnant un coup de fouet à ces tempêtes. Il reste donc à voir si, en persistant ou non l’automne, la chaleur océanique pourra l’emporter ou pas sur les effets d’El Niño.</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/el-nino-is-coming-and-ocean-temps-are-already-at-record-highs-that-can-spell-disaster-for-fish-and-corals-202424">vagues de chaleur marine</a> peuvent également avoir des répercussions considérables sur les écosystèmes marins, en <a href="https://theconversation.com/comment-le-rechauffement-risque-de-tuer-le-corail-48217">blanchissant</a> les récifs coralliens et en provoquant ainsi la mort ou le déplacement des espèces entières qui y vivent. Or les poissons dépendant des écosystèmes coralliens nourrissent un milliard de personnes dans le monde.</p>
<p>Les récifs des îles Galápagos et ceux situés le long des côtes de la Colombie, du Panama et de l’Équateur, par exemple, <a href="https://coralreefwatch.noaa.gov/">sont déjà menacés de blanchiment et de disparition</a> par le phénomène El Niño de cette année. Sous d’autres latitudes, en mer du Japon et en Méditerranée on constate également une perte de biodiversité au profit d’espèces invasives (les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10750-014-2046-7">méduses géantes</a> en Asie et les <a href="https://theconversation.com/en-mediterranee-linquietante-invasion-du-poisson-lion-predateur-redoutable-120782">poissons-lions</a> en Méditerranée) qui peuvent prospérer dans des eaux plus chaudes.</p>
<h2>Ces types de risques augmentent</h2>
<p>Le printemps 2023 a été hors norme, avec plusieurs événements météorologiques chaotiques accompagnant la formation d’El Niño et des températures exceptionnellement chaudes dans de nombreuses eaux du monde. Ce type de phénomènes et le réchauffement global des océans comme de l’atmosphère s’autoalimentent.</p>
<p>Pour diminuer ces risques, il faudrait mondialement réduire le réchauffement de base en limitant les émissions excessives de gaz à effet de serre, comme les combustibles fossiles, et <a href="https://biodiv.mnhn.fr/fr/news/rapport-de-synthese-du-giec-2023-resume-aux-decideurs">évoluer vers une planète neutre en carbone</a>. Les populations devront également <a href="https://www.un.org/fr/climatechange/climate-adaptation">s’adapter à un climat qui se réchauffe</a> et dans lequel les événements extrêmes sont plus probables, et apprendre à en atténuer l’impact.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209440/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Annalisa Bracco a reçu des financements de la National Science Foundation, la National Oceanic and Atmospheric Administration et du Department of Energy américain.
</span></em></p>Sécheresse en Europe, fonte des glaces, retardement de la mousson indienne, canicule océanique et réchauffement climatique. Tous ces phénomènes s’auto-alimentent.Annalisa Bracco, Professor of Ocean and Climate Dynamics, Georgia Institute of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2089962023-07-05T11:32:20Z2023-07-05T11:32:20ZPodcast : Donner une seconde vie aux eaux usées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/535531/original/file-20230704-17-p8abtn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’arrosage agricole, l’une des principales destinations des eaux usées traitées. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/siD6uufCyt8">Zoe Schaeffer/Unsplash</a></span></figcaption></figure><figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Découvrez le nouveau podcast de The Conversation France : « L’échappée Sciences ». Deux fois par mois, un sujet original traité par une interview de scientifique et une chronique de l’un·e de nos journalistes.</em></p>
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<iframe src="https://playerbeta.octopus.saooti.com/miniplayer/large/272008?distributorId=c3cfbac6-2183-4068-a688-866933d3b5a6&color=40a372&theme=ffffff" width="100%" height="180px" scrolling="no" frameborder="0"></iframe>
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<p><iframe id="tc-infographic-819" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/819/ead8432336c6ce4f706df8b24a22c635bc3dd209/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>En mars dernier, Emmanuel Macron présentait un vaste <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/plan-action-gestion-resiliente-et-concertee-eau">plan d’une cinquantaine de mesures</a> pour organiser la sobriété des usages de l’eau. Dans le contexte global du réchauffement climatique, les épisodes de sécheresse vont se multiplier et s’intensifier, privant la France d’une portion importante de cette ressource essentielle. Les effets de ce stress hydrique se font déjà sentir : à l’été 2022, les restrictions touchant l’irrigation agricole ont par exemple provoqué des baisses de rendements estimées entre 10 % et 40 %.</p>
<p>L’une de ces mesures concerne la réutilisation des eaux usées traitées, ou REUT. Dans ce domaine, la France fait figure de novice, avec moins de 1 % d’eaux utilisées provenant de ce processus. En Europe, ce sont <a href="https://theconversation.com/reutilisation-des-eaux-usees-quels-sont-les-pays-les-plus-en-pointe-112984">l’Espagne et l’Italie qui s’imposent</a> avec, respectivement, 14 % et 8 % de REUT. Le plan eau du printemps 2023 propose de porter la part française à 10 % à l’horizon 2030. Un « objectif ambitieux », souligne <a href="https://theconversation.com/profiles/julie-mendret-604894">Julie Mendret</a>, docteure en génie des procédés de l’environnement et maîtresse de conférences à l’Université de Montpellier, invitée du nouvel épisode du podcast « L’échappée Sciences ».</p>
<p>Quelles sont les raisons du retard français ? Quelles sont les étapes pour passer de la station d’épuration à la REUT ? Que fait-on avec ces eaux usées traitées ? Autant de questions auxquelles Julie Mendret nous apporte de précieuses réponses.</p>
<p>La chronique de ce nouvel épisode de « L’échappée Sciences » s’intéressera à la manière dont les arbres <a href="https://www.nature.com/articles/s41477-019-0580-z">récoltent l’eau du sol</a> et la distribuent à tous les étages pour assurer leur hydratation. Des stratégies de régulation dont les chercheurs et ingénieurs s’inspirent notamment pour <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abd0966">développer des membranes de filtration et de dessalement</a>.</p>
<p>On y apprendra aussi qu’une grande partie de l’eau pompée par les arbres est restituée à l’atmosphère lors de l’évapotranspiration. Une eau « verte » essentielle au cycle de l’eau, mais encore assez mal connue et qui constitue aujourd’hui un <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2021GL096579">sujet d’étude privilégié pour les hydrogéologues</a>.</p>
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<p><em>Animation et conception, Jennifer Gallé et Elsa Couderc. Réalisation, Romain Pollet. Musique du générique : « Chill Trap » de Aries Beats. Extraits : Reportage JT TF1 du 26 juin 2023, D. Sitbon, A. Cazabonne, A. Delabre ; « The Trees They Do Grow High« », Joan Baez/1961/UMG (au nom de EMI).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Pour faire face au manque d’eau, de multiplies initiatives existent. Focus en podcast sur l’une d’entre elles, la réutilisation des eaux usées traitées.Jennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation FranceElsa Couderc, Cheffe de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceJulie Mendret, Maître de conférences, HDR, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2049702023-06-04T16:05:59Z2023-06-04T16:05:59ZSécheresse, crise énergétique et nucléaire en France, quels liens ?<p>L’année 2022 a été marquée par des records de canicule sans précédent en France depuis 1947, et d’un <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/2022-annee-la-plus-chaude-en-france">déficit pluviométrique de 25 %</a>. Les flammes ont ravagé plus de <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/incendies-en-gironde-l-inquietude-en-gironde-apres-l-absence-de-mesures-pour-lutter-contre-le-feu-2715066.html">72 000 hectares de forêts</a>, dévastant la biodiversité et entraînant une <a href="https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendies-en-gironde/incendies-en-gironde-quelles-sont-les-consequences-pour-lenvironnement-et-le-tourisme_5262052.html">chute drastique des revenus touristiques estivaux</a>.</p>
<p>Le secteur énergétique n’a pas été épargné par la sécheresse exceptionnelle, qui a considérablement réduit la production d’hydroélectricité. Les contraintes dues au manque d’eau ont également affecté la production nucléaire, déjà limitée par la fermeture pour maintenance de 65 % des centrales nucléaires en activité.</p>
<p>La France, exportateur net d’électricité depuis 40 ans, a ainsi dû l’importer d’Allemagne, d’Espagne, de Belgique et de Grande-Bretagne. 60 % des 16,5 TWh importés ont été utilisés entre juillet et septembre, quand les réserves pour alimenter les centrales hydroélectriques étaient au plus bas.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=228&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=228&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=228&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=286&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=286&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524134/original/file-20230503-176-fc2tzz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=286&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution saisonnière de la production mensuelle d’électricité (TWh) en France par filière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">RTE</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>L’impact de la sécheresse sur la production d’énergie nucléaire est plutôt structurel, imposant des limitations à la fois sur la prise d’eau des bassins environnants et sur le moment de leur restitution dans l’environnement : d’une part, le faible niveau d’eau et le besoin de garantir un débit minimal pour assurer la vie des écosystèmes naturels empêchent la prise des débits nécessaires pour le refroidissement des réacteurs ; d’autre part, une température plus élevée des eaux prélevées réduit l’efficacité du processus de refroidissement.</p>
<h2>Restrictions légales</h2>
<p>Ainsi, la <a href="https://www.eaurmc.fr/jcms/pro_118205/fr/une-etude-sur-les-debits-du-rhone-pour-anticiper-leur-evolution">puissance produite doit être potentiellement réduite</a> pour respecter les contraintes. Dans le cas des systèmes de refroidissement à circuit ouvert, des limitations s’ajoutent à la température des eaux restituées à l’environnement, afin de garantir la protection et la qualité écologique du fleuve récepteur.</p>
<p>L’écart de température maximale est défini par la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32006L0044&from=EN">directive 2006/44/CE du Parlement européen</a>, qui prévoit toutefois que les États membres peuvent s’écarter des paramètres de la loi lors de circonstances météorologiques exceptionnelles ou dans le cas de conditions géographiques spéciales.</p>
<h2>Coûts économique et environnemental</h2>
<p>Au cours de l’été 2022, cette dernière stratégie a été nécessaire pour cinq centrales françaises (Bugey, Saint Alban, Tricastin, Blayais et Golfech) afin d’assurer la fourniture du service sans affecter les réserves de gaz et d’eau requises pour l’hiver. Tout en fonctionnant en dérogation, certains réacteurs ont malgré tout dû subir un arrêt forcé en raison des faibles débits fluviaux.</p>
<p>L’ensemble de ces conditions défavorables a considérablement réduit l’approvisionnement en énergie nucléaire par rapport à la moyenne des années précédentes. Bien qu’il n’y ait pas eu d’interruptions significatives de <a href="https://analysesetdonnees.rte-france.com/bilan-electrique-synthese">l’approvisionnement des utilisateurs</a>, les limitations constatées ont accentué une crise d’ordre économique, faisant monter le prix de l’énergie pour inclure également une prime de risque.</p>
<p>À cela s’ajoute le coût environnemental lié à l’utilisation excessive des centrales thermiques, entraînant une augmentation des <a href="https://analysesetdonnees.rte-france.com/bilan-electrique-synthese">émissions de CO2eq d’environ 3,5 Mt par rapport à 2021</a>. L’hiver particulièrement sec de début 2023 a <a href="https://www.cleanenergywire.org/news/catastrophic-winter-drought-france-bodes-ill-europes-power-production-2023">exacerbé les préoccupations pour l’été à venir</a>.</p>
<h2>Petites centrales et circuit fermé</h2>
<p>D’ici à 2030, la nouvelle stratégie France 2030 proposée par le gouvernement français prévoit une augmentation significative de <a href="https://www.lefigaro.fr/flash-eco/nucleaire-macron-veut-investir-un-milliard-d-euros-d-ici-a-2030-et-developper-des-petits-reacteurs-20211012">petites centrales nucléaires d’une capacité installée inférieure à 300 MW</a>. Conformément à la réglementation en vigueur, celles-ci seront obligatoirement équipées d’un <a href="https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques#Lesdocuments">système de refroidissement à circuit fermé avec tour d’évaporation</a>.</p>
<p>Ce choix reflète la nécessité d’une meilleure gestion du risque climatique : les besoins de refroidissement des centrales sont en effet proportionnels à la capacité installée, une taille plus petite garantirait donc la réduction de la consommation d’eau des centrales elles-mêmes.</p>
<p>Les petites installations sont en outre généralement de conception plus simple et répondent à des contraintes techniques moins importantes, ce qui facilite l’identification de zones appropriées pour leur implantation et leur distribution sur le territoire national.</p>
<p>Mais, à très court terme, que peut faire la France pour gérer l’urgence énergétique dans un climat de plus en plus chaud et sec ?</p>
<h2>Nécessaire rénovation du parc</h2>
<p>En suivant l’exemple de l’Espagne voisine, qui compte sur le nucléaire pour plus d’un cinquième de sa production d’électricité malgré un climat beaucoup plus aride, la France devra probablement faire davantage appel aux dérogations accordées <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32006L0044&from=EN">par la directive 2006/44/CE</a> sur la température maximale autorisée pour les eaux de rejet.</p>
<p>Cette solution ne minimiserait toutefois que les pertes d’efficacité dues aux vagues de chaleur et non celles dues à une pénurie de ressources en eau. Dans ce dernier cas, il sera nécessaire de procéder à une rénovation de la partie du parc nucléaire qui repose actuellement sur des systèmes de refroidissement à cycle ouvert (qui tendent à prélever plus d’eau), en se dotant des systèmes de refroidissement hybrides avec une tour supplémentaire avant le rejet des eaux dans l’environnement.</p>
<p>C’est précisément le cas de la centrale espagnole d’Ascó qui a été la première au monde à suivre ce type de reconversion après sa mise en service en 1986, afin de mieux faire face aux périodes de faible débit de la rivière Èbre et d’éviter le rejet d’eaux trop chaudes.</p>
<h2>Accélération du nucléaire</h2>
<p>Ces réflexions s’inscrivent dans le contexte du <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/examen-du-projet-loi-sur-lacceleration-du-nucleaire-au-senat">projet de loi</a> relatif à l’accélération des procédures liées à la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/23006_Nucleaire-DP-3.pdf">construction de nouvelles installations nucléaires</a> à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes.</p>
<p>Développé sur 3 axes, il est fondé sur la réduction de la consommation d’énergie par la sobriété et l’efficacité énergétique, l’accélération des énergies renouvelables afin de garantir une électricité abordable et décarbonée et la relance du programme nucléaire.</p>
<p>Cette dernière prévoit la construction de six nouveaux réacteurs pressurisés européens (EPR2, chacun d’une puissance électrique générée de 1 670 MW) en 25 ans avec un investissement de 51,7 milliards, et la prolongation des réacteurs en service – la durée de vie utile des réacteurs existants est d’environ de 40 ans, mais ils atteindront une moyenne d’âge de 45 ans en 2030.</p>
<p>Un choix critiqué par les opposants au nucléaire, qui <a href="https://www.cbsnews.com/news/france-nuclear-reactor-edf-penly-1-pipe-crack-maintenance-issues-aging-plants/">soulignent la détérioration déjà existante du parc</a>, alors que le texte ne modifie ni le processus d’autorisation environnementale ni le niveau d’appréciation du cadre de sûreté.</p>
<h2>L’énergie, 51 % des prélèvements en eau</h2>
<p>Cette situation montre la nécessité d’un plan de gestion intégré qui prenne en compte les synergies complexes entre environnement, système énergétique et disponibilité saisonnière et de long terme des ressources en eau. Un enjeu qui concerne aussi la production hydroélectrique.</p>
<p>Lors de sa présentation du nouveau « plan eau » qui prévoit 10 % d’économie dans tous les secteurs, le <a href="https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-21030-fr.pdf">3 mars 2023</a>, Emmanuel Macron a annoncé un programme d’investissements pour réaliser des économies dans le secteur énergétique, notamment en faisant passer les centrales en circuit fermé.</p>
<p>Avec le nucléaire et l’hydroélectricité, l’énergie <a href="https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-21030-fr.pdf">représente 51 % des prélèvements et 12 % de la consommation</a> ; et des 4,1 milliards de m<sup>3</sup> d’eau prélevés chaque année en France, le refroidissement des centrales constitue le <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2022">3ᵉ consommateur</a> (12 %) après l’agriculture (58 %) et l’eau potable (26 %).</p>
<h2>Changements de débits à anticiper</h2>
<p>Ainsi, bien que la France ne connaisse pas encore de déficit chronique mais seulement saisonnier, l’efficience en matière d’usage de l’eau pour la production d’énergie reste une priorité pour lutter contre le changement climatique. Cette stratégie requiert aussi une planification locale des ressources, notamment <a href="https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-21030-fr.pdf">du rythme des barrages, pour répondre aux enjeux du climat</a> – mais en accord avec les différents usages d’eau prédominants dans chaque territoire.</p>
<p>Des études à l’échelle du bassin hydrologique seront essentielles pour anticiper les débits fluviaux et leur évolution à long terme : une <a href="https://www.eaurmc.fr/jcms/pro_118205/fr/une-etude-sur-les-debits-du-rhone-pour-anticiper-leur-evolution">première étude est en cours sur le bassin du Rhône</a> où est générée ¼ de la production électrique nationale (nucléaire et hydroélectrique).</p>
<p>En ce qui concerne la production nucléaire, le changement de débit du fleuve pourrait forcer à une réduction de puissance théorique, qui pourrait aller jusqu’à <a href="https://www.eaurmc.fr/jcms/pro_118205/fr/une-etude-sur-les-debits-du-rhone-pour-anticiper-leur-evolution">20 %-25 % en saison estivale</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=324&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524138/original/file-20230503-23-pbi6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=408&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Projection des baisses de production électrique sous l’effet du changement climatique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">EARRMC</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<h2>Fin de l’abondance</h2>
<p>La production annuelle d’hydroélectrique estimée, qui dans le bassin s’élève à plus de 17 000 GWh et couvre 3,4 % de la demande nationale, serait en revanche globalement stable. Avec des écarts saisonniers marqués par une tendance à la hausse des débits disponibles pour la production d’hydroélectricité en automne, mais à la baisse entre juillet et octobre.</p>
<p>Ces analyses ne concernent que le Rhône, qui est caractérisé pour des installations au fil de l’eau, et ne prennent pas en compte ses affluents. Aussi, que ce soit pour l’hydroélectrique ou pour le nucléaire, ils ne considèrent pas l’évolution de la demande en électricité à laquelle l’offre répond.</p>
<p>La planification intégrée à long terme et saisonnière entre secteurs serait donc la seule solution pour un futur durable. C’est véritablement <a href="https://www.youtube.com/watch?v=fOAc2RmeAHU">« la fin de l’abondance »</a>, comme le disait Macron en août 2022.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204970/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Giulia Vaglietti est membre de la Chaire économie du climat (CEC) et Inrae. Elle a reçu des financements de CEC et Inrae dans le cadre de son doctorat. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anna Creti ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La sécheresse de l’été 2022 a fortement affecté la production énergétique nucléaire et hydroélectrique. Quelles conclusions en tirer ?Giulia Vaglietti, Doctorante, InraeAnna Creti, Professeur, Directrice de la Chaire Economie du Climat, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2038902023-05-28T15:34:38Z2023-05-28T15:34:38ZLes mils, des espèces végétales adaptées à la sécheresse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522118/original/file-20230420-14-da1z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2544%2C1694&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le mil ets très présent dans l'agriculture des régions sèches d'Afrique. Ici, une récolte au Niger.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://multimedia.ird.fr/IRD/media/41796">Cédric Mariac / IRD</a></span></figcaption></figure><p>Si l’agriculture mondiale est aujourd’hui dominée par trois céréales (blé, maïs, riz), plusieurs céréales ont accompagné le développement des premières sociétés agricoles dans les 10 000 dernières années. Dans les zones les plus sèches d’Afrique et d’Asie, ces sociétés agricoles se sont principalement reposées sur les millets, des plantes qui s’avèrent particulièrement adaptées au manque d’eau.</p>
<h2>Les mils à la base de l’émergence des sociétés agricoles des zones sèches d’Afrique et d’Asie</h2>
<p>Les mils regroupent à la fois des espèces comme le sorgho (« gros mil », <em>Sorghum bicolor</em>), le mil perlé (« petit mil », <em>Pennisetum glaucum</em> ou <em>Cenchrus americanus</em>), le mil rouge (Éleusine) et d’autres mils divers incluant le fonio, le tef, ou encore le « mil des oiseaux ».</p>
<p>Le sorgho, le mil perlé, le mil rouge, le mil et le fonio ont été domestiqués dans le Sahel, la frange Sud du Sahara. La domestication de ces plantes a accompagné la désertification du Sahara et le développement de l’agriculture du Sahel, qui a débuté il y a plus de 5 000 ans. Le mil perlé a été domestiqué en Afrique de l’Ouest vers le Nord-Ouest Mali, le <a href="https://www.nature.com/articles/s41559-018-0643-y">fonio blanc</a> au Nigéria, le sorgho et le mil rouge en Afrique de l’Est.</p>
<p>Très tôt, ces céréales africaines ont diffusé vers l’Asie : il y a plus de 3 500 ans, le mil perlé et le sorgho contribuent déjà à l’agriculture des zones correspondant d’aujourd’hui à l’Inde et au Pakistan dans les régions les plus sèches.</p>
<p>Les premières sociétés agricoles asiatiques sont aussi associées à la culture du mil des oiseaux et du mil commun, là aussi dans les zones les plus sèches du nord de la Chine. Ces deux espèces sont ainsi retrouvées dans les sites archéologiques, dès <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2678631/">10 000 ans pour le mil commun</a> et autour de 8 000 ans environ pour le mil des oiseaux.</p>
<p>De par leur adaptation à des environnements secs, les mils ont donc largement contribué à ces premières sociétés agricoles.</p>
<h2>Attachement socio-culturel des populations aux mils</h2>
<p>La présence des mils dans une zone ne s’explique pas toujours exclusivement par l’opportunité offerte par l’environnement. Le maintien de certaines cultures de mils dans des environnements où leur rentabilité économique est moindre par rapport à d’autres cultures s’explique aussi par l’intérêt socio-culturel dont elles bénéficient.</p>
<p>En effet, les populations ont toujours migré avec les semences utiles à leur sécurité alimentaire, mais aussi avec celles ayant une valeur sociale et culturelle.</p>
<p>Cependant, la gestion des mils à valeur socio-culturelles ne se fait jamais au détriment de la sécurité alimentaire. Ceux-ci sont alors conservés à <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers19-05/010068401.pdf">l’état de culture marginale</a> par quelques membres de la société disposant d’un avantage comparatif (terre, main-d’œuvre), ou faisant un sacerdoce (patriarche, guérisseur, devin, prêtre, etc.).</p>
<p>Néanmoins, il arrive au gré des opportunités économiques que certains mils changent de statut et gagnent un regain d’intérêt. C’est le cas du fonio en Afrique de l’Ouest et du teff en Afrique de l’Est.</p>
<h2>Une adaptation foliaire à la sécheresse et au manque d’eau</h2>
<p>Les mils appartiennent au groupe de céréales de type « C4 », caractérisées par une machinerie photosynthétique particulière leur permettant d’être plus efficaces pour capter le CO<sub>2</sub> de l’atmosphère que les types « C3 » (tels que le blé ou le riz), et donc d’avoir des besoins en eau plus faibles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Plaine désertique avec au premier plan plusieurs buissons assez bas" src="https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522120/original/file-20230420-15-qnky02.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Forme sauvage du mil, au Sahara, lieu d’origine de la forme cultivée de la céréale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://multimedia.ird.fr/IRD/media/76112">Yves Vigouroux IRD</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La tolérance à la sécheresse des mils est aussi due à des <a href="https://doi.org/10.1016/j.plantsci.2019.110297">surfaces foliaires moindres</a> par rapport à d’autres céréales comme le maïs ou le blé, ce qui réduit leurs besoins en eau, mais limite aussi leur potentiel de production.</p>
<p>Certaines variétés de <a href="https://academic.oup.com/jxb/article/61/5/1431/443660">mil</a> et de <a href="https://acsess.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2135/cropsci2013.01.0043">sorgho</a> sont également capables de limiter les pertes en eau de leurs feuilles quand l’air est trop sec et trop chaud, ce qui permet de conserver l’eau du sol et de la rendre disponible pour la phase critique du remplissage des grains.</p>
<p>Chez le sorgho, cette adaptation est permise par des modifications développementales : certaines portions du génome sont capables d’induire une <a href="http://dx.doi.org/10.1071/FP13355">légère réduction</a> de la taille individuelle des feuilles, réduisant ainsi les pertes en eau.</p>
<h2>Un système racinaire optimisant l’exploitation de l’eau du sol</h2>
<p>En complément de ces stratégies d’optimisation de l’utilisation de l’eau, les mils présentent un système racinaire qui permet d’optimiser l’acquisition de l’eau dans le sol.</p>
<p>Ainsi, leurs racines sont <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpls.2016.00829/full">plutôt fines</a>, ce qui réduit leur coût métabolique (c’est-à-dire la quantité de carbone issu de la photosynthèse utilisée pour la construction et l’entretien d’une unité de longueur de racine). Cela leur permet d’avoir un système racinaire très étendu, capable d’explorer et d’exploiter un large volume de sol.</p>
<p>Surtout, leur développement racinaire est plastique, c’est-à-dire qu’il est sensible aux contraintes de l’environnement et en particulier au stress hydrique. Il a ainsi été montré qu’en conditions de stress hydrique, le mil perlé développe son <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0214182">système racinaire plus en profondeur</a> (où le sol peut encore contenir de l’eau) et moins en surface (où le sol est sec).</p>
<p>Dans le même ordre d’idée, chez <em>Setaria viridis</em> (un proche parent du mil des oiseaux <em>Setaria italica</em>), des conditions de stress hydriques mènent à une inhibition (un arrêt) de la production et de la croissance de nouvelles racines, afin de favoriser la croissance en profondeur des racines déjà développées. Cette <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1604021113">inhibition est levée</a> lorsque les racines sont remises en présence d’eau.</p>
<h2>Diversité des cycles de développement et de floraison</h2>
<p>La tolérance à la sécheresse des mils est également due à un cycle végétatif (c’est-à-dire un cycle de développement) assez court : environ <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11104-013-1706-0">90 jours entre le semis et la maturité</a> pour le mil perlé ou certains mils rouges. La capacité à fleurir très précocement est ainsi un atout essentiel pour le mil perlé, qui lui permet de boucler son cycle de culture rapidement avec assez peu d’eau.</p>
<p>Certaines variétés de sorgho ou mil perlé sont aussi capables d’ajuster leur date de floraison de manière à la calquer sur la fin de la période des pluies. Cette caractéristique, appelée sensibilité à la photopériode, est une caractéristique essentielle des variétés développées pour la zone sahélienne. Elle permet aussi de synchroniser la floraison et la maturation des grains de tous les champs, ce qui répartit les dommages causés par les oiseaux dans tous les champs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo d’un champ vert aux abords d’une habitation dont on aperçoit les toits, avec les montagnes en arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522122/original/file-20230420-17-nvus1a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les mils sont aussi très présents dans les régions sèches d’Asie, ici au Népal.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://multimedia.ird.fr/IRD/media/10240">Vincent Simonneaux/IRD</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les mils sont aussi des espèces qui développent beaucoup de talles, c’est-à-dire de tiges pouvant porter un épi (à l’inverse, le maïs n’en est pas capable et n’en produit qu’une seule). Cela permet à de nouvelles talles de pouvoir rapidement reprendre la suite de la talle principale dans le cas où celle-ci aurait été détruite par une période de stress. Ainsi, la production de grain est maintenue.</p>
<p>Cette capacité des mils à taller est d’autant plus forte pour des variétés ayant évolué dans des environnements très contraints en eau, par exemple les variétés traditionnelles de la région du Rajasthan en Inde.</p>
<h2>Défis futurs pour l’amélioration variétale</h2>
<p>Il existe donc une grande diversité de mécanismes d’adaptation au stress hydrique et à la sécheresse au sein même des différentes espèces. Cette diversité doit être explorée et utilisée pour développer de nouvelles variétés, à la fois productives en l’absence de contrainte hydrique, et capables d’être résilientes lors des années sèches.</p>
<p>En effet, si les mils constituent les céréales de base pour les populations des zones semi-arides, ils commencent – le changement climatique aidant – à devenir une alternative pour d’autres régions du monde. Ils pourraient ainsi dans un avenir proche jouer un rôle essentiel dans la nutrition animale et humaine mondiale.</p>
<p>Malheureusement, les mils sont parmi les céréales les moins productives au monde, en particulier en Afrique. Cela peut s’expliquer par leur potentiel génétique plus faible, mais aussi par les faibles efforts fournis par la recherche en comparaison aux 3 céréales majeures (blé, riz, maïs). La diversité génétique très riche des mils reste ainsi insuffisamment exploitée par les programmes de sélection, tout comme les contraintes des zones de culture sont insuffisamment connues et maîtrisées.</p>
<p>Une augmentation et une stabilisation des rendements des mils dans les zones semi-arides – indispensables dans le contexte actuel de changement climatique – doivent donc nécessairement passer par une accentuation des efforts de recherche.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=233&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503649/original/file-20230109-9360-lxdmaf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de l'année internationale du Mil. Son auteur principal, Vincent Vadez, conduit ses recherches au sein de l’IRD, membre d’<a href="https://www.agropolis.fr">Agropolis International</a>.</em></p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-17-CE20-0022">RootAdapt</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203890/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Vadez a reçu des financements de la Bill And Melinda Gates Foundation, de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR), de USAID, de la cooperation Australienne (ACIAR) et angaise (DFID).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bassirou Sine a reçu des financements de l'USAID pour le projet SMIL, de l'UE pour le projet DESIRA/ABEE et de la BM pour le PPAAO. Il travaille pour l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurent Laplaze a reçu des financements de la Fondation Agropolis (France) et de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR, France).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Yves Vigouroux a reçu des financements de la Fondation Agropolis, l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), du ministère de la recherche, des financements européens (programme de recherche H2020), d'UKAID et du NERC (UK). </span></em></p>Largement présents dans les zones sèches d’Afrique et d’Asie, les mils sont particulièrement adaptés aux environnements arides, grâce à une large série d’adaptions physiologiques.Vincent Vadez, Principal Scientist in ecophysiology, agronomy and modelling, Institut de recherche pour le développement (IRD)Bassirou Sine, Maître de Recherche, Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA)Laurent Laplaze, Directeur de Recherche en Biologie Végétale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Yves Vigouroux, Directeur de recherche en biologie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2054212023-05-24T17:31:33Z2023-05-24T17:31:33ZGrâce à la Grande muraille verte, une meilleure qualité de vie dans le Sahel ?<p>Au cours des dernières décennies, des millions d’habitants ont dû quitter leurs terres arides et semi-arides d’Afrique Sub-Saharienne pour se mettre en quête de sols plus fertiles. Les catastrophes naturelles et les conflits internes aggravent aujourd’hui une insécurité alimentaire déjà aiguë dans certaines zones rurales.</p>
<p>Au Nigeria, les inondations du mois de novembre 2022 ont par exemple généré plus de 1,5 million de déplacés en l’espace de quelques semaines seulement. Dans la bande sahélienne s’opère une extension des terres cultivées, menant à une grande pression sur les terres arables depuis les années 1970.</p>
<p>Cette extension des cultures, ainsi que l’absence de <a href="https://theconversation.com/quelle-agroecologie-pour-le-sahel-rencontre-avec-les-agropasteurs-du-nord-senegal-177850">jachères</a>, engendre une <a href="https://theconversation.com/la-degradation-des-sols-un-probleme-planetaire-qui-affecte-deux-milliards-detres-humains-79299">érosion de couches superficielles des sols</a> qui tend à réduire leur fertilité et donc les rendements agricoles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">Expansion des terres cultivées au Sahel.</span>
<span class="attribution"><span class="source">USGS</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>C’est pour contrer cette tendance, désignée comme « désertification » – au risque de généraliser des évolutions parfois limitées à certaines zones et d’origine plus anthropique que climatique – que les dirigeants africains se sont accordés à créer une immense bande de verdure visant à lutter contre la désertification et la dégradation des sols.</p>
<p>Appelée <a href="https://theconversation.com/grande-muraille-verte-au-sahel-les-defis-de-la-prochaine-decennie-169177">« Grande muraille verte »</a> (GMV), le projet a été lancé en 2007 dans le but de planter une ceinture d’arbres et d’arbustes de 15 km de large qui s’étendrait de la côte du Sénégal sur l’Atlantique à Djibouti sur la Corne de l’Afrique. Ces nouveaux écrins de verdure devaient ainsi générer des emplois saisonniers et favoriser les rendements et la biodiversité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Des débuts poussifs</h2>
<p>La GMV a vu le jour il y a désormais plus de 15 ans. En 2020, une <a href="https://www.theguardian.com/environment/2020/sep/07/africa-great-green-wall-just-4-complete-over-halfway-through-schedule">évaluation</a> réalisée par des experts indépendants mandatés par les Nations unies indiquait que l’objectif de restauration (de 100 millions d’hectares) n’avait été atteint qu’à hauteur de 4 %. Elle atteindrait 20 % de ces objectifs selon les <a href="https://www.afd.fr/fr/actualites/grande-muraille-verte-linitiative-en-3-questions">estimations les plus optimistes</a>, probablement largement fondées sur des déclarations des récipiendaires de l’aide et non sur des estimations fiables.</p>
<p>Le projet a alors tenté de renouer avec l’élan de ses débuts en bénéficiant d’une couverture médiatique importante lors du <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/01/12/sahel-la-grande-muraille-verte-relancee-lors-du-one-planet-summit_6065972_3212.html"><em>One Planet Summit</em></a> de janvier 2021. Pas moins de 11 milliards d’euros de financement supplémentaire ont ainsi été promis par des banques de développements et des bailleurs de fonds bilatéraux (<a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/280521/la-grande-muraille-verte-en-afrique-nouvelle-marotte-de-l-elysee">dont la France pour 600 millions via l’AFD</a>) afin de poursuivre l’effort de reboisement. Ces promesses des bailleurs sont souvent en décalage avec les besoins du terrain et ne cherchent pas à améliorer la <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/06/a-travers-l-accelerateur-de-la-grande-muraille-verte-c-est-bien-une-forme-de-neocolonialisme-vert-qui-emerge_6172296_3232.html">qualité de la mise en œuvre</a> pourtant plus complexe qu’elle n’y paraît, au risque de passer pour une opération de communication.</p>
<h2>Une évaluation complexe</h2>
<p>Malgré cette seconde chance, la <a href="https://www.unccd.int/resources/global-land-outlook/global-land-outlook-2nd-edition">dernière édition du Global Land Outlook</a> de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, publiée en mai 2022, ne révèle pas davantage d’amélioration.</p>
<p>L’exercice de suivi est également rendu compliqué par la multiplicité des donateurs et parties prenantes impliqués dans l’initiative. L’instauration récente de l’<a href="https://theconversation.com/la-grande-muraille-verte-enfin-en-passe-daccelerer-198900">Accélérateur de la GMV</a> devrait contribuer à mieux évaluer les progrès de reboisement réalisés par rapport aux objectifs et surmonter les <a href="https://www.sciencemag.org/news/2021/02/great-green-wall-could-save-africa-can-massive-forestry-effort-learn-past-mistakes">nombreux défis</a>, comme le <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/jan/30/most-of-11m-trees-planted-in-turkish-project-may-be-dead">faible taux de survie des arbres plantés</a>, ou les <a href="https://www.worldagroforestry.org/sites/agroforestry/files/2020-05/580-full.pdf">effets négatifs indésirables</a>.</p>
<p>La disponibilité de données sur la localisation des projets de restauration pourrait toutefois permettre une évaluation beaucoup plus fiable, vu la grande quantité de données historiques permises aujourd’hui par les technologies de télédétection (imagerie satellite).</p>
<h2>Des impacts hétérogènes</h2>
<p>Si les évaluations d’impact à grande échelle sont encore limitées par l’accès aux données, les chercheurs peuvent néanmoins bâtir des conclusions sur des expériences très localisées. Les sciences sociales ont notamment un rôle important à jouer dès lors que l’impact de ces projets ne se mesure pas qu’en couverture forestière ou indice de biodiversité, mais également en qualité de vie humaine.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=852&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=852&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=852&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1070&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1070&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525919/original/file-20230512-23-t2brt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1070&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Projets de haies et verger communautaire au nord du Nigeria.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Google Earth</span></span>
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<p>Au Nigeria, il serait par exemple tentant de conclure que le programme est une réussite si on le mesure à la <a href="https://www.unccd.int/our-work/ggwi/impact">quantité de plantes produites (environ 7 millions), de vergers (plus de 300 hectares) ou de haies (plus de 700km) crées</a>. Ici, la simple comparaison d’une zone avant et après la mise en œuvre d’un verger, illustre bien ce constat.</p>
<p>Il est tout aussi indispensable de s’assurer que ces gains profitent aux catégories de la population les plus vulnérables. <a href="https://www.nytimes.com/2022/01/23/opinion/great-green-wall-niger.html">Dans certaines zones</a>, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0743016721002850">femmes</a> n’ont parfois pas été assez associées aux opportunités économiques portées par la Grande muraille verte et dans d’autres, les administrations locales ont cherché à <a href="https://dailytrust.com/billions-invested-yet-great-green-wall-still-wobbly/">privatiser les terres</a> restaurées qui auraient pu être détenues par tous les membres de la communauté.</p>
<h2>Une meilleure santé des enfants au Nigeria ?</h2>
<p>Dans une <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03958274">récente étude</a>, nous évaluons la capacité de la GMV à améliorer le bien-être des enfants vivant à proximité des zones nouvellement verdies au Nigeria. L’accès aux données géolocalisées de projets de haies et de vergers communautaires nous a permis d’identifier des enfants ayant pu bénéficier des activités de la muraille verte et de les comparer à leurs semblables non exposés à ces projets.</p>
<p>Les résultats suggèrent que les enfants vivant à moins de 20km des projets ont tendance à être plus grands : ce résultat est très robuste statistiquement dans le cas des vergers communautaires.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525857/original/file-20230512-15-fruj8z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Résultats des auteurs dont l’étude est disponible à ce lien.</span>
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<p>Si cette amélioration de la santé peut s’expliquer par la restauration de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167880914005106">services écosystémiques</a>, elle peut aussi être liée à la progression de l’emploi sur le court terme, qui soutient la demande et l’activité locale (marchés).</p>
<p>Les données disponibles ne suffisent pas en l’état à effectuer un diagnostic rigoureux du marché de l’emploi dans les zones exposées au programme, ni de bien apprécier les services écosystémiques rendus par les espaces arborés. Seule l’analyse de la diversité du régime de ces enfants, augmentée dans le cas des vergers communautaires, nous laisser penser que des effets directs existeraient.</p>
<h2>Réconciliation des approches</h2>
<p>Selon une <a href="https://www.nature.com/articles/s41893-021-00801-8">étude récente sur la rentabilité de la restauration environnementale</a>, 1 dollar investi dans de tels programmes bénéficierait déjà aux populations riveraines à hauteur de 2,4 dollars au Nigeria contre 1,2 dans l’ensemble du Sahel. Elle ne prend pourtant pas en compte les effets indirects, comme l’amélioration de l’alimentation des enfants en bas âge.</p>
<p>Bien que les mécanismes à l’œuvre soient encore à documenter, ces résultats précisent le débat sur l’intérêt de ce programme, la GMV étant notamment critiquée pour son incapacité à impliquer les populations rurales environnantes et à apporter un réel soutien aux populations vulnérables. Les objectifs initiaux de reboisement et de stockage du carbone, suggérés par les bailleurs, pourraient être finalement en décalage avec les besoins locaux.</p>
<p>En se détournant de l’idée initiale de reboisement exogène pour évoluer vers une mosaïque d’interventions adaptées aux contextes locaux, la Grande muraille verte tend à réconcilier les approches. La restauration de milliers d’hectares de couvert arboré offre aux populations locales un éventail d’opportunités économiques plus diversifiées et plus productives. Reste à surveiller si ces activités porteront leurs fruits sur le long terme, considérant le défi de la survie des essences choisies.</p>
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<p><em>Pauline Castaing, qui travaille à la Banque mondiale, a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205421/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Leblois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré des débuts chaotiques et des résultats globaux encore peu concluants, la Grande muraille verte du Sahel semble avoir certains effets positifs sur les enfants au Nigeria.Antoine Leblois, Chargé de recherches, économie de l'environnement et du développement, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2050752023-05-21T14:59:58Z2023-05-21T14:59:58ZChangement climatique et ressources en eau : ne nous cachons pas derrière des moyennes<p><a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end/l-invite-du-week-end-du-samedi-25-mars-2023-8113897">Interrogé sur France Inter</a> au matin de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau rappelait, le 25 mars 2023, les chiffres de la consommation d’eau en France. Il indiquait que 3 milliards de m<sup>3</sup> sont prélevés annuellement par l’agriculture sur les 200 milliards globalement disponibles.</p>
<p>Quelques jours plus tard, le président Emmanuel Macron déclarait lors de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=uqjSATKTxbk">sa présentation du plan « eau »</a> que l’eau renouvelable disponible devrait diminuer de 30 à 40 % d’ici à 2050. Si ces chiffres généraux des usages et la trajectoire climatique future sont tout à fait exacts, ils ne nous sont pas d’une grande utilité et induisent même un risque, celui de rester indifférent à ce qu’ils annoncent.</p>
<p>Leur globalité masque en effet des situations très variables dans l’espace et le temps. Ils ne disent rien des crises à venir ni des difficultés auxquelles les femmes, les hommes et les écosystèmes vont devoir faire face. Chacun affronte une situation locale à un moment donné, jamais la moyenne de tout le territoire durant toute une année.</p>
<h2>Des disparités locales cachées</h2>
<p>En moyenne, il pleut <a href="https://www.eaufrance.fr/repere-precipitations-et-pluies-efficaces">500 milliards de m³ d’eau en France chaque année</a>. La partie non consommée par les plantes et renvoyée vers l’atmosphère (non évapotranspirée) qui peut alimenter les lacs, les rivières et les nappes – et que le ministre considère comme « disponible » – <a href="https://www.eaufrance.fr/repere-precipitations-et-pluies-efficaces">est d’environ 200 milliards</a>. Les prélèvements pour les activités humaines représentent de leur côté 32 milliards, dont 3,2 pour l’agriculture, un chiffre qui peut paraître faible à première vue.</p>
<p>Les 200 milliards ne sont pourtant ni inutiles ni disponibles pour nos activités. Ils nourrissent les nappes, les rivières et l’ensemble des écosystèmes dont certains sont fragiles, primordiaux pour la biodiversité et critiques dans la régulation des cycles du carbone et autres gaz à effets de serre.</p>
<p>Si l’eau globalement disponible est importante, il n’empêche qu’elle se raréfie durant la période estivale. La majorité de l’eau consommée <a href="https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/economie/l-utilisation-des-ressources-naturelles-ressources/article/utilisation-mondiale-de-l-eau">est utilisée en été</a> où l’agriculture devient le premier usage et consomme <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/secheresse">jusqu’à 80 % de la ressource</a>. Ces chiffres illustrent qu’au-delà de valeurs globales, les tensions prennent une réalité critique sur les territoires durant l’été.</p>
<p>Si les mégabassines visent justement à prélever en hiver les besoins de l’été, la concurrence de cette utilisation avec les autres besoins des rivières et zones humides demeure à évaluer. Surtout, l’impact du changement climatique questionne le fonctionnement de ces retenues, sans aborder les questions relatives au type d’agriculture généralement intensive qu’elles soutiennent.</p>
<h2>Variabilité dans le temps</h2>
<p>Les chiffres avancés concernant l’évolution future de débit des cours d’eau sont des moyennes qui cachent des disparités temporelles et spatiales. Examinons d’abord les premières. Ces moyennes peuvent être calculées à l’échelle de l’année : elles incluent à la fois les faibles débits de l’été et les forts débits de l’hiver.</p>
<p>Elles masquent donc les périodes de fort stress hydrique qui peuvent être compensées par un hiver suivant pluvieux. Il existe aussi des moyennes par période, par exemple <a href="https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/centre-ressources/bilan-du-projet-explore-2070-eau-et-changement-climatique">sur l’horizon 2050-2070</a>. Là encore, elles ne rendent pas compte de la fréquence et de la durée des conditions extrêmes de débits critiques, qui devraient s’intensifier dans les périodes estivales à venir.</p>
<p>On mesure déjà en métropole l’élévation des températures depuis les années 1950, soit plus d’un degré en moyenne annuelle et une diminution des précipitations estivales.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Graphique montrant l’évolution du climat sur le bassin rennais depuis 1960" src="https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=532&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=532&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=532&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=669&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=669&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525427/original/file-20230510-18861-1agubm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=669&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution du climat sur le bassin rennais depuis 1960, chaque rond représente la valeur moyenne d’avril à septembre pour chaque année sur le bassin rennais. Les données historiques montrent deux trajectoires : de 1960 aux années 2000, les hausses de température étaient accompagnées de précipitations estivales plus importantes. Depuis 2000, la progression se poursuit, avec une baisse des précipitations estivales.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs à partir des données SAFRAN-Météo France</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>La hausse des températures et l’élargissement de la saison estivale provoquent une augmentation de l’évapotranspiration et une diminution de l’infiltration et de la recharge vers les nappes phréatiques. Celles-ci, qui constituent le stock principal des bassins versants, voient en retour leur rôle du soutien à l’étiage des rivières dégradé : le débit des rivières baisse.</p>
<h2>Variabilité dans l’espace</h2>
<p>Les moyennes cachent aussi une variabilité spatiale. Selon les scénarios et modèles, les climats futurs montrent une variation faible du volume de précipitations dans le nord et l’ouest de la France, sans pouvoir déterminer si le volume annuel sera plus ou moins élevé que les moyennes annuelles actuelles.</p>
<p>Pour expliquer ces prévisions d’un bilan hydrique équivalent à ce qu’on mesure aujourd’hui, il faut donc envisager des hivers plus humides avec des précipitations plus intenses.</p>
<p>C’est un paradoxe difficile à admettre : le « réchauffement climatique » pourrait se matérialiser par des inondations et des précipitations majeures sur une partie nord du territoire. À l’inverse, dans le sud de la France, tous les modèles convergent vers de fortes diminutions globales des volumes précipités.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Graphique montrant la projection des variations de précipitations pour la période 2071-2100" src="https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=367&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525428/original/file-20230510-9174-tw7ct7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=461&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Projection des variations de précipitations (en %) annuelles (gauche) et durant l’été (droite), pour la période 2071-2100 par rapport à la référence historique (période 1971-2000), pour le scénario du GIEC RCP 8.5.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/figures/projected-changes-in-annual-and-6">Agence européenne pour l’environnement</a></span>
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<h2>L’exemple local du bassin rennais</h2>
<p>Pour prendre conscience de l’impact du changement climatique et se rendre compte des tensions qui nous attendent, mais aussi évaluer à quelle échéance elles apparaîtront, il est primordial d’examiner les valeurs extrêmes, à savoir de débit estival.</p>
<p>La sécheresse de 1976 est restée dans les mémoires comme un événement tragique qui avait conduit à la levée d’un impôt sécheresse pour soutenir les agriculteurs français. L’année 2022 a montré des températures nettement supérieures à celles de 1976, avec un déficit en précipitations du même ordre.</p>
<p>Afin de répondre aux inquiétudes des gestionnaires de la ressource en eau dans le secteur, l’Université de Rennes (via la fondation Rennes 1) a lancé dès 2019, avec Eau du Bassin Rennais et Rennes Métropole, un <a href="https://fondation.univ-rennes.fr/chaire-eaux-et-territoires">programme de recherche sur l’impact du changement climatique sur la ressource en eau</a> à l’échelle du bassin rennais.</p>
<p>Nous avons développé dans ce cadre des modèles numériques capables de prédire l’évolution à venir des stocks d’eau souterraine et des débits des rivières en fonction des scénarios du GIEC. La tendance future émerge clairement de cette variabilité et met en évidence l’impact majeur du changement climatique.</p>
<h2>Des sécheresses bientôt systématiques</h2>
<p>Nous avons analysé la probabilité de trouver dans le futur des débits au moins aussi faibles que ceux de 1976 ou 2022. Dès la période 2020-2040, les débits typiques de ces années de sécheresse record pourraient se retrouver près d’une année sur deux et se succéder deux voire trois années de suite ! Les débits « 1976 ou 2022 » deviendront nos étés systématiques à partir de 2050. C’est donc à très court terme qu’il faut s’alarmer.</p>
<p>Si l’on utilise le même type de calcul reporté par le gouvernement, c’est-à-dire la comparaison des moyennes annuelles futures avec les moyennes annuelles actuelles, on obtient pourtant des baisses annuelles du même ordre (environ 30 % selon les projections) pour le cas de ce bassin versant étudié entre 2050 et 2070. Ce chiffre, pour exact qu’il soit, apparaît bien trop lisse au regard des prévisions estivales.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=303&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=303&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=303&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525437/original/file-20230510-16363-45oq79.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre de jours chaque année, de 1975 à 2100, où le débit en amont du barrage de la Chèze (Ille-et-Vilaine) est inférieur au 10ᵉ quantile historique (1980-2010). En rouge au-dessus du graphique, probabilité de retrouver des années de type 1976 (au moins 60 jours : conditions historiques observées), et en vert, le nombre d’années consécutives.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://geosciences.univ-rennes.fr/actualites/prix-de-these-de-la-fondation-rennes-1-pour-ronan-abherve">Ronan Abhervé à partir des données de projections climatiques multi-modèles utilisées pour la simulation des débits futurs (EXPLORE2-2021-SIM2 », scénario RCP8.5)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<h2>Un futur alarmant</h2>
<p>On comprend donc l’importance de ne pas se contenter des valeurs globales et moyennées pour avoir une idée des conditions extrêmes estivales qui nous attendent dans le futur.</p>
<p>Ces prédictions sont de toute façon incertaines, notamment en ce qui concerne les précipitations futures, et les modèles climatiques ont tendance à sous-estimer l’intensité et la fréquence de ces conditions extrêmes. Pour cette étude locale, nous avons utilisé le scénario du GIEC (RCP 8.5), considéré comme pessimiste (mais pas le plus pessimiste) à l’échelle de la fin du siècle – c’est en fait le scénario que nous suivons (voire dépassons) depuis plus de 20 ans ; et peu d’indices laissent présager une évolution positive majeure dans les prochains 10 ou 20 ans.</p>
<p>Ce schéma n’est pas une prévision exacte du futur, mais il donne une vision des tendances à venir en insistant sur l’un des points les plus fragiles des systèmes hydrologiques. Les évolutions ressortent clairement et dessinent un futur extrêmement alarmant pour la ressource en eau.</p>
<h2>Des crises climatiques et sociales</h2>
<p>À ce titre, le plan « eau » annoncé par le gouvernement – qui retarde les engagements déjà pris en matière d’économie d’eau et épargne l’agriculture – ne prend pas la mesure des tensions estivales extrêmes à venir.</p>
<p>L’intérêt de notre démarche est de décrire les crises climatiques à venir ou déjà en cours dans de nombreux pays. Il ne s’agit pas de l’effondrement généralisé prédit par certains, mais de crises extrêmement sévères, localisées dans l’espace et le temps. Ces crises toucheront en premier lieu certains services primordiaux (eau potable, agriculture, industries…) et surtout une partie de la population, accentuant les clivages entre les classes sociales.</p>
<p>Pour surmonter les crises sociales que seront aussi les crises climatiques, nous ne pouvons faire l’impasse ni sur la raréfaction, ni sur la répartition de la ressource en eau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205075/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les données globalisantes sur la ressource en eau et les projections climatiques ne sont pas d’une grande utilité et induisent même le risque de nous rendre indifférents à ce qu’ils annoncent.Luc Aquilina, Professeur en sciences de l’environnement, Université de Rennes 1 - Université de RennesClément Roques, Chercheur en hydrologie, Université de NeuchâtelJean-Raynald de Dreuzy, Directeur de recherche au CNRS, hydrologie, École normale supérieure de RennesLaurent Longuevergne, Directeur de recherche, référent scientifique “Hydrologie de terrain, imagerie géophysique”, Université de RennesRonan Abhervé, Chercheur postdoctoral en hydrologie, Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044012023-04-26T12:11:43Z2023-04-26T12:11:43ZPodcast : Comment font les plantes pour s’adapter au manque d’eau ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522715/original/file-20230424-1294-zbjfn2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Panicules de mil perlé.</span> <span class="attribution"><span class="source">Caroline Dangleant/Cirad</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512627/original/file-20230228-16-n5rwwk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Découvrez le nouveau podcast de The Conversation France : <a href="https://theconversation.com/fr/topics/lechappee-sciences-135626">« L’échappée Sciences »</a>. Deux fois par mois, un sujet original traité par une interview de scientifique et une chronique de l’un·e de nos journalistes.</em></p>
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<p>Des sols craquelés, des barques condamnées à l’immobilité, des cultures carbonisées sur pieds et, parfois, plus une goutte au robinet… Les effets des épisodes de sécheresse sévères se font sentir chaque été de plus en plus nettement sous nos latitudes. Une situation que les scientifiques ont clairement identifiée comme l’une des conséquences du réchauffement climatique global. </p>
<p>Dans les années à venir, nos températures vont augmenter en moyenne de 1,5 °C au moins, avec évidemment des variations régionales très marquées. À la fois « victime » et « coupable », le secteur agricole, qui contribue pour une part significative aux émissions de gaz à effet de serre, va devoir s’adapter à cette situation, <a href="https://theconversation.com/plan-eau-la-politique-des-petits-tuyaux-fera-t-elle-les-grandes-rivieres-203391">nouvelle</a> pour certaines parties du globe, <a href="https://theconversation.com/en-afrique-de-lest-lagriculture-au-defi-des-secheresses-recurrentes-140599">déjà bien connue pour d’autres</a>. </p>
<p>Pour continuer à pouvoir cultiver et assurer la sécurité alimentaire des populations, comprendre comment les végétaux peuvent s’adapter au manque d’eau devient une priorité. « Faire pousser des végétaux sans eau, c’est de la science-fiction ! », nous rappelle Delphine Luquet, écophysiologiste au Cirad. Cette scientifique, qui a travaillé sur le sorgho et le riz, est l’invitée de ce nouvel épisode de « L’échappée Sciences ». </p>
<p>Avec Delphine Luquet, on va donc découvrir ce que l’eau fait aux plantes et ce que les plantes font avec l’eau. Comment certaines espèces végétales supportent mieux le stress hydrique que d’autres, à l’image de la famille des mils, céréales présentes au Sahel depuis des siècles. Et comment les scientifiques, les agriculteurs et agricultrices peuvent <a href="https://theconversation.com/face-a-la-secheresse-innover-pour-transformer-notre-agriculture-187324">rendre les végétaux moins vulnérables à la sécheresse</a>, en travaillant notamment à la sélection variétale et au changement des pratiques dans une démarche agroécologique. </p>
<p>Au menu de la chronique de ce nouvel épisode de « L’échappée Sciences », on s’intéresse à une technique prometteuse permettant de mieux comprendre la génétique des plantes : CRISPR-Cas9. Ces « ciseaux moléculaires » rendent possible une édition très fine du génome. Si cette technique n’est pas autorisée dans les champs en Europe, où les plantes éditées sont classées comme OGM, elle existe déjà au Japon où des tomates modifiées ont été récemment commercialisées comme « alicaments »…</p>
<p>Bonne écoute !</p>
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<p><em>Crédits : Animation et conception, Jennifer Gallé et Benoît Tonson. Réalisation, Romain Pollet. Musique du générique : « Chill Trap » de Aries Beats. Extrait de <a href="https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19548515&cfilm=114782.html">« Insterstellar »</a>, un film de Christopher Nolan (2014).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204401/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Certaines plantes résistent mieux que d’autres aux épisodes de sécheresse. Pour quelles raisons ? Dans ce podcast, nous nous intéressons à la manière dont les végétaux utilisent l’eau.Delphine Luquet, Écophysiologiste, CiradBenoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceJennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044142023-04-25T22:51:34Z2023-04-25T22:51:34ZAvec les sécheresses pourra-t-on toujours produire de l’électricité avec des barrages ?<p>Tous les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/barrages-30484">barrages</a> ne sont pas destinés à produire de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/electricite-23762">électricité</a> ; certains servent à alimenter l’agriculture ou à réguler le débit des fleuves. Les barrages qui produisant de l’électricité représentent en France entre 11 et 12 % de l’électricité produite, loin derrière le nucléaire mais devant l’éolien et le solaire.</p>
<p>L’énergie hydraulique fournit également un sixième de l’électricité mondiale, ce qui fait d’elle la première source d’énergie décarbonée au monde. C’est une énergie qui, en effet, n’émet pas de CO<sub>2</sub> (même si on produit du carbone lors de la construction de l’édifice) et surtout c’est un moyen de stocker l’électricité (on stocke l’eau car on ne sait pas stocker l’électricité à grande échelle dans des conditions économiques).On parle dans ce cas de centrale pilotable car on peut choisir le moment où l’on produit l’électricité.</p>
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<figcaption><span class="caption">A quoi ça sert un barrage ? (EP. 694) – 1 jour, 1 question.</span></figcaption>
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<p>Il existe trois principaux types de barrages : des barrages au fil de l’eau, qui turbinent en continu sur un fleuve, des barrages de lacs qui disposent d’une retenue d’eau importante et permettent donc de faire du stockage inter-saisonnier, et des stations de pompage qui se composent de deux barrages, l’un en amont et l’autre en aval d’une conduite forcée. On pompe l’eau pour la remonter de l’aval vers l’amont aux heures creuses et on produit de l’électricité aux heures de pointe en turbinant l’eau du barrage amont. Cela permet d’optimiser le moment où l’on veut produire l’électricité. Rappelons que la puissance électrique d’un barrage est proportionnelle à la hauteur de chute et au débit turbiné.</p>
<p>Il y a encore un fort potentiel de production hydroélectrique dans le monde mais ce potentiel reste limité en France. Il est difficile de construire de nouveaux barrages pour des raisons environnementales (préservation de la biodiversité) mais on peut espérer accroître le potentiel des barrages existants grâce à de nouveaux investissements.</p>
<p>Le réchauffement climatique risque en tout cas de compromettre le recours à l’hydroélectricité du fait du manque d’eau dans les fleuves mais aussi en raison du moindre enneigement en montagne car la fonte des neiges alimente fortement le débit des cours d’eau.</p>
<p>On estime que ce réchauffement pourrait réduire de l’ordre de 20 % du débit des grands fleuves dans les décennies futures ; les impacts seront toutefois différents d’une région à l’autre. Si l’on prend l’exemple du Rhône notamment, on considère que son débit (donc celui des autres fleuves probablement) a été réduit de 6 % à 7 % en 50 ans et plus le fleuve se rapproche de son embouchure et plus le débit diminue.</p>
<p>Selon Réseau de transport d’électricité (RTE), la production hydroélectrique était en baisse de 35 % en juillet 2022 par rapport à juillet 2021.</p>
<p>De plus la compétition entre les usages énergétiques et les usages agricoles risque de s’intensifier si l’eau est plus rare. L’eau des fleuves sert aussi à refroidir les centrales nucléaires, ce qui explique que les nouvelles centrales seront plutôt construites en bord de mer. Les barrages doivent parfois procéder à des lâchers d’eau pour permettre l’irrigation, notamment en été. Mais l’eau déversée n’est plus disponible alors en hiver, ce qui réduit la production d’électricité.</p>
<hr>
<p>Cet article est copublié avec <a href="https://www.umontpellier.fr/articles/lum-un-mag-grand-public-pour-luniversite-de-montpellier">LUM</a>, le magazine science et société de l’Université de Montpellier.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204414/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jacques Percebois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’électricité produite par les barrages représente 12 % de notre production et qui dit sécheresse dit moins d’eau et donc moins d’énergie produite.Jacques Percebois, Professeur émérite à l'Université de Montpellier, chercheur à l'UMR CNRS Art-Dev, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2033912023-04-13T08:30:13Z2023-04-13T08:30:13ZPlan « eau » : la politique des petits tuyaux fera-t-elle les grandes rivières ?<p>Dans son discours du 30 mars 2023, le président de la République a annoncé un vaste <a href="https://www.reussir.fr/sites/portail-reussir/files/2023-03/dossierdepresse-planeau.pdf">plan d’action de 53 mesures</a> pour organiser la sobriété des usages de l’eau à l’heure du changement climatique, lequel « va nous priver de 30 % à 40 % de l’eau disponible dans notre pays à l’horizon 2050 ». </p>
<p>Cette prise de parole politique était très attendue. La <a href="https://theconversation.com/secheresse-2022-un-manque-de-pluies-presque-ordinaire-aux-effets-exceptionnels-191323">sécheresse de l’été 2022</a> a marqué les esprits avec un nombre record de départements en situation de crise. Des centaines de communes ont été confrontées à des difficultés d’approvisionnement en eau potable, tandis que les productions agricoles, interdites d’irrigation, ont accusé des <a href="https://chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/002_inst-site-chambres/actu/2022/note-secheresse_08-2022_V05-09.pdf">baisses de rendements de 10 à 40 % selon les régions et les filières</a>.</p>
<p>À ce pic de chaleur s’est ajoutée une exceptionnelle <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/02/20/la-secheresse-hivernale-un-phenomene-dans-la-poursuite-du-cycle-infernal-typique-du-rechauffement-climatique_6162608_3244.html">sécheresse hivernale</a> : les précipitations, d’habitude abondantes en cette période, ont été trop faibles pour réalimenter les nappes, ce qui fait craindre un déficit de ressource avant même d’entamer la saison estivale. La conscience est désormais là que le temps de l’« eau facile », liée à un climat tempéré, est révolu et que des <a href="https://theconversation.com/manque-deau-comment-la-reutilisation-des-eaux-usees-est-devenue-une-priorite-193328">économies</a> doivent être réalisées dans tous les domaines.</p>
<p>Le programme d’Emmanuel Macron est présenté comme une modernisation sans précédent de notre politique de l’eau. Si ces mesures ont le mérite de couvrir de très nombreux champs, se pose la question des moyens sur lesquels elles pourront s’appuyer.</p>
<h2>Objectifs du plan et ses principales mesures</h2>
<p>Les objectifs poursuivis diffèrent dans leur temporalité. À court terme, il s’agit, par des mesures d’urgence, d’éviter la pénurie qui menace l’été prochain. Le gouvernement choisit de reproduire sa stratégie en matière énergétique de cette année : il veut la mise en place rapide d’un dispositif d’« écowatt de l’eau » pour alerter les consommateurs sur les tensions hydriques. Des plans de sobriété sont aussi réclamés à chaque secteur économique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<p>À plus long terme, le plan promet de réduire les volumes d’eau globalement prélevés de 10 % d’ici à 2030 (chiffre en-deçà des ambitions des Assises de l’eau : 25 % en 2035). Pour cela, un vaste chantier de résorption des fuites d’eau est lancé, abondé par un budget de 180 millions d’euros par an. Surtout, le plan prétend adapter un certain nombre de secteurs à la nouvelle donne climatique, par des changements plus structurels. </p>
<p>Un programme d’investissement est prévu pour les centrales nucléaires qui devraient, à l’avenir, fonctionner en circuit beaucoup plus fermé. L’objectif est, par ailleurs, de parvenir à 10 % de réutilisation des eaux usées traitées – soit 300 millions de m<sup>3</sup> – d’ici à 2030, contre 1 % actuellement.</p>
<h2>L’agriculture assez peu mise à contribution</h2>
<p>D’un côté, aucun effort supplémentaire ne sera demandé à la production agricole en baissant à nouveau les volumes qu’elle prélève, a précisé le ministre de l’Agriculture. Qu’on le veuille ou non, sans eau, il n’y a pas d’<a href="https://theconversation.com/comprendre-la-carte-de-la-france-agricole-168029">agriculture</a>, et sans agriculture, il n’y a pas de souveraineté alimentaire ! </p>
<p>Il faut cependant préciser ici que la détermination de la quantité d’eau allouée aux agriculteurs n’est pas du ressort du gouvernement ; elle dépend des prescriptions des documents locaux de gestion de la ressource et du fait qu’ils prennent en compte les études hydrogéologiques actuellement menées. Il y aura donc fatalement une baisse des volumes agricoles sur la plupart des territoires.</p>
<h2>Pas de chèque en bleu sur les bassines</h2>
<p>Mais d’un autre côté, l’agriculture va devoir être beaucoup plus sobre et résiliente. </p>
<p>Déjà parce que le nombre d’agriculteurs candidats à l’irrigation va augmenter avec le réchauffement du climat : il faudra donc répartir un volume restreint entre plus d’usagers. L’État demande ensuite à l’agriculture un changement de modèle pour faciliter l’infiltration et le stockage de l’eau dans les sols, ce qui passe par des terres plus riches en matière organique et des infrastructures naturelles (arbres, haies) plus conséquentes dans le paysage rural.</p>
<p>Sur la rétention artificielle des eaux tombées en hiver qui fait aujourd’hui polémique, la position de l’État est réaffirmée. La construction des réserves doit être parfaitement alignée sur des données scientifiques prospectives ; elle doit s’inscrire dans des projets de territoire qui incluent un partage des usages et des conditions de changements significatifs des pratiques culturales, sur la baisse des pesticides en particulier. Les « bassines » ne sont donc pas un « chèque en bleu ».</p>
<h2>Des moyens à la hauteur de l’enjeu ?</h2>
<p>Mais c’est bien sur les moyens déployés que les interrogations demeurent. Pour atteindre les objectifs de sobriété hydrique, des investissements colossaux dans les infrastructures seront nécessaires (rénovation des réseaux, réalisation d’ouvrages, matériel plus performant…). </p>
<p>De ce point de vue, l’État met d’importants moyens financiers sur la table. Les agences de l’eau verront leur budget augmenté de 500 millions d’euros par an pour accompagner des projets de restauration hydraulique. L’État débloque aussi 30 millions par an pour soutenir des pratiques agricoles économes en eau (irrigation au gouttes à gouttes, modèles d’irrigation intelligents, filières peu consommatrices…).</p>
<p>Cependant les aides publiques, quels que soient leurs montants, sont impuissantes à changer les comportements : d’autres dispositifs, de type normatif, sont indispensables pour inciter sinon contraindre à la sobriété. L’un d’eux, avancé par le plan, est la généralisation d’une tarification progressive de l’eau. Si nous avons en France un seul circuit de distribution de l’eau potable, tous les usages domestiques ne se valent pas. </p>
<p>D’où l’idée d’augmenter significativement le prix du mètre cube d’eau à partir d’un certain niveau de consommation, de confort (remplissage de piscines, arrosage de propriétés…).</p>
<h2>Pas de loi sur les usages et le partage de l’eau</h2>
<p>Le plan annoncé, sur de nombreux aspects, ne dit pas quels leviers normatifs il compte actionner. Les incantations risquent ainsi d’être vaines, si on ne les double pas d’obligations de résultats à atteindre, secteur par secteur. Tout ce qui a trait à la préservation de la qualité de l’eau (prévention et réduction des pollutions), à l’amélioration du stockage dans les sols et les nappes, à la restauration de la fonctionnalité des écosystèmes, suppose des règles fortes de régulation des usages. </p>
<p>Cela fait aussi longtemps qu’on prône, à coup de millions de subventions, le changement de modèle agricole, mais sans y parvenir. Alors que la nouvelle politique agricole commune vient tout juste d’entrer en vigueur, l’État refuse de prescrire de nouvelles mesures en la matière. Le volontariat restera le principe, l’appel à projets la modalité.</p>
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<img alt="vue aérienne d’une mégabassine" src="https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/519685/original/file-20230405-22-g0r6i6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une mégabassine à Cramchaban, dans le Marais Poitevin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Water Alternatives/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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<p>En somme, il n’est pas prévu que ce grand plan accouche d’une grande loi sur l’eau (la dernière <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000017758328/">est datée de 2006</a>). Comme si la politique de l’eau n’était affaire que de tuyaux et pas de débat politique qui arbitre des choix de société. Pourtant l’arsenal législatif, aussi complexe qu’inefficace, aurait bien besoin <a href="https://hal.science/hal-03959795v1/document">d’un grand nettoyage</a>.</p>
<h2>Réanimer la gouvernance de l’eau</h2>
<p>L’adaptation se jouera donc vraisemblablement, à droit constant, au niveau local, par une réanimation de la gouvernance de l’eau. Tous les sous-bassins devront se doter, d’ici à 2027, d’une instance de dialogue (la commission locale de l’eau) et d’un projet de territoire organisant le partage et les priorités d’usage de la ressource : le fameux SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux). </p>
<p>À peine un peu plus de la moitié du territoire national est couvert par <a href="https://www.gesteau.fr/sites/default/files/gesteau/content_files/document/Rapportd%27%C3%A9valuation--EvaluationnationaledesSAGE--VF201222.pdf">ce type de document</a>. Ce sont aussi les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), véritable déclinaison opérationnelle des actions, qui sont appelés à devenir cruciaux. </p>
<p>Avec le paradoxe que c’est dans les zones où les conflits sont les plus intenses – en particulier autour des réserves – que les <a href="https://www.vienne.gouv.fr/contenu/telechargement/33327/190917/file/Protocole_V2_03112022.pdf">protocoles sont actuellement les plus ambitieux sur le papier</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203391/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Grimonprez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si les mesures proposées par Emmanuel Macron fin mars 2023 pour parer au manque d’eau sont vastes, il semble qu’aucune loi ne soit à l’agenda politique pour les structurer et les mettre en œuvre. Benoît Grimonprez, Droit rural et de l'environnement, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2035892023-04-11T17:00:26Z2023-04-11T17:00:26ZComment les animaux survivent-ils dans le désert ?<p>La principale problématique pour les animaux du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/desert-38193">désert</a> est bien sûr le manque d’eau.</p>
<p>La solution, pour survivre, est d’en perdre le moins possible. Que ce soit via l’excrétion (l’urine et les crottes), la transpiration ou la respiration.</p>
<h2>Faire du pipi concentré et des crottes sèches</h2>
<p>La première voie qui vient à l’esprit quand on essaie d’imaginer par où on peut perdre de l’eau est la voie urinaire. C’est le rein qui, en filtrant le sang, fabrique l’urine et l’envoie dans la vessie. Pour perdre le moins d’eau possible par cette voie, il faut avoir des reins adaptés capables de produire une urine très concentrée.</p>
<p>Chez les mammifères, par exemple le rat-kangourou qui vit dans les zones désertiques de l’ouest des États-Unis ou la gerboise du Sahara, la fabrication de l’urine passe par une très longue boucle (appelée « anse de Henlé ») qui permet de réabsorber un maximum d’eau avant que l’urine rejoigne la vessie. Ainsi l’urine de ces animaux désertiques est beaucoup plus concentrée ce qui leur permet de perdre cinq fois moins d’eau que nous en faisant pipi !</p>
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<img alt="Photographie d’un rat kangourou" src="https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520293/original/file-20230411-28-ttkgns.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le rat kangourou perd très peu d’eau en urinant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kangaroo-rat.jpg">Rex/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Récupérer l’eau du tube digestif avant d’évacuer les aliments non digérés est une autre stratégie. Les insectes n’ont pas du tout le même type de rein que les vertébrés mais chez certains l’extrémité des tubes (« tubes de Malpighi ») qui servent à éliminer les déchets du sang sont collés au rectum et récupèrent la quasi-totalité de l’eau qui s’y trouve, ces insectes produisant des crottes complètement sèches.</p>
<p>Cette réabsorption rectale est aussi renforcée chez les Vertébrés du désert – reptiles, oiseaux ou mammifères – qui, eux aussi, font des crottes bien plus sèches que nous.</p>
<h2>Ne pas trop suer</h2>
<p>La deuxième cause de perte d’eau est la transpiration, c’est-à-dire les pertes à travers la peau. Les mammifères du désert n’ont pratiquement pas de glandes sudoripares – donc pas de sueur – et des graisses originales rendent leur peau particulièrement imperméable à l’eau.</p>
<p>Une bonne fourrure assure aussi une protection contre les pertes d’eau, même dans le désert : les chameaux le savent bien. Attention : si le chameau est capable de boire de grandes quantités d’eau dès qu’il en a l’occasion, il ne la stocke pas dans ses bosses, remplies de réserves de graisse. Son eau est répartie dans tout le reste de son corps mais comme il peut en perdre trois plus que nous avant de mourir de soif, il résiste bien plus longtemps au climat du désert.</p>
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<img alt="Photographie d’un scarabée Stenocara" src="https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520294/original/file-20230411-755-tf3pzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le scarabée Stenocara a la capacité de récupérer l’eau de l’air pour la boire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stenocara_sp._%28Tenebrionidae%29_%286227474123%29.jpg">yakovlev.alexey/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Les insectes du désert ont souvent une carapace recouverte de cire qui assure également une bonne imperméabilisation. Plus fort encore : adapter sa carapace pour en faire un récupérateur de rosée. Certains scarabées du désert de Namibie (Stenocara) ont de petites bosses hydrophiles (qui attirent l’eau) sur leur dos sur lesquelles l’humidité de la brume matinale va se condenser et couler dans de petites rigoles hydrophobes (qui repoussent l’eau) vers sa bouche. Des chercheurs du MIT se sont inspirés de ces insectes pour fabriquer des toiles récupératrices d’eau de rosée : un bel exemple de biomimétisme.</p>
<h2>Expirer de l’air moins humide</h2>
<p>Une autre voie qui occasionne des pertes d’eau importantes c’est la respiration : même si l’air du désert qu’on inspire est sec, celui-ci est humidifié en arrivant dans les poumons. Si on l’expire rapidement, il emporte avec lui une grande quantité de vapeur d’eau. Par contre si cet air humide est canalisé dans les méandres des fosses nasales, maintenues plus fraîches que le reste du corps, la vapeur d’eau de l’air expiré va se condenser et être récupérée, surtout la nuit. Le chameau, les antilopes ou le rat-kangourou (encore lui !) ont effectivement des fosses nasales labyrinthiques capables de récupérer un maximum d’eau la nuit.</p>
<p>Et c’est justement la nuit que le rat-kangourou sort de son terrier pour aller chercher les graines dont il se nourrit. Mais il ne les mange pas tout de suite : il va les cacher sous terre, souvent dans une chambre spéciale de son terrier. Ainsi, ces graines vont gonfler de 30 % environ en captant l’eau de l’air un peu humide du terrier. Manger ces graines réhydratées suffit à combler les besoins en eau limités de notre rat-kangourou qui n’a donc pas besoin de boire du tout !</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre. En attendant, tu peux lire tous les articles <a href="https://theconversation.com/fr/topics/the-conversation-junior-64356">« The Conversation Junior »</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203589/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François H. Lallier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans le désert, le manque d’eau est le principal problème, mais certains animaux ont développé des capacités extraordinaires pour survivre dans les régions arides.François H. Lallier, Professeur de biologie, Station Biologique de Roscoff, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2006742023-03-14T20:00:13Z2023-03-14T20:00:13ZComment les sécheresses influent sur la déforestation<p>Les événements climatiques extrêmes, en particulier les sécheresses, ont des effets très importants sur les <a href="https://www.nationalgeographic.fr/environnement/une-secheresse-extreme-menace-20-millions-de-personnes-en-afrique-de-lest">populations des pays du Sud</a>, notamment au sein des secteurs agricoles et de l’élevage : baisse des rendements, mortalité accrue du bétail, pertes de services écosystémiques…</p>
<p><a href="https://theconversation.com/secheresses-en-afrique-et-rechauffement-climatique-attention-aux-raccourcis-191447">L’attribution de ces évènements au changement climatique</a> est une science complexe et encore incertaine, si bien qu’il est aujourd’hui difficile de généraliser l’idée que l’occurrence des <a href="https://theconversation.com/secheresses-en-afrique-et-rechauffement-climatique-attention-aux-raccourcis-191447">sécheresses</a> augmente avec le changement climatique. Ce lien est toutefois établi dans certaines régions du monde, comme en Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest ou <a href="https://theconversation.com/en-afrique-du-sud-un-risque-de-secheresse-multiplie-par-trois-avec-le-changement-climatique-110851">Afrique du Sud</a>.</p>
<p>Face à ces évènements, les agriculteurs ont recours à un grand nombre de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/environment-and-development-economics/article/abs/agricultural-households-adaptation-to-weather-shocks-in-subsaharan-africa-implications-for-landuse-change-and-deforestation/BEAD864121951D697AECC927D4DC8624">stratégies d’adaptation</a>. On peut distinguer tout d’abord les <a href="https://theconversation.com/secheresse-lindispensable-adaptation-des-forets-francaises-128404">adaptations</a> de long terme, pour anticiper la survenue possible des sécheresses futures ; et les adaptations de court terme, afin de réagir aux sécheresses une fois qu’elles ont eu lieu.</p>
<p>On peut aussi distinguer des pratiques d’adaptation ayant lieu <a href="https://www.cirad.fr/espace-presse/communiques-de-presse/2022/l-agriculture-innove-pour-faire-face-au-manque-d-eau">dans le secteur agricole</a>, telles que la diversification des cultures, la vente de bétail, l’agroforesterie ou l’usage de semences plus résistantes au stress hydrique ; et les pratiques hors secteur agricole, comme la collecte de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Produits_forestiers_non_ligneux">produits non ligneux</a> issus des forêts, les migrations internes ou externes, ou le recours aux emprunts.</p>
<p>Ces différentes pratiques sont susceptibles d’avoir des implications en termes d’usages du sol. Certaines peuvent être qualifiées d’intenses en usages du sol, c’est-à-dire qu’elles risquent de favoriser l’expansion agricole ; alors que d’autres seront davantage économes en terres.</p>
<p>Ainsi, ayant en tête que l’expansion agricole est le <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/09/07/80-de-la-deforestation-est-due-a-l-agriculture_4747867_3244.html">principal facteur de déforestation tropicale</a>, l’adaptation peut, selon les contextes et selon les caractéristiques des agriculteurs, augmenter ou réduire la déforestation, qui est une cause importante du changement climatique et de pertes de biodiversité.</p>
<h2>Quand la sécheresse accentue la déforestation</h2>
<p>L’analyse des liens entre sécheresses et déforestation est donc une thématique d’étude émergente, permettant une identification de possibles situations de <a href="https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/propositions/eviter-la-maladaptation-au-changement-climatique">mal-adaptation</a> ; c’est-à-dire des comportements d’adaptation qui aggravent la dégradation environnementale.</p>
<p>Les recherches menées sur la question avancent que les sécheresses tendent en moyenne à augmenter la déforestation : c’est le cas pour <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006320717317111?via%3Dihub">Madagascar</a> ou en <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/abdbf0">Afrique de l’Ouest et Centrale</a>.</p>
<p>En moyenne, les pratiques d’adaptation de court terme aux sécheresses seraient donc plutôt intenses en usage du sol et entraîneraient davantage de déforestation.</p>
<p>Cependant, ces études montrent également des sources d’hétérogénéités de ces impacts : le lien positif entre sécheresses et déforestation n’est pas uniforme.</p>
<h2>Maïs et manioc en RDC</h2>
<p>Dans un <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0276667">article récent</a>, en considérant le cas de la République démocratique du Congo, pays où la <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/republique-democratique-du-congo/la-republique-democratique-du-congo-championne-du-monde-de-la-deforestation-apres-le-bresil_4000639.html">déforestation est particulièrement préoccupante</a>, nous étudions dans quelle mesure la saisonnalité affecte ces liens.</p>
<p>À cette fin, nous avons considéré les saisons agricoles des deux denrées les plus produites dans le pays : le maïs, où sont distingués les épisodes de plantation, croissance et récolte ; et le manioc, où sont distingués les épisodes de plantation et de récolte.</p>
<p>Pour chaque épisode, nous couplons des <a href="https://lef-nancy.org/files/index.php/s/WaPabKEtM2xc5HD">données météorologiques de pluviométrie</a> mensuelles, une sécheresse étant ici considérée comme un déficit de pluie important par rapport à la moyenne sur une période donnée, avec des données de pertes de couvert forestier, notre indicateur de déforestation.</p>
<p>Sur la base d’une analyse statistique annuelle entre 2000 et 2020, nous cherchons à observer des liens significatifs entre déficits d’accumulation de précipitations et niveau de déforestation.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512403/original/file-20230227-24-mtydme.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Couvert forestier en 2000, déforestation moyenne entre 2001 et 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Compilation par les auteurs des données de Hansen et al. (2013)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’importance de la saisonnalité</h2>
<p>Nos résultats tendent à montrer que la saisonnalité joue un rôle important dans les liens entre sécheresse et déforestation. Si l’on considère le maïs, l’occurrence de sécheresse une année donnée baisse la déforestation si elle a lieu pendant les épisodes de plantation et de croissance, alors qu’elle l’augmente pendant les épisodes de récolte. En nous focalisant sur le manioc, nous constatons que seules les sécheresses ayant lieu pendant les périodes de plantation poussent la déforestation à la hausse.</p>
<p>Nous observons aussi que les sécheresses passées peuvent affecter la déforestation. Ainsi, des sécheresses ayant eu lieu les années passées pendant les épisodes de croissance du maïs tendent à réduire la déforestation. Ce résultat peut être interprété comme un comportement d’adaptation de long terme, des agriculteurs.</p>
<p>Les sécheresses des années passées, ayant eu un impact négatif sur les rendements du maïs, peuvent alors influencer les anticipations des agriculteurs et ainsi modifier leur choix de mise en culture de nouvelles terres.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512404/original/file-20230227-22-gv4ueg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’impact des sécheresses passées et présentes sur la déforestation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Résultats des auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Distance aux villes, rôle de la protection</h2>
<p>Nous cherchons également dans quelle mesure d’autres facteurs influent sur ce lien entre sécheresse et déforestation. Nous prenons tout d’abord le cas du temps d’accès à la zone densément peuplée la plus proche : cette distance est un indicateur des coûts de transport vers les principaux marchés, et représente ainsi la manière dont les agriculteurs peuvent être intégrés au reste de l’économie.</p>
<p>Cette proximité aux marchés tend à accentuer les impacts sur la déforestation, qu’ils soient positifs ou négatifs. Ce résultat suggère que la proximité facilite l’accès à des stratégies d’adaptation, et donc en accentue le recours. C’est le cas à la fois pour les stratégies qui sont intenses en usage du sol, pendant les moments de récolte du maïs ; et pour les stratégies économes en usages du sol, pendant les épisodes de croissance du maïs.</p>
<p>Nous considérons enfin le rôle des aires protégées, dont l’objectif est de participer à la conservation des écosystèmes. Nous pouvons voir que la présence d’aires protégées tend à diminuer l’impact des sécheresses sur la déforestation. Ainsi, en cas de sécheresse pendant les épisodes de croissance du maïs, les aires protégées réduisent l’impact positif sur la déforestation.</p>
<p>À l’inverse, et de manière plus surprenante, la présence d’aires protégées tend à compenser l’effet négatif des sécheresses sur la déforestation, lorsque celles-ci ont lieu lors des épisodes de croissance du maïs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=449&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=449&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512405/original/file-20230227-26-q97h47.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=449&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les aires protégées atténuent l’impact des sécheresses sur la déforestation, alors que la proximité aux grandes villes l’accentue.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Résultats des auteurs</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Chocs, adaptation et dégradation environnementale</h2>
<p>Au total, on peut voir qu’il est important de prendre en considération les cas de mal-adaptation, lorsque les réponses aux chocs météorologiques conduisent à des comportements d’adaptation qui renforcent le dérèglement climatique et les pertes de biodiversité en accentuant l’expansion des terres cultivées.</p>
<p>À ce titre, il apparaît très important de réussir à concilier une meilleure résilience des populations vulnérables et une meilleure conservation des écosystèmes. Ce point est d’autant plus important lorsque l’on connaît le rôle de ces écosystèmes dans la <a href="https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2017/11/12/addressing-climate-change-why-forests-matter">régulation du climat</a> et les ressources qu’ils apportent aux populations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200674/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Delacote a reçu des financements de la chaire Économie du climat. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Giulia Vaglietti a reçu des financements de la chaire Économie du climat.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Leblois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comme le montre une étude menée en RDC, les liens entre sécheresse et déforestation dépendent notamment de la saison à laquelle le phénomène se produit.Philippe Delacote, Directeur de recherche en économie, InraeAntoine Leblois, Chargé de recherches, économie de l'environnement et du développement, InraeGiulia Vaglietti, Doctorante, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1935102023-01-12T11:32:28Z2023-01-12T11:32:28ZGarder ses feuilles ou les perdre, telle est la question<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/503505/original/file-20230108-11529-vq9evg.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chêne pubescent et chêne vert en Provence. </span> <span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>En cette période hivernale, dans nos régions à la saisonnalité bien marquée, beaucoup d’arbres présentent des silhouettes nues et sombres, se détachant nettement des paysages. Quelques semaines plus tôt, à l’automne, leurs feuilles sont tombées. Plus ou moins précoce <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1917660/secheresse-feuilles-arbres-automne-senescence">selon les conditions climatiques</a>, cette perte totale du feuillage ne concerne cependant pas toutes les espèces. </p>
<p>Les arbres se répartissent en effet en deux groupes principaux, au comportement phénologique bien différent, la phénologie désignant chez les végétaux, l’étude des phases de développements saisonniers, feuillaison, floraison, fructification, etc. </p>
<p>Soit ils gardent leurs feuilles vivantes (ou du moins une partie) en hiver, ce sont les espèces sempervirentes ou dites à feuillage persistant ; soit ils les perdent toutes en automne, renouvelant la totalité de leur feuillage au printemps ; on les qualifie alors d’espèces caducifoliées ou au feuillage caduc.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des chênes et des hêtres sans feuilles" src="https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503502/original/file-20230108-22706-cgseqq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Chênes et hêtres caducifoliés dans la forêt de Montmorency (Ile-de-France).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Feuilles larges et fines ou réduites et en aiguille</h2>
<p>La sempervirence est de règle chez les conifères, ce grand groupe d’arbres résineux à feuilles en aiguilles ou en écailles comprenant sapins, pins, épicéas, etc., à quelques notables exceptions, comme le cyprès chauve (<em>Taxodium distichum</em>) des bayous de Louisiane, largement introduit en Europe, ou encore le mélèze (<em>Larix decidua</em>), présent dans les Alpes.</p>
<p>Chez les feuillus, qui diffèrent des conifères par leurs feuilles bien développées – où l’on retrouve les chênes, les hêtres, les charmes, les châtaigniers, les tilleuls, etc. –, les deux comportements peuvent exister, même au sein d’une même famille ou d’un même genre, comme celui des chênes (<em>Quercus</em> sp.).</p>
<p>Dans tous les cas, on observera des feuilles plutôt molles, larges et fines chez les espèces caducifoliées et plutôt réduites, coriaces, chez les espèces sempervirentes.</p>
<p>Concernant la répartition géographique de ces deux types phénologiques, les forêts de montagne et de hautes latitudes (comme la taïga, par exemple), privilégient les espèces à feuillage persistant.</p>
<p>Dans le bassin méditerranéen, siège de l’essentiel de nos recherches, les forêts sont aussi plutôt structurées par des espèces à feuillage persistant, même si les forêts caducifoliées ne sont pas rares, par exemple celles de chêne pubescent dans le Sud-Est de la France ou encore celles de chêne zéen dans le Moyen Atlas marocain.</p>
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<img alt="Cyprès chauve en Lousiane" src="https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503498/original/file-20230108-23190-90cq38.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cyprès chauves dans les bayous de Louisiane.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<img alt="Chênes et cèdres dans les montagnes marocaines" src="https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503496/original/file-20230108-19-63bem4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des chênes zéens au milieu de la cédraie sempervirente du Moyen Atlas, au Maroc.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Un feuillage toujours renouvelé</h2>
<p>Soulignons que les espèces sempervirentes perdent bien sûr aussi leurs feuilles de temps en temps ; sinon les feuilles auraient le même âge que l’arbre ! </p>
<p>Mais au lieu de perdre la totalité des feuilles tous les ans, elles n’en perdent que la moitié, ou 1/3, voir moins selon les espèces ; il reste donc toujours des feuilles vertes sur l’arbre qui est de ce fait toujours vert (<em>sempervirent</em> en latin), le feuillage se renouvelant ainsi sur plusieurs années.</p>
<p>Les deux stratégies ont leurs avantages. Garder des feuilles en hiver permettra, en région méditerranéenne, de prolonger la période d’activité photosynthétique à la période hivernale relativement clémente climatiquement. </p>
<p>Dans les forêts boréales, telles la taïga ou celles de montagne, il s’agira, en gardant ses feuilles plusieurs années, d’économiser des ressources, tels l’azote ou le phosphore, en quantité relativement limitée dans les sols de ces milieux. </p>
<p>Ce processus est facilité par le fait que les aiguilles d’espèces colonisant ces milieux, tels que les pins sylvestres ou l’épicéa, présentent une résistance au gel exceptionnelle, en concentrant dans leurs cellules un certain nombre de substances organiques qui agissent <a href="https://hal.science/hal-00964617/document">comme de véritables antigels</a>. </p>
<p>Il faut en effet insister sur le fait que renouveler son feuillage tous les ans, cela a un coût. Et ce que l’on qualifie pour les végétaux d’« allocation d’énergie » n’ira pas dans d’autres fonctions vitales, telles que la reproduction (faire plus de fleurs, plus de fruits) ou encore la production de métabolites secondaires permettant de lutter contre les prédateurs. </p>
<p>En revanche, les feuilles âgées de trois ou quatre ans, voire beaucoup plus – comme chez le pin aristé de Californie où les aiguilles <a href="https://theconversation.com/vivre-extremement-vieux-comme-le-pin-ariste-174362">peuvent persister 20 ou 30 ans</a> – seront moins performantes en matière de photosynthèse que des feuilles de printemps toutes neuves élaborées par les espèces caducifoliées à la sortie d’une période de repos hivernal, à laquelle de toute manière leurs feuilles larges et fines n’auraient pas résisté.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/439336/original/file-20220104-25-nsqxlh.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pin aristé des White Mountains de Californie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Chêne pubescent et chêne vert</h2>
<p>Mais les deux types peuvent aussi se succéder dans l’espace et dans le temps.</p>
<p>Prenons l’exemple de la région méditerranéenne française, et notamment de la Provence calcaire, où deux espèces de chênes se disputent l’espace. </p>
<p>Au chêne pubescent, caducifolié, même s’il présente la particularité (qualifiée de « marcescence ») de garder une partie de ses feuilles mortes sur l’arbre en hiver, les versants les moins ensoleillés, les pentes les plus faibles et les sols les plus profonds et au chêne vert, sempervirent, les versants les mieux exposés et les sols superficiels, chauds et caillouteux. </p>
<p>À une autre échelle spatiale, les secteurs les plus humides et les moins chauds de la région méditerranéenne française, telle la Haute-Provence, voient dominer le chêne pubescent alors que dans les zones littorales ou de basses altitudes, plus chaudes, le chêne vert est plus fréquent. </p>
<h2>Les effets de l’action humaine</h2>
<p>Mais qu’en était-il, avant que les communautés humaines n’aient profondément modifié le milieu, depuis plus de 6000 ans, par la déforestation et la mise en culture ?</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0031018200000754?via%3Dihub">Pour certains</a>, le chêne pubescent, dont on connaît la large répartition hors Méditerranée – du Quercy jusqu’au Bassin parisien, voire le plateau de Langres –, c’est plutôt une espèce subméditerranéenne qui ne s’épanouit sous climat méditerranéen que quand les sols sont profonds et ont retenu suffisamment d’eau au printemps pour s’affranchir de la sécheresse estivale. </p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1251805099800470?via%3Dihub">Pour d’autres</a>, il est parfaitement adapté au climat méditerranéen, et si le chêne vert l’a supplanté, c’est que l’ouverture du milieu par l’homme et la mise en culture des terrains les plus favorables au chêne pubescent a favorisé ce dernier, mieux adapté aux situations chaudes, sèches et ensoleillées. </p>
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<img alt="Des chênes en automne en de Haute Provence" src="https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503503/original/file-20230108-21-16hypb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une chênaie pubescente de Haute Provence en automne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Le débat reste ouvert même si on sait aujourd’hui que le chêne pubescent est tout aussi capable que le chêne vert de résister à de très fortes sécheresses.</p>
<p>Mais il se peut aussi que les deux types phénologiques cohabitent dans une même forêt. </p>
<p>C’est le cas de la hêtraie-sapinière de la forêt d’Iraty, dans les Pyrénées. Deux essences d’une même importance dans la strate arborée et, de plus, une caducifoliée et une sempervirente, est-ce naturel ou est-ce lié à l’action de l’homme ? La réponse est en partie dans la façon dont cette forêt a été gérée durant les siècles passés avec des utilisations différentes pour chacune de ces deux espèces : confection des mâts de bateaux pour les sapins, charbonnage et alimentation en bois des forges pour le hêtre.</p>
<p>Dans tous les cas, combiner dans un même écosystème, deux comportements fonctionnels différents, c’est jouer sur la complémentarité des espèces.</p>
<h2>Comment le réchauffement change la donne</h2>
<p>Le changement climatique va profondément modifier le paysage forestier actuel de la France. </p>
<p>En 2100, le chêne vert, aujourd’hui considéré comme une valeureuse espèce méditerranéenne (même si déjà présente sur le littoral atlantique) sera beaucoup plus présent à l’Ouest et au Nord. À l’inverse, le chêne pédonculé, caducifolié, présent partout hors région méditerranéenne, régressera dès 2050, se concentrant au Nord et à l’Est et semblant même condamné du littoral atlantique <a href="https://www.reseau-aforce.fr/n/effets-attendus-du-changement-climatique-sur-l-arbre-et-la-foret/n:3254">qui lui convenait si bien</a> !</p>
<p>Le hêtre, exemple parfait d’une caducifoliée à feuilles larges et fines, sans aucune adaptation permettant de limiter leur transpiration, <a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/rechauffement-climatique-le-hetre-va-disparaitre-en-mayenne-d-ici-2050-selon-un-expert-mayennais-1657789913">devrait voir son aire de répartition fortement modifiée</a> </p>
<p>Dans la France de 2100, les espèces sempervirentes, plus résistances aux nouvelles conditions climatiques contraignantes, prendront alors peut-être le pas sur les caducifoliées, modifiant ainsi considérablement les paysages actuels.</p>
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<img alt="Dans une forêt du Luberon" src="https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503499/original/file-20230108-16875-ozj0vb.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Côte à côte, dans le Luberon, chênaie pubescente caducifoliée (vert tendre) et chênaie verte sempervirente (vert foncé).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Thierry Gauquelin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Avec l’augmentation des surfaces forestières <a href="https://atlantico.fr/article/decryptage/en-deux-siecles-les-forets-ont-double-en-france-et-voici-pourquoi-thierry-gauquelin">liée à la déprise pastorale</a>, cette nouvelle donne conduira à un couvert forestier plus étendu, mais aussi plus constant tout au long de l’année, susceptible d’entraîner une augmentation de la température, du fait d’une capacité plus faible à réfléchir l’énergie solaire – on parle d’albédo – des canopées sombres par rapport aux terrains à découvert ou des forêts hivernales sans feuilles.</p>
<p>Mais tout cela reste une hypothèse… <a href="https://www.pnas.org/content/118/33/e2026241118">Une nouvelle étude de l’université de Princeton</a> vient en effet de montrer que les forêts pourraient avoir un effet rafraîchissant, en prenant en compte un nouvel élément : les nuages qui ont tendance à se former plus fréquemment sur les zones forestières.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193510/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Gauquelin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En hiver, certains arbres apparaissent nus tandis que d'autres gardent leurs feuilles. Comment expliquer cette différence ?Thierry Gauquelin, Professeur émérite, Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1913212022-11-21T19:35:18Z2022-11-21T19:35:18ZForêts en péril : comment l’imagerie et la big data peuvent contribuer à les protéger ?<p>Avec plus de <a href="https://www.liberation.fr/environnement/climat/une-cinquantaine-dinterpellations-en-france-apres-un-ete-catastrophique-sur-le-front-des-incendies-20220923_4O6DB72VBFDXJB2ZO6GZH2HQLM/">65 000 hectares de végétation</a> partis en fumée, l’été 2022 aura été celui des incendies et s’inscrit parmi les pires de ces dernières décennies, avec 2003 et 2019.</p>
<p>Ces feux, qui ne se limitent plus à la seule zone méditerranéenne, provoquent leur lot de victimes au sein de la population et chez les pompiers, de destructions, de pertes économiques et environnementales. Des assauts répétés du climat qui engendrent aussi une dégradation progressive de la santé des arbres.</p>
<p>Au fil du siècle dernier, des outils de diagnostic ont émergé pour suivre de près l’état des forêts. Aujourd’hui, les progrès de l’imagerie offrent un potentiel immense.</p>
<h2>Forêts fragiles, la lente prise de conscience</h2>
<p>Dès le début du XX<sup>e</sup> siècle, les forestiers constatent l’émergence de nouveaux pathogènes des arbres – oïdium du chêne, chancre du châtaignier, dendroctone… Mais il faudra attendre 1958 pour que soit créé l’inventaire forestier national, institut destiné à récolter des statistiques sur les forêts.</p>
<p>Ce n’est que dans les années 1960 que se mettent en place les premiers observatoires puis les premiers suivis de l’état des forêts métropolitaines. La sécheresse de 1976, la mortalité des chênes de la forêt de Tronçais ou encore les dépérissements des résineux dans l’Est entraînent la création d’un département santé des forêts (DSF) au sein du ministère de l’Agriculture en 1989. Est alors établi un suivi de l’état d’environ 12 000 arbres sur 600 placettes permanentes installées de façon systématique tous les 16 km sur l’ensemble du territoire métropolitain.</p>
<p>Chacun de ces arbres est scruté à la loupe, pour repérer d’une part les mortalités de branches pour toutes les essences et d’autre part, le manque de ramifications pour les <a href="https://agriculture.gouv.fr/la-methode-deperis-pour-quantifier-letat-de-sante-de-la-foret">feuillus et le déficit d’aiguilles pour les résineux</a>. Les observations menées depuis la mise en place de ce dispositif et sur des placettes non permanentes dressent un tableau inquiétant de la santé de nos forêts. Si moins de 1 % des arbres suivis meurent chaque année, la <a href="https://theconversation.com/secheresses-incendies-et-maladies-les-risques-en-cascade-qui-menacent-les-forets-francaises-157448">mortalité est en constante progression depuis 2010</a>.</p>
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<p>Dans le houppier, c’est-à-dire la partie sommitale des arbres, le constat est encore plus net : la perte de feuilles – dite déficit foliaire – y a crû de manière constante depuis le début des mesures en 1997. Pour la mortalité comme le déficit foliaire, pratiquement toutes les espèces d’arbres sont touchées.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/climat-dici-2050-71-des-especes-darbres-en-situation-de-risque-a-paris-bordeaux-montpellier-grenoble-et-lyon-190511">« dépérissement forestier »</a> est évoqué lorsque ce phénomène de dégradation affecte un peuplement entier, voire des massifs. Généralement, il implique plusieurs facteurs environnementaux, qui peuvent se succéder ou agir de concert.</p>
<h2>Cercle vicieux et course contre la montre</h2>
<p>On distingue des facteurs prédisposants (la nature des sols, l’identité et l’origine génétique des arbres en place, la densité du peuplement et/ou considérées), des facteurs déclenchants (des événements de sécheresse et de canicule sévères ou répétés, des défoliations successives à la suite d’attaques de phytophages) induisant une perte de vigueur des peuplements, et enfin des facteurs aggravants (des ravageurs des parties aériennes ou racinaires) contribuant à la mort des arbres affaiblis.</p>
<p>Connus de longue date, ces phénomènes se manifestent actuellement avec une intensité et une ampleur sans précédent. Or les modélisations n’incitent pas à l’optimisme : le climat continuera de se dégrader, mettant à mal la capacité de nombreuses essences d’arbres à se maintenir et adapter leur répartition naturellement.</p>
<p>Cela menace les multiples services que nous offrent les forêts : une forêt qui dépérit stocke de moins en moins de carbone et devient plus sensible au feu.</p>
<p>Le carbone étant relargué sous forme de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère lors des incendies, cela renforce l’intensité, la durée et la fréquence des sécheresses et des canicules, et donc le risque de feu. Un cercle vicieux auquel s’ajoute un risque accru de tempêtes et d’attaques de ravageurs favorisés par le changement climatique.</p>
<p>Des arbres qui dépérissent perdant très vite leur valeur économique, il est crucial de détecter le phénomène rapidement pour sauver ce qui peut l’être et récolter le bois.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=327&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=411&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=411&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486734/original/file-20220927-16-dvj6xf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=411&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">À gauche, parcelle de chênes en forêt d’Orléans en juillet 2022, à droite parcelle mixte de chênes et pins en juin 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cécile Vincent-Barbaroux</span></span>
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</figure>
<h2>La forêt vue du ciel</h2>
<p>Ce faisant, il est aussi indispensable de <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-foret-francaise-a-besoin-dun-traitement-de-fond-177006">mieux appréhender</a> le rôle relatif des facteurs prédisposants, aggravants et déclenchants pour proposer d’autres pratiques de gestion forestière. Les observations au sol, comme les suivis du DSF, sont à cet égard nécessaires pour alerter et comprendre le phénomène du dépérissement. Mais elles ne permettent pas de couvrir tout le territoire.</p>
<p>Le développement de satellites ouvre quant à lui de nouveaux horizons. Le premier dédié à l’observation de la Terre, Landsat-1, est lancé le 23 juillet 1972 par les États-Unis. La France se dote des satellites SPOT (Système Probatoire d’Observation de la Terre) à partir de 1985. S’ils fournissent des images de haute résolution, le coût prohibitif de traitement des images limite leur utilisation.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487236/original/file-20220929-17-hgnv3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Orthophoto au drone sur le massif de Tronçais dans le nord-ouest de l’Allier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unisylva</span></span>
</figcaption>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487237/original/file-20220929-1555-b4oqas.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Image satellite Sentinel 2 en infra rouge couleurs sur le massif d’Orléans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Theia</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les images ne sont pas seulement dans le domaine visible mais aussi dans l’infrarouge, car ce domaine spectral renseigne précisément sur la structure interne des feuilles (proche infrarouge) ou encore sur l’humidité des sols et des végétaux (moyen infrarouge), et permet de distinguer correctement les feuillus des résineux, un feuillage sain d’un feuillage sénescent.</p>
<p>Il existe aujourd’hui une batterie de métriques qui intègrent dans leur calcul différentes bandes spectrales pour un pixel donné. La plus connue d’entre elles est sans conteste le NDVI (<em>normalised difference vegetative index</em>) basé sur la réflectance des canaux rouge (R) et proche infrarouge (PIR).</p>
<h2>Dépérissement à l’heure du big data</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="satellite volant au-dessus de la planète" src="https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486730/original/file-20220927-14-d4x8wp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Vue d’artiste d’un satellite Sentinel 3.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sentinel_(satellite)#/media/Fichier:Satellitte_Sentinel_3_inng%C3%A5r_i_GMES-programmet_(Foto-_ESA_-_J._Huart,_2008).jpg">ESA -- J. Huart/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd’hui, les satellites SPOT ont laissé place aux satellites européens Sentinel du programme européen Copernicus, avec des avancées majeures. La résolution des images au sol est au minium de 10m×10m et les appareils, qui embarquent des capteurs optiques et/ou radars, repassent aux mêmes endroits tous les cinq jours. Cerise sur le gâteau, les images sont gratuites.</p>
<p>La recherche s’est lancée depuis longtemps dans l’exploitation de ces images. Et l’augmentation spectaculaire des capacités informatiques pour les traiter offre la possibilité de suivis à grande échelle et haute résolution encore inimaginables il y a dix ans.</p>
<p>Dans le domaine de la télédétection forestière, les acteurs de la recherche (ONF, CNPF, DSF, IGN, CNES, INRAE, Université d’Orléans, entre autres) ont mis leurs forces en commun au sein du Centre d’expertise scientifique changements et santé des forêts tempérées.</p>
<h2>Les couleurs de l’épicéa</h2>
<p>Ils ont ainsi développé une routine informatique (<a href="https://www.onf.fr/onf/+/cec::les-rendez-vous-techniques-de-lonf-no69-70.html">ForDead, Dutrieux et coll., 2021</a>) pour quantifier la mortalité des forêts d’épicéas à partir des images Sentinel.</p>
<p>La France a en effet connu à partir de 2018 des attaques massives sur des épicéas, d’abord dans le Grand Est, puis les années suivantes dans la quasi-totalité de la moitié nord de la France. La faute au typographe, un coléoptère d’un demi-centimètre, capable de tuer des épicéas lors de ses pullulations, en agressant les vaisseaux conducteurs de l’arbre. On estime que cette <a href="https://agriculture.gouv.fr/crise-scolytes-sur-epiceas-quel-est-le-bilan-fin-2021">crise</a>, qui commence seulement à marquer le pas, a touché environ 55 000 ha, obligeant à récolter en urgence 19 millions de m<sup>3</sup> d’épicéas en France.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="main sur un arbre abîmé" src="https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486726/original/file-20220927-24-1t2wx3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Dans la forêt de Villiers-les-Nancy, un épicéa dépérissant.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marielle Brunette</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un épicéa en bonne santé est d’un vert sombre, un épicéa tout juste mort prend une coloration diagnostique orangée tendant vers le gris à fur et à mesure que tombent les aiguilles. C’est ce changement radical de couleur du houppier, mesuré par différentes métriques de végétation, qu’exploite ForDead.</p>
<p>Cette chaîne de traitement, qui a prouvé son efficacité dans le cas de l’épicéa, est en cours d’évaluation pour suivre l’état de santé d’autres essences. C’est le cas notamment des chênaies.</p>
<h2>Hécatombe de chênes pédonculés</h2>
<p>Des mortalités massives de chênes pédonculés et, dans une moindre mesure, de chênes sessiles sont observées dans plusieurs grandes forêts de plaine comme à Chantilly et à Vierzon. Les premières études ont montré que la télédétection permettait de bien identifier les peuplements sains et les plus touchés mais peinait à prédire correctement les taux d’attaques intermédiaires. L’exercice s’avère plus délicat que pour l’épicéa.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486732/original/file-20220927-18-69nv8q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Mise au point d’une méthode cartographique couplant observations de terrain et analyse d’images Sentinel 2 pour l’évaluation de l’état sanitaire des chênaies.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Florian Mouret, Aurore Alarcon et Cécile Vincent-Barbaroux</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En effet, le dépérissement des chênes est un processus lent qui peut prendre plusieurs décennies avant d’aboutir à la mort des arbres, les chênes pouvant même récupérer les bonnes années. Le changement de coloration est également moins spectaculaire que pour l’épicéa. Enfin, ils sont souvent en mélange avec d’autres essences, avec un sous-étage et un sous-bois qui peuvent masquer, vu du ciel, la dégradation de l’état de santé des chênes.</p>
<p>Les études s’orientent aujourd’hui vers l’identification des métriques les plus pertinentes ou l’utilisation de l’intelligence artificielle dont l’intérêt n’est plus à démontrer pour l’exploitation des séries temporelles d’images. C’est ce que s’attache à faire le <a href="https://www.fibois-cvl.fr/recherche-et-developpement/sycomore/">programme de recherche Sycomore</a>. Les attentes des forestiers sont grandes et le pari scientifique et technique est en passe d’être gagné. Pour que nos forêts ne partent pas en poussières ou en fumée.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191321/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Archaux a reçu des financements de la Région Centre Val de Loire pour le programme ARD SyCoMore. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cécile Vincent-Barbaroux a reçu des financements de l’organisation de la région Centre Val de Loire pour le programme ARD SyCoMore.</span></em></p>Les progrès technologiques en matière d’imagerie et d’intelligence artificielle peuvent nous aider à mieux évaluer l’état de santé de nos forêts… et à en tirer les conséquences pour agir.Frédéric Archaux, Chercheur, InraeCécile Vincent-Barbaroux, Chercheuse, Université d’OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1913232022-10-25T16:17:27Z2022-10-25T16:17:27ZSécheresse 2022 : un manque de pluies presque « ordinaire » aux effets exceptionnels<p>En 2022, la sécheresse a touché 64 % du territoire européen, d’après des <a href="https://edo.jrc.ec.europa.eu/documents/news/GDO-EDODroughtNews202208_Europe.pdf">analyses de l’Observatoire européen de la sécheresse</a>. À la fin du mois d’août et selon la gradation de l’alerte utilisée par l’Observatoire, 47 % de la surface était en déficit de précipitations et d’humidité du sol et 17 % montraient en outre un affaiblissement de la végétation et des cultures par manque d’eau.</p>
<p>Ces derniers mois, nous avons été informés de plusieurs records de sécheresse tendant à dessiner l’image d’une année tout à fait exceptionnelle. Ces records concernent les trois formes de sécheresse : pluviométrique ; agricole (avec l’humidité des sols et la souffrance de la végétation) ; et hydrologique (avec l’état des cours d’eau). Ils sont établis sur différentes durées et différentes régions, voire différentes localités.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/secheresses-historiques-que-nous-enseignent-les-archives-190503">Sécheresses historiques : que nous enseignent les archives ?</a>
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</p>
<hr>
<p>La rareté pluviométrique est l’indicateur de sécheresse le plus simple à considérer dans la mesure où la sécheresse agricole et la sécheresse hydrologique en sont les conséquences successives. Les sols répondent plus vite que les nappes phréatiques à l’absence de précipitations, de même que les ruisseaux se tarissent plus rapidement que les grandes rivières, ou que les prairies souffrent avant les forêts.</p>
<p>Il existe une sorte de résonance entre le rythme de la pluie et son utilisation par la végétation, les sols et les rivières, chacun ayant un temps caractéristique au-delà duquel la sécheresse l’affecte. Il est certain que la température joue un rôle majeur dans le devenir de l’eau dans les plantes et les sols.</p>
<h2>L’un des 10 étés les plus secs</h2>
<p>À l’aide de la série de 73 ans de mesures pluviométriques journalières du réseau de Météo France, nous avons calculé, jour après jour, depuis 1950 jusqu’à la fin août 2022, les cumuls des pluies antérieures sur l’ensemble de la France pour des durées de 1 à 250 semaines. Considérer cet ensemble de durées permet de balayer les différents rythmes évoqués plus haut.</p>
<p>Pour qualifier la rareté de la sécheresse d’une année donnée, nous retenons le plus faible cumul de chaque durée atteint pendant l’année puis nous lui associons un rang entre 1 et 73, le rang 1 étant donné à l’année du plus faible cumul. Pour chaque période nous indiquons par une couleur le mois de l’année où ce plus faible cumul a été atteint.</p>
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<p>On remarque ainsi sur le graphe de l’année 2022 ci-dessous que nous avons été en août au deuxième rang des cumuls de précipitations sur la durée de 7 mois (30-34 semaines) correspondant au cumul de début janvier à début août. Seule l’année 1976 avait été <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/08/12/quatre-cartes-et-graphiques-qui-montrent-la-secheresse-exceptionnelle-qui-a-commence-des-janvier_6137873_4355770.html">plus sèche sur cette durée</a>. De même, les mois de juillet et août se situent dans les premiers rangs des cumuls <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/08/02/secheresse-et-chaleur-un-mois-de-juillet-2022-historique_6136929_3244.html">sur 3 à 6 semaines</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487230/original/file-20220929-18-b4oqas.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphe de sévérité de la sécheresse 2022 en France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>De manière plus globale, comme les services météorologiques l’ont pointé, nous avons eu un déficit de pluie <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/climat/secheresse-chaleur-precoce-et-manque-de-pluies">dès le mois de mai</a> et un été de sécheresse historique, c’est-à-dire parmi les <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/changement-climatique-lete-2022-et-ses-extremes-meteorologiques">10 étés les plus secs en France</a>.</p>
<h2>Catastrophe agricole et hydrologique</h2>
<p>Sommes-nous pour autant dans une année record comme l’ont pu être les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2011/06/02/a-quoi-ressemblait-la-secheresse-de-1976_1530375_3244.html">années 1976</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1990/08/08/la-poursuite-de-la-secheresse-serre-poncon-a-maree-basse_3989549_1819218.html">1990</a> ou même <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/07/13/en-periode-de-secheresse-les-municipalites-peuvent-rationner-l-eau-et-sanctionner-les-depassements-de-consommation_2037942_1819218.html">l’année 1954</a> ?</p>
<p>Une lecture rapide des graphes montre à l’évidence que non. </p>
<p>L’été 1976 a vu tomber tous les records de sécheresse sur 6 mois à un an. À l’été 1990, prélude à une sécheresse historique de cinq années, ce sont tous les records sur des cumuls de 1 à 2 ans qui ont été battus. L’hiver puis le printemps 1954, remarquables par leurs cumuls antérieurs records sur un et deux ans sont la cause probable des problèmes d’approvisionnement en eau potable évoqués par la presse.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487232/original/file-20220929-23-hgnv3r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Graphe de sévérité des années de sécheresse record de 1954, 1976 et 1990.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Nous sommes donc en ce mois d’octobre dans une sécheresse pluviométrique que l’on peut qualifier de presque « ordinaire ». Elle place l’année 2022 dans les 10 années les plus sèches sur des durées de 3 mois à 1 an pour les 73 années de mesure. Que nous réservent l’automne et l’hiver ? Il est trop tôt pour le savoir et nos statistiques ne peuvent qu’aller vers une plus grande sévérité jusqu’à la fin de l’année, puisqu’elles sont interrompues fin août, après seulement 8 mois de mesures.</p>
<p>Et pourtant, il semble que les conséquences en matière de sécheresse agricole et hydrologique soient d’ores et déjà pires que celles des années record évoquées plus haut. Depuis la mi-août, l’indice d’humidité des sols a dépassé le record national absolu de sécheresse observé pendant l’été de 1976. Les incendies de forêt paraissent également <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1976/08/24/deux-personnes-sont-arretees-apres-les-feux-de-forets-dans-la-charente-maritime-et-la-loire-atlantique_2964239_1819218.html">l’emporter sur ceux de 1976</a>.</p>
<h2>Des questions et une prise de conscience</h2>
<p>Pour avoir provoqué des retours évaporatifs bien plus importants, les <a href="https://meteofrance.fr/actualite/publications/2022-les-bilans-climatiques">températures caniculaires</a> sensiblement plus hautes que pour les années 1976 et 1990 sont-elles seules responsables de ces conséquences ?</p>
<p>Quelque chose aurait-il changé dans la répartition des pluies dans le temps et l’espace qui, à volume de précipitations constant, entraînerait des humidités des sols, des écoulements fluviaux et des niveaux de nappes différents ?</p>
<p>Ces questions sont ouvertes, mais il semble que la situation hydroclimatique que nous vivons soit d’ores et déjà « sociologiquement » exceptionnelle. Cette sécheresse, la canicule record qui l’accompagne et leur cortège d’impacts socio-économiques, pourrait marquer la fin <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/08/20/climat-l-ete-de-la-fin-de-l-insouciance_6138527_3244.html">d’une certaine insouciance climatique</a>.</p>
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<p><em>Baptise Ainési, étudiant en géosciences à l’École normale supérieure de Paris, a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191323/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Si la sécheresse pluviométrique des derniers mois n’est pas la plus importante des dernières décennies, elle a des effets agricoles et hydrologiques particulièrement marqués.Juliette Blanchet, Chargée de recherche, Université Grenoble Alpes (UGA)Jean-Dominique Creutin, Hydrométéorologue, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1905032022-10-20T15:12:08Z2022-10-20T15:12:08ZSécheresses historiques : que nous enseignent les archives ?<p>En France, presque tous les départements <a href="https://theconversation.com/troisieme-vague-de-chaleur-une-secheresse-sans-precedent-cet-ete-2022-184792">ont connu cet été 2022</a> des restrictions d’eau.</p>
<p>Certains épisodes de sécheresse survenus dans les décennies et siècles précédents, comme celui de 1976, sont encore dans les mémoires. L’histoire retient ainsi la sécheresse de 1540 comme la <a href="https://www.laterredufutur.com/accueil/une-mega-secheresse-climatique-europeenne-sest-produite-il-y-a-482-ans/">plus sévère en Europe connue d’après les sources documentaires</a>.</p>
<p>Quelles répercussions ces événements du passé ont-ils eues sur les sociétés et quel est l’intérêt de les étudier au regard de notre actualité brûlante ?</p>
<h2>La sécheresse, un aléa naturel et une question sociale</h2>
<p>Les recherches sur la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/secheresse-24478">sécheresse</a> portent généralement sur les composantes atmosphériques et terrestres du cycle de l’eau. La sécheresse se caractérise d’abord par un déficit prolongé de précipitations qui peut s’accompagner d’une hausse de l’évapotranspiration en cas de très fortes températures : c’est la sécheresse dite « atmosphérique ».</p>
<p>On parle ensuite de sécheresse « édaphique », pour qualifier une longue période durant laquelle le contenu en eau des sols reste très faible (aussi appelée sécheresse « agronomique »), et de sécheresses « hydrologique » et « hydrogéologique » en cas de niveaux bas des cours d’eau (on parle d’étiage) et des nappes.</p>
<p>Les phénomènes de sécheresse peuvent être fortement amplifiés par des facteurs humains : prélèvements abusifs, détournements des eaux et drainages intenses des sols.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-plantes-ont-elles-besoin-deau-145869">Pourquoi les plantes ont-elles besoin d’eau ?</a>
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<p>Ces événements constituent ainsi des phénomènes complexes et <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2019-1-page-88.htm">parler de sécheresse est loin d’être univoque</a>. Il s’agit d’un aléa dont la perception est assez originale par rapport aux autres (spatialité diffuse, absence d’endommagement matériel ou de létalité directe, à la différence des inondations notamment).</p>
<h2>Observer et caractériser les sécheresses</h2>
<p>Des méthodes de mesure et de caractérisation de ces différentes sécheresses ont été développées à différentes époques et ne cessent d’évoluer.</p>
<p>Bien que des relevés de précipitations aient été réalisés dès le Moyen Âge, il faut attendre le milieu du XIX<sup>e</sup> siècle pour que <a href="https://meteofrance.com/magazine/meteo-histoire/observation/une-breve-histoire-de-lobservation">se mette en place un réseau d’observations météorologiques en France</a>. Ces mesures instrumentales de précipitations et de températures permettent de caractériser rétrospectivement les sécheresses atmosphériques à partir d’informations telles que l’indice de précipitations standardisé (SPI) ou de celui de précipitations et de températures standardisé (SPEI).</p>
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<p><a href="https://www.eaufrance.fr/le-niveau-deau-et-le-debit-des-rivieres">Le suivi en continu des hauteurs d’eau</a> des cours d’eau date de la fin du XIX<sup>e</sup> siècle et avait pour préoccupation première les niveaux atteints lors des crues. L’observation des débits d’étiage constitue d’ailleurs encore aujourd’hui un enjeu souvent moins prioritaire que le suivi des crues.</p>
<p>De même, les repères hydrauliques marquant les niveaux d’eau atteints lors d’événements exceptionnels concernent essentiellement les crues, à l’exception de certains cours d’eau d’Europe centrale. On y retrouve des <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Hungerstein_(Wasserstandsmarkierung)">marqueurs de la sécheresse appelés « pierres de la faim »</a>, rochers ordinairement immergés et sur lesquels le niveau des étiages extrêmes a été gravé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488509/original/file-20221006-12-omaru6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Au premier plan, une « pierre de la faim » répertoriant les niveaux bas de la rivière Elbe, ici à Děčín (République tchèque).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_la_faim#/media/Fichier:Elbe_Niedrigwasser_Sommer_2015_-_Hungerstein_Decin_(01-2).JPG">Norbert Kaiser/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La caractérisation de la sécheresse hydrologique repose généralement sur des indicateurs d’étiage calculés à partir des débits, or l’essentiel du réseau hydrométrique a été mis en place dans la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle. Des reconstitutions de séries historiques reposant sur des archives climatiques peuvent cependant être réalisées afin de mieux connaître et caractériser les étiages passés.</p>
<p>Quant aux sols, il faut également attendre le milieu du XX<sup>e</sup> siècle pour avoir une connaissance plus exhaustive de leur comportement lors des séquences sèches.</p>
<p>En France, le <a href="https://www.umr-cnrm.fr/spip.php?article605">programme CLIMSEC</a> fait remonter son historique à 1958. Depuis le milieu du XX<sup>e</sup> siècle, on observe un assèchement général des sols en Europe occidentale, qui est en particulier dû à l’artificialisation croissante des surfaces. Couplé à l’augmentation des températures mesurées à l’échelle mondiale, cet assèchement des sols a pour impact l’augmentation des sécheresses agronomiques, du moins en Europe occidentale.</p>
<h2>Pourquoi s’intéresser aux événements passés ?</h2>
<p>La reconstitution de longues séries hydro-climatologiques constitue une préoccupation des climatologues et des hydrologues qui cherchent dans le passé des événements de référence pour les extrêmes à venir.</p>
<p><a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01508490">Une reconstitution des étiages depuis 1871</a> a par exemple été réalisée par Laurie Caillouet à l’échelle de la France et d’autres travaux sont disponibles à des échelles régionales. Dans le bassin versant de la Moselle, une étude rétrospective a permis de <a href="https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/abs/2020/03/lhb200021/lhb200021.html$">mettre en évidence une série d’étiages entre 1871 et 2018</a>.</p>
<p>Ces reconstitutions permettent de repositionner les sécheresses actuelles sur le long terme et de disposer de références pour apprécier leur gravité.</p>
<p>On constate ainsi que des sécheresses extrêmes et aussi sévères que les événements de l’été 2022 se sont déjà produites par le passé ; mais ces épisodes deviennent à présent plus fréquents et plus précoces.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490838/original/file-20221020-11-1ijomm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">À Strasbourg, le Rhin sans eau en février 1882.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://archives.strasbourg.eu/expositions/panneau-se-divertir-sur-les-rives-du-rhin-85-297/n:335">Archives de Strasbourg</a></span>
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<p>Cette évolution (les processus ne sont plus constants au cours du temps) remet en cause l’idée de stationnarité des écoulements. Or, les valeurs de référence à partir desquelles sont définies les règles de gestion de l’eau et l’estimation des volumes prélevables s’appuient sur des méthodes d’analyse fréquentielle qui reposent sur l’hypothèse de stationnarité.</p>
<p>Si les sécheresses exceptionnelles vécues ces dernières années deviennent la norme, alors les valeurs de référence ne seront plus adaptées et devront être réévaluées en tenant compte de ces nouvelles tendances.</p>
<h2>Des sécheresses « remarquables »</h2>
<p>C’est aussi en s’orientant vers les perceptions et représentations sociales des sécheresses que le regard historique apporte de précieux éclairages.</p>
<p>Contrairement aux autres aléas (inondations, séismes, mouvements gravitaires) les sécheresses ont suscité des réactions ambivalentes. Chez des météorologues comme chez nombre d’agriculteurs du XIX<sup>e</sup> siècle, les longues séquences sèches étaient souvent interprétées ou craintes comme le signe d’un changement climatique, ce qui peut apparaître comme une curieuse prémonition à nos yeux.</p>
<p>Mais à l’inverse, et sans doute parce que leurs conséquences les plus graves sont assez insidieuses (ou mal appréciées par une partie de la population, notamment dans les grandes villes), elles ont parfois été considérées avec une certaine curiosité, voire avec humour.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489697/original/file-20221014-21-z1vhte.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=495&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La reprise du trafic sur l’Elbe lors de l’étiage extrême de 1904. Carte postale humoristique éditée à Dresde en 1904.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Afin de se dégager de la subjectivité des discours ou des réactions sociales, les historiens du climat ont cherché à catégoriser pour comparer les événements de sécheresse dans l’histoire, en élaborant plusieurs indices.</p>
<p>Christian Pfister, historien suisse du climat, a ainsi proposé un indice souvent repris qui classe certaines périodes (mois, années) de -3 (très sec) à +3 (très humide), grâce à des données issues de l’analyse critique de volumineuses archives publiques ou privées.</p>
<p>Mais il reste possible de prendre aussi en considération la dimension sociale de l’événement, comme le suggère le travail de Martin Boudou qui propose, pour les inondations, <a href="http://www.theses.fr/2015MON30057">l’élaboration d’un indice de remarquabilité</a>, une démarche adaptable aux sécheresses. Sa grille de paramètres regroupe l’intensité de l’aléa, la gravité des dommages et des répercussions et l’extension spatiale de l’événement.</p>
<p>Ce que nous enseigne la référence aux sécheresses historiques, c’est que ces événements vont devoir désormais être pris beaucoup plus au sérieux que jusqu’à présent (en raison de l’augmentation de leur fréquence et de l’inadéquation croissante de nos comportements et modes de vie à cette tendance). Il faut aussi souligner que les conflits pour la ressource en eau ont été légion dans le passé et que leur éventualité et leurs ressorts sociaux doivent être pris en compte.</p>
<h2>Blocages et tensions autour de la ressource en eau</h2>
<p>À d’autres échelles d’analyse, les archives nous montrent que, dès le XIX<sup>e</sup> siècle, on atteint des situations de blocage pour l’utilisation de la ressource hydrique dans l’agriculture comme dans l’industrie. Avant l’essor de la fée électricité ou de la machine à vapeur, l’eau constituait la première source d’énergie pour faire fonctionner les usines et un facteur clef d’augmentation des rendements agricoles.</p>
<p>À l’occasion de certaines séquences sèches (au début du XIX<sup>e</sup> siècle dans le Midi ou en 1857-58 dans l’est de la France), et alors que la sécheresse est moins sévère que de nos jours, et surtout moins associée à des températures très élevées, des conflits éclatent entre des industriels <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10113-020-01632-7">qui brandissent la menace du chômage et du désordre social pour faire fonctionner leurs usines grâce à l’eau</a> et des agriculteurs forcés par les pouvoirs publics à restreindre leurs arrosages.</p>
<h2>Se préparer à faire face</h2>
<p>Les pouvoirs publics, de l’échelle communale à l’échelle nationale, ne furent jamais indifférents aux pénuries d’eau. En 1786, un intendant du royaume de France propose en Touraine une répartition spatiale des paroisses les plus touchées après « une effrayante sécheresse qui a désolé nos campagnes et totalement découragé nos laboureurs ». Le poids de l’imposition excessive est dénoncé en Anjou.</p>
<p>Aux XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> siècles, des arrêtés ou des décrets autorisent ou limitent déjà les prélèvements d’eau, et les autorités organisent des tournées de gendarmerie pour contrôler le respect des mesures, participent à des distributions d’eau, voire lancent des enquêtes pour connaître la gravité de la situation.</p>
<p>Le 22 juin 1893, des renseignements sont pris par la préfecture d’Indre-et-Loire pour savoir comment le bétail résiste. Les réponses communales sont très diversifiées (détourner des rivières et inonder les prés, vendre le bétail…) et parfois alarmantes (le bétail se meurt et il n’y a rien à faire).</p>
<p>En outre, on envisage aussi très tôt des mesures structurelles pour faire face au risque de pénurie d’eau : elles sont parfois très anciennes comme les canaux d’irrigation <a href="https://www.meteosuisse.admin.ch/home/actualite/meteosuisse-blog.subpage.html/fr/data/blogs/2018/11/solution-ingenieuse-.html">telles les bisses en Suisse</a> et même les réservoirs.</p>
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<img alt="Chemin de randonnée en Suisse" src="https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488517/original/file-20221006-18-bqavyv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Grand Bisse de Vex, en Suisse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Cwilla/Wikipedia</span></span>
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<h2>1976, 2003, 2018…</h2>
<p>Les sécheresses sévères constituent autant d’incitations ou de prétextes pour édifier des barrages destinés au soutien des étiages, ce qui, pour l’historien de l’environnement, révèle les forts intérêts économiques liés à l’eau.</p>
<p>Dans le bassin de la Moselle, dès la sécheresse de 1921, des prospections sont menées pour trouver de nouvelles ressources pour l’alimentation en eau potable. Mais dans cette région, c’est surtout le retour d’expérience de l’année 1976 qui est à l’origine de nombreux travaux visant à réduire le risque de pénurie d’eau (amélioration des réseaux d’alimentation en eau potable, création de retenues).</p>
<p>L’année 2003 constitue également un événement charnière qui met en évidence la vulnérabilité de tout le territoire face au risque canicule et sécheresse. Il en découle la mise en place du plan canicule et du plan sécheresse qui permettent de mieux anticiper ces événements.</p>
<p>Étudier l’histoire des sécheresses et les réactions politiques et économiques permet ainsi de décrypter les trajectoires de mise en exploitation ou de gestion de la ressource hydrique.</p>
<p>Désormais, des mesures de restriction anticipées sont décidées, des <a href="http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp">bulletins sécheresse sont publiés</a>. Plus récemment, et dans la perspective de sécheresses plus intenses, des outils opérationnels pour la prévision des étiages (comme les <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03042989/document">projets PREMHYCE</a> et <a href="https://www6.inrae.fr/ciprhes/">CIPRHES</a>) ont été développés à l’échelle nationale.</p>
<p>Une comparaison des sécheresses de 1976 et 2018 a montré que, dans l’est de la France, 2018 fut comparable à 1976 par son intensité, mais que, en 2018, les impacts furent moindres, car le territoire était mieux préparé donc moins vulnérable.</p>
<p>Cet été 2022, à la fin du mois d’août, 79 départements français étaient en « situation de crise », ce qui souligne la nécessité de nouvelles mesures pour répondre au défi climatique, mais aussi social et politique. Car les conséquences locales des sécheresses interrogent : si l’absence de pluie est un facteur déclencheur, certaines pratiques sociales et ajustements politiques ne sont pas anodins pour expliquer les manques d’eau.</p>
<p>L’histoire, aussi bien climatique, hydrologique, qu’environnementale et économique, n’est donc pas à négliger. La rareté de l’eau peut accroître les injustices dans l’accès à la ressource. Même une certaine abondance est parfois source d’inégalités lorsque la répartition n’est pas équitable. C’est une conséquence de choix socio-politiques <a href="https://www.cairn.info/revue-z-2015-1-page-150.ht">où les variabilités climatiques ne sont pas toujours les plus déterminantes</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190503/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexis Metzger a reçu des financements de l'université de Strasbourg, via un postdoctorat IDEX sur les sécheresses historiques en Alsace</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Claire Delus a réalisé des travaux sur les sécheresses historiques dans le cadre d'un projet de recherche qui a obtenu des financements de la MSH de l'Université de Lorraine et du CPER ARIANE TRANCHE 2020 (vague 6), cofinancée par l'Union européenne dans le cadre du Programme opérationnel FEDER-FSE Lorraine et Massif des Vosges 2014-2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Jacob-Rousseau a reçu des financements de l'Université Lumière Lyon 2 et de l'EUR H2O'Lyon (ANR-17-EURE-0018).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Judith Eeckman ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Chercher dans le passé permet de positionner les sécheresses actuelles sur le long terme et de disposer de références pour apprécier leur gravité.Alexis Metzger, Géographe de l’environnement, du climat et des risques, INSA Centre Val de LoireClaire Delus, Maître de conférences en géographie, Université de LorraineJudith Eeckman, Docteure en hydrologie, Université de LausanneNicolas Jacob-Rousseau, Maître de conférences en Géographie, Université Lumière Lyon 2 Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1910302022-10-13T19:12:20Z2022-10-13T19:12:20ZComment améliorer la résilience à la sécheresse : l’exemple des agrumes<p>Le changement climatique est caractérisé par des événements extrêmes qui ne font qu’augmenter en fréquence et en intensité partout dans le monde. Le bassin méditerranéen, par exemple, est classé parmi les hotspots du changement climatique, où les épisodes de sécheresse sont les contraintes majeures pour les productions agricoles, telles que les agrumes.</p>
<p>Première région agrumicole française, la Corse est réputée pour sa production de qualité. Les perturbations climatiques, toujours plus fréquentes et intenses, exigent de développer des stratégies pour sélectionner des variétés adaptées à un climat plus contraint et qui répondraient également aux attentes du marché.</p>
<p>Les plantes n’ont pas d’autres moyens que de subir les assauts des perturbations du climat : elles doivent s’adapter sous peine de disparaître. Quels moyens mettent-elles en œuvre pour développer leur tolérance à ces contraintes environnementales ? Pourquoi certaines plantes sont-elles plus sensibles que d’autres ? Comprendre les mécanismes impliqués dans la tolérance aux stress permettrait d’optimiser la sélection des variétés de fruits, afin de pérenniser les productions agricoles.</p>
<h2>Stressées, les plantes ?</h2>
<p>Une plante peut être confrontée à différents types de stress au cours de sa vie. Les stress biotiques, induits par des organismes vivants (parasites, ravageurs…), se distinguent des stress abiotiques qui, eux, sont le fruit de perturbations climatiques (sécheresse, températures extrêmes, carence en nutriments…). Que se passe-t-il concrètement dans la plante lorsqu’elle perçoit ce signal de stress ?</p>
<p>En conditions climatiques optimales, la plante s’alimente en nutriments et en eau, qui sont transportés des racines aux feuilles. Ces dernières sont le lieu de la photosynthèse, processus indispensable à la croissance végétale, qui permet d’utiliser l’énergie du soleil, le CO<sub>2</sub> et l’eau captés pour produire des sucres et dégager de l’O<sub>2</sub>.</p>
<p>Ces flux de gaz sont contrôlés par des cellules spécialisées situées à la surface des feuilles, appelées « stomates ». Elles agissent comme de véritables portes d’entrée et de sorties des gaz et permettent également à la plante de transpirer pour réguler sa température. Le déroulement correct de la photosynthèse permet, de plus, de maintenir un équilibre entre l’énergie lumineuse captée et celle utilisée pour la production de sucres.</p>
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<p>En conditions de stress environnemental, la première réponse de la plante va être de fermer ses stomates pour limiter les pertes en eau, mais cela ralentit également l’entrée du CO<sub>2</sub>. La photosynthèse est alors perturbée, tout comme les flux entre les racines et les feuilles, diminuant ainsi la croissance végétale.</p>
<p>La perturbation de la photosynthèse entraîne un stress oxydant, qui traduit un déséquilibre entre la quantité de radicaux libres et des antioxydants. L’accumulation des premiers est particulièrement néfaste pour les cellules et peut mener à la mort de la plante, ses dommages sont de plus souvent irréversibles. Les seconds représentent la ligne de défense majeure face à ces espèces nocives et pour limiter les dommages. L’efficacité de ces mécanismes peut varier selon l’espèce de la plante, le type de stress subi ou encore son intensité.</p>
<p>C’est dans ce contexte que notre équipe, spécialisée en biochimie et biologie moléculaire du végétal (dans le cadre du Projet Ressources naturelles, de l’Université de Corse) s’est focalisée sur l’étude et l’exploitation d’un panel de paramètres impliqués dans la réponse des plantes à leur environnement.</p>
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<img alt="Gros plan sur un stomate, sorte de microscopique orifice à la surface des feuilles" src="https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485629/original/file-20220920-1777-xrt6ip.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Stomates de feuilles d’agrumes observés au microscope électronique à transmission.</span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Lourkisti et J. Santini, Projet Ressources naturelles, Université de Corse</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Sélectionner des variétés adaptées au changement climatique</h2>
<p>Les programmes d’amélioration des agrumes en Corse se sont intéressés notamment à la création de variétés dites « polyploïdes » qui pourraient répondre aux enjeux climatiques et économiques. Un organisme polyploïde possède plus de deux jeux de chromosomes, à l’inverse des agrumes les plus courants qui, comme l’Homme, sont diploïdes – c’est-à-dire que leurs chromosomes sont assemblés par paire (notre espèce a ainsi 23 paires de chromosomes).</p>
<p>Pourquoi s’intéresser spécifiquement aux polyploïdes ? Il a été mis en évidence que beaucoup d’espèces végétales sont naturellement présentes dans des zones climatiques extrêmes comme les déserts ou à très haute altitude. Cette particularité serait liée à des caractéristiques morphologiques et physiologiques originales : des stomates moins denses (ce qui limite les pertes en eau), un gigantisme des organes (pouvant renforcer la vigueur des arbres), etc. Cela leur permet d’être mieux adaptés à un environnement défavorable.</p>
<p>Les agrumes étant multipliés par greffage, les premières études se sont d’abord focalisées sur l’utilisation de la « tétraploïdie » (quatre paires de chromosomes) au niveau des porte-greffes. Cette stratégie s’est avérée efficace pour renforcer leur tolérance à des conditions défavorables telles que les basses températures hivernales ou encore la carence nutritionnelle.</p>
<p>Récemment, les travaux que nous avons menés en collaboration avec l’INRAE de San Giuliano se sont portés sur la tolérance à la sécheresse de nouvelles variétés de mandarines « triploïdes ». Possédant trois jeux de chromosomes, ses variétés ont l’avantage d’être stériles et donc de produire des fruits dépourvus de pépins – principale caractéristique prisée des consommateurs. Notre objectif a donc été de savoir si ces nouvelles variétés pourraient également faire montre d’une meilleure faculté d’adaptation aux contraintes environnementales.</p>
<h2>Simuler les conditions climatiques du futur pour optimiser la sélection</h2>
<p>Afin d’évaluer la tolérance à la sécheresse des variétés triploïdes sélectionnées, nous avons mené une expérimentation de déficit hydrique en serre afin de contrôler au mieux les conditions de culture (seuls les effets du manque d’eau sont évalués). La population analysée était composée d’une dizaine de variétés triploïdes auxquelles se sont ajoutées des variétés diploïdes issues du même croisement pour pouvoir mettre en évidence un éventuel comportement différentiel.</p>
<p>L’expérimentation a été menée sur une période courte (5-6 jours) sur des plants en pots afin de les soumettre à deux types d’apports en eau : un groupe a été irrigué de manière optimale (groupe témoin), tandis que le second a été soumis à une irrigation diminuée de près de 70 % (groupe testé). À la fin de l’expérimentation, l’irrigation optimale a été rétablie pour le bloc testé afin d’évaluer sa capacité de récupération.</p>
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<img alt="Les plants triploïdes, qui réussissent à maintenir une bonne teneur interne en eau, sortent d’une période de sécheresse sans feuilles flétries" src="https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485646/original/file-20220920-11202-p8l88p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=605&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Deux variétés soumises au même manque d’eau. À gauche, une variété diploïde avec un flétrissement de ses feuilles, à droite une variété triploïde ayant maintenu sa teneur en eau (photo prise à la fin de l’expérimentation).</span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Lourkisti et J. Santini, Projet Ressources naturelles, Université de Corse</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’analyse de la réponse à ce déficit hydrique s’appuie sur une diversité de paramètres pertinents pour évaluer la tolérance au stress chez les végétaux :</p>
<ul>
<li><p>L’<strong>analyse physiologique</strong> est effectuée <em>in vivo</em> et regroupe, entre autres, les mesures de la photosynthèse nette, du degré d’ouverture des stomates ou encore du niveau de transpiration des feuilles.</p></li>
<li><p>L’<strong>étude morphologique</strong> <em>in vitro</em> permet d’obtenir un aperçu en trois dimensions de l’état général des cellules composant les feuilles, en particulier les stomates, par microscopie électronique à balayage. L’impact du stress sur les composants des cellules (visualiser les dommages éventuels au niveau des chloroplastes, sièges de la photosynthèse) peut également être analysé en profondeur par le biais de la microscopie électronique à transmission.</p></li>
<li><p>Les <strong>mesures biochimiques</strong> sont aussi réalisées <em>in vitro</em> et sont liées aux teneurs en espèces réactives de l’oxygène (comme le peroxyde d’hydrogène), à celles de biomarqueurs des dommages cellulaires (molécules synthétisées suite à la destruction des membranes cellulaires par exemple) mais également aux taux des molécules et enzymes antioxydantes.</p></li>
</ul>
<h2>Le succès des variétés triploïdes</h2>
<p>Les premiers résultats ont mis en évidence que plusieurs variétés triploïdes étaient plus tolérantes au déficit hydrique, notamment du fait d’une meilleure gestion de l’eau leur permettant d’éviter le flétrissement de leurs feuilles.</p>
<p>Néanmoins, le résultat le plus notable a été leur capacité de récupération après un manque d’eau. En effet, certaines, qui présentaient une réponse au déficit hydrique similaire à celle des variétés diploïdes, ont rétabli plus efficacement leur capacité photosynthétique et leur système de défense antioxydant.</p>
<p>Cet avantage a pu être expliqué par des modifications de structure dues à la polyploïdie et observées au microscope électronique. Par exemple, ces variétés possédaient plus d’organites cellulaires comme les chloroplastes (qui permettent de capter la lumière), ou encore des réserves de sucres (directement corrélées à une photosynthèse nette plus importante) supérieures.</p>
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<img alt="Différences entre un chloroplaste de variété diploïde (très abimé) et triploïde (intact)" src="https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=231&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=231&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=231&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=290&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=290&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485644/original/file-20220920-12-8703kv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=290&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Chloroplaste de deux variétés différentes soumises à la sécheresse (vue au MET). À gauche, chloroplaste d’une variété diploïde endommagé et vidé de ses réserves d’amidon. À droite : chloroplaste d’une variété triploïde intact et possédant encore des réserves d’amidon (en blanc).</span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Lourkisti et J. Santini, Projet Ressources naturelles, Université de Corse</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Enfin, les observations microscopiques ont révélé qu’elles présentaient beaucoup moins de dommages cellulaires grâce à un système de défense antioxydant plus performant.</p>
<p>La sélection variétale représente ainsi un véritable levier pour maintenir une agriculture performante dans un contexte climatique de plus en plus changeant.</p>
<p>Les études menées sur l’utilisation de la polyploïdie permettent de comprendre comment certaines variétés peuvent s’adapter ou être plus résilientes aux contraintes climatiques par les modifications génétiques, morphologiques et biochimiques qu’elles entraînent.</p>
<p>La pérennisation de la production d’agrumes avec des variétés alliant résistance aux stress environnementaux et caractéristiques organoleptiques, pomologiques et un rendement fruitier satisfaisant est un enjeu fondamental pour répondre aux attentes du marché de fruits frais.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191030/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Radia Lourkisti a reçu des financements de la Collectivité de Corse dans le cadre du projet FEDER "Innov'Agrumes". </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jérémie Santini a reçu des financements de la Collectivité de Corse dans le cadre du projet FEDER Innov'agrumes. </span></em></p>La hausse des épisodes de sécheresse met la végétation à rude épreuve. Par quels mécanismes peuvent-elles résister ? L’exemple des agrumes, dont certaines variétés sont particulièrement résistantes.Radia Lourkisti, Enseignante chercheuse contractuelle, Université de Corse Pascal-PaoliJérémie Santini, Maître de Conférences Biochimie et Biologie moléculaire, Université de Corse Pascal-PaoliLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.