tag:theconversation.com,2011:/us/topics/selection-20615/articlessélection – The Conversation2023-10-30T19:07:41Ztag:theconversation.com,2011:article/2165612023-10-30T19:07:41Z2023-10-30T19:07:41ZSuisse et Pologne : des enjeux électoraux parfois proches mais des votes contrastés<p>Lors des élections fédérales du 22 octobre, les <a href="https://theconversation.com/topics/suisse-28580">Suisses</a> ont <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/suisse-la-droite-populiste-remporte-les-elections-legislatives-loin-devant-les-socialistes_6139815.html">renforcé</a> une majorité sortante populiste, au détriment des écologistes. L’enjeu phare du scrutin, cette fois, n’a pas été l’environnement, mais l’immigration. Elle avait aussi été l’un des thèmes principaux des législatives <a href="https://theconversation.com/topics/pologne-32416">polonaises</a> qui, une semaine plus tôt, ont donné une large et surprenante <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/18/le-message-le-plus-important-des-elections-legislatives-en-pologne-est-que-la-montee-du-populisme-de-droite-et-anti-europeen-peut-etre-stoppee_6195224_3232.html">avance</a> à la coalition centriste pro-européenne sur le parti conservateur populiste au pouvoir depuis 2015.</p>
<p>La Suisse n’est certes pas la Pologne, plus de quatre fois moins peuplée avec près de 9 millions d’habitants contre près de 38 millions en Pologne. C’est une économie avancée, très attachée à sa neutralité géopolitique, membre de l’Association européenne de libre-échange, mais pas de l’Union européenne qu’elle ne souhaite pas intégrer. La Pologne, elle, considérée comme la plus grande économie émergente de l’Union européenne par le Fonds monétaire international ; est un membre très engagé de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.</p>
<h2>Composer avec une démographie déclinante</h2>
<p>La Pologne et la Suisse ont cependant des traits communs, à commencer par une démographie déclinante. Leur taux de fécondité est similaire : respectivement 1,46 et 1,50 enfant par femme en 2021 selon les Nations unies. Cela se traduit, en Pologne, par un taux de croissance annuel moyen de la population négatif entre 2011 et 2021 (-0,08 % par an, contre +0,31 % en Europe et +1,12 % dans le monde).</p>
<p>Tandis qu’en Suisse, sur la même période, ce taux a crû de <a href="http://visualdata.cepii.fr/CountryProfiles/fr/?country=Suisse">+0,95 %</a> grâce à un flux constant d’immigration depuis plusieurs décennies, mais qui suscite désormais des <a href="https://www.rts.ch/info/suisse/14156289-une-suisse-a-dix-millions-dhabitants-ca-change-quoi-pour-vous.html">inquiétudes</a>. Selon l’Office fédéral de la statistique suisse, la part des résidents étrangers dans la population totale est passée de 14 % en 1980 à 26 % en 2022. 82 % d’entre eux sont issus d’Europe, d’abord d’Italie et d’Allemagne (14 % dans les deux cas), puis du Portugal (11 %).</p>
<p>De son côté, la Pologne, jadis pays d’émigration qui a alimenté les marchés du travail américain et européen, ne recourt que depuis peu à l’immigration – de façon <a href="https://legrandcontinent.eu/fr/2023/06/26/en-pologne-une-reforme-de-la-politique-dimmigration-en-cours/">sélective</a> – pour pallier son déclin démographique. Selon Eurostat, elle est devenue le pays de l’Union européenne qui délivre le plus de permis de résidence aux étrangers (Biélorusses, Russes et Turcs en tête) : 970 000 permis en 2021, soit plus d’un tiers du total accordé par l’ensemble des 27. En 2022, le pays a accueilli plus de 1,3 million d’Ukrainiens, en majorité des femmes et des enfants fuyant la guerre déclenchée par la Russie.</p>
<h2>Le pouvoir d’achat, l’autre enjeu majeur</h2>
<p>L’économie polonaise, étroitement liée aux <a href="https://theconversation.com/pologne-le-ralentissement-economique-se-traduira-t-il-dans-les-urnes-215613">chaînes de valeur allemandes</a>, est plus touchée par la récession chez sa grande voisine de l’Ouest (-0,5 % prévue en 2023) que la Confédération helvétique. Il faut dire que l’Europe, et l’Allemagne en particulier, compte moins pour la Suisse que pour la Pologne (graphique 1) : respectivement 46 % et 15 % en 2021 des exportations suisses y sont destinées, contre 83 % et 28 % de celles de la Pologne. Le FMI <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October/">prévoit</a> une croissance du PIB en 2023 de 0,6 % en Pologne et 0,9 % en Suisse (respectivement 5,1 % et 2,7 % en 2022).</p>
<p><iframe id="OTKIx" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/OTKIx/5/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Toutefois, l’inflation, qui pèse sur le pouvoir d’achat, a plus augmenté en Suisse d’où elle part, il est vrai, de très bas : elle y a quasiment quintuplé (2,8 % en 2022 contre 0,6 en 2021) tandis qu’elle triplait en Pologne (14,4 % en 2022 contre 5,1 en 2021). À côté de l’immigration, le prix croissant des assurances maladie, toutes privées dans la Confédération helvétique, est ainsi <a href="https://www.bloomberg.com/news/newsletters/2023-10-20/swiss-election-health-care-costs-driving-voters?cmpid=BBD102023_prognosis&utm_medium=email&utm_source=newsletter&utm_term=231020&utm_campaign=prognosis">devenu</a> l’un des principaux thèmes de la dernière campagne électorale.</p>
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<p>La Suisse n’en reste pas moins l’un des pays avancés les plus riches au monde. Son PIB réel par habitant en parité de pouvoir d’achat a certes connu une baisse relative depuis 1960 (il était alors 6,5 fois supérieur à la moyenne mondiale). Il n’en dépasse pas moins, aujourd’hui encore, celui des États-Unis et se situe largement au-dessus de la moyenne européenne (graphique 2).</p>
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<p>Le maintien du haut revenu helvétique tient notamment à la spécialisation très dynamique du pays dans le commerce international (graphique 3). Celle-ci est marquée par un engagement fort dans les produits chimiques et électroniques. La Suisse y dégage des excédents croissants, surtout grâce à ses exportations de <a href="https://theconversation.com/les-produits-de-sante-une-filiere-de-poids-dans-les-echanges-internationaux-214276">produits de santé</a> : de produits pharmaceutiques d’abord, et, en amont, de produits de la chimie organique, ainsi que d’équipements de technologie médicale.</p>
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<p>Autant d’observations qui attestent que les réalités économiques, en Europe comme ailleurs, ne priment pas toujours dans les choix électoraux.</p>
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<p><em>Pour approfondir la question de l’insertion internationale de l’économie suisse, voir les pages interactives <a href="http://visualdata.cepii.fr/">Les Profils du CEPII</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216561/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Deniz Unal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré des enjeux démographiques similaires, les récents scrutins suisses et polonais n’ont pas porté au pouvoir des majorités ayant les mêmes points de vue sur l’immigration.Deniz Unal, Économiste, rédactrice en chef du Panorama et coordinatrice des Profils du CEPII - Recherche et expertise sur l'économie mondiale, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1951422022-11-23T16:41:55Z2022-11-23T16:41:55ZComment devient-on astronaute ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/497045/original/file-20221123-14-9e4wve.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C43%2C3216%2C3440&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sophie Adenot, lieutenant-colonel de l’armée de l’Air et de l'Espace, devient la deuxième femme française astronaute.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophie_Adenot#/media/Fichier:Portrait_de_Sophie_Adenot.jpg">Armée de l’Air et de l'Espace</a></span></figcaption></figure><p>L’Agence spatiale européenne vient d’annoncer les <a href="https://www.esa.int/Newsroom/Press_Releases/ESA_presents_new_generation_of_ESA_astronauts">noms des cinq nouveaux astronautes</a> sélectionnés pour faire partie du corps des astronautes de carrière.</p>
<p>Côté français, il s’agit de Sophie Adenot, première femme française pilote d’essai d’hélicoptères, aujourd’hui lieutenant-colonel de l’Armée de l’air et de l’espace. Il s’agit de la deuxième femme française astronaute, 20 ans après <a href="https://theconversation.com/25-ans-apres-son-premier-vol-dans-lespace-conversation-avec-claudie-haignere-165985">Claudie Haigneré</a>.</p>
<p>On compte également la Britannique Rosemary Coogan (doctorante au sein de l’agence spatiale française, le CNES), l’espagnol Pablo Álvarez Fernández, le Belge Raphaël Liégeois, et le Suisse Marco Sieber. John McFall, du Royaume-Uni, devient le premier « parastronaute ».</p>
<p>Onze réservistes ont également été sélectionnés et présentés au grand public, parmi lesquels le français Arnaud Prost.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497047/original/file-20221123-2455-tarw8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">John McFall.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESA</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Cette nouvelle promotion rejoint ainsi les sept astronautes européens déjà en activité, parmi lesquels deux Italiens, deux Allemands, un Anglais, un Danois et bien sûr un Français, notre bien connu Thomas Pesquet.</p>
<p>Ils seront amenés à rejoindre la station spatiale internationale et y mener des expériences scientifiques : la situation d’apesanteur à bord de l’ISS permet en effet de pouvoir mener des expériences impossibles à réaliser sur Terre dans des domaines variés tels que la médecine, la biologie, la physique, les neurosciences ou encore la botanique.</p>
<p>Une destination plus lointaine attend également certains éléments de la nouvelle promotion… la Lune ! En effet, d’ici la fin de la décennie, des astronautes européens seront amenés à participer à trois vols à bord de la station orbitale « Gateway », qui sera en orbite autour de la Lune.</p>
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<p>À plus long terme, d’autres vols vers la surface de la Lune sont envisagés et les prochaines personnes à marcher sur la Lune pourraient être européennes.</p>
<h2>Comment cette nouvelle promotion d’astronautes a-t-elle été recrutée ?</h2>
<p>Des campagnes de recrutement d’astronautes en Europe, il n’y en a pas souvent. La dernière datait de 2009 : à l’époque plus de 8 000 candidats avaient postulé dans toute l’Europe, pour seulement six places en bout de course… Cette fois-ci, ce sont plus de 22 000 candidatures qui ont été envoyées en 2021, dont plus de 7 000 Françaises (5 400 d’hommes et 1 600 de femmes), la nation de loin la plus représentée parmi les postulants.</p>
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<figcaption><span class="caption">La série Datastronautes, sur la sélection et les missions des astronautes (CNES).</span></figcaption>
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<p>La <a href="https://www.esa.int/About_Us/Careers_at_ESA/ESA_Astronaut_Selection/Final_figures_show_astronaut_applicants_from_all_ESA_Member_States">sélection de ces nouveaux astronautes</a> dure plus d’un an. Elle commence avec un certain nombre de critères d’âge, de formation et d’expérience : il fallait avoir entre 27 et 50 ans, être diplômé au minimum d’un master dans un domaine scientifique, avoir au moins trois années d’expérience professionnelle et parler un anglais courant – indispensable pour apprendre le métier dans un contexte international.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=815&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=815&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=815&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1024&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1024&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497048/original/file-20221123-26-vmx0lj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1024&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rosemay Coogan.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESA</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Si avoir un diplôme d’ingénieur ou un master de sciences (sciences naturelles, aéronautique, mathématiques, informatique…) ou être médecin, chercheur ou pilote, est indispensable pour postuler, devenir astronaute, c’est aussi être un véritable couteau suisse : plongée, aviation, parachutisme, musique, langues et expériences étrangères ; plus que des compétences techniques et scientifiques, les candidats doivent présenter des compétences opérationnelles.</p>
<p>Ce qu’on appelle les « soft skills » sont tout aussi importants. Il faut être capable de garder son calme sous la pression, rester motivé face à des horaires de travail irréguliers et des déplacements fréquents, s’adapter à son environnement, être un bon coéquipier par exemple.</p>
<h2>On ne naît pas astronaute, on le devient</h2>
<p>L’objectif de la sélection n’est pas de chercher des superhéroïnes et des superhéros, mais de mettre en avant des personnes qui ont le potentiel pour le devenir.</p>
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<span class="caption">Pablo Álvarez Fernández.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESA</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>À l’issue d’une première phase d’étude des dossiers, qui permet d’écrémer 90 % des candidatures, les candidats sélectionnés doivent passer des tests psychotechniques et psychologiques, individuels ou en équipe, en tous genres : logique, orientation dans l’espace, capacité au multitâche, tests de mémoire, calcul mental. En tout, il y a une vingtaine d’épreuves intenses dont le but n’est pas d’observer si vous êtes ultra-performant pendant une minute, mais de tester votre motivation et d’analyser sur la durée si votre performance s’écroule ou résiste.</p>
<p>Après ces épreuves, il ne reste que quelques centaines de candidats. Pour eux, le marathon ne fait que commencer. Ils subissent des tests collectifs pour mieux comprendre les personnalités de chacun dans des contextes variés. Ici, l’objectif n’est évidemment pas de sélectionner les plus gros egos mais ceux qui s’intégreront au mieux dans une équipe, prendront les meilleures décisions sous pression, seront résilients, patients, persévérants, calmes, organisés et d’une bonne tolérance au confinement et aux espaces réduits.</p>
<p>Pour la petite centaine de candidats restants vient enfin la dernière phase avant la sélection finale : des tests médicaux très poussés pendant une semaine – cardiologue, neurologue, IRM, ophtalmologue et ORL notamment.</p>
<h2>Qu’est-ce qui attend cette nouvelle promotion ?</h2>
<p>Pour ces nouveaux astronautes, l’aventure ne fait que commencer car ils doivent maintenant être formés. Ils seront amenés à réaliser chacun au moins deux vols d’une durée de six mois à bord de la Station spatiale internationale.</p>
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<span class="caption">Marco Sieber.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESA</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>À bord de la station, pas de médecin ni de plombier. Les astronautes doivent être capables de tout faire et doivent donc tout apprendre sur le fonctionnement de la station pour être capables de la réparer.</p>
<p>La formation commence donc par dix-huit mois de formation théorique, avec au menu une remise à niveau dans de nombreux domaines : mécanique spatiale, propulsion, biologie, systèmes spatiaux, informatique, calcul de trajectoires, mais aussi médecine. L’entraînement se fera principalement au <a href="https://www.esa.int/Science_Exploration/Human_and_Robotic_Exploration/Astronauts/The_European_Astronaut_Centre">centre européen de formation des astronautes</a> à Cologne, en Allemagne, mais les apprentis-astronautes seront amenés à voyager dans chaque pays contributeur de l’ISS, notamment aux États-Unis, en Russie, au Japon ou au Canada.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/parastronautes-lagence-spatiale-europeenne-un-exemple-pour-tous-157342">« Parastronautes » : l’agence spatiale européenne, un exemple pour tous ?</a>
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<p>L’apprentissage théorique sera doublé de nombreuses heures dans des simulateurs grandeur nature afin de se préparer à toutes les situations : les futurs astronautes s’entraînent par exemple dans des <a href="https://www.esa.int/ESA_Multimedia/Images/2015/02/Columbus_laboratory_training_module_at_EAC">maquettes des modules</a> de la Station Spatiale Internationale. Ces modules leur permettent de voir les choses telles qu’elles sont dans la station et donc de pouvoir s’entraîner d’une part aux scénarios d’urgence (extinction incendie ou dépressurisation), et d’autre part (et surtout) à leur utilisation (PC systèmes, stockage, entre autres).</p>
<p>Quant à l’entraînement sur les véhicules spatiaux, les nouveaux astronautes vont s’entraîner soit à Moscou sur les <em>Soyouz</em>, soit chez SpaceX pour les <em>Crew Dragon</em>. Ils peuvent également s’entraîner dans d’immenses piscines qui reproduisent en partie les conditions des sorties extravéhiculaires dites « EVA », lorsqu’il faut sortir en dehors de la station spatiale internationale pour effectuer des réparations par exemple. Ces exercices en piscine se déroulent soit à Cologne, soit au <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Neutral_Buoyancy_Laboratory">Johnson Space Center</a>.</p>
<p>Mais l’essentiel de leur entraînement reste quand même… en salle de classe.</p>
<h2>L’affectation à une mission</h2>
<p>Ensuite, lorsque les astronautes auront été affectés à une mission – l’affectation à une mission peut parfois prendre des années, il leur faudra encore 18 mois pour s’y préparer spécifiquement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=901&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497051/original/file-20221123-16-9bhh8x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1132&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Raphaël Liégeois.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESA</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>En effet, chaque mission comprend de nombreuses expériences scientifiques qui seront menées à bord. Les astronautes doivent connaître les manipulations et protocoles qu’ils devront mettre en œuvre une fois là-haut sur le bout des doigts.</p>
<p>Par exemple, lors de la mission Alpha, Thomas Pesquet a mené une centaine d’expériences, dont plusieurs conçues et pilotées depuis la France par le <a href="https://cadmos.cnes.fr/fr">CADMOS</a> (Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales) – notamment sur le <a href="https://missionalpha.cnes.fr/fr/mission-alpha/les-experiences-made-france/science">sommeil des astronautes</a> et des expériences de <a href="https://missionalpha.cnes.fr/fr/mission-alpha/les-experiences-made-france/science">« télérobotique »</a> pour les tâches de guidage et de capture.</p>
<p>Il avait également testé une <a href="https://missionalpha.cnes.fr/fr/mission-alpha/les-experiences-made-france/technologie">pince acoustique pour manipuler les objets à distance</a>, ainsi que des emballages réutilisables – le recyclage étant un enjeu clé dans l’optique de vols longue durée. Côté biologie, Thomas Pesquet a aussi mené une expérience sur le blob, en même temps que 300 000 élèves à la surface de la Terre.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/votre-cerveau-sur-mars-voici-ce-que-les-astronautes-en-mission-vont-nous-apprendre-130943">Votre cerveau sur Mars : voici ce que les astronautes en mission vont nous apprendre</a>
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<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Cinq nouveaux astronautes « de carrière », un « parastronaute », des réservistes. Que faut-il pour être astronaute ?Guillemette Gauquelin-Koch, Responsable des Sciences de la Vie au CNES, Centre national d’études spatiales (CNES)Rémi Canton, Chef de Projet Vols Habités (CADMOS) , Centre national d’études spatiales (CNES)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1786712022-03-09T19:16:19Z2022-03-09T19:16:19ZLe bilan d’Emmanuel Macron : agenda néo-libéral et pragmatisme face aux crises<p>Dans sa <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/01/13/lettre-aux-francais"><em>Lettre aux Français</em></a> par laquelle il annonce sa candidature à un second mandat à la présidence de la République, Emmanuel Macron n’annonce plus la <a href="https://www.challenges.fr/election-presidentielle-2017/revolution-le-livre-programme-de-macron-se-hisse-dans-le-top-des-ventes_440991">« révolution »</a> mais vante son bilan, comme il se doit, soulignant les transformations engagées et la crédibilité acquise au cours des cinq dernières années.</p>
<p>C’est sur ce quinquennat qui s’achève que revient l’ouvrage collectif <a href="https://www.pug.fr/produit/1969/9782706151613/l-entreprise-macron-a-l-epreuve-du-pouvoir"><em>L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir</em></a> (PUG). Les contributions des 29 auteurs et autrices permettent d’apprécier l’ampleur de la transformation du système partisan, des glissements de l’électorat et du renouvellement des élites politiques, mais aussi de faire le bilan de l’action entreprise par Emmanuel Macron avec les gouvernements qu’il a nommés et la majorité parlementaire qui l’a soutenu.</p>
<h2>Quel changement ?</h2>
<p>Analyser le changement n’est pas chose facile : la mesure des transformations dépend du point de référence, de l’accord sur le degré d’évolution qui autorise à parler de changement, de la hiérarchisation des enjeux, mais aussi de l’attribution toujours délicate des causalités (ainsi, dans quelle mesure les éventuels changements sont-ils dus à la présidence d’Emmanuel Macron ?).</p>
<p>La « rupture » est une figure imposée du discours politique et les analyses de sciences sociales sont toujours promptes à en réduire la portée. Le cadre institutionnel, le poids des choix antérieurs comme les mobilisations que peuvent susciter certaines entreprises réformatrices ont vite fait d’atténuer la portée des postures volontaristes, d’autant que les discours de rupture peuvent cacher des projets politiques dans la continuité des politiques antérieures.</p>
<p>Là où l’homme politique vante sa capacité à réformer « en profondeur » et le caractère exceptionnel de son action, l’analyste conclut à une forme de continuité, constate la résilience des clivages institués de la vie politique ou des figures classiques de l’élu, qui cherche à concilier « présidentialisme et proximité ».</p>
<p>De ce point de vue, le quinquennat Macron n’échappe pas à la règle. Les ruptures amorcées, expérimentées ou tentées dans la pratique du pouvoir ont souvent été contrariées. Le renouvellement des élites n’est que partiel, malgré la forte proportion de députés novices en politique (un tiers des députés, la plupart sous l’étiquette LREM) : <a href="https://www.lefigaro.fr/politique/tout-ca-pour-ca-le-livre-qui-conte-les-ambitions-ratees-du-nouveau-monde-20210120">ceux-ci ont été dominés</a> par les plus expérimentés tandis que les catégories socio-professionnelles supérieures restent surreprésentées ; au niveau gouvernemental, la haute fonction publique garde une place centrale, malgré le nombre élevé <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/23/aux-origines-du-pantouflage_6085272_3232.html">au regard des pratiques antérieures</a>, de ministres passés par des groupes privés.</p>
<p>Enfin, les politiques publiques du quinquennat Macron s’inscrivent très largement dans le prolongement de mouvements anciens : l’analyse des politiques de logement, de santé comme celle des politiques fiscales ou des réformes territoriales montre ainsi surtout une continuité et une accélération d’orientations néo-libérales, <a href="https://theconversation.com/portrait-s-de-france-s-alerte-sur-laggravation-des-inegalites-francaises-175539">celles-ci étant clairement assumées</a>, au nom de la priorité donnée à la croissance économique et aux entreprises.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/portrait-s-de-france-s-alerte-sur-laggravation-des-inegalites-francaises-175539">Portrait(s) de France(s) : Alerte sur l’aggravation des inégalités françaises</a>
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<h2>Deux crises majeures sans remise en cause profonde</h2>
<p>Les changements d’orientation au cours du quinquennat sont eux aussi à prendre à leur juste mesure. Certaines réformes annoncées n’ont finalement pas été menées à bien (le renforcement des <a href="https://theconversation.com/la-police-peut-elle-changer-dethique-129710">exigences déontologiques</a> en matière policière, la suppression d’un quart des départements) ; d’autres réformes emblématiques ont été arrêtées (la réforme des retraites).</p>
<p>Pourtant, le cap général a été maintenu. Les crises qui ont émaillé le quinquennat pouvaient pourtant laisser présager d’importantes réorientations. L’irruption des <a href="https://theconversation.com/gilets-jaunes-quelle-democratie-veulent-ils-170146">Gilets jaunes</a>, même si elle répond en partie à des transformations socio-économiques de long terme, est en effet une réaction au pouvoir en place et aux politiques qu’il mène ; le président de la République est d’ailleurs pris à partie <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/07/15/emmanuel-macron-pris-a-partie-par-des-gilets-jaunes-aux-tuileries_6046202_823448.html">très personnellement</a> tandis que le patronat n’est pas interpellé, alors que ce sont les conditions de travail, de salaires, de niveau de vie qui sont dénoncées.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 questionne quant à elle les politiques de santé évidemment mais aussi, plus généralement, le rôle de l’État et de la dépense publique. Pourtant, si ces deux crises ont eu un impact fort sur le tempo du quinquennat, si elles n’ont pas été sans effet sur les mesures adoptées, elles n’ont finalement pas remis en cause les orientations libérales défendues par le Président de la République et ses soutiens.</p>
<h2>Un certain pragmatisme dans l’exercice du pouvoir</h2>
<p>Ainsi, les deux crises des Gilets jaunes et de la Covid-19 mettent en évidence un certain pragmatisme dans l’exercice du pouvoir, qui se traduit par l’adoption de mesures « exigées » par les circonstances sans que cela remette en cause les grandes orientations idéologiques. Quelques concessions sont faites face au mouvement des Gilets jaunes et conduisent l’exécutif à prendre des décisions qu’il n’envisageait pas (chèque énergie, moratoire sur la taxe carbone, annulation de la hausse de la CSG pour les retraités les plus modestes), mais ce dernier ne revient pas sur la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et « profite » même du mouvement pour accélérer l’augmentation de la prime d’activité et la baisse des cotisations sociales.</p>
<p>De la même façon, si E. Macron déclare en mars 2020 que « la santé n’a pas de prix, [que] le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte », si le gouvernement déploie tout un ensemble d’aides aux entreprises et à certaines professions pour pallier les conséquences des confinements – laissant filer les dépenses publiques et la dette –, si la réforme des retraites lancée fin 2019 est suspendue (mais pas abandonnée), les grandes orientations du quinquennat sont réaffirmées fermement en 2021.</p>
<p>En mars le ministre de l’économie Bruno Le Maire <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/279139-bruno-le-maire-22032021-dette-publique">rappelle à l’Assemblée nationale</a> les « piliers de la sagesse financière », parmi lesquelles la croissance et la baisse de la dépense publique. La réforme de l’assurance-chômage est bien actée en mars 2021. Les revendications des personnels hospitaliers en termes de budget, d’effectifs, de lits et de rémunérations restent pour leur part sans réponse malgré l’organisation d’un « Ségur de la santé ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/debat-la-grande-secu-mythe-ou-realite-177665">Débat : La « Grande Sécu », mythe ou réalité ?</a>
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<p>Les mesures qui caractérisent l’orientation du quinquennat ne sont pas celles « imposées » par les crises mais bien les « ordonnances travail », la suppression progressive de la taxe d’habitation, le remplacement de l’ISF par l’impôt sur la fortune immobilière, l’instauration d’un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus des placements financiers, la baisse de l’allocation logement (APL), la réforme de l’assurance chômage.</p>
<p>C’est d’ailleurs bien la poursuite de la baisse des impôts « pesant sur le travail et la production » et la « reconquête productive par le travail » qu’annonce la Lettre aux Français. Face à cela, les mesures « sociales » (doublement des classes en CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire ; « zéro reste à charge » pour le remboursement des lunettes et des prothèses auditives ou dentaires) ou « sociétales » (PMA) apparaissent secondaires.</p>
<p>Si la crise sanitaire et le mouvement des Gilets jaunes apparaissent moins comme des facteurs de réorientation que comme des révélateurs de la présidence d’E. Macron c’est aussi parce qu’ils illustrent une forme singulière d’exercice du pouvoir.</p>
<h2>Omniprésence présidentielle</h2>
<p>La présidence Macron se caractérise par une forte personnalisation et une omniprésence du Président sur la scène publique et politique. Elles sont liées à la forme et à la nature du rôle présidentiel sous la V<sup>e</sup> république. Cependant, Emmanuel Macron a particulièrement forcé le trait, intervenant bien au-delà des seuls domaines régaliens. Par ailleurs, l’inféodation des députés à l’exécutif a renforcé la centralité de la figure présidentielle. Les deux crises marquantes du quinquennat sont aussi très révélatrices de cette personnalisation. Face au mouvement des Gilets jaunes, le Président <a href="https://www.pur-editions.fr/product/ean/9782753580268/petite-sociologie-des-gilets-jaunes">apparaît</a> comme une « cible individualisée ».</p>
<p>Cet épisode ne conduit pas pour autant à la remise en cause de la conception extensive et personnalisée du pouvoir présidentiel d’E. Macron, qui se remet volontairement au centre de la scène politique en surinvestissant et monopolisant le Grand débat national mis en place en réponse au mouvement de contestation. La crise sanitaire est aussi l’occasion de réaffirmer cette conception extrêmement personnifiée de l’exercice du pouvoir et de mettre en scène sa capacité à tout contrôler.</p>
<p>Comme le souligne la chercheuse Brigitte Gaïti, cette personnalisation n’est pas un exercice solitaire du pouvoir – le président est toujours très entouré – mais plutôt un exercice « informalisé », qui conduit à une « prolifération organisationnelle », les instances existantes étant dédoublées par d’autres, tel le « conseil scientifique », pour ne pas se voir imposer de « partenaire institué ».</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/mPylVWZlHV4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Brigitte Gaïti sur les entourages du président qui l’aident dans sa prise de décision, AFSP, 2021.</span></figcaption>
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<h2>La désintermédiation</h2>
<p>La personnalisation du pouvoir rejoint ici une deuxième caractéristique de l’exercice présidentiel d’Emmanuel Macron : la désintermédiation. Celle-ci est d’abord symbolisée par les caractéristiques de la communication présidentielle. Passant <a href="https://www.franceculture.fr/oeuvre/jupiter-et-mercure-le-pouvoir-presidentiel-face-a-la-presse">outre les journalistes politiques</a>, il a trouvé des voies de contournement, via les réseaux sociaux notamment, au risque de se mettre, pour reprendre l’un de ses termes, à « portée d’engueulade » de la population.</p>
<p>La crise sanitaire illustre aussi ce souci de désintermédiation, vis-à-vis des instances administratives mais aussi, parfois, vis-à-vis des scientifiques. Le mouvement des Gilets jaunes a traduit pour sa part un même mouvement de méfiance vis-à-vis des corps constitués et institués, ce qui révèle sans doute un mouvement profond d’affaiblissement des organisations traditionnelles et de désintermédiation de la politique en France. Cette « expression inversée » (« par le haut » et « par le bas ») d’une même dynamique permet d’ailleurs au président de la République de mieux délégitimer certains corps intermédiaires, comme lorsqu’il rejette la proposition de « grande conférence » faite par le secrétaire général de la CFDT.</p>
<p>Qu’il s’agisse des partis politiques, des syndicats, des élus locaux et de leurs associations ou des cabinets ministériels, Emmanuel Macron et ses proches collaborateurs ont le souci de ne pas trop s’embarrasser d’intermédiaires, ce qui ne signifie pas qu’ils parviennent toujours à faire sans eux : les cabinets ministériels, d’abord resserrés, ont repris leur taille habituelle. Emmanuel Macron est revenu vers les élus locaux et, dans certains domaines comme la police, les syndicats ont joué un rôle central de gardien de l’agenda.</p>
<h2>Une base sociale et électorale évolutive et fragile</h2>
<p>Face à une telle pratique du pouvoir, l’électorat Macron semble avoir quelque peu évolué. En 2017, il était composé pour une petite moitié d’anciens électeurs de <a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/22/que-sont-devenus-les-electeurs-de-francois-hollande-dix-ans-apres-le-discours-du-bourget_6110521_823448.html">François Hollande</a>. Dès la fin de l’été 2017, la perception d’Emmanuel Macron dans l’opinion change et ses soutiens à gauche s’estompent en même temps que sa position se décale sur l’axe gauche-droite.</p>
<p>Si l’on en croit les <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/enquete-electorale-vague-5">dernières enquêtes pré-électorales</a>, Emmanuel Macron est désormais perçu par l’opinion comme un homme de centre-droit ; il parvient à attirer encore un quart des sympathisants socialistes, tout en séduisant désormais une proportion presque identique d’anciens électeurs de François Fillon.</p>
<p>L’ancrage électoral du macronisme doit cependant être apprécié aussi au regard des résultats des différents scrutins du quinquennat, qui ne dessinent pas un bilan univoque : le score de LREM aux élections européennes de 2019 (22,4 % des suffrages exprimés, en première place) contraste avec celui, beaucoup plus modeste, des régionales de 2021 (7 % au niveau national au deuxième tour). En miroir, la résistance des partis du « vieux monde » est tout aussi ambiguë : si les listes conduites par <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/resultats-europeennes-2019-raphael-glucksmann-evite-le-pire_fr_5ce95326e4b0512156f22873">Raphaël Glucksmann</a> (PS et alliés) et <a href="https://www.lefigaro.fr/elections/europeennes/europeennes-francois-xavier-bellamy-la-deception-20190526">François-Xavier Bellamy</a> (LR) aux européennes de 2019 font des scores à un chiffre, ces partis ont préservé leurs positions lors des scrutins municipaux, départementaux et régionaux.</p>
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<p><em>Les auteurs viennent de co-publier l’ouvrage collectif <a href="https://www.pug.fr/produit/1969/9782706151613/l-entreprise-macron-a-l-epreuve-du-pouvoir"><em>L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir</em></a> co-dirigé par Bernard Dolez, Anne-Cécile Douillet, Julien Fretel et Rémi Lefebvre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178671/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Cécile Douillet a reçu des financements de la MESH pour la publication de l'ouvrage L'entreprise Macron à l'épreuve du pouvoir. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bernard Dolez, Julien Fretel et Rémi Lefebvre ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Nos recherches font le bilan de l’action entreprise par Emmanuel Macron et son impact sur la transformation politique de la France.Anne-Cécile Douillet, Professeure de science politique, Université de LilleBernard Dolez, Professeur de sciences politiques, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneJulien Fretel, Professeur de sciences politiques, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneRémi Lefebvre, Professeur de science politique université Lille 2, Université de Lille - initiative d'excellenceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1739682022-01-10T19:50:18Z2022-01-10T19:50:18ZBonnes feuilles : « Le digital modifie le secteur de l’enseignement supérieur en profondeur »<p><em>Olivier Mamavi (Paris School of Business) et Romain Zerbib (ICD Business School, Chaire ESSEC IMEO) ont coordonné la rédaction de l’ouvrage collectif intitulé « Transformation digitale et enseignement supérieur », publié aux Éditions EMS. À cette occasion, nous vous proposons d’en découvrir ci-dessous un extrait du premier chapitre.</em></p>
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<p>La transformation digitale, que nous définissons ici comme un processus de numérisation des différents métiers d’une organisation dans le but d’optimiser sa chaîne de valeur, est actuellement en cours d’accélération dans le secteur de l’enseignement supérieur sous l’effet, notamment, de la Covid-19.</p>
<p>Une telle dynamique pose un ensemble de problématiques complexes aux acteurs établis. Les écoles et universités – dans le sillage de cette grande recomposition du secteur – doivent composer avec l’éclosion de moult modèles alternatifs, y compris offline, qui s’émancipent des schémas traditionnels.</p>
<p>Les modèles d’affaires issus du numérique posent en effet un défi de taille aux acteurs traditionnels, et ce pour au moins quatre motifs majeurs : l’équation de la valeur, la capacité d’accueil, la personnalisation et le prix.</p>
<p><strong>1. L’équation de la valeur</strong></p>
<p>Les plates-formes d’apprentissage peuvent articuler deux composantes difficilement compatibles pour les acteurs historiques de l’enseignement supérieur : la non-sélection à l’entrée et le prestige du certificat/diplôme à la sortie.</p>
<p>Les plates-formes (Google Analytics, Datacamp, Duolingo, etc.) sont ouvertes à tout un chacun. Le nombre de certificats délivrés évolue ensuite de façon décroissante à mesure que le parcours d’apprentissage se complique. Le volume de participants muscle ainsi mécaniquement le prestige des certifications les plus élevées en produisant un ensemble de ratios qui témoignent de la difficulté d’accès aux niveaux les plus prestigieux.</p>
<p>Un tel mécanisme semble, en revanche, plus délicat à mettre en œuvre pour les acteurs historiques de l’enseignement supérieur. Les plates-formes sont en effet caractérisées par une logique de tourniquets, elles se nourrissent de flux et de données, là où les modèles traditionnels se caractérisent plutôt par la mise en place de murailles, elles filtrent à l’entrée.</p>
<p><strong>2. La capacité d’accueil</strong></p>
<p>Les plates-formes d’apprentissage, compte tenu d’un effacement des contraintes physiques, ne connaissent aucune limite en matière de volume d’apprenants. Une marque forte, appuyée sur un dispositif de montée en compétences efficace et reconnu par le marché, peut ainsi augmenter de façon exponentielle le nombre d’apprenants, sans que cela n’enclenche ni une explosion des charges foncières, ni un risque de dévaluation du diplôme (compte tenu de la difficulté d’accès aux niveaux les plus élevés). Les apprenants peuvent, par ailleurs, se situer à n’importe quel endroit du globe, pour peu qu’ils disposent d’une connexion Internet.</p>
<p><strong>3. La personnalisation</strong></p>
<p>Les plates-formes offrent la possibilité de maximiser le suivi et la mesure du parcours d’apprentissage. L’ensemble de ces données permettent la mise en place d’une arborescence sophistiquée offrant à chaque apprenant la possibilité de suivre un parcours personnalisé en fonction de son rythme, de ses aspirations, mais également de ses éventuels troubles spécifiques d’apprentissage (dyslexie, dyscalculie, etc.).</p>
<p><strong>4. Le prix</strong></p>
<p>Les plates-formes d’apprentissage, enfin, proposent un service peu coûteux aux apprenants. Les acteurs du numérique disposent en effet d’une grande variété de modèles d’affaires, notamment gagés sur les effets d’échelle et la valorisation des données. Le tout permet de livrer une offre à prix cassée et parfois même gratuite aux apprenants.</p>
<p>Ces quatre éléments (équation de la valeur, capacité d’accueil, personnalisation, prix) traduisent les avantages comparatifs dont disposent les acteurs du numérique.</p>
<p>Les plates-formes auront-elles la capacité de remonter la chaîne de valeur des acteurs historiques ? Pourront-elles capturer de nombreuses parts de marché ? Il apparaît difficile, à ce stade, d’anticiper la tournure précise que prendra cette dynamique concurrentielle. Il semble cependant envisageable d’estimer la difficulté, pour un acteur traditionnel, d’opérer un pivot vers le digital.</p>
<h2>Une transformation qui ne va pas de soi</h2>
<p>Les principaux obstacles étant d’après nous : un changement de secteur, un changement de standard et un changement de règles du jeu.</p>
<p><strong>1. Un changement de secteur</strong></p>
<p>Le fait de passer d’une formule traditionnelle, qui consiste à délivrer les enseignements dans une salle de classe, à un modèle de plate-forme où la quasi-totalité des modules est accessible et consommée en ligne, implique tout d’abord un basculement (ou a minima un débordement) vers un autre secteur stratégique.</p>
<p>Lorsqu’une école entre de plain-pied dans la formation à distance, cela implique en effet que ses concurrents directs ne représentent plus uniquement ses traditionnels homologues (généralement cités dans le classement FT des meilleures écoles), mais un ensemble de plates-formes qui délivrent des contenus, y compris gratuitement.</p>
<p>Les meilleures universités américaines (Harvard, Columbia, Yale ou encore Princeton) ont par exemple récemment mis en ligne 450 cours et formations en open access via le site Classe Central. Idem pour le Collège de France qui propose plus de 10 000 cours gratuits sur son site Internet. Les exemples sont nombreux. Mieux vaut, en conséquence, avoir à l’esprit ce type d’initiative avant d’engager une démarche analogue… mais payante.</p>
<p>Nous pourrions en outre évoquer LinkedIn Learning qui fort d’une communauté de 660 millions de membres, appuyée sur un dispositif algorithmique sophistiqué, est en mesure d’adresser du contenu adapté à un public qualifié.</p>
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<img alt="https://commons.wikimedia.org/wiki/File :College_de_france.jpg" src="https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sur le site Internet du Collège de France (photo), on trouve près de 10 000 cours en accès libre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une telle application témoigne en outre qu’un positionnement digital implique la maîtrise de nouvelles compétences. Il n’est pas inné, en effet, de mettre en place une plate-forme multimodale en mesure de délivrer et de monitorer des modules ajustés en fonction du rythme de l’apprenant.</p>
<p>Si l’audience, la data et l’algorithme deviennent les éléments pivots de ce nouvel environnement concurrentiel, comment composer avec les GAFAM ?</p>
<p><strong>2. Un changement de standard</strong></p>
<p>Un programme délivré en ligne pose la question cruciale de l’attention et de l’engagement de l’apprenant. Quoi de plus complexe, en effet, que de conserver une audience à distance engagée ? Qui plus est, lorsque le contenu est ardu et implique une attention particulière. Il apparaît à cet égard plausible l’hypothèse que les lois de l’écran s’imposent tôt ou tard au contenu. Une conséquence envisageable étant alors que l’on assiste à un rapprochement, sinon une convergence, entre les métiers et savoir-faire de l’<em>entertainment</em> et celui de l’apprentissage. Une telle dynamique pourrait favoriser de puissantes barrières à l’entrée.</p>
<p>Jusqu’à présent, la salle de classe constitue en effet une des seules variables constantes du jeu concurrentiel. Que l’on suive un module au sein de la première ou de la dernière école du classement FT, l’ergonomie des locaux est quasiment identique. Il s’agit schématiquement d’un cube au sein duquel sont disposés des tables, des chaises et un tableau.</p>
<p>Or, l’avènement des cours en ligne, passé au tamis des studios de production, pourrait faire émerger un véritable clivage esthétique entre les différents modules. Une telle distinction n’est ni superficielle, ni anecdotique. En effet, au même titre que les standards hollywoodiens ont définitivement ringardisé les télénovelas, les acteurs qui produiront les meilleurs contenus, à la fois immersifs et interactifs, érigeront des barrières à l’entrée cognitives qui bloqueront l’accès aux acteurs qui campent sur une formule archaïque du distanciel.</p>
<p><strong>3. Un changement de règles du jeu</strong></p>
<p>Les petites écoles qui estiment pouvoir minimiser les coûts en mettant leurs apprenants à distance doivent prendre en compte que l’éloignement pourrait aussi favoriser le poids des labels et des classements qui hiérarchisent les établissements en fonction de la valeur des diplômes et des certifications qu’ils délivrent.</p>
<p>La taille des locaux n’étant plus une contrainte, quelques marques extrêmement puissantes pourraient tout à fait truster la quasi-totalité des parts de marché. Notons que plusieurs entreprises extérieures au secteur de l’apprentissage pourraient également s’inviter dans le jeu. Google, par exemple, compte parmi les acteurs les plus légitimes pour délivrer du contenu et des certifications reconnues mondialement en matière de marketing digital. Idem pour Amazon au sujet du retail ou encore IBM à propos de l’intelligence artificielle.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/themes/management-organisation-strat%C3%A9gie/ouvrage/654-transformation-digitale-et-enseignement-sup%C3%A9rieur.html">Éditions EMS</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Imaginer ce qu’impliquerait, pour un acteur historique, le fait de pivoter sur un modèle digital, permet de mettre en exergue les enjeux concurrentiels qu’une telle (r)évolution suppose.</p>
<p>Cependant, qu’une école souhaite ou non basculer dans le digital, il n’en demeure pas moins que la transition est enclenchée, et qu’elle travaille d’ores et déjà en profondeur le marché et sa grammaire concurrentielle. Une telle rupture semble en effet induire des changements paradigmatiques qu’il n’est pas aisé de surmonter, en particulier, pour des acteurs historiques engagés sur un modèle d’affaires fortement institutionnalisé (certifications, grades, classements, etc.).</p>
<h2>Un effet en chaîne</h2>
<p>L’avènement du numérique favorise un ensemble d’opportunités stratégiques pour les acteurs historiques, en même temps qu’il engage un processus de remise en question de leur chaîne de valeur. L’essor des plates-formes met, en effet, en exergue une offre coûteuse, rigide, faiblement personnalisée et fondée sur un système d’évaluation des compétences relativement flou, dès lors que les acteurs historiques sont comparés aux acteurs du numérique.</p>
<p>Une telle dynamique favorise en conséquence l’éclosion de nombreux modèles alternatifs, y compris offline, qui s’émancipent des schémas traditionnels. Les prix cassés, l’assurance d’employabilité, la focalisation thématique et l’ancrage territorial constituant, le plus souvent, le véhicule mobilisé par les outsiders pour remonter méthodiquement la chaîne de valeur.</p>
<p>Au même titre que les palaces semblent aujourd’hui moins exposés au phénomène Airbnb que les hôtels de milieu de gamme, les écoles fondées sur une logique d’élitisme se verront peut-être moins impactées par ce phénomène de rupture que les écoles qui ont fait le choix de la massification. Mais pour combien de temps ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173968/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les établissements les moins prestigieux, qui ont misé sur la massification de leurs effectifs, subissent aujourd’hui davantage les bouleversements que les plus réputés.Romain Zerbib, Chercheur associé à la chaire IMEO de l'ESSEC, enseignant-chercheur en stratégie, ICD Business SchoolOlivier Mamavi, Professeur associé, PSB Paris School of BusinessLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1427852020-07-22T19:03:30Z2020-07-22T19:03:30ZGraphiquement vôtre : Le célibat masculin, un nouveau défi pour la Chine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347955/original/file-20200716-33-ubvuu2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C21%2C4896%2C3232&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nombreux hommes en Chine connaissent aujourd'hui le célibat, du fait d'un excédent de population masculine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/DXJ5l182ez8">Unsplash/RaymondTan</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Alors que dans le reste du monde, il y a à peu près autant de femmes que d’hommes aux âges du mariage et de la reproduction, ce n’est pas le cas en Chine qui, en 2010, enregistrait une proportion d’hommes légèrement supérieure (103 hommes pour 100 femmes chez les 20-50 ans).</p>
<p>Il y a plus d’hommes que de femmes en Chine, ceci à presque tous les âges sauf au-dessus de <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2018-7-page-1.htm">70 ans</a>. Ce déséquilibre numérique entre les sexes résulte d’une surmortalité féminine ancienne et, à partir des années 1980, d’un excédent anormal de garçons à la naissance du fait de la <a href="https://www.springer.com/gp/book/9783319002354">sélection prénatale du sexe</a>.</p>
<h2>Un excédent d’hommes marqué dans les villes</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/347749/original/file-20200715-23-1s4ydfz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure issue de Isabelle Attané et al.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2018-7-page-1.htm">Population & Sociétés, n°557, Ined, juillet-août 2018</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’excédent d’hommes est plus marqué dans les villes, vers lesquelles afflue une main d’œuvre d’origine rurale (et qui abritent 8 des 11 millions d’hommes excédentaires chez les 20-50 ans). C’est pourtant dans les campagnes que les hommes ont le plus de difficultés à se marier, en particulier les plus pauvres.</p>
<p>En effet, les femmes célibataires, bien moins nombreuses que les hommes célibataires, tendent à privilégier de futurs conjoints susceptibles de leur procurer un meilleur confort matériel donc, plus fréquemment, des <a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/28233/557.ang.pop.soc.single.man.rural.china.en.pdf">citadins</a>.</p>
<p>Le célibat en Chine est ainsi massivement masculin, notamment dans les campagnes : à 35 ans, on compte plus de 500 hommes pour 100 femmes parmi les célibataires ruraux, et ce rapport atteint presque 2 000 à l’âge de 50 ans.</p>
<p>La question du célibat masculin, notamment à la campagne, devient une <a href="https://theconversation.com/pity-chinas-bare-branches-unmarried-men-stuck-between-tradition-and-capitalism-68592">préoccupation majeure en Chine</a>.</p>
<p>Et ce d’autant plus que le déséquilibre numérique va s’aggraver dans les années futures : chez les moins de 30 ans en 2010, qui formeront le groupe des 20-50 ans en 2030, on compte en effet 109 hommes pour 100 femmes, soit un excédent masculin de l’ordre de 23 millions (figure).</p>
<p>Si la question préoccupe autant le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4673002/">monde scientifique et politique</a>, c’est aussi parce qu’en Chine le célibat reste considéré comme une situation anormale, à même de compromettre l’organisation sociale fondée sur la famille et les solidarités intergénérationnelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/142785/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Attané a reçu des financements de l'ANR et du Pres Hesam. </span></em></p>Le déséquilibre numérique entre les sexes en Chine résulte d’une surmortalité féminine ancienne et, à partir des années 1980, de la sélection prénatale du sexe favorisant les garçons.Isabelle Attané, Directrice de recherche (sinologie et démographie), Institut National d'Études Démographiques (INED)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1243802019-10-28T15:02:52Z2019-10-28T15:02:52ZSenegal’s president uses political manoeuvres to mask authoritarian tactics<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298558/original/file-20191024-170467-18novua.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Senegal's president Macky Sall</span> <span class="attribution"><span class="source">EPA-EFE</span></span></figcaption></figure><p>Earlier this year Senegal’s president, Macky Sall, embarked on his second term as president <a href="https://www.aljazeera.com/news/africa/2019/04/senegal-macky-sall-starts-term-call-dialogue-190402170119221.html">pledging</a> “constructive” dialogue with the opposition. This followed tense elections in which Sall was <a href="https://www.bbc.com/news/world-africa-47400711">accused</a> of preventing some of his main rivals from running.</p>
<p>In principle, political dialogue is essential. But in Senegal it’s often used as a way to manipulate public opinion and provide breathing space for a government under fire for its authoritarian tactics.</p>
<p>Throughout Sall’s tenure it has given cover to multiple encroachments on Senegalese democracy. This includes <a href="https://www.jeuneafrique.com/791019/politique/senegal-controverse-apres-le-desaveu-de-lue-sur-le-systeme-des-parrainages/">tampering with the rules of the electoral system</a>, empty promises of dialogue and violations of the <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/04/19/au-senegal-une-manifestation-reprimee-l-ancien-premier-ministre-idrissa-seck-interpelle_5287772_3212.html">rights and freedoms of the opposition and government opponents</a>.</p>
<p>These tactics threaten national cohesion, progress and stability in the country. </p>
<h2>Broken promises</h2>
<p>On taking office in 2012, President Sall cast aside a charter of structural reforms for national governance, the <a href="http://www.assisesnationales.org/?ans=doc">National Conferences Charter</a>, that he himself had signed. </p>
<p>He also backtracked on his <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/17/macky-sall-ira-finalement-jusqu-au-bout-de-son-mandat-de-sept-ans_4866925_3212.html">oft-repeated</a> <a href="https://www.voaafrique.com/a/senegal-president-senegalais-renonce-a-reduire-son-mandat-en-cours/3193669.html">commitment to reduce his term in office</a> from seven to five years. </p>
<p>Then, despite opposition and in a very short timeframe, in March 2016 he organised a <a href="https://www.pressafrik.com/Referendum-du-20-mars-C-est-parti-pour-sept-jours-de-campagne_a147321.html">constitutional referendum.</a>. </p>
<p>But the proposed changes – which would have led to the balance of power being distributed more evenly, thus <a href="https://www.financialafrik.com/2018/08/03/senegal-une-exception-democratique-a-lepreuve-de-lhyper-presidentialisme/">streamlining</a> the country’s extremely top-heavy political system – failed to generate a strong consensus. In the end, no serious reforms <a href="https://fr.allafrica.com/stories/201711220787.html">were ever implemented</a> that would temper the president’s political, legal and institutional supremacy over executive and judicial power. </p>
<h2>Opposition persecution</h2>
<p>As a way to demonstrate his commitment to inclusive government, Sall then <a href="http://www.chinafrica.cn/The_Latest_Headlines/201605/t20160520_800057264.html">launched a</a> national dialogue on May 28 – the day after the referendum. This brought together representatives of the political class, civil society, the private sector, trade unions and religious and traditional leaders. Some members of the opposition took part in good faith. </p>
<p>The talks led to the quick release, <a href="https://www.jeuneafrique.com/336456/politique/senegal-gracie-macky-sall-karim-wade-parti-qatar/">through presidential pardon</a>, of Karim Wade, the son and former minister of ex-President Abdoulaye Wade. </p>
<p>But Wade’s release shouldn’t be interpreted as signalling that the dialogue initiative was effective. </p>
<p>A year earlier, Wade had been <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/03/23/senegal-karim-wade-condamne-a-six-ans-de-prison_4599445_3212.html">sentenced to six years in prison</a> for mis-appropriation of funds, by a special anti-corruption court. Established in 1981, and revived by Sall in 2012 after a long period of dormancy, the special court has been <a href="https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/senegal/15499-senegal-la-crei-une-juridiction-d-exception-qui-ne-garantit-pas-le-droit-a">heavily criticised</a>.</p>
<p>The <a href="https://www.ohchr.org/FR/Issues/Detention/Pages/WGADIndex.aspx">UN stated</a> that <a href="https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16997&LangID=F">Wade’s imprisonment was arbitrary</a> and the West African States Community Court of Justice <a href="https://www.jeuneafrique.com/172087/politique/enrichissement-illicite-la-cedeao-recadre-dakar/">found that</a> constitutionally, as a former minister, he should have been brought before the Senegalese High Court of Justice. </p>
<p>Sall therefore had no choice but to free Wade. But he also clearly took this opportunity to force Wade – a strong contender in the presidential elections – into <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20180114-senegal-avenir-s-assombrit-karim-wade">exile</a> in Qatar. </p>
<p>Khalifa Sall – then mayor of Dakar and another leading opposition contender – was then arrested in 2017 for allegedly embezzling US$3 million in public funds. Critics accused Macky Sall of making up the charges to remove him. Khalifa <a href="https://www.bbc.com/news/world-africa-49873340">was released</a> on a presidential pardon last month. </p>
<p>Sall’s government has also continued its authoritarian tactics with <a href="http://www.rfi.fr/afrique/20140420-senegal-interdictions-manifestations-multiplient-dakar-libert%C3%A9s-publiques-macky-sall">systematic bans on opposition protests</a>.</p>
<p>Furthermore, Sall’s promise to institutionalise political dialogue failed to materialise: there was just one round of talks during his first term. </p>
<h2>Crisis of confidence</h2>
<p>Parliamentary elections, held in July 2017, are seen to have contributed to the crisis facing the country. There were accusations of <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/30/au-senegal-les-elections-legislatives-se-sont-deroulees-dans-une-relative-confusion_5166696_3212.html">major irregularities</a>. And after the chaotic elections Sall <a href="https://fr.allafrica.com/stories/201901020554.html">refused</a> the opposition’s request for a non-partisan Minister of the Interior. The position is meant to be free of party affiliation, as it had been for <a href="https://www.lequotidien.sn/deces-du-general-lamine-cisse-fin-de-mission-dun-soldat/">about</a> 20 years. </p>
<p>Sall then <a href="https://www.jeuneafrique.com/mag/560940/politique/senegal-les-parrainages-de-la-discorde/">pushed through a reform introducing electoral sponsoring, without consultation</a>. This requires all candidates standing in presidential elections to collect the signatures of at least 1% of the registered voters before being validated. This made it much harder for candidates to run.</p>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/04/19/senegal-la-loi-sur-le-parrainage-votee-dans-un-climat-de-forte-contestation_5287952_3212.html">Opposition protests were subject to crackdowns</a> and their leaders were arrested. </p>
<p>This new sponsoring law proved to be a boon to the government during the 2019 presidential elections because it limited the number of candidates. </p>
<p>Candidates <a href="https://www.lepoint.fr/afrique/senegal-nous-voulons-des-elections-fiables-30-12-2018-2282538_3826.php">did not have access to the electoral roll</a> to confirm the validity of their sponsor signatures and thousands of sponsor signatures were invalidated on the false claim that they were not registered to vote. <a href="https://www.jeuneafrique.com/698797/politique/presidentielle-au-senegal-pourquoi-19-dossiers-de-parrainage-ont-ete-ecartes/">As many as 19 electoral hopefuls had their applications rejected</a> by the Constitutional Council. In the end <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-46863956">only five candidates were able to run</a>.</p>
<p>Today national dialogue is at a standstill, and it’s not surprising given the political manoeuvring that undermines it. This presents a worrying future scenario for Senegal. </p>
<p><em>Translated from the French by Alice Heathwood for Fast ForWord.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124380/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maurice Soudieck Dione ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Authoritarian tactics threaten Senegal’s national cohesion, progress and stability.Maurice Soudieck Dione, Enseignant-chercheur en sciences politiques, Université Gaston BergerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1160192019-09-15T19:43:14Z2019-09-15T19:43:14ZL’impact de l’automatisation sur la gestion des déchets plastiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/271202/original/file-20190426-194620-1ifvi2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=223%2C105%2C3398%2C2311&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La plasturgie représente 3 500 entreprises et 122 000 emplois en France.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photothèque Veolia - Alexis Duclos</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte est extrait de la récente édition de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/nos-publications/la-revue-de-linstitut-facts-reports/lindispensable-reinvention-des-plastiques">consacrée aux plastiques</a>.</em></p>
<hr>
<p>En Europe, l’industrie du plastique emploie <a href="https://www.plasticseurope.org/en/resources/publications/619-plastics-facts-2018">1,5 million de personnes</a>, au sein de 60 000 entreprises, pour un chiffre d’affaires de 355 milliards d’euros. Et, pour la première fois en 2016, les quantités de plastiques recyclées y ont dépassé les quantités mises en décharge. 8,4 millions de tonnes ont pu ainsi être recyclées sur le Vieux Continent ou hors de ses frontières.</p>
<p>Particulièrement concerné par le développement de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/economie-circulaire-26694">économie circulaire</a> et de la transition numérique, ce secteur intègre peu à peu les changements organisationnels et humains qui y sont liés, le conduisant notamment à repenser les métiers et les compétences associées.</p>
<p>Le contour et le contenu des emplois évoluent, depuis la conception, la production jusqu’à la valorisation des déchets. L’arrivée de la « cobotique » – entendre la collaboration entre l’homme et le robot – participe à ce mouvement.</p>
<h2>Vers une nouvelle division du travail</h2>
<p>Les effets de la transition numérique sont massifs : on estime que des millions d’emplois au niveau mondial migreront vers les machines. La part d’heures travaillées par les humains passera à 58 %, et celle des machines à <a href="https://www.weforum.org/reports/the-future-of-jobs-report-2018">42 % en 2022</a> (contre 29 % en 2018).</p>
<p>De nouveaux métiers émergeront, plus adaptés à cette nouvelle division du travail entre humains, machines et algorithmes : spécialistes du <em>machine learning</em> et de l’intelligence artificielle, du <em>big data</em>, experts en automatisation, en sécurité de l’information, designers de l’expérience client, de l’interaction homme-machine, ingénieurs en robotique et spécialistes de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/blockchain-28780">blockchain</a>.</p>
<p>Dans l’industrie productive, les machines génèrent en effet des données massives qui sont collectées, exploitées et mises en forme par les ingénieurs pour les opérateurs. Dans le cas du plastique, les extrudeuses, les machines d’impression, de collage et de bobinage de plastique peuvent fonctionner de manière continue tout en générant jusqu’à plusieurs giga-octets de données par jour ; celles-ci seront utilisées pour le suivi et la maintenance prédictive.</p>
<h2>Faire évoluer les compétences</h2>
<p>Parallèlement, des activités typiquement humaines – comme la communication et l’interaction, le développement, l’encadrement et le conseil, la tenue d’un raisonnement et la prise de décision – commenceront à être automatisées de façon significative par des algorithmes. Un phénomène à relativiser toutefois en France, où la numérisation du tissu productif semble se <a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2018/OFCEpbrief36.pdf">développer moins vite</a> que dans d’autres pays.</p>
<p><a href="https://www.medefinternational.fr/kiosque/rapport-annuel-2017/">Dans l’Hexagone</a>, où la plasturgie concerne 3 500 entreprises et 122 000 emplois, les changements dûs aux deux types de transition se traduiront davantage par une <a href="https://ideas.repec.org/p/fce/doctra/1823.html">transformation des tâches et des compétences</a> (ou en impacts sur les métiers et les activités) qu’en émergence de nouveaux métiers « verts ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1105260320279445506"}"></div></p>
<p>Citons l’écoconception, qui s’appuie sur l’analyse des cycles de vie et tient compte des différentes étapes de la vie du plastique pour en minimiser l’impact environnemental. Cette démarche implique toutes les fonctions de l’entreprise mais invite également les parties prenantes extérieures (fournisseurs, transporteurs, utilisateurs) à l’organisation. L’économie circulaire rebat ainsi les cartes, faisant émerger de nouvelles vocations.</p>
<p>Dans ces stratégies, les fonctions de management, d’ingénierie d’études et R&D, ainsi que de conception jouent un rôle clé pour faire évoluer les procédés industriels. Car une matière recyclée ne s’incorpore pas aisément dans une production, et requiert parfois d’en adapter les procédés.</p>
<p>Le cas des plastiques est emblématique des connaissances nécessaires pour caractériser puis traiter les différentes résines. Il faut des compétences différentes pour trouver des applications, déterminer leur compatibilité (de l’automobile aux emballages alimentaires en passant par le bâtiment) et les faire valider auprès d’organismes certificateurs : les bioplastiques impliquent par exemple la collaboration d’experts en chimie, en biotechnologies et en électronique. Ces mêmes expertises permettront également de trouver des solutions de recyclage de la matière en aval.</p>
<h2>Homme et robot trient à quatre mains</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=793&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=793&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=793&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=996&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=996&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/271022/original/file-20190425-121228-1hziopf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=996&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Medef 2017</span></span>
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</figure>
<p>Alors que l’automatisation suppose un transfert des savoirs et des savoir-faire de l’humain vers la machine, la cobotique permet d’apporter une assistance robotique à un opérateur avec laquelle ce dernier peut interagir. Ceci se traduit aujourd’hui par la mise en commun des compétences humaines et de la machine.</p>
<p>Ses applications peuvent être la télé-opération (la collaboration à distance), la coprésence collaborative (l’homme et le robot partagent un même espace de travail), la comanipulation (l’opérateur manipule directement le robot pour effectuer sa tâche, ce qui permet d’accroître les efforts pour porter des charges plus lourdes par exemple) ; ou encore l’exomanipulation (l’homme revêt un exosquelette pour alléger ses efforts).</p>
<p>Dans le cadre d’une télé-opération, l’opérateur se représente, depuis son poste de commande, la <a href="https://ergonomie-self.org/wp-content/uploads/2018/08/ActesSELF2016-643-654.pdf">tâche effectuée par le robot</a>. En centre de tri, le tri « télé-opéré » permet ainsi à l’opérateur de travailler sur un écran tactile en cabine, à distance des tapis, après une première opération de tri complètement automatisée.</p>
<p>Le tri de déchets comme les sacs plastiques exige encore une combinaison de trois étapes : le tri manuel des grands films, le tri automatique des autres films par criblage balistique et, enfin, le tri optique. Les effets sur les postes de travail ne sont pas encore bien mesurés, et laissent des questions en suspens en matière d’ergonomie sur les contraintes physiques des opérateurs (notamment pour les exosquelettes).</p>
<h2>Les limites du numérique</h2>
<p>L’automatisation est cependant encore limitée à cause de la complexité de certaines tâches. Et dans plusieurs filières, les opérateurs affectés au tri manuel restent plus performants que les machines.</p>
<p>L’œil et la main demeurent souvent la meilleure technique pour extraire la fraction valorisable d’un gisement, et intégrer la spécificité des situations. Dans le cas du tri des plastiques, où la reconnaissance optique bute encore sur les nouvelles matières biosourcées, l’activité humaine n’est pas remplaçable, et certains <a href="http://www.smitred.com/fr/content/le-tri-optique">postes de surtri résistent</a> à l’automatisation.</p>
<p>L’entreprise Actes, implantée à Bordeaux et dans le Pays basque, s’est ainsi lancée il y a quelques années dans une diversification de ses activités de recyclage : elle traite désormais les gobelets jetables en plastique. Un processus de pré-tri manuel et de séparation de la matière par flottation a été mis au point avec l’Université de Bordeaux. L’objectif du chef d’entreprise était la création d’un maximum de postes manuels, prenant à rebours la logique d’automatisation habituelle dans ce secteur. Il s’est appuyé sur les apprentissages issus des autres filières matières, notamment le papier, montrant que le tri manuel atteignait des performances supérieures à celles du tri automatisé.</p>
<p>Après une année de formation et de pratique sur table de tri, les agents de tri ont acquis une expertise dans la reconnaissance des résines (polypropylène, polystyrène). Ils combinent les signes de la matière (couleur, épaisseur, texture, façon de se casser) pour reconnaître rapidement les produits. Leur geste est plus performant qu’une machine automatisée, et le taux de pureté peut atteindre les 100 % quand le producteur de déchets a bien pré-trié la matière.</p>
<p>C’est le résultat d’une approche globale : le tri et le recyclage ne constituent qu’une étape dans la valorisation d’une matière quasi intacte. En amont, le producteur de déchets a été sensibilisé aux enjeux du tri. En aval, la machine permet d’alimenter des négociants en paillettes, et constitue d’abord un outil pour faire monter les collaborateurs en compétences.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1039420591877640192"}"></div></p>
<h2>Les travailleurs manuels lésés</h2>
<p>Malgré cela, les réductions d’effectifs des centres de tri automatisés concernent majoritairement les opérateurs de tri, que les créations de postes de techniciens supplémentaires <a href="https://www.ademe.fr/etude-prospective-collecte-tri-dechets-demballages-papier-service-public-gestion-dechets">ne compenseront pas</a>.</p>
<p>Si le niveau de diplôme des professionnels de l’économie verte tend à s’élever (21 % des travailleurs n’ont aucun diplôme, <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/dares-analyses-dares-indicateurs-dares-resultats/article/professions-de-l-economie-verte-quelle-dynamique-d-emploi">33 % possèdent un CAP-BEP</a>, les politiques en faveur du climat favorisent en général les professionnels et techniciens qualifiés au détriment des travailleurs manuels. Conjuguées au verdissement de l’économie et aux transformations technologiques, elles induisent des changements dans la demande de compétences nécessaires pour fournir les nouveaux produits et services, la recomposition du marché du travail s’opérant alors <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0095069618304911">au détriment des moins qualifiés</a>.</p>
<p>Face à ce phénomène, certains employeurs adoptent une stratégie de montée en compétences. Le Smicval, syndicat de traitement des ordures ménagères dans la région de Libourne (France), a ainsi fait évoluer ses agents d’accueil en déchèterie. Ces derniers se muent en agents valoristes chargés de trier, réparer et remettre en circulation des objets usagés. Ce qui suppose l’acquisition de compétences multiples (relationnel, diagnostic, réparation) ; ce que promeuvent également les entreprises de l’économie sociale et solidaire.</p>
<p>À l’image d’autres industries, le recyclage des matières plastiques se transforme sous la pression de la double transition numérique et environnementale. Tout l’enjeu pour les acteurs, publics comme privés, consiste à identifier et à construire les compétences nécessaires à court et à moyen terme pour répondre aux besoins économiques et sociétaux.</p>
<hr>
<p><em>Tous les numéros de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » sont disponibles sur le <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/La-Revue-de-l-Institut-FACTS-Reports">site dédié</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116019/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carola Guyot Phung ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comme d’autres secteurs, l’industrie du plastique et de son recyclage font aujourd’hui face aux enjeux de la transition numérique et de l’automatisation qui en découle.Carola Guyot Phung, Chercheur associé i3-CRG Innovation & Transition écologique et énergétique, École polytechniqueLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1214742019-09-08T18:36:51Z2019-09-08T18:36:51ZPayer ses déchets au poids ou au volume, une solution plus efficace que la consigne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/290951/original/file-20190904-175673-13eiqf8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=212%2C0%2C5028%2C3135&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, la moitié des ménages ne trient pas systématiquement leurs déchets d’emballage et 12 % ne trient jamais.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2NzYzMTk5NiwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTUyNjg4NDA3IiwiayI6InBob3RvLzE1MjY4ODQwNy9odWdlLmpwZyIsIm0iOjEsImQiOiJzaHV0dGVyc3RvY2stbWVkaWEifSwiVkYwMnlOTmRIMGI5U1YreWZPbjcxWUpEb0pJIl0%2Fshutterstock_152688407.jpg&pi=33421636&m=152688407&src=-4-35">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Omniprésent dans nos vies, le plastique souffre de plus en plus de sa mauvaise réputation, les chiffres alarmants se multipliant sur la pollution qu’il génère, notamment dans les mers et les océans.</p>
<p>Si le recyclage s’est largement développé, le système de tri mis en place en France sur les déchets ménagers il y a une vingtaine d’années arrive à bout de souffle. Certes, nous trions sans incitation monétaire ni obligation réglementaire, mais l’entreprise Citéo – qui gère les déchets d’emballage – observe que la moitié des ménages ne trient pas systématiquement leurs déchets d’emballage et que 12 % ne trient jamais, un pourcentage stable depuis quelques années d’après un récent <a href="https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2018-11/geste_de_tri_chez_les_francais.pdf">sondage</a>.</p>
<p>Les options disponibles pour aller plus loin sont rares. La pédagogie et les campagnes de communication ont produit l’essentiel de leurs effets. Rendre obligatoire le tri – à l’image de ce qui existe pour les déchets d’entreprise – semble difficile à faire accepter par la population.</p>
<p>Le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/conseil-des-ministres-du-10-juillet-2019-projet-loi-anti-gaspillage-economie-circulaire">projet de loi</a> sur l’économie circulaire, qui sera discuté au Sénat fin septembre puis à l’Assemblée nationale, prévoit pour pallier ces problèmes le retour de la consigne qui serait mis en place pour les bouteilles plastiques. Par l’incitation financière, le gouvernement espère encourager au recyclage.</p>
<h2>La consigne, si efficace ?</h2>
<p>Le principe est simple : une taxe sur la bouteille neuve remboursée si on la rapporte après consommation aux points de collecte prévus à cet effet afin d’être recyclée. L’exemple de la <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/92f2cab0-0179-4916-9bac-ea2d475debf0/files/cbef979d-a873-403d-b34a-7d1c66b9c9b5">Suède</a> montre que cela permet effectivement d’augmenter la récupération des bouteilles en fin de vie. Mais cela ne résout qu’une partie du problème. Quid des déchets plastiques autres que les bouteilles ? Quid du verre, de l’acier, des papiers-cartons dont le recyclage doit également progresser ? Quid de la matière organique, 30 % du poids des poubelles tout de même, dont le compostage est l’enjeu de demain ?</p>
<p>Les recycleurs – en pratique, les acteurs récupérant et triant les matières pour permettre leur incorporation dans des produits neufs – et les municipalités qui organisent sur le terrain la collecte sélective, <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/plastique-pourquoi-la-consigne-evoquee-par-edouard-philippe-divise-820281.html">s’en effraient</a> : ces bouteilles disparaîtront du gisement de déchets qu’ils exploitent, diminuant la rentabilité de leur activité. Ces inquiétudes sont légitimes, mais elles ne suffisent pas à disqualifier cette approche du point de vue de l’intérêt général, d’autant que des compensations sont possibles.</p>
<p>Elles permettent toutefois de poser la question pertinente : la consigne est-elle plus efficace que d’autres formes d’incitation financière ? Le statu quo ne constitue en effet pas aujourd’hui le scénario de référence. Posée en ces termes, la réponse me semble négative. Au moins un instrument reposant également sur l’incitation financière me semble plus performant : la tarification incitative de la gestion des déchets municipaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1145468595373322241"}"></div></p>
<h2>Faire payer les déchets au poids ou au volume</h2>
<p>Un peu de pédagogie pour décrire ce dont il s’agit. Aujourd’hui, la facture « déchets » des ménages est le plus souvent payée aux municipalités ou aux intercommunalités assurant la gestion par la <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F22730">taxe d’enlèvement des ordures ménagères</a>, un impôt local assis sur la valeur locative des logements à l’image de la taxe d’habitation. Cette taxe n’incite donc pas financièrement le ménage à trier ou à réduire sa production de déchets puisque ces comportements vertueux n’ont aucun effet sur le montant payé.</p>
<p>La tarification incitative consiste, elle, à facturer la collecte des déchets non triés au poids ou au volume, le conteneur des déchets triés restant gratuit. Plusieurs modalités pratiques sont possibles, mais la plus simple est un système dans lequel les habitants payent un forfait pour chaque collecte du conteneur de déchets résiduels. Plus vous sortez votre conteneur et plus son volume sera important, plus vous payez.</p>
<p>Cette solution cumule les avantages. Il ne s’agit pas de créer une nouvelle taxe, mais de modifier le principe de calcul d’une taxe existante. C’est tout sauf révolutionnaire puisque cela correspond à un système classique de tarification du service public : un paiement à proportion du service rendu mesurée ici par un volume de déchets, dans d’autres secteurs, par des mètres cubes d’eau potable consommés ou par un nombre de repas pris à la cantine scolaire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"957858193148928000"}"></div></p>
<h2>Un système qui peine à se généraliser</h2>
<p>La mesure est laissée à la discrétion des municipalités et cinq millions d’habitants sont aujourd’hui couverts par ce système. Une petite minorité des Français donc, mais qui nous informe de ce que l’on peut en attendre : une augmentation de 30 % du tri à domicile (« la poubelle jaune ») et de 12 % d’apport volontaire du verre d’après une <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Th%C3%A9ma%20-%20D%C3%A9chets%20m%C3%A9nagers%20-%20Efficacit%C3%A9%20de%20la%20tarification%20incitative.pdf">étude de 2016</a> du Ministère de la Transition écologique. Le meilleur déchet étant celui que l’on ne produit pas et non celui que l’on recycle, la même étude identifie même une diminution de la production de 10 % de la quantité de déchets produits. On est bien au-delà de ce que l’on attend de la consigne sur les bouteilles plastiques.</p>
<p>Aucune loi n’est nécessaire puisque les outils juridiques sont disponibles. La <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-transition-energetique-croissance-verte">loi sur la Transition écologique et pour la croissance verte</a> de 2015 a fixé des objectifs ambitieux, 25 millions de Français couverts en 2025. Et pourtant, le nombre d’habitants concernés stagne depuis 2013.</p>
<p>Les bémols. L’effet incitatif s’émousse dans l’habitat collectif puisqu’on pèse les poubelles de chaque immeuble et que la facture est ensuite répercutée dans les charges. Mais une généralisation de cette tarification à l’habitat individuel aurait déjà des effets majeurs. L’objectif législatif de 25 millions d’habitants couverts en 2015 a d’ailleurs été choisi dans cet esprit. Elle augmenterait les dépôts sauvages ? Ce n’est pas ce que signalent les communes engagées dans cette voie.</p>
<p>Alors pourquoi tant de pusillanimité de la part de nombreux élus ? Risquons une hypothèse. Ils craignent que cette réforme ne visibilise un coût aujourd’hui noyé dans les impôts locaux. Une réticence compréhensible puisque le développement du recyclage et la mise aux normes des incinérateurs et des décharges alimentent une vigoureuse inflation de la dépense de gestion des déchets depuis plus de vingt ans. Elle a ainsi été <a href="http://www.donnees.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lesessentiels/essentiels/depenses-gestion-dechets.html">multipliée par deux entre 2010 et 2013</a>, derniers chiffres disponibles au niveau national.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/121474/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le laboratoire de Matthieu Glachant a reçu des financements de nombreuses entreprises et d'organisations publiques, notamment l'ADEME et la Chaire Mines Urbaines financée par ESR.</span></em></p>Votée en 2015, la tarification incitative dans la gestion des déchets municipaux peine à se généraliser. Une mesure pourtant plus efficace que la consigne des bouteilles en plastique.Matthieu Glachant, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/973092018-05-30T22:05:49Z2018-05-30T22:05:49ZParcoursup : une nouvelle étape dans le rapprochement entre l’université et le monde du travail ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220717/original/file-20180529-80637-weedch.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C53%2C991%2C538&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un lycéen médiocre ne peut-il devenir un étudiant passionné, une fois arrivé en amphi ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock.com/EQRoy</span></span></figcaption></figure><p>En supprimant le <a href="https://www.franceinter.fr/societe/plan-etudiant-fin-du-tirage-au-sort-un-milliard-d-euros-d-investissement-et-fin-de-la-secu-etudiante">recours au tirage au sort</a> qui avait pu être pratiqué les années précédentes dans les formations les plus demandées, et en s’engageant contre la méconnaissance des débouchés, le nouveau dispositif national d’inscription à l’université, Parcoursup, se veut plus rationnel que l’ancienne plate-forme Admissions Post-Bac. Cela suffit-il pourtant à éliminer l’arbitraire des affectations dans l’enseignement supérieur ? Il semblerait plutôt que cet arbitraire ressurgisse sous une autre forme, mieux admise, car conforme au projet d’une société moderne. Le point à travers trois dimensions saillantes de Parcoursup.</p>
<h2>La volonté de favoriser des choix éclairés</h2>
<p>Parcoursup met en place une série d’outils pour aider les lycéens à réaliser des choix en toute connaissance de cause. Outre <a href="https://www.parcoursup.fr/index.php?desc=calendrier">un calendrier</a>, des fiches sur les contenus des formations et leurs débouchés, les règles du jeu incluent un système « d’attendus » : les savoirs et les compétences jugés nécessaires à la réussite dans le supérieur ont été définis filière par filière, ce qui servira à départager les candidats en cas de manque de places. Cette démarche suit le <a href="https://people.umass.edu/aizen/">postulat de la décision rationnelle</a>. Dans ce modèle, un individu évalue les conséquences de ses choix, ses chances de succès, ainsi que les différentes normes susceptibles de l’influencer avant de se prononcer.</p>
<p>Cependant, malgré ces bases en apparence solides, l’environnement qui entoure la prise de décision reste incertain, comme l’ont établi différentes expérimentations. Les psychologues américains Eldar Shafir et Amos Tversky ont montré que les <a href="https://www.cairn.info/les-limites-de-la-rationalite-tome-1--9782707126757-p-118.htm">étudiants préfèrent reporter une décision tant qu’ils ne connaissent pas l’issue définitive d’une situation, même si celle-ci est prévisible</a>. Ainsi, lorsqu’on leur demande s’ils prévoient de partir en vacances après leurs examens, la quasi-totalité d’entre eux répond par l’affirmative, soit pour se récompenser d’avoir réussi, soit pour reprendre des forces avant le rattrapage. Mais, si on leur propose dans la foulée de mettre une option, pour quelques dollars, sur un voyage à Hawaï – qui leur assurerait ensuite une remise très avantageuse – la très grande majorité refuse, préférant attendre le résultat des examens. Nous avons observé le <a href="https://journals.openedition.org/pmp/1373">même type de mécanismes chez les sous-officiers de l’armée de l’air</a> confrontés à la mobilité annuelle.</p>
<p>Un individu sommé de prendre une décision qui engage son avenir, avant même d’avoir passé son baccalauréat, sera donc placé dans une situation délicate. De plus, comme avec n’importe quelle plate-forme de recrutement, tout lycéen sait très bien que l’issue de sa candidature sur Parcoursup dépend des choix de ses camarades. Survient alors le phénomène de la pensée magique, du même ordre que celui qui nous interdit de nous abstenir de voter de <a href="https://www.editions-ellipses.fr/product_info.php?products_id=1881">peur que tout le monde fasse de même</a> : croire que notre comportement aurait le pouvoir d’influencer celui des autres. Chacun tente de spéculer sur ce que les autres candidats sont en train de penser et de faire. Par nature, Parcoursup demeurera donc opaque pour les utilisateurs, puisque le niveau des attendus dépendra des demandes reçues.</p>
<h2>La gestion des compétences comme modèle</h2>
<p>Pour éviter le tirage au sort, Parcoursup repose sur un double système de classifications : d’une part, les attendus exigés pour une place disponible ; d’autre part, des attendus détenus par des candidats. En droit par exemple, le <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid124272/publication-des-attendus-des-formations-sur-parcoursup.html">cadrage national défini le 12 décembre dernier</a> exige que les candidats à ce parcours d’études affichent autant une grande capacité d’expression écrite qu’une aptitude confirmée à la logique. Autre exemple : pour intégrer une licence en histoire, les candidats devront manifester un profil « apte à la démarche scientifique ». Les <a href="https://www.parcoursup.net/les-attendus-de-parcoursup-details-et-fonctionnement/">attendus</a> sont définis comme des « capacités » et « aptitudes » « manifestées » et « confirmées ».</p>
<p>Or, comment déterminer de manière fiable les attendus correspondant à une formation donnée ? Les directeurs de diplômes sont-ils les mieux placés pour en juger ? Ces derniers ne risquent-ils pas simplement de placer le curseur sur les seules données quantitatives dont ils disposent ? Et les notes obtenues au lycée sont-elles alors des mesures objectives des attendus ? Ne faudrait-il pas voir plutôt l’étudiant en situation ? Un lycéen médiocre ne peut-il pas se révéler passionné par les cas de droit qu’il aura à traiter ; un autre se découvrir une passion pour les sciences une fois arrivé en amphithéâtre ? Enfin, faut-il éliminer toute forme d’échec à l’université ? L’échec n’est-il pas parfois moteur dans la construction d’une personne ?</p>
<p>Avec les attendus, Parcoursup met donc en place un système de gestion par les compétences, qui fait déjà l’objet de <a href="https://www.cairn.info/faut-il-bruler-la-gestion-des-competences--9782804151997.htm">critiques scientifiques sérieuses</a> dans le champ des ressources humaines. Comme les compétences, ces « attendus » posent deux problèmes principaux :</p>
<ul>
<li><p>ils dépendent des conditions dans lesquels ils sont évalués</p></li>
<li><p>en excluant des candidats sur la seule base d’attendus confirmés au cours du lycée, on écarte, sans le savoir, d’excellents étudiants potentiels.</p></li>
</ul>
<p>En imposant cette sélection supplémentaire (en plus du baccalauréat), on élimine de fait de la diversité au sein des formations supérieures.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220718/original/file-20180529-80626-s2rsvq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Avec Parcoursup, les lycéens sont invités à réfléchir en termes de CV et de compétences</span></span>
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<h2>L’idéal d’un management scientifique des parcours</h2>
<p>Parcoursup marque une nouvelle étape vers un CV qui se construirait de manière automatique, au gré des formations et des organisations fréquentées. Il suffit d’incrémenter ce CV avec les expériences professionnelles qui sont déjà informatisées, dans les filières en apprentissage par exemple, voire même de les compléter avec des catégories extraites de l’activité des jeunes sur les réseaux sociaux. En bout de ligne, dans cet idéal d’un <a href="https://www.itespresso.fr/gestion-rh-infor-adopte-lapproche-profiling-scientifique-de-peopleanswers-71700.html?inf_by=5b0d1e94671db859378b46b7">management scientifique des parcours</a>, pour un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09585192.2016.1244699?journalCode=rijh20&">pilotage performant</a>, un jeune n’aurait ensuite plus qu’à cocher parmi des propositions personnalisées, en fonction des critères définis par les universités ou les entreprises. Chacun aurait accès à une vue subjective, définie par le système, des différentes voies possibles pour lui.</p>
<p>Cependant, le CV, censé résumer les compétences et le profil, ne restitue pas la complexité d’une personnalité. En cela, Parcoursup rejoint une limite classique de tout projet de classification du réel. En biologie, la difficulté et l’enjeu de cet exercice sont discutés au sein d’une sous-discipline, la systématique : classer les êtres vivants reflète toujours un projet, une intention. Plus récentes, les sciences sociales remettent difficilement en cause les catégories qu’elles utilisent. Par exemple, le sexe est une catégorie standard, mais les recherches sur la performativité du langage, c’est-à-dire sa capacité à produire les réalités sociales autant qu’à les décrire, avec la notion de <a href="https://lejournal.cnrs.fr/dossiers/precieuses-etudes-de-genre">genre</a>, indiquent l’ambivalence et la complexité de cette simple caractéristique. D’après les travaux publiés en <a href="https://www.routledge.com/Liquid-Organization-Zygmunt-Bauman-and-Organization-Theory/Kociatkiewicz-Kostera/p/book/9780415706629">2014</a> par les spécialistes de théorie des organisations Michel Fortier & Marie-Noëlle Albert, au lieu de clarifier le réel, cette méthode de gestion produit des jugements professionnels arbitraires à partir de caractéristiques très partielles des <a href="http://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/2158244015604347">personnes humaines</a> considérées.</p>
<p>À cela s’ajoutent les effets propres à l’informatisation. Parcoursup organise de fait un marché où se rencontrent une demande (des attendus exigés par les universités) et une offre (des attendus détenus par les candidats). D’après les travaux publiés dans le même <a href="https://www.routledge.com/Liquid-Organization-Zygmunt-Bauman-and-Organization-Theory/Kociatkiewicz-Kostera/p/book/9780415706629">ouvrage</a> par Peter Pelzer, les procédures informatisées recréent une forme de hasard impersonnel dans lequel le sort des individus serait aux mains non seulement de « forces contrôlant les transactions » mais aussi d’un « être supérieur », doué de volonté, punissant ceux qui ne répondent pas à ses attentes.</p>
<p>Avec les attendus, de nouvelles pratiques sociales régissant le passage du lycée vers les universités se stabiliseront. D’un côté, les universités seront moins vulnérables aux variations démographiques, puisqu’elles auront la main sur les critères d’entrée. De l’autre, elles seront plus exposées aux fluctuations de leur <a href="https://hal.inria.fr/hal-01329179">attractivité</a> relative. Concernant les individus, ceux qui rencontrent le succès escompté durant leurs années de lycée sont susceptibles de se sentir davantage maîtres de leur destinée ; et les autres de trouver les critères légitimes.</p>
<p>Mais tous seront exposés à une incertitude nouvelle : les variations conjointes des souhaits exprimés dans la plate-forme et des critères définis par les universités en réponse. Que les souhaits soient satisfaits ou non à l’issue de la procédure Parcoursup importe peu : l’effet « épée de Damoclès » <a href="https://journals.openedition.org/pmp/1373">observé avec des outils de GRH comparables</a> est susceptible de générer des inquiétudes, des incompréhensions voire de la souffrance, pour les lycéens comme pour les personnes qui les accompagnent. Que l’on soit accepté ou refusé par un tirage au sort ou que l’on ait accès à l’enseignement supérieur par un système qui ajoute à d’autres formes d’aléas une dimension morale, on peut ressentir la même incertitude, voire de l’<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00667333">hypocrisie organisationnelle</a>.</p>
<h2>Vers un nouveau modèle de gestion des ressources humaines</h2>
<p>On peut prédire un certain succès à Parcoursup. Il est probable qu’il s’avère efficace pour installer durablement de nouvelles pratiques car il répond globalement à l’idéal d’une gestion moderne : il correspond aux outils que la majorité d’entre nous connaissons dans nos univers professionnels, et bénéficie donc d’une forte acceptabilité sociale.</p>
<p>En effet, il poursuit l’intégration des universités au marché du travail. <a href="http://www.leseditionsdeminuit.com/livre-La_Condition_postmoderne-2180-1-1-0-1.html">Comme l’écrivait le philosophe Jean‑François Lyotard à propos de la science</a>, l’université est devenue progressivement un lieu performatif : elle est désormais non plus évaluée sur sa capacité à produire et transmettre des connaissances « vraies » mais sur son efficacité à garantir un avenir aux étudiants dans les différents compartiments du marché du travail.</p>
<p>Dans une économie moderne, ce glissement est compréhensible : <a href="http://www.leconomiste.eu/images/PicsHOMEMADE/Circuit%20conomique.png">lieu où se produit la valeur qui sera ensuite redistribuée sous forme de salaires, de dividendes, d’impôts divers et d’intérêts, l’entreprise est de fait au centre la société</a>. Puisque ses financements en dépendent, l’université doit également concourir à son développement, ce que Parcoursup matérialise très bien en donnant à voir non pas des domaines de connaissance mais désormais des parcours professionnels.</p>
<p>Ensuite, Parcoursup franchit une nouvelle étape vers un idéal de gestion moderne des ressources humaines, fondé sur la rationalité bureaucratique wébérienne impersonnelle. Il engendrera en contrepartie de nouvelles déconvenues. À l’échelle individuelle, des personnes pourraient souffrir parce que leur projet aura été « objectivement » refusé. À l’échelle collective, il pourrait générer des difficultés pour les personnes en charge d’accompagner les jeunes, acteurs et témoins plus ou moins en empathie. Comme tous les <a href="https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/amr.1993.9309035149">outils de gestion</a>, Parcoursup pourrait aussi être vécu comme un nouvel outil de domination et d’assujettissement à la gestion des ressources humaines moderne. À d’autres, cette évolution apparaîtra au contraire comme salutaire, utile et efficace.</p>
<p>Après des décennies de développement de la gestion des ressources humaines moderne, on peut aisément décrypter les limites du nouveau système Parcoursup, et notamment le nouvel arbitraire qu’il va engendrer. Mais il n’est pas possible de prédire si les difficultés seront objectivement plus nombreuses ou plus profondes qu’avec les systèmes précédents. Chacun se fera une opinion en fonction de ses valeurs et préférences quant à la manière d’organiser le parcours des jeunes au sein de notre société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97309/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Etienne Maclouf ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comme APB, Parcoursup a ses avantages et ses inconvénients, mais traduit une évolution de société, en invitant les étudiants à raisonner en termes de compétences et d’objectif professionnel.Etienne Maclouf, Enseignant-chercheur en sciences de gestion, Paris 2 Panthéon-Assas (LARGEPA), Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/952002018-04-19T21:06:50Z2018-04-19T21:06:50ZSélection à l’université : sortir de l’hypocrisie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/215360/original/file-20180418-163971-19tsmu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C34%2C3864%2C2240&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ouverte à tous ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/franckmichel/3937869711/in/photolist-6ZYBtn-hFnxPS-79Qavz-YTYnA3-98yWBV-4p9Fot-LFgkG-98z43a-LFgkj-7PLVTF-asRYzG-eGu51q-mwk6Kp-hFnYtk-39Srtn-Bhq3aR-bHbecn-6vZJCH-buhFcL-dvszJq-4behXm-9xbPFe-ek7EX7-dB7tY8-ntuASw-bkA5zQ-ntmJ94-dCbkEQ-9vfsxG-bui8Z3-7VYYzF-bHegfM-buhu2d-buhcvE-bHbmLe-9vcswp-bugFfE-bHeeyD-9vcrRn-pK3BBB-6WjYrm-bujxxd-eeAVv9-buinxW-BS5HBW-bHdesH-buhQ15-bHbHjB-dmEEAe-24etk8y">Franck Michel/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le refus de <a href="https://bit.ly/2vqf82A">toute sélection</a> est au cœur du mouvement de contestation de la loi ORE (loi Vidal), qui a conduit au « blocage » de plusieurs universités. Pour les <a href="https://bit.ly/2qIgHDo">étudiants « bloqueurs »</a>, la cause est entendue : la <a href="https://bit.ly/2H7niOL">sélection à l’entrée de l’université</a> est, par nature, antidémocratique.</p>
<p>Cette façon de voir les choses résiste-t-elle à un examen dépassionné et non-partisan de ce qui fait problème en la matière ? Elle souffre, selon nous, d’une triple faiblesse : diaboliser une pratique qui ne mérite pas cette indignité ; abandonner au mal que l’on prétend combattre une bonne moitié des étudiants ; reposer sur une conception inadéquate, car incomplète, du droit à l’éducation.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/215357/original/file-20180418-164001-1qjutdf.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Site Facebook NonSelectionLorraine.</span>
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<h2>Vade retro, Satana : une diabolisation contradictoire</h2>
<p><a href="https://lemde.fr/2H8YiXt">La sélection</a> tiendrait-elle de la peste, ou du cancer ? Est-elle, pire encore, de l’ordre du Mal ? On pourrait le penser, à voir la façon dont elle est condamnée a priori, comme si l’on était effrayé par la seule évocation de son nom.</p>
<p>On lui confère alors un statut semblable à celui de la peste, ce mal que, selon La Fontaine, l’on se résout difficilement à « appeler par son nom » : « Un mal qui répand la terreur,/Mal que le ciel en sa fureur/Inventa pour punir les crimes de la terre ». Ou encore à celui du cancer : « Ce mal mystérieux dont on cache le nom », comme l’a chanté Brassens.</p>
<p>Il faut observer que la peur a gagné aussi le camp de ceux qui estiment raisonnable de faire une (petite) place à la sélection dans l’accès à l’université. Car, comme le dirait encore Brassens, si la chose ne les gêne pas, le mot doit leur répugner, puisqu’ils se feraient tuer sur place plutôt que de reconnaître que l’orientation « active » ou « personnalisée », et a fortiori « prescriptive » (<a href="https://lemde.fr/2wV20l0">Beaud et coll., <em>Le Monde</em> 2017</a>) va bien de pair, sauf à faire le postulat d’une harmonie préétablie, avec une sélection intervenant à des moments « charnières » du cursus.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/215356/original/file-20180418-163995-gh1bfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://paris-luttes.info/reunion-d-information-debat-le-25-9415">Paris luttes Info</a></span>
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<p>C’est alors le terme de « filtrage », ou de tri, qui peut faire peur. Les « insoumis » dénoncent un « tri sélectif ». On trie des ordures ménagères. Mais des migrants ? Ou des étudiants ? Peut-on les traiter comme des choses ? Il faut regarder la réalité en face : il y a dans toute évaluation certificative une prise de décision.</p>
<p>On valide, ou non, une année, un cycle de travail. On accorde, ou non, un diplôme. On sépare ainsi le public des candidats en deux catégories, en discriminant (distinguant), les reçus, et les « collés ». Quand le fait d’être reçu confère un droit à bénéficier d’un parcours ou d’une formation définis, cela s’appelle « sélection ».</p>
<p>De ce point de vue, comme le faisait observer un précédent secrétaire d’État à l’enseignement supérieur, la sélection « existe déjà : c’est le bac ». « Pas besoin d’en rajouter », ajoutait-il ! La diabolisation de toute sélection supplémentaire repose donc en fait sur la reconnaissance et l’acceptation de la fonction sélective du bac. La diabolisation de celle-là va de pair avec la sanctification de celle-ci. De quoi perdre son latin…</p>
<h2>Cachez cette sélection que je ne saurais voir là-haut, pour que je puisse mieux l’interdire ici…</h2>
<p>Ce que refusent les étudiants « bloqueurs », c’est donc toute sélection qui viendrait s’ajouter à la sélection initiale opérée par le bac. On fait alors comme si cette sélection initiale était judicieuse et pertinente, en faisant l’économie d’un examen critique de cette pertinence. On accorde sans discussion que « le » bac (tout bac, quel qu’il soit), sélectionne de façon judicieuse les étudiants dignes de poursuivre des études supérieures, quelles qu’elles soient.</p>
<p>On accepte alors une double fiction. Celle de l’existence d’« un » bac, alors qu’à l’évidence il y a une pluralité de bacs différents, qui, ne sanctionnant pas les mêmes compétences, ne préparent pas de façon égale à l’ensemble des futurs parcours ultérieurs possibles. Et celle du lycéen devenu prêt (préparé) à tout grâce à son bac, alors que le simple bon sens devrait faire reconnaître qu’une « orientation sélective » s’est déjà exercée tout au long des études, au collège, puis surtout au lycée, où l’on a suivi des « formations » spécifiques depuis la classe de seconde !</p>
<p>Et surtout, comment ne pas voir que le refus de toute « sélection » qui aurait simplement pour fonction de prendre en compte les caractéristiques des parcours individuels, et de leurs effets en termes de construction différenciée de compétences, s’accompagne d’une cécité, signifiant acceptation, pour la sélection qui opère massivement dans une bonne moitié du système d’enseignement supérieur ?</p>
<p>Comment être aveugle au fait que le système d’enseignement supérieur est à deux vitesses.</p>
<p>D’un côté, des universités ouvertes à tous, où l’on refuse par principe toute sélection, qui permettrait de tenir compte de la réalité des compétences construites, lesquelles peuvent correspondre (ou non) à des prérequis exigés pour la réussite dans tel ou tel parcours.</p>
<p>De l’autre, des grandes écoles, des écoles de commerce, des facultés de médecine, voire des IUT ou des classes de BTS, dans un espace ultrasélectif où, pour l’essentiel, s’opère la reproduction des élites.</p>
<p>Système totalement déséquilibré, où le refus de la sélection, d’un côté, est comme le gage de l’acceptation de l’hypersélection reproductrice, de l’autre. Quand on pense que certains prétendent travailler ainsi à la démocratisation de l’enseignement, n’y a-t-il pas de quoi pleurer ?</p>
<h2>Mais qui a vraiment droit à quoi ?</h2>
<p>Les adversaires de la sélection (qui veulent l’interdire à l’université, mais pas dans les sites de reproduction des élites !) font valoir le droit de tout français bachelier à des études longues. N’ont-ils pas raison ? Au nom de quoi interdire à certains de s’engager dans de telles études ?</p>
<p>Mais tout bachelier a-t-il le droit de s’engager dans des études de son choix, quand bien même son parcours précèdent donnerait toutes les raisons de craindre un échec éminemment prévisible ? Après tout, pourquoi pas.</p>
<p>Comme le disait Descartes, dans une lettre à Mersenne du 27 mai 1641</p>
<blockquote>
<p>« il nous est toujours libre de nous empêcher de poursuivre un bien qui nous est clairement connu, ou d’admettre une vérité évidente, pourvu seulement que nous pensions que c’est un bien de témoigner par là la liberté de notre franc arbitre. »</p>
</blockquote>
<p>Toutefois, et déférence gardée envers Descartes, nous pensons que ce que l’on est en droit d’exiger de l’État républicain en matière d’études correspond non pas à un seul, mais à deux droits :</p>
<ul>
<li><p><strong>Droit à l’éducation :</strong> c’est le droit de bénéficier, du moins jusqu’à la fin de la période de scolarité obligatoire, de pratiques, en particulier d’enseignement, qui permettent de développer les potentialités offertes par les « universaux anthropologiques », propres à tous les êtres humains : pouvoirs d’apprendre, de comprendre, d’agir, de parler, de grandir dans une communauté, d’adopter des conventions sociales, etc. (<a href="https://bit.ly/2qHZgTH">Hadji, 1992, p. 77</a>)</p></li>
<li><p><strong>Droit à la formation :</strong> c’est le droit de construire un bagage minimal de connaissances et de compétences pouvant donner accès au monde du travail. C’est le droit d’acquérir une ou des qualifications, nécessaires à l’exercice d’un métier.</p></li>
</ul>
<p>Plutôt que de militer pour le droit qu’aurait n’importe quel bachelier à entrer n’importe où dans n’importe quel cursus universitaire sans que l’on tienne compte de ses acquis antérieurs, ne serait-il pas beaucoup plus utile et intelligent d’exiger le respect du droit à la formation, que des études techniques, ou suivant la voie de l’apprentissage, ou de l’alternance, peuvent aussi bien, sinon mieux, satisfaire ? Ne faudrait-il pas aussi dépasser le paradoxe de l’existence de filières sélectives d’enseignement supérieur court (IUT, BTS), venant concurrencer des filières longues, et totalement non sélectives ?</p>
<p>N’est-ce pas dans <strong>le combat pour la qualification</strong>, plutôt que dans celui pour le blocage et la paralysie des institutions d’enseignement universitaire, que chacun pourra exprimer le mieux son courage et sa lucidité ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/95200/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charles Hadji ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>N’est-ce pas dans le combat pour la qualification, plutôt que dans celui pour le blocage des universités, que chacun pourra exprimer le mieux son courage et sa lucidité ?Charles Hadji, Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/949282018-04-15T19:56:40Z2018-04-15T19:56:40ZParcoursup : la pérennisation des inégalités sociales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/214695/original/file-20180413-560-3o1lqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C5%2C3749%2C2123&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comment y entrer ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/franckmichel/3937871601/in/photolist-6ZYC2X-bHbvzB-mvKZ28-nUwG1u-omxwF4-gFyRXJ-LFgmq-obX8AC-98zENc-6WfY4i-dC5K8T-bugPB7-buk9e7-4p9J9x-bHejGk-gTyAFX-o9Z69q-dpGR5-7PLVia-7PLVrX-7PQ9mL-a2EB1b-4txbH7-bui7Kw-d81DhQ-LFqAH-bujkxG-odNhJV-bHeuU6-7PQ8i1-buj2a3-rxzjhU-odNont-bHdruH-98yK3B-aeSzQC-8TtKR3-7PLV5T-6WfY9t-d81y4Y-buhBDJ-7PLVaD-39SjwM-bHcrN4-bujnjQ-diGepV-39RFoM-LFgjS-kdfMqH-bHdWn8">Franck Michel/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>On peut déplorer les situations de blocage que connaissent aujourd’hui quelques universités françaises. Certains n’y voient que le résultat de l’action de minorités d’étudiants, téléguidés par telle ou telle formation politique ou syndicale. Mais à l’évidence aujourd’hui, les étudiants ne sont plus seuls à exprimer leur opposition à la procédure induite par la <a href="https://www.parcoursup.fr/">plateforme Parcoursup</a>. Parmi la communauté des enseignants chercheurs, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer ce qui se cache derrière la démarche que la loi ORE prétend leur imposer.</p>
<p>L’argument avancé par ces universitaires, encore minoritaires, tient en deux points. De leur point de vue, la plateforme Parcoursup et les procédures qu’elle impose aboutissent de fait à une sélection à l’entrée de l’Université. Par ailleurs, la mise en œuvre du dispositif suppose une surcharge de travail considérable qui vient s’ajouter aux nombreuses tâches administratives qui s’amoncellent dans la fonction d’enseignant chercheur au sein de l’université française.</p>
<p>Mais il est un argument qui, quoique parfois évoqué, n’a pas encore été suffisamment développé par ces opposants. En l’état, compte tenu du manque de moyens de nombreuses universités, la mise en œuvre de la procédure Parcoursup aboutira purement et simplement à la pérennisation des inégalités sociales qui minent notre système éducatif. En voici la démonstration.</p>
<h2>L’impossibilité de mise en œuvre du « Oui si… »</h2>
<p>La loi <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/15/projets/pl0391.asp">ORE</a> prévoit qu’après examen des candidatures, chaque bachelier pourra se voir renvoyé trois réponses possibles : une admission sans condition dans la filière de son choix, une admission moyennant l’inscription dans un parcours destiné à combler certaines de ses lacunes (le fameux « oui si… »), et enfin une inscription en liste d’attente.</p>
<p>Il faut en convenir, sur le papier, ces dispositions sont séduisantes dans la mesure où elles laissent penser que les bacheliers présentant des performances scolaires moyennes se verront proposé un parcours d’accompagnement destiné à les hisser à un niveau suffisant pour envisager leur réussite en licence. Mais qu’en est-il dans les faits ?</p>
<p>Beaucoup d’universités, dont celle dont je fais partie, ont annoncé à leurs enseignants chercheurs que la réponse « oui si… » serait purement et simplement éliminée des réponses possibles dans la mesure où ces universités estimaient ne pas avoir les moyens (humains, financiers, logistiques) de mettre en œuvre les parcours qu’elle induisait. En d’autres termes, dans beaucoup d’universités, notamment celles de lettres et sciences humaines, il n’y aura pas de réponse « oui si… » et pas de dispositif d’accompagnement des bacheliers les plus faibles.</p>
<h2>Le classement par les notes</h2>
<p>La loi ORE prévoit que les dossiers des candidats à l’entrée en université seront classés à partir de trois familles de critères : leurs notes dans l’enseignement secondaire (notamment les notes obtenues en classe de terminale), les évaluations de leur professeur principal et chef d’établissement, leur lettre de motivation. Avec de savants systèmes de pondération, ces trois types de critères devraient être transformés en notes permettant de classer toutes les candidatures pour une filière donnée, dans une université donnée.</p>
<p>Là encore, tout cela paraît fort séduisant, mais cette procédure sera-t-elle respectée ? Peut-on vraiment croire que les commissions d’évaluation des vœux ayant à traiter plusieurs milliers de dossiers auront la possibilité de lire et d’évaluer correctement les milliers de lettres de motivation correspondant à ces dossiers ? Et quand bien même le feraient-elles, quel serait l’intérêt de ces évaluations lorsqu’on songe que ces lettres de motivation pourront avoir été écrites par des parents, des amis, voire des officines spécialisées ?</p>
<p>Il en résulte que les commissions d’évaluation des vœux s’appuieront le plus probablement sur des classements automatisés que la plateforme Parcoursup nomme pudiquement des systèmes « d’aide à la décision » et qui ne prendront finalement en compte que les notes obtenues dans le secondaire. Or que sait-on des déterminants des performances de nos lycéens ?</p>
<h2>Le poids des origines sociales dans les performances scolaires</h2>
<p>Le rôle déterminant des origines sociales dans les performances scolaires est connu depuis les années 60 (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Reproduction">Bourdieu et Passeron, 1964</a>). Depuis cette époque, nous savons que le milieu social dont est issu un élève impacte fortement ses performances dans notre le système éducatif. Bien qu’il date à présent de plus de cinquante ans, ce constat n’a jamais été démenti (c-à-d., <a href="http://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1982_num_59_1_2266">Forquin, 1982</a> ; <a href="https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2009-5-page-74.html">Broccolichi, 2009</a> ; <a href="http://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_2013_num_459_1_10011">Cayouette-Remblière et De Saint Pol, 2013</a>) et l’on peut même affirmer qu’il s’aggrave puisqu’il est à peu près clairement établi aujourd’hui que notre système éducatif, non content de pérenniser les inégalités sociales, tend à les renforcer (<a href="http://www.cnesco.fr/fr/inegalites-sociales-et-migratoires-comment-lecole-les-amplifie/">CNESCO, 2016</a>).</p>
<p>Une des conséquences de ce phénomène est, par exemple, que les bacheliers des bacs généraux n’ayant aucun parent titulaire du bac ont moins de chances d’obtenir une mention que ceux ayant un parent titulaire de ce diplôme (<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1372412?sommaire=1372421">Caille et Lemaire, 2009</a>). Ainsi, il y a tout lieu de penser que, sur un plan statistique, les notes des bacheliers ayant déposé leur dossier sur la plateforme Parcoursup sont étroitement liées à leur origine sociale.</p>
<h2>Promotion sociale et détection des élites</h2>
<p>Des arguments qui précèdent, on peut à présent comprendre que compte tenu des modalités de sa mise en œuvre dans nombre d’universités, la procédure Parcoursup risque d’aboutir à une sélection sociale pure et simple. Ce sont en effet les performances scolaires qui constitueront le critère essentiel de recrutement de nos futurs étudiants et toutes les études convergent pour nous indiquer que ces performances sont liées au milieu social d’origine.</p>
<p>Ainsi, les bacheliers issus des milieux les plus modestes risquent de se retrouver en fin de classement en raison de leurs moindres performances en classe de terminale. Et en l’absence de dispositif « oui si… », faute de moyens, ils se verront finalement refusé l’accès aux études supérieures.</p>
<p>D’aucuns objecteront que de toute façon, ces bacheliers n’auraient pas réussi à l’université. On leur répondra d’abord que tout dépend de ce que l’on place sous le terme de réussite et que la fréquentation du monde universitaire offre à beaucoup de nos jeunes des opportunités d’ouverture d’esprit et de développement de leur sens critique. N’en déplaise à certains, l’université est un formidable outil de promotion sociale.</p>
<p>On leur rétorquera ensuite que jusqu’alors, l’université était la seule chance de poursuite d’études offerte à tous, permettant à certains de se révéler, indépendamment de leurs médiocres performances dans l’enseignement secondaire. Compte tenu des modalités actuelles de mise en œuvre de la loi ORE, cette chance disparaît et les bacheliers les plus fragiles, ceux ayant obtenu des notes justes supérieures à la moyenne seront définitivement exclus. Est-ce bien cela que nous souhaitons ?</p>
<p>On ajoutera enfin que dans le contexte actuel, notre pays n’a peut-être pas intérêt à restreindre comme il le fait aujourd’hui les espaces de détection de ses élites. L’entre-soi et l’endogamie ne sont pas les signes de la bonne santé d’une société. Mais nous savons que ces arguments risquent de n’être pas entendus par ceux qui nous gouvernent. Peut-être y seront-ils davantage attentifs lorsque les premiers résultats de la procédure Parcoursup seront rendus publics. Il se pourrait alors que les bacheliers exclus et leurs parents fassent entendre leur voix.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94928/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Moliner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Faute de moyens, les bacheliers issus des milieux les plus modestes risquent de se retrouver en fin de classement et finalement de se voir refuser l’accès aux études supérieures.Pascal Moliner, Professeur de psychologie sociale, Université Paul Valéry – Montpellier IIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/946782018-04-13T04:25:42Z2018-04-13T04:25:42ZAccès à l’université : les points litigieux… ne sont pas dans la loi !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/214467/original/file-20180412-540-1fxwqn8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C494%2C2544%2C1417&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une AG à Paris 1 Tolbiac… en mai 2007.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/35349231@N00/491769021/in/photolist-KsrNe-4NEwft-Ww2Prp-bZDfGq-4NEvXR-Ksmrm-4NJJt1-4NJJMf-4NJGh5-4NEr22-7DbvdA-6RH4yT-4NJGBA-4NJHgm-4NJJaJ-7Ke4c-aYFEDz-gEgYbT-ahmFpX-4Vcc9h-4V7XDH-4V7XVn-4V7XyP-4V7XPr-9AqdKg-4VccjN-4Vcd6C-4VccW5-4V7Yik-4Vcdhu-4Vcd2C-94xG3P-haeZ1v-5Gqi1X-4V7YdP-uqgcG-94ANbd-9Gqgbh-BfXfP-6dzDY7-6Rza8y-4Vcd9A-4V7YbR-C9eUY-aWGA3H-4cN3Ur-dSdDED-4Vcc4Y-bshRkV-jfstHu">David Monniaux/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Dans une <a href="http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/03/nouvelle-journee-de-mobilisation-etudiante-a-l-occasion-de-la-greve-a-la-sncf_5280012_3224.html">dizaine d’universités</a>, des blocages sont venus pénaliser le fonctionnement du service public pour protester contre la réforme de l’admission à l’université. Mais très vite, les revendications se sont éloignées du leur cause initiale pour dénoncer pêle-mêle les atteintes au <a href="http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/03/nouvelle-journee-de-mobilisation-etudiante-a-l-occasion-de-la-greve-a-la-sncf_5280012_3224.html">statut de cheminot</a>, la situation du <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/article/intervention-des-forces-de-l-ordre-a-nanterre-le-president-de-l-universite-s-explique_fedfbcd0-3c90-11e8-97f1-d49a00654525/">peuple kurde</a>, l’expulsion des zadistes de Notre Dame des Landes… ou même réclamer l’<a href="http://etudiant.lefigaro.fr/article/plus-d-un-millier-de-personnes-manifestent-a-paris-contre-la-reforme-de-l-universite_70b59c52-3cc9-11e8-bbee-4fbbaa28a7bb/">abolition du capitalisme</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/BHaV3Hm5g2A?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Tirage au sort vs sélection</h2>
<p>La question de l’entrée dans l’enseignement supérieur ne date pourtant pas d’aujourd’hui, déjà en 2016, dans une tribune publiée dans <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/06/12/tirage-au-sort-a-l-universite-une-vaste-hypocrisie-antirepublicaine_4948625_3232.html#UzR6XTGVub2kTW0U.99"><em>Le Monde</em></a>, Jean‑Loup Salzmann, à la tête de la Conférence des présidents d’université (CPU) et Gilles Roussel, président de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, réclamaient une meilleure orientation des bacheliers :</p>
<blockquote>
<p>« Il est irresponsable de laisser croire à un lycéen qu’il peut s’inscrire dans la filière de son choix sans aucun prérequis et sans se soucier de son insertion professionnelle à terme ! Qui peut croire qu’un jeune peut réussir en langues sans avoir un bagage conséquent acquis durant ses années de lycée ? »</p>
</blockquote>
<p>Les filières en tensions sont généralement sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), psychologie, médecine et droit. Pour l’UNEF, les filières en tension ne nécessitent pas une meilleure orientation, mais la <a href="https://blogs.mediapart.fr/unef-le-syndicat-etudiant/blog/170717/il-est-urgent-d-ouvrir-reellement-les-portes-de-l-enseignement-superieur">création de places supplémentaires</a>.</p>
<p>Pour éviter la sélection par dossier des futurs étudiants, le gouvernement entérine le <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/04/27/universite-le-gouvernement-enterine-le-tirage-au-sort_5118535_4401467.html">tirage au sort</a> en 2017. Cette mesure est censée être temporaire, en attendant la création davantage de place dans les universités. En effet, le ministère de l’époque considérait que seule l’obtention du baccalauréat doit déterminer l’accès à l’université.</p>
<p>Au contraire, pour le syndicat des étudiants de droite (UNI), il est urgent de mettre en place une sélection à l’instar des classes préparatoires, des grandes écoles, des Instituts Universitaires de Technologie (IUT), des classes de BTS ou encore des Centres de Formation et d’Apprentissage. <a href="http://blogs.lexpress.fr/attali/2017/07/17/nul-ne-peut-accepter-quon-tire-sa-vie-au-sort/">Nul ne peut accepter qu’on tire son futur au sort</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/SGjYC86g-OQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Si un tel système sélectif était instauré, que deviendraient les étudiants refusés ? Ils devraient être réorienté vers d’autres filières pas forcement plus « professionnalisantes ». En continuant d’accepter tous les bacheliers, l’université assume sa singularité, assure sa mission de service public et constitue le fondement du <a href="https://www.moncompteactivite.gouv.fr/cpa-public/mes-droits-formation">droit à la formation</a>.</p>
<p>C’est pourquoi, lors de l’écriture de la loi, le sénateur Jacques Grosperrin (LR) a proposé un <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/article/et-si-les-places-en-fac-etaient-fixees-en-fonction-des-debouches-_0e50edb6-0b67-11e8-8e45-f934993d24f8/">amendement</a>, afin de définir les capacités d’accueil en licence en fonction des taux de réussite et de l’insertion professionnelle.</p>
<blockquote>
<p>« Les places doivent être ouvertes au regard des débouchés, et non pas en fonction des vœux des étudiants, martèle le sénateur. Il faut sortir de l’hypocrisie de ces formations en tension qui mènent à une impasse professionnelle. »</p>
</blockquote>
<p>La réflexion sur une sélection en fonction des débouchés mérite d’être posée, mais l’intérêt professionnel d’une formation ne se résume pas à un secteur professionnel, par l’exemple les effectifs des <a href="https://theconversation.com/reconnaitre-aux-diplomes-de-droit-un-veritable-statut-de-juriste-86525">métiers du droit</a> sont assez faibles (entre 110 000 et 130 000 postes), en revanche les compétences d’une formation juridique sont appréciées par les recruteurs.</p>
<h2>La tentative d’une troisième voie</h2>
<p>De fait, l’ambition de la loi ORE n’est ni de sélectionner ni de tirer au sort, mais de mieux orienter les futurs étudiants, pour éviter que des bacheliers soient de nouveau laissés sur le carreau. Pour cela, elle offre aux universités la possibilité de définir des « attendus », sorte de recommandations sur le profil à avoir pour être admis dans telle filière, tout en laissant la possibilité aux étudiants motivés de s’inscrire malgré tout à condition de suivre un « accompagnement pédagogique ».</p>
<p><strong>Le cadre de la loi</strong></p>
<p>La <a href="http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/info/parcoursup-les-attendus-prerequis-pour-vos-inscriptions-dans-le-superieur.html">définitions des attendus</a> a d’abord été le résultat d’un « cadrage national », ce dernier a été « construit avec les acteurs de l’enseignement supérieur », mais ne constitue qu’une base de travail transmise aux universités. Ces dernières sont ensuite libres de décliner leurs propres attendus « pour exprimer au mieux les exigences et les spécificités de leurs formations ».</p>
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<div><a href="http://www.youscribe.com :80/catalogue/documents/education/etudes-superieures/les-attendus-en-licence-ministere-decembre-2017-2909291" title="Les attendus en licence -- Ministère -- Décembre 2017" target="_blank">Les attendus en licence – Ministère – Décembre 2017</a> publié par <a href="http://www.youscribe.com :80/leparisienetudiant/" target="_blank">LeParisienEtudiant</a></div>
<p>Si la loi ne détaille pas de mesures précises sur la question des prérequis et de l’accompagnement pédagogique, c’est qu’elle laisse la liberté aux universités de s’organiser elles-mêmes et de s’adapter à la diversité des situations. Trois situations se présentent :</p>
<ul>
<li><p>Les filières sélectives restent sélectives, comme les DUT universitaires ou les classes préparatoires et les BTS. Les candidats sont sélectionnés sur dossier à l’issue d’un « oui » ou d’un « non ».</p></li>
<li><p>D’autres filières, comme les écoles, recrutent à l’issue d’un concours. Les candidats sont admis en fonction de leur classement.</p></li>
<li><p>Les filières non sélectives restent non sélectives : les universités ne pourront répondre que « oui » ou « oui si » aux candidats à l’entrée en licence.</p></li>
</ul>
<p>Dans la plupart des cas, il n’y aura aucun changement car les filières disposeront d’une capacité d’accueil suffisante.</p>
<p>Ce système s’annonce dés le départ partiel, car il ne concerne que les filières en tension, comme les STAPS, la psychologie et le droit. Dans la plupart des cas, il n’y aura pas changement car les filières disposeront d’une capacité d’accueil suffisante.</p>
<p><strong>Les limites de la loi</strong></p>
<p>En l’absence de sélection à l’entrée, l’autre moyen de remédier à un manque de prérequis est la mise en place de cours de remises à niveau. D’ailleurs, c’était déjà tout l’objet du <a href="http://www.letudiant.fr/etudes/fac/plan-reussite-en-licence-le-bilan-introuvable-12153.html">plan réussite en licence</a> et de l’instauration de tutorat, sans parvenir à des résultats suffisamment satisfaisants. La loi ORE n’apporte pas vraiment de solution à ces questions, puisqu’elle ne propose des modules d’accompagnement pédagogique que dans les filières en tension, pour éviter le tirage au sort.</p>
<p>La ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, a promis une enveloppe de 35 millions pour mettre en place le « oui si ». Répondre « oui si » à un lycéen c’est d’abord lui dire « oui » à l’entrée à l’université, mais c’est également être en capacité de lui apporter un accompagnement pour l’amener vers la réussite. Une revendication logique des étudiants serait d’appliquer cet accompagnement pédagogique dans toutes les filières. Seulement, cela exigerait davantage de moyens.</p>
<p>Le dispositif Parcoursup est loin de régler ces problèmes, mais il a au moins le mérite d’essayer de mettre fin au tirage au sort, d’accompagner au mieux les étudiants tout en laissant la liberté aux universités d’adapter les prérequis à leurs spécificités, et surtout de tenter d’améliorer l’égalité des chances.</p>
<p>De l’objectif aux résultats, le succès de la réforme va dépendre avant tout de la coopération des universités chargées de la mettre en œuvre, sans oublier les rectorats.</p>
<h2>Le rôle des universités</h2>
<p>Si le gouvernement laisse aux universités, autonomes depuis la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000824315">loi LRU de 2007</a>, le soin de mettre en œuvre la réforme. Les universités définissent les prérequis et choisissent la forme que prendra la <a href="http://www.leprogres.fr/france-monde/2018/04/03/parcoursup-les-universites-sont-elles-pretes">remise à niveau</a> : travaux dirigés supplémentaires de méthodologie ou de techniques, année de remise à niveau préalable, stages intensifs en début d’année, etc.</p>
<p><strong>Le processus décisionnel</strong></p>
<p>L’application de cette réforme est donc tout aussi déterminante que le texte de loi, car c’est au niveau des instances des universités qu’interviendront réellement les problématiques d’application. Les attendus et les accompagnements pédagogiques se déterminent par les sections/départements disciplinaires et les Conseils des facultés, ensuite celui de la formation universitaire et enfin le Conseil d’Administration de chaque université.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/214488/original/file-20180412-577-xtxw8b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les instances de l’université.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Université Nice Sophia Antipolis</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ce processus décisionnel, des représentants élus par les étudiants participent aux délibérations et à la prise des décisions.</p>
<p><strong>Donner la parole à la démocratie étudiante</strong></p>
<p>Au-delà de l’effet spectaculaire des blocages, avec leurs <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/article/incidents-et-violences-se-multiplient-dans-les-universites_5052113c-3352-11e8-b02d-8394132343d4/">violences</a> et leurs <a href="http://www.sudouest.fr/2018/04/04/universites-bloquees-amphis-occupes-la-ministre-denonce-une-desinformation-4343199-4699.php">fake news</a>, une majorité des étudiants soutient la réforme d’après les <a href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/8346">urnes universitaires légitimes</a> et les <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/article/reforme-de-l-universite-les-jeunes-plebiscitent-le-projet-du-gouvernement_504070ba-c306-11e7-a746-54c3b98d380a/">sondages</a>. À titre d’exemple, le référendum organisé par l’Université de Lorraine le 9 avril donne une <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meurthe-et-moselle/nancy/vote-fac-lettres-nancy-705-oui-deblocage-reprise-cours-1455963.html">majorité de 70 %</a> en faveur de la levée du blocage et du respect de calendrier des examens dans le campus Lettres et Sciences Humaines de Nancy bloqué depuis le 22 mars.</p>
<p>Les négociations menées à travers les institutions universitaires « légales » n’ont absolument rien à voir avec les <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/fac-tolbiac-etudiants-grevistes-exigent-office-10-20-pour-partiels-3353614.html">revendications</a> des bloqueurs telle l’attribution d’un 10/20 à tous les étudiants qui se présenteraient aux partiels. Ce mouvement étudiant minoritaire ternit l’image de l’Université en France sans jamais soulever les vraies revendications des étudiants.</p>
<p>Au final, la loi ORE est nécessaire mais reste pour l’instant insuffisante. Mettre fin à l’arbitraire du tirage au sort représente en soi un progrès, à condition que tous les néo-bacheliers de France aient cette fois accès à la formation souhaitée lors de leurs vœux. Il faudrait donc patienter jusqu’à septembre pour savoir si Parcoursup tient réellement ses promesses.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94678/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Rossinot est membre de La République en Marche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Georges Laforge, Guillaume Bagard et Inès Ahmed Youssouf Steinmetz ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Décryptage de la Loi ORE, et de sa mise en oeuvre dans les universités. Quelles alternatives aux blocages ont les étudiants pour exprimer leurs revendications au sein des instances académiques?Guillaume Bagard, Doctorant contractuel chargé d'enseignement en Droit, Université de LorraineGeorges Laforge, Doctorant en Sciences Economiques et Attaché d'Enseignement et de Recherche à la Faculté de Droit, Sciences Economiques et Gestion de Nancy et à l’Institut Supérieur d’Administration et de Management (ISAM-IAE), Université de LorraineHélène Rossinot, Interne en santé publique, AP-HPInès Ahmed Youssouf Steinmetz, doctorante en droit, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/920912018-03-14T11:53:41Z2018-03-14T11:53:41ZDéchets : le principe du « pollueur payeur » peut-il faire changer les comportements ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/210255/original/file-20180314-113465-ni532o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C311%2C5565%2C3127&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans les ordures non triées, on trouve 17 % d’emballages recyclables. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/man-puts-unsorted-garbage-trash-754899814?src=MOkeyU8lF8SSwc9TrvWByA-4-11">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Malgré les nombreuses actions visant à la réduction des déchets ménagers, la tendance est plus proche de la stabilisation des tonnages et leur coût de gestion est en hausse (<a href="http://www.ademe.fr/referentiel-national-couts-service-public-prevention-gestion-dechets-menagers-assimiles-2014">+7 %</a>, par exemple, entre 2012 et 2014).</p>
<p>Par déchets ménagers, on désigne à la fois les déchets recyclables secs (emballages plastique, verre, métaux, cartons, journaux…), les biodéchets, les déchets apportés en déchèterie mais aussi les ordures dites « résiduelles », c’est-à-dire celles qui ne sont pas jetées dans les poubelles de tri.</p>
<iframe src="https://e.infogram.com/7b2e2e34-d35d-4e8f-966b-b7148f59b58d?src=embed" title="Évolution de la quantité de déchets ménagers en France par année" width="100%" height="420" scrolling="no" frameborder="0" style="border:none;" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<p>On estime aujourd’hui à <a href="http://www.ademe.fr/referentiel-national-couts-service-public-prevention-gestion-dechets-menagers-assimiles-2014">100 euros par habitant</a> le coût moyen du service public de collecte et de traitement des déchets en France (pour les déchets collectés en porte-à-porte, en point d’apport volontaire et en déchèterie).</p>
<p>Or 60 % de ce coût est imputable aux ordures résiduelles non triées, où l’on trouve encore <a href="http://www.ademe.fr/campagne-nationale-caracterisation-ordures-menageres-resultats-annee-2007">17 % d’emballages recyclables et 44 % de déchets évitables</a> (grâce au compostage ou à la prévention du gaspillage, par exemple).</p>
<p>L’une des pistes envisagées depuis les années 2000 (notamment avec la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-transition-energetique-croissance-verte">Loi de transition énergétique pour la croissance verte</a>) pour réduire le volume des déchets ménagers, et notamment la partie résiduelle, concerne la mise en place d’une « tarification incitative ».</p>
<p>Derrière ce terme technique se cache une idée simple, inspirée du principe du « pollueur payeur ». Il s’agit, par le biais d’une redevance ou d’une taxe, de lier le montant payé par les usagers pour la gestion de leurs déchets à la quantité de déchets qu’ils produisent.</p>
<p>La tarification incitative a ainsi pour objectif de responsabiliser les usagers en les incitant à réduire leurs déchets et à mieux les trier en diminuant le volume des ordures ménagères résiduelles (c’est en général sur ce flux de déchets que la part variable de la tarification incitative s’applique).</p>
<h2>Répandu en Europe</h2>
<p>Dans l’Hexagone, la gestion des déchets ménagers est un service public assuré par les intercommunalités. Le financement de ce service peut être réalisé selon trois modes distincts : recours au budget général de l’intercommunalité, utilisation d’une taxe d’enlèvement des ordures ménagères (<a href="http://www.ademe.fr/expertises/dechets/passer-a-laction/couts-financement/dossier/modes-financement-service-public-gestion-dechets/taxe-denlevement-ordures-menageres-teom">TEOM</a>) ou d’une redevance d’enlèvement des ordures ménagères (<a href="http://www.ademe.fr/expertises/dechets/passer-a-laction/couts-financement/dossier/modes-financement-service-public-gestion-dechets/redevance-denlevement-ordures-menageres-reom">REOM</a>). Les collectivités françaises ont aujourd’hui <a href="https://www.collectivites-locales.gouv.fr/collectivites-locales-chiffres-2016">majoritairement recours à la TEOM</a> (67 % des communes et 85 % de la population en 2014).</p>
<p>Une part variable peut être instaurée dans la TEOM ou dans la REOM qui sont alors qualifiées de TEOM incitative ou de REOM incitative.</p>
<p>La tarification incitative, par la TEOM ou par la REOM, concernait, pour 2017, 5 millions de Français d’après le recensement réalisé par l’Ademe. Un chiffre bien en deçà des prévisions et des ambitions du gouvernement qui souhaite voir cette initiative déployée auprès de 15 millions d’habitants en 2020 puis de 25 millions en 2025.</p>
<p>Ce retard, si l’on considère le succès de cette mesure dans de nombreux pays européens qui ont commencé à utiliser cet outil dès les années 1970 – <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/45348_etude_ri.pdf">à l’image de la Belgique</a> où la redevance incitative est très largement diffusée en Wallonie –, devrait se combler dans les prochaines années.</p>
<iframe src="https://e.infogram.com/92ba4f42-4a9f-49b6-8569-0f03d9393d83?src=embed" title="Quantité de déchets ménagers produits en 2016dans l'Union européenne" width="100%" height="550" scrolling="no" frameborder="0" style="border:none;" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<h2>Comment ça marche concrètement</h2>
<p>Quatre techniques pour comptabiliser les apports en déchets ménagers sont aujourd’hui utilisées.</p>
<p>La première s’appuie sur le nombre de présentations du bac d’ordures ménagères. Il s’agit du cas le plus fréquent : ce système implique des investissements pour l’informatisation des bacs (chaque bac doit être équipé d’une puce électronique) et des bennes de ramassage, ce qui permet de décompter le nombre de présentation de chaque bac. Ce dispositif incite à trier ses déchets et à ne sortir le bac que quand il est plein, ce qui permet d’optimiser les circuits de collecte.</p>
<p>La seconde concerne le volume du bac : des bacs plus ou moins grands sont proposés à l’usager, qui s’équipe en fonction de ses besoins. Ce système ne nécessite pas d’informatiser les bacs ni les camions. Il incite l’usager à trier ses déchets, mais ne l’encourage pas à diminuer le nombre de présentation de son bac à la collecte. Choisir un petit bac coûte moins cher mais accroît le nombre de passage de la benne de ramassage, ce qui peut au final augmenter le coût de la collecte.</p>
<p>La troisième prend en compte la pesée du bac : comme pour la première option, il est coûteux à l’installation et à l’usage (bacs « à puce », dispositif de pesée sur les bennes, suivi informatique), mais il s’avère très incitatif et transparent.</p>
<p>La quatrième fonctionne via des sacs prépayés : la facturation est faite en fonction du nombre de sacs achetés par l’usager. Ce dispositif suppose que les usagers n’utilisent aucun autre contenant. Il pose toutefois des problèmes d’hygiène publique et de sécurité pour les agents de collecte. L’usage de ces sacs est à privilégier comme solution de production exceptionnelle (fête chez des particuliers, par exemple).</p>
<p>À l’heure actuelle, les collectivités intègrent souvent deux ou trois critères dans la facturation (volume et nombre de présentations des bacs, et poids le cas échéant).</p>
<h2>En fonction de l’habitat</h2>
<p>À noter qu’en habitat collectif, identifier les apports de chaque usager est plus compliqué qu’en habitat individuel : il est en effet souvent difficile de doter chaque ménage d’un bac personnel par manque de place dans les immeubles.</p>
<p>Plusieurs solutions sont envisageables : des bacs collectifs regroupant les apports d’un petit nombre d’usagers (les habitants d’une cage d’escalier, par exemple) ; l’apport volontaire des déchets à des points de collecte munis de dispositifs d’identification, ce qui permet un suivi par ménage.</p>
<p>Dans les zones d’habitat dispersé, le rassemblement des déchets aux points</p>
<p>d’apport permet d’optimiser la collecte des déchets (distances parcourues par les bennes de ramassage, fréquence des tournées). Si l’espace disponible y est suffisant, des bacs personnalisés que les usagers peuvent verrouiller et qui restent sur place permettent de comptabiliser les déchets de chaque ménage.</p>
<iframe src="https://e.infogram.com/1cf18916-da4c-4d17-a3e5-2e0f8284a8b5?src=embed" title="Ce que chacun de nous jette en un an" width="100%" height="390" scrolling="no" frameborder="0" style="border:none;" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe>
<h2>Dépasser les réticences</h2>
<p>La tarification incitative a fait ses preuves dans les collectivités test, comme en témoigne le retour des personnes concernées : dans une <a href="http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/enquete-perception-redevance-incitative-201607-synthese.pdf">étude de juillet 2016</a>, 72 % des usagers de cette tarification – ménages comme entreprises – se disent favorables au dispositif.</p>
<p>Autres chiffres parlants : dans les 180 regroupements de communes impliqués, <a href="http://www.ademe.fr/bilan-collectivites-tarification-incitative-1er-janvier-2014">on enregistre en moyenne</a> un recul des flux d’ordures ménagères résiduelles de 41 % et une augmentation de 40 % des déchets recyclables.</p>
<p>Malgré ces bons résultats, le déploiement accuse un net ralentissement après une forte augmentation sur la période 2010-2014. Comment l’expliquer ?</p>
<p>Du côté des acteurs décisionnaires dans le fait d’instaurer cette tarification – à savoir les communes, les intercommunalités ou les syndicats qui gèrent pour les collectivités le service public de gestion des déchets –, cette mise en place nécessite un temps long et d’importants moyens tant humains (constitution du fichier des adresses, recensement des bacs disponibles) que financiers (les investissements pouvant être conséquents en cas d’individualisation maximale des tarifs) ; autant de raisons qui n’encouragent pas à franchir le pas. Il s’agit ici d’un projet éminemment politique qui doit s’inscrire dans la durée du mandat municipal.</p>
<p>Côté usagers, payer en fonction de ce que l’on jette implique un changement en profondeur des habitudes, des comportements et des attentes vis-à-vis de la collectivité. L’annonce de tels changements peut provoquer des réactions négatives.</p>
<p>Pour dépasser ces réticences, une concertation en amont et une <a href="http://www.ademe.fr/tarification-incitative-service-public-prevention-gestion-dechets">communication efficace et anticipée</a> pour expliquer tous les aspects du changement sont indispensables… en attendant que la tarification incitative devienne la norme ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/92091/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Gentric ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Payer pour la gestion de ses déchets en fonction de la quantité de déchets que l’on produit, c’est le principe de la tarification incitative, un dispositif en cours de déploiement en France.Alexandra Gentric, Animatrice de secteur, service « Mobilisation et valorisation des déchets », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/904312018-01-30T21:20:20Z2018-01-30T21:20:20ZLa réforme de l’accès à l’université… ou la revanche d’Alain Devaquet<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/203992/original/file-20180130-107703-1v9aqye.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Paris quartier latin novembre 1986. Photo tirée du documentaire « Devaquet si tu savais », de Franck Schneider et Francis Kandel.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manifestation_contre_la_loi_Devaquet_05.JPG">Franck.schneider / Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"955101865477332992"}"></div></p>
<p><em>Tweet de Luc Chatel, ancien ministre de l’Éducation nationale du Président de la République Nicolas Sarkozy entre 2009 et 2012</em>.</p>
<p>Dimanche 21 janvier 2018, on apprenait le <a href="http://lemde.fr/2Gtpqk7">décès à 75 ans d’Alain Devaquet</a>, ancien ministre du gouvernement Chirac, après une longue maladie. Son nom restera associé à une réforme structurelle de l’enseignement supérieur qui cherchait à modifier, notamment, les conditions d’accès au premier cycle universitaire par l’introduction d’une forme de sélection. Une réforme universitaire dont l’application fut étouffée dans l’œuf par l’exceptionnelle mobilisation des lycéens et des étudiants à l’automne 1986 ; moment d’exception politique qui continue à occuper une place incontournable dans l’histoire des mouvements étudiants et lycéens en France.</p>
<h2>Le système Parcoursup, comme un écho…</h2>
<p>Ironie de l’histoire, l’annonce de sa mort intervint à la vielle du lancement de <a href="https://www.parcoursup.fr/">Parcoursup</a>, c’est-à-dire « la plate-forme nationale d’admission en première année des formations de l’enseignement supérieur ». Celle-ci succède au système APB pour l’orientation post-baccalauréat. Chaque candidat (lycéen en terminale, apprenti, étudiant en réorientation interne ou externe) est invité à saisir en ligne jusqu’à dix vœux de formation maximum, sans les hiérarchiser.</p>
<p>S’inscrivant dans la continuité <a href="http://lemde.fr/1HK7LkG">des réformes Pécresse</a> (2007) et <a href="http://lemde.fr/2Fvi7aq">Fioraso</a> (2013) qui visaient à offrir une plus grande autonomie aux établissements universitaires, sa mise en place a été rendue possible par l’<a href="http://lemde.fr/2Eou4zl">arrêté du 19 janvier 2018</a>, avant même l’adoption définitive par le Parlement du projet de loi relatif à « l’orientation et à la réussite des étudiants » dont la plateforme d’admission en ligne correspond à l’article 1.</p>
<p>Or, la philosophie générale de cette réforme semble faire échos à celle portée, il y a plus de trente ans, par l’ancien ministre Alain Devaquet. En effet, en dépit des dénégations répétées de Frédéric Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, et du <a href="http://lemde.fr/2GwyhSb">premier ministre, Édouard Phillipe</a>, cette réforme consacre l’extension du principe de sélection à l’entrée des filières universitaires demeurées jusqu’alors non sélectives, et la remise en cause du droit à un accès libre, sans avis ni recommandation, pour tous les néo-bacheliers désireux de les intégrer.</p>
<h2>1986 ou « l’alternance dans l’alternance »</h2>
<p>En 1986, Alain Devaquet a 43 ans. Agrégé de chimie, professeur à Polytechnique et admirateur de Jacques Chirac, il a commencé en 1977 une carrière politique au sein du RPR formation gaulliste fondée le 5 décembre 1976. Député de Paris en 1978, il est nommé, le 21 mars 1986, délégué auprès du ministre de l’Éducation nationale chargé de la recherche et de l’enseignement supérieur au lendemain de la victoire électorale des droites rassemblées sur une plate-forme commune signée, le 16 janvier 1986, par Jacques Chirac, président du RPR, et Jean Lecanuet, président de l’UDF.</p>
<p>Le préambule de la « plate-forme gouverner ensemble » proclamait la nécessité de rompre « avec le dirigisme » de la majorité socialiste sortante, en imposant ou en restaurant, par la médiation de l’État interventionniste, la norme de la concurrence dans de nombreux secteurs, tout en actant l’irréversibilité de certaines réformes emblématiques mises en œuvres par les gauches <a href="http://bit.ly/2DM4uD8">entre 1981 et 1986</a> (l’abolition de la peine de mort, la 5<sup>e</sup> semaine de congés payés ou encore l’abaissement de l’âge légal de départ de la retraite à 60 ans).</p>
<p>Les droites obtenaient de justesse une majorité absolue à l’Assemblée nationale au détriment des gauches à l’issue des élections législatives du 16 mars 1986. Le contexte politique de cette année 1986 fut inédit sur le plan institutionnel avec la <a href="http://bit.ly/2DLwxGI">première cohabitation</a> : le président François Mitterrand nommait Jacques Chirac comme premier ministre.</p>
<h2>Faire des études pour tenter de conjurer le spectre du chômage endémique</h2>
<p>La rentrée universitaire 1986 marqua le début de la deuxième période de croissance intense <a href="http://bit.ly/2FvkfyR">des effectifs de l’Université française</a> où le nombre d’étudiants passa de 1 400 000 à la rentrée 1987 à 2 100 000 à la rentrée 1995. Néanmoins, bien qu’elle se soit massifiée et démocratisée depuis le début des années 1960, l’Université française disposait toujours dans les années 1980 d’une structure sociale particulièrement inégalitaire, faisant d’elle encore un privilège inaccessible pour la grande majorité des jeunes issus de la classe ouvrière. En 1985, ces derniers ne représentaient que 13 % des effectifs globaux à l’Université (même si c’était trois fois plus qu’en 1960), alors que dans le même temps les enfants ayant des parents exerçant une profession libérale ou étant cadres supérieurs continuaient à représenter plus de 30 % des effectifs comme en 1960.</p>
<p>Par ailleurs, alors que le chômage était devenu un phénomène social de masse depuis le milieu des années 1970, en premier lieu chez les jeunes entrants sur le marché du travail avec un taux de chômage de l’ordre de 26 % en 1986, l’obtention d’un diplôme universitaire demeurait statistiquement le meilleur viatique. Le risque de se retrouver au chômage pour les hommes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur était en moyenne, entre 1980-1985, quatre fois moins important comparé à ceux qui n’avaient aucun capital scolaire à faire valoir, tandis qu’il l’était de deux fois et demie par rapport aux jeunes diplômés d’un CAP.</p>
<p>Grâce à cette réussite scolaire, les lycéens et étudiants des milieux populaires espéraient bénéficier d’une ascension sociale relative ou forte, tandis que ceux des classes moyennes supérieures et bourgeoises entendaient au minimum conjurer le spectre du déclassement social.</p>
<p>Dès lors, tous ces lycéens et étudiants étaient très attentifs à l’imposition de nouvelles règles susceptibles de freiner la démocratisation de l’enseignement supérieur, et qui risquaient de contrarier la demande sociale d’éducation.</p>
<h2>Fondre l’Université française dans le moule de l’autonomie</h2>
<p>Le projet de réforme des universités fut présenté officiellement par Alain Devaquet le 12 juin 1986, sans qu’une véritable concertation n’ait été engagée avec la communauté universitaire, pour être adopté le 11 juillet 1986 au conseil des ministres avant une lecture et une adoption par le Parlement prévue à l’automne de la même année. Cette nouvelle réforme devait remplacer la <a href="http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1068884">loi Savary, promulguée le 26 janvier 1984</a>, qui créa la notion de « service public d’enseignement supérieur ».</p>
<p>L’ambition première du <a href="http://bit.ly/2DMmi54">projet de loi Devaquet</a> était « d’accroître par des mesures concrètes l’autonomie effective des établissements universitaires ». La loi ne fixant qu’un « cadre minimal », l’autonomie statutaire des universités était censée permettre « une meilleure adaptation de ces dernières aux situations particulières ».</p>
<p>Si la « timidité » supposée du projet de loi rebuta la frange la plus libérale de la majorité parlementaire, soutenue par le <a href="http://bit.ly/2En3hDt">syndicat étudiant anti-marxiste UNI</a>, qui réclamait une libéralisation complète du système universitaire français, son contenu, qu’Alain Devaquet s’efforça de présenter comme raisonnable et équilibré, suscita une vive émotion, au sens de « mise en mouvement », dans les facultés et les lycées à partir de la fin novembre 1986.</p>
<p>Et cela alors que cette réforme n’avait suscité aucune réaction d’envergure parmi les principaux concernés notamment lors de son passage au Sénat entre le 23 et le 29 octobre 1986 ; au point qu’il était entendu que la réforme allait poursuivre son cheminement sans rencontrer de résistances. Ce constat amena notamment Gérard Courtois à écrire dans <em>Le Monde</em>, daté du 24 octobre 1986, que « M. Devaquet a de bonnes chances de faire voter son texte sans déclencher de tempête ».</p>
<p>Deux mesures comprises dans le projet de réforme finirent par cristalliser l’indignation et l’angoisse de très nombreux étudiants et lycéens.</p>
<p>En premier lieu, la possibilité offerte aux établissements de fixer eux-mêmes les droits d’inscriptions annuels – sous un seuil maximum de 800 francs – et que les étudiants boursiers demeuraient exemptés, afin d’augmenter leurs ressources, et ainsi de moins dépendre des dotations de l’État. <strong>Cette possibilité offerte aux universités de majorer les frais d’inscriptions</strong>, qui avaient déjà augmenté sensiblement depuis 1980, fut interprétée par les étudiants et les lycéens comme la volonté d’instaurer une sélection par l’argent, au risque de renforcer la surreprésentation à l’Université des catégories sociales les plus favorisées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/203996/original/file-20180130-107694-13vpdyd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Paris Quartier Latin, novembre 1986. Extrait du documentaire. « Devaquet si tu savais » de Franck Schneider et Francis Kandel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manifestation_contre_la_loi_Devaquet_03.JPG">Franck Schneider/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Mais c’est surtout la liberté laissée aux universités de « déterminer les conditions d’accès aux différentes formations en tenant compte des caractéristiques de celles-ci, des aptitudes requises des étudiants et des capacités d’accueils de l’établissement » qui cristallisa l’essentiel des mécontentements. Elle fut interprétée comme une volonté d’empêcher nombre de primo-accédants de s’inscrire après le baccalauréat dans les filières universitaires et <em>de facto</em> de remettre en cause <a href="https://www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2007-1-page-151.htm">« l’égalité méritocratique des chances »</a>.</p>
<p>Les néo-bacheliers voulaient <strong>pouvoir continuer à s’inscrire dans la filière de leur choix dans n’importe quelle université</strong>, indépendamment de la nature de leur bac, sans prérequis autre que l’obtention de ce dernier. Pour eux, cette réforme Devaquet, c’était la généralisation de la sélection, déjà pratiquée illégalement par les universités françaises les plus prestigieuses, comme Dauphine, pour préempter les meilleurs étudiants, et donc l’aggravation des logiques de différentiation entre des établissements déjà en concurrence.</p>
<p>Les démentis répétés d’Alain Devaquet ne les calmeront pas. Celui-ci assurait que rien dans la réforme n’empêcherait un bachelier d’intégrer l’Université, si besoin avec l’intervention du recteur, et que dans cette réforme il était d’abord question pour les universités de s’assurer de la cohérence entre les choix d’orientation au lycée et les filières universitaires choisies, pour lutter contre l’abandon en premier cycle, qui touchait déjà entre 40 et 60 % des étudiants selon les filières.</p>
<p>Dans un entretien au journal <em>Le Monde</em>, daté du mercredi 25 novembre 1986, Alain Devaquet s’efforça de récuser les mésinterprétations faîtes, selon lui, de son projet de loi : « Par critère d’accès », il faut comprendre la possibilité laissée aux universités qui le demandent de dire aux étudiants : </p>
<blockquote>
<p>« “Avec le bac, il est souhaitable que vous choisissiez telle filière” Il s’agit d’éviter qu’ils se fourvoient vers des formations pour lesquelles ils ne sont pas faits, parce qu’ils n’ont pas les qualités requises pour y réussir. Il s’agit là d’orientation, pas de sélection ».</p>
</blockquote>
<h2>Une mobilisation essentiellement « réactive »</h2>
<blockquote>
<p>« Les étudiants et les lycéens ne protestaient pas contre la société. Au contraire, ils voulaient pouvoir s’y intégrer » (Gilles Lipovetsky)</p>
</blockquote>
<p>Quand on analyse la nature de ce mouvement, l’on constate que celui-ci fut une mobilisation essentiellement « réactive », c’est-à-dire réagissant à l’intention du pouvoir central d’imposer une réforme de l’enseignement supérieur à la communauté universitaire. Dès lors, cette mobilisation prit, dès le départ, <strong>un caractère strictement défensif, se structurant autour d’un mot d’ordre négatif</strong> « Retrait de la réforme Devaquet ». Celui-ci fut acté lors de la réunion des États généraux du mouvement étudiant le 22 novembre 1986, prélude à l’extension fulgurante, irrésistible de la mobilisation dans les universités comme dans les lycées.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/203991/original/file-20180130-107697-1xb9gyr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Autocollant étudiant de 1986.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/charlottehenard/16807384663/in/photolist-rBdeUc">Charlotte Henard/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les étudiants et les lycéens entendaient agir en état de légitime défense pour soutenir le maintien des règles du jeu existantes dans le système universitaire qui allaient, selon eux, s’en trouver modifiées dans un sens non désiré.</p>
<p>Il n’y eut pas de dimension utopique dans la production revendicative des opposants au projet de loi Devaquet, au sens qu’ils n’ont à aucun moment eu l’ambition de profiter de cette période de mobilisation pour penser collectivement la construction de nouvelles réalités révolutionnaires à l’Université, comme en dehors.</p>
<p>Si le sociologue Pierre Bourdieu salua à chaud dans une tribune pour <em>Libération</em>, le 4 décembre 1986, la victoire de cette mobilisation, qui, selon lui, avait l’immense mérite de remettre en cause « l’idéologie de la fin des idéologies » considérée comme le paradigme dominant le champ intellectuel français <a href="http://bit.ly/Xnicqu">dans cette décennie cauchemar</a>, le philosophe Cornelius Castoriadis souligna, quant à lui, quelques mois plus tard, le « côté purement corporatiste et particulier, sectoriel du mouvement », et surtout « l’insignifiance totale des revendications des étudiants et des lycéens ».</p>
<p>Il est indiscutable qu’à l’inverse de ce qui s’était passé en mai-juin 1968, il n’a pas été question, à l’automne 1986, pour les étudiants et les lycéens d’essayer <a href="http://bit.ly/2DLDOm3">« d’imaginer l’école d’une société libre »</a>.</p>
<p>Contrairement à 1968, en 1986, on n’échangea pas dans les AG étudiants, ou seulement de façon confidentielle, au sujet de la pédagogie, de la <a href="https://www.cairn.info/la-segregation-scolaire--9782707171160.htm">ségrégation scolaire</a>, du rôle hiérarchisant des examens et des concours, des rapports entre enseignants et enseignés, du contenu des enseignements, ou de la fonction sociale de l’Université. On n’envisagea pas le bouleversement du système universitaire afin que les étudiants qui refuseraient ce destin de « cadres de cette société d’exploitation et d’aliénation » deviennent des « intellectuels critiques » au service du sujet de l’émancipation, la classe ouvrière.</p>
<p>À l’automne 1986, ce qui fut dénoncé avec vigueur, c’est d’abord le fait que la compétition à l’Université puisse se trouver à un moment donné faussée par le renforcement des procédures de sélection. Les étudiants et les néo-bacheliers ne voulaient pas une « sélection amont », comme la nomma Alain Lipietz dans une tribune au <em>Monde</em> du 18 décembre 1986, c’est-à-dire être triés avant même avoir eu le droit d’essayer les formations jugées conformes à leurs envies du moment, quitte à se tromper et risquer l’échec.</p>
<p>Ainsi, cette mobilisation exceptionnelle en 1986 ne fut pas celle de jeunes gens cherchant collectivement à détruire préventivement la société capitaliste avant d’y être pleinement intégrés, comme l’avait énoncé Jean‑Paul Sartre aux étudiants de la Sorbonne le 20 mai 1968, ou qui chercheraient à remettre en cause le caractère intrinsèquement élitaire du système des grandes écoles produisant la <a href="http://bit.ly/2noZMFd">« Noblesse d’Etat »</a>. Ce fut celle <em>a contrario</em> d’agents évoluant dans le même champ, celui du système éducatif français, et qui décident à un moment donné d’agir ensemble contre le pouvoir d’Etat afin de sauvegarder une liberté de choix individuel commune. Autrement dit : pouvoir décider en souveraineté, s’autodéterminer sans être entravé <em>a priori</em> pour entreprendre des études supérieures dans la perspective de s’insérer sur le marché du travail.</p>
<p>C’est donc à une véritable crise du consentement des jeunesses scolarisées à laquelle ont dû faire face les décideurs politiques en cette fin d’année 1986.</p>
<h2>Une mobilisation exceptionnelle des jeunesses scolarisées</h2>
<p>La grève des cours avait été une votée pour la première fois le 17 novembre 1986, dans la petite université de Paris XIII à Villetaneuse, sous l’impulsion décisive de quelques membres de l’<a href="http://www.ina.fr/video/CAB86032722">UNEF-ID, dont Isabelle Thomas</a>, membre du bureau national du principal syndicat étudiant et future figure politique et médiatique du mouvement. Puis, la suspension des enseignements s’était étendue à une dizaine d’universités, essentiellement parisiennes, avant la tenue de la fameuse réunion du 22 novembre 1986.</p>
<p>Le moment tournant dans l’histoire du mouvement Devaquet fut donc cet <a href="http://bit.ly/2DKQoSh">« Appel à tous les étudiants de France »</a> rédigé par les États-Généraux du mouvement étudiant qui se tint à la Sorbonne le samedi 22 novembre 1986. Dans cet appel, largement médiatisé tout au long du week-end et le lundi suivant, le retrait de la réforme fut posé comme préalable à l’ouverture de négociations avec le gouvernement Chirac, tandis qu’on appela à la grève illimitée des cours dans toutes les universités.</p>
<p>Dès le lundi 24 novembre, l’on assistait à une extension fulgurante du mouvement à l’échelle nationale. Le jeudi 27 novembre, jour de la première grande journée de mobilisation nationale (500 000 manifestants dans toute la France), alors que la présentation du projet de loi devant les députés par Alain Devaquet devait être effectuée, le fonctionnement normal de plus de 60 universités sur 77 fut remis en cause par la grève des cours adoptée à main levée dans les AG étudiantes.</p>
<p>Le mouvement Devaquet fut bien plus massif que n’importe quel mouvement étudiant et lycéens s’étant <a href="http://bit.ly/2rRboWe">déroulés dans les années 1968</a>, y compris le mouvement du printemps 1973 contre loi Debré sur les sursis militaires et l’instauration des DEUG à l’Université. Aussi, rassembla-t-il jusqu’à 800 000 manifestants, le jeudi 4 décembre 1986, dont 500 000 à Paris venu de toute la France en car et en train.</p>
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<figcaption><span class="caption">4 décembre 1986.</span></figcaption>
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<p>Ce mouvement de 1986 détonna parce qu’il se caractérisa, en plus de son <a href="http://bit.ly/2EmiHaP">« apolitisme » revendiqué</a>, par son obsession démocratique. En effet, la méfiance patente des étudiants et des lycéens à l’endroit des organisations syndicales et politiques traditionnelles les conduisirent à défendre une organisation du mouvement que l’on pourrait qualifier de « basiste ». Celle-ci reposa sur le postulat selon lequel l’organisation de l’action collective devait être l’œuvre des étudiants et lycéens eux-mêmes.</p>
<p>Aussi, s’il n’était pas question de se passer du précieux concours des militants des organisations syndicales, politiques et associatives (UNEF-ID, UNEF-SE, les JCR, LO, <a href="http://bit.ly/2nqBmdw">SOS Racisme</a>) dont les militants assumaient le rôle de cadres organisateurs du mouvement dans les facultés et les lycées, ces derniers ne devaient pas chercher à se substituer aux étudiants et lycéens, en gérant la grève pour eux et sans eux.</p>
<p>Les étudiants et lycéens mobilisés, loin de cultiver « la remise de soi » à l’égard des militants syndicaux et politiques, inscrivirent les formes d’organisation du mouvement dans le prolongement des mobilisations étudiantes et lycéennes des années 1968 en faisant leurs les principes d’auto-organisation et d’auto-détermination. Ainsi, la <a href="http://bit.ly/2EmiHaP">Coordination Nationale Étudiante (CNE)</a> fut considérée comme la seule instance décisionnelle habilitée à négocier avec le gouvernement du fait de sa faculté à réunir en son sein des délégués, syndiqués et non syndiqués, qui étaient tous élus et mandatés par les AG souveraines.</p>
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<figcaption><span class="caption">Nuit du 5 au 6 décembre 1986.</span></figcaption>
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<h2>Dénouement tragique d’une mobilisation victorieuse</h2>
<p>Malgré la mobilisation historique des jeunesses scolarisées, le gouvernement continua à opposer une fin de non-recevoir. Le jeudi 4 décembre, en dépit du déferlement dans les rues de la capitale, les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=H3ouvBZBmys">négociations</a> entre le pouvoir central et les délégués de la CNE (avec à leur tête le militant trotskiste de 27 ans David Assouline) se soldait par un échec.</p>
<p>Dans la nuit du 5 au 6 décembre, alors que deux lycéens et un étudiant avaient été grièvement blessés par les forces de l’ordre la veille (Jérôme Duval, Jean‑François Rigal, Patrick Berthet), après que la manifestation centralisée parisienne est dégénérée en violents affrontements avec la police, un jeune étudiant de 22 ans, Malik Oussékine, rentrant d’une soirée passée dans un club de Jazz, et qui n’avait pas pris part à la contestation jusqu’alors, fut pris en chasse par deux policiers du Peloton de Voltigeurs Monoportés (PVM), avant d’être rattrapé, puis roué de coups à terre dans le hall d’immeuble du 20 rue Monsieur-le-Prince, situé dans le quartier de l’Odéon.</p>
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<p>Il devait être minuit, et ces policiers étaient chargés de repousser avec leurs collègues, hors du Quartier Latin, des manifestants s’adonnant à des déprédations, après l’évacuation de la Sorbonne occupée. Frappé à mort, Malik Oussékine décéda des suites de ses blessures avant même l’arrivée des secours, ce qui ne manqua pas de provoquer, dès la nouvelle connue, un terrible émoi non seulement parmi les étudiants et lycéens mobilisés, mais dans toute la société.</p>
<p>Refusant de condamner publiquement les exactions policières, Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur devint la nouvelle bête noire des manifestants qui réclamèrent sa démission, tandis que Alain Devaquet, très affecté par la mort tragique et violente de ce jeune étudiant, et comprenant que sa réforme était mort-née, préféra quitter le gouvernement.</p>
<p>Acculé après ces violences policières mortifères, craignant autant une radicalisation du mouvement en cours, qu’une possible extension de la contestation à d’autres secteurs de la société (salariés du privé, fonctionnaires) <a href="http://bit.ly/2DLJGM7">avec un scénario de type mai-juin 1968</a>, Jacques Chirac comprit que l’ordre ne pourrait être ramené durablement sans que l’on ait donné entière satisfaction aux étudiants et aux lycéens qui réclamaient, depuis deux semaines déjà, le retrait total et définitif du projet de loi Devaquet.</p>
<p>À 13 heures, le lundi 8 décembre 1986, après s’être concerté avec ses ministres, mais également avec certaines organisations syndicales de salariés (CFDT et FO) qui le pressèrent de renoncer à son projet de réforme tant décrié, Jacques Chirac intervient dans les journaux télévisés pour annoncer qu’il comptait « retirer l’actuel projet de loi ».</p>
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<figcaption><span class="caption">L’allocution de Jacques Chirac le 8 décembre 1986.</span></figcaption>
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<p>Pour la première fois depuis 1968, un mouvement étudiant et lycéen se solda par une victoire totale au regard des objectifs qu’il s’était fixés au départ. Victorieux, le mouvement perdit aussitôt sa raison d’être.</p>
<p>Ainsi, dès le lendemain dans la quasi-totalité des facultés et des lycéens, les cours reprirent normalement. Les étudiants de l’Université Rennes 2 furent les seuls à décider, le mardi 9 décembre, de voter symboliquement la poursuite de la grève des cours jusqu’au lendemain où la “grève générale” appelée par la CNE, le samedi précédent, et soutenue par la CGT et la FEN, avait été transformée en journée d’hommage à Malik Ousékine et à Abdel Benyahia, un Algérien de 20 ans tué dans un café par un policier ivre qui n’était pas de service le 5 décembre. Ce mercredi 10 décembre rassembla plus de 500 000 personnes silencieuses à Paris et dans 36 villes de province avec pour seul mot d’ordre : <a href="http://bit.ly/2DPj4hq">« Plus jamais ça »</a>.</p>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/90431/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Melchior ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Parcoursup est en place depuis le 22 janvier et une grève nationale des lycées et universités est annoncée pour le 1ᵉʳ février, Retour sur le projet de 1986 d’Alain Devaquet, décédé le 21 janvier.Hugo Melchior, Doctorant en histoire politique contemporaine, Université Rennes 2Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/836892017-09-11T21:10:24Z2017-09-11T21:10:24ZAccès à l’université et financement de l’enseignement supérieur et de la recherche : que faire ? (épisode 2)<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/185333/original/file-20170909-12546-kicn4v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Manifestation étudiante (2007)</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/2070105355/29e62f5c74/">°]° via Visualhunt </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Deuxième épisode sur quatre de l’état des lieux et propositions sur l’université en particulier, et l’enseignement supérieur et la recherche en général. (Retrouvez le <a href="http://theconversation.com/acces-a-luniversite-et-financement-de-lenseignement-superieur-et-de-la-recherche-que-faire-episode-1-83054">premier épisode</a>.)</p>
<p>Je propose quelques faits et constats, avec une approche aussi objective et pédagogique que possible, qui sont à l’origine des débats actuels sur l’enseignement supérieur et l’université. Constats concernant l’université.</p>
<h2>Financement de la partie enseignement supérieur</h2>
<p>Environ <a href="http://www.oecd.org/fr/edu/rse.htm">1,5 % du PIB selon l’OCDE</a> (repris par le <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_02-la_depense_pour_l_enseignement_superieur_dans_les_pays_de_l_ocde.php">ministère</a>) est consacré à l’enseignement supérieur en France, proche de la moyenne de l’OCDE.</p>
<p>Le budget d’une université est typiquement abondé à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Budget_des_universit%C3%A9s_fran%C3%A7aises">80 % par l’État</a>, et à 20 % par d’autres sources (contrats de recherche, formation continue, partenariats, collectivités territoriales, Europe, etc.). La dépense principale d’une université concerne sa masse salariale, de l’ordre de 70 % ou plus.</p>
<p>Le budget français dédié à l’enseignement supérieur est de l’ordre de <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_01-la_depense_d_education_pour_l_enseignement_superieur.php">30 milliards d’euros</a> par an. Pour donner une comparaison, cette somme équivaut à environ 1.04 fois le coût du <a href="http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2016/09/29/le-cice-a-ameliore-les-marges-des-entreprises-et-a-eu-un-effet-probable-sur-l-emploi_5005134_1656968.html">CICE</a>, ou équivaut à 2,5 points de <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/N17580">CSG</a> (sachant que son augmentation de 1,7 point rapportant 20 milliards est en discussion) ou six fois ce que rapporte l’ISF, ou encore 5,5 fois le montant du <a href="http://www.senat.fr/rap/l16-140-325/l16-140-32517.html">CIR (Crédit impot recherche)</a>. Vu l’importance de l’enseignement supérieur pour la société, son coût demeure abordable et comparable à d’autres dépenses publiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183457/original/file-20170825-28509-g2g4d9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dépense par étudiant en France en fonction du niveau et du type d’établissement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Figure 1 de Berné et Métivier, 2015/2017 : source : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01520905</span></span>
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<p>Dans un <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01520905">très documenté et court rapport</a>, O. Berné & F. Métivier étudient les inégalités de financement de l’enseignement en France. L’une des figures remarquables est la suivante : le budget moyen par étudiant selon le niveau et le type d’établissement. Il apparaît clairement que l’université est très largement <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_01-la_depense_d_education_pour_l_enseignement_superieur.php">sous-dotée</a> par rapport aux CPGE ou aux grandes écoles, alors qu’elle accueille la majorité des étudiants. Il est alors facile (ou malhonnête) d’accabler l’université de dysfonctionnements par rapport, par exemple, aux grandes écoles.</p>
<p>Enfin, comme le rappelle <a href="https://www.Facebook.com/unistra/posts/1452480254801587">M. Deneken</a>, le président de l’université de Strasbourg, l’université, <em>“sans être sélective, accueille et forme à l’excellence, dans des ratios budgétaires incomparables”</em>.</p>
<h2>Démographie étudiante</h2>
<p>Entre 1980 et 2015, la dépense <em>“au profit du supérieur a été multipliée par 2,6 en euros constants ; malgré cette forte augmentation, la dépense moyenne par étudiant n’a augmenté que de 40 % en raison du doublement des effectifs”</em> <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_01-la_depense_d_education_pour_l_enseignement_superieur.php">selon le rapport ESR 2017</a>.</p>
<p>Si cette <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid115366/projections-des-effectifs-dans-l-enseignement-superieur-pour-les-rentrees-de-2016-a-2025.html">forte</a> <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/04/11/enseignement-superieur-350-000-etudiants-de-plus-d-ici-a-2025_5109537_4401467.html">hausse</a> du nombre d’étudiants en cours et prévue est une bonne nouvelle pour notre société – qui voit ainsi de nombreux citoyens accéder à qualifications du supérieur très recherchées sur le marché de l’emploi de l’économie traditionnelle et de la nouvelle économie – elle pose néanmoins des problèmes critiques aux universités dont les manques de moyens ne permettent pas ou peu d’absorber ce flux de nouveaux étudiants dans de bonnes conditions, malgré une <a href="http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/hausse-des-effectifs-combien-aura-chaque-universite.html">rallonge budgétaire</a> en 2017. Ce flux d’étudiants correspond à l’équivalent <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/04/11/enseignement-superieur-350-000-etudiants-de-plus-d-ici-a-2025_5109537_4401467.html">d’une dizaine d’universités</a> de taille moyenne d’ici 2025, c.-à-d. demain.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183505/original/file-20170826-27579-akij3g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur depuis 1960 (en milliers).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tableau 09.01 : ESR 2017 : https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_09-les_etudiants_dans_les_filieres_de_formation_depuis_50_ans.php</span></span>
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<h2>Filières en tension</h2>
<p>Trop de demandes par rapport au nombre de places disponibles, ces filières sont victimes de leur succès : droit, psychologie, <a href="http://www.onisep.fr/Choisir-mes-etudes/Apres-le-bac/Organisation-des-etudes-superieures/Les-licences/Licence-les-mentions-du-domaine-sciences-technologie-et-sante/Les-licences-de-STAPS">STAPS</a> (sciences et techniques des activités physiques et sportives), sociologie, médecine (<a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid53276/les-etudes-de-sante.html">PACES</a>, première année commune aux études de santé).</p>
<p>Il faut savoir qu’une filière ne se résume pas à « un amphi, quelques salles de TD et des enseignants-chercheurs ». Outre des aspects immobiliers – il faut bien des amphis et salles de TD et/ou TP pour accueillir convenablement les étudiants – l’enseignement supérieur requiert un nombre d’enseignants-chercheurs qualifiés et reconnus internationalement ainsi que des personnels administratifs et techniques expérimentés (essayez de gérer une petite filière de plusieurs centaines d’étudiants sur votre temps libre, vous comprendrez vite : il faut plus d’1 <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quivalent_temps_plein">ETPT</a>). Ces filières en tension ont des limitations d’accueil car il y a inadéquation entre le nombre d’enseignants-chercheurs (qui pourtant se donnent beaucoup et dépassent leurs quotas d’heures à enseigner) et le nombre d’étudiants ou, ce qui est lié, inadéquation avec le nombre de dispositifs techniques nécessaires.</p>
<p>Une posture martiale visant à vouloir augmenter les capacités d’accueil d’un coup est insuffisante : recruter les enseignants-chercheurs ou les ingénieurs, techniciens et administratifs, ou construire des amphis ou salles de TD ou de TP avec équipements est un processus long et réfléchi, et qui demande des moyens. Même si l’ESR (Enseignement Supérieur et recherche) fait appel, souvent au-delà du raisonnable, aux emplois précaires (CDD administratifs ou techniques, <a href="http://www.education.gouv.fr/cid1217/les-attaches-temporaires.html">ATER</a> par exemple) pour pallier une partie des besoins.</p>
<h2>Sélection des étudiants à l’entrée de l’université</h2>
<p>La sélection n’existe en principe pas en premier cycle universitaire une fois le baccalauréat (ou équivalent) obtenu (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idArticle=LEGIARTI000027748474&idSectionTA=LEGISCTA000006166680&cidTexte=LEGITEXT000006071191&dateTexte=20170825">article L711-1</a>) – sauf cas particulier.</p>
<p>Le ministère utilise depuis plusieurs années le tirage au sort pour sélectionner les étudiants dans les filières en tension, ce contre quoi la communauté s’inscrit logiquement en faux. La CPU rappelle <a href="http://www.cpu.fr/actualite/tirage-au-sort-position-de-la-cpu/">son opposition</a> au tirage au sort, et la ministre F. Vidal évoque, enfin, <a href="http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/info/apb-la-ministre-frederique-vidal-veut-mettre-fin-au-tirage-au-sort-a-la-fac.html">sa suppression</a>. Mais comment résoudre cet épineux problème ? Se pose alors la question de la sélection ou, mieux, de l’<a href="https://theconversation.com/licence-paces-apb-pourquoi-le-systeme-coince-comment-le-faire-evoluer-79482">orientation</a> des étudiants à l’entrée du premier cycle universitaire.</p>
<p>Récemment, F. Dardel, président de l’université Paris-Descartes, <a href="https://theconversation.com/comment-nos-voisins-europeens-orientent-et-selectionnent-les-futurs-etudiants-a-luniversite-81079">résumait</a> la manière dont nos voisins européens sélectionnent ou orientent leurs étudiants. Bien menée, elle oublie cependant que l’université française cohabite avec les CPGE et les grandes écoles, système quasi inexistant à l’étranger. L’ignorer peut aboutir à un résultat biaisé et marquant que l’on connaît : le taux d’échec très élevé en licence française contraste avec les autres pays, dont l’accès au supérieur n’est pas le même, ainsi que la parité des étudiants.</p>
<p>Cependant, cette étude met en lumière des pistes très intéressantes concernant l’orientation. Ce débat houleux suscite logiquement l’ire des syndicats étudiants comme la <a href="https://www.fage.org/news/actualites-fage-federations/2017-03-15,fage-prerequis-selection-ne-devions-pas-le-debat.htm">FAGE</a> et l’<a href="http://www.letudiant.fr/etudes/fac/selection-a-l-entree-de-l-universite-l-unef-recense-379-formations-illegales.html">UNEF</a>.</p>
<p>Je tiens à préciser qu’une grande (la majorité ?) partie des universitaires (dont l’auteur) reste très attachée à l’accueil de tous les étudiants – sélection, orientation ou pas. Ainsi, le débat de la sélection à l’entrée de l’université s’entend, dans cet article, comme : comment accepter tous les étudiants, mais en améliorant le taux de réussite : dans ce cadre, la sélection/orientation peut-elle être un levier parmi d’autres ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/185334/original/file-20170909-32330-1ubtlj6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’accès à l’université est-il un parcours d’obstacles ? (Toulouse Mirail).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/3400517915/65c0d35753/">Frank Taillandier/Visual Hunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Échec en Licence</h2>
<p>Le taux de réussite de la Licence en trois ans est scandaleusement <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_19-les_parcours_et_la_reussite_en_licence_licence_professionnelle_et_master_a_l_universite.php">faible : 27 %</a>. Ce chiffre peut se comprendre en réalisant que, en moyenne, environ 65 % des étudiants réussissent leurs examens chaque année. Cela aboutit mécaniquement à environ 27 % de réussite sur trois ans (0,65<sup>3</sup> = 0,27 soit 27 %), même si le réalité est bien plus complexe que ce simple modèle.</p>
<p>Les enseignants-chercheurs qui côtoient, comme moi, les étudiants de L1 le savent bien : une partie des étudiants s’évapore vite dès le début du premier semestre (littéralement : on ne les voit pas ou plus après une ou deux séances), une partie demeure mais ne s’accroche pas assez, une autre partie s’accroche mais n’obtient pas des résultats satisfaisants, et enfin une partie réussit convenablement.</p>
<p>Ce sont des jeunes citoyens qui composent les rangs des deux tiers d’étudiants qui échouent. Statistiquement issus plutôt des catégories les moins favorisées <a href="http://theconversation.com/acces-a-luniversite-et-financement-de-lenseignement-superieur-et-de-la-recherche-que-faire-episode-1-83054">on l’a vu</a>, ils n’ont pas toujours obtenu et acquis les codes et méthodologies au lycée pour s’adapter au supérieur. Ils travaillent mais échouent assez vite et se découragent – malgré les petits groupes, l’accompagnement, le tutorat et autres dispositifs équivalents souvent mis en place par leurs établissements. Par ailleurs, nombre d’entre aux doivent avoir une activité salariée pour financer leur logement. Certains étudiants de bonne volonté cumulent alors les difficultés d’ordre extra-universitaire (malgré les aides), alors que l’accès à l’université est l’aboutissement d’une éducation pour une partie des familles ; il est alors cruel et dramatique d’échouer sur cette marche.</p>
<p>Ne sous-estimons pas les drames personnels : l’échec d’un étudiant à l’université est grave pour toute la société. D’abord pour l’étudiant lui-même, car dans sa construction sociale, professionnelle en devenir, et personnelle, c’est une cassure qui s’opère et qui peut être longue à réparer malgré les joies et l’ouverture intellectuelle rencontrées à l’université. Pour l’université ensuite, car ce sont des ressources humaines très qualifiées qui sont déployées et des moyens qui sont mobilisés sans résultat net (alors qu’un étudiant ne constitue pas seulement un coût, mais bien un apport à la société). Pour la société enfin, qui accepte (et se résigne, abdique ? face à) ce gâchis dans un contexte de sous-financement des universités.</p>
<p>Au-delà des chiffres, ces étudiants ont des parcours personnels riches, et ont beaucoup à apporter à notre société – pourtant avide d’innovations, de créativité, de ruptures, d’idées novatrices, d’influences multiculturelles – mais qui reproduit ses élites comme au XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
<h2>Frais d’inscription à l’université</h2>
<p>Ils sont parmi les plus bas du monde (et coûtent moins cher mensuellement qu’un <a href="http://www.navigo.fr/titres/le-forfait-navigo-mois-tarifs-et-zones/">forfait Navigo</a> de transports en commun en Île-de-France). Pourquoi ne pas les augmenter afin de rendre viable le modèle de financement des universités, en manque cruel de moyens comme on l’a vu ? Cette question importante mérite d’être posée.</p>
<p>Pour y répondre, il faudra cependant, au-delà des postures idéologiques, prendre en compte la sociologie des étudiants qui seront touchés, ainsi qu’examiner les exemples à l’étranger (en n’omettant pas les biais des modes de financement différents des établissements), ce qu’ont fait les rapport <a href="http://multimedia.enseignementsup-recherche.gouv.fr/stranes2015/index.html#154">STRANES</a> de l’<a href="http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/education/regards-sur-l-education-2016_eag-2016-fr#page258">OCDE</a>, ou de manière complète <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00749625v2">mes collègues D. Flacher, H. Harari-Kermadec, et L. Moulin</a>. Certaines de ces études prennent en compte la difficulté de l’accès au crédit, le désengagement des États suite au relèvement des frais d’inscription. On le voit, le sujet est très complexe et ne traite qu’une petite partie du problème de l’accès à l’université et du financement pérenne de l’ESR.</p>
<h2>Dualité universités – CPGE/grandes écoles</h2>
<p>Les CPGE et l’université se partagent l’essentiel de l’accès au premier cycle pour les filières longues. Cette spécificité française engendre un biais sociologique et de niveau scolaire assez important, puisque les classes prépapartoires, sélectives, attirent en proportion une majorité de <a href="http://cache.media.education.gouv.fr/file/60/08/9/6_25089.pdf">bons élèves</a>.</p>
<p>Au contraire des autres pays, l’université française est souvent perçue par les familles comme un second choix. Heureusement, de nombreuses passerelles ou équivalences existent dans les deux sens, favorisant la perméabilité des filières CPGE/ingénieur et universitaires. Citons les exemples : 1) les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Magist%C3%A8re_(dipl%C3%B4me)">magistères universitaires</a> très prisés et dans lesquels s’inscrit parfois une écrasante majorité d’anciens élèves de CPGE ; 2) les écoles d’ingénieur universitaires <a href="http://www.polytech-reseau.org/accueil/">Polytech</a> avec prépas intégrées, sélectives et prisées ; 3) les <a href="http://www.letudiant.fr/examen/concours-ingenieurs/admissions-paralleles-entrer-dans-grande-ecole-sans-passer-par-la-prepa.html">admissions parallèles</a> des grandes écoles sur dossier pour les étudiants universitaires titulaires de DUT, licence ou M1. Notre système gagnerait à faciliter et généraliser ces passerelles.</p>
<h2>Science et société</h2>
<p>Je dépasse ici le cadre strictement universitaire pour élargir vers tout l’ESR et aborder le sujet de la relation – parfois tumultueuse – de la science et de la société : le grand public, les jeunes, mais aussi les décideurs, les médias, les politiques, les entrepreneurs, etc. Des « fake news » à l’<a href="http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/03/19/eclipse-non-a-l-obscurantisme-dans-certaines-ecoles-de-la-republique_4596554_1650684.html">éclipse de soleil annulée</a> à l’école, nous assistons à une défiance d’une partie des citoyens envers la science. La confusion est entretenue par des actions publiques ou privées sur des sujets importants (nucléaire, OGM, pesticides, perturbateurs endocriniens, cancer, amiante, algues vertes, œufs contaminés, grippe aviaire, médicaments dangereux mis sur le marché, etc.) qui mélangent choix politiques et causes technologiques ou développements scientifiques. La science (toute la science : sciences humaines et sociales et sciences dures) n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Ce sont les (non-)choix éthiques et politiques qui donnent à une découverte ou une technologie une utilité sociale ou la transforment en danger public.</p>
<p>Pourtant de nombreuses actions existent et peuvent prendre différentes formes, des célébrissimes <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fête de la Science</a> ou <a href="https://www.afastronomie.fr/les-nuits-des-etoiles">Nuit des Étoiles</a>, à des performances arts et sciences, des café-débats comme <a href="https://pintofscience.fr/">Pint of Science</a>“ ou <a href="https://www.ted.com/tedx/events?autocomplete_filter=France">TEDx</a> ou encore sous forme papier ou électronique (chaînes vidéo YouTube, podcasts, sites web – comme celui-ci ! – blogs, réseaux sociaux, etc.). On remarquera cependant un manque de recul critique et un grand illettrisme scientifique parmi la population – et en particulier au sein de la classe politique. Le 21 février 2017, l’<a href="http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0926.asp">Assemblée nationale</a> votait une bienvenue résolution sur les sciences et le progrès dans la République. Avec la <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid113974/la-strategie-nationale-de-culture-scientifique-technique-et-industrielle.html">SNCSTI</a>, cette résolution est de nature à réconcilier les citoyens avec la science en général, enjeu important (y compris donc pour les acteurs de l’ESR), mais de nombreux progrès restent à faire pour promouvoir l’esprit critique, la démarche scientifique, la joie de la curiosité et de l’inconnu, bref le « bon sens » de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes#cite_note-6">Descartes</a>. À ce sujet, je ne résiste pas au plaisir de citer le très regretté <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Comment_voyager_avec_un_saumon">Umberto Eco</a> : </p>
<blockquote>
<p>« Contrairement à ce que disait Descartes, la chose du monde la mieux partagée, ce n’est pas le bon sens, mais la bétise : car chacun pense en être si bien dépourvu que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer moins qu’ils en ont. »</p>
</blockquote>
<h2>Autres problématiques</h2>
<p>Parmi d’autres problématiques dans d’enseignement supérieur et la recherche, citons : la charge de travail croissante et peu supportable pour les équipes scientifiques et administratives concernant l’inflation des guichets de demandes de financements (dont le faible taux de succès de l’<a href="http://www.agence-nationale-recherche.fr/">ANR</a>, <a href="http://excellagence.fr/">parfois tourné en dérision</a>, ou le <a href="https://brigittegonthier-maurin.fr/activite-des-senateurs/les-communiques-de-presse/article/en-publiant-cette-contribution-personnelle-je-poursuis-mon-objectif-de">discuté Crédit impôt recherche CIR</a>), les complications sans fin pour engager des collègues en CDD quand on en a la possibilité, les <a href="https://universiteenruines.tumblr.com/">locaux souvent dégradés</a> et les charges immobilières contraignantes, des politiques RH souvent bloquées (en particulier par le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Glissement_vieillissement_technicit%C3%A9">GVT</a>) avec le recours à de nombreux contractuels faisant de fait du travail récurrent normalement dévolu à des personnels permanents dont les « postes » n’existent pas ou plus, les faibles perspectives d’évolution de carrière des personnels et les faibles ouvertures de recrutements, les <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid94756/les-regroupements-universitaires-et-scientifiques-une-coordination-territoriale-pour-un-projet-partage.html">regroupements d’établissements dans des COMUE ou autres grandes structures</a> toujours questionnés, en plus des problématiques spécifiques à l’autonomie des établissements sans les moyens associés, et à l’attractivité sur la scène internationale. Le bilan de la <a href="http://www.lemonde.fr/education/article/2017/08/15/apres-dix-ans-d-autonomie-les-universites-peinent-toujours-a-trouver-l-equilibre_5172669_1473685.html">LRU</a> est également débattu. </p>
<p>Ces points ne seront pas abordés ici, mais indiquons que les établissements et organismes sont sensibles à ces aspects et tentent – arrivent même parfois – à mettre en place des politiques de rétablissement ou d’évolution de la situation vers un état plus sain et plus serein.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183497/original/file-20170825-19963-1we2hce.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Spécialisation de la science française par rapport aux USA, à la Chine et au Japon. La France excelle notamment en mathématiques, sciences de l’univers, et biologie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ESR 2017 : Figure 46.02 : https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_R_46-le_profil_scientifique_de_la_france_a_travers_ses_publications.php</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Terminons ce tableau par une note plus positive : les moyens de la recherche sont souvent préservés ou reconfigurés de sorte à permettre des avancées scientifiques constantes dans des conditions acceptables pour l’essentiel. (Avant de m’attirer les foudres des collègues en colère sur ce dernier point, je signale qu’effectivement en matière de recherche, la France est, comme pour l’enseignement supérieur, en mode de sous-investissement criant, en témoigne par exemple la comparaison avec les <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_R_26-l_effort_de_recherche_et_developpement_en_france.php#ILL_EESR10_R_26_05">autres pays</a> de l’OCDE).</p>
<hr>
<p><em>Je passerai en revue dans l’épisode 3 l’essentiel des propositions communément discutées pour faire face à ces constats, avant de formuler (épisode 4) des propositions.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83689/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé Dole est l'un des Vice-Présidents de l'université Paris-Sud, chargé de "médiation scientifique, art, culture, société" (il s'exprime ici à titre personnel). Il a reçu des financements du CNES, de la Région Ile-de-France (DIM-ACAV), du CNRS (PNCG) de l'IUF, et de l'ANR. Il est élu local dans une ville de l'Essonne, et membre du think tank Terra Nova 91. Il est en outre auteur du livre "le coté obscur de l'univers" (2017, Dunod). Il a marché pour les sciences.</span></em></p>Quelques faits et constats, avec une approche aussi objective et pédagogique que possible, qui sont à l’origine des débats actuels sur l’enseignement supérieur et l’université.Hervé Dole, Professeur (astrophysique et physique) - Institut d'Astrophysique Spatiale (CNRS & Univ. Paris-Sud), Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/815012017-08-20T20:02:08Z2017-08-20T20:02:08ZAccès à l’université : comment pourrait-on éviter le « gâchis » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/182298/original/file-20170816-32632-1rr1fmr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des étudiants, lors d'un cours dans un amphithéâtre de l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (octobre 2013).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/camillestromboni/10555924925/">Camille Stromboni/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Pour Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la gestion de l’admission des élèves à l’université après le bac se traduit cette année par un <a href="http://www.sudouest.fr/2017/07/17/la-procedure-d-admission-post-bac-un-enorme-gachis-selon-frederique-vidal-3624300-4699.php">« énorme gâchis »</a>. Les dysfonctionnements de la plate-forme informatique d’<a href="https://theconversation.com/ce-que-dit-lorientation-post-bac-de-notre-enseignement-superieur-61326">Admission post-bac</a> (APB) montrent les limites d’« un système à bout de souffle », toujours selon les mots de la ministre, repris par les syndicats étudiants.</p>
<h2>L’obligation éducative : un défi pour la République</h2>
<p>Il est donc urgent de se pencher sur le « système » en question. Pour voir, au-delà de la question finalement secondaire de la pertinence de l’algorithme, de quel problème ce « système » est censé être la solution. Le problème à résoudre est donc le suivant : comment concilier des aspirations individuelles avec un système de places ?</p>
<p>Du point de vue de ses <a href="http://www.education.gouv.fr/cid162/les-grands-principes.html">obligations éducatives</a>, la République se trouve placée devant une exigence qui relève du défi : donner à tous les élèves sortant du lycée une chance d’accéder à l’enseignement supérieur. Il s’agit de concilier d’une façon satisfaisante des aspirations individuelles, se traduisant par le choix d’une filière universitaire, avec le système de places qu’offre le système universitaire, tel qu’il est actuellement organisé.</p>
<p>Le problème se pose d’une façon évidente à partir du moment où le nombre total de places disponibles est inférieur au nombre total de lycéens candidats à l’université. Ce qui n’est pas actuellement le cas. La <a href="https://theconversation.com/un-imprevisible-choc-demographique-des-universites-48279">pression démographique</a> (plus 30 000 étudiants par an depuis trois ans ; plus 40 000 attendus l’an prochain) peut toutefois faire tendre vers cette limite.</p>
<p>De plus, il existe un problème contemporain, lorsque les capacités d’accueil de certaines licences se révèlent nettement insuffisantes par rapport au nombre d’étudiants qu’elles attirent.</p>
<h2>Six solutions envisageables</h2>
<p>Que le problème soit général (touchant l’ensemble du système de places) ou local (ne touchant que des licences spécifiques), que faire en cas de tension ? Six grandes solutions paraissent envisageables.</p>
<ol>
<li><p>Augmenter de façon très importante le nombre de places offertes dans toutes les filières, de façon à faire disparaître la possibilité même d’un « engorgement » local. Mais la nation peut-elle se permettre un tel effort, avec le risque d’offrir des places superfétatoires ?</p></li>
<li><p>Se contenter d’augmenter uniformément, mais avec parcimonie (contexte budgétaire oblige), le nombre de places offertes par le système, en espérant que chacun finira bien par trouver sa place. C’est, semble-t-il, la solution qu’ont préférée les décideurs jusqu’à présent. Mais celle-ci n’est-elle pas frileuse, sans ambition, et toujours précaire ?</p></li>
<li><p>Augmenter systématiquement le nombre de places offertes dans les <a href="http://www.letudiant.fr/etudes/apb/apb-2016-licence-libre-candidature-groupee-comment-se-preinscrire-a-l-universite/apb-2016-des-candidatures-groupees-pour-4-filieres-en-tension.html">licences en tension</a>. Mais, outre le fait que cela revient à privilégier des filières que leur seul intérêt scientifique et formatif ne prédispose pas nécessairement à un tel traitement, une gestion en dents de scie n’est guère satisfaisante pour l’esprit.</p></li>
<li><p>En cas de tension (locale) ingérable, organiser un <a href="https://theconversation.com/dathenes-a-luniversite-francaise-le-tirage-au-sort-a-travers-les-siecles-78943">tirage au sort</a>. Cette solution de désespoir, hélas <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/06/23/le-tirage-au-sort-a-l-universite-juge-illegal_4956952_4401467.html">mise en œuvre aujourd’hui</a>, n’est-elle pas à l’évidence synonyme d’injustice ?</p></li>
<li><p>Organiser des concours d’entrée dans les licences en tension, un peu à l’image de ce qui se fait en <a href="http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/le-concours-de-medecine-une-selection-impitoyable-5428/">médecine</a>. Cette solution aurait le mérite de faire prévaloir les « compétences » des candidats, en minimisant les risques d’échec futur. Mais avec tous les aléas d’une épreuve ponctuelle et le formalisme discutable de tout concours de recrutement. Sans oublier la dimension discutable d’une sélection aussi brutalement pratiquée !</p></li>
<li><p>Organiser ce que l’on pourrait appeler une « orientation sélective », en informant les lycéens, en amont, des exigences propres aux licences qui pourraient les intéresser (exigences pouvant être exprimées en termes de prérequis) ; tout en donnant aux enseignants-chercheurs des filières universitaires le dernier mot pour la décision d’admission. Celle-ci ne reposerait plus alors sur le travail mécanique <a href="https://theconversation.com/algorithmes-a-lecole-ne-nous-trompons-pas-de-polemique-65903">d’un algorithme</a> ; mais sur un jugement porté par des êtres humains sur les chances d’adéquation entre un parcours scolaire antérieur, et un possible parcours futur de formation. Dans l’espoir de maximiser les chances de réussite.</p></li>
</ol>
<p>Chacun jugera de la pertinence de ces solutions. Mais chacun ne devrait-il pas reconnaître que la solution 6 de l’« orientation sélective » est celle qui offre le plus de garanties du point de vue de la justice et de l’efficacité ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/182299/original/file-20170816-11616-15q9lup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Peut-on et comment donner une chance à tous ? Des étudiants sur le site du campus de la route de Mende de l’université Montpellier 3.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/camillestromboni/14248135730/">Camille Stromboni/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un devoir et un droit à clarifier d’urgence</h2>
<p>N’allons-nous toutefois pas trop vite en besogne en qualifiant de « juste » cette dernière solution ? La justice ne voudrait-elle pas que chaque lycéen trouve une affectation conforme à ses aspirations individuelles ?</p>
<p>Cela contraint à clarifier ce que l’on est en droit d’exiger de l’<a href="http://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2013/09/21/la-france-etat-educateur-etat-formateur/">État éducateur</a>. Dans notre République démocratique, on peut estimer que l’État a le devoir d’agir pour que tout bachelier puisse accéder aux études supérieures, en veillant à ce que celles-ci offrent un nombre de places suffisant pour accueillir tous les postulants.</p>
<p>En ce sens, le <a href="https://theconversation.com/baccalaureat-pourra-t-on-secouer-le-geant-qui-dort-61323">baccalauréat</a>, comme premier grade universitaire, est une clé devant assurer l’entrée dans le système universitaire de formation. Le fonctionnement du « système » repose sur cette conviction. Les lycéens sont alors fondés à dénoncer une injustice quand leur droit <a href="http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/condition-etudiante/etudes-superieures/">d’accéder aux études supérieures</a> est bafoué.</p>
<p>Toutefois ce droit soulève deux questions, auxquelles il serait urgent d’apporter des réponses claires. La première est de savoir s’il implique une pleine liberté dans le choix de ses études. N’importe quel bachelier a-t-il le droit de choisir n’importe quel parcours de formation universitaire ?</p>
<p>Ni les classes préparatoires, ni les IUT, ni les Sections de Techniciens Supérieurs, ne fonctionnent sur ce schéma. Pourquoi devrait-il s’imposer aux seules universités ? L’absolu de la liberté ne vient-il pas buter sur les limites imposées par les capacités, ou <a href="https://www.scienceshumaines.com/capabilites_fr_29433.html">capabilités</a> (pour parler comme le prix Nobel Amartya Sen) des individus ?</p>
<p>La seconde question est de savoir si le baccalauréat confère ce qui serait une capacité automatique à s’engager dans des études, quelles qu’elles soient, avec de bonnes chances de réussite. La réussite future n’exige-t-elle pas un minimum de cohérence et d’harmonie entre un parcours scolaire et un parcours de formation ? Le souci de justice ne devrait-il pas conduire à détourner certains lycéens de filières dans lesquelles ils ont <a href="https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2013/44/7/NI_MESR_13_10_283447.pdf">au minimum 50 % de chances d’échouer</a> ? Bien sûr, l’échec n’est jamais certain. Mais ne doit-on pas prévenir ce risque majeur par un travail d’orientation conduisant à choisir des études offrant des chances raisonnables de réussite ?</p>
<p>On le voit : on ne pourra pas trouver de « bonne » solution au problème de l’entrée à l’université sans réflexion préalable et sereine sur ce que les lycéens sont vraiment en droit d’exiger. Telle est sans doute la première condition à respecter pour prévenir un futur « scénario catastrophe », et éviter un nouveau « gâchis ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81501/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charles Hadji ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le système d’admission des élèves à l’université après le bac est « à bout de souffle ». Comment concilier des aspirations individuelles avec un système de places ? Voici six solutions possibles.Charles Hadji, Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/810792017-07-18T22:07:20Z2017-07-18T22:07:20ZComment nos voisins européens orientent et sélectionnent les futurs étudiants à l’université<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/178354/original/file-20170716-8999-15no8hv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Étudiants dans la cour de la Sorbonne.</span> <span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/227138/original/file-20180711-27030-14gt88i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">DR.</span>
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<p><em>Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://bit.ly/2qJ1aUH">quelleestvotreeurope.fr</a></em></p>
<hr>
<p>En France, le baccalauréat est le premier diplôme de l’enseignement supérieur. Ce sésame pour l’université et un rite de passage qui marque la fin des études secondaires. Cette année, <a href="http://www.education.gouv.fr/cid118789/resultats-de-la-session-de-juin-du-baccalaureat-2017.html">641 700 nouveaux bacheliers</a> ont obtenu ce précieux viatique.</p>
<p>Dans le système actuel, tout bachelier, quel que soit son bac et sa série (général, technologique, professionnel, scientifique, économique, littéraire…), <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071191&idArticle=LEGIARTI000006525182&dateTexte=&categorieLien=cid">peut en principe demander à accéder de droit</a> à n’importe quelle licence ou aux études de santé à l’Université publique.</p>
<h2>L’accès à l’université est devenu problématique</h2>
<p>Pourtant, dans les faits, l’accès à l’université devient problématique avec des filières très demandées qui débordent. Le système de répartition des étudiants en fonction de leurs vœux, le logiciel APB, <a href="https://theconversation.com/licence-paces-apb-pourquoi-le-systeme-coince-comment-le-faire-evoluer-79482">est saturé</a> et une sélection de fait s’effectue par tirage au sort pour une partie des affectations.</p>
<p>Ceci suscite la <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/06/10/apb-bonheur-et-frustration-apres-les-premiers-resultats_4948071_4401467.html">frustration et l’incompréhension</a> d’une partie des étudiants qui n’obtiennent pas le choix correspondant à leur projet professionnel, parfois malgré un excellent dossier scolaire. C’est une des conséquences de l’<a href="http://www.studyrama.com/formations/filieres/universite/actualite/toujours-plus-de-bacheliers-dans-l-enseignement-103287">augmentation du nombre de bacheliers</a>, mais aussi d’une absence de régulation qui fait que la demande des étudiants ne correspond pas à l’offre des universités et aux débouchés professionnels ouverts à la sortie. Tout le monde s’accorde ainsi à dire que le tirage au sort n’est pas la solution.</p>
<p>Mais quelle est la solution ?</p>
<ul>
<li>Est-ce l’ouverture de places supplémentaires dans les filières très demandées, afin de s’adapter aux vœux des bacheliers ?</li>
</ul>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=824&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=824&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=824&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1036&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1036&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/178532/original/file-20170717-6078-1n1cngz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1036&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Logotype du processus de Bologne.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bologna-Prozess-Logo.svg?uselang=fr">Flickr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Est-ce la mise en place de critères d’accès spécifiques pour garantir que les bacheliers s’engagent dans des voies adaptées à leur cursus effectué au lycée ?</p></li>
<li><p>Est-ce la sélection par le mérite, comme elle se pratique dans nos grandes écoles ?</p></li>
</ul>
<p>L’objectif de cette analyse est de regarder comment font nos voisins européens qui sont engagés, comme nous, dans le <a href="http://ec.europa.eu/education/policy/higher-education/bologna-process_fr">processus de Bologne</a>. Comment déterminent-ils l’entrée des étudiants dans une filière à l’issue de leurs études secondaires ? Quels processus ont-ils mis en place ? Et pour quels résultats ?</p>
<h2>L’examen terminal du secondaire</h2>
<p>L’examen terminal du secondaire, homologue de notre baccalauréat, existe chez la plupart de nos voisins européens. Il prend toutefois des formes assez différentes suivant les pays (son contenu disciplinaire, son organisation, son caractère obligatoire ou facultatif varie d’un pays à l’autre). C’est toujours un élément clé du processus d’entrée à l’université. La nature et les modalités de cet examen terminal sont en effet très normatives, parce que ses notes, matières et moyennes sont souvent des critères utilisés par la suite.</p>
<p>On trouve trois grandes catégories de certification des études secondaires chez nos voisins européens :</p>
<p>Certains pays ont un examen multidisciplinaire, analogue à notre baccalauréat. L’élève doit valider un ensemble de disciplines et obtenir une note moyenne globale minimum pour obtenir la certification. Ces examens valident donc une performance d’ensemble de l’élève, avec possibilité de compensation de certaines matières par d’autres. C’est le cas de l’<em>Abitür</em> en Allemagne, du Certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS) en Belgique, de la <em>Maturità</em> italienne ou de la Maturité gymnasiale en Suisse.</p>
<p>Dans certains cas (<em>Abitür</em>, <em>Maturità</em>), la note finale à l’examen peut contenir une part de notes obtenues en contrôle continu au cours des dernières années de secondaire. Le nombre de disciplines présentées à l’examen est souvent plus limité qu’à notre baccalauréat (3 à 6), avec en général un noyau de disciplines obligatoires.</p>
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<span class="caption">Un diplôme du baccalauréat, datant de 1963.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Lyc%C3%A9e_de_jeunes_filles_031.jpg">André Payan-Passeron/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>D’autres pays ont un système d’examens par matières individuelles, sans note moyenne et sans compensation entre les disciplines. Ces examens ont pour objectif de certifier que l’élève a atteint un niveau donné dans ces disciplines. C’est le cas des <em>A-levels</em> britanniques et du <em>Leaving certificate</em> irlandais. En République d’Irlande, par exemple, les élèves passent au moins six matières, dont trois obligatoires (anglais, irlandais, maths).</p>
<p>Les élèves peuvent valider certaines matières et échouer à d’autres. Pour chacune d’elles, ils peuvent tenter plusieurs niveaux de difficulté : <em>foundation</em>, <em>ordinary</em> ou <em>higher</em>. Ces niveaux de certification sont l’un des critères utilisés pour l’entrée à l’Université.</p>
<p>La <em>Matura</em> autrichienne est une combinaison des deux précédents systèmes, avec simultanément des validations par matière (l’allemand, les mathématiques et une langue étrangère sont obligatoires) et une note moyenne globale.</p>
<p>La Suède a supprimé l’examen terminal du secondaire, le <em>Studentexamen</em>, en 1968. Pour la validation du cycle secondaire, elle s’appuie désormais sur un système de contrôle continu et d’accumulation de crédits, avec des validations imposées dans un certain nombre de disciplines de base (suédois, mathématiques, etc.).</p>
<p>Dans certains pays, l’examen terminal est facultatif et n’est passé que par les élèves désirant candidater à l’Université, c’est par exemple le cas de la <em>Selectividad</em> en Espagne.</p>
<h2>Modalités et critères d’accès à l’Université</h2>
<p>L’analyse des modes de fonctionnement chez nos plus proches voisins montre une diversité de pratiques, avec des systèmes très ouverts comme le nôtre, en Belgique ou en Italie. À l’inverse, il existe des systèmes avec une sélection assumée et institutionnalisée, comme en république d’Irlande, au Royaume-Uni, au Danemark, en Espagne ou au Portugal. Quelques pays pratiquent enfin des méthodes intermédiaires, partiellement sélectives, ou avec des approches innovantes, comme l’Allemagne, la Suède ou les Pays-Bas.</p>
<p>Dans les systèmes « ouverts », l’examen terminal ouvre en principe directement l’accès à l’université, comme notre baccalauréat. Il existe pourtant presque systématiquement des critères d’admission. En Belgique, par exemple, le CESS professionnel (équivalent de notre bac technologique/professionnel) ne donne accès qu’aux formations supérieures courtes et pas aux licences générales.</p>
<p>Plusieurs pays pratiquent une sélection basée sur les résultats à l’examen terminal. En Irlande, un portail national, le <a href="http://www.cao.ie/index.php"><em>Central Application Office</em></a> centralise les vœux des candidats à l’Université et effectue ensuite un classement des étudiants dans chaque filière, sur la base d’un système de points attribués à partir des notes obtenues au <em>Leaving Certificate</em>. C’est un système de sélection au mérite, avec des critères adaptés à chaque filière de chaque université.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/178683/original/file-20170718-20874-qcahje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un étudiant se voit remettre le diplôme de la Selectividad.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/juntagranada/35436859181/">J.M. Grimaldi/Junta de Andalucía/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>En Espagne, la <em>Selectividad</em> est dans la pratique un concours d’accès à l’enseignement supérieur, organisé dans les universités publiques de chaque Communauté autonome. La <em>Selectividad</em> a une partie commune (épreuve d’espagnol, d’histoire, d’une Langue étrangère et d’une spécialité) et deux à quatre matières optionnelles. Les universités peuvent définir une pondération de ces différentes notes, adaptées aux différentes filières qu’elles offrent en premier cycle. Les étudiants sont admis par ordre de mérite en fonction de leur score dans la filière demandée. Le système portugais est très similaire, avec un examen-concours d’entrée appelé <em>Exames Nacionais do Ensino Secundário</em>.</p>
<p>Le Danemark, le Royaume-Uni et la Suède pratiquent aussi un système de sélection. Chaque université fixe des critères d’admission spécifiques, basés sur les résultats des élèves dans le secondaire et parfois sur des entretiens ou des épreuves complémentaires.</p>
<p>C’est aussi parfois un mélange de prérequis et de sélection. Par exemple, pour entrer en <a href="https://www.umu.se/en/education/master/bachelor-of-science-programme-in-life-science/?orientation=LISC#applications">licence de biologie à l’Université d’Umeå</a> en Suède, il faut avoir validé dans le secondaire les matières « biologie », « physique » et « chimie » à un niveau avancé et les mathématiques à un niveau de base. Si le nombre de candidatures dépasse la capacité d’accueil, l’université sélectionne alors ses étudiants sur la base de critères de mérite (notes obtenues).</p>
<p>Sa voisine, la Norvège, a mis en place un dispositif national centralisé de candidatures, le <a href="https://www.samordnaopptak.no/info/english/">NUCAS</a> qui ressemble beaucoup à notre APB et au système irlandais évoqué plus haut. Chaque candidat y formule une dizaine de vœux pour toutes les licences du pays, classés par ordre de préférence, et le système répartit ensuite les étudiants globalement. Ce système reste différent de notre APB, car il n’existe pas de tirage au sort, mais un système de points attribués aux étudiants. Ces points sont basés sur leurs résultats dans le secondaire ainsi que sur d’autres critères (adéquation du parcours antérieur, âge, service militaire, etc.).</p>
<h2>Autriche, Pays-Bas, Italie… les critères d’admission changent</h2>
<p>Ailleurs qu’en France, le système est, comme chez nous, en discussion et en évolution.</p>
<p>L’Autriche a abandonné son système complètement ouvert pour introduire un système de plus en plus contingenté dans un certain nombre de filières. Depuis 2005, les universités autrichiennes peuvent fixer leurs critères d’admission dans un certain nombre de filières.</p>
<p>Les Pays-Bas introduisent la sélection cette année, après avoir pratiqué un système appelé <em>matching</em> (appariement). Les candidats à une filière devaient remplir un questionnaire de motivation, y effectuer un stage d’immersion d’une journée et participer à un entretien avec les responsables de la filière dans laquelle ils candidataient. Ce dispositif était obligatoire mais n’était pas coercitif. L’objectif était de mieux informer et de dissuader certains étudiants de s’engager dans des filières ne leur convenant pas.</p>
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<span class="caption">Des étudiants italiens lors de la Maturità, en 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/bibliotecafem/27222926273/">Biblioteca Fondazione Mach/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, en Italie, après avoir eu un système totalement ouvert, le pays expérimente un processus d’orientation semi-prescriptif. Les candidats sont évalués par chaque université sur leur maîtrise de prérequis minimum pour la filière demandée. Les tests ne sont pas éliminatoires, mais les étudiants qui persistent à vouloir s’inscrire malgré un avis défavorable de l’université doivent valider un enseignement de remise à niveau.</p>
<p>L’ensemble de ce panorama, en y ajoutant le système allemand décrit ci-dessous, montre que nos principaux voisins européens pratiquent quasiment tous des formes d’orientation prescriptive ou de sélection. Ceci comprend à la fois des pays à tradition plutôt libérale comme le Royaume-Uni, comme des pays à tradition très sociale comme l’ensemble des pays scandinaves.</p>
<h2>Le système allemand, un mélange de pratiques différenciées</h2>
<p>En Allemagne, l’équivalent du baccalauréat est l’<em>Abitür</em>. Le système secondaire allemand est toutefois assez différent du nôtre, puisqu’une fraction importante des élèves empruntent des voies très professionnalisantes, souvent en apprentissage. Du coup, à peine la moitié des jeunes allemands passe cet examen terminal (en France, la proportion de bacheliers dans une génération <a href="https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_07-le_baccalaureat_et_les_bacheliers.php">est de 78 %</a>. L’<em>Abitür</em> donne en principe accès de droit à toutes les filières universitaires outre-Rhin.</p>
<p>Dans la pratique, c’est un peu plus complexe. Certaines filières sont contingentées avec un <a href="http://www.letudiant.fr/etudes/medecine-sante/reussir-ses-etudes-de-sante-40-questions-reponses-15529/etudes-de-sante-c-est-quoi-le-numerus-clausus-13681.html"><em>numerus clausus</em></a> national à l’entrée : c’est le cas des filières santé et vétérinaires. D’autres sont contingentées au niveau local, avec des capacités d’accueil limitées, c’est fréquemment le cas en psychologie, en droit, en économie, en biologie ou en informatique. Certaines universités très prestigieuses et attractives, comme la Freie Universität de Berlin ont contingenté <a href="http://www.fu-berlin.de/en/studium/information_a-z/ncmerkblatt/index.html#Limit">presque toutes leurs formations de premier cycle</a>.</p>
<p>Il existe un système qui permet aux étudiants de candidater à un grand nombre de ces formations contingentées (géré par une fondation indépendante, le <a href="http://www.hochschulstart.de/">Stiftung für Hochschulzulassung</a>). Ce sont les universités qui font le choix d’adhérer à ce programme. Elles fixent alors le nombre de places disponibles et les critères d’admission pour chaque filière.</p>
<p>Le système d’accès dans ces formations à <em>numerus clausus</em> suit un système de répartition des places par segment. Trois segments sont définis, avec des proportions et règles qui varient légèrement d’une université à l’autre et en fonction de règles défini par chaque <em>Land</em> allemand :</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=722&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=722&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=722&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=907&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=907&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/178527/original/file-20170717-13117-1j94lef.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=907&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Affectation des places à l’entrée des universités allemandes. 20 % sont attribuées au mérite. 60 % sur la base de prérequis spécifiques de la filière et de l’université choisie. Les 20 % restants sont ouverts à tous et attribués sur la base d’une file d’attente qui peut atteindre plusieurs semestres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span></span>
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<ul>
<li><p>20 % des places environ sont attribuées au mérite aux étudiants ayant eu les meilleures notes à l’examen national de fin du second cycle (<em>Abitür</em>).</p></li>
<li><p>20 % des places sont attribuées par un système de liste d’attente, mais sans critères de mérite ou de prérequis. Dans certaines filières/universités très demandées, la durée d’attente peut atteindre 10 à 15 semestres.</p></li>
<li><p>60 % des places sont attribuées sur une combinaison de critères de mérite et de prérequis, définis par l’université pour chaque parcours. C’est une sélection basée sur un score qui combine la moyenne à l’<em>Abitür</em>, les notes dans certaines matières spécifiques obtenues dans les dernières années du secondaire et la validation d’expériences professionnelles ou de stages en lien avec la formation demandée.</p></li>
</ul>
<p>Enfin, il existe des systèmes de priorité ou de quota pour certains publics particuliers (chargés de famille, volontaires du service militaire ou civil, reprises d’étude, handicapés, etc.).</p>
<h2>L’efficacité du système</h2>
<p>La mesure de l’efficacité du système est une question intrinsèquement complexe, parce qu’elle dépend de paramètres multiples. La sélection des étudiants à l’entrée du système universitaire en est un, mais il en existe d’autres, comme le contenu des programmes, l’accompagnement (orientation, tutorat), les dispositifs incitatifs lors du cursus – qu’ils soient financiers (condition d’attribution des bourses) ou pédagogiques (modalités de validation et de réinscription).</p>
<p>Parmi ceux-ci, le recrutement initial des étudiants est un paramètre majeur, selon une <a href="http://ec.europa.eu/dgs/education_culture/repository/education/library/study/2015/dropout-completion-he-summary_en.pdf">étude européenne</a> sur la question de la réussite en premier cycle.</p>
<p>La comparaison des performances des différents pays européens est elle-même un sujet complexe, car les études menées nationalement dans chaque pays ne le sont pas toujours avec la même méthodologie.</p>
<p>L’analyse comparative des performances de la France avec ses voisins immédiats pour lesquels des données comparables sont disponibles est édifiante. Là où nous peinons à atteindre les 40 % d’étudiants entrés dans le système et validant leur licence au bout de quatre ans, <a href="http://ec.europa.eu/dgs/education_culture/repository/education/library/study/2015/dropout-completion-he-summary_en.pdf">nos voisins affichent entre 70 % et 85 % de taux de réussite</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=407&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/178531/original/file-20170717-6084-1kygpg2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=511&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Taux de diplomation en licence des étudiants admis en premier cycle dans différents pays. La France figure parmi les derniers pays européens en terme de réussite en licence, d’après une étude de l’Union européenne de 2015 sur l’ensemble des pays disposant d’études sur la question.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span></span>
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</figure>
<p>L’une des différences communes essentielles entre eux et nous est précisément les conditions d’accès à l’Université. En effet, tous ces pays pratiquent une forme de sélection ou de prérequis à l’entrée. Malgré la nécessité d’interpréter avec précaution les données évoquées plus haut, l’écart avec nos voisins est très important.</p>
<p>On ne peut donc s’empêcher de penser que le recrutement de nos étudiants doit avoir un impact important dans la très faible performance de notre premier cycle d’enseignement supérieur. Si notre système ne sélectionne pas à l’entrée, il sélectionne donc ensuite par l’échec, avec un coût humain très lourd.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Dardel préside l'Université Paris Descartes. L'Université Paris Descartes reçoit une subvention annuelle pour charge de service public, comme tous les établissements d'enseignement supérieur. Elle applique les lois et règlements en matière d'admission et de réorientation des étudiants.</span></em></p>APB, tirage au sort, prérequis… ces sujets font polémique chez nous. Partout ailleurs en Europe, la sélection à l’entrée de l’université est largement la règle, permettant de meilleurs résultats.Frédéric Dardel, Président de l'Université Paris Descartes, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/794822017-06-18T19:55:58Z2017-06-18T19:55:58ZLicence, PACES, APB : pourquoi le système coince ? Comment le faire évoluer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/174272/original/file-20170617-17634-14agqpz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vers un premier cycle « à la carte » avec le numérique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel/Université Paris Descartes</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Le premier cycle universitaire est à la croisée des chemins. Les effectifs augmentent. Dans certaines filières, les universités ne peuvent plus absorber le flux de nouveaux bacheliers. L’impact de l’augmentation démographique est aggravé par une inefficacité du système, conséquence d’un déficit d’orientation. L’orientation est en effet un enjeu clé, pour s’adapter et canaliser des publics étudiants qui changent. Pour sortir de la nasse, la licence doit évoluer, devenir complètement modulaire, s’appuyer massivement sur les outils numériques, accompagner les parcours étudiants, valoriser leurs compétences, permettre les passerelles. Nous pensons que l’avenir est au premier cycle à la carte, à la licence « Do it yourself ».</em></p>
<hr>
<h2>Le choc du tirage au sort</h2>
<p>Le premier cycle universitaire est <a href="http://www.leparisien.fr/societe/pourquoi-les-facs-francaises-sont-saturees-15-06-2017-7052799.php">au bord de l’asphyxie</a> dans de nombreux endroits. Un certain nombre de filières de licence et la PACES débordent. APB, le système de répartition des bacheliers <a href="https://theconversation.com/ce-que-dit-lorientation-post-bac-de-notre-enseignement-superieur-61326?sa=pg2&sq=APB&sr=1">est mis en cause</a>. Le tirage au sort se généralise à un <a href="http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/06/09/resultats-apb-2017-le-tirage-au-sort-a-l-entree-a-l-universite-touche-169-licences_5141359_4401467.html">nombre de plus en plus grand de licences</a>. La saturation du système est donc une inquiétude légitime des acteurs, des futurs étudiants et de leurs familles.</p>
<p>Pour expliquer ce phénomène, on invoque à juste titre la démographie, et en particulier l’accroissement du nombre de bacheliers. Les prévisions pour les prochaines années prévoient une poursuite de cette augmentation et donc une aggravation probable de la situation.</p>
<p>La question de l’accès à l’Université ouvert à tous les bacheliers, sans prérequis et sans restrictions, est donc revenue avec beaucoup d’acuité sur le devant de la scène. Si la démographie exerce une pression réelle, le système actuel est aussi très peu efficace et contribue à aggraver l’engorgement de l’Université et à générer de l’échec.</p>
<h2>Un premier cycle universitaire très inefficace</h2>
<p>L’absence de filtre à l’entrée des licences et de la PACES à l’université conduit à un système générant beaucoup d'échecs. Nous avons voulu analyser en détail ce processus à l’échelle de notre établissement, l’université Paris Descartes, sur la base de données exhaustives sur la période 2011-2017 (six années universitaires), concernant un peu plus de 22 000 bacheliers entrants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174255/original/file-20170616-493-1akij7o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"><strong>Flux d’entrée et sortie et parcours des étudiants de 1ᵉʳ cycle</strong> à l’université Paris Descartes. Données moyennes sur les années 2014-2016. Ce schéma ne concerne que les filières non-sélectives, ouvertes aux bacheliers dans APB (hors DUT, licences sélectives…).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous accueillons chaque année environ 3 800 nouveaux bacheliers envoyés par APB en PACES et dans 8 licences non-sélectives. Environ 45 % (1700) de ces étudiants quittent notre université sans avoir obtenu de diplôme, le plus souvent après deux échecs en PACES (environ 700) ou au cours de leur première année de licence (un peu moins de 1000).</p>
<h2>Un temps de passage très long en premier cycle</h2>
<p>Même pour ceux qui réussissent, le système reste largement inefficace. Nous avons analysé le temps moyen écoulé entre l’obtention du bac et celle de la licence. La mesure de cette durée permet de voir les redoublements et réorientations dans le parcours des étudiants. A Paris Descartes, cette durée est de 4,4 ans en moyenne, à comparer à une durée d’études « normale » de 3 ans pour une licence.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=656&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=656&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174188/original/file-20170616-554-1kterf8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=656&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"><strong>Durée des licences</strong>. Distribution des durées écoulées depuis l’obtention du bac pour les diplômés de licence. Données consolidées sur 11 300 diplômés des licences non-sélectives de l’université Paris Descartes sur la période 2011-2016. La durée moyenne d’obtention de la licence est de 4,4 ans, redoublements et réorientations comprises.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notre analyse porte sur un ensemble de 11 200 diplômés de licence sur une période de six ans (2011-2016). Dans cette cohorte, seuls trois étudiants sur dix obtiennent leur licence en 3 ans. Plus de 40 % d’entre eux mettent cinq ans ou plus à obtenir leur diplôme. C’est une constatation qui est largement indépendante de la discipline et qui reste stable dans le temps. Cette durée moyenne d’obtention de la licence varie chez nous de 4,0 ans en économie à 4,8 ans en sciences, avec des résultats intermédiaires dans les autres licences : 4,3 ans en SHS et en droit, 4,4 ans en psychologie et 4,5 ans en STAPS. Les échanges que nous pouvons avoir avec les collègues d’autres universités suggèrent que ces données sont largement représentatives de la situation nationale.</p>
<p>En PACES, les chiffres sont de même nature, avec en moyenne près de 70 % des lauréats des différents concours (médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique) qui sont des redoublants.</p>
<h2>Un gâchis humain et financier</h2>
<p>L’ensemble de ces chiffres montre que nos étudiants « perdent » plusieurs années dans le premier cycle, soit qu’ils changent d’orientation en cours de route, soit qu’ils redoublent, soit qu’ils sortent du système.</p>
<p>On peut quantifier ces années perdues. Sur la période 2011-2016 étudiée, pour environ 22 000 bacheliers entrés chez nous, nous estimons qu’à peu près <strong>28 000 années d’études ont été perdues</strong> : la moitié au titre des étudiants qui sortent de licence ou de PACES sans aucune validation et l’autre sous forme de redoublements pour ceux qui ont obtenu leur licence.</p>
<p>Pour ces étudiants, ces années gaspillées sont évidemment un gâchis humain. Pour leurs familles, c’est une charge lourde. Pour l’université, c’est un coût énorme. Même avec une estimation très basse du coût d’un étudiant de premier cycle à 3 500 euros par an, cela représente pour nous <strong>100 million d'euros d’argent public dépensés pour rien</strong> sur six ans, soit 16 million d'euros par an. C’est un montant considérable pour une université comme la nôtre : 16 million d'euros par an, c’est équivalent à toute notre dotation publique de fonctionnement (hors salaires).</p>
<p>Ceci a deux conséquences :</p>
<ul>
<li><p>Les moyens financiers de l’université pour développer ses formations, adapter sa pédagogie et moderniser son infrastructure sont sévèrement amputés.</p></li>
<li><p>Ça vient gonfler nos effectifs étudiants en pure perte. Si nous pouvions réduire d’un facteur deux les abandons et réduire le nombre de redoublements, par exemple en raccourcissant la durée des licences de 4,4 ans à 3,5 ans, le problème des effectifs de premier cycle serait résolu.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=231&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=231&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=231&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=291&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=291&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174256/original/file-20170616-30841-829lbt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=291&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"><strong>Effectifs de licence et de PACES à Paris Descartes</strong>. En haut, la situation présente, avec les taux de sortie, de redoublement et de réorientation actuels. En bas, les effectifs avec le même flux de diplômés, mais une durée moyenne de licence à 3,5 ans et une division par deux du taux d’échec (sortants sans diplôme).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le schéma ci-dessus montre que dans cette dernière hypothèse, <strong>les effectifs consolidés seraient réduits de 25 %, pour un flux d’étudiants diplômés identique</strong>. A moyens constants (locaux, enseignants), il serait alors possible d’accueillir le surplus d’étudiants d’APB, parce que le « stock d’étudiants » serait réduit du fait d’une durée moyenne d’études plus courte.</p>
<h2>Orientation et prérequis</h2>
<p>Les causes de cette inefficacité du système sont bien connues : c’est le défaut d’orientation initiale des étudiants qui est largement responsable. Malgré les dispositifs mis en place, de nombreux bacheliers continuent à s’engager dans des filières pour lesquelles ils ne sont pas armés. Et ils échouent.</p>
<p>Par exemple, notre licence Mathématiques/informatique a accueilli 268 nouveaux bacheliers en 2014-2015. Parmi ceux-ci, 81 avaient un bac ES, L, Pro ou technologique. Seulement deux d’entre eux ont réussi à valider leur année. Les 79 autres ont échoué. La situation est tout à fait analogue dans les autres licences scientifiques et sur d’autres années.</p>
<p>Depuis la création de la PACES en 2010, Paris Descartes y a reçu 1500 nouveaux bacheliers chaque année. Environ 12,5 % de ces étudiants n’étaient pas titulaires d’un bac scientifique, mais d’un bac ES, L ou technologique. En sept années, <strong>aucun de ces 150 à 200 étudiants par an n’a été reçu au concours</strong>, même après redoublement.</p>
<p>La mauvaise orientation initiale des étudiants est un facteur d’échec majeur. <strong>Introduire des prérequis à l’entrée du système est indispensable pour réduire ce gâchis</strong>, de même que travailler plus efficacement sur l’orientation dès le secondaire.</p>
<p>Une des conséquences de ce défaut d’orientation est l’arrivée massive d’étudiants de niveau très hétérogène en première année. Ceci a deux conséquences très néfastes :</p>
<ul>
<li><p>Elle réduit la capacité d’encadrement pédagogique par les enseignants dont l’effectif lui n’augmente pas.</p></li>
<li><p>Elle conduit à un nivellement de la qualité de la formation, conséquence de l’obligation de se mettre à la portée des moins armés.</p></li>
</ul>
<p>Introduire des prérequis est donc aussi indispensable en termes pédagogiques, au delà des impératifs démographiques et économiques. Pour autant, nous devons veiller à ne pas fermer le système.</p>
<p><strong>Ce système de filtre à l’entrée doit s’accompagner de dispositifs d’accompagnement et de passerelles pour les étudiants ne disposant pas initialement de ces prérequis</strong>. C’est dans cet esprit que notre université a introduit le dispositif <a href="http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2016/11/25/face-aux-difficultes-dorientation-des-jeunes-le-retour-de-la-propedeutique/">PaRéO</a> il y a deux ans.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/NleD_QarstY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les étudiants du DU PaRéO racontent leur expérience.</span></figcaption>
</figure>
<p>Ce DU propose un dispositif actif et participatif pour permettre aux étudiants de construire eux-mêmes leur projet de formation et d’orientation, d’apprendre les outils méthodologiques («apprendre à apprendre») et de se remettre à niveau pour obtenir les prérequis qui leur manquent.</p>
<h2>Rendre l’étudiant « acteur » : vers une licence à la carte</h2>
<p>L’autre handicap du système actuel, c’est le caractère très tubulaire et disciplinaire de beaucoup de licences. Ceci enferme l’étudiant dans un ou quelques parcours, ne favorise pas les possibilités d’ouverture et de réorientation ni l’acquisition de compétences transversales et diversifiées.</p>
<p>Avec nos partenaires de Sorbonne Paris Cité (USPC) : les universités Sorbonne Nouvelle, Paris Diderot, Paris 13 et l’Inalco, nous mettons en place un projet ambitieux de transformation systémique de l’organisation globale de nos licences. Il s’agit de permettre aux étudiants de construire des parcours de réussite, adaptés à leur projet. Appelé Licence « Do it yourself » ou DIY, il s’articule sur quatre volets :</p>
<ul>
<li><p>un parcours d’orientation active accompagnée, décliné à partir de ce que nous avons mis en place dans le dispositif PaRéO (voir plus haut) ;</p></li>
<li><p>la modularisation intégrale des contenus disciplinaires s’appuyant sur une numérisation et une hybridation massive des cours. Ceci permettant la création de parcours entièrement individualisés ;</p></li>
<li><p>la construction de parcours choisis, favorisant ou valorisant l’acquisition de compétences non-nécessairement académiques (apprentissage par la recherche, engagement associatif…) ;</p></li>
<li><p>le développement d’outils numériques spécifiques de suivi et d’accompagnement des étudiants dans ces parcours très ouverts.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/174288/original/file-20170618-14179-p92mhy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"><strong>Principe des licences modulaires DIY</strong>. Elles combinent des contenus disciplinaires à la cartes, des parcours spécifiques et s’appuient sur une hybridation numérique des contenus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Dardel</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Véritables diplômes à la carte, les licences DIY seront déployées progressivement en s’appuyant, d’une part, sur des expériences réussies conduites au sein de USPC : doubles-cursus, <a href="http://www.sorbonne-paris-cite.fr/fr/alterpaces-une-nouvelle-voie-pour-acceder-aux-etudes-de-sante-uspc">AlterPaces</a>, <a href="https://cri-paris.org/licence-fdv/">licences expérimentales</a>, <a href="https://sapiens-uspc.com">services d’appui à l’innovation pédagogique</a>… et, d’autre part, sur des outils complémentaires de suivi, d’accompagnement et de formation des personnels. C’est un projet véritablement transformant.</p>
<p>Nous pensons que l’orientation accompagnée, la modularité et la souplesse pédagogique de ces diplômes seront un facteur de réussite majeur, permettant à à chaque étudiant de s’approprier et de construire un parcours qui lui convient. Ceci contribuera à réduire l’engorgement des licences actuelles où les étudiants subissent, redoublent ou abandonnent en cours de route.</p>
<p>Nous pensons de plus que cela renforcera de manière importante l’attractivité de ces nouvelles licences et donc plus généralement celle des universités au sein de l’enseignement supérieur.</p>
<p>À terme, c’est aussi le métier d’enseignant-chercheur qui devrait changer, avec un transfert d’une partie du volet très académique (cours/TD) vers des activités relevant de la pédagogie numérique et de suivi individualisé des étudiants. Cette mutation devra aussi être accompagnée par de la sensibilisation et de la formation des enseignants, ainsi que par une réflexion d’ensemble sur les obligations de notre métiers.</p>
<hr>
<p><em>Les auteurs remercient la direction des études et la direction du numérique de l’université Paris Descartes pour l’extraction des données étudiantes présentées dans cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/79482/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Dardel préside l'Université Paris Descartes
L'Université Paris Descartes reçoit une subvention annuelle pour charge de service public, comme tous les établissements d'enseignement supérieur. Elle applique les lois et règlements en matière d'admission et de réorientation des étudiants.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène Jeanneret est vice-Présidente de la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire à l'Université Paris Descartes</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marion Petipré est chargée de mission Réussite à l'Université à l'Université Paris Descartes.</span></em></p>La démographie n’explique pas tout, le défaut d’orientation des étudiants est aussi en cause. Avec les prérequis à l’entrée, la transformation numérique radicale de la licence est une des solutions.Frédéric Dardel, Président de l'Université Paris Descartes, Université Paris CitéMarie-Hélène Jeanneret, Vice-présidente Formation et Vie Universitaire Paris Descartes, Université Paris CitéMarion Petipré, Coordinatrice pédagogique DU PaRéo, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/789432017-06-11T20:15:23Z2017-06-11T20:15:23ZD’Athènes à l’université française : le tirage au sort à travers les siècles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/172923/original/file-20170608-32301-qkcmcr.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C45%2C1305%2C798&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tirage au sort de la coupe Davis, le 27 juillet 1928.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9040923h/f1.item">Bibliothèque nationale de France</a></span></figcaption></figure><p>La sélection par tirage au sort des bacheliers souhaitant s’orienter vers des études de médecine, de psychologie ou de sport (STAPS) <a href="http://www.lepopulaire.fr/limoges/education/universite/2017/05/10/le-tirage-au-sort-a-l-universite-suscite-la-polemique_12397168.html">fait actuellement polémique</a>. En effet, le <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/06/02/97001-20170602FILWWW00140-conseil-d-etat-maintien-du-tirage-au-sort-a-la-fac.php">Conseil d’État a rejeté le 2 juin</a> la suspension de la circulaire sur le tirage au sort, rendu utilisable lorsque le nombre de candidats pour une filière universitaire est supérieur au nombre de places disponibles.</p>
<p>Cette pratique du tirage au sort – qui, concernant le domaine des études supérieures, <a href="http://www.vousnousils.fr/2017/05/02/le-gouvernement-autorise-le-tirage-au-sort-a-luniversite-602925">date d’au moins 2015 en France</a> – a été régulièrement usitée au cours de l’histoire. Dans certains domaines, elle est tolérée, voire admise ; dans d’autres, elle est fortement critiquable et largement critiquée. En effet, puisqu’elle peut être définie comme le fait de faire un choix en laissant le hasard décider, les personnes concernées perdent leur pouvoir sur les événements.</p>
<p>Revenons sur cette pratique à travers les siècles.</p>
<h2>Des magistrats choisis au hasard</h2>
<p><a href="http://www.laviedesidees.fr/Tirage-au-sort-et-democratie-en-Grece-ancienne.html">Dans la Grèce antique</a>, à Athènes, les sénateurs et les juges étaient tirés au sort. Cette pratique constituait une des particularités de la démocratie de l’époque. Plusieurs vocabulaires désignent cette technique : <a href="http://www.toupie.org/Dictionnaire/Stochocratie.htm">stochocratie</a>, lotocratie, sortition (au Québec), clérocratie (du nom de la <a href="https://cliophoto.clionautes.org/picture.php?/2513">machine utilisée et nommée <em>clérotérion</em></a>). Cette méthode assurait les qualités de représentativité, de parité, et permettait de pallier le carriérisme ; en revanche, le risque d’incompétence y était, et reste, majeur.</p>
<iframe frameborder="0" width="100%" height="270" src="https://www.dailymotion.com/embed/video/x5mr89u" allowfullscreen=""></iframe>
<p><br><a href="http://www.dailymotion.com/video/x5mr89u_le-tirage-au-sort-democratique_school" target="_blank">Le tirage au sort démocratique</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/CNRS" target="_blank">CNRS</a></i></p>
<p>Dans l’État de Florence, au XIV<sup>e</sup> siècle, un <a href="http://m.slate.fr/story/144739/comment-votait-au-moyen-age">tirage au sort parmi les individus reconnus citoyens</a> permet de pourvoir un mandat public, sauf en cas d’incompétence reconnue.</p>
<p><a href="http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Des-jures-populaires-appeles-citoyens-assesseurs-vont-sieger-a-partir-de-janvier-dans-certains-tribunaux-correctionnels-315507">En France</a>, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Belgique, les jurés sont tirés au sort afin de constituer un jury populaire. L’avocat de la défense a toutefois la possibilité de refuser certains jurés. Cette participation démocratique, quasi-forcée, constitue un droit autant qu’un devoir, et est considérée comme une « corvée irrécusable pour l’homme libre ». En mettant en œuvre le phénomène de rotation des tâches, cette méthode élimine la corruption.</p>
<h2>La loterie des conscrits</h2>
<p>En France, de 1803 à 1872, les conscrits étaient tirés au sort afin de partir ou non à l’armée. De 1873 à 1889, le tirage au sort déterminait la période passée dans l’armée : soit 5 ans, soit seulement un an. À partir de 1890, le tirage au sort permet de déterminer l’arme d’affectation.</p>
<p>Cette pratique prend fin en 1905. Ce tirage au sort s’effectuait en présence du délégué du préfet, du maire et du capitaine de gendarmerie. Mais, la pratique courante et reconnue qui en découla fût <a href="http://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1971_num_83_101_5689_t1_0100_0000_2">celle du remplacement militaire</a>, contre montant d’argent négocié devant notaire, <a href="http://roadsmag.com/etre-exempte-darmee-facile-en-1850200920124/">qui exemptait d’armée les plus fortunés</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/172908/original/file-20170608-32392-kege47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le tirage au sort des conscrits a pris fin en 1905 ; ici, des appelés français, en mars 1920.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jmenj/9425008064/">Jeanne Menjoulet/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<h2>L’attribution d’un ordre de passage dans le temps</h2>
<p>De nos jours, l’ordre de passage des candidats à l’élection présidentielle aux émissions télévisées, ainsi que la place sur les panneaux électoraux, est effectué par tirage au sort.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/172903/original/file-20170608-32371-1ndo2sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tirage au sort lors des Championnats du monde de tennis de table, à Paris, en 2013.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mondial_Ping_-_Press_conference_-_48.jpg">Pierre-Yves Beaudouin/Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Dans le domaine du sport, cette pratique du tirage au sort est couramment utilisée pour définir les équipes adverses lors de matchs (<a href="http://sport24.lefigaro.fr/football/ligue-des-champions/actualites/comment-suivre-le-tirage-au-sort-de-la-ligue-des-champions-850548">sports collectifs</a>, tennis, etc.), ou bien pour attribuer l’emplacement de départ d’une course.</p>
<p>De nombreux lycéens et étudiants sont confrontés à cette pratique, et ceci de manière totalement volontaire. En effet, une marque de vêtements et accessoires, au style très prisé par les jeunes, a trouvé un moyen de rendre ses produits encore plus désirables : la rareté. Pas de vente en ligne, très peu de boutiques avec des jours d’ouverture limités… et donc des files d’attente impressionnantes. Ainsi, l’entrée dans le magasin se fait-elle par tirage au sort. Toutefois, encore faut-il être présent très tôt pour s’inscrire !</p>
<p>Conséquence de l’exploitation astucieuse de cette rareté des produits en vente, les jeunes chanceux, qui ont pu se procurer les vêtements, revendent les biens sur Internet à prix d’or.</p>
<p>Dans ce contexte d’attribution d’un ordre de passage, le tirage au sort est couramment admis, soit en raison de l’évidence du besoin d’une organisation neutre (élections, sport), soit par respect d’une règle (valorisation de la rareté d’un bien).</p>
<p>Ce procédé d’attribution du droit d’acquérir un bien rendu artificiellement rare fait écho à l’attribution égalitaire d’un bien rare.</p>
<h2>Un moyen d’allocation de ressources</h2>
<p>Ainsi, aux États-Unis, pour les demandes d’immigration, la <em>Green Card</em> peut être délivrée suivant cette méthode de tirage de sort.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/172910/original/file-20170608-32348-1d71h4f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Pékin, à cause de la pollution, l’attribution des plaques minéralogiques s’effectue par un tirage au sort.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/so8/8161891893/">Safia Osman/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Depuis 2011, à Pékin, en raison de la pollution extrême et du volume de véhicules en circulation, l’<a href="http://www.francetvinfo.fr/monde/asie/pollution-en-chine/pollution-en-chine-une-loterie-et-des-encheres-pour-avoir-sa-plaque-d-immatriculation_1254131.html">attribution des plaques minéralogiques s’effectue par un tirage au sort</a> tous les deux mois.</p>
<p>Quant aux soldats romains ou aux colons américains, ils pouvaient se voir octroyer des parcelles de terrain à cultiver, par tirage au sort. Le grand nombre de malades en attente de don d’organe, a conduit pour sa part à l’utilisation du tirage au sort pour désigner ceux qui bénéficieront d’une transplantation.</p>
<p>Également, le droit à créer de nouveaux offices notariés est soumis à tirage au sort ; il concerne les personnes physiques comme les personnes morales. Enfin, les places des camelots sur le marché de Bordeaux sont attribuées, non pas de manière régulière, ou par ordre de demande ou d’arrivée, mais par tirage au sort.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/172911/original/file-20170608-32392-ijhccu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les places des camelots sur le marché de Bordeaux sont attribuées par tirage au sort ; ici le marché Saint-michel, en juin 2012.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/58134/7449017816/">Thierry Ben Abed/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le tirage au sort est donc reconnu comme étant un moyen d’allocation de ressources qui fait intervenir la notion de rareté, ainsi que, en théorie, les exigences d’égalité du processus d’attribution.</p>
<p><a href="http://www.fondapol.org/wp-content/uploads/pdf/note/Tirage-au-sort-politique.pdf">Gille Delannoi spécifie</a> que le tirage au sort constitue, en règle générale, le « seul recours face au risque d’injustice inhérent à certains choix », et s’inscrit dans une perspective égalitaire et libérale en abolissant toute tentative de corruption et d’abus de pouvoir.</p>
<p>Une procédure de tirage au sort présente des qualités : elle est rapide, simple, et est peu onéreuse. De plus, elle élimine les besoins de transparence. Ainsi, le tirage au sort répond au besoin de distribuer des biens inégaux à une population d’égaux.</p>
<h2>Le tirage au sort, une égalité artificielle ?</h2>
<p>Si Montesquieu, dans <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/De_l%E2%80%99esprit_des_lois_(%C3%A9d._Nourse)/Texte_entier">« L’esprit des Lois »</a>, présente le tirage au sort comme ne générant ni vanité, ni rancœur, et donc n’affligeant personne, la question prégnante reste cependant la suivante : les bacheliers concernés répondent-ils au critère de population d’égaux ?</p>
<p>Les critiques inhérentes au tirage au sort <a href="http://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/J/bo3614436.html">sont fortes</a> : il occulterait les besoins des candidats, ignorerait le mérite, générerait un niveau élevé d’incertitude pour les candidats, supprimerait la liberté individuelle, casserait les élites et les traditions, et enfin créerait une égalité artificielle.</p>
<p>En effet, si les compétences sont inégales, alors le tirage au sort substitue une inégalité à une autre. Il risque alors, dans ce contexte, d’être <a href="http://books.imprint.co.uk/book/?gcoi=71157109242350">qualifié d’a-rationnel</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78943/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Odile BERNARD ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pratique du tirage au sort, récente concernant le domaine des études supérieures, a été régulièrement utilisée au cours de l’histoire.Odile BERNARD, Enseignant-Chercheur en Sciences de Gestion, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/771122017-05-04T22:15:14Z2017-05-04T22:15:14ZDéchets verts et alimentaires : des détritus sous-exploités<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/167988/original/file-20170504-21616-uo5ks4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Intensifier la collecte des détritus alimentaires pour mieux valoriser les biodéchets. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-putting-banana-peel-recycling-bio-503886112">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En France, les « biodéchets » constituent environ 40 % des ordures ménagères. Ils regroupent les déchets verts et alimentaires issus de ressources naturelles animales ou végétales. Dans les déchets ménagers, ils sont constitués surtout des déchets de cuisine (épluchures de légumes, etc.), des déchets verts du jardin (tailles de haie, tonte de gazon, etc.) et des déchets en cellulose (essuie-tout, mouchoir en papier).</p>
<p>Les quantités de biodéchets produits par les foyers français représentent actuellement 18 millions de tonnes (Mt) par an : 30 % (5,1 Mt), essentiellement composés de déchets verts, sont gérés à domicile (paillage, compostage) ; 3,8 Mt de déchets verts sont collectés en déchèteries et 1,16 Mt en porte à porte. Les collectes de déchets alimentaires restent elles marginales.</p>
<p>Ces détritus peuvent être valorisés grâce au compostage et à la méthanisation ; mais dans tous les cas, un tri efficace à la source doit être assuré, or un peu plus d’une centaine de collectivités – soit seulement 7 % de la population – est concernée par une collecte séparée des biodéchets (déchets de cuisine). En 2015, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte a fixé un taux de valorisation des déchets non dangereux à 65 %, accompagnée d’une réduction de la mise en décharge de 50 % à l’échéance 2025 en vue d’une gestion plus efficace de ces détritus.</p>
<h2>Priorité à la réduction des déchets</h2>
<p>La gestion des biodéchets s’intègre aujourd’hui dans une dynamique d’économie circulaire qui implique en premier lieu la prévention et la lutte contre le gaspillage alimentaire, la gestion de proximité (compostage domestique, compostage partagé), la gestion collective (collecte en apport volontaire, ou en porte-à-porte), le traitement et le retour au sol des biodéchets transformés.</p>
<p>Comme l’a montré une <a href="http://www.ademe.fr/etude-devaluation-gisements-devitement-potentiels-reduction-dechets-impacts-environnementaux-evites">récente étude</a>, la chasse au gaspillage alimentaire permet une réduction très efficace de la production de déchets.</p>
<p>De nombreuses initiatives menées sur le terrain témoignent de résultats encourageants ; on pourra citer à titre d’exemple cette opération impliquant 10 magasins de la grande distribution qui en l’espace de trois mois ont réussi à réduire leur gaspillage alimentaire de 22 % en moyenne, réalisant 70 000 euros d’économie. Et, en 2014, 20 foyers témoins sont parvenus à réduire de moitié leurs pertes et gaspillages alimentaires, représentant une économie de 60 euros par personne par an.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/167991/original/file-20170504-21637-1yhndg3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mise en place d’un composteur collectif à Nantes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://capousseenamont.canalblog.com/archives/2015/04/13/31888112.html">Association Ça pousse en amont</a></span>
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<h2>Mieux trier et bien collecter</h2>
<p>Les collectivités ont accès aujourd’hui à toute une palette d’outils pour la mise en œuvre du tri à la source des biodéchets : gestion de proximité (compostage domestique, partagé en pied d’immeubles ou à l’échelle d’un quartier) avec traitement in situ, collectes séparées (en porte à porte ou en apport volontaire) avec traitement centralisé (compostage industriel, méthanisation).</p>
<p>Si le compostage domestique est bien répandu et sa promotion assurée par les collectivités locales, la collecte séparée des biodéchets (déchets alimentaires) est aujourd’hui encore marginale en France. Seule une grosse centaine de collectivités a mis en place une collecte séparée de biodéchets (déchets de cuisine) en porte-à-porte ou apport volontaire.</p>
<p>Les principaux freins à cette collecte sont la crainte d’une augmentation du coût global de gestion, la crainte d’une faible participation des usagers ou encore de nuisances liées à la nature même des déchets concernés. Sur tous ces points, les expériences menées montrent que ces craintes ne sont pas fondées, et qu’une optimisation globale du service peut être menée, conjuguée à une communication efficace – valorisant le rôle des usagers dans une nouvelle organisation.</p>
<p>Les biodéchets sont à orienter d’abord en compostage domestique ou partagé, puis les déchets verts peuvent être collectés en déchèteries ou points de regroupement. Chaque collectivité doit aujourd’hui jouer un rôle dans l’accompagnement des ménages pour l’utilisation des composteurs : au-delà de la distribution de matériel, les usagers doivent aussi recevoir des informations sur la pratique.</p>
<p>Pour être efficaces, les options de tri et de récolte doivent correspondre aux spécificités locales. En milieu rural, par exemple, la faible production des biodéchets et la pratique historique du compostage domestique ne justifient pas toujours économiquement la mise en place d’une collecte séparée.</p>
<p>En ville, il peut être intéressant de proposer une alternative au compostage domestique avec le compostage partagé ; c’est le cas à Nantes où le site de compostage « Ça pousse amont », géré par une équipe de quartier avec un encadrement de Compostri (association professionnelle du compostage), regroupe 55 foyers. Une mutualisation des moyens avec les entreprises produisant des déchets organiques peut également être envisagée, permettant une maîtrise des coûts.</p>
<p>Notons pour conclure que <a href="http://www.ademe.fr/collectivites-comment-reussir-mise-oeuvre-tri-a-source-biodechets">des recommandations</a> et des informations concernant la <a href="http://lesactivateurs.org/formations/">formation des professionnels</a> sont aujourd’hui disponibles pour intensifier le tri à la source, élément-clé d’un recyclage réussi pour les déchets verts.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/77112/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël Guastavi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En provenance du jardin ou de la cuisine, les déchets verts et alimentaires peuvent être valorisés… à condition que le tri à la source de ces détritus soit bien mené.Raphaël Guastavi, Responsable du service « Mobilisation et valorisation des déchets », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/757282017-04-12T18:55:51Z2017-04-12T18:55:51ZBiodégradable, compostable, biosourcé… quelles différences ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/164277/original/image-20170406-6417-1d2o133.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand la nature efface peu à peu l’empreinte du non-vivant.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/otterlove/8480586298/">Andy Purviance/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>La quasi-totalité des substances produites par le vivant sont biodégradables, à l’inverse de la quasi-totalité des matières plastiques qui, comme le verre et les métaux, sont au mieux « recyclables ». Cette propriété, aussi bien distribuée entre les règnes du vivant et de l’inerte, a de quoi nous intriguer.</p>
<p>Pourquoi le vivant est-il presque toujours biodégradable, et le non-vivant presque jamais ?</p>
<h2>L’impermanence du vivant</h2>
<p>Ce qui caractérise le vivant, c’est l’impermanence ; la faculté de se reproduire, de se renouveler. Pour ce faire, les molécules qui en tissent la structure doivent pouvoir se faire et se défaire. Sous quelles influences et avec quelles énergies ? Celles de la nature : le pouvoir oxydant du dioxygène de l’air, les frottements de l’eau dans les rivières, la chaleur de la terre et de l’atmosphère, les longueurs d’onde de la lumière du soleil… Les plus faibles énergies (ondes radio, vent) ne les affectent pas ; les plus fortes (ultra-violets C, rayons gamma, foudre…) les détruisent radicalement.</p>
<p>Les mêmes énergies, celles de notre environnement terrestre commun, réalisent donc à la fois la construction et la décomposition du vivant. Si tel n’était pas le cas, soit le vivant serait construit à jamais, soit il aurait été incapable d’émerger de la soupe moléculaire primitive.</p>
<p>Dès lors, il nous suffit de lui appliquer des actions très peu supérieures à la gamme d’énergies qui caractérise sa structure pour l’altérer, et très peu inférieures pour le conserver : une exposition prolongée à l’air libre ou quelques dizaines de degrés appliqués à la viande, à l’œuf ou à la banane suffisent à en transformer définitivement la texture, alors que vingt degrés de moins ou une atmosphère inerte permettent d’en préserver l’intégrité des semaines durant. Ce qui vaut pour la viande vaut d’ailleurs pour la nôtre : ce sont bien les mêmes agressions qui, en quelques décennies, transforment notre apparence aussi dramatiquement.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163822/original/image-20170404-5719-1yulycj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le passage du temps sur nos corps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Khánh Hmoong/Flickr CC-BY-NC</span></span>
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<p>Il existe toutefois quelques matières inertes au sein du vivant, et dégradables dans le règne minéral : l’<a href="http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img145-2006-01-09.xml">altération hydrolytique du granite</a> en constitue un parfait exemple. Les carapaces, les os et les dents des animaux, à l’inverse, subsistent après la mort de leurs hôtes, parfois des siècles s’ils sont enfouis dans la terre. Mais s’ils ne subissent pas le sort des enveloppes charnelles de leurs ex-propriétaires, c’est justement parce que leur rôle est de protéger ces derniers des agressions de leurs environnements ou, lorsqu’il s’agit des dents, de les aider à déstructurer le vivant.</p>
<h2>La permanence du synthétique</h2>
<p>L’homme moderne, pour construire ses outils, ses armes, ses machines et son confort, a eu besoin de matériaux résistants au feu, à l’air et à l’eau. D’abord inspiré par la solidité des pierres, des dents et des os, il a puisé ce qu’il pouvait dans le monde de l’inerte, monde par essence résistant aux environnements modérés puisqu’il s’y est maintenu des millions d’années durant. Puis il a cherché à synthétiser des matériaux nouveaux, aux propriétés encore plus performantes.</p>
<p>La compréhension des mécanismes de la matière, mais surtout la maîtrise de puissantes sources d’énergie l’y ont aidé dès lors que, grâce à elles, il pouvait générer des liaisons chimiques d’une stabilité supérieure à celles sur lesquelles son environnement naturel avait prise. Ainsi sont apparus dans ses fours et réacteurs : les alliages, le verre, les matières plastiques, les composites… autant de matières non biodégradables.</p>
<p>Et ainsi en va-t-il bien entendu des <a href="http://www.lefigaro.fr/sciences/2016/01/25/01008-20160125ARTFIG00358-en-2050-les-oceans-compteront-plus-de-plastique-que-de-poisson.php">emballages plastiques</a> que l’eau, le vent et le dioxygène de l’air ne parviennent à affecter qu’au travers d’échelles de temps démultipliées, faute d’énergies naturelles suffisantes.</p>
<p>Que faire alors, pour profiter de matériaux qui ne soient pas dégradables trop facilement mais qui ne subsistent pas trop longtemps dans l’environnement après avoir été mis hors d’usage ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/164278/original/image-20170406-6391-11idods.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Inépuisables plastiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mbeo52/3276997568/in/photolist-5Zztd5-x9QnAH-2aoLxF-z33RE-5w68Dq-aySfV8-3bHpz8-4AYgrj-ojDsDp-6fxMdz-9MuCxU-66NNup-e3GJCf-5n8EKf-bsZMm9-nQqXAu-8QqXkv-kNvMzp-8D5LRe-7JHiky-ePwLJK-aMHskn-dTpW7E-5tRZk9-o5NP3-6KLfgp-4sd9RQ-9fTfx3-9FaAqL-6yXZQr-2XDJG4-8uW1ps-7hrXGa-9i8mgH-kfbSmu-2jph6k-7VaiBw-57RFUs-nLdCS-3pTQxD-pUCDMX-ayUVws-CKMcj-jF2B14-n9wM1j-6kCxMt-yuZSkj-wNenT-AD4VJS-6j72Ph">mbeo/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Les premières tentatives autour des plastiques furent désastreuses : ainsi naquirent des substances dites biodégradables qui n’étaient en fait que « bio- ou oxofragmentables ». Constituées d’une juxtaposition de composants dégradables facilement et de fragments résistants, elles laissent derrière elles, en disparaissant des regards, des fragments de polymères parfois plus nocifs encore que la substance initiale non décomposée. Le <a href="http://www.es3.fr/neosac.php">NEOSAC</a> par exemple, vanté par les industriels il y a une dizaine d’années, fut très <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/neosac/sac_plastique_polyethylene.php4">violemment critiqué</a> par les associations de protection de l’environnement. Majoritairement composé de polyéthylène, il ne répondait pas à la norme nationale <a href="https://www.ceriseclub.com/actualites/2010/11/14/5890/le-decryptage-des-allegations-environnementales.html">NF EN 13 432</a> de biodégradabilité, reconnue par tous les acteurs du secteur.</p>
<h2>Biodégradable, compostable, biosourcé…</h2>
<p>L’écart entre le concept théorique de biodégradabilité et ses manifestations dans le monde industriel est vertigineux. On se perd même très vite dans une foule de termes dont les champs d’application se recoupent et se superposent. Quelques précisions sont nécessaires pour s’y retrouver.</p>
<p>Un produit est dit <strong>biodégradable</strong> lorsqu’il réintègre sans nuisances un cycle de régénération de substances naturelles. Après usage, il doit donc pouvoir être absorbé ou décomposé par des êtres vivants (en général les micro-organismes présents dans le sol tels que champignons, bactéries, etc.), et/ou se disséminer naturellement, sans résidus non assimilables ou toxiques pour l’écosystème du lieu considéré (idéalement sous forme d’eau et de dioxyde de carbone, voire de méthane). L’ensemble du processus doit en outre se dérouler sur une durée courte par rapport à la temporalité des activités humaines. Paradoxalement, certains plastiques dérivés du pétrole sont biodégradables. Une substance peut par ailleurs être considérée comme biodégradable, mais être néanmoins source de pollution si elle est répandue en trop grande quantité, comme c’est le cas des phosphates lessiviels, biodégradables mais responsables de l’eutrophisation des rivières.</p>
<p>Un matériau est dit <a href="http://www.espacepourlavie.ca/blogue/compostable-ou-biodegradable"><strong>compostable</strong></a> lorsqu’il est susceptible de se dégrader dans un composteur industriel, où la température peut atteindre 70 °C sous l’effet des transformations chimiques qui y décomposent la matière organique en humus. Un emballage certifié compostable peut dès lors ne pas être décomposé, ou seulement très lentement, dans un compost domestique. Il convient donc de préciser, lorsqu’on évoque le caractère compostable d’un matériau, la nature du compostage envisagé. Enfin, compte tenu des températures nécessaires au compostage, un composé compostable n’est pas nécessairement biodégradable.</p>
<p>Les substances dites <strong>oxofragmentables</strong>, <strong>oxobiodégradables</strong>, <strong>oxodégradables</strong> ou <strong>hydrobiodégradables</strong> sont des composés pétrochimiques auxquels des additifs ont été ajoutés, qui leur permettent de se fragmenter de différentes manières et à différentes échelles en présence d’oxygène, de lumière, de chaleur ou d’eau. Ils ne sont pas compostables et peuvent au contraire altérer la qualité des composts.</p>
<p>Un plastique <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/news/les-plastiques-vegetaux-une-industrie-naissante"><strong>biosourcé</strong></a> est un matériau composé intégralement ou partiellement de polymères d’origine végétale, issus de la pomme de terre, de la canne à sucre, du bois, du maïs, de déchets verts, etc. Selon que la résine mélangée au bioplastique est biodégradable ou non, un plastique biosourcé n’est pas nécessairement biodégradable lui-même.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/48gR_pLN-XM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les bons gestes à adopter pour le tri sélectif (CNEWS, 2015).</span></figcaption>
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<h2>Un concept complexe et paradoxal</h2>
<p>Souvent considérée comme une panacée mais parfois également vue comme un leurre destiné à préserver la surconsommation sous couvert de bonne conscience écologique, la « biodégradabilité » est un concept complexe, multiforme et difficile à appliquer concrètement et avec clairvoyance au quotidien. Ainsi un sac de caisse biodégradable ne présente-t-il aucun intérêt par rapport à un autre s’il doit finir sa vie dans une poubelle classique. Et même si le circuit de retraitement des déchets passe par un composteur industriel, il lui suffira d’être compostable pour s’y intégrer proprement.</p>
<p>D’où cet étrange et cynique paradoxe : les emballages plastiques biodégradables n’ont de sens que lorsqu’ils échouent dans la nature. Si la production de plastiques biodégradables ne revêtait des enjeux politiques et communicationnels destinés à <a href="http://www.vegeplast.com/">ouvrir de nouveaux secteurs d’activité économique</a> ou à valoriser les résidus végétaux de certaines filières agricoles, elle sonnerait comme un terrible aveu d’impuissance. Tant il semblerait plus simple d’investir dans l’évolution des comportements, de réguler leur utilisation, voire… de ne pas les produire du tout !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75728/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Richard-Emmanuel Eastes est membre-fondateur du groupe Traces, groupe de réflexion et d'action sur la science, sa communication et son rapport à la société. Il est également formateur et consultant académique auprès de la société SEGALLIS (Suisse).</span></em></p>Comprendre le concept complexe et paradoxal de biodégradabilité pour l’appliquer avec discernement.Richard-Emmanuel Eastes, Chercheur associé au Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel (Suisse) - Chercheur associé au Laboratoire de didactique et d’épistémologie des sciences, Université de GenèveLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/735362017-02-28T23:24:00Z2017-02-28T23:24:00ZQuand l’égalitarisme en matière d’accès aux études supérieures signe la mort des universités<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/158556/original/image-20170227-26309-hmc01b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C131%2C3259%2C2208&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Manifestation à Nantes le 5 mars 2009 contre la réforme de l'enseignement supérieur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mcanevet/3331763894/in/photolist-82gCKL-cPw1Af-oP11zo-gF7YDG-65qaCw-7HYs6D-82hBp9-cPw1BA-82g24w-65qak5-RbNmCG-gGQnDm-9s8bPb-gF87yP-ec3wQy-gF8Em4-qn1HHX-gGQhok-pqg2o6-9s5d9r-gF83gm-gGQnzo-gGR4Bp-gF87Se-gF87GK-gF88cH-gF7tPA-dcM1VC-gF7ZPN-gGQ133-gGQgUz-gGR4Qa-gF8CRF-gF7rNm-gF81kY-ebWTyg-gF7uMC-gF85He-ec3wDA-9s5dcH-gF7uuy-gF7szG-gF8DbD-9s5deX-gF86RX-gF7s7Y-ec3xe9-i84etK-ec3x7A-gF86XP">Manuel/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le débat autour de la sélection en Master s’est réveillé depuis que le <a href="http://bit.ly/1PD6ITT">Conseil d’État du 10 février 2016</a> a jugé la sélection explicitement illégale. Depuis, le Ministère défend une position égalitariste et ouvertement opposée à toute sélection jugée « rétrograde ». Le premier acte de la confrontation entre le Ministère et les Universités a tourné à l’avantage des secondes. En mai 2016, les Universités ont pu obtenir le droit de sélectionner pour 1 300 mentions de Master, soit plus de 40 % des mentions existantes (<a href="http://bit.ly/2lbzu66">Décret n° 2016-672 du 25 mai 2016 relatif au diplôme national de master</a>). </p>
<p>Depuis décembre 2016 (<a href="http://bit.ly/2l2H1Dp">Loi n° 2016-1828 du 23 décembre 2016 portant adaptation du deuxième cycle de l’enseignement supérieur français au système Licence-Master-Doctorat</a>), la sélection a été supprimée entre la première et la seconde année de Master (ce qui s’inscrit logiquement dans la réforme LMD, Licence-Master-Doctorat). Par ailleurs, désormais tout étudiant titulaire d’une Licence disposera, <em>de jure</em>, d’un accès à une première année de Master selon des modalités particulièrement discutables (en dernier ressort, le recteur d’académie sera dans l’obligation de faire trois autres propositions de Masters, si le premier choix n’a pas été satisfait). Cette dernière décision vise à augmenter le nombre d’étudiants accédant au niveau Master (en facilitant aussi le partage d’informations <em>via</em> le site <a href="http://bit.ly/2jyIZQl">trouvermonmaster.gouv.fr</a>) et finalement à contourner la sélection.</p>
<p>Cet objectif assumé de suppression de la sélection est dangereux pour nos Universités et l’avenir des étudiants en termes de qualité de la formation mais aussi d’insertion professionnelle ; il conduirait à plusieurs dérives qu’il convient de décrypter et de dénoncer.</p>
<h2>Refuser aux plus pauvres l’accès à l’excellence ?</h2>
<p>Sélection en Master et droits d’inscription faibles sont les garants de l’excellence de notre Université et de l’accès au plus grand nombre à des formations supérieures qualifiantes et reconnues, tout en assurant la mixité sociale. Ils permettent d’associer efficacité et justice sociale. La dévalorisation des formations universitaires, à travers une potentielle interdiction de toute sélection, suppose implicitement que les étudiants les plus pauvres et les plus méritants n’auront plus le droit à l’excellence. Elle renforcerait, en outre, l’avantage concurrentiel des établissements privés. Cette dévalorisation n’augmentera pas le taux d’insertion sur le marché du travail. Pire, elle conduira à une précarisation d’étudiants de niveau bac + 5, les entreprises n’étant pas dupes, et à une représentation plus forte des étudiants issus de groupes sociaux les plus défavorisés dans les Masters de nos universités dont le niveau diminuera ; les étudiants les plus fortunés se tournant davantage vers des formations payantes et sélectives.</p>
<p>L’Université s’est pourtant remise en question de façon extraordinaire en une décennie. La sélection à l’Université n’est pas dogmatique. Elle vise à assurer une meilleure adéquation entre l’offre et de la demande de travail et à améliorer <em>in fine</em> les taux d’insertion sur le marché du travail. L’absence totale de sélection signerait la mort de l’Université. Postuler que 100 % des étudiants licenciés peuvent accéder à un Master s’apparente au mieux à une tartuferie, au pire à un mépris et une méconnaissance des formations, des Enseignants-Chercheurs de Masters et des prérequis pour accéder au Marché du travail à ce niveau de compétences. Nous ne pouvons pas défendre notre mission de service public, à laquelle nous sommes tant attachés, si elle ne s’appuie pas sur la reconnaissance de critères d’excellence, en Master <em>a fortiori</em>.</p>
<p>De nombreux Masters offerts à l’Université en Économie et en Gestion concurrencent aujourd’hui les plus hautes formations dispensées en écoles de commerce, c’est particulièrement le cas à l’Université Paris-Est Créteil. La qualité de nos formations de Masters repose souvent sur la combinaison d’ingrédients simples mais fragiles : la sélection à l’entrée du Master 2 (ou en Master 1 pour certaines formations), des groupes à taille humaine, des équipes pédagogiques bicéphales (universitaires et professionnels), des relations de confiance nouées avec les entreprises qui accueillent en stage ou en apprentissage des étudiants dont ils savent qu’ils ont été sélectionnés et formés et surtout l’implication de collègues, souvent Maîtres de conférences, qui ont accepté de sacrifier, de façon quasi bénévole, leur carrière de chercheur. Supprimer la sélection conduira des responsables de Master à jeter l’éponge.</p>
<p>En sciences humaines et sociales, les DESS et surtout les DEA fondés sur des enseignements théoriques préparant, sans le dire, davantage à un doctorat qu’à une insertion professionnelle, ont fait long feu. L’insertion professionnelle à bac + 5 s’est améliorée avec la refonte des formations, l’intervention de professionnels issus du monde de l’entreprise, l’apprentissage et les stages longs de Master, sans rogner sur les compétences académiques. Les universitaires ont évolué. Beaucoup de nos dirigeants n’ont pas eu la chance de suivre des formations universitaires et sortent des mêmes écoles sélectives. Ils ignorent, pour beaucoup d’entre eux, tout de nos formations. La sélection en Master associée à la faiblesse des droits d’inscription est la garantie que nous pouvons offrir l’excellence aux étudiants issus des groupes sociaux les plus défavorisés, et aux autres naturellement.</p>
<h2>Suppression de la sélection et développement des Masters en alternance : une impasse ?</h2>
<p>Si l’alternance se concentre à l’Université à plus de 50 % à un niveau bac + 2 (type BTS ou DUT), elle se développe de plus en plus à un niveau égal ou supérieur à bac + 3. Le nombre d’apprentis de Master a bondi de <a href="http://bit.ly/2lMenKg">3 000 en 2005 à 13 800 en 2014 (71 000 en bac + 2)</a>. Lorsqu’un contrat d’apprentissage tripartite est signé l’année de Master 2, l’accès est conditionné à l’octroi du dit-contrat. Dans tous les cas, l’entreprise sélectionne, par conséquent, l’étudiant.</p>
<p>Tous les Masters en alternance sont et, vraisemblablement, resteront donc sélectifs. Cette mesure de droit à la poursuite d’études pour les étudiants diplômés de Licence pourrait donc inciter les établissements à accroître le nombre de Masters en alternance au détriment des Masters en formation initiale afin de sanctuariser la sélection en Master mais aussi de dégager des ressources propres et d’améliorer l’insertion professionnelle des étudiants.</p>
<p>Néanmoins, cette potentielle transition s’effectuera :</p>
<ul>
<li><p><em>au détriment des étudiants</em> qui validant un Master 1 se verraient refuser l’accès à un Master 2 s’ils n’ont pas de contrat. La généralisation de contrats sur les deux années de Masters pourrait alors répondre à cette difficulté (comme c’est le cas dans certains Masters proposés par les Instituts d’Administration des Entreprises, par exemple). Dans une logique de cycles, on peut difficilement alors supposer que la validation d’une Licence 3 constituerait le sésame exclusif pour l’accès au Master.</p></li>
<li><p><em>au détriment des responsables de Masters</em> qui seront contraints de mettre en place des formations en alternance (puisqu’ils sont attachés à la sélection) dont la gestion extrêmement chronophage les éloignera inéluctablement de la recherche, supposée constituer 50 % de leur activité. Ces collègues, souvent Maîtres de Conférences, auront-ils alors la possibilité d’être promus Professeurs des Universités, sans dossier scientifique solide ?</p></li>
</ul>
<h2>Suppression de la sélection et promotion de la recherche : une contradiction élémentaire ?</h2>
<p>En outre, si l’accroissement des Masters en alternance se poursuit, voire même s’accélère, et que la sélection est abandonnée dans les formations initiales de Masters (notamment les anciens Masters 2 Recherche), comment recruterons-nous les doctorants ? Comment en effet promouvoir une économie de la connaissance sans investir dans ses ressources humaines ?</p>
<p>Selon le <a href="http://bit.ly/29UmixT">Ministère</a>, la baisse des effectifs de doctorants, constatée entre 2009 et 2013, est notable (-5 %), en particulier dans les sciences humaines et sociales (-10 %). Ce phénomène peut, en partie seulement, s’expliquer par la diminution de la durée des thèses. Pourtant, le taux de chômage des docteurs a diminué selon la dernière <a href="http://bit.ly/1ZboqnN">étude du centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq),</a> ce qui fait des docteurs l’une des rares catégories dont le taux de chômage baisse sur une période récente. De toute évidence, la France sous-investit dans la recherche qui pourtant constitue une externalité positive évidente justifiant une intervention significative de l’Etat.</p>
<p>En 2015, la France ne consacre que 2,2 % de son PIB à la recherche et au développement, restant en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE (2,4 %), derrière la Corée du Sud (4,2 %), la Suède (3,3 %), la Finlande (2,9 %), l’Allemagne (2,9 %) et les États-Unis (2,8 %). Par ailleurs, Master en alternance et parcours recherche en Master 2 ont du mal à coexister dans certaines UFR rendant schizophrènes les responsables de Master écartelés entre l’injonction toujours plus forte de la publication… internationale de préférence, et la mission de pilotage de formations de plus en plus professionnalisées. Si la sélection en Master devient caduque, les doctorants ne pourront plus être formés dans nos Universités. Les Masters seront dévitalisés et l’une des principales sources de production de la connaissance aura disparu…</p>
<p>Sans même évoquer ici le problème du coût associé à la montée en charge de ses nombreuses cohortes d’étudiants à un niveau Master, le risque de voir se développer des formations de très mauvaise qualité est réel du fait du droit donné à tout étudiant diplômé de Licence de poursuivre ses études.</p>
<p>Il paraît donc impératif de développer des Licences 3 professionnelles de qualité permettant un accès au Marché du travail à bac + 3 (pour les étudiants qui n’auront pas vocation à poursuivre en Master), de réfléchir à une sélection à l’entrée du Master 1 idoine s’appuyant sur des prérequis précis afin de sécuriser le parcours des étudiants engagés en second cycle et de maintenir une sélection spécifique dans les parcours recherche de Master 2.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73536/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Barnay ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tout étudiant licencié dispose désormais d’un droit à la poursuite d’études. Cette mesure, qui vise à contourner la sélection, est susceptible de dévaloriser les Masters et de nuire aux étudiants.Thomas Barnay, Professeur de sciences économiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/700252016-12-08T05:39:03Z2016-12-08T05:39:03ZClassement PISA : ce qui se confirme et ce qui change<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/149064/original/image-20161207-18067-1nglees.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La science aura été la matière phare de la nouvelle enquête menée par l’OCDE sur les acquis des élèves de 15 ans. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/confirm/215268238?src=Xt78pkAuUOQRG701tIT36g-4-34&id=215268238&size=medium_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le cru 2015 de l’enquête Pisa est arrivé et, particulièrement réactif, le ministère de l’Éducation a déjà publié deux « Notes d’information » <a href="http://www.education.gouv.fr/pid25657/les-publications.html?pid=25657&page=0&formSubmitted=1&cat=37&Month=12&Year=2016&x=9&y=10#resultat">téléchargeables</a> pour présenter les principaux résultats.</p>
<p>Gageons que la presse va se faire relativement discrète, vu que la stabilité domine quant aux performances des élèves français, telles qu’observées dans PISA, notamment depuis 2006. On ne pourra pas cette fois pointer la dégradation du niveau moyen ni notre dégringolade dans le classement.</p>
<p>En effet, que ce soit en sciences (qui aura été matière phare de cette enquête 2015), en mathématiques ou en compréhension de l’écrit, nous restons, avec une moyenne stable, proche de la moyenne des pays de l’OCDE.</p>
<h2>Le niveau en France, moyen mais homogène</h2>
<p>Mais l’examen des trois palmarès ne mérite pas moins un détour et il décèle quelques surprises : si l’on tient compte des marges d’erreur, rien ne nous distingue, en compréhension de l’écrit, du Danemark, de la Belgique, du Royaume-Uni ou des États-Unis ; mais ce peloton des pays moyens se disloque quand on se penche sur les résultats en mathématiques : cette fois, si nous restons proches du Royaume-Uni, le Danemark et la Belgique font significativement mieux que nous tandis que les États-Unis sont un des pays les plus faibles du classement.</p>
<p>En sciences, le Royaume-Uni passe cette fois en tête (certes, après le groupe leader stable que sont les pays asiatiques, le Canada et la Finlande), et nous nous retrouvons, moyen, avec les États-Unis.</p>
<p>Ce que ces constats suggèrent, c’est que, comme le pointent les interprétations courantes, les structures éducatives (depuis l’organisation au niveau collège, jusqu’au statut des enseignants) ne font pas tout, car si tel était le cas, on devrait observer des performances plus homogènes d’une matière à l’autre.</p>
<p>Il faut donc plutôt invoquer ici d’autres facteurs – non pris en compte dans PISA – comme les programmes scolaires nationaux, voire l’environnement culturel (on connaît la qualité des documentaires scientifiques britanniques !). Toujours est-il que notre pays est moyen certes mais homogène, qualité en général louée sur les bulletins scolaires…</p>
<p>Un autre point positif est que la baisse des performances moyennes observée <a href="http://media.education.gouv.fr/file/83/1/4831.pdf">entre 2000 et 2003</a> semble bel et bien enrayée, puisque depuis 2006 c’est la stabilité qui domine.</p>
<h2>Des écarts très marqués entre élèves</h2>
<p>Mais il est tout aussi important d’examiner, derrière la stabilité des moyennes, la dispersion des résultats et son évolution. Et là, le constat est plus préoccupant : car en compréhension de l’écrit comme en mathématiques, on assiste à une augmentation du pourcentage élèves faibles (baisse compensée en compréhension de l’écrit par une hausse des élèves les plus forts, tandis que ce dernier chiffre est stable en mathématiques).</p>
<p>Globalement, nous restons l’un des pays (avec notamment la Belgique) où les écarts de performance entre élèves sont les plus marqués. Une raison importante est l’existence, dans notre pays, du redoublement : ainsi en sciences, la performance des élèves de 15 ans scolarisés en classe de seconde (qui n’ont donc jamais redoublé) est de 545, ce qui les place dans le haut du classement, tandis que celle des élèves ayant un an de retard, scolarisés en troisième, est de 407, ce qui les place à l’autre extrémité du classement…</p>
<p>À cette forte variabilité des performances est associée une forte influence du milieu social : la France est un des pays où celle-ci est la plus marquée, plus forte notamment qu’aux États-Unis, où les inégalités sociales sont de manière générale bien plus fortes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"806467938886778880"}"></div></p>
<h2>La question du redoublement</h2>
<p>Ce constat aujourd’hui maintes fois réitéré dans les enquêtes internationales interroge évidemment.</p>
<p>Pour l’interpréter, il est nécessaire de mobiliser ce qu’on sait par ailleurs des systèmes éducatifs et se risquer à prendre en compte avec la prudence nécessaire les corrélations livrées par les enquêtes PISA, entre l’ampleur des inégalités sociales et les caractéristiques des systèmes.</p>
<p>De prime abord, le système français devrait être un des moins inégalitaires, puisque comprenant nombre des caractéristiques associées le plus souvent à une égalité, scolaire et sociale, des performances. Nous avons un enseignement pré-élémentaire très développé et surtout nous avons depuis longtemps instauré un tronc commun au collège, un facteur <em>a priori</em> favorable, puisque les inégalités sont en général plus fortes dans les systèmes qui prévoient des filières dès l’âge de 14 ans (ou même avant).</p>
<p>Mais nous continuons à faire <a href="http://www.lexpress.fr/education/efficace-le-redoublement_489172.html">redoubler</a> les élèves en difficultés, plus souvent de milieu social défavorisé, ce qui tire le niveau moyen vers le bas. Les inégalités entre les élèves dépendent aussi de l’importance de la ségrégation sociale et scolaire entre les établissements et en la matière, notre situation s’est dégradée avec notamment la tendance à encourager le libre choix de l’école. On observe en effet que dans les systèmes les moins inégalitaires, le choix de l’école est régulé, la décentralisation est encadrée et la part du privé est faible.</p>
<p>D’autres facteurs jouent sans doute également : notre système de grandes écoles – verrou de l’accès à l’élite – qui durcit la compétition dès le secondaire, des contenus de formation très académiques et une formation des enseignants peu développée (notamment la formation continue), dans un contexte où l’on méprise volontiers les questions pédagogiques, avec, non sans rapport, des relations entre maîtres et élèves bien plus mauvaises qu’ailleurs.</p>
<h2>Chez nos voisins</h2>
<p>Les comparaisons internationales éclairent donc les racines de cette spécificité française que sont des inégalités sociales particulièrement fortes. De plus, même si elles montrent aussi qu’il n’existe pas un <em>« one best way »</em>, elles peuvent suggérer des pistes politiques.</p>
<p>À cet égard, les évolutions constatées entre les dernières enquêtes PISA (<a href="https://www.oecd.org/france/PISA-2012-results-france.pdf">2009-2012</a> notamment) constituent des expériences en vraie grandeur. Ainsi, qu’a-t-on fait dans les pays où les scores moyens ont augmenté sur la période ? En Pologne, on a créé un cycle secondaire inférieur unifié (à l’instar de notre collège), à la place des anciennes filières ; au Portugal, on peut évoquer pêle-mêle la forte augmentation des ressources pour les publics défavorisés, la réduction du retard scolaire, le pilotage plus strict du système sur la base d’évaluations nationales.</p>
<p><em>A contrario</em>, dans un pays comme la Suède dont les élèves avaient, dans les premières enquêtes, des performances élevées et égalitaires, et qui a vu ses performances se dégrader sensiblement, a été conduite une politique de décentralisation des établissements et de libéralisation, avec un système de chèques scolaires permettant aux élèves de choisir leur école ; il s’en est suivi une ségrégation accrue des établissements, dont les élèves les plus défavorisés ont payé le prix. Il semblerait donc que l’on puisse infléchir ce qui serait la « courbe des inégalités », dans un sens comme dans un autre, par des politiques éducatives.</p>
<h2>Du côté du Canada</h2>
<p>Mais bien sûr, d’autres facteurs peuvent être en cause. Alors qu’une fois de plus les élèves des pays asiatiques obtiennent des performances remarquables, notamment en mathématiques ou en sciences, il faut invoquer, ce qui est rarement fait, les particularités des langues comme le japonais, le <a href="https://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2008-2-page-185.htm">coréen</a> ou le chinois, dont le système de désignation des nombres rend plus aisée la maîtrise, très jeune, du système de numération.</p>
<p>On peut ajouter que dans ces pays, l’implication des mères auprès des tout jeunes enfants est très marquée et vise très tôt des acquisitions qui dans d’autres pays se feront à l’école élémentaire, la pression de parents se poursuivant toute la scolarité durant, redoublée par des cours de soutien privés quasi généralisés.</p>
<p>Les politiques doivent-ils donc courir après ce « modèle » asiatique ? Examiner ce qui se passe dans un pays comme le <a href="http://www.liberation.fr/france/2016/12/06/l-allemagne-le-danemark-et-le-canada-ont-obtenu-de-bons-resultats-a-l-enquete-pisa-de-l-ocde-trois-p_1533492">Canada</a> (toujours bien classé) est certainement plus pertinent ; un pays où, face à des élèves d’horizon aussi varié que les nôtres, on croit bien plus que nous à la pédagogie.</p>
<p>Il faudrait, de plus, que les politiques assument, dans notre pays, un cap stable : alors que les politiques éducatives changent au gré des alternances politiques, on semble balancer entre quête de l’équité et quête de l’excellence – la maternelle et l’éducation prioritaire, versus les Grandes écoles et le latin –, comme s’il fallait choisir, alors qu’un des enseignements de l’enquête PISA, c’est, non seulement que la stabilité « paye » mais qu’il n’y a pas d’arbitrage : les pays dont les élèves sont les meilleurs sont aussi ceux qui réduisent le plus les inégalités.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/70025/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Duru-Bellat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Décryptage des résultats de la dernière étude de l’OCDE sur les acquis des élèves de 15 ans. Plus de 70 pays ont participé à cette enquête menée en 2015 et dont les résultats ont été dévoilés mardi.Marie Duru-Bellat, Professeure des universités émérite en sociologie, Observatoire sociologique du changement, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/659032016-12-02T00:56:04Z2016-12-02T00:56:04ZAlgorithmes à l’école : ne nous trompons pas de polémique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/148132/original/image-20161130-17069-179ezgd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La plateforme de l’admission post-bac. </span> <span class="attribution"><span class="source">Ministère de l’Éducation. </span></span></figcaption></figure><p>Depuis plusieurs mois, le système d’admission post-bac <a href="https://www.admission-postbac.fr/">(APB)</a> fait l’objet d’incessantes <a href="https://theconversation.com/ce-que-dit-lorientation-post-bac-de-notre-enseignement-superieur-61326">polémiques</a> sur son fonctionnement et son opacité. Des décisions de justice ont même <a href="http://www.lemonde.fr/bac-lycee/article/2016/09/08/apb-un-etudiant-obtient-en-justice-son-inscription-en-fac-de-medecine_4994615_4401499.html">donné raison</a> à des étudiants qui contestaient des refus d’admission en première année de Staps ou de Médecine.</p>
<p>Comment en est-on arrivé là ?</p>
<p>Il est devenu courant d’organiser l’affectation des élèves ou étudiants vers leurs écoles, collèges, lycées ou établissements d’enseignement supérieur à l’aide de programmes informatiques, appelés « algorithmes d’appariement ». Ils peuvent être mis en place à des échelles différentes, par exemple à l’intérieur d’une commune pour les choix d’écoles ou dans une académie pour la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur.</p>
<p>Le but premier de cette automatisation est de rendre plus performant l’accès des élèves vers les établissements.</p>
<h2>Ce que fait l’algorithme</h2>
<p>Les élèves – en déclarant une seule fois leurs vœux sur les établissements qu’ils visent via la plateforme électronique – peuvent rapidement candidater et connaître leurs affectations. Quant aux établissements, ils peuvent remplir leurs places disponibles sans se soucier de possibles désistements qui retarderaient la constitution des classes ou des promotions, ces cas étant en effet immédiatement traités par l’algorithme.</p>
<p>Ces algorithmes vont même plus loin. Au-delà de leur capacité à traiter rapidement l’information, ils permettent aussi de générer une affectation qui respecte au mieux les vœux des candidats.</p>
<p>Dans le cadre classique, l’algorithme traite simultanément des données venant de deux côtés : les vœux des candidats sur leurs établissements et les classements des établissements sur les candidats, basés sur un score calculé à partir de divers facteurs (proximité avec le lieu de résidence, présence de frères ou sœurs dans l’école, choix d’option particulière, dossier scolaire, etc.).</p>
<p>L’algorithme produit un résultat sous la forme d’affectation globale et réalisable, de sorte que chacun soit affecté dans la limite des places disponibles.</p>
<p>Si l’algorithme est correctement conçu, on peut alors atteindre deux propriétés supplémentaires qui s’avèrent cruciales pour la bonne marche du système. La première garantit le respect des classements : pour chaque candidat, les établissements qu’il préfère dans ses vœux à l’affectation produite par l’algorithme ont tous admis des candidats mieux classés que lui. La deuxième garantit la sincérité dans la déclaration des vœux : il est dans l’intérêt des candidats de classer leurs vœux dans l’ordre de leurs vraies préférences sans autocensure ou stratégies compliquées.</p>
<h2>La France plutôt en pointe</h2>
<p>Ces algorithmes performants existent et sont connus depuis les années 1960. Le plus célèbre d’entre eux, l’<a href="http://www.breves-de-maths.fr/appariement-un-c%C5%93ur-avec-gale-et-shapley-un-rein-avec-roth/">algorithme de Gale et Shapley</a>, est d’ailleurs utilisé à grande échelle dans de nombreux pays.</p>
<p>C’est également le cas en France pour les procédures <a href="http://www.portail-orientation.fr/questions-orientation-college/8-qu-est-ce-que-la-procedure-affelnet">Affelnet</a> pour les collèges/lycées de certaines académies, ou APB pour l’enseignement supérieur, qui reprennent le fonctionnement de base de cet algorithme. La France est donc plutôt en pointe dans l’utilisation d’algorithmes d’appariement.</p>
<p>Pourquoi la procédure APB est-elle alors si décriée ?</p>
<h2>Le principe de sincérité mis à mal</h2>
<p>En place depuis 2008, ce système a été progressivement élargi à l’ensemble de l’enseignement supérieur. Il gère en particulier l’affectation des nouveaux bacheliers dans les universités.</p>
<p>C’est la source du problème car ces établissements – qui ne pratiquent pas de sélection à l’entrée – ne déclarent pas de classements sur la plateforme APB. C’est anodin pour des filières qui disposent de suffisamment de places, en sciences par exemple, car l’algorithme admettra toujours tous les étudiants qui le souhaitent dans ces filières.</p>
<p>En revanche, pour les filières dites <a href="http://www.lemonde.fr/bac-lycee/article/2016/03/18/apb-s-y-retrouver-dans-les-pastilles-et-les-filieres-libres-ou-en-tension_4885581_4401499.html">« sous tension »</a>, comme certaines facultés de droit, qui disposent d’un nombre de places limité par rapport à la demande, l’algorithme ne pourra pas calculer a priori d’affectation performante, faute d’information sur les « préférences » de ces facultés sur les candidats qu’elles souhaitent admettre.</p>
<p>Que fait alors le ministère ? Il construit lui-même un classement pour les candidats concernés. Il peut procéder à un tirage au sort, ou pire, utiliser les vœux prioritaires des candidats pour déterminer leurs places dans les classements des universités, ce qui est contraire au principe de sincérité.</p>
<p>C’est cette étape qui suscite le plus d’incompréhension et de rejet, à la fois des universitaires pour son manque de performance et des usagers pour son aspect arbitraire et injuste.</p>
<h2>La sélection, la vraie question</h2>
<p>Cette défaillance du système n’est pas celle de l’utilisation d’un algorithme qui, après tout, fait ce qu’on lui demande. De même, la divulgation du code de l’algorithme APB est nécessaire, mais pas suffisante pour régler le problème.</p>
<p>Elle traduit plutôt un manque d’orientation claire sur la question de la sélection dans l’enseignement supérieur, qui se répercute in fine directement au niveau de ce que produit l’algorithme.</p>
<p>Ces accrocs ponctuels ne doivent pas remettre en cause cet outil puissant. Il existe toute une panoplie d’algorithmes pouvant répondre à des objectifs bien identifiés, prenant en compte par exemple des critères de mixité sociale.</p>
<p>Leur utilisation est d’ailleurs au cœur de l’<a href="http://www.lemonde.fr/bac-lycee/article/2016/03/18/apb-s-y-retrouver-dans-les-pastilles-et-les-filieres-libres-ou-en-tension_4885581_4401499.html">expérimentation</a> d’arrondissements parisiens témoins qui organiseront une affectation multi-collège à partir de la rentrée 2017 en lieu et place de l’ancien système de carte scolaire, qui répartit les élèves de manière univoque à partir de leur adresse de domiciliation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65903/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent IEHLÉ ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’algorithme de la plateforme ADP mise en place par le ministère de l’Éducation a suscité ces derniers mois une vive polémique. Mais il ne faudrait pas oublier qu’il ne s’agit là que d’un outil…Vincent IEHLÉ, Professeur d’économie, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/668482016-10-17T06:54:25Z2016-10-17T06:54:25ZAPB : La vie après le bac<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/141852/original/image-20161014-30266-oov151.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">A.P.B. : La vie après le Bac.</span> </figcaption></figure><p><em>Cet article a été co-rédigé par Clémence Réda, étudiante à l’ENS Cachan en collaboration avec le blog <a href="http://binaire.blog.lemonde.fr/">Binaire</a></em>.</p>
<hr>
<p>D’un côté, quelques mois avant l’examen du bac, les lycéens postent sur le site d’Admission Post-Bac la liste de <a href="http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-admission-post-bac-une-informatisation-opaque-37149.php">leurs choix d’enseignement supérieur</a>, dans l’ordre de préférence, et limitée à une quarantaine de possibilités ; ce qui représente plusieurs centaines de milliers de listes. De l’autre, les différentes formations indiquent le nombre de places disponibles, ainsi que les conditions d’admission ; plus de dix mille d’entre elles transmettent ces informations au site. Le jour J arrivé, la moulinette (un algorithme) tâchera d’affecter les élèves aux formations, en satisfaisant « au mieux » les attentes de chaque partie. Nous avons donc délégué cette tâche des plus importantes, qui ne décide de rien de moins que de l’avenir de nos propres enfants, à un simple algorithme. Mais pas de panique !</p>
<h2>Avant tout, évitons-le : « C’était mieux avant »</h2>
<p>Avant, sans outil de centralisation, il était indispensable de fouiller les recoins des sites des diverses possibilités post-bac, afin d’en extraire les modalités d’une candidature, qui étaient évidemment loin d’être similaires d’une formation à l’autre.</p>
<ul>
<li>Avant, les élèves étaient encore plus mal informés.</li>
<li>Avant, les « on-dit » précipitaient déjà des bataillons d’élèves vers quelques formations prestige ou à la mode.</li>
</ul>
<p>L’appréhension que ressentait un élève d’hier, vis-à-vis des retours de ses multiples candidatures, vaut bien celle de celui qui, aujourd’hui, <a href="http://rue89.nouvelobs.com/2016/04/06/admission-post-bac-lyceens-veulent-connaitre-lalgorithme-mystere-263667">attend la réponse d’un algorithme</a>. Les dilemmes d’aujourd’hui, pour spécifier l’ordre de la liste des préférences, ne sont pas plus cornéliens que ceux d’hier, qui précédaient un choix entre plusieurs offres.</p>
<p>Traité par des administrations débordées, ou par un programme informatique, le problème est délicat, et on peut évidemment comprendre l’énorme frustration de l’élève qui a candidaté pour la formation de ses rêves, et qui s’en trouve exclu par un simple tirage au sort. Mais la faute ne doit pas être imputée à l’algorithme lui-même. Elle vient d’un choix sociétal de privilégier des filières pour le supérieur non sélectives, où le nombre de candidats dépasse parfois largement celui des places disponibles. À défaut de réelle sélection, on laisse le hasard décider, que ce soit via un algorithme, ou une personne qui joue à pile ou face.</p>
<h2>Les avantages de l’algorithme</h2>
<p>De plus, si la procédure est émaillée de maladresses qui pourraient être évitées, l’utilisation d’un algorithme présente des avantages. Avec l’aide de l’informatique, la méthode d’affectation est bien plus efficace, en temps, et en ressources techniques et humaines. Nous verrons d’ailleurs que, d’un point de vue purement algorithmique, le problème est relativement simple. Il est même possible de garantir que l’affectation soit « optimale », c’est-à-dire qu’elle satisfasse un maximum de contraintes parmi celles données par à la fois les élèves et les formations, ce qu’une méthode « à la main » ne permettait pas au bon vieux temps.</p>
<p>Surtout, il est possible d’aussi garantir l’équité des affectations, de ne pas favoriser ou défavoriser un élève en se basant sur son origine ethnique, son genre, etc. Nous n’avons plus besoin de devoir nous fier à la conscience morale des jurys : l’algorithme ne se réfère qu’au code qui l’implémente, au programme explicitement écrit, aux règles et non à des interprétations plus ou moins osées.</p>
<p>La difficulté n’est pas tant de trouver un algorithme efficace, que de définir les règles propres à la sélection de candidats. Leur choix est avant tout sociétal.</p>
<p>Est-ce que nous voulons, par exemple, que les candidates soient exclues des filières scientifiques ? Est-ce que nous considérons que les sciences fondamentales ou expérimentales ne leur sont pas destinées ? Ou voulons-nous, au contraire, appuyer la <a href="https://theconversation.com/informaticiennes-croissez-et-multipliez-55886">candidature des jeunes filles</a>, plutôt que celles de leurs camarades masculins avec des dossiers sensiblement proches, dans les formations scientifiques de prestige, pour essayer de rattraper le déséquilibre actuel ? Ou encore, souhaitons-nous que l’algorithme ne prenne pas en compte le genre ? Toutes ces règles peuvent être incluses dans l’algorithme (mais pas en même temps). La difficulté est de choisir !</p>
<h2>Le principal problème d’APB est son opacité !</h2>
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<p>La confiance, dans les règles régissant ce processus d’affectation, est essentielle. Les règles adoptées doivent pouvoir être discutées, contestées, approuvées. Mais comment les approuver, comment les contester, comment les discuter, si elles restent confidentielles ?</p>
<p>On connaît les arguments : le code est trop complexe pour être montré ; s’il est connu, les élèves tenteront de contourner le système. Mais aucun n’est vraiment solide. D’ailleurs, le gouvernement a annoncé que les textes qui spécifient l’algorithme en question seraient publiés : « Nous allons donc dévoiler l’un des secrets défense les mieux gardés : l’algorithme d’APB ! », a affirmé Thierry Mandon, avec un certain humour. Pour nous, il ne suffit pas d’en dévoiler les grandes lignes, que les spécialistes connaissent déjà plus ou moins. Il faut mettre le programme informatique sur la place publique, pour qu’il puisse être débattu, peut-être corrigé, afin que la société l’accepte.</p>
<h2>Le gouvernement ouvert</h2>
<p>De manière générale, les gouvernements, les administrations, s’appuient de plus en plus sur des algorithmes, qui prennent ainsi une place de plus en plus grande dans notre vie quotidienne. Leur but est d’améliorer le fonctionnement des institutions. Néanmoins, les algorithmes ne décideront jamais à notre place : c’est bien nous qui choisirons les règles qui les déterminent. Il faut bien garder à l’esprit que les choix effectués par un algorithme sont à l’origine implémentés, programmés, écrits, par des humains. Dans une approche « ouverte » du gouvernement (ou de la démocratie), le fonctionnement précis des logiciels qui nous gouvernent n’a pas à être secret. Et effectivement, le Projet de Loi sur la République numérique inclut un article créant « un droit d’accès aux règles définissant les traitements algorithmiques utilisés par les administrations publiques et aux principales caractéristiques de leur mise en œuvre, lorsque ces traitements débouchent sur des décisions individuelles ».</p>
<p>Il faut encore aller plus loin ! Nous devrions aussi pouvoir consulter les entrailles des logiciels, au niveau de l’algorithme même, pour pouvoir vérifier les règles sur lesquelles ils prétendent se fonder, et aussi pour pouvoir discuter d’éventuelles modifications. Ceci est nécessaire si nous voulons qu’une réelle confiance règne entre toutes les parties concernées, entre les institutions et les individus.</p>
<p>Il y a toujours un aspect un peu magique dans l’utilisation d’un algorithme dont on n’a pas le début d’une idée quant à son fonctionnement. Pour conclure cet article, nous voudrions vous convaincre qu’un tel algorithme n’a pas besoin d’être super compliqué. Laissez-nous vous expliquer la démarche générale pour résoudre un « problème d’affectation ». Ce problème est également connu sous le nom de « problème des mariages stables », c’est bien d’APB dont il s’agit.</p>
<h2>L’algorithme de Gale-Shapley (1962)</h2>
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<span class="attribution"><span class="source">@Maev59</span></span>
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<p>Lloyd Shappley a obtenu le Prix Nobel d’Économie en 2012 pour ses recherches sur la théorie des jeux collaboratifs, et ses travaux sur… les mariages stables. La question des mariages stables en informatique, loin d’être une affaire de mœurs plus ou moins libres, intervient assez régulièrement dans des domaines divers de notre vie quotidienne, d’Admission Post Bac aux sites de rencontres amoureuses par exemple. Le point commun est de former de façon optimale, c’est-à-dire en essayant de satisfaire au mieux les participants, des couples d’éléments de deux groupes distincts d’individus ou d’entités.</p>
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<p>En l’occurrence, pour Admission Post Bac, nous chercherons à apparier futurs bacheliers et établissements de l’enseignement supérieur. Pour l’optimalité dans un mariage, il s’agit, par tradition, d’éviter que l’un des partenaires n’ailler chercher son bonheur ailleurs ; il faudra donc s’assurer notamment qu’il n’existe pas deux lycéens associés à deux formations distinctes qui auraient pu échanger leurs affectations pour aboutir à plus de satisfaction pour tous.</p>
<p>Imaginez-vous quelques instants être devenu l’incarnation humaine d’APB (oui, oui). Vous êtes chargé d’affecter un petit groupe de lycéens, Alice, Bob et Charlie, à un ensemble de formations post-bac, intitulées sobrement A, B et C. On supposera ici que A, B et C n’acceptent qu’un seul étudiant dans leur établissement. Vous connaissez les préférences des participants pour pouvoir réaliser l’affectation.</p>
<p>Pensons d’abord à une méthode naïve : vous affectez les lycéens à des formations au hasard. Supposons que vous ayez affecté Alice en A, Bob en B, et Charlie en C. Il se peut très bien que Charlie ait un dossier qui convient mieux à la formation A, et que Charlie lui-même ne rêve que d’aller dans cet établissement. Autrement dit, il existe deux couples lycéens/formations tels que la formation dans le premier couple préférait le lycéen du deuxième couple, et que réciproquement, ce dernier avait placé plus haut dans ses choix l’établissement du premier couple, par rapport à celui où il se trouve actuellement. C’est un mariage instable, et donc non optimal. Vous avez fait un travail de cochon et il y a de grandes chances pour qu’on se passe de vos services l’année prochaine.</p>
<p>La lourde tâche vous revient donc de « marier » de façon optimale, donc sans cas d’instabilité comme vu précédemment, formations et lycéens.
Commençons par Alice : sa liste indique qu’elle voudrait entrer d’abord en A, sinon en C, sinon en B. Pour l’instant, nous n’avons pas plus d’informations. Puisque tel est le souhait d’Alice, pour le moment nous allons l’associer à la formation A – c’est-à-dire que nous l’affecterons à la formation A si nous ne trouvons pas de meilleure configuration.</p>
<p>Passons à la liste de Bob, qui, lui, voudrait aller d’abord en C, sinon en B, sinon en A. La formation C n’étant affectée à personne pour le moment, nous faisons comme pour Alice : nous associons Bob à C, faute de mieux.</p>
<p>Enfin, Charlie indique sur sa liste qu’il préférerait aller d’abord en C, sinon en A, sinon en B. Vous pourriez affecter Charlie à la dernière formation restante, c’est-à-dire B. Mais, si la formation C avait placé Charlie avant Bob dans son classement ? (Il fallait bien que les classements des formations interviennent quelque part. Quand même.) Vous retomberiez alors sur la situation décrite dans le paragraphe précédent, que vous voulez à tout prix éviter.</p>
<p>Ainsi, dans le cas où la formation C a classé Charlie avant Bob, la meilleure configuration rompt le couple Bob/C, et préfère associer Charlie à C. Finalement, comme il n’y a pas d’autre meilleure configuration et que tous les lycéens ont été affectés à une formation, les couples associés sont alors définitifs. Vous obtenez un mariage stable. Victoire !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66848/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Abiteboul ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il faut mettre le programme informatique sur la place publique, pour qu’il puisse être débattu, peut-être corrigé, afin que la société l’accepte.Serge Abiteboul, Directeur de recherche à Inria, membre de l'Académie des Sciences, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.