tag:theconversation.com,2011:/us/topics/smartphones-32733/articlessmartphones – The Conversation2024-03-27T16:47:52Ztag:theconversation.com,2011:article/2247662024-03-27T16:47:52Z2024-03-27T16:47:52ZDes SMS aux réseaux sociaux, comment le numérique transforme le dialogue entre parents et enfants<p>Les outils numériques font aujourd’hui partie intégrante du quotidien et amènent les enfants à avoir de nouvelles expériences et à se développer dans de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12144-022-02738-3">nouveaux environnements</a>.</p>
<p>La place de ces technologies dans les interactions familiales peut varier en fonction d’un certain nombre d’éléments, tels que la qualité des liens, la dynamique familiale, l’environnement de vie de la famille, le stress des parents, l’âge de l’enfant et de l’adolescent…</p>
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<p>Ces outils peuvent créer des obstacles à la communication, ce que les recherches étudient notamment à travers le concept de technoférence, au cours de la <a href="https://psycnet.apa.org/record/2024-52598-001">petite enfance</a> et de l’enfance notamment. Mais ils peuvent aussi constituer de nouveaux canaux d’échanges, <a href="https://www.cairn.info/revue-dialogue-2017-3-page-57.htm">soutenant les échanges parent-enfant</a>.</p>
<p>Cela peut se faire par exemple à travers le <a href="https://journal.unj.ac.id/unj/index.php/jpud/article/view/34862">co-visionnage</a> de contenus : regarder un dessin animé avec son enfant, faire une activité interactive sur tablette, lire des livres numériques… Les parents commentent alors ce que l’enfant voit et peuvent stimuler son attention, sa curiosité et son <a href="https://theconversation.com/sept-pistes-pour-enrichir-le-vocabulaire-de-votre-enfant-126576">vocabulaire</a> (même si pour ce dernier point, les résultats de la recherche ne vont pas tous dans le même sens…).</p>
<h2>L’âge du premier smartphone</h2>
<p>La place des écrans dans la famille évolue à mesure que l’enfant grandit. <a href="https://www.open-asso.org/presse/2020/02/smartphones-les-enfants-recoivent-leur-premier-telephone-a-9-ans/">9 ans et 9 mois</a>, c’est l’âge moyen d’acquisition du premier téléphone portable en France. Et on peut dire que cette acquisition amène un tournant dans la vie et la communication au sein de la famille.</p>
<p>C’est souvent lorsque les jeunes commencent à avoir plus d’autonomie que les parents envisagent de leur offrir un smartphone. En effet, les parents souhaitent assurer la sécurité de leur enfant, le téléphone leur permettant de rester en contact avec leur enfant en cas d’urgence ou de besoin. Mais l’outil favorise aussi le développement de leur <a href="https://psycnet.apa.org/record/2020-79295-001">autonomisation</a> et son acquisition est une véritable étape développementale.</p>
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<p>Néanmoins, la communication parent-enfant est aussi une motivation à cet achat, au-delà de l’aspect uniquement lié à la sécurité. La possibilité de pouvoir joindre ses parents ou d’être joints par eux à tout instant permet aux jeunes adolescents d’agrandir leur champ d’exploration, d’aller à la découverte du monde.</p>
<h2>Les outils numériques comme soutiens à la communication</h2>
<p>Comme évoqué précédemment, la communication via les outils numériques s’est accrue à mesure que les préadolescents en étaient équipés. On pourrait même dire qu’elle s’est banalisée. Son atout réside dans l’instantanéité, pour transmettre rapidement une information ou faire une demande à l’autre, partager un moment vécu ou des états émotionnels, gérer une situation conflictuelle, favorisant ainsi un sentiment de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0192513X18793924">proximité</a>.</p>
<p>Échanger par messagerie ou par les réseaux sociaux peut aussi être parfois un moyen de se dire les choses <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12144-018-0003-8">plus facilement</a>. Il pourrait ainsi être plus aisé pour certains adolescents de faire passer des messages à leur parent de façon plus ou moins « déguisée », par l’intermédiaire du partage de posts sur les réseaux sociaux, ou d’envoi d’émojis pour traduire leurs émotions.</p>
<p>Le partage de publications en ligne peut aussi être une façon pour les parents d’aborder des sujets perçus comme sensibles ou tabous en fonction des familles, par exemple le rapport au corps, la découverte de la sexualité. La communication parent-adolescent peut ainsi être soutenue par les outils numériques, et cela de plus en plus à mesure que l’adolescent grandit et s’éloigne physiquement de ses parents.</p>
<h2>Des échanges en face à face incontournables</h2>
<p>Sans s’y limiter, les échanges entre les parents et les enfants passent de plus en plus par une messagerie, à l’instar de ce qu’on observe dans tout type de relations. Pour autant, bien que pratique lorsqu’on ne se trouve pas en présence de l’autre, ce mode de communication pourrait aller en l’encontre de la qualité des interactions.</p>
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<p>Des échanges passant essentiellement par les outils numériques peuvent donner au parent le sentiment d’être proche de son enfant, sans que la relation soit vraiment sécure, avec peu de possibilités d’échanges en face-à-face. En effet, un niveau important d’interactions via les outils numériques peut correspondre à une <a href="https://ttu-ir.tdl.org/items/67ce09e8-e7c2-454a-bb6d-b59d6a4776a1">relation d’attachement où les émotions sont difficiles à partager</a> et exprimer directement.</p>
<p>Par ailleurs, les interactions par messageries instantanées ou SMS sont généralement brèves. Elles ne sont donc pas comparables avec un échange en face-à-face où parent comme enfant peuvent s’engager dans des conversations plus approfondies, étayées par les comportements non verbaux de l’autre qui peuvent renseigner sur ses états émotionnels.</p>
<h2>Des codes de conversation à acquérir</h2>
<p>Outre la qualité de la relation parent-enfant, le type de communication présent dans la famille pourrait jouer sur l’usage plus ou moins important des outils numériques. Par exemple, dans les familles « <a href="https://psycnet.apa.org/record/2002-06584-004">tournées vers les échanges</a>, les conversations », les adolescents y auraient plus facilement recours pour <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0044118X14560334">échanger avec leurs parents</a> que ceux issus d’une famille peu orientée vers les discussions.</p>
<p>Les adolescents communiqueraient aussi via téléphone ou messagerie davantage avec <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10826-018-1054-z">leur mère qu’avec leur père</a>, dans les familles bi- comme monoparentales, reproduisant ce que l’on peut observer dans les <a href="https://www.researchgate.net/publication/367539605_The_Ways_of_Communication_with_Parents_and_The_Parenting_Styles_During_Adolescence">interactions « en personne »</a>.</p>
<p>Pour ce qui est du <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10826-018-1054-z">motif de communication</a>, il semblerait que les adolescents, lorsqu’ils ont le choix, auraient une préférence pour les interactions par messages pour des questions logistiques, d’organisation, de planification. En revanche, s’ils souhaitent exprimer des émotions ou rechercher du soutien, ils se tournent plutôt vers des appels téléphoniques. Les échanges verbaux permettraient en effet un meilleur partage des émotions et un plus grand sentiment de proximité.</p>
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<p>Même si les services de messagerie occupent une part grandissante dans les échanges parent-enfant, les échanges en face-à-face (et les appels téléphoniques pour les plus jeunes mais <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0044118X13499594">pas les adolescents</a>) restent malgré tout prépondérants.</p>
<p>Les échanges textuels sont importants en ce sens qu’ils participent au processus d’autonomisation des jeunes ainsi qu’à leur apprentissage des échanges dans les environnements virtuels. Ils peuvent ainsi acquérir certains codes conversationnels qui peuvent être différents des codes en vigueur dans les échanges « en personne », par exemple, prendre conscience que la personne qu’on essaie de contacter par téléphone ou message peut ne pas être disponible en même temps, apprendre à respecter les moments où on peut contacter une personne ou pas en fonction du type de communication…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224766/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Danet a reçu des financements de la fondation I-SITE ULNE. </span></em></p>Si l’omniprésence des smartphones peut être un frein aux échanges directs, passer par le numérique permet également d’aborder plus facilement certains sujets entre parents et enfants. Explications.Marie Danet, Maîtresse de conférence en psychologie - HDR, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2255872024-03-24T17:53:09Z2024-03-24T17:53:09ZDroit à la réparation : l’Europe s’attaque aux millions d’appareils électroniques qui dorment dans nos tiroirs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/581265/original/file-20240312-24-gnxqw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/top-view-old-computers-digital-tablets-2109892556">Veja/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>C’est un tiroir que l’on est beaucoup à avoir, souvent dissimulé dans un coin de notre bureau ou de notre chambre, archive involontaire à notre époque de surconsommation. Car ce tiroir sert de « nécropole » à une variété d’appareils électroniques et d’accessoires devenus obsolètes ou cassés. Il s’agit notamment de téléphones portables qui ont été remplacés par des modèles plus récents, de chargeurs qui ne correspondent plus à nos appareils actuels, d’écouteurs qui ne fonctionnent plus depuis longtemps, ou même de câbles divers dont l’utilité est depuis longtemps oubliée.</p>
<p>Les chiffres sont là, implacables, révélant l’ampleur de l’accumulation des déchets électroniques et leur impact dévastateur sur l’environnement. En moyenne, les Français accumulent chez eux environ 20 % d’appareils électriques qu’ils n’utilisent plus. Cela représente environ 178 millions d’appareils sur les 846 millions que les Français possèdent au total. En plus de cela, 21 millions d’appareils sont cassés. Derrière ce chiffre se trouve une véritable mine d’or de matières premières inutilisées dans nos foyers. D’autant plus que, selon une récente étude menée par l’ADEME, notre penchant pour la technologie ne va pas en diminuant, avec une moyenne de cent équipements électriques et électroniques par foyer, allant de l’essentiel au superflu.</p>
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<h2>Derrière cette accumulation d’objets électroniques non utilisés</h2>
<p>Alors pourquoi ne vidons-nous pas ce tiroir ?</p>
<p>La réponse est multiple. D’abord, il y a une forme d’attachement émotionnel profond à ces appareils qui ont partagé des moments de notre vie. Ensuite, certains se disent qu’ils s’en resserviront peut-être un jour, sans savoir vraiment comment. Et puis il y a ceux qui, devant l’incertitude sur la manière de les recycler de manière appropriée, décident finalement de ne pas s’en séparer. Enfin, il y a ceux aussi qui renoncent à le faire réparer, tant le parcours peut être semé d’embûches.</p>
<p>En effet, si l’intention de désencombrer est louable, la réalité du recyclage et de la réparation se heurte à des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652621002225">obstacles économiques non négligeables</a>. Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652621002225">chercheurs du Ratio Institute</a> en Suède ont ainsi recensé plusieurs barrières telles que le coût comparativement plus faible des nouveaux produits, la réduction de la durée de vie des produits, la complexité croissante de la conception des produits, et l’augmentation du coût de la main-d’œuvre dans les pays industrialisés.</p>
<p>La recherche d’un service de réparation compétent représente un défi supplémentaire. Dans un marché dominé par la vente de produits neufs, les services de réparation spécialisés et de confiance sont parfois difficiles à localiser. Les consommateurs doivent souvent se lancer dans un véritable parcours du combattant pour trouver un <a href="https://www.ecosystem.eco/reparer/">réparateur qualifié</a>, disposé à s’attaquer à leur modèle spécifique d’appareil.</p>
<p>Dans la même veine, l’économiste néerlandais <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800917317573">Julian Kirchherr</a> et ses co-auteurs expliquent que la perception de la qualité moindre des matériaux recyclés et leurs coûts plus élevés font que les consommateurs ont naturellement davantage tendance à se tourner vers du neuf. </p>
<p>Enfin, la disponibilité des pièces détachées est un autre point de friction majeur. Car les fabricants ne fournissent pas toujours les pièces nécessaires au-delà d’une certaine période après la production de l’appareil. Même lorsque les pièces sont disponibles, leur coût, ajouté à celui de la main-d’œuvre, peut rendre la réparation économiquement irréaliste.</p>
<h2>Réparer : le consommateur au centre de l’équation ?</h2>
<p>En France, bien que les consommateurs aient une image positive de la réparation, qu’ils associent principalement à un acte écologique, cette pratique reste minoritaire. En effet, selon une étude de 2019 intitulée <a href="https://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2020/06/rapport-francais-reparation-perception-pratique-2020.pdf">Les Français et la réparation : Perceptions et pratiques</a> réalisée par Harris Interactive pour le compte de l’ADEME, 54 % des Français interrogés choisissaient de remplacer un produit tombé en panne plutôt que de le réparer. Le coût de la réparation est le principal frein à la réparation, cité par 68 % d’entre eux.</p>
<p>Mais réparer ou non un objet, n’est pas non plus qu’une affaire de prix, de confiance en la qualité du produit réparé et de disponibilité. Comme le rappelle la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652620356900">sociologue Nazli Terzioglu</a>, la réparation est également affaire d’émotions et de valeurs, et diverge de fait en fonction de notre savoir-faire technique, du temps et de l’effort requis, des coûts financiers, des préoccupations environnementales, du plaisir perçu dans l’acte de réparation, et de la valeur symbolique ou fonctionnelle attribuée aux objets.</p>
<p>Par exemple, l’attachement émotionnel à un objet peut servir de puissante motivation à sa réparation, alors que le manque de confiance dans l’objet réparé en termes de sécurité peut représenter une barrière.</p>
<h2>Rien ne se perd, tout se répare : reprendre le contrôle des objets du quotidien</h2>
<p>Au-delà de ces considérations personnelles, enfin, la réparation est également devenue une affaire de législateurs. Dans sa quête pour une Europe plus verte, la Commission a récemment introduit de nouvelles règles communes visant à promouvoir la réparation des biens. Intitulée <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_24_608"><em>Right to Repair</em></a>, cette nouvelle directive renforce le droit à la réparation sur une multitude d’appareils tels que le lave-linge, le lave-vaisselle, le réfrigérateur, l’aspirateur et le téléphone portable. En mettant l’accent sur la durabilité et l’accessibilité de la réparation, l’Europe espère non seulement réduire les déchets électroniques mais également lutter contre l’<a href="https://theconversation.com/vos-appareils-electroniques-sont-ils-obsoletes-de-plus-en-plus-rapidement-169765">obsolescence programmée</a>. La réussite de cette initiative pourrait marquer un tournant décisif dans notre rapport aux biens de consommation, si le texte, en cours de finalisation, reste fidèle à sa première ambition.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/581262/original/file-20240312-18-y2kmno.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En plus de cette condition, il est également possible de s’interroger sur un potentiel bras de fer entre les fabricants de pièces détachées et les réparateurs indépendants. Si les fabricants de pièces détachées ne parviennent pas à proposer des prix raisonnables pour ces pièces, cela pourrait finalement entraîner une augmentation des coûts de réparation. En conséquence, cela pourrait donc dissuader les consommateurs de faire réparer leurs produits, ce qui va à l’encontre de l’objectif principal du <em>Right to Repair</em> qui est de faciliter l’accès à la réparation et de prolonger la durée de vie des produits. </p>
<p>Par ailleurs, les réparateurs indépendants doivent également prendre en compte les coûts de stockage des produits, de la main-d’œuvre, du transport, ainsi que des équipements et de leur maintenance. Par conséquent, il est probable que la réparation d’objets de faible valeur devienne économiquement peu viable.</p>
<p>Pourtant, on voit naître dans le secteur de la réparation un certain nombre d’initiatives inspirantes. Startups, associations, et plates-formes dédiées offrent des solutions pratiques et accessibles pour ceux désireux de réparer plutôt que de remplacer. Par exemple, porté par Grenoble-Alpes Métropole, le nouveau site métropolitain <a href="https://www.grenoblealpesmetropole.fr/actualite/189/45-pole-r-le-lieu-totem-du-reemploi-a-ouvert-ses-portes.htm">Pôle R</a> d’une superficie de 8 000 m<sup>2</sup> dédié à l’économie circulaire, abrite la <a href="https://www.grenoblealpesmetropole.fr/actualite/174/45-la-nouvelle-donnerie-depose-minute-simple-rapide-et-pratique.htm">Donnerie</a>, un service qui permet aux habitants de déposer des objets en bon état ou facilement réparables dont ils n’ont plus besoin.</p>
<p>La réparation à distance par visioconférence fait également de plus en plus d’adeptes. Après un pré-diagnostic par téléphone, la start-up <a href="https://start.lesechos.fr/innovations-startups/tech-futur/pivr-la-startup-pour-reparer-a-distance-son-electromenager-1174815#:%7E:text=Lanc%C3%A9e%20il%20y%20a%20seulement,avec%20l'aide%20de%20professionnels.&text=Les%20rouages%20des%20machines%20%C3%A0,plus%20de%20secrets%20pour%20elles.">Pivr</a> met en relation ses clients avec des réparateurs professionnels. Si une pièce détachée est nécessaire, une seconde visioconférence est programmée à la réception de la pièce détachée pour diriger le consommateur sur le changement de la pièce. La start-up <a href="https://www.lesechos.fr/start-up/deals/spareka-mise-sur-le-filon-de-lautoreparation-1912260">Spareka</a> propose, quant à elle, un chatbot, des tutoriels vidéo pour faciliter les diagnostics et l’autoréparation ainsi qu’un accès à 8 millions de pièces détachées pour réparer ses appareils.</p>
<p>D’autres initiatives visaient à créer du lien tout en donnant une seconde vie à un objet. C’est par exemple l’objectif du mouvement <a href="https://www.repaircafe.org/fr/">Repair Café</a>, un concept instauré en 2009 aux Pays-Bas par la journaliste et militante écologiste Martine Postma et largement déployé depuis. </p>
<p>D’après une étude récente publiée dans le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jiec.13451">Journal of Industrial Ecology</a> analysant les pratiques de réparation de 922 personnes ayant déjà fréquenté des Repair Cafés, l’acte de réparation est motivé par plusieurs raisons. Leur décision est influencée non seulement par leur évaluation personnelle de ce que signifie réparer – par exemple, la satisfaction de prolonger la vie d’un produit ou la fierté de contribuer à la réduction des déchets – mais aussi par la dimension sociale liée à l’acte de réparation. Ces aspects sociaux comprennent l’interaction avec d’autres personnes partageant les mêmes idées, l’apprentissage auprès d’experts en réparation et le sentiment d’appartenance à une communauté qui valorise des actions pro-environnementales. Par ailleurs, les interrogés expliquent également qu’ils se rendent dans des Repair Cafés pour des raisons de facilité et de commodité de la réparation de produits (accès aux outils, aux pièces détachées et aux connaissances requises).</p>
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<figcaption><span class="caption">Vidéo du Parlement Européen faisant la promotion de la réparation des objets, en mettant notamment à l’honneur un Repair Café d’Amsterdam.</span></figcaption>
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<h2>Réparer ou racheter : un bilan contrasté en France</h2>
<p>En France, cette directive Right to Repair vient s’ajouter au <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/bonus-reparation">Bonus réparation</a> proposé par le Gouvernement pour allonger la durée de vie des équipements. Les consommateurs peuvent bénéficier d’une réduction sur leur facture de réparation (en moyenne 17 % du coût total pour une aide allant de 15 à 60 €), à condition de se rendre chez <a href="https://annuaire-qualirepar.ecosystem.eco/">l’un des 4 700 réparateurs agréés QualiRépar</a>.</p>
<p>Un an après son lancement, le bilan reste mitigé : le bonus n’a été mobilisé que pour 0,2 % des pannes et 1,7 % des réparations hors garantie en 2023. C’est ce que révèle <a href="https://www.halteobsolescence.org/wp-content/uploads/2024/01/Rapport-HOP-Bonus-reparation.pdf">l’étude menée par l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP)</a>, qui met en évidence d’autres manquements tels que le faible nombre de réparateurs (74 % des réparateurs non labellisés considèrent le coût de labellisation trop élevé, et 52 % d’entre eux trouvent le délai de remboursement trop long), la complexité des procédures, une communication trop discrète, et des montants de prise en charge insuffisants.</p>
<p>Le succès de la directive européenne <em>Right to Repair</em> dépendra dès lors de sa mise en œuvre effective et de l’engagement des parties prenantes à tous les niveaux. Les fabricants devront s’adapter à ces nouvelles exigences qui seront définies par le futur <a href="https://eeb.org/ecodesign-eu-one-step-closer-to-making-sustainable-products-the-norm/">règlement sur l’éco-conception</a> (Ecodesign for Sustainable Products Regulation – ESPR) en cours de négociation, tandis que les consommateurs devront être sensibilisés à l’importance de la réparation et du recyclage. Un modèle économique viable de la réparation est également crucial pour rendre celle-ci attractive auprès des acteurs du secteurs comme des consommateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225587/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le Parlement Européen tâche de se doter d'une politiques ambitieuses en matière de réparation des objets. Mais pour que celle-ci se généralise, il faut encore que cette action soit économiquement viable.Sebastien Bourdin, Professeur de Géographie économique, Titulaire de la Chaire d'excellence européenne "Economie Circulaire et Territoires", EM NormandieNicolas Jacquet, Assistant de Recherche ∙ Chaire d'excellence européenne « Économie circulaire et Territoires », EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2254782024-03-20T16:01:31Z2024-03-20T16:01:31ZAvec les smartphones, la conversation en péril ?<p><em>La conversation relève souvent de la gratuité, de la flânerie, de la rencontre, elle est une parole partagée. Mais que devient-elle à l’ère du smartphone omniprésent ? Jour et nuit, nous communiquons : via WhatsApp, Messenger, Instagram, Slack, TikTok, par mail ou par texto, via des messages vocaux… Et pourtant, nous rappelle David Le Breton, communiquer n’est pas converser. À la fois vigilants, disponibles et déconnectés de nos sensations physiques, nous avons peu à peu désappris l’ennui, la lenteur, les silences et l’attention à l’autre… Cet article fait partie de notre série « Nos vies mode d’emploi ».</em></p>
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<p>Le smartphone a introduit au sein du lien social dans le monde entier un avant et un après de son usage. En une quinzaine d’années, la <a href="https://fr.statista.com/statistiques/565012/ventes-mondiales-de-smartphones-aux-utilisateurs-finaux/">banalisation de son recours</a> a opéré une transformation inouïe du rapport au monde et aux autres. J’aborderai ici seulement les profondes altérations que connaît la conversation face à l’impact colossal de la communication, notamment quand elle passe par la médiation du téléphone portable.</p>
<h2>Communiquer n’est pas converser</h2>
<p>J’entends par communication l’interposition de l’écran dans la relation à autrui, la distance, l’absence physique, une attention distraite, flottante… Utilitaire, efficace, elle appelle une réponse immédiate ou des justifications ultérieures car elle exige une disponibilité absolue qui induit par ailleurs le sentiment que tout va trop vite, que l’on a plus de temps à soi. À tout moment une notification, un appel, un message somme l’individu à une réponse sans retard qui maintient une vigilance sans relâche.</p>
<p>À l’inverse, la conversation relève souvent de la gratuité, de la flânerie, de la rencontre, elle est une parole partagée. Il s’agit seulement d’être ensemble en toute conscience et de dialoguer en prenant son temps. Si la communication fait disparaître le corps, la conversation sollicite une mutuelle présence, une attention <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/levinas-quand-un-visage-nous-desarme-6097234">au visage de l’autre</a>, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-savanturiers/la-communication-non-verbale-1034573">à ses mimiques</a> et à la tonalité de son regard. Elle compose volontiers avec le silence, la pause, le rythme des uns et des autres. À l’inverse de la communication où toute suspension sollicite un pénible rappel, surtout pour ceux qui sont autour et ne sont pas concernés, d’un : « On a été coupé », « T’es là ? » « J’entends plus rien » « Je te rappelle ». La conversation n’a pas ce souci car le visage de l’autre n’a jamais disparu et il est possible de se taire ensemble en toute amitié, en toute complicité, pour traduire un doute, une méditation, une réflexion. Le silence dans la conversation est une respiration, dans la communication elle est une panne.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/583433/original/file-20240321-24-55tt3y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Comment habiter ce monde en crise, comment s’y définir, s’y engager, y faire famille ou société ? Notre nouvelle série « Nos vies modes d’emploi » explore nos rapports intimes au monde induits par les bouleversements technologiques, féministes et écologiques survenus au tournant du XXI<sup>e</sup> siècle.</em></p>
<p><em>À lire aussi :</em></p>
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<li><a href="https://theconversation.com/tous-en-salle-comprendre-lobsession-contemporaine-pour-les-corps-muscles-217329"><em>Tous en salle ? Comprendre l’obsession contemporaine pour les corps musclés</em></a>_</li>
<li><a href="https://theconversation.com/les-amis-notre-nouvelle-famille-217162"><em>Les amis, notre nouvelle famille ?</em></a>_</li>
<li><a href="https://theconversation.com/donnees-personnelles-comment-nous-avons-peu-a-peu-accepte-den-perdre-le-controle-218290"><em>Données personnelles : comment nous avons peu à peu accepté d’en perdre le contrôle</em></a>_</li>
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<p>Il y a quelques mois à Taipei, j’étais dans un restaurant populaire. À une table, non loin de la mienne, est venue s’installer une dizaine de personnes de la même famille, des plus jeunes aux plus âgés. Le temps de prendre place, et tous ont sorti leur smartphone, les plus petits avaient deux ou trois ans, jusqu’aux anciens, la soixantaine. Ayant à peine jeté un coup d’œil au menu avant de commander, tous se sont immergés dans la contemplation de leur portable, sans aucune attention les uns envers les autres. Ils n’ont pratiquement pas dit un mot et ils mangeaient leur smartphone à la main. Seule exception parfois, de petites tensions entre deux des enfants qui devaient avoir quatre ou cinq ans. Ils sont restés une bonne heure en échangeant guère plus que quelques phrases, sans vraiment se regarder.</p>
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<p>La scène aurait pu se passer à Strasbourg, à Rome ou à New York, dans n’importe quelle ville du monde. Elle est aujourd’hui commune. Il suffit d’entrer au hasard dans un café ou un restaurant pour voir la même situation. Les anciennes rencontres familiales ou amicales disparaissent peu à peu, remplacées par ces nouvelles civilités où l’on est ensemble mais séparés les uns des autres par des écrans, avec parfois quelques mots échangés avant de retrouver la quiétude de son portable, replié sur soi. À quoi bon s’encombrer des autres puisqu’un monde de divertissement est immédiatement accessible où l’on a plus à soutenir l’effort de nourrir la relation aux autres. La conversation devient désuète, inutile, pénible, ennuyeuse, alors que l’écran est une échappée belle qui ne déçoit pas et qui occupe agréablement le temps.</p>
<h2>Des villes peuplées de zombies</h2>
<p>La disparition massive de la conversation, même avec soi-même, se traduit par le fait que maintenant les villes sont désertes, on n’y rencontre plus personne, les trottoirs regorgent de zombis qui cheminent hypnotisés par leur smartphone. Les yeux baissés, ils ne voient rien de ce qui se passe à leur entour. Si vous cherchez votre chemin, inutile de demander de l’aide, il n’y a personne autour de vous. <a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-les-ecouteurs-182086">Les uns sont casqués ou portent des oreillettes</a>, parlent tout seuls, et arborent une attitude indifférente ostentatoire, tous n’ont d’yeux que pour leur écran.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/VASywEuqFd8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Are You Lost in the World Like Me ? », Moby and the Void Pacific Choir, <em>These Systems Are Failing</em> (animation, Steve Cutts).</span></figcaption>
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<p>Parfois, la communication s’impose dans l’espace public, infligée à ceux qui n’osent pas protester ou s’en vont ailleurs, envahis par la parole insistante de quelqu’un venu s’asseoir à leur banc ou près de leur table pour entamer une discussion à voix haute. Autre donnée de plus en plus courante, regarder une vidéo criarde sans oreillette ou mettre le haut-parleur pour mieux entendre la voix de son interlocuteur.</p>
<p>Autre forme d’incivilité courante devenue banale, le fait de parler avec quelqu’un qui ne peut s’empêcher de sortir son smartphone de sa poche toutes les trente secondes, dans la peur de manquer une notification ou qui vous laisse tomber après une vibration ou une sonnerie. Échange de bon procédé, chacun occupant une place ou un autre selon les circonstances. La hantise de manquer une information provoque cette fébrilité des adolescents, mais pas seulement, et cette quête éperdue du smartphone dans la poche, à moins qu’il ne reste en permanence à la main. Ce que les Américains appellent le <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/03/fomo-ou-la-peur-de-rater-quelque-chose_6100722_3232.html">Fear of Missing Out</a> (FOMO) est devenu un stress qui affecte la plupart de nos contemporains. Même posé près de soi sur une table, l’expérience montre que le smartphone exerce un <a href="https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-12-13/qu-est-ce-que-le-phubbing-cette-mauvaise-habitude-qui-peut-brouiller-nos-relations-sociales-ec4275e3-2816-492f-841d-b552993e22ef">magnétisme difficile à contrer</a>, les regards se posent avec régularité sur lui dans une sorte de nostalgie.</p>
<p>Pour ces usagers, les relations à distance, sans corps, sont moins imprévisibles, moins frustrantes, elles n’engagent que la surface de soi, et en ce sens elles apparaissent souvent préférables aux interactions de la vie réelle. Elles donnent lieu à des relations conformes au désir et fondées sur la seule décision personnelle sans craindre un débordement, car dès lors il suffit d’interrompre la discussion en prétextant un problème de réseau et de couper la communication. Les interactions en face-à-face sont plus aléatoires, plus susceptibles de blesser ou de décevoir. Mais plus on communique moins on se rencontre, plus la conversation disparaît du quotidien. Les écrans donnent le moyen de franchir le miroir du lien social pour se retrouver ailleurs sans plus de contrainte de présence à assumer devant les autres. Ils induisent une communication spectrale, essentiellement avec soi-même, ou avec un minimum d’altérité. Souvent dans le sillage des habitudes prises lors du confinement quand tout autre lien était impossible. Nous multiplions aujourd’hui les réunions, les conférences à distance qui dans mon expérience personnelle n’existaient pas avant l’émergence du Covid.</p>
<h2>Un sentiment d’isolement croissant</h2>
<p>La société numérique ne se situe pas dans la même dimension que la sociabilité concrète, avec des personnes en présence mutuelle qui se parlent et s’écoutent, attentifs les uns aux autres, en prenant leur temps. Elle morcelle le lien social, détruit les anciennes solidarités au profit de celles, abstraites, le plus souvent anonymes, des réseaux sociaux ou de correspondants physiquement absents.</p>
<p>Paradoxalement, certains la voient comme une source de reliance alors que <a href="https://www.psycom.org/actualites/vu-sur-le-web/solitude-les-jeunes-aussi/">jamais l’isolement des individus n’a connu une telle ampleur</a>. Jamais le mal de vivre des adolescents et des personnes âgées n’a atteint un tel niveau. La fréquentation assidue de multiples réseaux sociaux ou l’ostentation de la vie privée sur un réseau social ne créent ni intimité ni lien dans la vie concrète.</p>
<p>La société numérique occupe le temps et donne le moyen de zapper tout ce qui ennuie dans le quotidien, mais elle ne donne pas une raison de vivre. Bien entendu certains y trouvent du lien du fait de leur isolement, mais ce dernier n’est-il pas aussi une incidence du fait que l’on ne se rencontre plus dans la vie réelle ?</p>
<p>Chacun est en permanence derrière son écran, même en marchant en ville, l’expérience individuelle de la conversation ou de l’amitié se raréfie, l’isolement se multiplie en donnant le sentiment paradoxal de la surabondance. Mais il ne reste du lien qu’une simulation. Les cent « amis » des réseaux sociaux ne valent pas un ou deux amis dans la vie quotidienne.</p>
<p>Le smartphone donne les moyens de ne plus tenir compte des autres. Il contribue à l’émiettement social, et paradoxalement, non sans ironie, il se propose comme le remède à l’isolement, la prothèse nécessaire puisqu’on ne se parle presque plus dans les trains, les transports en commun, les cafés, les restaurants, maints autres lieux propices autrefois aux rencontres, mais qui juxtaposent aujourd’hui des individus isolés, séparés, en contemplation devant leur écran.</p>
<p>De nouvelles formes d’expression émergent qui relèvent désormais de l’évidence pour nombre de contemporains, et pas seulement pour les <em>digital natives</em>. Globalement la connexion prend le pas sur une conversation renvoyée à un anachronisme mais non sans un impact majeur sur la qualité du lien social, et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=m8Pac9O133M">potentiellement sur le fonctionnement de nos démocraties</a>.</p>
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<p><em>David Le Breton est l’auteur notamment de « Des visages. Une anthropologie » (Métailié poche) et de « Du silence. Essai d’anthropologie » (Métailié). À paraître : « La fin de la conversation : La parole dans une société spectrale » (Métailié).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225478/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Le Breton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La conversation relève souvent de la gratuité, de la flânerie, de la rencontre, elle est une parole partagée. Mais que devient-elle à l’ère du smartphone omniprésent ?David Le Breton, Professeur de sociologie et d'anthropologie, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2252992024-03-17T15:33:33Z2024-03-17T15:33:33ZPour une éducation aux médias et à l’information (de) tous les jours<p>Ce lundi 18 mars 2024 s’ouvre la 35<sup>e</sup> édition de la <a href="https://www.clemi.fr/actions-educatives/semaine-de-la-presse-et-des-medias">Semaine de la presse et des médias dans l’école</a>. Chaque année, dans bon nombre d’établissements de la maternelle au lycée, ce rendez-vous permet de <a href="https://www.education.gouv.fr/semaine-de-la-presse-et-des-medias-dans-l-ecole-5159">« développer le goût pour l’actualité »</a>, tout en abordant avec les élèves des notions clés du travail journalistique, du décryptage de l’information, à travers des présentations du paysage médiatique ou des rencontres de rédactions.</p>
<p>Si cette manifestation a son importance, elle ne suffit bien sûr pas à mener à bien tous les objectifs énoncés ci-dessus. <a href="https://cfeditions.com/grandir-informes/">L’observation des pratiques informationnelles enfantines et adolescentes</a>, comme l’analyse des situations d’apprentissage dans le monde scolaire mais aussi en famille, en médiathèques ou dans les communautés associatives, plaident incontestablement pour une banalisation de l’éducation aux médias et à l’information (EMI).</p>
<p>Cette éducation est une pierre angulaire du développement d’une culture générale. Comment s’y prendre pour mieux l’ancrer dans le quotidien des jeunes générations ?</p>
<h2>Une recherche d’informations quotidienne</h2>
<p>Dès l’<a href="https://edunumrech.hypotheses.org/files/2023/12/GTnum_CREM_ELN_portfolio_Dec2023.pdf">enfance</a>, les pratiques informationnelles existent et participent du développement de loisirs et d’activités. Prenons l’exemple d’Emeline, 10 ans. Passionnée de botanique, elle effectue des recherches en ligne sur les plantes. De son côté, Aiden, 7 ans, utilise YouTube pour regarder « des vidéos de dessins pour avoir des techniques et des idées », et ensuite dessiner à son tour.</p>
<p>Dès l’enfance aussi, ces pratiques d’information témoignent d’un enjeu d’intégration sociale fort. Ainsi, Rémy, scolarisé en CM2, raconte l’importance de ses recherches sur les faits de jeu de son équipe de football préférée. Il les partage avec ses frères et son père car, à la maison, on n’a plus les moyens financiers de se rendre au stade : « Quand on en parle à l’école le lundi, c’est comme si j’étais allé à Bollaert ! »</p>
<p>Cette intrication des pratiques informationnelles avec le développement d’une personnalité et de ses goûts et la volonté de prendre sa place dans le monde monte en puissance avec l’âge.</p>
<p>Les collégiens et les lycéens rencontrés sur le terrain racontent le plaisir de s’informer en groupe, de partager leurs découvertes entre pairs, de s’interroger ensemble sur les informations auxquelles ils accèdent. Dans toute leur diversité : non seulement sont évoquées les pratiques informationnelles médiatiques, dites d’actualité, mais aussi les pratiques informationnelles documentaires, extrêmement prégnantes dans la vie enfantine et adolescente.</p>
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<figcaption><span class="caption">C’est quoi une information ? Les Clés des Médias (CLEMI, mars 2021).</span></figcaption>
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<p>Contrairement à une vulgate répandue, et affirmée par des études aux contours flous et purement <a href="https://www.nouvelobs.com/medias/20220121.OBS53512/le-desinteret-pour-l-actualite-progresse-surtout-chez-les-plus-jeunes.html">déclaratives</a>, les enfants et les adolescents s’informent. Ils et elles s’informent sur leurs centres d’intérêt, leurs loisirs, mais aussi des sujets de société qui leur tiennent à cœur, à la manière de ces lycéennes qui peuvent discuter longuement des violences sexistes et sexuelles. Elles effectuent une veille informationnelle rigoureuse sur le sujet par le moyen des réseaux sociaux numériques.</p>
<p>Adolescentes et adolescents s’informent avec un plaisir réel, lors de rituels qu’ils mettent en place, seuls, avec des pairs ou en <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03349651v1/file/CORDIER_Famille-numerique.pdf">famille</a>. Vasco, lycéen de 17 ans, explique combien il aime « confronter « (ses) » informations avec celles de (sa) mère avec la télé. On n’est pas souvent d’accord, mais c’est ça qui est bien, on se parle ! »</p>
<p>Ces générations tirent parti de ressources informationnelles qui échappent souvent au regard des adultes, à l’instar de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Travers">Hugo Décrypte</a>, fortement plébiscité par les lycéens, ou encore des titres de presse régionale ou nationale, dont ils suivent les publications <em>via</em> les réseaux sociaux numériques. N’oublions pas non plus les créateurs et créatrices de contenu, qui tiennent une place importante dans l’écosystème informationnel des publics juvéniles, notamment pour nourrir leur curiosité envers l’information documentaire (sur la santé, la sexualité, ou encore la physique ou le cinéma).</p>
<h2>Des rituels de familiarisation à l’information</h2>
<p>Ces pratiques informationnelles ont besoin de soutien, et les enfants comme les adolescents apparaissent très demandeurs d’accompagnement dans le domaine, conscients notamment de la difficulté à évaluer l’information dans un contexte généralisé de défiance, ou encore à gérer la <a href="https://larevuedesmedias.ina.fr/chaos-information-reseaux-sociaux-adolescents-sophie-jehel">réception des images violentes en ligne</a>. Ils sont aussi désireux de développer plus encore leurs connaissances informationnelles « pour réussir dans la vie, parce que l’information c’est un tremplin », comme le note Romane, 17 ans.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/faut-il-avoir-peur-des-ecrans-retour-sur-une-annonce-presidentielle-224456">Faut-il avoir peur des écrans ? Retour sur une annonce présidentielle</a>
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<p>Les adolescents et les jeunes adultes rencontrés en enquête font part de rituels de familiarisation à l’information qu’ils considèrent comme fondateurs dans leur parcours. C’est le cas de Morgan qui, à 24 ans, tire le fil entre une expérience quotidienne de la lecture et de la discussion autour de la presse d’actualité à l’école primaire et son appétence actuelle, à l’âge adulte, pour la presse écrite :</p>
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<p>« Tu titres “De Mon Quotidien à Mad Movies” ! (rires) Sérieusement, je suis certain, ça me vient de là, le plaisir de la presse, tu vois, de prendre de l’info dedans, de savoir que je peux la partager, comme on faisait en primaire, quoi. »</p>
</blockquote>
<p>D’autres évoquent des apprentissages structurants, lesquels ont pu être observés lors d’un <a href="https://journals.openedition.org/rfsic/5130">suivi longitudinal de lycéens dans leur entrée dans les études supérieures</a> et dans la vie professionnelle. À 19 ans, Julie « ne remerciera jamais assez (son professeur documentaliste) qui lui a donné les bonnes cartes pour après ! », notamment en la sensibilisant au référencement bibliographique et au travail de sourçage de l’information.</p>
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<figcaption><span class="caption">“Le smartphone, une porte d’entrée à l’information” (Sqool TV, 2023)</span></figcaption>
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<p>Malheureusement, l’étude des parcours sur le long terme, et les enquêtes de terrain en milieu scolaire, montrent la difficulté à mettre en place une progression des apprentissages en éducation aux médias et à l’information. Les temps consacrés à l’information dans la classe, à son analyse comme à sa discussion, sont trop ponctuels.</p>
<p>Or, intégrer des apprentissages informationnels au sein d’un environnement médiatique et documentaire pour le moins complexe, comprendre des concepts essentiels comme l’autorité informationnelle ou encore la ligne éditoriale, développer une <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03541492v1/document">culture des sources</a>, tout cela demande du temps.</p>
<h2>Sortir du traitement évènementiel de l’éducation à l’information</h2>
<p>Le traitement évènementiel de l’information, auquel se trouvent souvent contraints les acteurs de l’éducation aux médias et à l’information, ne permet absolument pas de relever le défi. Tout d’abord, parce que, nous l’avons vu, ce traitement n’est pas à la mesure de la quotidienneté – joyeuse – de la vie sociale des enfants et des adolescents, et des enjeux qu’ils ont à affronter chaque jour pour <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03452769/document">appréhender le flux d’informations</a> et en traiter le contenu, quel que soit son statut.</p>
<p>Ensuite, la prise en charge des problématiques informationnelles et médiatiques ne saurait se limiter à la gestion d’un évènement en général tellement chargé émotionnellement (attentats, guerres) que la prise de distance nécessaire à la structuration de connaissances n’est pas possible.</p>
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<p>Enfin, l’étude des trajectoires informationnelles des acteurs suivis sur le long terme et les interrelations avec les formations en EMI dont ils ont bénéficié montrent à quel point la dimension temporelle est cruciale. C’est ce qui favorise l’intégration de compétences et de connaissances abordées de façon répétée de manière à ce que des transferts soient envisagés et envisageables. C’est ainsi qu’en situation, dans un nouveau contexte, les jeunes concernés seront en mesure de convoquer de nouveau des ressources, des types d’usages ou de pratiques abordés.</p>
<p>Pour l’ensemble de ces raisons, c’est d’une éducation aux médias et à l’information du quotidien et au quotidien dont nos enfants et adolescents ont besoin, une éducation à la hauteur de la place qu’a l’activité informationnelle dans leur vie. C’est-à-dire une place quotidienne, profondément incarnée, sensible, joyeuse, et essentielle dans les sociabilités qu’ils mettent en œuvre, que ce soit avec la famille ou avec les pairs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225299/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Cordier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En mars, la Semaine de la presse et des médias à l’école sensibilise les enfants et les adolescents au décryptage de l’actualité. Mais l’éducation aux médias est un défi à relever au jour le jour.Anne Cordier, Professeure des Universités en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Lorraine, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2101382024-01-28T16:06:44Z2024-01-28T16:06:44ZPublicité en ligne : des effets aux nuances surprenantes selon l’âge<p>Qu’on les adore ou les évite, qu’elles nous agacent ou nous conditionnent, les <a href="https://theconversation.com/topics/publicite-24275">publicités</a> sur <a href="https://theconversation.com/topics/internet-20905">Internet</a> font partie de notre quotidien. Elles sont si nombreuses, récurrentes et omniprésentes dans notre sphère privée et publique, qu’il nous arrive même d’oublier qu’elles sont là. N’ont-elles pourtant aucun impact sur l’individu ? Rien n’en est moins sûr, même si nombre d’internautes, en particulier les jeunes, déclarent de manière assurée au sujet des publicités en ligne qu’« elles ne [les] dérangent pas », qu’elles « ne sont pas trop invasives », « ne sont pas gênantes car bien ciblées ». Certains se disent même « <em>amusés</em> ».</p>
<p>Ces propos ont été recueillis dans le cadre du <a href="https://etic.hypotheses.org/">programme ETIC</a>, pour EffeTs négatifs des Images digitales sur les Consommateurs. Ce projet, financé par l’<a href="https://theconversation.com/topics/agence-nationale-de-la-recherche-anr-145586">Agence Nationale de la Recherche (ANR)</a>, vise à porter une attention particulière aux conséquences que les images digitales peuvent avoir sur les individus.</p>
<p>En janvier 2022, <a href="https://www.influenth.com/digital-report-2022-les-chiffres-cles-dinternet-et-des-reseaux-sociaux/">plus de 60 %</a> des habitants de la planète étaient reliés à Internet, ce qui représente presque 5 milliards de personnes. Selon l’<a href="https://www.sri-france.org/observatoire-epub/30e-edition/">Observatoire de l’e-pub</a>, le volume des publicités digitales a <a href="https://www.sri-france.org/observatoire-epub/29e-observatoire-de-le-pub/">augmenté de 42 %</a> entre 2019 et 2022, avec une croissance néanmoins ralentie au premier semestre de l’année passée (+5 %). Il est, sur la même période, resté stable pour les autres médias. Notre ère est ainsi de plus en plus connectée, avec une explosion de la diffusion d’images publicitaires en ligne.</p>
<h2>Stimulation sensorielle</h2>
<p>La publicité reste un outil privilégié du point de vue des marques, même si certaines fondent leur succès sur <a href="https://theconversation.com/produits-monastiques-une-communication-qui-repose-sur-la-discretion-195782">leur silence et leur sobriété</a>. Adultes et seniors semblent nombreux à prendre un certain recul et à adopter un sens critique vis-à-vis de la pression publicitaire en ligne. Les plus jeunes, eux, habitués de plus en plus tôt à passer un nombre d’heures conséquent sur les écrans tendent à être <a href="https://www.numerama.com/politique/22295-les-jeunes-sont-passifs-face-aux-contenus-choquants-sur-internet.html">plus tolérants et passifs</a> vis-à-vis des annonces en ligne. Les <a href="https://www.cnil.fr/fr/droits-numeriques-des-mineurs-la-cnil-publie-les-resultats-du-sondage-et-de-la-consultation-publique">chiffres</a> collectés par la <a href="https://www.cnil.fr/">Commission nationale de l’informatique et des libertés</a> (la Cnil) révèlent que 82 % des enfants de 10 à 14 ans indiquent aller régulièrement sur Internet sans leurs parents.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1724543800847081702"}"></div></p>
<p>Cependant, la <a href="https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00498163/document">littérature scientifique</a> a montré que, même quand elles sont considérées comme dénuées d’intérêt par l’internaute, les publicités sont capables de laisser des traces mnésiques, non seulement quelques minutes après l’exposition, mais aussi dans certains cas, plusieurs mois après. L’internaute aura beau être convaincu de ne pas y avoir prêté attention, il n’est pas rare que l’image publicitaire apparue de manière impromptue sur l’écran conduise à la modification de connexions neuronales déjà établies chez lui ou à la création de connexions supplémentaires.</p>
<p>Le tout a pour effet de renforcer la familiarité à l’égard de l’image publicitaire et, par voie de conséquence, l’intensité du traitement cognitif dans un environnement déjà particulièrement excitant. Comparativement à une page imprimée, une page numérique d’ordinateur, de tablette ou de smartphone, contient <a href="https://psycnet.apa.org/record/2014-56129-008">davantage d’éléments de stimulation sensorielle</a> du fait d’une vivacité et luminosité plus importantes, d’images mobiles, de liens hypertextes ou encore d’éventuels éléments sonores. L’hyper stimulation peut alors déclencher, à court terme et à plus long terme, une surcharge cognitive et des réactions émotionnelles négatives comme l’agacement, la tristesse, la colère ou le stress.</p>
<h2>Les jeunes, pas si insensibles</h2>
<p>L’intensité de ces réactions dépend de <a href="https://hal.science/hal-01649746/">plusieurs facteurs</a> : l’état psychologique de l’internaute au moment de sa navigation, son état de fatigue ou de stress, ses traits de personnalité, l’endroit dans lequel il se trouve avec par exemple des nuisances sonores, mais aussi la façon dont les publicités réussissent à atteindre leurs cibles et finalités.</p>
<p>À l’aide de mesures appareillées avec <em>eye-tracking</em> (équipement permettant l’analyse des mouvements oculaires), la littérature montre que <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00913367.2020.1867263">l’attention portée à la publicité vite diminuer dans le cas d’une activité multitâche</a>, ce qui est fréquent lors d’une navigation sur Internet, <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Using-eye-tracking-to-understand-the-impact-of-on-Guitart-Hervet/880d4cd3cb4d91edd4268f6c47623e0a2efd7fe6">surtout chez les jeunes</a>. La multi-activité des jeunes sur le web, qu’ils soient mineurs ou majeurs, relaierait au second plan l’impact de la publicité digitale. Pourtant, les résultats d’une étude quantitative réalisée en ligne en novembre 2022 (420 répondants) dans le cadre du programme ETIC montrent que les jeunes (16-26 ans) ne sont pas aussi insensibles que cela aux publicités puisqu’ils indiquent significativement être dérangés et ennuyés par l’apparition intrusive d’une publicité pop-up, ce qui ne serait pas sans conséquences sur leur bien-être étant donné le nombre d’heures qu’ils passent quotidiennement sur les écrans.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Cette même étude montre que les personnes les plus âgées (65-74 ans) sont quant à elle plus inquiètes par cette intrusion lors de la navigation dans l’univers numérique. A contrario, elle montre que les adultes (27-64 ans) les acceptent plus facilement et développent une curiosité envers le produit, ce qui, encore une fois, se démarque de la littérature académique, cette dernière indiquant généralement que comparativement aux enfants ou très jeunes adultes, les adultes plus <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00913367.2016.1269303?journalCode=ujoa20">âgés ont un regard critique et distancié vis-à-vis des publicités en ligne</a>.</p>
<h2>Aller également à la source</h2>
<p>Peu de travaux ont mis l’accent sur l’internaute lorsqu’il se trouve en position de consommateur. Chez ce dernier, même pour des images en apparence inoffensives, des effets négatifs insidieux peuvent être identifiés pouvant aller jusqu’à l’adoption de comportements problématiques comme des achats impulsifs regrettés et des <a href="https://hal.science/hal-02616325/">cas de dépendance</a>.</p>
<p>C’est à partir de pareilles observations que nous mettons en cause, au sein du programme ETIC, la performance de la digitalisation publicitaire, quand les caractéristiques du numérique et la stimulation sensorielle engendrée rencontrent les stratégies de ciblage (cliquer sur un site et avoir des publicités en lien avec ce clic par la suite) et les modèles de gestion.</p>
<p>Le programme de recherche ETIC vise désormais à expliquer en quoi ces effets négatifs dépendent, en plus de facteurs propres à l’internaute comme son âge, des émetteurs des images (une agence de communication ? Une marque ? Un particulier ? Un influenceur ?) et de leur niveau d’expertise en matière de communication digitale. La finalité est d’aboutir à des préconisations encourageant des comportements éthiquement et socialement responsables par ces émetteurs, dans un contexte où les législateurs se montrent particulièrement préoccupés et actifs sur le sujet.</p>
<p>Une première phase d’études menée par les chercheurs investis dans le programme est en cours. Elle repose sur plusieurs centaines d’entretiens et observations auprès de professionnels de la communication et de diffuseurs amateurs d’images publicitaires et promotionnelles digitales. Elle sera suivie d’une phase quantitative avec des protocoles expérimentaux visant à valider l’efficacité d’actions et dispositifs permettant d’atténuer, voire de supprimer, les effets négatifs identifiés.</p>
<p>La <a href="https://digital-strategy.ec.europa.eu/fr/library/declaration-future-internet">« Déclaration pour l’avenir de l’Internet »</a>, adoptée fin avril 2022 par plus de 60 pays a été accompagnée, dans l’Union européenne, par un paquet législatif visant à <a href="https://twitter.com/vonderleyen/status/1517659833540878337">« rendre illégal en ligne ce qui l’est dans la sphère réelle »</a>, pour reprendre les mots d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Le <a href="https://www.economie.gouv.fr/legislation-services-numeriques-dsa-adoption-definitive-texte">Digital Services Act</a> (DSA) avait ainsi été adopté par Bruxelles avec l’objectif de mieux protéger les internautes et leurs droits fondamentaux, d’aider les petites entreprises de l’Union européenne à se développer, mais aussi de renforcer le contrôle démocratique des très grandes plates-formes numériques, afin de diminuer les risques de désinformation ou de manipulation de l’information. Le texte sera applicable en février 2024, et l’est déjà pour les très grandes plates-formes en ligne. Le marché de la publicité digitale, dominé par le trio <a href="https://www.lefigaro.fr/medias/publicite-digitale-google-meta-et-amazon-representent-les-deux-tiers-du-marche-20220203">Google-Meta-Amazon (GMA)</a>, a encore de beaux jours devant lui mais ne doit pas pour autant faire oublier de prendre en considération le bien-être du consommateur s’il ne veut pas s’attirer les foudres des législateurs.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-21-CE26-0020">Etic</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210138/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sandra Camus a reçu des financements de l'ANR dans le cadre du projet ETIC qu'elle coordonne</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Aurély Lao a reçu des financements de l'ANR dans le cadre du projet ETIC</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Laurie Balbo a reçu des financements de l'ANR dans le cadre du projet ETIC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thomas Flores a reçu des financements de l'ANR dans le cadre du projet ETIC.</span></em></p>Un projet de recherche vise à comprendre comment le niveau d’expertise des annonceurs influe sur les internautes jusqu’à provoquer achats impulsifs et autres dépendances.Sandra Camus, Professeure en sciences de gestion - Directrice du laboratoire de recherche d'économie et management GRANEM, Université d'AngersAurély Lao, Maître de Conférences en Marketing - Directrice LP DistriSup Lille et Responsable Axe 1 du projet ANR ETIC - IAE Lille, IAE FranceLaurie Balbo, Professeure Associée en Marketing _ Directrice des Programmes MSc Marketing et MSc Digital Marketing & Data Analytics, Grenoble École de Management (GEM)Thomas Flores, Doctorant en psychologie, Université d'AngersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2199832024-01-24T17:16:20Z2024-01-24T17:16:20ZRéguler les pratiques numériques des ados : un défi pour les parents ?<p>Durant l’adolescence, les amis et camarades de classe ou de loisirs – les « pairs » de l’enfant – prennent une place de plus en plus importante dans sa vie, ce qui vient déstabiliser l’équilibre des relations qu’il entretient avec ses parents. Ces personnes du même âge lui offrent d’autres points de repère et ont une influence croissante sur ses goûts, l’incitent à développer de nouveaux modes de sociabilités, <a href="https://www.cairn.info/La-culture-des-individus--9782707149282.htm">marqueurs d’une émancipation vis-à-vis des parents</a> ainsi qu’une <a href="https://www.cairn.info/l-enfance-des-loisirs--9782110975454.htm">autonomisation culturelle</a>.</p>
<p>Les produits issus des industries culturelles, composants essentiels des cultures juvéniles, deviennent des <a href="https://shs.hal.science/file/index/docid/910789/filename/CulturesLyceennes.pdf">signes d’appartenance</a> dont il faut être porteur. Parmi eux, les outils numériques constituent des supports privilégiés de divertissement, de sociabilité, d’informations par lesquels les adolescents se conforment aux attentes du groupe et individualisent leurs pratiques. Pour les jeunes, la <a href="https://www-cairn-info.distant.bu.univ-rennes2.fr/la-culture-de-la-chambre--9782110975409.htm">chambre</a> devient un espace privilégié pour développer des activités à l’abri du regard des adultes.</p>
<p>Face à ces conduites émancipatrices, les parents s’efforcent d’accompagner les transitions tout en cherchant à garantir la réussite scolaire, l’épanouissement de leurs enfants et l’équilibre familial. Selon la familiarité qu’ils ont avec le numérique, ils sont plus ou moins sensibles ou perméables aux <a href="https://www-cairn-info.distant.bu.univ-rennes2.fr/les-enfants-et-les-ecrans--9782725643816.htm">paniques morales autour des « dangers des écrans »</a> circulant dans l’espace public.</p>
<h2>Le numérique, outil de connaissance et divertissement</h2>
<p>La <a href="https://www.gouvernement.fr/efran-les-22-laureats">recherche Idée, opération soutenue par l’État dans le cadre du volet e-FRAN du Programme d’investissement d’avenir</a>, opéré par la Caisse des Dépôts (portant sur un échantillon socialement et géographiquement hétérogène de plus de 800 parents bretons d’élèves de cinquième), indique que 75 % des parents valident l’idée que les messageries, les réseaux sociaux numériques ou les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/jeux-video-23270">jeux vidéo</a> empêchent leur adolescent de faire des choses plus intéressantes. Environ un tiers considère même qu’ils ont un effet négatif sur son comportement.</p>
<p>En revanche, ils sont plus de 70 % à considérer qu’il est important que leur adolescent puisse avoir accès à Internet quand il fait ses devoirs. Les parents tendent ainsi à opposer un « numérique » légitime comme outil de connaissance à un « numérique » plus abêtissant, voire néfaste, dans ses usages plus spécifiquement juvéniles et souhaitent tous réguler ces pratiques.</p>
<p>Les données de la recherche <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-11-INEG-0010">INEDUC</a> financée par l’Agence nationale de la recherche (ANR) nous ont permis d’identifier les <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/efg/2018-n31-efg04728/1061777ar/resume/">dynamiques familiales autour des pratiques d’écrans des adolescents</a>. Pour les parents, leur régulation est d’autant plus ardue que les ados cherchent à préserver leur espace de liberté et de décompression. Ils sont souvent seuls au domicile au retour de l’école. Les parents s’interrogent alors sur leurs activités, le respect des règles concernant les écrans, les devoirs faits en leur absence. Mais la réponse est peu évidente : faut-il couper la connexion Internet au risque d’entraver l’accès aux devoirs désormais en ligne <em>via</em> les ENT, la collaboration entre pairs et l’accès à des informations en ligne ?</p>
<p>Les parents subissent la pression de leurs ados pour qui l’intégration au groupe des pairs comporte des passages obligés : équipement de plus en plus précoce en smartphone, accès aux jeux vidéo plébiscités et aux réseaux sociaux numériques. Les parents hésitent à les interdire de peur de marginaliser leur ado du groupe de pairs.</p>
<p>Au final, les parents adoptent des stratégies de régulation à partir de leurs objectifs éducatifs, des contraintes auxquelles ils font face, de leurs représentations des pratiques numériques juvéniles et de leur proximité avec la culture numérique.</p>
<h2>Gérer les équipements et le temps d’écran</h2>
<p>Les stratégies de régulation mises en place par les parents se déploient dans quatre domaines, le premier étant celui de l’équipement. Il existe une différenciation socioculturelle des appareils disponibles au sein du foyer, détenus en propre par les adolescents ou partagés. Dans les milieux populaires, les parents équipent plus tôt leurs enfants en appareils numériques à des fins de loisirs (consoles, tablettes, smartphone). L’équipement familial en ordinateur dépend en revanche souvent de l’entrée au collège de l’aîné, quand il est en général présent dans les milieux favorisés, indépendamment de la scolarité des enfants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/smartphones-pourquoi-vos-enfants-ont-tant-de-mal-a-se-deconnecter-179966">Smartphones : pourquoi vos enfants ont tant de mal à se déconnecter</a>
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<p>Aussi, la plupart des parents équipent leurs enfants d’un téléphone portable pour des raisons de sécurité, pour qu’ils soient joignables à tout moment ou parce que, de guerre lasse, ils cèdent au fait que « tout le monde en a un ». L’équipement est néanmoins plus souvent discuté et retardé dans les familles favorisées.</p>
<p>La gestion du « temps d’écran », deuxième domaine sur lequel portent les stratégies des parents, cristallise actuellement, dans une perspective protectionniste, une partie des discours publics. Elle est aussi la principale source de conflit et de négociation entre parents et adolescents. Des différences s’observent néanmoins entre les familles : quand certains parents font confiance à leurs ados et contrôlent faiblement le temps qu’ils passent devant les écrans, d’autres le contrôlent fortement et s’aident d’outils de contrôle parental.</p>
<p>Mais pour la plupart des familles, le contrôle reste souple, essentiellement axé sur les heures d’endormissement : les discours parentaux lient questions de santé et exigences du travail scolaire pour imposer leurs limites. Enfin, si l’ensemble des familles expriment des difficultés à gérer les temporalités, certaines adoptent un certain « laisser-faire », particulièrement lorsque les conditions sociales d’existence, par exemple la monoparentalité ou des horaires de travail décalés, compliquent les possibilités de supervision. De façon générale, les temps de pratiques numériques sont plus contraints dans les familles favorisées, les adolescents y étant aussi plus nombreux à multiplier les activités extra-scolaires encadrées.</p>
<h2>Une difficulté à contrôler les contenus sur mobiles</h2>
<p>La régulation des temporalités s’articule à celle de la localisation des appareils d’autant que les appareils mobiles peuvent être utilisés dans différentes pièces du domicile. Là aussi, il existe des différences entre les familles qui autorisent les usages dans la chambre, celles qui les tolèrent pendant un temps donné et celles qui exigent que les appareils soient utilisés depuis une pièce commune.</p>
<p>Les adolescents de milieux populaires ont un accès plus important aux appareils dans leur chambre : la taille de l’habitat et de la fratrie joue un rôle sur les régulations des espaces d’accès, en particulier lorsque les enfants partagent la même chambre. Dans les familles favorisées, l’accessibilité des appareils depuis un espace partagé permet aux parents de pratiquer une surveillance discrète. Elles sont aussi nombreuses à autoriser les écrans dans les chambres en privilégiant le contrôle du temps à celui du lieu.</p>
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<p>Les contenus consommés par les ados (vidéos, séries, jeux vidéo) et ceux qu’ils partagent sur les réseaux sociaux sont également régulés, non sans difficultés. Les contenus autorisés sont plutôt définis par défaut, par les interdictions. Ce constat d’ordre général effectué à partir des données INEDUC est retrouvé dans des recherches plus récentes portant sur les <a href="https://journals-openedition-org.scd-proxy.univ-brest.fr/sociologie/10319">pratiques de lecture sur écran</a>.</p>
<p>Mais quand certains parents interdisaient le visionnage de contenus comme la téléréalité ou des séries jugées violentes sur la télévision familiale, il leur est difficile de contrôler ce que regardent leurs ados sur les supports mobiles. Les interdictions se situent désormais plutôt au niveau de l’accès, ou non, à certains réseaux sociaux (Snapchat, Tik Tok, par exemple) davantage associés par les parents à des dangers potentiels en termes de contenus.</p>
<p>Par ailleurs, alors que le cyberharcèlement et les contenus choquants ou pornographiques inquiètent les parents de tous milieux sociaux, les stratégies de régulation passent aussi par des discours d’accompagnement et des discussions.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-11-INEG-0010">Inégalités éducatives et construction des parcours des 11-15 ans dans leurs espaces de vie – INEDUC</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219983/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Barbara Fontar a reçu des financements de l'ANR. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Agnès Grimault-Leprince a reçu des financements de l'ANR et de la Caisse des Dépôts (volet e-FRAN du Programme d’investissement d’avenir).
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mickaël Le Mentec a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche (ANR). </span></em></p>À une époque où les écrans sont omniprésents, comment réguler leur place dans la vie des ados ? Au-delà de la gestion des équipements, le contrôle parental passe beaucoup par l’accompagnement.Barbara Fontar, Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation, Université Rennes 2Agnès Grimault-Leprince, Maîtresse de conférences Sociologie, Université de Bretagne occidentale Mickaël Le Mentec, Maitre de conférences en sciences de l'éducation et de la formation, Université Rennes 2Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2202362024-01-11T16:42:04Z2024-01-11T16:42:04ZOn peut accéder à votre smartphone à votre insu… à quelles conditions est-ce légal ?<p>Il est assez fréquent d’entendre parler de compromission de smartphones aujourd’hui : ces intrusions permettent d’accéder aux données qui sont stockées sur le téléphone, ou d’y implanter un logiciel espion. Aujourd’hui, c’est en fait la complexité des smartphones qui les rend si vulnérables aux intrusions (architecture, fonctionnement) et si difficiles à sécuriser complètement d’un point de vue technique.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/derriere-pegasus-le-mode-demploi-dun-logiciel-espion-164742">scandale Pegasus</a> a révélé en 2021 au grand public que des intrusions ou attaques de téléphones peuvent se faire à distance, quand elles ont été utilisées contre des journalistes (de Mediapart notamment) pour le compte de gouvernements étrangers. Même <a href="https://www.wired.com/story/bezos-phone-hack-mbs-saudi-arabia/">Jeff Besos</a>, le CEO d’Amazon, aurait été piraté à distance par une simple vidéo envoyée via la messagerie WhatsApp.</p>
<p>À l’inverse, l’exploitation de failles dans des téléphones sécurisés destinés aux criminels permet aussi aux forces de l’ordre de démanteler d’importants réseaux criminels – c’est le cas par exemple dans <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/30/encrochat-sky-ecc-a-bruxelles-ouverture-d-un-mega-proces-de-trafiquants-de-drogue_6180005_3210.html">l’affaire EncroChat</a> dont les procès sont en cours.</p>
<p>Ces exemples illustrent la tension permanente entre le besoin d’accéder aux données protégées pour des enquêtes menées afin de protéger des citoyens, et le besoin de protéger les citoyens contre les abus de ces accès. Alors, faut-il sécuriser au maximum les téléphones d’un point de vue technique, ou au contraire aménager des « portes dérobées » pour les services de police et de renseignement ?</p>
<h2>Qui a – et aura – le droit de pénétrer dans les smartphones ?</h2>
<p>En France, le code de procédure pénale et le code de la sécurité intérieure autorisent respectivement les services de police judiciaire et les services de renseignement à capter les données informatiques, c’est-à-dire à récupérer des informations telles qu’elles apparaissent sur l’écran d’une personne (ou sur des périphériques externes), sans qu’elle en soit informée.</p>
<p>Depuis la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000038261631">loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice</a>, il est même possible d’utiliser des moyens de l’État soumis au secret de la défense nationale afin d’enregistrer, de conserver ou de transmettre les données telles qu’elles sont stockées dans un système informatique. À cela s’ajoute la possibilité pour l’État de mandater des experts – en l’occurrence des sociétés privées spécialisées – afin de pénétrer dans lesdits systèmes.</p>
<p>En 2023, le Gouvernement a tenté une nouvelle fois d’accroître les moyens à la disposition des forces de police en insérant dans le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000047538699/">projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027</a> une disposition relative à l’activation à distance des appareils électroniques à l’insu de leur propriétaire ou de leur possesseur afin de procéder à leur localisation en temps réel, à l’activation du micro ou de la caméra et à la récupération des enregistrements.</p>
<p>Cette disposition très <a href="https://www.laquadrature.net/2023/05/31/transformer-les-objets-connectes-en-mouchards-la-surenchere-securitaire-du-gouvernement/">controversée</a> a été en partie censurée par le Conseil constitutionnel le 16 novembre 2023. Celui-ci a considéré que l’activation à distance du micro ou de la caméra d’un appareil électronique porte une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée, notamment parce qu’elle permet <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2023/2023855DC.htm">d’écouter ou de filmer des tiers qui n’ont aucun lien avec l’affaire en cours</a>.</p>
<p>Seule a été déclarée conforme à la Constitution la possibilité de géolocaliser en temps réel une personne grâce à l’activation à distance de son téléphone ou de tout autre appareil informatique tels que des tableaux de bord de véhicule.</p>
<h2>Comment les intrusions sont-elles possibles techniquement ?</h2>
<p>Indépendamment de la légalité d’une telle action, on peut pénétrer techniquement dans un smartphone en exploitant ses « vulnérabilités », c’est-à-dire en utilisant les <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/7546516">failles existantes au niveau matériel ou logiciel</a>.</p>
<p>L’exploitation des vulnérabilités est aujourd’hui protéiforme, tant les intrusions sont multiples et concernent plusieurs niveaux. Les attaques peuvent être effectuées à distance, à travers le réseau, ou directement sur le téléphone si celui-ci est accessible physiquement, par exemple un téléphone saisi lors d’une perquisition. Dans ce cas, les attaquants utilisent par exemple une <a href="https://ieeexplore.ieee.org/document/9581247">« attaque par canal auxiliaire »</a> (la consommation électrique d’un téléphone peut notamment révéler des informations) ; créent des erreurs artificielles (par <a href="https://doi.org/10.1016/j.cose.2021.102471">« injection de fautes »</a>), ou attaquent physiquement les cartes à puces ou microprocesseurs. Ces attaques permettent de récupérer les clefs de chiffrement qui permettent d’accéder aux données de l’utilisateur stockées sur le téléphone. C’était le sujet par exemple du projet européen <a href="https://exfiles.eu/">EXFILES</a>.</p>
<p>Si l’on progresse dans les <a href="https://theconversation.com/objets-connectes-quels-risques-pour-la-protection-de-la-vie-privee-et-que-peut-on-y-faire-208118">couches du téléphone</a>, il est possible d’exploiter les failles des systèmes d’exploitation des téléphones (leurs bugs, en d’autres termes). Plus un système est complexe et a de fonctionnalités, plus il est difficile de le sécuriser, voire de <a href="https://doi.org/10.22667/JOWUA.2015.09.31.003">définir les propriétés de sécurité attendues</a>.</p>
<p>Par ailleurs, dans la plupart des cas, une attaque ne suffit pas à elle seule à s’introduire dans le téléphone cible, c’est pourquoi un <a href="https://www.darkreading.com/application-security/operation-triangulation-spyware-attackers-bypass-iphone-memory-protections">exploit moderne</a> combine de nombreuses <a href="https://securelist.com/trng-2023/">vulnérabilités et techniques de contournement des contre-mesures présentes</a>.</p>
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<a href="https://theconversation.com/objets-connectes-quels-risques-pour-la-protection-de-la-vie-privee-et-que-peut-on-y-faire-208118">Objets connectés : quels risques pour la protection de la vie privée, et que peut-on y faire ?</a>
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<p>Enfin, les intrusions peuvent cibler les applications installées sur le smartphone ou les protocoles de communication. Dans ce cas, ce sont des phases critiques de l’utilisation des applications qui sont visées : comme la négociation des clés, l’appairage des appareils ou encore les mises à jour des <em>firmwares over-the-air</em>. Par exemple, en 2019, l’équipe <a href="https://googleprojectzero.blogspot.com/2019/08/the-fully-remote-attack-surface-of.html">« Project Zero »</a> de Google a découvert des <a href="https://googleprojectzero.blogspot.com/2019/08/the-fully-remote-attack-surface-of.html">vulnérabilités exploitables à distance sur les iPhones</a> (pourtant réputés pour leur bon niveau de sécurité), qui permettaient de prendre le contrôle du téléphone avec un simple SMS.</p>
<p>Comme cette équipe, de nombreux chercheurs et fabricants découvrent et rapportent les vulnérabilités simplement pour qu’elles soient corrigées. En revanche, d’autres entreprises en tirent bénéfice en créant des « exploits » – des ensembles de vulnérabilités et techniques complexes, qui permettent d’exploiter les téléphones contre leurs utilisateurs et sont vendus au plus offrant – États compris, pour des sommes pouvant atteindre <a href="https://www.pcmag.com/news/iphone-hacks-are-flooding-the-market-says-ios-exploit-buyer">plusieurs millions d’Euros</a>.</p>
<h2>Faut-il sécuriser davantage ou au contraire aménager des « portes dérobées » ?</h2>
<p>En 10 ans, le niveau de sécurité a considérablement évolué. Les opérateurs privés multiplient les mesures techniques pour s’assurer d’un niveau de sécurité de plus en plus élevé, avec de <a href="https://security.googleblog.com/2022/12/memory-safe-languages-in-android-13.html">nouveaux langages de programmation</a> par exemple, ou des modes à haut niveau de sécurité, comme le mode <a href="https://support.apple.com/en-us/105120">« lockdown » sur les iPhones</a>, qui désactivent de nombreuses fonctionnalités, et réduisent donc la <a href="https://doi.org/10.1109/TSE.2010.60">« surface d’attaque »</a>.</p>
<p>Pourtant, il est impossible de proposer des systèmes complexes et sûrs à 100 %, notamment parce que le facteur humain existera toujours. Dans certains cas, le téléphone peut être compromis de manière complètement transparente pour l’utilisateur, c’est une attaque « zéro clic ». Dans d’autres, l’intervention de l’utilisateur reste nécessaire : cliquer sur un lien ou ouvrir une pièce jointe est considérée comme une attaque « un clic ». En tout état de cause, la <a href="https://doi.org/10.1145/3469886">ruse</a>, la contrainte physique, psychologique ou <a href="https://www.courdecassation.fr/toutes-les-actualites/2022/11/07/code-de-deverrouillage-dun-ecran-de-telephone-et-cryptologie">juridique</a> reste bien souvent un moyen efficace et rapide d’accéder aux données.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="illustration humoristique montrant ce qui se passe dans l’imagination d’un geek et ce qui se passe en vrai" src="https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=364&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568574/original/file-20240110-19-bvuj4z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=457&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les faiblesses humaines représentent parfois le maillon faible le plus facile à exploiter dans une cyberattaque.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://xkcd.com/538">xkcd</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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<p>Les difficultés croissantes à pénétrer les smartphones poussent les services de police, notamment par la voix de leur <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/20/casser-le-chiffrement-des-messageries-un-serpent-de-mer-politique-inapplicable_6195665_4408996.html">ministre</a> en octobre 2023, à demander régulièrement la mise en place de « portes dérobées » (ou <a href="https://inria.hal.science/hal-01889981/document">« backdoors »</a>) qui permettent de donner un accès privilégié aux téléphones.</p>
<p>Ainsi, dans les années 90, la NSA souhaitait imposer aux fabricants et opérateurs de télécommunication une puce de chiffrement, le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Clipper_chip">« Clipper Chip »</a>, qui incluait une telle porte dérobée permettant aux services de renseignement de déchiffrer les communications.</p>
<p>Dans la même veine, les forces de police contactent parfois les fabricants pour qu’ils leur donnent un accès à l’équipement, ce qui occasionne des tensions avec les opérateurs privés. En 2019, <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/01/17/deverrouillage-des-telephones-la-justice-americaine-relance-son-offensive-contre-apple_6026191_3234.html">Apple avait refusé un tel accès au FBI</a>, qui avait fini par utiliser une attaque matérielle sur le téléphone en question.</p>
<p>Plus récemment, en novembre 2023, de nombreux chercheurs s’opposaient à un article du règlement européen eIDAS qui forcerait les navigateurs à <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/11/02/inquietudes-autour-d-un-reglement-europeen-sur-la-securite-des-navigateurs-web_6197816_4408996.html">inclure des certificats imposés par les gouvernements</a> européens. De tels certificats permettraient d’intercepter les communications sécurisées (HTTPS) des citoyens, sans que les éditeurs de navigateurs ne puissent révoquer ces certificats s’ils étaient utilisés de manière abusive.</p>
<p>Nous pensons que réduire la sécurité des systèmes en y introduisant des portes dérobées nuit à la sécurité de tous. Au contraire, augmenter la sécurité des smartphones protège les citoyens, en particulier dans les pays où les libertés individuelles sont contestées.</p>
<p>Si la <a href="https://www.aclu.org/news/national-security/the-privacy-lesson-of-9-11-mass-surveillance-is-not-the-way-forward">surveillance de masse</a> et l’insertion de <a href="https://www.aclu.org/news/privacy-technology/7-reasons-government-backdoor-iphone-would-be-catastrophic">backdoors</a> dans les produits sont un danger pour la démocratie, est-ce qu’exploiter des vulnérabilités existantes serait un moyen plus « démocratique » de collecte des informations à des fins judiciaires ? En effet, ces techniques sont nécessairement plus ciblées, leur coût élevé… et si ces failles sont exploitées massivement elles sont rapidement détectées et corrigées. Avec la constante augmentation de la sécurité des téléphones, jusqu’à quand cela sera-t-il économiquement possible pour les services de police et judiciaires ?</p>
<p>En effet, bien que l’élimination de toutes les vulnérabilités soit sans doute illusoire, est-ce que le coût de leur découverte et de leur <a href="https://www.cpomagazine.com/cyber-security/russian-firm-looks-to-corner-the-market-on-mobile-zero-day-exploits-with-standing-offer-of-up-to-20-million/">exploitation devient exorbitant</a> ou bien est-ce que l’évolution des techniques de <a href="https://www.mandiant.com/resources/blog/time-to-exploit-trends-2021-2022">découverte de vulnérabilités permettra de réduire leur cout</a> ?</p>
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<p><em>Le PEPR Cybersécurité et son projet <a href="https://www.pepr-cybersecurite.fr/projet/rev/">REV</a> (ANR-22-PECY-0009) sont soutenus par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220236/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélien Francillon a reçu des financements de l'ANR, la commission Européenne, l'US AIR Force Research Labs, Siemens, Amadeus, SAP, Google.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Noémie Véron a reçu des financements de l'ANR. </span></em></p>Il est possible d’accéder à distance aux informations d’un téléphone via des « portes dérobées », mais c’est légal dans des conditions bien spécifiques – et débattues.Aurélien Francillon, Professeur en sécurité informatique, EURECOM, Institut Mines-Télécom (IMT)Noémie Véron, Maître de conférences en droit public, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2184462023-11-27T17:14:20Z2023-11-27T17:14:20ZOffrir un téléphone portable à son enfant : à quel âge et dans quelles conditions ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/561286/original/file-20231122-15-lsw1by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=411%2C9%2C5819%2C4138&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avant d'offrir un téléphone à un enfant, l'essentiel est de savoir à quoi l'appareil va servir.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/content-african-american-teenage-girl-lying-2081784520">Pressmaster/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Je consacre mes recherches aux jeunes et à leurs usages d’Internet, pour étudier ce qu’ils font en ligne, ce qu’ils en pensent et la manière dont leurs opinions diffèrent de celles de leurs parents.</p>
<p>Je reçois souvent des questions de parents qui s’interrogent sur les pratiques numériques de leurs enfants. L’une des plus fréquentes est de savoir quand leur acheter un téléphone portable et comment assurer leur sécurité lorsqu’ils en ont un. Voici quelques points de repère sur ces enjeux clés.</p>
<h2>S’interroger sur l’utilité du smartphone pour l’enfant</h2>
<p>Quel âge un enfant doit-il avoir pour recevoir son premier téléphone ? Je crains fort de décevoir les parents qui me posent cette question en ne leur indiquant pas d’âge précis. Mais, de fait, l’essentiel est de savoir à quoi le téléphone va servir – et c’est en fonction de cela qu’on se demandera quand cela pourra convenir à tel enfant ou tel autre.</p>
<p>Selon le <a href="https://www.ofcom.org.uk/__data/assets/pdf_file/0027/255852/childrens-media-use-and-attitudes-report-2023.pdf">rapport 2023</a> de l’autorité britannique de régulation des communications, l’Ofcom, 20 % des enfants de trois ans vivant outre-Manche possèdent aujourd’hui un téléphone portable. Mais peut-être celui-ci ne sert-il qu’à prendre des photos, à jouer à des jeux simples et à passer des appels vidéo supervisés par la famille.</p>
<p>La question la plus importante est de savoir à partir de quel moment les enfants peuvent avoir un téléphone personnel connecté à Internet, qu’ils peuvent utiliser sans surveillance pour interagir en ligne avec d’autres personnes.</p>
<p>Lorsqu’un enfant est à l’école primaire, il est fort probable qu’il soit la plupart du temps sous la supervision d’un adulte. Il est soit à l’école, soit à la maison, soit avec des amis et des adultes de confiance, soit avec d’autres membres de sa famille.</p>
<p>Le besoin de prendre contact avec un adulte qui serait à distance n’est peut-être pas si important – mais c’est à vous de réfléchir aux besoins spécifiques de votre enfant.</p>
<p>En général, le passage du primaire au collège est le moment où les enfants commencent à s’éloigner plus de leur domicile, ou à s’impliquer dans des activités scolaires ou extrascolaires avec des amis et où il devient plus important donc d’avoir un moyen de contacter son domicile. Nombre de jeunes que j’ai interrogés citent cette entrée en sixième comme date de leur premier mobile.</p>
<h2>Sensibiliser l’enfant aux risques numériques</h2>
<p>Comment s’assurer ensuite que le téléphone est utilisé en toute sécurité ? Tout d’abord, si votre enfant a accès à Internet, quels que soient son âge et l’appareil qu’il utilise, il est essentiel d’avoir avec lui une conversation sur ces enjeux de sécurité.</p>
<p>Les parents ont un rôle à jouer dans la sensibilisation aux risques numériques, même s’il faut éviter de dramatiser et garder en tête qu’une grande partie de ces expériences <a href="https://theconversation.com/why-children-dont-talk-to-adults-about-the-problems-they-encounter-online-202304">ne sont pas dangereuses</a>.</p>
<p>J’ai mené des <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-030-88634-9">recherches de fond</a> sur les dangers liés à Internet. Dans ce cadre, j’ai développé avec mes collègues un certain nombre de <a href="https://www.headstartkernow.org.uk/digital-resilience/parent-digital-offer/">ressources pour les parents</a>, élaborées avec l’aide de plus de 1 000 jeunes.</p>
<p>Ce que ces jeunes disent le plus, c’est qu’ils veulent savoir à qui s’adresser lorsqu’ils ont besoin d’aide. Ils veulent être sûrs qu’ils recevront un soutien, et non d’être réprimandés ou de se voir confisquer leur téléphone. La première étape consiste donc à rassurer votre enfant en lui disant qu’il peut venir vous voir s’il a des problèmes et que vous l’aiderez sans le juger.</p>
<p>Il est également important de discuter avec lui de ce qu’il peut faire ou ne pas faire avec son appareil. Il peut s’agir, par exemple, de fixer des règles de base concernant les applications qu’il peut installer sur son téléphone et le moment où il doit l’éteindre en fin de journée.</p>
<p>Vous devriez également explorer les paramètres de confidentialité des applications que votre enfant utilise, afin de vous assurer qu’il ne peut pas être contacté par des inconnus ou accéder à des contenus inappropriés.</p>
<h2>Ajuster l’accompagnement parental à l’âge de l’enfant</h2>
<p>Les parents me demandent parfois s’ils devraient pouvoir surveiller le téléphone de leur enfant, soit en contrôlant directement l’appareil, soit en utilisant une « safetytech », un logiciel installé sur un autre smartphone et qui permet d’accéder aux communications de l’enfant.</p>
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<img alt="Un père et son fils regardent un téléphone portable." src="https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561044/original/file-20231122-23-pkqa2g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il est important d’avoir des conversations ouvertes sur les usages des téléphones portables.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/father-son-using-smart-phone-outdoor-2084154532">Khorzhevska/Shutterstock</a></span>
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<p>Je pense qu’il est important d’en discuter aussi avec votre enfant. Si vous voulez qu’il s’adresse à vous en cas de problèmes en ligne, il faut qu’un rapport de confiance soit établi, donc si vous envisagez de surveiller son téléphone, parlez-lui-en ouvertement plutôt que de le faire en cachette.</p>
<p>Il semble raisonnable d’exercer une supervision parentale sur le téléphone d’un enfant quand il est en primaire, de la même manière que vous ne le laisseriez pas se rendre chez un camarade sans au préalable vous être assuré de l’invitation auprès de l’autre parent.</p>
<p>Cependant, lorsque votre enfant grandit, il peut ne pas vouloir que ses parents voient tous ses messages et toutes ses interactions en ligne. La <a href="https://www.unicef.org.uk/what-we-do/un-convention-child-rights/">Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant</a> stipule clairement qu’un enfant a droit au respect de sa vie privée.</p>
<h2>Géolocaliser son enfant : dans quel but ?</h2>
<p>J’ai discuté avec des familles qui géolocalisent les appareils des uns et des autres de manière ouverte et transparente, et c’est une décision qui leur appartient. Mais j’ai aussi parlé à des enfants qui trouvent très effrayant qu’un de leurs amis soit suivi par ses parents.</p>
<p>La question qui se pose ici est de savoir si les parents s’assurent que leur enfant est en sécurité ou s’ils veulent savoir à son insu ce qu’il fait en ligne. J’ai eu une conversation particulièrement mémorable avec une personne dont l’ami était extrêmement contrarié que sa fille ait changé d’appareil et donc de ne plus pouvoir la suivre. Lorsque j’ai demandé l’âge de la fille, on m’a répondu qu’elle avait 22 ans.</p>
<p>Il convient également de se demander si ce type de technologies n’est pas en réalité faussement rassurant. Elles permettent aux parents de savoir où se trouve leur enfant, mais pas nécessairement de savoir s’il est en sécurité.</p>
<p>Comme dans le cas de la surveillance du téléphone, il convient de se demander si ce mode du contrôle crée les conditions idéales pour que l’enfant vous consulte en cas de problème, ou si des conversations ouvertes et un environnement de confiance mutuelle y seraient plus propices.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218446/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andy Phippen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>A partir de quel âge un enfant peut-il avoir un téléphone portable ? Au-delà de cette question qui préoccupe les familles, un certain nombre de discussions sur les usages numériques s’imposent.Andy Phippen, Professor of IT Ethics and Digital Rights, Bournemouth UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2142952023-10-18T17:03:30Z2023-10-18T17:03:30ZCe que les enfants comprennent du monde numérique<p>Depuis la <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2016/08/29/rentree-scolaire-2016-2017-les-principales-nouveautes_4989307_4401467.html">rentrée 2016</a>, il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ?</p>
<p>Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran.</p>
<p>Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus informatiques sous-jacents. L’immense majorité des adultes comme des enfants utilise ordinateur, tablette ou smartphone sans jamais lire ou écrire une seule ligne de code, ni même avoir toujours bien conscience que derrière les textes, icônes à cliquer, applications à télécharger, posts à « liker » sur un réseau social, il y a des algorithmes informatiques.</p>
<h2>Évaluer la culture numérique des enfants</h2>
<p>Un rapport de l’académie des sciences intitulé : <a href="https://www.academie-sciences.fr/fr/Rapports-ouvrages-avis-et-recommandations-de-l-Academie/l-enseignement-de-l-informatique-en-france-il-est-urgent-de-ne-plus-attendre.html"><em>L’enseignement de l’informatique en France – Il est urgent de ne plus attendre</em></a> pointait l’écart croissant entre l’importance de l’informatique dans nos vies quotidiennes et la compréhension qu’en ont les citoyens. Après plusieurs années sans réelle prise en charge de l’informatique par l’école, cette prise de conscience a conduit à sa réintroduction au sein des <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-recherche-montre-en-main/l-enseignement-de-la-programmation-informatique-a-l-ecole-primaire-la-reaction-des-professeurs-des-ecoles-1556212">programmes d’enseignement</a>.</p>
<p>Les élèves doivent ainsi apprendre des contenus concernant la technologie (savoir comment fonctionne un ordinateur, une mémoire, ce qui se passe lorsqu’un courriel est envoyé, etc.), les usages d’outils numériques (créer un compte sur un site, envoyer un courriel ou même, puisqu’on apprend bien l’écriture manuscrite, apprendre à utiliser un clavier d’ordinateur) ou encore quelques notions d’algorithmique (qu’est-ce qu’une boucle, une variable, etc.).</p>
<p>Le <a href="https://cirel.univ-lille.fr/projets/anr-ie-care">projet de recherche IE-CARE</a>, qui s’est déroulé de 2018 à 2023, s’est attaché à décrire finement ces nouvelles conditions d’un enseignement de l’informatique. L’un des objectifs du projet était de mieux comprendre la culture numérique des enfants et de mieux saisir comment ce qui s’enseigne en classe vient nourrir, compléter ou éventuellement modifier cette culture numérique.</p>
<p>Notamment se pose la question de ce que les enfants comprennent du monde numérique qui les entoure, comme l’expose la thèse, soutenue en novembre 2023, <a href="https://www.theses.fr/s336621">autour de la culture numérique et de l’apprentissage scolaire de l’informatique</a>. Les enfants reconnaissent-ils des objets numériques, savent-ils les nommer ou expliquer leur rôle ?</p>
<p>Une étude portant sur la culture numérique des enfants d’une classe de fin d’école primaire (CM1-CM2) du bassin minier du Pas-de-Calais a été réalisée. Elle s’appuie sur des observations en classe, des entretiens, un questionnaire et des focus-groups avec les élèves ainsi qu’un jeu de plateau inventé pour faire émerger leurs représentations. Cette description fine se distingue des grandes enquêtes quantitatives, qui, lorsqu’elles incluent les enfants et ne les amalgament pas avec les plus vieux, ne peuvent saisir que la possession d’outils numériques ou les usages déclarés. L’important était de voir en détail les modalités d’accès aux outils numériques : en quoi consiste le contrôle exercé par les parents, quels sont les lieux et durées d’usage…</p>
<h2>Le numérique, enjeu de négociations en famille</h2>
<p>Le premier constat qui ressort de cette enquête n’est guère surprenant : les enfants révèlent avoir accès à une diversité d’outils numériques, comme Julien qui énumère « une PS4, une switch, un ordinateur, une tablette, une ps3, une télé ». La quasi-totalité des enfants rencontrés mentionnent au moins une console de jeu parmi les appareils numériques dont ils disposent. La majorité des enfants (plus de neuf sur dix) de la classe ont accès (que ce soit via la mise à disposition de l’appareil au sein du domicile ou la possession à titre personnel) à la fois à un ordinateur, à un smartphone, et à une console de jeu.</p>
<p>Les enfants sont donc pluri-équipés, ce qui confirme les résultats de grandes enquêtes quantitatives : l’enquête nationale <a href="https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2022-03/CP_Junior%20Connect%202022.pdf">Junior Connect’</a> menée par l’Ipsos en 2022 montrait que le terminal le plus possédé à titre personnel par les enfants de 7-12 ans est la console de jeu, suivi du smartphone, de la tablette puis de l’ordinateur.</p>
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<p>Cependant, il faut tenir compte du fait que les enfants mentionnent largement le partage de ces outils numériques avec d’autres membres de la famille. Ethan raconte ainsi « j’ai un téléphone personnel […] y a aussi le pc pour tout le monde ». Yassine a également un ordinateur « pour tout le monde ».</p>
<p>Maëlys aussi a accès un appareil personnel et à un appareil partagé. Elle précise « j’ai une Switch pour moi, la PS4 mais c’est pour tout le monde ». Ainsi, posséder un outil informatique est une chose, mais pouvoir l’utiliser est un enjeu de négociation au sein de la famille : négociation avec les parents, qui imposent des limitations de temps ou d’horaires, négociation avec les frères et sœurs lorsque plusieurs veulent les utiliser.</p>
<p>Les pratiques ludiques occupent une place importante dans le quotidien des enfants. Mais l’école conduit également à des usages à la maison : presque tous les groupes d’enfants mentionnent spontanément, lorsqu’on leur demande ce qu’ils font avec ces outils, le fait de faire des devoirs à la maison.</p>
<h2>La technicité des objets numériques masquée par les écrans</h2>
<p>Sur les outils numériques, les enfants développent des pratiques, des connaissances, des goûts, des valeurs partagées, bref, ce qu’on peut appeler une culture numérique enfantine. Mais dans quelle mesure cette culture est-elle, aussi, une culture scientifique et technique ?</p>
<p>Si l’on s’intéresse à ce que savent ou comprennent les enfants, on s’aperçoit que les connaissances portent surtout sur l’utilisation, en particulier des réseaux sociaux, très peu sur le fonctionnement des appareils. Il est frappant de constater que lorsque les enfants parlent des outils numériques, ils parlent des écrans. Cela n’est pas surprenant mais va dans le sens de l’idée que ce qui fait la technicité des objets numériques est masqué aux enfants, qui ne voient que ce qui est le plus visible. On peut dire que l’écran fait écran à la formidable complexité des objets numériques.</p>
<p>Quelques rares enfants développent un rapport plus « technique » aux ordinateurs. C’est le cas par exemple de Charles. Mais là encore, la conscience de la technicité s’arrête à ce qui est matériel et visible. Pour lui, réparer un ordinateur revient à s’intéresser à la connectique et aux différents composants de l’ordinateur :</p>
<blockquote>
<p>« quand tu répares, par exemple il est cassé et tu dois changer les câbles qu’il y a dedans, voir s’ils sont détachés, coupés, tu dois racheter des câbles et après remettre tout. Après, c’est possible que le cerveau de l’ordinateur qui commande tous les fils soit cassé donc, du coup, tu dois aller en acheter un en magasin, l’enlever et le remettre ».</p>
</blockquote>
<p>Ainsi, Charles a conscience de l’existence de composants électroniques sous-jacents aux ordinateurs, mais on peut remarquer que sa manière de les nommer reste imprécise, sans termes techniques (« le cerveau de l’ordinateur qui commande les fils »).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/informatique-en-classe-le-code-est-il-toujours-au-programme-192103">Informatique en classe : le code est-il toujours au programme ?</a>
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<p>Surtout, le fait de voir quelques notions d’algorithmique à l’école, en faisant de la programmation de robots pédagogiques (qu’il s’agit de programmer à l’aide de touches pour effectuer un trajet) ou sur un environnement de programmation pour enfants (Scratch) ne suffit pas, pour ces élèves, à relier ce qu’ils ont appris et comment fonctionne le monde numérique autour d’eux.</p>
<p>Au final, nous pouvons dire que l’enseignement de l’informatique est nécessaire, car les enfants ne développent pas spontanément, dans leurs usages quotidiens, une culture technique permettant de bien comprendre ce qui se passe derrière l’écran.</p>
<p>Mais ces savoirs informatiques scolaires ne peuvent les aider à cette compréhension technique du monde que s’ils sont liés aux objets auxquels ils sont confrontés quotidiennement. Alors seulement les jeunes générations auront les moyens de porter un regard réflexif sur la manière dont les outils numériques transforment et continueront de transformer leur monde.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-18-CE38-0008">« IE-CARE : Informatique à l’école : conceptualisations, accompagnement, ressources »</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214295/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cédric Fluckiger a reçu des financements de l'ANR ainsi que de COFECUB (Campus France). Il est membre de l'Association pour des Recherches Comparatistes en Didactiqe (ARCD).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Isabelle Vandevelde a reçu des financements de l'ANR. </span></em></p>De quelle culture numérique les enfants disposent-ils quand ils arrivent en classe ? En quoi l’enseignement de l’informatique reste-t-il important ?Cédric Fluckiger, Professeur en sciences de l'éducation, didactique de l'informatique, Université de LilleIsabelle Vandevelde, Doctorante en sciences de l'éducation, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2147312023-10-11T10:49:57Z2023-10-11T10:49:57ZPourquoi aller au stade si c’est pour passer son temps sur son smartphone ?<p>Le 7 février 2023, en inscrivant à 38 ans le 38 888<sup>e</sup> de sa carrière, le basketteur LeBron James devient le meilleur marqueur de l’histoire de la NBA, la ligue d’élite américaine. Le précédent record détenu par Kareem Abdul-Jabbar aura tenu presque 40 ans. Le moment historique a été capturé par le photographe Andrew D. Bernstein. Au second plan, les fans vivent l’instant par l’intermédiation de l’écran de leur smartphone faisant barrière entre leur visage et le fait historique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1623187957820555266"}"></div></p>
<p>S’ils donnent le sentiment de ne savoir apprécier authentiquement le moment présent, c’est que tout se passe comme s’ils contrevenaient à ce qu’on attend d’eux dans le cadre d’un spectacle sportif. Le mot <em>spectacle</em> tire son étymologie du latin <em>spectare</em>, qui signifie en effet en latin regarder avec attention. Le spectacle serait donc fait pour retenir l’attention. Le smartphone devient alors un outil de diversion. Accaparé par son écran, le fan manquerait à ce qu’on attend de lui : regarder le terrain et encourager son équipe.</p>
<h2>« F*ck wifi »</h2>
<p>Depuis une décennie, les critiques se sont ainsi multipliées contre les spectateurs accros à l’écran. En 2014, des supporters du PSV Eindhoven, club de football des Pays-Bas, avaient déployé une banderole sans équivoque : <a href="https://www.theguardian.com/football/2014/aug/18/psv-fans-protest-against-wifi-access">« F*ck wifi, support the team »</a>. Ils envisageaient l’émergence de la technologie dans les tribunes comme une nouvelle expression de la gentrification du public de stades.</p>
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<figcaption><span class="caption">Des supporters du club de football néerlandais du PSV Eindhoven déploient une banderole « F*ck wifi, support the team » (PSV Support, 2014).</span></figcaption>
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<p>En France, un supporter niçois militait en 2017 pour une <a href="https://www.20minutes.fr/nice/2137295-20170922-ogc-nice-supporter-nicois-veut-laisser-telephones-touche">tribune sans selfie</a>, estimant que cela nuisait à l’ambiance. Aux États-Unis la même année, des étudiantes se sont vues <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ngt1JK3DyOU&t=4s">moquées par les commentateurs d’un match de baseball</a> pour avoir pris des selfies alors que le public était appelé à participer aux encouragements.</p>
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<figcaption><span class="caption">Des commentateurs se moquent de spectatrices rivées sur leurs téléphones lors d’un match de baseball (MLB, 2015).</span></figcaption>
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<p>Le repli sur son smartphone semble en effet aller à l’encontre de la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0163443716635862">célébration collective qu’on attend d’un évènement sportif</a>. Rivé à l’écran du smartphone, le public connecté serait « seul avec du monde autour ».</p>
<h2>Regarder Netflix au Super Bowl</h2>
<p>Pourtant, cinq attributs de l’évènement sportif favorisent le recours au smartphone :</p>
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<li><p>Les émotions ressenties ne valent que parce qu’elles sont partagées, ce que permettent les réseaux sociaux.</p></li>
<li><p>Unique et éphémère, le <a href="http://hell-of-a-sport.blogspot.com/2017/02/voir-ou-vivre-quest-ce-quetre-un.html">match invite à en faire l’expérience du souvenir</a>. Par ses stories, on apporte donc la preuve « j’y suis/j’y étais ».</p></li>
<li><p>L’évènement sportif n’a d’intérêt que s’il est vu dans l’instant présent. Or, les médias sociaux sont des outils de l’instantanéité.</p></li>
<li><p>Le smartphone permet de partager en direct un contenu lié à un évènement à ceux qui n’ont pas pu/voulu y assister.</p></li>
<li><p>Il est créateur de données et permet aux spectateurs d’obtenir une <a href="https://theconversation.com/la-realite-virtuelle-le-futur-de-la-retransmission-sportive-193551">couche de réalité augmentée</a> directement sur leur smartphone comme lors de la Coupe du monde de football au Qatar en 2022 avec l’application FIFA+.</p></li>
</ul>
<p>Ainsi, depuis l’apparition de l’iPhone en 2007 et le <a href="https://www.researchgate.net/publication/305490421_Connected_Stadiums_in_the_US_issues_and_opportunities_Stades_connectes_aux_%C3%89tats-Unis_%C3%89tats_des_lieux_enjeux_et_perspectives">développement dans la foulée de « stades connectés »</a> aux États-Unis, le comportement des fans dans les enceintes sportives s’est considérablement transformé et le smartphone figure bien au cœur de ce bouleversement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-realite-virtuelle-le-futur-de-la-retransmission-sportive-193551">La réalité virtuelle, le futur de la retransmission sportive ?</a>
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<p>Il est possible de prendre la mesure de ces usages grâce aux données partagées occasionnellement par des opérateurs. Par exemple, la 57<sup>e</sup> édition du Super Bowl, la grande finale du championnat de football américain qui s’est déroulée début 2023, détient le record de données consommées sur le wifi d’un stade <a href="https://stadiumtechreport.com/feature/super-bowl-lvii-sees-31-5-tb-of-wi-fi-data-sets-new-record-for-per-device-data-used/">avec 31,5 téraoctets</a>. C’est l’équivalent de 700 000 heures de musique sur une plate-forme de streaming. Le pic d’utilisation a eu lieu au moment de l’entrée des deux équipes sur le terrain. Pendant le show de Rihanna à la mi-temps, l’utilisation de la bande passante a augmenté de 450 %.</p>
<p>Par ailleurs, Facebook a été le média social le plus utilisé devant Instagram, Twitter, Snapchat et Reddit. Mais les personnes dans le stade semblent combler les moments d’attente par des services de streaming (Apple, YouTube, Disney ou Netflix). Ils sont par ailleurs nombreux à consulter Ring, une application de surveillance de son foyer.</p>
<p>Dans un <a href="https://www.researchgate.net/publication/345814413_Social_Media_Usage_During_Live_Sport_Consumption_Generation_Gap_and_Gender_Differences_Among_Season_Ticket_Holders">article</a> académique publié en 2020, des chercheurs ont essayé de comprendre comment 400 abonnés d’une franchise NBA consultaient leurs smartphones pendant un match. L’usage des médias sociaux reste globalement répandu (29 % des abonnés consultent au moins une fois Twitter et Facebook, 27 % consultent au moins une fois Instagram et Snapchat), même s’ils sont 53 % à relever au moins une fois leurs e-mails !</p>
<p>Selon les auteurs :</p>
<blockquote>
<p>« Les abonnés utilisent les médias sociaux pour partager de l’information et en obtenir au sujet du match avec leurs amis sur Instagram et Snapchat. Ce faisant, ils satisfont leur besoin d’interaction sociale, d’expression d’une opinion et de partage d’information. »</p>
</blockquote>
<h2>« Sans connectivité, nous allons perdre les millennials »</h2>
<p>Les stades connectés doivent également permettre de convaincre un nouveau public plus jeune et plus familial d’assister à des rencontres sportives, y compris en Europe. En 2017, Javier Tebas, le président de la <em>Liga</em> espagnole de football <a href="https://www.sofoot.com/breves/la-liga-veut-le-wi-fi-dans-tous-ses-stades">expliquait</a> ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« S’il n’y a pas de connectivité dans les stades, nous allons perdre des spectateurs comme les « millennials » qui ont besoin d’un double écran. [Or], il y a deux publics que nous voulons toucher : les femmes, qui sont pour l’instant un marché de niche, et les nouvelles générations, pour qui la connectivité est très importante. »</p>
</blockquote>
<p>Ces usages étant de plus en plus ancrés, les promoteurs de spectacle sportif y voient également depuis des années une opportunité pour lutter contre la concurrence de la télévision. Roger Goodell, le commissaire de la NFL,</p>
<blockquote>
<p>« L’expérience du téléspectateur à la maison est exceptionnelle, et c’est dorénavant une concurrence que nous devons surmontant en nous assurant de créer le même genre d’environnement dans nos stades en permettant l’accès à la même technologie. Nous voulons nous assurer que nos fans, lorsqu’ils viennent dans les stades, n’ont pas à éteindre leur téléphone. »</p>
</blockquote>
<h2>Un (faux) corbeau géant à Baltimore</h2>
<p>Au-delà des possibilités de partage, le smartphone intègre aussi le spectacle. En effet, des start-up conçoivent des chorégraphies lumineuses grâce à la lumière du téléphone ou animent le stade par la réalité augmentée, à l’image du corbeau géant (virtuel) qui survole la pelouse de la franchise de football américain des Ravens de Baltimore.</p>
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<figcaption><span class="caption">La franchise des Baltimore Ravens propose une expérience de réalité virtuelle à ses fans (en anglais).</span></figcaption>
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<p>Soucieux de satisfaire les aspirations digitales des publics, les exploitants de stade intègrent donc les innovations technologiques successives – plutôt que de freiner les usages. En France, l’Orange Vélodrome de Marseille est devenu en 2019 le premier stade européen <a href="https://reseaux.orange.fr/actualites/5g-orange-velodrome">à intégrer la 5G</a> et à mettre en place un programme d’accompagnement de start-up pour repenser l’expérience du fan.</p>
<p>Aux États-Unis en 2020, le géant du numérique <a href="https://www.nba.com/news/nba-microsoft-announce-new-partnership-deal-analysis">Microsoft s’est engagé auprès de la NBA</a> à créer, selon Chris Benyarko, vice-président exécutif de la ligue :</p>
<blockquote>
<p>« Une nouvelle plate-forme qui rassemble toutes les choses qui composent la vie d’un fan de la NBA – qu’il s’agisse de regarder des matchs, d’acheter un billet, de participer à des ligues Fantasy ou d’acheter des produits. L’un de nos principaux domaines d’intérêt sera d’innover et de repenser la façon dont nous présentons les matchs. L’objectif principal reste de tirer parti de la technologie au mieux pour approfondir ces expériences et les rendre plus attrayantes. »</p>
</blockquote>
<p>Le concurrent de Microsoft, Apple, vient lui de lancer début 2023 un <a href="https://www.sportbuzzbusiness.fr/fan-experience-de-la-realite-mixte-pour-les-fans-de-sport-avec-le-casque-apple-vision-pro.html">casque de réalité mixte</a> qui pourrait modifier la façon dont on regarde du sport. La question n’est donc plus tant de savoir s’il faut ou non sortir son smartphone au stade mais quel appareil pourrait à terme le remplacer – voire de permettre de « vivre » une expérience au stade sans avoir à se déplacer.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214731/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Boris Helleu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le téléphone, qui détourne l’attention du terrain, présente paradoxalement un certain nombre de caractéristiques qui renforce l’expérience du spectateur lors d’un match. Explications.Boris Helleu, Maitre de conférences, spécialiste de marketing du sport, laboratoire NIMEC, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143982023-09-28T06:34:58Z2023-09-28T06:34:58ZLes « mines urbaines », ou les ressources minières insoupçonnées de nos déchets électroniques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550658/original/file-20230927-21-ul4bm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tas de téléphones et de smartphones usagés</span> <span class="attribution"><span class="source">Hellebardius</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Et si, plutôt que de développer de nouvelles infrastructures minières, on valorisait les gisements de métaux contenus dans les objets électroniques que nous n’utilisons plus (ordinateurs, smartphones, etc.) ? Il existe de très bonnes raisons de s’intéresser au potentiel de ces <a href="https://theconversation.com/recycler-100-des-metaux-un-objectif-atteignable-192573">« mines urbaines »</a>, ou mines secondaires, par opposition aux mines « primaires » où l’on exploite directement les ressources du sol.</p>
<p>Celles-ci permettraient même de faire d’une pierre trois coups, en réduisant la quantité de <a href="https://theconversation.com/le-volume-de-dechets-electroniques-explose-et-leur-taux-de-recyclage-reste-ridicule-143701">déchets électroniques</a>, en réduisant l’empreinte énergétique et les dégradations environnementales causées par l’industrie minière, et en préservant des ressources critiques stratégiques pour le continent européen. Mais aujourd’hui, ce potentiel reste encore largement sous-exploité.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Un enjeu stratégique pour l’Union européenne</h2>
<p>Valoriser les déchets électroniques est intéressant car cela permet de réduire, mécaniquement, leur quantité. Ils constituent aujourd’hui l’un des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652619325077">flux de déchets à la croissance la plus rapide</a>, dégradent les écosystèmes et représentent un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969720332654">enjeu majeur de santé publique</a>.</p>
<p>L’exploitation de ces ressources secondaires permet aussi de diminuer la pression sur les ressources primaires du fait de l’exploitation minière – et donc de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652619325077">réduire son impact environnemental élevé</a>. En effet, le recyclage de certains métaux est moins énergivore que leur extraction minière. C’est le cas de l’aluminium : sa production par recyclage nécessite <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11837-021-04802-y">dix à quinze fois moins d’énergie</a> que sa production primaire.</p>
<p>D’autant plus que plusieurs des métaux valorisés font partie de ressources critiques au niveau de l’Union européenne. Elles sont essentielles à l’industrie, en particulier dans un contexte de transition énergétique, et présentent un fort risque de tensions d’approvisionnement. À ce titre, l’Union européenne publie et met à jour régulièrement depuis 2011 la liste des métaux critiques qui devraient constituer des priorités de valorisation pour les mines urbaines.</p>
<p>La <a href="https://single-market-economy.ec.europa.eu/sectors/raw-materials/areas-specific-interest/critical-raw-materials_en">cinquième liste, publiée en 2023</a>, identifiait 34 métaux critiques, dont les terres rares, le lithium, le cuivre ou le nickel. Malheureusement, on ne peut que constater le fossé entre les recommandations de l’Union européenne et les pratiques de valorisation des mines urbaines.</p>
<h2>Un cycle de vie truffé d’obstacles au recyclage</h2>
<p>En cause, des obstacles techniques, organisationnels, réglementaires et économiques à chaque étape du cycle de vie d’un objet, qui limitent son potentiel de valorisation. Dès la conception des objets, on peut identifier certaines pratiques qui limitent la recyclabilité des métaux, comme le recours aux alliages, ou encore l’hybridation des matières, notamment utilisée pour l’emballage de liquides alimentaires. La plupart des briques de ce type sont ainsi constituées de carton et de PolyAl, un mélange de polyéthylène (un type de plastique) et d’aluminium.</p>
<p>Or, pendant longtemps, on a récupéré et recyclé le carton des briques alimentaires, mais pas le PolyAl, produisant ainsi une situation de recyclage incomplet. Dans ce cas précis, les entreprises Tetra Pak et Recon Polymers ont fini par mettre au point un procédé de séparation, et ouvrir une <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/un-nouveau-debouche-pour-le-polyal.N1217752">usine de recyclage spécifique pour le PolyAl en 2021</a>. Mais un grand nombre d’autres produits continuent à être difficiles à recycler, précisément parce que cet aspect n’a pas été pris en compte au moment de leur conception.</p>
<p>Les <a href="https://www.cairn-sciences.info/quel-futur-pour-les-metaux--9782759809011-page-287.htm">usages dispersifs</a>, qui consistent à utiliser de petites quantités de métaux dans des produits pour en modifier les propriétés, sont une autre pratique qui pose problème pour le recyclage : des nanoparticules d’argent sont par exemple intégrées dans les chaussettes pour empêcher les mauvaises odeurs. Ou encore, quelques grammes de dysprosium, une terre rare, sont parfois utilisés pour booster les capacités magnétiques des aimants. Autant d’usages des métaux qui confisquent à jamais leur circularité.</p>
<h2>Hibernation électronique dans les greniers</h2>
<p>Une fois l’objet conçu et utilisé, le deuxième frein vient du consommateur, qui a tendance à stocker ses objets électroniques, qu’ils fonctionnent ou non, plutôt qu’à les déposer dans une filière spécifique pour qu’ils soient recyclés. Le phénomène est tel qu’on parle d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0956053X16307607?via%3Dihub">hibernation électronique</a>. En 2009 déjà, une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301479709001637">étude pionnière</a> estimait qu’en moyenne, les foyers américains abritaient 6,5 objets électroniques en hibernation dans leur grenier, et ce chiffre n’a fait qu’augmenter de façon exponentielle au fil des années.</p>
<p>En 2021, une <a href="https://www.gstatic.com/gumdrop/sustainability/electronics-hibernation.pdf">étude menée par Google</a> identifiait sept obstacles principaux au recyclage des appareils électroniques par les consommateurs : le manque de sensibilisation aux options de recyclage existantes, les attentes d’une compensation financière ou sociale, la nostalgie, la volonté d’avoir un terminal de rechange en réserve, la volonté de récupérer des données sur le terminal, ou encore de supprimer des données, et enfin le manque de praticité des filières de réemploi ou de recyclage.</p>
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<img alt="Principaux obstacles au recyclage des déchets électroniques pour les consommateurs" src="https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=509&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=640&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=640&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550692/original/file-20230927-19-dqt564.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=640&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Principaux obstacles au recyclage des déchets électroniques pour les consommateurs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Google</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Une étude plus récente <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800922003962">menée en Suisse</a> nuance cependant ces résultats : 40 % des répondants affirmaient être prêts à se séparer de leur vieux téléphone portable pour une compensation inférieure à cinq dollars. Il serait toutefois intéressant de mener la même enquête dans des pays moins riches que la Suisse…</p>
<p>Le troisième point de blocage, enfin, concerne les systèmes de collecte et les infrastructures de recyclage. En France, pour la plupart des filières de déchets spécifiques (déchets électroniques, emballages, pneus, etc.), tout est centralisé par des éco-organismes, des organismes privés qui peuvent avoir une responsabilité organisationnelle – ils organisent concrètement les opérations de recyclage – ou financière, auquel cas ils s’occupent uniquement de la gestion financière de la filière. Ces éco-organismes sont régulièrement au cœur de controverses : des analyses indiquent que la <a href="https://www.cairn.info/revue-mouvements-2016-3-page-82.htm">valorisation matière des flux de déchets gérés par les éco-organismes est souvent sous-optimale</a>, notamment à cause de leurs objectifs de rentabilité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Les principaux freins à l’exploitation des mines urbaines" src="https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550697/original/file-20230927-17-m51mz8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les principaux freins à l’exploitation des mines urbaines.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Impliquer ingénieurs, designers, politiques et consommateurs</h2>
<p>Pour accompagner les entreprises dans une démarche d’écoconception, il existe pourtant plusieurs initiatives, dont la <a href="https://upcyclea.com/en/cradle-to-cradle/">démarche Cradle to Cradle</a>, « du berceau au berceau », qui invite à considérer l’ensemble du cycle de vie des objets conçus, afin notamment de permettre leur recyclabilité.</p>
<p>Cependant, si on adopte une focale plus large, on ne peut ramener l’engagement des industriels en faveur du recyclage à une rationalité économique étroitement conçue. Cet engagement dépend de facteurs organisationnels, sociaux, voire anthropologiques qui, s’ils ne sont pas antinomiques avec la rationalité économique, <a href="https://www.cairn.info/revue-flux-2017-2-page-51.htm">appellent à penser le problème du non-recyclage de façon plus large</a>.</p>
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<p>Il existe des leviers pour développer l’exploitation des mines urbaines avec, à la clé, des avantages économiques, environnementaux et géopolitiques.</p>
<ul>
<li><p>Du côté des ingénieurs et des concepteurs de produits, cela passe par un design plus responsable, en prenant en compte l’entièreté du cycle de vie des produits au moment même de leur conception.</p></li>
<li><p>Du côté des consommateurs, cela implique une plus grande sensibilisation à la pratique du tri des flux de déchets spécifiques, notamment électroniques.</p></li>
<li><p>Les entreprises, pour leur part, doivent raisonner sur un temps plus long et pas seulement en fonction de la rentabilité à court terme, dans un contexte de volatilité du cours des métaux.</p></li>
<li><p>Les États, enfin, gagneraient à mettre en place des réglementations adaptées à la complexité du secteur, n’excluant pas des objectifs ambitieux de taux de recyclage spécifiques par type de métal, ainsi qu’une forme de planification territoriale pour mieux coordonner les flux.</p></li>
</ul>
<h2>La difficulté à tendre vers l’économie circulaire</h2>
<p>Rappelons enfin que même dans le cas idéal d’une exploitation optimale du gisement que constituent les mines urbaines, avec des taux de recyclage élevés pour tous les métaux, nous serions toujours loin d’une situation d’économie circulaire. En effet, chaque année, la demande en métaux continue d’augmenter de manière très significative.</p>
<p>La recyclabilité et le recyclage effectif des métaux sont donc des conditions nécessaires, mais non suffisantes à la mise en place d’une économie véritablement circulaire. En effet, seule une décroissance des flux de matière et d’énergie dans l’industrie permettrait aux mines urbaines de se substituer en partie, et non de s’ajouter, à l’exploitation des gisements primaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214398/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le contenu de cet article est issu en grande partie d'un travail de recherche post-doctorale effectué en 2013-2014 à l'ENS Lyon, et co-financé par le partenaire industriel Solvay.
Fanny Verrax est membre du parti politique Génération Ecologie. Elle ne reçoit aucun financement de ce parti.
</span></em></p>Et si, plutôt que de développer l’extraction minière, on valorisait davantage les métaux qu’abritent les objets électroniques que nous n’utilisons plus (ordinateurs, smartphones, etc.) ?Fanny Verrax, Professeur associé en transition écologique et entreprenariat social, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2098862023-07-25T17:51:13Z2023-07-25T17:51:13ZComment les applis de sport vous encouragent à partager les données de vos exploits<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/537744/original/file-20230717-138681-7et3gb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=105%2C41%2C997%2C688&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nombreuses applications enregistrent les données de géolocalisation.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.wallpaperflare.com/a-man-running-jogging-in-a-tunnel-people-exercise-fitness-wallpaper-wozjq">Wallpaperflare.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>« Seven est un entraîneur personnel dans votre poche, vous motivant à revenir chaque jour avec des réalisations, des défis quotidiens et plus encore […] Créer une habitude : faites de l’entraînement une habitude avec nos défis quotidiens ».</p>
</blockquote>
<p>Comme indiqué dans sa présentation, l’application mobile <a href="https://seven.app/">7 Minute Workout</a> met en place un principe de compétition régie par l’achèvement d’objectifs prédéfinis par le développeur. Le classement des usagers selon leurs performances sportives constitue une motivation supplémentaire dans le but de réaliser leurs objectifs en termes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/sport-20624">sport</a>, et tout en introduisant un divertissement. Ce qui les conduit non seulement à booster leur motivation, mais également à être durablement engagés dans leur usage de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/applications-29816">application</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1138&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1138&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1138&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1430&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1430&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537737/original/file-20230717-228067-jzfxe9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1430&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Exemple de ludification sur l’application mobile 7 Minute Workout.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://play.google.com/store/apps/details?id=se.perigee.android.seven&hl=en">Capture d’écran</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De cette manière, cette application mobile de sport incite et amène ses usagers à perpétuer certaines habitudes quotidiennes relatives aux activités physiques, afin de relever les défis proposés. Les développeurs d’applications mobiles amènent les usagers à percevoir l’activité physique comme étant amusante. Le principe de <a href="https://journals.openedition.org/sdj/286">ludification</a> (ou « gamification »), qui désigne l’emploi d’éléments de jeu dans des activités qui ne sont pas initialement ludiques, est ainsi appliqué.</p>
<p>De même, dans l’application mobile Nike Run Club, l’implication des usagers est censée s’intensifier avec la série de défis, dont la difficulté augmente au fur et à mesure que le niveau de compétence ou de performance des usagers augmente. Ces derniers effectuent des activités physiques qui sont <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/301369453.pdf">intrinsèquement motivées</a>, et ce en atteignant graduellement des objectifs au fil du temps.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Présentation de l’application mobile Nike Run Club." src="https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=848&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539226/original/file-20230725-25-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1066&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Présentation de l’application mobile Nike Run Club.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au sein des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/smartphone-138845">smartphones</a> et des tablettes, la ludification se fait, entre autres, <a href="https://ij-healthgeographics.biomedcentral.com/articles/10.1186/1476-072x-12-18">à l’aide du GPS</a> et des accéléromètres qui y sont intégrés. Avec la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/geolocalisation-84599">géolocalisation</a>, une course à pied devient tangible grâce à son enregistrement dans un journal personnel d’entraînement, au moyen d’un classement qui compare la performance de plusieurs coureurs et à l’aide d’un itinéraire partagé avec ces derniers.</p>
<h2>Principe de réciprocité</h2>
<p>Cette <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-016-3808-0">« compétition sociale »</a> au sein des applications mobiles est l’un des facteurs de remise en selle des usagers : elle les motive non seulement à être assidus dans leur usage des applications mobiles, mais également à partager des données comportementales, afin de se comparer à d’autres utilisateurs (même si certains usagers peuvent être découragés devant les performances affichées par les autres).</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1122&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1122&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1122&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1410&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1410&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537740/original/file-20230717-233077-bv3ct.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1410&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Présentation de l’application mobile Zombies, Run.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or pour les développeurs, collecter un maximum de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/donnees-23709">données</a> reste un objectif primordial. Les usagers doivent donc être durablement être intéressés par le service proposé par l’application mobile. La ludification offre quelque chose immédiatement en échange des données soumises par les usagers, une offre qui est difficile à refuser. Il s’agit d’un <a href="https://uxmx.club/wp-content/uploads/2020/05/Actionable-Gamification-Full-Book.pdf">principe en marketing</a> qui s’appelle la réciprocité : comme nous le montrons dans un récent <a href="https://www.theses.fr/s282662">travail doctoral</a>, lorsque les usagers reçoivent quelque chose gratuitement (le jeu), il y a de fortes chances qu’ils partagent leurs données personnelles sans plus attendre.</p>
<p>Par exemple, l’application mobile <a href="https://play.google.com/store/apps/details?id=com.sixtostart.zombiesrunclient&hl=en">Zombies, Run</a> permet aux usagers de courir de manière ludique : il s’agit de rester en vie tout en échappant aux zombies. Chaque course est une mission dont l’usager est le héros. À chaque course, il collecte des fournitures vitales comme des médicaments et des munitions afin de renforcer sa défense contre les morts-vivants.</p>
<p>Les <a href="https://zombiesrungame.com/terms/">conditions générales d’utilisation</a> (CGU) de cette application mobile lèvent le voile sur l’usage fait des données personnelles. Elles précisent qu’elle peut avoir accès au </p>
<blockquote>
<p>« nom, adresse e-mail, mot de passe, coordonnées, taille, poids, traces de course GPS […] numéro d’identification unique et anonyme de l’appareil, identifiant Twitter et identifiant Facebook ».</p>
</blockquote>
<p>Nous remarquons que cette application mobile accède à certaines données personnelles de l’usager pour opérer le rapprochement entre coordonnées GPS et smartphone (par exemple, le numéro d’identification unique et anonyme du smartphone). La question qui se pose : mis à part l’utilité « fonctionnelle » de certaines données personnelles comme la géolocalisation, quelle est la contrepartie de l’usage « gratuit » d’une telle application mobile ?</p>
<h2>Cookies et des balises web</h2>
<p>Nous trouvons la réponse plus loin dans les CGU de Zombies, Run qui indiquent que cette application mobile </p>
<blockquote>
<p>« peut afficher de la publicité, dans le cadre du réseau Apple iAd ou d’autres réseaux publicitaires […] les annonceurs et Apple Inc. peuvent utiliser des cookies et des balises web (et d’autres outils similaires) pour personnaliser les publicités ».</p>
</blockquote>
<p>Enfin, en ce qui concerne le sujet d’usage des cookies, les développeurs de cette application informent les usagers qu’« en téléchargeant et en utilisant l’application, vous consentez à cette utilisation ». Un cookie est un fichier déposé sur l’objet connecté de l’usager lors de sa visite d’un site web ou de sa visualisation d’une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/publicite-24275">publicité</a>. Ce fichier collecte des informations de navigation et permet d’offrir des services personnalisés à l’usager.</p>
<p>Les publicités intégrées aux applications mobiles permettent de monétiser l’engagement des usagers. À la différence des méthodes de commerce traditionnelles, les applications mobiles génèrent des recettes au-delà du téléchargement ou de l’achat initial, et ce en monétisant les données personnelles des usagers. Ce nouveau modèle économique du web 2.0 s’oppose au modèle traditionnel où les gains proviennent en premier lieu des ventes.</p>
<p>Le principe est simple : la ludification permet une expérience amusante et engageante, tandis que les développeurs des applications mobiles collectent des données personnelles sur chaque usager, ce qui les aidera à augmenter les coûts par clic (CPC) des publicités.</p>
<p>Bien que certaines applications soient utiles dans notre vie quotidienne, il ne faut pas oublier qu’elles appartiennent d’abord à des entreprises à but lucratif. Leurs bénéfices proviennent principalement de la collecte de données d’usagers puis de leur vente (principalement) à des régies publicitaires. Les développeurs d’applications mobiles ont donc tout intérêt à jouer sur la persuasion au sujet du partage des données personnelles, et la ludification présente pour cela des arguments de choix, même si ce n’est pas toujours visible pour l’usager.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209886/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hatim Boumhaouad ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les développeurs rivalisent de stratégies de « ludification » pour inciter les usagers à livrer des informations qui seront ensuite revendues aux annonceurs.Hatim Boumhaouad, Docteur en sciences de l'information et de la communication au Centre de recherche sur les médiations (Crem), Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2096372023-07-17T19:21:53Z2023-07-17T19:21:53ZSemi-conducteurs : l’indépendance technologique ne se limite pas à la fabrication<p>L’industrie des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/semi-conducteurs-105633">semi-conducteurs</a> demande de lourds investissements. Le franco-italien <a href="https://www.st.com/content/st_com/en.html">STMicroelectronics</a> (ST), un des quelques fabricants européens de circuits intégrés de haute technologie, va s’associer avec <a href="https://gf.com/">Global Foundries</a>, un grand acteur international du secteur, pour étendre <a href="https://www.openstreetmap.org/?mlat=45.2691&mlon=5.8806">son usine de Crolles</a>, près de Grenoble (Isère).</p>
<p>Cette extension fait polémique en raison, d’une part, des <a href="https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/usine-de-semi-conducteurs-a-crolles-l-etat-apportera-une-aide-de-2-9-milliards-d-euros_AD-202306050509.html">très fortes subventions publiques</a> annoncées début juin 2023 pour cette installation (2,9 milliards d’euros) et, d’autre part, de la <a href="https://www.latribune.fr/economie/france/partage-de-l-eau-des-centaines-de-manifestants-devant-une-usine-stmicroelectronics-en-isere-957470.html">consommation en eau des installations</a>. On justifie l’effort public européen dans les semi-conducteurs par l’indépendance technologique ; mais qu’en est-il vraiment ?</p>
<p>On trouve des puces électroniques non seulement dans les ordinateurs, les téléphones portables, les tablettes… mais aussi dans une très grande part des appareils qui nous entourent, de la machine à café aux automobiles en passant par les robots industriels. Le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/numerique-20824">numérique</a> est partout. <a href="https://theconversation.com/semi-conducteurs-une-penurie-appelee-a-durer-157250">Les difficultés d’approvisionnement</a> dues à la pandémie de Covid ont bien illustré notre dépendance aux fournisseurs de circuits intégrés.</p>
<h2>La conception des puces est aussi une industrie</h2>
<p>Ces puces électroniques sont produites dans des usines de haute technologie, avec un équipement très spécialisé et très coûteux. Certains de ces équipements ne sont produits que par un unique fabricant au niveau mondial, le néerlandais <a href="https://www.asml.com/en">ASML</a>. Pour produire des circuits du plus haut niveau de performance, celles pour ordinateurs et smartphones, il faut une usine – une « <em>fab</em> », disent les professionnels du secteur – à l’état de l’art, dont le coût de construction est de l’ordre de <a href="https://www.theinquirer.net/inquirer/news/3018890/tsmc-says-3nm-plant-could-cost-it-more-than-usd20bn">10 milliards de dollars</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vue des bâtiments du groupe néerlandais ASML à Veldhoven, aux Pays-Bas" src="https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537057/original/file-20230712-27-8a0b55.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vue des bâtiments du groupe néerlandais ASML à Veldhoven, aux Pays-Bas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:20080825_Veldhoven_ASML_DSCF0349.jpg">HHahn/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Devant de tels montants d’investissement, on ne trouve plus à l’échelle mondiale que quelques fabricants, parmi lesquels le géant taïwanais <a href="https://www.tsmc.com/english">TSMC</a>, le coréen <a href="http://samsung.com/">Samsung</a>, les américains <a href="https://gf.com/">GlobalFoundries</a> ou <a href="https://www.intel.com/">Intel</a>, face auxquels ST apparaît de taille nettement plus modeste. On comprend l’enjeu stratégique de conserver en Europe de la fabrication de puces proches de l’état de l’art en performance. Toutefois, c’est avoir une vue très réductrice de cette industrie que de ne considérer que la fabrication.</p>
<p>La conception des puces est elle-même une industrie : produire le plan d’une puce demande de lourds investissements et une expertise considérable. On fait commerce de plans partiels, blocs de propriété intellectuelle (« blocs IP ») produits par des sociétés dont le britannique <a href="https://www.arm.com/">ARM</a> est sans doute la plus connue – les puces sur modèle ARM équipent la plupart des téléphones portables et sont également la base des <a href="https://www.cnetfrance.fr/news/apple-m1-focus-sur-la-puce-arm-qui-equipe-les-nouveaux-mac-39912809.htm">puces Apple des iPhone et des nouveaux Mac</a>.</p>
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<p>Cette industrie est internationale, mais largement invisible du grand public : pas d’usines, tout se passe dans des bureaux et par des échanges de fichiers. Les enjeux sont importants : lancer la fabrication d’une puce comportant des <em>bugs</em> a un coût qui, au mieux, se mesure en millions, mais peut être bien plus élevé – on évalue à 1 milliard de dollars actuels le coût pour Intel du <a href="https://korii.slate.fr/tech/intel-erreur-calcul-500-millions-dollars-pentium-1994-bug-virgule-flottante">fameux bug du Pentium en 1995</a> (cette puce calculait fausses certaines divisions).</p>
<p>Il y a même pour servir cette industrie de la conception de puces une industrie de logiciels spécialisés (conception, simulation, test, etc.), dont les acteurs sont par exemple les américains <a href="https://www.cadence.com/en_US/home.html">Cadence</a> ou encore <a href="https://www.linkedin.com/company/mentor_graphics/?originalSubdomain=fr">Mentor Graphics</a>. Signe de son caractère stratégique, cette dernière société a été rachetée par l’allemand Siemens.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Photos de plusieurs iPhone" src="https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/537082/original/file-20230712-25-meeok5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les iPhone sont équipés de processeurs utilisant l’architecture du britannique ARM.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/iphone-iphone-13-iphone-13-max-6884673/">Monoar Rahman Rony/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>On a ainsi largement découplé la conception et la fabrication des puces, à telle enseigne qu’il existe de très nombreux fabricants de puces <em>fabless</em>, c’est-à-dire qu’ils ne possèdent pas d’usine de fabrication et font fabriquer par d’autres, à l’image de TSMC. En France, c’est le cas notamment de l’isérois <a href="https://www.kalrayinc.com/">Kalray</a>, dont les puces ont maintenant un grand succès dans les centres de traitement de données. Ceci pose cependant la question de notre dépendance à l’industrie taïwanaise, avec l’épineuse question de ce qu’elle deviendrait en cas d’invasion de l’île par la Chine populaire.</p>
<h2>Le risque d’une licence extraeuropéenne</h2>
<p>Comment analyser, dans ce contexte, la subvention à ST, par rapport à l’objectif d’indépendance technologique ? La plus grande partie de l’activité de ST en matière de processeurs consiste à fabriquer des puces (<a href="https://www.st.com/en/microcontrollers-microprocessors/stm32-32-bit-arm-cortex-mcus.html">STM32</a>) sous licence ARM. Or, ARM <a href="https://nvidianews.nvidia.com/news/nvidia-and-softbank-group-announce-termination-of-nvidias-acquisition-of-arm-limited">a failli être racheté par l’américain Nvidia en 2022</a>. Il n’y aurait guère d’indépendance technologique à fabriquer en Europe des puces sous licence américaine, potentiellement soumises aux conditions de commercialisation fixées par le gouvernement américain suivant ses objectifs stratégiques.</p>
<p>La dépendance de toute l’industrie des processeurs aux <em>designs</em> de deux grands acteurs (Intel et ARM) a suscité le développement d’une architecture ouverte nommée <a href="https://riscv.org">RISC-V</a>. Tout un écosystème d’entreprises conçoit des puces RISC-V, et cette architecture reçoit l’attention tant des dirigeants européens (<a href="https://www.european-processor-initiative.eu/"><em>European processor initiative</em></a>) que chinois, pour ses promesses d’indépendance technologique. Toutefois, faute de concevoir nous-mêmes les puces, le danger serait là encore de se contenter d’être fabricant sous licence extraeuropéenne (chinoise, américaine, ou encore russe ?).</p>
<p>Si nous voulons une réelle indépendance technologique et stratégique européenne en matière de « puces », il ne faut donc pas se concentrer uniquement sur la partie fabrication, mais sur toute la chaîne de valeur, y compris la conception de puces et la conception des logiciels de conception de puces.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209637/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>En tant que chercheur, je bénéficie de subventions de l'Agence nationale de la recherche.
J'ai par le passé dirigé ou co-encadré des thèses CIFRE avec les sociétés STMicroelectronics et Kalray, mais ne conseille pas ces sociétés, ne travaille pas pour elles et n'ai plus de projets avec elles.</span></em></p>L’industrie des processeurs, outre des usines de pointe, met en jeu de lourdes activités de conception tout aussi stratégiques que la fabrication.David Monniaux, Chercheur en informatique, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2081182023-07-02T16:10:01Z2023-07-02T16:10:01ZObjets connectés : quels risques pour la protection de la vie privée, et que peut-on y faire ?<p>Il sera peut-être bientôt possible d’activer les appareils électroniques à distance en vue d’une captation de son d’image, notamment les téléphones portables. C’est en tout cas ce que propose l’article 3 du projet de loi et de programmation du ministère de la Justice 2023/2027 déposé au Sénat le 3 mai 2023.</p>
<p>Une <a href="https://www.avocatparis.org/communique-du-conseil-de-lordre">possibilité qui inquiète le Conseil de l’ordre du Barreau de Paris</a> : « Cette possibilité nouvelle de l’activation à distance de tout appareil électronique dont le téléphone portable de toute personne qui se trouve en tout lieu constitue une atteinte particulièrement grave au respect de la vie privée qui ne saurait être justifiée par la protection de l’ordre public » – cette possibilité est évoquée ici uniquement dans le cadre d’enquêtes judiciaires.</p>
<p>Des smartphones aux montres, des assistants vocaux aux réfrigérateurs, les objets de notre entourage sont de plus en plus « intelligents » et connectés. Ces objets connectés captent des informations dans leur environnement immédiat et peuvent les transmettre via des réseaux sans fil à Internet – ce que l’on appelle « internet(s) des objets ».</p>
<p>Ces objets sont une ressource importante de données sur notre vie privée. Difficile pour chacun d’entre nous d’imaginer la quantité d’informations qu’ils collectent : les smartphones connaissent par exemple nos géolocalisations, temps d’éveil, consommations électriques, nombres de pas quotidien, calories dépensées, niveaux de stress. Ils transmettent ces informations pour qu’elles soient exploitées, en théorie afin d’améliorer notre quotidien.</p>
<p>Mais pour améliorer notre quotidien, il doit être connu le mieux possible, et ce quotidien, c’est aussi notre vie privée. Par exemple, les trottinettes électriques donnent notre position et peuvent donner accès à notre <a href="https://theconversation.com/comment-maitriser-son-identite-numerique-117858">identité numérique</a> via l’abonnement qu’elles requièrent. Les données collectées par une voiture moderne peuvent renseigner sur <a href="https://www.numerama.com/vroom/1308260-votre-voiture-genere-des-tonnes-de-donnees-mais-ou-vont-elles.html">nos comportements de conducteur, qui peuvent en dire long sur nous</a>.</p>
<p>Si l’activation à distance d’un objet connecté est sur le devant de la scène aujourd’hui, c’est pourtant un <a href="https://docs.broadcom.com/doc/istr-24-2019-en">vecteur d’attaque déjà pointé du doigt par Symantec en 2019</a>. On connaissait par exemple la vulnérabilité « blueborne » qui <a href="https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/securite-blueborne-bluetooth-serait-aubaine-pirates-68600/">permettait à un attaquant de prendre la main sur smartphone via la connexion Bluetooth, pour par exemple prendre et rapatrier des photos</a>.</p>
<p>Ainsi, non seulement les objets connectés collectent de nombreuses données, mais elles peuvent potentiellement être collectées et transmises à notre insu.</p>
<h2>Comment protéger sa vie privée à l’époque des objets connectés ?</h2>
<p>Une partie de la sécurisation des objets connectés dépend de nous, utilisateurs, si l’on prend le temps de paramétrer les informations collectées par ces objets connectés, par exemple en refusant aux applis de santé la remontée des données dans le cloud, en enlevant la géolocalisation par défaut ou en éteignant le Bluetooth dès que l’on n’en a plus besoin.</p>
<p>Mais une partie nous échappe et nous échappera toujours, car elle dépend uniquement des entreprises de l’internet des objets. En effet, le cœur des objets connectés et les réseaux qu’ils utilisent sont des boites noires, contrôlées par les fabricants. Par exemple, avant nous pouvions nous assurer du silence de notre smartphone en lui enlevant sa batterie, mais ce ce n’est plus le cas aujourd’hui, du moins plus de manière simple et accessible. C’est pour cela que les régulations sont si importantes.</p>
<p>C’est bien pour « veiller à ce que les fabricants améliorent la sécurité des produits comportant des éléments numériques depuis la phase de conception et de développement et tout au long du cycle de vie » que l’Union européenne a rédigé le <a href="https://digital-strategy.ec.europa.eu/fr/library/cyber-resilience-act"><em>Cyber Resilience Act</em></a> ; mais mettre en place ces exigences est compliqué, long et coûteux – notamment pour les PME, en raison des coûts de cette mise en œuvre.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Des efforts sont également faits pour <a href="https://www.silicon.fr/att-ibm-nokia-et-symantec-sunissent-pour-securiser-iot-168622.html/amp">standardiser la sécurité en Internet des objets, par les entreprises</a> et les <a href="https://www.ssi.gouv.fr/uploads/2021/09/anssi-guide-securite_des_systemes_objets_connectes_iot-v1.0.pdf">institutions</a>, et les <a href="http://docnum.univ-lorraine.fr/public/DDOC_T_2023_0020_HEMMER.pdf">enjeux de sécurité restent un sujet de recherche permanent</a>.</p>
<p>Dans un sens, est-ce que protéger sa vie privée ne passerait pas aussi par plus de sobriété numérique ? Limiter l’usage du numérique aux cas où il est réellement pertinent, c’est faire preuve de sobriété numérique, mais c’est aussi faire preuve de sobriété de données (et donc aussi d’énergie)… et c’est donc ainsi protéger sa vie privée.</p>
<h2>Quels sont les risques de sécurité de l’internet des objets ?</h2>
<p>Pour comprendre les risques introduits par l’internet des objets, il faut se référer à l’<a href="https://www.iso.org/fr/standard/65695.html">architecture en quatre couches qui le caractérise</a> et qui sont chacune sujette à des <a href="https://theses.hal.science/tel-03529415">vulnérabilités de sécurité</a> : couche détection, couche réseau, couche service et couche application.</p>
<p>On isolera ici les menaces qui pèsent plus particulièrement sur les données qui relèvent de la vie privée, à savoir essentiellement la perte de confidentialité et la perte d’intégrité (donnée modifiée).</p>
<p>On pourrait penser que la vie privée est uniquement menacée par la perte de confidentialité, à savoir par le fait que certaines données vous appartiennent et ne devraient pas être accessibles à un tiers non autorisé – par exemple les données médicales (qui correspondent au niveau digital au principe du secret médical).</p>
<p>Mais la vie privée est aussi menacée par de fausses informations, comme les <a href="https://www.lebigdata.fr/deepfake-porno-trafic-dark-web">deepfakes dans lesquels des selfies sont utilisés pour créer des scènes pornographiques à des fins de chantage</a> par exemple.</p>
<p>Au final, si les données se revendent sur le dark web, c’est bien parce qu’elles permettent d’en savoir plus sur notre intimité et qu’au-delà de simplement nous dévoiler, elles deviennent un <a href="https://www.numerama.com/cyberguerre/1230714-combien-valent-encore-nos-donnees-personnelles-sur-le-darkweb.html">levier pour faire pression sur nous, extorquer des informations ou de l’argent</a>.</p>
<h2>D’où viennent ces risques ?</h2>
<p>Les risques qui pèsent sur la confidentialité et l’intégrité se retrouvent sur les quatre couches qui définissent l’internet des objets.</p>
<p>La <strong>couche détection</strong> correspond à l’interaction de l’objet avec le monde physique (l’objet lui-même, ses capteurs et actionneurs) : montre, pacemaker, pompe à insuline, ou téléphone notamment. Cette couche permet d’acquérir les données qui seront ensuite transmises pour être utilisées.</p>
<p>On pourrait comparer la couche suivante, la <strong>couche réseau</strong>, à un ensemble de moyens de locomotion (réseau ferré, avions, bus, voitures) dont les informations seraient les passagers. Nous comprenons tout de suite la complexité de synchroniser des milliards de passagers sur tous les transports disponibles pour les emmener de leur point de départ à leur point d’arrivée sans encombre, surtout s’ils changent de moyens de transport pendant leur voyage (à pieds jusqu’à la gare, puis le train, puis l’avion, puis encore le train). Cette couche permet de transmettre l’information de la couche détection vers la couche service où elle sera prise en charge.</p>
<p>Pour notre passager en voyage, la <strong>couche service</strong> est semblable à son hôtel de destination (stockage) et autour duquel il trouvera tous les services utiles : magasins, restaurants, cinémas, etc. Cette couche contient donc l’ensemble des services permettant l’extraction de l’information du trafic réseau, son prétraitement (nettoyage, lissage, complétion…) et son stockage.</p>
<p>Et finalement la <strong>couche application</strong> est la couche qui permet à l’utilisateur d’interagir avec les objets connectés. C’est par exemple l’application mobile ou le portail Internet qui permet de piloter sa domotique (éclairage, température, volets, etc.).</p>
<h2>Compromettre la confidentialité de données</h2>
<p>Rompre la confidentialité peut résulter du clonage d’un objet à la couche détection : sur le clone d’un smartphone, on voit tout ce qui se passe sur l’original et on accède à son contenu.</p>
<p>Il est également possible de détourner un trajet sur la couche réseau pour emmener l’information envoyée par l’objet vers un nouveau point, où l’on peut y accéder facilement (détournement de routage).</p>
<p>En accédant directement à du contenu stocké dans un serveur par la couche service, ou bien en usurpant un compte d’accès au niveau de la couche application, il est possible d’avoir directement accès aux données. On connaît de nombreux cas et <a href="https://www.lemagit.fr/conseil/Cyberattaques-ces-services-utilises-pour-voler-vos-donnees">techniques d’exfiltration de données depuis le cloud par exemple</a> – <a href="https://theses.hal.science/tel-04114471v1/file/These_Sadik_Sarah_2023.pdf">cloud dont le rapport à la donnée privée pose de nombreuses questions</a>.</p>
<h2>Plus subtile : la perte d’intégrité</h2>
<p>Au niveau de la couche détection, on cherche par exemple à tromper les capteurs, comme en <a href="https://www.silicon.fr/ia-des-voitures-autonomes-tombe-dans-le-panneau-modifie-182143.html">piégeant les IA embarquées dans des véhicules pour reconnaître les panneaux de signalisation</a> et plus largement <a href="https://hal.science/hal-00661898v1/file/mg08_np.pdf">on pourrait attaquer massivement les capteurs en réseau</a> qui se développent dans l’internet des objets.</p>
<p>Sur la couche réseau, transmettre de fausses informations est plus trivial, par exemple en volant l’identifiant unique de l’objet sur le réseau, et en l’attribuant à un autre objet – qui peut alors transmettre des informations en se faisant passer pour l’autre.</p>
<p>La couche service prend en charge la manipulation de l’information et son stockage, et on peut facilement introduire des comportements dans ces services qui nuisent à l’intégrité des données.</p>
<p>Enfin, au niveau de la couche application, avec un compte « à privilège », on peut accéder directement aux données et les modifier.</p>
<p>La sécurisation de l’internet des objets reste une tâche difficile, vu la complexité du système en question, en particulier <a href="https://www.zdnet.fr/actualites/quelle-securite-pour-les-reseaux-iot-39903421.htm%20et%20https://theses.hal.science/tel-03404156v1/file/these.pdf">celle de la couche réseau</a>.</p>
<p>Finalement, pour aider à protéger la vie privée actuellement, la meilleure solution reste l’information et la sensibilisation : il faut que chacun connaisse ce qu’il utilise, afin de le faire en toute conscience. Et bien sûr, suivre une politique de sobriété numérique ne peut être qu’un plus.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208118/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Perte de confidentialité, manipulation des données personnelles : la sécurité des objets connectés laisse à désirer.Bérengère Branchet, Enseignant Chercheur, Humain, Crise et Continuité, Pôle Léonard de VinciWalter Peretti, Responsable Campus Cyber - ESILV, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2057262023-06-15T07:03:16Z2023-06-15T07:03:16ZLa génération Z devient rétro : retour fracassant des téléphones « idiots » à clapet<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526862/original/file-20230517-11733-nh99y4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les ventes de téléphones dits « idiots », à clapet et à glissière, sont en hausse chez les jeunes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le bon vieux téléphone à glissière ou à clapet est <a href="https://www.wsj.com/articles/gen-z-flip-phones-might-be-onto-something-c4744796">tendance chez la génération Z</a>. </p>
<p>Mais qu’est-ce que des jeunes nés entre 1997 et 2010 élevés avec un téléphone intelligent peuvent bien trouver à des appareils « moins intelligents », pour ne pas dire carrément « idiots » ?</p>
<p>Bien que cette tendance puisse sembler contre-intuitive dans une société si technophile, un <a href="https://www.reddit.com/r/dumbphones/">forum Reddit</a> consacré aux « téléphones idiots » ne cesse de gagner en popularité. <a href="https://www.cnbc.com/2023/03/29/dumb-phones-are-on-the-rise-in-the-us-as-gen-z-limits-screen-time.html">Selon la chaîne de télé CNBC</a>, les ventes de téléphones à clapet sont en hausse aux États-Unis.</p>
<p>Il s’agit de la plus récente manifestation de <a href="https://www.magazine-avantages.fr/y2k-c-est-quoi-cette-tendance,194064.asp">l’obsession de cette génération</a> pour les <a href="https://www.pocket-lint.com/fr-fr/gadgets/actualites/141336-des-technologies-obsoletes-qui-derouteront-les-generations-modernes/">technologies obsolètes tels les appareils photo jetables et les vieilles dactylos</a>.</p>
<p>Plusieurs raisons y concourent : la nostalgie d’un passé idéalisé, la désintoxication numérique et des préoccupations croissantes pour la protection de la vie privée.</p>
<h2>Le pouvoir de la nostalgie</h2>
<p>La nostalgie est une émotion complexe qui consiste à <a href="https://www.journaldunet.com/ebusiness/crm-marketing/1521671-nostalgie-techno-et-metaverse-les-5-tendances-du-webdesign-en-2023/">renouer avec les émotions et les souvenirs positifs d’un passé idéalisé</a>.</p>
<p>Depuis longtemps, les spécialistes en marketing ont appris à jouer avec <a href="https://www.lesoleil.com/2020/11/21/la-nostalgie-toujours-gagnante-en-marketing-ac6d1b895f15369ffdaa39502c04aa63/">ce puissant levier</a> pour soulever des émotions positives. Ils savent désormais l’utiliser comme stratégie au cœur de campagnes pour créer un lien émotionnel avec les consommateurs.</p>
<p>Selon de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00913367.2022.2101036?journalCode=ujoa20">nombreuses études</a>, la nostalgie a le pouvoir d’inciter les consommateurs à payer davantage, d’augmenter les intentions d’achat et d’accroître leur engagement vis-à-vis d’une marque dans le monde réel ou le cyberespace.</p>
<p>La nostalgie joue à plein dans le cas des téléphones pliables, qui évoquent le souvenir d’une ère révolue en téléphonie mobile.</p>
<p>Cette nostalgie fonctionne aussi bien avec la jeune génération que les plus vieux, pour qui ce type d’appareil était le nec plus ultra de la modernité. Nokia est un exemple d’entreprise qui a parfaitement compris le potentiel publicitaire.</p>
<p>Une publicité YouTube du Nokia 2720 V Flip montre comment les marques utilisent le marketing de la nostalgie pour attirer les clients et stimuler les ventes de produits.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/T5JqxR_cPaw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo publicitaire du nouveau Nokia 2720 V Flip, version moderne des téléphones pliables des années 2000.</span></figcaption>
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<p>La lecture des commentaires de cette vidéo démontre à quel point les objets du passé produisent des réminiscences sur un « âge d’or » ou une « époque dorée », en particulier chez les générations plus âgées.</p>
<p>« Mon premier téléphone était un Nokia 2760 ! C’était un téléphone à clapet. Que de bons souvenirs », lit-on. Un autre écrit : « Je l’achèterai certainement pour me rappeler le bon vieux temps. Quand la vie était facile. »</p>
<h2>Désintox numérique</h2>
<p>Une autre raison d’acheter des téléphones à clapet vise à réduire le temps passé devant l’écran. La « désintoxication numérique » décrit le processus par lequel une <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/6108/ca-sexplique-balado-info-alexis-de-lancer/676926/detox-numerique-ecrans-defis-vie">personne s’abstient d’utiliser ses appareils électroniques afin de renouer avec des relations sociales dans le monde physique</a> et réduire son stress.</p>
<p>En 2022, les Américains passaient plus de <a href="https://www.insiderintelligence.com/insights/us-time-spent-with-media/">4,5 heures par jour</a> sur leurs appareils mobiles. Les Canadiens adultes ont déclaré consacrer <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/2022010/article/00002-fra.htm">3,2 heures par jour</a> devant des écrans en 2022. Les enfants et les jeunes passaient <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-625-x/2019001/article/00003-fra.htm">environ trois heures par jour</a> devant un écran en 2016 et 2017.</p>
<p>L’utilisation excessive des téléphones intelligents engendre de nombreux troubles, comme l’insomnie. Un peu plus de la <a href="https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=2210014301&request_locale=fr">moitié des Canadiens consultent leur appareil avant de s’endormir</a>.</p>
<p><a href="https://opto.ca/fr/bibliotheque-sante-oculovisuelle/la-lumiere-bleue-est-elle-nocive">La lumière bleue des écrans supprimerait la production de mélatonine</a>, entraînant un mauvais sommeil et d’autres effets physiologiques, notamment <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1978335/">l’hyperglycémie, l’hypertension et l’affaiblissement du système immunitaire</a>.</p>
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<img alt="Un homme regardant un smartphone alors qu’il est allongé dans son lit" src="https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524980/original/file-20230508-171112-ndvvjg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un peu plus de la moitié des Canadiens consultent leur téléphone intelligent avant de s’endormir.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>L’hyperconnectivité numérique et la pression pour répondre instantanément peuvent entraîner des <a href="https://academic.oup.com/jcmc/article/20/2/119/4067530?login=false">niveaux accrus d’anxiété et de stress</a>. Dans un monde de télétravail postpandémique, le fait d’être constamment en ligne <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0013916514539755">réduit la socialisation</a> et affecte négativement les relations personnelles et les compétences sociales.</p>
<p>Les téléphones intelligents, par leur nature multitâches et celle de leurs applis comme TikTok, créent un martèlement numérique quasi constant qui affecte la capacité d’attention. D’après mes observations personnelles en classe, les étudiants peinent à se concentrer pendant des périodes prolongées.</p>
<p>Les gestes répétitifs produisent également une série de problèmes physiologiques nouveaux parfois très douloureux comme le <a href="https://www.kinatex.com/education-et-conseils/posture-et-ergonomie/le-syndrome-du-texteur-ou-cou-du-texto/">syndrome du texteur</a> (au niveau du cou) et la <a href="https://www.cchst.ca/oshanswers/diseases/dequervain.html">tendinite de de Quervain (qui affecte les pouces)</a>.</p>
<p>Devant les effets secondaires potentiels d’un temps d’écran débridé et d’une connectivité numérique constante, certains choisissent de se désintoxiquer numériquement. Les téléphones à clapet, parce qu’ils réduisent l’intensité du bruit numérique, permettent d’établir une relation plus équilibrée avec la technologie.</p>
<h2>Et la vie privée</h2>
<p>Les fonctions très avancées des téléphones intelligents permettant de stocker une énorme quantité de données personnelles à travers les fonctions de géolocalisation, la caméra, le micro, le nuage, etc.</p>
<p>De plus en plus <a href="https://www.techrepublic.com/article/data-privacy-is-a-growing-concern-for-more-consumers/">d’utilisateurs se préoccupent de la manière dont ces données sont collectées, partagées et utilisées</a> par les entreprises et les plates-formes en ligne. Ces informations, qui servent à des publicités archiciblées, peuvent conduire au vol ou la divulgation de données sensibles.</p>
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<img alt="Une personne tenant un téléphone portable à clapet au-dessus d’une table couverte d’un assortiment de smartphones" src="https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524954/original/file-20230508-187661-3v08on.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Razr de Motorola était un type de téléphone à clapet extrêmement populaire au milieu des années 2000.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>En réaction à cette inquiétude légitime, bien des utilisateurs prennent les choses en main pour limiter de manière créative la quantité de données collectées sur eux.</p>
<p>La faible capacité de stockage des téléphones à clapet, et le nombre réduit de fonctions, en fait une option attrayante pour quiconque se préoccupe de sa vie privée et des risques de violations ou de surveillance abusive.</p>
<p>Les téléphones intelligents ne sont pas démodés pour autant. <a href="https://www.cnetfrance.fr/news/part-de-marche-smartphone-39884221.htm">Des millions d’appareils sont encore livrés chaque année dans le monde</a>. Mais l’on verra de plus en plus d’utilisateurs réserver leur téléphone intelligent à certains usages, leur téléphone à clapet pour d’autres. Ils protégeront leur vie privée et accompliront leur désintox numérique sans sacrifier leurs médias sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205726/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Omar H. Fares ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’intérêt de la génération Z pour les téléphones à clapet est le dernier d’une série d’obsessions des jeunes pour l’esthétique des années 1990 et 2000.Omar H. Fares, Lecturer in the Ted Rogers School of Retail Management, Toronto Metropolitan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2034842023-06-13T18:00:50Z2023-06-13T18:00:50ZLes jeunes se moquent-ils de l’orthographe ?<p>Avec l’avènement d’internet et des smartphones, la communication écrite s’est enrichie de tournures informelles. Écrire à quelqu’un, ce n’est plus nécessairement adopter les codes de la lettre. Ce qu’on appelle souvent le « langage SMS » connait un succès certain, même si son emploi est loin d’être généralisé, même dans les <a href="https://journals.openedition.org/discours/9020">écritures numériques…</a></p>
<p>On associe souvent ces usages alternatifs aux pratiques d’écriture des jeunes, même s’ils ne sont réservés à aucune génération. Parallèlement, le <a href="https://theconversation.com/orthographe-les-eleves-font-deux-fois-plus-de-fautes-que-leurs-parents-196311">recul du niveau en orthographe</a> des élèves scolarisés en France depuis quelques dizaines d’années est bien documenté. Il serait alors tentant de faire un lien entre les deux : les jeunes générations n’auraient-elles pas conscience de l’utilité sociale de l’orthographe ? Des pratiques d’écriture moins normées, liées aux usages numériques, influenceraient-elles leur rapport à l’écrit ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/orthographe-pourquoi-le-niveau-baisse-t-il-185516">Orthographe : pourquoi le niveau baisse-t-il ?</a>
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<p>Une enquête menée, dans le cadre d’une thèse, <a href="https://journals.openedition.org/pratiques/9953">auprès de 178 étudiants préparant un BTS (brevet de technicien supérieur) tertiaire en 2017</a> permet d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions. Il s’agit d’un échantillon limité mais qui présente l’intérêt d’être varié en termes d’origine scolaire puisqu’il regroupe des bacheliers généraux, technologiques et professionnels.</p>
<p>Par ailleurs, il s’agit d’étudiants s’apprêtant à exercer un métier où l’écrit joue un rôle important puisqu’ils se forment pour devenir assistants de direction, travailler dans le tourisme ou le support informatique aux organisations. Il était donc particulièrement intéressant de recueillir leurs représentations concernant le rôle social de l’orthographe.</p>
<h2>Donner une bonne image de soi</h2>
<p>Les étudiants enquêtés ont été interrogés sur <a href="https://www.theses.fr/2019GREAL008">l’importance accordée à l’orthographe</a> en contextes scolaire, professionnel et privé. L’importance scolaire de l’orthographe est reconnue puisque 46 % d’entre eux la considèrent nécessaire et 47 % importante pour réussir aux examens. Mais l’importance professionnelle d’une bonne maitrise de l’orthographe semble encore plus marquée à leurs yeux, puisque 57 % la déclarent nécessaire et 38 % importante pour réussir dans la vie professionnelle.</p>
<p>Certains enquêtés se trouvaient d’ailleurs exposés dans leur formation à des cours d’orthographe répondant à ce besoin professionnel. Si certains en contestent les modalités, parfois perçues comme infantilisantes, aucun n’en remet en question l’utilité.</p>
<p>Les entretiens montrent que cette importance accordée à l’orthographe en contexte professionnel est liée à l’idée que l’orthographe influe sur l’image que le lecteur se fait de l’auteur du message. Un étudiant utilise une métaphore assez parlante à cet égard : « avoir une bonne orthographe, c’est comme être bien habillé dans la vraie vie ». Il s’agirait donc, dans les situations de communication médiées par l’écrit, de respecter la norme qui permettra d’être perçu comme un professionnel sérieux.</p>
<p>Les types d’écrits évoqués par ces étudiants en voie de professionnalisation sont parfois des écrits professionnels (lettres, rapports, etc.), mais surtout les écrits associés aux processus de recrutement qui les concernent au premier chef : le CV et la lettre de motivation. Leur regard sur l’orthographe au sein de ce processus s’avère d’ailleurs particulièrement pertinent puisqu’il a été montré que les <a href="https://theconversation.com/les-fautes-dorthographe-sur-le-cv-bien-plus-que-des-fautes-87696">erreurs orthographiques influent très négativement</a> sur la façon dont les recruteurs jugent ces documents.</p>
<h2>S’adapter au contexte de communication</h2>
<p>En contextes professionnel et scolaire, les enquêtés ont donc parfaitement conscience du rôle social de l’orthographe et ils sont extrêmement peu nombreux à le remettre en cause. Mais qu’en est-il dans le domaine privé ? Et en particulier dans les pratiques d’écritures numériques, telles que les réseaux sociaux ou les SMS ?</p>
<p>L’attachement à une orthographe normée s’illustre aussi dans cette partie de l’enquête. Ils sont environ 40 % à déclarer faire toujours attention à l’orthographe dans les SMS, quel que soit le contexte. Ils sont moins de 10 % à déclarer n’y faire attention que rarement, ou jamais. Les 50 % restant ont répondu y faire parfois attention.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-fautes-dorthographe-une-barriere-infranchissable-vers-lemploi-171129">Les fautes d’orthographe : une barrière infranchissable vers l’emploi ?</a>
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<p>Les entretiens ont permis de montrer qu’il s’agit majoritairement d’une adaptation au destinataire des modalités de la communication. Les échanges avec des personnes peu familières, des adultes et, a fortiori, des enseignants ou des professionnels se font ainsi le plus souvent dans une orthographe normée. Ces étudiants démontrent ainsi qu’ils sont conscients de la nécessité d’adapter la communication au destinataire.</p>
<p>Il est par ailleurs notable que ceux qui déclarent avoir recours à des procédés alternatifs tels que l’abréviation ne l’assimilent absolument pas à une négligence orthographique. Certains déclarent au contraire rester attentifs aux accords même s’ils s’autorisent des formes abrégées. Il s’agit d’adapter le code utilisé aux contraintes matérielles d’une communication qui se doit d’être rapide.</p>
<p>Plus globalement, les choix orthographiques apparaissent liés au réseau social, au sens large, dans lequel s’inscrit la communication. Comme on pouvait s’y attendre, certains disent être plus détendus avec leurs amis parce qu’ils savent que ceux-ci accordent peu d’importance à l’orthographe. Mais la situation inverse existe aussi et une étudiante dit même avoir progressé en orthographe au collège grâce aux échanges par SMS avec sa meilleure amie qui avait une excellente orthographe et dont l’influence lui a ainsi permis de progresser.</p>
<h2>Les défis d’un système orthographique très complexe</h2>
<p>Il en va de même des échanges en ligne qui peuvent prendre des formes diverses, dont certaines s’avèrent favorables au développement des compétences orthographiques. Dans notre corpus, c’est particulièrement vrai des quelques étudiants qui déclarent participer à des forums Role play game.</p>
<p>Cette pratique du jeu de rôle en ligne implique en effet de faire exister des personnages textuellement. Elle s’appuie donc sur une pratique d’écriture, et de lecture, qui souffre d’une orthographe non normée. Tous les étudiants concernés témoignent ainsi de la pression mise par les coordinateurs de ces forums sur les participants pour qu’ils se conforment à la norme orthographique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/faut-il-modifier-les-regles-daccord-du-participe-passe-102599">Faut-il modifier les règles d’accord du participe passé ?</a>
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<p>À l’échelle de notre corpus, les pratiques d’écriture numériques n’apparaissent donc pas comme un obstacle au développement des compétences orthographiques. Le respect de la norme ne dépend pas du support mais du contexte social et, conformément à ce qu’on sait du <a href="https://www.persee.fr/doc/airdf_1260-3910_1990_num_6_1_919_t1_0023_0000_4">rapport des francophones à l’orthographe</a>, celui-ci est souvent favorable à une orthographe normée.</p>
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<p>Le paradoxe demeure cependant que notre enquête a aussi confirmé ce par quoi nous ouvrions notre article, c’est-à-dire la difficulté de ces étudiants scolarisés en France à produire des textes dénués d’erreurs orthographiques, notamment en ce qui concerne l’orthographe grammaticale.</p>
<p>Si celle-ci ne procède pas d’un désintérêt pour l’orthographe, s’ils ont une conscience aiguë du rôle que l’orthographe pourrait avoir dans leur vie professionnelle, d’où vient cette difficulté ? Nos résultats incitent à penser qu’il ne s’agit pas de négligence, mais de difficultés à mettre en œuvre le système orthographique du français, <a href="https://www.cafepedagogique.net/2023/05/17/michel-fayol-il-faut-tenir-compte-des-difficultes-specifiques-de-la-langue-francaise/?utm_campaign=Lexpresso_19-05-2023_1&utm_medium=email&utm_source=Expresso">reconnu comme extrêmement complexe</a>. On peut légitimement s’interroger sur les conséquences pratiques de ce décalage entre conscience forte d’une demande sociale et difficulté effective à y répondre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203484/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Le Levier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le niveau des élèves en orthographe baisse. Faut-il y voir pourtant une négligence des jeunes face au respect des codes, à l’ère du « langage SMS » ?Hélène Le Levier, Maitresse de conférences en sciences du langage à l’INSPÉ de Strasbourg, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044662023-05-03T14:24:54Z2023-05-03T14:24:54ZPodcast « Objets cultes » : Le scrolling<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522739/original/file-20230425-14-tugvba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=27%2C0%2C4609%2C3086&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Scroller sur un écran de téléphone, un geste devenu banal.</span> <span class="attribution"><span class="source">Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/644fdcf20095f9001108a8f9" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
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<p><iframe id="tc-infographic-818" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/818/2cb911d7f5dde27b26b0d660b5a8acba1b0830e6/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? demandait le poète.</p>
<p>S’ils ont une âme, il s’agit bien de la nôtre. C’est ce que démontrait le sémiologue Roland Barthes dans ses <em>Mythologies</em>, publiées en 1957. L’intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révèlent l’esprit d’une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique… rien n’échappait à sa sagacité.</p>
<p>Aujourd’hui, ces objets ne sont plus les mêmes et la globalisation a grandement changé la donne. Mais l’exercice, lui, n’a pas pris une ride et c’est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne, auteur entre autres de <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/societing/ouvrage/236-nos-modes-nos-mythes-nos-rites.html"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em></a> qui se penche sur nos objets cultes.</p>
<p>Je scrolle donc je suis : telle pourrait être la devise des humains du XXI<sup>e</sup> siècle, les yeux si souvent rivés sur les écrans de leur téléphone ou de leur ordinateur.</p>
<p>Nous sommes en effet devenus experts en scrolling (de l’anglais « scroll », parchemin), cet art de faire défiler des images et du texte sur un écran.</p>
<p>Mais que dit ce geste de nos besoins et de nos travers contemporains ? Aujourd’hui, on découvre qu’un geste peut aussi s’étudier comme un objet sociologique.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em>, éditions EMS (2013).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p><strong>Extraits</strong></p>
<ul>
<li>« Scaffold of Repeated Addition », One Man Book, 2022.</li>
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<p><em>Crédits : Conception et animation, Sonia Zannad. Réalisation, Romain Pollet</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204466/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Je scrolle donc je suis : telle pourrait être la devise des humains d’aujourd’hui. Que dit ce geste de nos besoins et de nos travers contemporains ?Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FrancePascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1994462023-04-16T16:02:51Z2023-04-16T16:02:51Z« L’envers des mots » : Technoférence<p>Les outils numériques rythment aujourd’hui notre quotidien. Les smartphones, les ordinateurs et les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reseaux-sociaux-20567">réseaux sociaux</a> nous permettent de <a href="https://theconversation.com/relations-sociales-le-numerique-peut-il-compenser-le-manque-dechanges-directs-158984">communiquer</a> instantanément avec des personnes du monde entier, de partager des informations et des expériences, de travailler à distance, d’organiser notre vie personnelle et professionnelle, et même de faire des rencontres amoureuses.</p>
<p>Toutefois, cette omniprésence peut avoir des <a href="https://theconversation.com/les-ecrans-atouts-ou-freins-du-dialogue-familial-132722">effets négatifs</a> sur nos relations sociales. En effet, lorsque nous les utilisons en présence d’autrui, les outils numériques peuvent interférer avec nos interactions en face à face. Pour décrire ce phénomène d’interférence technologique, Brandon McDaniel a proposé en 2014 le terme de <a href="https://www.academia.edu/15735501/_Technoference_Everyday_Intrusions_and_Interruptions_of_Technology_in_Couple_and_Family_Relationships"><em>technoférence</em></a>. Décrite au sein de la relation de <a href="https://scholarsarchive.byu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=5003&context=facpub">couple</a> puis au sein de la relation <a href="https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/cdev.12822">parent-enfant</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0362331916300210">coparentale</a>, la technoférence correspond aux « moments où les appareils technologiques s’immiscent, interrompent et/ou entravent la communication et les interactions en couple ou en famille dans la vie quotidienne ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-ecrans-atouts-ou-freins-du-dialogue-familial-132722">Les écrans, atouts ou freins du dialogue familial ?</a>
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<p>La technoférence englobe, mais ne se limite pas, aux situations de <a href="https://theconversation.com/phubbing-snubbing-your-loved-ones-for-your-phone-can-do-more-damage-than-you-realise-194039"><em>phubbing</em></a> (contraction de « phone snubbing », soit de téléphone et de snober) qui consiste à accorder plus d’attention à son téléphone qu’à la personne avec qui on est.</p>
<p>Plusieurs facteurs de technoférence commencent à être identifiés dans la littérature scientifique. On peut notamment citer le fait d’avoir un usage très important, voire problématique, de son <a href="https://theconversation.com/fr/topics/smartphones-32733">smartphone</a>, d’avoir des difficultés à délimiter des frontières entre ses usages numériques et d’autres activités. L’aspect disruptif des notifications ainsi que le design de certaines applications et jeux qui peuvent capter l’attention y participeraient aussi.</p>
<p>Cependant, tout le monde n’a pas la même perception de ces interférences. Au sein du couple, celle-ci peut varier selon des facteurs individuels, comme le fait d’avoir un attachement insécure (c’est-à-dire de type anxieux) envers son ou sa partenaire. Le fait d’avoir des enfants ayant des <a href="https://www.nature.com/articles/s41390-018-0052-6">difficultés de comportements</a>, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29485515/">percevoir son enfant comme difficile</a> ou de ressentir du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28493400/">stress parental</a> pourraient aussi conduire à des comportements de technoférence parentale.</p>
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<p>La technoférence peut nuire à la qualité des échanges directs. En réduisant l’attention portée à l’autre, elle conduit au paradoxe de la présence-absence où la personne est physiquement présente mais partiellement absente psychiquement. Dans la relation de couple, elle va de pair avec <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6812535/">plus de conflits et à une moindre satisfaction dans la relation</a>. Lorsqu’il y a des enfants dans le couple, elle est aussi associée à la perception d’une moins bonne relation coparentale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/se-separer-des-parents-pour-grandir-quelle-marge-pour-les-ados-dans-un-monde-connecte-169578">Se séparer des parents pour grandir : quelle marge pour les ados dans un monde connecté ?</a>
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<p>Entre parents et enfants, la technoférence est liée à une moindre disponibilité du parent et conduit à des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24616357/">réponses plus rudes</a> lorsque l’enfant se comporte mal. La technoférence se conjugue aussi avec un attachement ou une relation parent-enfant de moindre qualité chez les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34303448/">jeunes enfants</a>, les <a href="https://www.researchgate.net/publication/337323770_Digital_devices_use_by_school-aged_children_and_attachment_what%E2%80%99s_the_deal">enfants d’âge scolaire</a> ou encore les <a href="https://psycnet.apa.org/record/2018-39589-025">adolescents</a>. On observe également plus d’expressions d’affects négatifs chez les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32857440/">tout-petits</a> au moment de l’interruption des échanges et plus de problèmes de comportements chez les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28493400/">enfants</a> et <a href="https://psycnet.apa.org/record/2018-39589-025">adolescents</a>. Cependant, des <a href="https://www.nature.com/articles/s41390-018-0052-6">études longitudinales</a> montrent que les liens entre technoférence et difficultés comportementales chez l’enfant et l’adolescent seraient bien souvent à double sens, l’une provoquant les autres, et inversement.</p>
<p>Avoir conscience de ses usages numériques et savoir poser son smartphone quand on est avec quelqu’un peut limiter ces désagréments. Certains adolescents auraient d’ailleurs commencé à s’engager dans cette voie et à <a href="https://www.deseret.com/23583331/teens-smartphones">abandonner leurs smartphones</a>…</p>
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<p><em>Cet article s’intègre dans la série <strong><a href="https://theconversation.com/fr/topics/lenvers-des-mots-127848">« L’envers des mots »</a></strong>, consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?</em></p>
<p><em>De <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-validisme-191134">« validisme »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-silencier-197959">« silencier »</a>, de <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-bifurquer-191438">« bifurquer »</a> à <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-degenrer-191115">« dégenrer »</a>, nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public.</em></p>
<p><em>À découvrir aussi dans cette série :</em></p>
<ul>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-quantique-196536"><em>« L’envers des mots » : Quantique</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-flow-195489"><em>« L’envers des mots » : Flow</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-neuromorphique-195152"><em>« L’envers des mots » : Neuromorphique</em></a></p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/199446/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Danet a reçu des financements de l'I-SITE ULNE. </span></em></p>S’ils permettent de garder contact d’un bout à l’autre du monde, les outils numériques peuvent aussi entraver nos communications au quotidien. Explications sur ce phénomène de « technoférence ».Marie Danet, Maîtresse de conférence en psychologie, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2012562023-03-08T19:05:45Z2023-03-08T19:05:45ZPodcast « Objets cultes » : Les émojis<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/513729/original/file-20230306-14-ehtx0t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C1169%2C653&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une forme de ponctuation ultra populaire. </span> </figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/64060f4d52deee00111711e4" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p><iframe id="tc-infographic-818" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/818/2cb911d7f5dde27b26b0d660b5a8acba1b0830e6/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
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<p>Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? demandait le poète.</p>
<p>S’ils ont une âme, il s’agit bien de la nôtre. C’est ce que démontrait le sémiologue Roland Barthes dans ses <em>Mythologies</em>, publiées en 1957. L’intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révèlent l’esprit d’une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique… rien n’échappait à sa sagacité.</p>
<p>Aujourd’hui, ces objets ne sont plus les mêmes et la globalisation à grandement changé la donne. Mais l’exercice, lui, n’a pas pris une ride et c’est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne, auteur entre autres de <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/societing/ouvrage/236-nos-modes-nos-mythes-nos-rites.html"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em></a> qui se penche sur nos objets cultes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em>, éditions EMS (2013).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Au quotidien, les émojis ou émoticônes ponctuent nos mails et nos textos, ils rendent nos conversations plus chaleureuses et complètent le sens de nos mots. Grâce à ces images pop et colorées, qui renvoient à l’univers de l’enfance, nous exprimons nos émotions et nous inventons collectivement une nouvelle forme de communication.</p>
<p>Mais quels symboles charrient ces signes, leur usage est-il toujours simple, et s’agit-il d’un langage universel ?</p>
<p><strong>Extraits</strong><br>
● « Scaffold of Repeated Addition », One Man Book, 2022.</p>
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<p><em>Crédits : Conception et animation, Sonia Zannad. Réalisation, Romain Pollet</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201256/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Avec les émojis, nous exprimons nos émotions et nous inventons collectivement une nouvelle forme de communication.Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCSonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1947012023-01-04T19:57:45Z2023-01-04T19:57:45ZIndice de réparabilité : deux ans après sa mise en place, un premier bilan critique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/496454/original/file-20221121-22-ffo75k.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=30%2C23%2C1362%2C889&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/PZLgTUAhxMM">K I L I A N / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Un <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20210204IPR97114/des-regles-renforcees-en-matiere-de-consommation-et-de-recyclage">plan d’action pour l’économie circulaire</a> a été voté par le Parlement européen en février 2021 dans le but d’atteindre une économie neutre en carbone, durable, non toxique et entièrement circulaire d’ici à 2050. Une des priorités de ce plan – qui s’inscrit dans une stratégie initiée par de nombreuses directives et décrets du Parlement européen, notamment la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/%3Furi%3DCELEX:32012L0019&ust=1669107300000000&usg=AOvVaw22ifSKs4_FB8TF9JsfeUSd&hl=fr&source=gmail">directive 2012/19/UE</a> – est de réduire les déchets d’équipements électroniques et électriques.</p>
<p>D’après le rapport <a href="https://www.itu.int/en/ITU-D/Environment/Pages/Spotlight/Global-Ewaste-Monitor-2020.aspx">« The Global E-waste Monitor 2020 »</a>, la quantité de déchets liée aux équipements électriques et électroniques (EEE) a bondi de 44,4 Mt en 2014 à 53,6 Mt en 2019 (soit 7,3 kg par habitant) et devrait atteindre 74,7 Mt d’ici à 2030. Soit une hausse de 21 % en 5 ans et de presque 70 % en 15 ans. Parmi les causes avancées de cette augmentation, la consommation grandissante d’EEE, leur court temps de vie et le manque de solutions pour les réparer.</p>
<h2>L’indice de réparabilité, c’est quoi et pourquoi ?</h2>
<p>L’initiative française d’indice de réparabilité <a href="https://theconversation.com/dans-la-fabrique-de-lindice-de-reparabilite-en-vigueur-depuis-janvier-2021-155536">déployé le 1ᵉʳ janvier 2021</a> entend répondre à ces défis en sensibilisant les consommateurs à la réparation et en incitant les fabricants à l’écoconception.</p>
<p>Affiché sur les produits, l’indice prend la forme d’une note sur 10 et d’un pictogramme coloré dépendant du score obtenu – rouge pour les équipements ayant une note inférieure ou égale à 1,9 ; orange, jaune, vert clair et vert foncé, jusque 3,9, 5,9, 7,9 et 10, respectivement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=145&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=145&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=145&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496452/original/file-20221121-17-6fieh8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=183&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Illustration de l’indice de réparabilité.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Afin de calculer cet indice, cinq critères sont utilisés : la disponibilité de la documentation technique ; la démontabilité et accès, outils, fixations ; la disponibilité des pièces détachées ; le prix des pièces détachées ; et des critères spécifiques à la catégorie du produit.</p>
<h2>Le score de 700 équipements analysé</h2>
<p><a href="https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/object/thesis:35363">En mai 2022</a>, nous avons analysé les scores de plus de 700 équipements électroniques dans trois catégories de produits : les téléviseurs, les smartphones et les ordinateurs portables, qui sont les appareils électroniques avec le potentiel de réparabilité le plus important comparé, par exemple, aux lave-linge qui atteignent un bien meilleur taux de réparation – <a href="https://www.halteobsolescence.org/rapport-denquete-sur-lobsolescence-des-lave-linge-2/">bien qu’améliorable également</a>. Les données (prix de vente, marque, modèle, indice de réparabilité, score de chaque critère et sous-critère) ont été récoltées à partir du <a href="https://www.darty.com/">site Internet de la société Darty</a>.</p>
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<p>Cette analyse nous a permis de constater que, malgré l’obligation depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2021 de rendre disponible le score lors de la vente de l’équipement, certaines marques n’ont pas encore fourni celui de leurs produits, et que certains arborent un score unique pour toute la gamme de produits. La grille de calcul de score est ainsi remplie de façon globale sans inclure les spécificités de chaque bien, ce qui pose question compte tenu de la faible standardisation des pièces détachées.</p>
<p>La majorité des scores obtenus par les marques pour leurs différents produits sont en outre supérieurs à 5, ce qui montre un manque d’efficacité dans l’utilisation de l’échelle complète et de sanction en cas de mauvais score sur un ou plusieurs critères. L’utilisation d’une moyenne arithmétique pour calculer l’indice final conduit en effet à ce que de bons scores sur certains critères compensent les mauvais scores sur d’autres.</p>
<p>Les smartphones et ordinateurs portables obtiennent ainsi de bons indices de réparabilité malgré la faible disponibilité des pièces détachées, qui rend souvent leur réparation impossible.</p>
<h2>Encore des freins à lever</h2>
<p>À ce jour, la politique en matière de pièces détachées est un élément clé dans la réparation des appareils défectueux : les grandes disparités observées dans les scores finaux des appareils proviennent en premier lieu de la politique des marques en matière de pièces détachées.</p>
<p>Une documentation claire et accessible, indispensable aux réparateurs, est par ailleurs encore trop souvent difficile à obtenir auprès de certaines marques. La pédagogie dans le milieu de la réparation est majoritairement le fait des particuliers et du monde associatif.</p>
<p>Il est enfin essentiel que les fabricants réduisent au maximum l’usage de colle et soudure dans leurs produits, principaux freins à la démontabilité des objets. Plus généralement, la miniaturisation et la compacité du design de ces équipements complexifient le processus de réparation.</p>
<p>D’après un rapport de l’association <a href="https://www.halteobsolescence.org/wp-content/uploads/2022/02/Rapport-indice-de-reparabilite.pdf">Halte à l’obsolescence programmée</a>, d’autres obstacles ne sont pas pris en compte dans l’indice, tels que la sérialisation et la compatibilité des pièces détachées. Les réparateurs indépendants ont par exemple constaté une hausse des pièces irremplaçables car associées à un appareil spécifique via leur numéro de série.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/496955/original/file-20221123-26-shdocn.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tableau récapitulatif des moyennes obtenues pour l’indice de réparabilité et ses critères.</span>
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<h2>Un progrès réel… à affiner</h2>
<p>Soyons clairs, l’affichage de l’indice de réparabilité représente un réel progrès pour améliorer nos habitudes de consommation. Des améliorations sont néanmoins possibles en matière de calcul, de transparence, et de contrôle de l’indice, afin d’augmenter son impact.</p>
<p>Comme l’illustrent nos analyses, la grille actuelle ne permet pas d’identifier strictement les produits difficilement réparables, puisqu’un indice assez élevé peut être obtenu par un équipement électronique qui dispose d’une lacune forte en la matière.</p>
<p>D’autres méthodes de calcul pourraient être utilisées, comme une moyenne géométrique afin qu’une note proche de zéro sur un critère réduise considérablement le score final de l’indice. Cette solution aurait le mérite de pousser les fabricants à avoir des scores corrects sur tous les critères, et le score refléterait mieux la réparabilité « réelle » de l’équipement.</p>
<h2>Une meilleure transparence des fabricants</h2>
<p>Un second élément concerne la transparence du processus d’encodage des scores des différents critères. Les constructeurs adoptent des pratiques différentes, certains rapportant une même note pour une gamme de produits, alors que d’autres fixent une note spécifique par produit.</p>
<p>Il semble donc nécessaire que les fabricants fournissent en toute transparence la grille de calcul complète et détaillée ainsi que les engagements sur lesquels ils ont fondé leurs calculs – en particulier les périodes de disponibilité de leurs pièces et leurs conditions d’accès. Cela les obligerait à remplir avec sérieux cette liste et permettrait aux autres acteurs (publics et privés) d’être critiques par rapport aux notes obtenues par les appareils.</p>
<p>Notons enfin qu’un véritable contrôle de l’indice de réparabilité par le marché est difficilement réalisable. Certaines informations sont peu accessibles ; les engagements sur la disponibilité des pièces de rechange dans le temps ne sont presque jamais spécifiés ; les catalogues de pièces détachées sont rarement disponibles.</p>
<p>Et la vérification des déclarations des fabricants (par exemple concernant l’accès aux pièces détachées) requiert des interactions avec l’ensemble des acteurs concernés.</p>
<h2>Impliquer fabricants, consommateurs et acheteurs</h2>
<p>L’indice de réparabilité implique en effet une pluralité d’acteurs : il guide à la fois les fabricants dans leurs choix de design, les réparateurs dans l’anticipation des étapes clés de leurs réparations et les acheteurs dans leur souhait d’adopter une consommation responsable et durable. Dans cette optique, la charge de construire l’indice ne peut incomber uniquement aux fabricants et doit donner lieu à des discussions avec les parties prenantes.</p>
<p>L’indice associé à un produit ne devrait en outre pas être une grandeur statique établie de manière définitive à la sortie d’usine – la 1<sup>re</sup> étape de son cycle de vie où, par ailleurs, sa réparabilité n’a pas été formellement testée par des consommateurs ou des réparateurs – mais une grandeur adaptative établie à différents stades.</p>
<p>Une telle définition responsabilisant les réparateurs et les consommateurs en plus des fabricants contribuerait à ce que l’indice de réparabilité ne soit plus perçu par ces derniers comme une contrainte, mais bien comme un outil alimentant une analyse réflexive sur la conception de leurs produits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194701/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Roisin travail pour le département d’électricité (ELEN) de l’institut ICTEAM au sein de l’UCLouvain</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Pierre Raskin est professeur à l’École Polytechnique de Louvain et directeur du groupe de recherche RF-SOI au sein de l’institut ICTEAM de l’UCLouvain, Belgique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sébastien Toussaint travaille pour le département d’électricité (ELEN) de l’institut ICTEAM au sein de l’UCLouvain et est professeur invité à l’Université Saint-Louis au sein du programme BBeng.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Valérie Swaen est professeure au LRIM, UCLouvain (Belgique) et professeure à l’Ieseg School of Management (France)</span></em></p>Mis en place début 2021, ce dispositif essentiel comporte encore dans les faits de nombreuses lacunes.Nicolas Roisin, Ph.D. Student, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Jean-Pierre Raskin, Professeur en génie électrique, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Sébastien Toussaint, Research associate, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Valerie Swaen, Professeure ordinaire, présidente du Louvain Research Institute in Management and Organizations (LouRIM), Université catholique de Louvain (UCLouvain)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1950282022-12-07T16:43:13Z2022-12-07T16:43:13ZCybercrime : les magistrats peuvent-ils accéder aux preuves sur un téléphone portable ?<p>Arnaques et escroqueries à <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/formation/droit-a-la-formation/arnaque-une-vaste-escroquerie-au-compte-professionnel-de-formation-demantelee_5483421.html">Mon Compte Formation</a>, <a href="https://theconversation.com/cyberattaques-des-hopitaux-que-veulent-les-hackers-192407">cyberattaques d’hôpitaux</a>, <a href="https://www.gendinfo.fr/enquetes/2022/les-enqueteurs-du-comcybergend-tarissent-la-drugsource#.Y0pdVJPsFQ0.twitter">trafic de stupéfiants</a> sur le dark web… Les vols de données de grande ampleur et la délinquance sur Internet se multiplient. La valeur de <a href="https://theconversation.com/que-font-les-hackers-de-vos-donnees-volees-171032">nos données à caractère personnel</a> est devenue tellement faible (<a href="https://www.privacyaffairs.com/dark-web-price-index-2022/">20 dollars pour 10 millions d’adresses e-mails américaines</a>) que seule une collecte massive de celles-ci est financièrement intéressante pour les délinquants.</p>
<p>De l’autre côté du spectre, les pouvoirs publics chassent ces criminels mais dans le cyber-espace les preuves permettant d’identifier l’auteur et l’infraction sont par nature immatérielles, intangibles. Elles sont des traces informatiques (conversations sur les réseaux sociaux, applications, contacts, e-mails, etc.) souvent supprimées de son téléphone ou ordinateur par le délinquant. Comment alors identifier l’auteur de l’infraction et la matérialité des faits reprochés ? Refuser de déverrouiller son téléphone mobile est-il répréhensible ? Quel code appliquer en cas de cybercrime ?</p>
<h2>Le cybercrime : une réalité protéiforme</h2>
<p>Nombreuses sont les infractions commises par l’intermédiaire des systèmes d’information (ensemble des ressources permettant le stockage, le traitement et la diffusion d’informations sur nos téléphones, ordinateurs et tablettes) ou visant ces derniers telles que le <a href="https://theconversation.com/rancongiciels-vos-donnees-en-otage-159975">rançongiciel</a>. Les <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006149839/">sanctions pénales</a> ne dissuadent pas les cyber-délinquants.</p>
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<p>C’est d’ailleurs ce constat qui ouvre le chapitre « Lutte contre la cybercriminalité » du nouveau <a href="https://www.efl.fr/actualite/video-zoom-code-cybersecurite_f06a5e6d9-af71-4d6b-ab7e-6b82d01dc230">code de la cybersécurité</a>.</p>
<p>Cet ouvrage rassemble des éléments relatifs à la cybercriminalité jusqu’ici disparates parce qu’issus de plusieurs codes : code pénal, code de procédure pénale, code des douanes, code de commerce, code de la consommation, code des postes et des communications électroniques, code de la propriété intellectuelle, code de la défense, code monétaire et financier, code de la sécurité intérieure.</p>
<p>Le numérique pose de nombreuses difficultés aux juges puisque l’auteur est difficile à identifier et localiser mais aussi en raison de l’<a href="https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ips%C3%A9it%C3%A9/44209">ipséité</a>, ce qui est propre à l’identité de chacun, de la preuve numérique qui est volatile et multiplie les difficultés de recueil et de conservation de ces données.</p>
<h2>Identifier l’auteur d’une infraction grâce aux données de connexion</h2>
<p>Comment alors identifier l’auteur d’une infraction numérique ? Grâce aux données de connexion. Cela est rendu possible par l’obligation de conservation des données de connexion qui incombe aux fournisseurs d’accès à Internet, aux hébergeurs et aux opérateurs à des fins de lutte contre les infractions (loi pour la confiance dans l’économie numérique, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000045292730">art.6</a> ; code des postes et des communications électroniques, révisé en 2021, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000028345210">art.L34-1</a>). Les données peuvent donc être requises par l’autorité judiciaire.</p>
<p>Ces solutions, issues de <a href="https://www.editions-legislatives.fr/actualite/du-nouveau-sur-la-conservation-des-donnees-de-connexion/">trois décrets</a> pris en 2021, reflètent la recherche d’un équilibre visant à préserver la liberté des internautes suite à l’action coordonnée de plusieurs associations de défense des libertés individuelles (Conseil d’État, French Data Network et autres, <a href="https://www.actu-juridique.fr/ntic-medias-presse/larret-french-data-network-et-autres-du-conseil-detat-du-21-avril-2021-et-la-conservation-des-donnees-de-connexion/">21 avril 2021</a>).</p>
<p>Les données de trafic sont celles qui établissent les contacts qu’une personne a eus par téléphone ou SMS, la date et l’heure de ces contacts et la durée de l’échange. Les données de localisation permettent de connaître les zones d’émission et de réception d’une communication passée avec un téléphone mobile identifié et d’obtenir la liste des appels ayant borné à la même antenne relais. On parle de « fadettes » (pour factures détaillées) dans le jargon policier.</p>
<p>Ajoutons que l’étape du déchiffrement des données peut ralentir l’enquête.</p>
<p>Le code pénal adapté en 2004 prévoit que le recours à un moyen de cryptologie pour préparer ou commettre un délit ou un crime (ou le faciliter) est un facteur aggravant de l’infraction principale (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006417506">art.132-79</a>). On entend par moyen de cryptologie :</p>
<blockquote>
<p>« Tout matériel ou logiciel conçu ou modifié pour transformer des données, qu’il s’agisse d’informations ou de signaux, à l’aide de conventions secrètes ou pour réaliser l’opération inverse avec ou sans convention secrète. Ces moyens de cryptologie ont principalement pour objet de garantir la sécurité du stockage ou de la transmission de données, en permettant d’assurer leur confidentialité, leur authentification ou le contrôle de leur intégrité. »</p>
</blockquote>
<p>Ces peines ne sont pas applicables à l’auteur ou au complice de l’infraction qui, à la demande des autorités judiciaires ou administratives, leur a remis la version en clair des messages chiffrés ainsi que les conventions secrètes nécessaires au déchiffrement.</p>
<h2>Refuser de communiquer ses codes d’accès peut-être un délit</h2>
<p>Le chiffrement est une technique répandue. Mais le simple fait de verrouiller son téléphone portable, son ordinateur, est-il un moyen de cryptologie, une convention secrète ? Si tel est le cas, le refus par un suspect de fournir les codes de déverrouillage des appareils en sa possession est une infraction.</p>
<p>En effet, le refus de remettre cette convention aux autorités judiciaires ou de la mettre en œuvre sur réquisition de ces autorités est puni de trois ans d’emprisonnement et de 270 000 euros d’amende. Le code pénal ajoute que :</p>
<blockquote>
<p>« Si le refus est opposé alors que la remise ou la mise en œuvre de la convention aurait permis d’éviter la commission d’un crime ou d’un délit ou d’en limiter les effets, la peine est portée à cinq ans d’emprisonnement et à 450 000 euros d’amende » (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032654251">art.434-15-2</a>).</p>
</blockquote>
<p>Autrement dit, refuser de communiquer le code de déverrouillage d’un téléphone mobile en tant que convention secrète est pénalement répréhensible.</p>
<p>Or, ce déverrouillage permet ensuite l’accès aux données contenues par le téléphone, notamment les messageries. Une telle possibilité a donc été vivement critiquée au motif qu’elle porterait atteinte au droit au silence et au droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination posé par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (Assemblée générale des Nations Unies et ratifiée par la France, <a href="https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/international-covenant-civil-and-political-rights">art. 14</a>).</p>
<p>En matière de preuve numérique, la frontière entre technique d’enquête et atteinte à la vie privée semble ténue. C’est cette apparente contradiction que la Cour de cassation a résolue en Assemblée plénière dans sa <a href="https://www.courdecassation.fr/toutes-les-actualites/2022/11/07/code-de-deverrouillage-dun-ecran-de-telephone-et-cryptologie">décision du 7 novembre 2022</a>.</p>
<p>La Cour énonce clairement que le refus de communiquer le code de déverrouillage d’un téléphone portable peut constituer un délit. Dans cette affaire, une personne arrêtée dans le cadre d’une enquête de flagrance pour possession de stupéfiants avait refusé, pendant sa garde à vue, de donner aux enquêteurs les codes permettant de déverrouiller deux téléphones susceptibles d’avoir été utilisés. Initialement relaxée en correctionnelle, la chambre criminelle de la Cour de cassation en avait décidé autrement en retenant la qualification délictuelle. Parce qu’elle ne fut pas suivie par la Cour d’appel de renvoi en 2021, l’affaire est revenue en Assemblée plénière. La clé de déverrouillage de l’écran d’accueil d’un smartphone est bien une convention secrète de déchiffrement.</p>
<h2>Une évolution de la loi</h2>
<p>En conclusion, si un téléphone portable est doté de moyens de chiffrement (c’est le cas aujourd’hui de la plupart des téléphones portables) et qu’il est susceptible d’avoir été utilisé pour la préparation ou la commission d’un crime ou d’un délit, son détenteur, qui aura été informé des conséquences pénales d’un refus, est tenu de donner aux enquêteurs le code de déverrouillage de l’écran d’accueil.</p>
<p>Néanmoins, le substitut du procureur général de la Cour d’appel de Caen, David Pamart alerte : </p>
<blockquote>
<p>« On est encore loin de prononcer le maximum prévu en termes de sanctions : 4 à 5 mois d’emprisonnement avec sursis et 5 000 euros d’amende alors qu’aux États-Unis c’est la prison ferme pour deux ou trois ans ! »</p>
</blockquote>
<p>Cette situation devrait évoluer avec l’adoption d’un amendement adopté lors des débats sur le <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/amendements/0343/CION_LOIS/CL727">projet de loi d’orientation et de programmation</a> du Ministère de l’Intérieur et visant à aggraver les peines encourues en cas d’infraction commise à l’encontre d’un système de traitement automatisé de données. Jusqu’ici, les infractions d’accès et de maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données sont punies que de deux ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende.</p>
<p>Or, l’étendue des actes d’investigation réalisables en enquête préliminaire est régie par le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006071154/LEGISCTA000006151877/#LEGISCTA000006151877">code de procédure pénale</a> et dépend de la qualification de l’infraction retenue (par exemple un crime ou un délit puni d’au moins trois ans d’emprisonnement). Ce nouvel amendement propose justement de porter la peine d’emprisonnement encourue à trois ans afin de pouvoir procéder à davantage d’actes d’enquête, comme des perquisitions ou une géolocalisation (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000039279525?idSecParent=LEGISCTA000006138089">art.76 al.4</a> du code de procédure pénale).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195028/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Devillier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En matière de preuve numérique, la frontière entre technique d’enquête et atteinte à la vie privée semble ténue.Nathalie Devillier, Professeur Associée, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1943982022-11-16T14:41:21Z2022-11-16T14:41:21ZL’addiction aux écrans, un diagnostic valide ? Qui est touché ?<p>Smartphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs, consoles… Les écrans et Internet font partie de notre quotidien pour une vaste étendue de services, parmi lesquels faciliter notre accès à l’information, traiter des données ou nous divertir. En moyenne, les Français passeraient <a href="https://nordvpn.com/fr/blog/temps-passe-en-ligne/">20 heures par semaine en compagnie d’écrans dans le cadre de leur activité professionnelle, et 36 heures pendant leur temps libre</a>.</p>
<p>Tout en s’avérant profitable dans beaucoup de domaines, cette « cohabitation » avec les écrans a aussi vu émerger des difficultés et certaines inquiétudes, notamment lorsque l’usage est considéré comme excessif – et se trouve alors associé à des problèmes de sommeil, de performances scolaires, etc. L’expression « addiction aux écrans » s’est ainsi installée dans le débat public.</p>
<p>Ce sujet a été particulièrement repris pendant et après les périodes de confinements liées au Covid-19. Mais que peut vraiment dire la recherche sur « l’addiction aux écrans » ? Comment les critères médicaux de l’addiction se comportent-ils lorsqu’on les applique aux écrans ? Et quelle proportion d’usagers d’écrans serait alors concernée ? On se confronte alors à un manque d’études fiables, fondées sur des critères médicaux de l’addiction. Notre recherche récemment publiée apporte des <a href="https://www.jmir.org/2022/7/e31803">éléments de réponse</a>.</p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<hr>
<h2>Addiction, de quoi parle-t-on ?</h2>
<p>Quel que soit son objet, l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/349110744_Approche_centree_sur_l%E2%80%99addiction_une_revolution">addiction</a> se définit comme la perte de contrôle d’un objet qui était à l’origine une source de gratification pour l’usager.</p>
<p>Il s’agit d’une maladie chronique invalidante, source de détresse, caractérisée par une accumulation de dommages pour la personne atteinte, et sa rechute lors des tentatives de réduction ou d’arrêt. Le principal facteur prédicteur de la rechute est le <a href="https://www.santementale.fr/2021/06/le-craving-predicteur-de-la-rechute/"><em>craving</em>, c’est-à-dire une envie persistante et involontaire de faire usage</a>. Le <em>craving</em> est déclenché par des stimuli (les « <em>cues</em> », propres à la personne et/ou standards), et s’avère un ressenti particulièrement intrusif et déstabilisant qui pousse à l’usage.</p>
<p>Ces points d’addictologie fondamentaux nous permettent de faire une distinction essentielle entre trois modalités d’usage : l’usage sans problème, l’usage problématique (c’est-à-dire avec des dommages de différentes natures, mais sans perte de contrôle durable) et, enfin, l’usage avec addiction (maladie avec perte de contrôle, <em>craving</em> et rechute).</p>
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<p>Dans la <a href="https://www.elsevier-masson.fr/dsm-5-manuel-diagnostique-et-statistique-des-troubles-mentaux-9782294739293.html">nomenclature médicale DSM-5</a>, l’<a href="https://www.researchgate.net/publication/321019980_Diagnosis_of_addictions_Chapter_11_The_Routledge_Handbook_of_the_Philosophy_and_Science_of_Addiction">addiction est diagnostiquée</a> quel que soit son objet en appliquant un tronc commun de critères, avec certains <a href="https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/21185.pdf">ajustements pour les addictions comportementales</a> (jeux d’argent, jeux vidéo). Ces nomenclatures diagnostiques sont régulièrement révisées avec les progrès de la recherche et tendent à s’uniformiser.</p>
<p>Un enjeu scientifique dans le débat sociétal sur les écrans, parfois polémiste, est de rappeler que <strong>l’addiction aux écrans n’est pas à ce jour un diagnostic reconnu</strong>. Cependant, cet état de fait ne signifie pas son inexistence, pas plus que son existence : seulement que c’est une question de recherche importante de notre époque et que davantage d’études scientifiques de qualité sont nécessaires pour passer du débat d’opinion au débat scientifique rationnel.</p>
<h2>Obtenir des données fiables</h2>
<p>Depuis 1994, notre laboratoire étudie les addictions, en particulier via la cohorte de recherche Addiction Aquitaine (ADDICTAQUI) portée en collaboration avec l’hôpital Charles-Perrens. Initialement ouverte aux personnes entamant des soins spécialisés pour les addictions aux substances, cette cohorte a été étendue au cours des années 2000 aux addictions comportementales, « sans substance », dont les écrans (mais aussi les jeux d’argent, les jeux vidéo, le sport, le sexe, l’alimentation…).</p>
<p>Regroupées, les addictions comportementales concerneraient environ 20 à 25 % des 5000 personnes incluses dans la cohorte ADDICTAQUI, avec pour moitié des problématiques liées aux écrans (notamment de jeux vidéo). Il est important de retenir qu’il s’agit ici d’entretiens de recherche réalisés au laboratoire, chez des personnes venant spécifiquement demander de l’aide dans un service spécialisé en addictologie, et non pas de données épidémiologiques en population générale.</p>
<p>Néanmoins, il est aussi possible de mener des recherches de terrain. En témoignent les politiques de « l’aller vers » et « hors les murs », actions de proximités financées par l’ARS (Agence Régionale de Santé) Nouvelle-Aquitaine pour sensibiliser les professionnels non spécialisés et aller au-devant des populations vulnérables sur leur lieu de vie.</p>
<p>Dès 2015, un partenariat transversal s’est ainsi noué entre la recherche scientifique et médicale (Université de Bordeaux et CNRS), l’<a href="https://www.ch-perrens.fr/">hôpital Charles Perrens</a> (pôle addictologie et CSAPA, le Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie), et les habitants et les élus de Martignas-sur-Jalle – à l’initiative de ces derniers. L’objectif de cette coopération était d’étudier les usages d’écrans, qu’ils soient problématiques ou non, à l’échelle de la ville.</p>
<p>Répondant à cette demande, notre laboratoire a saisi l’opportunité d’<a href="https://www.santementale.fr/ddl/pdf/9806fd43c9642e4a9fe5a815c14902bf/">étudier les critères</a> de l’<a href="https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.03.013">addiction du DSM-5</a> lorsqu’ils sont appliqués aux écrans, dans la population générale. Les Martignassaises et Martignassais de toutes tranches d’âge ont ainsi pu participer volontairement à cette étude via un questionnaire anonyme sur leurs pratiques d’écran dans les 12 derniers mois (401 participants sur 1200 questionnaires distribués, dont 300 adolescents et adultes de 11 à 84 ans retenus pour les analyses). Ce travail fait aujourd’hui l’objet d’une <a href="https://www.jmir.org/2022/7/e31803">publication dans le Journal of Medical Internet Research</a>.</p>
<p>L’<strong>addiction aux écrans</strong> y a été définie d’après une adaptation des critères du DSM-5 pour l’<a href="https://doi.org/10.1111/add.12457">addiction aux jeux vidéo sur Internet (<em>Internet Gaming Disorder</em></a>). Elle a été établie comme une utilisation persistante et répétée des écrans (téléviseur, ordinateur, smartphone, tablette, console de jeux vidéo) conduisant à une altération du fonctionnement ou une détresse cliniquement significative, comme en témoignent <strong>au moins cinq des manifestations suivantes</strong> sur douze mois minimum :</p>
<ul>
<li><p><strong>Préoccupation</strong> (Passez-vous beaucoup de temps à penser aux écrans, y compris quand vous n’en utilisez pas, ou à prévoir quand vous pourrez en utiliser à nouveau ?)</p></li>
<li><p><strong>Sevrage</strong> (Lorsque vous tentez d’utiliser moins d’écrans ou de ne plus en utiliser, ou lorsque vous n’êtes pas en mesure d’utiliser d’écran, vous sentez-vous agité, irritable, d’humeur changeante, anxieux ou triste ?)</p></li>
<li><p><strong>Tolérance</strong> (Ressentez-vous le besoin d’utiliser des écrans plus longtemps, d’utiliser des écrans plus excitants, ou d’utiliser du matériel informatique plus puissant, pour atteindre le même état d’excitation qu’auparavant ?)</p></li>
<li><p><strong>Perte de contrôle</strong> (Avez-vous l’impression que vous devriez utiliser moins d’écrans, mais que vous n’arrivez pas à réduire votre temps d’écran ?)</p></li>
<li><p><strong>Perte d’intérêt</strong> (Avez-vous perdu l’intérêt ou réduit votre participation à d’autres activités (temps pour vos loisirs, vos amis) à cause des écrans ?)</p></li>
<li><p><strong>Poursuite malgré des problèmes</strong> (Avez-vous continué à utiliser des écrans, tout en sachant que cela entraînait chez vous des problèmes tels que ne pas dormir assez, être en retard à l’école/au travail, dépenser trop d’argent, se disputer, négliger des choses importantes à faire…) ?</p></li>
<li><p><strong>Mentir, dissimuler</strong> (Vous arrive-t-il de cacher aux autres, votre famille, vos amis, à quel point vous utilisez des écrans, ou de leur mentir à propos de vos habitudes d’écrans ?)</p></li>
<li><p><strong>Soulager une humeur négative</strong> (Avez-vous utilisé des écrans pour échapper à des problèmes personnels, ou pour soulager une humeur indésirable (sentiments d’impuissance, de culpabilité, d’anxiété, de dépression)</p></li>
<li><p><strong>Risquer ou perdre des relations ou des opportunités</strong> (Avez-vous mis en danger ou perdu une relation affective importante, un travail ou des possibilités d’étude à cause des écrans ?)</p></li>
</ul>
<p>Les premières données récoltées ont commencé à être partagées en 2017 avec la communauté scientifique aux congrès internationaux d’addictologie <a href="https://cpdd.org/">CPDD (College on Problems of Drug Dependence, États-Unis)</a>), <a href="https://aths-biarritz.com">ATHS (congrès Addiction, Toxicomanie, Hépatites et sida, Biarritz, France)</a> et <a href="https://congresalbatros.org/">ALBATROS (Paris, France)</a>.</p>
<h2>Des premiers résultats importants</h2>
<p>Pour qu’un trouble puisse être médicalement qualifié « d’addiction aux écrans », la personne concernée doit répondre à au moins cinq des neuf critères énoncés précédemment. En l’occurrence, premier résultat important à souligner, il est ressorti qu’<strong>une telle addiction est relativement rare</strong> parmi les adolescents et les adultes de l’échantillon : <strong>1,7 % des 300 participants</strong>. Abaisser le seuil à quatre critères n’apporte pas de changement notable.</p>
<p>Ceci dément une croyance souvent entendue que la majorité des utilisateurs des écrans auraient une « addiction ». Cette valeur était aussi cohérente avec la prévalence de l’addiction aux jeux d’argent, seule addiction comportementale reconnue à ce jour dans le DSM-5. D’autres études pilotes de SANPSY sur l’addiction aux écrans suggèrent des prévalences du même ordre de grandeur chez les adultes, et potentiellement plus élevées chez les plus jeunes (4 à 5 %), tendance qui demande à être confirmée.</p>
<p>Autre résultat important, notre étude révèle que <strong>44,7 % des personnes</strong> ont au moins l’un des neuf critères recherchés. Autrement dit, <strong>la proportion de personnes rencontrant différents problèmes liés à leur usage d’écrans est nettement plus importante</strong> que celle des personnes dont la pratique pourrait être qualifiée « d’addiction » au sens médical. En prenant en compte l’âge et le genre, les participants concernés étaient significativement plus susceptibles de citer l’ordinateur comme écran principal, et comme activités principales les jeux vidéo, les réseaux sociaux et communiquer, suivre les actualités et rechercher des informations.</p>
<p>Cet écart de prévalence important pourrait rendre le groupe « addiction » difficile à distinguer spécifiquement des « usagers avec problèmes, mais sans addiction » pour le public, entretenant ainsi le malentendu « tous addicts aux écrans ».</p>
<h2>Des critères qui sont pertinents</h2>
<p>Mais est-on sûr que les critères « classiques » de l’addiction (historiquement adaptés aux substances, alcool, etc.) sont bien applicables aux écrans ? Pour le vérifier, SANPSY a mené une seconde vague d’analyses en collaboration avec les équipes des Drs Deborah Hasin et Dvora Shmulewitz de l’Université de Columbia (New York, États-Unis).</p>
<p>Ensemble, nous avons appliqué la méthode <em>Item Response Theory</em>, qui est la méthode de référence pour valider les critères diagnostics dans le DSM-5. Les critères utilisés ont bien montré une unidimensionnalité, c’est-à-dire qu’ils mesuraient bien un seul et même diagnostic (l’addiction aux écrans) sur un continuum de sévérité. De plus, ils étaient bien indépendants les uns des autres et ne se « superposaient » pas.</p>
<p>Ces paramètres sont fondamentaux pour la validité de critères diagnostics, et nous avons établi que ces derniers présentaient de bonnes propriétés pour la mesure de l’addiction aux écrans.</p>
<p>Il est à préciser que les critères les plus discriminants pour le diagnostic sont :</p>
<ul>
<li><p>la perte d’intérêt à d’autres activités que les écrans,</p></li>
<li><p>la préoccupation (être souvent absorbé par les écrans, même lorsqu’on n’en utilise pas),</p></li>
<li><p>mentir à propos de sa pratique des écrans ou la dissimuler,</p></li>
<li><p>risquer/perdre des relations ou des opportunités importantes à cause de l’usage d’écrans.</p></li>
</ul>
<h2>Une recherche qui ouvre la voie</h2>
<p>Cette étude de SANPSY, qui mêlait des partenaires scientifiques, médicaux et la population, a pour perspective une meilleure intégration des addictions comportementales dans les nomenclatures médicales et une amélioration de l’offre de soins. Elle a notamment mis en valeur trois résultats importants :</p>
<ul>
<li><p><strong>L’addiction aux écrans serait moins répandue qu’il ne l’est souvent dit (1,7 % des participants</strong> ici). Elle est donc difficile à détecter et nécessite un diagnostic et une offre de soins spécifiques. Il existait cependant bien dans notre étude une catégorie restreinte d’usagers en difficulté pour lesquels les critères médicaux de l’addiction s’appliquent de manière valide.</p></li>
<li><p><strong>Hors addiction, une part très importante de la population (près de 45 %) est confrontée à des problèmes avec des écrans</strong>. Il est donc important d’établir un cadre de recommandations à destination de la population sur l’usage des écrans pour en réduire les risques et les dommages. Pour être utiles, ces recommandations doivent être fondée sur un argumentaire scientifique qui différencie bien usage problématique sans addiction, et usage avec addiction, avec des conduites à tenir spécifiques (car des conseils pour un usage maîtrisé sans une assistance spécifique seront insuffisants lorsqu’il y a addiction).</p></li>
<li><p>Enfin, les critères diagnostics testés ont montré de bonnes propriétés pour la mesure de l’addiction aux écrans. En particulier, ils permettraient de bien identifier les deux catégories précédemment citées pour intervenir le plus tôt possible de manière adéquate, dans une logique de repérage précoce et intervention brève. À ce titre, <strong>la perte de contrôle, l’accumulation de dommages, le <em>craving</em> et la rechute, lorsqu’ils se font chroniques, devraient être interprétés comme des signaux d’alerte</strong>, et inciter de prendre l’avis de son professionnel de santé et/ou de consulter un addictologue.</p></li>
</ul>
<p>La mise à jour des nomenclatures diagnostiques est un processus long et rigoureux, critique et itératif, qui nécessite la confrontation d’études objectives et valides. Dans le débat sur l’addiction aux écrans, où peu d’études solides sont disponibles, notre article ne tranche pas à lui seul la question. Cependant, parce qu’il se fonde sur les critères médicaux de l’addiction étudiés avec des méthodes de référence, mais aussi parce qu’il s’agit d’une enquête de terrain, il constitue un jalon important.</p>
<p>À terme, il est donc possible et plausible que l’évolution des connaissances amène un nouveau diagnostic d’addiction pour les écrans, comme il en a été pour les jeux d’argent en 2013.</p>
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<p><em>Avant publication, les premiers résultats de l’étude ont été présentés à Martignas-sur-Jalle, le 22 novembre 2016, lors d’une réunion de la commission « Addiction aux écrans » du CLSPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance), puis lors d’une réunion d’information publique pour tous les habitants le 8 décembre 2016. Une autre présentation a été faite en novembre 2018 lors de la soirée débat « L’enfant face aux écrans, si on en parlait ? » organisée par la ville de Martignas-sur-Jalle avec les professionnels et usagers (parents et enfants) des structures de la petite enfance.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194398/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Auriacombe par l'intermédiaire de l'Université de Bordeaux ou sa Fondation, outre des financements d'organismes publiques ou gouvernementaux français et européen a reçu des financements d'industriels du médicaments. Par l'intermédiaire du CH Charles Perrens et du CHU de Bordeaux, Marc Auriacombe a reçu des financements d'agence de santé gouvernementale.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Marc Alexandre et Mathieu Boudard ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>« Addiction aux écrans… » L'expression est passée dans le langage courant, mais le phénomène est-il bien établi scientifiquement ? Voici comment il est mesuré et son emprise réelle dans la population.Jean-Marc Alexandre, Attaché de recherche, Pôle InterEtablissement d'addictologie CH Charles Perrens - CHU de Bordeaux et Laboratoire SANPSY UMR 6033 CNRS, Université de BordeauxMarc Auriacombe, Professeur d'addictologie et psychiatrie, Université de BordeauxMathieu Boudard, Psychiatre/Addictologue, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1933192022-11-09T23:43:08Z2022-11-09T23:43:08ZQuelle éducation aux images à l’heure des réseaux sociaux ?<p>Dans un <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/10/02/faire-face-au-deluge-d-images_5363486_3232.html">monde saturé d’images</a>, il y a urgence pour que, face à elles, nos réponses dépassent l’émotionnel. En effet, sans guide d’analyse, c’est la fascination qui l’emporte, d’autant que les images, sorties de leur contexte, deviennent virales ce qui rend leur évaluation extrêmement difficile. Toutes les manipulations sont alors possibles sachant que chacun peut désormais au quotidien non seulement regarder des images, mais aussi à les reproduire et à les diffuser.</p>
<p>« Les individus d’aujourd’hui sont à la fois des regardeurs et des regardés mais également des producteurs et des diffuseurs d’images, surtout les plus jeunes. En d’autres termes, ils voient et sont vus mais, surtout, ils voient et ils montrent, créent des photos, des vidéos qu’ils aiment partager. […] Le citoyen devient le complice d’une société qui montre à tous ceux qui veulent voir », résume le sociologue <a href="https://theconversation.com/profiles/jocelyn-lachance-314048">Jocelyn Lachance</a> dans <a href="https://www.editions-eres.com/ouvrage/4090/les-images-terroristes-2"><em>Les images terroristes, la puissance des écrans, la faiblesse de notre parole</em></a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Jocelyn Lachance, « Les images terroristes » (éditions Erès).</span></figcaption>
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<p>Et même si la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000615568/">loi de prévention de la délinquance</a> (2007) prend en compte ces différentes formes d’interactions en punissant « le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine », le problème tient d’abord à ce que les enfants, et beaucoup d’adolescents, ne sont pas capables de distinguer ces images.</p>
<p>La compréhension, au double sens que lui donnent l’étymologie de « prendre ensemble » (le latin <em>cum-prehendere</em>) et le sens commun, implique de s’intéresser aux motivations des auteurs de l’image, d’entrer dans leurs modes de pensée et d’action, et cette compréhension est nécessaire pour pénétrer l’espace symbolique, à la fois ouvert et résistant du savoir.</p>
<p>L’école a un rôle à jouer pour initier les jeunes à cette approche réfléchie des images, d’autant que de plus en plus de très jeunes enfants, dès l’âge de 6 ans ou 7 ans d’après l’étude de l’institut de sondage YouGov sur les <a href="https://comarketing-news.fr/generation-alpha-le-profil-des-consommateurs-de-2030/">habitudes de la génération alpha</a>), sont exposés aux réseaux sociaux. Les images surgissent sur leurs écrans de manière inopinée et les jeunes les consomment et les relayent sans distinction, sans évaluer les messages qui s’offrent à eux et sans prendre en compte les conséquences de leur partage.</p>
<h2>Ce que fait l’école</h2>
<p>L’Éducation nationale a fait de l’éducation aux médias et aux images une priorité avec la création de ressources pour aider les enseignants à interroger la presse et les images. Le <a href="https://www.clemi.fr/fr/en.html">Centre pour l’éducation aux Médias et à l’Information</a> (CLEMI), par exemple, diffuse des fiches pédagogiques pour « permettre aux élèves d’apprendre à lire, à décrypter l’information et l’image, à aiguiser leur esprit critique, à se forger une opinion, compétences essentielles pour exercer une citoyenneté éclairée et responsable en démocratie ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/in-extenso-decrypter-linfo-sur-ecran-ca-sapprend-155506">« In extenso » : Décrypter l’info sur écran, ça s’apprend !</a>
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<p>Dans ce cadre, de nombreuses classes participent à des ateliers lors de la <a href="https://www.education.gouv.fr/semaine-de-la-presse-et-des-medias-dans-l-ecole-5159">Semaine de la presse</a>, où les jeunes rencontrent des journalistes, montent des émissions de radio, décryptent des « unes »… Mais toutes ces actions tendent à dissocier le « i » de « information » avec le « i » de « image ». Cela tient sans doute, en partie, au poids du verbal dans l’institution.</p>
<p>L’image à l’école reste encore en rupture avec les normes de l’enseignement et de la pédagogie classique, basée surtout sur l’écrit où il y a « <a href="https://journals.openedition.org/edso/1195">prédominance des signes et des discours</a> sur l’expérience directe et […] de l’intelligence abstraite sur les savoirs pratiques », ainsi que l’expliquent les chercheuses Christine Delory-Momberger et Béatrice Mabilon-Bonfils.</p>
<p>Il faut aussi prendre en considération la place ambiguë de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans la formation initiale des enseignants, notamment du premier degré, sachant que l’EMI n’est pas considérée comme un objet d’enseignement à part entière et que la pratique artistique a presque complètement disparu des maquettes de formation.</p>
<p>L’éducation à l’image doit toutefois revenir à sa valeur d’image ou, pour le dire autrement, s’éloigner des compétences linguistiques constamment ramenées en avant, parce que jugées essentielles à l’insertion professionnelle des jeunes. Par ailleurs, la polysémie de l’image est encore souvent mise de côté alors qu’il s’agit d’un système dont les subtilités communiquent des façons de voir, de savoir, de comprendre, mais aussi parfois de ne pas comprendre…</p>
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<figcaption><span class="caption">L’impact des images sur nous et nos enfants, interview de Serge Tisseron.</span></figcaption>
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<p>L’image offre des pistes tout en laissant libre de tirer ses propres conclusions et les enseignants – traditionnellement détenteurs du savoir – sont gênés par cette perte de contrôle. Or l’ouverture de l’école à cet univers a des implications proprement « politiques », permettant à l’altérité de devenir sensible, et participant en cela à cette éducation à la citoyenneté essentielle à une vie en démocratie.</p>
<h2>Comprendre par la pratique</h2>
<p>Le CLEMI préconise d’autres entrées que langagières : par la pratique, en indiquant que c’est en faisant des images qu’on apprend à les comprendre. Dans ce cas, l’image devient une méthode pour aborder l’image dans son « altérité » fondamentale. Et si l’école n’a pas toujours l’envie et l’habitude de le faire, il est indispensable qu’elle s’y mette dans la mesure où aujourd’hui, pour le plus grand nombre d’enfants, c’est le seul lieu où cette éducation peut se faire. C’est la position d’<a href="https://www.livres-cinema.info/livre/172/hypothese-cinema-petit-traite-de-transmission-du-cinema">Alain Bergala</a> qui participe à l’instauration du plan Lang pour les arts à l’école dans les années 2000. Pour lui en effet « [L’école] se doit de le faire, quitte à bousculer ses habitudes et sa mentalité ».</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Il défend cette dimension expérimentale du faire ou « Learning by doing », qui permet de comprendre les codes visuels en actes, en les testant concrètement. Mais cette méthode est en décalage avec une école chargée, comme le rappelle la <a href="https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/la-politique-de-la-raison-9782228888325">philosophe Blandine Kriegel</a>, dans son étude des droits des citoyens, d’un rôle « d’inculcation de valeurs communes ».</p>
<p>Les enseignements très égalisateurs sont en effet structurés à partir d’un « socle commun de compétences et de connaissances (SCCC), et d’une « culture commune ». Et la transmission de savoirs communs, partagés avec les individus qui composent la communauté, a une fonction directement sociale et politique, l’État y joue sa pérennité et on comprend que cette mission d’unité et de cohésion soit au cœur des « éducations nationales ».</p>
<p>Or, toujours selon les <a href="https://journals.openedition.org/edso/1195">sociologues Christine Delory-Momberger et Béatrice Mabilon-Bonfils</a> cette « conception politique du savoir et de son statut dans l’édifice éducatif et pédagogique français » connait un certain nombre de difficultés depuis une quarantaine d’années. « L’école du savoir », qui définit par excellence l’école de la République, postule de fait un modèle universaliste et rationaliste construit sur un principe d’homogénéité et d’unité touchant à la fois le savoir et l’enseignement, l’élève et l’apprentissage. Et c’est bien ce modèle qui est de plus en plus souvent mis en échec dans l’école française actuelle.</p>
<h2>Une éducation citoyenne</h2>
<p>À l’heure de la désinformation et des fake news, l’éducation à l’image par la pratique permet aux enfants de s’approprier ce médium de manière singulière, sans accepter passivement une interprétation donnée une fois pour toutes. Elle introduit cette « indiscipline » inhérente aux savoirs émergents, non encore finalisés et instables, à l’écart des écoutes déférentes et en dehors des connaissances et des savoirs établis.</p>
<p>Cette pratique est parfois risquée dans la mesure où elle peut donner lieu à des associations inattendues et parfois violentes. Mais elle offre un espace dynamique d’expérimentation adapté à une réalité toujours en mouvement. Cet espace d’exception où la transmission passe par d’autres voies que le discours et le savoir – parfois sans discours du tout – est idéal pour se frotter à des informations qui sont comme des organismes vivants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/reseaux-numeriques-trois-gestes-barrieres-a-cultiver-en-famille-149843">Réseaux numériques : trois gestes barrières à cultiver en famille</a>
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<p>Cette transmission en groupe-classe rompt enfin avec la découverte de plus en plus solitaire des images sur Internet. Elle conduit à questionner la façon dont ce que nous recevons détermine nos choix et nos actions et développe des savoirs sources d’engagement réfléchi. Elle empêche l’adhésion, sans distanciation qui conduit à accepter et à reprendre les messages sans interprétation.</p>
<p>Face aux images, il faut apprendre aux enfants à se décentrer en introduisant une pluralité de points de vue, en questionnant leur nature d’extraits isolés d’une histoire complexe et en interrogeant leur pouvoir de domination. Malheureusement, les enseignants se sentent encore très mal à l’aise pour introduire cette éthique du regard en discutant des pratiques informationnelles et médiatiques avec les élèves. En effet, eux-mêmes n’ont pas été éduqués aux médias et à l’information et ils sont paralysés à l’idée de gérer des difficultés liées à des questions vives de société.</p>
<p>Pourtant il faut accepter de faire entrer dans l’école l’univers informationnel des adolescents d’aujourd’hui parce que « ne pas savoir initier un regard à sa propre passion de voir, ne pas pouvoir construire une culture du regard, voilà où commence la vraie violence à l’égard de ceux qu’on livre désarmés à la voracité des visibilités », selon les mots de <a href="https://www.scienceshumaines.com/l-image-peut-elle-tuer_fr_2620.html">la philosophe Marie-José Mondzain</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193319/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Geneviève Guétemme ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que va s'ouvrir la semaine de la presse et des médias à l'école, voici quelques conseils pour guider enfants et adolescents dans le flux d'images actuel.Geneviève Guétemme, Maîtresse de conférences en Arts plastiques, Université d’OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1932812022-11-08T19:02:26Z2022-11-08T19:02:26ZGéolocalisation des enfants : une nouvelle forme de surveillance parentale<p>Parmi les stratégies des parents pour surveiller les activités de leurs enfants, la géolocalisation est une pratique à la fois singulière et de plus en plus courante. Singulière, dans la mesure où la demande parentale de transparence vis-à-vis des usages numériques de leurs adolescents s’arrête le plus souvent aux frontières du domicile, alors que la géolocalisation dépasse nettement ce cadre. Courante aussi, car de nombreuses applications mobiles sont aujourd’hui focalisées sur le suivi géographique des jeunes au sein du cercle familial (Find My Kids, Google Family Link, Apple FindMy, etc.)</p>
<p>Comment les jeunes vivent-ils le fait d’être localisés et quelles sont les conséquences potentielles de ce traçage sur leur autonomisation ? Comment le dispositif technique s’inscrit-il dans l’exercice de la parentalité ? Enfin, le <a href="https://journals.openedition.org/ticetsociete/6532">recours à la géolocalisation dans le cercle familial</a> joue-t-il un rôle sur la communication ou encore la relation de confiance entre parents et enfants ?</p>
<p>Ce sont des questions que nous avons explorées à travers un travail de recherche constitué d’une série d’entretiens individuels menés auprès de parents qui ont déclaré géolocaliser leur(s) enfant(s) d’une part, et d’adolescents qui ont déclaré être géolocalisés d’autre part (qui sont, pour certains, les enfants des parents interrogés). Retour sur les principaux résultats.</p>
<h2>Un enjeu sécuritaire</h2>
<p>Selon les parents de notre enquête, le recours à la géolocalisation ne résulterait pas d’un excès de curiosité ni même d’une volonté d’envahir la vie privée des enfants. Cela traduirait plutôt une volonté de bienveillance face à un environnement extérieur propice au danger ou, a minima, à l’incertitude.</p>
<p>Précisons que les parents interrogés se situent exclusivement dans des zones urbaines, une donnée importante ici puisque leurs témoignages mettent en avant les risques inhérents à la ville : « quand je vois ce qu’il se passe dans certains quartiers, je suis très content quand ma fille part et qu’elle m’appelle », explique Virginie, 38 ans, professeure des écoles. Commercial de 46 ans, Stéphane ajoute : « quand vous voyez ce qu’il s’est passé à Nice, je me dis que pour ne pas vouloir savoir où se trouvent ses enfants, il faut être irresponsable ».</p>
<p>Si Virginie ne localise qu’occasionnellement sa fille et reste le plus souvent dans l’attente de son appel, Stéphane est plus tranché : parce que l’outil est désormais à disposition, ne pas y avoir recours engage, selon lui, la responsabilité parentale. Si l’information géographique ne garantit en rien la sécurité des enfants face à des aléas qui se produisent en temps réel, la vérification de leur emplacement servirait à colmater au moins en partie le réservoir de peurs des parents.</p>
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<p>Le cas des quartiers jugés « sensibles » par les parents n’est pas sans rappeler les <a href="https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2017-1-page-64.htm">travaux de Clément Rivière</a> sur l’identification et la gradation d’espaces perçus comme « protégés » en dehors du chez-soi, sous-entendant que d’autres ne le sont définitivement pas.</p>
<p>L’usage de la géolocalisation ne permettrait pas seulement de vérifier la position de l’enfant, mais aussi de le situer spatialement – et donc socialement – par rapport à un ensemble de lieux identifiés comme plus ou moins sécurisants en ville.</p>
<h2>Répondre à des incertitudes</h2>
<p>Pour d’autres parents interrogés, le suivi de la position géographique ne s’effectue que si l’enfant ne répond pas à un appel ou à une sollicitation. Cette modalité de surveillance n’est pas systématique, elle s’apparente à un « dernier recours », lorsque l’exigence parentale d’être joignable ne se trouve pas comblée.</p>
<p>Mohamed, cadre dans le privé de 39 ans, montre qu’il s’autorégule dans son recours à l’outil, car il explique que géolocaliser son fils est « malsain », sauf dans une situation bien précise : « s’il n’est pas rentré à l’heure prévue, qu’il ne répond pas au téléphone, voilà… Ce sont des cas où l’on commence à paniquer ».</p>
<p>Alexandre, pâtissier de 54 ans, développe que c’est la conformité de la position géographique de l’enfant avec celle qui était attendue qui s’avère rassurante, car il vit avec « le doute de savoir si la personne va bien » et le besoin de savoir si « en fonction d’où elle (sa fille) est, c’est normal ou pas ».</p>
<p>Pour ces raisons, il « ne supporte pas » que sa fille contourne les limites qu’il impose via l’application et, si elle coupe son téléphone au cours de la journée, entend bien en discuter plus tard avec elle. La géolocalisation peut donc s’imposer comme la recherche d’une réponse à une non-réponse, lorsque l’enfant n’est pas disponible.</p>
<h2>Des réceptions plurielles</h2>
<p>À la condition que celle-ci soit perçue comme nécessaire, la géolocalisation semble a priori plutôt bien acceptée par certains adolescents de notre enquête. Le discours sécuritaire parental semble avoir été intériorisé par exemple par Mélanie, 13 ans, qui explique que lorsqu’elle regarde les informations, « il se passe toujours des trucs aberrants », avant d’ajouter : « au moins s’il y a un souci, tes parents savent où tu es ».</p>
<p>Elise, 14 ans, s’est également rendu compte de l’intérêt de la géolocalisation à la suite d’une expérience négative lors d’une sortie en ville : « Je marchais, je sens que quelqu’un me prend par l’épaule et ma mère, plus tard, m’a expliqué que c’était un pervers. Et c’est pour ça que des fois elle met la localisation, c’est vraiment rassurant pour moi ».</p>
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<p>Cependant, de façon générale, les adolescents de notre échantillon ont majoritairement un point de vue critique sur l’utilisation d’applications de contrôle parental. Lorsque nous leur demandons si quelque chose va trop loin dans les possibilités offertes par ces applications, leurs réponses convergent presque unanimement vers la restriction du temps passé sur les réseaux sociaux et la géolocalisation.</p>
<p>Cette dernière « fait partie des limites » (Dylan, 16 ans) puisque « chacun doit avoir une vie privée, surtout à un certain âge » (Florian, 17 ans). Pour Julie, 16 ans, le recours à cette technologie est assimilé à une défaillance dans l’exercice de la parentalité : « Je trouve que quand tu es parent, c’est un échec de surveiller tes enfants comme ça pour voir s’ils te mentent ou pas sur ce qu’ils font et où ils vont ».</p>
<h2>Paroles versus données objectives</h2>
<p>Dans le cas d’une non-conformité entre une localisation attendue et une localisation vérifiée, le discours des adolescents interrogés met aussi en avant la violence d’un dispositif de traçage qui ne laisse que peu de place à la contextualisation, et encore moins à la dissimulation.</p>
<p>Contrairement aux messages ou aux photographies, qui laissent une certaine marge d’interprétation, il semble plus difficile pour les jeunes interrogés de développer un discours pour justifier leur position géographique lorsque celle-ci n’est pas conforme à ce qui était attendu.</p>
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<figcaption><span class="caption">Enfant connecté : autonomie ou surveillance ? (La Maison des Maternelles)</span></figcaption>
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<p>Si plusieurs des adolescents de notre enquête ont déjà vécu cette situation, nous retiendrons le témoignage de Xavier, 15 ans, qui ne savait pas qu’il était géolocalisé par son père quand il a manqué un cours de rattrapage pour aller retrouver un ami et jouer à des jeux vidéo. À son retour au domicile familial, il a fait l’expérience d’une technologie qui ne lui a guère laissé la possibilité de discuter avec ses parents : </p>
<blockquote>
<p>« (Mon père) m’a demandé si j’étais bien allé au soutien, j’ai menti (…). Il m’a montré la tablette et tu ne peux rien dire contre ça, tu as tout de marqué, là où tu étais, à quelle heure… »</p>
</blockquote>
<p>Ainsi présentée à l’écran, la donnée objective laisse bien moins de place à la subjectivité des échanges et des discours. Pour Xavier, la tablette – qui affiche l’historique de ses déplacements – fait figure de preuve et s’impose face à toutes formes d’argumentation. Cette métaphore judiciaire met en avant la confiance accordée à la fiabilité des dispositifs numériques et à la donnée de géolocalisation en particulier : l’outil, lui, ne ment pas, et la donnée affichée prévaut sur la parole de l’adolescent.</p>
<h2>Une confiance mise à l’épreuve</h2>
<p>Dans ce contexte, le recours à la géolocalisation n’est pas sans conséquence dans les relations intrafamiliales. Par exemple, depuis qu’il a appris qu’il était géolocalisé, Xavier déclare que cet épisode a profondément bouleversé la confiance réciproque entre son père et lui. La rupture s’est effectuée de part et d’autre, car en apportant la preuve que l’adolescent mentait sur ses déplacements, le dispositif a selon lui mis en avant que son père doutait de lui : « si tu n’as pas un doute, tu ne vas pas chercher à installer un truc comme ça ».</p>
<p>Julie et Océane ressentent également « un manque de confiance ». Les jeunes filles insistent sur leur âge (15 et 16 ans respectivement), ce qui pourrait montrer qu’elles perçoivent dans cette surveillance parentale une certaine infantilisation.</p>
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<p>Cette tension dans le recours ou non à l’outil peut se situer du côté des parents, notamment dans le cas d’une garde partagée : « J’en ai déjà parlé plusieurs fois avec mon ex-femme, elle a sa façon de faire avec les filles, moi j’ai la mienne, on n’a pas la même vision dans ce domaine », explique Mohamed. Le père de famille argumente sur la source de ce désaccord : « La confiance, c’est important, si on flique ses enfants, il n’y a pas de confiance. Et s’il n’y a pas de confiance entre un père et son fils, ce n’est vraiment pas bon ». La géolocalisation des proches met donc en lumière une pluralité d’asymétries entre les individus, selon qu’ils soient à l’origine du traçage ou qu’ils en fassent l’objet.</p>
<p>La possibilité de surveiller sans être surveillé, la difficulté de se déconnecter sans que le surveillant n’en soit notifié ou encore la prévalence de la donnée sur le discours du surveillé jouent un rôle dans l’amplification du déséquilibre entre des parents de mieux en mieux informés, et leurs enfants qui doivent composer avec des vérifications de présence et d’activité de plus en plus nombreuses.</p>
<p>Alors que l’encadrement des activités numériques des jeunes restait spatialement limité au seul domicile (consultation de l’historique web, vérification a posteriori des photos prises, des applications installées, etc.), le suivi géographique questionne directement l’apprentissage des mobilités juvéniles non accompagnées et pourrait donc apparaître comme une entrave à l’autonomie des adolescents, en plus d’être l’objet de tensions dans les relations parentales et filiales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193281/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yann Bruna ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les outils numériques permettent aujourd’hui aux parents de suivre les déplacements de leur enfant hors du domicile. En quoi cela joue-t-il sur la communication et la confiance dans la famille ?Yann Bruna, Maître de conférences en sociologie, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1743832022-10-19T17:17:15Z2022-10-19T17:17:15ZPlantNet, eBird, Spipoll, iNaturalist… ces applis au service de l’i-écologie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/488878/original/file-20221009-58516-slbhsv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’application Pl@ntnet permet à partir d’un smartphone de reconnaître une espèce et la recenser pour contribuer à son étude. </span> <span class="attribution"><span class="source">Pl@ntnet</span></span></figcaption></figure><p>Le déclin alarmant de la biodiversité terrestre menace le bien-être futur de l’humanité, notamment <a href="https://www.nature.com/articles/nature11148">par la réduction de tous les services (dit « écosystémiques »)</a> auxquels cette biodiversité contribue.</p>
<p>L’amélioration des connaissances sur les pressions qui s’exercent sur le vivant – fragmentation des habitats, urbanisation croissante ou intensification agricole – a permis une large prise de conscience de la société civile, qui se mobilise désormais contre les causes du changement climatique et pour une meilleure conservation des espèces vivantes.</p>
<p>Le manque d’expertise taxonomique – qui désigne notre capacité à identifier les espèces – est reconnu depuis près d’une trentaine d’années <a href="https://docs.rwu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1075&context=fcas_fp">comme un frein majeur</a> à l’application de la Convention sur la diversité biologique.</p>
<p>C’est pourquoi de nombreuses initiatives à travers le monde expérimentent de nouvelles formes d’accès à cette connaissance taxonomique.</p>
<p>Certaines d’entre elles visent à répondre à la demande croissante de connaissances, tout en impliquant la société dans la caractérisation et l’étude de son environnement. Elles participent ainsi au développement de plates-formes de sciences participatives pour le suivi des oiseaux, comme <a href="https://ebird.org/home">eBird</a>, des insectes pollinisateurs, comme <a href="https://www.spipoll.org/">Spipoll</a>, ou encore de la biodiversité dans son ensemble, comme <a href="https://www.inaturalist.org/">iNaturalist</a>.</p>
<h2>L’exemple de la plate-forme Pl@ntNet</h2>
<p>Les plantes représentant l’une des sources majeures de notre alimentation et de la structuration des écosystèmes, quelques plates-formes se sont spécialisées dans leur identification et leur recensement.</p>
<p><a href="https://hal.inria.fr/hal-01182775/document">C’est le cas de Pl@ntNet</a>, initiée il y a plus d’une dizaine d’années, par un consortium de recherche français (Cirad, Inrae, Inria, IRD), et qui mobilise des expertises complémentaires, à la frontière entre sciences informatiques et sciences du végétal.</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation de l’application Pl@ntNet (Inria, 2014).</span></figcaption>
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<p>Cette plate-forme de science participative, <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdfdirect/10.1002/2688-8319.12023">utilisée aussi bien par le grand public que par des professionnels de la gestion et de la conservation</a>, est aujourd’hui l’une des principales sources d’information sur les plantes au sein du système d’information mondial sur la biodiversité, le <a href="https://www.gbif.org/publisher/da86174a-a605-43a4-a5e8-53d484152cd3">GBIF</a>.</p>
<p>Elle expérimente et développe des services d’identification automatisée des plantes par l’image, qui permettent à partir d’un smartphone de rapidement reconnaître une espèce et la recenser pour contribuer à son étude.</p>
<p>Avec plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs journaliers, et un nombre croissant de contributeurs depuis sa création (<a href="https://identify.plantnet.org/fr/stats">statistiques Pl@ntNet</a>), elle permet aujourd’hui le recensement de plus de 43 000 espèces de plantes à l’échelle mondiale.</p>
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<p>Les données qu’elle génère ont été utilisées dans un grand nombre d’études différentes, que ce soit dans le <a href="https://bsapubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/aps3.1029">suivi des espèces envahissantes</a>, sur les <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0232078">biais de collecte de données</a> issues des programmes de sciences participatives, dans des <a href="http://ceur-ws.org/Vol-3180/paper-153.pdf">travaux en sciences informatiques</a>, ou encore pour <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/2041-210X.13565">l’étude des espèces à plus large échelle</a> (dont les <a href="https://www.gbif.org/resource/search?contentType=literature&publishingOrganizationKey=da86174a-a605-43a4-a5e8-53d484152cd3">publications sur les données publiées au Gbif</a>).</p>
<h2>Vers le développement d’une i-écologie</h2>
<p>La force de ces nouvelles plates-formes naturalistes repose sur trois aspects principaux :</p>
<ul>
<li><p>leur très grande accessibilité (applications web et mobiles gratuites, multilingues, avec authentification facultative) ;</p></li>
<li><p>leurs performances liées aux vastes corpus de données sur lesquelles elles s’appuient ainsi qu’à l’usage de l’intelligence artificielle qui contribue à rapidement identifier les espèces par des données multimédias ;</p></li>
<li><p>leur visibilité qui résulte de l’intérêt grandissant de la société civile pour ce type de démarche.</p></li>
</ul>
<p>Ces plates-formes contribuent ainsi au développement d’une nouvelle approche scientifique en écologie, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S016953472030077X">intitulée l’i-Ecology</a> (i-écologie), qui permet d’apporter un soutien précieux aux approches plus conventionnelles.</p>
<p>Malgré les efforts d’initiatives comme eBird, Pl@ntNet et iNaturalist, ou encore des sites et projets universitaires, pour caractériser les espèces à l’échelle mondiale, reste que près de la moitié des plantes sur Terre n’ont certainement <a href="https://rdcu.be/cqO96">jamais été photographiées à l’état sauvage</a> !</p>
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<figcaption><span class="caption">Présentation de l’application eBird. (Cornell Lab of Ornithology, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Mobiliser toujours plus d’observateurs</h2>
<p>Ce constat de notre méconnaissance de la biodiversité engage à poursuivre les efforts initiés pour renforcer notre capacité à recenser toutes ces espèces qui nous entourent, plus facilement et plus rapidement. Dans cet objectif, la mise en commun des expertises et des données est indispensable pour accélérer la caractérisation de la distribution de la biodiversité.</p>
<p>La numérisation des collections d’histoire naturelle, à travers des initiatives telles qu’<a href="https://www.idigbio.org/">iDigBio</a> ou <a href="https://www.recolnat.org/fr/">e-ReColNat</a>, constitue un pas important en ce sens. Elles doivent être complétées par des observations sur le terrain, produites en plus grand nombre, pour permettre de connaître tout le gradient visuel exprimé par les espèces. Comment sinon protéger les espèces en danger si on ne peut les reconnaître ? !</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1098/rstb.2003.1442">Les techniques automatiques d’identification d’espèces</a> imaginées par Gaston et O’Neill en 2004 ont énormément progressé au cours des quinze dernières années. Elles permettent aujourd’hui d’envisager des approches intégrées au sein de dispositifs autonomes, que ce soit <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0188714">pour le suivi d’espaces naturels</a> ou <a href="https://doi.org/10.1002/aps3.11373">agricoles</a>.</p>
<p>Le passage à l’échelle de ce type d’approche nécessite toutefois un nombre bien plus important d’observations et d’observateurs de terrain. C’est pourquoi, plus que jamais, les réseaux citoyens de suivi de la biodiversité doivent poursuivre leur développement en favorisant le partage de données libres, tout en répondant aux attentes d’une meilleure connaissance de notre environnement proche.</p>
<p>Ces technologies sont au cœur de plusieurs initiatives européennes d’ampleur en cours et à venir – on peut citer <a href="https://cos4cloud-eosc.eu/">Cos4Cloud</a>, <a href="https://cordis.europa.eu/project/id/101060639">EU-MAMBO</a> et <a href="https://cordis.europa.eu/project/id/101060693">EU-GUARDEN</a> –, ce qui permettra sans nul doute leur plus large exploitation dans le futur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174383/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Bonnet est responsable du projet <a href="mailto:Pl@ntnet">Pl@ntnet</a>. Il a reçu des financements de la Fondation Agropolis, l'ANR, l'ANRU, l'Institut de convergence #DigitAG, et l'Union européenne.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexis Joly est responsable du projet <a href="mailto:Pl@ntnet">Pl@ntnet</a>. Il a reçu des financements de la Fondation Agropolis, l'ANR, l'ANRU, l'Institut de convergence #DigitAG, et l'Union européenne.</span></em></p>À l’aide d’un simple smartphone, on peut contribuer à une meilleure connaissance de la biodiversité, aussi foisonnante et méconnue que menacée.Pierre Bonnet, Chercheur en Botanique et Informatique appliqué à la biodiversité, CiradAlexis Joly, Docteur en informatique, InriaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.