tag:theconversation.com,2011:/us/topics/transition-numerique-27801/articlestransition numérique – The Conversation2024-01-16T16:20:42Ztag:theconversation.com,2011:article/2207332024-01-16T16:20:42Z2024-01-16T16:20:42ZUne école en « transition numérique », vraiment ?<p>Lorsqu’elle augmente brusquement, la fréquence d’utilisation de certains termes dans les discours politiques et institutionnels constitue une alerte significative pour identifier des prêts-à-penser et une invitation à les déconstruire.</p>
<p>Le numérique scolaire n’échappe pas à ces « buzzwords » et l’on se souvient pêle-mêle de l’enseignement assisté par ordinateur, de l’interactivité et de l’e-learning des années 1980. Puis, dans les années 2000, on a plutôt parlé de numérique, plus récemment de l’hybridation. Aujourd’hui, ce sont <a href="https://theconversation.com/fr/topics/intelligence-artificielle-ia-22176">l’intelligence artificielle</a> et la réalité virtuelle qui sont sur le devant de la scène.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/debat-pourquoi-le-numerique-doit-sapprendre-a-lecole-149801">Débat : Pourquoi le numérique doit s’apprendre à l’école</a>
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<p>Deux expressions ont acquis ces dernières années une place de choix dans le lexique des politiques publiques de l’éducation comme dans celui de tous les acteurs de l’éducation : <a href="https://theconversation.com/fr/topics/transition-numerique-27801">« transition numérique »</a> et « écosystèmes d’innovation », les deux étant souvent mobilisés conjointement. Ainsi, les institutions scolaires et universitaires seraient-elles engagées dans une transition numérique s’appuyant largement sur la dynamique d’écosystèmes le plus souvent territorialisés et favorables à l’innovation.</p>
<p>Bien que cette assertion puisse sembler évidente, elle mérite d’être confrontée d’une part à la littérature scientifique et d’autre part aux réalités de terrain. C’est à cette mise en perspective que les différents partenaires du <a href="https://techne.labo.univ-poitiers.fr/gtnum5-reve/">projet REVE</a>, soutenu par la direction du numérique pour l’éducation du ministère de l’Éducation nationale, ont travaillé entre janvier 2021 et décembre 2023. Et c’est en grande partie sur la base de leurs travaux que cet article a été rédigé.</p>
<h2>Transition numérique de l’école : fixer des objectifs clairs</h2>
<p>D’un point de vue conceptuel, la mobilisation de l’expression « transition numérique » est moins simple qu’il n’y paraît à la première lecture. Si l’on en reste à une définition classique, la transition est un processus, plus ou moins continu, qui caractérise l’évolution d’un système entre deux états stables.</p>
<p>Pourtant, s’agissant de l’évolution des institutions éducatives en lien avec le numérique, il semble aujourd’hui bien difficile d’identifier ce que pourrait ou devrait être l’état stable auquel parvenir, ni à quelle échéance, en encore moins la trajectoire pour y parvenir. Sans cet horizon, la transition change de nature.</p>
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<figcaption><span class="caption">Interview de Claudio Cimelli, directeur du Numéri’Lab, sur la place de l’intelligence artificielle à l’école (Éducation France, 2018).</span></figcaption>
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<p>On peut formuler l’hypothèse que le recours au concept de transition témoigne alors davantage d’une idéologie latente qui légitime l’accroissement continu des usages et des enjeux du numérique dans les champs de l’éducation et de la formation, sans pour autant être en mesure de l’inscrire dans des transformations aux finalités explicites.</p>
<p>On peut aussi fléchir le concept de transition pour l’envisager soit de façon rétrospective où la transition permet d’appréhender le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui, soit de façon prospective où le principe et le projet de changement font office d’horizon. On peut aussi y lire un souhait de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/resilience-22971">résilience</a>, la transition étant alors le processus permanent d’adaptation aux évolutions de contexte et à leurs contraintes.</p>
<p>Le principal enseignement de cette approche conceptuelle est sans doute qu’il convient de construire un horizon ou, a minima, une finalité à cette transition annoncée. Cela permettrait notamment aux acteurs de terrain, et en particulier aux enseignantes et enseignants, de donner du sens à leurs pratiques et d’inclure leurs choix pédagogiques dans une dynamique d’ensemble.</p>
<h2>Dans le numérique éducatif, des acteurs interdépendants, entre concurrence et coopération</h2>
<p>Le concept d’écosystème caractérise tout système stable constitué d’êtres vivants qui vivent en interaction dans un milieu spécifique (biotope). Il est souvent mobilisé de façon métaphorique pour désigner l’ensemble des organisations humaines agissant dans le même secteur d’activité ou un même environnement physique et partageant des infrastructures et des services, comme c’est le cas pour le numérique scolaire.</p>
<p>Ce concept est utile à l’analyse de ce qui se joue dans la transition numérique des institutions éducatives mais aussi à la conduite de cette transition. La cartographie des acteurs de l’écosystème (à ses différentes échelles territoriales) est importante. Elle permet de vérifier si toutes les compétences sont bien réunies, disponibles et mobilisées.</p>
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<figcaption><span class="caption">Edtech : un secteur comme les autres ? (Anne-Charlotte Monneret, directrice générale d’Edtech France, sur SQOOL TV, 2022)</span></figcaption>
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<p>Pour autant, c’est dans la dynamique des interactions entre les acteurs que tout se joue. On cite la collaboration et la coopération entre acteurs, souvent dans le cadre de projets au sein de partenariats privilégiés, comme un apport majeur à l’appropriation scolaire efficace des techniques numériques. La recherche scientifique montre pourtant que ces processus, souvent vertueux (pas systématiquement), ne s’enclenchent pas spontanément.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-lecole-apprendre-a-evaluer-linformation-dans-un-monde-numerique-215279">À l’école, apprendre à évaluer l’information dans un monde numérique</a>
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<p>On retrouve par ailleurs dans la sphère du numérique éducatif d’autres types d’interactions typiques des écosystèmes comme la symbiose, la compétition, la prédation ou le parasitisme dont la valeur peut être parfois positive et parfois négative. Chacun pourra trouver aisément des exemples…</p>
<p>Comme la transition, l’écosystème peut être considéré comme une métaphore opérante pour ce qui concerne le numérique scolaire. Elle rappelle aussi bien l’interdépendance des acteurs concernés que la nécessité d’en organiser les composantes et d’en soutenir la dynamique.</p>
<h2>Quatre conditions pour soutenir la dynamique des écosystèmes</h2>
<p>Dans le cadre du <a href="https://techne.labo.univ-poitiers.fr/wp-content/uploads/sites/63/2020/09/GTnum_Techne_REVE_portfolio_Dec2023.pdf">projet REVE</a>, plusieurs études de cas (des projets de terrain), deux enquêtes et de nombreux entretiens individuels et groupés avec tous les types d’acteurs du numérique scolaire (élèves, enseignants, cadres du système éducatif, cadres des collectivités territoriales, entrepreneurs du secteur EdTech…), confirment que les concepts de transitions et d’écosystèmes peuvent être mobilisés pour décrire et analyser les usages des techniques numériques à l’œuvre à l’école.</p>
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<p>Via l’analyse de l’expression que les acteurs de terrain proposent de leur expérience et de leurs attentes, ces travaux suggèrent des conditions qui pourraient permettre aux écosystèmes du numérique scolaire de favoriser les processus d’invention et d’innovation. Quatre apparaissent pratiquement systématiquement et répondent directement aux apports de l’analyse des concepts de transition et d’écosystème.</p>
<ul>
<li><p>Massivement citée, on retient en premier lieu l’aspiration de toutes et tous à <strong>plus de stabilité des politiques publiques</strong>, afin de pouvoir disposer du temps indispensable à la construction de projets et à l’installation de nouvelles pratiques.</p></li>
<li><p>Vient ensuite l’épineuse question de <strong>l’information</strong>. Beaucoup des enseignants rencontrés, par exemple, expriment leur méconnaissance – voire leur incompréhension – des attentes de l’institution quant aux usages qu’ils peuvent ou doivent faire des techniques numériques. Nombreux également sont les acteurs des écosystèmes qui ignorent l’existence des autres, leur rôle et leurs apports potentiels.</p></li>
<li><p>La connaissance de l’écosystème ne suffit pas, encore faut-il disposer des compétences qui permettront de l’activer, le plus souvent au travers de projets. Une formation de tous aux méthodes et outils de <strong>l’ingénierie de projet</strong> apparaît légitimement à beaucoup comme une nécessité, d’autant plus que bien des réalisations de terrain sont subordonnées au succès de réponses à des appels à projets compétitifs.</p></li>
</ul>
<p>Enfin, la transition numérique de l’école, faite par essence de changements, repose sur des initiatives des acteurs de l’écosystème. Cela suppose <strong>une définition claire du cadre d’action de chacun</strong> et du respect de ces prérogatives, avec une solidarité systémique face aux réussites comme aux échecs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220733/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour les travaux de recherche ayant permis la rédaction de cet article, l'unité de recherche Techné (UR-20297) au sein de laquelle travaille Jean-François Cerisier a reçu des financements du ministère de l'Éducation nationale. </span></em></p>On parle souvent de transition numérique de l’école. Mais les objectifs à atteindre sont-ils clairement définis ? Et qu’en est-il du cadre d’action de chacun ?Jean-François Cerisier, Professeur de sciences de l'information et de la communication, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2161042023-11-12T16:16:23Z2023-11-12T16:16:23ZLes professionnels des ressources humaines doivent s’emparer de la digitalisation de leur fonction<p>Dans un <a href="https://www.abv-group.com/barometre-drh/%20r%C3%A9alis%C3%A9%20%C3%A0%20partir%20d%E2%80%99un%20panel%20de%20141%20DRH%20d%E2%80%99entreprises%20de%20toutes%20tailles%20et%20secteurs%20confondus">baromètre publié en 2022</a>, 93 % des responsables <a href="https://theconversation.com/topics/ressources-humaines-rh-120213">ressources humaines (RH)</a> considéraient que soutenir et accompagner la transformation de leur <a href="https://theconversation.com/topics/entreprises-20563">entreprise</a> sera leur priorité pour l’année à venir. Pourtant, seuls 35 % considèrent la modernisation, la <a href="https://theconversation.com/topics/transition-numerique-27801">digitalisation</a> et la transformation de la fonction RH comme une priorité. Les transformations digitales rendent en effet le devenir des acteurs, des fonctions et des organisations difficilement prévisibles.</p>
<p>Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons mobilisé une <a href="https://ors-ge.org/sites/default/files/documents/016-delphi.pdf">méthodologie de recherche prospective</a> auprès de responsables RH chez BNP-Paribas et Safran entre 2020 et 2022. Elle permet de dessiner les différents scénarii possibles, tels qu’ils sont envisagés par les acteurs en les interrogeant à plusieurs reprises et de manière de plus en recentrée sur leur vision de leurs futurs. Sont alors prises en compte les représentations sociales des acteurs, leurs perceptions et leurs connaissances personnelles du sujet. Cette méthode permet notamment d’associer les experts RH de différents niveaux de responsabilité aux réflexions sur leur devenir.</p>
<h2>Trouver de la cohérence</h2>
<p>Beaucoup de professionnels semblent s’inquiéter de la façon dont la digitalisation bouleversera les rôles traditionnels tout en amenant de nouvelles problématiques. Le mouvement soulève notamment la question de la qualité des données et de leur maîtrise afin de pouvoir utiliser des outils analytiques et prédictifs. Un des professionnels rencontrés s’interroge ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Je pense qu’il est évident que nous devrions utiliser les données de manière plus proactive. Quels types d’outils, quels types d’algorithmes pouvons-nous utiliser pour les interpréter ? Ce sont des questions typiques auxquelles les futurs RH devront répondre. »</p>
</blockquote>
<p>Il s’agit par la même de créer davantage de cohérence au niveau des outils au sein des entreprises :</p>
<blockquote>
<p>« Le sujet clé est l’absence de normes à l’échelle du groupe et le manque de cohérence… pour chaque sujet, nous avons un autre outil. »</p>
</blockquote>
<p>Cette cohérence ne peut exister que si les outils dédiés aux différentes pratiques (recrutement, GPEC, gestion des carrières, gestion de la formation) sont construits de manière à être compatibles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Trois enjeux clés ressortent de nos résultats autour de l’implémentation de ces outils : leur harmonisation, l’implication des professionnels RH dans les choix effectués et leur formation.</p>
<p>Une fois ces outils maîtrisés se posera la question de leur gestion. Le rôle des RH sera alors amené à évoluer par rapport aux managers qui consulteront directement les données, c’est le développement du « self service ».</p>
<p>Les professionnels relèvent aussi que la digitalisation soulève des problématiques par rapport à l’éthique, notamment en ce qui concerne la responsabilité de la sécurisation des données RH. Les experts RH auront alors une double casquette. Il s’agira d’épauler les managers et les équipes dans l’utilisation de ces outils, et instaurer des normes éthiques :</p>
<blockquote>
<p>« Notre rôle sera d’accompagner les managers dans cette nouvelle manière de gérer leurs équipes, les sensibiliser sur les risques (qualité de vie au travail, droit à la déconnexion) et leur donner de nouveaux outils pour qu’ils prennent la main sur des sujets RH : gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, gestion des talents ».</p>
</blockquote>
<h2>L’humain ou la performance ?</h2>
<p>Le principal avantage de la digitalisation pour les professionnels des RH est, sans aucun doute selon nos répondants, le gain de temps. Toutefois, les conséquences de cet avantage sont perçues de manière différente par les deux organisations que nous avons explorées.</p>
<p>Pour le panel Safran, ce gain de temps représente une opportunité d’améliorer les relations humaines et l’expérience des employés. Pour le panel BNP-Paribas, il s’agit davantage d’un levier d’amélioration de la performance avec, par exemple, des simplifications de processus et une plus grande cohérence des données.</p>
<p>Les deux populations étudiées ont, pour le reste mentionné le manque de moyens, le manque d’expertise et le manque de temps pour se former. Une inquiétude commune s’est également exprimée sur la sensibilité des données collectées. Les risques sont toutefois différents pour les deux organisations. Chez Safran, la gestion des RH est principalement fondée sur les indicateurs de performance. En ce qui concerne BNP-Paribas, l’étude a montré une personnalisation insuffisante des solutions RH.</p>
<h2>Quatre profils</h2>
<p>Les experts de la fonction RH ne composent ainsi pas une population homogène face à la digitalisation. Dans notre <a href="https://www.cairn.info/revue-de-gestion-des-ressources-humaines-2023-1-page-3.htm">étude</a>, nous mettons ainsi en évidence des tensions entre les idéaux et les réalités des transformations digitales, entre les outils digitalisés et les relations humaines, entre les opportunités et les risques de ces changements, liés notamment à la croissance des données RH.</p>
<p>Nous proposons ainsi une typologie des professionnels des ressources humaines selon leur posture face à la digitalisation. Certains experts RH sont des « visionnaires impliqués » car ils considèrent la fonction RH comme un moteur pour l’organisation. D’autres sont des « enthousiastes empêchés » ; ils pensent que le rôle de la fonction RH se limitera au suivi des choix organisationnels et au soutien des managers dans le processus de digitalisation.</p>
<p>Deux visions plus pessimistes de la digitalisation ressortent de l’étude. Les « sceptiques impuissants » ont une vision négative de la digitalisation et de la capacité de la fonction RH à prendre la main sur les conséquences des transformations. Les « gardiens des dérives potentielles » considèrent que la fonction RH doit avant tout jouer le rôle de garde-fou face aux avancées de la digitalisation.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/554959/original/file-20231020-25-6xk1d4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’un des défis de demain consiste à faire évoluer les visions négatives de certains professionnels RH, en les impliquant davantage dans les transformations en cours, pour concevoir des outils digitaux correspondant à leurs besoins et aux attentes des populations gérées. Cette évolution suppose la formation des professionnels RH à la qualification et à l’utilisation des data RH associées à ces outils. Ainsi, le développement des outils digitaux dépendra-t-il davantage de l’humain que de la technologie. Il s’agit bien aujourd’hui de générer une prise de conscience collective des actions à mener au sein des départements RH, mais également de conduire les autres fonctions (direction des entreprises notamment) à leur donner les moyens d’évoluer.</p>
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<p><em>Cet article a été réalisé dans le cadre d’un travail de recherche mené en partenariat entre deux chaires d’ESCP Business School – Une Usine pour le Futur et Reinventing Work. Il est issu d’un article publié par la Revue de Gestion des Ressources Humaines en 2023. Les auteurs remercient Yaëlle Amsallem, doctorante ESCP, pour sa contribution</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216104/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Géraldine Galindo est membre de l'AGRH. Elle a dirigé la Chaire "Une usine pour le futur" ESCP Business School. Dans ce cadre, elle a reçu des financements de Safran et de Michelin pour mener notamment cette recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Léon est directrice scientifique de la chaire Reinventing Work au sein d'ESCP Business School. Cette chaire a reçu des financements de BNP Paribas pour mener ce projet de recherche.</span></em></p>De nombreux responsables RH voudraient être davantage impliqués dans la digitalisation de leur fonction pour ne pas la subir.Géraldine Galindo, Professeur, ESCP Business SchoolEmmanuelle Léon, Professeur asssocié, Directrice scientifique de la Chaire Reinventing Work, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2026892023-04-05T19:16:47Z2023-04-05T19:16:47ZCoopération entre banques et fintechs : où en est-on ?<p>L’orage serait-il passé ? La <a href="https://theconversation.com/faillite-de-la-silicon-valley-bank-pourquoi-les-risques-dune-nouvelle-crise-financiere-restent-limites-201650">chute de la Silicon Valley Bank</a> et le rachat du <a href="https://theconversation.com/credit-suisse-les-lecons-dune-lente-descente-aux-enfers-202363">Credit Suisse par UBS</a> ont ravivé, début mars, les mauvais souvenirs de la crise financière de 2008. Des spécialistes arguent néanmoins qu’ils pourraient être des cas relativement spécifiques, les premiers faisant les frais d’une <a href="https://theconversation.com/garantir-les-depots-bancaires-de-facon-illimitee-une-nouvelle-arme-contre-les-crises-202278">stratégie d’investissement peu solide</a>, les seconds payant notamment la <a href="https://theconversation.com/credit-suisse-les-lecons-dune-lente-descente-aux-enfers-202363">fin du secret bancaire</a>.</p>
<p>À la différence de la cheffe du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, alertant sur un niveau d’« incertitude élevée », <a href="https://www.tf1info.fr/economie/crise-du-systeme-bancaire-credit-suisse-ubs-il-n-y-a-aucune-raison-pour-que-les-banques-europeennes-aillent-mal-2251587.html">Bruno Le Maire</a>, le ministre de l’Économie, ne voyait pas de raisons de s’inquiéter pour les banques européennes, protégées par des règles solides.</p>
<p>La crise bancaire actuelle n’exclut donc pas de s’interroger sur des problématiques de plus long terme. Dans leur course à la digitalisation, les banques ont notamment développé des liens étroits avec l’écosystème des fintechs, comme nous le montrons dans nos <a href="https://www.librairiedalloz.fr/livre/9782807928008-finance-banque-microfinance-o-va-la-richesse-creee-chicot-eboue-collectif/">travaux</a>. C’est leur réponse aux nouveaux modes de consommation des clients digitaux et à une concurrence nouvelle. Celle-ci, grâce à la technologie moderne, intelligence artificielle, « machine learning » et autre blockchain, révolutionne l’offre de services bancaires.</p>
<p>Dans cet écosystème en construction, les coopérations prennent des formes multiples : les banques organisent des compétitions de programmation, créent des incubateurs de fintechs, entrent dans le capital des fintechs. Ces collaborations permettent aux banques d’enrichir leur parcours client en intégrant des solutions novatrices et des services connexes, que le nom de la fintech soit apparent ou en marque blanche.</p>
<p>Dans un contexte où la concurrence fait rage et où les rapprochements entre fintechs s’accélèrent, la coopération avec les banques s’<a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/quand-la-fintech-se-reconcilie-avec-les-banques-1166792">intensifie</a> et semble se déplacer sur un terrain nouveau, celui des services de paiement. Les banques qui suivront le mouvement à la traîne y perdront des clients, des parts de marché et des revenus.</p>
<h2>De l’organisation d’événements communs au rachat</h2>
<p>Ces dernières années, la coopération entre banques et fintechs a pris la forme de <strong>compétitions de programmation</strong> (hackathons) organisées par les banques et regroupant des développeurs sur une période donnée. Il leur est demandé de régler une question informatique stratégique et de proposer à l’issue de la compétition un modèle ou un prototype prêt à être testé.</p>
<p>BNP Paribas a organisé ainsi des hackathons sur les thèmes « faciliter le parcours client » et « enchanter l’expérience client », la Société générale sur « la simplification », la Banque populaire sur « comment rapprocher le client du <em>back</em> et <em>middle office</em> ». Ces compétitions sont centrées sur la digitalisation et la satisfaction client, points sur lesquels les fintechs possèdent une supériorité indéniable sur les banques.</p>
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<p>Les banques investissent également dans des <strong>accélérateurs de fintechs</strong> dédiés à l’innovation technologique pour booster les plus prometteuses et ouvrir la voie à de futurs partenariats. BNP Paribas a ainsi créé l’accélérateur FinTechCorp et l’incubateur We Are Innovation, la Caisse d’épargne Rhône-Alpes l’incubateur B612, le Crédit Agricole Villages banques CA.</p>
<p>Des <strong>partenariats</strong> étroits ont été conclus pour intégrer aux offres des banques de nouveaux services afin d’enrichir l’expérience client. BNP Paribas a ainsi développé avec <em>Token</em>, spécialiste du paiement instantané, <a href="https://www.agefi.fr/news/tech-finance/bnp-paribas-sassocie-a-token-pour-lancer-instanea"><em>Instanea</em></a>, une solution de paiements pour les commerçants physiques et en ligne à travers l’Europe : une application relie directement le compte du client à celui du commerçant. Sa coopération avec <em>Expensya</em> lui permet de proposer à ses clients entreprises une solution de <a href="https://www.agefi.fr/news/tech-finance/bnp-paribas-sassocie-a-expensya-dans-la-gestion-des-notes-de-frais">gestion digitale des notes de frais</a> : celles-ci sont scannées et envoyées à partir d’un smartphone pour être contrôlées et validées par l’entreprise.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1369369899773071362"}"></div></p>
<p>Des partenariats concernent aussi des solutions d’affacturage, de paiement, de gestion de patrimoine que les fintechs proposent aux banques, parfois en marque blanche, c’est-à-dire sans que leur nom apparaisse, pour élargir les services offerts par les banques à leurs clients.</p>
<p>La coopération passe même par l’entrée des banques au capital des fintechs. La stratégie s’avère gagnante-gagnante. Elle permet à une fintech d’accélérer son développement grâce à l’apport de capitaux frais et à l’expertise de la banque, et à celle-ci d’intégrer une nouvelle technologie pour étoffer son offre. Les exemples sont nombreux, de Boursorama et Fiduceo en 2015, à la Société générale qui devient actionnaire majoritaire de PayXpert en septembre 2022.</p>
<p>Pour les banques, ces rachats-partenariats visent à accélérer leur digitalisation, à étendre la palette des services proposés à leurs clients, à accroître leurs parts de marché mais aussi à distancer les concurrentes accumulant un retard technologique.</p>
<h2>La bataille des services de paiement</h2>
<p>En 2023, la bataille semble s’être déplacée sur le terrain des services de paiement que les banques ont longtemps délaissé. Le paiement fractionné et le mini-crédit, en plein essor, restent largement dominés par leurs rivales. Les nouvelles technologies ont en effet permis aux fintechs de générer beaucoup de revenus dans ce secteur.</p>
<p>Les banques ont pris conscience qu’elles ne perdaient pas seulement ici le paiement mais aussi les ventes associées génératrices de revenus : le crédit, l’assurance, le paiement fractionné, les outils de fidélisation… Elles n’y voient plus seulement un centre de coût mais aussi un moyen de mieux valoriser la relation client et de protéger – et exploiter – un actif stratégique : les données qui accompagnent les transactions.</p>
<p>Les grands groupes répliquent alors des <a href="https://www.agefi.fr/news/tech-finance/bpce-fusionne-payplug-et-dalenys-pour-simposer-dans-le-commerce">stratégies passées</a> : acquérir le rival. BPCE a ainsi mis la main sur <em>Payplug</em> et <em>Dalenys</em> et est devenue actionnaire principal de <em>Swile</em> qui dématérialise les tickets restaurant.</p>
<p>L’enjeu se situe tout particulièrement autour du paiement fractionné et du <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/klarna-la-fintech-qui-veut-voler-aux-banques-le-marche-du-paiement-1388235">mini-crédit instantané</a>, en plein essor. Des fintechs comme <em>Lydia</em>, <em>Alma</em> ou <em>Klarna</em> occupent le créneau. Pour éviter que celles-ci ne détournent les clients du crédit à la consommation, les banques ripostent.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=882&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=882&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=882&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1108&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1108&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/517714/original/file-20230327-368-5331s7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1108&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>En 2022, la <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/la-banque-postale-change-de-strategie-dans-le-paiement-fractionne-1390517">Banque Postale</a> a conclu un accord avec <em>Alma</em> pour équiper les commerçants physiques et en ligne de solutions de paiement fractionné et différé pour leurs clients ; elle s’est alliée avec <em>Pledg</em> pour lancer son offre <em>Django</em>, solution de paiement fractionné qui permet aux commerces d’augmenter le panier moyen des clients et le taux de conversion des e-achats. BPCE a, elle, choisi d’acheter en 2019 la banque <em>Oney</em>, spécialiste du crédit consommation et du paiement fractionné. BNP Paribas a <a href="https://investir.lesechos.fr/actu-des-valeurs/la-vie-des-actions/bnp-paribas-rachete-floa-ex-banque-casino-pour-258-millions-deuros-1845433">acheté le leader du paiement en 3 fois sans frais</a>, la banque <em>Floa</em>.</p>
<p>Toutes ces coopérations visent à apporter des solutions innovantes aux commerçants et à éviter que leur maîtrise croissante des outils numériques ne les conduise à délaisser les banques au profit des fintechs.</p>
<p>Les banques qui prendront du retard dans cette course à la digitalisation perdront des clients, des parts de marché et des revenus. Elles deviendront alors des cibles pour d’autres banques, <a href="https://www.agefi.fr/news/tech-finance/raisin-obtient-une-licence-bancaire-grace-a-mhb-bank">voire même pour des fintechs</a> qui pourraient s’offrir une banque. Raisin a déjà réussi à acheter en 2019 la banque allemande MHB pour utiliser sa licence bancaire et accélérer son développement en Europe.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202689/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Lelièvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2023, la rivalité semble s’être déplacée sur un nouveau terrain de jeu : les moyens de paiement.Valérie Lelièvre, Maître de conférences en Sciences économiques, Chercheur au BETA et membre de la Chaire EFNUM, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1998302023-02-15T23:10:44Z2023-02-15T23:10:44ZBonnes feuilles : Transformation digitale et politiques publiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/509814/original/file-20230213-20-fqnm73.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C24%2C1211%2C682&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le numérique contribue aujourd’hui à redessiner les rapports entre gouvernants et gouvernés.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/argonne/14557566204">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Dans nos sociétés contemporaines, l’ampleur de la digitalisation n’est plus à démontrer. Alors que les entreprises ont intégré les enjeux du numérique depuis plus de vingt ans, le secteur public s’y trouve aujourd’hui confronté de plein fouet.</em></p>
<p><em>Comment cette nouvelle donne « numérique », portée principalement par les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plates-formes-31157">plates-formes</a> et le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/big-data-23298">big data</a>, entre-t-elle en résonnance avec les nouvelles politiques publiques ? Et comment le numérique contribue-t-il à redessiner les rapports entre gouvernants et gouvernés ? L’ouvrage collectif coordonné par Valérie Revest et Isabelle Liotard</em>, <a href="https://www.istegroup.com/fr/produit/transformation-digitale-et-politiques-publiques/">Transformation digitale et politiques publiques : les enjeux actuels</a> <em>(Éditions ISTE), étudie la manière dont l’utilisation des outils digitaux affecte certaines politiques publiques.</em></p>
<p><em>Dans cette recherche, dont The Conversation France publie ci-dessous des extraits, deux grandes questions sont soulevées : si les acteurs publics mobilisent de manière croissante ces outils, quels sont concrètement les instruments/mécanismes choisis ? Les catégories d’outils digitaux utilisés influencent-elles les objectifs et la mise en œuvre des politiques publiques ? Ces problématiques sont abordées au travers de trois terrains : les plates-formes et les politiques d’innovation, les modèles de microsimulation et les politiques sociales, et les big data et les politiques de la santé.</em></p>
<hr>
<h2>Une analyse impérative</h2>
<p>Selon un large consensus, les technologies digitales sont en cours de restructurer radicalement des industries entières. La multiplication et la mise à disposition de vastes ensembles de données numériques provenant de sources hétérogènes, couplées à une capacité d’analyse de plus en plus rapide et de moins en moins coûteuse, ouvrent en effet la voie à de nouvelles expertises dans des domaines très variés. Dans le secteur privé, ces technologies sont à l’origine de nouveaux business models et de nouveaux modes d’organisations et d’interactions.</p>
<p>Dans le prolongement de cette tendance, le soutien à la production et à l’exploitation des données numériques est appréhendé par les États comme un des piliers de leur développement économique et social, ainsi qu’en témoignent les investissements massifs réalisés ces dernières années dans des secteurs aussi variés que la santé ou la sécurité intérieure.</p>
<p>Les promoteurs de la révolution numérique voient dans l’émergence d’une « nouvelle » politique de la donnée, une transformation de la conception traditionnelle de l’État et de ses modes d’intervention. Le déploiement de cette « nouvelle forme d’action publique » basée sur la régulation par la donnée susciterait de profondes recompositions dans les modes de gouvernance existants.</p>
<p>C’est ainsi qu’émergent de nouveaux concepts – e-government, <a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-administratives-2012-2-page-367.htm">open-government</a> ou <a href="https://www.economie.gouv.fr/igpde-editions-publications/analyse-comparative-n6">citizen sourcing</a>. Ces derniers permettent de concrétiser la venue de nouveaux acteurs, l’émergence de nouveaux savoirs et instruments davantage dépolitisés ciblant la conduite individuelle, ainsi que de nouvelles formes d’action collective.</p>
<p>Se déployant dans un contexte marqué par une forte défiance à l’égard du pouvoir politique traditionnel, ces technologies digitales sont présentées par certains acteurs comme un moyen de répondre au déficit démocratique des sociétés contemporaines.</p>
<p>D’un côté la production et l’accès à des données massives de la part des décideurs publics permettraient d’améliorer l’efficacité des politiques publiques, ainsi que la démocratie. Ces technologies leur offriraient ainsi la possibilité de prendre des décisions rapides et de résoudre des problèmes d’une manière beaucoup plus flexible. Elles amélioreraient ainsi l’efficacité de la prise de décision.</p>
<p>D’un autre côté, les effets des outils numériques sur l’action publique seraient plus complexes à analyser et ambivalents. Le cas du recours aux <a href="https://www.etalab.gouv.fr/retour-sur-lopen-data-maturity-index-2021-politique-gouvernance-de-lopen-data-en-france-1-4/">open data</a> (données ouvertes) est particulièrement révélateur de cette complexité. Ces dernières désignent, de manière synthétique, des données auxquelles n’importe qui peut accéder, que tout le monde peut utiliser ou partager.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Parallèlement, on observe également un recours croissant de l’État à des bases de données possédées par des entreprises privées : on pense par exemple à l’utilisation des données de téléphonie mobile pour mesurer la répartition de la population sur le territoire en période de confinement.</p>
<p>Deux thématiques apparaissent comme primordiales. Premièrement, les interactions entre les producteurs de données publiques et privées, en lien avec la notion de propriété, nécessitent une réflexion approfondie. Deuxièmement, les questions de l’accès, du coût, et de l’utilisation des données constituent un enjeu majeur pour les usagers.</p>
<h2>Une intégration accrue… mais difficile</h2>
<p>Les études de terrain nous ont permis de mettre en lumière deux grands enseignements. Il n’existe pas une réponse unique aux questions posées, et la spécificité des politiques conduites dans des domaines bien particuliers nécessite des outils adaptés, reflétant les objectifs de la politique concernée, ses enjeux et ses obstacles.</p>
<p>Dans le contexte de la politique d’innovation européenne, nous soulignons que deux forces sont à l’œuvre : d’un côté la volonté des autorités européennes de « faire » de la politique d’innovation différemment, au travers de <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/15/4/3240">concours</a> et de plates-formes, et de l’autre les limites vis de vis de l’inclusivité des parties prenantes, et donc de la démocratisation du processus. Le défi pour les pouvoirs publics consiste à apprendre à dominer l’outil des plates-formes digitales, ainsi que le souligne Claudine Gay, afin que le design de ces dernières soit en accord avec les objectifs politiques.</p>
<p>Dans le domaine de la santé, Audrey Vézian montre que l’engouement des acteurs publics français pour l’accès aux données de santé génère une tension entre les effets bénéfiques (faciliter l’accès aux données, stimuler la recherche, etc.), et la complexité des mécanismes de gouvernance. Enfin, dans le contexte des politiques sociofiscales Franck Bessis et Paul Cotton étudient les stratégies déployées par les agents de l’administration et les chercheurs pour l’ouverture des données et des codes, dans le cadre des modèles de microsimulation utilisés pour évaluer des réformes. Ils questionnent les enjeux du maintien d’une pluralité et d’un partage des capacités d’évaluation entre administrations et universitaires.</p>
<h2>Des réflexions incontournables pour demain</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1134&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1134&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/509820/original/file-20230213-30-bx5ubh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1134&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.istegroup.com/fr/produit/transformation-digitale-et-politiques-publiques/">Éditions ISTE</a></span>
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<p>Les politiques publiques font face actuellement à de grands défis sociétaux (« <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11024-017-9332-2">grand challenge</a> » en anglais) de plus en plus complexes, incluant notamment dimension technologique, environnementale et sociale (le réchauffement de la planète, la préservation de la biodiversité ou le vieillissement de la population). Aujourd’hui, un grand nombre de chercheurs converge vers l’argument selon lequel, la nature même des grands défis de société bouscule les approches traditionnelles des politiques publiques.</p>
<p>Des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13662716.2016.1146124">pistes de réflexion</a> sur la nécessité de concevoir de nouvelles formes de politiques publiques de l’innovation sont apparues. Selon cette perspective, une vision tournée vers la co-création et le co-design entre gouvernants et gouvernés fait son chemin par exemple la citizen science (portée par exemple par la <a href="https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/2019_nasa_open_innovation_report_final.pdf">NASA</a>). Cette dernière traduit la capacité du citoyen à s’impliquer dans des programmes de recherche tournés vers la science. L’idée générale est que les amateurs (le grand public) peuvent contribuer à la production de connaissances scientifiques (par exemple la remontée de données venant du terrain), avec en filigrane la volonté de renforcer des actions d’éducation et de sensibilisation.</p>
<p>L’autre mouvement à l’œuvre concerne l’impact croissant de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/intelligence-artificielle-ia-22176">l’intelligence artificielle (IA)</a>. Si les plates-formes privées ont été les premières à mettre l’IA au cœur de leur stratégie, les acteurs publics commencent à se saisir également des opportunités offertes par cette technologie. L’arrivée de l’IA affecte notamment les frontières entre les domaines d’intervention des acteurs privés et publics. D’une part, son usage par le secteur privé peut conduire ce dernier à considérer d’un œil nouveau des services jusqu’alors délivrés par le secteur public, et à y trouver une forme nouvelle de rentabilité. Si le <a href="https://www.conseil-etat.fr/publications-colloques/etudes/puissance-publique-et-plateformes-numeriques-accompagner-l-uberisation">périmètre du service public est connu pour être évolutif</a>, l’arrivée de cette technologie a accéléré cette tendance.</p>
<p>D’autre part, à l’inverse, de nouvelles activités de service public ou bien le renforcement de certaines autres peuvent en résulter. Les applications en termes de traitement des données de santé, de défense, d’agronomie, de météo, d’éducation, de justice, de transport et de mobilité en sont une illustration. Ainsi, le défi majeur pour les politiques publiques de demain sera de tenter de concilier les avancées technologiques avec les besoins et souhaits exprimés par la société, tout en satisfaisant aux principes d’efficacité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199830/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Liotard a reçu des financements de la MSH-LSE
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Valérie Revest a reçu des financements de la MSH-LSE et du programme H2020 GROWINPRO.</span></em></p>Un ouvrage publié récemment dresse un panorama des enjeux actuels de la transformation digitale des organisations publiques. Extraits.Isabelle Liotard, Maître de Conférences et chercheure en économie de l'innovation, des plateformes et des réseaux, Université Sorbonne Paris NordValérie Revest, Professeure des universités en sciences économiques, centre de recherche Magellan, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1991722023-02-13T20:38:16Z2023-02-13T20:38:16ZL'économie numérique va-t-elle provoquer une « fuite des cerveaux » à l’envers ?<p><a href="https://theconversation.com/fr/topics/transition-numerique-27801">Digitalisation de l’économie</a>, développement des <a href="https://theconversation.com/voyages-daffaires-low-cost-le-Covid-a-bouscule-le-secteur-du-transport-longue-distance-187317">transports low-cost</a> et <a href="https://theconversation.com/fr/topics/teletravail-34157">télétravail</a> sont autant de facteurs ayant œuvré à l’émergence d’un nouveau mode de vie mêlant emploi et voyage touristique. Celles et ceux qui exercent leur activité professionnelle à l’aide des nouvelles technologies de l’information et de la communication tout en effectuant des migrations fréquentes sont nommés « nomades digitaux » et ce depuis plus de 25 ans. On doit l’appellation à <a href="https://www.wiley.com/en-us/Digital+Nomad-p-9780471974994">Tsugio Makimoto et David Manners</a>, respectivement docteur en informatique et écrivain, auteurs d’un ouvrage du même nom en 1997.</p>
<p>Bien qu’il reste difficile d’estimer aujourd’hui leur nombre précisément, <a href="https://www.twoticketsanywhere.com/digital-nomad-statistics/">plusieurs millions</a> de personnes dans le monde seraient concernées. Certains choisissent de tout lâcher pour vivre comme un « back packer » (ce que l’on peut traduire littéralement en « porteur de sac à dos » ou en « routard » éventuellement) ; d’autres préfèrent y consacrer seulement quelques semaines dans leur carrière en passant par des <a href="https://www.digitalnomadsoul.com/digital-nomad-programs/">agences spécialisées</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=910&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=910&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=910&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/508056/original/file-20230203-14-kw4sw9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Dans les pays occidentaux, la généralisation du télétravail a déjà conduit des centaines d’entreprises à revoir leur politique immobilière en délaissant les grands centres d’affaires métropolitains : on ne compte plus, par exemple, les mètres carrés de <a href="https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/06/11/qui-veut-encore-travailler-a-la-defense_6129788_4497916.html">bureaux vides à La Défense</a>. La frange de leurs salariés ayant choisi le nomadisme bénéficie d’une liberté d’installation, dans la mesure où ils répondent aux contraintes imposées par leur employeur.</p>
<p>Cette liberté bénéficie à certains territoires à fort potentiel touristique et où le coût de la vie reste moindre, particulièrement favorables à l’idée d’accueillir cette population qualifiée pour une durée plus longue que des vacances. De là à assister à un exode et à un décentrement géographique inédit ?</p>
<h2>Des nomades qui se sédentarisent</h2>
<p>Comme nous avons pu le constater au cours de <a href="https://ges.revuesonline.com/article.jsp?articleId=42016">nos recherches</a>, la répartition géographique des lieux privilégiés par ces nomades s’avère très inégale. On voit émerger des « capitales » du nomadisme digital. Elles se trouvent le plus souvent dans des pays du Sud où les prix des biens du quotidien restent relativement faibles comparativement aux revenus des nomades. Il y a par exemple Chiang Mai en Thaïlande ou Medellín, deuxième ville de Colombie en nombre d’habitants.</p>
<p>Encore considérée comme dangereuse il y a quelques années, base opérationnelle du cartel dirigé par Pablo Escobar des années 1970 à sa mort en 1993, la <a href="https://www.voyage-colombie.com/blog/terrain/digital-nomad-colombie">cité colombienne</a> au climat exceptionnel jouit aujourd’hui d’une excellente réputation auprès des nomades numériques. L’arrivée massive de ces individus exerçant leur activité à distance y a modifié la vie de certains quartiers spécialisés dans le tourisme et a conduit à des mutations dans la structure de leur économie.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1592580587294183424"}"></div></p>
<p>A Bali où les espaces de <em>coworking</em> et <em>coliving</em> sont légion, on trouve même, comme preuve de l’institutionnalisation du phénomène, une <a href="https://www.greenschool.org/bali/">école</a> accueillant les enfants de nomades digitaux. Avec une partie des nomades numériques qui se sédentarise et, progressivement, cherche à s’ancrer localement, il semble que l’on assiste en fait à une sorte de « fuite des cerveaux à l’envers ».</p>
<p>À la manière des néoruraux, ces individus transportent leur capital social, intellectuel et culturel dans leur bagage. Partant d’un scénario où la transformation de séjours courts en déménagements (de migrations temporaires en migrations résidentielles pour utiliser les termes plus techniques) s’amplifie, cela conduira vraisemblablement certains territoires à atteindre une masse critique, avec l’émergence de véritables <em>clusters</em> de compétences.</p>
<p>Ces derniers bénéficieront aux entrepreneurs désireux de mettre à contribution une main-d’œuvre formée et disponible dans leur projet. Dès lors, cela pourrait renforcer une forme de renversement : les travailleurs qualifiés, souvent occidentaux, quitteront leur pays d’origine pour une installation durable dans certains pays du Sud jouissant d’aménités résidentielles et touristiques.</p>
<p>C’est ici la localisation des facteurs de production qui est questionnée. Après avoir attiré des capitaux pour développer leur industrie, certains territoires cherchent volontairement à capter ce flux de travailleurs mobiles.</p>
<h2>Vigilance tout de même</h2>
<p>À court terme, le phénomène apporte une manne financière supplémentaire avec l’arrivée d’un nouveau type de touristes-résidents séjournant plus longtemps. C’est pourquoi, sur l’archipel portugais de <a href="https://digitalnomads.startupmadeira.eu/about-us/">Madère</a>, le gouvernement régional mène un projet pilote de « village de nomades » en visant des retombées positives pour les habitants.</p>
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<p>Cet effet d’aubaine ne peut cependant pas être pris à la légère. L’attractivité nouvelle induit des conséquences négatives telles que la hausse du prix de l’immobilier accompagnée d’une forme d’« airbnbisation », voire de gentrification. Les ambitions ne doivent pas écarter, à plus long terme, la nécessité pour les territoires concernés de faire preuve de vigilance pour éviter le renforcement d’inégalités économiques et sociales déjà conséquentes en de nombreux endroits. Si une <a href="https://iamaileen.com/digital-nomad-visa-countries/">cinquantaines de pays</a> développe aujourd’hui des visas spécifiques pour nomades, ils doivent aussi se préoccuper de la façon dont ils gèrent l’arrivée de populations dont les revenus sont nettement supérieurs à ceux des populations locales.</p>
<p>Comment s’assurer de la bonne articulation avec les écosystèmes locaux et éviter le risque d’aboutir à des bulles d’activités économiques, des communautés hors sol, dont la production ne ruisselle pas localement, sans externalités positives ? Certaines initiatives tentent déjà d’y répondre. Au <a href="https://angkorhub.com/">Angkor Hub</a> à Siem Réap, au Cambodge, est poursuivi l’objectif d’un encastrement territorial par la rencontre des entrepreneurs locaux avec les nomades numériques, du mentorat et des formations. Pour les territoires concernés, l’institutionnalisation de cette pratique offre en tout cas sans doute autant d’opportunités que de problèmes à résoudre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199172/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clément Marinos a reçu des financements de l'Université Bretagne Sud</span></em></p>Avec le développement du télétravail, des « nomades numériques » commencent à se sédentariser, et de préférence dans des villes touristiques des pays du Sud où le coût de la vie est moindre.Clément Marinos, Maître de conférences en économie régionale, membre du Laboratoire d'Economie et de Gestion de l'Ouest, Université Bretagne SudLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1980012023-01-22T16:21:49Z2023-01-22T16:21:49ZLa place du numérique dans le secteur financier en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/504923/original/file-20230117-11094-ehxq9l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C6000%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le paiement par carte ou par téléphone mobile se généralise rapidement sur le continent africain.
</span> <span class="attribution"><span class="source">i_am_zews/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’inclusion financière est un enjeu économique et social majeur dans le monde entier. Le numérique est de plus en plus utilisé comme levier, à travers notamment les technologies financières. Celles-ci connaissent un développement important et l’Afrique n’est pas en reste de cette dynamique. Comment un écosystème de Tech financière africaine se crée-t-il ? Quels sont ses acteurs, quel est son marché et quels sont les défis auxquels cet écosystème est confronté ?</p>
<h2>Le numérique en Afrique : un marché à haut potentiel</h2>
<p><em>Un engouement généralisé vis-à-vis des Technologies de l’information et de la communication</em></p>
<p>Avant d’évoquer l’inclusion et les technologies financières, il convient de s’arrêter très rapidement sur le contexte africain. Une des grandes richesses de l’Afrique est sans doute la jeunesse de sa population. En effet, 60 % environ de la population du continent a moins de 24 ans et la plupart des jeunes Africains sont fortement intéressés par les technologies numériques. De façon générale, en 2021, <a href="https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/facts/FactsFigures2021.pdf">83 % des Africains étaient abonnés à la téléphonie mobile et 33 % utilisaient régulièrement Internet</a>.</p>
<p>Ces chiffres, qui mettent en exergue l’engouement des Africains pour ces technologies, révèlent également que quelque 67 % de personnes restent hors ligne, dont une majorité vivant en milieu rural (15 % de connectés contre 50 % en milieu urbain). Ceux qui demeurent en marge d’Internet n’y ont pas accès du fait de multiples obstacles, dont le coût élevé des communications, l’absence de couverture et le manque de compétences nécessaires pour utiliser les outils technologiques.</p>
<p><em>Entre innovation inversée et Jugaad</em></p>
<p>Chose remarquable, le déploiement du numérique en Afrique met en exergue des sortes d’« innovations inversées » – autrement dit, des cas où les produits et services sont d’abord conçus dans les pays en développement avant de revenir, moyennant ajustements, dans les pays développés.</p>
<p>L’exemple du « mobile money » est emblématique avec, notamment, le développement de <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2018/12/31/les-services-bancaires-mobiles-au-kenya-l-exemple-de-m-pesa">M-Pesa au Kenya</a>. Créé en 2007, M-Pesa est un service électronique de paiement qui permet aux titulaires d’un numéro de téléphone portable d’accéder à une large gamme de services financiers autrement réservés aux détenteurs d’un compte bancaire, à partir de leur propre téléphone mobile. La solution kenyane de <em>mobile money</em> est maintenant utilisée dans dix pays, dont l’Inde et la Roumanie.</p>
<p>À côté des innovations inversées, une autre caractéristique de l’Afrique est le <a href="https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/management/0301334633966-le-jugaad-comment-innover-avec-des-ressources-limitees-320037.php"><em>Jugaad</em></a>, c’est-à-dire une recherche permanente de sobriété et de frugalité dans la mise en place des technologies. On assiste ainsi à des bricolages, à de la récupération et autres arts de faire qui permettent de s’adapter à ce contexte particulier. L’Afrique est donc un chantier immense, un creuset de talents, de créativité et d’innovation. C’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé les grandes entreprises internationales à installer des centres de recherche en Afrique (<a href="https://www.ibm.com/planetwide/ng/">IBM au Nigéria</a>, <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/04/20/le-ghana-poste-avance-de-google-en-afrique_5452859_3234.html">Google au Ghana</a>, etc.).</p>
<h2>Le numérique au cœur de l’inclusion financière</h2>
<p><em>Des technologies qui viennent compenser des insuffisances structurelles</em></p>
<p>L’inclusion financière rend compte de la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à toute une gamme de produits et de services financiers qui soient d’un coût abordable, utiles, adaptés à leurs besoins et proposés par des prestataires fiables et responsables. Or l’Afrique souffre d’un système bancaire très faible. C’est sur ce terreau qu’émerge la Fintech (« Financial Technology » ou « technologie financière ») africaine, en proposant des solutions qui permettent de dépasser les limites des systèmes financiers classiques. </p>
<p>Elle va au-delà des villes pour toucher les populations rurales, offre aux populations des moyens de paiement adaptés, des services bancaires comme les prêts, les assurances, les remises ; elle facilite les paiements, les transferts d’argent, etc. Le succès des entreprises Fintech tient également de l’augmentation de la possession de smartphones, de la baisse des coûts d’Internet et l’extension de la couverture du réseau.</p>
<p><em>Des mesures en faveur de l’utilisation des technologies financières</em></p>
<p>L’utilisation de la technologie financière, en particulier de la monnaie mobile, est devenue de plus en plus répandue dans un certain nombre d’États membres de l’Union africaine.</p>
<p>En Afrique, le paiement des transactions électroniques est pour l’essentiel effectué en espèces à la livraison (« cash on delivery »), notamment en raison du faible niveau de bancarisation des économies, du développement inégal de la monnaie électronique entre les pays, et de la faible adhésion au paiement avant la livraison, qui résulte souvent d’un manque de confiance des acheteurs en ligne.</p>
<p>Afin de régler les difficultés de transaction entre États, l’Union africaine a mis en place un <a href="https://papss.com/fr/a-propos-de-nous/">Système de Paiement et de Règlement Panafricain</a> (PAPSS) qui permet de faire circuler l’argent de manière efficace et sécurisée entre pays africains. Des systèmes de paiement régionaux numériques ont également vu le jour pour réduire le coût et le temps associés au commerce transfrontalier. C’est le cas du Système régional de paiement et de règlement du <a href="https://www.comesa.int/what-is-comesa/?lang=fr">COMESA</a> (Common Market for Eastern and Southern Africa) et du Système de règlement électronique régional intégré de la <a href="https://housingfinanceafrica.org/fr/regions/southern-african-development-community-sadc/">SADC</a> (Southern African Development Community).</p>
<h2>La montée des fintechs en Afrique</h2>
<p><em>Un marché en pleine croissance</em></p>
<p>La FinTech couvre des domaines variés. Ils vont du paiement mobile au crowdfunding en passant par la gestion d’épargne, l’assurance et crédit, le conseil financier en ligne, la néo-banque et la <a href="https://www.agenceecofin.com/finance/3005-98160-cryptomonnaies/blockchain-au-moins-304-millions-investis-sur-les-societes-actives-en-afrique-depuis-debut-2022">cryptomonnaie</a>. Il faut dire que la FinTech est un des moteurs de la croissance technologique africaine. Elle représente <a href="https://partechpartners.com/press-room/pr%C3%A9sentation-du-rapport-partech-africa-2021-l%C3%A9cosyst%C3%A8me-de-la-tech-africaine-poursuit-son-essor-avec-52-milliards-de-dollars-de-fonds-lev%C3%A9s-en-equity-et-6-milliards-en-incluant-la-dette/">3,2 milliards de dollars soit 63 % des financements</a>. Les cinq sociétés africaines devenues licornes en 2021 sont toutes, à l’exception d’<a href="https://andela.com/">Andela</a>, des entreprises du domaine de la Fintech (<a href="https://flutterwave.com/cm/">Flutterwave</a>, <a href="https://www.opayweb.com/">Opay</a>, <a href="https://www.wave.com/fr/about/">Wave</a>, <a href="https://chippercash.com/">Chipper Cash</a>).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=503&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/504910/original/file-20230117-18-bdarwc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=632&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure n°1. Liste des grandes entreprises de la FinTech.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Données PARTECH PARTNERS, 2021</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En 2020, on dénombrait 674 entreprises FinTech actives en Afrique, dont environ 80 % d’origine nationale. Le secteur des paiements domine l’arène FinTech africaine, avec <a href="https://smartafrica.org/knowledge/blueprint-for-e-payments-for-the-facilitation-of-digital-trade-across-africa/">45 % des transactions et 24 % du capital-risque total</a>. Selon <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/development/dynamiques-du-developpement-en-afrique-2021_cd08eac8-fr">l’édition 2018 du rapport Africa’s Development Dynamics on Growth</a>, [CUA/OCDE], l’Afrique utiliserait plus les banques mobiles que toutes les autres régions en développement réunies.</p>
<p><em>Un développement inégal</em></p>
<p>Si le marché africain semble important, les réalités diffèrent en fonction des pays. On note par exemple qu’en 2020, plus de 40 % de la population a un compte de monnaie mobile actif au Bénin, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, correspondant pour chacun de ces trois pays à un volume de transactions en monnaie mobile de plus de 40 % de leur PIB national. À l’inverse, moins de 10 % de la population a un compte de monnaie mobile actif en Guinée Bissau et au Niger, pour un volume de transactions électroniques qui représente <a href="https://unctad.org/fr/webflyer/etats-membres-de-la-communaute-economique-des-etats-de-lafrique-de-louest-evaluation-de">moins de 5 % du PIB</a>.</p>
<h2>Une croissance soutenue attendue dans les prochaines années</h2>
<p>Si le développement de la FinTech africaine est une réalité, on ne saurait oublier de relever quelques fragilités, dont l’absence de véritable interopérabilité entre les plates-formes, le faible taux de bancarisation, la faiblesse des systèmes d’identification, et la taille encore réduite des entreprises de la Fintech.</p>
<p>Toutefois, malgré ses faiblesses on constate déjà une véritable dynamique avec des fortes incidences sur l’économie africaine. <a href="https://www.mckinsey.com/industries/financial-services/our-insights/fintech-in-africa-the-end-of-the-beginning">L’analyse du cabinet McKinsey</a> estime que le marché des services financiers en Afrique pourrait croître d’environ 10 % par an, atteignant environ 230 milliards de dollars de revenus d’ici 2025.</p>
<hr>
<p><em>Pour une analyse plus détaillée de ces questions, lire <a href="https://www.collectionreperes.com/l_economie_africaine_2023-9782348077654">« L’économie africaine 2023 »</a>, paru aux éditions La Découverte en janvier 2023.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198001/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alain Kiyindou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La numérisation du secteur financier se déroule à grande vitesse en Afrique. Des multinationales y installent de grands bureaux et des sociétés locales spécialisées y éclosent.Alain Kiyindou, Professeur des universités, Chaire Unesco Pratiques émergentes et communication pour le développement, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1737082022-05-10T13:57:41Z2022-05-10T13:57:41ZQuel regard portent les étudiants en comptabilité sur la transformation numérique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/440746/original/file-20220113-19-11h7ak8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C0%2C995%2C667&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La profession comptable est l'une des professions les plus touchées par les nouvelles technologies et la transformation numérique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La profession comptable est en plein bouleversement. Depuis quelques années, elle prend conscience de l’abondance des données et de la disponibilité des technologies permettant de les exploiter. Les grands cabinets comptables investissent par exemple des <a href="https://news.bloombergtax.com/financial-accounting/big-four-invest-billions-in-tech-reshaping-their-identities">milliards de dollars</a> pour accélérer <a href="https://doi.org/10.1080/09638180.2021.1882320">l’adoption de nouveaux outils sophistiqués</a> tels que <a href="https://powerbi.microsoft.com/en-ca/what-is-power-bi/">Power BI</a> et <a href="https://www.alteryx.com/">Alteryx</a>.</p>
<p>Alors que certains perçoivent cette transformation comme une menace et soulignent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040162516302244">l’obsolescence prochaine des métiers de comptabilité</a>, d’autres y voient une opportunité pour automatiser plusieurs aspects de ce secteur et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0890838919300459">renouveler les compétences des comptables professionnels</a>.</p>
<p>Nous sommes tous deux voués à la recherche qualitative explorant divers aspects liés à la pratique et à la réglementation de l’audit. Professeurs agrégés à HEC Montréal, nous menons actuellement un projet de recherche sur les enjeux et les défis de la transformation numérique en comptabilité.</p>
<p>Dans le cadre de ce projet de recherche démarré en septembre 2020, nous avons interrogé des étudiants en fin de parcours scolaire pour devenir des CPA sur l’évolution rapide de la profession à laquelle ils aspirent. La plupart des étudiants interrogés nous ont semblé relativement enthousiastes face à cette transformation.</p>
<p>Nos résultats préliminaires évoquent que cet enthousiasme se manifeste autour de trois principaux éléments :</p>
<ol>
<li><p>Les nouvelles compétences qui seront acquises</p></li>
<li><p>L’avantage d’être des « natifs du numérique »</p></li>
<li><p>La versatilité du titre comptable</p></li>
</ol>
<h2>De nouvelles compétences</h2>
<p>Alors qu’on s’attendait à ce qu’ils expriment une certaine forme d’anxiété face à la transformation numérique, les étudiants semblent au contraire impatients de découvrir ce que cette transformation leur réserve en termes d’opportunités professionnelles. Bien qu’ils n’aient pas encore atteint la fin de leur parcours scolaire, ils disent être conscients des changements avec lesquels ils devront composer en pratique, de l’obsolescence imminente de certaines tâches comptables et de la nécessité de développer de nouvelles compétences hors comptabilité.</p>
<p>Ils nous confient que la pandémie de la Covid-19, ayant contribué à accélérer le virage numérique, leur a permis de prendre conscience de l’importance de développer leurs apprentissages personnels en matière de technologies. Plus encore, certains ayant eu la chance d’être en stage dans de grands cabinets nous ont révélé déjà être relativement à l’aise avec quelques outils de traitement et d’analyse de données utilisés en audit.</p>
<p>Même si cet élément est peu généralisable (puisque certains de nos interviewés ont été en stage chez des petits cabinets, moins avancés dans le virage numérique, alors que d’autres n’ont pas du tout eu la chance d’en obtenir), les étudiants semblent tous sûrs que la transformation numérique actuelle leur permettra de développer davantage leurs compétences professionnelles, en juxtaposant la technologie à la comptabilité.</p>
<h2>Des natifs du numérique</h2>
<p>Un élément qui explique aussi l’enthousiasme des étudiants en comptabilité face à la transformation numérique découle du fait que ces jeunes se considèrent comme des « natifs du numérique ». Les étudiants interrogés indiquent qu’ils ont un certain confort à se familiariser avec de nouvelles technologies et de nouveaux outils d’analyse des données. Le fait qu’ils soient à l’aise et particulièrement ouverts aux changements de pratiques induits par la transformation numérique leur fait sentir qu’ils n’auront aucun problème à se faire leur place dans le monde professionnel, notamment auprès de ceux qui sont plus avancés dans l’échelle hiérarchique, mais qui auront beaucoup plus du mal à s’adapter à la transformation qui déferle.</p>
<p>Les étudiants se voient presque comme des futurs mentors pour leurs collègues plus expérimentés en comptabilité, mais moins en technologies. Les étudiants soulèvent qu’avec ces changements rapides, ils arriveront dans un milieu professionnel où tout le monde se retrouvera presque sur un pied d’égalité par rapport aux connaissances technologiques. Les formations en technologies et en sciences des données qui leur seront par ailleurs offertes par leurs futurs employeurs leur donneront, selon eux, davantage les moyens pour se démarquer de l’ancienne génération et pour devenir les leaders de demain.</p>
<h2>La versatilité du titre comptable</h2>
<p>Beaucoup des étudiants interrogés avaient l’air convaincus de la valeur de leur futur titre comptable (CPA), notamment vu les efforts de recrutement et de rétention déployés ces dernières années par les firmes comptables.</p>
<p>Au-delà des cabinets, les étudiants indiquent qu’ils pensent que leurs connaissances plus techniques en comptabilité, en certification ou en fiscalité seront, quelles que soient les avancées technologiques, toujours d’une grande utilité dans le développement de l’économie numérique.</p>
<p>Le cumul de compétences comptables et technologiques leur permettra en quelque sorte d’être des professionnels versatiles qui pourront accompagner plusieurs organisations dans leurs virages numériques. Pour s’assurer de cette versatilité, les étudiants se disent prêts à se lancer dans d’autres formations spécialisées qui leur permettront de tirer leur épingle du jeu, en plus du titre CPA.</p>
<h2>L’université, une déception ?</h2>
<p>En dépit de leur grand optimisme, plusieurs étudiants nous confient avoir été surpris, voire choqués, du retard qu’affichent leurs programmes d’études universitaires en comptabilité par rapport à certaines avancées technologiques qu’ils ont découvertes dans d’autres formations, dans le cadre de leurs stages professionnels, ou carrément dans leur vie de tous les jours.</p>
<p>Plusieurs nous ont ainsi fait part de leur déception de réaliser que leur parcours universitaire n’est pas suffisamment arrimé avec la réalité changeante de la pratique professionnelle qui les attend.</p>
<p>En tant qu’enseignants à l’université, nous ne pouvons que joindre notre voix à celles de ces étudiants pour décrier l’urgence que revêt aujourd’hui la prise en compte de la transformation numérique aux cursus académiques, au risque de voir les étudiants rapidement se désintéresser de l’université.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173708/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mouna Hazgui a reçu des financements de Fonds de Recherche Société et Culture</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Simon Dermarkar est membre de l'Ordre des CPA du Québec. Il a reçu des financements de l'Association canadienne des professeurs de comptabilité (l'ACPC) et de CPA Canada dans le cadre du projet qu'il mène sur la transformation numérique.</span></em></p>Les étudiants en comptabilité se questionnent sur la pertinence de leur formation universitaire actuelle et sur l’avenir de leur carrière professionnelle dans un contexte de transformation numérique.Mouna Hazgui, Associate professor, Financial Accounting and IFRS, HEC MontréalSimon Dermarkar, Associate professor, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1761812022-02-03T17:44:32Z2022-02-03T17:44:32ZBonnes feuilles : « Le Covid-19, un accélérateur de l’adoption du métavers »<p><em>Le Covid monopolise la sphère médiatique depuis plus de deux ans au fil de ses mutations et des règles sanitaires qui tentent de la freiner. Cependant, un nouveau mot-valise est apparu, en partie favorisé par cette conjoncture particulière : celui de « métavers », ou « metaverse » en anglais. Ces espaces virtuels partagés en 3D ouvrent en effet le champ des possibles à une nouvelle révolution numérique majeure.</em></p>
<p><em>Le métavers permet d’abolir les dernières frontières qui se dressaient entre le monde physique et le monde numérique. Un monde aux possibilités infinies qui n’a de limites que l’imagination et la technique de l’humain. Aujourd’hui, ce concept fait aujourd’hui germer de nombreux projets financés majoritairement par les géants de l’industrie technologique et les grandes entreprises. Ces dernières ont déjà l’ambition de prendre la place de leader sur ce marché encore balbutiant, à l’image du groupe de distribution Carrefour qui vient d’<a href="https://www.bfmtv.com/tech/carrefour-a-achete-une-parcelle-virtuelle-dans-le-metavers-de-the-sandbox_AN-202201310211.html">acheter un terrain dans le monde virtuel</a> The Sandbox. Au-delà de cet exemple, le métavers amorce, semble-t-il, une marche irréversible et avec lui l’avenir de l’humanité tout entière.</em></p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1488107850656272386"}"></div></p>
<p><em>Cet essor et ces perspectives font aujourd’hui l’objet du récent ouvrage « <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03540223">Le consommateur à l’heure du métavers : mondes virtuels, avatars, cryptomonnaies et jetons non fongibles : la nouvelle révolution numérique</a> » (auto-édité) de Samy Mansouri et Mehdi Mansouri, dont The Conversation France publie ici une sélection d’extraits.</em></p>
<hr>
<h2>Aux prémices du métavers</h2>
<p>Le terme métavers est apparu pour la première fois dans le <a href="https://theconversation.com/metavers-le-nouvel-eldorado-169653">roman de science-fiction de Neal Stephenson</a>, <em>Snow Crash</em>, publié à l’aube du développement d’Internet en 1992. Dans cette fiction, les individus sous la forme d’avatars vivent et interagissent dans un espace virtuel en trois dimensions (3D) sensiblement semblables au monde réel mais avec plus de possibilités. Aux prémices d’Internet, Stephenson prédisait déjà la prochaine transformation importante du numérique basée sur la réalité virtuelle. Dans son roman, les humains accèdent au métavers par le biais d’ordinateurs qui projettent un affichage de réalité virtuelle sur des lunettes portées par l’utilisateur.</p>
<p>En 2003, la société Linden Lab, basée à San Francisco a lancé Second Life, une plate-forme virtuelle en ligne qui permet aux individus de mener une seconde vie dans un monde virtuel sous la forme d’un avatar. Le jeu a connu une forte notoriété et a approché le million d’utilisateurs réguliers en 2013. Les utilisateurs de Second Life, créent des projections virtuelles d’eux-mêmes, et sont en mesure d’interagir avec d’autres avatars, des lieux et des objets. Ils peuvent explorer le monde virtuel, rencontrer d’autres utilisateurs, participer à des activités individuelles ou de groupes, construire, créer, acheter et échanger des objets virtuels entre eux. La plate-forme propose ainsi des items en 3D générés par les utilisateurs eux-mêmes. Les échanges se font en Linden Dollar, la monnaie virtuelle du jeu qui est convertible en monnaie du monde réel.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443779/original/file-20220201-25-dxdfqg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Avatars dans le monde virtuel « Second Life ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Second_Life_11th_Birthday_Live_Drax_Files_Radio_Hour.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Plus récemment, le jeu vidéo d’action Fortnite qui comptait <a href="https://www.numerama.com/pop-culture/473562-fortnite-atteint-les-250-millions-de-joueurs-qui-pourra-larreter.html">250 millions de joueurs</a> en 2019 a proposé le premier concert gratuit au sein du monde virtuel en partenariat avec le rappeur Travis Scott. Les concerts sur 3 jours, du 24 au 26 avril 2020, ont rassemblé 27,7 millions de joueurs. Travis Scott a ainsi gagné <a href="https://www.cnews.fr/vie-numerique/2020-12-02/le-rappeur-travis-scott-aurait-gagne-20-millions-de-dollars-grace-fortnite">20 millions de dollars</a> pour l’événement. Le lien du replay qui comptabilise plus de 179 millions de vues (Note de la rédaction : chiffre mis à jour le 1<sup>er</sup> février 2022) est disponible sur YouTube via le <a href="https://youtu.be/wYeFAlVC8qU">lien en référence</a>.</p>
<p>Le concept a été reproduit avec d’autres stars telles que Ariana Grande, qui a donné une série de concerts virtuels, du 7 au 9 août 2021.</p>
<h2>Un avènement favorisé par la pandémie</h2>
<p>Nous passons de plus en plus de temps sur nos écrans. Depuis l’arrivée des ordinateurs portables, des smartphones et des tablettes, les humains ont commencé à vivre dans une réalité alternative, notamment sur les réseaux sociaux. Cette tendance s’est fortement accentuée depuis le début de la crise sanitaire qui a forcé ou incité les individus à passer plus de temps sur Internet. Forcé, car le confinement nous a obligés à télétravailler et à se parler via des applications de messagerie à défaut de pouvoir le faire en présentiel. Incité, car la monotonie du confinement nous pousse à passer plus de temps sur Internet pour apprendre ou pour se divertir.</p>
<p>Selon le baromètre Ipsos pour le groupe Krys – Ipsos, les enfants de 3 à 10 ans passent 2h14 devant un écran, soit <a href="https://www.lsa-conso.fr/le-temps-d-ecran-quotidien-des-enfants-augmente-encore-en-2021,396711">20 minutes de plus qu’en 2019</a>. Une étude américaine a montré que depuis le début de la pandémie, le temps passé devant l’écran a plus que doublé chez les 10-14 ans, passant de 3,8 heures/jour à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34724543/">pratiquement 8 heures journalier</a>. Une étude de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps) parue en 2020 a montré que <a href="https://onaps.fr/confinement-et-niveau-dactivite-physique/">69 % des adolescents ont augmenté leur temps d’écran</a> durant le premier confinement.</p>
<p>À l’heure de la normalisation du télétravail, le métavers professionnel semble être la porte d’entrée la plus logique aux nouveaux mondes virtuels. Une grande majorité des emplois dans le secteur des services se fait sur un ordinateur et ne nécessite pas de présence physique sur le lieu de l’entreprise, un terminal de travail et une connexion Internet suffisent.</p>
<p>La pandémie a également incité les organisations à avoir recours au télétravail sans dimension coercitive mais par praticité. De nombreuses réunions sont désormais organisées en ligne alors qu’elles avaient usuellement lieu en présentiel.</p>
<p>Au-delà de la vie professionnelle, le Covid a favorisé les relations sociales en distanciel. Les apéros en ligne qui pouvaient auparavant paraître totalement saugrenus ont été normalisés durant la pandémie. De nombreux amateurs et professionnels de la musique ont également donné des concerts gratuits durant les confinements. Par exemple, le DJ Français Bob Sinclar a réuni jusqu’à <a href="https://www.francebleu.fr/infos/insolite/pendant-le-confinement-le-dj-bob-sinclar-mixe-tous-les-jours-en-direct-sur-facebook-1585245633">6 millions de spectateurs</a> sur une session live de musique funk sur Facebook.</p>
<p>Tous ces éléments mis en commun favorisent fortement la migration des consommateurs vers le métavers, un monde virtuel auquel ils sont de plus en plus habitués.</p>
<h2>Des investissements importants</h2>
<p>Sans surprise les entreprises qui investissent aujourd’hui massivement dans le métavers font partie des GAMAM (Google – Amazon – Meta – Apple – Microsoft) et des BATX (Baidu – Alibaba – Tencent -Xiaomi). Pour rappel ce sont les entreprises technologiques les plus importantes au niveau mondial. Leur capitalisation frôle les 10 000 milliards de dollars soit deux fois et demie le PIB de l’Allemagne.</p>
<p>L’entreprise qui paraît la plus avancée reste Meta (anciennement Facebook). Le 28 octobre 2021, Mark Zuckerberg a présenté dans une longue vidéo sa vision et les objectifs de son métavers alliant réalité virtuelle et réalité augmentée, la vidéo est disponible via le lien en référence (voir ci-dessous).</p>
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<figcaption><span class="caption">The Metaverse and How We’ll Build It Together – Connect 2021 (Meta, octobre 2021).</span></figcaption>
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<p>Dans la foulée, Meta a lancé le 9 décembre 2021 aux États-Unis et au Canada, Horizon Worlds, une expérience de réalité virtuelle sociale où les utilisateurs peuvent créer et explorer ensemble un métavers. Pour y accéder, un casque de réalité virtuelle de la marque Oculus (entreprise rachetée en 2014 par Facebook) est nécessaire. Selon Meta, Horizon Worlds représente l’avenir des réseaux sociaux, notamment grâce aux interactions avec les autres avatars.</p>
<p>De son côté Microsoft a annoncé une nouvelle plate-forme appelée Mesh pour 2022. Mesh s’inscrit dans la <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-11-02/microsoft-s-own-metaverse-is-coming-and-it-will-have-powerpoint">productivité en ligne</a> en étant la suite de Teams. La nouvelle plate-forme collaborative professionnelle ambitionne de combiner la réalité augmentée et la réalité virtuelle. L’objectif est de pouvoir travailler dans un bureau virtuel en incarnant un avatar, le tout avec plus de fonctionnalités.</p>
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<figcaption><span class="caption">Introducing Microsoft Mesh (Microsoft, mars 2021).</span></figcaption>
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<p>Du côté de la Chine, Ma Jie le vice-président de Baidu, a donné une <a href="https://www.cnbc.com/2021/12/24/baidu-says-it-could-be-6-years-before-it-can-fully-deliver-its-metaverse.html">conférence de presse</a> le 21 décembre 2021 pour présenter XiRang (en français, « terre d’espoir »), le métavers en cours de développement de la société. Ce projet devrait voir le jour dans les 6 ans à venir selon l’entreprise.</p>
<p>Plusieurs applications industrielles du métavers sont également envisagées par les grands groupes. Boeing a récemment annoncé vouloir <a href="https://www.reuters.com/technology/boeing-wants-build-its-next-airplane-metaverse-2021-12-17/">concevoir son prochain avion</a> dans le métavers. Après la crise du 737 Max, le constructeur aéronautique va investir 15 milliards de dollars sur 10 ans pour revenir à la pointe de l’ingénierie.</p>
<h2>Réel et virtuel, une frontière désormais poreuse</h2>
<p>Plusieurs entreprises développent des interfaces de connexion qui reproduisent les stimuli sensoriels. Plusieurs innovations concernent les combinaisons intégrales pour permettre de mieux ressentir l’environnement virtuel sur le corps physique et de mesurer les signes vitaux de l’utilisateur. Le but étant à terme de pouvoir aussi ressentir les chocs, la présence de liquide ou de gaz ainsi que les changements de température. Les entreprises les plus avancées du secteur sont Bhaptics, HaptX ou encore TeslaSuit.</p>
<p>Au Japon, pays souvent à l’avant-garde des nouvelles technologies, une entreprise travaille sur une plate-forme de réalité mixte qui permet de prendre en compte une réalité incluant la réalité virtuelle et la réalité augmentée. L’entreprise propose aux utilisateurs de percevoir, via des lunettes spécifiques, des contenus de réalité mixte dans des zones urbaines. En marchant dans la rue, le piéton peut voir des points d’informations ou des <a href="https://psychic-vr-lab.com/en">œuvres d’art flottantes</a> dans le ciel.</p>
<p>Des techniques de conceptions immersives dans le métavers seront utilisées. Les employés du monde entier pourront collaborer sur une même plate-forme en 3D et contrôler des robots industriels dans cette même interface.</p>
<p>De nombreuses entreprises utilisent déjà la réalité virtuelle pour les visites de chantier par exemple. Le métavers permettra une expérience, plus immersive et plus collaborative, tout en réduisant les coûts. Un ingénieur pourra faire le suivi en temps réel de plusieurs projets sans se déplacer physiquement et en partageant des informations avec les membres de son équipe, eux aussi dans le métavers.</p>
<h2>Limites et risques</h2>
<p>À l’heure actuelle, ce sont les géants de la tech qui semblent être les plus avancés dans la course au métavers au vu des investissements importants dans le secteur. Les entreprises des GAMAM et des BATX, qui sont les premiers bâtisseurs du métavers ont quasiment toutes été critiquées concernant le respect de la vie privée de leurs utilisateurs. La CNIL a récemment infligé des amendes à Google et Facebook pour leur gestion du consentement des cookies. Les deux plates-formes devront payer des amendes de respectivement 150 millions et 60 millions d’euros. En plus d’une obligation de mise en conformité sous peine d’astreintes de 100 000 euros par jour de retard.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1479023500107128833"}"></div></p>
<p>Dans le métavers, tous les comportements des humains peuvent être répliqués dans le monde virtuel. Malheureusement cela inclut les bons comme les mauvais. Lors du lancement du métavers de Meta, Horizon Worlds, une utilisatrice a été harcelée sexuellement sur la plate-forme. Elle a expliqué que son avatar a subi des attouchements par un autre avatar d’un utilisateur inconnu. Les services de modération d’Horizon Worlds se sont défendus en expliquant que la jeune femme n’avait pas activé les dispositifs de sécurité comme une <a href="https://www.lepoint.fr/sciences-nature/agression-sexuelle-le-metavers-de-facebook-au-coeur-d-une-polemique-18-12-2021-2457447_1924.php">bulle de sécurité</a> permettant de tenir à distance les autres utilisateurs.</p>
<p>D’ailleurs, Andrew Bosworth, directeur des nouvelles technologies de Meta, est lui-même inquiet au sujet du besoin de modération titanesque nécessaire au métavers, bien supérieur à celui des réseaux sociaux actuels. Il a affirmé, dans un mémo interne consulté par le Financial Times, que la réalité virtuelle pouvait souvent constituer un « environnement toxique », en <a href="https://www.ft.com/content/d72145b7-5e44-446a-819c-51d67c5471cf">particulier pour les femmes et les minorités</a>.</p>
<p>L’ère du numérique et de la dématérialisation devient aussi, paradoxalement, l’ère durant laquelle nous polluons et nous utilisons le plus de matières et d’énergie. La production d’un ordinateur portable, par exemple, requiert des métaux rares provenant du monde entier (du tantale congolais, du lithium bolivien, de l’or australien, et bien d’autres terres rares chinoises).</p>
<p>Selon une récente étude, les émissions de gaz à effet de serre du numérique se situent <a href="https://europepmc.org/article/med/34553177">autour de 3 % de la part totale</a> d’émissions mondiales de CO<sub>2</sub> anthropiques. C’est <a href="https://www.icao.int/environmental-protection/Pages/envrep2019.aspx">plus que le secteur de l’aviation</a> (transport aérien civil) qui représente 2 % des émissions mondiales de CO<sub>2</sub> selon un rapport de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en 2019.</p>
<p>L’interface audiovisuelle du métavers provoquera inévitablement une forte consommation énergétique. On estime que le fonctionnement du métavers nécessitera près de deux fois et demie plus de ressources que le fonctionnement des réseaux Internet aujourd’hui.</p>
<h2>Conclusion</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=955&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=955&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=955&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1201&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1201&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443781/original/file-20220201-18-1ym2768.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1201&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">« Le consommateur à l’heure du métavers : Mondes virtuels, avatars, cryptomonnaies et jetons non fongibles : la nouvelle révolution numérique », de Samy Mansouri et Mehdi Mansouri.</span>
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<p>Les changements comportementaux des consommateurs, les investissements massifs dans le métavers, de même que les premiers revenus conséquents issus des nouveaux outils et applications numériques, renforcent l’idée que le métavers représente la future révolution majeure du numérique. Les contours ne sont pas encore bien définis et les différents acteurs de ce nouveau marché mènent une guerre commerciale pour capter le maximum d’utilisateurs possible.</p>
<p>Malgré les risques associés, le métavers est déjà en marche. La conjecture d’une pandémie qui pouvait être considérée comme exceptionnelle au XXI<sup>e</sup> siècle il y a deux ans, favorise fortement et même impose des éléments du métavers aux êtres humains.</p>
<p>Enfin, l’Internet traditionnel semble être arrivé à la fin de son règne laissant place au début du métavers. Plus global, plus immersif, plus sensoriel et plus expérientiel, le métavers se développe à une vitesse impressionnante où les acteurs traditionnels se disputent les premières places face aux nouveaux disrupteurs technologiques dont l’ambition n’a d’égal que la taille de cette future technologie aux possibilités infinies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176181/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samy Mansouri ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En favorisant les relations sociales en distanciel, la pandémie a contribué à diffuser les usages au cœur des mondes virtuels en 3D, dont l’essor est analysé dans un récent ouvrage. Extraits.Samy Mansouri, Maitre de Conférences, IAE OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1739682022-01-10T19:50:18Z2022-01-10T19:50:18ZBonnes feuilles : « Le digital modifie le secteur de l’enseignement supérieur en profondeur »<p><em>Olivier Mamavi (Paris School of Business) et Romain Zerbib (ICD Business School, Chaire ESSEC IMEO) ont coordonné la rédaction de l’ouvrage collectif intitulé « Transformation digitale et enseignement supérieur », publié aux Éditions EMS. À cette occasion, nous vous proposons d’en découvrir ci-dessous un extrait du premier chapitre.</em></p>
<hr>
<p>La transformation digitale, que nous définissons ici comme un processus de numérisation des différents métiers d’une organisation dans le but d’optimiser sa chaîne de valeur, est actuellement en cours d’accélération dans le secteur de l’enseignement supérieur sous l’effet, notamment, de la Covid-19.</p>
<p>Une telle dynamique pose un ensemble de problématiques complexes aux acteurs établis. Les écoles et universités – dans le sillage de cette grande recomposition du secteur – doivent composer avec l’éclosion de moult modèles alternatifs, y compris offline, qui s’émancipent des schémas traditionnels.</p>
<p>Les modèles d’affaires issus du numérique posent en effet un défi de taille aux acteurs traditionnels, et ce pour au moins quatre motifs majeurs : l’équation de la valeur, la capacité d’accueil, la personnalisation et le prix.</p>
<p><strong>1. L’équation de la valeur</strong></p>
<p>Les plates-formes d’apprentissage peuvent articuler deux composantes difficilement compatibles pour les acteurs historiques de l’enseignement supérieur : la non-sélection à l’entrée et le prestige du certificat/diplôme à la sortie.</p>
<p>Les plates-formes (Google Analytics, Datacamp, Duolingo, etc.) sont ouvertes à tout un chacun. Le nombre de certificats délivrés évolue ensuite de façon décroissante à mesure que le parcours d’apprentissage se complique. Le volume de participants muscle ainsi mécaniquement le prestige des certifications les plus élevées en produisant un ensemble de ratios qui témoignent de la difficulté d’accès aux niveaux les plus prestigieux.</p>
<p>Un tel mécanisme semble, en revanche, plus délicat à mettre en œuvre pour les acteurs historiques de l’enseignement supérieur. Les plates-formes sont en effet caractérisées par une logique de tourniquets, elles se nourrissent de flux et de données, là où les modèles traditionnels se caractérisent plutôt par la mise en place de murailles, elles filtrent à l’entrée.</p>
<p><strong>2. La capacité d’accueil</strong></p>
<p>Les plates-formes d’apprentissage, compte tenu d’un effacement des contraintes physiques, ne connaissent aucune limite en matière de volume d’apprenants. Une marque forte, appuyée sur un dispositif de montée en compétences efficace et reconnu par le marché, peut ainsi augmenter de façon exponentielle le nombre d’apprenants, sans que cela n’enclenche ni une explosion des charges foncières, ni un risque de dévaluation du diplôme (compte tenu de la difficulté d’accès aux niveaux les plus élevés). Les apprenants peuvent, par ailleurs, se situer à n’importe quel endroit du globe, pour peu qu’ils disposent d’une connexion Internet.</p>
<p><strong>3. La personnalisation</strong></p>
<p>Les plates-formes offrent la possibilité de maximiser le suivi et la mesure du parcours d’apprentissage. L’ensemble de ces données permettent la mise en place d’une arborescence sophistiquée offrant à chaque apprenant la possibilité de suivre un parcours personnalisé en fonction de son rythme, de ses aspirations, mais également de ses éventuels troubles spécifiques d’apprentissage (dyslexie, dyscalculie, etc.).</p>
<p><strong>4. Le prix</strong></p>
<p>Les plates-formes d’apprentissage, enfin, proposent un service peu coûteux aux apprenants. Les acteurs du numérique disposent en effet d’une grande variété de modèles d’affaires, notamment gagés sur les effets d’échelle et la valorisation des données. Le tout permet de livrer une offre à prix cassée et parfois même gratuite aux apprenants.</p>
<p>Ces quatre éléments (équation de la valeur, capacité d’accueil, personnalisation, prix) traduisent les avantages comparatifs dont disposent les acteurs du numérique.</p>
<p>Les plates-formes auront-elles la capacité de remonter la chaîne de valeur des acteurs historiques ? Pourront-elles capturer de nombreuses parts de marché ? Il apparaît difficile, à ce stade, d’anticiper la tournure précise que prendra cette dynamique concurrentielle. Il semble cependant envisageable d’estimer la difficulté, pour un acteur traditionnel, d’opérer un pivot vers le digital.</p>
<h2>Une transformation qui ne va pas de soi</h2>
<p>Les principaux obstacles étant d’après nous : un changement de secteur, un changement de standard et un changement de règles du jeu.</p>
<p><strong>1. Un changement de secteur</strong></p>
<p>Le fait de passer d’une formule traditionnelle, qui consiste à délivrer les enseignements dans une salle de classe, à un modèle de plate-forme où la quasi-totalité des modules est accessible et consommée en ligne, implique tout d’abord un basculement (ou a minima un débordement) vers un autre secteur stratégique.</p>
<p>Lorsqu’une école entre de plain-pied dans la formation à distance, cela implique en effet que ses concurrents directs ne représentent plus uniquement ses traditionnels homologues (généralement cités dans le classement FT des meilleures écoles), mais un ensemble de plates-formes qui délivrent des contenus, y compris gratuitement.</p>
<p>Les meilleures universités américaines (Harvard, Columbia, Yale ou encore Princeton) ont par exemple récemment mis en ligne 450 cours et formations en open access via le site Classe Central. Idem pour le Collège de France qui propose plus de 10 000 cours gratuits sur son site Internet. Les exemples sont nombreux. Mieux vaut, en conséquence, avoir à l’esprit ce type d’initiative avant d’engager une démarche analogue… mais payante.</p>
<p>Nous pourrions en outre évoquer LinkedIn Learning qui fort d’une communauté de 660 millions de membres, appuyée sur un dispositif algorithmique sophistiqué, est en mesure d’adresser du contenu adapté à un public qualifié.</p>
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<img alt="https://commons.wikimedia.org/wiki/File :College_de_france.jpg" src="https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/438090/original/file-20211216-19-ztjvqp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sur le site Internet du Collège de France (photo), on trouve près de 10 000 cours en accès libre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Une telle application témoigne en outre qu’un positionnement digital implique la maîtrise de nouvelles compétences. Il n’est pas inné, en effet, de mettre en place une plate-forme multimodale en mesure de délivrer et de monitorer des modules ajustés en fonction du rythme de l’apprenant.</p>
<p>Si l’audience, la data et l’algorithme deviennent les éléments pivots de ce nouvel environnement concurrentiel, comment composer avec les GAFAM ?</p>
<p><strong>2. Un changement de standard</strong></p>
<p>Un programme délivré en ligne pose la question cruciale de l’attention et de l’engagement de l’apprenant. Quoi de plus complexe, en effet, que de conserver une audience à distance engagée ? Qui plus est, lorsque le contenu est ardu et implique une attention particulière. Il apparaît à cet égard plausible l’hypothèse que les lois de l’écran s’imposent tôt ou tard au contenu. Une conséquence envisageable étant alors que l’on assiste à un rapprochement, sinon une convergence, entre les métiers et savoir-faire de l’<em>entertainment</em> et celui de l’apprentissage. Une telle dynamique pourrait favoriser de puissantes barrières à l’entrée.</p>
<p>Jusqu’à présent, la salle de classe constitue en effet une des seules variables constantes du jeu concurrentiel. Que l’on suive un module au sein de la première ou de la dernière école du classement FT, l’ergonomie des locaux est quasiment identique. Il s’agit schématiquement d’un cube au sein duquel sont disposés des tables, des chaises et un tableau.</p>
<p>Or, l’avènement des cours en ligne, passé au tamis des studios de production, pourrait faire émerger un véritable clivage esthétique entre les différents modules. Une telle distinction n’est ni superficielle, ni anecdotique. En effet, au même titre que les standards hollywoodiens ont définitivement ringardisé les télénovelas, les acteurs qui produiront les meilleurs contenus, à la fois immersifs et interactifs, érigeront des barrières à l’entrée cognitives qui bloqueront l’accès aux acteurs qui campent sur une formule archaïque du distanciel.</p>
<p><strong>3. Un changement de règles du jeu</strong></p>
<p>Les petites écoles qui estiment pouvoir minimiser les coûts en mettant leurs apprenants à distance doivent prendre en compte que l’éloignement pourrait aussi favoriser le poids des labels et des classements qui hiérarchisent les établissements en fonction de la valeur des diplômes et des certifications qu’ils délivrent.</p>
<p>La taille des locaux n’étant plus une contrainte, quelques marques extrêmement puissantes pourraient tout à fait truster la quasi-totalité des parts de marché. Notons que plusieurs entreprises extérieures au secteur de l’apprentissage pourraient également s’inviter dans le jeu. Google, par exemple, compte parmi les acteurs les plus légitimes pour délivrer du contenu et des certifications reconnues mondialement en matière de marketing digital. Idem pour Amazon au sujet du retail ou encore IBM à propos de l’intelligence artificielle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/438085/original/file-20211216-13-gngkxa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/themes/management-organisation-strat%C3%A9gie/ouvrage/654-transformation-digitale-et-enseignement-sup%C3%A9rieur.html">Éditions EMS</a></span>
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<p>Imaginer ce qu’impliquerait, pour un acteur historique, le fait de pivoter sur un modèle digital, permet de mettre en exergue les enjeux concurrentiels qu’une telle (r)évolution suppose.</p>
<p>Cependant, qu’une école souhaite ou non basculer dans le digital, il n’en demeure pas moins que la transition est enclenchée, et qu’elle travaille d’ores et déjà en profondeur le marché et sa grammaire concurrentielle. Une telle rupture semble en effet induire des changements paradigmatiques qu’il n’est pas aisé de surmonter, en particulier, pour des acteurs historiques engagés sur un modèle d’affaires fortement institutionnalisé (certifications, grades, classements, etc.).</p>
<h2>Un effet en chaîne</h2>
<p>L’avènement du numérique favorise un ensemble d’opportunités stratégiques pour les acteurs historiques, en même temps qu’il engage un processus de remise en question de leur chaîne de valeur. L’essor des plates-formes met, en effet, en exergue une offre coûteuse, rigide, faiblement personnalisée et fondée sur un système d’évaluation des compétences relativement flou, dès lors que les acteurs historiques sont comparés aux acteurs du numérique.</p>
<p>Une telle dynamique favorise en conséquence l’éclosion de nombreux modèles alternatifs, y compris offline, qui s’émancipent des schémas traditionnels. Les prix cassés, l’assurance d’employabilité, la focalisation thématique et l’ancrage territorial constituant, le plus souvent, le véhicule mobilisé par les outsiders pour remonter méthodiquement la chaîne de valeur.</p>
<p>Au même titre que les palaces semblent aujourd’hui moins exposés au phénomène Airbnb que les hôtels de milieu de gamme, les écoles fondées sur une logique d’élitisme se verront peut-être moins impactées par ce phénomène de rupture que les écoles qui ont fait le choix de la massification. Mais pour combien de temps ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173968/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les établissements les moins prestigieux, qui ont misé sur la massification de leurs effectifs, subissent aujourd’hui davantage les bouleversements que les plus réputés.Romain Zerbib, Chercheur associé à la chaire IMEO de l'ESSEC, enseignant-chercheur en stratégie, ICD Business SchoolOlivier Mamavi, Professeur associé, PSB Paris School of BusinessLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1728822021-12-22T20:26:19Z2021-12-22T20:26:19ZRéalité virtuelle : comment l’industrie nucléaire se modernise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/436753/original/file-20211209-21-g4nic1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C2048%2C1229&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La réalité virtuelle permet de visiter des lieux inaccessibles, comme des réacteurs nucléaires.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/Researchers_Developing_New_Designs.jpg">Idaho National Laboratory/Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La transition numérique en cours dans la plupart des secteurs révolutionne les pratiques du monde industriel. Celui-ci deviendra <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Industrie_4.0">l’industrie 4.0</a>, ultraconnectée, bardée de capteurs, capable de s’adapter seule à un grand nombre de modifications ou de perturbations, et permettant ainsi plus d’agilité et de fiabilité. C’est d’autant plus le cas pour l’industrie nucléaire, industrie de haute technologie et dont les exigences de sûreté sont incomparables. L’utilisation de la réalité virtuelle et l’apparition de maquettes numériques des bâtiments et des processus deviendront ainsi des alliés indispensables pour la formation des personnels, permettant une maîtrise des risques associés à toute activité nucléaire.</p>
<h2>Sûreté et compétitivité : la formation au cœur de la filière nucléaire</h2>
<p>La filière nucléaire est la 3<sup>e</sup> filière industrielle française. Elle représente environ <a href="https://www.gifen.fr/le-gifen/filiere-nucleaire">220 000 emplois directs non délocalisables</a>. La part de la formation dans le chiffre d’affaires est 3 fois plus élevée que la moyenne nationale de l’industrie, ce qui correspond en moyenne à <a href="https://www.franceindustrie.org/wp-franceindustrie/wp-content/uploads/2020/04/Recto-verso-Enqu%C3%AAte-2019.pdf">9 jours/an</a> pour les employés, qu’il s’agisse de formations initiales ou de remises à niveau de leurs habilitations. En effet, la filière doit maintenir les connaissances clés nécessaires à l’utilisation contrôlée et sûre de la production d’énergie nucléaire, et assurer le renouvellement des compétences vers les jeunes générations.</p>
<p>L’État, conscient de ces enjeux, a lancé un appel à projets en 2021 sur le <a href="https://www.bpifrance.fr/nos-appels-a-projets-concours/appel-a-projets-renforcement-des-competences-de-la-filiere-nucleaire">« Renforcement des compétences de la filière nucléaire »</a>. Il s’agit d’une part d’adresser les enjeux de la sûreté nucléaire, qui nécessite une main-d’œuvre qualifiée et spécialisée devant intégrer très tôt les gestes et les comportements liés à la sûreté. Cela repose sur la conscience des risques et suppose des réactions appropriées, efficaces et intelligentes en toutes circonstances. D’autre part, dans une industrie mondialisée où la transition numérique est en marche, la formation se doit de soutenir les enjeux de compétitivité et de maîtrise des coûts. L’ingénierie nucléaire doit ainsi affronter de vrais défis avec de nouvelles méthodes de travail plus collaboratives et la mise en œuvre de technologies complexes et innovantes, dans des chantiers d’envergure.</p>
<h2>La réalité virtuelle, vers plus d’efficacité</h2>
<p>La réalité virtuelle est une réponse à ces enjeux. En privilégiant la pratique dans un contexte « pseudo-réel », elle permet un transfert direct des situations industrielles réelles et des savoir-faire technologiques, et in fine des <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/technologies-de-l-information-th9/realite-virtuelle-42299210/realite-virtuelle-et-formation-te5975/">gains de temps, de productivité et d’efficacité</a>.</p>
<p>Les avantages principaux de la réalité virtuelle pour la formation professionnelle sont la possibilité de réaliser des tâches en toute sécurité, de permettre de refaire les gestes industriels, de créer des scénarios pédagogiques dans des conditions rares, comme des accidents. Pour l’industrie nucléaire, il s’agit par exemple d’accéder au <a href="https://oreka-group.fr/nos-offres/le-pole-numerique-3d/">cœur d’un réacteur nucléaire</a> ou de former les travailleurs à des interventions impossibles à reproduire dans la réalité, par exemple un changement de joint défectueux en zone hautement radioactive.</p>
<p>Au CNAM par exemple, la réalité virtuelle est utilisée en parallèle des cours magistraux de physique des réacteurs en permettant aux élèves de se déplacer <a href="https://www.youtube.com/watch?v=OEgJdT2Ix-Q">dans les parties inaccessibles du cœur</a>. Les travaux pratiques de mesures nucléaires ont quant à eux été totalement virtualisés, pour permettre aux élèves de s’entraîner à leur guise en suivant des scénarios pédagogiques. Leur déroulement s’effectue de manière individuelle et collective, soit en présentiel (<a href="https://ecole-ingenieur.cnam.fr/presentation/actualites/mesurer-une-source-radioactive-a-travers-un-tp-virtuel-une-belle-avancee-pedagogique--1222801.kjsp?RH=vaeFR">avec un casque de réalité virtuelle)</a>, soit à distance (avec un ordinateur). Enfin, grâce aux dernières évolutions des technologies de réalité virtuelle, une salle virtuelle multi-activités a été créée, donnant la possibilité totalement innovante aux apprentis et enseignants <a href="https://www.aptero.co">d’interagir en partageant du contenu</a>, tel que des devoirs, des échanges oraux ou des cours.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Environnement virtuel, montrant une machine et des capteurs associés ; une fenêtre interactive montre un agrandissant des capteurs et des données correspondantes" src="https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/437992/original/file-20211216-13-y9v8za.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La réalité virtuelle est utilisé par les étudiants du CNAM pour se former à l’instrumentation nucléaire. Ici une chaîne de mesure entièrement virtualisée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Emmanuelle Galichet</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>En réalité virtuelle, tous les sens sont atteints, permettant ainsi une compréhension plus aisée des phénomènes et une meilleure intégration des gestes techniques. Cette technologie est encore nouvelle et peu d’études sont encore menées. Néanmoins les <a href="https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/agence_des_usages/%C3%89tat_Art.pdf">premiers résultats sont encourageants</a>.</p>
<p>L’évaluation précise et scientifique des bénéfices de la réalité virtuelle pour la formation est encore à trouver. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0166361514002073">De nombreuses méthodes sont proposées</a> et il sera important de trouver les bons critères d’évaluation. Les traces numériques laissées par les élèves (temps d’hésitation, nombres d’essais ou d’erreurs…) pourront aider à trouver des critères objectifs pour évaluer l’apport de la réalité virtuelle en formation.</p>
<h2>Le jumeau numérique dans la filière nucléaire</h2>
<p>La filière nucléaire va encore plus loin dans sa volonté d’évolution numérique de ses projets. L’idée est désormais de concevoir, exploiter, maintenir et déconstruire à l’aide des jumeaux numériques, c’est-à-dire un ensemble de programmes informatiques interconnectés modélisant une infrastructure – une centrale nucléaire par exemple – et son comportement sur l’ensemble de son cycle de vie.</p>
<p>Le concept de jumeau numérique dans l’industrie ressemble à ce qui se fait en construction et architecture avec le BIM, appelé aussi <a href="https://buildingsmartfrance-mediaconstruct.fr/memos-pratiques-BIM/">« maquette numérique du bâtiment »</a>. Dans ce domaine, la maquette numérique est en fait le prototype du bâtiment et donne des informations sur sa géométrie, ses matériaux et ses installations techniques (l’emplacement exact des conduites d’eau, par exemple).</p>
<p>Une installation nucléaire est complexe. D’une part, les procédés industriels (production de chaleur par la radioactivité, transport de la chaleur, comportement des fluides et matériaux, chimie du recyclage…) sont nombreux. D’autre part, une installation nucléaire représente plus de 50 bâtiments, plus de 150 systèmes élémentaires comme une ventilation ou une pompe, plus de 500 trémies ou plus de 2000 kilomètres de câbles. Le tout doit être géré sur une durée d’environ 100 ans, de la conception à la déconstruction. Il est donc fondamental de conserver la mémoire de l’ensemble des données de l’installation à tout instant (référentiels sûreté, matériaux, données sur le comportement des systèmes ou issues des capteurs sur site, essais…). Pour mémoriser, organiser et prioriser ces flux de données, le jumeau numérique (donc un clone de l’installation à un instant t) doit donc être associé à une <a href="https://www.assystem.com/fr/offres/plm-product-lifecyle-management-2/">plate-forme de gestion des données</a> (en anglais Product Lifecycle Management ou PLM).</p>
<p>Mais le suivi des infrastructures et des procédés n’est pas le seul intérêt des jumeaux numériques. En intégrant la réalité virtuelle, ces clones participent également à la formation de l’ensemble des corps de métiers ayant besoin d’intervenir sur les installations nucléaires. Toutes les interventions pourront ainsi être jouées autant de fois que cela sera nécessaire, afin de supprimer toute hésitation le jour où elles seront réalisées en conditions réelles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Jeune homme coiffé d’un casque de réalité virtuelles, deux manettes à la main. Derrière lui, un écran montre une installation technique. Un capteur indique la dose de radiation qu’il recevrait en réalité : 44mSv/h" src="https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=357&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/437995/original/file-20211216-19-1jhc6qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le CNAM utilise également la réalité virtuelle pour permettre des visites virtuelles des installations nucléaires inaccessibles en conditions réelles, ici à cause des doses élevées de rayonnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Emmanuelle Galichet, Oreka Ingénierie</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Un des projets de jumeau numérique de la filière nucléaire est celui du <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03225080/document">« Réacteur numérique »</a>. Le but affiché est de créer « un réacteur nucléaire couvrant les phases de conception, d’exploitation et de déconstruction, en fonctionnement normal, incidentel ou accidentel ». Ce projet bénéficie d’un budget de 30 millions d’euros et environ 200 personnes travailleront dessus pendant 4 ans. D’autres installations nucléaires, telles qu’une <a href="https://www.assystem.com/fr/projets/jumeau-numerique-usine-traitement-dechets-nucleaires/">usine de retraitement</a>, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires <a href="https://www.andra.fr/transversalite-et-tracabilite-le-jumeau-numerique-un-atout-essentiel-pour-cigeo">CIGEO</a>, ou le projet <a href="https://www.egis-group.com/perspectives/digital-transition/iter-fusion-digital-models">ITER</a> pour la fusion nucléaire sont eux aussi en train de construire leur propre jumeau numérique.</p>
<p>La filière française espère ainsi gagner sur deux aspects : la sûreté et la compétitivité. C’est la formation de tous les métiers grâce à la réalité virtuelle et le jumeau numérique qui permettra d’optimiser le fonctionnement des réacteurs dans la durée, d’améliorer la qualité des interventions et de gagner en performance industrielle.</p>
<p>Deux défis attendent les acteurs de la digitalisation des installations nucléaires. Le premier est l’interopérabilité des simulations numériques (appelées aussi codes de calcul), de la physique au niveau microscopique (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neutronique">simulation neutronique</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thermohydraulique">thermohydraulique</a>… du cœur du réacteur où se développe la réaction en chaine de fission) jusqu’au niveau macroscopique géométrique des bâtiments. Les échelles prises en compte dans les codes de calculs sont différentes, tout comme les langages informatiques et les formats de données. Il faudra donc créer une plate-forme de couplage informatique, où tous les codes de calculs pourront communiquer et opérer ensemble. Le second défi est la gestion optimisée des données issues de l’installation sur tout le cycle de vie de l’installation. Le choix d’une plate-forme PLM adaptée et sécurisée sera primordial. Pour la déconstruction des installations nucléaires, un <a href="https://pleiades-platform.eu">projet européen</a> a même été mis en place pour harmoniser ces aspects.</p>
<p>Si la filière nucléaire réussit ces challenges, le fonctionnement des installations nucléaires en temps réel sera accessible sur un simple ordinateur de bureau, via évidemment des <a href="https://www-pub.iaea.org/MTCD/Publications/PDF/Pub1527f_web.pdf">protocoles et des liaisons hautement sécurisées</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172882/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Galichet va recevoir des financements de l’ANR dans le cadre du projet JENII « Jumeaux d’Enseignement Numériques Immersifs et Interactifs ».
Emmanuelle Galichet est membre de la Société Française de Physique (SFP), de la Société Française de l'Energie Nucléaire (SFEN) et de Women in Nuclear (WIN).</span></em></p>Entre formations en réalité virtuelle et développement de jumeaux numériques, l’industrie nucléaire est en pleine transition numérique.Emmanuelle Galichet, Enseignante chercheure en physique nucléaire, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1727852021-12-01T18:56:55Z2021-12-01T18:56:55ZLes révolutions technologiques ne sont pas qu’une question de technologie<p>« Dans de nombreuses industries, il arrive un moment où les conditions techniques de base sont révolutionnées. Lorsqu’un changement aussi fondamental se produit, une nouvelle ère commence ». Depuis les travaux cités ci-dessus de l’économiste américain <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2307/1230399">Simon Kuznets</a> dans les années 1930, des chercheurs d’approches différentes ont montré que les technologies dites « radicales », telles que la machine à vapeur, l’électricité ou l’ordinateur, constituent la principale source de développement économique à long terme. Autrement dit, ce sont les premiers vecteurs de transformation du système économique à la fois sur un plan quantitatif (croissance économique) et qualitatif (changements structurels et changements institutionnels).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/434390/original/file-20211129-27-8rle1c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution stylisée du processus de développement économique.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>En effet, selon ces études, les technologies radicales sont à l’origine des <a href="https://academic.oup.com/cje/article-abstract/34/1/185/1699623">révolutions technologiques</a>, c’est-à-dire, un « processus de <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/Schumpeter_joseph/business_cycles/business_cycles.html">destruction créatrice</a> » qui créé de nouveaux secteurs et impacte profondément les industries existantes, en détruisant certaines et en rajeunissant d’autres. La succession au cours du temps des révolutions technologiques, à son tour, est à l’origine de la croissance à long terme de l’économie (la ligne pointillée dans le graphique), et de ses fluctuations, aussi appelées vagues longues de développement économique (la ligne droite dans le graphique).</p>
<p>Chaque vague représente l’impact sur la production d’une révolution technologique. Dans le graphique, les vagues ont la même longueur et la même amplitude, mais en réalité, ce n’est généralement pas le cas.</p>
<h2>Et maintenant l’IA ?</h2>
<p>La littérature identifie souvent trois révolutions technologiques principales : la première (vers 1770) basée sur la machine à vapeur et l’industrie textile ; la deuxième (vers 1870) avec l’électricité, le moteur à combustion interne et la chimie ; la troisième (vers 1970) fondée sur les TIC (Technologies de l’information et de la communication), comme les semi-conducteurs, ordinateurs, logiciels, Internet, etc. Enfin, selon certains auteurs, l’intelligence artificielle (IA) et d’autres technologies interdépendantes (big data, Internet des objets, réalité virtuelle, etc.) pourraient constituer la <a href="https://www.weforum.org/about/the-fourth-industrial-revolution-by-klaus-schwab">prochaine révolution</a>.</p>
<p>Quels sont alors les facteurs qui déterminent l’émergence des révolutions technologiques et leurs directions de changement ? Nos <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13132-020-00671-z">recherches</a> sur le sujet permettent de distinguer des facteurs endogènes au système économique (c’est-à-dire qui dépendent des variables économiques, telles que la croissance économique) et des facteurs exogènes.</p>
<p>Le principal facteur endogène découle de la tendance de certains acteurs économiques à investir dans des technologies radicalement nouvelles lorsque les technologies dominantes ne produisent plus les gains de profits espérés. Par exemple, des études ont souligné comment les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/roiw.12185">gains de productivité des TIC ont été très faibles</a> et décroissants à partir du début des années 2000.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/434443/original/file-20211129-58471-1ckwxib.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La machine à vapeur, l’une des révolutions technologiques identifiées par la littérature.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Machine_à_vapeur_Millot_(vers_1880).JPG">Wikimedia</a></span>
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<p>De surcroît, un certain nombre de facteurs exogènes peuvent avoir un impact majeur sur le processus endogène susmentionné en influençant à la fois la durée et l’amplitude des fluctuations à long terme (les vagues). Autrement dit, ils peuvent accélérer ou retarder l’émergence d’une nouvelle révolution et donc d’une nouvelle phase de développement économique.</p>
<p>Ces facteurs exogènes peuvent inclure des événements historiques aléatoires (guerres, épidémies, désastres naturels, etc.), des purs facteurs techniques et différents acteurs socio-institutionnels, tels que les gouvernements, les universités, les institutions financières, les associations ou les mouvements sociaux.</p>
<p>Par exemple, les institutions scientifiques (universités et laboratoires de recherche) élargissent le stock de connaissances scientifiques qui sert de base au développement des nouvelles technologies. Quant aux institutions financières, elles restent importantes pour financer de nouveaux projets à haut risque.</p>
<h2>Le poids des gouvernements</h2>
<p>Plus généralement, l’ensemble des institutions – le système d’enseignement et de formation, les institutions du marché du travail, le système de propriété intellectuelle et, les institutions politiques et culturelles – peuvent <a href="https://academic.oup.com/cje/article-abstract/34/1/185/1699623">accélérer ou ralentir</a> une nouvelle révolution soit en favorisant sa diffusion et son assimilation dans la société, soit en agissant comme dissuasif au changement.</p>
<p>De plus, les acteurs socio-institutionnels peuvent influencer le choix du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0048733382900166">paradigme technologique et des trajectoires technologiques</a> qui caractérisent chaque révolution. Ils peuvent en effet jouer un rôle au travers de leurs préférences de consommation, ainsi que dans la formulation de besoins technologiques et sociaux à satisfaire. Par exemple, l’émergence de la révolution associée aux TIC et son paradigme technologique ont été profondément influencés par le besoin du gouvernement américain de miniaturiser les composantes électroniques pour des objectifs militaires de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide.</p>
<p>Notre analyse suggère que le ralentissement de la productivité observé à partir des années 2000 peut être un signal que le système économique doit changer ses technologies dominantes et que nous vivons une phase de ferment technologique, qui pourrait conduire à une nouvelle révolution technologique.</p>
<p>Cependant, notre étude souligne également que les facteurs exogènes peuvent avoir un impact très important à la fois sur le timing d’une éventuelle révolution et sur ses trajectoires de changement technologiques et sociales. Ainsi, des facteurs liés à la manière dont les gouvernements feront face aux défis de la crise sanitaire liée au Covid-19 ou encore à la crise écologique globale et aux inégalités croissantes pourraient peser. Par conséquent, la phase actuelle peut représenter une opportunité importante et rare, pour les politiques publiques et les acteurs socio-institutionnels, d’orienter le développement futur vers des directions socialement souhaitables.</p>
<p>Un débat politique sérieux et inclusif il nous semble alors nécessaire afin de discuter quelles sont les trajectoires de changement technologique et sociale à prioriser et quelles sont les directions à négliger ou à reporter, de manière à concentrer les investissements dans des directions de changement partagées et capables de tracer une phase de développement économique plus équitable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172785/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marianna Epicoco a reçu des financements de Région Lorraine et FEDER (projet CPER-ARIANE “DYNTECH”)
</span></em></p>Plusieurs facteurs exogènes d’ordre sociaux ou politiques contribuent à l’émergence de phases de transformation de l’économie.Marianna Epicoco, Maitre de conférences en sciences économiques, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1670702021-09-07T18:27:05Z2021-09-07T18:27:05ZL’essor des fintech accélère la transformation des banques traditionnelles<p>N26, Revolut, Monzo, MonaBanq, B for Bank, Compte-Nickel (devenu Nickel)… les fintech jouent un rôle de plus en plus important au sein du paysage bancaire français. Ces start-up de la finance disposent en effet d’un certain nombre d’atouts (culture d’internet, recentrage sur l’utilisateur, dynamisme commercial, absence de frais d’ouverture et de conditions de revenus, etc.).</p>
<p>Mais cet essor menace-t-il les banques traditionnelles ? Dans un <a href="https://www.cairn.info/revue-accra-2019-3-page-5.htm">article de recherche récent</a>, nous montrons que, plus qu’un risque, ces nouveaux acteurs représentent une opportunité pour faire évoluer les enseignes historiques à l’ère du digital.</p>
<h2>Les banques restent incontournables</h2>
<p>En France, la part du financement des sociétés non financières réalisé par le crédit bancaire s’élevait à <a href="https://abc-economie.banque-france.fr/liste-rubrique/leco-en-bref">63 % en 2019</a>. L’avènement des fintech ne remet donc pas en cause le rôle des banques en tant que principal intermédiaire financier en France. Cependant, notre analyse montre qu’entre 2010 et 2017, les enseignes ont réalisé un effort de simplification de leur organisation, ce qui traduit une évolution de leur modèle économique en parallèle de l’essor des fintech. Sur la période étudiée, toutes les banques de notre analyse ont en effet réduit le nombre de leurs segments opérationnels.</p>
<p>Actuellement, les banques disposent de plusieurs options dans la course à la digitalisation pour maintenir à terme le lien avec leurs clients : investir directement dans les nouvelles technologies et l’innovation, ou encore acheter des fintech.</p>
<p>En ce qui concerne la première option, les banques universelles françaises ont renforcé leur croissance organique en réalisant des investissements significatifs depuis plusieurs années. Par exemple, le <a href="https://www.cic.fr/partage/fr/I14/telechargements/communiques/CIC_communique_IBM-et-Credit-Mutuel_renforcement-du-partenariat-strategique_2018-05-24.pdf">Crédit mutuel s’est rapproché d’IBM</a> en 2018 pour le déploiement de solutions d’intelligence artificielle.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1003948319343808512"}"></div></p>
<p>Plus largement, les banques européennes ont consacré <a href="https://www.statista.com/statistics/1112713/bank-technology-spending-investment-north-america-europe">30 % de leur budget informatique aux nouvelles technologies</a>, et 40 % pour les banques américaines. Dans les deux cas, on prévoit une augmentation de ce type d’investissements dans les années à venir.</p>
<h2>Complémentarités</h2>
<p>Les banques ont donc déjà fait un pas important en matière d’innovation. Toutefois, elles ne peuvent pas s’appuyer sur leurs seuls investissements pour évoluer dans l’environnement actuel. C’est pourquoi certaines ont opté pour la croissance externe à travers des rachats de fintech. Par exemple, le Crédit Mutuel – Arkéa a <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/arkea-complete-son-portefeuille-de-fintech-avec-lacquisition-de-budget-insight-1037195">investi dans des start-up spécialisées</a> à la fois dans les activités de financement, de banque d’investissement et dans les moyens de paiement (avec notamment les rachats de Leetchi en 2015 et de Budget Insight en 2019).</p>
<p>De même, BNP Paribas <a href="https://group.bnpparibas/communique-de-presse/bnp-paribas-annonce-rachat-compte-nickel">a acquis en 2017 la néobanque Compte-Nickel</a> avec comme objectifs le renforcement de l’offre digitale et l’élargissement du réseau de distribution vers les buralistes pour conquérir de nouveaux clients.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"849192786154971136"}"></div></p>
<p>Cette tendance devrait d’ailleurs se poursuivre. En effet, l’étude de PwC FinTech 2.0, stipule que <a href="https://www.pwc.fr/fr/decryptages/transformation/les-fintech-nouveau-souffle-pour-le-secteur-bancaire.html">82 % des établissements financiers traditionnels</a> prévoient de renforcer leurs partenariats avec les fintech d’ici 2022.</p>
<p>Une complémentarité est donc en train de se mettre en place dans le paysage entre deux types d’acteurs aux atouts différents. D’un côté, la banque universelle française détient une <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2015-2-page-93.htm">quantité phénoménale de données</a>, qui sont indispensables à la transformation numérique de l’activité bancaire. De l’autre, les fintech ont acquis un réel savoir-faire en termes d’innovation, d’agilité, de réduction des coûts et d’expérience client, en particulier sur le segment des services de paiement (74 entités identifiées en décembre 2019 en France).</p>
<p>Grâce à cette stratégie de rapprochement, les banques traditionnelles pourraient ainsi devenir de véritables banques inventives « prêtes à endosser des rôles spécialisés au sein de ce nouvel écosystème ouvert, avec un appui collaboratif de partenaires fintech qualifiés », comme le soulignait le cabinet de CapGemini dans son <a href="https://www.capgemini.com/fr-fr/news/world-fintech-report-2020/">WordlFinTech Report</a> en 2020.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/167070/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plus qu’une menace concurrentielle, les start-up de la finance représentent une opportunité pour le développement des grandes enseignes.Joëlle Randriamiarana, Enseignante-Chercheure en finance et comptabilité, Université de Rouen NormandiePascal Barneto, Professeur des Universités, Université de BordeauxStéphane Ouvrard, Professeur associé en Finance/Comptabilité, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1640492021-08-24T18:58:10Z2021-08-24T18:58:10ZLes « open universities » : une autre vision de l’enseignement à distance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/416777/original/file-20210818-27-178s0vc.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=103%2C153%2C2422%2C1348&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Wawasan Open University de Penang, Malaisie (2014)</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wawasan_Open_University.jpg">Henry M. Trotter/Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>En ces temps bouleversés par la pandémie mondiale, les systèmes scolaires se sont vus contraints du jour au lendemain d’assurer, bon an mal an, une <a href="https://theconversation.com/covid-19-ce-que-la-continuite-pedagogique-nous-apprend-de-lecole-138340">« continuité pédagogique »</a> et l’enseignement à distance, jusque-là assez confidentiel et réservé à des situations spécifiques comme la maladie, a concerné tous les élèves, du primaire au bac <a href="https://journals.openedition.org/dms/4961">et au-delà</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pedagogie-a-distance-les-enseignements-du-e-confinement-137327">Pédagogie à distance : les enseignements du e‑confinement</a>
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<p>Alors que cette transition a été souvent <a href="https://theconversation.com/covid-19-heurs-et-malheurs-de-la-continuite-pedagogique-a-la-francaise-133820">plus subie qu’acceptée</a>, se heurtant notamment à des difficultés techniques, il est intéressant de se pencher sur les universités ouvertes. Ce dispositif qui existe depuis plus de cinquante ans et a toujours fonctionné à grande échelle est principalement dédié à un autre public, celui des adultes en formation professionnelle. Cependant, son histoire nous rappelle que l’enseignement à distance s’accommode effectivement mal de l’improvisation.</p>
<p>Comme tout système, il est à comprendre dans un contexte d’émergence lié à des décisions politiques. Il s’inscrit dans une organisation, dans une histoire, dans une culture professionnelle particulière qu’il est difficile de reproduire sans en comprendre les fondements. Le nombre d’open universities reste incertain tant il est difficile de les définir selon des critères homogènes. On peut cependant les estimer à soixante-dix, dont près des deux tiers en Asie.</p>
<h2>Un accès sans condition de diplôme</h2>
<p>Ces universités qui visent un enseignement à distance de masse ne trouvent pas réellement d’équivalent dans le paysage français. Elles appartiennent le plus souvent au cercle fermé des méga-universités, dépassant le million d’inscrits, par exemple en Inde, dans le cas de l’<a href="http://ignou.ac.in">Indira Gandhi National Open University</a> qui comptabilise près de 3 millions d’inscrits.</p>
<p>Visant prioritairement la montée en qualification des travailleurs et la <a href="http://www.sup-numerique.gouv.fr/pid33116-cid139013/les-open-universities-des-universites-a-distance-visant-la-democratisation.html">démocratisation</a> de l’enseignement pour les populations les plus fragiles, ces universités sont majoritairement publiques et nationales. Elles répondent ainsi à des orientations politiques et sociales. Ce sont d’ailleurs avec ces perspectives qu’elles ont vu le jour dans les pays en voie de développement, bénéficiant généralement de fonds de la Banque Mondiale et du soutien de l’Unesco. Enfin, il s’agit d’institutions contrôlées par une administration centrale et autonome.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416773/original/file-20210818-23-1o327sj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">University of the Philippines Open University.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:7728University_of_the_Philippines_Open_University_15.jpg">Judgefloro/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
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<p>Historiquement, la première université ouverte en tant que telle <a href="http://www.sup-numerique.gouv.fr/pid33116-cid139785/la-creation-des-open-universities-un-bref-retour-historique.html">voit le jour au Royaume-Uni en 1969</a>. Le projet, à l’initiative des travaillistes, répond aux revendications d’une jeunesse issue du baby-boom et de la popularisation de la télévision. Avec le soutien de la BBC, l’Open University diffuse massivement des programmes éducatifs radiophoniques et télévisuels.</p>
<p>Conçue pour un public d’adultes déjà en situation professionnelle, elle délivre un enseignement à distance sans condition académique d’admission. Tel est principalement le sens du mot « ouvert ». Elle propose également un enseignement hybride avec des temps de rencontre entre les étudiants dans des centres régionaux disséminés à travers tout le pays.</p>
<p>Le succès rencontré par l’open university trouve écho dans les pays du Commonwealth, en Afrique anglophone et en <a href="http://europiaproductions.free.fr/RIHM/V18N1/4-RIHM18(N18V1)-Remond.pdf">Asie</a>, mais également en Europe. À partir des années 1970, les universités ouvertes vont ainsi se déployer à travers le monde.</p>
<h2>Entre espoir et pragmatisme</h2>
<p>À chaque université ouverte son contexte politique d’émergence. Tel est par exemple le cas en Tanzanie. À la fin des années 1980, le pays engage ainsi un processus de création d’une université ouverte. Il s’agit de répondre au besoin criant de formation d’un pays à la jeunesse croissante. Le projet s’inscrit dans un courant de la pensée socialiste africaine héritière des préceptes de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julius_Nyerere">Julius Nyerere</a>.</p>
<p><a href="https://www.out.ac.tz/">L’université ouverte de Tanzanie</a> ouvre ses portes quelques années plus tard, en 1992, avec l’idée de développer l’autonomie éducative des Tanzaniens. Implantée sur un vaste territoire, elle possède une trentaine de centres régionaux allant jusqu’au Rwanda. Première université à proposer un enseignement ouvert et à distance en Afrique de l’Est, elle détient plusieurs centres régionaux internationaux de coordination au Kenya, en Namibie, en Ouganda et au Malawi.</p>
<p>Mais les années 2000 ont vu arriver l’émergence d’internet. À partir de 2005, l’université ouverte de Tanzanie se lance dans une politique d’intégration du tout numérique pour les enseignements à distance en misant sur des Ressources éducatives libres pour limiter les coûts. Habitués à des dispositifs ne nécessitant pas de connexion (manuels ou CD mis à disposition dans les centres régionaux), peu équipés, les usagers se retrouvent plongés dans des situations de fracture.</p>
<p>Ce nouveau système, qui provoque une rupture brutale, contraint les étudiants à des situations de contournement lorsque la connexion fait défaut. Dans un continent qui voit l’explosion du téléphone portable, c’est souvent lui qui permet de suivre les enseignements et de rester en contact avec le corps enseignant. C’est un système parallèle et informel qui se met ainsi en place. Reste l’espoir des annonces gouvernementales annonçant la connexion du réseau national à la fibre.</p>
<p>Tant que la connexion fait défaut, le tout numérique devient contre-productif et détériore un service qui se veut pourtant innovant. L’université ouverte de Tanzanie a fait ainsi un pari, en misant sur la rationalisation des moyens. Avec la promesse d’infrastructures à venir, l’espoir persiste malgré une colère grandissante.</p>
<h2>Contraintes géographiques</h2>
<p>Réduire les coûts tout en offrant des perspectives éducatives aux populations les plus fragiles, tel est également l’objectif qui présida à la création de l’<a href="https://www.aiou.edu.pk/">Allama Iqbal Open University</a> en 1974 au Pakistan. Ce sont d’abord les femmes soumises aux contraintes du foyer et du poids de la tradition qui constituent la cible prioritaire de cet enseignement à distance. Elles en constituent la moitié de ses effectifs avec les travailleurs en formation continue.</p>
<p>Face à une population fortement rurale, l’université ouverte se rapproche de ses étudiants en créant des centres régionaux. Cet objectif se rapproche de ceux que l’on peut observer d’autres pays en voie de développement, comme en Tanzanie ou encore en Indonésie.</p>
<p>Dans ce pays, ce sont des contraintes géographiques qui ont conduit à la décision de créer une université ouverte au milieu des années 1990. La question de la distance est en effet au cœur des problématiques de ce pays aux territoires éclatés en dizaine de milliers d’îles. En Indonésie tout comme au Pakistan, la télévision reste un moyen efficace de diffuser des programmes éducatifs en s’affranchissant des difficultés d’accès au numérique.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1250359792062926848"}"></div></p>
<p>Au Pakistan, un système de production industrielle et de distribution massive de manuels coexiste avec la diffusion de cours en ligne disponibles sur Internet. Difficile, en effet, d’envisager un enseignement numérique quand la pauvreté persiste. Comme le souligne un enseignant pakistanais rencontré lors de nos entretiens :</p>
<blockquote>
<p>« si tu veux participer à une course, tu dois avoir l’estomac rempli ».</p>
</blockquote>
<p>Toutes les universités ouvertes n’en sont donc pas au même point. Le contexte socioculturel, économique et politique joue effectivement un rôle important dans l’adoption et l’appropriation des nouvelles technologies. Cependant, les ressources et outils en accès libre sur la toile offrent de nouvelles perspectives dont savent pertinemment se servir les pays en voie de développement. Tel est par exemple le cas avec Moodle, plate-forme d’apprentissage en ligne libre plébiscitée par ces universités.</p>
<h2>Numérique : des enjeux d’influence</h2>
<p>Dans cette course au numérique, <a href="https://www.canal-u.tv/video/cned/politiques_federatrices_et_enjeux_de_territoire_les_universites_ouvertes_et_a_distance_europeennes_a_l_heure_de_l_education_4_1.49301">l’Europe n’est pas en reste</a>. Des fonds européens sont ainsi proposés pour permettre la mutualisation de ressources éducatives sur les territoires. L’enseignement à distance est vu comme un moyen de développer la formation continue, en permettant des échanges entre pays européens. Reste que la disparité des langues sur le territoire européen réduit d’autant le spectre possible des étudiants.</p>
<p>Par ailleurs, l’éducation ouverte a pris une nouvelle tournure avec la <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02365169">déferlante des MOOC</a> (Massive Open Online Courses, ou CLOM en français, Cours en Ligne Ouverts et Massifs), venue d’Amérique du Nord. <a href="https://www.theses.fr/221755012">Avec le numérique</a>, l’enseignement à distance peut acquérir de nouveaux marchés et renforcer son attractivité. <a href="http://www.sup-numerique.gouv.fr/cid141556/shanghai-open-university-une-universite-ouverte-au-service-d-une-puissante-megapole.html">L’université ouverte de Shanghai</a> l’a bien compris en communiquant sur sa transition numérique et sur ses innovations présentées lors de programmes d’accueil de chercheurs internationaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1044085072503148544"}"></div></p>
<p>Dans les faits, la transition reste plus timide, l’université chinoise visant l’efficacité sur le terrain. Nulle transition brutale : les traditions éducatives persistent parallèlement à des innovations qui se veulent des prototypes servant l’image d’une université au cœur d’une mégalopole bouillonnante.</p>
<p>Le changement de paradigme se produit en fait au Royaume-Uni, au sein de l’université ouverte modèle du genre. Les décisions politiques de ces dernières années le prouvent : acquisition d’une plate-forme MOOC privée, FutureLearn, visant à se positionner comme leader dans le domaine de l’éducation ouverte sur le web. Mais parallèlement, les centres régionaux, lieux physiques des rencontres en présentiel, sont en partie fermés et un plan social important conduit l’université à se séparer de près de 500 de ses personnels.</p>
<h2>La fin du modèle social historique</h2>
<p>La politique nationale influence également les nouvelles orientations de l’université qui subit une augmentation des frais de scolarité entrainant une baisse d’effectif. Le modèle social historique de l’université ouverte a vécu : le numérique est venu modifier la notion d’ouverture telle qu’elle était entendue dans les années 1970.</p>
<p>Aujourd’hui, la crise du coronavirus a conduit les universités traditionnelles à se mettre subitement à l’enseignement à distance. Il sera intéressant d’examiner l’impact que cette nouvelle concurrence aura sur les universités qui ont historiquement la distance dans leur ADN. Le passé et le regard porté sur des terrains internationaux pourront encore nous éclairer.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416786/original/file-20210818-23-1s9e8z9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Royal charter of the Open University (United Kingdom)</span>
<span class="attribution"><span class="source">Daniel Weinbren/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les années 2000, la Télé-Université du Québec (Teluq), université à distance, a été ainsi contrainte de fusionner avec l’université du Québec à Montréal (UQAM), la transformant en université d’enseignement mixte. À la suite de la crise du coronavirus, les universités traditionnelles pourraient également absorber les universités à distance ou conduire à leur disparition progressive. Tels sont les scénarios qui semblent se profiler dans un mouvement d’hybridation généralisé visant la rationalisation des moyens et s’accordant avec de nouvelles modalités de télétravail.</p>
<p>Encore que durant cette crise, les universités ouvertes ont pu aussi jouer de leur expertise historique. Tel a été le cas avec l’université ouverte de Grèce qui a mis dès le mois de mars 2020 à disposition de toutes les universités grecques sa plate-forme d’enseignement. Une belle façon d’affirmer son leadership dans ce domaine. Disparition ou renforcement de ces institutions historiquement dédiées à la distance ? L’avenir, tout autant que les décisions locales, nationales et internationales, nous le diront…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164049/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emilie Remond ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que la pandémie a mis en avant la formation à distance, que nous apprend l’exemple des « open universities » qui, depuis cinquante ans, s’efforcent d’ouvrir l’éducation au plus grand nombre ?Emilie Remond, Chercheuse associée au laboratoire TECHNE, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1498012021-08-22T16:34:13Z2021-08-22T16:34:13ZDébat : Pourquoi le numérique doit s’apprendre à l’école<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/416514/original/file-20210817-19-mitui7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C2%2C950%2C522&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certaines compétences numériques se construisent facilement à l’usage, d’autres requièrent le support d’activités d’apprentissage spécifiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/preteen-schoolgirl-doing-her-homework-digital-1681527652">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La crise sanitaire a été un révélateur de l’état de l’école. Le numérique, longtemps aux marges des préoccupations des institutions éducatives, a montré son importance pour le maintien d’une relation pédagogique quand l’accès aux salles de classe n’est plus possible.</p>
<p>Très marginale au sein de l’enseignement scolaire auparavant, essentiellement réservée aux enfants empêchés (en cas de maladie, d’expatriation familiale), la formation à distance est devenue le cinquième argument d’importance en faveur de la transition numérique de l’école. Elle s’ajoute aux quatre enjeux suivants :</p>
<ul>
<li><p>l’efficacité qu’offre le numérique pour certaines activités d’apprentissage ;</p></li>
<li><p>l’aide que peuvent apporter les moyens informatiques dans la gestion des parcours d’apprentissage ;</p></li>
<li><p>l’apprentissage des sciences du numérique en tant que connaissances académiques ;</p></li>
<li><p>enfin, et certainement l’enjeu plus important alors que les réseaux sociaux font partie du quotidien des jeunes, l’éducation citoyenne au numérique.</p></li>
</ul>
<p>L’expérience du confinement a eu le mérite d’induire un changement d’échelle dans l’appropriation que les enseignants et leurs élèves ont réalisée du numérique. Pour autant, ce recours contraint aux techniques numériques a également fait apparaître à tous de nombreuses déficiences que les <a href="https://www.education.gouv.fr/les-etats-generaux-du-numerique-pour-l-education-304117">États généraux du numérique</a>, organisés en novembre 2020 par la Direction du numérique pour l’Éducation (DNE), ont relevées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416534/original/file-20210817-6629-10fp829.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les 40 propositions issues des États généraux du numérique éducatif (novembre 2020).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ministère de l’Éducation nationale</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En réalité, la plupart des enjeux identifiés sont connus de longue date mais restent en suspens en raison d’une politique éducative qui n’a jamais encore donné au numérique la place qu’il devrait y avoir.</p>
<h2>L’illusion du concept de « digital natives »</h2>
<p>Parmi ces problèmes, il en est un pourtant <a href="https://theconversation.com/digital-natives-1-demythifier-le-mythe-des-natifs-vs-immigrants-du-numerique-57312">bien documenté</a> par la recherche depuis une vingtaine d’années, mais <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/06/01/jean-francois-cerisier-les-eleves-n-ont-jamais-ete-tres-demandeurs-de-numerique-a-l-ecole_6082306_4401467.html">encore contre-intuitif</a> à beaucoup. Il s’agit des compétences que les enfants et adolescents ont quant à l’usage des techniques numériques. Aux yeux de beaucoup d’adultes, et en particulier à ceux d’une partie des acteurs de l’école (enseignants, parents d’élèves, décideurs politiques ou responsables institutionnels), les jeunes sont très compétents.</p>
<p>Il faut reconnaître que les pratiques intensives et la dextérité dont la plupart d’entre eux font preuve dans l’utilisation de leurs smartphones nourrissent efficacement une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0742051X16306692">illusion d’expertise</a>. Pour ceux qui les observent, comme pour eux d’ailleurs. Une analyse plus fine de <a href="https://www.canal-u.tv/video/la_forge_numerique/face_au_mythe_des_digital_natives_deconstruire_documenter_depasser.23246">leurs pratiques</a> atteste la réalité de cette expertise mais montre qu’elle se limite aux nécessités techniques de leurs pratiques (utilisation de réseaux sociaux, jeux, entre autres…).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/in-extenso-decrypter-linfo-sur-ecran-ca-sapprend-155506">« In extenso » : Décrypter l’info sur écran, ça s’apprend !</a>
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<p>De nombreux témoignages, recueillis dans le cadre de <a href="https://techne.labo.univ-poitiers.fr/nunc/">recherches conduites par le laboratoire Techné</a> de l’université de Poitiers durant le confinement, permettent une première identification de compétences de mise en œuvre des techniques numériques, apparemment basiques, qui manquent pourtant aux élèves et font obstacle aux usages scolaires du numérique.</p>
<p>À titre d’exemples, on peut signaler les compétences relatives à l’organisation du stockage des fichiers, celles liées à la manipulation des principaux formats de fichier ou à la maîtrise élémentaire des principales fonctionnalités d’une application d’édition de texte. C’est ainsi que l’on a pu observer des élèves réduits à photographier l’écran de leur ordinateur avec un smartphone pour adresser à leur enseignant le résultat de leur travail, faute d’avoir su l’enregistrer depuis l’application utilisée ou d’avoir su réaliser une copie d’écran.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1263062782813130752"}"></div></p>
<p>Ainsi, les compétences numériques des jeunes, essentiellement acquises par l’expérience, ne correspondent pas toujours à celles requises pour une utilisation scolaire. Deux problèmes de formation des jeunes au numérique sont ainsi mis en évidence, aussi importants l’un que l’autre. Le premier concerne l’éducation citoyenne au numérique et le deuxième, plus circonscrit, la formation aux compétences numériques mobilisées à l’École.</p>
<h2>Les limites de l’apprentissage par l’expérience</h2>
<p>Ce constat milite clairement pour un apprentissage de l’utilisation du numérique à finalité scolaire à l’école. C’est d’autant plus nécessaire quand l’usage des équipements et services numériques par les élèves s’effectue hors de la supervision et de l’accompagnement des enseignants. Ce qui est le cas en situation de confinement.</p>
<p>Aujourd’hui, l’évolution de la quatrième vague pandémique laisse malheureusement craindre que les mesures de restriction d’accès aux locaux scolaires annoncées par le ministre de l’Éducation nationale dans sa <a href="https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo25/MENE2119494C.htm">circulaire de rentrée</a> ne doivent être activées au long des mois à venir. Certains formulent l’hypothèse que l’expérience acquise par les élèves durant le premier confinement leur a permis de maîtriser l’ensemble des compétences d’utilisation scolaire du numérique. La réalité est autre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1389971167679635460"}"></div></p>
<p>Certaines compétences se construisent relativement aisément dans l’usage, d’autres requièrent le support d’activités d’apprentissage spécifiques. L’utilisation répétée d’une plate-forme de classe virtuelle, par exemple, aura permis à la plupart des élèves d’en découvrir les fonctionnalités principales et de se les approprier. Pour autant, l’instauration de temps de formation explicites permet de progresser plus rapidement, ouvre souvent d’autres perspectives d’utilisation et, surtout, réduit fortement les inégalités face au numérique.</p>
<p><a href="https://www.unilim.fr/interfaces-numeriques/4565">Le développement des compétences numériques</a> par l’expérience trouve ici ses limites. Il semble raisonnable de demander à l’École qu’elle forme systématiquement les élèves aux gestes techniques dont elle attend par ailleurs la maîtrise dans les activités d’apprentissage qu’elle organise. Sinon risquent de se creuser encore les carences éducatives imputables à différents déterminants individuels et sociaux.</p>
<h2>L’enjeu des référentiels de compétences</h2>
<p>La première initiative institutionnelle marquante pour faire face aux besoins de formation des jeunes au numérique date des années 2000 avec l’instauration du <a href="https://eduscol.education.fr/numerique/dossier/archives/b2ic2i/b2i">brevet informatique et Internet</a>, décliné depuis l’école élémentaire selon les ordres d’enseignement. Ce dispositif comprenait un référentiel de compétences et des procédures de certification.</p>
<p>Observés par de nombreux chercheurs, ces effets se sont révélés mineurs, faute d’une inscription suffisante des apprentissages dans des activités scolaires appropriées, faute d’une réflexion élaborée sur les problématiques de didactique du numérique, faute d’une formation des enseignants et faute, avant tout, d’une vision claire des objectifs poursuivis.</p>
<p>En 2016, <a href="https://pix.fr/competences">PIX</a>, service public de certification des compétences numériques, est venu relancer la question avec une proposition légèrement différente. Un nouveau référentiel de compétences a été établi, globalement aligné sur le cadre de référence européen des compétences numériques DigComp développé depuis 2013.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/416341/original/file-20210816-18-1j6lnph.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Compétences numériques : cadre de référence européen.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://ec.europa.eu/jrc/sites/default/files/DIGCOMP-PAGE%2002-%20UPDATED%2002-06-2016.pdf">Joint research centre</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une plate-forme a été développée par une équipe au sein du ministère rapidement instituée en groupement d’intérêt public, pour proposer des activités construites autour du référentiel destinées à la formation, l’évaluation et la certification des compétences distribuées en cinq grands domaines. Élaborée autour d’une logique contributive, la plate-forme s’enrichit progressivement de nouveaux contenus adressés à tous les publics dont ceux de l’enseignement scolaire. En quelques années, elle est devenue une ressource précieuse pour la formation à l’utilisation des techniques numériques.</p>
<p>Aussi incitative soit-elle, cette plate-forme ne saurait pourtant suffire à la mise en œuvre effective de la formation des élèves. C’est pourquoi l’annonce de l’instauration de « parcours PIX » et de la certification des compétences de tous les élèves annoncés par le ministre de l’Éducation dans sa circulaire de rentrée est une bonne nouvelle à condition qu’elle soit assortie des mesures indispensables à sa réalisation. Reste la question des compétences numériques scolaires pour laquelle une réflexion sérieuse s’impose. Avec la même urgence que celle des contraintes sanitaires.</p>
<hr>
<p><em>Jean‑François Cerisier sera l’un des invités de la 18<sup>e</sup> édition de Ludovia, l’Université d’été du numérique éducatif organisée du 23 août au 26 août 2021 à Ax-les-Thermes, et dont certains débats <a href="https://www.ludovia.fr/">seront retransmis en ligne</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149801/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour ses travaux de recherche, l'unité de recherche Techné où travaille Jean-François Cerisier, a reçu des financements de collectivités territoriales (Région Nouvelle-Aquitaine, Grand Poitiers), de l'État (MENJ, MESRI, ANR, ANRT), de programmes européens, de la Fondation MAIF, de la Banque des territoires et de la Cour des comptes.</span></em></p>L’agilité avec laquelle la jeune génération jongle entre smartphones et réseaux sociaux cache en fait des lacunes importantes en termes de compétences numériques que l’école à distance a révélées.Jean-François Cerisier, Professeur de sciences de l'information et de la communication, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1590072021-05-31T13:29:38Z2021-05-31T13:29:38ZLe Canada a besoin d’une stratégie nationale pour accélérer le déploiement de l’IA en santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/402709/original/file-20210525-19-1mctmv9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C17%2C3828%2C2138&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Grâce aux données massives, l’IA pourrait permettre d'estimer les risques de développer une maladie au cours de sa vie en se basant sur de des centaines de facteurs de risque.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le Canada est un chef de file dans le domaine de la recherche et de la formation en intelligence artificielle (IA). Il accuse cependant un retard sur la scène mondiale dans l’adoption de politiques favorisant l’implantation de l’IA dans les organisations, en particulier celles du secteur de la santé.</p>
<p>En 2017, le Canadian Institute for Advanced Research (<a href="https://cifar.ca/fr/">CIFAR</a>) a été mandaté pour mettre au point et piloter la <a href="https://cifar.ca/fr/ia/">Stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle</a> (IA), financée à hauteur de 125 millions de dollars. En 2021, le gouvernement fédéral <a href="https://www.budget.gc.ca/2021/report-rapport/p2-en.html">a annoncé</a> que le financement de cette stratégie nationale serait bonifié de 443,8 millions de dollars au cours de la prochaine décennie.</p>
<p>La stratégie pancanadienne vise à promouvoir la recherche et la formation en matière d’IA et ainsi accélérer son développement. Elle fut la première du genre au monde. Trois instituts de recherche en IA ont ensuite vu le jour et se sont rapidement imposés comme des références mondiales : l’Institut québécois d’intelligence artificielle <a href="https://mila.quebec/">Mila</a> au Québec, le <a href="https://vectorinstitute.ai/">Vector Institute</a> en Ontario, et le <a href="https://www.amii.ca/">Alberta Machine Intelligence Institute (Amii)</a> en Alberta.</p>
<p>Contrairement aux <a href="https://cifar.ca/wp-content/uploads/2020/11/l-ere-de-l-ia-deuxieme-edition-f.pdf">stratégies</a> des <a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/FR-2019-02-14/pdf/2019-02544.pdf">États-Unis</a>, du <a href="https://www.gov.uk/government/publications/artificial-intelligence-sector-deal">Royaume-Uni</a> et de la <a href="https://julkaisut.valtioneuvosto.fi/bitstream/handle/10024/161688/41_19_Leading%20the%20way%20into%20the%20age%20of%20artificial%20intelligence.pdf">Finlande</a>, qui accordent une place importante aux défis d’implantation de l’IA dans les organisations publiques ou privées, la stratégie pancanadienne met surtout l’accent sur la coordination des efforts en matière de recherche et de formation.</p>
<p>En tant que spécialistes des enjeux et retombées liés à la transformation numérique en santé, nous considérons que des efforts substantiels et soutenus doivent être faits afin d’accélérer le déploiement réussi de solutions d’IA dans les établissements de santé au Canada. Ainsi, le Canada pourra aspirer à bonifier sa position sur la scène internationale quant à la performance de son système de santé, laquelle est actuellement l’une des moins enviables des pays membres de <a href="https://www.fraserinstitute.org/studies/comparing-performance-of-universal-health-care-countries-2020">l’OCDE</a>.</p>
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<img alt="Classement de différents pays selon la performance de leur système de santé" src="https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/402705/original/file-20210525-17-10d2ypo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Canada dépense plus en soins de santé que la majorité des pays de l’OCDE à revenu élevé dotés d’un système de soins de santé universel. Pourtant, il affiche l’une des pires performances.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Institut Fraser)</span></span>
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<h2>Des solutions pour le secteur de la santé</h2>
<p>En considérant le manque de personnel soignant au Canada, en plus des enjeux entourant la gestion des soins de santé d’une population vieillissante, l’importance d’améliorer l’efficacité du système de santé canadien apparaît comme une nécessité. À cet égard, l’IA, propulsée par la recherche et des développements technologiques récents, constitue aujourd’hui un levier incontournable pour faire face à ces enjeux. <a href="https://theconversation.com/lia-dans-les-hopitaux-un-monde-entre-promesses-et-realite-132294">Cependant, le processus de déploiement menant à une IA perçue comme utile et performante est souvent semé d’embûches</a>. Les hôpitaux et cliniques médicales à travers le pays ont besoin d’un accompagnement soutenu qui va bien au-delà du développement de solutions technologiques.</p>
<p>Les cliniciens, chercheurs et experts en santé fondent beaucoup d’espoir sur l’IA, qui, grâce au croisement des données massives, pourrait aider à prévenir plusieurs maladies. En effet, l’ajout de certaines variables permet d’obtenir des bases de données plus complètes et ainsi d’offrir des estimations plus précises. Par exemple, un outil d’aide au diagnostic utilisant l’IA pourrait permettre d’estimer les risques pour un individu de développer une maladie au cours de sa vie en se basant sur des centaines de facteurs de risque et non seulement sur les habitudes de vie et l’âge du patient. La réalisation de ces promesses associées à l’IA demeure toutefois assujettie à un certain nombre de mesures facilitantes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-lia-va-transformer-le-systeme-de-sante-109496">Comment l’IA va transformer le système de santé</a>
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<p>Dans son <a href="https://cifar.ca/wp-content/uploads/2020/11/ai4health-report-fr-f.pdf">rapport</a> publié en 2020, le Groupe de travail sur l’IA au service de la santé du CIFAR, AI4Health, recommande l’élaboration d’une stratégie nationale d’IA propre au secteur de la santé. Cette stratégie comprendrait des politiques, des investissements ciblés, des partenariats entre cliniciens, chercheurs et industriels, ainsi que des cadres réglementaires favorables au développement responsable de l’IA au Canada.</p>
<p>AI4Health appelle également les autorités gouvernementales canadiennes à mettre en place une <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/337449/9789240013728-eng.pdf">« infostructure »</a> (une infrastructure soutenant les systèmes d’information) nationale facilitant l’accès sécurisé aux données massives de santé. Selon ce même groupe d’experts, ne pas saisir cette occasion en lien avec le développement responsable et coordonné de l’IA « pourrait nuire à la qualité et à l’efficacité de nos systèmes de santé, à la santé de nos collectivités et à la prospérité de la nation ».</p>
<p>Pour l’instant, en santé comme dans d’autres secteurs, la stratégie pancanadienne en matière d’IA et les recommandations d’AI4Health misent d’abord sur le développement rapide de nouvelles solutions technologiques. Bien que cette orientation stratégique ait porté ses fruits en matière de rayonnement international, les prochains efforts devront aller au-delà du seul développement technologique. Trop peu de ressources sont actuellement consacrées à coordonner le déploiement de solutions d’IA au sein de nos établissements de santé. Cela est d’autant plus préoccupant qu’une vaste majorité des projets d’implantation d’IA dans les organisations échouent selon un <a href="https://www.nimdzi.com/wp-content/uploads/2019/06/Nimdzi-AI-whitepaper.pdf">récent rapport</a>.</p>
<h2>Des modèles à suivre</h2>
<p>Le déploiement de l’IA constitue un <a href="https://www.royalcollege.ca/rcsite/health-policy/initiatives/ai-task-force-e">défi de taille</a> dans toute organisation en raison des nombreuses barrières qui caractérisent ce processus complexe. La <a href="https://eithealth.eu/think-tank-topic/artificial-intelligence-in-healthcare/">recherche</a> révèle quant à elle plusieurs enjeux et défis associés à la qualité et à la sécurité des données, à la capacité des systèmes informatiques à échanger des données, au manque d’expertise locale en matière d’IA et à la résistance au changement technologique des cliniciens.</p>
<p>Certaines initiatives à l’échelle internationale pourraient inspirer une stratégie nationale d’IA en santé au Canada. Cette dernière étant essentielle afin de coordonner les efforts en matière d’élaboration, mais aussi de déploiement des solutions d’IA au sein de notre système de santé.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelle-politique-industrielle-pour-lintelligence-artificielle-en-france-122057">Quelle politique industrielle pour l’intelligence artificielle en France ?</a>
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<p>Afin de relever ces défis, les États-Unis ont créé en 2017 un <a href="https://coe.gsa.gov/coe/artificial-intelligence.html">centre d’excellence</a> pour soutenir les projets d’IA au sein de ministères et d’organismes gouvernementaux. Les services offerts concernent entre autres l’analyse des besoins, le choix approprié des solutions d’IA, l’analyse des impacts et le soutien à l’implantation de l’IA.</p>
<p>Une mission similaire est confiée au <a href="https://www.nhsx.nhs.uk/ai-lab/about-nhs-ai-lab/">laboratoire d’IA</a> qui fut mis sur pied au Royaume-Uni en 2019. Ce laboratoire a comme principal mandat d’aider les porteurs de projets d’IA sur le terrain. Professionnels de la santé, gestionnaires et concepteurs sont ainsi soutenus pour faire face aux défis propres à l’implantation de l’IA. Précisément, ce laboratoire vise à accélérer l’adoption des solutions d’IA les plus prometteuses. Il fournit des conseils en matière d’implantation et aide à clarifier les cadres réglementaires et éthiques liés à l’IA. Le but étant que les applications puissent être déployées rapidement et de façon sécuritaire.</p>
<p>La création d’un tel centre d’excellence serait un atout inestimable pour le Canada. Il pourrait coordonner le déploiement de la stratégie nationale d’IA en santé au sein des provinces et territoires. Il pourrait également fournir des services-conseils aux équipes responsables de déployer l’IA dans leurs milieux. Afin de maximiser sa portée et ses contributions, ce centre d’excellence serait appelé à collaborer avec les dirigeants des trois instituts de recherche (MILA, Vector Institute et AMII). Des liens avec les législateurs responsables de la réglementation sur la protection et le partage des renseignements personnels seraient également bénéfiques.</p>
<p>Les promesses associées à l’IA sont nombreuses et les attentes sont élevées dans tous les domaines. L’avenir de l’IA en santé au Canada nous semble fort prometteur. Cependant, l’ampleur de son succès demeure conditionnelle à l’élaboration d’une stratégie nationale. La mise sur pied d’un centre national d’excellence contribuerait particulièrement à une implantation réussie en santé. Il importe ainsi pour le Canada d’investir, oui en recherche et développement, mais également pour soutenir l’implantation de l’IA dans son propre système de santé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159007/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’importance d’améliorer l’efficacité du système de santé canadien apparaît comme une nécessité et l’IA constitue un levier incontournable pour faire face à cet enjeu.Alexandre Castonguay, Stagiaire postdoctoral pour la Chaire de recherche en santé connectée, HEC MontréalCécile Petitgand, Coordonnatrice de l’initiative d’accès aux données de la Table nationale des directeurs de la recherche du Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS), Université de MontréalGuy Paré, Titulaire de la chaire de recherche en santé connectée, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1604832021-05-13T15:11:56Z2021-05-13T15:11:56ZBonnes feuilles : La nouvelle géographie de la transformation digitale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/399233/original/file-20210506-14-1w985n3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C874%2C835&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le digital est un type de ressource technologique très inégalement maîtrisé par les différents États.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Frederic J. Brown / AFP</span></span></figcaption></figure><p><em>Les difficultés récentes que rencontrent les industriels à se procurer des <a href="https://theconversation.com/semi-conducteurs-une-penurie-appelee-a-durer-157250">semi-conducteurs</a>, éléments centraux et indispensables à la transformation digitale des organisations et de la société, rappellent que le digital ne peut s’affranchir de réflexions sur le territoire et sur les relations entre les grandes puissances mondiales.</em></p>
<p><em>Les chercheurs de l’EM Normandie proposent, dans un ouvrage intitulé « <a href="https://www.editions-ellipses.fr/accueil/13569-la-transformation-digitale-en-entreprise-9782340048324.html">La transformation digitale des entreprises</a> » et publié dans la collection « 100 questions/réponses » des Éditions Ellipses, de revenir sur les problématiques contemporaines liées à la multiplication des outils numériques, dans nos environnements de travail notamment, et donnent des réponses claires et accessibles permettant de sortir des évidences et préjugés légions dans le domaine.</em></p>
<p><em>Trois d’entre eux proposent, par exemple, de prendre de la hauteur et de s’interroger sur les liens qu’entretiennent les territoires avec le digital.</em></p>
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<h2>Une transformation des territoires</h2>
<p>Les technologies numériques étant devenues omniprésentes dans la vie quotidienne et servant de médiateurs pour des tâches telles que le travail, les voyages, la consommation, la production et les loisirs, elles ont des effets de plus en plus profonds sur les territoires : les relations économiques, l’aménagement et la gouvernance, la production d’espace et les mobilités. Ainsi, les TIC (technologies de l’information et de la communication) et l’Internet en particulier, ont transformé les territoires. Les analyses portant sur l’impact du développement du monde digital sur les territoires sont nombreuses et présentent des enjeux forts.</p>
<p>Le premier enjeu concerne la nouvelle économie de l’information et les changements qu’elle a entraînés dans la localisation des emplois et des entreprises, induisant une restructuration urbaine et régionale importante et la création d’un paysage post-industriel. Il a notamment été mis en évidence la manière dont les hiérarchies urbaines étaient renforcées par la (i) concentration du commandement et du contrôle, et (ii) l’agglomération des entreprises riches en informations dans des territoires spécifiques.</p>
<p>En conséquence, de nombreuses villes ont cherché à se « brancher » de manière proactive pour attirer les investissements étrangers et se positionner dans l’économie mondiale de l’information et du digital.</p>
<p>Dans le même temps, de nombreuses activités de bureau, de services aux entreprises et de centres de production ont été décentralisées vers les banlieues, les villes plus périphériques ou d’autres pays pour profiter de loyers et de coûts de main-d’œuvre moins élevés. Simultanément, les villes ont commencé à dépendre beaucoup plus des systèmes numériques en ce qui concerne leur planification, leur gestion et leur gouvernance, et les infrastructures et les dispositifs numériques ont commencé à être intégrés dans les aménagements urbains. La <em>smart city</em> (ville intelligente) représente la figure de la ville de demain – verte et digital –, s’appuyant sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) pour construire un monde urbain plus durable.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/399239/original/file-20210506-13-13sf1ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les dispositifs numériques commencent à être intégrés dans les aménagements urbains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Un deuxième enjeu concerne, les inégalités d’accès au numérique. Cette fracture numérique prend de nombreuses formes, notamment des divisions entre les classes sociales. Mais elle s’inscrit également spatialement. On observe ainsi des territoires ultra-connectés et des territoires dans des « zones blanches », où les infrastructures numériques et digitales ont peu ou pas été déployées. Il en résulte des fractures territoriales numériques mettant à l’écart certains territoires – particulièrement les zones rurales –, menaçant ainsi la santé sociale et économique des habitants de ces territoires.</p>
<h2>Rivalités géopolitiques</h2>
<p>La géopolitique analyse les confrontations de pouvoirs rivaux sur/pour des territoires. Or dans la mesure où le digital ouvre des opportunités technologiques disruptives de circulation de l’information, de la désinformation et de la connaissance entre territoires, les technologies digitales sont devenues l’une des ressources clés des confrontations géopolitiques.</p>
<p>Digital et géopolitique ont en effet beaucoup à voir. L’arrivée de l’Internet est concomitante (1989-1999) de la fin de la Guerre froide, qui a entraîné un processus d’ouverture à l’échelle mondiale : économique et politique, mais aussi social et culturel. Cette concomitance, c’est la globalisation, portée par une révolution technologique imbriquée dans une transition géopolitique.</p>
<p>Le digital est un type de ressource technologique très inégalement contrôlé et maîtrisé par les différents États. Les uns sont de véritables puissances tandis que d’autres sont démunis face à ce nouveau facteur de domination géopolitique, économique et culturelle.</p>
<p>Les États-Unis contrôlent plusieurs facteurs de puissance digitale dont la dimension géopolitique est avérée : la National Security Agency, outil d’un espionnage économique massif à l’échelle mondiale, l’affaire Snowden a dévoilé en 2013 l’ampleur des moyens technologiques déployés ; les GAFAM et leurs parts de marché hégémoniques dans les économies développées ; des structures clés de gestion de l’Internet mondial comme l’ICANN ou l’Internet Society, malgré les gages donnés ces dernières années quant à leur indépendance.</p>
<p>Face à cela les rivaux ont réagi. Le gouvernement chinois a pris des mesures drastiques, à la fois contre les risques d’ingérence technologique américaine mais aussi contre les risques de contestation politique intérieure via les outils numériques. Cela a mené au développement d’un système de contrôle et de surveillance sécuritaire de l’ensemble de l’Internet chinois ainsi qu’au développement d’alternatives aux opérateurs américains (les BATX faisant pièce aux GAFAM). Les affrontements politiques autour d’une firme chinoise comme Huawei révèlent l’évolution profonde des rapports de force. […]</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/399236/original/file-20210506-23-1o38xrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La National Security Agency, dont le siège se situe à Fort George dans le Maryland, constitue un outil au service de la puissance digitale américaine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/National_Security_Agency#/media/Fichier:National_Security_Agency_headquarters,_Fort_Meade,_Maryland.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>Il faut souligner l’importance stratégique de la « géographie physique » de l’Internet mondial qui sous-tend en partie la géopolitique du digital : il s’agit des câbles sous-marins qui connectent les territoires et les infrastructures terrestres d’un continent à l’autre. Ces câbles sont si stratégiques que ces dernières années ont vu la multiplication de manœuvres de sous-marins à leurs abords, notamment de sous-marins russes aux abords des câbles transatlantiques, si stratégiques pour l’Occident. En France, le secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale tient compte de ces risques stratégiques depuis quelques années. […]</p>
<p>La prolifération des technologies digitales remet beaucoup de cadres en cause, y compris les cadres géopolitiques du système mondial. Un objet géopolitique est particulièrement touché par les effets de cette prolifération numérique : les frontières. Processus transnational, le développement du cyberespace dans toutes les dimensions de la vie des sociétés humaines, dans les économies les plus développées en particulier, remet en cause la souveraineté des États face aux grands opérateurs privés. Cela a ouvert également un nouveau champ aux organisations criminelles et à l’internationalisation de leurs activités.</p>
<p>Dans ce contexte, l’émergence de la cybersécurité comme sujet central dans la vie sociale, politique et économique, peut être vue comme une façon de recouvrer une part de souveraineté face à un processus transnational susceptible d’affaiblir les États. Pour les démocraties européennes, c’est un enjeu vital.</p>
<h2>La Chine au centre du jeu</h2>
<p>Le président Xi Jinping affirme que « la digitalisation apporte au peuple chinois l’opportunité historique de ce millénaire ». Cette conviction, selon laquelle la transformation digitale est une révolution historique, dont la Chine doit se saisir pour affirmer sa puissance, est fondamentale (1) pour comprendre les politiques d’innovation chinoises et (2) pour comprendre quelques-unes de leurs conséquences pour les Européens.</p>
<p>La taille du marché chinois, d’une part, et la mise en place de mesures protectrices, d’autre part, sont les deux principaux leviers qui ont permis à la Chine de construire ses politiques d’innovation. Ces deux éléments ont permis aux Chinois de maîtriser la concurrence sur leurs marchés intérieurs et de faire émerger un nombre réduit de grandes entreprises dominantes (oligopole).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=875&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1099&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1099&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/399230/original/file-20210506-16-5hu1yy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1099&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La transformation digitale en entreprise.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editions-ellipses.fr/accueil/13569-la-transformation-digitale-en-entreprise-9782340048324.html">Éditions Ellipses</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans un premier temps, ces politiques d’innovation chinoises ont surtout permis de développer de nombreuses applications pour des technologies préexistantes (innovations incrémentales). Par exemple, des entreprises chinoises comme BYD ont développé leur savoir-faire dans le domaine des batteries électriques, d’abord pour les smartphones, puis, de façon beaucoup plus large, pour les véhicules. La généralisation des smartphones a ensuite favorisé l’accès à Internet et au commerce en ligne. La crise de la Covid-19 renforce d’ailleurs l’importance de ces secteurs.</p>
<p>Dans un second temps, le développement d’Internet et du commerce en ligne a donné l’opportunité aux grandes entreprises chinoises du secteur, les BAT (Baidu, Alibaba, Tencent) de faire évoluer leurs activités vers des technologies de rupture, notamment le big data et l’intelligence artificielle (innovations de rupture).</p>
<p>Ces nouvelles technologies sont utilisées pour :</p>
<ul>
<li><p>Augmenter la productivité dans les secteurs du transport, de la santé, de l’énergie et, plus globalement, dans l’industrie ;</p></li>
<li><p>Renforcer le pouvoir de surveillance de l’État et du Parti communiste chinois ;</p></li>
<li><p>Concurrencer les États-Unis et l’Union européenne.</p></li>
</ul>
<p>L’influence des politiques d’innovation de la Chine sur l’Europe.</p>
<p>La Chine tente, sur la base de ces politiques, de rattraper le niveau des États-Unis, dans le domaine de l’intelligence artificielle. La Chine souhaite ainsi acquérir les talents et les technologies (semi-conducteurs) nécessaires pour le développement du machine learning.</p>
<p>L’Europe est en position de faiblesse relative, dans ce cadre. Deux éléments illustrent particulièrement cette faiblesse :</p>
<ul>
<li><p>L’Europe est fortement dépendante de la Chine pour ses approvisionnements en métaux critiques, qui sont nécessaires à sa propre transformation digitale ;</p></li>
<li><p>L’Europe est fortement dépendante de la Chine pour le bon fonctionnement des chaînes de valeur des technologies bas carbone, qui représentent un enjeu géopolitique particulièrement important dans le cadre de la transition écologique en cours.</p></li>
</ul>
<p>Consciente de ces difficultés, la Commission européenne fait évoluer les législations européennes, notamment dans le domaine des marchés publics, pour rééquilibrer les relations entretenues avec la Chine tout en maintenant ses partenariats stratégiques avec ce pays, dans de nombreux domaines. Les choix stratégiques de certains États (déploiement de la 5G, politique vis-à-vis de Huawei) renforcent, au contraire, cette dépendance européenne vis-à-vis de la Chine.</p>
<hr>
<p><em>Les chapitres présentés ici révèlent que le numérique est loin de réduire les distances et de faire disparaître les frontières. Au contraire il offre des opportunités nouvelles pour les rendre infranchissables. De même, on ne peut plus considérer que c’est un monde de l’infini : le numérique est dépendant de matières premières bien réelles à la fois non duplicables et non substituables facilement. Ces deux éléments doivent être pris en compte lorsque l’on étudie la transformation digitale car ils représentent des enjeux pour la géopolitique mondiale et l’environnement</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160483/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathilde Aubry a reçu des financements du Crédit Agricole Normandie, de l'entreprise 3Cie et du Groupe PTBG dans le cadre de la chaire MTN de l'EM Normandie.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florian Favreau, Ludovic Jeanne et Sebastien Bourdin ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Un ouvrage collectif souligne l’émergence d’enjeux devenus cruciaux : contrôle des ressources, rivalités entre États et place centrale de la Chine. Extraits.Mathilde Aubry, Enseignant Chercheur, EM NormandieFlorian Favreau, Professeur assistant en développement durable et intelligence concurrentielle, EM NormandieLudovic Jeanne, Géographe, Laboratoire Métis, EM NormandieSebastien Bourdin, Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1494802020-11-15T17:04:49Z2020-11-15T17:04:49ZRobots, hologrammes et chatbots… les clients des banques sont-ils vraiment prêts ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/367519/original/file-20201104-13-1c4blgv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6000%2C3997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans le secteur bancaire, les intelligences artificielles permettent de mieux et plus rapidement comprendre et répondre aux besoins des clients.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1376465">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les intelligences artificielles (IA) prennent de plus en plus de place dans la relation client du secteur bancaire : déjà actives dans la lutte antifraude et l’analyse des mails entrants, permettant au passage de réduire les coûts grâce à l’automatisation des tâches, elles sont désormais en passe de compléter voire remplacer les conseillers traditionnels, en permettant de mieux et plus rapidement comprendre et <a href="http://www.mc2i.fr/Prets-a-rencontrer-votre-conseiller-bancaire-virtuel">répondre aux besoins des clients</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=754&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=754&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=754&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=948&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=948&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367483/original/file-20201104-15-1igtrht.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=948&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le chatbot bancaire Cléo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
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<p><a href="https://www.wavestone.com/app/uploads/2018/11/Etude_IA_banque.pdf">Deux types d’intelligences artificielles</a> commencent à être déployés : d’une part, les robots ou hologrammes qui peuvent être placés dans les agences bancaires. D’autre part, les agents conversationnels ou chatbots, qui sont des programmes informatiques capables de <a href="https://www.lesechos.fr/2018/03/le-robot-watson-creuse-son-sillon-dans-la-banque-985864">simuler une conversation</a> avec des humains par échange vocal ou textuel, disponible sur les sites d’e-banking ou les applications téléchargées sur les smartphones.</p>
<p>Ces deux formes d’IA sont capables de simuler une conversation avec des humains par échange vocal ou textuel. Ils utilisent à l’origine des bibliothèques de questions et réponses, et les progrès de l’intelligence artificielle leur permettent de plus en plus « d’analyser », « de comprendre » les messages et d’être doté de capacités d’apprentissage grâce, entre autres, au <em><a href="https://www.futura-sciences.com/tech/videos/machine-learning-apprentissage-automatique-6632/">machine learning</a></em>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/_UyDM-zqOYg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo de démonstration du chatbot BOB (Bank Of Beirut).</span></figcaption>
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<p>Mais les clients sont-ils réellement prêts à adopter ces nouveaux usages ? Selon une récente <a href="https://www.researchgate.net/publication/345186978_Explanatory_factors_of_customer_AI_acceptance_in_retail_banking">étude</a> que nous avons menée, les bénéfices d’adaptation auraient une influence négative sur l’utilité perçue des chatbots, indiquant un manque de crédibilité de cette technologie.</p>
<h2>Stéréotypes</h2>
<p>Or, une relation client réussie est une relation qui procure des bénéfices relationnels réciproques : à l’entreprise et au client. Les bénéfices sont de trois types : adaptation (de l’offre aux besoins du client), psychologiques (sentiment de sécurité, diminution de l’anxiété) et sociaux (forme de fraternisation, amitié).</p>
<p>Par ailleurs, les relations que les clients ont avec certains personnels en contact (vendeurs, conseillers) peuvent être influencées par les stéréotypes de profession. Ceux du banquier ont été mesurés dans les années 2010 et quatre ont été identifiés : le stéréotype partenaire (professionnel, compétent), paternaliste (sachant et tout puissant), exécutant (sans autonomie, de compétences sont limitées) et requin (qui fait passer ses objectifs commerciaux <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01807647/document">avant l’intérêt du client</a> et manque d’empathie). Pour lutter contre ces stéréotypes, il est alors recommandé de communiquer sur l’utilité des chatbots (publicités, brochures, mailings).</p>
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<figcaption><span class="caption">Video de démonstration du chatbot Erika (Bank Of America).</span></figcaption>
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<p>On relève également l’influence négative du stéréotype paternaliste sur la facilité d’utilisation des robots/hologrammes ainsi que des chatbots. Ce stéréotype historique persiste et bloque l’avancée technologique en maintenant le client captif. Des efforts soutenus de communication peuvent le réduire.</p>
<p>Les autres stéréotypes n’annoncent pas de difficulté dans la transition numérique : le stéréotype exécutant sera facilement supplanté ; le stéréotype partenaire accompagnera la transition. Par ailleurs, il ne semble pas y avoir de transfert de l’image négative du stéréotype requin sur l’utilisation de l’IA.</p>
<h2>Cibler les <em>early adopters</em></h2>
<p>Si l’adoption de la banque en ligne est aujourd’hui acquise pour le plus grand nombre, cette technologie avait également été perçue à ses débuts comme compliquée par les clients. Son adoption avait alors pu être facilitée par une meilleure perception de la sécurité et par la <a href="https://www.researchgate.net/publication/240176408_Customers%E2%80%99_perspectives_regarding_e-banking_in_an_emerging_economy">confiance envers la technologie</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368665/original/file-20201110-15-1b78uca.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=396&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Figure 1 : Modèle conceptuel de la recherche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
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<p>Dans ce contexte de transformation numérique, les entreprises ont donc désormais intérêt à chercher et à identifier les <em>early</em> <em>adopters</em> à travers leur appétence pour le passage d’une relation avec un conseiller personne physique à une relation avec un conseiller virtuel.</p>
<p>Ces pionniers apparaissent aujourd’hui comme les meilleurs alliés des banques tant il semble nécessaire de considérer encore certains attributs psychologiques des clients tels que les bénéfices relationnels ou les stéréotypes du banquier pour faciliter la transition.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149480/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samy Mansouri a reçu des financements du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Janine Hobeika travaille pour le groupe IGS. </span></em></p>Selon une étude, les outils dotés d’intelligence artificielle souffrent toujours d’un défaut de crédibilité.Samy Mansouri, Docteur en Sciences de Gestion, chercheur à l’Université Paris - Dauphine PSL, Université Paris Dauphine – PSLJanine Hobeika, Enseignant-Chercheur en marketing bancaire, ICD, PropediaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1497532020-11-11T17:35:24Z2020-11-11T17:35:24ZFarfetch : l’alliance avec Alibaba confirme l’accélération des bouleversements dans le luxe<p>Jeudi 5 novembre, les groupes Alibaba, Richemont et Artemis ont annoncé un <a href="https://www.farfetchinvestors.com/financial-news/news-details/2020/Farfetch-Alibaba-Group-and-Richemont-Form-Global-Partnership-to-Accelerate-the-Digitization-of-the-Luxury-Industry/default.aspx">investissement de 1,15 milliard de dollars</a> dans Farfetch, place de marché mondiale qui propose une sélection de marques de luxe triées sur le volet.</p>
<p>Cette opération montre la place stratégique prise par le digital dans l’industrie du luxe, notamment dans un contexte où de nombreux pays dans le monde se retrouvent confinés à nouveau en raison de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>En outre, cette alliance vise à accélérer le développement des débouchés en Chine. Farfetch pourra bénéficier de l’ouverture de canaux de ventes dédiés sur les plates-formes d’Alibaba, le géant chinois du e-commerce. Depuis le début de la crise, ce sont en effet les ventes réalisées en Asie et plus particulièrement dans l’empire du Milieu qui ont permis aux maisons de luxe de limiter le recul des ventes à l’échelle mondiale.</p>
<p>Pour LVMH, les ventes sur ces marchés ont ainsi <a href="https://r.lvmh-static.com/uploads/2020/08/q3-2020-revenue-va.pdf">progressé de 13 %</a> sur le trimestre clos à fin septembre 2020. Même constat chez Kering avec une <a href="https://keringcorporate.dam.kering.com/m/247e1ca4f6be745d/original/Chiffre-d-affaires-du-3eme-trimestre-2020.pdf">hausse de 18,5 %</a>. Chez Hermès, l’Asie hors Japon affiche une <a href="https://assets-hecate.hermes.com/s3fs-public/node/pdf_file/2020-10/1603296273/hermes_20201022_ca3t20_fr.pdf">croissance de 29 %</a>.</p>
<p>Ces résultats confirment donc l’excellente dynamique en Chine continentale, aussi bien dans les magasins qu’en ligne. <a href="https://keringcorporate.dam.kering.com/m/247e1ca4f6be745d/original/Chiffre-d-affaires-du-3eme-trimestre-2020.pdf">Kering reporte</a> « une croissance exceptionnelle des ventes en ligne, à +101,9 % sur le troisième trimestre, tirée par l’Amérique du Nord et l’Asie Pacifique ». Hermès de son côté a vu ses ventes en ligne en Chine augmenter de plus de 100 %.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368279/original/file-20201109-19-lrvm7r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Presque la moitié de la clientèle de produits de luxe en Chine est jeune et connectée..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/happy-young-woman-watching-smart-phone-425547400">Shutterstock</a></span>
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<p>Rappelons-le, plus de <a href="http://media-publications.bcg.com/france/2019BCGTencent_Luxury_Digital_Playbook.pdf">48 % des clients chinois de produits de luxe ont aujourd’hui moins de 30 ans</a> et plus d’un milliard utilise régulièrement les réseaux sociaux ou applications mobiles. Faute de pouvoir voyager, les clients chinois ont également consommé localement dès la réouverture des boutiques. Les grandes maisons n’ont d’ailleurs pas manqué de rénover ou de développer leur réseau de magasins, à l’instar d’Hermès ou de Yves Saint-Laurent.</p>
<p>Parallèlement à cette montée en puissance du digital et de la place de la Chine, les <a href="https://theconversation.com/luxe-les-cinq-tendances-qui-dessinent-lindustrie-dapres-crise-136553">tendances que nous avions identifiées en avril 2020</a> en termes de consommation plus responsable ou encore de concentration économique du secteur semblent se confirmer.</p>
<h2>Une digitalisation toujours à l’œuvre</h2>
<p>Les acteurs du luxe ont élargi leur offre de produits, enrichi la diffusion de contenus et fait preuve de beaucoup de créativité pour capter une clientèle jeune et connectée. Les maisons disposant de leurs propres sites d’e-commerce ont bénéficié d’une croissance à trois chiffres. De nouveaux concepts hybrides ont également vu le jour.</p>
<p>Burberry, par exemple, a ouvert cet été son premier <a href="https://www.burberryplc.com/en/company/social-retail.html"><em>social retail store</em> à Shenzhen</a>. Longtemps pionnier en matière digitale, le groupe britannique offre ici un espace mêlant expérience physique en magasin et réseau social.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1289117684051980289"}"></div></p>
<p>Pour naviguer dans celui-ci, les clients doivent télécharger un mini-programme WeChat. Chaque client dispose d’un avatar et plus il interagit en explorant la boutique online ou offline, plus il aura accès à du contenu, des services ou des offres exclusives.</p>
<p>Après Hermès, Guerlain ou LVMH, c’est donc au tour de Burberry d’utiliser la <a href="https://www.adoneconseil.fr/actualites/customer-experience/la-gamification-un-nouveau-levier-dacquisition-et-dengagement-clients-dans-le-secteur-du-luxe">gamification</a> pour récompenser ses visiteurs et séduire ses clients.</p>
<p>Quant aux acteurs ne disposant pas de leurs propres plates-formes, ils se sont rapprochés de <a href="https://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/places-de-marche/#:%7E:text=DNVB-,Marketplaces%20%3A%20un%20nouveau%20mod%C3%A8le%20%C3%A9conomique%20pour%20l%E2%80%99e%2Dcommerce,aux%20niches%20et%20au%20BtoB">places de marché</a> (<em>marketplaces</em>) comme Farfetch, qui fait l’objet de l’investissement d’Alibaba, Richemont et Artemis, ou Tmall Luxury Pavilion (Chine) sur lesquelles le trafic et les taux de conversion sont en forte hausse.</p>
<h2>Le luxe devient résolument responsable</h2>
<p>Du côté des consommateurs, les clients manifestent un intérêt croissant pour le luxe durable. Ces derniers recherchent des pièces plus intemporelles qu’ils pourront garder longtemps, voire revendre. La progression des ventes d’Hermès de 7 % sur le troisième trimestre 2020 confirme cette tendance alors que le recul des ventes de Gucci de 12 % sur cette même période souligne une baisse d’intérêt pour des collections très marquées.</p>
<p>Du côté des maisons de luxe, dès le printemps 2020, un collectif d’emblématiques directeurs de la création (<a href="https://www.bfmtv.com/people/mode/gucci-ne-veut-plus-suivre-le-rythme-effrene-de-la-mode-et-ne-presentera-plus-que-deux-collections-par-an_AN-202005250181.html">Gucci, Saint Laurent, Armani, le groupe Dries Van Noten</a>…) avait décidé de réduire le nombre de collections à deux par an, afin de mieux respecter les rythmes créatifs et de limiter la surproduction. La prise de conscience invite les maisons à revoir leur système de production en amont.</p>
<p>Des changements profonds se dessinent au niveau de la <em>supply chain</em>. De plus en plus d’acteurs se tournent vers une production limitée et une production lancée à partir de commandes reçues : ce qu’on appelle le <a href="https://www.planilog.com/fr/glossaire/make-to-order-mto">« make to order »</a> plutôt que le <a href="https://www.planilog.com/fr/glossaire/make-to-stock-mts">« make to stock »</a>.</p>
<p>Face à la pollution et au gaspillage, certains pays commencent même à légiférer. La France par exemple a voté <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000038746653/">l’interdiction de destruction des invendus</a> (notamment des textiles). Cette interdiction prévue dans la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000038746653/?detailType=ECHEANCIER&detailId">devrait prendre effet début 2022</a>.</p>
<p>En outre, les clients sont de plus en plus attirés par les pièces de seconde main qu’ils peuvent acquérir pour un budget plus abordable. Selon une <a href="https://www.bcg.com/publications/2020/consumer-segments-behind-growing-secondhand-fashion-market?_lrsc=bfddb64f-0712-426f-94bc-82a525fe6b5e&source=Elevate&medium=LinkedIn">étude</a> du Boston Consulting Group et menée de concert avec le site de dépôt-vente en ligne français Vestiaire Collective, le marché mondial de la seconde main est estimé entre 30 et 40 milliards de dollars et devrait connaître une croissance de l’ordre de 15 à 20 % par an au cours des 5 prochaines années.</p>
<p>Les nouveaux clients du luxe font la part belle à l’économie circulaire, en favorisant les produits qui peuvent avoir une seconde vie, recyclés ou <em>upcyclés</em> (surcyclés). Rien de surprenant que Gucci se soit associé à Farfetch pour revendre des pièces de seconde main ou que <a href="https://journalduluxe.fr/miu-miu-collection-pieces-upcyclees-chinees-fripes/">Miucca Prada (Groupe Prada)</a> ait lancé une collection capsule de pièces vintage chinées et customisées.</p>
<h2>Les alliances dans le secteur se confirment</h2>
<p>L’accord autour de Farfetch illustre que les grands rapprochements sont devenus un levier stratégique dans un secteur de plus en plus concentré.</p>
<p>Toutefois, l’opération la plus marquante du moment concerne le <a href="https://theconversation.com/une-bague-de-fiancailles-a-14-5-milliards-de-dollars-pourquoi-tiffany-devrait-dire-oui-a-lvmh-126887">mariage annoncé entre LVMH et Tiffany</a> en 2019. Le 29 octobre 2020, presque un an après l’annonce, les deux parties ont finalement abouti à un accord pour le <a href="https://www.lvmh.fr/actualites-documents/communiques/tiffany-et-lvmh-font-evoluer-le-montant-de-lacquisition/">rachat de Tiffany</a> au cours de 131,50 dollars l’action. Celui-ci mettrait fin à toutes les procédures judiciaires engagées et en ferait l’acquisition la plus chère du secteur à près de <a href="https://www.forbes.fr/luxe/rachat-de-tiffany-co-par-lvmh-la-france-rayonne-malgre-la-crise/">15,7 milliards de dollars</a>. La finalisation de l’opération est attendue pour début 2021 une fois l’approbation des actionnaires de Tiffany obtenue.</p>
<p>Au-delà de cette transaction de grande envergure, d’autres concurrents avaient également procédé à des acquisitions ces derniers mois. C’est le cas notamment de Chanel qui a réalisé plusieurs opérations en vue de sécuriser ses approvisionnements. En juillet 2020, le groupe a <a href="https://espritdegabrielle.com/chanel-rachete-vimar-1991-le-leader-italien-des-fils-fantaisie/">racheté l’entreprise italienne de création et de production de fils Vimar 1991</a> dont les produits sont indispensables à la création du tweed. En août, <a href="https://fr.fashionnetwork.com/news/Chanel-met-la-main-sur-la-tannerie-italienne-gaiera-giovanni,1237865.html">Chanel a acquis la tannerie italienne Gaiera Giovanni</a>, spécialisée dans les cuirs lisses et souples. En octobre, le groupe a pris une <a href="https://journalduluxe.fr/chanel-chausseur-ballin/">participation majoritaire dans le chausseur italien Ballin</a>.</p>
<p>Quant à l’alliance à plus d’un milliard de dollars d’Alibaba, de Richemont et d’Artemis <a href="https://www.farfetchinvestors.com/financial-news/news-details/2020/Farfetch-Alibaba-Group-and-Richemont-Form-Global-Partnership-to-Accelerate-the-Digitization-of-the-Luxury-Industry/default.aspx">annoncée le 5 novembre</a>, elle devrait permettre aux partenaires de mutualiser leurs investissements financiers et technologiques. En effet Alibaba et Richemont investiront 600 millions de dollars (300 millions chacun) dans Farfetch Limited et 500 millions de dollars dans une co-entreprise (<em>joint venture</em>) : Farfetch China afin d’augmenter encore leur pénétration du marché chinois.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 aura contribué à l’accélération de changements profonds : transition digitale, aspiration pour un luxe durable et concentration dans le secteur. Ce nouveau rapprochement Farfetch, Alibaba, Richemont ne démontre-t-il pas également que le luxe de demain appartient aux acteurs qui seront séduire une clientèle jeune et connectée et où la Chine offre encore un potentiel de croissance considérable ?</p>
<p>Dans ce contexte, avec les nouvelles fermetures des magasins de luxe dans de nombreux pays d’Europe, ce 11 novembre, le jour des célibataires en Chine, ou <a href="https://lemag.igraal.com/single-day-histoire/"><em>Singles’ Day</em>, considéré comme un des plus gros phénomènes de shopping mondial</a>, semble en tous cas plus que jamais décisif pour clore l’année 2020.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149753/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Chaboud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le digital et le marché chinois deviennent des leviers stratégiques clés, comme l’illustre l’investissement conjoint d’Alibaba, Richemont et Artemis dans la plate-forme mondiale de mode.Isabelle Chaboud, Professeur associé d’analyse financière, d’audit et de risk management - Directrice de Programme pour le MSc in Fashion Design & Luxury Management- Responsable de la spécialisation MBA "Brand & Luxury Management", Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1493802020-11-09T19:16:38Z2020-11-09T19:16:38ZTransformation digitale : le management de portefeuille de projets devient incontournable en entreprise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/367245/original/file-20201103-23-1gietut.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C5%2C3343%2C1998&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’évolution du contexte sanitaire a fortement impacté les DSI qui ont dû souvent revoir les priorités de déploiement des projets, et contribue à replacer encore plus la question du management de portefeuille de projets au cœur des réflexions des organisations.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1450067">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Plusieurs <a href="https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-les-depenses-it-devraient-atteindre-3-8-billions-de-dollars-en%C2%A02019-73206.html">études et recherches</a> montrent que <a href="https://www.itespresso.fr/budget-it-une-annee-2020-sous-le-signe-du-cloud-213773.html">l’investissement croissant</a> dans les systèmes d’information (SI) ou dans les technologies de l’information (TI ou IT en anglais) a un impact bénéfique sur la performance globale des entreprises.</p>
<p>Les projets de transformation digitale (applications SaaS, services cloud, infrastructures big data, etc.) fleurissent maintenant depuis plusieurs années dans la plupart des secteurs d’activités, mettant sous pression de plus en plus les directions des systèmes d’information (DSI). L’une des explications repose sur les bénéfices de ces projets.</p>
<p>Par exemple, <a href="https://www.ey.com/fr_fr/consulting/la-transformation-digitale-au-sein-des-organisations">dans l’étude du cabinet de conseil EY</a> auprès de la communauté du think tank français sur l’innovation digitale <a href="https://www.ebg.net/qui-sommes-nous/reseauxEBG.php">EBG</a>, 88 % des répondants considèrent que la transformation digitale constitue un enjeu important et 65 % une source de création de valeur. Le cabinet PWC, dans une autre <a href="https://www.francenum.gouv.fr/comprendre-le-numerique/transformation-digitale-et-transformation-des-competences-bonnes-pratiques">étude de 2019</a>, montre que la transformation digitale est l’un des trois enjeux majeurs pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI).</p>
<p>La crise sanitaire de la Covid-19 accélère également la <a href="https://www.silicon.fr/covid-19-scenarios-it-crise-337667.html">digitalisation</a> d’une partie des activités au sein des entreprises, que cela soit par les outils permettant le télétravail, les outils collaboratifs, le renforcement des infrastructures en SI, la gestion de la sécurité des applications, etc.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1317017294132940801"}"></div></p>
<p>L’évolution du contexte a ainsi fortement impacté les DSI qui ont dû souvent revoir les priorités de déploiement des projets. Cela contribue à replacer encore plus la question du management de portefeuille de projets au cœur des réflexions des organisations.</p>
<p>C’est dans le cadre d’une recherche avec un doctorant CIFRE au sein d’un cabinet de conseil que ce sujet majeur est ici analysé pour les projets de déploiement de SI.</p>
<h2>La difficile évaluation des projets</h2>
<p>Les projets de transformation digitale impliquent des investissements matériels, logiciels, de la formation et le recrutement du personnel, l’acquisition de nouvelles compétences, l’accompagnement par des cabinets spécialisés, etc. Or, il existe <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263786317306336">plusieurs modèles</a> concernant l’évaluation des projets (<em>Cost Benefit Graphical, risk management matrix, Analytic Hierarchical Process</em>, etc.) et la plupart reposent sur une approche « financière » classique dans les grands principes.</p>
<p>Ces modèles cherchent ainsi à démontrer le rapport « coût/bénéfices/risques » en identifiant les critères qui semblent les plus pertinents (qui sont parfois très nombreux et donc en réalité peu applicables au sein des organisations) et qui permettent d’évaluer le retour sur investissement des projets. L’un des objectifs est également de pouvoir réaliser une comparaison afin de pouvoir les hiérarchiser entre eux.</p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263786317310785">L’approche reste relativement théorique</a> car elle repose sur une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263786317306336">approche multicritères complexe</a> avec une incomplétude et une fiabilité non exhaustive en matière d’indicateurs.</p>
<p>Cela s’explique par les difficultés à prévoir le niveau des ressources à mobiliser et d’évaluer les délais qui, dans la très grande majorité des cas, ne sont pas ou peu respectés. À cela vient s’ajouter l’imprévisibilité de l’évolution des technologies (IA, big data, <em>deep learning</em>, etc.), du fait notamment des progrès techniques, des innovations inhérentes au secteur et des interrelations complexes entre les différents projets (par exemple les technologies liées à l’IA supposent des SI permettant de collecter une très grande masse de données, etc.).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367248/original/file-20201103-19-1sstr8q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’approche par le rapport « coût/bénéfices/risques » reste relativement théorique car il est difficile de prévoir et d’évaluer les délais..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/comptabilit%C3%A9-taxes-r%C3%A8glement-615384/">Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Enfin, l’évaluation des bénéfices peut également s’avérer complexe, soit au niveau de leur mesure (gains directs et indirects mesurables vs perçus), soit au niveau de la temporalité. De plus, les gains de l’implémentation de certains projets peuvent également relever d’une perception biaisée selon la manière dont le projet a été décidé.</p>
<h2>La nécessité d’une vision globale</h2>
<p>Manager un portefeuille de projets liés à la transformation digitale des organisations suppose une réflexion approfondie sur <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263786320300053">l’alignement stratégique entre les SI déployés et la stratégie de l’entreprise</a>. De <a href="https://theconversation.com/comment-les-digital-natives-sont-elles-devenues-les-entreprises-les-plus-innovantes-du-monde-94677">nombreux exemples</a> ont montré comment de nouvelles technologies ont pu conduire à l’arrivée de nouveaux entrants dans certains secteurs et des changements de modèles économiques dans d’autres (Amazon, Netflix, Uber, etc.).</p>
<p>Cette problématique est importante car les projets sont souvent coûteux et longs et viennent donc dans un processus d’arbitrage vis-à-vis d’autres ressources ou d’autres projets hors de la DSI. Il est donc de plus en plus courant de voir au sein des organisations, notamment de grandes entreprises, une direction de la transformation se créer afin d’avoir une vision globale des projets et de proposer des arbitrages au comité de direction.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=546&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=546&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367255/original/file-20201103-23-b21k1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=546&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans les grandes entreprises, on assiste de plus en plus à la création de direction de la transformation afin de disposer d’une vision plus globale des projets.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1436183">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les décisions et les arbitrages dans le management de portefeuille de projets pour les organisations sont d’autant plus cruciaux car ils comportent aussi une très forte part d’irréversibilité. En effet, l’implémentation d’un projet notamment basé sur des SI et son degré d’appropriation par les différentes <em>business units</em> de l’organisation vont créer des routines parfois fortement ancrées qui seront très difficiles à modifier.</p>
<p>À cela s’ajoutent les problématiques de gouvernance et les jeux de pouvoir internes entre les <em>business units</em> elles-mêmes et les <em>business units</em> et la DSI lorsqu’il s’agit d’effectuer des arbitrages en matière de ressources.</p>
<h2>Une compétence dynamique</h2>
<p>Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0263786320300053">recherches plus récentes</a> tendent à montrer que le management de portefeuille de projets relève d’une véritable capacité dynamique. D’une part, les organisations qui sont capables de gérer de manière agile et réactive leur portefeuille de projets bénéficient d’un avantage concurrentiel.</p>
<p>D’autre part, il s’agit bien d’une compétence dynamique au sens où les projets, notamment avec l’utilisation des <a href="https://theconversation.com/le-long-chemin-vers-la-generalisation-des-methodes-agiles-107295">méthodes agiles</a>, sont lancés de plus en plus souvent en parallèle les uns des autres et sont soumis à de multiples aléas internes et externes.</p>
<p>Il convient donc de s’inspirer des principes des méthodes agiles en les adaptant aux caractéristiques des projets basés sur des SI. Cela peut alors nécessiter une organisation différente au sein des entreprises pour faire face à une très grande complexité compte tenu de la multiplicité des projets qui coexistent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149380/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Tran ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’essor des technologies entraîne une multiplication des projets dans les directions des systèmes d’information, incitant les organisations à se doter de compétences spécifiques pour les coordonner.Sébastien Tran, Directeur de l'École de Management Léonard de Vinci (EMLV), Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1493192020-11-05T19:57:11Z2020-11-05T19:57:11ZArtisans, le développement de l’activité numérique n’a jamais été aussi simple !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/367182/original/file-20201103-23-pyaby1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=21%2C10%2C937%2C625&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’entreprise du Puy-de-Dôme Technibois63 a réussi à vendre sa skyline de la chaîne des Puys à un client aux États-Unis pendant le confinement.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://technibois63.fr/collections/all">Capture d'écran site internet Technibois</a></span></figcaption></figure><p>Le 28 octobre 2020, la sentence tombe : la <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/reconfinement-vendredi-macron-discours_fr_5f99c17fc5b6c265d8eff082">France est reconfinée</a>. Stupeur du public, tremblements des entreprises. Lors du premier confinement, les craintes des entreprises artisanales étaient fortes, et seulement <a href="https://www.bfmtv.com/economie/coronavirus-pres-des-trois-quarts-des-artisans-fermes_AN-202004200268.html">27 % d’entre elles avaient pu maintenir une activité</a>.</p>
<p>Si certaines ont pu retrouver une <a href="https://www.capeb.fr/www/capeb/media/noteconj-3t20-v3.pdf">activité quasi normale</a> après le déconfinement, dans le bâtiment par exemple, ce n’est pas le cas de toutes, et les situations restent différentes selon les territoires et les métiers.</p>
<p>Ce deuxième confinement est annoncé comme plus souple que le premier. Toutefois, bon nombre d’entreprises artisanales ne pourront plus exercer leur métier, vendre leurs produits, et resteront fermées au public. Fleuristes, salons de coiffure ou d’esthétique, potiers, bijoutiers… toutes les entreprises jugées « non essentielles » ont dû fermer. Seule sera autorisée la <a href="https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/confinement-le-click-and-collect-pour-sauver-les-commerces-de-proximite-7800914166">vente à distance, ou le click & collect</a>.</p>
<p>Or, une faible partie seulement de ces entreprises exerce aujourd’hui une activité numérique : elles ne sont que « <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/276990-bruno-le-maire-29102020-mesures-durgence-economiques">32 % à disposer de leur site Internet</a> », selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.</p>
<p>Des plans et des actions en faveur du numérique sont proposés depuis quelques mois maintenant, <a href="https://www.netpme.fr/actualite/covid-19-les-pistes-de-bercy-pour-sauver-les-commerces-de-proximite/">par le gouvernement</a> et par les <a href="https://www.cma-lyon.fr/actualites/faire-un-atout-du-numerique">Chambres des métiers</a>. Malgré ces aides, il reste impossible, dans les jours et les semaines qui viennent, d’accompagner toutes ces entreprises.</p>
<p>Alors, que faire ? Nos recherches en cours nous ont permis de relever trois parcours numériques gagnants que nous présentons ici au travers de témoignages d’artisans localisés en Auvergne. Nous avons d’ailleurs rencontré l’un d’entre eux grâce à son activité numérique ! Ces trois exemples montrent que, chacun peut, dès maintenant, et avec ses moyens, petits ou grands, numériser tout ou partie de son activité.</p>
<h2>« 20 % d’activité en plus »</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=711&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=711&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=711&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=893&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=893&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367008/original/file-20201102-19-1o9df60.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=893&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Image 1 : Capture d’écran du site créé par Garance Archer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Garance Archer est bijoutière créatrice, à 26 ans elle a créé son entreprise au début de l’année 2020, dans un village du sud du Puy-de-Dôme. Prise au dépourvu par la pandémie, elle décide de consacrer son temps à la <a href="https://www.garancearcher.com/">création d’un site Internet</a>, et à sa notoriété en ligne : « J’ai tout fait toute seule, mon site Internet, ma communication, ma pub ». Le numérique a payé, puisqu’elle a été contactée par le magazine <em>Gala</em>, et <a href="https://www.moncarnet-gala.fr/articles/view/GARANCE-ARCHER">figure désormais dans le carnet « luxe » du magazine</a>, rien de moins…</p>
<p>Comme elle nous l’a confié :</p>
<blockquote>
<p>« Il y a plein d’autres opportunités qui se sont ouvertes à moi que je n’imaginais pas du tout. J’ai été contactée par deux magazines, Gala et Marie-Claire, qui voulaient vraiment mettre en avant l’artisanat ».</p>
</blockquote>
<p>Le lancement de son site Internet durant le confinement a contribué à son succès : « j’ai doublé l’audience que j’avais prévue ». Et cela ne s’arrête pas là, puisque Garance nous explique avoir noué d’autres contacts pendant cette période, grâce à la visibilité qu’elle a su se créer sur les réseaux sociaux.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=762&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=762&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=762&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=958&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=958&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367009/original/file-20201102-13-ka1qk4.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=958&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image 2 : Capture d’écran d’une story Facebook de Technibois 63.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
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<p>Guillaume Gavioli est menuisier agenceur en secteur rural également. Son entreprise, Technibois63, a récemment développé un produit unique, la Skyline, qui représente la chaîne des Puys, <a href="https://www.chainedespuys-failledelimagne.com/candidature-3/lunesco-et-le-patrimoine-mondial-2/">récemment inscrite au patrimoine de l’Unesco</a>. Avec l’aide d’un ami, il a créé un <a href="https://technibois63.fr/products/skyline-puy-de-dome">site de vente en ligne</a> dédié à ce produit. Il en fait la publicité sur les réseaux sociaux, dont Facebook.</p>
<p><br>
<br>
Le succès ne s’est pas fait attendre, Guillaume nous confie même sa surprise :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai lancé ça il y a cinq mois. J’en ai vendu une cinquantaine, vous allez me dire cinquante c’est pas énorme, mais pour un menuisier comme moi c’est un complément d’activité. Le prix : une petite à 33, la grande à 125 euros. Je vends plus celles à 90 euros, quasiment les plus grandes. Je ne sais pas pourquoi ».</p>
</blockquote>
<p>Il estime le chiffre de ventes généré aux alentours de 3 000 euros, et a même eu la surprise d’envoyer des skylines un peu partout dans l’hexagone… et même plus loin :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai vendu des skylines en bonne partie dans le Puy-de-Dôme et en Auvergne, j’en ai envoyé 4 ou 5 dans la région de Marseille, à Paris, 4 ou 5 aussi, une ou deux du côté du Rhin, peut-être une ou deux en Bretagne, et une aux États-Unis. Ce client n’avait pas l’air d’être Français, il a peut-être dû venir une fois en vacances et ça lui a plu. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=780&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=780&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=780&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=980&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=980&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367010/original/file-20201102-15-cdkr0y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=980&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image 3 : Capture d’écran de la page Facebook GP Menuiseries.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur</span></span>
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<p>Pascal De Freitas est à la tête de l’entreprise GP Menuiseries, qui installe des menuiseries et des pergolas sur le Puy-de-Dôme. L’entreprise est prospère et pérenne, elle disposait déjà d’un <a href="https://www.gpmenuiseries.fr/">site vitrine</a> avant le confinement de mars. Pascal a transformé la contrainte en opportunité en utilisant le temps libre pour tester la publicité en ligne sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram.</p>
<p>Il témoigne de son expérience :</p>
<blockquote>
<p>« On l’a fait parce que le salon de l’habitat était annulé au mois de mars, au début du confinement. Vu qu’on n’avait pas grand-chose à faire, on s’est intéressé à ça. C’était un mal pour un bien parce qu’après les mois de fin mai, juin et juillet, à partir du déconfinement, ça a été la folie. Le réseau nous en a apporté, enfin pas tout mais peut-être 20 % de notre activité en plus ».</p>
</blockquote>
<p>Là aussi, c’est la surprise pour Pascal : le numérique lui a permis, dès la fin du confinement, d’exploiter les contacts qu’il a noués pendant cette période. Il peut cibler sa clientèle dans un rayon précis qu’il détermine, pour le montant qu’il choisit et pour un coût tout à fait abordable, comme il nous l’explique :</p>
<blockquote>
<p>« On détermine le budget d’une campagne de promotion en fonction des informations sur le potentiel de cette cible : 50, 100, ou 200 euros… ».</p>
</blockquote>
<p>L’intérêt est donc d’avoir des actions ciblées pour un budget restreint. Pascal explique d’ailleurs que grâce à la qualité des contacts noués, il a un retour en termes de commandes particulièrement intéressant, davantage qu’avec une campagne d’affichage sur des panneaux publicitaires dans la ville. La proximité qui se crée avec le client au travers des images et des commentaires échangés constitue les prémices d’une bonne relation entre l’artisan et le client.</p>
<h2>Quelques heures suffisent</h2>
<p>Mais d’autres solutions existent pour les artisans, comme des plates-formes de vente de produits artisanaux régionaux. Par exemple des <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/consommation-commerce-ligne-valoriser-made-in-auvergne-1879488.html">produits auvergnats sur un site partagé</a> avec l’aide de la région, ou bien des artisans corses qui collaborent pour la vente en ligne au sein d’un groupement d’intérêt économique (GIE) <a href="http://www.artisula.com/">d’artisans</a>.</p>
<p>Certaines activités numériques peuvent se mettre en place en quelques heures, ou quelques jours : il est par exemple possible de créer assez facilement un site Internet avec des éditeurs totalement ou partiellement gratuits, tels <a href="https://fr.wix.com/">Wix</a> ou <a href="https://fr.wordpress.com/create/">WordPress</a>.</p>
<p>Toutefois, tous ces efforts resteront vains si le consommateur ne répond pas présent dans les prochaines semaines. C’est pourquoi de nombreux appels à soutenir les artisans et les commerçants ont été récemment lancés, sur <a href="https://www.facebook.com/groups/2849529018462746">sur les réseaux sociaux</a>, ou alors par des institutions comme les <a href="https://cma-france.fr/2020/05/20/tousavecnosartisans2/">Chambres de métiers et de l’Artisanat</a>,</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1322216191331426304"}"></div></p>
<p>L’enjeu est de taille : tout d’abord, un artisan qui ferme n’aura peut-être plus jamais l’opportunité de se mettre à son compte, à l’inverse de <a href="https://www.l-expert-comptable.com/a/532064-qu-est-ce-qu-un-serial-entrepreneur.html">sérials entrepreneurs</a> qui se relèvent malgré les échecs.</p>
<p>Ensuite, <a href="https://www.lefigaro.fr/social/ici-je-forme-un-apprenti-la-nouvelle-campagne-des-artisans-sur-l-alternance-20201016">l’artisan d’aujourd’hui forme celui de demain</a>, au travers des apprentissages : il est important de maintenir les entreprises qui forment les jeunes, assurant ainsi la relève.</p>
<p>Enfin, peu d’entreprises sont aussi importantes pour les territoires que les entreprises artisanales. Véritables actrices de proximité, elles utilisent bien souvent des produits locaux, sont investies dans la vie locale, et participent au dynamisme, notamment dans des petites communes. Raison de plus pour leur éviter à tout prix de baisser le rideau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149319/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En Auvergne, trois petites entreprises fermées en raison du confinement ont mis en place une nouvelle relation client en quelques jours et avec des moyens réduits.Grégory Blanchard, Doctorant en sciences de gestion. Enseignant en négociation - vente, ESC Clermont Business SchoolAnne Albert-Cromarias, Enseignant-chercheur HDR, management stratégique, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1494912020-11-04T21:09:12Z2020-11-04T21:09:12ZNumérique à l’école : nouveaux outils, nouveaux usages ?<p>Changer d’outils revient-il toujours à transformer les façons d’enseigner ? Bien avant la « continuité pédagogique » du printemps 2020 et l’expérience du « e-confinement » vécue par des millions d’élèves, l’expérience des <a href="https://theconversation.com/mooc-la-revolution-na-pas-eu-lieu-103282">MOOC</a> a montré qu’il ne suffit pas de passer au numérique pour révolutionner la transmission des connaissances.</p>
<p>Lorsque ces formations en ligne ont été créées en 2010 pour des étudiants et adultes en formation continue, beaucoup de modules vidéo se sont calqués sur le modèle du cours magistral, sans mobiliser l’interactivité du web. Résultat : de forts taux d’abandon au fil des sessions.</p>
<p>En bref, pour vraiment tirer parti du numérique, il importe d’évaluer au préalable le potentiel des outils et les besoins des élèves selon les situations. Faut-il par exemple délaisser les stylos pour les claviers dans tous les cas ? Si des applications de traitement de texte ont pu aider des collégiens ou lycéens à découvrir de nouvelles façons de travailler ensemble, il s’avère que l’écriture manuscrite reste très importante à l’heure de l’apprentissage de la lecture.</p>
<p>Au-delà des questions matérielles d’équipement, la recherche aide à mieux comprendre ces usages et les enjeux qui se posent dans le cadre scolaire. À l’occasion des <a href="https://www.education.gouv.fr/les-etats-generaux-du-numerique-pour-l-education-304117">États généraux du numérique</a> pour l’éducation, organisés les 4 et 5 novembre 2020, nous vous proposons de relire quelques contributions de nos auteurs sur la manière dont élèves et enseignants s’emparent des technologies en classe.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/apprendre-a-ecrire-peut-on-remplacer-papier-et-crayon-par-tablette-et-stylet-136422">Apprendre à écrire : peut-on remplacer papier et crayon par tablette et stylet ?</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C4%2C997%2C660&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/332257/original/file-20200504-83725-dwbs14.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le geste associé au tracé d’une lettre en favorise la reconnaissance en situation de lecture.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/lovely-little-girl-working-her-school-74432629">Shutterstock</a></span>
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<p>L’écriture manuscrite n’est pas une simple habitude culturelle, c’est aussi un outil clé d’apprentissage de la lecture. S’il faut préférer le crayon au clavier, que dire des stylets pour écrans ? Alors que le matériel s’est perfectionné, Denis Alamargot et Marie-France Morin ont mené une expérimentation pionnière auprès d’élèves de primaire et de collège.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/temoignage-enseigner-les-sciences-experimentales-a-lheure-de-la-distanciation-sociale-138146">Témoignage : Enseigner les sciences expérimentales à l’heure de la distanciation sociale</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C56%2C6221%2C4091&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/333686/original/file-20200508-49550-m4dzkd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Grâce à ses capteurs, le smartphone peut être un instrument de mesure.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Kolli, _La Physique autrement_</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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</figure>
<p>Les travaux pratiques sont essentiels à l’enseignement des sciences. Mais les mesures sanitaires compromettent leur organisation classique. Julien Bobroff, Frédéric Bouquet et Ulysse Delabre présentent quelques solutions qui changent la donne et expliquent comment le numérique peut aider les élèves à être plus actifs en cours.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/faut-il-renoncer-au-numerique-pour-leducation-140765">Faut-il renoncer au numérique pour l’éducation ?</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=417&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342227/original/file-20200616-23261-13itns.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=524&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les techniques numériques offrent de nouvelles ressources pour enseigner et apprendre autrement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/vector-illustration-flat-style-online-education-1043756827">Shutterstock</a></span>
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<p>« Sans doute faut-il poser la question de ce que l’on peut faire du numérique à l’école. Mais il faut impérativement se demander aussi ce que le numérique fait à l’école. Comment la met-il sous tension, à mesure qu’il transforme la société ? », interroge Jean‑François Cerisier, qui travaille sur les politiques publiques du numérique pour l’éducation.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/avec-les-classes-eloignees-en-reseau-les-ecoles-rurales-jouent-collectif-107553">Avec les « classes éloignées en réseau », les écoles rurales jouent collectif</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C4%2C997%2C642&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/252475/original/file-20190104-32130-1hr4ou1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les écoles éloignées en réseau augmentent les échanges entre élèves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Le numérique fait fi des distances et permet à des écoles de monter de nouveaux types de projets collectifs, au-delà des traditionnelles correspondances scolaires. Eric Bruillard et Thérèse Laferrière présentent un dispositif initié avec succès au Québec et transposé en Auvergne.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/pedagogie-a-distance-les-enseignements-du-e-confinement-137327">Pédagogie à distance : les enseignements du e‑confinement</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C10%2C998%2C651&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/331802/original/file-20200430-42908-lbcqbt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’enseignement en ligne nécessite une préparation spécifique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/high-angle-view-video-conference-teacher-1676998303">Shutterstock</a></span>
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<p>En confinement, la continuité pédagogique a fait surgir certains écueils. Il convient d’en prendre compte pour avancer dans la mise en place d’une formation à distance réellement efficace, estime Divina Frau-Meigs.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/deux-pistes-pour-reinventer-les-mooc-141715">Deux pistes pour réinventer les MOOC</a></h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=28%2C221%2C1664%2C1054&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/356970/original/file-20200908-14-ydc4v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les MOOC ne devraient-ils pas s’inspirer de ces tutoriels sur YouTube qui plaisent tant aux jeunes ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/illustrations/learn-school-laptop-digital-5103075/">Gerd Altmann/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Lorsqu’ils sont apparus dans les années 2010, les MOOC ont soulevé beaucoup d’espoirs. De là à constituer une révolution de l’enseignement, il y a un pas qui n’a pas été franchi. Pour mieux tirer parti de ces nouveaux formats, Julien Gardan, Arthur Gontier et Mahdi Chemkhi proposent de s’inspirer de la vogue des tutoriels et des progrès de l’impression 3D.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/comment-les-assistants-vocaux-defient-ils-la-pedagogie-140133">Comment les assistants vocaux défient-ils la pédagogie ?</a></h2>
<p>Au-delà des écrans, le numérique se matérialise de plus en plus dans nos vies sous forme d’assistants vocaux. De quoi inaugurer une « culture de la conversation », et transformer l’éducation ? Explications de Marion Voillot et Zoé Aegerter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149491/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
À l’occasion des États généraux du numérique pour l’éducation, organisés les 4 et 5 novembre 2020, retour sur sept analyses de chercheurs qui interrogent technologies et pédagogie.Aurélie Djavadi, Cheffe de rubrique EducationLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1488162020-11-03T19:58:36Z2020-11-03T19:58:36ZReconnecter les datas au monde sensible des humains : un défi de l’industrie 4.0 déjà relevé par les PME<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/365506/original/file-20201026-13-1g26olm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C4992%2C2649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour une industrie 4.0&nbsp;réussie, le traitement numérique des datas ne doit pas se substituer aux savoir-faire humains.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/hands-robot-human-touching-on-dna-1653839683">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Face à l’ampleur des incertitudes et des risques de rupture qui menacent l’ordre économique et social, la numérisation des activités productives est souvent présentée comme une panacée.</p>
<p>Qu’il s’agisse de relocaliser la production industrielle, de créer de nouveaux emplois ou de regagner les gains de productivité perdus, les discours d’accompagnement pour l’industrie 4.0 n’accordent d’intérêt qu’aux potentialités, présentées comme infinies, des <a href="https://www.franceindustrie.org/plan-france-relance-france-industrie-salue-des-mesures-fortes-pour-retablir-durablement-la-competitivite-de-lindustrie-en-france/">solutions numériques</a>.</p>
<p>Les entreprises dites actives dans le domaine du digital sont ainsi présentées comme précurseurs et porteuses de la relance. La crise de la Covid n’a fait qu’accentuer cette tendance qui figurait déjà dans les <a href="http://www.industrie-dufutur.org/Documents%20%C3%A0%20t%C3%A9l%C3%A9charger/guide-technologies-de-lindustrie-futur/">programmes de l’industrie du futur</a>.</p>
<p>La saisie automatisée des données en aval du processus de production (avec des caméras, des capteurs, une extraction d’information sur chaque poste de travail) et leur traitement algorithmique en amont (big data, data science) est la promesse d’une gestion « agile » (précise, souple, personnalisée) et en temps réel de la production. Ce que recherche tout processus industriel.</p>
<p>Cette transformation numérique semble néanmoins avoir oublié deux faits majeurs : une entreprise est d’abord un <strong>collectif</strong> d’êtres humains irréductible aux objectifs chiffrés ou aux critères abstraits de productivité. De plus dans l’industrie, le rapport à la matière reste une <strong>dimension incontournable</strong>, ce qui soude les collectifs de travail et fait aussi sens pour eux.</p>
<p>D’où un certain hiatus, qui ne fait que s’amplifier, entre les ambitions affichées par les grands acteurs institutionnels et la réalité du terrain.</p>
<h2>Le rapport des PME industrielles avec la matière</h2>
<p>De ce point de vue, les PME industrielles, dont le rôle dans l’innovation (incrémentale) est trop souvent négligé et méconnu, ont beaucoup à nous apprendre. Cela tient notamment au type de rapport spécifique qu’elles continuent d’entretenir avec la matière, si nous entendons par là une réalité aussi bien humaine (les gestes, les savoirs expérientiels, la connaissance sensible) que physique (mesurable). Enracinées sur un territoire et inscrites dans la longue durée, elles sont habituées à nouer, agencer et organiser de manière singulière des savoir-faire et des modes d’intelligence du réel hétérogènes.</p>
<p>Les enquêtes menées dans plusieurs d’entre elles par un <a href="https://crtd.cnam.fr/hecttor-un-projet-anr-sur-la-robotique-collaborative-et-l-industrie-du-futur-dans-les-pme-998785.kjsp">groupe de chercheurs pluridisciplinaire</a> témoignent, chez leurs dirigeants, de l’importance de ce rapport. Importance qui se dévoile sous plusieurs aspects et qui affirme l’ancrage de leurs décisions dans le réel de la situation.</p>
<p>Lorsque la PDG de la Maison Caron digitalise son site et déménage à Saclay en 2019, elle ne se sépare pas du « vieux » torréfacteur des années 1950 : certes, la torréfaction du café est ancrée dans le réel et le sensoriel, mais la magie des arômes s’opère parce que le nez, l’œil et même l’oreille savent contrôler ; des savoir-faire traditionnels et familiaux qu’elle partage aujourd’hui avec quelques salariés de l’entreprise.</p>
<p>Chez Guilbert Express, autre entreprise familiale fabricant des appareils de soudure haut de gamme, le dirigeant constate l’effritement progressif des savoir-faire à la française qui a suivi la stratégie de délocalisation de la production vers l’export ces dernières années. Aujourd’hui, il cherche avec la digitalisation de son entreprise, à renouer les collectifs de travail épars autour d’une expérience commune et interculturelle.</p>
<p>À Avignon Céramic, une entreprise du Berry qui fabrique des noyaux céramiques pour l’industrie aéronautique, tout l’enjeu de la qualité réside dans la négociation quotidienne avec la matière. Une matière par nature instable, imprévisible, source de variabilité et d’incertitude, presque « vivante », quasiment douée d’autonomie et qui exige en retour des savoir-faire eux-mêmes vivants, précis, agiles pour faire du produit final une pièce acceptée dans la supply chain des grands donneurs d’ordre.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365508/original/file-20201026-15-17k9tj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans les industries, les savoir-faire humains permettent de mieux appréhender la matière.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/ceramic-working-process-clay-potters-wheel-609061805">Shutterstock</a></span>
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<p>Cela ressort particulièrement bien de <em>l’Opé40</em>, une des étapes clés du processus qualité mis en œuvre pour identifier les défauts des noyaux céramiques. Visuel et tactile, ce contrôle permet d’identifier des détails infinitésimaux et exige une grande expérience. Mais cette étape s’avère aussi décisive dans la construction du savoir collectif et du collectif de travail tout court : si la détection des défauts est l’œuvre de quelques-uns, c’est l’ensemble de la communauté qui s’empare de ces traces pour en restituer le sens à la façon d’une enquête policière.</p>
<p>C’est sous ce rapport à la matière que se noue la communauté de l’entreprise. De ce point de vue les PME apparaissent comme les ultimes détentrices d’un des secrets industriels peut-être le mieux gardé : celui de la façon dont les êtres humains et la matière participent à un processus commun de transformation.</p>
<p>Alors que les dispositifs de traçabilité et d’analyses numériques des données investissent crescendo l’organisation du travail des entreprises en cherchant à capter ces savoir-faire humains parfois ancestraux sur la matière, le défi consiste à intégrer ces transformations sans renoncer à cette culture.</p>
<h2>L’humain, clé de l’adaptation</h2>
<p>Le dirigeant de AQLE, entreprise du Nord de la France d’assemblages électroniques, quant à lui, soulève la question du risque de la perte de sens pour les salariés si une partie de leur action est prise en charge par le digital. Jusqu’où est-il possible de supprimer des gestes considérés comme pénibles sans altérer à terme l’activité dans son ensemble, c’est-à-dire l’élaboration des savoir-faire, leur maintien et leur acquisition (formation, apprentissage, modalités de transmission) ?</p>
<p>De manière similaire, le décalage observé entre les générations dans l’utilisation des technologies numériques est souvent mis en avant (dans les documents d’incitation) pour faire passer l’idée selon laquelle les plus jeunes pourraient devenir les mentors des plus âgés et servir de relais pour la transformation numérique de l’entreprise. Mais le problème est une fois encore plus intéressant et complexe.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365509/original/file-20201026-17-jlowhf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Former les plus âgés n’est pas suffisant pour mener à bien la transformation numérique..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/focused-young-woman-worker-explain-something-1498236302">Shutterstock</a></span>
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<p>Il s’agit avant tout d’imaginer de nouveaux agencements et équilibres entre le concret (sensible, manuel…) et le digital. L’opposition archaïque/innovant (à laquelle fait souvent écho celle entre cognitif/manuel) apparaît de ce point de vue stérile. C’est le tuilage des pratiques qui compte, non l’approche « disruptive » qui aboutit le plus souvent à des approches hors sol. Tout l’intérêt du numérique est justement de nous inviter à interroger nos modalités d’attachement au travail.</p>
<p>L’un des enjeux d’une « transition numérique » réussie sera sans doute de parvenir à articuler ou à faire coexister dans un rapport de complémentarité plutôt que d’exclusion ces différents modes d’action sur le réel. En acceptant en préambule le constat suivant : l’information obtenue par l’un ou l’autre de ces modes est de nature différente. Le traitement numérique des datas ne peut pas se substituer à une connaissance de la matière qui repose sur la propension des êtres humains à sentir ce qui, comme eux, est vivant, fragile, impermanent.</p>
<p>La familiarité de l’humain avec la matière vivante, loin d’être obsolète, se présente peut-être comme l’une des clés de l’adaptation aux bouleversements présents et à venir. La crise de la Covid est venue fracasser les certitudes, chambouler les stratégies. Le moment est venu de se souvenir que les savoir-faire humains, de même que la mémoire collective sur laquelle ils reposent, ne sont pas que des variables d’ajustement, mais la condition même d’une agilité de plus en plus requise dans une économie globalisée et frappée d’incertitude.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148816/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans les petites entreprises, le rapport à la matière et l’importance de l’humain jouent aujourd’hui un rôle dans la transformation numérique qui pourrait inspirer les plus grandes organisations.Gérard Dubey, Sociologue, Institut Mines-Télécom Business School Anne-Cécile Lafeuillade, Doctorante ergonomie, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1482722020-10-20T20:00:30Z2020-10-20T20:00:30ZLes créatures artificielles vont-elles envahir les banques ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363947/original/file-20201016-17-1xlret6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C1439%2C670&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’interface du robot Spoon simule des émotions pour une meilleure interaction avec le client.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Spoon.ia (D.R)</span></span></figcaption></figure><p>Dans une logique de rationalisation des coûts, les agences bancaires ferment progressivement partout en France. Selon une <a href="https://www.sia-partners.com/fr/actualites-et-publications/de-nos-experts/infographie-evolution-des-reseaux-dagences-bancaires">étude</a> du cabinet SIA Partners, plus de 12 % d’entre elles ont fermé leurs portes depuis 2016.</p>
<p>Pour autant, un segment de client se retrouve délaissé, celui concerné par la fracture numérique. Selon l’Insee, l’illectronisme, qui désigne la difficulté, que rencontre une personne à utiliser les appareils numériques, touche <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4241397">16,5 % de la population française</a> et plus spécifiquement 67,2 % des personnes âgées (cf. figure ci-dessous).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363934/original/file-20201016-15-w07tfb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 – Équipement, usage d’Internet et capacité numérique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4241397">Insee</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour rester compétitives, les agences bancaires doivent donc aussi réinventer l’expérience client physique dans leur processus de transformation digitale.</p>
<h2>La piste des robots humanoïdes</h2>
<p>Aujourd’hui, la majorité des venues en agences sont qualifiées « à faible valeur ajoutée » : dépôt de chèque ou d’argent, information sur la CB, les plafonds de dépense, etc.</p>
<p>Dans le cadre d’une étude (à paraître), nous avons interrogé des directeurs d’agences de la banque de détail comme le Crédit Agricole, BNP Paribas ou encore la Société Générale.</p>
<p>Ils s’accordent à dire que l’addition de ces tâches à faible valeur ajoutée peut mobiliser entre 30 % et 60 % du temps d’un conseiller chaque semaine. L’enjeu ici est en conséquence d’automatiser ces actions simples et ainsi, de faire gagner du temps au conseiller qui, de son côté, pourra monter en compétences et effectuer un suivi client toujours plus qualitatif.</p>
<p>Des cette optique, les banques sont entrées dans une phase de test de différents dispositifs. Par exemple, Leenby, un robot humanoïde a intégré l’agence Crédit agricole Toulouse en mars 2019. Son objectif était d’accueillir les clients, les orienter, et rendre l’attente plus agréable. Le robot répondait à des questions simples comme le chatbot de l’application mobile de la banque.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1045001620126408704"}"></div></p>
<p>Ce robot est conçu pour ressembler à un humain. Cependant, une discussion entre un robot humanoïde et un humain n’est pas aussi stimulante qu’entre deux humains, notamment d’un point de vue neuronal. Une des hypothèses pour expliquer ce phénomène est que le robot n’a pas de langage corporel ni d’expression faciale. C’est pour cela que les robots humanoïdes tels que Leenby n’ont pas eu un succès fulgurant avec un taux d’acceptabilité de seulement 20 %. Ce manque d’interaction constitue une importante barrière, et peut, in fine, rendre le client moins réceptif.</p>
<h2>Inquiétudes sur le secret bancaire</h2>
<p>Spoon AI est spécialisée dans la robotique sociale. Leurs fondateurs ont précédemment créé les robots humanoïdes NAO et Pepper, mais face aux problématiques d’acceptation de ces robots, ils ont développé une nouvelle génération : des visages interactifs et expressifs.</p>
<p>L’objectif de cette nouvelle génération d’interface est de créer de l’interaction via l’analyse et la simulation d’expressions faciales et d’émotions. Les résultats sont plutôt concluants puisqu’ils passent à un taux d’acceptation de 70 %, comparé au taux de 20 % des robots humanoïdes présentés précédemment.</p>
<p>Nombre des directeurs d’agences que nous avons interrogés s’accordent à dire que le visage interactif Spoon est intéressant pour effectuer des tâches basiques et redondantes du quotidien. Ce dispositif leur permettrait effectivement de gagner du temps et de se recentrer sur des problématiques plus importantes pour leurs clients.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/BE6YWahSinE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de la solution Spoon.</span></figcaption>
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<p>Un tel dispositif « phygital » se doit d’intervenir en différé du conseiller : en la présence d’un conseiller, le dispositif ne sera en effet pas utilisé car les clients iront directement solliciter le conseiller. Ce dispositif pourra ainsi être positionné en dehors des horaires d’ouverture (via le sas par exemple ou derrière la vitrine de l’agence).</p>
<p>De plus, les tâches à faible valeur ajoutée pour le conseiller s’avèrent générer le plus souvent les moins bons taux de satisfaction client. En effet, la réponse qu’attend le client est simple mais le temps d’attente s’avère souvent trop long. Paradoxalement, ces demandes génèrent le plus d’insatisfaction client tandis que les demandes plus complexes, à forte valeur ajoutée, génèrent très souvent une haute satisfaction client. L’intérêt d’un tel dispositif est double : gain de temps et de satisfaction pour les clients et conseillers.</p>
<p>Cependant, les directeurs d’agences émettent également une certaine crainte quant au secret bancaire. En effet, si Spoon se trouve dans le sas d’entrée, toute personne présente peut entendre la conversation qu’il entretient avec un particulier. Car ces robots sont tactiles et vocaux. Il est simple d’échanger de vive voix avec eux. Le secteur bancaire étant un secteur plutôt confidentiel, cela pose la question de la limite du type de services que peut rendre Spoon selon son emplacement.</p>
<h2>Vers de nouvelles agences ?</h2>
<p>Revenons au chiffre précédemment évoqué de SIA Partners indiquant que depuis 2016, plus de 12 % des agences réparties sur le territoire français ont fermé leurs portes. Un certain nombre de territoires français dépendent de manière plus ou moins importante de l’activité bancaire d’un point de vue local. Si la tendance de fermetures d’agences continue, l’impact sur différents tissus locaux peut très rapidement devenir de plus en plus problématique pour ces territoires.</p>
<p>De l’autre côté de l’Atlantique, Bank of America a mené une stratégie pouvant s’avérer intéressante à observer. Comme nous l’ont expliqué des responsables que nous avons interrogés, cet enjeu de rationalisation des coûts, tout en souhaitant maintenir une forte présence sur l’ensemble de leurs territoires, les a amenés à ouvrir de <a href="https://bankinnovation.net/allposts/products/payments/bank-branches-of-the-future-are-already-here-thanks-to-bofa/">petites agences entièrement automatisées</a>. Des automates répondent aux questions et permettent de déposer des chèques, de l’argent ou tout simplement d’en retirer. Il est aussi possible d’effectuer une visioconférence avec un conseiller expert.</p>
<p>Les robots humanoïdes dotés de compétences conversationnelles peuvent être vus par les agences traditionnelles comme une réponse à la fracture du numérique et aux offres 100 % mobiles. Un dispositif phygital avec une interface accessible et intuitive est synonyme d’inclusion puisqu’il permet également aux 17 % des Français concernés par l’illectronisme d’accéder facilement à l’information recherchée.</p>
<p>Après discussions avec agences et clients, il semble pertinent d’imaginer aller plus loin avec un robot permettant de répondre directement à toutes requêtes simples ou même complexes, et en permettant la mise en relation avec un conseiller expert pour les questions les plus complexes ou personnalisées. Ce robot serait susceptible de devenir le catalyseur de ces nouvelles formes d’agence qui vont permettre de redynamiser l’ensemble des différents tissus économiques à leur propre échelle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148272/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yvon Moysan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les établissements testent actuellement des solutions pour automatiser les tâches à faible valeur ajoutée en agence. Les robots qui simulent les émotions apparaissent comme une piste intéressante.Yvon Moysan, Directeur Académique Master Digital Marketing et Innovation, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1480272020-10-15T19:52:47Z2020-10-15T19:52:47ZLa fonction qualité, un moteur de la transformation digitale des entreprises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363175/original/file-20201013-15-1d2jymk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C0%2C7044%2C3829&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le management qualité est idéalement placé dans l’entreprise pour conduire le changement.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/dot-flying-network-touched-by-businessman-566877307">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les résultats d’une <a href="https://brochure.kedge.edu/vers_la_qualite_4.0-ebook.pdf">étude</a> menée par KEDGE Business School pour le compte de l’Association française de normalisation (<a href="https://competences.afnor.org/">Afnor</a>) montrent que la fonction QSE (Qualité Sécurité Environnement) possède la légitimité et les compétences nécessaires pour accompagner la démarche de transformation digitale de l’entreprise.</p>
<p>En effet, l’expertise des professionnels du management QSE en matière de conduite du changement (recueil des besoins, accompagnement des collaborateurs, évaluation de la performance et amélioration continue), et son positionnement unique, à la fois global et transverse au sein de l’entreprise, désignent la fonction QSE comme un contributeur potentiel majeur au service de la démarche de transformation digitale.</p>
<p>Cette contribution concerne à la fois l’élaboration de la démarche de transformation digitale, son animation et sa pérennisation.</p>
<h2>Prise de recul</h2>
<p>Tout d’abord, en ce qui concerne l’élaboration de la stratégie de la démarche de transformation, la fonction QSE peut contribuer à identifier les aspects prioritaires et critiques de la transformation, analyser les risques et opportunités liés à la transformation, évaluer les impacts potentiels, positifs et négatifs, de la transformation sur l’entreprise ainsi que porter la voix du client externe et interne.</p>
<p>La position transverse du management QSE permet ainsi une prise de recul, afin de poser les bonnes questions au cours de la planification de la démarche de transformation et d’en anticiper les conséquences structurelles et organisationnelles.</p>
<p>Un responsable QSE de l’étude menée par KEDGE en témoigne :</p>
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<p>« Tous les projets transversaux sont souvent portés par la qualité. La digitalisation est un projet transversal impactant l’ensemble des processus de l’entreprise. Cela paraît naturel que la qualité porte la digitalisation en un axe stratégique, à un plus haut niveau managérial. La qualité permet de déterminer et d’orienter les besoins en digitalisation ».</p>
</blockquote>
<h2>Un rôle de chef d’orchestre</h2>
<p>La démarche de digitalisation donne aussi l’opportunité au management QSE de démontrer sa capacité à conduire des changements, et en particulier un programme de transformation majeure comme la transformation digitale. Il apparaît d’ailleurs essentiel que la fonction QSE ne soit pas vue comme un frein dans les projets mais comme un facilitateur. Au contraire, le management QSE peut jouer un rôle de chef d’orchestre de la démarche.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=441&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=441&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=441&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=554&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=554&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363164/original/file-20201013-21-1k7kdzu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=554&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Du fait de sa position transversale, la fonction QSE peut jouer le rôle de chef d’orchestre de la démarche de digitalisation.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/man-conducting-orchestra-240100135">Shutterstock</a></span>
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<p>Le QSE peut tirer profit de sa vision globale et transversale de l’organisation afin de favoriser la mise en place d’une démarche collaborative et inclusive. Son implication peut contribuer à atténuer les facteurs humains et culturels de résistance au changement, qui sont souvent les principaux freins à la réussite de la transformation digitale. Cela permet de favoriser la co-construction d’une démarche de transformation partagée et acceptée par tous les collaborateurs.</p>
<p>Ce principe est notamment illustré par la mise en place d’un réseau social dans l’entreprise Ponticelli, spécialisée dans les services à l’industrie. Une initiative portée à partir de 2015 par la responsable qualité et qui a abouti à la mise en place d’une plate-forme collaborative afin de favoriser le partage d’expériences et le benchmarking interne. En particulier, le réseau donne un accès aisé au système documentaire, intègre des fils de discussions (au sens d’un réseau social), facilite les groupes de travail en leur mettant à disposition des espaces réservés et des accès rapides et efficaces à la vidéoconférence.</p>
<h2>Amélioration continue</h2>
<p>Pour s’assurer que la transformation digitale soit un processus permanent d’amélioration continue, le management QSE doit jouer un rôle d’alerte en cas de risque ou de problème avéré, provoqués par un outil digital. Il pourra ensuite faire un diagnostic et définir des actions avec le(s) service(s) concerné(s) en intégrant des outils de partage d’expérience.</p>
<p>Le management QSE est, comme on l’a vu, idéalement placé pour capitaliser sur les savoirs liés à la transformation de l’organisation et pour veiller à la cohérence du système de management à la suite de changements et d’évolutions en termes d’organisation, de pilotage de processus, de mesure, de maîtrise des risques, etc.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-enjeux-de-lapres-transformation-digitale-pour-les-entreprises-110295">Les enjeux de l’après-transformation digitale pour les entreprises</a>
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<p>Ainsi, la fonction QSE peut contribuer à l’utilisation d’outils digitaux facilitant la gestion simplifiée de diffusion et de traitement des données recueillies, à la constitution d’une base documentaire des incidents, et à la formalisation des solutions qui ont été trouvées par d’autres collaborateurs.</p>
<p>Enfin, le management QSE peut contribuer à la pérennisation de la démarche de transformation digitale en créant et révisant les procédures et les modes opératoires des processus digitalisés ainsi, qu’en mettant en place les procédures adaptées pour former les salariés à l’utilisation d’outils digitaux.</p>
<h2>Un interlocuteur privilégié pour le CDO</h2>
<p>Il ressort également de notre étude que l’un des facteurs de succès de la transformation digitale est la collaboration entre Chief digital officer (CDO) – ou la direction des systèmes d’information (DSI) – et le management QSE tout au long de la démarche. Il apparaît essentiel que la double compétence « digital » et « métier » soit présente dans les projets de digitalisation.</p>
<p>Les fonctions QSE (garantes de l’expertise métier, des visions fonctionnelle et transversale et de la compétence en conduite du changement) et le CDO (porteur de l’expertise numérique et technique, et en charge de la gestion de l’évolution du SI) peuvent remplir ce rôle et ont donc beaucoup à gagner à travailler ensemble.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363177/original/file-20201013-21-pnz11t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La collaboration entre le CDO et le management QSE est un facteur de succès de la transformation digitale dans les entreprises.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/773427">PxHere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>L’efficacité de ce binôme trouve une illustration dans le cas de l’entreprise de fabrication de sirops Routin. En 2017, pour répondre à des contraintes réglementaires, à des demandes clients (envoi de données supplémentaires dans les fiches produits) et à des faiblesses en interne (suppression d’articles compliquée, validation longue des données…), la responsable QSE a piloté un nouveau projet en collaboration étroite avec un référent désigné chez l’éditeur de logiciel. Le nouvel outil mis au point a permis d’aboutir à un outil un gain de temps pour les utilisateurs et à une fiabilité accrue des données.</p>
<p>Bien sûr, il va de soi que la fonction QSE ne porte pas seule le chantier de transformation de l’entreprise. Mais sa capacité reconnue à animer les collectifs dans une perspective de conduite du changement et son « outillage » méthodologique constituent des leviers importants à toutes les phases du projet digital, depuis le lancement jusqu’au retour d’expérience, en passant par la résolution des problèmes inhérents à tout changement majeur. Aux entreprises de s’en rendre compte pour ne pas passer à côté des nombreuses opportunités offertes par la transformation numérique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148027/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Ponsignon a reçu des financements de AFNOR Compétences.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Grégory Bressolles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le positionnement transverse du management de la qualité lui confère un rôle précieux dans l’élaboration, l’animation et la pérennisation de la démarche de transformation digitale.Grégory Bressolles, Professeur de marketing, Responsable de la Chaire "Business in a Connected World", Kedge Business SchoolFrédéric Ponsignon, Professeur Associé en Management des Opérations, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1477162020-10-15T19:52:46Z2020-10-15T19:52:46ZTransformation numérique : comment ne pas manquer la phase qui s’ouvre dans le travail ?<p>Après un confinement qui a servi de <a href="https://anvie.fr/publication-detail/39">révélateur de la maturité</a> des entreprises quant à leur transformation digitale, le déconfinement a ouvert une nouvelle phase qui se caractérise par la volonté d’une reprise d’activité « normale » rendue de fait impossible à cause des contraintes sanitaires évolutives.</p>
<p>Certaines organisations sont donc tentées de se servir du contexte sanitaire comme prétexte pour reprendre la main sur des échanges et ajustements informels impossibles à contrôler en mode de travail distanciel (pointage des présents sur site vs présents en distanciel ; identification de qui travaille avec qui, à quel moment, etc.).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/votre-patron-a-t-il-le-droit-de-vous-espionner-lorsque-vous-teletravaillez-146850">Votre patron a-t-il le droit de vous espionner lorsque vous télétravaillez ?</a>
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<p>L’agilité organisationnelle revendiquée par l’objectif de transformation digitale et mise en œuvre dans les équipes lors de la période du confinement est alors battue en brèche dans des tentatives de standardisation de l’acte de travail et du retour à des processus uniformes pour l’ensemble de l’organisation.</p>
<p>Le port du masque devient également objet de tensions. Outre l’inconfort de l’objet, la dissimulation du visage après une période souvent en distanciel où la perception des émotions de l’autre a été difficile, complexifie les relations. Il faut apprendre à <a href="https://www.fr.adp.com/rhinfo/2020/masquagement/">lire les émotions autrement</a> comme à dialoguer autrement avec l’autre.</p>
<p>Les difficultés se multiplient en outre avec l’incertitude sur les évolutions des contraintes sanitaires. Des modes d’organisation du travail très adaptatifs doivent être mis en place. Les phases de fermetures de sites succèdent à des phases de travail en mode hybride avec des salariés présents sur site à tour de rôle pour respecter les contraintes sanitaires.</p>
<h2>Penser la transformation</h2>
<p>Alors qu’ils avaient appris à travailler ensemble à distance, il s’agit donc pour les salariés comme pour les managers de réapprendre à travailler ensemble constamment.</p>
<p>Face à cette situation <strong>trois pistes</strong>, que nous détaillons dans le livre collectif « <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/business-science-institute/ouvrage/587-l-impact-de-la-crise-sur-le-management.html">L’impact de la crise sur le management</a> » (Éditions EMS) paraissent pertinentes pour passer le cap de ce deuxième épisode de la crise et poursuivre la transformation digitale amorcée des modes de travail.</p>
<p>La première est de <strong>travailler avec les équipes sur les tensions</strong> et crispations émergentes en les voyant non pas comme des symptômes de l’incapacité/l’incompétence des individus à faire face à la situation mais comme des leviers pour construire les modes de coordination du travail adéquats.</p>
<p>Si le port du masque est sujet de tensions par exemple, réunir les équipes pour dialoguer sur ce qui génère la tension peut permettre de créer une nouvelle modalité de travail plus efficace et plus adaptée au nouvel environnement numérique. Ceci implique pour le manager de prendre au sérieux et de reconnaître l’expérience et le vécu des collaborateurs pour ce qu’ils révèlent comme attentes, comme créativité, voire comme rejet de l’organisation et de son projet.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1301091180135034880"}"></div></p>
<p><strong>Développer un management réflexif</strong>, qui prend du recul sur les modes de travail mis en œuvre dans la phase actuelle d’adaptation, constitue la deuxième piste. Il apparaît assez nettement aujourd’hui que la pratique de travail tend à l’hybridation entre présentiel/distanciel et synchrone/asynchrone.</p>
<p>Plutôt que de voir les changements successifs des règles sanitaires comme des contraintes empêchant l’activité et la poursuite sereine de la transformation digitale en cours, les organisations bénéficieraient à profiter de ces adaptations régulières pour tirer des leçons sur les avantages et les inconvénients de cette hybridation en situation.</p>
<p>Cette prise de recul permettrait par exemple de caractériser quelles activités spécifiques à chaque équipe sont incontestablement plus productives en présentiel ou en distanciel ou d’identifier comment manager des équipes à la fois en distanciel et en présentiel.</p>
<p>Enfin, troisième piste, **** encourager l’intelligence digitale****, c’est-à-dire à définir collectivement avec l’équipe les besoins et les usages des technologies digitales en fonction des modes de travail. Il n’est pas forcément nécessaire par exemple de faire monter en compétences ses collaborateurs sur la maîtrise d’un outil de travail collaboratif complet si on veut simplement leur permettre de travailler entre eux via des webconférences.</p>
<p>Sursolliciter l’énergie des collaborateurs dans une période aussi instable et inconfortable est un risque supplémentaire de mise à mal du projet de transformation digitale. Revenir à l’essentiel de l’usage des technologies digitales pour la réalisation de la tâche paraît beaucoup plus utile et efficace.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147716/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Dudézert est animatrice du Club Digitalisation et Organisation de l'ANVIE, membre du Business Science Institute et co-responsable de l'Observatoire de la Transformation Digitale de la FNEGE</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florence Laval est membre du Business Science Institute. </span></em></p>Instaurer le dialogue sur les éventuelles tensions, prendre du recul sur les nouvelles organisations, et développer l’intelligence digitale constitueront les facteurs clés de succès.Aurélie Dudézert, Full Professor, IMT BS, Institut Mines-Télécom Business School Florence Laval, Maître de conférences, IAE de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.