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Vers un nouveau modèle de sécurité en France ?

Mémorial spontané à Nice, au lendemain de l'attaque sanglante sur la Promenade des Anglais. Giuseppe Cacace/AFP

La tuerie de Nice jeudi soir dernier rappelle que la France est confrontée à un phénomène terroriste nouveau.

Nouveau, tout, d’abord parce que la détection de tels actes est délicate à prédire. Nouveau, ensuite, parce que ce phénomène est diffus. Il peut se produire aussi bien au centre de Paris que dans l’atmosphère estivale de la « French Riviera ». Nouveau, enfin, par ce que le passage à l’acte n’est pas nécessairement prémédité et que les personnes passant à l’acte ne sont pas toujours des terroristes notoirement connus, mais ce que les criminologues appellent de manière plus évasive des « tueurs de masse », c’est-à-dire des tueurs qui ne sont pas insérés dans un réseau organisé.

Dans ce contexte, les réponses actuelles – état d’urgence, Sentinelle, etc. – paraissent faiblement efficaces pour empêcher la survenance d’événements aussi aléatoires que ces actes abjects. Certes, ces réponses peuvent en réduire la probabilité – des arrestations ont lieu régulièrement –, mais le nombre d’individus potentiellement dangereux est si élevé que la capacité d’annihiler tout passage à l’acte est à la fois complexe et vaine.

Dans ce contexte faut-il aller vers un nouveau modèle sécuritaire et si oui lequel ?

Du modèle new-yorkais au modèle israélien

Dans les années 1990, nos responsables politiques et experts voulaient transposer à tout prix le modèle américain et plus particulièrement le modèle new-yorkais pour combattre la délinquance. Le concept de la « tolérance zéro » était à la mode. Tout le monde voulait reproduire la stratégie policière initiée par William Bratton nommé chef de la police de New York. Des voyages d’études étaient alors financés par le ministère de l’Intérieur. Les ministres de l’Intérieur Chevènement et Sarkozy ont pu ainsi rencontrer le maire de New York, le célèbre Rudolph Giulani pour évoquer ce nouveau modèle.

L’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani (à droite) en 2015. Presidencia El Salvador/Flickr

Ce modèle est maintenant moins à la page et un nouveau modèle semble émerger, le modèle israélien.

Qui sait mieux que quiconque gérer les actes terroristes, si ce n’est les Israéliens, confrontés à des actes dont le mode opératoire change souvent (attentat à la bombe, mass stabbing, fusillade…) et qui sont victimes d’actes terroristes fréquents ? Ainsi, aujourd’hui, des politiques, des experts, des directeurs sécurité se rendent-ils en voyage en Israël pour observer la stratégie de lutte contre le terrorisme à la mode israélienne.

Prévention, technologies et diversification

Cette stratégie pourrait être résumée en trois points essentiels.

  • Le renforcement de la prévention situationnelle. Tout site considéré comme sensible voit donc sa sécurité renforcée : mise en place de barrages filtrants, agents de sécurité privée hautement qualifiés essentiellement recrutés dans les armées et notamment dans les unités d’élite, fouille des véhicules systématiques à l’entrée des sites, des profileurs assurant également une surveillance des espaces recevant du public.

  • Le développement de la technologie sécuritaire : usage de drones, de robots et d’armes de neutralisation.

  • Enfin, la diversification des formes de renseignement : renseignement technologique, renseignement sous couverture (Under cover), cyberattaque et actions clandestines.

Ce modèle verra-t-il le jour en France dans les années à venir ? Difficile à dire. Toujours est-il que la pression politique et médiatique risque de nous amener vers un modèle sécuritaire très différent de celui que l’on connaît actuellement. Moins préoccupé par la question des libertés fondamentales, mais certainement plus « étanche ».

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