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Deux hommes portent des chaises le long d'une rue envahie d'eau de crue, à Rigaud, à l'ouest de Montréal, dimanche 21 avril 2019. La Presse Canadienne/Graham Hughes

Inondations: pourra-t-on faire mieux la prochaine fois?

Au cours des derniers jours, des municipalités québécoises et ontariennes ont fait face à des inondations, dans certains cas majeures. On déplore déjà un mort, dans la municipalité de Pontiac. L'armée canadienne a été appelée en renfort.

Le Québec se retrouve ce printemps 2019, comme ce fut le cas en 2017, encore pris au dépourvu lors des crues printanières, malgré des décennies de recherche active et d’efforts dans le domaine de la protection contre les inondations. De plus, la recherche reste encore confinée à des silos disciplinaires, et par conséquent, ne parvient pas à fournir des solutions intégrées au problème complexe des inondations.

Car ce qui se passe ces dernières heures n'est pas nouveau. Au cours des dernières décennies, de nombreuses municipalités du Québec et du Canada ont subi des inondations et autres évènements hydrométéorologiques extrêmes.

Claude Hamelin place un sac de sable à côté de la fondation de sa maison dans la ville de Rigaud, à l'ouest de Montréal, le vendredi 19 avril 2019. La Presse Canadienne/Graham Hughes

Les inondations, qui comptent pour 40% des catastrophes naturelles au Canada, ont causé de lourds dommages tant économiques, sociaux, qu'environnementaux. Ces dommages ont entraîné des effets délétères sur la santé physique et psychologique ainsi que sur le fonctionnement social des sinistrés. La vie de milliers de personnes a été et est présentement affectée, alors que les coûts s’élevèrent à plusieurs centaines de millions de dollars en dommages aux infrastructures.

Dans le contexte des changements climatiques, la fréquence et la sévérité des inondations sont appelées à augmenter de façon importante. D’autres facteurs tels que les changements démographiques (vieillissement, migration, etc.), l’urbanisation, la dépendance envers les infrastructures publiques essentielles et les technologies contribuent à la recrudescence et à l’aggravation des risques de catastrophes de ce genre.

Un nouveau réseau

Le nouveau réseau RIISQ (Réseau Inondations InterSectoriel du Québec), financé en décembre 2018 par les Fonds de Recherche du Québec (FRQ), a donc pour mission de mieux protéger la population et les infrastructures québécoises des effets néfastes des inondations, qui sont en voie de s’aggraver en raison des changements climatiques.

Il favorise les maillages entre la société civile et les universités par des actions conjuguées des milieux de la recherche et de la pratique impliqués dans la gestion des inondations, en s’appuyant sur les connaissances existantes et nouvelles en sciences et technologie, en sciences sociales et de la santé. Le but ultime est de proposer et de mettre en pratique des solutions concrètes et durables.

Les eaux de crue montent sur une rue résidentielle de la ville de Rigaud, à l'ouest de Montréal, le vendredi 19 avril 2019. La Presse Canadienne/Graham Hughes

Le RIISQ a donc été élaboré afin de créer une plateforme d’échange et d’intégration qui regroupera tous les intervenants fédéraux, provinciaux et des chercheurs dans les domaines des sciences sociales, naturelles, la technologie, la santé, la mobilisation des connaissances, et des études économiques et politiques afin d’améliorer la capacité du Québec à mieux se préparer et se protéger des inondations à venir.

Parmi les partenaires du réseau, on retrouve 16 universités du Québec (dont l'UQAM et tout le réseau de l'UQ, McGill, etc.), des consortiums (comme Ouranos), des ministères, tant provinciaux que fédéraux, des municipalités, des entreprises, des associations ou des organismes du milieu de la sécurité civile et des services de santé et sociaux, ainsi que des réseaux internationaux.

Les universités membres du RIISQ à travers le Québec. Courtoisie de Nathalie Barrette, Université Laval, Author provided

Les actions du RIISQ s’arriment avec les grandes initiatives internationales telles que le cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de désastres proposées par l’ONU (United Nations International Strategy for Disaster Reduction - UNISDR) ou via l’UNESCO, les Objectifs de Développement Durable de l’ONU, Future Earth, etc.

Des partenariats avec les réseaux les plus actifs dans le domaine des risques de désastres, tant à l'échelle nationale et internationale, sont essentielles pour trouver collectivement des solutions intersectorielles à l'immense défi posé par les changements climatiques, environnementaux et sociaux et qui nous préoccupent toutes et tous. En effet, seul le croisement des approches et des connaissances fondamentales et pratiques peut non seulement augmenter notre résilience (sociétale et environnementale), mais également permettre de renforcer notre adaptabilité et l’innovation collective.

Développer des compétences trans-sectorielles

Afin de prévenir et de réduire les risques et les conséquences des inondations, il devient donc crucial de développer des compétences trans-sectorielles, de se mobiliser, et de mieux investir les efforts de la recherche, de la gestion et de l’intervention pour combler le fossé existant entre les connaissances de pointe et leurs applications, incluant l’appropriation des savoirs.

C'est ce que le RIISQ se lance comme défi de réaliser dans une volonté de rassembler toutes les forces vives du Québec et d'ailleurs, afin d'unir nos efforts pour réduire les risques et les conséquences des inondations dans le contexte des changements climatiques.

L’élaboration et l’implantation de programmes scientifiques du RIISQ seront réalisées afin de travailler de façon transversale dans un continuum temporel en intégrant les éléments suivants :

1. AVANT l’événement : • La compréhension des risques • L’évaluation de la fréquence et de la sévérité des risques; • La prévention et la sensibilisation des personnes et des communautés; • La protection des biens et des personnes • La préparation et la planification du territoire.

2. PENDANT l’événement : • Les mesures de précaution et de vigilance; • L’intervention et la sécurité publique; • L’accompagnement sanitaire et psychosocial.

3. APRÈS l’événement : • Le rétablissement et l’aide aux sinistrés et aux communautés affectées; • Les retours d’expérience (tirer les leçons apprises); • La mise à jour des mesures de prévention et de réponse.

Deux hommes placent des sacs de sable près de la fondation d'une maison dans la ville de Rigaud, le vendredi 19 avril 2019. Le nouveau réseau prône diverses mesures pendant les inondations. La Presse Canadienne/Graham Hughes

L’équipe du RIISQ oeuvre dans cinq axes intersectoriels : les risques d’inondation; la gestion des territoires, la gouvernance et la législation ; les impacts biopsychosociaux et le partage des coûts ; la Réduction des vulnérabilités ; et la gestion/communication des risques.

Le RIISQ mettra à profit ses ressources pour appuyer le réseautage entre étudiants, chercheurs et intervenants, et pour procéder à des révisions intégrées des pratiques au Québec à l'aide de la recherche de pointe. Il s'assurera également d'appuyer la formation de personnel hautement qualifié dont le Québec a grandement besoin, et la mobilisation des connaissances afin de combler les lacunes existantes dans le domaine.

Le but ultime du réseau est de créer les outils nécessaires pour les individus, organisations et collectivités afin de mieux les préparer en cas d’inondation, de permettre d’en atténuer les impacts, et de mieux se rétablir suite à ces événements.

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