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2015 aura bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée

L’été 2015 extrêmement sec en Californie a donné lieu à de très graves incendies. Max Whittaker/Reuters

2015, une nouvelle année de record de températures. C’est ce qu’ont affirmé de concert la Nasa et la NOAA (L’Agence océanique et atmosphérique américaine) en rendant publiques, le 20 janvier dernier, de nouveaux résultats. Ces derniers indiquent que la moyenne globale des températures de surface – la mesure utilisée par les scientifiques pour évaluer la température d’année en année – fut, et de loin, la plus chaude jamais enregistrée.

Ces résultats ont également montré que le différentiel avec la précédente année la plus chaude – à savoir 2014 – figure comme le plus important jamais relevé.

De telles données montrent que le réchauffement climatique se porte bien (ce qui n’a rien d’une bonne nouvelle). Ces températures indiquent, en outre, que la soi-disant « pause » dans le réchauffement climatique s’explique davantage par la variabilité naturelle que par le ralentissement ou l’inversion du phénomène d’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Comment ceci a-t-il impacté les événements météorologiques de l’année qui vient s’écouler ?

Les signes d’une planète plus chaude

Comme on pouvait s’y attendre, les records de températures hautes ont été observés un peu partout dans le monde l’an passé. Des épisodes de sécheresse sévère accompagnés d’incendies se sont multipliés.

Bien qu’un peu moins impressionnantes, des pluies torrentielles se sont produites, témoignant elles aussi du réchauffement global. L’air plus chaud a en effet la capacité de retenir une plus grande quantité de vapeur d’eau – environ 4 % supplémentaire pour une augmentation d’un degré Fahrenheit –, ce qui peut conduire à de fortes précipitations.

Ces preuves tangibles des effets du changement climatique étaient attendues et annoncées par les climatologues, considérant les émissions continues de gaz à effet de serre, notamment celles du dioxyde de carbone (CO2) libéré par la combustion des énergies fossiles.

Schéma de la NOAA montrant les anomalies de températures sur une base annuelle (les barres bleues et rouges) en degrés Celsius, ainsi que les concentrations de dioxyde de carbone relevées à Mauna Loa (Hawaï). Ces données se basent sur les valeurs du XXe siècle. En pointillé, les valeurs estimées pour l’ère préindustrielle (avant 1750), avec son échelle en orange à droite pour le dioxyde de carbone montrant une valeur de 280 ppmv (parties par millions en volume). Les données les plus récentes excèdent les 400 ppmv. En ce qui concerne les températures, la valeur pour 2015 est d’un degré Celsius plus élevée que les niveaux pré-industriels. Kevin Trenberth/John Fasullo, Author provided

Le schéma ci-dessus montre clairement qu’au fil des années les records de chaleur ont été battus à maintes reprises. Une situation qui fait écho aux prévisions des modélisations du climat.

Ces nouvelles données permettront de dissiper toutes les hypothèses qui rejetaient l’existence d’un réchauffement global en s’appuyant sur l’existence d’une pause (un « hiatus ») dans la hausse de la moyenne globale des températures de surface. Si pause il y a eu entre 1999 et 2013, cela est bien plutôt imputable à la variabilité naturelle du climat.

Le rôle d’El Niño

L’année 2015 se distingue en raison d’un épisode particulièrement fort du phénomène El Niño ; celui-ci figure en effet parmi les trois plus puissants El Niño jamais enregistrés depuis le début des mesures (depuis la fin du XIXe siècle). C’est d’ailleurs l’influence de ce phénomène qui pourrait expliquer le différentiel avec 2014, année la plus chaude juste derrière 2015.

El Niño joue un rôle majeur au niveau régional en influençant les zones chaudes et sèches de même que la survenue de pluies torrentielles et d’ouragans ; le réchauffement climatique renforce tous ses effets.

Bien que la variabilité naturelle et la météorologie comportent de multiples facettes, la combinaison du réchauffement mondial avec El Niño domina les événements météorologiques de 2015, donnant lieu à des épisodes hors du commun :

  • En mars 2015, le cyclone Pam (catégorie 5) dévasta l’archipel du Vanuatu (Océanie). La saison des tempêtes tropicales de l’hémisphère nord battit de fait tous les records, portée par une activité renforcée dans le Pacifique et un nombre inédit d’ouragans et de typhons de catégories 4 et 5. Ceci eut des conséquences désastreuses, des inondations principalement, aux Philippines, au Japon, en Chine, à Taïwan et dans bien d’autres zones. En ce début 2016, une saison d’ouragans particulièrement vigoureuse a débuté dans l’hémisphère sud : plusieurs îles du Pacifique en ont déjà fait les frais, essuyant de fortes pluies et des vents violents.

  • À l’été, de multiples vagues de chaleur meurtrières se produisirent dans toute l’Eurasie : en Europe (avec des températures estivales de plus de 38 °C à Berlin, 37 °C à Varsovie et 40 °C à Madrid), en Égypte, en Turquie, au Moyen-Orient (avec 46 °C en Iran), au Japon (où Tokyo a connu sa plus longue période au-dessus des 35 °C), en Inde (où des températures de 50 °C ont fait plus de 2 300 victimes).

Des tempêtes causées par des températures bien au-dessus des normales saisonnières dans le golfe du Bengale ont provoqué de dramatiques inondations à Chennai (Inde). Anindito Mukherjee/Reuters
  • Au printemps, on assista dans l’hémisphère nord à des pluies et des inondations, au Texas et en Oklahoma tout particulièrement. Là encore, l’effet El Niño ne fait pas de doute.

  • Début octobre, la Caroline du Sud connut des inondations majeures. Puis ce fut au tour de la région du Mississipi fin décembre. Pour la période de novembre à décembre 2015, il a plu trois fois plus qu’à la normale dans le Missouri (soit plus de 38 centimètres).

  • À la même période, en Amérique centrale, au Paraguay tout particulièrement, on a assisté à des pluies torrentielles et des inondations. Cet effet miroir entre les deux hémisphères – des inondations au nord et au sud – est caractéristique d’El Niño. De très importantes inondations ont également eu lieu à Chennai et dans d’autres zones du sud-est de l’Inde (en novembre et aux premières semaines de décembre) en lien avec des températures exceptionnellement élevées dans le golfe du Bengale.

  • À l’opposé, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie ont souffert de fortes sécheresses et de très importants incendies. En été, la sécheresse s’est poursuivie en Californie et tout le long de la côte ouest nord-américaine (de l’Alaska à l’ouest canadien) ; dans les États du Washington et de l’Oregon, le coût de la lutte contre les incendies a battu des records. Là encore, les caractéristiques atmosphériques d’El Niño déterminent quelles régions sont touchées par la sécheresse et quelles autres par les inondations.

  • Pour finir, Noël se caractérisa par une exceptionnelle douceur, comme en témoigne la côte est des États-Unis où les températures dépassèrent les 20 °C.

Ce à quoi nous avons assisté en 2015 deviendra très certainement commun pour les quinze prochaines années, avec bien sûr de grandes disparités d’une région du monde à l’autre. Ces douze derniers mois nous donnent une idée d’un futur sous l’influence du réchauffement climatique.

Ceci ne fait que renforcer l’importance du récent Accord de Paris qui a fixé un cadre clair pour lutter contre le changement climatique : le ralentir, le contenir et en planifier les conséquences.

This article was originally published in English

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