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Une image de la Terre recouverte d'une toile de points lumineux reliés par des lignes blanches.
Les termes Web3 et Web 3.0 sont souvent utilisés de façon interchangeable, mais il s’agit de concepts différents. (Shutterstock)

À l’aube d’une nouvelle ère pour Internet, voici ce qu’il faut savoir sur le Web3

La croissance rapide des cryptomonnaies et des jetons non fongibles a fait la une des journaux ces dernières années. Mais peu de gens comprennent comment ces applications en vogue se connectent entre elles dans le cadre d’un concept plus large, que certains présentent comme la prochaine itération d’Internet : le Web3.

De nombreuses idées fausses circulent autour de ce terme à la mode (et, à vrai dire, flou), et il existe une confusion entre les termes Web3 et Web 3.0. Voici ce qu’il faut savoir.

Qu’est-ce que le Web3 ?

Le Web3 étant encore en cours de développement, les experts ne s’accordent pas sur sa définition. En gros, on perçoit le Web3 comme un « écosystème Web décentralisé », qui permet aux utilisateurs de contourner les gardiens d’Internet et de conserver la propriété de leurs données.

Cela serait rendu possible grâce à la chaîne de blocs. Plutôt que de s’appuyer sur des serveurs uniques et des bases de données centralisées, le Web3 fonctionnerait à partir de registres publics où les données sont stockées sur des réseaux d’ordinateurs connectés entre eux.

Un Web3 décentralisé changerait fondamentalement le fonctionnement d’Internet – nous n’aurions plus besoin des institutions financières et des entreprises technologiques comme intermédiaires pour nos expériences en ligne.

Voici ce qu’en dit un journaliste économique :

Dans un monde Web3, les gens contrôlent leurs données et naviguent entre médias sociaux, messagerie électronique et achats en ligne grâce à un unique compte personnalisé, créant ainsi un enregistrement public de toutes ces activités sur la chaîne de blocs.

L’infrastructure Web3 basée sur la chaîne de blocs fournirait des possibilités intéressantes en inaugurant l’ère de l’« économie des jetons ». L’économie des jetons permettrait aux utilisateurs de monétiser leurs données en leur proposant des jetons pour leurs interactions en ligne. Ces jetons pourraient offrir des bénéfices ou des avantages, notamment des parts dans des plates-formes de contenu ou des droits de vote dans des communautés en ligne.

Pour mieux comprendre le Web3, il est bon de revenir en arrière afin de voir comment Internet s’est développé pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Web 1.0 : Le Web en « lecture seule »

On considère que c’est l’informaticien Tim Berners-Lee qui a inventé le World Wide Web, en 1989, en permettant aux gens de créer des liens hypertextes vers des pages statiques d’information sur des sites Web accessibles au moyen de navigateurs.

Berners-Lee souhaite permettre aux chercheurs de différentes institutions de partager des informations. En 1991, il lance le premier site Web, qui fournit des instructions sur l’utilisation d’Internet.

Un homme d’âge moyen en costume est assis dans un fauteuil et parle dans un microphone
Tim Berners-Lee, inventeur du Web, au Sommet mondial du Partenariat pour un gouvernement ouvert à Ottawa, en mai 2019. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

Ces sites Web rudimentaires « en lecture seule » sont gérés par des webmestres responsables de la mise à jour des utilisateurs et de la gestion de l’information. En 1992, il existe 10 sites Web. En 1994, après l’entrée du Web dans le domaine public, on en compte 3 000.

Lorsque Google naît, en 1996, il y a deux millions de sites Web. L’année dernière, on a dénombré 1,2 milliard de sites Web, bien qu’on estime que seuls 17 % d’entre eux sont encore actifs.

Le Web 2.0 : le Web social

L’évolution majeure d’Internet suivante consiste à passer d’un « Web en lecture seule » à ce que nous connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire un « Web en lecture-écriture ». Les sites Web deviennent dynamiques et interactifs. Les gens se mettent à participer massivement à la création de contenu par le biais de services hébergés tels que Wikipedia, Blogger, Flickr et Tumblr.

Le concept du Web 2.0 s’impose après que Tim O’Reilly, éditeur d’ouvrages technologiques, popularise le terme en 2004.

Plus tard, les plates-formes de médias sociaux comme Facebook, YouTube, Twitter et Instagram et la croissance des applications mobiles offrent une connectivité inégalée, mais par des plates-formes distinctes. Ces plates-formes sont perçues comme des jardins clos, parce que leurs sociétés mères réglementent considérablement ce que les utilisateurs peuvent faire et que les services concurrents n’échangent pas d’informations entre eux.

Les entreprises technologiques telles qu’Amazon, Google et Apple sont profondément enracinées dans toutes les facettes de notre vie, qu’il s’agisse de la manière dont nous stockons et payons nos contenus ou des données personnelles que nous fournissons (parfois à notre insu) pour utiliser leurs produits.

Web3 ou Web 3.0

Cela nous amène à la phase suivante d’Internet, dans laquelle beaucoup souhaitent reprendre le contrôle des données des mains des entités qui dominent aujourd’hui la vie en ligne.

Si les termes Web3 et Web 3.0 sont souvent utilisés de manière interchangeable, il s’agit toutefois de concepts différents.

Le Web3 est l’évolution vers un Internet décentralisé fondé sur la chaîne de blocs. Le Web 3.0, quant à lui, renvoie à la vision originale de Berners-Lee d’un Internet constitué d’un ensemble de sites Web connectés entre eux au niveau des données.

La version actuelle d’Internet peut être considérée comme un gigantesque entrepôt de documents. Les ordinateurs sont capables de récupérer des informations pour nous lorsque nous le leur demandons, mais ils ne peuvent pas comprendre le sens profond de nos requêtes.

Une main tenant un téléphone portable affichant un groupe d’icônes de plates-formes de médias sociaux
Dans un monde Web 3.0, les utilisateurs seraient en mesure de relier des informations personnelles entre les plates-formes de médias sociaux. (Shutterstock)

L’information est stockée en silo dans des serveurs distincts. Les progrès en programmation, en traitement du langage naturel, en apprentissage machine et en intelligence artificielle permettront aux ordinateurs de discerner et de traiter les informations d’une manière plus « humaine », ce qui se devrait se traduire par une découverte de contenu, un partage et une analyse des données plus efficaces. C’est ce qu’on appelle le « Web sémantique » ou Web « lecture-écriture-exécution ».

Dans le monde Web 3.0 de Berners-Lee, les informations seraient stockées dans des bases de données appelées Solid Pods, appartenant à des utilisateurs individuels. Cette approche, plus centralisée que celle du Web3 qui repose sur la chaîne de blocs, offrirait la possibilité de modifier les données plus rapidement, car elles ne seraient pas réparties entre plusieurs endroits.

Ce système permettrait, par exemple, de relier les profils de médias sociaux d’un utilisateur, de sorte que la mise à jour des informations personnelles sur l’un d’entre eux entraînerait automatiquement la mise à jour des autres.

L’avenir d’Internet

Le Web3 et le Web 3.0 sont souvent confondus, car la nouvelle ère d’Internet comportera sans doute des éléments des deux – des applications du Web sémantique, des données liées et une économie de la chaîne de blocs. Il est donc facile de comprendre pourquoi cet espace fait l’objet d’investissements importants.

Nous ne voyons toutefois que la partie émergée de l’iceberg pour ce qui est des questions logistiques et des incidences juridiques. Les gouvernements doivent élaborer de nouvelles réglementations pour tout ce qui concerne la taxation des ventes d’actifs numériques, la protection des consommateurs et les problèmes complexes de protection de la vie privée et de piratage que pose l’économie des données liées.

Certains critiques affirment que le Web3, en particulier, n’est qu’un simple changement d’image des cryptomonnaies qui ne démocratisera pas Internet. S’il est clair que nous sommes au seuil d’une nouvelle ère pour Internet, tout le monde se demande ce qui se passera une fois que nous l’aurons franchi.

This article was originally published in English

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